Descente galoisienne sur le second groupe de Chow : mise au point et applications

Jean-Louis Colliot-Thélène C.N.R.S., Université Paris Sud
Mathématiques, Bâtiment 425
91405 Orsay Cedex
France
jlct@math.u-psud.fr
(24 mai 2015)
Résumé

Le troisième groupe de cohomologie étale non ramifié d’une variété projective et lisse, à coefficients dans les racines de l’unité tordues deux fois, intervient dans plusieurs articles récents, en particulier en relation avec le groupe de Chow de codimension 2. Des résultats généraux ont été obtenus à ce sujet par B. Kahn en 1996. De récents travaux, du côté des groupes algébriques linéaires d’une part, du côté de la géométrie algébrique complexe d’autre part, m’incitent à les passer en revue, et à les spécialiser aux variétés proches d’être rationnelles.

{altabstract}

Connexions between the second Chow group of a smooth projective variety and its third unramified cohomology group, with coefficients the roots of unity twisted twice, feature in several recent works. In this note we revisit a 1996 paper by B. Kahn and specialize it to nearly rational varieties.

Dans tout cet article, on note F𝐹F un corps de caractéristique zéro, F¯¯𝐹{\overline{F}} une clôture algébrique de F𝐹F et G=Gal(F¯/F)𝐺Gal¯𝐹𝐹G={\rm{Gal}}({\overline{F}}/F). Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre. On note X¯=X×FF¯¯𝑋subscript𝐹𝑋¯𝐹{\overline{X}}=X\times_{F}{{\overline{F}}}. On note F(X)𝐹𝑋F(X) le corps des fonctions rationnelles de X𝑋X et F¯(X)¯𝐹𝑋\overline{F}(X) le corps des fonctions rationnelles de X¯¯𝑋{\overline{X}}.

L’application naturelle entre groupes de Chow de codimension 2

CH2(X)CH2(X¯)G𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}

n’est en général ni injective ni surjective, même si l’on suppose que X𝑋X est projective et que l’ensemble X(F)𝑋𝐹X(F) des points rationnels de X𝑋X est non vide – à la différence du résultat bien connu de CH1(X)𝐶superscript𝐻1𝑋CH^{1}(X).

Plusieurs travaux ont été consacrés à l’étude des noyau et conoyau de cette application et aux liens entre le groupe de Chow de codimension deux et le troisième groupe de cohomologie non ramifiée de X𝑋X à valeurs dans /(2)2{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2), groupe noté Hnr3(X,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)). Citons en particulier [6], Raskind et l’auteur [10], Lichtenbaum [23], Kahn [19, 20], C. Voisin et l’auteur [11], Pirutka [29], Kahn et l’auteur [8], Merkurjev [4, 24, 25, 26], Voisin [34].

Une des raisons de s’intéresser au groupe Hnr3(X,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) est que c’est un invariant F𝐹F-birationnel des F𝐹F-variétés projectives et lisses, réduit à H3(F,/(2))superscript𝐻3𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) si la F𝐹F-variété X𝑋X est F𝐹F-birationnelle à un espace projectif.

Le résultat principal du présent article est le Théorème 4.1, qui s’applique à toute variété projective et lisse géométriquement rationnellement connexe, et qui dans le cas particulier des variétés géométriquement rationnelles établit (Corollaire 4.2) une suite exacte

Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]H1(G,Pic(X¯)F¯×)Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to\hskip 85.35826pt
Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺absentH^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to
H2(G,Pic(X¯)F¯×)superscript𝐻2𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹\hskip 227.62204ptH^{2}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})

sous l’une des deux hypothèses supplémentaires :

(i) La F𝐹F-variété X𝑋X possède un F𝐹F-point.

(ii) La dimension cohomologique de F𝐹F est au plus 3.

Décrivons la structure de l’article.

Le §1 est consacré à des rappels de résultats fondamentaux sur la 𝒦𝒦\mathcal{K}-cohomologie, la cohomologie non ramifiée et la cohomologie motivique. On y rappelle aussi (Prop. 1.3) un résultat de [8] apportant une correction à [20].

Au §2, sous l’hypothèse que le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}(\overline{X},\mathcal{K}_{2}) est uniquement divisible, on établit par deux méthodes différentes (l’une K𝐾K-théorique, l’autre motivique) une suite exacte générale (Propositions 2.4 et 2.6). On suppose ici la variété X𝑋X lisse et géométriquement intègre, mais non nécessairement propre. Ceci s’applique en particulier aux espaces classifiants de groupes semisimples considérés par Merkurjev [24].

La première méthode, à l’ancienne, via la K𝐾K-cohomologie, est celle des articles [10], [11]. La seconde méthode fait usage des groupes de cohomologie motivique (2)2{\mathbb{Z}}(2), comme dans l’article [20] de Bruno Kahn. De ce point de vue, on ne fait que généraliser [20, Thm. 1, Corollaire], avec la correction mentionnée ci-dessus. Lorsque le corps de base est de dimension cohomologique au plus 1, auquel cas la correction n’est pas utile, et lorsque de plus les variétés considérées sont projectives, ces suites exactes ont déjà été utilisées dans [11] et [8].

Au §3, pour X𝑋X projective et lisse, on donne des conditions permettant de contrôler le groupe H1(X¯,𝒦2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}(\overline{X},\mathcal{K}_{2}) apparaissant dans les suites exactes du §2. On donne une application aux surfaces K3𝐾3K3 définies sur ((t))𝑡{\mathbb{C}}((t)).

Au §4, on combine les résultats des paragraphes précédents pour établir les résultats principaux de l’article, le théorème 4.1 et son corollaire 4.2 cité ci-dessus.

Au §5, on applique les résultats du §4 aux hypersurfaces de Fano complexes. Pour X𝐏n𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} hypersurface lisse de degré dn𝑑𝑛d\leq n et F𝐹F corps quelconque contenant {\mathbb{C}}, on établit Hnr3(XF,/(2))=H3(F,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) dans chacun des cas suivants : pour n>5𝑛5n>5 ; pour n=5𝑛5n=5 sous réserve que l’on ait Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0; pour n=4𝑛4n=4 lorsqu’il existe un cycle universel de codimension 2. On fait le lien avec les résultats de Auel, Parimala et l’auteur [2] et de C. Voisin [33, 34] sur les hypersurfaces cubiques et sur les cycles universels de codimension 2, résultats sur lesquels on donne un nouvel éclairage – la K𝐾K-théorie algébrique remplaçant certains arguments de géométrie complexe (voir la démonstration du théorème 5.4).

Par rapport à la première version de cet article, mise sur arXiv en février 2013, cet article diffère essentiellement par le contenu du présent §5, motivé par le travail [2] et par les articles [33, 34] de C. Voisin.

Terminons cette introduction en indiquant ce qui n’est pas fait dans cet article.

(i) Je n’ai pas vérifié que les arguments dans la littérature utilisant les complexes (2)2{\mathbb{Z}}(2) de Voevodsky sont compatibles avec ceux utilisant le complexe Γ(2)Γ2\Gamma(2) de Lichtenbaum ou avec ceux utilisant les groupes de cycles supérieurs de Bloch, dont il est fait usage dans [8]. Et je n’ai pas vérifié que dans les suites exactes des Propositions 2.4 et 2.6, dont les termes sont identiques, les flèches aussi coïncident. Ceci n’affecte pas les principaux résultats de l’article. Le lecteur vérifiera en effet que la Proposition 2.4, établie par des méthodes à l’ancienne via la Proposition 1.3, suffit à établir tous les résultats des paragraphes 3, 4, 5, à l’exception du lemme 5.7 (ii), du théorème 5.6 (viii) et de l’assertion de surjectivité de l’application CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G} dans le théorème 5.8 (iii).

(ii) Les longues suites exactes des Propositions 2.4 et 2.6, le théorème 4.1 et le corollaire 4.2 devraient se spécialiser en un certain nombre des longues suites exactes pour les variétés classifiantes de groupes algébriques linéaires connexes établies par Blinstein-Merkurjev [4] et par Merkurjev [24, 25]. Je me suis contenté d’allusions à ces articles en divers points du texte.

(iii) Sur un corps de base de caractéristique positive, l’utilisation de la cohomologie de Hodge-Witt logarithmique permet de donner des analogues de certains des résultats du présent travail. Nous renvoyons pour cela aux articles [20] et [8].

Remerciements. Cet article fait suite à des travaux et discussions avec Bruno Kahn, et à des travaux de A. Merkurjev et de C. Voisin. Je remercie le rapporteur pour sa lecture critique du tapuscrit.

1 Rappels, propriétés générales

On utilise dans cet article le complexe motivique (2)2{\mathbb{Z}}(2) de faisceaux de cohomologie étale sur les variétés lisses sur un corps, tel qu’il a été défini par Lichtenbaum [22, 23].

Les groupes de cohomologie à valeurs dans le complexe (2)2{\mathbb{Z}}(2) sont dans tout cet article les groupes d’hypercohomologie étale. Ils sont notés i(X,(2))superscript𝑖𝑋2\mathbb{H}^{i}(X,{\mathbb{Z}}(2)).

Sur un schéma X𝑋X, on note Hi(X,𝒦j)superscript𝐻𝑖𝑋subscript𝒦𝑗H^{i}(X,{\mathcal{K}}_{j}) les groupes de cohomologie de Zariski à valeurs dans le faisceau 𝒦jsubscript𝒦𝑗{\mathcal{K}}_{j} sur X𝑋X associé au préfaisceau UKi(H0(U,𝒪X))maps-to𝑈subscript𝐾𝑖superscript𝐻0𝑈subscript𝒪𝑋U\mapsto K_{i}(H^{0}(U,\mathcal{O}_{X})), où la K𝐾K-théorie des anneaux est la K𝐾K-théorie de Quillen.

Étant donné un module galoisien M𝑀M, c’est-à-dire un G𝐺G-module continu discret, on note tantôt Hi(G,M)superscript𝐻𝑖𝐺𝑀H^{i}(G,M) tantôt Hi(F,M)superscript𝐻𝑖𝐹𝑀H^{i}(F,M) les groupes de cohomologie galoisienne à valeurs dans M𝑀M.

On note /(2)2{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2) le module galoisien limnμn2subscriptinjective-limit𝑛superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent2\varinjlim_{n}\mu_{n}^{\otimes 2}.

On note K3Findec:=Coker[K3MilnorFK3QuillenF].assignsubscript𝐾3subscript𝐹𝑖𝑛𝑑𝑒𝑐Cokersuperscriptsubscript𝐾3𝑀𝑖𝑙𝑛𝑜𝑟𝐹superscriptsubscript𝐾3𝑄𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒𝑛𝐹K_{3}F_{indec}:={\operatorname{Coker}}[K_{3}^{Milnor}F\to K_{3}^{Quillen}F].

On a les propriétés suivantes, conséquences de travaux de Merkurjev et Suslin [27], de A. Suslin [30], de M. Levine [21], de S. Lichtenbaum [23], de B. Kahn [19], [20, Thm. 1.1, Lemme 1.4].

0(F,(2))=0superscript0𝐹20\mathbb{H}^{0}(F,{\mathbb{Z}}(2))=0.

1(F,(2))=K3Findecsuperscript1𝐹2subscript𝐾3subscript𝐹𝑖𝑛𝑑𝑒𝑐\mathbb{H}^{1}(F,{\mathbb{Z}}(2))=K_{3}F_{indec}.

2(F,(2))=K2Fsuperscript2𝐹2subscript𝐾2𝐹\mathbb{H}^{2}(F,{\mathbb{Z}}(2))=K_{2}F.

3(F,(2))=0superscript3𝐹20\mathbb{H}^{3}(F,{\mathbb{Z}}(2))=0.

i(F,(2))=Hi1(F,/(2))superscript𝑖𝐹2superscript𝐻𝑖1𝐹2\mathbb{H}^{i}(F,{\mathbb{Z}}(2))=H^{i-1}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) si i4𝑖4i\geq 4.

i(F¯,(2))=0superscript𝑖¯𝐹20\mathbb{H}^{i}({{\overline{F}}},{\mathbb{Z}}(2))=0 si i1,2𝑖1.2i\neq 1,2.

1(F¯,(2))=K3(F¯)indecsuperscript1¯𝐹2subscript𝐾3subscript¯𝐹𝑖𝑛𝑑𝑒𝑐\mathbb{H}^{1}({{\overline{F}}},{\mathbb{Z}}(2))=K_{3}({{\overline{F}}})_{indec} est divisible, et sa torsion est /(2)2{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2) (cf. [19, (1.2)]). Il est donc extension d’un groupe uniquement divisible par /(2)2{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2).

2(F¯,(2))=K2(F¯)superscript2¯𝐹2subscript𝐾2¯𝐹\mathbb{H}^{2}({{\overline{F}}},{\mathbb{Z}}(2))=K_{2}({{\overline{F}}}) est uniquement divisible.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse géométriquement intègre, non nécessairement projective. On a :

0(X,(2))=0.superscript0𝑋20\mathbb{H}^{0}(X,{\mathbb{Z}}(2))=0.

1(X,(2))=K3,indecF(X).superscript1𝑋2subscript𝐾3𝑖𝑛𝑑𝑒𝑐𝐹𝑋\mathbb{H}^{1}(X,{\mathbb{Z}}(2))=K_{3,indec}F(X).

1(X¯,(2))=K3,indecF¯(X)superscript1¯𝑋2subscript𝐾3𝑖𝑛𝑑𝑒𝑐¯𝐹𝑋\mathbb{H}^{1}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2))=K_{3,indec}{{\overline{F}}}(X) est extension d’un groupe uniquement divisible par /(2)2{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2). Ceci résulte de la suite exacte [19, (1.2)] et de [30, Thm. 3.7]).

2(X,(2))=H0(X,𝒦2).superscript2𝑋2superscript𝐻0𝑋subscript𝒦2\mathbb{H}^{2}(X,{\mathbb{Z}}(2))=H^{0}(X,{\mathcal{K}}_{2}).

3(X,(2))=H1(X,𝒦2).superscript3𝑋2superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2\mathbb{H}^{3}(X,{\mathbb{Z}}(2))=H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2}).

On a la suite exacte fondamentale (Lichtenbaum, Kahn [20, Thm. 1.1])

0CH2(X)4(X,(2))Hnr3(X,/(2))00𝐶superscript𝐻2𝑋superscript4𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋200\to CH^{2}(X)\to\mathbb{H}^{4}(X,{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to 0 (1.1)

Hnr3(X,/(2))=H0(X,3(X,/(2)))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻0𝑋superscript3𝑋2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=H^{0}(X,{\mathcal{H}}^{3}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)))

est le sous-groupe de H3(F(X),/(2))superscript𝐻3𝐹𝑋2H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) formé des éléments non ramifiés en tout point de codimension 1 de X𝑋X.

Pour toute F𝐹F-variété projective, lisse et géométriquement intègre X𝑋X, dans l’article [10] avec W. Raskind, on a établi que les groupes H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) et H1(X¯,𝒦2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) sont chacun extension d’un groupe fini par un groupe divisible. Si la dimension cohomologique de F𝐹F satisfait cd(F)icd𝐹𝑖{\operatorname{cd}}(F)\leq i, ceci implique que les groupes de cohomologie galoisienne Hr(G,H0(X¯,𝒦2))superscript𝐻𝑟𝐺superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{r}(G,H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})) et Hr(G,H1(X¯,𝒦2))superscript𝐻𝑟𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{r}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})) sont nuls pour ri+1𝑟𝑖1r\geq i+1.

On a une suite spectrale

E2pq=Hp(G,q(X¯,(2)))n(X,(2)).superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscript𝐻𝑝𝐺superscript𝑞¯𝑋2superscript𝑛𝑋2E_{2}^{pq}=H^{p}(G,\mathbb{H}^{q}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2)))\Longrightarrow\mathbb{H}^{n}(X,{\mathbb{Z}}(2)).
Remarque 1.1.

Pour X=Spec(F)𝑋Spec𝐹X={\operatorname{Spec}}(F), compte tenu des identifications ci-dessus, cette suite spectrale donne une suite exacte

H1(G,/(2))K2FK2F¯GH2(G,/(2))0.superscript𝐻1𝐺2subscript𝐾2𝐹subscript𝐾2superscript¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺20H^{1}(G,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to K_{2}F\to K_{2}{{\overline{F}}}^{G}\to H^{2}(G,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to 0.

Ceci est un cas particulier de [19, Thm. 2.1].

En comparant la suite exacte fondamentale (1.1) au niveau F𝐹F et au niveau F¯¯𝐹{{\overline{F}}}, en prenant les points fixes de G𝐺G agissant sur la suite au niveau F¯¯𝐹{{\overline{F}}}, et en utilisant le lemme du serpent, on obtient :

Proposition 1.2.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre. Soit φ:4(X,(2))4(X¯,(2))G:𝜑superscript4𝑋2superscript4superscript¯𝑋2𝐺\varphi:\mathbb{H}^{4}(X,{\mathbb{Z}}(2))\to\mathbb{H}^{4}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2))^{G}. On a alors une suite exacte

0Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]Ker(φ)0Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺Ker𝜑absent0\to{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to\hskip 85.35826pt
Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]Coker(φ).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺Coker𝜑\hskip 113.81102pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to{\operatorname{Coker}}(\varphi).

Notons

𝒩(X):=Ker[H2(G,K2(F¯(X))H2(G,xX¯(1)F¯(x)×)]{\mathcal{N}}(X):={\operatorname{Ker}}\Big{[}H^{2}(G,K_{2}({{\overline{F}}}(X))\to H^{2}(G,\bigoplus_{x\in{\overline{X}}^{(1)}}{{\overline{F}}}(x)^{\times})\Big{]} (1.2)

L’énoncé suivant est essentiellement établi dans [8].

Proposition 1.3.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre.

(a) On a une suite exacte

H3(F,/(2))Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]superscript𝐻3𝐹2Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absentH^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to\hskip 56.9055pt
𝒩(X)Ker[H4(F,/(2))H4(F(X),/(2))].𝒩𝑋Kersuperscript𝐻4𝐹2superscript𝐻4𝐹𝑋2\hskip 85.35826pt{\mathcal{N}}(X)\to{\operatorname{Ker}}[H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))].

(b) Si X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou si cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3, on a un isomorphisme

Ker[Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]𝒩(X).superscriptsimilar-to-or-equalsKersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2𝒩𝑋{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\mathcal{N}}(X).

(c) Si X𝑋X est de dimension au plus 2, on a une suite exacte

H3(F,/(2))Hnr3(X,/(2)𝒩(X)H4(F,/(2))H4(F(X),/(2)).H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)\to{\mathcal{N}}(X)\to H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).
Démonstration.

L’énoncé (a) est [8, Prop. 6.1, Prop. 6.2]. L’énoncé (b) est une conséquence facile de (a). La proposition 6.1 de [8] montre aussi que, si X𝑋X est de dimension au plus 2, alors le complexe

H3(F,/(2)Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)\to{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to\hskip 85.35826pt
𝒩(X)H4(F,/(2))H4(F(X),/(2))𝒩𝑋superscript𝐻4𝐹2superscript𝐻4𝐹𝑋2\hskip 85.35826pt{\mathcal{N}}(X)\to H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

est une suite exacte

H3(F,/(2)Hnr3(X,/(2))H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to\hskip 170.71652pt
𝒩(X)H4(F,/(2))H4(F(X),/(2)).𝒩𝑋superscript𝐻4𝐹2superscript𝐻4𝐹𝑋2\hskip 85.35826pt{\mathcal{N}}(X)\to H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).

En effet les groupes H3(As,/(2))superscript𝐻3subscript𝐴𝑠2H^{3}(A_{s},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) intervenant dans la proposition 6.1 de [8] sont alors nuls : via la conjecture de Gersten, cela résulte du fait que le corps des fractions de Assubscript𝐴𝑠A_{s} est de dimension cohomologique 2, si bien que le complexe de la proposition 6.1 de [8] est alors exact. \square

2 Le cas où le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) est uniquement divisible

Le but de ce pagragraphe est d’établir la proposition 2.4. On le fait d’abord par une méthode “K𝐾K-théorique” (paragraphe 2.1) qui se prête plus aux calculs explicites des flèches intervenant dans les suites exactes. La version “motivique” (paragraphe 2.2) est plus souple quand il s’agit d’étudier la fonctorialité en la F𝐹F-variété X𝑋X des suites concernées.

Dans ce paragraphe, on considère une F𝐹F-variété X𝑋X lisse et géométriquement intègre, telle que le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) est uniquement divisible, mais on ne suppose pas X𝑋X projective.

2.1 Méthode K𝐾K-théorique

Pour i1𝑖1i\geq 1, les flèches naturelles

Hi(G,K2F¯(X))Hi(G,K2F¯(X)/K2F¯)Hi(G,K2F¯(X)/H0(X¯,𝒦2))superscript𝐻𝑖𝐺subscript𝐾2¯𝐹𝑋superscript𝐻𝑖𝐺subscript𝐾2¯𝐹𝑋subscript𝐾2¯𝐹superscript𝐻𝑖𝐺subscript𝐾2¯𝐹𝑋superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{i}(G,K_{2}{{\overline{F}}}(X))\to H^{i}(G,K_{2}{{\overline{F}}}(X)/K_{2}{{\overline{F}}})\to H^{i}(G,K_{2}{{\overline{F}}}(X)/H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

sont alors des isomorphismes.

D’après un théorème de Quillen (conjecture de Gersten pour la K𝐾K-théorie), le complexe

K2F¯(X)xX¯(1)F¯(x)×xX¯(2)subscript𝐾2¯𝐹𝑋subscriptdirect-sum𝑥superscript¯𝑋1¯𝐹superscript𝑥subscriptdirect-sum𝑥superscript¯𝑋2K_{2}{{\overline{F}}}(X)\to\bigoplus_{x\in{\overline{X}}^{(1)}}{{\overline{F}}}(x)^{\times}\to\bigoplus_{x\in{\overline{X}}^{(2)}}{\mathbb{Z}}

est le complexe des sections globales d’une résolution flasque du faisceau 𝒦2subscript𝒦2{\mathcal{K}}_{2} sur la F¯¯𝐹{{\overline{F}}}-variété lisse X¯¯𝑋{\overline{X}}.

Ce complexe donne donc des suites exactes courtes de modules galoisiens

0K2F¯(X)/H0(X¯,𝒦2)ZH1(X¯,𝒦2)00subscript𝐾2¯𝐹𝑋superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2𝑍superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦200\to K_{2}{{\overline{F}}}(X)/H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})\to Z\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})\to 0
0ZxX¯(1)F¯(x)×I00𝑍subscriptdirect-sum𝑥superscript¯𝑋1¯𝐹superscript𝑥𝐼00\to Z\to\oplus_{x\in{\overline{X}}^{(1)}}{{\overline{F}}}(x)^{\times}\to I\to 0
0IxX¯(2)CH2(X¯)0.0𝐼subscriptdirect-sum𝑥superscript¯𝑋2𝐶superscript𝐻2¯𝑋00\to I\to\oplus_{x\in{\overline{X}}^{(2)}}{\mathbb{Z}}\to CH^{2}({\overline{X}})\to 0.

En utilisant le théorème 90 de Hilbert et le lemme de Shapiro, le théorème de Merkurjev–Suslin et en particulier sa conséquence [6, Thm. 1] [30, 1.8]

K2F(X)/K2F=(K2F¯(X)/K2F¯)G,subscript𝐾2𝐹𝑋subscript𝐾2𝐹superscriptsubscript𝐾2¯𝐹𝑋subscript𝐾2¯𝐹𝐺K_{2}F(X)/K_{2}F=(K_{2}{{\overline{F}}}(X)/K_{2}{{\overline{F}}})^{G},

par des arguments classiques (cf. [10, 11]) de cohomologie galoisienne, on obtient :

Proposition 2.1.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre telle que le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) soit uniquement divisible. Soit 𝒩(X)𝒩𝑋{\mathcal{N}}(X) comme en (1.2). On a alors une suite exacte

0H1(X,𝒦2)H1(X¯,𝒦2)G0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscript𝐻1superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to\hskip 142.26378pt
H1(G,K2F¯(X))Ker[CH2(X)CH2(X¯)]superscript𝐻1𝐺subscript𝐾2¯𝐹𝑋Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋absentH^{1}(G,K_{2}{{\overline{F}}}(X))\to{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})]\to
H1(G,H1(X¯,𝒦2))𝒩(X)superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2𝒩𝑋absent\hskip 56.9055ptH^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to{\mathcal{N}}(X)\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,H1(X¯,𝒦2)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hskip 85.35826pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).

Pour toute F𝐹F-variété X𝑋X géométriquement intègre, un théorème de B. Kahn [19, Cor. 2, p. 70] donne un isomorphisme

H1(G,K2F¯(X))Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))].superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻1𝐺subscript𝐾2¯𝐹𝑋Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2H^{1}(G,K_{2}{{\overline{F}}}(X))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))].

On a donc établi :

Proposition 2.2.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre telle que le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) soit uniquement divisible. Soit 𝒩(X)𝒩𝑋{\mathcal{N}}(X) comme en (1.2). On a alors une suite exacte

0H1(X,𝒦2)H1(X¯,𝒦2)G0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscript𝐻1superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to\hskip 170.71652pt
Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))]Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to\hskip 85.35826pt
Ker[CH2(X)CH2(X¯)]H1(G,H1(X¯,𝒦2))𝒩(X)Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2𝒩𝑋absent\hskip 28.45274pt{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})]\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to{\mathcal{N}}(X)\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,H1(X¯,𝒦2)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hskip 113.81102pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).
Remarque 2.3.

Soit X𝑋X un espace principal homogène d’un F𝐹F-groupe semisimple simplement connexe absolument presque simple. On a K2(F¯)=H0(X¯,𝒦2)subscript𝐾2¯𝐹superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2K_{2}(\overline{F})=H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}), et ce groupe est donc uniquement divisible. On a par ailleurs H1(X¯,𝒦2)=superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}(\overline{X},{\mathcal{K}}_{2})={\mathbb{Z}} avec action triviale du groupe de Galois. L’image de 111 par l’application

H1(X¯,𝒦2)GH3(F,/(2))superscript𝐻1superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺superscript𝐻3𝐹2H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

est (au signe près) l’invariant de Rost de X𝑋X. Pour tout ceci, voir [16, Part II, §6].

En combinant les propositions 2.2 et 1.3 on trouve :

Proposition 2.4.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre. Supposons le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) uniquement divisible. Sous l’une des hypothèses X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3, on a une suite exacte

0H1(X,𝒦2)H1(X¯,𝒦2)G0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscript𝐻1superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to\hskip 170.71652pt
Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))]Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to\hskip 56.9055pt
Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]H1(G,H1(X¯,𝒦2))Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2absent\hskip 56.9055pt{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to\hskip 56.9055pt
Ker[Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent\hskip 28.45274pt{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,H1(X¯,𝒦2)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hskip 85.35826pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).

Sous l’hypothèse X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset, le groupe Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))]Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))] est nul.

Remarque 2.5.

Lorsque l’on suppose K2(F¯)=H0(X¯,𝒦2)subscript𝐾2¯𝐹superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2K_{2}(\overline{F})=H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) et Hnr3(X¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋20H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0, on retrouve l’énoncé de B. Kahn [20, Thm. 1, Corollaire].

2.2 Méthode motivique

Toujours sous l’hypothèse que le groupe H0(X¯,K2)2(X¯,(2))similar-to-or-equalssuperscript𝐻0¯𝑋subscript𝐾2superscript2¯𝑋2H^{0}({\overline{X}},K_{2})\simeq\mathbb{H}^{2}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2)) est uniquement divisible, étudions la suite spectrale

E2pq=Hp(G,q(X¯,(2)))n(X,(2)).superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscript𝐻𝑝𝐺superscript𝑞¯𝑋2superscript𝑛𝑋2E_{2}^{pq}=H^{p}(G,\mathbb{H}^{q}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2)))\Longrightarrow\mathbb{H}^{n}(X,{\mathbb{Z}}(2)).

La page E2pqsuperscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞E_{2}^{pq} contient un certain nombre de zéros. Tous les termes E2p0superscriptsubscript𝐸2𝑝0E_{2}^{p0} sont nuls. Comme 2(X¯,(2))superscript2¯𝑋2\mathbb{H}^{2}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2)) est supposé uniquement divisible, tous les termes E2p2=Hp(G,2(X¯,(2)))superscriptsubscript𝐸2𝑝2superscript𝐻𝑝𝐺superscript2¯𝑋2E_{2}^{p2}=H^{p}(G,\mathbb{H}^{2}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2))) pour p1𝑝1p\geq 1 sont nuls. Les termes E2p1superscriptsubscript𝐸2𝑝1E_{2}^{p1} sont égaux à Hp(F,/(2))superscript𝐻𝑝𝐹2H^{p}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) pour p2𝑝2p\geq 2, groupe qui coïncide avec Hp+1(F,(2))superscript𝐻𝑝1𝐹2H^{p+1}(F,{\mathbb{Z}}(2)) pour p3𝑝3p\geq 3. La flèche E202E221superscriptsubscript𝐸202superscriptsubscript𝐸221E_{2}^{02}\to E_{2}^{21}, soit H0(X¯,𝒦2)GH2(F,/(2))superscript𝐻0superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺superscript𝐻2𝐹2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to H^{2}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), est surjective, car il en est déjà ainsi de K2F¯GH2(F,/(2))subscript𝐾2superscript¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐹2K_{2}{{\overline{F}}}^{G}\to H^{2}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) (Remarque 1.1).

Notons comme ci-dessus φ:4(X,(2))4(X¯,(2))G:𝜑superscript4𝑋2superscript4superscript¯𝑋2𝐺\varphi:\mathbb{H}^{4}(X,{\mathbb{Z}}(2))\to\mathbb{H}^{4}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2))^{G}. L’analyse de la suite spectrale donne les énoncés suivants.

1) Il y a une suite exacte

03(X,(2))(3(X¯,(2))G4(F,(2))Ker(φ)0\to\mathbb{H}^{3}(X,{\mathbb{Z}}(2))\to(\mathbb{H}^{3}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2))^{G}\to\mathbb{H}^{4}(F,{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to
H1(G,H1(X¯,𝒦2))Ker[5(F,(2))5(X,(2))].superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2Kersuperscript5𝐹2superscript5𝑋2\hskip 56.9055ptH^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to{\operatorname{Ker}}[\mathbb{H}^{5}(F,{\mathbb{Z}}(2))\to\mathbb{H}^{5}(X,{\mathbb{Z}}(2))].

Ainsi il y a une suite exacte

0H1(X,𝒦2)(H1(X¯,𝒦2))GH3(F,/(2))Ker(φ)0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscriptsuperscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2𝐺superscript𝐻3𝐹2Ker𝜑absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to(H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))^{G}\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to\hskip 28.45274pt
H1(G,3(X¯,(2)))Ker[H4(F,/(2))H4(F(X),/(2))].superscript𝐻1𝐺superscript3¯𝑋2Kersuperscript𝐻4𝐹2superscript𝐻4𝐹𝑋2\hskip 56.9055ptH^{1}(G,\mathbb{H}^{3}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}(2)))\to{\operatorname{Ker}}[H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))].

En particulier, si X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou si l’on a cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3, alors on a une suite exacte

0H1(X,𝒦2)(H1(X¯,𝒦2))G0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscriptsuperscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2𝐺absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to(H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))^{G}\to\hskip 170.71652pt
H3(F,/(2))Ker(φ)H1(G,H1(X¯,𝒦2))0.superscript𝐻3𝐹2Ker𝜑superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦20\hskip 85.35826ptH^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to 0.

La flèche H3(F,/(2))Ker(φ)superscript𝐻3𝐹2Ker𝜑H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}(\varphi) est injective si X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset, ou si H3(F,/(2))superscript𝐻3𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) est nul, par exemple si cd(F)2cd𝐹2{\operatorname{cd}}(F)\leq 2.

2) Pour le conoyau de φ𝜑\varphi, on trouve une suite exacte

0DCoker(φ)H2(G,H1(X¯,𝒦2))0𝐷Coker𝜑superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦20\to D\to{\operatorname{Coker}}(\varphi)\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

D𝐷D est un sous-quotient de Ker[5(F,(2))5(X,(2))].Kersuperscript5𝐹2superscript5𝑋2{\operatorname{Ker}}[\mathbb{H}^{5}(F,{\mathbb{Z}}(2))\to\mathbb{H}^{5}(X,{\mathbb{Z}}(2))]. Ce dernier groupe est nul si le noyau de H4(F,/(2))H4(F(X),/(2))superscript𝐻4𝐹2superscript𝐻4𝐹𝑋2H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) est nul. En particulier D=0𝐷0D=0 si X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset, ou si 5(F,(2))=H4(F,/(2))superscript5𝐹2superscript𝐻4𝐹2\mathbb{H}^{5}(F,{\mathbb{Z}}(2))=H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) est nul, par exemple si cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3.

En utilisant la proposition 1.2, on voit que pour toute F𝐹F-variété X𝑋X lisse géométriquement intègre avec H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) uniquement divisible, sous l’hypothèse que soit X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset soit cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3, on a une suite exacte

0Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]Ker(φ)0Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺Ker𝜑absent0\to{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to\hskip 85.35826pt
Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,H1(X¯,𝒦2)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hskip 85.35826pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).

et une suite exacte

H3(F,/(2))Ker(φ)H1(G,H1(X¯,𝒦2))0.superscript𝐻3𝐹2Ker𝜑superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦20H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to 0.

Si l’on quotiente les deux termes Ker(φ)4(X,(2))Ker𝜑superscript4𝑋2{\operatorname{Ker}}(\varphi)\subset\mathbb{H}^{4}(X,{\mathbb{Z}}(2)) et Hnr3(X,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) par l’image de 4(F,(2))H3(F,/(2))similar-to-or-equalssuperscript4𝐹2superscript𝐻3𝐹2\mathbb{H}^{4}(F,{\mathbb{Z}}(2))\simeq H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), ce qui par fonctorialité de la suite spectrale appliquée au morphisme structural XSpec(F)𝑋Spec𝐹X\to{\operatorname{Spec}}(F) induit une flèche Ker(φ)/4(F,(2))Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Ker𝜑superscript4𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2{\operatorname{Ker}}(\varphi)/\mathbb{H}^{4}(F,{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), on trouve :

Proposition 2.6.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre. Supposons que H0(X¯,K2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝐾2H^{0}({\overline{X}},K_{2}) est uniquement divisible. Supposons en outre que l’on a X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3. On a alors une suite exacte

0H1(X,𝒦2)H1(X¯,𝒦2)G0superscript𝐻1𝑋subscript𝒦2superscript𝐻1superscript¯𝑋subscript𝒦2𝐺absent0\to H^{1}(X,{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})^{G}\to\hskip 170.71652pt
Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))]Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to\hskip 85.35826pt
Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]H1(G,H1(X¯,𝒦2))Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\to
Ker[Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent\hskip 85.35826pt{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,H1(X¯,𝒦2)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hskip 170.71652pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).

Sous l’hypothèse X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset, le groupe Ker[H3(F,/(2))H3(F(X),/(2))]Kersuperscript𝐻3𝐹2superscript𝐻3𝐹𝑋2{\operatorname{Ker}}[H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))] est nul.

Remarques 2.7.

(a) La démonstration n’utilise ni le groupe 𝒩(X)𝒩𝑋{\mathcal{N}}(X) défini en (1.2) ni la proposition 1.3.

(b) L’énoncé de cette proposition est identique à celui de la proposition 2.4, mais il n’est pas clair a priori que les flèches intervenant dans ces deux suites exactes coïncident.

2.3 Comparaison entre les deux méthodes

Supposons H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) uniquement divisible. On a une suite exacte

Ker[CH2(X)CH2(X¯)]H1(G,H1(X¯,𝒦2))ρKer𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2superscript𝜌absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})]\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\buildrel{\rho}\over{\rightarrow}\hskip 85.35826pt
𝒩(X)Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]𝒩𝑋Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺\hskip 170.71652pt{\mathcal{N}}(X)\to{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]

extraite de la proposition 2.2, et utilisée dans la démonstration de la proposition 2.4. On a une suite exacte

Ker[CH2(X)CH2(X¯)]Ker(φ)σKer𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋Ker𝜑superscript𝜎absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})]\to{\operatorname{Ker}}(\varphi)\buildrel{\sigma}\over{\rightarrow}\hskip 170.71652pt
Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺\hskip 28.45274pt{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]

extraite de la proposition 1.2 et utilisée dans la démonstration de la proposition 2.6. Les termes de gauche et de droite dans ces deux suites exactes coïncident. Sous réserve de vérification des commutativités des diagrammes, sur tout corps F𝐹F (sans condition de dimension cohomologique), le lien entre ces deux suites est fourni par le diagramme de suites exactes verticales

H3(F,/(2))superscript𝐻3𝐹2\textstyle{H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}=\scriptstyle{=}H3(F,/(2))superscript𝐻3𝐹2\textstyle{H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Ker(φ)Ker𝜑\textstyle{{\operatorname{Ker}}(\varphi)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}σ𝜎\scriptstyle{\sigma}Ker[Hnr3(X,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2\textstyle{{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H1(G,H1(X¯,𝒦2))superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\textstyle{H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ρ𝜌\scriptstyle{\rho}𝒩(X)𝒩𝑋\textstyle{{\mathcal{N}}(X)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Ker[H4(F,/(2)H4(F(X),/(2))]\textstyle{{\operatorname{Ker}}[H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}=\scriptstyle{=}Ker[H4(F,/(2)H4(F(X),/(2))]\textstyle{{\operatorname{Ker}}[H^{4}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)\to H^{4}(F(X),{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]}

où la suite verticale de droite vaut pour toute F𝐹F-variété lisse et géométriquement intègre X𝑋X ([8], voir la proposition 1.3 ci-dessus), et où celle de gauche est établie au début de la section 2.2 pour les F𝐹F-variétés X𝑋X telles que H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) est uniquement divisible.

2.4 Variétés avec H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) uniquement divisible

2.4.1 Les espaces classifiants de groupes semisimples

Soit H𝐻H un F𝐹F-groupe semisimple connexe, soit V𝑉V une représentation linéaire génériquement libre de H𝐻H possédant un ouvert H𝐻H-stable UV𝑈𝑉U\subset V, de complémentaire un fermé de codimension au moins 3 dans V𝑉V, et que de plus l’on dispose d’une application quotient UU/H𝑈𝑈𝐻U\to U/H qui soit un H𝐻H-torseur. Soit X:=U/Hassign𝑋𝑈𝐻X:=U/H. Soit Hscsubscript𝐻𝑠𝑐H_{sc} le revêtement simplement connexe de H𝐻H et soit C𝐶C le noyau de l’isogénie HscHsubscript𝐻𝑠𝑐𝐻H_{sc}\to H, puis C^^𝐶\hat{C} le module galoisien fini défini par son groupe des caractères. Comme le montre Merkurjev dans [24, Thm. 5.3], on a des identifications

K2(F¯)=H0(X¯,𝒦2)subscript𝐾2¯𝐹superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2K_{2}(\overline{F})=H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})

et

C^(1):=Tor1(C^,/(1))H1(X¯,𝒦2).assign^𝐶1superscriptsubscriptTor1^𝐶1similar-to-or-equalssuperscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\hat{C}(1):={\rm Tor}_{1}^{{\mathbb{Z}}}(\hat{C},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(1))\simeq H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}).

Le groupe K2(F¯)subscript𝐾2¯𝐹K_{2}(\overline{F}) est uniquement divisible. La F𝐹F-variété X𝑋X possède un point F𝐹F-rationnel.

La proposition 2.4 et la proposition 2.6 donnent donc chacune une suite exacte longue

0Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]H1(G,C^(1))0Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺^𝐶1absent0\to{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{1}(G,\hat{C}(1))\to\hskip 56.9055pt
Ker[Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent\hskip 28.45274pt{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,C^(1)).Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺^𝐶1\hskip 142.26378pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\to H^{2}(G,\hat{C}(1)).

Il serait intéressant de déterminer le lien entre la suite exacte à 5 termes obtenue par Merkurjev [25, Thm. 3.9] et les suites exactes à 5 termes ci-dessus. Elles ont en commun leurs deux premiers termes, et leur dernier terme.

2.4.2 Variétés projectives

Pour F¯¯𝐹{{\overline{F}}} un corps algébriquement clos – toujours supposé de caractéristique nulle – et Y𝑌Y une F¯¯𝐹{{\overline{F}}}-variété intègre, projective et lisse, les propriétés suivantes sont équivalentes :

(i) Le groupe de Picard Pic(Y)Pic𝑌\operatorname{Pic}(Y) est sans torsion.

(ii) Pour tout entier n>0𝑛0n>0, He´t1(Y,μn)=0subscriptsuperscript𝐻1´et𝑌subscript𝜇𝑛0H^{1}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}(Y,\mu_{n})=0.

(iii) H1(Y,𝒪Y)=0superscript𝐻1𝑌subscript𝒪𝑌0H^{1}(Y,\mathcal{O}_{Y})=0 et le groupe de Néron–Severi NS(Y)NS𝑌{\operatorname{NS}}(Y) est sans torsion.

(iv) Le groupe H0(Y,𝒦2)superscript𝐻0𝑌subscript𝒦2H^{0}(Y,{\mathcal{K}}_{2}) est uniquement divisible.

L’équivalence des trois premières propriétés est classique. Pour l’équivalence avec la quatrième, voir [10, Prop. 1.13], qui s’appuie sur des résultats de Merkurjev et de Suslin.

Les propriétés ci-dessus sont satisfaites par toute F¯¯𝐹{{\overline{F}}}-variété projective et lisse géométriquement unirationnelle, mais aussi par toute surface K3𝐾3K3 et par toute surface projective et lisse dans l’espace projectif 𝐏3superscript𝐏3{\bf P}^{3}.

Pour une F¯¯𝐹{{\overline{F}}}-surface Y𝑌Y projective et lisse satisfaisant ces propriétés, la dualité de Poincaré implique la nullité des groupes He´t3(Y,μn)subscriptsuperscript𝐻3´et𝑌subscript𝜇𝑛H^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}(Y,\mu_{n}) pour tout n>0𝑛0n>0. On sait (Bloch, Merkurjev–Suslin, cf. [10, (2.1)]) que la nullité de ces groupes implique que le groupe de Chow CH2(Y)𝐶superscript𝐻2𝑌CH^{2}(Y) n’a pas de torsion.

Pour une F𝐹F-surface X𝑋X projective, lisse et géométriquement intègre telle que X¯¯𝑋{\overline{X}} satisfasse ces propriétés, le groupe Ker[CH2(X)CH2(X¯)]Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})] coïncide donc avec le sous-groupe de torsion CH2(X)tors𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝑡𝑜𝑟𝑠CH^{2}(X)_{tors} de CH2(X)𝐶superscript𝐻2𝑋CH^{2}(X).

Sans hypothèse supplémentaire sur X𝑋X, il est difficile de contrôler le module galoisien H1(X¯,K2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝐾2H^{1}({\overline{X}},K_{2}) et l’application

CH2(X)tors=Ker[CH2(X)CH2(X¯)]H1(G,H1(X¯,𝒦2)).𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝑡𝑜𝑟𝑠Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2CH^{2}(X)_{tors}={\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})]\to H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})).

Renvoyons ici le lecteur au délicat travail d’Asakura et Saito [1] qui établit que pour un corps p𝑝p-adique F𝐹F et une surface lisse dans 𝐏F3subscriptsuperscript𝐏3𝐹{\mathbf{P}}^{3}_{F}, de degré au moins 5 “très générale”, le groupe

CH2(X)torsH1(G,H1(X¯,𝒦2))𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝑡𝑜𝑟𝑠superscript𝐻1𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2CH^{2}(X)_{tors}\subset H^{1}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

est infini.

Au paragraphe suivant, on donnera des hypothèses restrictives permettant de facilement contrôler le module H1(X¯,𝒦2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) et sa cohomologie galoisienne.

3 Le module galoisien H1(X¯,𝒦2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})

On considère la flèche naturelle

Pic(X¯)F¯×H1(X¯,𝒦2).tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}).
Proposition 3.1.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété projective, lisse et géométriquement intègre. Supposons H2(X,𝒪X)=0superscript𝐻2𝑋subscript𝒪𝑋0H^{2}(X,\mathcal{O}_{X})=0 et supposons que les groupes He´t3(X¯,)subscriptsuperscript𝐻3´et¯𝑋subscriptH^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell}) sont sans torsion. Alors pour tout i2𝑖2i\geq 2, la flèche

Hi(G,Pic(X¯)F¯×)Hi(G,H1(X¯,𝒦2))superscript𝐻𝑖𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻𝑖𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{i}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to H^{i}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

est un isomorphisme.

Démonstration.

D’après [10, Thm. 2.12], la flèche Galois équivariante

Pic(X¯)F¯×H1(X¯,𝒦2)tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})

a alors noyau et conoyau uniquement divisibles. Elle induit donc un isomorphisme sur Hi(G,)superscript𝐻𝑖𝐺H^{i}(G,\bullet) pour i2𝑖2i\geq 2. \square

Remarque 3.2.

L’hypothèse que les groupes He´t3(X¯,)subscriptsuperscript𝐻3´et¯𝑋subscriptH^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell}) sont sans torsion est équivalente à l’hypothèse que le groupe de Brauer Br(X¯)Br¯𝑋{\operatorname{Br}}({\overline{X}}) est un groupe divisible.

Proposition 3.3.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété projective, lisse et géométriquement intègre. Supposons qu’il existe une courbe VX𝑉𝑋V\subset X telle que sur un domaine universel ΩΩ\Omega l’application CH0(VΩ)CH0(XΩ)𝐶subscript𝐻0subscript𝑉Ω𝐶subscript𝐻0subscript𝑋ΩCH_{0}(V_{\Omega})\to CH_{0}(X_{\Omega}) est surjective, et supposons que les groupes He´t3(X¯,)subscriptsuperscript𝐻3´et¯𝑋subscriptH^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell}) sont sans torsion. Alors pour tout i1𝑖1i\geq 1, la flèche

Hi(G,Pic(X¯)F¯×)Hi(G,H1(X¯,𝒦2))superscript𝐻𝑖𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻𝑖𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{i}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to H^{i}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

est un isomorphisme.

Démonstration.

D’après [10, Thm. 2.12; Prop. 2.15], sous les hypothèses de la proposition, la flèche Galois-équivariante

Pic(X¯)F¯×H1(X¯,𝒦2)tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}\to H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2})

est surjective et a un noyau uniquement divisible. Elle induit donc un isomorphisme sur Hi(G,)superscript𝐻𝑖𝐺H^{i}(G,\bullet) pour i1𝑖1i\geq 1. \square

Remarques 3.4.

Rappelons que l’on suppose car(F)=0car𝐹0{\rm car}(F)=0.

(a) L’hypothèse sur le groupe de Chow des zéro-cycles faite dans la proposition 3.3 implique Hi(X,𝒪X)=0superscript𝐻𝑖𝑋subscript𝒪𝑋0H^{i}(X,\mathcal{O}_{X})=0 pour i2𝑖2i\geq 2. Elle implique que le groupe de Brauer Br(X¯)Br¯𝑋{\operatorname{Br}}({\overline{X}}) est un groupe fini. Elle est satisfaite pour les variétés X¯¯𝑋{\overline{X}} dominées rationnellement par le produit d’une courbe et d’un espace projectif, en particulier elle est satisfaite pour les variétés géométriquement unirationnelles.

(b) Sous les hypothèses de la proposition 3.3, on a Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}({\overline{X}})=0.

(c) Toutes les hypothèses de la proposition 3.3 sont satisfaites pour une variété X¯¯𝑋{\overline{X}} qui est facteur direct birationnel d’une variété rationnelle.

La proposition suivante (cf. [11, Prop. 8.10]) s’applique par exemple aux surfaces K3𝐾3K3 sur F𝐹F corps de fonctions d’une variable sur {\mathbb{C}}, ou sur F=((t))𝐹𝑡F={\mathbb{C}}((t)).

Proposition 3.5.

Supposons le corps F𝐹F de dimension cohomologique au plus 1. Soit X𝑋X une F𝐹F-surface projective, lisse, géométriquement connexe, satisfaisant H1(X,OX)=0superscript𝐻1𝑋subscript𝑂𝑋0H^{1}(X,O_{X})=0. Supposons le groupe Pic(X¯)=NS(X¯)Pic¯𝑋NS¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}})={\operatorname{NS}}({\overline{X}}) sans torsion. On a alors un homomorphisme surjectif

Hnr3(X,/(2))Coker[CH2(X)CH2(X¯)G].subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}].

Si l’indice I(X)𝐼𝑋I(X) de X𝑋X, qui est le pgcd des degrés sur F𝐹F des points fermés de X𝑋X, n’est pas égal à 1, alors Hnr3(X,/(2))0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\neq 0.

Démonstration.

Sous les hypothèses de la proposition, le groupe H0(X¯,𝒦2)superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) est uniquement divisible [10, Cor. 1.12]. Le groupe H1(X¯,𝒦2)superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}) est extension d’un groupe fini par un groupe divisible [10, Thm. 2.2] et donc H2(G,H1(X¯,𝒦2))=0superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦20H^{2}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))=0. Comme X𝑋X est une surface, on a Hnr3(X¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋20H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0. La surjection résulte alors de la proposition 2.4 (ou de la proposition 2.6). Pour la surface X𝑋X, on a la suite exacte de modules galoisiens

0A0(X¯)CH2(X¯)0,0subscript𝐴0¯𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋00\to A_{0}({\overline{X}})\to CH^{2}({\overline{X}})\to{\mathbb{Z}}\to 0,

où la flèche CH2(X¯)𝐶superscript𝐻2¯𝑋CH^{2}({\overline{X}})\to{\mathbb{Z}} est donnée par le degré des zéro-cycles. L’hypothèse H1(X,OX)=0superscript𝐻1𝑋subscript𝑂𝑋0H^{1}(X,O_{X})=0 implique que le groupe A0(X¯)subscript𝐴0¯𝑋A_{0}({\overline{X}}) est uniquement divisible (théorème de Roitman). L’application induite CH2(X¯)G𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺CH^{2}({\overline{X}})^{G}\to{\mathbb{Z}} est donc surjective, et le groupe Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}] a pour quotient le groupe /I(X)𝐼𝑋{\mathbb{Z}}/I(X). \square

Exemple 3.6.

Soit F=((t))𝐹𝑡F={\mathbb{C}}((t)). Soient n>0𝑛0n>0 un entier et X𝐏F3𝑋subscriptsuperscript𝐏3𝐹X\subset{\mathbf{P}}^{3}_{F} la surface définie par l’équation homogène

x0n+tx1n+t2x2n+t3x3n=0.superscriptsubscript𝑥0𝑛𝑡superscriptsubscript𝑥1𝑛superscript𝑡2superscriptsubscript𝑥2𝑛superscript𝑡3superscriptsubscript𝑥3𝑛0x_{0}^{n}+tx_{1}^{n}+t^{2}x_{2}^{n}+t^{3}x_{3}^{n}=0.

D’après [13, Prop. 4.4], pour n=4𝑛4n=4 (surface K3𝐾3K3) et pour n𝑛n premier à 666, on a I(X)1𝐼𝑋1I(X)\neq 1. La proposition ci-dessus donne alors Hnr3(X,/(2))0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\neq 0.

4 Variétés à petit motif sur un corps non algébriquement clos

Commençons par un énoncé général mais peut-être un peu lourd.

Théorème 4.1.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété projective, lisse et géométriquement intègre.

Supposons satisfaites les conditions :

(i) Sur un domaine universel ΩΩ\Omega, le degré CH0(XΩ)𝐶subscript𝐻0subscript𝑋ΩCH_{0}(X_{\Omega})\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme.

(ii) Le groupe Pic(X¯)=NS(X¯)Pic¯𝑋NS¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}})={\operatorname{NS}}({\overline{X}}) est sans torsion.

(iii) Pour tout \ell premier, le groupe He´t3(X¯,)subscriptsuperscript𝐻3´et¯𝑋subscriptH^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell}) est sans torsion.

(iv) On a au moins l’une des propriétés : X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3.

Alors on a une suite exacte

Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]αH1(G,Pic(X¯)F¯×)superscript𝛼Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]{\buildrel\alpha\over{\longrightarrow}}H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to\hskip 85.35826pt
Ker[Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(X¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]βH2(G,Pic(X¯)F¯×).superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹\hskip 85.35826pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\longrightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}).

Sous l’hypothèse X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)2cd𝐹2{\operatorname{cd}}(F)\leq 2, la flèche α𝛼\alpha est injective.

Démonstration.

Comme on a supposé car(F)=0car𝐹0{\rm car}(F)=0, l’hypothèse (i) implique [5] que tous les groupes Hi(X,𝒪X)superscript𝐻𝑖𝑋subscript𝒪𝑋H^{i}(X,\mathcal{O}_{X}) pour i1𝑖1i\geq 1 sont nuls, que l’on a Pic(X¯)=NS(X¯)Pic¯𝑋NS¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}})={\operatorname{NS}}({\overline{X}}), et que le groupe de Brauer Br(X¯)Br¯𝑋{\operatorname{Br}}({\overline{X}}) s’identifie au groupe fini H3(X¯,)torssubscriptdirect-sumsuperscript𝐻3subscript¯𝑋subscript𝑡𝑜𝑟𝑠\oplus_{\ell}H^{3}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell})_{tors}. Sous l’hypothèse (i), l’hypothèse (iii) est donc équivalente à Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}({\overline{X}})=0.

Sous les hypothèses (i) et (iii), la proposition 3.3 donne

Hi(G,Pic(X¯)F¯×)Hi(G,H1(X¯,𝒦2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻𝑖𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹superscript𝐻𝑖𝐺superscript𝐻1¯𝑋subscript𝒦2H^{i}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{i}(G,H^{1}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}))

pour tout i1𝑖1i\geq 1.

Sous les hypothèses (i) et (ii), d’après [10, Prop. 1.14], on a K2F¯=H0(X¯,𝒦2)subscript𝐾2¯𝐹superscript𝐻0¯𝑋subscript𝒦2K_{2}{{\overline{F}}}=H^{0}({\overline{X}},{\mathcal{K}}_{2}). Le groupe K2F¯subscript𝐾2¯𝐹K_{2}{{\overline{F}}} étant uniquement divisible, on peut appliquer la Proposition 2.4 (ou la proposition 2.6). \square

Corollaire 4.2.

Soit X𝑋X une F𝐹F-variété projective, lisse et géométriquement intègre.

Supposons X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)3cd𝐹3{\operatorname{cd}}(F)\leq 3.

Supposons satisfaite l’une des hypothèses suivantes :

(i) la variété X¯¯𝑋\overline{X} est rationnelle;

(ii) la variété X¯¯𝑋\overline{X} est rationnellement connexe, Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}(\overline{X})=0 et Hnr3(X¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋20H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0;

(iii) la variété X¯¯𝑋\overline{X} est de dimension 3, rationnellement connexe, et Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}(\overline{X})=0;

(iv) la variété X¯¯𝑋\overline{X} est de dimension 3, unirationnelle, et Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}(\overline{X})=0.

Alors on a une suite exacte

Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]αH1(G,Pic(X¯)F¯×)superscript𝛼Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹absent{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]{\buildrel\alpha\over{\longrightarrow}}H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to\hskip 85.35826pt
Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2absentH^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to
Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]βH2(G,Pic(X¯)F¯×).superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\longrightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}).

Sous l’hypothèse X(F)𝑋𝐹X(F)\neq\emptyset ou cd(F)2cd𝐹2{\operatorname{cd}}(F)\leq 2, la flèche α𝛼\alpha est injective.

Démonstration.

Le cas (iv) est un cas particulier du cas (iii). Sous l’hypothèse (i), tous les groupes Hnri(X¯,/(2))subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑛𝑟¯𝑋2H^{i}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) sont nuls pour i1𝑖1i\geq 1. Pour i=1𝑖1i=1, cela établit que Pic(X¯)Pic¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}}) est sans torsion et donc Pic(X¯)=NS(X¯)Pic¯𝑋NS¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}})={\operatorname{NS}}({\overline{X}}). Pour i=2𝑖2i=2, cela établit Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\operatorname{Br}}({\overline{X}})=0 et donc He´t3(X¯,)tors=0subscriptsuperscript𝐻3´etsubscript¯𝑋subscript𝑡𝑜𝑟𝑠0H^{3}_{{\operatorname{\acute{e}t}}}({\overline{X}},{\mathbb{Z}}_{\ell})_{tors}=0 pour tout premier \ell.

Sous l’hypothèse (iii), on a Hnr3(X¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟¯𝑋20H^{3}_{nr}({\overline{X}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0. Cette annulation vaut en effet pour tout solide uniréglé [11, Cor. 6.2], c’est un corollaire d’un théorème de C. Voisin.

L’énoncé est alors une conséquence immédiate du théorème 4.1. \square

Remarques 4.3.

(a) Dans le cas particulier où X𝑋X est une F𝐹F-compactification lisse équivariante d’un F𝐹F-tore, le corollaire 4.2 est très proche d’un résultat de Blinstein et Merkurjev ([4, Prop. 5.9]). Dans ce cas, le groupe CH2(X¯)𝐶superscript𝐻2¯𝑋CH^{2}({\overline{X}}) est sans torsion, le groupe

Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]

coïncide donc avec CH2(X)tors𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝑡𝑜𝑟𝑠CH^{2}(X)_{tors}. Par ailleurs, l’intersection des cycles

Pic(X¯)×Pic(X¯)CH2(X¯)Pic¯𝑋Pic¯𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}})\times\operatorname{Pic}({\overline{X}})\to CH^{2}({\overline{X}})

induit une application naturelle surjective ([15, §5.2, Proposition, p. 106])

Sym2(Pic(X¯))CH2(X¯).superscriptSym2Pic¯𝑋𝐶superscript𝐻2¯𝑋{\rm Sym}^{2}(\operatorname{Pic}({\overline{X}}))\to CH^{2}({\overline{X}}).

(b) Soit X𝑋X une F𝐹F-compactification lisse d’un F𝐹F-tore. La flèche

H1(G,Pic(X¯)F¯×)Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

intervient dans l’étude de l’approximation faible pour X𝑋X sur le corps F𝐹F des fonctions d’une courbe sur un corps p𝑝p-adique (Harari, Scheiderer, Szamuely [18, Thm. 4.2]). Pour X𝑋X une F𝐹F-compactification lisse d’un espace principal homogène d’un F𝐹F-tore, il conviendrait de comparer la flèche

H1(G,Pic(X¯)F¯×)Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹2H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

ici obtenue (le corps F𝐹F satisfaisant cd(F)3𝑐𝑑𝐹3cd(F)\leq 3) avec l’application (19) utilisée dans [17, Thm. 5.1].

(c) Soit X/F𝑋𝐹X/F une surface projective, lisse, géométriquement rationnelle possédant un zéro-cycle de degré 1, et telle que le module galoisien Pic(X¯)Pic¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}}) soit un facteur direct d’un module de permutation. Le corollaire ci-dessus implique alors H3(F,/(2))Hnr3(X,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)). C’est un cas particulier d’une remarque générale pour toute telle surface. Si le module galoisien Pic(X¯)Pic¯𝑋\operatorname{Pic}({\overline{X}}) est un facteur direct d’un module de permutation, alors, d’après [6, Prop. 4, p. 12], sur tout corps L𝐿L contenant F𝐹F, l’application degré CH0(XL)𝐶subscript𝐻0subscript𝑋𝐿CH_{0}(X_{L})\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme. Ceci implique Hi(F,/(2))Hnri(X,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻𝑖𝐹2subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑛𝑟𝑋2H^{i}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{i}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) pour tout entier i𝑖i (cas particulier d’un théorème de Merkurjev, cf. [2, Thm. 1.4]).

(d) Dans l’article [9] avec Madore, on a construit des exemples de corps F𝐹F de dimension cohomologique 1 et de surfaces X/F𝑋𝐹X/F projectives, lisses, géométriquement rationnelles sans zéro-cycle de degré 1. Pour de telles surfaces, le corollaire 4.2 ci-dessus donne

Hnr3(X,/(2))=Hnr3(X,/(2))/H3(F,/(2))0.subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2superscript𝐻3𝐹20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\neq 0.

(e) Pour X𝑋X une F𝐹F-variété projective, lisse, géométriquement connexe quelconque, chacun des trois groupes suivants est un invariant F𝐹F-birationnel de X𝑋X :

le groupe Ker[CH2(X)CH2(X¯)G]Ker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺{\operatorname{Ker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}],

le groupe H1(G,Pic(X¯)F¯×)superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}),

le groupe Hnr3(X,/(2)).subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).

Si la dimension cohomologique de F𝐹F est au plus 1, le conoyau Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}] est un invariant F𝐹F-birationnel, comme on voit en considérant la situation de l’éclatement en une sous-variété lisse. En général, le conoyau Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}] n’est pas un invariant birationnel, comme on peut voir en éclatant 𝐏F3subscriptsuperscript𝐏3𝐹{\mathbf{P}}^{3}_{F} en une F𝐹F-conique lisse sans F𝐹F-point. Ceci montre aussi que l’application

β:Coker[CH2(X)CH2(X¯)G]H2(G,Pic(X¯)F¯×):𝛽Coker𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscript¯𝑋𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹\beta:{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X)\to CH^{2}({\overline{X}})^{G}]\longrightarrow H^{2}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})

n’est pas toujours nulle.

5 Variétés à petit motif sur le corps des complexes

5.1 Rappels

Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on note A2(XF)superscript𝐴2subscript𝑋𝐹A^{2}(X_{F}) le sous-groupe de CH2(XF)𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹CH^{2}(X_{F}) formé des classes de cycles qui sur une clôture algébrique F¯¯𝐹{\overline{F}} de F𝐹F sont algébriquement équivalents à zéro.

La proposition suivante rassemble des résultats connus, utiles pour la suite de ce paragraphe.

Proposition 5.1.

Soit X𝑋X une variété connexe, projective et lisse sur le corps des complexes. Supposons que l’application degré CH0(X)𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme.

Alors

(i) On a Hi(X,𝒪X)=0superscript𝐻𝑖𝑋subscript𝒪𝑋0H^{i}(X,\mathcal{O}_{X})=0 pour i1𝑖1i\geq 1.

(ii) Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, les applications de restriction

Pic(X)Pic(XF)Pic(XF¯)Pic𝑋Picsubscript𝑋𝐹Picsubscript𝑋¯𝐹\operatorname{Pic}(X)\to\operatorname{Pic}(X_{F})\to\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})

sont des isomorphismes, et Pic(X)=NS1(X)=HBetti2(X,)Pic𝑋superscriptNS1𝑋subscriptsuperscript𝐻2𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋\operatorname{Pic}(X)={\operatorname{NS}}^{1}(X)=H^{2}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}).

(iii) Équivalence homologique et équivalence algébrique coïncident sur le groupe de Chow CH2(X)𝐶superscript𝐻2𝑋CH^{2}(X).

(iv) Le quotient NS2(X):=CH2(X)/A2(X)HBetti4(X,)assignsuperscriptNS2𝑋𝐶superscript𝐻2𝑋superscript𝐴2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋{\operatorname{NS}}^{2}(X):=CH^{2}(X)/A^{2}(X)\subset H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) est un groupe abélien de type fini. Pour tout corps algébriquement clos F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a NS2(X)NS2(XF)superscriptsimilar-to-or-equalssuperscriptNS2𝑋superscriptNS2subscript𝑋𝐹{\operatorname{NS}}^{2}(X)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\operatorname{NS}}^{2}(X_{F}).

(v) Il existe une variété abélienne B𝐵B sur {\mathbb{C}} qui est un représentant algébrique de A2(X)superscript𝐴2𝑋A^{2}(X), au sens de Murre ([28], cf. [3, Déf. 3.2]). Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a un homomorphisme A2(XF)B(F)superscript𝐴2subscript𝑋𝐹𝐵𝐹A^{2}(X_{F})\to B(F) fonctoriel en F𝐹F, et cet homomorphisme est un isomorphisme si F𝐹F est algébriquement clos.

(vi) S’il existe un premier l𝑙l avec HBetti3(X,/l)=0subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋𝑙0H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}/l)=0, alors A2(X)=0superscript𝐴2𝑋0A^{2}(X)=0, on a une inclusion CH2(X)HBetti4(X,)𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋CH^{2}(X)\hookrightarrow H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}), et ces groupes sont sans l𝑙l-torsion.

Démonstration.

Pour les énoncés (i), (iii), (iv), (v), dus essentiellement à Bloch et Srinivas, et reposant sur des théorèmes de Merkujev–Suslin et de Murre [28], voir [5, Thm. 1] et [31]. L’énoncé (ii) est une conséquence connue de H1(X,𝒪X)=0superscript𝐻1𝑋subscript𝒪𝑋0H^{1}(X,\mathcal{O}_{X})=0. Le dernier énoncé de (iv) est une propriété générale des quotients des groupes de Chow modulo l’équivalence algébrique. Pour l’énoncé (vi), les travaux de Bloch et de Merkurjev–Suslin montrent que le sous-groupe de l𝑙l-torsion CH2(X)[l]𝐶superscript𝐻2𝑋delimited-[]𝑙CH^{2}(X)[l] de CH2(X)𝐶superscript𝐻2𝑋CH^{2}(X) est un sous-quotient de HBetti3(X,/l)subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋𝑙H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}/l). On a donc CH2(X)[l]=0𝐶superscript𝐻2𝑋delimited-[]𝑙0CH^{2}(X)[l]=0 et a fortiori A2(X)[l]=0superscript𝐴2𝑋delimited-[]𝑙0A^{2}(X)[l]=0, donc B[l]=0𝐵delimited-[]𝑙0B[l]=0, donc la variété abélienne B𝐵B est triviale et A2(X)=0superscript𝐴2𝑋0A^{2}(X)=0. \square

Remarques 5.2.

(a) Si X𝑋X est une variété rationnellement connexe, alors l’application degré CH0(X)𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme, les propriétés (i) à (v) sont donc satisfaites.

(b) Les énoncés (iii) à (v) valent sous l’hypothèse plus faible qu’il existe une courbe projective et lisse C𝐶C et un morphisme CX𝐶𝑋C\to X qui induise une surjection CH0(C)CH0(X)𝐶subscript𝐻0𝐶𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(C)\to CH_{0}(X).

5.2 Cycle de codimension 2 universel

Soit F𝐹F un corps, X𝑋X et Y𝑌Y deux F𝐹F-variétés projectives, lisses, géométriquement connexes. Soit zCH2(X×FY)𝑧𝐶superscript𝐻2subscript𝐹𝑋𝑌z\in CH^{2}(X\times_{F}Y) une classe de cycle de codimension 2. La théorie des correspondances [14] donne une application bilinéaire

CH0(Y)×CH2(Y×FX)CH2(X).𝐶subscript𝐻0𝑌𝐶superscript𝐻2subscript𝐹𝑌𝑋𝐶superscript𝐻2𝑋CH_{0}(Y)\times CH^{2}(Y\times_{F}X)\to CH^{2}(X).

Le sous-groupe A0(Y)subscript𝐴0𝑌A_{0}(Y) des zéro-cycles de degré 0 est formé de classes géométriquement algébriquement équivalentes à zéro. Ainsi tout élément zCH2(Y×FX)𝑧𝐶superscript𝐻2subscript𝐹𝑌𝑋z\in CH^{2}(Y\times_{F}X) définit un homomorphisme

CH0(Y)CH2(X)𝐶subscript𝐻0𝑌𝐶superscript𝐻2𝑋CH_{0}(Y)\to CH^{2}(X)

envoyant le groupe A0(Y)subscript𝐴0𝑌A_{0}(Y) dans le sous-groupe A2(X)CH2(X)superscript𝐴2𝑋𝐶superscript𝐻2𝑋A^{2}(X)\subset CH^{2}(X) défini au début du §5. Cette application est fonctorielle en le corps de base F𝐹F. Via la flèche évidente Y(F)CH0(Y)𝑌𝐹𝐶subscript𝐻0𝑌Y(F)\to CH_{0}(Y) envoyant un point rationnel sur sa classe dans le groupe de Chow, elle induit une application qui ne saurait être qu’ensembliste

Y(F)CH2(X).𝑌𝐹𝐶superscript𝐻2𝑋Y(F)\to CH^{2}(X).

Si Y𝑌Y est muni d’un point rationnel noté O𝑂O, en envoyant P𝑃P sur la classe de PO𝑃𝑂P-O, on définit une flèche ensembliste

θz:Y(F)A2(X):subscript𝜃𝑧𝑌𝐹superscript𝐴2𝑋\theta_{z}:Y(F)\to A^{2}(X)

envoyant O𝑂O sur 00.

Soient X𝑋X et B𝐵B comme dans la proposition 5.1. On note O𝑂O l’élément neutre de de B()𝐵B({\mathbb{C}}). La définition suivante est une variante de celle donnée par Claire Voisin [34, Déf. 0.5].

Définition 5.3.

Pour X𝑋X et B𝐵B comme ci-desssus, on dit qu’il existe un cycle de codimension 2 universel sur X𝑋X s’il existe un cycle zCH2(B×X)𝑧𝐶superscript𝐻2𝐵𝑋z\in CH^{2}(B\times X) tel que, sur tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, l’ application ensembliste

θz:B(F)A2(XF):subscript𝜃𝑧𝐵𝐹superscript𝐴2subscript𝑋𝐹\theta_{z}:B(F)\to A^{2}(X_{F})

définie ci-dessus satisfasse la propriété :

L’application composée

B(F)A2(XF)B(F)𝐵𝐹superscript𝐴2subscript𝑋𝐹𝐵𝐹B(F)\to A^{2}(X_{F})\to B(F)

est l’identité sur B(F)𝐵𝐹B(F).

Le théorème ci-dessous est une variante d’un résultat de C. Voisin [34, Thm. 2.1, Cor. 2.3]. La démonstration ici proposée diffère sensiblement de celle donnée dans [34].

Théorème 5.4.

Soit X𝑋X une variété connexe, projective et lisse sur {\mathbb{C}}. Supposons les conditions suivantes satisfaites.

(i) L’application degré CH0(X)𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme.

(ii) Les groupes HBetti2(X,)subscriptsuperscript𝐻2𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{2}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) et HBetti3(X,)subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) sont sans torsion.

(iii) On a Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0.

Alors :

(1) Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a une suite exacte

0Hnr3(XF,/(2))/H3(F,/(2))0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2absent0\to H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to\hskip 142.26378pt
Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]βH2(G,Pic(XF¯)F¯×).superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\longrightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times}).

(2) Soit B𝐵B le représentant algébrique de A2(X)superscript𝐴2𝑋A^{2}(X) (Prop. 5.1 (v)). S’il existe un cycle de codimension 2 universel dans CH2(B×X)𝐶superscript𝐻2𝐵𝑋CH^{2}(B\times X), alors pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).

Note : Sous l’hypothèse CH0(X)=𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)={\mathbb{Z}}, la condition Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0 est, d’après [11, Thm. 1.1], équivalente au fait que la conjecture de Hodge entière vaut en degré 4, i.e. pour les cycles de codimension 2.

Démonstration.

Soit F𝐹F un corps contenant {\mathbb{C}}. Soit F¯¯𝐹\overline{F} une clôture algébrique de F𝐹F et G=Gal(F¯/F)𝐺Gal¯𝐹𝐹G={\rm{Gal}}({\overline{F}}/F). D’après le théorème 4.1 appliqué à la F𝐹F-variété XF:=X×Fassignsubscript𝑋𝐹subscript𝑋𝐹X_{F}:=X\times_{{\mathbb{C}}}F, on a une suite exacte

H1(G,Pic(XF¯)F¯×)superscript𝐻1𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹absentH^{1}(G,\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})\to\hskip 227.62204pt
Ker[Hnr3(XF,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))]Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹2absent{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{\overline{F}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to
Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]βH2(G,Pic(XF¯)F¯×)superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹\hskip 85.35826pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\longrightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})

On sait [7, Thm. 4.4.1] que la cohomologie non ramifiée est invariante par extension de corps de base algébriquement clos. Sous l’hypothèse (iii), on a donc Hnr3(XF¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹20H^{3}_{nr}(X_{\overline{F}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0. Sous les hypothèses (i) et (ii), les applications de restriction Pic(X)Pic(XF)Pic(XF¯)Pic𝑋Picsubscript𝑋𝐹Picsubscript𝑋¯𝐹\operatorname{Pic}(X)\to\operatorname{Pic}(X_{F})\to\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}}) sont des isomorphismes de réseaux (Proposition 5.1 (ii)). L’action de Gal(F¯/F)Gal¯𝐹𝐹{\rm{Gal}}({\overline{F}}/F) sur le réseau Pic(XF¯)Picsubscript𝑋¯𝐹\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}}) est donc triviale. Le théorème 90 de Hilbert donne alors

H1(G,Pic(X¯)F¯×)=0.superscript𝐻1𝐺tensor-productPic¯𝑋superscript¯𝐹0H^{1}(G,\operatorname{Pic}({\overline{X}})\otimes{{\overline{F}}}^{\times})=0.

Ceci donne la suite exacte (5.4).

Supposons qu’il existe un cycle de codimension 2 universel. Alors, sur tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on dispose de l’application ensembliste B(F)A2(XF)𝐵𝐹superscript𝐴2subscript𝑋𝐹B(F)\to A^{2}(X_{F}) qui composée avec l’application A2(XF)B(F)superscript𝐴2subscript𝑋𝐹𝐵𝐹A^{2}(X_{F})\to B(F) est l’identité. Ceci implique que l’homomorphisme A2(XF)A2(XF¯)Gsuperscript𝐴2subscript𝑋𝐹superscript𝐴2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺A^{2}(X_{F})\to A^{2}(X_{{\overline{F}}})^{G} est une surjection. L’application composée NS2(X)NS2(XF¯)G{\operatorname{NS}}^{2}(X)\to{\operatorname{NS}}^{2}(X_{{\overline{F}}})^{G} est surjective, car NS2(X)NS2(XF¯)superscriptNS2𝑋superscriptNS2subscript𝑋¯𝐹{\operatorname{NS}}^{2}(X)\to{\operatorname{NS}}^{2}(X_{{\overline{F}}}) est un isomorphisme (Prop. 5.1 (iv)). Ainsi CH2(X)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X)\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G} est surjectif, et de la suite exacte (5.4) on déduit H3(F,/(2))=Hnr3(XF,/(2))superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)). \square

Remarque 5.5.

Sous des hypothèses additionnelles, C. Voisin [34, Thm. 2.1, Cor. 2.3] établit une réciproque du théorème 5.4. Il serait souhaitable d’établir une telle réciproque par les méthodes plus K𝐾K-théoriques du présent article, en utilisant la suite exacte (5.4) pour le corps des fonctions F=(B)𝐹𝐵F={\mathbb{C}}(B) du représentant algébrique B𝐵B de A2(X)superscript𝐴2𝑋A^{2}(X).

5.3 Troisième groupe de cohomologie non ramifié des hypersurfaces de Fano

Théorème 5.6.

Soit n4𝑛4n\geq 4. Soit X𝐏n𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} une hypersurface lisse de degré dn𝑑𝑛d\leq n.

(i) La flèche degré CH0(X)𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\to{\mathbb{Z}} est un isomorphisme.

(ii) On a Pic(X)=NS(X)=HBetti2(X,)=Pic𝑋NS𝑋subscriptsuperscript𝐻2𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋\operatorname{Pic}(X)={\operatorname{NS}}(X)=H^{2}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}}, et ce groupe est engendré par la classe d’une section hyperplane.

(iii) Le groupe HBetti3(X,)subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) est sans torsion, et nul pour n5𝑛5n\geq 5.

(iv) Pour n5𝑛5n\geq 5, équivalences rationnelle, algébrique et homologique coïncident sur les cycles de codimension 2 sur X𝑋X, et on a une injection de réseaux CH2(X)HBetti4(X,)𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋CH^{2}(X)\hookrightarrow H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}).

(v) Pour n5𝑛5n\neq 5, HBetti4(X,)=subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}}, et l’application

CH2(X)HBetti4(X,)=𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋CH^{2}(X)\to H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}}

est surjective, et est un isomorphisme pour n>5𝑛5n>5.

(vi) Pour n=4𝑛4n=4 et n>5𝑛5n>5, on a Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0.

(vii) Pour n5𝑛5n\geq 5, pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, de clôture algébrique F¯¯𝐹{\overline{F}}, avec G:=Gal(F¯/F)assign𝐺Gal¯𝐹𝐹G:={\rm{Gal}}({\overline{F}}/F), la flèche naturelle

CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{{\overline{F}}})^{G}

est surjective, et on a une suite exacte naturellement scindée

0H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))0.0superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹200\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{\overline{F}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to 0.

Pour n>5𝑛5n>5,on a

H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2)).superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).

(viii) Pour n=4𝑛4n=4, soit B𝐵B le représentant algébrique de A2(X)superscript𝐴2𝑋A^{2}(X). S’il existe un cycle universel de codimension 2 dans CH2(B×X)𝐶superscript𝐻2𝐵𝑋CH^{2}(B\times X), alors pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), et l’application CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G} est surjective.

Démonstration.

Les énoncés (i) à (v) sont bien connus. Comme ils sont utilisés pour établir les points suivants, donnons quelques rappels à leur sujet.

L’hypothèse dn𝑑𝑛d\leq n assure CH0(X)superscriptsimilar-to-or-equals𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\mathbb{Z}}, soit (i). C’est un théorème de Roitman, que l’on peut aussi voir comme un cas particulier du théorème de Campana et Kollár-Miyaoka-Mori assurant qu’une variété de Fano est rationnellement connexe. L’énoncé (ii) vaut pour toute hypersurface lisse dans 𝐏nsubscriptsuperscript𝐏𝑛{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}}, n4𝑛4n\geq 4.

Pour n5𝑛5n\geq 5, les théorèmes de Lefschetz donnent HBetti3(X,)=0subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋0H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})=0 et HBetti3(X,/l)=0subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋𝑙0H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}/l)=0 pour tout l𝑙l premier. L’énoncé (i) et la proposition 5.1 donnent alors (iv).

Pour n=4𝑛4n=4, HBetti3(X,)subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) est sans torsion. Par ailleurs HBetti4(X,)=subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}} (par dualité de Poincaré), la restriction =HBetti4(𝐏4,)HBetti4(X,)=subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖superscript𝐏4subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋{\mathbb{Z}}=H^{4}_{Betti}({\mathbf{P}}^{4},{\mathbb{Z}})\to H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}} est l’identité sur {\mathbb{Z}}.

Pour n3𝑛3n\geq 3, toute hypersurface X𝐏n𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} de degré dn𝑑𝑛d\leq n contient une droite de 𝐏nsubscriptsuperscript𝐏𝑛{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}}. C’est un résultat classique mais délicat dans le cas d=n𝑑𝑛d=n (voir [12]). Pour d<n𝑑𝑛d<n, cela résulte d’un calcul immédiat de dimension, qui montre que par tout point de X𝑋X il passe une droite de 𝐏nsubscriptsuperscript𝐏𝑛{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} contenue dans X𝑋X.

Soit n=4𝑛4n=4. L’hypersurface X𝑋X contient une droite de 𝐏4subscriptsuperscript𝐏4{\mathbf{P}}^{4}_{{\mathbb{C}}}. La classe de cette droite dans CH2(X)𝐶superscript𝐻2𝑋CH^{2}(X) engendre donc HBetti4(X,)=subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}}.

Pour n6𝑛6n\geq 6, les théorèmes de Lefschetz donnent que la flèche de restriction =HBetti4(𝐏n,)HBetti4(X,)subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖subscriptsuperscript𝐏𝑛subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋{\mathbb{Z}}=H^{4}_{Betti}({\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}},{\mathbb{Z}})\to H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) est un isomorphisme. Le diagramme commutatif

CH2(X)HBetti4(X,)CH2(𝐏n)HBetti4(𝐏n,)𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝐶superscript𝐻2subscriptsuperscript𝐏𝑛superscriptsimilar-to-or-equalssubscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖subscriptsuperscript𝐏𝑛missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccc}{CH}^{2}(X)&\hookrightarrow&H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})\cr\uparrow&&\uparrow\cr{CH}^{2}({\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}})&\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt&H^{4}_{Betti}({\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}},{\mathbb{Z}})\end{array}

donne alors CH2(X)HBetti4(X,)=superscriptsimilar-to-or-equals𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋CH^{2}(X)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}}, la conjecture de Hodge entière en degré 4 vaut donc pour X𝑋X, et la théorie de Bloch-Ogus ou [11, Thm. 1.1] donnent alors Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0 soit (vi) pour n6𝑛6n\geq 6. Le même argument vaut pour n=4𝑛4n=4 et d4𝑑4d\leq 4, puisque l’application CH2(X)HBetti4(X,)=𝐶superscript𝐻2𝑋subscriptsuperscript𝐻4𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋CH^{2}(X)\to H^{4}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}})={\mathbb{Z}} est surjective. Ceci établit (v) et (vi). Pour n=4𝑛4n=4, (vi) est un cas particulier d’un résultat de C. Voisin [11, Cor. 6.2].

Établissons les points (vii) et (viii).

Pour tout n4𝑛4n\geq 4, Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a

Pic(X)=Pic(XF)=,Pic𝑋Picsubscript𝑋𝐹\operatorname{Pic}(X)=\operatorname{Pic}(X_{F})={\mathbb{Z}},

le groupe étant engendré par la classe d’une section hyperplane (théorème de Max Noether). On a donc H1(G,Pic(XF¯)F¯×)=H1(G,F¯×)=0superscript𝐻1𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹superscript𝐻1𝐺superscript¯𝐹0H^{1}(G,\operatorname{Pic}(X_{{\overline{F}}})\otimes{\overline{F}}^{\times})=H^{1}(G,{\overline{F}}^{\times})=0 (Thm. 90 de Hilbert). Les énoncés déjà établis et le le théorème 4.1 donnent alors une suite exacte

0H3(F,/(2))Ker[Hnr3(XF,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))]0superscript𝐻3𝐹2Kersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹2absent0\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\to (5.0)
Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]βH2(G,Pic(XF¯)F¯×).superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹\hskip 56.9055pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\rightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}(X_{{\overline{F}}})\otimes{\overline{F}}^{\times}).

Pour n5𝑛5n\geq 5, d’après (iv), équivalence rationnelle et équivalence algébrique sur les cycles de codimension 2 de X𝑋X coïncident sur un corps algébriquement clos. Pour une variété projective, lisse, connexe, sur un corps algébriquement clos, les groupes d’équivalence de cycles modulo l’équivalence algébrique sont, comme c’est bien connu et facile à établir, invariants par extension du corps de base à un autre corps algébriquement clos. Ainsi la flèche composée

CH2(X)CH2(XF)CH2(XF¯)𝐶superscript𝐻2𝑋𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2subscript𝑋¯𝐹CH^{2}(X)\to CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})

est l’identité, donc l’application CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G} est surjective. On obtient donc dans ce cas une suite exacte

0H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))Hnr3(XF¯,/(2)).0superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹20\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)).

D’après [7, Thm. 4.4.1], on a Hnr3(X,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹2H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), si bien que la suite ci-dessus se complète en une suite exacte naturellement scindée

0H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))0.0superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹200\to H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to 0.

Pour n>5𝑛5n>5, une application de (vi) achève alors d’établir l’énoncé (vii).

Pour n=4𝑛4n=4, on a déjà établi Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0 et

H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

pour tout F𝐹F contenant {\mathbb{C}}. La deuxième partie de l’énoncé (viii) résulte alors de la suite exacte (5.0) et du lemme 5.7 (b) ci-après. \square

Lemme 5.7.

Soient n4𝑛4n\geq 4 et X𝐏n𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} une hypersurface lisse de degré dn𝑑𝑛d\leq n.

(a) Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, la flèche naturelle

Pic(XF¯)F¯×H1(XF¯,𝒦2)tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\to H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})

est un isomorphisme

F¯×H1(XF¯,𝒦2).superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\overline{F}^{\times}\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2}).

(b) On a un isomorphisme

Ker[Hnr3(XF,/(2))/H3(F,/(2))Hnr3(XF¯,/(2))]Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G].superscriptsimilar-to-or-equalsKersubscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹2Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺{\operatorname{Ker}}[H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))/H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))]\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}].
Démonstration.

Pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, on a

Pic(X)=Pic(XF)=,Pic𝑋Picsubscript𝑋𝐹\operatorname{Pic}(X)=\operatorname{Pic}(X_{F})={\mathbb{Z}},

le groupe étant engendré par la classe d’une section hyperplane (théorème de Max Noether). Comme on a CH0(X)superscriptsimilar-to-or-equals𝐶subscript𝐻0𝑋CH_{0}(X)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\mathbb{Z}} et que les groupes HBetti3(X,)subscriptsuperscript𝐻3𝐵𝑒𝑡𝑡𝑖𝑋H^{3}_{Betti}(X,{\mathbb{Z}}) sont sans torsion, d’après [10, Thm. 2.12; Prop. 2.15], la flèche naturelle

Pic(XF¯)F¯×H1(XF¯,𝒦2)tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\to H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})

est surjective.

On a vu ci-dessus que X𝑋X contient une droite de 𝐏nsuperscript𝐏𝑛{\mathbf{P}}^{n}, soit YX𝐏n𝑌𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛Y\subset X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}}. La restriction

=Pic(XF¯)Pic(YF¯)=Picsubscript𝑋¯𝐹Picsubscript𝑌¯𝐹{\mathbb{Z}}=\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\to\operatorname{Pic}(Y_{\overline{F}})={\mathbb{Z}}

est l’identité sur {\mathbb{Z}}, car le groupe Pic(XF¯)Picsubscript𝑋¯𝐹\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}}) est engendré par la classe d’une section hyperplane. Donc la flèche

Pic(XF¯)F¯×Pic(YF¯)F¯×tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹tensor-productPicsubscript𝑌¯𝐹superscript¯𝐹\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\to\operatorname{Pic}(Y_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}

est un isomorphisme. Pour la droite Y𝑌Y, l’application

F¯×=Pic(YF¯)F¯×H1(YF¯,𝒦2)superscript¯𝐹tensor-productPicsubscript𝑌¯𝐹superscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑌¯𝐹subscript𝒦2{\overline{F}}^{\times}=\operatorname{Pic}(Y_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\to H^{1}(Y_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})

est un isomorphisme. L’inclusion YX𝑌𝑋Y\subset X induit un diagramme commutatif

Pic(XF¯)F¯×tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹\textstyle{\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Pic(YF¯)F¯×tensor-productPicsubscript𝑌¯𝐹superscript¯𝐹\textstyle{\operatorname{Pic}(Y_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H1(XF¯,𝒦2)superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\textstyle{H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H1(YF¯,𝒦2)superscript𝐻1subscript𝑌¯𝐹subscript𝒦2\textstyle{H^{1}(Y_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})}

dans lequel la flèche horizontale supérieure est un isomorphisme, la flèche verticale de droite aussi, et la flèche verticale de gauche est surjective. La flèche Pic(XF¯)F¯×H1(XF¯,𝒦2)tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\operatorname{Pic}(X_{\overline{F}})\otimes\overline{F}^{\times}\to H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2}) est donc un isomorphisme F¯×H1(XF¯,𝒦2)superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript¯𝐹superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\overline{F}^{\times}\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2}), ce qui établit (a) et montre que la flèche de restriction

H1(XF¯,𝒦2)H1(YF¯,𝒦2)superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2superscript𝐻1subscript𝑌¯𝐹subscript𝒦2H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}(Y_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})

est un isomorphisme.

Considérons la suite exacte (5.0). Pour n5𝑛5n\geq 5, nous avons établi Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]=0Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺0{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]=0, et donc la flèche

β:Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]βH2(G,Pic(XF¯)F¯×):𝛽superscript𝛽Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺tensor-productPicsubscript𝑋¯𝐹superscript¯𝐹\beta:{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]{\buildrel\beta\over{\rightarrow}}H^{2}(G,\operatorname{Pic}(X_{{\overline{F}}})\otimes{\overline{F}}^{\times})

dans cette suite est nulle.

Montrons que l’on a encore β=0𝛽0\beta=0 dans le cas n=4𝑛4n=4. Nous avons ici recours au point de vue motivique, i.e. à la proposition 2.6. L’application β𝛽\beta est induite par l’application composée

CH2(XF¯)G4(XF¯,(2))GH2(G,3(XF¯,(2))).𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript4superscriptsubscript𝑋¯𝐹2𝐺superscript𝐻2𝐺superscript3subscript𝑋¯𝐹2CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}\to\mathbb{H}^{4}(X_{\overline{F}},{\mathbb{Z}}(2))^{G}\to H^{2}(G,\mathbb{H}^{3}(X_{\overline{F}},{\mathbb{Z}}(2))).

Chacune des deux applications intervenant ici est définie pour toute variété lisse X𝑋X, et leur formation est fonctorielle en la variété lisse X𝑋X : la seconde application vient de la suite spectrale considérée à la section 2.2.

Soit YX𝐏n𝑌𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛Y\subset X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}} une droite. Comme la restriction

H1(XF¯,𝒦2)H1(YF¯,𝒦2)superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2superscript𝐻1subscript𝑌¯𝐹subscript𝒦2H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})\to H^{1}(Y_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2})

est un isomorphisme, la flèche

β:Coker[CH2(XF)CH2(XF¯)G]H2(G,H1(XF¯,𝒦2)):𝛽Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺superscript𝐻2𝐺superscript𝐻1subscript𝑋¯𝐹subscript𝒦2\beta:{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G}]\to H^{2}(G,H^{1}(X_{\overline{F}},{\mathcal{K}}_{2}))

se factorise par

Coker[CH2(YF)CH2(YF¯)G]=0Coker𝐶superscript𝐻2subscript𝑌𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑌¯𝐹𝐺0{\operatorname{Coker}}[CH^{2}(Y_{F})\to CH^{2}(Y_{\overline{F}})^{G}]=0

et donc est nulle, ce qui via la suite exacte (5.0) établit l’énoncé (b). \square

Pour les hypersurfaces cubiques, un résultat de Claire Voisin permet de compléter le théorème 5.6 dans le cas n=5𝑛5n=5.

Théorème 5.8.

Soit X𝐏n𝑋subscriptsuperscript𝐏𝑛X\subset{\mathbf{P}}^{n}_{{\mathbb{C}}}, n4𝑛4n\geq 4 une hypersurface cubique lisse.

(i) On a Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0.

(ii) Pour tout entier n5𝑛5n\geq 5, pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}}, la flèche

H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\to H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

est un isomorphisme, et l’application

CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{{\overline{F}}})^{G}

est surjective.

(iii) Pour n=4𝑛4n=4, soit B𝐵B le représentant algébrique de A2(X)superscript𝐴2𝑋A^{2}(X) (Prop. 5.1 (v)). S’il existe un cycle universel de codimension 2 dans CH2(B×X)𝐶superscript𝐻2𝐵𝑋CH^{2}(B\times X), alors pour tout corps F𝐹F contenant {\mathbb{C}} on a H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), et l’application CH2(XF)CH2(XF¯)G𝐶superscript𝐻2subscript𝑋𝐹𝐶superscript𝐻2superscriptsubscript𝑋¯𝐹𝐺CH^{2}(X_{F})\to CH^{2}(X_{\overline{F}})^{G} est surjective.

Démonstration.

Pour n5𝑛5n\neq 5, ceci est un cas particulier du théorème 5.6. Soit donc n=5𝑛5n=5. C. Voisin a établi la conjecture de Hodge entière en degré 4 pour toute hypersurface cubique lisse X𝐏5𝑋subscriptsuperscript𝐏5X\subset{\mathbf{P}}^{5}_{{\mathbb{C}}} [32], [33, Thm. 0.4, Thm. 2.11]. D’après le théorème [11, Thm. 1.1], ceci implique Hnr3(X,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟𝑋20H^{3}_{nr}(X,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0, et donc, d’après [7, Thm. 4.4.1], Hnr3(XF¯,/(2))=0subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋¯𝐹20H^{3}_{nr}(X_{{\overline{F}}},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=0 pour tout corps algébriquement clos F¯¯𝐹{\overline{F}} contenant {\mathbb{C}}. L’énoncé (ii) est alors une conséquence du théorème 5.6 (vii). \square

Remarque 5.9.

Soit n=5𝑛5n=5. Si l’hypersurface cubique X𝐏5𝑋subscriptsuperscript𝐏5X\subset{\mathbf{P}}^{5}_{{\mathbb{C}}} contient un plan, on peut fibrer X𝑋X en quadriques au-dessus du plan. L’énoncé (i) résulte alors de [11, Cor. 8.2], qui repose seulement sur le calcul de la cohomologie non ramifiée des quadriques de dimension 2 sur un corps quelconque (cas particulier des résultats de Kahn, Rost, Sujatha sur les quadriques de dimension quelconque).

Pour les hypersurfaces cubiques lisses X𝐏5𝑋subscriptsuperscript𝐏5X\subset{\mathbf{P}}^{5}_{{\mathbb{C}}} très générales contenant un plan, l’isomorphisme

H3(F,/(2))Hnr3(XF,/(2))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐹2subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))

dans la proposition 5.8 (ii) fut d’abord établi par des méthodes de K𝐾K-théorie et de formes quadratiques, en collaboration avec Auel et Parimala [2]. Il fut ensuite établi pour toute hypersurface cubique lisse X𝐏5𝑋subscriptsuperscript𝐏5X\subset{\mathbf{P}}^{5}_{{\mathbb{C}}} par C. Voisin [34, Thm. 2.1, Example 2.2], par une méthode différente de celle proposée ici.

Remarque 5.10.

Soit n=4𝑛4n=4. Si pour une hypersurface cubique X𝐏4𝑋subscriptsuperscript𝐏4X\subset{\mathbf{P}}^{4}_{{\mathbb{C}}} et un corps F𝐹F on avait Hnr3(XF,/(2))H3(F,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))\neq H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)), alors X𝑋X ne serait pas stablement rationnelle. Un tel exemple n’est pas connu. Dans [35, Thm. 4.5], C. Voisin montre qu’il existe des hypersurfaces cubiques dans 𝐏4subscriptsuperscript𝐏4{\mathbf{P}}^{4}_{{\mathbb{C}}} pour lesquelles le groupe de Chow des zéro-cycles est universellement trivial, résultat plus fort que Hnr3(XF,/(2))=H3(F,/(2))subscriptsuperscript𝐻3𝑛𝑟subscript𝑋𝐹2superscript𝐻3𝐹2H^{3}_{nr}(X_{F},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2))=H^{3}(F,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}(2)) pour tout F𝐹F.

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