Descente galoisienne sur le second groupe de Chow : mise au point et applications
Jean-Louis Colliot-Thélène
C.N.R.S., Université Paris Sud
Mathématiques, Bâtiment 425
91405 Orsay Cedex
France
jlct@math.u-psud.fr
(24 mai 2015)
Résumé
Le troisième groupe de cohomologie étale non ramifié d’une variété projective et lisse,
à coefficients dans les racines de l’unité tordues deux fois, intervient dans plusieurs articles
récents, en particulier en relation avec le groupe de Chow de codimension 2.
Des résultats généraux ont été obtenus à ce sujet par B. Kahn en 1996.
De récents travaux, du côté des groupes algébriques linéaires d’une part,
du côté de la géométrie algébrique complexe d’autre part,
m’incitent à les passer en revue, et à les spécialiser
aux variétés proches d’être rationnelles.
{altabstract}
Connexions between the second Chow group of a smooth projective variety and its
third unramified cohomology group, with coefficients the roots of unity twisted twice,
feature in several recent works. In this note we revisit a 1996 paper by B. Kahn
and specialize it to
nearly rational varieties.
Dans tout cet article, on note
un corps de caractéristique zéro, une clôture algébrique de et .
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre. On note .
On note le corps des fonctions rationnelles de et le corps des fonctions
rationnelles de .
L’application naturelle entre groupes de Chow de codimension 2
n’est en général ni injective ni surjective, même si l’on suppose
que est projective et
que l’ensemble des points rationnels de est non vide
– à la différence du résultat bien connu de .
Plusieurs travaux
ont été consacrés à l’étude des noyau et conoyau de
cette application
et aux liens entre le groupe de Chow de codimension deux et le troisième groupe
de cohomologie non ramifiée de à valeurs dans , groupe noté
.
Citons en particulier
[6], Raskind et l’auteur [10],
Lichtenbaum [23], Kahn [19, 20], C. Voisin et l’auteur
[11], Pirutka [29], Kahn et l’auteur [8],
Merkurjev [4, 24, 25, 26], Voisin [34].
Une des raisons de s’intéresser au groupe
est que c’est un invariant -birationnel
des -variétés projectives et lisses, réduit à
si la -variété est -birationnelle à un espace projectif.
Le résultat principal du présent article est le
Théorème 4.1, qui s’applique à toute variété projective et lisse
géométriquement rationnellement connexe, et qui dans le cas particulier
des variétés géométriquement rationnelles
établit (Corollaire 4.2)
une suite exacte
sous l’une des deux hypothèses supplémentaires :
(i) La -variété possède un -point.
(ii) La dimension cohomologique de est au plus 3.
Décrivons la structure de l’article.
Le §1 est consacré à des rappels de résultats fondamentaux
sur la -cohomologie, la cohomologie non ramifiée et la cohomologie
motivique. On y rappelle aussi (Prop. 1.3) un résultat de [8]
apportant une correction à [20].
Au §2, sous l’hypothèse que le groupe est uniquement divisible,
on établit par deux méthodes différentes (l’une -théorique,
l’autre motivique)
une suite exacte générale (Propositions 2.4
et 2.6).
On suppose ici la variété lisse et géométriquement intègre, mais non nécessairement propre.
Ceci s’applique en particulier aux espaces classifiants de groupes semisimples considérés par Merkurjev
[24].
La première méthode, à l’ancienne, via la -cohomologie,
est celle des articles [10], [11].
La seconde méthode fait usage des groupes de cohomologie motivique , comme
dans l’article [20] de Bruno Kahn. De ce point de vue, on ne fait que
généraliser [20, Thm. 1, Corollaire],
avec la correction mentionnée ci-dessus.
Lorsque le corps de base est de
dimension cohomologique au plus 1, auquel cas
la correction n’est pas utile, et lorsque de plus les variétés considérées sont projectives,
ces suites exactes ont déjà été utilisées dans [11] et [8].
Au §3, pour projective et lisse, on donne des conditions permettant de contrôler le groupe
apparaissant dans les suites exactes du §2.
On donne une application aux surfaces définies sur .
Au §4, on combine les résultats des paragraphes précédents
pour établir les résultats principaux de l’article, le théorème 4.1
et son corollaire 4.2 cité ci-dessus.
Au §5, on applique les résultats du §4 aux hypersurfaces de Fano
complexes.
Pour hypersurface lisse de degré
et
corps quelconque contenant , on établit dans chacun des
cas suivants :
pour ; pour sous réserve que l’on ait ; pour
lorsqu’il existe un cycle universel de codimension 2.
On fait le lien avec
les
résultats de Auel, Parimala et l’auteur
[2] et de C. Voisin [33, 34] sur les hypersurfaces cubiques
et sur les cycles universels de codimension 2, résultats sur lesquels on donne un nouvel éclairage
– la -théorie algébrique remplaçant certains arguments de géométrie complexe (voir la
démonstration du théorème 5.4).
Par rapport à la première version de cet article, mise sur arXiv en février 2013,
cet article diffère essentiellement par le contenu du présent §5, motivé par le travail
[2] et par les articles [33, 34] de C. Voisin.
Terminons cette introduction en indiquant ce qui n’est pas fait dans cet article.
(i) Je n’ai pas vérifié que les arguments dans la littérature utilisant les complexes
de Voevodsky sont compatibles avec ceux utilisant le complexe de
Lichtenbaum ou avec ceux utilisant les groupes de cycles supérieurs de Bloch,
dont il est fait usage dans [8]. Et je n’ai pas vérifié que dans les suites exactes
des Propositions 2.4 et 2.6, dont les
termes sont identiques, les flèches aussi coïncident.
Ceci n’affecte pas les principaux résultats
de l’article. Le lecteur vérifiera en effet que la Proposition 2.4,
établie par des méthodes à l’ancienne via la Proposition 1.3,
suffit à établir tous les résultats des paragraphes 3, 4, 5, à l’exception
du lemme 5.7 (ii), du théorème 5.6 (viii) et de l’assertion de
surjectivité de l’application dans le théorème 5.8 (iii).
(ii) Les longues suites exactes des Propositions 2.4
et 2.6,
le théorème 4.1 et le corollaire 4.2 devraient
se spécialiser en un certain nombre des longues suites exactes pour les variétés classifiantes
de groupes algébriques linéaires connexes établies
par Blinstein-Merkurjev [4] et par Merkurjev [24, 25]. Je me suis contenté d’allusions à ces
articles en divers points du texte.
(iii) Sur un corps de base de caractéristique positive,
l’utilisation de la cohomologie de Hodge-Witt logarithmique permet de donner
des analogues de certains des résultats du présent travail.
Nous renvoyons pour cela aux articles [20] et [8].
Remerciements. Cet article fait suite à des travaux et discussions avec
Bruno Kahn, et à des travaux de
A. Merkurjev et de C. Voisin. Je remercie le rapporteur pour sa lecture
critique du tapuscrit.
1 Rappels, propriétés générales
On utilise dans cet article le complexe motivique de faisceaux de
cohomologie étale sur les variétés lisses sur un corps, tel qu’il a été
défini par Lichtenbaum [22, 23].
Les groupes de cohomologie à valeurs dans le complexe
sont dans tout cet article
les groupes d’hypercohomologie étale. Ils sont notés .
Sur un schéma , on note
les groupes de cohomologie de Zariski à valeurs dans le faisceau
sur associé au préfaisceau ,
où la -théorie des anneaux est la -théorie de Quillen.
Étant donné un module galoisien , c’est-à-dire un
-module continu discret, on note tantôt tantôt
les groupes de cohomologie galoisienne à valeurs dans .
On note
le module galoisien .
On note
On a les propriétés suivantes, conséquences de travaux de Merkurjev et Suslin [27],
de A. Suslin [30], de M. Levine [21], de S. Lichtenbaum [23], de B. Kahn [19], [20, Thm. 1.1, Lemme 1.4].
.
.
.
.
si .
si .
est divisible, et sa torsion est
(cf. [19, (1.2)]).
Il est donc extension d’un groupe uniquement divisible par
.
est uniquement divisible.
Soit une -variété lisse géométriquement intègre, non nécessairement projective. On a :
est extension d’un groupe uniquement divisible
par . Ceci résulte de la suite exacte [19, (1.2)]
et de [30, Thm. 3.7]).
On a la suite exacte fondamentale (Lichtenbaum, Kahn [20, Thm. 1.1])
(1.1)
où
est le sous-groupe de
formé des éléments non ramifiés en tout point de codimension 1 de .
Pour toute -variété projective, lisse et géométriquement intègre , dans l’article [10]
avec W. Raskind, on a établi que les groupes et
sont chacun extension d’un groupe fini par un groupe divisible.
Si la dimension cohomologique de satisfait , ceci implique que
les groupes de cohomologie galoisienne
et
sont nuls pour .
On a une suite spectrale
Remarque 1.1.
Pour , compte tenu des identifications ci-dessus, cette suite spectrale
donne une suite exacte
En comparant la suite exacte fondamentale (1.1) au niveau et au niveau ,
en prenant les points fixes de agissant sur la suite
au niveau , et en utilisant le lemme du serpent, on obtient :
Proposition 1.2.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre.
Soit .
On a alors
une suite exacte
Notons
(1.2)
L’énoncé suivant est essentiellement établi dans [8].
Proposition 1.3.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre.
(a) On a une suite exacte
(b) Si ou si ,
on a un isomorphisme
(c) Si est de dimension au plus 2, on a
une suite exacte
Démonstration.
L’énoncé (a) est [8, Prop. 6.1, Prop. 6.2]. L’énoncé (b) est
une conséquence facile de (a).
La proposition 6.1 de [8]
montre aussi que, si est de dimension au plus 2, alors
le complexe
est une suite exacte
En effet les groupes intervenant dans la proposition 6.1 de [8]
sont alors nuls : via la conjecture de Gersten, cela résulte du fait que
le corps des fractions de est de dimension cohomologique 2,
si bien que le complexe de la proposition 6.1 de [8] est alors exact.
2 Le cas où le groupe est uniquement divisible
Le but de ce pagragraphe est d’établir la proposition
2.4. On le fait d’abord
par une méthode “-théorique” (paragraphe 2.1)
qui se prête plus aux calculs explicites
des flèches intervenant dans les suites exactes.
La version “motivique” (paragraphe 2.2)
est plus souple quand il s’agit d’étudier la fonctorialité en la -variété
des suites concernées.
Dans ce paragraphe, on considère une -variété
lisse et géométriquement intègre, telle que le groupe est uniquement divisible,
mais on ne suppose pas projective.
2.1 Méthode -théorique
Pour , les flèches naturelles
sont alors des isomorphismes.
D’après un théorème de Quillen (conjecture de Gersten pour la -théorie),
le complexe
est le complexe des sections globales d’une résolution flasque du faisceau
sur la -variété lisse .
Ce complexe donne donc des suites exactes courtes de modules galoisiens
En utilisant le théorème 90 de Hilbert et le lemme de Shapiro,
le théorème de Merkurjev–Suslin et en particulier sa conséquence
[6, Thm. 1] [30, 1.8]
par des arguments classiques (cf. [10, 11]) de cohomologie galoisienne,
on obtient :
Proposition 2.1.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre telle que le
groupe soit uniquement divisible.
Soit comme en (1.2).
On a alors une suite exacte
Pour toute
-variété géométriquement intègre,
un théorème de B. Kahn [19, Cor. 2, p. 70] donne un isomorphisme
On a donc établi :
Proposition 2.2.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre telle que le
groupe soit uniquement divisible.
Soit comme en (1.2).
On a alors une suite exacte
Remarque 2.3.
Soit un espace principal homogène d’un -groupe semisimple simplement connexe
absolument presque simple. On a ,
et ce groupe est donc uniquement divisible.
On a par ailleurs
avec action triviale du groupe de Galois.
L’image de
par l’application
est (au signe près) l’invariant de Rost de . Pour tout ceci, voir [16, Part II, §6].
En combinant les propositions 2.2 et 1.3
on trouve :
Proposition 2.4.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre.
Supposons le groupe uniquement divisible.
Sous l’une des hypothèses
ou , on a
une suite exacte
Sous l’hypothèse , le groupe
est nul.
Remarque 2.5.
Lorsque l’on suppose
et , on retrouve l’énoncé de B. Kahn
[20, Thm. 1, Corollaire].
2.2 Méthode motivique
Toujours sous l’hypothèse
que le groupe est uniquement divisible, étudions la suite spectrale
La page contient un certain nombre de zéros. Tous les termes sont nuls.
Comme est supposé uniquement divisible,
tous les termes pour sont nuls.
Les termes sont égaux à pour ,
groupe qui coïncide avec pour .
La flèche , soit
, est surjective, car il en est déjà ainsi
de (Remarque 1.1).
Notons comme ci-dessus .
L’analyse de la suite spectrale donne les énoncés suivants.
1) Il y a une suite exacte
Ainsi il y a une suite exacte
En particulier, si ou si l’on a , alors on a une suite exacte
La flèche est injective
si , ou si est nul, par exemple si .
2) Pour le conoyau de , on trouve une suite exacte
où est un sous-quotient de
Ce dernier groupe est nul si le noyau de
est nul.
En particulier si ,
ou si
est nul, par exemple si .
En utilisant la proposition 1.2, on voit
que pour toute -variété lisse géométriquement intègre
avec uniquement divisible,
sous l’hypothèse que soit soit , on a
une suite exacte
et une suite exacte
Si l’on quotiente les deux termes et
par l’image de ,
ce qui
par fonctorialité de la suite spectrale
appliquée au morphisme structural
induit une flèche
,
on trouve :
Proposition 2.6.
Soit une -variété lisse et géométriquement intègre. Supposons
que est uniquement divisible.
Supposons en outre que l’on a ou .
On a alors une suite exacte
Sous l’hypothèse , le groupe
est nul.
Remarques 2.7.
(a) La démonstration n’utilise ni le groupe défini en (1.2)
ni
la proposition 1.3.
(b) L’énoncé de cette proposition est identique à celui de la proposition
2.4, mais il n’est pas clair a priori que les flèches
intervenant dans ces deux suites exactes coïncident.
2.3 Comparaison entre les deux méthodes
Supposons uniquement divisible.
On a une
suite exacte
extraite de la proposition 2.2, et utilisée dans la démonstration
de la proposition 2.4.
On a une
suite exacte
extraite de la proposition 1.2
et utilisée dans la démonstration de la proposition
2.6.
Les termes de gauche et de droite dans ces deux suites exactes coïncident.
Sous réserve de vérification des commutativités des diagrammes,
sur tout corps
(sans condition de dimension cohomologique), le lien entre ces deux suites
est fourni par le diagramme de suites exactes verticales
où la suite verticale de droite vaut pour toute -variété lisse et géométriquement intègre
([8], voir la proposition 1.3 ci-dessus),
et où celle de gauche est établie au début de la section 2.2 pour les -variétés telles que
est uniquement divisible.
2.4 Variétés avec uniquement divisible
2.4.1 Les espaces classifiants de groupes semisimples
Soit un -groupe semisimple connexe, soit une représentation linéaire génériquement libre de
possédant un ouvert -stable
, de complémentaire un fermé de codimension au moins 3 dans ,
et que de plus l’on dispose d’une application quotient qui soit un -torseur.
Soit . Soit le revêtement simplement connexe de
et soit le noyau de l’isogénie , puis le module galoisien fini
défini par son groupe des caractères. Comme le montre Merkurjev dans [24, Thm. 5.3],
on a des identifications
et
Le groupe est uniquement divisible. La -variété possède un point
-rationnel.
La proposition 2.4 et la proposition 2.6
donnent donc chacune une suite exacte longue
Il serait intéressant de déterminer le lien entre la suite exacte à 5 termes
obtenue par Merkurjev [25, Thm. 3.9]
et les suites exactes à 5 termes ci-dessus. Elles ont en commun
leurs deux premiers termes, et leur dernier terme.
2.4.2 Variétés projectives
Pour un corps algébriquement clos – toujours supposé de caractéristique nulle –
et une -variété intègre, projective et lisse, les propriétés suivantes sont équivalentes :
(i) Le groupe de Picard est sans torsion.
(ii) Pour tout entier , .
(iii) et le groupe de Néron–Severi est sans torsion.
(iv) Le groupe est uniquement divisible.
L’équivalence des trois premières propriétés est classique.
Pour l’équivalence avec la quatrième, voir
[10, Prop. 1.13], qui s’appuie sur des résultats
de Merkurjev et de Suslin.
Les propriétés ci-dessus sont satisfaites par toute -variété projective et lisse
géométriquement unirationnelle, mais aussi par toute surface et par toute surface
projective et lisse dans l’espace projectif .
Pour une -surface projective et lisse satisfaisant ces propriétés,
la dualité de Poincaré implique la nullité
des groupes pour tout . On sait (Bloch, Merkurjev–Suslin, cf. [10, (2.1)])
que la nullité de ces groupes
implique que le groupe de Chow n’a pas de torsion.
Pour une -surface projective, lisse et géométriquement intègre telle que
satisfasse ces propriétés, le groupe
coïncide donc avec le sous-groupe
de torsion de .
Sans hypothèse supplémentaire sur ,
il est difficile de contrôler le module galoisien et
l’application
Renvoyons ici le lecteur au délicat travail d’Asakura et Saito [1] qui établit que pour
un corps -adique et une
surface lisse dans , de degré au moins 5 “très générale”,
le groupe
est infini.
Au paragraphe suivant, on donnera des hypothèses restrictives
permettant de facilement contrôler le module et sa cohomologie galoisienne.
3 Le module galoisien
On considère la flèche naturelle
Proposition 3.1.
Soit une -variété projective, lisse et géométriquement intègre.
Supposons et supposons que
les groupes sont sans torsion.
Alors pour tout , la flèche
est un isomorphisme.
Démonstration.
D’après [10, Thm. 2.12], la flèche Galois équivariante
a alors noyau et conoyau uniquement divisibles.
Elle induit donc un isomorphisme sur pour .
Remarque 3.2.
L’hypothèse que les groupes sont sans torsion
est équivalente à l’hypothèse que le groupe de Brauer est
un groupe divisible.
Proposition 3.3.
Soit une -variété projective, lisse et géométriquement intègre.
Supposons qu’il existe une courbe telle que sur un domaine universel
l’application est surjective, et supposons
que les groupes sont sans torsion.
Alors pour tout , la flèche
est un isomorphisme.
Démonstration.
D’après [10, Thm. 2.12; Prop. 2.15], sous les hypothèses
de la proposition,
la flèche Galois-équivariante
est surjective et
a un noyau uniquement divisible.
Elle induit donc un isomorphisme sur pour .
Remarques 3.4.
Rappelons que l’on suppose .
(a) L’hypothèse sur le groupe de Chow des zéro-cycles faite dans la proposition 3.3
implique pour . Elle implique que le groupe
de Brauer est un groupe fini.
Elle est satisfaite pour
les variétés dominées rationnellement par le produit d’une courbe et d’un espace projectif,
en particulier elle est satisfaite pour les variétés géométriquement unirationnelles.
(b)
Sous les hypothèses de la proposition 3.3,
on a .
(c) Toutes les hypothèses de la proposition 3.3 sont satisfaites pour une variété
qui est facteur direct birationnel d’une variété rationnelle.
La proposition suivante (cf. [11, Prop. 8.10]) s’applique par exemple aux surfaces
sur corps de fonctions d’une variable sur , ou sur .
Proposition 3.5.
Supposons le corps de dimension cohomologique au plus 1. Soit
une -surface projective, lisse, géométriquement connexe,
satisfaisant . Supposons le groupe
sans torsion. On a alors un homomorphisme surjectif
Si l’indice de , qui est le pgcd des degrés sur des points fermés de ,
n’est pas égal à 1, alors .
Démonstration.
Sous les hypothèses de la proposition, le groupe
est uniquement divisible [10, Cor. 1.12].
Le groupe est extension d’un groupe fini par un groupe divisible
[10, Thm. 2.2] et donc . Comme est une surface,
on a .
La surjection résulte alors
de la proposition 2.4 (ou de la proposition 2.6).
Pour la surface , on a la suite exacte de modules galoisiens
où la flèche est donnée par le degré des zéro-cycles.
L’hypothèse implique que le groupe est uniquement divisible
(théorème de Roitman). L’application induite
est donc surjective, et le
groupe
a pour quotient le groupe .
Exemple 3.6.
Soit . Soient un entier et la surface définie par l’équation
homogène
D’après [13, Prop. 4.4], pour (surface ) et pour premier à ,
on a . La proposition ci-dessus donne alors .
4 Variétés à petit motif sur un corps non algébriquement clos
Commençons par un énoncé général mais peut-être un peu lourd.
Théorème 4.1.
Soit une -variété projective, lisse et géométriquement intègre.
Supposons satisfaites les conditions :
(i) Sur un domaine universel , le degré
est un isomorphisme.
(ii) Le groupe est sans torsion.
(iii) Pour tout premier, le groupe est
sans torsion.
(iv) On a au moins l’une des propriétés : ou .
Alors on a une suite exacte
Sous l’hypothèse ou ,
la flèche
est injective.
Démonstration.
Comme on a supposé ,
l’hypothèse (i)
implique [5]
que tous les groupes pour
sont nuls, que l’on a , et que le groupe de Brauer
s’identifie au groupe fini .
Sous l’hypothèse (i), l’hypothèse (iii) est donc équivalente à .
Sous les hypothèses (i) et (iii), la proposition 3.3 donne
pour tout .
Sous les hypothèses (i) et (ii), d’après [10, Prop. 1.14],
on a . Le groupe étant uniquement divisible,
on peut appliquer la Proposition 2.4 (ou la proposition 2.6).
Corollaire 4.2.
Soit une -variété projective, lisse et géométriquement intègre.
Supposons ou .
Supposons satisfaite l’une des hypothèses suivantes :
(i) la variété est rationnelle;
(ii) la variété est rationnellement connexe, et ;
(iii) la variété est de dimension 3, rationnellement connexe, et ;
(iv) la variété est de dimension 3, unirationnelle, et .
Alors on a une suite exacte
Sous l’hypothèse ou ,
la flèche
est injective.
Démonstration.
Le cas (iv) est un cas particulier du cas (iii). Sous l’hypothèse (i), tous les groupes
sont nuls pour .
Pour , cela établit que est sans torsion et donc .
Pour , cela établit et donc pour tout premier .
Sous l’hypothèse (iii), on
a . Cette annulation vaut en effet pour
tout solide uniréglé [11, Cor. 6.2],
c’est un corollaire
d’un théorème de C. Voisin.
L’énoncé est alors
une conséquence immédiate du théorème 4.1.
Remarques 4.3.
(a)
Dans le cas particulier où est une -compactification lisse équivariante d’un -tore,
le corollaire 4.2 est très proche d’un résultat de Blinstein et Merkurjev ([4, Prop. 5.9]).
Dans ce cas, le groupe est sans torsion, le groupe
coïncide donc avec .
Par ailleurs, l’intersection des cycles
induit une application naturelle surjective ([15, §5.2, Proposition, p. 106])
(b) Soit une -compactification lisse d’un -tore.
La flèche
intervient dans l’étude de l’approximation faible pour sur le corps des fonctions
d’une courbe sur un corps -adique (Harari, Scheiderer, Szamuely [18, Thm. 4.2]).
Pour une -compactification lisse d’un espace principal homogène d’un
-tore, il conviendrait de comparer la flèche
ici obtenue (le corps satisfaisant ) avec l’application (19)
utilisée dans [17, Thm. 5.1].
(c) Soit une surface projective, lisse, géométriquement rationnelle possédant un zéro-cycle de
degré 1, et telle que le module galoisien soit un facteur direct d’un module
de permutation.
Le corollaire ci-dessus implique alors .
C’est un cas particulier d’une remarque générale pour toute telle surface. Si le module galoisien
est un facteur direct d’un module
de permutation,
alors, d’après [6, Prop. 4, p. 12], sur tout corps contenant ,
l’application degré est un isomorphisme. Ceci implique
pour tout entier (cas particulier d’un théorème de Merkurjev,
cf. [2, Thm. 1.4]).
(d) Dans l’article [9] avec Madore, on a construit des exemples de corps de dimension cohomologique 1
et de surfaces projectives, lisses, géométriquement rationnelles sans zéro-cycle de degré 1.
Pour de telles surfaces, le corollaire 4.2
ci-dessus donne
(e) Pour une -variété projective, lisse, géométriquement connexe quelconque, chacun des trois groupes suivants
est un invariant -birationnel de :
le groupe
,
le groupe
,
le groupe
Si la dimension cohomologique de est au plus 1, le conoyau
est un invariant -birationnel, comme on voit en considérant la situation de l’éclatement en une sous-variété
lisse. En général,
le conoyau n’est pas un invariant birationnel, comme on
peut voir en éclatant
en
une -conique lisse sans -point.
Ceci montre aussi que l’application
n’est pas toujours nulle.
5 Variétés à petit motif sur le corps des complexes
5.1 Rappels
Pour tout corps contenant , on note le
sous-groupe de
formé des classes de cycles qui sur une clôture algébrique de sont algébriquement
équivalents à zéro.
La proposition suivante rassemble des résultats connus, utiles pour la suite
de ce paragraphe.
Proposition 5.1.
Soit
une variété connexe, projective et lisse sur le corps des complexes.
Supposons que l’application degré est un isomorphisme.
Alors
(i) On a pour .
(ii) Pour tout corps contenant , les applications de restriction
sont des isomorphismes, et .
(iii) Équivalence homologique et équivalence algébrique coïncident sur le
groupe de Chow .
(iv) Le quotient est un groupe abélien de type fini.
Pour tout corps algébriquement clos contenant , on a .
(v) Il existe une variété abélienne sur
qui est un représentant algébrique
de , au sens de Murre ([28], cf. [3, Déf. 3.2]).
Pour tout corps contenant , on a un
homomorphisme fonctoriel en , et cet homomorphisme
est un isomorphisme si est algébriquement clos.
(vi) S’il existe un premier avec ,
alors , on a une inclusion ,
et ces groupes sont sans -torsion.
Démonstration.
Pour les énoncés (i), (iii), (iv), (v), dus essentiellement à Bloch et Srinivas, et reposant
sur des théorèmes de Merkujev–Suslin et de Murre [28], voir [5, Thm. 1] et [31].
L’énoncé (ii) est une conséquence connue de .
Le dernier énoncé de (iv) est une propriété générale des quotients des groupes
de Chow modulo l’équivalence algébrique.
Pour l’énoncé (vi), les travaux de Bloch et de Merkurjev–Suslin
montrent que
le sous-groupe de -torsion de est un sous-quotient de .
On a donc et a fortiori , donc ,
donc la variété abélienne est triviale et .
Remarques 5.2.
(a) Si est une variété rationnellement connexe, alors
l’application degré est un isomorphisme, les propriétés (i) à (v) sont donc
satisfaites.
(b)
Les énoncés (iii) à (v) valent sous l’hypothèse plus faible qu’il existe une courbe projective et lisse et un morphisme
qui induise une surjection .
5.2 Cycle de codimension 2 universel
Soit un corps, et deux -variétés projectives, lisses, géométriquement connexes.
Soit une classe de cycle de codimension 2.
La théorie des correspondances [14] donne une application bilinéaire
Le sous-groupe des zéro-cycles de degré 0
est formé de classes géométriquement algébriquement équivalentes à zéro.
Ainsi tout élément définit un homomorphisme
envoyant le groupe dans le sous-groupe
défini au début du §5. Cette application est fonctorielle en le corps de base .
Via la flèche évidente envoyant un point rationnel sur sa classe dans
le groupe de Chow, elle induit une application qui ne saurait être qu’ensembliste
Si est muni d’un point rationnel noté ,
en envoyant sur la classe de , on définit une flèche ensembliste
envoyant sur .
Soient et comme dans la proposition 5.1.
On note l’élément neutre de
de .
La définition suivante est une variante de celle donnée par Claire Voisin [34, Déf. 0.5].
Définition 5.3.
Pour et comme ci-desssus, on dit
qu’il existe un cycle de codimension 2 universel sur
s’il existe un cycle
tel que, sur tout corps contenant ,
l’ application
ensembliste
définie ci-dessus satisfasse la propriété :
L’application composée
est l’identité sur .
Le théorème ci-dessous est une variante d’un résultat de C. Voisin [34, Thm. 2.1, Cor. 2.3].
La démonstration ici proposée diffère sensiblement de celle donnée dans [34].
Théorème 5.4.
Soit
une variété connexe, projective et lisse sur .
Supposons les conditions suivantes satisfaites.
(i) L’application degré
est un isomorphisme.
(ii) Les groupes et sont sans torsion.
(iii) On a .
Alors :
(1) Pour tout corps contenant , on a une suite exacte
(2) Soit
le représentant algébrique
de (Prop. 5.1 (v)).
S’il existe
un cycle de codimension 2 universel dans ,
alors pour tout corps contenant ,
on a .
Note : Sous l’hypothèse , la condition est, d’après [11, Thm. 1.1], équivalente au fait
que la conjecture de Hodge entière vaut en degré 4, i.e. pour les cycles de codimension 2.
Démonstration.
Soit un corps contenant .
Soit une clôture algébrique de et .
D’après le théorème 4.1 appliqué à la -variété ,
on a une suite exacte
On sait [7, Thm. 4.4.1] que la cohomologie non ramifiée est invariante
par extension de corps de base algébriquement clos. Sous l’hypothèse (iii), on
a donc .
Sous les hypothèses (i) et (ii),
les applications de restriction sont des isomorphismes
de réseaux (Proposition 5.1 (ii)).
L’action de
sur le réseau est donc triviale.
Le théorème 90 de Hilbert donne alors
Supposons qu’il existe un cycle de codimension 2 universel. Alors, sur tout corps contenant ,
on dispose de l’application ensembliste qui composée avec
l’application est l’identité.
Ceci implique que l’homomorphisme est une surjection.
L’application composée
est surjective, car est un isomorphisme (Prop. 5.1 (iv)).
Ainsi
est surjectif, et de la suite exacte (5.4) on
déduit .
Remarque 5.5.
Sous des hypothèses additionnelles, C. Voisin [34, Thm. 2.1, Cor. 2.3] établit une réciproque
du théorème 5.4. Il serait souhaitable d’établir une telle réciproque par les méthodes
plus -théoriques du présent article, en utilisant la suite exacte (5.4)
pour le corps des fonctions
du représentant algébrique de .
5.3 Troisième groupe de cohomologie non ramifié des hypersurfaces de Fano
Théorème 5.6.
Soit .
Soit une hypersurface lisse de degré .
(i) La flèche degré est un isomorphisme.
(ii) On a , et ce groupe est
engendré par la classe d’une section hyperplane.
(iii) Le groupe est sans torsion, et nul pour .
(iv) Pour , équivalences rationnelle, algébrique et homologique coïncident
sur les cycles de codimension 2 sur , et
on a une injection de réseaux .
(v) Pour , , et l’application
est surjective, et
est un isomorphisme pour .
(vi) Pour et , on a .
(vii) Pour , pour tout corps
contenant , de clôture algébrique ,
avec ,
la flèche naturelle
est surjective, et on a une suite exacte naturellement scindée
Pour ,on a
(viii) Pour , soit
le représentant algébrique de .
S’il existe un cycle universel de codimension 2 dans ,
alors pour tout corps
contenant , on a
,
et l’application
est surjective.
Démonstration.
Les énoncés (i) à (v) sont bien connus. Comme ils sont utilisés pour établir les points suivants,
donnons quelques rappels à leur sujet.
L’hypothèse assure , soit (i).
C’est un théorème de Roitman, que l’on peut aussi voir comme un cas particulier
du théorème de Campana et Kollár-Miyaoka-Mori assurant qu’une variété de Fano est
rationnellement connexe.
L’énoncé (ii) vaut pour toute hypersurface lisse
dans , .
Pour , les théorèmes de
Lefschetz donnent et
pour tout premier.
L’énoncé (i) et la proposition 5.1 donnent alors (iv).
Pour , est sans torsion.
Par ailleurs
(par dualité de Poincaré),
la restriction
est l’identité sur .
Pour , toute hypersurface de degré contient une droite de .
C’est un résultat classique mais délicat dans le cas
(voir [12]). Pour , cela résulte d’un calcul immédiat de dimension, qui montre
que par tout point de il passe une droite de contenue dans .
Soit . L’hypersurface contient une droite de .
La classe de cette droite dans engendre donc
.
Pour , les théorèmes de Lefschetz donnent que
la flèche de restriction
est un isomorphisme.
Le diagramme commutatif
donne alors ,
la conjecture de Hodge entière en degré 4 vaut donc pour , et
la théorie de Bloch-Ogus ou [11, Thm. 1.1]
donnent alors soit (vi) pour .
Le même argument vaut pour et , puisque l’application
est surjective. Ceci établit (v) et (vi).
Pour , (vi) est un cas particulier
d’un résultat de C. Voisin [11, Cor. 6.2].
Établissons les points (vii) et (viii).
Pour tout , Pour tout corps contenant , on a
le groupe étant engendré par la classe d’une section hyperplane (théorème de Max Noether).
On a donc (Thm. 90 de Hilbert).
Les énoncés déjà établis et le le théorème 4.1 donnent alors une suite exacte
(5.0)
Pour , d’après (iv),
équivalence rationnelle et équivalence algébrique sur les cycles de codimension 2 de
coïncident sur un corps algébriquement clos.
Pour une variété projective, lisse, connexe, sur un corps algébriquement clos,
les groupes d’équivalence de cycles modulo l’équivalence algébrique sont,
comme c’est bien connu et facile à établir, invariants par extension du corps
de base à un autre corps algébriquement clos.
Ainsi la flèche composée
est l’identité, donc l’application
est surjective. On obtient donc dans ce cas une suite exacte
D’après [7, Thm. 4.4.1], on a
, si bien que la suite ci-dessus
se complète en une suite exacte naturellement scindée
Pour , une application de (vi)
achève alors d’établir l’énoncé (vii).
Pour , on a déjà établi et
pour tout contenant .
La deuxième partie de l’énoncé (viii) résulte alors
de la suite exacte (5.0) et
du lemme 5.7 (b) ci-après.
Lemme 5.7.
Soient et une hypersurface
lisse de degré .
(a) Pour tout corps contenant , la flèche naturelle
est un isomorphisme
(b) On a un isomorphisme
Démonstration.
Pour tout corps contenant , on a
le groupe étant engendré par la classe d’une section hyperplane (théorème de Max Noether).
Comme on a et que les groupes sont sans torsion,
d’après [10, Thm. 2.12; Prop. 2.15],
la flèche naturelle
est surjective.
On a vu ci-dessus que contient une droite de , soit
.
La restriction
est l’identité sur ,
car le groupe est engendré par la classe d’une section hyperplane.
Donc la flèche
est un isomorphisme.
Pour la droite , l’application
est un isomorphisme.
L’inclusion induit un diagramme commutatif
dans lequel la flèche horizontale supérieure est un isomorphisme,
la flèche verticale de droite aussi, et la flèche verticale de gauche est surjective.
La flèche
est donc un isomorphisme ,
ce qui établit (a) et montre que la flèche de restriction
est un isomorphisme.
Considérons la suite exacte (5.0).
Pour , nous avons établi ,
et donc la flèche
dans cette suite est nulle.
Montrons que l’on a encore dans le cas .
Nous avons ici recours au point de vue motivique,
i.e. à la proposition 2.6.
L’application
est
induite par l’application composée
Chacune des deux applications intervenant ici est définie pour toute variété lisse ,
et leur formation est fonctorielle en la variété lisse : la seconde application
vient de la suite spectrale considérée à la section 2.2.
Soit une droite. Comme
la restriction
est un isomorphisme, la flèche
se factorise par
et donc
est nulle, ce qui via la suite exacte (5.0) établit l’énoncé (b).
Pour les hypersurfaces cubiques, un résultat de Claire Voisin permet
de compléter le théorème 5.6 dans le cas .
Théorème 5.8.
Soit , une hypersurface cubique lisse.
(i) On a .
(ii) Pour tout entier ,
pour tout corps
contenant , la flèche
est un isomorphisme,
et l’application
est surjective.
(iii)
Pour , soit
le représentant algébrique
de (Prop. 5.1 (v)).
S’il existe
un cycle universel de codimension 2 dans ,
alors pour tout corps contenant
on a , et l’application
est surjective.
Démonstration.
Pour , ceci est un cas particulier du théorème 5.6.
Soit donc .
C. Voisin
a établi la conjecture de Hodge entière en degré 4 pour toute hypersurface cubique lisse
[32], [33, Thm. 0.4, Thm. 2.11].
D’après le théorème [11, Thm. 1.1], ceci implique ,
et donc, d’après [7, Thm. 4.4.1], pour tout corps algébriquement clos
contenant . L’énoncé (ii) est alors une conséquence du théorème
5.6 (vii).
Remarque 5.9.
Soit .
Si l’hypersurface cubique contient un plan, on peut
fibrer en quadriques au-dessus du plan. L’énoncé (i) résulte alors de
[11, Cor. 8.2], qui repose seulement sur
le calcul de la cohomologie non ramifiée des quadriques de dimension 2
sur un corps quelconque (cas particulier des résultats de Kahn, Rost, Sujatha sur les quadriques
de dimension quelconque).
Pour les hypersurfaces cubiques lisses très générales
contenant un plan, l’isomorphisme
dans la proposition 5.8 (ii) fut d’abord établi par des
méthodes de -théorie et de formes quadratiques, en collaboration avec
Auel et Parimala [2].
Il fut ensuite établi pour toute hypersurface cubique lisse
par C. Voisin [34, Thm. 2.1, Example 2.2], par une méthode différente
de celle proposée ici.
Remarque 5.10.
Soit . Si pour une hypersurface cubique et
un corps on avait , alors
ne serait pas stablement rationnelle. Un tel exemple n’est pas connu.
Dans [35, Thm. 4.5],
C. Voisin montre qu’il existe des hypersurfaces cubiques dans
pour lesquelles
le groupe de Chow des
zéro-cycles est universellement trivial, résultat plus fort que
pour tout .
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