Rel vement de formes modulaires de Siegel
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Siegel modular forms, toro dal compactifications, Vorono decomposition, Kodaira vanishing theorem, Deligne-Illusie Hodge theoryLifting Siegel modular forms. In this note, we give explicit conditions under which cuspidal Siegel modular forms of genus or with coefficients in a finite field lift to cuspidal modular forms with coefficients in a ring of characteristic . This result extends a classical theorem proved by Katz for genus modular forms. We use ampleness results due to Shepherd-Barron, Hulek and Sankaran, and vanishing theorems due to Deligne, Illusie, Raynaud, Esnault and Viehweg.
Dans cette note, nous donnons des conditions explicites sous lesquelles les formes modulaires de Siegel cuspidales de genre ou coefficients dans un corps fini se rel vent en des formes modulaires cuspidales coefficients dans un anneau de caract ristique nulle. Nos r sultats g n ralisent un th or me classique obtenu par Katz pour les formes de genre [Kat73, th. 1.7.1]. Nous utilisons des r sultats d’amplitude de Shepherd-Barron [SB06] et de Hulek et Sankaran [HS04], ainsi que des th or mes d’annulation d s Deligne, Illusie et Raynaud [DI87] et Esnault et Viehweg [EV92]. Je remercie le rapporteur pour ses corrections et pour m’avoir sugg r le corollaire 1.3.
1 Énonc des r sultats
Soient , et trois entiers et un -module. Notons l’espace de modules sur qui param tre les sch mas ab liens principalement polaris s de genre munis d’une structure de niveau principale en . D’apr s [FC90, th. IV.6.7], il existe une compactification toro dale de (elle d pend d’un choix combinatoire) et un sch ma semi-ab lien sur qui tend le sch ma ab lien universel sur . Notons le faisceau inversible sur des formes volumes invariantes de . Le principe de K cher [FC90, prop. V.1.8] affirme que la restriction de induit un isomorphisme
En particulier, le groupe est ind pendant du choix de ; on appelle ses l ments les formes modulaires de genre , de niveau , de poids et coefficients dans .
Notons le compl mentaire de dans et munissons-le de sa structure sch matique r duite. On dit qu’une forme modulaire est cuspidale si elle s’annule sur . Notons
le groupe des formes cuspidales. D’apr s [FC90, prop. V.1.9], il ne d pend pas non plus du choix de . Si est un anneau, on a
Énon ons pr sent le th or me principal de cette note.
Théorème 1.1.
Supposons , ou et . Soit un -module. Si , supposons sans -torsion, et si supposons sans -torsion. Le morphisme naturel de changement de base induit un isomorphisme
Ce th or me sera d montr dans la troisi me partie. Notons qu’on peut s’affranchir de l’hypoth se en introduisant le niveau auxiliaire et en consid rant les formes modulaires de niveau qui sont invariantes par le groupe .
Corollaire 1.2.
Soient , ou , et trois entiers. Soit l’anneau d’entiers d’un corps de nombres et un id al maximal de ; notons et supposons que la caract ristique de ne divise pas . Si , supposons et si , supposons . Le morphisme de changement de base induit un isomorphisme
Corollaire 1.3.
Soient , ou , et trois entiers. Soit un anneau de valuation discr te d’id al maximal ; notons et supposons que la caract ristique de ne divise pas . Si , supposons et si , supposons . Notons la sous-alg bre commutative de engendr e par les op rateurs de Hecke de niveau premier . Soit propre pour de valeur propre g n ralis e . Il existe propre pour de valeur propre g n ralis e telle que .
Le corollaire 1.3 affirme que toute valeur propre g n ralis e de dans se rel ve en une valeur propre g n ralis e dans . Par contre, il ne dit rien sur le rel vement des vecteurs propres, ie. ne garantit pas que . Pour d montrer le corollaire 1.3, on proc de en deux temps : on utilise le th or me 1.1 pour prouver que , puis l’on applique le lemme de Deligne-Serre [DS74, lem. 6.11].
Remarque 1.4.
Nous prouverons galement la proposition suivante, qui affirme qu’il n’existe pas de forme modulaire (cuspidale ou non) non nulle de genre ou , de poids strictement n gatif et coefficients dans un corps de caract ristique (cf. prop. 3.1).
Proposition 1.5.
Si ou , et , on a pour tout corps de caract ristique .
Remarque 1.6.
Soit un nombre premier. Le corollaire 1.2 permet de pr ciser quantitavement un th or me de classicit des formes modulaires de Siegel -adiques ordinaires [Hi02, th. 1.1]. Soit une forme modulaire de Siegel -adique [Pi09, d f. 1.4.3] ordinaire, cuspidale, de poids classique et parall le , de niveau , et de genre gal ou . Rappelons que est appel e « classique » si elle provient d’un l ment de . D’apr s [Hi02, th. 1.1.(4)] ou [Pi09, th. 1.6.6], est classique lorsque est sup rieur une constante ind termin e d pendant de , de et de . Le corollaire 1.2 permet de prouver que l’estimation suffit assurer la classicit de si . Il faut en effet reprendre la d monstration de [Pi09, th. 1.6.6] et se rendre compte que l’hypoth se « assez grand » n’est utilis e que dans [Pi09, th. 1.6.1]. Mais dans le cas pr sent, [Pi09, th. 1.6.1] est quivalent au corollaire 1.2, qui est valable si et .
2 Amplitude et annulation
Dans cette partie, nous rappelons bri vement les r sultats utilis s dans la d monstration du th or me 1.1. On suppose et dans toute cette partie.
2.1 Compactifications toro dales
Notons le -module des formes bilin aires sym triques enti res sur et le c ne de des formes bilin aires semi-d finies positives radical rationnel. Les compactifications toro dales de sont associ es des d compositions poly drales admissibles - quivariantes de [FC90, d f. IV.2.2]. Consid rons une telle d composition et notons la compactification toro dale qui lui est associ e [FC90, th. IV.6.7]. L’espace alg brique est propre sur , lisse sur si et seulement est lisse [FC90, d f. IV.2.3], et est un sch ma projectif si est polaris e [FC90, d f. V.2.4 et th. V.5.8]. Notons le compl mentaire de dans et munissons-le de sa structure de sch ma r duit. Il d finit un diviseur de Cartier de qui est croisements normaux si est lisse. Notons un syst me d’ quations locales de dans . Comme les ventuelles singularit s de sont toriques, le faisceau
est localement libre. D’apr s [FC90, th. IV.6.7], le sch ma ab lien universel sur s’ tend en un sch ma semi-ab lien sur . Notons la section neutre de . Toujours d’apr s [FC90], l’application de Kodaira-Spencer induit un isomorphisme
Notons le faisceau dualisant de . Puisque , l’isomorphisme de Kodaira-Spencer induit un isomorphisme [FC90, p.225 (d)].
2.2 D compositions de Vorono
Vorono a construit deux d compositions poly drales admissibles de [Vor08]. L’une d’entre elles est appel e d composition du c ne parfait ou premi re d composition de Vorono , et l’autre seconde d composition de Vorono . Igusa a construit une troisi me d composition de , dite du c ne central [HS04]. Ces trois d compositions co ncident si ou [HS04, p. 660]. De plus, elles sont lisses si ou [Hu00, p. 255 et 256]. Si , la seconde d composition de Vorono est lisse [HS04, p. 661] et raffine la d composition du c ne parfait [HS04, p. 660].
2.3 Amplitude du fibr de Hodge
Notons la compactification toro dale de associ e la d composition du c ne parfait et son bord r duit. Le sch ma
est lisse si ou , et est un diviseur croisements normaux. Soit un entier relatif. D’apr s [SB06, th. 4.1], le faisceau est ample sur
si et seulement si . Remarquons que ce r sultat d’amplitude a d’abord t tabli par Hulek et Sankaran [HS04] dans le cas particulier ou consid r dans la suite de ce texte. Cependant, contrairement Shepherd-Barron, ils n’ noncent leur th or me que sur .
2.4 Th or me de Kodaira
Soit un corps parfait de caract ristique . Donnons-nous un sch ma propre et lisse purement de dimension sur , un diviseur croisements normaux de , et un faisceau inversible sur . Notons l’anneau des vecteurs de Witt de longueur de et supposons que et se rel vent en et sur , o est lisse sur et est un diviseur croisements normaux de .
Supposons galement qu’il existe un entier tel que soit ample pour tout . D’apr s [EV92, prop. 11.5], on a
(2.4.A) |
pour . En posant dans l’ galit (2.4.A) et en utilisant le fait que , on trouve en particulier
pour tout . On en d duit par dualit de Serre que
(2.4.B) |
pour tout , o d signe le faisceau dualisant de .
Remarque 2.5.
L’assertion (2.4.A) est une version faible mais valable sur du th or me de Kawamata-Viehweg pour les diviseurs nefs [EV92, coro. 5.12.c], qui n’est d montr pour l’instant que sur . Le th or me de Kawamata-Viehweg sur r sulterait de l’assertion (2.4.A) et d’une ventuelle r solution des singularit s des sch mas de type fini sur . Nous renvoyons [EV92, rem. 11.6.b] pour plus de d tails.
3 D monstration du th or me 1.1
Nous nous pla ons pr sent sous les hypoth ses du th or me 1.1. En particulier, ou , et . Comme la formation de la cohomologie coh rente d’un sch ma quasi-coh rent commute aux limites inductives, il suffit de d montrer le th or me 1.1 pour de type fini sur , puis pour avec si et si . Ainsi, il suffit de prouver que le morphisme de changement de base induit un isomorphisme
D’apr s [ÉGA 3 7.5.3 et 7.7], il suffit de d montrer que
Le sch ma est propre et lisse sur car ou . Il est purement de dimension et se rel ve en un sch ma lisse sur . De m me, est un diviseur croisements normaux qui se rel ve . Notons ; c’est un faisceau inversible sur
D’apr s [SB06, th. 4.1], est ample sur pour tout . D’apr s (2.4.B), on a
car par hypoth se. On conclut la d monstration du th or me 1.1 en remarquant que
Montrons pr sent qu’il n’existe pas de forme modulaire de Siegel de genre ou , de poids et coefficients dans un corps (non n cessairement parfait) de caract ristique . Il nous faut donc voir que . On raisonne comme au d but de la partie 3 et on se ram ne prouver que . Il suffit de poser
, et dans (2.4.A) pour conclure, c’est- -dire d montrer le r sultat suivant.
Proposition 3.1.
Si ou , et , on a pour tout corps de caract ristique .
4 Cas du genre quatre
On aimerait prouver un nonc de changement de base analogue au th or me 1.1 dans le cas o . Comme la d composition du c ne parfait n’est plus lisse, on ne peut pas appliquer le th or me d’annulation de Kodaira . En revanche, la seconde d composition de Vorono est lisse et raffine la d composition du c ne parfait d’apr s [HS04, p. 661]. Notons
la compactification toro dale associ e la seconde d composition de Vorono . Il existe un morphisme propre et birationnel
induit par les raffinements entre d compositions. Notons le diviseur exceptionnel de , qui est de support inclus dans . En combinant le th or me 1.8, la remarque 1.9 et le corollaire 1.11 de [HS04], on peut montrer que est ample sur
si et seulement si et . Par exemple, si alors
est ample sur . On peut appliquer le th or me de Kodaira la vari t propre et lisse
pour relever en caract ristique nulle des formes de Siegel de genre , de niveau , de poids , coefficients dans , qui s’annulent suffisamment sur . L’ordre d’annulation requis est au moins et on peut le d terminer en calculant explicitement .
Références
- [DI87] P. Deligne et L. Illusie – « Relèvements modulo et décomposition du complexe de de Rham », Invent. Math. 89 (1987), no 2, p. 247–270.
- [DS74] P. Deligne et J.P. Serre – « Formes modulaires de poids », Ann. Sci. École Norm. Sup. 7 (1974), no 4, p. 507–530.
- [EV92] H. Esnault et E. Viehweg – « Lectures on vanishing theorems », DMV Seminar, vol. 20 (1992), Birkhäuser, Basel.
- [FC90] G. Faltings et C.-L. Chai – « Degeneration of abelian varieties », Ergebnisse der Mathematik und ihrer Grenzgebiete, vol. 22 (1990), Springer, Berlin.
- [Hi02] H. Hida – « Control theorems of coherent sheaves on Shimura varieties of PEL type », J. Inst. Math. Jussieu 1 (2002), no 1, p. 1–76.
- [Hu00] K. Hulek – « Nef divisors on moduli spaces of abelian varieties », dans « Complex analysis and algebraic geometry » (2000), de Gruyter, Berlin.
- [HS04] K. Hulek et G. K. Sankaran – « The nef cone of toroidal compactifications of », Proc. London Math. Soc. 88 (2004), no 3, p. 659–704.
- [Kat73] N. M. Katz – « -adic properties of modular schemes and modular forms », dans « Modular functions of one variable III », Lecture notes in mathematics, vol. 350 (1973), Springer, Berlin.
- [Pi09] V. Pilloni – « Arithm tique des vari t s de Siegel », th se de doctorat (2009), Universit Paris 13.
- [SB06] N. I. Shepherd-Barron – « Perfect forms and the moduli space of abelian varieties », Invent. Math. 163 (2006), no 1, p. 25–45.
- [Vor08] G. Voronoi – « Nouvelles applications des param tres continus la th orie des formes quadratiques. Premier m moire : sur quelques propri t s des formes quadratiques positives parfaites », J. Reine Angew. Math 133 (1908), p. 79–178.