R sum . Nous construisons un groupe topologique compact , qui contient naturellement comme sous-groupes denses la fois le groupe additif r el et le groupe -adique pour un premier donn , et nous en tudions quelques unes des propri t s. En appendice, nous montons que cela donne une description arithm tique du sol noide -adique classiquement d fini en termes de feuilletages.
Abstract. For a given prime number , we construct a compact topological group which contains both the real additive group and the -adic one as dense subgroups; thus we study some of its properties. This construction gives an arithmetic description of the so-called -adic solenoid classically defined in terms of foliations.
Introduction
Soit un nombre premier et l’ensemble des entiers naturels inf rieurs . Il est bien connu que toute s rie de la forme
,
o les sont pris dans et dans , converge dans le compl t -adique du corps des rationnels ; et qu’inversement tout nombre -adique s’ crit de fa on unique comme somme d’une telle s rie.
De fa on semblable, toute s rie de la forme
,
converge dans le corps des r els ; et inversement tout r el positif s’ crit comme somme d’une telle s rie, laquelle est m me unique d s lors que les ne sont pas ultimement gaux .
On peut donc demander s’il est possible de construire un espace topologique convenable, contenant de fa on naturelle ainsi que , quip de surcro t de lois prolongeant celles de et de , dans lequel donner un sens univoque l’expression
ind pendamment de la c sure utilis e pour la calculer en l’ crivant formellement :
.
On s’aper oit ais ment qu’il n’est pas raisonnable d’esp rer prolonger contin ment la multiplication dans un tel espace, puisque les suites de terme g n ral et convergeant vers 0 dans et dans respectivement, leur produit, qui est constant et gal 1, devrait alors converger galement vers 0, ce qui est videmment absurde. Il faut donc renoncer obtenir un anneau topologique.
L’objet du pr sent travail est ainsi de construire tr s simplement un groupe topologique ab lien et compact que nous notons , qui contient naturellement la fois et comme sous-groupes denses, et qui permet de donner un sens pr cis chaque somme d’un nombre -adique et d’un nombre r el , donc finalement toute somme infinie du type pr c dent.
Nous verrons en appendice que le groupe obtenu s’identifie canoniquement au sol noide -adique d fini classiquement en termes de feuilletages et qui intervient naturellement dans des questions li es l’ tude de certains syst mes dynamiques ou de probabilit s.
1. Rappels sur et sur ; construction du groupe
Rappelons d’abord bri vement comment sont construits usuellement les compl t s du corps des rationnels relativement ses diverses valeurs absolues.
On sait, par le th or me d’Ostrowski (cf. e.g. [3] ou [7]), que les topologies de qui sont d finies par des valeurs absolues non triviales sont :
(i)
la topologie r elle, qui correspond la valeur absolue usuelle d finie par :
;
(ii)
les topologies -adiques, donn es par les valeurs absolues d finies par :
,
o d signe l’exposant du premier dans la factorisation du rationnel .
Dans tous les cas, le proc d de compl tion, valable d’ailleurs pour tout espace m trique (cf. e.g. [9]), permet de regarder comme un sous-espace topologique dense d’un espace complet, qui est videmment dans le premier cas et dans le second. Dans le contexte qui nous int resse, la m thode alg brique standard consiste prendre l’anneau des suites de Cauchy de rationnels (pour la m trique consid r e) et le quotienter par l’id al maximal form des suites qui convergent vers 0. On obtient ainsi un corps commutatif sur lequel la valeur absolue se prolonge de fa on naturelle, ce qui en fait un espace m trique complet (et m me localement compact) qui contient comme sous-espace dense.
Faisons choix maintenant d’un nombre premier arbitaire . Nous avons alors :
Théorème 0.
Soit un nombre premier et . Alors :
(i)
Tout r el s’ crit : , avec les dans et dans ; cette criture est unique si les ne sont pas ultimement gaux .
(ii)
Tout nombre -adique s’ crit de fa on unique : , avec les dans ; et on a : , si est son premier chiffre non nul.
(iii)
Dans chaque cas, les sommes finies d crivent le sous-groupe , lequel est dense dans le groupe comme dans .
Nous allons plonger et dans groupe topologique ab lien en les recollant suivant le sous-groupe dense . Comme indiqu dans l’introduction, le point essentiel de notre construction est que toute somme finie doit avoir m me image qu’elle soit regard e dans ou dans . Cette observation nous am ne donc poser :
Définition 1.
Nous appelons -adifi du groupe additif le groupe ab lien quotient de la somme directe du groupe -adique et du groupe additif r el par l’image diagonale du sous-groupe des rationnels -entiers :
.
Le groupe est un groupe divisible qui contient canoniquement et .
L’application naturelle de (respectivement de ) dans tant videmment injective, nous identifierons un r el et un nombre -adique avec leurs images respectives dans , de sorte que nous avons ainsi par construction :
.
De fa on semblable nous noterons la somme dans le groupe ab lien du nombre -adique et du r el , somme qui n’est autre que la classe dans du couple de . Un tel nombre sera dit un r el--adique.
Remarque. Les groupes additifs et tant tous deux divisibles, le quotient l’est aussi. On prendra garde cependant au fait que n’est pas uniquement divisible ; ainsi on a bien, par exemple :
,
pour tout entier naturel ; mais (avec les m mes conventions d’ criture) :
,
d s que est tranger avec , puisque n’est pas alors dans l’anneau . Plus g n ralement, pour , les l ments donn s par :
sont alors distincts dans mais v rifient tous l’identit : .
Il suit de l que le groupe contient des l ments de torsion. Nous verrons plus loin que ceux-ci constituent m me un sous-groupe dense de .
L’ criture n’ tant pas unique du fait de notre construction, il est int ressant de disposer n anmoins d’une criture standard d’un r el--adique :
Théorème 2(Lemme de repr sentation).
Tout r el--adique s’ crit de fa on unique :
Nous disons que l’entier -adique est la partie enti re et que le r el est la partie fractionnaire de . En d’autres termes, nous avons :
.
Preuve. Partons d’un r el--adique ; crivons la repr sentation canonique de sa partie -adique ; puis notons la partie non enti re de et sa partie enti re. Nous avons ainsi : avec et . Ecrivant alors la d composition du r el comme somme de sa partie enti re et de sa partie fractionnaire , nous obtenons comme attendu :
ce qui tablit l’existence de la d composition annonc e.
L’unicit r sulte imm diatement de l’identit :
Remarque. Dans la d composition directe pr c dente, le sous-groupe r el et le sous-groupe -adique s’ crivent respectivement :
o d signe l’ensemble des rationnels -entiers de l’intervalle .
Corollaire 3.
Tout r el--adique s’ crit de fa on unique comme somme
,
d’un entier -adique et d’un r el , o les sont pris dans et non ultimement gaux pour .
Corollaire 4.
Soit un entier relatif fix .
Tout r el--adique s’ crit alors de fa on unique :
.
En d’autres termes, nous avons la d composition directe :
.
2. Propri t s topologiques du groupe
Nous allons maintenant d finir une distance sur en faisant choix d’une valeur absolue valeurs dans . Pour viter toute confusion, nous notons :
(i) , la valeur absolue usuelle sur , et
(ii) , la valeur absolue normalis e sur .
Cela tant, la valeur absolue sur peut tre d finie de la fa on suivante :
Définition 5.
Nous appelons valeur absolue d’un r el--adique la quantit :
laquelle est encore donn e par la formule :
Preuve. Il s’agit de v rifier que les deux formules sont quivalentes, autrement dit que la borne inf rieure dans la premi re formule est atteinte pour la valeur de qui correspond la d composition standard donn e par la proposition 2, ou pour la m me valeur augment e de 1, ce qui correspond la d composition .
Or l’existence m me de la d composition standard entra ne :
;
de sorte que la borne inf rieure doit tre recherch e parmi les d compositions qui v rifient simultan ment et , i.e. et ; ce qui ne laisse gu re que les deux possibilit s annonc es.
Remarque. La valeur absolue ainsi d finie co ncide donc avec la valeur absolue normalis e sur et avec la valeur absolue usuelle sur .
Théorème 6.
L’application est une distance sur qui est invariante par translation ; elle fait de un groupe topologique contenant la fois et comme sous-groupes denses.
Preuve. V rifions d’abord que nous avons bien l une distance : L’ quivalence
tant imm diate, compte tenu de l’expression de la valeur absolue, ainsi que l’identit , seule pose probl me l’in galit triangulaire. Or, si est une d composition d’un r el--adique donnant sa valeur absolue (en ce sens qu’on a : ) et une d composition analogue pour , il vient :
;
ce qui donne, comme attendu :
.
En r sum , il suit de l que est bien un groupe topologique.
Ce point acquis, l’invariance par translation provient directement de la d finition m me de la distance.
Enfin, le sous-groupe tant dense dans et l’ensemble l’ tant dans , il r sulte de la remarque pr c dant le th or me que le sous-groupe
est lui-m me dense dans :
.
En particulier, il suit comme annonc que et sont denses dans .
Nous pouvons maintenant tablir la compacit du groupe , qui justifie le titre de cette note :
Théorème 7.
Le groupe topologique est compact et connexe. Nous disons que c’est le compactifi -adique du groupe additif r el .
Preuve. Pour voir que est compact, consid rons la suite exacte courte :
induite par l’injection canonique de dans . D’un cot , l’expression de la valeur absolue donn e plus haut montre que est isom trique ; de l’autre, la d composition canonique montre que son conoyau s’identifie (comme groupe topologique) au tore . La compacit de r sulte donc de celle des deux groupes et .
Ce point acquis, la connexit est imm diate : en effet, le sous-groupe dense tant bien encha n (pour sa m trique naturelle donc, a fortiori, pour la m trique de ), l’espace , qui est simultan ment compact et bien encha n , est connexe.
Comme tout groupe compact (et, plus g n ralement, tout groupe localement compact), le groupe admet donc une mesure de Haar :
Corollaire 8.
Le groupe admet une unique mesure positive de masse 1 qui est invariante par translation ; celle-ci est
caract ris e sur les compacts l mentaires (avec ) par la formule :
.
En particulier les sous-groupes et sont -n gligeables dans .
Proposition 9.
Pour tout de , la composante connexe par arcs de dans (i.e. l’ensemble des extr mit s des chemins dans d’origine ) est la droite affine passant par . En particulier, l’espace n’est pas connexe par arcs.
Preuve. Translatons par la d composition donn e par le th or me 2 ; puis crivons :
,
et notons ici la d composition correspondante d’un r el--adique . Par d finition de la distance sur , pour tout de , la boule ouverte de centre et de rayon est caract ris e par :
.
Soit alors un chemin dans , d’origine et d’extr mit . La continuit uniforme de sur le segment nous fournit un tel que pour toute -cha ne de , les points v rifient les in galit s : , pour .
En particulier, sur chaque intervalle la fonction prend ses valeurs dans la boule , ce qui permet d’ crire localement :
, avec et .
cel tant, l’application , qui est continue de dans , est videmment constante, puisque est connexe tandis que est totalement discontinu. Il suit de l que est r el pour ; et finalement que est valeurs dans pour tout .
R ciproquement, pour tout , l’application est clairement un chemin d’origine et d’extr mit .
Remarque. Convenons de dire qu’une partie de est convexe lorsque pour tout couple d’ l ments de on a simultan ment :
, ainsi que l’inclusion .
Avec ces conventions, la composante connexe par arcs d’un l ment de est tout simplement le plus grand convexe contenant .
3. Sous-groupe de torsion et sous-groupes ferm s de
Pr cisons d’abord la structure du sous-groupe de torsion de :
Proposition 10.
L’ensemble des l ments de torsion de est un sous-groupe d nombrable dense de et s’identifie au quotient via le morphisme qui un rationnel associe la classe dans du couple .
En particulier, il vient :
Corollaire 11.
Pour tout entier naturel tranger , le groupe poss de un unique sous-groupe de cardinal : il est cyclique et c’est le noyau de la multiplication par ; et c’est aussi l’image par du sous-groupe de .
Preuve. Soit un l ment de -torsion dans , i.e. v rifiant , pour un de . De l’ galit dans , nous concluons :
,
disons :
avec et ;
ce qui montre que est un nombre rationnel. En d’autres termes, l’application :
,
qui un rationnel associe la classe du couple dans , est un pimorphisme du groupe additif sur le sous-groupe de torsion . Comme son noyau est clairement , nous obtenons par passage au quotient l’isomorphisme annonc :
.
En particulier, pour tout tranger , le sous-groupe de -torsion de est le groupe cyclique :
.
Enfin, la densit de dans r sulte de celle de dans le produit .
Corollaire 12.
Le sous-groupe de torsion ne poss dant pas d’ l ment d’ordre , il suit en particulier que lui-m me est uniquement -divisible, i.e. que l’on a :
.
On retrouve l le fait que est naturellement un module sur l’anneau .
Int ressons nous maintenant aux sous-groupes compacts de .
Il est bien connu que les sous-groupes ferm s de autres que lui-m me, sont discrets et de la forme pour un de . Il en r sulte que les sous-groupes ferm s du tore , autres que lui-m me, sont les sous-groupes cycliques discrets , pour .
D’un autre c t , on sait que les sous-groupes ferm s de , autres que lui-m me, sont le sous-groupe nul, qu’il est commode d’ crire , et les groupes compacts , pour , lesquels sont isomorphes . Ces sous-groupes ne sont plus alg briquement monog nes, comme dans le cas r el (ils ne sont pas isomorphes ), mais le restent topologiquement (car fermetures respectives de sous-groupes isomorphes ).
Théorème 13.
Les sous-groupes compacts du groupe topologique sont :
(i)
Les sous-groupe triviaux : le sous-groupe nul et le groupe lui-m me.
(ii)
Les sous-groupes finis de , cycliques d’ordre tranger .
(iii)
Les sous-groupes compacts de , procycliques et isomorphes .
(iv)
Les produits , avec et , lesquels sont procycliques donc topologiquement monog nes.
Preuve. Soit donc un sous-groupe ferm non trivial de et son intersection avec .
Le sous-groupe n’est pas dense de , puisqu’il serait alors dense dans , ce qui entra nerait , contrairement l’hypoth se. C’est donc que nous avons pour un de . Et comme la topologie sur le groupe compact est induite aussi bien par celle de que par celle de , il suit de l que est un sous-groupe compact de . En fin de compte, nous avons donc soit , soit pour un de . Examinons successivement ces deux ventualit s :
Si est nul, le groupe rencontre trivialement de sorte que la restriction
de la projection canonique de sur est un isomorphisme de sur . Le groupe s’identifie alors un sous-groupe ferm de , c’est dire soit lui-m me, soit l’un de ses sous-groupes finis . Mais, si tait gal , la repr sentation standard des l ments de ferait intervenir toutes les parties fractionnaires possibles ; de sorte que contiendrait en particulier un l ment de la forme avec et , que nous pouvons aussi bien crire avec , puisque est dans , ce qui est exclu, tant suppos renconter trivialement . Il suit donc : pour un , comme annonc . Ainsi est alors fini, et c’est le sous-groupe de -torsion .
Si n’est pas nul, nous avons pour un de ; crivons :
,
et la projection canonique de sur le quotient . Ici encore, l’image est un sous-groupe compact de , et ce n’est pas car le groupe contiendrait alors en particulier un l ment de la forme , pour un de , c’est dire , avec , ce qui est absurde. Ainsi donc, l’image est cyclique d’ordre, disons, ; de sorte que dans la d composition ci-dessus de , le sous-groupe est donn par :
.
En fin de compte, est alors le produit direct du sous-groupe compact de et du sous-groupe fini . Il suit de l que n’est pas un multiple de et que n’est autre que la pr image de par la multiplication par :
.
En particulier :
Corollaire 14.
Les sous-groupes ferm s infinis de sont et les pr images de dans les multiplications par les l ments de .
Corollaire 15.
Les sous-groupes discrets de sont les sous-groupes finis .
Preuve. Un tel sous-groupe est ferm donc compact et, par cons quent, fini.
Corollaire 16.
Soit un sous-groupe monog ne non nul de . Alors :
(i)
Si est d’ordre dans , est le groupe cyclique discret .
(ii)
Si s’ crit avec d’ordre dans et dans , de -valuation , le goupe est dense dans le produit direct du groupe cyclique discret et du groupe compact infini .
(iii)
Enfin, si n’est pas dans , le sous-groupe est dense dans .
Preuve. Cela r sulte de la classification des sous-groupes ferm s de donn e par le Th or me : si n’est pas dense dans , sa fermeture est alors un sous-groupe propre compact de , ce qui montre que s’ crit alors , avec dans et dans . Soit alors l’ordre de et la -valuation de .
(i)
Si est nul, est videmment le groupe cyclique discret .
(ii)
Sinon, contient , qui est dense dans , d’o le r sultat annonc .
4. Endomorphismes de et dualit de Pontrjagin.
Consid rons maintenant le dual de Pontrjagin du groupe , i.e. le groupe
des morphismes continus de dans le tore .
Si est un caract re continu sur , son image est alors un sous-groupe compact du tore et son noyau un sous-groupe compact de .
Si n’ tait pas surjectif, son image serait un sous-groupe fini du tore , et il suivrait :
,
contrairement la classification des sous-groupes ferm s de donn e plus haut.
Ainsi est surjectif, son image est connexe par arcs ; et comme ne l’est pas, son noyau est non donc trivial. Or s’il tait fini, nous aurions :
,
ce qui est encore exclu, pour des raisons de connexit par arcs. Il vient donc :
, pour un de et un ,
d’o , par factorisation, le diagramme commutatif o toutes les fl ches sont des isomorphismes :
Dans celui-ci l’isomorphisme est induit par la multiplication par l’ l ment de ; et comme le groupe des automorphismes du tore se r duit , il suit de l que le caract re est induit par la multiplication par .
En d’autres termes, nous avons donc :
Théorème 17.
Le groupe des caract res continus de s’identifie au groupe additif discret .
Remarque. La suite exacte courte canonique de modules discrets :
peut ainsi tre regard e comme duale de la suite exacte courte de modules compacts :
Corollaire 18.
Les endomorphismes continus non triviaux du groupe topologique sont les applications :
avec .
En d’autres termes, ce sont les homoth ties pour sa structure de -module.
En particulier, l’image de est et son noyau le sous-groupe fini .
Preuve. Soit un endomorphisme continu non nul du groupe topologique . Puisque est uniquement -divisible, est en particulier un -morphisme.
Or, d’un c t , l’image du sous-groupe connexe par arcs est alors un sous-groupe connexe par arcs (donc contenu dans ) et il est non nul (sans quoi serait nul sur un sous-groupe dense) ; de sorte qu’il vient : . Posant , nous concluons que co ncide avec pour tout .
Et d’un autre c t , le compositum de avec la surjection canonique de sur est alors un caract re continu de , donc de la forme : modulo , pour un , en vertu du th or me ci-dessus.
Rassemblant ces deux r sultats, nous obtenons pour tout ; d’o , comme attendu : . Et , qui co ncide avec la multiplication par sur la partie dense , est l’homoth tie de rapport .
Scolie 19.
Avec les conventions d’ criture donn es dans la section 1, la pr image d’un r el--adique de (avec et ) par l’endomorphisme est form e des l ments :
, pour .
Remarque. La construction du compactifi de peut bien videmment tre men e en prenant simultan ment plusieurs nombres premiers .
L’exemple le plus clairant eu gard la num ration usuelle, est ainsi celui du compactifi d cimal , i.e. du produit amalgam de et de au-dessus de l’anneau des d cimaux . Dans ce cas, les endomorphismes continus du groupe sont les homoth ties pour sa structure de -module.
Bien entendu, il est aussi possible de faire intervenir simultan ment toutes les places de . Dans ce cas, le groupe obtenu , qui est le produit amalgam de et de au-dessus de , s’identifie au dual de Pontrjagin de .
5. Appendice : lien avec le sol no de -adique
Pour tudier la dynamique d’une application continue sur un espace topologique , il est classique d’introduire la limite du syst me projectif :
d fini par les it r es de (cf. e.g. [4], Ch. 11). Dans le cas particulier o est le cercle unit du plan complexe, et l’application , l’espace obtenu est le sol no de -adique :
Maintenant, en identifiant le tore au cercle unit via l’application exponentielle , on obtient l’isomorphisme de groupes topologiques :
Et, sous cette derni re forme, il est ais de reconnaitre le compactifi de d fini plus haut :
Proposition 20.
L’application qui un r el--adique associe la famille des troncatures , avec , compos e avec l’exponentielle complexe , r alise un isomorphisme de groupes topologiques du compactifi de sur le sol no de -adique .
Preuve. Observons que prend bien ses valeurs dans la limite projective et que c’est un morphisme de groupes. La condition de projectivit montre que les chiffres (pour ) associ s une famille coh rente de sont bien d finis et qu’ils sont uniques ; en d’autres termes que est bijective. Enfin, il est clair que est continue pour les topologies naturelles de et de , donc bicontinue puisque les espaces de d part et d’arriv e sont compacts, d’apr s le th or me 7 et par le th or me de Tychonov.
On retrouve ainsi le fait que le compactifi -adique est connexe mais non connexe par arcs, plus pr cis ment qu’il est localement isomorphe comme tout sol no de au produit d’un espace euclidien (en l’occurrence ) et d’un espace totalement discontinu (en l’occurrence ) ; ce qu’affirme explicitement le Lemme de repr sentation donn dans la section 1 (Th. 2).
Coda. Donnons pour conclure quelques illustrations simples de cette interpr tation arithm tique du sol no de -adique :
(i)
Transport par le plongement canonique de dans , introduit dans la section 1, devient le morphisme continu et injectif
,
de dans usuellement consid r en analyse harmonique (cf. e.g. [5]) ou en th orie des probabilit s (cf. e.g. [6]).
(ii)
L’ tude alg brique des endomorphismes continus de effectu e dans la section 4 montre directement que le noyau d’un tel endomorphisme est toujours d’ordre tranger ; ceci g n ralise notamment le r sultat d’imparit donn dans [1] dans le cas .
(iii)
La repr sentation explicite des racines -i mes d’un l ment du sol no de -adique propos e dans [2] peut s’obtenir en transportant par les points de -division de dans :
—
si le r el--adique s’ crit avec et , et si est tranger , ce sont les images par des points de -division de d finis par , pour , avec les conventions d’ criture expliqu es dans la section 1 ;
—
si s’ crit avec , ce sont les images des points distincts , pour , puisque le groupe additif est uniquement -divisible.
Remerciements. L’auteur remercie tout particuli rement C. Deninger (Muenster) et H.W. Lenstra (Leiden) pour leurs commentaires clairants sur la version pr liminaire de ce travail.
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