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Fonctions zêta des hauteurs
des espaces fibrés

Antoine Chambert-Loir Institut de mathématiques de Jussieu
Boite 247
4, place Jussieu
F-75252 Paris Cedex 05
chambert@math.jussieu.fr
   Yuri Tschinkel Princeton University
Mathematics Department
Fine Hall
Washington Road
Princeton NJ 08544-1000
USA
ytschink@math.princeton.edu
(Soumis sur l’arXiv le 2 mars 2000)

Introduction

Cet article est le deuxième d’une série consacrée à l’étude des hauteurs sur certaines variétés algébriques sur un corps de nombres, notamment en ce qui concerne la distribution des points rationnels de hauteur bornée.

Précisément, soient X𝑋X une variété algébrique projective lisse sur un corps de nombres F𝐹F, \mathscr{L} un fibré en droites sur X𝑋X et H:X(F¯)𝐑+:subscript𝐻𝑋¯𝐹superscriptsubscript𝐑H_{\mathscr{L}}:X(\overline{F})\rightarrow\mathbf{R}_{+}^{*} une fonction hauteur (exponentielle) pour \mathscr{L}. Si U𝑈U est un ouvert de Zariski de X𝑋X, on cherche à estimer le nombre

NU(,H)=#{xU(F);H(x)H}subscript𝑁𝑈𝐻#formulae-sequence𝑥𝑈𝐹subscript𝐻𝑥𝐻N_{U}(\mathscr{L},H)=\#\{x\in U(F)\,;\,H_{\mathscr{L}}(x)\leq H\}

lorsque H𝐻H tend vers ++\infty. L’étude de nombreux exemples a montré que l’on peut s’attendre à un équivalent de la forme

NU(,H)=Θ()Ha()(logH)b()1(1+o(1)),H+formulae-sequencesubscript𝑁𝑈𝐻Θsuperscript𝐻𝑎superscript𝐻𝑏11𝑜1𝐻N_{U}(\mathscr{L},H)=\Theta(\mathscr{L})H^{a(\mathscr{L})}(\log H)^{b(\mathscr{L})-1}(1+o(1)),\quad H\rightarrow+\infty (*)

pour un ouvert U𝑈U convenable et lorsque par exemple \mathscr{L} et ωX1superscriptsubscript𝜔𝑋1\omega_{X}^{-1} (fibré anticanonique) sont amples. On a en effet un résultat de ce genre lorsque X𝑋X est une variété de drapeaux [11], une intersection complète lisse de bas degré (méthode du cercle), une variété torique [4], une variété horosphérique [19], une compactification équivariante d’un groupe vectoriel [10], etc. On dispose de plus d’une description conjecturale assez précise des constantes a()𝑎a(\mathscr{L}) et b()𝑏b(\mathscr{L}) en termes du cône des diviseurs effectifs [1] ainsi que de la constante Θ()Θ\Theta(\mathscr{L}) ([15], [5]).

En fait, on étudie plutôt la fonction zêta des hauteurs, définie par la série de Dirichlet

ZU(,s)=xU(F)H(x)ssubscript𝑍𝑈𝑠subscript𝑥𝑈𝐹subscript𝐻superscript𝑥𝑠Z_{U}(\mathscr{L},s)=\sum_{x\in U(F)}H_{\mathscr{L}}(x)^{-s}

à laquelle on applique des théorèmes taubériens standard. Sur cette série, on peut se poser les questions suivantes : domaine de convergence, prolongement méromorphe, ordre du premier pôle, terme principal, sans oublier la croissance dans les bandes verticales à gauche du premier pôle. Cela permet de proposer des conjectures de précision variable.

Dans cet article, nous considérons certaines fibrations localement triviales construites de la façon suivante. Soient G𝐺G un groupe algébrique linéaire sur F𝐹F agissant sur une variété projective lisse X𝑋X, B𝐵B une variété projective lisse sur F𝐹F et T𝑇T un G𝐺G-torseur sur B𝐵B localement trivial pour la topologie de Zariski. Ces données définissent une variété algébrique projective Y𝑌Y munie d’un morphisme YB𝑌𝐵Y\rightarrow B dont les fibres sont isomorphes à X𝑋X. Le cœur du problème est de comprendre le comportement de la fonction hauteur lorsqu’on passe d’une fibre à l’autre, comportement vraiment non trivial bien qu’elles soient toutes isomorphes.

Dans notre premier article (Torseurs arithmétiques et espaces fibrés, [9]), nous avons exposé en détail la construction de hauteurs sur de telles variétés. Dans celui-ci, nous appliquons ces considérations générales au cas d’une fibration en variétés toriques provenant d’un torseur sous un tore déployé, pour l’ouvert U𝑈U défini par le tore. Nous avons construit les hauteurs à l’aide d’un prolongement du torseur géométrique en un torseur arithmétique, ce qui correspond en l’occurence au choix de métriques hermitiennes sur certains fibrés en droites. Écrivons la fonction zêta comme la somme des fonctions zêta des fibres

ZU(,s)=bB(F)xUb(F)H(x)s=bB(F)ZUb(|Ub,s).subscript𝑍𝑈𝑠subscript𝑏𝐵𝐹subscript𝑥subscript𝑈𝑏𝐹subscript𝐻superscript𝑥𝑠subscript𝑏𝐵𝐹subscript𝑍subscript𝑈𝑏evaluated-atsubscript𝑈𝑏𝑠Z_{U}(\mathscr{L},s)=\sum_{b\in B(F)}\sum_{x\in U_{b}(F)}H_{\mathscr{L}}(x)^{-s}=\sum_{b\in B(F)}Z_{U_{b}}(\mathscr{L}|_{U_{b}},s).

Chaque Ubsubscript𝑈𝑏U_{b} est isomorphe au tore et on peut exprimer la fonction zêta des hauteurs de Ubsubscript𝑈𝑏U_{b} à l’aide de la formule de Poisson adélique. De cette façon, la fonction zêta de U𝑈U apparaît comme une intégrale sur certains caractères du tore adélique de la fonction L𝐿L d’Arakelov du torseur arithmétique sur B𝐵B.

Ainsi, nous pouvons démontrer des théorèmes de montée : supposons que B𝐵B vérifie une conjecture, alors Y𝑌Y la vérifie. Bien sûr, la méthode reprend les outils utilisés dans la démonstration de ces conjectures pour les variétés toriques ([4, 2, 3]).

Par exemple, nous démontrons au § 5.1, sous des hypothèses minimales sur B𝐵B, l’holomorphie de la fonction ZU(,s)subscript𝑍𝑈𝑠Z_{U}(\mathscr{L},s) pour Re(s)>a()Re𝑠𝑎\operatorname{Re}(s)>a(\mathscr{L}) ; cela implique que pour tout ε>0𝜀0\varepsilon>0, le nombre de points rationnels de hauteur Hsubscript𝐻H_{\mathscr{L}} inférieure à H𝐻H est O(Ha()+ε)𝑂superscript𝐻𝑎𝜀O(H^{a(\mathscr{L})+\varepsilon}). Ensuite, sous des hypothèses raisonnables concernant B𝐵B, nous établissons un prolongement méromorphe de cette fonction zêta à gauche de a()𝑎a(\mathscr{L}) et nous démontrons que l’ordre du pôle est inférieur ou égal à b()𝑏b(\mathscr{L}) ; cela précise la majoration du nombre de points en O(Ha()(logH)b()1)𝑂superscript𝐻𝑎superscript𝐻𝑏1O(H^{a(\mathscr{L})}(\log H)^{b(\mathscr{L})-1}). Enfin, lorsque =ωY1superscriptsubscript𝜔𝑌1\mathscr{L}=\omega_{Y}^{-1}, nous démontrons que le pôle est effectivement d’ordre b()𝑏b(\mathscr{L}) d’où une estimation de la forme (*Introduction) et nous identifions la constante Θ()Θ\Theta(\mathscr{L}), établissant ainsi la conjecture de Manin raffinée par Peyre. Pour un fibré en droites quelconque, la preuve de la conjecture de Batyrev–Manin [1] avec son raffinement par Batyrev–Tschinkel [5] est ramenée à la détermination exacte de l’ordre du pôle, c’est-à-dire à la non-annulation d’une certaine constante. Dans le cas des variétés toriques ou des variétés horosphériques, l’utilisation de “fibrations \mathscr{L}-primitives” dans [3] et [19] a permis d’établir cette conjecture. Moyennant des hypothèses sur B𝐵B, cette méthode devrait s’étendre au sujet de notre étude.

Notre méthode impose de disposer de majorations de la fonction zêta des hauteurs (pour B𝐵B) dans les bandes verticales à gauche du premier pôle ; nous avons ainsi tâché d’obtenir de telles majorations pour la variété Y𝑌Y. Il est en outre bien connu que cela entraîne un développement asymptotique assez précis pour le nombre de points de hauteur bornée, cf. le théorème taubérien donné en appendice. Quelques cas de variétés toriques sur 𝐐𝐐\mathbf{Q} avaient en effet attiré l’attention des spécialistes de théorie analytique des nombres (voir notamment les articles de É. Fouvry et R. de la Bretèche dans [16], ainsi que [6]). Notre méthode établit un tel développement pour les variétés toriques lisses, les variétés horosphériques, etc. sur tout corps de nombres.

La démonstration de l’existence d’un prolongement méromorphe de la fonction zêta des hauteurs pour les variétés toriques ou pour les variétés horosphériques faisait intervenir un théorème technique d’analyse complexe à plusieurs variables dont la démonstration se trouve dans [4], [3] et [19]. En vue d’obtenir les majorations exigées dans les bandes verticales, nous sommes obligés d’en préciser la preuve ; ceci est l’objet du § 3.

Dans les § 4 et § 5 se situe l’étude de la fonction zêta des hauteurs d’une variété torique et d’une fibration en variétés toriques. Pour les variétés toriques, nous améliorons le terme d’erreur à la suite de [4, 18, 8]. Le théorème de montée pour les fibrations généralise le résultat principal de [19].

Notations et conventions

Si 𝒳𝒳\mathscr{X} est un schéma, on note Pic(𝒳)Pic𝒳\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{X}) le groupe des classes d’isomorphisme de faisceaux inversibles sur 𝒳𝒳\mathscr{X}. Si \mathscr{F} est un faisceau quasi-cohérent sur 𝒳𝒳\mathscr{X}, on note 𝐕()=SpecSym𝐕SpecSym\mathbf{V}(\mathscr{F})=\operatorname{Spec}\nolimits\operatorname{Sym}\nolimits\mathscr{F} et 𝐏()=ProjSym𝐏ProjSym\mathbf{P}(\mathscr{F})=\operatorname{Proj}\nolimits\operatorname{Sym}\nolimits\mathscr{F} les fibrés vectoriels et projectifs associés à \mathscr{F}.

On note Pic^(𝒳)^Pic𝒳\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{X}) le groupe des classes d’isomorphisme de fibrés en droites hermitiens sur 𝒳𝒳\mathscr{X} (c’est-à-dire des fibrés en droites munis d’une métrique hermitienne continue sur 𝒳(𝐂)𝒳𝐂\mathscr{X}(\mathbf{C}) et invariante par la conjugaison complexe)..

Si 𝒳𝒳\mathscr{X} est un S𝑆S-schéma, et si σS(𝐂)𝜎𝑆𝐂\sigma\in S(\mathbf{C}), on désigne par 𝒳σsubscript𝒳𝜎\mathscr{X}_{\sigma} le 𝐂𝐂\mathbf{C}-schéma 𝒳×σ𝐂subscript𝜎𝒳𝐂\mathscr{X}\times_{\sigma}\mathbf{C}. Cette notation servira lorsque S𝑆S est le spectre d’un localisé de l’anneau des entiers d’un corps de nombres F𝐹F, de sorte que σ𝜎\sigma n’est autre qu’un plongement de F𝐹F dans 𝐂𝐂\mathbf{C}.

Si G𝐺G est un schéma en groupes sur S𝑆S, X(G)superscript𝑋𝐺X^{*}(G) désigne le groupe des S𝑆S-homomorphismes G𝐆m𝐺subscript𝐆𝑚G\rightarrow\mathbf{G}_{m} (caractères algébriques).

Si 𝒳/S𝒳𝑆\mathscr{X}/S est lisse, le faisceau canonique de 𝒳/S𝒳𝑆\mathscr{X}/S, noté ω𝒳/Ssubscript𝜔𝒳𝑆\omega_{\mathscr{X}/S}, est la puissance extérieure maximale de Ω𝒳/S1subscriptsuperscriptΩ1𝒳𝑆\Omega^{1}_{\mathscr{X}/S}.

Enfin, cet article commence au paragraphe 3. Les références aux paragrahes 1 et 2 renvoient ainsi à l’article précédent [9].

3 Fonctions holomorphes dans un tube

Le but de ce paragraphe est de prouver un théorème d’analyse sur le prolongement méromorphe de certaines intégrales et leur estimation dans des bandes verticales. Ce théorème généralise un énoncé analogue de [4, 19]. La présentation en est un peu différente et le formalisme que nous introduisons permet de contrôler la croissance des fonctions obtenues. Ce contrôle est nécessaire pour utiliser des théorèmes taubériens précis et améliorer ainsi le développement asymptotique du nombre de points rationnels de hauteur bornée.

Les résultats de ce paragraphe n’interviennent que dans la preuve des théorèmes 4.4 et 5.2.

3.1 Énoncé du théorème

Soit V𝑉V un 𝐑𝐑\mathbf{R}-espace vectoriel réel de dimension finie muni d’une mesure de Lebesgue dv𝑑𝑣dv et d’une norme \left\|{\cdot}\right\|. On dispose alors d’une mesure canonique dv𝑑superscript𝑣dv^{*} sur le dual Vsuperscript𝑉V^{*}. Notons V𝐂=V𝐑𝐂subscript𝑉𝐂subscripttensor-product𝐑𝑉𝐂V_{\mathbf{C}}=V\otimes_{\mathbf{R}}\mathbf{C} le complexifié de V𝑉V. On appelle tube toute partie connexe de V𝐂subscript𝑉𝐂V_{\mathbf{C}} de la forme Ω+iVΩ𝑖𝑉\Omega+iVΩΩ\Omega est une partie connexe de V𝑉V ; on le notera 𝖳(Ω)𝖳Ω{\mathsf{T}}(\Omega).

Soit enfin M𝑀M un sous-espace vectoriel de V𝑉V muni d’une mesure de Lebesgue dm𝑑𝑚dm.

\definame \the\smf@thm\pointrait

Une classe de contrôle 𝒟𝒟\mathscr{D} est la donnée pour tout couple MV𝑀𝑉M\subset V de 𝐑𝐑\mathbf{R}-espaces vectoriels de dimension finie d’un ensemble 𝒟(M,V)𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}(M,V) de fonctions mesurables κ:V𝐑+:𝜅𝑉subscript𝐑\kappa:V\rightarrow\mathbf{R}_{+} dites 𝒟(M,V)𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}({M,V})-contrôlantes vérifiant les propriétés suivantes :

  1. (a)

    si κ1subscript𝜅1\kappa_{1} et κ2subscript𝜅2\kappa_{2} sont deux fonctions de 𝒟(M,V)𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}(M,V), λ1subscript𝜆1\lambda_{1} et λ2subscript𝜆2\lambda_{2} deux réels positifs, et si κ𝜅\kappa est une fonction mesurable V𝐑+𝑉subscript𝐑V\rightarrow\mathbf{R}_{+} telle que κλ1κ1+λ2κ2𝜅subscript𝜆1subscript𝜅1subscript𝜆2subscript𝜅2\kappa\leq\lambda_{1}\kappa_{1}+\lambda_{2}\kappa_{2}, alors κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V) ;

  2. (b)

    Si κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V) et si K𝐾K est un compact de V𝑉V, la fonction vsupuKκ(v+u)maps-to𝑣subscriptsupremum𝑢𝐾𝜅𝑣𝑢v\mapsto\sup_{u\in K}\kappa(v+u) appartient à 𝒟(M,V)𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}(M,V) ;

  3. (c)

    si κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V), pour tout vM0𝑣𝑀0v\in M\setminus 0, κ(tv)𝜅𝑡𝑣\kappa(tv) tend vers 00 lorsque t𝑡t tend vers ++\infty ;

  4. (d)

    si κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V), pour tout sous-espace M1Msubscript𝑀1𝑀M_{1}\subset M, la fonction M1subscript𝑀1M_{1}-invariante

    κM1:vM1κ(v+m1)𝑑m1:subscript𝜅subscript𝑀1maps-to𝑣subscriptsubscript𝑀1𝜅𝑣subscript𝑚1differential-dsubscript𝑚1\kappa_{M_{1}}:v\mapsto\int_{M_{1}}\kappa(v+m_{1})\,dm_{1}

    est finie et appartient à 𝒟(M/M1,V/M1)𝒟𝑀subscript𝑀1𝑉subscript𝑀1\mathscr{D}(M/M_{1},V/M_{1}) ;

  5. (e)

    si κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V), pour tout sous-espace M1Msubscript𝑀1𝑀M_{1}\subset M et tout projecteur p:VV:𝑝𝑉𝑉p:V\rightarrow V de noyau M1subscript𝑀1M_{1}, la fonction M1subscript𝑀1M_{1}-invariante κp𝜅𝑝\kappa\circ p appartient à 𝒟(M/M1,V/M1)𝒟𝑀subscript𝑀1𝑉subscript𝑀1\mathscr{D}(M/M_{1},V/M_{1}).

Il existe une classe de contrôle 𝒟maxsuperscript𝒟max\mathscr{D}^{\text{max}} contenant toutes les classes de contrôles : l’ensemble 𝒟max(M,V)superscript𝒟max𝑀𝑉\mathscr{D}^{\text{max}}(M,V) est défini par récurrence sur la dimension de M𝑀M par les trois conditions (a, c, e) dans la définition 3.1. La dernière condition est alors automatique.

Dans la suite, on fixe une classe de contrôle 𝒟𝒟\mathscr{D}, et on abrège l’expression 𝒟(M,V)𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}(M,V)-contrôlante en M𝑀M-contrôlante.

\definame \the\smf@thm\pointrait

Une fonction f:𝖳(Ω)𝐂:𝑓𝖳Ω𝐂f:{\mathsf{T}}(\Omega)\rightarrow\mathbf{C} sur un tube est dite M𝑀M-contrôlée s’il existe une fonction M𝑀M-contrôlante κ𝜅\kappa telle que pour tout compact K𝖳(Ω)𝐾𝖳ΩK\subset{\mathsf{T}}(\Omega), il existe un réel c(K)𝑐𝐾c(K) de sorte que l’inégalité

|f(z+iv)|c(K)κ(v)𝑓𝑧𝑖𝑣𝑐𝐾𝜅𝑣\left|{f(z+iv)}\right|\leq c(K)\kappa(v)

soit vérifiée pour tout zK𝑧𝐾z\in K et tout vV𝑣𝑉v\in V.

Considérons une fonction sur un tube, f:𝖳(Ω)𝐂:𝑓𝖳Ω𝐂f:{\mathsf{T}}(\Omega)\rightarrow\mathbf{C}. Soit M𝑀M un sous-espace vectoriel de V𝑉V, muni d’une mesure de Lebesgue dm𝑑𝑚dm. On considère la projection π:VV=V/M:𝜋𝑉superscript𝑉𝑉𝑀\pi:V\rightarrow V^{\prime}=V/M et on munit Vsuperscript𝑉V^{\prime} de la mesure de Lebesgue quotient. On pose, quand cela a un sens,

𝒮M(f)(z)=1(2π)dimMMf(z+im)𝑑m,z𝖳(Ω).formulae-sequencesubscript𝒮𝑀𝑓𝑧1superscript2𝜋dimension𝑀subscript𝑀𝑓𝑧𝑖𝑚differential-d𝑚𝑧𝖳Ω\mathscr{S}_{M}(f)(z)=\frac{1}{(2\pi)^{\dim M}}\int_{M}f(z+im)\,dm,\qquad z\in{\mathsf{T}}(\Omega). (3.1.1)
\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Soit ΩVΩ𝑉\Omega\subset V et f:𝖳(Ω)𝐂:𝑓𝖳Ω𝐂f:{\mathsf{T}}(\Omega)\rightarrow\mathbf{C} une fonction holomorphe M𝑀M-contrôlée. Soit Msuperscript𝑀M^{\prime} un sous-espace vectoriel de M𝑀M et ΩsuperscriptΩ\Omega^{\prime} l’image de ΩΩ\Omega par la projection VV/M𝑉𝑉superscript𝑀V\rightarrow V/M^{\prime}. Alors, l’intégrale qui définit 𝒮M(f)subscript𝒮superscript𝑀𝑓\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f) converge en tout z𝖳(Ω)𝑧𝖳Ωz\in{\mathsf{T}}(\Omega) et définit une fonction holomorphe M/M𝑀superscript𝑀M/M^{\prime}-contrôlée sur 𝖳(Ω)𝖳superscriptΩ{\mathsf{T}}(\Omega^{\prime}).

Proof.

Comme f𝑓f est M𝑀M-contrôlée, il existe une fonction κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V) et, pour tout compact K𝖳(Ω)𝐾𝖳ΩK\subset{\mathsf{T}}(\Omega), un réel c(K)>0𝑐𝐾0c(K)>0 de sorte que pour tout vV𝑣𝑉v\in V et tout zK𝑧𝐾z\in K, on ait |f(z+iv)|c(K)κ(v)𝑓𝑧𝑖𝑣𝑐𝐾𝜅𝑣\left|{f(z+iv)}\right|\leq c(K)\kappa(v). La condition (3.1, d) des classes de contrôles jointe au théorème de convergence dominée de Lebesgue implique que l’intégrale qui définit 𝒮M(f)subscript𝒮superscript𝑀𝑓\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f) converge et que la somme est une fonction holomorphe sur 𝖳(Ω)𝖳Ω{\mathsf{T}}(\Omega). Par construction, cette fonction est iM𝑖superscript𝑀iM^{\prime}-invariante. Comme elle est analytique, elle est donc invariante par Msuperscript𝑀M^{\prime} et définit ainsi une fonction holomorphe sur 𝖳(Ω)𝖳superscriptΩ{\mathsf{T}}(\Omega^{\prime}). De plus, si π𝜋\pi désigne la projection VV/M𝑉𝑉superscript𝑀V\rightarrow V/M^{\prime}, pour tout zK𝑧𝐾z\in K et tout vV𝑣𝑉v\in V, on a

|𝒮M(f)(π(z)+iπ(v))|c(K)Mκ(v+m)𝑑m=c(K)κ(π(v))subscript𝒮superscript𝑀𝑓𝜋𝑧𝑖𝜋𝑣𝑐𝐾subscriptsuperscript𝑀𝜅𝑣superscript𝑚differential-dsuperscript𝑚𝑐𝐾superscript𝜅𝜋𝑣\left|{\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f)(\pi(z)+i\pi(v))}\right|\leq c(K)\int_{M^{\prime}}\kappa(v+m^{\prime})\,dm^{\prime}=c(K)\kappa^{\prime}(\pi(v))

κsuperscript𝜅\kappa^{\prime} appartient par définition à 𝒟(M/M,V/M)𝒟𝑀superscript𝑀𝑉superscript𝑀\mathscr{D}(M/M^{\prime},V/M^{\prime}). Tout compact de 𝖳(Ω)𝖳superscriptΩ{\mathsf{T}}(\Omega^{\prime}) étant de la forme π(K)𝜋𝐾\pi(K) pour un compact K𝐾K de 𝖳(Ω)𝖳Ω{\mathsf{T}}(\Omega), le lemme est ainsi démontré. ∎

Fonction caractéristique d’un cône

Soit ΛΛ\Lambda un cône convexe polyédral ouvert de V𝑉V. La fonction caractéristique de ΛΛ\Lambda est la fonction sur 𝖳(Λ)𝖳Λ{\mathsf{T}}(\Lambda) définie par l’intégrale convergente

𝖷Λ(z)=Λez,v𝑑v,subscript𝖷Λ𝑧subscriptsuperscriptΛsuperscript𝑒𝑧superscript𝑣differential-dsuperscript𝑣\mathsf{X}_{\Lambda}(z)=\int_{\Lambda^{*}}e^{-\langle z,v^{*}\rangle}\,dv^{*}, (3.1.2)

ΛVsuperscriptΛsuperscript𝑉\Lambda^{*}\subset V^{*} est le cône dual de ΛΛ\Lambda, Vsuperscript𝑉V^{*} étant muni de la mesure de Lebesgue dv𝑑superscript𝑣dv^{*} duale de la mesure dv𝑑𝑣dv.

Si ΛΛ\Lambda est simplicial, c’est-à-dire qu’il existe n=dimV𝑛dimension𝑉n=\dim V formes linéaires indépendantes 1,,nsubscript1subscript𝑛\ell_{1},\dots,\ell_{n} telles que vΛ𝑣Λv\in\Lambda si et seulement si j(v)>0subscript𝑗𝑣0\ell_{j}(v)>0 pour tout j𝑗j, alors

𝖷Λ(z)=d1dnj=1n1j(z).subscript𝖷Λ𝑧norm𝑑subscript1𝑑subscript𝑛superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑛1subscript𝑗𝑧\mathsf{X}_{\Lambda}(z)=\left\|{d\ell_{1}\wedge\dots\wedge d\ell_{n}}\right\|\prod_{j=1}^{n}\frac{1}{\ell_{j}(z)}.

(On a noté d1dnnorm𝑑subscript1𝑑subscript𝑛\left\|{d\ell_{1}\wedge\dots\wedge d\ell_{n}}\right\| le volume du parallélépipède fondamental dans Vsuperscript𝑉V^{*} de base les jsubscript𝑗\ell_{j}.) Dans le cas général, toute triangulation de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{*} par des cônes simpliciaux permet d’exprimer 𝖷Λsubscript𝖷Λ\mathsf{X}_{\Lambda} sous la forme d’une somme de fractions rationnelles de ce type. Elle se prolonge ainsi en une fonction rationnelle sur 𝖳(V)𝖳𝑉{\mathsf{T}}(V) dont les pôles sont exactement les hyperplans de V𝐂subscript𝑉𝐂V_{\mathbf{C}} définis par les équations des faces de ΛΛ\Lambda. Elle est de plus strictement positive sur ΛΛ\Lambda.

Une autre façon de construire un cône est de s’en donner des générateurs, autrement dit de l’écrire comme quotient d’un cône simplicial. À ce titre, on a la proposition suivante.

\propname \the\smf@thm\pointrait

Soit ΛΛ\Lambda un cône polyédral convexe ouvert de V𝑉V dont l’adhérence Λ¯¯Λ\overline{\Lambda} ne contient pas de droite. Soit M𝑀M un sous-espace vectoriel de V𝑉V tel que Λ¯M={0}¯Λ𝑀0\overline{\Lambda}\cap M=\{0\}. On note π𝜋\pi la projection VV=V/M𝑉superscript𝑉𝑉𝑀V\rightarrow V^{\prime}=V/M.

La restriction à 𝖳(Λ)𝖳Λ{\mathsf{T}}(\Lambda) de la fonction 𝖷Λsubscript𝖷Λ\mathsf{X}_{\Lambda} est M𝑀M-contrôlée (pour la classe 𝒟max(M,V)superscript𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}^{\max}(M,V)). L’intégrale qui définit 𝒮M(𝖷Λ)subscript𝒮𝑀subscript𝖷Λ\mathscr{S}_{M}(\mathsf{X}_{\Lambda}) converge donc absolument et pour tout z𝖳(Λ)𝑧𝖳Λz\in{\mathsf{T}}(\Lambda), on a

𝒮M(𝖷Λ)(z)=𝖷Λ(π(z)).subscript𝒮𝑀subscript𝖷Λ𝑧subscript𝖷superscriptΛ𝜋𝑧\mathscr{S}_{M}(\mathsf{X}_{\Lambda})(z)=\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(\pi(z)).
\remaname \the\smf@thm\pointrait

Les hypothèses impliquent que Λ¯superscript¯Λ\overline{\Lambda}^{\prime} ne contient pas de droite. En effet, s’il existait un vecteur non nul de Λ¯Λ¯\overline{\Lambda}^{\prime}\cap-\overline{\Lambda}^{\prime}, il existerait deux vecteurs v1subscript𝑣1v_{1} et v2subscript𝑣2v_{2} de Λ¯¯Λ\overline{\Lambda} tels que v1+v2Msubscript𝑣1subscript𝑣2𝑀v_{1}+v_{2}\in M mais v1Msubscript𝑣1𝑀v_{1}\not\in M. Comme Λ¯M={0}¯Λ𝑀0\overline{\Lambda}\cap M=\{0\}, v1=v2subscript𝑣1subscript𝑣2v_{1}=-v_{2} ce qui contredit l’hypothèse que Λ¯¯Λ\overline{\Lambda} ne contient pas de droite.

Proof.

La preuve est une adaptation des paragraphes 7.1 et 7.2 de [19]. Soit (ei)subscript𝑒𝑖(e_{i}) une famille minimale de générateurs de ΛΛ\Lambda. Chaque face de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{*} dont la dimension est dimV1dimension𝑉1\dim V-1 engendre un sous-espace vectoriel qui est l’orthogonal d’un des eisubscript𝑒𝑖e_{i}.

Comme MΛ¯={0}𝑀¯Λ0M\cap\overline{\Lambda}=\{0\}, il existe une forme linéaire Vsuperscript𝑉\ell\in V^{*} qui est nulle sur M𝑀M mais qui n’appartient à aucune face de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{*} ; posons H=ker𝐻kernelH=\ker\ell. Soit Hsuperscript𝐻H^{\prime} un supplémentaire de 𝐑𝐑\mathbf{R}\ell dans Vsuperscript𝑉V^{*}. Si φV𝜑superscript𝑉\varphi\in V^{*} et t𝐑𝑡𝐑t\in\mathbf{R} sont tels que φ+tΛ𝜑𝑡superscriptΛ\varphi+t\ell\in\Lambda^{*}, on doit avoir pour tout générateur ejsubscript𝑒𝑗e_{j} de ΛΛ\Lambda l’inégalité φ(ej)+t(ej)>0𝜑subscript𝑒𝑗𝑡subscript𝑒𝑗0\varphi(e_{j})+t\ell(e_{j})>0, soit (rappelons que (ej)subscript𝑒𝑗\ell(e_{j}) n’est pas nul), t>φ(ej)/(ej)𝑡𝜑subscript𝑒𝑗subscript𝑒𝑗t>-\varphi(e_{j})/\ell(e_{j}) quand (ej)>0subscript𝑒𝑗0\ell(e_{j})>0 et t<φ(ej)/(ej)𝑡𝜑subscript𝑒𝑗subscript𝑒𝑗t<-\varphi(e_{j})/\ell(e_{j}) quand (ej)<0subscript𝑒𝑗0\ell(e_{j})<0. Soit alors I(φ)=]h1(φ),h2(φ)[𝐼𝜑subscript1𝜑subscript2𝜑I(\varphi)=\left]h_{1}(\varphi),h_{2}(\varphi)\right[ l’intervalle de 𝐑𝐑\mathbf{R} défini par ces inégalités. (Si tous les (ej)subscript𝑒𝑗\ell(e_{j}) sont positifs, c’est-à-dire ΛsuperscriptΛ\ell\in\Lambda^{*}, on a h1subscript1h_{1}\equiv-\infty, tandis que s’ils sont tous négatifs, h2+subscript2h_{2}\equiv+\infty.) Les fonctions h1subscript1h_{1} et h2subscript2h_{2} sont linéaires par morceaux par rapport à un éventail de Hsuperscript𝐻H^{\prime} qu’on peut supposer complet et régulier (voir par exemple [12] pour la définition, ou [2]).

Alors, si v𝖳(Λ)𝑣𝖳Λv\in{\mathsf{T}}(\Lambda) et mH𝑚𝐻m\in H, on a

𝖷Λ(v+im)subscript𝖷Λ𝑣𝑖𝑚\displaystyle\mathsf{X}_{\Lambda}(v+im) =V𝟏Λ(φ)ev+im,φ𝑑φabsentsubscriptsuperscript𝑉subscript1superscriptΛ𝜑superscript𝑒𝑣𝑖𝑚𝜑differential-d𝜑\displaystyle=\int_{V^{*}}\mathbf{1}_{\Lambda^{*}}(\varphi)e^{-\langle v+im,\varphi\rangle}\,d\varphi
=H𝐑𝟏Λ(φ+t)ev+im,φetv,𝑑t𝑑φabsentsubscriptsuperscript𝐻subscript𝐑subscript1superscriptΛ𝜑𝑡superscript𝑒𝑣𝑖𝑚𝜑superscript𝑒𝑡𝑣differential-d𝑡differential-d𝜑\displaystyle=\int_{H^{\prime}}\int_{\mathbf{R}}\mathbf{1}_{\Lambda^{*}}(\varphi+t\ell)e^{-\langle v+im,\varphi\rangle}e^{-t\langle v,\ell\rangle}\,dt\,d\varphi
=Hh1(φ)h2(φ)ev+im,φetv,𝑑t𝑑φabsentsubscriptsuperscript𝐻superscriptsubscriptsubscript1𝜑subscript2𝜑superscript𝑒𝑣𝑖𝑚𝜑superscript𝑒𝑡𝑣differential-d𝑡differential-d𝜑\displaystyle=\int_{H^{\prime}}\int_{h_{1}(\varphi)}^{h_{2}(\varphi)}e^{-\langle v+im,\varphi\rangle}e^{-t\langle v,\ell\rangle}\,dt\,d\varphi
=Hev+im,φeh1(φ)v,eh2(φ)v,v,𝑑φabsentsubscriptsuperscript𝐻superscript𝑒𝑣𝑖𝑚𝜑superscript𝑒subscript1𝜑𝑣superscript𝑒subscript2𝜑𝑣𝑣differential-d𝜑\displaystyle=\int_{H^{\prime}}e^{-\langle v+im,\varphi\rangle}\frac{e^{-h_{1}(\varphi)\langle v,\ell\rangle}-e^{-h_{2}(\varphi)\langle v,\ell\rangle}}{\langle v,\ell\rangle}\,d\varphi

de sorte que la fonction H𝐂𝐻𝐂H\rightarrow\mathbf{C} telle que m𝖷Λ(v+im)maps-to𝑚subscript𝖷Λ𝑣𝑖𝑚m\mapsto\mathsf{X}_{\Lambda}(v+im) est (à une constante multiplicative près) la différence des transformées de Fourier des fonctions

H𝐂,φev,φ+hj(φ)formulae-sequencesuperscript𝐻𝐂maps-to𝜑superscript𝑒𝑣𝜑subscript𝑗𝜑H^{\prime}\rightarrow\mathbf{C},\quad\varphi\mapsto e^{-\langle v,\varphi+h_{j}(\varphi)\ell\rangle}

pour j=1𝑗1j=1 et 222.

Comme v𝖳(Λ)𝑣𝖳Λv\in{\mathsf{T}}(\Lambda) et φ+hj(φ)𝜑subscript𝑗𝜑\varphi+h_{j}(\varphi)\ell appartient au bord de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{*}, v,φ+hj(φ)𝑣𝜑subscript𝑗𝜑\langle v,\varphi+h_{j}(\varphi)\ell\rangle est de partie réelle strictement positive, à moins que φ=0𝜑0\varphi=0. Soit K𝐾K un compact de 𝖳(Λ)𝖳Λ{\mathsf{T}}(\Lambda). Il résulte alors des estimations des transformées de Fourier de fonctions linéaires par morceaux et positives (voir [2], proposition 2.3.2, p. 614, et aussi infra, prop. 4.2) une majoration de la fonction

fΛ,K(m):=vK|𝖷Λ(v+im)|assignsubscript𝑓Λ𝐾𝑚subscript𝑣𝐾subscript𝖷Λ𝑣𝑖𝑚f_{\Lambda,K}(m):=\sum_{v\in K}\left|{\mathsf{X}_{\Lambda}(v+im)}\right|

de la forme

fΛ,K(m)c(K)αj=1dimH1(1+|m,α,j|)1+1/dimH,subscript𝑓Λ𝐾𝑚𝑐𝐾subscript𝛼superscriptsubscriptproduct𝑗1dimension𝐻1superscript1𝑚subscript𝛼𝑗11dimension𝐻f_{\Lambda,K}(m)\leq c(K)\sum_{\alpha}\prod_{j=1}^{\dim H}\frac{1}{(1+\left|{\langle m,\ell_{\alpha,j}\rangle}\right|)^{1+1/\dim H}},

où pour tout α𝛼\alpha, la famille (α,j)jsubscriptsubscript𝛼𝑗𝑗(\ell_{\alpha,j})_{j} est une base de Hsuperscript𝐻H^{*}. D’après le lemme 3.1 ci-dessous, la fonction fΛ,Ksubscript𝑓Λ𝐾f_{\Lambda,K} appartient à 𝒟max(M,V)superscript𝒟𝑀𝑉\mathscr{D}^{\max}(M,V).

La fonction m𝖷Λ(v+im)maps-to𝑚subscript𝖷Λ𝑣𝑖𝑚m\mapsto\mathsf{X}_{\Lambda}(v+im) est donc absolument intégrable sur M𝑀M. C’est la transformée de Fourier de la fonction φ𝟏Λ(φ)ev,φmaps-to𝜑subscript1superscriptΛ𝜑superscript𝑒𝑣𝜑\varphi\mapsto\mathbf{1}_{\Lambda^{*}}(\varphi)e^{-\langle v,\varphi\rangle} dont il est facile de voir qu’elle est intégrable sur tout sous-espace et donc aussi Msuperscript𝑀perpendicular-toM^{\perp}. La formule de Poisson s’applique (après un léger argument de régularisation) et s’écrit

M𝖷Λ(v+im)𝑑m=(2π)dimMΛMev,φ𝑑φ.subscript𝑀subscript𝖷Λ𝑣𝑖𝑚differential-d𝑚superscript2𝜋dimension𝑀subscriptsuperscriptΛsuperscript𝑀perpendicular-tosuperscript𝑒𝑣𝜑differential-d𝜑\int_{M}\mathsf{X}_{\Lambda}(v+im)\,dm=(2\pi)^{\dim M}\int_{\Lambda^{*}\cap M^{\perp}}e^{-\langle v,\varphi\rangle}\,d\varphi.

Or, l’application VV𝑉superscript𝑉V\rightarrow V^{\prime} identifie (V)superscriptsuperscript𝑉(V^{\prime})^{*} à Msuperscript𝑀perpendicular-toM^{\perp}, et ΛMsuperscriptΛsuperscript𝑀perpendicular-to\Lambda^{*}\cap M^{\perp} à (Λ)superscriptsuperscriptΛ(\Lambda^{\prime})^{*}. Ainsi, on obtient

𝒮M(𝖷Λ)(v)=(Λ)eπ(v),φ𝑑φ=𝖷Λ(π(v)).subscript𝒮𝑀subscript𝖷Λ𝑣subscriptsuperscriptsuperscriptΛsuperscript𝑒𝜋𝑣𝜑differential-d𝜑subscript𝖷superscriptΛ𝜋𝑣\mathscr{S}_{M}(\mathsf{X}_{\Lambda})(v)=\int_{(\Lambda^{\prime})^{*}}e^{-\langle\pi(v),\varphi\rangle}\,d\varphi=\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(\pi(v)).

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Soit V𝑉V un 𝐑𝐑\mathbf{R}-espace vectoriel de dimension d𝑑d, (1,,d)subscript1subscript𝑑(\ell_{1},\dots,\ell_{d}) une base de Vsuperscript𝑉V^{*} et f𝑓f la fonction vj=1d(1+|j(v)|)11/dmaps-to𝑣superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑑superscript1subscript𝑗𝑣11𝑑v\mapsto\prod_{j=1}^{d}(1+\left|{\ell_{j}(v)}\right|)^{-1-1/d}. Alors, f𝒟max(V,V)𝑓superscript𝒟𝑉𝑉f\in\mathscr{D}^{\max}(V,V).

Proof.

Soit M𝑀M un sous-espace vectoriel de V𝑉V de dimension m𝑚m. Quitte à réordonner les indices, on peut supposer que M𝑀M est l’image d’une application linéaire 𝐑m𝐑d=Vsuperscript𝐑𝑚superscript𝐑𝑑𝑉\mathbf{R}^{m}\rightarrow\mathbf{R}^{d}=V de la forme t=(t1,,tm)(t1,,tm,φm+1(t),,φd(t))𝑡subscript𝑡1subscript𝑡𝑚maps-tosubscript𝑡1subscript𝑡𝑚subscript𝜑𝑚1𝑡subscript𝜑𝑑𝑡t=(t_{1},\dots,t_{m})\mapsto(t_{1},\dots,t_{m},\varphi_{m+1}(t),\dots,\varphi_{d}(t)). Si on réalise V/M𝑉𝑀V/M par son supplémentaire {0}m×𝐑dmsuperscript0𝑚superscript𝐑𝑑𝑚\{0\}^{m}\times\mathbf{R}^{d-m}, la fonction fM:vMf(v+m)𝑑m:subscript𝑓𝑀maps-to𝑣subscript𝑀𝑓𝑣𝑚differential-d𝑚f_{M}:v\mapsto\int_{M}f(v+m)\,dm est donnée par l’intégrale

𝐑m1(1+|t1|)1+1/d1(1+|tm|)1+1/dj=m+1d1(1+|vj+φj(t)|)1+1/ddt1dtm.subscriptsuperscript𝐑𝑚1superscript1subscript𝑡111𝑑1superscript1subscript𝑡𝑚11𝑑superscriptsubscriptproduct𝑗𝑚1𝑑1superscript1subscript𝑣𝑗subscript𝜑𝑗𝑡11𝑑𝑑subscript𝑡1𝑑subscript𝑡𝑚\int_{\mathbf{R}^{m}}\frac{1}{(1+\left|{t_{1}}\right|)^{1+1/d}}\dots\frac{1}{(1+\left|{t_{m}}\right|)^{1+1/d}}\prod_{j=m+1}^{d}\frac{1}{(1+\left|{v_{j}+\varphi_{j}(t)}\right|)^{1+1/d}}\,dt_{1}\dots dt_{m}.

Elle est dominée par l’intégrale convergente

𝐑m1(1+|t1|)1+1/d1(1+|tm|)1+1/d𝑑t1𝑑tmsubscriptsuperscript𝐑𝑚1superscript1subscript𝑡111𝑑1superscript1subscript𝑡𝑚11𝑑differential-dsubscript𝑡1differential-dsubscript𝑡𝑚\int_{\mathbf{R}^{m}}\frac{1}{(1+\left|{t_{1}}\right|)^{1+1/d}}\dots\frac{1}{(1+\left|{t_{m}}\right|)^{1+1/d}}\,dt_{1}\dots dt_{m}

et le théorème de convergence dominée implique alors que pour tout vecteur v=(0,,0,vm+1,,vd)𝑣00subscript𝑣𝑚1subscript𝑣𝑑v=(0,\dots,0,v_{m+1},\dots,v_{d}) distinct de 00,

lims+fM(sv)=0.subscript𝑠subscript𝑓𝑀𝑠𝑣0\lim_{s\rightarrow+\infty}f_{M}(sv)=0.

Le lemme est ainsi démontré. ∎

\definame \the\smf@thm\pointrait

Soient C𝐶C un ouvert convexe de V𝑉V ayant 00 pour point adhérent et ΛΛ\Lambda un cône polyédral ouvert contenant C𝐶C.

Soit ΦVΦsuperscript𝑉\Phi\subset V^{*} une famille de formes linéaires deux à deux non proportionnelles définissant les faces de ΛΛ\Lambda.

On note M(Λ;C)subscript𝑀Λ𝐶\mathscr{H}_{M}(\Lambda;C) l’ensemble des fonctions holomorphes f:𝖳(C)𝐂:𝑓𝖳𝐶𝐂f:{\mathsf{T}}(C)\rightarrow\mathbf{C} telles qu’il existe un voisinage convexe B𝐵B de 00 dans V𝑉V de sorte que la fonction g𝑔g définie par

g(z)=f(z)φΦφ(z)1+φ(z)𝑔𝑧𝑓𝑧subscriptproduct𝜑Φ𝜑𝑧1𝜑𝑧g(z)=f(z)\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{\varphi(z)}{1+\varphi(z)}

admet un prolongement holomorphe M𝑀M-contrôlé dans 𝖳(B)𝖳𝐵{\mathsf{T}}(B).

Par le théorème d’extension de Bochner (voir par exemple [13]), une telle fonction s’étend en une fonction holomorphe sur le tube de base l’enveloppe convexe Csuperscript𝐶C^{\prime} de BC𝐵𝐶B\cup C. En particulier, il n’aurait pas été restrictif de prendre pour C𝐶C l’intersection du cône ΛΛ\Lambda avec un voisinage convexe de 00 dans V𝑉V.

On constate aussi que f𝑓f est nécessairement M𝑀M-contrôlée dans 𝖳(C)𝖳𝐶{\mathsf{T}}(C). Enfin, il est facile de vérifier que M(Λ;C)subscript𝑀Λ𝐶\mathscr{H}_{M}(\Lambda;C) ne dépend pas du choix des formes linéaires qui définissent les faces de ΛΛ\Lambda.

Si ΛΛ\Lambda est un cône polyédral et si M𝑀M est un sous-espace vectoriel de V𝑉V tel que l’image de Λ¯¯Λ\overline{\Lambda} dans V/M𝑉𝑀V/M ne contient pas de droite, la proposition 3.1 implique donc que la fonction 𝖷Λsubscript𝖷Λ\mathsf{X}_{\Lambda} appartient à l’espace M(Λ;Λ)subscript𝑀ΛΛ\mathscr{H}_{M}(\Lambda;\Lambda) défini par la classe de contrôle 𝒟maxsuperscript𝒟\mathscr{D}^{\max}.

Le théorème principal de cette section est le suivant.

\theoname \the\smf@thm\pointrait

Soit MV𝑀𝑉M\subset V un sous-espace vectoriel muni d’une mesure de Lebesgue.

Soit C𝐶C l’intersection de ΛΛ\Lambda avec un voisinage convexe de 00 et soit fM(Λ;C)𝑓subscript𝑀Λ𝐶f\in\mathscr{H}_{M}(\Lambda;C). Soit Msuperscript𝑀M^{\prime} un sous-espace vectoriel de M𝑀M, π𝜋\pi la projection VV=V/M𝑉superscript𝑉𝑉superscript𝑀V\rightarrow V^{\prime}=V/M^{\prime}, Λ=π(Λ)superscriptΛ𝜋Λ\Lambda^{\prime}=\pi(\Lambda) et C=π(C)superscript𝐶𝜋𝐶C^{\prime}=\pi(C).

Alors, la fonction 𝒮M(f)subscript𝒮superscript𝑀𝑓\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f) appartient à M/M(Λ;C)subscript𝑀superscript𝑀superscriptΛsuperscript𝐶\mathscr{H}_{M/M^{\prime}}(\Lambda^{\prime};C^{\prime}).

Si de plus l’adhérence du cône ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} ne contient pas de droite et si pour tout zΛ𝑧Λz\in\Lambda,

lims0+f(sz)𝖷Λ(sz)=1,subscript𝑠superscript0𝑓𝑠𝑧subscript𝖷Λ𝑠𝑧1\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\frac{f(sz)}{\mathsf{X}_{\Lambda}(sz)}=1,

alors pour tout zΛsuperscript𝑧superscriptΛz^{\prime}\in\Lambda^{\prime},

lims0+𝒮M(f)(sz)𝖷Λ(sz)=1.subscript𝑠superscript0subscript𝒮superscript𝑀𝑓𝑠superscript𝑧subscript𝖷superscriptΛ𝑠superscript𝑧1\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\frac{\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f)(sz^{\prime})}{\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(sz^{\prime})}=1.
\coroname \the\smf@thm\pointrait

Supposons de plus que f𝑓f est la restriction à ΛCΛ𝐶\Lambda\cap C d’une fonction holomorphe M𝑀M-contrôlée sur ΛΛ\Lambda. Alors, la fonction 𝒮M(f)subscript𝒮𝑀𝑓\mathscr{S}_{M}(f) sur Vsuperscript𝑉V^{\prime} est méromorphe dans un voisinage convexe de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}, ses pôles étant simples définis par les faces (de codimension 111) de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}.

3.2 Démonstration du théorème

D’après le lemme 3.1, la fonction 𝒮M(f)subscript𝒮superscript𝑀𝑓\mathscr{S}_{M^{\prime}}(f) est holomorphe et M/M𝑀superscript𝑀M/M^{\prime}-contrôlée sur 𝖳(C)𝖳superscript𝐶{\mathsf{T}}(C^{\prime}). Le but est de montrer qu’elle y est la restriction d’une fonction méromorphe dont on contrôle les pôles et la croissance. La démonstration est fondée sur l’application successive du théorème des résidus pour obtenir le prolongement méromorphe. La définition des classes de contrôle est faite pour assurer l’intégrabilité ultérieure de chacun des termes obtenus.

Par récurrence, il suffit de démontrer le résultat lorsque dimM=1dimensionsuperscript𝑀1\dim M^{\prime}=1. Soit m0subscript𝑚0m_{0} un générateur de Msuperscript𝑀M^{\prime}. Munissons la droite 𝐑m0𝐑subscript𝑚0\mathbf{R}m_{0} de la mesure de Lebesgue dρ𝑑𝜌d\rho. Soit ΦVΦsuperscript𝑉\Phi\subset V^{*} une famille de formes linéaires deux à deux non proportionnelles positives sur ΛΛ\Lambda et dont les noyaux sont les faces de ΛΛ\Lambda.

Soit B𝐵B un ouvert convexe et symétrique par rapport à l’origine, assez petit de sorte que pour tout φΦ𝜑Φ\varphi\in\Phi et tout vB𝑣𝐵v\in B, |φ(v)|<1𝜑𝑣1\left|{\varphi(v)}\right|<1 et que la fonction

g(z)=f(z)φΦφ(z)1+φ(z)𝑔𝑧𝑓𝑧subscriptproduct𝜑Φ𝜑𝑧1𝜑𝑧g(z)=f(z)\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{\varphi(z)}{1+\varphi(z)}

admette un prolongement holomorphe M𝑀M-contrôlé sur 𝖳(B)𝖳𝐵{\mathsf{T}}(B). L’intégrale à étudier est

+g(z+itm0)φΦ1+φ(z+itm0)φ(z+itm0)dt.superscriptsubscript𝑔𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0𝜑𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0𝑑𝑡\int_{-\infty}^{+\infty}g(z+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z+itm_{0})}{\varphi(z+itm_{0})}\,dt.

On veut déplacer la droite d’intégration vers la gauche. Fixons τ>0𝜏0\tau>0 tel que 2τm0B2𝜏subscript𝑚0𝐵2\tau m_{0}\in B. Ainsi, si Re(z)12BRe𝑧12𝐵\operatorname{Re}(z)\in\frac{1}{2}B, z+(u+it)m0𝑧𝑢𝑖𝑡subscript𝑚0z+(u+it)m_{0} appartient à 𝖳(B)𝖳𝐵{\mathsf{T}}(B) pour tout u[τ;0]𝑢𝜏0u\in[-\tau;0] et tout t𝐑𝑡𝐑t\in\mathbf{R}.

Notons Φ+superscriptΦ\Phi^{+}, ΦsuperscriptΦ\Phi^{-} et Φ0superscriptΦ0\Phi^{0} les ensembles des φΦ𝜑Φ\varphi\in\Phi tels que respectivement φ(m0)>0𝜑subscript𝑚00\varphi(m_{0})>0, φ(m0)<0𝜑subscript𝑚00\varphi(m_{0})<0 et φ(m0)=0𝜑subscript𝑚00\varphi(m_{0})=0. Soit B112Bsubscript𝐵112𝐵B_{1}\subset\frac{1}{2}B l’ensemble des v12B𝑣12𝐵v\in\frac{1}{2}B tels que pour tout φΦ+𝜑superscriptΦ\varphi\in\Phi^{+}, |φ(v)|<τ2φ(m0)𝜑𝑣𝜏2𝜑subscript𝑚0\left|{\varphi(v)}\right|<\frac{\tau}{2}\varphi(m_{0}).

Dans la bande τs0𝜏𝑠0-\tau\leq s\leq 0, les pôles de la fonction holomorphe

sg(z+sm0)φΦ1+φ(z+sm0)φ(z+sm0)maps-to𝑠𝑔𝑧𝑠subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0s\mapsto g(z+sm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z+sm_{0})}{\varphi(z+sm_{0})}

sont ainsi donnés par

sφ(z)=φ(z)φ(m0),φΦ+.formulae-sequencesubscript𝑠𝜑𝑧𝜑𝑧𝜑subscript𝑚0𝜑superscriptΦs_{\varphi}(z)=-\frac{\varphi(z)}{\varphi(m_{0})},\quad\varphi\in\Phi^{+}.

Le pôle s=sφ(z)𝑠subscript𝑠𝜑𝑧s=s_{\varphi}(z) est simple si et seulement si pour tout ψΦ+𝜓superscriptΦ\psi\in\Phi^{+} tel que ψφ𝜓𝜑\psi\neq\varphi,

φ(z)ψ(m0)ψ(z)φ(m0)0.𝜑𝑧𝜓subscript𝑚0𝜓𝑧𝜑subscript𝑚00\varphi(z)\psi(m_{0})-\psi(z)\varphi(m_{0})\neq 0.

Comme φ𝜑\varphi et ψ𝜓\psi sont non proportionnelles, ψ(m0)φφ(m0)ψ𝜓subscript𝑚0𝜑𝜑subscript𝑚0𝜓\psi(m_{0})\varphi-\varphi(m_{0})\psi est une forme linéaire non nulle ; notons B1B1superscriptsubscript𝐵1subscript𝐵1B_{1}^{\dagger}\subset B_{1} le complémentaire des hyperplans qu’elles définissent lorsque φψ𝜑𝜓\varphi\neq\psi parcourent les éléments de Φ+superscriptΦ\Phi^{+}.

Si z𝖳(B1)𝑧𝖳superscriptsubscript𝐵1z\in{\mathsf{T}}(B_{1}^{\dagger}) et si T>max{|Im(sφ(z))|;φΦ+}𝑇Imsubscript𝑠𝜑𝑧𝜑superscriptΦT>\max\{\left|{\operatorname{Im}(s_{\varphi}(z))}\right|\,;\,\varphi\in\Phi^{+}\}, la formule des résidus pour le contour délimité par le rectangle τRe(s)0𝜏Re𝑠0-\tau\leq\operatorname{Re}(s)\leq 0, TIm(s)T𝑇Im𝑠𝑇-T\leq\operatorname{Im}(s)\leq T s’écrit

TTg(z+itm0)φΦ1+φ(z+itm0)φ(z+itm0)dtsuperscriptsubscript𝑇𝑇𝑔𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0𝜑𝑧𝑖𝑡subscript𝑚0𝑑𝑡\displaystyle\int_{-T}^{T}g(z+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z+itm_{0})}{\varphi(z+itm_{0})}\,dt\hskip-113.81102pt
=φΦ+2iπφ(m0)g(z+sφ(z)m0)ψφ1+ψ(z+sφ(z)m0)ψ(z+sφ(z)m0)absentsubscript𝜑superscriptΦ2𝑖𝜋𝜑subscript𝑚0𝑔𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜓𝜑1𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0\displaystyle=\sum_{\varphi\in\Phi^{+}}\frac{2i\pi}{\varphi(m_{0})}g(z+s_{\varphi}(z)m_{0})\prod_{\psi\neq\varphi}\frac{1+\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}{\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}
+TTg(zτm0+itm0)φΦ1+φ(zτm0+itm0)φ(zτm0+itm0)dtsuperscriptsubscript𝑇𝑇𝑔𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0𝜑𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0𝑑𝑡\displaystyle\quad{}+\int_{-T}^{T}g(z-\tau m_{0}+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z-\tau m_{0}+itm_{0})}{\varphi(z-\tau m_{0}+itm_{0})}\,dt
+0τg(z+sm0+iTm0)φΦ1+φ(z+sm0+iTm0)φ(z+sm0+iTm0)dssuperscriptsubscript0𝜏𝑔𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0𝑑𝑠\displaystyle\quad{}+\int_{0}^{-\tau}g(z+sm_{0}+iTm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z+sm_{0}+iTm_{0})}{\varphi(z+sm_{0}+iTm_{0})}\,ds
+τ0g(z+sm0iTm0)φΦ1+φ(z+sm0iTm0)φ(z+sm0iTm0)ds.superscriptsubscript𝜏0𝑔𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0subscriptproduct𝜑Φ1𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0𝜑𝑧𝑠subscript𝑚0𝑖𝑇subscript𝑚0𝑑𝑠\displaystyle\quad{}+\int_{-\tau}^{0}g(z+sm_{0}-iTm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi}\frac{1+\varphi(z+sm_{0}-iTm_{0})}{\varphi(z+sm_{0}-iTm_{0})}\,ds.

Lorsque T+𝑇T\rightarrow+\infty, l’hypothèse que g𝑔g est M𝑀M-contrôlée et l’axiome (3.1,c) des classes de contrôles impliquent que ces deux dernières intégrales (sur les segments horizontaux du rectangle) tendent vers 00. De même, l’axiome (3.1,d) assure la convergence des deux premières intégrales vers les intégrales correspondantes de -\infty à ++\infty.

Par suite, si z𝖳(B1Λ)𝑧𝖳superscriptsubscript𝐵1Λz\in{\mathsf{T}}(B_{1}^{\dagger}\cap\Lambda), on a

𝒮𝐑m0(f)(z)=φΦ+g(z+sφ(z)m0)ψφ1+ψ(z+sφ(z)m0)ψ(z+sφ(z)m0)+φΦ01+φ(z)φ(z)g(zτm0+itm0)φΦΦ01+φ(zτm0+itm0)φ(zτm0+itm0)dt.subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑧subscript𝜑superscriptΦ𝑔𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜓𝜑1𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜑superscriptΦ01𝜑𝑧𝜑𝑧superscriptsubscript𝑔𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0subscriptproduct𝜑ΦsuperscriptΦ01𝜑𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0𝜑𝑧𝜏subscript𝑚0𝑖𝑡subscript𝑚0𝑑𝑡\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f)(z)=\sum_{\varphi\in\Phi^{+}}g(z+s_{\varphi}(z)m_{0})\prod_{\psi\neq\varphi}\frac{1+\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}{\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}\\ +\prod_{\varphi\in\Phi^{0}}\frac{1+\varphi(z)}{\varphi(z)}\,\int_{-\infty}^{\infty}g(z-\tau m_{0}+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi\setminus\Phi^{0}}\frac{1+\varphi(z-\tau m_{0}+itm_{0})}{\varphi(z-\tau m_{0}+itm_{0})}\,dt. (3.2.1)

Il résulte alors des axiomes (3.1,e) et (3.1,d) des classes de contrôles que la fonction

z𝒮𝐑m0(f)(z)φΦ0φ(z)1+φ(z)φΦ+ψΦ0{φ}φ(s+sψ(z)m0)1+ψ(s+sφ(z)m0)maps-to𝑧subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑧subscriptproduct𝜑superscriptΦ0𝜑𝑧1𝜑𝑧subscriptproduct𝜑superscriptΦsubscriptproduct𝜓superscriptΦ0𝜑𝜑𝑠subscript𝑠𝜓𝑧subscript𝑚01𝜓𝑠subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0z\mapsto\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f)(z)\prod_{\varphi\in\Phi^{0}}\frac{\varphi(z)}{1+\varphi(z)}\prod_{\varphi\in\Phi^{+}}\prod_{\psi\not\in\Phi^{0}\cup\{\varphi\}}\frac{\varphi(s+s_{\psi}(z)m_{0})}{1+\psi(s+s_{\varphi}(z)m_{0})} (3.2.2)

définie sur 𝖳(B1Λ)𝖳superscriptsubscript𝐵1Λ{\mathsf{T}}(B_{1}^{\dagger}\cap\Lambda) s’étend en une fonction holomorphe M/M𝑀superscript𝑀M/M^{\prime}-contrôlée sur 𝖳(π(B1))𝖳𝜋superscriptsubscript𝐵1{\mathsf{T}}(\pi(B_{1}^{\dagger})). En particulier, 𝒮𝐑m0(f)subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f) se prolonge méromorphiquement à 𝖳(B1)𝖳superscriptsubscript𝐵1{\mathsf{T}}(B_{1}^{\dagger}) et les pôles de 𝒮𝐑m0(f)subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f) sont donnés par une famille finie de formes linéaires. Le lemme suivant les interprète géométriquement.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Les faces de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} sont les noyaux des formes linéaires deux à deux non proportionnelles sur V/𝐑m0𝑉𝐑subscript𝑚0V/\mathbf{R}m_{0} φΦ0𝜑superscriptΦ0\varphi\in\Phi^{0} et φφ(m0)ψ(m0)ψ𝜑𝜑subscript𝑚0𝜓subscript𝑚0𝜓\varphi-\frac{\varphi(m_{0})}{\psi(m_{0})}\psi pour φΦ+𝜑superscriptΦ\varphi\in\Phi^{+} et ψΦ𝜓superscriptΦ\psi\in\Phi^{-}.

De plus, si φ𝜑\varphi et ψΦ+𝜓superscriptΦ\psi\in\Phi^{+}, le noyau de φφ(m0)ψ(m0)ψ𝜑𝜑subscript𝑚0𝜓subscript𝑚0𝜓\varphi-\frac{\varphi(m_{0})}{\psi(m_{0})}\psi rencontre ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}.

Proof.

Un vecteur xV𝑥𝑉x\in V appartient à ΛΛ\Lambda si et seulement si φ(x)>0𝜑𝑥0\varphi(x)>0 pour tout φΦ𝜑Φ\varphi\in\Phi. Par suite, π(x)Λ𝜋𝑥superscriptΛ\pi(x)\in\Lambda^{\prime} si et seulement si il existe α𝐑𝛼𝐑\alpha\in\mathbf{R} tel que φ(xαm0)>0𝜑𝑥𝛼subscript𝑚00\varphi(x-\alpha m_{0})>0 pour tout φΦ𝜑Φ\varphi\in\Phi. Si φΦ0𝜑superscriptΦ0\varphi\in\Phi^{0}, cette condition est exactement φ(x)>0𝜑𝑥0\varphi(x)>0. Pour les autres φ𝜑\varphi, elle devient

maxφΦφ(x)φ(m0)<α<minφΦ+φ(x)φ(m0)subscript𝜑superscriptΦ𝜑𝑥𝜑subscript𝑚0𝛼subscript𝜑superscriptΦ𝜑𝑥𝜑subscript𝑚0\max_{\varphi\in\Phi^{-}}\frac{\varphi(x)}{\varphi(m_{0})}<\alpha<\min_{\varphi\in\Phi^{+}}\frac{\varphi(x)}{\varphi(m_{0})}

d’où la première partie du lemme.

Pour la seconde, soit φ𝜑\varphi et ψ𝜓\psi deux éléments distincts de Φ+superscriptΦ\Phi^{+}. Si le noyau de φφ(m0)ψ(m0)ψ𝜑𝜑subscript𝑚0𝜓subscript𝑚0𝜓\varphi-\frac{\varphi(m_{0})}{\psi(m_{0})}\psi ne recontre pas ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}, quitte à permuter φ𝜑\varphi et ψ𝜓\psi, on a

φ(v)φ(m0)>ψ(v)ψ(m0)𝜑𝑣𝜑subscript𝑚0𝜓𝑣𝜓subscript𝑚0\frac{\varphi(v)}{\varphi(m_{0})}>\frac{\psi(v)}{\psi(m_{0})}

pour tout vΛ𝑣Λv\in\Lambda et cela contredit le fait que φ𝜑\varphi et ψ𝜓\psi définissent deux faces distinctes de ΛΛ\Lambda. ∎

On sait que 𝒮𝐑m0(f)subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f) est holomorphe sur 𝖳(Λ)𝖳superscriptΛ{\mathsf{T}}(\Lambda^{\prime}). Il résulte du lemme que les formes linéaires ψ+sφ(z)φ𝜓subscript𝑠𝜑𝑧𝜑\psi+s_{\varphi}(z)\varphi avec φΦ+𝜑superscriptΦ\varphi\in\Phi^{+} et ψΦ0{φ}𝜓superscriptΦ0𝜑\psi\not\in\Phi^{0}\cup\{\varphi\} sont des pôles apparents dès que ψΦ+𝜓superscriptΦ\psi\in\Phi^{+}. Les autres correspondent aux faces de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} !

Autrement dit, nous avons déjà prouvé que 𝒮𝐑m0(f)subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f) est la restriction à 𝖳(π(B1))𝖳𝜋subscript𝐵1{\mathsf{T}}(\pi(B_{1})) d’une fonction méromorphe dont les pôles (simples) sont donnés par les faces de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}. Montrons comment contrôler la croissance de 𝒮𝐑m0(f)subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f) dans les bandes verticales.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Soit V𝑉V un espace vectoriel, M𝑀M un sous-espace vectoriel, B𝐵B un voisinage de 00 dans V𝑉V. Soit hh une fonction holomorphe sur 𝖳(B)𝖳𝐵{\mathsf{T}}(B) et soit \ell une forme linéaire sur V𝑉V. Si la fonction zh(z)(z)1+(z)maps-to𝑧𝑧𝑧1𝑧z\mapsto h(z)\frac{\ell(z)}{1+\ell(z)} est M𝑀M-contrôlée, hh est M𝑀M-contrôlée.

Proof.

Il faut montrer que hh est M𝑀M-contrôlée dans un voisinage de tout point de B𝐵B. Soit donc x0Bsubscript𝑥0𝐵x_{0}\in B et K𝐾K un voisinage compact de x0subscript𝑥0x_{0} contenu dans B𝐵B. Soit κ𝒟(M,V)𝜅𝒟𝑀𝑉\kappa\in\mathscr{D}(M,V) telle que pour tout xK𝑥𝐾x\in K et tout yV𝑦𝑉y\in V,

|h(x+iy)(x+iy)1+(x+iy)|κ(y).𝑥𝑖𝑦𝑥𝑖𝑦1𝑥𝑖𝑦𝜅𝑦\left|{h(x+iy)\frac{\ell(x+iy)}{1+\ell(x+iy)}}\right|\leq\kappa(y).

Supposons d’abord que (x0)0subscript𝑥00\ell(x_{0})\neq 0. Si ρ=|(x0)|/2>0𝜌subscript𝑥020\rho=\left|{\ell(x_{0})}\right|/2>0, il existe un voisiange compact K1Ksubscript𝐾1𝐾K_{1}\subset K de x0subscript𝑥0x_{0}||ρ𝜌\left|{\ell}\right|\geq\rho. Alors, pour tout xK1𝑥subscript𝐾1x\in K_{1} et tout yV𝑦𝑉y\in V, on a

|h(x+iy)|κ(y)1+|(x+iy)|(x+iy)1+ρρκ(y),𝑥𝑖𝑦𝜅𝑦1𝑥𝑖𝑦𝑥𝑖𝑦1𝜌𝜌𝜅𝑦\left|{h(x+iy)}\right|\leq\kappa(y)\frac{1+\left|{\ell(x+iy)}\right|}{\ell(x+iy)}\leq\frac{1+\rho}{\rho}\kappa(y),

ce qui prouve que hh est M𝑀M-contrôlée dans K1subscript𝐾1K_{1}.

Si (x0)=0subscript𝑥00\ell(x_{0})=0, soit uV𝑢𝑉u\in V tel que (u)=1𝑢1\ell(u)=1, K1subscript𝐾1K_{1} un voisinage compact de x0subscript𝑥0x_{0} assez petit et ρ>0𝜌0\rho>0 tels que pour tout t[1;1]𝑡11t\in[-1;1] et tout xK1𝑥subscript𝐾1x\in K_{1}, x+tρuK𝑥𝑡𝜌𝑢𝐾x+t\rho u\in K. La fonction sh(x+iy+sρu)maps-to𝑠𝑥𝑖𝑦𝑠𝜌𝑢s\mapsto h(x+iy+s\rho u) est une fonction holomorphe sur le disque unité fermé |s|1𝑠1\left|{s}\right|\leq 1. D’après le principe du maximum, on a donc pour tout x+iy𝖳(K1)𝑥𝑖𝑦𝖳subscript𝐾1x+iy\in{\mathsf{T}}(K_{1}),

|h(x+iy)|sup|s|1|h(x+iy+sρu)|=sup|s|=1|h(x+iy+sρu)|1+ρρsup|s|1κ(y+su).𝑥𝑖𝑦subscriptsupremum𝑠1𝑥𝑖𝑦𝑠𝜌𝑢subscriptsupremum𝑠1𝑥𝑖𝑦𝑠𝜌𝑢1𝜌𝜌subscriptsupremum𝑠1𝜅𝑦𝑠𝑢\left|{h(x+iy)}\right|\leq\sup_{\left|{s}\right|\leq 1}\left|{h(x+iy+s\rho u)}\right|=\sup_{\left|{s}\right|=1}\left|{h(x+iy+s\rho u)}\right|\leq\frac{1+\rho}{\rho}\sup_{\left|{s}\right|\leq 1}\kappa(y+su).

L’axiome (3.1,b) assure alors l’existence d’une fonction κ1𝒟(M,V)subscript𝜅1𝒟𝑀𝑉\kappa_{1}\in\mathscr{D}(M,V) telle que pour tout x+iy𝖳(K1)𝑥𝑖𝑦𝖳subscript𝐾1x+iy\in{\mathsf{T}}(K_{1}),

|h(x+iy)|κ1(y).𝑥𝑖𝑦subscript𝜅1𝑦\left|{h(x+iy)}\right|\leq\kappa_{1}(y).

La fonction hh est donc M𝑀M-contrôlée dans un voisinage de x0subscript𝑥0x_{0}. ∎

Il reste à démontrer que si pour tout zΛ𝑧Λz\in\Lambda, limt0+f(tz)/𝖷Λ(tz)=1subscript𝑡superscript0𝑓𝑡𝑧subscript𝖷Λ𝑡𝑧1\lim\limits_{t\rightarrow 0^{+}}f(tz)/\mathsf{X}_{\Lambda}(tz)=1, alors

limt0+𝒮𝐑m0(f)(tz)/𝖷Λ(tz)=1.subscript𝑡superscript0subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑡superscript𝑧subscript𝖷superscriptΛ𝑡superscript𝑧1\lim\limits_{t\rightarrow 0^{+}}\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f)(tz^{\prime})/\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(tz^{\prime})=1.

Comme XΛ(tz)=tdimVXΛ(z)subscript𝑋Λ𝑡𝑧superscript𝑡dimension𝑉subscript𝑋Λ𝑧X_{\Lambda}(tz)=t^{-\dim V}X_{\Lambda}(z), l’hypothèse f(tz)𝖷Λ(tz)similar-to𝑓𝑡𝑧subscript𝖷Λ𝑡𝑧f(tz)\sim\mathsf{X}_{\Lambda}(tz) se récrit

limt0tdimV#Φg(tz)=𝖷Λ(z).subscript𝑡0superscript𝑡dimension𝑉#Φ𝑔𝑡𝑧subscript𝖷Λ𝑧\lim_{t\rightarrow 0}t^{\dim V-\#\Phi}g(tz)=\mathsf{X}_{\Lambda}(z).

D’autre part, la formule (3.2.1) donne

t1+dimV𝒮𝐑m0(f)(tz)superscript𝑡1dimension𝑉subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑡𝑧\displaystyle t^{-1+\dim V}\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f)(tz)\hskip-56.9055pt
=t1+dimVφΦ+g(tz+sφ(tz)m0)ψφ1+ψ(tz+sφ(tz)m0)ψ(tz+sφ(tz)m0)absentsuperscript𝑡1dimension𝑉subscript𝜑superscriptΦ𝑔𝑡𝑧subscript𝑠𝜑𝑡𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜓𝜑1𝜓𝑡𝑧subscript𝑠𝜑𝑡𝑧subscript𝑚0𝜓𝑡𝑧subscript𝑠𝜑𝑡𝑧subscript𝑚0\displaystyle=t^{-1+\dim V}\sum_{\varphi\in\Phi^{+}}g(tz+s_{\varphi}(tz)m_{0})\prod_{\psi\neq\varphi}\frac{1+\psi(tz+s_{\varphi}(tz)m_{0})}{\psi(tz+s_{\varphi}(tz)m_{0})}
+t1+dimVφΦ01+φ(tz)φ(tz)×\displaystyle\qquad{}+t^{-1+\dim V}\prod_{\varphi\in\Phi^{0}}\frac{1+\varphi(tz)}{\varphi(tz)}\times
×g(tzτm0+itm0)φΦΦ01+φ(tzτm0+itm0)φ(tzτm0+itm0)dt\displaystyle\qquad\qquad{}\times\int_{-\infty}^{\infty}g(tz-\tau m_{0}+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi\setminus\Phi^{0}}\frac{1+\varphi(tz-\tau m_{0}+itm_{0})}{\varphi(tz-\tau m_{0}+itm_{0})}\,dt
=φΦ+tdimV#Φg(t(z+sφ(z)m0))ψφ1+tψ(z+sφ(z)m0)ψ(z+sφ(z)m0)absentsubscript𝜑superscriptΦsuperscript𝑡dimension𝑉#Φ𝑔𝑡𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜓𝜑1𝑡𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0\displaystyle=\sum_{\varphi\in\Phi^{+}}t^{\dim V-\#\Phi}g(t(z+s_{\varphi}(z)m_{0}))\prod_{\psi\neq\varphi}\frac{1+t\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}{\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}
+t1+dimV#Φ0φΦ01+tφ(tz)φ(z)×\displaystyle\qquad{}+t^{-1+\dim V-\#\Phi^{0}}\prod_{\varphi\in\Phi^{0}}\frac{1+t\varphi(tz)}{\varphi(z)}\times
×g(tzτm0+itm0)φΦΦ01+φ(tzτm0+itm0)φ(tzτm0+itm0)dt.\displaystyle\qquad\qquad{}\times\int_{-\infty}^{\infty}g(tz-\tau m_{0}+itm_{0})\prod_{\varphi\in\Phi\setminus\Phi^{0}}\frac{1+\varphi(tz-\tau m_{0}+itm_{0})}{\varphi(tz-\tau m_{0}+itm_{0})}\,dt.

Un vecteur non nul de V𝑉V ne peut appartenir qu’à au plus dimV1dimension𝑉1\dim V-1 faces de ΛΛ\Lambda et seuls les générateurs de ΛΛ\Lambda appartiennent à dimV1dimension𝑉1\dim V-1 faces. Comme m0subscript𝑚0m_{0} est supposé n’être pas un générateur de ΛΛ\Lambda, #Φ0dimV2#superscriptΦ0dimension𝑉2\#\Phi^{0}\leq\dim V-2. Lorsque t𝑡t tend vers 00, on a donc

limt1+dimV𝒮𝐑m0(f)(tz)=φΦ+𝖷Λ(z+sφ(z)m0)ψφ1ψ(z+sφ(z)m0)superscript𝑡1dimension𝑉subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑡𝑧subscript𝜑superscriptΦsubscript𝖷Λ𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0subscriptproduct𝜓𝜑1𝜓𝑧subscript𝑠𝜑𝑧subscript𝑚0\lim t^{-1+\dim V}\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f)(tz)=\sum_{\varphi\in\Phi^{+}}\mathsf{X}_{\Lambda}(z+s_{\varphi}(z)m_{0})\prod_{\psi\neq\varphi}\frac{1}{\psi(z+s_{\varphi}(z)m_{0})}

où le second membre ne dépend plus de f𝑓f. Comme on peut appliquer cette formule à f=𝖷Λ𝑓subscript𝖷Λf=\mathsf{X}_{\Lambda}, on obtient donc

limt1dimV(𝒮𝐑m0(f))(tz)=limt1dimV(𝒮𝐑m0(𝖷Λ))(tz)superscript𝑡1dimension𝑉subscript𝒮𝐑subscript𝑚0𝑓𝑡𝑧superscript𝑡1dimension𝑉subscript𝒮𝐑subscript𝑚0subscript𝖷Λ𝑡𝑧\displaystyle\lim t^{1-\dim V}(\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(f))(tz)=\lim t^{1-\dim V}(\mathscr{S}_{\mathbf{R}m_{0}}(\mathsf{X}_{\Lambda}))(tz)
=limt1dimV𝖷Λ(tz)=𝖷Λ(z).absentsuperscript𝑡1dimension𝑉subscript𝖷superscriptΛ𝑡𝑧subscript𝖷superscriptΛ𝑧\displaystyle=\lim t^{1-\dim V}\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(tz)=\mathsf{X}_{\Lambda^{\prime}}(z).

Le théorème est ainsi démontré.

\remaname \the\smf@thm\pointrait

La démonstration s’adapte sans peine lorsque f𝑓f dépend uniformément de paramètres supplémentaires.

4 Variétés toriques

Dans ce paragraphe, nous montrons comment les raffinements analytiques du paragraphe 3 permettent de préciser le développement asymptotique obtenu par Batyrev–Tschinkel dans [4] pour la fonction zêta des hauteurs d’une variété torique. Les résultats techniques que nous rappelons à l’occasion seront réutilisés au paragraphe suivant, lorsque nous traiterons le cas d’une fibration en variétés toriques.

4.1 Préliminaires

Rappels adéliques

Notons S=Spec𝔬F𝑆Specsubscript𝔬𝐹S=\operatorname{Spec}\nolimits\mathfrak{o}_{F} le spectre de l’anneau des entiers de F𝐹F. Si v𝑣v est une place de F𝐹F, on définit la norme v\left\|{\cdot}\right\|_{v} sur Fvsubscript𝐹𝑣F_{v} de la manière habituelle, comme le module associé à une mesure de Haar additive sur Fvsubscript𝐹𝑣F_{v}. En particulier, si πvsubscript𝜋𝑣\pi_{v} est une uniformisante en une place finie v𝑣v, πvvsubscriptnormsubscript𝜋𝑣𝑣\left\|{\pi_{v}}\right\|_{v} est l’inverse du cardinal du corps résiduel en v𝑣v.

Soit G𝐺G un tore déployé de dimension d𝑑d sur S𝑆S. Désignons par 𝐊subscript𝐊\mathbf{K}_{\infty} la collection de ses sous-groupes compacts maximaux aux places à l’infini et 𝐊G=vG(𝔬v)v𝐊vG(𝐀F)subscript𝐊𝐺subscriptproductnot-divides𝑣𝐺subscript𝔬𝑣subscriptproductconditional𝑣subscript𝐊𝑣𝐺subscript𝐀𝐹\mathbf{K}_{G}=\prod_{v\nmid\infty}G(\mathfrak{o}_{v})\prod_{v\mid\infty}\mathbf{K}_{v}\subset G(\mathbf{A}_{F}). Il nous faut faire quelques rappels sur la structure du groupe 𝒜Gsubscript𝒜𝐺\mathscr{A}_{G} des caractères de G(F)\G(𝐀F)/𝐊G\𝐺𝐹𝐺subscript𝐀𝐹subscript𝐊𝐺G(F)\backslash G(\mathbf{A}_{F})/\mathbf{K}_{G}. On a un homomorphisme de noyau fini 𝒜Gv|X(G)𝐑subscript𝒜𝐺subscriptdirect-sumconditional𝑣superscript𝑋subscript𝐺𝐑\mathscr{A}_{G}\rightarrow\bigoplus_{v|\infty}X^{*}(G)_{\mathbf{R}}, χχmaps-to𝜒subscript𝜒\chi\mapsto\chi_{\infty} obtenu en associant à un caractère adélique son type à l’infini, c’est-à-dire sa restriction au sous-groupe de G(𝐀)𝐺𝐀G(\mathbf{A}) dont les composantes aux places finies sont triviales. En choisissant une norme sur X(G)𝐑superscript𝑋subscript𝐺𝐑X^{*}(G)_{\mathbf{R}}, on obtient ainsi une “norme” χχmaps-to𝜒normsubscript𝜒\chi\mapsto\left\|{\chi_{\infty}}\right\| sur 𝒜Gsubscript𝒜𝐺\mathscr{A}_{G}.

Il existe enfin un homomorphisme X(G)𝐑𝒜Gsuperscript𝑋subscript𝐺𝐑subscript𝒜𝐺X^{*}(G)_{\mathbf{R}}\rightarrow\mathscr{A}_{G}, tel que l’image du caractère algébrique χX(G)𝜒superscript𝑋𝐺\chi\in X^{*}(G) est le caractère adélique 𝐠|χ(𝐠)|imaps-to𝐠superscript𝜒𝐠𝑖\mathbf{g}\mapsto\left|{\chi(\mathbf{g})}\right|^{i} dont le type à l’infini s’identifie à χ𝜒\chi sur chaque composante.

Le quotient 𝒜G/X(G)𝐑subscript𝒜𝐺superscript𝑋subscript𝐺𝐑\mathscr{A}_{G}/X^{*}(G)_{\mathbf{R}} est un 𝐙𝐙\mathbf{Z}-module de type fini et de rang (ρ1)d𝜌1𝑑(\rho-1)d (où ρ=r1+r2𝜌subscript𝑟1subscript𝑟2\rho=r_{1}+r_{2}, r1subscript𝑟1r_{1} et r2subscript𝑟2r_{2} désignant comme d’habitude les nombres de places réelles et complexes) et l’on peut fixer une décomposition 𝒜G=X(G)𝐑𝒰Gsubscript𝒜𝐺direct-sumsuperscript𝑋subscript𝐺𝐑subscript𝒰𝐺\mathscr{A}_{G}=X^{*}(G)_{\mathbf{R}}\oplus\mathscr{U}_{G}, par exemple à l’aide d’un scindage de la suite exacte

1𝐆m(𝐀F)1𝐆m(𝐀F)||𝐑1.1\rightarrow\mathbf{G}_{m}(\mathbf{A}_{F})^{1}\rightarrow\mathbf{G}_{m}(\mathbf{A}_{F})\xrightarrow{\left|{\cdot}\right|}\mathbf{R}^{*}\rightarrow 1.

(Rappelons que G𝐺G est supposé déployé.)

Rappels sur les variétés toriques

Notons M=X(G)𝐑𝑀superscript𝑋subscript𝐺𝐑M=X^{*}(G)_{\mathbf{R}}, c’est un espace vectoriel sur 𝐑𝐑\mathbf{R} de dimension finie d𝑑d. Considérons une compactification équivariante 𝒳𝒳\mathscr{X} de G𝐺G, lisse sur S𝑆S. D’après la théorie des variétés toriques (cf. par exemple [14], [12]), 𝒳𝒳\mathscr{X} est définie par un éventail complet et régulier ΣΣ\Sigma de N:=Hom(M,𝐑)assign𝑁Hom𝑀𝐑N:=\operatorname{Hom}(M,\mathbf{R}) formé de cônes convexes simpliciaux rationnels. Il existe ainsi une famille (minimale) (ej)jJsubscriptsubscript𝑒𝑗𝑗𝐽(e_{j})_{j\in J} de vecteurs de N𝑁N telle que tout cône σΣ𝜎Σ\sigma\in\Sigma soit engendré par une sous-famille (ej)jJσsubscriptsubscript𝑒𝑗𝑗subscript𝐽𝜎(e_{j})_{j\in J_{\sigma}} de cardinal dimvect(σ)dimensionvect𝜎\dim\operatorname{vect}(\sigma). On note Σ(d)Σ𝑑\Sigma(d) l’ensemble des cônes de ΣΣ\Sigma de dimension d𝑑d.

L’espace vectoriel PL(Σ)PLΣ\mathrm{PL}(\Sigma) des fonctions continues N𝐑𝑁𝐑N\rightarrow\mathbf{R} dont la restriction à chaque cône de ΣΣ\Sigma est linéaire est un espace vectoriel de dimension finie sur 𝐑𝐑\mathbf{R}, d’ailleurs égale à #J#𝐽\#J ; munissons le d’une norme arbitraire. L’espace vectoriel PicG(𝒳F)𝐑\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})_{\mathbf{R}} est isomorphe à PL(Σ)PLΣ\mathrm{PL}(\Sigma) ; il possède une base canonique formée des fibrés en droites G𝐺G-linéarisés associés aux diviseurs G𝐺G-invariants sur 𝒳Fsubscript𝒳𝐹\mathscr{X}_{F}. À chaque ejsubscript𝑒𝑗e_{j} correspond un tel diviseur Djsubscript𝐷𝑗D_{j} ; à un diviseur G𝐺G-invariant D=jλjDj𝐷subscript𝑗subscript𝜆𝑗subscript𝐷𝑗D=\sum_{j}\lambda_{j}D_{j} correspond l’unique fonction φPL(Σ)𝜑PLΣ\varphi\in\mathrm{PL}(\Sigma) telle que φ(ej)=λj𝜑subscript𝑒𝑗subscript𝜆𝑗\varphi(e_{j})=\lambda_{j}. Dans cette description, le cône des diviseurs effectifs correspond simplement l’ensemble des éléments de PicG(𝒳F)superscriptPic𝐺subscript𝒳𝐹\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F}) dont les coordonnées (λj)subscript𝜆𝑗(\lambda_{j}) vérifient λj0subscript𝜆𝑗0\lambda_{j}\geq 0 pour tout j𝑗j. Plus généralement, on notera ΛtsubscriptΛ𝑡\Lambda_{t} l’ensemble des éléments de PicG(𝒳F)superscriptPic𝐺subscript𝒳𝐹\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F}) tels que λj>tsubscript𝜆𝑗𝑡\lambda_{j}>t pour tout j𝑗j ; le cône ouvert Λ0subscriptΛ0\Lambda_{0} est aussi noté PL+(Σ)superscriptPLΣ\mathrm{PL}^{+}(\Sigma) et encore Λeff0(𝒳F)superscriptsubscriptΛeff0subscript𝒳𝐹\Lambda_{\mathrm{eff}}^{0}(\mathscr{X}_{F}).

Cette base (Dj)subscript𝐷𝑗(D_{j}) de PicG(𝒳F)superscriptPic𝐺subscript𝒳𝐹\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F}) et l’homomorphisme canonique ι:X(G)PicG(𝒳):𝜄superscript𝑋𝐺superscriptPic𝐺𝒳\iota:X^{*}(G)\rightarrow\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}) induisent des sous-groupes à un paramètre 𝐆mGsubscript𝐆𝑚𝐺\mathbf{G}_{m}\rightarrow G, d’où, pour tout caractère χ𝒜G𝜒subscript𝒜𝐺\chi\in\mathscr{A}_{G}, des caractères χjsubscript𝜒𝑗\chi_{j} de 𝐆m(F)\𝐆m(𝐀F)/𝐊𝐆m\subscript𝐆𝑚𝐹subscript𝐆𝑚subscript𝐀𝐹subscript𝐊subscript𝐆𝑚\mathbf{G}_{m}(F)\backslash\mathbf{G}_{m}(\mathbf{A}_{F})/\mathbf{K}_{\mathbf{G}_{m}}, autrement dit des caractères de Hecke.

Les fibrés en droites sur 𝒳Fsubscript𝒳𝐹\mathscr{X}_{F} seront systématiquement munis de leur métrique adélique canonique introduite notamment dans [2]. Cela nous fournit un homomorphisme canonique Pic(𝒳F)Pic^(𝒳)Picsubscript𝒳𝐹^Pic𝒳\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{X}_{F})\rightarrow\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{X}) qui induit un homomorphisme

PicG(𝒳F)Pic^G,𝐊(𝒳).superscriptPic𝐺subscript𝒳𝐹superscript^Pic𝐺𝐊𝒳\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})\rightarrow\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits^{G,\mathbf{K}}(\mathscr{X}). (4.1.1)

On vérifie aisément, par exemple sur les formules données dans [2], que les sous-groupes compacts maximaux aux places archimédiennes agissent de manière isométrique. De plus, le choix d’une G𝐺G-linéarisation fournit une unique F𝐹F-droite de sections ne s’annulant pas sur G𝐺G, donc en particulier une fonction hauteur sur les points adéliques de 𝒳Fsubscript𝒳𝐹\mathscr{X}_{F} comme dans la définition LABEL:hauteuradelique. Cette fonction s’étend en une application “bilinéaire”

H:PL(Σ)𝐂×G(𝐀F)𝐂.:𝐻PLsubscriptΣ𝐂𝐺subscript𝐀𝐹superscript𝐂H:\mathrm{PL}(\Sigma)_{\mathbf{C}}\times G(\mathbf{A}_{F})\rightarrow\mathbf{C}^{*}.

(On a identifié PicG(𝒳F)𝐂\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})_{\mathbf{C}} et PL(Σ)𝐂PLsubscriptΣ𝐂\mathrm{PL}(\Sigma)_{\mathbf{C}}.)

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Soit mX(G)𝑚superscript𝑋𝐺m\in X^{*}(G) et notons χm𝒜Gsubscript𝜒𝑚subscript𝒜𝐺\chi_{m}\in\mathscr{A}_{G} le caractère adélique qu’il définit. On a alors

χm(𝐠)=H(ι(m),𝐠)i.subscript𝜒𝑚𝐠𝐻superscript𝜄𝑚𝐠𝑖\chi_{m}(\mathbf{g})=H(\iota(m),\mathbf{g})^{-i}.
Proof.

Par définition, ι(m)𝜄𝑚\iota(m) est le fibré en droite trivial sur 𝒳𝒳\mathscr{X} muni de la G𝐺G-linéarisation dans laquelle G𝐺G agit par multiplication par le caractère algébrique m𝑚m. Ainsi, la droite de sections rationnelles G𝐺G-invariante et ne s’annulant pas sur G𝐺G est engendrée par le caractère m𝑚m vu comme fonction rationnelle sur 𝒳𝒳\mathscr{X}. La définition de H𝐻H implique que

H(ι(m),𝐠)=vm(gv)1=m(𝐠)1.𝐻𝜄𝑚𝐠subscriptproduct𝑣superscriptnorm𝑚subscript𝑔𝑣1superscriptnorm𝑚𝐠1H(\iota(m),\mathbf{g})=\prod_{v}\left\|{m(g_{v})}\right\|^{-1}=\left\|{m(\mathbf{g})}\right\|^{-1}.

Or,

χm(𝐠)=m(𝐠)i=H(ι(m),𝐠)i.subscript𝜒𝑚𝐠superscriptnorm𝑚𝐠𝑖𝐻superscript𝜄𝑚𝐠𝑖\chi_{m}(\mathbf{g})=\left\|{m(\mathbf{g})}\right\|^{i}=H(\iota(m),\mathbf{g})^{-i}.

Mesures

Pour toute place v𝑣v de F𝐹F, on fixe une mesure de Haar dxv𝑑subscript𝑥𝑣dx_{v} sur Fvsubscript𝐹𝑣F_{v}. On suppose que pour presque toute place finie v𝑣v, la mesure du sous-groupe compact 𝔬vsubscript𝔬𝑣\mathfrak{o}_{v} est égale à 111. Alors, dx=vdxv𝑑𝑥subscriptproduct𝑣𝑑subscript𝑥𝑣dx=\prod_{v}dx_{v} est une mesure de Haar sur le groupe localement compact 𝐀Fsubscript𝐀𝐹\mathbf{A}_{F}. On en déduit pour tout v𝑣v une mesure de Haar μ𝐆m,v=xvv1dxvsubscriptsuperscript𝜇subscript𝐆𝑚𝑣superscriptsubscriptnormsubscript𝑥𝑣𝑣1𝑑subscript𝑥𝑣\mu^{\prime}_{\mathbf{G}_{m},v}=\left\|{x_{v}}\right\|_{v}^{-1}dx_{v} sur Fvsuperscriptsubscript𝐹𝑣F_{v}^{*}. Pour presque toute place finie v𝑣v, la mesure de 𝔬vsuperscriptsubscript𝔬𝑣\mathfrak{o}_{v}^{*} est égale à 1qv11superscriptsubscript𝑞𝑣11-q_{v}^{-1} ; définissons ainsi, si v𝑣v est une place finie, μ𝐆m,v=(1qv1)1μ𝐆m,vsubscript𝜇subscript𝐆𝑚𝑣superscript1superscriptsubscript𝑞𝑣11subscriptsuperscript𝜇subscript𝐆𝑚𝑣\mu_{\mathbf{G}_{m},v}=(1-q_{v}^{-1})^{-1}\mu^{\prime}_{\mathbf{G}_{m},v}. On munit alors 𝐀Fsuperscriptsubscript𝐀𝐹\mathbf{A}_{F}^{*} de la mesure

vμ𝐆m,v=v(1qv1)1xv1dxv×v|xv1dxv.subscriptproduct𝑣subscript𝜇subscript𝐆𝑚𝑣subscriptproductnot-divides𝑣superscript1superscriptsubscript𝑞𝑣11superscriptnormsubscript𝑥𝑣1𝑑subscript𝑥𝑣subscriptproductconditional𝑣superscriptnormsubscript𝑥𝑣1𝑑subscript𝑥𝑣\prod_{v}\mu_{\mathbf{G}_{m},v}=\prod_{v\nmid\infty}(1-q_{v}^{-1})^{-1}\left\|{x_{v}}\right\|^{-1}dx_{v}\times\prod_{v|\infty}\left\|{x_{v}}\right\|^{-1}dx_{v}.

Remarquons que ζF,v(1)=(1qv1)1subscript𝜁𝐹𝑣1superscript1superscriptsubscript𝑞𝑣11\zeta_{F,v}(1)=(1-q_{v}^{-1})^{-1} est le facteur local en la place finie v𝑣v de la fonction zêta de Dedekind du corps F𝐹F.

Tout 𝔬Fsubscript𝔬𝐹\mathfrak{o}_{F}-isomorphisme G𝐆mdsimilar-to-or-equals𝐺superscriptsubscript𝐆𝑚𝑑G\simeq\mathbf{G}_{m}^{d} induit alors des mesures de Haar μG,vsubscriptsuperscript𝜇𝐺𝑣\mu^{\prime}_{G,v} et μG,v=ζF,v(1)dμG,vsubscript𝜇𝐺𝑣subscript𝜁𝐹𝑣superscript1𝑑subscriptsuperscript𝜇𝐺𝑣\mu_{G,v}=\zeta_{F,v}(1)^{d}\mu^{\prime}_{G,v} sur G(Fv)𝐺subscript𝐹𝑣G(F_{v}) pour toute place v𝑣v de F𝐹F, indépendantes de l’isomorphisme. On en déduit aussi une mesure de Haar μG,vproductsubscript𝜇𝐺𝑣\prod\mu_{G,v} sur G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}).

D’autre part, le fibré canonique sur 𝒳𝒳\mathscr{X} est métrisé. Peyre a montré dans [15] comment en déduire une mesure sur 𝒳(𝐀F)𝒳subscript𝐀𝐹\mathscr{X}(\mathbf{A}_{F}). Pour toute place v𝑣v, on dispose d’une mesure μ𝒳,vsubscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v} sur 𝒳(Fv)𝒳subscript𝐹𝑣\mathscr{X}(F_{v}) définie par la formule

μ𝒳,v=dξ1dξdv1dξ1dξdsubscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣superscriptsubscriptnorm𝑑subscript𝜉1𝑑subscript𝜉𝑑𝑣1𝑑subscript𝜉1𝑑subscript𝜉𝑑\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}=\left\|{d\xi_{1}\wedge\dots\wedge d\xi_{d}}\right\|_{v}^{-1}d\xi_{1}\,\dots\,d\xi_{d}

si (ξ1,,ξd)subscript𝜉1subscript𝜉𝑑(\xi_{1},\dots,\xi_{d}) est un système arbitraire de coordonnées locales sur 𝒳(Fv)𝒳subscript𝐹𝑣\mathscr{X}(F_{v}). Si l’on restreint la mesure μ𝒳,vsubscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v} à G(Fv)𝐺subscript𝐹𝑣G(F_{v}), on obtient donc

Hv(ρ,x)μG,v,subscript𝐻𝑣𝜌𝑥subscriptsuperscript𝜇𝐺𝑣H_{v}(-\rho,x)\mu^{\prime}_{G,v}, (4.1.2)

ρ𝜌\rho désignant la fonction de PL(Σ)PLΣ\mathrm{PL}(\Sigma) telle que pour tout j𝑗j, ej1maps-tosubscript𝑒𝑗1e_{j}\mapsto 1 (ρ𝜌\rho correspond à la classe anticanonique).

Pour presque toute place finie v𝑣v, on a alors

μ𝒳,v(𝒳(Fv))=qvd#𝒳(kv).subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣𝒳subscript𝐹𝑣superscriptsubscript𝑞𝑣𝑑#𝒳subscript𝑘𝑣\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}(\mathscr{X}(F_{v}))=q_{v}^{-d}\#\mathscr{X}(k_{v}).

La décomposition cellulaire des variétés toriques (point n’est besoin ici d’invoquer le théorème de Deligne sur les conjectures de Weil) implique alors que

#𝒳(kv)=qvd+rang(Pic𝒳F)qvd1+O(qvd2).#𝒳subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑞𝑣𝑑rangPicsubscript𝒳𝐹superscriptsubscript𝑞𝑣𝑑1𝑂superscriptsubscript𝑞𝑣𝑑2\#\mathscr{X}(k_{v})=q_{v}^{d}+\operatorname{rang}\nolimits(\operatorname{Pic}\nolimits\mathscr{X}_{F})q_{v}^{d-1}+O(q_{v}^{d-2}).

Par suite, le produit infini

vμv(𝒳(Fv))ζF,v(1)rang(Pic𝒳F)subscriptproductnot-divides𝑣subscriptsuperscript𝜇𝑣𝒳subscript𝐹𝑣subscript𝜁𝐹𝑣superscript1rangPicsubscript𝒳𝐹\prod_{v\nmid\infty}\mu^{\prime}_{v}(\mathscr{X}(F_{v}))\zeta_{F,v}(1)^{-\operatorname{rang}\nolimits(\operatorname{Pic}\nolimits\mathscr{X}_{F})}

est convergent. Définissons une mesure μ𝒳,vsubscript𝜇𝒳𝑣\mu_{\mathscr{X},v} sur 𝒳(Fv)𝒳subscript𝐹𝑣\mathscr{X}(F_{v}) par

μ𝒳,v=ζF,v(1)rangPic𝒳Fμ𝒳,vsubscript𝜇𝒳𝑣subscript𝜁𝐹𝑣superscript1rangPicsubscript𝒳𝐹subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣\mu_{\mathscr{X},v}=\zeta_{F,v}(1)^{-\operatorname{rang}\nolimits\operatorname{Pic}\nolimits\mathscr{X}_{F}}\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}

si v𝑣v est finie et μ𝒳,v=μ𝒳,vsubscript𝜇𝒳𝑣subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣\mu_{\mathscr{X},v}=\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v} si v𝑣v est archimédienne. Ainsi, le produit infini vμ𝒳,vsubscriptproduct𝑣subscript𝜇𝒳𝑣\prod_{v}\mu_{\mathscr{X},v} converge et définit une mesure, dite mesure de Tamagawa sur 𝒳(𝐀F)𝒳subscript𝐀𝐹\mathscr{X}(\mathbf{A}_{F}). Le nombre de Tamagawa de 𝒳(𝐀F)𝒳subscript𝐀𝐹\mathscr{X}(\mathbf{A}_{F}) est alors définie par

τ(𝒳)=μ(𝐀F/F)dress=1ζF(s)rang(Pic𝒳F)μ𝒳(𝐀F).𝜏𝒳𝜇superscriptsubscript𝐀𝐹𝐹𝑑subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹superscript𝑠rangPicsubscript𝒳𝐹subscript𝜇𝒳subscript𝐀𝐹\tau(\mathscr{X})=\mu(\mathbf{A}_{F}/F)^{-d}\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s)^{\operatorname{rang}\nolimits(\operatorname{Pic}\nolimits\mathscr{X}_{F})}\mu_{\mathscr{X}}(\mathbf{A}_{F}). (4.1.3)
\remaname \the\smf@thm\pointrait

La différence de formulation avec la définition que donne Peyre dans [15] n’est qu’apparente. Peyre a choisi la mesure sur Fvsubscript𝐹𝑣F_{v} de la façon suivante : si v𝑣v est une place finie, dxv(𝔬v)=1𝑑subscript𝑥𝑣subscript𝔬𝑣1dx_{v}(\mathfrak{o}_{v})=1, si v𝑣v est une place réelle, dxv𝑑subscript𝑥𝑣dx_{v} est la mesure de Lebesgue usuelle sur 𝐑𝐑\mathbf{R} et si v𝑣v est une place complexe, dxv𝑑subscript𝑥𝑣dx_{v} est le double de la mesure usuelle sur 𝐂𝐂\mathbf{C}. Le volume de 𝐀F/Fsubscript𝐀𝐹𝐹\mathbf{A}_{F}/F est alors égal à ΔF1/2superscriptsubscriptΔ𝐹12\Delta_{F}^{1/2}.

4.2 Transformations de Fourier

On s’intéresse à la transformée de Fourier de la fonction gH(λ,g)maps-to𝑔𝐻𝜆𝑔g\mapsto H(-\lambda,g) sur le groupe abélien localement compact G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}). Rappelons qu’on a noté Λ1subscriptΛ1\Lambda_{1} l’ensemble des λPL(Σ)𝜆PLΣ\lambda\in\mathrm{PL}(\Sigma) tels que λj>1subscript𝜆𝑗1\lambda_{j}>1 pour tout j𝑗j. Alors, si λ𝖳(Λ1)𝜆𝖳subscriptΛ1\lambda\in{\mathsf{T}}(\Lambda_{1}), la fonction gH(λ,g)maps-to𝑔𝐻𝜆𝑔g\mapsto H(-\lambda,g) est intégrable (cf. [19], § 3.4), si bien que la transformée de Fourier existe pour tout λ𝖳(Λ1)𝜆𝖳subscriptΛ1\lambda\in{\mathsf{T}}(\Lambda_{1}). Elle se décompose par construction en un produit Hˇ=Hˇf×Hˇˇ𝐻subscriptˇ𝐻𝑓subscriptˇ𝐻\check{H}=\check{H}_{f}\times\check{H}_{\infty}, où

Hˇf=(ress=1ζF(s))dv(1qv1)dHˇvsubscriptˇ𝐻𝑓superscriptsubscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑subscriptproductnot-divides𝑣superscript1superscriptsubscript𝑞𝑣1𝑑subscriptˇ𝐻𝑣\check{H}_{f}=(\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-d}\prod_{v\nmid\infty}(1-q_{v}^{-1})^{-d}\check{H}_{v}

et Hˇ=v|Hˇvsubscriptˇ𝐻subscriptproductconditional𝑣subscriptˇ𝐻𝑣\check{H}_{\infty}=\prod_{v|\infty}\check{H}_{v} sont les produits des intégrales locales (renormalisées) aux places finies et archimédiennes. (Les transformées de Fourier locales existent même dès que pour tout j𝑗j, Re(λj)>0Resubscript𝜆𝑗0\operatorname{Re}(\lambda_{j})>0.)

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Soit Λ2/3PL(Σ)subscriptΛ23PLΣ\Lambda_{2/3}\subset\mathrm{PL}(\Sigma) la partie convexe définie par λj>2/3subscript𝜆𝑗23\lambda_{j}>2/3 pour tout j𝑗j. Il existe une fonction

cf:𝖳(Λ2/3)×𝒜G𝐂,(λ,χ)cf(λ,χ),:subscript𝑐𝑓formulae-sequence𝖳subscriptΛ23subscript𝒜𝐺𝐂maps-to𝜆𝜒subscript𝑐𝑓𝜆𝜒c_{f}:{\mathsf{T}}(\Lambda_{2/3})\times\mathscr{A}_{G}\rightarrow\mathbf{C},\quad(\lambda,\chi)\mapsto c_{f}(\lambda,\chi),

holomorphe en λ𝜆\lambda telle que log|cf|subscript𝑐𝑓\log\left|{c_{f}}\right| est bornée et telle que le produit des transformées de Fourier locales aux places non archimédiennes s’écrive, pour tout χ𝒜G𝜒subscript𝒜𝐺\chi\in\mathscr{A}_{G} et tout λ𝖳(Λ)𝜆𝖳Λ\lambda\in{\mathsf{T}}(\Lambda)

Hˇf(λ,χ)=cf(λ,χ)jL(λj,χj).subscriptˇ𝐻𝑓𝜆𝜒subscript𝑐𝑓𝜆𝜒subscriptproduct𝑗𝐿subscript𝜆𝑗subscript𝜒𝑗\check{H}_{f}(-\lambda,\chi)=c_{f}(\lambda,\chi)\prod_{j}L(\lambda_{j},\chi_{j}).
Proof.

Si χ𝜒\chi est fixé, c’est la proposition 2.2.6 de [2]. Le fait que log|cf|subscript𝑐𝑓\log\left|{c_{f}}\right| soit borné indépendamment de χ𝜒\chi se déduit immédiatement de la preuve dans loc. cit.

\coroname \the\smf@thm\pointrait

La fonction Hˇfsubscriptˇ𝐻𝑓\check{H}_{f} se prolonge en une fonction méromorphe pour λ𝖳(Λ2/3)𝜆𝖳subscriptΛ23\lambda\in{\mathsf{T}}(\Lambda_{2/3}). Plus précisément, le produit j(λj1)Hˇf(λ,χ)subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗1subscriptˇ𝐻𝑓𝜆𝜒\prod_{j}(\lambda_{j}-1)\check{H}_{f}(-\lambda,\chi) se prolonge en une fonction holomorphe dans 𝖳(Λ0)𝖳subscriptΛ0{\mathsf{T}}(\Lambda_{0}) et

limλ(1,,1)j(λj1)Hˇf(λ,χ)=0subscript𝜆11subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗1subscriptˇ𝐻𝑓𝜆𝜒0\lim_{\lambda\rightarrow(1,\dots,1)}\prod_{j}(\lambda_{j}-1)\check{H}_{f}(-\lambda,\chi)=0

si et seulement si χ𝟏𝜒1\chi\neq\mathbf{1}.

Comme conséquence facile de l’estimation par Rademacher des valeurs des fonctions L𝐿L de Hecke pour les caractères non ramifiés, estimation qui repose sur le principe de Phragmén–Lindelöf, on obtient la majoration suivante :

\coroname \the\smf@thm\pointrait

Pour tout ε>0𝜀0\varepsilon>0, il existe 0<δ<1/30𝛿130<\delta<1/3 et un réel cεsubscript𝑐𝜀c_{\varepsilon} tels que si Re(λj)>1δResubscript𝜆𝑗1𝛿\operatorname{Re}(\lambda_{j})>1-\delta,

j|λj1||λj|Hˇf(λ,χ)cε(1+Im(λ))ε(1+χ)ε.subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗1subscript𝜆𝑗subscriptˇ𝐻𝑓𝜆𝜒subscript𝑐𝜀superscript1normIm𝜆𝜀superscript1norm𝜒𝜀\prod_{j}\frac{\left|{\lambda_{j}-1}\right|}{\left|{\lambda_{j}}\right|}\check{H}_{f}(-\lambda,\chi)\leq c_{\varepsilon}\big{(}1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|\big{)}^{\varepsilon}\big{(}1+\left\|{\chi}\right\|\big{)}^{\varepsilon}.

Passons maintenant aux places archimédiennes. La proposition suivante précise la proposition 2.3.2 de [2].

\propname \the\smf@thm\pointrait

Pour tout compact KΛ2/3PL(Σ)𝐑𝐾subscriptΛ23PLsubscriptΣ𝐑K\subset\Lambda_{2/3}\subset\mathrm{PL}(\Sigma)_{\mathbf{R}}, il existe un réel cKsubscript𝑐𝐾c_{K} telle que pour tout φ𝖳(K)𝜑𝖳𝐾\varphi\in{\mathsf{T}}(K) et tout mM𝑚𝑀m\in M, on ait la majoration

|(m)|cK11+mσΣ(d)1+φσjJσ(1+|ej,m|).𝑚subscript𝑐𝐾11norm𝑚subscript𝜎Σ𝑑1subscriptnorm𝜑𝜎subscriptproduct𝑗subscript𝐽𝜎1subscript𝑒𝑗𝑚\left|{\mathscr{F}(m)}\right|\leq c_{K}\frac{1}{1+\left\|{m}\right\|}\sum_{\sigma\in\Sigma(d)}\frac{1+\left\|{\varphi}\right\|_{\sigma}}{\prod_{j\in J_{\sigma}}\left(1+\left|{\langle e_{j},m\rangle}\right|\right)}.
\coroname \the\smf@thm\pointrait

Désignons par Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} l’éventail v|Σsubscriptproductconditional𝑣Σ\prod_{v|\infty}\Sigma dans N~=v|N~𝑁subscriptproductconditional𝑣𝑁\widetilde{N}=\prod_{v|\infty}N. Si φPL(Σ)𝜑PLΣ\varphi\in\mathrm{PL}(\Sigma), désignons par φ~~𝜑\widetilde{\varphi} la fonction N~𝐑~𝑁𝐑\widetilde{N}\rightarrow\mathbf{R} définie par (nv)vφ(nv)maps-tosubscriptsubscript𝑛𝑣𝑣𝜑subscript𝑛𝑣(n_{v})_{v}\mapsto\sum\varphi(n_{v}). Pour tout compact K𝐾K de PL(Σ)PLΣ\mathrm{PL}(\Sigma) contenu dans Λ2/3subscriptΛ23\Lambda_{2/3}, il existe une constante cKsubscript𝑐𝐾c_{K} telle que pour tout φ𝖳(K)𝜑𝖳𝐾\varphi\in{\mathsf{T}}(K) et tout χ𝒜G𝜒subscript𝒜𝐺\chi\in\mathscr{A}_{G} décomposé sous la forme χ=im+χuiM𝒰G𝜒𝑖𝑚subscript𝜒𝑢direct-sum𝑖𝑀subscript𝒰𝐺\chi=im+\chi_{u}\in iM\oplus\mathscr{U}_{G}, on ait

Hˇ(φ,χ)cK1+χσ~Σ~1+Imφ~σ~eσ~(1+|e,Imφ~|σ~+m~|).\check{H}_{\infty}(\varphi,\chi)\leq\frac{c_{K}}{1+\left\|{\chi}\right\|}\sum_{\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}}\frac{1+\left\|{\operatorname{Im}\widetilde{\varphi}}\right\|_{\widetilde{\sigma}}}{\prod_{e\in\widetilde{\sigma}}\left(1+\left|{\langle e,\operatorname{Im}\widetilde{\varphi}|_{\widetilde{\sigma}}+\widetilde{m}\rangle}\right|\right)}.
Proof.

Si l’on note m~=(mv)v~𝑚subscriptsubscript𝑚𝑣𝑣\widetilde{m}=(m_{v})_{v} la décomposition de χ𝜒\chi à l’infini, on remarque que

Hˇ(φ,χ)=v|Hˇv(φ,χ)=v|(φ,mv)=(φ~,m~).subscriptˇ𝐻𝜑𝜒subscriptproductconditional𝑣subscriptˇ𝐻𝑣𝜑𝜒subscriptproductconditional𝑣𝜑subscript𝑚𝑣~𝜑~𝑚\check{H}_{\infty}(\varphi,\chi)=\prod_{v|\infty}\check{H}_{v}(\varphi,\chi)=\prod_{v|\infty}\mathscr{F}(\varphi,m_{v})=\mathscr{F}(\widetilde{\varphi},\widetilde{m}).

Il suffit alors d’appliquer la proposition précédente. ∎

Preuve de la proposition 4.2.

Il faut estimer

(m)=Nexp(φ(v)iv,m)𝑑v.𝑚subscript𝑁𝜑𝑣𝑖𝑣𝑚differential-d𝑣\mathscr{F}(m)=\int_{N}\exp(-\varphi(v)-i\langle v,m\rangle)\,dv.

Soit σΣ𝜎Σ\sigma\in\Sigma un cône de base (e1,,ed)subscript𝑒1subscript𝑒𝑑(e_{1},\dots,e_{d}). Si |det(ej)|subscript𝑒𝑗\left|{\det(e_{j})}\right| désigne la mesure du parralèlotope de base les ejsubscript𝑒𝑗e_{j}, on a

σexp(φ(v)iv,m)𝑑vsubscript𝜎𝜑𝑣𝑖𝑣𝑚differential-d𝑣\displaystyle\int_{\sigma}\exp(-\varphi(v)-i\langle v,m\rangle)\,dv =𝐑+dj=1dexp(tj(φ(ej)+iej,m))|det(ej)|dtjabsentsubscriptsuperscriptsubscript𝐑𝑑superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑑subscript𝑡𝑗𝜑subscript𝑒𝑗𝑖subscript𝑒𝑗𝑚subscript𝑒𝑗product𝑑subscript𝑡𝑗\displaystyle=\int_{\mathbf{R}_{+}^{d}}\prod_{j=1}^{d}\exp\big{(}-t_{j}(\varphi(e_{j})+i\langle e_{j},m\rangle)\big{)}\,{\left|{\det(e_{j})}\right|}\,\prod dt_{j}
=c(σ)j=1d1φ(ej)+iej,m.absent𝑐𝜎superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑑1𝜑subscript𝑒𝑗𝑖subscript𝑒𝑗𝑚\displaystyle=c(\sigma)\prod_{j=1}^{d}\frac{1}{\varphi(e_{j})+i\langle e_{j},m\rangle}. (4.2.1)

Ainsi, on a

(m)=σc(σ)eσ1φ(e)+ie,m.𝑚subscript𝜎𝑐𝜎subscriptproduct𝑒𝜎1𝜑𝑒𝑖𝑒𝑚\mathscr{F}(m)=\sum_{\sigma}c(\sigma)\prod_{e\in\sigma}\frac{1}{\varphi(e)+i\langle e,m\rangle}. (4.2.2)

D’autre part, supposons que mj0subscript𝑚𝑗0m_{j}\neq 0, on peut intégrer par parties et écrire

(m)𝑚\displaystyle\mathscr{F}(m) =N1imj(φvj)exp(φ(v)iv,m)𝑑vabsentsubscript𝑁1𝑖subscript𝑚𝑗𝜑subscript𝑣𝑗𝜑𝑣𝑖𝑣𝑚differential-d𝑣\displaystyle=\int_{N}\frac{1}{im_{j}}\left(-\frac{\partial\varphi}{\partial v_{j}}\right)\exp(-\varphi(v)-i\langle v,m\rangle)\,dv
imj(m)𝑖subscript𝑚𝑗𝑚\displaystyle-im_{j}\mathscr{F}(m) =N(φvj)exp(φ(v)iv,m)𝑑vabsentsubscript𝑁𝜑subscript𝑣𝑗𝜑𝑣𝑖𝑣𝑚differential-d𝑣\displaystyle=\int_{N}\left(\frac{\partial\varphi}{\partial v_{j}}\right)\exp(-\varphi(v)-i\langle v,m\rangle)\,dv
=σφvj|σσexp(φ(v)iv,m)𝑑vabsentevaluated-atsubscript𝜎𝜑subscript𝑣𝑗𝜎subscript𝜎𝜑𝑣𝑖𝑣𝑚differential-d𝑣\displaystyle=\sum_{\sigma}\left.\frac{\partial\varphi}{\partial v_{j}}\right|_{\sigma}\int_{\sigma}\exp(-\varphi(v)-i\langle v,m\rangle)\,dv
=σc(σ)φvj|σeσ1φ(e)+ie,m.absentevaluated-atsubscript𝜎𝑐𝜎𝜑subscript𝑣𝑗𝜎subscriptproduct𝑒𝜎1𝜑𝑒𝑖𝑒𝑚\displaystyle=\sum_{\sigma}c(\sigma)\left.\frac{\partial\varphi}{\partial v_{j}}\right|_{\sigma}\prod_{e\in\sigma}\frac{1}{\varphi(e)+i\langle e,m\rangle}. (4.2.3)

En combinant les égalités (4.2.2) et (4.2.3) pour tous les indices j𝑗j tels que mj0subscript𝑚𝑗0m_{j}\neq 0, on obtient une majoration

|(m)|11+mσc(σ)1+φσeσ|φ(e)+ie,m|.𝑚11norm𝑚subscript𝜎𝑐𝜎1subscriptnorm𝜑𝜎subscriptproduct𝑒𝜎𝜑𝑒𝑖𝑒𝑚\left|{\mathscr{F}(m)}\right|\leq\frac{1}{1+\left\|{m}\right\|}\sum_{\sigma}c(\sigma)\frac{1+\left\|{\varphi}\right\|_{\sigma}}{\prod_{e\in\sigma}\left|{\varphi(e)+i\langle e,m\rangle}\right|}.

Finalement, comme φ𝖳(K)𝜑𝖳𝐾\varphi\in{\mathsf{T}}(K), on a une estimation

|φ(e)+ie,m|1+|Im(φ)(e)+e,m|much-greater-than𝜑𝑒𝑖𝑒𝑚1Im𝜑𝑒𝑒𝑚\left|{\varphi(e)+i\langle e,m\rangle}\right|\gg 1+\left|{\operatorname{Im}(\varphi)(e)+\langle e,m\rangle}\right|

et la proposition s’en déduit. ∎

4.3 Définition d’une classe de contrôle

Soit β𝛽\beta un réel strictement positif. Si M𝑀M et V𝑉V sont deux 𝐑𝐑\mathbf{R}-espaces vectoriels de dimension finie avec MV𝑀𝑉M\subset V, notons 𝒟β,ε(M,V)subscript𝒟𝛽𝜀𝑀𝑉\mathscr{D}_{\beta,\varepsilon}(M,V) le sous-monoïde de (V,𝐑+)𝑉subscript𝐑\mathscr{F}(V,\mathbf{R}_{+}) engendré par les fonctions h:V𝐑+:𝑉subscript𝐑h:V\rightarrow\mathbf{R}_{+} telles que pour tout ε>0𝜀0\varepsilon>0, il existe c>0𝑐0c>0, ε]0;1[𝜀01\varepsilon\in\left]0;1\right[ et une famille (j)subscript𝑗(\ell_{j}) de formes linéaires sur V𝑉V vérifiant :

  • la famille (j|M)evaluated-atsubscript𝑗𝑀(\ell_{j}|_{M}) forme une base de Msuperscript𝑀M^{*} ;

  • pour tout vV𝑣𝑉v\in V et tout mM𝑚𝑀m\in M, on a

    h(v+m)c(1+v)β(1+m)1ε1(1+|j(v+m)|).𝑣𝑚𝑐superscript1norm𝑣𝛽superscript1norm𝑚1𝜀1product1subscript𝑗𝑣𝑚h(v+m)\leq c\frac{(1+\left\|{v}\right\|)^{\beta}}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-\varepsilon}}\frac{1}{\prod(1+\left|{\ell_{j}(v+m)}\right|)}. (4.3.1)

Notons alors 𝒟β=ε>0𝒟β,εsubscript𝒟𝛽subscript𝜀0subscript𝒟𝛽𝜀\mathscr{D}_{\beta}=\bigcap_{\varepsilon>0}\mathscr{D}_{\beta,\varepsilon}.

\propname \the\smf@thm\pointrait

Les 𝒟β(M,V)subscript𝒟𝛽𝑀𝑉\mathscr{D}_{\beta}({M,V}) définissent une classe de contrôle au sens de la définition 3.1.

La preuve de cette proposition consiste en une série d’inégalités faciles mais techniques. Nous la repoussons à l’appendice B.

4.4 La fonction zêta des hauteurs et la formule de Poisson

On s’intéresse fonction zêta des hauteurs de 𝒳𝒳\mathscr{X} restreinte à l’ouvert dense formé par le tore G𝐺G ; c’est par définition la série génératrice

Z(λ)=xG(F)H(λ,x),𝑍𝜆subscript𝑥𝐺𝐹𝐻𝜆𝑥Z(\lambda)=\sum_{x\in G(F)}H(-\lambda,x),

quand elle converge. Des théorèmes taubériens standard (voir l’appendice) permettront de déduire de résultats analytiques sur Z𝑍Z un développement asymptotique du nombre de points de hauteur bornée

N(λ,H)=#{xG(F);H(λ,x)H}.𝑁𝜆𝐻#formulae-sequence𝑥𝐺𝐹𝐻𝜆𝑥𝐻N(\lambda,H)=\#\{x\in G(F)\,;\,H(\lambda,x)\leq H\}.
\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Lorsque Re(λ)Re𝜆\operatorname{Re}(\lambda) décrit un compact de Λ1subscriptΛ1\Lambda_{1}, la fonction zêta des hauteurs converge uniformémént en λ𝜆\lambda. Plus généralement, la série

xG(F)H(λ,x𝐠)subscript𝑥𝐺𝐹𝐻𝜆𝑥𝐠\sum_{x\in G(F)}H(-\lambda,x\mathbf{g})

converge absolument uniformément lorsque Re(λ)Re𝜆\operatorname{Re}(\lambda) décrit un compact de Λ1subscriptΛ1\Lambda_{1} et 𝐠𝐠\mathbf{g} un compact de G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}).

Proof.

Compte tenu d’estimations pour H(λ,x𝐠)/H(λ,x)𝐻𝜆𝑥𝐠𝐻𝜆𝑥H(-\lambda,x\mathbf{g})/H(-\lambda,x) lorsque 𝐠𝐠\mathbf{g} décrit un compact de G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}), xG(F)𝑥𝐺𝐹x\in G(F) et λ𝖳(Λ1)𝜆𝖳subscriptΛ1\lambda\in{\mathsf{T}}(\Lambda_{1}), c’est en fait un corollaire de l’intégrabilité de la fonction H(λ,)𝐻𝜆H(-\lambda,\cdot) sur G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}). Voir [4], Th. 4.2 et aussi [19], Prop. 4.3. ∎

Par conséquent, on peut appliquer la formule sommatoire de Poisson sur le tore adélique G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}) pour le sous-groupe discret G(F)𝐺𝐹G(F). Compte tenu de l’invariance de l’accouplement de hauteurs par le sous-groupe compact maximal 𝐊Gsubscript𝐊𝐺\mathbf{K}_{G} de G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}), on en déduit la formule

Z(λ)=𝒜GHˇ(λ,χ)𝑑χ𝑍𝜆subscriptsubscript𝒜𝐺ˇ𝐻𝜆𝜒differential-d𝜒Z(\lambda)=\int_{\mathscr{A}_{G}}\check{H}(-\lambda,\chi)\,d\chi (4.4.1)

dχ𝑑𝜒d\chi est la mesure de Haar sur le groupe 𝒜Gsubscript𝒜𝐺\mathscr{A}_{G} des caractères unitaires continus sur le groupe G(F)\G(𝐀F)/𝐊G\𝐺𝐹𝐺subscript𝐀𝐹subscript𝐊𝐺G(F)\backslash G(\mathbf{A}_{F})/\mathbf{K}_{G} duale de la mesure de comptage sur G(F)𝐺𝐹G(F).

Rappelons que l’on a décomposé le groupe 𝒜G=M𝒰Gsubscript𝒜𝐺direct-sum𝑀subscript𝒰𝐺\mathscr{A}_{G}=M\oplus\mathscr{U}_{G}, où 𝒰Gsubscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G} est un groupe discret. De plus, si χ=mχu𝜒direct-sum𝑚subscript𝜒𝑢\chi=m\oplus\chi_{u},

Hˇ(λ,χ)=Hˇ(λim,χu)ˇ𝐻𝜆𝜒ˇ𝐻𝜆𝑖𝑚subscript𝜒𝑢\check{H}(-\lambda,\chi)=\check{H}(-\lambda-im,\chi_{u})

si bien que

Z(λ)=M(χu𝒰GHˇ(λim,χu))𝑑m𝑍𝜆subscript𝑀subscriptsubscript𝜒𝑢subscript𝒰𝐺ˇ𝐻𝜆𝑖𝑚subscript𝜒𝑢differential-d𝑚Z(\lambda)=\int_{M}\left(\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\check{H}(-\lambda-im,\chi_{u})\right)\,dm

dm𝑑𝑚dm est la mesure de Lebesgue sur M𝑀M telle que dmdχu=dχ𝑑𝑚𝑑subscript𝜒𝑢𝑑𝜒dm\,d\chi_{u}=d\chi, dχu𝑑subscript𝜒𝑢d\chi_{u} étant la mesure de comptage sur 𝒰Gsubscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G}.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Si d0msuperscript𝑑0𝑚d^{0}m est la mesure de Lebesgue sur M𝑀M définie par le réseau M𝑀M, on a

dm=(2πvol(𝐀F/F)ress=1ζF(s))dd0m.𝑑𝑚superscript2𝜋volsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑superscript𝑑0𝑚dm=\left(2\pi\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s)\right)^{-d}\,d^{0}m.
Proof.

Par multiplicativité, il suffit de traiter le cas G=𝐆m𝐺subscript𝐆𝑚G=\mathbf{G}_{m} et d=1𝑑1d=1. Notons 𝐀F1subscriptsuperscript𝐀1𝐹\mathbf{A}^{1}_{F} le sous-groupe de 𝐀Fsuperscriptsubscript𝐀𝐹\mathbf{A}_{F}^{*} formé des x𝑥x tels que x=1norm𝑥1\left\|{x}\right\|=1. La suite exacte

1𝐀F1/F𝐀F/Flogx𝐑01subscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹superscriptsubscript𝐀𝐹superscript𝐹norm𝑥𝐑01\rightarrow\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*}\rightarrow\mathbf{A}_{F}^{*}/F^{*}\xrightarrow{\log\left\|{x}\right\|}\mathbf{R}\rightarrow 0

permet de munir 𝐀F1/Fsubscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*} de la mesure de Haar dx1𝑑superscript𝑥1dx^{1} telle que dx=dx1d0nsuperscript𝑑𝑥𝑑superscript𝑥1superscript𝑑0𝑛d^{*}x=dx^{1}\,d^{0}n. La suite exacte duale

1𝐑(𝐀F/F)(𝐀F1/F)11𝐑superscriptsuperscriptsubscript𝐀𝐹superscript𝐹superscriptsubscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹11\rightarrow\mathbf{R}\rightarrow(\mathbf{A}_{F}^{*}/F^{*})^{*}\rightarrow(\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*})^{*}\rightarrow 1

et la discrétude du groupe des caractères de 𝐀F1/Fsubscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*} permet de munir (𝐀F/F)superscriptsuperscriptsubscript𝐀𝐹superscript𝐹(\mathbf{A}_{F}^{*}/F^{*})^{*} de le mesure d0msuperscript𝑑0𝑚d^{0}m\,\sum. Avec ces normalisations, la constante devant la formule de Poisson est (2πvol(𝐀F1/F))1superscript2𝜋volsubscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹1(2\pi\operatorname{vol}(\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*}))^{-1}. Compte tenu des normalisations choisies, le théorème classique selon lequel τ(𝐆m)=τ(𝐆a)=1𝜏subscript𝐆𝑚𝜏subscript𝐆𝑎1\tau(\mathbf{G}_{m})=\tau(\mathbf{G}_{a})=1, cf. par exemple [20], p. 116, devient

vol(𝐀F1/F)=vol(𝐀F/F)ress=1ζF(s),volsubscriptsuperscript𝐀1𝐹superscript𝐹volsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠\operatorname{vol}(\mathbf{A}^{1}_{F}/F^{*})=\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s),

d’où le lemme. ∎

Soit ρ=(1,,1)PL(Σ)𝜌11PLΣ\rho=(1,\dots,1)\in\mathrm{PL}(\Sigma). On décale la fonction zêta des hauteurs de ρ𝜌\rho : si λPL(Σ)+𝜆PLsuperscriptΣ\lambda\in\mathrm{PL}(\Sigma)^{+},

Z(ρ+λ)=M(χu𝒰GHˇ(λρim,χu))𝑑m𝑍𝜌𝜆subscript𝑀subscriptsubscript𝜒𝑢subscript𝒰𝐺ˇ𝐻𝜆𝜌𝑖𝑚subscript𝜒𝑢differential-d𝑚Z(\rho+\lambda)=\int_{M}\left(\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\check{H}(-\lambda-\rho-im,\chi_{u})\right)\,dm

Soit F𝐹F la fonction PL(Σ)+𝐂PLsuperscriptΣ𝐂\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}\rightarrow\mathbf{C} définie par la série

λ(vol(𝐀F/F)ress=1ζF(s))dχu𝒰GHˇ(1λ,χu),maps-to𝜆superscriptvolsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑subscriptsubscript𝜒𝑢subscript𝒰𝐺ˇ𝐻1𝜆subscript𝜒𝑢\lambda\mapsto(\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-d}\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\check{H}(-1-\lambda,\chi_{u}),

de sorte que si λPL(Σ)+𝜆PLsuperscriptΣ\lambda\in\mathrm{PL}(\Sigma)^{+},

Z(λ+ρ)=1(2π)dMF(λ+im)d0m.𝑍𝜆𝜌1superscript2𝜋𝑑subscript𝑀𝐹𝜆𝑖𝑚superscript𝑑0𝑚Z(\lambda+\rho)=\frac{1}{(2\pi)^{d}}\int_{M}F(\lambda+im)\,d^{0}m. (4.4.2)
\propname \the\smf@thm\pointrait

Si β>1𝛽1\beta>1, la fonction F𝐹F appartient à l’espace M(PL(Σ)+)subscript𝑀PLsuperscriptΣ\mathscr{H}_{M}(\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}) défini par la classe de contrôle 𝒟βsubscript𝒟𝛽\mathscr{D}_{\beta} du paragraphe 4.3.

De plus, pour tout λPL(Σ)+𝜆PLsuperscriptΣ\lambda\in\mathrm{PL}(\Sigma)^{+},

lims0F(sλ)𝖷PL(Σ)+(sλ)=τ(𝒳),subscript𝑠0𝐹𝑠𝜆subscript𝖷PLsuperscriptΣ𝑠𝜆𝜏𝒳\lim_{s\rightarrow 0}\frac{F(s\lambda)}{\mathsf{X}_{\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}}(s\lambda)}=\tau(\mathscr{X}),

le nombre de Tamagawa de 𝒳𝒳\mathscr{X}.

Proof.

On a vu que l’on pouvait écrire

Hˇ(ρλ,χ)=cf(λ+ρ,χ)Hˇ(ρλ,χ)jL(λj+1,χj).ˇ𝐻𝜌𝜆𝜒subscript𝑐𝑓𝜆𝜌𝜒subscriptˇ𝐻𝜌𝜆𝜒subscriptproduct𝑗𝐿subscript𝜆𝑗1subscript𝜒𝑗\check{H}(-\rho-\lambda,\chi)=c_{f}(\lambda+\rho,\chi)\check{H}_{\infty}(-\rho\lambda,\chi)\prod_{j}L(\lambda_{j}+1,\chi_{j}).

Par suite, la fonction

λHˇ(ρλ,χ)jλjλj+1maps-to𝜆ˇ𝐻𝜌𝜆𝜒subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗subscript𝜆𝑗1\lambda\mapsto\check{H}(-\rho-\lambda,\chi)\prod_{j}\frac{\lambda_{j}}{\lambda_{j}+1}

admet un prolongement holomorphe pour Re(λj)>1Resubscript𝜆𝑗1\operatorname{Re}(\lambda_{j})>-1.

De plus, il résulte des corollaires 4.2 et 4.2 que pour tout ε>0𝜀0\varepsilon>0, il existe δ<1/3𝛿13\delta<1/3 tel que si pour tout j𝑗j on a Re(λj)>δResubscript𝜆𝑗𝛿\operatorname{Re}(\lambda_{j})>-\delta, alors

|Hˇ(ρλ,χ)jλjλj+1|(1+Im(λ))1+ε(1+χ)1εσ~Σ~(d)1eσ~1(1+|e,Im(λ)|σ~+χ|),\left|{\check{H}(-\rho-\lambda,\chi)\prod_{j}\frac{\lambda_{j}}{\lambda_{j}+1}}\right|\ll\frac{(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|)^{1+\varepsilon}}{(1+\left\|{\chi_{\infty}}\right\|)^{1-\varepsilon}}\sum_{\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}(d)}\frac{1}{\prod_{e\in\widetilde{\sigma}_{1}}(1+\left|{\langle e,\operatorname{Im}(\lambda)|_{\widetilde{\sigma}}+\chi_{\infty}\rangle}\right|)},

formule dans laquelle χsubscript𝜒\chi_{\infty} désigne l’image de χ𝜒\chi par l’homomorphisme de noyau fini “type à l’infini” 𝒜GM=v|Msubscript𝒜𝐺subscript𝑀subscriptdirect-sumconditional𝑣𝑀\mathscr{A}_{G}\rightarrow M_{\infty}=\bigoplus_{v|\infty}M. Ainsi, on obtient un prolongement holomorphe de la fonction Φ:λF(λ)jλj/(1+λj):Φmaps-to𝜆𝐹𝜆subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗1subscript𝜆𝑗\Phi:\lambda\mapsto F(\lambda)\prod_{j}\lambda_{j}/(1+\lambda_{j}) pour Re(λj)>δResubscript𝜆𝑗𝛿\operatorname{Re}(\lambda_{j})>-\delta si l’on prouve que pour tout σ~Σ~(d)~𝜎~Σ𝑑\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}(d), la série

χu𝒰G1(1+χu,)1ε1eσ~1(1+|e,Im(λ)|σ~+χu,|)\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\frac{1}{(1+\left\|{\chi_{u,\infty}}\right\|)^{1-\varepsilon}}\frac{1}{\prod_{e\in\widetilde{\sigma}_{1}}(1+\left|{\langle e,\operatorname{Im}(\lambda)|_{\widetilde{\sigma}}+\chi_{u,\infty}\rangle}\right|)}

converge localement uniformément en λ𝜆\lambda si Re(λj)>δResubscript𝜆𝑗𝛿\operatorname{Re}(\lambda_{j})>-\delta. Fixons σ~Σ~(d)~𝜎~Σ𝑑\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}(d). Alors, lorsque eσ~1𝑒subscript~𝜎1e\in\widetilde{\sigma}_{1}, les formes linéaires e,𝑒\langle e,\cdot\rangle forment une base de Msuperscriptsubscript𝑀M_{\infty}^{*}. Il est facile de remplacer la sommation sur le sous-groupe discret 𝒰G,subscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G,\infty} par une intégrale sur l’espace vectoriel qu’il engendre, lequel est d’ailleurs un supplémentaire de M𝑀M envoyé diagonalement dans Msubscript𝑀M_{\infty}. La convergence est alors une conséquence de la proposition B.

Pour obtenir l’assertion sur la croissance de F𝐹F, il faut montrer que si β>1𝛽1\beta>1, K𝐾K est un compact de PL(Σ)+PLsuperscriptΣ\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}, λ𝖳(K)𝜆𝖳𝐾\lambda\in{\mathsf{T}}(K) et mM𝑚𝑀m\in M, on a une majoration

|Φ(λ+im)|(1+Im(λ))β(1+m)1εαk11+|α,k(Im(λ)+m)|much-less-thanΦ𝜆𝑖𝑚superscript1normIm𝜆𝛽superscript1norm𝑚1𝜀subscript𝛼subscriptproduct𝑘11subscript𝛼𝑘Im𝜆𝑚\left|{\Phi(\lambda+im)}\right|\ll\frac{(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|)^{\beta}}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-\varepsilon}}\sum_{\alpha}\prod_{k}\frac{1}{1+\left|{\ell_{\alpha,k}(\operatorname{Im}(\lambda)+m)}\right|}

α𝛼\alpha parcourt un ensemble fini et où pour tout α𝛼\alpha, {α,k}ksubscriptsubscript𝛼𝑘𝑘\{\ell_{\alpha,k}\}_{k} est une base de PL(Σ)PLsuperscriptΣ\mathrm{PL}(\Sigma)^{*}. Il nous faut récrire un peu différemment la majoration de Hˇˇ𝐻\check{H} obtenue ci-dessus en remarquant que si la forme des transformées de Fourier aux places finies fournit le prolongement méromorphe, la convergence de la série provient, elle, des estimations archimédiennes. On écrit ainsi

Hˇ(ρλim,χu)=cf(ρ+λ+im,χu)jL(λj+1+im,χu,j)Hˇ(ρλ,χmχu)ˇ𝐻𝜌𝜆𝑖𝑚subscript𝜒𝑢subscript𝑐𝑓𝜌𝜆𝑖𝑚subscript𝜒𝑢subscriptproduct𝑗𝐿subscript𝜆𝑗1𝑖𝑚subscript𝜒𝑢𝑗subscriptˇ𝐻𝜌𝜆subscript𝜒𝑚subscript𝜒𝑢\check{H}(-\rho-\lambda-im,\chi_{u})=c_{f}(\rho+\lambda+im,\chi_{u})\prod_{j}L(\lambda_{j}+1+im,\chi_{u,j})\check{H}_{\infty}(-\rho-\lambda,\chi_{m}\chi_{u})

et donc

|Hˇ(ρλim,χu)jλj+im1+λj+im|(1+Im(λ)+m)ε(1+χu)ε1+m+χu,σ~Σ~(d)1+Im(λ)σ~eσ~1(1+|e,Im(λ)|σ~+m+χ|).\left|{\check{H}(-\rho-\lambda-im,\chi_{u})\prod_{j}\frac{\lambda_{j}+im}{1+\lambda_{j}+im}}\right|\\ \ll\frac{(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)+m}\right\|)^{\varepsilon}(1+\left\|{\chi_{u}}\right\|)^{\varepsilon}}{1+\left\|{m+\chi_{u,\infty}}\right\|}\sum_{\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}(d)}\frac{1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|_{\widetilde{\sigma}}}{\prod_{e\in\widetilde{\sigma}_{1}}(1+\left|{\langle e,\operatorname{Im}(\lambda)|_{\widetilde{\sigma}}+m+\chi_{\infty}\rangle}\right|)}.

Par suite,

|Φ(λ+im)|σ~Σ~(d)(1+Im(λ)σ~)(1+Im(λ)+m)εGσ~(Im(λ),m)Φ𝜆𝑖𝑚subscript~𝜎~Σ𝑑1subscriptnormIm𝜆~𝜎superscript1normIm𝜆𝑚𝜀subscript𝐺~𝜎Im𝜆𝑚\left|{\Phi(\lambda+im)}\right|\leq\sum_{\widetilde{\sigma}\in\widetilde{\Sigma}(d)}(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|_{\widetilde{\sigma}})(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)+m}\right\|)^{\varepsilon}G_{\widetilde{\sigma}}(\operatorname{Im}(\lambda),m)

Φσ~(φ,m)subscriptΦ~𝜎𝜑𝑚\Phi_{\widetilde{\sigma}(\varphi,m)} est défini par la série

Φσ~(φ,m)=χu𝒰G(1+χu)ε1+m+χu,eσ~111+|e,φ~|σ~+m+χu,|.\Phi_{\widetilde{\sigma}}(\varphi,m)=\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\frac{(1+\left\|{\chi_{u}}\right\|)^{\varepsilon}}{1+\left\|{m+\chi_{u,\infty}}\right\|}\prod_{e\in\widetilde{\sigma}_{1}}\frac{1}{1+\left|{\langle e,\widetilde{\varphi}|_{\widetilde{\sigma}}+m+\chi_{u,\infty}\rangle}\right|}.

On a la majoration

1+χu1+m+χu,+m(1+m+χu,)(1+m)1normsubscript𝜒𝑢1norm𝑚subscript𝜒𝑢norm𝑚1norm𝑚subscript𝜒𝑢1norm𝑚1+\left\|{\chi_{u}}\right\|\leq 1+\left\|{m+\chi_{u,\infty}}\right\|+\left\|{m}\right\|\leq(1+\left\|{m+\chi_{u,\infty}}\right\|)(1+\left\|{m}\right\|)

et comme précédemment, on remplace la sommation sur le sous-groupe discret 𝒰Gsubscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G} par l’intégrale sur l’espace vectoriel qu’il engendre. La proposition B fournit alors pour tout ε>εsuperscript𝜀𝜀\varepsilon^{\prime}>\varepsilon une estimation

Gσ~(φ,m)1(1+m)1εαk11+|α,k(m+φ|σ~)|G_{\widetilde{\sigma}}(\varphi,m)\ll\frac{1}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-\varepsilon^{\prime}}}\sum_{\alpha}\prod_{k}\frac{1}{1+\left|{\ell_{\alpha,k}(m+\varphi|_{\widetilde{\sigma}})}\right|}

{α,k}ksubscriptsubscript𝛼𝑘𝑘\{\ell_{\alpha,k}\}_{k} est une base de Msuperscript𝑀M^{*} et φ|σ~evaluated-at𝜑~𝜎\varphi|_{\widetilde{\sigma}} l’élément de M𝑀M qui coïncide avec (φ,,φ)v|PL(Σ)𝜑𝜑subscriptdirect-sumconditional𝑣PLΣ(\varphi,\dots,\varphi)\in\bigoplus_{v|\infty}\mathrm{PL}(\Sigma) sur le cône σ~~𝜎\widetilde{\sigma} de l’éventail Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}. L’application φα,k(φ|σ~)maps-to𝜑subscript𝛼𝑘evaluated-at𝜑~𝜎\varphi\mapsto\ell_{\alpha,k}(\varphi|_{\widetilde{\sigma}}) est une forme linéaire σ~,α,ksubscript~𝜎𝛼𝑘\ell_{\widetilde{\sigma},\alpha,k} sur PL(Σ)PLΣ\mathrm{PL}(\Sigma). On a ainsi

|G(λ+im)|𝐺𝜆𝑖𝑚\displaystyle\left|{G(\lambda+im)}\right| (1+Im(λ))(1+Im(λ)+m)ε(1+m)1εεσ~αk11+|σ~,α,k(Im(λ)+m)|much-less-thanabsent1normIm𝜆superscript1normIm𝜆𝑚𝜀superscript1norm𝑚1𝜀superscript𝜀subscript~𝜎subscript𝛼subscriptproduct𝑘11subscript~𝜎𝛼𝑘Im𝜆𝑚\displaystyle\ll\frac{(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|)(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)+m}\right\|)^{\varepsilon}}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-\varepsilon-\varepsilon^{\prime}}}\sum_{\widetilde{\sigma}}\sum_{\alpha}\prod_{k}\frac{1}{1+\left|{\ell_{\widetilde{\sigma},\alpha,k}(\operatorname{Im}(\lambda)+m)}\right|}
(1+Im(λ))1+ε(1+m)12εεσ~αk11+|σ~,α,k(Im(λ)+m)|.much-less-thanabsentsuperscript1normIm𝜆1𝜀superscript1norm𝑚12𝜀superscript𝜀subscript~𝜎subscript𝛼subscriptproduct𝑘11subscript~𝜎𝛼𝑘Im𝜆𝑚\displaystyle\ll\frac{(1+\left\|{\operatorname{Im}(\lambda)}\right\|)^{1+\varepsilon}}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-2\varepsilon-\varepsilon^{\prime}}}\sum_{\widetilde{\sigma}}\sum_{\alpha}\prod_{k}\frac{1}{1+\left|{\ell_{\widetilde{\sigma},\alpha,k}(\operatorname{Im}(\lambda)+m)}\right|}.

Comme on peut prendre ε𝜀\varepsilon et εsuperscript𝜀\varepsilon^{\prime} arbitrairement petits, la contrôlabilité est établie.

Il reste à calculer la limite quand s0𝑠0s\rightarrow 0 par valeurs supérieures de F(sλ)/𝖷PL(Σ)+(sλ)𝐹𝑠𝜆subscript𝖷PLsuperscriptΣ𝑠𝜆F(s\lambda)/\mathsf{X}_{\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}}(s\lambda). Le cône PL(Σ)+PLsuperscriptΣ\mathrm{PL}(\Sigma)^{+} est simplicial et

𝖷PL(Σ)+(λ)=1jλj.subscript𝖷PLsuperscriptΣ𝜆1subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗\mathsf{X}_{\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}}(\lambda)=\frac{1}{\prod_{j}\lambda_{j}}.

Ainsi,

F(λ)𝖷PL(Σ)+(λ)=(vol(𝐀F/F)ress=1ζF(s))djλjχu𝒰GHˇ(λρ,χu).𝐹𝜆subscript𝖷PLsuperscriptΣ𝜆superscriptvolsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑subscriptproduct𝑗subscript𝜆𝑗subscriptsubscript𝜒𝑢subscript𝒰𝐺ˇ𝐻𝜆𝜌subscript𝜒𝑢\frac{F(\lambda)}{\mathsf{X}_{\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}}(\lambda)}=(\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-d}\prod_{j}\lambda_{j}\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\check{H}(-\lambda-\rho,\chi_{u}).

D’après ce qui précède, la série qui définit F𝐹F converge uniformément pour Re(λj)>δResubscript𝜆𝑗𝛿\operatorname{Re}(\lambda_{j})>-\delta ; cela permet de permuter sommation et limite, si bien que

lims0+F(sλ)𝖷PL(Σ)+(sλ)=(vol(𝐀F/F)ress=1ζF(s))dχu𝒰G(lims0+Hˇ(sλρ,χu)j(sλj)).subscript𝑠superscript0𝐹𝑠𝜆subscript𝖷PLsuperscriptΣ𝑠𝜆superscriptvolsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑subscriptsubscript𝜒𝑢subscript𝒰𝐺subscript𝑠superscript0ˇ𝐻𝑠𝜆𝜌subscript𝜒𝑢subscriptproduct𝑗𝑠subscript𝜆𝑗\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\frac{F(s\lambda)}{\mathsf{X}_{\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}}(s\lambda)}\\ =(\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-d}\sum_{\chi_{u}\in\mathscr{U}_{G}}\left(\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\check{H}(-s\lambda-\rho,\chi_{u})\prod_{j}(s\lambda_{j})\right).

En écrivant,

Hˇ(sλρ,χ)j(sλj)=cf(sλ,χ)j(sλjL(sλj+1,χj))Hˇ(sλ,χ),ˇ𝐻𝑠𝜆𝜌𝜒subscriptproduct𝑗𝑠subscript𝜆𝑗subscript𝑐𝑓𝑠𝜆𝜒subscriptproduct𝑗𝑠subscript𝜆𝑗𝐿𝑠subscript𝜆𝑗1subscript𝜒𝑗subscriptˇ𝐻𝑠𝜆𝜒\check{H}(-s\lambda-\rho,\chi)\prod_{j}(s\lambda_{j})=c_{f}(s\lambda,\chi)\prod_{j}\big{(}s\lambda_{j}L(s\lambda_{j}+1,\chi_{j})\big{)}\check{H}_{\infty}(s\lambda,\chi),

on voit que la limite est nulle si l’un des χj𝟏subscript𝜒𝑗1\chi_{j}\neq\mathbf{1} (car une des fonctions L(,χj)𝐿subscript𝜒𝑗L(\cdot,\chi_{j}) n’a pas de pôle en 111, les autres ont au plus un pôle simple). Étudions maintenant le cas χ=𝟏𝜒1\chi=\mathbf{1}. Utilisant la formule (4.1.2), il vient

Hˇ(sλρ,𝟏)jζF(1+λjs)1ˇ𝐻𝑠𝜆𝜌1subscriptproduct𝑗subscript𝜁𝐹superscript1subscript𝜆𝑗𝑠1\displaystyle\check{H}(-s\lambda-\rho,\mathbf{1})\prod_{j}\zeta_{F}(1+\lambda_{j}s)^{-1}\hskip-110.0pt
=vζv(1)djζv(1+λjs)1G(Fv)H(sλρ,x)μG,vabsentsubscriptproductnot-divides𝑣subscript𝜁𝑣superscript1𝑑subscriptproduct𝑗subscript𝜁𝑣superscript1subscript𝜆𝑗𝑠1subscript𝐺subscript𝐹𝑣𝐻𝑠𝜆𝜌𝑥subscriptsuperscript𝜇𝐺𝑣\displaystyle=\prod_{v\nmid\infty}\zeta_{v}(1)^{d}\prod_{j}\zeta_{v}(1+\lambda_{j}s)^{-1}\int_{G(F_{v})}H(-s\lambda-\rho,x)\mu^{\prime}_{G,v}
×v|G(Fv)H(sλρ,x)μG,v\displaystyle\qquad\qquad{}\times\prod_{v|\infty}\int_{G(F_{v})}H(-s\lambda-\rho,x)\mu^{\prime}_{G,v}
=vζv(1)djζv(1+λjs)1G(Fv)H(sλ)μ𝒳,v×v|G(Fv)H(sλ)μ𝒳,v.absentsubscriptproductnot-divides𝑣subscript𝜁𝑣superscript1𝑑subscriptproduct𝑗subscript𝜁𝑣superscript1subscript𝜆𝑗𝑠1subscript𝐺subscript𝐹𝑣𝐻𝑠𝜆subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣subscriptproductconditional𝑣subscript𝐺subscript𝐹𝑣𝐻𝑠𝜆subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣\displaystyle=\prod_{v\nmid\infty}\zeta_{v}(1)^{d}\prod_{j}\zeta_{v}(1+\lambda_{j}s)^{-1}\int_{G(F_{v})}H(-s\lambda)\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}\times\prod_{v|\infty}\int_{G(F_{v})}H(-s\lambda)\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}.

C’est un produit eulérien absolument convergent pour Re(s)>εRe𝑠𝜀\operatorname{Re}(s)>-\varepsilon, d’où un prolongement par continuité en s=0𝑠0s=0, de valeur

vζv(1)d#Jμ𝒳,v(𝒳(Fv))v|μ𝒳,v(𝒳(Fv))=τ(𝒳)μ(𝐀F/F)d(ress=1ζF(s))rang(Pic𝒳F)subscriptproductnot-divides𝑣subscript𝜁𝑣superscript1𝑑#𝐽subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣𝒳subscript𝐹𝑣subscriptproductconditional𝑣subscriptsuperscript𝜇𝒳𝑣𝒳subscript𝐹𝑣𝜏𝒳𝜇superscriptsubscript𝐀𝐹𝐹𝑑superscriptsubscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠rangPicsubscript𝒳𝐹\prod_{v\nmid\infty}\zeta_{v}(1)^{d-\#J}\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}(\mathscr{X}(F_{v}))\prod_{v|\infty}\mu^{\prime}_{\mathscr{X},v}(\mathscr{X}(F_{v}))\\ =\tau(\mathscr{X})\mu(\mathbf{A}_{F}/F)^{d}(\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-\operatorname{rang}\nolimits(\operatorname{Pic}\nolimits\mathscr{X}_{F})}

en vertu de la définition (4.1.3) de la mesure de Tamagawa de 𝒳(𝐀F)𝒳subscript𝐀𝐹\mathscr{X}(\mathbf{A}_{F}). Ainsi,

lims0Hˇ(sλρ,𝟏)(jsλj)subscript𝑠0ˇ𝐻𝑠𝜆𝜌1subscriptproduct𝑗𝑠subscript𝜆𝑗\displaystyle\lim_{s\rightarrow 0}\check{H}(-s\lambda-\rho,\mathbf{1})(\prod_{j}s\lambda_{j}) =(ress=1ζF(s))#Jlims0Hˇ(sλρ,𝟏)jζF(1+sλj)1absentsuperscriptsubscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠#𝐽subscript𝑠0ˇ𝐻𝑠𝜆𝜌1subscriptproduct𝑗subscript𝜁𝐹superscript1𝑠subscript𝜆𝑗1\displaystyle=(\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{\#J}\lim_{s\rightarrow 0}\check{H}(-s\lambda-\rho,\mathbf{1})\prod_{j}\zeta_{F}(1+s\lambda_{j})^{-1}
=τ(𝒳)μ(𝐀F/F)d(ress=1ζF(s))d.absent𝜏𝒳𝜇superscriptsubscript𝐀𝐹𝐹𝑑superscriptsubscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑\displaystyle=\tau(\mathscr{X})\mu(\mathbf{A}_{F}/F)^{d}(\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{d}.

Finalement, on a donc

lims0F(λs)𝖷PL+(Σ)(λs)1subscript𝑠0𝐹𝜆𝑠subscript𝖷superscriptPLΣsuperscript𝜆𝑠1\displaystyle\lim_{s\rightarrow 0}F(\lambda s)\mathsf{X}_{\mathrm{PL}^{+}(\Sigma)}(\lambda s)^{-1} =(vol(𝐀F/F)ress=1ζF(s))dμ(𝐀F/F)d(ress=1ζF(s))dτ(𝒳)absentsuperscriptvolsubscript𝐀𝐹𝐹subscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑𝜇superscriptsubscript𝐀𝐹𝐹𝑑superscriptsubscriptres𝑠1subscript𝜁𝐹𝑠𝑑𝜏𝒳\displaystyle=(\operatorname{vol}(\mathbf{A}_{F}/F)\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{-d}\mu(\mathbf{A}_{F}/F)^{d}(\operatorname{res}\nolimits_{s=1}\zeta_{F}(s))^{d}\tau(\mathscr{X})
=τ(𝒳),absent𝜏𝒳\displaystyle=\tau(\mathscr{X}),

ainsi qu’il fallait démontrer. ∎

L’équation (4.4.2) et le théorème 3.1 impliquent alors le théorème suivant.

\theoname \the\smf@thm\pointrait

La fonction zêta des hauteurs (décalée)

λZ(ρ+λ)maps-to𝜆𝑍𝜌𝜆\lambda\mapsto Z(\rho+\lambda)

converge localement uniformément sur le tube 𝖳(PL(Σ)+)𝖳PLsuperscriptΣ{\mathsf{T}}(\mathrm{PL}(\Sigma)^{+}) et définit une fonction holomorphe sur 𝖳(Λeff0(𝒳F))𝖳subscriptsuperscriptΛ0effsubscript𝒳𝐹{\mathsf{T}}(\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{X}_{F})). Si β>1𝛽1\beta>1 et si 𝒟βsubscript𝒟𝛽\mathscr{D}_{\beta} désigne la classe de contrôle introduite au sous-paragraphe 4.3, elle appartient à l’espace {0}(Λeff0(𝒳F);Λeff0(𝒳F))subscript0subscriptsuperscriptΛ0effsubscript𝒳𝐹subscriptsuperscriptΛ0effsubscript𝒳𝐹\mathscr{H}_{\{0\}}(\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{X}_{F});\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{X}_{F})) (défini en 3.1) des fonctions méromorphes {0}0\{0\}-contrôlées dont les pôles sont simples et donnés par les faces du cône Λeff0(𝒳F)subscriptsuperscriptΛ0effsubscript𝒳𝐹\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{X}_{F}).

De plus, pour tout λΛeff0(𝒳F)𝜆subscriptsuperscriptΛ0effsubscript𝒳𝐹\lambda\in\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{X}_{F}),

lims0Z(sλ+ρ)𝖷Λeff0(sλ)=τ(𝒳).subscript𝑠0𝑍𝑠𝜆𝜌subscript𝖷subscriptsuperscriptΛ0eff𝑠𝜆𝜏𝒳\lim_{s\rightarrow 0}\frac{Z(s\lambda+\rho)}{\mathsf{X}_{\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}}(s\lambda)}=\tau(\mathscr{X}).

En spécialisant la fonction zêta des hauteurs à la droite 𝐂ρ𝐂𝜌\mathbf{C}\rho qui correspond au fibré en droite anticanonique, on obtient le corollaire:

\coroname \the\smf@thm\pointrait

Si β>1𝛽1\beta>1, il existe ε>0𝜀0\varepsilon>0, une fonction f𝑓f holomorphe pour Re(s)1εRe𝑠1𝜀\operatorname{Re}(s)\geq 1-\varepsilon telle que

  1. (i)

    f(1)=τ(𝒳)𝑓1𝜏𝒳f(1)=\tau(\mathscr{X}) ;

  2. (ii)

    Pour tout σ[1ε;1+ε]𝜎1𝜀1𝜀\sigma\in[1-\varepsilon;1+\varepsilon] et tout τ𝐑𝜏𝐑\tau\in\mathbf{R}, |f(σ+iτ)|(1+|τ|)βmuch-less-than𝑓𝜎𝑖𝜏superscript1𝜏𝛽\left|{f(\sigma+i\tau)}\right|\ll(1+\left|{\tau}\right|)^{\beta} ;

  3. (iii)

    Pour tout σ>1𝜎1\sigma>1 et tout τ𝐑𝜏𝐑\tau\in\mathbf{R}, Z(sω)=(ss1)rf(s)𝑍𝑠𝜔superscript𝑠𝑠1𝑟𝑓𝑠Z(s\omega)=\big{(}\frac{s}{s-1}\big{)}^{r}f(s).

\coroname \the\smf@thm\pointrait

Si r𝑟r désigne le rang de Pic(𝒳F)Picsubscript𝒳𝐹\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{X}_{F}), il existe un polynôme unitaire P𝑃P de degré r1𝑟1r-1 et un réel ε>0𝜀0\varepsilon>0 tels que pour tout H>0𝐻0H>0,

N(ω𝒳1;H)=τ(𝒳)(r1)!HP(logH)+O(H1ε).𝑁superscriptsubscript𝜔𝒳1𝐻𝜏𝒳𝑟1𝐻𝑃𝐻𝑂superscript𝐻1𝜀N(\omega_{\mathscr{X}}^{-1};H)=\frac{\tau(\mathscr{X})}{(r-1)!}HP(\log H)+O(H^{1-\varepsilon}).

Lorsque F=𝐐𝐹𝐐F=\mathbf{Q} et lorsque la variété torique 𝒳𝒳\mathscr{X} est projective et telle que ω𝒳1superscriptsubscript𝜔𝒳1\omega_{\mathscr{X}}^{-1} est engendré par ses sections globales, ce corollaire avait été démontré précédemment par R. de la Bretèche. Sa méthode est différente ; elle est fondée sur le travail de P. Salberger [18] et une étude fine des sommes de fonctions arithmétiques en plusieurs variables (voir [7, 6] et [8] pour un cas particulier).

5 Application aux fibrations en variétés toriques

5.1 Holomorphie

Soit \mathscr{B} un S𝑆S-schéma projectif et plat. Soit 𝒯𝒯\mathscr{T}\rightarrow\mathscr{B} un G𝐺G-torseur, et notons η:X(G)Pic():𝜂superscript𝑋𝐺Pic\eta:X^{*}(G)\rightarrow\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}) l’homomorphisme de fonctorialité des torseurs. Fixons un relèvement η^:X(G)Pic^():^𝜂superscript𝑋𝐺^Pic\widehat{\eta}:X^{*}(G)\rightarrow\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B}) de cet homomorphisme (c’est-à-dire, un choix de métriques hermitiennes à l’infini sur les images d’une base de X(G)superscript𝑋𝐺X^{*}(G), prolongés par multiplicativité à l’image de η𝜂\eta).

Donnons nous une S𝑆S-variété torique lisse 𝒳𝒳\mathscr{X}, compactification équivariante de G𝐺G. Soit 𝒴𝒴\mathscr{Y} le S𝑆S-schéma obtenu par les constructions du § LABEL:constructions.

On obtient alors un diagramme canonique, qui provient des propositions LABEL:prop:iota-eta, LABEL:prop:hat-iota-eta, du théorème LABEL:theo:picard et de l’oubli des métriques hermitiennes :

V00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!VX(G)superscript𝑋𝐺\textstyle{{X^{*}(G)}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!VPicG(𝒳F)Pic(F)direct-sumsuperscriptPic𝐺subscript𝒳𝐹Picsubscript𝐹\textstyle{{\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})\oplus\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F})}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!VPic(𝒴F)Picsubscript𝒴𝐹\textstyle{{\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{Y}_{F})}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!V00\textstyle{0}!V00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!VX(G)superscript𝑋𝐺\textstyle{{X^{*}(G)}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!VPic^G,𝐊(𝒳)Pic^()direct-sumsuperscript^Pic𝐺𝐊𝒳^Pic\textstyle{{\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits^{G,\mathbf{K}}(\mathscr{X})\oplus\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B})}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!Ch!VPic^(𝒴)^Pic𝒴\textstyle{{\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{Y})}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}!Ch!
(5.1.1)

Le schéma 𝒴𝒴\mathscr{Y} contient 𝒯𝒯\mathscr{T} comme ouvert dense. On s’intéresse à la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T}. Lorsque λPicG(𝒳F)𝐂\lambda\in\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})_{\mathbf{C}}, notons λ^^𝜆\widehat{\lambda} l’image de λ𝜆\lambda par l’homomorphisme (4.1.1). Si de plus α^Pic^()^𝛼^Pic\widehat{\alpha}\in\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B}), on notera enfin

Z(λ^,α^)=Z(ϑ(λ^)πα^;𝒴)=y𝒯(F)H(ϑ(λ^)πα^;y)1.𝑍^𝜆^𝛼𝑍tensor-productitalic-ϑ^𝜆superscript𝜋^𝛼𝒴subscript𝑦𝒯𝐹𝐻superscripttensor-productitalic-ϑ^𝜆superscript𝜋^𝛼𝑦1Z(\widehat{\lambda},\widehat{\alpha})=Z(\vartheta(\widehat{\lambda})\otimes\pi^{*}\widehat{\alpha};\mathscr{Y})=\sum_{y\in\mathscr{T}(F)}H(\vartheta(\widehat{\lambda})\otimes\pi^{*}\widehat{\alpha};y)^{-1}.
\propname \the\smf@thm\pointrait

Soient Λ^Pic^()𝐑^Λ^Picsubscript𝐑\widehat{\Lambda}\subset\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B})_{\mathbf{R}} une partie convexe telle que Z(α^;)𝑍^𝛼Z(\widehat{\alpha};\mathscr{B}) converge normalement si la partie réelle de α^Pic^()𝐂^𝛼^Picsubscript𝐂\widehat{\alpha}\in\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B})_{\mathbf{C}} appartient à ΛΛ\Lambda.

Alors, la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T} converge absolument pour tout (λ^,α^)^𝜆^𝛼(\widehat{\lambda},\widehat{\alpha}) tel que la partie réelle de λω𝒳tensor-product𝜆subscript𝜔𝒳\lambda\otimes\omega_{\mathscr{X}} appartient à Λeff0(𝒳F)superscriptsubscriptΛeff0subscript𝒳𝐹\Lambda_{\mathrm{eff}}^{0}(\mathscr{X}_{F}) et la partie réelle de α𝛼\alpha appartient à ΛΛ\Lambda. La convergence est de plus uniforme si la partie la partie réelle de λω𝒳tensor-product𝜆subscript𝜔𝒳\lambda\otimes\omega_{\mathscr{X}} décrit un compact de Λeff0(𝒳F)superscriptsubscriptΛeff0subscript𝒳𝐹\Lambda_{\mathrm{eff}}^{0}(\mathscr{X}_{F}).

Proof.

On peut décomposer la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T} en écrivant

Z(λ^,α^)=b(F)H(α^;b)1Z(ϑ(λ^);𝒯|b).𝑍^𝜆^𝛼subscript𝑏𝐹𝐻superscript^𝛼𝑏1𝑍italic-ϑ^𝜆evaluated-at𝒯𝑏Z(\widehat{\lambda},\widehat{\alpha})=\sum_{b\in\mathscr{B}(F)}H(\widehat{\alpha};b)^{-1}Z(\vartheta(\widehat{\lambda});\mathscr{T}|_{b}). (5.1.2)

D’après la remarque LABEL:rema:torsion-torique, le fibré inversible λ𝜆\lambda admet une section G𝐺G-invariante 𝗌𝗌\mathsf{s} qui n’a ni pôles ni zéros sur l’ouvert G𝒳𝐺𝒳G\subset\mathscr{X}. En utilisant cette section, on obtient, en vertu du théorème LABEL:theo:comp-torsarith et de la proposition LABEL:prop:comp-tordue une égalité

Z(ϑ(λ^);𝒯|b)=xG(F)H(λ^,𝗌;𝐠bx)1,𝑍italic-ϑ^𝜆evaluated-at𝒯𝑏subscript𝑥𝐺𝐹𝐻superscript^𝜆𝗌subscript𝐠𝑏𝑥1Z(\vartheta(\widehat{\lambda});\mathscr{T}|_{b})=\sum_{x\in G(F)}H(\widehat{\lambda},\mathsf{s};\mathbf{g}_{b}\cdot x)^{-1}, (5.1.3)

𝐠bG(𝐀F)subscript𝐠𝑏𝐺subscript𝐀𝐹\mathbf{g}_{b}\in G(\mathbf{A}_{F}) représente la classe du G𝐺G-torseur arithmétique 𝒯^|bevaluated-at^𝒯𝑏\widehat{\mathscr{T}}|_{b}. On rappelle que si 𝐱G(𝐀F)𝐱𝐺subscript𝐀𝐹\mathbf{x}\in G(\mathbf{A}_{F}), on a une expression de la hauteur en produit de hauteurs locales

H(λ^,𝗌,𝐱)=v𝗌v(xv)1.𝐻^𝜆𝗌𝐱subscriptproduct𝑣subscriptnorm𝗌𝑣superscriptsubscript𝑥𝑣1H(\widehat{\lambda},\mathsf{s},\mathbf{x})=\prod_{v}\left\|{\mathsf{s}}\right\|_{v}(x_{v})^{-1}.

On peut appliquer la formule sommatoire de Poisson sur le tore adélique G(𝐀F)𝐺subscript𝐀𝐹G(\mathbf{A}_{F}), d’où, en utilisant l’invariance des hauteurs locales par les sous-groupes compacts maximaux,

Z(ϑ(λ^);𝒯|b)=𝒜Gχ1(𝐠b)Hˇ(λ^;χ)𝑑χ𝑍italic-ϑ^𝜆evaluated-at𝒯𝑏subscriptsubscript𝒜𝐺superscript𝜒1subscript𝐠𝑏ˇ𝐻^𝜆𝜒differential-d𝜒Z(\vartheta(\widehat{\lambda});\mathscr{T}|_{b})=\int_{\mathscr{A}_{G}}\chi^{-1}(\mathbf{g}_{b})\check{H}(-\widehat{\lambda};\chi)\,d\chi (5.1.4)

où l’intégration est sur le groupe 𝒜Gsubscript𝒜𝐺\mathscr{A}_{G} des caractères (unitaires continus) du groupe localement compact G(F)\G(𝐀F)/KG\𝐺𝐹𝐺subscript𝐀𝐹subscript𝐾𝐺G(F)\backslash G(\mathbf{A}_{F})/K_{G}, muni de son unique mesure de Haar dχ𝑑𝜒d\chi qui permet cette formule.

L’utilisation de la formule de Poisson est justifiée par le fait que les deux membres convergent absolument. La série du membre de gauche est traitée dans [4], Theorem 4.2, lorsque 𝐠b=1subscript𝐠𝑏1\mathbf{g}_{b}=1, c’est-à-dire lorsqu’il n’y a pas de torsion. Comme il existe une constante C(λ,𝐠b)𝐶𝜆subscript𝐠𝑏C(\lambda,\mathbf{g}_{b}) ne dépendant que de 𝐠bsubscript𝐠𝑏\mathbf{g}_{b} et λ^^𝜆\widehat{\lambda} telle que

|H(λ^,𝗌;𝐠bx)|1C(λ,𝐠b)|H(λ^,𝗌;x)|1superscript𝐻^𝜆𝗌subscript𝐠𝑏𝑥1𝐶𝜆subscript𝐠𝑏superscript𝐻^𝜆𝗌𝑥1\left|{H(\widehat{\lambda},\mathsf{s};\mathbf{g}_{b}\cdot x)}\right|^{-1}\leq C(\lambda,\mathbf{g}_{b})\left|{H(\widehat{\lambda},\mathsf{s};x)}\right|^{-1}

et comme H(λ^,𝗌;x)=H(λ^;x)𝐻^𝜆𝗌𝑥𝐻^𝜆𝑥H(\widehat{\lambda},\mathsf{s};x)=H(\widehat{\lambda};x), la convergence absolue du membre de gauche en résulte. (Voir aussi le lemme 4.4.) Quant à l’intégrale du membre de droite, on peut négliger le caractère χ𝜒\chi dont la valeur absolue est 111 et on retrouve une intégrale dont la convergence absolue est prouvée dans [4] (preuve du théorème 4.4). Cela prouve aussi que lorsque Re(λ)Re𝜆\operatorname{Re}(\lambda) décrit un compact de ω𝒳1+Λeff0(𝒳F)superscriptsubscript𝜔𝒳1superscriptsubscriptΛeff0subscript𝒳𝐹\omega_{\mathscr{X}}^{-1}+\Lambda_{\mathrm{eff}}^{0}(\mathscr{X}_{F}), la fonction zêta des hauteurs Z(ϑ(λ^);𝒯|b)𝑍italic-ϑ^𝜆evaluated-at𝒯𝑏Z(\vartheta(\widehat{\lambda});\mathscr{T}|_{b}) de la fibre en b(F)𝑏𝐹b\in\mathscr{B}(F) est bornée indépendamment de b𝑏b.

En reportant cette majoration dans la décomposition (5.1.2), il en résulte la convergence absolue de la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T} lorsque la partie réelle de α^^𝛼\widehat{\alpha} appartient à Λ^^Λ\widehat{\Lambda} et λω𝒳tensor-product𝜆subscript𝜔𝒳\lambda\otimes\omega_{\mathscr{X}} appartient à Λeff0(𝒳F)superscriptsubscriptΛeff0subscript𝒳𝐹\Lambda_{\mathrm{eff}}^{0}(\mathscr{X}_{F}), uniformément lorsque λω𝒳tensor-product𝜆subscript𝜔𝒳\lambda\otimes\omega_{\mathscr{X}} décrit un compact de ce cône. ∎

Dans [9], définition LABEL:defi:LArakelov, on a défini la notion de fonction L𝐿L d’Arakelov attachée à un torseur arithmétique et à une fonction sur un espace adélique. Appliquée au G×𝐆m𝐺subscript𝐆𝑚G\times\mathbf{G}_{m}-torseur arithmétique sur \mathscr{B} défini par 𝒯^×α^subscript^𝒯^𝛼\widehat{\mathscr{T}}\times_{\mathscr{B}}\widehat{\alpha} et à la fonction χ1\chi^{-1}\cdot\left\|{\cdot}\right\|, la définition devient

L(𝒯^α^,χ1)=b(F)χ1(𝐠b)H(α^;b)1.L(\widehat{\mathscr{T}}\boxtimes\widehat{\alpha},\chi^{-1}\boxtimes\left\|{\cdot}\right\|)=\sum_{b\in\mathscr{B}(F)}\chi^{-1}(\mathbf{g}_{b})H(\widehat{\alpha};b)^{-1}.

(On a utilisé le fait que 𝐠bG(F)\G(𝐀F)/KGsubscript𝐠𝑏\𝐺𝐹𝐺subscript𝐀𝐹subscript𝐾𝐺\mathbf{g}_{b}\in G(F)\backslash G(\mathbf{A}_{F})/K_{G} est la classe du G𝐺G-torseur arithmétique 𝒯|bevaluated-at𝒯𝑏\mathscr{T}|_{b}.)

Un corollaire de la démonstration de la proposition précédente est alors le suivant :

\coroname \the\smf@thm\pointrait

Sous les hypothèses de la proposition 5.1, on a la formule

Z(λ^,α^)=𝒜GHˇ(λ^;χ)L(𝒯^α^,χ1)dχ.Z(\widehat{\lambda},\widehat{\alpha})=\int_{\mathscr{A}_{G}}\check{H}(-\widehat{\lambda};\chi)L(\widehat{\mathscr{T}}\boxtimes\widehat{\alpha},\chi^{-1}\boxtimes\left\|{\cdot}\right\|)\,d\chi.
Proof.

Compte tenu de la majoration établie à la fin de la preuve du théorème précédent et des rappels faits sur les fonctions L𝐿L d’Arakelov, il suffit de reporter l’équation (5.1.4) dans la formule (5.1.2) et d’échanger les signes somme et intégrale. ∎

Cette dernière formule est le point de départ pour établir, moyennant des hypothèses supplémentaires sur \mathscr{B}, un prolongement méromorphe de la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T}.

5.2 Prolongement méromorphe

Fixons une section de l’homomorphisme canonique Pic^()𝐙𝐐Pic(F)𝐐^Picsubscripttensor-product𝐙𝐐tensor-productPicsubscript𝐹𝐐\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B})\otimes_{\mathbf{Z}}\mathbf{Q}\rightarrow\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F})\otimes\mathbf{Q}, autrement dit un choix de fonctions hauteurs compatible au produit tensoriel, ce que Peyre appelle système de hauteurs dans [17], 2.2. Concernant 𝒳𝒳\mathscr{X}, on utilise toujours les métriques adéliques canoniques utilisées au paragraphe 4. Ainsi, on écrira λ𝜆\lambda et α𝛼\alpha, les chapeaux devenant inutiles. L’application η^:X(G)Pic^():^𝜂superscript𝑋𝐺^Pic\widehat{\eta}:X^{*}(G)\rightarrow\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B}) est supposée être la composée de l’application η:X(G)Pic(F):𝜂superscript𝑋𝐺Picsubscript𝐹\eta:X^{*}(G)\rightarrow\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F}) donnée par la restriction du torseur à la fibre générique, et de la section Pic(F)𝐐Pic^()𝐐tensor-productPicsubscript𝐹𝐐^Pictensor-product𝐐\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F})\otimes\mathbf{Q}\rightarrow\mathop{\smash{\widehat{\operatorname{Pic}}}\vphantom{\operatorname{Pic}}}\nolimits(\mathscr{B})\otimes\mathbf{Q} fixée.

Ces restrictions ne sont pas vraiment essentielles mais simplifient beaucoup les notations.

Notons V1=PicG(𝒳F)𝐑V_{1}=\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})_{\mathbf{R}}, M1=X(G)𝐑subscript𝑀1superscript𝑋subscript𝐺𝐑M_{1}=X^{*}(G)_{\mathbf{R}}, n1=dimV1subscript𝑛1dimensionsubscript𝑉1n_{1}=\dim V_{1} et V2=Pic(F)𝐑V_{2}=\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F})_{\mathbf{R}}. Soient Λ1V1subscriptΛ1subscript𝑉1\Lambda_{1}\subset V_{1} et Λ2V2subscriptΛ2subscript𝑉2\Lambda_{2}\subset V_{2} les cônes ouverts, intérieurs des cônes effectifs dans PicG(𝒳F)𝐑\operatorname{Pic}\nolimits^{G}(\mathscr{X}_{F})_{\mathbf{R}} et Pic(F)𝐑\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{B}_{F})_{\mathbf{R}}. L’espace vectoriel V1subscript𝑉1V_{1} possède une base naturelle, formée des fibrés en droites G𝐺G-linéarisés associés aux diviseurs G𝐺G-invariants sur 𝒳Ftensor-product𝒳𝐹\mathscr{X}\otimes F. Dans cette base, le cône Λ1subscriptΛ1\Lambda_{1} est simplement l’ensemble des (s1,,sn1)subscript𝑠1subscript𝑠subscript𝑛1(s_{1},\dots,s_{n_{1}}) strictement positifs.

On note η:M1V2:𝜂subscript𝑀1subscript𝑉2\eta:M_{1}\rightarrow V_{2} l’application linéaire déduite de η^^𝜂\widehat{\eta} et M=(id,η)(M1)V1×V2𝑀id𝜂subscript𝑀1subscript𝑉1subscript𝑉2M=(\mathrm{id},-\eta)(M_{1})\subset V_{1}\times V_{2}. Notons V=V1×V2𝑉subscript𝑉1subscript𝑉2V=V_{1}\times V_{2}. Les théorèmes LABEL:theo:picard et LABEL:theo:effectif identifient Pic(𝒴F)𝐑\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{Y}_{F})_{\mathbf{R}} à V/M𝑉𝑀V/M, et l’intérieur du cône effectif de 𝒴Fsubscript𝒴𝐹\mathscr{Y}_{F} à l’image de Λ1×Λ2subscriptΛ1subscriptΛ2\Lambda_{1}\times\Lambda_{2} par la projection VV/M𝑉𝑉𝑀V\rightarrow V/M. Si ω𝒳subscript𝜔𝒳\omega_{\mathscr{X}} est muni de sa G𝐺G-linéarisation canonique, la proposition LABEL:prop:canonique dit que ω𝒴subscript𝜔𝒴\omega_{\mathscr{Y}} est l’image du couple (ω𝒳,ω)subscript𝜔𝒳subscript𝜔(\omega_{\mathscr{X}},\omega_{\mathscr{B}}) par cette même projection.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Avec ces notations, la formule du corollaire du paragraphe précédent peut se récrire :

Z(λ+ω𝒳1,α+ω1)=M1f(λ+im1;αiη(m1))𝑑m1,𝑍𝜆superscriptsubscript𝜔𝒳1𝛼superscriptsubscript𝜔1subscriptsubscript𝑀1𝑓𝜆𝑖subscript𝑚1𝛼𝑖𝜂subscript𝑚1differential-dsubscript𝑚1Z(\lambda+\omega_{\mathscr{X}}^{-1},\alpha+\omega_{\mathscr{B}}^{-1})=\int_{M_{1}}f(\lambda+im_{1};\alpha-i\eta(m_{1}))\,dm_{1},

où la fonction

f:𝖳(Λ1×Λ2)𝐂:𝑓𝖳subscriptΛ1subscriptΛ2𝐂f:{\mathsf{T}}(\Lambda_{1}\times\Lambda_{2})\rightarrow\mathbf{C}

est définie par

f(λ;α)=𝒰GHˇ((λ+ω𝒳1);χu)L(𝒯^(α+ω1);χu1)dχuf(\lambda;\alpha)=\int_{\mathscr{U}_{G}}\check{H}(-(\lambda+\omega_{\mathscr{X}}^{-1});\chi_{u})L(\widehat{\mathscr{T}}\boxtimes(\alpha+\omega_{\mathscr{B}}^{-1});\chi_{u}^{-1}\boxtimes\left\|{\cdot}\right\|)\,d\chi_{u}

et dm1𝑑subscript𝑚1dm_{1}, dχu𝑑subscript𝜒𝑢d\chi_{u} sont des mesures de Haar sur M1subscript𝑀1M_{1} et 𝒰Gsubscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G} telles que dχ=dm1dχu𝑑𝜒𝑑subscript𝑚1𝑑subscript𝜒𝑢d\chi=dm_{1}\,d\chi_{u} dans la décomposition 𝒜G=M1𝒰Gsubscript𝒜𝐺direct-sumsubscript𝑀1subscript𝒰𝐺\mathscr{A}_{G}=M_{1}\oplus\mathscr{U}_{G} du paragraphe 4.1 (cf. aussi le lemme 4.4).

On note que 𝒰Gsubscript𝒰𝐺\mathscr{U}_{G} est un groupe discret et que la mesure dχu𝑑subscript𝜒𝑢d\chi_{u} est donc proportionnelle à la mesure de comptage.

Proof.

Si χ𝒜G𝜒subscript𝒜𝐺\chi\in\mathscr{A}_{G} s’écrit (m1,χu)subscript𝑚1subscript𝜒𝑢(m_{1},\chi_{u}) dans M1𝒰Gdirect-sumsubscript𝑀1subscript𝒰𝐺M_{1}\oplus\mathscr{U}_{G}, on remarque que l’on a les égalités

Hˇ(λ;χ)=Hˇ(λι(im1);χu)ˇ𝐻𝜆𝜒ˇ𝐻𝜆𝜄𝑖subscript𝑚1subscript𝜒𝑢\check{H}(-\lambda;\chi)=\check{H}(-\lambda-\iota(i\,m_{1});\chi_{u})

et

χ1(𝐠b)H(α^;b)1=χu1(𝐠b)H(α^η(m1);b)1superscript𝜒1subscript𝐠𝑏𝐻superscript^𝛼𝑏1superscriptsubscript𝜒𝑢1subscript𝐠𝑏𝐻superscript^𝛼𝜂subscript𝑚1𝑏1\chi^{-1}(\mathbf{g}_{b})H(\widehat{\alpha};b)^{-1}=\chi_{u}^{-1}(\mathbf{g}_{b})H(\widehat{\alpha}-\eta(m_{1});b)^{-1}

car (lemme 4.1)

χm1(𝐠b)=exp(i)([m1]𝒯^|b)=exp(iη^(m1)|b)=H(η^(m1);b).\chi_{m_{1}}(\mathbf{g}_{b})=\exp(i\left\|{\cdot}\right\|)([m_{1}]_{*}\widehat{\mathscr{T}}|_{b})=\exp(i\left\|{\widehat{\eta}(m_{1})|_{b}}\right\|)=H(-\widehat{\eta}(m_{1});b).

On utilise ensuite le théorème de Fubini. ∎

On utilise enfin les notations du § 3.

Hypothèses \the\smf@thm\pointrait

On fait les hypothèses suivantes :

  • le cône Λ2subscriptΛ2\Lambda_{2} est un cône polyédral (de type fini). Notons (j)subscript𝑗(\ell_{j}) les formes linéaires définissant ses faces ;

  • la fonction zêta des hauteurs de \mathscr{B} converge localement normalement pour α+ωΛ2𝛼subscript𝜔subscriptΛ2\alpha+\omega_{\mathscr{B}}\in\Lambda_{2} ;

  • il existe un voisinage convexe B2subscript𝐵2B_{2} de l’origine dans V2subscript𝑉2V_{2} et pour tout caractère χ𝒜G𝜒subscript𝒜𝐺\chi\in\mathscr{A}_{G} une fonction holomorphe g(χ;)𝑔𝜒g(\chi;\cdot) sur le tube 𝖳(B2)𝖳subscript𝐵2{\mathsf{T}}(B_{2}) tels que, si Re(α+ω)Λ2Re𝛼subscript𝜔subscriptΛ2\operatorname{Re}(\alpha+\omega_{\mathscr{B}})\in\Lambda_{2},

    L(𝒯^α,χ1)=jj(α)j(α+ω)g(χ;α+ω);L(\widehat{\mathscr{T}}\boxtimes\alpha,\chi^{-1}\boxtimes\left\|{\cdot}\right\|)=\prod_{j}\frac{\ell_{j}(\alpha)}{\ell_{j}(\alpha+\omega_{\mathscr{B}})}g(\chi;\alpha+\omega_{\mathscr{B}});
  • il existe un réel γ𝛾\gamma strictement positif tel que pour tout ε>0𝜀0\varepsilon>0, les fonctions g(χ;)𝑔𝜒g(\chi;\cdot) vérifient une majoration uniforme

    |g(χ;α+ω)|Cε(1+Im(α))γ(1+χ)ε,𝑔𝜒𝛼subscript𝜔subscript𝐶𝜀superscript1normIm𝛼𝛾superscript1norm𝜒𝜀\left|{g(\chi;\alpha+\omega_{\mathscr{B}})}\right|\leq C_{\varepsilon}\big{(}1+\left\|{\operatorname{Im}(\alpha)}\right\|\big{)}^{\gamma}\big{(}1+\left\|{\chi}\right\|\big{)}^{\varepsilon},

    pour un réel ε<1𝜀1\varepsilon<1 et une constante Cεsubscript𝐶𝜀C_{\varepsilon} ;

  • si τ()𝜏\tau(\mathscr{B}) désigne le nombre de Tamagawa de \mathscr{B}, pour tout α𝛼\alpha appartenant à Λ2subscriptΛ2\Lambda_{2},

    lims0+Z(;sα+ω1)𝖷Λ2(sα)=τ()0.subscript𝑠superscript0𝑍𝑠𝛼superscriptsubscript𝜔1subscript𝖷subscriptΛ2𝑠𝛼𝜏0\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\frac{Z(\mathscr{B};s\alpha+\omega_{\mathscr{B}}^{-1})}{\mathsf{X}_{\Lambda_{2}}(s\alpha)}=\tau(\mathscr{B})\neq 0.
\remaname \the\smf@thm\pointrait

Dans le cas où \mathscr{B} est une variété de drapeaux généralisée, ces hypothèses correspondent à des énoncés sur les séries d’Eisenstein tordues par des caractères de Hecke. Ils sont établis dans [19].

Dans la suite, on travaille avec les classes de contrôle 𝒟βsubscript𝒟𝛽\mathscr{D}_{\beta} introduites au paragraphe 4.3.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Sous les hypothèses précédentes, pour tout réel β>1𝛽1\beta>1, la fonction f𝑓f appartient à M(Λ1×Λ2)subscript𝑀subscriptΛ1subscriptΛ2\mathscr{H}_{M}(\Lambda_{1}\times\Lambda_{2}), pour la classe 𝒟β+γsubscript𝒟𝛽𝛾\mathscr{D}_{\beta+\gamma}.

Proof.

Il suffit de reprendre la démonstration de la proposition 4.4, d’y insérer les majorations que nous avons supposées et de majorer

(1+Imλ)β(1+Imα)γ(1+Imλ+Imα)β+γ.superscript1normIm𝜆𝛽superscript1normIm𝛼𝛾superscript1normIm𝜆normIm𝛼𝛽𝛾(1+\left\|{\operatorname{Im}\lambda}\right\|)^{\beta}(1+\left\|{\operatorname{Im}\alpha}\right\|)^{\gamma}\leq(1+\left\|{\operatorname{Im}\lambda}\right\|+\left\|{\operatorname{Im}\alpha}\right\|)^{\beta+\gamma}.

Grâce au théorème d’analyse 3.1, on en déduit un prolongement méromorphe pour la fonction zêta des hauteurs de 𝒯𝒯\mathscr{T}.

\theoname \the\smf@thm\pointrait

La fonction zêta des hauteurs décalée de 𝒯𝒯\mathscr{T} admet un prolongement méromorphe dans un voisinage de 𝖳(Λeff0(𝒴))𝖳subscriptsuperscriptΛ0eff𝒴{\mathsf{T}}(\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{Y})) dans Pic(𝒴)𝐂\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{Y})_{\mathbf{C}}. Cette fonction a des pôles simples donnés par les équations des faces de Λeff0(𝒴)subscriptsuperscriptΛ0eff𝒴\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{Y}). De plus, si λΛeff0(𝒴)𝜆subscriptsuperscriptΛ0eff𝒴\lambda\in\Lambda^{0}_{\mathrm{eff}}(\mathscr{Y}),

lims0+Z(𝒯;sλ+ω𝒴1)𝖷Λeff(𝒴)(sλ)=τ(𝒴),subscript𝑠superscript0𝑍𝒯𝑠𝜆superscriptsubscript𝜔𝒴1subscript𝖷subscriptΛeff𝒴𝑠𝜆𝜏𝒴\lim_{s\rightarrow 0^{+}}\frac{Z(\mathscr{T};s\lambda+\omega_{\mathscr{Y}}^{-1})}{\mathsf{X}_{\Lambda_{\mathrm{eff}}(\mathscr{Y})}(s\lambda)}=\tau(\mathscr{Y}),

le nombre de Tamagawa de 𝒴𝒴\mathscr{Y}.

Proof.

Le seul point qui n’a pas été rappelé est que le nombre de Tamagawa est 𝒴𝒴\mathscr{Y} est le produit de ceux de 𝒳𝒳\mathscr{X} et \mathscr{B} ([9], théorème 2.5.5). ∎

\coroname \the\smf@thm\pointrait

Il existe ε>0𝜀0\varepsilon>0 et un polynôme P𝑃P tels que le nombre de points de 𝒯(F)𝒯𝐹\mathscr{T}(F) dont la hauteur anticanonique est inférieure ou égale à H𝐻H vérifie un développement asymptotique

N(H)=HP(logH)+O(H1ε)𝑁𝐻𝐻𝑃𝐻𝑂superscript𝐻1𝜀N(H)=HP(\log H)+O(H^{1-\varepsilon})

lorsque H𝐻H tend vers ++\infty. Le degré de P𝑃P est égal au rang de Pic(𝒴F)Picsubscript𝒴𝐹\operatorname{Pic}\nolimits(\mathscr{Y}_{F}) moins 111 et son coefficient dominant vaut

𝖷Λeff(𝒴)(ω𝒴1)τ(𝒴).subscript𝖷subscriptΛeff𝒴superscriptsubscript𝜔𝒴1𝜏𝒴\mathsf{X}_{\Lambda_{\mathrm{eff}}(\mathscr{Y})}(\omega_{\mathscr{Y}}^{-1})\tau(\mathscr{Y}).

Appendix A Un théorème taubérien

Le but de ce paragraphe est de démontrer un théorème taubérien dont la preuve nous a été communiquée par P. Etingof. Ce théorème est certainement bien connu des experts mais que nous n’avons pu le trouver sous cette forme dans la littérature.

\theoname \the\smf@thm\pointrait

Soient (λn)n𝐍subscriptsubscript𝜆𝑛𝑛𝐍(\lambda_{n})_{n\in\mathbf{N}} une suite croissante de réels strictement positifs, (cn)n𝐍subscriptsubscript𝑐𝑛𝑛𝐍(c_{n})_{n\in\mathbf{N}} une suite de réels positifs et f𝑓f la série de Dirichlet

f(s)=n=0cn1λns.𝑓𝑠superscriptsubscript𝑛0subscript𝑐𝑛1superscriptsubscript𝜆𝑛𝑠f(s)=\sum_{n=0}^{\infty}c_{n}\frac{1}{\lambda_{n}^{s}}.

On fait les hypothèses suivantes :

  • la série définissant f𝑓f converge dans un demi-plan Re(s)>a>0Re𝑠𝑎0\operatorname{Re}(s)>a>0 ;

  • elle admet un prolongement méromorphe dans un demi-plan Re(s)>aδ0>0Re𝑠𝑎subscript𝛿00\operatorname{Re}(s)>a-\delta_{0}>0 ;

  • dans ce domaine, elle possède un unique pôle en s=a𝑠𝑎s=a, de multiplicité b𝐍𝑏𝐍b\in\mathbf{N}. On note Θ=limsaf(s)(sa)b>0Θsubscript𝑠𝑎𝑓𝑠superscript𝑠𝑎𝑏0\Theta=\lim_{s\rightarrow a}f(s)(s-a)^{b}>0 ;

  • enfin, il existe un réel κ>0𝜅0\kappa>0 de sorte que l’on ait pour Re(s)>aδ0Re𝑠𝑎subscript𝛿0\operatorname{Re}(s)>a-\delta_{0} l’estimation,

    |f(s)(sa)bsb|=O((1+Im(s))κ).𝑓𝑠superscript𝑠𝑎𝑏superscript𝑠𝑏𝑂superscript1Im𝑠𝜅\left|{f(s)\frac{(s-a)^{b}}{s^{b}}}\right|=O\big{(}(1+\operatorname{Im}(s))^{\kappa}\big{)}.

Alors il existe un polynôme unitaire P𝑃P de degré b1𝑏1b-1 tel que pour tout δ<δ0𝛿subscript𝛿0\delta<\delta_{0}, on ait, lorsque X𝑋X tend vers ++\infty,

N(X)=defλnXcn=Θa(b1)!XaP(logX)+O(Xaδ).superscriptdef𝑁𝑋subscriptsubscript𝜆𝑛𝑋subscript𝑐𝑛Θ𝑎𝑏1superscript𝑋𝑎𝑃𝑋𝑂superscript𝑋𝑎𝛿N(X)\stackrel{{\scriptstyle\text{def}}}{{=}}\sum_{\lambda_{n}\leq X}c_{n}=\frac{\Theta}{a\,(b-1)!}X^{a}P(\log X)+O(X^{a-\delta}).

On introduit pour tout entier k0𝑘0k\geq 0 la fonction

φk(X)=λnXan(log(X/λn))k,subscript𝜑𝑘𝑋subscriptsubscript𝜆𝑛𝑋subscript𝑎𝑛superscript𝑋subscript𝜆𝑛𝑘\varphi_{k}(X)=\sum_{\lambda_{n}\leq X}a_{n}\left(\log(X/\lambda_{n})\right)^{k},

de sorte que φ0=Nsubscript𝜑0𝑁\varphi_{0}=N.

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Sous les hypothèses du théorème A, il existe pour tout entier k>κ𝑘𝜅k>\kappa un polynôme Q𝑄Q de degré b1𝑏1b-1 et de coefficient dominant k!Θ/(ak+1(b1)!)𝑘Θsuperscript𝑎𝑘1𝑏1k!\Theta/(a^{k+1}(b-1)!) tel que pour tout δ<δ0𝛿subscript𝛿0\delta<\delta_{0}, on ait l’estimation, lorsque X𝑋X tend vers ++\infty,

φk(X)=XaQ(logX)+O(Xaδ).subscript𝜑𝑘𝑋superscript𝑋𝑎𝑄𝑋𝑂superscript𝑋𝑎𝛿\varphi_{k}(X)=X^{a}Q(\log X)+O(X^{a-\delta}).
Proof.

Soit a>asuperscript𝑎𝑎a^{\prime}>a arbitraire. On remarque, en vertu de l’intégrale classique

a+i𝐑λsdssk+1=2iπk!(log+(λ))k,λ>0formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑎𝑖𝐑superscript𝜆𝑠𝑑𝑠superscript𝑠𝑘12𝑖𝜋𝑘superscriptsuperscript𝜆𝑘𝜆0\int_{a^{\prime}+i\mathbf{R}}\lambda^{s}\frac{ds}{s^{k+1}}=\frac{2i\pi}{k!}\left(\log^{+}(\lambda)\right)^{k},\quad\lambda>0

que l’on a la formule

φ(X)=k!2iπa+i𝐑f(s)Xsdssk+1,𝜑𝑋𝑘2𝑖𝜋subscriptsuperscript𝑎𝑖𝐑𝑓𝑠superscript𝑋𝑠𝑑𝑠superscript𝑠𝑘1\varphi(X)=\frac{k!}{2i\pi}\int_{a^{\prime}+i\mathbf{R}}f(s)X^{s}\frac{ds}{s^{k+1}},

l’intégrale étant absolument convergente puisque κ<k𝜅𝑘\kappa<k.

On veut décaler le coutour d’intégration vers la droite verticale Re(s)=aδRe𝑠𝑎𝛿\operatorname{Re}(s)=a-\delta, où δ𝛿\delta est un réel arbitraire tel que 0<δ<δ00𝛿subscript𝛿00<\delta<\delta_{0}. Dans le rectangle aδRe(s)a𝑎𝛿Re𝑠superscript𝑎a-\delta\leq\operatorname{Re}(s)\leq a^{\prime}, |Im(s)|TIm𝑠𝑇\left|{\operatorname{Im}(s)}\right|\leq T, il y a un unique pôle en s=a𝑠𝑎s=a. Le résidu y vaut

Ress=af(s)Xssk+1=Θak+1(b1)!XaQ(logX)subscriptRes𝑠𝑎𝑓𝑠superscript𝑋𝑠superscript𝑠𝑘1Θsuperscript𝑎𝑘1𝑏1superscript𝑋𝑎𝑄𝑋\operatorname{Res}\nolimits_{s=a}f(s)\frac{X^{s}}{s^{k+1}}=\frac{\Theta}{a^{k+1}\,(b-1)!}X^{a}Q(\log X)

Q𝑄Q est un polynôme unitaire de degré b1𝑏1b-1. Il en résulte que

12iπaiTa+iTf(s)Xsdssk+1=12iπaδiTaδ+iTf(s)Xsdssk+1+I+I+Θak+1(b1)!XaQ(logX),12𝑖𝜋superscriptsubscriptsuperscript𝑎𝑖𝑇superscript𝑎𝑖𝑇𝑓𝑠superscript𝑋𝑠𝑑𝑠superscript𝑠𝑘112𝑖𝜋superscriptsubscript𝑎𝛿𝑖𝑇𝑎𝛿𝑖𝑇𝑓𝑠superscript𝑋𝑠𝑑𝑠superscript𝑠𝑘1subscript𝐼subscript𝐼Θsuperscript𝑎𝑘1𝑏1superscript𝑋𝑎𝑄𝑋\frac{1}{2i\pi}\int_{a^{\prime}-iT}^{a^{\prime}+iT}f(s)X^{s}\frac{ds}{s^{k+1}}\\ =\frac{1}{2i\pi}\int_{a-\delta-iT}^{a-\delta+iT}f(s)X^{s}\frac{ds}{s^{k+1}}+I_{+}-I_{-}+\frac{\Theta}{a^{k+1}\,(b-1)!}X^{a}Q(\log X),

I+subscript𝐼I_{+} et Isubscript𝐼I_{-} sont les intégrales sur les segments horizontaux (orientés de la gauche vers la droite). Lorsque T𝑇T tend vers ++\infty, ces intégrales sont O(Tκk1Xa)𝑂superscript𝑇𝜅𝑘1superscript𝑋superscript𝑎O(T^{\kappa-k-1}X^{a^{\prime}}) et tendent donc vers 00. Les hypothèses sur f𝑓f et le fait que k>κ𝑘𝜅k>\kappa montrent que f(s)Xs/sk+1𝑓𝑠superscript𝑋𝑠superscript𝑠𝑘1f(s)X^{s}/s^{k+1} est absolument intégrable sur la droite Re(s)=aδRe𝑠𝑎𝛿\operatorname{Re}(s)=a-\delta, l’intégrale étant majorée par O(Xaδ)𝑂superscript𝑋𝑎𝛿O(X^{a-\delta}). Par conséquent, on a

φ(X)=Θk!ak+1(b1)!XaQ(logX)+O(Xaδ).𝜑𝑋Θ𝑘superscript𝑎𝑘1𝑏1superscript𝑋𝑎𝑄𝑋𝑂superscript𝑋𝑎𝛿\varphi(X)=\Theta\frac{k!}{a^{k+1}\,(b-1)!}X^{a}Q(\log X)+O(X^{a-\delta}).

Le lemme est ainsi démontré. ∎

Preuve du théorème.

On va démontrer par récurrence descendante que la conclusion du lemme précédent vaut en fait pour tout entier k0𝑘0k\geq 0. Arrivés à k=0𝑘0k=0, le théorème sera prouvé. Montrons donc comment passer de k1𝑘1k\geq 1 à k1𝑘1k-1.

Pour tout η]0;1[𝜂01\eta\in\left]0;1\right[, on a facilement l’inégalité

φk(X(1η))φk(X)log(1η)kφk1(X)φk(X(1+η))φk(X)log(1+η).subscript𝜑𝑘𝑋1𝜂subscript𝜑𝑘𝑋1𝜂𝑘subscript𝜑𝑘1𝑋subscript𝜑𝑘𝑋1𝜂subscript𝜑𝑘𝑋1𝜂\frac{\varphi_{k}(X(1-\eta))-\varphi_{k}(X)}{\log(1-\eta)}\leq k\varphi_{k-1}(X)\leq\frac{\varphi_{k}(X(1+\eta))-\varphi_{k}(X)}{\log(1+\eta)}.

Fixons un réel δsuperscript𝛿\delta^{\prime} tel que 0<δ<δ<δ00superscript𝛿𝛿subscript𝛿00<\delta^{\prime}<\delta<\delta_{0}. D’après le lemme précédent, il existe un réel C𝐶C tel que

|φk(X)k!Θak+1(b1)!XaQ(logX)|CXaδ.subscript𝜑𝑘𝑋𝑘Θsuperscript𝑎𝑘1𝑏1superscript𝑋𝑎𝑄𝑋𝐶superscript𝑋𝑎superscript𝛿\left|{\varphi_{k}(X)-\frac{k!\Theta}{a^{k+1}\,(b-1)!}X^{a}Q(\log X)}\right|\leq CX^{a-\delta^{\prime}}.

On constate que l’on a alors, si 1<u<11𝑢1-1<u<1,

φk(X(1+u))φk(X)log(1+u)=k!Θak+1(b1)!XaQ(logX+log(1+u))(1+u)aQ(logX)log(1+u)+R(X),subscript𝜑𝑘𝑋1𝑢subscript𝜑𝑘𝑋1𝑢𝑘Θsuperscript𝑎𝑘1𝑏1superscript𝑋𝑎𝑄𝑋1𝑢superscript1𝑢𝑎𝑄𝑋1𝑢𝑅𝑋\frac{\varphi_{k}(X(1+u))-\varphi_{k}(X)}{\log(1+u)}\\ =\frac{k!\Theta}{a^{k+1}\,(b-1)!}X^{a}\frac{Q(\log X+\log(1+u))(1+u)^{a}-Q(\log X)}{\log(1+u)}+R(X),

|R(X)|2CXaδ/|log(1+u)|=O(Xaδ/u)𝑅𝑋2𝐶superscript𝑋𝑎superscript𝛿1𝑢𝑂superscript𝑋𝑎superscript𝛿𝑢\left|{R(X)}\right|\leq 2CX^{a-\delta^{\prime}}/\left|{\log(1+u)}\right|=O(X^{a-\delta^{\prime}}/u)

si u𝑢u tend vers 00 et X+𝑋X\rightarrow+\infty. Toujours lorsque X+𝑋X\rightarrow+\infty et u0𝑢0u\rightarrow 0, on a

Q(logX+log(1+u))(1+u)aQ(logX)log(1+u)𝑄𝑋1𝑢superscript1𝑢𝑎𝑄𝑋1𝑢\displaystyle\frac{Q(\log X+\log(1+u))(1+u)^{a}-Q(\log X)}{\log(1+u)}\hskip-135.00023pt
=Q(logX)(1+u)a1log(1+u)+n=1b11n!Q(n)(logX)log(1+u)n1(1+u)a\displaystyle=Q(\log X)\frac{(1+u)^{a}-1}{\log(1+u)}+\sum_{n=1}^{b-1}\frac{1}{n!}Q^{(n)}(\log X)\log(1+u)^{n-1}(1+u)^{a}
=Q(logX)(a+O(u))+Q(logX)(1+O(u))+O((logX)b1u)absent𝑄𝑋𝑎𝑂𝑢superscript𝑄𝑋1𝑂𝑢𝑂superscript𝑋𝑏1𝑢\displaystyle=Q(\log X)\left(a+O(u)\right)+Q^{\prime}(\log X)\left(1+O(u)\right)+O((\log X)^{b-1}u)
=(aQ+Q)(logX)+O((logX)b1u).absent𝑎𝑄superscript𝑄𝑋𝑂superscript𝑋𝑏1𝑢\displaystyle=(aQ+Q^{\prime})(\log X)+O((\log X)^{b-1}u).

Prenons u=±1/Xε𝑢plus-or-minus1superscript𝑋𝜀u=\pm 1/X^{\varepsilon}ε>0𝜀0\varepsilon>0 est choisi de sorte que δ+ε<δsuperscript𝛿𝜀𝛿\delta^{\prime}+\varepsilon<\delta. Alors, lorsque X+𝑋X\rightarrow+\infty, |R(X)|=O(Xaδ)𝑅𝑋𝑂superscript𝑋𝑎𝛿\left|{R(X)}\right|=O(X^{a-\delta}) et

Q(logX+log(1+u))(1+u)aQ(logX)log(1+u)=(aQ+Q)(logX)+O(Xδ).𝑄𝑋1𝑢superscript1𝑢𝑎𝑄𝑋1𝑢𝑎𝑄superscript𝑄𝑋𝑂superscript𝑋𝛿\frac{Q(\log X+\log(1+u))(1+u)^{a}-Q(\log X)}{\log(1+u)}=(aQ+Q^{\prime})(\log X)+O(X^{-\delta}).

On a alors un développement

φk1(X)=1kXa(aQ+Q)(logX)+O(Xaδ)subscript𝜑𝑘1𝑋1𝑘superscript𝑋𝑎𝑎𝑄superscript𝑄𝑋𝑂superscript𝑋𝑎𝛿\varphi_{k-1}(X)=\frac{1}{k}X^{a}(aQ+Q^{\prime})(\log X)+O(X^{a-\delta})

Le coefficient dominant de (aQ+Q)/k𝑎𝑄superscript𝑄𝑘(aQ+Q^{\prime})/k est égal à (k1)!Θ/(ak(b1)!)𝑘1Θsuperscript𝑎𝑘𝑏1(k-1)!\Theta/(a^{k}(b-1)!) d’où le théorème par récurrence descendante. ∎

Appendix B Démonstration de quelques inégalités

Le but de cet appendice est de démontrer les inégalités sous-jacentes à la proposition 4.3 qui affirmait l’existence d’une classe de contrôle.

Rappelons les notations.

Soit β𝛽\beta un réel strictement positif. Si M𝑀M et V𝑉V sont deux 𝐑𝐑\mathbf{R}-espaces vectoriels de dimension finie avec MV𝑀𝑉M\subset V, notons 𝒟β,ε(M,V)subscript𝒟𝛽𝜀𝑀𝑉\mathscr{D}_{\beta,\varepsilon}(M,V) le sous-monoïde de (V,𝐑+)𝑉subscript𝐑\mathscr{F}(V,\mathbf{R}_{+}) engendré par les fonctions h:V𝐑+:𝑉subscript𝐑h:V\rightarrow\mathbf{R}_{+} telles qu’il existe c>0𝑐0c>0 et une famille (j)subscript𝑗(\ell_{j}) de formes linéaires sur V𝑉V vérifiant :

  • la famille (j|M)evaluated-atsubscript𝑗𝑀(\ell_{j}|_{M}) forme une base de Msuperscript𝑀M^{*} ;

  • pour tout vV𝑣𝑉v\in V et tout mM𝑚𝑀m\in M, on a

    h(v+m)c(1+v)β(1+m)1ε1(1+|j(v+m)|).𝑣𝑚𝑐superscript1norm𝑣𝛽superscript1norm𝑚1𝜀1product1subscript𝑗𝑣𝑚h(v+m)\leq c\frac{(1+\left\|{v}\right\|)^{\beta}}{(1+\left\|{m}\right\|)^{1-\varepsilon}}\frac{1}{\prod(1+\left|{\ell_{j}(v+m)}\right|)}. (B.1)

On définit ensuite 𝒟β(M,V)=ε>0𝒟β,ε(M,V)subscript𝒟𝛽𝑀𝑉subscript𝜀0subscript𝒟𝛽𝜀𝑀𝑉\mathscr{D}_{\beta}(M,V)=\bigcap_{\varepsilon>0}\mathscr{D}_{\beta,\varepsilon}(M,V).

\theoname \the\smf@thm\pointrait

Les 𝒟β(M,V)subscript𝒟𝛽𝑀𝑉\mathscr{D}_{\beta}({M,V}) définissent une classe de contrôle au sens de la définition 3.1.

Proof.

Les points (3.1,a) et (3.1,c) sont clairs. L’axiome (3.1,e) est vrai car la famille (jp|M)evaluated-atsubscript𝑗𝑝𝑀(\ell_{j}\circ p|_{M}) contient une base de (M/M1)superscript𝑀subscript𝑀1(M/M_{1})^{*}. L’axiome (3.1,b) résulte de l’inégalité

min|t|1(1+|(v+tu+m)|)11+|(u)|(1+|(v+m)|\min_{\left|{t}\right|\leq 1}(1+\left|{\ell(v+tu+m)}\right|)\geq\frac{1}{1+\left|{\ell(u)}\right|}(1+\left|{\ell(v+m)}\right|

valable pour tous vV𝑣𝑉v\in V, uV𝑢𝑉u\in V et mM𝑚𝑀m\in M. Enfin, l’axiome (3.1,d), le plus délicat, fait l’objet de la proposition suivante. ∎

\propname \the\smf@thm\pointrait

Soient MV𝑀𝑉M\subset V, Vsuperscript𝑉V^{\prime} un supplémentaire de M𝑀M dans V𝑉V, dm𝑑𝑚dm une mesure de Lebesgue sur M𝑀M, (j)subscript𝑗(\ell_{j}) une base de Vsuperscript𝑉V^{*}. Pour tout ε>εsuperscript𝜀𝜀\varepsilon^{\prime}>\varepsilon, il existe une constante cεsubscript𝑐superscript𝜀c_{\varepsilon^{\prime}} et un ensemble ((j,α)j)αsubscriptsubscriptsubscript𝑗𝛼𝑗𝛼((\ell_{j,\alpha})_{j})_{\alpha} de bases de (V)superscriptsuperscript𝑉(V^{\prime})^{*} tels que pour tous v1subscript𝑣1v_{1} et v2Msubscript𝑣2superscript𝑀v_{2}\in M^{\prime},

M1(1+v1+m)1εdm(1+|j(v2+m)|)cε(1+v1)1εα1j(1+|j,α(v2)|).subscript𝑀1superscript1normsubscript𝑣1𝑚1𝜀𝑑𝑚product1subscript𝑗subscript𝑣2𝑚subscript𝑐superscript𝜀superscript1normsubscript𝑣11superscript𝜀subscript𝛼1subscriptproduct𝑗1subscript𝑗𝛼subscript𝑣2\int_{M}\frac{1}{(1+\left\|{v_{1}+m}\right\|)^{1-\varepsilon}}\frac{dm}{\prod(1+\left|{\ell_{j}(v_{2}+m)}\right|)}\leq\frac{c_{\varepsilon^{\prime}}}{(1+\left\|{v_{1}}\right\|)^{1-\varepsilon^{\prime}}}\sum_{\alpha}\frac{1}{\prod_{j}(1+\left|{\ell_{j,\alpha}(v_{2})}\right|)}.
Proof.

On raisonne par récurrence sur dimMdimension𝑀\dim M. Soient 𝐮M𝐮𝑀\mathbf{u}\in M, MMsuperscript𝑀𝑀M^{\prime}\subset M tels que M=M𝐑𝐮𝑀direct-sumsuperscript𝑀𝐑𝐮M=M^{\prime}\oplus\mathbf{R}\mathbf{u} et fixons une mesure de Lebesgue dm𝑑superscript𝑚dm^{\prime} sur Msuperscript𝑀M^{\prime} telle que dmdt=dm𝑑superscript𝑚𝑑𝑡𝑑𝑚dm^{\prime}\cdot dt=dm. Alors,

𝐑𝐮subscript𝐑𝐮\displaystyle\int_{\mathbf{R}\mathbf{u}}\dots 𝐑1(1+v1+m+|t|)1εdtj(1+|j(v2+m)tj(𝐮)|)𝑑tmuch-less-thanabsentsubscript𝐑1superscript1normsubscript𝑣1superscript𝑚𝑡1𝜀𝑑𝑡subscriptproduct𝑗1subscript𝑗subscript𝑣2superscript𝑚𝑡subscript𝑗𝐮differential-d𝑡\displaystyle\ll\int_{\mathbf{R}}\frac{1}{(1+\left\|{v_{1}+m^{\prime}}\right\|+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{\prod_{j}(1+\left|{\ell_{j}(v_{2}+m^{\prime})t\ell_{j}(\mathbf{u})}\right|)}\,dt
j;j(𝐮)=011+|j(v2+m)|×\displaystyle\ll\prod_{j\,;\,\ell_{j}(\mathbf{u})=0}\frac{1}{1+\left|{\ell_{j}(v_{2}+m^{\prime})}\right|}\times
×𝐑1(1+v1+m+|t|)1εj;j(𝐮)011+|j(v2+m)+t|dt\displaystyle\qquad\qquad\times\int_{\mathbf{R}}\frac{1}{(1+\left\|{v_{1}+m^{\prime}}\right\|+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\prod_{j\,;\,\ell_{j}(\mathbf{u})\neq 0}\frac{1}{1+\left|{\ell_{j}(v_{2}+m^{\prime})+t}\right|}\,dt
et, en appliquant le lemme B ci-dessous,
1+log(1+v1+m)(1+v1+m)1εαj11+|j,α(v2+m)|much-less-thanabsent11normsubscript𝑣1superscript𝑚superscript1normsubscript𝑣1superscript𝑚1𝜀subscript𝛼subscriptproduct𝑗11subscript𝑗𝛼subscript𝑣2superscript𝑚\displaystyle\ll\frac{1+\log(1+\left\|{v_{1}+m^{\prime}}\right\|)}{(1+\left\|{v_{1}+m^{\prime}}\right\|)^{1-\varepsilon}}\sum_{\alpha}\prod_{j}\frac{1}{1+\left|{\ell_{j,\alpha}(v_{2}+m^{\prime})}\right|}
ε1(1+v1+m)1εα1j(1+|j,α(v2)|).subscriptmuch-less-thansuperscript𝜀absent1superscript1normsubscript𝑣1superscript𝑚1superscript𝜀subscript𝛼1subscriptproduct𝑗1subscript𝑗𝛼subscript𝑣2\displaystyle\ll_{\varepsilon^{\prime}}\frac{1}{(1+\left\|{v_{1}+m^{\prime}}\right\|)^{1-\varepsilon^{\prime}}}\sum_{\alpha}\frac{1}{\prod_{j}(1+\left|{\ell_{j,\alpha}(v_{2})}\right|)}.\qquad\qed

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

On a une majoration, valable pour tous réels t1tnsubscript𝑡1subscript𝑡𝑛t_{1}\leq\dots\leq t_{n} et tout A0𝐴0A\geq 0,

1(1+A+|t|)1εj=1n11+|ttj|dt1+log(1+A)(1+A)1εαj=1n111+|τα,j|much-less-thansuperscriptsubscript1superscript1𝐴𝑡1𝜀superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑛11𝑡subscript𝑡𝑗𝑑𝑡11𝐴superscript1𝐴1𝜀subscript𝛼superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑛111subscript𝜏𝛼𝑗\int_{-\infty}^{\infty}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\prod_{j=1}^{n}\frac{1}{1+\left|{t-t_{j}}\right|}\,dt\ll\frac{1+\log(1+A)}{(1+A)^{1-\varepsilon}}\sum_{\alpha}\prod_{j=1}^{n-1}\frac{1}{1+\left|{\tau_{\alpha,j}}\right|}

où pour tout α𝛼\alpha et tout j𝑗j, τα,j=ta(α,j)tb(α,j)subscript𝜏𝛼𝑗subscript𝑡𝑎𝛼𝑗subscript𝑡𝑏𝛼𝑗\tau_{\alpha,j}=t_{a(\alpha,j)}-t_{b(\alpha,j)} de sorte que pour tout α𝛼\alpha, notant (e1,,en)subscript𝑒1subscript𝑒𝑛(e_{1},\dots,e_{n}) la base canonique de 𝐑nsuperscript𝐑𝑛\mathbf{R}^{n}, les familles (eα,j=ea(α,j)eb(α,j))jsubscriptsubscript𝑒𝛼𝑗subscript𝑒𝑎𝛼𝑗subscript𝑒𝑏𝛼𝑗𝑗(e_{\alpha,j}=e_{a(\alpha,j)}-e_{b(\alpha,j)})_{j} sont libres.

Proof.

On découpe l’intégrale en t1superscriptsubscriptsubscript𝑡1\int_{-\infty}^{t_{1}}, t1t2superscriptsubscriptsubscript𝑡1subscript𝑡2\int_{t_{1}}^{t_{2}}, …, tnsuperscriptsubscriptsubscript𝑡𝑛\int_{t_{n}}^{\infty} et on majore chaque terme.

Pour l’intégrale de -\infty à t1subscript𝑡1t_{1}, on a

t1superscriptsubscriptsubscript𝑡1\displaystyle\int_{-\infty}^{t_{1}}\dots j=2n11+|tjt1|t11(1+A+|t|)1εdt1+t1tabsentsuperscriptsubscriptproduct𝑗2𝑛11subscript𝑡𝑗subscript𝑡1superscriptsubscriptsubscript𝑡11superscript1𝐴𝑡1𝜀𝑑𝑡1subscript𝑡1𝑡\displaystyle\leq\prod_{j=2}^{n}\frac{1}{1+\left|{t_{j}-t_{1}}\right|}\int_{-\infty}^{t_{1}}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t_{1}-t}
j=2n11+|tjt1|01(1+A+|tt1|)1εdt1+tabsentsuperscriptsubscriptproduct𝑗2𝑛11subscript𝑡𝑗subscript𝑡1superscriptsubscript01superscript1𝐴𝑡subscript𝑡11𝜀𝑑𝑡1𝑡\displaystyle\leq\prod_{j=2}^{n}\frac{1}{1+\left|{t_{j}-t_{1}}\right|}\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(1+A+\left|{t-t_{1}}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t}
j=2n11+|tjt1|1+log(1+A)(1+A)1εabsentsuperscriptsubscriptproduct𝑗2𝑛11subscript𝑡𝑗subscript𝑡111𝐴superscript1𝐴1𝜀\displaystyle\leq\prod_{j=2}^{n}\frac{1}{1+\left|{t_{j}-t_{1}}\right|}\frac{1+\log(1+A)}{(1+A)^{1-\varepsilon}}

d’après le lemme B. La dernière intégrale (de tnsubscript𝑡𝑛t_{n} à ++\infty) se traite de même. Enfin,

tktk+1j<k11+|tktj|j>k+111+|tk+1tj|××tktk+11(1+A+|t|)1εdt(1+ttk)(1+tk+1t)superscriptsubscriptsubscript𝑡𝑘subscript𝑡𝑘1subscriptproduct𝑗𝑘11subscript𝑡𝑘subscript𝑡𝑗subscriptproduct𝑗𝑘111subscript𝑡𝑘1subscript𝑡𝑗superscriptsubscriptsubscript𝑡𝑘subscript𝑡𝑘11superscript1𝐴𝑡1𝜀𝑑𝑡1𝑡subscript𝑡𝑘1subscript𝑡𝑘1𝑡\int_{t_{k}}^{t_{k+1}}\dots\leq\prod_{j<k}\frac{1}{1+\left|{t_{k}-t_{j}}\right|}\prod_{j>k+1}\frac{1}{1+\left|{t_{k+1}-t_{j}}\right|}\times\\ \times\int_{t_{k}}^{t_{k+1}}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{(1+t-t_{k})(1+t_{k+1}-t)}

et cette dernière intégrale s’estime comme suit :

1(1+A+|t|)1εdt(1+ttk)(1+tk+1t)=1superscript1𝐴𝑡1𝜀𝑑𝑡1𝑡subscript𝑡𝑘1subscript𝑡𝑘1𝑡absent\displaystyle\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{(1+t-t_{k})(1+t_{k+1}-t)}={}
=tktk+11(1+A+|t|)1ε12+tk+1tk(11+ttk+11+tk+1t)𝑑tabsentsuperscriptsubscriptsubscript𝑡𝑘subscript𝑡𝑘11superscript1𝐴𝑡1𝜀12subscript𝑡𝑘1subscript𝑡𝑘11𝑡subscript𝑡𝑘11subscript𝑡𝑘1𝑡differential-d𝑡\displaystyle=\int_{t_{k}}^{t_{k+1}}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{1}{2+t_{k+1}-t_{k}}\left(\frac{1}{1+t-t_{k}}+\frac{1}{1+t_{k+1}-t}\right)\,dt
12+tk+1tk(tk1(1+A+|t|)1εdt1+ttk\displaystyle\leq\frac{1}{2+t_{k+1}-t_{k}}\Big{(}\int_{t_{k}}^{\infty}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t-t_{k}}
+tk+11(1+A+|t|)1εdt1+tk+1t)\displaystyle\qquad\qquad{}+\int_{-\infty}^{t_{k+1}}\frac{1}{(1+A+\left|{t}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t_{k+1}-t}\Big{)}
12+tk+1tk(01(1+A+|t+tk|)1εdt1+t\displaystyle\leq\frac{1}{2+t_{k+1}-t_{k}}\Big{(}\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(1+A+\left|{t+t_{k}}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t}
+01(1+A+|ttk+1|)1εdt1+t)\displaystyle\qquad\qquad{}+\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(1+A+\left|{t-t_{k+1}}\right|)^{1-\varepsilon}}\frac{dt}{1+t}\Big{)}
11+tk+1tk1+log(1+A)(1+A)1εmuch-less-thanabsent11subscript𝑡𝑘1subscript𝑡𝑘11𝐴superscript1𝐴1𝜀\displaystyle\ll\frac{1}{1+t_{k+1}-t_{k}}\frac{1+\log(1+A)}{(1+A)^{1-\varepsilon}}

en vertu du lemme B. ∎

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

On a une majoration, valable pour tout A1𝐴1A\geq 1 et tout a>0𝑎0a>0,

01(A+|t+a|)αdt1+t1+logAAα.much-less-thansuperscriptsubscript01superscript𝐴𝑡𝑎𝛼𝑑𝑡1𝑡1𝐴superscript𝐴𝛼\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(A+\left|{t+a}\right|)^{\alpha}}\frac{dt}{1+t}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}.

Il reste à démontrer ce lemme. Pour cela, on a besoin de deux lemmes supplémentaires !

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Pour tous A𝐴A et B1𝐵1B\geq 1 et tous α,β>0𝛼𝛽0\alpha,\beta>0 tels que α+β>1𝛼𝛽1\alpha+\beta>1,

0dt(A+t)α(B+t)βα,βmin(A,B)AαBβ×{1+log(B/A)si α=1 et B>A ;1+log(A/B)si β=1 et A>B ;1sinon.subscriptmuch-less-than𝛼𝛽superscriptsubscript0𝑑𝑡superscript𝐴𝑡𝛼superscript𝐵𝑡𝛽𝐴𝐵superscript𝐴𝛼superscript𝐵𝛽cases1𝐵𝐴si α=1 et B>A ;1𝐴𝐵si β=1 et A>B ;1sinon.\int_{0}^{\infty}\frac{dt}{(A+t)^{\alpha}(B+t)^{\beta}}\ll_{\alpha,\beta}\frac{\min(A,B)}{A^{\alpha}B^{\beta}}\times\begin{cases}1+\log(B/A)&\text{si $\alpha=1$ et $B>A$ ;}\\ 1+\log(A/B)&\text{si $\beta=1$ et $A>B$ ;}\\ 1&\text{sinon.}\end{cases}
Proof.

On ne traite que le cas A<B𝐴𝐵A<B, l’autre étant symétrique et le cas A=B𝐴𝐵A=B élémentaire. Faisons le changement de variables A+T=(BA)eu𝐴𝑇𝐵𝐴superscript𝑒𝑢A+T=(B-A)e^{u}, d’où B+T=(BA)(1+eu)𝐵𝑇𝐵𝐴1superscript𝑒𝑢B+T=(B-A)(1+e^{u}). Pour t=0𝑡0t=0, u=logA/(BA)𝑢𝐴𝐵𝐴u=\log A/(B-A). Lorsque t+𝑡t\rightarrow+\infty, u+𝑢u\rightarrow+\infty. Ainsi, l’intégrale vaut

I(A,B;α,β)=1(BA)α+β1logA/(BA)e(1α)u(1+eu)β𝑑u.𝐼𝐴𝐵𝛼𝛽1superscript𝐵𝐴𝛼𝛽1superscriptsubscript𝐴𝐵𝐴superscript𝑒1𝛼𝑢superscript1superscript𝑒𝑢𝛽differential-d𝑢I(A,B;\alpha,\beta)=\frac{1}{(B-A)^{\alpha+\beta-1}}\int_{\log A/(B-A)}^{\infty}\frac{e^{(1-\alpha)u}}{(1+e^{u})^{\beta}}du.

Si A<B2A𝐴𝐵2𝐴A<B\leq 2A, on majore l’intégrale par

I(A,B;α,β)𝐼𝐴𝐵𝛼𝛽\displaystyle I(A,B;\alpha,\beta) 1(BA)α+β1logA/(BA)e(1αβ)u𝑑uabsent1superscript𝐵𝐴𝛼𝛽1superscriptsubscript𝐴𝐵𝐴superscript𝑒1𝛼𝛽𝑢differential-d𝑢\displaystyle\leq\frac{1}{(B-A)^{\alpha+\beta-1}}\int_{\log A/(B-A)}^{\infty}e^{(1-\alpha-\beta)u}\,du
1(BA)α+β111αβ(BAA)α+β1absent1superscript𝐵𝐴𝛼𝛽111𝛼𝛽superscript𝐵𝐴𝐴𝛼𝛽1\displaystyle\leq\frac{1}{(B-A)^{\alpha+\beta-1}}\frac{1}{1-\alpha-\beta}\big{(}\frac{B-A}{A}\big{)}^{\alpha+\beta-1}
1Aα+β1AAαBβmuch-less-thanabsent1superscript𝐴𝛼𝛽1much-less-than𝐴superscript𝐴𝛼superscript𝐵𝛽\displaystyle\ll\frac{1}{A^{\alpha+\beta-1}}\ll\frac{A}{A^{\alpha}B^{\beta}}

puisque 1/A2/B1𝐴2𝐵1/A\leq 2/B.

Lorsque B2A𝐵2𝐴B\geq 2A, logA/(BA)0𝐴𝐵𝐴0\log A/(B-A)\leq 0. On minore 1+eu1superscript𝑒𝑢1+e^{u} par 111 lorsque u0𝑢0u\leq 0 et par eusuperscript𝑒𝑢e^{u} lorsque u0𝑢0u\geq 0, d’où les inégalités

(BA)α+β1I(A,B;α,β)superscript𝐵𝐴𝛼𝛽1𝐼𝐴𝐵𝛼𝛽\displaystyle(B-A)^{\alpha+\beta-1}I(A,B;\alpha,\beta) =logA/(BA)0+0absentsuperscriptsubscript𝐴𝐵𝐴0superscriptsubscript0\displaystyle=\int_{\log A/(B-A)}^{0}+\int_{0}^{\infty}
0e(1α)u(1+eu)β𝑑u+logA/(BA)0e(1α)u𝑑uabsentsuperscriptsubscript0superscript𝑒1𝛼𝑢superscript1superscript𝑒𝑢𝛽differential-d𝑢superscriptsubscript𝐴𝐵𝐴0superscript𝑒1𝛼𝑢differential-d𝑢\displaystyle\leq\int_{0}^{\infty}\frac{e^{(1-\alpha)u}}{(1+e^{u})^{\beta}}\,du+\int_{\log A/(B-A)}^{0}e^{(1-\alpha)u}\,du
1+{log(BA)/Asi α=1 ;11α(1(BAA)α1)si α1much-less-thanabsent1cases𝐵𝐴𝐴si α=1 ;11𝛼1superscript𝐵𝐴𝐴𝛼1si α1\displaystyle\ll 1+\begin{cases}\log(B-A)/A&\text{si $\alpha=1$ ;}\\ \frac{1}{1-\alpha}\Big{(}1-\big{(}\frac{B-A}{A}\big{)}^{\alpha-1}\Big{)}&\text{si $\alpha\neq 1$}\end{cases}
{1+log(B/A)si α=1 ;1+(BAA)α1sinon.much-less-thanabsentcases1𝐵𝐴si α=1 ;1superscript𝐵𝐴𝐴𝛼1sinon.\displaystyle\ll\begin{cases}1+\log(B/A)&\text{si $\alpha=1$ ;}\\ 1+\big{(}\frac{B-A}{A}\big{)}^{\alpha-1}&\text{sinon.}\end{cases}

De plus, 1BA2B1A1𝐵𝐴2𝐵1𝐴\displaystyle\frac{1}{B-A}\leq\frac{2}{B}\leq\frac{1}{A}, si bien que

I(A,B;α,β)𝐼𝐴𝐵𝛼𝛽\displaystyle I(A,B;\alpha,\beta) 1(BA)α+β1×{1+log(B/A)1+((BA)/A)α1\displaystyle\ll\frac{1}{(B-A)^{\alpha+\beta-1}}\times\left\{\begin{matrix}1+\log(B/A)\\ 1+((B-A)/A)^{\alpha-1}\end{matrix}\right.
{(1+log(B/A))/Aα1Bβsi α=1 ;1/Aα1Bβsinon.much-less-thanabsentcases1𝐵𝐴superscript𝐴𝛼1superscript𝐵𝛽si α=1 ;1superscript𝐴𝛼1superscript𝐵𝛽sinon.\displaystyle\ll\begin{cases}(1+\log(B/A))/{A^{\alpha-1}B^{\beta}}&\text{si $\alpha=1$ ;}\\ 1/{A^{\alpha-1}B^{\beta}}&\text{sinon.}\end{cases}

Le lemme est donc démontré. ∎

\lemmname \the\smf@thm\pointrait

Si A,B1𝐴𝐵1A,B\geq 1, α1𝛼1\alpha\leq 1, on a

0B1du(A+u)α(Bu)α1+logAAα.subscriptmuch-less-than𝛼superscriptsubscript0𝐵1𝑑𝑢superscript𝐴𝑢𝛼𝐵𝑢1𝐴superscript𝐴𝛼\int_{0}^{B-1}\frac{du}{(A+u)^{\alpha}(B-u)}\ll_{\alpha}\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}.
Proof.

On fait le changement de variables A+u=(A+B)(1t)𝐴𝑢𝐴𝐵1𝑡A+u=(A+B)(1-t), soit Bu=(A+B)t𝐵𝑢𝐴𝐵𝑡B-u=(A+B)t. Ainsi, l’intégrale vaut

J(A,B;α)=1(A+B)α1/(A+B)B/(A+B)du(1u)αu.𝐽𝐴𝐵𝛼1superscript𝐴𝐵𝛼superscriptsubscript1𝐴𝐵𝐵𝐴𝐵𝑑𝑢superscript1𝑢𝛼𝑢J(A,B;\alpha)=\frac{1}{(A+B)^{\alpha}}\int_{1/(A+B)}^{B/(A+B)}\frac{du}{(1-u)^{\alpha}u}.

Si AB𝐴𝐵A\geq B, uB/(A+B)1/2𝑢𝐵𝐴𝐵12u\leq B/(A+B)\leq 1/2, donc 1u1/21𝑢121-u\geq 1/2 et l’intégrale vérifie

J(A,B;α)1(A+B)α1/(A+B)B/(A+B)duu=logB(A+B)α1+logAAα.much-less-than𝐽𝐴𝐵𝛼1superscript𝐴𝐵𝛼superscriptsubscript1𝐴𝐵𝐵𝐴𝐵𝑑𝑢𝑢𝐵superscript𝐴𝐵𝛼much-less-than1𝐴superscript𝐴𝛼J(A,B;\alpha)\ll\frac{1}{(A+B)^{\alpha}}\int_{1/(A+B)}^{B/(A+B)}\frac{du}{u}=\frac{\log B}{(A+B)^{\alpha}}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}.

Si AB𝐴𝐵A\leq B, on découpe l’intégrale de 1/(A+B)1𝐴𝐵1/(A+B) à 1/2121/2 et de 1/2121/2 à B/(A+B)𝐵𝐴𝐵B/(A+B).

1/(A+B)1/2du(1u)αusuperscriptsubscript1𝐴𝐵12𝑑𝑢superscript1𝑢𝛼𝑢\displaystyle\int_{1/(A+B)}^{1/2}\frac{du}{(1-u)^{\alpha}u} 1/(A+B)1/2duu=logA+B2absentsuperscriptsubscript1𝐴𝐵12𝑑𝑢𝑢𝐴𝐵2\displaystyle\leq\int_{1/(A+B)}^{1/2}\frac{du}{u}=\log\frac{A+B}{2}
1/2B/(A+B)du(1u)αusuperscriptsubscript12𝐵𝐴𝐵𝑑𝑢superscript1𝑢𝛼𝑢\displaystyle\int_{1/2}^{B/(A+B)}\frac{du}{(1-u)^{\alpha}u} {1/21()si α<1 ;logA+B2AlogA+B2si α=1absentcasessuperscriptsubscript121si α<1 ;𝐴𝐵2𝐴𝐴𝐵2si α=1\displaystyle\leq\begin{cases}\int_{1/2}^{1}(\dots)&\text{si $\alpha<1$ ;}\\ \log\frac{A+B}{2A}\leq\log\frac{A+B}{2}&\text{si $\alpha=1$}\end{cases}

Finalement,

J(A,B;α)1+log(A+B)(A+B)α1+logAAα,much-less-than𝐽𝐴𝐵𝛼1𝐴𝐵superscript𝐴𝐵𝛼much-less-than1𝐴superscript𝐴𝛼J(A,B;\alpha)\ll\frac{1+\log(A+B)}{(A+B)^{\alpha}}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}},

ainsi qu’il fallait démontrer. ∎

Preuve du lemme B.

Si a>0𝑎0a>0, l’intégrale se majore par

01(A+t)αdt1+t1+logAAαmuch-less-thansuperscriptsubscript01superscript𝐴𝑡𝛼𝑑𝑡1𝑡1𝐴superscript𝐴𝛼\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(A+t)^{\alpha}}\frac{dt}{1+t}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}

d’après le lemme B. Si a<0𝑎0a<0, on découpe l’intégrale de 00 à a𝑎-a et de a𝑎-a à ++\infty. L’intégrale de 00 à a𝑎-a vaut

0a1(Ata)αdt1+t=0a1(A+u)αdy(1a)u1+logAAαsuperscriptsubscript0𝑎1superscript𝐴𝑡𝑎𝛼𝑑𝑡1𝑡superscriptsubscript0𝑎1superscript𝐴𝑢𝛼𝑑𝑦1𝑎𝑢much-less-than1𝐴superscript𝐴𝛼\int_{0}^{-a}\frac{1}{(A-t-a)^{\alpha}}\frac{dt}{1+t}=\int_{0}^{-a}\frac{1}{(A+u)^{\alpha}}\frac{dy}{(1-a)-u}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}

en vertu du lemme B, tandis que l’intégrale de a𝑎-a à ++\infty s’estime ainsi :

a1(A+t+a))αdt1+t=01(A+u)αdu1a+u1+logAAα\int_{-a}^{\infty}\frac{1}{(A+t+a))^{\alpha}}\frac{dt}{1+t}=\int_{0}^{\infty}\frac{1}{(A+u)^{\alpha}}\frac{du}{1-a+u}\ll\frac{1+\log A}{A^{\alpha}}

en appliquant de nouveau le lemme B et en distinguant suivant que A1a𝐴1𝑎A\leq 1-a ou A1a𝐴1𝑎A\geq 1-a. ∎

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