THESE


présentée par


Pierre Martinetti


pour obtenir le grade de docteur de l’université de Provence, spécialité


physique des particules, physique mathématique et modélisation.

DISTANCES EN GÉOMÉTRIE NON COMMUTATIVE

Soutenue le 1er octobre 2001, devant un jury composé de

J. M. Gracia-Bondia
B. Iochum (directeur de thèse)
F. Lizzi (rapporteur)
J. Madore (rapporteur)
C. Rovelli (président)
T. Schücker

Remerciements

Je tiens à remercier toute l’équipe de géométrie non commutative de Luminy, particulièrement mon directeur de thèse Bruno Iochum, Thomas Schücker pour de nombreuses discussions et conseils, Serge Lazzarini, Daniel Kastler et mon compagnon de bureau Florian Girelli.

Je remercie également les membres du jury d’avoir accepté d’évaluer ce travail, notamment les rapporteurs John Madore et Fedele Lizzi, les personnes venant de loin, comme Jose Gracia Bondia, et Carlo Rovelli pour avoir assumé la lourde tâche de président.

Ma gratitude va également à tous les membres du centre de physique théorique, en mentionnant Dolly pour sa patience dans la restitution des livres empruntés.

Enfin une mention spéciale pour Thomas Krajewski et Denis Perrot pour leur précieuse aide sans laquelle ce travail aurait abouti beaucoup plus difficilement…

Introduction

La géométrie de notre espace pose problème en physique car il n’en existe pas une description unique. Dans l’esprit de la relativité générale, l’espace et le temps forment un objet quadridimensionel dont la courbure est donnée par la distribution de masse. Quand un objet massif se déplace, la courbure change; la géométrie est un objet dynamique. Au contraire la mécanique quantique, et plus généralement la théorie quantique des champs, suppose la donnée a priori d’un espace dans lequel évoluent des champs. Pour reprendre une image de [?], la théorie des champs prend l’espace pour scène, alors qu’en relativité la scène elle-même participe à l’action. La contradiction est d’autant plus flagrante que chacune de ces théories est valide et vérifiée avec précision dans son domaine d’application: la gravitation pour la relativité; les interactions électromagnétiques, faibles et fortes pour la théorie quantique des champs. Cette double approche de la géométrie n’est pas forcément scandaleuse. Rien n’interdit à deux descriptions de cohabiter, tant que la cohabitation est harmonieuse. Mais les phénomènes qui relèvent à la fois de la mécanique quantique et de la gravitation, comme le tout début de l’univers dans la théorie du big-bang, ou l’effondrement gravitationel d’une étoile passée une certaine échelle, brisent cette harmonie. L’hypothèse répandue au jour d’aujourd’hui est, qu’à tout petite échelle, aucune des descriptions géométriques classiques n’est valable. La structure géométrique intime de l’espace-temps n’est pas connue. Et la mécanique quantique suggère que l’hypothèse du continu n’est pas justifiée. On estime que cette structure intime devrait être visible à des échelles de l’ordre de 1033cmsuperscript1033𝑐𝑚10^{-33}cm. C’est la longueur de Planck lp=𝒢c3subscript𝑙𝑝𝒢Planck-constant-over-2-pisuperscript𝑐3l_{p}=\sqrt{\frac{{\cal G}\hbar}{c^{3}}} obtenue par combinaison des constantes fondamentales 𝒢𝒢\cal{G} (constante de Newton), c𝑐c (vitesse de la lumière), Planck-constant-over-2-pi\hbar (constante de Planck). La géométrie non commutative?, en étendant les concepts géométriques usuels de manière compatible à la fois avec la relativité générale et avec la mécanique quantique, propose des outils mathématiques pour appréhender la géométrie à cette échelle.

Pour l’heure bien entendu, aucune théorie ne décrit l’univers à cet ordre de précision. Parmi les candidats au titre de théorie de la gravitation quantique, aucun n’a jusqu’à présent franchi avec succès le cap de la vérification expérimentale. Une approche naturelle consiste à quantifier le champ gravitationel comme les autres champs, mais la théorie obtenue est non renormalisable, c’est à dire sans intérêt physique. Néamoins cette optique, amener la relativité à la théorie des champs, reste valable et a suscité (et suscite) des travaux considérables qui, dans les raffinements les plus récents, aboutissent à la théorie des cordes et la supersymétrie. L’unification est obtenue mais aux prix d’hypothèses physiques fortes: l’espace temps est à 11 dimensions et il existe deux fois plus de particules que celles connues jusqu’à présent (à chaque particule connue correspond un partenaire supersymétrique). Pour l’instant, aucune de ces hypothèses n’a été vérifiée. Plutôt que de vouloir traiter la relativité comme une théorie des champs, une autre approche consiste à ne pas oublier l’élément essentiel de la relativité, à savoir le caractère dynamique de la géométrie. En clair, il s’agit d’affranchir la théorie quantique des champs d’un espace donnée a priori. On parle de théorie des champs ”background independant”, telle que la ”loop quantum gravity”?. Malheureusement, pour l’instant, cette théorie ne propose pas de tests expérimentaux.

Le problème récurrent est que la théorie quantique des champs n’est pas parfaitement comprise. Autant la relativité générale a une interprétation géométrique simple, autant ce que dit la mécanique quantique de la géométrie nécessite des éclaircissements. Comment définir en effet un point de l’espace en mécanique quantique ? Ou plus exactement comment donner une signification physique à la notion de point ? Une manière simple consiste à appeler point l’endroit occupé par une particule à un instant donné. Mais à supposer que l’on connaisse avec précision un point, les relations d’incertitude de Heisenberg indiquent que l’on ne peut connaître avec précision la position de la particule à un autre instant. Autrement dit, si une particule permet de définir un point, elle ne permet pas d’en définir un autre. Bien sur, on peut considérer plusieurs particules au même instant dont on connait les positions avec précision, et on définit ainsi plusieurs points. Mais pour savoir comment ces points s’arrangent les uns par rapport aux autres, pour faire la géométrie, il faut pouvoir mesurer des distances. Pour ce faire, il faut qu’un même objet, par exemple l’une des particules, occupe à un instant donné le point a𝑎a, et à un autre instant le point b𝑏b. Connaissant sa vitesse, on mesure son temps de vol et l’on en déduit la distance. Mais plus on saura avec précision que la particule occupe le point a𝑎a à l’instant t𝑡t, moins on pourra être sur qu’elle occupe le point b𝑏b à l’instant suivant. La solution suggérée par la mécanique quantique est de raisonner sur des valeurs moyennes. Le point est défini comme la valeur moyenne à un instant donné de l’observable position appliquée sur l’état représentant la particule. En adoptant cette définition, on opère un changement de point de vue important: le point n’est plus défini en tant qu’objet abstrait de la géométrie (tel qu’on l’apprend à l’école: ”un point n’a pas d’épaisseur, une ligne est un ensemble infini de points”), c’est un objet algébrique, la valeur moyenne d’un opérateur sur un état.

Or les mathématiciens savent traduire en langage algébrique les propriétés géométriques d’un espace. Plus précisément, les propriétés géométriques (essentiellement la topologie, la mesure et la métrique) d’un espace ont une traduction algébrique dans l’ensemble des fonctions, à valeur complexe, définies sur cet espace. Par exemple, la distance entre deux points x,y𝑥𝑦x,y est la longueur du plus court chemin reliant x𝑥x à y𝑦y. Mais c’est aussi le suprémum, parmi toutes les fonctions dont la dérivée (en valeur absolue) est toujours inférieure à 111, du module de la différence f(x)f(y)𝑓𝑥𝑓𝑦f(x)-f(y). Ceci se vérifie sans difficulté sur un exemple simple. Choisissons comme espace la droite réelle. La fonction f𝑓f définie sur {\mathbb{R}} par f(x)=x𝑓𝑥𝑥f(x)=x a une dérivée constante f(x)=1superscript𝑓𝑥1f^{\prime}(x)=1, et on a bien |f(x)f(y)|=|xy|=distance(x,y).𝑓𝑥𝑓𝑦𝑥𝑦distance𝑥𝑦\lvert f(x)-f(y)\rvert=\lvert x-y\rvert=\text{distance}(x,y). Si une fonction g𝑔g est telle que |g(x)g(y)|>|xy|𝑔𝑥𝑔𝑦𝑥𝑦\lvert g(x)-g(y)\rvert>\lvert x-y\rvert, alors par le théorème de la valeur intermédiaire il existe nécessairement un réel c[x,y]𝑐𝑥𝑦c\in[x,y] tel que |g(c)|=|g(x)g(y)||xy|>1superscript𝑔𝑐𝑔𝑥𝑔𝑦𝑥𝑦1\lvert g^{\prime}(c)\rvert=\frac{\lvert g(x)-g(y)\rvert}{\lvert x-y\rvert}>1. On voit ainsi que les deux définitions de la distance, l’une comme plus court chemin, l’autre comme supremum d’une différence d’observables, coïncident.

Cet exemple élémentaire illustre comment faire de la géométrie de manière algébrique. Ainsi qu’on le rappelle longuement dans le premier chapitre, la géométrie au sens usuel est commutative, c’est à dire que son expression algébrique a pour cadre la théorie des algèbres commutatives. L’idée est que la géométrie ayant pour cadre les algèbres non commutatives (dont le principal artisan est le mathématicien A. Connes?) permet d’accéder aux espaces dans lesquels des phénomènes physiques trouvent une interprétation géométrique qu’ils n’avaient pas jusque là. Par exemple le champ de Higgs (cf. chapitre 4) apparait comme le coefficient d’une métrique dans une dimension supplémentaire, discrète, qui rend compte des degrés de liberté internes (spin ou isospin) d’une particule. Plus généralement, l’espoir est que si cette interprétation géométrique est suffisamment riche, elle pourrait ouvrir la voie à une unification, via la géométrie, de la relativité générale et de la théorie quantique des champs.

Une algèbre est un ensemble muni d’une loi d’addition et de multiplication par un scalaire, sur lequel est défini en outre une multiplication. Dans l’ensemble des fonctions à valeur complexe sur un espace, ces lois sont définies point par point. Pour la multiplication par exemple, si f𝑓f et g𝑔g sont deux fonctions sur un espace X𝑋X, alors

(f.g)(x)f(x).g(x)=g(x).f(x)=(g.f)(x).(f.g)(x)\doteq f(x).g(x)=g(x).f(x)=(g.f)(x).

Parce que le produit de deux nombres complexes est commutatif, le produit de deux fonctions est commutatif, c’est à dire que l’algèbre des fonctions sur un espace est commutative. Inversement, étant donnée une algèbre commutative 𝒜𝒜{\cal A}, on sait construire (construction de Gelfand-Naimark-Segal) un espace M𝑀M tel que 𝒜𝒜{\cal A} soit l’algèbre des fonctions (continues) sur M𝑀M. Ainsi il est équivalent de se donner un espace ou une algèbre commutative: les propriétés géométriques d’un espace ont une traduction dans l’algèbre des fonctions sur cet espace, et inversement les propriétés algébriques d’une algèbre commutative ont une traduction dans l’espace associé par la construction GNS:

espace algèbre commutative.espace algèbre commutative.\text{espace }\Longleftrightarrow\text{alg\`{e}bre commutative.}

La question naturelle est

? algèbre non commutative.? algèbre non commutative.\text{?}\Longleftrightarrow\text{ alg\`{e}bre non commutative.}

Naturellement, on ne saurait construire un espace tel qu’une algèbre non commutative soit son algèbre de fonctions, puisque l’algèbre des fonctions sur un espace est nécessairement commutative. La géométrie non commutative est une adaptation du dictionnaire qui permet de passer ”d’algèbre commutative” à ”espace” en remplacant, partout où il y a lieu, le mot commutatif par non commutatif. Evidemment les choses ne sont pas si simples. Abandonner la commutativité implique de profonds changements dans les définitions du dictionnaire, et requiert même la création de notions nouvelles. Ce sont d’ailleurs les plus intéressantes parce qu’elles traduisent des effets qui n’ont pas d’équivalent dans le langage commutatif.

La définition de cet ”espace non commutatif” est l’objet du chapitre 111. L’accent est mis sur l’aspect métrique de ces espaces, à travers la formule définissant la distance d𝑑d entre deux états τ𝜏\tau, τsuperscript𝜏\tau^{\prime} (les définitions sont discutées longuement dans le premier chapitre) d’une algèbre 𝒜𝒜{\cal A},

d(τ,τ)=supa𝒜{|τ(a)τ(a)|/[D,a]1}𝑑𝜏superscript𝜏𝑎𝒜supremum𝜏𝑎superscript𝜏𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1d(\tau,\tau^{\prime})=\underset{a\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\tau(a)-\tau^{\prime}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\}

D𝐷D est l’opérateur de Dirac agissant sur un espace de Hilbert support d’une représentation de l’algèbre. Des propriétés générales de cette formule sont mises en évidence, ainsi que d’importantes simplifications quand 𝒜𝒜{\cal A} est une algèbre de von Neumann, en particulier l’invariance de la distance par projection (proposition 1.30).

Dans le deuxième chapitre, la formule de la distance est étudiée pour des algèbres de dimension finie. On trouve que le cas le plus simple, 𝒜=n𝒜superscript𝑛{\cal A}={\mathbb{C}}^{n} représentée sur =nsuperscript𝑛{\cal H}={\mathbb{C}}^{n}, n’est plus résoluble explicitement dès n=4𝑛4n=4. Deux cas particuliers de géométrie avec 𝒜=n𝒜superscript𝑛{\cal A}={\mathbb{C}}^{n} - n𝑛n quelconque - sont étudiés, ainsi que exemples avec des algèbres de matrices. Le cas M2()subscript𝑀2M_{2}({\mathbb{C}}) permet notamment de munir la sphère S2superscript𝑆2S^{2} d’une métrique.

Dans le troisième chapitre, on étudie la distance pour des géométries obtenues par produit de l’espace-temps riemannien avec une géométrie discrète. Des conditions sont établies garantissant que l’espace discret soit orthogonal, au sens du théorème de Pythagore, à l’espace continu. On obtient ainsi une description complète de la métrique pour un exemple de base de la géométrie non commutative, le modèle à deux couches. On montre également en toute généralité que la métrique d’une géométrie n’est pas perturbée quand on réalise son produit avec une autre géométrie.

Le dernier chapitre étudie l’évolution de la métrique lorsque la géométrie est perturbée par des champs de jauge. En se limitant à la partie scalaire de ces champs, on calcule les distances dans la géométrie du modèle standard. Il apparait alors que le champ de Higgs est le coefficient d’une métrique riemannienne dans un espace de dimension 444 (continues) +11+1 (discrète).

L’appendice contient des résultats techniques intermédiaires, isolés afin de ne pas alourdir le corps du texte.

On emploie la convention d’Einstein de sommation sur des indices répétés, uniquement en position alternée (haut-bas).

Chapitre 1 Espace non commutatif

Avant de préciser ce qu’est un espace non commutatif, il n’est pas inutile de rappeler en quoi un espace géométrique, au sens usuel, est un espace commutatif. C’est une bonne manière de présenter des résultats fondamentaux comme le th eorème de Gelfand ou la construction GNS et d’introduire définitions et propriétés dont nous ferons un usage intensif par la suite. On trouvera les démonstrations dans des traités d’algèbres d’opérateurs tels que [?,?,?] ou dans [?] pour un traitement plus orienté vers la géométrie non commutative.

I Topologie de l’espace non commutatif

I.1 Espace commutatif

Au sens le plus élémentaire, faire de la géométrie c’est être capable de déterminer si deux éléments sont voisins l’un de l’autre. C’est en effet sous cette condition qu’un ensemble prend le nom d’espace. Mathématiquement, il s’agit de munir un ensemble X𝑋X d’une topologie, c’est à dire de définir la notion de sous-ensemble ouvert (d’où celle de fonction continue). Quand la topologie est suffisamment fine pour distinguer les points, X𝑋X est dit séparé (ou Hausdorff). X𝑋X est compact signifie que de tout recouvrement infini d’ouverts Uisubscript𝑈𝑖U_{i} - i=1Ui=X𝑖1infinitysubscript𝑈𝑖𝑋\underset{i=1}{\overset{\infty}{\bigcup}}U_{i}=X- on peut extraire un recouvrement fini. On observe alors que l’ensemble C(X)𝐶𝑋C(X) des fonctions à valeur complexe continues sur X𝑋X est une algèbre complexe commutative qui, en tant qu’espace vectoriel, est complète pour la métrique induite par la norme

fsupxX|f(x)|approaches-limitdelimited-∥∥𝑓𝑥𝑋supremum𝑓𝑥\left\lVert f\right\rVert\doteq\underset{x\in X}{\sup}\lvert f(x)\rvert (1.1)

(C(X)𝐶𝑋C(X) est un espace de Banach). En tant qu’algèbre C(X)𝐶𝑋C(X) est munie d’une involution naturelle héritée de la conjugaison complexe ainsi que d’une unité (la fonction constante 111). La norme vérifie

fgfgdelimited-∥∥𝑓𝑔delimited-∥∥𝑓delimited-∥∥𝑔\left\lVert fg\right\rVert\leq\left\lVert f\right\rVert\left\lVert g\right\rVert

(C(X)𝐶𝑋C(X) une algèbre de Banach) ainsi que

f2=ffsuperscriptdelimited-∥∥𝑓2delimited-∥∥𝑓superscript𝑓\left\lVert f\right\rVert^{2}=\left\lVert ff^{*}\right\rVert (1.2)

(C(X)𝐶𝑋C(X) est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre). A tout espace topologique compact se trouve donc associée de manière canonique une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe commutative avec unité. Lorsque X𝑋X est seulement localement compact (tout point possède un voisinage compact), l’ensemble des fonctions continues est trop grand pour permettre de retrouver l’information topologique de l’espace. On lui préfère la Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre (sans unité) C0(X)subscript𝐶0𝑋C_{0}(X) des fonctions continues s’annulant à l’infini.

Réciproquement, à toute Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe 𝒜𝒜{\cal A} commutative correspond l’espace localement compact (pour la topologie *faible, cf. paragraphe I.I.3) K(𝒜)𝐾𝒜K({\cal A}) des caractères de 𝒜𝒜{\cal A}. Un caractère est un homomorphisme d’algèbre (nécessairement surjectif)

μ:𝒜.:𝜇𝒜\mu:{\cal A}\rightarrow{\mathbb{C}}.

Soulignons plusieurs propriétés (1.3,1.4,1.6,1.7) des caractères, simples mais essentielles en ceci qu’elles constituent le pivot de la généralisation au cas non commutatif. Tout d’abord lorsque 𝒜𝒜{\cal A} possède une unité 𝕀𝕀{\mathbb{I}}, μ(𝕀)=μ(𝕀)2𝜇𝕀𝜇superscript𝕀2\mu({\mathbb{I}})=\mu({\mathbb{I}})^{2} d’où

μ(𝕀)=1.𝜇𝕀1\mu({\mathbb{I}})=1. (1.3)

Il s’en suit qu’un élément inversible ne peut avoir pour image zéro; donc aμ(a)𝕀𝑎𝜇𝑎𝕀a-\mu(a){\mathbb{I}} n’est pas inversible. Autrement dit, pour tout caractère μ𝜇\mu et tout a𝑎a de 𝒜𝒜{\cal A},

μ(a) sp(a)𝜇𝑎 sp𝑎\mu(a)\in\text{ sp}(a) (1.4)

ou  sp(a) sp𝑎\text{ sp}(a), le spectre de a𝑎a, est l’ensemble des valeurs λ𝜆\lambda telles que aλ𝕀𝑎𝜆𝕀a-\lambda{\mathbb{I}} n’est pas inversible. Ensuite, sachant que pour tout élément a𝑎a d’une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe

supλ sp(a)|λ|a,𝜆 sp𝑎supremum𝜆delimited-∥∥𝑎\underset{\lambda\,\in\text{ sp}(a)}{\sup}\lvert\lambda\rvert\leq\left\lVert a\right\rVert, (1.5)

l’égalité étant atteinte pour les éléments normaux (aa=aasuperscript𝑎𝑎𝑎superscript𝑎a^{*}a=aa^{*}), on observe que

μsupa𝒜|μ(a)|a=1.approaches-limitdelimited-∥∥𝜇𝑎𝒜supremum𝜇𝑎delimited-∥∥𝑎1\left\lVert\mu\right\rVert\doteq\underset{a\in{\cal A}}{\sup}\frac{\lvert\mu(a)\rvert}{\left\lVert a\right\rVert}=1. (1.6)

Enfin, on montre qu’un caractère évalué sur un élément autoadjoint a valeur dans {\mathbb{R}}. En décomposant tout a𝑎a en éléments autoadjoints, a=a1+ia2𝑎subscript𝑎1𝑖subscript𝑎2a=a_{1}+ia_{2} avec a112(a+a)approaches-limitsubscript𝑎112superscript𝑎𝑎a_{1}\doteq\frac{1}{2}(a^{*}+a) et a2i2(aa)approaches-limitsubscript𝑎2𝑖2superscript𝑎𝑎a_{2}\doteq\frac{i}{2}(a^{*}-a), il apparait qu’un caractère préserve l’involution

μ(a)=μ(a1ia2)=μ(a1)iμ(a2)=μ¯(a).𝜇superscript𝑎𝜇subscript𝑎1𝑖subscript𝑎2𝜇subscript𝑎1𝑖𝜇subscript𝑎2¯𝜇𝑎\mu(a^{*})=\mu(a_{1}-ia_{2})=\mu(a_{1})-i\mu(a_{2})=\bar{\mu}(a). (1.7)

Une forme linéaire de ce type est dite involutive.

A l’aide de ces propriétés, on établit (théorème de Gelfand) que la transformation qui à tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A} associe l’application a^C0(K(𝒜))^𝑎subscript𝐶0𝐾𝒜\hat{a}\in C_{0}(K({\cal A})),

a^(μ)μ(a),approaches-limit^𝑎𝜇𝜇𝑎\hat{a}(\mu)\doteq\mu(a),

est un *isomorphisme isométrique (i.e. préservant l’involution et la norme) de 𝒜𝒜{\cal A} dans C0(K(𝒜)).subscript𝐶0𝐾𝒜C_{0}(K({\cal A})). Lorsque 𝒜𝒜{\cal A} est munie d’une unité, K(𝒜)𝐾𝒜K({\cal A}) est compact et 𝒜𝒜{\cal A} est *isomorphe à l’ensemble des fonctions continues sur K(𝒜)𝐾𝒜K({\cal A}). Quand une algèbre n’a pas d’unité, on peut toujours lui en adjoindre une en considérant l’algèbre augmentée. On suppose donc dorénavant, sauf mention contraire, que les algèbres ont une unité 𝕀𝕀{\mathbb{I}}. Avec cette convention, le théorème de Gelfand signifie que toute Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe commutative peut-être vue comme l’algèbre des fonctions continues sur son espace des caractères.

Ainsi à toute Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe commutative 𝒜𝒜{\cal A} est associé un espace compact K(𝒜)𝐾𝒜K({\cal A}), tandis qu’à tout espace compact X𝑋X est associé une *algèbre commutative C(X)𝐶𝑋C(X). Le théorème de Gelfand assure que

𝒜K(𝒜)C(K(𝒜))𝒜.𝒜𝐾𝒜𝐶𝐾𝒜similar-to𝒜{\cal A}\longrightarrow K({\cal A})\longrightarrow C(K({\cal A}))\sim{\cal A}.

A l’inverse on montre que l’espace des caractères de C(X)𝐶𝑋C(X) n’est autre que X𝑋X,

XC(X)K(C(X))X.𝑋𝐶𝑋𝐾𝐶𝑋similar-to𝑋X\longrightarrow C(X)\longrightarrow K(C(X))\sim X.

Dans un langage plus rigoureux?, la catégorie des Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres commutatives complexes avec unité est équivalente à la catégorie (opposée) des espaces compacts. Sans entrer dans le détail du langage des catégories, soulignons l’importante conséquence de cette équivalence:

Proposition 1.1.

Deux Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexes commutatives sont isomorphes si et seulement si leurs espaces de caractères sont homéomorphes.


De manière plus générale, toute l’information topologique d’un espace compact est contenue dans C(X)𝐶𝑋C(X). Soulignons que ceci reste vraie pour l’algèbre des fonctions lisses C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) sur une variété compacte M𝑀{M}: bien que C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) ne soit pas une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre mais seulement une sous-algèbre dense de C(M)𝐶𝑀C({M}), tout caractère de C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) s’identifie à un point de M𝑀{M}. Deux points de vue sont possibles; classiquement on prend les points x𝑥x comme objet premier et on interprète les résultats de l’expérience comme des évaluations d’observables sur ces points, ou bien on considère les observables f𝑓f comme premières et les points sont, par définition, les objets évaluant les observables. Quand l’espace peut être munie d’une topologie, c’est à dire quand les observables (vues comme fonctions continues) commutent, ces deux points de vue sont équivalents,

x(f)=f(x),𝑥𝑓𝑓𝑥x(f)=f(x),

et les points sont les caractères de l’algèbre des observables. Mais en mécanique quantique la partie droite de l’équation, l’évaluation d’une observable en un point, est mal définie. En revanche l’ensemble des observables est bien défini et c’est une algèbre non commutative. Pour donner sens à la partie gauche de l’équation, il suffit de trouver l’objet équivalent au caractère pour une algèbre non commutative.

I.2 Construction GNS

Lorsque 𝒜𝒜{\cal A} est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe non commutative, ses caractères ne forment pas un ensemble localement compact. Ils ne sont d’ailleurs pas intéressants en regard de la non commutativité puisqu’un caractère, par nature, identifie ab𝑎𝑏ab à ba𝑏𝑎ba (abba𝑎𝑏𝑏𝑎ab-ba a pour image zero). Néammoins, à la lumière du théorème de Gelfand, les Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres non commutatives sont le candidat idéal pour jouer le rôle d’algèbre des fonctions d’un ”espace non commutatif”. En tant qu’ensemble, cet espace est composé des formes linéaires sur l’algèbre qui vérifient les propriétés des caractères, exceptées celles ayant trait à la commutativité (à savoir la multiplicativité: μ(ab)=μ(a)μ(b)=μ(b)μ(a)=μ(ba)).\mu(ab)=\mu(a)\mu(b)=\mu(b)\mu(a)=\mu(ba)).

Définition 1.2.

Un état sur une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe est une forme {\mathbb{C}}-linéaire positive de norme 111.


𝒮(𝒜)𝒮𝒜{\cal S}({\cal A}) désigne l’ensemble des états de l’algèbre 𝒜𝒜{\cal A}.

On rappelle qu’un élément a𝑎a est positif s’il est autoadjoint et sp(a)[0,+[\text{sp(a)}\subset[0,+\infty[ ou, de manière équivalente, s’il existe un élément b𝑏b tel que a=bb𝑎superscript𝑏𝑏a=b^{*}b. L’ensemble des éléments positifs est noté 𝒜+subscript𝒜{\cal A}_{+} et une forme linéaire τ𝜏\tau est positive si τ(𝒜+)=+=+𝜏superscript𝒜superscriptsuperscript\tau({\cal A}^{+})={\mathbb{C}}^{+}={\mathbb{R}}^{+}. On montre [?, Th. 4.3.2] qu’une forme linéaire τ𝜏\tau sur une algèbre de Banach avec unité est positive si, et seulement si, elle est bornée et τ=τ(𝕀)delimited-∥∥𝜏𝜏𝕀\left\lVert\tau\right\rVert=\tau({\mathbb{I}}). Par conséquent un état se définit de manière équivalente comme une forme {\mathbb{C}}-linéaire positive satisfaisant

τ(𝕀)=1,𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1, (1.8)

ou encore comme une forme {\mathbb{C}}-linéaire bornée telle que

τ=τ(𝕀)=1.delimited-∥∥𝜏𝜏𝕀1\left\lVert\tau\right\rVert=\tau({\mathbb{I}})=1. (1.9)

La positivité est une condition nécessaire mais non suffisante pour garantir l’involutivité. Cependant quand l’algèbre a une unité la positivité implique [?, Lem. 9.11], et donc équivaut à,

τ(a)=τ¯(a).𝜏superscript𝑎¯𝜏𝑎\tau(a^{*})=\bar{\tau}(a). (1.10)

La propriété (1.4) n’est pas vérifiée pour les états. A la place il apparait [?, Prop. 4.3.3] que pour tout λ sp(a)𝜆 sp𝑎\lambda\in\text{ sp}(a), il existe un état τ𝜏\tau tel que τ(a)=λ𝜏𝑎𝜆\tau(a)=\lambda. Avec (1.5), il vient pour tout élément normal a𝑎a

a=supτ𝒮(𝒜)|τ(a)|.delimited-∥∥𝑎𝜏𝒮𝒜supremum𝜏𝑎\left\lVert a\right\rVert=\underset{\tau\in{\cal S}({\cal A})}{\sup}\lvert\tau(a)\rvert. (1.11)

Lorsque 𝒜𝒜{\cal A} n’est pas commutative, la transformation de Gelfand (vue comme une application de 𝒜𝒜{\cal A} dans les fonctions sur 𝒮(𝒜)𝒮𝒜{\cal S}({\cal A})) n’est pas une isométrie, sauf pour les éléments normaux dans la mesure où

a^supτ𝒮(𝒜)|τ(a)|=a.approaches-limitdelimited-∥∥^𝑎𝜏𝒮𝒜supremum𝜏𝑎delimited-∥∥𝑎\left\lVert\hat{a}\right\rVert\doteq\underset{\tau\in{\cal S}({\cal A})}{\sup}\lvert\tau(a)\rvert=\left\lVert a\right\rVert.

L’espace des états est convexe. Les points extrémaux, c’est à dire les états τ𝜏\tau pour lesquels il n’existe pas d’états τ1subscript𝜏1\tau_{1}, τ2τsubscript𝜏2𝜏\tau_{2}\neq\tau et de nombre t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1] tels que τ=tτ1+(1t)τ2𝜏𝑡subscript𝜏11𝑡subscript𝜏2\tau=t\tau_{1}+(1-t)\tau_{2}, sont appelés états purs. Dans le cas commutatif, les caractères s’identifient aux états purs. Par analogie ce sont les états purs de 𝒜𝒜{\cal A}, noté 𝒫(𝒜)𝒫𝒜{\cal P}({\cal A}), qui tiennent lieu de ”points” pour l’espace non commutatif. Il s’agit d’une analogie, non d’une définition stricte. Pour certains résultats, on sera amené en prendre en compte des états non purs.

Les états de 𝒜𝒜{\cal A} constituent le socle de l’espace non commutatif en ceci aussi qu’ils garantissent, par la construction GNS (Gelfand-Naimark-Segal), de pouvoir travailler concrètement avec 𝒜𝒜{\cal A} vue comme sous algèbre de l’algèbre des opérateurs bornés sur l’espace de Hilbert

τ𝒜/Nτ¯,approaches-limitsubscript𝜏¯𝒜subscript𝑁𝜏{\cal H}_{\tau}\doteq\overline{{\cal A}/N_{\tau}},

où la barre sur 𝒜/Nτ𝒜subscript𝑁𝜏{\cal A}/N_{\tau} signifie la complétion au sens de la norme déduite du produit scalaire et

Nτ{a𝒜/τ(aa)=0}approaches-limitsubscript𝑁𝜏𝑎𝒜𝜏superscript𝑎𝑎0N_{\tau}\doteq\{a\in{\cal A}\,/\tau(a^{*}a)=0\} (1.12)

est un idéal à gauche de 𝒜𝒜{\cal A} appelé noyau gauche de τ𝜏\tau. Les vecteurs de τsubscript𝜏{\cal H}_{\tau} sont notés a¯a+Nτapproaches-limit¯𝑎𝑎subscript𝑁𝜏\underline{a}\doteq a+N_{\tau}, et le produit scalaire est

a¯,b¯τ(ab).approaches-limit¯𝑎¯𝑏𝜏superscript𝑎𝑏\langle\underline{a},\underline{b}\rangle\doteq\tau({a^{*}b}).

L’*homomorphisme de Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} associe à tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A} l’opérateur borné

πτ(a):b¯ab¯.:subscript𝜋𝜏𝑎maps-to¯𝑏¯𝑎𝑏\pi_{\tau}(a):\underline{b}\mapsto\underline{ab}.

On note ξτ𝕀¯approaches-limitsubscript𝜉𝜏¯𝕀\xi_{\tau}\doteq\underline{{\mathbb{I}}} de sorte que

ξτ,πτ(a)ξτ=τ(a).subscript𝜉𝜏subscript𝜋𝜏𝑎subscript𝜉𝜏𝜏𝑎\langle\xi_{\tau},\pi_{\tau}(a)\xi_{\tau}\rangle=\tau(a). (1.13)

Par définition, un *homorphisme d’une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} dans l’ensemble (){\cal B}({\cal H}) des opérateurs bornés sur un espace de Hilbert {\cal H} est une représentation de 𝒜𝒜{\cal A} sur {\cal H}. πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} est appelée la représentation cyclique induite par τ𝜏\tau car ξτsubscript𝜉𝜏\xi_{\tau} est un vecteur cyclique (πτ(𝒜)ξτ=𝒜/Nτsubscript𝜋𝜏𝒜subscript𝜉𝜏𝒜subscript𝑁𝜏\pi_{\tau}({\cal A})\xi_{\tau}={\cal A}/N_{\tau}). Une représentation π𝜋\pi sur {\cal H} est dite irréductible si les seuls sous-espaces de {\cal H} invariants sous l’action de π(𝒜)𝜋𝒜\pi({\cal A}) sont 00 et {\cal H} lui-même. On montre que πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} est irréductible si et seulement si τ𝜏\tau est un état pur. Pour tout état τ𝜏\tau, la représentation GNS ne préserve a priori pas la norme. On a simplement

πτ(a)2supb¯τπτ(a)b¯2b¯2=supb𝒜τ(baab)τ(bb)a2,approaches-limitsuperscriptdelimited-∥∥subscript𝜋𝜏𝑎2¯𝑏subscript𝜏supremumsuperscriptdelimited-∥∥subscript𝜋𝜏𝑎¯𝑏2superscriptdelimited-∥∥¯𝑏2𝑏𝒜supremum𝜏superscript𝑏superscript𝑎𝑎𝑏𝜏superscript𝑏𝑏superscriptdelimited-∥∥𝑎2\left\lVert\pi_{\tau}(a)\right\rVert^{2}\doteq\underset{\underline{b}\in{\cal H}_{\tau}}{\sup}\frac{\left\lVert\pi_{\tau}(a)\underline{b}\right\rVert^{2}}{\left\lVert\underline{b}\right\rVert^{2}}=\underset{b\in{\cal A}}{\sup}\frac{\tau(b^{*}a^{*}ab)}{\tau(b^{*}b)}\leq\left\lVert a\right\rVert^{2}, (1.14)

car la positivité de τ𝜏\tau implique τ(baab)aaτ(bb)𝜏superscript𝑏superscript𝑎𝑎𝑏delimited-∥∥superscript𝑎𝑎𝜏superscript𝑏𝑏\tau(b^{*}a^{*}ab)\leq\left\lVert a^{*}a\right\rVert\tau(b^{*}b) [?, p. 30]. Néammoins pour un a𝑎a donné, il existe au moins une représentation GNS isométrique. En effet, d’après (1.11) il existe un état τasubscript𝜏𝑎\tau_{a} tel que |τa(aa)|=a2subscript𝜏𝑎superscript𝑎𝑎superscriptdelimited-∥∥𝑎2\lvert\tau_{a}(a^{*}a)\rvert=\left\lVert a\right\rVert^{2}. Avec (1.13), on obtient πτa(a)ξτa=a2delimited-∥∥subscript𝜋subscript𝜏𝑎𝑎subscript𝜉subscript𝜏𝑎superscriptdelimited-∥∥𝑎2\left\lVert\pi_{\tau_{a}}(a)\xi_{\tau_{a}}\right\rVert=\left\lVert a\right\rVert^{2}. Comme ξτa=τa(𝕀)=1delimited-∥∥subscript𝜉subscript𝜏𝑎subscript𝜏𝑎𝕀1\left\lVert\xi_{\tau_{a}}\right\rVert=\tau_{a}({\mathbb{I}})=1 par (1.8), l’inégalité (1.14) devient

πτa(a)=a.delimited-∥∥subscript𝜋subscript𝜏𝑎𝑎delimited-∥∥𝑎\left\lVert\pi_{\tau_{a}}(a)\right\rVert=\left\lVert a\right\rVert.

En prenant la somme directe des πτasubscript𝜋subscript𝜏𝑎\pi_{\tau_{a}} lorsque a𝑎a parcourt 𝒜𝒜{\cal A} on définit une représentation isométrique π𝜋\pi de 𝒜𝒜{\cal A}, d’où le théorème de Gelfand-Naimark:

Théorème 1.3.

Toute Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe a une représentation isométrique en tant que sous-algèbre de l’algèbre (){\cal B}({\cal H}) des opérateurs bornés sur un espace de Hilbert.


{\cal H} est appelé le support de la représentation. Souvent on travaille avec l’algèbre représentée plutôt qu’avec l’algèbre définie abstraitement et on omet le symbole π𝜋\pi quand il n’y a pas d’ambiguité.

Terminons ce rapide survol par une remarque simple mais utile dès la section suivante:

 ker πτNτ ker τ. ker subscript𝜋𝜏subscript𝑁𝜏 ker 𝜏\text{ ker }\pi_{\tau}\subset N_{\tau}\subset\text{ ker }\tau. (1.15)

Pour montrer la seconde inclusion, il faut savoir que le noyau gauche est défini de manière équivalente à (1.12) par?

Nτ={a𝒜/τ(ba)=0,b𝒜}N_{\tau}=\left\{a\in{\cal A}\;/\;\tau(b^{*}a)=0,\;\,\forall\,b\in{\cal A}\right\} (1.16)

de sorte que aNτ𝑎subscript𝑁𝜏a\in N_{\tau} implique τ(𝕀a)=0𝜏𝕀𝑎0\tau({\mathbb{I}}a)=0. La première inclusion est immédiate car πτ(a)=0subscript𝜋𝜏𝑎0\pi_{\tau}(a)=0 signifie que a𝕀¯=a¯=0¯𝑎𝕀¯𝑎0\underline{a{\mathbb{I}}}=\underline{a}=0. Une représentation π𝜋\pi est dite fidèle lorsque  ker π=0 ker 𝜋0\text{ ker }\pi=0. Un état τ𝜏\tau est fidèle quand Nτ=0subscript𝑁𝜏0N_{\tau}=0. La représentation GNS associée à un état fidèle est donc fidèle.

I.3 Etat pur et projecteur

A tout vecteur normalisé ξ𝜉\xi d’un espace de Hilbert {\cal H} est associé de manière naturelle un projecteur orthogonal S()𝑆S\in{\cal B}({\cal H}) (S=S=S2superscript𝑆𝑆superscript𝑆2S^{*}=S=S^{2}) de rang 111 défini par

Sζ=ξ,ζξ𝑆𝜁𝜉𝜁𝜉S\,\zeta=\langle\xi,\zeta\rangle\,\xi

pour tout vecteur ζ𝜁\zeta de {\cal H}. En particulier à tout état τ𝜏\tau correspond un projecteur (dorénavant on sous entend orthogonal) Sτ(τ)subscript𝑆𝜏subscript𝜏S_{\tau}\in{\cal B}({\cal H}_{\tau}) de rang 111 tel que

Sτπτ(a)Sτζ=ξτ,πτ(a)ξτξτ,ζξτ=τ(a)Sτζ,subscript𝑆𝜏subscript𝜋𝜏𝑎subscript𝑆𝜏𝜁subscript𝜉𝜏subscript𝜋𝜏𝑎subscript𝜉𝜏subscript𝜉𝜏𝜁subscript𝜉𝜏𝜏𝑎subscript𝑆𝜏𝜁S_{\tau}\pi_{\tau}(a)S_{\tau}\zeta=\langle\xi_{\tau},\pi_{\tau}(a)\xi_{\tau}\rangle\langle\xi_{\tau},\zeta\rangle\xi_{\tau}=\tau(a)S_{\tau}\zeta,

c’est à dire

Sτπτ(a)Sτ=τ(a)Sτ.subscript𝑆𝜏subscript𝜋𝜏𝑎subscript𝑆𝜏𝜏𝑎subscript𝑆𝜏S_{\tau}\pi_{\tau}(a)S_{\tau}=\tau(a)S_{\tau}. (1.17)

Malheureusement comme πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} n’est pas surjective, Sτsubscript𝑆𝜏S_{\tau} n’est pas forcément l’image d’un élément de 𝒜𝒜{\cal A}; or dans les calculs de distance des sections suivantes, l’appartenance du projecteur à l’algèbre est un élément simplificateur extrèmement utile. C’est pourquoi il est important de savoir dans quels cas tout ou partie de l’espace des états est en correspondance avec des projecteurs de l’algèbre. Cette question trouve une réponse dans la théorie des algèbres de von Neumann. On commence par rappeler, sans preuve, les points principaux de cette théorie qui permettent d’écrire (1.17) au niveau de l’algèbre sans référence à une représentation. Ce sont des résultats classiques qu’on trouve en particulier, outre les ouvrages déjà citées, dans [?]. Pour les notions de topologie plus générales on renvoie à [?].

L’espace vectoriel (X,)𝑋{\cal B}(X,{\mathbb{C}}) des application linéaires bornées à valeur complexe sur un espace de Banach X𝑋X est lui même un espace de Banach pour la norme d’opérateur (1.1). Cet espace noté Xsuperscript𝑋X^{*} est appelé espace dual de X𝑋X. Lorsque l’espace de Banach est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A}, ses états sont des formes linéaires bornées donc

𝒮(𝒜)𝒜.𝒮𝒜superscript𝒜{\cal S}({\cal A})\subset{\cal A}^{*}.

Lorsqu’un espace de Banach X𝑋X est le dual d’un autre espace de Banach Y𝑌Y, alors Y𝑌Y est appelé prédual de X𝑋X et l’on note Y=X𝑌subscript𝑋Y=X_{*}. Quand X𝑋X est également un espace de Hilbert (i.e. sa norme provient d’un produit interne), alors Xsuperscript𝑋X^{*} s’identifie à X𝑋X par le théorème de Riesz de sorte qu’un espace de Hilbert est son propre (pré)dual. Mais de façon générale un espace de Banach n’a pas forcément de prédual.

Définition 1.4.

Une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} complexe est appelée Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre lorsque 𝒜𝒜{\cal A} est le dual d’un espace de Banach.


Il apparait alors [?, Cor. 1.13.3] qu’il n’y a qu’un seul prédual 𝒜subscript𝒜{\cal A}_{*}, appelé le prédual de 𝒜𝒜{\cal A}.

𝒜𝒜{\cal A} est munie naturellement de la topologie uniforme définie par la norme (les ouverts sont les boules ouvertes). De même que la transformation de Gelfand est un *isomorphisme isométrique entre une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe commutative et l’algèbre des fonctions continues sur ses caractères, en tant qu’espace de Banach 𝒜𝒜{\cal A} est isométriquement homéomorphe à un sous-espace de son double dual 𝒜superscript𝒜absent{\cal A}^{**} par la correspondance

a𝒜a^𝒜:a^(f)=f(a) pour tout f de 𝒜.𝑎𝒜^𝑎superscript𝒜absent:^𝑎𝑓𝑓𝑎 pour tout f de 𝒜a\in{\cal A}\;\longleftrightarrow\hat{a}\in{\cal A}^{**}:\;\hat{a}(f)=f(a)\text{ pour tout $f$ de ${\cal A}^{*}$}.

Appliquée au prédual, ceci implique que

𝒜𝒜.subscript𝒜superscript𝒜{\cal A}_{*}\subset{\cal A}^{*}.

On définit sur 𝒜𝒜{\cal A} la topologie faible σ(𝒜,𝒜)𝜎𝒜superscript𝒜\sigma({\cal A},{\cal A}^{*}) comme la topologie la plus faible pour laquelle tout élément de 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{*} est continu. On rappelle qu’une topologie T1subscript𝑇1T_{1} est plus faible qu’une topologie T2subscript𝑇2T_{2} lorsque tout ensemble ouvert au sens de T1subscript𝑇1T_{1} est également ouvert au sens de T2subscript𝑇2T_{2}. Comme 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{*} est par définition l’ensemble des formes linéaires bornées sur 𝒜𝒜{\cal A}, et que tout forme linéaire bornée est continue pour la topologie uniforme, la topologie faible est plus faible que la topologie uniforme. En tant que dual de 𝒜subscript𝒜{\cal A}_{*}, une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} est également munie de la topologie *faible σ(𝒜,𝒜)𝜎𝒜subscript𝒜\sigma({\cal A},{\cal A}_{*}) définie comme la plus faible topologie pour laquelle tout élément x𝑥x de 𝒜subscript𝒜{\cal A}_{*}, vu comme forme linéaire bornée x^^𝑥\hat{x} sur 𝒜𝒜{\cal A}, est continu. A noter que c’est au sens de cette topologie *faible que l’espace des caractères de 𝒜𝒜{\cal A}, vu comme sous ensemble du dual de 𝒜𝒜{\cal A}, est compact.

Une propriété importante des topologies σ𝜎\sigma stipule que pour un espace de Banach X𝑋X et un ensemble Y𝑌Y de formes linéaires sur X𝑋X, alors l’ensemble des formes σ(X,Y)𝜎𝑋𝑌\sigma(X,Y)-continues sur X𝑋X est précisément Y𝑌Y. En clair 𝒜subscript𝒜{\cal A}_{*} est l’ensemble des formes linéaires bornées *faiblement continues sur 𝒜𝒜{\cal A}. De telles formes sont dites normales et on montre [?, Lem. III.3.6] qu’à toute forme normale positive non nulle ϕitalic-ϕ\phi correspond un unique projecteur non nul sϕ𝒜subscript𝑠italic-ϕ𝒜s_{\phi}\in{\cal A}, appelé support de ϕitalic-ϕ\phi, tel que ϕitalic-ϕ\phi est fidèle sur sϕ𝒜sϕsubscript𝑠italic-ϕ𝒜subscript𝑠italic-ϕs_{\phi}{\cal A}s_{\phi} et ϕ=ϕ(sϕ.)=ϕ(.sϕ)=ϕ(sϕ.sϕ)\phi=\phi(s_{\phi}.)=\phi(.s_{\phi})=\phi(s_{\phi}.s_{\phi}). L’ensemble des états normaux est

𝒮(𝒜)𝒮(𝒜)𝒜.approaches-limit𝒮subscript𝒜𝒮𝒜subscript𝒜{\cal S}({\cal A})_{*}\doteq{\cal S}({\cal A})\cap{\cal A}_{*}.

Pour déterminer si un état est normal, il est utile de savoir qu’une forme linéaire bornée ϕitalic-ϕ\phi est normale si et seulement si

ϕ(iIei)=iIϕ(ei)italic-ϕsubscript𝑖𝐼subscript𝑒𝑖subscript𝑖𝐼italic-ϕsubscript𝑒𝑖\phi\left(\sum_{i\in I}e_{i}\right)=\sum_{i\in I}\phi(e_{i})

pour toute famille {ei}iIsubscriptsubscript𝑒𝑖𝑖𝐼\{e_{i}\}_{i\in I} de projecteurs de 𝒜𝒜{\cal A} orthogonaux deux à deux, I𝐼I\subset{\mathbb{N}}. Une telle famille est linéairement indépendante de sorte que si 𝒜𝒜{\cal A} est de dimension finie, I𝐼I est de cardinalité finie et la propriété est vérifiée par linéarité. En d’autres termes tous les états d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre de dimension finie sont normaux. D’après (1.15) la représentation GNS associée à un état fidèle est fidèle si bien que le support sτsubscript𝑠𝜏s_{\tau} d’un état normal vérifie

τ(sτasτ)=τ(asτ)=τ(sτa)=τ(a) pour tout a𝒜,𝜏subscript𝑠𝜏𝑎subscript𝑠𝜏𝜏𝑎subscript𝑠𝜏𝜏subscript𝑠𝜏𝑎𝜏𝑎 pour tout 𝑎𝒜\displaystyle\tau(s_{\tau}as_{\tau})=\tau(as_{\tau})=\tau(s_{\tau}a)=\tau(a)\;\text{ pour tout }a\in{\cal A}, (1.18)
πτ est injective sur sτ𝒜sτ.subscript𝜋𝜏 est injective sur subscript𝑠𝜏𝒜subscript𝑠𝜏\displaystyle\pi_{\tau}\text{ est injective sur }s_{\tau}{\cal A}s_{\tau}. (1.19)

Les projecteurs sont des éléments positifs et l’ensemble des projecteurs d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre est munie de la relation d’ordre qppq𝒜+𝑞𝑝𝑝𝑞subscript𝒜q\leq p\Leftrightarrow p-q\in{\cal A}_{+}. Le support peut-être vu comme le complémentaire orthogonal de la plus grande projection p𝑝p annulant τ𝜏\tau, sτ=𝕀psubscript𝑠𝜏𝕀𝑝s_{\tau}={\mathbb{I}}-p, et on a [?, Def. 1.14.2]

Nτ=𝒜(𝕀sτ).subscript𝑁𝜏𝒜𝕀subscript𝑠𝜏N_{\tau}={\cal A}({\mathbb{I}}-s_{\tau}). (1.20)

A noter que deux états de support identique, bien qu’ayant le même noyau gauche, ne sont pas nécessairement égaux.

Grâce à (1.20) il est clair que dans τsubscript𝜏{\cal H}_{\tau}

sτ¯=𝕀¯=ξτ.¯subscript𝑠𝜏¯𝕀subscript𝜉𝜏\underline{s_{\tau}}=\underline{{\mathbb{I}}}=\xi_{\tau}.

On serait tenté d’identifier πτ(sτ)subscript𝜋𝜏subscript𝑠𝜏\pi_{\tau}(s_{\tau}) au projecteur Sτsubscript𝑆𝜏S_{\tau} de l’équation (1.17). C’est vrai lorsque l’état est pur. Si τ𝜏\tau n’est pas pur, πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} n’est pas irréductible et tout projecteur de rang 111 n’est pas représentation d’un élément de l’algèbre. Pour établir la correspondance état pur- projecteur de rang 111, on a besoin de quelques éléments de la théorie des représentations des Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbres (théorie des algèbres de von Neumann).

Par définition une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre est complète pour la norme, donc fermée pour la topologie uniforme. En revanche elle n’est pas nécessairement fermée pour la topologie *faible. Cependant toute Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre est isométriquement *isomorphe à une algèbre *faiblement fermée. Avant de préciser ce résultat, soulignons que l’ensemble (){\cal B}({\cal H}) des opérateurs bornés sur un espace de Hilbert est une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre. De même toute sous-algèbre de (){\cal B}({\cal H}) autoadjointe (i.e. stable sous l’involution), munie d’une unité et fermée pour la topologie *faible est une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre, appelée algèbre de von Neumann.

Un Wsuperscript𝑊W^{*}-homomorphisme ΦΦ\Phi entre deux Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbres est par définition un *homomorphisme continu pour les topologies *faibles. Une Wsuperscript𝑊W^{*}-représentation sur {\cal H} d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} est un Wsuperscript𝑊W^{*}-homomorphisme de 𝒜𝒜{\cal A} dans (){\cal B}({\cal H}). Comme l’image de 𝒜𝒜{\cal A} par un Wsuperscript𝑊W^{*}-homomorphisme est *faiblement fermée [?, Prop. 1.16.2], toute Wsuperscript𝑊W^{*}-représentation de 𝒜𝒜{\cal A} sur {\cal H} est une algèbre de von Neumann. Si τ𝜏\tau est un état normal, la représentation GNS πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} est une Wsuperscript𝑊W^{*}-représentation. La somme directe des πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} pour τ𝒮(𝒜)𝜏𝒮subscript𝒜\tau\in{\cal S}({\cal A})_{*} est une Wsuperscript𝑊W^{*}-représentation fidèle. Comme tout *isomorphisme de Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres est isométrique [?, Thm. 4.1.8], il apparait que toute Wsuperscript𝑊W^{*} algèbre admet une Wsuperscript𝑊W^{*}-représentation isométrique en tant qu’algèbre de von Neumann. Ce résultat constitue une version ”pour Wlimit-fromsuperscript𝑊W^{*}- algèbres” du théorème de Gelfand-Naimark.

En notant 𝒫(𝒜)𝒫(𝒜)𝒜approaches-limit𝒫subscript𝒜𝒫𝒜subscript𝒜{\cal P}({\cal A})_{*}\doteq{\cal P}({\cal A})\cap{\cal A}_{*} l’ensemble des états purs normaux, on montre alors que:

Lemme 1.5.

Soient ω𝒫(𝒜)𝜔𝒫subscript𝒜\omega\in{\cal P}({\cal A})_{*} de support sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega}, et Sωsubscript𝑆𝜔S_{\omega} le projecteur de rang 111 sur ξωsubscript𝜉𝜔\xi_{\omega} . Alors πω(sω)=Sωsubscript𝜋𝜔subscript𝑠𝜔subscript𝑆𝜔\pi_{\omega}(s_{\omega})=S_{\omega}.


Preuve. On rappelle que le commutant Bsuperscript𝐵B^{\prime} d’une sous-algèbre B𝐵B de (){\cal B}({\cal H}) est l’ensemble des éléments de (){\cal B}({\cal H}) commutant avec tous les éléments de B𝐵B. Le double commutant B′′superscript𝐵′′B^{\prime\prime} est le commutant du commutant. Puisque ω𝜔\omega est pur πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega} est une représentation irréductible donc [?, Thm. 4.1.12]

πω(𝒜)′′=(ω).subscript𝜋𝜔superscript𝒜′′subscript𝜔\pi_{\omega}({\cal A})^{\prime\prime}={\cal B}({\cal H}_{\omega}).

Puisque ω𝜔\omega est normal, πω(𝒜)subscript𝜋𝜔𝒜\pi_{\omega}({\cal A}) est une algèbre de von Neumann et, théorème du bicommutant,

πω(𝒜)=πω(𝒜)′′.subscript𝜋𝜔𝒜subscript𝜋𝜔superscript𝒜′′\pi_{\omega}({\cal A})=\pi_{\omega}({\cal A})^{\prime\prime}.

Ainsi πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega} est surjective sur (ω)subscript𝜔{\cal B}({\cal H}_{\omega}). Soit {si}subscript𝑠𝑖\{s_{i}\} l’ensemble des images inverses de Sωsubscript𝑆𝜔S_{\omega} par πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega}. Comme

ω(si)=ξω,sωξω=1,𝜔subscript𝑠𝑖subscript𝜉𝜔subscript𝑠𝜔subscript𝜉𝜔1\omega(s_{i})=\langle\xi_{\omega},s_{\omega}\xi_{\omega}\rangle=1,

𝕀siNω𝕀subscript𝑠𝑖subscript𝑁𝜔{\mathbb{I}}-s_{i}\in N_{\omega} donc, d’après la remarque précédent l’équation (1.20), 𝕀si𝕀sω𝕀subscript𝑠𝑖𝕀subscript𝑠𝜔{\mathbb{I}}-s_{i}\leq{\mathbb{I}}-s_{\omega} d’où sωsisubscript𝑠𝜔subscript𝑠𝑖s_{\omega}\leq s_{i} et πω(sω)Sωsubscript𝜋𝜔subscript𝑠𝜔subscript𝑆𝜔\pi_{\omega}(s_{\omega})\leq S_{\omega}. Le sous-espace de {\cal H} invariant par sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega}, inclus dans ξωsubscript𝜉𝜔\xi_{\omega} selon [?, Prop. 2.5.2], ne peut-être que ξωsubscript𝜉𝜔\xi_{\omega}00. Comme π(sω)𝜋subscript𝑠𝜔\pi(s_{\omega}) n’est pas nul d’après (1.19), πω(sω)=Sωsubscript𝜋𝜔subscript𝑠𝜔subscript𝑆𝜔\pi_{\omega}(s_{\omega})=S_{\omega}. \blacksquare

Pour les calculs de distance à venir, on utilisera le corollaire suivant qui prouve également que deux états purs normaux de même support sont identiques.

Corollaire 1.6.

Soit sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega} le support d’un état pur normal ω𝜔\omega d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A}, alors pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}

sωasω=ω(a)sω.subscript𝑠𝜔𝑎subscript𝑠𝜔𝜔𝑎subscript𝑠𝜔s_{\omega}as_{\omega}=\omega(a)s_{\omega}. (1.21)

Preuve. La preuve est immédiate par application du lemme 1.5 sur (1.17), en se souvenant que πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega} est injective sur l’algèbre sω𝒜sωsubscript𝑠𝜔𝒜subscript𝑠𝜔s_{\omega}{\cal A}s_{\omega} dont sωasωω(a)sωsubscript𝑠𝜔𝑎subscript𝑠𝜔𝜔𝑎subscript𝑠𝜔s_{\omega}as_{\omega}-\omega(a)s_{\omega} est élément. \blacksquare

L’équation (1.21) est bien l’équivalent de (1.17) au niveau de l’algèbre, indépendamment d’un choix de représentation. Pour que ceci ait un sens il faut bien entendu que 𝒫(𝒜)𝒫subscript𝒜{\cal P}({\cal A})_{*} ne soit pas vide. Il apparait qu’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} (sur un espace de Hilbert séparable) a des états purs normaux dès lors que sa décomposition intégrale relativement à son centre contient un facteur de type I. Pour les exemples physiques des chapitres suivants, il n’est pas nécessaire d’aller si loin dans la classification des algèbres de von Neumann. Le modèle standard met en jeu des algèbres de dimension finie pour lesquelles on sait que 𝒫(𝒜)=𝒫(𝒜)𝒫subscript𝒜𝒫𝒜{\cal P}({\cal A})_{*}={\cal P}({\cal A}).

En notation de Dirac, le corollaire 1.6 ne dit rien d’autre que

|ξξ|a|ξξ|=ξ|a|ξ|ξξ|.\lvert\xi\rangle\langle\xi\lvert a\lvert\xi\rangle\langle\xi\lvert=\langle\xi\lvert a\lvert\xi\rangle\lvert\xi\rangle\langle\xi\lvert. (1.22)

Pour passer de (1.21) à (1.22), il faut associer un vecteur ξ𝜉\xi au support sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega}, c’est à dire représenter le support comme projecteur sur un espace de Hilbert. Le choix naturel est la représentation GNS πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega} qui donne ξ=ξω𝜉subscript𝜉𝜔\xi=\xi_{\omega}. Lorsque plusieurs états sont en jeu, chacune des représentations GNS est légitime et il est important de connaître l’image, par la représentation GNS liée à un état, du support d’un autre état.

Lemme 1.7.

Soient s1subscript𝑠1s_{1}, s2subscript𝑠2s_{2} les supports de ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}, ω2𝒫(𝒜)subscript𝜔2𝒫subscript𝒜{\omega_{2}}\in{\cal P}({\cal A})_{*} et {π1,1}subscript𝜋1subscript1\{\pi_{1},{\cal H}_{1}\}, {π2,2}subscript𝜋2subscript2\{\pi_{2},{\cal H}_{2}\} les représentations GNS associées. Alors soit π1(s2)=π2(s1)=0subscript𝜋1subscript𝑠2subscript𝜋2subscript𝑠10\pi_{1}(s_{2})=\pi_{2}(s_{1})=0, soit π1(s2)subscript𝜋1subscript𝑠2\pi_{1}(s_{2}) et π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) sont des projecteurs de rang 111.


Preuve. Puisque π2subscript𝜋2\pi_{2} est un *homomorphisme, π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est un projecteur. S’il est non nul, il existe au moins un vecteur normé ξ2𝜉subscript2\xi\in{\cal H}_{2} tel que

π2(s1)ξ=ξ.subscript𝜋2subscript𝑠1𝜉𝜉\pi_{2}(s_{1})\xi=\xi. (1.23)

Comme π2subscript𝜋2\pi_{2} est irréductible, ξ𝜉\xi est cyclique [?, Th. 5.1.5] et définit un état

ωξ(a)ξ,π2(a)ξ.approaches-limitsubscript𝜔𝜉𝑎𝜉subscript𝜋2𝑎𝜉\omega_{\xi}(a)\doteq\langle\xi,\pi_{2}(a)\xi\rangle. (1.24)

Cet état est pur [ibid. Thm. 5.1.7] et π2subscript𝜋2\pi_{2} est unitairement équivalente à la représentation GNS πξsubscript𝜋𝜉\pi_{\xi} associée à ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi}. Par (1.24) et (1.23) ωξ(s1)=ξ,ξ=1subscript𝜔𝜉subscript𝑠1𝜉𝜉1\omega_{\xi}(s_{1})=\langle\xi,\xi\rangle=1, si bien qu’en utilisant (1.21)

ωξ(s1as1)=ω1(a)ωξ(s1)=ω1(a).subscript𝜔𝜉subscript𝑠1𝑎subscript𝑠1subscript𝜔1𝑎subscript𝜔𝜉subscript𝑠1subscript𝜔1𝑎\omega_{\xi}(s_{1}as_{1})={\omega_{1}}(a)\omega_{\xi}(s_{1})={\omega_{1}}(a).

D’autre part comme s1=s1superscriptsubscript𝑠1subscript𝑠1s_{1}^{*}=s_{1},

ωξ(s1as1)=π2(s1)ξ,π2(a)π2(s1)ξ=ξ,π2(a)ξ=ωξ(a).subscript𝜔𝜉subscript𝑠1𝑎subscript𝑠1subscript𝜋2subscript𝑠1𝜉subscript𝜋2𝑎subscript𝜋2subscript𝑠1𝜉𝜉subscript𝜋2𝑎𝜉subscript𝜔𝜉𝑎\omega_{\xi}(s_{1}as_{1})=\langle\pi_{2}(s_{1})\xi,\pi_{2}(a)\pi_{2}(s_{1})\xi\rangle=\langle\xi,\pi_{2}(a)\xi\rangle=\omega_{\xi}(a).

Autrement dit ωξ=ω1subscript𝜔𝜉subscript𝜔1\omega_{\xi}=\omega_{1}, donc π1=πξsubscript𝜋1subscript𝜋𝜉\pi_{1}=\pi_{\xi} qui est unitairement équivalente à π2subscript𝜋2\pi_{2}. Le rang d’un opérateur est invariant par transformation unitaire et π1(s1)subscript𝜋1subscript𝑠1\pi_{1}(s_{1}) est de rang 111, donc π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est de rang 111. Ainsi π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est soit nul soit de rang 111.

Si π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est non nul, alors π2subscript𝜋2\pi_{2} est équivalente à π1subscript𝜋1\pi_{1} donc π1(s2)subscript𝜋1subscript𝑠2\pi_{1}(s_{2}) est de rang 111. En permutant les indices on montre de la même manière que si π1(s2)subscript𝜋1subscript𝑠2\pi_{1}(s_{2}) est non nul, alors π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est de rang 111. Autrement dit si π2(s1)=0subscript𝜋2subscript𝑠10\pi_{2}(s_{1})=0 implique π1(s2)=0subscript𝜋1subscript𝑠20\pi_{1}(s_{2})=0. On montre similairement l’équivalence dans l’autre sens, d’où le résultat. \blacksquare

Au même titre que (1.22), la relation pour deux vecteurs normés distincts ξ𝜉\xi et ζ𝜁\zeta

|ξζ|a|ξζ|=ζ|a|ξ|ξζ|\lvert\xi\rangle\langle\zeta\lvert a\lvert\xi\rangle\langle\zeta\lvert=\langle\zeta\lvert a\lvert\xi\rangle\lvert\xi\rangle\langle\zeta\lvert\, (1.25)

admet une écriture au niveau de l’algèbre. Pour la déterminer, il convient associer un élément de l’algèbre à tout couple d’états purs normaux ω1,ω2subscript𝜔1subscript𝜔2{\omega_{1}},{\omega_{2}}. Notons d’abord les équivalences simples suivantes:

Lemme 1.8.

ω1(s2)=0s2s1=0s1s2=0ω2(s1)=0subscript𝜔1subscript𝑠20subscript𝑠2subscript𝑠10subscript𝑠1subscript𝑠20subscript𝜔2subscript𝑠10{\omega_{1}}(s_{2})=0\Longleftrightarrow s_{2}s_{1}=0\Longleftrightarrow s_{1}s_{2}=0\Longleftrightarrow{\omega_{2}}(s_{1})=0.


Preuve. L’équivalence centrale est obtenu grâce à l’involution. Que sisj=0subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0s_{i}s_{j}=0 entraine ωj(si)=0subscript𝜔𝑗subscript𝑠𝑖0\omega_{j}(s_{i})=0 vient de (1.21) (en remarquant bien entendu que sjsubscript𝑠𝑗s_{j} n’est pas nul sinon ωj=0subscript𝜔𝑗0\omega_{j}=0). De même ωj(si)=0subscript𝜔𝑗subscript𝑠𝑖0\omega_{j}(s_{i})=0 signifie que sjsisj=0subscript𝑠𝑗subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0s_{j}s_{i}s_{j}=0, soit encore (sisj)sisj=0superscriptsubscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0(s_{i}s_{j})^{*}s_{i}s_{j}=0 d’où, en prenant la norme, sisj=0subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0s_{i}s_{j}=0. \blacksquare

Ceci permet d’écrire (1.25) dans l’algèbre, malheureusement de manière non univoque.

Lemme 1.9.

Soient ω1,ω2𝒫(𝒜)subscript𝜔1subscript𝜔2𝒫subscript𝒜{\omega_{1}},{\omega_{2}}\in{\cal P}({\cal A})_{*}, s1,s2subscript𝑠1subscript𝑠2s_{1},s_{2} leurs supports et π1subscript𝜋1\pi_{1} la représentation GNS associée à ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}. Alors il existe une forme linéaire ω12subscript𝜔12\omega_{12} sur 𝒜𝒜{\cal A} et un élément s12subscript𝑠12s_{12} de l’algèbre tels que pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}

s1as2subscript𝑠1𝑎subscript𝑠2\displaystyle s_{1}as_{2} =\displaystyle= ω12(a)s12+ka si π1(s2)0,subscript𝜔12𝑎subscript𝑠12subscript𝑘𝑎 si π1(s2)0\displaystyle\omega_{12}(a)s_{12}+k_{a}\;\text{ si $\pi_{1}(s_{2})\neq 0$},
=\displaystyle= ka si π1(s2)=0,subscript𝑘𝑎 si π1(s2)=0\displaystyle k_{a}\hskip 59.75095pt\text{ si $\pi_{1}(s_{2})=0$},

kasubscript𝑘𝑎k_{a} est dans le noyau de π1subscript𝜋1\pi_{1}.


Preuve. Si π1(s2)=0subscript𝜋1subscript𝑠20\pi_{1}(s_{2})=0, alors s1as2ker π1.subscript𝑠1𝑎subscript𝑠2ker subscript𝜋1s_{1}as_{2}\in\text{ker }\pi_{1}. Si π1(s2)subscript𝜋1subscript𝑠2\pi_{1}(s_{2}) est non nul, c’est un projecteur de rang 111 selon le lemme 1.7 et on note ξ21subscript𝜉2subscript1\xi_{2}\in{\cal H}_{1} son vecteur propre normé (défini à une phase près). On pose ξ1=𝕀¯subscript𝜉1¯𝕀\xi_{1}=\underline{{\mathbb{I}}}. Alors

π1(s1as2)=ω12(a)S12subscript𝜋1subscript𝑠1𝑎subscript𝑠2subscript𝜔12𝑎subscript𝑆12\pi_{1}(s_{1}as_{2})=\omega_{12}(a)S_{12}

ω12(a)=ξ1,π1(a)ξ2subscript𝜔12𝑎subscript𝜉1subscript𝜋1𝑎subscript𝜉2\omega_{12}(a)=\langle\xi_{1},\pi_{1}(a)\xi_{2}\rangle et S12(1)subscript𝑆12subscript1S_{12}\in{\cal B}({\cal H}_{1}) est l’opérateur tel que

S12ζ=ξ2,ζξ1subscript𝑆12𝜁subscript𝜉2𝜁subscript𝜉1S_{12}\zeta=\langle\xi_{2},\zeta\rangle\xi_{1}

pour tout ζ1𝜁subscript1\zeta\in{\cal H}_{1}. Comme π1subscript𝜋1\pi_{1} est irréductible et π1(𝒜)subscript𝜋1𝒜\pi_{1}({\cal A}) est une algèbre de von Neumann, π1(𝒜)=(1)subscript𝜋1𝒜subscript1\pi_{1}({\cal A})={\cal B}({\cal H}_{1}) si bien qu’il existe au moins un élément s12π11(S12).subscript𝑠12superscriptsubscript𝜋11subscript𝑆12s_{12}\in\pi_{1}^{-1}(S_{12}). Ainsi s1as2ω12(a)s12kerπ1subscript𝑠1𝑎subscript𝑠2subscript𝜔12𝑎subscript𝑠12kernelsubscript𝜋1s_{1}as_{2}-{\omega_{12}}(a)s_{12}\in\ker\,\pi_{1}. \blacksquare

s12subscript𝑠12s_{12} est défini indépendamment de a𝑎a mais pas kasubscript𝑘𝑎k_{a}. Ce lemme est moins précis que le corollaire 1.6 mais l’ambiguité ”modulo un élément du noyau” est levée si π1subscript𝜋1\pi_{1} est fidèle, ce qui est le cas quand ω1subscript𝜔1{\omega_{1}} est fidèle. Requérir d’un état qu’il soit pur, normal et fidèle réduit dangereusement le champ d’investigation. Là encore la difficulté n’apparait pas dans les exemples physiques puisqu’ils font intervenir des algèbres de matrices pour lesquelles toute représentation irréductible est fidèle. A noter que lorsque s1s20subscript𝑠1subscript𝑠20s_{1}s_{2}\neq 0,

s12=s1s2ξ1,ξ2.subscript𝑠12subscript𝑠1subscript𝑠2subscript𝜉1subscript𝜉2s_{12}=\frac{s_{1}s_{2}}{\langle\xi_{1},\xi_{2}\rangle}.

I.4 Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre réelle

Le plus souvent les Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres sont prises sur le corps des complexes et tous les résultats ci-dessus sont vrais sous cette hypothèse. Si {\mathbb{C}} peut-être vue comme une algèbre complexe ou réelle, l’algèbre des quaternions {\mathbb{H}} qui apparait dans la description non commutative du modèle standard est une algèbre sur {\mathbb{R}} mais pas sur {\mathbb{C}}. Il est donc important de connaitre les propriétés du cas complexe qui restent vraies dans le cas réel. La plupart des définitions ont une traduction simple. Ainsi une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre réelle 𝒜𝒜{\cal A} est une *-algèbre normée complète satisfaisant

abab,aa=a2formulae-sequencedelimited-∥∥𝑎𝑏delimited-∥∥𝑎delimited-∥∥𝑏delimited-∥∥superscript𝑎𝑎superscriptdelimited-∥∥𝑎2\left\lVert ab\right\rVert\leq\left\lVert a\right\rVert\left\lVert b\right\rVert,\;\,\left\lVert a^{*}a\right\rVert=\left\lVert a\right\rVert^{2}

ainsi que?

1+aa est inversible pour tout a1superscript𝑎𝑎 est inversible pour tout a1+a^{*}a\text{ est inversible pour tout $a$. }

Cette condition supplémentaire, qui dans le cas complexe est une conséquence de la définition, doit ici être imposée à la main. Elle est importante puisqu’elle interdit par exemple de voir {\mathbb{C}} muni de l’involution identité (a=asuperscript𝑎𝑎a^{*}=a pour tout a𝑎a) comme une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre réelle (puisqu’alors 1+ii=01superscript𝑖𝑖01+i^{*}i=0).

A priori un état d’une algèbre réelle devrait être une forme positive {\mathbb{R}}-linéaire à valeur dans {\mathbb{R}} de norme 111. Ce n’est toutefois pas la définition consacrée [?, p. 44].

Définition 1.10.

Un état réel τ𝜏\tau sur une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre réelle est une forme positive, {\mathbb{R}}-linéaire, à valeur dans {\mathbb{R}} telle que

τ(𝕀)=1 et τ(a)=τ(a).𝜏𝕀1 et 𝜏superscript𝑎𝜏𝑎\tau({\mathbb{I}})=1\,\text{ et }\,\tau(a^{*})=\tau(a).

Cette définition est analogue à (1.8), si ce n’est qu’elle inclut l’involutivité (1.10) alors que c’était une conséquence de la positivité dans le cas complexe. Par exemple l’application x+iyx+y𝑥𝑖𝑦𝑥𝑦x+iy\longmapsto x+y est une forme {\mathbb{R}}-linéaire sur {\mathbb{C}}, positive, envoyant 111 sur 111 mais elle n’est pas involutive. A noter [ibid, p. 51] qu’une forme {\mathbb{R}}-linéaire τ𝜏\tau telle que τ(𝕀)=1𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1 est un état si et seulement si elle est bornée et de norme 111. Un état réel se définit donc aussi comme une forme {\mathbb{R}}-linéaire τ𝜏\tau bornée telle que

τ=τ(𝕀)=1.delimited-∥∥𝜏𝜏𝕀1\left\lVert\tau\right\rVert=\tau({\mathbb{I}})=1. (1.26)

La propriété (1.11) reste vraie dans le cas réel, au moins pour les éléments positifs. Concernant les supports des états normaux, il n’est pas nécessaire pour ce qui nous concerne de savoir si de pareils objets existent dans le cas réel. On se contentera le cas échéant d’exhiber des projecteurs éléments de l’algèbre satisfaisant (1.21).

En fait la définition (1.26) est un décalque de (1.9). Plutôt que de voir un état comme une forme positive de norme 111 (ce qui n’est pas, rappelons le, la définition d’un état réel), il est plus judicieux de prendre (1.9) pour définir un état sur une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre, avec unité, de corps de référence quelconque: un état sur une algèbre quaternionique est une forme {\mathbb{H}}-linéaire τ𝜏\tau de norme τ(𝕀)=1𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1. Cette définition est encore imparfaite: {\mathbb{H}} n’étant pas commutative, τ𝜏\tau peut-être linéaire à gauche où à droite. Nous reviendrons sur ce point dans le chapitre suivant.

La notion d’état réel reste valide pour une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre complexe 𝒜𝒜{\cal A}. Tout état réel τsubscript𝜏\tau_{\mathbb{R}} de 𝒜𝒜{\cal A} définit une forme {\mathbb{C}}-linéaire positive

τ(a)=Ξ(τ)(a)τ(a1)+iτ(a2),𝜏𝑎Ξsubscript𝜏𝑎approaches-limitsubscript𝜏subscript𝑎1𝑖subscript𝜏subscript𝑎2\tau(a)=\Xi(\tau_{\mathbb{R}})(a)\doteq\tau_{\mathbb{R}}(a_{1})+i\tau_{\mathbb{R}}(a_{2}),

a=a1+ia2𝑎subscript𝑎1𝑖subscript𝑎2a=a_{1}+ia_{2} est la décomposition en éléments autoadjoints, cf (1.7). Puisque τ(𝕀)=1𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1, τ𝜏\tau est un état au sens de la définition 1.2. Si Ξ(τ)=Ξ(τ)Ξsubscript𝜏Ξsubscriptsuperscript𝜏\Xi(\tau_{\mathbb{R}})=\Xi(\tau^{\prime}_{\mathbb{R}}), alors τsubscript𝜏\tau_{\mathbb{R}} et τsubscriptsuperscript𝜏\tau^{\prime}_{\mathbb{R}} coïncident sur tout a1subscript𝑎1a_{1} autoadjoint (et ia2𝑖subscript𝑎2ia_{2} antiautoadjoint) donc sur tout 𝒜𝒜{\cal A} et ΞΞ\Xi est une injection. A l’inverse tout état τ𝜏\tau définit un état réel Re(τ)Re𝜏\text{Re}(\tau). Si Re(τ)=Re(τ)Re𝜏Resuperscript𝜏\text{Re}(\tau)=\text{Re}(\tau^{\prime}), τ𝜏\tau et τsuperscript𝜏\tau^{\prime} coïncident sur tout a1subscript𝑎1a_{1} autoadjoint et, par linéarité, sur tout ia2𝑖subscript𝑎2ia_{2}. Donc τ=τ𝜏superscript𝜏\tau=\tau^{\prime} et ΞΞ\Xi est une bijection. Si τ𝜏\tau est pur il en est de même pour Re(τ)Re𝜏\text{Re}(\tau)Re(τ)=tRe(τ)+(1t)Re(τ′′)Re𝜏𝑡Resuperscript𝜏1𝑡Resuperscript𝜏′′\text{Re}(\tau)=t\text{Re}(\tau^{\prime})+(1-t)\text{Re}(\tau^{\prime\prime}) implique τ(a1)=tτ(a1)+(1t)τ′′(a1)𝜏subscript𝑎1𝑡superscript𝜏subscript𝑎11𝑡superscript𝜏′′subscript𝑎1\tau(a_{1})=t\tau^{\prime}(a_{1})+(1-t)\tau^{\prime\prime}(a_{1}), idem pour ia2𝑖subscript𝑎2ia_{2} et τ𝜏\tau n’est pas pur– et si τ𝜏\tau n’est pas pur alors Re(τ)Re𝜏\text{Re}(\tau) n’est pas pur. Autrement l’ensemble des états réels purs d’une algèbre complexe est en bijection avec l’ensemble de ses états purs,

𝒫(𝒜)𝒫(𝒜).similar-to-or-equalssubscript𝒫𝒜𝒫𝒜{\cal P}_{\mathbb{R}}({\cal A})\simeq{\cal P}({\cal A}).

En particulier 𝒫(C(M))={Re(ωx)}subscript𝒫superscript𝐶𝑀Resubscript𝜔𝑥{\cal P}_{\mathbb{R}}(C^{\infty}\left({M}\right))=\{\text{Re}(\omega_{x})\}ωx𝒫(C(M))subscript𝜔𝑥𝒫superscript𝐶𝑀\omega_{x}\in{\cal P}(C^{\infty}\left({M}\right)) désigne l’evaluation au point x𝑥x. Dans le modèle standard (cf chapitre 4), C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) est vue comme algèbre réelle C(M)subscriptsuperscript𝐶𝑀C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M). L’involution, l’identité et les éléments positifs sont identiques au cas complexe, en conséquence

𝒫(C(M))=𝒫(C(M)).𝒫subscriptsuperscript𝐶𝑀subscript𝒫superscript𝐶𝑀{\cal P}(C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M))={\cal P}_{\mathbb{R}}(C^{\infty}(M)). (1.27)

II Géométrie spinorielle

Outre la topologie, l’espace physique est muni d’une structure différentielle et d’un espace de degrés de liberté internes (le spin en mécanique quantique, l’isospin pour le modèle standard). De même que les propriétés topologiques traduites en terme d’algèbre commutative, l’objet mathématique utilisé pour décrire l’espace de la théorie quantique des champs, la variété à spin, a une définition algébrique. Privilégier cette dernière rend possible son adaptation aux espaces non commutatifs. On présente ici la construction de la structure de spin par les modules de Clifford (cf. [?] pour un exposé détaillé) plutôt que la construction en fibré principal souvent développée?,?,?.

II.1 Module de Clifford

On note M𝑀{M} une variété compacte, TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M l’espace vectoriel réel des vecteurs en x𝑥x (l’espace tangent) et TxMsuperscriptsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}^{*}M son dual, l’espace des 111-formes en x𝑥x (espace cotangent). Dans la carte xμsuperscript𝑥𝜇x^{\mu}, on désigne par {dxμ}𝑑superscript𝑥𝜇\{dx^{\mu}\} et {μ}subscript𝜇\{\partial_{\mu}\} les bases des espaces cotangent et tangent.

Un 𝕂𝕂{\mathbb{K}}-fibré vectoriel E𝜋M𝐸𝜋𝑀E\overset{\pi}{\longrightarrow}M est un espace topologique localement homéomorphe au produit Ui×Fsubscript𝑈𝑖𝐹U_{i}\times F, où Uisubscript𝑈𝑖U_{i} est un ouvert de M𝑀{M} et F𝐹F un espace vectoriel sur un corps 𝕂𝕂{\mathbb{K}}, π𝜋\pi désignant la projection de E𝐸E sur M𝑀M. Pour tout x𝑥x de M𝑀{M}, Exπ1(x)approaches-limitsubscript𝐸𝑥superscript𝜋1𝑥E_{x}\doteq\pi^{-1}(x), la fibre au dessus de x𝑥x, est isomorphe à F𝐹F. Une section locale σisubscript𝜎𝑖\sigma_{i} de E𝐸E est une application de Uisubscript𝑈𝑖U_{i} dans E𝐸E telle que πσi𝜋subscript𝜎𝑖\pi\circ\sigma_{i} soit l’identité de Uisubscript𝑈𝑖U_{i}. Si r𝑟r est la dimension de F𝐹F, une section locale est la donnée de r𝑟r fonctions de Uisubscript𝑈𝑖U_{i} dans {\mathbb{R}}, appelées composantes de la section. Une section locale est différentiable (continue) quand ces composantes sont des fonctions différentiables (continues) sur M𝑀{M}. Une section différentiable (continue) est une collection de sections locales différentiables (continues) {σi}subscript𝜎𝑖\{\sigma_{i}\} telle que l’union des Uisubscript𝑈𝑖U_{i} soit un recouvrement de M𝑀{M}. On note Γ(E)superscriptΓ𝐸\Gamma^{\infty}(E) (resp. Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E)) l’ensemble des sections différentiables (continues) de E𝐸E. C’est le module (par convention, à droite) sur l’algèbre C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) (resp. C(M)𝐶𝑀C({M})) des fonctions lisses (continues) sur M𝑀{M},

(σ1+σ2f)(x)σ1(x)+σ2(x)f(x)approaches-limitsubscript𝜎1subscript𝜎2𝑓𝑥subscript𝜎1𝑥subscript𝜎2𝑥𝑓𝑥(\sigma_{1}+\sigma_{2}f)(x)\doteq\sigma_{1}(x)+\sigma_{2}(x)f(x) (1.28)

pour tout σ1,σ2Γ(E)subscript𝜎1subscript𝜎2superscriptΓ𝐸\sigma_{1},\sigma_{2}\in\Gamma^{\infty}(E). En prenant F=n𝐹superscript𝑛F={\mathbb{R}}^{n}, où n𝑛n est la dimension de M𝑀{M}, et π1(x)=TxMsuperscript𝜋1𝑥subscript𝑇𝑥𝑀\pi^{-1}(x)=T_{x}{M}, on construit le fibré vectoriel réel TM𝑇𝑀TM, appelé fibré tangent. L’ensemble des sections 𝒳(M)Γ(TM)approaches-limit𝒳𝑀superscriptΓ𝑇𝑀\mathcal{X}({M})\doteq\Gamma^{\infty}(TM) est l’ensemble des champs de vecteurs lisses sur M𝑀{M}. De manière analogue, on construit le fibré cotangent TMsuperscript𝑇𝑀T^{*}M dont les sections Ω1(M)Γ(TM)approaches-limitsuperscriptΩ1𝑀superscriptΓsuperscript𝑇𝑀\Omega^{1}({M})\doteq\Gamma^{\infty}(T^{*}M) sont les champs de 111-forme.

Une métrique riemannienne g𝑔g est une application bilinéaire symétrique (g(X,Y)=g(Y,X)𝑔𝑋𝑌𝑔𝑌𝑋g(X,Y)=g(Y,X)), définie positive (g(X,X)>0𝑔𝑋𝑋0g(X,X)>0 pour X0𝑋0X\neq 0) de 𝒳()×𝒳()𝒳𝒳\cal{X}({M})\times\cal{X}({M}) dans C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right). Si g𝑔g est seulement non dégénérée (g(X,Y)=0 pour tout YX=0𝑔𝑋𝑌0 pour tout 𝑌𝑋0g(X,Y)=0\text{ pour tout }Y\,\Rightarrow X=0), la métrique est dite pseudo-riemannienne. Dans les deux cas, g𝑔g définit une bijection de C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right)-module entre 𝒳(M)𝒳𝑀{\cal X}(M) et Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}(M), la bijection musicale \flat\sharp

𝒳(M)Ω1(M)𝒳𝑀superscriptΩ1𝑀\displaystyle{\cal{X}}({M})\rightarrow\Omega^{1}({M}) ::\displaystyle: XX tel que X(Y)g(X,Y),maps-to𝑋superscript𝑋 tel que superscript𝑋𝑌approaches-limit𝑔𝑋𝑌\displaystyle X\mapsto X^{\flat}\;\text{ tel que }\,X^{\flat}(Y)\doteq g(X,Y),
Ω1(M)𝒳()superscriptΩ1𝑀𝒳\displaystyle\Omega^{1}({M})\rightarrow\cal{X}({M}) ::\displaystyle: ϖϖ tel que g(ϖ,Y)ϖ(Y),maps-toitalic-ϖsuperscriptitalic-ϖ tel que 𝑔superscriptitalic-ϖ𝑌approaches-limititalic-ϖ𝑌\displaystyle\varpi\mapsto\varpi^{\sharp}\;\text{ tel que }\,g(\varpi^{\sharp},Y)\doteq\varpi(Y),

ϖ(.),X(.)\varpi(.),X^{\flat}(.) désignent l’action par dualité de Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}({M}) sur 𝒳(M)𝒳𝑀{\cal X}({M}). Le gradient d’une fonction fC(M)𝑓superscript𝐶𝑀f\in C^{\infty}\left({M}\right) est par définition

gradfdf.approaches-limitgrad𝑓𝑑superscript𝑓\text{grad}\,f\doteq df^{\sharp}. (1.29)

La métrique induit une forme bilinéaire symétrique définie positive (ou seulement non dégénérée dans le cas pseudo-riemannien) sur Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}(M), pareillement notée g𝑔g,

g(ϖ1,ϖ2)g(ϖ1,ϖ2).approaches-limit𝑔subscriptitalic-ϖ1subscriptitalic-ϖ2𝑔superscriptsubscriptitalic-ϖ1superscriptsubscriptitalic-ϖ2g(\varpi_{1},\varpi_{2})\doteq g(\varpi_{1}^{\sharp},\varpi_{2}^{\sharp}). (1.30)

En tout x𝑥x, TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M et TxMsuperscriptsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}^{*}M sont munis de la norme de

gradfg(gradf¯,gradf)=g(df¯,df)df.approaches-limitdelimited-∥∥grad𝑓𝑔grad¯𝑓grad𝑓𝑔𝑑¯𝑓𝑑𝑓approaches-limitdelimited-∥∥𝑑𝑓\left\lVert\text{grad}\,f\right\rVert\doteq g(\text{grad}\,\bar{f},\text{grad}\,f)=g(d\bar{f},df)\doteq\left\lVert df\right\rVert. (1.31)

L’algèbre extérieure ΛVΛ𝑉\Lambda V sur un espace vectoriel réel V𝑉V est l’algèbre formelle générée par un élément identité 𝕀𝕀{\mathbb{I}} et les produits v1vksubscript𝑣1subscript𝑣𝑘v_{1}\wedge...\wedge v_{k} avec v1,vkVsubscript𝑣1subscript𝑣𝑘𝑉v_{1},v_{k}\in V, kdim V𝑘dim 𝑉k\leq\text{dim }V, v1v2=v2v1subscript𝑣1subscript𝑣2subscript𝑣2subscript𝑣1v_{1}\wedge v_{2}=-v_{2}\wedge v_{1} et 𝕀v=v𝕀𝑣𝑣{\mathbb{I}}\wedge v=v. Lorsque V𝑉V est munie d’une forme bilinéaire non dégénérée g𝑔g, symétrique à valeur dans {\mathbb{R}}, on construit l’algèbre de Clifford Cl(V,g)Cl𝑉𝑔\text{Cl}(V,g) en ”quantifiant” la relation d’anticommutation de l’algèbre extérieure à l’aide de g𝑔g. Concrètement,  Cl(V,g) Cl𝑉𝑔\text{ Cl}(V,g) en tant qu’espace vectoriel est identique à ΛVΛ𝑉\Lambda V mais le produit est défini de sorte que

uv+vu=2g(u,v)𝕀𝑢𝑣𝑣𝑢2𝑔𝑢𝑣𝕀uv+vu=2g(u,v){\mathbb{I}} (1.32)

pour tout u,vV𝑢𝑣𝑉u,v\in V. Avec VV+iVapproaches-limitsuperscript𝑉𝑉𝑖𝑉V^{\mathbb{C}}\doteq V+iV le complexifié de V𝑉V et l’extension de g𝑔g, g(u,v+iw)=g(u,v)+ig(u,w)𝑔𝑢𝑣𝑖𝑤𝑔𝑢𝑣𝑖𝑔𝑢𝑤g(u,v+iw)=g(u,v)+ig(u,w), on construit de la même manière l’algèbre de Clifford complexe l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V). On omet g𝑔g dans la notation car toutes les formes non dégénérées sur V+iV𝑉𝑖𝑉V+iV donnent des algèbres de Clifford isomorphes. On obtient ainsi [?, Lem. 5.5]

l(2m)M2m() et l(2m+1)M2m()M2m().similar-to-or-equalslsuperscript2𝑚subscript𝑀superscript2𝑚 et lsuperscript2𝑚1similar-to-or-equalsdirect-sumsubscript𝑀superscript2𝑚subscript𝑀superscript2𝑚{\mathbb{C}}\text{l}({\mathbb{R}}^{2m})\simeq M_{2^{m}}({\mathbb{C}})\,\text{ et }{\mathbb{C}}\text{l}({\mathbb{R}}^{2m+1})\simeq M_{2^{m}}({\mathbb{C}})\oplus M_{2^{m}}({\mathbb{C}}). (1.33)

l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) est munie d’une involution *, obtenue en étendant

(λv1vk)=λ¯vkv1superscript𝜆subscript𝑣1subscript𝑣𝑘¯𝜆subscript𝑣𝑘subscript𝑣1(\lambda v_{1}...v_{k})^{*}=\bar{\lambda}v_{k}...v_{1} (1.34)

avec λ𝜆\lambda\in{\mathbb{C}}, v1,,vkV,subscript𝑣1subscript𝑣𝑘𝑉v_{1},...,v_{k}\in V, par linéarité à tout l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) (restreint à V𝑉V l’involution coïncide avec l’identité, ce qui est cohérent puisque V𝑉V est un espace vectoriel réel).

Un élément de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) est pair lorsqu’il s’écrit comme combinaison linéaire de produits d’un nombre pair de vecteurs de V𝑉V. On note l+(V)superscriptl𝑉{\mathbb{C}}\text{l}^{+}(V) la sous-algèbre générée par les éléments pairs, et l(V)superscriptl𝑉{\mathbb{C}}\text{l}^{-}(V) le sous-espace vectoriel des produits impairs de vecteurs. En tant qu’espace vectoriel, l(V)=l+(V)l(V)l𝑉direct-sumsuperscriptl𝑉superscriptl𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V)={\mathbb{C}}\text{l}^{+}(V)\oplus{\mathbb{C}}\text{l}^{-}(V). On note χ𝜒\chi la 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} graduation correspondante

χ(a)=±1 pour al±(V).𝜒𝑎plus-or-minus1 pour 𝑎superscriptlplus-or-minus𝑉\chi(a)=\pm 1\text{ pour }a\in{\mathbb{C}}\text{l}^{\pm}(V). (1.35)

Lorsque g𝑔g est définie positive, on définit l’élément chiralité de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V)

γ(i)me1e2enapproaches-limit𝛾superscript𝑖𝑚subscript𝑒1subscript𝑒2subscript𝑒𝑛\gamma\doteq(-i)^{m}e_{1}e_{2}...e_{n} (1.36)

{ei}subscript𝑒𝑖\{e_{i}\} est une base de V𝑉V orthonormée pour g𝑔g et n=dim V=2m𝑛dim 𝑉2𝑚n=\text{dim }V=2m2m+12𝑚12m+1. Modulo l’orientation, γ𝛾\gamma est indépendant du choix de la base orthonormée. On vérifie que γ2=γγ=𝕀superscript𝛾2superscript𝛾𝛾𝕀\gamma^{2}=\gamma^{*}\gamma={\mathbb{I}}. La chiralité anticommute ou commute avec V𝑉V selon que n𝑛n est pair ou impair. Lorsque n𝑛n est pair, γvγ=v𝛾𝑣𝛾𝑣\gamma v\gamma=-v pour tout v𝑣v de V𝑉V. Etendu à tout l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V), on montre que γ.γformulae-sequence𝛾𝛾\gamma.\gamma coïncide avec la 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} graduation χ𝜒\chi. Lorsque n𝑛n est impair, γ.γformulae-sequence𝛾𝛾\gamma.\gamma est l’identité. La restriction, g𝑔g définie positive, est fondamentale car c’est elle qui par la suite nous oblige à considérer des variétés riemanniennes.

La métrique g𝑔g d’une variété M𝑀{M} est définie sur les sections lisses du fibré tangent TM𝑇𝑀TM. Les champs de vecteurs lisses sont denses dans l’ensemble des champs de vecteurs continus, et g𝑔g s’étend en une forme bilinéaire sur les sections continues Γ(TM)Γ𝑇𝑀\Gamma(TM). Par complexification, on obtient une forme bilinéaire, encore notée g𝑔g, sur les sections continues du fibré vectoriel complexe de fibre TxM=TxM+iTxMsubscript𝑇𝑥superscript𝑀subscript𝑇𝑥𝑀𝑖subscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M^{\mathbb{C}}=T_{x}M+iT_{x}M. Sur chacune de ces fibres g𝑔g induit une forme bilinéaire permettant de former en tout x𝑥x de M𝑀{M} l’algèbre de Clifford l(TxM)lsubscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(T_{x}M). Le fibré vectoriel sur M𝑀{M} correspondant est noté lTMl𝑇𝑀{\mathbb{C}}\text{l}\,TM. Le C(M)𝐶𝑀C({M})-module Γ(lTM)Γl𝑇𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}\,TM) des sections continues de ce fibré est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre, produit et involution étant définis point par point

σ1σ2(x)σ1(x)σ2(x),σ(x)σ(x)xMformulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝜎1subscript𝜎2𝑥subscript𝜎1𝑥subscript𝜎2𝑥formulae-sequenceapproaches-limitsuperscript𝜎𝑥𝜎superscript𝑥for-all𝑥𝑀\sigma_{1}\sigma_{2}(x)\doteq\sigma_{1}(x)\sigma_{2}(x),\;\,\sigma^{*}(x)\doteq\sigma(x)^{*}\quad\forall x\in{M}

* désigne l’involution dans chaque l(TxM)lsubscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(T_{x}M), et la norme est

σ=supxM{σ(x)}delimited-∥∥𝜎𝑥𝑀supremumdelimited-∥∥𝜎𝑥\left\lVert\sigma\right\rVert=\underset{x\in{M}}{\sup}\{\left\lVert\sigma(x)\right\rVert\}

où la norme de σ(x)𝜎𝑥\sigma(x) est celle de la Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre l(TxM)lsubscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(T_{x}M). La construction est identique pour le fibré cotangent TMsuperscript𝑇𝑀T^{*}M, ou pour n’importe quel fibré vectoriel réel E𝐸E sur M𝑀{M}, munie d’une forme bilinéaire non dégénérée de Γ(E)×Γ(E)superscriptΓ𝐸superscriptΓ𝐸\Gamma^{\infty}(E)\times\Gamma^{\infty}(E) dans C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right). Pour disposer d’une chiralité, on se limite aux métriques riemanniennes.

Définition 1.11.

Le fibré de Clifford sur une variété riemannienne M𝑀M de métrique g𝑔g est le fibré l(M)lTMapproaches-limitl𝑀lsuperscript𝑇𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M)\doteq{\mathbb{C}}\text{l}\,T^{*}M.


Evaluée en un point x𝑥x de M𝑀{M}, une section σ𝜎\sigma d’un fibré de Clifford est un élément σ(x)𝜎𝑥\sigma(x) de l(TxM)lsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(T^{*}_{x}M). Si F𝐹F est un espace vectoriel complexe sur lequel agissent chacune des algèbres l(TxM)lsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(T^{*}_{x}M) via l’action de Clifford

c:l(TxM)End(F),:𝑐lsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀End𝐹c:\,{\mathbb{C}}\text{l}(T^{*}_{x}M)\rightarrow\text{End}(F), (1.37)

alors une section σ𝜎\sigma du module de Clifford agit (par convention à gauche) sur une section σsuperscript𝜎\sigma^{\prime} d’un fibré vectoriel E𝜋M𝐸𝜋𝑀E\overset{\pi}{\rightarrow}{M} de fibre F𝐹F (i.e. π1(x)Fsimilar-to-or-equalssuperscript𝜋1𝑥𝐹\pi^{-1}(x)\simeq F pour tout x𝑥x) par

(c(σ)σ)(x)c(σ(x))σ(x).approaches-limit𝑐𝜎superscript𝜎𝑥𝑐𝜎𝑥superscript𝜎𝑥\left(c(\sigma)\sigma^{\prime}\right)(x)\doteq c(\sigma(x))\sigma^{\prime}(x).

Lorsque l’action de c(σ)𝑐𝜎c(\sigma) est continue, c’est à dire lorsque c(σ)σΓ(E)𝑐𝜎superscript𝜎Γ𝐸c(\sigma)\sigma^{\prime}\in\Gamma(E) pour tout σΓ(l(M)\sigma\in\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M) et σΓ(E)superscript𝜎Γ𝐸\sigma^{\prime}\in\Gamma(E), Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) est un Γ(l(M))Γl𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M))-module à gauche. Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) étant déjà un C(M)𝐶𝑀C({M})-module à droite, c’est un bimodule.

Définition 1.12.

Un module de Clifford sur M𝑀{M} est la donnée d’un C(M)𝐶𝑀C({M})-module Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) des sections continues d’un fibré vectoriel complexe sur M𝑀M ainsi que d’un homorphisme C(M)𝐶𝑀C({M})-linéaire

c:Γ(l(M))End(Γ(E)).:𝑐Γl𝑀EndΓ𝐸c:\,\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}({M}))\rightarrow\text{End}(\Gamma(E)).

Autrement dit, un module de Clifford sur M𝑀{M} est un Γ(l(M))Γl𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M))-C(M)𝐶𝑀C({M})-bimodule de sections d’un fibré vectoriel complexe sur M𝑀{M}.


Si dim M=2mdim 𝑀2𝑚\text{dim }{M}=2m, d’après (1.33) toutes les actions irréductibles de l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}({M}) sont de dimension 2msuperscript2𝑚2^{m}. Si dim M=2m+1dim 𝑀2𝑚1\text{dim }{M}=2m+1, il y a deux représentations irréductibles inéquivalentes de dimension 2msuperscript2𝑚2^{m}. Quand le rang du fibré E𝐸E (i.e. la dimension de ses fibres en tant qu’espace vectoriel) n’est pas égale à 2msuperscript2𝑚2^{m} dans le cas pair, 2m+1superscript2𝑚12^{m+1} dans le cas impair, chaque fibre Exsubscript𝐸𝑥E_{x} se décompose en somme directe de sous-espaces vectoriels invariant par l’action de l’algèbre de Clifford. Au contraire quand l’action de l’algèbre de Clifford est irréductible sur chaque fibre, Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) est un module de Clifford irréductible.

II.2 Structure de Spin

Classiquement, le fibré des spineurs sur une variété M𝑀{M} de dimension n𝑛n est construit à partir du fibré tangent par le relèvement du groupe SO(n)𝑆𝑂𝑛SO(n) (groupe de structure du fibré principal associé au fibré tangent) à son recouvrement universel Spin(n)Spin𝑛\text{Spin}(n). L’approche algébrique construit directement un spineur comme support d’une action irréductible du groupe Spin, vu comme sous groupe de l’algèbre de Clifford.

Soit V𝑉V un espace vectoriel munie d’une forme bilinéaire non dégénérée g𝑔g. Un vecteur uV𝑢𝑉u\in V est unitaire quand g(u,u)=1𝑔𝑢𝑢1g(u,u)=1. Vu comme élément de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V), u2=𝕀superscript𝑢2𝕀u^{2}={\mathbb{I}} par (1.32) donc u𝑢u est inversible. On note ϕ(u)italic-ϕ𝑢\phi(u) l’endomorphisme de V𝑉V

ϕ(u)vχ(u)vu1=uvu=(vu2g(u,v))u=v2g(u,v)uapproaches-limititalic-ϕ𝑢𝑣𝜒𝑢𝑣superscript𝑢1𝑢𝑣𝑢𝑣𝑢2𝑔𝑢𝑣𝑢𝑣2𝑔𝑢𝑣𝑢\phi(u)v\doteq\chi(u)vu^{-1}=-uvu=(vu-2g(u,v))u=v-2g(u,v)u

χ𝜒\chi est la 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} graduation définie en (1.35). Restreinte à V𝑉V, qui est laissé globalement invariant, l’action de ϕ(u)italic-ϕ𝑢\phi(u) est la réflexion par rapport à l’hyperplan orthogonal à u𝑢u (pour s’en convaincre on peut regarder l(2)lsuperscript2{\mathbb{C}}\text{l}({\mathbb{R}}^{2}) avec pour g𝑔g le produit scalaire usuel). Par la multiplication

ϕu1u2(v)u21u11vu1u2=ϕu2ϕu1(v),approaches-limitsubscriptitalic-ϕsubscript𝑢1subscript𝑢2𝑣superscriptsubscript𝑢21superscriptsubscript𝑢11𝑣subscript𝑢1subscript𝑢2subscriptitalic-ϕsubscript𝑢2subscriptitalic-ϕsubscript𝑢1𝑣\phi_{u_{1}u_{2}}(v)\doteq u_{2}^{-1}u_{1}^{-1}vu_{1}u_{2}=\phi_{u_{2}}\circ\phi_{u_{1}}(v),

ces réflexions génèrent le groupe orthogonal O(V)𝑂𝑉O(V). L’ensemble des produits pairs de réflexions est le sous-groupe des rotations SO(V)𝑆𝑂𝑉SO(V) (c’est la composante connexe de l’identité de O(V)𝑂𝑉O(V)). L’ensemble des produits pairs de vecteurs unitaires w𝑤w de Vsuperscript𝑉V^{\mathbb{C}} (w=λu𝑤𝜆𝑢w=\lambda u avec λ𝜆\lambda un nombre complexe de module 111 et u𝑢u un unitaire de V𝑉V) est un sous groupe de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) noté Spinc(V)superscriptSpin𝑐𝑉\text{Spin}^{c}(V).

Pour tout wSpinc(V)𝑤superscriptSpin𝑐𝑉w\in\text{Spin}^{c}(V), l’application ϕ(w):vwvw:italic-ϕ𝑤maps-to𝑣𝑤𝑣𝑤\phi(w):\,v\mapsto wvw (χ(w)=+1𝜒𝑤1\chi(w)=+1) est une rotation dans V𝑉V. ϕitalic-ϕ\phi apparait comme un homomorphisme de Spinc(V)superscriptSpin𝑐𝑉\text{Spin}^{c}(V) dans SO(V)𝑆𝑂𝑉SO(V). Un élément du noyau de ϕitalic-ϕ\phi est un unitaire central pair de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) et on montre [?, p. 180] qu’un tel élément est nécessairement un scalaire. Autrement dit ker ϕU(1)similar-to-or-equalsker italic-ϕ𝑈1\text{ker }\phi\simeq U(1). Pour w=w1w2kSpinc(V)𝑤subscript𝑤1subscript𝑤2𝑘superscriptSpin𝑐𝑉w=w_{1}...w_{2k}\in\text{Spin}^{c}(V), on définit l’homorphisme ν𝜈\nu à valeur dans U(1)𝑈1U(1)

ν(w)=w2kw1w1w2k=λ1λ2k𝜈𝑤subscript𝑤2𝑘subscript𝑤1subscript𝑤1subscript𝑤2𝑘subscript𝜆1subscript𝜆2𝑘\nu(w)=w_{2k}...w_{1}w_{1}...w_{2k}=\lambda_{1}...\lambda_{2k}

λi=wi2U(1)subscript𝜆𝑖superscriptsubscript𝑤𝑖2𝑈1\lambda_{i}=w_{i}^{2}\in U(1). Le groupe Spin(V) est par définition le noyau de ν𝜈\nu. La conjugaison complexe est définie sur tout l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) en étendant par linéarité λv¯λ¯vapproaches-limit¯𝜆𝑣¯𝜆𝑣\overline{\lambda v}\doteq\bar{\lambda}v pour λ𝜆\lambda\in{\mathbb{C}}, vV𝑣𝑉v\in V. Spin(V)Spin𝑉\text{Spin}(V) est l’ensemble des unitaires pairs w𝑤w de l(V)l𝑉{\mathbb{C}}\text{l}(V) satisfaisant w¯w=ww=𝕀¯superscript𝑤𝑤superscript𝑤𝑤𝕀\overline{w^{*}}w=w^{*}w={\mathbb{I}}, ou encore w¯=w¯𝑤𝑤\bar{w}=w. En définissant la conjugaison de charge κ𝜅\kappa

κ(a)χ(a¯)approaches-limit𝜅𝑎𝜒¯𝑎\kappa(a)\doteq\chi(\bar{a})

pour tout al(V)𝑎l𝑉a\in{\mathbb{C}}\text{l}(V), le groupe Spin apparait comme le sous groupe de SpincsuperscriptSpin𝑐\text{Spin}^{c} invariant par conjugaison de charge. Le noyau de ϕitalic-ϕ\phi restreint à Spin(V)Spin𝑉\text{Spin}(V) est {1,1}1.1\{-1,1\}. En prenant V=n𝑉superscript𝑛V={\mathbb{R}}^{n} et g𝑔g une métrique (pseudo-)riemannienne, on retrouve que le spin est le recouvrement universel à deux feuillets du groupe des rotations.

Un spineur est une section d’un fibré vectoriel S𝑆S sur une variété M𝑀M dont chaque fibre est le support d’une représentation irréductible du groupe Spin(M)Spin(TxM)approaches-limitSpin𝑀Spinsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀\text{Spin}(M)\doteq\text{Spin}(T^{*}_{x}M). Γ(S)Γ𝑆\Gamma(S) est donc un module de Clifford irréductible. Dans le cas où M𝑀M est de dimension n=2m𝑛2𝑚n=2m paire, un tel module est obtenu en demandant que S𝑆S implémente une équivalence de Morita entre C(M)𝐶𝑀C(M) et Γ(l(M))Γl𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M)).

Définition 1.13.

Deux Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres 𝒜𝒜{\cal A} et {\cal B} sont Morita-équivalentes si et seulement si il existe un 𝒜𝒜{\cal A}-module à droite plein E𝐸E tel que End𝒜 0(E)similar-to-or-equalssubscriptsuperscriptEnd 0𝒜𝐸\text{End}^{\,0}_{\cal A}(E)\simeq{\cal B}, où End𝒜 0(E)subscriptsuperscriptEnd 0𝒜𝐸\text{End}^{\,0}_{\cal A}(E) est la fermeture (pour la topologie de la norme d’opérateur) de l’algèbre des endomorphismes de E𝐸E de 𝒜𝒜{\cal A}-rang fini.


Cette définition demande plusieurs précisions. Un 𝒜𝒜{\cal A}-module E𝐸E est plein lorsqu’il est muni d’un ”produit scalaire à valeur dans 𝒜𝒜{\cal A}”, c’est à dire d’une forme de E×E𝐸𝐸E\times E dans 𝒜𝒜{\cal A} définie positive, 𝒜𝒜{\cal A}-linéaire à droite, antisymétrique ( (u|v)=(v|u)(u\lvert v)=(v\lvert u)^{*}), et telle que (E|E)=𝒜(E\lvert E)={\cal A}. Un endomorphisme de E𝐸E est dit de 𝒜𝒜{\cal A}-rang fini lorsqu’il est du type:

|r)(s|:tr(s|t),\lvert r)(s\lvert:\,t\longmapsto r(s\lvert t),

r,s,tE𝑟𝑠𝑡𝐸r,s,t\in E. Ces opérateurs forment une algèbre qu’on munit de la norme d’opérateur

 sup{r(s|t)/t=1}\text{ sup}\{\left\lVert r(s\lvert t)\right\rVert\,/\,\left\lVert t\right\rVert=1\}

où la norme dans E𝐸E est définie à partir de la norme de 𝒜𝒜{\cal A} par t(t|t).\left\lVert t\right\rVert\doteq\sqrt{\left\lVert(t\lvert t)\right\rVert}.

Si Γ(S)Γ𝑆\Gamma(S) implémente l’équivalence de Morita entre C(M)𝐶𝑀C(M) et Γ(l(M))Γl𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M)), on montre qu’il existe un isomorphisme de fibré vectoriel End Sl(M)similar-to-or-equalsEnd 𝑆l𝑀\text{End }S\simeq{\mathbb{C}}\text{l}(M)End SEnd 𝑆\text{End }S désigne le fibré vectoriel sur M𝑀M de fibre  End(Sx) Endsubscript𝑆𝑥\text{ End}(S_{x}). l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) est de rang 2nsuperscript2𝑛2^{n}, donc  End S End 𝑆\text{ End }S est de rang 2nsuperscript2𝑛2^{n}, ce qui signifie que Sxsubscript𝑆𝑥S_{x} est de dimension 2n=2msuperscript2𝑛superscript2𝑚\sqrt{2^{n}}=2^{m}. On peut donc choisir l’action de Clifford de telle sorte que S𝑆S soit un module de Clifford irréductible. Rien n’assure en revanche qu’implémenter l’équivalence de Morita soit une condition nécessaire pour que Γ(S)Γ𝑆\Gamma(S) soit irréductible. Mais il apparait que la condition sur M𝑀M pour que C(M)𝐶𝑀C(M) et Γ(l(M)\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M) soit Morita équivalente (théorème de Plymen [?, Th. 9.3]) est très exactement la condition qui, dans l’approche classique, autorise le relèvement de SO(n)𝑆𝑂𝑛SO(n) au groupe Spinc(n)superscriptSpin𝑐𝑛\text{Spin}^{c}(n).

La possibilité du relèvement à Spin(n)Spin𝑛\text{Spin}(n) correspond [ibid, Th. 9.6] à l’existence d’une bijection antilinéaire J:SS:𝐽𝑆𝑆J:\,S\rightarrow S telle que

J(ψf)𝐽𝜓𝑓\displaystyle J(\psi f) =\displaystyle= (Jψ)f¯ pour fC(M),𝐽𝜓¯𝑓 pour 𝑓𝐶𝑀\displaystyle(J\psi)\bar{f}\text{ pour }f\in C(M),
J(aψ)𝐽𝑎𝜓\displaystyle J(a\psi) =\displaystyle= χ(a)Jψ pour aΓ(l(M)),𝜒𝑎𝐽𝜓 pour 𝑎superscriptΓl𝑀\displaystyle\chi(a)J\psi\text{ pour }a\in\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}(M)), (1.38)
(Jϕ|Jψ)\displaystyle(J\phi\lvert J\psi) =\displaystyle= (ψ|ϕ) pour ϕ,ψS\displaystyle(\psi\lvert\phi)\text{ pour }\phi,\psi\in S

ψS𝜓𝑆\psi\in S et on identifie a𝑎a et f𝑓f à leurs actions sur S𝑆S. On montre [ibid, Lem 9.7] qu’un tel opérateur J𝐽J est nécessairement de carré ±1plus-or-minus1\pm 1.

Le produit scalaire sur Γ(S)Γ𝑆\Gamma(S) à valeur dans C(M)𝐶𝑀C(M) est choisi de sorte que l’action de Clifford soit autoadjointe,

(ϕ|c(a)ψ)=(c(a)ϕ|ψ).(\phi\lvert c(a)\psi)=(c(a^{*})\phi\lvert\psi).

On note c(a)=c(a).𝑐superscript𝑎𝑐superscript𝑎c(a)^{\dagger}=c(a^{*}). Si M𝑀M est orientée, il existe un repère mobile de 111-formes {ei}subscript𝑒𝑖\{e_{i}\} (i.e. une section lisse du fibré cotangent) tel qu’en tout x𝑥x de M𝑀M les chiralités γ(x)𝛾𝑥\gamma(x) définies par (1.36) sur chaque fibre de l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) s’écrivent

γ(x)=(i)me1(x)en(x).𝛾𝑥superscript𝑖𝑚subscript𝑒1𝑥subscript𝑒𝑛𝑥\gamma(x)=(-i)^{m}e_{1}(x)...e_{n}(x).

γ𝛾\gamma est une section de l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) et c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) est une graduation (i.e. c(γ)c(γ)=c(γ)2=𝕀)c(\gamma)^{\dagger}c(\gamma)=c(\gamma)^{2}={\mathbb{I}}) de Γ(S)Γ𝑆\Gamma(S). On note Γ(S)±Γsuperscript𝑆plus-or-minus\Gamma(S)^{\pm} les sous-espaces propres de c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) de sorte que

Γ(S)=Γ(S)+Γ(S).Γ𝑆direct-sumΓsuperscript𝑆Γsuperscript𝑆\Gamma(S)=\Gamma(S)^{+}\oplus\Gamma(S)^{-}.

Si M𝑀M est de dimension paire, c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) anticommute avec c(ϖ)𝑐italic-ϖc(\varpi) pour toute 111-forme ϖl(M)italic-ϖl𝑀\varpi\in{\mathbb{C}}\text{l}(M). Pour ψ±Γ(S)±superscript𝜓plus-or-minusΓsuperscript𝑆plus-or-minus\psi^{\pm}\in\Gamma(S)^{\pm},

c(γ)c(ϖ)ψ±=c(ϖ)ψ±,𝑐𝛾𝑐italic-ϖsuperscript𝜓plus-or-minusminus-or-plus𝑐italic-ϖsuperscript𝜓plus-or-minusc(\gamma)c(\varpi)\psi^{\pm}=\mp c(\varpi)\psi^{\pm},

autrement dit c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) échange Γ+(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{+}(S) et Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{-}(S).

Définition 1.14.

Une structure de spin sur une variété M𝑀M de dimension paire est la donnée d’un bimodule S𝑆S garantissant l’équivalence de Morita C(M)𝐶𝑀C(M)-Γ(l(M))Γl𝑀\Gamma({\mathbb{C}}\text{l}(M)), d’une bijection J𝐽J satisfaisant (1.38) et d’une orientation de M𝑀M.


M𝑀M est alors dite variété à spin. Lorsque M𝑀M est de dimension impaire, la construction est analogue en remplaçant l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) par l+(M)superscriptl𝑀{\mathbb{C}}\text{l}^{+}(M) qui est le fibré sur M𝑀M de fibre l+(TxM)superscriptlsuperscriptsubscript𝑇𝑥𝑀{\mathbb{C}}\text{l}^{+}(T_{x}^{*}M).

II.3 Opérateur de Dirac

Une connexion sur un fibré vectoriel E𝜋M𝐸𝜋𝑀E\overset{\pi}{\rightarrow}M est une application linéaire

:Γ(E)Γ(E)Ω1(M):superscriptΓ𝐸tensor-productsuperscriptΓ𝐸superscriptΩ1𝑀\triangledown:\,\Gamma^{\infty}(E)\longrightarrow\Gamma^{\infty}(E)\otimes\Omega^{1}(M) (1.39)

satisfaisant la règle de Leibniz

(σf)=(σ)f+σdf𝜎𝑓𝜎𝑓tensor-product𝜎𝑑𝑓\triangledown(\sigma f)=(\triangledown\sigma)f+\sigma\otimes df

pour tout σΓ(E)𝜎superscriptΓ𝐸\sigma\in\Gamma^{\infty}(E) et fC(M).𝑓superscript𝐶𝑀f\in C^{\infty}\left({M}\right). d𝑑d désigne la dérivée extérieure de chaque ΛTxMΛsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀\Lambda T^{*}_{x}M étendue aux sections lisses. Les coefficients de connexion sont obtenus en écrivant localement, dans une base {dxμ}𝑑superscript𝑥𝜇\{dx^{\mu}\} de Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}({M}), l’action de la connexion sur une base {σi}subscript𝜎𝑖\{\sigma_{i}\} de Γ(E)superscriptΓ𝐸\Gamma^{\infty}(E),

σiΓiμjσjdxμ.approaches-limitsubscript𝜎𝑖tensor-productsubscriptsuperscriptΓ𝑗𝑖𝜇subscript𝜎𝑗𝑑superscript𝑥𝜇\triangledown\sigma_{i}\doteq\Gamma^{j}_{i\mu}\sigma_{j}\otimes dx^{\mu}. (1.40)

Ainsi

σ=σifi𝜎subscript𝜎𝑖superscript𝑓𝑖\displaystyle\triangledown\sigma=\triangledown\sigma_{i}f^{i} =\displaystyle= (σi)fi+σid(fi),subscript𝜎𝑖superscript𝑓𝑖tensor-productsubscript𝜎𝑖𝑑superscript𝑓𝑖\displaystyle(\triangledown\sigma_{i})f^{i}+\sigma_{i}\otimes d(f^{i}), (1.41)
=\displaystyle= fiΓiμjσjdxμ+σid(fi),tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptsuperscriptΓ𝑗𝑖𝜇subscript𝜎𝑗𝑑superscript𝑥𝜇tensor-productsubscript𝜎𝑖𝑑superscript𝑓𝑖\displaystyle f^{i}\Gamma^{j}_{i\mu}\sigma_{j}\otimes dx^{\mu}+\sigma_{i}\otimes d(f^{i}),
=\displaystyle= (d+Γ)σ𝑑Γ𝜎\displaystyle(d+\Gamma)\sigma

où on note dσσid(fi) et ΓσfiΓiμjσjdxμ.approaches-limit𝑑𝜎tensor-productsubscript𝜎𝑖𝑑superscript𝑓𝑖 et Γ𝜎approaches-limittensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptsuperscriptΓ𝑗𝑖𝜇subscript𝜎𝑗𝑑superscript𝑥𝜇d\sigma\doteq\sigma_{i}\otimes d(f^{i})\;\text{ et }\;\Gamma\sigma\doteq f^{i}\Gamma^{j}_{i\mu}\sigma_{j}\otimes dx^{\mu}.

Lorsque E𝐸E est le fibré tangent TM𝑇𝑀TM sur une variété riemannienne ou pseudo-riemannienne, il existe une unique connexion, la connexion de Levi-Civita, de torsion nulle (cf. [?] pour une définition de la torsion) et compatible avec la métrique de la manière suivante:

g(X,Y)+g(X,Y)=d(g(X,Y))𝑔𝑋𝑌𝑔𝑋𝑌𝑑𝑔𝑋𝑌g(\triangledown X,Y)+g(X,\triangledown Y)=d(g(X,Y)) (1.42)

pour tout X,Y𝒳()𝑋𝑌𝒳X,Y\in\cal{X}({M}). g𝑔g agit sur (𝒳(M)Ω1(M))×𝒳(M)tensor-product𝒳𝑀superscriptΩ1𝑀𝒳𝑀({\cal X}({M})\otimes\Omega^{1}({M}))\times{\cal X}({M}) par ”contraction des indices”

g(rνiidxν,tλλ)rνitλg(i,λ)dxν,approaches-limit𝑔tensor-productsubscriptsuperscript𝑟𝑖𝜈subscript𝑖𝑑superscript𝑥𝜈superscript𝑡𝜆subscript𝜆subscriptsuperscript𝑟𝑖𝜈superscript𝑡𝜆𝑔subscript𝑖subscript𝜆𝑑superscript𝑥𝜈g(r^{i}_{\nu}\partial_{i}\otimes dx^{\nu},t^{\lambda}\partial_{\lambda})\doteq r^{i}_{\nu}t^{\lambda}g(\partial_{i},\partial_{\lambda})dx^{\nu},

rνi,tλsubscriptsuperscript𝑟𝑖𝜈superscript𝑡𝜆r^{i}_{\nu},t^{\lambda} étant des nombres réels. Après identification de g(X,.)g(X,.) à X=ϖsuperscript𝑋italic-ϖX^{\flat}=\varpi, (1.42) définit une connexion de Levi-Civita sur E=TM𝐸superscript𝑇𝑀E=T^{*}M à valeur dans Γ(TM)Ω1(M)Ω1(M)Ω1(M)similar-to-or-equalstensor-productsuperscriptΓsuperscript𝑇𝑀superscriptΩ1𝑀tensor-productsuperscriptΩ1𝑀superscriptΩ1𝑀\Gamma^{\infty}(T^{*}M)\otimes\Omega^{1}({M})\simeq\Omega^{1}(M)\otimes\Omega^{1}(M),

ϖ(Y)d(ϖ(Y))ϖ(Y),approaches-limititalic-ϖ𝑌𝑑italic-ϖ𝑌italic-ϖ𝑌\triangledown\varpi(Y)\doteq d(\varpi(Y))-\varpi(\triangledown Y), (1.43)

pour tout Y𝑌Y de 𝒳(M)𝒳𝑀{\cal X}({M}). Pour ϖ=dxiitalic-ϖ𝑑superscript𝑥𝑖\varpi=dx^{i}, Y=μ𝑌subscript𝜇Y=\partial_{\mu}, (1.43) avec (1.40) donne dxi(ν)=Γνμidxμ𝑑superscript𝑥𝑖subscript𝜈subscriptsuperscriptΓ𝑖𝜈𝜇𝑑superscript𝑥𝜇\triangledown dx^{i}(\partial_{\nu})=-\Gamma^{i}_{\nu\mu}dx^{\mu} d’où

dxi=Γjμidxjdxμ.𝑑superscript𝑥𝑖tensor-productsubscriptsuperscriptΓ𝑖𝑗𝜇𝑑superscript𝑥𝑗𝑑superscript𝑥𝜇\triangledown dx^{i}=-\Gamma^{i}_{j\mu}dx^{j}\otimes dx^{\mu}.

Localement l’action de \triangledown sur un ϖ=dxifiTMitalic-ϖ𝑑superscript𝑥𝑖subscript𝑓𝑖superscript𝑇𝑀\varpi=dx^{i}f_{i}\in T^{*}M s’écrit

ϖ=(dΓ~)ϖitalic-ϖ𝑑~Γitalic-ϖ\triangledown\varpi=(d-\tilde{\Gamma})\varpi

dϖdxid(fi)approaches-limit𝑑italic-ϖtensor-product𝑑superscript𝑥𝑖𝑑subscript𝑓𝑖d\varpi\doteq dx^{i}\otimes d(f_{i}) et Γ~ϖfiΓjμidxjdxμapproaches-limit~Γitalic-ϖtensor-productsubscript𝑓𝑖subscriptsuperscriptΓ𝑖𝑗𝜇𝑑superscript𝑥𝑗𝑑superscript𝑥𝜇\tilde{\Gamma}\varpi\doteq-f_{i}\Gamma^{i}_{j\mu}dx^{j}\otimes dx^{\mu}. Par application récursive de la règle de Leibniz, \triangledown s’étend à tout Γ(l(M)\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}({M}),

(uv)(u)v+u(v)approaches-limit𝑢𝑣𝑢𝑣𝑢𝑣\triangledown(uv)\doteq\triangledown(u)v+u\triangledown(v) (1.44)

pour tout u,vΓ(l(M))𝑢𝑣superscriptΓl𝑀u,v\in\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}({M})) (le produit (u)v𝑢𝑣(\triangledown u)v consiste à multiplier les composantes dans l’algèbre de Clifford en laissant invariante la partie Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}({M})).

Pour une variété à spin (M,S,C)𝑀𝑆𝐶(M,S,C), il existe une unique connexion de spin Ssuperscript𝑆\triangledown^{S} généralisant la connexion de Levi-Civita tout en étant compatible avec la structure de spin [?, Th. 9.8].

Théorème 1.15.

Soit (M,S,J)𝑀𝑆𝐽(M,S,J) une variété à spin de dimension n𝑛n. Il existe une unique connexion S:Γ(S)Γ(S)Ω1(M):superscript𝑆superscriptΓ𝑆tensor-productsuperscriptΓ𝑆superscriptΩ1𝑀\triangledown^{S}:\,\Gamma^{\infty}(S)\rightarrow\Gamma^{\infty}(S)\otimes\Omega^{1}(M) hermitienne, i.e.

(Sψ|ϕ)+(ψ|Sϕ)=d(ψ|ϕ),(\triangledown^{S}\psi\lvert\phi)+(\psi\lvert\triangledown^{S}\phi)=d(\psi\lvert\phi),

commutant avec J𝐽J et telle que

S(c(a)ψ)=c(a)ψ+c(a)Sψ pour al(M),ψΓ(S)formulae-sequencesuperscript𝑆𝑐𝑎𝜓𝑐𝑎𝜓𝑐𝑎superscript𝑆𝜓 pour 𝑎l𝑀𝜓superscriptΓ𝑆\triangledown^{S}(c(a)\psi)=c(\triangledown a)\psi+c(a)\triangledown^{S}\psi\text{ pour }a\in{\mathbb{C}}\text{l}(M),\psi\in\Gamma^{\infty}(S)

c𝑐c désigne l’action de Γ(l(M))superscriptΓl𝑀\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}(M)) sur Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S) induite par (1.37) et \triangledown la connexion (1.44).


L’action de l’algèbre de Clifford se réécrit comme une application de Γ(S)Γ(l(M))tensor-productsuperscriptΓ𝑆superscriptΓl𝑀\Gamma^{\infty}(S)\otimes\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}(M)) dans Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S) en posant

c^(ψa)c(a)ψ.approaches-limit^𝑐tensor-product𝜓𝑎𝑐𝑎𝜓\hat{c}(\psi\otimes a)\doteq c(a)\psi.

L’objet fondamental d’une géométrie spinorielle est l’opérateur de Dirac, défini comme suit.

Définition 1.16.

L’opérateur de Dirac d’une variété à spin (M,S,J)𝑀𝑆𝐽(M,S,J) est l’endomorphisme de Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S)

Di(c^S).approaches-limit𝐷𝑖^𝑐superscript𝑆D\doteq-i(\hat{c}\circ\triangledown^{S}).

Cet objet coïncide bien avec l’opérateur de Dirac de la théorie quantique des champs. Pour s’en convaincre, écrivons localement l’action de la connexion de spin. Tout espace de Hilbert de dimension finie admettant une base orthonormée, il existe en tout x𝑥x de M𝑀M une base orthonormée de TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M, {α=eαμ(x)μ}subscript𝛼superscriptsubscript𝑒𝛼𝜇𝑥subscript𝜇\{\partial_{\alpha}=e_{\alpha}^{\mu}(x)\partial_{\mu}\}, ainsi qu’une base duale de TxMsubscriptsuperscript𝑇𝑥𝑀T^{*}_{x}M, également orthonormée, {dxα=eμαdxμ}𝑑superscript𝑥𝛼subscriptsuperscript𝑒𝛼𝜇𝑑superscript𝑥𝜇\{dx^{\alpha}=e^{\alpha}_{\mu}dx^{\mu}\}. Le vielbein {eμα}subscriptsuperscript𝑒𝛼𝜇\{e^{\alpha}_{\mu}\} désigne la matrice inverse de {eαμ}superscriptsubscript𝑒𝛼𝜇\{e_{\alpha}^{\mu}\} et satisfait

gμνeμαeνβ=δαβsuperscript𝑔𝜇𝜈subscriptsuperscript𝑒𝛼𝜇subscriptsuperscript𝑒𝛽𝜈superscript𝛿𝛼𝛽g^{\mu\nu}e^{\alpha}_{\mu}e^{\beta}_{\nu}=\delta^{\alpha\beta} (1.45)

gμν=g(dxμ,dxν)superscript𝑔𝜇𝜈𝑔𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈g^{\mu\nu}=g(dx^{\mu},dx^{\nu}). Soit {γa,γb}superscript𝛾𝑎superscript𝛾𝑏\{\gamma^{a},\gamma^{b}\} un champ de matrices de Dirac, i.e. des matrices autoadjointes de Mk()subscript𝑀𝑘M_{k}({\mathbb{C}}) (k=2[n/2]𝑘superscript2delimited-[]𝑛2k=2^{[n/2]} est la dimension de la représentation irréductible de l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) dans le cas pair, de l(M)+lsuperscript𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M)^{+} dans le cas impair) telles que

γa(x)γb(x)+γb(x)γa(x)=2δab𝕀superscript𝛾𝑎𝑥superscript𝛾𝑏𝑥superscript𝛾𝑏𝑥superscript𝛾𝑎𝑥2superscript𝛿𝑎𝑏𝕀\gamma^{a}(x)\gamma^{b}(x)+\gamma^{b}(x)\gamma^{a}(x)=2\delta^{ab}{\mathbb{I}} (1.46)

en tout x𝑥x de M𝑀M. En définissant la représentation

c(dxα)γa,approaches-limit𝑐𝑑superscript𝑥𝛼superscript𝛾𝑎c(dx^{\alpha})\doteq\gamma^{a}, (1.47)

l’action de dxμl(M)𝑑superscript𝑥𝜇l𝑀dx^{\mu}\in{\mathbb{C}}\text{l}(M) sur S𝑆S

c(dxμ)ψγmψeαμγaψapproaches-limit𝑐𝑑superscript𝑥𝜇𝜓superscript𝛾𝑚𝜓approaches-limitsubscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼superscript𝛾𝑎𝜓c(dx^{\mu})\psi\doteq\gamma^{m}\psi\doteq e^{\mu}_{\alpha}\gamma^{a}\psi (1.48)

(on utilise un indice grec pour les coordonnées de la variété et un indice latin pour le fibré, a𝑎a est contracté avec α𝛼\alpha) est bien une représentation (irréductible) de l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) puisque

c(dxμ)c(dxν)+c(dxν)c(dxμ)𝑐𝑑superscript𝑥𝜇𝑐𝑑superscript𝑥𝜈𝑐𝑑superscript𝑥𝜈𝑐𝑑superscript𝑥𝜇\displaystyle c(dx^{\mu})c(dx^{\nu})+c(dx^{\nu})c(dx^{\mu}) =\displaystyle= 2eαμeβνδab𝕀,2subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼subscriptsuperscript𝑒𝜈𝛽superscript𝛿𝑎𝑏𝕀\displaystyle 2e^{\mu}_{\alpha}e^{\nu}_{\beta}\delta^{ab}{\mathbb{I}},
=\displaystyle= 2gλρeαμeλαeβνeρβ𝕀,2superscript𝑔𝜆𝜌subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼subscriptsuperscript𝑒𝛼𝜆subscriptsuperscript𝑒𝜈𝛽subscriptsuperscript𝑒𝛽𝜌𝕀\displaystyle 2g^{\lambda\rho}e^{\mu}_{\alpha}e^{\alpha}_{\lambda}e^{\nu}_{\beta}e^{\beta}_{\rho}{\mathbb{I}},
=\displaystyle= 2g(dxμ,dxν)𝕀=c(dxμdxν+dxνdxμ).2𝑔𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈𝕀𝑐𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈𝑑superscript𝑥𝜈𝑑superscript𝑥𝜇\displaystyle 2g(dx^{\mu},dx^{\nu}){\mathbb{I}}=c(dx^{\mu}dx^{\nu}+dx^{\nu}dx^{\mu}).

On montre alors que la connexion de spin s’écrit

S=d14Γjμiγiγjdxμsuperscript𝑆𝑑tensor-product14subscriptsuperscriptΓ𝑖𝑗𝜇subscript𝛾𝑖superscript𝛾𝑗𝑑superscript𝑥𝜇\triangledown^{S}=d-\frac{1}{4}{\Gamma}^{i}_{j\mu}\gamma_{i}\gamma^{j}\otimes dx^{\mu} (1.49)

γiγiapproaches-limitsubscript𝛾𝑖superscript𝛾𝑖\gamma_{i}\doteq\gamma^{i} et d𝑑d agit sur un spineur ψ=sifi𝜓subscript𝑠𝑖superscript𝑓𝑖\psi=s_{i}f^{i} -fiC(M)superscript𝑓𝑖𝐶𝑀f^{i}\in C(M), siΓ(S)subscript𝑠𝑖superscriptΓ𝑆s_{i}\in\Gamma^{\infty}(S)- selon dψsid(fi)approaches-limit𝑑𝜓tensor-productsubscript𝑠𝑖𝑑superscript𝑓𝑖d\psi\doteq s_{i}\otimes d(f^{i}). Quand la variété est plate (ce qui est le cas en théorie des champs quand on suppose que l’interaction a un lieu dans une région où la courbure est localement négligeable), les coefficients de connexion sont nuls et

iDψ=c^(dψ)=c^(siαfidxα)=c(dxα)siαfi=γasiαfi=/ψ.iD\psi=\hat{c}(d\psi)=\hat{c}(s_{i}\otimes\partial_{\alpha}f^{i}dx^{\alpha})=c(dx^{\alpha})s_{i}\partial_{\alpha}f^{i}=\gamma^{a}s_{i}\partial_{\alpha}f^{i}=/\!\!\!\partial\psi. (1.50)

II.4 Triplets spectraux

Toute l’information géométrique d’une variété à spin, en particulier la métrique, est contenu dans l’opérateur de Dirac. Cette remarque, dont nous rappelons dans cette section les points clés, est fondamentale puisqu’en donnant une définition algébrique (i.e. en terme d’opérateur) des objets de la géométrie spinorielle, elle permet de voir la variété à spin commme un cas particulier, commutatif, d’une théorie beaucoup plus générale permettant de définir la géométrie d’espaces non commutatifs. L’objet mathématique décrivant ces géométries est le triplet spectral réel. Sa définition procède par étapes successives, en commençant par isoler les propriétés essentielles (bien sûr, elles n’apparaissent comme esssentielles qu’une fois la construction achevée) de l’opérateur de Dirac.

Proposition 1.17.

Si D𝐷D est l’opérateur de Dirac sur une variété à spin M𝑀M, alors

[D,f]=ic(df) pour tout fC(M).𝐷𝑓𝑖𝑐𝑑𝑓 pour tout 𝑓superscript𝐶𝑀[D,f]=-ic(df)\text{ pour tout }f\in C^{\infty}\left({M}\right).

Preuve. L’action de Clifford est C(M)𝐶𝑀C(M)-linéaire, c(af)ψ=c(a)ψf𝑐𝑎𝑓𝜓𝑐𝑎𝜓𝑓c(af)\psi=c(a)\psi f, donc

i[D,f]ψ=c^(S(ψf))c^(Sψ)f=c^(S(ψf)(Sψ)f)=c^(ψdf)=c(df)ψ,𝑖𝐷𝑓𝜓^𝑐superscript𝑆𝜓𝑓^𝑐superscript𝑆𝜓𝑓^𝑐superscript𝑆𝜓𝑓superscript𝑆𝜓𝑓^𝑐tensor-product𝜓𝑑𝑓𝑐𝑑𝑓𝜓i[D,f]\psi=\hat{c}(\triangledown^{S}(\psi f))-\hat{c}(\triangledown^{S}\psi)f=\hat{c}\left(\triangledown^{S}(\psi f)-(\triangledown^{S}\psi)f\right)=\hat{c}(\psi\otimes df)=c(df)\psi,

pour tout aΓ(l(M))𝑎superscriptΓl𝑀a\in\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}(M)), fC(M)𝑓superscript𝐶𝑀f\in C^{\infty}\left({M}\right) et ψΓ(S)𝜓superscriptΓ𝑆\psi\in\Gamma^{\infty}(S). \blacksquare

Grâce au facteur i𝑖-i dans la définition 1.16, l’opérateur de Dirac est autoadjoint. D𝐷D étant non borné, cette affirmation nécessite quelques précautions. Notons tout d’abord qu’il existe un produit scalaire dans Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S),

ψ,ϕM(ψ|ϕ)|νg|\langle\psi,\phi\rangle\doteq\int_{M}(\psi\lvert\phi)\lvert\nu_{g}\rvert (1.51)

νg=det gdx1dxnsubscript𝜈𝑔det 𝑔𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥𝑛\nu_{g}=\sqrt{\text{det }g}\;dx^{1}\wedge...\wedge dx^{n} (1.52)

est la forme volume de la variété M𝑀M et g𝑔g la matrice de composante g(dxμ,dxν)𝑔𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈g(dx^{\mu},dx^{\nu}). On renvoie aux ouvrages de géométries différentielles pour une étude de la théorie de l’intégration sur une variété. Ici, il nous suffit de savoir que (1.51) coïncide localement avec l’intégrale de Lebesgue. On note

=L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆{\cal H}=L_{2}(M,S) (1.53)

l’espace de Hilbert obtenue par complétion de Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S) par rapport à la norme issue de ce produit scalaire. Dans le cas où M𝑀M est plate, L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆L_{2}(M,S) est l’espace des spineurs de carré sommable de la mécanique quantique. On conserve la même terminologie dans le cas général. On montre alors que D𝐷D est formellement autoadjoint (D=D𝐷superscript𝐷D=D^{\dagger}) sur Γ(S)superscriptΓ𝑆\Gamma^{\infty}(S), puis qu’il est essentiellement autoadjoint sur {\cal H}, c’est à dire que (D)superscriptsuperscript𝐷(D^{\dagger})^{\dagger} est autoadjoint sur le sous-espace de {\cal H} composé des spineurs ψnsubscript𝜓𝑛\psi_{n} pour lesquels à toute suite convergente ψnψsubscript𝜓𝑛𝜓\psi_{n}\rightarrow\psi correspond un spineur ϕitalic-ϕ\phi tel que Dψnϕ𝐷subscript𝜓𝑛italic-ϕD\psi_{n}\rightarrow\phi. Dans la suite, on identifie D𝐷D à (D)superscriptsuperscript𝐷(D^{\dagger})^{\dagger} en écrivant simplement que D𝐷D est autoadjoint.

Quand M𝑀M est de dimension paire, la graduation c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) anticommute avec c(a)𝑐𝑎c(a) pour tout aΓ(l(M))𝑎superscriptΓl𝑀a\in\Gamma^{-}({\mathbb{C}}\text{l}(M)). Avec (1.49), (1.50) et (1.48),

Dψ=ic(γ)(γaα14Γjμieαμγaγiγj)ψ.𝐷𝜓𝑖𝑐𝛾superscript𝛾𝑎subscript𝛼14subscriptsuperscriptΓ𝑖𝑗𝜇subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼superscript𝛾𝑎subscript𝛾𝑖superscript𝛾𝑗𝜓D\psi=-ic(\gamma)\left(\gamma^{a}\partial_{\alpha}-\frac{1}{4}\Gamma^{i}_{j\mu}e^{\mu}_{\alpha}\gamma^{a}\gamma_{i}\gamma^{j}\right)\psi.

Comme γjsuperscript𝛾𝑗\gamma^{j} et γaγiγjsuperscript𝛾𝑎subscript𝛾𝑖superscript𝛾𝑗\gamma^{a}\gamma_{i}\gamma^{j} appartiennent à Γ(l(M))superscriptΓl𝑀\Gamma^{-}({\mathbb{C}}\text{l}(M)), c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) anticommute avec l’opérateur de Dirac,

DΓ=ΓD𝐷ΓΓ𝐷D\Gamma=-\Gamma D (1.54)

ΓΓ\Gamma désigne l’endomorphisme unitaire autoadjoint de {\cal H}, extension de c(γ)𝑐𝛾c(\gamma), appelé chiralité (on garde la même appellation pour γ𝛾\gamma et ΓΓ\Gamma). A noter que ΓΓ\Gamma est une 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} graduation de {\cal H} (pour éviter un conflit de notation, dans toute la suite ΓΓ\Gamma désigne la chiralité et ne désigne plus l’opérateur apparaissant dans la définition de la connexion de Levi-Civita).

L’ensemble de ces propriétés est regroupé et généralisé dans les notions de triplet spectral et de KR𝐾𝑅KR-cycle. Pour tout aΓ(l(M))𝑎superscriptΓl𝑀a\in\Gamma^{\infty}({\mathbb{C}}\text{l}(M)), c(a)𝑐𝑎c(a) est un endomorphisme borné de {\cal H} car c(a)𝑐𝑎c(a) est une collection d’opérateurs c(a)x𝑐subscript𝑎𝑥c(a)_{x} agissant irréductiblement sur les fibres Sxsubscript𝑆𝑥S_{x} de dimension dim l(TxM)dim lsubscript𝑇𝑥superscript𝑀\text{dim }{\mathbb{C}}\text{l}(T_{x}M^{*}) finie. Pour les mêmes raisons, d’après la proposition 1.17, [D,f]𝐷𝑓[D,f] est borné, de même que f𝑓f qui agit simplement par multiplication sur {\cal H}.

Définition 1.18.

Un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) pour une algèbre 𝒜𝒜{\cal A} est la donnée d’un espace de Hilbert {\cal H}, d’une représentation de 𝒜𝒜{\cal A} dans l’algèbre (){\cal B}({\cal H}) des opérateurs bornés sur {\cal H}, et d’un opérateur autoadjoint D𝐷D, de résolvante compacte, tel que [D,a]()𝐷𝑎[D,a]\in{\cal B}({\cal H}) pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}.


Rappelons qu’un opérateur D𝐷D est à résolvante compacte? si et seulement si pour tout λsp(D)𝜆sp𝐷\lambda\notin\text{sp}(D), (Dλ𝕀)1superscript𝐷𝜆𝕀1(D-\lambda{\mathbb{I}})^{-1} est compact (un opérateur T𝑇T sur {\cal H} est compact quand, pour ϵ>0italic-ϵ0\epsilon>0, Tϵdelimited-∥∥𝑇italic-ϵ\left\lVert T\right\rVert\leq\epsilon sauf sur un sous-espace de {\cal H} de dimension fini).

Lorsque 𝒜𝒜{\cal A} est une algèbre involutive, on définit la notion de KR𝐾𝑅KR-cycle.

Définition 1.19.

Soit n8𝑛subscript8n\in{\mathbb{Z}}_{8}; un KRn𝐾superscript𝑅𝑛KR^{n}-cycle pour une algèbre involutive 𝒜𝒜{\cal A} est un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) accompagné de

  • une bijection unitaire J𝐽J antilinéaire sur {\cal H} qui implémente l’involution, i.e. JaJ1=a𝐽𝑎superscript𝐽1superscript𝑎JaJ^{-1}=a^{*} pour tout a𝑎a de 𝒜𝒜{\cal A};

  • si n𝑛n est pair, une graduation ΓΓ\Gamma de {\cal H} qui commute avec 𝒜𝒜{\cal A} et anticommute avec D𝐷D;

  • la table de multiplication-commutation suivante

    n mod 8 0 1 2 3 4 5 6 7
    J2=±𝕀superscript𝐽2plus-or-minus𝕀J^{2}=\pm{\mathbb{I}} + + - - - - + +
    JD=±DJ𝐽𝐷plus-or-minus𝐷𝐽JD=\pm DJ + - + + + - + +
    JΓ=±ΓJ𝐽Γplus-or-minusΓ𝐽J\Gamma=\pm\Gamma J + - + -

Pour n𝑛n impair, on pose Γ=𝕀Γ𝕀\Gamma={\mathbb{I}} (qui naturellement commute avec D𝐷D et J𝐽J) et on note de façon générale (𝒜,,D,Γ,J)𝒜𝐷Γ𝐽({\cal A},{\cal H},D,\Gamma,J) un KR𝐾𝑅KR-cycle.


Si (M,S,J)𝑀𝑆𝐽(M,S,J) est une variété à spin de dimension n𝑛n, D𝐷D l’opérateur de Dirac et ΓΓ\Gamma l’extension de c(γ)𝑐𝛾c(\gamma) aux spineurs de carré sommable, alors (C(M),L2(M,S),D,J,Γ)superscript𝐶𝑀subscript𝐿2𝑀𝑆𝐷𝐽Γ(C^{\infty}\left({M}\right),L_{2}(M,S),D,J,\Gamma) est un KRn𝐾superscript𝑅𝑛KR^{n}-cycle. Que (C(M),,D)superscript𝐶𝑀𝐷(C^{\infty}\left({M}\right),{\cal H},D) soit un triplet spectral est évident compte tenu de la discussion précédent la définition 1.18 (on renvoie à [?,?] pour prouver que D𝐷D est à résolvante compacte); que J𝐽J implémente l’involution (la conjugaison complexe) de C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) découle de (1.38); l’action de Clifford est C(M)𝐶𝑀C(M)-linéaire donc ΓΓ\Gamma commute avec la représentation de 𝒜𝒜{\cal A}; l’anticommutation de D𝐷D et ΓΓ\Gamma est établie en (1.54); reste la table de commutation, montrée en détail dans [?, Th. 9.19]. A toute variété à spin est associé un KR𝐾𝑅KR-cycle mais l’inverse n’est pas vrai: la donnée d’un KR𝐾𝑅KR-cycle ne suffit pas à construire une variété à spin. Pour ce faire, il faut ajouter une série de conditions détaillées ci-dessous.

Nous donnons directement les conditions pour qu’un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) définisse une géométrie non commutative?, en rappelant ensuite comment, adaptées au cas commutatif, ces conditions tiennent lieu d’axiomes d’une variété à spin. Les trois premières conditions sont plus analytiques qu’algébriques. Elles sont importantes dans la définition axiomatique de la géométrie commutative spinorielle mais dans les exemples étudiés dans cette thèse (géométrie de dimension zéro ou produit de géométries dont l’une est commutative) elles sont toujours remplies. Nous les donnons ici par exhaustivité, en renvoyant à [?,?,?] pour une définition précise des objets qu’elles font intervenir.

Condition 1 (Dimension).

L’opérateur D1superscript𝐷1D^{-1} est un infinitésimal d’ordre 1n1𝑛\frac{1}{n}n𝑛n\in{\mathbb{N}} est la dimension (spectrale) de la géométrie.


D𝐷D étant à résolvante compacte, D1superscript𝐷1D^{-1} définit en restreignant D𝐷D à /kerDkernel𝐷{\cal H}/\ker D est un opérateur compact. Ainsi? la suite décroissante {λk}subscript𝜆𝑘\{\lambda_{k}\} des valeurs propres de |D1|(D1)D1approaches-limitsuperscript𝐷1superscriptsuperscript𝐷1superscript𝐷1\lvert D^{-1}\rvert\doteq\sqrt{(D^{-1})^{\dagger}D^{-1}} tend vers zéro. D1superscript𝐷1D^{-1} est un infinitésimal d’ordre 1n1𝑛\frac{1}{n} signifie que cette suite décroit au moins aussi vite que knsuperscript𝑘𝑛k^{-n},

limk+λk=O(1kn).subscript𝑘subscript𝜆𝑘𝑂1superscript𝑘𝑛\lim_{k\rightarrow+\infty}\lambda_{k}=O(\frac{1}{k^{n}}).

Lorsque 𝒜𝒜{\cal A} et {\cal H} sont de dimension finie, la dimension spectrale est nulle.

Condition 2 (Régularité).

Pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}, a𝑎a et [D,a]𝐷𝑎[D,a] appartiennent à l’intersection des domaines de toutes les puissances δksuperscript𝛿𝑘\delta^{k} de la dérivation δ(b)[|D|,b]approaches-limit𝛿𝑏𝐷𝑏\delta(b)\doteq[\lvert D\rvert,b], où b𝑏b est élément de l’algèbre générée par 𝒜𝒜{\cal A} et [D,𝒜]𝐷𝒜[D,{\cal A}].


Cette condition est la version algébrique de la différentiabilité des coordonnées.

Condition 3 (Finitude).

𝒜𝒜{\cal A} est une pré-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre et l’ensemble k Dom Dkapproaches-limitsuperscript𝑘 Dom superscript𝐷𝑘{\cal H}^{\infty}\doteq\underset{k\in{\mathbb{N}}}{\cap}\text{ Dom }D^{k} des vecteurs lisses de {\cal H} est un module projectif fini.


Un 𝒜𝒜{\cal A}-module est libre quand il a une base {ei}subscript𝑒𝑖\{e_{i}\}, c’est à dire un ensemble de générateurs tels que aiei=0superscript𝑎𝑖subscript𝑒𝑖0a^{i}e_{i}=0 pour ai𝒜superscript𝑎𝑖𝒜a^{i}\in{\cal A} implique ai=0superscript𝑎𝑖0a^{i}=0 pour tout i𝑖i. Un module projectif est une somme directe de modules libres. Un tel module n’est pas forcément libre. Il est fini lorsqu’il a une famille génératrice de cardinalité finie. Une pré-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre est une sous algèbre d’une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre, stable par le calcul fonctionnelle holomorphe (cf [?, Def. 3.26]). En particulier C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) est une pré-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre.

Les quatre conditions restantes sont d’ordre algébriques et ce sont elles qui seront discutées dans les modèles des chapitres suivants. Au triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) est adjoint une chiralité ΓΓ\Gamma c’est à dire, lorsque la dimension spectrale n𝑛n est paire, une 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} graduation Γ=Γ2ΓsuperscriptΓ2\Gamma=\Gamma^{2} de {\cal H}, autoadjointe, qui anticommute avec D𝐷D et commute avec la représentation de 𝒜𝒜{\cal A}. On note ±superscriptplus-or-minus{\cal H}^{\pm} les sous-espaces propres de ΓΓ\Gamma. D𝐷D envoie un sous-espace dense de ±superscriptplus-or-minus{\cal H}^{\pm} dans superscriptminus-or-plus{\cal H}^{\mp} si bien que, dans la décomposition =++superscriptsuperscript{\cal H}={\cal H}^{+}+{\cal H}^{-},

D=(0DD+0)𝐷0superscript𝐷superscript𝐷0D=\left(\begin{array}[]{cc}0&D^{-}\\ D^{+}&0\end{array}\right) (1.55)

D+𝕀Γ2D𝕀+Γ2approaches-limitsuperscript𝐷𝕀Γ2𝐷𝕀Γ2D^{+}\doteq\frac{{\mathbb{I}}-\Gamma}{2}D\frac{{\mathbb{I}}+\Gamma}{2} (1.56)

et D=(D+)superscript𝐷superscriptsuperscript𝐷D^{-}=(D^{+})^{\dagger}. Quand n𝑛n est impair, Γ=𝕀Γ𝕀\Gamma={\mathbb{I}}.

On demande également que {\cal H} soit le support d’une représentation de l’algèbre opposée 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\circ} (identique à 𝒜𝒜{\cal A} en tant qu’espace vectoriel mais où le produit est inversé: ab=(ba)superscript𝑎superscript𝑏superscript𝑏𝑎a^{\circ}b^{\circ}=(ba)^{\circ}) implémentée par un opérateur unitaire antilinéaire J𝐽J,

bJbJ1,maps-tosuperscript𝑏𝐽superscript𝑏superscript𝐽1b^{\circ}\mapsto Jb^{*}J^{-1},

tel que

[a,JbJ1]=0.𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽10[a,Jb^{*}J^{-1}]=0. (1.57)

La représentation de 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\circ} commute avec la représentation de 𝒜𝒜{\cal A}, et {\cal H} porte une représentation π𝜋\pi de l’algèbre involutive 𝒜𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}

abaJbJ1maps-totensor-product𝑎superscript𝑏𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽1a\otimes b^{\circ}\mapsto aJb^{*}J^{-1}

où l’involution est donné par (ab)b(a).approaches-limitsuperscripttensor-product𝑎superscript𝑏tensor-productsuperscript𝑏superscriptsuperscript𝑎(a\otimes b^{\circ})^{*}\doteq b^{*}\otimes(a^{*})^{\circ}. De manière équivalente, on dit que 𝒜𝒜{\cal A} est représentée à gauche et 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\circ} à droite

aψbaJbJ1ψ=JbJ1aψ.approaches-limit𝑎𝜓𝑏𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽1𝜓𝐽superscript𝑏superscript𝐽1𝑎𝜓a\psi b\doteq aJb^{*}J^{-1}\psi=Jb^{*}J^{-1}a\psi.

Si J2=±𝕀superscript𝐽2plus-or-minus𝕀J^{2}=\pm{\mathbb{I}}, JbJ1=J1bJ𝐽superscript𝑏superscript𝐽1superscript𝐽1superscript𝑏𝐽Jb^{*}J^{-1}=J^{-1}b^{*}J de sorte que

π((ab))𝜋superscripttensor-product𝑎superscript𝑏\displaystyle\pi((a\otimes b^{\circ})^{*}) =\displaystyle= bJaJ1=JaJ1b,superscript𝑏𝐽𝑎superscript𝐽1𝐽𝑎superscript𝐽1superscript𝑏\displaystyle b^{*}JaJ^{-1}=JaJ^{-1}b^{*},
=\displaystyle= J(aJ1bJ)J1=J(aJbJ1)J1,𝐽𝑎superscript𝐽1superscript𝑏𝐽superscript𝐽1𝐽𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽1superscript𝐽1\displaystyle J(aJ^{-1}b^{*}J)J^{-1}=J(aJb^{*}J^{-1})J^{-1},
=\displaystyle= Jπ(ab)J1𝐽𝜋tensor-product𝑎superscript𝑏superscript𝐽1\displaystyle J\pi(a\otimes b^{\circ})J^{-1}

et J𝐽J implémente l’involution de 𝒜𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}.

Condition 4 (Réalité).

(𝒜𝒜,,D,Γ,J)tensor-product𝒜superscript𝒜𝐷Γ𝐽({\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ},{\cal H},D,\Gamma,J) est un KRn𝐾superscript𝑅𝑛KR^{n}-cycle. J𝐽J est appelée structure réelle.

Condition 5 (Premier ordre).

La représentation de 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\circ} commute avec [D,𝒜]𝐷𝒜[D,{\cal A}]

[[D,a],JbJ1]=0 pour tout a,b𝒜.formulae-sequence𝐷𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽10 pour tout 𝑎𝑏𝒜[[D,a],Jb^{*}J^{-1}]=0\,\text{ pour tout }\,a,b\in{\cal A}.

Cette condition stipule que l’opérateur de Dirac est un opérateur différentiel du premier ordre.

Condition 6 (Orientabilité).

Il existe un cycle de Hochschild cZn(𝒜,𝒜𝒜)𝑐subscript𝑍𝑛𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜c\in Z_{n}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) tel que π(c)=Γ𝜋𝑐Γ\pi(c)=\Gamma.


Cette condition est la généralisation de la non dégénérescence de la forme volume pour une variété orientée. Avant de définir l’homologie de Hochschild, rappelons qu’un complexe est une suite de 𝒜𝒜{\cal A}-module Eisuperscript𝐸𝑖E^{i}, i𝑖i\in{\mathbb{N}}, et de morphismes disubscript𝑑𝑖d_{i} de Eisubscript𝐸𝑖E_{i} dans Ei+1subscript𝐸𝑖1E_{i+1},

Ei1di1EidiEi+1subscript𝐸𝑖1subscript𝑑𝑖1subscript𝐸𝑖subscript𝑑𝑖subscript𝐸𝑖1...\rightarrow E_{i-1}\overset{d_{i-1}}{\rightarrow}E_{i}\overset{d_{i}}{\rightarrow}E_{i+1}\rightarrow... (1.58)

tels que didi1=0subscript𝑑𝑖subscript𝑑𝑖10d_{i}\circ d_{i-1}=0. L’image d’un morphisme est incluse dans le noyau du morphisme suivant; quand cette inclusion est une égalité, Im di1=kerdiIm subscript𝑑𝑖1kernelsubscript𝑑𝑖\text{Im }d_{i-1}=\ker d_{i}, le complexe est exact. Sinon on note Zikerdiapproaches-limitsubscript𝑍𝑖kernelsubscript𝑑𝑖Z_{i}\doteq\ker d_{i} le module des i-cycles et Bi Im di1approaches-limitsubscript𝐵𝑖 Im subscript𝑑𝑖1B_{i}\doteq\text{ Im }d_{i-1} le module des i-bords. Le quotient HiZi/Biapproaches-limitsubscript𝐻𝑖subscript𝑍𝑖subscript𝐵𝑖H_{i}\doteq Z_{i}/B_{i} est par définition le ièmesuperscript𝑖èmei^{\text{\`{e}me}} groupe d’homologie du complexe (Hisubscript𝐻𝑖H_{i} est en fait un 𝒜𝒜{\cal A}-module). L’ensemble des Hisubscript𝐻𝑖H_{i} forme l’homologie du complexe. En remplaçant Eisubscript𝐸𝑖E_{i} par Ci(𝒜,N)N𝒜𝒜approaches-limitsubscript𝐶𝑖𝒜𝑁tensor-product𝑁𝒜𝒜C_{i}({\cal A},N)\doteq N\otimes{\cal A}\otimes...\otimes{\cal A}N𝑁N est un bimodule sur 𝒜𝒜{\cal A} et le produit tensoriel de 𝒜𝒜{\cal A} par elle-même est répété i𝑖i fois, on a

𝑏Ci(𝒜,N)𝑏Ci1(𝒜,N)𝑏C0(𝒜,N)𝑏{0}𝑏subscript𝐶𝑖𝒜𝑁𝑏subscript𝐶𝑖1𝒜𝑁𝑏subscript𝐶0𝒜𝑁𝑏0...\overset{b}{\rightarrow}C_{i}({\cal A},N)\overset{b}{\rightarrow}C_{i-1}({\cal A},N)\rightarrow...\overset{b}{\rightarrow}C_{0}({\cal A},N)\overset{b}{\rightarrow}\{0\}

où l’application b𝑏b de Ci(𝒜,N)subscript𝐶𝑖𝒜𝑁C_{i}({\cal A},N) dans Ci1(𝒜,N)subscript𝐶𝑖1𝒜𝑁C_{i-1}({\cal A},N) définie par

b(na1ai)na1a2ai+p=1i1(1)na1apap+1ai+(1)iaina1ai1approaches-limit𝑏tensor-product𝑛subscript𝑎1subscript𝑎𝑖tensor-product𝑛subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑎𝑖superscriptsubscript𝑝1𝑖1tensor-producttensor-product1𝑛subscript𝑎1subscript𝑎𝑝subscript𝑎𝑝1subscript𝑎𝑖tensor-productsuperscript1𝑖subscript𝑎𝑖𝑛subscript𝑎1subscript𝑎𝑖1b(n\otimes a_{1}\otimes...\otimes a_{i})\doteq na_{1}\otimes a_{2}\otimes...\otimes a_{i}+\sum_{p=1}^{i-1}(-1)n\otimes a_{1}\otimes...\otimes a_{p}a_{p+1}\otimes...\otimes a_{i}+(-1)^{i}a_{i}n\otimes a_{1}\otimes...\otimes a_{i-1}

vérifie b2=0superscript𝑏20b^{2}=0, on définit l’homologie de Hochschild de 𝒜𝒜{\cal A} à valeur dans le bimodule N𝑁N. On munit 𝒜𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ} d’une structure de 𝒜𝒜{\cal A}-bimodule

x(ab)yxayb pour tout x,y,a,b𝒜formulae-sequenceapproaches-limit𝑥tensor-product𝑎superscript𝑏𝑦tensor-product𝑥𝑎𝑦superscript𝑏 pour tout 𝑥𝑦𝑎𝑏𝒜x(a\otimes b^{\circ})y\doteq xay\otimes b^{\circ}\,\text{ pour tout }\,x,y,a,b\in{\cal A}

de manière à définir l’homologie de Hochschild de 𝒜𝒜{\cal A} à valeur dans N=𝒜𝒜𝑁tensor-product𝒜superscript𝒜N={\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}. Un cycle de Hochschild cZn(𝒜,𝒜𝒜)𝑐subscript𝑍𝑛𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜c\in Z_{n}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) est un élément de Cn(𝒜,𝒜𝒜)subscript𝐶𝑛𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜C_{n}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) tel que b(c)=0𝑏𝑐0b(c)=0. Un élément c=aba1an𝑐tensor-product𝑎superscript𝑏subscript𝑎1subscript𝑎𝑛c=a\otimes b^{\circ}\otimes a_{1}\otimes...\otimes a_{n} de Cn(𝒜,𝒜𝒜)subscript𝐶𝑛𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜C_{n}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) est représenté sur {\cal H} par

π(c)aJbJ1[D,a1][D,an].approaches-limit𝜋𝑐𝑎𝐽superscript𝑏superscript𝐽1𝐷subscript𝑎1𝐷subscript𝑎𝑛\pi(c)\doteq aJb^{*}J^{-1}[D,a_{1}]...[D,a_{n}]. (1.59)

Cette représentation est cohérente avec la proposition 1.17 qui identifie [D,f]𝐷𝑓[D,f] à la 111-forme df𝑑𝑓df, 111-bord dans la cohomologie de de Rham (cf. ci-dessous). Elle est étendue à tout Cn(𝒜,𝒜𝒜)subscript𝐶𝑛𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜C_{n}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) par addition.

Condition 7 (Dualité de Poincaré).

Le couplage additif sur K(𝒜)subscript𝐾𝒜K_{*}({\cal A}) déterminé par l’indice de l’opérateur de Dirac est non-dégénéré.


Cette condition est une version algébrique de la dualité de Poincaré. Rappelons qu’en remplaçant dans (1.58) Eisubscript𝐸𝑖E_{i} par l’espace vectoriel réel Ωi(M)superscriptΩ𝑖𝑀\Omega^{i}(M) des i𝑖i-formes sur une variété compacte M𝑀M de dimension n𝑛n, et disuperscript𝑑𝑖d^{i} par la différentielle extérieure d𝑑d, on définit un complexe dont l’homologie est appelée cohomologie de de Rham. La dualité de Poincaré stipule que pour tout entier positif rn𝑟𝑛r\leq n, les groupes de cohomologie de de Rham Hr(M)superscript𝐻𝑟𝑀H^{r}(M) et Hnr(M)superscript𝐻𝑛𝑟𝑀H^{n-r}(M) sont duaux; c’est à dire qu’il existe une forme bilinéaire non-dégénérée de Hr(M)×Hnr(M)superscript𝐻𝑟𝑀superscript𝐻𝑛𝑟𝑀H^{r}(M)\times H^{n-r}(M) dans {\mathbb{R}}

[ϖr],[ϖnr]Mϖrϖnrapproaches-limitdelimited-[]superscriptitalic-ϖ𝑟delimited-[]superscriptitalic-ϖ𝑛𝑟subscript𝑀superscriptitalic-ϖ𝑟superscriptitalic-ϖ𝑛𝑟\langle[\varpi^{r}],[\varpi^{n-r}]\rangle\doteq\int_{M}\varpi^{r}\wedge\varpi^{n-r}

[ϖr]delimited-[]superscriptitalic-ϖ𝑟[\varpi^{r}] désigne la classe d’équivalence dans Hr(M)superscript𝐻𝑟𝑀H^{r}(M) de ϖrΩr(M)superscriptitalic-ϖ𝑟superscriptΩ𝑟𝑀\varpi^{r}\in\Omega^{r}(M). Grâce au caractère de Chern, cette forme bilinéaire se traduit par un couplage additif (i.e. une forme bi-additive) des groupes de K𝐾K-théorie de l’algèbre C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right). Pour une définition de ces objets, on peut consulter [?]. Ici, contentons nous de souligner que ce couplage, noté \cap, s’effectue grâce à l’indice de l’opérateur de Dirac (défini ci-dessous) et ne fait pas référence \ala commutativité de l’algèbre, de sorte qu’en remplaçant C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) par une pré-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre quelconque (pour de tels objets, la K𝐾K-théorie existe et est identique à la K𝐾K-théorie de la Csuperscript𝐶C^{*}-algébre obtenue par complétion), la condition 7 apparaît comme la définition abstraite de la dualité de Poincaré.

Sans entrer dans le cas général, précisons un exemple qui sera utile pour l’étude des espaces non commutatifs finis (chapitre 3). Quand la dimension spectrale n𝑛n est paire, la dualité de Poincaré pour r𝑟r pair se ramène au couplage additif de K0(𝒜)×K0(𝒜)subscript𝐾0𝒜subscript𝐾0𝒜K_{0}({\cal A})\times K_{0}({\cal A}) à valeur dans {\mathbb{Z}} (car pour tout rn𝑟𝑛r\leq n pair, Kr(𝒜)Knr(𝒜)K0(𝒜)similar-to-or-equalssubscript𝐾𝑟𝒜subscript𝐾𝑛𝑟𝒜similar-to-or-equalssubscript𝐾0𝒜K_{r}({\cal A})\simeq K_{n-r}({\cal A})\simeq K_{0}({\cal A})) défini de la manière suivante. On note Pl(𝒜)subscript𝑃𝑙𝒜P_{l}({\cal A}) l’ensemble des projecteurs de Ml(𝒜)subscript𝑀𝑙𝒜M_{l}({\cal A}) (algèbre des matrices l×l𝑙𝑙l\times l à coefficients dans 𝒜𝒜{\cal A}) et GLl(𝒜)𝐺subscript𝐿𝑙𝒜GL_{l}({\cal A}) les éléments inversibles de Ml(𝒜)subscript𝑀𝑙𝒜M_{l}({\cal A}). On a les plongements évidents

mMl(𝒜)(m000)Ml+1(𝒜) et vGLl(𝒜)(v001)GLl+1(𝒜)𝑚subscript𝑀𝑙𝒜maps-to𝑚000subscript𝑀𝑙1𝒜 et 𝑣𝐺subscript𝐿𝑙𝒜maps-to𝑣001𝐺subscript𝐿𝑙1𝒜m\in M_{l}({\cal A})\mapsto\left(\begin{array}[]{cc}m&0\\ 0&0\end{array}\right)\in M_{l+1}({\cal A})\;\text{ et }\;v\in GL_{l}({\cal A})\mapsto\left(\begin{array}[]{cc}v&0\\ 0&1\end{array}\right)\in GL_{l+1}({\cal A})

et on définit

M(𝒜)l=1Ml(𝒜),P(𝒜)l=1Pl(𝒜),GL(𝒜)l=1GLl(𝒜).formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑀𝒜𝑙1infinitysubscript𝑀𝑙𝒜formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑃𝒜𝑙1infinitysubscript𝑃𝑙𝒜approaches-limit𝐺subscript𝐿𝒜𝑙1infinity𝐺subscript𝐿𝑙𝒜M_{\infty}({\cal A})\doteq\underset{l=1}{\overset{\infty}{\bigcup}}M_{l}({\cal A})\,,\;P_{\infty}({\cal A})\doteq\underset{l=1}{\overset{\infty}{\bigcup}}P_{l}({\cal A})\,,\;GL_{\infty}({\cal A})\doteq\underset{l=1}{\overset{\infty}{\bigcup}}GL_{l}({\cal A}).

Deux projecteurs p,qPl(𝒜)𝑝𝑞subscript𝑃𝑙𝒜p,q\in P_{l}({\cal A}) sont équivalents, pqsimilar-to𝑝𝑞p\sim q si et seulement si ils sont conjugués via un vGL(𝒜)𝑣𝐺subscript𝐿𝒜v\in GL_{\infty}({\cal A}), c’est à dire s’il existe k𝑘k\in{\mathbb{N}} et vGLk+l(𝒜)𝑣𝐺subscript𝐿𝑘𝑙𝒜v\in GL_{k+l}({\cal A}) tels que

v(p000k)v1=(q000k).𝑣𝑝00subscript0𝑘superscript𝑣1𝑞00subscript0𝑘v\left(\begin{array}[]{cc}p&0\\ 0&0_{k}\end{array}\right)v^{-1}=\left(\begin{array}[]{cc}q&0\\ 0&0_{k}\end{array}\right). (1.60)

Le quotient K0+(𝒜)P(𝒜)/K_{0}^{+}({\cal A})\doteq P_{\infty}({\cal A})/\sim est un semi-groupe (ie. les éléments ne sont pas inversibles) pour l’addition

[p]+[q][(p00q)]=[(q00p)].approaches-limitdelimited-[]𝑝delimited-[]𝑞delimited-[]𝑝00𝑞delimited-[]𝑞00𝑝[p]+[q]\doteq\left[\left(\begin{array}[]{cc}p&0\\ 0&q\end{array}\right)\right]=\left[\left(\begin{array}[]{cc}q&0\\ 0&p\end{array}\right)\right].

K0(𝒜)subscript𝐾0𝒜K_{0}({\cal A}) est par définition le groupe de Grothendieck? de K0+(𝒜)superscriptsubscript𝐾0𝒜K_{0}^{+}({\cal A}) dont les éléments sont les classes d’équivalence de K0+(𝒜)×K0+(𝒜)/K_{0}^{+}({\cal A})\times K_{0}^{+}({\cal A})/\sim, où (p,q)(p,q)similar-to𝑝𝑞superscript𝑝superscript𝑞(p,q)\sim(p^{\prime},q^{\prime}) si et seulement si p+q=q+p𝑝superscript𝑞𝑞superscript𝑝p+q^{\prime}=q+p^{\prime}. K0(𝒜)subscript𝐾0𝒜K_{0}({\cal A}) est un groupe pour l’addition (p,q)+(p,q)(p+p,q+q)approaches-limit𝑝𝑞superscript𝑝superscript𝑞𝑝superscript𝑝𝑞superscript𝑞(p,q)+(p^{\prime},q^{\prime})\doteq(p+p^{\prime},q+q^{\prime}) avec l’élément nul (0,0)0.0(0,0) et l’inverse (q,p)(p,q)approaches-limit𝑞𝑝𝑝𝑞-(q,p)\doteq(p,q). C’est le même procédé qui permet de construire {\mathbb{Z}} à partir de {\mathbb{N}}: (p,q)𝑝𝑞(p,q) s’identifiant à pq𝑝𝑞p-q, on utilise la notation ±pplus-or-minus𝑝\pm p, ±qplus-or-minus𝑞\pm q pour désigner les éléments de K0(𝒜)subscript𝐾0𝒜K_{0}({\cal A}). Si pMk(𝒜)𝑝subscript𝑀𝑘𝒜p\in M_{k}({\cal A}) et qMl(𝒜)𝑞subscript𝑀𝑙𝒜q\in M_{l}({\cal A}), alors Pp(J𝕀l)q(J1𝕀l)approaches-limit𝑃tensor-product𝑝tensor-product𝐽subscript𝕀𝑙𝑞tensor-productsuperscript𝐽1subscript𝕀𝑙P\doteq p\otimes(J\otimes{\mathbb{I}}_{l})q(J^{-1}\otimes{\mathbb{I}}_{l}) est un projecteur agissant sur kltensor-productsuperscript𝑘𝑙{\cal H}\otimes{\mathbb{C}}^{kl} (𝒜𝒜{\cal A} est supposée complexe) et

([p],[q]) indice(P(D𝕀kl)P)dim(kerP(D+𝕀kl)P)dim(kerP(D𝕀kl)P)approaches-limitdelimited-[]𝑝delimited-[]𝑞 indice𝑃tensor-product𝐷subscript𝕀𝑘𝑙𝑃approaches-limitdimensionkernel𝑃tensor-productsuperscript𝐷subscript𝕀𝑘𝑙𝑃dimensionkernel𝑃tensor-productsuperscript𝐷subscript𝕀𝑘𝑙𝑃\cap([p],[q])\doteq\text{ indice}\left(P(D\otimes{\mathbb{I}}_{kl})P\right)\doteq\dim\left(\ker P(D^{+}\otimes{\mathbb{I}}_{kl})P\right)-\dim\left(\ker P(D^{-}\otimes{\mathbb{I}}_{kl})P\right) (1.61)

D+superscript𝐷D^{+}, Dsuperscript𝐷D^{-} sont définis dans (1.55).

Définition 1.20.

Un triplet spectral satisfaisant les sept conditions ci-dessus est un triplet spectral réel, ou encore une géométrie non commutative (spinorielle), noté (𝒜,,D,Γ,J)𝒜𝐷Γ𝐽({\cal A},{\cal H},D,\Gamma,J).

II.5 Géométrie commutative

On appelle géométrie commutative une géométrie non commutative au sens de la définition 1.20 où l’algèbre 𝒜𝒜{\cal A} est commutative. Parmi les géométries commutatives, les géométries de Dirac sont les triplets spectraux réels

TD=(C(M),L2(M,S),D,J,Γ)subscript𝑇𝐷superscript𝐶𝑀subscript𝐿2𝑀𝑆𝐷𝐽ΓT_{D}=(C^{\infty}\left({M}\right),L_{2}(M,S),D,J,\Gamma) (1.62)

dans lesquels (M,S,J)𝑀𝑆𝐽(M,S,J) est une variété riemannienne compacte orientée à spin, D𝐷D est l’opérateur de Dirac défini par la connexion de spin et ΓΓ\Gamma la chiralité (1.54) si dim M=ndim 𝑀𝑛\text{dim }M=n est paire, Γ=𝕀Γ𝕀\Gamma={\mathbb{I}} si n𝑛n est impair. Les géométries de Dirac sont bien des géométries non commutatives, c’est à dire que TDsubscript𝑇𝐷T_{D} vérifient les 777 conditions de la section précédente. On renvoie à [?] pour la preuve de cette affirmation. Contentons nous de rappeler que la dimension spectrale de la géométrie de Dirac est égale à la dimension de la variété. Il est également intéressant de s’attarder sur la condition d’orientabilité dont l’appellation trouve son origine dans les géométries de Dirac.

Notons tout d’abord les simplifications dues à la commutativité de l’algèbre. C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) est identique à son algèbre opposée. L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆L_{2}(M,S) est donc le support de deux représentations distinctes, la multiplication à gauche par une fonction f𝑓f, et l’action à droite correspondant à la multiplication par la fonction complexe conjuguée f¯¯𝑓\bar{f}. Ainsi JfJ1ψ=f¯ψ𝐽𝑓superscript𝐽1𝜓¯𝑓𝜓JfJ^{-1}\psi=\bar{f}\psi, ce qui est cohérent avec (1.38) puisque Jfψ=JfJ1Jψ=f¯Jψ𝐽𝑓𝜓𝐽𝑓superscript𝐽1𝐽𝜓¯𝑓𝐽𝜓Jf\psi=JfJ^{-1}J\psi=\bar{f}J{\psi} (à noter le changement de convention lors du passage du C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right)-module droit S𝑆S à l’espace de Hilbert L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆L_{2}(M,S) C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right)-linéaire à gauche). Dans (1.59), identifier Jf¯J1𝐽¯𝑓superscript𝐽1J\bar{f}J^{-1} à f𝑓f permet de voir le cycle de Hochschild c𝑐c comme un élément de Zn(𝒜)subscript𝑍𝑛𝒜Z_{n}({\cal A}), ensemble des ncycles𝑛𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒𝑠n-cycles dans l’homologie de Hochschild du complexe

𝑏Ci(𝒜)𝑏Ci1(𝒜)𝑏C1(𝒜)𝑏{0}𝑏subscript𝐶𝑖𝒜𝑏subscript𝐶𝑖1𝒜𝑏subscript𝐶1𝒜𝑏0...\overset{b}{\rightarrow}C_{i}({\cal A})\overset{b}{\rightarrow}C_{i-1}({\cal A})\rightarrow...\overset{b}{\rightarrow}C_{1}({\cal A})\overset{b}{\rightarrow}\{0\}

Ci(𝒜)𝒜𝒜approaches-limitsubscript𝐶𝑖𝒜tensor-product𝒜𝒜C_{i}({\cal A})\doteq{\cal A}\otimes...\otimes{\cal A} (𝒜𝒜{\cal A} apparait i𝑖i fois), représenté par

π(f0f1fi)f0[D,f1][D,fi].approaches-limit𝜋tensor-productsubscript𝑓0subscript𝑓1subscript𝑓𝑖subscript𝑓0𝐷subscript𝑓1𝐷subscript𝑓𝑖\pi(f_{0}\otimes f_{1}\otimes f_{i})\doteq f_{0}[D,f_{1}]\,...\,[D,f_{i}]. (1.63)

Soit {Uj,xj}subscript𝑈𝑗subscript𝑥𝑗\{U_{j},x_{j}\} un atlas de M𝑀M. xjsubscript𝑥𝑗x_{j} est une fonction de Ujnsubscript𝑈𝑗superscript𝑛U_{j}\rightarrow{\mathbb{R}}^{n} et chacune de ses composantes xjμsuperscriptsubscript𝑥𝑗𝜇x_{j}^{\mu} est élément de C(Uj)superscript𝐶subscript𝑈𝑗C^{\infty}(U_{j}). La forme volume (1.52) est l’unique n𝑛n-forme qui, évaluée sur toute base orthonormée et orientée de TM𝑇𝑀TM, vaille 111. Localement,

νg=det gdxj1dxjnsubscript𝜈𝑔det 𝑔𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗1𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝑛\nu_{g}=\sqrt{\text{det }{g}}\;dx_{j}^{1}\wedge...\wedge dx_{j}^{n}

g𝑔g est la matrice de composante g(μ,ν)𝑔subscript𝜇subscript𝜈g(\partial_{\mu},\partial_{\nu}) et (en omettant l’indice j𝑗j) {μ}subscript𝜇\{\partial_{\mu}\} est la base locale de TM𝑇𝑀TM. La forme volume est indépendante du choix des coordonnées sur l’ouvert Ujsubscript𝑈𝑗U_{j}. Lorsque {θjα=ejμαdxjμ}superscriptsubscript𝜃𝑗𝛼superscriptsubscript𝑒𝑗𝜇𝛼𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝜇\{\theta_{j}^{\alpha}=e_{j\mu}^{\alpha}dx_{j}^{\mu}\} est une base locale orthonormée de 111-formes, g𝑔g est la matrice identité et

νg=θj1θjn=ejdxj1dxjnsubscript𝜈𝑔superscriptsubscript𝜃𝑗1superscriptsubscript𝜃𝑗𝑛subscript𝑒𝑗𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗1𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝑛\nu_{g}=\theta_{j}^{1}\wedge...\wedge\theta_{j}^{n}=e_{j}dx_{j}^{1}\wedge...\wedge dx_{j}^{n}

ejdet {ejμα}approaches-limitsubscript𝑒𝑗det superscriptsubscript𝑒𝑗𝜇𝛼e_{j}\doteq\text{det }\left\{e_{j\mu}^{\alpha}\right\}. On pose ej0inmfjejC(Uj)approaches-limitsubscriptsuperscript𝑒0𝑗superscript𝑖𝑛𝑚subscript𝑓𝑗subscript𝑒𝑗superscript𝐶subscript𝑈𝑗e^{0}_{j}\doteq i^{n-m}f_{j}e_{j}\in C^{\infty}(U_{j}), où m[n/2]approaches-limit𝑚delimited-[]𝑛2m\doteq[n/2] et f𝑓f est une partition de l’unité, c’est à dire un ensemble {fjC(Uj)}subscript𝑓𝑗superscript𝐶subscript𝑈𝑗\{f_{j}\in C^{\infty}(U_{j})\} de fonctions telles que

0fj(x)1,fj(x)=0 pour xUj,jfj(x)=1 pour tout xM.formulae-sequence0subscript𝑓𝑗𝑥1subscript𝑓𝑗𝑥0 pour 𝑥subscript𝑈𝑗subscript𝑗subscript𝑓𝑗𝑥1 pour tout 𝑥𝑀0\leq f_{j}(x)\leq 1,\quad f_{j}(x)=0\,\text{ pour }x\notin U_{j},\quad\sum_{j}f_{j}(x)=1\text{ pour tout }x\in M.

On en déduit l’écriture non-locale de l’élément de volume,

inmνg=jej0dxj1dxjn.superscript𝑖𝑛𝑚subscript𝜈𝑔subscript𝑗subscriptsuperscript𝑒0𝑗𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗1𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝑛i^{n-m}\nu_{g}=\sum_{j}e^{0}_{j}dx_{j}^{1}\wedge...\wedge dx_{j}^{n}.

Le n𝑛n-cycle de Hochschild cZn(𝒜)𝑐subscript𝑍𝑛𝒜c\in Z_{n}({\cal A}) correspondant est, par définition,

c1n!σSn(1)σjej0xjσ(1)xjσ(n),approaches-limit𝑐1𝑛subscript𝜎subscript𝑆𝑛superscript1𝜎subscript𝑗tensor-productsubscriptsuperscript𝑒0𝑗superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎1superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎𝑛c\doteq\frac{1}{n!}\sum_{\sigma\in S_{n}}(-1)^{\sigma}\sum_{j}e^{0}_{j}\otimes x_{j}^{\sigma(1)}\otimes...\otimes x_{j}^{\sigma(n)},

Snsubscript𝑆𝑛S_{n} est le groupe des permutations de {1,,n}1𝑛\{1,...,n\} et σ𝜎\sigma désigne à la fois un élément de Snsubscript𝑆𝑛S_{n} et sa parité (l’exposant σ𝜎\sigma égale ±1plus-or-minus1\pm 1 selon que la permutation σ𝜎\sigma est paire ou impaire). Par (1.63), en utilisant la proposition 1.17, on vérifie que

π(c)𝜋𝑐\displaystyle\pi(c) =\displaystyle= 1n!σSn(1)σjej0[D,xjσ(1)][D,xjσ(n)]1𝑛subscript𝜎subscript𝑆𝑛superscript1𝜎subscript𝑗superscriptsubscript𝑒𝑗0𝐷superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎1𝐷superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎𝑛\displaystyle\frac{1}{n!}\sum_{\sigma\in S_{n}}(-1)^{\sigma}\sum_{j}e_{j}^{0}[D,x_{j}^{\sigma(1)}]\,...\,[D,x_{j}^{\sigma(n)}]
=\displaystyle= (i)nn!σSn(1)σjej0c(dxjσ(1))c(dxjσ(n))superscript𝑖𝑛𝑛subscript𝜎subscript𝑆𝑛superscript1𝜎subscript𝑗superscriptsubscript𝑒𝑗0𝑐𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎1𝑐𝑑superscriptsubscript𝑥𝑗𝜎𝑛\displaystyle\frac{(-i)^{n}}{n!}\sum_{\sigma\in S_{n}}(-1)^{\sigma}\sum_{j}e_{j}^{0}c(dx_{j}^{\sigma(1)})\,...\,c(dx_{j}^{\sigma(n)})
=\displaystyle= (i)mn!jfjσSn(1)σc(θjσ(1))c(θjσ(n))superscript𝑖𝑚𝑛subscript𝑗subscript𝑓𝑗subscript𝜎subscript𝑆𝑛superscript1𝜎𝑐superscriptsubscript𝜃𝑗𝜎1𝑐superscriptsubscript𝜃𝑗𝜎𝑛\displaystyle\frac{(-i)^{m}}{n!}\sum_{j}f_{j}\sum_{\sigma\in S_{n}}(-1)^{\sigma}c(\theta_{j}^{\sigma(1)})\,...\,c(\theta_{j}^{\sigma(n)})
=\displaystyle= (i)mjfjc(θj1)c(θjn)superscript𝑖𝑚subscript𝑗subscript𝑓𝑗𝑐superscriptsubscript𝜃𝑗1𝑐superscriptsubscript𝜃𝑗𝑛\displaystyle(-i)^{m}\sum_{j}f_{j}c(\theta_{j}^{1})\,...\,c(\theta_{j}^{n})
=\displaystyle= c(γ)jfj=Γ.𝑐𝛾subscript𝑗subscript𝑓𝑗Γ\displaystyle c(\gamma)\sum_{j}f_{j}=\Gamma.

Ainsi la chiralité est bien l’image du cycle de Hochschild correspondant à l’élément de volume.

Si 𝒜𝒜{\cal A}, D𝐷D, J𝐽J et ΓΓ\Gamma commutent avec un projecteur p𝑝p de {\cal H}, alors la géométrie non commutative (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) peut s’écrire comme somme directe de deux géométries non commutatives définies sur p𝒜𝑝𝒜p{\cal A} et (𝕀p)𝒜𝕀𝑝𝒜({\mathbb{I}}-p){\cal A} (pour des géométries de Dirac, ceci correspond à une variété non connexe). Pour éviter ces cas, on dit qu’une géométrie non commutative est irréductible lorsqu’il n’y a pas de projecteur non nul commutant avec 𝒜𝒜{\cal A}, D𝐷D, J𝐽J et ΓΓ\Gamma. Ainsi toute variété à spin connexe de dimension n𝑛n définit par (1.62) une géométrie de Dirac irréductible, c’est à dire une géométrie non commutative irréductible, de dimension spectrale n𝑛n, définie sur l’algèbre C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right). A l’inverse, selon le théorème suivant énoncé dans [?] et dont on trouve une démonstration détaillée dans [?], toute géométrie non commutative sur C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right), irréductible et de dimension spectrale n𝑛n est une géométrie de Dirac pour une variété à spin.

Théorème 1.21.

Soit T=(𝒜,,D,J,Γ)𝑇𝒜𝐷𝐽ΓT=({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) une géométrie non commutative irréductible sur 𝒜=C(M)𝒜superscript𝐶𝑀{\cal A}=C^{\infty}\left({M}\right), de dimension spectrale n=dim M𝑛dim 𝑀n=\text{dim }MM𝑀M est une variété compacte orientée connexe sans bord. Alors

  • Il existe une unique métrique riemannienne g=g(D)𝑔𝑔𝐷g=g(D) sur M𝑀M telle que la distance géodésique sur M𝑀M soit donnée par

    d(x,y)=supfC(M){f(x)f(y)/[D,f]1}.𝑑𝑥𝑦𝑓𝐶𝑀supremum𝑓𝑥𝑓𝑦delimited-∥∥𝐷𝑓1d(x,y)=\underset{f\in C(M)}{\sup}\{f(x)-f(y)\,/\,\left\lVert[D,f]\right\rVert\leq 1\}. (1.64)
  • M𝑀M est une variété à spin et les opérateurs Dsuperscript𝐷D^{\prime} pour lesquelles g(D)=g(D)𝑔superscript𝐷𝑔𝐷g(D^{\prime})=g(D) forment une union d’espaces affines identifiés par les structures de spin sur M𝑀M.

  • La fonctionnelle S(D)|D|n+2approaches-limit𝑆𝐷superscript𝐷𝑛2S(D)\doteq{\int\!\!\!\!\!\!{\--}}\lvert D\rvert^{-n+2} définit une forme quadratique sur chacun de ces espaces affines, atteignant son minimum pour D=Ds𝐷subscript𝐷𝑠D=D_{s}, l’opérateur de Dirac correspondant à la structure de spin; ce minimum est proportionnel à l’action d’Einstein-Hilbert, c’est à dire l’intégrale de la courbure scalaire s𝑠s

    S(Ds)=n224Msdet gdnx.𝑆subscript𝐷𝑠𝑛224subscript𝑀𝑠det 𝑔superscript𝑑𝑛𝑥S(D_{s})=-\frac{n-2}{24}\int_{M}s\sqrt{\text{det }g}\,d^{n}x.

Les deux et troisième points nécessitent quelques explications. La structure de spin de M𝑀M est donnée par le bimodule S=𝑆superscriptS={\cal H}^{\infty} défini par l’opérateur D𝐷D (cf. condition de finitude) et l’opérateur J𝐽J. En règle générale, l’opérateur de Dirac Dssubscript𝐷𝑠D_{s} correspondant à cette structure de spin n’est pas l’opérateur D𝐷D. La seule chose qu’on puisse affirmer est que

D=Ds+ρ𝐷subscript𝐷𝑠𝜌D=D_{s}+\rho

pour ρEnd(Γ(S))𝜌EndsuperscriptΓ𝑆\rho\in\text{End}(\Gamma^{\infty}(S)) vérifiant

ρ=ρ,Γρ=(1)nρΓ,JρJ1=±ρ,formulae-sequencesuperscript𝜌𝜌formulae-sequenceΓ𝜌superscript1𝑛𝜌Γ𝐽𝜌superscript𝐽1plus-or-minus𝜌\rho^{\dagger}=\rho,\;\Gamma\rho=(-1)^{n}\rho\Gamma,\;J\rho J^{-1}=\pm\rho, (1.65)

le signe étant négatif lorsque et seulement lorsque n=1𝑛1n=1 ou 555 mod 888. Tout ρsuperscript𝜌\rho^{\prime} satisfaisant (1.65) définit un opérateur DDs+ρapproaches-limitsuperscript𝐷subscript𝐷𝑠superscript𝜌D^{\prime}\doteq D_{s}+\rho^{\prime} tel que g(D)=g(D)𝑔superscript𝐷𝑔𝐷g(D^{\prime})=g(D). Ainsi pour la structure de spin donnée par T𝑇T, l’ensemble des opérateurs déterminant la même métrique que D𝐷D est un espace affine. Si maintenant on considère une variété riemannienne M𝑀M où la métrique g𝑔g est fixée, il existe plusieurs structures de spin sur M𝑀M (le nombre de structure de spin est fini et est déterminé par la cohomologie de Cech de M𝑀M). Fixer une structure de spin détermine de manière unique l’opérateur Dssubscript𝐷𝑠D_{s}, et les opérateur Dsuperscript𝐷D^{\prime} du type Ds+ρsubscript𝐷𝑠𝜌D_{s}+\rho définissent un ensemble de géométries équivalentes. Ainsi les structures de spin d’une variété riemannienne M𝑀M permettent de classifier, au regard de la topologie, les géométries sur M𝑀M.

La fonctionnelle du troisième point est définie par

|D|n+212[n/2]ΩnWres |D|n+2approaches-limitsuperscript𝐷𝑛21superscript2delimited-[]𝑛2subscriptΩ𝑛Wres superscript𝐷𝑛2{\int\!\!\!\!\!\!{\--}}\lvert D\rvert^{-n+2}\doteq\frac{1}{2^{[n/2]}\Omega_{n}}\text{Wres }\lvert D\rvert^{-n+2}

ΩnsubscriptΩ𝑛\Omega_{n} est l’intégrale de la forme volume sur la sphère Snsuperscript𝑆𝑛S^{n} et Wres est le résidu de Wodzicki (cf [?, Th. 7.5] pour une définition).

Le triplet spectral réel est un outil permettant de classifier les géométries spinorielles sur une variété compacte (sans bord). L’avantage de cette formulation algébrique est que la définition 1.20 est valable pour des pré-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres quelconques, pas forcément commutatives. Dans la première partie de ce chapitre, on a vu que les Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre non commutatives étaient des candidats sérieux pour jouer le rôle de fonctions sur un espace non commutatif. De même que le théorème de Gelfand, par analogie avec le cas commutatif, justifie le choix des états purs d’une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre comme points d’un espace non commutatif, de même le théorème 1.21 suggère que le triplet spectral réel est un bon outil pour faire la géométrie de ces espaces non commutatifs. En particulier, et c’est l’objet de cette thèse, la formule (1.64) dans sa formulation générale définit une distance sur l’espace des états d’une algèbre.

III La distance

III.1 La formule de la distance

Classiquement, la distance entre deux points x𝑥x, y𝑦y est la longueur du plus court chemin reliant x𝑥x à y𝑦y. Physiquement cette manière de voir n’est pas acceptable car la mécanique quantique invalide l’idée d’un chemin entre deux points. D’autre part un point n’est pas accessible à l’expérience autrement que par l’intermédiaire d’une observable. Pour concilier géométrie et mécanique quantique, il faudrait donc définir une distance d(x,y)𝑑𝑥𝑦d(x,y) qui ne fasse référence qu’aux valeurs prises par les observables sur x𝑥x et y𝑦y. Qu’apparaissent des valeurs d’observables sur d’autres points p𝑝p est toléré, à condition que les-dits points soient caractérisés autrement que par une appartenance à un chemin entre x𝑥x et y𝑦y. Par ailleurs une distance est par définition une fonction de deux variables à valeur réelle, positive, symétrique, réflexive (d(x,x)=0𝑑𝑥𝑥0d(x,x)=0) et qui vérifie l’inégalité triangulaire. La manière la plus simple d’implémenter ces propriétés au niveau des observables est de considérer une quantité du type |f(x)f(y)|𝑓𝑥𝑓𝑦\lvert f(x)-f(y)\rvertf𝑓f est une fonction complexe sur l’espace. Dans le cas le plus simple de la droite réelle, d(x,y)=|xy|𝑑𝑥𝑦𝑥𝑦d(x,y)=\lvert x-y\rvert. Pour que |f(x)f(y)|=|xy|𝑓𝑥𝑓𝑦𝑥𝑦\lvert f(x)-f(y)\rvert=\lvert x-y\rvert il faut au moins que

|f(p)|=1 pour un point p du segment [x,y],superscript𝑓𝑝1 pour un point p du segment [x,y],\lvert f^{\prime}(p)\rvert=1\text{ pour un point $p$ du segment $[x,y]$,} (1.66)

fsuperscript𝑓f^{\prime} désignant la dérivée de f𝑓f. Caractériser p𝑝p par son appartenance au segment [x,y]𝑥𝑦[x,y] viole les principes d’une ”bonne” distance au sens quantique. Heureusement la condition (1.66) peut s’exprimer indépendamment de x𝑥x et y𝑦y. En posant

d(x,y)=supfC1(){|f(x)f(y)|/|f(p)|1,p}𝑑𝑥𝑦𝑓superscript𝐶1supremumformulae-sequence𝑓𝑥𝑓𝑦superscript𝑓𝑝1for-all𝑝d(x,y)=\underset{f\in C^{1}({\mathbb{R}})}{\sup}\left\{\lvert f(x)-f(y)\rvert\;/\,\lvert f^{\prime}(p)\rvert\leq 1\,,\forall p\in{\mathbb{R}}\,\right\} (1.67)

C1()superscript𝐶1C^{1}({\mathbb{R}}) est l’ensemble des fonctions dérivables sur {\mathbb{R}}, on vérifie aisément que d(x,y)=|xy|𝑑𝑥𝑦𝑥𝑦d(x,y)=\lvert x-y\rvert, le suprémum étant atteint par la fonction de dérivée constante (égale à 111): xxmaps-to𝑥𝑥x\mapsto x.

Dans cette formule les points demeurent les objets premiers (non seulement parce qu’il s’agit d’une distance entre points, mais aussi parce que sont privilégiées des valeurs d’observables en des points précis). Cependant le théorème de Gelfand assure qu’un points x𝑥x de l’espace n’est rien d’autre qu’un état pur ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} de l’algèbre commutative des observables continues sur cet espace. En représentant 𝒜=C1()𝒜superscript𝐶1{\cal A}=C^{1}({\mathbb{R}}) sur l’espace des fonctions réelles de carré sommable =L2()subscript𝐿2{\cal H}=L_{2}({\mathbb{R}}) par simple multiplication point par point, (1.67) s’écrit

d(x,y)=supf𝒜{|ωx(f)ωy(f)|/[ddx,f]1}𝑑𝑥𝑦𝑓𝒜supremumsubscript𝜔𝑥𝑓subscript𝜔𝑦𝑓delimited-∥∥𝑑𝑑𝑥𝑓1d(x,y)=\underset{f\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\omega_{x}(f)-\omega_{y}(f)\rvert\,/\,\left\lVert\left[\frac{d}{dx},f\right]\right\rVert\leq 1\right\} (1.68)

ddx𝑑𝑑𝑥\frac{d}{dx} est l’opérateur de dérivation sur L2()subscript𝐿2L_{2}({\mathbb{R}}). Pour s’en convaincre, il suffit de remarquer que pour tout ψ𝜓\psi\in{\cal H},

[ddx,f]ψ=ddxfψfddxψ=(ddxf)ψ=fψ𝑑𝑑𝑥𝑓𝜓𝑑𝑑𝑥𝑓𝜓𝑓𝑑𝑑𝑥𝜓𝑑𝑑𝑥𝑓𝜓superscript𝑓𝜓[\frac{d}{dx},f]\psi=\frac{d}{dx}f\psi-f\frac{d}{dx}\psi=-\left(\frac{d}{dx}f\right)\psi=-f^{\prime}\psi

d’où

[ddx,f]=supψfψψ=supψ(|f(x)|2|ψ(x)|2𝑑x|ψ(x)|2𝑑x)12=supx|f(x)|.delimited-∥∥𝑑𝑑𝑥𝑓𝜓supremumdelimited-∥∥superscript𝑓𝜓delimited-∥∥𝜓𝜓supremumsuperscriptsubscriptsuperscriptsuperscript𝑓𝑥2superscript𝜓𝑥2differential-d𝑥subscriptsuperscript𝜓𝑥2differential-d𝑥12𝑥supremumsuperscript𝑓𝑥\left\lVert\left[\frac{d}{dx},f\right]\right\rVert=\underset{\psi\in{\cal H}}{\sup}\frac{\left\lVert f^{\prime}\psi\right\rVert}{\left\lVert\psi\right\rVert}=\underset{\psi\in{\cal H}}{\sup}\left(\frac{\int_{\mathbb{R}}\lvert f^{\prime}(x)\rvert^{2}\lvert\psi(x)\rvert^{2}dx}{\int_{\mathbb{R}}\lvert\psi(x)\rvert^{2}dx}\right)^{\frac{1}{2}}=\underset{x\in{\mathbb{R}}}{\sup}\lvert f^{\prime}(x)\rvert.

En remplaçant {\mathbb{R}} par une variété riemannienne à spin M𝑀M, C1()superscript𝐶1C^{1}({\mathbb{R}}) par 𝒜=C(M)𝒜𝐶𝑀{\cal A}=C(M), L2()subscript𝐿2L_{2}({\mathbb{R}}) par =L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆{\cal H}=L_{2}(M,S) et ddx𝑑𝑑𝑥\frac{d}{dx} par un opérateur D𝐷D tel que (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) soit un triplet spectral au sens de la définition 1.18, (1.68) est identique à (1.64). Cette définition de la distance géodésique, en apparence plus complexe que la définition usuelle, est en fait plus précise puisqu’elle se généralise immédiatement à tout triplet spectral.?,?

Définition 1.22.

Soit (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) un triplet spectral. La distance d𝑑d entre deux états τ1subscript𝜏1\tau_{1} et τ2subscript𝜏2\tau_{2} est

d(τ1,τ2)supa𝒜{|τ1(a)τ2(a)|/[D,a]1}.approaches-limit𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2subscriptsupremum𝑎𝒜subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1d(\tau_{1},\tau_{2})\doteq\sup_{a\in{\cal A}}\left\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\}. (1.69)

On vérifie immédiatement que cette distance est positive, symétrique et reflexive, et presque immédiatement qu’elle satisfait l’inégalité triangulaire puisque

d(τ1,τ2)𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2\displaystyle d(\tau_{1},\tau_{2}) =\displaystyle= supa𝒜{|τ1(a)τ2(a)|/[D,a]1},subscriptsupremum𝑎𝒜subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1\displaystyle\sup_{a\in{\cal A}}\left\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\},
\displaystyle\leq supa𝒜{|τ1(a)τ3(a)|+|τ3(a)τ2(a)|/[D,a]1},subscriptsupremum𝑎𝒜subscript𝜏1𝑎subscript𝜏3𝑎subscript𝜏3𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1\displaystyle\sup_{a\in{\cal A}}\left\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{3}(a)\rvert+\lvert\tau_{3}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\},
\displaystyle\leq supa𝒜{|τ1(a)τ3(a)|/[D,a]1}+supa𝒜{|τ1(a)τ3(a)|/[D,a]1},subscriptsupremum𝑎𝒜subscript𝜏1𝑎subscript𝜏3𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1subscriptsupremum𝑎𝒜subscript𝜏1𝑎subscript𝜏3𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1\displaystyle\sup_{a\in{\cal A}}\left\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{3}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\}+\sup_{a\in{\cal A}}\left\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{3}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\},
\displaystyle\leq d(τ1,τ3)+d(τ3,τ2).𝑑subscript𝜏1subscript𝜏3𝑑subscript𝜏3subscript𝜏2\displaystyle d(\tau_{1},\tau_{3})+d(\tau_{3},\tau_{2}).

A noter que cette définition n’impose pas au triplet spectral d’être réel, la seule condition indispensable est que le commutateur [D,a]𝐷𝑎[D,a] reste borné pour tout a𝑎a. Dans le chapitre suivant, on étudiera des exemples de distance associée à des triplets réels et à d’autres non réels. De même 𝒜𝒜{\cal A} n’est pas nécessairement une (pré)-Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre. Cependant les propriétés des Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres, et à plus forte raison celles des Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbres, permettent de mener bon nombre de calculs à terme. De plus c’est ce type d’algèbre qui s’interprète comme fonction sur l’espace non commutatif, on s’intéresse donc dans la suite essentiellement aux triplets spectraux sur des Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres.

Dans le cas commutatif, soulignons que (1.64), qui fait intervenir l’algèbre des fonctions continues, n’est pas la traduction exacte de (1.69) appliquée au triplet (1.62) construit sur l’algèbre des fonctions lisses. La formulation de (1.64) est empruntée à [?] qui reprend [?] où cette formule est donnée avec pour algèbre 𝒜𝒜{\cal A} l’algèbre des fonctions bornées mesurables sur M𝑀M (dense dans C(M)𝐶𝑀C(M)). Dans [?], la formule de la distance est donnée directement pour 𝒜=C(M)𝒜superscript𝐶𝑀{\cal A}=C^{\infty}\left({M}\right). Ce point est discuté dans la section I du chapitre 3.

III.2 Positivité et condition sur la norme

L’idée que la distance pour la droite réelle est ”réalisée” par une fonction positive de dérivée partout égale à 111 prend dans le cas général la forme d’un lemme extrèmement utile pour les calculs explicites. On montre que la distance non commutative est réalisée par un élément a𝑎a positif de l’algèbre tel que la norme du commutateur [D,a]𝐷𝑎[D,a] égale 111. Quelques préliminaires simples sont nécessaires. Dans tout ce qui suit (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) est un triplet spectral dans lequel 𝒜𝒜{\cal A} est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre, τ1subscript𝜏1\tau_{1}, τ2subscript𝜏2\tau_{2} deux états de 𝒜𝒜{\cal A} et d(τ1,τ2)𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d(\tau_{1},\tau_{2}) la distance définie par (1.69). On note 𝒟𝒟{\cal D} l’ensemble des éléments de l’algèbre satisfaisant la condition sur la norme:

𝒟{a𝒜/D,a1}.approaches-limit𝒟𝑎𝒜𝐷𝑎1{\cal D}\doteq\left\{a\in{\cal A}\,/\,\left\lVert D,a\right\rVert\leq 1\right\}.
Lemme 1.23.

1) d(τ1,τ2)=0𝑑subscript𝜏1subscript𝜏20d(\tau_{1},\tau_{2})=0 si et seulement si τ1=τ2.subscript𝜏1subscript𝜏2\tau_{1}=\tau_{2}.

2) S’il existe a𝑎a tel que [D,a]=0𝐷𝑎0\,[D,a]=0\; et τ1(a)τ2(a)subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎\tau_{1}(a)\neq\tau_{2}(a) alors d(τ1,τ2)=+𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d(\tau_{1},\tau_{2})=+\infty.


Preuve. 1) Si d(τ1,τ2)=0𝑑subscript𝜏1subscript𝜏20d(\tau_{1},\tau_{2})=0, alors τ1subscript𝜏1\tau_{1} et τ2subscript𝜏2\tau_{2} coincident sur 𝒟𝒟{\cal D}. Pour a𝒟𝑎𝒟a\notin{\cal D}, [D,a]0delimited-∥∥𝐷𝑎0\left\lVert[D,a]\right\rVert\neq 0 et a[D,a]𝒟𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎𝒟\frac{a}{\left\lVert[D,a]\right\rVert}\in{\cal D} donc

τ1(a[D,a])=τ2(a[D,a])subscript𝜏1𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎\tau_{1}(\frac{a}{\left\lVert[D,a]\right\rVert})=\tau_{2}(\frac{a}{\left\lVert[D,a]\right\rVert})

d’où, par linéarité, τ1(a)=τ2(a)subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎\tau_{1}(a)=\tau_{2}(a). A l’inverse il est évident que si τ1=τ2subscript𝜏1subscript𝜏2\tau_{1}=\tau_{2} alors d(τ1,τ2)=0𝑑subscript𝜏1subscript𝜏20d(\tau_{1},\tau_{2})=0.

2) Posons λ=τ1(a)τ2(a)0𝜆subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎0\lambda=\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\neq 0. Soit r𝑟r est un réel positif non nul. [D,ra]=0𝐷𝑟𝑎0[D,ra]=0 donc ra𝒟𝑟𝑎𝒟ra\in{\cal D}. Comme |τ1(ra)τ2(ra)|=r|λ|subscript𝜏1𝑟𝑎subscript𝜏2𝑟𝑎𝑟𝜆\lvert\tau_{1}(ra)-\tau_{2}(ra)\rvert=r\lvert\lambda\rvert,

d(τ1,τ2)r|λ|.𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2𝑟𝜆d(\tau_{1},\tau_{2})\geq r\lvert\lambda\rvert. (1.70)

Le résultat est prouvé en faisant tendre r𝑟r vers l’infini.

Lemme 1.24.

Si d(τ1,τ2)𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d({\tau_{1}},\tau_{2}) est finie alors d(τ1,τ2)=supa𝒜+{|τ1(a)τ2(a)|/[D,a]=1}.𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2𝑎subscript𝒜supremumsubscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1d({\tau_{1}},\tau_{2})=\underset{a\in\mathcal{A}_{+}}{\sup}\,\{\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\;\,/\;\,\left\lVert[D,a]\right\rVert=1\}.


Preuve. Si D𝐷D commute avec l’algèbre toutes les distances sont infinies donc il existe au moins un élément b𝑏b tel que [D,b]0𝐷𝑏0[D,b]\neq 0. A noter que si [D,b+b]=0𝐷𝑏superscript𝑏0[D,b+b^{*}]=0, alors [D,i(bb)]0𝐷𝑖𝑏superscript𝑏0[D,i(b-b^{*})]\neq 0 de sorte qu’il existe au moins un élément autoadjoint bhsubscript𝑏b_{h} qui ne commute pas avec D𝐷D. On note 𝒞𝒞{\cal C} l’ensemble des a𝑎a de 𝒜+subscript𝒜{\cal A}_{+} tel que [D,a]=1delimited-∥∥𝐷𝑎1\left\lVert[D,a]\right\rVert=1 . Puisque 𝒞𝒟𝒞𝒟{\cal C}\subset{\cal D},

supa𝒞|τ1(a)τ2(a)|supa𝒟|τ1(a)τ2(a)|=d(τ1,τ2).𝑎𝒞supremumsubscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎𝑎𝒟supremumsubscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2\underset{a\in{\cal C}}{\sup}\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\leq\underset{a\in{\cal D}}{\sup}\,\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert=d(\tau_{1},\tau_{2}). (1.71)

Si τ1=τ2subscript𝜏1subscript𝜏2\tau_{1}=\tau_{2}, la preuve est immédiate. Pour τ1τ2subscript𝜏1subscript𝜏2\tau_{1}\neq\tau_{2}, on note K12subscript𝐾12K_{12} l’ensemble des a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A} tels que τ12(a)τ1(a)τ2(a)0approaches-limitsubscript𝜏12𝑎subscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎0\tau_{12}(a)\doteq\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\neq 0 et 𝒟K12.approaches-limit𝒟subscript𝐾12{\cal B}\doteq{\cal D}\setminus K_{12}. Clairement

d(τ1,τ2)=supa{|τ12(a)|}.𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2𝑎supremumsubscript𝜏12𝑎d(\tau_{1},\tau_{2})=\underset{a\in{\cal B}}{\sup}\left\{\lvert\tau_{12}(a)\rvert\right\}. (1.72)

Pour tout a𝑎a\in{\cal B} posons

ah=12(aeiθ+aeiθ)subscript𝑎12𝑎superscript𝑒𝑖𝜃superscript𝑎superscript𝑒𝑖𝜃a_{h}=\frac{1}{2}({ae^{-i\theta}+a^{*}e^{i\theta}})

θarg(τ12(a))approaches-limit𝜃argsubscript𝜏12𝑎\theta\doteq\text{arg}\left(\tau_{12}(a)\right). Noter que

τ12(ah)=12(|τ12(a)|+|τ12(a)|)=|τ12(a)|0subscript𝜏12subscript𝑎12subscript𝜏12𝑎subscript𝜏12𝑎subscript𝜏12𝑎0\tau_{12}(a_{h})=\frac{1}{2}\left(\lvert\tau_{12}(a)\rvert+\lvert\tau_{12}(a)\rvert\right)=\lvert\tau_{12}(a)\rvert\neq 0

de sorte que

0<[D,ah][D,a]=10delimited-∥∥𝐷subscript𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎10<\left\lVert[D,a_{h}]\right\rVert\leq\left\lVert[D,a]\right\rVert=1

(la partie droite est l’inégalité triangulaire, l’inégalité de gauche est stricte sinon d(τ1,τ2)𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d(\tau_{1},\tau_{2}) serait infinie en vertu du lemme 1.23). Comme

a+ah[D,ah]+ah[D,ah]𝕀𝒞approaches-limitsubscript𝑎subscript𝑎delimited-∥∥𝐷subscript𝑎delimited-∥∥subscript𝑎delimited-∥∥𝐷subscript𝑎𝕀𝒞a_{+}\doteq\frac{a_{h}}{\left\lVert[D,a_{h}]\right\rVert}+\left\lVert\frac{a_{h}}{\left\lVert[D,a_{h}]\right\rVert}\right\rVert{\mathbb{I}}\in{\cal C}

satisfait

|τ12(a+)|=|τ12(ah)|[D,ah]=|τ12(a)|[D,ah]|τ12(a)|,subscript𝜏12subscript𝑎subscript𝜏12subscript𝑎delimited-∥∥𝐷subscript𝑎subscript𝜏12𝑎delimited-∥∥𝐷subscript𝑎subscript𝜏12𝑎\lvert\tau_{12}(a_{+})\rvert=\frac{\lvert\tau_{12}(a_{h})\rvert}{\left\lVert[D,a_{h}]\right\rVert}=\frac{\lvert\tau_{12}(a)\rvert}{\left\lVert[D,a_{h}]\right\rVert}\geq\lvert\tau_{12}(a)\rvert,

il apparait qu’à tout élément a𝑎a de {\cal B} est associé un élément a+subscript𝑎a_{+} de 𝒞𝒞{\cal C} tel que |τ12(a)||τ12(a+)|subscript𝜏12𝑎subscript𝜏12subscript𝑎\lvert\tau_{12}(a)\rvert\leq\lvert\tau_{12}(a_{+})\rvert. Ainsi

supa|τ12(a)|supa𝒞|τ12(a)|.𝑎supremumsubscript𝜏12𝑎𝑎𝒞supremumsubscript𝜏12𝑎\underset{a\in{\cal B}}{\sup}\lvert\tau_{12}(a)\rvert\leq\underset{a\in{\cal C}}{\sup}\lvert\tau_{12}(a)\rvert.

Avec (1.71) et (1.72), il vient d(τ1,τ2)=supa𝒞|τ12(a)|𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2𝑎𝒞supremumsubscript𝜏12𝑎d(\tau_{1},\tau_{2})=\underset{a\in{\cal C}}{\sup}\lvert\tau_{12}(a)\rvert, ce qui est précisément le résultat. \blacksquare

Pour clore cette présentation générale de la formule de la distance, citons un corollaire du lemme 1.23 pour un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D)𝒜𝒜{\cal A} est une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre. Il permet d’isoler certains états purs normaux pathologiques.

Corollaire 1.25.

Soient ω𝜔\omega un état pur normal d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} et sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega} son support. Si [D,sω]=0𝐷subscript𝑠𝜔0[D,s_{\omega}]=0, alors ω𝜔\omega est à une distance infinie de tous les autres états purs normaux.


Preuve. On note ω1=ωsubscript𝜔1𝜔{\omega_{1}}=\omega, s1=sωsubscript𝑠1subscript𝑠𝜔s_{1}=s_{\omega}. D’après le lemme 1.23, il suffit de montrer que ω1(s1)ω2(s1)subscript𝜔1subscript𝑠1subscript𝜔2subscript𝑠1{\omega_{1}}(s_{1})\neq{\omega_{2}}(s_{1}) pour tout état pur ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} distinct de ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}. Selon (1.18) (avec a=𝕀𝑎𝕀a={\mathbb{I}}) c’est simplement prouver que ω2(s1)1subscript𝜔2subscript𝑠11{\omega_{2}}(s_{1})\neq 1. Supposons donc que ω2(s1)=1subscript𝜔2subscript𝑠11{\omega_{2}}(s_{1})=1 et montrons qu’alors ω1=ω2subscript𝜔1subscript𝜔2{\omega_{1}}={\omega_{2}}. La preuve est analogue à celle du lemme 1.7. Soit {π2,2}subscript𝜋2subscript2\{\pi_{2},{\cal H}_{2}\} la représentation GNS de ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} et ξ2=𝕀¯subscript𝜉2¯𝕀\xi_{2}=\underline{{\mathbb{I}}}. Puisque ω2(s1)=ξ2,π2(s1)ξ2=1subscript𝜔2subscript𝑠1subscript𝜉2subscript𝜋2subscript𝑠1subscript𝜉21{\omega_{2}}(s_{1})=\langle\xi_{2},\pi_{2}(s_{1})\xi_{2}\rangle=1, π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}) est non nul et donc un projecteur de rang 111. Soit ξ𝜉\xi un vecteur propre normalisé de π2(s1)subscript𝜋2subscript𝑠1\pi_{2}(s_{1}). On sait que l’état pur ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} induit par ξ𝜉\xi n’est autre que ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}.

Par ailleurs comme π2(s1)η=ξ,ηξsubscript𝜋2subscript𝑠1𝜂𝜉𝜂𝜉\pi_{2}(s_{1})\eta=\langle\xi,\eta\rangle\xi pour tout vecteur η𝜂\eta de 2subscript2{\cal H}_{2},

ξ2,π2(s1)ξ2=|ξ2,ξ|2=1=ξ2ξ22.subscript𝜉2subscript𝜋2subscript𝑠1subscript𝜉2superscriptsubscript𝜉2𝜉21superscriptdelimited-∥∥𝜉2superscriptdelimited-∥∥subscript𝜉22\langle\xi_{2},\pi_{2}(s_{1})\xi_{2}\rangle=\lvert\langle\xi_{2},\xi\rangle\rvert^{2}=1=\left\lVert\xi\right\rVert^{2}\left\lVert\xi_{2}\right\rVert^{2}.

Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz? il existe un nombre complexe λ𝜆\lambda de module 111 tel que ξ2=λξsubscript𝜉2𝜆𝜉\xi_{2}=\lambda\xi. Ainsi

ω2(a)=λξ,π2(a)λξ=ξ,π2(a)ξ=ωξ(a)=ω1(a)subscript𝜔2𝑎𝜆𝜉subscript𝜋2𝑎𝜆𝜉𝜉subscript𝜋2𝑎𝜉subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔1𝑎{\omega_{2}}(a)=\langle\lambda\xi,\pi_{2}(a)\lambda\xi\rangle=\langle\xi,\pi_{2}(a)\xi\rangle=\omega_{\xi}(a)={\omega_{1}}(a)

pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}. D’où le résultat. \blacksquare

IV Isométrie

IV.1 Symétrie de l’espace non commutatif

Au sens usuel, une symétrie d’un espace est une transformation sous laquelle l’espace est globalement invariant. Au sens topologique, il s’agit d’un homéomorphisme. L’ensemble  Hom(X) Hom𝑋\text{ Hom}(X) des homéomorphismes d’un espace topologique X𝑋X est un groupe pour la loi de composition des applications. Comme la proposition 1.1 introduit une équivalence entre l’identification topologique de deux espaces (compacts) X𝑋X et Y𝑌Y - X𝑋X homéomorphe à Y𝑌Y - et l’identitification de leur algèbre de fonctions continues -C(X)𝐶𝑋C(X) isomorphe à C(Y)𝐶𝑌C(Y)- il est naturel de chercher une correspondance entre les symétries de X𝑋X et des ”symétries” de C(X)𝐶𝑋C(X). Une algèbre n’étant a priori pas un espace topologique, une symétrie d’algèbre n’est pas définie en terme d’homéomorphisme mais plutôt en terme de bijection préservant la structure algébrique (et l’involution s’il y a lieu). Plus précisément on note Aut(𝒜)Aut𝒜\text{Aut}(\mathcal{A}) l’ensemble des automorphismes d’une algèbre involutive 𝒜𝒜{\cal A} sur le corps 𝕂𝕂{\mathbb{K}}, c’est à dire l’ensemble des applications α𝛼\alpha de 𝒜𝒜\mathcal{A} dans 𝒜𝒜\mathcal{A}, 𝕂𝕂{\mathbb{K}}-linéaires, inversibles, telles que α(ab)=α(a)α(b)𝛼𝑎𝑏𝛼𝑎𝛼𝑏\alpha(ab)=\alpha(a)\alpha(b) et α(a)=α(a)𝛼superscript𝑎𝛼superscript𝑎\alpha(a^{*})=\alpha(a)^{*}. Aut(𝒜)Aut𝒜\text{Aut}({\cal A}) est un groupe pour la composition des applications. Par application immédiate de la proposition 1.1, on obtient la correspondance désirée entre symétries topologiques et symétries algébriques.

Corollaire 1.26.

Le groupe des automorphismes d’une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre commutative est isomorphe au groupe des homéomorphismes de son espace de caractères.


Lorsque 𝒜=C(M)𝒜superscript𝐶𝑀\mathcal{A}=C^{\infty}\left({M}\right) est l’algèbre des fonctions lisses sur une variété compacte \mathcal{M}, on a?

Diff() Aut(C(M)).similar-to-or-equalsDiff Autsuperscript𝐶𝑀\text{Diff}({\mathcal{M}})\simeq\text{ Aut}(C^{\infty}\left({M}\right)).

Aut(𝒜)Aut𝒜\text{ Aut}(\mathcal{A}) pour une algèbre 𝒜𝒜{\cal A} non commutative s’interprète ainsi comme le groupe des ”difféomorphismes” de l’espace non commutatif.

L’action d’un automorphisme sur l’espace non commutatif se traduit par un changement de représentation dans le triplet spectral

ππα.𝜋𝜋𝛼\pi\longrightarrow\pi\circ\alpha.

Dire que α𝛼\alpha est une symétrie, c’est dire que (𝒜,,D,π)𝒜𝐷𝜋({\cal A},{\cal H},D,\pi) et (𝒜,,D,πα)𝒜𝐷𝜋𝛼({\cal A},{\cal H},D,\pi\circ\alpha) décrivent des ”espaces non commutatifs identiques”. Les guillements sont de rigueur car la notion ”d’espaces non commutatifs identiques” n’a pas été définie. En terme algébrique, on préfère parler d’équivalence (unitaire).

Définition 1.27.

Deux triplets spectraux réels (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) et (𝒜,,D,J,Γ)superscript𝒜superscriptsuperscript𝐷superscript𝐽superscriptΓ({\cal A}^{\prime},{\cal H}^{\prime},D^{\prime},J^{\prime},\Gamma^{\prime}) sont dits (unitairement) équivalents s’il existe un opérateur unitaire U𝑈U de {\cal H} dans superscript{\cal H}^{\prime} et un isomorphisme d’algèbre ϕitalic-ϕ\phi de 𝒜𝒜{\cal A} sur 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\prime} tels que

UDU=D,UπU=πϕ,formulae-sequence𝑈𝐷superscript𝑈superscript𝐷𝑈𝜋superscript𝑈superscript𝜋italic-ϕ\displaystyle UDU^{*}=D^{\prime},\;U\pi U^{*}=\pi^{\prime}\circ\phi,
UJU=J,UΓU=Γ.formulae-sequence𝑈𝐽superscript𝑈superscript𝐽𝑈Γsuperscript𝑈superscriptΓ\displaystyle UJU^{*}=J^{\prime},\;U\Gamma U^{*}=\Gamma^{\prime}.

L’équivalence de triplets spectraux non réels est définie pareillement en omettant les conditions sur J𝐽J et ΓΓ\Gamma. En posant ϕ=α1italic-ϕsuperscript𝛼1\phi=\alpha^{-1} et U=𝕀𝑈𝕀U={\mathbb{I}}, on vérifie que tout automorphisme α𝛼\alpha est bien une symétrie au sens non commutatif, mais pas nécessairement une isométrie. En effet, les distances calculées dans la géométrie (𝒜,,D,π,J,Γ)𝒜𝐷𝜋𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,\pi,J,\Gamma) ou dans la géométrie équivalente (𝒜,,D,πα,J,Γ)𝒜𝐷𝜋𝛼𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,\pi\circ\alpha,J,\Gamma) ont peu de chance d’être égales dans la mesure où

[D,π(a)]=1delimited-∥∥𝐷𝜋𝑎1\left\lVert[D,\pi(a)]\right\rVert=1 (1.73)

n’est pas équivalent à

[D,πα(a)]=1,delimited-∥∥𝐷𝜋𝛼𝑎1\left\lVert[D,\pi\circ\alpha(a)]\right\rVert=1, (1.74)

sauf si α𝛼\alpha est l’identité de Aut(𝒜)Aut𝒜\text{Aut}({\cal A}).

IV.2 Invariance de la distance

Pour trouver des symétries de l’espace non commutatif qui préservent les distances, plusieurs approchent sont possibles. La plus naturelle, mais non la plus facile, consiste à s’en tenir strictement aux définitions et à déterminer les automorphismes pour lesquels (1.74) est équivalent à (1.73)1.73(\ref{conorm1}). Cette question est l’objet du paragraphe suivant. L’autre approche s’appuie sur la remarque suivante: bien que l’action d’un automorphisme n’ait été envisagée qu’au niveau de la représentation, il existe une autre action de α𝛼\alpha, tout aussi naturelle, à l’intérieur de l’espace des états

α(τ)τα.approaches-limit𝛼𝜏𝜏𝛼\alpha(\tau)\doteq\tau\circ\alpha.

Comme α𝛼\alpha préserve l’involution, il préserve la positivité et α(𝕀)=𝕀𝛼𝕀𝕀\alpha({\mathbb{I}})={\mathbb{I}}, donc α(τ)𝛼𝜏\alpha(\tau) est bien un état. En notant

dα la distance associée au triplet (𝒜,,D,πα),subscript𝑑𝛼 la distance associée au triplet 𝒜𝐷𝜋𝛼d_{\alpha}\text{ la distance associ\'{e}e au triplet }({\cal A},{\cal H},D,\pi\circ\alpha),

il est immédiat que tout automorphisme, vu comme agissant à la fois sur l’espace des états et sur le triplet spectral, préserve les distances.

Proposition 1.28.

Pour tout automorphisme α𝛼\alpha de 𝒜𝒜{\cal A} et tout état τ1subscript𝜏1\tau_{1}, τ2subscript𝜏2\tau_{2} dans 𝒮(𝒜)𝒮𝒜{\cal S}({\cal A}),

dα(α(τ1),α(τ2))=d(τ1,τ2).subscript𝑑𝛼𝛼subscript𝜏1𝛼subscript𝜏2𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d_{\alpha}(\alpha(\tau_{1}),\alpha(\tau_{2}))=d(\tau_{1},\tau_{2}).

Preuve. En posant bα(a)approaches-limit𝑏𝛼𝑎b\doteq\alpha(a),

dα(α(τ1),α(τ2))=supbα(𝒜)=𝒜{|τ1(b)τ2(b)|/[D,b]1}=d(τ1,τ2).d_{\alpha}(\alpha(\tau_{1}),\alpha(\tau_{2}))=\underset{b\in\alpha({\cal A})={\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\tau_{1}(b)-\tau_{2}(b)\rvert\,/\,\left\lVert[D,b]\right\rVert\leq 1\right\}=d(\tau_{1},\tau_{2}).\hskip 56.9055pt\blacksquare

Déterminer tous les automorphismes isométriques au sens dα(τ1,τ2)=d(τ1,τ2)subscript𝑑𝛼subscript𝜏1subscript𝜏2𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d_{\alpha}(\tau_{1},\tau_{2})=d(\tau_{1},\tau_{2}) n’est pas aisé, nous allons simplement en exhiber une certaine classe que nous emploierons ensuite pour des calculs explicites de distance. La non commutativité de 𝒜𝒜{\cal A} met en évidence un sous groupe normal de Aut(𝒜)Aut𝒜\text{Aut}({\cal A}) masqué dans le cas commutatif, à savoir l’ensemble des α𝛼\alpha pour lesquels il existe un unitaire u𝑢u de 𝒜𝒜{\cal A} tel que

α(a)=uau.𝛼𝑎𝑢𝑎superscript𝑢\alpha(a)=uau^{*}.

Un tel automorphisme, noté αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u}, est dit intérieur. L’ensemble In(𝒜)In𝒜\text{In}({\cal A}) des automorphismes intérieurs est un groupe pour la composition des applications,

αuαv=αuv,αu1=αu.formulae-sequencesubscript𝛼𝑢subscript𝛼𝑣subscript𝛼𝑢𝑣superscriptsubscript𝛼𝑢1subscript𝛼superscript𝑢\alpha_{u}\alpha_{v}=\alpha_{uv}\,,\;\alpha_{u}^{-1}=\alpha_{u^{*}}. (1.75)

Quand 𝒜𝒜{\cal A} est commutative In(𝒜)In𝒜\text{In}({\cal A}) ne présente aucun intéret puisqu’il ne contient que l’identité. Quand ce n’est pas l’algèbre qui commute avec un unitaire u𝑢u, mais l’opérateur de Dirac, on dit que l’automorphisme intérieur associé αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u} commute avec D𝐷D. Alors αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u} est une isométrie au sens précisé au début du paragraphe aussi bien qu’au sens de son action sur l’espace des états.

Proposition 1.29.

Un automorphisme intérieur αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u} commutant avec D𝐷D est une isométrie aux sens suivants:

dαu(τ1,τ2)=d(τ1,τ2)=d(αu(τ1),αu(τ2)).subscript𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝜏2𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝛼𝑢subscript𝜏2d_{\alpha_{u}}(\tau_{1},\tau_{2})=d(\tau_{1},\tau_{2})=d(\alpha_{u}(\tau_{1}),\alpha_{u}(\tau_{2})).

Preuve. En utilisant [D,αu(a)]=[D,uau]=u[D,a]u=[D,a],delimited-∥∥𝐷subscript𝛼𝑢𝑎delimited-∥∥𝐷𝑢𝑎superscript𝑢delimited-∥∥superscript𝑢𝐷𝑎𝑢delimited-∥∥𝐷𝑎\left\lVert[D,\alpha_{u}(a)]\right\rVert=\left\lVert[D,uau^{*}]\right\rVert=\left\lVert u^{*}[D,a]u\right\rVert=\left\lVert[D,a]\right\rVert,

dαu(τ1,τ2)subscript𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝜏2\displaystyle d_{\alpha_{u}}(\tau_{1},\tau_{2}) =\displaystyle= supa𝒜{|τ1(a)τ2(a)|/[D,αu(a)]1},𝑎𝒜supremumsubscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷subscript𝛼𝑢𝑎1\displaystyle\underset{a\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,\alpha_{u}(a)]\right\rVert\leq 1\right\},
=\displaystyle= supa𝒜{|τ1(a)τ2(a)|/[D,a]1}=d(τ1,τ2),𝑎𝒜supremumsubscript𝜏1𝑎subscript𝜏2𝑎delimited-∥∥𝐷𝑎1𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2\displaystyle\underset{a\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\tau_{1}(a)-\tau_{2}(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,a]\right\rVert\leq 1\right\}=d(\tau_{1},\tau_{2}),
d(αu(τ1),αu(τ2))𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝛼𝑢subscript𝜏2\displaystyle d(\alpha_{u}(\tau_{1}),\alpha_{u}(\tau_{2})) =\displaystyle= supbαu(𝒜){|τ1(b)τ2(b)|/[D,αu(b)]1},𝑏subscript𝛼𝑢𝒜supremumsubscript𝜏1𝑏subscript𝜏2𝑏delimited-∥∥𝐷subscript𝛼superscript𝑢𝑏1\displaystyle\underset{b\in\alpha_{u}({\cal A})}{\sup}\left\{\lvert\tau_{1}(b)-\tau_{2}(b)\rvert\,/\,\left\lVert[D,\alpha_{u^{*}}(b)]\right\rVert\leq 1\right\},
=\displaystyle= supb𝒜{|τ1(b)τ2(b)|/[D,b]1}=d(τ1,τ2),𝑏𝒜supremumsubscript𝜏1𝑏subscript𝜏2𝑏delimited-∥∥𝐷𝑏1𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2\displaystyle\underset{b\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert\tau_{1}(b)-\tau_{2}(b)\rvert\,/\,\left\lVert[D,b]\right\rVert\leq 1\right\}=d(\tau_{1},\tau_{2}),

bαu(a)approaches-limit𝑏subscript𝛼𝑢𝑎b\doteq\alpha_{u}(a). \blacksquare

A noter que par la proposition 1.28, αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u} est aussi une isométrie pour l’espace des états dans la géométrie (𝒜,,D,παu)𝒜𝐷𝜋subscript𝛼𝑢({\cal A},{\cal H},D,\pi\circ\alpha_{u}) puisque dαu(αu(τ1),αu(τ2))=dαu(τ1,τ2)subscript𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝛼𝑢subscript𝜏2subscript𝑑subscript𝛼𝑢subscript𝜏1subscript𝜏2d_{\alpha_{u}}(\alpha_{u}(\tau_{1}),\alpha_{u}(\tau_{2}))=d_{\alpha_{u}}(\tau_{1},\tau_{2}).

Outre les automorphismes intérieurs, d’autres applications remarquables de l’algèbre dans elle-même sont les projections

αe(a)eae,approaches-limitsubscript𝛼𝑒𝑎𝑒𝑎𝑒\alpha_{e}(a)\doteq eae, (1.76)

e=e=e2𝒜𝑒superscript𝑒superscript𝑒2𝒜e=e^{*}=e^{2}\in{\cal A}. La projection du triplet spectral (𝒜,,D,π)𝒜𝐷𝜋({\cal A},{\cal H},D,\pi) est, par définition, le triplet

(𝒜eαe(𝒜),ee,DeeDe|e,πeπ|e)formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝒜𝑒subscript𝛼𝑒𝒜formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑒𝑒formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝐷𝑒evaluated-at𝑒𝐷𝑒subscript𝑒approaches-limitsubscript𝜋𝑒evaluated-at𝜋subscript𝑒({\cal A}_{e}\doteq\alpha_{e}({\cal A}),\quad{\cal H}_{e}\doteq e{\cal H},\quad D_{e}\doteq eDe\big{|}_{{\cal H}_{e}},\quad\pi_{e}\doteq\pi\big{|}_{{\cal H}_{e}}) (1.77)

et on note desubscript𝑑𝑒d_{e} la distance associée. En général αesubscript𝛼𝑒\alpha_{e} n’est pas injective si bien que la forme linéaire ταe𝜏subscript𝛼𝑒\tau\circ\alpha_{e} n’est pas nécessairement un état, par exemple si e𝑒e est dans le noyau de τ𝜏\tau (pour une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre, il suffit de considérer un état dont le support est orthogonal au projecteur). En revanche tout état (pur) τesubscript𝜏𝑒\tau_{e} de αe(𝒜)subscript𝛼𝑒𝒜\alpha_{e}({\cal A}) est un état (pur) de 𝒜𝒜{\cal A} (pour s’en convaincre il suffit d’écrire τe=τeαesubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝑒subscript𝛼𝑒\tau_{e}=\tau_{e}\circ\alpha_{e}). En clair

𝒮(𝒜e)=𝒮(𝒜e)αe𝒮(𝒜) et 𝒫(𝒜e)=𝒫(𝒜e)αe𝒫(𝒜).𝒮subscript𝒜𝑒𝒮subscript𝒜𝑒subscript𝛼𝑒𝒮𝒜 et 𝒫subscript𝒜𝑒𝒫subscript𝒜𝑒subscript𝛼𝑒𝒫𝒜{\cal S}({\cal A}_{e})={\cal S}({\cal A}_{e})\circ\alpha_{e}\subset{\cal S}({\cal A})\,\text{ et }\,{\cal P}({\cal A}_{e})={\cal P}({\cal A}_{e})\circ\alpha_{e}\subset{\cal P}({\cal A}).

Lorsque e𝑒e commute avec l’opérateur de Dirac, la projection αesubscript𝛼𝑒\alpha_{e} est une isométrie pour 𝒮(𝒜e)𝒮subscript𝒜𝑒{\cal S}({\cal A}_{e}) au sens suivant.

Proposition 1.30.

Soient e𝑒e un projecteur de 𝒜𝒜{\cal A} et τ1,τ2subscript𝜏1subscript𝜏2\tau_{1},\tau_{2} deux états de 𝒜esubscript𝒜𝑒{\cal A}_{e}. Si [D,π(e)]=0𝐷𝜋𝑒0[D,\pi(e)]=0 alors

de(τ1,τ2)=d(τ1αe,τ2αe).subscript𝑑𝑒subscript𝜏1subscript𝜏2𝑑subscript𝜏1subscript𝛼𝑒subscript𝜏2subscript𝛼𝑒d_{e}(\tau_{1},\tau_{2})=d(\tau_{1}\circ\alpha_{e},\tau_{2}\circ\alpha_{e}).

Preuve. Pour tout ae𝒜esubscript𝑎𝑒subscript𝒜𝑒a_{e}\in{\cal A}_{e}, [De,πe(ae)]=[π(e)Dπ(e),π(ae)]=[D,π(ae)]delimited-∥∥subscript𝐷𝑒subscript𝜋𝑒subscript𝑎𝑒delimited-∥∥𝜋𝑒𝐷𝜋𝑒𝜋subscript𝑎𝑒delimited-∥∥𝐷𝜋subscript𝑎𝑒\,\left\lVert[D_{e},\pi_{e}(a_{e})]\right\rVert=\left\lVert[\pi(e)D\pi(e),\pi(a_{e})]\right\rVert=\left\lVert[D,\pi(a_{e})]\right\rVert d’où

de(τ1,τ2)subscript𝑑𝑒subscript𝜏1subscript𝜏2\displaystyle d_{e}(\tau_{1},\tau_{2}) =\displaystyle= supae𝒜e{|(τ1τ2)(ae)|/[D,π(ae)]1},subscript𝑎𝑒subscript𝒜𝑒supremumsubscript𝜏1subscript𝜏2subscript𝑎𝑒delimited-∥∥𝐷𝜋subscript𝑎𝑒1\displaystyle\underset{a_{e}\in{\cal A}_{e}}{\sup}\left\{\lvert(\tau_{1}-\tau_{2})(a_{e})\rvert\,/\,\left\lVert[D,\pi(a_{e})]\right\rVert\leq 1\right\},
\displaystyle\leq supa𝒜{|(τ1αeτ2αe)(a)|/[D,π(a)]1}=d(τ1αe,τ2αe).𝑎𝒜supremumsubscript𝜏1subscript𝛼𝑒subscript𝜏2subscript𝛼𝑒𝑎delimited-∥∥𝐷𝜋𝑎1𝑑subscript𝜏1subscript𝛼𝑒subscript𝜏2subscript𝛼𝑒\displaystyle\underset{a\in{\cal A}}{\sup}\left\{\lvert(\tau_{1}\circ\alpha_{e}-\tau_{2}\circ\alpha_{e})(a)\rvert\,/\,\left\lVert[D,\pi(a)]\right\rVert\leq 1\right\}=d(\tau_{1}\circ\alpha_{e},\tau_{2}\circ\alpha_{e}).

Cette borne supérieure est atteinte par aeαe(b)approaches-limitsubscript𝑎𝑒subscript𝛼𝑒𝑏a_{e}\doteq\alpha_{e}(b)b𝒜𝑏𝒜b\in{\cal A} réalise le suprémum pour la distance d𝑑d,

d(τ1αe,τ2αe)=τ1αe(b)τ2αe(b) et [D,π(b)]=1,𝑑subscript𝜏1subscript𝛼𝑒subscript𝜏2subscript𝛼𝑒subscript𝜏1subscript𝛼𝑒𝑏subscript𝜏2subscript𝛼𝑒𝑏 et delimited-∥∥𝐷𝜋𝑏1d(\tau_{1}\circ\alpha_{e},\tau_{2}\circ\alpha_{e})=\tau_{1}\circ\alpha_{e}(b)-\tau_{2}\circ\alpha_{e}(b)\,\text{ et }\,\left\lVert[D,\pi(b)]\right\rVert=1,

car [De,πe(ae)]=[D,π(ae)]=π(e)[D,π(b)]π(e)][D,π(b)].\left\lVert[D_{e},\pi_{e}(a_{e})]\right\rVert=\left\lVert[D,\pi(a_{e})]\right\rVert=\left\lVert\pi(e)[D,\pi(b)]\pi(e)]\right\rVert\leq\left\lVert[D,\pi(b)]\right\rVert. \blacksquare

Soulignons que cette proposition n’implique pas que la distance entre deux états de 𝒜𝒜{\cal A} dans la géométrie T=(𝒜,,D)𝑇𝒜𝐷T=({\cal A},{\cal H},D) égale la distance dans la géométrie Te=(𝒜e,e,De)subscript𝑇𝑒subscript𝒜𝑒subscript𝑒subscript𝐷𝑒T_{e}=({\cal A}_{e},{\cal H}_{e},D_{e}), ni même que la distance entre τ1subscript𝜏1\tau_{1} et τ2subscript𝜏2\tau_{2} dans T𝑇T soit égale à la distance entre τ1αesubscript𝜏1subscript𝛼𝑒\tau_{1}\circ\alpha_{e} et τ2αesubscript𝜏2subscript𝛼𝑒\tau_{2}\circ\alpha_{e} dans Tesubscript𝑇𝑒T_{e} (ce qui n’aurait aucun sens puisque, rappelons le, 𝒮(𝒜)αe/𝒮(𝒜e{\cal S}({\cal A})\circ\alpha_{e}\subset\!\!\!\!\!\!/\,\,{\cal S}({\cal A}_{e}) ). Si on définit l’action de la projection αesubscript𝛼𝑒\alpha_{e} dans l’espace des états par

αe(τ)=τ si τ𝒮(𝒜e),αe(τ)=0 sinon,formulae-sequencesubscript𝛼𝑒𝜏𝜏 si 𝜏𝒮subscript𝒜𝑒subscript𝛼𝑒𝜏0 sinon,\alpha_{e}(\tau)=\tau\text{ si }\tau\in{\cal S}({\cal A}_{e})\,,\;\,\alpha_{e}(\tau)=0\text{ sinon,}

alors une projection qui commute avec l’opérateur de Dirac est une isométrie,

de(αe(τ1),αe(τ2))=d(τ1,τ2),subscript𝑑𝑒subscript𝛼𝑒subscript𝜏1subscript𝛼𝑒subscript𝜏2𝑑subscript𝜏1subscript𝜏2d_{e}(\alpha_{e}(\tau_{1}),\alpha_{e}(\tau_{2}))=d(\tau_{1},\tau_{2}),

mais seulement sur αe(𝒮(𝒜))subscript𝛼𝑒𝒮𝒜\alpha_{e}({\cal S}({\cal A})).

Chapitre 2 Espace fini

Les exemples les plus simples d’espaces non commutatifs sont associés à des algèbres de dimension finie. On peut résoudre de manière systématique les contraintes imposées par les axiomes de la géométrie non commutative et établir une classification complète des triplets spectraux finis?,?. L’objet de ce chapitre est de déterminer explicitement la métrique de ces espaces. Il apparait rapidement que les distances ne sont pas calculables exactement, sauf dans certains cas dont nous présentons ici un éventail. Les résultats de ce chapitre ont fait l’objet de l’article?. Précisons encore une fois que la formule (1.69) définit une distance sur l’ensemble des états d’une algèbre indépendamment des axiomes de la géométrie non commutative, aussi dans un premier temps nous considérons des triplets spectraux (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) qui ne sont pas réels. En dimension fini, D𝐷D et [D,a]𝐷𝑎[D,a] pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A} sont bornés. La seule contrainte qu’on impose à l’opérateur de Dirac est d’être autoadjoint. Dans la mesure du possible, on s’est efforcé de tenir à ce souci de généralité mais les calculs devenant rapidement impraticables, on s’est limité pour les espaces finis commutatifs aux opérateurs à entrées réelles. De même, pour l’espace à deux points on est revenu aux axiomes afin de sélectionner un opérateur simple permettant de mener les calculs à terme. Quoi qu’il en soit, l’importance des axiomes est discutée dans la dernière partie du chapitre.

S’appuyant sur l’équivalence dans le cas commutatif entre caractères et états purs, on a choisi de ne considérer que les distances entre états purs.

I Topologie des espaces finis

I.1 Espace des états purs

Toute Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} de dimension finie est isomorphe à une somme directe finie d’algèbres de matrices? à entrées complexes si 𝒜𝒜{\cal A} est une algèbre complexe, à entrées réelles, complexes ou quaternioniques si 𝒜𝒜{\cal A} est une algèbre réelle. Ainsi

𝒜=k=1𝑁𝒜k𝒜𝑘1𝑁direct-sumsubscript𝒜𝑘{\cal A}=\underset{k=1}{\overset{N}{\bigoplus}}\,{\cal A}_{k} (2.1)

k,N𝑘𝑁k,N\in{\mathbb{N}}, 𝒜k=𝕂subscript𝒜𝑘𝕂{\cal A}_{k}={\mathbb{K}} ou Mn(𝕂)subscript𝑀𝑛𝕂M_{n}({\mathbb{K}}) et 𝕂𝕂{\mathbb{K}} est un symbole générique pour désigner les corps ,{\mathbb{R}},{\mathbb{C}} ou {\mathbb{H}}.

Lemme 2.1.

Soient 𝒜1subscript𝒜1{\cal A}_{1}, 𝒜2subscript𝒜2{\cal A}_{2} deux Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres, alors 𝒫(𝒜1𝒜2)=𝒫(𝒜1)𝒫(𝒜2)𝒫direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2𝒫subscript𝒜1𝒫subscript𝒜2{\cal P}({\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2})={\cal P}({\cal A}_{1})\cup{\cal P}({\cal A}_{2}).


Preuve. Tout état pur ω1subscript𝜔1{\omega_{1}} de 𝒜1subscript𝒜1{\cal A}_{1} s’étend en un état τ𝜏\tau sur 𝒜1𝒜2direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2{\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2}

τ(a1a2)ω1(a1)approaches-limit𝜏direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝜔1subscript𝑎1\tau(a_{1}\oplus a_{2})\doteq\omega_{1}(a_{1})

(la positivité est immédiate puisque (𝒜1𝒜2)+=𝒜1+𝒜2+subscriptdirect-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2direct-sumsubscriptsubscript𝒜1subscriptsubscript𝒜2({\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2})_{+}={{\cal A}_{1}}_{+}\oplus{{\cal A}_{2}}_{+}). Si τ𝜏\tau n’est pas pur, il existe deux états τsuperscript𝜏\tau^{\prime} et τ′′superscript𝜏′′\tau^{\prime\prime} et un réel t]0,1[t\in]0,1[ tels que τ=tτ+(1t)τ′′.𝜏𝑡superscript𝜏1𝑡superscript𝜏′′\tau=t\tau^{\prime}+(1-t)\tau^{\prime\prime}. Ainsi

ω1(a1)=τ(a1𝕀2)=tτ1(a1)+(1t)τ1′′(a1)subscript𝜔1subscript𝑎1𝜏direct-sumsubscript𝑎1subscript𝕀2𝑡subscriptsuperscript𝜏1subscript𝑎11𝑡subscriptsuperscript𝜏′′1subscript𝑎1\omega_{1}(a_{1})=\tau(a_{1}\oplus{\mathbb{I}}_{2})=t\tau^{\prime}_{1}(a_{1})+(1-t)\tau^{\prime\prime}_{1}(a_{1})

τ1(a1)τ(a1𝕀2)approaches-limitsubscriptsuperscript𝜏1subscript𝑎1superscript𝜏direct-sumsubscript𝑎1subscript𝕀2\tau^{\prime}_{1}(a_{1})\doteq\tau^{\prime}(a_{1}\oplus{\mathbb{I}}_{2}) et τ1′′(a1)τ′′(a1𝕀2)approaches-limitsubscriptsuperscript𝜏′′1subscript𝑎1superscript𝜏′′direct-sumsubscript𝑎1subscript𝕀2\tau^{\prime\prime}_{1}(a_{1})\doteq\tau^{\prime\prime}(a_{1}\oplus{\mathbb{I}}_{2}) sont des états de 𝒜1subscript𝒜1{\cal A}_{1}. Comme ω1subscript𝜔1\omega_{1} est pur, τ1=τ1′′subscriptsuperscript𝜏1subscriptsuperscript𝜏′′1\tau^{\prime}_{1}=\tau^{\prime\prime}_{1} d’où

τ(0𝕀2)=τ′′(0𝕀2)=t1tτ′′(0a2)=0superscript𝜏direct-sum0subscript𝕀2superscript𝜏′′direct-sum0subscript𝕀2𝑡1𝑡superscript𝜏′′direct-sum0subscript𝑎20\tau^{\prime}(0\oplus{\mathbb{I}}_{2})=\tau^{\prime\prime}(0\oplus{\mathbb{I}}_{2})=\frac{t-1}{t}\tau^{\prime\prime}(0\oplus a_{2})=0

c’est à dire τ=τ′′superscript𝜏superscript𝜏′′\tau^{\prime}=\tau^{\prime\prime}. τ𝜏\tau est donc pur et 𝒫(𝒜1)𝒫(𝒜2)𝒫(𝒜1𝒜2).𝒫subscript𝒜1𝒫subscript𝒜2𝒫direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2{\cal P}({\cal A}_{1})\cup{\cal P}({\cal A}_{2})\subset{\cal P}({\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2}).

Soit ω𝒫(𝒜1𝒜2)𝜔𝒫direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2\omega\in{\cal P}({\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2}). Si λ1ω(𝕀10)=0approaches-limitsubscript𝜆1𝜔direct-sumsubscript𝕀100\lambda_{1}\doteq\omega({\mathbb{I}}_{1}\oplus 0)=0 alors τ2(a2)ω(a1a2)approaches-limitsubscript𝜏2subscript𝑎2𝜔direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎2\tau_{2}(a_{2})\doteq\omega(a_{1}\oplus a_{2}) est un état de 𝒜2.subscript𝒜2{\cal A}_{2}. S’il n’est pas pur, alors c’est une combinaison linéaire convexe de deux états τ2subscriptsuperscript𝜏2{\tau^{\prime}}_{2} et τ′′2subscriptsuperscript𝜏′′2{\tau^{\prime\prime}}_{2} que l’on étend à 𝒜1𝒜2direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2{\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2} par

τ(a1a2)τ2(a2),τ′′(a1a2)τ′′2(a2).formulae-sequenceapproaches-limitsuperscript𝜏direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎2subscriptsuperscript𝜏2subscript𝑎2approaches-limitsuperscript𝜏′′direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎2subscriptsuperscript𝜏′′2subscript𝑎2\tau^{\prime}(a_{1}\oplus a_{2})\doteq{\tau^{\prime}}_{2}(a_{2})\,,\;\tau^{\prime\prime}(a_{1}\oplus a_{2})\doteq{\tau^{\prime\prime}}_{2}(a_{2}).

τ=τ′′superscript𝜏superscript𝜏′′\tau^{\prime}=\tau^{\prime\prime} car ω=tτ+(1t)τ′′𝜔𝑡superscript𝜏1𝑡superscript𝜏′′\omega=t\tau^{\prime}+(1-t)\tau^{\prime\prime} est pur. Donc τ2=τ′′2subscriptsuperscript𝜏2subscriptsuperscript𝜏′′2{\tau^{\prime}}_{2}={\tau^{\prime\prime}}_{2} et τ2subscript𝜏2\tau_{2} est pur. Un raisonnement analogue montre que si λ2=ω(0𝕀2)=0subscript𝜆2𝜔direct-sum0subscript𝕀20\lambda_{2}=\omega(0\oplus{\mathbb{I}}_{2})=0, ω𝜔\omega restreint à 𝒜1subscript𝒜1{\cal A}_{1} est un état pur de 𝒜1subscript𝒜1{\cal A}_{1}.

Reste la possibilité que λ1subscript𝜆1\lambda_{1} et λ2subscript𝜆2\lambda_{2} soient tous deux non nuls. En ce cas ω=λ1τ+λ2τ′′𝜔subscript𝜆1superscript𝜏subscript𝜆2superscript𝜏′′\omega=\lambda_{1}\,\tau^{\prime}+\lambda_{2}\,\tau^{\prime\prime}

τ(a1a2)1λ1ω(a10) et τ′′(a1a2)1λ2ω(0a2)approaches-limitsuperscript𝜏direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎21subscript𝜆1𝜔direct-sumsubscript𝑎10 et superscript𝜏′′direct-sumsubscript𝑎1subscript𝑎2approaches-limit1subscript𝜆2𝜔direct-sum0subscript𝑎2\tau^{\prime}(a_{1}\oplus a_{2})\doteq\frac{1}{\lambda_{1}}\omega(a_{1}\oplus 0)\,\text{ et }\,\tau^{\prime\prime}(a_{1}\oplus a_{2})\doteq\frac{1}{\lambda_{2}}\omega(0\oplus a_{2})

sont tous deux des états de 𝒜1𝒜2direct-sumsubscript𝒜1subscript𝒜2{\cal A}_{1}\oplus{\cal A}_{2}. Comme λ1+λ2=1subscript𝜆1subscript𝜆21\lambda_{1}+\lambda_{2}=1 et que ω𝜔\omega est pur, τ=τ′′superscript𝜏superscript𝜏′′{\tau^{\prime}}={\tau^{\prime\prime}} d’où

ω(0a2)=λ2τ′′(0a2)=λ2τ(0a2)=λ2λ1ω(00)=0.𝜔direct-sum0subscript𝑎2subscript𝜆2superscript𝜏′′direct-sum0subscript𝑎2subscript𝜆2superscript𝜏direct-sum0subscript𝑎2subscript𝜆2subscript𝜆1𝜔direct-sum000\omega(0\oplus a_{2})={\lambda_{2}}\tau^{\prime\prime}(0\oplus a_{2})={\lambda_{2}}\tau^{\prime}(0\oplus a_{2})=\frac{{\lambda_{2}}}{\lambda_{1}}\omega(0\oplus 0)=0.

De même ω(a10)=0𝜔direct-sumsubscript𝑎100\omega(a_{1}\oplus 0)=0, donc ω𝜔\omega est nul. \blacksquare

Ce lemme appliqué récursivement sur 𝒜𝒜{\cal A} donne

𝒫(𝒜)=k=1𝑁𝒫(𝒜k),𝒫𝒜𝑘1𝑁𝒫subscript𝒜𝑘{\cal P}({\cal A})=\underset{k=1}{\overset{N}{\bigcup}}{\cal P}({\cal A}_{k}), (2.2)

si bien que pour connaitre 𝒫(𝒜)𝒫𝒜{\cal P}({\cal A}) il suffit de connaitre les états purs de 𝕂𝕂{\mathbb{K}} et Mn(𝕂)subscript𝑀𝑛𝕂M_{n}({\mathbb{K}}).

I.2 Etat de {\mathbb{R}}, {\mathbb{C}} et {\mathbb{H}}

Dans la section I.I.4, un état sur une algèbre de corps de référence 𝕂𝕂{\mathbb{K}} est défini comme une forme 𝕂𝕂{\mathbb{K}}-linéaire τ𝜏\tau à valeur dans 𝕂𝕂{\mathbb{K}} et de norme τ=τ(𝕀)=1delimited-∥∥𝜏𝜏𝕀1\left\lVert\tau\right\rVert=\tau({\mathbb{I}})=1. Dès lors 𝕂𝕂{\mathbb{K}} vu comme algèbre sur 𝕂𝕂{\mathbb{K}} n’a qu’un état: l’identité. Dit autrement les algèbres réelle {\mathbb{R}}, complexe {\mathbb{C}} et quaternionique {\mathbb{H}} n’ont chacune qu’un état (pur). Ceci reste vrai pour {\mathbb{C}} et {\mathbb{H}} vues comme algèbre réelle. Pour {\mathbb{C}} tout d’abord, un état ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} est, au sens de la définition 1.10, une application {\mathbb{R}}-linéaire positive à valeur dans {\mathbb{R}} satisfaisant ωc(1)=1subscript𝜔𝑐11{\omega_{c}}(1)=1 et ωc(xiy)=ωc(x+iy)subscript𝜔𝑐𝑥𝑖𝑦subscript𝜔𝑐𝑥𝑖𝑦{\omega_{c}}(x-iy)={\omega_{c}}(x+iy), c’est à dire ωc(i)=ωc(i)=0subscript𝜔𝑐𝑖subscript𝜔𝑐𝑖0\omega_{c}(i)=-\omega_{c}(i)=0. En clair ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} coincide avec la partie réelle.

Lemme 2.2.

L’unique état ωhsubscript𝜔\omega_{h} de l’algèbre réelle {\mathbb{H}} est

ωh(q)=12Tr(q)subscript𝜔𝑞12Tr𝑞\omega_{h}(q)=\frac{1}{2}\text{Tr}(q)

q=(xy¯yx¯)𝑞𝑥¯𝑦𝑦¯𝑥q=\left(\begin{array}[]{cc}x&-\bar{y}\\ y&\bar{x}\end{array}\right)  avec x,y𝑥𝑦x,y\in{\mathbb{C}} désigne un quaternion quelconque.


Preuve. La représentation de {\mathbb{H}} sur l’espace vectoriel réel de dimension quatre, dont la base canonique {1,i,j,k}1𝑖𝑗𝑘\{1,i,j,k\} vérifie i2=j2=k2=1superscript𝑖2superscript𝑗2superscript𝑘21i^{2}=j^{2}=k^{2}=-1, ij=ji=k𝑖𝑗𝑗𝑖𝑘ij=-ji=k, jk=kj=i𝑗𝑘𝑘𝑗𝑖jk=-kj=i et ki=ik=j𝑘𝑖𝑖𝑘𝑗ki=-ik=j, est

q=α+βi+γj+δk𝑞𝛼𝛽𝑖𝛾𝑗𝛿𝑘q=\alpha+\beta i+\gamma j+\delta k

avec α,β,γ,δ.𝛼𝛽𝛾𝛿\alpha,\beta,\gamma,\delta\in{\mathbb{R}}. Par définition,

q¯αβiγjδkapproaches-limit¯𝑞𝛼𝛽𝑖𝛾𝑗𝛿𝑘\bar{q}\doteq\alpha-\beta i-\gamma j-\delta k

de sorte que

qq¯=α2+β2+γ2+δ2+.𝑞¯𝑞superscript𝛼2superscript𝛽2superscript𝛾2superscript𝛿2superscriptq\bar{q}=\alpha^{2}+\beta^{2}+\gamma^{2}+\delta^{2}\in{\mathbb{R}}^{+}.

En conséquence toute forme {\mathbb{R}}-linéaire est positive. Par linéarité, un état τ𝜏\tau est complètement déterminé par les valeurs qu’il prend sur i,j,k𝑖𝑗𝑘i,j,k. Comme τ(q)=τ(q¯)𝜏𝑞𝜏¯𝑞\tau(q)=\tau(\bar{q}),

α+βτ(i)+γτ(j)+δτ(k)=αβτ(i)γτ(j)δτ(k)𝛼𝛽𝜏𝑖𝛾𝜏𝑗𝛿𝜏𝑘𝛼𝛽𝜏𝑖𝛾𝜏𝑗𝛿𝜏𝑘\alpha+\beta\tau(i)+\gamma\tau(j)+\delta\tau(k)=\alpha-\beta\tau(i)-\gamma\tau(j)-\delta\tau(k)

pour tout α,β,γ,δ𝛼𝛽𝛾𝛿\alpha,\beta,\gamma,\delta\in{\mathbb{R}}. Autrement dit

τ(i)=τ(j)=τ(k)=0𝜏𝑖𝜏𝑗𝜏𝑘0\tau(i)=\tau(j)=\tau(k)=0

et τ(q)=αωh(q).𝜏𝑞𝛼approaches-limitsubscript𝜔𝑞\tau(q)=\alpha\doteq\omega_{h}(q). Dans la représentation matricielle de {\mathbb{H}} sur 2superscript2{\mathbb{C}}^{2}, xα+iβapproaches-limit𝑥𝛼𝑖𝛽x\doteq\alpha+i\beta d’où Tr(q)2Re(x)=2α=2ωh(q).approaches-limitTr𝑞2Re𝑥2𝛼2subscript𝜔𝑞\text{Tr}(q)\doteq 2\text{Re}(x)=2\alpha=2\omega_{h}(q). \blacksquare

Il peut sembler peu satisfaisant de ne disposer avec {\mathbb{H}}, sous algèbre des matrices 2×2222\times 2 dont l’ensemble des états purs est de cardinalité infini (voir paragraphe suivant), que d’un seul état pur. Afin d’élargir le champ d’investigation, on peut modifier la définition d’un état réel et ne plus exiger que l’involution soit conservée. {\mathbb{H}} a alors plusieurs états τ𝜏\tau mais toujours un seul état pur. En effet, si on note ττ(i)subscript𝜏𝜏𝑖\tau_{\tau(i)} la forme linéaire telle que ττ(i)(i)=τ(i)subscript𝜏𝜏𝑖𝑖𝜏𝑖\tau_{\tau(i)}(i)=\tau(i), ττ(i)(1)=ττ(i)(j)=ττ(i)(k)=0subscript𝜏𝜏𝑖1subscript𝜏𝜏𝑖𝑗subscript𝜏𝜏𝑖𝑘0\tau_{\tau(i)}(1)=\tau_{\tau(i)}(j)=\tau_{\tau(i)}(k)=0 et qu’on adopte des définitions similaires pour ττ(j)subscript𝜏𝜏𝑗\tau_{\tau(j)} et ττ(k)subscript𝜏𝜏𝑘\tau_{\tau(k)}, il vient

τ𝜏\displaystyle\tau =\displaystyle= ωh+ττ(i)+ττ(j)+ττ(k)subscript𝜔subscript𝜏𝜏𝑖subscript𝜏𝜏𝑗subscript𝜏𝜏𝑘\displaystyle\omega_{h}+\tau_{\tau(i)}+\tau_{\tau(j)}+\tau_{\tau(k)} (2.3)
=\displaystyle= t(ωh+τrτ(i)+τrτ(j)+τrτ(k))+(1t)(ωh+τrτ(i)+τrτ(j)+τrτ(k)),𝑡subscript𝜔subscript𝜏𝑟𝜏𝑖subscript𝜏𝑟𝜏𝑗subscript𝜏𝑟𝜏𝑘1𝑡subscript𝜔subscript𝜏superscript𝑟𝜏𝑖subscript𝜏superscript𝑟𝜏𝑗subscript𝜏superscript𝑟𝜏𝑘\displaystyle t(\omega_{h}+\tau_{r\tau(i)}+\tau_{r\tau(j)}+\tau_{r\tau(k)})+(1-t)(\omega_{h}+\tau_{r^{\prime}\tau(i)}+\tau_{r^{\prime}\tau(j)}+\tau_{r^{\prime}\tau(k)}),

t,r/{1}𝑡𝑟1t,r\in{\mathbb{R}}/\{1\} et r1rt1tapproaches-limitsuperscript𝑟1𝑟𝑡1𝑡r^{\prime}\doteq\frac{1-rt}{1-t}. Chacun des deux facteurs de la moitié droite de (2.3) envoyant 111 en 111 est un état, si bien que τ𝜏\tau n’est pas pur sauf si τ(i)=τ(j)=τ(k)=0𝜏𝑖𝜏𝑗𝜏𝑘0\tau(i)=\tau(j)=\tau(k)=0.

I.3 Etats des algèbres de matrices

L’espace des états de {\mathbb{C}} et {\mathbb{H}} ne dépend pas du corps de référence. En revanche 𝒮(Mn(𝕂))𝒮subscript𝑀𝑛𝕂{\cal S}(M_{n}({\mathbb{K}})) en dépend. On note

Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛superscript𝕂𝕂M_{n}^{{\mathbb{K}}^{\prime}}({\mathbb{K}})

pour désigner Mn(𝕂)subscript𝑀𝑛𝕂M_{n}({\mathbb{K}}) vue comme algèbre sur le corps 𝕂superscript𝕂{\mathbb{K}}^{\prime}. Considérons d’abord les cas 𝕂=𝕂𝕂superscript𝕂{\mathbb{K}}={\mathbb{K}}^{\prime}.

Une forme 𝕂𝕂{\mathbb{K}}-linéaire τ𝜏\tau sur Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}) se décompose de manière unique sur la base τijsubscript𝜏𝑖𝑗\tau_{ij},

τij(mkl)δilδjkapproaches-limitsubscript𝜏𝑖𝑗subscript𝑚𝑘𝑙subscript𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘\tau_{ij}(m_{kl})\doteq\delta_{il}\delta_{jk}

{mij}subscript𝑚𝑖𝑗\left\{m_{ij}\right\}, i,j=1n𝑖𝑗1𝑛i,j=1...n est la base canonique de Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}). Pour tout a=aklmkl𝑎superscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑚𝑘𝑙a=a^{kl}m_{kl}, akl𝕂superscript𝑎𝑘𝑙𝕂a^{kl}\in{\mathbb{K}},

τ(a)=λijτij(a)=λijτij(aklmkl)=λijδilδjkakl= Tr(Λa)𝜏𝑎superscript𝜆𝑖𝑗subscript𝜏𝑖𝑗𝑎superscript𝜆𝑖𝑗subscript𝜏𝑖𝑗superscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑚𝑘𝑙superscript𝜆𝑖𝑗subscript𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘superscript𝑎𝑘𝑙 TrΛ𝑎\tau(a)=\lambda^{ij}\tau_{ij}(a)=\lambda^{ij}\tau_{ij}(a^{kl}m_{kl})=\lambda^{ij}\delta_{il}\delta_{jk}a^{kl}=\text{ Tr}(\Lambda a)

ΛMn𝕂(𝕂)Λsuperscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂\Lambda\in M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}) désigne la matrice de composante λijsuperscript𝜆𝑖𝑗\lambda^{ij}. A noter qu’à cause de la non commutativité, la notion de forme {\mathbb{H}}-linéaire est ambiguë (conformément à l’usage? on considère la {\mathbb{H}}-linéarité à droite). Dans les trois cas réel, complexe et quaternionique un état envoie 𝕀nsubscript𝕀𝑛{\mathbb{I}}_{n} en 𝕀𝕀{\mathbb{I}} donc  Tr(Λ)=𝕀 TrΛ𝕀\text{ Tr}(\Lambda)={\mathbb{I}}.

Pour 𝕂=𝕂{\mathbb{K}}={\mathbb{R}} ou {\mathbb{C}}

Tr(Λa)=Tr((aΛ))=Tr¯(aΛ).TrΛsuperscript𝑎Trsuperscript𝑎superscriptΛ¯Tr𝑎superscriptΛ\text{Tr}(\Lambda a^{*})=\text{Tr}((a\Lambda^{*})^{*})=\overline{\text{Tr}}(a\Lambda^{*}). (2.4)

Un état est involutif, Tr(Λa)=Tr¯(Λa)TrΛsuperscript𝑎¯TrΛ𝑎\text{Tr}(\Lambda a^{*})=\overline{\text{Tr}}(\Lambda a), d’où Tr((ΛΛ)a)=0TrsuperscriptΛΛ𝑎0\text{Tr}((\Lambda^{*}-\Lambda)a)=0 pour tout a𝑎a. La trace est un produit scalaire pour Mn𝕂(𝕂)subscriptsuperscript𝑀𝕂𝑛𝕂M^{\mathbb{K}}_{n}({\mathbb{K}}) donc Λ=ΛsuperscriptΛΛ\Lambda^{*}=\Lambda. On note {ξi}subscript𝜉𝑖\left\{\xi_{i}\right\} une base orthonormée de vecteurs propres de ΛΛ\Lambda, λisuperscript𝜆𝑖\lambda^{i}\in{\mathbb{R}} les valeurs propres correspondantes et sisubscript𝑠𝑖s_{i} les projecteurs associés. Les sisubscript𝑠𝑖s_{i} sont des éléments positifs de l’algèbre donc

Tr(Λsi)=λi0.TrΛsubscript𝑠𝑖superscript𝜆𝑖0\text{Tr}(\Lambda s_{i})=\lambda^{i}\geq 0.

De plus

Tr(Λa)=λ1Tr(s1a)+(1λ1)λjTr(sja)1λ1TrΛ𝑎superscript𝜆1Trsubscript𝑠1𝑎1superscript𝜆1superscript𝜆𝑗Trsubscript𝑠𝑗𝑎1superscript𝜆1\text{Tr}(\Lambda a)=\lambda^{1}\text{Tr}(s_{1}a)+(1-\lambda^{1})\frac{\lambda^{j}\text{Tr}(s_{j}a)}{1-\lambda^{1}} (2.5)

j𝑗j va de 222 à n𝑛n. Comme Tr(s1)=1Trsubscript𝑠11\text{Tr}(s_{1})=1 et Tr(s1aa)=Tr((as1)(as1))0Trsubscript𝑠1superscript𝑎𝑎Trsuperscript𝑎subscript𝑠1𝑎subscript𝑠10\text{Tr}(s_{1}a^{*}a)=\text{Tr}((as_{1})^{*}(as_{1}))\geq 0, le premier facteur du terme de droite de (2.5) est un état. De même, parce que les λisuperscript𝜆𝑖\lambda^{i} sont positifs et leur somme vaut 111, le deuxième facteur est aussi un état. En conséquence τ𝜏\tau n’est pur que si ΛΛ\Lambda est de rang 111. On pose Λ=sωΛsubscript𝑠𝜔\Lambda=s_{\omega} et on note ξ𝜉\xi un vecteur propre normé de sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega}. Alors

sωasω=ξ,aξsω=Tr(sωa)sω=ω(a)sω.subscript𝑠𝜔𝑎subscript𝑠𝜔𝜉𝑎𝜉subscript𝑠𝜔Trsubscript𝑠𝜔𝑎subscript𝑠𝜔𝜔𝑎subscript𝑠𝜔s_{\omega}as_{\omega}=\langle\xi,a\xi\rangle s_{\omega}=\text{Tr}(s_{\omega}a)s_{\omega}=\omega(a)s_{\omega}. (2.6)

A tout état pur ω𝜔\omega de Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}) est associé un projecteur de rang 111 sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega}, et tout projecteur de rang 111 définit un état pur. A noter que pour 𝕂=𝕂{\mathbb{K}}={\mathbb{C}} ce résultat est conforme au chapitre 111 (tout état d’une algèbre complexe de dimension finie est normal). Un vecteur propre normé n’est défini qu’à un facteur de module 111 près ( ±1plus-or-minus1\pm 1 dans le cas réel, une phase dans le cas complexe) ce qui prouve que l’espace des états purs n’est autre que l’espace des droites de 𝕂nsuperscript𝕂𝑛{\mathbb{K}}^{n}.

Lemme 2.3.

Pour 𝕂=𝕂{\mathbb{K}}={\mathbb{R}} ou {\mathbb{C}}, 𝒫(Mn𝕂(𝕂))=𝕂Pn1.𝒫superscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂𝕂superscript𝑃𝑛1\;{\cal P}(M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}))={\mathbb{K}}P^{n-1}.


Dans le cas réel Pnsuperscript𝑃𝑛{\mathbb{R}}P^{n} n’est autre que la sphère Snsuperscript𝑆𝑛S^{n} où les points antipodaux sont identifiés. En basse dimension on trouve? que 𝒫(M2())=P1𝒫subscript𝑀2superscript𝑃1{\cal P}(M_{2}({\mathbb{R}}))={\mathbb{R}}P^{1} est difféomorphe au cercle S1superscript𝑆1S^{1}. Dans le cas complexe Pnsuperscript𝑃𝑛{\mathbb{C}}P^{n} peut-être vu comme un quotient de la sphère S2n+1superscript𝑆2𝑛1S^{2n+1} dans la mesure où tout élément de Pnsuperscript𝑃𝑛{\mathbb{C}}P^{n} rencontre S2n+1superscript𝑆2𝑛1S^{2n+1} en un cercle S1superscript𝑆1S^{1}. En basse dimension il apparait que P(M2())=P1𝑃superscriptsubscript𝑀2superscript𝑃1P(M_{2}^{\mathbb{C}}({\mathbb{C}}))={\mathbb{C}}P^{1} est difféomorphe à S2superscript𝑆2S^{2}.

Pour le cas quaternionique les arguments ci-dessus ne sont pas valides pour plusieurs raisons. D’une part la notion d’état quaternionique n’a pas été clairement identifiée. Si on s’en tient à la remarque de la fin de la section I.I.4, un état sur Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{H}}({\mathbb{H}}) est une forme {\mathbb{H}}-linéaire bornée τ𝜏\tau de norme τ(𝕀)=1𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1. Rien ne garantit qu’une telle forme soit involutive. D’autre part même si on impose l’involutivité, la non commutativité de {\mathbb{H}} empêche d’écrire l’équation (2.4). Cependant on peut voir qu’un vecteur quaternionique définit bien un état. Dans le détail, considérons l’espace vectoriel (à droite) quaternionique nsuperscript𝑛{\mathbb{H}}^{n} muni du produit scalaire à valeur dans {\mathbb{H}}

ξ,ζi=1nξ¯iζi=ζ,ξ¯approaches-limit𝜉𝜁superscriptsubscript𝑖1𝑛subscript¯𝜉𝑖subscript𝜁𝑖¯𝜁𝜉\langle\xi,\zeta\rangle\doteq\sum_{i=1}^{n}\bar{\xi}_{i}\zeta_{i}=\overline{\langle\zeta,\xi\rangle}

ou ξi,ζisubscript𝜉𝑖subscript𝜁𝑖\xi_{i},\zeta_{i}\in{\mathbb{H}} sont les composantes des vecteurs ξ𝜉\xi et ζ𝜁\zeta. Ce produit scalaire définit une norme à valeur réelle

ξ2=ξ,ξsuperscriptdelimited-∥∥𝜉2𝜉𝜉\left\lVert\xi\right\rVert^{2}=\langle\xi,\xi\rangle

et vérifie l’inégalité de Cauchy-Schwarz?, de sorte que pour aMn()𝑎superscriptsubscript𝑀𝑛a\in M_{n}^{\mathbb{H}}({\mathbb{H}})

|ξ,aξ|2=ξ,aξ¯ξ,aξ=aξ,ξξ,aξaξ,aξξ,ξ=aξ2ξ2.superscript𝜉𝑎𝜉2¯𝜉𝑎𝜉𝜉𝑎𝜉𝑎𝜉𝜉𝜉𝑎𝜉𝑎𝜉𝑎𝜉𝜉𝜉superscriptdelimited-∥∥𝑎𝜉2superscriptdelimited-∥∥𝜉2\lvert\langle\xi,a\xi\rangle\rvert^{2}=\overline{\langle\xi,a\xi\rangle}\langle\xi,a\xi\rangle=\langle a\xi,\xi\rangle\langle\xi,a\xi\rangle\leq\langle a\xi,a\xi\rangle\langle\xi,\xi\rangle=\left\lVert a\xi\right\rVert^{2}\left\lVert\xi\right\rVert^{2}.

Ainsi pour un vecteur normalisé ξ𝜉\xi l’application

τ:aξ,aξ:𝜏maps-to𝑎𝜉𝑎𝜉\tau:\;a\mapsto\langle\xi,a\xi\rangle

est de norme

τ=supa=1τ(a)=supa=1|ξ,aξ|supa=1aξsupa=1a1,delimited-∥∥𝜏delimited-∥∥𝑎1supremumdelimited-∥∥𝜏𝑎delimited-∥∥𝑎1supremum𝜉𝑎𝜉delimited-∥∥𝑎1supremumdelimited-∥∥𝑎𝜉delimited-∥∥𝑎1supremumdelimited-∥∥𝑎1\left\lVert\tau\right\rVert=\underset{\left\lVert a\right\rVert=1}{\sup}\left\lVert\tau(a)\right\rVert=\underset{\left\lVert a\right\rVert=1}{\sup}\lvert\langle\xi,a\xi\rangle\rvert\leq\underset{\left\lVert a\right\rVert=1}{\sup}\left\lVert a\xi\right\rVert\leq\underset{\left\lVert a\right\rVert=1}{\sup}\left\lVert a\right\rVert\leq 1,

cette borne supérieure étant atteinte pour a=𝕀n𝑎subscript𝕀𝑛a={\mathbb{I}}_{n}. Par conséquent τ𝜏\tau est un état quaternionique au sens de la section I.I.4. En désignant par Snsubscriptsuperscript𝑆𝑛S^{n}_{\mathbb{H}} la sphère quaternionique de dimension n𝑛n, on a

𝒮(Mn()Sn.{\cal S}(M_{n}^{\mathbb{H}}({\mathbb{H}})\subset S_{\mathbb{H}}^{n}.

Contrairement aux cas réel et complexe, deux vecteurs normés ξ𝜉\xi et ξq𝜉𝑞\xi q avec |q|=1𝑞1\lvert q\rvert=1 ne définissent pas le même état car ξq,aξq=q¯ξ,aξqξ,aξ𝜉𝑞𝑎𝜉𝑞¯𝑞𝜉𝑎𝜉𝑞𝜉𝑎𝜉\langle\xi q,a\xi q\rangle=\bar{q}\langle\xi,a\xi\rangle q\neq\langle\xi,a\xi\rangle. En particulier l’algèbre M2()superscriptsubscript𝑀2M_{2}^{\mathbb{H}}({\mathbb{H}}) ne permet pas de munir P1S4similar-tosuperscript𝑃1superscript𝑆4{\mathbb{H}}P^{1}\sim S^{4} d’une métrique.

Prendre 𝕂𝕂𝕂superscript𝕂{\mathbb{K}}\neq{\mathbb{K}}^{\prime} recouvre deux exemples, Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{C}}) et Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{H}}). Comme ce dernier n’apparait dans aucun modèle physique, nous ne l’étudierons pas. L’algèbre réelle Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{C}}) est de dimension 2n22superscript𝑛22n^{2}. Tout élément a=aklmkl𝑎superscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑚𝑘𝑙a=a^{kl}m_{kl} -{mkl}subscript𝑚𝑘𝑙\left\{m_{kl}\right\} est la base canonique de M2()subscript𝑀2M_{2}({\mathbb{C}})- s’écrit sous forme d’une matrice réelle pour peu qu’on voit chaque nombre complexe aklsuperscript𝑎𝑘𝑙a^{kl} sous la forme

akl=(Re(akl)Im(akl)Im(akl)Re(akl)).superscript𝑎𝑘𝑙Resuperscript𝑎𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑘𝑙Resuperscript𝑎𝑘𝑙a^{kl}=\left(\begin{array}[]{cc}\text{Re}(a^{kl})&\text{Im}(a^{kl})\\ -\text{Im}(a^{kl})&\text{Re}(a^{kl})\end{array}\right).

On note

rkl𝕀2mkl et ikl(0110)mkl.approaches-limitsubscript𝑟𝑘𝑙tensor-productsubscript𝕀2subscript𝑚𝑘𝑙 et subscript𝑖𝑘𝑙approaches-limittensor-product0110subscript𝑚𝑘𝑙r_{kl}\doteq{\mathbb{I}}_{2}\otimes m_{kl}\,\text{ et }\,i_{kl}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ -1&0\end{array}\right)\otimes m_{kl}.

L’ensemble {rkl,ikl}subscript𝑟𝑘𝑙subscript𝑖𝑘𝑙\left\{r_{kl},i_{kl}\right\} est une base de l’algèbre Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{C}}) et tout élément a𝑎a s’écrit

a=Re(akl)rkl+Im(akl)ikl.𝑎Resuperscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑟𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑖𝑘𝑙a=\text{Re}(a^{kl})r_{kl}+\text{Im}(a^{kl})i_{kl}.

Une forme {\mathbb{R}}-linéaire τ𝜏\tau à valeur dans {\mathbb{R}} se décompose sur la base {τijR,τijI}subscriptsuperscript𝜏𝑅𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜏𝐼𝑖𝑗\left\{\tau^{R}_{ij},\tau^{I}_{ij}\right\} définie par

τijR(rkl)=δilδjk,subscriptsuperscript𝜏𝑅𝑖𝑗subscript𝑟𝑘𝑙subscript𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘\displaystyle\tau^{R}_{ij}(r_{kl})=\delta_{il}\delta_{jk}, τijR(ikl)=0,subscriptsuperscript𝜏𝑅𝑖𝑗subscript𝑖𝑘𝑙0\displaystyle\tau^{R}_{ij}(i_{kl})=0,
τijI(rkl)=0,subscriptsuperscript𝜏𝐼𝑖𝑗subscript𝑟𝑘𝑙0\displaystyle\tau^{I}_{ij}(r_{kl})=0, τijI(ikl)=δilδjksubscriptsuperscript𝜏𝐼𝑖𝑗subscript𝑖𝑘𝑙subscript𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘\displaystyle\tau^{I}_{ij}(i_{kl})=\delta_{il}\delta_{jk}

de sorte que

τ(a)𝜏𝑎\displaystyle\tau(a) =\displaystyle= (γijτijR+λijτijI)(Re(akl)rkl+Im(akl)ikl),superscript𝛾𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜏𝑅𝑖𝑗superscript𝜆𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜏𝐼𝑖𝑗Resuperscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑟𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑘𝑙subscript𝑖𝑘𝑙\displaystyle\left(\gamma^{ij}\tau^{R}_{ij}+\lambda^{ij}\tau^{I}_{ij}\right)\left(\text{Re}(a^{kl})r_{kl}+\text{Im}(a^{kl})i_{kl}\right),
=\displaystyle= γijRe(akl)δilδjk+λijIm(akl)δilδjk,superscript𝛾𝑖𝑗Resuperscript𝑎𝑘𝑙𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘superscript𝜆𝑖𝑗Imsuperscript𝑎𝑘𝑙subscript𝛿𝑖𝑙subscript𝛿𝑗𝑘\displaystyle\gamma^{ij}\text{Re}(a^{kl})\delta{il}\delta_{jk}+\lambda^{ij}\text{Im}(a^{kl})\delta_{il}\delta_{jk},
=\displaystyle= Tr(ΓaR)+Tr(ΛaI)TrΓsubscript𝑎𝑅TrΛsubscript𝑎𝐼\displaystyle\text{Tr}(\Gamma a_{R})+\text{Tr}(\Lambda a_{I})

ΓΓ\Gamma et ΛΛ\Lambda sont les matrices réelles n×n𝑛𝑛n\times n de composantes γijsuperscript𝛾𝑖𝑗\gamma^{ij}, λijsuperscript𝜆𝑖𝑗\lambda^{ij} respectivement et aRsubscript𝑎𝑅a_{R}, aIsubscript𝑎𝐼a_{I} les matrices de composantes Re(akl)Resubscript𝑎𝑘𝑙\text{Re}(a_{kl}), Im(akl)Imsubscript𝑎𝑘𝑙\text{Im}(a_{kl}). Noter que rkl=rlksuperscriptsubscript𝑟𝑘𝑙subscript𝑟𝑙𝑘r_{kl}^{*}=r_{lk} tandis que ikl=ilksuperscriptsubscript𝑖𝑘𝑙subscript𝑖𝑙𝑘i_{kl}^{*}=-i_{lk} d’où

a=Re(alk)rklIm(alk)ikl.superscript𝑎Resuperscript𝑎𝑙𝑘subscript𝑟𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑙𝑘subscript𝑖𝑘𝑙a^{*}=\text{Re}(a^{lk})r_{kl}-\text{Im}(a^{lk})i_{kl}.

Si τ𝜏\tau est un état réel alors τ(a)=τ(a)𝜏superscript𝑎𝜏𝑎\tau(a^{*})=\tau(a), c’est à dire

Tr(ΓaR)Tr(ΛaI)=Tr(ΓaR)+Tr(ΛaI)TrΓsuperscriptsubscript𝑎𝑅TrΛsuperscriptsubscript𝑎𝐼TrΓsubscript𝑎𝑅TrΛsubscript𝑎𝐼\text{Tr}(\Gamma a_{R}^{*})-\text{Tr}(\Lambda a_{I}^{*})=\text{Tr}(\Gamma a_{R})+\text{Tr}(\Lambda a_{I})

pour toute matrice aIsuperscript𝑎𝐼a^{I} et aRsuperscript𝑎𝑅a^{R}. Comme les parties imaginaires et réelles des aklsuperscript𝑎𝑘𝑙a^{kl} sont indépendantes, on peut prendre aI=0subscript𝑎𝐼0a_{I}=0 et aRsubscript𝑎𝑅a_{R} quelconque. Il vient Tr((ΓΓ)aR)=0TrsuperscriptΓΓsubscript𝑎𝑅0\text{Tr}((\Gamma^{*}-\Gamma)a_{R})=0 d’où

Γ=Γ.superscriptΓΓ\Gamma^{*}=\Gamma.

De manière analogue

Λ=Λ.superscriptΛΛ\Lambda^{*}=-\Lambda.

On note γisuperscript𝛾𝑖\gamma^{i}\in{\mathbb{R}} les valeurs propres de ΓΓ\Gamma, sisubscript𝑠𝑖s_{i} les projecteurs associés, λisuperscript𝜆𝑖\lambda^{i}\in{\mathbb{R}} les valeurs propres de iΛ𝑖Λi\Lambda et tisubscript𝑡𝑖t_{i} les projecteurs correspondants, c’est à dire

Tr(Γsi)=γi et Tr(iΛti)=λi.TrΓsubscript𝑠𝑖superscript𝛾𝑖 et Tr𝑖Λsubscript𝑡𝑖superscript𝜆𝑖\text{Tr}(\Gamma s_{i})=\gamma^{i}\;\text{ et }\;\text{Tr}(i\Lambda t_{i})=\lambda^{i}. (2.7)

Quand a=𝕀n𝑎subscript𝕀𝑛a={\mathbb{I}}_{n}, aI=0subscript𝑎𝐼0a_{I}=0 et aRsubscript𝑎𝑅a_{R} est l’identité des matrices n×n𝑛𝑛n\times n. Requérir τ(𝕀)=1𝜏𝕀1\tau({\mathbb{I}})=1 revient à imposer

Tr(Γ)=1.TrΓ1\text{Tr}(\Gamma)=1. (2.8)

Pour écrire la condition de positivité, notons d’abord la table de multiplication

rklrkl=δlkrkl,subscript𝑟𝑘𝑙subscript𝑟superscript𝑘superscript𝑙subscript𝛿𝑙superscript𝑘subscript𝑟𝑘superscript𝑙\displaystyle r_{kl}r_{k^{\prime}l^{\prime}}=\delta_{lk^{\prime}}r_{kl^{\prime}}, rklikl=δlkikl,subscript𝑟𝑘𝑙subscript𝑖superscript𝑘superscript𝑙subscript𝛿𝑙superscript𝑘subscript𝑖𝑘superscript𝑙\displaystyle r_{kl}i_{k^{\prime}l^{\prime}}=\delta_{lk^{\prime}}i_{kl^{\prime}},
iklrkl=δlkikl,subscript𝑖𝑘𝑙subscript𝑟superscript𝑘superscript𝑙subscript𝛿𝑙superscript𝑘subscript𝑖𝑘superscript𝑙\displaystyle i_{kl}r_{k^{\prime}l^{\prime}}=\delta_{lk^{\prime}}i_{kl^{\prime}}, iklikl=δlkrklsubscript𝑖𝑘𝑙subscript𝑖superscript𝑘superscript𝑙subscript𝛿𝑙superscript𝑘subscript𝑟𝑘superscript𝑙\displaystyle i_{kl}i_{k^{\prime}l^{\prime}}=-\delta_{lk^{\prime}}r_{kl^{\prime}}

permettant d’obtenir

aasuperscript𝑎𝑎\displaystyle a^{*}a =\displaystyle= (Re(alk)rklIm(alk)ikl)(Re(akl)rkl+Im(akl)ikl),Resuperscript𝑎𝑙𝑘subscript𝑟𝑘𝑙Imsuperscript𝑎𝑙𝑘subscript𝑖𝑘𝑙Resuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑟superscript𝑘superscript𝑙Imsuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑖superscript𝑘superscript𝑙\displaystyle\left(\text{Re}(a^{lk})r_{kl}-\text{Im}(a^{lk})i_{kl}\right)\left(\text{Re}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})r_{k^{\prime}l^{\prime}}+\text{Im}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})i_{k^{\prime}l^{\prime}}\right),
=\displaystyle= Re(akk)Re(akl)rkl+Re(akk)Im(akl)iklIm(akk)Re(akl)ikl+Im(akk)Im(akl)rkl,Resuperscript𝑎superscript𝑘𝑘Resuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑟𝑘superscript𝑙Resuperscript𝑎superscript𝑘𝑘Imsuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑖𝑘superscript𝑙Imsuperscript𝑎superscript𝑘𝑘Resuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑖𝑘superscript𝑙Imsuperscript𝑎superscript𝑘𝑘Imsuperscript𝑎superscript𝑘superscript𝑙subscript𝑟𝑘superscript𝑙\displaystyle\text{Re}(a^{k^{\prime}k})\text{Re}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})r_{kl^{\prime}}+\text{Re}(a^{k^{\prime}k})\text{Im}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})i_{kl^{\prime}}-\text{Im}(a^{k^{\prime}k})\text{Re}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})i_{kl^{\prime}}+\text{Im}(a^{k^{\prime}k})\text{Im}(a^{k^{\prime}l^{\prime}})r_{kl^{\prime}},
=\displaystyle= (aRaR+aIaI)klrkl+(aRaIaIaR)klikl,subscriptsuperscriptsubscript𝑎𝑅subscript𝑎𝑅superscriptsubscript𝑎𝐼subscript𝑎𝐼𝑘superscript𝑙subscript𝑟𝑘superscript𝑙subscriptsuperscriptsubscript𝑎𝑅subscript𝑎𝐼superscriptsubscript𝑎𝐼subscript𝑎𝑅𝑘superscript𝑙subscript𝑖𝑘superscript𝑙\displaystyle(a_{R}^{*}a_{R}+a_{I}^{*}a_{I})_{kl^{\prime}}r_{kl^{\prime}}+(a_{R}^{*}a_{I}-a_{I}^{*}a_{R})_{kl^{\prime}}i_{kl^{\prime}},

d’où

τ(aa)=Tr(Γ(aRaR+aIaI)+Λ(aRaIaIaR)).𝜏superscript𝑎𝑎TrΓsuperscriptsubscript𝑎𝑅subscript𝑎𝑅superscriptsubscript𝑎𝐼subscript𝑎𝐼Λsuperscriptsubscript𝑎𝑅subscript𝑎𝐼superscriptsubscript𝑎𝐼subscript𝑎𝑅\tau(a^{*}a)=\text{Tr}(\Gamma(a_{R}^{*}a_{R}+a_{I}^{*}a_{I})+\Lambda(a_{R}^{*}a_{I}-a_{I}^{*}a_{R})).

Cette expression doit être réelle positive pour tout a𝑎a. En particulier lorsque aI=0subscript𝑎𝐼0a_{I}=0 et aR=sisubscript𝑎𝑅subscript𝑠𝑖a_{R}=s_{i} on a avec (2.7 γi0superscript𝛾𝑖0\gamma^{i}\geq 0, ce qui prouve que ΓΓ\Gamma est une matrice positive. Lorsque aRsubscript𝑎𝑅a_{R} est l’identité et aI=tisubscript𝑎𝐼subscript𝑡𝑖a_{I}=t_{i}, on a avec (2.8) 1iλi+1𝑖superscript𝜆𝑖superscriptabsent1-i\lambda^{i}\in{\mathbb{R}}^{*+}, ce qui n’est pas possible sauf si λi=0superscript𝜆𝑖0\lambda^{i}=0.

En conséquence un état τ𝜏\tau de Mn()superscriptsubscript𝑀𝑛M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{C}}) définit, et est défini par, une matrice n×n𝑛𝑛n\times n réelle symétrique ΓΓ\Gamma telle que

τ(a)=Tr(ΓaR)=γ1Tr(s1aR)+(1γ1)γjTr(sjaR)1γ1𝜏𝑎TrΓsubscript𝑎𝑅superscript𝛾1Trsubscript𝑠1subscript𝑎𝑅1superscript𝛾1superscript𝛾𝑗Trsubscript𝑠𝑗subscript𝑎𝑅1superscript𝛾1\tau(a)=\text{Tr}(\Gamma a_{R})=\gamma^{1}\text{Tr}(s_{1}a_{R})+(1-\gamma^{1})\frac{\gamma^{j}\text{Tr}(s_{j}a_{R})}{1-\gamma^{1}}

j𝑗j varie de 222 à n𝑛n. De même que dans (2.5), chacun des deux facteurs du terme de droite est un état si bien que τ𝜏\tau est pur si et seulement si ΓΓ\Gamma est de rang un. Deux vecteurs réels normés et égaux à un signe près définissent le même état pur d’où

𝒫(Mn())=Pn1.𝒫superscriptsubscript𝑀𝑛superscript𝑃𝑛1{\cal P}(M_{n}^{\mathbb{R}}({\mathbb{C}}))={\mathbb{R}}P^{n-1}.

Pour clore cette étude des états des algèbres de dimension finie, précisons que les projecteurs mis en évidence pour les algèbres réelles et quaternioniques ne sont a priori pas des supports au sens donné dans le chapitre 111 puisque dans toutes les références citées la notion de Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre est définie pour des algèbres complexes. Par exemple le projecteur 𝕀subscript𝕀{\mathbb{I}}_{\mathbb{H}} associé à l’état réel de {\mathbb{H}} n’est pas de rang 111 et il existe deux vecteurs ξ𝜉\xi (ceux de la base canonique de 2superscript2{\mathbb{C}}^{2}) permettant d’écrire ω(q)=ξ,qξ.𝜔𝑞𝜉𝑞𝜉\omega(q)=\langle\xi,q\xi\rangle.

II Espace à 1 point

II.1 Définition et propriétés générales

Les espaces finis apparaissent comme des espaces de N𝑁N points (N𝑁N désigne dans (2.1) le nombre de composantes de 𝒜𝒜{\cal A}) muni chacun d’une fibre identique à 𝒫(𝒜k)𝒫subscript𝒜𝑘{\cal P}({\cal A}_{k}). Lorsque N=1𝑁1N=1 on parle d’espace à un point. Les cas 𝒜=𝕂𝒜𝕂{\cal A}={\mathbb{K}} sont sans intéret. L’exemple le plus simple est Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛𝕂𝕂M_{n}^{\mathbb{K}}({\mathbb{K}}) représenté de manière irréductible sur 𝕂nsuperscript𝕂𝑛{\mathbb{K}}^{n}. L’opérateur D𝐷D est alors élément de l’algèbre. Pour utiliser les propriétés des Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbres, on prend 𝕂=𝕂{\mathbb{K}}={\mathbb{C}} de sorte que tous les états sont normaux. Dans toute la section 𝒜=Mn()𝒜superscriptsubscript𝑀𝑛{\cal A}=M_{n}^{\mathbb{C}}({\mathbb{C}}), =nsuperscript𝑛{\cal H}={\mathbb{C}}^{n} et D𝐷D est un élément autoadjoint de 𝒜𝒜{\cal A}. Les états et leur support sont indicés par les vecteurs de Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1}:

ωξ(a)=Tr(sξa)=ξ,aξ.subscript𝜔𝜉𝑎Trsubscript𝑠𝜉𝑎𝜉𝑎𝜉\omega_{\xi}(a)=\text{Tr}(s_{\xi}a)=\langle\xi,a\xi\rangle. (2.9)

Le fait que D𝐷D soit dans 𝒜𝒜{\cal A} permet d’isoler facilement des points pathologiques. Si ψ𝜓\psi est un vecteur propre de D𝐷D, ωψsubscript𝜔𝜓\omega_{\psi} est appelé état propre. Son support sψsubscript𝑠𝜓s_{\psi} commute avec D𝐷D. Par le corollaire 1.25 on obtient immédiatement que de tels états sont isolés.

Corollaire 2.4.

Tous les états propres de D𝐷D sont à une distance infinie des autres états purs.


A noter que si p𝑝p est un projecteur propre de D𝐷D de rang supérieur à 111, tous les états purs de support sp𝑠𝑝s\leq p sont également des points isolés.

Pour exploiter l’identité entre 𝒫(𝒜)𝒫𝒜{\cal P}({\cal A}) et Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1}, il convient d’associer à tout état pur un n𝑛n-uplet normé de nombres complexes. Pour n=2𝑛2n=2 ceci permet d’écrire la distance non commutative comme une métrique sur la sphère S2superscript𝑆2S^{2}. Le choix de la base de {\cal H} dans laquelle on écrit la représentation de l’algèbre fixe la correspondance entre Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1} et l’ensemble des n𝑛n-uplets normés de complexes: si à l’opérateur a𝑎a est associé la matrice a^^𝑎\hat{a}, au vecteur ξ𝜉\xi est associé (modulo un facteur de phase) le n-uplet ξ^^𝜉\hat{\xi} de manière à ce que ξ^,a^ξ^=ωξ(a).^𝜉^𝑎^𝜉subscript𝜔𝜉𝑎\langle\hat{\xi},\hat{a}\hat{\xi}\rangle=\omega_{\xi}(a). On dit que le choix de la base de la représentation induit une orientation de l’espace des états purs et, de même qu’on identifie l’opérateur à sa matrice, on identifie le vecteur au n-uplet de ses composantes. Ce point n’est pas aussi transparent qu’il parait puisque, pour le calcul des distances, on peut changer de base dans {\cal H} (vu comme espace de représentation de 𝒜𝒜{\cal A}) sans changer de base dans {\cal H} (vu comme espace où vivent les représentants des classes d’équivalence de Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1}) sous réserve que ce changement de base commute avec l’opérateur de Dirac. En effet supposons qu’à l’opérateur a𝑎a soit associé dans une nouvelle base la matrice uau𝑢𝑎superscript𝑢uau^{*} tandis qu’à ξ𝜉\xi est toujours associé le n-uplet ξ^^𝜉\hat{\xi}. Alors, pour peu que le changement de base u𝑢u commute avec D𝐷D et bien que

ξ,uauξ=uξ,auξ=αu(ωξ)(a)ωξ(a),𝜉𝑢𝑎superscript𝑢𝜉superscript𝑢𝜉𝑎superscript𝑢𝜉subscript𝛼𝑢subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝜉𝑎\langle\xi,uau^{*}\xi\rangle=\langle u^{*}\xi,au^{*}\xi\rangle=\alpha_{u}(\omega_{\xi})(a)\neq\omega_{\xi}(a),

le calcul de la distance entre deux états purs quelconques ne sera pas modifié en vertu de la proposition 1.29. Les orientations les plus naturelles sont celles induites par les bases orthonormées de vecteurs propres de D𝐷D. Elles se déduisent toutes les unes des autres par un unitaire qui commute avec D𝐷D, de sorte qu’elles sont toutes équivalentes pour les distances et on peut sans ambiguité évoquer l’orientation induite par la diagonalisation de D𝐷D, ou simplement l’orientation induite par D𝐷D.

Dans l’orientation induite par D𝐷D, on note ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} les composantes du vecteur ξ𝜉\xi et sij=ξiξj¯subscript𝑠𝑖𝑗subscript𝜉𝑖¯subscript𝜉𝑗s_{ij}=\xi_{i}\bar{\xi_{j}} celles du support sξsubscript𝑠𝜉s_{\xi}. Les support des états propres, les supports propres, sont simplement les éléments eiisubscript𝑒𝑖𝑖e_{ii} de la base canonique de 𝒜𝒜{\cal A}. Par le lemme 1.23 si deux états purs ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}, ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} ne coincident pas sur l’ensemble des supports propres alors ils sont à une distance infinie. En composantes, ωξ(eii)=Tr(sξeii)=|ξi|2,subscript𝜔𝜉subscript𝑒𝑖𝑖Trsubscript𝑠𝜉subscript𝑒𝑖𝑖superscriptsubscript𝜉𝑖2\omega_{\xi}(e_{ii})=\text{Tr}(s_{\xi}e_{ii})=\lvert\xi_{i}\rvert^{2}, ce qui permet de caractériser facilement des couples d’états à distance infinie.

Corollaire 2.5.

Si |ξi||ζi|subscript𝜉𝑖subscript𝜁𝑖\lvert\xi_{i}\rvert\neq\lvert\zeta_{i}\rvert pour au moins une valeur de i𝑖i alors d(ωξ,ωζ)=+𝑑subscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})=+\infty.

II.2 L’exemple de M2()subscript𝑀2M_{2}({\mathbb{C}})

Pour n=2𝑛2n=2, l’espace des états purs P1superscript𝑃1\mathbb{C}P^{1} est isomorphe à la sphère S2superscript𝑆2S^{2}. Un isomorphisme explicite est donné par la projection de Hopf qui à tout vecteur complexe ξ𝜉\xi de dimension deux normé à une phase près associe le point pξsubscript𝑝𝜉p_{\xi} de S2superscript𝑆2S^{2} - vue comme une surface dans 3superscript3{\mathbb{R}}^{3} - de coordonnées cartésiennes

xξ2Re(ξ1ξ¯2),yξ2Im(ξ1ξ¯2) et zξ|ξ1|2|ξ2|2.formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑥𝜉2Resubscript𝜉1subscript¯𝜉2approaches-limitsubscript𝑦𝜉2Imsubscript𝜉1subscript¯𝜉2 et subscript𝑧𝜉approaches-limitsuperscriptsubscript𝜉12superscriptsubscript𝜉22x_{\xi}\doteq 2\text{Re}(\xi_{1}\bar{\xi}_{2}),\quad y_{\xi}\doteq 2\text{Im}(\xi_{1}\bar{\xi}_{2})\,\text{ et }\,z_{\xi}\doteq|\xi_{1}|^{2}-|\xi_{2}|^{2}. (2.10)

On dira que deux états ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi}, ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta} sont de même altitude quand zξ=zζsubscript𝑧𝜉subscript𝑧𝜁z_{\xi}=z_{\zeta}. L’altitude est une caractéristique intrinsèque d’un état dans l’orientation induite par D𝐷D. En effet si ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} sont les composantes de ξ𝜉\xi dans une base propre {ψj}subscript𝜓𝑗\left\{\psi_{j}\right\} et u𝑢u un unitaire, puisque

ωξ(a)=ξ,aξ=uξ,uauuξ,subscript𝜔𝜉𝑎𝜉𝑎𝜉𝑢𝜉𝑢𝑎superscript𝑢𝑢𝜉\omega_{\xi}(a)=\langle\xi,a\xi\rangle=\langle u\xi,uau^{*}\,u\xi\rangle,

les composantes de ξ𝜉\xi dans l’orientation induite par la base {uψj}𝑢subscript𝜓𝑗\left\{u\psi_{j}\right\} sont ξiuijξjapproaches-limitsubscriptsuperscript𝜉𝑖subscript𝑢𝑖𝑗subscript𝜉𝑗{\xi^{\prime}}_{i}\doteq u_{ij}\xi_{j}. On suppose que les deux valeurs propres D1subscript𝐷1D_{1}, D2subscript𝐷2D_{2} de l’opérateur de Dirac sont distinctes (sinon D𝐷D est proportionnel à l’identité et les distances sont toutes infinies) et que u𝑢u commute avec la forme diagonale de D𝐷D,

u=(eiθ100eiθ2)𝑢superscript𝑒𝑖subscript𝜃100superscript𝑒𝑖subscript𝜃2u=\left(\begin{array}[]{cc}e^{i\theta_{1}}&0\\ 0&e^{i\theta_{2}}\end{array}\right) (2.11)

θ1,θ2[0,2π]subscript𝜃1subscript𝜃2delimited-[]0.2𝜋\theta_{1},\theta_{2}\in[0,2\pi]. Alors ξ1=eiθ1ξ1subscriptsuperscript𝜉1superscript𝑒𝑖subscript𝜃1subscript𝜉1{\xi^{\prime}}_{1}=e^{i\theta_{1}}\xi_{1}, ξ2=eiθ2ξ2subscriptsuperscript𝜉2superscript𝑒𝑖subscript𝜃2subscript𝜉2{\xi^{\prime}}_{2}=e^{i\theta_{2}}\xi_{2} et l’altitude de ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} dans l’orientation induite par {uψj}𝑢subscript𝜓𝑗\left\{u\psi_{j}\right\} est zξ=|ξ1|2|ξ2|2=zξsubscript𝑧superscript𝜉superscriptsubscriptsuperscript𝜉12superscriptsubscriptsuperscript𝜉22subscript𝑧𝜉z_{\xi^{\prime}}=\lvert\xi^{\prime}_{1}\rvert^{2}-\lvert\xi^{\prime}_{2}\rvert^{2}=z_{\xi}. Ainsi on peut légitimement espérer que l’altitude soit une donnée pertinente pour caractériser les propriétés métriques des états purs. C’est effectivement le cas.

Proposition 2.6.

Deux points de la sphère S2superscript𝑆2S^{2} d’altitude différente sont à une distance infinie. En particuliers les pôles sont des points isolés.


Preuve. Les deux états propres de D𝐷D correspondent aux vecteurs

(10) et (01)10 et 01\left(\begin{array}[]{c}1\\ 0\end{array}\right)\,\text{ et }\,\left(\begin{array}[]{c}0\\ 1\end{array}\right)

qui par (2.10) sont envoyés sur les pôles de la sphère (points de coordonnées (0,0,1)0.0.1(0,0,1) et (0,0,1)0.01(0,0,-1)). Par le corollaire 2.4, ces points sont à distance infinie de tous les autres. Si maintenant deux points (xξ,yξ,zξ)subscript𝑥𝜉subscript𝑦𝜉subscript𝑧𝜉(x_{\xi},y_{\xi},z_{\xi}) et (xζ,yζ,zζ)subscript𝑥𝜁subscript𝑦𝜁subscript𝑧𝜁(x_{\zeta},y_{\zeta},z_{\zeta}) ne sont pas de même altitude, par définition de z𝑧z on a nécessairement |ξ1||ζ1|subscript𝜉1subscript𝜁1\lvert\xi_{1}\rvert\neq\lvert\zeta_{1}\rvert ou/et |ξ2||ζ2|subscript𝜉2subscript𝜁2\lvert\xi_{2}\rvert\neq\lvert\zeta_{2}\rvert. Le résultat est alors immédiat par le corollaire 2.5. \blacksquare

Le vecteur représentant αu(ωξ)subscript𝛼𝑢subscript𝜔𝜉\alpha_{u}(\omega_{\xi}) est ξ~uξapproaches-limit~𝜉superscript𝑢𝜉\tilde{\xi}\doteq u^{*}\xi de composantes ξ~i=eiθiξisubscript~𝜉𝑖superscript𝑒𝑖subscript𝜃𝑖subscript𝜉𝑖\tilde{\xi}_{i}=e^{-i\theta_{i}}\xi_{i}. Le point de S2superscript𝑆2S^{2} associé pξ~subscript𝑝~𝜉p_{\tilde{\xi}} a pour coordonnées

(xξ~yξ~zξ~)=(cosθsinθ0sinθcosθ0001)(xξyξzξ)subscript𝑥~𝜉subscript𝑦~𝜉subscript𝑧~𝜉𝜃𝜃0𝜃𝜃0001subscript𝑥𝜉subscript𝑦𝜉subscript𝑧𝜉\left(\begin{array}[]{c}x_{\tilde{\xi}}\\ y_{\tilde{\xi}}\\ z_{\tilde{\xi}}\end{array}\right)=\left(\begin{array}[]{ccc}\cos\theta&-\sin\theta&0\\ \sin\theta&\cos\theta&0\\ 0&0&1\end{array}\right)\left(\begin{array}[]{c}x_{\xi}\\ y_{\xi}\\ z_{\xi}\end{array}\right) (2.12)

θθ1θ2approaches-limit𝜃subscript𝜃1subscript𝜃2\theta\doteq\theta_{1}-\theta_{2}. Autrement dit pour deux points quelconques pξsubscript𝑝𝜉p_{\xi}, pζsubscript𝑝𝜁p_{\zeta} de S2superscript𝑆2S^{2} et leur image pξ~subscript𝑝~𝜉p_{\tilde{\xi}}, pζ~subscript𝑝~𝜁p_{\tilde{\zeta}} par la rotation (2.12), la proposition 1.29 assure que

d(pξ,pζ)=d(pξ~,pζ~).𝑑subscript𝑝𝜉subscript𝑝𝜁𝑑subscript𝑝~𝜉subscript𝑝~𝜁d(p_{\xi},p_{\zeta})=d(p_{\tilde{\xi}},p_{\tilde{\zeta}}).

La géométrie (M2(),2,D)subscript𝑀2superscript2𝐷(M_{2}({\mathbb{C}}),{\mathbb{C}}^{2},D) munie la sphère S2superscript𝑆2S^{2} d’une métrique invariante par rotation d’axe z𝑧z, cet axe étant déterminé de manière non ambigüe par la diagonalisation de l’opérateur de Dirac. Les symétries mises en place dans le chapitre précédent ne suffisent pas à déterminer complètement cette métrique, il faut entreprendre des calculs explicites qui ici ne sont pas difficiles.

Proposition 2.6’.La distance entre deux états purs ωξ,ωζsubscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁\omega_{\xi},\omega_{\zeta} est finie si et seulement si ils sont de même altitude. Alors la distance non commutative est la distance euclidienne sur le cercle à un facteur multiplicatif près

d(pξ,pζ)=2|D1D2|(xξxζ)2+(yξyζ)2.𝑑subscript𝑝𝜉subscript𝑝𝜁2subscript𝐷1subscript𝐷2superscriptsubscript𝑥𝜉subscript𝑥𝜁2superscriptsubscript𝑦𝜉subscript𝑦𝜁2d(p_{\xi},p_{\zeta})={\frac{2}{|D_{1}-D_{2}|}}\sqrt{(x_{\xi}-x_{\zeta})^{2}+(y_{\xi}-y_{\zeta})^{2}}.

Le résultat est exprimé de manière équivalente, au niveau algébrique, par

d(ωξ,ωζ)=21Tr(sξsζ)|D1D2|2.=21|ξ,ζ|2|D1D2|2.d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})={2\sqrt{\frac{1-\text{Tr}(s_{\xi}s_{\zeta})}{|D_{1}-D_{2}|^{2}}}}.={2\sqrt{\frac{1-|\langle\xi,\zeta\rangle|^{2}}{|D_{1}-D_{2}|^{2}}}}.

Preuve. Dans la base qui diagonalise D𝐷D on note aij=a¯jisubscript𝑎𝑖𝑗subscript¯𝑎𝑗𝑖a_{ij}=\bar{a}_{ji} les composantes de a𝑎a (a𝑎a est pris autoadjoint en vertu du lemme 1.24). Si ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} et ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta} ne sont pas de même altitude alors la distance est infinie. On suppose donc que zξ=zζsubscript𝑧𝜉subscript𝑧𝜁z_{\xi}=z_{\zeta}. Comme en outre |ξ1|2+|ξ2|2=1=|ζ1|2+|ζ2|2superscriptsubscript𝜉12superscriptsubscript𝜉221superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\lvert\xi_{1}\rvert^{2}+\lvert\xi_{2}\rvert^{2}=1=\lvert\zeta_{1}\rvert^{2}+\lvert\zeta_{2}\rvert^{2}, cette condition impose que |ξ1|=|ζ1|subscript𝜉1subscript𝜁1\lvert\xi_{1}\rvert=\lvert\zeta_{1}\rvert et |ξ2|=|ζ2|subscript𝜉2subscript𝜁2\lvert\xi_{2}\rvert=\lvert\zeta_{2}\rvert. On prend ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} distinct de ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta}, donc |ξ1|0subscript𝜉10\lvert\xi_{1}\rvert\neq 0. Le vecteur ξ𝜉\xi n’étant défini qu’à une phase près, on suppose que ξ1+subscript𝜉1superscriptabsent\xi_{1}\in{\mathbb{R}}^{*+}. Alors

sξsζ=(0ξ1(ξ2ζ2)ξ1(ξ2¯ζ2¯)0)subscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁0subscript𝜉1subscript𝜉2subscript𝜁2subscript𝜉1¯subscript𝜉2¯subscript𝜁20s_{\xi}-s_{\zeta}=\left(\begin{array}[]{cc}0&\xi_{1}(\xi_{2}-\zeta_{2})\\ \xi_{1}(\bar{\xi_{2}}-\bar{\zeta_{2}})&0\end{array}\right) (2.13)

et

|ωξ(a)ωζ(a)|=|Tr((sξsζ)(a))|=|2ξ1Re(a12(ξ2¯ζ2¯))|2ξ1|a12||ξ2ζ2|.subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝜁𝑎Trsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁𝑎2subscript𝜉1Resubscript𝑎12¯subscript𝜉2¯subscript𝜁22subscript𝜉1subscript𝑎12subscript𝜉2subscript𝜁2\lvert\omega_{\xi}(a)-\omega_{\zeta}(a)\rvert=\lvert\text{Tr}((s_{\xi}-s_{\zeta})(a))\rvert=\lvert 2\xi_{1}\text{Re}\left(a_{12}\left(\bar{\xi_{2}}-\bar{\zeta_{2}}\right)\right)\rvert\leq 2\xi_{1}\lvert a_{12}\rvert\lvert\xi_{2}-\zeta_{2}\rvert.

Un rapide calcul indique [D,a]=|a12||D1D2|delimited-∥∥𝐷𝑎subscript𝑎12subscript𝐷1subscript𝐷2\left\lVert[D,a]\right\rVert=\lvert a_{12}\rvert\lvert D_{1}-D_{2}\rvert d’où

d(ωξ,ωζ)2|D1D2|ξ1|ξ2ζ2|,𝑑subscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁2subscript𝐷1subscript𝐷2subscript𝜉1subscript𝜉2subscript𝜁2d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})\leq\frac{2}{\lvert D_{1}-D_{2}\rvert}\xi_{1}\lvert\xi_{2}-\zeta_{2}\rvert,

cette borne supérieure étant atteinte par n’importe quel élément a𝑎a tel que

|a12|=2|D1D2| et arg(a12)=arg(ξ2ζ2).subscript𝑎122subscript𝐷1subscript𝐷2 et subscript𝑎12subscript𝜉2subscript𝜁2\lvert a_{12}\rvert=\frac{2}{\lvert D_{1}-D_{2}\rvert}\,\text{ et }\,\arg(a_{12})=-\arg(\xi_{2}-\zeta_{2}).

Il suffit alors de remarquer que ξ1|ξ2ζ2|=|xξ+iyξxζiyζ|=(xξxζ)2+(yξyζ)2subscript𝜉1subscript𝜉2subscript𝜁2subscript𝑥𝜉𝑖subscript𝑦𝜉subscript𝑥𝜁𝑖subscript𝑦𝜁superscriptsubscript𝑥𝜉subscript𝑥𝜁2superscriptsubscript𝑦𝜉subscript𝑦𝜁2\xi_{1}\lvert\xi_{2}-\zeta_{2}\rvert=\lvert x_{\xi}+iy_{\xi}-x_{\zeta}-iy_{\zeta}\rvert=\sqrt{(x_{\xi}-x_{\zeta})^{2}+(y_{\xi}-y_{\zeta})^{2}} pour obtenir le résultat.

En calculant

Tr((sξsζ)2)=Tr(sξ+sζsξsζsζsξ)=22|ξ,ζ|2Trsuperscriptsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁2Trsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁subscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁subscript𝑠𝜁subscript𝑠𝜉22superscript𝜉𝜁2\text{Tr}((s_{\xi}-s_{\zeta})^{2})=\text{Tr}(s_{\xi}+s_{\zeta}-s_{\xi}s_{\zeta}-s_{\zeta}s_{\xi})=2-2\lvert\langle\xi,\zeta\rangle\rvert^{2}

explicitement à l’aide de (2.13), on trouve que ξ1|ξ2ζ2|=1|ξ,ζ|2subscript𝜉1subscript𝜉2subscript𝜁21superscript𝜉𝜁2\xi_{1}\lvert\xi_{2}-\zeta_{2}\rvert=\sqrt{1-\lvert\langle\xi,\zeta\rangle\rvert^{2}}, d’où la seconde expression de la proposition. \blacksquare

III Espace à deux points

Pour N=2𝑁2N=2 l’espace le plus simple correspond à l’algèbre 𝒜=Mn()𝒜direct-sumsubscript𝑀𝑛\mathcal{A}=M_{n}(\mathbb{C})\oplus\mathbb{C} representée par une matrice diagonale par bloc sur =ndirect-sumsuperscript𝑛\mathcal{H}=\mathbb{C}^{n}\oplus\mathbb{C}

a=(x00y),𝑎𝑥00𝑦a=\left(\begin{array}[]{cc}x&0\\ 0&y\end{array}\right), (2.14)

avec xMn()𝑥subscript𝑀𝑛x\in M_{n}(\mathbb{C}) et y𝑦y\in\mathbb{C}. A noter que cette définition de la représentation π𝜋\pi suppose qu’une base {ψj}subscript𝜓𝑗\left\{\psi_{j}\right\} de {\cal H} est déjà fixée, modulo un unitaire du type

U=(u00eiθ).𝑈𝑢00superscript𝑒𝑖𝜃U=\left(\begin{array}[]{cc}u&0\\ 0&e^{i\theta}\end{array}\right). (2.15)

En effet rien ne garantit que dans d’autres bases a𝑎a soit toujours représenté sous une forme diagonale par bloc. Pour une définition intrinsèque de π𝜋\pi, il faut se donner une 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2}-graduation χ𝜒\chi de n+1superscript𝑛1{\mathbb{C}}^{n+1}, c’est à dire un opérateur qui laisse globalement invariant deux sous espaces nsubscript𝑛{\cal H}_{n} et 1subscript1{\cal H}_{1} de {\cal H} de dimension respective n𝑛n et 111. π𝜋\pi est alors définie comme la somme directe de la représentation fondamentale de Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}({\mathbb{C}}) sur nsubscript𝑛{\cal H}_{n} et de {\mathbb{C}} sur 1subscript1{\cal H}_{1}. Contrairement à l’espace à un point où la représentation est surjective, l’orientation induite par la diagonalisation de D𝐷D n’est pas pertinente car dans une base qui diagonalise l’opérateur de Dirac, répétons le, a𝑎a n’est plus forcément de la forme (2.14). En clair, il faut considérer que D𝐷D est une matrice autoadjointe quelconque, ou abandonner l’aspect diagonal par bloc de la représentation. Dans les deux cas la détermination du suprémum dans la formule de la distance reste ardue. La prise en compte des axiomes de la géométrie non commutative, en restreignant le choix de l’opérateur de Dirac, permet de mener les calculs à terme.

III.1 Triplet spectral et orientation

Trois des axiomes, relatifs à l’analyse fonctionnelle, sont systématiquement vérifiés par les triplets spectraux finis?. La dualité de Poincaré est discutée de manière générale pour les triplets finis dans la dernière partie de ce chapitre. Restent la réalité, la condition d’ordre un et l’orientabilité. Puisque la dimension spectrale est nulle, il faut montrer qu’il existe (réalité) un opérateur antilinéaire J=J=J1𝐽superscript𝐽superscript𝐽1J=J^{*}=J^{-1} de {\cal H} dans lui-même tel que J2=𝕀superscript𝐽2𝕀J^{2}={\mathbb{I}}, [a,JbJ1]=[J,Γ]=[J,D]=0.𝑎𝐽𝑏superscript𝐽1𝐽Γ𝐽𝐷0[a,JbJ^{-1}]=[J,\Gamma]=[J,D]=0. Tout élément de C0(𝒜,𝒜𝒜)subscript𝐶0𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜C_{0}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) est un cycle. Les générateurs de Z0(𝒜,𝒜𝒜)subscript𝑍0𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜Z_{0}({\cal A},{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}) sont les éléments de 𝒜𝒜tensor-product𝒜superscript𝒜{\cal A}\otimes{\cal A}^{\circ}. Il doit donc exister aisuperscript𝑎𝑖a^{i}, bisubscript𝑏𝑖b_{i} dans 𝒜𝒜{\cal A} tels que (orientabilité) la graduation s’écrive Γ=aiJbiJ1Γsuperscript𝑎𝑖𝐽subscript𝑏𝑖superscript𝐽1\Gamma=a^{i}Jb_{i}J^{-1}. Enfin l’opérateur de Dirac satisfait (condition du première ordre) [[D,a],JbJ1]=0𝐷𝑎𝐽𝑏superscript𝐽10[[D,a],JbJ^{-1}]=0. Rappelons que par définition la graduation commute avec 𝒜𝒜{\cal A} et anticommute avec D𝐷D.

Si =n+1superscript𝑛1{\cal H}={\mathbb{C}}^{n+1}, J𝐽J apparait comme une matrice unitaire composée avec la conjugaison complexe, J=Uc𝐽𝑈𝑐J=U\circ c. La relation de commutation [a,JbJ1]=0𝑎𝐽𝑏superscript𝐽10[a,JbJ^{-1}]=0 s’écrit [a,Ub¯U]=0𝑎𝑈¯𝑏superscript𝑈0[a,U\bar{b}U^{*}]=0 ce qui ne peut être vrai pour tout a𝑎a et b𝑏b puisque l’algèbre n’est pas commutative. En revanche si 𝒜𝒜{\cal A} est représentée sur =Mn+1()subscript𝑀𝑛1{\cal H}=M_{n+1}({\mathbb{C}}) par simple multiplication matricielle, alors un J𝐽J possible est l’opérateur d’involution puisque J2=𝕀superscript𝐽2𝕀J^{2}={\mathbb{I}},

[a,JbJ1]ψ=aJbJ1ψJbJ1aψ=aJbψJbψa=aψbaψb=0𝑎𝐽𝑏superscript𝐽1𝜓𝑎𝐽𝑏superscript𝐽1𝜓𝐽𝑏superscript𝐽1𝑎𝜓𝑎𝐽𝑏superscript𝜓𝐽𝑏superscript𝜓superscript𝑎𝑎𝜓superscript𝑏𝑎𝜓superscript𝑏0[a,JbJ^{-1}]\psi=aJbJ^{-1}\psi-JbJ^{-1}a\psi=aJb\psi^{*}-Jb\psi^{*}a^{*}=a\psi b^{*}-a\psi b^{*}=0

et on vérifie, pour n’importe quel opérateur de Dirac,

[[D,a],JbJ1]ψ=[D,a]ψb[D,a]ψb=0.𝐷𝑎𝐽𝑏superscript𝐽1𝜓𝐷𝑎𝜓superscript𝑏𝐷𝑎𝜓superscript𝑏0[[D,a],JbJ^{-1}]\psi=[D,a]\psi b^{*}-[D,a]\psi b^{*}=0.

Pour que [D,J]=0𝐷𝐽0[D,J]=0, on peut prendre

Dψ=Δψ+ψΔ𝐷𝜓Δ𝜓𝜓ΔD\psi=\Delta\psi+\psi\Delta

Δ=ΔMn+1()ΔsuperscriptΔsubscript𝑀𝑛1\Delta=\Delta^{*}\in M_{n+1}({\mathbb{C}}). En effet [D,J]ψ=DψJDψ=Δψ+ψΔJ(Δψ+ψΔ)=0.𝐷𝐽𝜓𝐷superscript𝜓𝐽𝐷𝜓Δsuperscript𝜓superscript𝜓Δ𝐽Δ𝜓𝜓Δ0[D,J]\psi=D\psi^{*}-JD\psi=\Delta\psi^{*}+\psi^{*}\Delta-J(\Delta\psi+\psi\Delta)=0.

Concernant la graduation, le choix le plus simple est de prendre bi=ai=0subscript𝑏𝑖superscript𝑎𝑖0b_{i}=a^{i}=0 sauf b1=a2=𝕀subscript𝑏1superscript𝑎2𝕀b_{1}=a^{2}={\mathbb{I}} et a1=b2=Ksuperscript𝑎1subscript𝑏2𝐾a^{1}=b_{2}=K

K(𝕀n001)approaches-limit𝐾subscript𝕀𝑛001K\doteq\left(\begin{array}[]{cc}{\mathbb{I}}_{n}&0\\ 0&-1\end{array}\right)

n’est autre que la graduation de n+1superscript𝑛1{\mathbb{C}}^{n+1}. Ainsi Γψ=Kψ+ψKΓ𝜓𝐾𝜓𝜓𝐾\Gamma\psi=K\psi+\psi K et [Γ,J]=0Γ𝐽0[\Gamma,J]=0. Comme K𝐾K commute avec tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}, on vérifie que

[Γ,a]ψ=ΓaψaΓψ=Kaψ+aψKaKψaψK=0.Γ𝑎𝜓Γ𝑎𝜓𝑎Γ𝜓𝐾𝑎𝜓𝑎𝜓𝐾𝑎𝐾𝜓𝑎𝜓𝐾0[\Gamma,a]\psi=\Gamma a\psi-a\Gamma\psi=Ka\psi+a\psi K-aK\psi-a\psi K=0.

Enfin,

(DΓ+ΓD)ψ=D(Kψ+ψK)+Γ(Δψ+ψΔ)=(ΔK+KΔ)ψ+ψ(ΔK+KΔ)𝐷ΓΓ𝐷𝜓𝐷𝐾𝜓𝜓𝐾ΓΔ𝜓𝜓ΔΔ𝐾𝐾Δ𝜓𝜓Δ𝐾𝐾Δ(D\Gamma+\Gamma D)\psi=D(K\psi+\psi K)+\Gamma(\Delta\psi+\psi\Delta)=(\Delta K+K\Delta)\psi+\psi(\Delta K+K\Delta)

est nul pour tout ψ𝜓\psi si et seulement si (ΔK+KΔ)=0Δ𝐾𝐾Δ0(\Delta K+K\Delta)=0. ΔΔ\Delta s’écrit donc, selon la graduation de n+1superscript𝑛1{\mathbb{C}}^{n+1},

Δ=(0nmm0)Δsubscript0𝑛𝑚superscript𝑚0\Delta=\left(\begin{array}[]{cc}0_{n}&m\\ m^{*}&0\end{array}\right)

m𝑚m un vecteur non nul de nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n}.

A priori, représenter l’algèbre sur Mn+1()subscript𝑀𝑛1M_{n+1}({\mathbb{C}}) ne facilite pas le calcul de la norme du commutateur [D,a]𝐷𝑎[D,a]. Cependant la norme d’opérateur sur Mn+1()subscript𝑀𝑛1M_{n+1}({\mathbb{C}}) est égale à la norme d’opérateur sur n+1superscript𝑛1{\mathbb{C}}^{n+1}? si bien que, pour le calcul des distances, tout ce passe comme si on travaillait avec le triplet spectral (𝒜,=n+1,Δ)formulae-sequence𝒜superscript𝑛1Δ({\cal A},{\cal H}={\mathbb{C}}^{n+1},\Delta) au lieu de (𝒜,Mn+1(),D).𝒜subscript𝑀𝑛1𝐷({\cal A},M_{n+1}({\mathbb{C}}),D).

L’ensemble des états purs de 𝒜𝒜{\cal A} est l’union de 𝒫(Mn())𝒫subscript𝑀𝑛{\cal P}(M_{n}\left({\mathbb{C}}\right)) avec l’état ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c} de {\mathbb{C}}. La correspondance entre un état ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} de 𝒫(Mn())𝒫subscript𝑀𝑛{\cal P}(M_{n}\left({\mathbb{C}}\right)) et les composantes du vecteur ξPn1𝜉superscript𝑃𝑛1\xi\in{\mathbb{C}}P^{n-1} -l’orientation de Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1} - est fixée par l’opérateur de Dirac de la manière suivante. On suppose que

D=m=1delimited-∥∥𝐷delimited-∥∥𝑚1\left\lVert D\right\rVert=\left\lVert m\right\rVert=1

car diviser D𝐷D par une constante revient à multiplier les distances par cette même constante. En notant e1subscript𝑒1e_{1} le premier vecteur de la base canonique de nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n}, il existe un opérateur unitaire vMn()𝑣subscript𝑀𝑛v\in M_{n}\left({\mathbb{C}}\right) tel que

vm=e1.𝑣𝑚subscript𝑒1vm=e_{1}.

On appelle orientation induite par D𝐷D le choix de la base {Vψj}𝑉subscript𝜓𝑗\left\{V\psi_{j}\right\}V𝑉V est la matrice du type (2.15) correspondant à v𝑣v. Dans cette base a𝑎a est toujours diagonal par bloc et D𝐷D s’écrit

D=(0e1e10).𝐷0subscript𝑒1superscriptsubscript𝑒10D=\left(\begin{array}[]{cc}0&e_{1}\\ e_{1}^{*}&0\end{array}\right). (2.16)

Cette base n’est pas unique. Dans toute base se déduisant de {Vψj}𝑉subscript𝜓𝑗\left\{V\psi_{j}\right\} par un unitaire U𝑈U du type (2.15) commutant avec D𝐷D, la représentation est diagonale par bloc et l’opérateur de Dirac s’écrit UDU=D𝑈𝐷superscript𝑈𝐷UDU^{*}=D. Comme dans l’espace à un point, les orientations induites par ces choix de base sont toutes équivalentes pour le calcul des distances, on peut donc sans ambigüité parler de l’orientation induite par D𝐷D et la représentation, ou plus simplement de l’orientation induite. A la différence du cas à un point, le choix de l’orientation fait intervenir non seulement l’opérateur de Dirac mais aussi la représentation car la préservation de (2.14) ne va pas de pair avec la préservation de (2.16)2.16(\ref{dfi}), c’est à dire, tout unitaire commutant avec (2.16) n’est pas nécessairement du type (2.15).

III.2 Distances

Dans l’orientation induite, les vecteurs propres orthonormés à une phase près de D𝐷D sont

ψ112(e11),ψn+112(e11),ψj=(ej0)formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝜓112subscript𝑒11formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝜓𝑛112subscript𝑒11subscript𝜓𝑗subscript𝑒𝑗0\psi_{1}\doteq\frac{1}{\sqrt{2}}\left(\begin{array}[]{c}e_{1}\\ 1\end{array}\right),\;\psi_{n+1}\doteq\frac{1}{\sqrt{2}}\left(\begin{array}[]{c}e_{1}\\ -1\end{array}\right),\;\psi_{j}=\left(\begin{array}[]{c}e_{j}\\ 0\end{array}\right)

ejsubscript𝑒𝑗e_{j}, j=2n𝑗2𝑛j=2...n sont les vecteurs de la base canonique de nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n}. Ils correspondent aux valeurs propres λ1=1,λn+1=1 et λj=0formulae-sequencesubscript𝜆11subscript𝜆𝑛11 et subscript𝜆𝑗0\lambda_{1}=1,\,\lambda_{n+1}=-1\,\text{ et }\lambda_{j}=0 et les projecteurs propres s’écrivent

p1=12(e11e1e11),pn+1=12(e11e1e11),pj=(ejj000)formulae-sequencesubscript𝑝112subscript𝑒11subscript𝑒1superscriptsubscript𝑒11formulae-sequencesubscript𝑝𝑛112subscript𝑒11subscript𝑒1superscriptsubscript𝑒11subscript𝑝𝑗subscript𝑒𝑗𝑗000p_{1}=\frac{1}{2}\left(\begin{array}[]{cc}e_{11}&e_{1}\\ e_{1}^{*}&1\end{array}\right),\;p_{n+1}=\frac{1}{2}\left(\begin{array}[]{cc}e_{11}&-e_{1}\\ -e_{1}^{*}&1\end{array}\right),\;p_{j}=\left(\begin{array}[]{cc}e_{jj}&0\\ 0&0\end{array}\right)

{eij}subscript𝑒𝑖𝑗\{e_{ij}\} est la base canonique de Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}\left({\mathbb{C}}\right). La différence essentielle avec l’espace à un point est que seul pjsubscript𝑝𝑗p_{j} appartient à l’algèbre. Les états propres τψ1subscript𝜏subscript𝜓1\tau_{\psi_{1}} et τψn+1subscript𝜏subscript𝜓𝑛1\tau_{\psi_{n+1}} sont bien des états de 𝒜𝒜{\cal A} mais ne sont pas purs. On pourrait y voir une contradiction avec les conclusions de la section I.3 où il est indiqué que tout état d’une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre de dimension finie est normal, donc de support inclus dans l’algèbre. En fait p1subscript𝑝1p_{1} est le support de τψ1subscript𝜏subscript𝜓1\tau_{\psi_{1}} vu comme état (pur) de Mn+1()subscript𝑀𝑛1M_{n+1}({\mathbb{C}}), de même pour pn+1subscript𝑝𝑛1p_{n+1}. Les supports de τψ1subscript𝜏subscript𝜓1\tau_{\psi_{1}} et τψn+1subscript𝜏subscript𝜓𝑛1\tau_{\psi_{n+1}} vus comme états de 𝒜𝒜{\cal A} coincident et valent

p1=pn+1(e11001)subscriptsuperscript𝑝1subscriptsuperscript𝑝𝑛1approaches-limitsubscript𝑒11001p^{\prime}_{1}=p^{\prime}_{n+1}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}e_{11}&0\\ 0&1\end{array}\right)

qui appartient bien à 𝒜𝒜{\cal A} et n’est pas de rang 111. Le projecteur propre pjsubscript𝑝𝑗p_{j} quant à lui est bien support d’un état propre pur qui, par le corollaire 1.25, est à une distance infinie des autres états purs. Bien que n’étant pas un support d’états purs, p1subscriptsuperscript𝑝1p^{\prime}_{1} vérifie l’équation (1.21) à une constante multiplicative près: p1ap1=2τψ1(a)subscriptsuperscript𝑝1𝑎subscriptsuperscript𝑝12subscript𝜏subscript𝜓1𝑎p^{\prime}_{1}ap^{\prime}_{1}=2\tau_{\psi_{1}}(a) (on utilise la notation 2.9 pour les états). On peut considérer τψ1subscript𝜏subscript𝜓1\tau_{\psi_{1}} ”presque comme” un état pur et penser qu’il est aussi à distance infinie des autres états purs. C’est un cas particulier dû au fait que ψ1subscript𝜓1\psi_{1}, tout comme ψn+1subscript𝜓𝑛1\psi_{n+1}, projette sur deux directions ψ𝜓\psi, ψsuperscript𝜓\psi^{\prime} en somme directe par rapport à l’algèbre (i.e. il n’existe pas d’élément a𝑎a de l’algèbre pour lesquels ψ,aψ𝜓𝑎superscript𝜓\langle\psi,a\psi^{\prime}\rangle serait non nul). Pour des questions plus générales sur les liens entre métriques sur les états purs et métriques sur les états, on renvoie à [?].

Avoir sélectionner grâce aux axiomes un opérateur de Dirac simple permet d’exprimer facilement sa norme, puis de calculer les distances, en dimension n𝑛n quelconque. On note ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} les composantes d’un vecteur ξ𝜉\xi de Pn1superscript𝑃𝑛1{\mathbb{C}}P^{n-1} dans l’orientation induite.

Proposition 2.7.

Si ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi}, ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta} sont tels que ξj=eiθζjsubscript𝜉𝑗superscript𝑒𝑖𝜃subscript𝜁𝑗\xi_{j}=e^{i\theta}\zeta_{j} pour tout j[2,n]𝑗2𝑛j\in[2,n],

d(ωξ,ωζ)=2m1|ξ,ζ|2.𝑑subscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁2delimited-∥∥𝑚1superscript𝜉𝜁2d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})=\frac{2}{\left\lVert m\right\rVert}\sqrt{1-\lvert\langle\xi,\zeta\rangle\rvert^{2}}.

Par ailleurs wcsubscript𝑤𝑐w_{c} est à distance infinie de tous les états purs excepté ωe1subscript𝜔subscript𝑒1\omega_{e_{1}} et

d(ωc,ωei)=1m.𝑑subscript𝜔𝑐subscript𝜔subscript𝑒𝑖1delimited-∥∥𝑚d({\omega_{c}},\omega_{e_{i}})=\frac{1}{\left\lVert m\right\rVert}.

Preuve. Soit a=xy𝒜𝑎direct-sum𝑥𝑦𝒜a=x\oplus y\in{\cal A} autoadjoint en vertu du lemme 1.24, xijsubscript𝑥𝑖𝑗x_{ij} les composantes de x𝑥x et sijsuperscript𝑠𝑖𝑗s^{ij} celles de sξsζ=ξi¯ξjζi¯ζjsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁¯subscript𝜉𝑖subscript𝜉𝑗¯subscript𝜁𝑖subscript𝜁𝑗s_{\xi}-s_{\zeta}=\bar{\xi_{i}}\xi_{j}-\bar{\zeta_{i}}\zeta_{j}.

[D,a]=(0(y𝕀nx)e1e1(xy𝕀n)0)𝐷𝑎0𝑦subscript𝕀𝑛𝑥subscript𝑒1superscriptsubscript𝑒1𝑥𝑦subscript𝕀𝑛0[D,a]=\left(\begin{array}[]{cc}0&(y{\mathbb{I}}_{n}-x)e_{1}\\ e_{1}^{*}(x-y{\mathbb{I}}_{n})&0\end{array}\right)

est nul si et seulement si, pour tout i[2,n]𝑖2𝑛i\in[2,n],

x11=y et xi1=0.subscript𝑥11𝑦 et subscript𝑥𝑖10x_{11}=y\,\text{ et }x_{i1}=0. (2.17)

Deux états purs ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} et ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta} coincident sur l’ensemble des éléments commutant avec D𝐷D lorsque

ωξ(a)ωζ(a)=ωξ(x)ωζ(x)=Tr((sξsζ)x)=sijxji=0subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝜁𝑎subscript𝜔𝜉𝑥subscript𝜔𝜁𝑥Trsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁𝑥superscript𝑠𝑖𝑗subscript𝑥𝑗𝑖0\omega_{\xi}(a)-\omega_{\zeta}(a)=\omega_{\xi}(x)-\omega_{\zeta}(x)=\text{Tr}((s_{\xi}-s_{\zeta})x)=s^{ij}x_{ji}=0 (2.18)

pour tout a𝑎a remplissant les conditions (2.17). En particulier si

y=x11=x1i=xi1=0 et xij=δikδjl𝑦subscript𝑥11subscript𝑥1𝑖subscript𝑥𝑖10 et subscript𝑥𝑖𝑗subscript𝛿𝑖𝑘subscript𝛿𝑗𝑙y=x_{11}=x_{1i}=x_{i1}=0\;\text{ et }\;x_{ij}=\delta_{ik}\delta_{jl} (2.19)

k,l𝑘𝑙k,l sont deux éléments fixés dans [2,n]2𝑛[2,n], alors (2.18) se réduit à

skl=0.superscript𝑠𝑘𝑙0s^{kl}=0. (2.20)

On obtient une équation de ce type pour tout couple d’indice k,l[2,n]𝑘𝑙2𝑛k,l\in[2,n]. En désignant par ξ~~𝜉\tilde{\xi}, ζ~~𝜁\tilde{\zeta} les vecteurs de dimension n1𝑛1n-1 de composantes ξksubscript𝜉𝑘\xi_{k}, ζksubscript𝜁𝑘\zeta_{k}, (2.20) indique que ξ~=ζ~.~delimited-∥∥𝜉~delimited-∥∥𝜁\tilde{\left\lVert\xi\right\rVert}=\tilde{\left\lVert\zeta\right\rVert}. Il existe donc un facteur de phase θ𝜃\theta tel que ξ=eiθζ𝜉superscript𝑒𝑖𝜃𝜁\xi=e^{i\theta}\zeta, ou encore

ξk=eiθζk.subscript𝜉𝑘superscript𝑒𝑖𝜃subscript𝜁𝑘\xi_{k}=e^{i\theta}\zeta_{k}. (2.21)

En conséquence si ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} et ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta} ne satisfont pas (2.21) pour tout k[2,n]𝑘2𝑛k\in[2,n], ils ne coincident pas sur 𝒟superscript𝒟{\cal D}^{\prime} et par le lemme 1.23, d(ωξ,ωζ)=+𝑑subscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})=+\infty.

Si |ξj|=|ζj|subscript𝜉𝑗subscript𝜁𝑗\lvert\xi_{j}\rvert=\lvert\zeta_{j}\rvert pour tout j[2,n]𝑗2𝑛j\in[2,n], alors |ξ1|=|ζ1|subscript𝜉1subscript𝜁1\lvert\xi_{1}\rvert=\lvert\zeta_{1}\rvert puisque ξ=ζ=1delimited-∥∥𝜉delimited-∥∥𝜁1\left\lVert\xi\right\rVert=\left\lVert\zeta\right\rVert=1. Donc s11=0superscript𝑠110s^{11}=0. De plus sji=sij¯superscript𝑠𝑗𝑖¯superscript𝑠𝑖𝑗s^{ji}=\overline{s^{ij}} et sij=0superscript𝑠𝑖𝑗0s^{ij}=0 pour i,j[2,n]𝑖𝑗2𝑛i,j\in[2,n], d’où

ωξ(a)ωζ(a)=sijxji=2Re(s1jxj1)subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝜁𝑎superscript𝑠𝑖𝑗subscript𝑥𝑗𝑖2Resuperscript𝑠1𝑗subscript𝑥𝑗1\omega_{\xi}(a)-\omega_{\zeta}(a)=s^{ij}x_{ji}=2\text{Re}\left(s^{1j}x_{j1}\right)

où la somme porte de j=2𝑗2j=2 à n𝑛n. On note S𝑆S et X𝑋X les deux vecteurs de n1superscript𝑛1{\mathbb{C}}^{n-1} de composantes respectives s¯j1superscript¯𝑠𝑗1\overline{s}^{j1}, xj1subscript𝑥𝑗1x_{j1}. Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz,

|ωξ(a)ωζ(a)|2|S,X|2SX.subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝜁𝑎2𝑆𝑋2delimited-∥∥𝑆delimited-∥∥𝑋\lvert\omega_{\xi}(a)-\omega_{\zeta}(a)\rvert\leq 2\lvert\langle S,X\rangle\rvert\leq 2\left\lVert S\right\rVert\left\lVert X\right\rVert. (2.22)

D’autre part

[D,a]=|x11y|2+X2.delimited-∥∥𝐷𝑎superscriptsubscript𝑥11𝑦2superscriptdelimited-∥∥𝑋2\left\lVert[D,a]\right\rVert=\lvert x_{11}-y\rvert^{2}+\left\lVert X\right\rVert^{2}. (2.23)

Insérée dans (2.22),

d(ωξ,ωζ)2S.𝑑subscript𝜔𝜉subscript𝜔𝜁2delimited-∥∥𝑆d(\omega_{\xi},\omega_{\zeta})\leq 2\left\lVert S\right\rVert.

Cette borne supérieure est atteinte par tout a𝑎a du type y=x11𝑦subscript𝑥11y=x_{11} et X=SS𝑋𝑆delimited-∥∥𝑆X=\frac{S}{\left\lVert S\right\rVert}. Pour conclure, il suffit de remarquer, comme à la fin de l’espace à un point, que

Tr((sξsζ)2)Trsuperscriptsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁2\displaystyle\text{Tr}((s_{\xi}-s_{\zeta})^{2}) =\displaystyle= i,j=1nsijsji=j=2n2|sj1|2=2S2,superscriptsubscript𝑖𝑗1𝑛superscript𝑠𝑖𝑗superscript𝑠𝑗𝑖𝑗superscript2𝑛2superscriptsuperscript𝑠𝑗122superscriptdelimited-∥∥𝑆2\displaystyle\sum_{i,j=1}^{n}s^{ij}s^{ji}=\sum{j=2}^{n}2\lvert s^{j1}\rvert^{2}=2\left\lVert S\right\rVert^{2},
=\displaystyle= 22Tr(sξsζ)=22|ξ,ζ|222Trsubscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁22superscript𝜉𝜁2\displaystyle 2-2\text{Tr}(s_{\xi}s_{\zeta})=2-2\lvert\langle\xi,\zeta\rangle\rvert^{2}

et de multiplier par D=m.delimited-∥∥𝐷delimited-∥∥𝑚\left\lVert D\right\rVert=\left\lVert m\right\rVert.

En considérant ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} plutôt que ωζsubscript𝜔𝜁\omega_{\zeta}, (2.18) devient

ωξ(a)ωc(a)=ωξ(x)ωc(y)=Tr(sξx)y.subscript𝜔𝜉𝑎subscript𝜔𝑐𝑎subscript𝜔𝜉𝑥subscript𝜔𝑐𝑦Trsubscript𝑠𝜉𝑥𝑦\omega_{\xi}(a)-{\omega_{c}}(a)=\omega_{\xi}(x)-{\omega_{c}}(y)=\text{Tr}(s_{\xi}x)-y.

Pour des éléments du type (2.19) on obtient ξ~=0~delimited-∥∥𝜉0\tilde{\left\lVert\xi\right\rVert}=0. Autrement dit ξ𝜉\xi est colinéaire à e1subscript𝑒1e_{1}. Si tel n’est pas le cas alors ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} et ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} ne coincide pas sur les éléments commutant avec D𝐷D donc la distance est infinie.

Pour finir ωe1(a)ωc(a)=x11ysubscript𝜔subscript𝑒1𝑎subscript𝜔𝑐𝑎superscript𝑥11𝑦\omega_{e_{1}}(a)-{\omega_{c}}(a)=x^{11}-y. En vertu de (2.23), d(ωe1,ωc)1𝑑subscript𝜔subscript𝑒1subscript𝜔𝑐1d(\omega_{e_{1}},{\omega_{c}})\leq 1, \blacksquare

Appliquons ces résultats à M2()direct-sumsubscript𝑀2M_{2}({\mathbb{C}})\oplus{\mathbb{C}}. L’espace des états purs est l’union disjointe de la sphère S2superscript𝑆2S^{2} et du point ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}}. Le point isolé correspond au vecteur

(01)01\left(\begin{array}[]{c}0\\ 1\end{array}\right)

qui, par la fibration de Hopf, est envoyé sur le pôle sud (0,0,1)0.01(0,0,-1) de la sphère. Le point correspondant à ωe1subscript𝜔subscript𝑒1\omega_{e_{1}} est le pôle nord, et c’est le seul point qui se trouve à distance finie de ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}}. Les conditions sur la finitude des autres distances sont identiques à celles du cas à 111 point et on retrouve que la distance sur des plans de même altitude est, à une constante près, la distance euclidienne du cercle (selon [?], on peut rendre finie la distance entre plans d’altitude constante en agrandissant l’espace de représentation).

A noter que l’ajout du point ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} donne un sens à l’orientation induite. Dans l’espace à un point rien ne permet de distinguer les deux points isolés, tandis que dans l’espace à deux points le pôle sud est par définition l’unique point isolé.

D’autres espaces à deux points du type Mp()Mq()direct-sumsubscript𝑀𝑝subscript𝑀𝑞M_{p}(\mathbb{C})\oplus M_{q}(\mathbb{C}) ne sont pas étudiés ici, pas plus que les sommes de plus de deux algèbres comprenant au moins une algèbre non commutative car les calculs deviennent rapidement impraticables. En revanche les sommes d’algèbres commutatives constituent une classe d’exemples intéressants. Leur étude est l’objet du reste de ce chapitre.

IV Espaces finis commutatifs

Un espace fini commutatif de n𝑛n points est décrit par un triplet spectral (𝒜,,D)\mathcal{A},\mathcal{H},D)𝒜=1𝑛𝒜𝑛1direct-sum\mathcal{A}={\overset{n}{\underset{1}{\bigoplus}}}\,\mathbb{C} est représenté sur =nsuperscript𝑛\mathcal{H}=\mathbb{C}^{n} par les matrices diagonales

𝒜a=(a100a20an),contains𝒜𝑎subscript𝑎100subscript𝑎2missing-subexpressionmissing-subexpression0subscript𝑎𝑛\mathcal{A}\ni a=\left(\begin{array}[]{cccc}a_{1}&0&\ldots&0\\ \vdots&a_{2}&&\vdots\\ \vdots&&\ddots&\vdots\\ 0&\ldots&\ldots&a_{n}\\ \end{array}\right),

avec aisubscript𝑎𝑖a_{i}\in\mathbb{C}. Cependant on sait (lemme 1.24) que pour les calculs de distance on peut supposer que les aisubscript𝑎𝑖a_{i} sont des réels positifs. Pour simplifier les calculs on se limite aux opérateurs de Dirac à entrée réelle. Comme D𝐷D n’intervient qu’au travers du commutateur [D,a]𝐷𝑎[D,a], on peut sans perte de généralité supposer qu’il est de la forme:

D=(0D12D1nD12D230D230Dn1,nD1nDn1,n0) avec Dij.𝐷0subscript𝐷12subscript𝐷1𝑛subscript𝐷12missing-subexpressionsubscript𝐷23missing-subexpression0subscript𝐷230missing-subexpressionsubscript𝐷𝑛1𝑛subscript𝐷1𝑛subscript𝐷𝑛1𝑛0 avec subscript𝐷𝑖𝑗D=\left(\begin{array}[]{ccccc}0&D_{12}&\ldots&\ldots&D_{1n}\\ D_{12}&&D_{23}&&0\\ \vdots&D_{23}&0&\ddots&\vdots\\ \vdots&&\ddots&\ddots&D_{n-1,n}\\ D_{1n}&\ldots&\ldots&D_{n-1,n}&0\\ \end{array}\right)\text{ avec }D_{ij}\in\mathbb{R}.

L’espace des états purs est composé de n𝑛n fois l’état pur ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} de {\mathbb{C}}. Si ωcisuperscriptsubscript𝜔𝑐𝑖{\omega_{c}}^{i} désigne la ièmesuperscript𝑖èmei^{\text{\`{e}me}} occurence de ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}}, on a

ωci(a)=ai.superscriptsubscript𝜔𝑐𝑖𝑎subscript𝑎𝑖{\omega_{c}}^{i}(a)=a_{i}.

Pour alléger les notations on écrit cette équation i(a)aiapproaches-limit𝑖𝑎subscript𝑎𝑖i(a)\doteq a_{i}, de sorte que la formule de la distance devient

d(i,j)=supa𝒜+{|aiaj|/[D,a]=1}.𝑑𝑖𝑗𝑎superscript𝒜supremumsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗norm𝐷𝑎1d(i,j)=\underset{a\in\mathcal{A}^{+}}{\sup}\,\{\,|a_{i}-a_{j}|\;\,/\;\,\|[D,a]\|=1\}. (2.24)

D𝐷D s’interprète comme la matrice d’incidence d’un réseau?: deux points i𝑖i and j𝑗j sont reliés d’un trait si et seulement si l’élement de matrice correspondant Dijsubscript𝐷𝑖𝑗D_{ij} n’est pas nul. Par exemple un espace de quatre points avec D13=D24=0subscript𝐷13subscript𝐷240D_{13}=D_{24}=0 est représenté par le graphe cyclique

[Uncaptioned image]

Un chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij} est une suite de p𝑝p points distincts (i,i2,,ip1,j)𝑖subscript𝑖2subscript𝑖𝑝1𝑗(i,i_{2},...,i_{p-1},j) tels que

Dikik+10 pour tout k{1,p1}.subscript𝐷subscript𝑖𝑘subscript𝑖𝑘10 pour tout 𝑘1𝑝1D_{i_{k}i_{k+1}}\neq 0\;\text{ pour tout }k\in\{1,p-1\}.

Dans l’espace commutatif de deux points l’unique distance est

d(1,2)=1|D12|.𝑑1.21subscript𝐷12d(1,2)=\frac{1}{|D_{12}|}.

Ainsi il est naturel de définir la longueur d’un chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij} par

L(γij)Σk=1p11|Dikik+1|.approaches-limit𝐿subscript𝛾𝑖𝑗𝑘1𝑝1Σ1subscript𝐷subscript𝑖𝑘subscript𝑖𝑘1L(\gamma_{ij})\doteq\underset{k=1}{\overset{p-1}{\Sigma}}{\frac{1}{|D_{i_{k}i_{k+1}}|}}.

Deux points i𝑖i,j𝑗j sont dits connectés lorsqu’il existe au moins un chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}. La distance géodésique Lijsubscript𝐿𝑖𝑗L_{ij} est par définition la longueur du plus court chemin reliant γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}.

Proposition 2.8.

1) Soit Dsuperscript𝐷D^{\prime} l’opérateur obtenu en annulant une ou plusieurs lignes, ainsi que les colonnes correspondantes, de l’opérateur D𝐷D et dsuperscript𝑑d^{\prime} la distance associée. Alors ddsuperscript𝑑𝑑d^{\prime}\geq d.

2) La distance entre deux points i𝑖i et j𝑗j ne dépend que des éléments de matrice correspondant à des points situés sur un chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}.

3) La distance entre deux points est finie si et seulement si ils sont connectés.


Preuve. 1) Soit e𝒜𝑒𝒜e\in\mathcal{A} tel que ei=0subscript𝑒𝑖0e_{i}=0 si les ièmesuperscript𝑖èmei^{\text{\`{e}me}} lignes et colonnes sont annulées, ei=1subscript𝑒𝑖1e_{i}=1 autrement. e𝑒e est un projecteur qui commute avec 𝒜𝒜\mathcal{A} ainsi qu’avec DeDeapproaches-limitsuperscript𝐷𝑒𝐷𝑒D^{\prime}\doteq eDe. Dès lors [D,a][D,a]normsuperscript𝐷𝑎norm𝐷𝑎||[D^{\prime},a]||\leq||[D,a]|| et

sup{|aiaj|/[D,a]1}sup{|aiaj|/[D,a]1}.supremumsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗norm𝐷𝑎1supremumsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗normsuperscript𝐷𝑎1\sup\{|a_{i}-a_{j}|\,/\,\|[D,a]\|\leq 1\}\geq\sup\{|a_{i}-a_{j}|\,/\,\|[D^{\prime},a]\|\leq 1\}.

2) Soit ΓijsubscriptΓ𝑖𝑗\Gamma_{ij} le graphe associé à l’ensemble des points appartenant au moins à un chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}, et Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij} l’ensemble des points qui n’appartiennent à aucun chemin γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}. Tout point de Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij} est connecté à ΓijsubscriptΓ𝑖𝑗\Gamma_{ij} par au plus un chemin. Pour un élément l𝑙l de Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij}, il existe au plus un point mlΓijsubscript𝑚𝑙subscriptΓ𝑖𝑗m_{l}\in\Gamma_{ij} tel que l𝑙l et mlsubscript𝑚𝑙m_{l} soient connectés par un chemin γlmlsubscript𝛾𝑙subscript𝑚𝑙\gamma_{lm_{l}} dont tous les points (excepté mlsubscript𝑚𝑙m_{l}) sont dans Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij}. Soit Dsuperscript𝐷D^{\prime} l’opérateur obtenue en annulant toutes les lignes et colonnes correspondant aux points de Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij}, et asuperscript𝑎a^{\prime} l’élément qui réalise le suprémum pour la distance dsuperscript𝑑d^{\prime}. Soit a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A} défini par ap=apsubscript𝑎𝑝subscriptsuperscript𝑎𝑝a_{p}=a^{\prime}_{p}, sauf pour les points de Iijsubscript𝐼𝑖𝑗I_{ij} où l’on pose al=amlsubscript𝑎𝑙subscript𝑎subscript𝑚𝑙a_{l}=a_{m_{l}} ou al=0subscript𝑎𝑙0a_{l}=0 si mlsubscript𝑚𝑙m_{l} n’existe pas. Alors

[D,a]={dij(aiaj)}=[D,a]𝐷𝑎subscript𝑑𝑖𝑗subscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗superscript𝐷superscript𝑎[D,a]=\left\{d_{ij}(a_{i}-a_{j})\right\}=[D^{\prime},a^{\prime}]

et d(i,j)d(i,j)𝑑𝑖𝑗superscript𝑑𝑖𝑗d(i,j)\geq d^{\prime}(i,j). D’après 1){\it 1)}, d(i,j)d(i,j)𝑑𝑖𝑗superscript𝑑𝑖𝑗d(i,j)\leq d^{\prime}(i,j) d’où le résultat.

3) Supposons que i𝑖i et j𝑗j soient connectés. Il existe au moins un chemin γij=(i,i2,,ip1,j)subscript𝛾𝑖𝑗𝑖subscript𝑖2subscript𝑖𝑝1𝑗\gamma_{ij}=(i,i_{2},...,i_{p-1},j) dont la longueur est la distance géodésique Lijsubscript𝐿𝑖𝑗L_{ij}. Soit Dsuperscript𝐷D^{\prime} l’opérateur obtenu en annulant les lignes et colonnes ne correspondant à aucun point de γijsubscript𝛾𝑖𝑗\gamma_{ij}. Alors d(i,j)d(i,j)𝑑𝑖𝑗superscript𝑑𝑖𝑗d(i,j)\leq d^{\prime}(i,j). L’inégalité triangulaire indique que

d(i,j)Σk=1p1d(ik,ik+1)=Σk=1p11|Dikik+1|Lij.superscript𝑑𝑖𝑗𝑘1𝑝1Σsuperscript𝑑subscript𝑖𝑘subscript𝑖𝑘1𝑘1𝑝1Σ1subscript𝐷subscript𝑖𝑘subscript𝑖𝑘1approaches-limitsubscript𝐿𝑖𝑗d^{\prime}(i,j)\leq\underset{k=1}{\overset{p-1}{\Sigma}}d^{\prime}(i_{k},i_{k+1})=\underset{k=1}{\overset{p-1}{\Sigma}}{\frac{1}{|D_{i_{k}i_{k+1}}|}}\doteq L_{ij}.

La distance d(i,j)𝑑𝑖𝑗d(i,j) est plus petite que la distance géodésique, donc elle est finie. Quand i𝑖i et j𝑗j ne sont pas connectés, on définit a𝑎a par ai=t>0,ak=aiformulae-sequencesubscript𝑎𝑖𝑡0subscript𝑎𝑘subscript𝑎𝑖a_{i}=t>0,a_{k}=a_{i} si k𝑘k et i𝑖i sont connectés, ak=0subscript𝑎𝑘0a_{k}=0 autrement. Alors [D,a]=0𝐷𝑎0[D,a]=0 et |aiaj|=tsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗𝑡|a_{i}-a_{j}|=t. Puisque t𝑡t est arbitraire, d(i,j)𝑑𝑖𝑗d(i,j) est infinie. \blacksquare

Afin de simplifier les notations, on pose

aijajai et xa21,xiai+1,1,2in1.formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑎𝑖𝑗subscript𝑎𝑗subscript𝑎𝑖 et formulae-sequenceapproaches-limit𝑥subscript𝑎21formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑥𝑖subscript𝑎𝑖1.12𝑖𝑛1a_{ij}\doteq a_{j}-a_{i}\quad\text{ et }\quad x\doteq a_{21}\,,\,x_{i}\doteq a_{i+1,1},\quad 2\leq i\leq n-1. (2.25)

Dans les espaces de n=3𝑛3n=3 et n=4𝑛4n=4 points, ces notations se réduisent à

ya31 and za41.approaches-limit𝑦subscript𝑎31 and 𝑧approaches-limitsubscript𝑎41y\doteq a_{31}\,\text{ and }\,z\doteq a_{41}. (2.26)

IV.1 Espace régulier

Un espace commutatif de n𝑛n points est dit régulier lorsque tous les coefficients de l’opérateur D𝐷D sont égaux

Dij=k(1δij),k.formulae-sequencesubscript𝐷𝑖𝑗𝑘1subscript𝛿𝑖𝑗𝑘D_{ij}=k(1-\delta_{ij})\;,\;k\in\mathbb{R}.
Proposition 2.9.

1) La distance entre deux points i,j𝑖𝑗i,j d’un espace régulier de constante k𝑘k est

d(i,j)=1|k|2n.𝑑𝑖𝑗1𝑘2𝑛d(i,j)={\frac{1}{|k|}}{\sqrt{\frac{2}{n}}}.

2) Si le lien entre deux points i1,i2subscript𝑖1subscript𝑖2i_{1},i_{2} - et uniquement ce lien- est coupé, Di1i2=0subscript𝐷subscript𝑖1subscript𝑖20D_{i_{1}i_{2}}=0, alors

d(i1,i2)=1|k|2n2.𝑑subscript𝑖1subscript𝑖21𝑘2𝑛2d(i_{1},i_{2})={\frac{1}{|k|}}{\sqrt{\frac{2}{n-2}}}.

Preuve. Un espace régulier est symétrique par rapport à toutes les permutations d’indices. Toutes les distances sont égales et pour fixer les notations on calcule d(1,2)𝑑1.2d(1,2). De même lorsque un lien est coupé, on peut sans perte de généralité poser i1=1,i2=2formulae-sequencesubscript𝑖11subscript𝑖22i_{1}=1,i_{2}=2. Dsuperscript𝐷{D^{\prime}} désigne l’opérateur obtenu de D𝐷D en posant D12=0subscript𝐷120D_{12}=0. Pour D𝐷D comme pour Dsuperscript𝐷D^{\prime}, (2.24) et (2.25) donnent

d(1,2)=supa𝒜+{|x|/[D ou D,a]=1}.𝑑1.2𝑎subscript𝒜supremum𝑥norm𝐷 ou superscript𝐷𝑎1d(1,2)=\underset{a\in\mathcal{A}_{+}}{\sup}\{\;|x|\,/\,\|[\,D\text{ ou }{D^{\prime}},a]\|=1\}. (2.27)

Pour calculer cette distance, il faut d’abord calculer la norme du commutateur pour ensuite déterminer le suprémum.

Lemme 2.10.

[D,a]2=|k|2Σi=1𝑛Σj=i+1𝑛aij2=|k|2[x2+Σi=2n1(xi2+(xxi)2+Σj=i+1n1(xixj)2)].superscriptnorm𝐷𝑎2superscript𝑘2𝑛𝑖1Σ𝑛𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2superscript𝑘2delimited-[]superscript𝑥2𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2superscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\|[D,a]\|^{2}=|k|^{2}\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}a_{ij}^{2}=|k|^{2}\left[x^{2}+\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\left(x_{i}^{2}+(x-x_{i})^{2}+\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2}\right)\right].

[D,a]2superscriptnormsuperscript𝐷𝑎2\displaystyle\hskip 85.35826pt\|[{D^{\prime}},a]\|^{2} =\displaystyle= |k|22[Σi=1𝑛Σj=i+1(1,2)𝑛aij2+(Σi=1𝑛Σj=i+1(1,2)𝑛aij2)24a122Σi=3𝑛Σj=i+1𝑛aij2]superscript𝑘22delimited-[]𝑛𝑖1Σ𝑛1.2𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2superscript𝑛𝑖1Σ𝑛1.2𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗224superscriptsubscript𝑎122𝑛𝑖3Σ𝑛𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2\displaystyle\frac{|k|^{2}}{2}\left[\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{\underset{-(1,2)}{j=i+1}}{\Sigma}}a_{ij}^{2}+\sqrt{(\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{\underset{-(1,2)}{j=i+1}}{\Sigma}}a_{ij}^{2})^{2}-4a_{12}^{2}\overset{n}{\underset{i=3}{\Sigma}}\;\overset{n}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}a_{ij}^{2}}\right]
=\displaystyle= |k|22[Σi=2n1(xi2+(xxi)2+Σj=i+1n1(xixj)2)]superscript𝑘22delimited-[]𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2superscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\displaystyle\frac{|k|^{2}}{2}\left[\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\left(x_{i}^{2}+(x-x_{i})^{2}+\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2}\right)\right]
+[(Σi=2n1(xi2+(xxi)2+Σj=i+1n1(xixj)2))24x2Σi=2n1Σj=i+1n1(xixj)2].delimited-[]superscript𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2superscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗224superscript𝑥2𝑛1𝑖2Σ𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\displaystyle+\left[\sqrt{(\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\left(x_{i}^{2}+(x-x_{i})^{2}+\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2}\right))^{2}-4x^{2}\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\;\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2}}\right].

Preuve. Ci[D,a]approaches-limit𝐶𝑖𝐷𝑎C\doteq i[D,a] est une matrice carrée de dimension n𝑛n

C=k(0ia12ia21iaijiaji0)𝐶𝑘0𝑖subscript𝑎12missing-subexpressionmissing-subexpression𝑖subscript𝑎21𝑖subscript𝑎𝑖𝑗missing-subexpressionmissing-subexpression𝑖subscript𝑎𝑗𝑖missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0C=k\left(\begin{array}[]{cccc}0&ia_{12}&&\\ ia_{21}&\ddots&ia_{ij}&\\ &ia_{ji}&\ddots&\\ &&&0\\ \end{array}\right)

et de rang 2absent2\leq 2 puisque son noyau est généré par les (n2)𝑛2(n-2) vecteurs indépendants

Λk=(ak2a21;a1ka21;0;;1;;0)subscriptΛ𝑘subscript𝑎𝑘2subscript𝑎21subscript𝑎1𝑘subscript𝑎21010\Lambda_{k}=({\frac{a_{k2}}{a_{21}}};{\frac{a_{1k}}{a_{21}}};0;...;1;...;0)

111 est à la kièmesuperscript𝑘ièmek^{\text{i\`{e}me}} position, 3kn3𝑘𝑛3\leq k\leq n. De plus C𝐶C est une matrice autoadjointe de trace nulle; elle a donc deux valeurs propres non nulles ±λplus-or-minus𝜆\pm\lambda. Autrement dit λ=Tr(C2)2𝜆𝑇𝑟superscript𝐶22\lambda=\sqrt{\frac{Tr(C^{2})}{2}} et un calcul direct donne λ=kΣi=1𝑛Σj=i+1𝑛(aij)2.𝜆𝑘𝑛𝑖1Σ𝑛𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2\lambda=k{\sqrt{\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(a_{ij})^{2}}}. Ainsi

[D,a]norm𝐷𝑎\displaystyle\|[D,a]\| =\displaystyle= i[D,a]=|λ|=|k|Σi=1𝑛Σj=i+1𝑛(aij)2,norm𝑖𝐷𝑎𝜆𝑘𝑛𝑖1Σ𝑛𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2\displaystyle\|i[D,a]\|=|\lambda|=|k|{\sqrt{\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(a_{ij})^{2}}},
=\displaystyle= |k|x2+Σi=2n1xi2+Σi=2n1Σj=i+1n1(xixj)2.𝑘superscript𝑥2𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2𝑛1𝑖2Σ𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\displaystyle|k|\sqrt{x^{2}+{\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\,x_{i}^{2}+{\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\,\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j}})^{2}}}.

Soit Ci[D,a]approaches-limitsuperscript𝐶𝑖superscript𝐷𝑎{C^{\prime}}\doteq i[{D^{\prime}},a] la matrice carrée de dimension n𝑛n

C=k(00ia1300iaijia31iaji0)superscript𝐶𝑘00𝑖subscript𝑎13missing-subexpression00missing-subexpression𝑖subscript𝑎𝑖𝑗𝑖subscript𝑎31missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑖subscript𝑎𝑗𝑖missing-subexpression0{C^{\prime}}=k\left(\begin{array}[]{cccc}0&0&ia_{13}&\\ 0&0&&ia_{ij}\\ ia_{31}&&\ddots&\\ &ia_{ji}&&0\\ \end{array}\right)

et de rang 4absent4\leq 4 puisque ker(C)𝑘𝑒𝑟superscript𝐶ker({C^{\prime}}) est généré par les (n4)𝑛4(n-4) vecteurs indépendants

Λp=(0;0;ap4a43;a3pa43;0;;1;;0)subscriptsuperscriptΛ𝑝00subscript𝑎𝑝4subscript𝑎43subscript𝑎3𝑝subscript𝑎43010{\Lambda^{\prime}}_{p}=(0;0;{\frac{a_{p4}}{a_{43}}};{\frac{a_{3p}}{a_{43}}};0;...;1;...;0)

111 est à la pièmesuperscript𝑝ièmep^{\text{i\`{e}me}} position, 5pn.5𝑝𝑛5\leq p\leq n. Puisque Csuperscript𝐶C^{\prime} est autoadjointe et que C¯=C¯superscript𝐶superscript𝐶\bar{C^{\prime}}=-C^{\prime}, la matrice Csuperscript𝐶C^{\prime} a quatre valeurs propres réelles ±λ1plus-or-minussubscriptsuperscript𝜆1\pm{\lambda^{\prime}_{1}}, ±λ2plus-or-minussubscriptsuperscript𝜆2\pm{\lambda^{\prime}_{2}} et son polynôme caractéristique est

χ(C)=Xn4(X2λ12)(X2λ22)=Xn(λ12+λ22)Xn2+λ12λ22Xn4.𝜒superscript𝐶superscript𝑋𝑛4superscript𝑋2superscriptsubscriptsuperscript𝜆12superscript𝑋2superscriptsubscriptsuperscript𝜆22superscript𝑋𝑛superscriptsubscriptsuperscript𝜆12superscriptsubscriptsuperscript𝜆22superscript𝑋𝑛2superscriptsubscriptsuperscript𝜆12superscriptsubscriptsuperscript𝜆22superscript𝑋𝑛4\mbox{\Large$\chi$}({C^{\prime}})=X^{n-4}(X^{2}-{\lambda^{\prime}_{1}}^{2})(X^{2}-{\lambda^{\prime}_{2}}^{2})=X^{n}-({\lambda^{\prime}_{1}}^{2}+{\lambda^{\prime}_{2}}^{2})X^{n-2}+{\lambda^{\prime}_{1}}^{2}{\lambda^{\prime}_{2}}^{2}X^{n-4}. (2.28)

Par calcul direct il vient

λ12+λ22=12Tr(C2)=k2Σi=1𝑛Σj=i+1(1,2)𝑛(aij)2.superscriptsubscriptsuperscript𝜆12superscriptsubscriptsuperscript𝜆2212𝑇𝑟superscriptsuperscript𝐶2superscript𝑘2𝑛𝑖1Σ𝑛1.2𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑎𝑖𝑗2{\lambda^{\prime}_{1}}^{2}+{\lambda^{\prime}_{2}}^{2}=\frac{1}{2}Tr({C^{\prime}}^{2})=k^{2}{\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{\underset{-(1,2)}{j=i+1}}{\Sigma}}(a_{ij})^{2}}.

Le coefficient en Xn4superscript𝑋𝑛4X^{n-4} est la somme des mineurs de Csuperscript𝐶{C^{\prime}} de degré 444. Un mineur M(1,k,l,p)𝑀1𝑘𝑙𝑝M(1,k,l,p) formé de la première (ou la seconde) colonne, de trois autres colonnes k,l,p{1,2}𝑘𝑙𝑝1.2k,l,p\notin\{1,2\} et des lignes associées est également un mineur de C𝐶C. Comme C𝐶C est de rang 2absent2\leq 2, ses mineurs de degré supérieur à 222 sont nuls et M(1,k,l,p)=M(2,k,l,p)=0𝑀1𝑘𝑙𝑝𝑀2𝑘𝑙𝑝0M(1,k,l,p)=M(2,k,l,p)=0. Il en est de même pour les mineurs M(q,k,l,p)𝑀𝑞𝑘𝑙𝑝M(q,k,l,p) avec q{1,2}𝑞1.2q\notin\{1,2\}. Au final, les seuls mineurs non nuls sont

M(1,2,l,p)=k4Det(00ia1lia1p00ia2lia2pial1ial20ialpiap1iap2apl0)=k4Det(a1la1pa2la2p)2=k4a212apl2.𝑀1.2𝑙𝑝superscript𝑘4𝐷𝑒𝑡00𝑖subscript𝑎1𝑙𝑖subscript𝑎1𝑝00𝑖subscript𝑎2𝑙𝑖subscript𝑎2𝑝𝑖subscript𝑎𝑙1𝑖subscript𝑎𝑙20𝑖subscript𝑎𝑙𝑝𝑖subscript𝑎𝑝1𝑖subscript𝑎𝑝2subscript𝑎𝑝𝑙0superscript𝑘4𝐷𝑒𝑡superscriptsubscript𝑎1𝑙subscript𝑎1𝑝subscript𝑎2𝑙subscript𝑎2𝑝2superscript𝑘4superscriptsubscript𝑎212superscriptsubscript𝑎𝑝𝑙2M(1,2,l,p)=k^{4}Det\left(\begin{array}[]{cccc}0&0&ia_{1l}&ia_{1p}\\ 0&0&ia_{2l}&ia_{2p}\\ ia_{l1}&ia_{l2}&0&ia_{lp}\\ ia_{p1}&ia_{p2}&a_{pl}&0\end{array}\right)=k^{4}Det\left(\begin{array}[]{cc}a_{1l}&a_{1p}\\ a_{2l}&a_{2p}\end{array}\right)^{2}=k^{4}a_{21}^{2}a_{pl}^{2}.

L’addition de ces mineurs donnent

λ12λ22=a122Σl=3𝑛Σp=l+1𝑛apl2.superscriptsubscriptsuperscript𝜆12superscriptsubscriptsuperscript𝜆22superscriptsubscript𝑎122𝑙3𝑛Σ𝑝𝑙1𝑛Σsuperscriptsubscript𝑎𝑝𝑙2{\lambda^{\prime}_{1}}^{2}{\lambda^{\prime}_{2}}^{2}=a_{12}^{2}\underset{l=3}{\overset{n}{\Sigma}}\;\underset{p=l+1}{\overset{n}{\Sigma}}a_{pl}^{2}.

On peut résoudre (2.28) et obtenir

[D,a]2=|k|22(Σi=1𝑛Σj=i+1(1,2)𝑛aij2+(Σi=1𝑛Σj=i+1(1,2)𝑛aij2)24a122Σi=3𝑛Σj=i+1𝑛aij2).\|[{D^{\prime}},a]\|^{2}=\frac{|k|^{2}}{2}\left(\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\;\overset{n}{\underset{\underset{-(1,2)}{j=i+1}}{\Sigma}}a_{ij}^{2}+\sqrt{(\overset{n}{\underset{i=1}{\Sigma}}\,\overset{n}{\underset{\underset{-(1,2)}{j=i+1}}{\Sigma}}a_{ij}^{2})^{2}-4a_{12}^{2}\overset{n}{\underset{i=3}{\Sigma}}\;\overset{n}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}a_{ij}^{2}}\right).\qquad\square
Lemme 2.11.

Dans l’espace régulier, le suprémum des x𝑥x dans (2.27) est atteint lorsque tous les xisubscript𝑥𝑖x_{i} sont égaux.


Preuve. On pose

f(x,x2,,xn1)x2+Σi=2n1xi2+(xxi)2+Σi=2n1Σj=i+1n1(xixj)2.approaches-limit𝑓𝑥subscript𝑥2subscript𝑥𝑛1superscript𝑥2𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2superscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑛1𝑖2Σ𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2f(x,x_{2},...,x_{n-1})\doteq x^{2}+{\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}x_{i}^{2}+(x-x_{i})^{2}+{\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j}})^{2}}.

Supposons que (x,x2,,xn1)n1𝑥subscript𝑥2subscript𝑥𝑛1superscript𝑛1(x,x_{2},...,x_{n-1})\in\mathbb{R}^{n-1} réalise le suprémum, c’est à dire

f(x,x2,,xn1)=1|k|2 et d(1,2)=|x|.𝑓𝑥subscript𝑥2subscript𝑥𝑛11superscript𝑘2 et 𝑑1.2𝑥f(x,x_{2},...,x_{n-1})=\frac{1}{|k|^{2}}\;\text{ et }\;d(1,2)=|x|.

Alors

- x𝑥x est positif: f𝑓f est globalement paire, on peut donc choisir x𝑥x positif.

- xix2,i{2,,n1}::formulae-sequencesubscript𝑥𝑖𝑥2for-all𝑖2𝑛1absentx_{i}\leq{\frac{x}{2}},\;\forall i\in\{2,...,n-1\}: supposons que p𝑝p des xisubscript𝑥𝑖x_{i} soient plus grands que x2𝑥2\frac{x}{2} et désignons les de manière générique par xpsubscript𝑥𝑝x_{p}. Soit maintenant le (n-1)-uplet où les xpsubscript𝑥𝑝x_{p} sont remplacés par x2𝑥2\frac{x}{2}. f𝑓f décroit car

xp2+(xxp)2x24+(xx2)2superscriptsubscript𝑥𝑝2superscript𝑥subscript𝑥𝑝2superscript𝑥24superscript𝑥𝑥22x_{p}^{2}+(x-x_{p})^{2}\geq\frac{x^{2}}{4}+(x-\frac{x}{2})^{2}

et

(xixp)2(xix2)2.superscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑝2superscriptsubscript𝑥𝑖𝑥22(x_{i}-x_{p})^{2}\geq(x_{i}-\frac{x}{2})^{2}.

Fixer les valeurs des autres xisubscript𝑥𝑖x_{i} permet de voir f𝑓f comme fonction de la seule variable x𝑥x,

f(x)=x2+p(x2)2+Σ𝑖xi2+p(xx2)2+Σ𝑖(xxi)2+Σ𝑖p(x2xi)2+Σ𝑖Σ𝑗(xjxi)2,𝑓𝑥superscript𝑥2𝑝superscript𝑥22𝑖Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2𝑝superscript𝑥𝑥22𝑖Σsuperscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑖Σ𝑝superscript𝑥2subscript𝑥𝑖2𝑖Σ𝑗Σsuperscriptsubscript𝑥𝑗subscript𝑥𝑖2f(x)=x^{2}+p(\frac{x}{2})^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}x_{i}^{2}+p(x-\frac{x}{2})^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}(x-x_{i})^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}p(\frac{x}{2}-x_{i})^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}{\underset{j}{\Sigma}}(x_{j}-x_{i})^{2},

dont la dérivée est

f(x)=2x+2px+2Σ𝑖(xxi)+Σ𝑖p(x2xi).superscript𝑓𝑥2𝑥2𝑝𝑥2𝑖Σ𝑥subscript𝑥𝑖𝑖Σ𝑝𝑥2subscript𝑥𝑖f^{\prime}(x)=2x+2px+2{\underset{i}{\Sigma}}(x-x_{i})+{\underset{i}{\Sigma}}p(\frac{x}{2}-x_{i}).

Puisque xix2xsubscript𝑥𝑖𝑥2𝑥x_{i}\leq\frac{x}{2}\leq x ,

f(x)>0superscript𝑓𝑥0f^{\prime}(x)>0

dès que x>0𝑥0x>0. f𝑓f est continue et limxf(x)=+𝑥𝑓𝑥{\underset{x\rightarrow\infty}{\lim}}f(x)=+\infty, donc il existe x0>xsubscript𝑥0𝑥x_{0}>x avec f(x0)=1|k|2𝑓subscript𝑥01superscript𝑘2f(x_{0})=\frac{1}{|k|^{2}}. Ceci signifie que le n-uplet initial en xpsubscript𝑥𝑝x_{p} n’atteint pas le suprémum en contradiction avec l’hypothèse. Par conséquent p=0𝑝0p=0.

- xi0subscript𝑥𝑖0x_{i}\geq 0 pour tout i{2,,n1}𝑖2𝑛1i\in\{2,...,n-1\}: en remplacant xi0subscript𝑥𝑖0x_{i}\leq 0 par x2𝑥2\frac{x}{2}, la preuve est identique au paragraphe précédent.

- Tous les xisubscript𝑥𝑖x_{i} sont égaux: soient λ𝜆\lambda et ΛΛ\Lambda les deux plus petites valeurs des xisubscript𝑥𝑖x_{i}, choisies telles que λΛ𝜆Λ\lambda\leq\Lambda. λ=Λ𝜆Λ\lambda=\Lambda signifie que tous les xisubscript𝑥𝑖x_{i} sont égaux. Si λΛ𝜆Λ\lambda\neq\Lambda, alors

0λ<Λxix2,i{2,,n1}.formulae-sequence0𝜆Λsubscript𝑥𝑖𝑥2for-all𝑖2𝑛10\leq\lambda<\Lambda\leq x_{i}\leq\frac{x}{2}\;,\;\forall i\in\{2,...,n-1\}.

Supposons que m𝑚m des xisubscript𝑥𝑖x_{i} soient égaux à λ𝜆\lambda. La somme sur tous les xiλsubscript𝑥𝑖𝜆x_{i}\neq\lambda donne:

f(x,x2,,xn1)=x2+mλ2+Σ𝑖xi2+Σ𝑖(xxi)2+m(xλ)2+Σ𝑖m(λxi)2+Σi,j(xixj)2.𝑓𝑥subscript𝑥2subscript𝑥𝑛1superscript𝑥2𝑚superscript𝜆2𝑖Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2𝑖Σsuperscript𝑥subscript𝑥𝑖2𝑚superscript𝑥𝜆2𝑖Σ𝑚superscript𝜆subscript𝑥𝑖2𝑖𝑗Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\displaystyle f(x,x_{2},...,x_{n-1})=x^{2}+m\lambda^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}x_{i}^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}(x-x_{i})^{2}+m(x-\lambda)^{2}+{\underset{i}{\Sigma}}m(\lambda-x_{i})^{2}+{\underset{i,j}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2}.

En fixant les valeurs des xiλsubscript𝑥𝑖𝜆x_{i}\neq\lambda et en considérant λ𝜆\lambda non plus comme une constante mais comme la valeur de la variable xminsubscript𝑥𝑚𝑖𝑛x_{min}, f𝑓f apparait comme une fonction fmsubscript𝑓𝑚f_{m} de deux variables xminsubscript𝑥𝑚𝑖𝑛x_{min} et x𝑥x. Il vient

fmxmin(xmin,x)=2mxmin+2m(xminx)+Σ𝑖2m(xminxi).subscript𝑓𝑚subscript𝑥𝑚𝑖𝑛subscript𝑥𝑚𝑖𝑛𝑥2𝑚subscript𝑥𝑚𝑖𝑛2𝑚subscript𝑥𝑚𝑖𝑛𝑥𝑖Σ2𝑚subscript𝑥𝑚𝑖𝑛subscript𝑥𝑖{\frac{\partial f_{m}}{\partial x_{min}}}(x_{min},x)=2mx_{min}+2m(x_{min}-x)+{\underset{i}{\Sigma}}2m(x_{min}-x_{i}).

Comme

fmxmin(xmin,x)<0subscript𝑓𝑚subscript𝑥𝑚𝑖𝑛subscript𝑥𝑚𝑖𝑛𝑥0{\frac{\partial f_{m}}{\partial x_{min}}}(x_{min},x)<0

pour xmin[λ,Λ[x_{min}\in[\lambda,\Lambda[, on a fm(Λ,x)<fm(λ,x)=1|k|2.subscript𝑓𝑚Λ𝑥subscript𝑓𝑚𝜆𝑥1superscript𝑘2f_{m}(\Lambda,x)<f_{m}(\lambda,x)=\frac{1}{|k|^{2}}. De plus

fmx(Λ,x)=2x+2m(xΛ)+Σ𝑖2(xxi)>0,subscript𝑓𝑚𝑥Λ𝑥2𝑥2𝑚𝑥Λ𝑖Σ2𝑥subscript𝑥𝑖0{\frac{\partial f_{m}}{\partial x}}(\Lambda,x)=2x+2m(x-\Lambda)+{\underset{i}{\Sigma}}2(x-x_{i})>0,

donc il existe x0>xsubscript𝑥0𝑥x_{0}>x tel que fm(x0,Λ)=1|k|2subscript𝑓𝑚subscript𝑥0Λ1superscript𝑘2f_{m}(x_{0},\Lambda)=\frac{1}{|k|^{2}}, ce qui contredit notre hypothèse. Par conséquent λ=Λ𝜆Λ\lambda=\Lambda. \square

Preuve de la proposition 2.9

1) Grâce au lemme 2.11, xi=x2subscript𝑥𝑖subscript𝑥2x_{i}=x_{2} pour 2in12𝑖𝑛12\leq i\leq n-1. La condition sur la norme de l’équation (2.27) s’écrit

2(n2)x22+[2(2n)x]x2+[(n1)x21|k|2]=0.2𝑛2superscriptsubscript𝑥22delimited-[]22𝑛𝑥subscript𝑥2delimited-[]𝑛1superscript𝑥21superscript𝑘202(n-2)x_{2}^{2}+[2(2-n)x]x_{2}+[(n-1)x^{2}-\frac{1}{|k|^{2}}]=0.

Ce polynôme en x2subscript𝑥2x_{2} n’a pas de solution réelle sauf si

|x|1|k|2n.𝑥1𝑘2𝑛|x|\leq\frac{1}{|k|}\sqrt{\frac{2}{n}}.

Cette borne supérieure est atteinte lorsque

x2=x2=12|k|2n.subscript𝑥2𝑥212𝑘2𝑛x_{2}=\frac{x}{2}=\frac{1}{2|k|}\sqrt{\frac{2}{n}}.

2) Posons

h1(x,xi)Σi=2n1xi2+(xxi)2,h0(xi)Σi=2n1Σj=i+1n1(xixj)2,formulae-sequenceapproaches-limitsubscript1𝑥subscript𝑥𝑖𝑛1𝑖2Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖2superscript𝑥subscript𝑥𝑖2approaches-limitsubscript0subscript𝑥𝑖𝑛1𝑖2Σ𝑛1𝑗𝑖1Σsuperscriptsubscript𝑥𝑖subscript𝑥𝑗2\displaystyle h_{1}(x,x_{i})\doteq\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}x_{i}^{2}+(x-x_{i})^{2},\quad h_{0}(x_{i})\doteq\overset{n-1}{\underset{i=2}{\Sigma}}\,\overset{n-1}{\underset{j=i+1}{\Sigma}}(x_{i}-x_{j})^{2},
g(x,xi)h1(x,xi)2x2.approaches-limit𝑔𝑥subscript𝑥𝑖subscript1𝑥subscript𝑥𝑖2superscript𝑥2\displaystyle g(x,x_{i})\doteq h_{1}(x,x_{i})-2x^{2}.

Par le lemme 2.10

[D,a]2=|k|22(h1+h0+h12+h02+2g.h0).superscriptnormsuperscript𝐷𝑎2superscript𝑘22subscript1subscript0formulae-sequencesuperscriptsubscript12superscriptsubscript022𝑔subscript0\|[{D^{\prime}},a]\|^{2}={\frac{|k|^{2}}{2}}\left(h_{1}+h_{0}+\sqrt{h_{1}^{2}+h_{0}^{2}+2g.h_{0}}\right). (2.29)

Soit x0=supx,xi{x/h1(x,xi)=1|k|2}subscript𝑥0𝑥subscript𝑥𝑖supremum𝑥subscript1𝑥subscript𝑥𝑖1superscript𝑘2x_{0}=\underset{x,x_{i}\in\mathbb{R}}{\sup}\{x/h_{1}(x,x_{i})=\frac{1}{|k|^{2}}\}. Comme g𝑔g et h0subscript0h_{0} sont tous deux positifs, (4.6) implique d(1,2)x0𝑑1.2subscript𝑥0d(1,2)\leq x_{0}. En répétant toute la procédure du lemme 2.11 on trouve que cette borne supérieure est atteinte lorsque tous les xisubscript𝑥𝑖x_{i} sont égaux et x0=1|k|2n2subscript𝑥01𝑘2𝑛2x_{0}=\frac{1}{|k|}\sqrt{\frac{2}{n-2}}. \blacksquare

Ces deux exemples ne doivent pas laisser croire que les distances dans les espaces finis sont toujours explicitement calculables. C’est le cas pour n=3𝑛3n=3 mais pas pour n=4𝑛4n=4.

IV.2 Espace à trois points

On considère un espace de trois points avec comme opérateur de Dirac

D=(0D12D13D120D23D13D230)𝐷0subscript𝐷12subscript𝐷13subscript𝐷120subscript𝐷23subscript𝐷13subscript𝐷230D=\left(\begin{array}[]{ccc}0&D_{12}&D_{13}\\ D_{12}&0&D_{23}\\ D_{13}&D_{23}&0\end{array}\right)

ou Dijsubscript𝐷𝑖𝑗D_{ij}\in{\mathbb{R}}. Par permutation des coefficients on obtient toutes les distances à partir de d(1,2)𝑑1.2d(1,2).

Proposition 2.12.

Dans un espace à trois points avec l’opérateur de Dirac ci-dessus,

d(1,2)=D132+D232D122D132+D122D232+D232D132.𝑑1.2superscriptsubscript𝐷132superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷122superscriptsubscript𝐷132superscriptsubscript𝐷122superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷132d(1,2)=\sqrt{\frac{D_{13}^{2}+D_{23}^{2}}{D_{12}^{2}D_{13}^{2}+D_{12}^{2}D_{23}^{2}+D_{23}^{2}D_{13}^{2}}}.

Preuve. L’équation (2.24) et les notations (2.26) donnent

d(1,2)=supa𝒜+{x/[D,a]=(0D12xD13yD12x0D23(xy)D13yD23(yx)0)=1}.𝑑1.2𝑎subscript𝒜supremum𝑥norm𝐷𝑎norm0subscript𝐷12𝑥subscript𝐷13𝑦subscript𝐷12𝑥0subscript𝐷23𝑥𝑦subscript𝐷13𝑦subscript𝐷23𝑦𝑥01d(1,2)=\underset{a\in\mathcal{A}_{+}}{\sup}\,\{x\;/\;\|[D,a]\|=\left\|\left(\begin{array}[]{ccc}0&-D_{12}x&-D_{13}y\\ D_{12}x&0&D_{23}(x-y)\\ D_{13}y&D_{23}(y-x)&0\end{array}\right)\right\|=1\}.

Un calcul direct donne

[D,a]=D23(xy)2+D13y2+D12x2.norm𝐷𝑎subscript𝐷23superscript𝑥𝑦2subscript𝐷13superscript𝑦2subscript𝐷12superscript𝑥2\|[D,a]\|=\sqrt{D_{23}(x-y)^{2}+D_{13}y^{2}+D_{12}x^{2}}.

d(1,2)𝑑1.2d(1,2) est la plus grande valeur de x𝑥x pour laquelle il existe un point (x,y)𝑥𝑦(x,y) appartenant à l’ellipse

(D232+D122)x2+(D132+D232)y22D232xy=1.superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷122superscript𝑥2superscriptsubscript𝐷132superscriptsubscript𝐷232superscript𝑦22superscriptsubscript𝐷232𝑥𝑦1(D_{23}^{2}+D_{12}^{2})x^{2}+(D_{13}^{2}+D_{23}^{2})y^{2}-2D_{23}^{2}xy=1. (2.30)

d(1,2)𝑑1.2d(1,2) est la valeur positive de x𝑥x pour laquelle l’équation en y𝑦y (2.30) a un discriminant nul, c’est à dire

x=D132+D232D122D132+D122D232+D232D132.𝑥superscriptsubscript𝐷132superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷122superscriptsubscript𝐷132superscriptsubscript𝐷122superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷232superscriptsubscript𝐷132x=\sqrt{\frac{D_{13}^{2}+D_{23}^{2}}{D_{12}^{2}D_{13}^{2}+D_{12}^{2}D_{23}^{2}+D_{23}^{2}D_{13}^{2}}}.

\blacksquare

Les trois distances vérifient une inégalité triangulaire ”au carré”

d(1,2)2+d(2,3)2d(1,3)2,𝑑superscript1.22𝑑superscript2.32𝑑superscript1.32d(1,2)^{2}+d(2,3)^{2}\geq d(1,3)^{2}, (2.31)

ainsi que deux autres inégalités obtenues par permutations des indices. Disposant d’une formule exacte pour chaque distance d’un espace de trois points, on peut raisonnablement se demander s’il est possible d’inverser la métrique pour remonter à l’opérateur de Dirac. Plus exactement, étant donnés trois nombres positifs (a,b,c)𝑎𝑏𝑐(a,b,c) vérifiant (2.31), existe t-il une géométrie dans laquelle (a,b,c)𝑎𝑏𝑐(a,b,c) sont les distances d’un espace commutatif de trois points ?

Proposition 2.13.

Soient a,b,c𝑎𝑏𝑐a,b,c trois nombres réels strictement positifs qui vérifient a2+b2c2,b2+c2a2,a2+c2b2.formulae-sequencesuperscript𝑎2superscript𝑏2superscript𝑐2formulae-sequencesuperscript𝑏2superscript𝑐2superscript𝑎2superscript𝑎2superscript𝑐2superscript𝑏2a^{2}+b^{2}\geq c^{2},\,b^{2}+c^{2}\geq a^{2},\,a^{2}+c^{2}\geq b^{2}. Il existe un opérateur D𝐷D tel que d(1,2)=a𝑑1.2𝑎d(1,2)=a, d(1,3)=b𝑑1.3𝑏d(1,3)=b, d(2,3)=c𝑑2.3𝑐d(2,3)=c. Les coefficients de D𝐷D sont

D12=2(b2+c2a2)(a+b+c)(a+b+c)(ab+c)(a+bc),subscript𝐷122superscript𝑏2superscript𝑐2superscript𝑎2𝑎𝑏𝑐𝑎𝑏𝑐𝑎𝑏𝑐𝑎𝑏𝑐D_{12}=\sqrt{{\frac{2(b^{2}+c^{2}-a^{2})}{(a+b+c)(-a+b+c)(a-b+c)(a+b-c)}}},

D13subscript𝐷13D_{13} and D23subscript𝐷23D_{23} sont déduits par permutation de a,b,c𝑎𝑏𝑐a,b,c.


Preuve. En posant 1D122=R121superscriptsubscript𝐷122subscript𝑅12{\frac{1}{D_{12}^{2}}}=R_{12}, 1D232=R231superscriptsubscript𝐷232subscript𝑅23{\frac{1}{D_{23}^{2}}}=R_{23}, 1D132=R131superscriptsubscript𝐷132subscript𝑅13{\frac{1}{D_{13}^{2}}}=R_{13}, la proposition 2.12 donne

1d(1,2)2=1R12+1R23+R13.1𝑑superscript1.221subscript𝑅121subscript𝑅23subscript𝑅13{\frac{1}{d(1,2)^{2}}}={\frac{1}{R_{12}}}+{\frac{1}{R_{23}+R_{13}}}.

d(1,2)2𝑑superscript1.22d(1,2)^{2} apparait comme la résistance électrique entre les points 1 et 2 du circuit en triangle.

[Uncaptioned image]

Trouver le coefficient Dijsubscript𝐷𝑖𝑗D_{ij} signifie déterminer trois résistances Rkpsubscript𝑅𝑘𝑝R_{kp} induisant une impédance d(i,j)2𝑑superscript𝑖𝑗2d(i,j)^{2} entre les points i,j𝑖𝑗i,j. Un résultat classique d’électricité ? précise que le circuit en triangle est équivalent au circuit en étoile (r1,r2,r3)subscript𝑟1subscript𝑟2subscript𝑟3(r_{1},r_{2},r_{3})

R12=1r3(r1r2+r1r3+r2r3),subscript𝑅121subscript𝑟3subscript𝑟1subscript𝑟2subscript𝑟1subscript𝑟3subscript𝑟2subscript𝑟3R_{12}={\frac{1}{r_{3}}}({r_{1}r_{2}+r_{1}r_{3}+r_{2}r_{3}}), (2.32)

R13subscript𝑅13R_{13} et R23subscript𝑅23R_{23} ayant des formules analogues obtenues par permutations des indices. Dans le circuit en étoile,

d(1,2)2=r1+r2,𝑑superscript1.22subscript𝑟1subscript𝑟2\displaystyle d(1,2)^{2}=r_{1}+r_{2},
d(1,3)2=r1+r3,𝑑superscript1.32subscript𝑟1subscript𝑟3\displaystyle d(1,3)^{2}=r_{1}+r_{3},
d(2,3)2=r2+r3𝑑superscript2.32subscript𝑟2subscript𝑟3\displaystyle d(2,3)^{2}=r_{2}+r_{3}

d’où

2r1=d(1,2)2+d(1,3)2d(2,3)2,2subscript𝑟1𝑑superscript1.22𝑑superscript1.32𝑑superscript2.32\displaystyle 2r_{1}=d(1,2)^{2}+d(1,3)^{2}-d(2,3)^{2},
2r2=d(1,2)2+d(2,3)2d(1,3)2,2subscript𝑟2𝑑superscript1.22𝑑superscript2.32𝑑superscript1.32\displaystyle 2r_{2}=d(1,2)^{2}+d(2,3)^{2}-d(1,3)^{2},
2r3=d(1,3)2+d(2,3)2d(1,2)2.2subscript𝑟3𝑑superscript1.32𝑑superscript2.32𝑑superscript1.22\displaystyle 2r_{3}=d(1,3)^{2}+d(2,3)^{2}-d(1,2)^{2}.

Inseré dans (2.32) ce système d’équations conduit à

D12=2(d(1,3)2+d(2,3)2d(1,2)2)2(d(1,2)2d(1,3)2+d(1,2)2d(2,3)2+d(1,3)2d(2,3)2)d(1,2)4d(1,3)4d(2,3)4.subscript𝐷122𝑑superscript1.32𝑑superscript2.32𝑑superscript1.222𝑑superscript1.22𝑑superscript1.32𝑑superscript1.22𝑑superscript2.32𝑑superscript1.32𝑑superscript2.32𝑑superscript1.24𝑑superscript1.34𝑑superscript2.34D_{12}=\sqrt{{\frac{2(d(1,3)^{2}+d(2,3)^{2}-d(1,2)^{2})}{2(d(1,2)^{2}d(1,3)^{2}+d(1,2)^{2}d(2,3)^{2}+d(1,3)^{2}d(2,3)^{2})-d(1,2)^{4}-d(1,3)^{4}-d(2,3)^{4}}}}.

\blacksquare

IV.3 Espace à quatre points

Calculer les distances dans un espace de n𝑛n points est une tâche sans fin. Le calcul de la norme du commutateur n’est a priori plus génériquement possible dès que n10𝑛10n\geq 10 ([D,a]𝐷𝑎[D,a] étant une matrice antisymmétrique réelle, son polynôme caractéristique est alors d’ordre 5 et il n’y pas de formule explicite pour les racines des polynômes de degré supérieur à 4). Bien que pour n9𝑛9n\leq 9 la norme soit toujours calculable, il apparait que la détermination du suprémum n’est déjà plus toujours possible dès n=4𝑛4n=4.

On utilise les notations (2.26) ainsi que

d11D12,d21D13,d31D14,d41D23,d51D24,d61D34formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑑11subscript𝐷12formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑑21subscript𝐷13formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑑31subscript𝐷14formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑑41subscript𝐷23formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑑51subscript𝐷24approaches-limitsubscript𝑑61subscript𝐷34d_{1}\doteq\frac{1}{D_{12}},\;d_{2}\doteq{\frac{1}{D_{13}}},\;d_{3}\doteq{\frac{1}{D_{14}}},\;d_{4}\doteq{\frac{1}{D_{23}}},\;d_{5}\doteq{\frac{1}{D_{24}}},\;d_{6}\doteq{\frac{1}{D_{34}}}

Dijsubscript𝐷𝑖𝑗D_{ij} sont les composantes d’une matrice 4×4444\times 4 antisymmétrique réelle. Ainsi

[D,a]=(0xd1yd2zd3xd10xyd4xzd5yd2yxd40yzd6zd3zxd5zyd60).𝐷𝑎0𝑥subscript𝑑1𝑦subscript𝑑2𝑧subscript𝑑3𝑥subscript𝑑10𝑥𝑦subscript𝑑4𝑥𝑧subscript𝑑5𝑦subscript𝑑2𝑦𝑥subscript𝑑40𝑦𝑧subscript𝑑6𝑧subscript𝑑3𝑧𝑥subscript𝑑5𝑧𝑦subscript𝑑60[D,a]=\left(\begin{array}[]{cccc}0&-{\frac{x}{d_{1}}}&-{\frac{y}{d_{2}}}&-{\frac{z}{d_{3}}}\\ \frac{x}{d_{1}}&0&{\frac{x-y}{d_{4}}}&{\frac{x-z}{d_{5}}}\\ \frac{y}{d_{2}}&\frac{y-x}{d_{4}}&0&{\frac{y-z}{d_{6}}}\\ \frac{z}{d_{3}}&{\frac{z-x}{d_{5}}}&\frac{z-y}{d_{6}}&0\end{array}\right).
Proposition 2.14.

1) d(1,2)𝑑1.2d(1,2) est la racine d’un polynôme de degré δ12𝛿12\delta\leq 12.

2) Généralement d(1,2)𝑑1.2d(1,2) n’est pas calculable par radicaux.

3) Il existe des cas où d(1,2)𝑑1.2d(1,2) est calculable. Par exemple quand 1d2=1d5=1subscript𝑑21subscript𝑑5{\frac{1}{d_{2}}}={\frac{1}{d_{5}}}=\infty, on a le résultat suivant:

d(1,2)=d1 quand d12d62,formulae-sequence𝑑1.2subscript𝑑1 quand superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62\hskip 17.07182ptd(1,2)\,=\,d_{1}\;\text{ quand }\quad d_{1}^{2}\leq d_{6}^{2},\hskip 278.837pt
=d1(d32+d1d6)2d12+d32d32+d62 quand d1d6=d3d4,formulae-sequenceabsentsubscript𝑑1superscriptsuperscriptsubscript𝑑32subscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62 quand subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4\hskip 28.45274pt=\frac{{d_{1}}\,{\sqrt{{{\left({{{d_{3}}}^{2}}+{d_{1}}\,{d_{6}}\right)}^{2}}}}}{{\sqrt{{{{d_{1}}}^{2}}+{{{d_{3}}}^{2}}}}\,{\sqrt{{{{d_{3}}}^{2}}+{{{d_{6}}}^{2}}}}}\quad\text{ quand }\quad d_{1}d_{6}=d_{3}d_{4},\hskip 119.50157pt
=d12(d32+d62)(d42+d62)(d3d4d1d6)2 quand C0,formulae-sequenceabsentsuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑62 quand 𝐶0\hskip 28.45274pt=\sqrt{\frac{d_{1}^{2}(d_{3}^{2}+d_{6}^{2})(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})}{(d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6})^{2}}}\quad\text{ quand }\quad C\leq 0,\hskip 153.64487pt
=max(d12(d32+d42)(d3+d4)2+(d1d6)2,d12(d32d42)(d3d4)2+(d1+d6)2)autrement,absentsuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62autrement\hskip 28.45274pt=\max\left(\sqrt{\frac{d_{1}^{2}(d_{3}^{2}+d_{4}^{2})}{(d_{3}+d_{4})^{2}+(d_{1}-d_{6})^{2}}},\;\sqrt{\frac{d_{1}^{2}(d_{3}^{2}-d_{4}^{2})}{(d_{3}-d_{4})^{2}+(d_{1}+d_{6})^{2}}}\right)\quad\text{autrement},

avec C((d3+d4)2d6+(d1d6)(d3d4d62))((d3d4)2d6+(d1+d6)(d3d4+d62)).approaches-limit𝐶superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42subscript𝑑6subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42subscript𝑑6subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑62\;C\doteq({{({d_{3}}+{d_{4}})}^{2}}{d_{6}}+({d_{1}}-{d_{6}})({d_{3}}\,{d_{4}}-{{{d_{6}}}^{2}}))({{({d_{3}}-{d_{4}})}^{2}}{d_{6}}+({d_{1}}+{d_{6}})\,({d_{3}}{d_{4}}+{{{d_{6}}}^{2}})).

d(1,3)=d32+d62 quand (d32+d62)(d1d6d3d4)2,formulae-sequence𝑑1.3superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62 quand superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑42\hskip 25.6073ptd(1,3)\,={\sqrt{{{{d_{3}}}^{2}}+{{{d_{6}}}^{2}}}}\quad\text{ quand }\quad(d_{3}^{2}+d_{6}^{2})\leq(d_{1}d_{6}-d_{3}d_{4})^{2},\hskip 153.64487pt
=d12+d42 quand (d12+d42)(d1d6d3d4)2,formulae-sequenceabsentsuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42 quand superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑42\hskip 28.45274pt={\sqrt{{{{d_{1}}}^{2}}+{{{d_{4}}}^{2}}}}\quad\text{ quand }\quad(d_{1}^{2}+d_{4}^{2})\leq(d_{1}d_{6}-d_{3}d_{4})^{2},\hskip 113.81102pt
=max((d1d3+d4d6)2(d3+d4)2+(d1d6)2,(d1d3+d4d6)2(d3d4)2+(d1+d6)2) autrement.absentsuperscriptsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62 autrement\hskip 28.45274pt=\max\left({\frac{{\sqrt{{{\left({d_{1}}\,{d_{3}}+{d_{4}}\,{d_{6}}\right)}^{2}}}}}{{\sqrt{{{\left({d_{3}}+{d_{4}}\right)}^{2}}+{{\left({d_{1}}-{d_{6}}\right)}^{2}}}}}},{\frac{{\sqrt{{{\left({d_{1}}\,{d_{3}}+{d_{4}}\,{d_{6}}\right)}^{2}}}}}{{\sqrt{{{\left({d_{3}}-{d_{4}}\right)}^{2}}+{{({d_{1}}+{d_{6}})^{2}}}}}}}\right)\quad\text{ autrement}.

Par permutation on déduit d(2,3)𝑑2.3d(2,3), d(3,4)𝑑3.4d(3,4), d(1,4)𝑑1.4d(1,4) (resp. d(2,4)𝑑2.4d(2,4)) de d(1,2)𝑑1.2d(1,2) (resp.d(1,3)𝑑1.3d(1,3)).


La suite de cette section est entièrement consacrée à la preuve de la proposition 2.14. Pour a𝑎a dans 𝒜+subscript𝒜{\cal A}_{+}, on note rasubscript𝑟𝑎\overrightarrow{r_{a}} le vecteur colonne de composantes (x,y,z)𝑥𝑦𝑧(x,y,z). Les fonctions de 3superscript3{\mathbb{R}}^{3} dans {\mathbb{R}}

α(r)𝛼𝑟\displaystyle\alpha(\overrightarrow{r}) approaches-limit\displaystyle\doteq x2d12+y2d22+z2d32+(xy)2d42+(xz)2d52+(yz)2d62,superscript𝑥2superscriptsubscript𝑑12superscript𝑦2superscriptsubscript𝑑22superscript𝑧2superscriptsubscript𝑑32superscript𝑥𝑦2superscriptsubscript𝑑42superscript𝑥𝑧2superscriptsubscript𝑑52superscript𝑦𝑧2superscriptsubscript𝑑62\displaystyle\frac{x^{2}}{{d_{1}}^{2}}+\frac{y^{2}}{{d_{2}}^{2}}+\frac{z^{2}}{{d_{3}}^{2}}+\frac{(x-y)^{2}}{{d_{4}}^{2}}+\frac{(x-z)^{2}}{{d_{5}}^{2}}+\frac{(y-z)^{2}}{{d_{6}}^{2}},
β(r)𝛽𝑟\displaystyle\beta({\overrightarrow{r}}) approaches-limit\displaystyle\doteq x(yz)d1d6+z(xy)d3d4+y(zx)d2d5,𝑥𝑦𝑧subscript𝑑1subscript𝑑6𝑧𝑥𝑦subscript𝑑3subscript𝑑4𝑦𝑧𝑥subscript𝑑2subscript𝑑5\displaystyle{\frac{x(y-z)}{d_{1}d_{6}}}+{\frac{z(x-y)}{d_{3}d_{4}}}+{\frac{y(z-x)}{d_{2}d_{5}}},
n(r)𝑛𝑟\displaystyle n(\overrightarrow{r}) approaches-limit\displaystyle\doteq α(r)+α(r)24β(r)2,𝛼𝑟𝛼superscript𝑟24𝛽superscript𝑟2\displaystyle\alpha(\overrightarrow{r})+\sqrt{\alpha(\overrightarrow{r})^{2}-4\beta(\overrightarrow{r})^{2}},
f(r)𝑓𝑟\displaystyle f(\overrightarrow{r}) approaches-limit\displaystyle\doteq α(r)β(r)21𝛼𝑟𝛽superscript𝑟21\displaystyle\alpha(\overrightarrow{r})-\beta(\overrightarrow{r})^{2}-1

permettent de définir les surfaces 𝒩𝒩\mathcal{N} et \mathcal{F} dans 3superscript3{\mathbb{R}}^{3}

𝒩𝒩\displaystyle\mathcal{N} approaches-limit\displaystyle\doteq {r3/n(r)=2},𝑟superscript3𝑛𝑟2\displaystyle\{\overrightarrow{r}\in\mathbb{R}^{3}\;/\;n(\overrightarrow{r})=2\},
\displaystyle\mathcal{F} approaches-limit\displaystyle\doteq {r3/f(r)=0}, avec 𝒩.𝑟superscript3𝑓𝑟0 avec 𝒩\displaystyle\{\overrightarrow{r}\in\mathbb{R}^{3}\;/\;f(\overrightarrow{r})=0\},\quad\text{ avec }\mathcal{N}\subset\mathcal{F}.

Lemme 2.15.

1) Pour a𝒜+𝑎subscript𝒜a\in\mathcal{A}_{+}, [D,a]2=12n(ra).superscriptnorm𝐷𝑎212𝑛subscript𝑟𝑎\|[D,a]\|^{2}=\frac{1}{2}n(\overrightarrow{r_{a}}).

2) Si r𝒩𝑟𝒩\overrightarrow{r}\in\mathcal{N} est tel que α(r)=2𝛼𝑟2\alpha(\overrightarrow{r})=2, alors (gradf)(r)=0grad𝑓𝑟0(\text{grad}\,f)(\overrightarrow{r})=0.


Preuve. 1) Les quatre valeurs propres de i[D,a]𝑖𝐷𝑎i[D,a] sont λi=±12α±α24β2(ra),subscript𝜆𝑖plus-or-minus12plus-or-minus𝛼superscript𝛼24superscript𝛽2subscript𝑟𝑎\lambda_{i}=\pm\frac{1}{\sqrt{2}}\sqrt{\alpha\pm\sqrt{\alpha^{2}-4\beta^{2}}}(\overrightarrow{r_{a}}), d’où

[D,a]2=12(α+α24β2)(ra).superscriptnorm𝐷𝑎212𝛼superscript𝛼24superscript𝛽2subscript𝑟𝑎\|[D,a]\|^{2}=\frac{1}{2}(\alpha+\sqrt{\alpha^{2}-4\beta^{2}})(\overrightarrow{r_{a}}).

2) Montrons que fy(r)=0,𝑓𝑦𝑟0{\frac{\partial f}{\partial y}}(\overrightarrow{r})=0, la preuve étant identique pour les autres composantes de gradfgrad𝑓\text{grad}\,f. Comme r𝒩𝑟𝒩\overrightarrow{{r}}\in\mathcal{N}\subset\mathcal{F} et α(r)=2𝛼𝑟2\,\alpha(\overrightarrow{r})=2, alors β(r)=±1𝛽𝑟plus-or-minus1\beta(\overrightarrow{r})=\pm 1. Si β(r)=1𝛽𝑟1\;\beta(\overrightarrow{r})=1

α(r)=2β(r),𝛼𝑟2𝛽𝑟\displaystyle\alpha(\overrightarrow{{r}})=2\beta(\overrightarrow{{r}}),
fy(r)=αy(r)2β(r)βy(r)=αy(r)2βy(r).𝑓𝑦𝑟𝛼𝑦𝑟2𝛽𝑟𝛽𝑦𝑟𝛼𝑦𝑟2𝛽𝑦𝑟\displaystyle{\frac{\partial f}{\partial y}}(\overrightarrow{r})={\frac{\partial\alpha}{\partial y}}(\overrightarrow{r})-2\beta(\overrightarrow{{r}}){\frac{\partial\beta}{\partial y}}(\overrightarrow{r})={\frac{\partial\alpha}{\partial y}}(\overrightarrow{r})-2{\frac{\partial\beta}{\partial y}}(\overrightarrow{r}).

Un calcul explicite de α(r)2β(r)=0𝛼𝑟2𝛽𝑟0\alpha(\overrightarrow{r})-2\beta(\overrightarrow{r})=0 montre que

xd1=yzd6,yd2=zxd5,zd3=xyd4formulae-sequence𝑥subscript𝑑1𝑦𝑧subscript𝑑6formulae-sequence𝑦subscript𝑑2𝑧𝑥subscript𝑑5𝑧subscript𝑑3𝑥𝑦subscript𝑑4\frac{x}{d_{1}}={\frac{y-z}{d_{6}},\;\frac{y}{d_{2}}}={\frac{z-x}{d_{5}}},\;\frac{z}{d_{3}}={\frac{x-y}{d_{4}}}

d’où αy(r)2βy(r)=0𝛼𝑦𝑟2𝛽𝑦𝑟0{\frac{\partial\alpha}{\partial y}}(\overrightarrow{r})-2{\frac{\partial\beta}{\partial y}}(\overrightarrow{r})=0. La preuve est identique lorsque β(r)=1𝛽𝑟1\beta(\overrightarrow{r})=-1. \square

Comme corollaire immédiat, l’équation (2.24) s’écrit

d(1,2)=sup{e1,ra/ra𝒩}𝑑1.2supremumsubscript𝑒1subscript𝑟𝑎subscript𝑟𝑎𝒩d(1,2)=\sup\;\{\langle e_{1},{\overrightarrow{r_{a}}}\rangle\,/\,{\overrightarrow{r_{a}}}\in\mathcal{N}\} (2.33)

ou e1subscript𝑒1e_{1} est le premier vecteur de la base canonique de 3superscript3{\mathbb{R}}^{3} et .,.\langle.,.\rangle désigne le produit scalaire euclidien usuel. Cette formule n’est pas utilisable dans la mesure où 𝒩𝒩\mathcal{N} n’est pas définie par une forme quadratique. Il est plus facile de travailler avec \mathcal{F}.

Lemme 2.16.

d(1,2){e1,r/r et fy(r)=fz(r)=0}𝑑1.2subscript𝑒1𝑟𝑟 et 𝑓𝑦𝑟𝑓𝑧𝑟0d(1,2)\in\left\{\langle e_{1},{\overrightarrow{r}}\rangle\;/\;\overrightarrow{r}\in\mathcal{F}\,\text{ et }\,\frac{\partial f}{\partial y}(\overrightarrow{r})=\frac{\partial f}{\partial z}(\overrightarrow{r})=0\right\}.


Preuve. Le suprémum dans (2.33) est atteint en un point r𝑟\overrightarrow{r} tel que (gradn)(r)grad𝑛𝑟(\text{grad}\,n)(\overrightarrow{r}), s’il est défini, est parallèle à l’axe des x𝑥x. Si α(r)=2𝛼𝑟2\alpha(\overrightarrow{r})=2, alors (gradn)(r)grad𝑛𝑟(\text{grad}\,n)(\overrightarrow{r}) n’est pas défini mais

fy(r)=fz(r)=0𝑓𝑦𝑟𝑓𝑧𝑟0{\frac{\partial f}{\partial y}}(\overrightarrow{r})={\frac{\partial f}{\partial z}}(\overrightarrow{r})=0

par le lemme 2.15. Si α(r)2𝛼𝑟2\alpha(\overrightarrow{r})\neq 2, alors (gradf)(r)grad𝑓𝑟(\text{grad}\,f)(\overrightarrow{r}) est colinéaire à (gradn)(r)grad𝑛𝑟(\text{grad}\,n)(\overrightarrow{r}), de sorte que

fy(r)=fz(r)=0.𝑓𝑦𝑟𝑓𝑧𝑟0{\frac{\partial f}{\partial y}}(\overrightarrow{r})={\frac{\partial f}{\partial z}}(\overrightarrow{r})=0.

Pour conclure, il suffit de remarquer que pour tout r3𝑟superscript3\overrightarrow{r}\in\mathbb{R}^{3}, il existe a𝒜+𝑎subscript𝒜a\in\mathcal{A_{+}} tel que r=ra𝑟subscript𝑟𝑎\overrightarrow{r}=\overrightarrow{r_{a}}, par exemple a=(ξ,ξx,ξy,ξz)𝑎𝜉𝜉𝑥𝜉𝑦𝜉𝑧a=(\xi,\xi-x,\xi-y,\xi-z)ξsup{|x|,|y|,|z|}.approaches-limit𝜉supremum𝑥𝑦𝑧\xi\doteq\sup\{|x|,|y|,|z|\}. \square

Ainsi la distance est une racine commune à un polynôme de plusieurs variables et à ses polynômes dérivés. Avant d’entreprendre des calculs explicites, rappelons quelques résultats concernant les systèmes d’équations polynômiales.

Remarques sur les systèmes d’équations polynômiales

Soient P𝑃P et Q𝑄Q deux polynômes de la forme

P(x)𝑃𝑥\displaystyle P(x) =\displaystyle= anxn+an1xn1++a0subscript𝑎𝑛superscript𝑥𝑛subscript𝑎𝑛1superscript𝑥𝑛1subscript𝑎0\displaystyle a_{n}x^{n}+a_{n-1}x^{n-1}+...+a_{0}
Q(x)𝑄𝑥\displaystyle Q(x) =\displaystyle= bmxm+bm1xm1++b0subscript𝑏𝑚superscript𝑥𝑚subscript𝑏𝑚1superscript𝑥𝑚1subscript𝑏0\displaystyle b_{m}x^{m}+b_{m-1}x^{m-1}+...+b_{0}

avec an,bm0subscript𝑎𝑛subscript𝑏𝑚0a_{n},b_{m}\neq 0. Sans connaître explicitement les racines pisubscript𝑝𝑖p_{i}, qjsubscript𝑞𝑗q_{j} de P𝑃P, Q𝑄Q, on peut calculer ? par une série de manipulations algébriques des coefficients aisubscript𝑎𝑖a_{i}, bjsubscript𝑏𝑗b_{j} le résultant de P𝑃P et Q𝑄Q

Res(P,Q)anmbmnΠi,j(piqj),1in, 1jm.formulae-sequenceapproaches-limit𝑅𝑒𝑠𝑃𝑄superscriptsubscript𝑎𝑛𝑚superscriptsubscript𝑏𝑚𝑛𝑖𝑗Πsubscript𝑝𝑖subscript𝑞𝑗1𝑖𝑛.1𝑗𝑚Res(P,Q)\doteq a_{n}^{m}b_{m}^{n}\,{\underset{i,j}{\Pi}}(p_{i}-q_{j}),\quad 1\leq i\leq n,\;1\leq j\leq m. (2.34)

Res(P,Q)𝑅𝑒𝑠𝑃𝑄Res(P,Q) est un polynôme en aisubscript𝑎𝑖a_{i} et bjsubscript𝑏𝑗b_{j}. P𝑃P et Q𝑄Q ont une racine commune si et seulement si leur résultant est nul. Un résultant bien connu est le discriminant

Dis(P)Res(P,P)approaches-limit𝐷𝑖𝑠𝑃𝑅𝑒𝑠𝑃superscript𝑃Dis(P)\doteq Res(P,P^{\prime})

dont les racines sont les racines doubles de P𝑃P.

Lorsque P𝑃P et Q𝑄Q sont des polynômes de plusieurs variables x,y,z𝑥𝑦𝑧x,y,z, on désigne par Res[P,Q,y]𝑅𝑒𝑠𝑃𝑄𝑦Res[P,Q,y] le résultant de P𝑃P et Q𝑄Q vu en tant que polynôme en y𝑦y. De même Dis[P,z]𝐷𝑖𝑠𝑃𝑧Dis[P,z] désigne le discriminant de P𝑃P vu commme polynôme en z𝑧z.

Lemme 2.17.

Soit P(x,y,z)𝑃𝑥𝑦𝑧P(x,y,z) un polynôme de degré 2 en z𝑧z dont les coefficients sont des fonctions réelles de x𝑥x et y𝑦y. Si

P(x0,y0,z0)=Py(x0,y0,z0)=Pz(x0,y0,z0)=0𝑃subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0𝑃𝑦subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0𝑃𝑧subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧00P(x_{0},y_{0},z_{0})={\frac{\partial P}{\partial y}}({x_{0},y_{0},z_{0}})={\frac{\partial P}{\partial z}}({x_{0},y_{0},z_{0}})=0

pour (x0,y0,z0)3subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0superscript3(x_{0},y_{0},z_{0})\in\mathbb{R}^{3}, alors x0subscript𝑥0x_{0} est une racine du polynôme Dis[Dis(P,z),y]𝐷𝑖𝑠𝐷𝑖𝑠𝑃𝑧𝑦Dis[Dis(P,z),y] et y0subscript𝑦0y_{0} est une racine de Dis(P,z)(x0,y)𝐷𝑖𝑠𝑃𝑧subscript𝑥0𝑦Dis(P,z)(x_{0},y).


Preuve. En posant P(x,y,z)=a(x,y)z2+b(x,y)z+c(x,y)𝑃𝑥𝑦𝑧𝑎𝑥𝑦superscript𝑧2𝑏𝑥𝑦𝑧𝑐𝑥𝑦P(x,y,z)=a(x,y)z^{2}+b(x,y)z+c(x,y), on obtient

V𝑉\displaystyle V approaches-limit\displaystyle\doteq Dis(P,z)=a(4acb2),𝐷𝑖𝑠𝑃𝑧𝑎4𝑎𝑐superscript𝑏2\displaystyle Dis(P,z)=a(4ac-b^{2}),
Vy𝑉𝑦\displaystyle{\frac{\partial V}{\partial y}} =\displaystyle= ay(8acb2)2abby+4a2cy,𝑎𝑦8𝑎𝑐superscript𝑏22𝑎𝑏𝑏𝑦4superscript𝑎2𝑐𝑦\displaystyle{\frac{\partial a}{\partial y}}(8ac-b^{2})-2ab{\frac{\partial b}{\partial y}}+4a^{2}{\frac{\partial c}{\partial y}},
Res(Py,Pz,z)𝑅𝑒𝑠𝑃𝑦𝑃𝑧𝑧\displaystyle Res({\frac{\partial P}{\partial y}},{\frac{\partial P}{\partial z}},z) =\displaystyle= b2ay2abby+4a2cy.superscript𝑏2𝑎𝑦2𝑎𝑏𝑏𝑦4superscript𝑎2𝑐𝑦\displaystyle b^{2}{\frac{\partial a}{\partial y}}-2ab{\frac{\partial b}{\partial y}}+4a^{2}{\frac{\partial c}{\partial y}}.

P(x0,y0,z0)=Pz(x0,y0,z0)𝑃subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0𝑃𝑧subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0P(x_{0},y_{0},z_{0})={\frac{\partial P}{\partial z}}({x_{0},y_{0},z_{0}}) signifie que V(x0,y0)=0𝑉subscript𝑥0subscript𝑦00V(x_{0},y_{0})=0, c’est à dire (8acb2)(x0,y0)=b2(x0,y0)8𝑎𝑐superscript𝑏2subscript𝑥0subscript𝑦0superscript𝑏2subscript𝑥0subscript𝑦0(8ac-b^{2})(x_{0},y_{0})=b^{2}(x_{0},y_{0}) d’où

Res(Py,Pz,z)(x0,y0)=Vy(x0,y0).𝑅𝑒𝑠𝑃𝑦𝑃𝑧𝑧subscript𝑥0subscript𝑦0𝑉𝑦subscript𝑥0subscript𝑦0Res({\frac{\partial P}{\partial y}},{\frac{\partial P}{\partial z}},z)({x_{0},y_{0}})={\frac{\partial V}{\partial y}}({x_{0},y_{0}}).

Ainsi Py(x0,y0,z0)=Pz(x0,y0,z0)𝑃𝑦subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0𝑃𝑧subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧0{\frac{\partial P}{\partial y}}({x_{0},y_{0},z_{0}})={\frac{\partial P}{\partial z}}({x_{0},y_{0},z_{0}}) implique Vy(x0,y0)=0=V(x0,y0),𝑉𝑦subscript𝑥0subscript𝑦00𝑉subscript𝑥0subscript𝑦0{\frac{\partial V}{\partial y}}({x_{0},y_{0}})=0=V(x_{0},y_{0}), si bien que y0subscript𝑦0y_{0} est une racine double de V(x0,y)𝑉subscript𝑥0𝑦V(x_{0},y) et

Dis(V,y)(x0)=Dis[Dis[P,z],y](x0)=0.𝐷𝑖𝑠𝑉𝑦subscript𝑥0𝐷𝑖𝑠𝐷𝑖𝑠𝑃𝑧𝑦subscript𝑥00Dis(V,y)(x_{0})=Dis[Dis[P,z],y](x_{0})=0.

\square

Preuve de la proposition 2.14

Grâce aux lemmes 2.15 et 2.16

d(1,2){x/Dis[V(x,y),y]=0} avec V(x,y)=Dis[f(x,y,z),z].𝑑1.2𝑥𝐷𝑖𝑠𝑉𝑥𝑦𝑦0 avec 𝑉𝑥𝑦𝐷𝑖𝑠𝑓𝑥𝑦𝑧𝑧d(1,2)\in\{x\,/\,Dis[V(x,y),y]=0\}\text{ avec }V(x,y)=Dis[f(x,y,z),z].

Au lieu de V(x,y)𝑉𝑥𝑦V(x,y), on utilise une forme effective pour éliminer le terme correctif anmbmnsuperscriptsubscript𝑎𝑛𝑚superscriptsubscript𝑏𝑚𝑛a_{n}^{m}b_{m}^{n} apparaissant dans (2.34) de manière à ce que les racines de Veffsubscript𝑉𝑒𝑓𝑓V_{eff} correspondent exactement à l’existence d’une racine commune à f𝑓f et fy𝑓𝑦\frac{\partial f}{\partial y}:

Veff(x,y)Numérateur(Dis(f,z)nnfn2n1)approaches-limitsubscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑥𝑦Numérateur𝐷𝑖𝑠𝑓𝑧superscript𝑛𝑛superscriptsubscript𝑓𝑛2𝑛1V_{eff}(x,y)\doteq\text{Num\'{e}rateur}(\frac{Dis(f,z)}{n^{n}f_{n}^{2n-1}})

fnsubscript𝑓𝑛f_{n} est le coefficient de plus haut degré de f𝑓f vu comme polynôme en z𝑧z et n=deg(f)𝑛deg𝑓n=\text{deg}(f). Bien entendu le numérateur est pris après simplification (pas toujours possible) de la fraction.

1) Par calcul direct, Veff(x,y)=Viyi, 0i4subscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑥𝑦subscript𝑉𝑖superscript𝑦𝑖.0𝑖4V_{eff}(x,y)=V_{i}\,y^{i},\;0\leq i\leq 4. L’expression exacte des Visubscript𝑉𝑖V_{i} est donnée en annexe. Ce sont des polynômes en x𝑥x de la forme

V4(x)=v40,V3(x)=v31x,V2(x)=v22x2+v20,formulae-sequencesubscript𝑉4𝑥subscript𝑣subscript40formulae-sequencesubscript𝑉3𝑥subscript𝑣subscript31𝑥subscript𝑉2𝑥subscript𝑣subscript22superscript𝑥2subscript𝑣subscript20\displaystyle V_{4}(x)=v_{4_{0}},\;V_{3}(x)=v_{3_{1}}x,\;V_{2}(x)=v_{2_{2}}x^{2}+v_{2_{0}},
V1(x)=v13x3+v11x,V0(x)=v04x4+v02x2+v00.formulae-sequencesubscript𝑉1𝑥subscript𝑣subscript13superscript𝑥3subscript𝑣subscript11𝑥subscript𝑉0𝑥subscript𝑣subscript04superscript𝑥4subscript𝑣subscript02superscript𝑥2subscript𝑣subscript00\displaystyle V_{1}(x)=v_{1_{3}}x^{3}+v_{1_{1}}x,\;V_{0}(x)=v_{0_{4}}x^{4}+v_{0_{2}}x^{2}+v_{0_{0}}.

Le discriminant J𝐽J d’un polynôme C=Ciyi𝐶subscript𝐶𝑖superscript𝑦𝑖C=C_{i}y^{i} de degré quatre est

J(C)Res[C,C]approaches-limit𝐽𝐶𝑅𝑒𝑠𝐶superscript𝐶\displaystyle J(C)\doteq Res[C,C^{\prime}] =\displaystyle= C4(C32(C12C224C13C3+18C0C1C2C3C0(4C23+27C0C32))\displaystyle{C_{4}}({{{C_{3}}}^{2}}({{{C_{1}}}^{2}}{{{C_{2}}}^{2}}-4{{{C_{1}}}^{3}}{C_{3}}+18{C_{0}}{C_{1}}{C_{2}}{C_{3}}-{C_{0}}(4{{{C_{2}}}^{3}}+27{C_{0}}{{{C_{3}}}^{2}}))
+\displaystyle+ 2(2C23(C124C0C2)+C1C2(9C1240C0C2)C33C0(C1224C0C2)C32)C422superscriptsubscript𝐶23superscriptsubscript𝐶124subscript𝐶0subscript𝐶2subscript𝐶1subscript𝐶29superscriptsubscript𝐶1240subscript𝐶0subscript𝐶2subscript𝐶33subscript𝐶0superscriptsubscript𝐶1224subscript𝐶0subscript𝐶2superscriptsubscript𝐶32subscript𝐶4\displaystyle 2(-2{{{C_{2}}}^{3}}({{{C_{1}}}^{2}}-4{C_{0}}{C_{2}})+{C_{1}}{C_{2}}(9{{{C_{1}}}^{2}}-40{C_{0}}\,{C_{2}}){C_{3}}-3{C_{0}}({{{C_{1}}}^{2}}-24{C_{0}}{C_{2}}){{{C_{3}}}^{2}}){C_{4}}
\displaystyle- (27C14144C0C12C2+128C02C22+192C02C1C3)C42+256C03C43).\displaystyle(27{{{C_{1}}}^{4}}-144{C_{0}}{{{C_{1}}}^{2}}{C_{2}}+128{{{C_{0}}}^{2}}{{{C_{2}}}^{2}}+192{{{C_{0}}}^{2}}{C_{1}}{C_{3}}){{{C_{4}}}^{2}}+256{{{C_{0}}}^{3}}{{{C_{4}}}^{3}}).

En remplaçant Cisubscript𝐶𝑖C_{i} par Vi(x)subscript𝑉𝑖𝑥V_{i}(x) on voit que J𝐽J est un polynôme en x𝑥x de degré δ12𝛿12\delta\leq 12.

2) Il suffit d’exhiber un contre-exemple. Prenons

d1=d2=d3=d4=d6=1 et 1d5=0subscript𝑑1subscript𝑑2subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑61 et 1subscript𝑑50d_{1}=d_{2}=d_{3}=d_{4}=d_{6}=1\text{ et }\frac{1}{d_{5}}=0

qui donne

f(x,y,z)=x2+y2+z2+(xy)2+(yz)2(x(yz)+z(xy))2.𝑓𝑥𝑦𝑧superscript𝑥2superscript𝑦2superscript𝑧2superscript𝑥𝑦2superscript𝑦𝑧2superscript𝑥𝑦𝑧𝑧𝑥𝑦2f(x,y,z)=x^{2}+y^{2}+z^{2}+(x-y)^{2}+(y-z)^{2}-(x(y-z)+z(x-y))^{2}.

C’est un polynôme de degré 2 en x,y𝑥𝑦x,y et z𝑧z. Les résultants sont facilement calculables et l’on obtient

Veff(x,y)subscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑥𝑦\displaystyle V_{eff}(x,y) =\displaystyle= 26y2+3y4+4x2(1+y2)4xy(1+y2),26superscript𝑦23superscript𝑦44superscript𝑥21superscript𝑦24𝑥𝑦1superscript𝑦2\displaystyle 2-6\,{y^{2}}+3\,{y^{4}}+4\,{x^{2}}\,\left(-1+{y^{2}}\right)-4\,x\,y\,\left(-1+{y^{2}}\right),
Dis(Veff,y)𝐷𝑖𝑠subscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑦\displaystyle Dis(V_{eff},y) =\displaystyle= 768(5454x2+135x4+296x6368x8+128x10).7685454superscript𝑥2135superscript𝑥4296superscript𝑥6368superscript𝑥8128superscript𝑥10\displaystyle-768\,\left(-54-54\,{x^{2}}+135\,{x^{4}}+296\,{x^{6}}-368\,{x^{8}}+128\,{x^{10}}\right).

Posons maintenant

p(x)=128x5+368x4296x3135x2+54x+54.𝑝𝑥128superscript𝑥5368superscript𝑥4296superscript𝑥3135superscript𝑥254𝑥54p(x)=-128x^{5}+368x^{4}-296x^{3}-135x^{2}+54x+54.

p𝑝p a une racine réelle x1subscript𝑥1x_{1}, deux racines complexes distinctes x2subscript𝑥2x_{2}, x4subscript𝑥4x_{4} et leurs conjuguées x3subscript𝑥3x_{3} & x5subscript𝑥5x_{5}.

La théorie de Galois permet de montrer que p𝑝p ne peut être résolu par radicaux. On indique ici les étapes essentielles du raisonnement, renvoyant au livre [?] pour une présentation détaillée de la théorie. On remarque que p(11)𝑝11p(-11), p(5)𝑝5p(-5) et p(1)𝑝1p(1) sont premiers. Si p(x)=f(x)g(x)𝑝𝑥𝑓𝑥𝑔𝑥p(x)=f(x)g(x)f,g𝑓𝑔f,g sont dans [x]delimited-[]𝑥\mathbb{Q}[x] avec g𝑔g de degré au plus 222, alors g(11){p(11),1}𝑔11𝑝11.1g(-11)\in\{p(-11),1\} (on peut supposer ce coefficient positif), g(5){±p(5),±1}𝑔5plus-or-minus𝑝5plus-or-minus1g(-5)\in\{\pm p(-5),\pm 1\} et g(1)={±p(1),±1}𝑔1plus-or-minus𝑝1plus-or-minus1g(1)=\{\pm p(1),\pm 1\}. Par interpolation, on détermine pour chacun des 323232 triplets (α1g(11),α2g(5),α3g(1))formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝛼1𝑔11formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝛼2𝑔5approaches-limitsubscript𝛼3𝑔1\left(\alpha_{1}\doteq g(-11),\alpha_{2}\doteq g(-5),\alpha_{3}\doteq g(1)\right) possibles le polynôme g𝑔g correspondant,

g(x)i=13αiΠji(αiαj)Πji(xαj).approaches-limit𝑔𝑥superscriptsubscript𝑖13subscript𝛼𝑖𝑗𝑖Πsubscript𝛼𝑖subscript𝛼𝑗𝑗𝑖Π𝑥subscript𝛼𝑗g(x)\doteq\sum_{i=1}^{3}\frac{\alpha_{i}}{\underset{j\neq i}{\Pi}(\alpha_{i}-\alpha_{j})}\underset{j\neq i}{\Pi}(x-\alpha_{j}).

On vérifie ensuite qu’aucun de ces polynômes ne divisent p𝑝p. Donc p𝑝p est irréductible sur \mathbb{Q}. Soit E/𝐸E/\mathbb{Q} une ”splitting field” extension de p𝑝p. Puisque p𝑝p a cinq racines distinctes, son groupe de Galois

𝔾=Gal(E/)𝔾𝐺𝑎𝑙𝐸\mathbb{G}=Gal(E/\mathbb{Q})

est isomorphe à un sous groupe du groupe de symmétrie S5subscript𝑆5S_{5} (groupe des permutations des racines X{x1,x2,x3,x4,x5})X\doteq\{x_{1},x_{2},x_{3},x_{4},x_{5}\}). Comme p𝑝p n’a pas de racines doubles, p𝑝p est séparable et

|𝔾|=[E/]𝔾delimited-[]𝐸|\mathbb{G}|=[E/\mathbb{Q}]

|𝔾|𝔾|\mathbb{G}| est l’ordre de 𝔾𝔾\mathbb{G} et [E/]delimited-[]𝐸[E/\mathbb{Q}] son indice, c’est à dire le nombre de cosets \mathbb{Q} dans 𝔾𝔾\mathbb{G}. Si α𝛼\alpha est une racine de p𝑝p alors

[(α),]=5𝛼5[\mathbb{Q}(\alpha),\mathbb{Q}]=5

donc |𝔾|=[E/]=[E/(α)][(α),]𝔾delimited-[]𝐸delimited-[]𝐸𝛼𝛼|\mathbb{G}|=[E/\mathbb{Q}]=[E/\mathbb{Q}(\alpha)][\mathbb{Q}(\alpha),\mathbb{Q}] est divisible par 5. Donc 𝔾𝔾\mathbb{G} contient un élément d’ordre 5, à savoir le 5-cycle τ=(12345)𝜏12345\tau=(12345). Un autre élément, noté σ𝜎\sigma, de 𝔾𝔾\mathbb{G} est donné par la restriction à X𝑋X de la conjugaison complexe

σ=(23)(45).𝜎2345\sigma=(23)(45).

σ𝜎\sigma est d’ordre deux, donc |𝔾|𝔾|\mathbb{G}| est divisible par 2. Comme

τσ=(124)𝔾𝜏𝜎124𝔾\tau\sigma=(124)\in\mathbb{G}

est d’ordre trois, |𝔾|𝔾|\mathbb{G}| est un multiple de 5×2×3=30523305\times 2\times 3=30 et divise |S5|=120subscript𝑆5120|S_{5}|=120. Dans la mesure où S5subscript𝑆5S_{5} n’a pas de sous groupe d’ordre 30, |𝔾|{60,120}.𝔾60.120|\mathbb{G}|\in\{60,120\}. Puisque les sous-groupes résolubles de S5subscript𝑆5S_{5} sont d’ordre au plus 242424 [?, Thm. A 38], le théorème de Galois indique que p𝑝p n’est pas résoluble par radicaux, tout comme Dis(Veff,y)=768p(x2).𝐷𝑖𝑠subscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑦768𝑝superscript𝑥2Dis(V_{eff},y)=768p(x^{2}).

3) Lorsque d2=d5=0subscript𝑑2subscript𝑑50d_{2}=d_{5}=0 et d1d6d3d4subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4d_{1}d_{6}\neq d_{3}d_{4}

Dis(Veff)=16d116d314d412d614(d42+d62)(x2d12)(x2(d3d4d1d6)2d12(d32+d62)(d42+d62))𝐷𝑖𝑠subscript𝑉𝑒𝑓𝑓16superscriptsubscript𝑑116superscriptsubscript𝑑314superscriptsubscript𝑑412superscriptsubscript𝑑614superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscript𝑥2superscriptsubscript𝑑12superscript𝑥2superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62\displaystyle Dis(V_{eff})=-16d_{1}^{16}d_{3}^{14}d_{4}^{12}d_{6}^{14}(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})(x^{2}-d_{1}^{2})(x^{2}(d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6})^{2}-d_{1}^{2}(d_{3}^{2}+d_{6}^{2})(d_{4}^{2}+d_{6}^{2}))
(x2((d3d4)2+(d1+d6)2)d12(d3d4)2)2(x2((d3+d4)2+(d1d6)2)d12(d3+d4)2)2.superscriptsuperscript𝑥2superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑422superscriptsuperscript𝑥2superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑422\displaystyle(x^{2}((d_{3}-d_{4})^{2}+(d_{1}+d_{6})^{2})-d_{1}^{2}(d_{3}-d_{4})^{2})^{2}(x^{2}((d_{3}+d_{4})^{2}+(d_{1}-d_{6})^{2})-d_{1}^{2}(d_{3}+d_{4})^{2})^{2}.

Ce polynôme a quatre racines simples ±x0,±x1plus-or-minussubscript𝑥0plus-or-minussubscript𝑥1\pm x_{0},\pm x_{1} et quatre racines doubles ±x2,±x3plus-or-minussubscript𝑥2plus-or-minussubscript𝑥3\pm x_{2},\pm x_{3}

x0=|d1|,x1=|d1|(d32+d62)(d42+d62)|d3d4d1d6|,formulae-sequencesubscript𝑥0subscript𝑑1subscript𝑥1subscript𝑑1superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6x_{0}=|d_{1}|,\;x_{1}=|d_{1}|{\frac{\sqrt{(d_{3}^{2}+d_{6}^{2})(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})}}{|d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6}|}},
x2=|d1|(d32+d42)(d3+d4)2+(d1d6)2,x3=|d1|(d32d42)(d3d4)2+(d1+d6)2.formulae-sequencesubscript𝑥2subscript𝑑1superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62subscript𝑥3subscript𝑑1superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62x_{2}=|d_{1}|\sqrt{{\frac{(d_{3}^{2}+d_{4}^{2})}{(d_{3}+d_{4})^{2}+(d_{1}-d_{6})^{2}}}},\;x_{3}=|d_{1}|\sqrt{{\frac{(d_{3}^{2}-d_{4}^{2})}{(d_{3}-d_{4})^{2}+(d_{1}+d_{6})^{2}}}}.

On sait d’après les lemmes 2.15 et 2.16 que d(1,2)𝑑1.2d(1,2) est l’un de ces xisubscript𝑥𝑖x_{i} et que la valeur yisubscript𝑦𝑖y_{i} associée est une racine double de Veff(x0,y)subscript𝑉𝑒𝑓𝑓subscript𝑥0𝑦V_{eff}(x_{0},y). La valeur zisubscript𝑧𝑖z_{i} associée est déterminée en résolvant f(xi,yi,z)=0𝑓subscript𝑥𝑖subscript𝑦𝑖𝑧0f(x_{i},y_{i},z)=0. On détermine ensuite sous quelles conditions chacun des xisubscript𝑥𝑖x_{i} vérifie n(xi,yi,zi)=2𝑛subscript𝑥𝑖subscript𝑦𝑖subscript𝑧𝑖2n(x_{i},y_{i},z_{i})=2 et on prend le plus grand d’entre eux. Dans le détail, cette méthode appliquée à x0subscript𝑥0x_{0} donne y0=d1,z0=0formulae-sequencesubscript𝑦0subscript𝑑1subscript𝑧00y_{0}=d_{1},z_{0}=0 et

n(x0,y0,z0)=1+d12d62+(d12d62)2d64={2sid12d62,2d12d62>2sid12>d62.𝑛subscript𝑥0subscript𝑦0subscript𝑧01superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62superscriptsuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑622superscriptsubscript𝑑64cases2sisuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑622superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑622sisuperscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62n(x_{0},y_{0},z_{0})=1+\frac{d_{1}^{2}}{d_{6}^{2}}+\sqrt{\frac{(d_{1}^{2}-d_{6}^{2})^{2}}{d_{6}^{4}}}=\left\{\begin{array}[]{ccc}2&\text{si}&d_{1}^{2}\leq d_{6}^{2},\\ 2\frac{d_{1}^{2}}{d_{6}^{2}}>2&\text{si}&d_{1}^{2}>d_{6}^{2}.\end{array}\right.

Ainsi x0subscript𝑥0x_{0} ne peut être solution que si d12d62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62d_{1}^{2}\leq d_{6}^{2}. En utilisant les valeurs de y1subscript𝑦1y_{1} et z1subscript𝑧1z_{1} données en annexe, on trouve que x1subscript𝑥1x_{1} ne peut pas être solution sauf si C0𝐶0C\leq 0. Au contraire x2subscript𝑥2x_{2} et x3subscript𝑥3x_{3} sont toujours susceptibles d’être solution. Maintenant appliquons la proposition 2.8 en annulant tous les liens sauf d1subscript𝑑1d_{1}. On trouve d(1,2)x0𝑑1.2subscript𝑥0d(1,2)\leq x_{0} de sorte que si d12d62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62d_{1}^{2}\leq d_{6}^{2} alors d(1,2)=x0.𝑑1.2subscript𝑥0d(1,2)=x_{0}. Comme x1x2subscript𝑥1subscript𝑥2x_{1}\geq x_{2} et x1x3subscript𝑥1subscript𝑥3x_{1}\geq x_{3}, d(1,2)=x1𝑑1.2subscript𝑥1d(1,2)=x_{1} lorsque C0𝐶0C\leq 0, et d(1,2)=max(x1,x2)𝑑1.2subscript𝑥1subscript𝑥2d(1,2)=\max(x_{1},x_{2}) autrement. Lorsque d1d6=d3d4subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4d_{1}d_{6}=d_{3}d_{4}, x1subscript𝑥1x_{1} n’est pas défini mais la preuve est identique.

Le calcul de d(1,3)𝑑1.3d(1,3) est semblable. On cherche maintenant le maximum de y𝑦y. Dis(V,x)𝐷𝑖𝑠𝑉𝑥Dis(V,x) est un polynôme en y𝑦y de degré douze avec les racines simples ±y0,±y1plus-or-minussubscript𝑦0plus-or-minussubscript𝑦1\pm y_{0},\pm y_{1} et les racines doubles ±y2,±y3plus-or-minussubscript𝑦2plus-or-minussubscript𝑦3\pm y_{2},\pm y_{3}

y0=d32+d62subscript𝑦0superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62\displaystyle y_{0}={\sqrt{{{{d_{3}}}^{2}}+{{{d_{6}}}^{2}}}} , y1=d12+d42,subscript𝑦1superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42\displaystyle y_{1}={\sqrt{{{{d_{1}}}^{2}}+{{{d_{4}}}^{2}}}},
y2=d1|d1d3+d4d6|(d3+d4)2+(d1d6)2subscript𝑦2subscript𝑑1subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle y_{2}={d_{1}}{\frac{{|{d_{1}}\,{d_{3}}+{d_{4}}\,{d_{6}}|}}{{\sqrt{{{({d_{3}}+{d_{4}})}^{2}}+{{(d_{1}-{d_{6}})}^{2}}}}}} , y3=|d1d3+d4d6|(d3d4)2+(d1+d6)2.subscript𝑦3subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle y_{3}={\frac{{|d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6}|}}{{\sqrt{{{({d_{3}}-{d_{4}})}^{2}}+{{({d_{1}}+{d_{6}})}^{2}}}}}}.

Les valeurs des xisubscript𝑥𝑖x_{i} et zisubscript𝑧𝑖z_{i} en appendice permettent de vérifier que y0subscript𝑦0y_{0} (resp. y1subscript𝑦1y_{1}) ne peut-être solution que si (d32+d62)2(d3d4d1d6)2superscriptsuperscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑622superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑62{{{({{{d_{3}}}^{2}}+{{{d_{6}}}^{2}})}^{2}}\leq{{({d_{3}}{d_{4}}-{d_{1}}{d_{6}})}^{2}}} (resp. (d12+d42)2(d3d4d1d6)2){{({{{d_{1}}}^{2}}+{{{d_{4}}}^{2}})}^{2}}\leq{{({d_{3}}{d_{4}}-{d_{1}}{d_{6}})}^{2}}). Comme précédemment, y2subscript𝑦2y_{2} et y3subscript𝑦3y_{3} sont susceptibles d’être toujours solution. On obtient le résultat en remarquant que y2,y3y0subscript𝑦2subscript𝑦3subscript𝑦0y_{2},y_{3}\leq y_{0}, y2subscript𝑦2y_{2}, y3y1subscript𝑦3subscript𝑦1y_{3}\leq y_{1} et que si y0subscript𝑦0y_{0} et y1subscript𝑦1y_{1} sont susceptibles d’être solution, alors y0=y1subscript𝑦0subscript𝑦1y_{0}=y_{1}. \blacksquare

Contrairement à l’espace à trois points, les distances dans l’espace à quatre points ne peuvent pas être lues directement dans l’opérateur de Dirac à l’aide d’un algorithme fini. Le calcul des distances relève donc d’une approche plus pragmatique et doit être envisagé cas par cas. Il n’est pas non plus possible de remonter des distances vers l’opérateur de Dirac: caractériser les métriques qui proviennent d’un opérateur de Dirac est une question sans réponse claire dans la mesure où il n’y a pas ici de formules à inverser comme cela a pu être le cas dans l’espace à trois points. Il y a cependant une solution pour peu que l’on relâche une contrainte sur le triplet spectral, à savoir le choix de l’espace de représentation. On montre en effet, et c’est l’objet de la dernière section de ce chapitre, que pour toute métrique dans un espace de n𝑛n points il est possible de construire un triplet spectral, satisfaisant aux axiomes de la géométrie non commutative, tel que la distance associée soit précisément la métrique désirée.

V Distance et axiomes de la géométrie non commutative

Dans les sections précédentes nous n’avons que peu tenu compte des axiomes de la géométrie non commutative présentés dans le premier chapitre. Ces axiomes sont introduits afin que la géométrie (1.62) coïncide avec la géométrie spinorielle riemannienne. Dans l’optique où les espaces finis seraient des équivalents discrets de variété riemannienne, il peut être important que les triplets considérés soient des triplets spectraux réels (cf. définition 1.20). Mais dans le cas finis, ces axiomes? obligent à travailler avec des matrices dont la taille croit rapidement avec le nombre de points. Les calculs explicites sont vite impraticables sauf dans quelques cas simples. Telle est la raison pour laquelle nous n’en avons pas tenu compte dans la section consacrée aux espaces commutatifs finis. Cet oubli volontaire n’est pas lourd de conséquence car on peut montrer que pour les espaces commutatifs finis les axiomes n’imposent pas de contraintes sur les métriques susceptibles d’être décrites par un triplet spectral. Autrement dit, étant donnés n2nsuperscript𝑛2𝑛n^{2}-n nombres réels dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} (ij𝑖𝑗i\neq j) strictement positifs tels que

dij=dji et dijdik+dkj,subscript𝑑𝑖𝑗subscript𝑑𝑗𝑖 et subscript𝑑𝑖𝑗subscript𝑑𝑖𝑘subscript𝑑𝑘𝑗d_{ij}=d_{ji}\,\text{ et }\,d_{ij}\leq d_{ik}+d_{kj}, (2.35)

il existe un triplet spectral réel (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) avec 𝒜=n𝒜superscript𝑛{\cal A}=\mathbb{C}^{n} tel que la distance associée sur l’ensemble des états purs de 𝒜𝒜{\cal A} soit donnée par les nombres dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij}. Pour le montrer nous aurons besoin du lemme suivant.

On note aisubscript𝑎𝑖a_{i} les composantes d’un éléments a𝑎a de 𝒜𝒜{\cal A} et π𝜋\pi la représentation de 𝒜𝒜{\cal A} sur {\cal H}. Les dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} sont des réels satisfaisant (2.35).

Lemme 2.18.

Il existe un triplet spectral réel (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) tel que

[D,π(a)]=sup1i,jn,ij|aiaj|dij.norm𝐷𝜋𝑎subscriptsupremumformulae-sequence1𝑖formulae-sequence𝑗𝑛𝑖𝑗subscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗subscript𝑑𝑖𝑗\|[D,\pi(a)]\|=\mathop{\sup}\limits_{1\leq i,j\leq n,i\neq j}\frac{|a_{i}-a_{j}|}{d_{ij}}. (2.36)

Preuve. Raisonnons par récurrence sur n𝑛n. Pour n=2𝑛2n=2 prenons 𝒜2=2subscript𝒜2superscript2{\cal A}_{2}=\mathbb{C}^{2}, 2=3subscript2superscript3{\cal H}_{2}=\mathbb{C}^{3},

π2(a1,a2)=(a1000a2000a2) et Γ2=(100010001).subscript𝜋2subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑎1000subscript𝑎2000subscript𝑎2 et subscriptΓ2100010001\pi_{2}(a_{1},a_{2})=\left(\begin{array}[]{ccc}a_{1}&0&0\\ 0&a_{2}&0\\ 0&0&a_{2}\end{array}\right)\text{ et }\,\Gamma_{2}=\left(\begin{array}[]{ccc}1&0&0\\ 0&-1&0\\ 0&0&1\end{array}\right).

L’opérateur D2subscript𝐷2D_{2} et la structure réelle J2subscript𝐽2J_{2} sont

D2=(01d1201d1201d1201d120),J2=(001010100)Cformulae-sequencesubscript𝐷201subscript𝑑1201subscript𝑑1201subscript𝑑1201subscript𝑑120subscript𝐽2001010100𝐶D_{2}=\left(\begin{array}[]{ccc}0&{\frac{1}{d_{12}}}&0\\ \frac{1}{{d_{12}}}&0&\frac{1}{d_{12}}\\ 0&\frac{1}{d_{12}}&0\end{array}\right),\quad J_{2}=\left(\begin{array}[]{ccc}0&0&1\\ 0&1&0\\ 1&0&0\end{array}\right)C

C𝐶C désigne la conjugaison complexe.

Dans le cas fini les axiomes se réduisent à la réalité, le premier ordre, l’orientabilité et la dualité de Poincaré?. Dans le cas présent les deux premiers axiomes sont des relations de commutations ([π2(a),J2π2(b)J21]=[J2,Γ2]=[J2,D2]=0subscript𝜋2𝑎subscript𝐽2subscript𝜋2superscript𝑏superscriptsubscript𝐽21subscript𝐽2subscriptΓ2subscript𝐽2subscript𝐷20[\pi_{2}(a),J_{2}\pi_{2}(b^{*})J_{2}^{-1}]=[J_{2},\Gamma_{2}]=[J_{2},D_{2}]=0, [[D2,π2(a)],Jπ2(b)J1]=0subscript𝐷2subscript𝜋2𝑎𝐽subscript𝜋2𝑏superscript𝐽10[[D_{2},\pi_{2}(a)],J\pi_{2}(b)J^{-1}]=0) et de multiplication (J22=𝕀superscriptsubscript𝐽22𝕀J_{2}^{2}={\mathbb{I}}) faciles à vérifier. A noter que la représentation de l’algèbre opposée 𝒜2=2superscriptsubscript𝒜2superscript2{\cal A}_{2}^{\circ}={\mathbb{C}}^{2} est

π2(a1,a2)=Jπ2(a1,a2)J1=(a2000a2000a1).superscriptsubscript𝜋2subscript𝑎1subscript𝑎2𝐽subscript𝜋2subscript𝑎1subscript𝑎2superscript𝐽1subscript𝑎2000subscript𝑎2000subscript𝑎1\pi_{2}^{\circ}(a_{1},a_{2})=J\pi_{2}(a_{1},a_{2})J^{-1}=\left(\begin{array}[]{ccc}a_{2}&0&0\\ 0&a_{2}&0\\ 0&0&a_{1}\end{array}\right).

Γ2subscriptΓ2\Gamma_{2} est bien une chiralité puisque Γ2=𝕀superscriptΓ2𝕀\Gamma^{2}={\mathbb{I}}, [Γ2,π2(a)]=0subscriptΓ2subscript𝜋2𝑎0[\Gamma_{2},\pi_{2}(a)]=0 et Γ2subscriptΓ2\Gamma_{2} anticommute avec D2subscript𝐷2D_{2}. La condition d’orientabilité est vrai pour peu que l’on écrive

Γ2=π2(1,1)J2π2(1,1)J21.subscriptΓ2subscript𝜋211subscript𝐽2subscript𝜋21.1superscriptsubscript𝐽21\Gamma_{2}=\pi_{2}(1,-1)J_{2}\pi_{2}(-1,1)J_{2}^{-1}.

Concernant la dualité de Poincaré, on sait par la périodicité de Bott? que tous les groupes Krsubscript𝐾𝑟K_{r} pour r𝑟r impair sont isomorphes à K1subscript𝐾1K_{1}, qui est nul pour l’algèbre 2superscript2{\mathbb{C}}^{2}, tandis que pour r𝑟r pair

Kr(2)K0(2)2.similar-to-or-equalssubscript𝐾𝑟superscript2subscript𝐾0superscript2similar-to-or-equalssuperscript2K_{r}({\mathbb{C}}^{2})\simeq K_{0}({\mathbb{C}}^{2})\simeq{\mathbb{Z}}^{2}.

Le seul couplage est donc de K0(2)×K0(2)subscript𝐾0superscript2subscript𝐾0superscript2K_{0}({\mathbb{C}}^{2})\times K_{0}({\mathbb{C}}^{2}) dans {\mathbb{Z}}. Pour l=1𝑙1l=1, les projecteurs de Pl(2)subscript𝑃𝑙superscript2P_{l}({\mathbb{C}}^{2}) sont p1(1,0)approaches-limitsubscript𝑝11.0p_{1}\doteq(1,0) et p2(0,1)approaches-limitsubscript𝑝20.1p_{2}\doteq(0,1). Tout autre projecteur pour l𝑙l quelconque est équivalent, au sens de (1.60), à p1subscript𝑝1p_{1} ou p2subscript𝑝2p_{2}, qui sont donc les générateurs de K0(2)subscript𝐾0superscript2K_{0}({\mathbb{C}}^{2}). Le couplage (1.61) est donnée par la matrice de la forme d’intersection de coefficients

ij=dim (ker PijD2+Pij)dim (ker PijD2Pij)\cap_{ij}=\text{dim }(\text{ker }P_{ij}{D_{2}}^{+}P_{ij})-\text{dim }(\text{ker }P_{ij}{D_{2}}^{-}P_{ij})

Pijπ2(pi)Jπ2(pj)J1approaches-limitsubscript𝑃𝑖𝑗subscript𝜋2subscript𝑝𝑖𝐽subscript𝜋2subscript𝑝𝑗superscript𝐽1P_{ij}\doteq\pi_{2}(p_{i})J\pi_{2}(p_{j})J^{-1}

et D2+=(D2)superscriptsubscript𝐷2superscriptsuperscriptsubscript𝐷2{D_{2}}^{+}=({D_{2}}^{-})^{\dagger} est donné en (1.56). En dimension finie, un opérateur 𝒪𝒪{\cal O} d’un espace de dimension m𝑚m dans un espace de dimension n𝑛n et son adjoint ont des images de même dimension, de sorte que

indice 𝒪dimker𝒪dimker𝒪=mn.approaches-limitindice 𝒪dimensionkernel𝒪dimensionkernelsuperscript𝒪𝑚𝑛\text{indice }{\cal O}\doteq\dim\ker{\cal O}-\dim\ker{\cal O}^{\dagger}=m-n.

Ainsi

ijsubscript𝑖𝑗\displaystyle\cap_{ij} =\displaystyle= indice (PijD2+Pij)=dim 𝕀+Γ22Pijdim Pij𝕀Γ22,indice subscript𝑃𝑖𝑗superscriptsubscript𝐷2subscript𝑃𝑖𝑗dim 𝕀subscriptΓ22subscript𝑃𝑖𝑗dim subscript𝑃𝑖𝑗𝕀subscriptΓ22\displaystyle\text{indice }(P_{ij}{D_{2}}^{+}P_{ij})=\text{dim }\frac{{\mathbb{I}}+\Gamma_{2}}{2}P_{ij}-\text{dim }P_{ij}\frac{{\mathbb{I}}-\Gamma_{2}}{2}, (2.37)
=\displaystyle= Tr(Γ2Pij).TrsubscriptΓ2subscript𝑃𝑖𝑗\displaystyle\text{Tr}(\Gamma_{2}P_{ij}).

où l’on utilise que la dimension d’un projecteur est donné par sa trace. On trouve alors

2=(0111)\cap_{2}=\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ 1&-1\end{array}\right)

qui est de déterminant non nul, donc la dualité de Poincaré est satisfaite. Enfin un rapide calcul garantit que

[D2,π2(a1,a2)]=|a1a2|d12.normsubscript𝐷2subscript𝜋2subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑑12||\left[D_{2},\pi_{2}(a_{1},a_{2})\right]||=\frac{|a_{1}-a_{2}|}{d_{12}}.

Supposons maintenant que (𝒜n,n,Dn,πn,Γn,Jn)subscript𝒜𝑛subscript𝑛subscript𝐷𝑛subscript𝜋𝑛subscriptΓ𝑛subscript𝐽𝑛({\cal A}_{n},{\cal H}_{n},D_{n},\pi_{n},\Gamma_{n},J_{n}) aient été construits pour n>2𝑛2n>2. Construire le triplet spectral à l’ordre n+1𝑛1n+1 consiste très exactement à répéter la construction de l’ordre n=2𝑛2n=2. Soit 𝒜=n+1𝒜superscript𝑛1{\cal A}=\mathbb{C}^{n+1} et

n=n1(i=1n1ni)subscript𝑛direct-sumsubscript𝑛1superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑛1superscriptsubscript𝑛𝑖{\cal H}_{n}={\cal H}_{n-1}\oplus\left(\mathop{\oplus}\limits_{i=1}^{n-1}{\cal H}_{n}^{i}\right)

avec ni=3superscriptsubscript𝑛𝑖superscript3{\cal H}_{n}^{i}=\mathbb{C}^{3} pour tout i𝑖i et n𝑛n. Désignons de manière générique par 𝒪𝒪{\cal O} les opérateurs D,π,Γ𝐷𝜋ΓD,\pi,\Gamma ou J𝐽J. 𝒪𝒪{\cal O} est diagonal par bloc et défini de manière récursive par

𝒪n=𝒪n1(i=1n1𝒪ni).subscript𝒪𝑛direct-sumsubscript𝒪𝑛1superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑛1superscriptsubscript𝒪𝑛𝑖{\cal O}_{n}={\cal O}_{n-1}\oplus\left(\mathop{\oplus}\limits_{i=1}^{n-1}{\cal O}_{n}^{i}\right).

Comme pour n=2𝑛2n=2, on définit

πni(ai,an)=diag(ai,an,an),Γni=diag(1,1,1).formulae-sequencesuperscriptsubscript𝜋𝑛𝑖subscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑛diagsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑛subscript𝑎𝑛superscriptsubscriptΓ𝑛𝑖diag11.1\pi_{n}^{i}(a_{i},a_{n})=\mathrm{diag}(a_{i},a_{n},a_{n})\,,\;\Gamma_{n}^{i}=\mathrm{diag}(1,-1,1).

L’opérateur de Dirac Dnsubscript𝐷𝑛D_{n} et la conjugaison de charge Jnsubscript𝐽𝑛J_{n} sont données par

Dni=(01din01din01din01din0),Jni=(001010100)C.formulae-sequencesuperscriptsubscript𝐷𝑛𝑖01subscript𝑑𝑖𝑛01subscript𝑑𝑖𝑛01subscript𝑑𝑖𝑛01subscript𝑑𝑖𝑛0superscriptsubscript𝐽𝑛𝑖001010100𝐶D_{n}^{i}=\left(\begin{array}[]{ccc}0&\frac{1}{d_{in}}&0\\ \frac{1}{d_{in}}&0&\frac{1}{d_{in}}\\ 0&\frac{1}{d_{in}}&0\end{array}\right),\quad J_{n}^{i}=\left(\begin{array}[]{ccc}0&0&1\\ 0&1&0\\ 1&0&0\end{array}\right)C.

On vérifie alors aisément tous les axiomes, sauf la dualité de Poincaré qui nécessite quelques précautions. Chaque itération ajoute un générateur au groupe K0(𝒜n)nsimilar-to-or-equalssubscript𝐾0subscript𝒜𝑛superscript𝑛K_{0}({\cal A}_{n})\simeq{\mathbb{Z}}^{n}. La matrice de la forme d’intersection n’est autre que la matrice de multiplicité? du triplet spectral et on trouve

n=(01111111(n1)).\cap_{n}=\left(\begin{array}[]{cccc}0&1&\dots&1\\ 1&-1&\ddots&\vdots\\ \vdots&\ddots&\ddots&1\\ 1&\dots&1&-(n-1)\end{array}\right).

Pour tout entier N𝑁N on peut toujours considérer le triplet spectral trivial (n,nN,0)superscript𝑛direct-sumsuperscript𝑛superscript𝑁.0(\mathbb{C}^{n},\mathbb{C}^{n}\oplus\mathbb{C}^{N},0) avec d’évidentes representation et conjugaison de charge et une chiralité égale à -1. La somme directe de ce triplet spectral avec (𝒜n,n,Dn)subscript𝒜𝑛subscript𝑛subscript𝐷𝑛(\mathcal{A}_{n},\mathcal{H}_{n},D_{n}), conduit à une matrice de multiplicité μn+NInsubscript𝜇𝑛𝑁subscript𝐼𝑛\mu_{n}+NI_{n} qui n’est pas dégénérée pour N𝑁N suffisamment grand.

Pour finir, le calcul de la norme du commutateur [Dn,πn(a)]normsubscript𝐷𝑛subscript𝜋𝑛𝑎||\left[D_{n},\pi_{n}(a)\right]|| découle de la structure diagonale par bloc des opérateurs et de l’hypothèse de récurrence. \blacksquare

On peut ainsi montrer le résultat annoncé.

Proposition 2.19.

Etant donnés n2nsuperscript𝑛2𝑛n^{2}-n nombres réels dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} positifs satisfaisant (2.35), il existe un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) avec 𝒜=n𝒜superscript𝑛{\cal A}=\mathbb{C}^{n} satisfaisant aux axiomes tel que la distance non commutative soit donnée par les nombres dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij}.


Preuve. Grâce au lemme ci-dessus on construit un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) obéissant aux conditions (2.36). Lorsque a𝑎a vérifie la condition sur la norme, alors |aiaj|dijsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗subscript𝑑𝑖𝑗|a_{i}-a_{j}|\leq d_{ij}, d’où

d(i,j)dij.𝑑𝑖𝑗subscript𝑑𝑖𝑗d(i,j)\leq d_{ij}.

Fixons maintenant deux points tels que dij<subscript𝑑𝑖𝑗d_{ij}<\infty et prenons ak=diksubscript𝑎𝑘subscript𝑑𝑖𝑘a_{k}=d_{ik}, fini pour tout k𝑘k grâce à l’inégalité triangulaire); en particulier, |aiaj|=dijsubscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗subscript𝑑𝑖𝑗|a_{i}-a_{j}|=d_{ij}. Par (2.35), |dikdil|dklsubscript𝑑𝑖𝑘subscript𝑑𝑖𝑙subscript𝑑𝑘𝑙|d_{ik}-d_{il}|\leq d_{kl} pour tout k𝑘k et l𝑙l. Ainsi [D,π(a)]1norm𝐷𝜋𝑎1||\left[D,\pi(a)\right]||\leq 1 par (2.36). D’où

dijd(i,j)subscript𝑑𝑖𝑗𝑑𝑖𝑗d_{ij}\leq d(i,j)

et le résultat pour peu que dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} soit finie. Si tel n’est pas le cas alors diksubscript𝑑𝑖𝑘d_{ik} et djksubscript𝑑𝑗𝑘d_{jk} sont également infinis pour tout k𝑘k. L’inégalité (2.36) n’impose aucune contrainte sur aisubscript𝑎𝑖a_{i} et ajsubscript𝑎𝑗a_{j} puisque les éléments de matrice de D𝐷D correspondant s’annulent. On peut donc envoyer |aiaj|subscript𝑎𝑖subscript𝑎𝑗|a_{i}-a_{j}| à l’infini et on a bien d(i,j)=dij𝑑𝑖𝑗subscript𝑑𝑖𝑗d(i,j)=d_{ij}. \blacksquare

En conclusion, une fois donnée 𝒜=n𝒜superscript𝑛{\cal A}={\mathbb{C}}^{n}, les axiomes de la géométrie non commutative n’apportent aucune contrainte sur les métriques susceptibles d’être obtenues par un opérateur de Dirac. De telles contraintes apparaissent quand on impose une autre condition, comme fixer =nsuperscript𝑛{\cal H}={\mathbb{C}}^{n} ainsi que nous l’avons fait dans la discussion des cas à trois et quatre points. Il est important de souligner que la fonction qui associe une métrique à un opérateur de Dirac est surjective. Dans les modèles de gravité quantique basé sur les valeurs propres de l’opérateur de Dirac?, on a également besoin de savoir combien d’opérateurs de Dirac correspondent à une métrique donnée, ainsi que les relations entre leurs spectres.

La contrainte (2.35) est une condition nécessaire et suffisante pour que les nombres dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} soient des distances. Rien n’empêche de poser une condition plus forte. Par exemple si l’on désire voir l’espace non commutatif comme une disrcétisation de l’espace euclidien, les dijsubscript𝑑𝑖𝑗d_{ij} doivent, selon la dimension de cet espace, vérifier des conditions supplémentaires?,? (pour que six nombres positifs soient les distances euclidiennes entre sommets d’une pyramide, il ne suffit pas qu’ils vérifient l’inégalité triangulaire trois par trois).

Chapitre 3 Produit du continu par le discret

L’un des intérets de la géométrie non commutative en physique est de proposer des modèles simples d’espace-temps où cohabitent le discret et le continu. Un même formalisme permet de rendre compte des symétries de l’espace-temps continu de la relativité générale (malheureusement uniquement avec signature euclidienne), à savoir l’invariance par difféomorphisme, ainsi que des symétries de jauge des interactions électrofaibles et fortes. Ces dernières sont interprétées géométriquement comme symétries d’un espace interne discret. Nous reviendrons longuement dans le dernier chapitre sur cette interpétation qui donne une justification géométrique au champ de Higgs. Ici nous étudions l’aspect métriques de ce type de géométries, décrites par des produits tensoriels de triplets spectraux.

Pour établir les notations on donne une preuve simple, extraite de [?], de l’égalité (1.64) entre distance non commutative et distance géodésique pour une variété riemannienne compacte à spin. Ensuite sont établies des propriétés générales de la distance associée au produit de triplets spectraux. En particulier il est connu?,? que dans le modèle à deux couches,

𝒜=C(M)2=C(M)C(M),𝒜tensor-productsuperscript𝐶𝑀superscript2direct-sumsuperscript𝐶𝑀superscript𝐶𝑀{\cal A}=C^{\infty}\left({M}\right)\otimes{\mathbb{C}}^{2}=C^{\infty}\left({M}\right)\oplus C^{\infty}\left({M}\right),

la distance sur chaque copie de la variété est la distance géodésique tandis que la distance entre les couches ne dépend que du triplet spectral interne. Ce résultat est généralisé à tout produit tensoriel de géométries. Pour finir, la distance est explicitement calculée pour des modèles d’espace temps euclidien. A noter que la distance dans le continu a été étudiée dans l’optique voisine des algèbres de Lie dans [?]. Les résultats de ce chapitre ont donné lieu à l’article [?].

I Distance pour une variété à spin

Le triplet spectral associé à une variété riemannienne compacte à spin avec une métrique g𝑔g est donné par (1.62). D’apès la proposition 1.17, la partie connexion de spin de l’opérateur de Dirac commute avec C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) si bien que pour tout fC(M)𝑓superscript𝐶𝑀f\in C^{\infty}\left({M}\right),

[D,f]𝐷𝑓\displaystyle[D,f] =\displaystyle= ic(df)=iμfc(dxμ)=iμfc(eαμdxα),𝑖𝑐𝑑𝑓𝑖subscript𝜇𝑓𝑐𝑑superscript𝑥𝜇𝑖subscript𝜇𝑓𝑐subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼𝑑superscript𝑥𝛼\displaystyle-ic(df)=-i\partial_{\mu}fc(dx^{\mu})=-i\partial_{\mu}fc(e^{\mu}_{\alpha}dx^{\alpha}),
=\displaystyle= iμfeαμγa=iγmμf,𝑖subscript𝜇𝑓subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼superscript𝛾𝑎𝑖superscript𝛾𝑚subscript𝜇𝑓\displaystyle-i\partial_{\mu}fe^{\mu}_{\alpha}\gamma^{a}=-i\gamma^{m}\partial_{\mu}f,
=\displaystyle= [iγmμ,f]𝑖superscript𝛾𝑚subscript𝜇𝑓\displaystyle[-i\gamma^{m}\partial_{\mu},f]

c𝑐c est l’action de Clifford (1.47), eμαsubscriptsuperscript𝑒𝛼𝜇e^{\alpha}_{\mu} les vielbein, γasuperscript𝛾𝑎\gamma^{a} les matrices de Dirac euclidiennes (1.46) et γmeαμγaapproaches-limitsuperscript𝛾𝑚subscriptsuperscript𝑒𝜇𝛼superscript𝛾𝑎\gamma^{m}\doteq e^{\mu}_{\alpha}\gamma^{a} les matrices de Dirac riemanniennes (1.48) qui vérifient, grâce à (1.45),

γmγn+γnγm=2gμν𝕀superscript𝛾𝑚superscript𝛾𝑛superscript𝛾𝑛superscript𝛾𝑚2superscript𝑔𝜇𝜈𝕀\gamma^{m}\gamma^{n}+\gamma^{n}\gamma^{m}=2g^{\mu\nu}{\mathbb{I}}

(conformément au chapitre I, on utilise un indice grec pour la variété et un indice latin pour les degrés de liberté de spin; a,m,n𝑎𝑚𝑛a,m,n se contractent avec α,μ,ν𝛼𝜇𝜈\alpha,\mu,\nu). Pour le calcul des distances, on peut considérer que le triplet spectral d’une variété à spin est

𝒜=C(M),=L2(M,S),D=iγmμ=i/.formulae-sequence𝒜superscript𝐶𝑀formulae-sequencesubscript𝐿2𝑀𝑆𝐷𝑖superscript𝛾𝑚subscript𝜇𝑖{\cal A}=C^{\infty}({M}),\qquad{\cal H}=L_{2}({M},S),\qquad D=-i\gamma^{m}\partial_{\mu}=-i/\!\!\!\partial. (3.1)

La dimension spectrale est la dimension de la variété qu’on prend égale à 444. Le triplet spectral est pair donc la chiralité (1.54) s’écrit

Γ=c(γ)=(i)2c(Πα=14dxα)=Πα=14γa=γ5Γ𝑐𝛾superscript𝑖2𝑐4𝛼1Π𝑑superscript𝑥𝛼4𝛼1Πsuperscript𝛾𝑎superscript𝛾5\Gamma=c(\gamma)=(-i)^{2}c(\overset{4}{\underset{\alpha=1}{\Pi}}dx^{\alpha})=-\overset{4}{\underset{\alpha=1}{\Pi}}\gamma^{a}=-\gamma^{5}

γ𝛾\gamma est donnée en (1.36) et γ5superscript𝛾5\gamma^{5} désigne traditionnellement le produit des matrices gamma euclidiennes. Le produit scalaire de {\cal H} est donné par (1.51) ou le couplage (.|.)(.\lvert.) de S𝑆S à valeur dans C(M)𝐶𝑀C(M) est le produit scalaire euclidien des spineurs vus comme vecteurs colonnes dont les entrées sont des fonctions d’onde,

(ψ|ϕ)=ψϕ(\psi\lvert\phi)=\psi^{\dagger}\phi

ψsuperscript𝜓\psi^{\dagger} désigne le vecteur ligne complexe conjugué de ψ𝜓\psi.

Comme énoncé dans le théorème 1.21, la distance non commutative (1.69)

d(x,y)=supfC(M){|f(x)f(y)|/[D,f]1},𝑑𝑥𝑦subscriptsupremum𝑓𝐶𝑀𝑓𝑥𝑓𝑦delimited-∥∥𝐷𝑓1d(x,y)=\sup_{f\in C(M)}\left\{\,\lvert f(x)-f(y)\rvert\,/\,\left\lVert[D,f]\right\rVert\leq 1\right\}\,, (3.2)

coincide avec la distance géodésique L(x,y)𝐿𝑥𝑦L(x,y) entre les points x,y𝑥𝑦x,y de M𝑀{M}. C’est un résultat classique ? mais la preuve introduit idées et notations dont nous ferons un usage intensif par la suite, aussi nous donnons en détail la démonstration.

Par la définition (1.34) de l’involution dans l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M), (dxα)=dxαsuperscript𝑑superscript𝑥𝛼𝑑superscript𝑥𝛼(dx^{\alpha})^{*}=dx^{\alpha} si bien qu’en choisissant les matrices de Dirac autoadjointes, on choisit en fait une action de Clifford autoadjointe,

(γa)=γa=c(dxα)=c(dxα).superscriptsuperscript𝛾𝑎superscript𝛾𝑎𝑐𝑑superscript𝑥𝛼𝑐𝑑superscriptsuperscript𝑥𝛼(\gamma^{a})^{\dagger}=\gamma^{a}=c(dx^{\alpha})=c({dx^{\alpha}}^{*}).

Ainsi la norme d’opérateur de [D,f]𝐷𝑓[D,f], pour une fonction f𝑓f réelle selon le lemme 1.24, s’écrit

[D,f]2superscriptdelimited-∥∥𝐷𝑓2\displaystyle\left\lVert[D,f]\right\rVert^{2} =\displaystyle= c(df)2=supψM(c(df)ψ|c(df)ψ)|νg|M(ψ|ψ)|νg|,\displaystyle\displaystyle\left\lVert c(df)^{2}\right\rVert=\sup_{\psi\in{\cal H}}\frac{\int_{{M}}(c(df)\psi\lvert c(df)\psi)\lvert\nu_{g}\rvert}{\int_{{M}}(\psi\lvert\psi)\lvert\nu_{g}\rvert},
=\displaystyle= supψMψc(df)c(df)ψ|νg|Mψψ|νg|,subscriptsupremum𝜓subscript𝑀superscript𝜓𝑐𝑑superscript𝑓𝑐𝑑𝑓𝜓subscript𝜈𝑔subscript𝑀superscript𝜓𝜓subscript𝜈𝑔\displaystyle\displaystyle\sup_{\psi\in{\cal H}}\frac{\int_{M}\psi^{\dagger}c(df^{*})c(df)\psi\lvert\nu_{g}\rvert}{\int_{{M}}\psi^{\dagger}\psi\lvert\nu_{g}\rvert},
=\displaystyle= supxM{gμν(x)μf(x)νf(x)}=supxMg(df,df)=gradf2subscriptsupremum𝑥𝑀superscript𝑔𝜇𝜈𝑥subscript𝜇𝑓𝑥subscript𝜈𝑓𝑥𝑥𝑀supremum𝑔𝑑𝑓𝑑𝑓superscriptdelimited-∥∥grad𝑓2\displaystyle\displaystyle\sup_{x\in{M}}\left\{g^{\mu\nu}(x)\partial_{\mu}f(x)\partial_{\nu}f(x)\right\}=\underset{x\in M}{\sup}g(df,df)=\left\lVert\text{grad}\,f\right\rVert^{2}

où on utilise c(df)c(df)=μfνfγmγn=gμνμfνf𝕀𝑐𝑑superscript𝑓𝑐𝑑𝑓subscript𝜇𝑓subscript𝜈𝑓superscript𝛾𝑚superscript𝛾𝑛superscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜇𝑓subscript𝜈𝑓𝕀c(df^{*})c(df)=\partial_{\mu}{f}\partial_{\nu}f\gamma^{m}\gamma^{n}=g^{\mu\nu}\partial_{\mu}f\partial_{\nu}f{\mathbb{I}} ainsi que l’équation (1.31). D’où

[D,f]=supxM(gradf)(x).delimited-∥∥𝐷𝑓𝑥𝑀supremumdelimited-∥∥grad𝑓𝑥\left\lVert[D,f]\right\rVert=\underset{x\in{M}}{\sup}\left\lVert(\text{grad}\,f)(x)\right\rVert.

Soit maintenant c:t[0,1]M:𝑐𝑡delimited-[]0.1𝑀c\!:\!t\in[0,1]\!\!\rightarrow\!\!{M} une géodésique minimale entre x𝑥x et y𝑦y. On désigne par un point la dérivée totale par rapport au paramètre t𝑡t. Pour tout fC(M)𝑓superscript𝐶𝑀f\in C^{\infty}\left({M}\right)

f(x)f(y)=01f˙(c(t))𝑑t=01μf(p)cμ˙(t)dt𝑓𝑥𝑓𝑦superscriptsubscript01˙𝑓𝑐𝑡differential-d𝑡superscriptsubscript01subscript𝜇𝑓𝑝˙superscript𝑐𝜇𝑡𝑑𝑡f(x)-f(y)=\int_{0}^{1}\dot{f}(c(t))\;dt=\int_{0}^{1}\partial_{\mu}f(p)\;\dot{c^{\mu}}(t)dt

avec pc(t)approaches-limit𝑝𝑐𝑡p\doteq c(t). Les fonctions cμ˙˙superscript𝑐𝜇\dot{c^{\mu}} sont les composantes d’un champ de vecteur X𝒳(M)𝑋𝒳𝑀X\in{\cal X}(M). On note c˙νsubscript˙𝑐𝜈\dot{c}_{\nu} les composantes de c˙Xapproaches-limit˙𝑐superscript𝑋\dot{c}\doteq X^{\flat}, si bien que

μf(p)cμ˙(t)=gμν(p)μf(p)cν˙(t)=g(df(p),c˙(p)).subscript𝜇𝑓𝑝˙superscript𝑐𝜇𝑡superscript𝑔𝜇𝜈𝑝subscript𝜇𝑓𝑝˙subscript𝑐𝜈𝑡𝑔𝑑𝑓𝑝˙𝑐𝑝{\partial_{\mu}f(p)\,\dot{c^{\mu}}(t)}={g^{\mu\nu}(p)\,\partial_{\mu}f(p)\,\dot{c_{\nu}}(t)}=g(df(p),\dot{c}(p)).

Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz,

|μf(p)c˙μ(t)|df(p)c˙(t).subscript𝜇𝑓𝑝superscript˙𝑐𝜇𝑡delimited-∥∥𝑑𝑓𝑝delimited-∥∥˙𝑐𝑡\lvert{\partial_{\mu}f(p)\,\dot{c}^{\mu}(t)}\rvert\leq\left\lVert df(p)\right\rVert\left\lVert\dot{c}(t)\right\rVert.

Si f𝑓f atteint le suprémum, df(p)=(gradf)(p)1delimited-∥∥𝑑𝑓𝑝delimited-∥∥grad𝑓𝑝1\left\lVert df(p)\right\rVert=\left\lVert(\text{grad}\,f)(p)\right\rVert\leq 1 en tout p𝑝p et

d(x,y)=|f(x)f(y)|01c˙(t)𝑑t=L(x,y).𝑑𝑥𝑦𝑓𝑥𝑓𝑦superscriptsubscript01delimited-∥∥˙𝑐𝑡differential-d𝑡𝐿𝑥𝑦d(x,y)=\lvert f(x)-f(y)\rvert\leq\int_{0}^{1}\left\lVert\dot{c}(t)\right\rVert\;dt=L(x,y)\,.

Cette borne supérieure est atteinte par la fonction

L:qL(q,y).:𝐿maps-to𝑞𝐿𝑞𝑦L:q\mapsto L(q,y). (3.3)

En effet, L(x)L(y)=L(x,y)𝐿𝑥𝐿𝑦𝐿𝑥𝑦L(x)-L(y)=L(x,y) et

supqMgradL(q)1.subscriptsupremum𝑞𝑀delimited-∥∥grad𝐿𝑞1\sup_{q\in{M}}\left\lVert{\text{grad}\,L}(q)\right\rVert\leq 1\,. (3.4)

Pour montrer cette dernière inégalité, choisissons q,qM𝑞superscript𝑞𝑀q,q^{\prime}\in{M}, de coordonnées qμ,qμsuperscript𝑞𝜇superscriptsuperscript𝑞𝜇q^{\mu},{q^{\prime}}^{\mu} dans une carte donnée, où qsuperscript𝑞q^{\prime} est l’image de q𝑞q par la transformation infinitésimale σ(ϵ)𝜎italic-ϵ\sigma(\epsilon), ϵ<<1much-less-thanitalic-ϵ1\epsilon<\!\!<1, σ𝜎\sigma désignant le flot généré par le champ de vecteurs gμν(νL)μsuperscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜈𝐿subscript𝜇g^{\mu\nu}(\partial_{\nu}L)\partial_{\mu} avec la condition initiale σ(0)=q𝜎0𝑞\sigma(0)=q. Alors, avec dqμqμqμapproaches-limit𝑑superscript𝑞𝜇superscriptsuperscript𝑞𝜇superscript𝑞𝜇dq^{\mu}{\doteq q^{\prime}}^{\mu}-q^{\mu},

qμ+dqμ=qμ=σμ(ϵ)=σμ(0)+ϵdσμdt(0)+𝒪(ϵ2)=qμ+ϵgμν(q)νL(q)+𝒪(ϵ2),superscript𝑞𝜇𝑑superscript𝑞𝜇superscriptsuperscript𝑞𝜇superscript𝜎𝜇italic-ϵsuperscript𝜎𝜇0italic-ϵ𝑑superscript𝜎𝜇𝑑𝑡0𝒪superscriptitalic-ϵ2superscript𝑞𝜇italic-ϵsuperscript𝑔𝜇𝜈𝑞subscript𝜈𝐿𝑞𝒪superscriptitalic-ϵ2q^{\mu}+dq^{\mu}={q^{\prime}}^{\mu}=\sigma^{\mu}(\epsilon)=\sigma^{\mu}(0)+\epsilon\,\frac{d\sigma^{\mu}}{dt}(0)+{\cal O}(\epsilon^{2})=q^{\mu}+\epsilon\,g^{\mu\nu}(q)\partial_{\nu}L(q)+{\cal O}(\epsilon^{2})\,,

c’est à dire

dqμ=ϵgμν(q)νL(q)+𝒪(ϵ2).𝑑superscript𝑞𝜇italic-ϵsuperscript𝑔𝜇𝜈𝑞subscript𝜈𝐿𝑞𝒪superscriptitalic-ϵ2dq^{\mu}=\epsilon\,g^{\mu\nu}(q)\partial_{\nu}L(q)+{\cal O}(\epsilon^{2})\,. (3.5)

Comme L(q,y)𝐿superscript𝑞𝑦L(q^{\prime},y) est le plus court chemin de qsuperscript𝑞q^{\prime} à y𝑦y, L(q,y)L(q,q)+L(q,y)𝐿superscript𝑞𝑦𝐿superscript𝑞𝑞𝐿𝑞𝑦L(q^{\prime},y)\leq L(q^{\prime},q)+L(q,y). Ainsi

L(q+dq)L(q,q)+L(q).𝐿𝑞𝑑𝑞𝐿superscript𝑞𝑞𝐿𝑞L(q+dq)\leq L(q^{\prime},q)+L(q)\,. (3.6)

Par (3.5)

L(q,q)gλρ(q)dqλdqρ=ϵ2gλρ(q)gλμ(q)μL(q)gρν(q)νL(q)=ϵgμνμL(q)νL(q).approaches-limit𝐿superscript𝑞𝑞subscript𝑔𝜆𝜌𝑞𝑑superscript𝑞𝜆𝑑superscript𝑞𝜌superscriptitalic-ϵ2subscript𝑔𝜆𝜌𝑞superscript𝑔𝜆𝜇𝑞subscript𝜇𝐿𝑞superscript𝑔𝜌𝜈𝑞subscript𝜈𝐿𝑞italic-ϵsuperscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜇𝐿𝑞subscript𝜈𝐿𝑞L(q^{\prime},q)\doteq\sqrt{g_{\lambda\rho}(q)dq^{\lambda}dq^{\rho}}=\sqrt{\epsilon^{2}g_{\lambda\rho}(q)g^{\lambda\mu}(q)\partial_{\mu}L(q)\,g^{\rho\nu}(q)\partial_{\nu}L(q)}=\epsilon\sqrt{g^{\mu\nu}\partial_{\mu}L(q)\,\partial_{\nu}L(q)}\,.

Inseré dans le membre de droite de (3.6) dont la partie gauche est développée par rapport à ϵitalic-ϵ\epsilon, cette équation donne

L(q)+μL(q)dqμ=L(q)+ϵgμν(q)μL(q)νL(q)+𝒪(ϵ2)ϵgμνμL(q)νL(q)+L(q)+𝒪(ϵ2),𝐿𝑞subscript𝜇𝐿𝑞𝑑superscript𝑞𝜇𝐿𝑞italic-ϵsuperscript𝑔𝜇𝜈𝑞subscript𝜇𝐿𝑞subscript𝜈𝐿𝑞𝒪superscriptitalic-ϵ2italic-ϵsuperscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜇𝐿𝑞subscript𝜈𝐿𝑞𝐿𝑞𝒪superscriptitalic-ϵ2L(q)+\partial_{\mu}L(q)\,dq^{\mu}=L(q)+\,\epsilon\,g^{\mu\nu}(q)\partial_{\mu}L(q)\partial_{\nu}L(q)+{\cal O}(\epsilon^{2})\leq\epsilon\sqrt{g^{\mu\nu}\partial_{\mu}L(q)\,\partial_{\nu}L(q)}+L(q)+{\cal O}(\epsilon^{2}),

qui est vraie quel que soit q𝑞q, d’où (3.4) et finalement

d(x,y)=L(x,y).𝑑𝑥𝑦𝐿𝑥𝑦d(x,y)=L(x,y).

A noter que L𝐿L n’est pas lisse en y𝑦y mais seulement continue?. Pour écrire (3.2) en remplaçant C(M)𝐶𝑀C(M) par C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right), il faudrait exhiber une suite de fonctions lisses fnsubscript𝑓𝑛f_{n} qui converge vers L𝐿L et vérifie [D,fn]1delimited-∥∥𝐷subscript𝑓𝑛1\left\lVert[D,f_{n}]\right\rVert\leq 1 pour tout n𝑛n. La preuve est identique avec l’algèbre réelle C(M)subscriptsuperscript𝐶𝑀C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M) puisqu’alors, les états purs étant donnés par (1.27), Re(ωx(L))Re(ωy(L))=L(x)L(y).Resubscript𝜔𝑥𝐿Resubscript𝜔𝑦𝐿𝐿𝑥𝐿𝑦\text{Re}(\omega_{x}(L))-\text{Re}(\omega_{y}(L))=L(x)-L(y).

II Produit de géométries

II.1 Produit tensoriel de triplets spectraux

Le produit tensoriel d’un triplet spectral réel pair TI=(𝒜I,I,DI,πI)subscript𝑇𝐼subscript𝒜𝐼subscript𝐼subscript𝐷𝐼subscript𝜋𝐼T_{I}=({\cal A}_{I},{\cal H}_{I},D_{I},\pi_{I}) muni d’une chiralité ΓIsubscriptΓ𝐼\Gamma_{I}, par le triplet spectral réel TE=(𝒜E,E,DE,πE)subscript𝑇𝐸subscript𝒜𝐸subscript𝐸subscript𝐷𝐸subscript𝜋𝐸T_{E}=({\cal A}_{E},{\cal H}_{E},D_{E},\pi_{E}) est le triplet spectral TITE(𝒜,,D)approaches-limittensor-productsubscript𝑇𝐼subscript𝑇𝐸superscript𝒜superscriptsuperscript𝐷T_{I}\otimes T_{E}\doteq({\cal A}^{\prime},{\cal H}^{\prime},D^{\prime}) défini par

𝒜𝒜I𝒜E,IE,DDI𝕀E+ΓIDE.formulae-sequenceapproaches-limitsuperscript𝒜tensor-productsubscript𝒜𝐼subscript𝒜𝐸formulae-sequenceapproaches-limitsuperscripttensor-productsubscript𝐼subscript𝐸approaches-limitsuperscript𝐷tensor-productsubscript𝐷𝐼subscript𝕀𝐸tensor-productsubscriptΓ𝐼subscript𝐷𝐸{\cal A}^{\prime}\doteq{\cal A}_{I}\otimes{\cal A}_{E},\quad{\cal H}^{\prime}\doteq{\cal H}_{I}\otimes{\cal H}_{E},\quad D^{\prime}\doteq D_{I}\otimes{\mathbb{I}}_{E}+\Gamma_{I}\otimes D_{E}.

La représentation est ππIπEapproaches-limitsuperscript𝜋tensor-productsubscript𝜋𝐼subscript𝜋𝐸\pi^{\prime}\doteq\pi_{I}\otimes\pi_{E} (dans ce chapitre nous n’utiliserons ni la chiralité ni la structure réelle du triplet produit mais toutes deux sont définies, cf [?]). Dans la mesure où les triplets spectraux ne forment pas un espace vectoriel, la notation TITEtensor-productsubscript𝑇𝐼subscript𝑇𝐸T_{I}\otimes T_{E} est essentiellement une convention. Ce produit est commutatif car lorsque TEsubscript𝑇𝐸T_{E} est pair et muni d’une chiralité ΓEsubscriptΓ𝐸\Gamma_{E}, alors le triplet spectral TETI(𝒜,,D)approaches-limittensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝐼𝒜𝐷T_{E}\otimes T_{I}\doteq({\cal A},{\cal H},D) est également défini (il suffit de permuter les facteurs)

𝒜𝒜E𝒜I,EI,DDE𝕀I+ΓEDI,formulae-sequenceapproaches-limit𝒜tensor-productsubscript𝒜𝐸subscript𝒜𝐼formulae-sequenceapproaches-limittensor-productsubscript𝐸subscript𝐼approaches-limit𝐷tensor-productsubscript𝐷𝐸subscript𝕀𝐼tensor-productsubscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼{\cal A}\doteq{\cal A}_{E}\otimes{\cal A}_{I},\quad{\cal H}\doteq{\cal H}_{E}\otimes{\cal H}_{I},\quad D\doteq D_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{I}+\Gamma_{E}\otimes D_{I}\,, (3.7)

π=πEπI𝜋tensor-productsubscript𝜋𝐸subscript𝜋𝐼\pi=\pi_{E}\otimes\pi_{I} et il est équivalent à TITEtensor-productsubscript𝑇𝐼subscript𝑇𝐸T_{I}\otimes T_{E} via l’opérateur unitaire

U𝕀I+ΓI2𝕀E+𝕀IΓI2ΓE.approaches-limit𝑈tensor-productsubscript𝕀𝐼subscriptΓ𝐼2subscript𝕀𝐸tensor-productsubscript𝕀𝐼subscriptΓ𝐼2subscriptΓ𝐸U\doteq\frac{{\mathbb{I}}_{I}+\Gamma_{I}}{2}\otimes{\mathbb{I}}_{E}+\frac{{\mathbb{I}}_{I}-\Gamma_{I}}{2}\otimes\Gamma_{E}\,.

En physique ce produit tensoriel est utilisé pour décrire un espace continu dont chaque point est muni d’une fibre discrète. Dans le modèle standard l’espace interne TIsubscript𝑇𝐼T_{I} est choisie de manière à ce que le groupe des unitaires de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I}, modulo le relèvement aux spineurs?,?, soit le groupe de jauge des interactions. 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} est une algèbre de matrices, Isubscript𝐼{\cal H}_{I} est l’espace des fermions et l’opérateur de Dirac interne a pour coefficients les masses des fermions, éventuellement pondérées par la matrice unitaire de Cabibbo-Kobayashi-Maskawa. Nous reviendrons longuement sur le modèle standard dans le chapitre consacré aux fluctuations de la métrique. Ici nous étudions de manière plus générale la distance pour des produits tensoriels de triplets spectraux sans présupposer, dans un premier temps au moins, que l’un est fini et l’autre relatif à une variété différentiable.

Néammoins, afin de ne pas multiplier les notations, tous les objets relatifs au premier terme du produit tensoriel sont appelés externes alors que ceux relatifs au second sont dits internes.

II.2 Distance dans l’espace interne et dans l’espace externe

Pour fixer les notations on suppose que TEsubscript𝑇𝐸T_{E} est pair et l’on travaille avec TETItensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝐼T_{E}\otimes T_{I}. Pour étudier cette géométrie, le premier point est de calculer l’espace des états. Soient τEsubscript𝜏𝐸\tau_{E} et τIsubscript𝜏𝐼\tau_{I} des états de 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E} et 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} respectivement. La paire (τE,τI)subscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼(\tau_{E},\tau_{I}) agissant comme τEτItensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼\tau_{E}\otimes\tau_{I} est un état de 𝒜𝒜{\cal A}. En effet

(τEτI)(𝕀E𝕀I)=τE(𝕀E)τI(𝕀I)=1.tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝕀𝐸subscript𝕀𝐼subscript𝜏𝐸subscript𝕀𝐸subscript𝜏𝐼subscript𝕀𝐼1(\tau_{E}\otimes\tau_{I})({\mathbb{I}}_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{I})=\tau_{E}({\mathbb{I}}_{E})\tau_{I}({\mathbb{I}}_{I})=1.

Pour montrer la positivité, on note aa=(fimi)(fjmj)=fifjmimjsuperscript𝑎𝑎superscripttensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑓𝑗subscript𝑚𝑗tensor-productsuperscriptsuperscript𝑓𝑖superscript𝑓𝑗superscriptsubscript𝑚𝑖subscript𝑚𝑗a^{*}a=(f^{i}\otimes m_{i})^{*}(f^{j}\otimes m_{j})={f^{i}}^{*}f^{j}\otimes m_{i}^{*}m_{j} un élément positif de 𝒜𝒜{\cal A}, FijτE(fifj)approaches-limitsuperscript𝐹𝑖𝑗subscript𝜏𝐸superscriptsuperscript𝑓𝑖superscript𝑓𝑗F^{ij}\doteq\tau_{E}({f^{i}}^{*}f^{j}) et MijτI(mimj)approaches-limitsubscript𝑀𝑖𝑗subscript𝜏𝐼superscriptsubscript𝑚𝑖subscript𝑚𝑗M_{ij}\doteq\tau_{I}({m_{i}}^{*}m_{j}). Alors

(τEτI)(aa)=FijMij.tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼superscript𝑎𝑎tensor-productsuperscript𝐹𝑖𝑗subscript𝑀𝑖𝑗(\tau_{E}\otimes\tau_{I})(a^{*}a)=F^{ij}\otimes M_{ij}.

La somme sur i,j𝑖𝑗i,j est finie. La matrice F𝐹F de composantes Fijsuperscript𝐹𝑖𝑗F^{ij} est autoadjointe et se décompose sur ses projecteurs propres tksubscript𝑡𝑘t_{k}. La valeur propre λ𝜆\lambda associé au vecteur propre ψ𝜓\psi est positive puisque λ=ψ,Fψ=ψi¯Fijψj=τE((ψifi)(ψifi))0.𝜆𝜓𝐹𝜓¯subscript𝜓𝑖superscript𝐹𝑖𝑗subscript𝜓𝑗subscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜓𝑖superscript𝑓𝑖subscript𝜓𝑖superscript𝑓𝑖0\lambda=\langle\psi,F\psi\rangle=\bar{\psi_{i}}F^{ij}\psi_{j}=\tau_{E}\left((\psi_{i}f^{i})^{*}(\psi_{i}f^{i})\right)\geq 0. La composante tijksubscriptsuperscript𝑡𝑘𝑖𝑗t^{k}_{ij} du kièmesuperscript𝑘ièmek^{\text{i\`{e}me}} projecteur propre est ψ¯kiψjksubscriptsuperscript¯𝜓𝑘𝑖subscriptsuperscript𝜓𝑘𝑗{\bar{\psi}^{k}}_{i}\psi^{k}_{j} de sorte que

(τEτI)(aa)=λki,jtijkMij=λkωI((ijψjkmj)(ijψjkmj))0.tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼superscript𝑎𝑎subscript𝜆𝑘subscript𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑡𝑘𝑖𝑗subscript𝑀𝑖𝑗subscript𝜆𝑘subscript𝜔𝐼superscriptsubscript𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜓𝑘𝑗subscript𝑚𝑗subscript𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜓𝑘𝑗subscript𝑚𝑗0(\tau_{E}\otimes\tau_{I})(a^{*}a)=\lambda_{k}\sum_{i,j}t^{k}_{ij}M_{ij}=\lambda_{k}\,\omega_{I}\left((\sum_{ij}\psi^{k}_{j}m_{j})^{*}(\sum_{ij}\psi^{k}_{j}m_{j})\right)\geq 0.

Le produit de deux états purs ωEωItensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔𝐼\omega_{E}\otimes\omega_{I} est un état mais pas nécessairement pur. Qui plus est, il peut exister des états (purs) de 𝒜𝒜{\cal A} qui ne s’écrivent pas comme produit tensoriel. Quoi qu’il en soit, nous ne considérons ici que des états du type τEτItensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼\tau_{E}\otimes\tau_{I}. Cette restriction n’est pas gênante dans la mesure où, dès qu’une des algèbres est commutative, tout état pur et de cette forme [?, p. 857].

Proposition 3.1.

Soit 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E} et 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} deux Csuperscript𝐶C^{*}-algèbres dont l’une au moins est abélienne. Alors

𝒫(𝒜E𝒜I)𝒫(𝒜E)×𝒫(𝒜I).similar-to-or-equals𝒫tensor-productsubscript𝒜𝐸subscript𝒜𝐼𝒫subscript𝒜𝐸𝒫subscript𝒜𝐼{\cal P}({{\cal A}_{E}}\otimes{{\cal A}_{I}})\simeq{\cal P}({{\cal A}_{E}})\times{\cal P}({{\cal A}_{I}}).

En ce cas tout état pur ω𝜔\omega de 𝒜𝒜{\cal A} s’écrit

ω=ωEωI.𝜔tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔𝐼\omega=\omega_{E}\otimes\omega_{I}.

ωEsubscript𝜔𝐸\omega_{E} et ωIsubscript𝜔𝐼\omega_{I} sont appelés respectivement partie externe et interne de ω𝜔\omega. Dans le modèle à deux couches 𝒜E=C(M)subscript𝒜𝐸superscript𝐶𝑀{\cal A}_{E}=C^{\infty}\left({M}\right) est abélienne si bien que tout état pur de 𝒜𝒜{\cal A} est du type ωxωitensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝑖\omega_{x}\otimes\omega_{i}ωisubscript𝜔𝑖\omega_{i}, i=1,2𝑖1.2i=1,2, désignent les états purs de 2superscript2{\mathbb{C}}^{2} et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} ceux de C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right). Il est? connu que d(ωxωi,ωyωi)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝑖tensor-productsubscript𝜔𝑦subscript𝜔𝑖d(\omega_{x}\otimes\omega_{i},\,\omega_{y}\otimes\omega_{i}) est la distance géodésique L(x,y)𝐿𝑥𝑦L(x,y) tandis que d(ωxωi,ωxωj)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝑖tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝑗d(\omega_{x}\otimes\omega_{i},\,\omega_{x}\otimes\omega_{j}) est une constante. Ce résultat s’étend à tout produit de deux triplets spectraux. Une fois fixé la partie externe τEsubscript𝜏𝐸\tau_{E}, d(τEτI,τEτI)𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼d(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}\otimes\tau_{I}^{\prime}) ne dépend que de TIsubscript𝑇𝐼T_{I}; de même d(τEτI,τEτI)𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscriptsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼d(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}^{\prime}\otimes\tau_{I}) ne dépend que de TEsubscript𝑇𝐸T_{E}.

Théorème 3.2.

Soient dEsubscript𝑑𝐸d_{E}, dIsubscript𝑑𝐼d_{I} et d𝑑d les distances associées à TEsubscript𝑇𝐸T_{E}, TIsubscript𝑇𝐼T_{I}, TETItensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝐼T_{E}\otimes T_{I} respectivement. Quels que soient τEsubscript𝜏𝐸\tau_{E}, τEsuperscriptsubscript𝜏𝐸\tau_{E}^{\prime} dans 𝒮(𝒜E)𝒮subscript𝒜𝐸{\cal S}({\cal A}_{E}) et τIsubscript𝜏𝐼\tau_{I}, τIsuperscriptsubscript𝜏𝐼\tau_{I}^{\prime} dans 𝒮(𝒜I)𝒮subscript𝒜𝐼{\cal S}({\cal A}_{I}),

d(τEτI,τEτI)=dI(τI,τI),𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼subscript𝑑𝐼subscript𝜏𝐼superscriptsubscript𝜏𝐼\displaystyle d\left(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}\otimes\tau_{I}^{\prime}\right)=d_{I}\left(\tau_{I},\tau_{I}^{\prime}\right),
d(τEτI,τEτI)=dE(τE,τE).𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscriptsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼subscript𝑑𝐸subscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐸\displaystyle d\left(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}^{\prime}\otimes\tau_{I}\right)=d_{E}\left(\tau_{E},\tau_{E}^{\prime}\right).

Preuve. Notons fjsubscript𝑓𝑗f_{j} les éléments de 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E} et misubscript𝑚𝑖m_{i} ceux de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I}. Tout élément de 𝒜𝒜{\cal A} s’écrit

a=fimi,𝑎tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖a=f^{i}\otimes m_{i}\,,

où l’indice de sommation i𝑖i parcourt un sous-ensemble fini de {\mathbb{N}}. L’équation (3.7) donne

[D,a]=[DE,fi]mi+fiΓE[DI,mi].𝐷𝑎tensor-productsubscript𝐷𝐸superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖[D,a]=[D_{E},f^{i}]\otimes m_{i}+f^{i}\Gamma_{E}\otimes[D_{I},m_{i}]\,.

En multipliant à droite et à gauche par l’opérateur unitaire ΓE𝕀Itensor-productsubscriptΓ𝐸subscript𝕀𝐼\Gamma_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{I}, on peut écrire

[DE,fi]mi+fiΓE[DI,mi]=[DE,fi]mi+fiΓE[DI,mi]delimited-∥∥tensor-productsubscript𝐷𝐸superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖delimited-∥∥tensor-productsubscript𝐷𝐸superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖\left\lVert[D_{E},f^{i}]\otimes m_{i}+f^{i}\Gamma_{E}\otimes[D_{I},m_{i}]\right\rVert=\left\lVert-[D_{E},f^{i}]\otimes m_{i}+f^{i}\Gamma_{E}\otimes[D_{I},m_{i}]\right\rVert

où on utilise le fait que ΓE=ΓEsubscriptΓ𝐸superscriptsubscriptΓ𝐸\Gamma_{E}=\Gamma_{E}^{*} commute avec fisuperscript𝑓𝑖f^{i} et anticommute avec DEsubscript𝐷𝐸D_{E}. Quels que soient deux éléments u,v𝑢𝑣u,v d’un espace normé,

2uu+v+uv,2delimited-∥∥𝑢delimited-∥∥𝑢𝑣delimited-∥∥𝑢𝑣2\left\lVert u\right\rVert\leq\left\lVert u+v\right\rVert+\left\lVert u-v\right\rVert,

d’où

[DE,fi]mi[D,a]delimited-∥∥tensor-productsubscript𝐷𝐸superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖delimited-∥∥𝐷𝑎\displaystyle\left\lVert[D_{E},f^{i}]\otimes m_{i}\right\rVert\leq\left\lVert[D,a]\right\rVert\,
et fiΓE[DI,mi][D,a].delimited-∥∥tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖delimited-∥∥𝐷𝑎\displaystyle\,\left\lVert f^{i}\Gamma_{E}\otimes[D_{I},m_{i}]\right\rVert\leq\left\lVert[D,a]\right\rVert\,.

En factorisant le terme de gauche de cette dernière inégalité par ΓE𝕀Itensor-productsubscriptΓ𝐸subscript𝕀𝐼\Gamma_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{I},

fi[DI,mi][D,a].delimited-∥∥tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖delimited-∥∥𝐷𝑎\left\lVert f^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]\right\rVert\leq\left\lVert[D,a]\right\rVert\,. (3.9)

Pour chaque ωE𝒫(𝒜E)subscript𝜔𝐸𝒫subscript𝒜𝐸\omega_{E}\in{\cal P}({\cal A}_{E}) et a𝒜+𝑎subscript𝒜a\in{\cal A}_{+}, on définit l’élément mEsubscript𝑚𝐸m_{E} de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} par

mEτE(fi)mi.approaches-limitsubscript𝑚𝐸subscript𝜏𝐸superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖m_{E}\doteq\tau_{E}(f^{i})m_{i}.

mEsubscript𝑚𝐸m_{E} est autoadjoint. En effet, puisque a𝑎a est positif il existe bfpmpapproaches-limit𝑏tensor-productsuperscript𝑓𝑝subscript𝑚𝑝b\doteq f^{p}\otimes m_{p} tel que

a=bb=12(fpqmpq+fpqmpq)𝑎superscript𝑏𝑏12tensor-productsuperscript𝑓𝑝𝑞subscript𝑚𝑝𝑞tensor-productsuperscriptsuperscript𝑓𝑝𝑞superscriptsubscript𝑚𝑝𝑞a=b^{*}b=\frac{1}{2}(f^{pq}\otimes m_{pq}+{f^{pq}}^{*}\otimes{m_{pq}}^{*})

fpqfpfqapproaches-limitsuperscript𝑓𝑝𝑞superscriptsuperscript𝑓𝑝superscript𝑓𝑞f^{pq}\doteq{f^{p}}^{*}f^{q} et mpq=mpmqsubscript𝑚𝑝𝑞superscriptsubscript𝑚𝑝subscript𝑚𝑞m_{pq}=m_{p}^{*}m_{q}; ainsi

mE=12(τE(fpq)mpq+τE(fpq)mpq)=mE.subscript𝑚𝐸12subscript𝜏𝐸superscript𝑓𝑝𝑞subscript𝑚𝑝𝑞subscript𝜏𝐸superscriptsuperscript𝑓𝑝𝑞superscriptsubscript𝑚𝑝𝑞superscriptsubscript𝑚𝐸m_{E}=\frac{1}{2}(\tau_{E}(f^{pq})m_{pq}+\tau_{E}({f^{pq}}^{*}){m_{pq}}^{*})=m_{E}^{*}.

Ainsi l’élément de (I)subscript𝐼{\cal B}({\cal H}_{I})

i[DI,mE]=i(τE𝕀I)(fi[DI,mi])𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝐸𝑖tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝕀𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖i[D_{I},m_{E}]=i\left(\tau_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{I}\right)\left(f^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]\right)

est normal. En notant 𝒮I𝒮(𝒜I)𝒮subscript𝒜𝐼subscript𝒮𝐼{\cal S}_{I}\supset{\cal S}({\cal A}_{I}) l’ensemble des états de (I)subscript𝐼{\cal B}({\cal H}_{I}) et une notation SEsubscript𝑆𝐸S_{E} similaire, il vient d’après l’équation (1.11)

[DI,mE]delimited-∥∥subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝐸\displaystyle\displaystyle\left\lVert[D_{I},m_{E}]\right\rVert =\displaystyle= supτI𝒮I|τI([DI,mE])|,subscript𝜏𝐼subscript𝒮𝐼supremumsubscript𝜏𝐼subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝐸\displaystyle\displaystyle\underset{\tau_{I}\in\,{\cal S}_{I}}{\sup}\lvert{\tau_{I}}([D_{I},m_{E}])\rvert,
\displaystyle\leq sup(τE,τI)𝒮E×𝒮I|(τEτI)(fi[DI,mi])|,subscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼subscript𝒮𝐸subscript𝒮𝐼supremumtensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖\displaystyle\displaystyle\underset{(\tau_{E},\tau_{I})\in\,{\cal S}_{E}\times{\cal S}_{I}}{\sup}\lvert\left(\tau_{E}\otimes\tau_{I}\right)\left(f^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]\right)\rvert,
\displaystyle\leq fi[DI,mi],delimited-∥∥tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖\displaystyle\displaystyle\left\lVert f^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]\right\rVert,

où l’on a remarqué que ifi[DI,mi]()tensor-product𝑖superscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖if^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]\in{\cal B}({\cal H}) est également normal. Avec (3.9) on trouve

[DI,mE][D,a].delimited-∥∥subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝐸delimited-∥∥𝐷𝑎\left\lVert[D_{I},m_{E}]\right\rVert\leq\left\lVert[D,a]\right\rVert.

Comme (τEτI)(a)(τEτI)(a)=τI(aE)τI(mE)tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼𝑎tensor-productsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼𝑎subscript𝜏𝐼subscript𝑎𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼subscript𝑚𝐸(\tau_{E}\otimes\tau_{I})(a)-(\tau_{E}\otimes\tau_{I}^{\prime})(a)=\tau_{I}(a_{E})-\tau_{I}^{\prime}(m_{E}), on obtient finalement

d(τEτI,τEτI)dI(τI,τI).𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼subscript𝑑𝐼subscript𝜏𝐼superscriptsubscript𝜏𝐼d(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}\otimes\tau_{I}^{\prime})\leq d_{I}(\tau_{I},\tau_{I}^{\prime}).

Cette borne supérieure est atteinte par 𝕀EaItensor-productsubscript𝕀𝐸subscript𝑎𝐼{\mathbb{I}}_{E}\otimes a_{I}aI𝒜Isubscript𝑎𝐼subscript𝒜𝐼a_{I}\in{\cal A}_{I} réalise le suprémum pour TIsubscript𝑇𝐼T_{I},

dI(τI,τI)|(τIτI)(aI)| et [DI,aI]=1.approaches-limitsubscript𝑑𝐼subscript𝜏𝐼superscriptsubscript𝜏𝐼subscript𝜏𝐼superscriptsubscript𝜏𝐼subscript𝑎𝐼 et delimited-∥∥subscript𝐷𝐼subscript𝑎𝐼1d_{I}(\tau_{I},\tau_{I}^{\prime})\doteq\lvert(\tau_{I}-\tau_{I}^{\prime})(a_{I})\rvert\,\text{ et }\left\lVert[D_{I},a_{I}]=1\right\rVert.

La preuve pour d(τEτI,τEτI)𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼d(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\tau_{E}\otimes\tau_{I}^{\prime}) est similaire, en utilisant (II.2) au lieu de (3.9). \blacksquare

Ce théorème ne donne pas une description complète de la géométrie. Dans les modèles du type discret ×\times continu, il indique que la distance sur chaque copie de la variété est la distance géodésique alors que la distance à l’intérieur d’une fibre ne dépend pas de la fibre choisie et est complètement déterminée par la partie interne du triplet spectral. Ceci ne donne aucune information sur la distance croisée, c’est à dire la distance entre états correspondant à différents points de la fibre et différents points de la variété. A noter également que la discussion sur la distance de Gromov entre variétés munies de métriques différentes? n’est pas transposable ici car de telles variétés échappent à la description par un produit tensoriel de triplets spectraux.

II.3 Distance croisée

Les points clés du théorème 3.2 sont les équations (II.2) et (3.9). La première oublie la partie interne du commutateur et fait sens pour la distance entre états de même partie interne. Au contraire (3.9) ne prend pas en compte la partie externe du commutateur et suffit à déterminer la distance entre états de même partie externe. Le calcul de la distance croisée d(τEτI,τEτI)𝑑tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscriptsubscript𝜏𝐸superscriptsubscript𝜏𝐼d\left(\tau_{E}\otimes\tau_{I},\,\tau_{E}^{\prime}\otimes\tau_{I}^{\prime}\right) nécessite de prendre en considération à la fois la partie interne et la parti externe du commutateur, ce qui rend le calcul beaucoup plus délicat. Cependant lorsque TEsubscript𝑇𝐸T_{E} décrit une variété et 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} est une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre alors la distance croisée entre états dont les parties internes sont des états purs normaux, en somme directe (cf. la définition ci-dessous) et dont la somme des supports commute avec l’opérateur de Dirac interne, s’interpète en terme de modèle de Kaluza-Klein discret. Bien que l’espace interne soit disconnexe, il apparait que la distance non commutative coincide avec la distance géodésique d’une variété connexe compacte de dimension (4+1)41(4{+}1). Cette variété demeure ”virtuelle” en ceci que les points entre les couches de dimension 444 ne font pas partie de la géométrie. Le plongement de l’espace non commutatif dans un espace continu de dimension supérieur est un artifice de calcul. Il ne doit pas masquer une propriété fondamentale, à savoir que deux parties d’un espace non commutatif n’ont pas besoin d’être connectées pour être à distance finie.

Ce résultat s’applique à une toute petite classe d’états, néammoins il est significatif puisque les distances du modèle standard entre dans ce cadre. Tout le calcul repose sur l’observation suivante: si dans une géométrie (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) deux états purs normaux ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}, ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} sont en somme directe et que la somme de leur support commute avec l’opérateur de Dirac, alors d(ω1,ω2)𝑑subscript𝜔1subscript𝜔2d({\omega_{1}},{\omega_{2}}) coincide avec la distance d’une géométrie où 𝒜=2𝒜superscript2{\cal A}={\mathbb{C}}^{2}.

Pour traiter le modèle standard il est important que les résultats de ce chapitre soient vrais pour des algèbres réelles. Comme on utilise seulement la propriété (1.21), il n’est pas nécessaire d’étudier la théorie des Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbres réelles. On appelle simplement, par abus de langage, état normal d’une algèbre réelle tout état réel auquel est associé un projecteur de l’algèbre satisfaisant (1.21). Dans ce chapitre, 𝒜𝒜{\cal A} désigne indifféremment une Wsuperscript𝑊W^{*}-algèbre complexe ou une algèbre réelle admettant des états réels normaux. On désigne génériquement par 𝕂𝕂{\mathbb{K}} les corps {\mathbb{C}} et {\mathbb{R}}.

Définition 3.3.

Deux états normaux τ1subscript𝜏1\tau_{1}, τ2subscript𝜏2\tau_{2} de 𝒜𝒜{\cal A} sont dits en somme directe si s1as2=0subscript𝑠1𝑎subscript𝑠20s_{1}as_{2}=0 pour tout a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}.


Cette définition se justifie en remarquant que si s1𝒜s2=0subscript𝑠1𝒜subscript𝑠20s_{1}{\cal A}s_{2}=0, alors les idéaux bilatères principaux 𝒜s1𝒜𝒜subscript𝑠1𝒜{\cal A}s_{1}{\cal A} et 𝒜s2𝒜𝒜subscript𝑠2𝒜{\cal A}s_{2}{\cal A} sont en somme directe. Rappelons que pour tout élément s𝑠s de 𝒜𝒜{\cal A}, l’idéal bilatère principal? 𝒜s𝒜𝒜𝑠𝒜{\cal A}s{\cal A} est l’ensemble des sommes aisbisuperscript𝑎𝑖𝑠subscript𝑏𝑖a^{i}sb_{i}ai,bi𝒜superscript𝑎𝑖subscript𝑏𝑖𝒜a^{i},b_{i}\in{\cal A}. Si s1𝒜s2=0subscript𝑠1𝒜subscript𝑠20s_{1}{\cal A}s_{2}=0, alors 𝒜s1𝒜𝒜subscript𝑠1𝒜{\cal A}s_{1}{\cal A} et 𝒜s2𝒜𝒜subscript𝑠2𝒜{\cal A}s_{2}{\cal A} sont en somme directe en ce sens que leur intersection est vide. En effet si c𝒜s1𝒜𝒜s2𝒜𝑐𝒜subscript𝑠1𝒜𝒜subscript𝑠2𝒜c\in{\cal A}s_{1}{\cal A}\cap{\cal A}s_{2}{\cal A} alors il existe aisuperscript𝑎𝑖a^{i}, bisubscript𝑏𝑖b_{i}, pksuperscript𝑝𝑘p^{k} et qksubscript𝑞𝑘q_{k} dans 𝒜𝒜{\cal A} tels que

c=ais1bi=pks2qk.𝑐superscript𝑎𝑖subscript𝑠1subscript𝑏𝑖superscript𝑝𝑘subscript𝑠2subscript𝑞𝑘c=a^{i}s_{1}b_{i}=p^{k}s_{2}q_{k}.

En multipliant à gauche par ajs1superscriptsuperscript𝑎𝑗subscript𝑠1{a^{j}}^{*}s_{1}, on trouve que ajs1ais1bi=0superscriptsuperscript𝑎𝑗subscript𝑠1superscript𝑎𝑖subscript𝑠1subscript𝑏𝑖0{a^{j}}^{*}s_{1}a^{i}s_{1}b_{i}=0 pour tout j𝑗j. Autrement dit cc=bjs1ajais1bj=0superscript𝑐𝑐superscriptsubscript𝑏𝑗subscript𝑠1superscriptsuperscript𝑎𝑗superscript𝑎𝑖subscript𝑠1subscript𝑏𝑗0c^{*}c={b_{j}}^{*}s_{1}{a^{j}}^{*}a^{i}s_{1}b_{j}=0, d’où c=0=cdelimited-∥∥𝑐0𝑐\left\lVert c\right\rVert=0=c.

Proposition 3.4.

Soient s1,s2subscript𝑠1subscript𝑠2s_{1},s_{2} les supports de deux états purs normaux ω1subscript𝜔1{\omega_{1}}, ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} d’une algèbre 𝒜𝒜{\cal A} sur 𝕂𝕂{\mathbb{K}}. Soit (𝒜,,D,π)𝒜𝐷𝜋({\cal A},{\cal H},D,\pi) un triplet spectral dans laquelle [D,π(s1)+π(s2)]=0𝐷𝜋subscript𝑠1𝜋subscript𝑠20[D,\pi(s_{1})+\pi(s_{2})]=0. Si ω1,ω2subscript𝜔1subscript𝜔2{\omega_{1}},{\omega_{2}} sont en somme directe alors

d(ω1,ω2)=de(ωk,ωk)=1M𝑑subscript𝜔1subscript𝜔2subscript𝑑𝑒subscript𝜔𝑘superscriptsubscript𝜔𝑘1delimited-∥∥𝑀d({\omega_{1}},{\omega_{2}})=d_{e}(\omega_{k},\omega_{k}^{\prime})=\frac{1}{\left\lVert M\right\rVert}

ωksubscript𝜔𝑘\omega_{k}, ωksuperscriptsubscript𝜔𝑘\omega_{k}^{\prime} sont les deux états purs de 𝒜e𝕂2approaches-limitsubscript𝒜𝑒superscript𝕂2{\cal A}_{e}\doteq{\mathbb{K}}^{2} et desubscript𝑑𝑒d_{e} est la distance associée au triplet Te(𝒜e,e,De,πe)approaches-limitsubscript𝑇𝑒subscript𝒜𝑒subscript𝑒subscript𝐷𝑒subscript𝜋𝑒T_{e}\doteq({\cal A}_{e},{\cal H}_{e},D_{e},\pi_{e}) dans lequel

e12,De(0MM0),πeπ|eformulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑒direct-sumsubscript1subscript2formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝐷𝑒0𝑀superscript𝑀0approaches-limitsubscript𝜋𝑒evaluated-at𝜋subscript𝑒{\cal H}_{e}\doteq{\cal H}_{1}\oplus{\cal H}_{2}\,,\quad D_{e}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}0&M\\ M^{*}&0\end{array}\right),\quad\pi_{e}\doteq\pi\big{|}_{{\cal H}_{e}}

1π(s1)approaches-limitsubscript1𝜋subscript𝑠1{\cal H}_{1}\doteq\pi(s_{1}){\cal H}, 2π(s2)approaches-limitsubscript2𝜋subscript𝑠2{\cal H}_{2}\doteq\pi(s_{2}){\cal H} et M𝑀M est une application linéaire bornée de 2subscript2{\cal H}_{2} dans 1subscript1{\cal H}_{1}.


Preuve. La preuve découle de la proposition 1.30 avec es1+s2approaches-limit𝑒subscript𝑠1subscript𝑠2e\doteq s_{1}+s_{2}. Les états sont en somme directe donc s1𝒜s1𝕂similar-to-or-equalssubscript𝑠1𝒜subscript𝑠1𝕂s_{1}{\cal A}s_{1}\simeq{\mathbb{K}} par (1.21), inclus dans 𝒜s1𝒜𝒜subscript𝑠1𝒜{\cal A}s_{1}{\cal A}, est en somme directe avec s2𝒜s2𝕂similar-to-or-equalssubscript𝑠2𝒜subscript𝑠2𝕂s_{2}{\cal A}s_{2}\simeq{\mathbb{K}}. Comme s1s2=0subscript𝑠1subscript𝑠20s_{1}s_{2}=0 il est immédiat que

𝒜e=αe(𝒜)=(s1+s2)𝒜(s1+s2)𝕂2.subscript𝒜𝑒subscript𝛼𝑒𝒜subscript𝑠1subscript𝑠2𝒜subscript𝑠1subscript𝑠2similar-to-or-equalssuperscript𝕂2{\cal A}_{e}=\alpha_{e}({\cal A})=(s_{1}+s_{2}){\cal A}(s_{1}+s_{2})\simeq{\mathbb{K}}^{2}.

On obtient un isomorphisme explicite en identifiant s1subscript𝑠1s_{1}, s2subscript𝑠2s_{2} à la base canonique de 𝕂2superscript𝕂2{\mathbb{K}}^{2}

αe(a)=ω1(a)s1ω2(a)s2=(ω1(a),ω2(a)).subscript𝛼𝑒𝑎direct-sumsubscript𝜔1𝑎subscript𝑠1subscript𝜔2𝑎subscript𝑠2subscript𝜔1𝑎subscript𝜔2𝑎\alpha_{e}(a)={\omega_{1}}(a)s_{1}\oplus{\omega_{2}}(a)s_{2}=({\omega_{1}}(a),{\omega_{2}}(a)). (3.10)

Les deux états purs ωksubscript𝜔𝑘\omega_{k}, ωksuperscriptsubscript𝜔𝑘\omega_{k}^{\prime} de 𝒜esubscript𝒜𝑒{\cal A}_{e} extraient respectivement les première et deuxième composantes du doublet de nombres complexes αe(a)subscript𝛼𝑒𝑎\alpha_{e}(a), de sorte que

ωkαe=ω1 et ωkαe=ω2,subscript𝜔𝑘subscript𝛼𝑒subscript𝜔1 et superscriptsubscript𝜔𝑘subscript𝛼𝑒subscript𝜔2\omega_{k}\circ\alpha_{e}={\omega_{1}}\text{ et }\,\omega_{k}^{\prime}\circ\alpha_{e}={\omega_{2}},

d’où de(ωk,ωk)=d(ω1,ω2)subscript𝑑𝑒subscript𝜔𝑘superscriptsubscript𝜔𝑘𝑑subscript𝜔1subscript𝜔2d_{e}(\omega_{k},\omega_{k}^{\prime})=d({\omega_{1}},{\omega_{2}}) par la proposition 1.30.

Naturellement 1subscript1{\cal H}_{1} est en somme directe avec 2subscript2{\cal H}_{2} puisque, si ϕ=π(s1)ξ=π(s2)ζitalic-ϕ𝜋subscript𝑠1𝜉𝜋subscript𝑠2𝜁\phi=\pi(s_{1})\xi=\pi(s_{2})\zeta, alors π(s1)ϕ=ϕ=π(s1s2)ζ=0𝜋subscript𝑠1italic-ϕitalic-ϕ𝜋subscript𝑠1subscript𝑠2𝜁0\pi(s_{1})\phi=\phi=\pi(s_{1}s_{2})\zeta=0. D’où

e(π(s1)+π(s2))=12.approaches-limitsubscript𝑒𝜋subscript𝑠1𝜋subscript𝑠2direct-sumsubscript1subscript2{\cal H}_{e}\doteq(\pi(s_{1})+\pi(s_{2})){\cal H}={\cal H}_{1}\oplus{\cal H}_{2}.

Par définition Desubscript𝐷𝑒D_{e} est la projection sur esubscript𝑒{\cal H}_{e} de la restriction de D𝐷D à esubscript𝑒{\cal H}_{e},

De=(UMMW)subscript𝐷𝑒𝑈𝑀superscript𝑀𝑊D_{e}=\left(\begin{array}[]{cc}U&M\\ M^{*}&W\end{array}\right)

M𝑀M est une application de 2subscript2{\cal H}_{2} dans 1subscript1{\cal H}_{1} et V𝑉V, W𝑊W des endomorphismes de 1subscript1{\cal H}_{1}, 2subscript2{\cal H}_{2} respectivement (les parties antidiagonales sont adjointes l’une de l’autre car D𝐷D est autoadjoint).

On note πe(s1)=𝕀1subscript𝜋𝑒subscript𝑠1subscript𝕀1\pi_{e}(s_{1})={\mathbb{I}}_{1} l’identité de (1)subscript1{\cal B}({\cal H}_{1}) et πe(s2)=𝕀2subscript𝜋𝑒subscript𝑠2subscript𝕀2\pi_{e}(s_{2})={\mathbb{I}}_{2} l’identité de (2)subscript2{\cal B}({\cal H}_{2}). Pour tout αe(a)𝒜esubscript𝛼𝑒𝑎subscript𝒜𝑒\alpha_{e}(a)\in{\cal A}_{e},

πe(αe(a))=ω1(a)πe(s1)ω2(a)πe(s2)=(ω1(a)𝕀100ω2(a)𝕀2).subscript𝜋𝑒subscript𝛼𝑒𝑎direct-sumsubscript𝜔1𝑎subscript𝜋𝑒subscript𝑠1subscript𝜔2𝑎subscript𝜋𝑒subscript𝑠2subscript𝜔1𝑎subscript𝕀100subscript𝜔2𝑎subscript𝕀2\pi_{e}(\alpha_{e}(a))={\omega_{1}}(a)\pi_{e}(s_{1})\oplus{\omega_{2}}(a)\pi_{e}(s_{2})=\left(\begin{array}[]{cc}{\omega_{1}}(a){\mathbb{I}}_{1}&0\\ 0&{\omega_{2}}(a){\mathbb{I}}_{2}\end{array}\right). (3.11)

Ainsi πesubscript𝜋𝑒\pi_{e} commute avec la partie diagonale de Desubscript𝐷𝑒D_{e} et la distance desubscript𝑑𝑒d_{e} coincide avec celle calculée en prenant V=W=0𝑉𝑊0V=W=0, tout autre chose égale. On a alors [De,πe(a)]=|ω1(a)ω2(a)|Mdelimited-∥∥subscript𝐷𝑒subscript𝜋𝑒𝑎subscript𝜔1𝑎subscript𝜔2𝑎delimited-∥∥𝑀\left\lVert[D_{e},\pi_{e}(a)]\right\rVert=\lvert{\omega_{1}}(a)-{\omega_{2}}(a)\rvert\left\lVert M\right\rVert d’où

de(ωk,ωk)1M,subscript𝑑𝑒subscript𝜔𝑘superscriptsubscript𝜔𝑘1delimited-∥∥𝑀d_{e}(\omega_{k},\omega_{k}^{\prime})\leq\frac{1}{\left\lVert M\right\rVert},

cette borne supérieure étant atteinte par a=M1s1𝑎superscriptdelimited-∥∥𝑀1subscript𝑠1a=\left\lVert M\right\rVert^{-1}s_{1}.

Soulignons que, quoique D𝐷D puisse être non borné, M𝑀M est nécessairement borné. Pour s’en convaincre rappelons que si B𝐵B est un opérateur borné sur un espace de Hilbert {\cal H} et p𝑝p un projecteur de rang 111, alors pB𝑝𝐵pB est borné (on vérifie par l’inégalité de Cauchy-Schwarz que pour tout ϕitalic-ϕ\phi\in{\cal H}, pBϕBϕdelimited-∥∥𝑝𝐵italic-ϕdelimited-∥∥𝐵italic-ϕ\left\lVert pB\phi\right\rVert\leq\left\lVert B\phi\right\rVert). Par définition d’un triplet spectral, [D,π(s2)]𝐷𝜋subscript𝑠2[D,\pi(s_{2})] est borné donc π(s1)[D,π(s2)]=π(s1)Dπ(s2)𝜋subscript𝑠1𝐷𝜋subscript𝑠2𝜋subscript𝑠1𝐷𝜋subscript𝑠2\pi(s_{1})[D,\pi(s_{2})]=\pi(s_{1})D\pi(s_{2}) est bornée, de même que sa restriction M𝑀M à esubscript𝑒{\cal H}_{e}. \blacksquare

Naturellement ce résultat n’a d’intérêt que pour des états purs dont la somme des supports commutent avec l’opérateur de Dirac sans qu’aucun des supports pris individuellement ne commute avec D𝐷D. On sait en effet, par le corollaire 1.25, qu’un tel état est infiniment distant des autres états purs.

La proposition 3.4 s’étend immédiatement à des produits de géométries.

Définition 3.5.

Un état τEωItensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜔𝐼\tau_{E}\otimes\omega_{I} de 𝒜=𝒜E𝒜I𝒜tensor-productsubscript𝒜𝐸subscript𝒜𝐼{\cal A}={\cal A}_{E}\otimes{\cal A}_{I} est dit ”semi-normal” quand ωI𝒫(𝒜I)subscript𝜔𝐼𝒫subscriptsubscript𝒜𝐼\omega_{I}\in{\cal P}({\cal A}_{I})_{*}.


Quelle que soit la géométrie externe, si la somme des parties internes de deux états semi-normaux en somme directe commute avec l’opérateur de Dirac interne, la distance est identique à la distance calculée en projetant la géométrie interne sur 𝕂2superscript𝕂2{\mathbb{K}}^{2}.

Corollaire 3.6.

Soient ωEω1tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔1\omega_{E}\otimes{\omega_{1}}, ωEω2tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔2\omega_{E}\otimes{\omega_{2}} deux états semi-normaux de 𝒜𝒜{\cal A}, T=TETI𝑇tensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝐼T=T_{E}\otimes T_{I} une géométrie dans laquelle [DI,s1+s2]=0subscript𝐷𝐼subscript𝑠1subscript𝑠20[D_{I},s_{1}+s_{2}]=0 et p𝕀Ee𝕀E(s1+s2)approaches-limit𝑝tensor-productsubscript𝕀𝐸𝑒approaches-limittensor-productsubscript𝕀𝐸subscript𝑠1subscript𝑠2p\doteq{\mathbb{I}}_{E}\otimes e\doteq{\mathbb{I}}_{E}\otimes(s_{1}+s_{2}). Si, en tant qu’états normaux de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I}, ω1subscript𝜔1{\omega_{1}} et ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} sont en somme directe alors

d(ωEω1,ωEω2)=dp(ωEωk,ωEωk)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔1tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔2subscript𝑑𝑝tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔𝑘tensor-productsubscript𝜔𝐸superscriptsubscript𝜔𝑘d(\omega_{E}\otimes{\omega_{1}},\omega_{E}\otimes{\omega_{2}})=d_{p}(\omega_{E}\otimes\omega_{k},\omega_{E}\otimes\omega_{k}^{\prime})

ωksubscript𝜔𝑘\omega_{k}, ωksuperscriptsubscript𝜔𝑘\omega_{k}^{\prime} sont les états purs de 𝕂2superscript𝕂2{\mathbb{K}}^{2} et dpsubscript𝑑𝑝d_{p} est la distance associé au triplet TETetensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝑒T_{E}\otimes T_{e}, Tesubscript𝑇𝑒T_{e} étant le triplet défini par application de la proposition précédente à TIsubscript𝑇𝐼T_{I}.


Preuve. Puisque 𝒜p=αp(𝒜)=C(M)𝕂2subscript𝒜𝑝subscript𝛼𝑝𝒜tensor-productsuperscript𝐶𝑀superscript𝕂2{\cal A}_{p}=\alpha_{p}({\cal A})=C^{\infty}\left({M}\right)\otimes{\mathbb{K}}^{2},

(ωEω1)αp=ωE(ω1αe)=ωEωktensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔1subscript𝛼𝑝tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔1subscript𝛼𝑒tensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔𝑘(\omega_{E}\otimes{\omega_{1}})\circ\alpha_{p}=\omega_{E}\otimes({\omega_{1}}\circ\alpha_{e})=\omega_{E}\otimes\omega_{k}

et (ωEω2)αp=ωEωktensor-productsubscript𝜔𝐸subscript𝜔2subscript𝛼𝑝tensor-productsubscript𝜔𝐸superscriptsubscript𝜔𝑘(\omega_{E}\otimes{\omega_{2}})\circ\alpha_{p}=\omega_{E}\otimes\omega_{k}^{\prime}. Comme [D,p]=ΓE[DI,e]=0𝐷𝑝tensor-productsubscriptΓ𝐸subscript𝐷𝐼𝑒0[D,p]=\Gamma_{E}\otimes[D_{I},e]=0, le résultat est immédiat. \blacksquare

Supposons maintenant que TEsubscript𝑇𝐸T_{E}, donné par (3.1), décrive une variété riemannienne compacte à spin M𝑀{M} de dimension quatre. On note

x1ωxω1 et y2ωyω2approaches-limitsubscript𝑥1tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔1 et subscript𝑦2approaches-limittensor-productsubscript𝜔𝑦subscript𝜔2x_{1}\doteq\omega_{x}\otimes{\omega_{1}}\text{ et }y_{2}\doteq\omega_{y}\otimes{\omega_{2}}

deux états semi-normaux de 𝒜𝒜{\cal A}. Comme 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E} est abélienne, x1subscript𝑥1x_{1} et y2subscript𝑦2y_{2} sont purs selon la proposition 3.1. Si 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} est une algèbre réelle, on prend 𝒜E=C(M)subscript𝒜𝐸subscriptsuperscript𝐶𝑀{\cal A}_{E}=C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M) et Re(ωx)Resubscript𝜔𝑥\text{Re}(\omega_{x}) comme état pur externe. La preuve suivante est écrite pour le cas complexe, son adaptation au cas réelle est immédiate.

Si ω1subscript𝜔1{\omega_{1}} et ω2subscript𝜔2{\omega_{2}} sont en somme directe et que la somme de leur support commute avec l’opérateur de Dirac interne, alors l’espace interne est orthogonal à la variété au sens du théorème de Pythagore.

Théorème 3.7.

Soient ω1,ω2𝒫(𝒜I)subscript𝜔1subscript𝜔2𝒫subscriptsubscript𝒜𝐼{\omega_{1}},{\omega_{2}}\in{\cal P}({\cal A}_{I})_{*} deux états purs normaux en somme directe, de supports s1subscript𝑠1s_{1}, s2subscript𝑠2s_{2} tels que [DI,s1+s2]=0.subscript𝐷𝐼subscript𝑠1subscript𝑠20[D_{I},s_{1}+s_{2}]=0. Pour tous points x,y𝑥𝑦x,y de M𝑀{M}

d(x1,y2)2=d(x1,y1)2+d(y1,y2)2.𝑑superscriptsubscript𝑥1subscript𝑦22𝑑superscriptsubscript𝑥1subscript𝑦12𝑑superscriptsubscript𝑦1subscript𝑦22d(x_{1},y_{2})^{2}=d(x_{1},y_{1})^{2}+d(y_{1},y_{2})^{2}.

Preuve. La preuve se divise en trois étapes. Tout d’abord la géométrie (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) est isométriquement projetée sur un modèle à deux couches. Ensuite on montre que la distance coïncide avec la distance géodésique d’une variété riemannienne compacte de dimension 4+1414+1 et, enfin, qu’elle vérifie le théorème de Pythagore.

1) Avec les notations du corollaire 3.6, en posant xkωxωkapproaches-limitsubscript𝑥𝑘tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝑘x_{k}\doteq\omega_{x}\otimes\omega_{k} et xkωyωkapproaches-limitsuperscriptsubscript𝑥𝑘tensor-productsubscript𝜔𝑦superscriptsubscript𝜔𝑘x_{k}^{\prime}\doteq\omega_{y}\otimes\omega_{k}^{\prime},

d(x1,y2)=dp(xk,yk).𝑑subscript𝑥1subscript𝑦2subscript𝑑𝑝subscript𝑥𝑘superscriptsubscript𝑦𝑘d(x_{1},y_{2})=d_{p}(x_{k},y_{k}^{\prime}). (3.12)

Comme 𝒜p=C(M)𝕂2subscript𝒜𝑝tensor-productsuperscript𝐶𝑀superscript𝕂2{\cal A}_{p}=C^{\infty}\left({M}\right)\otimes{\mathbb{K}}^{2}, la distance dpsubscript𝑑𝑝d_{p} est celle d’un modèle à deux couches. Dans la géométrie réduite (𝒜p,p,Dp)subscript𝒜𝑝subscript𝑝subscript𝐷𝑝({\cal A}_{p},{\cal H}_{p},D_{p}) un élément générique de 𝒜psubscript𝒜𝑝{\cal A}_{p} s’écrit, d’après (3.10),

a=fiω1(mi)fiω2(mi)=fg,𝑎direct-sumtensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝜔1subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝜔2subscript𝑚𝑖direct-sum𝑓𝑔a=f^{i}\otimes{\omega_{1}}(m_{i})\,\oplus\,f^{i}\otimes{\omega_{2}}(m_{i})=f\oplus g,

mi𝒜Isubscript𝑚𝑖subscript𝒜𝐼m_{i}\in{\cal A}_{I} et fi,ffiω1(mi),gfiω2(mi)𝒜Eformulae-sequenceapproaches-limitsuperscript𝑓𝑖𝑓superscript𝑓𝑖subscript𝜔1subscript𝑚𝑖approaches-limit𝑔superscript𝑓𝑖subscript𝜔2subscript𝑚𝑖subscript𝒜𝐸f^{i},f\doteq f^{i}{\omega_{1}}(m_{i}),g\doteq f^{i}{\omega_{2}}(m_{i})\in{\cal A}_{E}. Conformément au lemme 1.24, on suppose que fgdirect-sum𝑓𝑔f\oplus g est positif, c’est à dire que f𝑓f et g𝑔g sont des fonctions réelles (réelles positives si 𝒜𝒜{\cal A} est vue comme algèbre réelle).

Selon (3.11), a𝑎a est représenté par f𝕀E𝕀1g𝕀E𝕀2.direct-sumtensor-product𝑓subscript𝕀𝐸subscript𝕀1tensor-product𝑔subscript𝕀𝐸subscript𝕀2f{\mathbb{I}}_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{1}\,\oplus\,g{\mathbb{I}}_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{2}. L’opérateur de Dirac Dp=i/𝕀Iγ5Desubscript𝐷𝑝tensor-product𝑖subscript𝕀𝐼tensor-productsuperscript𝛾5subscript𝐷𝑒D_{p}=-i/\!\!\!\partial\otimes{\mathbb{I}}_{I}-\gamma^{5}\otimes D_{e}, où Desubscript𝐷𝑒D_{e} est donné par la proposition 3.4, est tel que

[Dp,a]=(i/f𝕀1(gf)γ5M(fg)¯γ5Mi/𝕀2).subscript𝐷𝑝𝑎𝑖tensor-product𝑓subscript𝕀1tensor-product𝑔𝑓superscript𝛾5𝑀tensor-product¯𝑓𝑔superscript𝛾5superscript𝑀tensor-product𝑖subscript𝕀2[D_{p},a]=-\left(\begin{array}[]{cc}i/\!\!\!\partial f\otimes{\mathbb{I}}_{1}&(g-f)\gamma^{5}\otimes M\\[4.30554pt] \overline{(f-g)}\gamma^{5}\otimes M^{*}&i/\!\!\!\partial\otimes{\mathbb{I}}_{2}\end{array}\right). (3.13)

Les états purs xksubscript𝑥𝑘x_{k} et yksuperscriptsubscript𝑦𝑘y_{k}^{\prime} agissent selon

xk(a)=f(x),yk(a)=g(y).formulae-sequencesubscript𝑥𝑘𝑎𝑓𝑥superscriptsubscript𝑦𝑘𝑎𝑔𝑦x_{k}(a)=f(x),\qquad y_{k}^{\prime}(a)=g(y).

2) Montrons que dpsubscript𝑑𝑝d_{p} coincide avec la distance géodésique d’une variété compacte

M[0,1]×Mapproaches-limitsuperscript𝑀delimited-[]0.1𝑀{M}^{\prime}\doteq[0,1]\times{M}

munies des coordonnées xτ=(t,xμ)superscriptsuperscript𝑥𝜏𝑡superscript𝑥𝜇{x^{\prime}}^{\tau}=(t,x^{\mu}), de la métrique

{gτκ(x)}(M200gμν(x))approaches-limitsuperscript𝑔𝜏𝜅superscript𝑥superscriptdelimited-∥∥𝑀200superscript𝑔𝜇𝜈𝑥\{g^{\tau\kappa}(x^{\prime})\}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}\left\lVert M\right\rVert^{2}&0\\ 0&g^{\mu\nu}(x)\end{array}\right)

et d’une structure de spin par l’ajout aux matrices gamma précédentes de

γt=Mγ5.superscript𝛾𝑡delimited-∥∥𝑀superscript𝛾5\gamma^{t}=\left\lVert M\right\rVert\gamma^{5}.

D’après la section 1 de ce chapitre, il suffit de montrer que dpsubscript𝑑𝑝d_{p} coincide avec la distance non commutative Lsuperscript𝐿L^{\prime} du triplet

𝒜=C(M),=L2(M,S),D=iγττ=iγtti/formulae-sequencesuperscript𝒜superscript𝐶superscript𝑀formulae-sequencesuperscriptsubscript𝐿2superscript𝑀𝑆superscript𝐷𝑖superscript𝛾𝜏subscript𝜏𝑖superscript𝛾𝑡subscript𝑡𝑖{\cal A}^{\prime}=C^{\infty}({M}^{\prime}),\qquad{\cal H}^{\prime}=L_{2}({M}^{\prime},S),\qquad D^{\prime}=-i\gamma^{\tau}\partial_{\tau}=-i\gamma^{t}\partial_{t}-i/\!\!\!\partial

(pour éviter toute confusion, précisons que la notation 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{\prime} n’a aucun lien avec le commutant).

Pour se faire, on note 𝒜′′superscript𝒜′′{\cal A}^{\prime\prime} le sous-ensemble de 𝒜+subscriptsuperscript𝒜{{\cal A}^{\prime}}_{+} composé de toutes les fonctions du type

ϕ(t,x)(1t)f(x)+tg(x)approaches-limititalic-ϕ𝑡𝑥1𝑡𝑓𝑥𝑡𝑔𝑥\phi(t,x)\doteq(1-t)f(x)+tg(x)

f𝑓f et g𝑔g sont des fonctions réelles sur M𝑀{M}. Alors

[D,ϕ]2superscriptdelimited-∥∥superscript𝐷italic-ϕ2\displaystyle\left\lVert[D^{\prime},\phi]\right\rVert^{2} =\displaystyle= sup(t,x)M(gradf)(t,x)=sup(t,x)M{gτκ(t,x)τϕ(t,x)κϕ(t,x)}𝑡𝑥superscript𝑀supremumdelimited-∥∥grad𝑓𝑡𝑥subscriptsupremum𝑡𝑥superscript𝑀superscript𝑔𝜏𝜅𝑡𝑥subscript𝜏italic-ϕ𝑡𝑥subscript𝜅italic-ϕ𝑡𝑥\displaystyle\underset{(t,x)\in M^{\prime}}{\sup}\left\lVert(\text{grad}\,f)(t,x)\right\rVert=\sup_{(t,x)\in{M}^{\prime}}\,\left\{g^{\tau\kappa}(t,x)\,\partial_{\tau}\phi(t,x)\,\partial_{\kappa}\phi(t,x)\right\}
\displaystyle\leq supxM{|(fg)(x)|2M2+supt[0,1]P(t,x)},subscriptsupremum𝑥𝑀superscript𝑓𝑔𝑥2superscriptdelimited-∥∥𝑀2𝑡delimited-[]0.1supremum𝑃𝑡𝑥\displaystyle\sup_{x\in{M}}\left\{\,\lvert(f-g)(x)\rvert^{2}\left\lVert M\right\rVert^{2}+\underset{t\in[0,1]}{\sup}\,P(t,x)\,\right\},

P(t,x)t2d(fg)(x)2+2tgμν(x)μ(fg)(x)νg(x)+dg(x)2approaches-limit𝑃𝑡𝑥superscript𝑡2superscriptdelimited-∥∥𝑑𝑓𝑔𝑥22𝑡superscript𝑔𝜇𝜈𝑥subscript𝜇𝑓𝑔𝑥subscript𝜈𝑔𝑥superscriptdelimited-∥∥𝑑𝑔𝑥2P(t,x)\doteq t^{2}\left\lVert d{(f-g)(x)}\right\rVert^{2}+2tg^{\mu\nu}(x)\,\partial_{\mu}(f-g)(x)\,\partial_{\nu}g(x)+\left\lVert d{g(x)}\right\rVert^{2}

est une parabole en t𝑡t positive et de coefficient directeur positif, c’est à dire que P(t)𝑃𝑡P(t) atteint son maximum sur ses bords, en t=0𝑡0t=0 ou 111. Remarquons que

P(0,x)=(gradg)(x)2,P(1,x)=(gradf)(x)2formulae-sequence𝑃0𝑥superscriptdelimited-∥∥grad𝑔𝑥2𝑃1𝑥superscriptdelimited-∥∥grad𝑓𝑥2P(0,x)=\left\lVert(\text{grad}\,g)(x)\right\rVert^{2},\qquad P(1,x)=\left\lVert(\text{grad}\,f)(x)\right\rVert^{2}

et, par (3.13)

(𝕀E𝕀αk 00 0)[Dp,a](𝕀E𝕀αk00γ5𝕀αk)2=(i/f𝕀αk(gf)𝕀EM00)2superscriptdelimited-∥∥tensor-productsubscript𝕀𝐸subscript𝕀subscript𝛼𝑘 00 0subscript𝐷𝑝𝑎tensor-productsubscript𝕀𝐸subscript𝕀subscript𝛼𝑘00tensor-productsuperscript𝛾5subscript𝕀subscript𝛼superscript𝑘2superscriptdelimited-∥∥𝑖tensor-product𝑓subscript𝕀subscript𝛼𝑘tensor-product𝑔𝑓subscript𝕀𝐸𝑀002\displaystyle\displaystyle\left\lVert\left(\begin{array}[]{cc}{\mathbb{I}}_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{\alpha_{k}}&\leavevmode\nobreak\ 0\\ 0&\leavevmode\nobreak\ 0\end{array}\right)[D_{p},a]\left(\begin{array}[]{cc}{\mathbb{I}}_{E}\otimes{\mathbb{I}}_{\alpha_{k}}&0\\ 0&\gamma^{5}\otimes{\mathbb{I}}_{\alpha_{k^{\prime}}}\end{array}\right)\right\rVert^{2}=\left\lVert\left(\begin{array}[]{cc}i/\!\!\!\partial f\otimes{\mathbb{I}}_{\alpha_{k}}\nobreak\leavevmode&(g-f){\mathbb{I}}_{E}\otimes M\\ 0\nobreak\leavevmode&0\end{array}\right)\right\rVert^{2}
=supxM{(gradf)(x)2+|f(x)g(x)|2M2}[De,a]2.absent𝑥𝑀supremumsuperscriptdelimited-∥∥grad𝑓𝑥2superscript𝑓𝑥𝑔𝑥2superscriptdelimited-∥∥𝑀2superscriptdelimited-∥∥subscript𝐷𝑒𝑎2\displaystyle\displaystyle=\underset{x\in{M}}{\sup}\;\left\{\,\left\lVert(\text{grad}\,f)(x)\right\rVert^{2}+\,\lvert f(x)-g(x)\rvert^{2}\left\lVert M\right\rVert^{2}\,\right\}\leq\left\lVert[D_{e},a]\right\rVert^{2}.

De même

supxM{(gradg)(x)2+|f(x)g(x)|2M2}[De,a]2𝑥𝑀supremumsuperscriptdelimited-∥∥grad𝑔𝑥2superscript𝑓𝑥𝑔𝑥2superscriptdelimited-∥∥𝑀2superscriptdelimited-∥∥subscript𝐷𝑒𝑎2\;\underset{x\in{M}}{\sup}\;\left\{\,\left\lVert(\text{grad}\,g)(x)\right\rVert^{2}+\,\lvert f(x)-g(x)\rvert^{2}\left\lVert M\right\rVert^{2}\,\right\}\leq\left\lVert[D_{e},a]\right\rVert^{2}

d’où

[D,ϕ][De,a].delimited-∥∥superscript𝐷italic-ϕdelimited-∥∥subscript𝐷𝑒𝑎\left\lVert[D^{\prime},\phi]\right\rVert\leq\left\lVert[D_{e},a]\right\rVert.

En conséquence, puisque xk(a)yk(a)=ϕ(0,x)ϕ(1,y)subscript𝑥𝑘𝑎superscriptsubscript𝑦𝑘𝑎italic-ϕ0𝑥italic-ϕ1𝑦x_{k}(a)-y_{k}^{\prime}(a)=\phi(0,x)-\phi(1,y),

dp(xk,yk)supϕ𝒜′′{|ϕ(0,x)ϕ(1,y)|/[D,ϕ]1}L((0,x),(1,y)).subscript𝑑𝑝subscript𝑥𝑘superscriptsubscript𝑦𝑘subscriptsupremumitalic-ϕsuperscript𝒜′′italic-ϕ0𝑥italic-ϕ1𝑦delimited-∥∥superscript𝐷italic-ϕ1superscript𝐿0𝑥1𝑦d_{p}(x_{k},y_{k}^{\prime})\leq\sup_{\phi\in{{\cal A}^{\prime\prime}}}\left\{\lvert\phi(0,x)-\phi(1,y)\rvert\,/\,\left\lVert[D^{\prime},\phi]\leq 1\right\rVert\right\}\leq L^{\prime}\left((0,x),(1,y)\right)\,. (3.15)

La démonstration de l’inégalité opposée requiert une connaissance plus appronfondie de la géometrie de Msuperscript𝑀{M}^{\prime}. Comme {gτκ(x)}superscript𝑔𝜏𝜅superscript𝑥\{g^{\tau\kappa}(x^{\prime})\} est diagonale par blocs et ne dépend pas de t𝑡t, les coefficients de la connexion de Levi-Civita sont

Γtμt=Γμtt=12gttμgtt,Γttμ=12gμννgtt,Γtνμ=Γνtμ=Γttt=Γμνt=0formulae-sequencesubscriptsuperscriptΓ𝑡𝑡𝜇subscriptsuperscriptΓ𝑡𝜇𝑡12superscript𝑔𝑡𝑡subscript𝜇subscript𝑔𝑡𝑡formulae-sequencesubscriptsuperscriptΓ𝜇𝑡𝑡12superscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜈subscript𝑔𝑡𝑡subscriptsuperscriptΓ𝜇𝑡𝜈subscriptsuperscriptΓ𝜇𝜈𝑡subscriptsuperscriptΓ𝑡𝑡𝑡subscriptsuperscriptΓ𝑡𝜇𝜈0\Gamma^{t}_{t\mu}=\Gamma^{t}_{\mu t}=\frac{1}{2}g^{tt}\partial_{\mu}g_{tt}\,,\quad\Gamma^{\mu}_{tt}=-\frac{1}{2}g^{\mu\nu}\partial_{\nu}g_{tt}\,,\quad\Gamma^{\mu}_{t\nu}=\Gamma^{\mu}_{\nu t}=\Gamma^{t}_{tt}=\Gamma^{t}_{\mu\nu}=0

où l’on pose gtt=(gtt)1=M2.subscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝑔𝑡𝑡1superscriptdelimited-∥∥𝑀2g_{tt}=(g^{tt})^{-1}=\left\lVert M\right\rVert^{-2}. On note dτ𝑑𝜏d\tau l’élément de longueur dans Msuperscript𝑀M^{\prime}. Les équations des géodésiques s’écrivent

d2tdτ2+gtt(μgtt)dtdτdxμdτ=0,superscript𝑑2𝑡𝑑superscript𝜏2superscript𝑔𝑡𝑡subscript𝜇subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜇𝑑𝜏0\displaystyle\displaystyle\frac{d^{2}t}{d\tau^{2}}+g^{tt}(\partial_{\mu}g_{tt})\frac{dt}{d\tau}\frac{dx^{\mu}}{d\tau}=0\,, (3.16)
d2xμdτ212gμν(νgtt)dtdτdtdτ+Γλρμdxλdτdxρdτ=0superscript𝑑2superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝜏212superscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜈subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑𝑡𝑑𝜏subscriptsuperscriptΓ𝜇𝜆𝜌𝑑superscript𝑥𝜆𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜌𝑑𝜏0\displaystyle\displaystyle\frac{d^{2}x^{\mu}}{d\tau^{2}}-\frac{1}{2}g^{\mu\nu}(\partial_{\nu}g_{tt})\frac{dt}{d\tau}\frac{dt}{d\tau}+\Gamma^{\mu}_{\lambda\rho}\frac{dx^{\lambda}}{d\tau}\frac{dx^{\rho}}{d\tau}=0 (3.17)

et, parce que gttsubscript𝑔𝑡𝑡g_{tt} ne dépend pas non plus de xμsuperscript𝑥𝜇x^{\mu}, elles se réduisent à

dtdτ=constantgttK𝑑𝑡𝑑𝜏constantapproaches-limitsuperscript𝑔𝑡𝑡𝐾\displaystyle\displaystyle\frac{dt}{d\tau}=\text{constant}\doteq g^{tt}K (3.18)
d2xμdτ2+Γλρμdxλdτdxρdτ=0superscript𝑑2superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝜏2subscriptsuperscriptΓ𝜇𝜆𝜌𝑑superscript𝑥𝜆𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜌𝑑𝜏0\displaystyle\displaystyle\frac{d^{2}x^{\mu}}{d\tau^{2}}+\Gamma^{\mu}_{\lambda\rho}\frac{dx^{\lambda}}{d\tau}\frac{dx^{\rho}}{d\tau}=0 (3.19)

K𝐾K est une constante réelle. En d’autres termes, la projection sur M𝑀{M} d’une géodésique 𝒢superscript𝒢\cal{G}^{\prime} de Msuperscript𝑀{M}^{\prime} est une géodésique 𝒢𝒢\cal{G} de M𝑀{M}, et la projection de 𝒢superscript𝒢\cal{G^{\prime}} sur l’hyperplan de codimension 111 contenant 𝒢𝒢{\cal G} et orthogonal à M𝑀{M} est une ligne droite (c’est à dire une géodésique de l’hyperplan).

Soit {xa(τ)}superscript𝑥𝑎𝜏\{x^{a}(\tau)\} une géodésique de Msuperscript𝑀{M}^{\prime} paramétrisée par son élément de longueur dτ𝑑𝜏d\tau. En utilisant (3.18),

1=dτ2dτ2=gμνdxμdτdxνdτ+gttK2.1𝑑superscript𝜏2𝑑superscript𝜏2subscript𝑔𝜇𝜈𝑑superscript𝑥𝜇𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜈𝑑𝜏superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾21=\frac{d\tau^{2}}{d\tau^{2}}=g_{\mu\nu}\frac{dx^{\mu}}{d\tau}\frac{dx^{\nu}}{d\tau}+g^{tt}K^{2}. (3.20)

Soit ds𝑑𝑠ds l’élément de longueur de M𝑀{M}. En supposant que gttK21superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾21g^{tt}K^{2}\neq 1 (ce point est discuté plus bas),

dτ2=ds21gttK2,𝑑superscript𝜏2𝑑superscript𝑠21superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2\displaystyle\displaystyle d\tau^{2}=\frac{ds^{2}}{1-g^{tt}K^{2}}, (3.21)
dt=dtdτdτ=gttKds1gttK2.𝑑𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑𝜏superscript𝑔𝑡𝑡𝐾𝑑𝑠1superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2\displaystyle\displaystyle dt=\frac{dt}{d\tau}d\tau=\frac{g^{tt}Kds}{\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}}. (3.22)

Pour tout point q𝑞q de M𝑀{M}, on note 𝒢qsuperscriptsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q}^{\prime} une géodésique minimale de Msuperscript𝑀{M}^{\prime} entre les points (0,q)0𝑞(0,q) et (1,y)1𝑦(1,y), et 𝒢qsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q} sa projection sur M𝑀{M}. On définit la fonction f0C(M)subscript𝑓0𝐶𝑀f_{0}\in C(M),

f0(q)=1gttK2L(q)=1gttK2𝒢q𝑑s,subscript𝑓0𝑞1superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2𝐿𝑞1superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscriptsubscript𝒢𝑞differential-d𝑠f_{0}(q)=\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}L(q)=\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}\int_{{\cal G}_{q}}ds,

L𝐿L est définie en (3.3). En prenant a0=(f0,g0)C(M)𝕂2subscript𝑎0subscript𝑓0subscript𝑔0tensor-product𝐶𝑀superscript𝕂2a_{0}=(f_{0},g_{0})\in C(M)\otimes{\mathbb{K}}^{2} avec g0f0Kapproaches-limitsubscript𝑔0subscript𝑓0𝐾g_{0}\doteq f_{0}-K,

xk(a0)yk(a0)=f0(x)g0(y)=f0(x)+K.subscript𝑥𝑘subscript𝑎0superscriptsubscript𝑦𝑘subscript𝑎0subscript𝑓0𝑥subscript𝑔0𝑦subscript𝑓0𝑥𝐾x_{k}(a_{0})-y_{k}^{\prime}(a_{0})=f_{0}(x)-g_{0}(y)=f_{0}(x)+K. (3.23)

L’équation (3.22) indique que

1=𝒢x𝑑t=gttK1gttK2𝒢x𝑑s.1subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑡superscript𝑔𝑡𝑡𝐾1superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑠1=\int_{{\cal G}_{x}^{\prime}}dt=\frac{g^{tt}K}{\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}}\int_{{\cal G}_{x}}ds.

Inseré dans (3.23) sous la forme K1𝐾1K1, on obtient

x1(a0)y2(a0)=1gttK2𝒢x𝑑s+gttK21gttK2𝒢x𝑑s=11gttK2𝒢x𝑑s.subscript𝑥1subscript𝑎0subscript𝑦2subscript𝑎01superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑠superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾21superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑠11superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑠x_{1}(a_{0})-y_{2}(a_{0})=\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}\int_{{\cal G}_{x}}ds+\frac{g^{tt}K^{2}}{\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}}\int_{{\cal G}_{x}}ds=\frac{1}{\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}}\int_{{\cal G}_{x}}ds.

En utilisant (3.21),

xk(a0)yk(a0)=𝒢x𝑑τ=L((0,x),(1,y)).subscript𝑥𝑘subscript𝑎0superscriptsubscript𝑦𝑘subscript𝑎0subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝜏superscript𝐿0𝑥1𝑦x_{k}(a_{0})-y_{k}^{\prime}(a_{0})=\int_{{\cal G}_{x}^{\prime}}d\tau=L^{\prime}\left((0,x),(1,y)\right). (3.24)

Par ailleurs /f0=/g0/\!\!\!\partial f_{0}=/\!\!\!\partial g_{0} et μf0=1gttK2μLsubscript𝜇subscript𝑓01superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscript𝜇𝐿\partial_{\mu}f_{0}=\sqrt{1-g^{tt}K^{2}}\partial_{\mu}L, de sorte que (3.13) donne

[Dp,a0]2superscriptdelimited-∥∥subscript𝐷𝑝subscript𝑎02\displaystyle\displaystyle\left\lVert[D_{p},a_{0}]\right\rVert^{2} =\displaystyle= supqM{gμν(q)μf0(q)νf0(q)+gttK2}𝑞𝑀supremumsuperscript𝑔𝜇𝜈𝑞subscript𝜇subscript𝑓0𝑞subscript𝜈subscript𝑓0𝑞superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2\displaystyle\underset{q\in{M}}{\sup}\left\{g^{\mu\nu}(q)\partial_{\mu}f_{0}(q)\partial_{\nu}f_{0}(q)+g^{tt}K^{2}\right\}
=\displaystyle= supqM{(1gttK2)(gradL)(q)2+gttK2}.𝑞𝑀supremum1superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2superscriptdelimited-∥∥grad𝐿𝑞2superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2\displaystyle\displaystyle\underset{q\in{M}}{\sup}\left\{(1-g^{tt}K^{2})\left\lVert(\text{grad}\,L)(q)\right\rVert^{2}+g^{tt}K^{2}\right\}.

Par (3.4) on trouve alors [Dp,a0]1delimited-∥∥subscript𝐷𝑝subscript𝑎01\left\lVert[D_{p},a_{0}]\right\rVert\leq 1. Comme dans le cas d’une variété, on suppose qu’il existe une suite fnsubscript𝑓𝑛f_{n} de fonctions lisses sur M𝑀M convergeant vers f0subscript𝑓0f_{0} telle que, avec une notation évidente, la suite ansubscript𝑎𝑛a_{n} vérifie [Dp,an]1delimited-∥∥subscript𝐷𝑝subscript𝑎𝑛1\left\lVert[D_{p},a_{n}]\right\rVert\leq 1 pour tout n𝑛n. Avec (3.24), on obtient alors

dp(xk,yk)L((0,x),(1,y)).subscript𝑑𝑝subscript𝑥𝑘superscriptsubscript𝑦𝑘superscript𝐿0𝑥1𝑦d_{p}(x_{k},y_{k}^{\prime})\geq L^{\prime}((0,x),(1,y)).

Associée à (3.15) et (3.12),

d(x1,y2)=L((0,x),(1,y)).𝑑subscript𝑥1subscript𝑦2superscript𝐿0𝑥1𝑦d(x_{1},y_{2})=L^{\prime}((0,x),(1,y))\,. (3.25)

Ce résultat est vrai aussi longtemps que gttK21superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾21g^{tt}K^{2}\neq 1. Si ce n’est pas le cas, alors

TMUdxμdτμ=0contains𝑇𝑀𝑈approaches-limit𝑑superscript𝑥𝜇𝑑𝜏subscript𝜇0TM\ni U\doteq\frac{dx^{\mu}}{d\tau}\partial_{\mu}=0

car (3.20) indique que g(U,U)=0𝑔𝑈𝑈0g(U,U)=0 et par définition g𝑔g n’est pas dégénérée. En clair, xμ(τ)superscript𝑥𝜇𝜏x^{\mu}(\tau) est une constante. Une telle équation ne peut pas être l’équation d’une géodésique 𝒢xsubscriptsuperscript𝒢𝑥{\cal G^{\prime}}_{x} à moins que x=y𝑥𝑦x=y. Par conséquent (3.25) est vrai tant que xy𝑥𝑦x\neq y.

Lorsque x=y𝑥𝑦x=y, (3.12) donne d(y1,y2)=dp(yk,yk)𝑑subscript𝑦1subscript𝑦2subscript𝑑𝑝subscript𝑦𝑘superscriptsubscript𝑦𝑘d(y_{1},y_{2})=d_{p}(y_{k},y_{k}^{\prime}). En notant desubscript𝑑𝑒d_{e} la distance associée au triplet Tesubscript𝑇𝑒T_{e} seul, la proposition 3.2 garantit que dp(yk,yk)=de(ωk,ωk).subscript𝑑𝑝subscript𝑦𝑘superscriptsubscript𝑦𝑘subscript𝑑𝑒subscript𝜔𝑘superscriptsubscript𝜔𝑘d_{p}(y_{k},y_{k}^{\prime})=d_{e}(\omega_{k},\omega_{k}^{\prime}). Cette distance est calculée dans le corollaire 3.4 et vaut

d(y1,y2)=1M.𝑑subscript𝑦1subscript𝑦21delimited-∥∥𝑀d(y_{1},y_{2})=\frac{1}{\left\lVert M\right\rVert}. (3.26)

La projection 𝒢ysubscript𝒢𝑦{\cal G}_{y} de la géodésique 𝒢x=𝒢ysubscriptsuperscript𝒢𝑥subscriptsuperscript𝒢𝑦{\cal G^{\prime}}_{x}={\cal G}^{\prime}_{y} est, par (3.19), une géodésique entre y𝑦y et y𝑦y, c’est à dire un point. 𝒢ysubscriptsuperscript𝒢𝑦{\cal G}^{\prime}_{y} est une ligne droite dans l’hyperplan. Dès lors, dτ2=gttdt2𝑑superscript𝜏2subscript𝑔𝑡𝑡𝑑superscript𝑡2d\tau^{2}=g_{tt}dt^{2} et

L((0,y),(1,y))=gtt𝒢y𝑑t=gtt=1M.superscript𝐿0𝑦1𝑦subscript𝑔𝑡𝑡subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑦differential-d𝑡subscript𝑔𝑡𝑡1delimited-∥∥𝑀L^{\prime}\left((0,y),(1,y)\right)=\sqrt{g_{tt}}\int_{{\cal G}_{y}^{\prime}}dt=\sqrt{g_{tt}}=\frac{1}{\left\lVert M\right\rVert}.

Par conséquent d(y1,y2)=L((0,y),(1,y))𝑑subscript𝑦1subscript𝑦2superscript𝐿0𝑦1𝑦d(y_{1},y_{2})=L^{\prime}\left((0,y),(1,y)\right) et (3.25) est vrai même si x=y𝑥𝑦x=y.

3) La dernière étape consiste à montrer que (3.25) satisfait le théorème de Pythagore. gttsuperscript𝑔𝑡𝑡g^{tt} étant constant, l’équation (3.21) signifie que dτ𝑑𝜏d\tau et ds𝑑𝑠ds sont égaux à une constante près. De cette manière on peut paramétriser une géodésique de Msuperscript𝑀{M}^{\prime} par ds𝑑𝑠ds plutôt que par dτ𝑑𝜏d\tau et obtenir, grâce aux équations des géodésiques,

dt=gttKds𝑑𝑡superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾𝑑𝑠dt=g^{tt}K^{\prime}ds

Ksuperscript𝐾K^{\prime} est une constante réelle. Alors

dτ2=gttdt2+ds2=ds2(1+gttK2),𝑑superscript𝜏2subscript𝑔𝑡𝑡𝑑superscript𝑡2𝑑superscript𝑠2𝑑superscript𝑠21superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝐾2d\tau^{2}=g_{tt}dt^{2}+ds^{2}=ds^{2}(1+g^{tt}{K^{\prime}}^{2}),

d’où

L((0,x),(1,y))superscript𝐿0𝑥1𝑦\displaystyle L^{\prime}\left((0,x),(1,y)\right) =\displaystyle= 1+gttK2𝒢x𝑑s=1+gttK2L(x,y)1superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝐾2subscriptsubscriptsuperscript𝒢𝑥differential-d𝑠1superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝐾2𝐿𝑥𝑦\displaystyle\sqrt{1+g^{tt}{K^{\prime}}^{2}}\int_{{\cal G}^{\prime}_{x}}ds=\sqrt{1+g^{tt}{K^{\prime}}^{2}}L(x,y) (3.27)
=\displaystyle= L(x,y)2+gttK2L(x,y)2.𝐿superscript𝑥𝑦2superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝐾2𝐿superscript𝑥𝑦2\displaystyle\sqrt{L(x,y)^{2}+g^{tt}{K^{\prime}}^{2}L(x,y)^{2}}.

D’une part le théorème 3.2 donne L(x,y)=d(xk,yk)𝐿𝑥𝑦𝑑subscript𝑥𝑘subscript𝑦𝑘L(x,y)=d(x_{k},y_{k}), d’autre part

gttK2L(x,y)2=gtt(𝒢xgttK𝑑s)2=gtt(𝒢x𝑑t)2=gtt=1M2=d2(y1,y2)superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsuperscript𝐾2𝐿superscript𝑥𝑦2subscript𝑔𝑡𝑡superscriptsubscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑥superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾differential-d𝑠2subscript𝑔𝑡𝑡superscriptsubscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑥differential-d𝑡2subscript𝑔𝑡𝑡1superscriptdelimited-∥∥𝑀2superscript𝑑2subscript𝑦1subscript𝑦2g^{tt}{K^{\prime}}^{2}L(x,y)^{2}=g_{tt}\left(\int_{{\cal G}_{x}^{\prime}}g^{tt}{K^{\prime}}ds\right)^{2}=g_{tt}\left(\int_{{\cal G}_{x}^{\prime}}dt\right)^{2}=g_{tt}=\frac{1}{\left\lVert M\right\rVert^{2}}=d^{2}(y_{1},y_{2})

par (3.26). Avec (3.25) et (3.27), ceci prouve que

d(x1,y2)2=d(x1,y1)2+d2(y1,y2).𝑑superscriptsubscript𝑥1subscript𝑦22𝑑superscriptsubscript𝑥1subscript𝑦12superscript𝑑2subscript𝑦1subscript𝑦2d(x_{1},y_{2})^{2}=d(x_{1},y_{1})^{2}+d^{2}(y_{1},y_{2})\,. \blacksquare

Avec ce théorème, toutes les distances du modèle à deux couches sont connues. Quand l’algèbre interne est de dimension finie, tous les états appartenant à des composantes différentes de la décomposition (2.1) de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} sont en somme directe, donc susceptibles de relever de ce théorème.

III Exemples

Appliquons ces résultats à des modèles d’espace temps où l’algèbre interne est l’une de celles décrites au chapitre précédent.

III.1 Espace fini commutatif

Soit 𝒜I=nsubscript𝒜𝐼superscript𝑛{\cal A}_{I}={\mathbb{C}}^{n}, n𝑛n\in{\mathbb{N}}, représentée diagonalement sur I=nsubscript𝐼superscript𝑛{\cal H}_{I}={\mathbb{C}}^{n}. Le support du ièmesuperscript𝑖èmei^{\text{\`{e}me}} état de 𝒜𝒜{\cal A} est la matrice eiisubscript𝑒𝑖𝑖e_{ii} de la base canonique de Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}\left({\mathbb{C}}\right). Tous les états sont en somme directe. Pour que [D,si+sj]=0𝐷subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0[D,s_{i}+s_{j}]=0, il faut et il suffit que

Dil=Dli=0 et Djl=Dlj=0 pour tout l différent de i et j.subscript𝐷𝑖𝑙subscript𝐷𝑙𝑖0 et subscript𝐷𝑗𝑙subscript𝐷𝑙𝑗0 pour tout 𝑙 différent de 𝑖 et 𝑗D_{il}=D_{li}=0\text{ et }D_{jl}=D_{lj}=0\text{ pour tout }l\text{ diff\'{e}rent de }i\text{ et }j. (3.28)

Dans la représentation graphique de la section II.IV, en se souvenant que la distance ne dépend que des chemins reliant i𝑖i à j𝑗j (proposition 2.8), la condition (3.28) signifie que le seul chemin entre les points i𝑖i et j𝑗j est précisément le lien ij𝑖𝑗i-j.

Dans le cas plus simple, n=2𝑛2n=2, le théorème 3.7 muni le modèle à deux couches d’une métrique cylindrique. Pour n=3𝑛3n=3, (3.28) impose qu’un lien au moins soit coupé, mettons D13subscript𝐷13D_{13} pour fixer les notations. L’espace non commutatif correspondant est un modèle à trois couches. On désigne les points par xisubscript𝑥𝑖x_{i}. Les couches 111 et 222 forment un modèle à deux couches avec une métrique cylindrique de coefficient supplémentaire gtt=D122superscript𝑔𝑡𝑡superscriptsubscript𝐷122g^{tt}=D_{12}^{2}. De même pour les couches 222 et 333 avec un coefficient D232superscriptsubscript𝐷232D_{23}^{2}. En revanche le théorème 3.7 ne dit rien de la distance croisée entre x1subscript𝑥1x_{1} et y3subscript𝑦3y_{3}. On sait seulement, en vertu du théorème 3.2 et des résultats de la section II.IV.2, que

d(x1,x3)=D122+D322D12D32.𝑑subscript𝑥1subscript𝑥3superscriptsubscript𝐷122superscriptsubscript𝐷322subscript𝐷12subscript𝐷32d(x_{1},x_{3})=\sqrt{\frac{D_{12}^{2}+D_{32}^{2}}{D_{12}D_{32}}}.

Le schéma est similaire pour n=4𝑛4n=4. L’espace non commutatif est un modèle à quatre couches. Les trois paires i,i+1𝑖𝑖1i,i+1 sont munies d’une métrique cylindrique et les autres distances croisées ne sont pas connues. L’espace régulier ne satisfait pas les conditions requises, aussi le prochain exemple sera non commutatif.

III.2 Espace à deux points

Les notations sont celles de la section II.III. Rappelons simplement que 𝒜=Mn()𝒜direct-sumsubscript𝑀𝑛{\cal A}=M_{n}\left({\mathbb{C}}\right)\oplus{\mathbb{C}} est représentée par une matrice diagonale par bloc sur =n+1superscript𝑛1{\cal H}={\mathbb{C}}^{n+1}. L’opérateur de Dirac est

D=(0e1e10)𝐷0subscript𝑒1superscriptsubscript𝑒10D=\left(\begin{array}[]{cc}0&e_{1}\\ {e_{1}}^{*}&0\end{array}\right)

e1subscript𝑒1e_{1} désigne le premier vecteur de la base canonique de nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n}. L’état ωcsubscript𝜔𝑐{\omega_{c}} de {\mathbb{C}} est en somme directe avec tous les états purs ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} de Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}\left({\mathbb{C}}\right). La somme des supports

scsξ=(sξ 00 1)direct-sumsubscript𝑠𝑐subscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜉 001s_{c}\oplus s_{\xi}=\left(\begin{array}[]{cc}s_{\xi}&\leavevmode\nobreak\ 0\\ 0&\leavevmode\nobreak\ 1\end{array}\right)

commute avec D𝐷D si et seulement si sξe1=e1,subscript𝑠𝜉subscript𝑒1subscript𝑒1s_{\xi}e_{1}=e_{1}, c’est à dire sξ=se1subscript𝑠𝜉subscript𝑠subscript𝑒1s_{\xi}=s_{e_{1}}. En d’autres termes ωξsubscript𝜔𝜉\omega_{\xi} est le pôle nord de la sphère S2superscript𝑆2S^{2} qui, rappelons le, est l’unique point à distance finie de ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c}.

Concernant la distance croisée entre deux états de Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}\left({\mathbb{C}}\right), on serait tenté de relacher une des hypothèses du théorème 3.7 et s’intéresser à des états sξsubscript𝑠𝜉s_{\xi}, sζsubscript𝑠𝜁s_{\zeta} qui ne sont pas en somme directe. Cette condition n’est en effet pas nécessaire pour effectuer la projection du triplet spectral telle qu’elle est présentée dans la proposition 3.4. Du moment que sξsubscript𝑠𝜉s_{\xi} et sζsubscript𝑠𝜁s_{\zeta} sont orthogonaux, e=sξ+sζ𝑒subscript𝑠𝜉subscript𝑠𝜁e=s_{\xi}+s_{\zeta} est un projecteur et on trouve que la distance est la même que celle calculée avec le triplet Tesubscript𝑇𝑒T_{e}. Grâce au lemme 1.9 il apparait que 𝒜e=e𝒜esubscript𝒜𝑒𝑒𝒜𝑒{\cal A}_{e}=e{\cal A}e est isomorphe à Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}\left({\mathbb{C}}\right).

Pour n=2𝑛2n=2, deux états purs orthogonaux sont à une distance infinie l’un de l’autre puisque d’altitude zξsubscript𝑧𝜉z_{\xi}, zζsubscript𝑧𝜁z_{\zeta} différentes (sauf éventuellement deux états purs sur l’équateur):

ξ1¯ζ1=ξ2¯ζ2zξ=|ξ1|2|ξ2|2=|ξ2|2|ζ1|2(|ζ2|2|ζ1|2)=|ξ2|2|ζ1|2zζ.¯subscript𝜉1subscript𝜁1¯subscript𝜉2subscript𝜁2subscript𝑧𝜉superscriptsubscript𝜉12superscriptsubscript𝜉22superscriptsubscript𝜉22superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜉22superscriptsubscript𝜁12subscript𝑧𝜁\bar{\xi_{1}}\zeta_{1}=-\bar{\xi_{2}}\zeta_{2}\longrightarrow z_{\xi}=\lvert\xi_{1}\rvert^{2}-\lvert\xi_{2}\rvert^{2}=\frac{\lvert\xi_{2}\rvert^{2}}{\lvert\zeta_{1}\rvert^{2}}\left(\lvert\zeta_{2}\rvert^{2}-\lvert\zeta_{1}\rvert^{2}\right)=-\frac{\lvert\xi_{2}\rvert^{2}}{\lvert\zeta_{1}\rvert^{2}}z_{\zeta}.

Par l’inégalité triangulaire il est immédiat que toute distance d(ωxωξ,ωyωζ)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜔𝜉tensor-productsubscript𝜔𝑦subscript𝜔𝜁d(\omega_{x}\otimes\omega_{\xi},\omega_{y}\otimes\omega_{\zeta}) est également infinie. Les cas n3𝑛3n\geq 3 n’ont pas été envisagés dans le chapitre précédent car la détermination du suprémum n’est pas aisée.

Chapitre 4 Fluctuation de la métrique

I Connexion et perturbation de la métrique

Les théories de jauge, du type Yang-Mills, sont construites sur un fibré vectoriel où les fibres sont le support d’une représentation du groupe de jauge de l’interaction. De la même manière qu’à un espace compact X𝑋X est associée l’algèbre C(X)𝐶𝑋C(X) de ses fonctions continues, à tout fibré vectoriel EX𝐸𝑋E\rightarrow X est associé le module de ses sections continues Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) défini en (1.28). C’est un module sur C(X)𝐶𝑋C(X) qui est fini et projectif [?, Prop. 2.9]. La définition d’un module projectif fini est donnée dans la section I.II.4 (énoncé de la condition de finitude); de toutes ses propriétés nous retiendrons celle-ci: tout module projectif fini sur C(X)𝐶𝑋C(X) est le module des sections continues d’un fibré vectoriel sur X𝑋X. Ce théorème, du à Serre et Swan, est le pendant pour les fibrés vectoriels du théorème de Gelfand. Comme pour le couple espace compact/Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre commutative, on montre que la catégorie des fibrés vectoriels sur un espace compact X𝑋X est équivalente à la catégorie des modules projectifs sur C(X)𝐶𝑋C(X). Ainsi un module projectif fini sur l’algèbre 𝒜𝒜{\cal A} d’un triplet spectral réel (𝒜,,D,Γ,J)𝒜𝐷Γ𝐽({\cal A},{\cal H},D,\Gamma,J) est un bon candidat pour jouer le rôle de fibré vectoriel pour la géométrie en question, et servir de support à la formulation non commutative d’une théorie de jauge.

I.1 Transformation de jauge

Dans une théorie de jauge, le potentiel de jauge - le quadrivecteur potentiel pour l’électromagnétisme par exemple - est la forme locale d’une connexion, une transformation de jauge correspondant à un changement de connexion. En géométrie non commutative, la connexion? est définie par analogie avec la formule (1.39). Au lieu d’une variété M𝑀M, on se donne un triplet spectral (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D). Γ(E)superscriptΓ𝐸\Gamma^{\infty}(E) est remplacé par un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini {\cal E}. La proposition 1.17 suggère que les 111-formes de la géométrie (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) soient générées par des éléments du type [D,a]𝐷𝑎[D,a]. L’ensemble Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}(M) des sections de TMsuperscript𝑇𝑀T^{*}M est un C(M)𝐶𝑀C(M)-module. On demande donc que l’ensemble ΩD1subscriptsuperscriptΩ1𝐷\Omega^{1}_{D} des 111-formes de la géométrie (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) soit un 𝒜𝒜{\cal A}-module. Autrement dit

ΩD1{ai[D,bi],ai,bi𝒜}.approaches-limitsubscriptsuperscriptΩ1𝐷superscript𝑎𝑖𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝑎𝑖subscript𝑏𝑖𝒜\Omega^{1}_{D}\doteq\left\{a^{i}[D,b_{i}]\,,\;a^{i},b_{i}\in{\cal A}\right\}. (4.1)
Définition 4.1.

Soit (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) un triplet spectral. Une connexion sur un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini {\cal E} est une application 𝒜𝒜{\cal A}-linéaire :𝒜ΩD1:maps-tosubscripttensor-product𝒜subscriptsuperscriptΩ1𝐷\triangledown:\,{\cal E}\mapsto{\cal E}\otimes_{{\cal A}}\Omega^{1}_{D} satisfaisant la règle de Leibniz

(sa)=(s)a+s[D,a]𝑠𝑎𝑠𝑎tensor-product𝑠𝐷𝑎\triangledown(sa)=(\triangledown s)a+s\otimes[D,a]

pour tout a𝒜,sformulae-sequence𝑎𝒜𝑠a\in{\cal A},s\in{\cal E}.


Lorsque qu’un fibré vectoriel EX𝐸𝑋E\rightarrow X est muni d’un produit scalaire fibre à fibre, le module Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) hérite d’une structure hermitienne à valeur dans C(X)𝐶𝑋C(X):

(σ1|σ2)(x)=σ1(x),σ2(x).(\sigma_{1}\lvert\sigma_{2})(x)=\langle\sigma_{1}(x),\sigma_{2}(x)\rangle.

Adaptée à un module (par convention à droite) sur une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} quelconque, la structure hermitienne défini un Csuperscript𝐶C^{*}-module.

Définition 4.2.

Un Csuperscript𝐶C^{*}-module sur une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre 𝒜𝒜{\cal A} est un espace vectoriel {\cal E} qui est aussi un 𝒜𝒜{\cal A}-module (pas forcément projectif fini) muni d’un couplage ×𝒜𝒜{\cal E}\times{\cal E}\rightarrow{\cal A} tel que

(r|s+t)conditional𝑟𝑠𝑡\displaystyle(r|s+t) =\displaystyle= (r|s)+(r|t),conditional𝑟𝑠conditional𝑟𝑡\displaystyle(r|s)+(r|t),
(r|sa)conditional𝑟𝑠𝑎\displaystyle(r|sa) =\displaystyle= (r|s)a,conditional𝑟𝑠𝑎\displaystyle(r|s)a,
(r|s)conditional𝑟𝑠\displaystyle(r|s) =\displaystyle= (s|r),superscriptconditional𝑠𝑟\displaystyle(s|r)^{*},
(s|s)conditional𝑠𝑠\displaystyle(s|s) >\displaystyle> 0 pour s00 pour 𝑠0\displaystyle 0\text{ pour }s\neq 0

r,s,t𝑟𝑠𝑡r,s,t\in{\cal E} et a𝒜𝑎𝒜a\in{\cal A}, tel que {\cal E} soit complet pour la norme

s(s|s).approaches-limitdelimited-∥∥𝑠delimited-∥∥conditional𝑠𝑠\left\lVert s\right\rVert\doteq\sqrt{\left\lVert(s|s)\right\rVert}.

Les modules plein de la définition 1.13 de l’équivalence de Morita sont des Csuperscript𝐶C^{*}-modules.

Quand un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini {\cal E} est aussi un Csuperscript𝐶C^{*}-module - 𝒜𝒜{\cal A} est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre - se pose la question de la compatibilité de la connexion avec la structure hermitienne. L’équivalent non commutatif de la connexion de Levi-Civita est une connection hermitienne, ie. une connexion satisfaisant la version non commutative de (1.42), à savoir

(s|r)(s|r)=[D,(s|r)].(s\lvert\triangledown r)-(\triangledown s\lvert r)=[D,(s\lvert r)]. (4.2)

Précisons que si s=siϖi𝑠tensor-productsuperscript𝑠𝑖subscriptitalic-ϖ𝑖\triangledown s=s^{i}\otimes\varpi_{i}, sisuperscript𝑠𝑖s^{i}\in{\cal E}, ϖiΩD1superscriptitalic-ϖ𝑖subscriptsuperscriptΩ1𝐷\varpi^{i}\in\Omega^{1}_{D}, alors

(s|r)ϖi(si|r) et (r|s)(r|si)ϖi.(\triangledown s\lvert r)\doteq{\varpi_{i}}^{*}(s^{i}\lvert r)\;\text{ et }\;(r\lvert\triangledown s)\doteq(r\lvert s^{i})\varpi_{i}.

La différence d’un signe - entre (1.42) et (4.2) provient de la définition da[D,a]approaches-limit𝑑𝑎𝐷𝑎da\doteq[D,a], puisqu’alors d(a)=(da)𝑑superscript𝑎superscript𝑑𝑎d(a^{*})=-(da)^{*}. Un théorème fondamental de la géométrie riemannienne indique que pour toute variété (pseudo)-riemannienne, il existe une unique connexion compatible avec la métrique et de torsion nulle. Pour les Csuperscript𝐶C^{*}-modules projectifs fini, on un théorème du même ordre, qui repose sur le fait que tout module projectif fini sur 𝒜𝒜{\cal A} est de la forme

=e𝒜N𝑒superscript𝒜𝑁{\cal E}=e{\cal A}^{N} (4.3)

𝒜Nsuperscript𝒜𝑁{\cal A}^{N} désigne le 𝒜𝒜{\cal A}-module des vecteurs colonnes de dimension N𝑁N à entrée dans 𝒜𝒜{\cal A}, et e=e2MN(𝒜)𝑒superscript𝑒2subscript𝑀𝑁𝒜e=e^{2}\in M_{N}({\cal A}). Tout élément s𝑠s d’un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini est un 𝒜𝒜{\cal A}-vecteur colonne et, puisque ΩD1subscriptsuperscriptΩ1𝐷\Omega^{1}_{D} est un 𝒜𝒜{\cal A}-module, s𝒜ΩD1𝑠subscripttensor-product𝒜subscriptsuperscriptΩ1𝐷\triangledown s\in{\cal E}\otimes_{\cal A}\Omega^{1}_{D} est un vecteur à entrée dans ΩD1subscriptsuperscriptΩ1𝐷\Omega^{1}_{D}. On note ξ𝒜N𝜉superscript𝒜𝑁\xi\in{\cal A}^{N} le vecteur de composante ξj𝒜subscript𝜉𝑗𝒜\xi_{j}\in{\cal A} tel que s=eξ𝑠𝑒𝜉s=e\xi, et dξ𝑑𝜉d\xi le vecteur de composante [D,ξi]ΩD1𝐷subscript𝜉𝑖subscriptsuperscriptΩ1𝐷[D,\xi_{i}]\in\Omega^{1}_{D}. On montre alors que l’ensemble des connexions hermitiennes est un espace affine.

Proposition 4.3.

Soit e𝒜Nsimilar-to-or-equals𝑒superscript𝒜𝑁{\cal E}\simeq e{\cal A}^{N} un Csuperscript𝐶C^{*}-module projectif fini. La structure hermitienne de {\cal E} est induite par la structure hermitienne canonique de 𝒜Nsuperscript𝒜𝑁{\cal A}^{N}. Sur ce module, toutes les connexions hermitiennes sont données par

(eξ)=d(eξ)+eAeξ𝑒𝜉𝑑𝑒𝜉𝑒𝐴𝑒𝜉\triangledown(e\xi)=d(e\xi)+eAe\xi

AMN(ΩD1)𝐴subscript𝑀𝑁subscriptsuperscriptΩ1𝐷A\in M_{N}(\Omega^{1}_{D}) est une matrice hermitienne.


Toute endomorphisme inversible α𝛼\alpha de {\cal E} définit un endomorphisme de l’espace des connexions

(α𝕀)α1.maps-totensor-product𝛼𝕀superscript𝛼1\triangledown\mapsto(\alpha\otimes{\mathbb{I}})\triangledown\alpha^{-1}. (4.4)

On peut choisir de faire agir un endomorphisme de {\cal E} sur l’espace des connexions autrement, mais l’action (4.4) permet de caractériser facilement un certain type d’endomorphisme qui préserve l’hermicité. Un endomorphisme 𝒜𝒜{\cal A}-linéaire α𝛼\alpha de {\cal E} possède un adjoint s’il existe un endomorphisme αsuperscript𝛼\alpha^{*} tel que

(r|αs)=(αr|s)(r\lvert\alpha s)=(\alpha^{*}r\lvert s)

pour tout r,s𝑟𝑠r,s\in{\cal E}. On note EndA(E)subscriptEnd𝐴𝐸\text{End}_{A}(E) l’algèbre des endomorphismes avec adjoint (c’est une Csuperscript𝐶C^{*}-algèbre pour la norme d’opérateur [?,Th. 3.1]. Un tel endomorphisme est unitaire s’il préserve la structure hermitienne

(αr|αs)=(r|s),(\alpha r\lvert\alpha s)=(\ r\lvert s),

c’est à dire si αα=αα=𝕀superscript𝛼𝛼𝛼superscript𝛼subscript𝕀\alpha^{*}\alpha=\alpha\alpha^{*}={\mathbb{I}}_{{\cal E}} (l’endomorphisme identité). Le groupe des endomorphismes unitaire est noté 𝒰()𝒰{\cal U}({\cal E}). On montre alors? que si \triangledown est une connexion hermitienne sur {\cal E} et u𝒰()𝑢𝒰u\in{\cal U}({\cal E}), alors (u𝕀)utensor-product𝑢𝕀superscript𝑢(u\otimes{\mathbb{I}})\triangledown u^{*} est une connexion hermitienne. D’où la définition d’une transformation de jauge.

Définition 4.4.

L’action de 𝒰()𝒰{\cal U}({\cal E}) sur les connexions hermitiennes est appelée transformation de jauge.


La matrice A𝐴A de la proposition 4.3 est l’équivalent non commutatif du potentiel de jauge.

I.2 Opérateur de Dirac covariant

Etant donnés une géométrie (𝒜,,D,J,Γ)𝒜𝐷𝐽Γ({\cal A},{\cal H},D,J,\Gamma) et un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini {\cal E}, on peut construire des connexions sur {\cal E}. L’interprétation géométrique de ces connexions, c’est à dire leur influence sur la géométrie (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D), passe par la construction d’un nouveau triplet spectral.

Tout élément s𝑠s d’un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif fini est un 𝒜𝒜{\cal A}-vecteur colonne. On note s¯¯𝑠\bar{s} le 𝒜𝒜{\cal A}-vecteur ligne correspondant. L’ensemble des s¯¯𝑠\bar{s} pour s𝑠s\in{\cal E} est un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif à gauche, noté ¯¯\bar{{\cal E}}, où l’action de 𝒜𝒜{\cal A} est

as¯sa¯.approaches-limit𝑎¯𝑠¯𝑠superscript𝑎a\bar{s}\doteq\overline{sa^{*}}.
Proposition 4.5.

Soit (𝒜,,D,Γ)𝒜𝐷Γ({\cal A},{\cal H},D,\Gamma) un triplet spectral réel de dimension n𝑛n et \triangledown une connexion hermitienne sur un 𝒜𝒜{\cal A}-module projectif finie {\cal E}. Soit

𝒜~~𝒜\displaystyle\tilde{{\cal A}} approaches-limit\displaystyle\doteq EndA(),subscriptEnd𝐴\displaystyle\text{ End}_{A}({\cal E}),
~~\displaystyle\tilde{{\cal H}} approaches-limit\displaystyle\doteq 𝒜𝒜¯subscripttensor-product𝒜subscripttensor-product𝒜¯\displaystyle{\cal E}\otimes_{\cal A}{\cal H}\otimes_{\cal A}\bar{{\cal E}}

et l’opérateur D~~𝐷\tilde{D} agissant sur ~~\tilde{{\cal H}} par

D~(sψr¯)(s)ψr¯+sDψr¯+sψr¯.approaches-limit~𝐷tensor-product𝑠𝜓¯𝑟tensor-product𝑠𝜓¯𝑟tensor-producttensor-product𝑠𝐷𝜓¯𝑟tensor-product𝑠𝜓¯𝑟\tilde{D}(s\otimes\psi\otimes\bar{r})\doteq(\triangledown s)\psi\otimes\bar{r}+s\otimes D\psi\otimes\bar{r}+s\otimes\psi\overline{\triangledown r}.

Alors (𝒜~,~,D~,J~,Γ~)~𝒜~~𝐷~𝐽~Γ(\tilde{{\cal A}},\tilde{{\cal H}},\tilde{D},\tilde{J},\tilde{\Gamma}) avec

J~(sψr¯)~𝐽tensor-product𝑠𝜓¯𝑟\displaystyle\tilde{J}(s\otimes\psi\otimes\bar{r}) approaches-limit\displaystyle\doteq rJψs¯,tensor-producttensor-product𝑟𝐽𝜓¯𝑠\displaystyle r\otimes J\psi\otimes\bar{s},
Γ~(sψr¯)~Γtensor-product𝑠𝜓¯𝑟\displaystyle\tilde{\Gamma}(s\otimes\psi\otimes\bar{r}) approaches-limit\displaystyle\doteq sΓψr¯tensor-producttensor-product𝑠Γ𝜓¯𝑟\displaystyle s\otimes\Gamma\psi\otimes\bar{r}

est un triplet spectral réel de dimension n𝑛n.


L’action de s=siϖi𝑠tensor-productsuperscript𝑠𝑖subscriptitalic-ϖ𝑖\triangledown s=s^{i}\otimes\varpi_{i} sur {\cal H} est défini en voyant ϖisubscriptitalic-ϖ𝑖\varpi_{i} comme un opérateur sur {\cal H} via la définition (4.1) de ΩD1subscriptsuperscriptΩ1𝐷\Omega^{1}_{D}

(s)ψ=siϖiψ.𝑠𝜓tensor-productsuperscript𝑠𝑖subscriptitalic-ϖ𝑖𝜓(\triangledown s)\psi=s^{i}\otimes\varpi_{i}\psi.

De même on définit ψs¯=ψsiϖi¯JϖiJ1ψsi¯.𝜓¯𝑠𝜓¯tensor-productsuperscript𝑠𝑖subscriptitalic-ϖ𝑖approaches-limittensor-product𝐽subscriptitalic-ϖ𝑖superscript𝐽1𝜓¯superscript𝑠𝑖\psi\overline{\triangledown s}=\psi\overline{s^{i}\otimes\varpi_{i}}\doteq J\varpi_{i}J^{-1}\psi\otimes\bar{s^{i}}.

Quand 𝒜~𝒜~𝒜𝒜\tilde{{\cal A}}\neq{\cal A} les deux géométries sont difficilement comparables puisqu’elles ne reposent pas sur le même espace des états. En revanche, si on choisit le 𝒜𝒜{\cal A}-module trivial =𝒜¯=𝒜¯𝒜𝒜{\cal E}=\bar{{\cal A}}={\cal A}, on obtient 𝒜~=𝒜~𝒜𝒜\tilde{{\cal A}}={\cal A}, ~=~\tilde{{\cal H}}={\cal H} et D~=D+A+JAJ1.~𝐷𝐷𝐴𝐽𝐴superscript𝐽1\tilde{D}=D+A+JAJ^{-1}.

Définition 4.6.

L’opérateur DAD+A+JAJ1approaches-limitsubscript𝐷𝐴𝐷𝐴𝐽𝐴superscript𝐽1D_{A}\doteq D+A+JAJ^{-1} est appelé opérateur de Dirac covariant.


L’emploi du terme covariant se justifie en remarquant que l’action d’un unitaire u𝒰(𝒜)𝑢𝒰𝒜u\in{\cal U}({\cal A}), par la modification de la connexion, induit une transformation de DAsubscript𝐷𝐴D_{A} en

DA=D+A+JAJ1,subscript𝐷superscript𝐴𝐷superscript𝐴𝐽superscript𝐴superscript𝐽1D_{A^{\prime}}=D+A^{\prime}+JA^{\prime}J^{-1},

AuAu+u[D,u]approaches-limitsuperscript𝐴𝑢𝐴superscript𝑢𝑢𝐷superscript𝑢A^{\prime}\doteq uAu^{*}+u[D,u^{*}]. Autrement dit sous une transformation de jauge, A𝐴A se transforme selon

AuAu+u[D,u].maps-to𝐴𝑢𝐴superscript𝑢𝑢𝐷superscript𝑢A\mapsto uAu^{*}+u[D,u^{*}].

qui est bien la loi de transformation du potentiel vecteur en électromagnétisme

AuAu1+udu1.maps-to𝐴𝑢𝐴superscript𝑢1𝑢𝑑superscript𝑢1A\mapsto uAu^{-1}+udu^{-1}.

Comme a priori [DA,a][D,a]subscript𝐷𝐴𝑎𝐷𝑎[D_{A},a]\neq[D,a] pour un a𝑎a quelconque de 𝒜𝒜{\cal A}, le remplacement de D𝐷D par DAsubscript𝐷𝐴D_{A}, c’est à dire le passage d’une théorie à connexion nulle à une théorie covariante, induit une perturbation de la métrique appelée fluctuation interne de la métrique. Par analogie avec la connexion de Levi-Civita qui est nulle si et seulement si l’espace est plat, les fluctuations internes de la métrique rendent compte d’une courbure de l’espace non commutatif qui n’a pas d’équivalent commutatif puisqu’alors A𝐴A est nul.

Le reste de ce chapitre est consacré à l’adaptation des résultats des chapitres précédents en présence d’une connexion non nulle.

II Fluctuations de la métrique dans les produits de géométrie

Soit (𝒜,,D)𝒜𝐷({\cal A},{\cal H},D) un triplet spectral réel. Pour alléger les notations, on note Ω1superscriptΩ1\Omega^{1} au lieu de ΩD1subscriptsuperscriptΩ1𝐷\Omega^{1}_{D} l’espace des 111-formes.

Lemme 4.7.

[a,JωJ1]=0,ωΩ1,a𝒜formulae-sequence𝑎𝐽𝜔superscript𝐽10formulae-sequencefor-all𝜔superscriptΩ1𝑎𝒜[a,J\omega J^{-1}]=0,\;\forall\omega\in\Omega^{1},a\in{\cal A}.


Preuve. [J1aJ,[D,bi]]=0superscript𝐽1𝑎𝐽𝐷subscript𝑏𝑖0[J^{-1}aJ,[D,b_{i}]]=0 (axiome du premier ordre) et [a,JaiJ1]=0𝑎𝐽superscript𝑎𝑖superscript𝐽10[a,Ja^{i}J^{-1}]=0 (réalité) garantissent que

[a,JωJ1]𝑎𝐽𝜔superscript𝐽1\displaystyle[a,J\omega J^{-1}] =[a,Jai[D,bi]J1]absent𝑎𝐽superscript𝑎𝑖𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝐽1\displaystyle=[a,Ja^{i}[D,b_{i}]J^{-1}]
=aJaiJ1J[D,bi]J1Jai[D,bi]J1aabsent𝑎𝐽superscript𝑎𝑖superscript𝐽1𝐽𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝐽1𝐽superscript𝑎𝑖𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝐽1𝑎\displaystyle=aJa^{i}J^{-1}J[D,b_{i}]J^{-1}-Ja^{i}[D,b_{i}]J^{-1}a
=Jai[D,bi]J1aJai[D,bi]J1a=0.absent𝐽superscript𝑎𝑖𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝐽1𝑎𝐽superscript𝑎𝑖𝐷subscript𝑏𝑖superscript𝐽1𝑎0\displaystyle=Ja^{i}[D,b_{i}]J^{-1}a-Ja^{i}[D,b_{i}]J^{-1}a=0\,. \blacksquare

Comme conséquence immédiate,

[DA,a]=[D+A,a].subscript𝐷𝐴𝑎𝐷𝐴𝑎[D_{A},a]=[D+A,a]\,. (4.5)

Soit TETItensor-productsubscript𝑇𝐸subscript𝑇𝐼T_{E}\otimes T_{I} un produit de géométries tel que défini au chapitre II. Les 1-formes sont données par?,?

Ω1=ΩE1ΩI0+χEΩE0ΩI1,superscriptΩ1tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝐸subscriptsuperscriptΩ0𝐼tensor-productsubscript𝜒𝐸subscriptsuperscriptΩ0𝐸subscriptsuperscriptΩ1𝐼\Omega^{1}=\Omega^{1}_{E}\otimes\Omega^{0}_{I}+\chi_{E}\Omega^{0}_{E}\otimes\Omega^{1}_{I}\,,

ΩE0=𝒜EsubscriptsuperscriptΩ0𝐸subscript𝒜𝐸\Omega^{0}_{E}={\cal A}_{E} est l’ensemble des 0-formes de 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E}, les autres termes étant définis de manière analogue. Quand TEsubscript𝑇𝐸T_{E} est le triplet spectral d’une variété,

ΩE1fj[i/,gj𝕀E]=ifj(γmμgj)=iγmfμ,containssuperscriptsubscriptΩ𝐸1superscript𝑓𝑗𝑖subscript𝑔𝑗subscript𝕀𝐸𝑖superscript𝑓𝑗superscript𝛾𝑚subscript𝜇subscript𝑔𝑗𝑖superscript𝛾𝑚subscript𝑓𝜇\Omega_{E}^{1}\ni f^{j}[-i/\!\!\!\partial,g_{j}{\mathbb{I}}_{E}]=-if^{j}(\gamma^{m}\partial_{\mu}g_{j})=-i\gamma^{m}f_{\mu}\,,

fj,gj,fμfjμgjC(M)approaches-limitsuperscript𝑓𝑗subscript𝑔𝑗subscript𝑓𝜇superscript𝑓𝑗subscript𝜇subscript𝑔𝑗superscript𝐶𝑀f^{j},g_{j},f_{\mu}\doteq f^{j}\partial_{\mu}g_{j}\in C^{\infty}\left({M}\right). Une 1-forme du triplet total est

Ω1iγmfμiaiγ5hjmjtensor-product𝑖superscript𝛾𝑚superscriptsubscript𝑓𝜇𝑖subscript𝑎𝑖tensor-productsuperscript𝛾5superscript𝑗subscript𝑚𝑗superscriptΩ1\Omega^{1}\ni-i\gamma^{m}f_{\mu}^{i}\otimes a_{i}-\gamma^{5}h^{j}\otimes m_{j}

ai𝒜Isubscript𝑎𝑖subscript𝒜𝐼a_{i}\in{\cal A}_{I}, hjC(M)superscript𝑗superscript𝐶𝑀h^{j}\in C^{\infty}\left({M}\right), mjΩI1subscript𝑚𝑗superscriptsubscriptΩ𝐼1m_{j}\in\Omega_{I}^{1}. Un potentiel vecteur est donné par

A=iγmAμγ5H𝐴tensor-product𝑖superscript𝛾𝑚subscript𝐴𝜇tensor-productsuperscript𝛾5𝐻A=-i\gamma^{m}\otimes A_{\mu}-\gamma^{5}\otimes H (4.6)

avec Aμfiμaiapproaches-limitsubscript𝐴𝜇subscriptsuperscript𝑓𝑖𝜇subscript𝑎𝑖A_{\mu}\doteq{f^{i}}_{\mu}a_{i} un champ de vecteur (sur M𝑀{M}) à valeur dans les éléments anti-adjoints de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} et Hhjmjapproaches-limit𝐻superscript𝑗subscript𝑚𝑗H\doteq h^{j}m_{j} un champs scalaire à valeur dans ΩI1subscriptsuperscriptΩ1𝐼\Omega^{1}_{I}. Pour une algèbre de matrices (ou une somme directe d’algèbres de matrices), les éléments anti-adjoints forment l’algèbre de Lie du groupe des unitaires. Ce groupe de Lie représente le groupe de jauge de la théorie, donc Aμsubscript𝐴𝜇A_{\mu} est un potentiel de jauge. Dans [?] une formule est donnée pour les fluctuations de la métrique dues à Aμsubscript𝐴𝜇A_{\mu}. Ici nous nous intéressons aux fluctuations provenant uniquement du champ scalaire H𝐻H, et on suppose que 𝐀μ=0subscript𝐀𝜇0{\mathbf{A}_{\mu}=0}. Alors (4.5) devient

[DA,a]=[Dγ5H,a].subscript𝐷𝐴𝑎𝐷tensor-productsuperscript𝛾5𝐻𝑎[D_{A},a]=[D-\gamma^{5}\otimes H,a]. (4.7)

Dorénavant on écrit DADγ5Happroaches-limitsubscript𝐷𝐴𝐷tensor-productsuperscript𝛾5𝐻D_{A}\doteq D-\gamma^{5}\otimes H. Pour ne pas alourdir les notations, on désigne toujours par d𝑑d la distance associatée au triplet (𝒜,,DA)𝒜subscript𝐷𝐴({\cal A},{\cal H},D_{A}). Selon (3.7), une fluctuation scalaire substitue

DHDI+Happroaches-limitsubscript𝐷𝐻subscript𝐷𝐼𝐻D_{H}\doteq D_{I}+H

à DIsubscript𝐷𝐼D_{I}. La différence essentielle est que maintenant l’opérateur de Dirac DHsubscript𝐷𝐻D_{H} dépend de x𝑥x, de sorte que tout point de M𝑀{M} définit un triplet spectral interne

TIx(𝒜I,I,DH(x)).approaches-limitsuperscriptsubscript𝑇𝐼𝑥subscript𝒜𝐼subscript𝐼subscript𝐷𝐻𝑥T_{I}^{x}\doteq({\cal A}_{I},{\cal H}_{I},D_{H}(x))\,.

Cette interprétation de la fluctuation scalaire permet une adaption facile du théorème 3.2.

II.1 Distance dans le continu et dans le discret

Théorème 3.2’. Soit L𝐿L la distance géodésique dans M𝑀{M} et dxsubscript𝑑𝑥d_{x} la distance associée au triplet spectral TIxsuperscriptsubscript𝑇𝐼𝑥T_{I}^{x}. Pour tout x,yM𝑥𝑦𝑀x,y\in{M} (ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x}, ωysubscript𝜔𝑦\omega_{y} désignent les états purs associés) et τ,τ𝒮(𝒜I)𝜏superscript𝜏𝒮subscript𝒜𝐼\tau,\tau^{\prime}\in{\cal S}({\cal A}_{I}),

d(ωxτ,ωxτ)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝑥𝜏tensor-productsubscript𝜔𝑥superscript𝜏\displaystyle d(\omega_{x}\otimes\tau,\omega_{x}\otimes\tau^{\prime}) =\displaystyle= dx(τ,τ),subscript𝑑𝑥𝜏superscript𝜏\displaystyle d_{x}(\tau,\tau^{\prime}),
d(ωxτ,ωyτ)𝑑tensor-productsubscript𝜔𝑥𝜏tensor-productsubscript𝜔𝑦𝜏\displaystyle d(\omega_{x}\otimes\tau,\omega_{y}\otimes\tau) =\displaystyle= L(x,y).𝐿𝑥𝑦\displaystyle L(x,y).

Preuve. La preuve du théorème 3.2 s’adapte facilement. Les notations sont identiques exceptées que τEsubscript𝜏𝐸\tau_{E} est un état pur et s’écrit ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x}. aEsubscript𝑎𝐸a_{E} est remplacé par axsubscript𝑎𝑥a_{x}. Avec H=hjmj𝐻superscript𝑗subscript𝑚𝑗H=h^{j}m_{j},

[DH(x),ax]subscript𝐷𝐻𝑥subscript𝑎𝑥\displaystyle[D_{H}(x),a_{x}] =\displaystyle= [DI+ωx(hj)mj,ωx(fi)mi]subscript𝐷𝐼subscript𝜔𝑥superscript𝑗subscript𝑚𝑗subscript𝜔𝑥superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑖\displaystyle[D_{I}+\omega_{x}(h^{j})m_{j},\omega_{x}(f^{i})m_{i}]
=\displaystyle= ωx(fi)[DI,mi]+ωx(hj)ωx(fi)[mj,mi]subscript𝜔𝑥superscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖subscript𝜔𝑥superscript𝑗subscript𝜔𝑥superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑗subscript𝑚𝑖\displaystyle\omega_{x}(f^{i})[D_{I},m_{i}]+\omega_{x}(h^{j})\omega_{x}(f^{i})[m_{j},m_{i}]
=\displaystyle= (ωx𝕀I)(fi[DI,mi]+hjfi[mj,mi])tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝕀𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐼subscript𝑚𝑖tensor-productsuperscript𝑗superscript𝑓𝑖subscript𝑚𝑗subscript𝑚𝑖\displaystyle(\omega_{x}\otimes{\mathbb{I}}_{I})\left(f^{i}\otimes[D_{I},m_{i}]+h^{j}f^{i}\otimes[m_{j},m_{i}]\right)
=\displaystyle= (ωx𝕀I)(fi[DH,mi]).tensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝕀𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐻subscript𝑚𝑖\displaystyle(\omega_{x}\otimes{\mathbb{I}}_{I})\left(f^{i}\otimes[D_{H},m_{i}]\right).

Comme i[DH(x),ax]𝑖subscript𝐷𝐻𝑥subscript𝑎𝑥i[D_{H}(x),a_{x}] est normal,

[DH(x),ax]delimited-∥∥subscript𝐷𝐻𝑥subscript𝑎𝑥\displaystyle\left\lVert[D_{H}(x),a_{x}]\right\rVert =\displaystyle= supτI𝒮I|τI([DH(x),ax])|subscript𝜏𝐼subscript𝒮𝐼supremumsubscript𝜏𝐼subscript𝐷𝐻𝑥subscript𝑎𝑥\displaystyle\underset{\tau_{I}\in{\cal S}_{I}}{\sup}\lvert\tau_{I}\left([D_{H}(x),a_{x}]\right)\rvert
=\displaystyle= supτI𝒮I|(ωxτI)(fi[DH,mi])|subscript𝜏𝐼subscript𝒮𝐼supremumtensor-productsubscript𝜔𝑥subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐻subscript𝑚𝑖\displaystyle\underset{\tau_{I}\in{\cal S}_{I}}{\sup}\lvert(\omega_{x}\otimes\tau_{I})\left(f^{i}\otimes[D_{H},m_{i}]\right)\rvert
\displaystyle\leq supτEτI𝒮E𝒮I|(τEτI)(fi[DH,mi])|tensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsubscript𝒮𝐸subscript𝒮𝐼supremumtensor-productsubscript𝜏𝐸subscript𝜏𝐼tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐻subscript𝑚𝑖\displaystyle\underset{\tau_{E}\otimes\tau_{I}\in{\cal S}_{E}\otimes{\cal S}_{I}}{\sup}\lvert(\tau_{E}\otimes\tau_{I})\left(f^{i}\otimes[D_{H},m_{i}]\right)\rvert
\displaystyle\leq fi[DH,mi].delimited-∥∥tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐻subscript𝑚𝑖\displaystyle\left\lVert f^{i}\otimes[D_{H},m_{i}]\right\rVert.

L’équation (3.9) étant remplacée par fi[DH,mi][DA,a]delimited-∥∥tensor-productsuperscript𝑓𝑖subscript𝐷𝐻subscript𝑚𝑖delimited-∥∥subscript𝐷𝐴𝑎\left\lVert f^{i}\otimes[D_{H},m_{i}]\right\rVert\leq\left\lVert[D_{A},a]\right\rVert, on obtient

[DH(x),ax][DA,a].delimited-∥∥subscript𝐷𝐻𝑥subscript𝑎𝑥delimited-∥∥subscript𝐷𝐴𝑎\left\lVert[D_{H}(x),a_{x}]\right\rVert\leq\left\lVert[D_{A},a]\right\rVert.

La suite de la preuve est identique à celle du théorème 3.2. \blacksquare

A noter que dans (II.1) on utilise que ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} est un caractère (i.e. que c’est un état pur et que 𝒜Esubscript𝒜𝐸{\cal A}_{E} est commutative). Le théorème 3.7 est modifié plus sérieusement car la fluctuation introduit une dépendance en x𝑥x du coefficient supplémentaire dans la métrique de Kaluza-Klein.

II.2 Distance croisée

Les notations sont celles du théorème 3.7.

Theorème 3.7’. Soient ω1,ω2subscript𝜔1subscript𝜔2{\omega_{1}},{\omega_{2}} deux états purs normaux de 𝒜Isubscript𝒜𝐼{\cal A}_{I} en somme directe tels que la somme de leurs supports commute avec DH(x)subscript𝐷𝐻𝑥D_{H}(x) en tout x𝑥x. Alors

d(x1,y2)=L((0,x),(1,y))𝑑subscript𝑥1subscript𝑦2superscript𝐿0𝑥1𝑦d(x_{1},y_{2})=L^{\prime}((0,x),(1,y))

Lsuperscript𝐿L^{\prime} est la distance géodésique de la variété à spin M[0,1]×Mapproaches-limitsuperscript𝑀delimited-[]0.1𝑀{M}^{\prime}\doteq[0,1]\times{M} munie de la métrique

(M(x)200gμν(x))superscriptdelimited-∥∥𝑀𝑥200superscript𝑔𝜇𝜈𝑥\left(\begin{array}[]{cc}\left\lVert M(x)\right\rVert^{2}&0\\ 0&g^{\mu\nu}(x)\end{array}\right)

dans laquelle gμνsuperscript𝑔𝜇𝜈g^{\mu\nu} est la métrique de la variété initiale et M𝑀M est la restriction à la représentation de 𝒜Is1𝒜Isubscript𝒜𝐼subscript𝑠1subscript𝒜𝐼{\cal A}_{I}s_{1}{\cal A}_{I} de la projection de DHsubscript𝐷𝐻D_{H} sur la représentation de 𝒜Is2𝒜Isubscript𝒜𝐼subscript𝑠2subscript𝒜𝐼{\cal A}_{I}s_{2}{\cal A}_{I}.

Preuve. Sauf mention contraire, les notations sont celles du théorème 3.7. La première partie de la preuve est à peine modifiée. Soit ψrξrtensor-productsuperscript𝜓𝑟subscript𝜉𝑟\psi^{r}\otimes\xi_{r}\in{\cal H}. Grâce à (4.7) et à la définition (4.6) de H𝐻H,

[DA,a]ψrξr=γ5ψr[DI,p]ξr+γ5hjψr[mj,p]ξr.tensor-productsubscript𝐷𝐴𝑎superscript𝜓𝑟subscript𝜉𝑟tensor-productsuperscript𝛾5subscript𝜓𝑟subscript𝐷𝐼𝑝subscript𝜉𝑟tensor-productsuperscript𝛾5superscript𝑗subscript𝜓𝑟subscript𝑚𝑗𝑝subscript𝜉𝑟[D_{A},a]\psi^{r}\otimes\xi_{r}=\gamma^{5}\psi_{r}\otimes[D_{I},p]\xi_{r}+\gamma^{5}h^{j}\psi_{r}\otimes[m_{j},p]\xi_{r}\in{\cal H}.

Evaluée en xM𝑥𝑀x\in{M}, l’expression ci-dessus donne

[DA,a]ψr(x)ξr=γ5ψr(x)[DI+H(x),p]ξr=0tensor-productsubscript𝐷𝐴𝑎superscript𝜓𝑟𝑥subscript𝜉𝑟tensor-productsuperscript𝛾5subscript𝜓𝑟𝑥subscript𝐷𝐼𝐻𝑥𝑝subscript𝜉𝑟0[D_{A},a]\psi^{r}(x)\otimes\xi_{r}=\gamma^{5}\psi_{r}(x)\otimes[D_{I}+H(x),p]\xi_{r}=0

par hypothèses, indiquant que [DA,a]subscript𝐷𝐴𝑎[D_{A},a] est l’endomorphisme nul de {\cal H} si bien que par le lemme 3.6,

d(xk,yk)=de(x1,y2).𝑑subscript𝑥𝑘subscript𝑦superscript𝑘subscript𝑑𝑒subscript𝑥1subscript𝑦2d(x_{k},y_{{k^{\prime}}})=d_{e}(x_{1},y_{2}).

La différence avec le théorème 3.7 est que Drsubscript𝐷𝑟D_{r} dépend de x𝑥x. Plus précisément, M𝑀M est une matrice dont les entrées sont des champs scalaires sur M𝑀{M}.

Désormais gtt(x)M(x)2approaches-limitsuperscript𝑔𝑡𝑡𝑥superscriptdelimited-∥∥𝑀𝑥2g^{tt}(x)\doteq\left\lVert M(x)\right\rVert^{2} dépend de x𝑥x mais est constant par rapport à t𝑡t. Les équations des géodésiques (3.16, 3.19) ne se réduisent pas à (3.18) mais à

ddτ(gttdtdτ)𝑑𝑑𝜏subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏\displaystyle\frac{d}{d\tau}(g_{tt}\frac{dt}{d\tau}) =\displaystyle= (ddτgtt)dtdτ+gttddτ(dtdτ)𝑑𝑑𝜏subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑑𝜏𝑑𝑡𝑑𝜏\displaystyle(\frac{d}{d\tau}g_{tt})\frac{dt}{d\tau}+g_{tt}\frac{d}{d\tau}(\frac{dt}{d\tau})
=\displaystyle= (μgtt)dtdτdxμdτ+gttd2tdτ2subscript𝜇subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜇𝑑𝜏subscript𝑔𝑡𝑡superscript𝑑2𝑡𝑑superscript𝜏2\displaystyle(\partial_{\mu}g_{tt})\frac{dt}{d\tau}\frac{dx^{\mu}}{d\tau}+g_{tt}\frac{d^{2}t}{d\tau^{2}}
=\displaystyle= gtt(gtt(μgtt)dtdτdxμdτ+d2tdτ2)=0subscript𝑔𝑡𝑡superscript𝑔𝑡𝑡subscript𝜇subscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑superscript𝑥𝜇𝑑𝜏superscript𝑑2𝑡𝑑superscript𝜏20\displaystyle g_{tt}\left(g^{tt}(\partial_{\mu}g_{tt})\frac{dt}{d\tau}\frac{dx^{\mu}}{d\tau}+\frac{d^{2}t}{d\tau^{2}}\right)=0

par (3.16). Ainsi gttdtdτ=Ksubscript𝑔𝑡𝑡𝑑𝑡𝑑𝜏𝐾g_{tt}\frac{dt}{d\tau}=K est une constante. La seule différence avec la première équation (3.18) est que

dtdτ=Kgtt(x)𝑑𝑡𝑑𝜏𝐾superscript𝑔𝑡𝑡𝑥\frac{dt}{d\tau}=Kg^{tt}(x) (4.9)

est maintenant fonction de x𝑥x. On définit a0=(f0,g0)subscript𝑎0subscript𝑓0subscript𝑔0a_{0}=(f_{0},g_{0}) par

f0(q)𝒢q1K2gtt𝑑s,g0f0K,formulae-sequenceapproaches-limitsubscript𝑓0𝑞subscriptsubscript𝒢𝑞1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡differential-d𝑠approaches-limitsubscript𝑔0subscript𝑓0𝐾f_{0}(q)\doteq\int_{{\cal G}_{q}}\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}ds\,,\qquad g_{0}\doteq f_{0}-K\,, (4.10)

𝒢qsuperscriptsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q}^{\prime} est une géodésique minimale entre (0,q)0𝑞(0,q) et le point fixe (1,y)1𝑦(1,y). 𝒢qsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q} désigne sa projection sur M𝑀{M} (noter que 𝒢qsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q} n’est pas une géodésique de M𝑀{M}). En supposant que

K2gtt(p)1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡𝑝1K^{2}g^{tt}(p)\neq 1 (4.11)

pour tout p𝒢q𝑝subscript𝒢𝑞p\in{\cal G}_{q}, on écrit dτ=ds1K2gtt𝑑𝜏𝑑𝑠1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡d\tau=\frac{ds}{\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}} et

1=𝒢q𝑑t=𝒢qdtdτ𝑑τ=𝒢qKgtt1K2gtt𝑑s.1subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑞differential-d𝑡subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑞𝑑𝑡𝑑𝜏differential-d𝜏subscriptsubscript𝒢𝑞𝐾superscript𝑔𝑡𝑡1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡differential-d𝑠1=\int_{{\cal G}_{q}^{\prime}}dt=\int_{{\cal G}_{q}^{\prime}}\frac{dt}{d\tau}d\tau=\int_{{\cal G}_{q}}\frac{Kg^{tt}}{\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}}ds\,. (4.12)

Si (4.11) n’est pas vérifiée, on note G𝐺G l’ensemble des points p𝑝p de 𝒢qsubscript𝒢𝑞{\cal G}_{q} pour lesquels 1K2gtt(p)=01superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡𝑝01-K^{2}g^{tt}(p)=0. Gsuperscript𝐺G^{\prime} désigne l’ensemble des points correspondants dans 𝒢qsubscriptsuperscript𝒢𝑞{\cal G}^{\prime}_{q}. Pour tout p𝒢qsuperscript𝑝subscriptsuperscript𝒢𝑞p^{\prime}\in{\cal G^{\prime}}_{q}, (4.9) donne

dtdτdτ=K1dτ,𝑑𝑡𝑑𝜏𝑑𝜏superscript𝐾1𝑑𝜏\displaystyle\frac{dt}{d\tau}d\tau=K^{-1}d\tau\,,

et au lieu de (4.12),

1=𝒢q/GKgtt1K2gtt𝑑s+GK1𝑑τ.1subscriptsubscript𝒢𝑞𝐺𝐾superscript𝑔𝑡𝑡1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡differential-d𝑠subscriptsuperscript𝐺superscript𝐾1differential-d𝜏1=\int_{{\cal G}_{q}/G}\frac{Kg^{tt}}{\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}}ds+\int_{G^{\prime}}K^{-1}d\tau\,.

Inséré dans x1(a0)y2(a0)=f0(x)+Ksubscript𝑥1subscript𝑎0subscript𝑦2subscript𝑎0subscript𝑓0𝑥𝐾x_{1}(a_{0})-y_{2}(a_{0})=f_{0}(x)+K en tant que K×1𝐾1K\times 1, cette expression garantit que

x1(a0)y2(a0)subscript𝑥1subscript𝑎0subscript𝑦2subscript𝑎0\displaystyle x_{1}(a_{0})-y_{2}(a_{0}) =\displaystyle= 𝒢x1K2gtt𝑑s+𝒢x/GK2gtt1K2gtt(x)𝑑s+G𝑑τsubscriptsubscript𝒢𝑥1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡differential-d𝑠subscriptsubscript𝒢𝑥𝐺superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡𝑥differential-d𝑠subscriptsuperscript𝐺differential-d𝜏\displaystyle\int_{{\cal G}_{x}}\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}ds+\int_{{\cal G}_{x}/G}\frac{K^{2}g^{tt}}{\sqrt{1-K^{2}g^{tt}(x)}}ds+\int_{G^{\prime}}d\tau
=\displaystyle= G1K2gtt𝑑s+𝒢x/Gds1K2gtt(x)+G𝑑τsubscript𝐺1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡differential-d𝑠subscriptsubscript𝒢𝑥𝐺𝑑𝑠1superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡𝑥subscriptsuperscript𝐺differential-d𝜏\displaystyle\int_{G}\sqrt{1-K^{2}g^{tt}}ds+\int_{{\cal G}_{x}/G}\frac{ds}{\sqrt{1-K^{2}g^{tt}(x)}}+\int_{G^{\prime}}d\tau
=\displaystyle= 𝒢x/G𝑑τ+G𝑑τ=L((0,x),(1,y)).subscriptsuperscriptsubscript𝒢𝑥superscript𝐺differential-d𝜏subscriptsuperscript𝐺differential-d𝜏superscript𝐿0𝑥1𝑦\displaystyle\int_{{\cal G}_{x}^{\prime}/G^{\prime}}d\tau+\int_{G^{\prime}}d\tau=L^{\prime}\left((0,x),(1,y)\right).

La fonction f0subscript𝑓0f_{0} est, par définition (4.10), constante sur un hyperplan dans un voisinage de q𝑞q. Dans un référentiel adéquat -{x1,x2,x3}superscript𝑥1superscript𝑥2superscript𝑥3\{x^{1},x^{2},x^{3}\} désignant les coordonnées de l’hyperplan et x0superscript𝑥0x^{0} la coordonnée supplémentaire - on écrit ds(q)=g00(q)dx0𝑑𝑠𝑞subscript𝑔00𝑞𝑑superscript𝑥0ds(q)=\sqrt{g_{00}(q)}dx^{0} et μf0(q)=δμ00f0(q)subscript𝜇subscript𝑓0𝑞superscriptsubscript𝛿𝜇0subscript0subscript𝑓0𝑞\partial_{\mu}f_{0}(q)=\delta_{\mu}^{0}\partial_{0}f_{0}(q). Ainsi

μf0(q)subscript𝜇subscript𝑓0𝑞\displaystyle\partial_{\mu}f_{0}(q) =\displaystyle= δμ01K2gtt(q)g00(q),superscriptsubscript𝛿𝜇01superscript𝐾2superscript𝑔𝑡𝑡𝑞subscript𝑔00𝑞\displaystyle\delta_{\mu}^{0}\sqrt{1-K^{2}g^{tt}(q)}\sqrt{g_{00}(q)}\,,
gμν(q)μf0(q)νf0(q)superscript𝑔𝜇𝜈𝑞subscript𝜇subscript𝑓0𝑞subscript𝜈subscript𝑓0𝑞\displaystyle g^{\mu\nu}(q)\partial_{\mu}f_{0}(q)\partial_{\nu}f_{0}(q) =\displaystyle= g00(1gttK2)g00=1gttK2,superscript𝑔001superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2subscript𝑔001superscript𝑔𝑡𝑡superscript𝐾2\displaystyle g^{00}(1-g^{tt}K^{2})g_{00}=1-g^{tt}K^{2}\,,

d’où [De,a0]=1delimited-∥∥subscript𝐷𝑒subscript𝑎01\left\lVert[D_{e},a_{0}]\right\rVert=1 et le résultat. \blacksquare

Quelques précisions sur ce théorème. Tout d’abord, puisque tous les coefficients de la métrique sont dépendants en x𝑥x, la distance géodésique ne peut en aucun cas satisfaire le théorème de Pythagore. Ensuite, rappelons que par définition une métrique n’est pas dégénérée et, implicitement, nous avons supposer que M(x)𝑀𝑥M(x) ne s’annule en aucun point. C’était nécessaire dans le théorème 3.7 afin que la distance reste finie. Ici la question est plus subtile dans la mesure où M𝑀M peut très bien n’être nul que pour certains points x𝑥x. Soit ker(M)Mkernel𝑀𝑀\ker(M)\subset{M} l’ensemble de ces points. Pour tout qker(M)𝑞kernel𝑀q\in\ker(M), d((0,q),(1,q))=+𝑑0𝑞1𝑞d\left((0,q),(1,q)\right)=+\infty par la proposition 2’. De plus

d((0,q),(1,q))𝑑0𝑞1𝑞\displaystyle d\left((0,q),(1,q)\right) \displaystyle\leq d((0,q),(0,x))+d((0,x),(1,y))+d((1,y),(1,q))𝑑0𝑞0𝑥𝑑0𝑥1𝑦𝑑1𝑦1𝑞\displaystyle d\left((0,q),(0,x)\right)+d\left((0,x),(1,y)\right)+d\left((1,y),(1,q)\right)
\displaystyle\leq L(p,x)+d((0,x),(1,y))+L(y,q),𝐿𝑝𝑥𝑑0𝑥1𝑦𝐿𝑦𝑞\displaystyle L(p,x)+d\left((0,x),(1,y)\right)+L(y,q)\,,

donc d((0,x),(1,y))=+𝑑0𝑥1𝑦d\left((0,x),(1,y)\right)=+\infty pour tout x,yM𝑥𝑦𝑀x,y\in{M}, ce qui contredit le théorème 4’ dès que x=yker(M)𝑥𝑦kernel𝑀x=y\notin\ker(M). Une solution est de considérer que (t,q)𝑡𝑞(t,q) avec qker(M)𝑞kernel𝑀q\in\ker(M) est un point isolé à distance infinie de tout autre point et de définir Msuperscript𝑀{M}^{\prime} comme [0,1]×M/ker(M)delimited-[]0.1𝑀kernel𝑀[0,1]\times{M}/\ker(M). Si tout chemin entre x𝑥x et y𝑦y traverse ker(M)kernel𝑀\ker(M), cette opération découpe Msuperscript𝑀{M}^{\prime} en morceaux disconnexes. Une meilleure solution consiste à prendre en compte la partie non scalaire de la fluctuation. Faute de temps, cet aspect n’est pas étudié dans cette thèse. On renvoie à [?] pour l’étude du champ de jauge vu comme métrique.

III Exemples

Dans cette dernière section, on étudie la métrique d’espace produit du discret par le continu dont la partie interne est l’une de celles décrites dans le chapitre II. On donne également un résultat concernant la distance dans le modèle standard.

III.1 Espaces commutatifs - le modèle à deux couches

Avec les notations de la section 3.III.1, on vérifie que [DH,si+sj]=0subscript𝐷𝐻subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0[D_{H},s_{i}+s_{j}]=0 dès que [DI,si+sj]=0subscript𝐷𝐼subscript𝑠𝑖subscript𝑠𝑗0[D_{I},s_{i}+s_{j}]=0. Cette condition n’est pas nécessaire et la fluctuation peut être telle que le théorème 3.7’ s’applique alors que le théorème 3.7 ne s’appliquait pas dans la théorie de jauge nulle. Bien entendu le cas le plus simple, k=2𝑘2k=2, muni le modèle à deux couches d’une métrique cylindrique ou le coefficient supplémentaire de la métrique est une fonction de la variété.

III.2 Le modèle standard.

Le triplet spectral du modèle standard (cf. [?,?,?] et [?] pour le calcul détaillé de la masse du boson de Higgs) est le produit du triplet spectral réel (1.62), noté ici TEsubscript𝑇𝐸T_{E}, par une géométrie interne où l’algèbre réelle

𝒜I=M3()subscript𝒜𝐼direct-sumsubscript𝑀3{\cal A}_{I}={\mathbb{H}}\oplus{\mathbb{C}}\oplus M_{3}({\mathbb{C}})

est representée sur

I=90=PA=LPRPLARA.subscript𝐼superscript90direct-sumsuperscript𝑃superscript𝐴direct-sumsuperscriptsubscript𝐿𝑃superscriptsubscript𝑅𝑃superscriptsubscript𝐿𝐴superscriptsubscript𝑅𝐴{\cal H}_{I}={\mathbb{C}}^{90}={\cal H}^{P}\oplus{\cal H}^{A}={\cal H}_{L}^{P}\oplus{\cal H}_{R}^{P}\oplus{\cal H}_{L}^{A}\oplus{\cal H}_{R}^{A}\,.

La base de LP=24superscriptsubscript𝐿𝑃superscript24{\cal H}_{L}^{P}={\mathbb{C}}^{24} est donnée par les fermions gauches

(ud)L,(cs)L,(tb)L,(νee)L,(νμμ)L,(μττ)L,subscript𝑢𝑑𝐿subscript𝑐𝑠𝐿subscript𝑡𝑏𝐿subscriptsubscript𝜈𝑒𝑒𝐿subscriptsubscript𝜈𝜇𝜇𝐿subscriptsubscript𝜇𝜏𝜏𝐿\left(\begin{array}[]{c}u\\ d\end{array}\right)_{L},\;\left(\begin{array}[]{c}c\\ s\end{array}\right)_{L},\;\left(\begin{array}[]{c}t\\ b\end{array}\right)_{L},\;\left(\begin{array}[]{c}\nu_{e}\\ e\end{array}\right)_{L},\;\left(\begin{array}[]{c}\nu_{\mu}\\ \mu\end{array}\right)_{L},\;\left(\begin{array}[]{c}\mu_{\tau}\\ \tau\end{array}\right)_{L},

et la base de RP=21superscriptsubscript𝑅𝑃superscript21{\cal H}_{R}^{P}={\mathbb{C}}^{21} est formée des fermions droits uR,dr,cR,sR,tR,bR et eR,μR,τRsubscript𝑢𝑅subscript𝑑𝑟subscript𝑐𝑅subscript𝑠𝑅subscript𝑡𝑅subscript𝑏𝑅 et subscript𝑒𝑅subscript𝜇𝑅subscript𝜏𝑅u_{R},\,d_{r},\,c_{R},\,s_{R},\,t_{R},\,b_{R}\text{ et }\,e_{R},\,\mu_{R},\,\tau_{R} (le modèle a été construit du temps où les neutrinos n’avaient pas de masse). L’indice de couleur des quarks est omis. RAsuperscriptsubscript𝑅𝐴{\cal H}_{R}^{A} et LAsuperscriptsubscript𝐿𝐴{\cal H}_{L}^{A} correspondent aux antiparticules. (a,b,cM3())formulae-sequence𝑎formulae-sequence𝑏𝑐subscript𝑀3(a\in{\mathbb{H}},\;b\in{\mathbb{C}},c\in M_{3}({\mathbb{C}})) est représenté par

πI(a,b,c)πP(a,b)πA(b,c)πLP(a)πRP(b)πLA(b,c)πRA(b,c)approaches-limitsubscript𝜋𝐼𝑎𝑏𝑐direct-sumsuperscript𝜋𝑃𝑎𝑏superscript𝜋𝐴𝑏𝑐approaches-limitdirect-sumsuperscriptsubscript𝜋𝐿𝑃𝑎superscriptsubscript𝜋𝑅𝑃𝑏superscriptsubscript𝜋𝐿𝐴𝑏𝑐superscriptsubscript𝜋𝑅𝐴𝑏𝑐\pi_{I}(a,b,c)\doteq\pi^{P}(a,b)\oplus\pi^{A}(b,c)\doteq\pi_{L}^{P}(a)\oplus\pi_{R}^{P}(b)\oplus\pi_{L}^{A}(b,c)\oplus\pi_{R}^{A}(b,c)

où, en écrivant B(b 00b¯)approaches-limit𝐵𝑏 00¯𝑏B\doteq\left(\begin{array}[]{cc}b\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\\ 0\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ \bar{b}\end{array}\right)\in{\mathbb{H}} et N𝑁N le nombre de générations de fermions,

πLP(a)a𝕀N𝕀3a𝕀N,approaches-limitsuperscriptsubscript𝜋𝐿𝑃𝑎direct-sumtensor-product𝑎subscript𝕀𝑁subscript𝕀3tensor-product𝑎subscript𝕀𝑁\displaystyle\pi_{L}^{P}(a)\doteq a\otimes{\mathbb{I}}_{N}\otimes{\mathbb{I}}_{3}\,\oplus\,a\otimes{\mathbb{I}}_{N}\,,\qquad πRP(b)B𝕀N𝕀3b¯𝕀N,approaches-limitsuperscriptsubscript𝜋𝑅𝑃𝑏direct-sumtensor-product𝐵subscript𝕀𝑁subscript𝕀3tensor-product¯𝑏subscript𝕀𝑁\displaystyle\pi_{R}^{P}(b)\doteq B\otimes{\mathbb{I}}_{N}\otimes{\mathbb{I}}_{3}\,\oplus\,\bar{b}\otimes{\mathbb{I}}_{N}\,,
πLA(b,c)𝕀2𝕀Ncb¯𝕀2𝕀N,approaches-limitsuperscriptsubscript𝜋𝐿𝐴𝑏𝑐direct-sumtensor-productsubscript𝕀2subscript𝕀𝑁𝑐tensor-product¯𝑏subscript𝕀2subscript𝕀𝑁\displaystyle\pi_{L}^{A}(b,c)\doteq{\mathbb{I}}_{2}\otimes{\mathbb{I}}_{N}\otimes c\,\oplus\,\bar{b}{\mathbb{I}}_{2}\otimes{\mathbb{I}}_{N}\,,\qquad πRA(b,c)𝕀2𝕀Ncb¯𝕀n.approaches-limitsuperscriptsubscript𝜋𝑅𝐴𝑏𝑐direct-sumtensor-productsubscript𝕀2subscript𝕀𝑁𝑐¯𝑏subscript𝕀𝑛\displaystyle\pi_{R}^{A}(b,c)\doteq{\mathbb{I}}_{2}\otimes{\mathbb{I}}_{N}\otimes c\,\oplus\,\bar{b}{\mathbb{I}}_{n}\,.

On définit une structure réelle

JI=(0𝕀15N𝕀15N 0)Csubscript𝐽𝐼0subscript𝕀15𝑁subscript𝕀15𝑁 0𝐶J_{I}=\left(\begin{array}[]{cc}0\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ {\mathbb{I}}_{15N}\\ {\mathbb{I}}_{15N}\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\end{array}\right)\circ\,C

et un opérateur de Dirac interne

DI(DP00DP¯)=(DP000)+JI(DP000)JI1approaches-limitsubscript𝐷𝐼subscript𝐷𝑃00¯subscript𝐷𝑃subscript𝐷𝑃000subscript𝐽𝐼subscript𝐷𝑃000subscriptsuperscript𝐽1𝐼D_{I}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}D_{P}&0\\ 0&\;\bar{D_{P}}\end{array}\right)=\left(\begin{array}[]{cc}D_{P}\nobreak\leavevmode&0\\ 0&0\end{array}\right)+J_{I}\left(\begin{array}[]{cc}D_{P}\nobreak\leavevmode&0\\ 0&0\end{array}\right)J^{-1}_{I}

dont les entrées sont les matrices 15N×15N15𝑁15𝑁15N\times 15N

DP(0MM0),approaches-limitsubscript𝐷𝑃0𝑀superscript𝑀0D_{P}\doteq\left(\begin{array}[]{cc}0&M\\ M^{*}&0\end{array}\right),

M𝑀M est la matrice 8N×7N8𝑁7𝑁8N\times 7N

M((e11Mu+e22Md)𝕀300e2Me).approaches-limit𝑀tensor-producttensor-productsubscript𝑒11subscript𝑀𝑢tensor-productsubscript𝑒22subscript𝑀𝑑subscript𝕀300tensor-productsubscript𝑒2subscript𝑀𝑒M\doteq\left(\begin{array}[]{cc}\left(e_{11}\otimes M_{u}+e_{22}\otimes M_{d}\right)\otimes{\mathbb{I}}_{3}&0\\ 0&e_{2}\otimes M_{e}\end{array}\right). (4.13)

Ici, {eij}subscript𝑒𝑖𝑗\{e_{ij}\} et {ei}subscript𝑒𝑖\{e_{i}\} désignent les bases canoniques de M2()subscript𝑀2M_{2}\left({\mathbb{C}}\right) et 2superscript2{\mathbb{C}}^{2} respectivement. Musubscript𝑀𝑢M_{u}, Mdsubscript𝑀𝑑M_{d}, Mesubscript𝑀𝑒M_{e} sont les matrices de masse

Mu=(mu000mc000mt),Md=CKM(md000ms000mb),Me=(me000mμ000mτ)formulae-sequencesubscript𝑀𝑢subscript𝑚𝑢000subscript𝑚𝑐000subscript𝑚𝑡formulae-sequencesubscript𝑀𝑑subscript𝐶𝐾𝑀subscript𝑚𝑑000subscript𝑚𝑠000subscript𝑚𝑏subscript𝑀𝑒subscript𝑚𝑒000subscript𝑚𝜇000subscript𝑚𝜏M_{u}=\left(\begin{array}[]{ccc}m_{u}&0&0\\ 0&m_{c}&0\\ 0&0&m_{t}\end{array}\right),\quad M_{d}=C_{KM}\left(\begin{array}[]{ccc}m_{d}&0&0\\ 0&m_{s}&0\\ 0&0&m_{b}\end{array}\right),\quad M_{e}=\left(\begin{array}[]{ccc}m_{e}&0&0\\ 0&m_{\mu}&0\\ 0&0&m_{\tau}\end{array}\right)

dont les coefficients sont les masses des fermions élémentaires, éventuellement pondérées par la matrice unitaire de Cabibbo-Kobayashi-Maskawa. La chiralité, dernier élément du triplet spectral réel, est

ΓI=(𝕀8N)𝕀7N(𝕀8N)𝕀7N.subscriptΓ𝐼direct-sumsubscript𝕀8𝑁subscript𝕀7𝑁subscript𝕀8𝑁subscript𝕀7𝑁\Gamma_{I}=(-{\mathbb{I}}_{8N})\oplus{\mathbb{I}}_{7N}\oplus(-{\mathbb{I}}_{8N})\oplus{\mathbb{I}}_{7N}\,.

La présence de la représentation conjuguée b¯¯𝑏\bar{b} dans πIsubscript𝜋𝐼\pi_{I} oblige à voir {\mathbb{C}} comme une algèbre réelle. Par conséquent, l’état pur ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c} de {\mathbb{C}} n’est plus l’identité mais la partie réelle. L’état pur ωhsubscript𝜔\omega_{h} de {\mathbb{H}} est décrit dans le chapitre I. Concernant 𝒮(M3())𝒮subscript𝑀3{\cal S}(M_{3}({\mathbb{C}})), on remarquera simplement qu’étant linéaires, deux états purs ayant même noyau sont proportionnels; comme ils coïncide sur l’identité, ils sont alors égaux. L’algèbre interne étant réelle, par produit tensoriel l’algèbre externe doit être vue comme l’algèbre réelle C(M)subscriptsuperscript𝐶𝑀C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M) et un état pur externe est Re(ωx)Resubscript𝜔𝑥\text{Re}(\omega_{x}).

La géométrie non commutative donne une interprétation du champ de Higgs comme 111-forme de la géométrie interne. Par fluctuation scalaire, les 111-formes sont étroitement liées à la métrique et le champ de Higgs s’interprète en effet comme coefficient d’une métrique.

Le calcul suivant est mené en jauge nulle Aμ=0subscript𝐴𝜇0A_{\mu}=0.

Proposition 4.8.

La partie finie de la géométrie du modèle standard avec fluctuation interne scalaire de la métrique en jauge nulle est un modèle à deux couches indexées par les états de {\mathbb{C}} et {\mathbb{H}}. Chacune des couches est une copie de la variété riemannienne à spin initiale, munie de sa métrique. La composante supplémentaire de la métrique, correspondant à la dimension discrète, est

gtt(x)=(|1+h1(x)|2+|h2(x)|2)mt2superscript𝑔𝑡𝑡𝑥superscript1subscript1𝑥2superscriptsubscript2𝑥2superscriptsubscript𝑚𝑡2g^{tt}(x)=\left(\lvert 1+h_{1}(x)\rvert^{2}+\lvert h_{2}(x)\rvert^{2}\right)m_{t}^{2}

(h1h2)subscript1subscript2\left(\begin{array}[]{c}h_{1}\\ h_{2}\end{array}\right) est le doublet de Higgs et mtsubscript𝑚𝑡m_{t} la masse du quark top.


Preuve. πIsubscript𝜋𝐼\pi_{I} signifie πI(a,b,c)subscript𝜋𝐼𝑎𝑏𝑐\pi_{I}(a,b,c) et Δ(DP000)approaches-limitΔsubscript𝐷𝑃000\Delta\doteq\left(\begin{array}[]{cc}D_{P}\nobreak\leavevmode&0\\ 0&0\end{array}\right) afin que DI=Δ+JΔJ1subscript𝐷𝐼Δ𝐽Δsuperscript𝐽1D_{I}=\Delta+J\Delta J^{-1}.

Puisque ΔΔ\Delta est une 111-forme?, le lemme 4.7 donne [JIΔJI1,πI]=0subscript𝐽𝐼Δsubscriptsuperscript𝐽1𝐼subscript𝜋𝐼0[J_{I}\Delta J^{-1}_{I},\pi_{I}]=0 et on peut prendre DH=Δ+Hsubscript𝐷𝐻Δ𝐻D_{H}=\Delta+H. Par un calcul explicite?,

H=(0πLP(h)M 0 0MπLP(h)00000000000)𝐻0subscriptsuperscript𝜋𝑃𝐿𝑀 0 0superscript𝑀subscriptsuperscript𝜋𝑃𝐿superscript00000000000H=\left(\begin{array}[]{cccc}0&\pi^{P}_{L}(h)M\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\nobreak\leavevmode\\ M^{*}\pi^{P}_{L}(h^{*})&0&0&0\\ 0&0&0&0\\ 0&0&0&0\end{array}\right)

hh est un champ scalaire à valeur quaternionique. Alors

DH=(0ΦM 0 0MΦ00000000000),subscript𝐷𝐻0Φ𝑀 0 0superscript𝑀superscriptΦ00000000000D_{H}=\left(\begin{array}[]{cccc}0&\Phi M\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 0\nobreak\leavevmode\\ M^{*}\Phi^{*}&0&0&0\\ 0&0&0&0\\ 0&0&0&0\end{array}\right), (4.14)

Φ(h+𝕀)𝕀4N=(1+h1h2h¯2 1+h¯1)𝕀4N,approaches-limitΦtensor-productsubscript𝕀subscript𝕀4𝑁tensor-product1subscript1subscript2subscript¯21subscript¯1subscript𝕀4𝑁\Phi\doteq(h+{\mathbb{I}}_{\mathbb{H}})\otimes{\mathbb{I}}_{4N}=\left(\begin{array}[]{cc}1+h_{1}\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ h_{2}\\ -\bar{h}_{2}\nobreak\leavevmode&\leavevmode\nobreak\ 1+\bar{h}_{1}\end{array}\right)\,\otimes{\mathbb{I}}_{4N},

avec h1subscript1h_{1}, h2subscript2h_{2} deux champs scalaires complexes.

Par (1.69), les distances dans le modèle standard sont identiques à celles du triplet (𝒜s,,D)subscript𝒜𝑠𝐷({\cal A}_{s},\,{\cal H},\,D), où 𝒜s=C(M)s𝒜Issubscript𝒜𝑠tensor-productsuperscript𝐶subscript𝑀𝑠subscriptsubscript𝒜𝐼𝑠{\cal A}_{s}={C^{\infty}\left({M}\right)}_{s}\otimes{{\cal A}_{I}}_{s} est la sous-algèbre des éléments auto-adjoints de 𝒜𝒜{\cal A}, avec

𝒜Is=ssM3()s=M3()s.subscriptsubscript𝒜𝐼𝑠direct-sumsubscript𝑠subscript𝑠subscript𝑀3subscript𝑠direct-sumsubscript𝑀3subscript𝑠{{\cal A}_{I}}_{s}={\mathbb{C}}_{s}\oplus{\mathbb{H}}_{s}\oplus M_{3}({\mathbb{C}})_{s}={\mathbb{R}}\,\oplus\,{\mathbb{R}}\oplus M_{3}({\mathbb{C}})_{s}.

La représentation πssubscript𝜋𝑠\pi_{s} de ce triplet est la restriction de π𝜋\pi à 𝒜ssubscript𝒜𝑠{\cal A}_{s}. Pour les quaternions, πssubscript𝜋𝑠\pi_{s} substitue

(θ 00θ) à (θρ¯ρ¯θ¯).𝜃 00𝜃 à 𝜃¯𝜌¯𝜌¯𝜃\left(\begin{array}[]{cc}\theta&\leavevmode\nobreak\ 0\\ 0&\leavevmode\nobreak\ \theta\end{array}\right)\;\text{ \`{a} }\;\left(\begin{array}[]{cc}\theta&\leavevmode\nobreak\ \bar{\rho}\\ -\bar{\rho}&\leavevmode\nobreak\ \bar{\theta}\end{array}\right).

En d’autres termes, à chaque représentation de {\mathbb{H}} correspond la somme directe de la représentation fondamentale de =ssubscript𝑠{\mathbb{R}}={\mathbb{H}}_{s} avec elle-même. Dans ce cas, ωhsubscript𝜔\omega_{h} vu comme état pur de ssubscript𝑠{\mathbb{H}}_{s} est bien l’identité. La projection associée shssubscript𝑠subscript𝑠s_{h}\in{\mathbb{H}}_{s} est simplement le nombre 111 qui satisfait naturellement (1.21). Il en va de même pour ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c} vu comme état pur de =ssubscript𝑠{\mathbb{R}}={\mathbb{C}}_{s} (on note sc=1subscript𝑠𝑐1s_{c}=1 le projecteur associé). On obtient alors que

πs(scsh)=(𝕀15N00(06N𝕀2N06N𝕀N))subscript𝜋𝑠direct-sumsubscript𝑠𝑐subscript𝑠subscript𝕀15𝑁00subscript06𝑁missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝕀2𝑁missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript06𝑁missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝕀𝑁\pi_{s}(s_{c}\oplus s_{h})=\left(\begin{array}[]{cc}{\mathbb{I}}_{15N}&0\\ 0&\left(\begin{array}[]{cccc}0_{6N}&&&\\ &{\mathbb{I}}_{2N}&&\\ &&0_{6N}&\\ &&&{\mathbb{I}}_{N}\end{array}\right)\end{array}\right)

commute avec DHsubscript𝐷𝐻D_{H} défini en (4.14). Le théorème 3.7’ s’applique pour les états de 𝒜𝒜{\cal A} dont la partie interne est ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c} ou ωhsubscript𝜔\omega_{h}. Puisque

πs(shI)=LP et πs(scI)=RPlepA,subscript𝜋𝑠subscript𝑠subscript𝐼subscriptsuperscript𝑃𝐿 et subscript𝜋𝑠subscript𝑠𝑐subscript𝐼direct-sumsubscriptsuperscript𝑃𝑅subscriptsuperscript𝐴𝑙𝑒𝑝\pi_{s}(s_{h}{\cal H}_{I})={\cal H}^{P}_{L}\,\text{ et }\,\pi_{s}(s_{c}{\cal H}_{I})={\cal H}^{P}_{R}\oplus{\cal H}^{A}_{lep}\,,

lepA=3Nsubscriptsuperscript𝐴𝑙𝑒𝑝superscript3𝑁{\cal H}^{A}_{lep}={\mathbb{C}}^{3N} est le sous-ensemble de Asuperscript𝐴{\cal H}^{A} généré par les anti-leptons, le coefficient de métrique supplémentaire est

gtt(x)=Φ(x)M2.superscript𝑔𝑡𝑡𝑥superscriptdelimited-∥∥Φ𝑥𝑀2g^{tt}(x)=\left\lVert\Phi(x)M\right\rVert^{2}.

Comme attendu, ΦMΦ𝑀\Phi M est une matrice 2α×(α+α¯)2superscript𝛼superscript𝛼superscript𝛼¯2\alpha^{\mathbb{H}}\times\left(\alpha^{\mathbb{C}}+\alpha^{\overline{{\mathbb{C}}}}\,\right), où α=4Nsuperscript𝛼4𝑁\alpha^{\mathbb{H}}=4N est la dégénérescence de la représentation de ssubscript𝑠{\mathbb{H}}_{s} dans πLPsubscriptsuperscript𝜋𝑃𝐿\pi^{P}_{L}, et α=3Nsuperscript𝛼3𝑁\alpha^{\mathbb{C}}=3N, α¯=4Nsuperscript𝛼¯4𝑁\alpha^{\overline{{\mathbb{C}}}}=4N sont définis de manière similaire. En utilisant la forme explicite (4.13),

Φ(x)M2superscriptdelimited-∥∥Φ𝑥𝑀2\displaystyle\left\lVert\Phi(x)M\right\rVert^{2} =\displaystyle= max{(Φ(x)𝕀3)(e11Mu+e22Md)2,(Φ(x)𝕀3)(e2Me)2}superscriptdelimited-∥∥tensor-productΦ𝑥subscript𝕀3tensor-productsubscript𝑒11subscript𝑀𝑢tensor-productsubscript𝑒22subscript𝑀𝑑2superscriptdelimited-∥∥tensor-productΦ𝑥subscript𝕀3tensor-productsubscript𝑒2subscript𝑀𝑒2\displaystyle\max\left\{\,\left\lVert(\Phi(x)\otimes{\mathbb{I}}_{3})(e_{11}\otimes M_{u}+e_{22}\otimes M_{d})\right\rVert^{2},\left\lVert(\Phi(x)\otimes{\mathbb{I}}_{3})(e_{2}\otimes M_{e})\right\rVert^{2}\,\right\}
=\displaystyle= (|1+h1(x)|2+|h2(x)|2)max{mt2,mτ2}superscript1subscript1𝑥2superscriptsubscript2𝑥2superscriptsubscript𝑚𝑡2superscriptsubscript𝑚𝜏2\displaystyle\left(\lvert 1+h_{1}(x)\rvert^{2}+\lvert h_{2}(x)\rvert^{2}\right)\max\left\{\,{m_{t}}^{2},{m_{\tau}}^{2}\right\}
=\displaystyle= (|1+h1(x)|2+|h2(x)|2)mt2.superscript1subscript1𝑥2superscriptsubscript2𝑥2superscriptsubscript𝑚𝑡2\displaystyle\left(\lvert 1+h_{1}(x)\rvert^{2}+\lvert h_{2}(x)\rvert^{2}\right){m_{t}}^{2}.

Les autres distances mettent en oeuvre les états purs de M3()subscript𝑀3M_{3}({\mathbb{C}}) et sont infinies. En effet,

[DH,πI(a,b,c)]=[(0ΦMMΦ0),πP(a,b)]delimited-∥∥subscript𝐷𝐻subscript𝜋𝐼𝑎𝑏𝑐delimited-∥∥0Φ𝑀superscript𝑀superscriptΦ0superscript𝜋𝑃𝑎𝑏\left\lVert[D_{H},\pi_{I}(a,b,c)]\right\rVert=\left\lVert\Big{[}\left(\begin{array}[]{cc}0&\Phi M\\ M^{*}\Phi^{*}&0\end{array}\right),\pi^{P}(a,b)\Big{]}\right\rVert

ne met aucune contrainte sur c𝑐c, si bien que pour ω𝒮(M3())superscript𝜔𝒮subscript𝑀3\omega^{\prime}\in{\cal S}\left(M_{3}({\mathbb{C}})\right) et ω𝒮(𝒜I)𝜔𝒮subscript𝒜𝐼\omega\in{\cal S}({\cal A}_{I}),

dI(ω,ω)supcM3()|ω(c)ω(c)|.subscript𝑑𝐼superscript𝜔𝜔𝑐subscript𝑀3supremumsuperscript𝜔𝑐𝜔𝑐d_{I}(\omega^{\prime},\omega)\geq\underset{c\in M_{3}({\mathbb{C}})}{\sup}\lvert\omega^{\prime}(c)-\omega(c)\rvert.

Pour ω=ωc𝜔subscript𝜔𝑐\omega=\omega_{c}, c=λ𝕀3𝑐𝜆subscript𝕀3c=\lambda{\mathbb{I}}_{3} avec λ𝜆\lambda\rightarrow\infty garantit que la distance dI(ω,ωc)subscript𝑑𝐼superscript𝜔subscript𝜔𝑐d_{I}(\omega^{\prime},\omega_{c}) est infinie. Alors

dI(ω2,ω0)=d(x2,x0)d(x2,y0)+d(y0,x0)d(x2,y0)+L(x,y)subscript𝑑𝐼subscript𝜔2subscript𝜔0𝑑subscript𝑥2subscript𝑥0𝑑subscript𝑥2subscript𝑦0𝑑subscript𝑦0subscript𝑥0𝑑subscript𝑥2subscript𝑦0𝐿𝑥𝑦d_{I}(\omega_{2},\omega_{0})=d(x_{2},x_{0})\leq d(x_{2},y_{0})+d(y_{0},x_{0})\leq d(x_{2},y_{0})+L(x,y)

par le théorème 3.2’, et d(x,yc)=+𝑑superscript𝑥subscript𝑦𝑐d(x^{\prime},y_{c})=+\infty. La preuve est rigoureusement la même pour ω=ωh𝜔subscript𝜔\omega=\omega_{h}. Pour ω𝒮(M3())𝜔𝒮subscript𝑀3\omega\in{\cal S}(M_{3}({\mathbb{C}})), il suffit de se rappeler qu’il existe cker(ω)superscript𝑐𝑘𝑒𝑟superscript𝜔c^{\prime}\in ker({\omega^{\prime}}) tel que cker(ω)superscript𝑐𝑘𝑒𝑟𝜔c^{\prime}\notin ker(\omega), ce qui rend dI(ω2,ω)subscript𝑑𝐼subscript𝜔2𝜔d_{I}(\omega_{2},\omega) infinie. \blacksquare

Conclusion

Calculer explicitement les distances par la formule (1.69) permet d’avoir une image ”intuitive” des espaces non commutatifs. Dans cette thèse, ces calculs ont pu être menés à terme parce que la géométrie présentait des propriétés particulières: deux des coefficients de l’opérateur de Dirac nuls pour l’espace à quatre points, états en somme directe dont la somme des supports commute avec D𝐷D pour les produits de géométrie. Un premier axe de recherche est de s’affranchir de ces contraintes qui sont purement techniques et n’ont pas de justification physique.

Dans le cas commutatif fini, une piste est d’ajouter une condition sur le triplet spectral. En exigeant que les distances entre n𝑛n points satisfassent, outre l’inégalité triangulaire, les mêmes propriétés que les distances entre n𝑛n points d’un espace euclidien de dimension donnée, on peut espérer caractériser des opérateurs de Dirac pour lesquels les calculs soient possibles. .

Concernant les produits de géométrie, il est probable que le modèle à deux couches muni d’une métrique cylindrique n’est plus significatif dès lors que les états ne sont plus en somme directe et/ou que la somme de leurs supports ne commutent pas avec D𝐷D. On pouvait espérer que le fibré en sphère construit par projection de l’algèbre interne sur M2()subscript𝑀2M_{2}({\mathbb{C}}) (quand les états ne sont pas en somme directe mais seulement orthogonaux) était une bonne piste. Malheureusement, comme discuté à la fin du chapitre III, de tels états sont à distance infinie (sauf peut-être ceux sur l’équateur, i.e. d’altitude z=0𝑧0z=0 dans la fibration de Hopf). Pour deux états non orthogonaux, la somme des supports n’est pas un projecteur et on ne peut plus simplifier le calcul en projetant l’algèbre interne sur une algèbre de dimension inférieure. L’exemple du cas à quatre point laisse augurer qu’un calcul direct sera vite impraticable. Plutôt que de résoudre des cas académiques, il semble donc préférable d’entreprendre des calculs au cas par cas, pour les modèles dictés par la physique.

Une autre question ouverte est la définition non commutative d’une géodésique. En particulier dans l’espace fini commutatif, doit-on considérer que tout état appartenant à un chemin (i,j)𝑖𝑗(i,j) est élément d’une ”géodésique” entre i𝑖i et j𝑗j (car si on coupe tous les liens attachés à cet état, la distance entre i𝑖i et j𝑗j augmente) ou faut-il raffiner cette définition en trouvant un équivalent de la propriété élémentaire vérifiée pour la droite réelle: la géodésique est l’ensemble des points où la dérivée de la fonction réalisant le suprémum dans la formule de la distance est partout égale à 111 ?

Plus urgent, car en relation avec la physique, est de prendre en compte la partie non scalaire de la fluctuation. Une formule existe? pour une connexion de jauge Aμsubscript𝐴𝜇A_{\mu} non nulle mais en l’absence de fluctuation scalaire. Le résultat, via l’holonomie de la connexion, permet de caractériser la finitude de la distance. Il est donc d’une grande importance physique puisqu’il peut rendre finie la métrique du secteur interaction forte du modèle standard. Ecrire la preuve de ce résultat est une priorité, en l’associant ensuite aux résultats présentés dans cette thèse afin d’obtenir une formule pour une fluctuation complète comprenant à la fois une partie scalaire et une partie de jauge. Ce résulat trouverait une application directe dans le tore non commutatif dont les fluctuations internes de la métrique, contrairement au cas commutatif où A+JAJ1𝐴𝐽𝐴superscript𝐽1A+JAJ^{-1} est nul, sont hautement non triviales.

Alors seulement on pourra espérer interpréter physiquement les distances non commutatives du modèle standard et proposer des tests expérimentaux. Déceler une structure discrète à l’échelle de Planck n’est peut-être pas hors de porté de l’expérience, comme le suggèrent les travaux sur les jets de rayons gamma? selon lesquels une structure discrète de la géométrie peut se révèler par addition d’effets minuscules sur une longue trajectoire.

Deux points enfin restent en suspend. Tout d’abord l’impossibilité pour l’instant de traiter des métriques pseudo-riemanniennes (cf [?] pour des propositions sur cette question) qui rend délicate l’interprétation physique mentionnée ci-dessus, et les zéros du doublet de Higgs avec le lien qu’ils établissent entre la dégénéréscence de la métrique au sens non commutatif et des problèmes subtils de théorie des champs tels que le problème de Gribov?.

Annexe.

Coefficients de Veff(x,y)subscript𝑉𝑒𝑓𝑓𝑥𝑦V_{eff}(x,y) pour le cas général à quatre points

V4(x)subscript𝑉4𝑥\displaystyle V_{4}(x) =\displaystyle= 4(d3d4d2d5)2(d42d62+d22(d42+d62))d24d32d44d52d62,4superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑2subscript𝑑52superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑22superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑24superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑44superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{4{{(d_{3}d_{4}-d_{2}d_{5})}^{2}}({{d_{4}}^{2}}d_{6}^{2}+d_{2}^{2}({{d_{4}}^{2}}+d_{6}^{2}))}{{d_{2}^{4}}d_{3}^{2}d_{4}^{4}d_{5}^{2}d_{6}^{2}}},
V3(x)subscript𝑉3𝑥\displaystyle V_{3}(x) =\displaystyle= 8x(d2d5d3d4)(d3d4d5d6(d22+d42)+d1(d2d3d4(d42+d62)d42d5d62d22d5(d42+2d62)))d1d23d32d44d52d62,8𝑥subscript𝑑2subscript𝑑5subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑5subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑22superscriptsubscript𝑑42subscript𝑑1subscript𝑑2subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42subscript𝑑5superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑22subscript𝑑5superscriptsubscript𝑑422superscriptsubscript𝑑62subscript𝑑1superscriptsubscript𝑑23superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑44superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{8x(d_{2}d_{5}-d_{3}d_{4})(d_{3}d_{4}d_{5}d_{6}(d_{2}^{2}+d_{4}^{2})+d_{1}(d_{2}d_{3}d_{4}(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})-d_{4}^{2}d_{5}d_{6}^{2}-d_{2}^{2}d_{5}(d_{4}^{2}+2d_{6}^{2})))}{d_{1}{d_{2}^{3}}d_{3}^{2}{d_{4}^{4}}d_{5}^{2}d_{6}^{2}}},
V2(x)subscript𝑉2𝑥\displaystyle V_{2}(x) =\displaystyle= 4x2d12d22d32d44d52d62[d42(d32d42d52+d12(d3d4d2d5)2+d22(d32d42+(d32+d42)d62))\displaystyle{\frac{4{x^{2}}}{d_{1}^{2}d_{2}^{2}d_{3}^{2}d_{4}^{4}d_{5}^{2}d_{6}^{2}}}[{d_{4}^{2}(d_{3}^{2}d_{4}^{2}d_{5}^{2}+d_{1}^{2}{{(d_{3}d_{4}-d_{2}d_{5})}^{2}}+d_{2}^{2}(d_{3}^{2}d_{4}^{2}+(d_{3}^{2}+d_{4}^{2})d_{6}^{2}))}
2d1d4d6(d2d4d5(d422d32)+d3d42d52+d22d3(d42+3d52))2subscript𝑑1subscript𝑑4subscript𝑑6subscript𝑑2subscript𝑑4subscript𝑑5superscriptsubscript𝑑422superscriptsubscript𝑑32subscript𝑑3superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑22subscript𝑑3superscriptsubscript𝑑423superscriptsubscript𝑑52\displaystyle-2d_{1}d_{4}d_{6}(d_{2}d_{4}d_{5}(d_{4}^{2}-2d_{3}^{2})+d_{3}d_{4}^{2}d_{5}^{2}+d_{2}^{2}d_{3}(d_{4}^{2}+3d_{5}^{2}))
+d62(d42(d3d4d2d5)2+d12(d42(d32+d42+d62)6d2d3d4d5+d22(d42+6d62)))]\displaystyle+d_{6}^{2}(d_{4}^{2}{{(d_{3}d_{4}-d_{2}d_{5})}^{2}}+d_{1}^{2}(d_{4}^{2}(d_{3}^{2}+d_{4}^{2}+d_{6}^{2})-6d_{2}d_{3}d_{4}d_{5}+d_{2}^{2}(d_{4}^{2}+6d_{6}^{2})))]
\displaystyle- 4(d22(d32(d42+d52+d62)+d52(d42+2d62))2d2d3d4d5d62+d42(d52d62+d32(d52+2d62)))d22d32d42d62d62,4superscriptsubscript𝑑22superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑422superscriptsubscript𝑑622subscript𝑑2subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑5superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑522superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑22superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{4(d_{2}^{2}(d_{3}^{2}(d_{4}^{2}+d_{5}^{2}+d_{6}^{2})+d_{5}^{2}(d_{4}^{2}+2d_{6}^{2}))-2d_{2}d_{3}d_{4}d_{5}d_{6}^{2}+d_{4}^{2}(d_{5}^{2}d_{6}^{2}+d_{3}^{2}(d_{5}^{2}+2d_{6}^{2})))}{d_{2}^{2}d_{3}^{2}d_{4}^{2}d_{6}^{2}d_{6}^{2}}},
V1(x)subscript𝑉1𝑥\displaystyle V_{1}(x) =\displaystyle= 8x3(d1d6d3d4)(d1d2d3d4(d42+d62)(d12d2d42d3d4(d12+d42)d5+d2(2d12+d42)d62)d6)d13d2d32d44d62d628superscript𝑥3subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑2subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12subscript𝑑2superscriptsubscript𝑑42subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42subscript𝑑5subscript𝑑22superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑13subscript𝑑2superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑44superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{8{x^{3}}(d_{1}d_{6}-d_{3}d_{4})(d_{1}d_{2}d_{3}d_{4}(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})-(d_{1}^{2}d_{2}d_{4}^{2}-d_{3}d_{4}(d_{1}^{2}+d_{4}^{2})d_{5}+d_{2}(2d_{1}^{2}+d_{4}^{2})d_{6}^{2})d_{6})}{{d_{1}^{3}}d_{2}d_{3}^{2}{d_{4}^{4}}d_{6}^{2}d_{6}^{2}}}
+\displaystyle+ 8x(d3d4d5d6(d3d4d2d5)+d1(d2d32(d42+d62)+d62(d2(d32+2d52)d3d4d5)))d1d2d32d42d62d62,8𝑥subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑5subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑2subscript𝑑5subscript𝑑1subscript𝑑2superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62subscript𝑑2superscriptsubscript𝑑322superscriptsubscript𝑑52subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑5subscript𝑑1subscript𝑑2superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{8x(d_{3}d_{4}d_{5}d_{6}(d_{3}d_{4}-d_{2}d_{5})+d_{1}(d_{2}d_{3}^{2}(d_{4}^{2}+d_{6}^{2})+d_{6}^{2}(d_{2}(d_{3}^{2}+2d_{5}^{2})-d_{3}d_{4}d_{5})))}{d_{1}d_{2}d_{3}^{2}d_{4}^{2}d_{6}^{2}d_{6}^{2}}},
V0(x)subscript𝑉0𝑥\displaystyle V_{0}(x) =\displaystyle= 4(d32+d62+d62)+4x4(d42d52+d12(d42+d52))(d3d4d1d6)2d14d32d44d62d624superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑624superscript𝑥4superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑14superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑44superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62\displaystyle 4({d_{3}^{-2}}+{d_{6}^{-2}}+{{d_{6}}^{-2}})+{\frac{4{x^{4}}(d_{4}^{2}d_{5}^{2}+d_{1}^{2}(d_{4}^{2}+d_{5}^{2})){{(d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6})}^{2}}}{{d_{1}^{4}}d_{3}^{2}{d_{4}^{4}}d_{6}^{2}d_{6}^{2}}}
\displaystyle- 4x2(d42(2d32d52+d62(d32+d52))2d1d3d4d52d6+d12(d62(d42+2d52)+d32(d42+d52+d62)))d12d32d42d62d62.4superscript𝑥2superscriptsubscript𝑑422superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑522subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑52subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑422superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑52superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{4{x^{2}}(d_{4}^{2}(2d_{3}^{2}d_{5}^{2}+d_{6}^{2}(d_{3}^{2}+d_{5}^{2}))-2d_{1}d_{3}d_{4}d_{5}^{2}d_{6}+d_{1}^{2}(d_{6}^{2}(d_{4}^{2}+2d_{5}^{2})+d_{3}^{2}(d_{4}^{2}+d_{5}^{2}+d_{6}^{2})))}{d_{1}^{2}d_{3}^{2}d_{4}^{2}d_{6}^{2}d_{6}^{2}}}.

Calcul de d(1,2)𝑑1.2d(1,2) lorsque 1d2=1d5=1subscript𝑑21subscript𝑑5\frac{1}{d_{2}}=\frac{1}{d_{5}}=\infty

y1=sign(d1d6d3d4)d6d32+d62d42+d62subscript𝑦1signsubscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62\displaystyle y_{1}=\text{sign}(d_{1}d_{6}-d_{3}d_{4})d_{6}\sqrt{\frac{d_{3}^{2}+d_{6}^{2}}{d_{4}^{2}+d_{6}^{2}}} , z1=d3(d1d3+d4d6)(d3d4d1d6)2d42+d62d32+d62,subscript𝑧1subscript𝑑3subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑42superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62\displaystyle z_{1}=d_{3}\frac{(d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6})}{\sqrt{(d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6})^{2}}}\sqrt{\frac{d_{4}^{2}+d_{6}^{2}}{d_{3}^{2}+d_{6}^{2}}},
y2=d1|d3d4|±|d4(d1+d6)|(d3d4)2+(d1+d6)2subscript𝑦2plus-or-minussubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle y_{2}={\frac{d_{1}|{d_{3}}-{d_{4}}|\pm|d_{4}({d_{1}}+{d_{6}})|}{{\sqrt{{{({d_{3}}-{d_{4}})}^{2}}+{{({d_{1}}+{d_{6}})}^{2}}}}}} , z2=±d3(d1+d6)(d3d4)2+(d1+d6)2,subscript𝑧2plus-or-minussubscript𝑑3subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle z_{2}=\pm{\frac{{d_{3}}\,\left({d_{1}}+{d_{6}}\right)}{{\sqrt{{{\left({d_{3}}-{d_{4}}\right)}^{2}}+{{\left({d_{1}}+{d_{6}}\right)}^{2}}}}}},
y3=d1|d3+d4|±|d4(d1d6)|(d3+d4)2+(d1d6)2subscript𝑦3plus-or-minussubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle y_{3}={\frac{d_{1}|{d_{3}}+{d_{4}}|\pm|d_{4}({d_{1}}-{d_{6}})|}{{\sqrt{{{({d_{3}}+{d_{4}})}^{2}}+{{({d_{1}}-{d_{6}})}^{2}}}}}} , z3=±d3(d1d6)(d3+d4)2+(d1d6)2.subscript𝑧3plus-or-minussubscript𝑑3subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle z_{3}=\pm{\frac{{d_{3}}\,\left({d_{1}}-{d_{6}}\right)}{{\sqrt{{{\left({d_{3}}+{d_{4}}\right)}^{2}}+{{\left({d_{1}}-{d_{6}}\right)}^{2}}}}}}.

Le choix des signes est dicté par le signe de l’expression dans la valeur absolue.

Calcul de d(1,3)𝑑1.3d(1,3) quand 1d2=1d5=1subscript𝑑21subscript𝑑5\frac{1}{d_{2}}=\frac{1}{d_{5}}=\infty

x0subscript𝑥0\displaystyle x_{0} =\displaystyle= d1d6d32+d62d1d6d3d4,z0=d32d32+d62,subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑧0superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62\displaystyle d_{1}d_{6}\sqrt{\frac{d_{3}^{2}+d_{6}^{2}}{d_{1}d_{6}-d_{3}d_{4}}},\;z_{0}=\frac{d_{3}^{2}}{\sqrt{d_{3}^{2}+d_{6}^{2}}},
x1subscript𝑥1\displaystyle x_{1} =\displaystyle= d12d12+d42,z1=d3d4d12+d42d3d4d1d6,superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42subscript𝑧1subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑12superscriptsubscript𝑑42subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6\displaystyle\frac{d_{1}^{2}}{\sqrt{d_{1}^{2}+d_{4}^{2}}},\;z_{1}={\frac{d_{3}d_{4}\sqrt{d_{1}^{2}+d_{4}^{2}}}{d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6}}},
x2subscript𝑥2\displaystyle x_{2} =\displaystyle= sign(d1d3+d4d6)d1(d3+d4)(d3+d4)2+(d1d6)2,signsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle\text{sign}(d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6}){\frac{d_{1}\,(d_{3}+d_{4})}{{\sqrt{{{(d_{3}+d_{4})}^{2}}+{{(d_{1}-d_{6})}^{2}}}}}},
z2subscript𝑧2\displaystyle z_{2} =\displaystyle= d3(d3(d1d3+d4d6)2±d6(d3(d3+d4)d1d6+d62))(d3+d4)2+(d1d6)2(d32+d62),subscript𝑑3plus-or-minussubscript𝑑3superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑62subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑62superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62superscriptsubscript𝑑32superscriptsubscript𝑑62\displaystyle{\frac{d_{3}(d_{3}{\sqrt{{{(d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6})}^{2}}}}\pm d_{6}(d_{3}(d_{3}+d_{4})-d_{1}d_{6}+{{d_{6}}^{2}}))}{{\sqrt{{{(d_{3}+d_{4})}^{2}}+{{(d_{1}-d_{6})}^{2}}}}({{d_{3}}^{2}}+{{d_{6}}^{2}})}},
x3subscript𝑥3\displaystyle x_{3} =\displaystyle= sign(d1d3+d4d6)d1(d3d4)(d3d4)2+(d1+d6)2,signsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑6subscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle\text{sign}(d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6}){\frac{{d_{1}}({d_{3}}-{d_{4}})}{{\sqrt{{{({d_{3}}-{d_{4}})}^{2}}+{{({d_{1}}+{d_{6}})}^{2}}}}}},
z3subscript𝑧3\displaystyle z_{3} =\displaystyle= d3(d4(d1d3+d4d6)2±d6(d4(d4d3)+d1(d1+d6)))(d3d4d1d6)(d3d4)2+(d1+d6)2.subscript𝑑3plus-or-minussubscript𝑑4superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑62subscript𝑑6subscript𝑑4subscript𝑑4subscript𝑑3subscript𝑑1subscript𝑑1subscript𝑑6subscript𝑑3subscript𝑑4subscript𝑑1subscript𝑑6superscriptsubscript𝑑3subscript𝑑42superscriptsubscript𝑑1subscript𝑑62\displaystyle{\frac{d_{3}(d_{4}{\sqrt{{{(d_{1}d_{3}+d_{4}d_{6})}^{2}}}}\pm d_{6}(d_{4}(d_{4}-d_{3})+d_{1}(d_{1}+d_{6})))}{(d_{3}d_{4}-d_{1}d_{6}){\sqrt{{{(d_{3}-d_{4})}^{2}}+{{(d_{1}+d_{6})}^{2}}}}}}.

Le choix des signes est dicté par le signe de l’expression dans la valeur absolue.

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Index

  • a¯¯𝑎\underline{a} §I.2
  • a^^𝑎\hat{a} §I.1
  • 𝒜subscript𝒜{\cal A}_{*} §I.3
  • 𝒜superscript𝒜{\cal A}^{*} §I.3
  • αesubscript𝛼𝑒\alpha_{e} 1.76
  • α(τ)𝛼𝜏\alpha(\tau) §IV.2
  • αusubscript𝛼𝑢\alpha_{u} §IV.2
  • 𝒜+subscript𝒜{\cal A}_{+} §I.2
  • (){\cal B}({\cal H}) §I.2
  • Bisuperscript𝐵𝑖B^{i} §II.4
  • B′′superscript𝐵′′B^{\prime\prime} §I.3
  • c 1.37
  • Csuperscript𝐶C^{*} §I.1
  • χ𝜒\chi §II.1
  • C(M)superscript𝐶𝑀C^{\infty}\left({M}\right) §I.1
  • C(M)subscriptsuperscript𝐶𝑀C^{\infty}_{\mathbb{R}}(M) §I.4
  • l(M)l𝑀{\mathbb{C}}\text{l}(M) Définition 1.11
  • Cl(V,g)Cl𝑉𝑔\text{Cl}(V,g) §II.1
  • l(V)superscriptl𝑉{\mathbb{C}}\text{l}^{-}(V) §II.1
  • l+(V)superscriptl𝑉{\mathbb{C}}\text{l}^{+}(V) §II.1
  • C(X)𝐶𝑋C(X) §I.1
  • C0(X)subscript𝐶0𝑋C_{0}(X) §I.1
  • D Définition 1.16
  • Dis(P) §IV.3
  • D+,Dsuperscript𝐷superscript𝐷D^{+},D^{-} 1.55
  • EndA(E)subscriptEnd𝐴𝐸\text{End}_{A}(E) §I.1
  • Exsubscript𝐸𝑥E_{x} §II.1
  • g §II.1
  • ΓΓ\Gamma 1.54
  • γ𝛾\gamma 1.36, §II.3
  • Γ(E)Γ𝐸\Gamma(E) §II.1
  • Γ(E)superscriptΓ𝐸\Gamma^{\infty}(E) §II.1
  • ΓiμjsubscriptsuperscriptΓ𝑗𝑖𝜇\Gamma^{j}_{i\mu} 1.40
  • γ±superscript𝛾plus-or-minus\gamma^{\pm} §II.2
  • gradient 1.29
  • superscript{\cal H}^{\infty} Condition 3
  • τsubscript𝜏{\cal H}_{\tau} §I.2
  • 𝕀𝕀{\mathbb{I}} §I.1
  • In(𝒜)In𝒜\text{In}({\cal A}) §IV.2
  • \cap §II.4
  • K(𝒜)𝐾𝒜K({\cal A}) §I.1
  • κ𝜅\kappa §II.2
  • K0(𝒜)subscript𝐾0𝒜K_{0}({\cal A}) §II.4
  • L𝐿L 3.3
  • ΛVΛ𝑉\Lambda V §II.1
  • L2(M,S)subscript𝐿2𝑀𝑆L_{2}(M,S) 1.53
  • Ml(𝒜)subscript𝑀𝑙𝒜M_{l}({\cal A}) §II.4
  • Mn𝕂(𝕂)superscriptsubscript𝑀𝑛superscript𝕂𝕂M_{n}^{{\mathbb{K}}^{\prime}}({\mathbb{K}}) §I.3
  • \triangledown 1.39
  • Ssuperscript𝑆\triangledown^{S} §II.3
  • Nτsubscript𝑁𝜏N_{\tau} 1.12, 1.16, 1.20
  • νgsubscript𝜈𝑔\nu_{g} 1.52
  • ω𝜔\omega Lemme 1.5
  • ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} §II.2
  • ωcsubscript𝜔𝑐\omega_{c} §I.2
  • ωhsubscript𝜔\omega_{h} Lemme 2.2
  • Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}({M}) §II.1
  • ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} §I.4
  • 𝒫(𝒜)𝒫𝒜{\cal P}({\cal A}) §I.2
  • 𝒫(𝒜)𝒫subscript𝒜{\cal P}({\cal A})_{*} §I.3
  • 𝒫(𝒜)subscript𝒫𝒜{\cal P}_{\mathbb{R}}({\cal A}) §I.4
  • πωsubscript𝜋𝜔\pi_{\omega} Lemme 1.5
  • πτsubscript𝜋𝜏\pi_{\tau} §I.2
  • Pl(𝒜)subscript𝑃𝑙𝒜P_{l}({\cal A}) §II.4
  • Res(P) 2.34
  • S Définition 1.14
  • 𝒮(𝒜)𝒮𝒜{\cal S}({\cal A}) §I.2
  • 𝒮(𝒜)𝒮subscript𝒜{\cal S}({\cal A})_{*} §I.3
  • σ𝜎\sigma §II.1
  • σ(𝒜,𝒜)𝜎𝒜superscript𝒜\sigma({\cal A},{\cal A}^{*}) §I.3
  • σ(𝒜,𝒜)𝜎𝒜subscript𝒜\sigma({\cal A},{\cal A}_{*}) §I.3
  • σisubscript𝜎𝑖\sigma_{i} §II.1
  • sωsubscript𝑠𝜔s_{\omega} Lemme 1.5
  • sp(a)sp𝑎\text{sp}(a) §I.1
  • Spin §II.2
  • SpincsuperscriptSpin𝑐\text{Spin}^{c} §II.2
  • sτsubscript𝑠𝜏s_{\tau} §I.3
  • τ𝜏\tau §I.2
  • TMsuperscript𝑇𝑀T^{*}M §II.1
  • TM𝑇𝑀TM §II.1
  • TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M §II.1
  • TxMsubscript𝑇𝑥superscript𝑀T_{x}M^{\mathbb{C}} §II.1
  • TxMsuperscriptsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}^{*}M §II.1
  • 𝒰()𝒰{\cal U}({\cal E}) §I.1
  • Wsuperscript𝑊W^{*} Définition 1.4
  • ξωsubscript𝜉𝜔\xi_{\omega} Lemme 1.5
  • ξτsubscript𝜉𝜏\xi_{\tau} §I.2
  • 𝒳(M)𝒳𝑀\mathcal{X}({M}) §II.1
  • Zisubscript𝑍𝑖Z_{i} §II.4

Résumé: Cette thèse étudie l’aspect métrique de la géométrie non commutative à travers la formulation de Connes de la distance entre états d’une algèbre.

La définition d’un espace non commutatif est l’objet du premier chapitre. Des propriétés générales de la formule de la distance sont mises en évidence ainsi que d’importantes simplifications quand l’algèbre est de von Neumann.

Dans le deuxième chapitre, les distances sont calculées pour des algèbres de dimension finie. Les cas nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n} et Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}({\mathbb{C}}) sont envisagés.

Dans la troisième chapitre, on étudie la distance pour des géométries obtenues par produit de l’espace -temps riemannien avec une géométrie discrète. Des conditions sont établies garantissant que l’espace discret soit orthogonal, au sens du théorème de Pythagore, à l’espace continu. On obtient ainsi une description complète de la métrique pour un exemple de base de la géométrie non commutative, le modèle à deux couches. On montre également en toute généralité que la métrique d’une géométrie n’est pas perturbée quand on réalise son produit avec une autre géométrie.

Le dernier chapitre étudie l’évolution de la métrique lorsque la géométrie est perturbée par des champs de jauges. En se limitant à la partie scalaire de ces champs, on calcule les distances dans la géométrie du modèle standard. Il apparait que le champ de Higgs est le coefficient d’une métrique riemannienne dans un espace de dimension 4 (continues) + 1 (discrète).

Summary: The aim of this thesis is the metric aspect of noncommutative geometry as defined by Connes.

The first chapter exposes the definition of a noncommutative space as well as general properties of the distance formula between states of an algebra. Simplifications occur when dealing with von Neumann algebras.

Some distances for finite dimensional algebras are explicitly computed in the second chapter, including nsuperscript𝑛{\mathbb{C}}^{n} and Mn()subscript𝑀𝑛M_{n}({\mathbb{C}}).

Third part studies the distance for product of geometries. Conditions are found making the internal discrete space orthogonal to the continuous riemannian spacetime. This gives a complete description of the metric of a basic noncommutative example: the two sheet model.

In the last chapter, one studies the fluctuations of the metric when the geometry is gauged. Limiting ourselves to the scalar part of the gauge field, one compute the distances in the geometry of the standard model and find that the Higgs field is the component of a metric in a fifth discrete dimension.

Mots clés: géométrie non commutative, états, distance, théorie de jauge, champ de Higgs.

Laboratoire: Centre de physique théorique, CNRS Luminy case 907, 13288 Marseille cedex 9.