UNIVERSITÉ de NICE-SOPHIA ANTIPOLIS
U.F.R Faculté des Sciences
T H È S E
en Sciences Physiques
(Physique Théorique)
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SOLUTIONS STATIONNAIRES
EN THÉORIE DE KALUZA-KLEIN
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Présentée par
Mustapha AZREG-AÏNOU
Pour obtenir le Grade de Docteur Es-Sciences
Soutenue le 07 Novembre 1995 à l’Institut Non Linéaire de Nice (INLN)
devant la Commission d’examen
F. ROCCA Président (Université de
Nice)
R. KERNER Rapporteur (Université de Pierre
et Marie Curie)
J. MADORE Rapporteur (Université de Paris
Sud)
G. CLÉMENT Examinateur (Université
de Pierre et Marie Curie)
C. DUVAL Examinateur (Université
d’Aix-Marseille II)
J. P. PROVOST Examinateur (Université de
Nice)
R e m e r c i e m e n t s
La réalisation de cette thèse, proposée et dirigée par
Monsieur Gérard CLÉMENT, Chargé de Recherche (CNRS) au Laboratoire
de Gravitation et Cosmologie Relativistes (GCR), Université Pierre
et Marie Curie (UPMC), Paris, a trouvé sa fin grâce à ses conseils,
suggestions et critiques dont je tiens à le remercier vivement.
J’exprime ma reconnaissance à Monsieur François ROCCA,
Professeur, Institut Non Linéaire de Nice (INLN), Université de Nice-Sophia
Antipolis (UNSA), pour l’honneur qu’il m’a fait en acceptant la présidence
du jury de thèse.
Je tiens aussi à remercier Messieurs Christian DUVAL, Professeur,
Centre de Physique Théorique, Université d’Aix-Marseille II, Richard
KERNER, Professeur (GCR, UPMC), John MADORE, Directeur de Recherche
(CNRS), Laboratoire de Physique Théorique et Hautes Énergies,
Université de Paris Sud, Orsay, et Jean-Pierre PROVOST, Professeur
(INLN, UNSA), d’avoir bien voulu accepter de participer au jury
de cette thèse.
Je remercie également Monsieur Gérard IOOSS, Professeur (UNSA) et Directeur de l’INLN où ce travail a été réalisé.
À ma mère
Guemra
Introduction
Un premier pas vers l’unification de la gravitation et de l’électromagnétisme était purement géométrique. Les idées de Kaluza [1] et de Klein [2] ont conduit à édifier, sur le modèle géométrique de la théorie de la relativité générale d’Einstein [3], un modèle semblable (à cinq dimensions) où les lois de la gravitation et de l’électromagnétisme fusionnent naturellement. Autrement dit, la courbure en un point de l’espace-temps à cinq dimensions y engendre ce qu’on perçoit être les forces gravitationnelle et électromagnétique. D’autres théories ultérieures d’unification ont emprunté l’idée d’un espace-temps plus large (à plus de quatre dimensions).
Ce qu’on appelle communément théorie de Kaluza-Klein est la version
des idées de Kaluza et de Klein développées et clarifiées par
Jordan et Thiry [4]: c’est une relativité générale
d’Einstein ordinaire à cinq dimensions, la dimension supplémentaire
étant compactifiée en un cercle (section 1.2);
c’est là l’idée de base. En effet, si l’on suppose de plus
l’existence d’une isométrie définie par un vecteur de
Killing parallèle à la cinquième direction, certains rapports
entre les composantes supplémentaires de la métrique se
transforment, lors des translations parallèles au vecteur de Killing
et indépendantes de la coordonnée supplémentaire, comme le font
les potentiels électromagnétiques lors d’une transformation de
jauge et seront donc identifiés avec ces derniers; seule une
composante supplémentaire de la métrique reste invariante et
correspond au champ scalaire de la théorie. Les plus importants
résultats de la théorie de Kaluza-Klein sont les suivants:
La charge électrique (4-dimensionnelle) est proportionnelle
à l’impulsion suivant la cinquième direction. Une particule neutre
est donc au repos sur le cercle de Klein [2].
La quantification de la charge est justifiée comme étant
celle de la cinquième composante du moment d’impulsion [2].
La constante de structure fine acquiert une
interprétation géométrique et peut être exprimée en fonction
du rapport de la longueur de Planck et du rayon de Klein (voir
équation (1.2.3)).
Contrairement à la relativité générale d’Einstein,
celle de Kaluza-Klein admet des solutions solitons [9, 10, 11].
L’unification peut inclure d’autres forces si on continue
à augmenter la dimension de l’espace-temps [5, 6].
La théorie de Kaluza-Klein, sans terme de source, admet diverses solutions stationnaires [7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16] à symétrie sphérique, axiale et même sans symétrie, parmi lesquelles des solutions régulières et d’énergie finie [8, 9, 10, 11, 12]. Ces dernières peuvent être interprétées comme des modèles de particules (étendues) d’une part à cause de leurs propriétés physiques [14, 17] (citons entre autres le spin et le moment dipolaire magnétique avec un rapport gyromagnétique relativiste correct égal à pour les solutions wormholes) et d’autre part parce qu’elles manifestent un comportement assez semblable celui des particules élémentaires quand elles sont traitées comme cibles dans des problèmes de diffusion [18, 19].
Les plus surprenantes des solutions régulières sont les monopôles de Kaluza-Klein découverts par Sorkin [10] puis indépendamment par Gross et Perry [11]. Ces derniers ont construit explicitement le monopôle magnétique, puis le dipôle magnétique (sans source) par combinaison d’un monopôle et d’un anti-monopôle, et ont discuté leurs propriétés physiques et topologiques sans toutefois approfondir l’étude des géodésiques de leurs géométries; la possibilité de construction de solutions multi-pôles était aussi mentionnée.
Dans [18, 19] on a considéré la géométrie du wormhole (chargé sans masse) de Kaluza-Klein, et présenté une étude détaillée des géodésiques de cette solution; elle nous a permis d’aborder ensuite l’étude de la diffusion classique des particules élémentaires (neutres ou chargées) à laquelle a été consacré le chapitre 6 de [18]. Dans l’hypothèse d’une diffusion sans recul, on a montré que les particules neutres sont diffusées par le wormhole, et obtenu des sections efficaces de diffusion non rigouresement nulles, mais de l’ordre de ; cet effet est donc inobservable. Pour les particules chargées, la section efficace de diffusion ne diffère essentiellement, dans le cas non-relativiste, de celle de Rutherford que par l’effet de gloire observé vers l’arrière. Un effet analogue est observé par application des lois de la relativité restreinte au mouvement “classique” des particules chargées élémentaires, et introduit des corrections à la formule de Rutherford [18]. Dans une approche semi-classique [19], on montre que ces corrections ne sont, pour les particules sans spin, qu’un artefact de l’approximation classique.
La diffusion par des solutions non régulières a été aussi prise en compte. Dans [20] on a considéré les dyons de Kaluza-Klein [13] de charges électrique et magnétique égales, où une étude semblable a été menée; nous nous contenterons de citer les résultats de cette étude concernant la diffusion. Les sections efficaces de diffusion des photons, proportionnelles au carré de la longueur caractéristique du dyon, ont été considérées comme étant totalement négligeables. Pour des valeurs du paramètre d’impact relativement grandes par rapport à la longueur caractéristique du dyon, la section efficace de diffusion vers l’avant des particules chargées est du type de Rutherford ; c’est la somme de deux contributions dues à la diffusion par deux monopôles électrique et magnétique.
Mais l’interprétation –des solutions régulières ou solitons– en termes de modèles de particules étendues ne sera complète que si la condition de stabilité est remplie. Mentionnons, que si les monopôle et dipôle de Kaluza-Klein sont stables pour des raisons topologiques [11, 21], A. Tomimatsu [22] fut le premier et le seul, à notre connaissance, qui s’est intéressé à l’étude de la stabilité des solutions statiques de Kaluza-Klein. En étudiant (voir section 2.4) la stabilité de la classe des solutions statiques pour lesquelles le 5-tenseur métrique est diagonal, il a conclu à la stabilité de la seule solution de Schwarzschild contre les excitations monopolaires; les autres solutions étant instables. Dans cette thèse nous reprenons en détail, dans le cas général où la 5-métrique n’est pas diagonale, l’étude de la stabilité des solutions statiques de Kaluza-Klein, avec des méthodes légèrement différentes de celles de Tomimatsu. Nous arriverons à la conclusion qu’un certain nombre de solutions non diagonales sont stables [23], ainsi que certaines solutions diagonales non étudiées par Tomimatsu.
Les solutions stationnaires de Kaluza-Klein les plus étudiées dans la littérature sont les solutions à symétrie sphérique. L’étude des solutions à symétrie cylindrique a été ébauchée dans [16], mais une étude systématique reste à faire. Ce cas de la symétrie cylindrique est pourtant physiquement intéressant, de telles solutions peuvent s’interpréter comme des modèles de cordes cosmiques, analogues aux modèles de cordes cosmiques neutres ou supraconductrices dans un espace-temps à 4 dimensions étudiés durant la dernière décennie par de nombreux auteurs [24, 25, 26, 27] et [28]. Signalons d’autre part que la théorie de Kaluza-Klein peut être généralisée par l’adjonction du terme de Gauss-Bonnet [29, 30, 31, 32, 33] à l’action d’Einstein-Hilbert à 5 dimensions. Seules les solutions à symétrie sphérique de cette théorie généralisée ont été étudiées jusqu’ici. L’autre grand thème de cette thèse sera donc l’étude des solutions à symétrie cylindrique de la théorie de Kaluza-Klein et de son extension par Gauss-Bonnet, avec application à un modèle de corde cosmique supraconductrice.
Le contenu du présent mémoire est réparti sur 3 chapitres. Dans les 4 premières sections du chapitre 1 nous introduisons la théorie de Kaluza-Klein sous sa dernière version due à Jordan et Thiry, et dans la section 1.5 nous généralisons l’action d’Einstein-Hilbert pour tenir compte du terme de Gauss-Bonnet, quadratique par rapport au tenseur de Riemann, et qui conduit aussi, après dérivation, à des équations du second ordre. Nous avons consacré la dernière section du chapitre 1 à l’introduction de la décomposition de la -métrique (), à l’aide de laquelle les composantes du tenseur de Riemann sont exprimées en fonction d’éléments des -métrique et -métrique.
Les deux chapitres suivants sont indépendants. Dans le chapitre 2, nous commençons par donner et classer les solutions 2-statiques à symétrie sphérique de la théorie de Kaluza-Klein. Puis nous écrivons et séparons les équations gouvernant les petites oscillations monopolaires de la 5-métrique. Nous utilisons ensuite ces équations pour discuter la stabilité classe par classe et cas par cas. Nous concluons ce chapitre par la section 2.4 où un parallèle avec l’étude de Tomimatsu est présenté.
La recherche de solutions cordes cosmiques est entamée dans le chapitre 3. Dans la section 3.2, nous présentons une étude systématique des solutions exactes 4-statiques à symétrie cylindrique de la théorie de Kaluza-Klein, et nous discutons les solutions du type corde cosmique. Dans la section 3.3, une étude semblable est menée pour une classe de solutions en tenant compte du terme de Gauss-Bonnet dans l’action d’Einstein-Hilbert; les solutions cordes cosmiques obtenues sont aussi solutions des équations de Kaluza-Klein sans terme de Gauss-Bonnet, et par conséquent elles ne dépendent pas explicitement de sa présence dans l’action généralisée. Nous obtenons, dans la section 3.4, une solution perturbative de la théorie généralisée, dont nous montrons ensuite qu’elle est exacte; cette solution peut s’interprèter comme une corde cosmique supraconductrice de la théorie de Kaluza-Klein, avec le terme de Gauss-Bonnet comme principale source. Une étude qualitative des géodésiques de la géométrie de cette solution est conduite dans la section 3.5. Nous concluons dans la section 3.6.
Enfin l’Annexe 1 rassemble les principales formules utilisées dans ce mémoire. Les deux autres Annexes 2 et 3 sont consacrés à des démonstrations spécifiques se rapportant aux 2 sous-sections 3.3.1 et 3.3.2 de la section 3.3. Dans l’Annexe 4 on intègre l’équation de Killing pour la métrique corde cosmique supraconductrice de la sous-section 3.4.3.
Chapter 1 La théorie de Kaluza-Klein et
son extension de Gauss-Bonnet
1.1 L’idée de Kaluza
En tentant d’unifier les seules deux forces bien établies à l’époque, à savoir la gravité et l’électromagnétisme, Kaluza postule en 1921 [1] l’existence d’une cinquième dimension supplémentaire pour l’espace-temps. Il considère une théorie d’Einstein de la gravité dans un espace à cinq dimensions muni d’une métrique symétrique
(1.1.1) |
(où ) de signature ; la dimension supplémentaire est supposée donc du genre espace. Puis il procède à la décomposition 4+1
(1.1.2) |
(où ) avec
(1.1.3) | |||||
(1.1.4) |
La même décomposition appliquée aux équations d’Einstein dans le vide permet de retrouver (voir (1.4.4)), dans l’hypothèse où ne dépend pas de , les équations d’Einstein pour , les équations de Maxwell pour et l’équation de Klein-Gordon sans masse pour .
1.2 L’idée de Klein
Klein [2] cherche à justifier deux choses: l’hypothèse de l’indépendance de la métrique par rapport à la dimension supplémentaire (hypothèse non justifiée de Kaluza) et le fait que cette dimension soit inobservable. Pour ce faire, il postule que l’espace-temps a la topologie du produit , où est topologiquement équivalent à un espace minkowskien à quatre dimensions , et est un cercle de rayon paramétrisé par :
(1.2.1) |
Il suppose l’existence d’une isométrie définie par un vecteur de Killing de genre espace, ce qui signifie que l’espace-temps est homogène dans la cinquième direction (il n’y a pas moyen de déterminer la position dans la cinquième dimension). Il suppose de plus que le rayon est si petit que la cinquième dimension est inobservable; il déterminera ensuite par des considérations quantiques (voir section 1.6 plus loin) la valeur de ce rayon
(1.2.2) |
où est la constante de structure fine. Le rayon est bien de l’ordre de la longueur de Planck ,
(1.2.3) |
avec .
1.3 Symétries de
Les transformations de coordonnées qui conservent la topologie
de sont:
le groupe des transformations générales à quatre dimensions
de
(1.3.1) |
sous l’action duquel, les composantes
de la matrice (1.1.2) se transforment comme des
tenseurs d’ordre 2, les composantes comme des tenseurs d’ordre
1 (des vecteurs) et comme un tenseur d’ordre 0 (un scalaire)
et le groupe de rotations du cercle
(1.3.2) |
où on voit apparaître manifestement la transformation de jauge pour les potentiels .
1.4 Équations de la théorie de Kaluza-Klein
Les équations de la théorie de Kaluza-Klein (dans le vide) s’obtiennent en extrémisant l’action d’Einstein-Hilbert (on omettra le terme cosmologique)
(1.4.1) |
(où est le scalaire de courbure à cinq dimensions (3.6.9), et la constante de gravitation à cinq dimensions) pour des variations arbitraires des . Elles sont données par
(1.4.2) |
où est le tenseur d’Einstein à divergence covariante nulle
(1.4.3) |
(où dénote la dérivée covariante à cinq dimensions (3.6.5)). Les équations (1.4.2) sont équivalentes aux équations suivantes
qui s’écrivent en introduisant l’ansatz (1.1.2) [5]
(1.4.4) |
Dans (1.4.4), et sont respectivement la dérivée covariante et le tenseur de Ricci définis par rapport à , dont l’inverse sert à élever les indices , est le champ électromagnétique associé au quadripotentiel , et est l’opérateur dalembertien,
avec . Sous cette forme, les équations (1.4.4), généralisent de façon évidente les équations d’Einstein-Maxwell de la théorie de la gravitation couplée à l’électromagnétisme. En effet, si on suppose , les deux premières équations (1.4.4) se réduisent aux équations d’Einstein-Maxwell moyennant le choix
(1.4.5) |
(dans le cas ). Si au contraire, suivant Jordan et Thiry [4], on traite sur le même plan les trois équations (1.4.4), on obtient une théorie unifiée de la gravitation et de l’électromagnétisme couplés au champ scalaire , le choix (1.4.5) restant toujours valable dans le cas où le champ scalaire se comporte à grande distance des sources comme .
1.5 Terme de Gauss-Bonnet
Dans les espaces-temps à quatre dimensions, l’action d’Einstein-Hilbert
est l’uni-
que action géométrique conduisant à des équations
différentielles du second ordre pour la métrique . Les équations
d’Einstein sont donc l’unique choix si on exige que les équations du
champ gravitationnel à quatre dimensions soient du second ordre; de
plus elles sont linéaires par rapport aux dérivées secondes de la
métrique. Dans les théories de Kaluza-Klein à plus de quatre
dimensions il y a d’autres choix possibles si on écarte la condition
d’être linéaires par rapport aux dérivées secondes de
, en introduisant dans l’action d’Einstein-Hilbert des termes de
courbure d’ordre supérieur dont la variation par rapport à
donne des tenseurs d’ordre 2 qui s’ajoutent au tenseur
d’Einstein (comparer (1.4.2) et (1.5.4)). En effet,
Lovelock [34] a montré qu’il existe en général d’autres tenseurs symétriques du second rang –autres que le tenseur
métrique et le tenseur d’Einstein– à divergence
covariante nulle et qui contiennent jusqu’à la dérivée seconde de
la métrique .
À cinq dimensions, il y a un seul tenseur de ce type: c’est le tenseur de Lanczos [29] que l’on obtient en variant, par rapport à la métrique, le terme correspondant dans l’action appelé terme de Gauss-Bonnet. Si on sait de plus que les théories de Lovelock de la gravité ne comportent pas de fantômes [30, 31] et qu’elles conservent la parité [32], on voit qu’il n’y a pas de raison physique de restreindre, dans les théories de Kaluza-Klein, l’action au seul terme d’Einstein-Hilbert.
Dans tout le reste de ce chapitre, on continuera à omettre le terme cosmologique mais on tiendra compte du terme de Gauss-Bonnet. L’action généralisée dans le vide s’écrit donc
(1.5.1) |
avec
(1.5.2) |
où est une constante et est le terme de Gauss-Bonnet donné par
(1.5.3) |
(où est le tenseur de Riemann (3.6.6) et le tenseur de Ricci (3.6.8)). Les équations du champ s’obtiennent en variant l’action par rapport à ; elles s’écrivent
(1.5.4) |
où est le tenseur de Lanczos (symétrique) tel que
(1.5.5) |
Il est défini par
(1.5.6) |
En prenant la trace de (1.5.6) on trouve
(1.5.7) |
En reportant ensuite dans la trace de (1.5.4) on obtient
(1.5.8) |
puis en reportant dans (1.5.2) on trouve enfin
(1.5.9) |
Ainsi, quand les équations du champ sont satisfaites, la densité lagrangienne est multiple du scalaire de courbure. Ceci reste valable quel que soit la dimension de l’espace-temps. Pour , on a
(1.5.10) |
1.6 La loi du mouvement
Les équations (1.5.4) –ou l’action (1.5.1)– peuvent être généralisées pour inclure un terme de source dans le second membre,
(1.6.1) |
puisque le premier membre de (1.6.1) est symétrique et de divergence covariante nulle (par construction), le tenseur de matière doit l’être aussi:
(1.6.2) |
Or, la relation correspondante à quatre dimensions conduit, pour de la forme qui correspond à une poussière sans pression ( densité de masse et ), à l’équation géodésique pour les particules libres:
(). De même à cinq dimensions le choix pour une poussière (éventuellement chargée) sans pression conduit à l’équation géodésique (pour les particules libres neutres ou chargées):
(1.6.3) |
où les () sont les connexions (3.6.3).
En définissant la 5-impulsion généralisée
(1.6.4) |
(où est proportionnelle à la masse de la particule), les composantes d’espace-temps usuelles de (1.6.3) peuvent s’écrire
(1.6.5) |
où les sont les connexions associées à la métrique réduite (1.1.4). Le premier terme du membre de doite de (1.6.5) s’interprète comme une “force” gravitationnelle, le deuxième comme une force électromagnétique, et le troisième comme une force scalaire. Cette interprétation conduit à identifier
(qui est une constante du mouvement d’après la cinquième équation géodésique) comme la charge électrique de la particule. Cette charge est a priori quelconque en théorie classique, mais pas en théorie quantique, où elle est quantifiée (comme on peut le voir par exemple en utilisant la condition de quantification de Bohr-Sommerfeld , l’intégrale portant sur le cercle de Klein):
En supposant que pour l’électron, et en utilisant la valeur (1.4.5) de , on obtient ainsi la valeur (1.2.2) du rayon de Klein .
1.7 Composantes du tenseur de Riemann dans la décomposition
Considérons de façon générale un espace-temps à dimensions () de métrique (). Si la métrique ne dépend explicitement que de coordonnées (), les autres coordonnées () sont dites cycliques (). C’est le cas des théories de Kaluza-Klein où toutes les dimensions supplémentaires sont supposées cycliques (voir section 1.2). La métrique est dite alors p-stationnaire et admet vecteurs de Killing donnés par
(1.7.1) |
qui satisfont bien à l’équation générale de Killing
(1.7.2) |
Ces vecteurs de Killing engendrent un groupe d’isométrie abélien à paramètres dont l’action, qui peut être définie par des translations infinitésimales parallèlement aux vecteurs de Killing
assure d’après (1.7.2) l’invariance de la métrique
(1.7.3) |
Si de plus les éléments sont identiquement nuls, la métrique est dite alors p-statique et peut être écrite sous la forme
(1.7.4) |
où
(1.7.5) |
Dans le cas de solutions statiques aux théories de Kaluza-Klein ou de Gauss-Bonnet, les sont les coordonnées d’espace ordinaire ou certaines d’entre elles, et le reste des coordonnées y compris le temps sont des coordonnées cycliques. La métrique est donc celle de l’espace (plus précisément c’est la métrique conforme à ), est une matrice dont les éléments sont des scalaires par rapport à la métrique d’espace .
On terminera ce chapitre par donner les composantes du tenseur de Riemann dans la décomposition de la métrique (1.7.4)
(1.7.6) | |||||
(1.7.8) | |||||
(1.7.9) | |||||
où et la dérivation covariante sont définis par rapport à la métrique dont l’inverse sert à élever les indices . Cette décomposition ainsi que les équations (1.7.6 1.7.9) nous seront très utiles dans les deux chapitres suivants, consacrés respectivement à l’étude de la stabilité des solutions de Kaluza-Klein et à la recherche et l’étude des cordes cosmiques dans la théorie de Gauss-Bonnet.
Chapter 2 Étude analytique de la stabilité
des solutions statiques
à symétrie sphérique
Dans ce chapitre on étudiera la stabilité, vis-à-vis des petites excitations radiales, de toutes les solutions, 2-statiques, asymptotiquement plates, à symétrie sphérique de la théorie de Kaluza-Klein. La méthode que nous suivrons consiste à considérer un tenseur métrique différant de la solution statique par des petites perturbations qui ne dépendent que du temps et de la variable radiale , puis à étudier l’équation de Klein-Gordon, qui découle –après découplage– des équations d’Einstein linéarisées, pour une dépendance en de la forme e et avec un système de conditions de régularité qui sera défini dans la section 2.3. Si, pour , toutes les fonctions de perturbations introduites ont un comportement spatial physiquement acceptable, une petite perturbation croîtra exponentiellement, d’où l’instabilité. On concluera à la stabilité dans le cas contraire.
Dans la section 2.1, on exposera brièvement la méthode de Maison [36] qui conduit, dans la décomposition 3+2, aux solutions 2-statiques à symétrie sphérique que nous regrouperons en deux classes. Dans la section 2.2, on introduira l’ansatz de travail et réduira les équations “linéaires” d’Einstein (dans le vide) à une équation de type de Klein-Gordon dans un espace courbe . L’étude de la stabilité est traitée dans la section 2.3; après des généralités, l’étude analytique est conduite cas par cas dans chaque classe.
2.1 Solutions statiques
Considérons d’abord en théorie de Kaluza-Klein, le cas des métriques 2-stationnai-res qui ne dépendent pas du temps et de la dimension supplémentaire , pour lesquelles le carré de l’intervalle est une généralisation [37] de (1.7.4) (valable pour les métriques 2-statiques)
(2.1.1) |
( ; ) avec
(2.1.2) |
(où est la matrice inverse de et sont les vecteurs de Killing (1.7.1)). Dans (2.1.1), la métrique et les composantes de la matrice ont la même signification que dans (1.7.4): respectivement métrique d’espace et scalaires d’espace.
Dans sa méthode de résolution des équations d’Einstein dans le vide (1.4.2), Maison [36] cherche d’abord à paramétriser la métrique par des grandeurs 3-tensorielles. Or cette dernière comporte 15 composantes dont 9 composantes sont déjà 3-tensorielles à savoir les composantes et ; il introduit les 6 composantes suivantes appelées twists 111En effet, les twists de l’espace-temps peuvent être définis de façon covariante par (ABCDE étant le tenseur antisymétrique). Or, par définition, la 2-surface engendrée, en un point donné, par les 2 vecteurs de Killing est homogène (voir (1.7.3)), cette dernière sera dépourvue de twists qui ne peuvent se manifester alors que dans l’espace ordinaire qui lui est “normal”. Ceci se traduit mathématiquement par sont les seules composantes non nulles des .
(2.1.3) |
( et jkl est le symbole antisymétrique) et montre, que pour fixé, les 3 composantes sont bien celles d’un vecteur covariant associé à la métrique d’espace (voir aussi Réf. [18]). En se servant des équations et de la définition (2.1.3), il déduit l’équation
conduisant à introduire les potentiels scalaires tels que
(2.1.4) |
Les équations d’Einstein écrites en fonction des grandeurs 3-tensorielles , , (décomposition des équations d’Einstein) [36] sont invariantes sous certaines transformations qui constituent une réalisation non linéaire du groupe SL(3, ) [36]. En réalisant une transformation convenable sur les scalaires et , Maison introduit la matrice réelle, symétrique et anti-unimodulaire de signature ()
(2.1.5) |
qui réalise une représentation linéaire du groupe SL(3, ) [36] c’est à dire que () se transforme comme un tenseur covariant du second rang sous l’action du groupe SL(3, ).
À l’aide de cette paramétrisation, les équations s’écrivent
(2.1.6) | |||||
(2.1.7) |
( et les dérivations se rapportent à la métrique ). Ces équations sont bien invariantes sous l’action du groupe SL(3, ): , et avec SL(3, ). Considérons le cas où les différentes composantes de la matrice dépendent d’une seule fonctions , appelée potentiel
(2.1.8) |
où et sont des matrices constantes . Alors les équations d’Einstein (2.1.6, 2.1.7) se réduisent au système suivant
(2.1.9) | |||||
(2.1.10) |
( étant le laplacien défini par rapport à )).
Dans le cas particulier des solutions 2-statiques, et la matrice est de la forme
(2.1.11) |
où Tr et est une matrice paramétrisée par
(2.1.12) |
avec
(2.1.13) |
où . Pour un potentiel s’annulant à l’infini spatial, la métrique de l’espace-temps est asymptotiquement minkowskienne si
(2.1.14) |
Alors la matrice est donnée par
(2.1.15) |
puis son déterminant par
(2.1.16) |
(2.1.17) |
Pour des solutions à symétrie sphérique on paramétrise la métrique d’espace par
(2.1.18) |
( et ), ceci donne par intégration de (2.1.9)
(2.1.19) |
(à une constante multiplicative près). En reportant les équations (2.1.17 2.1.19) dans les équations (2.1.10), celles-ci s’écrivent respectivement pour et pour comme
La première équation donne
(2.1.20) |
où est une constante réelle, et la deuxième équation détermine par
(2.1.21) |
On obtient alors par intégration de (2.1.19)
(2.1.22) |
On peut distinguer essentiellement deux classes de solutions
suivant que ou :
Les solutions pour lesquelles sont régulières ainsi que la 5-métrique (2.1.1), pour tout réel; la topologie spatiale est donc du type wormhole, avec 2 points à l’infini spatial, . La fonction correspondante
(2.1.23) |
(où , donc ) est
définie dans l’intervalle quand
varie de à . La 5-géométrie
correspondant au cas (wormhole symétrique sans masse) a
été étudiée en détail dans [18] et [19].
Les solutions pour lesquelles
sont singulières:
en si ,
la fonction donnée par
(2.1.24) |
est définie dans l’intervalle
quand varie de à . Le cas , () correspond à la solution de Schwarzschild;
ou en si , la fonction
donnée par
(2.1.25) |
est définie dans l’intervalle
quand varie de à .
(2.1.26) |
est présent ou absent. Quand , le champ électrique est nul, et la 5-métrique est diagonale; on voit de (2.1.13) que ceci n’est possible que pour les solutions pour lesquelles . En particulier les solutions “wormhole” () sont toujours chargées électriquement. Le paramètre peut être associé à la charge scalaire de la solution, le champ scalaire étant à courte portée dans le cas . Enfin la masse inerte associée à la solution est donnée par [18]
(2.1.27) |
Terminons cette section en donnant l’expression de tirée de (2.1.15)
(2.1.28) |
où et sont définis par
(2.1.29) |
Ces expressions nous serons utiles pour l’étude de la stabilité effectuée dans la section 2.3.
2.2 Petites oscillations monopolaires
On suppose que la solution 2-statique est excitée de façon que les modifications dépendant du temps apportées à la métrique conservent à celle-ci sa symétrie sphérique (c’est ce qu’on appelle excitation monopolaire).
La forme générale que peut prendre une métrique à symétrie sphérique dépendant du temps est 222Toutes les grandeurs dynamiques (dépendant du temps) et ayant le même symbole mathématique que celles de la section précédente (section 2.1), seront désignées par la lettre en haut à gauche.
(2.2.1) |
Elle dépend de 7 fonctions inconnues, néanmoins on peut réduire ce nombre à 4 [23] moyennant des transformations de coordonnées convenablement choisies laissant, en particulier, invariante la condition de périodicité de la cinquième coordonnée . On peut ainsi réduire la métrique (2.2.1) à une forme partiellement diagonalisée où les termes mixtes en ne figurent plus et où l’un des coefficients de ou de est indépendant du temps. Dans [23], nous avons opté pour la deuxième possibilité 333En effectuant la transformation de coordonnées (2.2.2) où est choisi a priori, on ramène la métrique (2.2.1) à une forme où le coefficient de ne dépend que de . Effectuons ensuite la transformation suivante (2.2.3) qui conserve bien la symétrie sphérique et la condition de périodicité de . Si, les 2 fonctions sont choisies de façon à satisfaire le système linéaire suivant (où est la matrice colonne des qui sont les éléments de la métrique issue de la transformation (2.2.2)), la métrique prend alors la forme (à comparer avec (2.2.4)) , et montré que la métrique excitée peut être paramétrisée par
(2.2.4) |
Au voisinage de la métrique statique ((2.1.1), avec et (2.1.18)) la matrice et la fonction peuvent être écrites
(2.2.5) | |||||
(2.2.6) |
avec
(2.2.7) |
où les fonctions sont considérées comme des petites perturbations de la métrique. La linéarisation des équations d’Einstein dans le vide conduit alors au système
(2.2.10) | |||||
(2.2.11) | |||||
(2.2.12) | |||||
où , et est la perturbation du tenseur de Ricci (). Le coefficient original –provenant du calcul direct– de dans (2.2.11), égal à , a été remplacé par en se servant de l’équation
Les équations (2.2 2.2.12), au nombre de sept, ne sont pas toutes indépendantes; on peut montrer directement deux relations entre elles en utilisant certaines des équations –à savoir les équations –. Ces relations sont
qui sont bien les identités de Bianchi (3.6.10) relatives à :
pour . La troisième relation est l’identité de Bianchi pour .
Afin de découpler les équations (2.2 2.2.12), remarquons que les expressions de et sont des dérivées totales par rapport au temps . Annulons les primitives correspondantes
et réalisons la combinaison suivante
(2.2.15) |
Le premier membre de (2.2.15) comporte les fonctions , , , , factorisées par des fonctions d’éléments de la matrice . Or, le coefficient de égal à
s’annule identiquement. On obtient alors
(2.2.16) |
qui constitue une relation entre les fonctions et . Réalisons ensuite la combinaison suivante
que l’on a écrite de façon que les 2 premiers termes (), contenant les fonctions , puissent se compenser avec des termes correspondants provenant de , à savoir le troisième et le quatrième termes; les 4 termes suivants () se simplifient par
et dans le dernier terme, s’élimine à l’aide de (2.2.16). Or, en insérant dans (2.2), pour éliminer les termes () (autrement dit, pour éliminer les fonctions ), on y introduit le terme
qui, lui aussi, contient les fonctions et que l’on doit éliminer –tout entier– en y insérant . Finalement, ces deux dernières opérations (à savoir l’insertion de , dans (2.2)) se réalisent par la combinaison suivante (avec l’insertion de (2.2.16) pour exprimer en fonction de ):
(2.2.18) |
qui conduit (en utilisant également l’équation qui découle de l’équation statique matricielle ) à l’équation d’onde pour la fonction
(2.2.19) |
où on a posé
(2.2.20) |
L’équation (2.2.19) se transforme, à l’aide des changements de variables et de coordonnées suivant
(2.2.21) |
en une équation du type de Klein-Gordon pour la fonction
dans l’espace 3-dimensi-
onnel de métrique
:
(2.2.22) |
Les solutions stationnaires de cette équation sont de la forme , où et sont solutions du problème aux valeurs propres associé à (2.2.22) (remplacer par ). La solution 2-statique considérée est instable si est imaginaire, (avec ).
Pour des raisons de commodité nous utiliserons aussi dans la section suivante consacrée à l’étude de la stabilité, les équations aux valeurs propres suivantes où le potentiel est utilisé comme coordonnée radiale
(2.2.23) | |||||
(2.2.24) |
2.3 Discussion de la stabilité
Notre but est de chercher si, en partant d’une petite perturbation de la 5-métrique à l’instant , celle-ci peut croître indéfiniment dans le temps. Pour des perturbations stationnaires de la forme e, etc., ceci revient à chercher des solutions physiquement acceptables des équations d’Einstein linéarisées (2.2 2.2.12) pour ().
En relativité générale, une définition naturelle des perturbations physiquement acceptables d’une métrique régulière est d’imposer que la métrique perturbée soit aussi régulière. Une condition suffisante pour ceci est que les petites perturbations , , , soient bornées [23]. Mais cette condition semble trop faible dans le cas d’une métrique admettant une singularité (c’est le cas des solutions statiques avec qui sont singulières en ). Dans ce cas nous supposerons seulement que les perturbations ne modifient pas le caractère de la singularité, c’est à dire que la perturbation (équation (2.2.6)) ainsi que les perturbations relatives des différentes composantes de la matrice restent bornées (c’est d’ailleurs une condition nécessaire pour que la linéarisation (2.2.5), (2.2.6) ait un sens). Une approche plus rigoureuse pourrait consister à considérer au lieu de perturbations stationnaires des paquets d’ondes dont le support n’inclut pas la singularité en .
Les perturbations peuvent a priori diverger aux bornes de l’intervalle de variation de (][ dans le cas , ][ dans le cas ), ainsi qu’aux éventuels zéros de la fonction figurant dans (2.2.19). Nous allons d’abord étudier le comportement des pertubations à l’infini et au voisinage de , et montrer qu’il exite un (et un seul) zéro de pour un certain domaine de valeurs des paramètres (). Les conclusions sur la stabilité dépendront du comportement au voisinage de la borne inférieure ( ou ) qui sera étudié cas par cas.
2.3.1 Comportement asymptotique et au voisinage de
Déterminons d’abord le comportement asymptotique ( ou ) des perturbations. La forme asymptotique de l’équation (2.2.22) (, )
(2.3.1) |
est la même que celle de l’équation de Schrödinger habituelle, conduisant au comportement asymptotique de (, )
(2.3.2) |
( et sont des constantes réelles). Le paramètre étant supposé positif, on doit exclure le comportement en e, ce qui impose l’annulation de la constante ,
(2.3.3) |
Ce comportement se transmet aux perturbations , , , de la 5-métrique.
Montrons maintenant que la perturbation diverge en un zéro de la fonction (2.2.20). Au voisinage d’un zéro –simple comme on le verra– (ouvert) de , celle-ci se comporte comme et, de ce fait, l’équation (2.2.19) comme
(2.3.4) |
La recherche de sous la forme fournit les valeurs et et donc la solution générale à (2.3.4) diverge en comme , ainsi que le rapport . De plus, il résulte de la relation (2.2.16) écrite sous la forme
(2.3.5) |
que la perturbation ne peut qu’y diverger (sachant que le dénominateur de (2.3.5) ne peut pas diverger en ).
Cherchons maintenant dans quelle(s) condition(s) puisse exister un zéro ou de ; celle-ci peut s’écrire comme
Le point est zéro de si
(2.3.6) |
Déterminons d’abord pour . Dans ce cas,
(2.3.7) |
d’où
(2.3.8) |
En dérivant (2.3.8) on obtient
(2.3.9) |
qui s’annule pour
(2.3.10) |
(ce résultat se généralise aisément au cas ). Il s’agit bien d’une racine d’ordre (c’est à dire qu’au voisinage de : ). Or, la coordonnée radiale est limitée inférieurement, pour les solutions de la classe , , par . Donc la valeur appartient au domaine de variation de dans les cas
conditions qui sont équivalentes à
(2.3.11) |
Si maintenant
(2.3.12) |
(avec les conditions (2.3.11)), n’est plus un zéro de , car dans ce cas le numérateur et le dénominateur de s’annulent simultanément. Mais, vu la dépendance (2.1.28) de en , ne peut être qu’un zéro simple (d’ordre 1) de et par conséquent de tout le dénominateur de la fonction , laquelle s’écrira au voisinage de comme
(2.3.13) |
(où , sont des constantes). En reportant dans (2.2.23) on obtient pour
(2.3.14) |
Pour de la forme , on obtient et et donc la perturbation est finie en ; par contre y diverge comme
(2.3.15) |
2.3.2 Classe des solutions du type wormhole
A) Cas générique
La forme asymptotique de l’équation (2.2.22) pour , est identique à sa forme asymptotique pour , d’où le comportement suivant pour ()
(2.3.16) |
Ce comportement se transmet aux perturbations , , ,
. Le terme en e doit être exclu afin que les rapports
, restent finis quand ; or, ayant déjà annulé la constante dans
(2.3.2), l’annulation de n’est possible que pour
certaines valeurs de qui constituent le spectre du
problème aux valeurs propres. Mais, d’autre part, comme nous
l’avons vu, la fonction s’annule en , point où l’une au
moins des perturbations ou diverge. Cette divergence ne
pouvant pas être évitée (nous ne disposons plus de paramètre
libre à ajuster de façon à la supprimer), le problème aux
valeurs propres n’admet pas de solution. Il en résulte que les
solutions statiques de cette classe sont stables.
B) Cas
Dans ce cas la 5-métrique (2.1.1) prend la forme
(2.3.17) |
La 4-métrique projetée (1.1.4) est symétrique dans l’échange , et la masse associée (2.1.27) est nulle, d’où le nom de “wormhole symétrique” donné à cette métrique statique. Il résulte de cette symétrie que l’équation d’onde (2.2.22) pour les petites perturbations, qui s’écrit ici
est invariante aussi par la réflexion . Les constantes , dans (2.3.2) doivent donc se confondre respectivement avec les constantes , dans (2.3.16) d’où une seule condition de régularité à l’infini spatial, qui entraîne l’annulation de la constante dans (2.3.2).
Dans ce cas et , d’où (d’après (2.2.20))
donc contrairement au cas générique, la fonction n’a plus de zéro mais un pôle double en , au voisinage duquel la fonction se développe par
(2.3.18) |
où et sont des constantes réelles dont le rapport () a été choisi de façon à annuler dans (2.3.2). La fonction n’étant pas bornée en , mais la fonction , quand à elle, est bien bornée en
(2.3.19) |
et donc le rapport aussi, étant donné que . De (2.2.16) on déduit l’expression de
(2.3.20) |
qui est singulière en , sauf si on choisit
(2.3.21) |
qui constitue donc une solution du problème aux valeurs propres défini dans l’introduction de cette section. On vérifie que pour et , les rapports et sont aussi bornés en . Les rapports ainsi que la fonction sont donc, pour et ( convenablement choisi), bornés partout. On conclut que le wormhole sans masse () a un mode propre qui croît dans le temps comme e, et est ainsi instable.
Pour un wormhole de charge égale à celle de l’électron, la constante de temps est donnée par 444Dans le système , on obtient en partant de (2.1.26) le champ électrique asymptotique où le coefficient de doit être égal à ( étant la charge du wormhole supposée élémentaire), d’où en se servant de (1.4.5) où est le “temps de Planck”.
(2.3.22) |
L’accroissement de la “petite” perturbation initiale est donc extrêmement rapide. Ceci ne sanctionne pas l’intérêt de l’étude faite dans [18], [19] qui, rappelons le, n’est qu’une approximation du cas où la masse du wormhole –non nulle– est faible devant sa charge (pour une particule élémentaire telle que l’électron, ).
2.3.3 Classe des solutions pour lesquelles
Vu l’expression de , équation (2.1.28), qui diffère suivant la relation d’ordre entre et , cette classe sera scindée en deux sous-classes: et . La classification dans chaque sous-classe se fait de façon à faire apparaître les conditions (2.3.11).
A) Sous-classe
Dans ce cas la connaissance de , , où est donnée par (2.1.28), permet de déterminer les comportements asymptotiques () de la fonction et des autres fonctions figurant dans l’équation (2.2.24)
(2.3.23) |
(2.3.24) |
(2.3.25) |
où , sont tels que
(2.3.26) |
et on a supposé (le cas sera traité
plus loin). On peut distinguer deux cas suivant le signe de
(équation (2.3.24)).
Cas () ou ()
On vérifie que dans ce cas
(2.3.27) |
le terme (2.3.24) est alors asymptotiquement négligeable devant le terme (2.3.25), dans ce cas l’équation (2.2.24) prend la forme asymptotique suivante ()
(2.3.28) |
dont on connait la solution générale
(2.3.29) |
On en tire l’expression asymptotique de
(2.3.30) |
Si , le rapport n’est pas borné, à cause de la présence du facteur dans le second terme de (2.3.30). Avec , on obtient ()
(2.3.31) |
Le rapport diverge donc périodiquement quand . Mais ces divergences étant dues au déphasage constant entre le champ scalaire statique et sa perturbation, le champ scalaire perturbé , qui peut être mis sous la forme
(2.3.32) |
( constantes) a le même comportement asymptotique
que , et est donc physiquement
acceptable. La contante dans (2.3.2) étant déjà
prise égale à zéro, l’annulation de la constante n’est
possible que pour certaines valeurs discrètes du paramètre ,
qui constituent le spectre de valeurs propres du problème. Les
solutions statiques de la théorie de Kaluza-Klein correspondant
au cas sont donc probablement instables (elles ne pourraient
être stables que si le spectre de valeurs propres était vide),
tandis que les solutions correspondant au cas et
sont stables car dans ce cas au problème
aux valeurs propres s’ajoute la divergence
apparaîssant au point .
Cas et
Ce cas correspond à ; le terme (2.3.24) est prépondérant par rapport au terme (2.3.25) sauf au voisinage des pôles de ce dernier, où on retrouve le comportement fini (2.3.30). Sinon, l’équation (2.2.24) prend la forme asymptotique suivante ()
(2.3.33) |
où le potentiel asymptotique (au sens de l’équation de Schrödinger) est une exponentielle modulée par une fonction sinusoïdale. Considérons d’abord l’équation voisine, à potentiel purement exponentiel,
(). La solution asymptotique () générale de cette équation est une combinaison linéaire d’une biexponentielle croissante et d’une biexponentielle décroissante
Ceci nous conduit à penser (nous n’avons pu le prouver) que la
solution générale de (2.3.33) est combinaison linéaire
d’une biexponentielle croissante et d’une biexponentielle
décroissante modulées périodiquement. Les perturbations
relatives pourront alors être bornées, pour , pour les valeurs discrètes de pour lesquelles la
biexponentielle croissante est absente, mais divergeront toujours au
voisinage du point (les conditions (2.3.11) étant
remplies), d’où la conclusion à la stabilité.
Cas et
Dans ce cas –avec – les deux termes (2.3.24),
(2.3.25) sont présents dans l’équation (2.2.24),
dont la forme est voisine de (2.3.28), conduisant au
comportement (2.3.29) au voisinage des pôles du
potentiel, et à une conclusion analogue à celle du cas et
, à savoir la stabilité.
Cas
Dans ce cas l’équation (2.3.24) est remplacée par
(2.3.34) |
l’équation (2.3.25) restant valable. Si , le terme (2.3.34) est négligeable devant le terme (2.3.25); pour , il se produit le contraire. On a alors les conclusions suivantes: pour , les équations (2.3.28 2.3.31) restent valables ainsi que la discussion qui suit, ce cas est un problème aux valeurs propres et la conclusion est qu’il est probablement instable; pour , l’équation d’onde (2.2.24) s’écrit
(2.3.35) |
du même type que (2.3.33) (le facteur
variant lentement devant l’exponentielle). La discussion
qui a suivi l’équation (2.3.33) reste donc valable, d’où la
conclusion à la stabilité.
En résumé, la sous-classe A): () est caractérisée par la stabilité de toutes les solutions pour lesquelles ; les solutions pour lesquelles sont toutes probablement instables.
B) Sous-classe
On doit distinguer respectivement les cas , .
B.1)
Cas ( ( quelconque)) ou
( et )
Dans ce cas, la fonction se comporte pour comme
(2.3.36) |
avec le signe inférieur si , et le signe supérieur si . On obtient ensuite
(2.3.37) |
d’où
(2.3.38) | |||||
(2.3.39) |
Or, on vérifie que, pour ()
(2.3.40) |
ceci permet de négliger le terme (2.3.39) devant le terme (2.3.38) dans l’équation (2.2.23) qui prend la forme asymptotique ()
(2.3.41) |
et admet pour solution
(2.3.42) |
et donc
(2.3.43) |
qui diverge sauf si . Cette condition conduisant
à un problème aux valeurs propres, on en conclut que:
les solutions statiques, correspondant à ce cas, pour lesquelles
ou , sont probablement instables, tandis que les solutions pour
lesquelles et sont stables, les perturbations relatives
divergent toujours au point .
Cas et
Ce cas () se distingue du cas précédent par le comportement de pour
(2.3.44) |
et donc de aussi, toutefois la dérivée logarithmique de reste inchangée
(2.3.45) |
L’expression de est la même –avec – que dans (2.3.39) multipliée par . Or, l’inégalité (2.3.40) étant toujours satisfaite, ce terme reste toujours négligeable devant , d’où
(2.3.46) |
et
(2.3.47) |
avec maintenant un rapport
(2.3.48) |
fini ( et ); l’annulation de n’est donc plus nécessaire (on vérifie que la perturbation tend vers zéro pour ). Il en résulte que si , il existe pour tout une perturbation physiquement acceptable (on peut toujours ajuster le rapport de façon à annuler la constante dans l’équation (2.3.2)); les solutions statiques de ce cas sont donc instables. Si , il apparaît une divergence en qui ne pourra être éliminée que pour certaines valeurs discrètes de . Les solutions correspondant à sont donc probablement instables.
En résumé, le cas de la sous-classe B): est caractérisé
par la stabilité de toutes les solutions pour lesquelles et
sauf le cas particulier et () lequel
est probablement instable. Les solutions pour lesquelles , sont
toutes probablement instables, à part le cas particulier et
(), donc on sait qu’il est instable.
B.2)
Cas ()
Dans ce cas la solution statique (2.1.1)
(2.3.49) |
(où ) est simplement le produit tensoriel de la métrique de Schwarzschild (pour ) par le cercle de Klein.
Avec et , l’équation (2.2.23) prend la forme
(2.3.50) |
Cette équation entraîne que est
positif dans tout l’intervalle de variation de . Il en résulte que la perturbation ne peut
pas être bornée simultanément aux deux extrémités de cet
intervalle. Ce cas est donc stable. En particulier la solution de
Schwarzschild () est stable vis-à-vis des perturbations
monopolaires de la 5-métrique, comme déjà observé par
Tomimatsu [22].
Cas , ,
Quand , la fonction se comporte comme
(2.3.51) |
d’où l’on tire
(2.3.52) |
et
(2.3.53) |
(2.3.54) |
La solution générale de cette équation est donnée par
(2.3.55) |
d’où l’expression du rapport
(2.3.56) |
qui diverge sauf si . Cette condition conduisant
à un problème aux valeurs propres, les solutions de ce cas sont
probablement instables.
Cas , ,
Dans ce cas l’expression de se réduit à
(2.3.57) |
Pour , on trouve ()
(2.3.58) |
en substituant dans (2.2.23), on obtient finalement l’équation asymptotique
(2.3.59) |
qui admet
(2.3.60) |
comme solution générale. D’où l’on déduit les expressions du rapport
(2.3.61) |
qui diverge quelles que soient les valeurs des constantes ,
, d’où l’on conclut à la stabilité.
Pour , on obtient
(2.3.62) |
Commençons d’abord par traiter le cas . Pour on peut écrire
(2.3.63) |
d’où
(2.3.64) |
On obtient de même ()
(2.3.65) |
En reportant ces deux dernières équations dans (2.2.23), celle-ci s’écrit pour comme
(2.3.66) |
et admet pour solution générale l’expression
(2.3.67) |
(avec ) où le terme en doit être exclu pour que le rapport soit fini quand , ceci suppose que le problème aux valeurs propres admet des solutions ; dans ce cas la fonction se comporte comme
(2.3.68) |
On vérifie ensuite que
(2.3.69) |
La condition de convergence commune de et des rapports , n’est donc remplie que si
(2.3.70) |
En l’absence d’information sur les valeurs numériques des , on peut conjecturer que ce cas est instable.
Traitons maintenant le cas . Si ou
(2.3.71) |
(2.3.72) |
(avec ) qui est bien bornée. Néanmoins, en poussant un peu les calculs, on montre que ()
(2.3.73) | |||||
(2.3.74) |
(2.3.75) |
qui n’est pas bornée quand tend vers .
Cette situation est inacceptable physiquement, et on conclut donc
à la stabilité de ce cas de solutions.
Si maintenant
(2.3.76) |
on aura ()
(2.3.77) |
et
(2.3.78) |
(2.3.79) |
puis, par intégration, on déduit l’expression de ()
(2.3.80) |
(avec ) qui est bien bornée quelles que soient les constantes , . La présence du facteur e dans fait que est maintenant aussi bornée
(2.3.81) |
On vérifie que les perturbations et sont aussi bornées pour . Quel que soit , on peut donc toujours choisir une constante d’intégration de façon à annuler dans l’équation (2.3.2) et à rendre les perturbations finies. Ce sous-cas particulier est donc instable.
Le cas (, , ) est caractérisé par la
stabilité de toutes les solutions pour lesquelles , sauf la
solution correspondant à laquelle est instable; les
solutions correspondant à sont probablement instables.
Cas
Dans ce cas , , et la 5-métrique statique est de la forme
(2.3.82) |
On obtient
(2.3.83) |
et l’équation d’onde (2.2.24) prend la forme
(2.3.84) |
On peut distinguer deux cas. Pour , la fonction
doit être bornée comme le rapport , ce qui est impossible vu que est positif dans tout l’intervalle de variation de (comparer avec le cas , équation (2.3.50)); ce cas est donc stable. Pour la fonction a un pôle en , et il est préférable de raisonner sur l’équation (2.2.23) qui prend la forme
(2.3.85) |
dont la solution générale est donnée par
(2.3.86) |
où et sont des séries entières en dont les termes indépendants sont non nuls. Le rapport est borné pour les valeurs de telles que , et ce cas est probablement instable.
2.4 Conclusion
Résumons les résultats de cette étude rendue complexe par la diversité des cas de figure. Nous avons montré la stabilité, vis-à-vis des excitations monopolaires, de toutes les solutions régulières à symétrie sphérique (classe des wormholes ) de la théorie de Kaluza-Klein, à l’exception du wormhole symétrique chargé sans masse (, ()), lequel est instable. Parmi les solutions singulières (), la sous-classe est stable, à l’exception du cas (probablement instable), les autres solutions de cette classe étant probablement instable, à l’exception des cas (certainement instable); (stable si , instable si ); (solution de Schwarzschild, stable); (stable). Le tableau suivant rassemble ces résultats:
stable
sauf instable
stable
probablement instable
probablement instable
—–
stable
sauf instable
—–
probablement instable
sauf stable
—–
probablement instable
sauf stable
sauf stable
Abstraction faite des cas: et , on remarque que le domaine de stabilité à 3 dimensions dans l’espace des paramètres () coïncide avec le domaine ( ou ) d’existence d’un zéro de la fonction (équation (2.2.20)). Or annuler revient, d’après (2.3.6), à extrémiser qui est, d’après (2.1.1) et (2.1.20), l’aire d’une sphère de rayon . Donc les solutions pour lesquelles il existe une sphère d’aire minimale (située à l’extérieur de l’horizon dans le cas ) sont stables (à l’exception du wormhole symétrique sans masse et du cas ).
Comme il ressort de cette étude, la méthode analytique ainsi appliquée présente de sérieuses limites. Remarquons que les cas qui ont été considérés comme étant probablement instables sont des problèmes aux valeurs propres, auxquels, seule l’analyse numérique peut trancher. Vu les différences appréciables entre ces cas, et la complexité de certains d’entre eux, en particulier de la sous-classe (), nous n’avons pas pu élaborer un programme de calcul numérique unique et uniforme.
Le cas des excitations non radiales comporte plus de fonctions –huit dans le cas des excitations dipolaires– indépendantes, contre quatre dans notre cas, ce qui donnerait au problème de découplage des équations d’Einstein linéarisées, ainsi qu’au problème de recherche de points singuliers où peuvent apparaître des divergences des unes ou des autres fonctions indépendantes, une allure plus complexe. L’étude de la stabilité, généralisée aux cas des excitations non radiales, ne peut être envisagé que numériquement; nous conjecturons que certaines solutions, comme les wormholes avec masse (, ) [23] continueront, en vertu de leur topologie spéciale, à être stables vis-à-vis des petites excitations, même multipolaires.
Comparons maintenant les résultats de notre étude avec ceux de Tomimatsu [22]. Il se restreint dans son étude au cas où le champ électrique est nul, il prend donc (voir (2.1.13)) ; autrement dit, il se restreint au cas des solutions singulières pour lesquelles . En fait, on peut montrer qu’il ne considère que le sous-cas pour lequel
(2.4.1) |
En effet, Tomimatsu paramétrise sa métrique par
(2.4.2) |
où
(2.4.3) |
(2.4.4) |
avec
( et sont supposés de même signe). Or, pour , on a e, e avec d’où
(2.4.5) |
On calcule ensuite par
d’où
(2.4.6) |
puis
(2.4.7) |
En substituant e et dans la deuxième relation de (2.4.4) on calcule par
(2.4.8) |
qui doit être égal à (équation (2.3.8)), d’où
(2.4.9) |
Dans le cas , Tomimatsu suppose que la borne inférieure de sa variable est égale à zéro; l’on doit donc imposer la condition pour assurer que le second membre de (2.4.8) soit monotone et croissant et que, pour , . D’où les conditions
(2.4.10) |
Dans le cas , il prend ; dans ce cas l’on doit poser . On obtient ensuite , d’où et donc et qui est bien la solution de Schwarzschild. Or, pour , on a
(2.4.11) |
Les conditions (2.4.10), (2.4.11) rassemblées redonnent l’ensemble des sous-cas (2.4.1) traités par Tomimatsu. Dans l’espace des paramètres (), l’étude de Tomimatsu n’a concerné que les portions de surfaces et () pour lesquelles les conditions (2.4.1) sont remplies.
Tomimatsu définit la fonction de perturbation de par
(2.4.12) |
En posant , on obtient
(2.4.13) |
Il introduit ensuite la fonction d’onde reliée à par
(2.4.14) | |||||
(2.4.15) |
Dans les cas où nous avons observé un désaccord avec Tomimatsu, à savoir les cas ():
(2.4.16) | |||
(2.4.17) |
qui sont certainement instables pour lui (spectre continu) et seulement probablement instables pour nous (spectre discret), les fonctions , , se comportent pour comme
(avec pour ). On obtient
(2.4.18) |
(2.4.19) |
où est la coordonnée radiale de l’équation aux valeurs propres de Tomimatsu. On voit ainsi que quand , diverge, mais la solution générale de est bien bornée 555La fonction de perturbation est non bornée., d’où la conclusion à l’instabilité de Tomimatsu car il suffit de choisir convenablement le rapport pour rendre le comportement à l’infini spatial de sa fonction d’onde borné; Tomimatsu a donc bien étudié le problème aux valeurs propres de Schrödinger pour la fonction , et non celui de la relativité générale, tel que nous l’avons formulé, pour le rapport .
Chapter 3 Cordes cosmiques en théorie de Kaluza-Klein et de Gauss-Bonnet
Ce chapitre est consacré à la recherche analytique de solutions dites 4-statiques de la théorie de Kaluza-Klein dépendant d’une seule variable . En imposant la symétrie cylindrique, cette variable sera choisie telle qu’elle mesure la distance (propre) à l’axe de symétrie et les 4 vecteurs de Killing associés à la géométrie seront liés aux 4 coordonnées cycliques (section 3.1). La méthode de résolution consiste à introduire une matrice réelle , dont la définition [38] rappelle celle des connexions affines qui figurent explicitement dans les tenseurs d’Einstein et de Lanczos, ce qui permet d’écrire les équations de la théorie en fonction de et des traces de ses puissances () (section 3.1); la méthode est quasiment matricielle. Mais le but principal consiste à en extraire les solutions qui peuvent être interprétées comme des cordes cosmiques et à étudier leurs géométries. Dans la section 3.2 nous épuisons toutes les solutions 4-statiques à symétrie cylindrique de la théorie de Kaluza-Klein sans toutefois approfondir l’étude de leurs propriétés géométriques. Dans la section 3.3 nous généralisons l’étude de la section 3.2 en tenant compte du terme de Gauss-Bonnet mais trouvons des solutions indépendantes de . C’est dans la section 3.4 que nous nous intéressons à la recherche de solutions dépendant explicitement de et à en construire une famille qui s’interprète comme une corde cosmique supraconductrice dont nous étudions les propriétés physiques et à laquelle nous avons consacré la section 3.5 exposant qualitativement l’étude des géodésiques de sa géométrie.
3.1 Symétrie cylindrique
Dans ce chapitre nous nous intéressons au cas où la 5-métrique admet 4 vecteurs de Killing; dans un système de coordonnées particulier, ces derniers prennent la forme (équation (1.7.1)) où prend valeurs, donc . Les coordonnées associées , , , , y sont cycliques, et la métrique ne dépend que de la coordonnée prise comme coordonnée radiale. Nous paramétriserons les métriques 4-statiques par
(3.1.1) |
(), qui sont bien de la forme (1.7.4) avec
(3.1.2) |
où (équation (1.7.5)).
Procédons maintenant à la réduction des équations (1.5.4) de la théorie de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet en une équation scalaire: , et une équation matricielle : . Ces équations s’écrivent, après insertion de (1.5.8) dans (1.5.6) puis de (1.5.6) dans (1.5.4), comme
(3.1.3) |
Dans le cas de la métrique 4-statique (3.1.1), elles prennent la forme simplifiée suivante
(3.1.4) | |||
(3.1.5) |
Comme dans d’autres problèmes de relativité générale où la métrique dépend d’une seule variable [38], introduisons la matrice définie par
(3.1.6) |
d’où la relation
(3.1.7) |
En se servant des équations (1.7.6 1.7.9), les termes des équations (3.1.4), (3.1) se développent en fonction de par
(où on a utilisé la relation qui découle de la définition (3.1.6), ainsi que la convention (3.6.8) pour calculer et ). est une matrice définie par
(3.1.8) |
Les autres termes s’obtiennent en multipliant, une à quatre fois, par la matrice inverse , par exemple
d’où
Finalement, les équations (3.1.4), (3.1) prennent respectivement les formes suivantes
(3.1.9) | |||
(3.1.10) |
Nous pouvons rajouter à ces équations, l’équation caractéristique pour les matrices
(3.1.11) |
et sa trace
(3.1.12) |
avec, par définition
(3.1.13) |
3.2 Résolution des équations pour
Dans cette section, nous recherchons les solutions 4-statiques de la théorie de Kaluza-Klein 111J. A. Ferrari [16] fut le premier, à notre connaissance, qui s’est intéressé à étudier une classe de solutions à symétrie cylindrique de Kaluza-Klein, plus précisément les solutions à l’intérieur d’un solénoïde infini, en l’absence d’un champ électrique.. Pour , les équations (3.1), (3.1) deviennent respectivement
(3.2.1) | |||
(3.2.2) |
En prenant la trace de (3.2.2), on a
(3.2.3) |
(3.2.4) |
qui s’intègre par
(3.2.5) |
ou par
(3.2.6) |
3.2.1 Cas
Dans ce cas on obtient, en substituant dans (3.2.1) ou (3.2.3), puis, en substituant dans (3.2.2), , d’où
(3.2.7) |
où est une matrice constante (réelle). La matrice associée est alors donnée par
(3.2.8) |
où est une matrice réelle et constante telle que
(3.2.9) |
pour assurer, d’une part, que det ait le signe négatif, et d’autre part, que la matrice soit symétrique ( et sont les matrices transposées).
Les valeurs propres de satisfont sa propre équation caractéristique (3.1.11) en remplaçant par :
(3.2.10) |
avec les conditions et , qui impliquent
(3.2.11) |
Commençons par traiter le cas générique où l’un au moins de et est non nul. Les valeurs propres de peuvent s’écrire
(où et sont supposés réels), avec
et . Nous distinguons:
1) Les 4 valeurs propres sont complexes (). La formule (3.6.11) d’interpolation de Lagrange [39] donne dans ce cas
(3.2.12) | |||||
où , sont des matrices quadratiques en à
coefficients réels et , sont des constantes
réelles.
2) Deux valeurs propres sont réelles et distinctes , (). On a alors
(3.2.13) | |||||
où est une constante réelle. Dans le cas particulier (), les valeurs propres sont avec et e2iπ/3. Comme exemple de ce cas, on choisit
(3.2.14) |
d’où, après un réarrangement des coordonnées
Cet espace-temps est le produit cartésien d’une solution à
symétrie cylindrique des équations d’Einstein à 4 dimensions
(voir aussi [40]) par le cercle de Klein.
Considérons maintenant le cas . L’équation caractéristique de la matrice se réduit alors à
(3.2.16) |
d’où la solution générale
(3.2.17) |
Les solutions peuvent se classer suivant le rang de .
a) r ou . La forme normale de Jordan de la matrice est
(3.2.18) |
pour laquelle la matrice la plus générale réalisant et est donnée par
(3.2.19) |
où sont des constantes réelles. Or
(3.2.20) |
ne satisfaisant pas la condition (3.2.9), la solution
correspondante n’a pas la signature lorentzienne.
b) r ou . Dans le cas où , on choisit sous la forme
(3.2.21) |
d’où, après un réarrangement des coordonnées
(3.2.22) |
Dans le cas où , la forme normale de Jordan de la matrice est
(3.2.23) |
et la matrice la plus générale associée est de la forme
(3.2.24) |
où sont des constantes réelles. D’où
(3.2.25) |
ce cas est donc non lorentzien.
c) r ou et . On choisit sous la forme normale et sous une forme particulière
(3.2.26) |
d’où, après un réarrangement adéquat des coordonnées
(3.2.27) |
Cet espace-temps est plat [40].
d) r ou . La matrice est dans ce cas constante, conduisant à la métrique
(3.2.28) |
qui est un espace-temps de Minkowski à 5 dimensions avec 2
dimensions compactifiées ().
Remarquons que les espaces-temps (3.2.22), (3.2.27), (3.2.28) sont à nouveau produits de solutions à symétrie cylindrique des équations d’Einstein à 4 dimensions [40] par le cercle de Klein.
Les différentes solutions qui précèdent () sont telles que det det, donc que la métrique est régulière pour variant de à : la topologie spatiale n’est pas euclidienne, mais plutôt du type wormhole. D’autre part, ces métriques ne sont pas asymptotiquement voisines de la métrique de Minkowski, ce qui limite leur intérêt physique. Dans la sous-section suivante, nous présenterons d’autres solutions () ayant plus d’intérêt physique.
3.2.2 Cas
Dans ce cas le déterminant de la 5-métrique, égal à , donné par
est proportionnel à celui de la métrique de Minkowski (ce qui ne suffit évidemment pas pour que la 5-métrique soit asymptotiquement voisine de celle de Minkowski). D’autre part, cette 5-métrique sera singulière en .
(3.2.29) |
Ceci transforme (3.2.2) en
(3.2.30) |
qui s’intègre par
(3.2.31) |
où est une matrice constante (réelle) avec
(3.2.32) |
La matrice , reliée à par (3.1.6): , s’écrit
(3.2.33) |
où est une matrice constante satisfaisant les relations (3.2.9) et est défini par
d’où, en omettant une constante d’intégration 222Cette constante produirait un facteur e qui serait absorbé dans .
(3.2.34) |
La matrice admet 4 valeurs propres, solutions de l’équation
(3.2.35) |
où
(3.2.36) |
avec les conditions (3.2.32):
(3.2.37) |
Les valeurs propres peuvent être paramétrisés par
(3.2.38) |
où sont supposés réels. On calcule ensuite par
Nous distinguons:
1) Les 4 valeurs propres sont complexes. La matrice s’obtient de (3.2.12) par reparamétrisation
où , sont des matrices quadratiques en , et
sont des constantes réelles.
2) Deux valeurs propres sont complexes.
Si les 2 valeurs propres réelles sont distinctes, la matrice
s’obtient de (3.2.2) en remplaçant, dans la
première ligne, par et les fonctions trigonométriques
par des fonctions
hyperboliques. Si
les 2 valeurs propres réelles sont égales la formule de Lagrange
(3.6.11) appliquée aux 3 valeurs propres
conduit alors à une matrice du type de (3.2.2) avec .
3) Les 4 valeurs propres sont réelles et distinctes. La matrice peut être diagonalisée. Si on choisit sous la forme diag, on obtient une métrique de Kasner [41]
(3.2.40) |
où les sont reliés par les relations (3.2.37).
Si deux ou plusieurs des valeurs propres coïncident, on obtient
des cas dégénérés que nous allons étudier successivement.
4) Deux des valeurs propres réelles sont égales, . La forme normale de Jordan de la matrice est
(3.2.41) |
avec ou 1 (). On décompose sous la forme
(3.2.42) |
avec , et est le seul élément non nul de . Remarquons que et commutent () et que , d’où
Et finalement
(3.2.43) |
avec seul l’élément
de non identiquement nul 333La matrice la plus
générale associée à (3.2.41) est dans ce cas
donnée par (3.2.46) avec en prenant
.. Si , on retrouve
une métrique de Kasner particulière.
5) Les 4 valeurs propres réelles sont égales deux à deux ():
(3.2.44) |
La forme normale de Jordan de est
(3.2.45) |
d’où la matrice la plus générale réalisant et
(3.2.46) |
et son déterminant
(3.2.47) |
On distingue ainsi deux cas:
a) . On a alors det, ce qui
constitue une solution non lorentzienne.
b) . Dans ce cas, si
, on retrouve un cas particulier du cas 4)
(métrique 3.2.43) avec ; le cas
s’en déduit en échangeant et .
6) Trois valeurs propres réelles sont égales et non nulles ():
(3.2.48) |
Dans ce cas on a
En posant , on trouve
et enfin
(3.2.49) |
La forme normale de Jordan de la matrice est
(3.2.50) |
D’où, si
a) ou r, il n’y a pas de
simplification dans (3.2.49).
b) et , ou r, les termes en dans (3.2.49)
s’éliminent.
c) ou r, tous
les termes logarithmiques dans (3.2.49) s’éliminent.
7) Trois valeurs propres sont nulles (). L’équation caractéristique de se réduit alors à
(3.2.51) |
avec 1, 0, 0, 0 comme valeurs propres. Le calcul direct –semblable à celui qui a mené à (3.2.49)– conduit à
(3.2.52) |
La forme normale de Jordan de la matrice est
(3.2.53) |
d’où l’on déduit; si:
a) ou r, on a alors
(voir ci-dessous).
b) et
ou r, on a mais . Dans ce cas les
termes en disparaissent de l’expression de
(voir sous-section 3.3.2).
c) ou r, on a . L’expression de ne comporte plus de termes logarithmiques; la 5-métrique est le produit de la métrique d’une corde cosmique [40] par le cercle de Klein:
(3.2.54) |
(si la 5-métrique est minkowskienne).
Dans le cas général, la 5-métrique associée est, comme on le verra dans l’exemple suivant, minkowskienne à des logarithmes près. Considérons le cas r (), et choisissons pour la forme particulière
(3.2.55) |
et l’on a
(3.2.56) |
qui, à la suite d’un réarrangement adéquat des coordonnées , , , donne
(3.2.57) |
Cette métrique se diagonalise par
(3.2.58) |
3.3 Une classe de solution pour
Nous considérons maintenant les équations (3.1), (3.1) dans le cas général où . Ce système d’équations différentielles étant assez compliqué, nous n’aborderons pas le problème de sa solution générale, mais nous contenterons de chercher, dans cette section et la suivante, deux classes de solutions. Dans cette section, nous cherchons des solutions de la forme
(3.3.1) |
où est une fonction (réelle) de à déterminer, et une matrice constante (réelle). Par analogie avec la section précédente –consacrée à Kaluza-Klein– nous scindons cette section en deux sous-sections, dans l’une nous intègrons les équations (3.1), (3.1) pour constante, donc et dans l’autre nous nous intéresserons au cas des solutions avec non constante.
3.3.1 Cas
(3.3.2) | |||
(3.3.3) |
où
(3.3.4) |
La trace de (3.3.3) permet d’exprimer en fonction de par
(3.3.5) |
(3.3.6) |
Remarquons que pour et , s’annule et les équations (3.3.2), (3.3.3) sont identiquement satisfaites alors que reste indéterminé. Ce cas pour lequel l’équation caractéristique de s’écrit
(3.3.7) |
correspond au cas de la sous-section 3.2.1. Si
, la solution est localement de la forme (3.2.14).
Si , les formes locales des solutions sont
(3.2.22), (3.2.27) ou (3.2.28). Nous
montrerons dans l’Annexe 2 que le cas
–avec par conséquent – représente l’unique solution des
équations de Gauss-Bonnet sous la forme . Nous nous contentons
de montrer dans le reste de cette sous-section que pour les cas
() ou () ne correspondent pas des
solutions de la forme ; le cas générique ()
sera traité dans l’Annexe 2.
Cas
Dans ce cas (3.3.2) donne
et (3.3.5) donne
et permet de transformer (3.3.3) en
d’où, en prenant le déterminant des 2 membres
qui est en désaccord avec la valeur
; ce cas est
donc impossible.
Cas
(3.3.8) | |||
(3.3.9) | |||
(3.3.10) |
(3.3.11) |
(3.3.12) |
puis, en prenant la trace, on obtient
(3.3.13) |
3.3.2 Cas
Dans la sous-section précédente nous avons montré que certaines solutions de la forme (avec TrTr) de la théorie de Kaluza-Klein () sont aussi solutions de la théorie avec terme de Gauss-Bonnet (). Nous allons obtenir maintenant une propriété analogue pour les solutions (avec TrTr). On montre dans l’Annexe 3 que ces deux possibilités épuisent la classe des solutions de la théorie de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet.
Notre point de départ est donc
(3.3.14) | |||
(3.3.15) |
(où sont définis par (3.3.4)). Ce cas étant déjà solution des équations (3.1), (3.1) avec ; il suffit donc de chercher s’il annule la somme des termes à l’intérieur de chaque accolade dans les deux équations. Commençons par l’équation (3.1). Regroupons les termes à l’intérieur de l’accolade suivant les puissances de . On voit facilement que le terme en s’annule identiquement, tandis que la combinaison des termes en et en donne
L’équation (3.1) est donc satisfaite si
(3.3.16) |
d’où en prenant la trace
(3.3.17) |
ces deux valeurs ne sont compatibles que si
(3.3.19) |
À l’aide de (3.3.14), (3.3.15), (3.3.16) on calcule la matrice
d’où
l’équation (3.1) est donc bien satisfaite.
L’expression (3.3.14) est donc solution des équations de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet avec les conditions et . Cette solution correspond au sous-cas du cas 7) de la sous-section 3.2.2. Si la matrice est de rang 2 (), on peut choisir
(3.3.20) |
d’où
(3.3.21) |
Cette solution, qui répond au critère (3.2.2) , représente une corde cosmique chargée avec des potentiels électrique et gravitationnel (voir équations (1.1.3), (1.1.4)) proportionnels à . Si est de rang 1 (), la 5-métrique
(3.3.22) |
est celle d’une corde cosmique neutre.
Remarquons que les espaces-temps considérés dans cette section sont de la forme ou , où est un espace-temps statique à symétrie cylindrique solution des équations d’Einstein à 4 dimensions [40], pour lequel le terme de Gauss-Bonnet s’annule identiquement [29]. Il n’est donc pas étonnant que ces espaces-temps soient –trivialement– solutions quel que soit de la théorie de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet. Notre but dans la section suivante consiste à chercher s’il peut exister des solutions représentant des cordes cosmiques et dépendant explicitement de .
3.4 Une solution exacte avec source de Gauss-Bonnet
Un observateur situé à grande distance de la source du champ de Kaluza-Klein peut développer la matrice sous la forme
(3.4.1) |
où est une solution exacte de Kaluza-Klein, donc telle que (voir sous-section 3.2.2):
(3.4.2) |
et sont quelconques ( sont définis par (3.3.4)). Les termes sont considérés comme des perturbations dues à l’introduction du terme de Gauss-Bonnet, considéré comme source, dans les équations de la théorie de Kaluza-Klein, étant deux matrices réelles constantes à déterminer.
3.4.1 Solution perturbative
En omettant les termes d’ordre supérieur à , les équations (3.1), (3.1) se scindent chacune en 2 équations qui sont les coefficients de et de . On obtient en multipliant par des constantes convenables, pour (3.1)
(3.4.3) |
(3.4.4) |
puis, pour (3.1)
(3.4.5) |
(3.4.6) |
où l’équation (3.4.3) a été utilisée dans (3.4.5) et (3.3.2) dans (3.4.4). En élevant (3.4.5) au carré et en prenant ensuite la trace, on obtient
(3.4.8) |
(3.4.9) |
En utilisant ces deux dernières équations pour calculer Tr et Tr, on obtient à partir de (3.4.6)
(3.4.10) |
3.4.2 Solution exacte
Imposons maintenant la condition supplémentaire que la solution cherchée puisse être interprétée comme une corde cosmique supraconductrice. La 5-métrique d’une corde cosmique rectiligne neutre doit avoir le comportement asymptotique [25, 26, 27]
(3.4.11) |
Dans le cas d’une corde cosmique rectiligne supraconductrice, l’existence d’une distribution de courant allant jusqu’à l’infini conduit, comme en électrodynamique de Maxwell, à des contributions logarithmiques au comportement asymptotique ([28]: B. Linet). Or, parmi toutes les solutions à symétrie cylindrique de Kaluza-Klein étudiées dans la sous-section 3.2.2, seules les solutions pour lesquelles
(3.4.12) |
ont un comportement asymptotiquement minkowskien à des fonctions logarithmiques près 444La présence de fonctions logarithmiques est donc due à l’hypothèse simplificatrice, mais non physique, de symétrie de révolution qui implique une corde de longueur infinie.. En reportant dans (3.4.10) puis dans (3.4.1) on obtient
(3.4.13) |
L’ensemble des conditions (3.4.2), (3.4.12) définissent une algèbre particulière de la matrice qui se résume par
(3.4.14) |
(voir l’équation (3.2.51)). Cette algèbre particulière fait que maintenant le second membre de (3.4.13) résout exactement les équations (3.1), (3.1) pour Tr. Pour le vérifier, cherchons les termes d’ordre supérieur à –qui ont été négligés lors du développement (3.4.3) (3.4.6)– dans les équations (3.1), (3.1). Il résulte de (3.4.14) que , et que les différentes traces qui figurent dans (3.1), (3.1) ont la même valeur que dans le cas . La seule contribution possible d’ordre supérieur à proviendrait des termes linéaires en dans (3.1):
mais on vérifie que le crochet ci-dessus est identiquement nul.
Finalement, la solution 555L’équation (3.4.16) est sous la forme générale d’une solution dépendant d’une seule matrice . En effet, étant donné que toutes les puissances de pour lesquelles peuvent être exprimées en fonction de en se servant plusieurs fois de l’équation caractéristique, l’expression générale de dépendant d’une seule matrice est donc de la forme (3.4.15) où sont des fonctions réelles de à déterminer. La méthode générale de résolution est donc la suivante: en reportant (3.4.15) dans (3.1), (3.1) on obtient respectivement une relation scalaire –non linéaire– entre les fonctions et leurs dérivées premières (et les paramètres de : ), et un polynôme d’ordre 3 en , annulateur de celle-ci, et dont les coefficients sont des fonctions de et de leurs dérivées premières. Pour qu’il soit annulateur de pour toute valeur de (voir aussi Annexe 3), il faut que ses coefficients soient ou bien identiquement nuls, ou bien proportionnels; dans le premier cas on obtient 4 relations plus la relation scalaire et dans le second cas 3 relations plus la relation scalaire. Dans les 2 cas on doit pouvoir déterminer les fonctions ; seuls les paramètres de ou certains d’entre eux restent ajustables. La solution (3.4.16) fait part du cas où les coefficients de sont identiquement nuls.
(3.4.16) | |||
(3.4.17) |
est solution exacte de la théorie de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet. La métrique associée est construite dans la section suivante.
3.4.3 Construction d’une métrique corde cosmique supraconductrice
La matrice associée à se calcule de la façon suivante. Écrivons sous la forme
(3.4.18) |
où est une matrice réelle à déterminer. En dérivant (3.4.18) on obtient
(3.4.19) |
Or, (voir (3.1.6)), d’où en effectuant le produit de par
(3.4.20) |
(3.4.21) |
Ceci conduit, en multipliant par à droite, à
d’où
(3.4.22) |
où est une matrice réelle constante. En reportant dans (3.4.21), puis en intégrant, on obtient
(3.4.23) |
où est une matrice réelle constante. La multiplication de (3.4.23) par fournit en comparant avec (3.4.22)
(3.4.24) |
Finalement, la matrice (3.4.18) s’écrit
(3.4.25) |
On peut toujours, moyennant une redéfinition de la matrice constante , se ramener à , d’où
(3.4.26) |
Remarquons que
d’où
(3.4.27) |
cette solution est donc aussi singulière le long de l’axe . En développant (3.4.26) on obtient
Pour , cette expression se réduit à celle de la théorie de Kaluza-Klein correspondante, (3.2.52).
Nous cherchons à construire une métrique qui peut être interprétée comme la géométrie extérieure d’une corde cosmique supraconductrice. Partons de la forme normale de Jordan (3.2.53) pour la matrice , où nous supposons (le cas , donc , a été étudié à la fin de la sous-section 3.3.2),
(3.4.30) |
et choisissons pour la matrice simple
(3.4.31) |
En reportant dans (3.4.3) on obtient
(3.4.32) |
où on a identifié les coordonnées avec respectivement . Procédons maintenant à l’identification des coordonnées physiques par la diagonalisation de la 5-métrique pour des valeurs de relativement grandes (les mêmes coordonnées pourront éventuellement avoir, près de la source, une toute autre signification). Pour alléger l’écriture, posons
(3.4.33) | |||
(3.4.34) |
Remarquons que, pour , , d’où en particulier
(3.4.35) | |||
Les valeurs propres de la métrique (3.4.32) sont et les trois autres sont solutions de
(3.4.36) |
(3.4.37) | |||
L’identification des coordonnées se fait de la manière suivante. Désignons par les vecteurs propres; leurs composantes sont déterminées par
(3.4.38) | |||
(3.4.39) | |||
(3.4.40) |
où désigne une des 3 valeurs propres . Cherchons ensuite quelle est, parmi les coordonnées , celle qui peut être associée à la valeur propre positive et qui sera donc la coordonnée temps; autrement dit, l’axe de la coordonnée temps sera identifié avec la direction dans laquelle est orienté asymptotiquement le cône de lumière. Or pour on a
(3.4.41) |
ce qui signifie que le cône de lumière est déjà orienté (pour ) suivant l’axe désigné par ; est donc la coordonnée temps. Pour , on obtient
(3.4.42) |
ce qui signifie que le vecteur propre associé est orienté, pour , vers le troisième axe, ce dernier peut être confondu avec l’axe de la coordonnée ou celui de la coordonnée . Nous l’identifions avec l’axe de la coordonnée (la troisième coordonnée cylindrique usuelle); dans le cas contraire, serait égale asymptotiquement à qui tend vers zéro quand tend vers l’infini et par conséquent la projection 4-dimensionnelle, qui est une des idées de base de la théorie de Kaluza-Klein et qui doit être réalisable au moins à grande distance de la source, deviendrait impossible. est bien la valeur propre associée à ; on vérifie que dans ce cas les rapports , divergent asymptotiquement. Finalement, les coordonnées de (3.4.32) sont bien les coordonnées physiques usuelles.
La solution (3.4.32), obtenue pour un choix particulier de et , peut être généralisée. On peut garder l’expression de et chercher à généraliser celle de . Une approche différente, mais équivalente, consiste à réaliser une transformation linéaire de coordonnées de la forme
(3.4.43) |
de façon, d’une part, à ne pas mélanger la coordonnée avec les autres coordonnées, et d’autre part à conserver les directions principales asymptotiques du tenseur métrique déterminées ci-dessus. Les valeurs propres associées étant telles qu’asymptotiquement , cette contrainte implique . La matrice , qui ne dépend alors plus que de 6 paramètres, ou 3 paramètres en choisissant des échelles arbitraires pour les coordonnées , peut s’écrire
(3.4.44) |
En revenant à la notation initiale –non primée– on obtient la métrique
(3.4.45) | |||||
3.4.4 Interprétation physique
Les potentiels électromagnétiques sont donnés d’après (1.1.3) par , . Le comportement asymptotique des champs magnétique –orthoradial– et électrique –radial– est donc ici
(3.4.46) |
Le champ est principalement électrique pour un observateur situé à grande distance de la source.
Comme nous allons le montrer en calculant le tenseur d’impulsion-énergie effectif, cette source s’interprète bien comme une corde cosmique parcourue par un courant électrique. En effet, les équations (1.5.4) peuvent être réinterprétées comme des équations de Kaluza-Klein avec source
(3.4.47) |
où le tenseur d’impulsion-énergie effectif est la somme d’une contribution distributionnelle, et d’une contribution proportionnelle au tenseur de Lanczos. Les composantes , qui sont le second membre des équations de Maxwell modifiées de la théorie de Kaluza-Klein (équations (1.4.4)), s’interprètent comme les composantes de la densité de courant (), comme une densité de tension, comme une densité de masse et enfin comme une densité de charge scalaire. Pour calculer le premier membre de (3.4.47), écrivons la métrique (3.4.45) sous la forme
(3.4.48) |
(), avec
(3.4.49) | |||||
(3.4.50) |
où
(3.4.51) |
D’où, l’on calcule
(3.4.52) |
(3.4.53) |
où est le laplacien covariant dans la métrique (3.4.53). On démontre à l’aide du théorème de Green que
( est la distribution de Dirac covariante). D’où
(3.4.54) |
D’autre part,
(3.4.55) |
pour la métrique conique (3.4.53).
Finalement les contributions distributionnelles au tenseur d’impulsion-énergie effectif (3.4.47) sont, pour la matrice donnée par (3.4.51)
(3.4.56) | |||
(3.4.57) |
(corde cosmique chargée, animée d’un mouvement de translation le long de son axe, et parcourue par un courant électrique si ). La contribution étendue
(3.4.58) |
correspondant à un courant électrique concentré près de la corde . On peut donc dire qu’il s’agit d’une corde cosmique supraconductrice.
3.5 Étude des géodésiques
Après avoir examiné dans la sous-section 3.4.3 la nature de
la singularité en d’un point de vue structural, examen au
terme duquel cette dernière a été interprétée comme une
corde cosmique
supraconductrice (étendue), nous l’examinerons dans cette section
d’un point de vue comportemental en étudiant le mouvement libre des
particules d’épreuve soumises au champ de force créé par la
corde. Nous verrons qu’une étude analytique permet de conclure que
pour les particules d’épreuve peuvent
atteindre la singularité, tandis que pour les particules
d’épreuve dont les 5-géodésiques sont de genre temps ou
lumière n’atteignent jamais la singularité;
seules les particules pour lesquelles les
5-géodésiques sont de genre espace peuvent, indépendamment de la
valeur de , aller à l’infini.
La loi du mouvement libre est régie par l’équation (1.6.3) des géodésiques que nous allons remplacer par un système d’intégrales premières. Tout le long de ce chapitre nous n’avons considéré que les métriques 4-statiques admettant 4 vecteurs de Killing, donnés par , qui engendrent un groupe d’isométrie abélien. Associées à ces isométries, quatre intégrales premières de mouvement se définissent lors d’un mouvement libre de particules d’épreuve et expriment l’homogénéité de l’espace-temps le long des 4 axes définis par les 4 vecteurs ; elles sont données par (voir, par exemple, [18])
qui ne sont autres que les composantes covariantes des vitesses le long des axes définis par les vecteurs de Killing; elles peuvent être reliées à des grandeurs physiques comme le moment angulaire et la charge qui sont respectivement proportionnels à (voir aussi [18]). Or et , d’où par inversion
(3.5.1) |
qui est équivalente aux 4 équations géodésiques pour ; l’équation pour s’écrit avec
(3.5.2) |
où les ont été éliminés à l’aide de (3.5.1). En multipliant (3.5.2) par cette équation s’intègre, en tenant compte de par
(3.5.3) |
Le paramètre affine de la géodésique peut être choisi tel que avec ou , respectivement pour les 5-géodésiques de genre espace, lumière ou temps; dans ce cas la constante d’intégration dans (3.5.3) est égale à . Finalement, l’équation des géodésiques (1.6.3) est équivalente au système d’équation
(3.5.4) | |||
(3.5.5) |
Pour une étude qualitative du mouvement géodésique, nous nous contentons de reconsidérer la métrique (3.4.32) équivalente de ce point de vue à (3.4.45):
(3.5.6) |
(3.5.7) |
(3.5.12) | |||||
Indépendamment de la valeur de la charge (proportionnelle à
), le mouvement sur le cylindre
de Klein, équation (3.5.12), se fait à vitesse constante
indépendante de la position de la particule dans l’espace, tandis
que l’équation (3.5.12) assure la conservation du momemt
angulaire ordinaire . Examinons de plus près le comportement
de l’équation (3.5.12) quand ; on déduit:
1) Si nous distinguons:
a) si
(3.5.13) |
les termes logarithmiques sont négligeables devant le terme en
qui est négatif; l’équation (3.5.12) admet
toujours des solutions, et les particules peuvent atteindre la
singularité, quel que soit . Ainsi pour , toutes
les particules peuvent, pour un rapport
suffisamment petit, atteindre la singularité au bout d’un temps
propre fini,
b) si
(3.5.14) |
le terme en est absent alors que le premier membre
de (3.5.12) reste positif () dû au
terme en . La particule ne peut donc pas atteindre la
singularité,
c) si
(3.5.15) |
les termes logarithmiques sont toujours négligeables devant le terme en
qui est maintenant positif ainsi que tout le premier
membre de (3.5.12) qui n’admet donc pas de solutions
(). En particulier, pour aucune
particule ne peut atteindre –même radialement– la
singularité.
2) Si ( quelconque), les particules ne
peuvent atteindre la singularité que radialement (); ce
sont les particules pour lesquelles , .
L’étude du comportement de (3.5.12) pour peut être menée de la même façon; une fois de plus, le mouvement dépend de lavaleur de . Si , le premier membre de (3.5.12), égal asymptotiquement à
est positif, et donc (3.5.12) n’admet pas de solutions avec . Indépendamment de la valeur de , aucune particule ne peut donc dans ce cas aller à l’infini. Si , l’équation (3.5.12) n’admet des solutions avec que pour et . Finalement, et de façon indépendante de la valeur de , seules les particules pour lesquelles les 5-géodésiques sont de genre espace peuvent aller à l’infini (si ); le fait que les 5-géodésiques de genre temps ou lumière ne s’étendent pas à l’infini est une pathologie due à l’hypothèse –non physique– de la symétrie axiale.
3.6 Conclusion
Nous avons trouvé –dans l’hypothèse d’existence de 4 vecteurs de Killing – des solutions cordes cosmiques chargées (sans champ magnétique) et neutres à la théorie de Kaluza-Klein (sans terme de Gauss-Bonnet; section 3.2) qui ont été identifiées dans la sous-section 3.3.2, leurs seules sources effectives étant purement distributionnelles.
Dans la section 3.3 nous avons obtenu les mêmes solutions en incorporant le terme de Gauss-Bonnet dans l’action d’Einstein-Hilbert (), pour lesquelles le tenseur de Lanczos est nul et qui constituent donc un cas particulier des solutions de Kaluza-Klein () avec une source effective distributionnelle; la considération du terme de Gauss-Bonnet étant donc, de ce point de vue, formelle.
Les solutions exposées dans la section 3.3 ne sont pas toutes acceptables physiquement, en omettant les solutions de la forme –ce qui constitue une première sélection– le développement mené dans la sous-section 3.4.1 n’a concerné, au début, que les solutions de Kaluza-Klein de la forme , puis enfin, par une deuxième sélection, que les solutions cordes cosmiques. La méthode a permis ensuite de construire une métrique admettant quatre, et seulement quatre, vecteurs de Killing (voir Annexe 4), dépendant de 4 paramètres et pour laquelle le tenseur de Lanczos –une fois contravariant– proportionnel à la source effective étendue est non nul. Le fait que la densité effective de courant ait une contribution continue nous a conduit à qualifier la solution (exacte) corde cosmique de supraconductrice.
Le tenseur de Lanczos se manifeste dans les équations du mouvement géodésique, en particulier dans l’intégrale première (3.5.12), par un terme qui ne se distingue du terme centrifuge que par le signe de ; si ce dernier est négatif les particules sont en général attirées vers la singularité indépendamment du genre de leurs géodésiques. Inversement, si est positif, les géodésiques de genre temps ou lumière ne s’étendent pas jusqu’à la singularité. Ces mêmes géodésiques ne s’étendent pas non plus jusqu’à l’infini (); ce comportement pathologique pourrait disparaître dans le cas plus physique de cordes fermées.
Annexe 1: Formulaire mathématique
Métrique
L’inverse de est notée :
(3.6.1) |
(3.6.2) |
où (;) dénote la dérivation covariante (voir
(3.6.5)).
Connexions affines
(3.6.3) | |||||
(3.6.4) |
où (,) dénote une dérivation partielle ordinaire.
Dérivation covariante
(3.6.5) | |||||
Tenseur de Riemann
(3.6.6) |
Propriétés algébriques de :
(3.6.7) |
Tenseur de Ricci
(3.6.8) |
Scalaire de courbure
(3.6.9) |
Identités de Bianchi
(3.6.10) |
Formule d’interpolation de Lagrange pour la fonction
(3.6.11) |
où les sont les valeurs propres distinctes de la matrice .
Annexe 2: Unicité de la solution de Gauss-Bonnet
On se propose de montrer dans cette section l’unicité de la solution des équation de Gauss-Bonnet pour laquelle . En ayant montré la non existence de solutions dans les cas (), (), il nous reste à traiter le cas générique . Dans ce cas l’équation (3.3.3) devient
(3.6.12) |
avec
(3.6.13) |
(3.6.14) | |||
(3.6.15) |
étant un polynôme annulateur de , la méthode de
résolution consiste à chercher, pour quelles valeurs des
paramètres , il est le polynôme minimal de avec
les conditions (3.6.14), (3.6.15); sinon à en
recommencer avec des polynômes annulateurs d’ordre inférieur et
ainsi de suite. étant d’ordre 3, la démonstration se fait
donc en 3 étapes.
Étape 1
Supposons que est le polynôme minimal de . Et soit le polynôme caractéristique de
(3.6.16) |
Le reste de division de par doit être identiquement nul [39] étant donné que est aussi un polynôme annulateur de d’ordre supérieur. Le reste de la division analytique est un polynôme d’ordre 2, en annulant identiquement les coefficients de on obtient respectivement
(3.6.17) | |||
(3.6.18) | |||
(3.6.19) |
où l’équation (3.6.14) a été utilisée dans (3.6.18). En comparant (3.6.17) et (3.6.15), on obtient
qui, combinée avec (3.6.19), donne
(toutes les constantes sont réelles), d’où
( est le signe de ). Cette relation de proportionnalité entre et ne satisfait pas l’équation obtenue en éliminant entre (3.6.17), (3.6.18), qui s’écrit
Il est donc impossible que soit le polynôme minimal de
avec les conditions (3.6.14), (3.6.15).
Étape 2
Cherchons s’il existe des polynômes annulateurs de d’ordre 2
Supposons que soit le polynôme minimal de . D’où en prenant les traces de et de
(3.6.20) | |||
(3.6.21) |
Le reste de division de –un annulateur de – par est un polynôme d’ordre 1 qui doit être identiquement nul, d’où les relations suivantes annulant ses coefficients
(3.6.22) | |||
(3.6.23) |
(3.6.24) |
On peut montrer que (3.6.21) et (3.6.24) sont compatibles avec (3.6.22), (3.6.23). En effet, la combinaison (3.6.21)(3.6.23) donne en sommant membre à membre
(3.6.25) |
En réalisant ensuite la combinaison (3.6.25)(3.6.22) et en sommant membre à membre, on retrouve (3.6.24).
Pour le reste, nous posons ()
(3.6.26) |
Les relations (3.6.22), (3.6.23) s’écrivent maintenant 666Si , les relations (3.6.22), (3.6.23) fusionnent en (3.6.27) (3.6.28) d’où . De on déduit (3.6.29) (3.6.30) En substituant (3.6.28), (3.6.29) dans (3.6.15), on obtient qui n’est pas compatible avec (3.6.30).
(3.6.31) | |||
(3.6.32) |
Le reste de division de par doit, lui aussi, être identiquement nul, d’où les deux relations suivantes
(3.6.33) | |||
(3.6.34) |
où est donné en fonction de par (3.6.15). Si
on a alors
(3.6.35) |
(3.6.36) |
qui se transforme à l’aide de (3.6.35) en
(3.6.37) |
dont le second membre est toujours positif; le premier membre n’est
positif que pour . Les racines réelles de (3.6.37) doivent donc appartenir à cet intervalle dans lequel le
premier membre de (3.6.37) est strictement inférieur
à 9/4 et le second membre est strictement supérieur à ; ce qui est impossible. Si
la relation (3.6.36) devient
d’où
et
Or, pour ces valeurs, la relation (3.6.34) devient
si on prend le signe dans , ou
si on prend le signe dans .
Finalement, on conclut que la matrice n’admet pas de polynôme
minimal d’ordre 2.
Étape 3
Annexe 3: Unicité de la solution de Gauss-Bonnet
On se propose de montrer que avec et est l’unique solution à symétrie cylindrique sous la forme ( non constante) de la théorie de Kaluza-Klein avec terme de Gauss-Bonnet. Partons de l’expression
(3.6.38) |
et sans perdre de généralité, on prend
(3.6.39) |
(3.6.40) |
où la relation (3.3.2) a été utilisée dans (3.6.40). Le polynôme est un polynôme annulateur de la
matrice constante , or, ses coefficients sont fonctions
de , pour qu’il en soit ainsi, ces derniers doivent être
proportionnels 777On verra qu’ils ne peuvent pas s’annuler
identiquement. entre eux. On distingue deux cas:
1) Cas
a) . On doit avoir
(3.6.42) | |||
(3.6.43) | |||
(3.6.44) |
( sont des constantes réelles avec, dans ce cas, ; sinon ). D’où de (3.6.42)
(3.6.45) |
En substituant (3.6.45) dans (3.6.43) pour supprimer , on obtient –en particulier– en comparant les puissances de
(3.6.46) |
(l’autre relation détermine en fonction de ). Or,
étant proportionnel à , la
relation (3.6.44) ne peut être satisfaite que si
, d’où . On déduit alors que pour , ne
peut être annulateur de .
b) . Les équations (3.6.42), (3.6.43) restent valables et (3.6.44) est maintenant équivalente à (3.6.43) (). D’où de (3.6.42), . La relation (3.6.43) conduit à
(3.6.47) |
L’équation (Annexe 3: Unicité de la solution de Gauss-Bonnet) se ramème à
(3.6.48) |
d’où en prenant la trace
(3.6.49) |
L’équation caractéristique de est maintenent (voir (3.1.11))
(3.6.50) |
qui, combinée avec (3.6.48), donne
(3.6.51) |
d’où en prenant la trace
(3.6.52) |
En substituant (3.6.47), (3.6.52) dans le premier
membre de (Annexe 3: Unicité de la solution
de Gauss-Bonnet), on obtient au numérateur –après
réduction au même dénominateur– un polynôme en qui
doit être identiquement nul. Le coefficient du terme le plus
élevé –– étant proportionnel à
, d’où , et par conséquent:
et ,
qui s’intègre par . On retrouve ainsi la solution
discutée dans la sous-section 3.3.2.
2) Cas
a) . Dans ce cas est un polynôme d’ordre 2. De
on déduit la valeur de
coefficient de dans , alors que
celui de contient un terme en en plus, et par
conséquent ne peuvent pas être proportionnels. Le polynôme
n’est donc pas annulateur de dans ce cas.
b) . Dans ce cas est un polynôme d’ordre 1 qui s’écrit
(3.6.53) |
d’où en prenant la trace: Tr, qui en désaccord avec
l’hypothèse Tr.
On a ainsi montré l’unicité de la solution avec .
Annexe 4: Vecteurs de Killing de la corde cosmique supraconductrice
On se propose d’intégrer –sans faire trop de commentaires– l’équation de Killing
(3.6.54) |
pour la métrique corde cosmique supraconductrice:
équivalente à (3.4.45). L’équation (3.6.54) est équivalente à
(3.6.55) |
(3.6.56) |
(3.6.57) |
(3.6.58) |
(3.6.59) |
(3.6.60) |
Nous avons ainsi déterminé
en fonction de et à des fonctions près qui restent à déterminer:
(3.6.61) |
(3.6.62) |
(3.6.63) |
(3.6.64) |
(3.6.65) |
(3.6.66) |
(3.6.70) |
Les fonctions sont donc des constantes réelles arbitraires et . Finalement, on a
(3.6.78) | |||
(3.6.79) | |||
(3.6.80) | |||
(3.6.81) | |||
(3.6.82) |
et
(3.6.83) | |||
(3.6.84) | |||
(3.6.85) | |||
(3.6.86) | |||
(3.6.87) |
On conclut ainsi que tout vecteur de Killing , solution de (3.6.54), est une combinaison linéaire des 4: avec des coefficients constants ().
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