École Normale Supérieure de Paris
Département de Mathématiques et Applications - Département de Physique
03/09/2015
Mémoire de Licence
De la structure de jauge des équations de Maxwell à l’étude des théories au delà du modèle standard grâce à la mesure du couplage trilinéaire du champ de Higgs

Valdo Tatitscheff
valdo.tatitscheff@ens.fr

Encadrant en mathématique : Thierry Lévy (UPMC)
Encadrant en physique : Roberto Salerno (CNRS, CMS)

Le concept de théorie de jauge a progressivement émergé durant le 20ème siècle, lors de la construction du Modèle Standard de la physique des particules. Ce mémoire aborde divers aspects des théories de jauge. Tout d’abord, une interprétation ”moderne” des équations de Maxwell en termes de formes différentielles motive une définition géométrique des théories de jauge comme une étude des connexions sur les fibrés principaux. Après un rapide résumé de l’histoire des théories de jauge en physique des particules, la construction géométrique précédente est appliquée à l’étude de la théorie électrofaible, et du Modèle Standard. Si ce dernier (dont la construction s’est achevée dans les années 1980) a aujourd’hui fait ses preuves expérimentales, il ne demeure pas moins incomplet, au moins d’un point de vue théorique. Le boson de Higgs, observé pour la première fois en 2012 au LHC, est une particle au sujet de laquelle on n’a aujourd’hui que très peu d’informations. Des indications intéressantes quant’à aux biais par lesquels il est le plus judicieux d’étendre le Modèle Standard pourraient être données si l’on observait des différences notoires entre la valeur mesurée de certains paramètres du boson de Higgs, et celle prévue par le Modèle Standard. Le couplage trilinéaire du boson de Higgs fait partie de ces paramètres intéressants. Ainsi, la dernière partie est une étude phénoménologique de l’impact de variations de cette quantité sur les distributions typiquement observables par le détecteur de particules CMS, au LHC.

Introduction

Les équations de Maxwell

Notre étude débute au milieu du XIXeme𝑋𝐼superscript𝑋𝑒𝑚𝑒XIX^{eme} siècle, lorsque James Clerk Maxwell, en se basant principalement sur les travaux de Faraday et Ampère, développe un cadre mathématique à l’électromagnétisme. Il rassemble (en 1965) en vingt équations différentielles à vingt variables [1], les lois qui décrivent le comportement des champs électriques et magnétiques, et leur interaction avec la matière. Elles prévoient en particulier l’existence d’une onde, perturbation du champ électromagnétique, se déplaçant dans le vide à une vitesse finie, accessible expérimentalement. Maxwell calcule avec les données de l’époque 310 740 000 m.s1formulae-sequence𝑚superscript𝑠1m.s^{-1}. Pour citer son papier de 1965 : ”The general equations are next applied to the case of a magnetic disturbance propagated through a non-conductive field, and it is shown that the only disturbances which can be so propagated are those which are transverse to the direction of propagation, and that the velocity of propagation is the velocity v, found from experiments such as those of Weber, which expresses the number of electrostatic units of electricity which are contained in one electromagnetic unit. This velocity is so nearly that of light, that it seems we have strong reason to conclude that light itself (including radiant heat, and other radiations if any) is an electromagnetic disturbance in the form of waves propagated through the electromagnetic field according to electromagnetic laws”. C’est une véritable révolution. De plus, ces idées ont directement mené à la relativité restreinte. Nous verrons plus tard en quoi ces équations donnaient en fait également un avant-goût de la physique quantique.

Dans son traité de 1973 reprenant en particulier ces travaux, Maxwell a modifié ses équations en utilisant des notations quaternioniques [2] ce qui réduit leur nombre à huit. Ce n’est que plus tard qu’Heaviside et Gibbs introduisent les notations vectorielles qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui, et dérivent les fameuses ”quatre équations de Maxwell”.

L’apport de la géométrie différentielle au 20ème siècle permet enfin de réécrire ces équations sous la forme de deux équations seulement, plus générales que les équations de Maxwell dans le sens où elles sont définies dans un espace-temps courbe (à peu près) quelconque. C’est l’objet du premier chapitre que de dériver ces deux équations grâce au langage géométrique.

De nouvelles dimensions pour géométriser les interactions…

Nous verrons au cours de notre travail, que pour dériver une géométrie agréable pour décrire des interactions, il est nécessaire de ”rajouter des dimensions au dessus de l’espace(-temps)”. En guise d’exemple, considérons le cas particulier de la gravitation. On veut trouver un environnement adapté pour décrire la gravitation ; on demande une géométrie de l’espace(-temps) telle qu’un objet soumis uniquement à son poids suive les géodésiques de cette géométrie. Sur un espace courbe ”quelconque”, une courbe géodésique entre deux points minimise la longueur du parcours. Ces courbes particulières vérifient une propriété très forte : deux géodésiques tangentes en un point sont forcément confondues. Si on s’intéresse aux trajectoires suivies par deux boulets de canon dans notre espace 3superscript3\mathbb{R}^{3}, elles peuvent être tangentes en un point sans toutefois être confondues, par conséquent les deux boulets ne suivent pas les géodésiques de la géométrie euclidienne à trois dimensions. En ajoutant une dimension temporelle, la condition de tangence sur les trajectoires dans l’espace à quatre dimensions ajoute la condition d’égalité des vitesses des deux boulets au point de tangence. On ne peut alors plus affirmer que les deux masses ne suivent pas les géodésiques de cette géométrie. La relativité générale dit même en fait que les chemins suivis par des objets massifs soumis uniquement à la gravité sont des géodésiques pour cette géométrie imposée sur l’espace temps. Ainsi rajouter une dimension permet de géométriser la gravitation.

Refer to caption
Figure 1: Rajouter une dimension temporelle lève l’indétermination liée à la vitesse du mobile. Ici on a représenté une dimension de la surface de la Terre, l’axe x, avec la normale verticale que constitue l’axe y.

Si maintenant les boulets sont chargés, de charges opposées, et plongés dans un champ électromagnétique, les trajectoires seront à nouveau différentes. Nous verrons qu’une solution est de rajouter une dimension de charge. L’espace résultant à cinq dimensions, étudié par Kaluza (1921) puis Klein (1926) et surtout Weyl, a en fait une structure de fibré principal de groupe U(1)𝑈1U(1) que nous définirons dans le second chapitre. Une connexion ou potentiel de jauge munit cet espace d’une bonne géométrie et nous permet de parler de la composante de charge d’une géodésique de cet espace à 5 dimensions. Si une géodésique a une charge q, sa projection sur l’espace temps est la trajectoire (non géodésique) d’un objet de charge q soumis à la force du potentiel de jauge. L’équivariance du potentiel de jauge sous l’action de U(1)𝑈1U(1) assure en fait la conservation de la charge. Les trois ouvrages principalement utilisés pour la partie mathématique sont les livres de S. Bleecker Gauge theory and variational principles [3], de R. Coquereaux Espaces fibrés et connexions [4] et de S. Kobayashi et K. Nomizu Foundations of Differential Geometry [5].

Présentation du mémoire

C’est lors de la XIXème édition du Séminaire Poincaré que j’ai rencontré Yves Sirois, qui présentait ”la découverte du boson H au LHC”. J’ai pu, grâce à lui, faire mon stage d’un mois au laboratoire Leprince-Ringuet (LLR), sur le campus de l’école Polytechnique, dans la collaboration CMS, et encadré par Roberto Salerno, sur le sujet ”Etude de la production double de bosons de Higgs au delà du modèle standard”. Dans le cadre du cursus mixte maths-physique de licence de l’ENS, M. Bouttier et M. Kashani Poor m’ont fait rencontrer Thierry Lévy, qui a accepté de m’encadrer pour la partie mathématique de mon mémoire, avec la problématique suivante : ”En quoi les équations de Maxwell contiennent-elle intrinsèquement des germes de théories quantiques de champs ?”.

Afin d’essayer de répondre à cette dernière question, et présenter les résultats obtenus à l’issue du stage de physique expérimentale au sein de la collaboration CMS, ce travail, qui résume mes recherches personnelles et mes travaux de stage durant ma dernière année de licence 2014-2015, est divisé en quatre parties successives.

La première partie traite deux idées principales. Tout d’abord, nous montrons que les équations de Maxwell sont relativistes, ce qui passe par l’introduction d’objets chers à la relativité (voir les notes historiques du début du second chapitre), les tenseurs, dont nous rediscuterons la signification profonde, en lien avec l’existence d’un objet, au sens mathématique, lorsque les propos auront été nourris par des concepts tels que la bonne définition au sens de la jauge pour des champs de particules. Ensuite, il s’agit d’introduire le cadre de géométrie différentielle, les notions allant de pair avec le concept de variété, permettant de réécrire les équations de Maxwell sous leur forme moderne (deux équations). Ce cadre permet, comme nous l’avons dit, de généraliser les équations de Maxwell ; il devient possible de faire de l’électromagnétisme dans un espace-temps courbé.

Le deuxième partie comprend tout d’abord un retour sur l’histoire de l’émergence du concept de jauge dans les théories des interactions, puis introduit les objets centraux des théories de jauge : espaces fibrés, connexions, courbure. Les équations de Maxwell ne sont qu’un cas particulier de ces théories ; c’est là que nous verrons aussi ce que les équations de Maxwell ont d’intrinsèquement quantique.

Dans le troisième chapitre, nous proposons une approche (un peu) originale de la théorie standard électrofaible, ou modèle de Glashow-Salam-Weinberg, dans la mesure où elle est toujours traitée, dans les ouvrages de théories quantiques des champs, de manière ”physique”, avec le poids de l’histoire et des traditions, ce qui ne met pas forcément en valeur la structure de jauge qui, nous l’espérons, sera apparue comme fondamentale avec le regard des chapitres précédents. Le but est donc de dériver la théorie standard électrofaible en partant de la structure de jauge comme fondement absolu. Comme pour l’émergence de la jauge, l’histoire est indissociable de la manière dont s’est construite la théorie que nous connaissons aujourd’hui, c’est pourquoi nous présentons avant tout les grandes étapes de la découverte et de l’étude des interactions faibles, jusqu’aux miracles les plus récents. Après le modèle standard électrofaible (sans la masse), le mécanisme de Higgs est présenté, puis la brisure de la symétrie SU(2)𝑆𝑈2SU(2), et l’apparition de la masse, mathématiquement, dans la théorie, mais aussi physiquement, dans l’Univers, une nanoseconde après le Big Bang. Enfin, un rapide tableau des grandes familles de théories ”Beyond the Standard Model” (BSM) est dressé.

Le quatrième et dernier chapitre, dont la partie précédente constitue le cadre théorique, résume les travaux et résultats du stage au LLR, qui répondent à la problématique : Comment peut-on accéder à la mesure de l’auto-couplage λ𝜆\lambda du champ de Higgs en analysant la productions di-Higgs par fusion de gluons au LHC, dans la détecteur CMS ?

La présentation pour laquelle j’ai opté n’est sans doute pas la plus efficace possible. Cependant, je voulais faire un exposé le plus accessible possible et surtout, cohérent. J’ai donc rajouté l’introduction de concepts qui préparent à l’étude, pour que l’entrée en matière soit la plus douce possible. Les notes historiques en particulier ne sont pas non plus indispensables à la géométrie et la physique à proprement parler, mais sont importantes pour saisir la motivation des définitions. Dans ce mémoire, j’ai surtout repris des concepts et des idées préexistantes, et mon apport personnel, surtout dans la partie mathématique, passe essentiellement par les remarques dans lesquelles je donne une interprétation qui me tient à cœur des objets utilisés, et par la structure globale de l’exposé. Un fait qui m’a marqué en étudiant les différents concepts, est que l’intuition dans de tels domaines est certes longue à acquérir, mais esthétique et en fait très naturelle en regard des développements du siècle dernier qui ont mené à ces théories. Les raisonnements qui ont mené Weyl à de telles avancées mathématiques semblent d’ailleurs poussés par une grande intuition et un sens physique très fin (introduction du fibré des échelles, du fibré des phases…). La vision qui en résulte, de ce qu’est une interaction, est également intéressante. On comprend mieux la nature d’un boson de jauge, du photon en électromagnétisme par exemple, qui définit simplement un transport canonique de la phase des fonctions d’ondes quantiques dans l’espace-temps, et fait ainsi interagir les charges.

Le troisième chapitre est une initiative complètement personnelle, que j’ai voulu mener à terme, déjà parce que je trouvais l’idée intéressante, mais aussi car le format de l’exercice - le stage-mémoire du cursus mixte maths-physique de l’ENS - semble tout à fait s’y prêter. J’ai eu une chance inouïe (j’ai été bien aiguillé) de pouvoir faire un mémoire de mathématique sur un sujet extrêmement proche de ce que j’allais étudier durant mon stage de physique. J’ai donc voulu, au lieu de rendre un mémoire de géométrie d’un côté, et un rapport de stage de l’autre, présenter un seul dossier, cohérent, d’où la troisième partie qui sert de ”transition” entre le mémoire et le rapport de stage. Les discussions que j’ai pu avoir, les personnes que j’ai pu écouter notamment lors du séminaire Higgs Hunting 2015 au LAL à Orsay, m’ont poussé à poursuivre cette idée. Il en résulte un dossier beaucoup trop long certes, mais de nombreuses sous-parties pourront être passées par les lecteurs déjà familiers avec les concepts. J’espère qu’il sera plus lisible pour les autres.

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier mes encadrants, qui ont fait don avec une infinie gentillesse, de beaucoup de temps, de conseils, d’explications, afin de m’aiguiller sur le chemin que j’ai suivi, et dont ce mémoire est l’aboutissement. Je leur suis redevable de tout ce que j’ai pu comprendre de ces belles théories. Merci à Yves Sirois bien sur de m’avoir permis de faire un tel stage au sein du laboratoire, pour ses réponses éclairées et enjouées à mes questions, et ses encouragements. Merci à M. Bouttier et M. Kashani Poor d’avoir rendu ce travail qui m’a fait découvrir des domaines des sciences tout à fait passionnants possible. J’ai également profité d’un accueil plus que convivial au LLR, et ai passé grâce à cela six semaines tout à fait merveilleuses, internationales, et pleines de découvertes ; merci à ceux que j’ai pu embêter avec mes discussions interminables, Luca Mastrolorenzo, Florian Beaudette, Luca Cadamuro, Raphaël Duque, François Bacher, et tous les autres dont la liste complète remplirait bien plus que cette page. Merci enfin à mes parents pour leur relecture bienveillante et pas toujours amusante.

Chapitre 1 Les équations de Maxwell généralisées

”La libération du carcan de l’espace et du temps est une aspiration du poète et du mystique, mais ce sont les mathématiciens qui l’ont réalisé” (Eddington)

1.1 Équations de Maxwell et relativité

Nous allons voir dans cette partie que les équations de Maxwell ne sont pas invariantes par action du groupe de Galilée. On introduit les notations tensorielles d’emblée pour, entre autres, alléger les calculs.

1.1.1 Calcul tensoriel dans des espaces vectoriels réels de dimension finie

Approche ”intuitive”

Dans l’espace plat V=n𝑉superscript𝑛V=\mathbb{R}^{n} muni d’une base (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]}, un vecteur v𝑣v de composantes visuperscript𝑣𝑖v^{i} s’écrit

v=1nviei𝑣superscriptsubscript1𝑛superscript𝑣𝑖subscript𝑒𝑖v=\sum_{1}^{n}v^{i}e_{i}

En dimension finie, V est canoniquement isomorphe à son espace dual (l’espace des formes linéaires sur V) noté Vsuperscript𝑉V^{*}. On note (ei)i[|1,n|](e^{i})_{i\in[|1,n|]} la base duale associée à (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} ; une forme linéaire quelconque fV𝑓superscript𝑉f\in V^{*} s’écrit dans cette base

f=1nfiei𝑓superscriptsubscript1𝑛subscript𝑓𝑖superscript𝑒𝑖f=\sum_{1}^{n}f_{i}e^{i}
Remarque 1.

Un vecteur v𝑣v (qu’on s’imagine comme une petite flèche), tout comme une forme linéaire f𝑓f (qu’on peut visualiser comme un ensemble de lignes de niveau), existe sans même qu’on ait besoin de choisir une base pour pouvoir écrire ses composantes, par conséquent, ses coordonnées ne changent pas n’importe comment quand on décide de regarder ”l’objet” d’une manière différente (dans une base différente). C’est ce qui motive les définitions suivantes. Les notions sont introduites dans ce cadre qui n’est qu’un cas très particulier de la théorie présentée par les géomètres italiens Levi-Civita et Ricci dans leur papier de 1900 : [6].

Soit P𝑃P = (Pji)i,j[|1,n|](P^{i}_{j})_{i,j\in[|1,n|]} la matrice de passage de la base (ek)k[|1,n|](e_{k})_{k\in[|1,n|]} à la base (ek)k[|1,n|](e^{\prime}_{k})_{k\in[|1,n|]}. Soit v𝑣v un vecteur de V𝑉V, de coordonnées (vi)i[|1,n|](v^{i})_{i\in[|1,n|]} dans la base de départ et (vi)i[|1,n|](v^{\prime i})_{i\in[|1,n|]} dans la base d’arrivée. On exprime ’les anciennes coordonnées en fonction des nouvelles’, c’est-à-dire que pour les coordonnées d’un vecteur les formules de changement de base sont :

vi=1nPjivjsuperscript𝑣𝑖superscriptsubscript1𝑛subscriptsuperscript𝑃𝑖𝑗superscript𝑣𝑗v^{i}=\sum_{1}^{n}P^{i}_{j}v^{\prime j} (1.1)

pour tout i[|1,n|]i\in[|1,n|]. Par définition de la matrice de passage, on exprime par contre ’les nouveaux vecteurs de base en fonction des anciens’, c’est-à-dire :

ej=1nPjieisubscriptsuperscript𝑒𝑗superscriptsubscript1𝑛superscriptsubscript𝑃𝑗𝑖subscript𝑒𝑖e^{\prime}_{j}=\sum_{1}^{n}P_{j}^{i}e_{i} (1.2)

On veut donner une définition rigoureuse de ces propriétés, voici la définition historique des géomètres italiens :

Définition 1.

On appelle système d’ordre m un ensemble de fonctions des n vecteurs de base et à valeurs dans un espace vectoriel réel en correspondance bijective avec [|1,n|]m[|1,n|]^{m}.

Remarque 2.

Cette définition est à comprendre au sens suivant : les fonctions servent à décrire un objet, par exemple un vecteur (et ce sont ses coordonnées), dans ce cas il y a n fonctions des n vecteurs de base. Si on veut décrire un endomorphisme, il faut nm𝑛𝑚nm fonctions des n𝑛n vecteurs de base s’il est à valeurs dans un espace de dimension m𝑚m.

Définition 2.

On dit qu’un système d’ordre m est covariant (et ses éléments seront désignés par des symboles Xi1imsubscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑖𝑚X_{i_{1}...i_{m}}) si les éléments dans la nouvelle base (ek)k[|1,n|](e^{\prime}_{k})_{k\in[|1,n|]} s’expriment par rapport à ceux de l’ancienne base (ek)k[|1,n|](e_{k})_{k\in[|1,n|]} par les formules :

Xi1im=a1=1nam=1nXa1amPi1a1Pimamsubscriptsuperscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑖𝑚superscriptsubscriptsubscript𝑎11𝑛superscriptsubscriptsubscript𝑎𝑚1𝑛subscript𝑋subscript𝑎1subscript𝑎𝑚superscriptsubscript𝑃subscript𝑖1subscript𝑎1superscriptsubscript𝑃subscript𝑖𝑚subscript𝑎𝑚X^{\prime}_{i_{1}...i_{m}}=\sum_{a_{1}=1}^{n}...\sum_{a_{m}=1}^{n}X_{a_{1}...a_{m}}P_{i_{1}}^{a_{1}}...P_{i_{m}}^{a_{m}}

où P est la matrice de passage P=(Pij)𝑃superscriptsubscript𝑃𝑖𝑗P=(P_{i}^{j}) (lignes i et colonnes j).
On dit qu’un système d’ordre m est contravariant (et ses éléments seront désignés par des symboles Xi1imsuperscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑖𝑚X^{i_{1}...i_{m}}) si les éléments dans la nouvelle base (ek)k[|1,n|](e^{\prime}_{k})_{k\in[|1,n|]} s’expriment par rapport à ceux de l’ancienne base (ek)k[|1,n|](e_{k})_{k\in[|1,n|]} par les formules :

Xi1im=a1=1nam=1nXa1am(P1)a1i1(P1)amimsuperscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑖𝑚superscriptsubscriptsubscript𝑎11𝑛superscriptsubscriptsubscript𝑎𝑚1𝑛superscript𝑋subscript𝑎1subscript𝑎𝑚subscriptsuperscriptsuperscript𝑃1subscript𝑖1subscript𝑎1subscriptsuperscriptsuperscript𝑃1subscript𝑖𝑚subscript𝑎𝑚X^{\prime i_{1}...i_{m}}=\sum_{a_{1}=1}^{n}...\sum_{a_{m}=1}^{n}X^{a_{1}...a_{m}}(P^{-1})^{i_{1}}_{a_{1}}...(P^{-1})^{i_{m}}_{a_{m}}

où P est la matrice de passage P=(Pij)𝑃superscriptsubscript𝑃𝑖𝑗P=(P_{i}^{j}) (lignes i et colonnes j).

On vient donc de voir que les coordonnées d’un vecteur forment une famille contravariante tandis que les vecteurs de base forment une famille covariante. Les notations utilisées pour les différents objets duaux ne sont pas anodines puisque les cordonnées des vecteurs du dual Vsuperscript𝑉V^{*} forment une famille covariante tandis l’ensemble des vecteurs de la base duale est une famille contravariante.

Introduisons la convention de sommation d’Einstein qui consiste à supprimer dans l’écriture des équations le signe somme, si cette dernière porte sur un indice répété dans un produit de grandeurs contravariantes (indice en haut) et covariantes (indice en bas). Dans le cadre de cette convention, la dimension de l’espace considéré étant connue et fixée, on notera un vecteur v𝑣v dans la base (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} : vieisuperscript𝑣𝑖subscript𝑒𝑖v^{i}e_{i}, une forme linéaire dans la base duale associée (ei)i[|1,n|](e^{i})_{i\in[|1,n|]} : fieisubscript𝑓𝑖superscript𝑒𝑖f_{i}e^{i}, etc…

Approche algébrique
Définition 3.

Soient U𝑈U et V𝑉V deux espaces vectoriels de dimension finie sur \mathbb{R}. Soit M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) l’espace vectoriel sur \mathbb{R} dont les vecteurs de base sont les couples (u,v)uU,vVsubscript𝑢𝑣formulae-sequence𝑢𝑈𝑣𝑉(u,v)_{u\in U,v\in V}. On regarde alors ces couples comme des objets fondamentaux, aucune opération algébrique n’est a priori définie sur les couples eux-mêmes : par exemple, M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) contient toutes les combinaisons linéaires finies de ces couples, mais pour tout réel λ𝜆\lambda différent de 111 ou 00 on a : λ(u,v)(λu,λv)𝜆𝑢𝑣𝜆𝑢𝜆𝑣\lambda\cdot(u,v)\neq(\lambda u,\lambda v) car λ(u,v)𝜆𝑢𝑣\lambda\cdot(u,v) représente λ𝜆\lambda fois le vecteur de base (u,v)𝑢𝑣(u,v) tandis que (λu,λv)𝜆𝑢𝜆𝑣(\lambda u,\lambda v) est un autre vecteur de base de M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V). M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) est le produit libre et non le produit cartésien de U𝑈U et V𝑉V.

Remarque 3.

Cette définition, bien qu’aride, définit un espace beaucoup plus gros que U×V𝑈𝑉U\times V. Cette définition se transpose naturellement à des espaces vectoriels quelconques. Considérons par exemple V𝑉V et W𝑊W deux espaces vectoriels de dimension 222 sur le corps à trois élément 𝔽3subscript𝔽3\mathbb{F}_{3}. L’espace vectoriel V×W𝑉𝑊V\times W est un espace vectoriel de dimension 444 tandis que M(V,W)𝑀𝑉𝑊M(V,W) est de dimension 818181 !

Dans le cas d’espaces vectoriels de dimension finie sur \mathbb{R}, M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) est de dimension indénombrable. Le passage au quotient permet ensuite, en ”tordant” M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V), d’obtenir des espaces de dimension finie comme UVtensor-product𝑈𝑉U\otimes V. Si on change l’espace par lequel on quotiente, on arrive facilement à d’autres espaces, par exemple U×V𝑈𝑉U\times V.

Définition 4.

Soit N𝑁N le sous-espace vectoriel de M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) engendré par les éléments de la forme (u+u,v)(u,v)(u,v)𝑢superscript𝑢𝑣𝑢𝑣superscript𝑢𝑣(u+u^{\prime},v)-(u,v)-(u^{\prime},v) ou (u,v+v)(u,v)(u,v)𝑢𝑣superscript𝑣𝑢𝑣𝑢superscript𝑣(u,v+v^{\prime})-(u,v)-(u,v^{\prime}) ou (ru,v)r(u,v)𝑟𝑢𝑣𝑟𝑢𝑣(ru,v)-r\cdot(u,v) ou enfin (u,rv)r(u,v)𝑢𝑟𝑣𝑟𝑢𝑣(u,rv)-r\cdot(u,v). On pose : UV=M(U,V)/Ntensor-product𝑈𝑉𝑀𝑈𝑉𝑁U\otimes V=M(U,V)/N.

L’image d’un couple (u,v)𝑢𝑣(u,v) par la projection canonique de M(U,V)𝑀𝑈𝑉M(U,V) sur UVtensor-product𝑈𝑉U\otimes V est notée uvtensor-product𝑢𝑣u\otimes v. On définit l’application bilinéaire canonique de U×V𝑈𝑉U\times V dans UVtensor-product𝑈𝑉U\otimes V par ϕ(u,v)=uvitalic-ϕ𝑢𝑣tensor-product𝑢𝑣\phi(u,v)=u\otimes v uU,vVformulae-sequencefor-all𝑢𝑈𝑣𝑉\forall u\in U,v\in V.

Le théorème suivant motive l’introduction des espaces tensoriels et peut même servir de définition, malheureusement pas constructive, du produit tensoriel de deux espaces vectoriels.

Théorème 1.1.1.

Soit f𝑓f une application bilinéaire de U×V𝑈𝑉U\times V dans un espace vectoriel réel de dimension finie W𝑊W. Alors f𝑓f se factorise de manière unique en f=f~ϕ𝑓~𝑓italic-ϕf=\tilde{f}\circ\phi avec f~:UVW:~𝑓tensor-product𝑈𝑉𝑊\tilde{f}:U\otimes V\rightarrow Wf~~𝑓\tilde{f} est linéaire.

U×V𝑈𝑉\textstyle{U\times V\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f𝑓\scriptstyle{f}ϕitalic-ϕ\scriptstyle{\phi}W𝑊\textstyle{W}UVtensor-product𝑈𝑉\textstyle{U\otimes V\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f~~𝑓\scriptstyle{\tilde{f}}
Preuve.

La preuve, technique, est omise ; on peut la trouver par exemple dans [5]. ∎

Proposition 1.1.2.

Il y a un isomorphisme unique ϕ:VWWV:italic-ϕtensor-product𝑉𝑊tensor-product𝑊𝑉\phi:V\otimes W\rightarrow W\otimes V tel que pour tous vV𝑣𝑉v\in V et wW𝑤𝑊w\in W, ϕ(vw)=wvitalic-ϕtensor-product𝑣𝑤tensor-product𝑤𝑣\phi(v\otimes w)=w\otimes v.

Preuve.

On considère l’application bilinéaire f:V×WWV:𝑓𝑉𝑊tensor-product𝑊𝑉f:V\times W\rightarrow W\otimes V qui a (v,w)𝑣𝑤(v,w) associe wvtensor-product𝑤𝑣w\otimes v et qui se factorise dans VWtensor-product𝑉𝑊V\otimes W. ∎

De la même façon, on a la :

Proposition 1.1.3.

Il y a un unique isomorphisme de (UV)Wtensor-producttensor-product𝑈𝑉𝑊(U\otimes V)\otimes W sur U(VW)tensor-product𝑈tensor-product𝑉𝑊U\otimes(V\otimes W) tel que pour tous uU,vVformulae-sequence𝑢𝑈𝑣𝑉u\in U,v\in V et wW𝑤𝑊w\in W, ϕitalic-ϕ\phi associe u(vw)tensor-product𝑢tensor-product𝑣𝑤u\otimes(v\otimes w) à (uv)wtensor-producttensor-product𝑢𝑣𝑤(u\otimes v)\otimes w.

et on prouve également :

Proposition 1.1.4.

Soient fi:UiVj,i=1,2:subscript𝑓𝑖formulae-sequencesubscript𝑈𝑖subscript𝑉𝑗𝑖1.2f_{i}:U_{i}\rightarrow V_{j},i=1,2 des applications linéaires. Alors il existe une unique application linéaire f:U1U2V1V2:𝑓tensor-productsubscript𝑈1subscript𝑈2tensor-productsubscript𝑉1subscript𝑉2f:U_{1}\otimes U_{2}\rightarrow V_{1}\otimes V_{2} telle que pour tous u1U1subscript𝑢1subscript𝑈1u_{1}\in U_{1} et u2U2subscript𝑢2subscript𝑈2u_{2}\in U_{2}, f(u1u2)=f(u1)f(u2)𝑓tensor-productsubscript𝑢1subscript𝑢2tensor-product𝑓subscript𝑢1𝑓subscript𝑢2f(u_{1}\otimes u_{2})=f(u_{1})\otimes f(u_{2}).

De plus la propriété de linéarité du produit tensoriel de deux vecteurs se propage au produit tensoriel de deux espaces vectoriels.

Propriété 1.1.5.

Le produit tensoriel est distributif pour la somme directe.

Le produit tensoriel de deux espaces vectoriels V𝑉V et W𝑊W possède une base induite des bases (vi)i[|1,m|](v_{i})_{i\in[|1,m|]} et (wi)i[|1,n|](w_{i})_{i\in[|1,n|]} respectives de V𝑉V et W𝑊W, donnée par (viwj)(i,j)[|1,m|]×[|1,n|](v_{i}\otimes w_{j})_{(i,j)\in[|1,m|]\times[|1,n|]}. En effet V=1mVi𝑉superscriptsubscriptdirect-sum1𝑚subscript𝑉𝑖V=\bigoplus_{1}^{m}V_{i} et W=1nWi𝑊superscriptsubscriptdirect-sum1𝑛subscript𝑊𝑖W=\bigoplus_{1}^{n}W_{i} où les Visubscript𝑉𝑖V_{i} et les Wjsubscript𝑊𝑗W_{j} sont les espaces engendrés respectivement pour visubscript𝑣𝑖v_{i} et wjsubscript𝑤𝑗w_{j}, pour i[|1,m|]i\in[|1,m|] et j[|1,n|]j\in[|1,n|]. Alors VW=i=1,j=1i=m,j=nViWjtensor-product𝑉𝑊superscriptsubscriptdirect-sumformulae-sequence𝑖1𝑗1formulae-sequence𝑖𝑚𝑗𝑛tensor-productsubscript𝑉𝑖subscript𝑊𝑗V\otimes W=\bigoplus_{i=1,j=1}^{i=m,j=n}V_{i}\otimes W_{j} d’après la propriété précédente et la factorisation de l’application linéaire fi,j:Vi×Wj:subscript𝑓𝑖𝑗subscript𝑉𝑖subscript𝑊𝑗f_{i,j}:V_{i}\times W_{j}\rightarrow\mathbb{R} qui à (λvi,μwj)𝜆subscript𝑣𝑖𝜇subscript𝑤𝑗(\lambda v_{i},\mu w_{j}) associe λμ𝜆𝜇\lambda\mu (\mathbb{R} est vu comme espace vectoriel de dimension 111)

On définit alors différents espaces tensoriels sur un espace vectoriel fixé V𝑉V :

Définition 5.

Pour un entier positif r𝑟r, on appelle 𝔗r=Vrsuperscript𝔗𝑟superscript𝑉tensor-productabsent𝑟\mathfrak{T}^{r}=V^{\otimes r} espace tensoriel contravariant de degré r. Un élément de 𝔗rsuperscript𝔗𝑟\mathfrak{T}^{r} est appelé tenseur contravariant de degré r𝑟r. Si r=1𝑟1r=1, 𝔗1=Vsuperscript𝔗1𝑉\mathfrak{T}^{1}=V. Par convention on écrit même 𝔗0=superscript𝔗0\mathfrak{T}^{0}=\mathbb{R}.
De la même manière, pour tout entier s𝑠s positif, 𝔗s=(V)ssubscript𝔗𝑠superscriptsuperscript𝑉tensor-productabsent𝑠\mathfrak{T}_{s}=(V^{*})^{\otimes s} est appelé espace tensoriel covariant de degré sss et ses éléments tenseurs covariants de degré s𝑠s. On a 𝔗1=Vsubscript𝔗1superscript𝑉\mathfrak{T}_{1}=V^{*} et par convention 𝔗0=subscript𝔗0\mathfrak{T}_{0}=\mathbb{R}.

Si (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} est une base de V𝑉V et si (ei)i[|1,n|](e^{i})_{i\in[|1,n|]} est la base duale associée, tout tenseur K𝐾K contravariant d’ordre r𝑟r s’écrit (en convention d’Einstein) de manière unique :

K=Ki1irei1eir𝐾tensor-productsuperscript𝐾subscript𝑖1subscript𝑖𝑟subscript𝑒subscript𝑖1subscript𝑒subscript𝑖𝑟K=K^{i_{1}...i_{r}}e_{i_{1}}\otimes...\otimes e_{i_{r}}

et tout tenseur L𝐿L covariant d’ordre s𝑠s s’exprime de manière unique par :

L=Lj1jsej1ejs𝐿tensor-productsubscript𝐿subscript𝑗1subscript𝑗𝑠superscript𝑒subscript𝑗1superscript𝑒subscript𝑗𝑠L=L_{j_{1}...j_{s}}e^{j_{1}}\otimes...\otimes e^{j_{s}}

Ki1irsuperscript𝐾subscript𝑖1subscript𝑖𝑟K^{i_{1}...i_{r}} et Lj1jssubscript𝐿subscript𝑗1subscript𝑗𝑠L_{j_{1}...j_{s}} sont respectivement les composantes de K𝐾K et L𝐿L par rapport à la base (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]}.

Liens entre les deux approches

Soient (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} et (ei~)i[|1,n|](\tilde{e_{i}})_{i\in[|1,n|]} deux bases de V𝑉V reliées par la transformation ei~=Ajiei~subscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝐴𝑗𝑖subscript𝑒𝑖\tilde{e_{i}}=A_{j}^{i}e_{i}. Le changement de base duale associé dans Vsuperscript𝑉V^{*} s’écrit ei~=Bjiei~superscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝐵𝑗𝑖𝑒𝑖\tilde{e^{i}}=B_{j}^{i}e{i}B=A1𝐵superscript𝐴1B=A^{-1}. Si K𝐾K est un tenseur contravariant d’ordre k𝑘k, on a K~i1ir=Aj1i1AjrirKi1irsuperscript~𝐾subscript𝑖1subscript𝑖𝑟superscriptsubscript𝐴subscript𝑗1subscript𝑖1superscriptsubscript𝐴subscript𝑗𝑟subscript𝑖𝑟superscript𝐾subscript𝑖1subscript𝑖𝑟\tilde{K}^{i_{1}...i_{r}}=A_{j_{1}}^{i_{1}}...A_{j_{r}}^{i_{r}}K^{i_{1}...i_{r}} et de même pour le tenseur L𝐿L s𝑠s fois covariant : L~i1is=Bi1j1BirjrLi1issubscript~𝐿subscript𝑖1subscript𝑖𝑠superscriptsubscript𝐵subscript𝑖1subscript𝑗1superscriptsubscript𝐵subscript𝑖𝑟subscript𝑗𝑟subscript𝐿subscript𝑖1subscript𝑖𝑠\tilde{L}_{i_{1}...i_{s}}=B_{i_{1}}^{j_{1}}...B_{i_{r}}^{j_{r}}L_{i_{1}...i_{s}} ce qui correspond bien à ce qui est attendu.

Définition 6.

L’espace tensoriel mixte de type (r,s)𝑟𝑠(r,s) ou espace tensoriel r𝑟r fois contravariant et s𝑠s fois covariant est le produit tensoriel 𝔗sr=𝔗r𝔗ssubscriptsuperscript𝔗𝑟𝑠tensor-productsuperscript𝔗𝑟subscript𝔗𝑠\mathfrak{T}^{r}_{s}=\mathfrak{T}^{r}\otimes\mathfrak{T}_{s}. On a le même type de propriétés que pour les tenseurs contravariant ou covariant : expression des coordonnées dans la base induite, formules de changement de base …

Produit de deux tenseurs

Posons 𝔗=r,s=0𝔗sr𝔗superscriptsubscriptdirect-sum𝑟𝑠0subscriptsuperscript𝔗𝑟𝑠\mathfrak{T}=\bigoplus_{r,s=0}^{\infty}\mathfrak{T}^{r}_{s}. On munit T𝑇T d’une structure d’algèbre \mathbb{N}-graduée : par la propriété de factorisation universelle du produit tensoriel, il existe une unique application linéaire de 𝔗sr×𝔗qpsubscriptsuperscript𝔗𝑟𝑠subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞\mathfrak{T}^{r}_{s}\times\mathfrak{T}^{p}_{q} dans 𝔗s+qr+psubscriptsuperscript𝔗𝑟𝑝𝑠𝑞\mathfrak{T}^{r+p}_{s+q} qui envoie (v1vrv1vs,w1wpw1wq)tensor-productsubscript𝑣1subscript𝑣𝑟superscript𝑣1superscript𝑣𝑠tensor-productsubscript𝑤1subscript𝑤𝑝superscript𝑤1superscript𝑤𝑞(v_{1}\otimes...\otimes v_{r}\otimes v^{1}\otimes...\otimes v^{s},w_{1}\otimes...\otimes w_{p}\otimes w^{1}\otimes...\otimes w^{q}) sur (v1vrv1vsw1wpw1wq)tensor-productsubscript𝑣1subscript𝑣𝑟superscript𝑣1superscript𝑣𝑠subscript𝑤1subscript𝑤𝑝superscript𝑤1superscript𝑤𝑞(v_{1}\otimes...\otimes v_{r}\otimes v^{1}\otimes...\otimes v^{s}\otimes w_{1}\otimes...\otimes w_{p}\otimes w^{1}\otimes...\otimes w^{q})

Définition 7.

On définit la contraction d’indice comme suit : à chaque couple (i,j)i[|1,r|],j[|1,s|](i,j)_{i\in[|1,r|],\ j\in[|1,s|]} est associé l’unique application de 𝔗srsubscriptsuperscript𝔗𝑟𝑠\mathfrak{T}^{r}_{s} dans 𝔗s1r1subscriptsuperscript𝔗𝑟1𝑠1\mathfrak{T}^{r-1}_{s-1} qui envoie v1vrv1vstensor-productsubscript𝑣1subscript𝑣𝑟superscript𝑣1superscript𝑣𝑠v_{1}\otimes...\otimes v_{r}\otimes v^{1}\otimes...\otimes v^{s} sur vj(vi)v1vi1vi+1vrv1vj1vj+1vstensor-productsuperscript𝑣𝑗subscript𝑣𝑖subscript𝑣1subscript𝑣𝑖1subscript𝑣𝑖1subscript𝑣𝑟superscript𝑣1superscript𝑣𝑗1superscript𝑣𝑗1superscript𝑣𝑠v^{j}(v_{i})v_{1}\otimes...\otimes v_{i-1}\otimes v_{i+1}\otimes...\otimes v_{r}\otimes v^{1}\otimes...\otimes v^{j-1}\otimes v^{j+1}\otimes...\otimes v^{s}.

Interprétation comme applications multilinéaires
Proposition 1.1.6.

𝔗rsubscript𝔗𝑟\mathfrak{T}_{r} est canoniquement isomorphe à l’espace vectoriel des application r𝑟r-linéaires de V×rsuperscript𝑉absent𝑟V^{\times r} dans \mathbb{R}.

Proposition 1.1.7.

𝔗rsuperscript𝔗𝑟\mathfrak{T}^{r} est canoniquement isomorphe à l’espace vectoriel des application r𝑟r-linéaires de (V)×rsuperscriptsuperscript𝑉absent𝑟(V^{*})^{\times r} dans \mathbb{R}.

Définition 8.

Posons 𝔗00(V,W)=Fsubscriptsuperscript𝔗00𝑉𝑊𝐹\mathfrak{T}^{0}_{0}(V,W)=F. Pour p,q>0𝑝𝑞0p,q>0, 𝔗qp(V,W)subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑉𝑊\mathfrak{T}^{p}_{q}(V,W) est identifié à l’espace des fonctions multilinéaires de (V)×p×V×qsuperscriptsuperscript𝑉absent𝑝superscript𝑉absent𝑞(V^{*})^{\times p}\times V^{\times q} dans W𝑊W. 𝔗qp(V,)subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑉\mathfrak{T}^{p}_{q}(V,\mathbb{R}) est noté 𝔗qp(V)subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑉\mathfrak{T}^{p}_{q}(V). f𝔗qp(V)for-all𝑓subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑉\forall f\in\mathfrak{T}^{p}_{q}(V) f𝑓f s’écrit (en convention d’Einstein) f=fj1jqi1ipvi1vipvj1vjq𝑓tensor-productsubscriptsuperscript𝑓subscript𝑖1subscript𝑖𝑝subscript𝑗1subscript𝑗𝑞subscript𝑣subscript𝑖1subscript𝑣subscript𝑖𝑝superscript𝑣subscript𝑗1superscript𝑣subscript𝑗𝑞f=f^{i_{1}...i_{p}}_{j_{1}...j_{q}}v_{i_{1}}\otimes...\otimes v_{i_{p}}\otimes v^{j_{1}}\otimes...\otimes v^{j_{q}}.

Algèbre extérieure
Définition 9.

Définissons k(V,W)superscript𝑘𝑉𝑊\bigwedge^{k}(V,W) comme le sous-espace de 𝔗q0(V,W)subscriptsuperscript𝔗0𝑞𝑉𝑊\mathfrak{T}^{0}_{q}(V,W) des applications multilinéaires totalement antisymétriques de E𝐸E dans F𝐹F. On note k(V)=k(V,)superscript𝑘𝑉superscript𝑘𝑉\bigwedge^{k}(V)=\bigwedge^{k}(V,\mathbb{R}). Soit ωk(V)𝜔superscript𝑘𝑉\omega\in\bigwedge^{k}(V). ω𝜔\omega s’écrit : ω=ωi1ikvi1vik𝜔tensor-productsubscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘superscript𝑣subscript𝑖1superscript𝑣subscript𝑖𝑘\omega=\omega_{i_{1}...i_{k}}v^{i_{1}}\otimes...\otimes v^{i_{k}}ωi1iksubscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘\omega_{i_{1}...i_{k}}\in\mathbb{R} est antisymétrique en les indices i1,,iksubscript𝑖1subscript𝑖𝑘i_{1},...,i_{k}.

Enfin il existe un produit qui munit (M)=k=0k(M)𝑀superscriptsubscriptdirect-sum𝑘0superscript𝑘𝑀\bigwedge(M)=\bigoplus_{k=0}^{\infty}\bigwedge^{k}(M) d’une structure d’algèbre \mathbb{N}-graduée.

Définition 10 (Produit extérieur).

Pour αi(E)𝛼superscript𝑖𝐸\alpha\in\bigwedge^{i}(E) et pour βj(E)𝛽superscript𝑗𝐸\beta\in\bigwedge^{j}(E), on définit αβi+j𝛼𝛽superscript𝑖𝑗\alpha\wedge\beta\in\bigwedge^{i+j} par:

(αβ)(u1,,ui+j)=1i!j!σ𝔖i+j(1)σα(uσ(1),,uσ(i))β(uσ(i+1),,uσ(i+j))𝛼𝛽subscript𝑢1subscript𝑢𝑖𝑗1𝑖𝑗subscript𝜎subscript𝔖𝑖𝑗superscript1𝜎𝛼subscript𝑢𝜎1subscript𝑢𝜎𝑖𝛽subscript𝑢𝜎𝑖1subscript𝑢𝜎𝑖𝑗(\alpha\wedge\beta)(u_{1},...,u_{i+j})=\frac{1}{i!j!}\sum_{\sigma\in\mathfrak{S}_{i+j}}(-1)^{\sigma}\alpha(u_{\sigma(1)},...,u_{\sigma(i)})\beta(u_{\sigma(i+1)},...,u_{\sigma(i+j)})

Pour α0(E)𝛼superscript0𝐸\alpha\in\bigwedge^{0}(E), on pose αβ=αβ𝛼𝛽𝛼𝛽\alpha\wedge\beta=\alpha\beta.

Remarque 4.

Les tenseurs interviennent naturellement beaucoup en physique pour la raison suivante : les objets manipulés, comme les vecteurs, les endomorphismes, les formes, ont une existence intrinsèque ; cependant la manière de les décrire dépend de la base dans laquelle on les regarde. C’est cette propriété fondamentale que respectent les tenseurs. Inversement, si une grandeur suit les mêmes formules de changement de base qu’un tenseur d’ordre (p,q)𝑝𝑞(p,q), alors c’est un tenseur d’ordre (p,q)𝑝𝑞(p,q) et l’objet existe par delà les bases utilisées pour le représenter. Toute loi physique peut en fait s’écrire comme une égalité de tenseurs puisqu’on cherche à décrire des objets intrinsèques.

1.1.2 Non invariance par transformations de Galilée

Dans tout ce paragraphe, on se place dans 3superscript3\mathbb{R}^{3} muni du produit scalaire euclidien et de la métrique associée gijsubscript𝑔𝑖𝑗g_{ij}. Rappelons les quatre équations de Maxwell exprimées sous leur forme classique :

E=ρϵ0iEi=ρϵ0𝐸𝜌subscriptitalic-ϵ0subscript𝑖superscript𝐸𝑖𝜌subscriptitalic-ϵ0\vec{\nabla}\cdot\vec{E}=\frac{\rho}{\epsilon_{0}}\leftrightarrow\partial_{i}E^{i}=\frac{\rho}{\epsilon_{0}} (1.3)
×B=μ0j+1c2Etc2ϵijkiBj=μ0c2j+tEk𝐵subscript𝜇0𝑗1superscript𝑐2𝐸𝑡superscript𝑐2superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑖subscript𝐵𝑗subscript𝜇0superscript𝑐2𝑗subscript𝑡superscript𝐸𝑘\vec{\nabla}\times\vec{B}=\mu_{0}j+\frac{1}{c^{2}}\frac{\partial\vec{E}}{\partial t}\leftrightarrow c^{2}\epsilon^{ijk}\partial_{i}B_{j}=\mu_{0}c^{2}j+\partial_{t}E^{k} (1.4)
B=0iBi=0𝐵0subscript𝑖superscript𝐵𝑖0\vec{\nabla}\cdot\vec{B}=0\leftrightarrow\partial_{i}B^{i}=0 (1.5)
×E=BtϵijkiEj=tBk𝐸𝐵𝑡superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑖subscript𝐸𝑗subscript𝑡superscript𝐵𝑘\vec{\nabla}\times\vec{E}=-\frac{\partial\vec{B}}{\partial t}\leftrightarrow\epsilon^{ijk}\partial_{i}E_{j}=\partial_{t}B^{k} (1.6)

Plaçons nous d’emblée dans le vide. Considérons une transformation de Galilée : Soit (superscript\mathfrak{R^{\prime}}) un référentiel qui s’éloigne du référentiel galiléen (\mathfrak{R}), à la vitesse V𝑉\vec{V} constante.

Refer to caption
Figure 1.1: Schéma de la situation

On désigne les coordonnées d’un point dans le référentiel (\mathfrak{R}) par (xi)i1,2,3subscriptsuperscript𝑥𝑖𝑖1.2.3(x^{i})_{i\in{1,2,3}} et dans (superscript\mathfrak{R^{\prime}}) par (xi)i1,2,3subscriptsuperscript𝑥𝑖𝑖1.2.3(x^{\prime i})_{i\in{1,2,3}}. On a les relations suivantes entre les coordonnées :

{x1=x1+V1tx2=x2+V2tx3=x3+V3tcasessuperscript𝑥1superscript𝑥1superscript𝑉1𝑡superscript𝑥2superscript𝑥2superscript𝑉2𝑡superscript𝑥3superscript𝑥3superscript𝑉3𝑡\left\{\begin{array}[]{r c l}x^{\prime 1}&=&x^{1}+V^{1}t\\ x^{\prime 2}&=&x^{2}+V^{2}t\\ x^{\prime 3}&=&x^{3}+V^{3}t\end{array}\right.

Le principe de relativité galiléenne affirme que les lois physiques sont invariantes par changement de référentiel galiléen. Une particule chargée de charge q𝑞q et de vitesse u𝑢\vec{u} subit, lorsqu’elle est soumise à une champ électromagnétique extérieur, une force dite force de Lorentz qui s’écrit, dans le référentiel (\mathfrak{R}) : F=q(E+u×B)𝐹𝑞𝐸𝑢𝐵\vec{F}=q(\vec{E}+\vec{u}\times\vec{B}).
Dans (superscript\mathfrak{R^{\prime}}) on a donc F=q(E+u×B+V×B)superscript𝐹𝑞superscript𝐸𝑢superscript𝐵𝑉superscript𝐵\vec{F^{\prime}}=q(\vec{E^{\prime}}+\vec{u}\times\vec{B^{\prime}}+\vec{V}\times\vec{B^{\prime}}). Le principe de relativité galiléenne impose F=Fsuperscript𝐹𝐹\vec{F^{\prime}}=\vec{F}. Cela doit être vrai pour toutes les vitesses u𝑢\vec{u}, d’où B=B𝐵superscript𝐵\vec{B}=\vec{B^{\prime}}, et par conséquent on déduit E=EV×Bsuperscript𝐸𝐸𝑉𝐵\vec{E^{\prime}}=\vec{E}-\vec{V}\times\vec{B}.

Proposition 1.1.8.

L’équation de Maxwell-Gauss iEi=0subscript𝑖superscript𝐸𝑖0\partial_{i}E^{i}=0 n’est pas invariante par action du groupe de Galilée.

Preuve..

On a, d’après les équations de Maxwell :

iEi=0subscript𝑖superscript𝐸𝑖0\partial_{i}E^{i}=0

d’où, d’après ce qui a été énoncé sur les formules de changement de référentiel :

i(Ei+ϵjkiVjBk)=0superscriptsubscript𝑖superscript𝐸𝑖superscriptitalic-ϵ𝑗𝑘𝑖subscript𝑉𝑗subscript𝐵𝑘0\partial_{i}^{\prime}(E^{\prime i}+\epsilon^{jki}V_{j}B_{k})=0

isuperscriptsubscript𝑖\partial_{i}^{\prime} est la dérivée selon xisuperscript𝑥𝑖x^{\prime i} (on a i=(ixi)i=isuperscriptsubscript𝑖superscriptsubscript𝑖superscript𝑥𝑖subscript𝑖subscript𝑖\partial_{i}^{\prime}=(\partial_{i}^{\prime}x^{i})\cdot\partial_{i}=\partial_{i}). On obtient donc :

iEi+VjϵjkiiBk=0superscriptsubscript𝑖superscript𝐸𝑖subscript𝑉𝑗superscriptitalic-ϵ𝑗𝑘𝑖superscriptsubscript𝑖subscript𝐵𝑘0\partial_{i}^{\prime}E^{\prime i}+V_{j}\epsilon^{jki}\partial_{i}^{\prime}B_{k}=0

ce qui donne :

iEi=VkϵijkiBjsuperscriptsubscript𝑖superscript𝐸𝑖subscript𝑉𝑘superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘superscriptsubscript𝑖subscript𝐵𝑗\partial_{i}^{\prime}E^{\prime i}=V_{k}\epsilon^{ijk}\partial_{i}^{\prime}B_{j}

Autrement dit :

E=V(×B)superscriptsuperscript𝐸𝑉superscriptsuperscript𝐵\vec{\nabla^{\prime}}\cdot\vec{E^{\prime}}=\vec{V}\cdot(\vec{\nabla^{\prime}}\times\vec{B^{\prime}})

qui est non nul si Esuperscript𝐸\vec{E^{\prime}} n’est pas constant. ∎

Proposition 1.1.9.

L’équation de Maxwell-Ampère c2ϵijkiBj=tEksuperscript𝑐2superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑖subscript𝐵𝑗subscript𝑡superscript𝐸𝑘c^{2}\epsilon^{ijk}\partial_{i}B_{j}=\partial_{t}E^{k} n’est pas invariante par transformation de Galilée.

Preuve..

L’équation donne, compte tenu des formules de changement de référentiel :

ϵijkiBj=1c2t(EkϵijkViBj)superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐵𝑗1superscript𝑐2subscript𝑡superscript𝐸𝑘superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑉𝑖subscript𝐵𝑗\epsilon^{ijk}\partial_{i}^{\prime}B^{\prime}_{j}=\frac{1}{c^{2}}\partial_{t}(E^{\prime k}-\epsilon^{ijk}V_{i}B_{j})

d’où :

ϵijkiBj=1c2(tEkviiEkϵijkVitBj+ϵijkViVllBj)superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐵𝑗1superscript𝑐2superscriptsubscript𝑡superscript𝐸𝑘superscript𝑣𝑖superscriptsubscript𝑖superscript𝐸𝑘superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑉𝑖superscriptsubscript𝑡subscript𝐵𝑗superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑉𝑖superscript𝑉𝑙superscriptsubscript𝑙subscript𝐵𝑗\epsilon^{ijk}\partial_{i}^{\prime}B^{\prime}_{j}=\frac{1}{c^{2}}(\partial_{t}^{\prime}E^{\prime k}-v^{i}\partial_{i}^{\prime}E^{\prime k}-\epsilon^{ijk}V_{i}\partial_{t}^{\prime}B_{j}+\epsilon^{ijk}V_{i}V^{l}\partial_{l}^{\prime}B_{j})

car on passe du système de coordonnées (x1,x2,x3,tsuperscript𝑥1superscript𝑥2superscript𝑥3𝑡x^{1},x^{2},x^{3},t) au système (x1,x2,x3,tsuperscript𝑥1superscript𝑥2superscript𝑥3superscript𝑡x^{\prime 1},x^{\prime 2},x^{\prime 3},t^{\prime}) où t=t𝑡superscript𝑡t=t^{\prime}, cependant t=(xit)xi+tsubscript𝑡superscript𝑥𝑖𝑡subscriptsuperscript𝑥𝑖subscriptsuperscript𝑡\partial_{t}=(\frac{\partial x^{\prime i}}{\partial t})\partial_{x^{\prime i}}+\partial_{t^{\prime}}. A priori, on n’a pas

viiEk+ϵijkVitBj=ϵijkViVllBjsuperscript𝑣𝑖superscriptsubscript𝑖superscript𝐸𝑘superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑉𝑖superscriptsubscript𝑡subscript𝐵𝑗superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝑉𝑖superscript𝑉𝑙superscriptsubscript𝑙subscript𝐵𝑗v^{i}\partial_{i}^{\prime}E^{\prime k}+\epsilon^{ijk}V_{i}\partial_{t}^{\prime}B_{j}=\epsilon^{ijk}V_{i}V^{l}\partial_{l}^{\prime}B_{j}

et on peut prendre un contre-exemple simple (V=Ve1𝑉𝑉subscript𝑒1\vec{V}=V\vec{e_{1}}) pour s’en convaincre. ∎

Remarque 5.

Les deux autres équations de Maxwell sont invariantes par transformation de Galilée. Ce fait trahit la structure profonde des équations de Maxwell, sur laquelle nous reviendrons en essayant de généraliser ces équations à un espace courbe, avec le moins d’hypothèses possibles.

1.1.3 Invariance par transformations de Lorentz

Dans ce paragraphe, on se place dans le cadre naturel de la relativité restreinte : l’espace-temps de Minkowski, c’est-à-dire 4superscript4\mathbb{R}^{4} muni d’une forme bilinéaire symétrique f𝑓f, dont la forme quadratique associée est de signature (1,3)1.3(1,3), la métrique de Minkowski. Autrement dit, il existe une base (ei)i[|0,3|]subscriptsubscript𝑒𝑖𝑖delimited-[]0.3(e_{i})_{i\in[|0,3|]} telle que : f(e0,e0)=1𝑓subscript𝑒0subscript𝑒01f(e_{0},e_{0})=-1 et

i[|1,3|]f(ei,ei)=1formulae-sequencefor-all𝑖delimited-[]1.3𝑓subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑖1\forall i\in[|1,3|]\ \ f(e_{i},e_{i})=1

et f(eμ,eν)=0𝑓subscript𝑒𝜇subscript𝑒𝜈0f(e_{\mu},e_{\nu})=0 si μν𝜇𝜈\mu\neq\nu. On note η𝜂\eta la matrice de f (ηαβ)α,β[|0,3|]subscriptsubscript𝜂𝛼𝛽𝛼𝛽delimited-[]0.3(\eta_{\alpha\beta})_{\alpha,\beta\in[|0,3|]} telle que ηαβ=f(eα,eβ)subscript𝜂𝛼𝛽𝑓subscript𝑒𝛼subscript𝑒𝛽\eta_{\alpha\beta}=f(e_{\alpha},e_{\beta}).

Définition 11.

On appelle groupe de Lorentz le groupe 𝒪(1,3)𝒪1.3\mathcal{O}(1,3) des endomorphismes de l’espace vectoriel 4superscript4\mathbb{R}^{4} qui préservent la métrique. Il se représente naturellement comme les matrices A telles que ηTAη=Asuperscript𝜂𝑇𝐴𝜂𝐴\eta^{T}A\eta=A. 𝒪(1,3)𝒪1.3\mathcal{O}(1,3) a quatre composantes connexes, selon que le sens du temps est préservé (transformations orthochrones) ou non, et selon la conservation du signe des volumes (les transformation de déterminant 111 préservent ce signe). Le groupe SO(1,3)+𝑆𝑂superscript1.3SO(1,3)^{+} des transformations propres orthochrones est le groupe de Lorentz restreint. Le quotient O(1,3)SO(1,3)+𝑂1.3𝑆𝑂superscript1.3\frac{O(1,3)}{SO(1,3)^{+}} est isomorphe au ’Klein Viergruppe’, et en fait : O(1,3)SO(1,3)+(1,P,T,PT)similar-to-or-equals𝑂1.3right-normal-factor-semidirect-product𝑆𝑂superscript1.31𝑃𝑇𝑃𝑇O(1,3)\simeq SO(1,3)^{+}\rtimes(1,P,T,PT), où P𝑃P et T𝑇T sont respectivement les opérateurs d’inversion spatiale de renversement du temps :
P = (1000010000100001)matrix1000010000100001\begin{pmatrix}1&0&0&0\\ 0&-1&0&0\\ 0&0&-1&0\\ 0&0&0&-1\end{pmatrix} et T = (1000010000100001)matrix1000010000100001\begin{pmatrix}-1&0&0&0\\ 0&1&0&0\\ 0&0&1&0\\ 0&0&0&1\end{pmatrix}

Pour simplifier, on considère la situation de changement de référentiels précédente, où V𝑉\vec{V} est dirigée selon l’axe de vecteur directeur e1subscript𝑒1\vec{e_{1}}. La transformation des coordonnées d’un évènement s’écrit alors :

{x0=γ(x0βx1)x1=γ(x1βx0)x2=x2x3=x3casessuperscript𝑥0𝛾superscript𝑥0𝛽superscript𝑥1superscript𝑥1𝛾superscript𝑥1𝛽superscript𝑥0superscript𝑥2superscript𝑥2superscript𝑥3superscript𝑥3\left\{\begin{array}[]{r c l}x^{\prime 0}&=&\gamma(x^{0}-\beta x^{1})\\ x^{\prime 1}&=&\gamma(x^{1}-\beta x^{0})\\ x^{\prime 2}&=&x^{2}\\ x^{\prime 3}&=&x^{3}\end{array}\right.

et la transformation des champs associée :

{Ex=ExEy=γ(Ey+VBz)Ez=γ(EzVBy)Bx=BxBy=γ(ByVc2Ez)Bz=γ(Bz+Vc2Ey)casessubscript𝐸𝑥superscriptsubscript𝐸𝑥subscript𝐸𝑦𝛾superscriptsubscript𝐸𝑦𝑉superscriptsubscript𝐵𝑧subscript𝐸𝑧𝛾superscriptsubscript𝐸𝑧𝑉superscriptsubscript𝐵𝑦subscript𝐵𝑥superscriptsubscript𝐵𝑥subscript𝐵𝑦𝛾superscriptsubscript𝐵𝑦𝑉superscript𝑐2superscriptsubscript𝐸𝑧subscript𝐵𝑧𝛾superscriptsubscript𝐵𝑧𝑉superscript𝑐2superscriptsubscript𝐸𝑦\left\{\begin{array}[]{r c l}E_{x}&=&E_{x}^{\prime}\\ E_{y}&=&\gamma(E_{y}^{\prime}+VB_{z}^{\prime})\\ E_{z}&=&\gamma(E_{z}^{\prime}-VB_{y}^{\prime})\\ B_{x}&=&B_{x}^{\prime}\\ B_{y}&=&\gamma(B_{y}^{\prime}-\frac{V}{c^{2}}E_{z}^{\prime})\\ B_{z}&=&\gamma(B_{z}^{\prime}+\frac{V}{c^{2}}E_{y}^{\prime})\end{array}\right.

Les équations de Maxwell sont invariantes par action du groupe de Lorentz restreint. Cependant, nous ne faisons pas apparaître les preuves ici puisqu’elles seront données dans un cadre beaucoup plus général dans la suite.

1.2 Équations de Maxwell sur une variété

Avant d’introduire les fibrés principaux pour géométriser les interactions électromagnétiques, nous devons définir ”proprement” le champ électromagnétique ; et cela passe par une définition si générale qu’elle permet en fait de définir le champ électromagnétique sur une variété quelconque.

1.2.1 Variétés, champs de tenseurs et k-formes

Le champ électrique, le champ magnétique et le champ électromagnétique sont des exemples de formes différentielles sur une variété. Bien que relativement abstraites, les formes différentielles sont une notion unificatrice forte. Commençons par donner la définition très naturelle de variété, correspondant à la généralisation de la description du globe terrestre (par exemple) sous la forme de cartes rassemblées en atlas (il est impossible de décrire toute la Terre de manière correcte (sans la déchirer) à l’aide d’une seule carte plane).

Variétés, espaces tangents et 1-formes
Définition 12 (Variété Csuperscript𝐶C^{\infty}).

Soit M𝑀M un ensemble muni d’un atlas (Ui,ϕi)iIsubscriptsubscript𝑈𝑖subscriptitalic-ϕ𝑖𝑖𝐼(U_{i},\phi_{i})_{i\in I}, c’est-à-dire de la donnée d’un recouvrement de M (Ui)iIsubscriptsubscript𝑈𝑖𝑖𝐼(U_{i})_{i\in I}, et de bijections ϕi:Uin:subscriptitalic-ϕ𝑖subscript𝑈𝑖superscript𝑛\phi_{i}:U_{i}\rightarrow\mathbb{R}^{n} appelées cartes, telles que l’image de Uisubscript𝑈𝑖U_{i} par ϕisubscriptitalic-ϕ𝑖\phi_{i} est ouverte dans nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}. On suppose que pour tout i,jI𝑖𝑗𝐼i,j\in I, les applications ϕiϕj1:ϕj(UiUj)ϕi(UiUj):subscriptitalic-ϕ𝑖superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑗1subscriptitalic-ϕ𝑗subscript𝑈𝑖subscript𝑈𝑗subscriptitalic-ϕ𝑖subscript𝑈𝑖subscript𝑈𝑗\phi_{i}\circ\phi_{j}^{-1}:\phi_{j}(U_{i}\bigcap U_{j})\rightarrow\phi_{i}(U_{i}\bigcap U_{j}) sont lisses, c’est -à-dire Csuperscript𝐶C^{\infty}. M est muni de la topologie engendrée par les (ϕi)iIsubscriptsubscriptitalic-ϕ𝑖𝑖𝐼(\phi_{i})_{i\in I} que l’on prend séparée (T2). On appelle dimension de la variété M l’entier n𝑛n. On notera souvent Mnsuperscript𝑀𝑛M^{n} pour désigner la variété et donner d’emblée sa dimension.

Refer to caption
Figure 1.2: Définition d’une variété différentielle
Définition 13.

Soit xMd𝑥superscript𝑀𝑑x\in M^{d}. Une courbe passant par x𝑥x est une application lisse γ:[a,b]M,a<0<b:𝛾formulae-sequence𝑎𝑏𝑀𝑎0𝑏\gamma:[a,b]\rightarrow M,a<0<b telle que γ(0)=x𝛾0𝑥\gamma(0)=x. On dit que les courbes γ1subscript𝛾1\gamma_{1} et γ2subscript𝛾2\gamma_{2} passant par x𝑥x sont équivalentes si pour une carte ϕitalic-ϕ\phi sur un voisinage de x𝑥x on a (ϕγ1)(0)=(ϕγ2)(0)superscriptitalic-ϕsubscript𝛾10superscriptitalic-ϕsubscript𝛾20(\phi\circ\gamma_{1})^{\prime}(0)=(\phi\circ\gamma_{2})^{\prime}(0). Une classe d’équivalence de courbes passant par x𝑥x est appelé vecteur tangent en xxx. L’ensemble de tous les vecteurs tangents en x𝑥x est noté TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M, et est naturellement isomorphe à dsuperscript𝑑\mathbb{R}^{d} en tant qu’espace vectoriel. Soit f𝒞(M,)𝑓superscript𝒞𝑀f\in\mathcal{C}^{\infty}(M,\mathbb{R}) que nous noterons désormais 𝒞(M)superscript𝒞𝑀\mathcal{C}^{\infty}(M). On appelle dérivée de f le long de YxsubscriptYxY_{x} avec γ(0)=YxTxMsuperscript𝛾0subscript𝑌𝑥subscript𝑇𝑥𝑀\gamma^{\prime}(0)=Y_{x}\in T_{x}M la dérivée (fγ)(0)superscript𝑓𝛾0(f\circ\gamma)^{\prime}(0) et on note Yx[f]subscript𝑌𝑥delimited-[]𝑓Y_{x}[f].

On peut à présent définir ce qu’est un champ de vecteurs sur la variété M𝑀M :

Définition 14.

Posons TM=xMTxM𝑇𝑀subscript𝑥𝑀subscript𝑇𝑥𝑀TM=\bigcup_{x\in M}T_{x}M. Un champ de vecteurs autonome sur M𝑀M est une fonction Y:MTM:𝑌𝑀𝑇𝑀Y:M\rightarrow TM telle que xM,YxTxMformulae-sequencefor-all𝑥𝑀subscript𝑌𝑥subscript𝑇𝑥𝑀\forall x\in M,Y_{x}\in T_{x}M. De plus il faut que ce champ varie de manière lisse, au sens suivant : f𝒞(M)for-all𝑓superscript𝒞𝑀\forall f\in\mathcal{C}^{\infty}(M), on impose que xYx[f]maps-to𝑥subscript𝑌𝑥delimited-[]𝑓x\mapsto Y_{x}[f] soit dans 𝒞(M)superscript𝒞𝑀\mathcal{C}^{\infty}(M). On note cette fonction Y[f]𝑌delimited-[]𝑓Y[f], c’est la dérivée de f𝑓f le long du champ de vecteur Y𝑌Y. Notons Γ(TM)Γ𝑇𝑀\Gamma(TM) l’ensemble des champs de vecteurs sur M𝑀M. Nous n’utiliserons que des champs de vecteurs autonomes et appellerons champ de vecteurs un champ de vecteurs autonome.

La donnée d’une carte (U,ϕ)𝑈italic-ϕ(U,\phi) au voisinage de xM𝑥𝑀x\in M induit une base naturelle du plan tangent en tout yU𝑦𝑈y\in U :

Définition 15.

Soit ϕ:Un:italic-ϕ𝑈superscript𝑛\phi:U\rightarrow\mathbb{R}^{n} une carte définie au voisinage de x𝑥x. Les champs de vecteurs coordonnées sont définis par :

(i)x=ddtϕ1(ϕ(x)+tei)(t=0)subscriptsubscript𝑖𝑥𝑑𝑑𝑡superscriptitalic-ϕ1subscriptitalic-ϕ𝑥𝑡subscript𝑒𝑖𝑡0(\partial_{i})_{x}=\frac{d}{dt}\phi^{-1}(\phi(x)+te_{i})_{(t=0)}

eisubscript𝑒𝑖e_{i} est le i-ème vecteur de la base canonique de nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}. Soit YΓ(TM)𝑌Γ𝑇𝑀Y\in\Gamma(TM). Restreint à U𝑈U, on peut toujours écrire Y=aii𝑌superscript𝑎𝑖subscript𝑖Y=a^{i}\partial_{i} et on a ai𝒞(M)superscript𝑎𝑖superscript𝒞𝑀a^{i}\in\mathcal{C}^{\infty}(M).

On énonce maintenant sans démonstration le théorème fondamental suivant qui donne l’existence du flot d’un champ de vecteurs sur une variété.

Théorème 1.2.1.

Soit X𝑋X un champ de vecteurs autonome sur M𝑀M. Pour tout x0Msubscript𝑥0𝑀x_{0}\in M, il existe un ouvert I𝐼I de \mathbb{R} contenant 00, un ouvert U𝑈U de M𝑀M contenant x0subscript𝑥0x_{0} et une application flot local ϕ:I×UM:italic-ϕ𝐼𝑈𝑀\phi:I\times U\rightarrow M 𝒞superscript𝒞\mathcal{C}^{\infty} en ses deux variables, c’est-à-dire vérifiant xUfor-all𝑥𝑈\forall x\in U, ϕ(0,x)=xitalic-ϕ0𝑥𝑥\phi(0,x)=x et xUfor-all𝑥𝑈\forall x\in U l’application tϕ(t,x)𝑡italic-ϕ𝑡𝑥t\rightarrow\phi(t,x) est la solution locale de l’équation différentielle tϕ(t,x)=X(ϕ(t,x))subscript𝑡italic-ϕ𝑡𝑥𝑋italic-ϕ𝑡𝑥\partial_{t}\phi(t,x)=X(\phi(t,x)) dont l’existence est donnée par le théorème de Cauchy-Lipschitz.

L’unicité de la solution locale associée au problème de Cauchy résulte aussi de l’unicité dans le théorème de Cauchy-Lipschitz. Si toutes les solutions maximales de l’équation différentielle considérées sont définies sur tout \mathbb{R}, le champ de vecteurs est dit complet, et le flot est défini sur tout \mathbb{R} pour la variable temps. Le théorème de sortie des compacts donne directement le théorème suivant.

Théorème 1.2.2.

Tout champ de vecteur à support compact est complet.

On va maintenant voir comment un champ de vecteurs est transporté par un difféomorphisme.

Définition 16.

Soit f:MN:𝑓𝑀𝑁f:M\rightarrow N un difféomorphisme lisse et xM𝑥𝑀x\in M. On définit le poussé en avant de f𝑓f en x𝑥x comme fx:TxMTf(x)N:subscript𝑓absent𝑥subscript𝑇𝑥𝑀subscript𝑇𝑓𝑥𝑁f_{*x}:T_{x}M\rightarrow T_{f(x)}N par fx(γ(0))=(fγ)(0)subscript𝑓absent𝑥superscript𝛾0superscript𝑓𝛾0f_{*x}(\gamma^{\prime}(0))=(f\circ\gamma)^{\prime}(0). On définit ainsi fYsubscript𝑓𝑌f_{*}Y le champ de vecteurs sur N𝑁N poussé en avant de Y𝑌Y champ de vecteurs sur M𝑀M par f𝑓f.

TM𝑇𝑀\textstyle{TM\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}fsubscript𝑓\scriptstyle{f_{*}}π𝜋\scriptstyle{\pi}TN𝑇𝑁\textstyle{TN\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}πsuperscript𝜋\scriptstyle{\pi^{\prime}}M𝑀\textstyle{M\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f𝑓\scriptstyle{f}N𝑁\textstyle{N}

On peut définir de la même manière les 111-formes sur M𝑀M :

Définition 17.

Notons 𝔗qp(M)=xM𝔗qp(TxM)subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑀subscript𝑥𝑀subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞subscript𝑇𝑥𝑀\mathfrak{T}^{p}_{q}(M)=\bigcup_{x\in M}\mathfrak{T}^{p}_{q}(T_{x}M). Une 111-forme sur M𝑀M est une fonction α:M𝔗10(TM):𝛼𝑀subscriptsuperscript𝔗01𝑇𝑀\alpha:M\rightarrow\mathfrak{T}^{0}_{1}(TM) telle que xMfor-all𝑥𝑀\forall x\in M on a αx𝔗10(TxM)subscript𝛼𝑥subscriptsuperscript𝔗01subscript𝑇𝑥𝑀\alpha_{x}\in\mathfrak{T}^{0}_{1}(T_{x}M). On demande aussi que cette application varie de manière lisse sur M𝑀M : YΓ(TM)for-all𝑌Γ𝑇𝑀\forall Y\in\Gamma(TM) la fonction α(Y)𝛼𝑌\alpha(Y) donnée par α(Y)(x)=αx(Yx)𝛼𝑌𝑥subscript𝛼𝑥subscript𝑌𝑥\alpha(Y)(x)=\alpha_{x}(Y_{x}) doit être dans 𝒞(M)superscript𝒞𝑀\mathcal{C}^{\infty}(M). On note Ω1(M)superscriptΩ1𝑀\Omega^{1}(M) l’ensemble des 111-formes sur M𝑀M.

Généralisation du gradient d’une fonction

Soit f𝑓f une fonction 𝒞superscript𝒞\mathcal{C}^{\infty} sur nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}. La dérivée directionnelle de f𝑓f dans la direction v𝑣v est le produit scalaire du gradient de f𝑓f avec le vecteur v𝑣v : vf=v𝑣𝑓𝑣vf=\vec{\nabla}\cdot\vec{v}. On veut définir, pour tout f𝒞(M)𝑓superscript𝒞𝑀f\in\mathcal{C}^{\infty}(M) un objet noté df𝑑𝑓df qui joue le rôle du gradient dans nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}.

Le gradient d’une fonction est un champ de vecteurs, donc on aurait envie que df𝑑𝑓df soit un champ de vecteurs sur M𝑀M. Cependant le problème vient du produit scalaire défini naturellement sur nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}, mais pas sur notre variété M𝑀M. L’objet qui donne la manière de prendre le produit scalaire de deux vecteurs tangents est appelé métrique, et nous le définirons rigoureusement plus tard. Cependant, il est avantageux d’avoir la différentielle df𝑑𝑓df de f𝑓f de manière indépendante d’une quelconque métrique sur M𝑀M : de nombreuses métriques sont par exemple solutions de l’équation d’Einstein, et il n’y a pas de choix canonique. En essayant de conserver les propriétés du gradient, on définit alors la différentielle ou dérivée extérieure de la manière suivante.

Définition 18.

La différentielle de f𝒞(M)𝑓superscript𝒞𝑀f\in\mathcal{C}^{\infty}(M) est la 111-forme df𝑑𝑓df qui à un champ de vecteurs Y𝑌Y sur M𝑀M associe la dérivée de f𝑓f le long de Y𝑌Y. Évaluée en xM𝑥𝑀x\in M on a donc df(Y)x=Yx[f]𝑑𝑓subscript𝑌𝑥subscript𝑌𝑥delimited-[]𝑓df(Y)_{x}=Y_{x}[f]. On vérifie immédiatement qu’il s’agit bien d’une 111-forme.

La fonction d:𝒞Ω1(M):𝑑superscript𝒞superscriptΩ1𝑀d:\mathcal{C}^{\infty}\rightarrow\Omega^{1}(M) qui a une fonction associe sa dérivée extérieure vérifie les propriétés suivantes : Pour f,g,h𝒞,αformulae-sequence𝑓𝑔superscript𝒞𝛼f,g,h\in\mathcal{C}^{\infty},\alpha\in\mathbb{R} on a d(f+g)=df+dg𝑑𝑓𝑔𝑑𝑓𝑑𝑔d(f+g)=df+dg et aussi d(αf)=αdf𝑑𝛼𝑓𝛼𝑑𝑓d(\alpha f)=\alpha df, autrement dit d𝑑d est \mathbb{R}-linéaire, on a évidemment (f+g)dh=fdh+gdh𝑓𝑔𝑑𝑓𝑑𝑔𝑑(f+g)dh=fdh+gdh et ce qui s’appelle la règle de Leibniz d(fg)=fdg+gdf𝑑𝑓𝑔𝑓𝑑𝑔𝑔𝑑𝑓d(fg)=fdg+gdf.

Vecteurs cotangents

Un champ de vecteurs associe à chaque point xM𝑥𝑀x\in M un vecteur de l’espace tangent en x𝑥x TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M. De la même manière, une 111-forme associe à chaque point xM𝑥𝑀x\in M un objet appelé vecteur cotangent. Un vecteur cotangent est une forme linéaire sur TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M. On peut le visualiser comme des hyperplans ”de niveau” parallèles au voisinage du point considéré (l’image réciproque des entiers relatifs par la forme linéaire). Lorsqu’on prend l’image d’un vecteur tangent v𝑣\vec{v} par le vecteur cotangent df considéré, df(v)𝑑𝑓𝑣df(\vec{v}) est en quelque sorte le nombre d’hyperplans que croise le vecteur v𝑣\vec{v}, avec une orientation, parce que df(v)𝑑𝑓𝑣df(\vec{v}) peut être négatif. Il faut donc ”marquer” l’hyperplan correspondant à un +11+1.

Refer to caption
Figure 1.3: Un vecteur cotangent peut être vu comme un ensemble de lignes de niveau
Champs de tenseurs, k-formes
Définition 19.

Un champ de tenseurs de type (p,q)𝑝𝑞(p,q) sur M𝑀M est une fonction S:M𝔗qp(M):𝑆𝑀subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑀S:M\rightarrow\mathfrak{T}^{p}_{q}(M) telle que Sx𝔗qp(TxM)subscript𝑆𝑥subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞subscript𝑇𝑥𝑀S_{x}\in\mathfrak{T}^{p}_{q}(T_{x}M) et telle que pour tous Y1,,YqΓ(TM),α1,,αpΩ1(M)formulae-sequencesubscript𝑌1subscript𝑌𝑞Γ𝑇𝑀subscript𝛼1subscript𝛼𝑝superscriptΩ1𝑀Y_{1},...,Y_{q}\in\Gamma(TM),\alpha_{1},...,\alpha_{p}\in\Omega^{1}(M), la fonction S(α1,,αp,Y1,,Yp)𝑆subscript𝛼1subscript𝛼𝑝subscript𝑌1subscript𝑌𝑝S(\alpha_{1},...,\alpha_{p},Y_{1},...,Y_{p}) donnée par

S(α1,,αp,Y1,,Yp)(x)=S(α1x,,αpx,Y1x,,Ypx)𝑆subscript𝛼1subscript𝛼𝑝subscript𝑌1subscript𝑌𝑝𝑥𝑆subscript𝛼1𝑥subscript𝛼𝑝𝑥subscript𝑌1𝑥subscript𝑌𝑝𝑥S(\alpha_{1},...,\alpha_{p},Y_{1},...,Y_{p})(x)=S(\alpha_{1x},...,\alpha_{px},Y_{1x},...,Y_{px})

est dans 𝒞(M)superscript𝒞𝑀\mathcal{C}^{\infty}(M). L’espace de tous les champs de tenseurs de type (p,q)𝑝𝑞(p,q) sur M𝑀M est noté 𝔗qp(M)subscriptsuperscript𝔗𝑝𝑞𝑀\mathfrak{T}^{p}_{q}(M).

Définition 20.

Une k𝑘k-forme sur M𝑀M est un champ de tenseurs ω𝜔\omega de type (0,k)0𝑘(0,k) sur M𝑀M tel que xMfor-all𝑥𝑀\forall x\in M ωxk(M)subscript𝜔𝑥superscript𝑘𝑀\omega_{x}\in\bigwedge^{k}(M).

On note Ωk(M)superscriptΩ𝑘𝑀\Omega^{k}(M) l’ensemble des k𝑘k-formes sur la variété M𝑀M. On peut multiplier les formes différentielles entre elles par un produit extérieur point par point :

Définition 21.

Pour αΩi(M)𝛼superscriptΩ𝑖𝑀\alpha\in\Omega^{i}(M) et βΩj(M)𝛽superscriptΩ𝑗𝑀\beta\in\Omega^{j}(M), on définit αβΩi+j(M)𝛼𝛽superscriptΩ𝑖𝑗𝑀\alpha\wedge\beta\in\Omega^{i+j}(M) par (αβ)x=αxβxsubscript𝛼𝛽𝑥subscript𝛼𝑥subscript𝛽𝑥(\alpha\wedge\beta)_{x}=\alpha_{x}\wedge\beta_{x}.

On peut exprimer localement les k𝑘k-formes dans une base particulière : si ϕ:Un:italic-ϕ𝑈superscript𝑛\phi:U\rightarrow\mathbb{R}^{n} est une carte, alors localement, une base des champs de vecteurs est (i)i[|1,n|](\partial_{i})_{i\in[|1,n|]}. Une base des k𝑘k-formes sur U𝑈U est alors donnée par (dxi)i[|1,n|](dx^{i})_{i\in[|1,n|]}dxi(j)=δij𝑑superscript𝑥𝑖subscript𝑗superscriptsubscript𝛿𝑖𝑗dx^{i}(\partial_{j})=\delta_{i}^{j}. Alors toute k𝑘k-forme ωΩk(M)𝜔superscriptΩ𝑘𝑀\omega\in\Omega^{k}(M) s’écrit sur U𝑈U :

ω=1k!ωi1ikdxi1dxik𝜔1𝑘subscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘𝑑superscript𝑥subscript𝑖1𝑑superscript𝑥subscript𝑖𝑘\omega=\frac{1}{k!}\omega_{i_{1}...i_{k}}dx^{i_{1}}\wedge...\wedge dx^{i_{k}}

ωi1ik=ω(i1,,ik)𝒞(M)subscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘𝜔subscriptsubscript𝑖1subscriptsubscript𝑖𝑘superscript𝒞𝑀\omega_{i_{1}...i_{k}}=\omega(\partial_{i_{1}},...,\partial_{i_{k}})\in\mathcal{C}^{\infty}(M).

Dérivée extérieure, tiré en arrière
Définition 22.

On a vu que si f𝒞(M)𝑓superscript𝒞𝑀f\in\mathcal{C}^{\infty}(M), alors dfΩ1(M)𝑑𝑓superscriptΩ1𝑀df\in\Omega^{1}(M) est définie par df(Y)=Y[f]𝑑𝑓𝑌𝑌delimited-[]𝑓df(Y)=Y[f] pour tout champ de vecteurs sur M𝑀M. Pour ωΩk(M)𝜔superscriptΩ𝑘𝑀\omega\in\Omega^{k}(M), on définit dω𝑑𝜔d\omega comme la (k+1)𝑘1(k+1)-forme qui s’exprime, restreinte à U𝑈U, par

dω=1k!d(ωi1ik)dxi1dxik𝑑𝜔1𝑘𝑑subscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘𝑑superscript𝑥subscript𝑖1𝑑superscript𝑥subscript𝑖𝑘d\omega=\frac{1}{k!}d(\omega_{i_{1}...i_{k}})\wedge dx^{i_{1}}\wedge...\wedge dx^{i_{k}}
dω=1k!i(ωi1ik)dxidxi1dxik𝑑𝜔1𝑘subscript𝑖subscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘𝑑superscript𝑥𝑖𝑑superscript𝑥subscript𝑖1𝑑superscript𝑥subscript𝑖𝑘d\omega=\frac{1}{k!}\partial_{i}(\omega_{i_{1}...i_{k}})dx^{i}\wedge dx^{i_{1}}\wedge...\wedge dx^{i_{k}}
Remarque 6.

Il existe une définition de la dérivée extérieure qui ne fait pas appel à un système local de coordonnées : pour tous X1,,Xk+1Γ(TM)subscript𝑋1subscript𝑋𝑘1Γ𝑇𝑀X_{1},...,X_{k+1}\in\Gamma(TM), on a

dω(X1,,Xk+1)=i=1k+1(1)i+1Xi[ω(X1,,Xi~,,Xk+1)]𝑑𝜔subscript𝑋1subscript𝑋𝑘1superscriptsubscript𝑖1𝑘1superscript1𝑖1subscript𝑋𝑖delimited-[]𝜔subscript𝑋1~subscript𝑋𝑖subscript𝑋𝑘1d\omega(X_{1},...,X_{k+1})=\sum_{i=1}^{k+1}(-1)^{i+1}X_{i}[\omega(X_{1},...,\tilde{X_{i}},...,X_{k+1})]
+1i<jn(1)i+jω([Xi,Xj],X1,,Xi~,,Xj~,,Kk+1)subscript1𝑖𝑗𝑛superscript1𝑖𝑗𝜔subscript𝑋𝑖subscript𝑋𝑗subscript𝑋1~subscript𝑋𝑖~subscript𝑋𝑗subscript𝐾𝑘1+\sum_{1\neq i<j\neq n}(-1)^{i+j}\omega([X_{i},X_{j}],X_{1},...,\tilde{X_{i}},...,\tilde{X_{j}},...,K_{k+1})

où il faut omettre les termes surmontés d’un tilde, et où [A,B]𝐴𝐵[A,B] est le crochet de Lie des champs de vecteurs A𝐴A et B𝐵B, défini par [A,B]x[f]=Ax[B[f]]Bx[A[f]]subscript𝐴𝐵𝑥delimited-[]𝑓subscript𝐴𝑥delimited-[]𝐵delimited-[]𝑓subscript𝐵𝑥delimited-[]𝐴delimited-[]𝑓[A,B]_{x}[f]=A_{x}[B[f]]-B_{x}[A[f]].

Propriétés 1.2.3.

On a pour αΩi(M)𝛼superscriptΩ𝑖𝑀\alpha\in\Omega^{i}(M) et βΩj(M)𝛽superscriptΩ𝑗𝑀\beta\in\Omega^{j}(M) :

d(αβ)=dαβ+(1)iαdβ𝑑𝛼𝛽𝑑𝛼𝛽superscript1𝑖𝛼𝑑𝛽d(\alpha\wedge\beta)=d\alpha\wedge\beta+(-1)^{i}\alpha\wedge d\beta

et

d2=dd=0superscript𝑑2𝑑𝑑0d^{2}=d\circ d=0
Définition 23.

On dit qu’une forme différentielle ω𝜔\omega est exacte si elle est la dérivée extérieure d’une autre forme ϵitalic-ϵ\epsilon i.e ω=dϵ𝜔𝑑italic-ϵ\omega=d\epsilon. On dit qu’elle est fermée si dω=0𝑑𝜔0d\omega=0.

De la même manière qu’on peut pousser en avant les champs de vecteurs par un difféomorphisme, on peut tirer en arrière les k-formes :

Définition 24.

Soit f:MN:𝑓𝑀𝑁f:M\rightarrow N un difféomorphisme lisse, et soit ωΩk(N)𝜔superscriptΩ𝑘𝑁\omega\in\Omega^{k}(N). Le tiré en arrière fωsuperscript𝑓𝜔f^{*}\omega de ω𝜔\omega par f est dans Ωk(M)superscriptΩ𝑘𝑀\Omega^{k}(M) et est défini par (fω)x(Y1,,Yk)=ωf(x)(fx(Y1),,fx(Yk))subscriptsuperscript𝑓𝜔𝑥subscript𝑌1subscript𝑌𝑘subscript𝜔𝑓𝑥subscript𝑓absent𝑥subscript𝑌1subscript𝑓absent𝑥subscript𝑌𝑘(f^{*}\omega)_{x}(Y_{1},...,Y_{k})=\omega_{f(x)}(f_{*x}(Y_{1}),...,f_{*x}(Y_{k})) pour Y1,,YkΓ(TM)subscript𝑌1subscript𝑌𝑘Γ𝑇𝑀Y_{1},...,Y_{k}\in\Gamma(TM).

Ωk(M)superscriptΩ𝑘𝑀\textstyle{\Omega^{k}(M)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}π𝜋\scriptstyle{\pi}Ωk(N)superscriptΩ𝑘𝑁\textstyle{\Omega^{k}(N)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}fsuperscript𝑓\scriptstyle{f^{*}}πsuperscript𝜋\scriptstyle{\pi^{\prime}}M𝑀\textstyle{M\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f𝑓\scriptstyle{f}N𝑁\textstyle{N}

Le tiré en arrière est en fait très naturel pour les formes sur M car :

Proposition 1.2.4.

On a, sous les mêmes hypothèses, d(fω)=fdω𝑑superscript𝑓𝜔superscript𝑓𝑑𝜔d(f^{*}\omega)=f^{*}d\omega. De plus f(αβ)=fαfβsuperscript𝑓𝛼𝛽superscript𝑓𝛼superscript𝑓𝛽f^{*}(\alpha\wedge\beta)=f^{*}\alpha\wedge f^{*}\beta et on a la fonctorialité (fg)ω=gfωsuperscript𝑓𝑔𝜔superscript𝑔superscript𝑓𝜔(f\circ g)^{*}\omega=g^{*}f^{*}\omega.

Preuve.

C’est direct à partir des définitions du tiré en arrière et du wedge. ∎

Liens entre la dérivée extérieure et les opérateurs différentiels
Propriété 1.2.5.

Pour une fonction f𝒞(3)𝑓superscript𝒞superscript3f\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathbb{R}^{3}), on a ×(f)=0𝑓0\vec{\nabla}\times(\vec{\nabla f})=0 et pour A𝐴\vec{A} un champ de vecteurs sur 3superscript3\mathbb{R}^{3}, on a (×A)=0𝐴0\vec{\nabla}\cdot(\vec{\nabla}\times\vec{A})=0.

Cette propriété des opérateurs différentiels n’est pas sans rappeler que pour la dérivée extérieure, dd=0𝑑𝑑0d\circ d=0.

On a déjà vu que la dérivée extérieure jouait le même rôle que le gradient, au choix d’une métrique près. Pour f𝒞(3)𝑓superscript𝒞superscript3f\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathbb{R}^{3}), on peut écrire :

df=(xf)dx+(yf)dy+(zf)dz𝑑𝑓subscript𝑥𝑓𝑑𝑥subscript𝑦𝑓𝑑𝑦subscript𝑧𝑓𝑑𝑧df=(\partial_{x}f)dx+(\partial_{y}f)dy+(\partial_{z}f)dz

Calculons alors dans le cas le plus général la dérivée extérieure d’une 111-forme quelconque :

ω=ωxdx+ωydy+ωzdz𝜔subscript𝜔𝑥𝑑𝑥subscript𝜔𝑦𝑑𝑦subscript𝜔𝑧𝑑𝑧\omega=\omega_{x}dx+\omega_{y}dy+\omega_{z}dz

ce qui donne :

dω=(yωzzωy)dydz+(zωxxωz)dzdx+(xωyyωx)dxdy𝑑𝜔subscript𝑦subscript𝜔𝑧subscript𝑧subscript𝜔𝑦𝑑𝑦𝑑𝑧subscript𝑧subscript𝜔𝑥subscript𝑥subscript𝜔𝑧𝑑𝑧𝑑𝑥subscript𝑥subscript𝜔𝑦subscript𝑦subscript𝜔𝑥𝑑𝑥𝑑𝑦d\omega=(\partial_{y}\omega_{z}-\partial_{z}\omega_{y})dy\wedge dz+(\partial_{z}\omega_{x}-\partial_{x}\omega_{z})dz\wedge dx+(\partial_{x}\omega_{y}-\partial_{y}\omega_{x})dx\wedge dy

Autrement dit, la dérivée extérieure d’une 111-forme est essentiellement le rotationnel, à condition de pouvoir se ramener à un vecteur, ce qui est possible avec une métrique et l’opérateur de Hodge que nous définirons plus tard. Pour une 222-forme quelconque :

ω=ωxydxdy+ωyzdydz+ωzxdzdx𝜔subscript𝜔𝑥𝑦𝑑𝑥𝑑𝑦subscript𝜔𝑦𝑧𝑑𝑦𝑑𝑧subscript𝜔𝑧𝑥𝑑𝑧𝑑𝑥\omega=\omega_{xy}dx\wedge dy+\omega_{yz}dy\wedge dz+\omega_{zx}dz\wedge dx

un calcul rapide donne :

dω=(zωxy+zωxy+zωxy)dxdydz𝑑𝜔subscript𝑧subscript𝜔𝑥𝑦subscript𝑧subscript𝜔𝑥𝑦subscript𝑧subscript𝜔𝑥𝑦𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧d\omega=(\partial_{z}\omega_{xy}+\partial_{z}\omega_{xy}+\partial_{z}\omega_{xy})dx\wedge dy\wedge dz

qui est la divergence un tout petit peu déguisée ! On peut résumer le tout en notant :

Gradientd:Ω0(3)Ω1(3)𝐺𝑟𝑎𝑑𝑖𝑒𝑛𝑡𝑑:superscriptΩ0superscript3superscriptΩ1superscript3Gradient\leftrightarrow d:\Omega^{0}(\mathbb{R}^{3})\rightarrow\Omega^{1}(\mathbb{R}^{3})
Rotationneld:Ω1(3)Ω2(3)𝑅𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑛𝑒𝑙𝑑:superscriptΩ1superscript3superscriptΩ2superscript3Rotationnel\leftrightarrow d:\Omega^{1}(\mathbb{R}^{3})\rightarrow\Omega^{2}(\mathbb{R}^{3})
Divergenced:Ω2(3)Ω3(3)𝐷𝑖𝑣𝑒𝑟𝑔𝑒𝑛𝑐𝑒𝑑:superscriptΩ2superscript3superscriptΩ3superscript3Divergence\leftrightarrow d:\Omega^{2}(\mathbb{R}^{3})\rightarrow\Omega^{3}(\mathbb{R}^{3})

1.2.2 Crochet de Lie de deux champs de vecteurs

Refer to caption
Figure 1.4: Le crochet de Lie permet de mesurer le défaut de commutation de deux champs de vecteurs

Soit Mdsuperscript𝑀𝑑M^{d} une variété, x0Msubscript𝑥0𝑀x_{0}\in M. Soient deux champs de vecteurs X et Y définis localement en x0subscript𝑥0x_{0} et ϕXsubscriptitalic-ϕ𝑋\phi_{X}, ϕYsubscriptitalic-ϕ𝑌\phi_{Y} leurs flots respectifs. On veut décrire à quel point les flots de ces champs de vecteurs commutent. On définit l’application

Φ:2M:Φsuperscript2𝑀\Phi:\mathbb{R}^{2}\rightarrow M

localement au voisinage de (0,0)0.0(0,0) par :

Φ(s,t)=ϕYsϕXtϕYsϕXt(x0)Φ𝑠𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑡subscript𝑥0\Phi(s,t)=\phi_{Y}^{s}\circ\phi_{X}^{t}\circ\phi_{Y}^{-s}\circ\phi_{X}^{-t}(x_{0})

Comme pour tous les s𝑠s, t𝑡t dans un voisinage adapté de 00, Φ(0,t)=Φ(s,0)=0Φ0𝑡Φ𝑠.00\Phi(0,t)=\Phi(s,0)=0, on a

1Φ(0,0)=2Φ(0,0)=0subscript1Φ0.0subscript2Φ0.00\partial_{1}\Phi(0,0)=\partial_{2}\Phi(0,0)=0

La dérivée seconde d2Φ(0,0)superscript𝑑2Φ0.0d^{2}\Phi(0,0) est donc bien définie et d2Φ(0,0)(˙s,t)=st212Φ(0,0)d^{2}\Phi(0,0)\dot{(}s,t)=st\partial^{2}_{12}\Phi(0,0). On pose :

[X,Y](x0)=122Φ(0,0)𝑋𝑌subscript𝑥0subscriptsuperscript212Φ0.0[X,Y](x_{0})=\partial^{2}_{12}\Phi(0,0)

C’est bien un champ de vecteur lisse au sens défini plus haut. En considérant la courbe γ:tΦ(t,t):𝛾𝑡Φ𝑡𝑡\gamma:t\rightarrow\Phi(t,t) définie sur un voisinage convenable de 00, de dérivée nulle en 00, on a [X,Y](x0)=12d2dt2γ(0)𝑋𝑌subscript𝑥012superscript𝑑2𝑑superscript𝑡2𝛾0[X,Y](x_{0})=\frac{1}{2}\frac{d^{2}}{dt^{2}}\gamma(0).

Par exemple, sur 2superscript2\mathbb{R}^{2}, les champs de vecteurs X=(1,0)𝑋1.0X=(1,0) et Y=(0,x)𝑌0𝑥Y=(0,x) ne commutent pas. On peut calculer leur crochet : [X,Y](0)=(0,1)𝑋𝑌001[X,Y](0)=(0,-1).

Refer to caption
Figure 1.5: Deux champs de vecteurs qui ne commutent pas
Théorème 1.2.6 (Stabilité par poussé en avant).

Soit f:MN:𝑓𝑀𝑁f:M\rightarrow N un difféomorphisme de variétés, et X𝑋X, Y𝑌Y deux champs de vecteurs sur M. Alors [fX,fY]=f[X,Y]subscript𝑓𝑋subscript𝑓𝑌subscript𝑓𝑋𝑌[f_{*}X,f_{*}Y]=f_{*}[X,Y].

Preuve.

Soit x0Msubscript𝑥0𝑀x_{0}\in M. On appelle r(t):sign(t)|t|:𝑟𝑡𝑠𝑖𝑔𝑛𝑡𝑡r(t):sign(t)\sqrt{|t|}. On considère la courbe x(t)=Φ(r(t),r(t))𝑥𝑡Φ𝑟𝑡𝑟𝑡x(t)=\Phi(r(t),r(t)) qui donne x(0)=[X,Y](x0)superscript𝑥0𝑋𝑌subscript𝑥0x^{\prime}(0)=[X,Y](x_{0}). Alors :

fx(t)=fϕYr(t)f1fϕXr(t)f1fϕYr(t)fϕXr(t)f1f(x)𝑓𝑥𝑡𝑓superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑟𝑡superscript𝑓1𝑓superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑟𝑡superscript𝑓1𝑓superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑟𝑡𝑓superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑟𝑡superscript𝑓1𝑓𝑥f\circ x(t)=f\circ\phi_{Y}^{r(t)}\circ f^{-1}\circ f\circ\phi_{X}^{r(t)}\circ f^{-1}\circ f\circ\phi_{Y}^{-r(t)}\circ f\circ\phi_{X}^{-r(t)}\circ f^{-1}\circ f(x)
fx(t)=ϕfYr(t)ϕfXr(t)ϕfYr(t)ϕfXr(t)(f(x))𝑓𝑥𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕsubscript𝑓𝑌𝑟𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕsubscript𝑓𝑋𝑟𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕsubscript𝑓𝑌𝑟𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕsubscript𝑓𝑋𝑟𝑡𝑓𝑥f\circ x(t)=\phi_{f_{*}Y}^{r(t)}\circ\phi_{f_{*}X}^{r(t)}\circ\phi_{f_{*}Y}^{-r(t)}\circ\phi_{f_{*}X}^{r(t)}(f(x))

ce qui donne la formule voulue en dérivant en 0. ∎

Théorème 1.2.7.

On a [X,Y](x0)=dds|s=0((ϕYs)X(x))[X,Y](x_{0})=\frac{d}{ds}_{|s=0}((\phi_{Y}^{s})_{*}X(x))

Preuve.
ϕYsϕXtϕYs=ϕ(ϕYs)Xtsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠superscriptsubscriptitalic-ϕsubscriptsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠𝑋𝑡\phi_{Y}^{s}\circ\phi_{X}^{t}\circ\phi_{Y}^{-s}=\phi_{(\phi_{Y}^{s})_{*}X}^{t}
Φ(s,t)=ϕ(ϕYs)XtϕXt(x0)Φ𝑠𝑡subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑡subscriptsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠𝑋superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑋𝑡subscript𝑥0\Phi(s,t)=\phi^{t}_{(\phi_{Y}^{s})_{*}X}\circ\phi_{X}^{-t}(x_{0})
2Φ(s,0)=(ϕYs)X(x)X(x)subscript2Φ𝑠.0subscriptsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑌𝑠𝑋𝑥𝑋𝑥\partial_{2}\Phi(s,0)=(\phi_{Y}^{s})_{*}X(x)-X(x)

En coordonnées on a donc : ([X,Y])i=j(Yi)Xjj(Xi)Yjsubscript𝑋𝑌𝑖subscript𝑗subscript𝑌𝑖subscript𝑋𝑗subscript𝑗subscript𝑋𝑖subscript𝑌𝑗([X,Y])_{i}=\partial_{j}(Y_{i})X_{j}-\partial_{j}(X_{i})Y_{j} avec la convention de sommation d’Einstein. Cela nous permet d’exprimer le crochet de Lie d’une troisième manière, encore différente, en termes de dérivées le long de champs de vecteurs. On se rend ici compte de l’intérêt de la notation isubscript𝑖\partial_{i} pour les champs de vecteurs canoniques locaux.

Théorème 1.2.8.

Soient X𝑋X et Y𝑌Y deux champs de vecteurs sur M𝑀M. Le crochet [X,Y]𝑋𝑌[X,Y] est l’unique champ de vecteurs défini sur M𝑀M tel que pour toute fonction f𝑓f lisse sur M𝑀M, on ait [X,Y]x[f]=Xx[Y[f]]Yx[X[f]]subscript𝑋𝑌𝑥delimited-[]𝑓subscript𝑋𝑥delimited-[]𝑌delimited-[]𝑓subscript𝑌𝑥delimited-[]𝑋delimited-[]𝑓[X,Y]_{x}[f]=X_{x}[Y[f]]-Y_{x}[X[f]].

Preuve.

On fait le calcul direct dans les cartes pour arriver au résultat. ∎

Le crochet vérifie certaines propriétés algébriques intéressantes ; par exemple, pour trois champs de vecteurs X𝑋X, Y𝑌Y, et Z𝑍Z sur M𝑀M, on a (égalité de Jacobi) :

[X,[Y,Z]]+[Y,[Z,X]]+[Z,[X,Y]]=0𝑋𝑌𝑍𝑌𝑍𝑋𝑍𝑋𝑌0[X,[Y,Z]]+[Y,[Z,X]]+[Z,[X,Y]]=0

1.2.3 La première paire d’équations

On cherche à réécrire la première paire d’équations de Maxwell en trouvant une formulation qui les généralise à n’importe quelle variété. Il s’agit des équations données par :

B=0𝐵0\vec{\nabla}\cdot\vec{B}=0

et

×E+tB=0𝐸subscript𝑡𝐵0\vec{\nabla}\times\vec{E}+\partial_{t}\vec{B}=0
Cas statique

On a vu que la divergence est le produit extérieur sur les 222-formes dans 3superscript3\mathbb{R}^{3} et que le rotationnel le produit extérieur sur les 111-formes dans 3superscript3\mathbb{R}^{3}. Ainsi plutôt que de considérer les champs électrique E=(Ex,Ey,Ez)𝐸subscript𝐸𝑥subscript𝐸𝑦subscript𝐸𝑧\vec{E}=(E_{x},E_{y},E_{z}) et magnétique B=(Bx,By,Bz)𝐵subscript𝐵𝑥subscript𝐵𝑦subscript𝐵𝑧\vec{B}=(B_{x},B_{y},B_{z}) comme des vecteurs, on va les considérer respectivement comme une 111-forme et une 222-forme :

B=Bxdydz+Bydzdx+Bzdxdy𝐵subscript𝐵𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧subscript𝐵𝑦𝑑𝑧𝑑𝑥subscript𝐵𝑧𝑑𝑥𝑑𝑦B=B_{x}dy\wedge dz+B_{y}dz\wedge dx+B_{z}dx\wedge dy
E=Exdx+Eydy+Ezdz𝐸subscript𝐸𝑥𝑑𝑥subscript𝐸𝑦𝑑𝑦subscript𝐸𝑧𝑑𝑧E=E_{x}dx+E_{y}dy+E_{z}dz

Ainsi la première paire d’équations de Maxwell s’écrit simplement dE=0𝑑𝐸0dE=0, dB=0𝑑𝐵0dB=0.

Cas général

Dans le cas où les champs ne sont pas statiques, il faut les penser comme des objets de l’espace temps et non plus seulement de l’espace. On se place dans 4superscript4\mathbb{R}^{4} avec les coordonnées standards (x0,x1,x2,x3)=(t,x,y,z)superscript𝑥0superscript𝑥1superscript𝑥2superscript𝑥3𝑡𝑥𝑦𝑧(x^{0},x^{1},x^{2},x^{3})=(t,x,y,z). On prend toujours :

E=Exdx+Eydy+Ezdz𝐸subscript𝐸𝑥𝑑𝑥subscript𝐸𝑦𝑑𝑦subscript𝐸𝑧𝑑𝑧E=E_{x}dx+E_{y}dy+E_{z}dz
B=Bxdydz+Bydzdx+Bzdxdy𝐵subscript𝐵𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧subscript𝐵𝑦𝑑𝑧𝑑𝑥subscript𝐵𝑧𝑑𝑥𝑑𝑦B=B_{x}dy\wedge dz+B_{y}dz\wedge dx+B_{z}dx\wedge dy

On définit alors le champ électromagnétique F𝐹F comme une 222-forme sur 4superscript4\mathbb{R}^{4}, par :

F=B+Edt𝐹𝐵𝐸𝑑𝑡F=B+E\wedge dt

qu’on peut décomposer sur la base canonique des 222-formes :

F=12Fμνdxμdxν𝐹12subscript𝐹𝜇𝜈𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈F=\frac{1}{2}F_{\mu\nu}dx^{\mu}\wedge dx^{\nu}

et sous forme matricielle, en prenant la base canonique de 44tensor-productsuperscript4superscript4\mathbb{R}^{4}\otimes\mathbb{R}^{4} donnée par la famille : (dxidxj)i,j[|0,3|])(dx^{i}\otimes dx^{j})_{i,j\in[|0,3|]}) si ((dxj)j[|0,3|])subscript𝑑superscript𝑥𝑗𝑗delimited-[]0.3((dx^{j})_{j\in[|0,3|]}) est la base canonique de (4)superscript4\bigwedge(\mathbb{R}^{4}) :

F=(0ExEyEzEx0BzByEyBz0BxEzByBx0)𝐹matrix0subscript𝐸𝑥subscript𝐸𝑦subscript𝐸𝑧subscript𝐸𝑥0subscript𝐵𝑧subscript𝐵𝑦subscript𝐸𝑦subscript𝐵𝑧0subscript𝐵𝑥subscript𝐸𝑧subscript𝐵𝑦subscript𝐵𝑥0F=\begin{pmatrix}0&-E_{x}&-E_{y}&-E_{z}\\ E_{x}&0&B_{z}&-B_{y}\\ E_{y}&-B_{z}&0&B_{x}\\ E_{z}&B_{y}&-B_{x}&0\end{pmatrix}
Théorème 1.2.9.

La première paire d’équations de Maxwell s’écrit juste :

dF=0𝑑𝐹0dF=0
Preuve.

Tout d’abord on a :

dF=d(B+Edt)𝑑𝐹𝑑𝐵𝐸𝑑𝑡dF=d(B+E\wedge dt)

Or si ω=ωIdxI𝜔subscript𝜔𝐼𝑑superscript𝑥𝐼\omega=\omega_{I}dx^{I}I𝐼I parcourt l’ensemble des multi-indices (par exemple pour ω=F𝜔𝐹\omega=F, ωI=12Fμνsubscript𝜔𝐼12subscript𝐹𝜇𝜈\omega_{I}=\frac{1}{2}F_{\mu\nu} et dxI=dxμdxν𝑑superscript𝑥𝐼𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈dx^{I}=dx^{\mu}\wedge dx^{\nu}) alors dω=μωIdxμdxI𝑑𝜔subscript𝜇subscript𝜔𝐼𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝐼d\omega=\partial_{\mu}\omega_{I}dx^{\mu}\wedge dx^{I}. On peut donc décomposer dω𝑑𝜔d\omega en une partie spatiale dsω=iωIdxidxIsubscript𝑑𝑠𝜔subscript𝑖subscript𝜔𝐼𝑑superscript𝑥𝑖𝑑superscript𝑥𝐼d_{s}\omega=\partial_{i}\omega_{I}dx^{i}\wedge dx^{I}i𝑖i parcourt [|1,3|]delimited-[]1.3[|1,3|] et une partie temporelle dttω=0ωIdx0dxI𝑑𝑡subscript𝑡𝜔subscript0subscript𝜔𝐼𝑑superscript𝑥0𝑑superscript𝑥𝐼dt\wedge\partial_{t}\omega=\partial_{0}\omega_{I}dx^{0}\wedge dx^{I}. Par conséquent :

dF=dsB+dttB+(dsE+dttE)dt𝑑𝐹subscript𝑑𝑠𝐵𝑑𝑡subscript𝑡𝐵subscript𝑑𝑠𝐸𝑑𝑡subscript𝑡𝐸𝑑𝑡dF=d_{s}B+dt\wedge\partial_{t}B+(d_{s}E+dt\wedge\partial_{t}E)\wedge dt
dF=dsB+(tB+dsE)dt𝑑𝐹subscript𝑑𝑠𝐵subscript𝑡𝐵subscript𝑑𝑠𝐸𝑑𝑡dF=d_{s}B+(\partial_{t}B+d_{s}E)\wedge dt

d’où le système d’équations :

{dsB=0tB+dsE=0casessubscript𝑑𝑠𝐵0subscript𝑡𝐵subscript𝑑𝑠𝐸0\left\{\begin{array}[]{l}d_{s}B=0\\ \partial_{t}B+d_{s}E=0\end{array}\right.

qui est équivalent aux deux premières équations de Maxwell. ∎

Remarque 7.

La grande force du langage des formes différentielles est sa généralité, qui permet de définir un champ magnétique F𝐹F comme une 222-forme sur n’importe quelle variété M𝑀M. Les deux premières équations de Maxwell la contraignent juste à être fermée. On peut voir l’espace temps comme un fibré en droite sur la sous-variété d’espace, cependant ce fibré n’est pas nécessairement trivial : autrement dit on ne peut pas forcément écrire M=×S𝑀𝑆M=\mathbb{R}\times SS𝑆S est la variété d’espace. Les notions de champ électrique et de champ magnétique peuvent alors perdre leur sens ; seule subsiste celle de champ électromagnétique.

Remarque 8.

Si l’espace temps M𝑀M est trivial, il peut s’écrire M=×S𝑀𝑆M=\mathbb{R}\times S de bien des façons ! En relativité, les différents repères inertiels correspondent à différentes trivialisations de cette nature, reliées par les transformations de Lorentz. C’est pourquoi le champ électrique et le champ magnétique sont mélangés lorsqu’ils subissent une transformation de Lorentz.

Remarque 9.

La première paire d’équations n’implique pas le mesure de distances dans l’espace-temps. On n’a pas encore parlé de la métrique de Minkowski, seulement de 4superscript4\mathbb{R}^{4} ! C’est pour cela que ces équations sont invariantes par transformation de Galilée. La deuxième paire d’équations, elle, a besoin d’une métrique de manière implicite.

1.2.4 Métrique, élément de volume et opérateur de Hodge

Le cas de l’espace plat
Définition 25.

Une métrique sur E𝐸EE𝐸E est un espace vectoriel réel est une 222-forme g𝔗20(E)𝑔subscriptsuperscript𝔗02𝐸g\in\mathfrak{T}^{0}_{2}(E) telle que g𝑔g est symétrique et non dégénérée (c’est-à-dire que si vEfor-all𝑣𝐸\forall v\in E, g(u,v)=0𝑔𝑢𝑣0g(u,v)=0 alors u=0𝑢0u=0).

Proposition 1.2.10.

Il existe une base (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} orthonormale pour g𝑔g au sens suivant :

g(ei,ej)=±δiji,j[|1,n|]g(e_{i},e_{j})=\pm\delta_{ij}\forall i,j\in[|1,n|]
Preuve.

La forme g𝑔g bilinéaire symétrique g𝑔g étant non nulle, et sachant que :

g(x,y)=12(g(x+y,x+y)g(x,x)g(y,y))𝑔𝑥𝑦12𝑔𝑥𝑦𝑥𝑦𝑔𝑥𝑥𝑔𝑦𝑦g(x,y)=\frac{1}{2}(g(x+y,x+y)-g(x,x)-g(y,y))

on en déduit qu’il existe un xE𝑥𝐸x\in E tel que g(x,x)𝑔𝑥𝑥g(x,x) est non nul (autrement dit il existe un x𝑥x non isotrope). Par conséquent xx=𝑥superscript𝑥perpendicular-to\mathbb{R}x\cap x^{\perp}=\emptyset donc xx=Edirect-sum𝑥superscript𝑥perpendicular-to𝐸\mathbb{R}x\oplus x^{\perp}=E. On applique alors le même raisonnement à xsuperscript𝑥perpendicular-tox^{\perp} et on obtient un base orthogonale (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} qui permet d’écrire, en posant g(ei,ei)=αi𝑔subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑖subscript𝛼𝑖g(e_{i},e_{i})=\alpha_{i} :

g(x,x)=α1(x1)2++αn(xn)2𝑔𝑥𝑥subscript𝛼1superscriptsuperscript𝑥12subscript𝛼𝑛superscriptsuperscript𝑥𝑛2g(x,x)=\alpha_{1}(x^{1})^{2}+...+\alpha_{n}(x^{n})^{2}

Et comme on est dans \mathbb{R}, on en déduit le résultat voulu. ∎

Définition 26.

Un élément de volume sur E𝐸E relativement à g𝑔g est un μn(E)𝜇superscript𝑛𝐸\mu\in\bigwedge^{n}(E) donné par e1ensuperscript𝑒1superscript𝑒𝑛e^{1}\wedge...\wedge e^{n} si (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} est une base orthonormale. On a ei1(E)superscript𝑒𝑖superscript1𝐸e^{i}\in\bigwedge^{1}(E) et μ(e1,,en)=1𝜇subscript𝑒1subscript𝑒𝑛1\mu(e_{1},...,e_{n})=1. μ𝜇\mu dépend d’un facteur ±1plus-or-minus1\pm 1 du choix d’une base orthonormée. Un classe d’équivalence de bases pour ce critère est appelé une orientation de E𝐸E. Si μ𝜇\mu est une orientation de E𝐸E, une base (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]} est dite orientée positivement si μ(v1,,vn)=1𝜇subscript𝑣1subscript𝑣𝑛1\mu(v_{1},...,v_{n})=1.

Définition 27.

Une métrique g𝑔g sur E𝐸E induit une métrique g~𝔗20(k(E))~𝑔subscriptsuperscript𝔗02superscript𝑘𝐸\tilde{g}\in\mathfrak{T}^{0}_{2}(\bigwedge^{k}(E)) définie comme suit. Soit (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]} une base de E𝐸E, et posons gij=g(vi,vj)subscript𝑔𝑖𝑗𝑔subscript𝑣𝑖subscript𝑣𝑗g_{ij}=g(v_{i},v_{j}). Soit gijsuperscript𝑔𝑖𝑗g^{ij} l’élément de matrice (i,j)𝑖𝑗(i,j) de l’inverse de (gij)i,j[|1,n|](g_{ij})_{i,j\in[|1,n|]}. Pour α,βk(E)𝛼𝛽superscript𝑘𝐸\alpha,\beta\in\bigwedge^{k}(E), on définit g~(α,β)~𝑔𝛼𝛽\tilde{g}(\alpha,\beta) en termes de composants (pour la base (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]}) par :

g~(α,β)=1k!gi1j1gikjkαi1ikβj1jk~𝑔𝛼𝛽1𝑘superscript𝑔subscript𝑖1subscript𝑗1superscript𝑔subscript𝑖𝑘subscript𝑗𝑘subscript𝛼subscript𝑖1subscript𝑖𝑘𝛽subscript𝑗1subscript𝑗𝑘\tilde{g}(\alpha,\beta)=\frac{1}{k!}g^{i_{1}j_{1}}...g^{i_{k}j_{k}}\alpha_{i_{1}...i_{k}}\beta{j_{1}...j_{k}}

g~(α,β)~𝑔𝛼𝛽\tilde{g}(\alpha,\beta) est indépendant du choix de la base. Si α,β0(E)𝛼𝛽superscript0𝐸\alpha,\beta\in\bigwedge^{0}(E), on pose g~(α,β)=αβ~𝑔𝛼𝛽𝛼𝛽\tilde{g}(\alpha,\beta)=\alpha\beta

Théorème 1.2.11.

Soient g𝑔g une métrique sur E𝐸E de dimension n𝑛n et μ𝜇\mu un élément de volume de E𝐸E relativement à g𝑔g. Il y a un unique isomorphisme :k(E)nk(E)*:\bigwedge^{k}(E)\rightarrow\bigwedge^{n-k}(E) tel que

α,βk(E)αβ=g~(α,β)μ\forall\alpha,\beta\in\bigwedge^{k}(E)\ \ \alpha\wedge*\beta=\tilde{g}(\alpha,\beta)\mu
Preuve.

Pour γnk(E)𝛾superscript𝑛𝑘𝐸\gamma\in\bigwedge^{n-k}(E), définissons ϕγ:k(E):subscriptitalic-ϕ𝛾superscript𝑘𝐸\phi_{\gamma}:\bigwedge^{k}(E)\rightarrow\mathbb{R} par ϕγ(α)μ=αμsubscriptitalic-ϕ𝛾𝛼𝜇𝛼𝜇\phi_{\gamma}(\alpha)\mu=\alpha\wedge\mu. Si ϕγ(α)=0subscriptitalic-ϕ𝛾𝛼0\phi_{\gamma}(\alpha)=0 αk(E)for-all𝛼superscript𝑘𝐸\forall\alpha\in\bigwedge^{k}(E) alors γ=0𝛾0\gamma=0. Par conséquent, γϕγmaps-to𝛾subscriptitalic-ϕ𝛾\gamma\mapsto\phi_{\gamma} définit une application linéaire injective de nk(E)superscript𝑛𝑘𝐸\bigwedge^{n-k}(E) dans k(E)superscript𝑘superscript𝐸\bigwedge^{k}(E)^{*} (espace dual). Comme dim(nk(E))=dim(k(E))𝑑𝑖𝑚superscript𝑛𝑘𝐸𝑑𝑖𝑚superscript𝑘𝐸dim(\bigwedge^{n-k}(E))=dim(\bigwedge^{k}(E)) c’est en fait un isomorphisme. Par conséquent, pour tout βk(E)𝛽superscript𝑘𝐸\beta\in\bigwedge^{k}(E) il existe γnk(E)𝛾superscript𝑛𝑘𝐸\gamma\in\bigwedge^{n-k}(E) tel que ϕγ(α)=g~(α,β)subscriptitalic-ϕ𝛾𝛼~𝑔𝛼𝛽\phi_{\gamma}(\alpha)=\tilde{g}(\alpha,\beta) αk(E)for-all𝛼superscript𝑘𝐸\forall\alpha\in\bigwedge^{k}(E). γ𝛾\gamma est renommé βabsent𝛽*\beta. Donc :

αβ=αγ=ϕγ(α)μ=g~(α,β)μ\alpha\wedge*\beta=\alpha\wedge\gamma=\phi_{\gamma}(\alpha)\mu=\tilde{g}(\alpha,\beta)\mu

L’opérateur * est clairement un isomorphisme. ∎

Soit g𝑔g une métrique arbitraire sur E𝐸E, soit gijsuperscript𝑔𝑖𝑗g^{ij} définie comme ci-dessus relativement à la base arbitraire de E𝐸E (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]}. Pour ωk(E)𝜔superscript𝑘𝐸\omega\in\bigwedge^{k}(E) de composantes ωi1iksubscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘\omega_{i_{1}...i_{k}}, on définit :

ωi1ik=gi1j1gikjkωi1iksuperscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘superscript𝑔subscript𝑖1subscript𝑗1superscript𝑔subscript𝑖𝑘subscript𝑗𝑘subscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘\omega^{i_{1}...i_{k}}=g^{i_{1}j_{1}}...g^{i_{k}j_{k}}\omega_{i_{1}...i_{k}}

Posons |g|=|det(gij)|𝑔𝑑𝑒𝑡subscript𝑔𝑖𝑗|g|=|det(g_{ij})|. Si (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} est une base orthonormale pour g𝑔g, posons g(ei,ej)=ηij𝑔subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑗subscript𝜂𝑖𝑗g(e_{i},e_{j})=\eta_{ij} et (1)g=det(ηij)superscript1𝑔𝑑𝑒𝑡subscript𝜂𝑖𝑗(-1)^{g}=det(\eta_{ij}). Si vj=ajieisubscript𝑣𝑗superscriptsubscript𝑎𝑗𝑖subscript𝑒𝑖v_{j}=a_{j}^{i}e_{i}, alors gij=aikajlηklsubscript𝑔𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑎𝑘𝑖subscriptsuperscript𝑎𝑙𝑗subscript𝜂𝑘𝑙g_{ij}=a^{k}_{i}a^{l}_{j}\eta_{kl} ou en terme de matrice : G=ATηA𝐺superscript𝐴𝑇𝜂𝐴G=A^{T}\eta A. Par conséquent, |detA|=|g|1/2𝑑𝑒𝑡𝐴superscript𝑔12|detA|=|g|^{1/2}, donc μe1en=|g|1/2v1vn𝜇superscript𝑒1superscript𝑒𝑛superscript𝑔12superscript𝑣1superscript𝑣𝑛\mu\equiv e^{1}\wedge...\wedge e^{n}=|g|^{1/2}v^{1}\wedge...\wedge v^{n} si la base (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]} est orientée positivement par rapport à μ𝜇\mu. On pose finalement

ϵi1in=σ𝔖n(1)σei1(eσ(1))ein(eσ(n))subscriptitalic-ϵsubscript𝑖1subscript𝑖𝑛subscript𝜎subscript𝔖𝑛superscript1𝜎superscript𝑒subscript𝑖1subscript𝑒𝜎1superscript𝑒subscript𝑖𝑛subscript𝑒𝜎𝑛\epsilon_{i_{1}...i_{n}}=\sum_{\sigma\in\mathfrak{S}_{n}}(-1)^{\sigma}e^{i_{1}}(e_{\sigma(1)})...e^{i_{n}}(e_{\sigma(n)})

On peut calculer le résultat suivant :

Théorème 1.2.12.

Si g𝑔g est une métrique sur E𝐸E d’orientation μn(E)𝜇superscript𝑛𝐸\mu\in\bigwedge^{n}(E), et soit (vi)i[|1,n|](v_{i})_{i\in[|1,n|]} une base orientée positivement de E𝐸E. Pour ω=ωi1ikvi1vikk(E)𝜔tensor-productsubscript𝜔subscript𝑖1subscript𝑖𝑘superscript𝑣subscript𝑖1superscript𝑣subscript𝑖𝑘superscript𝑘𝐸\omega=\omega_{i_{1}...i_{k}}v^{i_{1}}\otimes...\otimes v^{i_{k}}\in\bigwedge^{k}(E), on a :

ω=|g|1/21k!ωj1jkϵj1jkjk+1jnvjk+1vjn*\omega=|g|^{1/2}\frac{1}{k!}\omega^{j_{1}...j_{k}}\epsilon_{j_{1}...j_{k}j_{k+1}...j_{n}}v^{j_{k+1}}\otimes...\otimes v^{j_{n}}

De la même façon, un calcul donne le résultat suivant :

Théorème 1.2.13.

Pour ωk(E)𝜔superscript𝑘𝐸\omega\in\bigwedge^{k}(E) on a ω=(1)g(1)k(nk)ω**\omega=(-1)^{g}(-1)^{k(n-k)}\omega

Sur une variété
Définition 28.

Une métrique sur une variété Mmsuperscript𝑀𝑚M^{m} est un champ de tenseurs g𝔗20𝑔subscriptsuperscript𝔗02g\in\mathfrak{T}^{0}_{2} tel que gxsubscript𝑔𝑥g_{x} qui est une métrique sur TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M soit symétrique et non dégénérée pour tout xM𝑥𝑀x\in M.

Remarque 10.

La signature est localement constante donc constante sur les composantes connexes de M𝑀M.

Une variété munie d’une métrique est appelée variété semi-riemannienne. Si g𝑔g est définie positive (ou définie négative) on parle de variété riemannienne. Si la signature de la métrique est du type (n1,1)𝑛1.1(n-1,1), on dit que la métrique est lorentzienne, et on parle de variété lorentzienne.

Les notions que nous avons défini grâce à la métrique en espace plat se transposent directement à la variété.

Remarque 11.

La métrique désigne un moyen d’associer à chaque vecteur une forme linéaire et inversement (ce que correspond à monter et descendre des indices). C’est grâce à la métrique qu’on peut par exemple assimiler un produit extérieur de deux vecteurs dans 3superscript3\mathbb{R}^{3} au (pseudo -) vecteur produit vectoriel des deux (c’est l’étoile de Hodge). La première paire d’équations de Maxwell ne dépend donc de la métrique que si on veut l’écrire sous sa forme classique, on n’en a besoin que pour assimiler E𝐸E et B𝐵B à des vecteurs. Naturellement E𝐸E est plutôt une 111-forme, qu’on peut visualiser comme des hyperplans parallèles en un point (sortes de lignes de niveau). On l’assimile à un vecteur orthogonal à ces hyperplans, grâce à la métrique qui définit la notion même d’orthogonalité : <u|v>=gαβuαvβinner-product𝑢𝑣subscript𝑔𝛼𝛽superscript𝑢𝛼superscript𝑣𝛽<u|v>=g_{\alpha\beta}u^{\alpha}v^{\beta}

Définition 29.

Une n𝑛n-forme v𝑣v nulle part nulle sur une variété Mnsuperscript𝑀𝑛M^{n} est appelée une orientation de M𝑀M. La paire (M,v)𝑀𝑣(M,v) est appelée variété orientable

Remarque 12.

L’existence de cette forme n’est pas assurée : la surface de Klein est par exemple une variété de dimension 2 non orientable

Définition 30.

Si Mnsuperscript𝑀𝑛M^{n} est une variété orientée avec une métrique g𝑔g, il y a un élément de volume canonique sur M𝑀M défini comme suit. Pour chaque carte ϕα:Uαn:subscriptitalic-ϕ𝛼subscript𝑈𝛼superscript𝑛\phi_{\alpha}:U_{\alpha}\rightarrow\mathbb{R}^{n}, on pose gμν=g(μ,ν)subscript𝑔𝜇𝜈𝑔subscript𝜇subscript𝜈g_{\mu\nu}=g(\partial_{\mu},\partial_{\nu}) et on définit vol=|det(gμν)|1/2dx1dxn𝑣𝑜𝑙superscript𝑑𝑒𝑡subscript𝑔𝜇𝜈12𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥𝑛vol=|det(g_{\mu\nu})|^{1/2}dx^{1}\wedge...\wedge dx^{n}.

Remarque 13.

Cette définition est cohérente. En effet si (U,ϕ)superscript𝑈superscriptitalic-ϕ(U^{\prime},\phi^{\prime}) est une autre carte telle que UU𝑈superscript𝑈U\cap U^{\prime} n’est pas vide, en définissant vol=|det(gμν)|1/2dx1dxn𝑣𝑜superscript𝑙superscript𝑑𝑒𝑡subscriptsuperscript𝑔𝜇𝜈12𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥𝑛vol^{\prime}=|det(g^{\prime}_{\mu\nu})|^{1/2}dx^{\prime 1}\wedge...\wedge dx^{\prime n}. Sur l’intersection on a dxμ=xνxμdxμ𝑑superscript𝑥𝜇superscript𝑥𝜈superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜇dx^{\prime\mu}=\frac{\partial x^{\prime\nu}}{\partial x^{\mu}}dx^{\mu}. Par conséquent, dx1dxn=(detT)dx1dxn𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥𝑛𝑑𝑒𝑡𝑇𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥𝑛dx^{\prime 1}\wedge...\wedge dx^{\prime n}=(detT)dx^{1}\wedge...\wedge dx^{n}. Par ailleurs :

gμν=g(μ,ν)=g(xαxμα,xνxνβ)=(T1)μα(T1)νβgαβsubscriptsuperscript𝑔𝜇𝜈𝑔subscriptsuperscript𝜇subscriptsuperscript𝜈𝑔superscript𝑥𝛼superscript𝑥𝜇subscript𝛼superscript𝑥𝜈superscript𝑥𝜈subscript𝛽superscriptsubscriptsuperscript𝑇1𝜇𝛼superscriptsubscriptsuperscript𝑇1𝜈𝛽subscript𝑔𝛼𝛽g^{\prime}_{\mu\nu}=g(\partial^{\prime}_{\mu},\partial^{\prime}_{\nu})=g(\frac{\partial x^{\alpha}}{\partial x^{\prime\mu}}\partial_{\alpha},\frac{\partial x^{\nu}}{\partial x^{\prime\nu}}\partial_{\beta})=(T^{-1})_{\mu}^{\alpha}(T^{-1})_{\nu}^{\beta}g_{\alpha\beta}

Les deux cartes étant orientées, on en déduit donc :

|detgμν|1/2=(detT)1|detgμν|1/2superscript𝑑𝑒𝑡subscriptsuperscript𝑔𝜇𝜈12superscript𝑑𝑒𝑡𝑇1superscript𝑑𝑒𝑡subscript𝑔𝜇𝜈12|detg^{\prime}_{\mu\nu}|^{1/2}=(detT)^{-1}|detg_{\mu\nu}|^{1/2}

et donc on a bien vol𝑣𝑜𝑙vol=vol𝑣𝑜superscript𝑙vol^{\prime}.

1.2.5 La deuxième paire d’équations

Il y a une forte symétrie entre les deux couples d’équations de Maxwell ; dans le vide on obtient même le deuxième à partir du premier en substituant B𝐵-\vec{B} à E𝐸\vec{E} et E𝐸\vec{E} à B𝐵\vec{B} !

{B=0×E=Etcases𝐵0𝐸𝐸𝑡\left\{\begin{array}[]{r c l}\vec{\nabla}\cdot\vec{B}&=&0\\ \vec{\nabla}\times\vec{E}&=&-\frac{\partial\vec{E}}{\partial t}\\ \end{array}\right.
{E=ρ×B=Et+jcases𝐸𝜌𝐵𝐸𝑡𝑗\left\{\begin{array}[]{r c l}\vec{\nabla}\cdot\vec{E}&=&\rho\\ \vec{\nabla}\times\vec{B}&=&\frac{\partial\vec{E}}{\partial t}+\vec{j}\\ \end{array}\right.

Cependant, pour le premier couple nous avons interprété E𝐸\vec{E} comme une 111-forme et B𝐵\vec{B} comme une 222-forme puisqu’on considérait respectivement leur rotationnel et leur divergence, or le rotationnel et la divergence peuvent être interprétés comme des restrictions de l’opérateur de différentiation extérieure. Or dans le deuxième couple, c’est cette fois la divergence de E𝐸\vec{E} et le rotationnel de B𝐵\vec{B} que l’on regarde, comme s’il fallait cette fois interpréter E𝐸\vec{E} comme une 222-forme et B𝐵\vec{B} comme une 111-forme ! C’est ce que fait l’opérateur ”*” de Hodge, à condition d’avoir défini une métrique et un choix d’orientation.

Dans l’espace de Minkowski

On considère tout d’abord le cas ”habituel”, où la variété M𝑀M est l’espace-temps de Minkowski 4superscript4\mathbb{R}^{4} muni d’une métrique lorentzienne. On peut alors décomposer le champ électromagnétique en champs électrique et magnétique :

F=B+Edt𝐹𝐵𝐸𝑑𝑡F=B+E\wedge dt

La métrique de Minkowski :

η(v,w)=v0w0+v1w1+v2w2+v3w3𝜂𝑣𝑤superscript𝑣0superscript𝑤0superscript𝑣1superscript𝑤1superscript𝑣2superscript𝑤2superscript𝑣3superscript𝑤3\eta(v,w)=-v^{0}w^{0}+v^{1}w^{1}+v^{2}w^{2}+v^{3}w^{3}

permet alors de définir un opérateur de Hodge ”*” et de considérer Fabsent𝐹*F donnée sous forme matricielle dans 44tensor-productsuperscript4superscript4\mathbb{R}^{4}\otimes\mathbb{R}^{4} par :

F=(0BxByBzBx0EzEyByEz0ExBzEyEx0)*F=\begin{pmatrix}0&B_{x}&B_{y}&B_{z}\\ -B_{x}&0&E_{z}&-E_{y}\\ -B_{y}&-E_{z}&0&E_{x}\\ -B_{z}&E_{y}&-E_{x}&0\end{pmatrix}

Le deuxième couple d’équations de Maxwell fait aussi intervenir la distribution de charges et de courants, qu’il faut exprimer en termes de formes différentielles : la densité de courant relativiste

j~=ρ0+j11+j22+j33~𝑗𝜌subscript0superscript𝑗1subscript1superscript𝑗2subscript2superscript𝑗3subscript3\tilde{j}=\rho\partial_{0}+j^{1}\partial_{1}+j^{2}\partial_{2}+j^{3}\partial_{3}

canoniquement associée à la 1-forme

j=ρdx0+j1dx1+j2dx2+j3dx3𝑗𝜌𝑑superscript𝑥0subscript𝑗1𝑑superscript𝑥1subscript𝑗2𝑑superscript𝑥2subscript𝑗3𝑑superscript𝑥3j=-\rho dx^{0}+j_{1}dx^{1}+j_{2}dx^{2}+j_{3}dx^{3}

est en réalité l’étoile d’une 333-forme que nous appellerons désormais courant :

J=j1dx2dx3dtj2dx3dtdx1j3dtdx1dx2+ρdx1dx2dx3𝐽subscript𝑗1𝑑superscript𝑥2𝑑superscript𝑥3𝑑𝑡subscript𝑗2𝑑superscript𝑥3𝑑𝑡𝑑superscript𝑥1subscript𝑗3𝑑𝑡𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥2𝜌𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥2𝑑superscript𝑥3J=-j_{1}dx^{2}\wedge dx^{3}\wedge dt-j_{2}dx^{3}\wedge dt\wedge dx^{1}-j_{3}dt\wedge dx^{1}\wedge dx^{2}+\rho dx^{1}\wedge dx^{2}\wedge dx^{3}

car :

{dxdydz=dtdxdydt=dzdzdxdt=dydydzdt=dxcasesabsent𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧𝑑𝑡𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑡𝑑𝑧𝑑𝑧𝑑𝑥𝑑𝑡𝑑𝑦𝑑𝑦𝑑𝑧𝑑𝑡𝑑𝑥\left\{\begin{array}[]{r c l}*dx\wedge dy\wedge dz&=&-dt\\ dx\wedge dy\wedge dt&=&-dz\\ dz\wedge dx\wedge dt&=&-dy\\ dy\wedge dz\wedge dt&=&-dx\end{array}\right.
Remarque 14.

Après discussion avec M. Lévy, il est en effet plus naturel de définir le courant comme une 333-forme que comme une 111-forme puisque chacune des composantes a alors la bonne nature pour être intégrée sur un volume d’espace-temps : par exemple, j1subscript𝑗1j_{1} représente une quantité qui traverse une surface élémentaire dx2dx3𝑑superscript𝑥2𝑑superscript𝑥3dx^{2}\wedge dx^{3} pendant dt𝑑𝑡dt. De même, si on intègre ρ𝜌\rho sur un volume spatial on obtient la charge totale dans ce volume.

Théorème 1.2.14.

Le deuxième couple d’équations de Maxwell s’écrit : dF=J𝑑𝐹𝐽d*F=J

Preuve.

On a :

F=BxdxdtBydydtBzdzdt+Exdydz+Eydzdx+Ezdxdy*F=-B_{x}dx\wedge dt-B_{y}dy\wedge dt-B_{z}dz\wedge dt+E_{x}dy\wedge dz+E_{y}dz\wedge dx+E_{z}dx\wedge dy

et par conséquent :

dF=(xEx+yEy+zEz)dxdydz+(yBxxBy+tEz)dxdydt𝑑𝐹subscript𝑥subscript𝐸𝑥subscript𝑦subscript𝐸𝑦subscript𝑧subscript𝐸𝑧𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑧subscript𝑦subscript𝐵𝑥subscript𝑥subscript𝐵𝑦subscript𝑡subscript𝐸𝑧𝑑𝑥𝑑𝑦𝑑𝑡d*F=(\partial_{x}E_{x}+\partial_{y}E_{y}+\partial_{z}E_{z})dx\wedge dy\wedge dz+(\partial_{y}B_{x}-\partial_{x}B_{y}+\partial_{t}E_{z})dx\wedge dy\wedge dt
+(xBzzBx+tEy)dzdxdt+(zBxxBz+tEy)dydzdtsubscript𝑥subscript𝐵𝑧subscript𝑧subscript𝐵𝑥subscript𝑡subscript𝐸𝑦𝑑𝑧𝑑𝑥𝑑𝑡subscript𝑧subscript𝐵𝑥subscript𝑥subscript𝐵𝑧subscript𝑡subscript𝐸𝑦𝑑𝑦𝑑𝑧𝑑𝑡+(\partial_{x}B_{z}-\partial_{z}B_{x}+\partial_{t}E_{y})dz\wedge dx\wedge dt+(\partial_{z}B_{x}-\partial_{x}B_{z}+\partial_{t}E_{y})dy\wedge dz\wedge dt

ce qui donne bien les deux dernières équations de Maxwell.

Cette deuxième équation très synthétique, peut servir de définition des équations de Maxwell sur des variétés. Si J𝐽J est une 333-forme interprétée comme la 333-forme courant électromagnétique, alors la condition dF=J𝑑𝐹𝐽d*F=J a un sens sur la variété, et constitue la deuxième et dernière équation de Maxwell. Résumons maintenant les idées auxquelles nous sommes arrivés, en rajoutant de plus en plus de structure sur la variété afin d’arriver finalement aux équations de Maxwell ”classiques”.

Soit M𝑀M une variété quelconque. 1. On définit le champ électromagnétique F𝐹F comme une 222-forme sur M𝑀M, et le courant J𝐽J comme une 111-forme sur M𝑀M. 2. La première équation de Maxwell s’écrit dF=0𝑑𝐹0dF=0. 3. A condition de supposer que M𝑀M est une variété semi-riemannienne orientée on peut alors écrire la deuxième équation de Maxwell comme dF=J𝑑𝐹𝐽d*F=J. 4. Pour pouvoir introduire les champ électrique et magnétique, il faut supposer que M=×S𝑀𝑆M=\mathbb{R}\times SS𝑆S est la variété d’espace, et écrire F=B+Edt𝐹𝐵𝐸𝑑𝑡F=B+E\wedge dt. De même on écrit J=j+ρdx1dx2dx3𝐽𝑗𝜌𝑑superscript𝑥1𝑑superscript𝑥2𝑑superscript𝑥3J=j+\rho dx^{1}\wedge dx^{2}\wedge dx^{3}. La première équation de Maxwell se sépare alors en dSB=0subscript𝑑𝑆𝐵0d_{S}B=0 et tB+dSE=0subscript𝑡𝐵subscript𝑑𝑆𝐸0\partial_{t}B+d_{S}E=0. 5. Si on suppose de plus que l’espace S𝑆S est de dimension 333, que la métrique sur M𝑀M est lorentzienne, et que la restriction de la métrique à l’espace S𝑆S est riemannienne, en notant Ssubscript𝑆*_{S} l’opérateur étoile de Hodge sur les formes différentielles sur S𝑆S, on a F=SESBdt*F=*_{S}E-*_{S}B\wedge dt d’où dF=StEdt+dSSEdSSBdtd*F=*_{S}\partial_{t}E\wedge dt+d_{S}*_{S}E-d_{S}*_{S}B\wedge dt donc dF=tE+SdSSEdt+SdSSB*d*F=-\partial_{t}E+*_{S}d_{S}*_{S}E\wedge dt+*_{S}d_{S}*_{S}B et en écrivant dF=J*d*F=*J on obtient la deuxième équation de Maxwell sous sa forme ”historique” : {SdSSE=ρtE+SdSSB=j\left\{\begin{array}[]{r c l}*_{S}d_{S}*_{S}E&=&\rho\\ -\partial_{t}E+*_{S}d_{S}*_{S}B&=&j\\ \end{array}\right.

Chapitre 2 Une théorie géométrique des interactions

Dans ce chapitre, nous allons donner une approche plus intrinsèque et plus générale aux équations de Maxwell. Nous aboutirons à la forme ’récente’ de ces équations, sans trop rentrer dans les détails pour l’équation inhomogène, le but étant plutôt de présenter un cadre géométrique agréable pour la description des interactions élémentaires et d’acquérir une certaine intuition à ce sujet, que de mener tous les raisonnements de la manière la plus abstraite possible. Les structures que nous allons développer mettent en valeur la nature de jauge des théories modernes des interactions : la relativité générale qui, même si nous l’évoquerons peu, est décrite de manière conventionnelle avec ces idées, l’électrodynamique quantique (QED), la théorie électrofaible (modèle de Glashow-Weinberg-Salam) et la chromodynamique quantique (QCD). Néanmoins, nous ne nous arrêterons pas sur la quantification des théories classiques, qui sort du cadre de ces travaux. Dans un premier temps, nous présenterons les idées décisives qui ont mené à l’émergence des concepts que nous étudions en les replaçant dans leur concept historique, puis nous proposerons une approche géométrique aux théories des interactions.

”Une géométrie ne peut pas être plus vraie qu’une autre, elle peut seulement être plus commode” (Poincaré, 1902)

2.1 Rapports entre les théories de jauge et les interactions

Le concept de champ de jauge gouverne aujourd’hui la physique des hautes énergies. Il est même universellement accepté qu’une bonne théorie des interactions fondamentales doit être une théorie de jauge. Cependant, lors de l’élaboration de ces théories, ce n’était pas encore le cas, et c’est seulement grâce à des idées remarquables de Weyl, Dirac, Aharanov et Bohm, Yang et Mills que ces points de vu ont pu émerger.

2.1.1 Invariance de jauge, apparition des charges et indices pour la quantification

Dans toute théorie d’interaction, il est question de charges - au sens large. On sait par exemple que la charge électrique est conservée par les interactions électromagnétiques. Pour l’interaction faible, on parle d’isospin faible et d’hypercharge faible, pour l’interaction forte, de couleurs. On ne peut pas vraiment parler d’interaction si on ne parle pas de charges, qui codent l’intensité de l’interaction pour la particule considérée.
C’est le théorème de Noether (1918) qui est en fait à l’origine du lien entre invariance de jauge et existence de charges conservées.

Pour un observable O𝑂O dans un système de hamiltonien H𝐻H, l’équation du mouvement dans la description de Heisenberg s’écrit :

idO(t)dt=[O(t),H]𝑖Planck-constant-over-2-pi𝑑𝑂𝑡𝑑𝑡𝑂𝑡𝐻i\hbar\frac{dO(t)}{dt}=[O(t),H]

On considère un état |ψket𝜓\ket{\psi}. On fait subir au système une transformation unitaire U𝑈U : |ψ=U|ψsuperscriptket𝜓𝑈ket𝜓\ket{\psi}^{\prime}=U\ket{\psi}. L’observable O est alors transformée selon O=UOUsuperscript𝑂𝑈𝑂superscript𝑈O^{\prime}=UOU^{\dagger}. Comme nous le verrons plus tard, on peut écrire U=eiT𝑈superscript𝑒𝑖𝑇U=e^{iT} où T est une matrice hermitienne (T=T𝑇superscript𝑇T=T^{\dagger}) correspondant au vecteur tangent à la courbe αeiαT𝛼superscript𝑒𝑖𝛼𝑇\alpha\rightarrow e^{i\alpha T} en α=0𝛼0\alpha=0. La dérivée étant encore évaluée en 00 :

dOdα=i[T,O]𝑑superscript𝑂𝑑𝛼𝑖𝑇𝑂\frac{dO^{\prime}}{d\alpha}=i[T,O]

car (1+iαT)P(1iαT)=O+iα[T,O]1𝑖𝛼𝑇𝑃1𝑖𝛼𝑇𝑂𝑖𝛼𝑇𝑂(1+i\alpha T)P(1-i\alpha T)=O+i\alpha[T,O] au premier ordre en α𝛼\alpha ; et si le hamiltonien est invariant sous la transformation U, dHdα=0𝑑superscript𝐻𝑑𝛼0\frac{dH^{\prime}}{d\alpha}=0 car H=Hsuperscript𝐻𝐻H^{\prime}=H pour tout α𝛼\alpha et en prenant O=H dans la formule ci-dessus, donc on obtient que T𝑇T est une intégrale première de l’évolution hamiltonienne du système.

Dérivons le théorème de Noether dans le cas particulier des théories des champs : soit un système de lagrangien \mathcal{L} fonction d’un nombre fini n de champs ϕrsubscriptitalic-ϕ𝑟\phi_{r} (dépendant de manière régulière de 4 variables xαsuperscript𝑥𝛼x^{\alpha}) et de leur dérivées ϕr,α=ϕxαsubscriptitalic-ϕ𝑟𝛼italic-ϕsuperscript𝑥𝛼\phi_{r,\alpha}=\frac{\partial\phi}{\partial x^{\alpha}}. Sous une transformation unitaire on suppose que l’on a :

ϕrϕr(x)=ϕr(x)+δϕr(x)subscriptitalic-ϕ𝑟superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑥subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥\phi_{r}\rightarrow\phi_{r}^{\prime}(x)=\phi_{r}(x)+\delta\phi_{r}(x)

Or de manière très générale :

δ=ϕrδϕr+ϕr,αδϕr,α𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟subscriptitalic-ϕ𝑟𝛼𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝛼\delta\mathcal{L}=\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r}}\delta\phi_{r}+\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r,\alpha}}\delta\phi_{r,\alpha}

Si les champs sont des solutions ’physiques’, ils vérifient l’équation d’Euler-Lagrange :

ϕr=α(ϕr,α)subscriptitalic-ϕ𝑟subscript𝛼subscriptitalic-ϕ𝑟𝛼\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r}}=\partial_{\alpha}(\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r,\alpha}})

ce qui permet de réécrire :

δ=α(ϕr,αδϕr)𝛿subscript𝛼subscriptitalic-ϕ𝑟𝛼𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟\delta\mathcal{L}=\partial_{\alpha}(\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r,\alpha}}\delta\phi_{r})

Si maintenant on suppose que le lagrangien est invariant sous cette transformation, c’est-à-dire δ=0𝛿0\delta\mathcal{L}=0, en posant fα=ϕr,αδϕrsuperscript𝑓𝛼subscriptitalic-ϕ𝑟𝛼𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟f^{\alpha}=\frac{\partial\mathcal{L}}{\partial\phi_{r,\alpha}}\delta\phi_{r} on obtient l’équation de conservation :

αfα=0subscript𝛼superscript𝑓𝛼0\partial_{\alpha}f^{\alpha}=0

et posant Fα=d3xfα(x,t)superscript𝐹𝛼superscript𝑑3𝑥superscript𝑓𝛼𝑥𝑡F^{\alpha}=\int d^{3}\vec{x}f^{\alpha}(\vec{x},t), F0superscript𝐹0F^{0} est une intégrale première de l’évolution. Remarquons que

F0=cd3xπr(x)δϕr(x)superscript𝐹0𝑐superscript𝑑3𝑥subscript𝜋𝑟𝑥𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥F^{0}=c\int d^{3}\vec{x}\pi_{r}(x)\delta\phi_{r}(x)

Ainsi l’invariance de lagrangien sous des transformations continues impose la conservation de certaines quantités lors de l’évolution.

Pour des champs complexes se transformant comme ϕr=eiϵϕrsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟superscript𝑒𝑖italic-ϵsubscriptitalic-ϕ𝑟\phi_{r}^{\prime}=e^{i\epsilon}\phi_{r} et ϕr=eiϵϕrsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟superscriptsuperscript𝑒𝑖italic-ϵsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟\phi_{r}^{\dagger^{\prime}}=e^{-i\epsilon}\phi_{r}^{\dagger} on obtient :

F0=iϵcd3x[πr(x)δϕr(x)πr(x)δϕr(x)]superscript𝐹0𝑖italic-ϵ𝑐superscript𝑑3𝑥delimited-[]subscript𝜋𝑟𝑥𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥superscriptsubscript𝜋𝑟𝑥𝛿superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑥F^{0}=i\epsilon c\int d^{3}\vec{x}[\pi_{r}(x)\delta\phi_{r}(x)-\pi_{r}^{\dagger}(x)\delta\phi_{r}^{\dagger}(x)]

On pose :

Q=iqd3x[πr(x)δϕr(x)πr(x)δϕr(x)]𝑄𝑖𝑞Planck-constant-over-2-pisuperscript𝑑3𝑥delimited-[]subscript𝜋𝑟𝑥𝛿subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥superscriptsubscript𝜋𝑟𝑥𝛿superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑥Q=-i\frac{q}{\hbar}\int d^{3}\vec{x}[\pi_{r}(x)\delta\phi_{r}(x)-\pi_{r}^{\dagger}(x)\delta\phi_{r}^{\dagger}(x)]

Dans la théorie quantifiée, on a

[πs(x),ϕr(y)]=iδrsδ4(xy)subscript𝜋𝑠𝑥subscriptitalic-ϕ𝑟𝑦𝑖Planck-constant-over-2-pisubscript𝛿𝑟𝑠superscript𝛿4𝑥𝑦[\pi_{s}(x),\phi_{r}(y)]=i\hbar\delta_{rs}\delta^{4}(x-y)\\
[πs(x),ϕr(y)]=iδrsδ4(xy)superscriptsubscript𝜋𝑠𝑥superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑦𝑖Planck-constant-over-2-pisubscript𝛿𝑟𝑠superscript𝛿4𝑥𝑦[\pi_{s}^{\dagger}(x),\phi_{r}^{\dagger}(y)]=i\hbar\delta_{rs}\delta^{4}(x-y)\\
[πs(x),ϕr(y)]=0superscriptsubscript𝜋𝑠𝑥subscriptitalic-ϕ𝑟𝑦0[\pi_{s}^{\dagger}(x),\phi_{r}(y)]=0\\
[πs(x),ϕr(y)]=0subscript𝜋𝑠𝑥superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑦0[\pi_{s}(x),\phi_{r}^{\dagger}(y)]=0

πr(x)=1c2dϕdtsubscript𝜋𝑟𝑥1superscript𝑐2𝑑superscriptitalic-ϕ𝑑𝑡\pi_{r}(x)=\frac{1}{c^{2}}\frac{d\phi^{\dagger}}{dt}. Cela conduit à la relation :

[Q,ϕr(x)]:iqd3x[πs(x),ϕr(x)]ϕs(x)=qϕr(x):𝑄subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥𝑖𝑞Planck-constant-over-2-pisuperscript𝑑3superscript𝑥subscript𝜋𝑠superscript𝑥subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥subscriptitalic-ϕ𝑠superscript𝑥𝑞subscriptitalic-ϕ𝑟𝑥[Q,\phi_{r}(x)]:-\frac{iq}{\hbar}\int d^{3}\vec{x^{\prime}}[\pi_{s}(x^{\prime}),\phi_{r}(x)]\phi_{s}(x^{\prime})=-q\phi_{r}(x)

qui permet de voir que si |Qketsuperscript𝑄\ket{Q^{\prime}} est vecteur propre de Q𝑄Q avec valeur propre Qsuperscript𝑄Q^{\prime}, alors ϕr(x)|Qsubscriptitalic-ϕ𝑟𝑥ketsuperscript𝑄\phi_{r}(x)\ket{Q^{\prime}} est vecteur propre de Q𝑄Q avec valeur propre (Qq)superscript𝑄𝑞(Q^{\prime}-q), comme si ϕrsubscriptitalic-ϕ𝑟\phi_{r} avait retiré une charge q𝑞q en agissant sur l’état. C’est un germe de la quantification des théories des champs.

2.1.2 L’idée de connexion et l’héritage de Levi-Civita

Les théories d’Einstein de la relativité restreinte, et générale, entre 1905 et 1916, ont eu un énorme impact sur la mathématique et les mathématiciens [9]. Élie Cartan ou Hermann Weyl (qui - en bon élève de Hilbert - avait déjà fait de grandes contributions à la théorie spectrale des opérateurs différentiels, mais avait développé une manière très géométrique de penser la physique, en se basant sur les travaux des géomètres italiens du début du siècle : Ricci, Levi-Civita …) en particulier, ont été bouleversés par l’affirmation que la gravitation n’est rien d’autre que la manifestation de la courbure de l’espace-temps. Weyl était fasciné par les moyens selon lesquels la géométrie différentielle permettait d’expliquer la nature, et avait déjà publié Die Idee der Riemanschen Fläschen en 1913.

L’une des principales difficultés à faire de la physique ou de la mathématique sur des variétés est qu’il n’existe pas de système de coordonnées universel ; il faut montrer que les résultats obtenus ne dépendent pas des coordonnées choisies. Comme nous l’avons vu antérieurement, la solution consiste à exprimer les lois de la physique en termes de tenseurs et de leurs dérivées. Cependant, cela implique de pouvoir comparer des vecteurs tangents en deux point différents. Il faut en fait exhiber un isomorphisme pour tout couple d’espaces tangents, et c’est l’idée même de connexion. Sur des variétés riemanniennes, de tels isomorphismes peuvent être fixés en définissant un transport parallèle, autrement dit une manière canonique de transporter un vecteur tangent en un point p𝑝p en un vecteur tangent en un point psuperscript𝑝p^{\prime} en suivant la courbe γ𝛾\gamma qui va de p𝑝p à psuperscript𝑝p^{\prime}. Cet objet permet alors de définir la différentiation de champs vectoriels et tensoriels le long de la courbe.

La connexion de Levi-Civita est un cas particulier intéressant : soit (M,g)𝑀𝑔(M,g) une variété riemannienne (g est la métrique) plongée dans un espace euclidien. De plus, on demande que g𝑔g soit la restriction de la métrique de l’espace euclidien à la variété M𝑀M. Soit pM𝑝𝑀p\in M, Y𝑌Y un champ de vecteurs défini au voisinage de p𝑝p et XTpM𝑋subscript𝑇𝑝𝑀X\in T_{p}M. Pour obtenir la dérivée covariante de p𝑝p de Y𝑌Y dans la direction X𝑋X, on prolonge Y𝑌Y en un champ Ysuperscript𝑌Y^{\prime} défini au voisinage de p𝑝p, (dans E𝐸E cette fois) puis on calcule la dérivée directionnelle de Ysuperscript𝑌Y^{\prime} dans la direction X𝑋X dans E. La dérivée covariante cherchée est la projection de la dérivée directionnelle obtenue sur l’espace tangent en p𝑝p à M𝑀M. On définit alors le transport parallèle le long d’une courbe γ:[0,1]M:𝛾delimited-[]0.1𝑀\gamma:[0,1]\rightarrow M avec γ(0)=p𝛾0𝑝\gamma(0)=p et γ(0)=Xsuperscript𝛾0𝑋\gamma^{\prime}(0)=X de la manière suivante : si les Y(t)𝑌𝑡Y(t) sont des vecteurs tangents à M𝑀M en γ(t)𝛾𝑡\gamma(t), il sont les transportés parallèlement de Y𝑌Y, à condition que la dérivée covariante de Y(t) dans la direction γ(t)superscript𝛾𝑡\gamma^{\prime}(t) soit nulle pour tout t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1]. Cette condition est équivalente aux équations différentielles du premier ordre :

dYμdt+Γνλμ(γ(t))γλ(t)Yν(t)=0𝑑superscript𝑌𝜇𝑑𝑡subscriptsuperscriptΓ𝜇𝜈𝜆𝛾𝑡superscript𝛾superscript𝜆𝑡superscript𝑌𝜈𝑡0\frac{dY^{\mu}}{dt}+\Gamma^{\mu}_{\nu\lambda}(\gamma(t))\gamma^{{}^{\prime}\lambda}(t)Y^{\nu}(t)=0

où on a fait apparaitre les ”célèbres” symboles de Christoffel ΓνλμsubscriptsuperscriptΓ𝜇𝜈𝜆\Gamma^{\mu}_{\nu\lambda}. On peut montrer que la connexion de Levi-Civita conserve la norme des vecteurs tangents.

2.1.3 De la géométrie riemannienne à la géométrie de Weyl

Weyl a tout d’abord remarqué que le concept de connexion était en fait généralisable à une variété abstraite, non plongée dans un espace métrique. Plus encore, il a remarqué qu’une connexion peut être définie indépendamment de toute métrique. De là est née la théorie des connexions affines.

Weyl a également observé que la conservation de la longueur des vecteurs lors du transport parallèle n’était naturelle ni du point du vue mathématique, ni du point de vue physique. Mathématiquement, on s’autorise à changer la direction lors du transport parallèle, il n’y a aucune raison de ne pas aussi changer la norme : ”Beim Herumfahren eines Vektors längs einer geschlossenen Kurve durch fortgesetzte infinitesimale Parallelverscheibungkehrt dieser im allgemeinen in einer andern Lage zurück ; seine Richtung hat sich geändert. Warum nicht auch seine Länge ?[weyl1]. Physiquement, les valeurs de longueurs ne sont fixées qu’après le choix d’une échelle de référence, une unité de longueur. Si la variété de base est l’espace-temps où se trouvent plusieurs observateurs, l’invariance de la norme par transport parallèle est en fait l’affirmation que tous les observateurs ont la même référence pour les longueurs, alors qu’ils peuvent être fort éloignés en temps et en espace. Pour que les observateurs soient d’accord sur une échelle de longueur, il faut que l’information soit transmise entre eux, et l’échelle n’a aucune raison de rester la même lors de ce transport. D’où la remarquable observation de Weyl, que la géométrie riemannienne ne peut pas être considérée comme une vraie géométrie infinitésimale puisque la métrique permet de comparer non seulement la norme de deux vecteurs au même point, mais de deux vecteurs en deux points différents de la variété. ”A truly infinitesimal geometry must recongnise only the principle of transference of a length from one point to another infinitely near to the first[9].

Le fibré des échelles

Pour Weyl, la métrique de l’espace-temps est donc définie à une échelle près. En considérant l’espace fibré au dessus de l’espace-temps M𝑀M dont les fibres sont difféomorphes à R+superscript𝑅absentR^{+*} (chaque point de l’espace-temps est remplacé par une copie de R+superscript𝑅absentR^{+*}), Weyl s’est aperçu qu’on pouvait également définir une connexion sur cet espace grâce à une 1-forme :

A=Aμdxμ𝐴subscript𝐴𝜇𝑑superscript𝑥𝜇A=A_{\mu}dx^{\mu}

qui est l’analogue de la forme dont les coefficients sont les symboles de Christoffel, en dimension 1. On a donc une dérivée covariante qui est une dérivation qui finalement ne prend en compte que les ”véritables” variations de longueur une fois que l’échelle est fixée, et un transport parallèle qui donne un sens à la longueur d’un objet transporté dans l’espace temps. Le transport de longueur est équivalent à l’équation :

dsdt+Aμ(γ(t))γμ(t)s(t)=0𝑑𝑠𝑑𝑡subscript𝐴𝜇𝛾𝑡superscript𝛾superscript𝜇𝑡𝑠𝑡0\frac{ds}{dt}+A_{\mu}(\gamma(t))\gamma^{{}^{\prime}\mu}(t)s(t)=0

dont une solution est :

s(t)=exp(γtAμ𝑑xμ)=exp(γtA)𝑠𝑡subscriptsubscript𝛾𝑡subscript𝐴𝜇differential-dsuperscript𝑥𝜇subscriptsubscript𝛾𝑡𝐴s(t)=\exp(-\int_{\gamma_{t}}A_{\mu}dx^{\mu})=\exp(-\int_{\gamma_{t}}A)

γtsubscript𝛾𝑡\gamma_{t} est la restriction de γ𝛾\gamma à [0,t]0𝑡[0,t]. Soit maintenant une fonction

g:M+:𝑔𝑀superscriptabsentg:M\rightarrow\mathbb{R}^{+*}

de changement d’échelle : dans ces nouvelles unités, les échelles sont données par :

s(t)=s(t)g(γ(t))superscript𝑠𝑡𝑠𝑡𝑔𝛾𝑡s^{\prime}(t)=s(t)g(\gamma(t))

et pour obtenir la même équation pour ssuperscript𝑠s^{\prime} que pour s𝑠s, en remplaçant A𝐴A par Asuperscript𝐴A^{\prime}, il faut faire la transformation

A=Ad(log(g))superscript𝐴𝐴𝑑𝑔A^{\prime}=A-d(\log(g))

Weyl a appelé cette étape un changement de jauge, et est ainsi arrivé au principe d’invariance de jauge, qui affirme que les lois de la physique doivent être invariantes non seulement lors de transformations de coordonnées, mais aussi lors de changement de jauge, appelés transformations de jauge.

2.1.4 L’électromagnétisme, conséquence de la physique quantique

En 1925, la toute jeune physique quantique révolutionne l’idée de fibré des échelles de Weyl : l’apparition d’une nouvelle constante, Planck-constant-over-2-pi\hbar, fixe une échelle de longueurs universelle. Il faut donc abandonner le transfert d’échelles comme source de l’électromagnétisme. L’idée que Weyl développe alors présente l’électromagnétisme comme conséquence de la physique quantique. En physique quantique, les fonctions d’ondes sont définies à une phase près. De la meme manière que pour le fibré des échelles, il n’y a aucune raison de fixer une référence identique en tous les points de l’espace-temps. Il faut a priori laisser cette référence varier, et s’intéresser au transfert de phase axiomatique (transport parallèle) le long de chemins dans l’espace-temps. Pour ce faire, le fibré des échelles et remplacé par le fibré des phases. En chaque point de l’espace-temps, l’ensemble des phases forme un groupe isomorphe au groupe U(1)𝑈1U(1). Weyl propose alors de voir l’électromagnétisme comme une connexion sur le fibré des phases. La connexion est localement définie par la 1-forme :

iAμdxμ𝑖subscript𝐴𝜇𝑑superscript𝑥𝜇-iA_{\mu}dx^{\mu}

Le transport parallèle de phases est défini par l’équation :

dsdtiAμ(γ(t))γμ(t)s(t)=0𝑑𝑠𝑑𝑡𝑖subscript𝐴𝜇𝛾𝑡superscript𝛾superscript𝜇𝑡𝑠𝑡0\frac{ds}{dt}-iA_{\mu}(\gamma(t))\gamma^{{}^{\prime}\mu}(t)s(t)=0

dont une solution est :

s(t)=exp(iγtAμ𝑑xμ)𝑠𝑡𝑖subscriptsubscript𝛾𝑡subscript𝐴𝜇differential-dsuperscript𝑥𝜇s(t)=\exp(i\int_{\gamma_{t}}A_{\mu}dx^{\mu})

Les transformations de jauge sont définies par :

g:xMg(x)U(1):𝑔𝑥𝑀maps-to𝑔𝑥𝑈1g:x\in M\mapsto g(x)\in U(1)

et on peut écrire, au moins localement si l’espace-temps n’est pas simplement connexe :

g=eiβ𝑔superscript𝑒𝑖𝛽g=e^{i\beta}

où les fonctions β𝛽\beta sont lisses. Lors de tels changements de jauge, le potentiel de jauge A𝐴A varie selon :

A=Ad(logg)superscript𝐴𝐴𝑑𝑔A^{\prime}=A-d(\log g)

Ces idées sont discutées dans le papier historique de 1929 [7].

Remarque 15.

Avec une telle approche, c’est-à-dire en présentant l’électromagnétisme comme une théorie de jauge, elle devient une conséquence à la fois de la physique quantique et de la relativité restreinte. Autrement dit, c’est presque déjà une théorie quantique des champs ! Même si, lorsque Maxwell a dérivé ses équations et dans les années qui ont suivi, la structure intrinsèque de la théorie n’était pas bien comprise (en même temps, ni la relativité ni la physique quantique n’étaient connues), ces égalités contenaient déjà intrinsèquement l’essentiel de la relativité et de la physique quantique. La quantification de la théorie classique des champs est donc possible, et conduit à l’électrodynamique quantique.

Dirac a utilisé ce cadre théorique pour son étude des monopoles magnétiques présentée dans son célèbre article de 1931 [8].

Précisions que Weyl avait eu l’intuition de pouvoir unifier l’électromagnétisme avec la relativité générale grâce au paradigme du fibré des échelles, mais cela devient impossible avec le fibré des phases à cause de l’introduction de la structure quantique pour décrire l’électromagnétisme. Si on veut pouvoir définir les champs de particules dans le cas où l’espace-temps M𝑀M est courbé par la gravitation, il faut introduire des champs spinoriels sur des variétés courbes. Cela impose des contraintes de nature topologique sur M𝑀M (qui doit être un ”spin manifold”). D’autres contraintes apparaissent, et finalement, l’espace-temps doit être couplé à une très petite variété compacte (c’est la compactification) de dimension 6 qui est la sous-variété réelle d’une variété de Calabi-Yau complexe de dimension 3 (complexe). D’après Varadarajan, au Congrès International de Mathématique de 1986, Witten a commencé sa conférence en remarquant que la tentative de Weyl d’unifier gravitation et électromagnétisme n’avait pas fonctionné parce que les formes de matière inclues dans la théorie n’étaient pas assez diversifiées [witten]. Weyl avait, de manière intéressante, remarqué la même chose puisque dans la préface de la première édition américaine de Space, Time and Matter on peut trouver les mots suivants : Since then, a unitary fiels theory, so it seems to me, should encompass at least three fields : electromagnetic, graviational and electronic. Ultimately the wave fiels of other elementary particles will have to be included too - unless quantum physics succeds in interpreting them all as different quantum states of one particle

2.1.5 Les théories de Yang-Mills

Dans les années 50, Yang et Mills ont essayé de comprendre la conservation du spin isotopique dans les interactions fortes et de l’exprimer d’une manière analogue à la conservation de la charge en électromagnétisme. L’aboutissement de leur travaux a été leur article de 1954 [10] qui est une avancée décisive dans le développement du concept de jauge. Partant de l’observation que le proton et le neutron, si on néglige les effets électromagnétiques, sont indistinguables, ils reprennent l’idée de 1932 de Heisenberg qui propose que le proton et le neutron sont en réalité deux états d’une même particule, le nucléon. Mathématiquement, on introduit un espace interne pour le nucléon (l’espace de spin isotopique), qui est un espace de Hilbert de dimension 2 avec la représentation standard de SU(2)𝑆𝑈2SU(2). Les idées qui suivent sont le généralisation de celles de Weyl. Il faut prendre une référence dans cet espace de spin isotopique, qui n’a aucune raison d’être identique en tout point de l’espace-temps. On définit dans cet espace une connexion, donc un transport canonique de spin isotopique. Yang et Mills affirment alors que les lois de la physique doivent être invariantes par rotation dans l’espace de spin isotopique, ce qui conduit aux équation dites de Yang-Mills. La différence essentielle avec les travaux de Weyl est que cette théorie de jauge est non-abélienne. Le lien entre ces idées ”physiques” est la géométrie différentielle sous-jacente n’a été fait que dans les années 1970.

Entre-temps, en 1959, Aharanov et Bohm ont écrit un article fameux, où ils discutent de savoir si oui ou non, les potentiels ont un sens physique [11]. Ils suggèrent l’affirmative, même en électromagnétisme. Plus précisément, si l’espace-temps n’est pas simplement connexe, ils montrent que des effets électromagnétiques doivent se faire sentir même si le champ électromagnétique est nul, et proposent pour vérifier cela leur célèbre expérience éponyme. Le temps y est découplé, et la variété d’espace est M=3L𝑀superscript3𝐿M=\frac{\mathbb{R}^{3}}{L} où L est une droite de l’espace décrivant un solénoïde infiniment fin. Le champ magnétique est nul à l’extérieur du solénoïde, mais la phase des particules qui voyagent à proximité du solénoïde dépend elle du potentiel vecteur, qui lui, ne l’est pas. Ils prédisent alors que la figure d’interférence observées derrière le solénoïde doit dépendre de l’intensité qui parcourt ce dernier. L’expérience est faite, et est concluante. Ce n’est donc pas par hasard que les équations de Yang-Mills font intervenir les potentiels de jauge directement, et non seulement le champ de force.

2.2 Groupes de Lie et actions de groupe

2.2.1 Généralités sur les groupes de Lie

Définition 31.

Soit G une variété de dimension n et un groupe tel que les opérations de multiplication G×GG𝐺𝐺𝐺G\times G\rightarrow G donnée par (g,g)ggmaps-to𝑔superscript𝑔𝑔superscript𝑔(g,g^{\prime})\mapsto gg^{\prime} et d’inversion GG𝐺𝐺G\rightarrow G donnée par gg1maps-to𝑔superscript𝑔1g\mapsto g^{-1} soient lisses. Alors G est appelé groupe de Lie de dimension n

Les exemples les plus courants de groupes de Lie les groupes de matrices complexes comme le groupe linéaire complexe GLn()𝐺subscript𝐿𝑛GL_{n}(\mathbb{C}), le groupe unitaire Un()subscript𝑈𝑛U_{n}(\mathbb{C}), le groupe unitaire unimodulaire SUn()𝑆subscript𝑈𝑛SU_{n}(\mathbb{C}) ou réels comme GLn()𝐺subscript𝐿𝑛GL_{n}(\mathbb{R}), On()subscript𝑂𝑛O_{n}(\mathbb{R}), SOn()𝑆subscript𝑂𝑛SO_{n}(\mathbb{R})

Définition 32.

Soit Lg:GG:subscript𝐿𝑔𝐺𝐺L_{g}:G\rightarrow G l’application définie par Lg(g)=ggsubscript𝐿𝑔superscript𝑔𝑔superscript𝑔L_{g}(g^{\prime})=gg^{\prime} (multiplication à gauche) qui est évidemment un difféomorphisme. Soit e l’élément unité de G, et soit ATeG𝐴subscript𝑇𝑒𝐺A\in T_{e}G. On définit le champ de vecteur invariant à gauche A¯¯𝐴\overline{A} engendré par A, par A¯g=(Lg)(A)subscript¯𝐴𝑔subscriptsubscript𝐿𝑔𝐴\overline{A}_{g}=(L_{g})_{*}(A).

Refer to caption
Figure 2.1: Le groupe de Lie U(1)𝑈1U(1)
L’algèbre de Lie associée à un groupe de Lie

Grâce à la structure de groupe qui permet de définir de manière canonique des champs de vecteurs à partir d’un vecteur tangent fixé, le crochet de Lie se transpose naturellement en une application crochet sur TeG=𝔤subscript𝑇𝑒𝐺𝔤T_{e}G=\mathfrak{g} : soient A,B𝔤𝐴𝐵𝔤A,B\in\mathfrak{g}, on définit [A,B]𝔤𝐴𝐵𝔤[A,B]\in\mathfrak{g} par [A,B]=[A¯,B¯]e𝐴𝐵subscript¯𝐴¯𝐵𝑒[A,B]=[\overline{A},\overline{B}]_{e}. On a les propriétés immédiates :

[A,B]=[B,A]𝐴𝐵𝐵𝐴[A,B]=-[B,A]

et

[A,[B,C]]+[B,[C,A]]+[C,[A,B]]=0𝐴𝐵𝐶𝐵𝐶𝐴𝐶𝐴𝐵0[A,[B,C]]+[B,[C,A]]+[C,[A,B]]=0

Le crochet [.,.]:𝔤×𝔤𝔤[.,.]:\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}\rightarrow\mathfrak{g} munit l’espace tangent en l’identité de G𝐺G d’une structure d’algèbre ; l’algèbre 𝔤𝔤\mathfrak{g} est appelée algèbre de Lie du groupe G𝐺G.

On peut prouver que A¯¯𝐴\overline{A} est un champ de vecteurs complet sur M𝑀M.

Soit (ϕt)subscriptitalic-ϕ𝑡(\phi_{t}) le flot du champ de vecteurs A¯𝔤¯𝐴𝔤\overline{A}\in\mathfrak{g}. Prouvons que ϕs+t(e)=ϕt(e)ϕs(e)subscriptitalic-ϕ𝑠𝑡𝑒subscriptitalic-ϕ𝑡𝑒subscriptitalic-ϕ𝑠𝑒\phi_{s+t}(e)=\phi_{t}(e)\phi_{s}(e) :

Soit s𝑠s\in\mathbb{R} fixé et posons γ1(t)=ϕs+t(e)subscript𝛾1𝑡subscriptitalic-ϕ𝑠𝑡𝑒\gamma_{1}(t)=\phi_{s+t}(e) ainsi que γ2(t)=ϕs(e)ϕt(e)subscript𝛾2𝑡subscriptitalic-ϕ𝑠𝑒subscriptitalic-ϕ𝑡𝑒\gamma_{2}(t)=\phi_{s}(e)\phi_{t}(e). On a γ1(t)=A¯ϕs+t(e)superscriptsubscript𝛾1𝑡subscript¯𝐴subscriptitalic-ϕ𝑠𝑡𝑒\gamma_{1}^{\prime}(t)=\overline{A}_{\phi_{s+t}(e)} et γ2(t)=(Lϕs(e))(A¯ϕt(e))=A¯ϕs(e)ϕt(e)superscriptsubscript𝛾2𝑡subscriptsubscript𝐿subscriptitalic-ϕ𝑠𝑒subscript¯𝐴subscriptitalic-ϕ𝑡𝑒subscript¯𝐴subscriptitalic-ϕ𝑠𝑒subscriptitalic-ϕ𝑡𝑒\gamma_{2}^{\prime}(t)=(L_{\phi_{s}(e)})_{*}(\overline{A}_{\phi_{t}(e)})=\overline{A}_{\phi_{s}(e)\phi_{t}(e)}. Donc γ1subscript𝛾1\gamma_{1} et γ2subscript𝛾2\gamma_{2} sont des courbes intégrales du même champ de vecteurs A¯¯𝐴\overline{A} qui coïncident en 00, et donc sur tout leur ensemble de définition. Donc ϕ.(e):G:subscriptitalic-ϕ.𝑒𝐺\phi_{.}(e):\mathbb{R}\rightarrow G est un morphisme de groupes.

Soit une courbe σ:G:𝜎𝐺\sigma:\mathbb{R}\rightarrow G (c’est aussi un morphisme de groupes), alors ψt:GG:subscript𝜓𝑡𝐺𝐺\psi_{t}:G\rightarrow G, défini par ψt(g)=gσ(t)subscript𝜓𝑡𝑔𝑔𝜎𝑡\psi_{t}(g)=g\sigma(t), est un groupe de difféomorphismes de G𝐺G à un paramètre tel que :

B¯g=ddtψt(g)|t=0\overline{B}_{g}=\frac{d}{dt}\psi_{t}(g)_{|t=0}

définit le champ de vecteurs invariant à gauche déterminé par B=B¯e𝐵subscript¯𝐵𝑒B=\overline{B}_{e}. Il y a donc une correspondance biunivoque entre A𝔤𝐴𝔤A\in\mathfrak{g} et γ𝛾\gamma.

Définition 33.

On définit l’application exponentielle :

exp:𝔤G:𝑒𝑥𝑝𝔤𝐺exp:\mathfrak{g}\rightarrow G

par

exp(A)=γ(1)𝑒𝑥𝑝𝐴𝛾1exp(A)=\gamma(1)

Notons que γ(t)=exp(tA)𝛾𝑡𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴\gamma(t)=exp(tA) et ϕt(g)=gγ(t)=gexp(tA)subscriptitalic-ϕ𝑡𝑔𝑔𝛾𝑡𝑔𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴\phi_{t}(g)=g\gamma(t)=gexp(tA).

Refer to caption
Figure 2.2: Rapports entre groupe de Lie et algèbre de Lie

Définissons maintenant les sous-groupe de Lie d’un groupe de Lie.

Définition 34.

Soit G𝐺G un groupe de Lie. Un sous-groupe de Lie H𝐻H de G𝐺G est un sous-groupe de G𝐺G qui est aussi une sous-variété de G𝐺G (une sous-variété N𝑁N de dimension k𝑘k d’une variété M𝑀M de dimension d𝑑d est une variété de dimension k𝑘k munie de la topologie induite par la topologie de M𝑀M, c’est-à-dire que V𝑉V est un ouvert de N𝑁N si et seulement si V𝑉V s’écrit VNsuperscript𝑉𝑁V^{\prime}\cap NVsuperscript𝑉V^{\prime} est un ouvert de M𝑀M ; on demande aussi que l’application tangente ixsubscript𝑖absent𝑥i_{*x} de l’inclusion soit injective pour tout xN𝑥𝑁x\in N).

Les morphismes γ:H:𝛾𝐻\gamma:\mathbb{R}\rightarrow H peuvent être vus comme des morphismes γ:G:𝛾𝐺\gamma:\mathbb{R}\rightarrow G, donc exp:𝔥H:𝑒𝑥𝑝𝔥𝐻exp:\mathfrak{h}\rightarrow H est la restriction de exp:𝔤G:𝑒𝑥𝑝𝔤𝐺exp:\mathfrak{g}\rightarrow G.

La forme de Maurer-Cartan

Cet objet permet d’associer, de manière canonique, à un vecteur tangent à G𝐺G en gG𝑔𝐺g\in G, une ”direction”, c’est-à-dire un vecteur de l’algèbre de Lie. Il s’agit d’une 1-forme ω𝜔\omega définie sur TG𝑇𝐺TG et à valeurs dans l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} telle que vTgGfor-all𝑣subscript𝑇𝑔𝐺\forall v\in T_{g}G :

ω(v)=(Lg1)v𝜔𝑣subscriptsubscript𝐿superscript𝑔1𝑣\omega(v)=(L_{g^{-1}})_{*}v

La forme de Maurer-Cartan appartient donc à 1(G)𝔤superscript1tensor-product𝐺𝔤\bigwedge^{1}(G)\otimes\mathfrak{g}.

Cette idée de pouvoir définir de manière canonique une direction lorsqu’on se déplace dans le groupe est rendue possible par la structure de groupe, et fondamentale ! C’est une propriété fondamentale qui justifie, entre autres, la définition des fibrés principaux.

Distribution d’espaces tangents

La proposition suivante révèle les contraintes fortes qu’impose la structure de groupe ; Posons tout d’abord quelques définitions pour pouvoir l’énoncer.

Définition 35.

Soit M𝑀M une variété . Une distribution H𝐻H de dimension k𝑘k de sous-espaces tangents à M𝑀M est la donnée, pour tout xM𝑥𝑀x\in M de sous-espaces tangents H(x)𝐻𝑥H(x) variant de manière lisse au sens suivant : localement, H𝐻H doit être engendré par k𝑘k champs de vecteurs linéairement indépendants. On dit que la distribution est intégrable si elle peut être redressée dans les cartes (dire que H est intégrable en x0subscript𝑥0x_{0} revient à dire : il existe X1,,Xksubscript𝑋1subscript𝑋𝑘X_{1},...,X_{k} k champs de vecteurs engendrant H localement en x0subscript𝑥0x_{0} et une carte (U,ϕ)𝑈italic-ϕ(U,\phi) en x0subscript𝑥0x_{0} telle que ϕ(Xi)=eisubscriptitalic-ϕsubscript𝑋𝑖subscript𝑒𝑖\phi_{*}(X_{i})=e_{i}eisubscript𝑒𝑖e_{i} est le i-ème vecteur canonique de ksuperscript𝑘\mathbb{R}^{k}). Autrement dit, il faut que ce soit la distribution des sous-espaces tangents à une sous-variété de M𝑀M. On dit que la distribution est involutive si elle est stable par crochet, c’est-à-dire, si X𝑋X et Y𝑌Y sont deux champs de vecteurs à valeur dans H𝐻H, alors [X,Y]𝑋𝑌[X,Y] est encore un champ de vecteur à valeurs dans H𝐻H.

Figure 2.3: Une distribution est intégrable si elle peut être redressée dans des cartes
Refer to caption

Le théorème suivant permet de faire le lien entre ces deux notions ; nous l’énonçons sans preuve.

Théorème 2.2.1 (Frobenius).

Une distribution de sous-espaces est intégrable si et seulement si elle est involutive.

On a le théorème suivant concernant les groupes de Lie :

Théorème 2.2.2.

Soient G𝐺G et Gsuperscript𝐺G^{\prime} deux groupes de Lie, et F:GG:𝐹𝐺superscript𝐺F:G\rightarrow G^{\prime} un morphisme lisse de groupes de Lie (F𝐹F doit être lisse dans les cartes en plus d’être un morphisme de groupes). Alors Fe:𝔤𝔤:subscript𝐹absent𝑒𝔤superscript𝔤F_{*e}:\mathfrak{g}\rightarrow\mathfrak{g}^{\prime} est une fonction linéaire telle que Fe([A,B])=[FeA,FeB]subscript𝐹absent𝑒𝐴𝐵subscript𝐹absent𝑒𝐴subscript𝐹absent𝑒𝐵F_{*e}([A,B])=[F_{*e}A,F_{*e}B]. Autrement dit, Fesubscript𝐹absent𝑒F_{*e} est un morphisme d’algèbres de Lie.

Preuve.

On a :

FLg(g)=F(gg)=F(g)F(g)=(LF(g)F)(g)𝐹subscript𝐿𝑔superscript𝑔𝐹𝑔superscript𝑔𝐹𝑔𝐹superscript𝑔subscript𝐿𝐹𝑔𝐹superscript𝑔F\circ L_{g}(g^{\prime})=F(gg^{\prime})=F(g)F(g^{\prime})=(L_{F(g)}\circ F)(g^{\prime})

Donc

Fg(A¯g)=Fg(LgA)=LF(g)e(FeA)=(FeA)¯F(g)F_{*g}(\overline{A}_{g})=F_{*g}(L_{g*}A)=L_{F(g)*e^{\prime}}(F_{*e}A)=(\overline{F_{*e}A)}_{F(g)}

D’après le théorème 3.6, on a le résultat voulu car on a prouvé que F(A¯)=(FeA)¯subscript𝐹¯𝐴¯subscript𝐹absent𝑒𝐴F_{*}(\overline{A})=\overline{(F_{*e}A)}. ∎

Ce théorème implique, en l’appliquant à l’inclusion naturelle de H𝐻H dans G𝐺G, que le crochet sur 𝔥𝔥\mathfrak{h} est juste la restriction du crochet à 𝔤𝔤\mathfrak{g}.
Les espaces tangents à H𝐻H forment une distribution de sous-espaces qui est involutive, donc intégrable.

Représentations adjointes
Définition 36.

Soit gG𝑔𝐺g\in G. Soit Adg:GG:𝐴subscript𝑑𝑔𝐺𝐺Ad_{g}:G\rightarrow G l’isomorphisme lisse dit adjoint donné par Adg(g)=ggg1𝐴subscript𝑑𝑔superscript𝑔𝑔superscript𝑔superscript𝑔1Ad_{g}(g^{\prime})=gg^{\prime}g^{-1}. Le théorème précédent implique l’existence d’un isomorphisme induit sur 𝔤𝔤\mathfrak{g} noté 𝔄𝔡g:𝔤𝔤:𝔄subscript𝔡𝑔𝔤𝔤\mathfrak{Ad}_{g}:\mathfrak{g}\rightarrow\mathfrak{g} c’est-à-dire 𝔄𝔡g=Adge𝔄subscript𝔡𝑔𝐴subscript𝑑𝑔𝑒\mathfrak{Ad}_{g}=Ad_{g*e}. On a donc un morphisme 𝔄𝔡:GGL(𝔤):𝔄𝔡𝐺𝐺𝐿𝔤\mathfrak{Ad}:G\rightarrow GL(\mathfrak{g}) et d’après le théorème précédent, un autre morphisme induit 𝔞𝔡:𝔤𝔊𝔩(𝔤):𝔞𝔡𝔤𝔊𝔩𝔤\mathfrak{ad}:\mathfrak{g}\rightarrow\mathfrak{Gl(\mathfrak{g})}.

Théorème 2.2.3.

Soient A,B𝔤𝐴𝐵𝔤A,B\in\mathfrak{g}. On a :

𝔞𝔡(A)(B)=2st|s,t=0(exp(tA)exp(sB)exp(tA)=[A,B]\mathfrak{ad}(A)(B)=\frac{\partial^{2}}{\partial s\partial t}_{|s,t=0}(exp(tA)exp(sB)exp(-tA)=[A,B]
Preuve.

Soit ϕtsubscriptitalic-ϕ𝑡\phi_{t} le flot de A¯¯𝐴\overline{A}. On a vu que ϕt(g)=gexp(tA)subscriptitalic-ϕ𝑡𝑔𝑔𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴\phi_{t}(g)=gexp(tA). On a alors :

[A,B]=[A¯,B¯]e=ddt|t=0(ϕt)(B¯ϕt(e))=ddt|t=0(ϕt)(dds|s=0ϕt(e)exp(sB))[A,B]=[\overline{A},\overline{B}]_{e}=\frac{d}{dt}_{|t=0}(\phi_{-t})_{*}(\overline{B}_{\phi_{t}(e)})=\frac{d}{dt}_{|t=0}(\phi_{-t})_{*}(\frac{d}{ds}_{|s=0}\phi_{t}(e)exp(sB))
[A,B]=2st(exp(tA)exp(sB)exp(tA))=ddt𝔄𝔡(exp(tA))(B)=𝔞𝔡(A)(B)𝐴𝐵superscript2𝑠𝑡𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝑒𝑥𝑝𝑠𝐵𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝑑𝑑𝑡𝔄𝔡𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝐵𝔞𝔡𝐴𝐵[A,B]=\frac{\partial^{2}}{\partial s\partial t}(exp(tA)exp(sB)exp(-tA))=\frac{d}{dt}\mathfrak{Ad}(exp(tA))(B)=\mathfrak{ad}(A)(B)

Pour les représentations matricielles des groupes, ce théorème montre que l’objet commutateur de deux matrices, et la notion définie dans cette partie, coïncident.

Soit V𝑉V un espace vectoriel de dimension finie m𝑚m. En considérant GL(V)𝐺𝐿𝑉GL(V) comme un groupe de matrices, il est simple de montrer que c’est bien un groupe de Lie. 𝔊𝔩(V)𝔊𝔩𝑉\mathfrak{Gl}(V) peut être identifié à l’ensemble des endomorphismes de V𝑉V, la correspondance étant donnée par : Addt(I+tA)|t=0A\rightleftharpoons\frac{d}{dt}(I+tA)_{|t=0}. Pour A𝔊𝔩(V)𝐴𝔊𝔩𝑉A\in\mathfrak{Gl}(V) posons :

Exp(A)=I+A+A22!+𝐸𝑥𝑝𝐴𝐼𝐴superscript𝐴22Exp(A)=I+A+\frac{A^{2}}{2!}+...

La somme converge puisqu’on est dans un espace de Banach, et

Exp((t+s)A)=Exp(tA)Exp(sA)𝐸𝑥𝑝𝑡𝑠𝐴𝐸𝑥𝑝𝑡𝐴𝐸𝑥𝑝𝑠𝐴Exp((t+s)A)=Exp(tA)Exp(sA)

En particulier, Exp(tA)Exp(tA)=I𝐸𝑥𝑝𝑡𝐴𝐸𝑥𝑝𝑡𝐴𝐼Exp(tA)Exp(-tA)=I donc Exp(tA)GL(V)𝐸𝑥𝑝𝑡𝐴𝐺𝐿𝑉Exp(tA)\in GL(V). Exp𝐸𝑥𝑝Exp est donc l’application exponentielle pour GL(V)𝐺𝐿𝑉GL(V).

On a alors

[A,B]=2st(Exp(tA)Exp(sB)Exp(tA))|s,t=0=ABBA[A,B]=\frac{\partial^{2}}{\partial s\partial t}(Exp(tA)Exp(sB)Exp(-tA))_{|s,t=0}=AB-BA
Constantes de structure
Définition 37.

Soit (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} un base de l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} de G𝐺G. Les constantes de structure cijksuperscriptsubscript𝑐𝑖𝑗𝑘c_{ij}^{k}\in\mathbb{R} sont définies par [eai,ebi]=cabcecisubscript𝑒𝑎𝑖subscript𝑒𝑏𝑖superscriptsubscript𝑐𝑎𝑏𝑐subscript𝑒𝑐𝑖[\frac{e_{a}}{i},\frac{e_{b}}{i}]=c_{ab}^{c}\frac{e_{c}}{i} (en convention d’Einstein).
L’antisymétrie du crochet entraine cijk=cjiksuperscriptsubscript𝑐𝑖𝑗𝑘superscriptsubscript𝑐𝑗𝑖𝑘c_{ij}^{k}=-c_{ji}^{k} et l’identité de Jacobi :

h,i,j,k[|1,n|]:cimhcjkm+ckmhcijm+cjmhckim=0\forall h,i,j,k\in[|1,n|]:c_{im}^{h}c_{jk}^{m}+c_{km}^{h}c_{ij}^{m}+c_{jm}^{h}c_{ki}^{m}=0

Par exemple l’algèbre de Lie de SU(2)𝑆𝑈2SU(2), dans sa représentation standard, est engendrée par les matrices :

i2σ1=12(0ii0)i2σ2=12(0110)i2σ3=12(i00i)𝑖2subscript𝜎112matrix0𝑖𝑖0𝑖2subscript𝜎212matrix0110𝑖2subscript𝜎312matrix𝑖00𝑖\frac{i}{2}\sigma_{1}=\frac{1}{2}\begin{pmatrix}0&i\\ i&0\\ \end{pmatrix}\frac{i}{2}\sigma_{2}=\frac{1}{2}\begin{pmatrix}0&1\\ -1&0\\ \end{pmatrix}\frac{i}{2}\sigma_{3}=\frac{1}{2}\begin{pmatrix}i&0\\ 0&-i\\ \end{pmatrix}

σ1,σ2,σ3subscript𝜎1subscript𝜎2subscript𝜎3\sigma_{1},\sigma_{2},\sigma_{3} sont les matrices de Pauli, qui vérifient [σi,σj]=2iϵijkσksubscript𝜎𝑖subscript𝜎𝑗2𝑖superscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘subscript𝜎𝑘[\sigma_{i},\sigma_{j}]=2i\epsilon^{ijk}\sigma_{k}ϵijksuperscriptitalic-ϵ𝑖𝑗𝑘\epsilon^{ijk} est le tenseur totalement antisymétrique avec ϵ123=1superscriptitalic-ϵ1231\epsilon^{123}=1. Les constantes de structure de 𝔰𝔲(2)𝔰𝔲2\mathfrak{su}(2) sont donc fabc=2iϵabcsuperscript𝑓𝑎𝑏𝑐2𝑖superscriptitalic-ϵ𝑎𝑏𝑐f^{abc}=2i\epsilon^{abc}.

L’algèbre de Lie de SU(n)𝑆𝑈𝑛SU(n)

Le calcul de l’algèbre de Lie de SU(n)𝑆𝑈𝑛SU(n) est relativement simple, et surtout, ces groupes sont fréquemment utilisés en physique des particules (SU(2)𝑆𝑈2SU(2) est le groupe de jauge des interactions faibles, SU(3)𝑆𝑈3SU(3) celui des interactions fortes).

Notons GLn()𝐺subscript𝐿𝑛GL_{n}(\mathbb{C}) l’ensemble des matrices n×n𝑛𝑛n\times n à coefficients complexes. Pour AGLn()𝐴𝐺subscript𝐿𝑛A\in GL_{n}(\mathbb{C}), on note Asuperscript𝐴A^{\dagger} la matrice conjuguée de la transposée de A𝐴A. On a :

SU(n)={AGLn()|AA=1;detA=1}𝑆𝑈𝑛conditional-set𝐴𝐺subscript𝐿𝑛formulae-sequence𝐴superscript𝐴1𝐴1SU(n)=\{A\in GL_{n}(\mathbb{C})|AA^{\dagger}=1;\det A=1\}

Soit tA(t)maps-to𝑡𝐴𝑡t\mapsto A(t) une courbe dans U(n)𝑈𝑛U(n) avec A(0)=I𝐴0𝐼A(0)=I. Alors 0=t|t=0(I)=t|t=0(A(t)A(t))0subscriptconditional𝑡𝑡0𝐼subscriptconditional𝑡𝑡0𝐴𝑡𝐴superscript𝑡0=\partial_{t|t=0}(I)=\partial_{t|t=0}(A(t)A(t)^{\dagger}) donc

A(0)+A(0)=0superscript𝐴0superscript𝐴superscript00A^{\prime}(0)+A^{\prime}(0)^{\dagger}=0

Par ailleurs, si B𝔤𝔩n()𝐵𝔤subscript𝔩𝑛B\in\mathfrak{gl}_{n}(\mathbb{C}) vérifie B+B=0𝐵superscript𝐵0B+B^{\dagger}=0, alors Exp(B)(ExpB)=Exp(B)Exp(B)=I𝐸𝑥𝑝𝐵superscript𝐸𝑥𝑝𝐵𝐸𝑥𝑝𝐵𝐸𝑥𝑝superscript𝐵𝐼Exp(B)(ExpB)^{\dagger}=Exp(B)Exp(B^{\dagger})=I donc Exp(B)U(n)𝐸𝑥𝑝𝐵𝑈𝑛Exp(B)\in U(n) et en prenant la dérivée en 00 de tExp(tB)maps-to𝑡𝐸𝑥𝑝𝑡𝐵t\mapsto Exp(tB), on obtient B𝔲(n)𝐵𝔲𝑛B\in\mathfrak{u}(n).

On a donc montré que 𝔲(n)={B𝔤𝔩(n)|B+B=0}𝔲𝑛conditional-set𝐵𝔤𝔩𝑛𝐵superscript𝐵0\mathfrak{u}(n)=\{B\in\mathfrak{gl}(n)|B+B^{\dagger}=0\}.

L’algèbre de Lie 𝔰𝔲(n)𝔰𝔲𝑛\mathfrak{su}(n) de SU(n)𝑆𝑈𝑛SU(n) est la sous-algèbre de 𝔲(n)𝔲𝑛\mathfrak{u}(n) des matrices de trace nulle, puisque det(ExpB)=etrB𝐸𝑥𝑝𝐵superscript𝑒trace𝐵\det(ExpB)=e^{\tr B}. En effet, en posant f(t)=det(Exp(tB))𝑓𝑡𝐸𝑥𝑝𝑡𝐵f(t)=\det(Exp(tB)) on aboutit à l’équation différentielle f(t)=tr(B)f(t)superscript𝑓𝑡trace𝐵𝑓𝑡f^{\prime}(t)=\tr(B)f(t) qui donne le résultat voulu.

2.2.2 Actions de groupe

Définition 38.

Soit G𝐺G un groupe et X𝑋X un ensemble. Une action de G𝐺G sur X𝑋X est une application a:G×XX:𝑎𝐺𝑋𝑋a:G\times X\rightarrow X telle que :

  1. 1.

    g,gG,xXformulae-sequencefor-all𝑔superscript𝑔𝐺𝑥𝑋\forall g,g^{\prime}\in G,x\in X a(g,a(g,x))=a(gg,x)𝑎superscript𝑔𝑎𝑔𝑥𝑎superscript𝑔𝑔𝑥a(g^{\prime},a(g,x))=a(g^{\prime}g,x)

  2. 2.

    xXfor-all𝑥𝑋\forall x\in X a(e,x)=x𝑎𝑒𝑥𝑥a(e,x)=x

On note souvent a(g,x)=gx𝑎𝑔𝑥𝑔𝑥a(g,x)=g\cdot x pour une action à gauche. On s’intéresse particulièrement aux cas où G𝐺G est un groupe de Lie, et où l’ensemble X𝑋X est muni d’une structure de variété.
Pour xX𝑥𝑋x\in X, l’ensemble {gx|gG}conditional-set𝑔𝑥𝑔𝐺\{g\cdot x|g\in G\} est l’orbite de x𝑥x sous G𝐺G.
Un action est dite libre si, xG,gG,gx=xg=eformulae-sequencefor-all𝑥𝐺formulae-sequencefor-all𝑔𝐺𝑔𝑥𝑥𝑔𝑒\forall x\in G,\forall g\in G,g\cdot x=x\Leftrightarrow g=e.
Une action est dite propre si KGfor-all𝐾𝐺\forall K\subset G compact, {gG|gKK}conditional-set𝑔𝐺𝑔𝐾𝐾\{g\in G|gK\cap K\neq\emptyset\} est compact. Notons que si G𝐺G est compact (ce qui est le cas pour les théories des interactions), l’action est nécessairement propre.

On a le théorème suivant que nous énonçons sans preuve.

Théorème 2.2.4.

Soit a𝑎a une action libre et propre d’un groupe de Lie GdGsuperscript𝐺subscript𝑑𝐺G^{d_{G}} sur une variété PdPsuperscript𝑃subscript𝑑𝑃P^{d_{P}}. Alors il existe une variété M𝑀M de dimension dPdGsubscript𝑑𝑃subscript𝑑𝐺d_{P}-d_{G} et une application lisse π:PM:𝜋𝑃𝑀\pi:P\rightarrow M dont la différentielle est une surjection en tout point, vérifiant : z0Mfor-allsubscript𝑧0𝑀\forall z_{0}\in M, z0subscript𝑧0z_{0} il existe un voisinage U de z0subscript𝑧0z_{0} et un difféomorphisme ψ=(π,θ):π1(U)U×G:𝜓𝜋𝜃superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺\psi=(\pi,\theta):\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G vérifiant ψa(g,x)=(π(x),gθ(x))𝜓𝑎𝑔𝑥𝜋𝑥𝑔𝜃𝑥\psi\circ a(g,x)=(\pi(x),g\theta(x)).

Le triplet (P,M,π)𝑃𝑀𝜋(P,M,\pi) possède une structure de fibré principal, que nous allons maintenant étudier.

2.3 Espace fibrés

La ”philosophie” des espaces fibrés est très générale, et permet de réinterpréter de nombreux objets d’une manière originale. Le vocabulaire est par contre assez spécifique.

Soit π𝜋\pi une application quelconque de P𝑃P (espace de départ) dans M𝑀M (image de P𝑃P par π𝜋\pi). On dit que P𝑃P est l’espace total et que M𝑀M est la base, π𝜋\pi est la projection (et n’a a priori aucune raison d’être surjective pour l’instant), enfin, on appelle π1({x})superscript𝜋1𝑥\pi^{-1}(\{x\}) la fibre au dessus de x𝑥x.

2.3.1 Généralités

Toute application peut se réinterpréter en termes de fibration. On peut choisir un inverse de π𝜋\pi à droite σ:MP:𝜎𝑀𝑃\sigma:M\rightarrow P en demandant, pour xM𝑥𝑀x\in M, que σ(x)π1(x)𝜎𝑥superscript𝜋1𝑥\sigma(x)\in\pi^{-1}(x). σ𝜎\sigma est alors appelée section locale de la projection π𝜋\pi.

Figure 2.4: Une application réinterprétée en termes de fibration
Refer to caption

Dans la catégorie des variétés différentiables, toutes les applications ne vont pas être des fibrations au sens de la géométrie différentielle. Il faut se restreindre à des structures lisses pour la géométrie différentielle (c’est-à-dire qu’on veut des structures 𝒞superscript𝒞\mathcal{C}^{\infty}).

Définition 39.

On dit qu’une application lisse π:PM:𝜋𝑃𝑀\pi:P\rightarrow MP𝑃P et M𝑀M sont des variétés, est une fibration, si toutes les fibres sont difféomorphes. On dit alors que la fibre type est F𝐹FF𝐹F est difféomorphe à toutes les fibres.

Définition 40.

On dit qu’une fibration π:PM:𝜋𝑃𝑀\pi:P\rightarrow M de fibre type F𝐹F est localement triviale si pour tout xM𝑥𝑀x\in M, il existe un voisinage de U𝑈U de x𝑥x dans M𝑀M tel que π1(U)superscript𝜋1𝑈\pi^{-1}(U) est difféomorphe à U×F𝑈𝐹U\times F.

Cette propriété de locale trivialité permet de se représenter localement l’espace fibré comme un ’cylindre’ au dessus de la base :

Figure 2.5: Fibration localement triviale
Refer to caption
Remarque 16.

Le plus souvent, la fibration est qualifiée par un terme précisant sa structure ; par exemple on parlera de fibré vectoriel si les fibres sont des espaces vectoriels, dont l’un des cas particulier est le fibré en droite, ou de fibré principal, auquel nous allons maintenant nous intéresser en particulier.

2.3.2 Espace fibrés principaux

Généralités
Définition 41.

Une fibration (P,M,π)𝑃𝑀𝜋(P,M,\pi) a une structure de fibré principal si les trois conditions suivantes sont vérifiées :

  1. 1.

    (P,M,π)𝑃𝑀𝜋(P,M,\pi) est une fibration localement triviale

  2. 2.

    Un groupe de Lie G𝐺G agit à droite sur P𝑃P, de manière lisse, et libre et transitive sur chaque fibre.

  3. 3.

    Toutes les fibres sont difféomorphes à G𝐺G.

Une géométrie adaptée à la description de l’électromagnétisme, que nous allons étudier, repose sur un fibré principal de groupe U(1)𝑈1U(1), qu’on peut localement représenter par :

Refer to caption
Figure 2.6: Trivialisation locale du fibré U(1)𝑈1U(1) de l’électromagnétisme sur un espace-temps de dimension 111
Remarque 17.

Chacune des fibres est bien difféomorphe à G𝐺G, mais pas de manière canonique ! Expliciter un difféomorphisme revient à faire un choix d’une trivialisation locale : Soit xM𝑥𝑀x\in M. Il existe un voisinage ouvert U𝑈U de x𝑥x dans M𝑀M et une application TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G telle que TU(x)=(π(x),sU(x))subscript𝑇𝑈𝑥𝜋𝑥subscript𝑠𝑈𝑥T_{U}(x)=(\pi(x),s_{U}(x))sU:π1(U)G:subscript𝑠𝑈superscript𝜋1𝑈𝐺s_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow G a la propriété pπ1(U)gGfor-all𝑝superscript𝜋1𝑈for-all𝑔𝐺\forall p\in\pi^{-1}(U)\forall g\in G sU(pg)=sU(p)gsubscript𝑠𝑈𝑝𝑔subscript𝑠𝑈𝑝𝑔s_{U}(pg)=s_{U}(p)g. TUsubscript𝑇𝑈T_{U} est appelé trivialisation locale, ou dans le langage historique de la physique, choix de jauge. Autrement dit, lorsqu’on choisit une trivialisation locale, on marque un point de la fibre qu’on peut ensuite identifier à l’élément unité, ce qui donne par le même biais une section locale.

On retrouve la structure obtenu à la fin de la sous-partie précédente ! Un fibré principal π:PM:𝜋𝑃𝑀\pi:P\rightarrow M de groupe G𝐺G est donc localement le produit cartésien de la base par le groupe. On définit les fonctions de transitions qui contiennent l’information nécessaire pour obtenir l’espace total en recollant les différents morceaux trivialisés.

Définition 42.

Soient TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G et TV:π1(V)V×G:subscript𝑇𝑉superscript𝜋1𝑉𝑉𝐺T_{V}:\pi^{-1}(V)\rightarrow V\times G deux trivialisations locales d’un fibré principal avec groupe G𝐺G. La fonction de transition de TUsubscript𝑇𝑈T_{U} à TVsubscript𝑇𝑉T_{V} est la carte gUV:UVG:subscript𝑔𝑈𝑉𝑈𝑉𝐺g_{UV}:U\cap V\rightarrow G définie, pour xπ1UV𝑥superscript𝜋1𝑈𝑉x\in\pi^{-1}\in U\cap V, par gUV(x)=sU(p)sv(p)1subscript𝑔𝑈𝑉𝑥subscript𝑠𝑈𝑝subscript𝑠𝑣superscript𝑝1g_{UV}(x)=s_{U}(p)s_{v}(p)^{-1}.

Propriétés 2.3.1.

gUV(x)subscript𝑔𝑈𝑉𝑥g_{UV}(x) est indépendant du choix de pπ1(x)𝑝superscript𝜋1𝑥p\in\pi^{-1}(x). De plus :

  1. 1.

    gUU(y)=esubscript𝑔𝑈𝑈𝑦𝑒g_{UU}(y)=e pour tout yU𝑦𝑈y\in U

  2. 2.

    gVU(y)=gUV1(y)subscript𝑔𝑉𝑈𝑦superscriptsubscript𝑔𝑈𝑉1𝑦g_{VU}(y)=g_{UV}^{-1}(y) pour tout yUV𝑦𝑈𝑉y\in U\cap V

  3. 3.

    gUV(y)gVW(y)gWU(y)=esubscript𝑔𝑈𝑉𝑦subscript𝑔𝑉𝑊𝑦subscript𝑔𝑊𝑈𝑦𝑒g_{UV}(y)g_{VW}(y)g_{WU}(y)=e pour tout yUVW𝑦𝑈𝑉𝑊y\in U\cap V\cap W

Preuve.

sU(pg)sV(pg)1=sU(p)g(sV(p)g)1=sU(p)gg1sV(p)1=sU(p)sV(p)1subscript𝑠𝑈𝑝𝑔subscript𝑠𝑉superscript𝑝𝑔1subscript𝑠𝑈𝑝𝑔superscriptsubscript𝑠𝑉𝑝𝑔1subscript𝑠𝑈𝑝𝑔superscript𝑔1subscript𝑠𝑉superscript𝑝1subscript𝑠𝑈𝑝subscript𝑠𝑉superscript𝑝1s_{U}(pg)s_{V}(pg)^{-1}=s_{U}(p)g(s_{V}(p)g)^{-1}=s_{U}(p)gg^{-1}s_{V}(p)^{-1}=s_{U}(p)s_{V}(p)^{-1}

P𝑃P peut en fait être défini comme l’espace obtenu par l’union disjointe (U×G)(V×G)𝑈𝐺𝑉𝐺(U\times G)\cup(V\times G)\cup... en identifiant le point (x,g)U×G𝑥𝑔𝑈𝐺(x,g)\in U\times G avec (x,g)V×G𝑥superscript𝑔𝑉𝐺(x,g^{\prime})\in V\times G si g=gUV(x)g𝑔subscript𝑔𝑈𝑉𝑥superscript𝑔g=g_{UV}(x)g^{\prime}. Les propriétés précédentes montrent qu’il s’agit d’une relation d’équivalence.

Définition 43.

Une section locale d’un fibré principal π:PM:𝜋𝑃𝑀\pi:P\rightarrow M de groupe G𝐺G comme est une application lisse de U𝑈U dans P𝑃PU𝑈U est un ouvert de M𝑀M, telle que πσ=idU𝜋𝜎𝑖subscript𝑑𝑈\pi\circ\sigma=id_{U}

Refer to caption
Figure 2.7: Section locale d’un fibré

Un fibré principal admet de telles sections. De plus, comme évoqué dans la remarque précédente :

Théorème 2.3.2.

Il y a un isomorphisme canonique entre les trivialisations locales et les sections locales.

Preuve.

Soit σ:UP:𝜎𝑈𝑃\sigma:U\rightarrow P une section locale. On définit alors TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G par

TU(σ(x)g)=(x,g)subscript𝑇𝑈𝜎𝑥𝑔𝑥𝑔T_{U}(\sigma(x)g)=(x,g)

Réciproquement, étant donnée une trivialisation locale TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G on définit la section locale σ:UP:𝜎𝑈𝑃\sigma:U\rightarrow P par

σ(x)=TU1(x,e)𝜎𝑥superscriptsubscript𝑇𝑈1𝑥𝑒\sigma(x)=T_{U}^{-1}(x,e)

Remarque 18.

Si TUsubscript𝑇𝑈T_{U} est une trivialisation locale avec U=M𝑈𝑀U=M, TMsubscript𝑇𝑀T_{M} est appelée trivialisation globale ; un fibré principal est dit trivial si une telle application existe.

Le fibré des repères linéaires

L’exemple suivant de fibré principal a en fait motivé la définition même de ces objets. Il donne une intuition au sujet de ces structures, et fournit un vocabulaire utile.

Soit M𝑀M une variété différentiable de dimension n𝑛n. En chaque point xM𝑥𝑀x\in M on a défini un espace vectoriel tangent, de dimension n𝑛n. On note Gxsubscript𝐺𝑥G_{x} l’ensemble des bases de cet espace tangent. Choisir un point de Gxsubscript𝐺𝑥G_{x} revient à choisir n vecteurs indépendant de TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M. La projection π𝜋\pi associe à une base de l’espace tangent en x𝑥x la point x𝑥x lui-même.
On définit l’action libre et propre, transitive sur chaque fibre, de GL(n)𝐺𝐿𝑛GL(n) sur l’espace total P=xGx𝑃subscript𝑥subscript𝐺𝑥P=\bigcup_{x}G_{x}, par :

pP,gG,pg=gpformulae-sequencefor-all𝑝𝑃formulae-sequence𝑔𝐺𝑝𝑔𝑔𝑝\forall p\in P,g\in G,p\cdot g=gp

gp𝑔𝑝gp est la multiplication matricielle ’formelle’ de g𝑔g et de la base p𝑝p, au sens suivant : supposons qu’on se soit fixé une base de TxPsubscript𝑇𝑥𝑃T_{x}P. Alors on peut représenter matriciellement gπ1(x)𝑔superscript𝜋1𝑥g\in\pi^{-1}(x) dans cette base ; le repère pg𝑝𝑔p\cdot g est alors la base de TxPsubscript𝑇𝑥𝑃T_{x}P dont la matrice dans la même base s’écrit gp𝑔𝑝gp. Cette définition ne dépend pas de la base fixée, donc cela a un sens de considérer le produit pg𝑝𝑔p\cdot g sans fixer une origine dans la fibre. On vient aussi de voir que toutes les fibres sont difféomorphes à GL(n)𝐺𝐿𝑛GL(n).

Montrons que l’espace total est naturellement muni d’une structure de variété: Soit d𝑑d la dimension de l’espace de base M𝑀M, et n𝑛n celle du groupe de Lie G𝐺G. Soit (Ui,ϕi)subscript𝑈𝑖subscriptitalic-ϕ𝑖(U_{i},\phi_{i}) un atlas de M𝑀M et (Vj,ψj)subscript𝑉𝑗subscript𝜓𝑗(V_{j},\psi_{j}) un atlas de G. Soit xP𝑥𝑃x\in P. P étant localement trivialisable, il existe un voisinage ouvert W𝑊W de x𝑥x tel que W𝑊W est difféomorphe à U×G𝑈𝐺U\times G, donc quitte à restreindre W𝑊W on peut le prendre difféomorphe à U×V𝑈𝑉U\times V(U,ϕ)𝑈italic-ϕ(U,\phi) et (V,ψ)𝑉𝜓(V,\psi) sont des cartes respectives de M𝑀M et G𝐺G en π(x)𝜋𝑥\pi(x) et en e𝑒e. On définit alors ζ:U×Vd×n:𝜁𝑈𝑉superscript𝑑superscript𝑛\zeta:U\times V\rightarrow\mathbb{R}^{d}\times\mathbb{R}^{n} par ζ(y)=(ϕ(π(y)),ψ(y))𝜁𝑦italic-ϕ𝜋𝑦𝜓𝑦\zeta(y)=(\phi(\pi(y)),\psi(y)).

Une section du fibré principal correspond à une application lisse de M𝑀M dans P𝑃P qui à tout point de M𝑀M associe un repère de TxMsubscript𝑇𝑥𝑀T_{x}M.

Par analogie, dans la suite, les éléments de P𝑃P seront souvent appelés de repères, et l’action de G𝐺G sur P𝑃P peut être interprétée comme un changement de base.

Vecteurs horizontaux
Réduction dans les fibrés principaux

Soit P(M,G)𝑃𝑀𝐺P(M,G) un fibré principal de groupe G𝐺G. On se demande s’il est possible de passer à une autre fibré principal, de base M𝑀M et de groupe structural H<G𝐻𝐺H<G, qui serait une sous-variété de P𝑃P. Ce n’est pas forcément le cas, si on prend H={1}<G𝐻1𝐺H=\{1\}<G, on cherche alors une section globale de P𝑃P, qui n’existe que si P𝑃P est trivial globalement.
On a le théorème suivant, dont la démonstration peut par exemple être trouvée dans [4].

Théorème 2.3.3.

Le choix d’une réduction du fibré principal à un sous-fibré n’est en général pas unique, et est caractérisé par le choix d’une section globale dans un fibré en espaces homogènes associé à P𝑃P, en l’occurrence le fibré associé P×GG/Hsubscript𝐺𝑃𝐺𝐻P\times_{G}G/H.

Soit P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) le fibré des repères d’une variété M𝑀M qui est de groupe structural GL(n,)𝐺𝐿𝑛GL(n,\mathbb{R}). Choisissons maintenant une réduction à un sous-fibré de groupe structural SO(n)𝑆𝑂𝑛SO(n), c’est-à-dire sélectionnons une classe de repères, dits orthonormés, tels que SO(n)𝑆𝑂𝑛SO(n) agit de manière libre et transitive sur cette classe. Par définition, une variété riemannienne est une variété différentiable de dimension n pour laquelle on a choisi une réduction du fibré FM𝐹𝑀FM des repères linéaires à un sous-fibré de groupe structural SO(n)𝑆𝑂𝑛SO(n). On a construit le fibré des repères orthonormés. Le tenseur métrique s’identifie alors avec la section globale du fibré en espaces homogènes GL(n,)/SO(n)𝐺𝐿𝑛𝑆𝑂𝑛GL(n,\mathbb{R})/SO(n) qui définit la réduction. La dimension de cet espace est n2n(n1)/2=n(n+1)/2superscript𝑛2𝑛𝑛12𝑛𝑛12n^{2}-n(n-1)/2=n(n+1)/2, et ses éléments peuvent s’identifier à des tenseurs de rang 222 totalement symétriques.

La décomposition polaire d’une matrice inversible est un difféomorphisme

On()×Sn++()GLn()subscript𝑂𝑛superscriptsubscript𝑆𝑛absent𝐺subscript𝐿𝑛O_{n}(\mathbb{R})\times S_{n}^{++}(\mathbb{R})\rightarrow GL_{n}(\mathbb{R})

qui montre que le quotient GLn()/On()𝐺subscript𝐿𝑛subscript𝑂𝑛GL_{n}(\mathbb{R})/O_{n}(\mathbb{R}) est difféomorphe à Sn++()superscriptsubscript𝑆𝑛absentS_{n}^{++}(\mathbb{R}), lui-même difféomorphe à l’espace vectoriel des matrices symétriques réelles, qui est un espace vectoriel donc un espace topologique contractile (homotope à un point). La contractilité étant conservée par difféomorphisme, GLn()/On()𝐺subscript𝐿𝑛subscript𝑂𝑛GL_{n}(\mathbb{R})/O_{n}(\mathbb{R}) est contractile, donc le fibré réduit à des fibres contractiles et admet des sections globales par un théorème de la théorie des fibrés. Toute variété ”raisonnable” admet donc une métrique riemannienne.

Le choix d’une structure riemannienne sur une variété différentiable revient à choisir une ”forme” pour la variété : selon la métrique, on obtiendra pour une variété difféomorphe à 𝕊2superscript𝕊2\mathbb{S}^{2}, un objet de la forme d’une sphère, de la forme d’un ballon de rugby … et chaque réduction possible correspond à une et une seule métrique riemannienne possible pour cette variété différentiable.

Refer to caption
Figure 2.8: Choisir une réduction revient à choisir une ”forme” (cela revient aussi à choisir une métrique)

2.3.3 Espace fibrés associés

Motivations

On a vu que on pouvait construire le fibré des repères d’une variété donnée. On peut également construire le fibré tangent, dont chaque fibre est difféomorphe à dsuperscript𝑑\mathbb{R}^{d}d𝑑d est la dimension de M𝑀M et munie d’une structure d’espace vectoriel. On peut, dans le même esprit, construire des fibrés tensoriels. Ces espaces fibrés sont associés au fibré des repères puisque l’expression de leurs éléments dépend du choix d’une base de l’espace tangent. Cette d’association à un fibré principal correspond à la notion de fibré associé.

Une autre considération qui motive la définition de fibré associé est la recherche d’une généralisation des espaces vectoriels dans lesquels vivent les composantes d’un tenseur : un tenseur est un objet intrinsèque, ce qui impose des conditions lors d’un changement de base. Dans les fibrés associés, on considère aussi des objets intrinsèques, dont les ”coordonnées” dépendent de la manière dont on regarde cet objet, c’est-à-dire du choix de base.

Nous continuerons à utiliser le vocabulaire du fibré des repères, bien qu’en considérant des fibrés principaux a priori quelconques, ce vocabulaire ayant le mérite d’être particulièrement visuel.

Fibrés associés

Soit PM𝑃𝑀P\rightarrow M un espace fibré principal, de groupe structural G𝐺G, et soit ρ𝜌\rho une action (à gauche) de G𝐺G sur un ensemble F𝐹F.

On obtient une relation d’équivalence sur P×F𝑃𝐹P\times F en disant que : (z,f)P×F(z,f)P×F𝑧𝑓𝑃𝐹superscript𝑧superscript𝑓𝑃𝐹(z,f)\in P\times F\Leftrightarrow(z^{\prime},f^{\prime})\in P\times F si et seulement si il existe un gG𝑔𝐺g\in G tel que z=zgsuperscript𝑧𝑧𝑔z^{\prime}=zg et f=ρ(g1)fsuperscript𝑓𝜌superscript𝑔1𝑓f^{\prime}=\rho(g^{-1})f. L’ensemble quotient E=P×GF𝐸subscript𝐺𝑃𝐹E=P\times_{G}F est alors appelé fibré associé à P𝑃P via l’action de G𝐺G sur F𝐹F.

Refer to caption
Figure 2.9: Passage du fibré principal à un fibré associé

On identifie donc les points (z,f)𝑧𝑓(z,f) et (zg,ρ(g1)f)𝑧𝑔𝜌superscript𝑔1𝑓(zg,\rho(g^{-1})f).

f représente les composantes l’objet (z,f)𝑧𝑓(z,f) dans la base z𝑧z. L’espace fibré associé à un fibré principal correspond donc aux objets ’vecteurs’ dans le cas où ρ𝜌\rho est la représentation régulière de GL(n,)𝐺𝐿𝑛GL(n,\mathbb{R}) comme l’ensemble des isomorphismes de nsuperscript𝑛\mathbb{R}^{n}, qu’on décompose sous la forme (repère, coordonnées dans ce repère). Comme évoqué dans cet exemple, le concept de fibré associé prend une signification forte si g𝑔g est une représentation linéaire de G𝐺G.

Refer to caption
Figure 2.10: Un élément du fibré associé est ”bien défini” pour la symétrie induite par la représentation du groupe structural du fibré principal

Les fibrés associés interviennent naturellement en relativité générale, mais aussi dans les théories des autres interactions entre particules !
Pour la force forte par exemple, on considère un fibré principal de groupe structural SU(3)𝑆𝑈3SU(3) au dessus de l’espace-temps de Minkowski. On choisit la représentation standard de SU(3)𝑆𝑈3SU(3) de dimension 333 comme sous-groupe de GL(3,)𝐺𝐿3GL(3,\mathbb{C}), et on construit le fibré vectoriel associé à P𝑃P P×SU(3)3subscript𝑆𝑈3𝑃superscript3P\times_{SU(3)}\mathbb{C}^{3}. Le spineur qui décrit une particule soumise à l’interaction forte est une section de ce fibré associé.

2.4 Connexions, courbure et équation de champ homogène

2.4.1 Connexions dans le fibré principal

Définition intrinsèque sur le fibré principal

Soit P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) un fibré principal de groupe structural G𝐺G. Notons d𝑑d la dimension de M𝑀M et n𝑛n celle de G𝐺G. Malgré le fait que l’unité (au sens du groupe) dans chaque fibre n’est pas désigné de manière canonique, et qu’il faut donc faire un choix pour réaliser un difféomorphisme entre la fibre et le groupe structural, les directions dans le groupe sont définies par l’application exponentielle sans avoir besoin de marquer l’origine ! Par exemple, si A𝔤𝐴𝔤A\in\mathfrak{g} et si gG𝑔𝐺g\in G, on pose

Ag=ddt|t=0gexp(tA)A^{*}_{g}=\frac{d}{dt}_{|t=0}g\cdot exp(tA)

qui correspond à ”la direction A𝐴A au point g𝑔g”. On peut faire la même chose sur le fibré principal. On parle de champ de vecteurs fondamental.

Définition 44.

Soit A𝔤𝐴𝔤A\in\mathfrak{g}. Le champ de vecteurs fondamental Asuperscript𝐴A^{*} est défini sur P𝑃P par

pP,Ap=ddt|t=0pexp(tA)\forall p\in P,A^{*}_{p}=\frac{d}{dt}_{|t=0}p\cdot exp(tA)

On peut donc transporter une direction tangente dans le groupe, grâce à la structure de groupe. Ces directions ”de groupe” sont dites directions verticales par analogie avec l’exemple de fibré principal de groupe structural U(1)𝑈1U(1) où la variété est traditionnellement dessinée comme une courbe plus ou moins horizontale.

Plus rigoureusement, les champs de vecteurs fondamentaux engendrent une distribution V𝑉V de sous-espaces tangents en chaque point de P𝑃P, de dimension n𝑛n (la dimension de 𝔤𝔤\mathfrak{g}). On parle de distribution verticale puisqu’elle ne contient que des vecteurs verticaux. Cette distribution est caractérisée par :

Vp={VTpP|π(V)=0}subscript𝑉𝑝conditional-set𝑉subscript𝑇𝑝𝑃subscript𝜋𝑉0V_{p}=\{V\in T_{p}P|\pi_{*}(V)=0\}

L’espace tangent en chaque point de P𝑃P étant de dimension d+n𝑑𝑛d+n, on peut prendre une distribution H de sous-espaces tangents, dite distribution horizontale, de dimension d𝑑d, telle que TpP=VpHpsubscript𝑇𝑝𝑃direct-sumsubscript𝑉𝑝subscript𝐻𝑝T_{p}P=V_{p}\oplus H_{p}. Ce choix n’est pas canonique. De la même manière qu’un choix de jauge permet de choisir une identité dans les fibres, l’objet connexion définit cette distribution horizontale de sous-espaces.

Définition 45.

Une connexion associe à chaque pP𝑝𝑃p\in P un sous-espace HpTpPsubscript𝐻𝑝subscript𝑇𝑝𝑃H_{p}\subset T_{p}P tel que TpP=VpHpsubscript𝑇𝑝𝑃direct-sumsubscript𝑉𝑝subscript𝐻𝑝T_{p}P=V_{p}\oplus H_{p}Vp={VTpP|π(V)=0}subscript𝑉𝑝conditional-set𝑉subscript𝑇𝑝𝑃subscript𝜋𝑉0V_{p}=\{V\in T_{p}P|\pi_{*}(V)=0\}. On demande que la distribution obtenue soit lisse, et que

(Rg)(Hp)=Hpgsubscriptsubscript𝑅𝑔subscript𝐻𝑝subscript𝐻𝑝𝑔(R_{g})_{*}(H_{p})=H_{pg}

afin que la définition de l’horizontalité sur le fibré principal soit invariante par action du groupe structural. On appelle Vpsubscript𝑉𝑝V_{p} le sous-espace vertical de TpPsubscript𝑇𝑝𝑃T_{p}P et Hpsubscript𝐻𝑝H_{p} le sous-espace horizontal de TpPsubscript𝑇𝑝𝑃T_{p}P.

Cette définition des connexions est visuelle, mais malheureusement peu pratique. Présentons d’abord les connexions d’une manière différente, plus opérationnelle, puis nous prouverons l’équivalence entre ces deux définitions.

Définition 46.

Une connexion est une 111-forme ω𝜔\omega sur P𝑃P (c’est-à-dire ωΩ1(P)𝔤𝜔tensor-productsuperscriptΩ1𝑃𝔤\omega\in\Omega^{1}(P)\otimes\mathfrak{g}) à valeurs dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} (l’algèbre de Lie de G𝐺G) telle que les deux propriétés suivantes sont vérifiées :

  1. 1.

    Si Asuperscript𝐴A^{*} est le champ fondamental associé à A𝐴A,

    ω(Ap)=A𝜔subscriptsuperscript𝐴𝑝𝐴\omega(A^{*}_{p})=A
  2. 2.

    Si gG𝑔𝐺g\in G, pP𝑝𝑃p\in P, XTpP𝑋subscript𝑇𝑝𝑃X\in T_{p}P :

    ωpg(RgX)=𝔄𝔡g1ωp(X)Rgω=𝔄𝔡g1ωsubscript𝜔𝑝𝑔subscript𝑅𝑔𝑋𝔄subscript𝔡superscript𝑔1subscript𝜔𝑝𝑋superscriptsubscript𝑅𝑔𝜔𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔\omega_{pg}(R_{g*}X)=\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega_{p}(X)\Leftrightarrow R_{g}^{*}\omega=\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega

On appelle ω𝜔\omega forme de connexion, et associe à un vecteur tangent sa partie verticale sous la forme d’un vecteur de l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Dans le paradigme du fibré des repères, un vecteur tangent correspondant à un déplacement dans le fibré principal, la forme de connexion ω𝜔\omega permet de définir la notion de ”se déplacer en changeant de fibre sans tourner le repère”.

Théorème 2.4.1.

Les deux définitions ci-dessus sont équivalentes.

Preuve.

Soit une connexion définie par une 111-forme de connexion ω𝜔\omega (deuxième définition). On pose, pour tout pP𝑝𝑃p\in P, Hp=Ker(ωp)subscript𝐻𝑝𝐾𝑒𝑟subscript𝜔𝑝H_{p}=Ker(\omega_{p}). ωpsubscript𝜔𝑝\omega_{p} étant une forme linéaire dont la restriction à Vpsubscript𝑉𝑝V_{p} est une bijection de Vpsubscript𝑉𝑝V_{p} dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}, on a bien HpVp=TpPdirect-sumsubscript𝐻𝑝subscript𝑉𝑝subscript𝑇𝑝𝑃H_{p}\oplus V_{p}=T_{p}P. La distribution de sous-espaces obtenue est bien lisse, car ω𝜔\omega l’est. Si pour XTpP𝑋subscript𝑇𝑝𝑃X\in T_{p}P, on a (Rg)XHpgsubscriptsubscript𝑅𝑔𝑋subscript𝐻𝑝𝑔(R_{g})_{*}X\in H_{pg}, alors par bijectivité de 𝔄𝔡g1𝔄subscript𝔡superscript𝑔1\mathfrak{Ad}_{g^{-1}} on a XHp𝑋subscript𝐻𝑝X\in H_{p} et inversement, donc Rg(Hp)=Hpgsubscript𝑅𝑔subscript𝐻𝑝subscript𝐻𝑝𝑔R_{g*}(H_{p})=H_{pg}.
Réciproquement, si Hpsubscript𝐻𝑝H_{p} est une distribution de sous-espaces tangents horizontaux au sens donné plus haut, définissant une connexion sur le fibré principal P𝑃P, on sait que XTpP𝑋subscript𝑇𝑝𝑃X\in T_{p}P se décompose de manière unique en parties horizontale et verticale X=XV+XH𝑋superscript𝑋𝑉superscript𝑋𝐻X=X^{V}+X^{H}, avec XV=Xα(Aα)psuperscript𝑋𝑉superscript𝑋𝛼subscriptsubscriptsuperscript𝐴𝛼𝑝X^{V}=X^{\alpha}(A^{*}_{\alpha})_{p} où les Aαsubscriptsuperscript𝐴𝛼A^{*}_{\alpha} sont les champs de vecteurs fondamentaux que définit un base de l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} du groupe G. On définit ω𝜔\omega par ω(v)=XαAα𝜔𝑣superscript𝑋𝛼subscript𝐴𝛼\omega(v)=X^{\alpha}A_{\alpha}. Il s’agit bien d’une 111-forme à valeurs dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}. ∎

Remarque 19.

On peut démontrer que tout fibré principal admet une connexion. La démonstration se trouve dans [5]

Expression locale sur la base

En physique, les fonctions rencontrées sont toutes des fonctions sur la base et non sur l’espace total : par exemple, en théorie quantique des champs, une fonction d’onde prend comme arguments les quatre variables d’espace-temps. On peut définir la connexion sur la base M𝑀M du fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G), mais a priori seulement de manière locale, puisque seule la trivialité locale est imposée pour le fibré principal. De plus, il faut faire un choix de jauge.

Définition 47.

Supposons une connexion définie sur l’espace total P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) par la 111-forme de connexion ω𝜔\omega. Soit xM𝑥𝑀x\in M. Soit TUsubscript𝑇𝑈T_{U} un choix de jauge, défini sur le voisinage U𝑈U de x𝑥x dans M𝑀M, et σUsubscript𝜎𝑈\sigma_{U} la section locale de P canoniquement associée à TUsubscript𝑇𝑈T_{U}. On définit le potentiel de jauge AΩ1(U)𝔤𝐴tensor-productsuperscriptΩ1𝑈𝔤A\in\Omega^{1}(U)\otimes\mathfrak{g} par :

yU,vTyM,A(v)=ω((σU)v)formulae-sequencefor-all𝑦𝑈formulae-sequencefor-all𝑣subscript𝑇𝑦𝑀𝐴𝑣𝜔subscriptsubscript𝜎𝑈𝑣\forall y\in U,\forall v\in T_{y}M,A(v)=\omega((\sigma_{U})_{*}v)

Soient (Xα)subscript𝑋𝛼(X_{\alpha}) un base de 𝔤𝔤\mathfrak{g} et (μ)subscript𝜇(\partial_{\mu}) une carte locale de M𝑀M en x𝑥x, définie sur U𝑈U (quitte à le restreindre). On peut écrire :

A=AμαXαdxμ𝐴subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscript𝑋𝛼𝑑superscript𝑥𝜇A=A^{\alpha}_{\mu}X_{\alpha}dx^{\mu}

qui est l’expression du potentiel de jauge A𝐴A, localement, en x𝑥x.

Remarque 20.

Comme nous le verrons plus tard, le potentiel de jauge intervient de manière fondamentale en physique des particules : si G=U(1)𝐺𝑈1G=U(1), A𝐴A est le champ de photons, si G=SU(2)×U(1)𝐺𝑆𝑈2𝑈1G=SU(2)\times U(1), A𝐴A est le champ électrofaible des bosons W+,W,Zsuperscript𝑊superscript𝑊𝑍W^{+},W^{-},Z et γ𝛾\gamma, enfin, si G=SU(3)𝐺𝑆𝑈3G=SU(3), A𝐴A est alors le champ de gluons.

Cette définition est encore ”très naturelle”, puisqu’une fois qu’on a défini une transformation des vecteurs tangents à M𝑀M autour de x𝑥x en des vecteurs tangents à P𝑃P, il suffit de prendre l’image du transformé par la 111-forme de connexion sur P𝑃P. Notons enfin qu’à cause de ce choix de jauge, on perd un peu du caractère intrinsèque qu’avait la connexion sur l’espace total.

2.4.2 Connexions dans les fibrés associés

On considère toujours le fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) de base M𝑀M (de dimension d𝑑d) et de fibre type G𝐺G, groupe de Lie de dimension n𝑛n, avec la projection π𝜋\pi de P𝑃P sur M𝑀M.

Soit ρ𝜌\rho une représentation du groupe structural G𝐺G sur un espace vectoriel V𝑉V de dimension p𝑝p, et P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V l’espace fibré associé au fibré principal P𝑃P via la représentation ρ𝜌\rho de G𝐺G sur V𝑉V.

Remarque 21.

On peut prolonger ρ𝜌\rho à 𝔤𝔤\mathfrak{g} de la manière suivante : soit X𝔤𝑋𝔤X\in\mathfrak{g} et γ:[1,1]G:𝛾delimited-[]1.1𝐺\gamma:[-1,1]\rightarrow G telle que ddt|t=0(γ(t))=X\frac{d}{dt}_{|t=0}(\gamma(t))=X. On pose alors ρ(X)=ddt|t=0(ρ(γ(t)))\rho(X)=\frac{d}{dt}_{|t=0}(\rho(\gamma(t))).

Soit (Xα)subscript𝑋𝛼(X_{\alpha}) une base de 𝔤𝔤\mathfrak{g}. (ρ(Xα))𝜌subscript𝑋𝛼(\rho(X_{\alpha})) est un endomorphisme de V𝑉V. Dans toute la suite nous garderons la convention de désigner par :

  1. 1.

    μ,ν,ρ,𝜇𝜈𝜌\mu,\nu,\rho,... les indices de base (variété M𝑀M de dimension d𝑑d, espace-temps)

  2. 2.

    i,j,k,𝑖𝑗𝑘i,j,k,... les indices de fibre (espace vectoriel V𝑉V de dimension p𝑝p)

  3. 3.

    α,β,γ,𝛼𝛽𝛾\alpha,\beta,\gamma,... les indices d’algèbre de Lie (𝔤𝔤\mathfrak{g} de dimension n𝑛n)

Définition 48.

La représentation ρ(A)𝜌𝐴\rho(A) du potentiel de jauge A𝐴A est appelée matrice de connexion et s’écrit localement :

ρ(A)=Aμαρ(Xα)dxμ𝜌𝐴superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼𝜌subscript𝑋𝛼𝑑superscript𝑥𝜇\rho(A)=A_{\mu}^{\alpha}\rho(X_{\alpha})dx^{\mu}

C’est une matrice dont les coefficients sont des 111-formes sur M𝑀M.

Dans la suite, sauf si le contraire est mentionné, on notera encore A𝐴A la matrice de connexion. En posant Tα=ρ(Xα)subscript𝑇𝛼𝜌subscript𝑋𝛼T_{\alpha}=\rho(X_{\alpha}), on écrit :

Aji=Aα(Tα)jisubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗superscript𝐴𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛼𝑖𝑗A^{i}_{j}=A^{\alpha}(T_{\alpha})^{i}_{j}

Aα=Aμαdxμsuperscript𝐴𝛼subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇𝑑superscript𝑥𝜇A^{\alpha}=A^{\alpha}_{\mu}dx^{\mu}. Alors Aji=Ajμidxμ=Aμα(Tα)jidxμsubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇𝑑superscript𝑥𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛼𝑖𝑗𝑑superscript𝑥𝜇A^{i}_{j}=A^{i}_{j\mu}dx^{\mu}=A^{\alpha}_{\mu}(T_{\alpha})^{i}_{j}dx^{\mu}.

Les nombres Ajμisubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇A^{i}_{j\mu} sont les coefficients de connexion relativement aux bases (ei)subscript𝑒𝑖(e_{i}) de V𝑉V et (μ)subscript𝜇(\partial_{\mu}) de M𝑀M.

2.4.3 Courbure intrinsèque

L’algèbre graduée Ω(P)𝔤tensor-productΩ𝑃𝔤\Omega(P)\otimes\mathfrak{g}

On a vu que ωΩ1(P)𝔤𝜔tensor-productsuperscriptΩ1𝑃𝔤\omega\in\Omega^{1}(P)\otimes\mathfrak{g}. Il est en fait possible de considérer des k𝑘k-formes à valeurs dans l’algèbre de Lie. L’ensemble des formes 𝔤𝔤\mathfrak{g}-valuées est naturellement muni d’une structure d’algèbre graduée grâce aux objets suivants.

Définition 49.

Soient ϕΩj(P)𝔤italic-ϕtensor-productsuperscriptΩ𝑗𝑃𝔤\phi\in\Omega^{j}(P)\otimes\mathfrak{g}, ψΩi(P)𝔤𝜓tensor-productsuperscriptΩ𝑖𝑃𝔤\psi\in\Omega^{i}(P)\otimes\mathfrak{g}. On définit [ϕ,ψ]Ωi+j(P)𝔤italic-ϕ𝜓tensor-productsuperscriptΩ𝑖𝑗𝑃𝔤[\phi,\psi]\in\Omega^{i+j}(P)\otimes\mathfrak{g} par :

[ϕ,ψ](X1,,Xi+j)=1i!j!σ(1)σ[ϕ(Xσ(1),,Xσ(i)),ψ(Xσ(i+1),,Xσ(i+j))]italic-ϕ𝜓subscript𝑋1subscript𝑋𝑖𝑗1𝑖𝑗subscript𝜎superscript1𝜎italic-ϕsubscript𝑋𝜎1subscript𝑋𝜎𝑖𝜓subscript𝑋𝜎𝑖1subscript𝑋𝜎𝑖𝑗[\phi,\psi](X_{1},...,X_{i+j})=\frac{1}{i!j!}\sum_{\sigma}(-1)^{\sigma}[\phi(X_{\sigma(1)},...,X_{\sigma(i)}),\psi(X_{\sigma(i+1)},...,X_{\sigma(i+j)})]

Dérivons l’expression de ces objets en coordonnées. Soit (Eα)subscript𝐸𝛼(E_{\alpha}) est une base de 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Pour ϕΩk𝔤italic-ϕtensor-productsuperscriptΩ𝑘𝔤\phi\in\Omega^{k}\otimes\mathfrak{g}, on écrit :

ϕ=ϕαEαitalic-ϕtensor-productsuperscriptitalic-ϕ𝛼subscript𝐸𝛼\phi=\phi^{\alpha}\otimes E_{\alpha}

et le crochet de deux telles formes devient : [ϕ,ψ]=cαβγ(ϕαψβ)Eγitalic-ϕ𝜓tensor-productsuperscriptsubscript𝑐𝛼𝛽𝛾superscriptitalic-ϕ𝛼superscript𝜓𝛽subscript𝐸𝛾[\phi,\psi]=c_{\alpha\beta}^{\gamma}(\phi^{\alpha}\wedge\psi^{\beta})\otimes E_{\gamma}.

Énonçons à présent deux théorèmes qui découlent de cette structure d’algèbre graduée de l’ensemble des formes sur P𝑃P 𝔤𝔤\mathfrak{g}-valuées kΩk(P)𝔤subscriptdirect-sum𝑘tensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑃𝔤\bigoplus_{k}\Omega^{k}(P)\otimes\mathfrak{g}.

Théorème 2.4.2.

Soient ϕΩi(P)𝔤italic-ϕtensor-productsuperscriptΩ𝑖𝑃𝔤\phi\in\Omega^{i}(P)\otimes\mathfrak{g}, ψΩj(P)𝔤𝜓tensor-productsuperscriptΩ𝑗𝑃𝔤\psi\in\Omega^{j}(P)\otimes\mathfrak{g} et ρΩk(P)𝔤𝜌tensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑃𝔤\rho\in\Omega^{k}(P)\otimes\mathfrak{g}. On a :

  1. 1.

    [ψ,ϕ]=(1)ij[ϕ,ψ]𝜓italic-ϕsuperscript1𝑖𝑗italic-ϕ𝜓[\psi,\phi]=(-1)^{ij}[\phi,\psi]

  2. 2.

    (1)ik[[ϕ,ψ],ρ]+(1)kj[[ρ,ϕ],ψ]+(1)ji[[ψ,ρ],ψ]=0superscript1𝑖𝑘italic-ϕ𝜓𝜌superscript1𝑘𝑗𝜌italic-ϕ𝜓superscript1𝑗𝑖𝜓𝜌𝜓0(-1)^{ik}[[\phi,\psi],\rho]+(-1)^{kj}[[\rho,\phi],\psi]+(-1)^{ji}[[\psi,\rho],\psi]=0

Preuve.

Pour le 1., on a [ϕ,ψ]=cαβγ(ϕαψβ)Eγ=(1)ijcαβγ(ψαϕβ)Eγ=(1)ij[ψ,ϕ]italic-ϕ𝜓tensor-productsuperscriptsubscript𝑐𝛼𝛽𝛾superscriptitalic-ϕ𝛼superscript𝜓𝛽subscript𝐸𝛾tensor-productsuperscript1𝑖𝑗superscriptsubscript𝑐𝛼𝛽𝛾superscript𝜓𝛼superscriptitalic-ϕ𝛽subscript𝐸𝛾superscript1𝑖𝑗𝜓italic-ϕ[\phi,\psi]=c_{\alpha\beta}^{\gamma}(\phi^{\alpha}\wedge\psi^{\beta})\otimes E_{\gamma}=(-1)^{ij}c_{\alpha\beta}^{\gamma}(\psi^{\alpha}\wedge\phi^{\beta})\otimes E_{\gamma}=(-1)^{ij}[\psi,\phi].
Pour le 2. on obtient l’égalité grâce à l’identité de Jacobi pour 𝔤𝔤\mathfrak{g}. ∎

Théorème 2.4.3.

Soient ϕΩi(P)𝔤italic-ϕtensor-productsuperscriptΩ𝑖𝑃𝔤\phi\in\Omega^{i}(P)\otimes\mathfrak{g} et ψΩj(P)𝔤𝜓tensor-productsuperscriptΩ𝑗𝑃𝔤\psi\in\Omega^{j}(P)\otimes\mathfrak{g}. On a : d[ϕ,ψ]=[dϕ,ψ]+(1)i[ϕ,dψ]𝑑italic-ϕ𝜓𝑑italic-ϕ𝜓superscript1𝑖italic-ϕ𝑑𝜓d[\phi,\psi]=[d\phi,\psi]+(-1)^{i}[\phi,d\psi].

Preuve.

C’est une conséquence directe de d(ϕαψβ)=dϕαψβ+(1)jϕαdψβ𝑑superscriptitalic-ϕ𝛼superscript𝜓𝛽𝑑superscriptitalic-ϕ𝛼superscript𝜓𝛽superscript1𝑗superscriptitalic-ϕ𝛼𝑑superscript𝜓𝛽d(\phi^{\alpha}\wedge\psi^{\beta})=d\phi^{\alpha}\wedge\psi^{\beta}+(-1)^{j}\phi^{\alpha}\wedge d\psi^{\beta}

Différentielle extérieure covariante
Définition 50.

Soit ω𝜔\omega une 111-forme de connexion sur le fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) et αΩk(P)𝔤𝛼tensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑃𝔤\alpha\in\Omega^{k}(P)\otimes\mathfrak{g}. Définissons l’horizontalisée ωHsuperscript𝜔𝐻\omega^{H} de cette k𝑘k-forme 𝔤𝔤\mathfrak{g}-valuée par son action sur k𝑘k champs de vecteurs X1,,Xksubscript𝑋1subscript𝑋𝑘X_{1},...,X_{k}, respectivement de partie horizontale X1H,,XkHsuperscriptsubscript𝑋1𝐻superscriptsubscript𝑋𝑘𝐻X_{1}^{H},...,X_{k}^{H}:

ωH(X1,,Xk)=ω(X1H,,XkH)superscript𝜔𝐻subscript𝑋1subscript𝑋𝑘𝜔superscriptsubscript𝑋1𝐻superscriptsubscript𝑋𝑘𝐻\omega^{H}(X_{1},...,X_{k})=\omega(X_{1}^{H},...,X_{k}^{H})

Autrement dit, on ne s’intéresse qu’au déplacement horizontal, et pas au déplacement dans le fibre !

Définition 51.

Soit αΩk(P)𝔤𝛼tensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑃𝔤\alpha\in\Omega^{k}(P)\otimes\mathfrak{g}. La différentielle extérieure covariante de la k𝑘k-forme α𝛼\alpha est la (k+1)𝑘1(k+1)-forme dHαsuperscript𝑑𝐻𝛼d^{H}\alpha définie par :

dHα(X1,,Xk)=dα(X1H,,XkH)superscript𝑑𝐻𝛼subscript𝑋1subscript𝑋𝑘𝑑𝛼superscriptsubscript𝑋1𝐻superscriptsubscript𝑋𝑘𝐻d^{H}\alpha(X_{1},...,X_{k})=d\alpha(X_{1}^{H},...,X_{k}^{H})
Remarque 22.

La différentielle extérieure covariante dépend de la connexion ω𝜔\omega : dH=dωHsuperscript𝑑𝐻subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔d^{H}=d^{H}_{\omega}. Cependant, gardant ceci en tête, nous omettrons l’indice de connexion pour ne pas alourdir les notations, jusqu’à l’étude des lagrangiens à la fin du chapitre.

Définition 52.

La courbure ΩωsuperscriptΩ𝜔\Omega^{\omega} est la différentielle covariante de la 111-forme de connexion.

Ωω=dHωsuperscriptΩ𝜔superscript𝑑𝐻𝜔\Omega^{\omega}=d^{H}\omega

Cette expression de la courbure n’est pas facile à manier, heureusement, elle s’exprime sous une autre forme beaucoup plus ”pratique”, donnée par l’équation de structure.

Équation de structure

L’équation de structure donne l’égalité :

Ωω=dω+12[ω,ω]superscriptΩ𝜔𝑑𝜔12𝜔𝜔\Omega^{\omega}=d\omega+\frac{1}{2}[\omega,\omega]

Prouvons trois lemmes pour aboutir au résultat.

Lemme 2.4.4.

Soit X𝑋X un champ de vecteurs sur M𝑀M. Il existe un unique champ de vecteur horizontal X~~𝑋\tilde{X} sur P𝑃P tel que πX~=Xsuperscript𝜋~𝑋𝑋\pi^{*}\tilde{X}=X. C’est le relèvement horizontal de X𝑋X (qui est nécessairement G𝐺G-invariant).

Preuve.

La connexion ω𝜔\omega définit une distribution H𝐻H de sous-espaces tangents tels que pour tout pP𝑝𝑃p\in P, on a un isomorphisme entre Hpsubscript𝐻𝑝H_{p} et Tπ(p)Msubscript𝑇𝜋𝑝𝑀T_{\pi(p)}M. Cette distribution est lisse, donc le champ de vecteur sur P𝑃P défini par isomorphisme d’espaces vectoriels de manière ponctuelle, est bien lisse lui aussi.
On a : π(RgX~p)=(πRg)(X~p)=π(X~p)=Xπ(p)subscript𝜋subscript𝑅𝑔subscript~𝑋𝑝subscript𝜋subscript𝑅𝑔subscript~𝑋𝑝subscript𝜋subscript~𝑋𝑝subscript𝑋𝜋𝑝\pi_{*}(R_{g*}\tilde{X}_{p})=(\pi\circ R_{g})_{*}(\tilde{X}_{p})=\pi_{*}(\tilde{X}_{p})=X_{\pi(p)}. Donc RgX~p=X~pgsubscript𝑅𝑔subscript~𝑋𝑝subscript~𝑋𝑝𝑔R_{g*}\tilde{X}_{p}=\tilde{X}_{pg}. ∎

Le lemme suivant montre la stabilité du crochet de Lie par passage au champ de vecteur fondamental invariant à gauche sur P𝑃P associé à un vecteur de 𝔤𝔤\mathfrak{g}.

Lemme 2.4.5.

Soient A𝐴A et B𝐵B dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Alors [A,B]=[A,B]superscript𝐴𝐵superscript𝐴superscript𝐵[A,B]^{*}=[A^{*},B^{*}] en tant que champs de vecteurs sur P𝑃P.

Preuve.

Soit ϕt:PP:subscriptitalic-ϕ𝑡𝑃𝑃\phi_{t}:P\rightarrow P l’application donnée, pour t𝑡t un réel défini sur un voisinage de 00, donné par : ϕt(p)=pexp(tA)subscriptitalic-ϕ𝑡𝑝𝑝𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴\phi_{t}(p)=pexp(tA). ϕitalic-ϕ\phi est le flot du champ de vecteur Asuperscript𝐴A^{*}. Toutes les dérivées étant évaluées en 00, on a :

[A,B]p=ddtϕt1(Bϕt(p))=ddtddsϕt(p)exp(sB)exp(tA)1subscriptsuperscript𝐴superscript𝐵𝑝𝑑𝑑𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑡1superscriptsubscript𝐵subscriptitalic-ϕ𝑡𝑝𝑑𝑑𝑡𝑑𝑑𝑠subscriptitalic-ϕ𝑡𝑝𝑒𝑥𝑝𝑠𝐵𝑒𝑥𝑝superscript𝑡𝐴1[A^{*},B^{*}]_{p}=\frac{d}{dt}\phi_{t*}^{-1}(B_{\phi_{t}(p)}^{*})=\frac{d}{dt}\frac{d}{ds}\phi_{t}(p)exp(sB)exp(tA)^{-1}

donc :

[A,B]p=ddtddspexp(tA)exp(sB)exp(tA)1=ddtddspexp(s𝔄𝔡exp(tA)B)subscriptsuperscript𝐴superscript𝐵𝑝𝑑𝑑𝑡𝑑𝑑𝑠𝑝𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝑒𝑥𝑝𝑠𝐵𝑒𝑥𝑝superscript𝑡𝐴1𝑑𝑑𝑡𝑑𝑑𝑠𝑝𝑒𝑥𝑝𝑠𝔄subscript𝔡𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝐵[A^{*},B^{*}]_{p}=\frac{d}{dt}\frac{d}{ds}pexp(tA)exp(sB)exp(tA)^{-1}=\frac{d}{dt}\frac{d}{ds}pexp(s\mathfrak{Ad}_{exp(tA)}B)

ce qui donne :

[A,B]p=ddspexp(sddt[𝔄𝔡exp(tA)B])=ddspexp(s[A,B])=[A,B]psubscriptsuperscript𝐴superscript𝐵𝑝𝑑𝑑𝑠𝑝𝑒𝑥𝑝𝑠𝑑𝑑𝑡delimited-[]𝔄subscript𝔡𝑒𝑥𝑝𝑡𝐴𝐵𝑑𝑑𝑠𝑝𝑒𝑥𝑝𝑠𝐴𝐵superscriptsubscript𝐴𝐵𝑝[A^{*},B^{*}]_{p}=\frac{d}{ds}pexp(s\frac{d}{dt}[\mathfrak{Ad}_{exp(tA)}B])=\frac{d}{ds}pexp(s[A,B])=[A,B]_{p}^{*}

Lemme 2.4.6.

Soient A𝔤𝐴𝔤A\in\mathfrak{g} et X𝑋X un champ de vecteurs sur M𝑀M. Alors [A,X~]=0superscript𝐴~𝑋0[A^{*},\tilde{X}]=0X~~𝑋\tilde{X} est le relèvement horizontal de X𝑋X.

Preuve.

X~~𝑋\tilde{X} est G𝐺G-invariant donc :

[A,X~]p=ddtϕt1(X~ϕt(p))=ddtX~p=0subscriptsuperscript𝐴~𝑋𝑝𝑑𝑑𝑡superscriptsubscriptitalic-ϕ𝑡1subscript~𝑋subscriptitalic-ϕ𝑡𝑝𝑑𝑑𝑡subscript~𝑋𝑝0[A^{*},\tilde{X}]_{p}=\frac{d}{dt}\phi_{t*}^{-1}(\tilde{X}_{\phi_{t}(p)})=\frac{d}{dt}\tilde{X}_{p}=0

On peut maintenant décliner l’équation de structure. On va faire la preuve dans trois cas particulier, puis nous pourrons conclure par linéarité des différents objets impliqués dans l’équation.

  1. 1.

    Soient X𝑋X et Y𝑌Y deux champs de vecteurs horizontaux sur P𝑃P. On a :

    dω(XH,YH)=dω(X,Y)=dω(X,Y)+[ω(X),ω(Y)]𝑑𝜔superscript𝑋𝐻superscript𝑌𝐻𝑑𝜔𝑋𝑌𝑑𝜔𝑋𝑌𝜔𝑋𝜔𝑌d\omega(X^{H},Y^{H})=d\omega(X,Y)=d\omega(X,Y)+[\omega(X),\omega(Y)]

    car ω(X)=ω(Y)=0𝜔𝑋𝜔𝑌0\omega(X)=\omega(Y)=0.

  2. 2.

    Soient X𝑋X et Y𝑌Y deux champs de vecteurs verticaux sur P𝑃P, G𝐺G-invariants. On peut alors écrire X=A𝑋superscript𝐴X=A^{*} et Y=B𝑌superscript𝐵Y=B^{*}A𝐴A et B𝐵B sont deux vecteurs de 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Alors d’après la formule de la remarque 5, dω(A,B)=A[ω(B)]B[ω(A)]ω([A,B])𝑑𝜔superscript𝐴superscript𝐵superscript𝐴delimited-[]𝜔superscript𝐵superscript𝐵delimited-[]𝜔superscript𝐴𝜔superscript𝐴superscript𝐵d\omega(A^{*},B^{*})=A^{*}[\omega(B^{*})]-B^{*}[\omega(A^{*})]-\omega([A^{*},B^{*}]) et comme ω(B)=B𝜔superscript𝐵𝐵\omega(B^{*})=B et ω(A)=A𝜔superscript𝐴𝐴\omega(A^{*})=A (ce sont des constantes) on a dω(A,B)=ω([A,B])=ω([A,B])=[A,B]=[ω(A),ω(B)]𝑑𝜔superscript𝐴superscript𝐵𝜔superscript𝐴superscript𝐵𝜔superscript𝐴𝐵𝐴𝐵𝜔superscript𝐴𝜔superscript𝐵d\omega(A^{*},B^{*})=-\omega([A^{*},B^{*}])=-\omega([A,B]^{*})=-[A,B]=-[\omega(A^{*}),\omega(B^{*})]. On a aussi prouvé :

    dω(XH,YH)=dω(X,Y)=dω(X,Y)+[ω(X),ω(Y)]𝑑𝜔superscript𝑋𝐻superscript𝑌𝐻𝑑𝜔𝑋𝑌𝑑𝜔𝑋𝑌𝜔𝑋𝜔𝑌d\omega(X^{H},Y^{H})=d\omega(X,Y)=d\omega(X,Y)+[\omega(X),\omega(Y)]
  3. 3.

    On cherche a montrer la formule dans le dernier cas nécessaire, c’est-à-dire où l’un des champs de vecteurs est vertical (on peut le supposer champ fondamental d’un certain vecteur de l’algèbre de Lie) et ou l’autre est horizontal (on peut le supposer relèvement horizontal d’un champ de vecteurs sur la base). Supposons X=A𝑋superscript𝐴X=A^{*} vertical (A𝔤𝐴𝔤A\in\mathfrak{g}) et Y=B~𝑌~𝐵Y=\tilde{B} horizontal.
    dω(A,B~)=A[ω(B~)]B~[ω(A)]ω([A,X~])=0𝑑𝜔superscript𝐴~𝐵superscript𝐴delimited-[]𝜔~𝐵~𝐵delimited-[]𝜔superscript𝐴𝜔superscript𝐴~𝑋0d\omega(A^{*},\tilde{B})=A^{*}[\omega(\tilde{B})]-\tilde{B}[\omega(A^{*})]-\omega([A^{*},\tilde{X}])=0 car ω(B~)=0𝜔~𝐵0\omega(\tilde{B})=0, ω(A)=A𝜔superscript𝐴𝐴\omega(A^{*})=A, et [A,X~]=0superscript𝐴~𝑋0[A^{*},\tilde{X}]=0 d’après les lemmes précédents. On a donc la même égalité qu’avant puisque les deux membres de l’égalité s’annulent.

Comme dit précédemment, le résultat s’étend donc à tous les champs de vecteurs X𝑋X et Y𝑌Y sur P𝑃P. On a montré :

La 222-forme de courbure est donnée par Ωω=dω+12[ω,ω]superscriptΩ𝜔𝑑𝜔12𝜔𝜔\Omega^{\omega}=d\omega+\frac{1}{2}[\omega,\omega]

Voici un théorème dont la preuve est facilitée par cette équation de structure.

Théorème 2.4.7.

Soit gG𝑔𝐺g\in G. On a RgΩω=𝔄𝔡g1Ωωsuperscriptsubscript𝑅𝑔superscriptΩ𝜔𝔄subscript𝔡superscript𝑔1superscriptΩ𝜔R_{g}^{*}\Omega^{\omega}=\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\Omega^{\omega}.

Preuve.

Rgω=𝔄𝔡g1ωsuperscriptsubscript𝑅𝑔𝜔𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔R_{g}^{*}\omega=\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega et Rg[ϕ,ψ]=[Rgϕ,Rgψ]superscriptsubscript𝑅𝑔italic-ϕ𝜓superscriptsubscript𝑅𝑔italic-ϕsuperscriptsubscript𝑅𝑔𝜓R_{g}^{*}[\phi,\psi]=[R_{g}^{*}\phi,R_{g}^{*}\psi] donc

RgΩω=Rgdω+12[Rgω,Rgω]=d(𝔄𝔡g1ω)+12[𝔄𝔡g1ω,𝔄𝔡g1ω]superscriptsubscript𝑅𝑔superscriptΩ𝜔superscriptsubscript𝑅𝑔𝑑𝜔12superscriptsubscript𝑅𝑔𝜔superscriptsubscript𝑅𝑔𝜔𝑑𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔12𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔R_{g}^{*}\Omega^{\omega}=R_{g}^{*}d\omega+\frac{1}{2}[R_{g}^{*}\omega,R_{g}^{*}\omega]=d(\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega)+\frac{1}{2}[\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega,\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}\omega]

donc

RgΩω=𝔄𝔡g1(dω)+12𝔄𝔡g1[ω,ω]superscriptsubscript𝑅𝑔superscriptΩ𝜔𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝑑𝜔12𝔄subscript𝔡superscript𝑔1𝜔𝜔R_{g}^{*}\Omega^{\omega}=\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}(d\omega)+\frac{1}{2}\mathfrak{Ad}_{g^{-1}}[\omega,\omega]

ce qui permet de conclure. ∎

Le théorème suivant (identité de Bianchi) donne l’expression de la différentielle de la 222-forme de courbure. C’est la partie sans champ des équations de Maxwell.

Équation de champ homogène
Théorème 2.4.8 (Identité de Bianchi ou équation de champ homogène).

Si ω𝜔\omega est une 111-forme de connexion sur P𝑃P, de courbure ΩωsuperscriptΩ𝜔\Omega^{\omega}, alors

dHΩω=0superscript𝑑𝐻superscriptΩ𝜔0d^{H}\Omega^{\omega}=0 et même dΩω=[Ωω,ω]𝑑superscriptΩ𝜔superscriptΩ𝜔𝜔d\Omega^{\omega}=[\Omega^{\omega},\omega]

Preuve.
dΩω=d(dω+12[ω,ω])=d2ω+12[dω,ω]12[ω,dω]𝑑superscriptΩ𝜔𝑑𝑑𝜔12𝜔𝜔superscript𝑑2𝜔12𝑑𝜔𝜔12𝜔𝑑𝜔d\Omega^{\omega}=d(d\omega+\frac{1}{2}[\omega,\omega])=d^{2}\omega+\frac{1}{2}[d\omega,\omega]-\frac{1}{2}[\omega,d\omega]

Comme d2ω=0superscript𝑑2𝜔0d^{2}\omega=0 et [ω,dω]=[dω,ω]𝜔𝑑𝜔𝑑𝜔𝜔[\omega,d\omega]=-[d\omega,\omega] :

dΩω=[dω,ω]𝑑superscriptΩ𝜔𝑑𝜔𝜔d\Omega^{\omega}=[d\omega,\omega]

et puisque [[ω,ω],ω]=0𝜔𝜔𝜔0[[\omega,\omega],\omega]=0 :

dΩω=[dω+12[ω,ω],ω]=[Ωω,ω]𝑑superscriptΩ𝜔𝑑𝜔12𝜔𝜔𝜔superscriptΩ𝜔𝜔d\Omega^{\omega}=[d\omega+\frac{1}{2}[\omega,\omega],\omega]=[\Omega^{\omega},\omega]

Comme ω𝜔\omega s’annule sur les vecteurs horizontaux, on a dHΩω=0superscript𝑑𝐻superscriptΩ𝜔0d^{H}\Omega^{\omega}=0. ∎

2.4.4 Expression locale de la courbure sur la base

Soit A𝐴A le potentiel de jauge associé à la connexion ω𝜔\omega via la trivialisation locale TUsubscript𝑇𝑈T_{U}, donc AΩ1(U)𝔤𝐴tensor-productsuperscriptΩ1𝑈𝔤A\in\Omega^{1}(U)\otimes\mathfrak{g}. Si σusubscript𝜎𝑢\sigma_{u} est la section locale de P𝑃P associée à TUsubscript𝑇𝑈T_{U}, A=σuω𝐴superscriptsubscript𝜎𝑢𝜔A=\sigma_{u}^{*}\omega. Définissons de même la courbure localement sur la base par Ωu=σuΩωsubscriptΩ𝑢superscriptsubscript𝜎𝑢superscriptΩ𝜔\Omega_{u}=\sigma_{u}^{*}\Omega^{\omega}.

Théorème 2.4.9.

Ωu=dωu+12[ωu,ωu]subscriptΩ𝑢𝑑subscript𝜔𝑢12subscript𝜔𝑢subscript𝜔𝑢\Omega_{u}=d\omega_{u}+\frac{1}{2}[\omega_{u},\omega_{u}]

Preuve.

ΩU=σu(Ωω)=σu(dω+12[ω,ω])=d(σuω)+12[σu,σu]=dωu+12[ωu,ωu]subscriptΩ𝑈superscriptsubscript𝜎𝑢superscriptΩ𝜔superscriptsubscript𝜎𝑢𝑑𝜔12𝜔𝜔𝑑superscriptsubscript𝜎𝑢𝜔12superscriptsubscript𝜎𝑢superscriptsubscript𝜎𝑢𝑑subscript𝜔𝑢12subscript𝜔𝑢subscript𝜔𝑢\Omega_{U}=\sigma_{u}^{*}(\Omega^{\omega})=\sigma_{u}^{*}(d\omega+\frac{1}{2}[\omega,\omega])=d(\sigma_{u}^{*}\omega)+\frac{1}{2}[\sigma_{u}^{*},\sigma_{u}^{*}]=d\omega_{u}+\frac{1}{2}[\omega_{u},\omega_{u}]

Pour commencer à faire la transition vers l’expression de ces objets dans les fibrés vectoriels associés, considérons une représentation linéaire ρ𝜌\rho du groupe G𝐺G sur un espace vectoriel de dimension finie. Notons encore ρ𝜌\rho le prolongement de la représentation à l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g}. On a alors la caractérisation suivante de [.,.][.,.] :

Théorème 2.4.10.

Soient ϕΩi(M,ρ(𝔤))italic-ϕsuperscriptΩ𝑖𝑀𝜌𝔤\phi\in\Omega^{i}(M,\rho(\mathfrak{g})) et ψΩj(M,ρ(𝔤))𝜓superscriptΩ𝑗𝑀𝜌𝔤\psi\in\Omega^{j}(M,\rho(\mathfrak{g})). On considère ici ϕitalic-ϕ\phi et ψ𝜓\psi comme des matrices de formes différentielles (\mathbb{R}-valuées) sur M𝑀M. Alors :

[ϕ,ψ]=ϕψ(1)ijψϕitalic-ϕ𝜓italic-ϕ𝜓superscript1𝑖𝑗𝜓italic-ϕ[\phi,\psi]=\phi\wedge\psi-(-1)^{ij}\psi\wedge\phi

ϕψitalic-ϕ𝜓\phi\wedge\psi est la multiplication matricielle de ϕitalic-ϕ\phi et ψ𝜓\psi avec les entrées multipliées par le ”wedge” \wedge.

Preuve.

Pour A,Bρ(𝔤)𝐴𝐵𝜌𝔤A,B\in\rho(\mathfrak{g}), on a [A,B]=ABBA𝐴𝐵𝐴𝐵𝐵𝐴[A,B]=AB-BA. Donc :

[ϕ,ψ](X1,,Xi+j)=1i!j!σ(1)σ[ϕ(Xσ(1),,Xσ(i)),ψ(Xσ(i+1),,Xσ(i+j))]italic-ϕ𝜓subscript𝑋1subscript𝑋𝑖𝑗1𝑖𝑗subscript𝜎superscript1𝜎italic-ϕsubscript𝑋𝜎1subscript𝑋𝜎𝑖𝜓subscript𝑋𝜎𝑖1subscript𝑋𝜎𝑖𝑗[\phi,\psi](X_{1},...,X_{i+j})=\frac{1}{i!j!}\sum_{\sigma}(-1)^{\sigma}[\phi(X_{\sigma(1)},...,X_{\sigma(i)}),\psi(X_{\sigma(i+1)},...,X_{\sigma(i+j)})]
[ϕ,ψ](X1,,Xi+j)=(ϕψ(1)ijψϕ)(X1,,Xi+j)italic-ϕ𝜓subscript𝑋1subscript𝑋𝑖𝑗italic-ϕ𝜓superscript1𝑖𝑗𝜓italic-ϕsubscript𝑋1subscript𝑋𝑖𝑗[\phi,\psi](X_{1},...,X_{i+j})=(\phi\wedge\psi-(-1)^{ij}\psi\wedge\phi)(X_{1},...,X_{i+j})

Sous les mêmes hypothèses, on a alors que 12[ω,ω]=ωω12𝜔𝜔𝜔𝜔\frac{1}{2}[\omega,\omega]=\omega\wedge\omega donc :

Ωω=dω+ωωsuperscriptΩ𝜔𝑑𝜔𝜔𝜔\Omega^{\omega}=d\omega+\omega\wedge\omega

et

ΩU=dωU+ωUωUsubscriptΩ𝑈𝑑subscript𝜔𝑈subscript𝜔𝑈subscript𝜔𝑈\Omega_{U}=d\omega_{U}+\omega_{U}\wedge\omega_{U}

Il est important de connaitre l’expression du changement du potentiel de jauge et de la courbure lors d’un changement de choix de jauge.

Théorème 2.4.11.

Soient TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G et TV:π1(V)V×G:subscript𝑇𝑉superscript𝜋1𝑉𝑉𝐺T_{V}:\pi^{-1}(V)\rightarrow V\times G deux trivialisations locales, et guv:UVG:subscript𝑔𝑢𝑣𝑈𝑉𝐺g_{uv}:U\bigcap V\rightarrow G la fonction de transition de l’une à l’autre définie par σv(x)=σu(x)guv(x)subscript𝜎𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑥subscript𝑔𝑢𝑣𝑥\sigma_{v}(x)=\sigma_{u}(x)g_{uv}(x)σusubscript𝜎𝑢\sigma_{u} et σvsubscript𝜎𝑣\sigma_{v} sont les sections locales canoniquement associées, respectivement, à TUsubscript𝑇𝑈T_{U} et TVsubscript𝑇𝑉T_{V}. Alors en notant Ausubscript𝐴𝑢A_{u} et Avsubscript𝐴𝑣A_{v} les potentiels de jauge correspondants, on a, pour YxTxMsubscript𝑌𝑥subscript𝑇𝑥𝑀Y_{x}\in T_{x}M :

Av(Yx)=Lguv(x)1(guv(Yx))+𝔄𝔡guv(x)1(Au(Yx))subscript𝐴𝑣subscript𝑌𝑥subscriptsuperscript𝐿1subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣subscript𝑌𝑥𝔄subscript𝔡subscript𝑔𝑢𝑣superscript𝑥1subscript𝐴𝑢subscript𝑌𝑥A_{v}(Y_{x})=L^{-1}_{g_{uv}(x)*}(g_{uv*}(Y_{x}))+\mathfrak{Ad}_{g_{uv}(x)^{-1}}(A_{u}(Y_{x}))
Preuve.

Soit Y𝑌Y un vecteur tangent à M𝑀M en x𝑥x et γ𝛾\gamma une courbe représentant Y𝑌Y c’est-à-dire telle que γ(0)=Ysuperscript𝛾0𝑌\gamma^{\prime}(0)=Y. Alors (les dérivées étant évaluées en 00) :

σv(Y)=ddtσv(γ(t))=ddt[σu(γ(t))guv(γ(t))]subscript𝜎𝑣𝑌𝑑𝑑𝑡subscript𝜎𝑣𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡delimited-[]subscript𝜎𝑢𝛾𝑡subscript𝑔𝑢𝑣𝛾𝑡\sigma_{v*}(Y)=\frac{d}{dt}\sigma_{v}(\gamma(t))=\frac{d}{dt}[\sigma_{u}(\gamma(t))g_{uv}(\gamma(t))]

qui donne :

σv(Y)=σu(x)ddt[guv(γ(t))]+ddt[σu(γ(t))]guv(x)subscript𝜎𝑣𝑌subscript𝜎𝑢𝑥𝑑𝑑𝑡delimited-[]subscript𝑔𝑢𝑣𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡delimited-[]subscript𝜎𝑢𝛾𝑡subscript𝑔𝑢𝑣𝑥\sigma_{v*}(Y)=\sigma_{u}(x)\frac{d}{dt}[g_{uv}(\gamma(t))]+\frac{d}{dt}[\sigma_{u}(\gamma(t))]g_{uv}(x)

d’où :

σv(Y)=ddt[σv(x)guv(x)1guv(γ(t))]+Rguv(x)σu(Y)=[Lguv(x)1guv(Y)]σv(x)+Rguv(x)σu(Y)subscript𝜎𝑣𝑌𝑑𝑑𝑡delimited-[]subscript𝜎𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣superscript𝑥1subscript𝑔𝑢𝑣𝛾𝑡subscript𝑅subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑌subscriptsuperscriptdelimited-[]subscriptsuperscript𝐿1subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣𝑌subscript𝜎𝑣𝑥subscript𝑅subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑌\sigma_{v*}(Y)=\frac{d}{dt}[\sigma_{v}(x)g_{uv}(x)^{-1}g_{uv}(\gamma(t))]+R_{g_{uv}(x)*}\sigma_{u*}(Y)=[L^{-1}_{g_{uv}(x)*}g_{uv*}(Y)]^{*}_{\sigma_{v}(x)}+R_{g_{uv}(x)*}\sigma_{u*}(Y)

ce qui donne :

ωv(Y)=ω(σvY)=Lguv(x)1guv(Y)+𝔄𝔡guv(x)1ωu(Y)subscript𝜔𝑣𝑌𝜔subscript𝜎𝑣𝑌subscriptsuperscript𝐿1subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣𝑌𝔄subscript𝔡subscript𝑔𝑢𝑣superscript𝑥1subscript𝜔𝑢𝑌\omega_{v}(Y)=\omega(\sigma_{v*}Y)=L^{-1}_{g_{uv}(x)*}g_{uv*}(Y)+\mathfrak{Ad}_{g_{uv}(x)^{-1}}\omega_{u}(Y)

La courbure varie de façon beaucoup plus simple lors d’un changement de section locale :

Théorème 2.4.12.

Sur UV𝑈𝑉U\bigcap V, on a Ωv=𝔄𝔡guv1ΩusubscriptΩ𝑣𝔄subscript𝔡superscriptsubscript𝑔𝑢𝑣1subscriptΩ𝑢\Omega_{v}=\mathfrak{Ad}_{g_{uv}^{-1}}\Omega_{u}. Si le groupe est représenté de manière linéaire sur un espace vectoriel de dimension finie, on a Ωv=guv1ΩuguvsubscriptΩ𝑣superscriptsubscript𝑔𝑢𝑣1subscriptΩ𝑢subscript𝑔𝑢𝑣\Omega_{v}=g_{uv}^{-1}\Omega_{u}g_{uv} (groupe de matrices).

Preuve.

On a vu que :

σv(Y)=[Lguv(x)1guv(Y)]σv(x)+Rguv(x)σu(Y)subscript𝜎𝑣𝑌subscriptsuperscriptdelimited-[]subscriptsuperscript𝐿1subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣𝑌subscript𝜎𝑣𝑥subscript𝑅subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑌\sigma_{v*}(Y)=[L^{-1}_{g_{uv}(x)*}g_{uv*}(Y)]^{*}_{\sigma_{v}(x)}+R_{g_{uv}(x)*}\sigma_{u*}(Y)

Par définition, la 222-forme de courbure est bilinéaire et s’annule si l’un des vecteurs qu’elle prend en argument est vertical. Donc :

Ωv(X,Y)=Ωω(σv(X),σv(Y))=Ωω(Rguv(x)σu(X),Rguv(x)σu(Y))subscriptΩ𝑣𝑋𝑌superscriptΩ𝜔subscript𝜎𝑣𝑋subscript𝜎𝑣𝑌superscriptΩ𝜔subscript𝑅subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑋subscript𝑅subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝜎𝑢𝑌\Omega_{v}(X,Y)=\Omega^{\omega}(\sigma_{v*}(X),\sigma_{v*}(Y))=\Omega^{\omega}(R_{g_{uv}(x)*}\sigma_{u*}(X),R_{g_{uv}(x)*}\sigma_{u*}(Y))

donc :

Ωv(X,Y)=𝔄𝔡guv(x)1Ωu(X,Y)subscriptΩ𝑣𝑋𝑌𝔄subscript𝔡subscript𝑔𝑢𝑣superscript𝑥1subscriptΩ𝑢𝑋𝑌\Omega_{v}(X,Y)=\mathfrak{Ad}_{g_{uv}(x)^{-1}}\Omega_{u}(X,Y)

Enfin, l’identité de Bianchi a pour expression locale, moyennant une trivialisation TU:π1(U)U×G:subscript𝑇𝑈superscript𝜋1𝑈𝑈𝐺T_{U}:\pi^{-1}(U)\rightarrow U\times G :

dΩu=[Ωu,ωu]𝑑subscriptΩ𝑢subscriptΩ𝑢subscript𝜔𝑢d\Omega_{u}=[\Omega_{u},\omega_{u}]

et pour un groupe ’représenté matriciellement’ :

dΩu=ΩuωuωuΩu𝑑subscriptΩ𝑢subscriptΩ𝑢subscript𝜔𝑢subscript𝜔𝑢subscriptΩ𝑢d\Omega_{u}=\Omega_{u}\wedge\omega_{u}-\omega_{u}\wedge\Omega_{u}

Cela provient directement du fait que le crochet de deux formes 𝔤𝔤\mathfrak{g}-valuées est préservé par tiré en arrière.

Remarque 23.

En électromagnétisme, de groupe de jauge abélien U(1)𝑈1U(1), le théorème précédent montre que l’expression de la courbure (c’est-à-dire le tenseur électromagnétique) ne dépend pas du choix de jauge. De plus, comme [Ωu,ωu]=0subscriptΩ𝑢subscript𝜔𝑢0[\Omega_{u},\omega_{u}]=0, l’équation de champ homogène s’écrit juste dΩu=0𝑑subscriptΩ𝑢0d\Omega_{u}=0. Pour des théories de jauge non abéliennes, l’expression de la courbure dépend a priori de la trivialisation locale, et c’est pour cela qu’on considèrera plutôt la courbure comme la 222-forme bien définie sur P𝑃P, plutôt que son pull-back par une section locale. Enfin, La courbure n’est plus une fonction linéaire de la connexion puisque intervient le terme 12[ω,ω]12𝜔𝜔\frac{1}{2}[\omega,\omega]. C’est ce terme qui est à l’origine de l’interaction des bosons de jauge avec eux-même dans les théories quantiques des champs non abéliennes.

2.4.5 Expression de la courbure dans les fibrés vectoriels associés

Dérivée covariante d’une fonction scalaire sur le fibré principal

Soit f𝑓f une fonction lisse de P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) dans \mathbb{R}. Sa différentielle extérieure covariante est :

dHf(X)=df(XH)superscript𝑑𝐻𝑓𝑋𝑑𝑓superscript𝑋𝐻d^{H}f(X)=df(X^{H})

On peut, grâce à la linéarité de l’application linéaire tangente df𝑑𝑓df, réécrire son expression en :

dHf(X)=df(X)dVf(X),XΓ(P)formulae-sequencesuperscript𝑑𝐻𝑓𝑋𝑑𝑓𝑋superscript𝑑𝑉𝑓𝑋𝑋Γ𝑃d^{H}f(X)=df(X)-d^{V}f(X),X\in\Gamma(P)

dVf(X)=df(XV)superscript𝑑𝑉𝑓𝑋𝑑𝑓superscript𝑋𝑉d^{V}f(X)=df(X^{V})

Soit Y𝑌Y un champ de vecteurs local sur M𝑀M en xM𝑥𝑀x\in M.
Moyennant le choix d’une section locale s𝑠s, on peut transporter la différentielle verticale dVsuperscript𝑑𝑉d^{V} sur M𝑀M ; en effet, pour xM𝑥𝑀x\in M:

(s(dVf))x(Yx)=(dVf)s(x)((sY)s(x))=dfs(x)((sY)s(x)V)=dfs(x)((sy)α(X~α)s(x))subscriptsuperscript𝑠superscript𝑑𝑉𝑓𝑥subscript𝑌𝑥subscriptsuperscript𝑑𝑉𝑓𝑠𝑥subscriptsubscript𝑠𝑌𝑠𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥superscriptsubscriptsubscript𝑠𝑌𝑠𝑥𝑉𝑑subscript𝑓𝑠𝑥superscriptsubscript𝑠𝑦𝛼subscriptsubscript~𝑋𝛼𝑠𝑥(s^{*}(d^{V}f))_{x}(Y_{x})=(d^{V}f)_{s(x)}((s_{*}Y)_{s(x)})=df_{s(x)}((s_{*}Y)_{s(x)}^{V})=df_{s(x)}((s_{*}y)^{\alpha}(\tilde{X}_{\alpha})_{s(x)})

(sy)αsuperscriptsubscript𝑠𝑦𝛼(s_{*}y)^{\alpha} est la fonction de 𝒞(P)superscript𝒞𝑃\mathcal{C}^{\infty}(P) coordonnée de sYsubscript𝑠𝑌s_{*}Y selon le champ de vecteur fondamental X~αsubscript~𝑋𝛼\tilde{X}_{\alpha} défini par (X~α)p=RgXαsubscriptsubscript~𝑋𝛼𝑝subscript𝑅𝑔subscript𝑋𝛼(\tilde{X}_{\alpha})_{p}=R_{g*}X_{\alpha}, pour p=(s(x),g)𝑝𝑠𝑥𝑔p=(s(x),g) {Xα}α[|1,n|]\{X_{\alpha}\}_{\alpha\in[|1,n|]}, telle que sY=(sy)αX~αsubscript𝑠𝑌superscriptsubscript𝑠𝑦𝛼subscript~𝑋𝛼s_{*}Y=(s_{*}y)^{\alpha}\tilde{X}_{\alpha}. Donc en prenant xM𝑥𝑀x\in M, p=s(x)=(x,e)P𝑝𝑠𝑥𝑥𝑒𝑃p=s(x)=(x,e)\in P pour la trivialisation locale canoniquement associée à s𝑠s, on a :

(s(dVf))x(Yx)=dfs(x)(ω((sY)s(x)))=dfs(x)((sω)x(Yx))=dfs(x)(Ax(Yx))subscriptsuperscript𝑠superscript𝑑𝑉𝑓𝑥subscript𝑌𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥𝜔subscriptsubscript𝑠𝑌𝑠𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥subscriptsuperscript𝑠𝜔𝑥subscript𝑌𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥subscript𝐴𝑥subscript𝑌𝑥(s^{*}(d^{V}f))_{x}(Y_{x})=df_{s(x)}(\omega((s_{*}Y)_{s(x)}))=df_{s(x)}((s^{*}\omega)_{x}(Y_{x}))=df_{s(x)}(A_{x}(Y_{x}))

A𝐴A est le potentiel de jauge local : A=sω𝐴superscript𝑠𝜔A=s^{*}\omega. Ainsi, en écrivant localement Y=yμμ𝑌superscript𝑦𝜇subscript𝜇Y=y^{\mu}\partial_{\mu} avec μsubscript𝜇\partial_{\mu} les d champs de vecteurs coordonnées sur M𝑀M :

(s(dVf))x(Yx)=dfs(x)(Aμα(x)yμXα)=Aμα(x)yμ(x)dfs(x)(Xα)subscriptsuperscript𝑠superscript𝑑𝑉𝑓𝑥subscript𝑌𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼𝑥superscript𝑦𝜇subscript𝑋𝛼superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼𝑥superscript𝑦𝜇𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥subscript𝑋𝛼(s^{*}(d^{V}f))_{x}(Y_{x})=df_{s(x)}(A_{\mu}^{\alpha}(x)y^{\mu}X_{\alpha})=A_{\mu}^{\alpha}(x)y^{\mu}(x)df_{s(x)}(X_{\alpha})

donc finalement : (dHf)s(x)((sY)s(x))=dfs(x)((sY)s(x))Aμα(x)yμ(x)dfs(x)(Xα)subscriptsuperscript𝑑𝐻𝑓𝑠𝑥subscriptsubscript𝑠𝑌𝑠𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥subscriptsubscript𝑠𝑌𝑠𝑥superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼𝑥superscript𝑦𝜇𝑥𝑑subscript𝑓𝑠𝑥subscript𝑋𝛼(d^{H}f)_{s(x)}((s_{*}Y)_{s(x)})=df_{s(x)}((s_{*}Y)_{s(x)})-A_{\mu}^{\alpha}(x)y^{\mu}(x)df_{s(x)}(X_{\alpha})

Passons à présent à une section v𝑣v d’un fibré P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V vectoriel associé à P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) via la représentation ρ𝜌\rho de G𝐺G, dont nous omettrons dès maintenant la notation. On peut relier de manière canonique cette section v𝑣v de ce fibré associé à une fonction de P𝑃P dans V𝑉V, à condition d’avoir choisi une section locale s𝑠s du fibré principal (c’est-à-dire à condition d’avoir fait un choix de jauge). En effet en écrivant, pour xM𝑥𝑀x\in M,

v(x)=[(s(x),w(x))]𝑣𝑥delimited-[]𝑠𝑥𝑤𝑥v(x)=[(s(x),w(x))]

avec s(x)P𝑠𝑥𝑃s(x)\in P et w(x)V𝑤𝑥𝑉w(x)\in V et [(s(x),w(x))]={(s(x)g,g1w(x)),gG}delimited-[]𝑠𝑥𝑤𝑥𝑠𝑥𝑔superscript𝑔1𝑤𝑥𝑔𝐺[(s(x),w(x))]=\{(s(x)g,g^{-1}w(x)),g\in G\}, il suffit de regarder h:PV:𝑃𝑉h:P\rightarrow V définie par h(p)=g(s(x),g)=g1w(x)𝑝𝑔𝑠𝑥𝑔superscript𝑔1𝑤𝑥h(p)=g(s(x),g)=g^{-1}w(x) si p=s(x)g𝑝𝑠𝑥𝑔p=s(x)g. On peut écrire :

h(pg)=g1h(p)𝑝𝑔superscript𝑔1𝑝h(pg)=g^{-1}h(p)

et en explicitant les indices d’espace vectoriel :

eihi(pg)=ei(g1)jihj(p)subscript𝑒𝑖superscript𝑖𝑝𝑔subscript𝑒𝑖subscriptsuperscriptsuperscript𝑔1𝑖𝑗superscript𝑗𝑝e_{i}h^{i}(pg)=e_{i}(g^{-1})^{i}_{j}h^{j}(p)

{ei}i[|1,n|]\{e_{i}\}_{i\in[|1,n|]} forme une base de V𝑉V. Ces fonction hisuperscript𝑖h^{i}, i[|1,p|]i\in[|1,p|] sont donc définies sur P𝑃P à valeurs dans \mathbb{R} et d’après le calcul précédent, pour un champ de vecteurs Y𝑌Y sur M𝑀M défini localement en xM𝑥𝑀x\in M:

(dHhi)(sY)=dhi(sY)Aμαyμdhpi(Xα)superscript𝑑𝐻superscript𝑖subscript𝑠𝑌𝑑superscript𝑖subscript𝑠𝑌superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼superscript𝑦𝜇𝑑subscriptsuperscript𝑖𝑝subscript𝑋𝛼(d^{H}h^{i})(s_{*}Y)=dh^{i}(s_{*}Y)-A_{\mu}^{\alpha}y^{\mu}dh^{i}_{p}(X_{\alpha})

Soit maintenant un chemin γ=[1,1]G𝛾delimited-[]1.1𝐺\gamma=[-1,1]\rightarrow G tel que γ(0)=e𝛾0𝑒\gamma(0)=e et dγdt(0)=Xα𝑑𝛾𝑑𝑡0subscript𝑋𝛼\frac{d\gamma}{dt}(0)=X_{\alpha}.

dhei(Xα)=ddt|t=0hi(s(x)g(t))=(ddt|t=0g1(t))hi(s(x))dh^{i}_{e}(X_{\alpha})=\frac{d}{dt}_{|t=0}h^{i}(s(x)g(t))=(\frac{d}{dt}_{|t=0}g^{-1}(t))h^{i}(s(x))

Or :

ddt|t=0(g(t)g1(t))=ddt|t=0(Rg1(t)(g(t)))=ddt|t=0(Rg1(t)(e))+Rg1(e)ddt|t=0(g(t))\frac{d}{dt}_{|t=0}(g(t)g^{-1}(t))=\frac{d}{dt}_{|t=0}(R_{g^{-1}(t)}(g(t)))=\frac{d}{dt}_{|t=0}(R_{g^{-1}(t)}(e))+R_{g^{-1}(e)*}\frac{d}{dt}_{|t=0}(g(t))

ce qui donne

ddt|t=0(g(t)g1(t))=ddt|t=0(g1(t))+ddt|t=0(g(t))=0\frac{d}{dt}_{|t=0}(g(t)g^{-1}(t))=\frac{d}{dt}_{|t=0}(g^{-1}(t))+\frac{d}{dt}_{|t=0}(g(t))=0

ce qui montre que ddt|t=0(g1(t))=Xα\frac{d}{dt}_{|t=0}(g^{-1}(t))=-X_{\alpha}. Si on substitue ce résultat dans l’expression de dhei(Xα)𝑑subscriptsuperscript𝑖𝑒subscript𝑋𝛼dh^{i}_{e}(X_{\alpha}), on obtient : dhei(Xα)=(Xα)jihj(s(x))𝑑subscriptsuperscript𝑖𝑒subscript𝑋𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑋𝛼𝑖𝑗superscript𝑗𝑠𝑥dh^{i}_{e}(X_{\alpha})=-(X_{\alpha})^{i}_{j}h^{j}(s(x)), ce qui permet de conclure :

(dHhi)(sY)=dhi(sY)+Aμαyμ(Xα)jihj(s(x))superscript𝑑𝐻superscript𝑖subscript𝑠𝑌𝑑superscript𝑖subscript𝑠𝑌superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼superscript𝑦𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑋𝛼𝑖𝑗superscript𝑗𝑠𝑥(d^{H}h^{i})(s_{*}Y)=dh^{i}(s_{*}Y)+A_{\mu}^{\alpha}y^{\mu}(X_{\alpha})^{i}_{j}h^{j}(s(x))

ou encore, puisque la base (ei)i[|1,n|](e_{i})_{i\in[|1,n|]} est choisie indépendamment de x𝑥x :

(dH(eihi))(sY)=eidhi(sY)+eiAjμihj(s(x))dxμ(yνν)superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖superscript𝑖subscript𝑠𝑌subscript𝑒𝑖𝑑superscript𝑖subscript𝑠𝑌subscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝐴𝑗𝜇𝑖superscript𝑗𝑠𝑥𝑑superscript𝑥𝜇superscript𝑦𝜈subscript𝜈(d^{H}(e_{i}h^{i}))(s_{*}Y)=e_{i}dh^{i}(s_{*}Y)+e_{i}A_{j\mu}^{i}h^{j}(s(x))dx^{\mu}(y^{\nu}\partial_{\nu})

Notons : dH(eihi)=eid(hi)+eiAjihisuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖superscript𝑖subscript𝑒𝑖𝑑superscript𝑖subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗superscript𝑖d^{H}(e_{i}h^{i})=e_{i}d(h^{i})+e_{i}A^{i}_{j}h^{i}

Remarque 24.

Considérons par exemple un spineur de Dirac en électrodynamique quantique. Ce spineur est une section d’un fibré vectoriel P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V réel de dimension 444, associé au fibré principal P=P(M,U(1))𝑃𝑃𝑀𝑈1P=P(M,U(1))M𝑀M est la variété d’espace-temps, via la représentation de U(1)𝑈1U(1) donnée par :

ρ:eiαU(1)eiαid:𝜌superscript𝑒𝑖𝛼𝑈1superscript𝑒𝑖𝛼𝑖𝑑\rho:e^{i\alpha}\in U(1)\rightarrow e^{i\alpha}id

id𝑖𝑑id est la matrice identité 4×4444\times 4. Ca permet de justifier le fait que ce spineur est un objet qui est bien défini au sens de la jauge (il existe,comme un vecteur dans un espace vectoriel). Ayant choisi une jauge locale en x0subscript𝑥0x_{0} s:MG:𝑠𝑀𝐺s:M\rightarrow G, on peut donc écrire les spineurs, pour yM𝑦𝑀y\in M dans un bon voisinage de x0subscript𝑥0x_{0}, comme :

ψ:xMψ(x)V:𝜓𝑥𝑀𝜓𝑥𝑉\psi:x\in M\rightarrow\psi(x)\in V

puisque :

ψ~(x)=[s(x),ψ(x)]~𝜓𝑥𝑠𝑥𝜓𝑥\tilde{\psi}(x)=[s(x),\psi(x)]

puisqu’on connait la ”référence” s𝑠s et qu’on sait que pour un changement de jauge g𝑔g local en x𝑥x : g:xMeiα(x)U(1):𝑔𝑥𝑀superscript𝑒𝑖𝛼𝑥𝑈1g:x\in M\rightarrow e^{i\alpha(x)}\in U(1) telle que la nouvelle jauge locale est s(x)=s(x)eiα(x)superscript𝑠𝑥𝑠𝑥superscript𝑒𝑖𝛼𝑥s^{\prime}(x)=s(x)e^{i\alpha}(x), ψ𝜓\psi varie comme :

ψ(x)=eiαψ(x)superscript𝜓𝑥superscript𝑒𝑖𝛼𝜓𝑥\psi^{\prime}(x)=e^{-i\alpha}\psi(x)

Lorsqu’on a choisi une jauge, la relation entre les sections ψ~~𝜓\tilde{\psi} du fibré associé P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V et les fonctions f𝑓f sur la base M𝑀M, à valeurs dans V𝑉V, et se transformant comme g1fsuperscript𝑔1𝑓g^{-1}\cdot f lors du changement de jauge g𝑔g est biunivoque.

On pose, pour se rapprocher des notations utilisées en physique : ψi(x)=hi(s(x))superscript𝜓𝑖𝑥superscript𝑖𝑠𝑥\psi^{i}(x)=h^{i}(s(x)), ce qui donne :

dH(eiψi)=eidψi+eiAjiψjsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖superscript𝜓𝑖subscript𝑒𝑖𝑑superscript𝜓𝑖subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗superscript𝜓𝑗d^{H}(e_{i}\psi^{i})=e_{i}d\psi^{i}+e_{i}A^{i}_{j}\psi^{j}
Remarque 25.

Cette formule donne : dH(ei)=ejAijsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖d^{H}(e_{i})=e_{j}A^{j}_{i}

Soit ψ𝜓\psi une section quelconque de E𝐸E au voisinage de xM𝑥𝑀x\in M. Localement, ψ𝜓\psi s’écrit ψ(x)=ei(x)ψi(x)𝜓𝑥subscript𝑒𝑖𝑥superscript𝜓𝑖𝑥\psi(x)=e_{i}(x)\psi^{i}(x). Alors :

dH(v)=ejAijψi+eidψi=(ejAiμjψi+eiμψi)dxμsuperscript𝑑𝐻𝑣subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖superscript𝜓𝑖subscript𝑒𝑖𝑑superscript𝜓𝑖subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖𝜇superscript𝜓𝑖subscript𝑒𝑖subscript𝜇superscript𝜓𝑖𝑑superscript𝑥𝜇d^{H}(v)=e_{j}A^{j}_{i}\psi^{i}+e_{i}d\psi^{i}=(e_{j}A^{j}_{i\mu}\psi^{i}+e_{i}\partial_{\mu}\psi^{i})dx^{\mu}

et, en ré-indiçant :

dH(v)=ei(Ajμiψj+μψi)dxμsuperscript𝑑𝐻𝑣subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝜓𝑗subscript𝜇superscript𝜓𝑖𝑑superscript𝑥𝜇d^{H}(v)=e_{i}(A^{i}_{j\mu}\psi^{j}+\partial_{\mu}\psi^{i})dx^{\mu}

On commence à voir apparaître la ’substitution minimale de jauge’ qui apparait en théories quantiques des champs pour assurer l’invariance de jauge du Lagrangien.
On définit la différentielle covariante dans la direction ξ=ξνν𝜉superscript𝜉𝜈subscript𝜈\xi=\xi^{\nu}\partial_{\nu} par :

ξHψ=ei(Ajμiψj+μψi)ξμsubscriptsuperscript𝐻𝜉𝜓subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝜓𝑗subscript𝜇superscript𝜓𝑖superscript𝜉𝜇\partial^{H}_{\xi}\psi=e_{i}(A^{i}_{j\mu}\psi^{j}+\partial_{\mu}\psi^{i})\xi^{\mu}

et on note μHψsubscriptsuperscript𝐻𝜇𝜓\partial^{H}_{\mu}\psi la différentielle covariante de ψ𝜓\psi dans la direction μsubscript𝜇\partial_{\mu}. On a :

μHψ=ei(Ajμiψj+μψi)subscriptsuperscript𝐻𝜇𝜓subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝜓𝑗subscript𝜇superscript𝜓𝑖\partial^{H}_{\mu}\psi=e_{i}(A^{i}_{j\mu}\psi^{j}+\partial_{\mu}\psi^{i})

Pour prendre des notations plus proches de celles employées dans les théories physiques, on pose :

ψ;μi=ψ,μi+Ajμiψj\psi^{i}_{;\mu}=\psi^{i}_{,\mu}+A^{i}_{j\mu}\psi^{j}

ce qui permet d’écrire μHψ=eiψ;μi\partial^{H}_{\mu}\psi=e_{i}\psi^{i}_{;\mu} et où on a adopté la notation ψ,μi=μψi\psi^{i}_{,\mu}=\partial_{\mu}\psi^{i}.

Remarquons enfin que : dH(eiψi)=dH(ei)+eidψisuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖superscript𝜓𝑖superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑖𝑑superscript𝜓𝑖d^{H}(e_{i}\psi^{i})=d^{H}(e_{i})+e_{i}d\psi^{i} ce qui montre que dHsuperscript𝑑𝐻d^{H} est une dérivation pour les sections du fibré associé.

Un champ de particules est une section d’un fibré associé, c’est-à-dire qu’un spineur varie d’une ”bonne manière” lors d’un changement de jauge. Cette invariance est au cœur des théories des interactions. La différentielle de ce spineur doit avoir du sens elle aussi, et par conséquent doit varier de la même façon par changement de jauge.

Lorsqu’on change de jauge avec g:MG:𝑔𝑀𝐺g:M\rightarrow G, le champ varie selon ψ(x)=g(x)1ψ(x)superscript𝜓𝑥𝑔superscript𝑥1𝜓𝑥\psi^{\prime}(x)=g(x)^{-1}\psi(x). On sait que les coefficients de la connexion varient selon :

A(x)=g(x)1A(x)g(x)+g(x)1dg(x)superscript𝐴𝑥𝑔superscript𝑥1𝐴𝑥𝑔𝑥𝑔superscript𝑥1𝑑𝑔𝑥A^{\prime}(x)=g(x)^{-1}A(x)g(x)+g(x)^{-1}dg(x)

Pour alléger, nous écrirons ψ=g1ψsuperscript𝜓superscript𝑔1𝜓\psi^{\prime}=g^{-1}\psi et A=g1Ag+g1dgsuperscript𝐴superscript𝑔1𝐴𝑔superscript𝑔1𝑑𝑔A^{\prime}=g^{-1}Ag+g^{-1}dg mais toutes ces quantités sont bien, comme toujours, définies comme fonctions sur M𝑀M, a priori non constantes. Ainsi :

Théorème 2.4.13.

La différentielle covariante d’un spineur est une 111-forme à valeurs dans le fibré associé, autrement dit, on conserve l’équivariance de jauge.

Preuve.
dH(ψ)=d(g1ψ)+(g1Ag+g1dg)(g1ψ)=(dg1)ψ+g1dψ+g1Aψ+g1(dg)g1ψsuperscript𝑑𝐻superscript𝜓𝑑superscript𝑔1𝜓superscript𝑔1𝐴𝑔superscript𝑔1𝑑𝑔superscript𝑔1𝜓𝑑superscript𝑔1𝜓superscript𝑔1𝑑𝜓superscript𝑔1𝐴𝜓superscript𝑔1𝑑𝑔superscript𝑔1𝜓d^{H}(\psi^{\prime})=d(g^{-1}\psi)+(g^{-1}Ag+g^{-1}dg)(g^{-1}\psi)=(dg^{-1})\psi+g^{-1}d\psi+g^{-1}A\psi+g^{-1}(dg)g^{-1}\psi

Or

d(g1g)=g1dg+(dg1)g=0𝑑superscript𝑔1𝑔superscript𝑔1𝑑𝑔𝑑superscript𝑔1𝑔0d(g^{-1}g)=g^{-1}dg+(dg^{-1})g=0

donc

d(g1)=g1(dg)g1𝑑superscript𝑔1superscript𝑔1𝑑𝑔superscript𝑔1d(g^{-1})=-g^{-1}(dg)g^{-1}

Par conséquent :

dH(g1ψ)=g1dHψsuperscript𝑑𝐻superscript𝑔1𝜓superscript𝑔1superscript𝑑𝐻𝜓d^{H}(g^{-1}\psi)=g^{-1}d^{H}\psi

Remarque 26.

En électrodynamique quantique, on fait la ’substitution minimale’ μ(μ+iqcAμ)subscript𝜇subscript𝜇𝑖𝑞Planck-constant-over-2-pi𝑐subscript𝐴𝜇\partial_{\mu}\rightarrow(\partial_{\mu}+\frac{iq}{\hbar c}A_{\mu}) si bien que le potentiel vecteur est exactement, à un facteur de proportionnalité près, la connexion dans un fibré vectoriel associé à 4×U(1)superscript4𝑈1\mathbb{R}^{4}\times U(1) via la représentation standard de U(1)𝑈1U(1). Quitte à changer d’unités, on peut écrire :

μ(μ+iAμ)subscript𝜇subscript𝜇𝑖subscript𝐴𝜇\partial_{\mu}\rightarrow(\partial_{\mu}+iA_{\mu})

or, pour la représentation déjà évoquée de U(1)𝑈1U(1) sur l’espace des spineurs, la connexion est dans 𝔲(1)iid𝔲1tensor-product𝑖𝑖𝑑\mathfrak{u}(1)\equiv i\mathbb{R}\otimes id. Les coefficients du potentiel vecteur sont donc à un facteur i𝑖i près, les coefficients de connexion.

Loi de transformation des coefficients de connexion

Soit xM𝑥𝑀x\in M. On a vu qu’on pouvait exprimer localement la matrice de connexion dans une base donnée par une famille libre de p𝑝p sections locales en x𝑥x. Soient (ei)subscript𝑒𝑖(e_{i}) et (ei)subscriptsuperscript𝑒𝑖(e^{\prime}_{i}) deux tels choix de sections locales en x𝑥x. Le passage de l’un à l’autre est donné par une fonction Λ:(M,x)Aut(V):Λ𝑀𝑥𝐴𝑢𝑡𝑉\Lambda:(M,x)\rightarrow Aut(V)ΛΛ\Lambda est définie sur un bon voisinage de x𝑥x. Ainsi on aura :

ei=Λijejsubscriptsuperscript𝑒𝑖superscriptsubscriptΛ𝑖𝑗subscript𝑒𝑗e^{\prime}_{i}=\Lambda_{i}^{j}e_{j}

On note Ajisuperscriptsubscript𝐴𝑗𝑖A_{j}^{i} et Ajisuperscriptsubscript𝐴𝑗superscript𝑖A_{j}^{{}^{\prime}i} les coefficients de la matrice de connexion par rapport à ces deux bases. D’une part :

dH(ei)=ejAij=ekΛjkAijsuperscript𝑑𝐻subscriptsuperscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝑒𝑗superscriptsubscript𝐴𝑖superscript𝑗subscript𝑒𝑘subscriptsuperscriptΛ𝑘𝑗subscriptsuperscript𝐴superscript𝑗𝑖d^{H}(e^{\prime}_{i})=e^{\prime}_{j}A_{i}^{{}^{\prime}j}=e_{k}\Lambda^{k}_{j}A^{{}^{\prime}j}_{i}

et d’autre part :

dH(ejΛij)=ekAjkΛij+ekdΛiksuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑗subscriptsuperscriptΛ𝑗𝑖subscript𝑒𝑘subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑗subscriptsuperscriptΛ𝑗𝑖subscript𝑒𝑘𝑑subscriptsuperscriptΛ𝑘𝑖d^{H}(e_{j}\Lambda^{j}_{i})=e_{k}A^{k}_{j}\Lambda^{j}_{i}+e_{k}d\Lambda^{k}_{i}

ce qui donne, sous forme matricielle :

A=Λ1AΛ+Λ1dΛsuperscript𝐴superscriptΛ1𝐴ΛsuperscriptΛ1𝑑ΛA^{\prime}=\Lambda^{-1}A\Lambda+\Lambda^{-1}d\Lambda

Auparavant, on a vu que

Av(Yx)=Lguv(x)1(guv(Yx))+𝔄𝔡guv(x)1(Au(Yx))subscript𝐴𝑣subscript𝑌𝑥subscriptsuperscript𝐿1subscript𝑔𝑢𝑣𝑥subscript𝑔𝑢𝑣subscript𝑌𝑥𝔄subscript𝔡subscript𝑔𝑢𝑣superscript𝑥1subscript𝐴𝑢subscript𝑌𝑥A_{v}(Y_{x})=L^{-1}_{g_{uv}(x)*}(g_{uv*}(Y_{x}))+\mathfrak{Ad}_{g_{uv}(x)^{-1}}(A_{u}(Y_{x}))

et ces formules coïncident parfaitement.

Différentielle covariante des sections-k-formes

On peut montrer que la différentielle covariante est une dérivation et vérifie :

dH(eivμνidxμdxν)=dH(eivμνi)dxμdxνsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝑣𝑖𝜇𝜈𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝑣𝑖𝜇𝜈𝑑superscript𝑥𝜇𝑑superscript𝑥𝜈d^{H}(e_{i}v^{i}_{\mu...\nu}dx^{\mu}\wedge...\wedge dx^{\nu})=d^{H}(e_{i}v^{i}_{\mu...\nu})\wedge dx^{\mu}\wedge...\wedge dx^{\nu}

C’est l’unique dérivation de l’algèbre graduée

Ωk(M)Σ(P×ρV)direct-sumtensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑀Σsubscript𝜌𝑃𝑉\bigoplus\Omega^{k}(M)\otimes\Sigma(P\times_{\rho}V)

Σ(P×ρV)Σsubscript𝜌𝑃𝑉\Sigma(P\times_{\rho}V) est l’ensemble des sections du fibré associé P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V. L’avantage de ce formalisme est de permettre des calculs plus efficaces ; par exemple, soit dHψΩ1(M)Σ(E)superscript𝑑𝐻𝜓tensor-productsuperscriptΩ1𝑀Σ𝐸d^{H}\psi\in\Omega^{1}(M)\otimes\Sigma(E)ψ𝜓\psi est une section d’un fibré vectoriel associé :

dH(eiψ;μidxμ)=dH(eiψ;μi)dxμ=dH(ei)ψ;μidxμ+eid(ψ;μi)dxμd^{H}(e_{i}\psi^{i}_{;\mu}dx^{\mu})=d^{H}(e_{i}\psi^{i}_{;\mu})\wedge dx^{\mu}=d^{H}(e_{i})\psi^{i}_{;\mu}\wedge dx^{\mu}+e_{i}d(\psi^{i}_{;\mu})\wedge dx^{\mu}

donc

dH(eiψ;μidxμ)=ejAiνjψ;μidxνdxμ+eiν(ψ;μi)dxνdxμd^{H}(e_{i}\psi^{i}_{;\mu}dx^{\mu})=e_{j}A_{i\nu}^{j}\psi^{i}_{;\mu}dx^{\nu}\wedge dx^{\mu}+e_{i}\partial_{\nu}(\psi^{i}_{;\mu})dx^{\nu}\wedge dx^{\mu}
dH(eiψ;μidxμ)=eiψ;μ;νidxνdxμd^{H}(e_{i}\psi^{i}_{;\mu}dx^{\mu})=e_{i}\psi^{i}_{;\mu;\nu}dx^{\nu}\wedge dx^{\mu}
Définition de la courbure dans les fibrés associés

On définit l’opérateur de courbure comme F:Σ(E)Ω2(M)Σ(E):𝐹Σ𝐸tensor-productsuperscriptΩ2𝑀Σ𝐸F:\Sigma(E)\rightarrow\Omega^{2}(M)\otimes\Sigma(E) agissant sur les sections de E par : F=(dH)2𝐹superscriptsuperscript𝑑𝐻2F=(d^{H})^{2}.

Théorème 2.4.14.

L’opérateur de courbure est 𝒞(M)superscript𝒞𝑀\mathcal{C}^{\infty}(M)-linéaire

Preuve.

En effet pour ψ𝜓\psi une section du fibré associé et f𝒞(M)𝑓superscript𝒞𝑀f\in\mathcal{C}^{\infty}(M) :

F(fψ)=dH(dH(fψ))=dH(dH(ψ)f+ψdf)𝐹𝑓𝜓superscript𝑑𝐻superscript𝑑𝐻𝑓𝜓superscript𝑑𝐻superscript𝑑𝐻𝜓𝑓𝜓𝑑𝑓F(f\psi)=d^{H}(d^{H}(f\psi))=d^{H}(d^{H}(\psi)f+\psi df)
F(fψ)=F(ψ)fdH(ψ)d(f)+dH(ψ)df+ψd2f𝐹𝑓𝜓𝐹𝜓𝑓superscript𝑑𝐻𝜓𝑑𝑓superscript𝑑𝐻𝜓𝑑𝑓𝜓superscript𝑑2𝑓F(f\psi)=F(\psi)f-d^{H}(\psi)d(f)+d^{H}(\psi)df+\psi d^{2}f

puisque d2f=0superscript𝑑2𝑓0d^{2}f=0 et car pour ϕΩk(M)Σ(P×ρV)italic-ϕtensor-productsuperscriptΩ𝑘𝑀Σsubscript𝜌𝑃𝑉\phi\in\Omega^{k}(M)\otimes\Sigma(P\times_{\rho}V) et ψΩ(M)Σ(P×ρV)𝜓tensor-productΩ𝑀Σsubscript𝜌𝑃𝑉\psi\in\Omega(M)\otimes\Sigma(P\times_{\rho}V) on a

dH(ϕψ)=dH(ϕ)ψ+(1)kϕdH(ψ)superscript𝑑𝐻italic-ϕ𝜓superscript𝑑𝐻italic-ϕ𝜓superscript1𝑘italic-ϕsuperscript𝑑𝐻𝜓d^{H}(\phi\wedge\psi)=d^{H}(\phi)\wedge\psi+(-1)^{k}\phi\wedge d^{H}(\psi)

donc finalement

F(fψ)=fF(ψ)𝐹𝑓𝜓𝑓𝐹𝜓F(f\psi)=fF(\psi)

Calculons les coefficients de l’opérateur de courbure qui est, comme on vient de le montrer, linéaire.

Fei=dH(dHei)=dH(ejAiμjdxμ)=dH(ej)Aiμjdxμ+ejd(Aiμjdxμ)𝐹subscript𝑒𝑖superscript𝑑𝐻superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑖superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑗superscriptsubscript𝐴𝑖𝜇𝑗𝑑superscript𝑥𝜇superscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑗superscriptsubscript𝐴𝑖𝜇𝑗𝑑superscript𝑥𝜇subscript𝑒𝑗𝑑superscriptsubscript𝐴𝑖𝜇𝑗𝑑superscript𝑥𝜇Fe_{i}=d^{H}(d^{H}e_{i})=d^{H}(e_{j}A_{i\mu}^{j}dx^{\mu})=d^{H}(e_{j})\wedge A_{i\mu}^{j}dx^{\mu}+e_{j}d(A_{i\mu}^{j}dx^{\mu})
Fei=ekAjνkAiμjdxνdxμ+ejAiμ,νjdxνdxμ𝐹subscript𝑒𝑖subscript𝑒𝑘superscriptsubscript𝐴𝑗𝜈𝑘superscriptsubscript𝐴𝑖𝜇𝑗𝑑superscript𝑥𝜈𝑑superscript𝑥𝜇subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖𝜇𝜈𝑑superscript𝑥𝜈𝑑superscript𝑥𝜇Fe_{i}=e_{k}A_{j\nu}^{k}A_{i\mu}^{j}dx^{\nu}\wedge dx^{\mu}+e_{j}A^{j}_{i\mu,\nu}dx^{\nu}\wedge dx^{\mu}

Finalement, en notant Fei=Fijej𝐹subscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝐹𝑖𝑗subscript𝑒𝑗Fe_{i}=F_{i}^{j}e_{j} on obtient Fij=d(Aij)+AkjAiksuperscriptsubscript𝐹𝑖𝑗𝑑superscriptsubscript𝐴𝑖𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑘subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑖F_{i}^{j}=d(A_{i}^{j})+A^{j}_{k}\wedge A^{k}_{i}

Équation de structure pour la courbure

Soit σ=eiσμieμ𝜎subscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝜎𝑖𝜇superscript𝑒𝜇\sigma=e_{i}\sigma^{i}_{\mu}e^{\mu} un élément quelconque de Ω1(M)Σ(P×ρV)tensor-productsuperscriptΩ1𝑀Σsubscript𝜌𝑃𝑉\Omega^{1}(M)\otimes\Sigma(P\times_{\rho}V). Ici, (eμ)μ[|1,n|](e^{\mu})_{\mu\in[|1,n|]} est une base locale en x𝑥x du fibré cotangent, avec 12fνρμeνeρ=deμ12subscriptsuperscript𝑓𝜇𝜈𝜌superscript𝑒𝜈superscript𝑒𝜌𝑑superscript𝑒𝜇\frac{1}{2}f^{\mu}_{\nu\rho}e^{\nu}\wedge e^{\rho}=de^{\mu} Alors :

dHσ=ej(σμ;νj12σρjfνμρ)eνeμsuperscript𝑑𝐻𝜎subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝜎𝑗𝜇𝜈12subscriptsuperscript𝜎𝑗𝜌subscriptsuperscript𝑓𝜌𝜈𝜇superscript𝑒𝜈superscript𝑒𝜇d^{H}\sigma=e_{j}(\sigma^{j}_{\mu;\nu}-\frac{1}{2}\sigma^{j}_{\rho}f^{\rho}_{\nu\mu})e^{\nu}\wedge e^{\mu}

(il faut rajouter le terme eiψ;μideμe_{i}\psi^{i}_{;\mu}de^{\mu} au calcul semblable précédent) et

dHσ(eτ,eu)=ej(σμ;νj12σρjfνμρ)(δτνδuμδuνδτμ)=ej(σu;τjστ;ujσρjfτuρ)superscript𝑑𝐻𝜎subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝑢subscript𝑒𝑗subscriptsuperscript𝜎𝑗𝜇𝜈12subscriptsuperscript𝜎𝑗𝜌subscriptsuperscript𝑓𝜌𝜈𝜇subscriptsuperscript𝛿𝜈𝜏subscriptsuperscript𝛿𝜇𝑢subscriptsuperscript𝛿𝜈𝑢subscriptsuperscript𝛿𝜇𝜏subscript𝑒𝑗superscriptsubscript𝜎𝑢𝜏𝑗superscriptsubscript𝜎𝜏𝑢𝑗superscriptsubscript𝜎𝜌𝑗superscriptsubscript𝑓𝜏𝑢𝜌d^{H}\sigma(e_{\tau},e_{u})=e_{j}(\sigma^{j}_{\mu;\nu}-\frac{1}{2}\sigma^{j}_{\rho}f^{\rho}_{\nu\mu})(\delta^{\nu}_{\tau}\delta^{\mu}_{u}-\delta^{\nu}_{u}\delta^{\mu}_{\tau})=e_{j}(\sigma_{u;\tau}^{j}-\sigma_{\tau;u}^{j}-\sigma_{\rho}^{j}f_{\tau u}^{\rho})

ce qui donne

dHσ(eτ,eu)=deτHσ(eu)deuHσ(eτ)σ([eτ,eu])superscript𝑑𝐻𝜎subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝑢subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝜏𝜎subscript𝑒𝑢subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑢𝜎subscript𝑒𝜏𝜎subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝑢d^{H}\sigma(e_{\tau},e_{u})=d^{H}_{e_{\tau}}\sigma(e_{u})-d^{H}_{e_{u}}\sigma(e_{\tau})-\sigma([e_{\tau},e_{u}])

Si comme avant, on a σ=dHψ𝜎superscript𝑑𝐻𝜓\sigma=d^{H}\psi, alors :

Fτuψ=Fψ(eτ,eu)=deτHdeuHψdeuHdeτHψd[eτ,eu]Hψsubscript𝐹𝜏𝑢𝜓𝐹𝜓subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝑢subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝜏subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑢𝜓subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝑢subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝜏𝜓subscriptsuperscript𝑑𝐻subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝑢𝜓F_{\tau u}\psi=F\psi(e_{\tau},e_{u})=d^{H}_{e_{\tau}}d^{H}_{e_{u}}\psi-d^{H}_{e_{u}}d^{H}_{e_{\tau}}\psi-d^{H}_{[e_{\tau},e_{u}]}\psi

donc : Fμν=[dμH,dνH]d[μ,ν]Hsubscript𝐹𝜇𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇𝜈F_{\mu\nu}=[d^{H}_{\mu},d^{H}_{\nu}]-d^{H}_{[\mu,\nu]}

Identité de Bianchi pour la courbure

De la même façon que dans les fibrés principaux, l’identité de Bianchi s’obtient à partir de l’équation de structure :

dF=d(dA+AA)𝑑𝐹𝑑𝑑𝐴𝐴𝐴dF=d(dA+A\wedge A)

donne

dF=d2(A)+dAAAdA𝑑𝐹superscript𝑑2𝐴𝑑𝐴𝐴𝐴𝑑𝐴dF=d^{2}(A)+dA\wedge A-A\wedge dA

et puisque F=dA+AA𝐹𝑑𝐴𝐴𝐴F=dA+A\wedge A :

dF=FAAF𝑑𝐹𝐹𝐴𝐴𝐹dF=F\wedge A-A\wedge F

Si le groupe est abélien, on arrive juste à dF=0𝑑𝐹0dF=0 c’est-à-dire la première équation de Maxwell.

Expression plus familière (pour les théories physiques) des coefficients de courbure

L’équation de structure de la courbure donne :

Fμν=[dμH,dνH]d[μ,ν]Hsubscript𝐹𝜇𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇𝜈F_{\mu\nu}=[d^{H}_{\mu},d^{H}_{\nu}]-d^{H}_{[\mu,\nu]}

Si (eμ)subscript𝑒𝜇(e_{\mu}) est un repère local en x𝑥x, on a donc :

Fμν=[dμH,dνH]subscript𝐹𝜇𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈F_{\mu\nu}=[d^{H}_{\mu},d^{H}_{\nu}]

Soit vV𝑣𝑉v\in V, alors :

Fμνv=dμH(dνHv)dνH(dμHv)subscript𝐹𝜇𝜈𝑣subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈𝑣subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇𝑣F_{\mu\nu}v=d^{H}_{\mu}(d^{H}_{\nu}v)-d^{H}_{\nu}(d^{H}_{\mu}v)

Or :

(dμH(dνHv))i=μ(dνHv)i+Ajμi(dνHv)jsuperscriptsubscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈𝑣𝑖subscript𝜇superscriptsubscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈𝑣𝑖subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscriptsubscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈𝑣𝑗(d^{H}_{\mu}(d^{H}_{\nu}v))^{i}=\partial_{\mu}(d^{H}_{\nu}v)^{i}+A^{i}_{j\mu}(d^{H}_{\nu}v)^{j}

et en développant :

(dμH(dνHv))i=μνvi+μ(Ajμivj)+Ajμiνvj+AjμiAτνjvτsuperscriptsubscriptsuperscript𝑑𝐻𝜇subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜈𝑣𝑖subscript𝜇subscript𝜈superscript𝑣𝑖subscript𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝑣𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇subscript𝜈superscript𝑣𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑗𝜏𝜈superscript𝑣𝜏(d^{H}_{\mu}(d^{H}_{\nu}v))^{i}=\partial_{\mu}\partial_{\nu}v^{i}+\partial_{\mu}(A^{i}_{j\mu}v^{j})+A^{i}_{j\mu}\partial_{\nu}v^{j}+A^{i}_{j\mu}A^{j}_{\tau\nu}v^{\tau}

Le calcul donne :

(Fμνv)i=(μAjνi)vj(νAjμi)vj+(AkμiAjνkAkνiAjμi)vjsuperscriptsubscript𝐹𝜇𝜈𝑣𝑖subscript𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜈superscript𝑣𝑗subscript𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝑣𝑗subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑗𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇superscript𝑣𝑗(F_{\mu\nu}v)^{i}=(\partial_{\mu}A^{i}_{j\nu})v^{j}-(\partial_{\nu}A^{i}_{j\mu})v^{j}+(A^{i}_{k\mu}A^{k}_{j\nu}-A^{i}_{k\nu}A^{i}_{j\mu})v^{j}

Rappelons que :

A=AμαXαdxμ=Akμieiejdxμ𝐴subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscript𝑋𝛼𝑑superscript𝑥𝜇tensor-productsubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscript𝑒𝑖superscript𝑒𝑗𝑑superscript𝑥𝜇A=A^{\alpha}_{\mu}X_{\alpha}dx^{\mu}=A^{i}_{k\mu}e_{i}\otimes e^{j}\otimes dx^{\mu}

avec Akμi=Aμα(Xα)kisubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑋𝛼𝑖𝑘A^{i}_{k\mu}=A^{\alpha}_{\mu}(X_{\alpha})^{i}_{k}. On peut écrire :

AkμiAjνkAkνiAjμi=Aμα(Tα)kiAνβ(Tβ)jkAνγ(Tγ)kiAμδ(Tδ)jksubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑗𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛼𝑖𝑘subscriptsuperscript𝐴𝛽𝜈subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛽𝑘𝑗subscriptsuperscript𝐴𝛾𝜈subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛾𝑖𝑘subscriptsuperscript𝐴𝛿𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛿𝑘𝑗A^{i}_{k\mu}A^{k}_{j\nu}-A^{i}_{k\nu}A^{i}_{j\mu}=A^{\alpha}_{\mu}(T_{\alpha})^{i}_{k}A^{\beta}_{\nu}(T_{\beta})^{k}_{j}-A^{\gamma}_{\nu}(T_{\gamma})^{i}_{k}A^{\delta}_{\mu}(T_{\delta})^{k}_{j}

d’où :

AkμiAjνkAkνiAjμi=AμαAνβ(TαTβ)jiAνβAμα(TβTα)jisubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑗𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛽𝜈subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛼subscript𝑇𝛽𝑖𝑗subscriptsuperscript𝐴𝛽𝜈subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛽𝑇𝛼𝑖𝑗A^{i}_{k\mu}A^{k}_{j\nu}-A^{i}_{k\nu}A^{i}_{j\mu}=A^{\alpha}_{\mu}A^{\beta}_{\nu}(T_{\alpha}T_{\beta})^{i}_{j}-A^{\beta}_{\nu}A^{\alpha}_{\mu}(T_{\beta}T\alpha)^{i}_{j}

et :

AkμiAjνkAkνiAjμi=AμαAνβ[Tα,Tβ]ji=AμαAνβ(fαβγTγ)jisubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑘𝑗𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑘𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛽𝜈subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛼subscript𝑇𝛽𝑖𝑗subscriptsuperscript𝐴𝛼𝜇subscriptsuperscript𝐴𝛽𝜈subscriptsuperscriptsuperscriptsubscript𝑓𝛼𝛽𝛾subscript𝑇𝛾𝑖𝑗A^{i}_{k\mu}A^{k}_{j\nu}-A^{i}_{k\nu}A^{i}_{j\mu}=A^{\alpha}_{\mu}A^{\beta}_{\nu}[T_{\alpha},T_{\beta}]^{i}_{j}=A^{\alpha}_{\mu}A^{\beta}_{\nu}(f_{\alpha\beta}^{\gamma}T_{\gamma})^{i}_{j}

donc finalement :

(Fij)kl=μAiμjνAiμj+AμαAνβfαβγ(Tγ)ijsubscriptsuperscriptsubscript𝐹𝑖𝑗𝑘𝑙subscript𝜇subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖𝜇subscript𝜈subscriptsuperscript𝐴𝑗𝑖𝜇superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼superscriptsubscript𝐴𝜈𝛽superscriptsubscript𝑓𝛼𝛽𝛾subscriptsuperscriptsubscript𝑇𝛾𝑗𝑖(F_{i}^{j})_{kl}=\partial_{\mu}A^{j}_{i\mu}-\partial_{\nu}A^{j}_{i\mu}+A_{\mu}^{\alpha}A_{\nu}^{\beta}f_{\alpha\beta}^{\gamma}(T_{\gamma})^{j}_{i}

ou encore :

Fμνγ=μAνγνAμγ+AμαAνβfαβγsubscriptsuperscript𝐹𝛾𝜇𝜈subscript𝜇superscriptsubscript𝐴𝜈𝛾subscript𝜈superscriptsubscript𝐴𝜇𝛾superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼superscriptsubscript𝐴𝜈𝛽superscriptsubscript𝑓𝛼𝛽𝛾F^{\gamma}_{\mu\nu}=\partial_{\mu}A_{\nu}^{\gamma}-\partial_{\nu}A_{\mu}^{\gamma}+A_{\mu}^{\alpha}A_{\nu}^{\beta}f_{\alpha\beta}^{\gamma}

2.4.6 Lagrangiens et invariance de jauge

Dans cette partie, nous allons définir ce qu’est un lagrangien, en termes de fibrés associés, puis nous donnerons une version ”géométrique” des idées qui sont en fait à l’origine de l’introduction des connexions en physique. Considérons toujours avec le fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) à qui est associé un fibré vectoriel P×ρVsubscript𝜌𝑃𝑉P\times_{\rho}V via la représentation ρ𝜌\rho de G𝐺G sur un espace vectoriel V𝑉V. Au lieu de regarder exactement des sections du fibré associé, nous utiliserons des fonctions lisses f𝑓f définies sur P𝑃P et à valeur dans V𝑉V, telles que :

gG,f(pg)=g1f(p)formulae-sequencefor-all𝑔𝐺𝑓𝑝𝑔superscript𝑔1𝑓𝑝\forall g\in G,\ f(pg)=g^{-1}f(p)

Notons 𝒞(P,V)𝒞𝑃𝑉\mathcal{C}(P,V) l’espace de ces fonctions. Il est clair qu’il y a un isomorphisme (non canonique puisqu’il faut choisir une jauge) entre 𝒞(P,V)𝒞𝑃𝑉\mathcal{C}(P,V) et l’ensemble des sections du fibré associé, ce qui rend cette approche équivalente à celle par des fibrés associés. Posons également la notation Ω¯k(P,V)superscript¯Ω𝑘𝑃𝑉\overline{\Omega}^{k}(P,V) pour les k𝑘k-formes sur P𝑃P à valeurs dans V𝑉V qui vérifient une telle propriété d’équivariance.

Définition du lagrangien
Définition 53.

L’espace de 111-jets des applications de P𝑃P dans V𝑉V est

J(P,V)={(p,v,θ),pP,vV,θ(TpP,V)}J(P,V)=\{(p,v,\theta),p\in P,v\in V,\theta\in\mathcal{L}(T_{p}P,V)\}

J(P,V)𝐽𝑃𝑉J(P,V) est muni d’une structure canonique de variété.

Définition 54.

Un lagrangien est une application

L:J(P,V):𝐿𝐽𝑃𝑉L:J(P,V)\rightarrow\mathbb{R}

tel que pour tous (p,v,θ)J(P,V)𝑝𝑣𝜃𝐽𝑃𝑉(p,v,\theta)\in J(P,V) et pour gG𝑔𝐺g\in G, on ait

L(p,v,θ)=L(pg,g1v,g1θRg)𝐿𝑝𝑣𝜃𝐿𝑝𝑔superscript𝑔1𝑣superscript𝑔1𝜃subscript𝑅𝑔L(p,v,\theta)=L(pg,g^{-1}v,g^{-1}\theta\circ R_{g*})
Théorème 2.4.15.

Soit un lagrangien L:J(P,V):𝐿𝐽𝑃𝑉L:J(P,V)\rightarrow\mathbb{R}. Il existe une fonction

𝔏0:𝒞(P,V)𝒞(M):subscript𝔏0𝒞𝑃𝑉superscript𝒞𝑀\mathfrak{L}_{0}:\mathcal{C}(P,V)\rightarrow\mathcal{C}^{\infty}(M)

définie, pour xM𝑥𝑀x\in M, ψ𝒞(P,V)𝜓𝒞𝑃𝑉\psi\in\mathcal{C}(P,V) et pP𝑝𝑃p\in P avec π(p)=x𝜋𝑝𝑥\pi(p)=x, par :

𝔏0(ψ)(x)=L(p,ψ(p),dψp)subscript𝔏0𝜓𝑥𝐿𝑝𝜓𝑝𝑑subscript𝜓𝑝\mathfrak{L}_{0}(\psi)(x)=L(p,\psi(p),d\psi_{p})
Remarque 27.

La définition du lagrangien montre que moyennant un choix de jauge, le lagrangien est une fonction bien définie sur la base et sur des sections du fibré associé. C’est simplement une approche moins générale, mais équivalente dès que le choix a été fait.

On dira qu’un lagrangien L:J(P,V):𝐿𝐽𝑃𝑉L:J(P,V)\rightarrow\mathbb{R} est G𝐺G-invariant si :

L(p,gv,gθ)=L(p,v,θ)𝐿𝑝𝑔𝑣𝑔𝜃𝐿𝑝𝑣𝜃L(p,g\cdot v,g\cdot\theta)=L(p,v,\theta)

Presque tous les lagrangiens rencontrés dans des théories physiques sont G𝐺G-invariants.

Invariance de jauge du lagrangien et dérivée covariante

Cette section fait écho à l’introduction de ce chapitre, dans laquelle nous avons commencé à faire émerger l’idée de dérivée covariante pour l’établissement de l’électrodynamique quantique. Nous allons voir que la fonction :

𝔏0:𝒞(P,V)𝒞(M):subscript𝔏0𝒞𝑃𝑉superscript𝒞𝑀\mathfrak{L}_{0}:\mathcal{C}(P,V)\rightarrow\mathcal{C}^{\infty}(M)

n’est pas forcément bien définie au sens de la jauge, et comment l’utilisation de dérivées covariantes résout ce problème.

Soit f𝑓f un automorphisme de jauge, c’est-à-dire une fonction lisse de P𝑃P dans P𝑃P telle que :

pP,gG,f(pg)=f(p)gformulae-sequencefor-all𝑝𝑃formulae-sequencefor-all𝑔𝐺𝑓𝑝𝑔𝑓𝑝𝑔\forall p\in P,\ \forall g\in G,\ f(pg)=f(p)g

f est canoniquement reliée à une fonction τ𝜏\tau de P𝑃P dans G𝐺G :

τ(pg)=g1τ(p)g𝜏𝑝𝑔superscript𝑔1𝜏𝑝𝑔\tau(pg)=g^{-1}\tau(p)g

par la relation f(p):pτ(p):𝑓𝑝𝑝𝜏𝑝f(p):p\tau(p) puisqu’alors :

f(pg)=pgτ(pg)=pgg1τ(p)g=pτ(p)g=f(p)g𝑓𝑝𝑔𝑝𝑔𝜏𝑝𝑔𝑝𝑔superscript𝑔1𝜏𝑝𝑔𝑝𝜏𝑝𝑔𝑓𝑝𝑔f(pg)=pg\tau(pg)=pgg^{-1}\tau(p)g=p\tau(p)g=f(p)g

Remarquons que

fψ(p)=ψ(f(p))=ψ(pτ(p))=τ(p)1ψ(p)superscript𝑓𝜓𝑝𝜓𝑓𝑝𝜓𝑝𝜏𝑝𝜏superscript𝑝1𝜓𝑝f^{*}\psi(p)=\psi(f(p))=\psi(p\tau(p))=\tau(p)^{-1}\psi(p)

autrement dit fψ=τ1superscript𝑓𝜓superscript𝜏1f^{*}\psi=\tau^{-1}. On veut calculer d(τ1ψ)p𝑑subscriptsuperscript𝜏1𝜓𝑝d(\tau^{-1}\psi)_{p}. Soit XTpP𝑋subscript𝑇𝑝𝑃X\in T_{p}P et γ:P:𝛾𝑃\gamma:\mathbb{R}\rightarrow P tel que γ(0)=Xsuperscript𝛾0𝑋\gamma^{\prime}(0)=X. Dans le calcul les dérivées sont toujours évaluées en 0.

d(τ1ψ)(X)=ddtτ1(γ(t))ψ(γ(t))=ddtτ1(p)ψ(γ(t))+ddtτ1(γ(t))ψ(p)𝑑superscript𝜏1𝜓𝑋𝑑𝑑𝑡superscript𝜏1𝛾𝑡𝜓𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡superscript𝜏1𝑝𝜓𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡superscript𝜏1𝛾𝑡𝜓𝑝d(\tau^{-1}\psi)(X)=\frac{d}{dt}\tau^{-1}(\gamma(t))\psi(\gamma(t))=\frac{d}{dt}\tau^{-1}(p)\psi(\gamma(t))+\frac{d}{dt}\tau^{-1}(\gamma(t))\psi(p)
d(τ1ψ)(X)=τ1(p)dψ(X)+ddtτ1(γ(t))τ(p)τ1(p)ψ(p)𝑑superscript𝜏1𝜓𝑋superscript𝜏1𝑝𝑑𝜓𝑋𝑑𝑑𝑡superscript𝜏1𝛾𝑡𝜏𝑝superscript𝜏1𝑝𝜓𝑝d(\tau^{-1}\psi)(X)=\tau^{-1}(p)d\psi(X)+\frac{d}{dt}\tau^{-1}(\gamma(t))\tau(p)\tau^{-1}(p)\psi(p)
d(τ1ψ)(X)=τ1(p)dψ(X)+Rτ(p)(τ1)p(X)τ(p)1ψ(p)𝑑superscript𝜏1𝜓𝑋superscript𝜏1𝑝𝑑𝜓𝑋subscript𝑅𝜏𝑝subscriptsuperscript𝜏1absent𝑝𝑋𝜏superscript𝑝1𝜓𝑝d(\tau^{-1}\psi)(X)=\tau^{-1}(p)d\psi(X)+R_{\tau(p)*}(\tau^{-1})_{*p}(X)\tau(p)^{-1}\psi(p)

donc finalement :

d(τ1ψ)p=τ1(p)dψ(p)+Rτ(p)(τ1)pτ(p)1ψ(p)𝑑subscriptsuperscript𝜏1𝜓𝑝superscript𝜏1𝑝𝑑𝜓𝑝subscript𝑅𝜏𝑝subscriptsuperscript𝜏1absent𝑝𝜏superscript𝑝1𝜓𝑝d(\tau^{-1}\psi)_{p}=\tau^{-1}(p)d\psi(p)+R_{\tau(p)*}(\tau^{-1})_{*p}\tau(p)^{-1}\psi(p)

Par conséquent : 𝔏0(fψ)(x)=L(p,(fψ)(p),d(fψ)p)subscript𝔏0superscript𝑓𝜓𝑥𝐿𝑝superscript𝑓𝜓𝑝𝑑subscript𝑓𝜓𝑝\mathfrak{L}_{0}(f^{*}\psi)(x)=L(p,(f^{*}\psi)(p),d(f*\psi)_{p}) donne :

𝔏0(fψ)(x)=L(p,τ1(p)ψ(p),τ1(p)dψ(p)+Rτ(p)(τ1)pτ(p)1ψ(p))subscript𝔏0superscript𝑓𝜓𝑥𝐿𝑝superscript𝜏1𝑝𝜓𝑝superscript𝜏1𝑝𝑑𝜓𝑝subscript𝑅𝜏𝑝subscriptsuperscript𝜏1absent𝑝𝜏superscript𝑝1𝜓𝑝\mathfrak{L}_{0}(f^{*}\psi)(x)=L(p,\tau^{-1}(p)\psi(p),\tau^{-1}(p)d\psi(p)+R_{\tau(p)*}(\tau^{-1})_{*p}\tau(p)^{-1}\psi(p))

Autrement dit, on n’a pas forcément 𝔏0(ψ)=𝔏0(f1ψ)subscript𝔏0𝜓subscript𝔏0superscript𝑓1𝜓\mathfrak{L}_{0}(\psi)=\mathfrak{L}_{0}(f^{-1*}\psi) !

Définition 55.

Soit L:J(P,V):𝐿𝐽𝑃𝑉L:J(P,V)\rightarrow\mathbb{R} un lagrangien. Soit 𝒞𝒞\mathcal{C} l’espace des connexions sur P. Définissons :

𝔏:C(P,V)×𝒞𝒞(M):𝔏𝐶𝑃𝑉𝒞superscript𝒞𝑀\mathfrak{L}:C(P,V)\times\mathcal{C}\rightarrow\mathcal{C}^{\infty}(M)

par :

xM,pπ1(x),ψC(P,V),ω𝒞,𝔏(ψ,ω)(x)=L(p,ψ(p),dωHψp)formulae-sequencefor-all𝑥𝑀formulae-sequence𝑝superscript𝜋1𝑥formulae-sequence𝜓𝐶𝑃𝑉formulae-sequence𝜔𝒞𝔏𝜓𝜔𝑥𝐿𝑝𝜓𝑝subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝\forall x\in M,\ p\in\pi^{-1}(x),\ \psi\in C(P,V),\ \omega\in\mathcal{C},\ \mathfrak{L}(\psi,\omega)(x)=L(p,\psi(p),d^{H}_{\omega}\psi_{p})

Vérifions que 𝔏𝔏\mathfrak{L} est bien défini. Par définition,

dωHψΩ1(P,V)subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔𝜓superscriptΩ1𝑃𝑉d^{H}_{\omega}\psi\in\Omega^{1}(P,V)

et comme on l’a déjà vu sous une forme légèrement différente,

Rg(dωHψpg)=g1dωHψpsuperscriptsubscript𝑅𝑔subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝𝑔superscript𝑔1subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝R_{g}^{*}(d^{H}_{\omega}\psi_{pg})=g^{-1}d^{H}_{\omega}\psi_{p}

puisque

Rg(dψ)H=(Rgdψ)H=(d(Rgψ))H=(g1dψ)H=g1dωHψsuperscriptsubscript𝑅𝑔superscript𝑑𝜓𝐻superscriptsuperscriptsubscript𝑅𝑔𝑑𝜓𝐻superscript𝑑superscriptsubscript𝑅𝑔𝜓𝐻superscriptsuperscript𝑔1𝑑𝜓𝐻superscript𝑔1subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔𝜓R_{g}^{*}(d\psi)^{H}=(R_{g}^{*}d\psi)^{H}=(d(R_{g}^{*}\psi))^{H}=(g^{-1}d\psi)^{H}=g^{-1}d^{H}_{\omega}\psi

donc

L(pg,ψ(pg),dωHψpg)=L(pg,g1ψ,g1dωHψpRg1)𝐿𝑝𝑔𝜓𝑝𝑔subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝𝑔𝐿𝑝𝑔superscript𝑔1𝜓superscript𝑔1subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝subscript𝑅superscript𝑔1L(pg,\psi(pg),d^{H}_{\omega}\psi_{pg})=L(pg,g^{-1}\psi,g^{-1}d^{H}_{\omega}\psi_{p}\circ R_{g^{-1}*})

ce qui donne bien le résultat voulu.

Lemme 2.4.16.

Soit f𝑓f un automorphisme de jauge (f(pg)=f(p)g)𝑓𝑝𝑔𝑓𝑝𝑔(f(pg)=f(p)g) et si τ:PG,τ(pg)=g1τ(p)g:𝜏formulae-sequence𝑃𝐺𝜏𝑝𝑔superscript𝑔1𝜏𝑝𝑔\tau:P\rightarrow G,\ \tau(pg)=g^{-1}\tau(p)g est canoniquement associé à f𝑓f par la relation f(p)=τ(p)𝑓𝑝𝜏𝑝f(p)=\tau(p), pour XTpP𝑋subscript𝑇𝑝𝑃X\in T_{p}P, on a

f(X)=(Lτ(p)1τ(X))f(p)+Rτ(p)(X)subscript𝑓𝑋subscriptsuperscriptsubscriptsuperscript𝐿1𝜏𝑝subscript𝜏𝑋𝑓𝑝subscript𝑅𝜏𝑝𝑋f_{*}(X)=(L^{-1}_{\tau(p)*}\tau_{*}(X))^{*}_{f(p)}+R_{\tau(p)*}(X)
Preuve.

Soit γ𝛾\gamma une courbe représentant X𝑋X. Les dérivées étant évaluées en 00 :

f(X)=ddtf(γ(t))=ddtγ(t)τ(γ(t))=ddtpτ(p)τ(p)1τ(γ(t))+ddtRτ(p)(γ(t))subscript𝑓𝑋𝑑𝑑𝑡𝑓𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡𝛾𝑡𝜏𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡𝑝𝜏𝑝𝜏superscript𝑝1𝜏𝛾𝑡𝑑𝑑𝑡subscript𝑅𝜏𝑝𝛾𝑡f_{*}(X)=\frac{d}{dt}f(\gamma(t))=\frac{d}{dt}\gamma(t)\tau(\gamma(t))=\frac{d}{dt}p\tau(p)\tau(p)^{-1}\tau(\gamma(t))+\frac{d}{dt}R_{\tau(p)}(\gamma(t))
f(X)=ddtf(p)τ(p)1τ(γ(t))+Rτ(p)(γ(t))subscript𝑓𝑋𝑑𝑑𝑡𝑓𝑝𝜏superscript𝑝1𝜏𝛾𝑡subscript𝑅𝜏𝑝𝛾𝑡f_{*}(X)=\frac{d}{dt}f(p)\tau(p)^{-1}\tau(\gamma(t))+R_{\tau(p)*}(\gamma(t))

Une conséquence directe de ce lemme est que si ϕitalic-ϕ\phi est une k-forme sur P𝑃P V𝑉V-valuée, et si f est un automorphisme de jauge associé à τ𝜏\tau comme dans le lemme, on a

fϕ=τ1ϕsuperscript𝑓italic-ϕsuperscript𝜏1italic-ϕf^{*}\phi=\tau^{-1}\phi
Théorème 2.4.17.

Si L𝐿L est G𝐺G-invariant, 𝔏𝔏\mathfrak{L} est invariant de jauge, au sens suivant : Si f𝑓f est un automorphisme de jauge, alors :

𝔏(fψ,fω)=𝔏(ψ,ω)𝔏superscript𝑓𝜓superscript𝑓𝜔𝔏𝜓𝜔\mathfrak{L}(f^{*}\psi,f^{*}\omega)=\mathfrak{L}(\psi,\omega)
Preuve.
𝔏(fψ,fω)(x)=L(p,(fψ)(p),f(dψp+ωpψ(p)))𝔏superscript𝑓𝜓superscript𝑓𝜔𝑥𝐿𝑝superscript𝑓𝜓𝑝superscript𝑓𝑑subscript𝜓𝑝subscript𝜔𝑝𝜓𝑝\mathfrak{L}(f^{*}\psi,f^{*}\omega)(x)=L(p,(f^{*}\psi)(p),f^{*}(d\psi_{p}+\omega_{p}\psi(p)))

d’où :

𝔏(fψ,fω)(x)=L(p,(fψ)(p),τ(p)1dωHψp)𝔏superscript𝑓𝜓superscript𝑓𝜔𝑥𝐿𝑝superscript𝑓𝜓𝑝𝜏superscript𝑝1subscriptsuperscript𝑑𝐻𝜔subscript𝜓𝑝\mathfrak{L}(f^{*}\psi,f^{*}\omega)(x)=L(p,(f^{*}\psi)(p),\tau(p)^{-1}d^{H}_{\omega}\psi_{p})

et par G-invariance de L :

𝔏(fψ,fω)(x)=𝔏(ψ,ω)(x)𝔏superscript𝑓𝜓superscript𝑓𝜔𝑥𝔏𝜓𝜔𝑥\mathfrak{L}(f^{*}\psi,f^{*}\omega)(x)=\mathfrak{L}(\psi,\omega)(x)

2.4.7 Le principe de moindre action

Soient toujours le fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) de groupe structural G𝐺G, et ρ:GGL(V):𝜌𝐺𝐺𝐿𝑉\rho:G\rightarrow GL(V) une représentation de G𝐺G. Soit hh une métrique sur M𝑀M variété d’espace-temps, qu’on suppose orientée pour qu’il y ait une forme volume μ𝜇\mu bien définie associée à hh. Soit L𝐿L un lagrangien G𝐺G-invariant, et ω𝜔\omega une connexion fixée.

Définition 56.

Soit U𝑈U un ouvert de M𝑀M d’adhérence compacte. Soit ψC(P,V)𝜓𝐶𝑃𝑉\psi\in C(P,V). L’action de ψ𝜓\psi sur U𝑈U est :

𝔖Uω(ψ)=U𝔏ω(ψ)μsuperscriptsubscript𝔖𝑈𝜔𝜓subscript𝑈superscript𝔏𝜔𝜓𝜇\mathfrak{S}_{U}^{\omega}(\psi)=\int_{U}\mathfrak{L}^{\omega}(\psi)\mu\ \in\mathbb{R}
Définition 57 (Principe de moindre action).

Soit ψ𝒞(P,V)𝜓𝒞𝑃𝑉\psi\in\mathcal{C}(P,V). On dit que ψ𝜓\psi est stationnaire pour 𝔏ωsuperscript𝔏𝜔\mathfrak{L}^{\omega} si pour tout ouvert U𝑈U de M𝑀M à support compact, et pour tout σ𝒞(P,V)𝜎𝒞𝑃𝑉\sigma\in\mathcal{C}(P,V) dont l’image du support par la projection canonique est dans U𝑈U, on a :

ddt𝔖Uω(ψ+tσ)|t=0\frac{d}{dt}\mathfrak{S}_{U}^{\omega}(\psi+t\sigma)_{|t=0}
Remarque 28.

Il est possible de montrer, à condition d’introduire de la structure sur l’espace V𝑉V, en particulier une métrique, l’équivalence entre : ψ𝜓\psi vérifie le principe de moindre action et : ψ𝜓\psi vérifie l’équation d’Euler-Lagrange :

δH(L(dHψ))+Lψ=0superscript𝛿𝐻𝐿superscript𝑑𝐻𝜓𝐿𝜓0\delta^{H}(\frac{\partial L}{\partial(d^{H}\psi)})+\frac{\partial L}{\partial\psi}=0

où on définit L(dHψ)𝐿superscript𝑑𝐻𝜓\frac{\partial L}{\partial(d^{H}\psi)} comme une 1-forme sur P𝑃P à valeurs dans V𝑉V telle que L(dHψ)Rg=g1L(dHψ)𝐿superscript𝑑𝐻𝜓subscript𝑅𝑔superscript𝑔1𝐿superscript𝑑𝐻𝜓\frac{\partial L}{\partial(d^{H}\psi)}\circ R_{g*}=g^{-1}\frac{\partial L}{\partial(d^{H}\psi)}, où δHsuperscript𝛿𝐻\delta^{H}, définie grâce à l’étoile de Hodge généralisée, est la codifférentielle covariante qui transforme les k𝑘k-formes sur P𝑃P en (k1)𝑘1(k-1)-formes sur P𝑃P, et où Lψ𝐿𝜓\frac{\partial L}{\partial\psi} est dans 𝒞(P,V)𝒞𝑃𝑉\mathcal{C}(P,V).

On arrive après quelques manipulations, aux équations de champ inhomogènes : définissons

𝔏self:𝒞𝒞(M):subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓𝒞superscript𝒞𝑀\mathfrak{L}_{self}:\mathcal{C}\rightarrow\mathcal{C}^{\infty}(M)

la self-action d’une connexion, par

𝔏self(ω)=12(h¯k)(Ωω,Ωω)subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓𝜔12¯𝑘superscriptΩ𝜔superscriptΩ𝜔\mathfrak{L}_{self}(\omega)=-\frac{1}{2}(\overline{h}k)(\Omega^{\omega},\Omega^{\omega})

à l’aide d’une métrique h¯¯\overline{h} sur M𝑀M et d’une métrique k𝑘k sur 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Si L𝐿L est un lagrangien, l’action combinée de ψ𝜓\psi et ω𝜔\omega est définie par :

(𝔏+𝔏self)(ψ,ω)=𝔏(ψ,ω)+𝔏self(ω)𝔏subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓𝜓𝜔𝔏𝜓𝜔subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓𝜔(\mathfrak{L}+\mathfrak{L}_{self})(\psi,\omega)=\mathfrak{L}(\psi,\omega)+\mathfrak{L}_{self}(\omega)

Si on généralise le principe de moindre action en disant que la paire (ψ,ω)𝜓𝜔(\psi,\omega) est stationnaire pour (𝔏+𝔏self)𝔏subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓(\mathfrak{L}+\mathfrak{L}_{self}) si, pour tout ouvert U𝑈U de M𝑀M à support compact, pour tout σ𝒞(P,V)𝜎𝒞𝑃𝑉\sigma\in\mathcal{C}(P,V) et pour toute forme τΩ¯1(P,𝔤)𝜏superscript¯Ω1𝑃𝔤\tau\in\overline{\Omega}^{1}(P,\mathfrak{g}), on a :

ddt|t=0U(𝔏+𝔏self)(ψ+tσ,ω+tτ)μ=0\frac{d}{dt}_{|t=0}\int_{U}(\mathfrak{L}+\mathfrak{L}_{self})(\psi+t\sigma,\omega+t\tau)\mu=0

ce qui permet en passant de dire que la structure de l’espace de connexions 𝒞𝒞\mathcal{C} sur P est un espace affine, pour lequel l’espace vectoriel sous-jacent est l’espace des 1-formes sur P à valeurs dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} équivariantes pour la jauge. On arrive alors au théorème suivant :

Théorème 2.4.18.

La paire (ψ,ω)𝜓𝜔(\psi,\omega) est stationnaire pour (𝔏+𝔏self)𝔏subscript𝔏𝑠𝑒𝑙𝑓(\mathfrak{L}+\mathfrak{L}_{self}) si et seulement si les deux conditions suivantes sont vérifiées :

  1. 1.

    δH(L(dHψ))+Lψ=0superscript𝛿𝐻𝐿superscript𝑑𝐻𝜓𝐿𝜓0\delta^{H}(\frac{\partial L}{\partial(d^{H}\psi)})+\frac{\partial L}{\partial\psi}=0

  2. 2.

    δHΩω=Jω(ψ)superscript𝛿𝐻superscriptΩ𝜔superscript𝐽𝜔𝜓\delta^{H}\Omega^{\omega}=J^{\omega}(\psi)

Jω(ψ)superscript𝐽𝜔𝜓J^{\omega}(\psi) est la courant associé à la paire (ψ,ω)𝜓𝜔(\psi,\omega)

Chapitre 3 Théorie électrofaible et boson BEH

Après avoir présenté la structure des théories de jauge de manière générale, nous allons en prendre un cas particulier afin de dériver le modèle standard électrofaible (ou modèle de Glashow - Salam - Weinberg). De la même manière que l’histoire de l’apparition des concepts permet de mieux saisir les idées profondes des théories de jauge, le modèle standard électrofaible est indissociable des développements historiques qui y ont mené. Nous présentons tout d’abord les points les plus importants qui ont marqué la découverte puis l’étude de cette interaction fondamentale, puis nous dériverons la théorie à partir des idées du chapitre précédent - c’est-à-dire que nous prendrons comme postulat de base que la théorie électrofaible a une structure de jauge, de groupe structural SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1). Enfin, nous présenterons les idées actuelles qui visent à dépasser ce modèle standard de la physique des particules : les théories ”Beyond the Standard Model” (BSM) et les conséquences qu’elles ont sur les quantités mesurables.

”Or, pour l’esprit scientifique, tracer nettement une frontière, c’est déjà la dépasser.” (G. Bachelard)

3.1 Contexte historique et construction de la théorie physique

3.1.1 La découverte de l’interaction faible et le postulat du neutrino

Henri Becquerel découvre la radioactivité en 1896. La formulation de ses résultats dans les comptes rendus de l’Académie des Sciences du 24 février 1896 est restée célèbre. Voici comment il décrit ses travaux :
”On enveloppe une plaque photographique Lumière, au gélatinobromure, avec deux feuilles de papier noir très épais, tel que la plaque ne se voile pas par une exposition au Soleil, durant une journée. On pose sur la feuille de papier, à l’extérieur, une plaque de la substance phosphorescente, et l’on expose le tout au Soleil, pendant plusieurs heures. Lorsqu’on développe ensuite la plaque photographique, on reconnaît que la silhouette de la substance phosphorescente apparaît en noir sur le cliché. Si l’on interpose entre la substance phosphorescente et le papier une pièce de monnaie, ou un écran métallique percé d’un dessin à jour, on voit l’image dè ces objets apparaître sur le cliché. On peut répéter les mêmes expériences en interposant entre la substance phosphorescente et le papier une mince lame de verre, ce qui exclut la possibilité d’une action chimique due à des vapeurs qui pourraient émaner de la substance échauffée par les rayons solaires. On doit donc conclure de ces expériences que la substance phosphorescente en question émet des radiations qui traversent le papier opaque à la lumière et réduisent les sels d’argent.”
La radioactivité a ensuite été observée par Pierre et Marie Curie dans le thorium, et dans des ”nouveaux” éléments : le polonium et le radium.

En 1899, Rutherford classe la radioactivité en deux catégories différentes, en se basant sur la pénétrabilité des émissions : la radioactivité alpha, stoppée par de minces feuilles de papier ou d’aluminium, et la radioactivité bêta, pouvant pénétrer plusieurs millimètres d’aluminium.

En 1900, Paul Villard découvre des radiations encore plus pénétrantes que Rutherford identifie en 1903 à un nouveau type d’émissions, appelées rayons gamma.

Toujours en 1900, Becquerel prouve que les particules émises par radioactivité bêta sont des électrons, en mesurant le quotient de leur masse par leur charge. Un an plus tard, Rutherford et Frédéric Soddy montrent que la radioactivité bêta implique la transmutation des atomes impliqués, en atomes d’un autre élément chimique. Après plus d’analyses, en 1913, Soddy et Kazimierz Fajans proposent indépendamment leur loi de déplacement par radioactivité, qui relie la radioactivité bêta à un déplacement d’une case à droite dans le tableau périodique, et la radioactivité alpha à un déplacement de deux cases à gauche.

En 1914, James Chadwick étudie le spectre énergétique de l’électron émis par radioactivité bêta. Compte tenu de la récente théorie de la relativité restreinte, il attend un pic correspondant à l’énergie de différence de masse entre le noyau avant désintégration et le noyau après désintégration. Or voilà qu’il mesure un spectre continu, qui s’étend d’environ zéro jusqu’à cette valeur de différence de masse, comme si de l’énergie était perdue durant la désintégration. Un autre problème est la conservation du moment angulaire : par exemple, le spin du noyau N714superscriptsubscript𝑁714{}^{14}_{7}N est un entier, contrairement à ce que prévoit la désintégration

C614714N+esubscriptsuperscript147superscriptsubscript𝐶614𝑁superscript𝑒{}^{14}_{6}C\rightarrow^{14}_{7}N+e^{-}

Ces résultats alors inexplicables sont confirmés par de nombreuses expériences entre 1920 et 1927.

La révolution vient d’une lettre écrite par Pauli en 1930, pleine d’humour, où il suggère, presque en s’excusant d’une telle hypothèse, qu’une petite particule neutre, de petite masse (moins de 1% de la masse du proton), et contenue dans le noyau tout comme les protons et les électrons, pourrait être émise durant la désintégration. Il la baptise neutron.

Refer to caption
Figure 3.1: Début de la lettre de Pauli

En 1932, après la découverte de ce qui est appelé aujourd’hui neutron par J. Chadwick en étudiant les travaux des Joliot-Curie, Fermi renomme (en accord avec Pauli) la particule de Pauli neutrino, ou petit neutron[12].

3.1.2 La théorie de Fermi

En 1933, Fermi propose une théorie de contact à quatre fermions de l’interaction faible, qui explique la radioactivité bêta. Son article est refusé par le journal Nature ; il publie donc en italien, et son article n’est traduit en anglais qu’en 1968 par Fred Wilson[13]. Cette théorie est révolutionnaire, dans la mesure où il s’agit d’une théorie quantique des champs : ni l’électron ni le neutrino ne préexistent dans le noyau, il faut donc pouvoir faire apparaître et disparaitre des particules.

Refer to caption
Figure 3.2: Diagramme de Feynman de la désintégration du neutron dans la théorie de Fermi

La théorie de Fermi est en fait très générale, on peut suivre le même état d’esprit et dériver une théorie de Fermi des interactions faibles entre leptons (plus proche de l’approche que nous allons suivre tout à l’heure). Dans cette théorie, le hamiltonien d’interaction s’écrit (avec quelques anachronismes) :

I(F)=G2Jα(x)Jα(x)superscriptsubscript𝐼𝐹𝐺2superscript𝐽𝛼𝑥superscriptsubscript𝐽𝛼𝑥\mathcal{H}_{I}^{(F)}=\frac{G}{\sqrt{2}}J^{\alpha}(x)J_{\alpha}^{\dagger}(x)

avec

Jα(x)=lψ¯l(x)γα(1γ5)ψνl(x)subscript𝐽𝛼𝑥subscript𝑙subscript¯𝜓𝑙𝑥subscript𝛾𝛼1subscript𝛾5subscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑥J_{\alpha}(x)=\sum_{l}\overline{\psi}_{l}(x)\gamma_{\alpha}(1-\gamma_{5})\psi_{\nu_{l}}(x)

et

Jα(x)=lψ¯νl(x)γα(1γ5)ψl(x)superscriptsubscript𝐽𝛼𝑥subscript𝑙subscript¯𝜓subscript𝜈𝑙𝑥subscript𝛾𝛼1subscript𝛾5subscript𝜓𝑙𝑥J_{\alpha}^{\dagger}(x)=\sum_{l}\overline{\psi}_{\nu_{l}}(x)\gamma_{\alpha}(1-\gamma_{5})\psi_{l}(x)

où la sommation porte sur les différentes familles de leptons.

En effet, les données expérimentales semblent montrer que seules ces combinaisons des champs entrent dans l’expression de l’interaction. Pour la désintégration du muon par exemple, la théorie de Fermi donne un processus du premier ordre qu’on peut représenter par le diagramme de Feynman suivant :

Refer to caption
Figure 3.3: Diagramme de Feynman de la désintégration du muon, dans la théorie de Fermi

Cependant, la théorie de Fermi est une approximation de basse énergie d’une théorie plus large, encore à découvrir. Aujourd’hui, on sait que l’interaction est transmise par des particules massives ; il est possible de montrer que la théorie de Fermi correspond à la limite de la théorie IVB (voir ci-dessous) où on considère que les bosons vecteurs sont infiniment lourds. Aux échelles d’énergies accessibles à l’époque, cette approximation est excellente (le projet Manhattan a reposé en entier sur cette théorie, et le résultat montre bien que les idées de Fermi permettaient de décrire les interactions faibles avec une grande précision, du moins à ces échelles d’énergie).

3.1.3 L’idée de bosons vecteurs, la découverte du muon et du pion

En 1935, Yukawa, en étudiant l’interaction forte, prédit l’existence d’une particule médiatrice ; il estime sa masse à partir de la portée de cette interaction : 100 MeV. Il l’appelle méson (du grec mésos qui signifie intermédiaire), puisque sa masse est comprise entre celle de l’électron (0,51 MeV) et celle du nucléon (0,94 GeV).

En 1936, alors qu’ Anderson et Neddermeyer étudient les rayons cosmiques afin d’y trouver le méson π𝜋\pi prédit par le modèle de Yukawa, ils observent une particule de masse 106 MeV qu’ils appellent mésotron. L’existence de cette particule est confirmée par Street et Stevenson dans une chambre à bulle, un an plus tard.

Cependant, elle ne semble pas participer à l’interaction forte ; par exemple, elle a une très grande pénétrabilité dans la matière.

Le véritable méson π𝜋\pi est découvert en 1947 par Cecil F. Powell, toujours dans les rayons cosmiques, dans une chambre à bulles installée sur les sommets de la Cordillère des Andes. Il a quant’à lui les propriétés prédites par Yukawa.

Le mésotron est alors renommé en méson μ𝜇\mu. Lors de l’élaboration du modèle standard dans les années 70, le terme méson a été assigné aux particules formées d’un quark et d’un anti-quark, comme le π𝜋\pi, qu’on appelle désormais méson π𝜋\pi, ou pion, et qui forme un triplet d’isospin fort πsuperscript𝜋\pi^{-}, π+superscript𝜋\pi^{+} et π0superscript𝜋0\pi^{0}. Ainsi, le méson μ𝜇\mu, qui est un lepton (du grec leptos : faible) puisqu’il n’est pas constitué de quarks, et a été renommé muon.

L’idée que les interactions faibles sont dues à l’échange de bosons massifs semble avoir été proposée par Klein en 1938 [14].

3.1.4 L’énigme ΘτΘ𝜏\Theta-\tau

En 1949, Powell identifie deux nouvelles particules cosmiques, l’une qu’il appelle méson τ+superscript𝜏\tau^{+} (ce n’est pas le lepton τ𝜏\tau) et qui se désintègre en trois pions selon :

τ+π+π+πsuperscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋superscript𝜋\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{+}\pi^{-}

et l’autre qu’il nomme Θ+superscriptΘ\Theta^{+}, qui se désintègre en deux pions selon :

Θ+π+π0superscriptΘsuperscript𝜋superscript𝜋0\Theta^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{0}

Le calcul des propriétés de ces particules montrent qu’elles sont indistinguables si ce n’est par leur mode de désintégration. Cela ne pose pas de problème en soi puisqu’il pourrait s’agir de deux désintégrations différentes de la même particule. Cependant, la conservation de la parité semble alors violée : en effet la parité du π𝜋\pi étant (1)1(-1), le système de deux pions a une parité paire tandis que la système de trois pions une parité impaire. Par conséquent, il ne peut pas s’agir de la même particule.

Lors d’un séminaire à Rochester en avril 1956, la question est évoquée et discutée par (entre autres) Feynman, Block, Lee et Yang. Lee et Yang proposent notamment leur idée de ”parity doubling”, selon laquelle certaines particules peuvent exister dans deux états de parité différente. Les différentes interventions mènent à une sorte de tremblement de terre : et si la conservation de la parité n’était pas une loi fondamentale ? Cette idée, vraiment révolutionnaire puisque la conservation de la parité avait été observée avec un très grand degré de précision dans les interactions électromagnétiques et fortes, et n’avait encore jamais été mise en défaut, a mené au célèbre papier de Lee et Yang [15] : Question of Parity Conservation in Weak Interactions, dans lequel ils proposent une expérience permettant de tirer la question au clair, en étudiant la désintégration du C60osuperscript𝐶60𝑜{}^{60}Co. Madame Wu, à l’université de Berkeley, réalise cette expérience en 1957 pourtant difficile sur le plan technique, et observe bien la violation de la symétrie de parité comme cela avait été suggéré [16]. L’interaction faible, pour laquelle on commence à peine à obtenir des données expérimentales, semble bien contre intuitive…

3.1.5 Des avancées majeures en physique des neutrinos

De 1953 à 1956, Cowan et Reines tentent un expérience (qui aboutit en 1956) qui vise à montrer que le neutrino est bien une particule libre. En utilisant le flux (alors hypothétique) d’antineutrinos produits par un réacteur nucléaire (5.1013superscript510135.10^{13} antineutrinos par seconde), le but était de faire interagir les particules (s’il en était) avec des protons de l’eau d’une ”piscine” selon la réaction :

ν¯e+pn+e+subscript¯𝜈𝑒𝑝𝑛superscript𝑒\overline{\nu}_{e}+p\rightarrow n+e^{+}

décrite par :

Refer to caption
Figure 3.4: Diagramme de Feynman de l’interaction anti-neutrino/proton dans la théorie de Fermi

suivie peu après de

e++e2γsuperscript𝑒superscript𝑒2𝛾e^{+}+e^{-}\rightarrow 2\gamma

calculé grâce au diagramme :

Refer to caption
Figure 3.5: Diagramme de Feynman à l’ordre le plus bas de l’annihilation positron-électron en électrodynamique quantique

Les photons ainsi produits ayant une énergie considérable, il est possible de les détecter en utilisant des scintillateurs, qui produisent des douches de photons moins énergétiques dont on mesure l’énergie totale à l’aide de photomultiplicateurs. En fait cette expérience n’était pas assez concluante, et du cadmium (qui est un très bon absorbeur de neutrons) a à terme été utilisé pour obtenir davantage d’informations mais le principe de l’expérience reste identique :

n+108Cd109Cd109Cd+γsuperscript109superscript108𝑛𝐶𝑑𝐶superscript𝑑superscript109𝐶𝑑𝛾n+^{108}Cd\rightarrow^{109}Cd^{*}\rightarrow^{109}Cd+\gamma

Les résultats ont été publiés en 1956 [17], et Reines a reçu en 1995 le prix Nobel de physique en leurs noms (Cowan a disparu en 1974).

3.1.6 La théorie IVB leptonique

L’apparition de la théorie IVB

L’idée de cette théorie est de décrire les interactions faibles comme un échange de bosons vecteurs massifs. Schwinger achève la structure de cette théorie en 1957. Nous allons la présenter de manière un peu différente, puisqu’en 1957 manquaient de très nombreuses particules (comme le neutrino muonique par exemple) avec lesquelles nous sommes aujourd’hui familiers, et parce qu’il est simple est satisfaisant d’utiliser et de mettre en valeur la symétrie existant entre les trois familles de leptons e𝑒e, μ𝜇\mu et τ𝜏\tau. On suppose donc connus le neutrino muonique, découvert en 1962 grâce à l’étude de la désintégration du muon

μe+ν¯e+νμsuperscript𝜇superscript𝑒subscript¯𝜈𝑒subscript𝜈𝜇\mu^{-}\rightarrow e^{-}+\overline{\nu}_{e}+\nu_{\mu}

ainsi que le lepton τ𝜏\tau découvert par Perl (qui d’ailleurs a reçu la deuxième moitié du prix Nobel de 1995 pour cette contribution) grâce à des collisions ee+superscript𝑒superscript𝑒e^{-}e^{+} à l’accélérateur SLAC de Stanford [18]. Voici l’abstract de cet article : ”We have found events of the form e++ee+μsuperscript𝑒superscript𝑒𝑒𝜇e^{+}+e^{-}\rightarrow e+\mu+missing energy, in which no other charged particles or photons are detected. Most of these events are detected at or above a center-of-mass energy of 4 GeV. The missing-energy and missing-momentum spectra require that at least two additional particles be produced in each event. We have no conventional explanation for these events.” L’explication est alors apparue comme :

e++eτ++τe+μ+4νsuperscript𝑒superscript𝑒superscript𝜏superscript𝜏𝑒𝜇4𝜈e^{+}+e^{-}\rightarrow\tau^{+}+\tau^{-}\rightarrow e+\mu+4\nu

la masse du τ𝜏\tau, maintenant mesurée précisément vers 1777 GeV, explique l’échelle d’énergie de la résonance. Le neutrino tauique n’a été véritablement observé qu’en 2000 par la collaboration DONUT de Fermilab, cependant l’expérience LEP du CERN a pu montrer dès 1990 qu’il n’existait qu’au plus trois familles de neutrinos légers.

Rappelons qu’en électrodynamique quantique, le hamiltonien d’interaction s’écrit :

QED(x)=eψ¯(x)γαψ(x)Aα(x)subscript𝑄𝐸𝐷𝑥𝑒¯𝜓𝑥superscript𝛾𝛼𝜓𝑥subscript𝐴𝛼𝑥\mathcal{H}_{QED}(x)=-e\overline{\psi}(x)\gamma^{\alpha}\psi(x)A_{\alpha}(x)

qu’on peut réécrire en :

QED(x)=(e)JαAαsubscript𝑄𝐸𝐷𝑥𝑒superscript𝐽𝛼subscript𝐴𝛼\mathcal{H}_{QED}(x)=(-e)J^{\alpha}A_{\alpha}

Jα=ψ¯(x)γαψ(x)superscript𝐽𝛼¯𝜓𝑥superscript𝛾𝛼𝜓𝑥J^{\alpha}=\overline{\psi}(x)\gamma^{\alpha}\psi(x)

est le courant spinoriel conservé de l’équation de Dirac. Autrement dit, le hamiltonien d’interaction est le produit du courant par le champ de jauge, celui qui transporte la force, moyennant une constante de couplage (e)𝑒(-e) adimensionnée (on est dans un système d’unité adaptée ou c=1𝑐1c=1 et =1Planck-constant-over-2-pi1\hbar=1 mais la constante de structure fine, proportionnelle à e2superscript𝑒2e^{2}, est bien adimensionnée). En 1957, les quelques expériences déjà réalisées, et étudiées, tendent à montrer que les courants mis en jeu dans les interactions faibles sont ceux données par la théorie de Fermi.

Construction de la théorie IVB

Par analogie avec la QED a donc été proposé le hamiltonien d’interaction suivant :

I(x)=gWJαWα(x)+gWJα(x)Wα(x)subscript𝐼𝑥subscript𝑔𝑊superscript𝐽𝛼subscript𝑊𝛼𝑥subscript𝑔𝑊superscript𝐽𝛼𝑥superscriptsubscript𝑊𝛼𝑥\mathcal{H}_{I}(x)=g_{W}J^{\alpha\dagger}W_{\alpha}(x)+g_{W}J^{\alpha}(x)W_{\alpha}^{\dagger}(x)

puisque interviennent dans la théorie de Fermi leptonique deux courants spinoriels faibles (et où gWsubscript𝑔𝑊g_{W} est une constante de couplage adimensionnée). Cette interaction conserve les nombres leptoniques définis par :

(N(e)=N(e)N(e+)+N(νe)N(ν¯e)N(μ)=N(μ)N(μ+)+N(νμ)N(ν¯μ)N(τ)=N(τ)N(τ+)+N(ντ)N(ν¯τ)\left(\begin{array}[]{c}N(e)=N(e^{-})-N(e^{+})+N(\nu_{e})-N(\overline{\nu}_{e})\\ N(\mu)=N(\mu^{-})-N(\mu^{+})+N(\nu_{\mu})-N(\overline{\nu}_{\mu})\\ N(\tau)=N(\tau^{-})-N(\tau^{+})+N(\nu_{\tau})-N(\overline{\nu}_{\tau})\\ \end{array}\right.

Cette théorie est également satisfaisante car elle n’est pas invariante par symétrie de parité. En effet, considérons le courant :

Jα(x)=lψ¯l(x)γα(1γ5)ψνl(x)subscript𝐽𝛼𝑥subscript𝑙subscript¯𝜓𝑙𝑥subscript𝛾𝛼1subscript𝛾5subscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑥J_{\alpha}(x)=\sum_{l}\overline{\psi}_{l}(x)\gamma_{\alpha}(1-\gamma_{5})\psi_{\nu_{l}}(x)

Sous la transformation P:(t,x)(t,x):𝑃𝑡𝑥𝑡𝑥P:(t,\vec{x})\rightarrow(t,-\vec{x}), Jα(x)subscript𝐽𝛼𝑥J_{\alpha}(x) n’est pas invariant car γ5subscript𝛾5\gamma_{5} est un pseudo-scalaire. Il en est de même pour Jα(x)subscript𝐽𝛼superscript𝑥J_{\alpha}(x)^{\dagger}.

La théorie IVB a des conséquences frappantes. Supposons tout d’abord que les neutrinos ont une masse nulle. PL=1γ52subscript𝑃𝐿1subscript𝛾52P_{L}=\frac{1-\gamma_{5}}{2} est le projecteur sur les états d’hélicité négative, et pour toute particule de masse nulle, ces états sont des états propres de l’opérateur d’hélicité. Par conséquent, l’opérateur :

ψνlL=12(1γ5)ψνlsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿121subscript𝛾5subscript𝜓subscript𝜈𝑙\psi_{\nu_{l}}^{L}=\frac{1}{2}(1-\gamma_{5})\psi_{\nu_{l}}

ne peut annihiler que des neutrinos d’hélicité négative et créer que des antineutrinos d’hélicité positive.

Pour des particules massives, ce sont ”presque” des états propres à condition qu’elles soient ultra-relativistes, donc qu’elles se comportent presque comme des particules non massives. En posant :

ψlL(x)=PLψl(x)subscriptsuperscript𝜓𝐿𝑙𝑥subscript𝑃𝐿subscript𝜓𝑙𝑥\psi^{L}_{l}(x)=P_{L}\psi_{l}(x)

on peut alors réécrire :

Jα(x)=4lψ¯lL(x)γαψνlL(x)subscript𝐽𝛼𝑥4subscript𝑙superscriptsubscript¯𝜓𝑙𝐿𝑥subscript𝛾𝛼superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥J_{\alpha}(x)=4\sum_{l}\overline{\psi}_{l}^{L}(x)\gamma_{\alpha}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)

Le spin des leptons massifs est aussi contraint par l’interaction faible.

Les bosons vecteurs massifs peuvent être décrits par l’équation de Proca :

Wα(x)+mW2Wα(x)=0superscript𝑊𝛼𝑥superscriptsubscript𝑚𝑊2superscript𝑊𝛼𝑥0\Box W^{\alpha}(x)+m_{W}^{2}W^{\alpha}(x)=0

La quantification du champ est menée de manière ”canonique” :

Wα+(x)=kr12Vωkϵrα(k)ak(k)eikxsuperscript𝑊limit-from𝛼𝑥subscript𝑘subscript𝑟12𝑉subscript𝜔𝑘superscriptsubscriptitalic-ϵ𝑟𝛼𝑘subscript𝑎𝑘𝑘superscript𝑒𝑖𝑘𝑥W^{\alpha+}(x)=\sum_{k}\sum_{r}\sqrt{\frac{1}{2V\omega_{k}}}\epsilon_{r}^{\alpha}(\vec{k})a_{k}(\vec{k})e^{-ikx}
Wα(x)=kr12Vωkϵrα(k)bk(k)eikxsuperscript𝑊limit-from𝛼𝑥subscript𝑘subscript𝑟12𝑉subscript𝜔𝑘superscriptsubscriptitalic-ϵ𝑟𝛼𝑘superscriptsubscript𝑏𝑘𝑘superscript𝑒𝑖𝑘𝑥W^{\alpha-}(x)=\sum_{k}\sum_{r}\sqrt{\frac{1}{2V\omega_{k}}}\epsilon_{r}^{\alpha}(\vec{k})b_{k}^{\dagger}(\vec{k})e^{ikx}

et conduit à un propagateur de la forme :

iDFαβ(k,mW)=i(gαβ+kαkβmW2)k2mW2+iϵ𝑖superscriptsubscript𝐷𝐹𝛼𝛽𝑘subscript𝑚𝑊𝑖superscript𝑔𝛼𝛽superscript𝑘𝛼superscript𝑘𝛽superscriptsubscript𝑚𝑊2superscript𝑘2superscriptsubscript𝑚𝑊2𝑖italic-ϵiD_{F}^{\alpha\beta}(k,m_{W})=\frac{i(-g^{\alpha\beta}+\frac{k^{\alpha}k^{\beta}}{m_{W}^{2}})}{k^{2}-m_{W}^{2}+i\epsilon}
Applications de la théorie IVB

La théorie IVB permet de calculer au premier ordre des sections efficaces, des temps de demi-vie, ou des grandeurs reliées à ces quantités. Pour la désintégration d’une particule :

PP1++PN𝑃superscriptsubscript𝑃1subscriptsuperscript𝑃𝑁P\rightarrow P_{1}^{\prime}+...+P^{\prime}_{N}

l’élément de matrice s’écrit, en assignant la sommation sur les états finaux à la variable f et sur les différents leptons à la variable l (la lettre i rapporte à l’état initial) :

Sfi=δfi+(2π)4δ(4)(pfp)12VEf12VEfl2mlsubscript𝑆𝑓𝑖subscript𝛿𝑓𝑖superscript2𝜋4superscript𝛿4subscriptsuperscript𝑝𝑓𝑝12𝑉𝐸subscriptproduct𝑓12𝑉subscriptsuperscript𝐸𝑓subscriptproduct𝑙2subscript𝑚𝑙S_{fi}=\delta_{fi}+(2\pi)^{4}\delta^{(4)}(\sum p^{\prime}_{f}-p)\sqrt{\frac{1}{2VE}}\prod_{f}\sqrt{\frac{1}{2VE^{\prime}_{f}}}\prod_{l}\sqrt{2m_{l}}\mathcal{M}

On obtient l’expression du taux de désintégration différentiel pour le processus dont il est question où la particule P1subscriptsuperscript𝑃1P^{\prime}_{1} à un moment p1subscriptsuperscript𝑝1\vec{p^{\prime}_{1}} à dp1𝑑subscriptsuperscript𝑝1d\vec{p^{\prime}_{1}} près :

dΓ=(2π)4δ(4)(pfp)12El2mlfdpf(2π)32Ef||2𝑑Γsuperscript2𝜋4superscript𝛿4subscriptsuperscript𝑝𝑓𝑝12𝐸subscriptproduct𝑙2subscript𝑚𝑙subscriptproduct𝑓𝑑superscriptsubscript𝑝𝑓superscript2𝜋32subscriptsuperscript𝐸𝑓superscript2d\Gamma=(2\pi)^{4}\delta^{(4)}(\sum p^{\prime}_{f}-p)\frac{1}{2E}\prod_{l}\sqrt{2m_{l}}\prod_{f}\frac{d\vec{p_{f}^{\prime}}}{(2\pi)^{3}2E^{\prime}_{f}}|\mathcal{M}|^{2}

et le taux de désintégration ΓΓ\Gamma en intégrant sur les variables finales. Si il y a plusieurs modes de désintégration possibles, on défini le branching ratio d’un mode par :

B=ΓΓ𝐵ΓΓB=\frac{\Gamma}{\sum\Gamma}

Le temps de vie d’une particule est :

τ=1Γ=BΓ𝜏1Γ𝐵Γ\tau=\frac{1}{\sum\Gamma}=\frac{B}{\Gamma}

La désintégration du muon

μ(p,r)e(p,r)+νe¯(q1,r1)+νμ(q2,r2)superscript𝜇𝑝𝑟superscript𝑒superscript𝑝superscript𝑟¯subscript𝜈𝑒subscript𝑞1subscript𝑟1subscript𝜈𝜇subscript𝑞2subscript𝑟2\mu^{-}(p,r)\rightarrow e^{-}(p^{\prime},r^{\prime})+\overline{\nu_{e}}(q_{1},r_{1})+\nu_{\mu}(q_{2},r_{2})

est décrite au premier ordre par le graphe de Feynman :

Refer to caption
Figure 3.6: Diagramme de Feynman au premier ordre de la désintégration du muon dans la théorie IVB

correspondant à l’amplitude de Feynman

=gW2[u¯(p)γα(1γ5)v(q1)]i(gαβ+kαkβmW2)k2mW2+iϵ[u¯(q2)γβ(1γ5)u(p)]superscriptsubscript𝑔𝑊2delimited-[]¯𝑢superscript𝑝superscript𝛾𝛼1subscript𝛾5𝑣subscript𝑞1𝑖superscript𝑔𝛼𝛽superscript𝑘𝛼superscript𝑘𝛽superscriptsubscript𝑚𝑊2superscript𝑘2superscriptsubscript𝑚𝑊2𝑖italic-ϵdelimited-[]¯𝑢subscript𝑞2superscript𝛾𝛽1subscript𝛾5𝑢𝑝\mathcal{M}=-g_{W}^{2}[\overline{u}(\vec{p^{\prime}})\gamma^{\alpha}(1-\gamma_{5})v(\vec{q_{1}})]\frac{i(-g^{\alpha\beta}+\frac{k^{\alpha}k^{\beta}}{m_{W}^{2}})}{k^{2}-m_{W}^{2}+i\epsilon}[\overline{u}(\vec{q_{2}})\gamma^{\beta}(1-\gamma_{5})u(\vec{p})]

Dans la limite où mWsubscript𝑚𝑊m_{W}\rightarrow\infty (prendre une masse finie entraîne des corrections en 106superscript10610^{-6}), on obtient l’expression de l’amplitude de Feynman suivante (la même amplitude aurait été dérivée de la théorie de contact de Fermi) :

=iG2[u¯(p)γα(1γ5)v(q1)][u¯(q2)γβ(1γ5)u(p)]𝑖𝐺2delimited-[]¯𝑢superscript𝑝superscript𝛾𝛼1subscript𝛾5𝑣subscript𝑞1delimited-[]¯𝑢subscript𝑞2superscript𝛾𝛽1subscript𝛾5𝑢𝑝\mathcal{M}=-\frac{iG}{\sqrt{2}}[\overline{u}(\vec{p^{\prime}})\gamma^{\alpha}(1-\gamma_{5})v(\vec{q_{1}})][\overline{u}(\vec{q_{2}})\gamma^{\beta}(1-\gamma_{5})u(\vec{p})]

avec

G2=(gWmW)2𝐺2superscriptsubscript𝑔𝑊subscript𝑚𝑊2\frac{G}{\sqrt{2}}=(\frac{g_{W}}{m_{W}})^{2}

Le calcul donne :

Γ=G2mμ5192π3Γsuperscript𝐺2superscriptsubscript𝑚𝜇5192superscript𝜋3\Gamma=\frac{G^{2}m_{\mu}^{5}}{192\pi^{3}}

Le branching ratio de cette désintégration étant de 98,6%, la mesure du temps de demi-vie du muon permet de déduire :

G=(1,16637±0.00002)×105GeV2𝐺plus-or-minus1.16637000002superscript105𝐺𝑒superscript𝑉2G=(1,16637\pm 0.00002)\times 10^{-5}\ GeV^{-2}

C’est en fait la mesure du temps de demi-vie du muon qui a permis (historiquement) la mesure de la constante de couplage gWsubscript𝑔𝑊g_{W}. Après avoir fixé cette constante, la théorie IVB devient prédictive, c’est-à-dire qu’elle permet de calculer la section efficace de divers processus, comme :

Refer to caption
Figure 3.7: ”Inverse muon decay” au premier ordre

dit ”inverse muon decay”. L’expérience est en très bon accord avec les prévisions.

Problèmes soulevés par la théorie IVB

Malgré les immenses apports de la théorie IVB, certains problèmes subsistent. Par exemple, la théorie ne peut pas décrire des procédés comme

νμ+eνμ+esubscript𝜈𝜇superscript𝑒subscript𝜈𝜇superscript𝑒\nu_{\mu}+e^{-}\rightarrow\nu_{\mu}+e^{-}

qui sont pourtant permis par les lois de conservation. En effet, les courants de la théorie IVB couplent un lepton chargé avec un lepton neutre. La contribution d’ordre le plus faible (en théorie IVB) au procédé νμ+eνμ+esubscript𝜈𝜇superscript𝑒subscript𝜈𝜇superscript𝑒\nu_{\mu}+e^{-}\rightarrow\nu_{\mu}+e^{-} est donnée par les graphes de Feynman :

Refer to caption
Figure 3.8: Première contribution au premier ordre
Refer to caption
Figure 3.9: Deuxième contribution au premier ordre

qui impliquent le calcul d’intégrales divergentes lorsqu’on les évalue. La théorie IVB n’est pas renormalisable, et il n’est pas possible de s’affranchir de ces infinis.

De plus, les sections efficaces de la diffusion d’un neutrino électronique par des électrons et de la diffusion d’un neutrino muonique par un électron doivent être du même ordre de grandeur, ce qui n’est pas le cas dans le cadre IVB : νμ+eνμ+esubscript𝜈𝜇superscript𝑒subscript𝜈𝜇superscript𝑒\nu_{\mu}+e^{-}\rightarrow\nu_{\mu}+e^{-} correspond à du deuxième ordre, comme s’il manquait un courant couplant des leptons neutres à des leptons neutres et des leptons chargés à des leptons de charge opposée … Jusqu’en 1973 cependant, toutes les expériences concordaient avec le fait que l’interaction faible soit transmise par les bosons W±superscript𝑊plus-or-minusW^{\pm}.

3.1.7 La théorie de jauge électrofaible et les découvertes postérieures

Compte tenu des courants faibles qui interviennent dans le lagrangien d’interaction de la théorie de Fermi, et grâce aux avancées de la théorie au sujet des interactions fortes, l’idée de Yang et Mills d’identifier proton et neutron à deux états du nucléon est reprise : on rassemble les leptons non neutrinoïques et leur neutrino correspondant dans un doublet d’isospin (symétrie SU(2)𝑆𝑈2SU(2)) si ils sont de bonne chiralité. Dans un premier temps, on suppose les leptons sans masse ce qui permet d’écrire le lagrangien de Dirac comme :

=ψ¯l∂̸ψl+ψ¯νl∂̸ψνlsubscript¯𝜓𝑙not-partial-differentialsubscript𝜓𝑙subscript¯𝜓subscript𝜈𝑙not-partial-differentialsubscript𝜓subscript𝜈𝑙\mathcal{L}=\overline{\psi}_{l}\not{\partial}\psi_{l}+\overline{\psi}_{\nu_{l}}\not{\partial}\psi_{\nu_{l}}

où la sommation sur les différents leptons est sous-entendue. Puisque les leptons ne sont pas massifs, on peut projeter sur les différents états de chiralité (qui sont bien définis):

=ψ¯lL∂̸ψlL+ψ¯lR∂̸ψlR+ψ¯νlL∂̸ψνlL+ψ¯νlR∂̸ψνlRsuperscriptsubscript¯𝜓𝑙𝐿not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓𝑙𝐿superscriptsubscript¯𝜓𝑙𝑅not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscript¯𝜓subscript𝜈𝑙𝐿not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿superscriptsubscript¯𝜓subscript𝜈𝑙𝑅not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅\mathcal{L}=\overline{\psi}_{l}^{L}\not{\partial}\psi_{l}^{L}+\overline{\psi}_{l}^{R}\not{\partial}\psi_{l}^{R}+\overline{\psi}_{\nu_{l}}^{L}\not{\partial}\psi_{\nu_{l}}^{L}+\overline{\psi}_{\nu_{l}}^{R}\not{\partial}\psi_{\nu_{l}}^{R}

où les exposants L𝐿L et R𝑅R décrivent l’état de chiralité, gauche ou droit, des différents fermions. On écrit donc :

=Ψ¯lL∂̸ΨlL+ψ¯lR∂̸ψlR+ψ¯νlR∂̸ψνlRsuperscriptsubscript¯Ψ𝑙𝐿not-partial-differentialsuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿superscriptsubscript¯𝜓𝑙𝑅not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscript¯𝜓subscript𝜈𝑙𝑅not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅\mathcal{L}=\overline{\Psi}_{l}^{L}\not{\partial}\Psi_{l}^{L}+\overline{\psi}_{l}^{R}\not{\partial}\psi_{l}^{R}+\overline{\psi}_{\nu_{l}}^{R}\not{\partial}\psi_{\nu_{l}}^{R}

ΨlL(x)=(ψνlL(x)ψlL(x))∂̸ΨlL(x)=(∂̸ψνlL(x)∂̸ψlL(x))formulae-sequencesuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑙𝐿𝑥not-partial-differentialsuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥not-partial-differentialsuperscriptsubscript𝜓𝑙𝐿𝑥\Psi_{l}^{L}(x)=\left(\begin{array}[]{c}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)\\ \psi_{l}^{L}(x)\\ \end{array}\right)\ \ \ \ \not{\partial}\Psi_{l}^{L}(x)=\left(\begin{array}[]{c}\not{\partial}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)\\ \not{\partial}\psi_{l}^{L}(x)\\ \end{array}\right)

Autrement dit, avant la brisure de cette symétrie SU(2)𝑆𝑈2SU(2), un lepton et son neutrino leptonique associé sont deux facettes d’une et une seule meme particule !.

Remarque 29.

Il est nécessaire de construire la théorie de jauge en partant de fermions et de bosons non massifs. Dans le cas contraire, si par exemple on rajoute les termes correspondants à des fermions massifs :

mlψ¯l(x)ψl(x)subscript𝑚𝑙subscript¯𝜓𝑙𝑥subscript𝜓𝑙𝑥-m_{l}\overline{\psi}_{l}(x)\psi_{l}(x)

on perd l’invariance de jauge. On pourrait alors essayer de remplacer ce terme par quelque chose de plus compliqué, invariant de jauge mais contenant le terme précédent ; seulement on aboutit alors en général à une théorie non renormalisable. Ce ne sont donc pas des solutions acceptables. Le mécanisme de brisure spontanée de symétrie consiste alors à rajouter des champs de particule qui brisent la symétrie de jauge, au sens que le lagrangien reste invariant mais que les solutions de plus basse énergie ne sont pas SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1)-symétriques. En réécrivant le lagrangien dans un système de coordonnées particulier, on aboutit alors à une forme qu’on peut réinterpréter comme : les e𝑒e, μ𝜇\mu, τ𝜏\tau, W+superscript𝑊W^{+}, Wsuperscript𝑊W^{-} et Z0superscript𝑍0Z^{0} ont acquis de la masse, le photon γ𝛾\gamma reste non massif et une nouvelle particule scalaire est apparue, qu’on appelle boson BEH.

En suivant les idées déjà présentées qui lient l’invariance de jauge et l’existence de courants conservés, on aboutit à deux courants conservés à partir desquels on peut obtenir les deux courants faibles chargés de la théorie IVB, et de manière plus surprenante, à un troisième courant faible conservé, JW3superscriptsubscript𝐽𝑊3J_{W}^{3}, qui est la somme de deux termes, dont l’un est proportionnel au courant électromagnétique ! C’est un premier signe de l’unification des interactions faibles et électromagnétique.

L’élaboration théorique de la théorie de jauge électrofaible se termine dans les années 1968-1969, sous l’impulsion de physiciens tels que Glashow, Weinberg, Salam (qui partagent le prix Nobel en 1979), Iliopoulos ou Maiani, notamment en incluant le phénomène de brisure spontanée de la symétrie de jauge SU(2), aboutissement des travaux réalisés par Goldstone, puis Brout, Englert et Higgs. Comme cela a été montré en 1971 par Veltman et ’t Hooft, la théorie que l’on obtient ainsi est par contre, et de manière satisfaisante, renormalisable.

Découverte des bosons de jauge électrofaibles

La théorie prévoit donc, en plus du photon connu depuis plus d’un siècle, et des deux bosons massifs W+superscript𝑊W^{+} et Wsuperscript𝑊W^{-} expliquant par exemple la désintégration β𝛽\beta ou celle du muon, un quatrième boson de jauge, massif lui-aussi, et électriquement neutre, le Z0superscript𝑍0Z^{0}. La masse des bosons W+superscript𝑊W^{+} et Wsuperscript𝑊W^{-} est environ de 80 GeV, celle du Z0superscript𝑍0Z^{0} 91 GeV.

Dans un séminaire au CERN le 3 septembre 1973, Paul Musset de la collaboration Gargamelle, une chambre à bulle construite au CERN pour détecter les neutrinos, de 4,8 mètres de long et 2 mètres de diamètre, pesant 1000 tonnes et contenant 12 m3superscript𝑚3m^{3} de fréon CF3Br𝐶subscript𝐹3𝐵𝑟CF_{3}Br, présente la première preuve directe de l’existence de courants neutres, avec entre autres un événement leptonique, montrant la trajectoire d’un électron diffusé par un antineutrino arrivant de la gauche [19].

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Figure 3.10: Photographie de la chambre à bulle Gargamelle juste après une collision ayant entrainé un courant neutre : on peut voir l’électron partir de la gauche, perdre de l’énergie (d’où son rayon de courbure plus petit) en émettant un photon (pointillés) très énergétique, qui donne une paire électron-positron (distinguables par leur sens de rotation) ; l’électron ré-émet un photon (deuxième pointillés) qui se scinde en un positron, et un électron de moindre énergie …
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Figure 3.11: Reconstitution tridimensionnelle du premier évènement Z observé par UA1 le 30 avril 1983. La trajectoire des électrons est représentée par une ligne blanche

Dix ans plus tard, le 25 janvier 1983, lors d’une conférence de presse au CERN est annoncée la découverte des bosons W. Le 24 février 1983, la collaboration UA1, l’une des deux expériences sur l’anneau du SPS, super proton-synchrotron, publie un article qui décrit leurs travaux [20]. Le 17 mars 1983, c’est au tour de la collaboration UA2, la deuxième expérience du SPS, de publier un tel papier [21].

Enfin, la même année (très fructueuse décidément), le 1ersuperscript1𝑒𝑟1^{er} juin 1983, les physiciens de CERN annoncent avoir observé des bosons Z0superscript𝑍0Z^{0}, ce qui confirme le modèle de Glashow - Weinberg - Salam. L’événement ci-dessous montre la désintégration du boson Z0superscript𝑍0Z^{0} en un électron et un positron, tel qu’elle a été observée le 30 avril 1983. Il s’agit du premier évènement de l’Histoire d’observation directe du Z0superscript𝑍0Z^{0} dans un accélérateur.

La découverte du boson BEH

La dernière pièce manquante du puzzle a pendant longtemps été le boson BEH, prédit par le modèle de Brout, Englert et Higgs qui permet de conférer une masse, tout d’abord aux bosons W+superscript𝑊W^{+}, Wsuperscript𝑊W^{-} et Z0superscript𝑍0Z^{0}, mais aussi également aux leptons, e𝑒e, μ𝜇\mu, τ𝜏\tau tout en gardant la caractère renormalisable de la théorie. Le boson BEH a finalement été observé dans l’accélérateur le plus récent du CERN, le LHC, qui a commencé à fonctionner en 2008. Cela achève en quelque sorte la période de quête des ”particules fondamentales au cœur du modèle standard”.

Refer to caption
Figure 3.12: Reconstitution tridimensionnelle d’un évènement candidat Higgs 4absent4\rightarrow 4 leptons, observé en 2012 dans le détecteur CMS. Les deux lignes rouges symbolisent les trajectoires des muons, les deux lignes vertes celles des électrons. Chacune des paires de leptons provient d’un boson Z0superscript𝑍0Z^{0}, en réalité l’évènement candidat est : HZ0+Z0e+e+μ+μ𝐻superscript𝑍0superscript𝑍0superscript𝑒superscript𝑒superscript𝜇superscript𝜇H\rightarrow Z^{0}+Z^{0}\rightarrow e^{+}e^{-}+\mu^{+}\mu^{-}. Les parallélépipèdes représentent des zones des différents calorimètres, et leur longueur est proportionnelle a la quantité d’énergie qui s’y est déposée.

3.2 Un approche mathématique de la théorie de jauge électrofaible

3.2.1 Structure de fibré principal et représentations

Nous allons construire la théorie des interactions faibles pour les leptons est les quarks, mais sans considérer la dynamique forte de ces derniers.

Les observations expérimentales ont montré qu’on pouvait classer les particules en familles caractérisées par une quantité positive entière ou demi-entière J𝐽J qui a été appelée isospin faible total, chacune des particules de cette famille possédant de plus une charge supplémentaire, appelée encore isospin faible et notée I3Wsuperscriptsubscript𝐼3𝑊I_{3}^{W}. Ces deux invariants ne sont pas sans relation : si pour une particule le J𝐽J est fixé, I3Wsuperscriptsubscript𝐼3𝑊I_{3}^{W} ne peut prendre que les valeurs comprises entre J𝐽J et J𝐽-J en ”sautant” de un en un.

Remarque 30.

Par exemple, si une particule appartient à une famille d’isospin total 1212\frac{1}{2}, alors l’isospin de cette particule ne peut valoir que 1212\frac{1}{2} ou 1212-\frac{1}{2}. Dans le cas des leptons électroniques, les neutrinos électroniques et les électrons forment une famille de particules d’isospin faible total 1212\frac{1}{2} ; pour les neutrinos, (I3W)νe=12subscriptsuperscriptsubscript𝐼3𝑊subscript𝜈𝑒12(I_{3}^{W})_{\nu_{e}}=\frac{1}{2}, et pour les électrons, (I3W)e=12subscriptsuperscriptsubscript𝐼3𝑊𝑒12(I_{3}^{W})_{e}=-\frac{1}{2}.

En plus de l’isospin, une autre quantité Y𝑌Y apparait comme conservée par les interactions faibles : l’hypercharge faible, pour laquelle on n’observe pas de comportement grégaire. Il existe une relation entre la charge électrique Q𝑄Q (en unités de charge élémentaire) et ces deux charges faibles I3Wsuperscriptsubscript𝐼3𝑊I_{3}^{W} et Y𝑌Y d’une particule :

Q=I3W+Y𝑄superscriptsubscript𝐼3𝑊𝑌Q=I_{3}^{W}+Y

C’est un premier signe que dans la théorie unifiée que nous construisons, les interactions faibles et électromagnétiques sont liées.

L’existence de ces charges conservées donne ”l’indice” de la structure de jauge sous-jacente, comme discuté au chapitre précédent.

Soit donc un fibré principal P=P(M,G)𝑃𝑃𝑀𝐺P=P(M,G) avec G=SU(2)×U(1)𝐺𝑆𝑈2𝑈1G=SU(2)\times U(1) et M𝑀M la variété d’espace-temps (L’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} est de dimension 444). Pour des raisons que nous expliquerons plus tard, on doit supposer que les leptons et les quarks non massifs pour que la théorie reste invariante de jauge et renormalisable. Le groupe SU(2)𝑆𝑈2SU(2) correspond à la symétrie d’isospin faible (on retrouve une structure, dans la classification des états vérifiant cette symétrie, proche de celle qu’on obtient en classifiant les différents états de spin en mécanique quantique, ce qui explique aussi le vocabulaire, bien qu’en réalité ce soit le concept d’isospin fort qui a été proposé antérieurement), et U(1)𝑈1U(1) est le groupe de symétrie d’hypercharge faible (qui ressemble beaucoup à la charge électrique).

Représentations de SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1)

Expérimentalement encore, on a observé depuis la théorie de Fermi de la désintégration β𝛽\beta que l’hélicité des particules n’est pas tout à fait indépendante de la manière dont elles interagissent. C’est une autre raison pour supposer les champs de particules sont initialement de masse nulle, pour que leur hélicité soit bien définie.
Si ψ(x)𝜓𝑥\psi(x) est un champ de Dirac non massif (et vérifie donc le principe de moindre action pour le lagrangien de Dirac 𝔏=ψ¯∂̸ψ𝔏¯𝜓not-partial-differential𝜓\mathfrak{L}=\overline{\psi}\not{\partial}\psi), la partie gauche du champ est

ψL=12(1γ5)ψsuperscript𝜓𝐿121subscript𝛾5𝜓\psi^{L}=\frac{1}{2}(1-\gamma_{5})\psi

et la partie droite

ψR=12(1+γ5)ψsuperscript𝜓𝑅121subscript𝛾5𝜓\psi^{R}=\frac{1}{2}(1+\gamma_{5})\psi

Rassemblons les champs de Dirac gauches en doublets d’isospin :

xM(ψνlL(x)ψlL(x))𝑥𝑀matrixsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑙𝐿𝑥x\in M\rightarrow\begin{pmatrix}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)\\ \psi_{l}^{L}(x)\end{pmatrix}

l{e,μ,τ}𝑙𝑒𝜇𝜏l\in\{e,\mu,\tau\} pour les leptons, et

xM(ψuL(x)ψdL(x));xM(ψcL(x)ψsL(x));xM(ψtL(x)ψbL(x))formulae-sequence𝑥𝑀matrixsuperscriptsubscript𝜓𝑢𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝐿𝑥𝑥𝑀matrixsuperscriptsubscript𝜓𝑐𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓superscript𝑠𝐿𝑥𝑥𝑀matrixsuperscriptsubscript𝜓𝑡𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓superscript𝑏𝐿𝑥x\in M\rightarrow\begin{pmatrix}\psi_{u}^{L}(x)\\ \psi_{d^{\prime}}^{L}(x)\end{pmatrix}\ ;\ x\in M\rightarrow\begin{pmatrix}\psi_{c}^{L}(x)\\ \psi_{s^{\prime}}^{L}(x)\end{pmatrix}\ ;\ x\in M\rightarrow\begin{pmatrix}\psi_{t}^{L}(x)\\ \psi_{b^{\prime}}^{L}(x)\end{pmatrix}

pour les quarks (les ’ sont des superpositions des états down, strange et bottom). Ces fonctions sont donc à valeurs dans 44direct-sumsuperscript4superscript4\mathbb{C}^{4}\oplus\mathbb{C}^{4}.
Construisons une représentation de SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1) pour que ces fonctions deviennent des sections du fibré associé par cette représentation à P=P(M,SU(2)×U(1))𝑃𝑃𝑀𝑆𝑈2𝑈1P=P(M,SU(2)\times U(1)).

Considérons tout d’abord les doublets d’isospin décrivant les leptons gauches. Soit (g,h)SU(2)×U(1)𝑔𝑆𝑈2𝑈1(g,h)\in SU(2)\times U(1). On prend comme représentation :

ρ:(g,h)ρstandard(h)ρstandard(g)(1000010000100001)=ρstandard(h)ρstandard(g)id4:𝜌maps-to𝑔tensor-productsubscript𝜌𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑subscript𝜌𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑𝑔matrix1000010000100001tensor-productsubscript𝜌𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑subscript𝜌𝑠𝑡𝑎𝑛𝑑𝑎𝑟𝑑𝑔𝑖subscript𝑑4\rho:(g,h)\mapsto\rho_{standard}(h)\cdot\rho_{standard}(g)\otimes\begin{pmatrix}1&0&0&0\\ 0&1&0&0\\ 0&0&1&0\\ 0&0&0&1\end{pmatrix}=\rho_{standard}(h)\cdot\rho_{standard}(g)\otimes id_{4}

(On choisit la représentation de U(1)𝑈1U(1) sous la forme eiαsuperscript𝑒𝑖𝛼e^{i\alpha} comme en électromagnétisme et SU(2)𝑆𝑈2SU(2) sous la forme standard de matrices complexes 2×2222\times 2.) Dans la suite nous omettrons de rajouter le id4tensor-productabsent𝑖subscript𝑑4\otimes id_{4} quand il n’y a pas d’ambiguïté. On prolonge cette représentation à l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g}, dont une base est alors donnée par : i2τ1i2τ2i2τ3i2id2𝑖2subscript𝜏1𝑖2subscript𝜏2𝑖2subscript𝜏3𝑖2𝑖subscript𝑑2\frac{i}{2}\tau_{1}\ \ \frac{i}{2}\tau_{2}\ \ \frac{i}{2}\tau_{3}\ \ \frac{i}{2}id_{2} où les τisubscript𝜏𝑖\tau_{i} sont les matrices de Pauli.

τ1=(0110);τ2=(0ii0);τ3=(1001)formulae-sequencesubscript𝜏1matrix0110formulae-sequencesubscript𝜏2matrix0𝑖𝑖0subscript𝜏3matrix1001\tau_{1}=\begin{pmatrix}0&1\\ 1&0\end{pmatrix}\ ;\ \tau_{2}=\begin{pmatrix}0&-i\\ i&0\end{pmatrix}\ ;\ \tau_{3}=\begin{pmatrix}1&0\\ 0&-1\end{pmatrix}

Le fibré principal admet une connexion ω𝜔\omega, et l’expression des ses coefficients dans ce fibré associé est, dans le cas le plus général :

Ajμiid4=ig2(id2)jiBμid4+ig2(τk)jiWμkid4tensor-productsubscriptsuperscript𝐴𝑖𝑗𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖superscript𝑔2subscriptsuperscript𝑖subscript𝑑2𝑖𝑗subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖𝑔2superscriptsubscriptsubscript𝜏𝑘𝑗𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑘𝜇𝑖subscript𝑑4A^{i}_{j\mu}\otimes id_{4}=i\frac{g^{\prime}}{2}(id_{2})^{i}_{j}B_{\mu}\otimes id_{4}+i\frac{g}{2}(\tau_{k})_{j}^{i}W^{k}_{\mu}\otimes id_{4}

avec les coefficients Bμsubscript𝐵𝜇B_{\mu} et Wμksubscriptsuperscript𝑊𝑘𝜇W^{k}_{\mu} réels, pour μ[|0,3|]𝜇delimited-[]0.3\mu\in[|0,3|] et k[|1,3|]𝑘delimited-[]1.3k\in[|1,3|], et où g𝑔g et gsuperscript𝑔g^{\prime} sont des constantes de couplage qui ne font que fixer l’échelle relative des interactions faibles et électromagnétiques. Remarquons que la seule quantité vraiment physique est le rapport entre ces deux constantes.

La dérivée covariante s’écrit :

LμH=μid8+ig2(id2)Bμid4+ig2(τk)Wμkid4subscriptsuperscript𝐻𝐿𝜇tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑8tensor-product𝑖superscript𝑔2𝑖subscript𝑑2subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖𝑔2subscript𝜏𝑘subscriptsuperscript𝑊𝑘𝜇𝑖subscript𝑑4\partial^{H}_{L\mu}=\partial_{\mu}\otimes id_{8}+i\frac{g^{\prime}}{2}(id_{2})B_{\mu}\otimes id_{4}+i\frac{g}{2}(\tau_{k})W^{k}_{\mu}\otimes id_{4}

Par conséquent, le lagrangien des spineurs ψlLsuperscriptsubscript𝜓𝑙𝐿\psi_{l}^{L}l𝑙l est une étiquette de lepton est :

𝔏L=ΨlL¯∂̸LHΨlLsuperscript𝔏𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿superscriptsubscriptnot-partial-differential𝐿𝐻superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿\mathfrak{L}^{L}=\overline{\Psi_{l}^{L}}\not{\partial}_{L}^{H}\Psi_{l}^{L}

où la sommation sur l𝑙l est sous-entendue, où :

∂̸LH=LμHγμid2superscriptsubscriptnot-partial-differential𝐿𝐻superscriptsubscript𝐿𝜇𝐻tensor-productsuperscript𝛾𝜇𝑖subscript𝑑2\not{\partial}_{L}^{H}=\partial_{L\mu}^{H}\gamma^{\mu}\otimes id_{2}

est la notation slash de Feynman, et où on a noté

ΨlL=(ψνlL(x)ψlL(x))superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿matrixsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑙𝐿𝑥\Psi_{l}^{L}=\begin{pmatrix}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)\\ \psi_{l}^{L}(x)\end{pmatrix}

les bi-spineurs doublets d’isospin évoqués plus haut.

Pour les spineurs droits qui décrivent les e,μ,τ𝑒𝜇𝜏e,\mu,\tau, ψlR:M4:superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑀superscript4\psi_{l}^{R}:M\rightarrow\mathbb{C}^{4} avec l{e,μ,τ}𝑙𝑒𝜇𝜏l\in\{e,\mu,\tau\}, d’isospin nul, on représente SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1) par :

ρ:(g,eiα)SU(2)×U(1)e2iαid4:𝜌𝑔superscript𝑒𝑖𝛼𝑆𝑈2𝑈1maps-totensor-productsuperscript𝑒2𝑖𝛼𝑖subscript𝑑4\rho:(g,e^{i\alpha})\in SU(2)\times U(1)\mapsto e^{2i\alpha}\otimes id_{4}

donc l’expression des coefficients de connexion est donnée par :

Aμid4=igBμid4tensor-productsubscript𝐴𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖superscript𝑔subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4A_{\mu}\otimes id_{4}=ig^{\prime}B_{\mu}\otimes id_{4}

si bien que la dérivée covariante s’écrit :

lμH=μid4+igBμid4superscriptsubscript𝑙𝜇𝐻tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖superscript𝑔subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4\partial_{l\mu}^{H}=\partial_{\mu}\otimes id_{4}+ig^{\prime}B_{\mu}\otimes id_{4}

et la partie du lagrangien relative aux spineurs droits est :

𝔏lR=ψlR¯∂̸lHψlRsubscriptsuperscript𝔏𝑅𝑙¯superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑙𝐻superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅\mathfrak{L}^{R}_{l}=\overline{\psi_{l}^{R}}\not{\partial}_{l}^{H}\psi_{l}^{R}

Pour les spineurs droits qui décrivent les νe,νμ,ντsubscript𝜈𝑒subscript𝜈𝜇subscript𝜈𝜏\nu_{e},\nu_{\mu},\nu_{\tau}, ψνlR:M4:superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅𝑀superscript4\psi_{\nu_{l}}^{R}:M\rightarrow\mathbb{C}^{4} avec l{e,μ,τ}𝑙𝑒𝜇𝜏l\in\{e,\mu,\tau\}, d’isospin nul, on représente SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1) par la représentation triviale :

ρ:(g,h)SU(2)×U(1)id4:𝜌𝑔𝑆𝑈2𝑈1maps-to𝑖subscript𝑑4\rho:(g,h)\in SU(2)\times U(1)\mapsto id_{4}

si bien que la dérivée covariante s’écrit :

νlμH=μid4superscriptsubscriptsubscript𝜈𝑙𝜇𝐻tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑4\partial_{\nu_{l}\mu}^{H}=\partial_{\mu}\otimes id_{4}

et la partie du lagrangien relative aux spineurs droits est :

𝔏νlR=ψνlR¯∂̸νlHψνlRsubscriptsuperscript𝔏𝑅subscript𝜈𝑙¯superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differentialsubscript𝜈𝑙𝐻superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅\mathfrak{L}^{R}_{\nu_{l}}=\overline{\psi_{\nu_{l}}^{R}}\not{\partial}_{\nu_{l}}^{H}\psi_{\nu_{l}}^{R}

On rassemble les quarks gauches dans les doublets d’isospin évoqués plus haut, notés :

ΨqL=(ψq1L(x)ψq2L(x))superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿matrixsuperscriptsubscript𝜓𝑞1𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑞2𝐿𝑥\Psi_{q}^{L}=\begin{pmatrix}\psi_{q1}^{L}(x)\\ \psi_{q2}^{L}(x)\end{pmatrix}

où le q𝑞q indice les différentes familles de quarks. De la même façon que pour les leptons, on choisit des représentations de SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1) de telle manière que la dérivée covariante s’écrive :

qμH=μid4+ig2(τk)Wμid4ig6Bμid4superscriptsubscript𝑞𝜇𝐻tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖𝑔2subscript𝜏𝑘subscript𝑊𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖superscript𝑔6subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4\partial_{q\mu}^{H}=\partial_{\mu}\otimes id_{4}+\frac{ig}{2}(\tau_{k})W_{\mu}\otimes id_{4}-\frac{ig^{\prime}}{6}B_{\mu}\otimes id_{4}

et on note

∂̸qHΨqL=(∂̸qHψq1L(x)∂̸qHψq2L(x))subscriptsuperscriptnot-partial-differential𝐻𝑞superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿matrixsubscriptsuperscriptnot-partial-differential𝐻𝑞superscriptsubscript𝜓𝑞1𝐿𝑥subscriptsuperscriptnot-partial-differential𝐻𝑞superscriptsubscript𝜓𝑞2𝐿𝑥\not{\partial}^{H}_{q}\Psi_{q}^{L}=\begin{pmatrix}\not{\partial}^{H}_{q}\psi_{q1}^{L}(x)\\ \not{\partial}^{H}_{q}\psi_{q2}^{L}(x)\end{pmatrix}

Pour les quarks droits :

1μH=μid42ig3Bμid4superscriptsubscript1𝜇𝐻tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product2𝑖superscript𝑔3subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4\partial_{1\mu}^{H}=\partial_{\mu}\otimes id_{4}-\frac{2ig^{\prime}}{3}B_{\mu}\otimes id_{4}

et

2μH=μid4+ig3Bμid4superscriptsubscript2𝜇𝐻tensor-productsubscript𝜇𝑖subscript𝑑4tensor-product𝑖superscript𝑔3subscript𝐵𝜇𝑖subscript𝑑4\partial_{2\mu}^{H}=\partial_{\mu}\otimes id_{4}+\frac{ig^{\prime}}{3}B_{\mu}\otimes id_{4}

Finalement, le lagrangien total s’écrit :

𝔏=ΨqL¯∂̸LHΨlL+ΨlL¯∂̸qHΨqL+ψlR¯∂̸lRψlR+ψνlR¯∂̸lRψνlR+ψq1R¯∂̸1Rψq1R+ψq2R¯∂̸2Rψq2R𝔏¯superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿subscriptsuperscriptnot-partial-differential𝐻𝐿superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿subscriptsuperscriptnot-partial-differential𝐻𝑞superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿¯superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅¯superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differential1𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅superscriptsubscriptnot-partial-differential2𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅\mathfrak{L}=\overline{\Psi_{q}^{L}}\not{\partial}^{H}_{L}\Psi_{l}^{L}+\overline{\Psi_{l}^{L}}\not{\partial}^{H}_{q}\Psi_{q}^{L}+\overline{\psi_{l}^{R}}\not{\partial}_{l}^{R}\psi_{l}^{R}+\overline{\psi_{\nu_{l}}^{R}}\not{\partial}_{l}^{R}\psi_{\nu_{l}}^{R}+\overline{\psi_{q1}^{R}}\not{\partial}_{1}^{R}\psi_{q1}^{R}+\overline{\psi_{q2}^{R}}\not{\partial}_{2}^{R}\psi_{q2}^{R}

Cependant pour que les équations des champs de jauge soient également vérifiées, il faut rajouter à cette densité d’action les termes de self-action des champs de jauge.

3.2.2 Quantités conservées

Le lagrangien 𝔏𝔏\mathfrak{L} est une fonction des champs et de leur dérivées covariantes :

𝔏=𝔏(ΨiL,Ψi;μL,ψiR,ψi;μR)𝔏𝔏superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇superscriptsubscript𝜓𝑖𝑅subscriptsuperscript𝜓𝑅𝑖𝜇\mathfrak{L}=\mathfrak{L}(\Psi_{i}^{L},\Psi^{L}_{i;\mu},\psi_{i}^{R},\psi^{R}_{i;\mu})

Pour ne pas alourdir les notations, nous avons écrit de la même manière les dérivées covariantes des spineurs gauches et droits, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles ne sont pas identiques.

δ𝔏=𝔏ψiRδψiR+𝔏ΨiLδΨiL+𝔏ψi;μRδψi;μR+𝔏Ψi;μLδΨi;μL𝛿𝔏𝔏subscriptsuperscript𝜓𝑅𝑖𝛿subscriptsuperscript𝜓𝑅𝑖𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝛿subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝔏subscriptsuperscript𝜓𝑅𝑖𝜇𝛿subscriptsuperscript𝜓𝑅𝑖𝜇𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇𝛿subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇\delta\mathfrak{L}=\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\psi^{R}_{i}}\delta\psi^{R}_{i}+\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i}}\delta\Psi^{L}_{i}+\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\psi^{R}_{i;\mu}}\delta\psi^{R}_{i;\mu}+\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i;\mu}}\delta\Psi^{L}_{i;\mu}

Appliquons au système une transformation d’isospin ”pure” telle que les champs sont transformés selon :

{ΨlL(x)=U(ξ(x))ΨlL=exp(iξα(x)2τα)ΨlLΨlL¯(x)=ΨlL¯(x)U(ξ(x))=ΨlL¯(x)exp(iξα(x)2τα)ΨqL(x)=U(ξ(x))ΨqL=exp(iξα(x)2τα)ΨqLΨqL¯(x)=ΨqL¯(x)U(ξ(x))=ΨqL¯(x)exp(iξα(x)2τα)ψlR=ψlRψlR¯=ψlR¯ψνlR=ψνlRψνlR¯=ψνlR¯ψq1R=ψq1Rψq1R¯=ψq1R¯ψq2R=ψq2Rψq2R¯=ψq2R¯casessuperscriptsubscriptΨ𝑙superscript𝐿𝑥𝑈𝜉𝑥superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼𝑥2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑙superscript𝐿𝑥¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscript𝑈𝜉𝑥¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼𝑥2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑞superscript𝐿𝑥𝑈𝜉𝑥superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼𝑥2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑞superscript𝐿𝑥¯superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿𝑥superscript𝑈𝜉𝑥¯superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿𝑥𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼𝑥2subscript𝜏𝛼superscriptsubscript𝜓𝑙superscript𝑅superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑙superscript𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙superscript𝑅superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅¯superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙superscript𝑅¯superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞1superscript𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞1superscript𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞2superscript𝑅superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞2superscript𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅\left\{\begin{array}[]{r c l}\Psi_{l}^{{}^{\prime}L}(x)&=&U(\vec{\xi(x)})\Psi_{l}^{L}=exp(i\frac{\xi_{\alpha}(x)}{2}\tau_{\alpha})\Psi_{l}^{L}\\ \overline{\Psi_{l}^{{}^{\prime}L}}(x)&=&\overline{\Psi_{l}^{L}}(x)U^{\dagger}(\vec{\xi(x)})=\overline{\Psi_{l}^{L}}(x)exp(-i\frac{\xi_{\alpha}(x)}{2}\tau_{\alpha})\\ \Psi_{q}^{{}^{\prime}L}(x)&=&U(\vec{\xi(x)})\Psi_{q}^{L}=exp(i\frac{\xi_{\alpha}(x)}{2}\tau_{\alpha})\Psi_{q}^{L}\\ \overline{\Psi_{q}^{{}^{\prime}L}}(x)&=&\overline{\Psi_{q}^{L}}(x)U^{\dagger}(\vec{\xi(x)})=\overline{\Psi_{q}^{L}}(x)exp(-i\frac{\xi_{\alpha}(x)}{2}\tau_{\alpha})\\ \psi_{l}^{{}^{\prime}R}&=&\psi_{l}^{R}\\ \overline{\psi_{l}^{{}^{\prime}R}}&=&\overline{\psi_{l}^{R}}\\ \psi_{\nu_{l}}^{{}^{\prime}R}&=&\psi_{\nu_{l}}^{R}\\ \overline{\psi_{\nu_{l}}^{{}^{\prime}R}}&=&\overline{\psi_{\nu_{l}}^{R}}\\ \psi_{q1}^{{}^{\prime}R}&=&\psi_{q1}^{R}\\ \overline{\psi_{q1}^{{}^{\prime}R}}&=&\overline{\psi_{q1}^{R}}\\ \psi_{q2}^{{}^{\prime}R}&=&\psi_{q2}^{R}\\ \overline{\psi_{q2}^{{}^{\prime}R}}&=&\overline{\psi_{q2}^{R}}\\ \end{array}\right.

qui correspond à un changement de section locale, donné par :

g:xMexp(iξα(x)2τα):𝑔𝑥𝑀maps-to𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼𝑥2subscript𝜏𝛼g:x\in M\mapsto exp(-i\frac{\xi_{\alpha}(x)}{2}\tau_{\alpha})

lors duquel la matrice de connexion varie de :

A=exp(iξα2τα)Aexp(iξα2τα)+exp(iξα2τα)d(exp(iξα2τα))superscript𝐴𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼𝐴𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼𝑑𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼A^{\prime}=exp(i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha})Aexp(-i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha})+exp(i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha})d(exp(-i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha}))

Presque par définition de la dérivée covariante, on a que :

{Ψi;μL(x)=U(ξ)Ψi;μL=exp(iξα2τα)Ψi;μLΨi;μL¯(x)=Ψi;μL¯(x)U(ξ)=Ψi;μL¯(x)exp(iξα2τα)ψi;μR=ψi;μRψi;μR¯=ψi;μR¯casessuperscriptsubscriptΨ𝑖𝜇superscript𝐿𝑥𝑈𝜉superscriptsubscriptΨ𝑖𝜇𝐿𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑖𝜇𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑖𝜇superscript𝐿𝑥¯superscriptsubscriptΨ𝑖𝜇𝐿𝑥superscript𝑈𝜉¯superscriptsubscriptΨ𝑖𝜇𝐿𝑥𝑒𝑥𝑝𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼superscriptsubscript𝜓𝑖𝜇superscript𝑅superscriptsubscript𝜓𝑖𝜇𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑖𝜇superscript𝑅¯superscriptsubscript𝜓𝑖𝜇𝑅\left\{\begin{array}[]{r c l}\Psi_{i;\mu}^{{}^{\prime}L}(x)&=&U(\vec{\xi})\Psi_{i;\mu}^{L}=exp(i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha})\Psi_{i;\mu}^{L}\\ \overline{\Psi_{i;\mu}^{{}^{\prime}L}}(x)&=&\overline{\Psi_{i;\mu}^{L}}(x)U^{\dagger}(\vec{\xi})=\overline{\Psi_{i;\mu}^{L}}(x)exp(-i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha})\\ \psi_{i;\mu}^{{}^{\prime}R}&=&\psi_{i;\mu}^{R}\\ \overline{\psi_{i;\mu}^{{}^{\prime}R}}&=&\overline{\psi_{i;\mu}^{R}}\\ \end{array}\right.

ce qui entraîne que le lagrangien est invariant (δ𝔏=0𝛿𝔏0\delta\mathfrak{L}=0). Or :

δ𝔏=𝔏ΨiLδΨiL+𝔏Ψi;μLδΨi;μL𝛿𝔏𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝛿subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇𝛿subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇\delta\mathfrak{L}=\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i}}\delta\Psi^{L}_{i}+\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i;\mu}}\delta\Psi^{L}_{i;\mu}

D’après l’équation d’Euler-Lagrange dont on requiert que les champs ΨlLsuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿\Psi_{l}^{L} sont des solutions,

i,𝔏ΨiLμH(𝔏Ψi;μL)=0for-all𝑖𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖superscriptsubscript𝜇𝐻𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇0\forall i,\ \ \frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i}}-\partial_{\mu}^{H}(\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i;\mu}})=0

l’équation précédente se réécrit en :

μH(𝔏Ψi;μLδΨiL)=0superscriptsubscript𝜇𝐻𝔏subscriptsuperscriptΨ𝐿𝑖𝜇𝛿superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿0\partial_{\mu}^{H}(\frac{\partial\mathfrak{L}}{\partial\Psi^{L}_{i;\mu}}\delta\Psi_{i}^{L})=0

où la sommation sur i𝑖i est comme toujours, sous-entendue. Pour la transformation considérée, en développant les exponentielles au voisinage de ξ=0𝜉0\vec{\xi}=0 :

U(ξ)ΨiL=ΨiL+iξα2ταΨiL+o(|ξ|2)𝑈𝜉superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿𝑖subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿𝑜superscript𝜉2U(\vec{\xi})\Psi_{i}^{L}=\Psi_{i}^{L}+i\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha}\Psi_{i}^{L}+o(|\vec{\xi}|^{2})

donc :

μH(ΨiL¯γμξα2ταΨiL)=0superscriptsubscript𝜇𝐻¯superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿superscript𝛾𝜇subscript𝜉𝛼2subscript𝜏𝛼superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿0\partial_{\mu}^{H}(\overline{\Psi_{i}^{L}}\gamma^{\mu}\frac{\xi_{\alpha}}{2}\tau_{\alpha}\Psi_{i}^{L})=0

d’où trois courants conservés :

j[|1,3|],Jjμ=12ΨiL¯γμτjΨiLformulae-sequencefor-all𝑗delimited-[]1.3superscriptsubscript𝐽𝑗𝜇12¯superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿superscript𝛾𝜇subscript𝜏𝑗superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿\forall j\in[|1,3|],\ \ \ J_{j}^{\mu}=\frac{1}{2}\overline{\Psi_{i}^{L}}\gamma^{\mu}\tau_{j}\Psi_{i}^{L}

correspondant à des charges :

j[|1,3|],IjW=d3xJj0(x)=12d3xΨiL(x)τjΨiL(x)formulae-sequencefor-all𝑗delimited-[]1.3superscriptsubscript𝐼𝑗𝑊superscript𝑑3𝑥superscriptsubscript𝐽𝑗0𝑥12superscript𝑑3𝑥superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿𝑥subscript𝜏𝑗superscriptsubscriptΨ𝑖𝐿𝑥\forall j\in[|1,3|],\ \ \ I_{j}^{W}=\int d^{3}\vec{x}J_{j}^{0}(x)=\frac{1}{2}\int d^{3}\vec{x}\Psi_{i}^{L\dagger}(x)\tau_{j}\Psi_{i}^{L}(x)
Remarque 31.

On retrouve les courants leptoniques Jjsuperscript𝐽𝑗J^{j} et Jjsuperscript𝐽absent𝑗J^{\dagger j} de la théorie IVB en faisant les transformations :

{Jj=2(J1jiJ2j)=ψl¯γj(1γ5)ψνl(x)Jj=2(J1j+iJ2j)=ψνl¯γj(1γ5)ψl(x)casessuperscript𝐽𝑗2superscriptsubscript𝐽1𝑗𝑖superscriptsubscript𝐽2𝑗¯subscript𝜓𝑙superscript𝛾𝑗1subscript𝛾5subscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑥superscript𝐽absent𝑗2superscriptsubscript𝐽1𝑗𝑖superscriptsubscript𝐽2𝑗¯subscript𝜓subscript𝜈𝑙superscript𝛾𝑗1subscript𝛾5subscript𝜓𝑙𝑥\left\{\begin{array}[]{r c l}J^{j}&=&2(J_{1}^{j}-iJ_{2}^{j})=\overline{\psi_{l}}\gamma^{j}(1-\gamma_{5})\psi_{\nu_{l}}(x)\\ J^{\dagger j}&=&2(J_{1}^{j}+iJ_{2}^{j})=\overline{\psi_{\nu_{l}}}\gamma^{j}(1-\gamma_{5})\psi_{l}(x)\end{array}\right.

et pour les quarks :

{Jj=2(J1jiJ2j)=ψ2¯γj(1γ5)ψ1(x)Jj=2(J1j+iJ2j)=ψ1¯γj(1γ5)ψ2(x)casessuperscript𝐽𝑗2superscriptsubscript𝐽1𝑗𝑖superscriptsubscript𝐽2𝑗¯subscript𝜓2superscript𝛾𝑗1subscript𝛾5subscript𝜓1𝑥superscript𝐽absent𝑗2superscriptsubscript𝐽1𝑗𝑖superscriptsubscript𝐽2𝑗¯subscript𝜓1superscript𝛾𝑗1subscript𝛾5subscript𝜓2𝑥\left\{\begin{array}[]{r c l}J^{j}&=&2(J_{1}^{j}-iJ_{2}^{j})=\overline{\psi_{2}}\gamma^{j}(1-\gamma_{5})\psi_{1}(x)\\ J^{\dagger j}&=&2(J_{1}^{j}+iJ_{2}^{j})=\overline{\psi_{1}}\gamma^{j}(1-\gamma_{5})\psi_{2}(x)\end{array}\right.

Ce modèle prévoit même l’existence du courant

J3i=12ΨlL¯γiτ3ΨlL=12[ψ1L¯(x)γiψ1(x)ψ2L¯(x)γiψ2L(x)]superscriptsubscript𝐽3𝑖12¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿superscript𝛾𝑖subscript𝜏3superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿12delimited-[]¯superscriptsubscript𝜓1𝐿𝑥superscript𝛾𝑖subscript𝜓1𝑥¯subscriptsuperscript𝜓𝐿2𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓2𝐿𝑥J_{3}^{i}=\frac{1}{2}\overline{\Psi_{l}^{L}}\gamma^{i}\tau_{3}\Psi_{l}^{L}=\frac{1}{2}[\overline{\psi_{1}^{L}}(x)\gamma^{i}\psi_{1}(x)-\overline{\psi^{L}_{2}}(x)\gamma^{i}\psi_{2}^{L}(x)]

qui est le courant d’isospin faible. C’est un courant neutre puisqu’il couple des particules de même charge (électrique) entre elles, au même titre que le courant électromagnétique :

si=eψl¯(x)γiψl(x)superscript𝑠𝑖𝑒¯subscript𝜓𝑙𝑥superscript𝛾𝑖subscript𝜓𝑙𝑥s^{i}=-e\overline{\psi_{l}}(x)\gamma^{i}\psi_{l}(x)

Le terme de droite est à un facteur de proportionnalité près (il faut changer l’échelle), le courant électromagnétique. On voit donc se profiler le fait que dans cette théorie, les interactions faibles et électromagnétiques seront reliées.

On définit le courant d’hypercharge faible, pour les leptons :

JYi(x)=si(x)eJ3i(x)=12ΨlL¯(x)γiΨlL(x)ψlR¯(x)γiψlR(x)subscriptsuperscript𝐽𝑖𝑌𝑥superscript𝑠𝑖𝑥𝑒subscriptsuperscript𝐽𝑖3𝑥12¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥¯superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑥J^{i}_{Y}(x)=\frac{s^{i}(x)}{e}-J^{i}_{3}(x)=-\frac{1}{2}\overline{\Psi_{l}^{L}}(x)\gamma^{i}\Psi_{l}^{L}(x)-\overline{\psi_{l}^{R}}(x)\gamma^{i}\psi_{l}^{R}(x)

ainsi que pour les quarks,

JYi(x)=si(x)eJ3i(x)=16ψuL¯(x)γiψuL(x)+23ψuR¯(x)γiψuR(x)+16ψdL¯(x)γiψdL(x)13ψdR¯(x)γiψdR(x)subscriptsuperscript𝐽𝑖𝑌𝑥superscript𝑠𝑖𝑥𝑒subscriptsuperscript𝐽𝑖3𝑥16¯superscriptsubscript𝜓𝑢𝐿𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓𝑢𝐿𝑥23¯superscriptsubscript𝜓𝑢𝑅𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓𝑢𝑅𝑥16¯superscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝐿𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝐿𝑥13¯superscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝑅𝑥superscript𝛾𝑖superscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝑅𝑥J^{i}_{Y}(x)=\frac{s^{i}(x)}{e}-J^{i}_{3}(x)=\frac{1}{6}\overline{\psi_{u}^{L}}(x)\gamma^{i}\psi_{u}^{L}(x)+\frac{2}{3}\overline{\psi_{u}^{R}}(x)\gamma^{i}\psi_{u}^{R}(x)+\frac{1}{6}\overline{\psi_{d^{\prime}}^{L}}(x)\gamma^{i}\psi_{d^{\prime}}^{L}(x)-\frac{1}{3}\overline{\psi_{d^{\prime}}^{R}}(x)\gamma^{i}\psi_{d^{\prime}}^{R}(x)

et l’hypercharge faible :

Y=d3xJYi(x)𝑌superscript𝑑3𝑥subscriptsuperscript𝐽𝑖𝑌𝑥Y=\int d^{3}\vec{x}J^{i}_{Y}(x)

ce qui permet d’écrire la relation :

Y=QeI3W𝑌𝑄𝑒superscriptsubscript𝐼3𝑊Y=\frac{Q}{e}-I_{3}^{W}

On a les valeurs suivantes des charges électrofaibles pour les particules considérées, obtenues en utilisant la définition générale des charges et le fait que les états sont normalisés.

Particule Charge électrique I3Wsuperscriptsubscript𝐼3𝑊I_{3}^{W} Y
leptonL,𝑙𝑒𝑝𝑡𝑜superscript𝑛𝐿lepton^{L,-} -1 1212-\frac{1}{2} 1212-\frac{1}{2}
neutrinoL𝑛𝑒𝑢𝑡𝑟𝑖𝑛superscript𝑜𝐿neutrino^{L} 0 +1212+\frac{1}{2} 1212-\frac{1}{2}
leptonR,𝑙𝑒𝑝𝑡𝑜superscript𝑛𝑅lepton^{R,-} -1 0 11-1
neutrinoR𝑛𝑒𝑢𝑡𝑟𝑖𝑛superscript𝑜𝑅neutrino^{R} 0 0 0
quark,uptypeL𝑞𝑢𝑎𝑟𝑘𝑢𝑝𝑡𝑦𝑝superscript𝑒𝐿quark,up-type^{L} 2323\frac{2}{3} 1212\frac{1}{2} 1616\frac{1}{6}
quark,downtypeL𝑞𝑢𝑎𝑟𝑘𝑑𝑜𝑤𝑛𝑡𝑦𝑝superscript𝑒𝐿quark,down-type^{L} -1313\frac{1}{3} 1212-\frac{1}{2} 1616\frac{1}{6}
quark,uptypeR𝑞𝑢𝑎𝑟𝑘𝑢𝑝𝑡𝑦𝑝superscript𝑒𝑅quark,up-type^{R} 2323\frac{2}{3} 0 2323\frac{2}{3}
quark,downtypeR𝑞𝑢𝑎𝑟𝑘𝑑𝑜𝑤𝑛𝑡𝑦𝑝superscript𝑒𝑅quark,down-type^{R} -1313\frac{1}{3} 0 1313-\frac{1}{3}

Lorsqu’on change de jauge pour le groupe U(1)𝑈1U(1), on a les transformations suivantes :

{ΨlL(x)ΨlL(x)=eiκ/2ΨlL(x)ψlReiκψlRψνlRψνlRcasessuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscriptsubscriptΨ𝑙superscript𝐿𝑥superscript𝑒𝑖𝜅2superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscript𝑒𝑖𝜅superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅\left\{\begin{array}[]{r c l}\Psi_{l}^{L}(x)&\rightarrow&\Psi_{l}^{{}^{\prime}L}(x)=e^{-i\kappa/2}\Psi_{l}^{L}(x)\\ \psi_{l}^{R}&\rightarrow&e^{-i\kappa}\psi_{l}^{R}\\ \psi_{\nu_{l}}^{R}&\rightarrow&\psi_{\nu_{l}}^{R}\\ \end{array}\right.

et de manière générale, si les quantons annihilés par ψ𝜓\psi sont d’hypercharge Y𝑌Y, on doit avoir :

ψ(x)ψ(x)=eiκYψ(x)𝜓𝑥superscript𝜓𝑥superscript𝑒𝑖𝜅𝑌𝜓𝑥\psi(x)\rightarrow\psi^{\prime}(x)=e^{i\kappa Y}\psi(x)
Remarque 32.

Les champs de particules appartenant à une famille de même isospin total et de même hypercharge sont des sections d’un même fibré associé puisque ils varient de la même manière lors d’un changement de jauge, c’est-à-dire qu’il sont sous la même représentation du groupe G𝐺G.

3.2.3 Le lagrangien des champs de jauge

D’après le chapitre précédent, et le fait que la ”bonne” densité de self-action des champs de jauge est donnée par :

14FμνFμν14subscript𝐹𝜇𝜈superscript𝐹𝜇𝜈-\frac{1}{4}F_{\mu\nu}F^{\mu\nu}

où F est la courbure associée aux connexions que sont les potentiels de jauge :

Fμνγ=μAνγνAμγ+AμαAνβfαβγsuperscriptsubscript𝐹𝜇𝜈𝛾subscript𝜇superscriptsubscript𝐴𝜈𝛾subscript𝜈superscriptsubscript𝐴𝜇𝛾superscriptsubscript𝐴𝜇𝛼superscriptsubscript𝐴𝜈𝛽superscriptsubscript𝑓𝛼𝛽𝛾F_{\mu\nu}^{\gamma}=\partial_{\mu}A_{\nu}^{\gamma}-\partial_{\nu}A_{\mu}^{\gamma}+A_{\mu}^{\alpha}A_{\nu}^{\beta}f_{\alpha\beta}^{\gamma}

Compte tenu des différentes définitions des champs de jauge (à un coefficient près notamment), l’expression de la courbure pour les trois degrés de liberté de la connexion sur SU(2)𝑆𝑈2SU(2) devient :

Fμνγ=μWνγνWμγ+gϵαβγWμαWνβsuperscriptsubscript𝐹𝜇𝜈𝛾subscript𝜇superscriptsubscript𝑊𝜈𝛾subscript𝜈superscriptsubscript𝑊𝜇𝛾𝑔superscriptsubscriptitalic-ϵ𝛼𝛽𝛾superscriptsubscript𝑊𝜇𝛼superscriptsubscript𝑊𝜈𝛽F_{\mu\nu}^{\gamma}=\partial_{\mu}W_{\nu}^{\gamma}-\partial_{\nu}W_{\mu}^{\gamma}+g\epsilon_{\alpha\beta}^{\gamma}W_{\mu}^{\alpha}W_{\nu}^{\beta}

(pour γ[|1,3|]𝛾delimited-[]1.3\gamma\in[|1,3|]) et celle de la courbure pour la connexion sur U(1)𝑈1U(1) :

Cμν=μBννBμsubscript𝐶𝜇𝜈subscript𝜇subscript𝐵𝜈subscript𝜈subscript𝐵𝜇C_{\mu\nu}=\partial_{\mu}B_{\nu}-\partial_{\nu}B_{\mu}

comme en électromagnétisme. Ainsi, le lagrangien total de la théorie s’écrit pour l’instant :

𝔏=14CμνCμν14FμνγFγμν+ΨlL¯(x)∂̸LHΨlL+ΨqL¯(x)∂̸qHΨqL𝔏14subscript𝐶𝜇𝜈superscript𝐶𝜇𝜈14superscriptsubscript𝐹𝜇𝜈𝛾superscript𝐹𝛾𝜇𝜈¯superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differential𝐿𝐻superscriptsubscriptΨ𝑙𝐿¯superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑞𝐻superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿\mathfrak{L}=-\frac{1}{4}C_{\mu\nu}C^{\mu\nu}-\frac{1}{4}F_{\mu\nu}^{\gamma}F^{\gamma\mu\nu}+\overline{\Psi_{l}^{L}}(x)\not{\partial}_{L}^{H}\Psi_{l}^{L}+\overline{\Psi_{q}^{L}}(x)\not{\partial}_{q}^{H}\Psi_{q}^{L}
+ψνlR¯(x)∂̸νlHψνlR(x)+ψlR¯(x)∂̸lHψlR(x)+ψq1R¯(x)∂̸q1Hψq1R(x)+ψq2R¯(x)∂̸q2Hψq2R(x)¯superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differentialsubscript𝜈𝑙𝐻superscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝑅𝑥¯superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑙𝐻superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑥¯superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑞1𝐻superscriptsubscript𝜓𝑞1𝑅𝑥¯superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅𝑥superscriptsubscriptnot-partial-differential𝑞2𝐻superscriptsubscript𝜓𝑞2𝑅𝑥+\overline{\psi_{\nu_{l}}^{R}}(x)\not{\partial}_{\nu_{l}}^{H}\psi_{\nu_{l}}^{R}(x)+\overline{\psi_{l}^{R}}(x)\not{\partial}_{l}^{H}\psi_{l}^{R}(x)+\overline{\psi_{q1}^{R}}(x)\not{\partial}_{q1}^{H}\psi_{q1}^{R}(x)+\overline{\psi_{q2}^{R}}(x)\not{\partial}_{q2}^{H}\psi_{q2}^{R}(x)

avec

ΨlL=(ψνlL(x)ψlL(x))ΨqL=(ψq1L(x)ψq2L(x))formulae-sequencesuperscriptsubscriptΨ𝑙𝐿matrixsuperscriptsubscript𝜓subscript𝜈𝑙𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑙𝐿𝑥superscriptsubscriptΨ𝑞𝐿matrixsuperscriptsubscript𝜓𝑞1𝐿𝑥superscriptsubscript𝜓𝑞2𝐿𝑥\Psi_{l}^{L}=\begin{pmatrix}\psi_{\nu_{l}}^{L}(x)\\ \psi_{l}^{L}(x)\end{pmatrix}\ \ \ \Psi_{q}^{L}=\begin{pmatrix}\psi_{q1}^{L}(x)\\ \psi_{q2}^{L}(x)\end{pmatrix}

3.2.4 Le problème de la masse

Jusqu’à maintenant, on a supposé que tous les champs de particules étaient non massifs. Lors de la quantification, les champs de jauge que nous avons construits donnent aussi des quantas non massifs. Cependant, cette situation n’est pas satisfaisante, d’une part parce qu’une explication de la courte portée des interactions faibles est que les bosons vecteurs sont massifs, et d’autre part parce que les leptons et en particulier l’électron et le muon, avaient déjà été observés au moment de l’élaboration de la théorie et on avait pu mesurer leur masse, une masse non nulle.

Observons les conséquences qu’ont les transformations naïves et sans vraie explication (mathématiquement, vis-à-vis de la théorie établie précédemment) du lagrangien qui visent à donner artificiellement de la masse aux particules évoquées.

La masse des bosons

Si on rajoute dans le lagrangien un terme en

mW2Wμ(x)Wμ(x)superscriptsubscript𝑚𝑊2superscriptsubscript𝑊𝜇𝑥superscript𝑊𝜇𝑥m_{W}^{2}W_{\mu}^{\dagger}(x)W^{\mu}(x)

on obtient la densité d’action de la théorie IVB, qui pose essentiellement deux problèmes : ce terme n’est pas invariant par symétrie de jauge SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1), il est mal défini au sens de la jauge ce qui conceptuellement est difficilement acceptable (aujourd’hui avec du recul et cette approche de la théorie). De plus, on retrouve les problèmes de non-renormalisabilité de la théorie IVB…

La masse des fermions

Pour les fermions, les problème est le même. Si on rajoute dans le lagrangien un terme de la forme

mlψl¯(x)ψl(x)subscript𝑚𝑙¯subscript𝜓𝑙𝑥subscript𝜓𝑙𝑥-m_{l}\overline{\psi_{l}}(x)\psi_{l}(x)

on perd l’invariance de jauge SU(2)×U(1)𝑆𝑈2𝑈1SU(2)\times U(1), car :

mlψl¯(x)ψl(x)=mlψl¯(x)[12(1+γ5)+12(1γ5)]ψl(x)=ml[ψl¯(x)LψlR(x)+ψl¯(x)Rψl(x)L]subscript𝑚𝑙¯subscript𝜓𝑙𝑥subscript𝜓𝑙𝑥subscript𝑚𝑙¯subscript𝜓𝑙𝑥delimited-[]121subscript𝛾5121subscript𝛾5subscript𝜓𝑙𝑥subscript𝑚𝑙delimited-[]¯subscript𝜓𝑙superscript𝑥𝐿superscriptsubscript𝜓𝑙𝑅𝑥¯subscript𝜓𝑙superscript𝑥𝑅subscript𝜓𝑙superscript𝑥𝐿-m_{l}\overline{\psi_{l}}(x)\psi_{l}(x)=-m_{l}\overline{\psi_{l}}(x)[\frac{1}{2}(1+\gamma_{5})+\frac{1}{2}(1-\gamma_{5})]\psi_{l}(x)=-m_{l}[\overline{\psi_{l}}(x)^{L}\psi_{l}^{R}(x)+\overline{\psi_{l}}(x)^{R}\psi_{l}(x)^{L}]

et les champs gauches sont des isospineurs tandis que les champs droits sont des isoscalaires.

Le modèle de Higgs permet de résoudre ce problème : on suppose qu’un autre champ existe, de valeur moyenne dans le vide non nulle (c’est donc forcément un champ scalaire) : le champ de Higgs. Ce champ est une section d’un fibré associé de fibre direct-sum\mathbb{C}\oplus\mathbb{C} puisqu’il doit être un doublet d’isospin. Quoiqu’il en soit, l’introduction de cet objet rajoute des termes dans le lagrangien, qui sont les termes ci-dessus nécessaires pour pouvoir interpréter les particules comme massives, plus d’autres termes qui assurent la conservation globale des symétries de jauge, et la renormalisabilité de la théorie.

3.3 Le mécanisme de Higgs et l’apparition de la masse

3.3.1 Brisure spontanée de symétrie

Considérons un système de lagrangien \mathcal{L} possédant une certaine symétrie. Si il n’y a qu’un seul état d’énergie minimale, alors on peut montrer qu’il est nécessairement invariant par la même symétrie. Cependant, si il y a plusieurs états d’énergie minimale, alors en choisissant un état d’énergie minimale, on brise la symétrie du système.
Pour fixer les idées, considérons une particule ponctuelle se déplaçant dans le plan complexe, et soumise au potentiel :

V(z)=μ2|z|2+λ|z|4𝑉𝑧superscript𝜇2superscript𝑧2𝜆superscript𝑧4V(z)=\mu^{2}|z|^{2}+\lambda|z|^{4}

λ>0𝜆0\lambda>0 (parce que sinon le potentiel tend vers -\infty en l’infini ou alors il est juste quadratique). Dans ce potentiel, concernant les états d’énergie minimale, deux cas sont envisageables :

  1. 1.

    Si μ2>0superscript𝜇20\mu^{2}>0, le potentiel admet seulement 0 comme point d’énergie minimale, et cet état respecte la symétrie du système par rotation autour de l’axe vertical passant par l’origine du plan.

  2. 2.

    Si μ2>0superscript𝜇20\mu^{2}>0, les états d’énergie extrémale sont donnés par :

    2μ2|z|+4λ|z|3=0z=0;|z|=μ22λ2superscript𝜇2𝑧4𝜆superscript𝑧30formulae-sequence𝑧0𝑧superscript𝜇22𝜆2\mu^{2}|z|+4\lambda|z|^{3}=0\Leftrightarrow z=0\ ;\ |z|=\sqrt{-\frac{\mu^{2}}{2\lambda}}

    si bien que les états d’énergie minimale forment un cercle centré en 0. C’est le potentiel célèbre en forme de ”chapeau mexicain”, de brisure spontanée de symétrie.

Cette idée provient de l’étude des matériaux ferromagnétiques dont l’aimantation, à température suffisamment basse, brise la symétrie du système (aimantation spontanée, non nulle sans champ).
C’est Yoichiro Nambu (18/01/1921-05/07/2015) qui a introduit ces idées en physique des particules. Il a reçu le prix Nobel de physique en 2008 pour cette contribution majeure.

3.3.2 Le mécanisme de Higgs

Considérons une théorie de jauge, de groupe de jauge U(1), symétrie que nous allons briser. Pour pouvoir briser la symétrie, il faut qu’on soit dans les cas 2. du paragraphe précédent. Considérons donc un fibré principal P=P(M,U(1))𝑃𝑃𝑀𝑈1P=P(M,U(1))M𝑀M est la variété d’espace-temps. Supposons que U(1)𝑈1U(1) agit sur 2superscript2\mathbb{C}\equiv\mathbb{R}^{2} via la représentation :

eiαeiα(1001)superscript𝑒𝑖𝛼superscript𝑒𝑖𝛼matrix1001e^{i\alpha}\rightarrow e^{i\alpha}\begin{pmatrix}1&0\\ 0&1\end{pmatrix}

Soit ϕitalic-ϕ\phi un champ de particules complexe, de spin nul, qui est donc une section du fibré associé P×ρ2subscript𝜌𝑃superscript2P\times_{\rho}\mathbb{R}^{2}, et vérifie l’équation de Klein-Gordon. Le lagrangien total du système s’écrit donc :

=14FμνFμν+((H)μϕ)((H)μϕ)V(ϕ)14subscript𝐹𝜇𝜈superscript𝐹𝜇𝜈superscriptsubscriptsuperscript𝐻𝜇italic-ϕsuperscriptsuperscript𝐻𝜇italic-ϕ𝑉italic-ϕ\mathcal{L}=-\frac{1}{4}F_{\mu\nu}F^{\mu\nu}+((\partial^{H})_{\mu}\phi)^{*}((\partial^{H})^{\mu}\phi)-V(\phi)

μH=μ+iAμsubscriptsuperscript𝐻𝜇subscript𝜇𝑖subscript𝐴𝜇\partial^{H}_{\mu}=\partial_{\mu}+iA_{\mu} est la dérivée covariante, iFμν=μAννAμ𝑖subscript𝐹𝜇𝜈subscript𝜇subscript𝐴𝜈subscript𝜈subscript𝐴𝜇iF_{\mu\nu}=\partial_{\mu}A_{\nu}-\partial_{\nu}A_{\mu} est la courbure associée à la connexion iAμ𝑖subscript𝐴𝜇iA_{\mu}, et où :

V(ϕ)=m2ϕϕ+λ(ϕϕ)2𝑉italic-ϕsuperscript𝑚2superscriptitalic-ϕitalic-ϕ𝜆superscriptsuperscriptitalic-ϕitalic-ϕ2V(\phi)=m^{2}\phi^{*}\phi+\lambda(\phi^{*}\phi)^{2}

Si m2<0superscript𝑚20m^{2}<0 et λ>0𝜆0\lambda>0, V𝑉V est minimale pour

|ϕ|=m2λ=v2italic-ϕsuperscript𝑚2𝜆𝑣2|\phi|=\sqrt{\frac{-m^{2}}{\lambda}}=\frac{v}{\sqrt{2}}

c’est le potentiel en forme de chapeau mexicain.

Refer to caption
Figure 3.13: La forme du potentiel employé dans le mécanisme de Higgs

Quitte à travailler avec une jauge adaptée, on peut choisir le minimum comme le champ constant réel

ϕ=v2italic-ϕ𝑣2\phi=\frac{v}{\sqrt{2}}

Dans la théorie quantifiée, on doit avoir :

<ϕ>=v2expectationitalic-ϕ𝑣2<\phi>=\frac{v}{\sqrt{2}}

On a ici brisé la symétrie de jauge U(1)𝑈1U(1). On peut réécrire ϕitalic-ϕ\phi en :

ϕ(x)=12(v+σ(x))eiη(x)vitalic-ϕ𝑥12𝑣𝜎𝑥superscript𝑒𝑖𝜂𝑥𝑣\phi(x)=\frac{1}{\sqrt{2}}(v+\sigma(x))e^{i\frac{\eta(x)}{v}}

mais quitte à changer de jauge on peut faire la transformation :

ϕ(x)ϕ(x)=eiη(x)vϕ(x)=12(v+σ(x))italic-ϕ𝑥superscriptitalic-ϕ𝑥superscript𝑒𝑖𝜂𝑥𝑣italic-ϕ𝑥12𝑣𝜎𝑥\phi(x)\rightarrow\phi^{\prime}(x)=e^{-i\frac{\eta(x)}{v}}\phi(x)=\frac{1}{\sqrt{2}}(v+\sigma(x))

qui implique également :

Aμ(x)Aμ(x)=Aμ(x)+1vμη(x)subscript𝐴𝜇𝑥subscriptsuperscript𝐴𝜇𝑥subscript𝐴𝜇𝑥1𝑣subscript𝜇𝜂𝑥A_{\mu}(x)\rightarrow A^{\prime}_{\mu}(x)=A_{\mu}(x)+\frac{1}{v}\partial_{\mu}\eta(x)
Remarque 33.

De tels choix de jauge sont appelés jauges unitaires.

On peut désormais réécrire le lagrangien comme :

=12(μσ)22λv22σ2λvσ3λ4σ412superscriptsubscript𝜇𝜎22𝜆superscript𝑣22superscript𝜎2𝜆𝑣superscript𝜎3𝜆4superscript𝜎4\mathcal{L}=\frac{1}{2}(\partial_{\mu}\sigma)^{2}-\frac{2\lambda v^{2}}{2}\sigma^{2}-\lambda v\sigma^{3}-\frac{\lambda}{4}\sigma^{4}
14FμνFμν+12v2AμAμ14subscript𝐹𝜇𝜈superscript𝐹𝜇𝜈12superscript𝑣2subscript𝐴𝜇superscript𝐴𝜇-\frac{1}{4}F_{\mu\nu}F^{\mu\nu}+\frac{1}{2}v^{2}A_{\mu}A^{\mu}
+vσAμAμ+12σ2AμAμ𝑣𝜎subscript𝐴𝜇superscript𝐴𝜇12superscript𝜎2subscript𝐴𝜇superscript𝐴𝜇+v\sigma A_{\mu}A^{\mu}+\frac{1}{2}\sigma^{2}A_{\mu}A^{\mu}

ce qui permet d’interpréter les deux premiers termes de la première ligne comme la partie propre du lagrangien reliée au champ σ𝜎\sigma qui apparait comme un champ scalaire (lagrangien de Klein-Gordon) massif, de masse 2λv22𝜆superscript𝑣2\sqrt{2\lambda v^{2}}, la deuxième ligne comme le lagrangien d’un champ de bosons (Klein-Gordon) vecteurs massifs, de masse v𝑣v, et les autres termes comme des termes d’interaction. Le terme en σ3superscript𝜎3\sigma^{3} génère par exemple des vertex d’interaction du champ σ𝜎\sigma avec lui même, le terme en σAμAμ𝜎subscript𝐴𝜇superscript𝐴𝜇\sigma A_{\mu}A^{\mu} un vertex d’interaction du champ σ𝜎\sigma avec deux lignes du champ de jauge …

3.3.3 La brisure de la symétrie SU(2)𝑆𝑈2SU(2) dans la théorie de jauge électrofaible

Le champ de Higgs

Pour briser la symétrie de jauge SU(2) est introduit un doublet d’isospin 1212\frac{1}{2} et d’hypercharge 111, noté :

ϕ=(ϕ+ϕ0)=12(ϕ1+iϕ2ϕ3+iϕ4)italic-ϕmatrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ012matrixsubscriptitalic-ϕ1𝑖subscriptitalic-ϕ2subscriptitalic-ϕ3𝑖subscriptitalic-ϕ4\phi=\begin{pmatrix}\phi^{+}\\ \phi^{0}\end{pmatrix}=\frac{1}{\sqrt{2}}\begin{pmatrix}\phi_{1}+i\phi_{2}\\ \phi_{3}+i\phi_{4}\\ \end{pmatrix}

Les notations employées s’expliquent par la relation

Q=I3W+Y𝑄superscriptsubscript𝐼3𝑊𝑌Q=I_{3}^{W}+Y

qui donne matriciellement :

Q=12((1001)+(1001))=(1000)𝑄12matrix1001matrix1001matrix1000Q=\frac{1}{2}(\begin{pmatrix}1&0\\ 0&-1\end{pmatrix}+\begin{pmatrix}1&0\\ 0&1\\ \end{pmatrix})=\begin{pmatrix}1&0\\ 0&0\end{pmatrix}

donc la première composante du doublet de Higgs a une charge positive tandis que la deuxième composante est électriquement neutre. La dérivée covariante du champ de Higgs s’écrit :

μHϕ=((μ00μ)+ig2(Bμ00Bμ)+ig2Wματα)ϕsubscriptsuperscript𝐻𝜇italic-ϕmatrixsubscript𝜇00subscript𝜇𝑖superscript𝑔2matrixsubscript𝐵𝜇00subscript𝐵𝜇𝑖𝑔2subscriptsuperscript𝑊𝛼𝜇subscript𝜏𝛼italic-ϕ\partial^{H}_{\mu}\phi=(\begin{pmatrix}\partial_{\mu}&0\\ 0&\partial_{\mu}\end{pmatrix}+i\frac{g^{\prime}}{2}\begin{pmatrix}B_{\mu}&0\\ 0&B_{\mu}\end{pmatrix}+i\frac{g}{2}W^{\alpha}_{\mu}\tau_{\alpha})\phi

c’est-à-dire :

μH=(μ+ig2Bμ+ig2Wμ3ig2(Wμ1iWμ2)ig2(Wμ1+iWμ2)μ+ig2Bμig2Wμ3)superscriptsubscript𝜇𝐻matrixsubscript𝜇𝑖superscript𝑔2subscript𝐵𝜇𝑖𝑔2superscriptsubscript𝑊𝜇3𝑖𝑔2superscriptsubscript𝑊𝜇1𝑖superscriptsubscript𝑊𝜇2𝑖𝑔2superscriptsubscript𝑊𝜇1𝑖superscriptsubscript𝑊𝜇2subscript𝜇𝑖superscript𝑔2subscript𝐵𝜇𝑖𝑔2superscriptsubscript𝑊𝜇3\partial_{\mu}^{H}=\begin{pmatrix}\partial_{\mu}+\frac{ig^{\prime}}{2}B_{\mu}+\frac{ig}{2}W_{\mu}^{3}&\frac{ig}{2}(W_{\mu}^{1}-iW_{\mu}^{2})\\ \frac{ig}{2}(W_{\mu}^{1}+iW_{\mu}^{2})&\partial_{\mu}+\frac{ig^{\prime}}{2}B_{\mu}-\frac{ig}{2}W_{\mu}^{3}\end{pmatrix}

et en notant :

{ig2+g2Aμ=ig2Bμ+ig2Wμ3ig2+g2Zμ=ig2Bμig2Wμ32W+=Wμ1iWμ22W=Wμ1+iWμ2\left\{\begin{array}[]{r c l}i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}A_{\mu}&=&\frac{ig^{\prime}}{2}B_{\mu}+\frac{ig}{2}W_{\mu}^{3}\\ i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}Z_{\mu}&=&\frac{ig^{\prime}}{2}B_{\mu}-\frac{ig}{2}W_{\mu}^{3}\\ \sqrt{2}W^{+}&=&W_{\mu}^{1}-iW_{\mu}^{2}\\ \sqrt{2}W^{-}&=&W_{\mu}^{1}+iW_{\mu}^{2}\\ \end{array}\right.

on peut réécrire :

μH=(μ+ig2+g2Aμig2W+ig2Wμ+ig2+g2Zμ)\partial_{\mu}^{H}=\begin{pmatrix}\partial_{\mu}+i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}A_{\mu}&\frac{ig}{\sqrt{2}}W^{+}\\ \frac{ig}{\sqrt{2}}W^{-}&\partial_{\mu}+i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}Z_{\mu}\end{pmatrix}

La partie du lagrangien relatif au champ de Higgs est :

Higgs=((H)νϕ)((H)νϕ)μ2ϕϕλ(ϕϕ)2superscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠superscriptsubscriptsuperscript𝐻𝜈italic-ϕsuperscriptsuperscript𝐻𝜈italic-ϕsuperscript𝜇2superscriptitalic-ϕitalic-ϕ𝜆superscriptsuperscriptitalic-ϕitalic-ϕ2\mathcal{L}^{Higgs}=((\partial^{H})_{\nu}\phi)^{\dagger}((\partial^{H})^{\nu}\phi)-\mu^{2}\phi^{\dagger}\phi-\lambda(\phi^{\dagger}\phi)^{2}

et la partie potentielle a un minimum pour ϕϕ=μ22λsuperscriptitalic-ϕitalic-ϕsuperscript𝜇22𝜆\phi^{\dagger}\phi=\frac{-\mu^{2}}{2\lambda}. Sans perte de généralité (moyennant le choix d’une jauge adaptée), on peut prendre pour minimum :

ϕmin=12(0v)subscriptitalic-ϕ𝑚𝑖𝑛12matrix0𝑣\phi_{min}=\frac{1}{\sqrt{2}}\begin{pmatrix}0\\ v\end{pmatrix}

à condition d’avoir

v2=μ2λsuperscript𝑣2superscript𝜇2𝜆v^{2}=-\frac{\mu^{2}}{\lambda}
Remarque 34.

Le minimum est choisi de charge électrique nulle, pour que la symétrie U(1)𝑈1U(1) ne soit pas brisée par le mécanisme (et donc pour que le photon reste sans masse), comme nous allons le voir.

On peut choisir une jauge unitaire comme dans le cas de la théorie de jauge U(1)𝑈1U(1) étudiée ci-dessus, et alors :

ϕ(x)12(0v+σ(x))italic-ϕ𝑥12matrix0𝑣𝜎𝑥\phi(x)\rightarrow\frac{1}{\sqrt{2}}\begin{pmatrix}0\\ v+\sigma(x)\\ \end{pmatrix}

Le lagrangien Higgssuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠\mathcal{L}^{Higgs} devient alors :

Higgs=12(ig2Wν(v+σ)+(νig2+g2Zν)(v+σ))×(ig2W+ν(v+σ)+(ν+ig2+g2Zν)(v+σ))\mathcal{L}^{Higgs}=\frac{1}{2}(\frac{ig}{2}W_{\nu}^{-}(v+\sigma)+(\partial_{\nu}-i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}Z_{\nu})(v+\sigma))\times(\frac{ig}{2}W^{+\nu}(v+\sigma)+(\partial^{\nu}+i\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}Z^{\nu})(v+\sigma))
μ22(v+σ)2λ4(v+σ)4superscript𝜇22superscript𝑣𝜎2𝜆4superscript𝑣𝜎4-\frac{\mu^{2}}{2}(v+\sigma)^{2}-\frac{\lambda}{4}(v+\sigma)^{4}
La génération de la masse et l’apparition des bosons de jauge électrofaibles

Réécrivons le lagrangien auquel nous sommes arrivés :

Higgs=1Higgs+2Higgs+3Higgssuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠1subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠2subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠3\mathcal{L}^{Higgs}=\mathcal{L}^{Higgs}_{1}+\mathcal{L}^{Higgs}_{2}+\mathcal{L}^{Higgs}_{3}

avec

1Higgs=12(νσ)(νσ)μ22σ2λvσ3λ4σ4subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠112subscript𝜈𝜎superscript𝜈𝜎superscript𝜇22superscript𝜎2𝜆𝑣superscript𝜎3𝜆4superscript𝜎4\mathcal{L}^{Higgs}_{1}=\frac{1}{2}(\partial_{\nu}\sigma)(\partial^{\nu}\sigma)-\frac{\mu^{2}}{2}\sigma^{2}-\lambda v\sigma^{3}-\frac{\lambda}{4}\sigma^{4}
μ22v2μ2vσλ4v4λv3σ3λ2v2σ2superscript𝜇22superscript𝑣2superscript𝜇2𝑣𝜎𝜆4superscript𝑣4𝜆superscript𝑣3𝜎3𝜆2superscript𝑣2superscript𝜎2-\frac{\mu^{2}}{2}v^{2}-\mu^{2}v\sigma-\frac{\lambda}{4}v^{4}-\lambda v^{3}\sigma-\frac{3\lambda}{2}v^{2}\sigma^{2}

On peut tout d’abord s’affranchir des termes constants μ22v2superscript𝜇22superscript𝑣2-\frac{\mu^{2}}{2}v^{2} et λ4v4𝜆4superscript𝑣4\frac{\lambda}{4}v^{4}. De plus :

(μ223λ2v2)=(λv223λ2v2)=λv2superscript𝜇223𝜆2superscript𝑣2𝜆superscript𝑣223𝜆2superscript𝑣2𝜆superscript𝑣2(-\frac{\mu^{2}}{2}-\frac{3\lambda}{2}v^{2})=(\frac{\lambda v^{2}}{2}-\frac{3\lambda}{2}v^{2})=-\lambda v^{2}

et

μ2vσλv3σ=v(μ2λv2)σ=0superscript𝜇2𝑣𝜎𝜆superscript𝑣3𝜎𝑣superscript𝜇2𝜆superscript𝑣2𝜎0\mu^{2}v\sigma-\lambda v^{3}\sigma=-v(\mu^{2}-\lambda v^{2})\sigma=0

donc finalement :

1Higgs=12(νσ)(νσ)12(2λv2)σ2λvσ3λ4σ4subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠112subscript𝜈𝜎superscript𝜈𝜎122𝜆superscript𝑣2superscript𝜎2𝜆𝑣superscript𝜎3𝜆4superscript𝜎4\mathcal{L}^{Higgs}_{1}=\frac{1}{2}(\partial_{\nu}\sigma)(\partial^{\nu}\sigma)-\frac{1}{2}(2\lambda v^{2})\sigma^{2}-\lambda v\sigma^{3}-\frac{\lambda}{4}\sigma^{4}

où les deux premiers termes sont compris comme le lagrangien du champ scalaire σ𝜎\sigma (équation de Klein-Gordon) sans interaction, de masse mh2=2λv2superscriptsubscript𝑚22𝜆superscript𝑣2m_{h}^{2}=2\lambda v^{2}, et les deux derniers comme des termes d’interaction du champs σ𝜎\sigma avec lui-même. Par ailleurs :

2Higgs=g2v28(WνW+ν)+v28(g2+g2)ZνZν\mathcal{L}^{Higgs}_{2}=\frac{g^{2}v^{2}}{8}(W^{-}_{\nu}W^{+\nu})+\frac{v^{2}}{8}(g^{2}+g^{{}^{\prime}2})Z_{\nu}Z^{\nu}

Posons

mW=gv2mZ=vg2+g22m_{W}=\frac{gv}{2}\ \ m_{Z}=\frac{v\sqrt{g^{2}+g^{{}^{\prime}2}}}{2}

ce terme du lagrangien devient :

2Higgs=mW2(WνW+ν)+12mZ2ZνZνsubscriptsuperscript𝐻𝑖𝑔𝑔𝑠2superscriptsubscript𝑚𝑊2subscriptsuperscript𝑊𝜈superscript𝑊𝜈12superscriptsubscript𝑚𝑍2subscript𝑍𝜈superscript𝑍𝜈\mathcal{L}^{Higgs}_{2}=m_{W}^{2}(W^{-}_{\nu}W^{+\nu})+\frac{1}{2}m_{Z}^{2}Z_{\nu}Z^{\nu}

Les champs B𝐵B et W3superscript𝑊3W^{3} ont été couplés entre eux par :

(ZνAν)=(cosθsinθsinθcosθ)(Wν3Bν)matrixsubscript𝑍𝜈subscript𝐴𝜈matrix𝑐𝑜𝑠𝜃𝑠𝑖𝑛𝜃𝑠𝑖𝑛𝜃𝑐𝑜𝑠𝜃matrixsuperscriptsubscript𝑊𝜈3subscript𝐵𝜈\begin{pmatrix}Z_{\nu}\\ A_{\nu}\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}cos\theta&-sin\theta\\ sin\theta&cos\theta\end{pmatrix}\begin{pmatrix}W_{\nu}^{3}\\ B_{\nu}\end{pmatrix}

avec

cosθ=gg+gsinθ=gg+gformulae-sequence𝑐𝑜𝑠𝜃𝑔𝑔superscript𝑔𝑠𝑖𝑛𝜃superscript𝑔𝑔superscript𝑔cos\theta=\frac{g}{\sqrt{g+g^{\prime}}}\ \ sin\theta=\frac{g^{\prime}}{\sqrt{g+g^{\prime}}}

θ𝜃\theta est le ”weak mixing angle” ou angle de Weinberg, que l’expérience fixe à

sin2θ=0.23122±0.00015𝑠𝑖superscript𝑛2𝜃plus-or-minus023122000015sin^{2}\theta=0.23122\pm 0.00015

Cette manipulation permet de faire apparaître dans le lagrangien un champ de jauge non massif, dont on a besoin pour décrire les photons. Il reste donc un champ de jauge complexe W+superscript𝑊W^{+} qu’on décrit également à l’aide de son adjoint W=(W+)superscript𝑊superscriptsuperscript𝑊W^{-}=(W^{+})^{\dagger}, qui après quantification donne des quanta bosoniques de masse mWsubscript𝑚𝑊m_{W}, et un champ de jauge réel dont les quanta sont des bosons de masse mZsubscript𝑚𝑍m_{Z}. Remarquons que :

mZ=mWsinθsubscript𝑚𝑍subscript𝑚𝑊𝑠𝑖𝑛𝜃m_{Z}=\frac{m_{W}}{sin\theta}

mais que la masse exacte n’est pas prédite. Cependant, les masses mesurées des bosons W et Z, valant respectivement 80.40 GeV et 91.19 GeV, permettent de vérifier la cohérence de la théorie. De plus, si la mesure - par exemple - du temps de vie du muon permet d’accéder à la valeur de v𝑣v :

v=2mWg=12G246.22GeV𝑣2subscript𝑚𝑊𝑔12𝐺24622𝐺𝑒𝑉v=\frac{2m_{W}}{g}=\frac{1}{\sqrt{\sqrt{2}G}}\approx 246.22\ GeV

il ne reste plus qu’un seul paramètre libre pour le champ de Higgs, par exemple, le paramètre λ𝜆\lambda, ou, de manière équivalent, la masse du boson de Higgs (le quanta du champ de Higgs).

Le modèle standard ne prévoit pas la valeur de cette constante, d’où le challenge pour observer le boson de Higgs : la seule information, avant la découverte, était que sa masse est comprise entre quelques dizaines de GeV et quelques TeV, soit une plage énorme à balayer. Cependant, une fois la masse fixée, il est possible de calculer les différents branching ratio de la désintégration du Higgs.

Refer to caption
Figure 3.14: Diagramme montrant les différentes fractions de désintégration du boson de Higgs (en 2011, les recherches du LEP et les deux premières années de fonctionnement du LHC permettent de restreindre l’étude à la recherche d’un particle de masse comprise entre 115 et 200 GeV)

Le boson de Higgs a finalement été observé, et sa masse mesurée à 125 GeV. S’il s’agit bien du Higgs du modèle standard, on contraint le dernier paramètre libre de la théorie de Higgs, puisque :

mH2=2λv2λ=mH22v20.13superscriptsubscript𝑚𝐻22𝜆superscript𝑣2𝜆superscriptsubscript𝑚𝐻22superscript𝑣2013m_{H}^{2}=2\lambda v^{2}\Rightarrow\lambda=\frac{m_{H}^{2}}{2v^{2}}\approx 0.13
De la masse pour les fermions

Nous avons vu pourquoi il était nécessaire de partir de fermions de masse nulle pour construire les interactions faibles. Cependant, il est des fermions (comme l’électron, le muon …) dont on connait la masse, et qu’il serait absurde de décrire comme des particules non massives. Ce problème est résolu en couplant les fermions au champ de Higgs par des ”couplages de Yukawa”. Soit

Ψ=(ψ1ψ2)Ψmatrixsubscript𝜓1subscript𝜓2\Psi=\begin{pmatrix}\psi_{1}\\ \psi_{2}\end{pmatrix}

un doublet d’isospin de fermions. On peut rendre le champ de fermions ψ2subscript𝜓2\psi_{2} massif en rajoutant un terme au lagrangien de la forme :

HL=Gl(Ψ¯L(ϕ+ϕ0)ψ2R+ψ2¯(ϕ+ϕ0)ΨL)superscript𝐻𝐿subscript𝐺𝑙superscript¯Ψ𝐿matrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ0superscriptsubscript𝜓2𝑅¯subscript𝜓2matrixsuperscriptitalic-ϕabsentsuperscriptitalic-ϕ0superscriptΨ𝐿\mathcal{L}^{HL}=-G_{l}(\overline{\Psi}^{L}\begin{pmatrix}\phi^{+}\\ \phi^{0}\end{pmatrix}\psi_{2}^{R}+\overline{\psi_{2}}\begin{pmatrix}\phi^{+*}&\phi^{0*}\end{pmatrix}\Psi^{L})

Ψ¯L(ϕ+ϕ0)=(ψ1L¯ψ2L¯)(ϕ+ϕ0)=ϕ+ψ1L¯+ϕ0ψ2L¯superscript¯Ψ𝐿matrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ0matrix¯superscriptsubscript𝜓1𝐿¯superscriptsubscript𝜓2𝐿matrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ0superscriptitalic-ϕ¯superscriptsubscript𝜓1𝐿superscriptitalic-ϕ0¯superscriptsubscript𝜓2𝐿\overline{\Psi}^{L}\begin{pmatrix}\phi^{+}\\ \phi^{0}\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}\overline{\psi_{1}^{L}}&\overline{\psi_{2}^{L}}\end{pmatrix}\begin{pmatrix}\phi^{+}\\ \phi^{0}\end{pmatrix}=\phi^{+}\cdot\overline{\psi_{1}^{L}}+\phi^{0}\cdot\overline{\psi_{2}^{L}}

et de même par la partie conjuguée hermitienne. Il est clair que le terme ainsi rajouté est bien défini au sens de la jauge (en effet ΨLsuperscriptΨ𝐿\Psi^{L} est d’isospin total 1212\frac{1}{2}, tout comme le doublet Higgs, alors que ψ2Rsuperscriptsubscript𝜓2𝑅\psi_{2}^{R} est d’isospin total nul ; pour l’hypercharge, Y(ΨL)=1𝑌superscriptΨ𝐿1Y(\Psi^{L})=1, Y(ϕ)=1𝑌italic-ϕ1Y(\phi)=1 et Y(ψ2R)=2𝑌superscriptsubscript𝜓2𝑅2Y(\psi_{2}^{R})=-2), ce qui n’était pas le cas des termes ”naïvement” rajoutés au lagrangien pour rendre les fermions massifs, à cause de la non invariance par symétrie de parité.
En jauge unitaire,

(ϕ+ϕ0)=12(0v+σ(x))matrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ012matrix0𝑣𝜎𝑥\begin{pmatrix}\phi^{+}\\ \phi^{0}\end{pmatrix}=\frac{1}{\sqrt{2}}\begin{pmatrix}0\\ v+\sigma(x)\end{pmatrix}

ce qui fait apparaître les termes :

HL=Ge2(ψ2L¯(v+σ)ψ2L+ψ2R¯(v+σ)ψ2R)superscript𝐻𝐿subscript𝐺𝑒2¯superscriptsubscript𝜓2𝐿𝑣𝜎superscriptsubscript𝜓2𝐿¯superscriptsubscript𝜓2𝑅𝑣𝜎superscriptsubscript𝜓2𝑅\mathcal{L}^{HL}=-\frac{G_{e}}{\sqrt{2}}(\overline{\psi_{2}^{L}}(v+\sigma)\psi_{2}^{L}+\overline{\psi_{2}^{R}}(v+\sigma)\psi_{2}^{R})

or

ψ2L¯ψ2R+ψ2L¯ψ2R=14ψ2¯(1+γ5)(1+γ5)ψ2+14ψ2¯(1γ5)(1γ5)ψ2=ψ2¯ψ2¯superscriptsubscript𝜓2𝐿superscriptsubscript𝜓2𝑅¯superscriptsubscript𝜓2𝐿superscriptsubscript𝜓2𝑅14¯subscript𝜓21subscript𝛾51subscript𝛾5subscript𝜓214¯subscript𝜓21subscript𝛾51subscript𝛾5subscript𝜓2¯subscript𝜓2subscript𝜓2\overline{\psi_{2}^{L}}\psi_{2}^{R}+\overline{\psi_{2}^{L}}\psi_{2}^{R}=\frac{1}{4}\overline{\psi_{2}}(1+\gamma_{5})(1+\gamma_{5})\psi_{2}+\frac{1}{4}\overline{\psi_{2}}(1-\gamma_{5})(1-\gamma_{5})\psi_{2}=\overline{\psi_{2}}\psi_{2}

d’où :

HL=Gev2ψ2¯ψ2+Ge2ψ2¯ψ2σ\mathcal{L}^{HL}=-\frac{G_{e}v}{\sqrt{2}}\overline{\psi_{2}}\psi_{2}+-\frac{G_{e}}{\sqrt{2}}\overline{\psi_{2}}\psi_{2}\sigma

et la masse du fermion est donnée par

m2=Gev2subscript𝑚2subscript𝐺𝑒𝑣2m_{2}=\frac{G_{e}v}{2}

Pour pouvoir vérifier la véracité de cette égalité, il faut mesurer la constante adimensionnée Gesubscript𝐺𝑒G_{e} grâce à l’autre terme qu’on rajoute et qui couple le champ de fermions au champ de Higgs.

Pour donner de la masse au champ ψ1subscript𝜓1\psi_{1}, on rajoute au lagrangien un terme de la forme :

HL=Gl(Ψ¯L(ϕ0ϕ+)ψ2R+ψ2¯(ϕ0ϕ+)ΨL)superscript𝐻𝐿subscriptsuperscript𝐺𝑙superscript¯Ψ𝐿matrixsuperscriptitalic-ϕ0superscriptitalic-ϕabsentsuperscriptsubscript𝜓2𝑅¯subscript𝜓2matrixsuperscriptitalic-ϕ0superscriptitalic-ϕsuperscriptΨ𝐿\mathcal{L}^{HL}=-G^{\prime}_{l}(\overline{\Psi}^{L}\begin{pmatrix}\phi^{0*}\\ -\phi^{+*}\end{pmatrix}\psi_{2}^{R}+\overline{\psi_{2}}\begin{pmatrix}\phi^{0}&\phi^{+}\end{pmatrix}\Psi^{L})

où on peut réécrire :

(ϕ0ϕ+)=i[(ϕ+ϕ0)(0ii0)]=i[ϕτ2]matrixsuperscriptitalic-ϕ0superscriptitalic-ϕabsent𝑖delimited-[]matrixsuperscriptitalic-ϕsuperscriptitalic-ϕ0matrix0𝑖𝑖0𝑖delimited-[]superscriptitalic-ϕsubscript𝜏2\begin{pmatrix}\phi^{0*}\\ -\phi^{+*}\end{pmatrix}=-i[\begin{pmatrix}\phi^{+}&\phi^{0}\end{pmatrix}\begin{pmatrix}0&-i\\ i&0\end{pmatrix}]=-i[\phi^{\dagger}\tau_{2}]
Cas des quarks

Les quark gauches forment, comme les leptons, des doublets d’isospin :

(ψuψd)L(ψcψs)L(ψtψb)Lsubscriptmatrixsubscript𝜓𝑢subscript𝜓superscript𝑑𝐿subscriptmatrixsubscript𝜓𝑐subscript𝜓superscript𝑠𝐿subscriptmatrixsubscript𝜓𝑡subscript𝜓superscript𝑏𝐿\begin{pmatrix}\psi_{u}\\ \psi_{d^{\prime}}\end{pmatrix}_{L}\ \ \begin{pmatrix}\psi_{c}\\ \psi_{s^{\prime}}\end{pmatrix}_{L}\ \ \begin{pmatrix}\psi_{t}\\ \psi_{b^{\prime}}\end{pmatrix}_{L}

d’isospin total 1212\frac{1}{2} et d’hypercharge 1313\frac{1}{3}, et les quarks droits des singulets d’isospin :

ψuRψcRψtRsuperscriptsubscript𝜓𝑢𝑅superscriptsubscript𝜓𝑐𝑅superscriptsubscript𝜓𝑡𝑅\psi_{u}^{R}\ \ \psi_{c}^{R}\ \ \psi_{t}^{R}

d’isospin total 0 et d’hypercharge 4343\frac{4}{3}, et

ψdRψsRψbRsuperscriptsubscript𝜓superscript𝑑𝑅superscriptsubscript𝜓superscript𝑠𝑅superscriptsubscript𝜓superscript𝑏𝑅\psi_{d^{\prime}}^{R}\ \ \psi_{s^{\prime}}^{R}\ \ \psi_{b^{\prime}}^{R}

d’isospin total 0 et d’hypercharge 2323\frac{-2}{3}.

Les couplages de Yukawa génèrent des termes de masse dans le lagrangien, de la forme :

(ψu¯ψc¯ψt¯)Muptype(ψuψcψt)matrix¯subscript𝜓𝑢¯subscript𝜓𝑐¯subscript𝜓𝑡subscript𝑀𝑢𝑝𝑡𝑦𝑝𝑒matrixsubscript𝜓𝑢subscript𝜓𝑐subscript𝜓𝑡\begin{pmatrix}\overline{\psi_{u}}&\overline{\psi_{c}}&\overline{\psi_{t}}\end{pmatrix}M_{up-type}\begin{pmatrix}\psi_{u}\\ \psi_{c}\\ \psi_{t}\end{pmatrix}

et

(ψd¯ψs¯ψb¯)Mdowntype(ψdψsψb)matrix¯subscript𝜓superscript𝑑¯subscript𝜓superscript𝑠¯subscript𝜓superscript𝑏subscript𝑀𝑑𝑜𝑤𝑛𝑡𝑦𝑝𝑒matrixsubscript𝜓superscript𝑑subscript𝜓superscript𝑠subscript𝜓superscript𝑏\begin{pmatrix}\overline{\psi_{d^{\prime}}}&\overline{\psi_{s^{\prime}}}&\overline{\psi_{b^{\prime}}}\end{pmatrix}M_{down-type}\begin{pmatrix}\psi_{d^{\prime}}\\ \psi_{s^{\prime}}\\ \psi_{b^{\prime}}\end{pmatrix}

mais les deux matrices ne peuvent être diagonalisées simultanément, si bien que si on choisit de diagonaliser Muptypesubscript𝑀𝑢𝑝𝑡𝑦𝑝𝑒M_{up-type}, on obtient :

Mdowntype=V(md000ms000mb)Vsubscript𝑀𝑑𝑜𝑤𝑛𝑡𝑦𝑝𝑒𝑉matrixsubscript𝑚𝑑000subscript𝑚𝑠000subscript𝑚𝑏superscript𝑉M_{down-type}=V\begin{pmatrix}m_{d}&0&0\\ 0&m_{s}&0\\ 0&0&m_{b}\\ \end{pmatrix}V^{\dagger}

et on a :

(ψdψsψb)=V(ψdψsψb)matrixsubscript𝜓superscript𝑑subscript𝜓superscript𝑠subscript𝜓superscript𝑏𝑉matrixsubscript𝜓𝑑subscript𝜓𝑠subscript𝜓𝑏\begin{pmatrix}\psi_{d^{\prime}}\\ \psi_{s^{\prime}}\\ \psi_{b^{\prime}}\end{pmatrix}=V\begin{pmatrix}\psi_{d}\\ \psi_{s}\\ \psi_{b}\end{pmatrix}

et V𝑉V est la matrice unitaire de Cabbibo-Kobayashi-Maskawa, qui donne les probabilités de changement de saveurs des quarks par interaction faible, qui peuvent être mesurées. En 2014, le particle data group donne pour la matrice CKM :

V=(0.97427±0.000140.22536±0.000610.00355±0.000150.22522±0.000610.97343±0.000150.0414±0.00120.00886±0.000330.0405±0.00120.99914±0.00005)𝑉matrixplus-or-minus097427000014plus-or-minus022536000061plus-or-minus000355000015plus-or-minus022522000061plus-or-minus097343000015plus-or-minus0041400012plus-or-minus000886000033plus-or-minus0040500012plus-or-minus099914000005V=\begin{pmatrix}0.97427\pm 0.00014&0.22536\pm 0.00061&0.00355\pm 0.00015\\ 0.22522\pm 0.00061&0.97343\pm 0.00015&0.0414\pm 0.0012\\ 0.00886\pm 0.00033&0.0405\pm 0.0012&0.99914\pm 0.00005\end{pmatrix}

3.4 Au delà du modèle standard …

Le modèle standard est une théorie qui encore aujourd’hui, est difficile à dépasser. Des signes de ”nouvelle physique” apparaissent depuis des années, mais c’est plutôt de l’inexplicable que des observations non concordantes avec le modèle Standard. Tout d’abord, le modèle standard n’explique pas la gravitation. En plus de cela, les problèmes liés à la matière noire, à la ”baryon asymmetry”, l’inflation de l’univers, la valeur des constantes cosmologiques, la hiérarchie de masse des fermions, pour ne citer qu’eux, ne trouvent pas de réponse dans le modèle standard, ce qui pousse à chercher une théorie englobant le modèle standard, et permettant de résoudre au moins certains des problèmes évoqués ci-dessus. On distingue plusieurs types de modèles étendant le modèle standard :

  1. 1.

    Le ”κ𝜅\kappa framework” (”kappa framework”), qui paramètre juste les déviations des constantes du modèle standard

  2. 2.

    Les ”Effective Field Theories” (EFT), qui sont à proprement parler des théories perturbatives du modèle standard

  3. 3.

    Les modèles simplifiés, où on introduit seulement des corrections locales du modèle standard, qui peuvent être des prédictions de théories plus générales (supersymétriques par exemple)

  4. 4.

    Les théories générales (UV pour ultraviolet) qui sont une extension du modèle standard également valables à haute énergie, au delà le l’énergie de brisure électrofaible, que nous n’évoquerons pas ici compte tenu de la complexité des idées introduites. Remarquons seulement que les extensions du domaine scalaire sont soit des théories supersymétriques (MSSM, Split SUSY, …) soit des modèles introduisant une nouvelle dynamique forte qui rend le boson de Higgs composite.

3.4.1 Kappas frameworks

Notons gi,SMsubscript𝑔𝑖𝑆𝑀g_{i,SM} les différents couplages du modèle standard, et gisubscript𝑔𝑖g_{i} les couplages vrais, mesurables. On définit :

κi=gigi,SMsubscript𝜅𝑖subscript𝑔𝑖subscript𝑔𝑖𝑆𝑀\kappa_{i}=\frac{g_{i}}{g_{i,SM}}

Si tous les κisubscript𝜅𝑖\kappa_{i} valent 1, alors il n’y a aucune déviation par rapport au modèle standard. Ces modèles sont les plus simples extensions du SM, dans la mesure où la mesure des couplages se base sur les taux intégrés de désintégrations, ou les sections efficaces intégrées : il n’y a pas de nouvelles dynamiques. Par conséquent, les applications pour de la nouvelle physique sont fort limitées. Pour l’instant, les couplages, s’ils diffèrent de ceux du modèle standard, en sont très proches et c’est pour cela qu’il fallait attendre le Run 2 ou 3 du LHC pour espérer mesurer des déviations.

Refer to caption
Figure 3.15: Best fit σ/σSM𝜎subscript𝜎𝑆𝑀\sigma/\sigma_{SM} pour la combinaison des principaux modes de désintégration du Higgs (à 8 TeV dans le centre de masse). Les barres horizontales donnent les ±1plus-or-minus1\pm 1 déviations standard incluant les erreurs statistiques et systématiques.

3.4.2 Effective Field Theories

Pour reprendre la définition de R. Ambrosio au First Annual Meeting of ITN HiggsTools le 17 Avril 2015, ”An Effective field theory (EFT) is a field theory, designed to reproduce the behavour of some underlying (in general, unknown) physical theory in some limited regime. It focuses on the degrees of freedom relevant to that regime, simplifying the problem though letting aside some important physics.”

Par exemple, la mécanique newtonienne est une théorie effective, approximation de basse énergie de la relativité générale, qui est sans doute elle-même théorie effective d’une autre théorie plus générale, peut être la théorie des cordes. La théorie des interactions faible de Fermi est aussi effective, approximation de basse énergie de la théorie électrofaible.

Deux approches différentes des théories des champs effectives

On distingue essentiellement deux approches, nommées respectivement Top-Down approach et Bottom-Up approach. Dans la première, on part d’une théorie complète, définie pour des énergies élevées, et on étudie son comportement à basse énergie. Les calculs sont en général simplifiés par le fait qu’il y a des découplages à basse énergie. Dans le deuxième cas, on part d’une théorie connue à basse énergie (par exemple le modèle standard), on étudie son comportement à haute énergie, on rajoute des opérateurs cohérents avec les symétries observées (par exemple de jauge), et on essaie de déterminer les inconnues grâce à l’expérience.

Supposons qu’il existe de nouvelles particules au delà d’une énergie ΛΛ\Lambda. En dessous de cette échelle d’énergie, la dynamique est décrite par le lagrangien :

eff=SM+d5cn(d)Λ2On(d)(ϕSM)subscript𝑒𝑓𝑓subscript𝑆𝑀subscript𝑑5superscriptsubscript𝑐𝑛𝑑superscriptΛ2superscriptsubscript𝑂𝑛𝑑subscriptitalic-ϕ𝑆𝑀\mathcal{L}_{eff}=\mathcal{L}_{SM}+\sum_{d\geq 5}\frac{c_{n}^{(d)}}{\Lambda^{2}}O_{n}^{(d)}(\phi_{SM})

d𝑑d est la dimension (de masse, en unités naturelles) des nouveaux opérateurs introduits (le lagrangien standard est de dimension 4) Weinberg a montré en 1959[22] qu’il n’y avait qu’un seul opérateur effectif de dimension 5, et qu’il violait la conservation du nombre leptonique. Dans le même article, il montre que le nombre baryonique n’est pas conservé par certains opérateurs de dimension 6.

On peut construire en fait 80 opérateurs de dimension 6 compatibles avec la symétrie de jauge du modèle standard et qui conservent le nombre leptonique et le nombre baryonique. Les équations du mouvement réduisent l’espace de ces opérateurs à un espace de dimension 76, et éventuellement 59 si on ne considère que des opérateurs CP-even. Cependant, c’est sans considérer les différentes saveurs de leptons et de quarks ! Sinon ce nombre s’élève à 2499.

Le lagrangien effectif de dimension 6 est donc le développement au premier ordre d’une théorie plus générale dont le modèle standard est le développement à l’ordre nul.

Nous en verrons une partie lors de l’étude phénoménologique du couplage λ𝜆\lambda du champ de Higgs.

Concernant le couplage lambda du champ de Higgs, de nouveaux termes peuvent apparaître, de la forme

ρΛ(ϕSMϕSM)3𝜌Λsuperscriptsuperscriptsubscriptitalic-ϕ𝑆𝑀subscriptitalic-ϕ𝑆𝑀3\frac{\rho}{\Lambda}(\phi_{SM}^{\dagger}\phi_{SM})^{3}

avec μ<<Λmuch-less-than𝜇Λ\mu<<\Lambdaμ𝜇\mu est le paramètre du potentiel de Higgs. L’auto-couplage du champ de Higgs est modifié par cet ajout de la manière suivant :

δλhhh=2ρv4mh2Λ2𝛿subscript𝜆2𝜌superscript𝑣4superscriptsubscript𝑚2superscriptΛ2\delta\lambda_{hhh}=\frac{2\rho v^{4}}{m_{h}^{2}\Lambda^{2}}

Cette modification est intéressante car elle n’induit pas de décalage dans le couplage du champ de Higgs avec les fermions et les bosons faibles (qui ont déjà été mesurés et coïncident avec les prévisions du modèle standard). Le forme du potentiel de Higgs introduit pour pouvoir spontanément briser la symétrie de jauge SU(2)𝑆𝑈2SU(2) n’a a priori aucune raison d’être un polynôme de degré 4, c’est cette idée qui se développe en fait dans ce modèle.

3.4.3 Modèles simplifiés

Le but est de complexifier de manière raisonnable le modèle standard pour arranger certaines de ses prédictions, comme présenté dans cette étude phénoménologique [23].

Doublet-singlet mixing

L’extension la plus simple du secteur scalaire (du modèle de Higgs) est le doublet-singlet mixing. Introduisons un singulet d’isospin faible et de couleur, réel ΦSsubscriptΦ𝑆\Phi_{S}, qui mixe avec le doublet de Higgs ΦSMsubscriptΦ𝑆𝑀\Phi_{SM}. Moyennant un bon choix de jauge :

ΦSM=(012(v+ϕSM))ΦS=12(V+ϕS)formulae-sequencesubscriptΦ𝑆𝑀matrix012𝑣subscriptitalic-ϕ𝑆𝑀subscriptΦ𝑆12𝑉subscriptitalic-ϕ𝑆\Phi_{SM}=\begin{pmatrix}0\\ \frac{1}{\sqrt{2}}(v+\phi_{SM})\end{pmatrix}\ \ \ \Phi_{S}=\frac{1}{\sqrt{2}}(V+\phi_{S})

On en déduit l’existence de deux bosons scalaires, un léger noté h et un lourd noté H, combinaisons linéaires :

(h=cos(α)ϕSM+sin(α)ϕSH=sin(α)ϕSM+cos(α)ϕS)matrix𝑐𝑜𝑠𝛼subscriptitalic-ϕ𝑆𝑀𝑠𝑖𝑛𝛼subscriptitalic-ϕ𝑆𝐻𝑠𝑖𝑛𝛼subscriptitalic-ϕ𝑆𝑀𝑐𝑜𝑠𝛼subscriptitalic-ϕ𝑆\begin{pmatrix}h=cos(\alpha)\phi_{SM}+sin(\alpha)\phi_{S}\\ H=-sin(\alpha)\phi_{SM}+cos(\alpha)\phi_{S}\end{pmatrix}

α𝛼\alpha est le mixing angle. Pour que h ait des propriétés proches du Higgs du modèle standard, il faut que H soit très lourd (on est par conséquent dans la limite v<<Vmuch-less-than𝑣𝑉v<<V).
Dans cette limite, il est possible de montrer que :

δλhhh=λhhhλhhhSM132sα2𝛿subscript𝜆subscript𝜆superscriptsubscript𝜆𝑆𝑀132superscriptsubscript𝑠𝛼2\delta\lambda_{hhh}=\frac{\lambda_{hhh}}{\lambda_{hhh}^{SM}}-1\approx-\frac{3}{2}s_{\alpha}^{2}

et

δλhff=λhffλhffSM112sα2𝛿subscript𝜆𝑓𝑓subscript𝜆𝑓𝑓superscriptsubscript𝜆𝑓𝑓𝑆𝑀112superscriptsubscript𝑠𝛼2\delta\lambda_{hff}=\frac{\lambda_{hff}}{\lambda_{hff}^{SM}}-1\approx-\frac{1}{2}s_{\alpha}^{2}

λhhhsubscript𝜆\lambda_{hhh} est le couplage trilinéaire du champ de Higgs et λhffsubscript𝜆𝑓𝑓\lambda_{hff} le couplage du champ de Higgs avec les champs de Dirac.

Doublet-doublet mixing

Dans ce modèle, on introduit un deuxième doublet scalaire d’isospin, ce qui entraîne deux valeurs moyennes v1,2subscript𝑣1.2v_{1,2} des champs scalaires dans le vide. Posons β:v2v1:𝛽subscript𝑣2subscript𝑣1\beta:\frac{v_{2}}{v_{1}}. On obtient deux états neutres h et H, pairs par symétrie CP (et on note α𝛼\alpha le mixing angle entre les deux), un état neutre A CP-odd, et un champ scalaire chargé H±superscript𝐻plus-or-minusH^{\pm}. Si H𝐻H est très lourd, hh se comporte comme le Higgs du modèle Standard comme dans le cas précédent. Dans cette limite, les scalaires restants H𝐻H, A𝐴A et H±superscript𝐻plus-or-minusH^{\pm} sont en dégénérescence de masse mAsubscript𝑚𝐴m_{A}.

Il y a principalement deux types de modèles 2 Higgs Doublet Model (2HDM), appelés type I et type II, qui diffèrent dans les couplages avec les quarks : dans le type I, tous les quarks couplent avec un des doublets, dans le type II les quarks de type up couplent avec l’un des doublets, et des quarks de type down couplent avec l’autre des doublets [24].
Dans les modèles de type II, les couplages sont modifiés selon :

δλhhh2mA2mh2cos2(βα)𝛿subscript𝜆2superscriptsubscript𝑚𝐴2superscriptsubscript𝑚2𝑐𝑜superscript𝑠2𝛽𝛼\delta\lambda_{hhh}\approx-\frac{2m_{A}^{2}}{m_{h}^{2}}cos^{2}(\beta-\alpha)

et

δλhttsin(βα)+cos(βα)tanβ1𝛿subscript𝜆𝑡𝑡𝑠𝑖𝑛𝛽𝛼𝑐𝑜𝑠𝛽𝛼𝑡𝑎𝑛𝛽1\delta\lambda_{htt}\approx sin(\beta-\alpha)+\frac{cos(\beta-\alpha)}{tan\beta}-1

3.4.4 Discussion

De nombreux modèles sont donc proposés pour étendre le modèle standard. En effet, l’observation et l’expérience prouve par beaucoup d’aspects que le modèle standard n’est pas complet, il y a de nombreux phénomènes qui ne sont pas décrits. La difficulté vient du fait que pour l’instant, l’expérience ne nous dit pas où chercher la ”nouvelle physique”, seulement qu’il y en a une. Le LHC commence à arriver à des énergies suffisantes pour pouvoir infirmer certaines théories, et éventuellement faire une grande découverte pour en confirmer une, ou au moins, mettre la communauté scientifique sur une piste à suivre. Pour l’instant, maintenant que le boson de Higgs a été observé, il s’agit de mesurer ses propriétés avec une grande précision puisqu’elles dépendent beaucoup, comme on l’a vu, des extension de modèle standard. Cependant, jusqu’à aujourd’hui aucune grande déviation n’a été repérée. Soit les extensions proposées ne sont donc pas valables, soit les déviations sont trop faibles pour qu’on les observe avec les LHC. Heureusement, il reste à chercher : le couplage λ𝜆\lambda du Higgs, prévu par le modèle standard, n’a pas encore été mesuré (c’est le sujet du prochain chapitre), et si on en croit certaines théories supersymétriques, la masse du superpartenaire du top, le stop, ne devrait pas être hors de portée … C’est à voir pour les prochains mois ou années à venir.

Chapitre 4 Étude du couplage lambda du champ BEH

L’étude réalisée au laboratoire Leprince-Ringuet, dans le cadre de la collaboration CMS, du couplage trilinéaire du boson de Higgs se divise en quatre parties : tout d’abord, une étude au niveau générateur en considérant les leptons τ𝜏\tau comme stables permet de sélectionner les variables cinétiques d’intérêt pour remonter jusqu’à la valeur de cette constante de couplage. Ensuite, une nouvelle étude est réalisée, cette fois en prenant en compte la désintégration des τ𝜏\tau, pour étudier l’impact de la perte d’information (due notamment aux neutrinos) sur ces variables cinétiques. La troisième étape consiste à utiliser non plus les informations générées, mais les informations reconstruites afin de s’approcher le plus possible de ce que le détecteur peut effectivement observer. Enfin, nous avons tenté de paramétrer les courbes intéressantes, dans le cas de l’étude sans la désintégration des leptons, pour obtenir une expression, au moins locale, de la surface ainsi obtenue. Tout d’abord, présentons l’accélérateur LHC et l’expérience CMS de manière sommaire, pour bien réaliser comment sont effectuées les mesures, et quelles sont les informations auxquelles nous avons accès.

4.1 Le LHC et le détecteur CMS

4.1.1 Le Large Hadron Collider

Le LHC est un collisionneur de hadrons situé sous la frontière franco-suisse à proximité de Genève. C’est l’accélérateur le plus grand et le plus puissant construit à ce jour ; il est installé dans un tunnel circulaire de 3 mètres de diamètre et de 26.7 km de long, situé à des profondeurs comprises entre 50m et 170m, qui contenait auparavant le collisionneur LEP. Le LHC a été conçu pour faire des collisions de protons ou d’ions lourds (plomb) ; bien que les collisions soient plus compliquées que les collisions électron-positron puisque les protons sont des particules composites, il est possible d’atteindre des énergies bien plus importantes car les protons étant plus lourds, ils perdent moins d’énergie par rayonnement que les électrons.

L’accélérateur comprend des cavités accélératrices à haute fréquence, des cavités magnétiques pour la collimation, et des dipôles magnétiques pour courber le faisceau. Aux énergies atteintes il faut que les dipôles fournissent un champ magnétique de 8,3 T. Ce sont des supraconducteurs refroidis à l’hélium superfluide à 1,9 K (plus froid que la température de fond cosmologique). L’accélérateur comporte 1232 tels dipôles.

Deux faisceaux différents sont accélérés dans des directions opposées et se collisionnent en quatre points, autour desquels ont été bâties quatre expériences : les détecteurs polyvalents ATLAS (A Toroidal LHC Apparatus) et CMS (Compact Muon Solenoid) pour lesquels les objectifs principaux incluaient la recherche et l’étude des propriétés du champ de Higgs et la prospection de physique derrière le modèle standard ; l’expérience LHCb conçue pour étudier la physique du quark bottom et la violation de symétrie CP (non hermétique avec ses détecteurs sont placés de manière à observer des particules émises à très petit angle par rapport au faisceau, et l’appareil ALICE (A Large Ion Collider Experiment) pour étudier les interactions entre ions lourds et le plasma quarks-gluons. ATLAS et CMS sont situés aux antipodes de l’anneau, aux points de plus haute luminosité.

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Figure 4.1: Vue aérienne du complexe du CERN (site de CERN)

Chacun des faisceaux est pulsé ; chaque paquet contient environ 1011superscript101110^{11} protons, et l’intervalle de temps entre deux paquets successifs est de 25 ns. La fréquence de collision est de 40 MHz, et la luminosité nominale instantanée du faisceau de 1034superscript103410^{34} cm2s1𝑐superscript𝑚2superscript𝑠1cm^{-2}s^{-1} (il y a potentiellement 1034superscript103410^{34} évènements par seconde pour une surface d’un cm2𝑐superscript𝑚2cm^{2} au sein des détecteurs du LHC).

Avant d’arriver jusqu’au LHC, les protons doivent être progressivement accélérés. Après ionisation des atomes d’hydrogènes, les protons parcourent le Linac 2, un accélérateur linéaire à la sortie duquel ils ont une énergie de 50 Mev (et ont gagné 5 % en masse). Ils parcourent ensuite le Synchrotron à Protons (PS) qui leur confère une énergie de 26 GeV, puis le Super Synchrotron à Protons (SPS) à l’issue duquel ils sont injectés avec une énergie de 450 GeV dans le Large Hadron Collider (LHC), où ils atteignent une énergie de 6,5 TeV (et bientôt 7 TeV) avant de rentrer en collision avec les protons d’un autre paquet circulant en sens inverse.

Run 1

Le lancement opérationnel du LHC était prévu pour septembre 2008 mais suite à un problème électrique, 100 aimants de courbure ont subi un ”quench”, qui a causé l’endommagement de 53 aimants et libéré 6 tonnes d’hélium liquide dans le tunnel, brisant le vide poussé qui y régnait. Le LHC a repris les collisions le 20 novembre 2009, montant en moins de 10 jours à une énergie de 1,18 TeV par faisceau, battant ainsi le record du Tevatron de 0,98 TeV par faisceau détenu depuis plus de 8 ans. L’énergie des faisceaux a alors été progressivement augmentée pour atteindre 7 TeV en mars 2010. Le premier ’run’ de collisions protons-protons s’est arrêté au début du mois de novembre 2010. Ont suivi des collisions d’ions lourds pendant deux mois, puis, après un arrêt technique, les collisions de proton ont été reprises en mars 2011, atteignant le 21 avril 2011 une luminosité record, de 4,67.1032superscript4.6710324,67.10^{32} cm2s1𝑐superscript𝑚2superscript𝑠1cm^{-2}s^{-1}, battant ainsi le record lui-encore détenu par le Tevatron.

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Figure 4.2: Schéma des accélérateurs du CERN et de leurs raccords

La première observation expérimentale de plasma quarks-gluons a été annoncée en mai 2011, la découverte d’une nouvelle particule résonance de bb¯𝑏¯𝑏b\overline{b} appelée χb(3P)subscript𝜒𝑏3𝑃\chi_{b}(3P) en décembre 2011[25]. Durant l’hiver, des modifications ont été apportées aux aimants du tunnel pour pouvoir élever l’énergie par proton, au moment de la collision, à 4 TeV (soit 8 TeV par couple de protons). Le 4 juillet 2012 la découverte d’une nouvelle particule élémentaire est annoncée par les deux détecteurs polyvalents du LHC : CMS rend compte d’un boson d’une masse de 125,3±0,6plus-or-minus125.30.6125,3\pm 0,6 GeV𝐺𝑒𝑉GeV[26] et ATLAS d’un boson d’une masse de 126,0±0,6plus-or-minus126.00.6126,0\pm 0,6 GeV𝐺𝑒𝑉GeV[27] (le 14 mars 2013, le CERN précise que ce boson est très vraisemblablement une particule scalaire, de parité paire ; qu’il s’agit donc d’un ”boson de Higgs”, en se basant sur l’étude des données recueillies l’année d’avant). Le 8 novembre 2012 la désintégration rare du boson BS0subscriptsuperscript𝐵0𝑆B^{0}_{S} en deux muons est observée pour la première fois. Elle constituait un test important des théories supersymétriques. Ces résultats sont compatibles à 3,5 sigmas avec le modèle standard, et imposent des contraintes fortes sur ses extensions[28].

Enfin, en février 2013, le LHC est arrêté pour le première longue pause technique, afin de modifier l’accélérateur pour des énergies et luminosités plus importantes.

Run 2

Le LHC a repris les collisions en mai 2015 à une énergie de 13 TeV. La collaboration LHCb a annoncé le 14 juillet 2015 l’observation d’états pentaquarks en étudiant les données du run 1[29]. Au bout de ce run, fin 2018, le LHC devrait faire des collisions avec une énergie totale de 14 TeV dans le système du centre de masse (sa puissance nominale) et une luminosité d’environ 1,710341.7superscript10341,7*10^{34} cm2s1𝑐superscript𝑚2superscript𝑠1cm^{-2}s^{-1}. L’une des principales lignes directrices des expériences ATLAS et CMS sera d’étudier les caractéristiques du boson de Higgs découvert depuis peu, et de tester les différentes extensions du modèle standard. Un deuxième arrêt long est prévu de 2019 à 2020.

Run 3

Le Run 3 a d’ores et déjà été approuvé par la direction du CERN et devrait permettre d’atteindre une luminosité de 2,010342.0superscript10342,0*10^{34} cm2s1𝑐superscript𝑚2superscript𝑠1cm^{-2}s^{-1} à la fin de l’année 2023.

Et après ?

Le fonctionnement du LHC est prévu jusqu’aux environs de 2030. Des modifications supplémentaires seront sans doute apportées à l’accélérateur pour avoir une meilleure résolution et fonctionner à une plus grande énergie.

4.1.2 Le détecteur CMS

Présentation générale

Le détecteur CMS est un détecteur polyvalent installé dans la caverne souterraine de Cessy (en France). Il a été conçu pour étudier la physique à l’échelle de TeV, mieux comprendre le modèle standard, et discriminer ses extensions, notamment les théories supersymétriques. CMS a d’ores et déjà été un acteur central de grandes découvertes, comme nous l’avons vu. Il a été conçu pour permettre une bonne reconstruction des états finaux di-jets et de l’énergie transverse manquante, et est hermétique jusqu’à une pseudo-rapidité de η=5𝜂5\eta=5. La pseudorapidité étant définie par :

η=12ln(|p|+pz|p|pz)𝜂12𝑙𝑛𝑝subscript𝑝𝑧𝑝subscript𝑝𝑧\eta=\frac{1}{2}ln(\frac{|\vec{p}|+p_{z}}{|\vec{p}|-p_{z}})

cela correspond à un angle maximal de déviation par rapport au faisceau de 0,7°0.7°0,7\textdegree environ. Le diamètre du détecteur est 15 mètres, sa longueur 27,8 mètres.Ce volume est occupé par différents détecteurs pour une masse totale de 14000 tonnes.

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Figure 4.3: Coupe du détecteur CMS

Le volume central du détecteur est le ”barrel”, les deux éléments extrémaux sont dénommés ”endcaps”. La collaboration CMS utilise un repère orthonormé direct (x,y,z)𝑥𝑦𝑧(x,y,z) basé au point de collision, l’axe x𝑥x pointe vers le centre de l’anneau LHC, l’axe y𝑦y est dirigé vers le haut, et l’axe z𝑧z est porté par une tangente à la trajectoire des protons au point de collision, et pointe dans le sens anti-horaire. L’angle de longitude ϕitalic-ϕ\phi est défini dans le plan (x,y) comme l’angle par rapport à l’axe x ; la distance à l’axe du faisceau est notée r. L’angle de colatitude est l’angle θ𝜃\theta, dans le plan (r,z)𝑟𝑧(r,z) (de manière équivalente, comme on l’a vu, la pseudorapidité η=ln(tan(θ/2))𝜂𝑙𝑛𝑡𝑎𝑛𝜃2\eta=-ln(tan(\theta/2)) peut être employée). La norme de l’impulsion de la particule dans le plan transverse est notée ptsubscript𝑝𝑡p_{t}.

Différents sous-détecteurs sont disposés en couches tout autour de la trajectoire du faisceau. Le cœur de CMS est le solénoïde niobium-titane supraconducteur produisant un champ de 3.8 T, à une température de 4.5 K. Le système de tracking et les calorimètres sont situés dans le cylindre qui supporte le solénoïde, tandis qu’un détecteur à muons situé à l’extérieur de celui-ci, utilise le retour de 2 T du champ du solénoïde dans la structure en acier qui entoure l’électroaimant.

Chacun des détecteurs permet de faire des mesures sur une classe de particules : le tracker mesure l’impulsion des particules chargées, le calorimètre électromagnétique permet de mesurer l’énergie des électrons et des photons, le calorimètre hadronique, l’énergie des hadrons chargés et neutres, et les détecteurs à muons servent à identifier ces derniers et à mesurer leur impulsion.

Les informations fournies par l’ensemble des détecteurs sont souvent redondantes mais cela permet d’augmenter la précision des mesures.

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Figure 4.4: Disposition des différents sous-détecteurs dans CMS
Tracker

Le système de traçage (ou tracker) des particules est situé juste autour du point d’interaction, le but étant de pouvoir observer des particules dont le temps de demi-vie est trop court pour qu’elles soient véritablement mesurées, mais suffisamment long pour qu’on observe un vol de quelques millimètres. C’est le cas notamment des quarks bottom b𝑏b et des leptons tau τ𝜏\tau. Par exemple, pour le lepton τ𝜏\tau dont le temps de demi-vie est de T=(290.3±0.5)×1015s𝑇plus-or-minus290305superscript1015𝑠T=(290.3\pm 0.5)\times 10^{-15}s (d’après le ”Particle Physics Booklet” de Chinese Physics C), la particule parcourt une distance de vol

l=γcT1,5mm𝑙𝛾𝑐𝑇1.5𝑚𝑚l=\gamma cT\approx 1,5mm

si son énergie est l’énergie de seuil de 30Gev30𝐺𝑒𝑣30Gev que nous prendrons plus tard pour notre étude. Bien sur, le tracker permet aussi de suivre les particules plus stables.

Le système est constitué de trois régions selon la distance au centre de collision. Tout d’abord, on trouve des pixels de silicone de 100×150μm100150𝜇𝑚100\times 150\mu m (soit 66 millions par mètre carré), de résolution 10μm10𝜇𝑚10\mu m dans le plan (r,ϕ)𝑟italic-ϕ(r,\phi) et 20μm20𝜇𝑚20\mu m dans le plan (r,z)𝑟𝑧(r,z). Les deux autres ”couches” sont constituées de bandes de silicone (c’est la taille des bandes qui les différentient). La résolution varie de 202020 à 50μm50𝜇𝑚50\mu m dans le plan transverse, et de 200200200 à 500μm500𝜇𝑚500\mu m dans la direction (r,z)𝑟𝑧(r,z). Il y a en tout 9,69.69,6 millions bandelettes.

Le matériau a été choisi pour que l’interaction perturbe le moins possible les particules, qui doivent ne laisser derrière elle qu’une toute petite fraction de leur énergie dans le tracker pour ne pas biaiser les mesures des calorimètres. Des algorithmes recueillent ensuite ces données puis les reconstituent en trajectoires de particules. Le tracker est localisé dans le solénoïde de CMS donc les trajectoires des particules chargées sont courbées par la force de Lorentz, et cela permet d’obtenir le rapport de leur charge avec leur masse effective.

Le calorimètre électromagnétique

Autour du tracker est situé le calorimètre électromagnétique (ECAL). Il mesure l’énergie des électrons et des photons en provoquant des douches électromagnétiques dans les cellules du détecteur, ce qui entraîne l’absorption totale de l’énergie des particules incidentes et sa transformation en un signal, dans ce cas, un scintillement.

Dans CMS, le ECAL est composé de 75000 cristaux de tungstate de plomb (PbWO4𝑃𝑏𝑊subscript𝑂4PbWO_{4}). Le choix du matériau est motivé pour l’optimisation de la reconstruction des particules. Chaque cristal fait environ 232323 cm de long. Le calorimètre a, comme CMS, une forme cylindrique. La résolution est très bonne ; pour des électrons de 45GeV45𝐺𝑒𝑉45GeV, elle est d’environ 2%percent22\% si les électrons sont détectés dans le barrel, et comprise entre 2%percent22\% à 5%percent55\% si les électrons sont détectés dans les endcaps.
Pour un système de deux photons ayant la topologie correspondant à deux photons issus de la désintégration d’un boson de Higgs, la résolution varie entre 1,1%percent1.11,1\% et 2,6%percent2.62,6\% dans le barrel, et entre 2,2%percent2.22,2\% et 5%percent55\% dans les endcaps.

Le calorimètre hadronique

Les mesures de ECAL sont complémentées par les mesures du calorimètre hadronique (HCAL), qui reposent sur la transformation des hadrons en douches hadroniques. Ces mesures sont forcément moins précises que celles du ECAL, à cause de la structure des interactions fortes. Cependant, elle est indispensable puisque c’est la seule manière de faire des mesures sur les hadrons neutres, et aussi d’identifier et reconstruire les jets. Le HCAL est constitué de cuivre, puisque le champ magnétique intense impose l’utilisation de matériaux non magnétiques, et d’un plastique actif pouvant scintiller (ce qui permet les mesures. Il y a un deuxième type de HCAL sur les bases du cylindre, composé d’absorbeurs en acier). Les mesures passent par la détection par des tubes photo-multiplicateurs de lumière Cherenkov produite par des fibres de quartz incrustées dans l’absorbeur.
Le HCAL est situé entre le ECAL et le solénoïde de CMS, cependant, cela ne laisse pas suffisamment de place pour pouvoir contenir entièrement la douche hadronique, si bien qu’un calorimètre complémentaire est rajouté autour de l’aimant.

Les détecteurs à muons

Ce sont les détecteurs les plus en périphérie de CMS. 200200200 fois plus lourds que les électrons, n’interagissant pas non plus par interaction forte, et avec un temps de vie relativement long, les muons pénètrent beaucoup plus loin dans le détecteur (parce qu’ils perdent moins d’énergie par rayonnement) que les électrons ou hadrons, et atteignent ces chambres à muons. L’impulsion des muons est mesurée par la courbure de leur trajectoire qui est suffisamment particulière pour être devenu un symbole de la collaboration CMS, présent sur son logo. En effet, le détecteur à muons est contenu dans une structure ferromagnétique jouant le rôle de réflecteur pour le champ du solénoïde. Ainsi, les trajectoire des muons est courbée d’abord dans un sens, puis dans l’autre ce qui permet une détection beaucoup plus efficace. Le détecteur comporte trois détecteurs à gaz différents.

Le trigger

Le système de sélection des évènements, ou trigger and data acquisition system (TriDAQ), permet de sélectionner sur l’ensemble des collisions qui se produisent dans le détecteur, celles qui sont potentiellement les plus intéressantes. Le fréquence de collision est d’environ 40MHz40𝑀𝐻𝑧40MHz, ce qui est beaucoup trop pour espérer stocker toute l’information, en vue d’analyses postérieures. Deux niveaux sont distingués dans le procédé.

Le premier niveau constitue le level-1 trigger, un système hardware rapide qui permet de ne garder que quelques milliers ou dizaines de milliers d’évènements par seconde. L’algorithme repose en majeure partie sur la conservation des évènements comportant des objets de haute impulsion transverse. Il ne bénéficie que d’informations dites de ”basse granularité” et de basse résolution. La décision prend un temps caractéristique de 1μs1𝜇𝑠1\mu s, durant lequel les informations plus précises peuvent être collectées. Si l’évènement est sélectionné par le level-1, toutes les informations sont transmises au High Level Trigger (HLT). Le HLT a plus de temps pour ”prendre une décision”, et repose donc sur des algorithmes plus complexes ; certains permettent même de reconstituer des quarks b𝑏b ou des τ𝜏\tau. Si l’évènement en question est lui-aussi jugé digne d’intérêt par le HLT (il n’en reste que quelques dizaines par seconde en moyenne), toutes les informations nécessaires sont stockées pour une analyse off-line.

4.2 Production di-Higgs non résonnante par fusion de gluons

4.2.1 Motivations de l’étude

La production double Higgs est actuellement l’une des méthodes sur lesquelles se concentrent les espoirs pour la mesure du couplage trilinéaire λHHHsubscript𝜆𝐻𝐻𝐻\lambda_{HHH} du champ de Higgs. Cette étude est considérée à faire durant la phase de haute luminosité de LHC (Run 3) mais il est possible qu’il y ait déjà des informations utiles à la fin du Run 2.

En particulier, il devrait être possible de tester les grandes déviations de λ𝜆\lambda dans trois ans, grâce à une sensibilité accrue à des effets ”Beyond the Standard Model” (BSM), modifiant de manière sensible le potentiel de Higgs. Entre autres :

  1. 1.

    des couplages de Yukawa ne correspondant pas à ceux de Modèle Standard (SM)

  2. 2.

    des interactions non linéaires ttHH𝑡𝑡𝐻𝐻ttHH via le paramètre ’c2subscript𝑐2c_{2}’ (voir après)

  3. 3.

    des opérateurs Higgs-gluons de dimension 6

  4. 4.

    des champs scalaires légers interagissant par interaction forte

  5. 5.

    des résonances extra-dimensionnelles

  6. 6.

    des partenaires supersymétriques

Les modes de production double-Higgs les plus probables sont au nombre de quatre. La fusion de gluons :

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Figure 4.5: Production di-Higgs par fusion de gluons

est sensible, en plus de l’être au couplage lambda, à des particules lourdes ’colorées’, et à des couplages top-Higgs anormaux.

La production par fusion de bosons vecteurs est quant’à elle sensible aux couplages anormaux entre boson de Higgs et bosons vecteurs :

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Figure 4.6: Production di-Higgs par fusion de bosons vecteurs

Les processus du type ggttHH𝑔𝑔𝑡𝑡𝐻𝐻gg\rightarrow ttHH :

Refer to caption
Figure 4.7: Production di-Higgs et tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}

dépendent également du couplage top-Higgs. Enfin la production ’directe’ à partir de bosons vecteurs est sensible aux couplages non linéaires de type VVHH𝑉𝑉𝐻𝐻VVHH (présent sur le graphe de Feynman le plus à droite) :

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Figure 4.8: Production di-Higgs ”directe” à partir de bosons vecteurs

Dans la suite, nous nous concentrerons sur les procédés par fusion de gluons.

4.2.2 Lagrangien effectif

Pour la production double-Higgs par fusion de gluons, les termes relevants dans le lagrangien des théories effectives en dimension 6 sont [30]:

hh=mh22v(132cH+c6)h3+αscg4π(hv+h22v2)GμνaGaμνsubscriptsuperscriptsubscript𝑚22𝑣132subscript𝑐𝐻subscript𝑐6superscript3subscript𝛼𝑠subscript𝑐𝑔4𝜋𝑣superscript22superscript𝑣2superscriptsubscript𝐺𝜇𝜈𝑎subscriptsuperscript𝐺𝜇𝜈𝑎\mathcal{L}_{hh}=-\frac{m_{h}^{2}}{2v}(1-\frac{3}{2}c_{H}+c_{6})h^{3}+\frac{\alpha_{s}c_{g}}{4\pi}(\frac{h}{v}+\frac{h^{2}}{2v^{2}})G_{\mu\nu}^{a}G^{\mu\nu}_{a}
[mtv(1cH2+ct)t¯LtRh+][mtv2(3ct2cH2)t¯LtRh2+]delimited-[]subscript𝑚𝑡𝑣1subscript𝑐𝐻2subscript𝑐𝑡subscript¯𝑡𝐿subscript𝑡𝑅delimited-[]subscript𝑚𝑡superscript𝑣23subscript𝑐𝑡2subscript𝑐𝐻2subscript¯𝑡𝐿subscript𝑡𝑅superscript2-[\frac{m_{t}}{v}(1-\frac{c_{H}}{2}+c_{t})\overline{t}_{L}t_{R}h+...]-[\frac{m_{t}}{v^{2}}(\frac{3c_{t}}{2}-\frac{c_{H}}{2})\overline{t}_{L}t_{R}h^{2}+...]

avec dans ce somme de quatre termes, le premier qui correspond au couplage trilinéaire du Higgs, le deuxième aux interactions de contact Higgs-gluons, le troisième aux couplages Higgs-tops, et le quatrième à l’interaction non linéaire ttHH𝑡𝑡𝐻𝐻ttHH. On peut choisir une autre paramétrisation :

λ=132cH+c6𝜆132subscript𝑐𝐻subscript𝑐6\color[rgb]{0,0,1}\lambda=1-\frac{3}{2}c_{H}+c_{6}
yt=1cH2+ctsubscript𝑦𝑡1subscript𝑐𝐻2subscript𝑐𝑡\color[rgb]{0,1,0}y_{t}=1-\frac{c_{H}}{2}+c_{t}
c2=3ct2cH2subscript𝑐23subscript𝑐𝑡2subscript𝑐𝐻2\color[rgb]{1,0,0}c_{2}=\frac{3c_{t}}{2}-\frac{c_{H}}{2}

Ces paramètres interviennent de la façon suivante dans les différents procédés :

Refer to caption
Figure 4.9: Modification des sommets colorés dans le cadre de la théorie effective
Cas du modèle standard

Si on se place dans le cadre du modèle standard, les paramètres λ𝜆\lambda, ytsubscript𝑦𝑡y_{t} et c2subscript𝑐2c_{2} prennent leur valeur standard, ce qui implique en particulier que c2=0subscript𝑐20c_{2}=0. Le calcul de la section efficace des différents procédés est possible au troisième voire quatrième (séminaire Higgs Hunting 2015) ordre, ce qui permet d’obtenir le tableau suivant, issu des recommandations de ”Higgs Higgs cross section working group” :

Énergie dans le centre de masse (TeV) σ𝜎\sigma (femtobarn fb)
7 6.85
8 9.96
13 34.3
14 40.7

En comparaison, à 13 TeV, la section efficace de la contribution par fusion de bosons vecteurs à la production di-Higgs est de 6.8 fb, celle de ttHH de 0.7 fb.

Cas du couplage λ𝜆\lambda anormal

Si on laisse le couplage λ𝜆\lambda varier, tout en conservant ytSMsuperscriptsubscript𝑦𝑡𝑆𝑀y_{t}^{SM} et c2=0subscript𝑐20c_{2}=0, la section efficace est modifiée de la manière suivante :

λ/λSM𝜆superscript𝜆𝑆𝑀\lambda/\lambda^{SM} σ/σSM𝜎superscript𝜎𝑆𝑀\sigma/\sigma^{SM}
-4 12
0 2.2
1 1
2.46 0.42
20 105

et la contribution des différents modes de production peut être estimée par des méthodes Monte-Carlo (en utilisant MadGraph5) :

Refer to caption
Figure 4.10: Évolution de la section efficace de différentes production di-Higgs en fonction de λλSM𝜆superscript𝜆𝑆𝑀\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}

4.2.3 Sélection des évènements

Il faut choisir à quels modes de désintégrations du système di-Higgs on s’intéresse, pour déterminer ce qui doit être mesuré dans les collisions de CMS pour pouvoir remonter au couplage λ𝜆\lambda. Ce choix dépend essentiellement de deux facteurs : tout d’abord, il faut que le branching ratio du canal ne soit pas trop faible, autrement dit il faut que la probabilité que le système se désintègre de manière voulue ne soit pas trop faible si on veut pourvoir l’observer. De plus, il faut que le fond d’évènements divers dont l’état final est proche de l’état final choisi soit relativement peut intense, en particulier pour le ”irreductible background”, c’est-à-dire les évènements pour lesquels l’état final est rigoureusement identique (d’un point de vue détecteur). Ces problèmes ont été posés et étudiés dans des études phénoménologiques [31] [32].

Dans la suite, les valeurs des sections efficaces et les branching ratios sont calculées en utilisant les prévisions du modèle standard. Cela se justifie par l’excellente concordance (actuelle) entre les mesures des expériences du LHC des propriétés du Higgs et les prévisions du modèle standard.

La section efficace de la production di-Higgs étant très faible, de l’ordre de quelques dizaines de femtobarns, il est important de choisir un canal de désintégration assez probable pour pouvoir recueillir suffisamment de données. Le ”Higgs cross-section working group” donne le tableau suivant pour les ratios de désintégration les plus probables du boson de Higgs :

canal BR (%)
bb¯𝑏¯𝑏b\overline{b} 57.7
WW 21.5
ττ𝜏𝜏\tau\tau 6.32
ZZ 2.64
γγ𝛾𝛾\gamma\gamma 0.228

Le meilleur canal du point de vue du branching ratio est la désintégration en bb¯𝑏¯𝑏b\overline{b}. Cependant, la désintégration d’une paire de Higgs en quatre quarks bottoms est recouverte, au LHC, par du fond QCD extrêmement intense, ce qui exclut toute étude sous cette hypothèse. Cependant, pour maximiser le branching ratio tout en gardant une bonne maîtrise du fond QCD, on regarde en général des états finaux contenant deux quarks bottoms. On peut aussi également regarder des canaux contenant deux τ𝜏\tau et deux bosons.

  1. 1.

    Le canal bbττ𝑏𝑏𝜏𝜏bb\tau\tau a un bon branching ratio, et le fond irréductible le plus important est le processus tt¯bb¯τνττν¯τ𝑡¯𝑡𝑏¯𝑏𝜏subscript𝜈𝜏superscript𝜏subscript¯𝜈𝜏t\overline{t}\rightarrow b\overline{b}\tau\nu_{\tau}\tau^{-}\overline{\nu}_{\tau} qui a une petite section efficace comparée à la production énorme de paires tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t} compte tenu du petit branching ratio de Wτντ𝑊𝜏subscript𝜈𝜏W\rightarrow\tau\nu_{\tau} (qui est de 11,25±0,20%plus-or-minus11.25percent0.2011,25\pm 0,20\%).

    Refer to caption
    Figure 4.11: Diagramme de Feynman au premier ordre pour tt¯bb¯τνττν¯τ𝑡¯𝑡𝑏¯𝑏𝜏subscript𝜈𝜏superscript𝜏subscript¯𝜈𝜏t\overline{t}\rightarrow b\overline{b}\tau\nu_{\tau}\tau^{-}\overline{\nu}_{\tau}
  2. 2.

    Le canal bbγγ𝑏𝑏𝛾𝛾bb\gamma\gamma est très peu probable, mais le fond très peu intense et essentiellement du à des processus de QCD et à de la production d’un boson de Higgs avec une paire de top. Ainsi même si on s’attend à avoir très peu d’évènements, la sensibilité de cette topologie d’évènements reste intéressante.

  3. 3.

    Le canal bbWW𝑏𝑏𝑊𝑊bbWW est peu intéressant parce que très contaminé par le background tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}

  4. 4.

    Il doit être possible de rejeter de manière très efficace le background pour le canal bbZZ𝑏𝑏𝑍𝑍bbZZ, surtout pour un état final de quatre leptons. Cependant, le branching ration reste faible.

  5. 5.

    ZZττ𝑍𝑍𝜏𝜏ZZ\tau\tau et γγττ𝛾𝛾𝜏𝜏\gamma\gamma\tau\tau sont des canaux intéressants du point de vue du background mais ils n’ont pas pu être utilisés durant le Run 1 tellement leur branching ration est petit. Ils pourraient devenir très intéressant pour le HL-LHC.

  6. 6.

    Le canal WWττ𝑊𝑊𝜏𝜏WW\tau\tau a un bon branching ratio, mais la présence de bosons W entraîne une mauvaise reconstruction de la masse des Higgs.

Le canal bbττ𝑏𝑏𝜏𝜏bb\tau\tau semble donc le plus intéressant pour mesurer le couplage trilinéaire du champ de Higgs, comme cela a été souligné dans les études phénoménologiques référencées, pour les prochaines années d’expériences au LHC. L’étude qui suit se focalise donc sur ce canal.

Refer to caption
Figure 4.12: Le cadre de l’étude est le suivant : on fait varier le paramètre λ𝜆\lambda qui modifie ce qui se passe dans la ”boîte noire” qu’est le rond portant le λ𝜆\lambda. Le reste est fixé, c’est-à-dire que les générateurs Monte-Carlo ne simulent que des évènements qui débutent par fusion de gluons et s’achèvent avec la désintégration de système di-Higgs en bb¯ττ𝑏¯𝑏𝜏𝜏b\overline{b}\tau\tau, suivie éventuellement de la désintégration des τ𝜏\tau.

4.2.4 Simulation et génération des évènements

Les fichiers utilisées sont des échantillons générés par des méthodes Monte-Carlo. Les processus durs de QCD sont générés par MadGraph [33] pour la production di-Higgs, et par powheg [34] pour le fond irréductible tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}. Les parties de showering, d’hadronisation ou encore les corrections sont simulées par PYTHIA 8 [35]. Pour la reconstruction des particules dans le détecteur CMS, GEANT4 [36] donne les résultats de l’interaction des particules avec le détecteur (ce qu’observe le tracker, combien d’énergie est déposée dans chaque calorimètre…), et enfin, l’environnement CMSSW [37] permet de simuler la réponse du détecteur et la reconstruction des particules.

Les informations sont stockées dans différents ”Branch” d’un ”Tree” (fichier ROOT [38]), et traitées en utilisant l’environnement ROOT et l’interpréteur PyROOT [39].

4.3 Étude de la cinétique sans la désintégration des τ𝜏\tau

4.3.1 Reconstruction des évènements

Le but de cette première étude à un niveau générateur, simpliste puisque nous ne prenons pas en compte la désintégration des leptons τ𝜏\tau, est de discriminer les différents invariants cinétiques du procédé et de déterminer ceux dont la distribution dépend visiblement de λ𝜆\lambda. Pour chaque particule, on connait les variables ptsubscript𝑝𝑡p_{t} (impulsion transverse) qui est la projection de l’impulsion dans le plan transverse, et η=12ln(|p|+pz|p|pz)𝜂12𝑙𝑛𝑝subscript𝑝𝑧𝑝subscript𝑝𝑧\eta=\frac{1}{2}ln(\frac{|\vec{p}|+p_{z}}{|\vec{p}|-p_{z}}) (pseudo-rapidité).

Dans les évènements candidats à de la production di-Higgs, une fraction non négligeable ne peut pas être enregistrée à cause des caractéristiques techniques du détecteur CMS : l’acceptance géométrique n’est pas parfaite dans la direction du faisceau, et il y a un seuil d’énergie au dessus duquel les particules doivent se trouver pour déclencher le trigger et être reconstituées de manière correcte. Pour se faire une idée de cette fraction d’évènements perdus, on applique les sélections suivantes aux quarks bottom b𝑏b et b¯¯𝑏\overline{b} et aux leptons τsuperscript𝜏\tau^{-} et τ+superscript𝜏\tau^{+} :

(pt>30GeV|η|<2.5\left(\begin{array}[]{c}p_{t}>30GeV\\ |\eta|<2.5\\ \end{array}\right.

Ces valeurs de seuil sont comparables à celles utilisées dans les études phénoménologiques (cf le papier de Luca pour les références). Le seuil sur η𝜂\eta provient directement de la géométrie de CMS, le seuil pour ptsubscript𝑝𝑡p_{t} correspond au l’énergie minimale de trigger et de reconstruction des jets. Pour les désintégrations leptoniques des τ𝜏\tau, les seuils sont plus bas ; cependant, deux neutrinos sont émis durant cette désintégration ce qui entraine une perte significative d’énergie. On peut donc dire que la valeur de seuil choisie prend approximativement en compte ces particularités.

4.3.2 Comparaison pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda

Définissons l’efficacité ϵitalic-ϵ\epsilon de reconstruction, pour les données statistiques, comme le rapport entre le nombre d’évènements passant les coupures statistiques sur le nombre total d’évènements.

Les efficacités pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda, et pour le fond tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t} sont données ci-dessous :

λ/λSM=4𝜆subscript𝜆𝑆𝑀4\lambda/\lambda_{SM}=-4 λ/λSM=1𝜆subscript𝜆𝑆𝑀1\lambda/\lambda_{SM}=1 λ/λSM=2.46𝜆subscript𝜆𝑆𝑀246\lambda/\lambda_{SM}=2.46 λ/λSM=20𝜆subscript𝜆𝑆𝑀20\lambda/\lambda_{SM}=20 tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}
Efficacité ϵitalic-ϵ\epsilon 0.424 0.433 0.454 0.424 0.272

Les distributions en impulsion transverse et en rapidité du quarks et des leptons sont assez semblables pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda. Il faut s’intéresser aux invariants cinétiques des systèmes de particules, h0=[b,b¯]0𝑏¯𝑏h0=[b,\overline{b}], h1=[τ,τ+]1superscript𝜏superscript𝜏h1=[\tau^{-},\tau^{+}] et le système total h=[b,b¯,τ,τ+]𝑏¯𝑏superscript𝜏superscript𝜏h=[b,\overline{b},\tau^{-},\tau^{+}]. On reconstitue les 4-vecteurs des higgs intermédiaires et du système total avec les relations :

(p(h0)=p(b)+p(b¯)p(h1)=p(τ)+p(τ+)p(h)=p(h0)+p(h1)\left(\begin{array}[]{c}p(h0)=p(b)+p(\overline{b})\\ p(h1)=p(\tau^{-})+p(\tau^{+})\\ p(h)=p(h0)+p(h1)\\ \end{array}\right.

Les diagrammes suivants sont la superposition des histogrammes pour chaque valeur étudiée de λ𝜆\lambda, mais aussi des histogrammes relatifs au fond [t,t¯]𝑡¯𝑡[t,\overline{t}]. Le but ultime étant de remonter à la valeur de λ𝜆\lambda, il est important de sélectionner des grandeurs qui permettent bien de discriminer les évènements provenant de deux bosons de Higgs de ceux qui proviennent d’un quark top et d’un anti quark top. Pour pouvoir comparer uniquement la ”forme” des distributions, les histogrammes sont normalisés.

Remarquons tout d’abord que les différentes distributions en rapidité ne sont pas vraiment adaptées à l’extraction du couplage λ𝜆\lambda, puisqu’elles n’en dépendent pas fortement. Par exemple, voici ces courbes pour le système h1=[τ,τ+]1superscript𝜏superscript𝜏h1=[\tau^{-},\tau^{+}] sans les coupures cinétiques, et pour l’ensemble des particules, avec les coupures cinétiques.

[Uncaptioned image][Uncaptioned image]

Pour les autres invariants, nous avons adopté la disposition suivante : le diagramme de gauche est le résultat de la simulation Monte-Carlo, sans les coupures, comme ce que nous observerions en ayant un point de vue omniscient dans les collisions. A droite, les coupures cinétiques déjà évoquées ont été appliquées. Les quatre premiers diagrammes concernent le système h1=[τ,τ+]1superscript𝜏superscript𝜏h1=[\tau^{-},\tau^{+}], les quatre suivants le système total.

[Uncaptioned image][Uncaptioned image]
[Uncaptioned image][Uncaptioned image]
[Uncaptioned image][Uncaptioned image]
[Uncaptioned image][Uncaptioned image]

Les diagrammes de l’impulsion transverse pour le système [τ,τ+]superscript𝜏superscript𝜏[\tau^{-},\tau^{+}] et de la masse invariante du système total montrent des différences significatives entre les histogrammes pour différentes valeurs du couplage λ𝜆\lambda. Nous nous y intéresserons presque essentiellement pour les études suivantes ou nous prendrons en compte la désintégration des deux τ𝜏\tau finaux.

Les deux autres diagrammes pourraient quant’à eux être utiles pour discriminer le signal du bruit de fond, à condition que la différence de forme des distributions ne soit pas réduite par la prise en compte de la désintégration des leptons et l’utilisation de variables reconstruites.

4.4 Étude de la cinétique avec la désintégration des τ𝜏\tau

4.4.1 Introduction et présentation des approximations

Comme nous l’avons vu au dessus, les τ𝜏\tau ont une distance de vol moyenne dans le détecteur de quelques millimètres si bien qu’ils se désintègrent avant d’arriver aux calorimètres. Le tableau suivant résume les possibilités de désintégration les plus probables pour les leptons τ𝜏\tau.

Mode de désintégration Probabilité
τ+e++ντ¯+νesuperscript𝜏superscript𝑒¯subscript𝜈𝜏subscript𝜈𝑒\tau^{+}\rightarrow e^{+}+\overline{\nu_{\tau}}+\nu_{e} 17,4 %
τ+μ++ντ¯+νμsuperscript𝜏superscript𝜇¯subscript𝜈𝜏subscript𝜈𝜇\tau^{+}\rightarrow\mu^{+}+\overline{\nu_{\tau}}+\nu_{\mu} 17,8 %
τ+superscript𝜏absent\tau^{+}\rightarrow hadrons 64,8 %

avec dans le mode τ𝜏absent\tau\rightarrow hadrons, les désintégrations les plus probables :

Mode de désintégration Probabilité
τ+π+π0superscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋0\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{0} 25,52 %
τ+π+superscript𝜏superscript𝜋\tau^{+}\rightarrow\pi^{+} 10,83 %
τ+π+π0π0superscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋0superscript𝜋0\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{0}\pi^{0} 9,30 %
τ+π+ππ+superscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋superscript𝜋\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{-}\pi^{+} 8,99 %
τ+π+ππ+π0superscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋superscript𝜋superscript𝜋0\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{-}\pi^{+}\pi^{0} 2,70 %
τ+π+π0π0π0superscript𝜏superscript𝜋superscript𝜋0superscript𝜋0superscript𝜋0\tau^{+}\rightarrow\pi^{+}\pi^{0}\pi^{0}\pi^{0} 1,05 %

Ce qui donne le tableau suivant, pour un système de deux [τ,τ+]superscript𝜏superscript𝜏[\tau^{-},\tau^{+}], en notant τhsubscript𝜏\tau_{h} les désintégrations hadroniques (jets), τesubscript𝜏𝑒\tau_{e} les désintégrations électroniques et τμsubscript𝜏𝜇\tau_{\mu} les désintégrations muoniques. La section efficace du processus total est donné dans le meme tableau, pour des énergies différentes dans le système du centre de masse. Elle est calculée en utilisant :

σ(ggbb¯τiτj)=σ(gghh)×2×BR(hbb¯)×BR(hττ)×BR(τττiτj)𝜎𝑔𝑔𝑏¯𝑏subscript𝜏𝑖subscript𝜏𝑗𝜎𝑔𝑔2𝐵𝑅𝑏¯𝑏𝐵𝑅𝜏𝜏𝐵𝑅𝜏𝜏subscript𝜏𝑖subscript𝜏𝑗\sigma(gg\rightarrow b\overline{b}\tau_{i}\tau_{j})=\sigma(gg\rightarrow hh)\times 2\times BR(h\rightarrow b\overline{b})\times BR(h\rightarrow\tau\tau)\times BR(\tau\tau\rightarrow\tau_{i}\tau_{j})

le facteur ”2” étant purement combinatoire.

Canal Fraction des évènements σ𝜎\sigma (8 Tev) [fb] σ𝜎\sigma (13 Tev) [fb] σ𝜎\sigma (14 Tev) [fb]
τμτhsubscript𝜏𝜇subscript𝜏\tau_{\mu}\tau_{h} 23,1 % 0,13 0,578 0,686
τeτhsubscript𝜏𝑒subscript𝜏\tau_{e}\tau_{h} 22,6 % 0,13 0,565 0,671
τhτhsubscript𝜏subscript𝜏\tau_{h}\tau_{h} 42,0 % 0,24 1,05 1,25
τeτμsubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝜇\tau_{e}\tau_{\mu} 6,2 % 0,036 0,155 0,184
τeτesubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝑒\tau_{e}\tau_{e} 3,0 % 0,018 0,075 0,089
τμτμsubscript𝜏𝜇subscript𝜏𝜇\tau_{\mu}\tau_{\mu} 3,2 % 0,018 0,080 0,095

Les quarks b𝑏b, détectés comme jets, sont supposés connus parfaitement : on récupère le 4-vecteur généré par les méthodes Monte-Carlo. A ce niveau d’étude, la philosophie est la suivante : on a un point de vue omniscient sur les particules produits de désintégration des leptons τ𝜏\tau, ce qui permet de remonter à des invariants cinétiques du système ou des sous-systèmes. Comme des neutrinos sont émis durant la désintégration, la seule grandeur accessible expérimentalement est l’énergie manquante. Toujours au niveau générateur, on utilise en fait les 4-vecteurs des neutrinos pour calculer directement l’énergie manquante. Plusieurs invariants sont envisageables pour caractériser le système, qu’on peut obtenir à partir des 4-vecteurs des produits finaux et de l’énergie transverse manquante. On utilise donc, pour calculer les invariants du système, toutes les informations voulues sur les produits observables de la désintégration du système di-tau (e𝑒e, μ𝜇\mu, pions) et l’énergie manquante calculée à l’aide des 4-vecteurs des neutrinos.

Refer to caption
Figure 4.13: Exemple de processus considéré. La désintégration du système di-tau est ici semi-hadronique, l’un se désintègre en muon et l’autre en un pion π+superscript𝜋\pi^{+}. Les croix correspondent à de l’information perdue, puisque les neutrinos ne sont pas détectés. Les particules ayant la mention ”OBSERVÉ” sont supposées parfaitement détectées : on se sert des informations générateur
Méthode des quantités visibles

Cette première méthode est la plus simple, et de plus indépendante de toute mesure de l’énergie transverse manquante, ce qui la rend particulièrement intéressante. Il faut juste faire abstraction des neutrinos, comme s’ils n’étaient pas produits. On écrira :

(p(h0)=p(b)+p(b¯)p(h1)=p(τi)+p(τj)p(h)=p(h0)+p(h1)\left(\begin{array}[]{c}p(h0)=p(b)+p(\overline{b})\\ p(h1)=p(\tau_{i})+p(\tau_{j})\\ p(h)=p(h0)+p(h1)\\ \end{array}\right.

τisubscript𝜏𝑖\tau_{i} et τjsubscript𝜏𝑗\tau_{j} sont les produits de désintégration du τsuperscript𝜏\tau^{-} et du τ+superscript𝜏\tau^{+}.
Il n’y a pas d’approximation à faire du type ”collinear approximation”, cependant, en raison de l’énergie emportée par les neutrinos, l’échelle d’énergie est décalée vers la gauche.

Méthode des quantités effectives

Cela consiste juste à ”re-scaler” l’échelle d’énergie en utilisant l’énergie transverse manquante : on ”mesure” le 4-vecteur

pmiss=(Exmiss,Eymiss,0,(Exmiss)2+(Eymiss)2)superscript𝑝𝑚𝑖𝑠𝑠subscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑥subscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑦.0superscriptsubscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑥2superscriptsubscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑦2p^{miss}=(E^{miss}_{x},E^{miss}_{y},0,\sqrt{(E^{miss}_{x})^{2}+(E^{miss}_{y})^{2}})

et on pose :

(p(h0)=p(b)+p(b¯)p(h1)=p(τi)+p(τj)+pmissp(h)=p(h0)+p(h1)\left(\begin{array}[]{c}p(h0)=p(b)+p(\overline{b})\\ p(h1)=p(\tau_{i})+p(\tau_{j})+p^{miss}\\ p(h)=p(h0)+p(h1)\\ \end{array}\right.

En raison de la nature de l’approximation qui est faite, les distributions ne sont pas améliorées par une telle manipulation, cependant, on peut au moins retomber sur la bonne échelle de masse.

Méthode de l’approximation colinéaire

Pour des raisons d’hélicité, les produits de désintégration des τ𝜏\tau ont de grandes chances d’être émis avec une impulsion proche de l’impulsion de τ𝜏\tau dont ils proviennent. L’approximation colinéaire consiste à supposer que toutes les particules sont émises dans le même direction. Il faut donc résoudre le système linéaire qui permet d’associer aux deux système de neutrinos une fraction de l’énergie transverse manquante sous la forme d’un 4-vecteur dont la partie spatiale est alignée avec le produit de désintégration observé (e𝑒e, μ𝜇\mu, jet), et telle que la somme de ces deux 4-vecteurs donne l’énergie transverse manquante (pour les composantes transverses).
Il faut inverser le système :

(ExmissEymiss)=(sinθcosϕsinθcosϕsinθsinϕsinθsinϕ)(pp)matrixsubscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑥subscriptsuperscript𝐸𝑚𝑖𝑠𝑠𝑦matrix𝑠𝑖𝑛𝜃𝑐𝑜𝑠italic-ϕ𝑠𝑖𝑛superscript𝜃𝑐𝑜𝑠superscriptitalic-ϕ𝑠𝑖𝑛𝜃𝑠𝑖𝑛italic-ϕ𝑠𝑖𝑛superscript𝜃𝑠𝑖𝑛superscriptitalic-ϕmatrix𝑝superscript𝑝\begin{pmatrix}E^{miss}_{x}\\ E^{miss}_{y}\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}sin\theta cos\phi&sin\theta^{\prime}cos\phi^{\prime}\\ sin\theta sin\phi&sin\theta^{\prime}sin\phi^{\prime}\end{pmatrix}\begin{pmatrix}p\\ p^{\prime}\end{pmatrix}

où p et p’ sont la norme des 4-vecteurs des neutrinos, associés à la désintégration des deux τ𝜏\tau respectifs. Pour cela, il faut que :

sinθcosϕsinθsinϕsinθsinϕsinθcosϕ0𝑠𝑖𝑛𝜃𝑐𝑜𝑠italic-ϕ𝑠𝑖𝑛superscript𝜃𝑠𝑖𝑛superscriptitalic-ϕ𝑠𝑖𝑛𝜃𝑠𝑖𝑛italic-ϕ𝑠𝑖𝑛superscript𝜃𝑐𝑜𝑠superscriptitalic-ϕ0sin\theta cos\phi sin\theta^{\prime}sin\phi^{\prime}-sin\theta sin\phi sin\theta^{\prime}cos\phi^{\prime}\neq 0

c’est-à-dire, si sinθsinθ0𝑠𝑖𝑛𝜃𝑠𝑖𝑛superscript𝜃0sin\theta sin\theta^{\prime}\neq 0 (ce qui est forcément le cas si les particules sont détectées) :

tan(ϕ)tan(ϕ)𝑡𝑎𝑛italic-ϕsuperscriptitalic-ϕtan(\phi)\neq\tan(\phi^{\prime})

Autrement dit, il ne faut pas que les particules observées, produits de désintégration des τ𝜏\tau, soient émises dans la même direction (même en sens opposé). En effet, si les neutrinos sont émis dans la même direction, en sens opposé, ils peuvent emporter une quantité quelconque d’énergie sans qu’on détecte une quelconque énergie transverse manquante. Cela introduit une indétermination dans la sélection des évènements : ne faut-il que demander à ce que le déterminant de la matrice soit non nul ? Mais alors cela dépend de la précision avec lesquelles les variables ”float” sont stockées … Cependant, comment choisir la limite inférieure pour ce déterminant ? Dans notre étude, nous avons seulement demandé à ce que le déterminant soit non nul.

Enfin, un dernier problème que pose cette approximation colinéaire est que si on veut vraiment reconstruire le 4-vecteur des neutrinos manquants, il faut choisir le signe de la troisième coordonnée spatiale, et, à moins d’introduire de l’aléatoire qui n’a rien de ”physique”, on perd par exemple l’information de la rapidité par les τ𝜏\tau et leurs particules parentes.
De toutes façons, nous avons vu que les distributions en rapidité ne permettaient pas de bien discriminer λ𝜆\lambda, nous nous intéressons seulement aux distributions jugées d’intérêt par l’étude précédente.

4.4.2 Coupures cinétiques et efficacités

Puisqu’on prend en compte les désintégrations des leptons τ𝜏\tau, nous pouvons facilement fixer des coupures cinétiques plus proches de celles qui sont en réalité imposées par le déclenchement du trigger et les algorithmes de reconstruction de CMS. Voici donc les coupures utilisées pour les différents produits de désintégration du système [τ,τ]𝜏𝜏[\tau,\tau] :

τμτhsubscript𝜏𝜇subscript𝜏\tau_{\mu}\tau_{h} |η(μ)|<2.1𝜂𝜇21|\eta(\mu)|<2.1, |η(τh)|<2.4𝜂subscript𝜏24|\eta(\tau_{h})|<2.4 pT(μ)>20subscript𝑝𝑇𝜇20p_{T}(\mu)>20 GeV, pT(τh)>30subscript𝑝𝑇subscript𝜏30p_{T}(\tau_{h})>30 GeV
τeτhsubscript𝜏𝑒subscript𝜏\tau_{e}\tau_{h} |η(e)|<2.1𝜂𝑒21|\eta(e)|<2.1, |η(τh)|<2.4𝜂subscript𝜏24|\eta(\tau_{h})|<2.4 pT(e)>24subscript𝑝𝑇𝑒24p_{T}(e)>24 GeV, pT(τh)>30subscript𝑝𝑇subscript𝜏30p_{T}(\tau_{h})>30 GeV
τhτhsubscript𝜏subscript𝜏\tau_{h}\tau_{h} |η(τh)|<2.1𝜂subscript𝜏21|\eta(\tau_{h})|<2.1 pT(τh)>45subscript𝑝𝑇subscript𝜏45p_{T}(\tau_{h})>45 GeV
τeτμsubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝜇\tau_{e}\tau_{\mu} |η(μ)|<2.1𝜂𝜇21|\eta(\mu)|<2.1, |η(e)|<2.3𝜂𝑒23|\eta(e)|<2.3 pT(l1)>20subscript𝑝𝑇subscript𝑙120p_{T}(l_{1})>20 GeV, pT(l2)>10subscript𝑝𝑇subscript𝑙210p_{T}(l_{2})>10 GeV
τeτesubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝑒\tau_{e}\tau_{e} |η(e)|<2.3𝜂𝑒23|\eta(e)|<2.3 pT(e1)>20subscript𝑝𝑇subscript𝑒120p_{T}(e_{1})>20 GeV, pT(e2)>20subscript𝑝𝑇subscript𝑒220p_{T}(e_{2})>20 GeV
τμτμsubscript𝜏𝜇subscript𝜏𝜇\tau_{\mu}\tau_{\mu} |η(μ1)|<2.1𝜂subscript𝜇121|\eta(\mu_{1})|<2.1, |η(μ2)|<2.4𝜂subscript𝜇224|\eta(\mu_{2})|<2.4 pT(μ1)>20subscript𝑝𝑇subscript𝜇120p_{T}(\mu_{1})>20 GeV, pT(μ2)>10subscript𝑝𝑇subscript𝜇210p_{T}(\mu_{2})>10 GeV

où les indices 1 et 2 ordonnent les systèmes de deux leptons en appelant 1 le lepton d’impulsion transverse maximale.

Pour les quarks, détectés comme jets, on garde les valeurs de coupures cinétiques utilisées dans la première étude :

{pT>30GeV|η|<2.5casessubscript𝑝𝑇30𝐺𝑒𝑉𝜂25\left\{\begin{array}[]{r c l}p_{T}&>&30GeV\\ |\eta|&<&2.5\end{array}\right.

Les efficacité relevées pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda sont les suivantes:

λ=4𝜆4\lambda=-4 λ=1𝜆1\lambda=-1 λ=2.46𝜆246\lambda=2.46 λ=20𝜆20\lambda=20 tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}
globale 0.143 0.187 0.190 0.128 0.073
τμτhsubscript𝜏𝜇subscript𝜏\tau_{\mu}\tau_{h} 0.246 0.296 0.298 0.230 0.122
τeτhsubscript𝜏𝑒subscript𝜏\tau_{e}\tau_{h} 0.207 0.253 0.258 0.188 0.121
τhτhsubscript𝜏subscript𝜏\tau_{h}\tau_{h} 0.131 0.195 0.194 0.107 0.042
τeτμsubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝜇\tau_{e}\tau_{\mu} 0.364 0.411 0.401 0.343 0.262
τeτesubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝑒\tau_{e}\tau_{e} 0.387 0.349 0.433 0.361 0.282
τμτμsubscript𝜏𝜇subscript𝜏𝜇\tau_{\mu}\tau_{\mu} 0.369 0.425 0.418 0.365 0.271

Dans ce tableau, l’efficacité globale est le ratio du nombre d’évènements dont tous les objets sont au dessus des coupures cinétiques avec le nombre total d’évènements, et chaque désintégration, par exemple τhτhsubscript𝜏subscript𝜏\tau_{h}\tau_{h}, l’efficacité est la proportion d’évènements, parmi ceux aboutissant à une désintégration doublement hadronique, dont tous les produits de désintégration des τ𝜏\tau (seulement !) sont au dessus des coupures. C’est pour cela que l’efficacité totale n’est pas le barycentre des efficacités individuelles.

Donnons maintenant les différents histogrammes obtenus à partir des informations provenant des quarks b𝑏b et des produits de désintégration des leptons τ𝜏\tau seulement. Les diagrammes de gauche sont ceux qu’on aurait avec un détecteur parfait (sans coupures) tandis qu’à droite, les coupures cinétiques ont été appliquées. Les résultats des trois approximations sont présentées successivement, avec d’abord les quantités visibles, puis les quantités effectives, et enfin les résultats de l’approximation colinéaire. Il est intéressant de noter les différentes conséquences que ces approximations ont sur les distributions, et l’utilisation de plusieurs de ces approximations permet de lever certaines indéterminations (par exemple, dans le cadre de l’approximation colinéaire, les distributions de masse invariante du système total pour λλSM𝜆superscript𝜆𝑆𝑀\frac{\lambda}{\lambda^{SM}} et pour le fond tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t} sont très semblables, et il est plus intéressant de regarder les quantités visibles ou effectives, mais pour l’impulsion transverse totale, l’approximation colinéaire est plus intéressante).

4.4.3 Comparaison des courbes pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda

Méthode des quantités visibles
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Méthode des quantités effectives
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Approximation colinéaire
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4.5 Utilisation des particules reconstruites

4.5.1 Reconstruction des particules

L’étude étant faite à un niveau générateur, le fichier ROOT utilisées possède à la fois les informations vraies générées par les méthodes statistiques et les informations reconstruites. Le but est donc d’associer à chaque particule vraie celle reconstruite dans le détecteur, pour avoir une idée encore plus précise de l’impact de l’observation imparfaite et de la reconstruction sur les distributions étudiées.

La méthode employée est la suivante : on sait grâce aux informations générateur que dans telle collision, les système de deux τ𝜏\tau se désintègre - par exemple - en un muon et un jet hadronique. On cherche donc une particule reconstruite en muon et une particule reconstruite comme un jet de désintégration de tau, et dont la direction de vol n’est pas trop différente du muon qu’on devrait effectivement observer si le détecteur était parfait, ainsi que la reconstruction. Le critère de sélection (l’impulsion étant paramétrée par les angles θ𝜃\theta et ϕitalic-ϕ\phi est défini de la manière suivante. Posons :

ΔR=Δθ2+Δϕ2Δ𝑅Δsuperscript𝜃2Δsuperscriptitalic-ϕ2\Delta R=\sqrt{\Delta\theta^{2}+\Delta\phi^{2}}

Alors on cherche des particules reconstruites de la bonne nature dans un cône ΔR=0.5Δ𝑅05\Delta R=0.5 autour de l’impulsion de la particule ”vraie”. S’il y en a plusieurs, il est probable que la reconstruction se fasse mal à cause de la proximité des traces laissées par les particules, on ne tient donc pas compte de la collision. S’il y en a aucune, on ne peux pas non plus tenir compte de la collision.

Une fois cette association réalisée, on prend pour calculer les invariants cinétiques de la collision qui ont été déterminés comme intéressant pas les études précédentes, non pas les quadrivecteurs des particules vraies mais les quadrivecteurs des particules telles qu’elles sont détectées.

Il faut redéfinir les efficacités. L’efficacité totale est le ratio d’évènements bien reconstruits sur le nombre total d’évènements. Pour chacune des désintégrations du système [τ,τ]𝜏𝜏[\tau,\tau], l’efficacité est le ratio du nombre de tels évènements bien reconstruits sur le nombre total d’évènements de ce type. On obtient :

λ=4𝜆4\lambda=-4 λ=1𝜆1\lambda=-1 λ=2.46𝜆246\lambda=2.46 λ=20𝜆20\lambda=20 tt¯𝑡¯𝑡t\overline{t}
globale 0.160 0.183 0.177 0.152 0.135
τμτhsubscript𝜏𝜇subscript𝜏\tau_{\mu}\tau_{h} 0.179 0.205 0.120 0.171 0.153
τeτhsubscript𝜏𝑒subscript𝜏\tau_{e}\tau_{h} 0.156 0.179 0.175 0.149 0.131
τhτhsubscript𝜏subscript𝜏\tau_{h}\tau_{h} 0.122 0.139 0.133 0.113 0.096
τeτμsubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝜇\tau_{e}\tau_{\mu} 0.273 0.303 0.292 0.251 0.239
τeτesubscript𝜏𝑒subscript𝜏𝑒\tau_{e}\tau_{e} 0.223 0.256 0.255 0.216 0.208
τμτμsubscript𝜏𝜇subscript𝜏𝜇\tau_{\mu}\tau_{\mu} 0.301 0.354 0.330 0.294 0.289

Si on compare ce tableau à celui obtenu dans l’étude générateur en prenant en compte la désintégration des τ𝜏\tau, on voit que les efficacités individuelles de chacun des modes de désintégration sont plus basses dans le cas de la reconstruction, pour les raisons de non-idéalité de cette étape. Cependant, l’efficacité globale et pour certaines valeurs du fond irréductible est plus grande avec la reconstruction. Cela s’explique par le fait qu’en réalité, les coupures cinétiques correspondant le mieux à la reconstruction des quarks bottom comprennent une coupure à 20 GeV sur l’impulsion transverse, et non à 30 GeV comme ce nous avons utilisé dans l’étude précédente. Il y aurait également une modification à apporter concernant la reconstruction des muons, qui est meilleure que ce qui était simulé par les coupures, et celle des électrons, moins bonne que celle attendue (on s’en rend compte à l’aide de la dernière colonne de ce tableau).

Dans un premier temps, nous allons mettre en exergue la modification de l’allure de la distribution des quantités cinétiques sélectionnées à cause des processus physiques (désintégrations avec émission de neutrinos et reconstruction) et matériels (reconstruction imparfaite), en juxtaposant les distributions ”idéales” obtenues lors de la première étude (sans coupures) (à gauche) et les distributions obtenues avec la reconstruction (à droite).
Dans un deuxième temps, nous montrerons les effets de la reconstruction seulement : comme auparavant ou nous juxtaposions histogrammes obtenus avec et sans coupures, nous mettrons côte-à-côte les diagrammes obtenus, sans coupure, au niveau générateur et en considérant les désintégrations des τ𝜏\tau (à gauche), et les histogrammes obtenus en considérant la reconstruction (à droite).

4.5.2 Étude de l’efficacité totale de l’observation

Méthode des quantités visibles
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Méthode des quantités effectives
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Approximation colinéaire
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4.5.3 Étude spécifique de l’efficacité de reconstruction

Méthode des quantités visibles
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Méthode des quantités effectives
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Approximation colinéaire
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4.6 Paramétrisation des grandeurs cinétiques

Nous avons ensuite essayé de paramétrer les distributions obtenues, afin d’obtenir une expression analytique au moins locale de la surface (locale en λ𝜆\lambda). Pour pouvoir générer des fichiers pour davantage de valeurs de λ𝜆\lambda, il a fallu choisir une méthode rapide. La solution a été de produire des fichiers d’environ 100000100000100000 collisions avec MadGraph, sans tenir compte des effets radiatifs, de la désintégration des τ𝜏\tau, etc … Pour le reste, l’étude est menée exactement comme dans la première partie. Dans un premier temps, les fichiers générés correspondaient aux valeurs de λ𝜆\lambda suivantes : λ=15,4,0,1,2.46,4,10𝜆154.0.1.246.4.10\lambda=-15,-4,0,1,2.46,4,10.

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Figure 4.14: Superposition des histogrammes en impulsion transverse du système di-tau, pour différentes valeurs de λ𝜆\lambda. A gauche, tous les évènements ont été pris en compte, à droite, les coupures cinétiques de la première étude ont été appliquées.
Refer to caption
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Figure 4.15: Superposition des histogrammes de masse invariante du système entier, pour différentes valeurs de λ𝜆\lambda. A gauche, tous les évènements ont été pris en compte, à droite, les coupures cinétiques de la première étude ont été appliquées.

Ces diagrammes semblent indiquer que les distributions que nous avons jugées dignes d’intérêt varient peu lorsque λ𝜆\lambda s’éloigne de la région [0;4]04[0;4]. Physiquement, cela signifie que la contribution du diagramme de Feynman comportant la boucle top triangulaire devient très importante devant la contribution du diagramme avec la boucle carrée. Ce même argument fait que l’on s’attend également à trouver des distributions a peu près identiques pour des très grandes valeurs de λ𝜆\lambda (plus grand que 10) ou des très petites valeurs (en dessous de λλSM=4𝜆superscript𝜆𝑆𝑀4\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=-4). Cela semble être le cas au vu des courbes tracées.

Par ailleurs, la forme des distributions varie énormément dans la région [0;4]04[0;4], ce qui rend la paramétrisation difficile dans cette zone de valeurs pour λ𝜆\lambda. Nous reviendrons ensuite à l’étude de la surface ”Energie×λ𝐸𝑛𝑒𝑟𝑔𝑖𝑒𝜆Energie\times\lambda” dans cette zone, concentrons nous pour l’instant sur les régions périphériques.

4.6.1 Distribution de l’impulsion du système [τ,τ]𝜏𝜏[\tau,\tau]

Pour la distribution en impulsion, nous avons choisi une fonction à 7 paramètres donnée par :

f:xxy21+exp(xy0y1)+xy5+y61+exp(xy3y4):𝑓maps-to𝑥𝑥𝑦21𝑒𝑥𝑝𝑥𝑦0𝑦1𝑥𝑦5𝑦61𝑒𝑥𝑝𝑥𝑦3𝑦4f:x\mapsto\frac{x*y2}{1+exp(\frac{x-y0}{y1})}+\frac{x*y5+y6}{1+exp(\frac{x-y3}{y4})}

pour laquelle nous avons obtenu les valeurs suivantes avec ROOT fit :

λ𝜆\lambda -15 -4 0 1 2.46 4 10 20
y0 21±4plus-or-minus214-21\pm 4 51±6plus-or-minus516-51\pm 6 83±3plus-or-minus83383\pm 3 93±3plus-or-minus93393\pm 3 693±4plus-or-minus6934-693\pm 4 40.7±0.7plus-or-minus4070740.7\pm 0.7 4±3plus-or-minus43-4\pm 3 7±2plus-or-minus72-7\pm 2
y1 43.5±0.2plus-or-minus4350243.5\pm 0.2 64±1plus-or-minus64164\pm 1 49.1±0.2plus-or-minus4910249.1\pm 0.2 52.8±0.2plus-or-minus5280252.8\pm 0.2 62.7±0.1plus-or-minus6270162.7\pm 0.1 20.5±0.2plus-or-minus2050220.5\pm 0.2 36.8±0.2plus-or-minus3680236.8\pm 0.2 38.2±0.2plus-or-minus3820238.2\pm 0.2
y2 240±20plus-or-minus24020240\pm 20 220±20plus-or-minus22020220\pm 20 46±3plus-or-minus46346\pm 3 45±2plus-or-minus45245\pm 2 (92±7)105plus-or-minus927superscript105(92\pm 7)\cdot 10^{5} 166±3plus-or-minus1663166\pm 3 280±10plus-or-minus28010280\pm 10 250±10plus-or-minus25010250\pm 10
y3 170±3plus-or-minus1703170\pm 3 223±5plus-or-minus2235223\pm 5 97±2plus-or-minus97297\pm 2 85±1plus-or-minus85185\pm 1 115.3±0.5plus-or-minus115305115.3\pm 0.5 200±6plus-or-minus2006200\pm 6 330±30plus-or-minus33030330\pm 30 170±3plus-or-minus1703170\pm 3
y4 18±2plus-or-minus18218\pm 2 62±1plus-or-minus62162\pm 1 143±1plus-or-minus1431143\pm 1 21.8±0.6plus-or-minus2180621.8\pm 0.6 22.3±0.3plus-or-minus2230322.3\pm 0.3 65±1plus-or-minus65165\pm 1 50±6plus-or-minus50650\pm 6 14±2plus-or-minus14214\pm 2
y5 2.3±0.2plus-or-minus23022.3\pm 0.2 3.1±0.4plus-or-minus3104-3.1\pm 0.4 11±1plus-or-minus111-11\pm 1 26±1plus-or-minus261-26\pm 1 38.0±0.7plus-or-minus38007-38.0\pm 0.7 1.4±0.1plus-or-minus14011.4\pm 0.1 0.08±0.02plus-or-minus0080020.08\pm 0.02 1.0±0.1plus-or-minus10011.0\pm 0.1
y6 27±7plus-or-minus277-27\pm 7 3±7plus-or-minus373\pm 7 1±4plus-or-minus141\pm 4 10±1plus-or-minus101-10\pm 1 9±8plus-or-minus98-9\pm 8 40±10plus-or-minus401040\pm 10 30±7plus-or-minus307-30\pm 7 33±8plus-or-minus338-33\pm 8

on peut alors tracer l’évolution des différents paramètres en fonction de λ𝜆\lambda.

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Figure 4.16: Sur ce graphique nous avons représenté seulement six des sept paramètres, avec les marges d’erreur, qui sont la plupart du temps ”cachées” par l’épaisseur de la courbe. On voit que le comportement varie peu aux extrémités du domaine d’étude, et beaucoup au voisinage de l’unité, ce qui signifie que la famille de fonctions utilisées pour approcher les courbes n’est pas très adaptée à la description lorsque λ1𝜆1\lambda\approx 1.
Étude pour λ[15,4]𝜆154\lambda\in[-15,-4] :

Les différents paramètres se comportent régulièrement dans cette plage de valeurs, on peut donc avoir une approximation de la distribution en impulsion transverse du système di-tau en réalisant une homotopie linéaire de l’une des courbes à l’autre (on suit, pour chaque paramètre, la droite qui relie la valeur en λ=15𝜆15\lambda=-15 à la valeur en λ=4𝜆4\lambda=-4). On a ainsi l’équation locale (en λ𝜆\lambda) d’un surface qui approxime la ”vraie” surface.

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Figure 4.17: Surface obtenue grâce à l’approximation linéaire pour la distribution en impulsion transverse du système di-tau et pour λ[15,4]𝜆154\lambda\in[-15,-4]
Étude pour λ[10,20]𝜆delimited-[]10.20\lambda\in[10,20] :

De la même manière, la forme de fonctions choisie permet d’avoir une surface qui approche la surface réelle ”distribution en impulsion / lambda” pour λ[10,20]𝜆delimited-[]10.20\lambda\in[10,20].

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Figure 4.18: Surface obtenue grâce à l’approximation linéaire pour la distribution en impulsion transverse du système di-tau et pour λ[10,20]𝜆delimited-[]10.20\lambda\in[10,20]

4.6.2 Distribution de masse invariante du système total

Pour la distribution de masse invariante, nous avons choisi une fonction à 8 paramètres de la forme :

f:x(1+erf(xy0y1))y21+exp(xy0y3)+(1+erf(xy4y5))y61+exp(xy4y7):𝑓maps-to𝑥1𝑒𝑟𝑓𝑥𝑦0𝑦1𝑦21𝑒𝑥𝑝𝑥𝑦0𝑦31𝑒𝑟𝑓𝑥𝑦4𝑦5𝑦61𝑒𝑥𝑝𝑥𝑦4𝑦7f:x\mapsto(1+erf(\frac{x-y0}{y1}))\frac{y2}{1+exp(\frac{x-y0}{y3})}+(1+erf(\frac{x-y4}{y5}))\frac{y6}{1+exp(\frac{x-y4}{y7})}

pour laquelle nous avons obtenu les valeurs suivantes par approximation avec ROOT Fit :

lambda -15 -4 0 1
y0 252.7±0.1plus-or-minus252701252.7\pm 0.1 253.8±0.1plus-or-minus253801253.8\pm 0.1 254.9±0.3plus-or-minus254903254.9\pm 0.3 291.2±0.8plus-or-minus291208291.2\pm 0.8
y1 3.8±0.1plus-or-minus38013.8\pm 0.1 3.9±0.1plus-or-minus39013.9\pm 0.1 5.8±0.4plus-or-minus58045.8\pm 0.4 30.0±0.1plus-or-minus3000130.0\pm 0.1
y2 4200±20plus-or-minus4200204200\pm 20 3160±20plus-or-minus3160203160\pm 20 1200±20plus-or-minus1200201200\pm 20 730±30plus-or-minus73030730\pm 30
y3 87.1±0.3plus-or-minus8710387.1\pm 0.3 103.3±0.4plus-or-minus103304103.3\pm 0.4 154±1plus-or-minus1541154\pm 1 180±2plus-or-minus1802180\pm 2
y4 403±4plus-or-minus4034403\pm 4 373±3plus-or-minus3733373\pm 3 351±1plus-or-minus3511351\pm 1 358.1±0.6plus-or-minus358106358.1\pm 0.6
y5 78±3plus-or-minus78378\pm 3 62±2plus-or-minus62262\pm 2 49.6±0.1plus-or-minus4960149.6\pm 0.1 35±1plus-or-minus35135\pm 1
y6 620±30plus-or-minus62030620\pm 30 1300±30plus-or-minus1300301300\pm 30 2540±30plus-or-minus2540302540\pm 30 2670±40plus-or-minus2670402670\pm 40
y7 21±2plus-or-minus21221\pm 2 38±2plus-or-minus38238\pm 2 75.9±0.1plus-or-minus7590175.9\pm 0.1 95.8±0.8plus-or-minus9580895.8\pm 0.8

et

lambda 2.46 4 10 20
y0 250±160plus-or-minus250160250\pm 160 252.98±0.06plus-or-minus25298006252.98\pm 0.06 252.45±0.07plus-or-minus25245007252.45\pm 0.07 252.66±0.08plus-or-minus25266008252.66\pm 0.08
y1 4±10plus-or-minus4104\pm 10 4.09±0.07plus-or-minus4090074.09\pm 0.07 3.63±0.08plus-or-minus3630083.63\pm 0.08 3.72±0.09plus-or-minus3720093.72\pm 0.09
y2 6000±3000plus-or-minus600030006000\pm 3000 10630±50plus-or-minus106305010630\pm 50 6300±40plus-or-minus6300406300\pm 40 5660±50plus-or-minus5660505660\pm 50
y3 20±40plus-or-minus204020\pm 40 34.4±0.2plus-or-minus3440234.4\pm 0.2 60.6±0.7plus-or-minus6060760.6\pm 0.7 62±2plus-or-minus62262\pm 2
y4 390±80plus-or-minus39080390\pm 80 419±3plus-or-minus4193419\pm 3 350±2plus-or-minus3502350\pm 2 342±3plus-or-minus3423342\pm 3
y5 40±10plus-or-minus401040\pm 10 93±3plus-or-minus93393\pm 3 75±4plus-or-minus75475\pm 4 55±2plus-or-minus55255\pm 2
y6 2000±3000plus-or-minus200030002000\pm 3000 314±4plus-or-minus3144314\pm 4 120±30plus-or-minus12030120\pm 30 491±90plus-or-minus49190491\pm 90
y7 150±100plus-or-minus150100150\pm 100 159±2plus-or-minus1592159\pm 2 122±7plus-or-minus1227122\pm 7 91±3plus-or-minus91391\pm 3
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Figure 4.19: Valeurs des paramètres y0, y3, y4, y5 et y7 pour les différentes valeurs de λ𝜆\lambda étudiées. On a placé les barres d’erreurs.

Les remarques formulées pour l’étude des distributions de l’impulsion transverse tiennent encore ici. Donnons seulement le ”résultat”, c’est-à-dire la forme de la surface obtenue dans chacun des cas.

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Figure 4.20: Surfaces obtenues grâce à l’approximation linéaire pour la distribution en masse invariante du système entier et pour λ[15,4]𝜆154\lambda\in[-15,-4] ainsi que λ[10,20]𝜆delimited-[]10.20\lambda\in[10,20]

4.6.3 Distributions au voisinage de λλSM=1𝜆superscript𝜆𝑆𝑀1\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=1

Dans le cadre de la théorie effective en dimension 6 que nous étudions, il est naturel de vouloir s’intéresser au comportement des constantes fondamentales pour des valeurs proches de celles du modèle standard. C’est pourquoi on s’intéresse au distributions au voisinage de λλSM=1𝜆superscript𝜆𝑆𝑀1\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=1. Cependant, comme on l’a vu dans les paragraphes précédents, c’est dans cette région que le comportement est difficile a prévoir, en raison de l’interférence des deux diagrammes de Feynman intervenant au premier ordre. De nouveaux fichiers de collisions ont été produits, pour les valeurs λ=1.5, 2, 3, 3.5𝜆15.2.3.35\lambda=1.5,\ 2,\ 3,\ 3.5. La superposition des tous les histogrammes donne les diagrammes suivants.

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Figure 4.21: Superposition des distributions en impulsion transverse du système di-tau et en masse invariante du système entier, pour l’ensemble des valeurs de λ𝜆\lambda. Ces courbes donnent une meilleure intuition au sujet du comportement de ces invariantes cinétiques pour des valeurs de λλSM𝜆superscript𝜆𝑆𝑀\frac{\lambda}{\lambda^{SM}} proches de l’unité.

Afin de mieux percevoir ce qui se passe au voisinage de λλSM=1𝜆superscript𝜆𝑆𝑀1\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=1, les fichiers correspondant aux valeurs λλSM=0.5, 1.25𝜆superscript𝜆𝑆𝑀05.125\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=0.5,\ 1.25 ont été générés et la superposition des histogrammes obtenus pour les valeurs λ=0, 0.5, 1, 1.25, 1.5et 2𝜆0.05.1.125.15𝑒𝑡2\lambda=0,\ 0.5,\ 1,\ 1.25,\ 1.5\ et\ 2 est donnée ci-dessous. Le fichier correspondant à λλSM=0.75𝜆superscript𝜆𝑆𝑀075\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=0.75 a en réalité été produit pour λλSM=0.5𝜆superscript𝜆𝑆𝑀05\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=0.5 d’où la superposition exacte entre les deux courbes (aux fluctuations statistiques près). C’est également pour cette raison que nous n’y prêtons pas attention. Les courbes correspondant au rapport λλSM=0.5𝜆superscript𝜆𝑆𝑀05\frac{\lambda}{\lambda^{SM}}=0.5 est donc bien présente sur les diagrammes, derrière celle intitulée λ=0.75𝜆075\lambda=0.75 même si en réalité il s’agit bien de λ=0.5𝜆05\lambda=0.5. Par ailleurs, malgré ce qui est indiqué dans la légende, les histogrammes pour λ=0𝜆0\lambda=0 ne sont pas sur les diagrammes suivants.

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Figure 4.22: Superposition des distributions en impulsion transverse du système di-tau et en masse invariante du système entier, pour les valeurs de λ𝜆\lambda les plus proches de celle du SM. Grâce à ces tracés, on voit plus distinctement ce que fait varier une petite modification de λ𝜆\lambda au voisinage de λSMsuperscript𝜆𝑆𝑀\lambda^{SM}.

Il n’a pas été possible de réaliser, dans le temps imparti, les ”fit” de ces courbes. La section précédente a cependant montré que les fonctions utilisées précédemment ne convenaient pas pour décrire les histogrammes dans cette région de λ𝜆\lambda (certains paramètres divergent). Il faut donc essayer de trouver de nouvelles distributions qui décrivent mieux les variations observées.

Paramétrisation de pttautau

Pour les distributions de l’impulsion transverse du système di-tau, le courbe peut être décomposée en deux parties, une perturbation d’un bout de droite, pour pT[0,150]subscript𝑝𝑇delimited-[]0.150p_{T}\in[0,150] environ, et une décroissance typiquement exponentielle. La perturbation du segment reliant (0,0)0.0(0,0) à (150,0.041)150.0041(150,0.041) peut être paramétrée par un sinus de période environ 300, si bien que l’équation de la première partie de courbe est :

y(pT)=0.041150pT+a(λ)sin(πpT150)𝑦subscript𝑝𝑇0041150subscript𝑝𝑇𝑎𝜆𝑠𝑖𝑛𝜋subscript𝑝𝑇150y(p_{T})=\frac{0.041}{150}p_{T}+a(\lambda)*sin(\frac{\pi p_{T}}{150})

avec le paramètre a𝑎a variant typiquement dans [0.002,0.002]delimited-[]0002.0002[-0.002,0.002], avec a(0.5)0.002𝑎050002a(0.5)\approx 0.002 et a(1.5)0.002𝑎150002a(1.5)\approx-0.002. Dans le cadre de notre approximation linéaire, on considèrera pour l’homotopie l’application

a:λ0.004(1λ):𝑎𝜆00041𝜆a:\lambda\rightarrow 0.004(1-\lambda)

Pour la deuxième partie de courbe, on prend une portion de gaussienne centrée en 150150150 et de variance proportionnelle à p𝑝p, donc :

pT0.041e(pT150)2/(10000p)subscript𝑝𝑇0041superscript𝑒superscriptsubscript𝑝𝑇150210000𝑝p_{T}\rightarrow 0.041e^{-(p_{T}-150)^{2}/(10000p)}

ce qui permet de choisir p de l’ordre de l’unité.

Il faut ensuite raccorder les deux portions, mais ces formes sont susceptibles de bien décrire les variations des distributions en impulsion transverse du système di-tau au voisinage de λSMsuperscript𝜆𝑆𝑀\lambda^{SM}.

Paramétrisation de la masse invariante du système

Les distributions de masse invariante du système total présentent les variations suivantes au voisinage de λSMsuperscript𝜆𝑆𝑀\lambda^{SM} : de minv=250 GeV à minv=350 GeV environ, on observe une diminution rapide lorsque λλSM𝜆superscript𝜆𝑆𝑀\frac{\lambda}{\lambda^{SM}} augmente. De plus, le maximum de la courbe se déplace légèrement vers les grandes masses invariantes, et la décroissance exponentielle est d’autant plus rapide que le rapport des λ𝜆\lambda est petit. On peut imaginer, comme pour les distributions en impulsion transverse, paramétrer les variations au voisinage de λSMsuperscript𝜆𝑆𝑀\lambda^{SM} en rajoutant un sinus de période 200 environ, et en jouant sur le facteur multiplicatif pour la décroissance exponentielle.

4.6.4 Discussion

Cette dernière étude a permis d’obtenir des formes analytiques approchées pour les distributions intéressantes pour la mesure du couplage λ𝜆\lambda du champ BEH. Bien qu’il ne s’agisse sans doute pas de la véritable expression de ces distributions, cela permet au moins de se faire une idée de l’influence du couplage λ𝜆\lambda sur les différents invariants cinétiques de la production di-Higgs au sein de collisionneurs protons-protons comme le LHC. Même si les caractéristiques actuelles du LHC ne permettent pas de telles mesures, de grands espoirs sont portés dans la phase de haute luminosité HL-LHC (Run 3). Le paramètre λ𝜆\lambda est la dernière information manquante au sujet de Higgs du modèle standard, et sa mesure un test crucial pour le modèle standard ainsi que ses extensions. Compte tenu des informations expérimentales actuelles (le Higgs est très proche de celui prévu par le modèle standard), l’étude prend tout son sens dans les extensions du modèle standard comme le kappa-framework et surtout, les théories des champs effectives. Les écarts par rapport au modèle standard sont peut être trop faible pour qu’ils puissent être mesurés au HL-LHC, ce sera alors le rôle de futurs collisionneurs circulaires, fonctionnant à une centaine de TeV dans le centre de masse, d’étudier ces déviations.

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