1 Fonctions thêta
Soient une surface de Riemann compacte de genre et
une matrice carrée d’ordre ,
symétrique et dont la partie imaginaire est définie
positive. On considère la fonction thêta de
Riemann définie à l’aide de la série :
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(1) |
où , . La convergence de cette série
pour tout , résulte du fait que . On montre que cette série converge absolument et
uniformément sur des ensembles compacts et qu’en outre, la
fonction est holomorphe sur . On
posera dans la suite lorsque la
matrice est fixée. Soit une base de
avec , et désignons par , les colonnes de la matrice ou sous
forme condensée , .
Théorème 1
La fonction satisfait aux équations fonctionnelles :
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(2) |
Pour tout , on a
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(3) |
Les vecteurs de la forme forment un réseau de
périodes.
Démonstration: La première relation résulte de
la formule (1). Concernant la seconde relation, on a
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et la, relation (3) en résulte immédiatement.
Les vecteurs forment une base de périodes de la
fonction . Les vecteurs s’appellent les
quasi-périodes de . La fonction est
quasi-périodique et elle est bien définie sur la
variété jacobienne de . Considérons maintenant une
généralisation de la fonction thêta (1) appelée
fonction thêta de caractéristiques
définie par
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(6) |
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(7) |
Pour alléger les formules, on notera simplement :
lorsque la matrice est fixée. En particulier,
.
D’après la relation (3), on a aussi
,
. Dès lors, il suffit de considérer
les fonctions
où ,
sont tels que :
, .
Théorème 2
La fonction vérifie la propriété de
périodicité suivante :
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Démonstration: Il suffit d’utiliser un raisonnement
similaire à celui de la proposition précédente.
.
Lorsque et ne
prennent que les valeurs ou , on dira que
est une
demi-période. En outre, une demi-période
est dite
paire si (mod. 2) et impaire
sinon.
Théorème 3
La fonction
est paire (resp. impaire) si la demi-période
est paire
(resp. impaire). En outre, on a .
Démonstration: En faisant la substitution , , dans la relation (4), on obtient
immédiatement pour le terme général de la série,
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Or d’après la définition ci-dessus, le signe de est déterminé par la
parité du nombre , et la dernière relation en résulte.
Par exemple le nombre de demi-périodes paires est égal
à et celui de demi-périodes impaires
à .
2 Fonctions méromorphes exprimées en termes de fonctions thêta
Considérons le cas des surfaces de Riemann de genre ,
c.-à-d., des courbes elliptiques. Rappelons qu’une fonction
elliptique est une fonction méromorphe doublement
périodique. La matrice se réduit dans ce cas à un
nombre que l’on note avec . Les nombres
et engendrent un parallélogramme des périodes noté
. Les quatre fonctions thêta correspondant aux
demi-périodes
,
,
,
sont
,
,
,
.
Ces fonctions sont holomorphes sur . En outre, on
déduit immédiatement du théorème 3 que
est impaire et que , ,
sont paires. Pour déterminer les zéros des
fonctions , il suffit d’après le théorème 2
de les chercher dans le parallélogramme des périodes
. Comme est impaire, alors
et les autres zéros de s’obtiennent via le
théorème 2. Prenons par exemple le cas de .
On a et
est le seul zéro de cette fonction dans . En effet, on
a
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D’après le théorème 2, on a
et , donc
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et
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Dès lors,
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Par conséquent, on a le résultat suivant :
Théorème 4
La fonction possède dans le parallélogramme
des périodes (engendré par et ), un seul
zéro au point .
En posant , , ,
l’équation (1) s’écrit
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Cette fonction est périodique par rapport à ,
c.-à-d., , et satisfait à
l’équation de la chaleur
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L’unicité de cette solution résulte du fait que
, où
est la distribution de Dirac au point . De même,
la fonction vérifie une équation
différentielle de ordre. En effet, il
suffit d’utiliser la relation
, où est une constante,
est la fonction de Weierstrass définie par
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, est
le réseau engendré par deux nombres complexes et différents de tels que:
, et tenir compte de l’équation
différentielle :
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(8) |
où ,
. Par ailleurs, on a les identités classiques [11]:
Théorème 5
La fonction thêta satisfait aux formules d’addition :
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où ,
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où avec
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Ici
,…,,
,…,
sont des vecteurs quelconques d’ordre avec
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et 1 désigne la matrice unité d’ordre ou
.
En particulier, on a les formules :
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(22) |
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et
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(36) |
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ainsi que l’identité de Jacobi obtenue en posant ,
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Nous allons voir comment exprimer les fonctions méromorphes
sur le tore , en termes de la fonction
thêta. Plusieurs approches sont possibles :
Approche 1 : Rappelons que toute fraction
rationnelle (donc fonction méromorphe sur
) peut s’écrire sous la forme
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Par analogie, soient des points de la
surface de Riemann et une fonction ayant des zéros
aux points et des pôles aux points
. On suppose que la condition (i) (ou ce qui est
équivalent, la condition (ii)) du théorème
d’Abel est satisfaite. Comme est de genre , alors
il existe une seule différentielle holomorphe sur
. Toujours d’après le théorème d’Abel, l’existence
de la fonction impose la condition
. Notons que pour ;
et le seul cas valable est . Dans
le cas où , alors la fonction s’exprime en
fonction de à l’aide de la formule
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où est une constante. Notons que . En outre,
d’après la relation (1) et du fait que
, on a aussi . Donc
est doublement périodique. La fonction est
méromorphe avec des zéros en et des
pôles en .
Approche 2 : La fonction peut
s’exprimer comme étant la somme d’une fonction doublement
périodique de périodes , et d’une fonction
linéaire. Donc la fonction est
doublement périodique et méromorphe sur , avec un
pôle double en . Cette fonction coincide
avec la fonction de Weierstrass :
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(37) |
où est une constante choisie de telle manière que le
développement en série de Laurent de en n’a
pas de terme constant. On montre que la fonction
satisfait à une équation différentielle de
-ordre. Il suffit d’utiliser la relation (1) et
l’équation différentielle (6).
Approche 3 : Rappelons que les fonctions
méromorphes avec des pôles simples sur
peuvent s’écrire sous la forme
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où et une constante. Par
analogie, on considère sur la fonction
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où , tel que :
et est une constante. Cette fonction est
doublement périodique et méromorphe avec des pôles
simples en et de résidus en
ces points.
Nous avons vu comment peuvent s’exprimer les fonctions
méromorphes sur le tore en termes de
fonction thêta. Par ailleurs, pour , on sait que :
. Donc la
construction qui a été faite précédemment sur le
tore ou ce qui revient au même sur
est aussi valable sur la surface de Riemann .
Par exemple, prenons le cas d’une fonction ayant des pôles en
et des zéros en sur la surface de
Riemann . D’après le théorème d’Abel, on a
, et on peut
selon la méthode 1 décrite ci-dessus, exprimer la fonction
en termes de fonction thêta à l’aide de la formule
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Passons maintenant au cas où la surface de Riemann est de
genre . Rappelons que le problème d’inversion de Jacobi
[5], consiste à déterminer points sur
tels que :
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où ,
une base de différentielles
holomorphes sur , un point de base sur et un
réseau engendré par les vecteurs colonnes de la matrice
des périodes. Autrement dit, le problème consiste à
déterminer le diviseur en termes
de tel que si est
l’application d’Abel-Jacobi, alors l’équation
soit satisfaite. Nous allons étudier
le problème d’inversion de Jacobi à l’aide des fonctions
thêta.
Théorème 6
Si la fonction définie par
, ,
n’est pas identiquement nulle, alors elle admet zéros
(comptés avec leur ordre de multiplicité) sur la
représentation normale de , que l’on désigne par
le symbole ,
où est une base
symplectique du groupe d’homologie . En
outre, si désignent les zéros de cette
fonction alors on a sur la variété jacobienne
la formule
, (mod.
périodes), où est le vecteur
des constantes de Riemann défini par
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(38) |
Démonstration: Notons que est un polygône à côtés identifiés deux
à deux. Si l’on parcourt le bord de ce
polygône, on constate que chaque côté est parcouru
deux fois, l’un dans le sens de son orientation et l’autre dans le
sens opposé. On a donc . On
désigne par la valeur de la fonction sur
, et par la valeur de
sur les segments , . On utilisera des notations
similaires , pour l’application d’Abel
. Le nombre de zéros de la fonction sur
est
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(39) |
Notons que : si
et si .
D’après le théorème 4, on a
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Par conséquent, (2) implique
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ce qui montre que la
fonction admet zéros sur . Pour prouver la
seconde partie du théorème, on considère
l’intégrale
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En désignant par les zéros de
la fonction et en tenant compte du théorème des
résidus, on a . En
raisonnant comme précédemment, on obtient
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Notons que , . De même, en désignant par (resp.
) le début (resp. fin) du contour , alors
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où , , désignent
les colonnes de la matrice . Dès lors,
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Le début du contour sera
désigné par et sa fin coincide évidemment avec
le début du contour . On a
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ce qui termine la preuve.
En général, le vecteur dépend de sauf
dans le cas particulier où . On
montre que , où est le diviseur
canonique. Dès lors, en choisissant adroitement le point
, on peut exprimer de manière tout à fait simple.
Par exemple, considérons le cas où est une courbe
hyperelliptique de genre d’équation affine
, où tous
les sont distincts. Soit une base symplectique du groupe d’homologie ) et soit ,
, l’involution hyperelliptique
(c.-à-d., qui consiste à échanger les deux feuillets
de la courbe ) avec et .
Notons que
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Alors, en choisissant , on obtient
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En tenant compte du fait que et
modulo une combinaison linéaire (un réseau
engendré par les vecteurs colonnes de la matrice des
périodes), on obtient ce cas la formule :
, . Les zéros d’une fonction thêta sur
forment une sous-variété de
de dimension appelée diviseur thêta que l’on note
. Elle est invariante par un nombre
fini de translations et peut être singulière.
L’équation (3) implique que est bien définie sur
la variété jacobienne . Comme
, on en déduit que est
symétrique : .
Théorème 7
(Riemann [4]). La fonction
, ,
est soit identiquement nulle, soit admet exactement zéros
sur tels que :
, où
est défini par (8).
Ce résultat signifie que lorsqu’on
plonge la surface de Riemann dans sa variété
jacobienne via l’application d’Abel,
alors soit son image est entièrement inclue dans le diviseur
thêta, soit elle la rencontre en exactement points. En
fait si n’est pas identiquement nulle sur , alors
ses zéros coincident avec les points et
déterminent la solution du problème inverse de Jacobi
pour le vecteur . Rappelons
que est un diviseur spécial si
et seulement si et
où est un diviseur
canonique. Dans le cas où , un diviseur est spécial
si et seulement si . Notons aussi
que les diviseurs spéciaux de la forme
, ,
coincident avec les points critiques de l’application
d’Abel-Jacobi,
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ou ce qui revient au même
. Ces
points critiques sont les points où le rang de
la différentielle de cette application est inférieur à
. D’après le théorème 7 fondamental de Riemann, la
fonction , est
identiquement nulle si et seulement si
où
est un diviseur spécial.
Théorème 8
Soit un vecteur tel que la
fonction , n’est
pas identiquement nulle sur . Alors, la fonction
admet exactement zéros sur qui
déterminent la solution du problème d’inversion de Jacobi
, où .
Autrement dit, on a
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(40) |
En outre, le diviseur est non spécial et les
points sont uniquement déterminés à
partir du système (10).
Démonstration: La première assertion résulte du
théorème 1. En outre, le diviseur
n’est pas spécial
car sinon la fonction serait identiquement nulle
d’après ce qui précède, ce qui est absurde. Quand au
dernier point, supposons que le système (10) admet une autre
solution . On aura sur la variété jacobienne
,
,
(mod. ), où est le réseau engendré par la
matrice des périodes. D’après le théorème d’Abel,
cela signifie qu’il existe une fonction méromorphe sur
ayant des zéros en et des pôles en
. Or on vient de montrer que le diviseur est non
spécial, donc une telle fonction doit être une constante,
ce qui entraine que , .
Par exemple, si est
un diviseur non spécial sur une surface de Riemann de
genre , alors la fonction , admet exactement zéros
sur aux points .
On a la caractérisation suivante du diviseur thêta :
Théorème 9
On a , si et seulement s’il existe
avec point de base , tels que :
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Démonstration: Reprenons la fonction
et supposons d’abord qu’elle est
non nulle sur . D’après le théorème 6, cette
fonction admet zéros sur et
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(41) |
L’ensemble de ces zéros étant unique et comme par
hypothèse , alors . Dès lors
et d’après (11), on a
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Passons maintenant au cas où la fonction n’est pas
identiquement nulle sur . D’après le théorème 6, on
a
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(42) |
où est un diviseur spécial. Ce dernier
implique l’existence sur d’une fonction non constante
méromorphe ayant des pôles en avec
. Dès lors,
, en
vertu du théorème d’Abel où
est le diviseur des zéros de . Il suffit dès lors
de remplacer dans (12), par
tout en tenant compte du fait
que .
Théorème 10
Soient un diviseur non spécial de degré ,
un diviseur positif de degré ,
une base de différentielles
holomorphes sur ,
l’application d’Abel de point de base , une
différentielle normalisée de
espèce sur ayant des pôles sur
et de résidus , le
vecteur des périodes avec et enfin
le vecteur défini à l’aide des constantes de
Riemann par (8). Si est une fonction méromorphe sur
ayant pôles sur , alors cette
fonction s’exprime en termes de fonction thêta à l’aide de
la formule
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Démonstration: Il est à noter que le contour
d’intégration dans les intégrales et
, , est le même. La fonction
admet des pôles uniquement sur
. Montrons que cette fonction est bien
définie sur ; c.-à-d., elle ne dépend pas du chemin
d’intégration. Autrement dit qu’elle ne change pas lorsque
parcourt un cycle quelconque
, . Les expressions
et
se transforment respectivement comme suit :
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et
,
. Par ailleurs, en utilisant la
formule (4), on obtient
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et le résultat découle de la transformation ci-dessus.
Sur la surface de Riemann de genre , des fonctions
singulières possèdant pôles et des
singularités essentielles, jouent un rôle crucial lors de
l’étude des systèmes intégrables, notamment
l’équation de Korteweg-de Vries (K-dV), , l’équation Kadomtsev-Petviashvili (KP),
,
l’équation de Schrödinger nonlinéaire , l’équation de Boussinesq
, l’équation de
Camassa-Holm , dont les solutions
exactes sont des solitons [14], c.-à-d., des ondes de formes
définies progressant à des vitesses différentes. Nous
allons voir par analogie au théorème précédent,
comment exprimer ces fonctions (connues sous le nom de fonctions
de Baker-Akhiezer) en termes de fonctions thêta et en même
temps prouver leur existence. Soient des points sur
une surface de Riemann de genre et des
paramètres locaux tels que : . On associe
à chaque point un polynôme arbitraire noté
. Soient un diviseur
positive sur et une fonction (dite fonction de
Baker-Akhiezer) satisfaisant aux
conditions suivantes : est méromorphe sur
et admet des pôles uniquement aux
points du diviseur . La fonction
est analytique au voisinage de ,
. On peut remplacer la condition par celle-ci :
la fonction admet aux points , , une
singularité essentielle de la forme où est une constante. Ces fonctions
forment un espace vectoriel que l’on note .
Théorème 11
Soit un diviseur non spécial de
degré . Alors l’espace est de dimension et sa base
est décrite à l’aide de
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(43) |
où est une différentielle normalisée de
espèce ayant des pôles
aux points , les parties principales coincident avec
les polynômes , où ,
avec , ,
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l’application d’Abel de point de base , est le
vecteur défini à l’aide des constantes de Riemann par (9).
Le contour d’intégration dans les intégrales
et , est le
même.
Démonstration: La fonction possède des
pôles sur le diviseur et des singularités
essentielles aux points . La fonction est
bien définie; elle ne dépend pas du chemin
d’intégration. En utilisant les notations et un raisonnement
similaire à ceux du théorème 10, on obtient le rapport
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et le résultat découle de la
transformation utilisée dans la preuve du théorème
précédent. Par ailleurs, d’après le théorème
de Riemann-Rock [5], la dimension de l’espace est égale
à . Comme , alors la dimension de l’espace en question est
égal à , ce qui prouve l’unicité de la fonction
à une constante multiplicative près. Soit
une fonction quelconque. Dès lors, le quotient
est une fonction
méromorphe avec pôles. Le
diviseur des pôles de
coincide avec le diviseur des
zéros de et on doit avoir
. En choisissant les
polynômes avec des coefficients suffisamment petits ou
ce qui revient au même, les vecteurs de suffisamment
petits, alors la fonction thêta qui se trouve dans le
numérateur de l’expression ci-dessus n’est pas identiquement
nulle. Par conséquent, son diviseur des pôles
n’est pas spécial et donc
est une constante.
3 Exemples
Il est bien connu que les solutions de nombreux systèmes
intégrables sont données en termes de fonctions thêta
associées à des surfaces de Riemann compactes. Nous
verrons ci-dessous de telles solutions pour certains
problèmes.
Comme premier exemple, on considère le mouvement d’un solide
dans un fluide parfait décrit à l’aide des équations
de Kirchhoff [3] :
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(44) |
où et l’hamiltonien.
Le système (14) possède les trois intégrales
premières suivantes :
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(45) |
On distingue deux cas intégrables : cas de Clebsch et cas de
Lyapunov-Steklov. Dans le cas de Clebsch, on a
, avec la condition
. Le système ci-dessus s’écrit sous la
forme d’un champ de vecteurs hamiltonien. Une quatrième
intégrale première est fournie par
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(46) |
où est une constante satisfaisant à
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La méthode de résolution obtenue par Kötter [9] est
extêmement compliquée et repose sur un choix astucieux de
deux variables et . En utilisant la substitution
, , et une
combinaison linéaire appropriée de et on
peut réecrire les équations précédentes sous la forme
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où , , et
sont des constantes. Introduisons des coordonnées , , , en posant
et
, où
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et sont les racines
de l’équation
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Soient et les racines de l’équation
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où
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On peut
exprimer les variables en
terme de et (voir [9]). Après quelques
manipulations algébriques, on obtient
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où sont des constantes et est un
polynôme de degré cinq ayant la forme suivante :
.
Par conséquent, l’intégration s’effectue au moyen de
fonctions hyperelliptiques de genre et les solutions peuvent
s’exprimer en termes de fonctions thêta. Le problème de ce
mouvement est un cas limite du flot géodésique sur
. Rappelons que pour un système algébriquement
complètement intégrable [1], on demande que les invariants
du système différentiel soient polynomiaux (dans des
coordonnés adéquates) et que de plus les variétés
complexes obtenues en égalant ces invariants polynomiaux à
des constantes génériques forment la partie affine d’un
tore complexe algébrique (variété abélienne) de
telle façon que les flots complexes engendrés par les
invariants soient linéaires sur ces tores complexes. Les
solutions méromorphes dépendant d’un nombre suffisant de
paramètres libres jouent un rôle crucial dans l’étude
de ces systèmes. On montre [1, 6] que le système
différentiel en question est algébriquement
complètement intégrable et le flot correspondant
évolue sur une surface abélienne où le réseau est
engendré par la matrice des périodes
|
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La surface
affine définie en égalant les invariants du
système à des constantes génériques, se
complète en par l’adjonction d’une courbe
lisse de genre , laquelle est un revêtement
ramifié le long d’une courbe elliptique .
L’application ,
, est un
plongement de dans l’espace projectif
où forme une base de l’espace
vectoriel des fonctions méromorphes
ayant au plus un pôle simple sur (les fonctions
s’exrime de manière simple en fonction de
). Les solutions du système différentiel en
question sont données en termes de fonctions thêta par
|
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où forme une base de
l’espace vectoriel des fonctions thêta associées ê
(les deux fonctions thêta ,
sont impaires tandis que les six fonctions thêta
,…, sont paires. Pour le cas de
Lyapunov-Steklov, on a
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, , , ,
, , où , et
sont des constantes. Une quatrième intégrale
première est fournie par
|
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où , , . Un calcul long
[12] et délicat montre que dans ce cas aussi,
l’intégration s’effectue à l’aide de fonctions
hyperelliptiques de genre deux et les solutions peuvent s’exprimer
en termes de fonctions thêta.
Un autre exemple concerne l’équation de Landau-Lifshitz [2,
11] :
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où , et
. Cette équation décrit les
effets d’un champ magnétique sur les matériaux
ferromagnétiques. Les solutions réelles (avec
l’anisotropie magnétique de type axe d’aimantation facile)
sont données par
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Ici la fonction theta est liée à une courbe
hyperelliptique de genre , le vecteur est
tel que : ,
, et
; le chemin de l’intégration
doit être fixée.
Nous citons encore un autre exemple qui concerne l’équation de
sine-Gordon [2] :
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C’est une équation d’onde non-linéaire aux applications
multiples en physique. Sa solution peut s’écrire sous la forme
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où .
Par ailleurs l’étude des fonctions thêta d’une surface de
Riemann du genre peut être faite à partir du point de
vue de la fonction tau d’une hiérarchie d’équations de
soliton [13]. Les fonctions tau sont des fonctions spécifiques
du temps, construites à partir de sections d’un fibré
déterminant sur une variété grassmannienne de
dimension infinie et généralisent les fonctions thêta
de Riemann.