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Invariants de Hasse μ𝜇\mu-ordinaires

Valentin Hernandez Bureau 509, Tour 15-16
4 Place Jussieu
75005 Paris
valentin.hernandez@imj-prg.fr
Abstract.

In this article, we construct in a purely local way partial (Hasse) invariants for p𝑝p-divisible groups with given endomorphisms, using crystalline cohomology. Theses invariants generalises the classical Hasse invariant, and allow us to study families of such groups. We also study a few geometric properties of theses invariants. Used in the context of Shimura varieties, for example, theses invariants are detecting some Newton strata, including the μ𝜇\mu-ordinary locus.

Résumé.

Dans cet article on se propose de construire d’une manière purement locale des invariants partiels pour des groupes p𝑝p-divisibles munis d’endomorphismes, en utilisant des résultats de cohomologie cristalline. Ces invariants généralisent l’invariant de Hasse, et permettent d’étudier des familles de tels groupes. On étudie aussi différentes propriétés géométriques de ces invariants. Appliqués – par exemple – à certaines variétés de Shimura, ces invariants détectent certaines strates de Newton, notamment la strate μ𝜇\mu-ordinaire.

1. Introduction

1.1. Chronologie

L’introduction de l’invariant de Hasse remonte à 1936, et à la construction par Hasse et Witt, [HW36], pour une courbe algébrique C𝐶C (non-singulière) de genre g𝑔g sur un corps fini de caractéristique p𝑝p, d’une matrice H𝐻H de taille g×g𝑔𝑔g\times g, dite de Hasse-Witt. En particulier pour les courbes elliptiques sur une base de caractéristique p𝑝p, traité par Hasse un peu avant le cas général de Hasse-Witt, Katz, dans [Kat73], donne alors la définition suivante, de ce qu’on appelle invariant de Hasse,

Définition 1.1 (Katz).

Soit S𝑆S un schéma de caractéristique p𝑝p, et f:ES:𝑓𝐸𝑆f:E\longrightarrow S un schéma elliptique. Le Frobenius relatif F:EE(p):𝐹𝐸superscript𝐸𝑝F:E\longrightarrow E^{(p)} de E/S𝐸𝑆E/S induit une application,

F:F(R1f𝒪E))=(R1f𝒪E)pR1f𝒪E,F^{*}:F^{*}(R^{1}f_{*}\mathcal{O}_{E}))=(R^{1}f_{*}\mathcal{O}_{E})^{\otimes p}\longrightarrow R^{1}f_{*}\mathcal{O}_{E},

qui en passant au dual induit une section Ha~H0(S,ωE/S(p1))~Hasuperscript𝐻0𝑆superscriptsubscript𝜔𝐸𝑆tensor-productabsent𝑝1\widetilde{\operatorname{Ha}}\!\in\!H^{0}(S,\omega_{E/S}^{\otimes(p-1)}), appelée invariant de Hasse de E/S𝐸𝑆E/S.

Cette définition s’étend simplement aux schémas abéliens et aux groupes p𝑝p-divisibles sur un schéma de caractéristique p𝑝p, en regardant le déterminant du Frobenius sur l’algèbre de Lie du dual de Cartier. Une première application de l’invariant de Hasse apparait dans les travaux de Deligne et Serre [DS74] sur la construction des représentations galoisiennes associées aux formes modulaires de poids 1. Cette application utilise de manière cruciale la série d’Eisenstein Ep1subscript𝐸𝑝1E_{p-1} (si p5𝑝5p\geq 5) pour construire des congruences entre formes modulaires,en utilisant le résultat de Deligne selon lequel le développement de la série d’Eisenstein Ep1subscript𝐸𝑝1E_{p-1} est congrue à 1 modulo p𝑝p. Le fait est alors que Ep1subscript𝐸𝑝1E_{p-1} relève l’invariant de Hasse. En particulier, il y a un lien très fort entre l’invariant de Hasse et les congruences entre formes modulaires. Citons par exemple Hida, [Hid86], qui sur une courbe modulaire X𝑋X sur psubscript𝑝\mathbb{Z}_{p}, utilise l’invariant de Hasse et le lieu ordinaire de X𝔽ptensor-product𝑋subscript𝔽𝑝X\otimes\mathbb{F}_{p} pour construire des espaces de formes modulaires p𝑝p-adiques, qui réalisent les congruences (modulo des puissances de p𝑝p) entre des formes modulaires.

Pour une variété abélienne sur un corps de caractéristique p𝑝p, l’invariant de Hasse est non nul, exactement lorsque la variété abélienne est ordinaire, c’est à dire quand son p𝑝p-rang est maximal. Si une variété est définie sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C}, C=¯^p𝐶subscript^¯𝑝C=\widehat{\overline{\mathbb{Q}}}_{p}, et que son p𝑝p-rang est maximal, il y a alors un sous-groupe dans la p𝑝p-torsion (de type multplicatif) qui relève canoniquement la partie multiplicative (i.e. le noyau du Frobenius) modulo p𝑝p. On peut alors caractériser l’existence d’un tel sous-groupe, sous la condition que la valuation (tronquée) de l’invariant de Hasse (vu comme élément de 𝒪C/psubscript𝒪𝐶𝑝\mathcal{O}_{C}/p) est plus petite que 1212\frac{1}{2}. C’est un théorème de Lubin dans le cas d’une courbe elliptique, et de nombreux autres auteurs en dimension supérieure, en particulier Fargues (cf. [Kat73],[Far11]). Notons le lien avec les congruences entre formes modulaires, puisque le sous-groupe précédent permet de construire des opérateurs compacts sur des espaces de formes modulaires p𝑝p-adiques ([Hid86],[Kat73],[Pil13]).

Le cas le plus intéressant d’un schéma S𝑆S sur lequel on dispose d’une variété Abélienne (ou un groupe p𝑝p-divisible), est probablement celui où S𝑆S est une variété de Shimura (c’est le cas de [Kat73],[Hid86]). Il arrive néanmoins que pour de nombreuses variétés de Shimura, le lieu des points ordinaires (le lieu ordinaire) soit vide, ou de manière équivalente, l’invariant de Hasse soit nul en tout point. C’est par exemple le cas des variétés de Picard, pour U(2,1)𝑈2.1U(2,1), associé à un corps CM E𝐸E, lorsque p𝑝p est inerte dans E𝐸E. Bien que le lieu ordinaire soit vide, il existe un ouvert, appelé lieu μ𝜇\mu-ordinaire, qui peut se définir à l’aide de la théorie des groupes (cf. [RR96]), ou dans le cas PEL, à l’ensemble des points de la variété de Shimura dont le groupe p𝑝p-divisible a un polygone de Newton "minimal" (voir section 3). Lorsque la donnée de Shimura est PEL et non ramifiée, ce lieu est étudié par Wedhorn dans [Wed98], qui prouve que c’est un ouvert dense, et qu’il coïncide avec le lieu ordinaire lorsque ce dernier est non vide. Dans le cas contraire, que l’on appellera cas μ𝜇\mu-ordinaire, pour une variété de Shimura de type unitaire, Goldring et Nicole ont construit dans [GN13] un invariant, dit invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire, qui détecte exactement le lieu μ𝜇\mu-ordinaire.

La stratégie de [GN13] est basée sur l’action du Frobenius sur la cohomologie de De Rahm modulo p𝑝p de la variété abélienne universelle, et (comme le lieu ordinaire est vide) de montrer qu’il existe une "division" de l’action de Frobenius par une bonne puissance de p𝑝p, division qui n’est alors pas identiquement nulle sur S𝑆S. L’argument de [GN13] est alors le suivant, on regarde la variété universelle au dessus du lieu μ𝜇\mu-ordinaire, dans ce cas la cohomologie crystalline est relativement explicite, et on peut diviser une puissance du Frobenius, et étendre cette construction par densité à tout la variété grâce à un résultat de De Jong. Le même argument de densité est utilisé pour montrer que cette division passe au quotient à la cohomologie de De Rahm. Le problème de l’argument de densité est qu’il rend la construction peu explicite hors du lieu ordinaire, et donc peu adaptée aux calculs que l’on espère faire. De plus, la construction est globale, alors que l’invariant de Hasse est un objet local (il ne dépend que du groupe p𝑝p-divisible). Il y a aussi des travaux récents sur le sujet concernant d’autres invariants de Hasse (sur des strates plus générales que notre strate μ𝜇\mu-ordinaire), [Box15, KW14, GK15], dont l’un des invariants, celui associé à la strate μ𝜇\mu-ordinaire, est un produit des invariants partiels construit dans cet article. Mais ces constructions (bien que locales pour [KW14, GK15]) ne sont pas aussi explicite que l’on espère, mais parfaitement adaptées à généraliser le travail de [DS74]. On propose alors une autre construction, sur laquelle on peut explicitement calculer les invariants de Hasse partiels, et leur produit l’invariant μ𝜇\mu-ordinaire, et en déduire des propriétés interressantes : le fait qu’ils soient réduits dans certains cas, et la compatibilité à la dualité. Dans un futur travail, [Her], on utilisera cette construction explicite pour relier les invariants à la construction d’une filtration dite canonique dans les points de torsion d’un groupe p𝑝p-divisible, dans un cadre plus général que celui [Far11].

1.2. Résultats

Notre construction est dans l’esprit très proche de la construction originale de [GN13], puisqu’elle est basée sur la cohomologie cristalline. Plutôt que de se donner une variété de Shimura, on se donne F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} une extension non ramifiée, 𝒪𝒪\mathcal{O} son anneau d’entiers, S𝑆S un 𝒪𝒪\mathcal{O}-schéma de caractéristique p𝑝p, GS𝐺𝑆G\longrightarrow S un groupe de Barsotti-Tate (p𝑝p-divisible) tronqué d’échelon r𝑟r, et on suppose que G𝐺G est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module, ι:𝒪EndS(G):𝜄𝒪subscriptEnd𝑆𝐺\iota:\mathcal{O}\longrightarrow\operatorname{End}_{S}(G). L’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur G𝐺G donne une action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur son faisceau conormal, ainsi que celui de GDsuperscript𝐺𝐷G^{D}, le dual de Cartier de G𝐺G, et comme cet anneau est non ramifié, on peut décomposer selon =Hom(F,p¯)Hom𝐹¯subscript𝑝\mathcal{I}=\operatorname{Hom}(F,\overline{\mathbb{Q}_{p}}),

ωG=τωG,τetωGD=τωGD,τ.formulae-sequencesubscript𝜔𝐺subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D}}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G^{D},\tau}.

Ces faisceaux sont localement libre, et quitte à prendre une union de composantes connexes de S𝑆S, on peut supposer leur rang constant. On note alors pτ=rg𝒪SωG,τsubscript𝑝𝜏subscriptrgsubscript𝒪𝑆subscript𝜔𝐺𝜏p_{\tau}=\operatorname{rg}_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G,\tau} et qτ=rg𝒪SωGD,τsubscript𝑞𝜏subscriptrgsubscript𝒪𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏q_{\tau}=\operatorname{rg}_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G^{D},\tau}, la signature de (G,ι)𝐺𝜄(G,\iota).

On a alors le théorème suivant, qui rassemble plusieurs énoncés du corps de l’article : théorème 8.4, théorème 9.16, théorème 10.8.

Théoreme 1.2.

Notons f=[𝒪:p]f=[\mathcal{O}:\mathbb{Z}_{p}]. Supposons r𝑟r assez grand relativement à la signature de G𝐺G (voir Théorème 8.4 et la remarque qui le précède). Il existe une section

Haμ~(G)H0(S,det(ωGD)(pf1)),~superscriptHa𝜇𝐺superscript𝐻0𝑆superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G)\!\in\!H^{0}(S,\det(\omega_{G^{D}})^{\otimes(p^{f}-1)}),

telle que pour sS𝑠𝑆s\!\in\!S, Haμ~(G)s~superscriptHa𝜇subscript𝐺𝑠\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G)_{s} est inversible si et seulement si Gssubscript𝐺𝑠G_{s} est μ𝜇\mu-ordinaire. La section Haμ~(G)~superscriptHa𝜇𝐺\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G) coïncide après multiplication par une puissance de p𝑝p explicite, dépendant de la signature de G𝐺G, avec le déterminant du Veschiebung agissant sur le cristal de Berthelot-Breen-Messing de G𝐺G. De plus on a les compatibilités suivantes

  1. (1)

    Pour tout π:SS:𝜋superscript𝑆𝑆\pi:S^{\prime}\longrightarrow S, on a l’identification πHaμ~(G)=Haμ~(πG)superscript𝜋~superscriptHa𝜇𝐺~superscriptHa𝜇superscript𝜋𝐺\pi^{*}\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G)=\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(\pi^{*}G),

  2. (2)

    Haμ~(G)=Haμ~(GD)~superscriptHa𝜇𝐺~superscriptHa𝜇superscript𝐺𝐷\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G)=\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G^{D}), où GDsuperscript𝐺𝐷G^{D} est le dual de Cartier de G𝐺G.

La compatibilité à la dualité de l’invariant de Hasse "classique" avait été établie par Fargues dans [Far11], proposition 2, voir aussi [Bij16] dans un cas plus général, et on arrive, malgré quelques difficultés supplémentaires d’ordre principalement combinatoire, à établir cette compatibilité dans notre cas, cf. théorème 10.8.

Le théorème précédent vaut en particulier lorsque S𝑆S est une variété de Shimura de type PEL. Lorsque S𝑆S est une variété de Shimura PEL simple, comme dans la section 9.1, (essentiellement p𝑝p inerte dans le corps totalement réel), on a alors le théorème suivant,

Théoreme 1.3.

L’invariant de Hasse HaμH0(S,(detω)(pf1))superscriptHa𝜇superscript𝐻0𝑆superscript𝜔tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1{}^{\mu}\operatorname{Ha}\!\in\!H^{0}(S,(\det\omega)^{\otimes(p^{f}-1)}) définit un diviseur de Cartier de S𝑆S. De plus, lorsque tous les pτsubscript𝑝𝜏p_{\tau} (sauf éventuellement 0,h00,h) sont distincts, ce diviseur de Cartier est réduit.

Dans le cas de la courbe modulaire, l’invariant de Hasse est un diviseur de Cartier réduit c’est un résultat dû à Igusa, qui a été généralisé dans le cas des variétés de Siegel par Pilloni ([Pil11]); Théorème A.4. Dans le cas d’autres variétés de Shimura dont le lieu ordinaire est non vide, l’invariant de Hasse peut être non réduit (par exemple le cas des variétés de Hilbert). Notre condition est nécessaire et suffisante, cf. remarque 9.23.

1.3. Construction

Essayons d’expliquer un peu plus en détails la construction du μ𝜇\mu-invariant de Hasse, ainsi que la démonstration de ses propriétés. Etant donnée (G,ι)𝐺𝜄(G,\iota) un groupe p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r sur S𝑆S muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, et signature (pτ,qτ)subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(p_{\tau},q_{\tau}), on a les décompositions,

ωG=τωG,τetωGD=τωGD,τformulae-sequencesubscript𝜔𝐺subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D}}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G^{D},\tau}

dont les rangs des modules sont donnés par la signature. De plus, le Frobenius qui agit sur G𝐺G, induit des morphismes,

ωGD,τ𝑉ωGDσ1τ(p).subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏𝑉superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝\omega_{G^{D},\tau}\overset{V}{\longrightarrow}\omega_{G^{D}\sigma^{-1}\tau}^{(p)}.

Ce morphisme ne peut être injectif si qσ1τ<qτsubscript𝑞superscript𝜎1𝜏subscript𝑞𝜏q_{\sigma^{-1}\tau}<q_{\tau}. L’obstruction principale à la non-vacuité du lieu ordinaire réside dans le fait que la signature n’est pas parallèle (qτ=qτsubscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏q_{\tau}=q_{\tau^{\prime}} pour tout τ,τ𝜏superscript𝜏\tau,\tau^{\prime}). Si la signature n’est pas parallèle, alors Vf:ωGD,τωGD,τ(pf):superscript𝑉𝑓subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscript𝑝𝑓V^{f}:\omega_{G^{D},\tau}\longrightarrow\omega_{G^{D},\tau}^{(p^{f})} n’est pas inversible, car un de ses composant n’est pas injectif, bien que ces deux faisceaux aient même rang. L’idée, déjà présente dans [GN13], est que si S𝑆S se relève sur pnrsuperscriptsubscript𝑝𝑛𝑟\mathbb{Z}_{p}^{nr} en un schéma sans torsion S~~𝑆\widetilde{S}, sur lequel on a une variété abélienne A~~𝐴\widetilde{A} tel que G=A~[pr]S~S𝐺subscripttensor-product~𝑆~𝐴delimited-[]superscript𝑝𝑟𝑆G=\widetilde{A}[p^{r}]\otimes_{\widetilde{S}}S, on a peut alors regarder dR1(A~/S~)subscriptsuperscript1𝑑𝑅~𝐴~𝑆\mathcal{H}^{1}_{dR}(\widetilde{A}/\widetilde{S}), qui se décompose selon les plongements τ𝜏\tau, et sur lequel on a un Verschiebung σ1superscript𝜎1\sigma^{-1}-linéaire, qui est injectif. On peut alors considérer Vf:dR1(A~/S~)τdR1(A~/S~)τ(pf):superscript𝑉𝑓subscriptsuperscript1𝑑𝑅subscript~𝐴~𝑆𝜏subscriptsuperscript1𝑑𝑅superscriptsubscript~𝐴~𝑆𝜏superscript𝑝𝑓V^{f}:\mathcal{H}^{1}_{dR}(\widetilde{A}/\widetilde{S})_{\tau}\longrightarrow\mathcal{H}^{1}_{dR}(\widetilde{A}/\widetilde{S})_{\tau}^{(p^{f})}, et regarder la filtration de Hodge,

0ωA~D/S~,τdR1(A~/S~)ωA~/S~,τ00subscript𝜔superscript~𝐴𝐷~𝑆𝜏subscriptsuperscript1𝑑𝑅~𝐴~𝑆superscriptsubscript𝜔~𝐴~𝑆𝜏00\longrightarrow\omega_{\widetilde{A}^{D}/\widetilde{S},\tau}\longrightarrow\mathcal{H}^{1}_{dR}(\widetilde{A}/\widetilde{S})\longrightarrow\mathcal{\omega}_{\widetilde{A}/\widetilde{S},\tau}^{\vee}\longrightarrow 0

et ωA~D/S~,τsubscript𝜔superscript~𝐴𝐷~𝑆𝜏\omega_{\widetilde{A}^{D}/\widetilde{S},\tau} se réduit modulo p𝑝p sur ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G^{D},\tau}. On peut alors espérer diviser par une bonne puissance de p𝑝p la puissance extérieure qτsubscript𝑞𝜏q_{\tau}-ième de Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} agissant sur dR1(A~/S~)τsubscriptsuperscript1𝑑𝑅subscript~𝐴~𝑆𝜏\mathcal{H}^{1}_{dR}(\widetilde{A}/\widetilde{S})_{\tau} qui est localement libre sur S~~𝑆\widetilde{S}, lui même sans p𝑝p-torsion, que cette division préserve (la puissance extérieur de) la filtration de Hodge (au moins modulo p𝑝p), et soit inversible dessus si G𝐺G est μ𝜇\mu-ordinaire, puis réduire modulo p𝑝p. On en déduira une "division de Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}", qui nous donnera un invariant partiel, Haτ~~subscriptHa𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}. Le produit de ces invariant sera l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire.

En général il ne semble pas possible de trouver un tel A~~𝐴\widetilde{A}, mais on a un bon substitut de sa cohomologie de De Rham, le cristal de Bethelot-Breen-Messing 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G) de G𝐺G. Le problème du site cristallin est qu’il semble difficile en général de maîtriser les différents ouverts mais lorsque S𝑆S est affine et lisse, on arrive à trouver "de bons ouverts" sur lesquels on arrive à diviser le Verschiebung. C’est pourquoi, dans un premier temps, on suppose que S𝑆S est lisse (c’est le cas d’une variété de Shimura PEL non ramifiée par exemple, cf. théorème 4.9). Pour obtenir le cas général, remarquons que le champ des 𝒯r𝒪superscriptsubscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r}^{\mathcal{O}} (groupes de Barsotti-Tate tronqués d’échelon r𝑟r avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, dont on fixe la signature) est lisse (cf. [Wed01]), il existe donc un schéma X𝑋X, lisse, et une flèche lisse X𝒯r𝒪𝑋superscriptsubscript𝒯𝑟𝒪X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r}^{\mathcal{O}}, équivariante sous l’action de GLprhfsubscriptGLsuperscript𝑝𝑟𝑓\operatorname{GL}_{p^{rhf}}. On peut alors construire les invariants de Hasse sur X𝑋X et les descendre à 𝒯r𝒪superscriptsubscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r}^{\mathcal{O}}. On en déduit le cas d’une base générale.

Dans le cas ou S=Spec(𝒪C/p)𝑆Specsubscript𝒪𝐶𝑝S=\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{C}/p), qui n’est pas lisse, on peut aussi construire les invariants de Hasse, de manière plus directe, en regardant le cristal sur Acrissubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris}. C’est le cas qui nous interressera dans un futur travail, cf. [Her]. On peut alors montrer que ce sont les mêmes que précédemment (essentiellement car Acrissubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris} est sans torsion). On peut faire de même sur un espace de déformation d’un groupe p𝑝p-divisible avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O} (voir partie 9.2, et section 9).

Le fait que le μ𝜇\mu-invariant Haμ~~superscriptHa𝜇\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}} est un diviseur de Cartier est essentiellement un théorème de Wedhorn [Wed98]. Pour montrer qu’il est réduit sur le champ 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}, on donne une donnée de Shimura PEL "simple" adaptée à 𝒪,(pτ,qτ)𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏\mathcal{O},(p_{\tau},q_{\tau}) dans la section 9.1, on note S𝑆S la variété (sans niveau en p𝑝p) associée. On peut alors montrer que l’invariant μ𝜇\mu-ordinaire sur S𝑆S est réduit, en étudiant la géométrie des strates de Newton de S𝑆S, dont on montre que sur celles qui nous intéressent, de codimension 1, l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire y définit une forme linéaire non nulle dans l’espace tangent. L’interêt est que sur ces strates, on peut utiliser la décomposition de Hodge-Newton rappelée en section 2 ainsi qu’une forme explicite sur chaque anneau local de la déformation universelle en utilisant les displays, et donc de calculer effectivement l’invariant de Hasse. Au passage on montre aussi que ces strates sont des strates "minimales", c’est à dire que ce sont aussi des Strates d’Ekedahl-Oort.

La démonstration de la dualité repose sur les mêmes méthodes.

Explicitons les différentes sections. La section 3 traite le cas d’un groupe p𝑝p-divisible G𝐺G avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur un corps parfait, qui est extrêmement simple puisqu’à G𝐺G est associé son cristal de Dieudonné, qui est un W(k)𝑊𝑘W(k)-module libre. On rappelle alors les objets standards associés à G𝐺G, les théorèmes connus sur les polygones (théorème de Mazur) et la décomposition Hodge-Newton. Dans une seconde partie, on explicite aussi dans ce cas la construction de nos invariants, à la fois pour expliquer au lecteur la philosophie de la construction, mais aussi puisque c’est ce cas qui a servit de fil conducteur à la suite de l’article. La section 4 traite le cas d’une base lisse, qui contient le corps residuel de F𝐹F, auquel on peut se ramener par extension des scalaires. La section suivante redescend la construction à une base lisse quelconque. La section 6 montre la compatibilité au changement de base (c’est essentiellement due à la même compatibilité pour le cristal de [BBM82]). Dans la section 7, on donne un exemple où les invariants ne sont pas compatibles au produit (c’est du à un problème combinatoire sur les signatures), et on donne une condition pour que cette compatibilité ait lieu. La section 8 est dédiée à la descente des invariants sur le champ 𝒯r𝒪superscriptsubscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r}^{\mathcal{O}}, qui permet donc de faire la construction sur une base quelconque. On y donne aussi des exemples de groupes μ𝜇\mu-ordinaires, ainsi que des calculs sur des schémas de base utiles pour la suite. Dans la section 9, on définit des données de Shimura simples, qui seront utilisées ensuite pour montrer (sous une hypothèse précise) que nos invariants sont réduits. Dans la section 10, on montre la compatibilité à la dualité. Enfin, dans la section 11, on donne une forme explicite pour les 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules p𝑝p-divisibles sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C}. Les appendices sont des rappels bien connus de notations et définitions à propos des fibrés inversibles sur des champs, ainsi que des diviseurs de Cartier.

Remerciements : Je voudrai remercier Laurent Fargues et Vincent Pilloni pour m’avoir introduit à ce sujet et aussi pour leurs explications, leurs encouragements et leur aide au cours de l’écriture de ce travail. Je voudrai aussi remercier Stephane Bijakowski pour de nombreux conseils et de nombreuses discussions.

2. Notations et décompositions

Soit p𝑝p un nombre premier, S𝑆S un schéma de caractéristique p𝑝p (i.e. tel que p𝒪S=0𝑝subscript𝒪𝑆0p\mathcal{O}_{S}=0), F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} une extension non ramifiée, de degré f𝑓f, et on note pfsuperscript𝑝𝑓p^{f} le cardinal du corps résiduel κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F} et 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F} son anneau des entiers. On note aussi 𝔽p¯¯subscript𝔽𝑝\widebar{\mathbb{F}_{p}} une cloture algébrique de 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}. On suppose que S𝑆S est défini au-dessus de κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}. Soit G𝐺G un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r sur S𝑆S, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O},

ι:𝒪EndS(G).:𝜄𝒪subscriptEnd𝑆𝐺\iota:\mathcal{O}\longrightarrow\operatorname{End}_{S}(G).

On note pour la suite Σn=Spec(Wn(κF))subscriptΣ𝑛Specsubscript𝑊𝑛subscript𝜅𝐹\Sigma_{n}=\operatorname{Spec}(W_{n}(\kappa_{F})), Σ=Spec(W(κF))ΣSpec𝑊subscript𝜅𝐹\Sigma=\operatorname{Spec}(W(\kappa_{F})), et G¯¯𝐺\underline{G} le faisceau sur Cris(S/Σ)Cris𝑆Σ\operatorname{Cris}(S/\Sigma) induit par G𝐺G. On note

:=xtS/Σ1(GD¯,𝒪S/Σ),assign𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σ¯superscript𝐺𝐷subscript𝒪𝑆Σ\mathcal{E}:=\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(\underline{G^{D}},\mathcal{O}_{S/\Sigma}),

le cristal de Dieudonné (covariant) de G𝐺G, au sens de Berthelot-Breen-Messing ([BBM82]), qui est munie de deux applications,

F:(p)etV:(p),:𝐹superscript𝑝et𝑉:superscript𝑝F:\mathcal{E}^{(p)}\longrightarrow\mathcal{E}\quad\text{et}\quad V:\mathcal{E}\longrightarrow\mathcal{E}^{(p)},

qui sont induites respectivement par le Vershiebung et le Frobenius de G𝐺G. C’est un cristal en 𝒪S/Σsubscript𝒪𝑆Σ\mathcal{O}_{S/\Sigma}-modules localement libres.

Comme G𝐺G est muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, \mathcal{E} l’est aussi. Notons,

=Homp(𝒪,Wn(κF))Hom(κF,𝔽p¯).subscriptHomsubscript𝑝𝒪subscript𝑊𝑛subscript𝜅𝐹similar-to-or-equalssubscriptHomsubscript𝜅𝐹¯subscript𝔽𝑝\mathcal{I}=\operatorname{Hom}_{\mathbb{Z}_{p}}(\mathcal{O},W_{n}(\kappa_{F}))\simeq\operatorname{Hom}_{\mathbb{Z}}(\kappa_{F},\overline{\mathbb{F}_{p}}).

Comme S𝑆S est un κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}-schéma, on a un isomorphisme,

𝒪p𝒪Sτ𝒪S.similar-to-or-equalssubscripttensor-productsubscript𝑝𝒪subscript𝒪𝑆subscriptproduct𝜏subscript𝒪𝑆\mathcal{O}\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}\mathcal{O}_{S}\simeq\prod_{\tau\in\mathcal{I}}\mathcal{O}_{S}.
Lemme 2.1.

Il existe une décomposition canonique de \mathcal{E} en sous-cristaux,

=ττ,subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜏\mathcal{E}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\mathcal{E}_{\tau},

telle que,

V:τσ1τ(p)etF:τ(p)στ,:𝑉subscript𝜏superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝et𝐹:superscriptsubscript𝜏𝑝subscript𝜎𝜏V:\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau}^{(p)}\quad\text{et}\quad F:\mathcal{E}_{\tau}^{(p)}\longrightarrow\mathcal{E}_{\sigma\tau},

où on note τ(p)=(τ)(p)superscriptsubscript𝜏𝑝superscriptsubscript𝜏𝑝\mathcal{E}_{\tau}^{(p)}=(\mathcal{E}_{\tau})^{(p)}. De même, on peut décomposer canoniquement les 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-modules,

ωG=τωG,τetωGD=τωGD,τ.formulae-sequencesubscript𝜔𝐺subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D}}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G^{D},\tau}.
Définition 2.2.

Les modules ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G^{D},\tau} et ωG,τsubscript𝜔𝐺𝜏\omega_{G,\tau}, pour tout τ𝜏\tau\in\mathcal{I}, sont localement libres. Supposons que les dimensions de chacun des ωG,τ,ωGD,τ,τsubscript𝜔𝐺𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏𝜏\omega_{G,\tau},\omega_{G^{D},\tau},\tau\!\in\!\mathcal{I}, soient constantes sur la base S𝑆S. On définit alors la signature de G𝐺G par la donnée (pτ,qτ)subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(p_{\tau},q_{\tau}), où,

pτ=rg𝒪SωG,τetqτ=rg𝒪SωGD,τ.formulae-sequencesubscript𝑝𝜏subscriptrgsubscript𝒪𝑆subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝑞𝜏subscriptrgsubscript𝒪𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏p_{\tau}=\operatorname{rg}_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad q_{\tau}=\operatorname{rg}_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G^{D},\tau}.

On a de plus,

pτ+qτ=htGf=:ht𝒪(G)=h,p_{\tau}+q_{\tau}=\frac{\operatorname{ht}G}{f}=:\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(G)=h,

la 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur de G𝐺G.

On va utiliser les décompositions précédentes pour construire des invariants de Hasse partiels, associés aux plongements τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I} (qui tiendront donc compte de l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur G𝐺G).

3. Le cas d’un corps parfait

On rappelle ici les constructions classiques de polygones associées à des cristaux, en restant le plus élémentaire possible. On rappelle aussi le travail de Mantovan-Viehmann sur la décomposition de Hodge-Newton (dans le cas simple d’un corps parfait) et on fait le lien avec la signature. Enfin, on donne une construction explicite de l’invariant μ𝜇\mu-ordinaire (plus exactement des invariants partiels associés aux plongements τ𝜏\tau) qui servira de fil conducteur dans la section suivante. Mis à part peut-être cette dernière partie, les résultats de cette section sont bien connus, mais plutôt que de renvoyer à de nombreux articles, et pour fixer les notations, on a préféré les réexposer ici.

3.1. Cristaux et polygones.

Supposons ici que S=Speck𝑆Spec𝑘S=\operatorname{Spec}k, où k𝑘k est un corps parfait de caractéristique p𝑝p tel que κFksubscript𝜅𝐹𝑘\kappa_{F}\subset k (mais on ne fixe pas de tel plongement). Supposons de plus que G/S𝐺𝑆G/S est un groupe de Barsotti-Tate (non tronqué). Plutôt que de regarder son cristal de Dieudonné \mathcal{E} au sens de Berthelot-Breen-Messing, [BBM82], regardons son module de Dieudonné covariant au sens de Fontaine, [Fon77],

𝔻(G)=Hom(GD,CW).𝔻𝐺Homsuperscript𝐺𝐷𝐶𝑊\mathbb{D}(G)=\operatorname{Hom}(G^{D},CW).

C’est un V𝑉V-cristal au sens suivant,

Définition 3.1.

Soit m𝑚superscriptm\!\in\!\mathbb{N}^{*}. Un Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-cristal sur k𝑘k est un couple (M,V)𝑀𝑉(M,V), où M𝑀M est un W(k)𝑊𝑘W(k)-module libre de type fini, et

V:MM,:𝑉𝑀𝑀V:M\longrightarrow M,

est un morphisme injectif, FrobmsuperscriptFrob𝑚\operatorname{Frob}^{-m}-linéaire. On note Crism/k𝐶𝑟𝑖superscript𝑠𝑚𝑘Cris^{m}/k la catégorie des Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-cristaux sur k𝑘k. Un Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-isocristal est un couple (M,V)𝑀𝑉(M,V)M𝑀M est un W(k)[1p]𝑊𝑘delimited-[]1𝑝W(k)[\tfrac{1}{p}]-espace vectoriel et V𝑉V est un isomorphisme FrobmsuperscriptFrob𝑚\operatorname{Frob}^{-m}-linéaire. En particulier, si (M,V)𝑀𝑉(M,V) est un Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-cristal, (M[1p],V)𝑀delimited-[]1𝑝𝑉(M[\tfrac{1}{p}],V) est un Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-isocristal.

Notons pDiv/k𝑝𝐷𝑖𝑣𝑘p-Div/k la catégorie des groupes p-divisibles sur k𝑘k. Notons Cris[0,1]1/k𝐶𝑟𝑖subscriptsuperscript𝑠1delimited-[]0.1𝑘Cris^{1}_{[0,1]}/k la catégorie des V𝑉V-cristaux tels que pMVMM𝑝𝑀𝑉𝑀𝑀pM\subset VM\subset M. D’après [Fon77], Chapitre III, on a le théorème suivant :

Théoreme 3.2.

Le foncteur,

𝔻:pDiv/kCris[0,1]1/kG𝔻(G):𝔻𝑝𝐷𝑖𝑣𝑘𝐶𝑟𝑖subscriptsuperscript𝑠1delimited-[]0.1𝑘𝐺𝔻𝐺\mathbb{D}:\begin{array}[]{ccc}p-Div/k&\longrightarrow&Cris^{1}_{[0,1]}/k\\ G&\rightsquigarrow&\mathbb{D}(G)\end{array}

est une équivalence de catégories telle que rg𝔻(G)=htGrg𝔻𝐺ht𝐺\operatorname{rg}\mathbb{D}(G)=\operatorname{ht}G et [𝔻(G):V(𝔻(G))]=dimG\quad[\mathbb{D}(G):V(\mathbb{D}(G))]=\dim G. On a aussi,

Lie(G)=ωG𝔻(G)/V(𝔻(G))etωGDV(𝔻(G))/p𝔻(G).formulae-sequenceLie𝐺superscriptsubscript𝜔𝐺similar-to-or-equals𝔻𝐺𝑉𝔻𝐺similar-to-or-equalsetsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑉𝔻𝐺𝑝𝔻𝐺\operatorname{Lie}(G)=\omega_{G}^{\vee}\simeq\raise 0.0pt\hbox{$\mathbb{D}(G)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$V(\mathbb{D}(G))$}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D}}\simeq\raise 0.0pt\hbox{$V(\mathbb{D}(G))$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p\mathbb{D}(G)$}.

Le cristal de Dieudonné au sens de Fontaine est alors relié au cristal au sens de Berthelot-Breen-Messing par,

Proposition 3.3 ([BBM82] chapitre 4, Théorème 4.2.14 ).

Soit G𝐺G un groupe p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r sur k𝑘k, un corps parfait de caractéristique p𝑝p. Notons 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G) son module de Dieudonné covariant et =xt1(GD,𝒪Spec(k)/Spec(W(k)))𝑥superscript𝑡1superscript𝐺𝐷subscript𝒪Spec𝑘Spec𝑊𝑘\mathcal{E}=\mathcal{E}xt^{1}(G^{D},\mathcal{O}_{\operatorname{Spec}(k)/\operatorname{Spec}(W(k))}) son cristal de Dieudonné, et σ𝜎\sigma le Frobenius de k𝑘k. On a alors,

(W(k)k)𝔻(G)(σ).similar-to-or-equalssubscript𝑊𝑘𝑘𝔻superscript𝐺𝜎\mathcal{E}_{(W(k)\twoheadrightarrow k)}\simeq\mathbb{D}(G)^{(\sigma)}.

On a supposé que G𝐺G était muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, on a donc une action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G). Décomposons alors,

𝔻(G)=M=τMτ,ωG=τωG,τetωGD=τωGD,τ.formulae-sequence𝔻𝐺𝑀subscriptdirect-sum𝜏subscript𝑀𝜏formulae-sequencesubscript𝜔𝐺subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscriptdirect-sum𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\mathbb{D}(G)=M=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}M_{\tau},\quad\omega_{G}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D}}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}\omega_{G^{D},\tau}.

Afin d’alléger les notations, on fixe un isomorphisme /f={1,,f}similar-to-or-equals𝑓1𝑓\mathcal{I}\simeq\mathbb{Z}/f\mathbb{Z}=\{1,\dots,f\} (on notera donc désormais i𝑖i pour un élément de \mathcal{I}), tel que,

i,Frobi=i+1.formulae-sequencefor-all𝑖Frob𝑖𝑖1\forall i\!\in\!\mathcal{I},\quad\operatorname{Frob}\circ i=i+1.

On a alors,

V:MiMi1etF:MiMi+1.:𝑉subscript𝑀𝑖subscript𝑀𝑖1et𝐹:subscript𝑀𝑖subscript𝑀𝑖1V:M_{i}\longrightarrow M_{i-1}\quad\text{et}\quad F:M_{i}\longrightarrow M_{i+1}.

Notons,

φi=Mi𝑉Mi1𝑉Mi2𝑉𝑉Mi+1𝑉Mi.subscript𝜑𝑖subscript𝑀𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1𝑉subscript𝑀𝑖2𝑉𝑉subscript𝑀𝑖1𝑉subscript𝑀𝑖\varphi_{i}=M_{i}\overset{V}{\longrightarrow}M_{i-1}\overset{V}{\longrightarrow}M_{i-2}\overset{V}{\longrightarrow}\cdots\overset{V}{\longrightarrow}M_{i+1}\overset{V}{\longrightarrow}M_{i}.

C’est à dire φi=V|Mif.\varphi_{i}=V^{f}_{|M_{i}}. On a alors que (Mi,φi)subscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖(M_{i},\varphi_{i}) est un Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}-cristal, pour tout i𝑖i\!\in\!\mathcal{I}. De plus, F𝐹F est une isogénie de Frob(Mi,φi)superscriptFrobsubscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖\operatorname{Frob}^{*}(M_{i},\varphi_{i}) vers (Mi+1,φi+1)subscript𝑀𝑖1subscript𝜑𝑖1(M_{i+1},\varphi_{i+1}), on en déduit donc que leurs isocristaux sont égaux, et donc que le polygone de Newton de (Mi,φi)subscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖(M_{i},\varphi_{i}) ne dépend pas de i𝑖i\!\in\!\mathcal{I}.

Définition 3.4.

On appelle polygone de Newton de G𝐺G (ou de 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G)) avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-action (ou encore 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Newton), que l’on note 𝒩ewt𝒪(G)subscript𝒩ewt𝒪𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G) (ou 𝒩ewt𝒪(𝔻(G))subscript𝒩ewt𝒪𝔻𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(\mathbb{D}(G))), la fonction convexe affine par morceaux,

𝒩ewt𝒪(G)=1f𝒩ewt(Mi,φi),subscript𝒩ewt𝒪𝐺1𝑓𝒩ewtsubscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G)=\frac{1}{f}\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}(M_{i},\varphi_{i}),

𝒩ewt(Mi,φi)𝒩ewtsubscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}(M_{i},\varphi_{i}) est la fonction affine par morceaux défini grâce aux pentes de la classification de Dieudonné-Manin des isocristaux.

Définition 3.5.

Soit M𝑀M un W(k)𝑊𝑘W(k)-module de longueur finie. On appelle polygone de Hodge renversé de M𝑀M, noté Hdg(M)superscriptHdg𝑀\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M), le polygone concave à abscisses de ruptures entières (que l’on identifie à une fonction affine par morceaux sur [0,+[[0,+\infty[), tel que,

Hdg(M)(i)=degMv(FittiM),i.formulae-sequencesuperscriptHdg𝑀𝑖degree𝑀𝑣subscriptFitt𝑖𝑀for-all𝑖\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M)(i)=\deg M-v(\operatorname{Fitt}_{i}M),\forall i\!\in\!\mathbb{N}.

Par exemple, si

Mi=1nW(k)/paiW(k),a1an,formulae-sequencesimilar-to-or-equals𝑀superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑛𝑊𝑘superscript𝑝subscript𝑎𝑖𝑊𝑘subscript𝑎1subscript𝑎𝑛M\simeq\bigoplus_{i=1}^{n}\raise 0.0pt\hbox{$W(k)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{a_{i}}W(k)$},\quad a_{1}\geq\dots\geq a_{n},

Alors Hdg(M)superscriptHdg𝑀\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M) commence en (0,0)0.0(0,0) et est de pente aisubscript𝑎𝑖a_{i} sur [i1,i]𝑖1𝑖[i-1,i], et de pente 0 sur [n,+[[n,+\infty[.

Proposition 3.6.

Soit M1,M2,M3subscript𝑀1subscript𝑀2subscript𝑀3M_{1},M_{2},M_{3} trois W(k)𝑊𝑘W(k)-modules libres de rang fini, et u,v𝑢𝑣u,v deux morphismes (semi-linéaires vis-à-vis de σAut(k))\sigma\!\in\!\operatorname{Aut}(k)),

M1𝑢M2𝑣M3,subscript𝑀1𝑢subscript𝑀2𝑣subscript𝑀3M_{1}\overset{u}{\longrightarrow}M_{2}\overset{v}{\longrightarrow}M_{3},

qui deviennent des isomorphismes après inversion de p𝑝p (c’est à dire u,v𝑢𝑣u,v injectifs et de conoyau de longueur finie). Alors,

Hdg(Coker(vu))Hdg(Cokeru)+Hdg(Cokerv).superscriptHdgCoker𝑣𝑢superscriptHdgCoker𝑢superscriptHdgCoker𝑣\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}(v\circ u))\leq\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}u)+\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}v).
Démonstration.

Choisissons des bases de M1,M2subscript𝑀1subscript𝑀2M_{1},M_{2} et M3subscript𝑀3M_{3}. Soit i𝑖i\!\in\!\mathbb{N}. Les coefficients des matrices de iusuperscript𝑖𝑢\bigwedge^{i}u, ivsuperscript𝑖𝑣\bigwedge^{i}v et i(vu)superscript𝑖𝑣𝑢\bigwedge^{i}(v\circ u) dans ces bases engendrent les idéaux Fitti(Cokeru),Fitti(Cokerv)subscriptFitt𝑖Coker𝑢subscriptFitt𝑖Coker𝑣\operatorname{Fitt}_{i}(\operatorname{Coker}u),\operatorname{Fitt}_{i}(\operatorname{Coker}v) et Fitti(Cokervu)subscriptFitt𝑖Coker𝑣𝑢\operatorname{Fitt}_{i}(\operatorname{Coker}v\circ u). Mais comme i(vu)=iviusuperscript𝑖𝑣𝑢superscript𝑖𝑣superscript𝑖𝑢\bigwedge^{i}(v\circ u)=\bigwedge^{i}v\circ\bigwedge^{i}u, on a,

Hdg(Coker(vu))(i)Hdg(Cokeru)(i)+Hdg(Cokerv)(i).superscriptHdgCoker𝑣𝑢𝑖superscriptHdgCoker𝑢𝑖superscriptHdgCoker𝑣𝑖\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}(v\circ u))(i)\leq\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}u)(i)+\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\operatorname{Coker}v)(i).\qed
Définition 3.7.

Soit (M,V)𝑀𝑉(M,V) un Vmsuperscript𝑉𝑚V^{m}-cristal sur k𝑘k de rang hh, alors on définit son polygone de Hodge renversé par,

Hdg(M,V)=Hdg(M/V(M)).superscriptHdg𝑀𝑉superscriptHdg𝑀𝑉𝑀\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M,V)=\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M/V(M)).

On définit ensuite son polygone de Hodge Hdg(M,V)Hdg𝑀𝑉\operatorname{Hdg}(M,V) comme le renversé de Hdg(M,V)|[0,h]\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M,V)_{|[0,h]}, voir remarque qui suit.

Remarque 3.8.

Notons que le polygone de Hodge de (M,V)𝑀𝑉(M,V) ne dépend pas uniquement de M/V(M)𝑀𝑉𝑀M/V(M), contrairement à Hdg(M,V)superscriptHdg𝑀𝑉\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M,V) : on veut contrôler la pente 0 (qui correspond à la partie étale de G𝐺G), ce qui explique l’introduction de hh dans la définition. C’est à dire, si les pentes (avec multiplicités, et éventuellement nulles) de Hdg(M,V)=Hdg(M/V(M))superscriptHdg𝑀𝑉superscriptHdg𝑀𝑉𝑀\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M,V)=\operatorname{Hdg}^{\diamond}(M/V(M)) sont b1b2br00hr foissubscript𝑏1subscript𝑏2subscript𝑏𝑟subscript00𝑟 foisb_{1}\geq b_{2}\geq\dots\geq b_{r}\geq\underbrace{0\geq\dots\geq 0}_{h-r\text{ fois}}, celles de Hdg(M)Hdg𝑀\operatorname{Hdg}(M) sont 00brbr1b100subscript𝑏𝑟subscript𝑏𝑟1subscript𝑏10\leq\dots\leq 0\leq b_{r}\leq b_{r-1}\leq\dots\leq b_{1}.

Cette normalisation est faite pour que l’on ne perde pas les pentes nulles lors du renversement de Hdg(M,V)Hdg𝑀𝑉\operatorname{Hdg}(M,V).

Revenons à 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G). On a la décomposition, 𝔻(G)=i𝔻(G)i𝔻𝐺subscriptdirect-sum𝑖𝔻subscript𝐺𝑖\mathbb{D}(G)=\bigoplus_{i\in\mathcal{I}}\mathbb{D}(G)_{i}, et, par la proposition précédente,

Hdg(𝔻(G)i,φi):=Hdg(𝔻(G)i/Vf(𝔻(G)i))iHdg(𝔻(G)i/V(𝔻(G)i+1)).assignsuperscriptHdg𝔻subscript𝐺𝑖subscript𝜑𝑖superscriptHdg𝔻subscript𝐺𝑖superscript𝑉𝑓𝔻subscript𝐺𝑖subscript𝑖superscriptHdg𝔻subscript𝐺𝑖𝑉𝔻subscript𝐺𝑖1\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\mathbb{D}(G)_{i},\varphi_{i}):=\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\mathbb{D}(G)_{i}/V^{f}(\mathbb{D}(G)_{i}))\leq\sum_{i\in\mathcal{I}}\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\mathbb{D}(G)_{i}/V(\mathbb{D}(G)_{i+1})).

De plus, on sait d’après l’inégalité de Mazur, cf [Kat79a] Theorem 1.4.1, que,

𝒩ewt(𝔻(G)i[1p],φi[1p])Hdg(𝔻(G)i,φi)iHdgi(𝔻(G),V),𝒩ewt𝔻subscript𝐺𝑖delimited-[]1𝑝subscript𝜑𝑖delimited-[]1𝑝Hdg𝔻subscript𝐺𝑖subscript𝜑𝑖subscript𝑖subscriptHdg𝑖𝔻𝐺𝑉\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}(\mathbb{D}(G)_{i}[\tfrac{1}{p}],\varphi_{i}[\tfrac{1}{p}])\geq\operatorname{Hdg}(\mathbb{D}(G)_{i},\varphi_{i})\geq\sum_{i\in\mathcal{I}}\operatorname{Hdg}_{i}(\mathbb{D}(G),V), (1)

où l’on note Hdgi(𝔻(G),V)subscriptHdg𝑖𝔻𝐺𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(\mathbb{D}(G),V) le renversé de Hdg(𝔻(G)i/V(𝔻(G)i+1))|[0,h]\operatorname{Hdg}^{\diamond}(\mathbb{D}(G)_{i}/V(\mathbb{D}(G)_{i+1}))_{|[0,h]}.

Remarque 3.9.

Bien sûr, en general Hdgi(𝔻(G),V)Hdg(𝔻(G)i,Vf)subscriptHdg𝑖𝔻𝐺𝑉Hdg𝔻subscript𝐺𝑖superscript𝑉𝑓\operatorname{Hdg}_{i}(\mathbb{D}(G),V)\neq\operatorname{Hdg}(\mathbb{D}(G)_{i},V^{f}).

On en déduit donc que,

𝒩ewt𝒪(𝔻(G))1fiHdgi(𝔻(G),V).subscript𝒩ewt𝒪𝔻𝐺1𝑓subscript𝑖subscriptHdg𝑖𝔻𝐺𝑉\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(\mathbb{D}(G))\geq\frac{1}{f}\sum_{i\in\mathcal{I}}\operatorname{Hdg}_{i}(\mathbb{D}(G),V).
Définition 3.10.

Soit M𝑀M un cristal sur kκFsubscript𝜅𝐹𝑘k\supset\kappa_{F} avec action de 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}. On appelle 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge de M𝑀M, le polygone,

Hdg𝒪(M)=1fiHdgi(M,V).subscriptHdg𝒪𝑀1𝑓subscript𝑖subscriptHdg𝑖𝑀𝑉\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M)=\frac{1}{f}\sum_{i\in\mathcal{I}}\operatorname{Hdg}_{i}(M,V).

Si G𝐺G est un groupe p𝑝p-divisible sur kκFsubscript𝜅𝐹𝑘k\supset\kappa_{F} avec action de 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}, on appelle 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge de G𝐺G, noté Hdg𝒪(G)subscriptHdg𝒪𝐺\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(G), celui de 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G).

On retrouve donc la proposition classique suivante, voir aussi [RR96],

Proposition 3.11.

Le polygone de Newton 𝒩ewt𝒪(G)subscript𝒩ewt𝒪𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G) est au-dessus du polygone de Hodge Hdg𝒪(G)subscriptHdg𝒪𝐺\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(G), et ils ont mêmes points terminaux.

Figure 1. Exemple de polygones de Hodge et Newton dans le cas de 𝒪=p2𝒪subscriptsuperscript𝑝2\mathcal{O}=\mathbb{Z}_{p^{2}}
qτ2subscript𝑞subscript𝜏2q_{\tau_{2}}qτ1subscript𝑞subscript𝜏1q_{\tau_{1}}𝒩ewt𝒪subscript𝒩ewt𝒪\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}Hdg𝒪subscriptHdg𝒪\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}hh

On rappelle la définition suivante, cf.[Wed98] par exemple

Définition 3.12.

Soit G/Spec(k)𝐺Spec𝑘G/\operatorname{Spec}(k) un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible, où k𝑘k est un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Il est dit μ𝜇\mu-ordinaire si,

𝒩ewt𝒪(G)=Hdg𝒪(G).subscript𝒩ewt𝒪𝐺subscriptHdg𝒪𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G)=\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(G).

Soit G/S𝐺𝑆G/S une famille de 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible sur une base S𝑆S telle que p𝒪S=0𝑝subscript𝒪𝑆0p\mathcal{O}_{S}=0, alors G𝐺G est dit μ𝜇\mu-ordinaire si pour tout point géométrique x=Spec(k)S𝑥Spec𝑘𝑆x=\operatorname{Spec}(k)\longrightarrow S, Gxsubscript𝐺𝑥G_{x} est μ𝜇\mu-ordinaire.

3.2. Rappels sur la décomposition de Hodge-Newton

On rappelle dans cette section le résultat principal de [MV10]. Supposons maintenant que 𝒩ewt𝒪(M)subscript𝒩ewt𝒪𝑀\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(M) et Hdg𝒪(M)subscriptHdg𝒪𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M) se touchent en un point d’abscisse x0subscript𝑥0x_{0}, et que cette abscisse soit une abscisse de rupture pour 𝒩ewt𝒪(M)subscript𝒩ewt𝒪𝑀\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(M) (ce qui est par exemple le cas sur la figure 1). D’après les inégalités (1) il en est de même pour 𝒩ewt(Mi,φi)𝒩ewtsubscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}(M_{i},\varphi_{i}) et Hdg(Mi,φi),iIHdgsubscript𝑀𝑖subscript𝜑𝑖for-all𝑖𝐼\operatorname{Hdg}(M_{i},\varphi_{i}),\forall i\in I. On en déduit donc par le théorème de Katz sur la rupture Hodge-Newton (cf. [Kat79b] Theorem 1.6.1), que,

Mi=MiMi′′,i,formulae-sequencesubscript𝑀𝑖direct-sumsuperscriptsubscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖′′for-all𝑖M_{i}=M_{i}^{\prime}\oplus M_{i}^{\prime\prime},\quad\forall i\!\in\!\mathcal{I},

Mi,Mi′′superscriptsubscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖′′M_{i}^{\prime},M_{i}^{\prime\prime} sont stables par Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}. Notons,

Ni=Mi[1p],Ni=Mi[1p],Ni′′=Mi′′[1p].formulae-sequencesubscript𝑁𝑖subscript𝑀𝑖delimited-[]1𝑝formulae-sequencesuperscriptsubscript𝑁𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖delimited-[]1𝑝superscriptsubscript𝑁𝑖′′superscriptsubscript𝑀𝑖′′delimited-[]1𝑝N_{i}=M_{i}[\tfrac{1}{p}],\quad N_{i}^{\prime}=M_{i}^{\prime}[\tfrac{1}{p}],\quad N_{i}^{\prime\prime}=M_{i}^{\prime\prime}[\tfrac{1}{p}].

Ce sont des isocristaux, et les pentes de Nisuperscriptsubscript𝑁𝑖N_{i}^{\prime} (respectivement Ni′′superscriptsubscript𝑁𝑖′′N_{i}^{\prime\prime}) correspondent à celles de Nisubscript𝑁𝑖N_{i} avant (respectivement après) le point de rupture d’abscisse x0subscript𝑥0x_{0}, et donc les pentes de Newton de Nisuperscriptsubscript𝑁𝑖N_{i}^{\prime} sont toutes strictement inférieures à celles de Ni′′superscriptsubscript𝑁𝑖′′N_{i}^{\prime\prime} . Mais l’isogénie,

V:Mi[1p]Mi1[1p],:𝑉subscript𝑀𝑖delimited-[]1𝑝subscript𝑀𝑖1delimited-[]1𝑝V:M_{i}[\tfrac{1}{p}]\longrightarrow M_{i-1}[\tfrac{1}{p}],

envoie composantes isoclines sur composantes isoclines de mêmes pentes, donc,

V(NiMi)Ni1Mi1V(Ni′′Mi)Ni1′′Mi1formulae-sequence𝑉superscriptsubscript𝑁𝑖subscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑁𝑖1subscript𝑀𝑖1𝑉superscriptsubscript𝑁𝑖′′subscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑁𝑖1′′subscript𝑀𝑖1V(N_{i}^{\prime}\cap M_{i})\subset N_{i-1}^{\prime}\cap M_{i-1}\qquad V(N_{i}^{\prime\prime}\cap M_{i})\subset N_{i-1}^{\prime\prime}\cap M_{i-1}

et donc, V(Mi)Mi1𝑉superscriptsubscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖1V(M_{i}^{\prime})\subset M_{i-1}^{\prime} et V(Mi′′)Mi1′′𝑉superscriptsubscript𝑀𝑖′′superscriptsubscript𝑀𝑖1′′V(M_{i}^{\prime\prime})\subset M_{i-1}^{\prime\prime}. Notons alors,

M=iMietM′′=iMi′′.formulae-sequencesuperscript𝑀subscriptdirect-sum𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖etsuperscript𝑀′′subscriptdirect-sum𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖′′M^{\prime}=\bigoplus_{i\in\mathcal{I}}M_{i}^{\prime}\quad\text{et}\quad M^{\prime\prime}=\bigoplus_{i\in\mathcal{I}}M_{i}^{\prime\prime}.

Munis de V𝑉V, ce sont des F𝐹F-cristaux sur k𝑘k.

Lemme 3.13.

Soit M,M′′superscript𝑀superscript𝑀′′M^{\prime},M^{\prime\prime} deux V𝑉V-cristaux sur k𝑘k de rang r,s𝑟𝑠r,s munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}. Alors pour tout i𝑖i\!\in\!\mathcal{I},

Hdgi(MM′′,V)=Hdgi(M,V)Hdgi(M′′,V),subscriptHdg𝑖direct-sumsuperscript𝑀superscript𝑀′′𝑉subscriptHdg𝑖superscript𝑀𝑉subscriptHdg𝑖superscript𝑀′′𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime}\oplus M^{\prime\prime},V)=\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime},V)\star\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime\prime},V),

\star désigne la concaténation des polygones, i.e. réordonne les pentes par ordre croissant.

Démonstration.

Il suffit de remarquer que V(Mi1Mi1′′)=VMi1VMi1′′𝑉direct-sumsubscriptsuperscript𝑀𝑖1superscriptsubscript𝑀𝑖1′′direct-sum𝑉superscriptsubscript𝑀𝑖1𝑉superscriptsubscript𝑀𝑖1′′V(M^{\prime}_{i-1}\oplus M_{i-1}^{\prime\prime})=VM_{i-1}^{\prime}\oplus VM_{i-1}^{\prime\prime}, et donc on peut écrire,

Mi/VMi1=i=1rW(k)/paiW(k)etMi′′/VMi1′′=i=1sW(k)/pbiW(k),formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑀𝑖𝑉subscriptsuperscript𝑀𝑖1superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑟𝑊𝑘superscript𝑝subscript𝑎𝑖𝑊𝑘etsubscriptsuperscript𝑀′′𝑖𝑉subscriptsuperscript𝑀′′𝑖1superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑠𝑊𝑘superscript𝑝subscript𝑏𝑖𝑊𝑘M^{\prime}_{i}/VM^{\prime}_{i-1}=\bigoplus_{i=1}^{r}W(k)/p^{a_{i}}W(k)\quad\text{et}\quad M^{\prime\prime}_{i}/VM^{\prime\prime}_{i-1}=\bigoplus_{i=1}^{s}W(k)/p^{b_{i}}W(k),

et

(MiMi′′)/V(Mi1Mi1′′)=i=1rW(k)/paiW(k)j=1sW(k)/pbiW(k).direct-sumsubscriptsuperscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑀𝑖′′𝑉direct-sumsubscriptsuperscript𝑀𝑖1superscriptsubscript𝑀𝑖1′′direct-sumsuperscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑟𝑊𝑘superscript𝑝subscript𝑎𝑖𝑊𝑘superscriptsubscriptdirect-sum𝑗1𝑠𝑊𝑘superscript𝑝subscript𝑏𝑖𝑊𝑘(M^{\prime}_{i}\oplus M_{i}^{\prime\prime})/V(M^{\prime}_{i-1}\oplus M_{i-1}^{\prime\prime})=\bigoplus_{i=1}^{r}W(k)/p^{a_{i}}W(k)\oplus\bigoplus_{j=1}^{s}W(k)/p^{b_{i}}W(k).

de telle sorte que r=rgM𝑟rgsuperscript𝑀r=\operatorname{rg}M^{\prime} et s=rgM′′𝑠rgsuperscript𝑀′′s=\operatorname{rg}M^{\prime\prime} (i.e. on fait apparaitre les pentes 0). Le polygone de Hodge associé à i𝑖i de MM′′direct-sumsuperscript𝑀superscript𝑀′′M^{\prime}\oplus M^{\prime\prime} est alors donné (par ses pentes) en réordonnant de manière croissante l’ensemble {ai,bj:i,j}conditional-setsubscript𝑎𝑖subscript𝑏𝑗𝑖𝑗\{a_{i},b_{j}:i,j\}. ∎

En particulier, Hdgi(MM′′)(r)Hdgi(M)(r)subscriptHdg𝑖direct-sumsuperscript𝑀superscript𝑀′′𝑟subscriptHdg𝑖superscript𝑀𝑟\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime}\oplus M^{\prime\prime})(r)\leq\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime})(r), avec égalité si et seulement si les polygones coïncident sur [0,r]0𝑟[0,r].

On en déduit en particulier le théorème suivant, voir aussi [MV10],

Théoreme 3.14 (Mantovan-Viehmann).

Soit (M,V)𝑀𝑉(M,V) un cristal sur k𝑘k muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}. Alors si 𝒩ewt𝒪(M)subscript𝒩ewt𝒪𝑀\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(M) et Hdg𝒪(M)subscriptHdg𝒪𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M) se touchent en un point d’abscisse x𝑥x qui est un point de rupture pour 𝒩ewt𝒪(M)subscript𝒩ewt𝒪𝑀\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(M), alors il existe des sous-cristaux Msuperscript𝑀M^{\prime} et M′′superscript𝑀′′M^{\prime\prime} munis de la 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure induite de M𝑀M tels que,

M=MM′′.𝑀direct-sumsuperscript𝑀superscript𝑀′′M=M^{\prime}\oplus M^{\prime\prime}.

De plus les pentes de Newton (respectivement de Hodge) de Msuperscript𝑀M^{\prime} (respectivement de M′′superscript𝑀′′M^{\prime\prime}) correspondent à celles de M𝑀M avant (respectivement après) le point d’abscisse x𝑥x, et rgM=xrgsuperscript𝑀𝑥\operatorname{rg}M^{\prime}=x.

Démonstration.

L’assertion sur la décomposition et les polygones de Newton découle de précédemment. Pour les polygones de Hodge, le lemme précédent nous assure que pour tout i𝑖i, Hdgi(M,V)subscriptHdg𝑖𝑀𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(M,V) a ses pentes constituées de celles de Hdgi(M,V)subscriptHdg𝑖superscript𝑀𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime},V) et Hdgi(M′′,V)subscriptHdg𝑖superscript𝑀′′𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime\prime},V), malheureusement ce n’est plus vrai pour Hdg𝒪(M,V)subscriptHdg𝒪𝑀𝑉\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M,V) (voir un contre exemple en section 7). Néanmoins comme 𝒩ewt𝒪(M)subscript𝒩ewt𝒪𝑀\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(M) et Hdg𝒪(M)subscriptHdg𝒪𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M) ont même points terminaux pour tout M𝑀M, en appliquant cela à Msuperscript𝑀M^{\prime} on en déduit que iHdgi(M)(x)=iHdgi(M)(x)subscript𝑖subscriptHdg𝑖𝑀𝑥subscript𝑖subscriptHdg𝑖superscript𝑀𝑥\sum_{i}\operatorname{Hdg}_{i}(M)(x)=\sum_{i}\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime})(x), or comme pour tout i𝑖i le lemme précédent nous assure que Hdgi(M)(x)Hdgi(M)(x)subscriptHdg𝑖𝑀𝑥subscriptHdg𝑖superscript𝑀𝑥\operatorname{Hdg}_{i}(M)(x)\leq\operatorname{Hdg}_{i}(M^{\prime})(x) on en déduit l’égalité pour tout i𝑖i, et donc l’égalité des polygones pour tout i𝑖i, sur [0,x]0𝑥[0,x]. En particulier, Hdg𝒪(M)[0,x]=Hdg𝒪(M)\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M)_{[0,x]}=\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M^{\prime}), ainsi que la proposition associée pour M′′superscript𝑀′′M^{\prime\prime}. ∎

On en déduit directement que si G𝐺G est un groupe de Barsotti-Tate sur k𝑘k, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, alors si son 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Newton et son 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge se touchent en un point d’abscisse x𝑥x\!\in\!\mathbb{Z}, qui est un point de rupture du polygone de Newton, alors on a une décomposition,

G=G1×G2,𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2},

G1,G2subscript𝐺1subscript𝐺2G_{1},G_{2} sont deux groupes de Barsotti-Tate sur k𝑘k, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, tels que

htG1=x.htsubscript𝐺1𝑥\operatorname{ht}G_{1}=x.
Remarque 3.15.

La réciproque est bien sûr fausse : voir l’exemple 7.1. C’est à la base de quelques complications quant à la compatibilité des invariants de Hasse au produit.

Remarque 3.16.

Supposons que nous sommes sous les hypothèses du théorème 3.14, pour M=𝔻(G)𝑀𝔻𝐺M=\mathbb{D}(G) associé à un groupe p𝑝p-divisible (donc M𝑀M est un V𝑉V-cristal). Essayons de décrire les signatures de M=𝔻(G)superscript𝑀𝔻superscript𝐺M^{\prime}=\mathbb{D}(G^{\prime}) et M′′=𝔻(G′′)superscript𝑀′′𝔻superscript𝐺′′M^{\prime\prime}=\mathbb{D}(G^{\prime\prime}) en fonction de celle de M𝑀M. Réordonnons les abscisses de ruptures du polygone de Hodge (moyenné) de M𝑀M, Hdg𝒪F(M)subscriptHdgsubscript𝒪𝐹𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}_{F}}(M),

{qτ:τ}=:{q(1)<q(2)<<q(r)},\{q_{\tau}:\tau\in\mathcal{I}\}=:\{q^{(1)}<q^{(2)}<\dots<q^{(r)}\},

et pour tout i{1,,r},𝑖1𝑟i\!\in\!\{1,\dots,r\}, notons nisubscript𝑛𝑖n_{i} la multiplicité de l’abscisse q(i)superscript𝑞𝑖q^{(i)}, c’est à dire,

ni:=Card{τ:qτ=q(i)}.assignsubscript𝑛𝑖Card:𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑖n_{i}:=\operatorname{Card}\{\tau\in\mathcal{I}:q_{\tau}=q^{(i)}\}.

Le 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge de M𝑀M est alors le polygone sur [0,ht𝒪(M)]0subscriptht𝒪𝑀[0,\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(M)] défini par les abscisses de ruptures q(i),i{1,,r}superscript𝑞𝑖𝑖1𝑟q^{(i)},i\!\in\!\{1,\dots,r\}, et dont la pente entre entre q(i)superscript𝑞𝑖q^{(i)} et q(i+1)superscript𝑞𝑖1q^{(i+1)}, notée νisubscript𝜈𝑖\nu_{i}, est,

νi=n1++nif.subscript𝜈𝑖subscript𝑛1subscript𝑛𝑖𝑓\nu_{i}=\frac{n_{1}+\dots+n_{i}}{f}.

Voir figure 2. Si q(1)>0superscript𝑞10q^{(1)}>0 alors la pente sur [0,q(1)]0superscript𝑞1[0,q^{(1)}] est nulle, et si q(r)<ht𝒪(M)superscript𝑞𝑟subscriptht𝒪𝑀q^{(r)}<\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(M), la pente sur [q(r),ht𝒪(M)]superscript𝑞𝑟subscriptht𝒪𝑀[q^{(r)},\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(M)] est 1.

Figure 2. 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge associée à la signature (qτ)τsubscriptsubscript𝑞𝜏𝜏(q_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}.
q(1)superscript𝑞1q^{(1)}q(2)superscript𝑞2q^{(2)}q(3)superscript𝑞3q^{(3)}q(r1)superscript𝑞𝑟1q^{(r-1)}q(r)superscript𝑞𝑟q^{(r)}hh0n1fsubscript𝑛1𝑓\frac{n_{1}}{f}n1+n2fsubscript𝑛1subscript𝑛2𝑓\frac{n_{1}+n_{2}}{f}n1++nr1fsubscript𝑛1subscript𝑛𝑟1𝑓\frac{n_{1}+\dots+n_{r-1}}{f}111

On sait par ailleurs que le polygone de Hodge de Msuperscript𝑀M^{\prime} est celui de M𝑀M entre les abscisses [0,x]0𝑥[0,x]. On sait aussi que,

ωM=ωMωM′′.subscript𝜔𝑀direct-sumsubscript𝜔superscript𝑀subscript𝜔superscript𝑀′′\omega_{M}=\omega_{M^{\prime}}\oplus\omega_{M^{\prime\prime}}.

On en déduit les égalités suivantes, où on note (qτ)superscriptsubscript𝑞𝜏(q_{\tau}^{\prime}) et (qτ′′)superscriptsubscript𝑞𝜏′′(q_{\tau}^{\prime\prime}) les signatures de Msuperscript𝑀M^{\prime} et M′′superscript𝑀′′M^{\prime\prime},

qτ=qτ+qτ′′,{qτ:τ}={qτ:τ,qτx},formulae-sequencesubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏′′conditional-setsuperscriptsubscript𝑞𝜏𝜏conditional-setsubscript𝑞𝜏formulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑥q_{\tau}=q_{\tau}^{\prime}+q_{\tau}^{\prime\prime},\quad\{q_{\tau}^{\prime}:\tau\in\mathcal{I}\}=\{q_{\tau}:\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}\leq x\},

et, pour tout i𝑖i tel que q(i)<xsuperscript𝑞𝑖𝑥q^{(i)}<x,

Card{τ:qτ=q(i)}=Card{τ:qτ=q(i)}=ni.Card:𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑖Card:𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑖subscript𝑛𝑖\operatorname{Card}\{\tau:q_{\tau}^{\prime}=q^{(i)}\}=\operatorname{Card}\{\tau:q_{\tau}=q^{(i)}\}=n_{i}.

On en déduit donc simplement par récurrence sur i{1,,r}𝑖1𝑟i\!\in\!\{1,\dots,r\} que,

τ,qτ={qτsi qτxxsinon,qτ′′={0si qτxqτxsinonformulae-sequencefor-all𝜏formulae-sequencesuperscriptsubscript𝑞𝜏casessubscript𝑞𝜏si subscript𝑞𝜏𝑥missing-subexpression𝑥sinonmissing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑞𝜏′′cases0si subscript𝑞𝜏𝑥missing-subexpressionsubscript𝑞𝜏𝑥sinonmissing-subexpression\forall\tau\in\mathcal{I},\quad q_{\tau}^{\prime}=\left\{\begin{array}[]{ccc}q_{\tau}&\text{si }q_{\tau}\leq x\\ x&\text{sinon}\end{array}\right.,\quad q_{\tau}^{\prime\prime}=\left\{\begin{array}[]{ccc}0&\text{si }q_{\tau}\leq x\\ q_{\tau}-x&\text{sinon}\end{array}\right.

3.3. Construction d’invariants dans le cas d’un point

Le but de cet article, est de construire des invariants qui vont "mesurer" le défaut d’avoir un point de contact (entre les polygones de Hodge et Newton) en une abscisse donnée. On commence par présenter dans cette section la construction dans le cas particulier, à la fois plus simple et plus parlant, d’un corps parfait k𝑘k de caractéristique p𝑝p. Soit (M,V)=𝔻(G)𝑀𝑉𝔻𝐺(M,V)=\mathbb{D}(G) le cristal au sens de Fontaine d’un k𝑘k-groupe p𝑝p-divisible G𝐺G, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, et on suppose κFksubscript𝜅𝐹𝑘\kappa_{F}\subset k. On rappelle que l’on a noté =Hom(κF,k){1,,f}Homsubscript𝜅𝐹𝑘similar-to-or-equals1𝑓\mathcal{I}=\operatorname{Hom}(\kappa_{F},k)\simeq\{1,\dots,f\} sur lequel on a "un ordre" induit par le Frobenius, et que,

MiMi,V:MiMi1.:similar-to-or-equals𝑀subscriptdirect-sum𝑖subscript𝑀𝑖𝑉subscript𝑀𝑖subscript𝑀𝑖1M\simeq\bigoplus_{i\in\mathcal{I}}M_{i},\quad V:M_{i}\longrightarrow M_{i-1}.

On a aussi f=Card()𝑓Cardf=\operatorname{Card}(\mathcal{I}), et des entiers h,pi,qisubscript𝑝𝑖subscript𝑞𝑖h,p_{i},q_{i}, pour i𝑖i\!\in\!\mathcal{I} et h=pi+qisubscript𝑝𝑖subscript𝑞𝑖h=p_{i}+q_{i}.

Remarque 3.17.

Afin de faire la lien avec la section suivante, remarquons que l’on a l’égalité,

VMi+1=Ker(MiMi/V(Mi+1)ωG,i)Mi.𝑉subscript𝑀𝑖1Kersubscript𝑀𝑖subscript𝑀𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔𝐺𝑖subscript𝑀𝑖VM_{i+1}=\operatorname{Ker}\left(M_{i}\longrightarrow M_{i}/V(M_{i+1})\simeq\omega_{G,i}^{\vee}\right)\subset M_{i}.

Considérons Hdg𝒪(M)subscriptHdg𝒪𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M) le 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge. Ses abscisses de ruptures sont,

{qi:i,qi{0,f}}]0,n[.\{q_{i}:i\!\in\!\mathcal{I},q_{i}\not\in\{0,f\}\}\subset]0,n[\cap\mathbb{N}.

En effet, chaque Hdgi(M,V)subscriptHdg𝑖𝑀𝑉\operatorname{Hdg}_{i}(M,V) a pour seul point de rupture qisubscript𝑞𝑖q_{i}, voir figure 3.

Figure 3. Polygone Hdg(Mi/VMi1)Hdgsubscript𝑀𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1\operatorname{Hdg}(M_{i}/VM_{i-1})
qisubscript𝑞𝑖q_{i}hh11100

Choisissons qi,isubscript𝑞𝑖𝑖q_{i},i\!\in\!\mathcal{I}, une abscisse de rupture, et posons

ki=j:qjqi(qiqj).subscript𝑘𝑖subscript:𝑗subscript𝑞𝑗subscript𝑞𝑖subscript𝑞𝑖subscript𝑞𝑗k_{i}=\sum_{j:q_{j}\leq q_{i}}(q_{i}-q_{j}).

L’ordonnée sur Hdg𝒪(M)subscriptHdg𝒪𝑀\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(M) du point de rupture d’abscisse qisubscript𝑞𝑖q_{i} est ki/fsubscript𝑘𝑖𝑓k_{i}/f. En effet, {IEEEeqnarray*}cclcc Hdg_O(M)(q_i) &= 1f ∑_j ∈I Hdg(M_j/VM_j-1)(q_i)
= 1f ( ∑_q_j ≤q_i ⏟Hdg(M_j/VM_j-1)(q_i)_q_i-q_j + ∑_q_j > q_i ⏟Hdg(M_j/VM_j-1)(q_i)_0) = kif.

On a alors le lemme suivant,

Lemme 3.18.

Si qi<qi0subscript𝑞𝑖subscript𝑞subscript𝑖0q_{i}<q_{i_{0}}, alors comme réseaux dans qi0Mi[1p]superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝑀𝑖delimited-[]1𝑝\bigwedge^{q_{i_{0}}}M_{i}[\frac{1}{p}],

qi0VMi+1pqi0qiqi0Mi.superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀𝑖1superscript𝑝subscript𝑞subscript𝑖0subscript𝑞𝑖superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝑀𝑖\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i+1}\subset p^{q_{i_{0}}-q_{i}}\bigwedge^{q_{i_{0}}}M_{i}.

Cela découle du lemme d’algèbre linéaire suivant (voir la démonstration de la proposition 4.6),

Lemme 3.19.

Soit A𝐴A un anneau, et M𝑀M un A𝐴A-module, muni d’une filtration à un cran, c’est-à-dire un sous module NM𝑁𝑀N\subset M. On a une filtration sur nMsuperscript𝑛𝑀\bigwedge^{n}M, compatible à la précédente, donnée par,

0<in,Fili(nM)=Im(iNniMnM).formulae-sequencefor-all0𝑖𝑛superscriptFil𝑖superscript𝑛𝑀Imsuperscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖𝑀superscript𝑛𝑀\forall 0<i\leq n,\operatorname{Fil}^{i}\left(\bigwedge^{n}M\right)=\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}M\longrightarrow\bigwedge^{n}M\right).

Il existe alors une application surjective,

iNniM/NGri(nM).superscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖𝑀𝑁superscriptGr𝑖superscript𝑛𝑀\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}\raise 0.0pt\hbox{$M$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$N$}\longrightarrow\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}M\right).

De plus, c’est un isomorphisme si M𝑀M est projectif de type fini et N𝑁N est localement facteur direct.

Démonstration.

On vérifie directement que l’application surjective,

iNniMGri(nM),superscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖𝑀superscriptGr𝑖superscript𝑛𝑀\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}M\longrightarrow\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}M\right),

se factorise par,

iNniM/NGri(nM).superscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖𝑀𝑁superscriptGr𝑖superscript𝑛𝑀\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}\raise 0.0pt\hbox{$M$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$N$}\longrightarrow\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}M\right).

Si de plus (localement) M𝑀M est libre, et N𝑁N un sous-module facteur direct, M=NN𝑀direct-sum𝑁superscript𝑁M=N\oplus N^{\prime}, alors

Gri(nM)=Im(iNniNnM)iNniN.superscriptGr𝑖superscript𝑛𝑀Imsuperscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖superscript𝑁superscript𝑛𝑀similar-to-or-equalssuperscript𝑖tensor-product𝑁superscript𝑛𝑖superscript𝑁\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}M\right)=\operatorname{Im}(\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}N^{\prime}\longrightarrow\bigwedge^{n}M)\simeq\bigwedge^{i}N\otimes\bigwedge^{n-i}N^{\prime}.\qed
Corollaire 3.20.

L’application,

Vf:qi0Mi0qi0VMi0+1,:superscript𝑉𝑓superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝑀subscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01V^{f}:\bigwedge^{q_{i_{0}}}M_{i_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i_{0}+1},

est divisible par pki0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝑖0p^{k_{i_{0}}}, c’est à dire se factorise par,

pki0qi0VMi0+1.superscript𝑝subscript𝑘subscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01p^{k_{i_{0}}}\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i_{0}+1}.

Comme VMi0+1𝑉subscript𝑀subscript𝑖01VM_{i_{0}+1} est libre sur W(k)𝑊𝑘W(k), qui est sans p𝑝p-torsion, on en déduit une factorisation,

qi0Mi0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝑀subscript𝑖0{\bigwedge^{q_{i_{0}}}M_{i_{0}}}qi0VMi0+1superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01{\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i_{0}+1}}qi0VMi0+1superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01{\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i_{0}+1}}Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}ζ0subscript𝜁0\zeta_{0}pki0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝑖0p^{k_{i_{0}}}

On vérifie de plus que l’application ζ0subscript𝜁0\zeta_{0} envoie bien,

Ker(qi0VMi0+1qi0VMi0+1/pMi0qi0ωGD,i0),Kersuperscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0𝑉subscript𝑀subscript𝑖01𝑝subscript𝑀subscript𝑖0similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0\operatorname{Ker}\left(\bigwedge^{q_{i_{0}}}VM_{i_{0}+1}\longrightarrow\bigwedge^{q_{i_{0}}}\raise 0.0pt\hbox{$VM_{i_{0}+1}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$pM_{i_{0}}$}\simeq\bigwedge^{q_{i_{0}}}\omega_{G^{D},i_{0}}\right),

dans lui même. On en déduit une application FrobfsuperscriptFrob𝑓\operatorname{Frob}^{-f}-linéaire,

Ha~i0:qi0ωGD,i0qi0ωGD,i0.:subscript~Hasubscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i_{0}}:\bigwedge^{q_{i_{0}}}\omega_{G^{D},i_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{i_{0}}}\omega_{G^{D},i_{0}}.

C’est-à-dire une application linéaire,

Ha~i0:qi0ωGD,i0qi0ωGD,i0(pf)(detωGD,i0)pf,:subscript~Hasubscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0superscriptsubscript𝑞subscript𝑖0superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0superscript𝑝𝑓similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i_{0}}:\bigwedge^{q_{i_{0}}}\omega_{G^{D},i_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{i_{0}}}\omega_{G^{D},i_{0}}^{(p^{f})}\simeq(\det\omega_{G^{D},i_{0}})^{\otimes p^{f}},
Définition 3.21.

On appelle Invariant de Hasse partiel de G𝐺G en i0subscript𝑖0i_{0} la section,

Ha~i0(G)det(ωGD,i0)(pf1),subscript~Hasubscript𝑖0𝐺superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖0tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i_{0}}(G)\!\in\!\det\left(\omega_{G^{D},i_{0}}\right)^{\otimes(p^{f}-1)},

associée au morphisme précédent.

L’invariant de Hasse ainsi défini mesure bien le défaut de contact des polygones de Hodge et Newton en l’abscisse qi0subscript𝑞subscript𝑖0q_{i_{0}}, au sens de la proposition suivante.

Proposition 3.22.

Soit G𝐺G un groupe p𝑝p-divisible comme précédemment, et i𝑖i\!\in\!\mathcal{I}. Les conditions suivantes sont alors équivalentes,

  1. (1)

    Les polygones 𝒩ewt𝒪(G)subscript𝒩ewt𝒪𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G) et Hdg𝒪(G)subscriptHdg𝒪𝐺\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(G) ont un point de contact en l’abscisse qisubscript𝑞𝑖q_{i}.

  2. (2)

    L’invariant de Hasse partiel, Ha~i(G)subscript~Ha𝑖𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i}(G), est inversible.

Démonstration.

Notons K=W(k)[1p]𝐾𝑊𝑘delimited-[]1𝑝K=W(k)[\frac{1}{p}]. On a

𝒩ewt𝒪(G)=1f𝒩ewt(MiK,Vf).subscript𝒩ewt𝒪𝐺1𝑓𝒩ewttensor-productsubscript𝑀𝑖𝐾superscript𝑉𝑓\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G)=\frac{1}{f}\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}(M_{i}\otimes K,V^{f}).

D’après Katz, cf [Kat79a] 1.3.4, 𝒩ewt𝒪(G)subscript𝒩ewt𝒪𝐺\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(G) a un point de rupture en l’abscisse qisubscript𝑞𝑖q_{i} qui touche le polygone Hdg𝒪(G)subscriptHdg𝒪𝐺\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(G), si et seulement si, l’isocristal,

(qiMiK,pkiVf),superscriptsubscript𝑞𝑖tensor-productsubscript𝑀𝑖𝐾superscript𝑝subscript𝑘𝑖superscript𝑉𝑓(\bigwedge^{q_{i}}M_{i}\otimes K,p^{-k_{i}}V^{f}),

a une pente 0 avec multiplicité non nulle. Notons

Λ=(qiVMi1,pkiVf),Λsuperscriptsubscript𝑞𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1superscript𝑝subscript𝑘𝑖superscript𝑉𝑓\Lambda=(\bigwedge^{q_{i}}VM_{i-1},p^{-k_{i}}V^{f}),

qui est un réseau (un cristal) dans (qiMiK,pkiVf)superscriptsubscript𝑞𝑖tensor-productsubscript𝑀𝑖𝐾superscript𝑝subscript𝑘𝑖superscript𝑉𝑓(\bigwedge^{q_{i}}M_{i}\otimes K,p^{-k_{i}}V^{f}), et écrivons,

Λ=ΛetΛnilp.Λdirect-sumsuperscriptΛ𝑒𝑡superscriptΛ𝑛𝑖𝑙𝑝\Lambda=\Lambda^{et}\oplus\Lambda^{nilp}.

Il suffit de vérifier que Λet0superscriptΛ𝑒𝑡0\Lambda^{et}\neq 0 si et seulement si Ha~isubscript~Ha𝑖\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i} est inversible. On a la suite exacte,

0Im(pMiqi1VMi1qiVMi1)qiVMi1Λ𝜋qiVMi1/pMi0.0Imtensor-product𝑝subscript𝑀𝑖superscriptsubscript𝑞𝑖1𝑉subscript𝑀𝑖1superscriptsubscript𝑞𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1subscriptsuperscriptsubscript𝑞𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1Λ𝜋superscriptsubscript𝑞𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1𝑝subscript𝑀𝑖00\longrightarrow\operatorname{Im}\left(pM_{i}\otimes\bigwedge^{q_{i}-1}VM_{i-1}\longrightarrow\bigwedge^{q_{i}}VM_{i-1}\right)\longrightarrow\underbrace{\bigwedge^{q_{i}}VM_{i-1}}_{\Lambda}\overset{\pi}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{i}}\raise 0.0pt\hbox{$VM_{i-1}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$pM_{i}$}\longrightarrow 0.

Notons N=Kerπ𝑁Ker𝜋N=\operatorname{Ker}\pi le premier module. Le module quotient est de dimension 1 sur k𝑘k, et le morphisme semi-linéaire pkiVf=φsuperscript𝑝subscript𝑘𝑖superscript𝑉𝑓𝜑p^{-k_{i}}V^{f}=\varphi qui agit dessus n’est autre que Ha~isubscript~Ha𝑖\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i}. Or on sait que (par exemple par la remarque 4.8, mais on peut le déduire facilement du lemme 3.18),

φ(N)pΛ,𝜑𝑁𝑝Λ\varphi(N)\subset p\Lambda,

et donc NΛnilp𝑁superscriptΛ𝑛𝑖𝑙𝑝N\subset\Lambda^{nilp}, et π(Λet)𝜋superscriptΛ𝑒𝑡\pi(\Lambda^{et}) est un sous-module de

qiVMi1/pMi,superscriptsubscript𝑞𝑖𝑉subscript𝑀𝑖1𝑝subscript𝑀𝑖\bigwedge^{q_{i}}\raise 0.0pt\hbox{$VM_{i-1}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$pM_{i}$},

sur lequel φ=Ha~i𝜑subscript~Ha𝑖\varphi=\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i} est inversible. Or ce dernier espace est un k𝑘k-espace vectoriel de dimension 1, donc Ha~isubscript~Ha𝑖\widetilde{\operatorname{Ha}}_{i} est inversible si et seulement si Λet0superscriptΛ𝑒𝑡0\Lambda^{et}\neq 0. ∎

4. Construction dans le cas d’une base lisse

Soit comme dans l’introduction 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F} non ramifié, et G/S𝐺𝑆G/S un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r, on suppose cette fois de plus que S𝑆S est un schéma lisse sur Spec(κF)Specsubscript𝜅𝐹\operatorname{Spec}(\kappa_{F}), de caractéristique p𝑝p, tel que les dimensions des modules localement libres ωG,τsubscript𝜔𝐺𝜏\omega_{G,\tau} et ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G^{D},\tau}, pour tout τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, soient constantes sur S𝑆S.

On se place dans le topos cristallin (Zariski) (S/Σ)Crissubscript𝑆Σ𝐶𝑟𝑖𝑠(S/\Sigma)_{Cris}, où Σ=Spec(W(κF))ΣSpec𝑊subscript𝜅𝐹\Sigma=\operatorname{Spec}(W(\kappa_{F})). Soit =xt1(G¯,𝒪S/Σ)𝑥superscript𝑡1¯𝐺subscript𝒪𝑆Σ\mathcal{E}=\mathcal{E}xt^{1}(\underline{G},\mathcal{O}_{S/\Sigma}) le cristal de Dieudonné de G𝐺G, c’est un 𝒪S/Σ/prsubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{r}-module localement libre de rang fini (cf. [BBM82] Théorème 3.3.10 ).

Définition 4.1.

Les faisceaux cristallins 𝒪S/Σsubscript𝒪𝑆Σ\mathcal{O}_{S/\Sigma} et JS/Σsubscript𝐽𝑆ΣJ_{S/\Sigma} vérifient, pour tout objet (U,T,γ)𝑈𝑇𝛾(U,T,\gamma) de Cris(S/Σ)𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣCris(S/\Sigma),

𝒪S/Σ(U,T,γ)=𝒪T,etJS/Σ(U,T,γ)=Ker(𝒪TOU).formulae-sequencesubscript𝒪𝑆Σ𝑈𝑇𝛾subscript𝒪𝑇etsubscript𝐽𝑆Σ𝑈𝑇𝛾Kersubscript𝒪𝑇subscript𝑂𝑈\mathcal{O}_{S/\Sigma}(U,T,\gamma)=\mathcal{O}_{T},\quad\text{et}\quad J_{S/\Sigma}(U,T,\gamma)=\operatorname{Ker}(\mathcal{O}_{T}\twoheadrightarrow O_{U}).

On a un morphisme de topos iS/Σ:SZar(S/Σ)Cris:subscript𝑖𝑆Σsubscript𝑆𝑍𝑎𝑟subscript𝑆Σ𝐶𝑟𝑖𝑠i_{S/\Sigma}:S_{Zar}\longrightarrow(S/\Sigma)_{Cris}SZarsubscript𝑆𝑍𝑎𝑟S_{Zar} est le topos Zariski de S𝑆S, défini par, pour tout (S/Σ)crissubscript𝑆Σ𝑐𝑟𝑖𝑠\mathcal{F}\!\in\!(S/\Sigma)_{cris}, pour tout 𝒢SZar𝒢subscript𝑆𝑍𝑎𝑟\mathcal{G}\!\in\!S_{Zar} et pour tous ouverts US,(U,T,γ)Cris(S/Σ)formulae-sequence𝑈𝑆𝑈𝑇𝛾𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣU\subset S,(U,T,\gamma)\!\in\!Cris(S/\Sigma),

iS/Σ(U)=(U,U,0)etiS/Σ,𝒢(U,T,γ)=𝒢(U).formulae-sequencesuperscriptsubscript𝑖𝑆Σ𝑈𝑈𝑈.0etsubscript𝑖𝑆Σ𝒢𝑈𝑇𝛾𝒢𝑈i_{S/\Sigma}^{*}\mathcal{F}(U)=\mathcal{F}(U,U,0)\quad\text{et}\quad i_{S/\Sigma,*}\mathcal{G}(U,T,\gamma)=\mathcal{G}(U).

On a alors la suite exacte,

0JS/Σ𝒪S/ΣiS/Σ𝒪S0.0subscript𝐽𝑆Σsubscript𝒪𝑆Σsubscript𝑖𝑆Σsubscript𝒪𝑆00\longrightarrow J_{S/\Sigma}\longrightarrow\mathcal{O}_{S/\Sigma}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\mathcal{O}_{S}\longrightarrow 0.

On obtient donc une suite exacte,

0JS/ΣiS/Σ(iS/Σ)0.0subscript𝐽𝑆Σsubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑖𝑆Σ00\longrightarrow J_{S/\Sigma}\mathcal{E}\longrightarrow\mathcal{E}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\left(i_{S/\Sigma}^{*}\mathcal{E}\right)\longrightarrow 0.

Comme \mathcal{E} est un cristal, on a

iS/Σ(iS/Σ)/JS/Σ.similar-to-or-equalssubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑖𝑆Σsubscript𝐽𝑆Σi_{S/\Sigma*}\left(i_{S/\Sigma}^{*}\mathcal{E}\right)\simeq\mathcal{E}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}.

Mais maintenant, on a une filtration (cf [BBM82] Corolaire 3.3.5) de 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-modules,

0ωGD(SidS)ωG0.0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑆id𝑆superscriptsubscript𝜔𝐺00\longrightarrow\omega_{G^{D}}\longrightarrow\mathcal{E}_{(S\overset{\operatorname{id}}{\rightarrow}S)}\longrightarrow\omega_{G}^{\vee}\longrightarrow 0.

On en déduit donc une filtration (cf [BBM82], Corollaire 3.3.5),

0iS/ΣωGDiS/Σ(iS/Σ)iS/ΣωG0.0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑖𝑆Σsubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝜔𝐺00\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D}}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\left(i_{S/\Sigma}^{*}\mathcal{E}\right)\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\omega_{G}^{\vee}\longrightarrow 0.
Définition 4.2.

On définit la filtration de \mathcal{E} comme étant le sous-faisceau sur le site cristallin,

Fil=Ker(/JS/ΣiS/ΣωG).FilKersubscript𝐽𝑆Σsubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝜔𝐺\operatorname{Fil}\mathcal{E}=\operatorname{Ker}(\mathcal{E}\longrightarrow\mathcal{E}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\omega_{G}^{\vee}).

Cette filtration vérifie que,

(/Fil)(SS)=ωGet(Fil)(SS)=ωGD.formulae-sequencesubscriptFil𝑆𝑆superscriptsubscript𝜔𝐺etsubscriptFil𝑆𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷\left(\mathcal{E}/\operatorname{Fil}\mathcal{E}\right)_{(S\rightarrow S)}=\omega_{G}^{\vee}\quad\text{et}\quad\left(\operatorname{Fil}\mathcal{E}\right)_{(S\rightarrow S)}=\omega_{G^{D}}.

On a aussi grâce à l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} sur G𝐺G, des filtrations induites,

FilττFilsubscript𝜏subscript𝜏\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\subset\mathcal{E}_{\tau}

qui vérifient,

(τ/Filτ)(SS)=ωG,τet(Filτ)(SS)=ωGD,τ.formulae-sequencesubscriptsubscript𝜏Filsubscript𝜏𝑆𝑆superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏etsubscriptFilsubscript𝜏𝑆𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\left(\mathcal{E}_{\tau}/\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\right)_{(S\rightarrow S)}=\omega_{G,\tau}^{\vee}\quad\text{et}\quad\left(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\right)_{(S\rightarrow S)}=\omega_{G^{D},\tau}.

On va construire les invariants de Hasse partiels comme sections de certains fibrés en droites, de manière analogue à la construction de l’invariant de Hasse classique d’un groupe p𝑝p-divisible, telle qu’elle est par exemple décrite dans [Far11], section 2.2. On renvoie également à [GN13] pour une construction analogue dans le cas μ𝜇\mu-ordinaires sur les variétés de Shimura. On s’intéresse donc à l’application qτVfsuperscriptsubscript𝑞𝜏superscript𝑉𝑓\bigwedge^{q_{\tau}}V^{f}, que l’on note plutôt Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f},

Vf:qττqττ(pf).:superscript𝑉𝑓superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓V^{f}:\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}.

Dans le but de relier cela à la construction décrite dans la section 3.3, introduisons les sous-faisceaux cristallins,

Fil(qττ)=Im(qτFilτqττ),Filsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏Imsuperscriptsubscript𝑞𝜏Filsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\right)=\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\right),
Fil(qττ(pf))=Im(Fil(qττ)(pf)qττ(pf)).\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}\right)=\operatorname{Im}\left(\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\right)^{(p^{f})}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}\right).
Lemme 4.3.

Soit τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}. L’application

V:qτ0τqτ0σ1τ(p),:𝑉superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝V:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau}^{(p)},

se factorise en,

qτ0τsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}}qτ0σ1τ(p)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau}^{(p)}}Im(qτ0(Filσ1τ)(p)qτ0(σ1τ)(p))Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptFilsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝{\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau})^{(p)}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}(\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau})^{(p)}\right)}V𝑉V
Définition 4.4.

Soit S,R𝑆𝑅S,R deux anneaux et SR𝑆𝑅S\twoheadrightarrow R un épaississement à puissances divisés. Supposons que pR=0𝑝𝑅0pR=0. Soit φ:SS:𝜑𝑆𝑆\varphi:S\longrightarrow S un morphisme. On dit que φ𝜑\varphi est un relèvement fort de Frobenius si φ(s)sp(modp)𝜑𝑠annotatedsuperscript𝑠𝑝pmod𝑝\varphi(s)\equiv s^{p}\pmod{p}. En particulier φ𝜑\varphi relève (faiblement) le Frobenius de R𝑅R, au sens où le diagramme suivant commute,

S𝑆{S}S𝑆{S}R𝑅{R}R𝑅{R}φ𝜑\varphiFrobRsubscriptFrob𝑅\operatorname{Frob}_{R}
Exemple 4.5.

Si R=k𝑅𝑘R=k un corps parfait de caractéristique p𝑝p, et S=W(k)𝑆𝑊𝑘S=W(k), d’ideal JS/R=(p)subscript𝐽𝑆𝑅𝑝J_{S/R}=(p), le Frobenius σ𝜎\sigma de S𝑆S est un relèvement fort de Frobenius.

Si C=p¯^𝐶^¯subscript𝑝C=\widehat{\overline{\mathbb{Q}_{p}}}, R=𝒪C/p𝑅subscript𝒪𝐶𝑝R=\mathcal{O}_{C}/p et S=Acris(𝒪C)𝑆subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠subscript𝒪𝐶S=A_{cris}(\mathcal{O}_{C}), θ:Acris𝒪C/p:𝜃subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠subscript𝒪𝐶𝑝\theta:A_{cris}\longrightarrow\mathcal{O}_{C}/p d’idéal kerθkernel𝜃\ker\theta, qui n’est pas p𝑝p-adique, mais le Frobenius φ𝜑\varphi de Acrissubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris} est un relèvement fort de Frobenius.

Si R=k𝑅𝑘R=k un corps parfait de caractéristique p𝑝p, et S=k[T]/(Tp)𝑆𝑘delimited-[]𝑇superscript𝑇𝑝S=k[T]/(T^{p}) muni de ses puissances divisées canoniques, alors φ:SS:𝜑𝑆𝑆\varphi:S\longrightarrow S tel que φ(x)=xp𝜑𝑥superscript𝑥𝑝\varphi(x)=x^{p} pour xk𝑥𝑘x\!\in\!k et φ(T)=T𝜑𝑇𝑇\varphi(T)=T, n’est pas un relèvement fort de Frobenius sur S𝑆S.

À partir de maintenant on fixe un τ0subscript𝜏0\tau_{0}\!\in\!\mathcal{I}.

Proposition 4.6.

Si qτ<qτ0subscript𝑞𝜏subscript𝑞subscript𝜏0q_{\tau}<q_{\tau_{0}}, alors,

Im(qτ0Filτqτ0τ)JS/Σqτ0qτqτ0τ.Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏superscriptsubscript𝐽𝑆Σsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\right)\subset J_{S/\Sigma}^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}.

Si de plus (U,T,γ)𝑈𝑇𝛾(U,T,\gamma) est un ouvert qui est un épaississement p𝑝p-adique, ou bien tel qu’il existe φ:TT:𝜑𝑇𝑇\varphi:T\longrightarrow T un relèvement fort de Frobenius, alors,

Im(qτ0(Filτ)(U,T,γ)(p)(qτ0τ)(U,T,γ)(p))pqτ0qτ(qτ0τ)(U,T,γ)(p).Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptFilsubscript𝜏𝑝𝑈𝑇𝛾superscriptsubscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏𝑈𝑇𝛾𝑝superscript𝑝subscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏superscriptsubscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏𝑈𝑇𝛾𝑝\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau})^{(p)}_{(U,T,\gamma)}\longrightarrow\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\right)_{(U,T,\gamma)}^{(p)}\right)\subset p^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\right)_{(U,T,\gamma)}^{(p)}.
Démonstration.

On utilise le fait précédent, 3.19, qui se transpose aux faisceaux cristallins : soit (UT)Cris(S/Σ)𝑈𝑇𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆Σ(U\hookrightarrow T)\!\in\!Cris(S/\Sigma), alors on a un morphisme surjectif,

iJS/Στ(UT)𝒪TniFilτ(UT)/JS/Στ(UT)Gri(n(Filτ)(UT))superscript𝑖subscripttensor-productsubscript𝒪𝑇subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏𝑈𝑇superscript𝑛𝑖Filsubscriptsubscript𝜏𝑈𝑇subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏𝑈𝑇superscriptGr𝑖superscript𝑛subscriptFilsubscript𝜏𝑈𝑇\bigwedge^{i}J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}_{(U\hookrightarrow T)}\otimes_{\mathcal{O}_{T}}\bigwedge^{n-i}\operatorname{Fil}\mathcal{E_{\tau}}_{(U\hookrightarrow T)}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}_{(U\hookrightarrow T)}\twoheadrightarrow\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau})_{(U\hookrightarrow T)}\right)

par le fait 3.19. Or le foncteur faisceau associé est un foncteur exact, [SGA72], 4.4.1, donc, dans 𝒪S/Σsubscript𝒪𝑆Σ\mathcal{O}_{S/\Sigma}-Mod, on a un épimorphisme,

iJS/Στ𝒪S/ΣniFilτ/JS/ΣτGri(n(Filτ)).superscript𝑖subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆Σsubscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏superscript𝑛𝑖Filsubscript𝜏subscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏superscriptGr𝑖superscript𝑛Filsubscript𝜏\bigwedge^{i}J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}\otimes_{\mathcal{O}_{S/\Sigma}}\bigwedge^{n-i}\operatorname{Fil}\mathcal{E_{\tau}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}\twoheadrightarrow\operatorname{Gr}^{i}\left(\bigwedge^{n}(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau})\right).

Appliquons alors cela avec n=qτ0𝑛subscript𝑞subscript𝜏0n=q_{\tau_{0}} et 0i<qτ0qτ0𝑖subscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏0\leq i<q_{\tau_{0}}-q_{\tau} (i.e. qτ0qτ0i>qτsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞subscript𝜏0𝑖subscript𝑞𝜏q_{\tau_{0}}\geq q_{\tau_{0}}-i>q_{\tau}). On a l’isomorphisme,

Filτ/JS/ΣτiS/ΣωGD,τ.similar-to-or-equalsFilsubscript𝜏subscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau}\simeq i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau}.

On en déduit donc,

qτ0iFilτ/JS/Στqτ0iiS/ΣωGD,τiS/Σqτ0iωGD,τ=0,similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0𝑖Filsubscript𝜏subscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0𝑖subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏similar-to-or-equalssubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0𝑖subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏0\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-i}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau}\simeq\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-i}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau}\simeq i_{S/\Sigma*}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-i}\omega_{G^{D},\tau}=0,

car qτ0i>qτ=dim𝒪SωGD,τsubscript𝑞subscript𝜏0𝑖subscript𝑞𝜏subscriptdimensionsubscript𝒪𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏q_{\tau_{0}}-i>q_{\tau}=\dim_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G^{D},\tau}. Tous les gradués considérés sont donc nuls, et on en déduit,

qτ0Filτ=Im(qτ0qτJS/Στ𝒪S/ΣqτFilτqτ0Filτ)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscript𝜏Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆Σsubscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏Filsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscript𝜏\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}=\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}\otimes_{\mathcal{O}_{S/\Sigma}}\bigwedge^{q_{\tau}}\operatorname{Fil}\mathcal{E_{\tau}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\right)

et donc, en prenant l’image dans qτ0τsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau},

Im(qτ0Filτqτ0τ)=Im(qτ0qτJS/Στ𝒪S/ΣqτFilτqτ0τ)JS/Σqτ0qτqτ0τ.Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏Imsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆Σsubscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏Filsubscript𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏superscriptsubscript𝐽𝑆Σsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜏\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\right)=\operatorname{Im}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}J_{S/\Sigma}\mathcal{E_{\tau}}\otimes_{\mathcal{O}_{S/\Sigma}}\bigwedge^{q_{\tau}}\operatorname{Fil}\mathcal{E_{\tau}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}\right)\subset J_{S/\Sigma}^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}.

Soit (U,T,γ)𝑈𝑇𝛾(U,T,\gamma) un ouvert de Cris(S/Σ)𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣCris(S/\Sigma). Si l’épaississement est p𝑝p-adique, alors JS/Σ(U,T,γ)=p𝒪Tsubscript𝐽𝑆Σ𝑈𝑇𝛾𝑝subscript𝒪𝑇J_{S/\Sigma}(U,T,\gamma)=p\mathcal{O}_{T} et donc la seconde assertion découle de précédemment (même sans tordre par le Frobenius de S𝑆S). Supposons donc qu’il existe φ𝜑\varphi sur 𝒪Tsubscript𝒪𝑇\mathcal{O}_{T} qui relève fortement le Frobenius, c’est-à-dire que pour tout x𝒪T𝑥subscript𝒪𝑇x\!\in\!\mathcal{O}_{T}, φ(x)xp(modp𝒪T)𝜑𝑥annotatedsuperscript𝑥𝑝pmod𝑝subscript𝒪𝑇\varphi(x)\equiv x^{p}\pmod{p\mathcal{O}_{T}}. Or si xJS/Σ(U,T,γ)𝑥subscript𝐽𝑆Σ𝑈𝑇𝛾x\!\in\!J_{S/\Sigma}(U,T,\gamma), alors xp=p!γp(x)superscript𝑥𝑝𝑝subscript𝛾𝑝𝑥x^{p}=p!\gamma_{p}(x). Donc si xJS/Σ(U,T,γ)𝑥subscript𝐽𝑆Σ𝑈𝑇𝛾x\!\in\!J_{S/\Sigma}(U,T,\gamma), alors φ(x)p𝒪T𝜑𝑥𝑝subscript𝒪𝑇\varphi(x)\!\in\!p\mathcal{O}_{T}, on en déduit donc le résultat en tordant par φ𝜑\varphi la première assertion. ∎

Corollaire 4.7.

L’application

Vf:qτ0τ0Fil(qτ0τ0(pf)):superscript𝑉𝑓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓V^{f}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)

est divisible par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}} sur les épaississements (U,T,δ)𝑈𝑇𝛿(U,T,\delta), p𝑝p-adiques ou munis d’un relèvement fort de Frobenius au sens de la proposition précédente, où,

kτ0=qτ<qτ0qτ0qτ.subscript𝑘subscript𝜏0subscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏k_{\tau_{0}}=\sum_{q_{\tau}<q_{\tau_{0}}}q_{\tau_{0}}-q_{\tau}.

C’est-à-dire que son image est incluse dans

pkτ0Fil(qτ0τ0(pf))(U,T,δ).p^{k_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)_{(U,T,\delta)}.
Démonstration.

Considérons la décomposition suivante du morphisme Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f},

qτ0Filτ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}}qτ0Filσ1τ0(p)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsuperscriptsubscriptsuperscript𝜎1subscript𝜏0𝑝{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau_{0}}^{(p)}}{{\dots}}qτ0Filσf+1τ0(pf1)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsuperscriptsubscriptsuperscript𝜎𝑓1subscript𝜏0superscript𝑝𝑓1{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\sigma^{-f+1}\tau_{0}}^{(p^{f-1})}}qτ0Filτ0(pf)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsuperscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}}qτ0τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}}qτ0σ1τ0(p)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsuperscript𝜎1subscript𝜏0𝑝{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau_{0}}^{(p)}}{{\dots}}qτ0σf+1τ0(pf1)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsuperscript𝜎𝑓1subscript𝜏0superscript𝑝𝑓1{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\sigma^{-f+1}\tau_{0}}^{(p^{f-1})}}qτ0τ0(pf)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}}V𝑉VV𝑉VV𝑉VV𝑉VV𝑉VV𝑉V

De plus, d’après la proposition précédente, pour tout τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I} tel que qτ<qτ0subscript𝑞𝜏subscript𝑞subscript𝜏0q_{\tau}<q_{\tau_{0}}, la flèche verticale se factorise en fait sur les ouverts considérés, par,

qτ0Filτ(pr)pqτ0qτqτ0τ(pr).superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑟superscript𝑝subscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑟\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{r})}\longrightarrow p^{q_{\tau_{0}}-q_{\tau}}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{r})}.

La commutativité des triangles est donnée par la proposition 4.3. On en déduit donc que l’application Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} sur qτ0τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}, se factorise sur les ouverts (U,T,δ)𝑈𝑇𝛿(U,T,\delta) comme dans l’énoncé, par

Vf:qτ0τ0pkτ0Filqτ0τ0(pf).:superscript𝑉𝑓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓V^{f}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow p^{k_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}.\qed
Remarque 4.8.

En fait on a montré un peu plus fort, c’est-à-dire que sur ces ouverts l’application

Vf1:qτ0τ0(qτ0τ0(pf1)),:superscript𝑉𝑓1superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓1V^{f-1}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f-1})}\right),

est divisible par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}.

Théoreme 4.9.

Supposons S𝑆S lisse et r>kτ0𝑟subscript𝑘subscript𝜏0r>k_{\tau_{0}}. Il existe une unique application entre faisceaux cristallins,

φτ0:(qτ0τ0)𝒪S/Σ/prkτ0Fil(qτ0τ0(pf))𝒪S/Σ/prkτ0,:subscript𝜑subscript𝜏0tensor-productsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0tensor-productFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓subscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}}:\displaystyle\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)\otimes\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\longrightarrow\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)\otimes\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{r-k_{\tau_{0}}},

telle que pkτ0φτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0subscript𝜑subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}\varphi_{\tau_{0}} s’étende en l’application Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}, modulo prsuperscript𝑝𝑟p^{r}, de la remarque précédente.

Démonstration.

Il suffit de prouver l’existence et l’unicité de φτ0subscript𝜑subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}} localement, l’unicité locale impliquera alors automatiquement que la construction se recolle, et donc l’existence globale. Supposons S𝑆S affine (et lisse) sur Σ1subscriptΣ1\Sigma_{1}, alors il existe un carré cartésien,

S𝑆{S}Ssubscript𝑆{S_{\infty}}Spec(κF)Specsubscript𝜅𝐹{\operatorname{Spec}(\kappa_{F})}ΣΣ{\Sigma}lisse

SΣ=Spec(W(κF))subscript𝑆ΣSpec𝑊subscript𝜅𝐹S_{\infty}\longrightarrow\Sigma=\operatorname{Spec}(W(\kappa_{F})) est lisse. Notons Sr=S×Spec(W(κF)/pr)subscript𝑆𝑟subscript𝑆Spec𝑊subscript𝜅𝐹superscript𝑝𝑟S_{r}=S_{\infty}\times\operatorname{Spec}(W(\kappa_{F})/p^{r}). Par lissité de Srsubscript𝑆𝑟S_{r}, pr1𝒪Sr0superscript𝑝𝑟1subscript𝒪subscript𝑆𝑟0p^{r-1}\mathcal{O}_{S_{r}}\neq 0, et l’épaississement (SS)𝑆subscript𝑆(S\hookrightarrow S_{\infty}) est p𝑝p-adique.

D’après [BO78] Théorème 6.6, considérons (M,)𝑀(M,\nabla) le 𝒪Ssubscript𝒪subscript𝑆\mathcal{O}_{S_{\infty}}-module à connexion associé à qτ0τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}, c’est à dire,

M=(qτ0τ0)(SS).𝑀subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑆subscript𝑆M=\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}.

C’est un 𝒪Srsubscript𝒪subscript𝑆𝑟\mathcal{O}_{S_{r}}-module localement libre, car G𝐺G est un groupe de Barsotti-Tate tronqué de rang r𝑟r (cf. [BBM82] Théorème 3.3.10). Le morphisme

Vf:MM(pf):superscript𝑉𝑓𝑀superscript𝑀superscript𝑝𝑓V^{f}:M\longrightarrow M^{(p^{f})}

est divisible par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}, d’après le corollaire 4.7, donc il existe

ψ:MM(pf)tel que pkτ0ψ=Vf.:𝜓formulae-sequence𝑀superscript𝑀superscript𝑝𝑓tel que superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0𝜓superscript𝑉𝑓\psi:M\longrightarrow M^{(p^{f})}\quad\text{tel que }p^{k_{\tau_{0}}}\psi=V^{f}.

De plus, ψ𝜓\psi est unique modulo prkτ0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0p^{r-k_{\tau_{0}}} car M(pf)superscript𝑀superscript𝑝𝑓M^{(p^{f})} est localement libre sur 𝒪Srsubscript𝒪subscript𝑆𝑟\mathcal{O}_{S_{r}}. Et pour que ψ𝜓\psi donne un morphisme de cristaux, il faut qu’il soit compatible aux connexions de M𝑀M et M(pf)superscript𝑀superscript𝑝𝑓M^{(p^{f})}. Or il l’est après multiplication par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}, et M𝑀M est localement libre sur 𝒪Srsubscript𝒪subscript𝑆𝑟\mathcal{O}_{S_{r}}, donc ψ𝜓\psi est compatible aux connexions au moins après réduction modulo prkτ0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0p^{r-k_{\tau_{0}}}, c’est-à-dire que,

ψ¯:M/prkτ0MM(pf)/prkτ0M(pf):¯𝜓𝑀superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝑀superscript𝑀superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0superscript𝑀superscript𝑝𝑓\overline{\psi}:M/p^{r-k_{\tau_{0}}}M\longrightarrow M^{(p^{f})}/p^{r-k_{\tau_{0}}}M^{(p^{f})}

est compatible aux connexions. On en déduit donc, toujours par [BO78] Théorème 6.6, un unique morphisme de cristaux,

ψ¯:qτ0τ0/prkτ0qτ0τ0(pf)/prkτ0.:¯𝜓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\overline{\psi}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}.
Lemme 4.10.

Le morphisme précédemment construit,

ψ¯:qτ0τ0/prkτ0qτ0τ0(pf)/prkτ0,:¯𝜓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\overline{\psi}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}},

se factorise (à l’arrivée) par,

φτ0:qτ0τ0/prkτ0Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0.:subscript𝜑subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}}:\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\longrightarrow\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}.
Démonstration.

[Lemme] Malheureusement le faisceau cristallin par lequel on veut factoriser n’est pas un cristal, on va donc montrer la factorisation sur chaque épaississement (UT,δ)𝑈𝑇𝛿(U\hookrightarrow T,\delta) de Cris(S/Σ)𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣCris(S/\Sigma). La factorisation est vraie pour Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}, d’après le corollaire 3.3. De plus pour l’épaississement à puissances divisées (SS)𝑆subscript𝑆(S\hookrightarrow S_{\infty}) d’idéal p𝒪S𝑝subscript𝒪subscript𝑆p\mathcal{O}_{S_{\infty}},

(Filqτ0τ0)(SS)et(Filqτ0τ0(pf))(SS),subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑆subscript𝑆etsubscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}\quad\text{et}\quad\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})},

ne sont pas des 𝒪Srsubscript𝒪subscript𝑆𝑟\mathcal{O}_{S_{r}}-modules localement libres, mais on peut diviser comme précédemment, d’après le corollaire 4.7 et la remarque 4.8, le morphisme de cristaux,

Vf1:(qτ0τ0)(SSr)(qτ0τ0(pf1))(SS),:superscript𝑉𝑓1subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑆subscript𝑆𝑟subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓1subscript𝜏0𝑆subscript𝑆V^{f-1}:\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{r})}\longrightarrow\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f-1})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})},

par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}, car (qτ0τ0(pf1))superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓1subscript𝜏0\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f-1})}_{\tau_{0}}\right) est un cristal, et en composant avec la flèche, cf proposition 4.3,

V:(qτ0τ0(pf1))(SS)(Filqτ0τ0(pf))(SS),:𝑉subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓1subscript𝜏0𝑆subscript𝑆subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆V:\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f-1})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}\longrightarrow\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})},

on obtient un morphisme entre les espaces désirés,

(φτ0)(SS):(qτ0τ0/prkτ0)(SS)(Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0)(SS).:subscriptsubscript𝜑subscript𝜏0𝑆subscript𝑆subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝑆subscript𝑆subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝑆subscript𝑆(\varphi_{\tau_{0}})_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}:\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}\longrightarrow\left(\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}.

De plus si on compose ce dernier morphisme par,

(Filqτ0τ0(pf))(SS)(qτ0τ0(pf))(SS),subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}\subset\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})},

et par l’unicité de ψ¯¯𝜓\overline{\psi}, on en déduit que ψ¯(SS)subscript¯𝜓𝑆subscript𝑆\overline{\psi}_{(S\hookrightarrow S_{\infty})} se factorise comme voulu.

Mais maintenant soit (UT,δ)𝑈𝑇𝛿(U\hookrightarrow T,\delta) un épaississement quelconque de Cris(S/Σ)𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣCris(S/\Sigma) avec U𝑈U et T𝑇T affines. Comme Ssubscript𝑆S_{\infty} est lisse, il existe un morphisme u𝑢u s’insérant dans le diagramme suivant,

U𝑈{U}T𝑇{T}S𝑆{S}Ssubscript𝑆{S_{\infty}}ΣΣ{\Sigma}u𝑢u

Par propriété universelle de l’enveloppe à puissances divisées (qui est ici Ssubscript𝑆S_{\infty} puisque cet espace est lisse sur ΣΣ\Sigma), on a que u𝑢u est un morphisme dans Cris(S/Σ)𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆ΣCris(S/\Sigma). Comme ψ¯¯𝜓\overline{\psi} est un morphisme de cristal, il vérifie que le diagramme suivant commute,

(qτ0τ0)(UT)/prkτ0subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑈𝑇superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0{\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(U\hookrightarrow T)}/p^{r-k_{\tau_{0}}}}(qτ0τ0(pf))(UT)/prkτ0subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑈𝑇superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0{\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(U\hookrightarrow T)}/p^{r-k_{\tau_{0}}}}u(qτ0τ0)(SS)/prkτ0superscript𝑢subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑆subscript𝑆superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0{u^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}/p^{r-k_{\tau_{0}}}}u(qτ0τ0(pf))(SS)/prkτ0superscript𝑢subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0{u^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}/p^{r-k_{\tau_{0}}}}ρusuperscriptsubscript𝜌𝑢\rho_{u}^{\prime}similar-to-or-equals\simequψ¯superscript𝑢¯𝜓u^{*}{\overline{\psi}}ρusuperscriptsubscript𝜌𝑢\rho_{u}^{\prime}similar-to-or-equals\simeqψ¯(UT)subscript¯𝜓𝑈𝑇{\overline{\psi}}_{(U\hookrightarrow T)}

Mais on vient de montrer qu’on peut factoriser la flèche du bas, et donc on en déduit une factorisation,

(qτ0τ0)(UT)subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑈𝑇{\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(U\hookrightarrow T)}}(Filqτ0τ0(pf))(UT)subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑈𝑇{\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(U\hookrightarrow T)}}(qτ0τ0(pf))(UT)subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑈𝑇{\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(U\hookrightarrow T)}}u(qτ0τ0)(SS)superscript𝑢subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0𝑆subscript𝑆{u^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}}u(Filqτ0τ0(pf))(SS)superscript𝑢subscriptFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆{u^{*}\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}}u(qτ0τ0(pf))(SS)superscript𝑢subscriptsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0𝑆subscript𝑆{u^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}}ρusuperscriptsubscript𝜌𝑢\rho_{u}^{\prime}similar-to-or-equals\simeqρusubscript𝜌𝑢\rho_{u}uφτ0(SS)superscript𝑢subscriptsubscript𝜑subscript𝜏0𝑆subscript𝑆u^{*}{\varphi_{\tau_{0}}}_{(S\hookrightarrow S_{\infty})}ρusuperscriptsubscript𝜌𝑢\rho_{u}^{\prime}similar-to-or-equals\simequiSsuperscript𝑢subscript𝑖subscript𝑆u^{*}i_{S_{\infty}}iTsubscript𝑖𝑇i_{T}φτ0(UT),usubscriptsubscript𝜑subscript𝜏0𝑈𝑇𝑢{\varphi_{\tau_{0}}}_{(U\hookrightarrow T),u}

telle que iTφτ0(UT),u=ψ¯(UT)subscript𝑖𝑇subscriptsubscript𝜑subscript𝜏0𝑈𝑇𝑢subscript¯𝜓𝑈𝑇i_{T}\circ{\varphi_{\tau_{0}}}_{(U\hookrightarrow T),u}=\overline{\psi}_{(U\hookrightarrow T)} ne dépends pas de u𝑢u. Or iTsubscript𝑖𝑇i_{T} est un monomorphisme, donc φτ0(UT),usubscriptsubscript𝜑subscript𝜏0𝑈𝑇𝑢{\varphi_{\tau_{0}}}_{(U\hookrightarrow T),u} ne dépend pas du choix du morphisme

u:TSr,:𝑢𝑇subscript𝑆𝑟u:T\longrightarrow S_{r},

et donc factorise ψ¯(U,T,δ)subscript¯𝜓𝑈𝑇𝛿\overline{\psi}_{(U,T,\delta)}. ∎

Il reste donc à montrer que pour tout morphisme

f:qτ0τ0/prkτ0Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0,:𝑓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0f:\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$}\longrightarrow\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$},

tel que le relevé de pkτ0fsuperscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0𝑓p^{k_{\tau_{0}}}f modulo prsuperscript𝑝𝑟p^{r} soit Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}, alors après composition avec,

i:(Filqτ0τ0(pf))/prkτ0(qτ0τ0(pf)/prkτ0),:𝑖Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0i:\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\subset\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}/p^{r-k_{\tau_{0}}}\right),

if𝑖𝑓i\circ f est le morphisme ψ¯¯𝜓\overline{\psi}. Mais par hypothèse ipkτ0f=pkτ0if𝑖superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0𝑓superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0𝑖𝑓i\circ p^{k_{\tau_{0}}}f=p^{k_{\tau_{0}}}i\circ f est un morphisme de cristaux, donc,

if:qτ0τ0/prkτ0qτ0τ0(pf)/prkτ0,:𝑖𝑓superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0i\circ f:\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$}\longrightarrow\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$},

est un morphisme de cristaux (par [BO78] Théorème 6.6, comme précédemment) qui divise Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}. C’est donc ψ¯¯𝜓\overline{\psi}. Comme i𝑖i est un monomorphisme, cela conclut. ∎

Remarque 4.11.

L’unicité va être centrale dans la suite, elle nous permettra de voir que φτ0subscript𝜑subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}} (et donc dans la suite Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}) vérifie toutes les compatibilités désirées.

Dans le cas où G/S𝐺𝑆G/S est un groupe p𝑝p-divisible (non tronqué), tous les modules sont des psubscript𝑝\mathbb{Z}_{p}-modules libres, et on a bien existence et unicité d’une application,

φτ0:(qτ0τ0)Fil(qτ0τ0(pf)),:subscript𝜑subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓\varphi_{\tau_{0}}:\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)\longrightarrow\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right),

vérifiant que pkτ0φτ0=Vfsuperscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0subscript𝜑subscript𝜏0superscript𝑉𝑓p^{k_{\tau_{0}}}\varphi_{\tau_{0}}=V^{f}.

On voudrait voir φτ0subscript𝜑subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}} comme une application sur qτ0ωGD,τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\omega_{G^{D},\tau_{0}}, pour cela notons ζτ0subscript𝜁subscript𝜏0\zeta_{\tau_{0}} la restriction de φτ0subscript𝜑subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}} a Fil(qτ0τ0),Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right), et considérons,

Fil2τ0=Ker(Fil(qτ0τ0)/prkτ0𝜋qτ0τ0/JS/Στ0),superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0KerFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝜋superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0}}=\operatorname{Ker}\left(\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\overset{\pi}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right),

et notons

Fil2τ0,(pf)=Ker(Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0𝜋qτ0τ0(pf)/JS/Στ0(pf)).superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscript𝑝𝑓KerFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝜋superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0},(p^{f})}=\operatorname{Ker}\left(\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\overset{\pi}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right).

Vérifions tout d’abord que ζτ0subscript𝜁subscript𝜏0\zeta_{\tau_{0}} passe bien au quotient par ces sous-modules :

Proposition 4.12.

Le morphisme cristallin défini précédemment,

ζτ0:Fil(qτ0τ0)/prkτ0Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0,:subscript𝜁subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\zeta_{\tau_{0}}:\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$}\longrightarrow\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$},

passe au quotient par les sous modules Fil2qτ0superscriptsubscriptFil2subscript𝑞subscript𝜏0\operatorname{Fil}_{2}^{q_{\tau_{0}}} et Fil2qτ0,(pf)superscriptsubscriptFil2subscript𝑞subscript𝜏0superscript𝑝𝑓\operatorname{Fil}_{2}^{q_{\tau_{0},(p^{f})}}, c’est à dire que,

ζτ0(Fil2τ0)Fil2τ0,(pf).subscript𝜁subscript𝜏0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscript𝑝𝑓\zeta_{\tau_{0}}(\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0}})\subset\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0},(p^{f})}.
Démonstration.

Par le théorème précédent, il existe un morphisme cristallin,

φτ0:qτ0τ0/prkτ0Fil(qτ0τ0(pf))/prkτ0,:subscript𝜑subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}}:\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$}\longrightarrow\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau_{0}}}$},

qui prolonge ζτ0subscript𝜁subscript𝜏0\zeta_{\tau_{0}} et tel que pkτ0φτ0=Vfsuperscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0subscript𝜑subscript𝜏0superscript𝑉𝑓p^{k_{\tau_{0}}}\varphi_{\tau_{0}}=V^{f}. Regardons le sous-module,

Ker((qτ0τ0)/prkτ0𝜋qτ0τ0/JS/Στ0)=Im(JS/Στ0qτ01τ0(qτ0τ0)/prkτ0).Kersuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝜋superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0Imtensor-productsubscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏01subscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0\operatorname{Ker}\left(\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\overset{\pi}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)=\operatorname{Im}\left(J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\otimes\bigwedge^{q_{\tau_{0}}-1}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\right).

L’application Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} est divisible par pkτ0superscript𝑝subscript𝑘subscript𝜏0p^{k_{\tau_{0}}}, on a donc que l’application φτ0subscript𝜑subscript𝜏0\varphi_{\tau_{0}} restreinte à ce noyau est d’image dans,

JS/Σ(qτ0τ0(pf))/prkτ0=Ker((qτ0τ0(pf))/prkτ0𝜋qτ0τ0(pf)/JS/Στ0(pf)),subscript𝐽𝑆Σsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0Kersuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0superscript𝑝𝑟subscript𝑘subscript𝜏0𝜋superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsuperscriptsuperscript𝑝𝑓subscript𝜏0J_{S/\Sigma}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}=\operatorname{Ker}\left(\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right)/p^{r-k_{\tau_{0}}}\overset{\pi}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}^{(p^{f})}_{\tau_{0}}\right),

donc nulle après projection dans qτ0τ0(pf)/JS/Στ0(pf)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓subscript𝐽𝑆Σsuperscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})}. Donc

ζτ0(Fil2τ0)Fil2τ0,(pf).subscript𝜁subscript𝜏0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscript𝑝𝑓\zeta_{\tau_{0}}(\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0}})\subset\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0},(p^{f})}.\qed

Avant de conclure, réécrivons plus simplement ces quotients.

Lemme 4.13.

On a un isomorphisme,

Fil(qτ0τ0)/Fil2τ0qτ0iS/ΣωGD,τ0.similar-to-or-equalsFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0}}$}\simeq\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}.
Remarque 4.14.

On a la même chose pour τ0(pf)superscriptsubscriptsubscript𝜏0superscript𝑝𝑓\mathcal{E}_{\tau_{0}}^{(p^{f})} en appliquant le lemme à G(pf)superscript𝐺superscript𝑝𝑓G^{(p^{f})}.

Démonstration.

On a une suite exacte,

0JS/Στ0Filτ0iS/ΣωGD,τ00,0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0Filsubscriptsubscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏000\longrightarrow J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}\longrightarrow 0,

on en déduit donc une flèche,

qτ0Filτ0qτ0iS/ΣωGD,τ00.superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏00\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}\longrightarrow 0.

Il faut d’abord voir que cette flèche se factorise par,

Filqτ0τ0.Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}.

Or on a une suite exacte,

0qτ0iS/ΣωGD,τ0qτ0τ0/JS/Στ0qτ0iS/ΣωG,τ00.0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝜔𝐺subscript𝜏000\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma*}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G,\tau_{0}}^{\vee}\longrightarrow 0.

En effet, cette suite est exacte pour tout épaississement (UT)Cris(S/Σ)𝑈𝑇𝐶𝑟𝑖𝑠𝑆Σ(U\hookrightarrow T)\!\in\!Cris(S/\Sigma) car ωGD,τ0𝒪Utensor-productsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0subscript𝒪𝑈{\omega_{G^{D},\tau_{0}}\otimes\mathcal{O}_{U}} est localement facteur direct de τ0,(UidU)subscriptsubscript𝜏0𝑈𝑖𝑑𝑈\mathcal{E}_{\tau_{0},(U\overset{id}{\rightarrow}U)}. Et par définition de Filτ0Filsubscriptsubscript𝜏0\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}} on a un carré commutatif,

qτ0iS/ΣωGD,τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}}qτ0(τ0/JS/Στ0)superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\left(\mathcal{E}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)}qτ0Filτ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}}qτ0τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}}

Donc l’application cherchée se factorise bien,

qτ0Filτ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0Filsubscriptsubscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau_{0}}}qτ0iS/ΣωGD,τ0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0{\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau_{0}}}Fil(qτ0τ0)Filsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0{\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)}π𝜋\pi

Il reste à déterminer le noyau de π𝜋\pi, mais le carré commutatif précédent nous dit que le noyau de π𝜋\pi est exactement,

Ker(Filqτ0τ0qτ0(τ0/JS/Στ0)),KerFilsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscriptsubscript𝜏0subscript𝐽𝑆Σsubscriptsubscript𝜏0\operatorname{Ker}\left(\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\left(\mathcal{E}_{\tau_{0}}/J_{S/\Sigma}\mathcal{E}_{\tau_{0}}\right)\right),

c’est à dire Fil2τ0superscriptsubscriptFil2subscript𝜏0\operatorname{Fil}_{2}^{\tau_{0}}. ∎

Grâce à tout ce qui précède, on a donc construit une application "de Hasse" associée à τ0subscript𝜏0\tau_{0}\!\in\!\mathcal{I}, qui provient de ζτ0subscript𝜁subscript𝜏0\zeta_{\tau_{0}} par passage au quotient,

Haτ0~(G):iS/Σqτ0ωGD,τ0iS/Σqτ0ωGD,τ0(pf).:~subscriptHasubscript𝜏0𝐺subscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0subscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0superscript𝑝𝑓\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau_{0}}}(G):i_{S/\Sigma*}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\omega_{G^{D},\tau_{0}}\longrightarrow i_{S/\Sigma*}\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\omega_{G^{D},\tau_{0}}^{(p^{f})}.

Or le foncteur iS/Σsubscript𝑖𝑆Σi_{S/\Sigma*} est pleinement fidèle, cf [BO78] 5.19, on en déduit donc un morphisme de 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-modules,

Haτ0~(G):qτ0ωGD,τ0qτ0ωGD,τ0(pf).:~subscriptHasubscript𝜏0𝐺superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0superscriptsubscript𝑞subscript𝜏0superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜏0superscript𝑝𝑓\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau_{0}}}(G):\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\omega_{G^{D},\tau_{0}}\longrightarrow\bigwedge^{q_{\tau_{0}}}\omega_{G^{D},\tau_{0}}^{(p^{f})}.
Proposition 4.15.

Soit G/S𝐺𝑆G/S un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r (et supposons toujours S𝑆S lisse). Soit τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}. Supposons donné,

r>s>kτ.𝑟𝑠subscript𝑘𝜏r>s>k_{\tau}.

Alors G[ps]𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑠G[p^{s}] est un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon s<r𝑠𝑟s<r, et

Haτ~(G[ps])=Haτ~(G).~subscriptHa𝜏𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑠~subscriptHa𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G[p^{s}])=\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G).
Démonstration.

Notons G:=G[ps]assignsuperscript𝐺𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑠G^{\prime}:=G[p^{s}], et d’après [BBM82] Théorème 3.3.3, on a,

xtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)=xtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)𝒪S/Σ/ps.𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsuperscript𝐺subscript𝒪𝑆Σtensor-product𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σ𝐺subscript𝒪𝑆Σsubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑠\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})=\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G,\mathcal{O}_{S/\Sigma})\otimes\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{s}.

C’est donc un 𝒪S/Σ/pssubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑠\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{s}-module localement libre, et le carré de cristaux suivant est commutatif,

qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τsuperscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsubscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G,\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}}qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τ(pf)superscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsuperscriptsubscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G,\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}^{(p^{f})}}qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τsuperscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsubscriptsuperscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}}qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τ(pf)superscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsuperscriptsubscriptsuperscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}^{(p^{f})}}Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}

Remarquons aussi que S𝑆S étant de caractéristique p𝑝p, canoniquement,

ωGD=ωGD.subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜔superscript𝐺𝐷\omega_{G^{D}}=\omega_{G^{\prime D}}.

Mais d’après le théorème 4.9, il existe une unique application,

qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τ(modps)φτ(G)qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τ(pf)(modpskτ),\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}\pmod{p^{s}}\overset{\varphi_{\tau}(G^{\prime})}{\longrightarrow}\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}^{(p^{f})}\pmod{p^{s-k_{\tau}}},

qui divise Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}. Donc φτ(G)=φτ(G)(modpskτ).subscript𝜑𝜏superscript𝐺annotatedsubscript𝜑𝜏𝐺pmodsuperscript𝑝𝑠subscript𝑘𝜏\varphi_{\tau}(G^{\prime})=\varphi_{\tau}(G)\pmod{p^{s-k_{\tau}}}. Il suffit ensuite de remarquer que la flèche,

qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τiS/ΣqτωGD,τ,superscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsubscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏subscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G,\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}\twoheadrightarrow i_{S/\Sigma*}\bigwedge^{q_{\tau}}\omega_{G^{D},\tau},

ainsi que ses variantes tordues par Frobenius, se factorise par,

qτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τqτxtS/Σ1(G,𝒪S/Σ)τ.superscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsubscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆Σsubscriptsuperscript𝐺subscript𝒪𝑆Σ𝜏\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G,\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}\twoheadrightarrow\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\Sigma}(G^{\prime},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{\tau}.\qed
Définition 4.16.

Soit G/S𝐺𝑆G/S un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon

r>maxτkτ.𝑟subscript𝜏subscript𝑘𝜏r>\max_{\tau\in\mathcal{I}}k_{\tau}.

Si τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I} est tel que

qτ=dimSωGD,τ=0,.subscript𝑞𝜏subscriptdimension𝑆subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏0q_{\tau}=\dim_{S}\omega_{G^{D},\tau}=0,.

on pose alors,

det(ωGD,τ)=𝒪S,etHaτ~(G)=id.formulae-sequencesubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏subscript𝒪𝑆et~subscriptHa𝜏𝐺id\det(\omega_{G^{D},\tau})=\mathcal{O}_{S},\quad\text{et}\quad\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G)=\operatorname{id}.

On définit l’invariant de Hasse partiel, associé à τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, de G/S𝐺𝑆G/S, par,

Ha~τ(G)Γ(S,det(ωGD,τ)(pf1)),subscript~Ha𝜏𝐺Γ𝑆superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)\!\in\!\Gamma(S,\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)^{\otimes(p^{f}-1)}),

donné par le morphisme Haτ~(G)~subscriptHa𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G) précédent, sous l’identification,

det(ωGD,τ(pf))=det(ωGD,τ)pf.superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscript𝑝𝑓superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\det\left(\omega_{G^{D},\tau}^{(p^{f})}\right)=\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)^{\otimes p^{f}}.

On appelle μ𝜇\mu-invariant de Hasse la section produit des sections Haτ(G)subscriptHa𝜏𝐺\operatorname{Ha}_{\tau}(G), pour τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, c’est à dire,

Haμ~(G)=τHaτ~(G)Γ(S,det(ωGD)(pf1)).~superscriptHa𝜇𝐺subscripttensor-product𝜏~subscriptHa𝜏𝐺Γ𝑆superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G)=\bigotimes_{\tau\in\mathcal{I}}\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G)\!\in\!\Gamma(S,\det(\omega_{G^{D}})^{\otimes(p^{f}-1)}).

D’après la proposition 4.15, cette définition est bien cohérente, et ne dépends que de la pssuperscript𝑝𝑠p^{s}-torsion de G𝐺G, où,

s=maxτkτ+1.𝑠subscript𝜏subscript𝑘𝜏1s=\max_{\tau\in\mathcal{I}}k_{\tau}+1.
Remarque 4.17.

Dans le cas où la base S𝑆S est une variété de Hilbert-Siegel (modulo un p𝑝p de bonne réduction), et A𝐴A est la variété abélienne universelle, on a aussi des invariants de Hasse partiels, donnés par les sections (cf. [AG04] par exemple),

VτΓ(S,det(ωA,σ1τpωA,τ(1)))subscript𝑉𝜏Γ𝑆tensor-productsuperscriptsubscript𝜔𝐴superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝superscriptsubscript𝜔𝐴𝜏tensor-productabsent1V_{\tau}\!\in\!\Gamma(S,\det(\omega_{A,\sigma^{-1}\tau}^{\otimes p}\otimes\omega_{A,\tau}^{\otimes(-1)}))

car les qτsubscript𝑞𝜏q_{\tau} sont tous égaux. Mais ces invariants de Hasse partiels sont différents de ceux défini dans cet article : on a la relation (comme tous les qτsubscript𝑞𝜏q_{\tau} sont égaux, kτ=0subscript𝑘𝜏0k_{\tau}=0) ,

Ha~τ(A[p])=VτVσ1τpVστpf1.subscript~Ha𝜏𝐴delimited-[]superscript𝑝tensor-productsubscript𝑉𝜏superscriptsubscript𝑉superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝superscriptsubscript𝑉𝜎𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(A[p^{\infty}])=V_{\tau}\otimes V_{\sigma^{-1}\tau}^{\otimes p}\otimes\dots\otimes V_{\sigma\tau}^{\otimes p^{f-1}}.

En particulier l’invariant de Hasse partiel Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau} est "moins précis" que Vτsubscript𝑉𝜏V_{\tau}, et il n’est pas réduit dans ce cas.

5. Descente au corps réflexe

Considérons maintenant un schéma S/κF𝑆subscript𝜅𝐹S/\kappa_{F} de caractéristique p𝑝p, et G/S𝐺𝑆G/S un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r muni d’une action de 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}, et de signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}} donnée. Sans donner plus de précision, supposons r𝑟r assez grand (au sens de la section précédente) pour les constructions utilisées aient du sens.

Définition 5.1.

Soit κEsubscript𝜅𝐸\kappa_{E} le plus petit sous-corps de κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F} qui laisse invariante la signature, c’est-à-dire tel que, θGal(κF/κE),τ,formulae-sequencefor-all𝜃Galsubscript𝜅𝐹subscript𝜅𝐸for-all𝜏\forall\theta\in\operatorname{Gal}(\kappa_{F}/\kappa_{E}),\forall\tau\in\mathcal{I},

qτθ=qτ.subscript𝑞𝜏𝜃subscript𝑞𝜏q_{\tau\circ\theta}=q_{\tau}.

Cela nous fixe un plongement, κEκFsubscript𝜅𝐸subscript𝜅𝐹\kappa_{E}\longrightarrow\kappa_{F}. On suppose qu’en plus, S𝑆S et G𝐺G descendent à κEsubscript𝜅𝐸\kappa_{E}, c’est à dire, qu’il existe S0/κEsubscript𝑆0subscript𝜅𝐸S_{0}/\kappa_{E}, et un groupe p𝑝p-divisible (tronqué) muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, noté G0subscript𝐺0G_{0} sur S0subscript𝑆0S_{0}, tel que,

S=S0κEκFetG0×S0S=G,formulae-sequence𝑆subscripttensor-productsubscript𝜅𝐸subscript𝑆0subscript𝜅𝐹etsubscriptsubscript𝑆0subscript𝐺0𝑆𝐺S=S_{0}\otimes_{\kappa_{E}}\kappa_{F}\quad\text{et}\quad G_{0}\times_{S_{0}}S=G,

et l’action sur G𝐺G est donnée par extension des scalaires par celle de G0/S0subscript𝐺0subscript𝑆0G_{0}/S_{0}.

Sur S𝑆S, c’est à dire associé à G𝐺G, on a construit Ha~τ(G)subscript~Ha𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G) pour tout τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}. On voudrait montrer qu’en fait on peut redescendre la construction de l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire à S0subscript𝑆0S_{0}. Soit alors θGal(κF/κE)𝜃Galsubscript𝜅𝐹subscript𝜅𝐸\theta\!\in\!\operatorname{Gal}(\kappa_{F}/\kappa_{E}), et notons,

G(θ)=GκF,θκF=G×S(SκF,θκF).superscript𝐺𝜃subscripttensor-productsubscript𝜅𝐹𝜃𝐺subscript𝜅𝐹subscript𝑆𝐺subscripttensor-productsubscript𝜅𝐹𝜃𝑆subscript𝜅𝐹G^{(\theta)}=G\otimes_{\kappa_{F},\theta}\kappa_{F}=G\times_{S}(S\otimes_{\kappa_{F},\theta}\kappa_{F}).

On a naturellement des isomorphismes,

ρθ:G(θ)G,:subscript𝜌𝜃superscript𝐺𝜃similar-to-or-equals𝐺\rho_{\theta}:G^{(\theta)}\overset{\simeq}{\longrightarrow}G,

qui induisent des isomorphismes,

θ:=xtS(θ)/σ1(G(θ),D,𝒪S(θ)/σ)θxtS/σ1(GD,𝒪S/σ)=θ.assignsubscript𝜃𝑥subscriptsuperscript𝑡1superscript𝑆𝜃𝜎superscript𝐺𝜃𝐷subscript𝒪superscript𝑆𝜃𝜎similar-to-or-equalssuperscript𝜃𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑆𝜎superscript𝐺𝐷subscript𝒪𝑆𝜎superscript𝜃\mathcal{E}_{\theta}:=\mathcal{E}xt^{1}_{S^{(\theta)}/\sigma}(G^{(\theta),D},\mathcal{O}_{S^{(\theta)}/\sigma})\simeq\theta^{*}\mathcal{E}xt^{1}_{S/\sigma}(G^{D},\mathcal{O}_{S/\sigma})=\theta^{*}\mathcal{E}.

ainsi que,

ωG(θ)θωGetωG(θ),D=θωGD.formulae-sequencesimilar-to-or-equalssubscript𝜔superscript𝐺𝜃superscript𝜃subscript𝜔𝐺etsubscript𝜔superscript𝐺𝜃𝐷superscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷\omega_{G^{(\theta)}}\simeq\theta^{*}\omega_{G}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{(\theta),D}}=\theta^{*}\omega_{G^{D}}.

Et donc grâce à l’isomorphisme ρθsubscript𝜌𝜃\rho_{\theta}, on en déduit des isomorphismes,

θ,θωGωGetθωGDωGD.formulae-sequencesimilar-to-or-equalssuperscript𝜃formulae-sequencesimilar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔𝐺subscript𝜔𝐺etsimilar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝜔superscript𝐺𝐷\theta^{*}\mathcal{E}\simeq\mathcal{E},\quad\theta^{*}\omega_{G}\simeq\omega_{G}\quad\text{et}\quad\theta^{*}\omega_{G^{D}}\simeq\omega_{G^{D}}.

Malheureusement, a priori, les composantes correspondant à τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I} ne sont pas préservées par torsion par θ𝜃\theta (et donc le fibré sur S𝑆S, ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G^{D},\tau}, ne redescend pas a priori à S0subscript𝑆0S_{0}). Mais on a des isomorphismes,

(ωG(θ))τ=(θωG)τθ(ωG,τθ)et(ωG(θ),D)τ=(θωGD)τθ(ωGD,τθ).formulae-sequencesubscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝜃𝜏subscriptsuperscript𝜃subscript𝜔𝐺𝜏similar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔𝐺𝜏𝜃etsubscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝜃𝐷𝜏subscriptsuperscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏similar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏𝜃\left(\omega_{G^{(\theta)}}\right)_{\tau}=\left(\theta^{*}\omega_{G}\right)_{\tau}\simeq\theta^{*}\left(\omega_{G,\tau\circ\theta}\right)\quad\text{et}\quad\left(\omega_{G^{(\theta),D}}\right)_{\tau}=\left(\theta^{*}\omega_{G^{D}}\right)_{\tau}\simeq\theta^{*}\left(\omega_{G^{D},\tau\circ\theta}\right).

Soit a,b𝑎𝑏a,b\!\in\!\mathbb{N} tels que a+b=h𝑎𝑏a+b=h. Il est alors naturel de considérer,

ωG,a=τ,qτ=bωG,τetωGD,b=τ,qτ=bωGD,τ.formulae-sequencesubscript𝜔𝐺𝑎subscriptdirect-sumformulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑏subscript𝜔𝐺𝜏etsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏subscriptdirect-sumformulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\omega_{G,a}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}=b}\omega_{G,\tau}\quad\text{et}\quad\omega_{G^{D},b}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}=b}\omega_{G^{D},\tau}.

Les isomorphismes précédents induisent alors des isomorphismes,

θ(ωG,a)ωG,aetrθ:θ(ωGD,b)ωGD,b.:similar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔𝐺𝑎subscript𝜔𝐺𝑎etsubscript𝑟𝜃similar-to-or-equalssuperscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏\theta^{*}(\omega_{G,a})\simeq\omega_{G,a}\quad\text{et}\quad r_{\theta}:\theta^{*}(\omega_{G^{D},b})\simeq\omega_{G^{D},b}.

De plus ceux-ci sont compatibles à la condition de cocycle. En effet, c’est le cas de ωGsubscript𝜔𝐺\omega_{G} et ωGDsubscript𝜔superscript𝐺𝐷\omega_{G^{D}}, puisque ces derniers proviennent de S0subscript𝑆0S_{0}, et donc c’est le cas de ωG,asubscript𝜔𝐺𝑎\omega_{G,a} et ωGD,bsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏\omega_{G^{D},b} par restriction. On en déduit par descente galoisienne qu’ils redescendent en des modules localement libres ωG0,asubscript𝜔subscript𝐺0𝑎\omega_{G_{0},a} et ωG0D,bsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷𝑏\omega_{G_{0}^{D},b} sur S0subscript𝑆0S_{0} !

Proposition 5.2.

Les morphismes de faisceaux sur S𝑆S, pour tout q{qτ,τ}𝑞subscript𝑞𝜏𝜏q\!\in\!\{q_{\tau},\tau\!\in\!\mathcal{I}\},

τ,qτ=bHa~τ(G):τ,qτ=bdet(ωGD,τ)τ,qτ=bdet(ωGD,τ)pf,:subscripttensor-productformulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑏subscript~Ha𝜏𝐺subscripttensor-productformulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏subscripttensor-productformulae-sequence𝜏subscript𝑞𝜏𝑏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\bigotimes_{\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}=b}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G):\bigotimes_{\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}=b}\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)\longrightarrow\bigotimes_{\tau\in\mathcal{I},q_{\tau}=b}\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)^{\otimes p^{f}},

proviennent canoniquement de morphismes sur S0subscript𝑆0S_{0}, notés,

Ha~b(G0):det(ωG0D,b)det(ωG0D,b)pf.:subscript~Ha𝑏subscript𝐺0subscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷𝑏superscriptsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷𝑏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\widetilde{\operatorname{Ha}}_{b}(G_{0}):\det\left(\omega_{G_{0}^{D},b}\right)\longrightarrow\det\left(\omega_{G_{0}^{D},b}\right)^{\otimes p^{f}}.

En particulier l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire provient d’un morphisme sur S0subscript𝑆0S_{0},

Haμ~(G0):det(ωG0D)det(ωG0D)pf.:~superscriptHa𝜇subscript𝐺0subscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷superscriptsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G_{0}):\det\left(\omega_{G_{0}^{D}}\right)\longrightarrow\det\left(\omega_{G_{0}^{D}}\right)^{\otimes p^{f}}.
Démonstration.

Il suffit de montrer que Ha~τ(G(θ))=θHa~θτ(G)subscript~Ha𝜏superscript𝐺𝜃superscript𝜃subscript~Ha𝜃𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{(\theta)})=\theta^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\theta\circ\tau}(G) comme morphismes sur S𝑆S, c’est à dire, que le carré suivant commute :

det(ωGD,τ)subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏{\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)}det(ωGD,τ)pfsuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓{\det\left(\omega_{G^{D},\tau}\right)^{\otimes p^{f}}}θdet(ωGD,τθ)superscript𝜃subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏𝜃{\theta^{*}\det\left(\omega_{G^{D},\tau\theta}\right)}θdet(ωGD,τθ)pfsuperscript𝜃superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏𝜃tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓{\theta^{*}\det\left(\omega_{G^{D},\tau\theta}\right)^{\otimes p^{f}}}Ha~τ(G(θ))subscript~Ha𝜏superscript𝐺𝜃\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{(\theta)})θHa~θτ(G)superscript𝜃subscript~Ha𝜃𝜏𝐺\theta^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\theta\circ\tau}(G)rθsubscript𝑟𝜃similar-to-or-equals\overset{r_{\theta}}{\simeq}rθpfsuperscriptsubscript𝑟𝜃tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓similar-to-or-equals\overset{r_{\theta}^{\otimes p^{f}}}{\simeq}

Or on a un isomorphisme rθ:θ:subscript𝑟𝜃similar-to-or-equalssuperscript𝜃r_{\theta}:\theta^{*}\mathcal{E}\simeq\mathcal{E}, dont on déduit aussi que,

Filθ=θ(Fil),Filsuperscript𝜃superscript𝜃Fil\operatorname{Fil}\theta^{*}\mathcal{E}=\theta^{*}(\operatorname{Fil}\mathcal{E}),

Et idem avec application des opérateurs \bigwedge, quotients, etc… De même,

(θ)τ=θ(θτ),subscriptsuperscript𝜃𝜏superscript𝜃subscript𝜃𝜏(\theta^{*}\mathcal{E})_{\tau}=\theta^{*}\left(\mathcal{E}_{\theta\circ\tau}\right),

et idem avec application de FilFil\operatorname{Fil}, \bigwedge, et/ou quotients, etc… De plus, si σ𝜎\sigma dénote le Frobenius de F𝐹F, on a évidement que θσ=σθ𝜃𝜎𝜎𝜃\theta\circ\sigma=\sigma\circ\theta, on en déduit que le carré,

τsubscript𝜏{\mathcal{E}_{\tau}}σ1τ(p)superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝{\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\circ\tau}^{(p)}}θ(τθ)superscript𝜃subscript𝜏𝜃{\theta^{*}\left(\mathcal{E}_{\tau\theta}\right)}θ(τθσ1)(p)superscript𝜃superscriptsubscript𝜏𝜃superscript𝜎1𝑝{\theta^{*}\left(\mathcal{E}_{\tau\theta\sigma^{-1}}\right)^{(p)}}=θ(τσ1θ)(p)absentsuperscript𝜃superscriptsubscript𝜏superscript𝜎1𝜃𝑝{=\theta^{*}\left(\mathcal{E}_{\tau\sigma^{-1}\theta}\right)^{(p)}}V𝑉VθVsuperscript𝜃𝑉\theta^{*}Vsimilar-to-or-equals\simeqsimilar-to-or-equals\simeq

commute, et de même on a le carré commutatif,

qττsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}}qττ(pf)superscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}}θ(qττθ)superscript𝜃superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏𝜃{\theta^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau\theta}\right)}θ(qττθ)(pf)superscript𝜃superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏𝜃superscript𝑝𝑓{\theta^{*}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau\theta}\right)^{(p^{f})}}Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}θVfsuperscript𝜃superscript𝑉𝑓\theta^{*}V^{f}similar-to-or-equals\simeqsimilar-to-or-equals\simeq

Mais par la proposition (4.9) il existe une unique application,

φτ:qττ/prkτFil(qττ(pf))/prkτ,:subscript𝜑𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏superscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏Filsuperscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓superscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏\varphi_{\tau}:\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau}}$}\longrightarrow\raise 0.0pt\hbox{$\displaystyle\operatorname{Fil}\left(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}\right)$}\big{/}\!\lower 4.30554pt\hbox{$p^{r-k_{\tau}}$},

qui, multipliée par pkτsuperscript𝑝subscript𝑘𝜏p^{k_{\tau}}, se relève en Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}. Or c’est aussi le cas de θφτθsuperscript𝜃subscript𝜑𝜏𝜃\theta^{*}\varphi_{\tau\theta}, où φτθsubscript𝜑𝜏𝜃\varphi_{\tau\theta} est l’application associée à G𝐺G et au plongement τθ𝜏𝜃\tau\theta, donc on en déduit que,

φτ=θφτθ.subscript𝜑𝜏superscript𝜃subscript𝜑𝜏𝜃\varphi_{\tau}=\theta^{*}\varphi_{\tau\theta}.

Étant donné que Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau} s’en déduit par restriction et quotient (et que ces opérations commutent avec θsuperscript𝜃\theta^{*}) on en déduit que le premier diagramme commute, et donc que Ha~q(G)subscript~Ha𝑞𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(G) descend comme une section sur S0subscript𝑆0S_{0},

Ha~b(G0)H0(S0,det(ωG0D,b)(pf1)).subscript~Ha𝑏subscript𝐺0superscript𝐻0subscript𝑆0superscriptsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺0𝐷𝑏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{b}(G_{0})\!\in\!H^{0}\left(S_{0},\det\left(\omega_{G_{0}^{D},b}\right)^{\otimes(p^{f}-1)}\right).\qed

6. Changement de Base

Soit S,S𝑆superscript𝑆S,S^{\prime} deux schémas lisses sur Spec(κE)Specsubscript𝜅𝐸\operatorname{Spec}(\kappa_{E}), et un morphisme,

π:SS.:𝜋superscript𝑆𝑆\pi:S^{\prime}\longrightarrow S.

Soit G/S𝐺𝑆G/S un groupe de Barsotti-Tate, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, de signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau}. On a défini son invariant de Hasse partiel (associé à une abscisse q𝑞q) comme un morphisme,

Ha~b(G):det(ωGD,b)det(ωGD,b)pf,:subscript~Ha𝑏𝐺subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓\widetilde{\operatorname{Ha}}_{b}(G):\det(\omega_{G^{D},b})\longrightarrow\det(\omega_{G^{D},b})^{\otimes p^{f}},

ou de manière équivalente comme une section sur S𝑆S de det(ωGD,b)(pf1)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D},b})^{\otimes(p^{f}-1)}. Maintenant on peut se demander si cette construction est compatible au changement de base, c’est-à-dire si on note G=G×SSsuperscript𝐺subscript𝑆𝐺superscript𝑆G^{\prime}=G\times_{S}S^{\prime}, peut-on relier son invariant de Hasse à celui de G𝐺G ?

Théoreme 6.1.

La construction de l’invariant de Hasse partiel est fonctorielle (ou encore compatible au changement de base), c’est-à-dire que l’on a l’égalité,

Ha~b(G)=πHa~b(G).subscript~Ha𝑏superscript𝐺superscript𝜋subscript~Ha𝑏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{b}(G^{\prime})=\pi^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{b}(G).
Démonstration.

En fait cela découle simplement de la compatibilité au changement de base du cristal de Dieudonné,

𝔻(G×SS)=πCRIS𝔻(G).𝔻subscript𝑆𝐺superscript𝑆superscriptsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆𝔻𝐺\mathbb{D}(G\times_{S}S^{\prime})=\pi_{CRIS}^{*}\mathbb{D}(G).

On peut supposer (par la propriété de descente du chapitre si dessus) que quitte à étendre les scalaires à κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}, S𝑆S et Ssuperscript𝑆S^{\prime} sont des Spec(κF)Specsubscript𝜅𝐹\operatorname{Spec}(\kappa_{F})-schémas. De même, il est formel que VG,FGsubscript𝑉superscript𝐺subscript𝐹superscript𝐺V_{G^{\prime}},F_{G^{\prime}} sur le cristal précédent soit les tirées en arrière par πCRISsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆\pi_{CRIS} de V,F𝑉𝐹V,F sur 𝔻(G)𝔻𝐺\mathbb{D}(G), et l’unicité de la décomposition suivant l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} assure que,

𝔻(G)τ=πCRIS𝔻(G)τ,τ.formulae-sequence𝔻subscriptsuperscript𝐺𝜏superscriptsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆𝔻subscript𝐺𝜏for-all𝜏\mathbb{D}(G^{\prime})_{\tau}=\pi_{CRIS}^{*}\mathbb{D}(G)_{\tau},\quad\forall\tau\in\mathcal{I}.

De plus, la formation de ωGsubscript𝜔𝐺\omega_{G} est compatible au changements de base ([BBM82] p134), et donc comme FilqττFilsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau} est défini par son image dans qττsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}, celui-ci est compatible au changement de base (bien que ce ne soit pas le cas pour FilFil\operatorname{Fil}\mathcal{E} à priori, mais Im(πCRISFilπCRIS)=FilπCRISImsuperscriptsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆Filsubscriptsuperscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆Filsuperscriptsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆\operatorname{Im}(\pi_{CRIS}^{*}\operatorname{Fil}\mathcal{E}\longrightarrow\pi^{*}_{CRIS}\mathcal{E})=\operatorname{Fil}\pi_{CRIS}^{*}\mathcal{E}). Dès lors, par l’unicité du théorème 4.9 (avec les mêmes notations), on a que φτ(G)=πCRISφτ(G)subscript𝜑𝜏superscript𝐺superscriptsubscript𝜋𝐶𝑅𝐼𝑆subscript𝜑𝜏𝐺\varphi_{\tau}(G^{\prime})=\pi_{CRIS}^{*}\varphi_{\tau}(G), et donc

Haτ(G)~=πHaτ(G)~,τ.formulae-sequence~subscriptHa𝜏superscript𝐺superscript𝜋~subscriptHa𝜏𝐺for-all𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}(G^{\prime})}=\pi^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}(G)},\quad\forall\tau\in\mathcal{I}.\qed
Remarque 6.2.

Cette fonctorialité est encore vraie pour HaτsubscriptHa𝜏\operatorname{Ha}_{\tau}, pour tout τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, dès lors que S,S𝑆superscript𝑆S,S^{\prime} sont au-dessus de κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}, comme le montre la démonstration.

On en déduit alors la proposition suivante,

Proposition 6.3.

Soit S𝑆S un κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}-schéma lisse. Soit G/S𝐺𝑆G/S un groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r. Si τ𝜏\tau\in\mathcal{I} est un plongement tel que qτ=ht𝒪(G)subscript𝑞𝜏subscriptht𝒪𝐺q_{\tau}=\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(G), et

r>kτ,𝑟subscript𝑘𝜏r>k_{\tau},

alors Ha~τ(G)subscript~Ha𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G) est une section inversible.

Démonstration.

Supposons qτ=ht𝒪(G)subscript𝑞𝜏subscriptht𝒪𝐺q_{\tau}=\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(G), c’est à dire

iS/ΣωGD,τiS/Σ(iS/Στ)=τ/JS/Στ.subscript𝑖𝑆Σsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏similar-to-or-equalssubscript𝑖𝑆Σsuperscriptsubscript𝑖𝑆Σsubscript𝜏subscript𝜏subscript𝐽𝑆Σsubscript𝜏i_{S/\Sigma*}\omega_{G^{D},\tau}\overset{\simeq}{\longrightarrow}i_{S/\Sigma*}\left(i_{S/\Sigma}^{*}\mathcal{E}_{\tau}\right)=\mathcal{E}_{\tau}/J_{S/\Sigma*}\mathcal{E}_{\tau}.

Il suffit de vérifier que Ha~τ(G)subscript~Ha𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G) est inversible en chaque point géométrique de S𝑆S, par la proposition précédente. Supposons donc k𝑘k algébriquement clos et G/k𝐺𝑘G/k. Relevons alors le 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible tronqué G𝐺G en un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible (cf. [Wed01] Proposition 3.2), noté encore G𝐺G. Comme Haτ(G)subscriptHa𝜏𝐺\operatorname{Ha}_{\tau}(G) ne dépend que de sa pkτ+1superscript𝑝subscript𝑘𝜏1p^{k_{\tau}+1} torsion, on peut relier Haτ(G[pr])subscriptHa𝜏𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟\operatorname{Ha}_{\tau}(G[p^{r}]) à la section 3. Mais alors on utilise l’isomorphisme de [BBM82] Chapitre 4 (rappelé en 3.3),

𝔻(G)(W(k)k)M(G)(σ).similar-to-or-equals𝔻subscript𝐺𝑊𝑘𝑘𝑀superscript𝐺𝜎\mathbb{D}(G)_{(W(k)\longrightarrow k)}\simeq M(G)^{(\sigma)}.

Il suffit donc de travailler avec le module de Dieudonné M(G)𝑀𝐺M(G), qui est un Wr(k)=W(k)/prsubscript𝑊𝑟𝑘𝑊𝑘superscript𝑝𝑟W_{r}(k)=W(k)/p^{r} module libre. Mais un calcul direct de l’indice entre les deux réseaux, donne, comme qτ=hsubscript𝑞𝜏q_{\tau}=h, {IEEEeqnarray*}ccc [M(G)_τ:V^f(M(G)_τ)] &= ∑_i = 1^f [V^i(M(G)_σ^-iτ):V^i+1(M(G)_σ^-i-1τ)]
= ∑_i = 1^f p_σ^-iτ
= ∑_i = 1^f h - q_σ^-iτ
= k_τ Donc,

[hM(G)τ:Vf(hM(G)τ)]=kτ,[\bigwedge^{h}M(G)_{\tau}:V^{f}(\bigwedge^{h}M(G)_{\tau})]=k_{\tau},

et donc si φτ=1pkτVfsubscript𝜑𝜏1superscript𝑝subscript𝑘𝜏superscript𝑉𝑓\varphi_{\tau}=\frac{1}{p^{k_{\tau}}}V^{f}, on obtient que φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} est surjective. Donc,

φτ:hωGD,τhωGD,τ(pf).:subscript𝜑𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏similar-to-or-equalssuperscriptsuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscript𝑝𝑓\varphi_{\tau}:\bigwedge^{h}\omega_{G^{D},\tau}\overset{\simeq}{\longrightarrow}\bigwedge^{h}\omega_{G^{D},\tau}^{(p^{f})}.\qed

7. Compatibilité au produit

En général on ne peut pas espérer que les invariants de Hasse partiels précédemment définis soient compatibles au produit. C’est-à-dire que l’on n’a pas en général, comme le montre l’exemple suivant, pour G,G𝐺superscript𝐺G,G^{\prime} deux groupes de Barsotti-Tate (tronqués ou non) avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, que,

Ha~τ(G×G)=Ha~τ(G)Ha~τ(G).subscript~Ha𝜏𝐺superscript𝐺tensor-productsubscript~Ha𝜏𝐺subscript~Ha𝜏superscript𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G\times G^{\prime})=\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)\otimes\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{\prime}).
Exemple 7.1.

Soit k𝑘k corps algébriquement clos de caractéristique p𝑝p. Soit 𝒪=p2𝒪subscriptsuperscript𝑝2\mathcal{O}=\mathbb{Z}_{p^{2}}. Notons τsuperscript𝜏\tau^{\prime} et τ𝜏\tau les plongements de 𝒪𝒪\mathcal{O} dans W(k)𝑊𝑘W(k). On décompose tous les cristaux sous la forme M=MτMτ𝑀direct-sumsubscript𝑀superscript𝜏subscript𝑀𝜏M=M_{\tau^{\prime}}\oplus M_{\tau} et on écrira les matrices en respectant cette décomposition. Soit G1/ksubscript𝐺1𝑘G_{1}/k un groupe p𝑝p-divisible donné par le cristal (W(k)4,V1)𝑊superscript𝑘4subscript𝑉1(W(k)^{4},V_{1}) :

V1=(0(1001)(100p)0)subscript𝑉101001100𝑝0V_{1}=\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{cc}1&0\\ 0&1\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{cc}1&0\\ 0&p\end{array}\right)&0\end{array}\right)

C’est-à-dire que G1subscript𝐺1G_{1} est μ𝜇\mu-ordinaire et

qτ1=1,qτ1=2,etht𝒪(G1)=2.formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑞1𝜏1formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑞1superscript𝜏2etsubscriptht𝒪subscript𝐺12q^{1}_{\tau}=1,\quad q^{1}_{\tau^{\prime}}=2,\quad\text{et}\quad\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(G_{1})=2.

Soit aussi G2subscript𝐺2G_{2} un groupe p𝑝p-divisible sur k𝑘k donné par le cristal (W(k)6,V2)𝑊superscript𝑘6subscript𝑉2(W(k)^{6},V_{2}),

V2=(0(p000p000p)(10001000p)0)subscript𝑉20𝑝000𝑝000𝑝10001000𝑝0V_{2}=\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{ccc}p&0&0\\ 0&p&0\\ 0&0&p\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{ccc}1&0&0\\ 0&1&0\\ 0&0&p\end{array}\right)&0\end{array}\right)

C’est-à-dire que G2subscript𝐺2G_{2} est μ𝜇\mu-ordinaire et

qτ2=2,qτ2=0,etht𝒪(G2)=3.formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑞2𝜏2formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑞2superscript𝜏0etsubscriptht𝒪subscript𝐺23q^{2}_{\tau}=2,\quad q^{2}_{\tau^{\prime}}=0,\quad\text{et}\quad\operatorname{ht}_{\mathcal{O}}(G_{2})=3.
Figure 4. 𝒪𝒪\mathcal{O}-Polygones de Hodge et Newton de G1subscript𝐺1G_{1} et G2subscript𝐺2G_{2}.
1112220.5050.511100001/2121/2
1112223330.5050.51111.5151.5001111/2121/2

On peut alors donner la matrice de Frobenius du cristal de G1×G2subscript𝐺1subscript𝐺2G_{1}\times G_{2} :

V=(0(101pp0p)(10p110p)0)𝑉01missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpression1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝missing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpression𝑝missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝0V=\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{ccccc}1&&&&0\\ &1&&&\\ &&p&&\\ &&&p&\\ 0&&&&p\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{ccccc}1&&&&0\\ &p&&&\\ &&1&&\\ &&&1&\\ 0&&&&p\end{array}\right)&0\end{array}\right)
Figure 5. 𝒪𝒪\mathcal{O}-Polygones de Hodge et Newton de G=G1×G2𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2}.
1112223334445550.5050.51111.5151.52222.5252.53333.5353.500Newt𝒪(G)𝑁𝑒𝑤subscript𝑡𝒪𝐺Newt_{\mathcal{O}}(G)Hdg𝒪(G)𝐻𝑑subscript𝑔𝒪𝐺Hdg_{\mathcal{O}}(G)1111/2121/200

En particulier il n’est pas μ𝜇\mu-ordinaire (voir la caractérisation de Moonen, théorème 8.10). D’ailleurs on le voit sur le calcul de (la valuation de) l’invariant de Hasse associé à τ𝜏\tau :

Haτ(G1×G2)=1,Haτ(G1)=Haτ(G2)=0.formulae-sequencesubscriptHa𝜏subscript𝐺1subscript𝐺21subscriptHa𝜏subscript𝐺1subscriptHa𝜏subscript𝐺20\operatorname{Ha}_{\tau}(G_{1}\times G_{2})=1,\quad\operatorname{Ha}_{\tau}(G_{1})=\operatorname{Ha}_{\tau}(G_{2})=0.

Mais on le voit aussi sur les polygones de Newton (figure 5).

Afin d’espérer avoir une égalité entre le μ𝜇\mu-invariant d’un produit et le produit des μ𝜇\mu-invariants, étant donné que ceux-ci impliquent tous deux de diviser par une bonne puissance de p𝑝p, il est naturel de supposer que l’on divise par la même puissance. C’est à dire que si

G=G1×G2,𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2},

et que l’on note (qτ)subscript𝑞𝜏(q_{\tau}) la signature de G𝐺G, (qτ1),(qτ2)superscriptsubscript𝑞𝜏1superscriptsubscript𝑞𝜏2(q_{\tau}^{1}),(q_{\tau}^{2}) celles de G1subscript𝐺1G_{1} et G2subscript𝐺2G_{2}, et pour tout τ𝜏\tau\in\mathcal{I}, kτsubscript𝑘𝜏k_{\tau}, (respectivement kτ1,kτ2superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2k_{\tau}^{1},k_{\tau}^{2}) les puissances de p𝑝p par lequelles on divise dans la construction de l’invariant de Hasse associé à τ𝜏\tau (cf théorème 4.9) de G𝐺G (respectivement G1,G2subscript𝐺1subscript𝐺2G_{1},G_{2}). Alors une hypothèse raisonnable est que

kτ=kτ1+kτ2.subscript𝑘𝜏superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2k_{\tau}=k_{\tau}^{1}+k_{\tau}^{2}.
Remarque 7.2.

Soit G/Spec(k)𝐺Spec𝑘G/\operatorname{Spec}(k) un groupe p𝑝p-divisible avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-action. Si les 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygones de Hodge et Newton de G𝐺G se touchent en une abscisse x𝑥x qui est un point de rupture pour le 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Newton, on a alors par le théorème 3.14 de Mantovan-Viehmann, une décomposition de Hodge-Newton,

G=G1×G2.𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2}.

Et d’après la remarque 3.16, on connaît les signatures de G1subscript𝐺1G_{1} et G2subscript𝐺2G_{2}, on en déduit donc que, pour tout τ𝜏\tau\in\mathcal{I},

kτ=kτ1+kτ2.subscript𝑘𝜏superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2k_{\tau}=k_{\tau}^{1}+k_{\tau}^{2}.
Proposition 7.3.

Soit S𝑆S un schéma lisse sur Spec(κE)Specsubscript𝜅𝐸\operatorname{Spec}(\kappa_{E}). Soit G1,G2subscript𝐺1subscript𝐺2G_{1},G_{2} deux groupes de Barsotti-Tate tronqués de rang r𝑟r, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, et de signature (pτ1,qτ1)τsubscriptsuperscriptsubscript𝑝𝜏1superscriptsubscript𝑞𝜏1𝜏(p_{\tau}^{1},q_{\tau}^{1})_{\tau} et (pτ2,qτ2)τsubscriptsuperscriptsubscript𝑝𝜏2superscriptsubscript𝑞𝜏2𝜏(p_{\tau}^{2},q_{\tau}^{2})_{\tau}. La signature de G=G1×G2𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2} est alors donnée par,

pτ=pτ1+pτ2,etqτ=qτ1+qτ2,τ.formulae-sequencesubscript𝑝𝜏superscriptsubscript𝑝𝜏1superscriptsubscript𝑝𝜏2etformulae-sequencesubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏1superscriptsubscript𝑞𝜏2for-all𝜏p_{\tau}=p_{\tau}^{1}+p_{\tau}^{2},\quad\text{et}\quad q_{\tau}=q_{\tau}^{1}+q_{\tau}^{2},\quad\forall\tau\in\mathcal{I}.

On fait l’hypothèse suivante,

kτ:=τ|qτqτqτqτ=kτ1+kτ2.assignsubscript𝑘𝜏subscriptconditionalsuperscript𝜏subscript𝑞superscript𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2k_{\tau}:=\sum_{\tau^{\prime}|q_{\tau^{\prime}}\leq q_{\tau}}q_{\tau}-q_{\tau^{\prime}}=k_{\tau}^{1}+k_{\tau}^{2}.

Supposons r>kτ1+kτ2𝑟superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2r>k_{\tau}^{1}+k_{\tau}^{2} .Notons G=G1×G2𝐺subscript𝐺1subscript𝐺2G=G_{1}\times G_{2}. Alors, quitte à étendre les scalaires de S𝑆S, pour tout τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, on a un isomorphisme,

det(ωGD,τ)det(ωG1D,τ)det(ωG2D,τ),similar-to-or-equalssubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺1𝐷𝜏subscript𝜔superscriptsubscript𝐺2𝐷𝜏\det(\omega_{G^{D},\tau})\simeq\det(\omega_{G_{1}^{D},\tau})\otimes\det(\omega_{G_{2}^{D},\tau}),

et sous cet isomorphisme,

Ha~τ(G1×G2)=Ha~τ(G1)Ha~τ(G2).subscript~Ha𝜏subscript𝐺1subscript𝐺2tensor-productsubscript~Ha𝜏subscript𝐺1subscript~Ha𝜏subscript𝐺2\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G_{1}\times G_{2})=\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G_{1})\otimes\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G_{2}).

En particulier, si

kτ=kτ1+kτ2,τ,formulae-sequencesubscript𝑘𝜏superscriptsubscript𝑘𝜏1superscriptsubscript𝑘𝜏2for-all𝜏k_{\tau}=k_{\tau}^{1}+k_{\tau}^{2},\quad\forall\tau\in\mathcal{I},

alors,

Haμ~(G1×G2)=Haμ~(G1)Haμ~(G2).~superscriptHa𝜇subscript𝐺1subscript𝐺2tensor-product~superscriptHa𝜇subscript𝐺1~superscriptHa𝜇subscript𝐺2\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G_{1}\times G_{2})=\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G_{1})\otimes\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G_{2}).
Démonstration.

Tout d’abord, quitte à faire un changement de base, supposons S𝑆S au-dessus de κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}. L’égalité,

ωG=ωG1ωG2,subscript𝜔𝐺direct-sumsubscript𝜔subscript𝐺1subscript𝜔subscript𝐺2\omega_{G}=\omega_{G_{1}}\oplus\omega_{G_{2}},

induit l’isomorphisme voulu,

det(ωG,τ)det(ωG1,τ)det(ωG2,τ).similar-to-or-equalssubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productsubscript𝜔subscript𝐺1𝜏subscript𝜔subscript𝐺2𝜏\det(\omega_{G,\tau})\simeq\det(\omega_{G_{1},\tau})\otimes\det(\omega_{G_{2},\tau}).

Notons =xt1(GD,𝒪S/Σ)𝑥superscript𝑡1superscript𝐺𝐷subscript𝒪𝑆Σ\mathcal{E}=\mathcal{E}xt^{1}(G^{D},\mathcal{O}_{S/\Sigma}) et 1,2superscript1superscript2\mathcal{E}^{1},\mathcal{E}^{2} les cristaux en 𝒪S/Σ/prsubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{r}-modules localement libres associés à G1subscript𝐺1G_{1} et G2subscript𝐺2G_{2}. On a alors,

=12,etV:=V=V1V2.formulae-sequencedirect-sumsuperscript1superscript2etassign𝑉subscript𝑉direct-sumsubscript𝑉superscript1subscript𝑉superscript2\mathcal{E}=\mathcal{E}^{1}\oplus\mathcal{E}^{2},\quad\text{et}\quad V:=V_{\mathcal{E}}=V_{\mathcal{E}^{1}}\oplus V_{\mathcal{E}^{2}}.

On a alors les isomorphismes,

qττ(modprkτ)=j=0qτ(jτ1qτjτ2)(modprkτ),annotatedsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏annotatedsuperscriptsubscriptdirect-sum𝑗0subscript𝑞𝜏superscript𝑗tensor-productsubscriptsuperscript1𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏𝑗subscriptsuperscript2𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\pmod{p^{r-k_{\tau}}}=\bigoplus_{j=0}^{q_{\tau}}\left(\displaystyle\bigwedge^{j}\mathcal{E}^{1}_{\tau}\otimes\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}-j}\mathcal{E}^{2}_{\tau}\right)\pmod{p^{r-k_{\tau}}},

et

Filqττ(modprkτ)=j=0qτ(Filjτ1Filqτjτ2)(modprkτ).annotatedFilsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏annotatedsuperscriptsubscriptdirect-sum𝑗0subscript𝑞𝜏Filsuperscript𝑗tensor-productsubscriptsuperscript1𝜏Filsuperscriptsubscript𝑞𝜏𝑗subscriptsuperscript2𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\pmod{p^{r-k_{\tau}}}=\bigoplus_{j=0}^{q_{\tau}}\left(\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{j}\mathcal{E}^{1}_{\tau}\otimes\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}-j}\mathcal{E}^{2}_{\tau}\right)\pmod{p^{r-k_{\tau}}}.

De plus, on a un diagramme commutatif de morphismes de cristaux,

qττsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏{\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}}qττ(pf)superscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓{\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}}qτ1τ1qτ2τ2superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏1tensor-productsubscriptsuperscript1𝜏superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏2subscriptsuperscript2𝜏{\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{1}}\mathcal{E}^{1}_{\tau}\otimes\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{2}}\mathcal{E}^{2}_{\tau}}qτ1τ1,(pf)qτ2τ2,(pf)superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏1tensor-productsubscriptsuperscript1superscript𝑝𝑓𝜏superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏2subscriptsuperscript2superscript𝑝𝑓𝜏{\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{1}}\mathcal{E}^{1,(p^{f})}_{\tau}\otimes\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{2}}\mathcal{E}^{2,(p^{f})}_{\tau}}Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}V1fV2fsuperscriptsubscript𝑉1𝑓superscriptsubscript𝑉2𝑓V_{1}^{f}\wedge V_{2}^{f}

dont les cristaux sont des cristaux en 𝒪S/Σsubscript𝒪𝑆Σ\mathcal{O}_{S/\Sigma}-modules localement libres, et dont les flèches horizontales sont divisibles par pkτ=pkτ1pkτ2superscript𝑝subscript𝑘𝜏superscript𝑝superscriptsubscript𝑘𝜏1superscript𝑝superscriptsubscript𝑘𝜏2p^{k_{\tau}}=p^{k_{\tau}^{1}}\cdot p^{k_{\tau}^{2}} par hypothèse, de manière unique modulo prkτsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏p^{r-k_{\tau}}. On en déduit la commutativité du diagramme,

Filqττ(modprkτ)annotatedFilsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏{\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}\pmod{p^{r-k_{\tau}}}}Filqττ(pf)(modprkτ)annotatedFilsuperscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏{\operatorname{Fil}\bigwedge^{q_{\tau}}\mathcal{E}_{\tau}^{(p^{f})}\pmod{p^{r-k_{\tau}}}}(Filqτ1τ1)(Filqτ2τ2)(modprkτ)annotatedtensor-productFilsuperscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏1subscriptsuperscript1𝜏Filsuperscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏2subscriptsuperscript2𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏{\left(\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{1}}\mathcal{E}^{1}_{\tau}\right)\otimes\left(\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{2}}\mathcal{E}^{2}_{\tau}\right)\pmod{p^{r-k_{\tau}}}}(Filqτ1τ1,(pf))(Filqτ2τ2,(pf))(modprkτ)annotatedtensor-productFilsuperscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏1subscriptsuperscript1superscript𝑝𝑓𝜏Filsuperscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏2subscriptsuperscript2superscript𝑝𝑓𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏{\left(\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{1}}\mathcal{E}^{1,(p^{f})}_{\tau}\right)\otimes\left(\operatorname{Fil}\displaystyle\bigwedge^{q_{\tau}^{2}}\mathcal{E}^{2,(p^{f})}_{\tau}\right)\pmod{p^{r-k_{\tau}}}}φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau}φτ1φτ2tensor-productsuperscriptsubscript𝜑𝜏1superscriptsubscript𝜑𝜏2\varphi_{\tau}^{1}\otimes\varphi_{\tau}^{2}

où les flèches φτ,φτ1,φτ2subscript𝜑𝜏superscriptsubscript𝜑𝜏1superscriptsubscript𝜑𝜏2\varphi_{\tau},\varphi_{\tau}^{1},\varphi_{\tau}^{2} sont données par le théorème 4.9 appliqué à G𝐺G (respectivement G1,G2subscript𝐺1subscript𝐺2G_{1},G_{2}). Mais en passant au quotient à ωGD,τ=ωG1D,τωG2D,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏direct-sumsubscript𝜔superscriptsubscript𝐺1𝐷𝜏subscript𝜔superscriptsubscript𝐺2𝐷𝜏\omega_{G^{D},\tau}=\omega_{G_{1}^{D},\tau}\oplus\omega_{G_{2}^{D},\tau}, les monomorphismes verticaux deviennent des isomorphismes, on en déduit donc que,

Ha~τ(G)=Ha~τ(G1)Ha~τ(G2).subscript~Ha𝜏𝐺tensor-productsubscript~Ha𝜏subscript𝐺1subscript~Ha𝜏subscript𝐺2\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)=\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G_{1})\otimes\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G_{2}).\qed

8. Cas d’une base quelconque

Dans les sections précédentes, on a construit des invariants de Hasse partiels (et μ𝜇\mu-ordinaire) associés à chaque groupe de Barsotti-Tate (muni d’une action de 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}) sur une base lisse. On aimerait étendre la construction à tous les groupes de Barsotti-Tate avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure, quelque soit la base. Pour cela, il suffit de le faire pour le groupe de Barsotti-Tate universel sur le champ des 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules de Barsotti-Tate tronqués, c’est à dire associé au foncteur 𝒯𝒯\mathcal{BT} qui à tout schéma S𝑆S sur κEsubscript𝜅𝐸\kappa_{E} associe l’ensemble des classes d’isomorphisme de 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules de Barsotti-Tate tronqués (d’échelon r𝑟r). Malheureusement ce foncteur n’est pas représentable par un schéma, mais seulement par un champ. Par chance, ce champ est lisse. On peut donc construire grâce à la section précédente les invariants de Hasse partiels sur une présentation de celui-ci, et on aimerait ensuite descendre ces sections. C’est l’objet de cette partie et de l’appendice A.

Rappelons que l’on s’intéresse aux groupes de Barsotti-Tate tronqués, d’échelon disons r𝑟r, munis d’une action de 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}, où F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} est une extension finie non ramifiée de degré f𝑓f. Rappelons aussi que l’on a noté,

=Hom(κF,𝔽p¯)=Homp(F,p¯).Homsubscript𝜅𝐹¯subscript𝔽𝑝subscriptHomsubscript𝑝𝐹¯subscript𝑝\mathcal{I}=\operatorname{Hom}(\kappa_{F},\overline{\mathbb{F}_{p}})=\operatorname{Hom}_{\mathbb{Q}_{p}}(F,\overline{\mathbb{Q}_{p}}).

Notons =superscript\mathcal{F}=\mathbb{N}^{\mathcal{I}} l’ensemble des applications de \mathcal{I} dans \mathbb{N}. Cet ensemble est naturellement muni d’une action de Gal(p¯/p)Gal¯subscript𝑝subscript𝑝\operatorname{Gal}(\overline{\mathbb{Q}_{p}}/\mathbb{Q}_{p}) grâce à son action sur les plongements. Soit (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}\!\in\!\mathcal{F} une telle application.

Définition 8.1.

On appelle corps réflexe associé à (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}} l’extension de psubscript𝑝\mathbb{Q}_{p} associée au sous-groupe stabilisateur de (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}. On le notera généralement E𝐸E.

8.1. Descente au champ 𝒯𝒯\mathcal{BT}

On munit la catégorie Sch/Spec(𝔽p)𝑆𝑐Specsubscript𝔽𝑝Sch/\operatorname{Spec}(\mathbb{F}_{p}) de la topologie lisse. Notons 𝒯r,𝒪subscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O}} le champ sur Spec(𝔽p)Specsubscript𝔽𝑝\operatorname{Spec}(\mathbb{F}_{p}) des groupes de Barsotti-Tate tronqués d’échelon r𝑟r, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}. On peut alors décomposer ce champ en sous-champs ouverts, suivant la 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur,

𝒯r,𝒪=h𝒯r,𝒪,h.subscript𝒯𝑟𝒪subscriptcoproductsubscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O}}=\coprod_{h}\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h}.
Définition 8.2.

Pour hh fixé, étant donné une fonction (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau}, on note qτ=hpτsubscript𝑞𝜏subscript𝑝𝜏q_{\tau}=h-p_{\tau}. On définit alors le sous-champ de 𝒯r,𝒪,h|Sch/Spf(𝒪/p){\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h}}_{|Sch/\operatorname{Spf}(\mathcal{O}/p)} suivant,

𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ)τ,subscriptsubscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏{\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}}_{\tau\in\mathcal{I}},

qui a un schéma S/Spec(𝒪/p𝒪)𝑆Spec𝒪𝑝𝒪S/\operatorname{Spec}(\mathcal{O}/p\mathcal{O}) associe les classes d’isomorphismes (G,ι)𝐺𝜄(G,\iota) de S𝑆S-groupes de Barsotti-Tate tronqués d’échelon r𝑟r, hauteur hh, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, tels que,

dim𝒪SωG,τ=pτ,τ.formulae-sequencesubscriptdimensionsubscript𝒪𝑆subscript𝜔𝐺𝜏subscript𝑝𝜏for-all𝜏\dim_{\mathcal{O}_{S}}\omega_{G,\tau}=p_{\tau},\quad\forall\tau\in\mathcal{I}.

Ce sous-champ descend naturellement à Spec(𝒪E/p𝒪E)Specsubscript𝒪𝐸𝑝subscript𝒪𝐸\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{E}/p\mathcal{O}_{E})E𝐸E est le corps réflexe de (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}. Définissons aussi

Xr,𝒪,h,(pτ,qτ),subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})},

le champ sur Sch/Spec(𝒪E/p𝒪E)𝑆𝑐Specsubscript𝒪𝐸𝑝subscript𝒪𝐸Sch/\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{E}/p\mathcal{O}_{E}) qui à un schéma S𝑆S associe les classes d’isomorphismes (G,ι,α)𝐺𝜄𝛼(G,\iota,\alpha)(G,ι)𝐺𝜄(G,\iota) est un objet de 𝒯r,h,𝒪,(pτ,qτ)(S)subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝑆\mathcal{BT}_{r,h,\mathcal{O},(p_{\tau},q_{\tau})}(S) et α𝛼\alpha est une rigidification, i.e. un isomorphisme,

α:𝒪Sprhfπ(𝒪G),:𝛼superscriptsubscript𝒪𝑆superscript𝑝𝑟𝑓similar-to-or-equalssubscript𝜋subscript𝒪𝐺\alpha:\mathcal{O}_{S}^{p^{rhf}}\overset{\simeq}{\longrightarrow}\pi_{*}(\mathcal{O}_{G}),

π:GS:𝜋𝐺𝑆\pi:G\longrightarrow S est le morphisme structural.

On a une action de GLprhf𝐺subscript𝐿superscript𝑝𝑟𝑓GL_{p^{rhf}} sur Xr,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}, et un morphisme d’oubli, GLprhf𝐺subscript𝐿superscript𝑝𝑟𝑓GL_{p^{rhf}}-équivariant,

Xr,𝒪,h,(pτ,qτ)𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ).subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}\longrightarrow\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}.

D’après la proposition 1.8 de [Wed01], Xr,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})} est représentable par un sous-schéma ouvert d’un schéma quasi-affine de type fini (et est donc quasi-affine de type fini) au-dessus de Spec(𝒪E)Specsubscript𝒪𝐸\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{E}). De plus, le morphisme précédent induit un isomorphisme,

[GLprhf\Xr,𝒪,h,(pτ,qτ)]𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ).similar-to-or-equalsdelimited-[]\𝐺subscript𝐿superscript𝑝𝑟𝑓subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏[GL_{p^{rhf}}\backslash X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}]\simeq\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}.

Cela fait donc de 𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})} un champ algébrique, qui en plus est lisse d’après le corollaire 3.3 de [Wed01].

Remarque 8.3.

En fait il existe un champ sur Spec(p)Specsubscript𝑝\operatorname{Spec}(\mathbb{Z}_{p}), 𝒯r,𝒪,hsubscript𝒯𝑟𝒪\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h} qui est aussi algébrique lisse ([Wed01]) dont le champ précédent est (un ouvert de) la réduction modulo p𝑝p. À moins d’accepter de parler de champ formel sur Spf(p)Spfsubscript𝑝\operatorname{Spf}(\mathbb{Z}_{p}), on ne peut cependant pas découper le champ ’en caractéristique 0’ selon la signature.

Pour la suite, on abrégera Xr,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝑋𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏X_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})} en X𝑋X et 𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})} en 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}, en espérant que cela n’entraînera pas de confusion : tous les groupes de Barsotti-Tate considérés seront tronqués d’échelon r𝑟r, de hauteur hh, et auront pour signature (pτ,qτ)subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(p_{\tau},q_{\tau}).

Soit G𝒯r𝐺subscript𝒯𝑟G\longrightarrow\mathcal{BT}_{r} le groupe de Barsotti-Tate universel, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, et soit Gsuperscript𝐺G^{\prime} le produit fibré G×𝒯rXsubscriptsubscript𝒯𝑟𝐺𝑋G\times_{\mathcal{BT}_{r}}X qui est un schéma en groupe sur X𝑋X, et même un Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r.

Théoreme 8.4.

Soit q𝑞q\!\in\!\mathbb{N} tel qu’il existe τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I} vérifiant q=qτ𝑞subscript𝑞𝜏q=q_{\tau}. Supposons r>kτ𝑟subscript𝑘𝜏r>k_{\tau}. Alors il existe sur le champ 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} un fibré en droite, noté

det(ωG,q)(pf1),superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)},

et une section globale Ha~qsubscript~Ha𝑞\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q} de ce faisceau sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}, tel que pour tout Spec(κE)Specsubscript𝜅𝐸\operatorname{Spec}(\kappa_{E})-schéma U𝑈U lisse, et tout U𝑈U-groupe de Barsotti-Tate tronqué d’échelon r𝑟r Gusubscript𝐺𝑢G_{u} muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur hh, et de signature (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}, associé à un u𝒯rU𝑢subscriptsubscript𝒯𝑟𝑈u\!\in\!{\mathcal{BT}_{r}}_{U}, on ait la compatibilité avec la définition des sections précédentes,

Ha~q(Gu)=uHa~q(G).subscript~Ha𝑞subscript𝐺𝑢superscript𝑢subscript~Ha𝑞𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(G_{u})=u^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(G).

En particulier cela définit un invariant de Hasse partiel Ha~qsubscript~Ha𝑞\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}, associé à q𝑞q, à tout groupe de Barsotti-Tate muni d’une 𝒪𝒪\mathcal{O}-action, quelque soit la base, et donc un μ𝜇\mu-invariant de Hasse Haμ~~superscriptHa𝜇\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}, par produit.

Démonstration.

L’existence du faisceau quasi-cohérent det(ωG,q)(pf1)superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)} provient simplement de la fonctorialité de ce faisceau par changement de base, et du fait que G𝐺G est l’objet universel. Maintenant on peut voir une section de ce faisceau comme un morphisme,

Ha~q:𝒪𝒯rdet(ωG,q)(pf1).:subscript~Ha𝑞subscript𝒪subscript𝒯𝑟superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}:\mathcal{O}_{\mathcal{BT}_{r}}\longrightarrow\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}.

Par le lemme A.5, comme 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} est un champ algébrique lisse, il suffit donc de voir que pour tout U𝑈U lisse sur Spec(κE)Specsubscript𝜅𝐸\operatorname{Spec}(\kappa_{E}), et tout u𝒯rU𝑢subscriptsubscript𝒯𝑟𝑈u\!\in\!{\mathcal{BT}_{r}}_{U}, il existe un morphisme,

(Ha~q)u:𝒪Uudet(ωG,q)(pf1)=det(ωuG,q)(pf1),:subscriptsubscript~Ha𝑞𝑢subscript𝒪𝑈superscript𝑢superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔superscript𝑢𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1(\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q})_{u}:\mathcal{O}_{U}\longrightarrow u^{*}\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}=\det(\omega_{u^{*}G,q})^{\otimes(p^{f}-1)},

vérifiant les compatibilités de la définition A.1. On a construit dans ce cas une section Ha~q(uG)Γ(U,det(ωuG,q)(pf1))subscript~Ha𝑞superscript𝑢𝐺Γ𝑈superscriptsubscript𝜔superscript𝑢𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(u^{*}G)\!\in\!\Gamma(U,\det(\omega_{u^{*}G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}), c’est-à-dire un morphisme,

Ha~q(uG):𝒪Uudet(ωG,q)(pf1).:subscript~Ha𝑞superscript𝑢𝐺subscript𝒪𝑈superscript𝑢superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(u^{*}G):\mathcal{O}_{U}\longrightarrow u^{*}\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}.

La compatibilité pour U𝑓Usuperscript𝑈𝑓𝑈U^{\prime}\overset{f}{\longrightarrow}U, provient de la compatibilité au changement de base de Ha~qsubscript~Ha𝑞\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q} pour une base lisse, c’est à dire du théorème 6.1, qui assure la commutativité du diagramme,

𝒪Usubscript𝒪superscript𝑈{\mathcal{O}_{U^{\prime}}}det(ω(uf)G,q)(pf1)superscriptsubscript𝜔superscript𝑢𝑓𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1{\det(\omega_{(u\circ f)^{*}G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}}f𝒪Usuperscript𝑓subscript𝒪𝑈{f^{*}\mathcal{O}_{U}}fdet(ωuG,q)(pf1)superscript𝑓superscriptsubscript𝜔superscript𝑢𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1{f^{*}\det(\omega_{u^{*}G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}}Ha~q((uf)G)subscript~Ha𝑞superscript𝑢𝑓𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}((u\circ f)^{*}G)similar-to-or-equals\simeqfHa~q(uG)superscript𝑓subscript~Ha𝑞superscript𝑢𝐺f^{*}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{q}(u^{*}G)similar-to-or-equals\simeq

8.2. 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules de Lubin-Tate et groupes p𝑝p-divisibles μ𝜇\mu-ordinaires

Grâce à la compatibilité au changement de base, et à la compatibilité entre inversibilité de Haμ~~superscriptHa𝜇\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}} et μ𝜇\mu-ordinarité vérifiée dans la section 3 (proposition 3.22), on peut en particulier utiliser les résultats de Moonen, [Moo04]. On va introduire ici quelques notations.

Soit K/p𝐾subscript𝑝K/\mathbb{Q}_{p} une extension finie non ramifiée, et 𝒪:=𝒪Kassign𝒪subscript𝒪𝐾\mathcal{O}:=\mathcal{O}_{K} son anneau d’entiers, π𝜋\pi une uniformisante, et κKsubscript𝜅𝐾\kappa_{K} son corps résiduel. Notons =Hom(κK,𝔽p¯)Homsubscript𝜅𝐾¯subscript𝔽𝑝\mathcal{I}=\operatorname{Hom}(\kappa_{K},\overline{\mathbb{F}_{p}}).

Définition 8.5.

Soit τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}. Soit R𝑅R une 𝒪𝒪\mathcal{O}-algèbre p𝑝p-adiquement complète et séparée. Il existe un groupe p𝑝p-divisible muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, noté 𝒯τsubscript𝒯𝜏\mathcal{LT}_{\tau}, de hauteur [K:p]delimited-[]:𝐾subscript𝑝[K:\mathbb{Q}_{p}], tel que son module des différentielles ω𝒯τsubscript𝜔subscript𝒯𝜏\omega_{\mathcal{LT}_{\tau}} soit de dimension 1, et sur lequel l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} soit donnée par ρτ:𝒪R:𝜌𝜏𝒪𝑅\rho\circ\tau:\mathcal{O}\longrightarrow Rρ𝜌\rho est le morphisme structural de R𝑅R. On appellera aussi un tel groupe (pour lequel l’action sur l’algebre de Lie se fait via un seul plongement) un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module π𝜋\pi-divisible.

Remarque 8.6.

Lorsque R𝑅R est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module sans torsion (et τ:𝒪R:𝜏𝒪𝑅\tau:\mathcal{O}\longrightarrow R structural, mais on peut en general regarder 𝒪τ,𝒪Rsubscripttensor-product𝜏𝒪𝒪𝑅\mathcal{O}\otimes_{\tau,\mathcal{O}}R), c’est le groupe p𝑝p-divisible associé au display donné par la proposition 29 de [Zin02]. Il dépend à priori du choix d’une uniformisante de K𝐾K, mais quitte à étendre les scalaires à 𝒪Knr^subscript𝒪^superscript𝐾𝑛𝑟\mathcal{O}_{\widehat{K^{nr}}}, cette ambiguité disparait.

Définition 8.7.

On reprend les notations précédentes, supposons que K/p𝐾subscript𝑝K/\mathbb{Q}_{p} soit non ramifiée. Soit A𝐴A\subset\mathcal{I} un sous-ensemble. On note alors,

𝒯A,subscript𝒯𝐴\mathcal{LT}_{A},

le 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible dont le display est donné par le produit tensoriels des displays des différents 𝒯τsubscript𝒯𝜏\mathcal{LT}_{\tau} pour τA𝜏𝐴\tau\in A, c’est à dire,

𝒫(𝒯A):=τAW(R)p𝒪𝒫(𝒯τ).assign𝒫subscript𝒯𝐴superscriptsubscripttensor-product𝜏𝐴subscripttensor-productsubscript𝑝𝑊𝑅𝒪𝒫subscript𝒯𝜏\mathcal{P}(\mathcal{LT}_{A}):=\bigotimes_{\tau\in A}^{W(R)\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}\mathcal{O}}\mathcal{P}(\mathcal{LT}_{\tau}).

On vérifie que cela définit un display sur R𝑅R, et donc d’après le théorème 9 de [Zin02], 𝒯Asubscript𝒯𝐴\mathcal{LT}_{A} existe, c’est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible sur R𝑅R de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 1, de signature pτ=1subscript𝑝𝜏1p_{\tau}=1 si et seulement si τ𝒜𝜏𝒜\tau\in\mathcal{A}.

Démonstration.

Dans le cas non ramifié, le display est simplement donné par P=τW(R)eτ,Q=τAW(R)eττAIReτformulae-sequence𝑃subscriptdirect-sum𝜏𝑊𝑅subscript𝑒𝜏𝑄direct-sumsubscriptdirect-sum𝜏𝐴𝑊𝑅subscript𝑒𝜏subscriptdirect-sum𝜏𝐴subscript𝐼𝑅subscript𝑒𝜏P=\bigoplus_{\tau}W(R)e_{\tau},Q=\bigoplus_{\tau\not\in A}W(R)e_{\tau}\oplus\bigoplus_{\tau\in A}I_{R}e_{\tau}, F𝐹F est donné par

Feτ={peστ si τAeστ sinon𝐹subscript𝑒𝜏cases𝑝subscript𝑒𝜎𝜏 si 𝜏𝐴subscript𝑒𝜎𝜏 sinonFe_{\tau}=\left\{\begin{array}[]{cc}pe_{\sigma\tau}&\text{ si }\tau\not\in A\\ e_{\sigma\tau}&\text{ sinon}\end{array}\right.

L’application V1:QP:superscript𝑉1𝑄𝑃V^{-1}:Q\longrightarrow P est donnée par 1pF1𝑝𝐹\frac{1}{p}F, c’est à dire, si τA𝜏𝐴\tau\in A, V1(Vxeτ)=xeστV^{-1}(^{V}xe_{\tau})=xe_{\sigma\tau}, et si τA𝜏𝐴\tau\not\in A, V1eτ=eστsuperscript𝑉1subscript𝑒𝜏subscript𝑒𝜎𝜏V^{-1}e_{\tau}=e_{\sigma\tau}. On vérifie que cela définit bien un display sur R𝑅R, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, puisque P=𝒪pW(R)𝑃subscripttensor-productsubscript𝑝𝒪𝑊𝑅P=\mathcal{O}\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}W(R). ∎

Exemple 8.8.

Si A=𝐴A=\emptyset, alors par convention 𝒯A=p/pp𝒪subscript𝒯𝐴subscripttensor-productsubscript𝑝subscript𝑝subscript𝑝𝒪\mathcal{LT}_{A}=\mathbb{Q}_{p}/\mathbb{Z}_{p}\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}\mathcal{O}. Si A=𝐴A=\mathcal{I}, 𝒯A=μpp𝒪subscript𝒯𝐴subscripttensor-productsubscript𝑝subscript𝜇superscript𝑝𝒪\mathcal{LT}_{A}=\mu_{p^{\infty}}\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}\mathcal{O}.

Remarque 8.9.

Il est probable que l’on n’ait pas besoin de l’hypothèse sur la ramification de K𝐾K, les groupes de Lubin-Tate existant même dans ce cas, mais leur display n’est défini que si R𝑅R est sans torsion (cf. [Zin02] Proposition 29). Cela est lié au fait que la signature n’est cependant pas bien défini dans le cas ramifié si pR=0𝑝𝑅0pR=0.

Supposons que 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F} pour F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} une extension finie non ramifiée. On peut alors réécrire le théorème 1.3.7 de [Moo04].

Théoreme 8.10 (Moonen).

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Soit G/Spec(k)𝐺Spec𝑘G/\operatorname{Spec}(k) un groupe p𝑝p-divisible muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur hh et de signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}. On utilise la notation suivante,

{qτ:τ}={q(1)<q(2)<<q(r)},etq(0)=0,q(r+1)=h.formulae-sequenceconditional-setsubscript𝑞𝜏𝜏superscript𝑞1superscript𝑞2superscript𝑞𝑟etformulae-sequencesuperscript𝑞00superscript𝑞𝑟1\{q_{\tau}:\tau\!\in\!\mathcal{I}\}=\{q^{(1)}<q^{(2)}<\dots<q^{(r)}\},\quad\text{et}\quad q^{(0)}=0,q^{(r+1)}=h.

Alors les conditions suivantes sont équivalentes,

  1. (1)

    G𝐺G est μ𝜇\mu-ordinaire.

  2. (2)

    On a un isomorphisme de 𝒪𝒪\mathcal{O}-groupes p𝑝p-divisibles,

    GX(qτ)ord:=l=1r+1𝒯Al1q(l)q(l1),similar-to-or-equals𝐺subscriptsuperscript𝑋𝑜𝑟𝑑subscript𝑞𝜏assignsuperscriptsubscriptproduct𝑙1𝑟1superscriptsubscript𝒯subscript𝐴𝑙1superscript𝑞𝑙superscript𝑞𝑙1G\simeq X^{ord}_{(q_{\tau})}:=\prod_{l=1}^{r+1}\mathcal{LT}_{A_{l-1}}^{q^{(l)}-q^{(l-1)}},

    où, pour tout l𝑙l,

    Al={τ:qτq(l)}etA0=formulae-sequencesubscript𝐴𝑙conditional-set𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑙etsubscript𝐴0A_{l}=\{\tau\in\mathcal{I}:q_{\tau}\leq q^{(l)}\}\quad\text{et}\quad A_{0}=\emptyset
  3. (3)

    On a un isomorphisme de 𝒪𝒪\mathcal{O}-schémas en groupes,

    G[p]X(qτ)ord[p].similar-to-or-equals𝐺delimited-[]𝑝subscriptsuperscript𝑋𝑜𝑟𝑑subscript𝑞𝜏delimited-[]𝑝G[p]\simeq X^{ord}_{(q_{\tau})}[p].

On montrera un théorème similaire (au sens où l’on donne une forme explicite aux groupes p𝑝p-divisibles μ𝜇\mu-ordinaires) sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C} dans la section 11.

Remarque 8.11.

Avec les notations du théorème, on a la suite d’inclusions,

A0A1Ar+1.subscript𝐴0subscript𝐴1subscript𝐴𝑟1A_{0}\subset A_{1}\subset\dots\subset A_{r+1}.

Réciproquement, pour tous sous-ensembles (Al)subscript𝐴𝑙(A_{l}) de \mathcal{I} totalement ordonnés pour l’inclusion, et des entiers (nl)subscript𝑛𝑙(n_{l}), le produit,

l=1r+1𝒯Al1nl,superscriptsubscriptproduct𝑙1𝑟1superscriptsubscript𝒯subscript𝐴𝑙1subscript𝑛𝑙\prod_{l=1}^{r+1}\mathcal{LT}_{A_{l-1}}^{n_{l}},

défini un groupe μ𝜇\mu-ordinaire pour une certaine donnée μ𝜇\mu (que l’on peut expliciter en fonction de la signature du groupe). C’est faux si les (Ai)subscript𝐴𝑖(A_{i}) ne sont pas ordonnés (voir l’exemple de la section 7).

8.3. Exemple de calcul

Supposons que S=Spec(𝒪C/p𝒪C)𝑆Specsubscript𝒪𝐶𝑝subscript𝒪𝐶S=\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{C}/p\mathcal{O}_{C}), où C=p¯^𝐶^¯subscript𝑝C=\widehat{\overline{\mathbb{Q}_{p}}}.

Soit G/S𝐺𝑆G/S un groupe p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}. D’après le début de cette section, on sait associer à G𝐺G des invariants de Hasse partiels, ainsi qu’un μ𝜇\mu-invariant, et ce, même si la base n’est pas lisse. A priori pourtant, la construction (relativement) explicite de la section 4 ne s’applique pas à strictement parler, puisque 𝒪C/psubscript𝒪𝐶𝑝\mathcal{O}_{C}/p n’est pas lisse. Notons néanmoins toujours Σ=Spec(W(κF))ΣSpec𝑊subscript𝜅𝐹\Sigma=\operatorname{Spec}(W(\kappa_{F})) et regardons =𝔻(G)𝔻𝐺\mathcal{E}=\mathbb{D}(G) le cristal sur Cris(S/Σ)Cris𝑆Σ\operatorname{Cris}(S/\Sigma) associé par [BBM82] à G𝐺G. Le site Cris(S/Σ)Cris𝑆Σ\operatorname{Cris}(S/\Sigma) possède un objet final, l’épaississement à puissances divisées (mais non p𝑝p-adique) introduit par Fontaine, voir par exemple [Che15],

Acris𝜃𝒪C/p.subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠𝜃subscript𝒪𝐶𝑝A_{cris}\overset{\theta}{\longrightarrow}\mathcal{O}_{C}/p.

Notons φ𝜑\varphi le Frobenius de Acrissubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris}. C’est un relèvement fort du Frobenius de 𝒪C/psubscript𝒪𝐶𝑝\mathcal{O}_{C}/p. On peut évaluer le cristal \mathcal{E} sur cet épaississement, et on obtient,

H0(Cris(S/Σ),)=Acris𝒪C/p=:E,H^{0}(\operatorname{Cris}(S/\Sigma),\mathcal{E})=\mathcal{E}_{A_{cris}\twoheadrightarrow\mathcal{O}_{C}/p}=:E,

qui est un Acris/prsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠superscript𝑝𝑟A_{cris}/p^{r} module libre de rang ht(G)ht𝐺\operatorname{ht}(G) muni d’applications V𝑉V et F𝐹F, que l’on décompose,

E=τEτ.𝐸subscriptdirect-sum𝜏subscript𝐸𝜏E=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}E_{\tau}.

On peut aussi regarder (voir définition 4.2),

FilE=Ker(EEθ𝒪C/pωG),etFilEτ=FilEEτ.formulae-sequenceFil𝐸Ker𝐸subscripttensor-product𝜃𝐸subscript𝒪𝐶𝑝superscriptsubscript𝜔𝐺etFilsubscript𝐸𝜏Fil𝐸subscript𝐸𝜏\operatorname{Fil}E=\operatorname{Ker}\left(E\longrightarrow E\otimes_{\theta}\mathcal{O}_{C}/p\longrightarrow\omega_{G}^{\vee}\right),\quad\text{et}\quad\operatorname{Fil}E_{\tau}=\operatorname{Fil}E\cap E_{\tau}.

On a alors que

V(Eτ)Fil(Eσ1τ(φ))+pEσ1τ(φ),𝑉subscript𝐸superscript𝜏Filsuperscriptsubscript𝐸superscript𝜎1superscript𝜏𝜑𝑝superscriptsubscript𝐸superscript𝜎1superscript𝜏𝜑V(E_{\tau^{\prime}})\subset\operatorname{Fil}(E_{\sigma^{-1}\tau^{\prime}}^{(\varphi)})+pE_{\sigma^{-1}\tau^{\prime}}^{(\varphi)},

et si qτ<qτsubscript𝑞superscript𝜏subscript𝑞𝜏q_{\tau^{\prime}}<q_{\tau}, alors,

Im(qτFil(Eτ(φ))(qτEτ)(φ))(FilqτqτAcrisqτEτ)(φ)qτEτAcris,φpqτqτAcris.Imsuperscripttensor-productsubscript𝑞𝜏Filsuperscriptsubscript𝐸superscript𝜏𝜑superscriptsuperscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝐸superscript𝜏𝜑superscriptsuperscriptFilsubscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝐸superscript𝜏𝜑superscriptsubscript𝑞𝜏subscripttensor-productsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠𝜑subscript𝐸superscript𝜏superscript𝑝subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠\operatorname{Im}(\bigotimes^{q_{\tau}}\operatorname{Fil}(E_{\tau^{\prime}}^{(\varphi)})\longrightarrow(\bigwedge^{q_{\tau}}E_{\tau^{\prime}})^{(\varphi)})\subset\left(\operatorname{Fil}^{q_{\tau}-q_{\tau^{\prime}}}A_{cris}\bigwedge^{q_{\tau}}E_{\tau^{\prime}}\right)^{(\varphi)}\subset\bigwedge^{q_{\tau}}E_{\tau^{\prime}}\otimes_{A_{cris},\varphi}p^{q_{\tau}-q_{\tau^{\prime}}}A_{cris}.

La dernière inclusion étant due au fait que si M𝑀M est un Acrislimit-fromsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris}-module, si zFiliAcris𝑧superscriptFil𝑖subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠z\!\in\!\operatorname{Fil}^{i}A_{cris}, xM𝑥𝑀x\!\in\!M, alors dans M(φ)=MAcris,φAcrissuperscript𝑀𝜑subscripttensor-productsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠𝜑𝑀subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠M^{(\varphi)}=M\otimes_{A_{cris},\varphi}A_{cris},

(zx)1=xφ(z),etφ(z)piAcris.formulae-sequencetensor-product𝑧𝑥1tensor-product𝑥𝜑𝑧et𝜑𝑧superscript𝑝𝑖subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠(zx)\otimes 1=x\otimes\varphi(z),\quad\text{et}\quad\varphi(z)\!\in\!p^{i}A_{cris}.

On peut donc, pour chaque j𝑗j tel que qσjτ<qτsubscript𝑞superscript𝜎𝑗𝜏subscript𝑞𝜏q_{\sigma^{j}\tau}<q_{\tau} diviser Vjsuperscript𝑉𝑗V^{j} par pqτqσjτsuperscript𝑝subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜎𝑗𝜏p^{q_{\tau}-q_{\sigma^{j}\tau}} (voir aussi la proposition 4.6), et donc il existe,

ζτ:τqEττqEτAcris,φfAcris(modprkτAcris):subscript𝜁𝜏subscriptsuperscript𝑞𝜏subscript𝐸𝜏annotatedsubscriptsuperscript𝑞𝜏subscripttensor-productsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠superscript𝜑𝑓subscript𝐸𝜏subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏subscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠\zeta_{\tau}:\bigwedge^{q}_{\tau}E_{\tau}\longrightarrow\bigwedge^{q}_{\tau}E_{\tau}\otimes_{A_{cris},\varphi^{f}}A_{cris}\pmod{p^{r-k_{\tau}}A_{cris}} (2)

tel que pkτζτ=Vfsuperscript𝑝subscript𝑘𝜏subscript𝜁𝜏superscript𝑉𝑓p^{k_{\tau}}\zeta_{\tau}=V^{f}. De plus comme Acrissubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠A_{cris} est sans p𝑝p-torsion, et E𝐸E étant libre sur Acris/prsubscript𝐴𝑐𝑟𝑖𝑠superscript𝑝𝑟A_{cris}/p^{r}, un tel ζτsubscript𝜁𝜏\zeta_{\tau} est unique, or la construction général sur le champ 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} du début de cette section nous assure l’existence d’une telle division de Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f}, on a donc que ζτHa~τ(modprkτ)subscript𝜁𝜏annotatedsubscript~Ha𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟subscript𝑘𝜏\zeta_{\tau}\equiv\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}\pmod{p^{r-k_{\tau}}}.

On peut restreindre cette application ζτsubscript𝜁𝜏\zeta_{\tau} à FilEτFilsubscript𝐸𝜏\operatorname{Fil}E_{\tau} puis la réduire modulo KerθKer𝜃\operatorname{Ker}\theta, et ainsi recalculer effectivement sur le cristal E𝐸E les invariants de Hasse partiels.

Remarque 8.12.

Dans la proposition 9.13, on donne une autre situation, celle de l’espace des déformations d’un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible, d’une base non lisse (mais formellement lisse) sur laquelle on peut construire directement les invariants de Hasse HaqsubscriptHa𝑞\operatorname{Ha}_{q}. Dans ce cas, à l’aide des displays de Zink on a une formule explicite (en termes des coordonnées sur l’espace des déformations) pour ces invariants.

8.4. Diviseurs de Cartier

D’après l’appendice 9.1, étant donné que le champ 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} est lisse, pour montrer que les invariants de Hasse partiels définissent des diviseurs de Cartier, il suffit de montrer que le complémentaire de leur lieu d’annulation est dense (pour la topologie de Zariski). Pour cela, on va simplement utiliser le résultat suivant de [Wed98]. Rappelons simplement nos notations, on fixe r,h𝑟superscriptr,h\!\in\!\mathbb{N}^{*}, et (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}, et on note 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} le champ algébrique lisse des groupes p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r, hauteur hh, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, et de signature (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau}. On note aussi 𝒯subscript𝒯\mathcal{BT}_{\infty} le champ des groupes p𝑝p-divisibles de hauteur hh, avec une action de 𝒪𝒪\mathcal{O} de signature (pτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(p_{\tau})_{\tau}. On a un morphisme "points de prsuperscript𝑝𝑟p^{r}-torsion",

𝒯[pr]𝒯r.subscript𝒯delimited-[]superscript𝑝𝑟subscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{\infty}\overset{[p^{r}]}{\longrightarrow}\mathcal{BT}_{r}.

Le résultat suivant est le résultat principal de [Wed98], mais il n’est pas cité comme tel dans [Wed98], on le retranscrit ici sous une forme qui nous arrange (et on donne une esquisse de sa démonstration telle qu’elle est faite dans [Wed98]) :

Théoreme 8.13 (Wedhorn).

Soit F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} une extension finie non ramifiée, k𝑘k un corps parfait, et G/Spec(k)𝐺Spec𝑘G/\operatorname{Spec}(k) un groupe p𝑝p-divisible, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O} (de hauteur et signature fixée). Alors il existe une suite G=G0,G1,,Gn𝐺subscript𝐺0subscript𝐺1subscript𝐺𝑛G=G_{0},G_{1},\dots,G_{n} de groupes p𝑝p-divisibles sur des corps parfaits kisubscript𝑘𝑖k_{i}, munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, tels que pour tout i𝑖i, G𝐺G soit une spécialisation de Gisubscript𝐺𝑖G_{i}, et tel que Gn/Spec(kn)subscript𝐺𝑛Specsubscript𝑘𝑛G_{n}/\operatorname{Spec}(k_{n}) soit μ𝜇\mu-ordinaire.

Démonstration.

[Esquisse de la preuve de [Wed98] section 4.2] On peut déformer le display associé à Gisubscript𝐺𝑖G_{i} en un display sur ki[[T]]subscript𝑘𝑖delimited-[]delimited-[]𝑇k_{i}[[T]], tel que son changement de base à ki((T))perf=:ki+1k_{i}((T))^{perf}=:k_{i+1} soit associé à un groupe p𝑝p-divisible avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O} vérifiant que son polygone de Newton est strictement plus petit que celui de Gisubscript𝐺𝑖G_{i} (si Gisubscript𝐺𝑖G_{i} non μ𝜇\mu-ordinaire). Donc par récurrence, on trouve un groupe p𝑝p-divisible sur knsubscript𝑘𝑛k_{n} qui est μ𝜇\mu-ordinaire. Pour conclure, si U𝑈U est un ouvert de |𝒯r|subscript𝒯𝑟|\mathcal{BT}_{r}| qui contient Gisubscript𝐺𝑖G_{i}, et si Gi~~subscript𝐺𝑖\widetilde{G_{i}} est la déformation de Gisubscript𝐺𝑖G_{i} sur ki[[T]]subscript𝑘𝑖delimited-[]delimited-[]𝑇k_{i}[[T]] dans 𝒯subscript𝒯\mathcal{BT_{\infty}}, alors il suffit de voir que Gi~U(ki[[T]])~subscript𝐺𝑖𝑈subscript𝑘𝑖delimited-[]delimited-[]𝑇\widetilde{G_{i}}\!\in\!U(k_{i}[[T]]), et on aura donc que Gi+1=(Gi~)ηki+1Usubscript𝐺𝑖1tensor-productsubscript~subscript𝐺𝑖𝜂subscript𝑘𝑖1𝑈G_{i+1}=(\widetilde{G_{i}})_{\eta}\otimes k_{i+1}\!\in\!U. ∎

Théoreme 8.14.

Le lieu μ𝜇\mu-ordinaire dans 𝒯rμord𝒯rsuperscriptsubscript𝒯𝑟𝜇𝑜𝑟𝑑subscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}^{\mu-ord}\subset\mathcal{BT}_{r} est (topologiquement) dense. En particulier, Haμ~~superscriptHa𝜇\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}} et Hab~~subscriptHa𝑏\widetilde{\operatorname{Ha}_{b}}, pour tout b{qτ:τ}𝑏conditional-setsubscript𝑞𝜏𝜏b\!\in\!\{q_{\tau}:\tau\!\in\!\mathcal{I}\}, sont des diviseurs de Cartier sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}.

Démonstration.

Soit k𝑘k un corps parfait, x𝒯r(k)𝑥subscript𝒯𝑟𝑘x\!\in\!\mathcal{BT}_{r}(k) un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible tronqué. D’après [Wed01], Proposition 3.2, il existe x~𝒯(k)~𝑥subscript𝒯𝑘\tilde{x}\!\in\!\mathcal{BT}_{\infty}(k) au dessus de x𝑥x (i.e. tel que x~[pr]=x~𝑥delimited-[]superscript𝑝𝑟𝑥\tilde{x}[p^{r}]=x). D’après le théorème 8.13 précédent, il existe y~𝒯(k)~𝑦subscript𝒯𝑘\tilde{y}\!\in\!\mathcal{BT}_{\infty}(k) une générisation de x~~𝑥\tilde{x} qui est μ𝜇\mu-ordinaire. Maintenant y=y~[pr]𝒯r𝑦~𝑦delimited-[]superscript𝑝𝑟subscript𝒯𝑟y=\tilde{y}[p^{r}]\!\in\!\mathcal{BT}_{r} est une générisation de x𝑥x, et comme être μ𝜇\mu-ordinaire ne dépends que de la p𝑝p-torsion (8.10), y𝒯rμord(k)𝑦superscriptsubscript𝒯𝑟𝜇𝑜𝑟𝑑𝑘y\!\in\!\mathcal{BT}_{r}^{\mu-ord}(k). Comme le champ 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} est algébrique, on en déduit que le lieu μ𝜇\mu-ordinaire de |𝒯r|subscript𝒯𝑟|\mathcal{BT}_{r}| est (topologiquement) dense.

Donc par les résultats de l’appendice LABEL:AppB, comme 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} est lisse, donc réduit, HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} est un diviseur de Cartier sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}. Comme c’est un produit, on en déduit donc le même résultat pour HabsubscriptHa𝑏\operatorname{Ha}_{b}. ∎

9. Multiplicité du diviseur HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha}

Rappelons que l’on est dans la situation de F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} une extension non ramifiée, et d’un 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F}-module p𝑝p-divisible G𝐺G (éventuellement tronqué), de signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau}, sur une base S𝑆S (par exemple le champ 𝒯r,𝒪,h,(pτ)subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau})} précédemment défini). Afin de démontrer des propriétés sur les invariants de Hasse, notamment qu’ils sont réduits, il serait utile de ramener de tels énoncés à des propriétés géométriques sur certaines variétés de Shimura, dont on connait bien la géométrie (cf. [VW13] ou [Ham13]).

9.1. Globalisation : Variétés de Shimura

On va définir une donnée PEL simple (cf. [Kot92]) 𝒟=(B,,U,<,>)𝒟𝐵subscript𝑈\mathcal{D}=(B,\star,U_{\mathbb{Q}},<,>), de telle sorte que le groupe p𝑝p-divisible associé à la variété abélienne universelle sur Sh𝒟𝑆subscript𝒟Sh_{\mathcal{D}}, la variété de Shimura (entière) associée à 𝒟𝒟\mathcal{D}, soit relié à 𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ)subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})}.

À priori les 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules p𝑝p-divisibles qui nous intéressent ne sont pas polarisés (mais s’ils le sont on pourra leurs appliquer nos résultats en "oubliant" la polarisation) et sont donc reliés à des données de Shimura de type unitaire, qui se scindent au dessus du nombre premier considéré (le cas (AL) de [VW13]). Commençons donc par définir un corps de nombre CM. Soit L+/superscript𝐿L^{+}/\mathbb{Q} un corps de nombres totalement réel tel que p𝑝p soit inerte dans L+superscript𝐿L^{+} et tel que OL+,p=𝒪subscript𝑂superscript𝐿𝑝𝒪O_{L^{+},p}=\mathcal{O}. Un tel corps de nombres existe, par [Far04], 10.1.2 par exemple. Soit K/𝐾K/\mathbb{Q} un corps quadratique imaginaire dans lequel p𝑝p est décomposé, et posons L=L+K𝐿superscript𝐿𝐾L=L^{+}K, c’est un corps CM sur \mathbb{Q} (de corps totalement réel L+superscript𝐿L^{+}). On peut alors associer à notre donnée locale (𝒪,h,(pτ,qτ))𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})) une donnée globale entière (cf. [Far04] 10.1.1.3, et proposition 10.1.3),

𝒟=(B,,V,<,>,𝒪B,p,Λ,h0),𝒟𝐵𝑉subscript𝒪𝐵𝑝Λsubscript0\mathcal{D}=(B,\star,V,<,>,\mathcal{O}_{B,p},\Lambda,h_{0}),

B/𝐵B/\mathbb{Q} est un algèbre à division de centre L𝐿L, \star est une involution de seconde espèce de B𝐵B qui induit l’automorphisme non trivial de Gal(L/L+)Gal𝐿superscript𝐿\operatorname{Gal}(L/L^{+}), V=B𝑉𝐵V=B, <,><,> donné par <x,y>=trB/(xy)formulae-sequenceabsent𝑥𝑦subscripttr𝐵𝑥superscript𝑦<x,y>=\operatorname{tr}_{B/\mathbb{Q}}(xy^{\star}), 𝒪B,p=Λsubscript𝒪𝐵𝑝Λ\mathcal{O}_{B,p}=\Lambda est un ordre maximal en p𝑝p de B𝐵B. On note G/𝐺G/\mathbb{Q} le groupe des similitudes unitaires associé à (B,,V,<,>)𝐵𝑉(B,\star,V,<,>) et h0:EndB(V):subscript0subscriptEnd𝐵𝑉h_{0}:\mathbb{C}\longrightarrow\operatorname{End}_{B}(V). Ces choix assurent que si G1subscript𝐺1G_{1} est le groupe unitaire associé à G𝐺G, alors G1(p)=GLh(F)subscript𝐺1subscript𝑝subscriptGL𝐹G_{1}(\mathbb{Q}_{p})=\operatorname{GL}_{h}(F) et G1()=τ:L+U(pτ,qτ)subscript𝐺1subscriptproduct:𝜏superscript𝐿𝑈subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏G_{1}(\mathbb{R})=\prod_{\tau:L^{+}\longrightarrow\mathbb{R}}U(p_{\tau},q_{\tau}). On note Esuperscript𝐸E^{\prime} le corps réflexe global associé.

Définition 9.1.

On dira que 𝒟𝒟\mathcal{D} est une donnée de Shimura qui globalise la donnée locale (𝒪,h,(pτ,qτ))𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})). Cette donnée 𝒟𝒟\mathcal{D} n’est pas unique.

Remarque 9.2.

On a h2=[B:L]h^{2}=[B:L] et un isomorphisme 𝒪Bp=Mh(𝒪Lp)tensor-productsubscript𝒪𝐵subscript𝑝subscript𝑀subscripttensor-productsubscript𝒪𝐿subscript𝑝\mathcal{O}_{B}\otimes\mathbb{Z}_{p}=M_{h}(\mathcal{O}_{L}\otimes_{\mathbb{Z}}\mathbb{Z}_{p}).

À cette donnée 𝒟𝒟\mathcal{D}, et un plongement ν:¯¯p:𝜈¯subscript¯𝑝\nu:\overline{\mathbb{Q}}\longrightarrow\overline{\mathbb{Q}}_{p}, Kottwitz associe une tour de Variétés de Shimura (𝒮Kp)Kpsubscriptsubscript𝒮superscript𝐾𝑝superscript𝐾𝑝(\mathcal{S}_{K^{p}})_{K^{p}} sur 𝒪Eνsubscript𝒪subscriptsuperscript𝐸𝜈\mathcal{O}_{E^{\prime}_{\nu}} (Eνsubscriptsuperscript𝐸𝜈E^{\prime}_{\nu} est la complétion de Esuperscript𝐸E^{\prime} via ν𝜈\nu) pour des sous-groupes compacts ouverts KpG(𝔸fp)superscript𝐾𝑝𝐺superscriptsubscript𝔸𝑓𝑝K^{p}\subset G(\mathbb{A}_{f}^{p}) suffisamment petit. On fixe un tel Kpsuperscript𝐾𝑝K^{p}, et on note 𝒮=𝒮Kp𝒮subscript𝒮superscript𝐾𝑝\mathcal{S}=\mathcal{S}_{K^{p}}, puisque le choix d’un niveau hors p𝑝p n’est pas central dans nos constructions.

𝒮𝒮\mathcal{S} paramètre des quadruplets (A,λ,i,ηp)𝐴𝜆𝑖superscript𝜂𝑝(A,\lambda,i,\eta^{p})A𝐴A est un schéma abélien de genre fh2𝑓superscript2fh^{2} (où f=[𝒪:p]f=[\mathcal{O}:\mathbb{Z}_{p}]), λ𝜆\lambda une polarisation,

i:OBEnd(A),:𝑖subscript𝑂𝐵End𝐴i:O_{B}\longrightarrow\operatorname{End}(A),

compatible à l’involution de Rosatti associée à λ𝜆\lambda et ηpsuperscript𝜂𝑝\eta^{p} est une structure de niveau hors p𝑝p.

Considérons 𝒜𝒮𝒜𝒮\mathcal{A}\longrightarrow\mathcal{S} le schéma abélien universel, et 𝒜[p]𝒜delimited-[]superscript𝑝\mathcal{A}[p^{\infty}] son groupe p𝑝p-divisible. On note Lp=Lpsubscript𝐿𝑝subscripttensor-product𝐿subscript𝑝L_{p}=L\otimes_{\mathbb{Q}}\mathbb{Q}_{p}. C’est un OBp=Mh(OLp)tensor-productsubscript𝑂𝐵subscript𝑝subscript𝑀subscript𝑂subscript𝐿𝑝O_{B}\otimes\mathbb{Z}_{p}=M_{h}(O_{L_{p}})-module, que l’on peut donc réécrire, grâce à l’équivalence de Morita,

𝒜[p]=𝒪LphH,𝒜delimited-[]superscript𝑝tensor-productsuperscriptsubscript𝒪subscript𝐿𝑝𝐻\mathcal{A}[p^{\infty}]=\mathcal{O}_{L_{p}}^{h}\otimes H,

H𝐻H est un 𝒪Lpsubscript𝒪subscript𝐿𝑝\mathcal{O}_{L_{p}}-module p𝑝p-divisible de hauteur 2fh2𝑓2fh. Or p𝑝p est décomposé dans L𝐿L, donc 𝒪Lp=𝒪×𝒪subscript𝒪subscript𝐿𝑝𝒪𝒪\mathcal{O}_{L_{p}}=\mathcal{O}\times\mathcal{O} et on peut donc écrire grâce à l’involution de Rosatti,

H=G×GD,𝐻𝐺superscript𝐺𝐷H=G\times G^{D},

G𝐺G est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module (non polarisé), de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur hh et de signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau}. La polarisation de H𝐻H échange G𝐺G et GDsuperscript𝐺𝐷G^{D}.

Proposition 9.3.

À G[pr]𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟G[p^{r}] est alors associé une flèche,

f:𝒮𝒯r,𝒪,h,(pτ,qτ),:𝑓𝒮subscript𝒯𝑟𝒪subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏f:\mathcal{S}\longrightarrow\mathcal{BT}_{r,\mathcal{O},h,(p_{\tau},q_{\tau})},

et on définit l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire de 𝒮𝒮\mathcal{S} comme Haμ~:=Haμ(G)~=f(Haμ(Guniv)~)assign~superscriptHa𝜇~superscriptHa𝜇𝐺superscript𝑓~superscriptHa𝜇superscript𝐺𝑢𝑛𝑖𝑣\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}:=\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G)}=f^{*}(\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G^{univ})}).

Le lieu μ𝜇\mu-ordinaire de 𝒮𝒮\mathcal{S} correspond au lieu d’inversibilité de HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha}, il est dense ([Wed98]) et il est affine dans la compactification minimale.

Remarque 9.4.

Etant donné une donnée de Shimura PEL non ramifiée, plus générale que la précédente, on pourrait encore découper 𝒜[p]𝒜delimited-[]superscript𝑝\mathcal{A}[p^{\infty}] de manière semblable et associer un (des) invariants de Hasse μ𝜇\mu-ordinaires (partiels) à chaque composant.

9.2. Espaces de déformations

Soit E𝐸E le corps réflex (local) défini dans la section 8 et κEsubscript𝜅𝐸\kappa_{E} son corps résiduel, de caractéristique p𝑝p. Soit S𝑆S un 𝒪Esubscript𝒪𝐸\mathcal{O}_{E}-schéma. Un groupe p𝑝p-divisible sur S𝑆S avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure est la donnée H¯=(H,ι)¯𝐻𝐻𝜄\underline{H}=(H,\iota) d’un S𝑆S-groupe p𝑝p-divisible et d’un morphisme,

ι:𝒪End(H).:𝜄𝒪End𝐻\iota:\mathcal{O}\longrightarrow\operatorname{End}(H).

Soit k𝑘k un corps parfait de caractéristique p𝑝p. Soit 𝒞ksubscript𝒞𝑘\mathcal{C}_{k} la catégorie des 𝒲(k)𝒲𝑘\mathcal{W}(k)-algèbres artiniennes locales R𝑅R de corps résiduel k𝑘k (avec les morphismes évidents).

Théoreme 9.5.

Soit ¯=(,ι¯)¯¯𝜄\underline{\mathbb{H}}=(\mathbb{H},\overline{\iota}) un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible sur k𝑘k. Notons

Def¯:𝒞k𝔈𝔫𝔰,:subscriptDef¯subscript𝒞𝑘𝔈𝔫𝔰\operatorname{Def}_{\underline{\mathbb{H}}}:\mathcal{C}_{k}\longrightarrow\mathfrak{Ens},

le foncteur qui à R𝑅R associe les classes d’isomorphismes de groupes p𝑝p-divisibles avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure (H,ι)𝐻𝜄(H,\iota) sur Spec(R)Spec𝑅\operatorname{Spec}(R) munis d’une trivialisation,

ρH:H×Spec(k),:subscript𝜌𝐻𝐻Spec𝑘similar-to-or-equals\rho_{H}:H\times\operatorname{Spec}(k)\overset{\simeq}{\longrightarrow}\mathbb{H},

qui commute avec ι𝜄\iota et ι¯¯𝜄\overline{\iota}. Alors Def¯subscriptDef¯\operatorname{Def}_{\underline{\mathbb{H}}} est pro-représentable par une W(k)𝑊𝑘W(k)-algèbre noetherienne complète R¯subscript𝑅¯R_{\underline{\mathbb{H}}} de corps résiduel k𝑘k. De plus ce foncteur est formellement lisse, donc Def¯subscriptDef¯\operatorname{Def}_{\underline{\mathbb{H}}} est (pro-)représentable par

W(k)[[t1,,tr]],où r=τpτqτ.𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟où 𝑟subscript𝜏subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏W(k)[[t_{1},...,t_{r}]],\quad\text{où }r=\sum_{\tau\in\mathcal{I}}p_{\tau}q_{\tau}.
Démonstration.

On sait déjà par [RZ96], par exemple, qu’en oubliant la 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure, DefsubscriptDef\operatorname{Def}_{\mathbb{H}} est représentable. Notons H~~𝐻\widetilde{H} le groupe p𝑝p-divisible universel sur Rsubscript𝑅R_{\mathbb{H}} qui représente ce dernier foncteur. Maintenant 𝒪𝒪\mathcal{O} agit par isogénies sur \mathbb{H}, et par rigidité des quasi-isogénies, par quasi-isogénies sur H~~𝐻\widetilde{H}. Le lieu où 𝒪𝒪\mathcal{O} agit par isogénies, et donc Def¯subscriptDef¯\operatorname{Def}_{\underline{\mathbb{H}}}, apparaît comme un sous-schéma schéma fermé de Spec(R)Specsubscript𝑅\operatorname{Spec}(R_{\mathbb{H}}) [RZ96] Proposition 2.9. La suite découle de [Wed01], corollaire 2.10. Le calcul de la dimension est donné par la théorie de Grothendieck-Messing. ∎

Remarque 9.6.

Dans les cas (AU) et (C) de [VW13] on a aussi des espaces de déformations semblables, notés DefAUsuperscriptsubscriptDef𝐴𝑈\operatorname{Def}_{\mathbb{H}}^{AU} et DefCsuperscriptsubscriptDef𝐶\operatorname{Def}_{\mathbb{H}}^{C}. Leurs dimensions respectives sont

12τpτqτetfh2(h2+1)/2.12subscript𝜏subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏et𝑓2212\frac{1}{2}\sum_{\tau}p_{\tau}q_{\tau}\quad\text{et}\quad f\frac{h}{2}(\frac{h}{2}+1)/2.

Introduisons 𝒮=𝒮Kp/Spec(OE,ν)𝒮subscript𝒮superscript𝐾𝑝Specsubscript𝑂superscript𝐸𝜈\mathcal{S}=\mathcal{S}_{K^{p}}/\operatorname{Spec}(O_{E^{\prime},\nu}) la variété de Shimura (de niveau hyperspécial en p𝑝p) associée à la donnée PEL entière 𝒟𝒟\mathcal{D} de type (AL) (cf section 9.1; définition 9.1) qui globalise la donnée (𝒪,h,(pτ)τ)𝒪subscriptsubscript𝑝𝜏𝜏(\mathcal{O},h,(p_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}) au sens de la définition 9.1.

Proposition 9.7.

Soit 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}} est la réduction modulo p𝑝p de la variété de Shimura 𝒮𝒮\mathcal{S} et x𝒮¯(k)𝑥¯𝒮𝑘x\!\in\!\overline{\mathcal{S}}(k), où k𝑘k est un corps parfait de caractéristique p𝑝p, et Gx¯¯subscript𝐺𝑥\underline{G_{x}} le 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible associé à x𝑥x par la recette de la sous-section 9.1; alors,

Spf(𝒪^𝒮,x)DefGx¯.similar-to-or-equalsSpfsubscript^𝒪𝒮𝑥subscriptDef¯subscript𝐺𝑥\operatorname{Spf}(\widehat{\mathcal{O}}_{\mathcal{S},x})\simeq\operatorname{Def}_{\underline{G_{x}}}.
Démonstration.

L’assertion découle de la théorie de Serre-Tate, cf. [Kat81], Theorem 1.2.1. ∎

Remarque 9.8.

On peut bien sur écrire de telles identifications des anneaux locaux des variétés de Shimura générales en termes de produits des espaces du type DefsubscriptDef\operatorname{Def}_{\mathbb{H}} et DefAUsuperscriptsubscriptDef𝐴𝑈\operatorname{Def}_{\mathbb{H}}^{AU} dans le cas (A)𝐴(A) et DefCsuperscriptsubscriptDef𝐶\operatorname{Def}_{\mathbb{H}}^{C} dans le cas (C). Comme on a supposé qu’il n’y a qu’un idéal au dessus de p𝑝p dans la définition 9.1, on est ici dans un cas particulier où il n’y a qu’un espace de déformations.

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p𝑝p. Soit ¯=(,ι¯)¯¯𝜄\underline{\mathbb{H}}=(\mathbb{H},\overline{\iota}) un groupe p𝑝p-divisible sur k𝑘k avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure, et soit,

Def¯=Spf(W(k)[[t1,,tr]]),subscriptDef¯Spf𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\operatorname{Def}_{\underline{\mathbb{H}}}=\operatorname{Spf}(W(k)[[t_{1},\dots,t_{r}]]),

l’espace des déformations (par isomorphisme) de ¯=(,ι¯)¯¯𝜄\underline{\mathbb{H}}=(\mathbb{H},\overline{\iota}). Soit HunivSpf(W(k)[[t1,,tr]])superscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣Spf𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟H^{univ}\longrightarrow\operatorname{Spf}(W(k)[[t_{1},\dots,t_{r}]]), la déformation universelle.

À HunivSpf(k[[t1,,tr]])superscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣Spf𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟H^{univ}\longrightarrow\operatorname{Spf}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]), sa réduction modulo p𝑝p, est associé un display 𝒫=(P,Q,F,V1)𝒫𝑃𝑄𝐹superscript𝑉1\mathcal{P}=(P,Q,F,V^{-1}), (cf. [Zin01], et [Zin02] si \mathbb{H} est formel), où P𝑃P est un module libre sur W^(k[[t1,,tr]])^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\hat{W}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]) (même sur W(k[[t1,,tr]])𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟W(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]) si \mathbb{H} est formel), QP𝑄𝑃Q\subset P est un sous-module, F:PP:𝐹𝑃𝑃F:P\longrightarrow P, et V1:QP:superscript𝑉1𝑄𝑃V^{-1}:Q\longrightarrow P sont F-linéaires où F est le Frobenius de W^(k[[t1,,tr]])^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\hat{W}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]), vérifiant certaines conditions.

Or à Hunivsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣H^{univ} est aussi associé un cristal par Berthelot-Breen-Messing [BBM82], 𝔻(Huniv)𝔻superscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣\mathbb{D}(H^{univ}), que l’on peut voir, quitte à l’évaluer sur l’épaississement à puissances divisées (cf. [Zin02] section 2.3, [GdMDdm74] Chapitre IV 3.1, [Lau14] Lemma 1.16), W^(k[[t1,,tr]])k[[t1,,tr]]^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\hat{W}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]])\twoheadrightarrow k[[t_{1},\dots,t_{r}]], comme un module localement libre sur W^(k[[t1,,tr]])^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\hat{W}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]), et on a la relation suivante, [Zin02], Theorem 6, [Lau14] Theorem B,

𝔻(Huniv)W^(k[[ti]])k[[ti]]=P.𝔻subscriptsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑃\mathbb{D}(H^{univ})_{\hat{W}(k[[t_{i}]])\rightarrow k[[t_{i}]]}=P.

Dans [Zin02] formule (87), Zink calcule explicitement le display de la déformation universelle d’un groupe p𝑝p-divisible, et on aimerait utiliser celui-ci pour calculer explicitement les invariants de Hasse partiels.

Tout d’abord introduisons (rapidement) les displays munis d’une 𝒪𝒪\mathcal{O}-action. On suppose que tous les schémas sont au-dessus de 𝒪𝒪\mathcal{O} dans la suite.

Comme Hunivsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣H^{univ} est muni d’une 𝒪𝒪\mathcal{O}-action, on peut décomposer,

P=τPτ,𝑃subscriptdirect-sum𝜏subscript𝑃𝜏P=\bigoplus_{\tau}P_{\tau},

idem pour Q𝑄Q, et les morphismes F𝐹F et V1superscript𝑉1V^{-1} sont σ𝜎\sigma-gradués pour cette décomposition. Le calcul du display de la déformation universelle d’un groupe p𝑝p-divisible formel (cf [Zin02] formule 87) s’adapte ici à la fois aux groupes p𝑝p-divisibles non necessairement formels (voir aussi [Lau14] section 3.2) et à l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, en ne considérant que des objets compatibles à la décomposition précédente de 𝒫𝒫\mathcal{P}, l’outil principal étant la théorie des déformations de Grothendieck-Messing. Ceci s’adapte dans le cas d’une 𝒪𝒪\mathcal{O}-action, à condition que la déformation de l’algèbre de Lie soit 𝒪𝒪\mathcal{O}-graduée. On en déduit alors la proposition suivante.

Proposition 9.9.

Soit k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p𝑝p. Soit ¯=(,ι¯)¯¯𝜄\underline{\mathbb{H}}=(\mathbb{H},\overline{\iota}) un groupe p𝑝p-divisible sur k𝑘k avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-action et notons 𝒫0=(P0,Q0,F0,V01)=(𝔻(),V(𝔻()),F,1pF)subscript𝒫0subscript𝑃0subscript𝑄0subscript𝐹0superscriptsubscript𝑉01𝔻𝑉𝔻𝐹1𝑝𝐹\mathcal{P}_{0}=(P_{0},Q_{0},F_{0},V_{0}^{-1})=(\mathbb{D}(\mathbb{H}),V(\mathbb{D}(\mathbb{H})),F,\frac{1}{p}F) son display (de Dieudonné) sur k𝑘k, où (𝔻(),F,V)𝔻𝐹𝑉(\mathbb{D}(\mathbb{H}),F,V) est le module de Dieudonné de \mathbb{H}. Choisissons une base de P0subscript𝑃0P_{0}, (eiτ)τ,i{1,h}subscriptsubscriptsuperscript𝑒𝜏𝑖formulae-sequence𝜏𝑖1(e^{\tau}_{i})_{\tau\in\mathcal{I},i\in\{1,\dots h\}}, adaptée à la décomposition,

P0=τP0τ,subscript𝑃0subscriptdirect-sum𝜏superscriptsubscript𝑃0𝜏P_{0}=\bigoplus_{\tau\in\mathcal{I}}P_{0}^{\tau},

de telle manière qu’après réduction modulo p𝑝p, pour tout τ𝜏\tau, (e1τ,,epττ)superscriptsubscript𝑒1𝜏superscriptsubscript𝑒subscript𝑝𝜏𝜏(e_{1}^{\tau},\dots,e_{p_{\tau}}^{\tau}) induise une base de P0τ/VP0στ=ωH,τsuperscriptsubscript𝑃0𝜏𝑉superscriptsubscript𝑃0𝜎𝜏superscriptsubscript𝜔𝐻𝜏P_{0}^{\tau}/VP_{0}^{\sigma\tau}=\omega_{H,\tau}^{\vee}. Notons B𝐵B la matrice (à coefficient dans W(k)𝑊𝑘W(k)) dans cette base de

FV1:P0=TLP0,:direct-sum𝐹superscript𝑉1subscript𝑃0direct-sum𝑇𝐿subscript𝑃0F\oplus V^{-1}:P_{0}=T\oplus L\longrightarrow P_{0},

L=LτetT=Tτ,formulae-sequence𝐿direct-sumsubscript𝐿𝜏et𝑇direct-sumsubscript𝑇𝜏L=\bigoplus L_{\tau}\quad\text{et}\quad T=\bigoplus T_{\tau},

et Tτ=W(k)<e1τ,,epττ>formulae-sequencesubscript𝑇𝜏𝑊𝑘subscriptsuperscript𝑒𝜏1subscriptsuperscript𝑒𝜏subscript𝑝𝜏absentT_{\tau}=W(k)<e^{\tau}_{1},\dots,e^{\tau}_{p_{\tau}}>, Lτ=W(k)<epτ+1τ,,ehτ>formulae-sequencesubscript𝐿𝜏𝑊𝑘subscriptsuperscript𝑒𝜏subscript𝑝𝜏1subscriptsuperscript𝑒𝜏absentL_{\tau}=W(k)<e^{\tau}_{p_{\tau}+1},\dots,e^{\tau}_{h}>. Le display de la déformation universelle HunivSpf(k[[t1,,tr]])superscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣Spf𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟H^{univ}\longrightarrow\operatorname{Spf}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]]), est alors libre et donné par la matrice de Hasse-Witt (i.e. de FV1direct-sum𝐹superscript𝑉1F\oplus V^{-1}) suivante,

Diag((Idpτ([tk,lτ])(k,l){1,,pτ}×{1,,qτ}0Idqτ),τ)B,DiagsubscriptIdsubscript𝑝𝜏subscriptdelimited-[]superscriptsubscript𝑡𝑘𝑙𝜏𝑘𝑙1subscript𝑝𝜏1subscript𝑞𝜏0subscriptIdsubscript𝑞𝜏𝜏𝐵\operatorname{Diag}\left(\left(\begin{array}[]{cc}\operatorname{Id}_{p_{\tau}}&([t_{k,l}^{\tau}])_{(k,l)\in\{1,\dots,p_{\tau}\}\times\{1,\dots,q_{\tau}\}}\\ 0&\operatorname{Id}_{q_{\tau}}\end{array}\right),\tau\in\mathcal{I}\right)B,

[.]:k[[ti,i]]W(k[[ti,i]])[.]:k[[t_{i},i]]\longrightarrow W(k[[t_{i},i]]) est l’application de Teichmuller.

Remarque 9.10.

On note pour un ensemble fini {1,,n}1𝑛\{1,\dots,n\}, et (Ai)1insubscriptsubscript𝐴𝑖1𝑖𝑛(A_{i})_{1\leq i\leq n} une collection de matrices, la matrice diagonale par blocs,

Diag(Ai:i{1,,n})=(A1A2An).Diag:subscript𝐴𝑖𝑖1𝑛subscript𝐴1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝐴2missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝐴𝑛\operatorname{Diag}(A_{i}:i\!\in\!\{1,\dots,n\})=\left(\begin{array}[]{cccc}A_{1}&&\\ &A_{2}&\\ &&\ddots&\\ &&&A_{n}\\ \end{array}\right).

À priori l’ensemble \mathcal{I} des plongements n’est pas ordonné, mais quitte à choisir un plongement τ0subscript𝜏0\tau_{0}\!\in\!\mathcal{I}, on a une bijection,

{1,,f}iσiτ0,1𝑓𝑖superscript𝜎𝑖subscript𝜏0\begin{array}[]{ccc}\{1,\dots,f\}&\longrightarrow&\mathcal{I}\\ i&\longmapsto&\sigma^{i}\tau_{0}\end{array},

σ𝜎\sigma est le Frobenius de 𝒪𝒪\mathcal{O}. Néanmoins on n’insiste pas sur cette remarque, et on espère que la notation est suffisamment claire pour ne pas induire le lecteur en erreur.

Exemple 9.11.

Soit le groupe p𝑝p-divisible de hauteur 4 sur k𝑘k avec p2subscriptsuperscript𝑝2\mathbb{Z}_{p^{2}}-action et signature ((1,1),(0,2))1.10.2((1,1),(0,2)) donné par la matrice de Verschiebung,

V=(0(11)(p1)0)𝑉01missing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression𝑝1missing-subexpression0V=\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{cc}&p\\ 1&\end{array}\right)&0\end{array}\right)

Il n’est pas μ𝜇\mu-ordinaire. Sa matrice de Hasse Witt (F1pFdirect-sum𝐹1𝑝𝐹F\oplus\frac{1}{p}F) est donnée dans la même base par,

(0(0110)(11)0).001101missing-subexpressionmissing-subexpression10\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ 1&0\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\right)&0\end{array}\right).

Le display de la déformation universelle de G𝐺G à coefficients dans W(k[[X]])𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]𝑋W(k[[X]]) est donc donné "dans la même base" par la matrice de Hasse-Witt,

((1X1)00(11))(0(0110)(11))=(0(011X)(11)).1missing-subexpression𝑋1001missing-subexpressionmissing-subexpression1001101missing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression0011𝑋1missing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression\left(\begin{array}[]{cc}\left(\begin{array}[]{cc}1&\\ X&1\end{array}\right)&0\\ 0&\left(\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\right)\end{array}\right)\cdot\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ 1&0\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\right)&\end{array}\right)=\left(\begin{array}[]{cc}0&\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ 1&X\end{array}\right)\\ \left(\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\right)&\end{array}\right).
Lemme 9.12.

Soit R𝑅R un anneau de caractéristique p𝑝p. Le Frobenius F de W(R)𝑊𝑅W(R) relève le Frobenius de R𝑅R mais aussi celui de W(R)/pW(R)𝑊𝑅𝑝𝑊𝑅W(R)/pW(R). Autrement dit, c’est un relèvement fort de Frobenius. C’est encore vrai pour W^(R)W(R)^𝑊𝑅𝑊𝑅\hat{W}(R)\subset W(R).

Démonstration.

Soit x=(x0,x1,)W(R)𝑥subscript𝑥0subscript𝑥1𝑊𝑅x=(x_{0},x_{1},\dots)\!\in\!W(R), alors écrivons que x=(x0,0,)+Vy𝑥superscript𝑉subscript𝑥0.0𝑦x=(x_{0},0,\dots)+^{V}y. On a donc que xFF(x0,)+pW(R)superscript𝐹superscript𝑥𝐹subscript𝑥0𝑝𝑊𝑅{}^{F}x\!\in\!^{F}(x_{0},\dots)+pW(R) puisque =FVp{}^{FV}=p. Mais on a aussi que WV(R)=IRsuperscript𝑊𝑉𝑅subscript𝐼𝑅{}^{V}W(R)=I_{R} et

IRppIR,superscriptsubscript𝐼𝑅𝑝𝑝subscript𝐼𝑅I_{R}^{p}\subset pI_{R},

puisque IRsubscript𝐼𝑅I_{R} est muni de puissances divisées ([GdMDdm74] Chap IV, 3.1), donc xp(x0,)p+pW(R)superscript𝑥𝑝superscriptsubscript𝑥0𝑝𝑝𝑊𝑅x^{p}\!\in\!(x_{0},\dots)^{p}+pW(R) et comme (x0,0,)p=F(x0,0,)superscript𝐹superscriptsubscript𝑥0.0𝑝subscript𝑥0.0(x_{0},0,\dots)^{p}=^{F}(x_{0},0,\dots), cela conclut pour W(R)𝑊𝑅W(R). Pour W^(R)^𝑊𝑅\hat{W}(R), on utilise que pW(R)W^(R)=pW^(R)𝑝𝑊𝑅^𝑊𝑅𝑝^𝑊𝑅pW(R)\cap\hat{W}(R)=p\hat{W}(R) ([Lau14] Lemma 1.15 si p3𝑝3p\geq 3 ou si p=2𝑝2p=2 et 2R=02𝑅02R=0, la preuve fonctionne encore : si y=(y0,y1,)W(𝔪R)𝑦subscript𝑦0subscript𝑦1𝑊subscript𝔪𝑅y=(y_{0},y_{1},\dots)\!\in\!W(\mathfrak{m}_{R}) tel que 2yW^(R)2𝑦^𝑊𝑅2y\!\in\!\hat{W}(R), alors 2y=(0,y02,y12,)2𝑦0superscriptsubscript𝑦02superscriptsubscript𝑦122y=(0,y_{0}^{2},y_{1}^{2},\dots) or si yi𝔪Rsubscript𝑦𝑖subscript𝔪𝑅y_{i}\!\in\!\mathfrak{m}_{R} tel que yi2𝔪R2nsuperscriptsubscript𝑦𝑖2superscriptsubscript𝔪𝑅2𝑛y_{i}^{2}\!\in\!\mathfrak{m}_{R}^{2n}, alors yi𝔪Rnsubscript𝑦𝑖superscriptsubscript𝔪𝑅𝑛y_{i}\!\in\!\mathfrak{m}_{R}^{n}). ∎

Proposition 9.13.

Gardons les notations de la proposition précédente, et notons 𝔼=𝔻(Huniv)W^(k[[t1,,tr]])k[[t1,,tr]]𝔼𝔻subscriptsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟𝑘delimited-[]subscript𝑡1subscript𝑡𝑟\mathbb{E}=\mathbb{D}(H^{univ})_{\hat{W}(k[[t_{1},\dots,t_{r}]])\rightarrow k[[t_{1},\dots,t_{r}]]}. Notons φ=Fsuperscript𝐹𝜑absent\varphi=^{F} le morphisme de W^(k[[ti;i{1,,r}]])^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑖1𝑟\hat{W}(k[[t_{i};i\!\in\!\{1,\dots,r\}]]). Alors il existe pour tout τ𝜏\tau un unique morphisme,

Ha~τ:qτ𝔼τFil(qτ𝔼τ(φ)),:subscript~Ha𝜏superscriptsubscript𝑞𝜏subscript𝔼𝜏Filsuperscriptsubscript𝑞𝜏superscriptsubscript𝔼𝜏𝜑\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}:\bigwedge^{q_{\tau}}\mathbb{E}_{\tau}\longrightarrow\operatorname{Fil}(\bigwedge^{q_{\tau}}\mathbb{E}_{\tau}^{(\varphi)}),

tel que pkτHa~τ=Vfsuperscript𝑝subscript𝑘𝜏subscript~Ha𝜏superscript𝑉𝑓p^{k_{\tau}}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}=V^{f}. Ce morphisme correspond à l’invariant de Hasse partiel construit comme dans la section 8. De plus, d’après la proposition précédente et [Zin02] Theorem 6, on peut calculer explicitement la matrice de

V:𝔼𝔼(φ),:𝑉𝔼superscript𝔼𝜑V:\mathbb{E}\longrightarrow\mathbb{E}^{(\varphi)},

sur 𝔼𝔼\mathbb{E}, elle est donnée par :

ADiag((Idpτ([tk,lτ])(k,l){1,,pτ}×{1,,qτ}0Idqτ);τ),𝐴DiagsubscriptIdsubscript𝑝𝜏subscriptdelimited-[]superscriptsubscript𝑡𝑘𝑙𝜏𝑘𝑙1subscript𝑝𝜏1subscript𝑞𝜏0subscriptIdsubscript𝑞𝜏𝜏A\operatorname{Diag}\left(\left(\begin{array}[]{cc}\operatorname{Id}_{p_{\tau}}&-([t_{k,l}^{\tau}])_{(k,l)\in\{1,\dots,p_{\tau}\}\times\{1,\dots,q_{\tau}\}}\\ 0&\operatorname{Id}_{q_{\tau}}\end{array}\right);\tau\in\mathcal{I}\right),

AMfh(W(k))𝐴subscript𝑀𝑓𝑊𝑘A\!\in\!M_{fh}(W(k)) est un relevement de la matrice de V𝑉V de \mathbb{H}, dans une base adaptée à l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} et à la filtration de Hodge (comme dans la proposition précédente).

Démonstration.

φ𝜑\varphi est un relèvement fort de Frobenius sur W^(k)[[ti;i]]^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑖\hat{W}(k)[[t_{i};i]], donc par le corollaire 4.7, Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} est bien divisible par pkτsuperscript𝑝subscript𝑘𝜏p^{k_{\tau}}, et comme W^(k[[ti;i]])^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑖\hat{W}(k[[t_{i};i]]) est sans p𝑝p-torsion (on plonge k[[t¯]]𝑘delimited-[]delimited-[]¯𝑡k[[\underline{t}]] dans son perfectisé, qui induit une injection W(k[[t¯]]W(k[[t¯]]perf)W(k[[\underline{t}]]\subset W(k[[\underline{t}]]^{perf}) qui est sans torsion, et W^(R)W(R)^𝑊𝑅𝑊𝑅\hat{W}(R)\subset W(R)), une telle division est unique, et donc correspond à l’invariant de Hasse construit dans la section 8. φ𝜑\varphi n’est pas inversible sur W^(k[[ti;i]])^𝑊𝑘delimited-[]subscript𝑡𝑖𝑖\hat{W}(k[[t_{i};i]]), mais on peut tout de même construire une application V:𝔼𝔼(φ):𝑉𝔼superscript𝔼𝜑V:\mathbb{E}\longrightarrow\mathbb{E}^{(\varphi)} (notée V#superscript𝑉#V^{\#} dans [Zin02]), alors la proposition précédente et le théorème B de [Lau14] (ou le théorème 6 de [Zin02]) nous assure la forme voulue pour la matrice de V𝑉V. ∎

Remarque 9.14.

À l’aide de la proposition précédente, on va pouvoir explicitement calculer Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau} sur les espaces de déformations, et donc localement sur les variétés de Shimura.

Dans certains calculs (notamment pour la section sur la dualité, mais pas pour tous les calculs de multiplicités), on aurait pu se passer de la théorie de [Zin01],[Lau14] et utiliser seulement les displays des groupes formels en découpant le groupe p𝑝p-divisible \mathbb{H} en parties multiplicative, biconnexe, étale : =m00etdirect-sumsuperscript𝑚superscript00superscript𝑒𝑡\mathbb{H}=\mathbb{H}^{m}\oplus\mathbb{H}^{00}\oplus\mathbb{H}^{et} et en utilisant la proposition 7.3 et la remarque 7.2.

Ce découpage fonctionne sur les anneaux de déformation lorsque \mathbb{H} est μ𝜇\mu-ordinaire (ou qu’il a déjà une partie étale et multiplicative de taille maximale par rapport à sa signature) puisque le polygone de Newton diminue par déformation. Malheureusement pour les calculs de multiplicités, si la signature permet une partie étale (i.e. minτqτ0subscript𝜏subscript𝑞𝜏0\min_{\tau}q_{\tau}\neq 0), sur la strate de Newton associée au plus petit des qτsubscript𝑞𝜏q_{\tau}, le groupe \mathbb{H} que l’on considère est presque formel (sa partie étale n’est pas de taille maximale) mais le groupe en fibre générique sur l’espace de déformation a une partie étale maximale (il est μ𝜇\mu-ordinaire), autrement dit, même en découpant la partie étale de \mathbb{H}, Hunivsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣H^{univ} n’est pas formel. Ceci dit, une fois la dualité connue, on aurait tout de même pu s’en sortir quitte à passer au dual de Hunivsuperscript𝐻𝑢𝑛𝑖𝑣H^{univ} (sauf lorsqu’il y a un lieu ordinaire, i.e. pτ=pτ({0,h})subscript𝑝𝜏annotatedsubscript𝑝superscript𝜏absent0p_{\tau}=p_{\tau^{\prime}}(\not\in\{0,h\}) pour tout τ,τ𝜏superscript𝜏\tau,\tau^{\prime}).

9.3. Strates de Newton et multiplicité des invariants.

Hypothèse 9.15.

Supposons maintenant que tous les qτ,τsubscript𝑞𝜏𝜏q_{\tau},\tau\!\in\!\mathcal{I}, tels que qτ{0,h}subscript𝑞𝜏0q_{\tau}\not\in\{0,h\}, sont distincts, i.e.

qτ{0,h} et ττqτqτ.subscript𝑞𝜏0 et superscript𝜏𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏q_{\tau}\not\in\{0,h\}\text{ et }\tau^{\prime}\neq\tau\Rightarrow q_{\tau}\neq q_{\tau^{\prime}}.

Alors on a le théorème suivant :

Théoreme 9.16.

Sous l’hypothèse 9.15, le diviseur de Cartier V(μHa)𝒯r,h,(pτ)V(^{\mu}\operatorname{Ha})\subset\mathcal{BT}_{r,h,(p_{\tau})}, associé à l’invariant de Hasse μ𝜇\mu-ordinaire, est réduit.

Proposition 9.17.

Soit S/Spec(𝒪E)𝑆Specsubscript𝒪𝐸S/\operatorname{Spec}(\mathcal{O}_{E}) la donnée de Shimura PEL associée au problème précédent (cf. 9.1), 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}} sa réduction modulo p𝑝p. Alors le lieu μ𝜇\mu-ordinaire est dense, et sur un ouvert dense du complémentaire, l’invariant de Hasse HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} définit une forme linéaire non nulle dans l’espace tangent de 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}}. En particulier V(μHa)𝒮¯V(^{\mu}\operatorname{Ha})\subset\overline{\mathcal{S}} est réduit.

Démonstration.

Le fait que le lieu μ𝜇\mu-ordinaire soit dense est déjà connu, cf [Wed98]. On va montrer que sur les strates de V(μHa)V(^{\mu}\operatorname{Ha}) minimales (au sens du polygone de Newton) HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} définit une forme linéaire non nulle dans l’espace tangent. Soit x𝒮¯𝑥¯𝒮x\!\in\!\overline{\mathcal{S}}. Son 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge est celui de la figure 6.

Figure 6. 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Hodge associée à la signature (qτ)τsubscriptsubscript𝑞𝜏𝜏(q_{\tau})_{\tau\in\mathcal{I}}.
q(1)superscript𝑞1q^{(1)}q(2)superscript𝑞2q^{(2)}q(3)superscript𝑞3q^{(3)}q(r1)superscript𝑞𝑟1q^{(r-1)}q(r)superscript𝑞𝑟q^{(r)}hh0n1fsubscript𝑛1𝑓\frac{n_{1}}{f}n1+1fsubscript𝑛11𝑓\frac{n_{1}+1}{f}fnrf𝑓subscript𝑛𝑟𝑓\frac{f-n_{r}}{f}111

Les q(i),i{1,,f}superscript𝑞𝑖𝑖1𝑓q^{(i)},i\!\in\!\{1,\dots,f\} tels que q(i){0,h}superscript𝑞𝑖0q^{(i)}\not\in\{0,h\} sont tous distincts par hypothèse. De plus le 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygone de Newton de x𝑥x est au-dessus de son polygone de Hodge, et a même point terminal. Regardons les points géométriques xlsubscript𝑥𝑙x_{l}, l{1,,f}𝑙1𝑓l\!\in\!\{1,\dots,f\} tels que q(l){0,h}superscript𝑞𝑙0q^{(l)}\not\in\{0,h\}, de 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}}, associé aux groupes p𝑝p-divisible G/Spec(k)𝐺Spec𝑘G/\operatorname{Spec}(k), où k𝑘k algébriquement clos, tels que le polygone de Newton soit égal au polygone de Hodge, sauf autour de q(l)superscript𝑞𝑙q^{(l)} où il est donné par la figure 7.

Figure 7. Le polygone de Newton blsuperscript𝑏𝑙b^{l}.
q(l)1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}\!-\!1q(l)superscript𝑞𝑙q^{(l)}q(l)+1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}\!+\!1NewtHdg

C’est à dire que l’on s’intéresse aux points xlsubscript𝑥𝑙x_{l} dans la strate de Newton de S𝑆S associée au polygone ci-dessus. On note 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}} cette strate. Dans ce cas, par le théorème 3.14, on a l’existence de sous groupes H1H2subscript𝐻1subscript𝐻2H_{1}\subset H_{2} de G𝐺G tels que l’extension,

0H1H2G,0subscript𝐻1subscript𝐻2𝐺0\subset H_{1}\subset H_{2}\subset G,

soit scindée, que les polygones de Newton et de Hodge de H1subscript𝐻1H_{1} (respectivement G/H2𝐺subscript𝐻2G/H_{2}, respectivement H2/H1subscript𝐻2subscript𝐻1H_{2}/H_{1}) coincident avec la partie des polygones de Newton et de Hodge de G𝐺G définijusqu’à l’abscisse q(l)1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}-1 (respectivement, à partir de l’abscisse q(l)+1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}+1, respectivement, entre les abscisses q(l)1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}-1 et q(l)+1superscript𝑞𝑙1q^{(l)}+1). Dans ce cas H1subscript𝐻1H_{1} et G/H2𝐺subscript𝐻2G/H_{2} sont μ𝜇\mu-ordinaires (pour des signatures (qτ)subscript𝑞𝜏(q_{\tau}) différentes de celles d’origine, donnés par la remarque 3.16). Donc par la remarque 7.2 et la proposition 7.3, il suffit de regarder H:=H2/H1assign𝐻subscript𝐻2subscript𝐻1H:=H_{2}/H_{1}.

Figure 8. 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygones de Hodge et Newton de H𝐻H.
11122200NewtHdgxf𝑥𝑓\frac{x}{f}x+1f𝑥1𝑓\frac{x\!+\!1}{f}2x+12f2𝑥12𝑓\frac{2x\!+\!1}{2f}

Notons alors,

x:=|{τ|qτ<q(l)}|,z:=|{τ|qτ>q(l)}|.formulae-sequenceassign𝑥conditional-set𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑙assign𝑧conditional-set𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑙x:=|\{\tau\!\in\!\mathcal{I}|q_{\tau}<q^{(l)}\}|,\quad z:=|\{\tau\!\in\!\mathcal{I}|q_{\tau}>q^{(l)}\}|.

On a par l’hypothèse 9.15 alors x+1+z=f=[F:p]x+1+z=f=[F:\mathbb{Q}_{p}]. Alors H𝐻H est un groupe p𝑝p-divisible muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 2 et de signature,

qτ(H)={0 si qτ(G)<q(l)1 si qτ(G)=q(l)2 si qτ(G)>q(l)subscript𝑞𝜏𝐻cases0 si subscript𝑞𝜏𝐺superscript𝑞𝑙missing-subexpression1 si subscript𝑞𝜏𝐺superscript𝑞𝑙missing-subexpression2 si subscript𝑞𝜏𝐺superscript𝑞𝑙missing-subexpressionq_{\tau}(H)=\left\{\begin{array}[]{ccc}0&\text{ si }q_{\tau}(G)<q^{(l)}\\ 1&\text{ si }q_{\tau}(G)=q^{(l)}\\ 2&\text{ si }q_{\tau}(G)>q^{(l)}\end{array}\right.

On a donc pour τ𝜏\tau tel que qτ(G)<q(l)subscript𝑞𝜏𝐺superscript𝑞𝑙q_{\tau}(G)<q^{(l)}, i.e. qτ(H)=0subscript𝑞𝜏𝐻0q_{\tau}(H)=0, V𝔻(H)στ=p𝔻(H)τ,𝑉𝔻subscript𝐻𝜎𝜏𝑝𝔻subscript𝐻𝜏V\mathbb{D}(H)_{\sigma\tau}=p\mathbb{D}(H)_{\tau}, et pour τ𝜏\tau tel que qτ(G)>q(l)subscript𝑞𝜏𝐺superscript𝑞𝑙q_{\tau}(G)>q^{(l)}, i.e. qτ(H)=2subscript𝑞𝜏𝐻2q_{\tau}(H)=2, V𝔻(H)στ=𝔻(H)τ.𝑉𝔻subscript𝐻𝜎𝜏𝔻subscript𝐻𝜏V\mathbb{D}(H)_{\sigma\tau}=\mathbb{D}(H)_{\tau}. On peut alors fixer une base de 𝔻(H)𝔻𝐻\mathbb{D}(H), i.e. un isomorphisme 𝔻(H)=(W(k)2)f𝔻𝐻superscript𝑊superscript𝑘2𝑓\mathbb{D}(H)=(W(k)^{2})^{f}, et un isomorphisme qui conserve l’ordre (normal habituel sur {1,,f}1𝑓\{1,\dots,f\}, donné par le Frobenius sur \mathcal{I}), {1,,f}similar-to-or-equals1𝑓\{1,\dots,f\}\simeq\mathcal{I} tel que 𝔻(H)i𝔻subscript𝐻𝑖\mathbb{D}(H)_{i} est placé en i𝑖i-position. Avec cet isomorphisme, les matrices de F𝐹F et V𝑉V sont données par,

V=(0pnfI2pn1I200A0pnf1I20) et,𝑉0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝subscript𝑛𝑓subscript𝐼2superscript𝑝subscript𝑛1subscript𝐼20missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝐴missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝subscript𝑛𝑓1subscript𝐼20 et,V=\left(\begin{array}[]{cccccl}0&&&&&p^{n_{f}}I_{2}\\ p^{n_{1}}I_{2}&0&&&&\\ 0&\ddots&\,\,\ddots&&&\\ &&A&\,\,\ddots&&\\ &0&&\ddots&\ddots&\\ &&&&\!\!p^{n_{f-1}}I_{2}&0\end{array}\right)\quad\text{ et,}
F=(0p1n1I20B0p1nf1I2p1nfI20)𝐹0superscript𝑝1subscript𝑛1subscript𝐼2missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝐵missing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝1subscript𝑛𝑓1subscript𝐼2superscript𝑝1subscript𝑛𝑓subscript𝐼2missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0F=\left(\begin{array}[]{cccccl}0&p^{1-n_{1}}I_{2}&&&&\\ &0&\ddots&&&\\ &&\!\!\!\!\ddots&B&&0\\ &&&\!\!\ddots&\ddots&\\ &&&&\ddots&p^{1-n_{f-1}}I_{2}\\ p^{1-n_{f}}I_{2}&&&&&0\end{array}\right)

ni{0,1}subscript𝑛𝑖0.1n_{i}\!\in\!\{0,1\} et A,BM2(W(k))𝐴𝐵subscript𝑀2𝑊𝑘A,B\!\in\!M_{2}(W(k)) sont en position (k,k+1)𝑘𝑘1(k,k+1) et (k+1,k)𝑘1𝑘(k+1,k) et vérifient AσB=BσA=pI2superscript𝐴𝜎𝐵superscript𝐵𝜎𝐴𝑝subscript𝐼2A^{\sigma}B=B^{\sigma}A=pI_{2}. Comme qk=1subscript𝑞𝑘1q_{k}=1, quitte à changer de base, on a deux choix possibles (d’après la classification des cristaux de hauteur 2 et dimension 1, appliquée au Ffsuperscript𝐹𝑓F^{f}-cristal (W(k)2,Vf)𝑊superscript𝑘2superscript𝑉𝑓(W(k)^{2},V^{f}), où Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} est donné par A𝐴A) pour A𝐴A (qui déterminent chacun un unique choix de B𝐵B),

A=(100p)ouA=(0p10).formulae-sequence𝐴10missing-subexpression0𝑝missing-subexpressionou𝐴0𝑝missing-subexpression10missing-subexpressionA=\left(\begin{array}[]{ccc}1&0\\ 0&p\end{array}\right)\quad\text{ou}\quad A=\left(\begin{array}[]{ccc}0&p\\ 1&0\end{array}\right).

Le premier cas est le cas où H𝐻H est μ𝜇\mu-ordinaire, ce qui est exclu, on est donc dans le second cas. En particulier, cette strate de Newton est une strate d’Ekedahl-Oort minimale, comme on le vera dans la proposition 9.18. On voit déjà que tout élément de 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}} détermine uniquement, grâce à la matrice précédente, sa p𝑝p-torsion.

Retournons alors au calcul de l’invariant de Hasse partiel associé à un point de la strate de Newton-Ekedahl-Oort 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}}. D’après la proposition 9.13, on peut écrire la matrice de V𝑉V du cristal 𝒫𝒫\mathcal{P} de la 𝒪𝒪\mathcal{O}-déformation universelle de H𝐻H, dans une base (𝒫((W^(k[[X]]))2)fsimilar-to-or-equals𝒫superscriptsuperscript^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]𝑋2𝑓\mathcal{P}\simeq((\hat{W}(k[[X]]))^{2})^{f}) adaptée aux matrices de V𝑉V et F𝐹F précédemment écrites,

Vuniv=(0pnfI2pn1I200(0p1X)0pnf1I20)superscript𝑉𝑢𝑛𝑖𝑣0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝subscript𝑛𝑓subscript𝐼2superscript𝑝subscript𝑛1subscript𝐼20missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0𝑝missing-subexpression1𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝subscript𝑛𝑓1subscript𝐼20V^{univ}=\left(\begin{array}[]{ccllcl}0&&&&&p^{n_{f}}I_{2}\\ p^{n_{1}}I_{2}&0&&&&\\ 0&\ddots&\,\,\,\,\ddots&&&\\ &&\!\!\!\left(\begin{array}[]{ccc}0&p\\ 1&-X\end{array}\right)\par&\!\!\!\ddots&&\\ &0&&\ddots&\ddots&\\ &&&&\!\!p^{n_{f-1}}I_{2}&0\end{array}\right)

On en déduit alors que,

(Vuniv)f=p(jk(nj))Diag((0p1X),,(0p1X)).superscriptsuperscript𝑉𝑢𝑛𝑖𝑣𝑓superscript𝑝subscript𝑗𝑘subscript𝑛𝑗Diag0𝑝missing-subexpression1𝑋missing-subexpression0𝑝missing-subexpression1𝑋missing-subexpression(V^{univ})^{f}=p^{\left(\sum_{j\neq k}(n_{j})\right)}\operatorname{Diag}\left(\left(\begin{array}[]{ccc}0&p\\ 1&-X\end{array}\right),\dots,\left(\begin{array}[]{ccc}0&p\\ 1&-X\end{array}\right)\right).

Et donc que Hak(Vuniv)=XsubscriptHa𝑘superscript𝑉𝑢𝑛𝑖𝑣𝑋\operatorname{Ha}_{k}(V^{univ})=-X, et donc Haμ(G)=XsuperscriptHa𝜇𝐺𝑋{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G)=-X (à un inversible près). On en déduit donc que l’invariant de Hasse est de multiplicité 1 (i.e. définit une forme linéaire non nulle sur l’espace tangent) sur la réunion,

l=1r𝒩blVS(μHa).\bigcup_{l=1}^{r}\mathcal{N}_{b^{l}}\subset V_{S}(^{\mu}\operatorname{Ha}).

Or d’après [Ham13], Theorem 1.1, (b), cette union est dense dans le complémentaire du lieu ordinaire, donc HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} est réduit (et c’est aussi le cas de tous les HaτsubscriptHa𝜏\operatorname{Ha}_{\tau}). ∎

En fait, on peut dire un petit peu plus sur la géométrie des strates de Newton précédemment considérées :

Proposition 9.18.

Dans la variété de Shimura simple 𝒮𝒮\mathcal{S} précédente, la strate de Newton 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}} est une strate d’Ekedahl-Oort minimale.

Démonstration.

On a déjà vu au cours de la démonstration précédente (à l’aide de la filtration Hodge-Newton et du calcul de la signature des gradués) qu’un groupe p𝑝p-divisible dans 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}} détermine entièrement (et uniquement) sa p𝑝p-torsion. Pour la réciproque, c’est le lemme suivant.

Lemme 9.19.

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p𝑝p. Soit N1,N2subscript𝑁1subscript𝑁2N_{1},N_{2} deux groupes p𝑝p-divisibles sur k𝑘k, avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, μ𝜇\mu-ordinaires, et H𝐻H un 𝒪𝒪\mathcal{O}-groupe p𝑝p-divisible sur k𝑘k, de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 2. Supposons que toutes les pentes de Newtons vérifient l’inégalité,

pentes de 𝒩ewt𝒪(N1) pentes de 𝒩ewt𝒪(H) pentes de 𝒩ewt𝒪(N2).pentes de subscript𝒩ewt𝒪subscript𝑁1 pentes de subscript𝒩ewt𝒪𝐻 pentes de subscript𝒩ewt𝒪subscript𝑁2\text{pentes de }\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(N_{1})\leq\text{ pentes de }\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(H)\leq\text{ pentes de }\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(N_{2}).

Soit X¯¯𝑋\underline{X} un 𝒪𝒪\mathcal{O}-groupe p𝑝p-divisible (sur k𝑘k), dont la p𝑝p-torsion (munie de sa 𝒪𝒪\mathcal{O}-structure) vérifie,

X¯[p](N1×H×N2)[p].similar-to-or-equals¯𝑋delimited-[]𝑝subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2delimited-[]𝑝\underline{X}[p]\simeq(N_{1}\times H\times N_{2})[p].

Alors

X¯N1×H×N2.similar-to-or-equals¯𝑋subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2\underline{X}\simeq N_{1}\times H\times N_{2}.
Démonstration.

Par ce qui précede le lemme, il suffit de montrer que X¯¯𝑋\underline{X} est isogène à N1×H×N2subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2N_{1}\times H\times N_{2}, en utilisant que si on a une suite exacte,

0ABC00𝐴𝐵𝐶00\longrightarrow A\longrightarrow B\longrightarrow C\longrightarrow 0

de groupes p𝑝p-divisibles sur k𝑘k avec 𝒪𝒪\mathcal{O}-action, alors B𝐵B est isogène à A×C𝐴𝐶A\times C. En raisonnant exactement comme dans la démonstration du théorème 1.3.7. de [Moo04] (qui découpe petit à petit des parties de X¯¯𝑋\underline{X} en suivant les pentes de Hdg𝒪(X¯)subscriptHdg𝒪¯𝑋\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(\underline{X})) et en faisant la même chose sur X¯Dsuperscript¯𝑋𝐷\underline{X}^{D}, on peut se ramener au cas où H𝐻H n’est pas μ𝜇\mu-ordinaire (sinon c’est le théorème de Moonen) et le polygone de Newton de N1×H×N2subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2N_{1}\times H\times N_{2} possède seulement 2 pentes, voir figure 9. Notons que les polygones de Newton de N1subscript𝑁1N_{1} ou de N2subscript𝑁2N_{2} sont égaux à leurs polygones de Hodge (puisqu’ils sont μ𝜇\mu-ordinaire) et sont donc isoclins.

Figure 9. 𝒪𝒪\mathcal{O}-polygones de Hodge de N1×H×N2subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2N_{1}\times H\times N_{2} et de Newton de H𝐻H
𝒩ewt𝒪(H)subscript𝒩ewt𝒪𝐻\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(H)Hdg𝒪(N1×H×N2)subscriptHdg𝒪subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(N_{1}\times H\times N_{2})q𝑞qq1𝑞1q-1q+1𝑞1q+1

Soit τ𝜏\tau\!\in\!\mathcal{I}, M=𝔻(X¯)𝑀𝔻¯𝑋M=\mathbb{D}(\underline{X}) le module de Dieudonné de X¯¯𝑋\underline{X} et Vf:MτMτ:superscript𝑉𝑓subscript𝑀𝜏subscript𝑀𝜏V^{f}:M_{\tau}\longrightarrow M_{\tau}. Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} est divisible par pxsuperscript𝑝𝑥p^{x}, où x=|{τ:qτ=0}|𝑥conditional-set𝜏subscript𝑞𝜏0x=|\{\tau:q_{\tau}=0\}| et considérons,

φτ=1pxVf=MτMτ.subscript𝜑𝜏1superscript𝑝𝑥superscript𝑉𝑓subscript𝑀𝜏subscript𝑀𝜏\varphi_{\tau}=\frac{1}{p^{x}}V^{f}=M_{\tau}\longrightarrow M_{\tau}.

Notons W=W(k)𝑊𝑊𝑘W=W(k) et X0=N1×H×N2subscript𝑋0subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2X_{0}=N_{1}\times H\times N_{2}, et M0=M1MHM2subscript𝑀0direct-sumsubscript𝑀1subscript𝑀𝐻subscript𝑀2M_{0}=M_{1}\oplus M_{H}\oplus M_{2} son module de Dieudonné, alors la matrice de φτ,0subscript𝜑𝜏.0\varphi_{\tau,0} (Vfsuperscript𝑉𝑓V^{f} est là aussi divisible par pxsuperscript𝑝𝑥p^{x}, puisque X¯0[p]=X¯[p]subscript¯𝑋0delimited-[]𝑝¯𝑋delimited-[]𝑝\underline{X}_{0}[p]=\underline{X}[p]) est,

(Iq1(0p10)pIr),où r=nq1.subscript𝐼𝑞1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0𝑝10missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝subscript𝐼𝑟où 𝑟𝑛𝑞1\left(\begin{array}[]{ccc}I_{q-1}&&\\ &\left(\begin{array}[]{cc}0&p\\ 1&0\end{array}\right)&\\ &&pI_{r}\end{array}\right),\quad\text{où }r=n-q-1.

Comme X¯[p]X0[p]similar-to-or-equals¯𝑋delimited-[]𝑝subscript𝑋0delimited-[]𝑝\underline{X}[p]\simeq X_{0}[p], on en déduit que la matrice de φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} est congrue à celle de φτ,0subscript𝜑𝜏.0\varphi_{\tau,0} modulo p𝑝p. Notons,

N=((0p10)pIr).𝑁0𝑝10missing-subexpressionmissing-subexpression𝑝subscript𝐼𝑟N=\left(\begin{array}[]{cc}\left(\begin{array}[]{cc}0&p\\ 1&0\end{array}\right)&\\ &pI_{r}\end{array}\right).

La matrice de φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} est alors de la forme,

(B1B2B3B4),où B20,B30,B4N(modp), et B1 est inversible.formulae-sequencesubscript𝐵1subscript𝐵2subscript𝐵3subscript𝐵4où subscript𝐵20formulae-sequencesubscript𝐵30subscript𝐵4annotated𝑁pmod𝑝 et subscript𝐵1 est inversible.\left(\begin{array}[]{cc}B_{1}&B_{2}\\ B_{3}&B_{4}\end{array}\right),\quad\text{où }B_{2}\equiv 0,B_{3}\equiv 0,B_{4}\equiv N\pmod{p},\text{ et }B_{1}\text{ est inversible.}

Soit {f1,,fq1}subscript𝑓1subscript𝑓𝑞1\{f_{1},\dots,f_{q-1}\} un relèvement d’une base de N1,τ=M1,τ/pM1,τsubscript𝑁1𝜏subscript𝑀1𝜏𝑝subscript𝑀1𝜏N_{1,\tau}=M_{1,\tau}/pM_{1,\tau} dans Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau}, et {fq,fn}subscript𝑓𝑞subscript𝑓𝑛\{f_{q},\dots f_{n}\} un relèvement dans Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} d’une base de (MHM2)τWksubscripttensor-product𝑊subscriptdirect-sumsubscript𝑀𝐻subscript𝑀2𝜏𝑘(M_{H}\oplus M_{2})_{\tau}\otimes_{W}k (compatibles avec les formes précédentes des matrices). On a une bijection,

Mnq1×q1(W){Wsous-modules UMτ de rang q1, avec U/(pMτU)N1,τ.}subscript𝑀𝑛𝑞1𝑞1𝑊similar-to-or-equals𝑊sous-modules 𝑈subscript𝑀𝜏 de rang 𝑞1missing-subexpressionmissing-subexpressionsimilar-to-or-equals avec 𝑈𝑝subscript𝑀𝜏𝑈subscript𝑁1𝜏missing-subexpressionmissing-subexpressionM_{n-q-1\times q-1}(W)\overset{\simeq}{\longrightarrow}\left\{\begin{array}[]{ccc}W-\text{sous-modules }U\subset M_{\tau}\text{ de rang }q-1,\\ \text{ avec }U/(pM_{\tau}\cap U)\simeq N_{1,\tau}.\end{array}\right\}

qui envoie une matrice A=(ai,j)𝐴subscript𝑎𝑖𝑗A=(a_{i,j}) sur l’espace UAsubscript𝑈𝐴U_{A} engendré par,

f1+pi=qna1,jfj,,fq1+pi=qnaq1,jfj.subscript𝑓1𝑝superscriptsubscript𝑖𝑞𝑛subscript𝑎1𝑗subscript𝑓𝑗subscript𝑓𝑞1𝑝superscriptsubscript𝑖𝑞𝑛subscript𝑎𝑞1𝑗subscript𝑓𝑗f_{1}+p\cdot\sum_{i=q}^{n}a_{1,j}f_{j},\dots,f_{q-1}+p\cdot\sum_{i=q}^{n}a_{q-1,j}f_{j}.

On peut vérifier par calcul que φτ(UA)=UAsubscript𝜑𝜏subscript𝑈𝐴subscript𝑈superscript𝐴\varphi_{\tau}(U_{A})=U_{A^{\prime}}

A=(1pB3+B4Aσf)(B1+pB2Aσf)1.superscript𝐴1𝑝subscript𝐵3subscript𝐵4superscript𝐴superscript𝜎𝑓superscriptsubscript𝐵1𝑝subscript𝐵2superscript𝐴superscript𝜎𝑓1A^{\prime}=(\frac{1}{p}B_{3}+B_{4}\cdot A^{\sigma^{f}})(B_{1}+pB_{2}\cdot A^{\sigma^{f}})^{-1}.

Donc UAsubscript𝑈𝐴U_{A} est stable par φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} si et seulement si,

A(B1+pB2Aσf)=(1pB3+B4Aσf).𝐴subscript𝐵1𝑝subscript𝐵2superscript𝐴superscript𝜎𝑓1𝑝subscript𝐵3subscript𝐵4superscript𝐴superscript𝜎𝑓A(B_{1}+pB_{2}\cdot A^{\sigma^{f}})=(\frac{1}{p}B_{3}+B_{4}\cdot A^{\sigma^{f}}).

On utilise alors la version suivante (légèrement modifiée) du lemme 1.3.6 de Moonen,

Lemme 9.20.

Soit R𝑅R un anneau local complet de caractéristique résiduelle p𝑝p (sans p𝑝p-torsion) et ρ𝜌\rho un automorphisme de R𝑅R. Soit C1,C2,C3,C4subscript𝐶1subscript𝐶2subscript𝐶3subscript𝐶4C_{1},C_{2},C_{3},C_{4} des matrices de R𝑅R de taille r×s,s×s,s×r,r×r𝑟𝑠𝑠𝑠𝑠𝑟𝑟𝑟r\times s,s\times s,s\times r,r\times r respectivement (où s=q1,r=nq+1formulae-sequence𝑠𝑞1𝑟𝑛𝑞1s=q-1,r=n-q+1), telles que C2subscript𝐶2C_{2} est inversible. Alors l’équation matricielle,

C1+XC2+(N+pC3)Xρ+pXC4Xρ=0,subscript𝐶1𝑋subscript𝐶2𝑁𝑝subscript𝐶3superscript𝑋𝜌𝑝𝑋subscript𝐶4superscript𝑋𝜌0C_{1}+XC_{2}+(N+pC_{3})X^{\rho}+pXC_{4}X^{\rho}=0, (3)

a une solution XMr×s(R)𝑋subscript𝑀𝑟𝑠𝑅X\!\in\!M_{r\times s}(R).

Démonstration.

Regardons l’équation modulo p𝑝p,

C1+XC2+NXρ0(modp).subscript𝐶1𝑋subscript𝐶2𝑁superscript𝑋𝜌annotated0pmod𝑝C_{1}+XC_{2}+NX^{\rho}\equiv 0\pmod{p}.

En regardant terme à terme, on a pour tout (i,j),i1𝑖𝑗𝑖1(i,j),i\neq 1,

ci,j1+kxi,kck,l2=0subscriptsuperscript𝑐1𝑖𝑗subscript𝑘subscript𝑥𝑖𝑘subscriptsuperscript𝑐2𝑘𝑙0c^{1}_{i,j}+\sum_{k}x_{i,k}c^{2}_{k,l}=0

et pour i=1𝑖1i=1,

c1,j1+x2,jρ+kx1,kck,j2=0.subscriptsuperscript𝑐11𝑗superscriptsubscript𝑥2𝑗𝜌subscript𝑘subscript𝑥1𝑘subscriptsuperscript𝑐2𝑘𝑗0c^{1}_{1,j}+x_{2,j}^{\rho}+\sum_{k}x_{1,k}c^{2}_{k,j}=0.

On peut donc prendre comme solution, xi,j=(C1C21)i,jsubscript𝑥𝑖𝑗subscriptsubscript𝐶1superscriptsubscript𝐶21𝑖𝑗x_{i,j}=(-C_{1}C_{2}^{-1})_{i,j} pour i1𝑖1i\neq 1 (comme si C30(modp)subscript𝐶3annotated0pmod𝑝C_{3}\equiv 0\pmod{p}) et x1,j=(C1~C21)1,jsubscript𝑥1𝑗subscript~subscript𝐶1superscriptsubscript𝐶211𝑗x_{1,j}=(-\widetilde{C_{1}}C_{2}^{-1})_{1,j} où,

C1~=(ci,j~),où ci,j~={ci,jsi i1c1,j+x2,jρsi i=1.formulae-sequence~subscript𝐶1~subscript𝑐𝑖𝑗où ~subscript𝑐𝑖𝑗casessubscript𝑐𝑖𝑗si 𝑖1missing-subexpressionsubscript𝑐1𝑗superscriptsubscript𝑥2𝑗𝜌si 𝑖1missing-subexpression\widetilde{C_{1}}=(\widetilde{c_{i,j}}),\quad\text{où }\widetilde{c_{i,j}}=\left\{\begin{array}[]{ccc}c_{i,j}&\text{si }i\neq 1\\ c_{1,j}+x_{2,j}^{\rho}&\text{si }i=1\end{array}\right..

Notons ΓΓ\Gamma cette solution (ou plutôt un relèvement de la solution modulo p𝑝p). Si on pose X=Γ+pX𝑋Γ𝑝superscript𝑋X=\Gamma+pX^{\prime}, on a que X𝑋X est solution de (3) si et seulement si Xsuperscript𝑋X^{\prime} est solution de

C1+XC2+(N+pC3)Xρ+pXC4Xρ=0,superscriptsubscript𝐶1superscript𝑋superscriptsubscript𝐶2𝑁𝑝superscriptsubscript𝐶3superscript𝑋𝜌𝑝superscript𝑋superscriptsubscript𝐶4superscript𝑋𝜌0C_{1}^{\prime}+X^{\prime}C_{2}^{\prime}+(N+pC_{3}^{\prime})X^{\rho}+pX^{\prime}C_{4}^{\prime}X^{\prime\rho}=0, (4)

C1=C3Γρ+ΓC4Γρ,C2=C2+pC4Γρ,C3=C3+ΓC4,formulae-sequencesuperscriptsubscript𝐶1subscript𝐶3superscriptΓ𝜌Γsubscript𝐶4superscriptΓ𝜌formulae-sequencesuperscriptsubscript𝐶2subscript𝐶2𝑝subscript𝐶4superscriptΓ𝜌superscriptsubscript𝐶3subscript𝐶3Γsubscript𝐶4C_{1}^{\prime}=C_{3}\Gamma^{\rho}+\Gamma C_{4}\Gamma^{\rho},C_{2}^{\prime}=C_{2}+pC_{4}\Gamma^{\rho},C_{3}^{\prime}=C_{3}+\Gamma C_{4}, et C4=pC4superscriptsubscript𝐶4𝑝subscript𝐶4C_{4}^{\prime}=pC_{4}. Donc par approximations successives, comme R𝑅R est complet, on en déduit une solution à (3). ∎

On en déduit donc un sous-W𝑊W-module stable par φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} Mτsubscriptsuperscript𝑀𝜏M^{\prime}_{\tau} de Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} et on peut construire comme dans Moonen [Moo04] juste avant (1.3.7.4), un sous-V𝑉V-module Msuperscript𝑀M^{\prime} de M𝑀M, avec action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, tel que MM1(modp)superscript𝑀annotatedsubscript𝑀1pmod𝑝M^{\prime}\equiv M_{1}\pmod{p}. On en déduit au niveau des groupes p𝑝p-divisibles une suite exacte,

0MMQ0.0superscript𝑀𝑀𝑄00\longrightarrow M^{\prime}\longrightarrow M\longrightarrow Q\longrightarrow 0.

Et comme MM1(modp)similar-to-or-equalssuperscript𝑀annotatedsubscript𝑀1pmod𝑝M^{\prime}\simeq M_{1}\pmod{p}, on a que Msuperscript𝑀M^{\prime} est [p]delimited-[]𝑝[p]-ordinaire, et donc par le théorème 1.3.7 de [Moo04], il est μ𝜇\mu-ordinaire, donc MM1similar-to-or-equalssuperscript𝑀subscript𝑀1M^{\prime}\simeq M_{1}. On refait le même raisonnement sur Q𝑄Q en inversant V𝑉V et F𝐹F (on pourrait aussi passer à Qsuperscript𝑄Q^{\vee}, ce qui revient essentiellement au même), qui modulo p𝑝p est isomorphe à 𝔻(H×N2)𝔻𝐻subscript𝑁2\mathbb{D}(H\times N_{2}), voir figure 10,

Figure 10. Polygones de Hodge et Newton de H×N2𝐻subscript𝑁2H\times N_{2}.
𝒩ewt𝒪(H)subscript𝒩ewt𝒪𝐻\operatorname{\mathcal{N}\!ewt}_{\mathcal{O}}(H)Hdg𝒪(H×N2)subscriptHdg𝒪𝐻subscript𝑁2\operatorname{Hdg}_{\mathcal{O}}(H\times N_{2})111222

et on en déduit une suite exacte,

0M′′QQ0.0superscript𝑀′′𝑄superscript𝑄00\longrightarrow M^{\prime\prime}\longrightarrow Q\longrightarrow Q^{\prime}\longrightarrow 0.

M′′M2similar-to-or-equalssuperscript𝑀′′subscript𝑀2M^{\prime\prime}\simeq M_{2}, et Qsuperscript𝑄Q^{\prime} est de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 2, donc isomorphe à 𝔻(H)𝔻𝐻\mathbb{D}(H). On en déduit donc que X¯¯𝑋\underline{X} est isogène à N1×H×N2subscript𝑁1𝐻subscript𝑁2N_{1}\times H\times N_{2}. ∎

Remarque 9.21.

On aurait aussi pu se passer des résultats de [Ham13], et utiliser soit [VW13] Théorème 2 (3), ou [VW13] Théorème 2(2), pour montrer que HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} est réduit en codimension 1, à l’aide de la proposition précédente, puisque nos strates de Newton 𝒩blsubscript𝒩superscript𝑏𝑙\mathcal{N}_{b^{l}} sont en fait des strates d’Ekedahl-Oort.

Démonstration.

[Théorème 9.16] Soit 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}} une variété de Shimura associée à la donnée (𝒪,h,(pτ))𝒪subscript𝑝𝜏(\mathcal{O},h,(p_{\tau})) introduite dans la section 9.1. En considérant la prsuperscript𝑝𝑟p^{r}-torsion du groupe p𝑝p-divisible "universel" G[pr]𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟G[p^{r}] sur 𝒮¯¯𝒮\overline{\mathcal{S}}, on a une flèche, cf proposition 9.3,

f:𝒮¯𝒯r.:𝑓¯𝒮subscript𝒯𝑟f:\overline{\mathcal{S}}\longrightarrow\mathcal{BT}_{r}.

Considérons

S~=IsomS(𝒪G[pr],𝒪Sprh)~𝑆subscriptIsom𝑆subscript𝒪𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟superscriptsubscript𝒪𝑆superscript𝑝𝑟\widetilde{S}=\operatorname{Isom}_{S}(\mathcal{O}_{G[p^{r}]},\mathcal{O}_{S}^{p^{rh}})

qui est un recouvrement étale de S𝑆S, et X𝑋X la présentation lisse de 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} donnée dans la section 8. Alors la trivialisation universelle au-dessus de S~~𝑆\widetilde{S} de G[pr]𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟G[p^{r}] induit une flèche,

f~:S~X.:~𝑓~𝑆𝑋\widetilde{f}:\widetilde{S}\longrightarrow X.
Lemme 9.22.

Le morphisme f~~𝑓\widetilde{f} est lisse et surjectif.

Démonstration.

En effet, pour la formelle lissité, il suffit de voir que pour tout relèvement infinitésimal d’algèbres locales RRsuperscript𝑅𝑅R^{\prime}\longrightarrow R à corps résiduels parfaits, et tout diagramme,

Spec(R)Spec𝑅{\operatorname{Spec}(R)}S~~𝑆{\widetilde{S}}Spec(R)Specsuperscript𝑅{\operatorname{Spec}(R^{\prime})}X𝑋{X}a0subscript𝑎0a_{0}x𝑥xf~~𝑓\widetilde{f}

On peut trouver un morphisme,

a:Spec(R)S~:𝑎Specsuperscript𝑅~𝑆a:\operatorname{Spec}(R^{\prime})\longrightarrow\widetilde{S}

qui relève a0subscript𝑎0a_{0} et tel que le diagramme commute,

Spec(R)Specsuperscript𝑅{\operatorname{Spec}(R^{\prime})}Spec(R)Spec𝑅{\operatorname{Spec}(R)}S~~𝑆{\widetilde{S}}Spec(R)Specsuperscript𝑅{\operatorname{Spec}(R^{\prime})}X𝑋{X}a0subscript𝑎0a_{0}x𝑥xf~~𝑓\widetilde{f}a𝑎a

Mais S~=S×𝒯rX~𝑆subscriptsubscript𝒯𝑟𝑆𝑋\widetilde{S}=S\times_{\mathcal{BT}_{r}}X. Considérons 𝒯subscript𝒯\mathcal{BT}_{\infty} le champ des groupes p𝑝p-divisibles avec actions de 𝒪Fsubscript𝒪𝐹\mathcal{O}_{F} et signature fixée. La flèche,

𝒯[pr]𝒯r,subscript𝒯delimited-[]superscript𝑝𝑟subscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{\infty}\overset{[p^{r}]}{\longrightarrow}\mathcal{BT}_{r},

est formellement lisse d’après [Wed01] 2.8. On en déduit donc un morphisme,

x¯:Spec(R)𝒯.:superscript¯𝑥Specsuperscript𝑅subscript𝒯\overline{x}^{\infty}:\operatorname{Spec}(R^{\prime})\longrightarrow\mathcal{BT}_{\infty}.

Mais d’après la théorie des déformations de Serre-Tate, la flèche,

S𝒯𝑆subscript𝒯S\longrightarrow\mathcal{BT}_{\infty}

est formellement lisse, on en déduit donc un morphisme,

a¯:Spec(R)S.:¯𝑎Specsuperscript𝑅𝑆\overline{a}:\operatorname{Spec}(R^{\prime})\longrightarrow S.

On en déduit donc par propriété universelle du produit fibré, la flèche cherchée,

a:Spec(R)S~.:𝑎Specsuperscript𝑅~𝑆a:\operatorname{Spec}(R^{\prime})\longrightarrow\widetilde{S}.

La lissité découle ensuite du fait que S~~𝑆\widetilde{S} et X𝑋X sont tous les deux de présentation finie. Enfin, pour la surjectivité, c’est le théorème 6 de [VW13]. ∎

De plus, en considérant les sous-schémas fermés VX(μHa)V_{X}(^{\mu}\operatorname{Ha}) et VS~(μHa)V_{\widetilde{S}}(^{\mu}\operatorname{Ha}) on a (par définition),

VS~(μHa)=f~VX(μHa).V_{\widetilde{S}}(^{\mu}\operatorname{Ha})=\tilde{f}^{*}V_{X}(^{\mu}\operatorname{Ha}).

Or on a vu d’après la proposition précédente que VS~(μHa)V_{\widetilde{S}}(^{\mu}\operatorname{Ha}) était un sous-schéma réduit, c’est donc aussi le cas, par lissité et surjectivité de f~~𝑓\tilde{f}, de VX(μHa)V_{X}(^{\mu}\operatorname{Ha}). Par l’appendice B, le diviseur de Cartier HaμsuperscriptHa𝜇{}^{\mu}\operatorname{Ha} sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} est donc réduit. ∎

Remarque 9.23.

Si l’hypothèse 9.15 n’est pas vérifiée, alors il existe ττ𝜏superscript𝜏\tau\neq\tau^{\prime} tels que qτ=qτsubscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏q_{\tau}=q_{\tau^{\prime}}, notons τ=σjτsuperscript𝜏superscript𝜎𝑗𝜏\tau^{\prime}=\sigma^{j}\tau. On peut alors construire une première application,

ζ:=Vjplτ:det(ωGD,τ)det(ωGD,σjτ)(pj),:assign𝜁superscript𝑉𝑗superscript𝑝subscript𝑙𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎𝑗𝜏superscript𝑝𝑗\zeta:=\frac{V^{j}}{p^{l_{\tau}}}:\det(\omega_{G^{D},\tau})\longrightarrow\det(\omega_{G^{D},\sigma^{j}\tau})^{(p^{j})},

lτ=i=1jmax(qτqσiτ,0)subscript𝑙𝜏superscriptsubscript𝑖1𝑗subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜎𝑖𝜏.0l_{\tau}=\sum_{i=1}^{j}\max(q_{\tau}-q_{\sigma^{i}\tau},0), et une seconde application,

ξ:=Vfjpmτ:det(ωGD,σjτ)det(ωGD,τ)(pfj),:assign𝜉superscript𝑉𝑓𝑗superscript𝑝subscript𝑚𝜏subscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎𝑗𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscript𝑝𝑓𝑗\xi:=\frac{V^{f-j}}{p^{m_{\tau}}}:\det(\omega_{G^{D},\sigma^{j}\tau})\longrightarrow\det(\omega_{G^{D},\tau})^{(p^{f-j})},

mτ=i=j+1fmax(qτqσiτ,0)subscript𝑚𝜏superscriptsubscript𝑖𝑗1𝑓subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜎𝑖𝜏.0m_{\tau}=\sum_{i=j+1}^{f}\max(q_{\tau}-q_{\sigma^{i}\tau},0). Alors lτ+mτ=kτsubscript𝑙𝜏subscript𝑚𝜏subscript𝑘𝜏l_{\tau}+m_{\tau}=k_{\tau} et Ha~τ=ζξ(pj)subscript~Ha𝜏tensor-product𝜁superscript𝜉tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑗\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}=\zeta\otimes\xi^{\otimes(p^{j})} et donc Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau} n’est pas réduit…

10. Compatibilité à la dualité

Soit S𝑆S un schéma de caractéristique p𝑝p, et G/S𝐺𝑆G/S un groupe p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r, muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, de hauteur hh et signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau} (après extension des scalaires). Soit q{qτ:τ}𝑞conditional-setsubscript𝑞𝜏𝜏q\!\in\!\{q_{\tau}:\tau\!\in\!\mathcal{I}\} une abscisse de rupture de G𝐺G, et supposons que r>kτ𝑟subscript𝑘𝜏r>k_{\tau}, pour n’importe quel τ𝜏\tau tel que q=qτ𝑞subscript𝑞𝜏q=q_{\tau}.

Proposition 10.1.

Il y a un isomorphisme canonique de 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-modules,

det(ωGD,q)(pf1)det(ωG,q)(pf1).similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔𝐺𝑞tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D},q})^{\otimes(p^{f}-1)}\simeq\det(\omega_{G,q})^{\otimes(p^{f}-1)}.

La démonstration suit les mêmes lignes que celle de la proposition 2, 2.2.3 de [Far11].

Démonstration.

Notons

=xtcris1(GD,𝒪S/Σ)(SS),𝑥subscriptsuperscript𝑡1𝑐𝑟𝑖𝑠subscriptsuperscript𝐺𝐷subscript𝒪𝑆Σ𝑆𝑆\mathcal{E}=\mathcal{E}xt^{1}_{cris}(G^{D},\mathcal{O}_{S/\Sigma})_{(S\rightarrow S)},

le cristal de Dieudonné covariant, évalué sur (SidS)𝑆𝑖𝑑𝑆(S\overset{id}{\longrightarrow}S), et τsubscript𝜏\mathcal{E}_{\tau} ses facteurs directs, donnés par l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O}. On a la suite exacte, avec les notations de l’introduction,

0ωGD,ττ(ωG,τ)0.0subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏subscript𝜏superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏00\longrightarrow\omega_{G^{D},\tau}\longrightarrow\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow(\omega_{G,\tau})^{\vee}\longrightarrow 0.

Celle-ci s’insère dans un morphisme de suite exactes,

00{0}ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏{\omega_{G^{D},\tau}}τsubscript𝜏{\mathcal{E}_{\tau}}(ωG,τ)superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏{(\omega_{G,\tau})^{\vee}}00{0}00{0}ωGD,σ1τ(p)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝{\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{(p)}}σ1τ(p)superscriptsubscriptsuperscript𝜎1𝜏𝑝{\mathcal{E}_{\sigma^{-1}\tau}^{(p)}}(ωG,σ1τ)(p),superscriptsubscript𝜔𝐺superscript𝜎1𝜏𝑝{(\omega_{G,\sigma^{-1}\tau})^{(p),\vee}}00{0}V𝑉VF𝐹FV𝑉VF𝐹FV𝑉VF𝐹F

Comme F𝐹F restreint à ωGD,σ1τ(p)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{(p)} est nul, on en déduit la factorisation,

F:(ωG,σ1τ)(p),τ.superscript𝐹:superscriptsubscript𝜔𝐺superscript𝜎1𝜏𝑝subscript𝜏F^{:}(\omega_{G,\sigma^{-1}\tau})^{(p),\vee}\longrightarrow\mathcal{E}_{\tau}.

De même, on peut factoriser,

V:τωGD,σ1τ(p).:𝑉subscript𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝V:\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{(p)}.

On en déduit un morphisme de complexes (les complexes étant les lignes) qui est exact,

ωGD,τsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏{\omega_{G^{D},\tau}}ωGD,σ1τ(p)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝{\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{(p)}}(ωG,σ1τ)(p),superscriptsubscript𝜔𝐺superscript𝜎1𝜏𝑝{(\omega_{G,\sigma^{-1}\tau})^{(p),\vee}}τsubscript𝜏{\mathcal{E}_{\tau}}ωGD,σ1τ(p)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏𝑝{\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{(p)}}(ωG,σ1τ)(p),superscriptsubscript𝜔𝐺superscript𝜎1𝜏𝑝{(\omega_{G,\sigma^{-1}\tau})^{(p),\vee}}(ωG,τ)superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏{(\omega_{G,\tau})^{\vee}}V𝑉VF𝐹FV𝑉VF𝐹F

On note

0C1C2C200subscript𝐶1subscript𝐶2subscript𝐶200\longrightarrow C_{1}\longrightarrow C_{2}\longrightarrow C_{2}\longrightarrow 0

ce complexe. On a alors det(C1)det(C3)det(C2).similar-to-or-equalstensor-productsubscript𝐶1subscript𝐶3subscript𝐶2\det(C_{1})\otimes\det(C_{3})\simeq\det(C_{2}). Or det(C1)ωGD,σ1τpωGD,τsimilar-to-or-equalssubscript𝐶1tensor-productsuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏\det(C_{1})\simeq\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{\otimes p}\otimes\omega_{G^{D},\tau}^{\vee} et det(C3)ωG,τωGD,σ1τ,psimilar-to-or-equalssubscript𝐶3tensor-productsubscript𝜔𝐺𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝\det(C_{3})\simeq\omega_{G,\tau}\otimes\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{\vee,\otimes p}. De plus, comme C2subscript𝐶2C_{2} est exact, car G𝐺G est un groupe de Barsotti-Tate tronqué, det(C2)𝒪Ssimilar-to-or-equalssubscript𝐶2subscript𝒪𝑆\det(C_{2})\simeq\mathcal{O}_{S}, et donc on a un isomorphisme,

φτ:ωGD,σ1τpωGD,τωG,σ1τpωG,τ.:subscript𝜑𝜏tensor-producttensor-productsuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔𝐺superscript𝜎1𝜏tensor-productabsent𝑝superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏\varphi_{\tau}:\omega_{G^{D},\sigma^{-1}\tau}^{\otimes p}\otimes\omega_{G^{D},\tau}^{\vee}\overset{\simeq}{\longrightarrow}\omega_{G,\sigma^{-1}\tau}^{\otimes p}\otimes\omega_{G,\tau}^{\vee}.

En combinant les isomorphismes φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} pour tout τ𝜏\tau, on obtient un isomorphisme,

φσ1fτ(pf1)φσ2fτ(pf2)φτ:ωGD,τ(pf1)ωG,τ(pf1).:superscriptsubscript𝜑superscript𝜎1𝑓𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜑superscript𝜎2𝑓𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓2subscript𝜑𝜏superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\varphi_{\sigma^{1-f}\tau}^{\otimes(p^{f-1})}\circ\varphi_{\sigma^{2-f}\tau}^{\otimes(p^{f-2})}\circ\dots\circ\varphi_{\tau}:\omega_{G^{D},\tau}^{\otimes(p^{f}-1)}\overset{\simeq}{\longrightarrow}\omega_{G,\tau}^{\otimes(p^{f}-1)}.

Remarque 10.2.

Cette démonstration n’utilise pas l’hypothèse sur r𝑟r, elle marcherait pour r=1𝑟1r=1.

Proposition 10.3.

Notons d=τpτ𝑑subscript𝜏subscript𝑝𝜏d=\sum_{\tau}p_{\tau} la dimension de G𝐺G. Supposons r>d𝑟𝑑r>d. Considérons τsubscript𝜏\mathcal{E}_{\tau}, le facteur direct du cristal de G𝐺G. Alors le Frobenius-cristal,

det(τ,Vf),subscript𝜏superscript𝑉𝑓\det(\mathcal{E}_{\tau},V^{f}),

se factorise en,

(𝒪S/Σ/pr,pd)(τ,φ),tensor-productsubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟superscript𝑝𝑑subscript𝜏𝜑(\mathcal{O}_{S/\Sigma}/p^{r},p^{d})\otimes(\mathcal{L}_{\tau},\varphi),

τsubscript𝜏\mathcal{L}_{\tau} est un (𝒪S/Σ)/prsubscript𝒪𝑆Σsuperscript𝑝𝑟(\mathcal{O}_{S/\Sigma})/p^{r}-module localement libre de rang 1 et (τ,φ)subscript𝜏𝜑(\mathcal{L}_{\tau},\varphi) est un cristal unité, c’est-à-dire que φ𝜑\varphi est un isomorphisme, unique modulo prdsuperscript𝑝𝑟𝑑p^{r-d}. On peut voir φ𝜑\varphi comme une section de det(τ)(pf1)superscriptsubscript𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\mathcal{E}_{\tau})^{\otimes(p^{f}-1)}. En particulier, si G𝐺G est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible sur un schéma S𝑆S sur lequel p𝑝p nilpotent, au-dessus de 𝒪𝒪\mathcal{O}, alors on peut factoriser,

det(τ,Vf)=(𝒪X/Σ,pd)𝒪Lτ,subscript𝜏superscript𝑉𝑓subscripttensor-product𝒪subscript𝒪𝑋Σsuperscript𝑝𝑑subscript𝐿𝜏\det(\mathcal{E}_{\tau},V^{f})=(\mathcal{O}_{X/\Sigma},p^{d})\otimes_{\mathcal{O}}L_{\tau},

Lτsubscript𝐿𝜏L_{\tau} est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-système local de rang 1, localement trivial pour la topologie étale.

Démonstration.

On va montrer le résultat sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}, le champ de la section 8, sur lequel on note (encore) G𝐺G le groupe universel. Tout d’abord pour montrer la première assertion, supposons r>d𝑟𝑑r>d, et il suffit de le faire après tirée en arrière par la présentation X𝒯r𝑋subscript𝒯𝑟X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r}, puis de montrer que la factorisation redescend. On a donc G/X𝐺𝑋G/X un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r sur X𝑋X lisse sur 𝒪/p=κF𝒪𝑝subscript𝜅𝐹\mathcal{O}/p=\kappa_{F}. Dans ce cas si on considère le cristal detτsubscript𝜏\det\mathcal{E}_{\tau}, alors par le même raisonnement que la proposition 4.6, on a l’inclusion de faisceau dans (X/Σ)crissuperscript𝑋Σ𝑐𝑟𝑖𝑠(X/\Sigma)^{cris}, Σ=Spec(p)ΣSpecsubscript𝑝\Sigma=\operatorname{Spec}(\mathbb{Z}_{p}),

Im(det(Filτ)det(τ))JX/Σhqτdet(τ).ImFilsubscriptsuperscript𝜏subscriptsuperscript𝜏superscriptsubscript𝐽𝑋Σsubscript𝑞superscript𝜏subscriptsuperscript𝜏\operatorname{Im}\left(\det(\operatorname{Fil}\mathcal{E}_{\tau^{\prime}})\longrightarrow\det(\mathcal{E}_{\tau^{\prime}})\right)\subset J_{X/\Sigma}^{h-q_{\tau^{\prime}}}\det(\mathcal{E}_{\tau^{\prime}}).

On en déduit par le même raisonnement que le corollaire 4.7, que

detVf:detτdetτ(p),:superscript𝑉𝑓subscript𝜏superscriptsubscript𝜏𝑝\det V^{f}:\det\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\det\mathcal{E}_{\tau}^{(p)},

est divisible (sur les épaississements p𝑝p-adiques (U,T,δ)𝑈𝑇𝛿(U,T,\delta)) par pdsuperscript𝑝𝑑p^{d}, puisque,

d=τpτ=τhqτ.𝑑subscript𝜏subscript𝑝𝜏subscript𝜏subscript𝑞𝜏d=\sum_{\tau}p_{\tau}=\sum_{\tau}h-q_{\tau}.

Mais comme detτsubscript𝜏\det\mathcal{E}_{\tau} et detτ(p)superscriptsubscript𝜏𝑝\det\mathcal{E}_{\tau}^{(p)} sont des cristaux, et que XκFtensor-product𝑋subscript𝜅𝐹X\otimes\kappa_{F} est lisse, on peut localement le relever en un schéma lisse sur 𝒪𝒪\mathcal{O}, c’est-à-dire qu’il existe un recouvrement affine (UX)𝑈𝑋(U\subset X) et des épaississements p𝑝p-adiques (U,T,δ)𝑈𝑇𝛿(U,T,\delta) avec T/Σ𝑇ΣT/\Sigma affine lisse et U=TκF𝑈tensor-product𝑇subscript𝜅𝐹U=T\otimes\kappa_{F}. Dans ce cas le théorème 6.6. de [BO78] nous dit que notre morphisme detVf:detτdet(p):superscript𝑉𝑓subscript𝜏superscript𝑝\det V^{f}:\det\mathcal{E}_{\tau}\longrightarrow\det\mathcal{E}^{(p)} est équivalent à un morphisme entre deux modules libres sur 𝒪T/prsubscript𝒪𝑇superscript𝑝𝑟\mathcal{O}_{T}/p^{r} munis d’une connexion, et comme l’épaississement est p𝑝p-adique, detVfsuperscript𝑉𝑓\det V^{f} est divisible par pdsuperscript𝑝𝑑p^{d}.

Il existe donc un unique morphisme de cristaux φτ:detτ(modprd𝒪X/Σ)detτ(p)(modprd𝒪X/Σ):subscript𝜑𝜏annotatedsubscript𝜏pmodsuperscript𝑝𝑟𝑑subscript𝒪𝑋Σannotatedsuperscriptsubscript𝜏𝑝pmodsuperscript𝑝𝑟𝑑subscript𝒪𝑋Σ\varphi_{\tau}:\det\mathcal{E}_{\tau}\pmod{p^{r-d}\mathcal{O}_{X/\Sigma}}\longrightarrow\det\mathcal{E}_{\tau}^{(p)}\pmod{p^{r-d}\mathcal{O}_{X/\Sigma}}, tel que pdφτ=Vfsuperscript𝑝𝑑subscript𝜑𝜏superscript𝑉𝑓p^{d}\varphi_{\tau}=V^{f} (la compatibilité à la connection est comme dans le théorème 4.9).

Montrons que φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} est un isomorphisme. Il suffit de le voir fibres à fibres, et même sur les points géométriques. Considérons alors k𝑘k un corps algébriquement clos, alors l’application φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} sur le cristal se calcule sur le module de Dieudonné sur W(k)𝑊𝑘W(k) correspondant, et dans ce cas c’est simplement la théorie des diviseurs élémentaires. L’unicité de φτsubscript𝜑𝜏\varphi_{\tau} (modulo prdsuperscript𝑝𝑟𝑑p^{r-d}) assure que la construction redescend le long de X𝒯r𝑋subscript𝒯𝑟X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r} (voir lemme A.5 et théorème 8.4). On a donc une (unique modulo prdsuperscript𝑝𝑟𝑑p^{r-d}) décomposition sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r},

det(τ,Vf)=(𝒪𝒯r/Σ,pd)𝒪(τ,φτ),subscript𝜏superscript𝑉𝑓subscripttensor-product𝒪subscript𝒪subscript𝒯𝑟Σsuperscript𝑝𝑑subscript𝜏subscript𝜑𝜏\det(\mathcal{E}_{\tau},V^{f})=(\mathcal{O}_{\mathcal{BT}_{r}/\Sigma},p^{d})\otimes_{\mathcal{O}}(\mathcal{L}_{\tau},\varphi_{\tau}),

τsubscript𝜏\mathcal{L}_{\tau} est un 𝒪𝒯r/Σsubscript𝒪subscript𝒯𝑟Σ\mathcal{O}_{\mathcal{BT}_{r}/\Sigma} inversible, muni d’un isomorphisme,

φτ:ττ(pf),:subscript𝜑𝜏subscript𝜏superscriptsubscript𝜏superscript𝑝𝑓\varphi_{\tau}:\mathcal{L}_{\tau}\longrightarrow\mathcal{L}_{\tau}^{(p^{f})},

C’est-à-dire un cristal unité. Il est donc associé à un 𝒪𝒪\mathcal{O}-système local de rang 1, Lτsubscript𝐿𝜏L_{\tau}. Le cas d’une base générale S𝑆S s’en suit par tiré en arrière à partir de 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}. ∎

Remarque 10.4.

Le 𝔽pfsubscript𝔽superscript𝑝𝑓\mathbb{F}_{p^{f}}-système local de rang 1 Lτ(modp)annotatedsubscript𝐿𝜏pmod𝑝L_{\tau}\pmod{p} a donc une monodromie à valeurs dans 𝔽pf×superscriptsubscript𝔽superscript𝑝𝑓\mathbb{F}_{p^{f}}^{\times}, et donc Lτpf1superscriptsubscript𝐿𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1L_{\tau}^{\otimes p^{f}-1} est un système local de rang 1 constant, or on a la filtration de Hodge,

0ωGD,τ(τ)𝒯d+1id𝒯d+1ωG,τ0,0subscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏subscriptsubscript𝜏subscript𝒯𝑑1idsubscript𝒯𝑑1superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏00\longrightarrow\omega_{G^{D},\tau}\longrightarrow(\mathcal{E}_{\tau})_{\mathcal{BT}_{d+1}\overset{\operatorname{id}}{\longrightarrow}\mathcal{BT}_{d+1}}\longrightarrow\omega_{G,\tau}^{\vee}\longrightarrow 0,

de telle sorte que det(τ)𝒯d+1id𝒯d+1(pf1)superscriptsubscriptsubscript𝜏subscript𝒯𝑑1idsubscript𝒯𝑑1tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\mathcal{E}_{\tau})_{\mathcal{BT}_{d+1}\overset{\operatorname{id}}{\longrightarrow}\mathcal{BT}_{d+1}}^{\otimes(p^{f}-1)} soit trivial. On en déduit que si S/𝔽pf𝑆subscript𝔽superscript𝑝𝑓S/\mathbb{F}_{p^{f}} est un schéma, et G𝐺G un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module de Barsotti-Tate tronqué d’échelon d+1𝑑1d+1 sur S𝑆S, on a donc un isomorphisme, [KM76],

det(ωGD,τ)(pf1)det(ωG,τ)(1pf)OS,tensor-productsuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productabsent1superscript𝑝𝑓similar-to-or-equalssubscript𝑂𝑆\det(\omega_{G^{D},\tau})^{\otimes(p^{f}-1)}\otimes\det(\omega_{G,\tau})^{\otimes(1-p^{f})}\overset{\simeq}{\longrightarrow}O_{S},

et donc on retrouve la proposition 10.1, sous une hypothèse en plus sur r𝑟r (la démonstration de la proposition 10.1 fonctionnant pour r=1𝑟1r=1)

det(ωGD,τ)(pf1)det(ωG,τ)(pf1).similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D},\tau})^{\otimes(p^{f}-1)}\simeq\det(\omega_{G,\tau})^{\otimes(p^{f}-1)}.
Lemme 10.5.

Soit xr𝒯r(k)subscript𝑥𝑟subscript𝒯𝑟𝑘x_{r}\!\in\!\mathcal{BT}_{r}(k), correspondant à un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible Gr¯¯subscript𝐺𝑟\underline{G_{r}} tronqué d’échelon r𝑟r, alors il existe une préimage x𝒯(k)𝑥subscript𝒯𝑘x\!\in\!\mathcal{BT}_{\infty}(k) de xrsubscript𝑥𝑟x_{r} par la flèche,

𝒯[pr]𝒯r.subscript𝒯delimited-[]superscript𝑝𝑟subscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{\infty}\overset{[p^{r}]}{\longrightarrow}\mathcal{BT}_{r}.

C’est-à-dire qu’il existe G¯/k¯𝐺𝑘\underline{G}/k un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible (non tronqué) tel que G¯[pr]=Gr¯¯𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟¯subscript𝐺𝑟\underline{G}[p^{r}]=\underline{G_{r}}.

Démonstration.

Comme 𝒪𝒪\mathcal{O} est non ramifié, c’est [Wed01] proposition 3.2. ∎

Lemme 10.6.

Soit xr,x,Gsubscript𝑥𝑟𝑥𝐺x_{r},x,G comme précédemment. Soit yrsubscript𝑦𝑟y_{r} une préimage de xrsubscript𝑥𝑟x_{r} par la présentation X𝒯r𝑋subscript𝒯𝑟X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r}. Regardons alors le produit fibré,

D𝐷{D}X^yrsubscript^𝑋subscript𝑦𝑟{\widehat{X}_{y_{r}}}DefG¯ktensor-productsubscriptDef¯𝐺𝑘{\operatorname{Def}_{\underline{G}}\otimes k}𝒯rsubscript𝒯𝑟{\mathcal{BT}_{r}}π𝜋\pip𝑝p

Alors les flèche p,π𝑝𝜋p,\pi sont lisses surjectives. En particulier, les sections Haμ(Guniv)~~superscriptHa𝜇superscript𝐺𝑢𝑛𝑖𝑣\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G^{univ})} et Haμ(Guniv,D)~~superscriptHa𝜇superscript𝐺𝑢𝑛𝑖𝑣𝐷\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G^{univ,D})} coincident sur X^ysubscript^𝑋𝑦\widehat{X}_{y} si et seulement si elles coincident sur D𝐷D.

Remarque 10.7.

On va donc pouvoir ramener le calcul des invariants de Hasse au calcul sur DefG¯subscriptDef¯𝐺\operatorname{Def}_{\underline{G}}, où l’on a des coordonnées explicites. En particulier, pour montrer que Ha~(G[pr])=Ha~(G[pr]D)~Ha𝐺delimited-[]superscript𝑝𝑟~Ha𝐺superscriptdelimited-[]superscript𝑝𝑟𝐷\widetilde{\operatorname{Ha}}(G[p^{r}])=\widetilde{\operatorname{Ha}}(G[p^{r}]^{D}), il suffira de le faire sur DefG¯subscriptDef¯𝐺\operatorname{Def}_{\underline{G}}.

Démonstration.

D𝐷D s’identifie aussi à la complétion formelle du produit fibré de X×𝒯rDefG¯subscriptsubscript𝒯𝑟𝑋subscriptDef¯𝐺X\times_{\mathcal{BT}_{r}}\operatorname{Def}_{\underline{G}}, et X𝒯r𝑋subscript𝒯𝑟X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r} est surjective, donc p𝑝p aussi. D’après Illusie, Wedhorn [Wed01] la flèche 𝒯𝒯rsubscript𝒯subscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{\infty}\longrightarrow\mathcal{BT}_{r} est formellement lisse, et donc π𝜋\pi aussi. De plus π𝜋\pi est surjective puisque Xyr^^subscript𝑋subscript𝑦𝑟\widehat{X_{y_{r}}} n’a qu’un point. ∎

Théoreme 10.8.

Supposons fixée une signature (pτ,qτ)τsubscriptsubscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏𝜏(p_{\tau},q_{\tau})_{\tau}, choisissons un τ𝜏\tau\in\mathcal{I}, et notons

kτ=τ:qτ<qτqτqτetkτD=τ:pτ<pτpτpτ.formulae-sequencesubscript𝑘𝜏subscript:superscript𝜏subscript𝑞superscript𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝑞𝜏subscript𝑞superscript𝜏etsuperscriptsubscript𝑘𝜏𝐷subscript:superscript𝜏subscript𝑝superscript𝜏subscript𝑝𝜏subscript𝑝𝜏subscript𝑝superscript𝜏k_{\tau}=\sum_{\tau^{\prime}:q_{\tau^{\prime}}<q_{\tau}}q_{\tau}-q_{\tau^{\prime}}\quad\text{et}\quad k_{\tau}^{D}=\sum_{\tau^{\prime}:p_{\tau^{\prime}}<p_{\tau}}p_{\tau}-p_{\tau^{\prime}}.

Soit r>max(d,kτ,kτD)𝑟𝑑subscript𝑘𝜏superscriptsubscript𝑘𝜏𝐷r>\max(d,k_{\tau},k_{\tau}^{D}). Sur 𝒯rκFtensor-productsubscript𝒯𝑟subscript𝜅𝐹\mathcal{BT}_{r}\otimes\kappa_{F}, sous l’isomorphisme,

detωGD,τ(pf1)detωG,τ(pf1),similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det\omega_{G^{D},\tau}^{\otimes(p^{f}-1)}\simeq\det\omega_{G,\tau}^{\otimes(p^{f}-1)},

on a l’égalité entre les sections Ha~τ(G)subscript~Ha𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G) et φHa~τ(GD)tensor-product𝜑subscript~Ha𝜏superscript𝐺𝐷\varphi\otimes\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{D}), où φ𝜑\varphi est une section inversible déterminée par la proposition précédente. Ceci induit bien sûr une égalité, à une section inversible prés, dans H0(𝒯r,det(ωGD,qτ)(pf1))superscript𝐻0subscript𝒯𝑟superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷subscript𝑞𝜏superscript𝑝𝑓1H^{0}(\mathcal{BT}_{r},\det(\omega_{G^{D},q_{\tau}})^{(p^{f}-1)}) des sections Haqτ(G)~~subscriptHasubscript𝑞𝜏𝐺\widetilde{\operatorname{Ha}_{q_{\tau}}(G)} et Hapτ~(GD)~subscriptHasubscript𝑝𝜏superscript𝐺𝐷\widetilde{\operatorname{Ha}_{p_{\tau}}}(G^{D}), ainsi que des sections Haμ~(G)~superscriptHa𝜇𝐺\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G) et Haμ~(GD)~superscriptHa𝜇superscript𝐺𝐷\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G^{D}), (pour r𝑟r est suffisamment grand).

En particulier on en déduit que si G𝐺G est un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible tronqué d’échelon r𝑟r sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C} et r>max(d,kτ(G),kτ(GD))=max(d,kτ,kτd+fqτ)𝑟𝑑subscript𝑘𝜏𝐺subscript𝑘𝜏superscript𝐺𝐷𝑑subscript𝑘𝜏subscript𝑘𝜏𝑑𝑓subscript𝑞𝜏r>\max(d,k_{\tau}(G),k_{\tau}(G^{D}))=\max(d,k_{\tau},k_{\tau}-d+fq_{\tau}), alors,

Haτ(G)=Haτ(GD).subscriptHa𝜏𝐺subscriptHa𝜏superscript𝐺𝐷\operatorname{Ha}_{\tau}(G)=\operatorname{Ha}_{\tau}(G^{D}).
Démonstration.

Identifions les deux fibrés detωGD,τ(pf1)superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det\omega_{G^{D},\tau}^{\otimes(p^{f}-1)} et detωG,τ(pf1)superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det\omega_{G,\tau}^{\otimes(p^{f}-1)}. Comme X𝒯r𝑋subscript𝒯𝑟X\longrightarrow\mathcal{BT}_{r} est lisse surjective, il suffit de voir l’égalité sur X𝑋X. De plus, comme X𝑋X est lisse, donc réduit, il suffit de voir que les deux sections coïncident sur un ouvert dense, par exemple le lieu μ𝜇\mu-ordinaire, cf [GW10] Corollary 9.9 par exemple. De plus, il suffit de voir que les sections coïncident en chaque anneau local,

𝒪X,yr,subscript𝒪𝑋subscript𝑦𝑟\mathcal{O}_{X,y_{r}},

pour tout point géométrique yr=Spec(k)subscript𝑦𝑟Spec𝑘y_{r}=\operatorname{Spec}(k) au dessus de xrsubscript𝑥𝑟x_{r} disons, μ𝜇\mu-ordinaire, de X𝑋X. Or la flèche

𝒪X,yr𝒪X,yr^,subscript𝒪𝑋subscript𝑦𝑟^subscript𝒪𝑋subscript𝑦𝑟\mathcal{O}_{X,y_{r}}\longrightarrow\widehat{\mathcal{O}_{X,y_{r}}},

est injective (puisque X𝑋X est localement noetherien (Artin-Rees)), il suffit donc de voir l’égalité sur,

Spf(𝒪^X,yr).Spfsubscript^𝒪𝑋subscript𝑦𝑟\operatorname{Spf}(\widehat{\mathcal{O}}_{X,y_{r}}).

Mais d’après le lemme précédent, si on note 𝔾𝔾\mathbb{G} un relèvement à 𝒯subscript𝒯\mathcal{BT}_{\infty} de xrsubscript𝑥𝑟x_{r}, et D=(Def𝔾𝒪Ek)×TrX^yr𝐷subscriptsubscript𝑇𝑟subscripttensor-productsubscript𝒪𝐸subscriptDef𝔾𝑘subscript^𝑋subscript𝑦𝑟D=(\operatorname{Def}_{\mathbb{G}}\otimes_{\mathcal{O}_{E}}k)\times_{\mathcal{B}T_{r}}\widehat{X}_{y_{r}}, les sections coïncident sur X^yrsubscript^𝑋subscript𝑦𝑟\widehat{X}_{y_{r}} si elles coïncident sur D𝐷D. Or on a une flèche,

Φ:DDef𝔾𝒪Ek,:Φ𝐷subscripttensor-productsubscript𝒪𝐸subscriptDef𝔾𝑘\Phi:D\longrightarrow\operatorname{Def}_{\mathbb{G}}\otimes_{\mathcal{O}_{E}}k,

qui identifie les deux 𝒪𝒪\mathcal{O}-module tronqués universels sur D𝐷D (ceux provenant de X𝑋X et Def𝔾subscriptDef𝔾\operatorname{Def}_{\mathbb{G}}). Or on a un isomorphisme (théorème 9.5),

Def𝔾𝒪EkSpf(k[[tki,lii,i={1,,f},ki{1,,pσiτ},li{1,,qσiτ]]),\operatorname{Def}_{\mathbb{G}}\otimes_{\mathcal{O}_{E}}k\simeq\operatorname{Spf}(k[[t_{k_{i},l_{i}}^{i},i=\{1,\dots,f\},k_{i}\!\in\!\{1,\dots,p_{\sigma^{i}\tau}\},l_{i}\!\in\!\{1,\dots,q_{\sigma^{i}\tau}]]),

pour lequel on a un épaississement à puissances divisées W^(k[[tki,lii]])^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]superscriptsubscript𝑡subscript𝑘𝑖subscript𝑙𝑖𝑖\hat{W}(k[[t_{k_{i},l_{i}}^{i}]]) de W(k)𝑊𝑘W(k), et sur lequel on connaît le cristal de la déformation universelle (cf proposition 9.13). Comme Guniv×Spec(k)=𝔾superscript𝐺𝑢𝑛𝑖𝑣Spec𝑘𝔾G^{univ}\times\operatorname{Spec}(k)=\mathbb{G} est μ𝜇\mu-ordinaire, son cristal (i.e. son module de Dieudonné) se décompose et sa matrice de Verschiebung s’écrit (d’après le théorème de Moonen 8.10) dans une base adaptée à la décomposition P0=i=0fP0σiτsubscript𝑃0superscriptsubscriptdirect-sum𝑖0𝑓superscriptsubscript𝑃0superscript𝜎𝑖𝜏P_{0}=\bigoplus_{i=0}^{f}P_{0}^{\sigma^{i}\tau} et à la filtration de Hodge,

A=(0A0A100Af10),Ai=(IdqσiτpIdpσiτ).formulae-sequencesuperscript𝐴0missing-subexpressionmissing-subexpressionsubscriptsuperscript𝐴0subscriptsuperscript𝐴10missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionsubscriptsuperscript𝐴𝑓10subscriptsuperscript𝐴𝑖subscriptIdsubscript𝑞superscript𝜎𝑖𝜏missing-subexpressionmissing-subexpression𝑝subscriptIdsubscript𝑝superscript𝜎𝑖𝜏A^{\flat}=\left(\begin{array}[]{cccc}0&&&A^{\flat}_{0}\\ A^{\flat}_{1}&0&&\\ &\ddots&\ddots&\\ 0&&A^{\flat}_{f-1}&0\\ \end{array}\right),\quad A^{\flat}_{i}=\left(\begin{array}[]{cc}\operatorname{Id}_{q_{\sigma^{i}\tau}}&\\ &p\operatorname{Id}_{p_{\sigma^{i}\tau}}\end{array}\right).

Notons P=Pτ𝑃direct-sumsubscript𝑃𝜏P=\bigoplus P_{\tau} le cristal sur W^(k[[ti]])^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑖\hat{W}(k[[t_{i}]]) du groupe universel G𝐺G, alors sa matrice de Verschiebung donnée par [Zin02] (87), et la proposition 9.13, est,

A=ADiag((Idpσiτ[tk,li]0Idqσiτ),i=0,,f1),𝐴superscript𝐴DiagsubscriptIdsubscript𝑝superscript𝜎𝑖𝜏delimited-[]superscriptsubscript𝑡𝑘𝑙𝑖0subscriptIdsubscript𝑞superscript𝜎𝑖𝜏𝑖0𝑓1A=A^{\flat}\operatorname{Diag}(\left(\begin{array}[]{cc}\operatorname{Id}_{p_{\sigma^{i}\tau}}&-[t_{k,l}^{i}]\\ 0&\operatorname{Id}_{q_{\sigma^{i}\tau}}\end{array}\right),i=0,\dots,f-1),

Asuperscript𝐴A^{\flat} est le relèvement trivial de la matrice du Verschibung de G×Spec(k)𝐺Spec𝑘G\times\operatorname{Spec}(k) à W^(k[[ti]])^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑖\hat{W}(k[[t_{i}]]). De plus, si on note

Ai(φf1)Ai+1(φf2)Ai2(φ)Ai1=(D1iD2iD3iD4i),superscriptsubscript𝐴𝑖superscript𝜑𝑓1superscriptsubscript𝐴𝑖1superscript𝜑𝑓2superscriptsubscript𝐴𝑖2𝜑subscript𝐴𝑖1subscriptsuperscript𝐷𝑖1subscriptsuperscript𝐷𝑖2subscriptsuperscript𝐷𝑖3subscriptsuperscript𝐷𝑖4A_{i}^{(\varphi^{f-1})}A_{i+1}^{(\varphi^{f-2})}\cdots A_{i-2}^{(\varphi)}A_{i-1}=\left(\begin{array}[]{cc}D^{i}_{1}&D^{i}_{2}\\ D^{i}_{3}&D^{i}_{4}\end{array}\right), (5)

avec D1iMqσiτ(W^(k[[tj]]))subscriptsuperscript𝐷𝑖1subscript𝑀subscript𝑞superscript𝜎𝑖𝜏^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]subscript𝑡𝑗D^{i}_{1}\!\in\!M_{q_{\sigma^{i}\tau}}(\hat{W}(k[[t_{j}]])), alors Haσiτ(G)subscriptHasuperscript𝜎𝑖𝜏𝐺\operatorname{Ha}_{\sigma^{i}\tau}(G) est donné par pkσiτdetD1isuperscript𝑝subscript𝑘superscript𝜎𝑖𝜏subscriptsuperscript𝐷𝑖1p^{-k_{\sigma^{i}\tau}}\det D^{i}_{1} (si r>kσiτ𝑟subscript𝑘superscript𝜎𝑖𝜏r>k_{\sigma^{i}\tau}), d’après la proposition (9.13).

On peut calculer effectivement A(φf1)A(φf2)A(φ)Asuperscript𝐴superscript𝜑𝑓1superscript𝐴superscript𝜑𝑓2superscript𝐴𝜑𝐴A^{(\varphi^{f-1})}A^{(\varphi^{f-2})}\cdots A^{(\varphi)}A, et on trouve une matrice diagonale dont le i𝑖i-eme bloc est de la forme,

(11()p0ppt),où t=f|{τ:pτ=0}|.1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝑝missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑝𝑡où 𝑡𝑓conditional-set𝜏subscript𝑝𝜏0\left(\begin{array}[]{cccccccc}1&\\ &\ddots&\\ &&1&&&&(*)\\ &&&p\\ &&&&\ddots&\\ &0&&&&p\\ &&&&&&\ddots\\ &&&&&&&p^{t}\end{array}\right),\quad\text{où }t=f-|\{\tau:p_{\tau}=0\}|.

On peut donc préciser l’écriture (5), qui est donc de la forme,

(D1iD2i0D4i),subscriptsuperscript𝐷𝑖1subscriptsuperscript𝐷𝑖20subscriptsuperscript𝐷𝑖4\left(\begin{array}[]{cc}D^{i}_{1}&D^{i}_{2}\\ 0&D^{i}_{4}\end{array}\right),

detD1isuperscriptsubscript𝐷1𝑖\det D_{1}^{i} est divisible par pkσiτsuperscript𝑝subscript𝑘superscript𝜎𝑖𝜏p^{k_{\sigma^{i}\tau}} si r>kσiτ𝑟subscript𝑘superscript𝜎𝑖𝜏r>k_{\sigma^{i}\tau}. Appliquons cela à τ𝜏\tau, c’est à dire i=0𝑖0i=0, on en déduit donc que detV|𝒫τf=detD10detD40\det V^{f}_{|\mathcal{P}_{\tau}}=\det D_{1}^{0}\det D_{4}^{0}. Or on sait d’après la proposition précédente que detV|𝒫τf=pds\det V^{f}_{|\mathcal{P}_{\tau}}=p^{d}ss𝑠s est un inversible dans W^(k[[t¯]])^𝑊𝑘delimited-[]delimited-[]¯𝑡\hat{W}(k[[\underline{t}]]) (c’est la spécialisation de la section inversible sur 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r} et d’un choix d’un isomorphisme det(ωGD,τ)(pf1)det(ωG,τ)(pf1)similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷𝜏superscript𝑝𝑓1superscriptsubscript𝜔𝐺𝜏superscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D},\tau})^{(p^{f}-1)}\simeq\det(\omega_{G,\tau})^{(p^{f}-1)}). Mais on a que

detD10=pkτHa~τ0(G)etdetD40=ppτfkτ(GD)Ha~τ0(GD)1,formulae-sequencesuperscriptsubscript𝐷10superscript𝑝subscript𝑘𝜏superscriptsubscript~Ha𝜏0𝐺etsuperscriptsubscript𝐷40superscript𝑝subscript𝑝𝜏𝑓subscript𝑘𝜏superscript𝐺𝐷subscriptsuperscript~Ha0𝜏superscriptsuperscript𝐺𝐷1\det D_{1}^{0}=p^{k_{\tau}}\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}^{0}(G)\quad\text{et}\quad\det D_{4}^{0}=p^{p_{\tau}f-k_{\tau}(G^{D})}\widetilde{\operatorname{Ha}}^{0}_{\tau}(G^{D})^{-1},

Ha~τ0(G)Ha~τ(G)(mod(p))subscriptsuperscript~Ha0𝜏𝐺annotatedsubscript~Ha𝜏𝐺pmod𝑝\widetilde{\operatorname{Ha}}^{0}_{\tau}(G)\equiv\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)\pmod{(p)} et idem pour GDsuperscript𝐺𝐷G^{D}. On en déduit donc qu’au-dessus de Def𝔾subscriptDef𝔾\operatorname{Def}_{\mathbb{G}},

pkτHa~τ0(G)=pdspkτ(GD)fpτHa~iτ0(GD),superscript𝑝subscript𝑘𝜏subscriptsuperscript~Ha0𝜏𝐺superscript𝑝𝑑𝑠superscript𝑝subscript𝑘𝜏superscript𝐺𝐷𝑓subscript𝑝𝜏subscriptsuperscript~Ha0𝑖𝜏superscript𝐺𝐷p^{k_{\tau}}\widetilde{\operatorname{Ha}}^{0}_{\tau}(G)=p^{d}sp^{k_{\tau}(G^{D})-fp_{\tau}}\widetilde{\operatorname{Ha}}^{0}_{i\tau}(G^{D}),

Mais un calcul direct donne que pour tout τsuperscript𝜏\tau^{\prime}, kτ(G)kτ(GD)=dfpτsubscript𝑘superscript𝜏𝐺subscript𝑘superscript𝜏superscript𝐺𝐷𝑑𝑓subscript𝑝superscript𝜏k_{\tau^{\prime}}(G)-k_{\tau^{\prime}}(G^{D})=d-fp_{\tau^{\prime}}. Autrement dit, en divisant par pkτsuperscript𝑝subscript𝑘𝜏p^{k_{\tau}} et en réduisant modulo p𝑝p, on en déduit que sur Def𝔾subscriptDef𝔾\operatorname{Def}_{\mathbb{G}} et donc sur D𝐷D en tirant en arrière par ΦΦ\Phi, puis par le lemme 10.6, les anneaux locaux de X𝑋X,

Ha~τ(G)=sHa~τ(GD),subscript~Ha𝜏𝐺tensor-product𝑠subscript~Ha𝜏superscript𝐺𝐷\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)=s\otimes\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{D}),

s𝑠s est la section inversible dans H0(𝒯r,𝒪𝒯r)superscript𝐻0subscript𝒯𝑟subscript𝒪subscript𝒯𝑟H^{0}(\mathcal{BT}_{r},\mathcal{O}_{\mathcal{BT}_{r}}) qui correspond au φ𝜑\varphi de la proposition 10.3. En particulier, comme cette égalité est vraie pour les anneaux locaux en chaque point d’un ouvert Zariski dense, on en déduit que (comme diviseurs de Cartier) Ha~τ(G)=Ha~τ(GD)subscript~Ha𝜏𝐺subscript~Ha𝜏superscript𝐺𝐷\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G)=\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}(G^{D}) sur tout 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r}, pour r𝑟r assez grand, et donc par la proposition 4.15 dès lors que r>max(d,kτ(G),kτ(GD))𝑟𝑑subscript𝑘𝜏𝐺subscript𝑘𝜏superscript𝐺𝐷r>\max(d,k_{\tau}(G),k_{\tau}(G^{D})), alors, quelque soit la base, au dessus de κFsubscript𝜅𝐹\kappa_{F}, si G𝐺G est un 𝒯rsubscript𝒯𝑟\mathcal{BT}_{r},

Haτ~(G)=Haτ~(GD).~subscriptHa𝜏𝐺~subscriptHa𝜏superscript𝐺𝐷\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G)=\widetilde{\operatorname{Ha}_{\tau}}(G^{D}).\qed

En particulier, si S=Spec(OK)𝑆Specsubscript𝑂𝐾S=\operatorname{Spec}(O_{K}), K𝐾K une extension de psubscript𝑝\mathbb{Q}_{p}, v𝑣v sa valuation normée par v(p)=1𝑣𝑝1v(p)=1 (par exemple C=p¯~𝐶~¯subscript𝑝C=\widetilde{\overline{\mathbb{Q}_{p}}}), si on trivialise sur OKsubscript𝑂𝐾O_{K} det(ωGD(pf1))superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D}}^{\otimes(p^{f}-1)}) et det(ωGD(pf1))superscriptsubscript𝜔superscript𝐺𝐷tensor-productabsentsuperscript𝑝𝑓1\det(\omega_{G^{D}}^{\otimes(p^{f}-1)}), et que dans ces bases on note Haμ(G),μHa(GD)[0,1]{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G),^{\mu}\operatorname{Ha}(G^{D})\!\in\![0,1] (et si K𝐾K contient W(κF)𝑊subscript𝜅𝐹W(\kappa_{F}), resp. HaτsubscriptHa𝜏\operatorname{Ha}_{\tau}) les valuation des élément Haμ~(G)~superscriptHa𝜇𝐺\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G) et Haμ~(G)~superscriptHa𝜇𝐺\widetilde{{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G) (resp. Ha~τsubscript~Ha𝜏\widetilde{\operatorname{Ha}}_{\tau}), qui ne dépendent pas des trivialisation, on a l’égalité,

Haμ(G)=Haμ(GD)(resp. Haτ(G)=Haτ(GD)).{}^{\mu}\operatorname{Ha}(G)={{}^{\mu}\operatorname{Ha}}(G^{D})\quad\text{(resp. }\quad\operatorname{Ha}_{\tau}(G)=\operatorname{Ha}_{\tau}(G^{D})).

11. 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules p𝑝p-divisibles μ𝜇\mu-ordinaires sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C}

Soit 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F} l’anneau des entiers d’une extension F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} non ramifiée, et τHom(F,C)𝜏Hom𝐹𝐶\tau\in\operatorname{Hom}(F,C) un plongement. Alors il existe un groupe p𝑝p-divisible (strict) muni d’une 𝒪𝒪\mathcal{O}-action au-dessus de 𝒪𝒪\mathcal{O} (et donc sur toutes les extensions de 𝒪𝒪\mathcal{O}), noté 𝒯τsubscript𝒯𝜏\mathcal{LT_{\tau}}, de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 1 et tel que ω𝒯τsubscript𝜔subscript𝒯𝜏\omega_{\mathcal{LT_{\tau}}} soit de dimension 1, et sur lequel l’action de 𝒪𝒪\mathcal{O} soit donnée par τ𝜏\tau. Alors pour tout AHom(F,C)𝐴Hom𝐹𝐶A\subset\operatorname{Hom}(F,C), on a construit, cf. définition 8.7,

"𝒯A=τA𝒪KTτ","subscript𝒯𝐴superscriptsubscripttensor-product𝜏𝐴subscript𝒪𝐾subscript𝑇𝜏""\mathcal{LT}_{A}=\bigotimes_{\tau\in A}^{\mathcal{O}_{K}}\mathcal{L}T_{\tau}",

où le produit tensoriel est à prendre au sens du produit tensoriel des displays, et provient d’un 𝒪𝒪\mathcal{O}-module p𝑝p-divisible de 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur 1. Sur k=𝔽p¯𝑘¯subscript𝔽𝑝k=\overline{\mathbb{F}_{p}}, 𝒯𝒜𝒪ksubscripttensor-product𝒪subscript𝒯𝒜𝑘\mathcal{LT_{A}}\otimes_{\mathcal{O}}k a pour module de Dieudonné, (W(k)f,V)𝑊superscript𝑘𝑓𝑉(W(k)^{f},V), où

V=(0δστδτ00δσ1τ000000δσf1τ),δτ={psi τA1sinonformulae-sequence𝑉0missing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝛿𝜎𝜏subscript𝛿𝜏0missing-subexpressionmissing-subexpression0subscript𝛿superscript𝜎1𝜏0missing-subexpression0000missing-subexpression0subscript𝛿superscript𝜎𝑓1𝜏subscript𝛿superscript𝜏cases𝑝si 𝜏𝐴1sinonV=\left(\begin{array}[]{cccc}0&&&\delta_{\sigma\tau}\\ \delta_{\tau}&0&\\ 0&\delta_{\sigma^{-1}\tau}&0\\ 0&0&\ddots&0\\ 0&&0&\delta_{\sigma^{f-1}\tau}\\ \end{array}\right),\quad\delta_{\tau^{\prime}}=\left\{\begin{array}[]{cc}p&\text{si }\tau\in A\\ 1&\text{sinon}\end{array}\right.

En particulier il est isocline de pente |A|f𝐴𝑓\frac{|A|}{f}.

On a alors le lemme suivant,

Proposition 11.1.

Si G/𝒪C𝐺subscript𝒪𝐶G/\mathcal{O}_{C} est un groupe p𝑝p-divisible avec une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, où 𝒪=𝒪F𝒪subscript𝒪𝐹\mathcal{O}=\mathcal{O}_{F} et F/p𝐹subscript𝑝F/\mathbb{Q}_{p} est non ramifiée, et soit (pτ,qτ)subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(p_{\tau},q_{\tau}) sa signature, et hh sa 𝒪𝒪\mathcal{O}-hauteur. Alors G𝐺G est μ𝜇\mu-ordinaire si et seulement si

GX(qτ)ord:=l=1r+1𝒯Al1q(l)q(l1),similar-to-or-equals𝐺subscriptsuperscript𝑋𝑜𝑟𝑑subscript𝑞𝜏assignsuperscriptsubscriptproduct𝑙1𝑟1superscriptsubscript𝒯subscript𝐴𝑙1superscript𝑞𝑙superscript𝑞𝑙1G\simeq X^{ord}_{(q_{\tau})}:=\prod_{l=1}^{r+1}\mathcal{LT}_{A_{l-1}}^{q^{(l)}-q^{(l-1)}},

où l’on note {qτ:τHom(K,C)}={q(1),,q(r)}conditional-setsubscript𝑞𝜏𝜏Hom𝐾𝐶superscript𝑞1superscript𝑞𝑟\{q_{\tau}:\tau\in\operatorname{Hom}(K,C)\}=\{q^{(1)},\dots,q^{(r)}\}, q(0)=0superscript𝑞00q^{(0)}=0 et q(r+1)=h=pτ+qτsuperscript𝑞𝑟1subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏q^{(r+1)}=h=p_{\tau}+q_{\tau}, et pour tout l𝑙l,

Al={τ:qτq(l)}etA0=formulae-sequencesubscript𝐴𝑙conditional-set𝜏subscript𝑞𝜏superscript𝑞𝑙etsubscript𝐴0A_{l}=\{\tau\in\mathcal{I}:q_{\tau}\leq q^{(l)}\}\quad\text{et}\quad A_{0}=\emptyset
Démonstration.

On sait d’après un théorème de Moonen (8.10) que c’est le cas sur 𝒪C/𝔪C=ksubscript𝒪𝐶subscript𝔪𝐶𝑘\mathcal{O}_{C}/\mathfrak{m}_{C}=k qui est algébriquement clos de caractéristique p𝑝p. De plus, toujours par Moonen [Moo04], ou par Shen [She12], puisque les polygones de Hodge et Newton coïncident, pour tout q(l)superscript𝑞𝑙q^{(l)} (i.e. tous les points de rupture) on a un sous-𝒪𝒪\mathcal{O}-module de G𝐺G, et donc on a une filtration,

0G1Gr=G,0subscript𝐺1subscript𝐺𝑟𝐺0\subset G_{1}\subset\dots\subset G_{r}=G,

telle que les gradués El=Gl/Gl1subscript𝐸𝑙subscript𝐺𝑙subscript𝐺𝑙1E_{l}=G_{l}/G_{l-1}, l{2,,r}𝑙2𝑟l\!\in\!\{2,\dots,r\}, sont des 𝒪𝒪\mathcal{O}-modules. Par Moonen,

El𝒪Ck𝒯Al1nl1,nl=q(l1)q(l2).formulae-sequencesimilar-to-or-equalssubscripttensor-productsubscript𝒪𝐶subscript𝐸𝑙𝑘superscriptsubscript𝒯subscript𝐴𝑙1subscript𝑛𝑙1subscript𝑛𝑙superscript𝑞𝑙1superscript𝑞𝑙2E_{l}\otimes_{\mathcal{O}_{C}}k\simeq\mathcal{LT}_{A_{l-1}}^{n_{l-1}},\quad n_{l}=q^{(l-1)}-q^{(l-2)}.

Donc Elsubscript𝐸𝑙E_{l} est une déformation sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C} d’un 𝒯Ansuperscriptsubscript𝒯𝐴𝑛\mathcal{LT}_{A}^{n}. Mais une telle déformation est triviale ; en effet, d’après [SW12] elle correspond à un triplet (T,W,α)𝑇𝑊𝛼(T,W,\alpha) muni d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, c’est à dire comme on connaît la signature et la hauteur, n𝑛n, à (𝒪n,τACτn,τατ)superscript𝒪𝑛subscriptdirect-sum𝜏𝐴superscriptsubscript𝐶𝜏𝑛subscriptdirect-sum𝜏subscript𝛼𝜏(\mathcal{O}^{n},\bigoplus_{\tau\not\in A}C_{\tau}^{n},\bigoplus_{\tau}\alpha_{\tau}). Or la flèche ατ:𝒪npCWτ:subscript𝛼𝜏subscripttensor-productsubscript𝑝superscript𝒪𝑛𝐶subscript𝑊𝜏\alpha_{\tau}:\mathcal{O}^{n}\otimes_{\mathbb{Z}_{p}}C\longrightarrow W_{\tau} est surjective, donc quitte à changer de base Wτsubscript𝑊𝜏W_{\tau} (c’est-à-dire à faire un isomorphisme dans la catégorie des triplets), on peut supposer que le 𝒪𝒪\mathcal{O}-triplet est de la forme,

(𝒪n,τACτn,τAτn).superscript𝒪𝑛subscriptdirect-sum𝜏𝐴superscriptsubscript𝐶𝜏𝑛subscriptdirect-sum𝜏𝐴superscript𝜏direct-sum𝑛(\mathcal{O}^{n},\bigoplus_{\tau\not\in A}C_{\tau}^{n},\bigoplus_{\tau\not\in A}\tau^{\oplus n}).

En particulier il n’existe à isomorphisme près sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C} qu’un seul tel triplet, et donc El𝒯Ansimilar-to-or-equalssubscript𝐸𝑙superscriptsubscript𝒯𝐴𝑛E_{l}\simeq\mathcal{LT}_{A}^{n}. Donc G𝐺G est filtré par ce que l’on souhaite, il nous reste seulement à montrer que toute telle filtration est scindée. Mais encore une fois utilisons la description de Scholze-Weinstein de la catégorie des groupes p𝑝p-divisibles sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C}, cf. [SW12] Theorem B, et on se retrouve avec une filtration par des triplets (T,W,α)𝑇𝑊𝛼(T,W,\alpha) munis d’une action de 𝒪𝒪\mathcal{O}, telle que le gradué est donné par des (puissances de) triplets de Lubin-Tate généralisés, et le lemme suivant nous dit que la filtration est scindée. ∎

Lemme 11.2.

Soit C=(T,W,α)𝐶𝑇𝑊𝛼C=(T,W,\alpha) un triplet de Scholze-Weinstein muni d’une action compatible de 𝒪𝒪\mathcal{O}. Supposons qu’il existe une filtration de C𝐶C par des 𝒪𝒪\mathcal{O}-triplets,

C0=0C1=(T1,W1,α1)C2=(T2,W2,α2)Cr=(Tr,Wr,αr)=(T,W,α),subscript𝐶00subscript𝐶1subscript𝑇1subscript𝑊1subscript𝛼1subscript𝐶2subscript𝑇2subscript𝑊2subscript𝛼2subscript𝐶𝑟subscript𝑇𝑟subscript𝑊𝑟subscript𝛼𝑟𝑇𝑊𝛼C_{0}=0\subset C_{1}=(T_{1},W_{1},\alpha_{1})\subset C_{2}=(T_{2},W_{2},\alpha_{2})\subset\dots\subset C_{r}=(T_{r},W_{r},\alpha_{r})=(T,W,\alpha),

telle que Ci+1/Ci(TAi,WAi,αi)nisimilar-to-or-equalssubscript𝐶𝑖1subscript𝐶𝑖superscriptsubscript𝑇subscript𝐴𝑖subscript𝑊subscript𝐴𝑖subscript𝛼𝑖subscript𝑛𝑖C_{i+1}/C_{i}\simeq(T_{A_{i}},W_{A_{i}},\alpha_{i})^{n_{i}} est le triplet de Scholze-Weinstein de 𝒯Ainisuperscriptsubscript𝒯subscript𝐴𝑖subscript𝑛𝑖\mathcal{LT}_{A_{i}}^{n_{i}}, et A1A2Arsuperset-ofsubscript𝐴1subscript𝐴2superset-ofsuperset-ofsubscript𝐴𝑟A_{1}\supset A_{2}\supset\dots\supset A_{r}. Alors, C𝐶C est l’extension triviale des Ci+1/Cisubscript𝐶𝑖1subscript𝐶𝑖C_{i+1}/C_{i}. De plus l’application α:TW:𝛼𝑇𝑊\alpha:T\longrightarrow W est E𝐸E-rationnelle, où E𝐸E est la composée de tous les EAisubscript𝐸subscript𝐴𝑖E_{A_{i}}.

Démonstration.

Sans perte de généralité, puisque les Tisubscript𝑇𝑖T_{i} sont libres, on peut écrire T=𝒪h,Ti=𝒪miformulae-sequence𝑇superscript𝒪subscript𝑇𝑖superscript𝒪subscript𝑚𝑖T=\mathcal{O}^{h},T_{i}=\mathcal{O}^{m_{i}}. Le triplet associé à 𝒯Asubscript𝒯𝐴\mathcal{LT}_{A} est donné par

(𝒪,W=τACτ,ατ:𝒪Cτ=τ).(\mathcal{O},W=\bigoplus_{\tau\not\in A}C_{\tau},\alpha_{\tau}:\mathcal{O}\longrightarrow C_{\tau}=\tau).

Donc (T2,W2)subscript𝑇2subscript𝑊2(T_{2},W_{2}) est l’extension de 𝒯A1n1superscriptsubscript𝒯subscript𝐴1subscript𝑛1\mathcal{LT}_{A_{1}}^{n_{1}} par 𝒯A2n2superscriptsubscript𝒯subscript𝐴2subscript𝑛2\mathcal{LT}_{A_{2}}^{n_{2}}, et donc est donné par,

(𝒪Kn1+n2,τCmτ,(ατ)τ),superscriptsubscript𝒪𝐾subscript𝑛1subscript𝑛2subscriptdirect-sum𝜏superscript𝐶subscript𝑚𝜏subscriptsubscript𝛼𝜏𝜏(\mathcal{O}_{K}^{n_{1}+n_{2}},\bigoplus_{\tau}C^{m_{\tau}},(\alpha_{\tau})_{\tau}),

mτ={n1+n2 siτA2n1 ifτA1A20 sinonsubscript𝑚𝜏casessubscript𝑛1subscript𝑛2 si𝜏subscript𝐴2subscript𝑛1 if𝜏subscript𝐴1subscript𝐴20 sinonm_{\tau}=\left\{\begin{array}[]{cc}n_{1}+n_{2}&\text{ si}\tau\not\in A_{2}\\ n_{1}&\text{ if}\tau\not\in A_{1}\!\smallsetminus\!A_{2}\\ 0&\text{ sinon}\end{array}\right.

et

ατ:𝒪n1+n2Cmτ{(In1Mτ0In2) si τA1(0n100In2) si τA1A20 sinon:subscript𝛼𝜏superscript𝒪subscript𝑛1subscript𝑛2superscript𝐶subscript𝑚𝜏casessubscript𝐼subscript𝑛1subscript𝑀𝜏0subscript𝐼subscript𝑛2 si 𝜏subscript𝐴1subscript0subscript𝑛100subscript𝐼subscript𝑛2 si 𝜏subscript𝐴1subscript𝐴20 sinon\alpha_{\tau}:\mathcal{O}^{n_{1}+n_{2}}\longrightarrow C^{m_{\tau}}\left\{\begin{array}[]{cc}\left(\begin{array}[]{cc}I_{n_{1}}&M_{\tau}\\ 0&I_{n_{2}}\end{array}\right)&\text{ si }\tau\not\in A_{1}\\ \left(\begin{array}[]{cc}0_{n_{1}}&0\\ 0&I_{n_{2}}\end{array}\right)&\text{ si }\tau\in A_{1}\!\smallsetminus\!A_{2}\\ 0&\text{ sinon}\end{array}\right.

Mais dans le cas non scindé (i.e. τA1𝜏subscript𝐴1\tau\not\in A_{1}), en modifiant la base de Wτsubscript𝑊𝜏W_{\tau}, grâce à l’isomorphisme de triplet

(Id,(IdMτId)τ)𝐼𝑑subscript𝐼𝑑subscript𝑀𝜏missing-subexpression𝐼𝑑𝜏(Id,\left(\begin{array}[]{cc}Id&-M_{\tau}\\ &Id\end{array}\right)_{\tau})

on peut rendre la filtration scindée (i.e. Mτ=0subscript𝑀𝜏0M_{\tau}=0). On peut raisonner identiquement (ou par récurrence) pour montrer

(Ti,Wi)=k=1iCk/Ck1.subscript𝑇𝑖subscript𝑊𝑖superscriptsubscriptproduct𝑘1𝑖subscript𝐶𝑘subscript𝐶𝑘1(T_{i},W_{i})=\prod_{k=1}^{i}C_{k}/C_{k-1}.

Remarque 11.3.

C’est faux sans l’hypothèse A1A2Arsuperset-ofsubscript𝐴1subscript𝐴2superset-ofsuperset-ofsubscript𝐴𝑟A_{1}\supset A_{2}\supset\dots\supset A_{r} : il existe (sur 𝒪Csubscript𝒪𝐶\mathcal{O}_{C}) des extensions dans la catégorie des triplets de Scholze-Weinstein de μpsubscript𝜇superscript𝑝\mu_{p^{\infty}} par p/psubscript𝑝subscript𝑝\mathbb{Q}_{p}/\mathbb{Z}_{p} qui ne sont pas triviales (ni ordinaires donc) ! Le problème dans l’algorithme précédent est que , en reprenant les notations, si on a τA2A1𝜏subscript𝐴2subscript𝐴1\tau\!\in\!A_{2}\!\smallsetminus\!A_{1}, et donc,

ατ:𝒪n1+n2C2n,:subscript𝛼𝜏superscript𝒪subscript𝑛1subscript𝑛2subscriptsuperscript𝐶𝑛2\alpha_{\tau}:\mathcal{O}^{n_{1}+n_{2}}\longrightarrow C^{n}_{2},

qui est donnée par la matrice (In2,Mτ)subscript𝐼subscript𝑛2subscript𝑀𝜏(I_{n_{2}},M_{\tau}), il faut pouvoir faire le morphisme de triplets,

(IdMτId)subscript𝐼𝑑subscript𝑀𝜏missing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝐼𝑑missing-subexpression\left(\begin{array}[]{ccc}I_{d}&-M_{\tau}\\ &I_{d}\end{array}\right)

pour rendre ατsubscript𝛼𝜏\alpha_{\tau} de la forme (Id,0)𝐼𝑑.0(Id,0), ce qui n’est possible que si Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} est à coefficients dans 𝒪[1/p]𝒪delimited-[]1𝑝\mathcal{O}[1/p] (et qui ne dépend pas de τ𝜏\tau).

Remarque 11.4.

Le résultat de cette section peut s’interpreter géométriquement de la manière suivante. Soit 𝒮𝒮\mathcal{S} une variété de Shimura PEL sur C𝐶C (disons celle de la section 9.1, mais plus généralement PEL non ramifiée en p𝑝p). Regardons SSsubscript𝑆𝑆S_{\infty}\longrightarrow S le revêtement adique pro-étale perfectoide associé à 𝒮𝒮\mathcal{S} par Scholze dans [Sch13]. Alors Caraiani et Scholze [CS16] ont construit une application,

πHT:S,:subscript𝜋𝐻𝑇subscript𝑆\pi_{HT}:S_{\infty}\longrightarrow\mathcal{F}\ell,

\mathcal{F}\ell est une certaine Grassmanienne, qui raffine l’application de Hodge-Tate de [Sch13]. Leur construction est en fait beaucoup plus générale, et remarquons que dans le cas considéré, avec l’aide des structures entières, celle-ci peut se construire de manière beaucoup plus simple. On peut alors interpreter le théorème précédent en disant que le lieu μ𝜇\mu-ordinaire de Ssubscript𝑆S_{\infty} est envoyé sur les points E𝐸E-rationnels de \mathcal{F}\ell (où E𝐸E est le corps réflexe p𝑝p-adique associé à (pτ,qτ)subscript𝑝𝜏subscript𝑞𝜏(p_{\tau},q_{\tau})), ce qui est en fait un cas particulier de la compatibilité entre strates de Newton de S𝑆S et de \mathcal{F}\ell de [CS16] (dans le cas extrêmement ’basique’–si l’on ose dire, bien qu’il ne s’agisse pas de la strate basique, bien au contraire ! – de la strate μ𝜇\mu-ordinaire).

Annexe A Rappels sur les Champs et modules quasi-cohérents

Les résultats de ces appendices n’ont rien d’originaux, mais il semble difficile d’en trouver des références précises dans la littérature, c’est pourquoi on a préférer les réécrire. On renvoie à [LM00] et [DJ+13] pour les notions utilisées ici. Soit S𝑆S un schéma de base. On munit Sch/S𝑆𝑐𝑆Sch/S de la topologie lisse Soit 𝔛Sch/S𝔛𝑆𝑐𝑆\mathfrak{X}\longrightarrow Sch/S un champ algébrique, et soit

p:X𝔛,:𝑝𝑋𝔛p:X\longrightarrow\mathfrak{X},

une présentation par un schéma X𝑋X.

Définition A.1.

Un 𝒪𝔛subscript𝒪𝔛\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}-module quasi-cohérent \mathcal{E} sur 𝔛𝔛\mathfrak{X} est la donnée, pour tout schéma U𝑈U dans Sch/S𝑆𝑐𝑆Sch/S, et pour tout u𝔛U=𝔛(U)𝑢subscript𝔛𝑈𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}=\mathfrak{X}(U), i.e. pour tout morphisme,

u:U𝔛,:𝑢𝑈𝔛u:U\longrightarrow\mathfrak{X},

d’un 𝒪Usubscript𝒪𝑈\mathcal{O}_{U}-module quasi-cohérent usubscript𝑢\mathcal{E}_{u} sur U𝑈U, tel que, pour toute flèche U𝑓Usuperscript𝑈𝑓𝑈U^{\prime}\overset{f}{\longrightarrow}U, on ait un isomorphisme,

αf:fufu.:subscript𝛼𝑓superscript𝑓subscript𝑢similar-to-or-equalssubscriptsuperscript𝑓𝑢\alpha_{f}:f^{*}\mathcal{E}_{u}\overset{\simeq}{\longrightarrow}\mathcal{E}_{f^{*}u}.

De plus, ces isomorphismes doivent vérifier la condition de cocycle, c’est-à-dire, si on a des flèches,

U′′𝑔U𝑓U,superscript𝑈′′𝑔superscript𝑈𝑓𝑈U^{\prime\prime}\overset{g}{\longrightarrow}U^{\prime}\overset{f}{\longrightarrow}U,

alors, le diagramme suivant commute,

(fg)usubscriptsuperscript𝑓𝑔𝑢{\mathcal{E}_{(f\circ g)^{*}u}}gfusuperscript𝑔subscriptsuperscript𝑓𝑢{g^{*}\mathcal{E}_{f^{*}u}}gfusuperscript𝑔superscript𝑓subscript𝑢{g^{*}f^{*}\mathcal{E}_{u}}(gf)usuperscript𝑔𝑓subscript𝑢{(g\circ f)^{*}\mathcal{E}_{u}}αgsubscript𝛼𝑔\alpha_{g}cangαfsuperscript𝑔subscript𝛼𝑓g^{*}\alpha_{f}αfgsubscript𝛼𝑓𝑔\alpha_{f\circ g}

que l’on écrit plus rapidement,

αfg=gαfαg.subscript𝛼𝑓𝑔superscript𝑔subscript𝛼𝑓subscript𝛼𝑔\alpha_{f\circ g}=g^{*}\alpha_{f}\circ\alpha_{g}.

Un morphisme entre deux modules quasi-cohérents sur 𝔛𝔛\mathfrak{X}, noté

φ:,:𝜑\varphi:\mathcal{E}\longrightarrow\mathcal{F},

est la donnée, pour tout USch/S𝑈𝑆𝑐𝑆U\!\in\!Sch/S, pour tout u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}, d’un morphisme de OUsubscript𝑂𝑈O_{U}-modules quasi-cohérents,

φu:uu,:subscript𝜑𝑢subscript𝑢subscript𝑢\varphi_{u}:\mathcal{E}_{u}\longrightarrow\mathcal{F}_{u},

tel que pour toute flèche, U𝑓Usuperscript𝑈𝑓𝑈U^{\prime}\overset{f}{\longrightarrow}U, le diagramme suivant commute,

fusubscript𝑓𝑢{\mathcal{E}_{f*u}}fusubscriptsuperscript𝑓𝑢{\mathcal{F}_{f^{*}u}}fusuperscript𝑓subscript𝑢{f^{*}\mathcal{E}_{u}}fusuperscript𝑓subscript𝑢{f^{*}\mathcal{F}_{u}}φfusubscript𝜑superscript𝑓𝑢\varphi_{f^{*}u}αfsubscript𝛼𝑓\alpha_{f}βfsubscript𝛽𝑓\beta_{f}fφusuperscript𝑓subscript𝜑𝑢f^{*}\varphi_{u}

où l’on a noté αsubscript𝛼\alpha_{\cdot} les isomorphismes structuraux de \mathcal{E}, et βsubscript𝛽\beta_{\cdot} ceux de \mathcal{F}. On note QCoh(𝔛)𝑄𝐶𝑜𝔛QCoh(\mathfrak{X}) la catégorie ainsi définides modules quasi-cohérents sur 𝔛𝔛\mathfrak{X}.

Proposition A.2.

Soit 𝔛Sch/S𝔛𝑆𝑐𝑆\mathfrak{X}\longrightarrow Sch/S un champ algébrique, et soit,

p:X𝔛,:𝑝𝑋𝔛p:X\longrightarrow\mathfrak{X},

une présentation (lisse) par un S𝑆S-schéma X𝑋X. Alors la catégorie QCoh(𝔛)𝑄𝐶𝑜𝔛QCoh(\mathfrak{X}) est équivalente à la catégorie des modules quasi-cohérents sur X𝑋X munis d’une donnée de descente, notée Des(X)𝐷𝑒𝑠𝑋Des(X), c’est à dire, des modules quasi-cohérents F𝐹F sur X𝑋X, munis d’un isomorphisme,

φ:p1Fp2F,:𝜑superscriptsubscript𝑝1𝐹superscriptsubscript𝑝2𝐹\varphi:p_{1}^{*}F\longrightarrow p_{2}^{*}F,

tel qu’on ait la condition de cocycle,

p23φp12φ=p13φ.superscriptsubscript𝑝23𝜑superscriptsubscript𝑝12𝜑superscriptsubscript𝑝13𝜑p_{23}^{*}\varphi\circ p_{12}^{*}\varphi=p_{13}^{*}\varphi.

On a noté les projections sur les facteurs correspondants,

X×𝔛X×𝔛Xsubscript𝔛subscript𝔛𝑋𝑋𝑋\textstyle{X\times_{\mathfrak{X}}X\times_{\mathfrak{X}}X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p12subscript𝑝12\scriptstyle{p_{12}}p13subscript𝑝13\scriptstyle{p_{13}}p23subscript𝑝23\scriptstyle{p_{23}}X×𝔛Xsubscript𝔛𝑋𝑋\textstyle{X\times_{\mathfrak{X}}X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p1subscript𝑝1\scriptstyle{p_{1}}p2subscript𝑝2\scriptstyle{p_{2}}X𝑋\textstyle{X}

Les morphismes de Des(X)𝐷𝑒𝑠𝑋Des(X) sont les morphismes h:FG:𝐹𝐺h:F\longrightarrow G tels que,

p2hφF=φGp1h.superscriptsubscript𝑝2subscript𝜑𝐹subscript𝜑𝐺superscriptsubscript𝑝1p_{2}^{*}h\circ\varphi_{F}=\varphi_{G}\circ p_{1}^{*}h.

C’est à dire tels que le diagramme suivant commute.

p2Fsuperscriptsubscript𝑝2𝐹{p_{2}^{*}F}p2Gsuperscriptsubscript𝑝2𝐺{p_{2}^{*}G}p1Fsuperscriptsubscript𝑝1𝐹{p_{1}^{*}F}p1Gsuperscriptsubscript𝑝1𝐺{p_{1}^{*}G}p2hsuperscriptsubscript𝑝2p_{2}^{*}hφFsubscript𝜑𝐹\varphi_{F}φGsubscript𝜑𝐺\varphi_{G}p1hsuperscriptsubscript𝑝1p_{1}^{*}h
Démonstration.

C’est essentiellement une reformulation de la descente fpqc. ∎

Remarque A.3.

On a énoncé la proposition pour les modules quasi-cohérents, mais c’est encore vrai en remplaçant quasi-cohérent par localement libre de rang fini, localement libre de rang n𝑛n fixé (donc aussi inversible), d’après la proposition 2.5.2 de [Gro67], volume 2.

Exemple A.4.

Soit D𝑖𝔛𝐷𝑖𝔛D\overset{i}{\hookrightarrow}\mathfrak{X} un sous-champ fermé d’un champ algébrique. Alors il existe un 𝒪𝔛subscript𝒪𝔛\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}-module quasi cohérent Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} associé à D𝐷D : Soit USch/S𝑈𝑆𝑐𝑆U\!\in\!Sch/S, et u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U} plat. Alors, on a le diagramme

U×u,𝔛,iDsubscript𝑢𝔛𝑖𝑈𝐷{U\times_{u,\mathfrak{X},i}D}D𝐷{D}U𝑈{U}𝔛𝔛{\mathfrak{X}}j𝑗ji𝑖iu𝑢u

et j𝑗j est une immersion fermée. On a donc un faisceau d’idéaux D,usubscript𝐷𝑢\mathcal{I}_{D,u} sur U𝑈U associé à U×D𝑈𝐷U\times D. Soit maintenant U𝑓Usuperscript𝑈𝑓𝑈U^{\prime}\overset{f}{\longrightarrow}U plat, alors grâce à l’identification canonique,

f(U×D)U×uf,𝔛,iD,superscript𝑓𝑈𝐷subscript𝑢𝑓𝔛𝑖superscript𝑈𝐷f^{*}(U\times D)\cong U^{\prime}\times_{u\circ f,\mathfrak{X},i}D,

on en déduit un morphisme canonique αf:D,uffD,u:subscript𝛼𝑓subscript𝐷𝑢𝑓superscript𝑓subscript𝐷𝑢\alpha_{f}:\mathcal{I}_{D,u\circ f}\cong f^{*}\mathcal{I}_{D,u}. Comme αfsubscript𝛼𝑓\alpha_{f} est canonique, il vérifie la condition de cocycle, et on en déduit donc un faisceau quasi-cohérent de 𝒪Xsubscript𝒪𝑋\mathcal{O}_{X}-module Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} sur 𝔛𝔛\mathfrak{X}, associé à D𝐷D, en considérant U=X𝑈𝑋U=X une présentation de 𝒳𝒳\mathcal{X} et U=X×𝒳Xsuperscript𝑈subscript𝒳𝑋𝑋U^{\prime}=X\times_{\mathcal{X}}X etc.. en utilisant la proposition précédente. Néanmoins il n’est pas clair (et probablement faux) que pour tout USch/S𝑈𝑆𝑐𝑆U\!\in\!Sch/S et u𝒳U𝑢subscript𝒳𝑈u\!\in\!\mathcal{X}_{U} on ait que D,usubscript𝐷𝑢\mathcal{I}_{D,u} soit l’ideal associé au fermé D×uUsubscript𝑢𝐷𝑈D\times_{u}U de U𝑈U. On voudrait dire que Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} est un faisceau d’idéaux, seulement on n’est pas certain que pour tout U/S𝑈𝑆U/S et tout u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}, D,u𝒪𝔛,u=𝒪usubscript𝐷𝑢subscript𝒪𝔛𝑢subscript𝒪𝑢\mathcal{I}_{D,u}\subset\mathcal{O}_{\mathfrak{X},u}=\mathcal{O}_{u}, mais c’est le cas si u𝑢u est plat. Néanmoins on a une flèche D𝒪𝔛subscript𝐷subscript𝒪𝔛\mathcal{I}_{D}\longrightarrow\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}, qui est par exemple donnée par l’inclusion de faisceaux sur une présentation de 𝔛𝔛\mathfrak{X} (voir proposition précédente), qui est un monomorphisme sur tout u:U𝔛:𝑢𝑈𝔛u:U\longrightarrow\mathfrak{X} plat. On dira qu’un 𝒪𝔛subscript𝒪𝔛\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}-module \mathcal{I} qui vérifie cette propriété est un faisceau d’idéaux sur 𝔛𝔛\mathfrak{X}.

Lemme A.5.

Si 𝔛𝔛\mathfrak{X} est un champ algébrique lisse, alors la pour la donnée d’un faisceau quasi- cohérent sur 𝔛𝔛\mathfrak{X} ou d’un morphisme dans QCoh(𝔛)𝑄𝐶𝑜𝔛QCoh(\mathfrak{X}), on peut se restreindre au données de la définition, mais seulement sur U,U,U′′𝑈superscript𝑈superscript𝑈′′U,U^{\prime},U^{\prime\prime} des S𝑆S-schémas lisses (avec les mêmes compatibilités).

Démonstration.

Soit donc S𝑆S un schéma. Supposons donc que l’on a un champ algébrique 𝔛S𝔛𝑆\mathfrak{X}\longrightarrow S lisse. C’est-à-dire qu’il existe une présentation (lisse),

p:X𝔛,:𝑝𝑋𝔛p:X\longrightarrow\mathfrak{X},

avec X𝑋X lisse sur S𝑆S. Supposons maintenant donné pour tout schéma lisse U𝑈U sur S𝑆S, et tout u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}, la donné d’un faisceau quasi-cohérent usubscript𝑢\mathcal{F}_{u} sur U𝑈U (avec les compatibilités de la définition A.1 lorsque U,U′′superscript𝑈superscript𝑈′′U^{\prime},U^{\prime\prime} lisses sur S𝑆S). Alors comme X𝑋X est lisse, on a la donnée d’un faisceau quasi-cohérent F:=passign𝐹subscript𝑝F:=\mathcal{F}_{p} sur X𝑋X, et muni d’une donnée de descente de la même manière que dans la proposition A.2 (car X×𝔛Xsubscript𝔛𝑋𝑋X\times_{\mathfrak{X}}X et X×𝔛X×𝔛Xsubscript𝔛subscript𝔛𝑋𝑋𝑋X\times_{\mathfrak{X}}X\times_{\mathfrak{X}}X sont des schémas lisses sur S𝑆S). On en déduit donc que F𝐹F est dans Des(X)𝐷𝑒𝑠𝑋Des(X), et donc qu’il existe un unique faisceau quasi-cohérent sur 𝔛𝔛\mathfrak{X}, ~~\widetilde{\mathcal{F}}, qui lui correspond. Par construction, u(~)usimilar-to-or-equalssubscript𝑢subscript~𝑢\mathcal{F}_{u}\simeq(\widetilde{\mathcal{F}})_{u} (canoniquement) pour tout u:U𝔛:𝑢𝑈𝔛u:U\longrightarrow\mathfrak{X} avec U𝑈U lisse sur S𝑆S. Soit maintenant pour tout U/S𝑈𝑆U/S lisse, et tout u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}, des faisceaux quasi-cohérents usubscript𝑢\mathcal{F}_{u} et 𝒢usubscript𝒢𝑢\mathcal{G}_{u} sur U𝑈U, et d’un morphisme,

φu:u𝒢u,:subscript𝜑𝑢subscript𝑢subscript𝒢𝑢\varphi_{u}:\mathcal{F}_{u}\longrightarrow\mathcal{G}_{u},

avec les compatibités de la définition A.1, pour tout U,U′′superscript𝑈superscript𝑈′′U^{\prime},U^{\prime\prime} lisses sur S𝑆S. Alors comme X𝑋X est lisse, il existe un morphisme,

φp:FG,où F=p,G=𝒢p.:subscript𝜑𝑝formulae-sequence𝐹𝐺formulae-sequenceoù 𝐹subscript𝑝𝐺subscript𝒢𝑝\varphi_{p}:F\longrightarrow G,\quad\text{où }F=\mathcal{F}_{p},G=\mathcal{G}_{p}.

On a vu que F,G𝐹𝐺F,G sont dans Des(X)𝐷𝑒𝑠𝑋Des(X) et de plus, comme dans la proposition A.2, φpsubscript𝜑𝑝\varphi_{p} est un morphisme dans Des(X)𝐷𝑒𝑠𝑋Des(X). On en déduit donc qu’il existe un unique morphisme,

φ~:~𝒢~:~𝜑~~𝒢\widetilde{\varphi}:\widetilde{\mathcal{F}}\longrightarrow\widetilde{\mathcal{G}}

dans QCoh(𝔛)𝑄𝐶𝑜𝔛QCoh(\mathfrak{X}) tel que le diagramme suivant commute,

~usubscript~𝑢{\widetilde{\mathcal{F}}_{u}}𝒢~usubscript~𝒢𝑢{\widetilde{\mathcal{G}}_{u}}usubscript𝑢{\mathcal{F}_{u}}𝒢usubscript𝒢𝑢{\mathcal{G}_{u}}φ~usubscript~𝜑𝑢\widetilde{\varphi}_{u}similar-to-or-equals\simeqsimilar-to-or-equals\simeqφusubscript𝜑𝑢\varphi_{u}

pour tout u𝔛U𝑢subscript𝔛𝑈u\!\in\!\mathfrak{X}_{U} avec U𝑈U lisse sur S𝑆S. ∎

On utilise ce dernier lemme pour construire les invariants de Hasse partiel sur le champ des groupes de Barsotti-Tate tronqués d’échelon r𝑟r, munis d’une action de 𝒪Fsubscript𝒪𝐹\mathcal{O}_{F}, car ces derniers ne sont définis (à priori) que sur une base lisse.

Annexe B Diviseurs de Cartier et Champs

Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} un champ sur S𝑆S, suivant [LM00], on définit son espace topologique sous-jacent,

|𝔛|=(Kcorpsob𝔛SpecK)/,𝔛subscriptsubscriptcoproduct𝐾𝑐𝑜𝑟𝑝𝑠𝑜𝑏subscript𝔛Spec𝐾absentsimilar-to|\mathfrak{X}|=\left(\coprod_{Kcorps}ob\,\mathfrak{X}_{\operatorname{Spec}K}\right)_{\big{/\sim}},

uvsimilar-to𝑢𝑣u\sim v, u𝔛SpecK,v𝔛Spec(K)formulae-sequence𝑢subscript𝔛Spec𝐾𝑣subscript𝔛Specsuperscript𝐾u\!\in\!\mathfrak{X}_{\operatorname{Spec}K},v\!\in\!\mathfrak{X}_{\operatorname{Spec}(K^{\prime})} si il existe une extension commune K′′superscript𝐾′′K^{\prime\prime} de K,K𝐾superscript𝐾K,K^{\prime}, i:KK′′,j:KK′′:𝑖𝐾superscript𝐾′′𝑗:superscript𝐾superscript𝐾′′i:K\subset K^{\prime\prime},j:K^{\prime}\subset K^{\prime\prime} et un isomorphisme de iusuperscript𝑖𝑢i^{*}u sur jvsuperscript𝑗𝑣j^{*}v dans 𝔛SpecK′′subscript𝔛Specsuperscript𝐾′′\mathfrak{X}_{\operatorname{Spec}K^{\prime\prime}}. On munit |𝔛|𝔛|\mathfrak{X}| de la topologie de Zariski, donnée par les |𝔘|𝔘|\mathfrak{U}|, où 𝔘𝔘\mathfrak{U} est un sous-champ ouvert.

Définition B.1.

Soit S𝑆S un schéma, et 𝔛𝔛\mathfrak{X} un champ algébrique sur Sch/S𝑆𝑐𝑆Sch/S. Soit D𝔛𝐷𝔛D\subset\mathfrak{X} un sous-champ fermé. Alors les conditions suivantes sont équivalentes (voir exemple A.4):

  1. (1)

    Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} est un 𝒪𝔛subscript𝒪𝔛\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}-module inversible.

  2. (2)

    Il existe X𝑝𝔛𝑋𝑝𝔛X\overset{p}{\longrightarrow}\mathfrak{X}, avec X𝑋X un schéma, surjectif et lisse tel que D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X est un diviseur de Cartier sur X𝑋X.

  3. (3)

    Pour tout X𝑝𝔛𝑋𝑝𝔛X\overset{p}{\longrightarrow}\mathfrak{X}, avec X𝑋X un schéma, surjectif et lisse, D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X est un diviseur de Cartier sur X𝑋X.

  4. (4)

    Il existe un recouvrement affine lisse quasi-compact i.e. pour tout x𝔛𝑥𝔛x\!\in\!\mathfrak{X}, des voisinages lisses U𝔛𝑈𝔛U\longrightarrow\mathfrak{X} de x𝑥x, tel que si U=SpecA𝑈Spec𝐴U=\operatorname{Spec}A, alors D×𝔛U=Spec(A/(f))subscript𝔛𝐷𝑈Spec𝐴𝑓D\times_{\mathfrak{X}}U=\operatorname{Spec}(A/(f)) et fA𝑓𝐴f\!\in\!A n’est pas un diviseur de zéro.

Dans ce cas, on dit que D𝐷D est un Diviseur de Carter effectif de 𝔛𝔛\mathfrak{X}.

Démonstration.

1 \Rightarrow 3 : On a donc Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} un faisceau inversible, donc pDsuperscript𝑝subscript𝐷p^{*}\mathcal{I}_{D} est un faisceau inversible sur X𝑋X. Donc D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X est un diviseur de Cartier sur X𝑋X, car p𝑝p est lisse donc plat.
2 \Rightarrow 1 : On a donc sur X𝑋X l’existence d’un (D)p𝒪Xsubscriptsubscript𝐷𝑝subscript𝒪𝑋(\mathcal{I}_{D})_{p}\subset\mathcal{O}_{X} qui est un faisceau d’idéaux inversible associé à D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X, munie d’une donnée de descente par la proposition A.2. De plus, par la remarque A.3, Dsubscript𝐷\mathcal{I}_{D} est inversible.
2 \Rightarrow 4 : Soit X𝔛𝑋𝔛X\longrightarrow\mathfrak{X} lisse surjectif une présentation par un schéma. Prenons un ouvert de X𝑋X, U,XU,\longrightarrow X, avec U=SpecA𝑈Spec𝐴U=\operatorname{Spec}A affine. Alors,

D×𝔛U=(D×𝔛X)×XU=Spec(A/(f)),subscript𝔛𝐷𝑈subscript𝑋subscript𝔛𝐷𝑋𝑈Spec𝐴𝑓D\times_{\mathfrak{X}}U=(D\times_{\mathfrak{X}}X)\times_{X}U=\operatorname{Spec}(A/(f)),

avec (f)𝑓(f) non diviseur de zéro, car D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X est un diviseur de cartier sur X𝑋X. De plus, comme X𝔛𝑋𝔛X\longrightarrow\mathfrak{X} est lisse, donc quasi-compact, le recouvrement précédent est quasi-compact.
4 \Rightarrow 2 : On écrit un morphisme surjectif, et localement lisse, donc plat quasi-compact,

U=x|𝔛|Ux𝔛.𝑈subscriptcoproduct𝑥𝔛subscript𝑈𝑥𝔛U=\coprod_{x\in|\mathfrak{X}|}U_{x}\longrightarrow\mathfrak{X}.

Ce morphisme n’est pas lisse a priori, mais quitte à prendre une présentation p:X𝔛:𝑝𝑋𝔛p:X\longrightarrow\mathfrak{X}, x|𝔛|(Ux×𝔛X)subscriptcoproduct𝑥𝔛subscript𝔛subscript𝑈𝑥𝑋\coprod_{x\in|\mathfrak{X}|}(U_{x}\times_{\mathfrak{X}}X) est un recouvrement localement lisse de X𝑋X, donc on peut extraire un recouvrement Usuperscript𝑈U^{\prime} quasi-compact, puisque X𝑋X est quasi-séparé. Maintenant le morphisme

U𝔛,superscript𝑈𝔛U^{\prime}\longrightarrow\mathfrak{X},

est quasi-compact, plat et surjectif, et D×𝔛Usubscript𝔛𝐷superscript𝑈D\times_{\mathfrak{X}}U^{\prime} est localement un diviseur de Cartier (sur chaque Uxsubscript𝑈𝑥U_{x}) par hypothèse, D×𝔛Xsubscript𝔛𝐷𝑋D\times_{\mathfrak{X}}X est donc un diviseur de Cartier sur X𝑋X. ∎

Remarque B.2.

Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} un champ algébrique, X𝑝𝔛𝑋𝑝𝔛X\overset{p}{\longrightarrow}\mathfrak{X} une présentation. Alors on a une surjection d’espaces topologiques,

|X||p||𝔛|.𝑋𝑝𝔛|X|\overset{|p|}{\longrightarrow}|\mathfrak{X}|.

D’après [LM00], Proposition 5.6, |p|𝑝|p| est un morphisme ouvert. Plus précisément pour tout 1-morphisme de champs, plat localement de présentation finie, f𝑓f, |f|𝑓|f| est ouvert.

Proposition B.3.

Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} un champ algébrique. On a une équivalence de catégories, {IEEEeqnarray*}ccc { Diviseurs de cartier effectifsde X } & { s : O_X L L est un faisceau inversible et s𝑠s génériquement trivialisante. }
D
(O_X I_D^)
V(s)
X (s : O_X L) où V(s)𝑉𝑠V(s) est un sous-schéma fermé de 𝔛𝔛\mathfrak{X} donné par,

V(s)U={u𝔛U:us=0}.𝑉subscript𝑠𝑈conditional-set𝑢subscript𝔛𝑈superscript𝑢𝑠0V(s)_{U}=\{u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}:u^{*}s=0\}.
Démonstration.

C’est vrai sur un schéma ([DJ+13] DIVISORS lemma 2.20). On se ramène à ce cas en considérant une présentation : il suffit de combiner la définition précédente avec la proposition A.2 (voir aussi remarque A.3). ∎

Proposition B.4.

Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} un champ algébrique réduit (i.e. tel qu’il existe une présentation X𝑝𝔛𝑋𝑝𝔛X\overset{p}{\longrightarrow}\mathfrak{X} avec X𝑋X un schéma réduit). Soit V(s)𝑉𝑠V(s) le sous-champ fermé de 𝔛𝔛\mathfrak{X} associé à un couple (,s)𝑠(\mathcal{L},s)s:𝒪𝔛:𝑠subscript𝒪𝔛s:\mathcal{O}_{\mathfrak{X}}\longrightarrow\mathcal{L} est une section. Notons D(s)𝐷𝑠D(s) le sous-champ ouvert de 𝔛𝔛\mathfrak{X} définipar,

D(s)U={u𝔛U:us:𝒪Uu}.𝐷subscript𝑠𝑈conditional-set𝑢subscript𝔛𝑈:superscript𝑢𝑠subscript𝒪𝑈similar-tosubscript𝑢D(s)_{U}=\{u\!\in\!\mathfrak{X}_{U}:u^{*}s:\mathcal{O}_{U}\overset{\sim}{\longrightarrow}\mathcal{L}_{u}\}.

Alors V(s)𝑉𝑠V(s) est un diviseur de Cartier si et seulement si |D(s)|𝐷𝑠|D(s)| est dense dans |𝔛|𝔛|\mathfrak{X}|.

Démonstration.

Soit p:X𝔛:𝑝𝑋𝔛p:X\longrightarrow\mathfrak{X} une présentation (réduite) de 𝔛𝔛\mathfrak{X}. Supposons que V(s)𝑉𝑠V(s) soit un diviseur de Cartier, alors pV(s)superscript𝑝𝑉𝑠p^{*}V(s) est un diviseur de Cartier sur X𝑋X, donc XpV(s)𝑋superscript𝑝𝑉𝑠X\!\smallsetminus\!p^{*}V(s) est un ouvert dense (car X𝑋X réduit) et comme |p|𝑝|p| est ouverte et surjective, |p(XpV(s))|=|D(s)|𝑝𝑋superscript𝑝𝑉𝑠𝐷𝑠|p(X\!\smallsetminus\!p^{*}V(s))|=|D(s)| (car p𝑝p surjectif) est un ouvert dense.
Réciproquement, si |D(s)|𝐷𝑠|D(s)| est dense, |p|1(|D(s)|)=|XpV(s)|superscript𝑝1𝐷𝑠𝑋superscript𝑝𝑉𝑠|p|^{-1}(|D(s)|)=|X\!\smallsetminus\!p^{*}V(s)| est un ouvert dense de X𝑋X, donc pV(s)superscript𝑝𝑉𝑠p^{*}V(s) est un diviseur de Cartier sur X𝑋X, et la définition B.1 conclut. ∎

Remarque B.5.

Être réduit pour un champ ne dépend pas de la présentation : Si (X,π1),(X,π2)𝑋subscript𝜋1superscript𝑋subscript𝜋2(X,\pi_{1}),(X^{\prime},\pi_{2}) sont deux présentations de 𝔛𝔛\mathfrak{X} et X𝑋X est réduit, alors X×𝔛X=π2Xsubscript𝔛𝑋superscript𝑋superscriptsubscript𝜋2𝑋X\times_{\mathfrak{X}}X^{\prime}=\pi_{2}^{*}X est un schéma (car π1subscript𝜋1\pi_{1} relativement représentable) et X×𝔛Xsubscript𝔛𝑋superscript𝑋X\times_{\mathfrak{X}}X^{\prime} est réduit car X𝑋X l’est et π2subscript𝜋2\pi_{2} est lisse (donc π1π2superscriptsubscript𝜋1subscript𝜋2\pi_{1}^{*}\pi_{2} aussi). Donc comme π2π1:X×𝔛XX:superscriptsubscript𝜋2subscript𝜋1subscript𝔛𝑋superscript𝑋superscript𝑋\pi_{2}^{*}\pi_{1}:X\times_{\mathfrak{X}}X^{\prime}\longrightarrow X^{\prime} est lisse, Xsuperscript𝑋X^{\prime} est réduit.

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