Dualité et principe local-global sur des corps locaux de dimension 2

Diego Izquierdo
École Normale Supérieure
45, Rue d’Ulm - 75005 Paris - France
diego.izquierdo@ens.fr

Introduction

Annoncés dans les années 1960 par Tate, les théorèmes de dualité arithmétique ont joué depuis un rôle fondamental dans l’étude des points rationnels des variétés algébriques sur les corps globaux (corps de nombres et corps de fonctions de courbes sur des corps finis). Plus récemment, nous avons connu un regain d’intérêt pour ces questions sur des corps plus compliqués. C’est ainsi que Harari, Scheiderer et Szamuely ont étudié les corps de fonctions de courbes sur des corps p𝑝p-adiques ([HSz13], [HSSz15]) , puis que Colliot-Thélène et Harari se sont penchés sur les corps de fonctions de courbes sur ((t))𝑡\mathbb{C}((t)) ([CTH15]). L’auteur du présent article a ensuite généralisé les précédents résultats aux corps de fonctions de courbes sur des corps locaux supérieurs ([Izq14b], [Izq15], [Izq14c]).

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique 0, un corps p𝑝p-adique, ou encore ((t))𝑡\mathbb{C}((t)). Considérons K0=k((x,y))subscript𝐾0𝑘𝑥𝑦K_{0}=k((x,y)) le corps des séries de Laurent à deux variables sur k𝑘k. On rappelle que K0subscript𝐾0K_{0} est le corps des fractions de k[[x,y]]𝑘delimited-[]𝑥𝑦k[[x,y]], un anneau local de dimension 2. Il est strictement contenu dans k((x))((y))𝑘𝑥𝑦k((x))((y)) et, contrairement à k((x))((y))𝑘𝑥𝑦k((x))((y)), son comportement est similaire à celui d’un corps global. Le but de cet article est d’obtenir des théorèmes de dualité arithmétique sur K0subscript𝐾0K_{0}, puis de les appliquer à l’étude des points rationnels sur les K0subscript𝐾0K_{0}-variétés algébriques. La principale difficulté que nous devons gérer dans cet article consiste à établir une dualité d’Artin-Verdier sur un tel corps puisqu’elle demande de travailler avec des schémas singuliers (typiquement la clôture intégrale de [[x,y]]delimited-[]𝑥𝑦\mathbb{C}[[x,y]] dans une extension finie de ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y))). C’est un phénomène que l’on ne rencontrait pas dans les travaux portant sur les corps de fonctions de courbes, puisque dans ces cas-là la dualité d’Artin-Verdier découlait assez formellement de la dualité de Poincaré et d’un théorème de dualité pour le corps de base.

Les motivations pour se pencher sur une telle question sont multiples. Tout d’abord, les corps de la forme k((x,y))𝑘𝑥𝑦k((x,y)) ont récemment intéressé plusieurs auteurs (Colliot-Thélène, Gille, Hu, Ojanguren, Parimala, Suresh…). Citons notamment l’article [CTPS15], dans lequel Colliot-Thélène, Parimala et Suresh introduisent certaines obstructions au principe local-global sur ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) et se demandent si ce sont les seules pour les espaces principaux homogènes sous des tores. Nous répondrons affirmativement à cette question dans le présent article. Ensuite, les corps de la forme ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) interviennent de manière importante dans les travaux de Harbater, Hartmann et Kraschen dans lesquels ils utilisent des techniques de patching pour étudier le principe local-global sur certains corps de fonctions de courbes (par exemple [HHK14]). Il est donc naturel de penser que, si l’on veut comprendre les résultats qu’ils obtiennent avec les techniques de dualité, il convient de commencer par se pencher sur les questions de dualité pour ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)). Finalement, il est probablement nécessaire de comprendre le corps ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) avant de s’intéresser aux corps de fonctions de surfaces complexes, pour lesquels rien n’est connu actuellement du point de vue de la dualité arithmétique.

Organisation de l’article.

Ce texte est constitué de 3 parties. Dans la première section, on établit une dualité de type Artin-Verdier sur certains anneaux locaux de dimension 2. Plus précisément, on montre le théorème suivant:

Théorème 0.1.

(Corollaire 1.27)
Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique 0 et R0subscript𝑅0R_{0} une k𝑘k-algèbre commutative, locale, intègre, normale, hensélienne, excellente, de dimension 2, de corps résiduel k𝑘k. Notons 𝔪0subscript𝔪0\mathfrak{m}_{0} l’idéal maximal de R0subscript𝑅0R_{0} et X0=SpecR0{𝔪0}subscript𝑋0Specsubscript𝑅0subscript𝔪0X_{0}=\text{Spec}\;R_{0}\setminus\{\mathfrak{m}_{0}\}. Soient j:UX0:𝑗𝑈subscript𝑋0j:U\hookrightarrow X_{0} une immersion ouverte avec U𝑈U non vide et F𝐹F un schéma en groupes fini étale sur U𝑈U de n𝑛n-torsion et de dual de Cartier F=Hom¯U(F,μn)superscript𝐹subscript¯Hom𝑈𝐹subscript𝜇𝑛F^{\prime}=\underline{\text{Hom}}_{U}(F,\mu_{n}). Il existe alors un accouplement parfait de groupes finis:

Hr(U,F)×H3r(X,j!F)/n(1).superscript𝐻𝑟𝑈superscript𝐹superscript𝐻3𝑟𝑋subscript𝑗𝐹𝑛1H^{r}(U,F^{\prime})\times H^{3-r}(X,j_{!}F)\rightarrow\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(-1).

Ici, /n(1)𝑛1\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(-1) désigne Hom(μn,/n)Homsubscript𝜇𝑛𝑛\text{Hom}(\mu_{n},\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}), qui, quitte à choisir une racine primitive n𝑛n-ième de l’unité, est isomorphe à /n𝑛\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}. Le théorème, dont la preuve fait l’objet de la totalité de la section 1, s’applique bien sûr à l’anneau R0=[[x,y]]subscript𝑅0delimited-[]𝑥𝑦R_{0}=\mathbb{C}[[x,y]]. La principale difficulté consiste à comprendre la cohomologie de 𝔾msubscript𝔾𝑚\mathbb{G}_{m} sur la normalisation de R0subscript𝑅0R_{0} dans une extension finie de son corps des fractions, puisque cela demande de travailler avec des schémas singuliers, même lorsque R0subscript𝑅0R_{0} est régulier. Ces problèmes sont résolus dans la proposition 1.8.

Dans la deuxième section, nous appliquons le résultat précédent pour obtenir des théorèmes de dualité de type Poitou-Tate pour les modules finis et les tores sur des corps comme ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) ou ((t))((x,y))𝑡𝑥𝑦\mathbb{C}((t))((x,y)) ou 𝔽q((x,y))subscript𝔽𝑞𝑥𝑦\mathbb{F}_{q}((x,y)). Les principaux résultats sont les théorèmes 2.5 et 2.8.

Finalement, dans la troisième section, nous appliquons les théorèmes de dualité précédents pour étudier les obstructions au principe local-global et à l’approximation faible. Plus précisément, dans les théorèmes 3.2 et 3.4, nous comprenons les obstructions au principe local-global pour les torseurs sous des groupes linéaires connexes sur ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) ainsi que pour les torseurs sous des tores sur 𝔽q((x,y))subscript𝔽𝑞𝑥𝑦\mathbb{F}_{q}((x,y)), ((t))((x,y))𝑡𝑥𝑦\mathbb{C}((t))((x,y)) ou p((x,y))subscript𝑝𝑥𝑦\mathbb{Q}_{p}((x,y)). Ce sont précisément ces deux théorèmes (3.2 et 3.4) qui répondent à la question posée à la fin de l’article [CTPS15]. Ils impliquent aussi la proposition suivante:

Proposition 0.2.

(Proposition 3.5)
Soit k𝑘k un corps fini de caractéristique p𝑝p et considérons un tore stablement rationnel T𝑇T sur K0=k((x,y))subscript𝐾0𝑘𝑥𝑦K_{0}=k((x,y)). Soit Y𝑌Y un espace principal homogène sous T𝑇T qui devient trivial sur une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0} de degré non divisible par p𝑝p. Alors Y𝑌Y vérifie le principe local-global.

Remarque 0.3.

Une proposition analogue à la précédente est vraie sur un corps de la forme p(x)subscript𝑝𝑥\mathbb{Q}_{p}(x) (corollaire 5.7 de [HSz13]), mais pas sur un corps de la forme ((t))(x)𝑡𝑥\mathbb{C}((t))(x) (exemple 2.9 de [CTH15]).

À la toute fin de l’article, dans le théorème 3.7, nous nous penchons sur l’approximation faible pour les tores sur ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)), ((t))((x,y))𝑡𝑥𝑦\mathbb{C}((t))((x,y)) ou encore sur p((x,y))subscript𝑝𝑥𝑦\mathbb{Q}_{p}((x,y)).

Le lecteur remarquera que certaines preuves en fin d’article sont similaires à des preuves pouvant être trouvées dans la littérature, auquel cas elles ne sont qu’esquissées.

Remerciements. Je tiens à remercier en premier lieu David Harari pour son soutien et ses conseils, ainsi que pour sa lecture soigneuse de ce texte: sans lui, ce travail n’aurait pas pu voir le jour. Je suis aussi très reconnaissant à Olivier Wittenberg pour d’intéressantes discussions. Je voudrais finalement remercier l’École Normale Supérieure pour ses excellentes conditions de travail.

Rappels et notations

Corps. Si L𝐿L est un corps, on notera Lssuperscript𝐿𝑠L^{s} sa clôture séparable.

Dimension. Lorsque Z𝑍Z est un schéma noethérien et i𝑖i un entier naturel, on notera Z(i)superscript𝑍𝑖Z^{(i)} l’ensemble des points de codimension i𝑖i de Z𝑍Z. En particulier, Z(0)superscript𝑍0Z^{(0)} désignera l’ensemble des points génériques de Z𝑍Z, que l’on confondra parfois avec l’ensemble des composantes irréductibles de Z𝑍Z.

Groupes abéliens. Pour M𝑀M un groupe abélien, n>0𝑛0n>0 un entier et \ell un nombre premier, on notera:

  • \bullet

    Mnsubscript𝑀𝑛{{}_{n}}M la partie de n𝑛n-torsion de M𝑀M.

  • \bullet

    M{}𝑀M\{\ell\} la partie de torsion \ell-primaire de M𝑀M.

  • \bullet

    Mnon=pM{p}subscript𝑀nonsubscriptdirect-sum𝑝𝑀𝑝M_{\text{non}-\ell}=\bigoplus_{p\neq\ell}M\{p\}p𝑝p décrit les nombres premiers différents de \ell. Par commodité, Mnon0subscript𝑀non0M_{\text{non}-0} désignera M𝑀M.

  • \bullet

    M()=limnM/nsuperscript𝑀subscriptprojective-limit𝑛𝑀superscript𝑛M^{(\ell)}=\varprojlim_{n}M/\ell^{n} le complété \ell-adique de M𝑀M.

  • \bullet

    M¯¯𝑀\overline{M} le quotient de M𝑀M par son sous-groupe divisible maximal.

  • \bullet

    MDsuperscript𝑀𝐷M^{D} le groupe des morphismes M/𝑀M\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

Faisceaux. Sauf indication du contraire, tous les faisceaux sont considérés pour le petit site étale. Pour F𝐹F un faisceau sur un schéma Z𝑍Z, on note HomZ(F,)subscriptHom𝑍𝐹\text{Hom}_{Z}(F,-) (ou Hom(F,)Hom𝐹\text{Hom}(F,-) s’il n’y a pas d’ambiguïté) le foncteur qui à un faisceau G𝐺G sur Z𝑍Z assosie le groupe des morphismes de faisceaux de F𝐹F vers G𝐺G et Hom¯Z(F,)subscript¯Hom𝑍𝐹\underline{\text{Hom}}_{Z}(F,-) (ou Hom¯(F,)¯Hom𝐹\underline{\text{Hom}}(F,-) s’il n’y a pas d’ambiguïté) le foncteur qui à un faisceau G𝐺G sur Z𝑍Z associe le faisceau étale UHomU(F|U,G|U)maps-to𝑈subscriptHom𝑈evaluated-at𝐹𝑈evaluated-at𝐺𝑈U\mapsto\text{Hom}_{U}(F|_{U},G|_{U}).

Cohomologie. Par convention, pour F𝐹F et G𝐺G des faisceaux sur un schéma X𝑋X et r𝑟r un entier strictement négatif, on pose ExtXr(F,G)=Hr(X,F)=0subscriptsuperscriptExt𝑟𝑋𝐹𝐺superscript𝐻𝑟𝑋𝐹0\text{Ext}^{r}_{X}(F,G)=H^{r}(X,F)=0.

Groupe de Brauer. Lorsque Z𝑍Z est un schéma, on note Br(Z)Br𝑍\text{Br}(Z) le groupe de Brauer cohomologique H2(Z,𝔾m)superscript𝐻2𝑍subscript𝔾𝑚H^{2}(Z,\mathbb{G}_{m}). Si Z𝑍Z est une L𝐿L-variété géométriquement intègre pour un certain corps L𝐿L, on note Bral(Z)subscriptBral𝑍\text{Br}_{\text{al}}(Z) le quotient du groupe de Brauer algébrique Ker(Br(Z)Br(Z×LLs))KerBr𝑍Brsubscript𝐿𝑍superscript𝐿𝑠\text{Ker}(\text{Br}(Z)\rightarrow\text{Br}(Z\times_{L}L^{s})) par Im(Br(L)Br(Z))ImBr𝐿Br𝑍\text{Im}(\text{Br}(L)\rightarrow\text{Br}(Z)).

Complexes de Bloch et cohomologie motivique. Lorsque X𝑋X est un schéma de Dedekind, on notera (i)𝑖\mathbb{Z}(i) le i𝑖i-ème complexe de Bloch sur le petit site étale de X𝑋X. On renvoie à la partie 0.5 de [Izq14b] pour des rappels sur les complexes de Bloch.

Courbes sur un corps algébriquement clos. Soient k𝑘k un corps algébriquement clos et Y𝑌Y une courbe projective réduite connexe sur k𝑘k. La normalisation de Y𝑌Y est, par définition, la réunion disjointe des normalisations des composantes irréductibles de Y𝑌Y. Si Y~~𝑌\tilde{Y} est la normalisation de Y𝑌Y, le lemme 7.5.18(b) de [Liu02] donne une suite exacte:

0(k×)tPicYPicY~0,0superscriptsuperscript𝑘𝑡Pic𝑌Pic~𝑌00\rightarrow(k^{\times})^{t}\rightarrow\text{Pic}\;Y\rightarrow\text{Pic}\;\tilde{Y}\rightarrow 0,

pour un certain entier naturel t𝑡t. De plus, toujours d’après le lemme 7.5.18(b) de [Liu02], on a t=μc+1𝑡𝜇𝑐1t=\mu-c+1c𝑐c est le nombre de composantes irréductibles de Y𝑌Y et μ=yY(k)(my1)𝜇subscript𝑦𝑌𝑘subscript𝑚𝑦1\mu=\sum_{y\in Y(k)}(m_{y}-1), l’entier mysubscript𝑚𝑦m_{y} désignant le nombre de points de Y~~𝑌\tilde{Y} qui sont au-dessus de y𝑦y. Par ailleurs, d’après le théorème 7.4.39 de [Liu02], le groupe PicY~Pic~𝑌\text{Pic}\;\tilde{Y} est isomorphe à |Y(0)|(/)2vY(0)gvdirect-sumsuperscriptsuperscript𝑌0superscript2subscript𝑣superscript𝑌0subscript𝑔𝑣\mathbb{Z}^{|Y^{(0)}|}\oplus(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{2\cdot\sum_{v\in Y^{(0)}}g_{v}}, où gvsubscript𝑔𝑣g_{v} désigne le genre de la composante irréductible de Y𝑌Y de point générique v𝑣v. Comme k×superscript𝑘k^{\times} est divisible, la suite exacte précédente est scindée, d’où:

PicY(k×)t|Y(0)|(/)2vY(0)gv.Pic𝑌direct-sumsuperscriptsuperscript𝑘𝑡superscriptsuperscript𝑌0superscript2subscript𝑣superscript𝑌0subscript𝑔𝑣\text{Pic}\;Y\cong(k^{\times})^{t}\oplus\mathbb{Z}^{|Y^{(0)}|}\oplus(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{2\cdot\sum_{v\in Y^{(0)}}g_{v}}.

Graphes. On utilisera notamment les notions de graphe biparti et nombre cyclomatique d’un graphe. Par graphe biparti on entend graphe de nombre chromatique 2 au sens du deuxième paragraphe du chapitre IV de [Ber63]. Le nombre cyclomatique est défini dans le premier paragraphe du chapitre IV de [Ber63].

Les corps étudiés

Soient k𝑘k un corps et R0subscript𝑅0R_{0} une k𝑘k-algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie R0kkssubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0superscript𝑘𝑠R_{0}\otimes_{k}k^{s} est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel k𝑘k. Par exemple, R0subscript𝑅0R_{0} pourrait être le complété ou l’hensélisé d’une surface complexe normale en un de ses points fermés. Soient K0subscript𝐾0K_{0} le corps des fractions de R0subscript𝑅0R_{0} et 𝔪0subscript𝔪0\mathfrak{m}_{0} l’idéal maximal de R0subscript𝑅0R_{0}. Posons 𝒳0=SpecR0subscript𝒳0Specsubscript𝑅0\mathcal{X}_{0}=\text{Spec}\;R_{0} et X0=𝒳0{𝔪0}subscript𝑋0subscript𝒳0subscript𝔪0X_{0}=\mathcal{X}_{0}\setminus\{\mathfrak{m}_{0}\}. Le schéma 𝒳0subscript𝒳0\mathcal{X}_{0} est, en général, singulier, alors que X0subscript𝑋0X_{0} est un schéma de Dedekind (non affine).

Supposons donnés 𝒳~0subscript~𝒳0\tilde{\mathcal{X}}_{0} un schéma régulier intègre de dimension 2 et un morphisme projectif surjectif f0:𝒳~0𝒳0:subscript𝑓0subscript~𝒳0subscript𝒳0f_{0}:\tilde{\mathcal{X}}_{0}\rightarrow\mathcal{X}_{0} induisant un isomorphisme entre f01(X0)superscriptsubscript𝑓01subscript𝑋0f_{0}^{-1}(X_{0}) et X0subscript𝑋0X_{0}. Si f0subscript𝑓0f_{0} n’est pas un isomorphisme, la fibre spéciale f01(𝔪0)subscriptsuperscript𝑓10subscript𝔪0f^{-1}_{0}(\mathfrak{m}_{0}) de f0subscript𝑓0f_{0} est une k𝑘k-courbe en général réductible. Chaque v(𝒳~0)(1)𝑣superscriptsubscript~𝒳01v\in(\tilde{\mathcal{X}}_{0})^{(1)} définit une valuation discrète de rang 1 sur K0subscript𝐾0K_{0}. On note alors K0,vsubscript𝐾0𝑣K_{0,v} le complété correspondant de K0subscript𝐾0K_{0} et k(v)𝑘𝑣k(v) son corps résiduel. Si vf01(𝔪0)𝑣subscriptsuperscript𝑓10subscript𝔪0v\not\in f^{-1}_{0}(\mathfrak{m}_{0}), le corps k(v)𝑘𝑣k(v) est le corps des fractions d’un anneau de valuation discrète hensélien de corps résiduel k𝑘k. Si vf01(𝔪0)𝑣superscriptsubscript𝑓01subscript𝔪0v\in f_{0}^{-1}(\mathfrak{m}_{0}), le corps k(v)𝑘𝑣k(v) est le corps des fonctions de la composante irréductible de f01(𝔪0)subscriptsuperscript𝑓10subscript𝔪0f^{-1}_{0}(\mathfrak{m}_{0}) correspondant à v𝑣v.

Dans le cas où k𝑘k est algébriquement clos de caractéristique nulle, le corps K0subscript𝐾0K_{0} est de dimension cohomologique 2, et les k(v)𝑘𝑣k(v) sont de dimension cohomologique 1. De plus, si vf01(𝔪0)𝑣subscriptsuperscript𝑓10subscript𝔪0v\not\in f^{-1}_{0}(\mathfrak{m}_{0}), le groupe de Galois absolu de k(v)𝑘𝑣k(v) est isomorphe à ^^\hat{\mathbb{Z}} et, d’après l’exemple I.1.10 de [Mil06], pour chaque module galoisien fini F𝐹F sur k(v)𝑘𝑣k(v), on a une dualité parfaite de groupes finis:

H0(k(v),F)×H1(k(v),Hom¯(F,k(v)s,×))/.superscript𝐻0𝑘𝑣𝐹superscript𝐻1𝑘𝑣¯Hom𝐹𝑘superscript𝑣𝑠H^{0}(k(v),F)\times H^{1}(k(v),\underline{\text{Hom}}(F,k(v)^{s,\times}))\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

Dans ce contexte, la remarque 2.3 de [CTPS15] fournit une suite exacte:

0BrK0v(𝒳~0)(1)BrK0,vv(𝒳~0)(2)/0,0Brsubscript𝐾0subscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript~𝒳01Brsubscript𝐾0𝑣subscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript~𝒳0200\rightarrow\text{Br}\;K_{0}\rightarrow\bigoplus_{v\in(\tilde{\mathcal{X}}_{0})^{(1)}}\text{Br}\;K_{0,v}\rightarrow\bigoplus_{v\in(\tilde{\mathcal{X}}_{0})^{(2)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow 0,

puisque l’application résidu H2(K0,v,μn)H1(k(v),/n)superscript𝐻2subscript𝐾0𝑣subscript𝜇𝑛superscript𝐻1𝑘𝑣𝑛H^{2}(K_{0,v},\mu_{n})\rightarrow H^{1}(k(v),\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}) (définie dans l’appendice du chapitre II de [Ser94]) est un isomorphisme.

Pour terminer, on rappelle aussi que, dans le cas où k𝑘k est séparablement clos, l’indice et l’exposant pour les K0subscript𝐾0K_{0}-algèbres simples centrales coïncident et que la conjecture de Serre II vaut pour K0subscript𝐾0K_{0}. On pourra aller voir le théorème 1.4 de [CTGP04].

1.   Dualité d’Artin-Verdier

Dans toute cette section, on supposera que k𝑘k est algébriquement clos de caractéristique 0. Le but est de construire pour chaque entier r𝑟r\in\mathbb{Z} et chaque faisceau constructible F𝐹F sur un ouvert non vide U𝑈U de X0subscript𝑋0X_{0} un accouplement:

AV:ExtUr(F,𝔾m)×H3r(X0,j!F)/:𝐴𝑉subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚superscript𝐻3𝑟subscript𝑋0subscript𝑗𝐹AV:\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\times H^{3-r}(X_{0},j_{!}F)\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

(où j:UX0:𝑗𝑈subscript𝑋0j:U\hookrightarrow X_{0} désigne l’immersion ouverte) et de démontrer qu’il s’agit d’un accouplement parfait de groupes finis. Nous allons suivre le même schéma de preuve que pour le théorème classique d’Artin-Verdier sur les corps de nombres (voir la section II.3 de [Mil06]). Cependant, pour ce faire, il est nécessaire de commencer par comprendre la cohomologie du faisceau 𝔾msubscript𝔾𝑚\mathbb{G}_{m} sur les ouverts de X0subscript𝑋0X_{0}. Et cela est nettement plus compliqué que dans le cas des corps de nombres parce qu’il faut gérer les singularités de 𝒳0subscript𝒳0\mathcal{X}_{0}. C’est une des principales nouveautés apportées par cet article.

Remarque 1.1.
  • \bullet

    Dans le cas K0=((x,y))subscript𝐾0𝑥𝑦K_{0}=\mathbb{C}((x,y)), on pourrait penser que l’on n’a pas besoin de gérer des singularités, puisque [[x,y]]delimited-[]𝑥𝑦\mathbb{C}[[x,y]] est régulier. Cependant, dans la preuve du théorème d’Artin-Verdier, on a besoin de pouvoir remplacer K0subscript𝐾0K_{0} par des extensions finies, et la clôture intégrale de [[x,y]]delimited-[]𝑥𝑦\mathbb{C}[[x,y]] dans une extension finie de ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) est, en général, singulière.

  • \bullet

    Dans les articles [HSz13], [CTH15] et [Izq14b], la dualité d’Artin-Verdier ne posait pas trop de difficultés puisqu’elle découlait assez formellement de la dualité de Poincaré et d’une dualité sur le corps de base. C’est une différence majeure entre cet article et les articles antérieurs portant sur les théorèmes de dualité sur des corps de fonctions de courbes.

  • \bullet

    Il y a très peu de résultats dans la littérature de dualités à la Artin-Verdier dans des cas où il faille considérer des singularités. On peut citer la section II.6 de [Mil06], mais la situation considérée et les preuves sont très différentes de celles du présent article.

1.1 Préliminaire: deux lemmes d’algèbre linéaire

Dans ce paragraphe, on établit deux lemmes d’algèbre linéaire sur les graphes, qui seront très utiles par la suite.

Lemme 1.2.

Soit A𝐴A un groupe abélien. Soit ΓΓ\Gamma un graphe fini connexe non orienté biparti. On note V=V1V2𝑉square-unionsubscript𝑉1subscript𝑉2V=V_{1}\sqcup V_{2} l’ensemble de ses sommets et E𝐸E l’ensemble de ses arêtes. Pour vV𝑣𝑉v\in V, on note I(v)𝐼𝑣I(v) l’ensemble des arêtes ayant v𝑣v pour extrémité. Soit (av)vVAVsubscriptsubscript𝑎𝑣𝑣𝑉superscript𝐴𝑉(a_{v})_{v\in V}\in A^{V} tel que:

vV1av=vV2av.subscript𝑣subscript𝑉1subscript𝑎𝑣subscript𝑣subscript𝑉2subscript𝑎𝑣\sum_{v\in V_{1}}a_{v}=\sum_{v\in V_{2}}a_{v}.

Alors il existe (xe)eEAEsubscriptsubscript𝑥𝑒𝑒𝐸superscript𝐴𝐸(x_{e})_{e\in E}\in A^{E} tel que, pour tout vV𝑣𝑉v\in V, on a:

eI(v)xe=av.subscript𝑒𝐼𝑣subscript𝑥𝑒subscript𝑎𝑣\sum_{e\in I(v)}x_{e}=a_{v}.
Démonstration.

Considérons un sous-ensemble d’arêtes EEsuperscript𝐸𝐸E^{\prime}\subseteq E tel que le sous-graphe ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} de ΓΓ\Gamma dont l’ensemble des sommets est V𝑉V et celui des arêtes est Esuperscript𝐸E^{\prime} soit un arbre connexe. En posant xe=0subscript𝑥𝑒0x_{e}=0 pour eE𝑒superscript𝐸e\in E^{\prime}, on se ramène à prouver le lemme pour ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} au lieu de ΓΓ\Gamma. On peut donc supposer que ΓΓ\Gamma est un arbre.
On procède alors par récurrence sur |V|𝑉|V|. Si |V|=1𝑉1|V|=1, le résultat est évident. Soit maintenant n1𝑛1n\geq 1 et supposons le résultat prouvé dans le cas |V|=n𝑉𝑛|V|=n. Supposons que |V|=n+1𝑉𝑛1|V|=n+1. Soit ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} le sous-graphe de ΓΓ\Gamma obtenu en enlevant une feuille v0Vsubscript𝑣0𝑉v_{0}\in V et l’unique arête e0Esubscript𝑒0𝐸e_{0}\in E qui lui est incidente. Soit v1subscript𝑣1v_{1} l’autre extrémité de e0subscript𝑒0e_{0} et considérons la famille (bv)vV{v0}subscriptsubscript𝑏𝑣𝑣𝑉subscript𝑣0(b_{v})_{v\in V\setminus\{v_{0}\}} définie par bv=avsubscript𝑏𝑣subscript𝑎𝑣b_{v}=a_{v} pour v{v0,v1}𝑣subscript𝑣0subscript𝑣1v\not\in\{v_{0},v_{1}\} et bv1=av1av0subscript𝑏subscript𝑣1subscript𝑎subscript𝑣1subscript𝑎subscript𝑣0b_{v_{1}}=a_{v_{1}}-a_{v_{0}}. Par hypothèse de récurrence, il existe une famille (xe)eE{e0}subscriptsubscript𝑥𝑒𝑒𝐸subscript𝑒0(x_{e})_{e\in E\setminus\{e_{0}\}} telle que, pour chaque vV{v0}𝑣𝑉subscript𝑣0v\in V\setminus\{v_{0}\}, on a:

eI(v){e0}xe=bv.subscript𝑒𝐼𝑣subscript𝑒0subscript𝑥𝑒subscript𝑏𝑣\sum_{e\in I(v)\setminus\{e_{0}\}}x_{e}=b_{v}.

On pose xe0=av0subscript𝑥subscript𝑒0subscript𝑎subscript𝑣0x_{e_{0}}=a_{v_{0}}. On a alors, pour tout vV𝑣𝑉v\in V:

eI(v)xe=av.subscript𝑒𝐼𝑣subscript𝑥𝑒subscript𝑎𝑣\sum_{e\in I(v)}x_{e}=a_{v}.

Lemme 1.3.

On reprend les notations du lemme précédent. Soit c𝑐c le nombre cyclomatique (ou premier nombre de Betti) de ΓΓ\Gamma. Pour vV𝑣𝑉v\in V, on note N(v)𝑁𝑣N(v) l’ensemble des voisins de v𝑣v. Lorsque S𝑆S est un ensemble, on note ΣSsubscriptΣ𝑆\Sigma_{S} le morphisme somme sSAAsubscriptdirect-sum𝑠𝑆𝐴𝐴\bigoplus_{s\in S}A\rightarrow A. On pose:

ΘA(Γ):=(vV1KerΣN(v))(vV2KerΣN(v))EA.assignsubscriptΘ𝐴Γsubscriptdirect-sum𝑣subscript𝑉1KersubscriptΣ𝑁𝑣subscriptdirect-sum𝑣subscript𝑉2KersubscriptΣ𝑁𝑣subscriptdirect-sum𝐸𝐴\Theta_{A}(\Gamma):=\left(\bigoplus_{v\in V_{1}}\text{Ker}\;\Sigma_{N(v)}\right)\cap\left(\bigoplus_{v\in V_{2}}\text{Ker}\;\Sigma_{N(v)}\right)\subseteq\bigoplus_{E}A.
  • (i)

    Soit e0Esubscript𝑒0𝐸e_{0}\in E une arête de ΓΓ\Gamma telle que le sous-graphe de ΓΓ\Gamma obtenu en enlevant e0subscript𝑒0e_{0} est connexe. Notons pe0Γ:EAA:superscriptsubscript𝑝subscript𝑒0Γsubscriptdirect-sum𝐸𝐴𝐴p_{e_{0}}^{\Gamma}:\bigoplus_{E}A\rightarrow A la projection sur la composante indexée par e0subscript𝑒0e_{0}. Alors la restriction de pe0Γsuperscriptsubscript𝑝subscript𝑒0Γp_{e_{0}}^{\Gamma} à ΘA(Γ)subscriptΘ𝐴Γ\Theta_{A}(\Gamma) est surjective et scindée.

  • (ii)

    Le groupe ΘA(Γ)subscriptΘ𝐴Γ\Theta_{A}(\Gamma) est isomorphe à Acsuperscript𝐴𝑐A^{c}.

Démonstration.
  • (i)

    Procédons par récurrence sur c𝑐c.

    • \bullet

      Supposons que c=1𝑐1c=1. Soit ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} l’unique sous-graphe cyclique de ΓΓ\Gamma. On remarque alors immédiatement que ΘA(Γ)=ΘA(Γ)AsubscriptΘ𝐴ΓsubscriptΘ𝐴superscriptΓ𝐴\Theta_{A}(\Gamma)=\Theta_{A}(\Gamma^{\prime})\cong A et que pe0Γ|ΘA(Γ)evaluated-atsuperscriptsubscript𝑝subscript𝑒0ΓsubscriptΘ𝐴Γp_{e_{0}}^{\Gamma}|_{\Theta_{A}(\Gamma)} s’identifie à l’identité sur A𝐴A.

    • \bullet

      Soit c01subscript𝑐01c_{0}\geq 1 et supposons le résultat prouvé pour c=c0𝑐subscript𝑐0c=c_{0}. Supposons que ΓΓ\Gamma est de nombre cyclomatique c0+1subscript𝑐01c_{0}+1. Comme ΓΓ\Gamma est de nombre cyclomatique au moins 2, il existe une arête e1subscript𝑒1e_{1} telle que le sous-graphe de ΓΓ\Gamma obtenu en enlevant les arêtes e0subscript𝑒0e_{0} et e1subscript𝑒1e_{1} est connexe. Soit alors ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} le sous-graphe de ΓΓ\Gamma obtenu en enlevant l’arête e1subscript𝑒1e_{1}. Par hypothèse de récurrence, pe0Γ|ΘA(G)evaluated-atsuperscriptsubscript𝑝subscript𝑒0superscriptΓsubscriptΘ𝐴superscript𝐺p_{e_{0}}^{\Gamma^{\prime}}|_{\Theta_{A}(G^{\prime})} est un morphisme surjectif et scindé. On en déduit immédiatement que pe0Γ|ΘA(Γ)evaluated-atsuperscriptsubscript𝑝subscript𝑒0ΓsubscriptΘ𝐴Γp_{e_{0}}^{\Gamma}|_{\Theta_{A}(\Gamma)} l’est aussi.

  • (ii)

    Procédons par récurrence sur c𝑐c.

    • \bullet

      Supposons que c=0𝑐0c=0, c’est-à-dire que ΓΓ\Gamma est un arbre. Soit (xe)eEΘA(Γ)subscriptsubscript𝑥𝑒𝑒𝐸subscriptΘ𝐴Γ(x_{e})_{e\in E}\in\Theta_{A}(\Gamma). On remarque alors que, si f𝑓f une feuille de ΓΓ\Gamma et si efsubscript𝑒𝑓e_{f} est l’unique arête de ΓΓ\Gamma ayant f𝑓f pour extrémité, alors xef=0subscript𝑥subscript𝑒𝑓0x_{e_{f}}=0. Une récurrence simple sur le nombre de sommets de ΓΓ\Gamma permet donc de conclure que xe=0subscript𝑥𝑒0x_{e}=0 pour tout eE𝑒𝐸e\in E, autrement dit, que ΘA(Γ)=0subscriptΘ𝐴Γ0\Theta_{A}(\Gamma)=0.

    • \bullet

      Soit c00subscript𝑐00c_{0}\geq 0 et supposons le résultat prouvé pour c=c0𝑐subscript𝑐0c=c_{0}. Supposons que ΓΓ\Gamma est de nombre cyclomatique c0+1subscript𝑐01c_{0}+1. Considérons alors un sous-graphe ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} de ΓΓ\Gamma, connexe, de nombre cyclomatique c0subscript𝑐0c_{0}, obtenu à partir de ΓΓ\Gamma en enlevant une arête e0subscript𝑒0e_{0}. On remarque alors immédiatement que l’on a une suite exacte:

      0ΘA(Γ)ΘA(Γ)A0subscriptΘ𝐴superscriptΓsubscriptΘ𝐴Γ𝐴0\rightarrow\Theta_{A}(\Gamma^{\prime})\rightarrow\Theta_{A}(\Gamma)\rightarrow A

      où le morphisme ΘA(Γ)AsubscriptΘ𝐴Γ𝐴\Theta_{A}(\Gamma)\rightarrow A est induit par la projection pe0Γsuperscriptsubscript𝑝subscript𝑒0Γp_{e_{0}}^{\Gamma}. Par conséquent, en utilisant (i) et l’hypothèse de récurrence, on obtient des isomorphismes:

      ΘA(Γ)ΘA(Γ)AAc0+1.subscriptΘ𝐴Γdirect-sumsubscriptΘ𝐴superscriptΓ𝐴superscript𝐴subscript𝑐01\Theta_{A}(\Gamma)\cong\Theta_{A}(\Gamma^{\prime})\oplus A\cong A^{c_{0}+1}.

1.2 Résolution des singularités

Soient K𝐾K une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0} et 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} la normalisation de R0subscript𝑅0R_{0} dans K𝐾K. Comme l’anneau R0subscript𝑅0R_{0} est local hensélien excellent de dimension 2, il en est de même de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} (scholie 7.8.3(ii) de [Gro65] et proposition 18.5.9(i) de [Gro67]). On note alors 𝔪𝔪\mathfrak{m} l’idéal maximal de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} et on pose 𝒳=Spec(𝒪K)𝒳Specsubscript𝒪𝐾\mathcal{X}=\text{Spec}(\mathcal{O}_{K}) et X=𝒳{𝔪}𝑋𝒳𝔪X=\mathcal{X}\setminus\{\mathfrak{m}\}. On notera aussi η=SpecK𝜂Spec𝐾\eta=\text{Spec}\;K et g:ηX:𝑔𝜂𝑋g:\eta\hookrightarrow X le point générique de X𝑋X.

Considérons un morphisme de schémas f:𝒳~𝒳=Spec𝒪K:𝑓~𝒳𝒳Specsubscript𝒪𝐾f:\tilde{\mathcal{X}}\rightarrow\mathcal{X}=\text{Spec}\;\mathcal{O}_{K} vérifiant les hypothèses suivantes:

  • \bullet

    𝒳~~𝒳\tilde{\mathcal{X}} est intègre régulier de dimension 2 et f𝑓f est projectif;

  • \bullet

    f:f1(X)X:𝑓superscript𝑓1𝑋𝑋f:f^{-1}(X)\rightarrow X est un isomorphisme;

  • \bullet

    f1(𝔪)superscript𝑓1𝔪f^{-1}(\mathfrak{m}) est un diviseur à croisements normaux de 𝒳𝒳\mathcal{X} (au sens de la définition 9.1.6 de [Liu02]).

Un tel morphisme existe d’après [Lip78]. On pose alors Y=f1(𝔪)𝑌superscript𝑓1𝔪Y=f^{-1}(\mathfrak{m}) muni de la structure réduite. Ainsi, Y𝑌Y est une k𝑘k-courbe réduite qui n’est pas forcément irréductible, mais dont les composantes irréductibles sont lisses. Pour v𝒳~(1)X(1)=Y(0)𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1superscript𝑌0v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}=Y^{(0)}, on désigne par Yvsubscript𝑌𝑣Y_{v} la k𝑘k-courbe projective lisse correspondant à v𝑣v. On note gvsubscript𝑔𝑣g_{v} le genre de cette dernière.

Par ailleurs, à la courbe Y𝑌Y on associe le graphe biparti ΓΓ\Gamma suivant:

  • \bullet

    sommets: V=V1V2𝑉square-unionsubscript𝑉1subscript𝑉2V=V_{1}\sqcup V_{2}, où V1=Y(0)subscript𝑉1superscript𝑌0V_{1}=Y^{(0)} est l’ensemble des (points génériques des) composantes irréductibles de Y𝑌Y et V2subscript𝑉2V_{2} est l’ensemble des points fermés de Y𝑌Y qui sont intersection de deux composantes irréductibles de Y𝑌Y;

  • \bullet

    arêtes: E𝐸E est l’ensemble des couples (v1,v2)V1×V2subscript𝑣1subscript𝑣2subscript𝑉1subscript𝑉2(v_{1},v_{2})\in V_{1}\times V_{2} tels que v2Yv1subscript𝑣2subscript𝑌subscript𝑣1v_{2}\in Y_{v_{1}}.

Soit cΓsubscript𝑐Γc_{\Gamma} le nombre cyclomatique du graphe ΓΓ\Gamma. On pose finalement:

nX=2v𝒳~(1)X(1)gv+cΓ.subscript𝑛𝑋2subscript𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1subscript𝑔𝑣subscript𝑐Γn_{X}=2\sum_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}}g_{v}+c_{\Gamma}.

A priori, la quantité nXsubscript𝑛𝑋n_{X} dépend de f𝑓f, mais nous verrons dans la suite qu’en fait elle ne dépend que de X𝑋X.

Remarque 1.4.

Usuellement ce n’est pas le graphe ΓΓ\Gamma qu’on associe à Y𝑌Y mais le graphe ΓrédsubscriptΓréd\Gamma_{\text{r\'{e}d}} défini par:

  • \bullet

    sommets: Vréd=Y(0)subscript𝑉rédsuperscript𝑌0V_{\text{r\'{e}d}}=Y^{(0)};

  • \bullet

    arêtes: Erédsubscript𝐸rédE_{\text{r\'{e}d}} est l’ensemble des couples (v1,v2)Vréd2subscript𝑣1subscript𝑣2superscriptsubscript𝑉réd2(v_{1},v_{2})\in V_{\text{r\'{e}d}}^{2} tels que Yv1subscript𝑌subscript𝑣1Y_{v_{1}} et Yv2subscript𝑌subscript𝑣2Y_{v_{2}} s’intersectent.

Le graphe ΓΓ\Gamma est obtenu à partir de ΓrédsubscriptΓréd\Gamma_{\text{r\'{e}d}} est rajoutant un sommet sur chaque arête. En particulier, les deux graphes ont même nombre cyclomatique.

1.3 Les modules ΛΛ\Lambda et ΥΥ\Upsilon

On rappelle que, pour v𝒳~(1)𝑣superscript~𝒳1v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)} et w𝒳~(2)𝑤superscript~𝒳2w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)} , le corps k(Yv)w𝑘subscriptsubscript𝑌𝑣𝑤k(Y_{v})_{w} est isomorphe à k((t))𝑘𝑡k((t)). Son groupe de Galois absolu est isomorphe à ^^\hat{\mathbb{Z}}, et donc on a un isomorphisme naturel H1(k(Yv),/(1))/superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}. On peut alors considérer le morphisme naturel:

ϕ:v𝒳~(1)X(1)H1(k(Yv),/(1))w𝒳~(2)/,:italic-ϕsubscriptdirect-sum𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1subscriptdirect-sum𝑤superscript~𝒳2\phi:\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}}H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\rightarrow\bigoplus_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

induit par les morphismes de restriction:

H1(k(Yv),/(1))H1(k(Yv)w,/(1))/,superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1superscript𝐻1𝑘subscriptsubscript𝑌𝑣𝑤1H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\rightarrow H^{1}(k(Y_{v})_{w},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

pour vY(0)𝑣superscript𝑌0v\in Y^{(0)} et wYv(1)𝑤superscriptsubscript𝑌𝑣1w\in Y_{v}^{(1)}. On pose Λ=CokerϕΛCokeritalic-ϕ\Lambda=\text{Coker}\;\phi et Υ=KerϕΥKeritalic-ϕ\Upsilon=\text{Ker}\;\phi.

Lemme 1.5.

Le morphisme somme Σ:w𝒳~(2)//:Σsubscriptdirect-sum𝑤superscript~𝒳2\Sigma:\bigoplus_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z} induit un isomorphisme Λ/Λ\Lambda\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

Démonstration.

Le morphisme ϕitalic-ϕ\phi est induit par les morphismes:

ϕv:H1(k(Yv),/(1))wYv(1)H1(k(Yv)w,/(1)).:subscriptitalic-ϕ𝑣superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1subscriptdirect-sum𝑤superscriptsubscript𝑌𝑣1superscript𝐻1𝑘subscriptsubscript𝑌𝑣𝑤1\phi_{v}:H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\rightarrow\bigoplus_{w\in Y_{v}^{(1)}}H^{1}(k(Y_{v})_{w},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1)).

Or, d’après le théorème 2.9 de [Izq14b] dans le cas d=1𝑑1d=-1, on a une suite exacte:

H1(k(Yv),/(1))superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1\textstyle{H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ϕvsubscriptitalic-ϕ𝑣\scriptstyle{\phi_{v}}wYv(1)H1(k(Yv)w,/(1))subscriptdirect-sum𝑤superscriptsubscript𝑌𝑣1superscript𝐻1𝑘subscriptsubscript𝑌𝑣𝑤1\textstyle{\bigoplus_{w\in Y_{v}^{(1)}}H^{1}(k(Y_{v})_{w},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ΣΣ\scriptstyle{\Sigma}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}0.0\textstyle{0.} (\star)

Cela montre immédiatement que ΣΣ\Sigma induit un morphisme surjectif:

Λ/.Λ\Lambda\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

Reste à prouver qu’il est injectif. Pour ce faire, on se donne α=(αw)w𝒳~(2)KerΣ𝛼subscriptsubscript𝛼𝑤𝑤superscript~𝒳2KerΣ\alpha=(\alpha_{w})_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}\in\text{Ker}\;\Sigma et on considère le graphe biparti ΓΓ\Gamma. Pour v1V1subscript𝑣1subscript𝑉1v_{1}\in V_{1}, on pose av1=wYv1(1)V2αwsubscript𝑎subscript𝑣1subscript𝑤superscriptsubscript𝑌subscript𝑣11subscript𝑉2subscript𝛼𝑤a_{v_{1}}=-\sum_{w\in Y_{v_{1}}^{(1)}\setminus V_{2}}\alpha_{w}. Pour v2V2subscript𝑣2subscript𝑉2v_{2}\in V_{2}, on pose av2=αv2subscript𝑎subscript𝑣2subscript𝛼subscript𝑣2a_{v_{2}}=\alpha_{v_{2}}. Comme (αw)KerΣsubscript𝛼𝑤KerΣ(\alpha_{w})\in\text{Ker}\;\Sigma, on vérifie immédiatement que:

vV1av=vV2av.subscript𝑣subscript𝑉1subscript𝑎𝑣subscript𝑣subscript𝑉2subscript𝑎𝑣\sum_{v\in V_{1}}a_{v}=\sum_{v\in V_{2}}a_{v}.

De plus, le graphe ΓΓ\Gamma est connexe d’après le principe de connexité de Zariski (corollaire 5.3.16 de [Liu02]). Par conséquent, le lemme 1.2 montre qu’il existe (xe)eE(/)Esubscriptsubscript𝑥𝑒𝑒𝐸superscript𝐸(x_{e})_{e\in E}\in(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{E} tel que, pour tout vV𝑣𝑉v\in V, on a:

eI(v)xe=av.subscript𝑒𝐼𝑣subscript𝑥𝑒subscript𝑎𝑣\sum_{e\in I(v)}x_{e}=a_{v}.

Pour v1V1subscript𝑣1subscript𝑉1v_{1}\in V_{1}, on considère la famille yv1=(yv1,w)w𝒳~(2)subscript𝑦subscript𝑣1subscriptsubscript𝑦subscript𝑣1𝑤𝑤superscript~𝒳2y_{v_{1}}=(y_{v_{1},w})_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}} définie par:

  • \bullet

    yv1,w=0subscript𝑦subscript𝑣1𝑤0y_{v_{1},w}=0 si wYv1𝑤subscript𝑌subscript𝑣1w\not\in Y_{v_{1}};

  • \bullet

    yv1,w=αwsubscript𝑦subscript𝑣1𝑤subscript𝛼𝑤y_{v_{1},w}=\alpha_{w} si wYv1V2𝑤subscript𝑌subscript𝑣1subscript𝑉2w\in Y_{v_{1}}\setminus V_{2};

  • \bullet

    yv1,w=x(v1,w)subscript𝑦subscript𝑣1𝑤subscript𝑥subscript𝑣1𝑤y_{v_{1},w}=x_{(v_{1},w)} si (v1,w)Esubscript𝑣1𝑤𝐸(v_{1},w)\in E.

On remarque alors que, pour chaque v1V1subscript𝑣1subscript𝑉1v_{1}\in V_{1}, on a w𝒳~(2)yv1,w=0subscript𝑤superscript~𝒳2subscript𝑦subscript𝑣1𝑤0\sum_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}y_{v_{1},w}=0. Par conséquent, la suite exacte (\star1.3) montre que yIm(ϕv1)𝑦Imsubscriptitalic-ϕsubscript𝑣1y\in\text{Im}(\phi_{v_{1}}). Comme vV1yv=αsubscript𝑣subscript𝑉1subscript𝑦𝑣𝛼\sum_{v\in V_{1}}y_{v}=\alpha, on en déduit que αIm(ϕ)𝛼Imitalic-ϕ\alpha\in\text{Im}(\phi) et ΣΣ\Sigma induit bien un isomorphisme Λ/Λ\Lambda\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}. ∎

Lemme 1.6.

Le groupe abélien ΥΥ\Upsilon est isomorphe à (/)nXsuperscriptsubscript𝑛𝑋(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{n_{X}}.

Démonstration.

En reprenant les notations du lemme précédent et en utilisant la suite (\star1.3), on remarque que l’on dispose d’une suite exacte:

0v𝒳~(1)X(1)KerϕvΥΘ0,0subscriptdirect-sum𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1Kersubscriptitalic-ϕ𝑣ΥΘ00\rightarrow\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}}\text{Ker}\;\phi_{v}\rightarrow\Upsilon\rightarrow\Theta\rightarrow 0,

où:

Θ=Ker(Σ:v𝒳~(1)X(1)Ker(Σ:wYv(1)//)w𝒳(1)/).\Theta=\text{Ker}\left(\Sigma:\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}}\text{Ker}\left(\Sigma:\bigoplus_{w\in Y_{v}^{(1)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\right)\rightarrow\bigoplus_{w\in\mathcal{X}^{(1)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\right).

Or:

  • \bullet

    pour v𝒳~(1)X(1)𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}, le morphisme ϕvsubscriptitalic-ϕ𝑣\phi_{v} s’identifie au morphisme:

    H1(k(Yv),/(1))wYv(1)H0(k,/)superscript𝐻1𝑘subscript𝑌𝑣1subscriptdirect-sum𝑤superscriptsubscript𝑌𝑣1superscript𝐻0𝑘H^{1}(k(Y_{v}),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\rightarrow\bigoplus_{w\in Y_{v}^{(1)}}H^{0}(k,\mathbb{Q}/\mathbb{Z})

    induit par les résidus (dont on peut trouver la définition dans l’appendice du chapitre II de [Ser94]), et donc Kerϕv=H1(Yv,/(1))(/)2gvKersubscriptitalic-ϕ𝑣superscript𝐻1subscript𝑌𝑣1superscript2subscript𝑔𝑣\text{Ker}\;\phi_{v}=H^{1}(Y_{v},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\cong(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{2g_{v}};

  • \bullet

    le groupe abélien ΘΘ\Theta est en fait Θ/(Γ)subscriptΘΓ\Theta_{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}}(\Gamma) et donc, d’après le lemme 1.3, il est isomorphe à (/)cΓsuperscriptsubscript𝑐Γ(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{c_{\Gamma}}.

On en déduit que Υ(/)nXΥsuperscriptsubscript𝑛𝑋\Upsilon\cong(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{n_{X}}. ∎

1.4 Accouplement d’Artin-Verdier

Fixons un ouvert U𝑈U de X𝑋X non vide, ainsi qu’un faisceau constructible F𝐹F sur U𝑈U. Soit j:UX:𝑗𝑈𝑋j:U\rightarrow X l’immersion ouverte et posons Hcr(U,F)=Hr(X,j!F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝑗𝐹H^{r}_{c}(U,F)=H^{r}(X,j_{!}F) pour r0𝑟0r\geq 0. Si D(U)𝐷𝑈D(U) désigne la catégorie dérivée bornée des faisceaux sur le petit site étale de U𝑈U, en identifiant ExtUr(F,𝔾m)=HomD(U)(F,𝔾m[r])subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptHom𝐷𝑈𝐹subscript𝔾𝑚delimited-[]𝑟\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})=\text{Hom}_{D(U)}(F,\mathbb{G}_{m}[r]), on obtient un accouplement naturel:

AV:ExtUr(F,𝔾m)×Hc3r(U,F)Hc3(U,𝔾m).:𝐴𝑉subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚AV:\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\times H^{3-r}_{c}(U,F)\rightarrow H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m}).
Remarque 1.7.

En prenant K=K0𝐾subscript𝐾0K=K_{0}, on obtient un accouplement:

AV:ExtUr(F,𝔾m)×H3r(X0,j!F)Hc3(U,𝔾m):𝐴𝑉subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚superscript𝐻3𝑟subscript𝑋0subscript𝑗𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚AV:\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\times H^{3-r}(X_{0},j_{!}F)\rightarrow H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})

pour chaque immersion ouverte j:UX0:𝑗𝑈subscript𝑋0j:U\hookrightarrow X_{0} avec U𝑈U non vide et chaque faisceau constructible F𝐹F sur U𝑈U.

Proposition 1.8.

(Cohomologie de 𝔾msubscript𝔾m\mathbb{G}_{m})

  • (i)

    On a une suite exacte:

    0H2(U,𝔾m)Br(K)vU(1)Br(Kv)H3(U,𝔾m)0.0superscript𝐻2𝑈subscript𝔾𝑚Br𝐾subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1Brsubscript𝐾𝑣superscript𝐻3𝑈subscript𝔾𝑚00\rightarrow H^{2}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Br}(K)\rightarrow\bigoplus_{v\in U^{(1)}}\text{Br}(K_{v})\rightarrow H^{3}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow 0.

    De plus, Hr(U,𝔾m)=0superscript𝐻𝑟𝑈subscript𝔾𝑚0H^{r}(U,\mathbb{G}_{m})=0 pour r>3𝑟3r>3.

  • (ii)

    Le groupe Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m}) est isomorphe à /\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

  • (iii)

    Le groupe BrXBr𝑋\text{Br}\;X est isomorphe à (/)nXsuperscriptsubscript𝑛𝑋(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{n_{X}}.

  • (iv)

    Pour tout entier naturel non nul m𝑚m, les groupes PicmXsubscriptPic𝑚𝑋{{}_{m}}\text{Pic}\;X et PicX/mPic𝑋𝑚\text{Pic}\;X/m sont finis et on a:

    |PicmX||PicX/m|=mnX.subscriptPic𝑚𝑋Pic𝑋𝑚superscript𝑚subscript𝑛𝑋\frac{|{{}_{m}}\text{Pic}\;X|}{|\text{Pic}\;X/m|}=m^{n_{X}}.
Remarque 1.9.

En particulier, nXsubscript𝑛𝑋n_{X} ne dépend que de X𝑋X.

Démonstration.
  • (i)

    On dispose d’une suite exacte de faisceaux sur U𝑈U:

    0𝔾mg𝔾mDivU0,0subscript𝔾𝑚subscript𝑔subscript𝔾𝑚subscriptDiv𝑈00\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow g_{*}\mathbb{G}_{m}\rightarrow\text{Div}_{U}\rightarrow 0,

    g:ηU:𝑔𝜂𝑈g:\eta\hookrightarrow U désigne l’inclusion du point générique et DivUsubscriptDiv𝑈\text{Div}_{U} le faisceau des diviseurs sur U𝑈U (le lecteur pourra trouver sa définition dans l’exemple II.3.9 de [Mil06]). La suite exacte longue associée s’écrit:

    Hr(U,𝔾m)Hr(U,g𝔾m)Hr(U,DivU)superscript𝐻𝑟𝑈subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑈subscript𝑔subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑈subscriptDiv𝑈...\rightarrow H^{r}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(U,g_{*}\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(U,\text{Div}_{U})\rightarrow...

    Si ivsubscript𝑖𝑣i_{v} désigne l’immersion fermée Spec(k(v))USpec𝑘𝑣𝑈\text{Spec}\;(k(v))\hookrightarrow U, on a DivU=vU(1)ivsubscriptDiv𝑈subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1subscriptsubscript𝑖𝑣\text{Div}_{U}=\bigoplus_{v\in U^{(1)}}{i_{v}}_{*}\mathbb{Z}, et donc, comme ivsubscript𝑖𝑣i_{v} est un morphisme fini:

    Hr(U,DivU)=vU(1)Hr(U,iv)vU(1)Hr(k(v),).superscript𝐻𝑟𝑈subscriptDiv𝑈subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1superscript𝐻𝑟𝑈subscriptsubscript𝑖𝑣subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1superscript𝐻𝑟𝑘𝑣H^{r}(U,\text{Div}_{U})=\bigoplus_{v\in U^{(1)}}H^{r}(U,{i_{v}}_{*}\mathbb{Z})\cong\bigoplus_{v\in U^{(1)}}H^{r}(k(v),\mathbb{Z}).

    Par ailleurs, pour s>0𝑠0s>0, la tige de Rsg𝔾msuperscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m} en un point géométrique η¯¯𝜂\overline{\eta} d’image η𝜂\eta est Hs(Ks,𝔾m)=0superscript𝐻𝑠superscript𝐾𝑠subscript𝔾𝑚0H^{s}(K^{s},\mathbb{G}_{m})=0 et, pour vU{η}𝑣𝑈𝜂v\in U\setminus\{\eta\}, la tige de Rsg𝔾msuperscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m} en un point géométrique v¯¯𝑣\overline{v} d’image v𝑣v est Hs(Kvnr,𝔾m)superscript𝐻𝑠superscriptsubscript𝐾𝑣𝑛𝑟subscript𝔾𝑚H^{s}(K_{v}^{nr},\mathbb{G}_{m}), qui vaut 0 pour s=1𝑠1s=1 d’après le théorème de Hilbert 90 et qui vaut 0 pour s>1𝑠1s>1 parce que Kvnrsuperscriptsubscript𝐾𝑣𝑛𝑟K_{v}^{nr} est un corps de dimension cohomologique au plus 1 (exemple II.3.3.c de [Ser94]). On en déduit que Rsg𝔾m=0superscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚0R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m}=0. La suite spectrale de Leray:

    Hr(U,Rsg𝔾m)Hr+s(K,𝔾m)superscript𝐻𝑟𝑈superscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑠𝐾subscript𝔾𝑚H^{r}(U,R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m})\Rightarrow H^{r+s}(K,\mathbb{G}_{m})

    fournit alors des isomorphismes Hr(U,g𝔾m)Hr(K,𝔾m)superscript𝐻𝑟𝑈subscript𝑔subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝐾subscript𝔾𝑚H^{r}(U,g_{*}\mathbb{G}_{m})\cong H^{r}(K,\mathbb{G}_{m}). Par conséquent, on obtient la suite exacte:

    0H2(U,𝔾m)Br(K)vU(1)Br(Kv)H3(U,𝔾m)00superscript𝐻2𝑈subscript𝔾𝑚Br𝐾subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1Brsubscript𝐾𝑣superscript𝐻3𝑈subscript𝔾𝑚00\rightarrow H^{2}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Br}(K)\rightarrow\bigoplus_{v\in U^{(1)}}\text{Br}(K_{v})\rightarrow H^{3}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow 0

    ainsi que la trivialité de Hr(U,𝔾m)superscript𝐻𝑟𝑈subscript𝔾𝑚H^{r}(U,\mathbb{G}_{m}) pour r>3𝑟3r>3 puisque K𝐾K est de dimension cohomologique 2.

  • (ii)

    Le schéma 𝒳~~𝒳\tilde{\mathcal{X}} étant régulier, d’après la remarque 2.3 de [CTPS15], il existe une suite exacte:

    0BrKv𝒳~(1)BrKvw𝒳~(2)/0.0Br𝐾subscriptdirect-sum𝑣superscript~𝒳1Brsubscript𝐾𝑣subscriptdirect-sum𝑤superscript~𝒳200\rightarrow\text{Br}\;K\rightarrow\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}}\text{Br}\;K_{v}\rightarrow\bigoplus_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}\;\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow 0. (\star\star)

    On obtient alors une suite exacte:

    BrKvX(1)BrKvΛ0,Br𝐾subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑋1Brsubscript𝐾𝑣Λ0\text{Br}\;K\rightarrow\bigoplus_{v\in X^{(1)}}\text{Br}\;K_{v}\rightarrow\Lambda\rightarrow 0,

    Λ/Λ\Lambda\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z} d’après le lemme 1.5. Avec (i), cela montre alors que:

    • \bullet

      si U=X𝑈𝑋U=X, alors Hc3(X,𝔾m)=H3(X,𝔾m)=/subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑋subscript𝔾𝑚superscript𝐻3𝑋subscript𝔾𝑚H^{3}_{c}(X,\mathbb{G}_{m})=H^{3}(X,\mathbb{G}_{m})=\mathbb{Q}/\mathbb{Z};

    • \bullet

      si UX𝑈𝑋U\neq X, alors BrKBr𝐾\text{Br}\;K se surjecte sur vU(1)BrKvsubscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1Brsubscript𝐾𝑣\bigoplus_{v\in U^{(1)}}\text{Br}\;K_{v} et donc H3(U,𝔾m)=0superscript𝐻3𝑈subscript𝔾𝑚0H^{3}(U,\mathbb{G}_{m})=0. Cela permet d’obtenir une suite exacte:

      H2(U,𝔾m)vXUBrKv/0.superscript𝐻2𝑈subscript𝔾𝑚subscriptdirect-sum𝑣𝑋𝑈Brsubscript𝐾𝑣0H^{2}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\bigoplus_{v\in X\setminus U}\text{Br}\;K_{v}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow 0.

      Il suffit alors d’écrire la suite exacte de localisation (proposition 3.1.(1) de [HSz13]):

      0Hc2(U,𝔾m)H2(U,𝔾m)vXUBrKvHc3(U,𝔾m)00subscriptsuperscript𝐻2𝑐𝑈subscript𝔾𝑚superscript𝐻2𝑈subscript𝔾𝑚subscriptdirect-sum𝑣𝑋𝑈Brsubscript𝐾𝑣subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚00\rightarrow H^{2}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{2}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\bigoplus_{v\in X\setminus U}\text{Br}\;K_{v}\rightarrow H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\rightarrow 0

      pour conclure que Hc3(U,𝔾m)/subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

  • (iii)

    D’après (i), on a une suite exacte:

    0H2(X,𝔾m)Br(K)vX(1)Br(Kv)H3(X,𝔾m)0.0superscript𝐻2𝑋subscript𝔾𝑚Br𝐾subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑋1Brsubscript𝐾𝑣superscript𝐻3𝑋subscript𝔾𝑚00\rightarrow H^{2}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Br}(K)\rightarrow\bigoplus_{v\in X^{(1)}}\text{Br}(K_{v})\rightarrow H^{3}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow 0.

    En exploitant la suite (\star\star(ii)), on obtient alors une suite exacte:

    0BrXv𝒳~(1)X(1)BrKvw𝒳~(2)/H3(X,𝔾m)0.0Br𝑋subscriptdirect-sum𝑣superscript~𝒳1superscript𝑋1Brsubscript𝐾𝑣subscriptdirect-sum𝑤superscript~𝒳2superscript𝐻3𝑋subscript𝔾𝑚00\rightarrow\text{Br}\;X\rightarrow\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}^{(1)}\setminus X^{(1)}}\text{Br}\;K_{v}\rightarrow\bigoplus_{w\in\tilde{\mathcal{X}}^{(2)}}\;\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow H^{3}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow 0.

    Donc, d’après le lemme 1.6, on a BrX=Υ(/)nXBr𝑋Υsuperscriptsubscript𝑛𝑋\text{Br}\;X=\Upsilon\cong(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})^{n_{X}}.

  • (iv)

    Si j:X𝒳~:𝑗𝑋~𝒳j:X\hookrightarrow\tilde{\mathcal{X}} désigne l’immersion ouverte et Div𝒳~YsuperscriptsubscriptDiv~𝒳𝑌\text{Div}_{\tilde{\mathcal{X}}}^{Y} le faisceau des diviseurs de 𝒳~~𝒳\tilde{\mathcal{X}} à support dans Y=f1(𝔪)𝑌superscript𝑓1𝔪Y=f^{-1}(\mathfrak{m}) (c’est-à-dire le faisceau associé au préfaisceau qui à un morphisme étale φ:T𝒳~:𝜑𝑇~𝒳\varphi:T\rightarrow\tilde{\mathcal{X}} associe le groupe des diviseurs de 𝒳~~𝒳\tilde{\mathcal{X}} à support dans φ1(Y)superscript𝜑1𝑌\varphi^{-1}(Y)), la suite exacte 0𝔾mj𝔾mDiv𝒳~Y00subscript𝔾𝑚subscript𝑗subscript𝔾𝑚superscriptsubscriptDiv~𝒳𝑌00\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow j_{*}\mathbb{G}_{m}\rightarrow\text{Div}_{\tilde{\mathcal{X}}}^{Y}\rightarrow 0 induit une suite exacte longue:

    0𝒪𝒳~(𝒳~)×𝒪X(X)×vY(0)Pic𝒳~PicX0.0subscript𝒪~𝒳superscript~𝒳subscript𝒪𝑋superscript𝑋subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑌0Pic~𝒳Pic𝑋00\rightarrow\mathcal{O}_{\tilde{\mathcal{X}}}(\tilde{\mathcal{X}})^{\times}\rightarrow\mathcal{O}_{X}(X)^{\times}\rightarrow\bigoplus_{v\in Y^{(0)}}\mathbb{Z}\rightarrow\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}\rightarrow\text{Pic}\;X\rightarrow 0.

    Comme 𝒪X(X)=𝒪Ksubscript𝒪𝑋𝑋subscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{X}(X)=\mathcal{O}_{K} est hensélien et la caractéristique résiduelle de K𝐾K est nulle, le lemme de Hensel montre que 𝒪X(X)×subscript𝒪𝑋superscript𝑋\mathcal{O}_{X}(X)^{\times} est divisible. Par conséquent, le morphisme 𝒪X(X)×vY(0)subscript𝒪𝑋superscript𝑋subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑌0\mathcal{O}_{X}(X)^{\times}\rightarrow\bigoplus_{v\in Y^{(0)}}\mathbb{Z} est nul, et on a une suite exacte:

    0vY(0)Pic𝒳~PicX00subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑌0Pic~𝒳Pic𝑋00\rightarrow\bigoplus_{v\in Y^{(0)}}\mathbb{Z}\rightarrow\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}\rightarrow\text{Pic}\;X\rightarrow 0 (\dagger)

    et un isomorphisme:

    𝒪𝒳~(𝒳~)×𝒪X(X)×.subscript𝒪~𝒳superscript~𝒳subscript𝒪𝑋superscript𝑋\mathcal{O}_{\tilde{\mathcal{X}}}(\tilde{\mathcal{X}})^{\times}\cong\mathcal{O}_{X}(X)^{\times}.

    Cela entraîne en particulier que le groupe 𝒪𝒳~(𝒳~)×subscript𝒪~𝒳superscript~𝒳\mathcal{O}_{\tilde{\mathcal{X}}}(\tilde{\mathcal{X}})^{\times} est divisible. Comme le groupe de Brauer de 𝒳~~𝒳\tilde{\mathcal{X}} est trivial (d’après le corollaire 1.10 de [CTOP02]), la suite exacte de Kummer 1μm𝔾m𝔾m11subscript𝜇𝑚subscript𝔾𝑚subscript𝔾𝑚11\rightarrow\mu_{m}\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow 1 fournit des isomorphismes:

    Picm𝒳~H1(𝒳~,μm)H1(Y,μm)PicmY,subscriptPic𝑚~𝒳superscript𝐻1~𝒳subscript𝜇𝑚superscript𝐻1𝑌subscript𝜇𝑚subscriptPic𝑚𝑌\displaystyle{{}_{m}}\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}\cong H^{1}(\tilde{\mathcal{X}},\mu_{m})\cong H^{1}(Y,\mu_{m})\cong{{}_{m}}\text{Pic}\;Y,
    Pic𝒳~H2(𝒳~,μm)H1(Y,μm)(PicY)/m.Pic~𝒳superscript𝐻2~𝒳subscript𝜇𝑚superscript𝐻1𝑌subscript𝜇𝑚Pic𝑌𝑚\displaystyle\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}\cong H^{2}(\tilde{\mathcal{X}},\mu_{m})\cong H^{1}(Y,\mu_{m})\cong(\text{Pic}\;Y)/m.

    Nous devons donc calculer PicYPic𝑌\text{Pic}\;Y. Comme cela a été rappelé au début de l’article, on a un isomorphisme:

    PicY(k×)t|Y(0)|(/)2vY(0)gv.Pic𝑌direct-sumsuperscriptsuperscript𝑘𝑡superscriptsuperscript𝑌0superscript2subscript𝑣superscript𝑌0subscript𝑔𝑣\text{Pic}\;Y\cong(k^{\times})^{t}\oplus\mathbb{Z}^{|Y^{(0)}|}\oplus(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{2\cdot\sum_{v\in Y^{(0)}}g_{v}}.

    En notant mysubscript𝑚𝑦m_{y} le nombre de points de la normalisation de Y𝑌Y qui sont au-dessus de y𝑦y pour chaque yY(k)𝑦𝑌𝑘y\in Y(k), l’entier t𝑡t est égal à μc+1𝜇𝑐1\mu-c+1c𝑐c est le nombre de composantes irréductibles de Y𝑌Y et μ=yY(k)(my1)𝜇subscript𝑦𝑌𝑘subscript𝑚𝑦1\mu=\sum_{y\in Y(k)}(m_{y}-1). Dans notre situation, my=2subscript𝑚𝑦2m_{y}=2 si y𝑦y est intersection de deux composantes de Y𝑌Y et my=1subscript𝑚𝑦1m_{y}=1 sinon. Par conséquent, en termes du graphe ΓΓ\Gamma, on a μ=|V2|𝜇subscript𝑉2\mu=|V_{2}|, c=|V1|𝑐subscript𝑉1c=|V_{1}| et t=|V2||V1|+1𝑡subscript𝑉2subscript𝑉11t=|V_{2}|-|V_{1}|+1. Comme les sommets de ΓΓ\Gamma qui sont dans V2subscript𝑉2V_{2} sont tous de degré 2, on a |E|=2|V2|𝐸2subscript𝑉2|E|=2|V_{2}|, et donc la formule d’Euler pour les graphes montre que t=|V2||V1|+1=|V|+|E|+1=cΓ𝑡subscript𝑉2subscript𝑉11𝑉𝐸1subscript𝑐Γt=|V_{2}|-|V_{1}|+1=-|V|+|E|+1=c_{\Gamma}. On obtient ainsi que:

    PicY(k×)cΓ|Y(0)|(/)2vY(0)gv.Pic𝑌direct-sumsuperscriptsuperscript𝑘subscript𝑐Γsuperscriptsuperscript𝑌0superscript2subscript𝑣superscript𝑌0subscript𝑔𝑣\text{Pic}\;Y\cong(k^{\times})^{c_{\Gamma}}\oplus\mathbb{Z}^{|Y^{(0)}|}\oplus(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{2\cdot\sum_{v\in Y^{(0)}}g_{v}}. (\dagger\dagger)

    On déduit alors de (\dagger(iv)) et (\dagger\dagger(iv)) que, pour tout m>0𝑚0m>0, les groupes PicmXsubscriptPic𝑚𝑋{{}_{m}}\text{Pic}\;X et PicX/mPic𝑋𝑚\text{Pic}\;X/m sont finis, et que:

    |PicmX||PicX/m|subscriptPic𝑚𝑋Pic𝑋𝑚\displaystyle\frac{|{{}_{m}}\text{Pic}\;X|}{|\text{Pic}\;X/m|} =m|Y(0)||Picm𝒳~||Pic𝒳~/m|(d’après ((iv)))absentsuperscript𝑚superscript𝑌0subscriptPic𝑚~𝒳Pic~𝒳𝑚(d’après ((iv)))\displaystyle=m^{|Y^{(0)}|}\cdot\frac{|{{}_{m}}\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}|}{|\text{Pic}\;\tilde{\mathcal{X}}/m|}\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\;\text{(d'apr\`{e}s (\ref{Pic}))}
    =m|Y(0)||PicmY||(PicY)/m|absentsuperscript𝑚superscript𝑌0subscriptPic𝑚𝑌Pic𝑌𝑚\displaystyle=m^{|Y^{(0)}|}\cdot\frac{|{{}_{m}}\text{Pic}\;Y|}{|(\text{Pic}\;Y)/m|}
    =m|Y(0)|mcΓ|Y(0)|+2vY(0)gv(d’après ((iv)))absentsuperscript𝑚superscript𝑌0superscript𝑚subscript𝑐Γsuperscript𝑌02subscript𝑣superscript𝑌0subscript𝑔𝑣(d’après ((iv)))\displaystyle=m^{|Y^{(0)}|}\cdot m^{c_{\Gamma}-|Y^{(0)}|+2\sum_{v\in Y^{(0)}}g_{v}}\;\;\;\;\;\text{(d'apr\`{e}s (\ref{Picbis}))}
    =mnX.absentsuperscript𝑚subscript𝑛𝑋\displaystyle=m^{n_{X}}.

Par conséquent, on obtient pour chaque entier r𝑟r\in\mathbb{Z} un accouplement:

AV:ExtUr(F,𝔾m)×Hc3r(U,F)/.:𝐴𝑉subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈𝐹AV:\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\times H^{3-r}_{c}(U,F)\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

Dans le paragraphe suivant, nous allons démontrer le théorème suivant:

Théorème 1.10.

L’accouplement AV𝐴𝑉AV est un accouplement parfait de groupes finis.

Pour ce faire, on introduit le morphisme:

αr(U,F):ExtUr(F,𝔾m)Hc3r(U,F)D:superscript𝛼𝑟𝑈𝐹subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐superscript𝑈𝐹𝐷\alpha^{r}(U,F):\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{3-r}_{c}(U,F)^{D}

induit par l’accouplement AV𝐴𝑉AV.

1.5 Le cas d’un faisceau à support dans un fermé strict

Nous nous intéressons au cas où le support de F𝐹F est contenu dans un fermé strict de U𝑈U.

Lemme 1.11.

Supposons que F𝐹F est à support dans un fermé strict Z𝑍Z de U𝑈U. Alors, pour tout r0𝑟0r\geq 0,

vZExtvr1(ivF,)ExtUr(F,𝔾m),subscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r-1}_{v}(i_{v}^{*}F,\mathbb{Z})\cong\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}),

où, pour vZ𝑣𝑍v\in Z, ivsubscript𝑖𝑣i_{v} désigne l’immersion fermée Speck(v)USpec𝑘𝑣𝑈\text{Spec}\;k(v)\hookrightarrow U.

Démonstration.

Nous disposons d’une suite exacte de faisceaux sur U𝑈U:

0𝔾mg𝔾mDivU00subscript𝔾𝑚subscript𝑔subscript𝔾𝑚subscriptDiv𝑈00\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow g_{*}\mathbb{G}_{m}\rightarrow\text{Div}_{U}\rightarrow 0

avec DivU=vU(1)ivsubscriptDiv𝑈subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1subscriptsubscript𝑖𝑣\text{Div}_{U}=\bigoplus_{v\in U^{(1)}}{i_{v}}_{*}\mathbb{Z}, où U(1)superscript𝑈1U^{(1)}. On obtient alors une suite exacte longue:

ExtUr(F,𝔾m)ExtUr(F,g𝔾m)ExtUr(F,DivU)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝑔subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscriptDiv𝑈...\rightarrow\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Ext}^{r}_{U}(F,g_{*}\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Ext}^{r}_{U}(F,\text{Div}_{U})\rightarrow...
  • \bullet

    D’une part, comme dans la preuve de la proposition 1.8, pour s>0𝑠0s>0 le faisceau Rsg𝔾msuperscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m} est nul. Cela implique que la suite spectrale ExtUr(F,Rsg𝔾m)ExtKr+s(gF,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹superscript𝑅𝑠subscript𝑔subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑠𝐾superscript𝑔𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,R^{s}g_{*}\mathbb{G}_{m})\Rightarrow\text{Ext}^{r+s}_{K}(g^{*}F,\mathbb{G}_{m}) induit des isomorphismes ExtUr(F,g𝔾m)ExtKr(gF,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝑔subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝐾superscript𝑔𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,g_{*}\mathbb{G}_{m})\cong\text{Ext}^{r}_{K}(g^{*}F,\mathbb{G}_{m}). Or gF=0superscript𝑔𝐹0g^{*}F=0. Donc ExtUr(F,g𝔾m)=0subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝑔subscript𝔾𝑚0\text{Ext}^{r}_{U}(F,g_{*}\mathbb{G}_{m})=0.

  • \bullet

    D’autre part:

    ExtUr(F,DivU)=vU(1)ExtUr(F,iv)=vU(1)Extvr(ivF,)=vZExtvr(ivF,),subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscriptDiv𝑈subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscriptsubscript𝑖𝑣subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑈1subscriptsuperscriptExt𝑟𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹\text{Ext}^{r}_{U}(F,\text{Div}_{U})=\bigoplus_{v\in U^{(1)}}\text{Ext}^{r}_{U}(F,{i_{v}}_{*}\mathbb{Z})=\bigoplus_{v\in U^{(1)}}\text{Ext}^{r}_{v}({i_{v}}^{*}F,\mathbb{Z})=\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r}_{v}({i_{v}}^{*}F,\mathbb{Z}),

    car ivF=0superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹0i_{v}^{*}F=0 pour vZ𝑣𝑍v\in Z.

Par conséquent, on obtient des isomorphismes vZExtvr1(ivF,)ExtUr(F,𝔾m)subscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r-1}_{v}(i_{v}^{*}F,\mathbb{Z})\cong\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) pour r0𝑟0r\geq 0. ∎

Proposition 1.12.

Supposons que F𝐹F est à support dans un fermé strict Z𝑍Z de U𝑈U. Alors αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈𝐹\alpha^{r}(U,F) est un isomorphisme de groupes finis pour tout entier r𝑟r.

Démonstration.

Reprenons les notations de la démonstration précédente. Nous avons des isomorphismes:

ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\displaystyle\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) vZExtvr1(ivF,)vZExtk(v)r1(Fv¯,)absentsubscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑘𝑣subscript𝐹¯𝑣\displaystyle\cong\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r-1}_{v}(i_{v}^{*}F,\mathbb{Z})\cong\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r-1}_{k(v)}(F_{\overline{v}},\mathbb{Z})
vZExtk(v)r2(Fv¯,/)vZHr2(k(v),Hom(Fv¯,/)),absentsubscriptdirect-sum𝑣𝑍subscriptsuperscriptExt𝑟2𝑘𝑣subscript𝐹¯𝑣subscriptdirect-sum𝑣𝑍superscript𝐻𝑟2𝑘𝑣Homsubscript𝐹¯𝑣\displaystyle\cong\bigoplus_{v\in Z}\text{Ext}^{r-2}_{k(v)}(F_{\overline{v}},\mathbb{Q}/\mathbb{Z})\cong\bigoplus_{v\in Z}H^{r-2}(k(v),\text{Hom}(F_{\overline{v}},\mathbb{Q}/\mathbb{Z})),
Hcr(U,F)Hr(Z,iF)vZHr(v,ivF)vZHr(k(v),Fv¯).subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝑍superscript𝑖𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑍superscript𝐻𝑟𝑣superscriptsubscript𝑖𝑣𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑍superscript𝐻𝑟𝑘𝑣subscript𝐹¯𝑣H^{r}_{c}(U,F)\cong H^{r}(Z,i^{*}F)\cong\bigoplus_{v\in Z}H^{r}(v,i_{v}^{*}F)\cong\bigoplus_{v\in Z}H^{r}(k(v),F_{\overline{v}}).

À travers ces isomorphismes, l’accouplement:

ExtUr(F,𝔾m)×Hc3r(U,F)Hc3(U,𝔾m)/subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚superscriptsubscript𝐻𝑐3𝑟𝑈𝐹superscriptsubscript𝐻𝑐3𝑈subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\times H_{c}^{3-r}(U,F)\rightarrow H_{c}^{3}(U,\mathbb{G}_{m})\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

s’identifie à l’accouplement naturel:

vZHr2(k(v),Hom(Fv¯,/))×vZH3r(k(v),Fv¯)/,subscriptdirect-sum𝑣𝑍superscript𝐻𝑟2𝑘𝑣Homsubscript𝐹¯𝑣subscriptdirect-sum𝑣𝑍superscript𝐻3𝑟𝑘𝑣subscript𝐹¯𝑣\bigoplus_{v\in Z}H^{r-2}(k(v),\text{Hom}(F_{\overline{v}},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}))\times\bigoplus_{v\in Z}H^{3-r}(k(v),F_{\overline{v}})\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

qui est bien un accouplement parfait de groupes finis. ∎

1.6 Changement d’ouvert

Nous allons maintenant voir que, si V𝑉V désigne un ouvert de U𝑈U, alors αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈𝐹\alpha^{r}(U,F) est un isomorphisme pour tout entier r𝑟r si, et seulement si, αr(V,F|V)superscript𝛼𝑟𝑉evaluated-at𝐹𝑉\alpha^{r}(V,F|_{V}) l’est.

Lemme 1.13.

Soit 0FFF′′00superscript𝐹𝐹superscript𝐹′′00\rightarrow F^{\prime}\rightarrow F\rightarrow F^{\prime\prime}\rightarrow 0 une suite exacte de faisceaux constructibles sur U𝑈U. Si αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈superscript𝐹\alpha^{r}(U,F^{\prime}) et αr(U,F′′)superscript𝛼𝑟𝑈superscript𝐹′′\alpha^{r}(U,F^{\prime\prime}) sont des isomorphismes pour tout entier r𝑟r, alors αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈𝐹\alpha^{r}(U,F) est un isomorphisme pour tout entier r𝑟r.

Démonstration.

On a un diagramme commutatif à lignes exactes:
ExtUr1(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑈superscript𝐹subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r-1}_{U}(F^{\prime},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}ExtUr(F′′,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈superscript𝐹′′subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r}_{U}(F^{\prime\prime},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈superscript𝐹subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r}_{U}(F^{\prime},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}ExtUr+1(F′′,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟1𝑈superscript𝐹′′subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r+1}_{U}(F^{\prime\prime},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}(Hc4r(U,F))Dsuperscriptsubscriptsuperscript𝐻4𝑟𝑐𝑈superscript𝐹𝐷\textstyle{(H^{4-r}_{c}(U,F^{\prime}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(Hc3r(U,F′′))Dsuperscriptsubscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈superscript𝐹′′𝐷\textstyle{(H^{3-r}_{c}(U,F^{\prime\prime}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(Hc3r(U,F))Dsuperscriptsubscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈𝐹𝐷\textstyle{(H^{3-r}_{c}(U,F))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(Hc3r(U,F))Dsuperscriptsubscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈superscript𝐹𝐷\textstyle{(H^{3-r}_{c}(U,F^{\prime}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(Hc2r(U,F′′))Dsuperscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑟𝑐𝑈superscript𝐹′′𝐷\textstyle{(H^{2-r}_{c}(U,F^{\prime\prime}))^{D}}
où les flèches verticales sont données par les αrsuperscript𝛼𝑟\alpha^{r}. Le lemme des cinq permet de conclure. ∎

Proposition 1.14.

Soit V𝑉V un ouvert non vide de U𝑈U. Alors αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈𝐹\alpha^{r}(U,F) est un isomorphisme pour tout entier r𝑟r si, et seulement si, αr(V,F|V)superscript𝛼𝑟𝑉evaluated-at𝐹𝑉\alpha^{r}(V,F|_{V}) l’est.

Démonstration.

Nous disposons d’une immersion ouverte j:VU:𝑗𝑉𝑈j:V\hookrightarrow U et d’une immersion fermée i:UVU:𝑖𝑈𝑉𝑈i:U\setminus V\hookrightarrow U, et donc d’une suite exacte de faisceaux sur U𝑈U:

0j!jFFiiF0.0subscript𝑗superscript𝑗𝐹𝐹subscript𝑖superscript𝑖𝐹00\rightarrow j_{!}j^{*}F\rightarrow F\rightarrow i_{*}i^{*}F\rightarrow 0.

D’après la proposition 1.12, αr(U,iiF)superscript𝛼𝑟𝑈subscript𝑖superscript𝑖𝐹\alpha^{r}(U,i_{*}i^{*}F) est un isomorphisme pour tout r𝑟r, et donc, d’après le lemme précédent, αr(U,F)superscript𝛼𝑟𝑈𝐹\alpha^{r}(U,F) est un isomorphisme pour tout r𝑟r si, et seulement si, αr(U,j!jF)superscript𝛼𝑟𝑈subscript𝑗superscript𝑗𝐹\alpha^{r}(U,j_{!}j^{*}F) l’est.
Or ExtUr(j!jF,𝔾m)ExtVr(jF,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝑗superscript𝑗𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑉superscript𝑗𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(j_{!}j^{*}F,\mathbb{G}_{m})\cong\text{Ext}^{r}_{V}(j^{*}F,\mathbb{G}_{m}) et Hcr(U,j!jF)Hcr(V,jF)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈subscript𝑗superscript𝑗𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑉superscript𝑗𝐹H^{r}_{c}(U,j_{!}j^{*}F)\cong H^{r}_{c}(V,j^{*}F). À travers ces isomorphismes, αr(U,j!jF)superscript𝛼𝑟𝑈subscript𝑗superscript𝑗𝐹\alpha^{r}(U,j_{!}j^{*}F) s’identifie à αr(V,jF)superscript𝛼𝑟𝑉superscript𝑗𝐹\alpha^{r}(V,j^{*}F). On en déduit immédiatement le résultat. ∎

Remarque 1.15.

La proposition 1.12 et la démonstration précédente montrent aussi que:

  • \bullet

    ExtUr(F,𝔾m)superscriptsubscriptExt𝑈𝑟𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}_{U}^{r}(F,\mathbb{G}_{m}) est fini si, et seulement si, ExtVr(F,𝔾m)superscriptsubscriptExt𝑉𝑟𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}_{V}^{r}(F,\mathbb{G}_{m}) l’est;

  • \bullet

    pour r4𝑟4r\geq 4, le groupe ExtUr(F,𝔾m)superscriptsubscriptExt𝑈𝑟𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}_{U}^{r}(F,\mathbb{G}_{m}) est nul si, et seulement si, ExtVr(F,𝔾m)superscriptsubscriptExt𝑉𝑟𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}_{V}^{r}(F,\mathbb{G}_{m}) l’est;

  • \bullet

    Hcr(U,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹H^{r}_{c}(U,F) est fini si, et seulement si, Hcr(V,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑉𝐹H^{r}_{c}(V,F) l’est.

Par ailleurs, la suite exacte:

vXUHr1(Kv,F)Hcr(U,F)Hr(U,F)vXUHr(Kv,F)subscriptdirect-sum𝑣𝑋𝑈superscript𝐻𝑟1subscript𝐾𝑣𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝑈𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑋𝑈superscript𝐻𝑟subscript𝐾𝑣𝐹\bigoplus_{v\in X\setminus U}H^{r-1}(K_{v},F)\rightarrow H^{r}_{c}(U,F)\rightarrow H^{r}(U,F)\rightarrow\bigoplus_{v\in X\setminus U}H^{r}(K_{v},F)

montre que Hr(U,F)superscript𝐻𝑟𝑈𝐹H^{r}(U,F) est fini si, et seulement si, Hcr(U,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹H^{r}_{c}(U,F) l’est.

1.7 Propriétés de finitude

Nous allons maintenant établir que Hcr(U,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹H^{r}_{c}(U,F) et ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) sont bien finis.

Lemme 1.16.

Soit m𝑚superscriptm\in\mathbb{N}^{*}. Pour tout r𝑟r\in\mathbb{N}, les groupes Hr(U,/m)superscript𝐻𝑟𝑈𝑚H^{r}(U,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) et ExtUr(/m,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝑚subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m}) sont finis.

Démonstration.

Les suites exactes de faisceaux:

0/m00𝑚0\displaystyle 0\rightarrow\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}\rightarrow 0
0μm𝔾m𝔾m00subscript𝜇𝑚subscript𝔾𝑚subscript𝔾𝑚0\displaystyle 0\rightarrow\mu_{m}\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow\mathbb{G}_{m}\rightarrow 0

fournissent des suites exactes longues:

ExtXr(/m,𝔾m)Hr(X,𝔾m)Hr(X,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑋𝑚subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚\displaystyle...\rightarrow\text{Ext}^{r}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow...
Hr(X,/m)Hr(X,𝔾m)Hr(X,𝔾m)superscript𝐻𝑟𝑋𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚\displaystyle...\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow...

Or, d’après le lemme 1.8, les groupes Hrm(X,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑚𝑋subscript𝔾𝑚{{}_{m}}H^{r}(X,\mathbb{G}_{m}) et Hr(X,𝔾m)/msuperscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚𝑚H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})/m sont finis pour tout r𝑟r\in\mathbb{N}. On en déduit que Hr(X,/m)superscript𝐻𝑟𝑋𝑚H^{r}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) et ExtXr(/m,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑋𝑚subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m}) sont finis. La remarque 1.15 permet alors de conclure. ∎

Proposition 1.17.

Rappelons que U𝑈U est un ouvert non vide de X𝑋X et que F𝐹F est un faisceau constructible sur U𝑈U. Soit r𝑟r\in\mathbb{N}.

  • (i)

    Le groupe Hcr(U,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹H^{r}_{c}(U,F) est fini.

  • (ii)

    Le groupe ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) est fini.

Démonstration.
  • (i)

    Soit V𝑉V un ouvert non vide de U𝑈U sur lequel F𝐹F est localement constant. Considérons un morphisme fini étale VVsuperscript𝑉𝑉V^{\prime}\rightarrow V tel que Vsuperscript𝑉V^{\prime} est connexe et F|Vevaluated-at𝐹superscript𝑉F|_{V^{\prime}} est constant. On remarque alors que Vsuperscript𝑉V^{\prime} est la normalisation de V𝑉V dans une extension finie L𝐿L de K𝐾K. Si l’on note G=Gal (L/K)𝐺Gal 𝐿𝐾G=\text{Gal }(L/K), on dispose alors de la suite spectrale de Hochschild-Serre:

    Hr(G,Hs(V,F|V))Hr+s(V,F|V).superscript𝐻𝑟𝐺superscript𝐻𝑠superscript𝑉evaluated-at𝐹superscript𝑉superscript𝐻𝑟𝑠𝑉evaluated-at𝐹𝑉H^{r}(G,H^{s}(V^{\prime},F|_{V^{\prime}}))\Rightarrow H^{r+s}(V,F|_{V}).

    Or Hs(V,F|V)superscript𝐻𝑠superscript𝑉evaluated-at𝐹superscript𝑉H^{s}(V^{\prime},F|_{V^{\prime}}) est fini pour s0𝑠0s\geq 0 d’après le lemme 1.16. Par conséquent, Hr(V,F|V)superscript𝐻𝑟𝑉evaluated-at𝐹𝑉H^{r}(V,F|_{V}) est fini pour tout r0𝑟0r\geq 0. La remarque 1.15 permet alors de conclure.

  • (ii)

    En reprenant les notations de (i), on a une suite spectrale:

    Hr(G,ExtVs(F|V,𝔾m))ExtVr+s(F|V,𝔾m).superscript𝐻𝑟𝐺subscriptsuperscriptExt𝑠superscript𝑉evaluated-at𝐹superscript𝑉subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑠𝑉evaluated-at𝐹𝑉subscript𝔾𝑚H^{r}(G,\text{Ext}^{s}_{V^{\prime}}(F|_{V^{\prime}},\mathbb{G}_{m}))\Rightarrow\text{Ext}^{r+s}_{V}(F|_{V},\mathbb{G}_{m}).

    Or ExtVs(F|V,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑠superscript𝑉evaluated-at𝐹superscript𝑉subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{s}_{V^{\prime}}(F|_{V^{\prime}},\mathbb{G}_{m}) est fini pour s0𝑠0s\geq 0 d’après le lemme 1.16. Par conséquent, ExtVr(F|V,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑉evaluated-at𝐹𝑉subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{V}(F|_{V},\mathbb{G}_{m}) est fini pour tout r0𝑟0r\geq 0. La remarque 1.15 permet alors de conclure.

1.8 Annulation de Hcr(U,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹H^{r}_{c}(U,F) pour r4𝑟4r\geq 4

Lemme 1.18.

On a Hr(U,F)=0superscript𝐻𝑟𝑈𝐹0H^{r}(U,F)=0 pour r4𝑟4r\geq 4.

Démonstration.

Soit V𝑉V un ouvert de U𝑈U et écrivons la suite exacte de localisation:

Hr(U,F)Hr(V,F)HUVr+1(U,F)superscript𝐻𝑟𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝑉𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑟1𝑈𝑉𝑈𝐹...\rightarrow H^{r}(U,F)\rightarrow H^{r}(V,F)\rightarrow H^{r+1}_{U\setminus V}(U,F)\rightarrow...

Le théorème d’excision montre que:

HUVr(U,F)=vUVHvr(𝒪vh,F).subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑈𝑉𝑈𝐹subscriptdirect-sum𝑣𝑈𝑉subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑣subscriptsuperscript𝒪𝑣𝐹H^{r}_{U\setminus V}(U,F)=\bigoplus_{v\in U\setminus V}H^{r}_{v}(\mathcal{O}^{h}_{v},F).

Or, pour vUV𝑣𝑈𝑉v\in U\setminus V, on dispose de la suite exacte de localisation:

Hr1(Kvh,F)Hvr(𝒪vh,F)Hr(𝒪vh,F)superscript𝐻𝑟1superscriptsubscript𝐾𝑣𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑣subscriptsuperscript𝒪𝑣𝐹superscript𝐻𝑟subscriptsuperscript𝒪𝑣𝐹...\rightarrow H^{r-1}(K_{v}^{h},F)\rightarrow H^{r}_{v}(\mathcal{O}^{h}_{v},F)\rightarrow H^{r}(\mathcal{O}^{h}_{v},F)\rightarrow...

Par dimension cohomologique, si r4𝑟4r\geq 4, les groupes Hr1(Kvh,F)superscript𝐻𝑟1superscriptsubscript𝐾𝑣𝐹H^{r-1}(K_{v}^{h},F) et Hr(𝒪vh,F)superscript𝐻𝑟subscriptsuperscript𝒪𝑣𝐹H^{r}(\mathcal{O}^{h}_{v},F) sont nuls. Il en est donc de même du groupe Hvr(𝒪vh,F)subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑣subscriptsuperscript𝒪𝑣𝐹H^{r}_{v}(\mathcal{O}^{h}_{v},F). Par conséquent, pour r4𝑟4r\geq 4, la restriction Hr(U,F)Hr(V,F)superscript𝐻𝑟𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝑉𝐹H^{r}(U,F)\rightarrow H^{r}(V,F) est un isomorphisme. En notant g:SpecKU:𝑔Spec𝐾𝑈g:\text{Spec}\;K\hookrightarrow U, on en déduit que:

Hr(U,F)Hr(K,gF)=0superscript𝐻𝑟𝑈𝐹superscript𝐻𝑟𝐾superscript𝑔𝐹0H^{r}(U,F)\cong H^{r}(K,g^{*}F)=0

car K𝐾K est de dimension cohomologique 2. ∎

Corollaire 1.19.

On a Hcr(U,F)=0subscriptsuperscript𝐻𝑟𝑐𝑈𝐹0H^{r}_{c}(U,F)=0 pour r4𝑟4r\geq 4.

Démonstration.

Il suffit d’appliquer le lemme précédent en remplaçant U𝑈U par X𝑋X et F𝐹F par j!Fsubscript𝑗𝐹j_{!}F. ∎

1.9 Annulation de ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) pour r4𝑟4r\geq 4

Lemme 1.20.

Supposons F𝐹F localement constant. Le faisceau ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{\text@underline{Ext}}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) est de torsion pour r=0𝑟0r=0 et nul pour r1𝑟1r\geq 1.

Démonstration.

Calculons les tiges de ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{\text@underline{Ext}}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}):

  • \bullet

    en η¯¯𝜂\overline{\eta}, ExtUr(F,𝔾m)η¯=Extr(Fη¯,Ks×)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝐹subscript𝔾𝑚¯𝜂superscriptExt𝑟subscript𝐹¯𝜂superscriptsuperscript𝐾𝑠\text{\text@underline{Ext}}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})_{\overline{\eta}}=\text{Ext}^{r}(F_{\overline{\eta}},{K^{s}}^{\times}). Ce groupe est de |Fη¯|subscript𝐹¯𝜂|F_{\overline{\eta}}|-torsion pour r=0𝑟0r=0, et il est nul pour r1𝑟1r\geq 1 puisque Ks×superscriptsuperscript𝐾𝑠{K^{s}}^{\times} est un groupe abélien divisible.

  • \bullet

    en v¯¯𝑣\overline{v} pour vU𝑣𝑈v\in U différent de η𝜂\eta, ExtUr(F,𝔾m)v¯=Extr(Fv¯,𝒪vnr×)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝐹subscript𝔾𝑚¯𝑣subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝐹¯𝑣superscriptsuperscriptsubscript𝒪𝑣𝑛𝑟\text{\text@underline{Ext}}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})_{\overline{v}}=\text{Ext}^{r}_{\mathbb{Z}}(F_{\overline{v}},{\mathcal{O}_{v}^{nr}}^{\times}). Comme avant, ce groupe est de |Fη¯|subscript𝐹¯𝜂|F_{\overline{\eta}}|-torsion pour r=0𝑟0r=0, et il est nul pour r1𝑟1r\geq 1 puisque 𝒪vnr×superscriptsuperscriptsubscript𝒪𝑣𝑛𝑟{\mathcal{O}_{v}^{nr}}^{\times} est un groupe abélien divisible.

Le lemme en découle immédiatement. ∎

Lemme 1.21.

On a ExtUr(F,𝔾m)=0subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚0\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})=0 pour r4𝑟4r\geq 4.

Démonstration.

En utilisant la remarque 1.15, on peut supposer que F𝐹F est localement constant. Le lemme précédent montre alors que la suite spectrale

Hr(U,ExtUs(F,𝔾m))ExtUr+s(F,𝔾m)superscript𝐻𝑟𝑈subscriptsuperscriptExt𝑠𝑈𝐹subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑠𝑈𝐹subscript𝔾𝑚H^{r}(U,\text{\text@underline{Ext}}^{s}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}))\Rightarrow\text{Ext}^{r+s}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})

dégénère en des isomorphismes ExtUr(F,𝔾m)Hr(U,HomU(F,𝔾m))subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑈subscriptHom𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})\cong H^{r}(U,\text{\text@underline{Hom}}_{U}(F,\mathbb{G}_{m})). Le faisceau HomU(F,𝔾m)subscriptHom𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{\text@underline{Hom}}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) étant de torsion, il est limite inductive filtrée de faisceaux constructibles. On déduit alors du lemme 1.18 que pour r4𝑟4r\geq 4 le groupe ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}) est nul. ∎

1.10 Décomposition de F𝐹F

Proposition 1.22.

Soit V𝑉V un ouvert non vide de U𝑈U tel que F|Vevaluated-at𝐹𝑉F|_{V} est localement constant. Soit L𝐿L une extension finie de K𝐾K telle que la normalisation πV:VnV:subscript𝜋𝑉subscript𝑉𝑛𝑉\pi_{V}:V_{n}\rightarrow V de V𝑉V dans L𝐿L est étale et F|Vnevaluated-at𝐹subscript𝑉𝑛F|_{V_{n}} est constant. Soit πU:UnU:subscript𝜋𝑈subscript𝑈𝑛𝑈\pi_{U}:U_{n}\rightarrow U la normalisation de U𝑈U dans L𝐿L. Soit m>0𝑚0m>0 tel que mF=0𝑚𝐹0mF=0. Il existe alors un faisceau Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} constructible constant sur Unsubscript𝑈𝑛U_{n} de m𝑚m-torsion, un faisceau Ffsubscript𝐹𝑓F_{f} constructible sur U𝑈U à support fini et un morphisme injectif FπUFnFf𝐹direct-sumsubscriptsubscript𝜋𝑈subscript𝐹𝑛subscript𝐹𝑓F\hookrightarrow{\pi_{U}}_{*}F_{n}\oplus F_{f}.

Démonstration.

On choisit pour Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} le faisceau constant sur Unsubscript𝑈𝑛U_{n} défini par le groupe abélien fini F(Vn)𝐹subscript𝑉𝑛F(V_{n}). Nous disposons alors d’un morphisme d’adjonction injectif F|VπVπV(F|V)=πV(Fn|Vn)evaluated-at𝐹𝑉subscriptsubscript𝜋𝑉superscriptsubscript𝜋𝑉evaluated-at𝐹𝑉subscriptsubscript𝜋𝑉evaluated-atsubscript𝐹𝑛subscript𝑉𝑛F|_{V}\hookrightarrow{\pi_{V}}_{*}\pi_{V}^{*}(F|_{V})={\pi_{V}}_{*}(F_{n}|_{V_{n}}). Ce morphisme s’étend en un morphisme FπUFn𝐹subscriptsubscript𝜋𝑈subscript𝐹𝑛F\rightarrow{\pi_{U}}_{*}F_{n}. Le support du noyau de ce morphisme est contenu dans UV𝑈𝑉U\setminus V. Il suffit donc de trouver un faisceau Ffsubscript𝐹𝑓F_{f} constructible sur U𝑈U à support dans UV𝑈𝑉U\setminus V et un morphisme FFf𝐹subscript𝐹𝑓F\rightarrow F_{f} tel que le support du noyau soit contenu dans V𝑉V. Si l’on note i:UVU:𝑖𝑈𝑉𝑈i:U\setminus V\hookrightarrow U, on choisit Ff=iiFsubscript𝐹𝑓subscript𝑖superscript𝑖𝐹F_{f}=i_{*}i^{*}F, le morphisme FFf𝐹subscript𝐹𝑓F\rightarrow F_{f} étant le morphisme d’adjonction. ∎

1.11 Comportement vis-à-vis de la normalisation

Nous allons maintenant étudier le comportement du morphisme αrsuperscript𝛼𝑟\alpha^{r} vis-à-vis de la normalisation. Soit L𝐿L une extension finie galoisienne de K𝐾K. Soit Unsubscript𝑈𝑛U_{n} la normalisation de U𝑈U dans L𝐿L et notons π:UnU:𝜋subscript𝑈𝑛𝑈\pi:U_{n}\rightarrow U. Considérons l’application norme NUn/U:π𝔾m𝔾m:subscript𝑁subscript𝑈𝑛𝑈subscript𝜋subscript𝔾𝑚subscript𝔾𝑚N_{U_{n}/U}:\pi_{*}\mathbb{G}_{m}\rightarrow\mathbb{G}_{m} (voir par exemple le lemme II.3.9(a) de [Mil06]).

Lemme 1.23.

Soit nsubscript𝑛\mathcal{F}_{n} un faisceau constructible sur Unsubscript𝑈𝑛U_{n}. Pour tout r𝑟r\in\mathbb{Z}, la composée

Nr(n):ExtUnr(n,𝔾m)ExtUr(πn,π𝔾m)ExtUr(πn,𝔾m),:superscript𝑁𝑟subscript𝑛subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝑈𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝜋subscript𝑛subscript𝜋subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝜋subscript𝑛subscript𝔾𝑚N^{r}(\mathcal{F}_{n}):\text{Ext}^{r}_{U_{n}}(\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Ext}^{r}_{U}(\pi_{*}\mathcal{F}_{n},\pi_{*}\mathbb{G}_{m})\rightarrow\text{Ext}^{r}_{U}(\pi_{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m}),

où le premier morphisme est induit par le foncteur exact πsubscript𝜋\pi_{*} et le second par la norme NUn/Usubscript𝑁subscript𝑈𝑛𝑈N_{U_{n}/U}, est un isomorphisme.

Démonstration.

Soit Vnsubscript𝑉𝑛V_{n} un ouvert de Unsubscript𝑈𝑛U_{n} sur lequel la restriction de π𝜋\pi est étale, et notons jn:VnUn:subscript𝑗𝑛subscript𝑉𝑛subscript𝑈𝑛j_{n}:V_{n}\hookrightarrow U_{n} l’immersion ouverte et in:Zn=UnVnUn:subscript𝑖𝑛subscript𝑍𝑛subscript𝑈𝑛subscript𝑉𝑛subscript𝑈𝑛i_{n}:Z_{n}=U_{n}\setminus V_{n}\hookrightarrow U_{n} l’immersion fermée. Nous allons montrer que Nr(jn!jnn)superscript𝑁𝑟subscriptsubscript𝑗𝑛superscriptsubscript𝑗𝑛subscript𝑛N^{r}({j_{n}}_{!}j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}) et Nr(ininn)superscript𝑁𝑟subscriptsubscript𝑖𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛N^{r}({i_{n}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}) sont des isomorphismes, ce qui impliquera que Nr(n)superscript𝑁𝑟subscript𝑛N^{r}(\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme grâce à la suite exacte 0jn!jnnnininn00subscriptsubscript𝑗𝑛superscriptsubscript𝑗𝑛subscript𝑛subscript𝑛subscriptsubscript𝑖𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛00\rightarrow{j_{n}}_{!}j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}\rightarrow\mathcal{F}_{n}\rightarrow{i_{n}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}\rightarrow 0.

  • \bullet

    D’une part, comme πjn𝜋subscript𝑗𝑛\pi\circ j_{n} est étale, on dispose d’isomorphismes:

    ExtVnr(jnn,𝔾m)=ExtVnr(jnn,(πjn)𝔾m))ExtrU(πjn!jnn,𝔾m).\text{Ext}^{r}_{V_{n}}(j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m})=\text{Ext}^{r}_{V_{n}}(j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},(\pi\circ j_{n})^{*}\mathbb{G}_{m}))\cong\text{Ext}^{r}_{U}(\pi_{*}{j_{n}}_{!}j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m}).

    Or ExtUnr(jn!jnn,𝔾m)ExtVnr(jnn,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝑈𝑛subscriptsubscript𝑗𝑛superscriptsubscript𝑗𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝑉𝑛superscriptsubscript𝑗𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U_{n}}({j_{n}}_{!}j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m})\cong\text{Ext}^{r}_{V_{n}}(j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m}). Cela montre immédiatement que Nr(jn!jnn)superscript𝑁𝑟subscriptsubscript𝑗𝑛superscriptsubscript𝑗𝑛subscript𝑛N^{r}({j_{n}}_{!}j_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme.

  • \bullet

    D’autre part, étant donné le choix de Vnsubscript𝑉𝑛V_{n}, si l’on note Z=π(Zn)𝑍𝜋subscript𝑍𝑛Z=\pi(Z_{n}), on remarque que Zn=π1(Z)=Z×UUnsubscript𝑍𝑛superscript𝜋1𝑍subscript𝑈𝑍subscript𝑈𝑛Z_{n}=\pi^{-1}(Z)=Z\times_{U}U_{n}, et donc on dispose d’un diagramme commutatif:

    Znsubscript𝑍𝑛\textstyle{Z_{n}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}insubscript𝑖𝑛\scriptstyle{i_{n}}πZsubscript𝜋𝑍\scriptstyle{\pi_{Z}}Unsubscript𝑈𝑛\textstyle{U_{n}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}π𝜋\scriptstyle{\pi}Z𝑍\textstyle{Z\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i𝑖\scriptstyle{i}U𝑈\textstyle{U}

    Ainsi, en utilisant le lemme 1.11 et en tenant compte du fait que πZsubscript𝜋𝑍\pi_{Z} est fini étale:

    ExtUnr(ininn,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝑈𝑛subscriptsubscript𝑖𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚\displaystyle\text{Ext}^{r}_{U_{n}}({i_{n}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m}) ExtZnr1(inn,)ExtZnr1(inn,πZ)absentsubscriptsuperscriptExt𝑟1subscript𝑍𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛subscriptsuperscriptExt𝑟1subscript𝑍𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛superscriptsubscript𝜋𝑍\displaystyle\cong\text{Ext}^{r-1}_{Z_{n}}(i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{Z})\cong\text{Ext}^{r-1}_{Z_{n}}(i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\pi_{Z}^{*}\mathbb{Z})
    ExtZr1(πZinn,)ExtUr(πininn,𝔾m),absentsubscriptsuperscriptExt𝑟1𝑍subscriptsubscript𝜋𝑍superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝜋subscriptsubscript𝑖𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚\displaystyle\cong\text{Ext}^{r-1}_{Z}({\pi_{Z}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{Z})\cong\text{Ext}^{r}_{U}(\pi_{*}{i_{n}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m}),

    et donc Nr(ininn)superscript𝑁𝑟subscriptsubscript𝑖𝑛superscriptsubscript𝑖𝑛subscript𝑛N^{r}({i_{n}}_{*}i_{n}^{*}\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme.

Proposition 1.24.

Soient nsubscript𝑛\mathcal{F}_{n} un faisceau constructible sur Unsubscript𝑈𝑛U_{n} et r𝑟r\in\mathbb{Z}. Alors αr(Un,n)superscript𝛼𝑟subscript𝑈𝑛subscript𝑛\alpha^{r}(U_{n},\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme si, et seulement si, αr(U,πn)superscript𝛼𝑟𝑈subscript𝜋subscript𝑛\alpha^{r}(U,\pi_{*}\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme.

Démonstration.

Supposons que UX𝑈𝑋U\neq X. Comme π𝜋\pi est fini, on dispose d’un isomorphisme Hc3(U,π𝔾m)Hc3(Un,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝜋subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚H^{3}_{c}(U,\pi_{*}\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{3}_{c}(U_{n},\mathbb{G}_{m}). Notons NmUn/UsubscriptNmsubscript𝑈𝑛𝑈\text{Nm}_{U_{n}/U} la composée:

Hc3(Un,𝔾m)Hc3(U,π𝔾m)Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝜋subscript𝔾𝑚subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚H^{3}_{c}(U_{n},\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{3}_{c}(U,\pi_{*}\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})

le deuxième morphisme étant induit par NUn/Usubscript𝑁subscript𝑈𝑛𝑈N_{U_{n}/U}. Ce morphisme s’insère dans un diagramme cubique:

/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}wXnUnBr(Lw)subscriptdirect-sum𝑤subscript𝑋𝑛subscript𝑈𝑛Brsubscript𝐿𝑤\textstyle{\bigoplus_{w\in X_{n}\setminus U_{n}}\text{Br}(L_{w})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}CoresHc3(Un,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}}vXUBr(Kv)subscriptdirect-sum𝑣𝑋𝑈Brsubscript𝐾𝑣\textstyle{\bigoplus_{v\in X\setminus U}\text{Br}(K_{v})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

Xnsubscript𝑋𝑛X_{n} est la normalisation de X𝑋X dans L𝐿L et toutes les faces du cube, à l’exception de la face droite, sont commutatives. Cela entraîne que la face droite est aussi commutative. On en déduit un diagramme commutatif:

ExtUnr(n,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟subscript𝑈𝑛subscript𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r}_{U_{n}}(\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}Nr(n)superscript𝑁𝑟subscript𝑛\scriptstyle{N^{r}(\mathcal{F}_{n})}×\scriptstyle{\times}Hc3r(Un,n)subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝑛\textstyle{H^{3-r}_{c}(U_{n},\mathcal{F}_{n})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hc3(Un,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}NmUn/UsubscriptNmsubscript𝑈𝑛𝑈\scriptstyle{\text{Nm}_{U_{n}/U}}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ExtUr(πn,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈subscript𝜋subscript𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r}_{U}(\pi_{*}\mathcal{F}_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}×\scriptstyle{\times}Hc3r(U,πn)subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈subscript𝜋subscript𝑛\textstyle{H^{3-r}_{c}(U,\pi_{*}\mathcal{F}_{n})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}}

et donc αr(Un,n)superscript𝛼𝑟subscript𝑈𝑛subscript𝑛\alpha^{r}(U_{n},\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme si, et seulement si, αr(U,πn)superscript𝛼𝑟𝑈subscript𝜋subscript𝑛\alpha^{r}(U,\pi_{*}\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme.
Si U=X𝑈𝑋U=X, on choisit Usuperscript𝑈U^{\prime} un ouvert strict de X𝑋X. On a alors un diagramme cubique:

/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hc3(Un,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscriptsuperscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U^{\prime}_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\;\;\;\;\cong}NmUn/UsubscriptNmsubscriptsuperscript𝑈𝑛superscript𝑈\scriptstyle{\text{Nm}_{U^{\prime}_{n}/U^{\prime}}}Hc3(Un,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐subscript𝑈𝑛subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U_{n},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}}Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐superscript𝑈subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U^{\prime},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}Hc3(U,𝔾m)subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚\textstyle{H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

où toutes les faces, à l’exception de la face droite, sont commutatives. On en déduit la commutativité de la face droite. Il est maintenant possible de conclure exactement de la même manière que sous l’hypothèse UX𝑈𝑋U\neq X.

1.12 Propriété d’hérédité

Proposition 1.25.

Soit r03subscript𝑟03r_{0}\leq 3 un entier. Supposons que αr(X,)superscript𝛼𝑟𝑋\alpha^{r}(X,\mathcal{F}) soit un isomorphisme pour toute extension finie K𝐾K de ((x,t))𝑥𝑡\mathbb{C}((x,t)), pour tout faisceau constructible \mathcal{F} sur X𝑋X et pour tout r>r0𝑟subscript𝑟0r>r_{0}.

  • (i)

    Supposons r03subscript𝑟03r_{0}\neq 3. Pour toute extension finie K𝐾K de ((x,t))𝑥𝑡\mathbb{C}((x,t)) et pour tout faisceau constructible \mathcal{F} sur X𝑋X, le morphisme αr0(X,)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}) est surjectif.

  • (ii)

    On ne suppose plus que r03subscript𝑟03r_{0}\neq 3. On suppose par contre que pour toute extension finie K𝐾K de ((x,t))𝑥𝑡\mathbb{C}((x,t)) et pour tout m>0𝑚0m>0, αr0(X,/m)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝑚\alpha^{r_{0}}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est un isomorphisme. Alors pour toute extension finie K𝐾K de ((x,t))𝑥𝑡\mathbb{C}((x,t)) et pour tout faisceau constructible \mathcal{F} sur X𝑋X, le morphisme αr0(X,)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}) est un isomorphisme.

Démonstration.
  • (i)

    Soient K𝐾K une extension finie de ((x,t))𝑥𝑡\mathbb{C}((x,t)) et \mathcal{F} un faisceau constructible sur X𝑋X. Fixons cH3r0(X,)𝑐superscript𝐻3subscript𝑟0𝑋c\in H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F}). Soit \mathcal{I} un faisceau flasque de torsion muni d’une injection \mathcal{F}\hookrightarrow\mathcal{I}. Le faisceau \mathcal{I} est la limite inductive de ses sous-faisceaux constructibles, parmi lesquels se trouve \mathcal{F}. Par conséquent, comme H3r0(X,)=0superscript𝐻3subscript𝑟0𝑋0H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{I})=0, il existe un sous-faisceau constructible 0subscript0\mathcal{F}_{0} de \mathcal{I} contenant \mathcal{F} et tel que l’image de c𝑐c dans H3r0(X,0)superscript𝐻3subscript𝑟0𝑋subscript0H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0}) est nulle. Soit 1subscript1\mathcal{F}_{1} le conoyau de l’injection 0subscript0\mathcal{F}\hookrightarrow\mathcal{F}_{0}. Nous obtenons alors un diagramme commutatif à lignes exactes:
    (ExtXr0+1(0,𝔾m))DsuperscriptsubscriptsuperscriptExtsubscript𝑟01𝑋subscript0subscript𝔾𝑚𝐷\textstyle{(\text{Ext}^{r_{0}+1}_{X}(\mathcal{F}_{0},\mathbb{G}_{m}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(ExtXr0+1(1,𝔾m))DsuperscriptsubscriptsuperscriptExtsubscript𝑟01𝑋subscript1subscript𝔾𝑚𝐷\textstyle{(\text{Ext}^{r_{0}+1}_{X}(\mathcal{F}_{1},\mathbb{G}_{m}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(ExtXr0(,𝔾m))DsuperscriptsubscriptsuperscriptExtsubscript𝑟0𝑋subscript𝔾𝑚𝐷\textstyle{(\text{Ext}^{r_{0}}_{X}(\mathcal{F},\mathbb{G}_{m}))^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(ExtXr0(0,𝔾m))DsuperscriptsubscriptsuperscriptExtsubscript𝑟0𝑋subscript0subscript𝔾𝑚𝐷\textstyle{(\text{Ext}^{r_{0}}_{X}(\mathcal{F}_{0},\mathbb{G}_{m}))^{D}}H2r0(X,0)superscript𝐻2subscript𝑟0𝑋subscript0\textstyle{H^{2-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}(αr0+1(X,0))Dsuperscriptsuperscript𝛼subscript𝑟01𝑋subscript0𝐷\scriptstyle{(\alpha^{r_{0}+1}(X,\mathcal{F}_{0}))^{D}}H2r0(X,1)superscript𝐻2subscript𝑟0𝑋subscript1\textstyle{H^{2-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{1})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}(αr0+1(X,1))Dsuperscriptsuperscript𝛼subscript𝑟01𝑋subscript1𝐷\scriptstyle{(\alpha^{r_{0}+1}(X,\mathcal{F}_{1}))^{D}}H3r0(X,)superscript𝐻3subscript𝑟0𝑋\textstyle{H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(αr0(X,))Dsuperscriptsuperscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐷\scriptstyle{(\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}))^{D}}H3r0(X,0)superscript𝐻3subscript𝑟0𝑋subscript0\textstyle{H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(αr0(X,0))Dsuperscriptsuperscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscript0𝐷\scriptstyle{(\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0}))^{D}}

    Ainsi, si (αr0(X,))D(c)=0superscriptsuperscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐷𝑐0(\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}))^{D}(c)=0, alors c=0𝑐0c=0. On en déduit que (αr0(X,))Dsuperscriptsuperscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐷(\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}))^{D} est injectif, d’où le résultat.

  • (ii)

    On reprend les mêmes notations qu’au début de (i). Soit m>0𝑚0m>0 tel que m=0𝑚0m\mathcal{F}=0. Comme \mathcal{F} est constructible, on peut trouver un ouvert non vide V𝑉V de X𝑋X et un recouvrement étale fini connexe VnVsubscript𝑉𝑛𝑉V_{n}\rightarrow V tel que |Vnevaluated-atsubscript𝑉𝑛\mathcal{F}|_{V_{n}} est constant. On remarque alors que Vnsubscript𝑉𝑛V_{n} est la normalisation de V𝑉V dans une extension finie L𝐿L de K𝐾K. Notons πX:XnX:subscript𝜋𝑋subscript𝑋𝑛𝑋\pi_{X}:X_{n}\rightarrow X la normalisation de X𝑋X dans L𝐿L. D’après la proposition 1.22, il existe alors un faisceau nsubscript𝑛\mathcal{F}_{n} constructible constant sur Xnsubscript𝑋𝑛X_{n} de m𝑚m-torsion, un faisceau fsubscript𝑓\mathcal{F}_{f} constructible sur X𝑋X à support fini et un morphisme injectif πXnfdirect-sumsubscriptsubscript𝜋𝑋subscript𝑛subscript𝑓\mathcal{F}\hookrightarrow{\pi_{X}}_{*}\mathcal{F}_{n}\oplus\mathcal{F}_{f}. On note 0=πXnfsubscript0direct-sumsubscriptsubscript𝜋𝑋subscript𝑛subscript𝑓\mathcal{F}_{0}={\pi_{X}}_{*}\mathcal{F}_{n}\oplus\mathcal{F}_{f}. D’après la proposition 1.12, on sait que αr(X,f)superscript𝛼𝑟𝑋subscript𝑓\alpha^{r}(X,\mathcal{F}_{f}) est un isomorphisme pour tout r𝑟r. De plus, comme par hypothèse αr0(Xn,/m)superscript𝛼subscript𝑟0subscript𝑋𝑛superscript𝑚\alpha^{r_{0}}(X_{n},\mathbb{Z}/m^{\prime}\mathbb{Z}) est un isomorphisme pour m|mconditionalsuperscript𝑚𝑚m^{\prime}|m, il en est de même de αr0(Xn,n)superscript𝛼subscript𝑟0subscript𝑋𝑛subscript𝑛\alpha^{r_{0}}(X_{n},\mathcal{F}_{n}): la proposition 1.24 entraîne alors que αr0(X,πXn)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscriptsubscript𝜋𝑋subscript𝑛\alpha^{r_{0}}(X,{\pi_{X}}_{*}\mathcal{F}_{n}) est un isomorphisme. Par conséquent, αr0(X,0)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscript0\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0}) est un isomorphisme.
    Notons 1subscript1\mathcal{F}_{1} le conoyau de l’injection 0subscript0\mathcal{F}\hookrightarrow\mathcal{F}_{0}. Nous obtenons alors un diagramme commutatif à lignes exactes:

    ExtXr0+1(0,𝔾m)subscriptsuperscriptExtsubscript𝑟01𝑋subscript0subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r_{0}+1}_{X}(\mathcal{F}_{0},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}αr0+1(X,0)superscript𝛼subscript𝑟01𝑋subscript0\scriptstyle{\alpha^{r_{0}+1}(X,\mathcal{F}_{0})}ExtXr0+1(1,𝔾m)subscriptsuperscriptExtsubscript𝑟01𝑋subscript1subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r_{0}+1}_{X}(\mathcal{F}_{1},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}αr0+1(X,1)superscript𝛼subscript𝑟01𝑋subscript1\scriptstyle{\alpha^{r_{0}+1}(X,\mathcal{F}_{1})}ExtXr0(,𝔾m)subscriptsuperscriptExtsubscript𝑟0𝑋subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r_{0}}_{X}(\mathcal{F},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}αr0(X,)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋\scriptstyle{\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F})}ExtXr0(0,𝔾m)subscriptsuperscriptExtsubscript𝑟0𝑋subscript0subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r_{0}}_{X}(\mathcal{F}_{0},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}αr0(X,0)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscript0\scriptstyle{\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0})}\scriptstyle{\cong}ExtXr0(1,𝔾m)subscriptsuperscriptExtsubscript𝑟0𝑋subscript1subscript𝔾𝑚\textstyle{\text{Ext}^{r_{0}}_{X}(\mathcal{F}_{1},\mathbb{G}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}αr0(X,1)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscript1\scriptstyle{\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}_{1})}H2r0(X,0)superscript𝐻2subscript𝑟0superscript𝑋subscript0\textstyle{H^{2-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0})^{*}}H2r0(X,1)superscript𝐻2subscript𝑟0superscript𝑋subscript1\textstyle{H^{2-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{1})^{*}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H3r0(X,)superscript𝐻3subscript𝑟0superscript𝑋\textstyle{H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F})^{*}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H3r0(X,0)superscript𝐻3subscript𝑟0superscript𝑋subscript0\textstyle{H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{0})^{*}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H3r0(X,1)superscript𝐻3subscript𝑟0superscript𝑋subscript1\textstyle{H^{3-r_{0}}(X,\mathcal{F}_{1})^{*}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

    Par chasse au diagramme, αr0(X,)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}) est surjectif. Cela étant vrai pour tout faisceau constructible \mathcal{F}, αr0(X,1)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋subscript1\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}_{1}) est aussi surjectif. Une nouvelle chasse au diagramme permet de conclure que αr0(X,)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋\alpha^{r_{0}}(X,\mathcal{F}) est un isomorphisme.

1.13 Preuve de la dualité d’Artin-Verdier

Nous sommes à présent en mesure d’établir le théorème d’Artin-Verdier pour K0subscript𝐾0K_{0}. Pour ce faire, on prouve:

Proposition 1.26.

Pour toute extension finie K𝐾K de K0subscript𝐾0K_{0}, pour tout faisceau constructible F𝐹F sur X𝑋X et pour tout r0subscript𝑟0r_{0}\in\mathbb{Z}, le morphisme αr0(X,F)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐹\alpha^{r_{0}}(X,F) est un isomorphisme.

Démonstration.

On procède par étapes:

  • A.

    Pour r0>3subscript𝑟03r_{0}>3:
    Le lemme 1.21 entraîne immédiatement que αr0(X,F)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐹\alpha^{r_{0}}(X,F) est un isomorphisme.

  • B.

    Pour r0=3subscript𝑟03r_{0}=3:
    Soit K𝐾K une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0}. Soit m>0𝑚0m>0 un entier. La suite exacte courte de faisceaux 0/m00𝑚00\rightarrow\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Z}\rightarrow\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}\rightarrow 0 induit une suite exacte longue de cohomologie:

    ExtXr(/m,𝔾m)Hr(X,𝔾m)Hr(X,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑋𝑚subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚superscript𝐻𝑟𝑋subscript𝔾𝑚...\rightarrow\text{Ext}^{r}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow H^{r}(X,\mathbb{G}_{m})\rightarrow... (\ddagger)

    Comme BrXBr𝑋\text{Br}\;X est divisible et H3(X,𝔾m)=/superscript𝐻3𝑋subscript𝔾𝑚H^{3}(X,\mathbb{G}_{m})=\mathbb{Q}/\mathbb{Z} d’après le lemme 1.8, on déduit que ExtX3(/m,𝔾m)1m/subscriptsuperscriptExt3𝑋𝑚subscript𝔾𝑚1𝑚\text{Ext}^{3}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})\cong\frac{1}{m}\mathbb{Z}/\mathbb{Z}. D’autre part, H0(X,/m)=/msuperscript𝐻0𝑋𝑚𝑚H^{0}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})=\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}. Vu à travers ces isomorphismes, l’accouplement d’Artin-Verdier devient (x,y)xy~maps-to𝑥𝑦𝑥~𝑦(x,y)\mapsto x\tilde{y} pour x1m/𝑥1𝑚x\in\frac{1}{m}\mathbb{Z}/\mathbb{Z}, y/m𝑦𝑚y\in\mathbb{Z}/m\mathbb{Z} et y~~𝑦\tilde{y}\in\mathbb{Z} un relèvement quelconque de y𝑦y. Cela impose que α3(X,/m)superscript𝛼3𝑋𝑚\alpha^{3}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) entraîne alors immédiatement que α3(X,F)superscript𝛼3𝑋𝐹\alpha^{3}(X,F) est un isomorphisme pour tout faisceau constructible F𝐹F sur X𝑋X.

  • C.

    Pour r0=2subscript𝑟02r_{0}=2:
    Soit K𝐾K une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0}. Soit m>0𝑚0m>0 un entier. D’après la proposition 1.25(i), α2(X,/m)superscript𝛼2𝑋𝑚\alpha^{2}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est surjectif. Pour voir que c’est un isomorphisme, il suffit de montrer que H1(X,/m)superscript𝐻1𝑋𝑚H^{1}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) et ExtX2(/m,𝔾m)subscriptsuperscriptExt2𝑋𝑚subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{2}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m}) ont même cardinal.
    La suite exacte (\ddaggerB.) impose que

    |ExtX2(/m,𝔾m)|=|Pic(X)/mPic(X)||Brm(X)|.subscriptsuperscriptExt2𝑋𝑚subscript𝔾𝑚Pic𝑋𝑚Pic𝑋subscriptBr𝑚𝑋|\text{Ext}^{2}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})|=|\text{Pic}(X)/m\text{Pic}(X)||{{}_{m}}\text{Br}(X)|.

    D’autre part, la suite exacte de Kummer montre que:

    |H1(X,/m)|=|𝒪K×/𝒪K×,m||mPic(X)|=|mPic(X)||H^{1}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})|=|\mathcal{O}_{K}^{\times}/\mathcal{O}_{K}^{\times,m}||_{m}\text{Pic}(X)|=|_{m}\text{Pic}(X)|

    car 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} est divisible. Donc, en utilisant le lemme 1.8:

    |H1(X,/m)||ExtX2(/m,𝔾m)|=|mPic(X)||Pic(X)/mPic(X)||Brm(X)|1=mnXmnX=1.\frac{|H^{1}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})|}{|\text{Ext}^{2}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})|}=\frac{|_{m}\text{Pic}(X)|}{|\text{Pic}(X)/m\text{Pic}(X)|}\cdot|{{}_{m}}\text{Br}(X)|^{-1}=\frac{m^{n_{X}}}{m^{n_{X}}}=1.

    Par conséquent, α2(X,/m)superscript𝛼2𝑋𝑚\alpha^{2}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que α2(X,F)superscript𝛼2𝑋𝐹\alpha^{2}(X,F) est un isomorphisme pour tout faisceau constructible F𝐹F sur X𝑋X.

  • D.

    Pour r0=1subscript𝑟01r_{0}=1:
    Soit K𝐾K une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0}. Soit m>0𝑚0m>0 un entier. D’après la proposition 1.25(i), α1(X,/m)superscript𝛼1𝑋𝑚\alpha^{1}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est surjective. Pour voir que c’est un isomorphisme, il suffit de montrer que H2(X,/m)superscript𝐻2𝑋𝑚H^{2}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) et ExtX1(/m,𝔾m)subscriptsuperscriptExt1𝑋𝑚subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{1}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m}) ont même cardinal.
    La suite exacte (\ddaggerB.) impose que

    |ExtX1(/m,𝔾m)|=|𝒪K×/𝒪K×,m||Picm(X)|=|Picm(X)|.subscriptsuperscriptExt1𝑋𝑚subscript𝔾𝑚superscriptsubscript𝒪𝐾superscriptsubscript𝒪𝐾𝑚subscriptPic𝑚𝑋subscriptPic𝑚𝑋|\text{Ext}^{1}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})|=|\mathcal{O}_{K}^{\times}/\mathcal{O}_{K}^{\times,m}||{{}_{m}}\text{Pic}(X)|=|{{}_{m}}\text{Pic}(X)|.

    D’autre part, la suite exacte de Kummer montre que:

    |H2(X,/m)|=|Pic(X)/mPic(X)||mBr(X)|.|H^{2}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})|=|\text{Pic}(X)/m\text{Pic}(X)||_{m}\text{Br}(X)|.

    Donc, en utilisant le lemme 1.8:

    |H2(X,/m)||ExtX1(/m,𝔾m)|=|Pic(X)/mPic(X)||mPic(X)||Brm(X)|=mnXmnX=1.\frac{|H^{2}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})|}{|\text{Ext}^{1}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})|}=\frac{|\text{Pic}(X)/m\text{Pic}(X)|}{|_{m}\text{Pic}(X)|}\cdot|{{}_{m}}\text{Br}(X)|=\frac{m^{n_{X}}}{m^{n_{X}}}=1.

    Par conséquent, α1(X,/m)superscript𝛼1𝑋𝑚\alpha^{1}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que α1(X,F)superscript𝛼1𝑋𝐹\alpha^{1}(X,F) est un isomorphisme pour tout faisceau constructible F𝐹F sur X𝑋X.

  • E.

    Pour r0=0subscript𝑟00r_{0}=0:
    Soit K𝐾K une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0}. Soit m>0𝑚0m>0 un entier. D’après la proposition 1.25(i), α0(X,/m)superscript𝛼0𝑋𝑚\alpha^{0}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est surjective. Comme BrXBr𝑋\text{Br}\;X est divisible et H3(X,𝔾m)/superscript𝐻3𝑋subscript𝔾𝑚H^{3}(X,\mathbb{G}_{m})\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z} d’après le lemme 1.8, la suite de Kummer montre que:

    |H3(X,/m)|=m=|HomX(/m,𝔾m)|.superscript𝐻3𝑋𝑚𝑚subscriptHom𝑋𝑚subscript𝔾𝑚|H^{3}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z})|=m=|\text{Hom}_{X}(\mathbb{Z}/m\mathbb{Z},\mathbb{G}_{m})|.

    Par conséquent, α0(X,/m)superscript𝛼0𝑋𝑚\alpha^{0}(X,\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}) est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que α0(X,F)superscript𝛼0𝑋𝐹\alpha^{0}(X,F) est un isomorphisme pour tout faisceau constructible F𝐹F sur X𝑋X.

  • F.

    Pour r0<0subscript𝑟00r_{0}<0:
    Le corollaire 1.19 entraîne immédiatement que αr0(X,F)superscript𝛼subscript𝑟0𝑋𝐹\alpha^{r_{0}}(X,F) est isomorphisme puisque Hc3r0(X,F)subscriptsuperscript𝐻3subscript𝑟0𝑐𝑋𝐹H^{3-r_{0}}_{c}(X,F) est nul.

Les propositions 1.14 et 1.17 permettent alors d’obtenir le théorème 1.10. On en déduit le corollaire:

Corollaire 1.27.

Soit F𝐹F un faisceau constructible localement constant sur U𝑈U. Notons F=Hom¯U(F,𝔾m)superscript𝐹subscript¯𝐻𝑜𝑚𝑈𝐹subscript𝔾𝑚F^{\prime}=\underline{Hom}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}). Il existe alors un accouplement parfait de groupes finis:

Hr(U,F)×Hc3r(U,F)Hc3(U,𝔾m)=/.superscript𝐻𝑟𝑈superscript𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐𝑈𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑈subscript𝔾𝑚H^{r}(U,F^{\prime})\times H^{3-r}_{c}(U,F)\rightarrow H^{3}_{c}(U,\mathbb{G}_{m})=\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
Démonstration.

Il suffit d’identifier Hr(U,F)superscript𝐻𝑟𝑈superscript𝐹H^{r}(U,F^{\prime}) et ExtUr(F,𝔾m)subscriptsuperscriptExt𝑟𝑈𝐹subscript𝔾𝑚\text{Ext}^{r}_{U}(F,\mathbb{G}_{m}). Cela a été fait dans le lemme 1.21. ∎

Remarque 1.28.

Dans le cas où k𝑘k est séparablement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, le corollaire précédent reste vrai à condition de supposer que F𝐹F est de n𝑛n-torsion avec n𝑛n non divisible par p𝑝p. On attire en particulier l’attention sur le fait que, si k𝑘k est séparablement clos mais non algébriquement clos, le corps k(t)𝑘𝑡k(t) est encore de dimension cohomologique 1 puisque la cohomologie étale est invariante par extension purement inséparable.

2.   Théorèmes de dualité arithmétique

On ne suppose plus k𝑘k séparablement clos et on note \mathbb{P} l’ensemble des nombres premiers. Dans toute la suite de l’article, on supposera qu’il existe des entiers d1𝑑1d\geq-1 et p{0}𝑝0p\in\{0\}\cup\mathbb{P} tels que:

  • \bullet

    Car(k){0,p}Car𝑘0𝑝\text{Car}(k)\in\{0,p\};

  • \bullet

    le corps k𝑘k est de dimension cohomologique d+1𝑑1d+1;

  • \bullet

    pour chaque entier naturel non nul n𝑛n, on a un isomorphisme Hd+1(k,μnd)/nsuperscript𝐻𝑑1𝑘superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑𝑛H^{d+1}(k,\mu_{n}^{\otimes d})\cong\mathbb{Z}/n\mathbb{Z} de sorte que, pour m|nconditional𝑚𝑛m|n, le morphisme naturel Hd+1(k,μmd)Hd+1(k,μnd)superscript𝐻𝑑1𝑘superscriptsubscript𝜇𝑚tensor-productabsent𝑑superscript𝐻𝑑1𝑘superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑H^{d+1}(k,\mu_{m}^{\otimes d})\rightarrow H^{d+1}(k,\mu_{n}^{\otimes d}) s’identifie au morphisme qui envoie la classe de 1 dans /m𝑚\mathbb{Z}/m\mathbb{Z} sur la classe de n/m𝑛𝑚n/m dans /n𝑛\mathbb{Z}/n\mathbb{Z};

  • \bullet

    pour tout Gal(ks/k)Galsuperscript𝑘𝑠𝑘\text{Gal}(k^{s}/k)-module fini M𝑀M d’ordre n𝑛n non divisible par p𝑝p, le cup-produit induit un accouplement parfait de groupes finis:

    Hr(k,M)×Hd+1r(k,Hom(M,μnd))Hd+1(k,μnd)/n.superscript𝐻𝑟𝑘𝑀superscript𝐻𝑑1𝑟𝑘Hom𝑀superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑superscript𝐻𝑑1𝑘superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑𝑛H^{r}(k,M)\times H^{d+1-r}(k,\text{Hom}(M,\mu_{n}^{\otimes d}))\rightarrow H^{d+1}(k,\mu_{n}^{\otimes d})\cong\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}.

On dira que k𝑘k est un corps (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bon pour la dualité.

Exemple 2.1.

Un corps séparablement clos de caractéristique p𝑝p est (p,1)𝑝1(p,-1)-bon pour la dualité. Un corps fini de caratéristique p𝑝p est (p,0)𝑝.0(p,0)-bon pour la dualité d’après l’exemple I.1.10 de [Mil06]. Un corps \ell-adique est (0,1)0.1(0,1)-bon pour la dualité d’après le corollaire I.2.3 de [Mil06]. En procédant comme dans la preuve du théorème I.2.17 de [Mil06], on peut montrer qu’un corps de valuation discrète complet de corps résiduel (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bon pour la dualité est (p,d+1)𝑝𝑑1(p,d+1)-bon pour la dualité. Par exemple, les corps d𝑑d-locaux au sens de [Izq14b] sont (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bons pour la dualité si l’on choisit pour p𝑝p la caractéristique du corps 1-local correspondant.

On rappelle que R0subscript𝑅0R_{0} désigne une k𝑘k-algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie R0kkssubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0superscript𝑘𝑠R_{0}\otimes_{k}k^{s} est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel k𝑘k. On note toujours K0subscript𝐾0K_{0} son corps des fractions, 𝔪0subscript𝔪0\mathfrak{m}_{0} son idéal maximal, 𝒳0subscript𝒳0\mathcal{X}_{0} le schéma SpecR0Specsubscript𝑅0\text{Spec}\;R_{0} et X0subscript𝑋0X_{0} le schéma 𝒳0{𝔪0}subscript𝒳0subscript𝔪0\mathcal{X}_{0}\setminus\{\mathfrak{m}_{0}\}. Le but de cette section est d’établir des théorèmes de dualité de type Poitou-Tate pour les modules finis et les tores sur K0subscript𝐾0K_{0}.

Remarque 2.2.

En comparant tous les résultats qui vont suivre à ceux des articles [HSz13], [HSSz15], [CTH15], [Izq14b] et [Izq14c], on remarquera que le corps K0subscript𝐾0K_{0} se comporte de manière très similaire au corps des fonctions d’une courbe sur un corps (p,d+1)𝑝𝑑1(p,d+1)-bon pour la dualité. Par exemple, en ignorant les phénomènes liés à la caractéristique positive, ((x,y))𝑥𝑦\mathbb{C}((x,y)) se comporte comme ((x))(y)𝑥𝑦\mathbb{C}((x))(y) et 𝔽p(t)subscript𝔽𝑝𝑡\mathbb{F}_{p}(t), et 𝔽p((x,y))subscript𝔽𝑝𝑥𝑦\mathbb{F}_{p}((x,y)) et ((t))((x,y))𝑡𝑥𝑦\mathbb{C}((t))((x,y)) se comportent comme p(x)subscript𝑝𝑥\mathbb{Q}_{p}(x) et ((t))((x))(y)𝑡𝑥𝑦\mathbb{C}((t))((x))(y).

2.1 Dualité d’Artin-Verdier et descente galoisienne

Lemme 2.3.

La kssuperscript𝑘𝑠k^{s}-algèbre R0¯=R0kks¯subscript𝑅0subscripttensor-product𝑘subscript𝑅0superscript𝑘𝑠\overline{R_{0}}=R_{0}\otimes_{k}k^{s} est locale, intègre, normale, hensélienne, excellente, de dimension 2, de corps résiduel kssuperscript𝑘𝑠k^{s}.

Démonstration.

Comme R0subscript𝑅0R_{0} est géométriquement intègre, R0¯¯subscript𝑅0\overline{R_{0}} est intègre. Ainsi, pour chaque extension finie l𝑙l de k𝑘k, la l𝑙l-algèbre R0klsubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0𝑙R_{0}\otimes_{k}l est intègre. De plus, c’est une extension finie étale de R0subscript𝑅0R_{0}. Par conséquent, comme R0subscript𝑅0R_{0} est local normal hensélien excellent, il en est de même de R0klsubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0𝑙R_{0}\otimes_{k}l. On vérifie immédiatement que l’idéal maximal de R0klsubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0𝑙R_{0}\otimes_{k}l est 𝔪l=𝔪0klsubscript𝔪𝑙subscripttensor-product𝑘subscript𝔪0𝑙\mathfrak{m}_{l}=\mathfrak{m}_{0}\otimes_{k}l et que le corps résiduel de R0klsubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0𝑙R_{0}\otimes_{k}l est l𝑙l. On déduit alors de la proposition 1 de l’appendice de [Bou06] et du corollaire 4.4 de [Mar79] que R0¯¯subscript𝑅0\overline{R_{0}} est un anneau local normal hensélien excellent d’idéal maximal 𝔪¯=𝔪0kks¯𝔪subscripttensor-product𝑘subscript𝔪0superscript𝑘𝑠\overline{\mathfrak{m}}=\mathfrak{m}_{0}\otimes_{k}k^{s} et de corps résiduel kssuperscript𝑘𝑠k^{s}. Finalement, l’injection R0R¯0subscript𝑅0subscript¯𝑅0R_{0}\hookrightarrow\overline{R}_{0} étant plate, le théorème 4.3.12 de [Liu02] montre que dimR0¯=dimR0=2dimension¯subscript𝑅0dimensionsubscript𝑅02\dim\;\overline{R_{0}}=\dim\;R_{0}=2. ∎

Théorème 2.4.

Soient U𝑈U un ouvert de X0subscript𝑋0X_{0} et F𝐹F un schéma en groupes fini étale abélien sur U𝑈U de n𝑛n-torsion, avec n𝑛n non divisible par p𝑝p. Notons F=Hom(F,μn(d+2))superscript𝐹Hom𝐹superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑2F^{\prime}=\text{Hom}(F,\mu_{n}^{\otimes(d+2)}). Le groupe Hcd+4(U,μn(d+2))subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑐𝑈superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑2H^{d+4}_{c}(U,\mu_{n}^{\otimes(d+2)}) est isomorphe à /n𝑛\mathbb{Z}/n\mathbb{Z} et l’accouplement naturel:

Hr(U,F)×Hcd+4r(U,F)Hcd+4(U,μn(d+2))/nsuperscript𝐻𝑟𝑈𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐𝑈superscript𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑐𝑈superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑2𝑛H^{r}(U,F)\times H^{d+4-r}_{c}(U,F^{\prime})\rightarrow H^{d+4}_{c}(U,\mu_{n}^{\otimes(d+2)})\cong\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}

est un accouplement parfait de groupes finis.

Démonstration.

Notons G𝐺G le groupe de Galois absolu de k𝑘k. Comme k𝑘k est un corps (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bon pour la dualité, on montre exactement comme dans le théorème 1.1 de [Izq14b] que l’on a un isomorphisme dans la catégorie dérivée:

HomG,/n(M,/n(d))[d+1]Hom/n(ΓGM,/n)subscriptHom𝐺𝑛superscript𝑀𝑛𝑑delimited-[]𝑑1subscriptHom𝑛subscriptΓ𝐺superscript𝑀𝑛\mathbb{R}\text{Hom}_{G,\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}}(M^{\bullet},\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(d))[d+1]\cong\mathbb{R}\text{Hom}_{\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}}(\mathbb{R}\Gamma_{G}M^{\bullet},\mathbb{Z}/n\mathbb{Z})

pour chaque complexe Msuperscript𝑀M^{\bullet} de G𝐺G-modules discrets de n𝑛n-torsion borné inférieurement. Par ailleurs, d’après le théorème 1.27 et le lemme précédent, si l’on note U¯=U×kks¯𝑈subscript𝑘𝑈superscript𝑘𝑠\overline{U}=U\times_{k}k^{s} et F¯¯𝐹\overline{F} la restriction de F𝐹F à U¯¯𝑈\overline{U}, on a des accouplements parfaits G𝐺G-équivariants de groupes finis:

Hr(U¯,F¯)×Hc3r(U¯,Hom(F¯,μn))/n(1).superscript𝐻𝑟¯𝑈¯𝐹subscriptsuperscript𝐻3𝑟𝑐¯𝑈Hom¯𝐹subscript𝜇𝑛𝑛1H^{r}(\overline{U},\overline{F})\times H^{3-r}_{c}(\overline{U},\text{Hom}(\overline{F},\mu_{n}))\rightarrow\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(-1).

Comme dans le théorème 1.1 de [Izq14b], cela fournit un isomorphisme dans la catégorie dérivée des groupes abéliens:

HomU¯,/n(F¯,μn)Hom/n(Γc(U¯,F¯),/n(1))[3].subscriptHom¯𝑈𝑛¯𝐹subscript𝜇𝑛subscriptHom𝑛subscriptΓ𝑐¯𝑈¯𝐹𝑛1delimited-[]3\mathbb{R}\text{Hom}_{\overline{U},\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}}(\overline{F},\mu_{n})\cong\mathbb{R}\text{Hom}_{\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}}(\mathbb{R}\Gamma_{c}(\overline{U},\overline{F}),\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(-1))[-3].

On conclut alors exactement de la même manière que la proposition 2.1 de [Izq14b]. ∎

2.2 Dualité de Poitou-Tate pour les modules finis

Soit F𝐹F un Gal(K0s/K0)Galsuperscriptsubscript𝐾0𝑠subscript𝐾0\text{Gal}(K_{0}^{s}/K_{0})-module fini d’ordre n𝑛n non divisible par p𝑝p. Notons F=Hom(F,μn(d+2))superscript𝐹Hom𝐹superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent𝑑2F^{\prime}=\text{Hom}(F,\mu_{n}^{\otimes(d+2)}), et posons, pour r{1,2,,d+3}𝑟1.2𝑑3r\in\{1,2,...,d+3\}:

(K0,F)r=Ker(Hr(K,F)vX0(1)Hr(K0,v,F)).{}^{r}(K_{0},F)=\text{Ker}\left(H^{r}(K,F)\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{r}(K_{0,v},F)\right).
Théorème 2.5.

Pour r{1,2,,d+3}𝑟1.2𝑑3r\in\{1,2,...,d+3\}, il existe un accouplement parfait de groupes finis:

(K0,F)r×(K0,F)d+4r/.{}^{r}(K_{0},F)\times{}^{d+4-r}(K_{0},F^{\prime})\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
Remarque 2.6.

Plaçons-nous dans le cas k=𝑘k=\mathbb{C}, p=0𝑝0p=0, d=1𝑑1d=-1. Bien sûr, on aurait pu définir les groupes de Tate-Shafarevich en tenant compte de toutes les valuations discrètes de rang 1 de K0subscript𝐾0K_{0}:

(K0,F)totr:=Ker(Hr(K0,F)vΩK0Hr(K0,v,F)),{}^{r}_{tot}(K_{0},F):=\text{Ker}\left(H^{r}(K_{0},F)\rightarrow\prod_{v\in\Omega_{K_{0}}}H^{r}(K_{0,v},F)\right),

ΩK0subscriptΩsubscript𝐾0\Omega_{K_{0}} désigne toutes les valuations discrètes de rang 1 de K0subscript𝐾0K_{0}. Cependant, on ne peut pas espérer une dualité parfaite de la forme:

(K0,F)tot1×(K0,F)tot2/{}^{1}_{tot}(K_{0},F)\times{}^{2}_{tot}(K_{0},F^{\prime})\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

puisque (K0,μn)tot2{}^{2}_{tot}(K_{0},\mu_{n}) est toujours nul (théorème 1.2 de [Hu14]) alors que (K0,/n)tot1{}^{1}_{tot}(K_{0},\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}) peut être non nul (théorème 5 de [Jaw01]). Par ailleurs, ce dernier point montre que dans le théorème 2.5, les groupes de Tate-Shafarevich qui apparaissent ne sont pas toujours nuls.

Nous allons maintenant brièvement expliquer comment on obtient le théorème 2.5, la preuve étant analogue à celle du théorème 2.4 de [Izq14b]. Soit U𝑈U un ouvert non vide de X0subscript𝑋0X_{0}. Considérons un schéma en groupes fini étale sur U𝑈U prolongeant F𝐹F: on le notera toujours F𝐹F. Posons:

Dshr(U,F)=Ker(Hr(U,F)vX0(1)Hr(Kv,F)),subscriptsuperscript𝐷𝑟𝑠𝑈𝐹Kersuperscript𝐻𝑟𝑈𝐹subscriptproduct𝑣subscriptsuperscript𝑋10superscript𝐻𝑟subscript𝐾𝑣𝐹\displaystyle D^{r}_{sh}(U,F)=\text{Ker}\left(H^{r}(U,F)\rightarrow\prod_{v\in X^{(1)}_{0}}H^{r}(K_{v},F)\right),
𝒟d+4r(U,F):=Im(Hcd+4r(U,F)Hd+4r(K0,F)).assignsuperscript𝒟𝑑4𝑟𝑈superscript𝐹Imsubscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐𝑈superscript𝐹superscript𝐻𝑑4𝑟subscript𝐾0superscript𝐹\displaystyle\mathcal{D}^{d+4-r}(U,F^{\prime}):=\text{Im}\left(H^{d+4-r}_{c}(U,F^{\prime})\rightarrow H^{d+4-r}(K_{0},F^{\prime})\right).
Proposition 2.7.
  • (i)

    Il existe un ouvert non vide U0subscript𝑈0U_{0} de U𝑈U tel que 𝒟d+4r(V,F)=(K0,F)d+4r\mathcal{D}^{d+4-r}(V,F^{\prime})={}^{d+4-r}(K_{0},F^{\prime}) pour chaque ouvert non vide VU0𝑉subscript𝑈0V\subseteq U_{0}.

  • (ii)

    La suite vX0(1)Hd+3r(K0,v,F)Hcd+4r(U,F)𝒟d+4r(U,F)0subscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript𝑋01superscript𝐻𝑑3𝑟subscript𝐾0𝑣superscript𝐹subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐𝑈superscript𝐹superscript𝒟𝑑4𝑟𝑈superscript𝐹0\bigoplus_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{d+3-r}(K_{0,v},F^{\prime})\rightarrow H^{d+4-r}_{c}(U,F^{\prime})\rightarrow\mathcal{D}^{d+4-r}(U,F^{\prime})\rightarrow 0 est exacte.

Démonstration.
  • (i)

    Si VV𝑉superscript𝑉V\subseteq V^{\prime} sont des ouverts non vides de U𝑈U, on a 𝒟d+4r(V,F)𝒟d+4r(V,F)superscript𝒟𝑑4𝑟𝑉superscript𝐹superscript𝒟𝑑4𝑟superscript𝑉superscript𝐹\mathcal{D}^{d+4-r}(V,F^{\prime})\subseteq\mathcal{D}^{d+4-r}(V^{\prime},F^{\prime}). Comme 𝒟d+4r(U,F)superscript𝒟𝑑4𝑟𝑈superscript𝐹\mathcal{D}^{d+4-r}(U,F^{\prime}) est fini, il existe un ouvert non vide U0subscript𝑈0U_{0} de U𝑈U tel que 𝒟d+4r(V,F)=𝒟d+4r(U0,F)superscript𝒟𝑑4𝑟𝑉superscript𝐹superscript𝒟𝑑4𝑟subscript𝑈0superscript𝐹\mathcal{D}^{d+4-r}(V,F^{\prime})=\mathcal{D}^{d+4-r}(U_{0},F^{\prime}) pour chaque ouvert non vide VU0𝑉subscript𝑈0V\subseteq U_{0}. Par ailleurs, pour VV𝑉superscript𝑉V\subseteq V^{\prime} des ouverts non vides de U𝑈U, on a un diagramme commutatif à lignes exactes:

    vVHd+3r(K0,v,F)subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑉superscript𝐻𝑑3𝑟subscript𝐾0𝑣superscript𝐹\textstyle{\bigoplus_{v\not\in V^{\prime}}H^{d+3-r}(K_{0,v},F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hcd+4r(V,F)subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐superscript𝑉superscript𝐹\textstyle{H^{d+4-r}_{c}(V^{\prime},F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hd+4r(V,F)superscript𝐻𝑑4𝑟superscript𝑉superscript𝐹\textstyle{H^{d+4-r}(V^{\prime},F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vVHd+4r(K0,v,F)subscriptdirect-sum𝑣superscript𝑉superscript𝐻𝑑4𝑟subscript𝐾0𝑣superscript𝐹\textstyle{\bigoplus_{v\not\in V^{\prime}}H^{d+4-r}(K_{0,v},F^{\prime})}vVHd+3r(K0,v,F)subscriptdirect-sum𝑣𝑉superscript𝐻𝑑3𝑟subscript𝐾0𝑣superscript𝐹\textstyle{\bigoplus_{v\not\in V}H^{d+3-r}(K_{0,v},F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hcd+4r(V,F)subscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐𝑉superscript𝐹\textstyle{H^{d+4-r}_{c}(V,F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hd+4r(V,F)superscript𝐻𝑑4𝑟𝑉superscript𝐹\textstyle{H^{d+4-r}(V,F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vVHd+4r(K0,v,F).subscriptdirect-sum𝑣𝑉superscript𝐻𝑑4𝑟subscript𝐾0𝑣superscript𝐹\textstyle{\bigoplus_{v\not\in V}H^{d+4-r}(K_{0,v},F^{\prime}).\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

    En prenant V=U0superscript𝑉subscript𝑈0V^{\prime}=U_{0}, une simple chasse au diagramme permet de montrer que U0subscript𝑈0U_{0} convient.

  • (ii)

    Ce n’est qu’une chasse au diagramme dans le diagramme de (i).

On a alors un diagramme commutatif à lignes exactes:

00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Dshr(U,F)subscriptsuperscript𝐷𝑟𝑠𝑈𝐹\textstyle{D^{r}_{sh}(U,F)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hr(U,F)superscript𝐻𝑟𝑈𝐹\textstyle{H^{r}(U,F)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}vX0(1)Hr(K0,v,F)subscriptproduct𝑣subscriptsuperscript𝑋10superscript𝐻𝑟subscript𝐾0𝑣𝐹\textstyle{\prod_{v\in X^{(1)}_{0}}H^{r}(K_{0,v},F)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒟d+4r(U,F)Dsuperscript𝒟𝑑4𝑟superscript𝑈superscript𝐹𝐷\textstyle{\mathcal{D}^{d+4-r}(U,F^{\prime})^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hcd+4r(U,F)Dsubscriptsuperscript𝐻𝑑4𝑟𝑐superscript𝑈superscript𝐹𝐷\textstyle{H^{d+4-r}_{c}(U,F^{\prime})^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vX0(1)Hd+3r(K0,v,F)D.subscriptproduct𝑣subscriptsuperscript𝑋10superscript𝐻𝑑3𝑟superscriptsubscript𝐾0𝑣superscript𝐹𝐷\textstyle{\prod_{v\in X^{(1)}_{0}}H^{d+3-r}(K_{0,v},F^{\prime})^{D}.}

Le morphisme vertical central est un isomorphisme d’après le théorème 1.27. Pour voir que le morphisme vertical de droite est un isomorphisme, il suffit d’appliquer le même méthode que Milne dans le théorème I.2.17 de [Mil06] et d’utiliser que k𝑘k est un corps (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bon pour la dualité. On obtient alors un isomorphisme Dshr(U,F)𝒟d+4r(U,F)Dsubscriptsuperscript𝐷𝑟𝑠𝑈𝐹superscript𝒟𝑑4𝑟superscript𝑈superscript𝐹𝐷D^{r}_{sh}(U,F)\cong\mathcal{D}^{d+4-r}(U,F^{\prime})^{D}. Il suffit de passer à la limite sur U𝑈U pour obtenir le théorème 2.5.

2.3 Dualité de Poitou-Tate pour les tores

Théorème 2.8.

Soit T𝑇T un K0subscript𝐾0K_{0}-tore de module de caractères T^^𝑇\hat{T} et de tore dual Tsuperscript𝑇T^{\prime}.

  • (i)

    Supposons d=1𝑑1d=-1 (par exemple k𝑘k séparablement clos). On a des accouplements parfaits de groupes finis:

    (K0,T^)nonp1×(K0,T)2¯nonp/\displaystyle{}^{1}(K_{0},\hat{T})_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{2}(K_{0},T)}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}
    (K0,T)nonp1×(K0,T^)2¯nonp/.\displaystyle{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{2}(K_{0},\hat{T})}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
  • (ii)

    Supposons que d=0𝑑0d=0 (par exemple k=((t))𝑘𝑡k=\mathbb{C}((t)) ou k𝑘k fini). On a un accouplement parfait de groupes finis:

    (K0,T)nonp1×(K0,T)2¯nonp/.{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{2}(K_{0},T^{\prime})}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
Démonstration.

Les preuves sont semblables à celle du théorème 2.5.

  • (i)

    La preuve est en tous points analogue à celle des théorèmes 7.1 et 7.2 de [CTH15]. Rappelons brièvement les grandes étapes de la preuve du premier accouplement, le second étant obtenu de manière très similaire. Pour simplifier, on suppose que p=0𝑝0p=0.
    Soit \ell un nombre premier. On considère 𝒯𝒯\mathcal{T} un tore étendant T𝑇T sur un ouvert non vide U𝑈U de X0subscript𝑋0X_{0}. Pour vX0(1)𝑣superscriptsubscript𝑋01v\in X_{0}^{(1)}, un argument identique à celui de la proposition 3.4 de [CTH15] montre que l’accouplement naturel:

    H1(K0,v,T^)×H1(K0,v,T)H2(K0,v,𝔾m)/superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣^𝑇superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣𝑇superscript𝐻2subscript𝐾0𝑣subscript𝔾𝑚H^{1}(K_{0,v},\hat{T})\times H^{1}(K_{0,v},T)\rightarrow H^{2}(K_{0,v},\mathbb{G}_{m})\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

    est un accouplement parfait de groupes finis. De plus, le théorème 2.4 permet de prouver que, pour V𝑉V ouvert non vide de U𝑈U, l’accouplement naturel

    H1(V,𝒯^)×Hc2(V,𝒯)Hc3(V,𝔾m)/superscript𝐻1𝑉^𝒯subscriptsuperscript𝐻2𝑐𝑉𝒯subscriptsuperscript𝐻3𝑐𝑉subscript𝔾𝑚H^{1}(V,\hat{\mathcal{T}})\times H^{2}_{c}(V,\mathcal{T})\rightarrow H^{3}_{c}(V,\mathbb{G}_{m})\cong\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

    induit un accouplement parfait de groupes finis:

    H1(V,𝒯^)(){}×Hc2(V,𝒯){}()/.superscript𝐻1superscript𝑉^𝒯subscriptsuperscript𝐻2𝑐𝑉𝒯superscriptH^{1}(V,\hat{\mathcal{T}})^{(\ell)}\{\ell\}\times H^{2}_{c}(V,\mathcal{T})\{\ell\}^{(\ell)}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

    Par conséquent, en introduisant pour chaque ouvert non vide V𝑉V de U𝑈U les groupes:

    Dsh1(V,𝒯^)=Ker(H1(V,𝒯^)vX0(1)H1(K0,v,T^)),subscriptsuperscript𝐷1𝑠𝑉^𝒯Kersuperscript𝐻1𝑉^𝒯subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣^𝑇\displaystyle D^{1}_{sh}(V,\hat{\mathcal{T}})=\text{Ker}\left(H^{1}(V,\hat{\mathcal{T}})\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{1}(K_{0,v},\hat{T})\right),
    𝒟2(V,𝒯)=Im(Hc2(V,𝒯)H2(K0,T)),superscript𝒟2𝑉𝒯Imsubscriptsuperscript𝐻2𝑐𝑉𝒯superscript𝐻2subscript𝐾0𝑇\displaystyle\mathcal{D}^{2}(V,\mathcal{T})=\text{Im}\left(H^{2}_{c}(V,\mathcal{T})\rightarrow H^{2}(K_{0},T)\right),

    et en utilisant la suite exacte de localisation (proposition 3.1.(1) de [HSz13]), on obtient un diagramme commutatif à lignes exactes:
    00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Dsh1(V,𝒯^){}subscriptsuperscript𝐷1𝑠𝑉^𝒯\textstyle{D^{1}_{sh}(V,\hat{\mathcal{T}})\{\ell\}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H1(V,𝒯^){}superscript𝐻1𝑉^𝒯\textstyle{H^{1}(V,\hat{\mathcal{T}})\{\ell\}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}vX0(1)H1(K0,v,𝒯^){}subscriptproduct𝑣subscriptsuperscript𝑋10superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣^𝒯\textstyle{\prod_{v\in X^{(1)}_{0}}H^{1}(K_{0,v},\hat{\mathcal{T}})\{\ell\}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\cong}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒟2(V,𝒯){}¯Dsuperscript¯superscript𝒟2𝑉𝒯𝐷\textstyle{\overline{\mathcal{D}^{2}(V,\mathcal{T})\{\ell\}}^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Hc2(V,𝒯){}¯Dsuperscript¯subscriptsuperscript𝐻2𝑐𝑉𝒯𝐷\textstyle{\overline{H^{2}_{c}(V,\mathcal{T})\{\ell\}}^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vX0(1)H1(K0,v,𝒯){}D.subscriptproduct𝑣subscriptsuperscript𝑋10superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣𝒯superscript𝐷\textstyle{\prod_{v\in X^{(1)}_{0}}H^{1}(K_{0,v},\mathcal{T})\{\ell\}^{D}.}
    Cela montre que Dsh1(V,𝒯^){}subscriptsuperscript𝐷1𝑠𝑉^𝒯D^{1}_{sh}(V,\hat{\mathcal{T}})\{\ell\} et 𝒟2(V,𝒯){}¯¯superscript𝒟2𝑉𝒯\overline{\mathcal{D}^{2}(V,\mathcal{T})\{\ell\}} sont duaux l’un de l’autre. Reste à identifier ces deux groupes à des groupes de Tate-Shafarevich:

    • \bullet

      on montre aisément (comme dans le lemme 7.3 de [CTH15]) que le morphisme H1(V,𝒯^)H1(K0,T^)superscript𝐻1𝑉^𝒯superscript𝐻1subscript𝐾0^𝑇H^{1}(V,\hat{\mathcal{T}})\rightarrow H^{1}(K_{0},\hat{T}) est injectif et donc que Dsh1(V,𝒯^)=(K0,T^)1D^{1}_{sh}(V,\hat{\mathcal{T}})={}^{1}(K_{0},\hat{T});

    • \bullet

      le groupe 𝒟2(U,𝒯)superscript𝒟2𝑈𝒯\mathcal{D}^{2}(U,\mathcal{T}) est abélien de torsion de type cofini, et pour VVU𝑉superscript𝑉𝑈V\subseteq V^{\prime}\subseteq U des ouverts non vides, on a 𝒟2(V,𝒯)𝒟2(V,𝒯)superscript𝒟2𝑉𝒯superscript𝒟2superscript𝑉𝒯\mathcal{D}^{2}(V,\mathcal{T})\subseteq\mathcal{D}^{2}(V^{\prime},\mathcal{T}). Grâce au lemme 3.7 de [HSz13], on peut alors trouver un ouvert non vide U0subscript𝑈0U_{0} de U𝑈U (dépendant de \ell) tel que, pour tout ouvert non vide V𝑉V de U0subscript𝑈0U_{0}, on ait 𝒟2(V,𝒯){}=𝒟2(U0,𝒯){}superscript𝒟2𝑉𝒯superscript𝒟2subscript𝑈0𝒯\mathcal{D}^{2}(V,\mathcal{T})\{\ell\}=\mathcal{D}^{2}(U_{0},\mathcal{T})\{\ell\}. Une chasse au diagramme montre alors que 𝒟2(U0,𝒯){}=(K0,T)2{}\mathcal{D}^{2}(U_{0},\mathcal{T})\{\ell\}={}^{2}(K_{0},T)\{\ell\}.

    Cela achève la preuve.

  • (ii)

    La preuve est très similaire à celle du théorème 4.4 de [HSz13] et à celle du théorème 3.10 de [Izq14b]. Il n’y a qu’une seule différence: comme X0subscript𝑋0X_{0} n’est pas une variété lisse sur un corps, on ne sait pas s’il existe un accouplement (1)𝐋(1)(2)superscripttensor-product𝐋112\mathbb{Z}(1)\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{Z}(1)\rightarrow\mathbb{Z}(2) dans la catégorie dérivée des faisceaux étales sur X0subscript𝑋0X_{0} qui soit compatible avec le morphisme naturel μn𝐋μn[1]μn2[1]superscripttensor-product𝐋subscript𝜇𝑛subscript𝜇𝑛delimited-[]1superscriptsubscript𝜇𝑛tensor-productabsent2delimited-[]1\mu_{n}\otimes^{\mathbf{L}}\mu_{n}[1]\rightarrow\mu_{n}^{\otimes 2}[1]. Mais on peut voir dans la preuve du théorème 3.10 de [Izq14b] que l’on a en fait uniquement besoin d’un accouplement (1)𝐋/(1)/(2)superscripttensor-product𝐋112\mathbb{Z}(1)\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1)\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(2). Et un tel accouplement existe bien puisque, pour chaque n1𝑛1n\geq 1, d’après la proposition 1 de [Kah92], on a un morphisme dans la catégorie dérivée:

    (1)𝐋/n(1)(𝔾m𝐋𝔾m)[2]𝐋/n/n(2).superscripttensor-product𝐋1𝑛1superscripttensor-product𝐋superscripttensor-product𝐋subscript𝔾𝑚subscript𝔾𝑚delimited-[]2𝑛𝑛2\mathbb{Z}(1)\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(1)\cong(\mathbb{G}_{m}\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{G}_{m})[-2]\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\cong\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}(2).

    Une fois que l’on dispose de cet accouplement, on montre (ii) avec le même type d’arguments que (i).

Remarque 2.9.
  • \bullet

    Dans (ii), si k𝑘k est un corps fini, le groupe (K0,𝔾m)nonp2{}^{2}(K_{0},\mathbb{G}_{m})_{\text{non}-p} est nul et donc le groupe (K0,T)2{}^{2}(K_{0},T^{\prime}) est fini et on a un accouplement parfait de groupes finis:

    (K0,T)nonp1×(K0,T)nonp2/.{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}\times{}^{2}(K_{0},T^{\prime})_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

    Pour prouver la nullité de (K0,𝔾m)nonp2{}^{2}(K_{0},\mathbb{G}_{m})_{\text{non}-p}, il suffit de procéder comme dans la preuve de la proposition 3.4(2) de [HSz13], en remplaçant la dualité de Lichtenbaum par le théorème 0.11 de [Sai86].

  • \bullet

    Il est aussi possible d’obtenir un théorème pour d𝑑d quelconque. Pour ce faire, il faut poser T~=T^𝐋(d+1)~𝑇superscripttensor-product𝐋^𝑇𝑑1\tilde{T}=\hat{T}\otimes^{\mathbf{L}}\mathbb{Z}(d+1), comme dans la section 3 de [Izq14b]. On peut alors obtenir des accouplements parfaits de groupes finis:

    (K0,T~)nonpd+2×(K0,T)2¯nonp/\displaystyle{}^{d+2}(K_{0},\tilde{T})_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{2}(K_{0},T)}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}
    (K0,T)nonp1×(K0,T~)d+3¯nonp/.\displaystyle{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{d+3}(K_{0},\tilde{T})}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.

    La preuve est identique à celle du théorème 3.10 [Izq14b].

Pour les applications arithmétiques (en particulier le théorème 3.2), il sera utile d’avoir aussi un théorème de dualité pour certains complexes de tores à deux termes:

Théorème 2.10.

Supposons d=1𝑑1d=-1 (par exemple k𝑘k séparablement clos). Soit G𝐺G un groupe de type multiplicatif sur K𝐾K. Soit ρ:T1T2:𝜌subscript𝑇1subscript𝑇2\rho:T_{1}\rightarrow T_{2} un morphisme de tores algébriques sur K𝐾K à noyau fini. Soient G𝐺G le complexe [T1T2]delimited-[]subscript𝑇1subscript𝑇2[T_{1}\rightarrow T_{2}]T1subscript𝑇1T_{1} est en degré -1 et T2subscript𝑇2T_{2} en degré 0, et G~~𝐺\tilde{G} le complexe [T^2T^1]delimited-[]subscript^𝑇2subscript^𝑇1[\hat{T}_{2}\rightarrow\hat{T}_{1}]T^2subscript^𝑇2\hat{T}_{2} est placé en degré -1 et T^1subscript^𝑇1\hat{T}_{1} en degré 0. On a alors un accouplement parfait de groupes finis:

(K0,G)nonp1×(K0,G~)1¯nonp/.{}^{1}(K_{0},G)_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{1}(K_{0},\tilde{G})}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
Démonstration.

La preuve est tout à fait analogue à celle du corollaire 4.17 de [Izq14a], et les idées sont similaires à celles du théorème 2.8. On se contente donc d’esquisser la preuve, en supposant (pour simplifier) que p=0𝑝0p=0.
Soit U𝑈U un ouvert non vide de X0subscript𝑋0X_{0} sur lequel T1subscript𝑇1T_{1} (resp. T2subscript𝑇2T_{2}) s’étend en un tore 𝒯1subscript𝒯1\mathcal{T}_{1} (resp. 𝒯2subscript𝒯2\mathcal{T}_{2}) et ρ𝜌\rho s’étend en un morphisme 𝒯1𝒯2subscript𝒯1subscript𝒯2\mathcal{T}_{1}\rightarrow\mathcal{T}_{2}, aussi noté ρ𝜌\rho. Soient 𝒢𝒢\mathcal{G} le complexe [𝒯1𝒯2]delimited-[]subscript𝒯1subscript𝒯2[\mathcal{T}_{1}\rightarrow\mathcal{T}_{2}] et 𝒢~~𝒢\tilde{\mathcal{G}} le complexe [𝒯^2𝒯^1]delimited-[]subscript^𝒯2subscript^𝒯1[\hat{\mathcal{T}}_{2}\rightarrow\hat{\mathcal{T}}_{1}]. Fixons \ell un nombre premier. En utilisant le théorème 2.4, on peut alors montrer qu’il y a un accouplement parfait de groupes finis:

H1(U,𝒢){}()×Hc1(U,𝒢~)(){}/.superscript𝐻1𝑈𝒢superscriptsubscriptsuperscript𝐻1𝑐superscript𝑈~𝒢H^{1}(U,\mathcal{G})\{\ell\}^{(\ell)}\times H^{1}_{c}(U,\tilde{\mathcal{G}})^{(\ell)}\{\ell\}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}. (\sharp)

Introduisons maintenant les groupes:

𝒟1(U,𝒢~)=Im(Hc1(U,𝒢~)H1(K0,G~)),superscript𝒟1𝑈~𝒢Imsubscriptsuperscript𝐻1𝑐𝑈~𝒢superscript𝐻1subscript𝐾0~𝐺\displaystyle\mathcal{D}^{1}(U,\tilde{\mathcal{G}})=\text{Im}\left(H^{1}_{c}(U,\tilde{\mathcal{G}})\rightarrow H^{1}(K_{0},\tilde{G})\right),
Dsh1(U,𝒢)=Ker(H1(U,𝒢)vX0(1)H1(K0,v,G)).superscriptsubscript𝐷𝑠1𝑈𝒢Kersuperscript𝐻1𝑈𝒢subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣𝐺\displaystyle D_{sh}^{1}(U,\mathcal{G})=\text{Ker}\left(H^{1}(U,\mathcal{G})\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{1}(K_{0,v},G)\right).

En combinant la dualité parfaite (\sharp2.3) avec une dualité locale, on montre que l’on a un morphisme surjectif à noyau divisible Dsh1(U,𝒢){}𝒟1(U,𝒢~)¯{}Dsuperscriptsubscript𝐷𝑠1𝑈𝒢¯superscript𝒟1𝑈~𝒢superscript𝐷D_{sh}^{1}(U,\mathcal{G})\{\ell\}\rightarrow\overline{\mathcal{D}^{1}(U,\tilde{\mathcal{G}})}\{\ell\}^{D}. Or on peut prouver que, si U𝑈U est suffisamment petit, on a 𝒟1(U,𝒢~{}=(K0,G~)1{}\mathcal{D}^{1}(U,\tilde{\mathcal{G}}\{\ell\}={}^{1}(K_{0},\tilde{G})\{\ell\}. Du coup, en passant à la limite sur U𝑈U, on obtient un isomorphisme:

(K0,G)1{}¯(K0,G~)1{}¯.\overline{{}^{1}(K_{0},G)\{\ell\}}\cong\overline{{}^{1}(K_{0},\tilde{G})\{\ell\}}.

Pour conclure, il suffit de remarquer que le groupe (K0,G)1{}{}^{1}(K_{0},G)\{\ell\} est fini (car ρ𝜌\rho est à noyau fini). ∎

3.   Applications arithmétiques

On suppose toujours que k𝑘k est un corps (p,d)𝑝𝑑(p,d)-bon pour la dualité et on rappelle que R0subscript𝑅0R_{0} désigne une k𝑘k-algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie R0kkssubscripttensor-product𝑘subscript𝑅0superscript𝑘𝑠R_{0}\otimes_{k}k^{s} est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel k𝑘k. On note toujours K0subscript𝐾0K_{0} son corps des fractions, 𝔪0subscript𝔪0\mathfrak{m}_{0} son idéal maximal, 𝒳0subscript𝒳0\mathcal{X}_{0} le schéma SpecR0Specsubscript𝑅0\text{Spec}\;R_{0} et X0subscript𝑋0X_{0} le schéma 𝒳0{𝔪0}subscript𝒳0subscript𝔪0\mathcal{X}_{0}\setminus\{\mathfrak{m}_{0}\}. Le but de cette section est d’utiliser les théorèmes de dualité de type Poitou-Tate de la section précédente pour étudier le principe local-global et l’approximation faible sur K0subscript𝐾0K_{0}.

3.1 Principe local-global dans le cas k=ks𝑘superscript𝑘𝑠k=k^{s} et Car(k)=0Car𝑘0\text{Car}(k)=0

Supposons que k𝑘k soit algébriquement clos de caractéristique 0. En particulier, k𝑘k est un corps (1,0)1.0(-1,0)-bon pour la dualité. Soient H𝐻H un K0subscript𝐾0K_{0}-groupe linéaire réductif connexe et Y𝑌Y un espace principal homogène sous H𝐻H tel que, pour chaque vX0(1)𝑣superscriptsubscript𝑋01v\in X_{0}^{(1)}, on a Y(K0,v)𝑌subscript𝐾0𝑣Y(K_{0,v})\neq\emptyset. D’après la preuve de la proposition 1.8(ii), on a une suite exacte:

BrK0vX0(1)BrK0,v𝜃/0.Brsubscript𝐾0subscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript𝑋01Brsubscript𝐾0𝑣𝜃0\text{Br}K_{0}\rightarrow\bigoplus_{v\in X_{0}^{(1)}}\text{Br}\;K_{0,v}\overset{\theta}{\rightarrow}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\rightarrow 0. (\flat)

En considérant un modèle géométriquement intègre 𝒴𝒴\mathcal{Y} de Y𝑌Y sur un ouvert non vide U𝑈U de X0subscript𝑋0X_{0}, on peut définir un accouplement analogue à l’accouplement de Brauer-Manin pour les corps de nombres:

[.,.]:Y(𝔸K0)×Br(Y)\displaystyle[.,.]:Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\times\text{Br}(Y) /absent\displaystyle\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}
((Pv)v,α)subscriptsubscript𝑃𝑣𝑣𝛼\displaystyle\left((P_{v})_{v},\alpha\right) θ((α(Pv))v),maps-toabsent𝜃subscript𝛼subscript𝑃𝑣𝑣\displaystyle\mapsto\theta\left((\alpha(P_{v}))_{v}\right),

où:

Y(𝔸K0)=limVUvV(1)𝒴(𝒪v)×vX0VY(K0,v).𝑌subscript𝔸subscript𝐾0subscriptinjective-limit𝑉𝑈subscriptproduct𝑣superscript𝑉1𝒴subscript𝒪𝑣subscriptproduct𝑣subscript𝑋0𝑉𝑌subscript𝐾0𝑣Y(\mathbb{A}_{K_{0}})=\varinjlim_{V\subseteq U}\prod_{v\in V^{(1)}}\mathcal{Y}(\mathcal{O}_{v})\times\prod_{v\in X_{0}\setminus V}Y(K_{0,v}).

Ici, V𝑉V décrit les ouverts non vides de U𝑈U et 𝒪vsubscript𝒪𝑣\mathcal{O}_{v} désigne le complété de l’anneau local de X0subscript𝑋0X_{0} en v𝑣v. Notons:

(Y)=Ker(Bral(Y)vX0(1)Bral(Y×K0K0,v)).𝑌KersubscriptBral𝑌subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01subscriptBralsubscriptsubscript𝐾0𝑌subscript𝐾0𝑣\Brusse(Y)=\text{Ker}(\text{Br}_{\text{al}}(Y)\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}\text{Br}_{\text{al}}(Y\times_{K_{0}}{K_{0,v}})).

Toujours en utilisant la suite exacte (\flat3.1), on remarque que [.,.][.,.] induit un accouplement:

[.,.]:Y(𝔸K0)×(Y)/,[.,.]:Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\times\Brusse(Y)\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

et que Y(K0)𝑌subscript𝐾0Y(K_{0}) est contenu dans l’orthogonal de (Y)𝑌\Brusse(Y) dans Y(𝔸K0)𝑌subscript𝔸subscript𝐾0Y(\mathbb{A}_{K_{0}}): cela définit une obstruction au principe local-global pour Y𝑌Y, que l’on appellera obstruction de Brauer-Manin associée à (Y)𝑌\Brusse(Y).

On remarque que, pour α(Y)𝛼𝑌\alpha\in\Brusse(Y), la valeur de [(Pv),α]subscript𝑃𝑣𝛼[(P_{v}),\alpha] ne dépend pas du choix du point adélique (Pv)Y(𝔸K0)subscript𝑃𝑣𝑌subscript𝔸subscript𝐾0(P_{v})\in Y(\mathbb{A}_{K_{0}}). Comme on dispose d’un isomorphisme canonique (Y)(H)𝑌𝐻\Brusse(Y)\rightarrow\Brusse(H) (voir le lemme 5.2(iii) de [BvH09]), cela permet de définir un accouplement:

BM:(H)1×(H)\displaystyle\text{BM}:{}^{1}(H)\times\Brusse(H) /absent\displaystyle\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}
([Y],α)delimited-[]𝑌𝛼\displaystyle([Y],\alpha) [(Pv),α]maps-toabsentsubscript𝑃𝑣𝛼\displaystyle\mapsto[(P_{v}),\alpha]

(Pv)Y(𝔸K0)subscript𝑃𝑣𝑌subscript𝔸subscript𝐾0(P_{v})\in Y(\mathbb{A}_{K_{0}}) est un point adélique quelconque.

Par ailleurs, notons Hsssuperscript𝐻𝑠𝑠H^{ss} le sous-groupe dérivé de H𝐻H et Hscsuperscript𝐻𝑠𝑐H^{sc} son revêtement universel, qui est semi-simple simplement connexe. Soit T𝑇T un tore maximal de H𝐻H. Notons T(sc)superscript𝑇𝑠𝑐T^{(sc)} l’image réciproque de T𝑇T par le morphisme composé ρ:HscHssH:𝜌superscript𝐻𝑠𝑐superscript𝐻𝑠𝑠𝐻\rho:H^{sc}\rightarrow H^{ss}\rightarrow H et G=[T(sc)T]𝐺delimited-[]superscript𝑇𝑠𝑐𝑇G=[T^{(sc)}\rightarrow T]. Comme dans la section 2 de l’article [Bor98] de Borovoi, pour L𝐿L une extension de K0subscript𝐾0K_{0}, on définit la cohomologie galoisienne abélienne de H𝐻H par Habr(L,H)=Hr(L,G)subscriptsuperscript𝐻𝑟ab𝐿𝐻superscript𝐻𝑟𝐿𝐺H^{r}_{\text{ab}}(L,H)=H^{r}(L,G). Elle est munie de morphismes d’abélianisation abL1:H1(L,H)Hab1(L,H):subscriptsuperscriptab1𝐿superscript𝐻1𝐿𝐻subscriptsuperscript𝐻1ab𝐿𝐻\text{ab}^{1}_{L}:H^{1}(L,H)\rightarrow H^{1}_{\text{ab}}(L,H) (voir section 3 de [Bor98]).

Proposition 3.1.

Pour chaque vX0(1)𝑣superscriptsubscript𝑋01v\in X_{0}^{(1)}, le morphisme abK0,v1subscriptsuperscriptab1subscript𝐾0𝑣\text{ab}^{1}_{K_{0,v}} est bijectif. Il en est de même du morphisme abK01subscriptsuperscriptab1subscript𝐾0\text{ab}^{1}_{K_{0}}.

Démonstration.

D’après les théorèmes 1.4 et 1.5 de [CTGP04], K0subscript𝐾0K_{0} et K0,vsubscript𝐾0𝑣K_{0,v} sont des corps de caractéristique 0, de dimension cohomologique 2, tels que indice et exposant coïncident pour les algèbres simples centrales, et sur lesquels la conjecture de Serre II vaut. Il suffit donc de procéder comme dans le corollaire 5.4.1 de [Bor98] pour obtenir l’injectivité et d’invoquer le théorème 5.1(i) et l’exemple 5.4(vi) de [GA12] pour obtenir la surjectivité. ∎

Le noyau du morphisme T(sc)Tsuperscript𝑇𝑠𝑐𝑇T^{(sc)}\rightarrow T étant fini, le théorème 2.10 fournit un accouplement parfait de groupes finis de type Poitou-Tate:

PT:(K0,G)1×(K0,G~)1¯/,\text{PT}:{}^{1}(K_{0},G)\times\overline{{}^{1}(K_{0},\tilde{G})}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

G~~𝐺\tilde{G} est le complexe [T^2T^1]delimited-[]subscript^𝑇2subscript^𝑇1[\hat{T}_{2}\rightarrow\hat{T}_{1}] dans lequel T^2subscript^𝑇2\hat{T}_{2} est placé en degré -1 et T^1subscript^𝑇1\hat{T}_{1} en degré 0. Nous disposons d’isomorphismes permettant de comparer cet accouplement à l’accouplement de Brauer-Manin:

  • \bullet

    d’après la proposition 3.1, les morphismes d’abélianisation induisent une bijection ab1:(K0,H)1(K0,G)1\text{ab}^{1}:{}^{1}(K_{0},H)\rightarrow{}^{1}(K_{0},G),

  • \bullet

    d’après le corollaire 2.20 et le théorème 4.8 de [BvH09], les groupes Bral(H)subscriptBral𝐻\text{Br}_{\text{al}}(H) et H1(K0,G~)superscript𝐻1subscript𝐾0~𝐺H^{1}(K_{0},\tilde{G}) sont isomorphes, ce qui induit un isomorphisme B:(H)(K0,G~)1B:\Brusse(H)\rightarrow{}^{1}(K_{0},\tilde{G}).

On peut alors montrer, comme dans la proposition 2.5 de [Izq14c], que l’on a un diagramme commutatif au signe près:

BM::BMabsent\textstyle{\text{BM}:}(K0,H)1\textstyle{{}^{1}(K_{0},H)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ab1superscriptab1\scriptstyle{\text{ab}^{1}}×\scriptstyle{\times}(H)¯¯𝐻\textstyle{\overline{\Brusse(H)}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}B𝐵\scriptstyle{B}/\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}PT::PTabsent\textstyle{\text{PT}:}(K0,G)1\textstyle{{}^{1}(K_{0},G)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}×\scriptstyle{\times}(K0,G~)1¯\textstyle{\overline{{}^{1}(K_{0},\tilde{G})}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}/.\textstyle{\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.}

On en déduit le théorème:

Théorème 3.2.

Supposons que k𝑘k soit algébriquement clos de caractéristique 0. Soit H𝐻H un groupe réductif connexe sur K0subscript𝐾0K_{0}. L’accouplement de Brauer-Manin:

(K0,H)1×(H)¯/{}^{1}(K_{0},H)\times\overline{\Brusse(H)}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

induit une bijection (K0,H)1(H)¯D{}^{1}(K_{0},H)\cong\overline{\Brusse(H)}^{D}. En particulier, l’obstruction de Brauer-Manin associée à (Y)𝑌\Brusse(Y) est la seule obstruction pour les espaces principaux homogènes sous H𝐻H.

Cela répond affirmativement à la question de J.-L. Colliot-Thélène, R. Parimala et V. Suresh posée à la toute fin de l’article [CTPS15] dans le cas (b) lorsque k𝑘k est de caractéristique nulle. Plus précisément, si Y𝑌Y est un espace principal homogène sous H𝐻H pour lequel il existe une famille (Pv)v𝒳~0Y(K0,v)subscript𝑃𝑣subscriptproduct𝑣subscript~𝒳0𝑌subscript𝐾0𝑣(P_{v})\in\prod_{v\in\tilde{\mathcal{X}}_{0}}Y(K_{0,v}) telle que pour tout A(Y)𝐴𝑌A\in\Brusse(Y):

(v(A(Pv)))v𝒳~0(1)Ker(v𝒳~0(1)H1(k(v),/(1))v,ww𝒳~0(2)/),subscriptsubscript𝑣𝐴subscript𝑃𝑣𝑣superscriptsubscript~𝒳01Kersubscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript~𝒳01superscript𝐻1𝑘𝑣1subscript𝑣𝑤subscriptdirect-sum𝑤superscriptsubscript~𝒳02(\partial_{v}(A(P_{v})))_{v\in\tilde{\mathcal{X}}_{0}^{(1)}}\in\text{Ker}\left(\bigoplus_{v\in\tilde{\mathcal{X}}_{0}^{(1)}}H^{1}(k(v),\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(1))\overset{\partial_{v,w}}{\rightarrow}\bigoplus_{w\in\tilde{\mathcal{X}}_{0}^{(2)}}\mathbb{Q}/\mathbb{Z}\right),

alors Y𝑌Y a un point rationnel. Ici, 𝒳~0subscript~𝒳0\tilde{\mathcal{X}}_{0} désigne une désingularisation de 𝒳0subscript𝒳0\mathcal{X}_{0} comme dans la section 1.2 et les vsubscript𝑣\partial_{v} et v,wsubscript𝑣𝑤\partial_{v,w} désignent les applications résidus.

3.2 Principe local-global dans le cas général

On ne fait plus d’hypothèse sur d𝑑d ni sur p𝑝p. Ainsi, le corps k𝑘k peut être séparablement clos de caractéristique positive, fini, \ell-adique, ou encore ((t))𝑡\mathbb{C}((t)). Soient T𝑇T un tore sur K0subscript𝐾0K_{0} et Y𝑌Y un espace principal homogène sous T𝑇T tel que Y(𝔸K0)𝑌subscript𝔸subscript𝐾0Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\neq\emptyset et qui devient trivial sur une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0} de degré non divisible par p𝑝p. La théorie de Bloch-Ogus (rappelée par exemple dans le paragraphe 2 de [CTPS15]) fournit un complexe:

Hd+3(K0,/(d+2))nonpvX0(1)Hd+3(K0,v,/(d+2))nonpϑHd+1(k,/(d))nonp.superscript𝐻𝑑3subscriptsubscript𝐾0𝑑2non𝑝subscriptdirect-sum𝑣superscriptsubscript𝑋01superscript𝐻𝑑3subscriptsubscript𝐾0𝑣𝑑2non𝑝italic-ϑsuperscript𝐻𝑑1subscript𝑘𝑑non𝑝H^{d+3}(K_{0},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}\rightarrow\bigoplus_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{d+3}(K_{0,v},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}\overset{\vartheta}{\rightarrow}H^{d+1}(k,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d))_{\text{non}-p}. (\flat\flat)

Comme dans le paragraphe précédent, en identifiant les groupes Hd+1(k,/(d))nonpsuperscript𝐻𝑑1subscript𝑘𝑑non𝑝H^{d+1}(k,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d))_{\text{non}-p} et (/)nonpsubscriptnon𝑝(\mathbb{Q}/\mathbb{Z})_{\text{non}-p}, on peut alors définir un accouplement à la Brauer-Manin:

[.,.]:Y(𝔸K0)×Hd+3(Y,/(d+2))nonp\displaystyle[.,.]:Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\times H^{d+3}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p} /absent\displaystyle\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}
((Pv)v,α)subscriptsubscript𝑃𝑣𝑣𝛼\displaystyle\left((P_{v})_{v},\alpha\right) ϑ((α(Pv))v).maps-toabsentitalic-ϑsubscript𝛼subscript𝑃𝑣𝑣\displaystyle\mapsto\vartheta\left((\alpha(P_{v}))_{v}\right).

Posons:

Hlcd+3(Y,/(d+2))subscriptsuperscript𝐻𝑑3lc𝑌𝑑2\displaystyle H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)) =Ker(Hd+3(Y,/(d+2))/Im(Hd+3(K0,/(d+2)))\displaystyle=\text{Ker}(H^{d+3}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))/\text{Im}(H^{d+3}(K_{0},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)))
vX0(1)Hd+3(YK0,v,/(d+2))/Im(Hd+3(K0,v,/(d+2)))absentsubscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01superscript𝐻𝑑3subscript𝑌subscript𝐾0𝑣𝑑2Imsuperscript𝐻𝑑3subscript𝐾0𝑣𝑑2\displaystyle\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{d+3}(Y_{K_{0,v}},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))/\text{Im}(H^{d+3}(K_{0,v},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)))

YK0,vsubscript𝑌subscript𝐾0𝑣Y_{K_{0,v}} désigne Y×K0K0,vsubscriptsubscript𝐾0𝑌subscript𝐾0𝑣Y\times_{K_{0}}K_{0,v}. En utilisant de nouveau le complexe (\flat\flat3.2), on remarque que l’accouplement [.,.][.,.] induit un accouplement:

[.,.]:Y(𝔸K0)×Hlcd+3(Y,/(d+2))nonp/,[.,.]:Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\times H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z},

et que Y(K)𝑌𝐾Y(K) est contenu dans l’orthogonal de Hlcd+3(Y,/(d+2))nonpsubscriptsuperscript𝐻𝑑3lcsubscript𝑌𝑑2non𝑝H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}. De plus, pour αHlcd+3(Y,/(d+2))nonp𝛼subscriptsuperscript𝐻𝑑3lcsubscript𝑌𝑑2non𝑝\alpha\in H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}, la quantité [(Pv),α]subscript𝑃𝑣𝛼[(P_{v}),\alpha] est indépendante du choix du point adélique (Pv)Y(𝔸K0)subscript𝑃𝑣𝑌subscript𝔸subscript𝐾0(P_{v})\in Y(\mathbb{A}_{K_{0}}). L’accouplement [.,.][.,.] induit donc un morphisme:

ρY:Hlcd+3(Y,/(d+2))nonp/.:subscript𝜌𝑌subscriptsuperscript𝐻𝑑3lcsubscript𝑌𝑑2non𝑝\rho_{Y}:H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}.
Proposition 3.3.

Soit:

PT:(K0,T)nonp1×(K0,T~)d+3¯nonp/PT:{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}\times\overline{{}^{d+3}(K_{0},\tilde{T})}_{\text{non}-p}\rightarrow\mathbb{Q}/\mathbb{Z}

l’accouplement parfait de la remarque 2.9. Il existe un morphisme

τ:(K0,T~)nonpd+3Hlcd+3(Y,/(d+2))nonp\tau:{}^{d+3}(K_{0},\tilde{T})_{\text{non}-p}\rightarrow H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}

tel que l’on ait ρYτ=PT([Y],)subscript𝜌𝑌𝜏𝑃𝑇delimited-[]𝑌\rho_{Y}\circ\tau=PT([Y],\cdot).

Démonstration.

La preuve est analogue à la partie 5 de [HSz13]. On se contente de rappeller brièvement la construction de τ𝜏\tau.
Notons Y¯=Y×K0K0s¯𝑌subscriptsubscript𝐾0𝑌superscriptsubscript𝐾0𝑠\overline{Y}=Y\times_{K_{0}}K_{0}^{s}. La suite spectrale

Hp(K0,Hq(Y¯,/(d+2)))Hp+q(Y,/(d+2))superscript𝐻𝑝subscript𝐾0superscript𝐻𝑞¯𝑌𝑑2superscript𝐻𝑝𝑞𝑌𝑑2H^{p}(K_{0},H^{q}(\overline{Y},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)))\Rightarrow H^{p+q}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))

induit un morphisme:

Hd+2(K0,H1(Y¯,/(d+2)))Hd+3(Y,/(d+2)).superscript𝐻𝑑2subscript𝐾0superscript𝐻1¯𝑌𝑑2superscript𝐻𝑑3𝑌𝑑2H^{d+2}(K_{0},H^{1}(\overline{Y},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)))\rightarrow H^{d+3}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2)).

Comme dans le lemme 5.2 de [HSz13], on a un isomorphisme de modules galoisiens H1(Y¯,/(d+2))nonpT^/(d+1)nonpsuperscript𝐻1subscript¯𝑌𝑑2non𝑝tensor-product^𝑇subscript𝑑1non𝑝H^{1}(\overline{Y},\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}\cong\hat{T}\otimes\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+1)_{\text{non}-p}. On obtient donc un morphisme:

Hd+2(K0,T^/(d+1))nonpHd+3(Y,/(d+2))nonp.superscript𝐻𝑑2subscriptsubscript𝐾0tensor-product^𝑇𝑑1non𝑝superscript𝐻𝑑3subscript𝑌𝑑2non𝑝H^{d+2}(K_{0},\hat{T}\otimes\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+1))_{\text{non}-p}\rightarrow H^{d+3}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}.

D’après le lemme 3.1 de [Izq14b], les groupes Hd+2(K0,T^(d+1))superscript𝐻𝑑2subscript𝐾0tensor-product^𝑇𝑑1H^{d+2}(K_{0},\hat{T}\otimes\mathbb{Q}(d+1)) et Hd+3(K0,T^(d+1))superscript𝐻𝑑3subscript𝐾0tensor-product^𝑇𝑑1H^{d+3}(K_{0},\hat{T}\otimes\mathbb{Q}(d+1)) sont triviaux. En exploitant le triangle distingué

T^(d+1)T^(d+1)T^/(d+1)T^(d+1)[1],tensor-product^𝑇𝑑1tensor-product^𝑇𝑑1tensor-product^𝑇𝑑1tensor-product^𝑇𝑑1delimited-[]1\hat{T}\otimes\mathbb{Z}(d+1)\rightarrow\hat{T}\otimes\mathbb{Q}(d+1)\rightarrow\hat{T}\otimes\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+1)\rightarrow\hat{T}\otimes\mathbb{Z}(d+1)[1],

on montre alors que Hd+2(K0,T^/(d+1))nonpHd+3(K0,T~)nonpsuperscript𝐻𝑑2subscriptsubscript𝐾0tensor-product^𝑇𝑑1non𝑝superscript𝐻𝑑3subscriptsubscript𝐾0~𝑇non𝑝H^{d+2}(K_{0},\hat{T}\otimes\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+1))_{\text{non}-p}\cong H^{d+3}(K_{0},\tilde{T})_{\text{non}-p}, ce qui fournit un morphisme:

Hd+3(K0,T~)nonpHd+3(Y,/(d+2))nonp.superscript𝐻𝑑3subscriptsubscript𝐾0~𝑇non𝑝superscript𝐻𝑑3subscript𝑌𝑑2non𝑝H^{d+3}(K_{0},\tilde{T})_{\text{non}-p}\rightarrow H^{d+3}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}.

En passant aux éléments localement triviaux, on obtient un morphisme:

(K0,T~)nonpd+3Hlcd+3(Y,/(d+2))nonp.{}^{d+3}(K_{0},\tilde{T})_{\text{non}-p}\rightarrow H^{d+3}_{\text{lc}}(Y,\mathbb{Q}/\mathbb{Z}(d+2))_{\text{non}-p}.

C’est le morphisme τ𝜏\tau. ∎

La proposition précédente entraîne alors le théorème suivant:

Théorème 3.4.

Soient T𝑇T un tore sur K0subscript𝐾0K_{0} et Y𝑌Y un espace principal homogène sous T𝑇T tel que Y(𝔸K0)𝑌subscript𝔸subscript𝐾0Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\neq\emptyset et qui devient trivial sur une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0} de degré non divisible par p𝑝p. Si ρYsubscript𝜌𝑌\rho_{Y} est trivial, alors Y(K0)𝑌subscript𝐾0Y(K_{0})\neq\emptyset.

Comme dans le paragraphe 3.1, en prenant d=1𝑑1d=-1, cela répond affirmativement à la question de J.-L. Colliot-Thélène, R. Parimala et V. Suresh posée à la toute fin de l’article [CTPS15] dans le cas (b) lorsque k𝑘k est de caractéristique quelconque.

Pour terminer ce paragraphe, remarquons qu’en utilisant la remarque 2.9 et en procédant comme dans le corollaire 5.7 de [HSz13], on peut obtenir la proposition:

Proposition 3.5.

Supposons k𝑘k fini de caractéristique p𝑝p et considérons un tore stablement rationnel T𝑇T sur K0subscript𝐾0K_{0}. Soit Y𝑌Y un espace principal homogène sous T𝑇T tel que Y(𝔸K0)𝑌subscript𝔸subscript𝐾0Y(\mathbb{A}_{K_{0}})\neq\emptyset et qui devient trivial sur une extension finie de K0subscript𝐾0K_{0} de degré non divisible par p𝑝p. Alors Y𝑌Y vérifie le principe local-global.

Démonstration.

Comme T𝑇T est stablement rationnel, il existe une résolution de T𝑇T:

0TRS00superscript𝑇𝑅𝑆00\rightarrow T^{\prime}\rightarrow R\rightarrow S\rightarrow 0

R𝑅R et S𝑆S sont des tores quasi-triviaux (proposition 6 de [CTS77]). Or la remarque 2.9 impose que (K0,R)nonp2{}^{2}(K_{0},R)_{\text{non}-p} est trivial. On en déduit que (K0,T)nonp2=0{}^{2}(K_{0},T^{\prime})_{\text{non}-p}=0, et le théorème 2.8 permet de conclure que (K0,T)nonp1=0{}^{1}(K_{0},T)_{\text{non}-p}=0. ∎

3.3 Approximation faible

On suppose dans ce paragraphe que p=0𝑝0p=0. En particulier, k𝑘k est de caractéristique nulle. Pour M𝑀M un Gal(K0s/K0)Galsuperscriptsubscript𝐾0𝑠subscript𝐾0\text{Gal}(K_{0}^{s}/K_{0})-module discret, on note (K0,M)ω2{}^{2}_{\omega}(K_{0},M) l’ensemble des éléments de H2(K0,M)superscript𝐻2subscript𝐾0𝑀H^{2}(K_{0},M) dont la restriction à H2(K0,v,M)superscript𝐻2subscript𝐾0𝑣𝑀H^{2}(K_{0,v},M) est triviale pour presque tout vX0(1)𝑣superscriptsubscript𝑋01v\in X_{0}^{(1)}. On rappelle la définition 1.1 de [Izq14c]:

Définition 3.6.

Soit T𝑇T un K0subscript𝐾0K_{0}-tore. On dit que T𝑇T vérifie l’approximation faible si T(K0)𝑇subscript𝐾0T(K_{0}) est dense dans vX0(1)T(K0,v)subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01𝑇subscript𝐾0𝑣\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v}), où le groupe T(K0,v)𝑇subscript𝐾0𝑣T(K_{0,v}) est muni de la topologie v𝑣v-adique pour chaque v𝑣v. On dit que T𝑇T vérifie l’approximation faible faible (resp. l’approximation faible faible dénombrable) s’il existe une partie finie (resp. dénombrable) S0subscript𝑆0S_{0} de X0(1)superscriptsubscript𝑋01X_{0}^{(1)} telle que, pour toute partie finie S𝑆S de X0(1)superscriptsubscript𝑋01X_{0}^{(1)} n’intersectant pas S0subscript𝑆0S_{0}, le groupe T(K0)𝑇subscript𝐾0T(K_{0}) est dense dans vST(K0,v)subscriptproduct𝑣𝑆𝑇subscript𝐾0𝑣\prod_{v\in S}T(K_{0,v}).

Exactement comme dans la section 9 de [CTH15], dans la section 3 de [HSSz15] ou encore dans la section 1 de [Izq14c], on peut comprendre l’obstruction à l’approximation faible:

Théorème 3.7.

Soit T𝑇T un K0subscript𝐾0K_{0}-tore de module de caractères T^^𝑇\hat{T} et de tore dual Tsuperscript𝑇T^{\prime}. On note T(K0)¯¯𝑇subscript𝐾0\overline{T(K_{0})} l’adhérence de T(K0)𝑇subscript𝐾0T(K_{0}) dans vX0(1)T(K0,v)subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑋01𝑇subscript𝐾0𝑣\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v}).

  • (i)

    Supposons d=1𝑑1d=-1 (par exemple k=𝑘k=\mathbb{C}). On a la suite exacte:

    0T(K0)¯vX0(1)T(K0,v)((K0,T^)ω2)D((K0,T^)2)D0.0\rightarrow\overline{T(K_{0})}\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow({}^{2}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow 0.

    Le tore T𝑇T vérifie toujours l’approximation faible faible, et il vérifie l’approximation faible si, et seulement si, (K0,T^)2=(K0,T^)ω2{}^{2}(K_{0},\hat{T})={}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}).

  • (ii)

    Supposons que d=0𝑑0d=0 (par exemple k=((t))𝑘𝑡k=\mathbb{C}((t))). On a la suite exacte:

    0T(K0)¯vX0(1)T(K0,v)((K0,T)ω2)D((K0,T)2)D0.0\rightarrow\overline{T(K_{0})}\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{\omega}(K_{0},T^{\prime}))^{D}\rightarrow({}^{2}(K_{0},T^{\prime}))^{D}\rightarrow 0.

    Le tore T𝑇T vérifie l’approximation faible si, et seulement si, (K0,T)2=(K0,T)ω2{}^{2}(K_{0},T^{\prime})={}^{2}_{\omega}(K_{0},T^{\prime}). Le tore T𝑇T vérifie l’approximation faible faible si, et seulement si, le groupe de torsion (K0,T)ω2{}^{2}_{\omega}(K_{0},T^{\prime}) est de type cofini. Le tore T𝑇T vérifie l’approximation faible faible dénombrable si, et seulement si, le groupe de torsion (K0,T)ω2{}^{2}_{\omega}(K_{0},T^{\prime}) est dénombrable.

Démonstration.

(Esquisse). Voici les grandes étapes pour (i):

  • 1.

    Pour F𝐹F un Gal(K0s/K0)Galsuperscriptsubscript𝐾0𝑠subscript𝐾0\text{Gal}(K_{0}^{s}/K_{0})-module fini, on établit une suite exacte:

    H1(K0,F)1(K0,F)H1(K0,F)Dsuperscript𝐻1subscript𝐾0superscript𝐹superscript1subscript𝐾0superscript𝐹superscript𝐻1superscriptsubscript𝐾0𝐹𝐷H^{1}(K_{0},F^{\prime})\rightarrow\mathbb{P}^{1}(K_{0},F^{\prime})\rightarrow H^{1}(K_{0},F)^{D}

    F=Hom(F,μn)superscript𝐹Hom𝐹subscript𝜇𝑛F^{\prime}=\text{Hom}(F,\mu_{n}) et 1(K0,F)superscript1subscript𝐾0superscript𝐹\mathbb{P}^{1}(K_{0},F^{\prime}) est le produit restreint des H1(K0,v,F)superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣superscript𝐹H^{1}(K_{0,v},F^{\prime}) pour vX(1)𝑣superscript𝑋1v\in X^{(1)} par rapport aux H1(𝒪v,F)superscript𝐻1subscript𝒪𝑣superscript𝐹H^{1}(\mathcal{O}_{v},F^{\prime}).

  • 2.

    En dualisant la suite exacte précédente, on montre que, pour F𝐹F un Gal(K0s/K0)Galsuperscriptsubscript𝐾0𝑠subscript𝐾0\text{Gal}(K_{0}^{s}/K_{0})-module fini et S𝑆S une partie finie de X0(1)superscriptsubscript𝑋01X_{0}^{(1)}, on a une suite exacte:

    H1(K0,F)vSH1(K0,v,F)(K0,F)DS1(K0,F)D10,H^{1}(K_{0},F)\rightarrow\prod_{v\in S}H^{1}(K_{0,v},F)\rightarrow{}^{1}_{S}(K_{0},F^{\prime})^{D}\rightarrow{}^{1}(K_{0},F^{\prime})^{D}\rightarrow 0,

    (K0,M)S1=Ker(H1(K0,M)vX0(1)SH1(K0,v,M)){}^{1}_{S}(K_{0},M)=\text{Ker}\left(H^{1}(K_{0},M)\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}\setminus S}H^{1}(K_{0,v},M)\right) pour chaque module galoisien M𝑀M.

  • 3.

    L’exploitation de la suite exacte précédente avec F=μn𝐹subscript𝜇𝑛F=\mu_{n} permet de montrer que (K0,)S2=(K0,)2{}^{2}_{S}(K_{0},\mathbb{Z})={}^{2}(K_{0},\mathbb{Z}). D’après le théorème 2.8, c’est un groupe de torsion de type cofini divisible. De plus, l’égalité (K0,)S2=(K0,)2{}^{2}_{S}(K_{0},\mathbb{Z})={}^{2}(K_{0},\mathbb{Z}) permet de vérifier que le théorème est vrai pour les tores quasi-triviaux.

  • 4.

    Comme le théorème est vrai pour les tores quasi-triviaux, le lemme d’Ono (théorème 1.5.1 de [Ono61]) permet de supposer que T𝑇T admet une résolution:

    0FRT00𝐹𝑅𝑇00\rightarrow F\rightarrow R\rightarrow T\rightarrow 0

    avec F𝐹F fini et R𝑅R tore quasi-trivial. Cela donne un diagramme commutatif:
    R(K0)𝑅subscript𝐾0\textstyle{R(K_{0})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}T(K0)𝑇subscript𝐾0\textstyle{T(K_{0})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H1(K0,F)superscript𝐻1subscript𝐾0𝐹\textstyle{H^{1}(K_{0},F)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}vSR(K0,v)subscriptproduct𝑣𝑆𝑅subscript𝐾0𝑣\textstyle{\prod_{v\in S}R(K_{0,v})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vST(K0,v)subscriptproduct𝑣𝑆𝑇subscript𝐾0𝑣\textstyle{\prod_{v\in S}T(K_{0,v})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}vSH1(K0,v,F)subscriptproduct𝑣𝑆superscript𝐻1subscript𝐾0𝑣𝐹\textstyle{\prod_{v\in S}H^{1}(K_{0,v},F)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(K0,R^)DS2\textstyle{{}^{2}_{S}(K_{0},\hat{R})^{D}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(K0,T^)S2\textstyle{{}^{2}_{S}(K_{0},\hat{T})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(K0,F)S1\textstyle{{}^{1}_{S}(K_{0},F^{\prime})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}0.0\textstyle{0.}
    Les deux premières lignes sont bien sûr exactes, et on peut montrer que la troisième l’est aussi grâce à l’étape 3. En utilisant encore l’étape 3, une chasse au diagramme permet d’établir une suite exacte:

    0T(K0)S¯vST(K0,v)((K0,T^)S2)D,0\rightarrow\overline{T(K_{0})_{S}}\rightarrow\prod_{v\in S}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{S}(K_{0},\hat{T}))^{D},

    T(K0)S¯¯𝑇subscriptsubscript𝐾0𝑆\overline{T(K_{0})_{S}} désigne l’adhérence de T(K0)𝑇subscript𝐾0T(K_{0}) dans vST(K0,v)subscriptproduct𝑣𝑆𝑇subscript𝐾0𝑣\prod_{v\in S}T(K_{0,v}). En passant à la limite projective sur S𝑆S, on obtient l’exactitude de:

    0T(K0)¯vX0(1)T(K0,v)((K0,T^)ω2)D.0\rightarrow\overline{T(K_{0})}\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}))^{D}.
  • 5.

    L’exactitude de

    vX0(1)T(K0,v)((K0,T^)ω2)D((K0,T^)2)D0\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow({}^{2}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow 0

    s’obtient en dualisant la suite exacte:

    0(K0,T^)2(K0,T^)ω2vX0(1)H2(K0,v,T^).0\rightarrow{}^{2}(K_{0},\hat{T})\rightarrow{}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T})\rightarrow\bigoplus_{v\in X_{0}^{(1)}}H^{2}(K_{0,v},\hat{T}).
  • 6.

    De la suite exacte:

    0T(K0)¯vX0(1)T(K0,v)((K0,T^)ω2)D((K0,T^)2)D00\rightarrow\overline{T(K_{0})}\rightarrow\prod_{v\in X_{0}^{(1)}}T(K_{0,v})\rightarrow({}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow({}^{2}(K_{0},\hat{T}))^{D}\rightarrow 0

    on déduit que T𝑇T vérifie l’approximation faible si, et seulement si, (K0,T^)2=(K0,T^)ω2{}^{2}(K_{0},\hat{T})={}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}). et qu’il vérifie l’approximation faible faible si, et seulement si, (K0,T^)2{}^{2}(K_{0},\hat{T}) est d’indice fini dans (K0,T^)ω2{}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}). En utilisant une résolution flasque de T𝑇T, on peut montrer que (K0,T^)ω2=(K0,T^)ST2{}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T})={}^{2}_{S_{T}}(K_{0},\hat{T}), où STsubscript𝑆𝑇S_{T} désigne l’ensemble des places vX0(1)𝑣superscriptsubscript𝑋01v\in X_{0}^{(1)} de mauvaise réduction de T𝑇T. Ainsi, (K0,T^)2{}^{2}(K_{0},\hat{T}) est toujours d’indice fini dans (K0,T^)ω2{}^{2}_{\omega}(K_{0},\hat{T}) et T𝑇T vérifie l’approximation faible faible.

Remarque 3.8.
  • \bullet

    La preuve de (ii) est similaire.

  • \bullet

    Comme dans la remarque 2.9, on pourrait obtenir un résultat pour l’approximation faible dans le cas où d𝑑d est quelconque en faisant intervenir les complexes de Bloch.

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