Dualité et principe local-global sur des corps locaux de dimension 2
Introduction
Annoncés dans les années 1960 par Tate, les théorèmes de dualité arithmétique ont joué depuis un rôle fondamental dans l’étude des points rationnels des variétés algébriques sur les corps globaux (corps de nombres et corps de fonctions de courbes sur des corps finis). Plus récemment, nous avons connu un regain d’intérêt pour ces questions sur des corps plus compliqués. C’est ainsi que Harari, Scheiderer et Szamuely ont étudié les corps de fonctions de courbes sur des corps -adiques ([HSz13], [HSSz15]) , puis que Colliot-Thélène et Harari se sont penchés sur les corps de fonctions de courbes sur ([CTH15]). L’auteur du présent article a ensuite généralisé les précédents résultats aux corps de fonctions de courbes sur des corps locaux supérieurs ([Izq14b], [Izq15], [Izq14c]).
Soit un corps algébriquement clos de caractéristique 0, un corps -adique, ou encore . Considérons le corps des séries de Laurent à deux variables sur . On rappelle que est le corps des fractions de , un anneau local de dimension 2. Il est strictement contenu dans et, contrairement à , son comportement est similaire à celui d’un corps global. Le but de cet article est d’obtenir des théorèmes de dualité arithmétique sur , puis de les appliquer à l’étude des points rationnels sur les -variétés algébriques. La principale difficulté que nous devons gérer dans cet article consiste à établir une dualité d’Artin-Verdier sur un tel corps puisqu’elle demande de travailler avec des schémas singuliers (typiquement la clôture intégrale de dans une extension finie de ). C’est un phénomène que l’on ne rencontrait pas dans les travaux portant sur les corps de fonctions de courbes, puisque dans ces cas-là la dualité d’Artin-Verdier découlait assez formellement de la dualité de Poincaré et d’un théorème de dualité pour le corps de base.
Les motivations pour se pencher sur une telle question sont multiples. Tout d’abord, les corps de la forme ont récemment intéressé plusieurs auteurs (Colliot-Thélène, Gille, Hu, Ojanguren, Parimala, Suresh…). Citons notamment l’article [CTPS15], dans lequel Colliot-Thélène, Parimala et Suresh introduisent certaines obstructions au principe local-global sur et se demandent si ce sont les seules pour les espaces principaux homogènes sous des tores. Nous répondrons affirmativement à cette question dans le présent article. Ensuite, les corps de la forme interviennent de manière importante dans les travaux de Harbater, Hartmann et Kraschen dans lesquels ils utilisent des techniques de patching pour étudier le principe local-global sur certains corps de fonctions de courbes (par exemple [HHK14]). Il est donc naturel de penser que, si l’on veut comprendre les résultats qu’ils obtiennent avec les techniques de dualité, il convient de commencer par se pencher sur les questions de dualité pour . Finalement, il est probablement nécessaire de comprendre le corps avant de s’intéresser aux corps de fonctions de surfaces complexes, pour lesquels rien n’est connu actuellement du point de vue de la dualité arithmétique.
Organisation de l’article.
Ce texte est constitué de 3 parties. Dans la première section, on établit une dualité de type Artin-Verdier sur certains anneaux locaux de dimension 2. Plus précisément, on montre le théorème suivant:
Théorème 0.1.
(Corollaire 1.27)
Soient un corps algébriquement clos de caractéristique 0 et une -algèbre commutative, locale, intègre, normale, hensélienne, excellente, de dimension 2, de corps résiduel . Notons l’idéal maximal de et . Soient une immersion ouverte avec non vide et un schéma en groupes fini étale sur de -torsion et de dual de Cartier . Il existe alors un accouplement parfait de groupes finis:
Ici, désigne , qui, quitte à choisir une racine primitive -ième de l’unité, est isomorphe à . Le théorème, dont la preuve fait l’objet de la totalité de la section 1, s’applique bien sûr à l’anneau . La principale difficulté consiste à comprendre la cohomologie de sur la normalisation de dans une extension finie de son corps des fractions, puisque cela demande de travailler avec des schémas singuliers, même lorsque est régulier. Ces problèmes sont résolus dans la proposition 1.8.
Dans la deuxième section, nous appliquons le résultat précédent pour obtenir des théorèmes de dualité de type Poitou-Tate pour les modules finis et les tores sur des corps comme ou ou . Les principaux résultats sont les théorèmes 2.5 et 2.8.
Finalement, dans la troisième section, nous appliquons les théorèmes de dualité précédents pour étudier les obstructions au principe local-global et à l’approximation faible. Plus précisément, dans les théorèmes 3.2 et 3.4, nous comprenons les obstructions au principe local-global pour les torseurs sous des groupes linéaires connexes sur ainsi que pour les torseurs sous des tores sur , ou . Ce sont précisément ces deux théorèmes (3.2 et 3.4) qui répondent à la question posée à la fin de l’article [CTPS15]. Ils impliquent aussi la proposition suivante:
Proposition 0.2.
(Proposition 3.5)
Soit un corps fini de caractéristique et considérons un tore stablement rationnel sur . Soit un espace principal homogène sous qui devient trivial sur une extension finie de de degré non divisible par . Alors vérifie le principe local-global.
Remarque 0.3.
À la toute fin de l’article, dans le théorème 3.7, nous nous penchons sur l’approximation faible pour les tores sur , ou encore sur .
Le lecteur remarquera que certaines preuves en fin d’article sont similaires à des preuves pouvant être trouvées dans la littérature, auquel cas elles ne sont qu’esquissées.
Remerciements. Je tiens à remercier en premier lieu David Harari pour son soutien et ses conseils, ainsi que pour sa lecture soigneuse de ce texte: sans lui, ce travail n’aurait pas pu voir le jour. Je suis aussi très reconnaissant à Olivier Wittenberg pour d’intéressantes discussions. Je voudrais finalement remercier l’École Normale Supérieure pour ses excellentes conditions de travail.
Rappels et notations
Corps. Si est un corps, on notera sa clôture séparable.
Dimension. Lorsque est un schéma noethérien et un entier naturel, on notera l’ensemble des points de codimension de . En particulier, désignera l’ensemble des points génériques de , que l’on confondra parfois avec l’ensemble des composantes irréductibles de .
Groupes abéliens. Pour un groupe abélien, un entier et un nombre premier, on notera:
-
la partie de -torsion de .
-
la partie de torsion -primaire de .
-
où décrit les nombres premiers différents de . Par commodité, désignera .
-
le complété -adique de .
-
le quotient de par son sous-groupe divisible maximal.
-
le groupe des morphismes .
Faisceaux. Sauf indication du contraire, tous les faisceaux sont considérés pour le petit site étale. Pour un faisceau sur un schéma , on note (ou s’il n’y a pas d’ambiguïté) le foncteur qui à un faisceau sur assosie le groupe des morphismes de faisceaux de vers et (ou s’il n’y a pas d’ambiguïté) le foncteur qui à un faisceau sur associe le faisceau étale .
Cohomologie. Par convention, pour et des faisceaux sur un schéma et un entier strictement négatif, on pose .
Groupe de Brauer. Lorsque est un schéma, on note le groupe de Brauer cohomologique . Si est une -variété géométriquement intègre pour un certain corps , on note le quotient du groupe de Brauer algébrique par .
Complexes de Bloch et cohomologie motivique. Lorsque est un schéma de Dedekind, on notera le -ème complexe de Bloch sur le petit site étale de . On renvoie à la partie 0.5 de [Izq14b] pour des rappels sur les complexes de Bloch.
Courbes sur un corps algébriquement clos. Soient un corps algébriquement clos et une courbe projective réduite connexe sur . La normalisation de est, par définition, la réunion disjointe des normalisations des composantes irréductibles de . Si est la normalisation de , le lemme 7.5.18(b) de [Liu02] donne une suite exacte:
pour un certain entier naturel . De plus, toujours d’après le lemme 7.5.18(b) de [Liu02], on a où est le nombre de composantes irréductibles de et , l’entier désignant le nombre de points de qui sont au-dessus de . Par ailleurs, d’après le théorème 7.4.39 de [Liu02], le groupe est isomorphe à , où désigne le genre de la composante irréductible de de point générique . Comme est divisible, la suite exacte précédente est scindée, d’où:
Graphes. On utilisera notamment les notions de graphe biparti et nombre cyclomatique d’un graphe. Par graphe biparti on entend graphe de nombre chromatique 2 au sens du deuxième paragraphe du chapitre IV de [Ber63]. Le nombre cyclomatique est défini dans le premier paragraphe du chapitre IV de [Ber63].
Les corps étudiés
Soient un corps et une -algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel . Par exemple, pourrait être le complété ou l’hensélisé d’une surface complexe normale en un de ses points fermés. Soient le corps des fractions de et l’idéal maximal de . Posons et . Le schéma est, en général, singulier, alors que est un schéma de Dedekind (non affine).
Supposons donnés un schéma régulier intègre de dimension 2 et un morphisme projectif surjectif induisant un isomorphisme entre et . Si n’est pas un isomorphisme, la fibre spéciale de est une -courbe en général réductible. Chaque définit une valuation discrète de rang 1 sur . On note alors le complété correspondant de et son corps résiduel. Si , le corps est le corps des fractions d’un anneau de valuation discrète hensélien de corps résiduel . Si , le corps est le corps des fonctions de la composante irréductible de correspondant à .
Dans le cas où est algébriquement clos de caractéristique nulle, le corps est de dimension cohomologique 2, et les sont de dimension cohomologique 1. De plus, si , le groupe de Galois absolu de est isomorphe à et, d’après l’exemple I.1.10 de [Mil06], pour chaque module galoisien fini sur , on a une dualité parfaite de groupes finis:
Dans ce contexte, la remarque 2.3 de [CTPS15] fournit une suite exacte:
puisque l’application résidu (définie dans l’appendice du chapitre II de [Ser94]) est un isomorphisme.
Pour terminer, on rappelle aussi que, dans le cas où est séparablement clos, l’indice et l’exposant pour les -algèbres simples centrales coïncident et que la conjecture de Serre II vaut pour . On pourra aller voir le théorème 1.4 de [CTGP04].
1. Dualité d’Artin-Verdier
Dans toute cette section, on supposera que est algébriquement clos de caractéristique 0. Le but est de construire pour chaque entier et chaque faisceau constructible sur un ouvert non vide de un accouplement:
(où désigne l’immersion ouverte) et de démontrer qu’il s’agit d’un accouplement parfait de groupes finis. Nous allons suivre le même schéma de preuve que pour le théorème classique d’Artin-Verdier sur les corps de nombres (voir la section II.3 de [Mil06]). Cependant, pour ce faire, il est nécessaire de commencer par comprendre la cohomologie du faisceau sur les ouverts de . Et cela est nettement plus compliqué que dans le cas des corps de nombres parce qu’il faut gérer les singularités de . C’est une des principales nouveautés apportées par cet article.
Remarque 1.1.
-
Dans le cas , on pourrait penser que l’on n’a pas besoin de gérer des singularités, puisque est régulier. Cependant, dans la preuve du théorème d’Artin-Verdier, on a besoin de pouvoir remplacer par des extensions finies, et la clôture intégrale de dans une extension finie de est, en général, singulière.
-
Dans les articles [HSz13], [CTH15] et [Izq14b], la dualité d’Artin-Verdier ne posait pas trop de difficultés puisqu’elle découlait assez formellement de la dualité de Poincaré et d’une dualité sur le corps de base. C’est une différence majeure entre cet article et les articles antérieurs portant sur les théorèmes de dualité sur des corps de fonctions de courbes.
-
Il y a très peu de résultats dans la littérature de dualités à la Artin-Verdier dans des cas où il faille considérer des singularités. On peut citer la section II.6 de [Mil06], mais la situation considérée et les preuves sont très différentes de celles du présent article.
1.1 Préliminaire: deux lemmes d’algèbre linéaire
Dans ce paragraphe, on établit deux lemmes d’algèbre linéaire sur les graphes, qui seront très utiles par la suite.
Lemme 1.2.
Soit un groupe abélien. Soit un graphe fini connexe non orienté biparti. On note l’ensemble de ses sommets et l’ensemble de ses arêtes. Pour , on note l’ensemble des arêtes ayant pour extrémité. Soit tel que:
Alors il existe tel que, pour tout , on a:
Démonstration.
Considérons un sous-ensemble d’arêtes tel que le sous-graphe de dont l’ensemble des sommets est et celui des arêtes est soit un arbre connexe. En posant pour , on se ramène à prouver le lemme pour au lieu de . On peut donc supposer que est un arbre.
On procède alors par récurrence sur . Si , le résultat est évident. Soit maintenant et supposons le résultat prouvé dans le cas . Supposons que . Soit le sous-graphe de obtenu en enlevant une feuille et l’unique arête qui lui est incidente. Soit l’autre extrémité de et considérons la famille définie par pour et . Par hypothèse de récurrence, il existe une famille telle que, pour chaque , on a:
On pose . On a alors, pour tout :
∎
Lemme 1.3.
On reprend les notations du lemme précédent. Soit le nombre cyclomatique (ou premier nombre de Betti) de . Pour , on note l’ensemble des voisins de . Lorsque est un ensemble, on note le morphisme somme . On pose:
-
(i)
Soit une arête de telle que le sous-graphe de obtenu en enlevant est connexe. Notons la projection sur la composante indexée par . Alors la restriction de à est surjective et scindée.
-
(ii)
Le groupe est isomorphe à .
Démonstration.
-
(i)
Procédons par récurrence sur .
-
Supposons que . Soit l’unique sous-graphe cyclique de . On remarque alors immédiatement que et que s’identifie à l’identité sur .
-
Soit et supposons le résultat prouvé pour . Supposons que est de nombre cyclomatique . Comme est de nombre cyclomatique au moins 2, il existe une arête telle que le sous-graphe de obtenu en enlevant les arêtes et est connexe. Soit alors le sous-graphe de obtenu en enlevant l’arête . Par hypothèse de récurrence, est un morphisme surjectif et scindé. On en déduit immédiatement que l’est aussi.
-
-
(ii)
Procédons par récurrence sur .
-
Supposons que , c’est-à-dire que est un arbre. Soit . On remarque alors que, si une feuille de et si est l’unique arête de ayant pour extrémité, alors . Une récurrence simple sur le nombre de sommets de permet donc de conclure que pour tout , autrement dit, que .
-
Soit et supposons le résultat prouvé pour . Supposons que est de nombre cyclomatique . Considérons alors un sous-graphe de , connexe, de nombre cyclomatique , obtenu à partir de en enlevant une arête . On remarque alors immédiatement que l’on a une suite exacte:
où le morphisme est induit par la projection . Par conséquent, en utilisant (i) et l’hypothèse de récurrence, on obtient des isomorphismes:
-
∎
1.2 Résolution des singularités
Soient une extension finie de et la normalisation de dans . Comme l’anneau est local hensélien excellent de dimension 2, il en est de même de (scholie 7.8.3(ii) de [Gro65] et proposition 18.5.9(i) de [Gro67]). On note alors l’idéal maximal de et on pose et . On notera aussi et le point générique de .
Considérons un morphisme de schémas vérifiant les hypothèses suivantes:
-
est intègre régulier de dimension 2 et est projectif;
-
est un isomorphisme;
-
est un diviseur à croisements normaux de (au sens de la définition 9.1.6 de [Liu02]).
Un tel morphisme existe d’après [Lip78]. On pose alors muni de la structure réduite. Ainsi, est une -courbe réduite qui n’est pas forcément irréductible, mais dont les composantes irréductibles sont lisses. Pour , on désigne par la -courbe projective lisse correspondant à . On note le genre de cette dernière.
Par ailleurs, à la courbe on associe le graphe biparti suivant:
-
sommets: , où est l’ensemble des (points génériques des) composantes irréductibles de et est l’ensemble des points fermés de qui sont intersection de deux composantes irréductibles de ;
-
arêtes: est l’ensemble des couples tels que .
Soit le nombre cyclomatique du graphe . On pose finalement:
A priori, la quantité dépend de , mais nous verrons dans la suite qu’en fait elle ne dépend que de .
Remarque 1.4.
Usuellement ce n’est pas le graphe qu’on associe à mais le graphe défini par:
-
sommets: ;
-
arêtes: est l’ensemble des couples tels que et s’intersectent.
Le graphe est obtenu à partir de est rajoutant un sommet sur chaque arête. En particulier, les deux graphes ont même nombre cyclomatique.
1.3 Les modules et
On rappelle que, pour et , le corps est isomorphe à . Son groupe de Galois absolu est isomorphe à , et donc on a un isomorphisme naturel . On peut alors considérer le morphisme naturel:
induit par les morphismes de restriction:
pour et . On pose et .
Lemme 1.5.
Le morphisme somme induit un isomorphisme .
Démonstration.
Le morphisme est induit par les morphismes:
Or, d’après le théorème 2.9 de [Izq14b] dans le cas , on a une suite exacte:
() |
Cela montre immédiatement que induit un morphisme surjectif:
Reste à prouver qu’il est injectif. Pour ce faire, on se donne et on considère le graphe biparti . Pour , on pose . Pour , on pose . Comme , on vérifie immédiatement que:
De plus, le graphe est connexe d’après le principe de connexité de Zariski (corollaire 5.3.16 de [Liu02]). Par conséquent, le lemme 1.2 montre qu’il existe tel que, pour tout , on a:
Pour , on considère la famille définie par:
-
si ;
-
si ;
-
si .
On remarque alors que, pour chaque , on a . Par conséquent, la suite exacte ( ‣ 1.3) montre que . Comme , on en déduit que et induit bien un isomorphisme . ∎
Lemme 1.6.
Le groupe abélien est isomorphe à .
Démonstration.
En reprenant les notations du lemme précédent et en utilisant la suite ( ‣ 1.3), on remarque que l’on dispose d’une suite exacte:
où:
Or:
-
pour , le morphisme s’identifie au morphisme:
induit par les résidus (dont on peut trouver la définition dans l’appendice du chapitre II de [Ser94]), et donc ;
-
le groupe abélien est en fait et donc, d’après le lemme 1.3, il est isomorphe à .
On en déduit que . ∎
1.4 Accouplement d’Artin-Verdier
Fixons un ouvert de non vide, ainsi qu’un faisceau constructible sur . Soit l’immersion ouverte et posons pour . Si désigne la catégorie dérivée bornée des faisceaux sur le petit site étale de , en identifiant , on obtient un accouplement naturel:
Remarque 1.7.
En prenant , on obtient un accouplement:
pour chaque immersion ouverte avec non vide et chaque faisceau constructible sur .
Proposition 1.8.
(Cohomologie de )
-
(i)
On a une suite exacte:
De plus, pour .
-
(ii)
Le groupe est isomorphe à .
-
(iii)
Le groupe est isomorphe à .
-
(iv)
Pour tout entier naturel non nul , les groupes et sont finis et on a:
Remarque 1.9.
En particulier, ne dépend que de .
Démonstration.
-
(i)
On dispose d’une suite exacte de faisceaux sur :
où désigne l’inclusion du point générique et le faisceau des diviseurs sur (le lecteur pourra trouver sa définition dans l’exemple II.3.9 de [Mil06]). La suite exacte longue associée s’écrit:
Si désigne l’immersion fermée , on a , et donc, comme est un morphisme fini:
Par ailleurs, pour , la tige de en un point géométrique d’image est et, pour , la tige de en un point géométrique d’image est , qui vaut 0 pour d’après le théorème de Hilbert 90 et qui vaut 0 pour parce que est un corps de dimension cohomologique au plus 1 (exemple II.3.3.c de [Ser94]). On en déduit que . La suite spectrale de Leray:
fournit alors des isomorphismes . Par conséquent, on obtient la suite exacte:
ainsi que la trivialité de pour puisque est de dimension cohomologique 2.
-
(ii)
Le schéma étant régulier, d’après la remarque 2.3 de [CTPS15], il existe une suite exacte:
() On obtient alors une suite exacte:
où d’après le lemme 1.5. Avec (i), cela montre alors que:
-
si , alors ;
-
si , alors se surjecte sur et donc . Cela permet d’obtenir une suite exacte:
Il suffit alors d’écrire la suite exacte de localisation (proposition 3.1.(1) de [HSz13]):
pour conclure que .
-
- (iii)
-
(iv)
Si désigne l’immersion ouverte et le faisceau des diviseurs de à support dans (c’est-à-dire le faisceau associé au préfaisceau qui à un morphisme étale associe le groupe des diviseurs de à support dans ), la suite exacte induit une suite exacte longue:
Comme est hensélien et la caractéristique résiduelle de est nulle, le lemme de Hensel montre que est divisible. Par conséquent, le morphisme est nul, et on a une suite exacte:
() et un isomorphisme:
Cela entraîne en particulier que le groupe est divisible. Comme le groupe de Brauer de est trivial (d’après le corollaire 1.10 de [CTOP02]), la suite exacte de Kummer fournit des isomorphismes:
Nous devons donc calculer . Comme cela a été rappelé au début de l’article, on a un isomorphisme:
En notant le nombre de points de la normalisation de qui sont au-dessus de pour chaque , l’entier est égal à où est le nombre de composantes irréductibles de et . Dans notre situation, si est intersection de deux composantes de et sinon. Par conséquent, en termes du graphe , on a , et . Comme les sommets de qui sont dans sont tous de degré 2, on a , et donc la formule d’Euler pour les graphes montre que . On obtient ainsi que:
() On déduit alors de ( ‣ (iv)) et ( ‣ (iv)) que, pour tout , les groupes et sont finis, et que:
∎
Par conséquent, on obtient pour chaque entier un accouplement:
Dans le paragraphe suivant, nous allons démontrer le théorème suivant:
Théorème 1.10.
L’accouplement est un accouplement parfait de groupes finis.
Pour ce faire, on introduit le morphisme:
induit par l’accouplement .
1.5 Le cas d’un faisceau à support dans un fermé strict
Nous nous intéressons au cas où le support de est contenu dans un fermé strict de .
Lemme 1.11.
Supposons que est à support dans un fermé strict de . Alors, pour tout ,
où, pour , désigne l’immersion fermée .
Démonstration.
Nous disposons d’une suite exacte de faisceaux sur :
avec , où . On obtient alors une suite exacte longue:
-
D’une part, comme dans la preuve de la proposition 1.8, pour le faisceau est nul. Cela implique que la suite spectrale induit des isomorphismes . Or . Donc .
-
D’autre part:
car pour .
Par conséquent, on obtient des isomorphismes pour . ∎
Proposition 1.12.
Supposons que est à support dans un fermé strict de . Alors est un isomorphisme de groupes finis pour tout entier .
Démonstration.
Reprenons les notations de la démonstration précédente. Nous avons des isomorphismes:
À travers ces isomorphismes, l’accouplement:
s’identifie à l’accouplement naturel:
qui est bien un accouplement parfait de groupes finis. ∎
1.6 Changement d’ouvert
Nous allons maintenant voir que, si désigne un ouvert de , alors est un isomorphisme pour tout entier si, et seulement si, l’est.
Lemme 1.13.
Soit une suite exacte de faisceaux constructibles sur . Si et sont des isomorphismes pour tout entier , alors est un isomorphisme pour tout entier .
Démonstration.
On a un diagramme commutatif à lignes exactes:
où les flèches verticales sont données par les . Le lemme des cinq permet de conclure.
∎
Proposition 1.14.
Soit un ouvert non vide de . Alors est un isomorphisme pour tout entier si, et seulement si, l’est.
Démonstration.
Nous disposons d’une immersion ouverte et d’une immersion fermée , et donc d’une suite exacte de faisceaux sur :
D’après la proposition 1.12, est un isomorphisme pour tout , et donc, d’après le lemme précédent, est un isomorphisme pour tout si, et seulement si, l’est.
Or et . À travers ces isomorphismes, s’identifie à . On en déduit immédiatement le résultat.
∎
Remarque 1.15.
La proposition 1.12 et la démonstration précédente montrent aussi que:
-
est fini si, et seulement si, l’est;
-
pour , le groupe est nul si, et seulement si, l’est;
-
est fini si, et seulement si, l’est.
Par ailleurs, la suite exacte:
montre que est fini si, et seulement si, l’est.
1.7 Propriétés de finitude
Nous allons maintenant établir que et sont bien finis.
Lemme 1.16.
Soit . Pour tout , les groupes et sont finis.
Démonstration.
Proposition 1.17.
Rappelons que est un ouvert non vide de et que est un faisceau constructible sur . Soit .
-
(i)
Le groupe est fini.
-
(ii)
Le groupe est fini.
Démonstration.
-
(i)
Soit un ouvert non vide de sur lequel est localement constant. Considérons un morphisme fini étale tel que est connexe et est constant. On remarque alors que est la normalisation de dans une extension finie de . Si l’on note , on dispose alors de la suite spectrale de Hochschild-Serre:
Or est fini pour d’après le lemme 1.16. Par conséquent, est fini pour tout . La remarque 1.15 permet alors de conclure.
- (ii)
∎
1.8 Annulation de pour
Lemme 1.18.
On a pour .
Démonstration.
Soit un ouvert de et écrivons la suite exacte de localisation:
Le théorème d’excision montre que:
Or, pour , on dispose de la suite exacte de localisation:
Par dimension cohomologique, si , les groupes et sont nuls. Il en est donc de même du groupe . Par conséquent, pour , la restriction est un isomorphisme. En notant , on en déduit que:
car est de dimension cohomologique 2. ∎
Corollaire 1.19.
On a pour .
Démonstration.
Il suffit d’appliquer le lemme précédent en remplaçant par et par . ∎
1.9 Annulation de pour
Lemme 1.20.
Supposons localement constant. Le faisceau est de torsion pour et nul pour .
Démonstration.
Calculons les tiges de :
-
en , . Ce groupe est de -torsion pour , et il est nul pour puisque est un groupe abélien divisible.
-
en pour différent de , . Comme avant, ce groupe est de -torsion pour , et il est nul pour puisque est un groupe abélien divisible.
Le lemme en découle immédiatement. ∎
Lemme 1.21.
On a pour .
Démonstration.
En utilisant la remarque 1.15, on peut supposer que est localement constant. Le lemme précédent montre alors que la suite spectrale
dégénère en des isomorphismes . Le faisceau étant de torsion, il est limite inductive filtrée de faisceaux constructibles. On déduit alors du lemme 1.18 que pour le groupe est nul. ∎
1.10 Décomposition de
Proposition 1.22.
Soit un ouvert non vide de tel que est localement constant. Soit une extension finie de telle que la normalisation de dans est étale et est constant. Soit la normalisation de dans . Soit tel que . Il existe alors un faisceau constructible constant sur de -torsion, un faisceau constructible sur à support fini et un morphisme injectif .
Démonstration.
On choisit pour le faisceau constant sur défini par le groupe abélien fini . Nous disposons alors d’un morphisme d’adjonction injectif . Ce morphisme s’étend en un morphisme . Le support du noyau de ce morphisme est contenu dans . Il suffit donc de trouver un faisceau constructible sur à support dans et un morphisme tel que le support du noyau soit contenu dans . Si l’on note , on choisit , le morphisme étant le morphisme d’adjonction. ∎
1.11 Comportement vis-à-vis de la normalisation
Nous allons maintenant étudier le comportement du morphisme vis-à-vis de la normalisation. Soit une extension finie galoisienne de . Soit la normalisation de dans et notons . Considérons l’application norme (voir par exemple le lemme II.3.9(a) de [Mil06]).
Lemme 1.23.
Soit un faisceau constructible sur . Pour tout , la composée
où le premier morphisme est induit par le foncteur exact et le second par la norme , est un isomorphisme.
Démonstration.
Soit un ouvert de sur lequel la restriction de est étale, et notons l’immersion ouverte et l’immersion fermée. Nous allons montrer que et sont des isomorphismes, ce qui impliquera que est un isomorphisme grâce à la suite exacte .
-
D’une part, comme est étale, on dispose d’isomorphismes:
Or . Cela montre immédiatement que est un isomorphisme.
-
D’autre part, étant donné le choix de , si l’on note , on remarque que , et donc on dispose d’un diagramme commutatif:
Ainsi, en utilisant le lemme 1.11 et en tenant compte du fait que est fini étale:
et donc est un isomorphisme.
∎
Proposition 1.24.
Soient un faisceau constructible sur et . Alors est un isomorphisme si, et seulement si, est un isomorphisme.
Démonstration.
Supposons que . Comme est fini, on dispose d’un isomorphisme . Notons la composée:
le deuxième morphisme étant induit par . Ce morphisme s’insère dans un diagramme cubique:
où est la normalisation de dans et toutes les faces du cube, à l’exception de la face droite, sont commutatives. Cela entraîne que la face droite est aussi commutative. On en déduit un diagramme commutatif:
et donc est un isomorphisme si, et seulement si, est un isomorphisme.
Si , on choisit un ouvert strict de . On a alors un diagramme cubique:
où toutes les faces, à l’exception de la face droite, sont commutatives. On en déduit la commutativité de la face droite. Il est maintenant possible de conclure exactement de la même manière que sous l’hypothèse .
∎
1.12 Propriété d’hérédité
Proposition 1.25.
Soit un entier. Supposons que soit un isomorphisme pour toute extension finie de , pour tout faisceau constructible sur et pour tout .
-
(i)
Supposons . Pour toute extension finie de et pour tout faisceau constructible sur , le morphisme est surjectif.
-
(ii)
On ne suppose plus que . On suppose par contre que pour toute extension finie de et pour tout , est un isomorphisme. Alors pour toute extension finie de et pour tout faisceau constructible sur , le morphisme est un isomorphisme.
Démonstration.
-
(i)
Soient une extension finie de et un faisceau constructible sur . Fixons . Soit un faisceau flasque de torsion muni d’une injection . Le faisceau est la limite inductive de ses sous-faisceaux constructibles, parmi lesquels se trouve . Par conséquent, comme , il existe un sous-faisceau constructible de contenant et tel que l’image de dans est nulle. Soit le conoyau de l’injection . Nous obtenons alors un diagramme commutatif à lignes exactes:
Ainsi, si , alors . On en déduit que est injectif, d’où le résultat.
-
(ii)
On reprend les mêmes notations qu’au début de (i). Soit tel que . Comme est constructible, on peut trouver un ouvert non vide de et un recouvrement étale fini connexe tel que est constant. On remarque alors que est la normalisation de dans une extension finie de . Notons la normalisation de dans . D’après la proposition 1.22, il existe alors un faisceau constructible constant sur de -torsion, un faisceau constructible sur à support fini et un morphisme injectif . On note . D’après la proposition 1.12, on sait que est un isomorphisme pour tout . De plus, comme par hypothèse est un isomorphisme pour , il en est de même de : la proposition 1.24 entraîne alors que est un isomorphisme. Par conséquent, est un isomorphisme.
Notons le conoyau de l’injection . Nous obtenons alors un diagramme commutatif à lignes exactes:Par chasse au diagramme, est surjectif. Cela étant vrai pour tout faisceau constructible , est aussi surjectif. Une nouvelle chasse au diagramme permet de conclure que est un isomorphisme.
∎
1.13 Preuve de la dualité d’Artin-Verdier
Nous sommes à présent en mesure d’établir le théorème d’Artin-Verdier pour . Pour ce faire, on prouve:
Proposition 1.26.
Pour toute extension finie de , pour tout faisceau constructible sur et pour tout , le morphisme est un isomorphisme.
Démonstration.
On procède par étapes:
-
A.
Pour :
Le lemme 1.21 entraîne immédiatement que est un isomorphisme. -
B.
Pour :
Soit une extension finie de . Soit un entier. La suite exacte courte de faisceaux induit une suite exacte longue de cohomologie:() Comme est divisible et d’après le lemme 1.8, on déduit que . D’autre part, . Vu à travers ces isomorphismes, l’accouplement d’Artin-Verdier devient pour , et un relèvement quelconque de . Cela impose que est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) entraîne alors immédiatement que est un isomorphisme pour tout faisceau constructible sur .
-
C.
Pour :
Soit une extension finie de . Soit un entier. D’après la proposition 1.25(i), est surjectif. Pour voir que c’est un isomorphisme, il suffit de montrer que et ont même cardinal.
La suite exacte ( ‣ B.) impose queD’autre part, la suite exacte de Kummer montre que:
car est divisible. Donc, en utilisant le lemme 1.8:
Par conséquent, est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que est un isomorphisme pour tout faisceau constructible sur .
-
D.
Pour :
Soit une extension finie de . Soit un entier. D’après la proposition 1.25(i), est surjective. Pour voir que c’est un isomorphisme, il suffit de montrer que et ont même cardinal.
La suite exacte ( ‣ B.) impose queD’autre part, la suite exacte de Kummer montre que:
Donc, en utilisant le lemme 1.8:
Par conséquent, est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que est un isomorphisme pour tout faisceau constructible sur .
-
E.
Pour :
Soit une extension finie de . Soit un entier. D’après la proposition 1.25(i), est surjective. Comme est divisible et d’après le lemme 1.8, la suite de Kummer montre que:Par conséquent, est un isomorphisme. La proposition 1.25(ii) permet alors de déduire que est un isomorphisme pour tout faisceau constructible sur .
-
F.
Pour :
Le corollaire 1.19 entraîne immédiatement que est isomorphisme puisque est nul.
∎
Les propositions 1.14 et 1.17 permettent alors d’obtenir le théorème 1.10. On en déduit le corollaire:
Corollaire 1.27.
Soit un faisceau constructible localement constant sur . Notons . Il existe alors un accouplement parfait de groupes finis:
Démonstration.
Il suffit d’identifier et . Cela a été fait dans le lemme 1.21. ∎
Remarque 1.28.
Dans le cas où est séparablement clos de caractéristique , le corollaire précédent reste vrai à condition de supposer que est de -torsion avec non divisible par . On attire en particulier l’attention sur le fait que, si est séparablement clos mais non algébriquement clos, le corps est encore de dimension cohomologique 1 puisque la cohomologie étale est invariante par extension purement inséparable.
2. Théorèmes de dualité arithmétique
On ne suppose plus séparablement clos et on note l’ensemble des nombres premiers. Dans toute la suite de l’article, on supposera qu’il existe des entiers et tels que:
-
;
-
le corps est de dimension cohomologique ;
-
pour chaque entier naturel non nul , on a un isomorphisme de sorte que, pour , le morphisme naturel s’identifie au morphisme qui envoie la classe de 1 dans sur la classe de dans ;
-
pour tout -module fini d’ordre non divisible par , le cup-produit induit un accouplement parfait de groupes finis:
On dira que est un corps -bon pour la dualité.
Exemple 2.1.
Un corps séparablement clos de caractéristique est -bon pour la dualité. Un corps fini de caratéristique est -bon pour la dualité d’après l’exemple I.1.10 de [Mil06]. Un corps -adique est -bon pour la dualité d’après le corollaire I.2.3 de [Mil06]. En procédant comme dans la preuve du théorème I.2.17 de [Mil06], on peut montrer qu’un corps de valuation discrète complet de corps résiduel -bon pour la dualité est -bon pour la dualité. Par exemple, les corps -locaux au sens de [Izq14b] sont -bons pour la dualité si l’on choisit pour la caractéristique du corps 1-local correspondant.
On rappelle que désigne une -algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel . On note toujours son corps des fractions, son idéal maximal, le schéma et le schéma . Le but de cette section est d’établir des théorèmes de dualité de type Poitou-Tate pour les modules finis et les tores sur .
Remarque 2.2.
En comparant tous les résultats qui vont suivre à ceux des articles [HSz13], [HSSz15], [CTH15], [Izq14b] et [Izq14c], on remarquera que le corps se comporte de manière très similaire au corps des fonctions d’une courbe sur un corps -bon pour la dualité. Par exemple, en ignorant les phénomènes liés à la caractéristique positive, se comporte comme et , et et se comportent comme et .
2.1 Dualité d’Artin-Verdier et descente galoisienne
Lemme 2.3.
La -algèbre est locale, intègre, normale, hensélienne, excellente, de dimension 2, de corps résiduel .
Démonstration.
Comme est géométriquement intègre, est intègre. Ainsi, pour chaque extension finie de , la -algèbre est intègre. De plus, c’est une extension finie étale de . Par conséquent, comme est local normal hensélien excellent, il en est de même de . On vérifie immédiatement que l’idéal maximal de est et que le corps résiduel de est . On déduit alors de la proposition 1 de l’appendice de [Bou06] et du corollaire 4.4 de [Mar79] que est un anneau local normal hensélien excellent d’idéal maximal et de corps résiduel . Finalement, l’injection étant plate, le théorème 4.3.12 de [Liu02] montre que . ∎
Théorème 2.4.
Soient un ouvert de et un schéma en groupes fini étale abélien sur de -torsion, avec non divisible par . Notons . Le groupe est isomorphe à et l’accouplement naturel:
est un accouplement parfait de groupes finis.
Démonstration.
Notons le groupe de Galois absolu de . Comme est un corps -bon pour la dualité, on montre exactement comme dans le théorème 1.1 de [Izq14b] que l’on a un isomorphisme dans la catégorie dérivée:
pour chaque complexe de -modules discrets de -torsion borné inférieurement. Par ailleurs, d’après le théorème 1.27 et le lemme précédent, si l’on note et la restriction de à , on a des accouplements parfaits -équivariants de groupes finis:
Comme dans le théorème 1.1 de [Izq14b], cela fournit un isomorphisme dans la catégorie dérivée des groupes abéliens:
On conclut alors exactement de la même manière que la proposition 2.1 de [Izq14b]. ∎
2.2 Dualité de Poitou-Tate pour les modules finis
Soit un -module fini d’ordre non divisible par . Notons , et posons, pour :
Théorème 2.5.
Pour , il existe un accouplement parfait de groupes finis:
Remarque 2.6.
Plaçons-nous dans le cas , , . Bien sûr, on aurait pu définir les groupes de Tate-Shafarevich en tenant compte de toutes les valuations discrètes de rang 1 de :
où désigne toutes les valuations discrètes de rang 1 de . Cependant, on ne peut pas espérer une dualité parfaite de la forme:
puisque est toujours nul (théorème 1.2 de [Hu14]) alors que peut être non nul (théorème 5 de [Jaw01]). Par ailleurs, ce dernier point montre que dans le théorème 2.5, les groupes de Tate-Shafarevich qui apparaissent ne sont pas toujours nuls.
Nous allons maintenant brièvement expliquer comment on obtient le théorème 2.5, la preuve étant analogue à celle du théorème 2.4 de [Izq14b]. Soit un ouvert non vide de . Considérons un schéma en groupes fini étale sur prolongeant : on le notera toujours . Posons:
Proposition 2.7.
-
(i)
Il existe un ouvert non vide de tel que pour chaque ouvert non vide .
-
(ii)
La suite est exacte.
Démonstration.
-
(i)
Si sont des ouverts non vides de , on a . Comme est fini, il existe un ouvert non vide de tel que pour chaque ouvert non vide . Par ailleurs, pour des ouverts non vides de , on a un diagramme commutatif à lignes exactes:
En prenant , une simple chasse au diagramme permet de montrer que convient.
-
(ii)
Ce n’est qu’une chasse au diagramme dans le diagramme de (i).
∎
On a alors un diagramme commutatif à lignes exactes:
Le morphisme vertical central est un isomorphisme d’après le théorème 1.27. Pour voir que le morphisme vertical de droite est un isomorphisme, il suffit d’appliquer le même méthode que Milne dans le théorème I.2.17 de [Mil06] et d’utiliser que est un corps -bon pour la dualité. On obtient alors un isomorphisme . Il suffit de passer à la limite sur pour obtenir le théorème 2.5.
2.3 Dualité de Poitou-Tate pour les tores
Théorème 2.8.
Soit un -tore de module de caractères et de tore dual .
-
(i)
Supposons (par exemple séparablement clos). On a des accouplements parfaits de groupes finis:
-
(ii)
Supposons que (par exemple ou fini). On a un accouplement parfait de groupes finis:
Démonstration.
Les preuves sont semblables à celle du théorème 2.5.
-
(i)
La preuve est en tous points analogue à celle des théorèmes 7.1 et 7.2 de [CTH15]. Rappelons brièvement les grandes étapes de la preuve du premier accouplement, le second étant obtenu de manière très similaire. Pour simplifier, on suppose que .
Soit un nombre premier. On considère un tore étendant sur un ouvert non vide de . Pour , un argument identique à celui de la proposition 3.4 de [CTH15] montre que l’accouplement naturel:est un accouplement parfait de groupes finis. De plus, le théorème 2.4 permet de prouver que, pour ouvert non vide de , l’accouplement naturel
induit un accouplement parfait de groupes finis:
Par conséquent, en introduisant pour chaque ouvert non vide de les groupes:
et en utilisant la suite exacte de localisation (proposition 3.1.(1) de [HSz13]), on obtient un diagramme commutatif à lignes exactes:
Cela montre que et sont duaux l’un de l’autre. Reste à identifier ces deux groupes à des groupes de Tate-Shafarevich:-
on montre aisément (comme dans le lemme 7.3 de [CTH15]) que le morphisme est injectif et donc que ;
-
le groupe est abélien de torsion de type cofini, et pour des ouverts non vides, on a . Grâce au lemme 3.7 de [HSz13], on peut alors trouver un ouvert non vide de (dépendant de ) tel que, pour tout ouvert non vide de , on ait . Une chasse au diagramme montre alors que .
Cela achève la preuve.
-
-
(ii)
La preuve est très similaire à celle du théorème 4.4 de [HSz13] et à celle du théorème 3.10 de [Izq14b]. Il n’y a qu’une seule différence: comme n’est pas une variété lisse sur un corps, on ne sait pas s’il existe un accouplement dans la catégorie dérivée des faisceaux étales sur qui soit compatible avec le morphisme naturel . Mais on peut voir dans la preuve du théorème 3.10 de [Izq14b] que l’on a en fait uniquement besoin d’un accouplement . Et un tel accouplement existe bien puisque, pour chaque , d’après la proposition 1 de [Kah92], on a un morphisme dans la catégorie dérivée:
Une fois que l’on dispose de cet accouplement, on montre (ii) avec le même type d’arguments que (i).
∎
Remarque 2.9.
-
Dans (ii), si est un corps fini, le groupe est nul et donc le groupe est fini et on a un accouplement parfait de groupes finis:
Pour prouver la nullité de , il suffit de procéder comme dans la preuve de la proposition 3.4(2) de [HSz13], en remplaçant la dualité de Lichtenbaum par le théorème 0.11 de [Sai86].
Pour les applications arithmétiques (en particulier le théorème 3.2), il sera utile d’avoir aussi un théorème de dualité pour certains complexes de tores à deux termes:
Théorème 2.10.
Supposons (par exemple séparablement clos). Soit un groupe de type multiplicatif sur . Soit un morphisme de tores algébriques sur à noyau fini. Soient le complexe où est en degré -1 et en degré 0, et le complexe où est placé en degré -1 et en degré 0. On a alors un accouplement parfait de groupes finis:
Démonstration.
La preuve est tout à fait analogue à celle du corollaire 4.17 de [Izq14a], et les idées sont similaires à celles du théorème 2.8. On se contente donc d’esquisser la preuve, en supposant (pour simplifier) que .
Soit un ouvert non vide de sur lequel (resp. ) s’étend en un tore (resp. ) et s’étend en un morphisme , aussi noté . Soient le complexe et le complexe . Fixons un nombre premier. En utilisant le théorème 2.4, on peut alors montrer qu’il y a un accouplement parfait de groupes finis:
() |
Introduisons maintenant les groupes:
En combinant la dualité parfaite ( ‣ 2.3) avec une dualité locale, on montre que l’on a un morphisme surjectif à noyau divisible . Or on peut prouver que, si est suffisamment petit, on a . Du coup, en passant à la limite sur , on obtient un isomorphisme:
Pour conclure, il suffit de remarquer que le groupe est fini (car est à noyau fini). ∎
3. Applications arithmétiques
On suppose toujours que est un corps -bon pour la dualité et on rappelle que désigne une -algèbre commutative, locale, géométriquement intègre (ie est intègre), normale, hensélienne, excellente, de dimension 2 et de corps résiduel . On note toujours son corps des fractions, son idéal maximal, le schéma et le schéma . Le but de cette section est d’utiliser les théorèmes de dualité de type Poitou-Tate de la section précédente pour étudier le principe local-global et l’approximation faible sur .
3.1 Principe local-global dans le cas et
Supposons que soit algébriquement clos de caractéristique 0. En particulier, est un corps -bon pour la dualité. Soient un -groupe linéaire réductif connexe et un espace principal homogène sous tel que, pour chaque , on a . D’après la preuve de la proposition 1.8(ii), on a une suite exacte:
() |
En considérant un modèle géométriquement intègre de sur un ouvert non vide de , on peut définir un accouplement analogue à l’accouplement de Brauer-Manin pour les corps de nombres:
où:
Ici, décrit les ouverts non vides de et désigne le complété de l’anneau local de en . Notons:
Toujours en utilisant la suite exacte ( ‣ 3.1), on remarque que induit un accouplement:
et que est contenu dans l’orthogonal de dans : cela définit une obstruction au principe local-global pour , que l’on appellera obstruction de Brauer-Manin associée à .
On remarque que, pour , la valeur de ne dépend pas du choix du point adélique . Comme on dispose d’un isomorphisme canonique (voir le lemme 5.2(iii) de [BvH09]), cela permet de définir un accouplement:
où est un point adélique quelconque.
Par ailleurs, notons le sous-groupe dérivé de et son revêtement universel, qui est semi-simple simplement connexe. Soit un tore maximal de . Notons l’image réciproque de par le morphisme composé et . Comme dans la section 2 de l’article [Bor98] de Borovoi, pour une extension de , on définit la cohomologie galoisienne abélienne de par . Elle est munie de morphismes d’abélianisation (voir section 3 de [Bor98]).
Proposition 3.1.
Pour chaque , le morphisme est bijectif. Il en est de même du morphisme .
Démonstration.
D’après les théorèmes 1.4 et 1.5 de [CTGP04], et sont des corps de caractéristique 0, de dimension cohomologique 2, tels que indice et exposant coïncident pour les algèbres simples centrales, et sur lesquels la conjecture de Serre II vaut. Il suffit donc de procéder comme dans le corollaire 5.4.1 de [Bor98] pour obtenir l’injectivité et d’invoquer le théorème 5.1(i) et l’exemple 5.4(vi) de [GA12] pour obtenir la surjectivité. ∎
Le noyau du morphisme étant fini, le théorème 2.10 fournit un accouplement parfait de groupes finis de type Poitou-Tate:
où est le complexe dans lequel est placé en degré -1 et en degré 0. Nous disposons d’isomorphismes permettant de comparer cet accouplement à l’accouplement de Brauer-Manin:
-
d’après la proposition 3.1, les morphismes d’abélianisation induisent une bijection ,
-
d’après le corollaire 2.20 et le théorème 4.8 de [BvH09], les groupes et sont isomorphes, ce qui induit un isomorphisme .
On peut alors montrer, comme dans la proposition 2.5 de [Izq14c], que l’on a un diagramme commutatif au signe près:
On en déduit le théorème:
Théorème 3.2.
Supposons que soit algébriquement clos de caractéristique 0. Soit un groupe réductif connexe sur . L’accouplement de Brauer-Manin:
induit une bijection . En particulier, l’obstruction de Brauer-Manin associée à est la seule obstruction pour les espaces principaux homogènes sous .
Cela répond affirmativement à la question de J.-L. Colliot-Thélène, R. Parimala et V. Suresh posée à la toute fin de l’article [CTPS15] dans le cas (b) lorsque est de caractéristique nulle. Plus précisément, si est un espace principal homogène sous pour lequel il existe une famille telle que pour tout :
alors a un point rationnel. Ici, désigne une désingularisation de comme dans la section 1.2 et les et désignent les applications résidus.
3.2 Principe local-global dans le cas général
On ne fait plus d’hypothèse sur ni sur . Ainsi, le corps peut être séparablement clos de caractéristique positive, fini, -adique, ou encore . Soient un tore sur et un espace principal homogène sous tel que et qui devient trivial sur une extension finie de de degré non divisible par . La théorie de Bloch-Ogus (rappelée par exemple dans le paragraphe 2 de [CTPS15]) fournit un complexe:
() |
Comme dans le paragraphe précédent, en identifiant les groupes et , on peut alors définir un accouplement à la Brauer-Manin:
Posons:
où désigne . En utilisant de nouveau le complexe ( ‣ 3.2), on remarque que l’accouplement induit un accouplement:
et que est contenu dans l’orthogonal de . De plus, pour , la quantité est indépendante du choix du point adélique . L’accouplement induit donc un morphisme:
Proposition 3.3.
Démonstration.
La preuve est analogue à la partie 5 de [HSz13]. On se contente de rappeller brièvement la construction de .
Notons . La suite spectrale
induit un morphisme:
Comme dans le lemme 5.2 de [HSz13], on a un isomorphisme de modules galoisiens . On obtient donc un morphisme:
D’après le lemme 3.1 de [Izq14b], les groupes et sont triviaux. En exploitant le triangle distingué
on montre alors que , ce qui fournit un morphisme:
En passant aux éléments localement triviaux, on obtient un morphisme:
C’est le morphisme . ∎
La proposition précédente entraîne alors le théorème suivant:
Théorème 3.4.
Soient un tore sur et un espace principal homogène sous tel que et qui devient trivial sur une extension finie de de degré non divisible par . Si est trivial, alors .
Comme dans le paragraphe 3.1, en prenant , cela répond affirmativement à la question de J.-L. Colliot-Thélène, R. Parimala et V. Suresh posée à la toute fin de l’article [CTPS15] dans le cas (b) lorsque est de caractéristique quelconque.
Pour terminer ce paragraphe, remarquons qu’en utilisant la remarque 2.9 et en procédant comme dans le corollaire 5.7 de [HSz13], on peut obtenir la proposition:
Proposition 3.5.
Supposons fini de caractéristique et considérons un tore stablement rationnel sur . Soit un espace principal homogène sous tel que et qui devient trivial sur une extension finie de de degré non divisible par . Alors vérifie le principe local-global.
3.3 Approximation faible
On suppose dans ce paragraphe que . En particulier, est de caractéristique nulle. Pour un -module discret, on note l’ensemble des éléments de dont la restriction à est triviale pour presque tout . On rappelle la définition 1.1 de [Izq14c]:
Définition 3.6.
Soit un -tore. On dit que vérifie l’approximation faible si est dense dans , où le groupe est muni de la topologie -adique pour chaque . On dit que vérifie l’approximation faible faible (resp. l’approximation faible faible dénombrable) s’il existe une partie finie (resp. dénombrable) de telle que, pour toute partie finie de n’intersectant pas , le groupe est dense dans .
Exactement comme dans la section 9 de [CTH15], dans la section 3 de [HSSz15] ou encore dans la section 1 de [Izq14c], on peut comprendre l’obstruction à l’approximation faible:
Théorème 3.7.
Soit un -tore de module de caractères et de tore dual . On note l’adhérence de dans .
-
(i)
Supposons (par exemple ). On a la suite exacte:
Le tore vérifie toujours l’approximation faible faible, et il vérifie l’approximation faible si, et seulement si, .
-
(ii)
Supposons que (par exemple ). On a la suite exacte:
Le tore vérifie l’approximation faible si, et seulement si, . Le tore vérifie l’approximation faible faible si, et seulement si, le groupe de torsion est de type cofini. Le tore vérifie l’approximation faible faible dénombrable si, et seulement si, le groupe de torsion est dénombrable.
Démonstration.
(Esquisse). Voici les grandes étapes pour (i):
-
1.
Pour un -module fini, on établit une suite exacte:
où et est le produit restreint des pour par rapport aux .
-
2.
En dualisant la suite exacte précédente, on montre que, pour un -module fini et une partie finie de , on a une suite exacte:
où pour chaque module galoisien .
-
3.
L’exploitation de la suite exacte précédente avec permet de montrer que . D’après le théorème 2.8, c’est un groupe de torsion de type cofini divisible. De plus, l’égalité permet de vérifier que le théorème est vrai pour les tores quasi-triviaux.
-
4.
Comme le théorème est vrai pour les tores quasi-triviaux, le lemme d’Ono (théorème 1.5.1 de [Ono61]) permet de supposer que admet une résolution:
avec fini et tore quasi-trivial. Cela donne un diagramme commutatif:
Les deux premières lignes sont bien sûr exactes, et on peut montrer que la troisième l’est aussi grâce à l’étape 3. En utilisant encore l’étape 3, une chasse au diagramme permet d’établir une suite exacte:où désigne l’adhérence de dans . En passant à la limite projective sur , on obtient l’exactitude de:
-
5.
L’exactitude de
s’obtient en dualisant la suite exacte:
-
6.
De la suite exacte:
on déduit que vérifie l’approximation faible si, et seulement si, . et qu’il vérifie l’approximation faible faible si, et seulement si, est d’indice fini dans . En utilisant une résolution flasque de , on peut montrer que , où désigne l’ensemble des places de mauvaise réduction de . Ainsi, est toujours d’indice fini dans et vérifie l’approximation faible faible.
∎
Remarque 3.8.
-
La preuve de (ii) est similaire.
-
Comme dans la remarque 2.9, on pourrait obtenir un résultat pour l’approximation faible dans le cas où est quelconque en faisant intervenir les complexes de Bloch.
Références
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- [Gro61] Alexander Grothendieck. Éléments de géométrie algébrique. III. Étude cohomologique des faisceaux cohérents. I. Inst. Hautes Études Sci. Publ. Math., 11, 1961.
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