Approximation forte pour les variétés avec une action d’un groupe linéaire
Résumé.
Soit un groupe linéaire connexe sur un corps de nombres. Soit une inclusion -équivariante d’un -espace homogène à stabilisateurs connexes dans une -variété lisse. On montre que satisfait l’approximation forte avec condition de Brauer-Manin hors d’un ensemble de places de dans chacun des cas suivants :
(i) est l’ensemble des places archimédiennes;
(ii) est un ensemble fini non vide quelconque, et .
La démonstration utilise le cas , qui a fait l’objet de divers travaux.
Summary. Let be a connected linear algebraic group over a number field. Let be a -equivariant open embedding of a -homogeneous space with connected stabilizers into a smooth -variety. We prove that satisfies strong approximation with Brauer-Manin condition off a set of places of under either of the following hypotheses :
(i) is the set of archimedean places;
(ii) is a nonempty finite set and .
The proof builds upon the case , which has been the object of several works.
1. Introduction
Soit un corps de nombres. On note l’ensemble des places de et l’ensemble des places archimédiennes de . On note pour . Notons l’anneau des entiers de et l’anneau des -entiers de pour un sous-ensemble fini de contenant . Pour chaque , on note le complété de en et l’anneau des entiers ( pour ). Soit l’anneau des adèles de . Pour un sous-ensemble fini , soit l’anneau des adèles hors de et . Par exemple, soit l’anneau des adèles finis et .
Pour sous-ensemble de , on définit
Comme l’a remarqué Manin, la théorie du corps de classes donne .
Définissons
(1.1) |
la projection, où est l’ensemble des composantes connexes de .
Puisque, pour tout , chaque élément de prend une valeur constante sur chaque composante connexe de , pour tout sous-ensemble on peut définir :
Définition 1.1.
([CTX09, CTX13]) Soient un corps de nombres, une -variété et un sous-ensemble fini. Notons la projection.
(1) Si est dense dans , on dit que satisfait l’approximation forte hors de .
(2) Si est dense dans pour un sous-ensemble de , on dit que satisfait l’approximation forte par rapport à hors de . On dit aussi alors que satisfait l’approximation forte de Brauer-Manin par rapport à hors de .
Si , on peut s’intéresser à une question un peu plus précise tenant compte des composantes connexes réelles : est-il dense dans pour un sous-groupe ?
Pour les espaces homogènes de groupes algébriques connexes, ces questions ont fait ces dernières années l’objet d’une série de travaux [CTX09, Ha08, BD] prolongeant des travaux classiques.
Lorsqu’on cherche à étendre la classe des variétés satisfaisant les propriétés ci-dessus, il est naturel de poser les questions 1.2 et 1.3 suivantes.
Question 1.2.
Soient une -variété lisse géométriquement intègre et un ouvert de . Si est dense dans , sous quelles conditions peut-on établir que est dense dans ?
Le cas qui nous intéresse est celui où est un -espace homogène. En général, l’inclusion n’est pas un isomorphisme et, dans ce cas, il existe des exemples pour lesquels ne satisfait pas l’approximation forte par rapport à hors d’un sous-ensemble fini non vide quelconque (par exemple , et avec une place non archimédienne).
Question 1.3.
Soit un sous-ensemble fini non vide. Soient une -variété lisse géométriquement intègre et un ouvert de fibré sur un certain -espace homogène . Si toute fibre de au-dessus d’un -point de satisfait l’approximation forte hors de , sous quelles conditions peut-on établir l’approximation forte pour par rapport à hors de ?
Le principal résultat de cet article est le :
Théorème 1.4.
(cf. Théorème 7.6) Soit un groupe linéaire connexe sur un corps de nombres , et soit une -variété lisse géométriquement intègre sur . Supposons qu’il existe un -ouvert tel que , où est un sous-groupe fermé connexe. Soit un sous-ensemble fini non vide et supposons que est non compact pour chaque facteur simple du groupe .
(1) Si , alors est dense dans .
(2) Si , alors satisfait l’approximation forte de Brauer-Manin par rapport à hors de .
Ce théorème est une conséquence directe d’un résultat plus général mais d’énoncé technique (Théorème 7.5).
Le théorème 1.4 (1) avait déjà été établi dans les cas suivants :
(i) est une variété torique, c’est-à-dire que est un tore (F. Xu et l’auteur [CX]).
(ii) est une variété groupique, c’est-à-dire que est un groupe linéaire connexe et que (F. Xu et l’auteur [CX1]).
(iii) est comme dans le théorème, avec résoluble connexe (résultat tout récent de D. Wei [Wei16]).
Au §4, on donne une démonstration totalement nouvelle de ce résultat, laquelle est plus simple que celles des trois travaux ci-dessus.
Le théorème 1.4 (2) avait déjà été établi dans les cas suivants :
(iv) est une variété torique (D. Wei [Wei14]).
(v) est une variété groupique (F. Xu et l’auteur [CX1]).
Les démonstrations de ce résultat, comme celle de [CX1], reposent d’une part sur des constructions géométriques sur un corps quelconque, d’autre part sur les théorèmes d’approximation forte avec condition de Brauer-Manin pour les espaces homogènes établis dans [CTX09, Ha08, BD]. Les constructions géométriques du présent article s’inspirent de celles de [CX1] et la partie arithmétique du présent article utilise une généralisation de [CDX] (cf. §5).
Dans les quatre articles cités, on a la conclusion plus précise : dans les énoncés, on peut remplacer par le sous-groupe “algébrique” , dont la définition est rappelée ci-dessous. Dans le cadre général où nous nous plaçons, il faut utiliser tout le groupe de Brauer . L’idée clé est la notion de sous-groupe de Brauer invariant (cf. §3), qui généralise [BD, §1.2].
Soit un groupe linéaire connexe. Le plan de l’article est le suivant:
La section 2 est consacrée à divers préliminaires géométriques, notamment sur les -variétés et leurs torseurs sous un tore ou un groupe de type multiplicatif. Au §2.3, on étudie les torseurs sous un groupe de type multiplicatif sur une -variété. On montre que tout tel torseur peut être muni canoniquement d’une action d’un groupe linéaire qui s’envoie sur (Théorème 2.7). Pour cela, on utilise un théorème de Colliot-Thélène [CT08, Thm. 5.6] sur les torseurs au-dessus d’un groupe linéaire connexe.
Au §3, on définit la notion du sous-groupe de Brauer -invariant d’une -variété lisse (cf. Définition 3.1). On donne des caractérisations équivalentes sur les sous-groupes de (Proposition 3.3). Ensuite, on définit la notion d’homomorphisme de Sansuc (cf. Définition 3.8) et on généralise la suite exacte de Sansuc (cf. (3.6)). On étudie la propriété de par rapport au passage à la fibre d’un -morphisme vers un tore (Proposition 3.13). On généralise la notion de -espace homogène à stabilisateur géométrique connexe et on définit la notion de pseudo -espace homogène (Définition 3.15) qui sera utilisée aux §4 et §6.
La section 4 est consacrée à l’approximation forte hors des places archimédiennes. On établit le théorème 4.2 sur l’approximation d’un point adélique de satisfaisant une condition de Brauer-Manin par un tel point situé sur . Comme conséquence, on répond à la question 1.2 (Corollaire 4.5) dans ce cas. Ceci donne le théorème 1.4 (1).
Au §5, en utilisant la notion de sous-groupe -invariant du groupe de Brauer, on combine la suite exacte (3.6) et la méthode de [CDX], et on généralise [CDX, Thm. 1.2]. On établit un théorème de descente pour un torseur sous un groupe linéaire connexe quelconque (Théorème 5.9). Comme conséquence, on établit une formule sur les points adéliques d’un certain -espace homogène satisfaisant une condition de Brauer-Manin (Corollaire 5.13).
Au §6, pour une -variété munie d’un -ouvert fibré sur l’autre -variété , on considère l’approximation d’un point adélique de satisfaisant une condition de Brauer-Manin par un tel point situé dans la fibre au-dessus d’un point rationnel de (Question 6.1). Pour répondre à la question 6.1, on généralise [CX1, Prop. 3.6] et on établit au §6.1 un théorème plus fin sur l’approximation forte d’un espace affine (théorème 6.2). Ensuite, on combine ce théorème et l’étude du sous-groupe de Brauer -invariant (§3) avec la méthode de fibration de Colliot-Thélène et Harari [CTH], et on répond à la question 6.1 dans le cas où est un certain tore (Théorème 6.7 et Théorème 6.9). Au cas où est un pseudo -espace homogène, on résoud la question 6.1 (Théorème 6.11) à l’aide de tous les résultats ci-dessus (sauf ceux du §4).
La section 7 est consacrée à la preuve des résultats principaux à l’aide de tous les résultats ci-dessus. En utilisant la descente (§5), on établit d’abord un résultat (Proposition 7.4) sur l’approximation forte pour les -espaces homogènes à stabilisateur géométrique connexe, ce qui généralise un résultat de Borovoi et Demarche ([BD, Thm. 1.4]). Ensuite, on combine ce résultat avec les résultats des §4 et §6, et on établit le théorème principal (Théorème 7.6) sur l’approximation forte d’une -variété munie d’un -ouvert fibré sur un certain -espace homogène. Ceci donne immédiatement le théorème 1.4.
Conventions et notations.
Soit un corps quelconque de caractéristique . On note une clôture algébrique et .
Tous les groupes de cohomologie sont des groupes de cohomologie étale. Soit un schéma intègre. On note le point générique de .
Une -variété est un -schéma séparé de type fini. Pour une telle variété, on note son anneau des fonctions globales, son groupe des fonctions inversibles, son groupe de Picard et son groupe de Brauer. Notons
Le groupe est le sous-groupe “algébrique” du groupe de Brauer de . Si est intègre, on note son corps des fonctions rationnelles.
On note le lieu singulier de , et pour un sous-ensemble fermé , on note le lieu singulier de comme sous-variété fermée réduite.
Un -groupe algébrique est une -variété qui est un -schéma en groupes. On note l’unité de et le groupe des caractères de . C’est un module galoisien de type fini. Si est connexe, on note
(1.2) |
Soit un groupe linéaire connexe. On note son quotient torique maximal, son radical unipotent, son quotient réductif maximal, , et le revêtement simplement connexe du groupe semi-simple . Alors on a .
Soit un -groupe algébrique. Une -variété (ou ) est une -variété munie d’une action à gauche . Un ouvert est un -ouvert si est invariant sous l’action de . Un -morphisme de -variétés est appelé -morphisme s’il est compatible avec l’action de .
Soit un -groupe algébrique connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. Notons le sous-groupe de Brauer -invariant (cf: Définition 3.1). Dans le cas où avec linéaire et un sous-groupe fermé connexe, Borovoi et Demarche ont défini ([BD, §1.2]) En fait, on a (Proposition 3.9): .
Soit un tore. Une variété torique est une -variété lisse intègre munie d’une immersion ouverte fixée de -variétés. Pour une -algèbre finie séparable , on a une variété torique canonique:
Soit un corps de nombres. Soit une -variété. On note l’ensemble des points adéliques de et on note comme en (1.1). Soit un -groupe algébrique. On note la composante connexe de l’identité de .
2. Préliminaires sur les -variétés et les torseurs
Dans toute cette section, est un corps quelconque de caractéristique . Sauf mention explicite du contraire, une variété est une -variété. Dans [CX1], le résultat de structure géométrique est [CX1, Prop. 3.12]. On en donne une généralisation (Proposition 2.2 et Proposition 2.3). Dans [CTSb, Lem. 1.6.2], Colliot-Thélène et Sansuc ont étudié la structure des torseurs sous un tore et obtenu la suite exacte (2.2). On précise ici les morphismes de la suite exacte (2.2) (Proposition 2.5). Colliot-Thélène ([CT08, Thm. 5.6]) a étudié la structure des torseurs sous un groupe de type mutiplicatif lorque la base est un groupe linéraire connexe. On considère ici le cas plus général des torseurs sur une variété munie d’une action d’un groupe . On établit un théorème général (Théorème 2.7) sur la structure de ces torseurs.
2.1. Préliminaires sur les -variétés
On rappelle un résultat pour les variétés toriques lisses ([CX, Prop. 2.10]).
Lemme 2.1.
Soient un tore et une variété torique lisse. Soit . Alors est une variété torique, et chaque -orbite de est de codimension et son stabilisateur géométrique est isomorphe à .
Démonstration.
Puisque est -invariant et , la variété est une variété torique et .
Supposons que . Dans ce cas, toutes les variétés toriques lisses de dimension ont un recouvrement par des variétés toriques (cf. [CX, Lem. 2.1]), et donc admet un recouvrement par des variétés toriques et . Le résultat en découle. ∎
Proposition 2.2.
Soient comme dans le lemme 2.1. Soit un groupe linéaire connexe muni d’un homomorphisme surjectif de noyau connexe. Soit une -variété lisse géométriquement intègre munie d’un -morphisme dominant . Soit un -ouvert de tel que . On a:
(1) le morphisme est plat;
(2) si induit un isomorphisme , alors il existe un -ouvert de tel que , , et soit lisse, surjectif à fibres géométriquement intègres.
Démonstration.
Par le lemme 2.1, est -invariant, et , où est -orbite de codimension . Donc et sont -invariants.
Pour (1), on peut supposer que et . Puisque est lisse, est intègre et est dominant, il existe un ouvert tel que et soit plat. Donc pour chaque , . En utilisant l’action de , on a que est plat.
Pour (2), puisque est un isomorphisme, on a
On note et . Alors avec et toutes les composantes connexes de sont de dimension . On note . Alors est -invariant, , , et chaque composante connexe de est lisse, intègre de dimension .
Puisque est un isomorphisme, avec . Alors chaque est une -variété lisse intègre de dimension . Puisque est connexe, le stabilisateur de comme -variété est connexe. Par [CX1, Prop. 2.2], les morphismes et sont lisses surjectifs à fibres géométriquement intègres. Le résultat en découle. ∎
Proposition 2.3.
Soient et deux tores avec quasi-trivial. Soient une variété lisse géométriquement intègre et un ouvert muni d’un morphisme . Supposons que la composition
est un isomorphisme.
(1) Alors il existe un homomorphisme et une variété torique tels que:
(a) il existe une -algèbre finie séparable et un isomorphisme de variétés toriques:
(2.1) |
(b) si l’on note
alors le morphisme peut être étendu à un unique morphisme ;
(c) on a un isomorphisme
(2) Soit un groupe linéaire muni d’un homomorphisme . Supposons que est une -variété, est un -ouvert et est un -morphisme. Alors le morphisme est un -morphisme, où l’action de sur est induite par .
Démonstration.
Soient les composantes irréductibles de dont la dimension est . Alors . Puisque est un isomorphisme, il existe une base de telle que . Puisque , on peut supposer que et est globalement -invariant. Soit la -algèbre finie séparable qui correspond au -ensemble . Alors , et l’immersion ouverte
est exactement l’immersion ouverte . Puisque , on obtient canoniquement une variété torique .
Notons et donc
Soit l’homomorphisme correspondant à la composition
Puisque l’homomorphisme est défini par , on a
et
Puisque est lisse, et donc normale, on a
Alors s’étend en un morphisme .
Pour (c), puisque dans le diagramme commutatif
les compositions horizontales sont des isomorphismes, est un isomorphisme.
Pour (2), puisque le diagramme
est commutatif en , ce diagramme est commutatif et est un -morphisme. ∎
2.2. Trivialisation d’un torseur
Les torseurs sous un tore ou sous un groupe de type multiplicatif sont étudiés par Colliot-Thélène et Sansuc [CTSb]. Soit un tore. Soient une variété lisse géométriquement intègre et un ouvert. Par [CTSb, Lem. 1.6.2], on a une suite exacte canonique:
(2.2) |
et pour chaque , on a .
Pour un -torseur tel que soit trivial, on note et l’ensemble des trivialisations . On a une application canonique
(2.3) |
définie par: pour chaque , le morphisme est la composition:
où est un isomorphisme par [CT08, Lem. B.1]. On a aussi une application canonique
(2.4) |
où .
Lemme 2.4.
L’application induit une action transitive de sur , et pour chaque , , on a .
Démonstration.
Pour , on a , et donc est une action.
Notons . Pour deux trivialisations , le morphisme est un -morphisme sur , i.e. pour chaque et , on a
Notons , alors et donc est transitive.
Notons . Pour tout et tout , on a
dans . Puisque les deux morphismes composés
coïncident, on a et le résultat en découle. ∎
Proposition 2.5.
Démonstration.
D’après le lemme 2.4, l’énoncé est équivalent à l’existence d’une trivialisation telle que .
Étape (1). Supposons que et . Dans ce cas, . La suite exacte (2.2) est obtenue en appliquant à la suite exacte de faisceaux (cf. [CTSb, Lem. 1.6.2])
où . Donc, après avoir choisi , le morphisme
est le morphisme canonique . Par [CT08, Lem. B.1], pour chaque trivialisation , on a un diagramme commutatif:
Puisque , le résultat en découle.
Étape (2). Supposons . Notons . Alors , , et . On se réduit ainsi à l’étape (1).
Étape (3). Supposons que est quasi-trivial et est projective. Dans ce cas, le morphisme est injectif (une conséquence de [CTSb, (2.0.2)]). Par l’étape (2), pour chaque , on a , et donc .
Étape (4). En général, soit une compactification lisse de et soit un tore avec un isomorphisme . Notons et le morphisme correspondant de tores. L’égalité donne des morphismes
tels que . Par la suite exacte (2.2), on a un diagramme commutatif
Alors donne un -torseur sur tel que , et que . Ceci donne un diagramme commutatif:
et le résultat découle de l’étape (3). ∎
2.3. L’action d’un groupe sur un torseur
Soit un groupe de type multiplicatif et soit un groupe linéaire connexe. Colliot-Thélène a montré que tout -torseur sur peut être muni d’une structure de groupe telle que soit un homomorphisme de groupes, s’il possède un point rationnel au-dessus de (cf. [CT08, Thm. 5.6]). On donne une généralisation de ce résultat (Théorème 2.7).
On commence par une généralisation de [CT08, Lem. 5.5].
Lemme 2.6.
Soient , deux variétés lisses géométriquement intègres. Soit un groupe de type multiplicatif. Supposons que est géométriquement rationnelle et . Alors pour chaque et ou , on a un isomorphisme canonique:
où .
Démonstration.
Si , l’énoncé découle de [S, Lem. 6.5 et Lem. 6.6]. Si est quasi-trivial, i.e. il existe une -algèbre finie étale tel que , l’énoncé découle du fait .
En général, on note et pour ou . Il existe un tore , un tore quasi-trivial et une suite exacte:
Elle induit un diagramme commutatif de suites exactes:
Le résultat découle du lemme des cinq. ∎
Théorème 2.7.
Soient un -groupe linéaire connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. Soient un groupe de type multiplicatif et un -torseur. Alors il existe un groupe linéaire et un homomorphisme tels que soit surjectif de noyau central et que l’action de en s’étende une action de sur qui fait un -morphisme.
De plus :
(1) le groupe est unique, i.e. si satisfait les conditions ci-dessus, alors il existe un isomomorphisme de -groupes tel que l’on ait un diagramme commutatif:
(2.5) |
(2) si dans , alors ;
(3) pour chaque choix d’une action , chaque homomorphisme induit une nouvelle action satisfaisant les conditions ci-dessus, où
et toutes les actions satisfaisant les conditions ci-dessus sont obtenues de cette façon.
Démonstration.
On suit la démonstration de Colliot-Thélène [CT08, Thm. 5.6]. D’après le lemme 2.6, pour chaque élément , puisque , il existe un unique tel que , où sont les projections. Si , on note . Par [CT08, Thm. 5.6 et Cor. 5.7], il existe une structure unique de -groupe linéaire sur (à (2.5) près) telle que soit un homomorphisme de noyau central.
Notons l’immersion. L’égalité donne un diagramme commutatif:
(2.6) |
tel que induise un isomorphisme et soit un -morphisme, où l’action . Donc est un -morphisme, et donc un isomorphisme. Remplaçant par , on peut supposer que est l’identité, et donc .
Montrons que est une action. Notons la multiplication sur . Puisque est une action, les morphismes et induisent un morphisme
pour chaque et . Puisque est un -morphisme, il existe un morphisme tel que . Par le lemme de Rosenlicht (voir [S, Lem. 6.5]), il existe des homomorphismes et un morphisme tels que
pour chaque et . Puisque pour chaque , on a , et pour chaque . Donc est une action.
Pour (1), s’il existe un groupe linéaire qui satisfait l’énoncé du théorème, alors et l’action en induisent le diagramme (2.6) tel que et . Alors dans , on a , ce qui détermine uniquement par l’argument ci-dessus.
Pour (2), si , on a et, d’après (1), on a .
Pour (3), il est clair que et . Par ailleurs, soit une action satisfaisant les conditions. Alors on a un morphisme
pour chaque et . Puisque , il existe tel que . Par le lemme de Rosenlicht (voir [S, Lem. 6.5]), il existe un homomorphisme et un morphisme tels que pour chaque et . Puisque pour chaque , on a pour tout . Donc . ∎
Corollaire 2.8.
Soient un -groupe linéaire connexe et deux -variétés lisses géométriquement intègres munies d’un -morphisme . Soit un groupe de type multiplicatif. Pour , soient un -torseur et le groupe linéaire donné par le théorème 2.7. Si comme -torseurs, alors et, après avoir changé l’action de sur ou l’action de sur , on peut imposer que soit un -morphisme.
Démonstration.
L’action de sur induit canoniquement une action de sur telle que soit un -morphisme. Par l’unicité dans le théorème 2.7, . Le résultat découle du fait que la différence de deux actions est un homomorphisme , qui ne dépend pas de . ∎
Corollaire 2.9.
Sous les hypothèses du théorème 2.7, si le -torseur est trivial sur un -ouvert de , alors .
Démonstration.
Le résultat découle du théorème 2.7 (1) et (2). ∎
Corollaire 2.10.
Sous les hypothèses du théorème 2.7, supposons que , où est un sous-groupe fermé connexe. Si , alors il existe un sous-groupe connexe fermé de tel que et .
3. Groupe de Brauer invariant
Dans toute cette section, est un corps quelconque de caractéristique . Sauf mention explicite, une variété est une -variété. Soit un groupe algébrique et soit une -variété lisse. On définit la notion de sous-groupe -invariant de (Définition 3.1). Ensuite on établit “l’algébricité” de (Proposition 3.7). On définit la notion d’homomorphisme de Sansuc (cf. Définition 3.8) et on obtient un diagramme commutatif canonique de suites exactes de Sansuc (Théorème 3.10).
3.1. Définitions et propriétés
Définition 3.1.
Soient un groupe algébrique connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. Le sous-groupe de Brauer -invariant de est le sous-groupe
(3.1) |
de , où , sont les projections.
Dans la proposition 3.3, pour un sous-groupe , on montre que si et seulement si est “-invariant".
Le lemme suivant est bien connu.
Lemme 3.2.
Soient , deux variétés lisses géométriquement intègres et un morphisme fidèlement plat à fibres géométriquement intègres. Soient un ouvert non vide de et . Soit un sous-groupe. Alors
Proposition 3.3.
Sous les hypothèses de la Définition 3.1, pour un sous-groupe , les énoncés ci-dessous sont équivalents:
(1) ;
(2) ;
(3) pour toute extension de corps et tout , l’action induit un morphisme tel que
(3.2) |
où ;
(4) pour tout , toute extension de corps et tout , on a
où et sont définis dans (3);
(5) pour toute extension de corps telle que soit algébriquement clos dans , et tout , on a (3.2), où et sont définis dans (3).
Démonstration.
Les implications , sont claires.
Pour , on note l’immersion fermée. Pour , il existe et tels que . Puisque et que se factorise par , on a et donc
Pour , on note le morphisme et . Alors et . Puisque , on a
Pour , notons la projection et l’immersion canonique. Alors est injectif. Par le lemme 3.2, . Donc il suffit de montrer que:
Le résultat découle de et . ∎
Proposition 3.4.
Sous les hypothèses de la Définition 3.1, alors:
(1) pour tout groupe algébrique connexe muni d’un homomorphisme , on a ;
(2) pour toute -variété lisse géométriquement intègre munie d’un -morphisme , on a , où ;
(3) pour tout -ouvert dense , on a ;
(4) si est linéaire, on a ;
(5) pour toute -variété munie d’un -morphisme , si est un torseur sous un groupe linéaire connexe , on a , où ;
(6) sous les hypothèses de (5), si est linéaire, on a
Démonstration.
Les énoncés (1), (2) et (3) découlent de la définition.
Pour (5), puisque est aussi un -torseur, par la suite exacte de Sansuc ([S, Prop. 6.10]), on a un diagramme commutatif de suites exactes
Donc, pour tout , on a
D’après calculer sur , on peut voir que .
Par (4) et (5), . ∎
Soient une variété lisse géométriquement intègre et un ouvert non vide. Supposons que est lisse de codimension . Par le théorème de pureté pour la cohomologie étale à support dans un fermé lisse (cf. [Mi80, §VI.5]), on a une suite exacte:
Puisque est surjectif et est injectif, d’après la suite exacte de Kummer, on a la suite exacte (cf. Grothendieck [Gro])
(3.3) |
Soit un groupe algébrique connexe. Si est munie d’une -action respectant , on a un diagramme de suites exactes:
où est soit soit . On a:
Lemme 3.5.
Avec les notations et hypothèses ci-dessus, on a:
(1) ;
(2) pour tout , il existe un revêtement fini étale galoisien abélien tel que soit une -variété, soit un -morphisme et que .
Démonstration.
Lemme 3.6.
Soit un groupe linéaire connexe. Alors .
Démonstration.
D’après la proposition 3.4 (2) et (4), il suffit de montrer que et on peut supposer .
Si est un tore de dimension , alors est un ouvert de canoniquement. Soit . Alors , , est un ouvert de et , chaque étant un -espace homogène de stabilisateur . D’après [CX1, Prop. 2.2], pour tout revêtement fini étale galoisien tel que soit une -variété intègre et que soit un -morphisme, le morphisme est un isomorphisme. D’après le lemme 3.5 (2) et (3.3), .
Si est réductif, soit le tore maximal de . Par la décomposition de Bruhat, il existe un ouvert de tel que , où (voir la démonstration de [CT-Beijing, Prop. 4.2]). Donc est injectif. Le résultat découle de la proposition 3.4 (2).
Rappelons la définition de (cf. (1.2)).
Proposition 3.7.
Soient un groupe linéaire connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. Pour tout , on a
Démonstration.
Notons . Puisque , il suffit de montrer que, pour tout , on a .
On peut supposer . Un point induit un morphisme . Notons la multiplication sur . Alors on a un diagramme commutatif:
Le résultat découle du lemme 3.6 et de l’injectivité de . ∎
3.2. L’homomorphisme de Sansuc
Soient un groupe algébrique connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. Notons , les deux projections. Soit le sous-groupe de Brauer -invariant de (Définition 3.1). Rappelons la définition de (cf. (1.2)).
Par [S, Lem. 6.6], on a , et donc est injectif. Par la proposition 3.7, il existe un unique homomorphisme tel que
(3.4) |
Définition 3.8.
Soient un groupe linéaire connexe et une -variété lisse géométriquement intègre. L’unique homomorphisme satisfaisant (3.4) est appelé l’homomorphisme de Sansuc.
Proposition 3.9.
Sous les hypothèses de la définition 3.8, on a:
(1) pour toute extension de corps , et tous , , , on a
(2) si , alors pour tout , on a
(3.5) |
où , est le point et .
(3) si avec un sous-groupe fermé connexe, alors
Démonstration.
Pour (1), on a
Dans le cas (2), pour tout , on obtient .
Si est un -torseur, par la définition, l’homomorphisme de Sansuc est exactement le morphisme dans la suite exacte de Sansuc (cf: [BD, Thm. 2.8]).
Théorème 3.10.
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Notons l’action de . Alors l’homomorphisme de Sansuc induit un diagramme commutatif de suites exactes:
(3.6) |
Démonstration.
Corollaire 3.11.
Soient une suite de groupes linéaires connexes et une -variété lisse géométriquement intègre.
(1) On a .
(2) S’il existe une -variété et un -morphisme tels que soit un -torseur, alors satisfait , et on a une suite exacte (où est l’homomorphisme de Sansuc):
Démonstration.
Lemme 3.12.
Soient , deux groupes linéaires connexes et une -variété lisse géométriquement intègre. Soient et une -variété telle que soit un -torseur sur . Soient et , les deux projections. Si ou , on a un isomorphisme:
De plus, cet isomorphisme induit un isomorphisme:
Démonstration.
Par la proposition 3.4 (1) et le lemme 3.6, on a . Par la suite exacte de Sansuc ([S, Prop. 6.10]) et le corollaire 3.11 (2), on a un diagramme commutatif de suites exactes
Par [S, Lem. 6.7 et 6.8], et sont surjectifs. Alors on a une suite exacte
(3.7) |
Puisque le morphisme est injectif, on a une suite exacte:
Le résultat en découle. ∎
Proposition 3.13.
Soient un tore et une suite exacte de groupes linéaires connexes. Soient une -variété lisse, géométriquement intègre et un -morphisme. Notons l’homomorphisme induit par . Alors, pour tout , la fibre est -invariante et on a un isomorphisme naturelle et deux suites exactes naturelles
Démonstration.
D’après [CX1, Prop. 2.2], est lisse, géométriquement intègre. Notons:
Alors est l’immersion . On fixe des actions
Par définition, et on a un diagramme commutatif de -morphismes
tel que les colonnes soient des -torseurs.
Corollaire 3.14.
Sous les hypothèses de la proposition 3.13, soient un -ouvert et un sous-groupe. Alors, pour tout , de fibre , on a :
Démonstration.
D’après la proposition 3.13, on a un diagramme de suites exactes:
Une chasse au diagramme donne l’énoncé. ∎
3.3. Pseudo espace homogène
Soit un groupe linéaire connexe. La notion de pseudo -espace homogène généralise la notion de -espace homogène à stabilisateur géométrique connexe (cf. exemple 3.16 (1)).
Définition 3.15.
Soit un groupe linéaire connexe. Une -variété est appelée pseudo -espace homogène si est lisse, géométriquement intègre, est de type fini, et sont finis, où est l’homomorphisme de Sansuc (cf. Définition 3.8).
Fixons et notons . D’après (3.5), le groupe est fini si et seulement si est fini, où .
Example 3.16.
Soit un groupe linéaire connexe.
(1) Soit un sous-groupe fermé connexe. Alors est un pseudo -espace homogène.
(2) Soient une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Si est de type fini, sont finis et , alors est un pseudo -espace homogène.
Démonstration.
Proposition 3.17.
Soient un groupe linéaire connexe et un pseudo -espace homogène. Soient un tore, un -torseur et le groupe linéaire connexe déterminé dans le théorème 2.7. Si , alors est un pseudo -espace homogène.
Démonstration.
Proposition 3.18.
Soient un groupe linéaire connexe et un pseudo -espace homogène. Alors est fini.
Démonstration.
Ceci vaut car est un sous-groupe de . ∎
Pour un corps de nombres, le lemme suivant est bien connu.
Lemme 3.19.
Supposons que est un corps de nombres. Alors:
(i) pour tout -module de type fini sans torsion , le groupe est infini;
(ii) pour tout -module fini , le groupe est infini.
Lemme 3.20.
Supposons que est un corps de nombres. Soit un homomorphisme de -modules de type fini sans torsion. Si est fini, alors est injectif et est sans torsion.
Démonstration.
Lemme 3.21.
Supposons que est un corps de nombres. Soient un groupe linéaire connexe, un tore et un homomorphisme. Alors les énoncés suivants sont équivalents:
(i) le groupe est fini;
(ii) le morphisme est surjectif de noyau connexe;
(iii) la -variété est un pseudo -espace homogène.
Démonstration.
Soient un groupe linéaire connexe et un pseudo -espace homogène (cf. Définition 3.15). Soient un -module libre de type fini et le tore correspondant. Pour tout , on a un morphisme canonique tel que (Rosenlicht). Soit la composition .
Proposition 3.22.
Le morphisme ne dépend pas du choix de , et c’est un homomorphisme tel que soit une -variété et soit un -morphisme.
De plus, si est un corps de nombres, la -variété est un pseudo -espace homogène.
Démonstration.
Notons l’action de . Par le lemme de Rosenlicht, est un homomorphisme. D’après le lemme 2.6, on a un isomorphisme canonique
tel que . Alors et est un -morphisme.
Pour tout , on a et donc . Ainsi .
La suite spectrale de Hochschild-Serre donne une suite exacte
Puisque est de type fini et est torsion, le groupe est fini. Puisque est fini, le groupe est fini. Si est un corps de nombres, une application du lemme 3.21 donne l’énoncé. ∎
Définition 3.23.
4. L’approximation forte hors des places archimédiennes et la question 1.2
Dans toute cette section, est un corps de nombres. Sauf mention explicite, une variété est une -variété. Soit un groupe linéaire connexe. Pour répondre à la question 1.2, on établit le théorème 4.2. Comme consequence, on montre le théorème 1.4 (1).
Rappelons la notion de sous-groupe de Brauer invariant (cf. Définition 3.1).
Lemme 4.1.
Soit un groupe linéaire connexe. Alors l’homomorphisme induit par l’accouplement de Brauer-Manin est ouvert, où .
Démonstration.
Dans , les sous-groupes ouverts compacts forment une base topologique de . Pour tout tel sous-groupe , l’image est compacte, et donc fermée. Il suffit alors de montrer que cette image est d’indice fini. Par la finitude de nombre de classes de ([PR, Thm. 5.1]), il existe un tel sous-groupe tel que la classe double soit finie. Puisque est fini, d’après [D11, Thm. 5.1], est d’indice fini. Pour tout tel sous-groupe , le quotient est fini et donc est d’indice fini. ∎
Théorème 4.2.
Démonstration.
On peut supposer que . Après avoir rétréci , on peut supposer que tout élément de s’annule sur et avec , tel que soit compact.
Pour tout , il existe un ouvert contenant et un ouvert tel que . Puisque est compact, il existe un sous-ensemble fini tel que . Soit le sous-groupe de engendré par . Alors et est ouvert dans . Soit . Alors et l’image de dans est ouvert.
Notons et les applications induites par l’accouplement de Brauer-Manin, où . D’après le lemme 4.1, est un sous-groupe ouvert d’indice fini. Par hypothèse, il existe un sous-groupe fini tel que
(4.1) |
où est induit par l’inclusion et l’homomorphisme
Remarque 4.3.
Comme conséquence directe, on a :
Corollaire 4.4.
Avec les hypothèses et notations du théorème 4.2, pour tout sous-ensemble fini , s’il existe un ouvert de tel que et satisfasse l’approximation forte par rapport à hors de , alors satisfait l’approximation forte par rapport à hors de .
Corollaire 4.5.
Avec les hypothèses et notations du théorème 4.2, s’il existe un ouvert de tel que et soit dense dans , alors est dense dans .
Soit un groupe linéaire connexe. Rappelons la notion de pseudo -espace homogène (cf. Définition 3.15).
Théorème 4.6.
Soient un groupe linéaire connexe et un pseudo -espace homogène. Soient une -variété lisse, géométriquement intègre et un -ouvert muni d’un -morphisme . Soient et (cf. (3.1)) deux sous-groupes finis. Alors, pour tout ouvert satisfaisant ,
(1) on a ;
(2) si est dense dans , il existe de fibre tel que
5. La descente par rapport au groupe de Brauer invariant
Dans toute cette section, est un corps de nombres. Sauf mention explicite du contraire, une variété est une -variété. La méthode de descente des points adéliques est établie par Colliot-Thélène et Sansuc dans [CTSb]. Dans [CDX], C. Demarche, F. Xu et l’auteur étudient la méthode de descente des points adéliques orthogonaux à certains groupes de Brauer dans le cas des torseurs sous un tore. On suit leur méthode et considère ici le cas plus général des torseurs sous un groupe linéaire connexe (Théorème 5.9).
Rappelons la notion de sous-groupe de Brauer invariant (cf. Définition 3.1).
5.1. Torseur sous un groupe linéaire dont le groupe de Shafarevich est trivial
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Pour tout , soient le -torseur correspondant et le tordu de correspondant. Alors est un -torseur et une -variété. Soit le tordu de , i.e. . Alors est un -torseur sur . Soit le sous-groupe de Brauer -invariant de (Définition 3.1).
Lemme 5.1.
Supposons que . Alors pour tout sous-groupe , on a:
où .
Démonstration.
Puisque , on a
Par le théorème 3.10, on a un diagramme commutatif de suites exactes
Il induit un diagramme commutatif avec suite exacte:
où et , , sont induits par l’accouplement de Brauer-Manin. Par la proposition 3.9, pour chaque et , on a .
Puisque , par la suite exacte de Poitou-Tate de (Demarche [D11, Thm. 5.1]), est surjectif. Pour tout , on a . Alors et il existe tel que . Donc et . ∎
Proposition 5.2.
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Soit un sous-groupe et, pour chaque , soit un sous-groupe. Supposons que et que, pour tout , on a , où . Alors on a:
Corollaire 5.3.
Soit un tore quasi-trivial. Soient une variété lisse, géométriquement intègre et un -torseur. Soient un ouvert et . Alors pour tous sous-groupes , , si , où , on a
5.2. L’application de la résolution coflasque
Par [CTSa], un -module de type fini est appelé coflasque si est sans torsion et, pour tout sous-groupe fermé , on a . Un -tore est appelé coflasque si est coflasque. Alors et, pour tout , on a . Dans [CTSa, Prop. 1.3], il y a des résolutions par les tores coflasques et les tores quasi-triviaux.
Lemme 5.4.
Soit un tore. Alors .
Démonstration.
Pour tout , on a . Par la ligne 3 de la démonstration de [HS05, Prop. 5.9], on a . Le résultat en découle. ∎
Lemme 5.5.
Soit
une suite exacte de groupes linéaires connexes avec un tore. Supposons que . Alors le morphisme est surjectif.
Démonstration.
Proposition 5.6.
Soit un groupe réductif connexe. Alors il existe un groupe linéaire connexe , un tore et une suite exacte:
tels que , et soit surjectif.
De plus, si est un tore, on peut imposer que soit un tore quasi-trivial.
Démonstration.
Puisque est réductif, il existe une suite exacte telle que soit le centre de et soit le groupe adjoint de . Alors est un groupe de type multiplicatif. Par [CTSa, Prop. 1.3], il existe un tore quasi-trivial et un homomorphisme injectif tels que soit un tore coflasque. Alors, pour tout , on a . Par le lemme 5.4, on a .
Proposition 5.7.
Soit une variété lisse géométriquement intègre. Supposons que et que est de type fini. Alors il existe un tore quasi-trivial et un -torseur tels que et .
Démonstration.
Il existe un ouvert tel que . Soient un tore tel que et le -torseur induit par l’homomorphisme de la suite exacte (2.2). Par la suite exacte de Sansuc [S, Prop. 6.10], . Soit le tore tel que . Puisque , on a et il induit un morphisme tel que soit un isomorphisme.
5.3. La descente générale
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Pour tout , soient le -torseur correspondant et le tordu de correspondant. Alors est un -torseur et une -variété. Soit le tordu de , i.e. . Alors est un -torseur sur . Soit le sous-groupe de Brauer -invariant de (Définition 3.1).
Lemme 5.8.
Notons . Alors et est un isomorphisme d’inverse .
Démonstration.
On a . On a un isomorphisme canonique d’inverse . Par le lemme 3.12, on a:
et
Le résultat en découle. ∎
Pour un sous-groupe contenant , on note l’image inverse de . Alors .
Théorème 5.9.
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Soit un sous-groupe et, pour chaque , soit un sous-groupe contenant . Supposons que, pour tout , on a
où et . Alors on a:
Démonstration.
Par [CDX, Thm. 1.1], il suffit de montrer que, pour tout , on a:
On peut supposer que . Pour tout , puisque , le morphisme est surjectif. Puisque ([S, Prop. 4.1]) et que l’on a ([CDX, Lem. 2.1]), on peut supposer que est réductif.
Par la proposition 5.6, il existe un groupe linéaire connexe , un tore et une suite exacte:
tels que , et soit surjectif. Par [Se65, Prop. 36 du Chapitre 1], on a une suite exacte d’ensembles pointés:
telle que, pour tout , on ait . Alors et, pour tout , on a .
Soient et le morphisme canonique. Alors est un -torseur sur et . Alors on a un morphisme canonique tel que, pour tout , on a . Notons . Par la définition de , on a: . Par la proposition 3.13 et le lemme 5.8, les morphismes et sont surjectifs.
Notons
Alors et
Pour un , par le lemme 5.1, il existe tel que . Alors il existe tel que . Donc .
Corollaire 5.10.
Sous les hypothèses du théorème 5.9, soit
le morphisme canonique. Supposons que pour tout , la variété satisfait le principe de Hasse par rapport à . Alors
Démonstration.
Pour tout , si , alors on a et donc . Le résultat en découle. ∎
Corollaire 5.11.
Soient un groupe linéaire connexe, une variété lisse géométriquement intègre et un -torseur. Soit Alors on a:
Démonstration.
Pour tout , puisque le morphisme est injectif, on a . Donc .
Remarque 5.12.
Corollaire 5.13.
Soient un groupe linéaire connexe, un sous groupe fermé connexe et . Notons la projection. Alors on a
6. La méthode de fibration et la question 1.3
Dans toute cette section, est un corps de nombres. Sauf mention explicite du contraire, une variété est une -variété. Pour traiter la question 1.3, on est amené à étudier la question :
Question 6.1.
Soit un groupe linéaire. Soient et deux -variétés lisses géométriquement intègres. Soient un -ouvert et un -morphisme. Soient un sous-groupe fini, un sous-ensemble fini non vide et un ouvert. Sous quelles conditions peut-on montrer que, si , alors il existe de fibre tel que ?
Dans [CTH], Colliot-Thélène et Harari étudient la méthode de fibration au dessus de . On suit leur méthode et répond à la question 6.1 d’abord dans le cas où est un tore quasi-trivial et s’étend à un morphisme de vers une -variété torique standard (Théorème 6.7). Ensuite, en utilisant ce résultat, on résoud cette question dans le cas où est un tore (Théorème 6.9). En utilisant la descente (§5), on établit le théorème 6.11 dans le cas plus général où est un pseudo -espace homogène. Ceci sera utilisé dans la section 7 pour traiter le cas d’un -espace homogène à stabilisateur géométrique connexe.
Rappelons la notion de sous-groupe de Brauer invariant (cf. Définition 3.1).
6.1. L’approximation forte raffinée pour l’espace affine
Pour un ouvert d’un espace affine satisfaisant , l’approximation forte hors d’une place a été établie par Fei Xu et l’auteur dans [CX, Prop. 3.6], et raffinée lorsque la place est archimédienne dans [CX1, Prop. 4.6 et Cor. 4.7 ], où l’on montre que est dense dans pour une variété torique comme (6.1) ci-dessous. On généralise maintenant ce résultat au cas où est une place quelconque.
Théorème 6.2.
Soient une -algèbre finie séparable de degré et
(6.1) |
la variété torique correspondante. Soit un ouvert tel que . Soient une place et un sous-groupe ouvert d’indice fini. Alors, pour tout ouvert non vide et tout ouvert non vide -invariant, on a
Démonstration.
Étape (0). Par approximation faible pour le tore quasi-trivial , il existe un . Ainsi on a . En remplaçant par et par , on peut supposer que . Si est complexe, on a et l’énoncé découle de [CX, Prop. 3.6]. On suppose que n’est pas complexe.
Étape (1). Supposons que et . Puisque est ouvert et donc fermé, le sous-groupe contient la composante connexe de l’identité de . Ainsi l’énoncé est équivalent à [CX1, Prop. 4.6].
Étape (2). Supposons que , et . On a . Par définition, Il existe un sous-ensemble fini contenant , un élément pour chaque et tels que
On fixe une uniformisante de . Pour le sous-groupe d’indice fini , il existe un entier tel que
Par approximation forte sur , il existe tels que
et
D’après la formule du produit, et donc . Alors il existe assez grand tel que
Ainsi
Ceci implique que .
Étape (3). Supposons que , et, sous cet isomorphisme, avec un sous-groupe ouvert d’indice fini. On établi le résultat en utilisant projection sur le premier facteur. L’argument donné pour réel dans [CX1, Prop. 4.6] vaut pour tout en remplaçant par .
Étape (4). En général, d’après (1) et (3), il reste à montrer qu’il existe des sous-groupes ouverts de d’indice fini et un isomorphisme
Si est réel, ceci est établi dans la démonstration de [CX1, Cor. 4.7]. On peut alors supposer que et soit un corps.
Soit les places de au-dessus de et, pour tout , soient une uniformisante de et l’anneau des entiers de Pour une uniformisante de et pour chaque , soit . Puisque est un sous-groupe ouvert de , il existe un entier tel que
(6.2) |
Après avoir remplacé par avec suffisamment divisible, on peut supposer que
(6.3) |
Soit . Alors, pour tout et tous entiers avec , on a
Donc, pour tous satisfaisant et , on a
(6.4) |
Donc
(6.5) |
On rappelle la définition des variétés toriques standards ([CX, Déf. 2.12])
Définition 6.3.
Soit une -algèbre finie séparable. La variété torique standard par rapport à est la sous-variété torique de avec
Corollaire 6.4.
Soit une variété torique standard. Soient une place de et un sous-groupe ouvert d’indice fini. Pour tout fermé de codimension et tout ouvert non vide , si , alors on a .
Démonstration.
Puisque , une application du théorème 6.2 donne le résultat. ∎
6.2. Fibration sur une variété torique standard
On a besoin d’une généralisation du théorème de Tchebotarev “géométrique" (Ekedahl [E, Lem. 2.1]):
Lemme 6.5.
Soient , , des schémas intègres de type fini sur , et , deux -morphismes. Supposons que et sont lisses à fibres géométriquement intègres et est fini étale galoisenne de groupe de Galois . Soit une classe de conjugaison de et . Pour chaque place et chaque , soit le nombre de tel que le Frobenius de soit dans . Alors
où la constante dans ne dépend ni de ni de .
Démonstration.
Le résultat découle de la démonstration standard de [E, Lem. 2.1] avec la formule des traces de Lefschetz
où est défini dans la démonstration de [E, Lem. 2.1]. Puisque est constructible et , les dimensions des sont bornées uniformément. De plus, la valeur absolue de la valeur propre de en est inférieure ou égale à . Le reste de la démonstration est la même que celle de [E, Lem. 2.1]. ∎
Lemme 6.6.
Soient un ouvert de satisfaisant et un ouvert de . Alors la suite exacte (3.3) induit un isomorphisme
(6.6) |
Démonstration.
On peut supposer que est lisse. Puisque , on a et pour . Puisque , le morphisme
est donc injectif. Le résultat découle de la suite exacte (3.3). ∎
Théorème 6.7.
Soient une variété torique standard, un groupe linéaire connexe et un homomorphisme surjectif de noyau connexe. Soient une -variété lisse, géométriquement intègre et un -morphisme lisse surjectif à fibres géométriquement intègres. Notons . Soit (cf. (3.1)) un sous-groupe fini. Soient une place et un sous-groupe d’indice fini. Alors, pour tout fermé de codimension et tout ouvert de satisfaisant , il existe de fibre , tel que
Démonstration.
Puisque est lisse, il existe un fermé tel que .
Soient les composantes connexes de et les composantes connexes de . Par hypothèse, les variétés et sont lisses intègres. D’après (3.3), on a une suite exacte:
Par le lemme 3.5, pour tout , il existe un revêtement fini étale galoisien abélien tel que soit une -variété intègre, soit un -morphisme et .
Soient la fermeture intégrale de dans et la fermeture intégrale de dans . Par hypothèse, la fermeture intégrale dans est . D’après [CX1, Prop. 2.2], le morphisme est lisse à fibres géométriquement intègres.
Soit . D’après le lemme 3.2, est fini et . D’après le lemme 6.6, on a un diagramme commutatif avec suite exacte:
(6.7) |
Soit l’homomorphisme de Sansuc (cf: Définition 3.8). Après avoir rétréci , on peut supposer que tout élément de s’annule sur . Par la proposition 3.9, pour tout , on a que tout élément de est constant sur .
Soient , et .
Puisque est quasi-trivial, il existe des extensions de corps telles que . En fait, , mais on ne l’utilise pas. Soit l’ensemble des places totalement décomposées dans la fermeture galoisienne de pour tout et de pour tout . Alors est infini et pour tout , on a . Par la définition 6.3, on a
Soit un sous-ensemble fini de tel que . On agrandit de façon à avoir les propriétés suivantes:
(a) Le -morphisme s’étend en un -morphisme lisse à fibres géométriquement intègres de -schémas lisses, tel que pour tout point fermé , la fibre possède un -point , où est l’adhérence de dans et est l’adhérence de dans . Ceci est possible par les estimées de Lang-Weil [Sko90, Thm. 1, étape 3]. Par le lemme de Hensel, pour tout , l’application est donc surjective.
(b) Les extensions et induisent des revêtements finis étales et .
(c) Le sous-schéma est lisse à fibres géométriquement intègres sur . Soient , et .
(d) Les éléments de appartiennent à et les éléments de appartiennent à .
(e) Le revêtement s’étend en un -revêtement fini étale galoisien abélien tel que soit un schéma sur , les résidus des éléments de soient dans et soit lisse à fibres géométriquement intègres.
(f) Il existe un ouvert tel que
avec un ouvert et un ouvert.
(g) Pour tout , on note , et . On a un diagramme commutatif de schémas intègres:
(6.8) |
De plus, on a .
(h) Pour tout , tout et tout avec , la fibre possède un -point avec dont le Frobenius est . Ceci est possible en appliquant le lemme 6.5 à (6.8).
(i) Pour tout , on note et on a
et il existe une partition telle que et que .
Pour chaque , on choisit une place et un tels que pour , on ait . Soient , et
un ouvert de . Alors , et . Donc le Frobenius en un point de pour le revêtement est dans .
Pour tout et tout avec , on a et alors la formule [Ha94, Cor. 2.4.3 et p. 244-245] (voir [CTH, Formule (3.6)])
(6.9) |
où est le Frobenius en pour le revêtement et
Par fonctorialité, l’application de (6.7) satisfait .
Notons . Puisque est fini ([PR, Thm. 6.14]), le sous-groupe est d’indice fini. D’après [Cod, Thm. 4.5], est un ouvert de . Pour tout , l’ouvert est dense dans . Donc
Par le corollaire 6.4, il existe tel que pour tout et que . Alors il existe tel que .
Soit la spécialisation de , alors et . D’après (6.7), on a un diagramme avec suite exacte:
où est l’accouplement de Brauer-Manin, et, pour , l’élément est son Frobenius. Donc est surjectif par (h). Puisque , il existe tel que . Alors il existe tel que . Par le lemme de Hensel, il existe un point relevant . Soit pour tout distinct de l’un des . Par (6.9), satisfait les conditions. ∎
6.3. Fibration sur un tore
Lemme 6.8.
Soient et deux variétés lisses géométriquement intègres, et un morphisme lisse surjectif à fibres géométriquement intègres. Soit un ouvert tel que soit surjectif. Soient un ouvert et . Alors il existe tel que .
Démonstration.
Pour chaque , la fibre est lisse intègre et l’ouvert est donc dense. Soit . Pour chaque , l’ouvert est dense en . Puisque est surjectif, le morphisme est lisse à fibres géométriquement intègres. Après avoir fixé un modèle intègre de , on a que, pour presque toute place , le morphisme est surjectif. Le résultat en découle. ∎
Le théorème suivante, d’énoncé un peu technique, joue un rôle clé dans la démonstration du théorème 6.11.
Théorème 6.9.
Soient , deux tores avec quasi-trivial, un groupe linéaire connexe, un homomorphisme surjectif de noyau connexe et un sous-groupe fermé connexe. Soient une -variété lisse géométriquement intègre, un -ouvert et un -morphisme. Soit (cf. (3.1)) un sous-groupe fini. Supposons que:
(1) la composition est un isomorphisme;
(2) pour l’action de sur , le morphisme défini par Sansuc ([S, (6.4.1)]) est injectif.
Alors, pour tout , tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout ouvert satisfaisant , il existe de fibre , tel que
Démonstration.
Par la proposition 2.3, après avoir remplacé par et par avec un automorphisme de , on peut supposer que:
(i) il existe une variété torique satisfaisant (2.1);
(ii) le morphisme s’étend à un -morphisme où ;
(iii) on a et un isomorphisme
Soit . Alors est une variété torique standard et
D’après la proposition 2.2, il existe un -ouvert tel que , , , et que le morphisme soit lisse surjectif à fibres géométriquement intègres.
Notons . Pour chaque , notons , , et . On a le diagramme:
On a les propriétés ci-dessous:
(a) le morphisme satisfait les hypothèses géométriques du théorème 6.7 par rapport à ;
(b) l’homomorphisme est surjectif et donc ;
(c) Soient et un sous-groupe fini tels que le morphisme soit surjectif, alors .
L’énoncé (a) est claire.
Pour (b), d’après [CX1, Prop. 2.2], est lisse surjectif à fibres géométriquement intègres. Donc est injectif. Notons et les morphismes définis par Sansuc ([S, (6.4.1)]). Ainsi est injectif. Par l’argument de Sansuc ([S, P. 39]), . Alors est surjectif.
On considère l’ouvert de l’énoncé. Après avoir rétréci , on peut supposer que tout élément de s’annule sur .
On note . Soit . En appliquant le lemme 6.8 au triple , on voit qu’il existe , tel que . Donc et .
Soit . D’après (b), on a . Puisque satisfait l’approximation forte par rapport à hors de (Harari [Ha08, Thm. 2]), il existe . Donc . D’après (c),
Soit . D’après le théorème 6.7, il existe tel que . ∎
Corollaire 6.10.
Avec les hypothèses et notations du théorème 6.9, soit un sous-schéma fermé -invariant de codimension . Alors, pour tout et tout satisfaisant , il existe un tel que
6.4. Fibration sur un pseudo espace homogène
Soit un groupe linéaire connexe. Rappelons la notion de pseudo -espace homogène (cf. Définition 3.15). Soit un pseudo -espace homogène, on peut définir son quotient torique maximal et le stabilisateur de sur (cf. Définition 3.23).
Théorème 6.11.
Soient un groupe linéaire connexe, un pseudo -espace homogène, le quotient torique maximal et le stabilisateur de sur . Soit une -variété lisse géométriquement intègre telle que . Soient un -ouvert et un -morphisme. Soient , (cf. (3.1)) deux sous-groupes finis. Pour tout ouvert satisfaisant , on a:
(1) pour toute place et tout sous-groupe ouvert d’indice fini , il existe un de fibre , tel que
(2) s’il existe un sous-ensemble fini non vide tel que, pour tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout de fibre , l’adhérence contient , alors, pour tout sous-groupe ouvert d’indice fini , il existe un de fibre tel que
Démonstration.
On considère (1).
Soient un tore tel que et le -torseur induit par l’homomorphisme de la suite exacte (2.2).
D’après la proposition 5.7, il existe un tore quasi-trivial et un -torseur tels que et . Par le théorème 2.7 et le corollaire 2.9, il existe un groupe linéaire connexe muni d’un homomorphisme surjectif de noyau central tel que soit une -variété et que soit un -morphisme. De plus, et, d’après la proposition 3.17, est un pseudo -espace homogène.
Soient et un -torseur sur . Puisque est surjectif, il existe un -torseur tel que . L’isomorphisme canonique donne un -torseur tel que . Maintenant on obtient des -torseurs , et des -torseurs , tels que , et .
Par le théorème 2.7, le corollaire 2.8 et le corollaire 2.9, il existe un homomorphisme surjectif de noyau central et un diagramme commutatif de -variétés et de -morphismes:
(6.10) |
où est une trivialisation, est le quotient torique maximal, est la composition et .
On a des propriétés:
(a) on peut supposer que la composition
est un isomorphisme.
(b) le stabilisateur de sur est connexe et donc les morphismes , , et sont lisses à fibres géométriquement intègres ([CX1, Prop. 2.2]).
(c) on a
(6.11) |
(d) il existe un sous groupe fini tel que
(e) pour tout , notons la fibre de et on a que la restriction est surjective.
Pour (c), puisque , par le corollaire 3.11 et la suite exacte de Sansuc [S, Prop. 6.10], on a deux diagrammes commutatifs de suites exactes
et |
et . Donc Une application du corollaire 5.3 au torseur et aux sous-groupes:
donne (c).
Pour (d), par la construction, on a , et . Par la suite spectrale de Hochschild-Serre et [S, Lem. 6.6], on a . L’énoncé (d) découle de la proposition 3.18.
Pour (e), puisque , d’après le lemme 5.5, le morphisme est surjectif. La proposition 3.13 donne (e).
On considère l’ouvert de l’énoncé. Après avoir rétréci , on peut supposer que tout élément de s’annule sur . D’après (c) et (d), on a .
Par la suite exacte de Sansuc [S, Prop. 6.10], le morphisme canonique est injectif. Puisque est fini, une application du théorème 6.9 au triple
(6.12) |
montre qu’il existe
où .
D’après (d) et (e) on a . Donc et Ce qui donne (1).
On considère (2).
Fixons . On a le plongement canonique de groupes . Puisque est ouvert d’indice fini, les sous-groupes
sont ouverts d’indice fini. Pour tout , l’ensemble est ouvert dans . D’après (1), il existe tel que et donc . D’après [Cod, Thm. 4.5], est ouvert. Par hypothèse, il existe et ceci établit (2). ∎
Remarque 6.12.
Corollaire 6.13.
Avec les hypothèses et notations du théorème 6.11, soit sous-schéma fermé de codimension . Alors, pour tout , tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout ouvert satisfaisant , il existe un tel que
7. Le résultat principal
Dans toute cette section, est un corps de nombres. Sauf mention explicite du contraire, une variété est une -variété. Dans cette section, on établit le résultat principal: le théorème 7.6 (ou le théorème 7.5 sur la version de la fibration).
Rappelons la notion de sous-groupe de Brauer invariant (cf. Définition 3.1).
Soit un groupe linéaire connexe. Soit un sous-ensemble fini. On considère tout sous-groupe ouvert d’indice fini de . Ainsi est fermé dans et on a directement:
Lemme 7.1.
Si , alors est un sous-groupe ouvert d’indice fini et tout tel sous-groupe contient .
Lemme 7.2.
Soit un groupe linéaire connexe et simplement connexe. Soit une place. Supposons que est unipotent ou que est semi-simple et simple avec non compact. Alors ne possède pas de sous-groupe ouvert d’indice fini non-trivial.
Démonstration.
Si , ceci vaut car est uniquement divisible. Dans le cas où est unipotent, ceci vaut car il existe une filtration de de facteurs ([Bo, Cor. 15.5 (ii)]). Ceci vaut aussi pour tout tel défini sur .
Proposition 7.3.
Soit un groupe linéaire connexe et simplement connexe. Soit un sous-ensemble fini non vide tel que soit non compact pour chaque facteur simple du groupe . Alors, pour tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout -torseur sur , l’ensemble est dense dans .
Démonstration.
On peut supposer que . Puisque , par le principe de Hasse pour un -torseur (Kneser, Harder et Chernousov, cf. [Sko01, Thm. 5.1.1 (e)]), on a . Alors on peut supposer que .
Si est soit unipotent soit semi-simple, simplement connexe et simple, par hypothèse il existe une place tel que soit non compact. D’après le lemme 7.2, est exactement . Une application de l’approximation forte de (Kneser, Platonov, cf. [PR, Thm. 7.12]) donne l’énoncé.
En général, le groupe possède une filtration de facteurs soit unipotents soit semi-simples simplement connexes et simples. Une application de la méthode de fibration ([CTX13, Prop. 3.1]) donne l’énoncé. ∎
Proposition 7.4.
Soient un groupe linéaire connexe, et un -espace homogène à stabilisateur géométrique connexe. Soit un sous-ensemble fini non vide tel que soit non compact pour chaque facteur simple du groupe . Supposons que ou que . Alors, pour tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout ouvert satisfaisant , on a .
Démonstration.
Le cas où a été établi par Borovoi et Demarche ([BD, Thm. 1.4]). Ici, on donne une démonstration unifiée des deux cas considérés.
Une application du principe de Hasse pour un espace homogène à stabilisateur géométrique connexe (Borovoi [B96], cf. [Sko01, Thm. 5.2.1 (a)]) montrer que . Il induit un -morphisme tel que avec un sous-groupe fermé connexe.
Par la résolution flasque [CT08, Porp. 5.4], il existe un groupe linéaire connexe et un homomorphisme surjectif tels que soit un tore et soit quasi-trivial, i.e. soit quasi-trivial et . Alors est une -espace homogène à stabilisateur géométrique connexe, et, d’après le corollaire 3.11 et la proposition 3.9, on a: Le sous-groupe est ouvert d’indice fini. Alors on peut remplacer par et supposer que est quasi-trivial.
Notons le quotient torique maximal. Alors est lisse à fibres géométriquement intègres et donc est ouvert ([Cod, Thm. 4.5]). D’après le corollaire 5.13, il existe un ouvert et un point tels que et . Puisque satisfait l’approximation forte par rapport à hors de (Harari [Ha08, Thm. 2]), il existe
Notons la fibre de au-dessus de et . Ainsi est un -torseur. D’après la proposition 7.3, l’ensemble est dense dans .
Dans le cas où , par la suite exacte de Sansuc [S, Prop. 6.10], est surjectif et donc est surjectif. Ainsi est surjectif. Alors il existe et donc
Ainsi . ∎
Théorème 7.5.
Soient un groupe linéaire connexe, un sous-groupe fermé connexe et . Soient une -variété lisse géométriquement intègre, un -ouvert et un -morphisme. Soient et (cf. (3.1)) deux sous-groupes finis. Soit un sous-ensemble fini non vide tel que soit non compact pour chaque facteur simple du groupe . Supposons que ou que . Alors, pour tout sous-groupe ouvert d’indice fini et tout ouvert satisfaisant il existe un de fibre , tel que
Démonstration.
Théorème 7.6.
Soient un groupe linéaire connexe, un sous-groupe fermé connexe et . Soient une -variété lisse géométriquement intègre, un -ouvert et un -morphisme. Soient et (cf. (3.1)) deux sous-groupes finis. Soit un sous-ensemble fini non vide tel que soit non compact pour chaque facteur simple du groupe .
(1) Si et, pour tout de fibre , l’ensemble est dense dans , alors est dense dans .
(2) Si et, pour tout , la fibre satisfait l’approximation forte de Brauer-Manin par rapport à hors de , alors satisfait l’approximation forte de Brauer-Manin par rapport à hors de .
Démonstration.
Ceci suit immédiatement du théorème 7.5. ∎
Remerciements. Je remercie très chaleureusement Jean-Louis Colliot-Thélène et Fei Xu pour plusieurs discussions. Je remercie également Cyril Demarche, Qifeng Li et Giancarlo Lucchini Arteche pour leurs commentaires. Projet soutenu par l’attribution d’une allocation de recherche Région Ile-de-France.
Références
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