Du théorème de décomposition à la Pureté locale

Fouad El Zein Institut de Mathématiques de Jussieu, Paris, France elzein@math.jussieu.fr  and  Dũng Tráng Lê Université d’Aix-Marseille LATP, UMR-CNRS 7353 39, rue Joliot-Curie F-13453 Marseille Cedex 13, France ledt@ictp.it
(Date: Février 2013)
Abstract.

Une nouvelle démonstration du théorème de décomposition est donnée, en établissant une relation avec une version du théorème de pureté locale de Deligne et Gabber adaptée aux variétés algébriques complexes.

Abstract.

A new proof of the decomposition theorem is established using a relation with a version of the local purity theorem of Deligne and Gabber adapted to complex algebraic varieties.

Key words and phrases:
Hodge theory, algebraic geometry
1991 Mathematics Subject Classification:
Primary 14D07, 32G20; Secondary 14F05

From the Decomposition theorem to Local purity

1. Abridged version

Let f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V be a projective morphism of complex algebraic varieties, ~~\tilde{\mathcal{L}} a polarized variation of Hodge structures (VHS) on an algebraic open dense subset j:(XY)X:𝑗𝑋𝑌𝑋j:(X-Y)\to X complement of a normal crossing divisor (NCD) Y𝑌Y in a non singular variety X𝑋X, :=~[m]assign~delimited-[]𝑚\mathcal{L}:=\tilde{\mathcal{L}}[m] is the complex with sheaf cohomology ~~\tilde{\mathcal{L}} in degree m𝑚-m where m𝑚m is the dimension of X𝑋X, and j!j_{!*}\mathcal{L} is the intermediate extension of \mathcal{L} ([2], prop. (2.1.11) p. 60, (2.2.7) p. 69, [4]).

We give a new proof of the decomposition theorem of the direct image of j!j_{!*}{\mathcal{L}} into its perverse cohomology:

Rfj!iip(Rfj!)[i]Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}\simeq\oplus_{i}{{}^{p}\!\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L})[-i]

and the canonical decomposition of each ip(Rfj!){{}^{p}\!\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}) into a direct sum of intermediate extensions ([2], theorems (4.3.1) p. 112, (5.4.10) p. 144, (6.2.5) p. 163, (6.2.10) p. 165) and ([21]), based on Deligne - Gabber’s note on local purity ([12], not published). The theorem is true for any varieties X𝑋X and Y𝑌Y, but we show that the proof can always be reduced to the case of a normal crossing divisor Y𝑌Y in a non-singular X𝑋X.

As the references show, this theorem has been established first for a scheme X𝑋X of finite type over an algebraically closed field k𝑘k of characteristic p>0𝑝0p>0, for pure sheaves in the abelian sub-category of perverse sheaves of the category Dcb(X,l)subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑋subscript𝑙D^{b}_{c}(X,\mathbb{Q}_{l}) for lp𝑙𝑝l\not=p, with respect to l-adic cohomology. The statements can be transposed according to Deligne’s dictionary ([7], sections 3 and 9), which is done in ([2], 6.2).

We consider a stratification of V𝑉V and start with the theorem over the open dense subset (the big strata) on which the restriction of f𝑓f is smooth, where the decomposition applies in the smooth proper case by the original work of Deligne [8].

In the next inductive step we aim to extend the decomposition to the union Sn1subscript𝑆𝑛1S_{n-1} of the next strata of dimension n1absent𝑛1\leq n-1 where n𝑛n is the dimension of V𝑉V. We consider a normal section 𝒩𝒩\mathcal{N} at a point vSn1𝑣subscript𝑆𝑛1v\in S_{n-1}:

  1. (1)

    Assuming the decomposition on 𝒩v𝒩𝑣\mathcal{N}-v, we prove an adapted version of the local purity theorem [12] to complex algebraic varieties on 𝒩𝒩\mathcal{N} at v𝑣v.

  2. (2)

    Then we use this local purity to extend the decomposition along the strata.

We prove this last result in a second note, then both results give a new proof of the decomposition theorem. In fact, in the proof of local purity, we need essentially to consider the case of points on the strata of dimension zero which presents similarity with the isolated singularity case [14]. The inductive step is for a simultaneous proof of both results: local purity and decomposition.

The proof is also based on an induction on the dimension of X𝑋X. We use, down on V𝑉V, M. Artin’s results of Lefschetz type with coefficients in perverse sheaves on the complement of hyperplane sections [2], theorem (4.1.1).

The use of Hodge theory is limited in this note to the case of the complement XZ𝑋𝑍X-Z of a normal crossing divisor Z𝑍Z, in order to use logarithmic complexes ([3] theorem (3.5) p. 30 and 3.3 p. 33).

When XZ𝑋𝑍X-Z is the inverse image of an open subset of V𝑉V, we prove that the perverse filtration of its cohomology with coefficients in j!j_{!*}{\mathcal{L}} is compatible with the mixed Hodge structure (MHS).

In the case of a small ball Bvsubscript𝐵𝑣B_{v} with center v𝑣v with inverse image BXv=f1(Bv)subscript𝐵subscript𝑋𝑣superscript𝑓1subscript𝐵𝑣B_{X_{v}}=f^{-1}(B_{v}), we suppose that the fiber Xv:=f1(v)assignsubscript𝑋𝑣superscript𝑓1𝑣X_{v}:=f^{-1}(v) is a NCD by blowing up if necessary; similarly we may suppose that the union XvYsubscript𝑋𝑣𝑌X_{v}\cup Y is also a NCD in X𝑋X in order to have a MHS constructed by a logarithmic complex. We assume the decomposition theorem true on BXvXvsubscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}-X_{v} by induction, from which we deduce the isomorphism:

Griτpr+i(BXvXv,j!)r(Bvv,ip(Rfj!))Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{i}\mathbb{H}^{r+i}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq\mathbb{H}^{r}(B_{v}-v,{{}^{p}\!\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}))

so that we can derive an interpretation of the local purity as a condition on the weights of the MHS induced on the graded perverse cohomology of BXvXvsubscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}-X_{v}.

2. Introduction

Soit f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V un morphisme projectif de variétés algébriques complexes, ~~\tilde{\mathcal{L}} une variation de structures de Hodge (VSH) polarisée sur un ouvert ΩΩ\Omega lisse de X𝑋X, j:ΩX:𝑗Ω𝑋j:\Omega\to X, :=~[m]assign~delimited-[]𝑚\mathcal{L}:=\tilde{\mathcal{L}}[m] vu comme un complexe de faisceaux égal à ~~\tilde{\mathcal{L}} en degré m𝑚-mm𝑚m est la dimension de X𝑋X et nul en tout autre degré. L’extension intermédiaire de \mathcal{L} ([2], prop. (2.1.11) p. 60, (2.2.7) p. 69, [4]) est notée j!j_{!*}\mathcal{L}.

Le théorème de décomposition dans [2] établit dans le cas géométrique, la décomposition dans la catégorie dérivée Dcb(V,)subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑉D^{b}_{c}(V,\mathbb{Q}):

Rfj!iip(Rfj!)[i]Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}\simeq\bigoplus_{i\in\mathbb{Z}}{{}^{p}\!\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L})[-i]

du complexe image directe dérivée en somme directe de ses cohomologies perverses. D’autre part, chaque terme se décompose naturellement cette fois en somme directe d’extensions intermédiaires ([2], théorèmes (4.3.1) p. 112, (5.4.10) p. 144, (6.2.5) p. 163, (6.2.10) p. 165). Pour le cas d’une VSH admissible et polarisée, voir [21].

Ce théorème a été établi d’abord pour les schémas X𝑋X de type fini sur un corps algébriquement clos k𝑘k de caractéristique p>0𝑝0p>0, pour des faisceaux purs dans la sous-catégorie abélienne des faisceaux pervers de la catégorie Dcb(X,l)subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑋subscript𝑙D^{b}_{c}(X,\mathbb{Q}_{l}) dérivée des lsubscript𝑙\mathbb{Q}_{l}-faiceaux constructibles pour lp𝑙𝑝l\not=p [2].

Les énoncés se transposent selon le dictionnaire établi par Deligne ([7], sections 3 et 9); ce qui est fait dans ([2], 6.2) où l’on découvre une technique qui permet de déduire des résultats comportant des énoncés géométriques en caractéristique 00 à partir du cas correspondant en caractéristique p>0𝑝0p>0.

Soit π:X~X:𝜋~𝑋𝑋\pi:\tilde{X}\to X une désingularisation adaptée à f𝑓f, la démonstration pour f𝑓f se déduit facilement de celles pour π𝜋\pi et fπ𝑓𝜋f\circ\pi ce qui nous ramène à considérer le cas où X𝑋X est lisse. En fait, on peut se ramener au cas où f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V est une fibration en DCN sur les strates, au sens donné plus bas, qui va nous permettre d’utiliser les complexes logarithmiques en théorie de Hodge et le bon comportement de la perversité en présence d’un diviseur de Cartier et qui explique la relative simplicité de cette note.

La preuve de la décomposition a été précédée d’une note [12] établissant la notion de pureté locale en caractéristique p>0𝑝0p>0. Nous allons établir dans cette note une relation récurrente entre ces deux résultats qui conduit à une démonstration simultanée des deux résultats: pureté et décomposition, à partir de:

  1. (1)

    La construction d’une structure de Hodge mixte (SHM) sur les ouverts complémentaires d’un diviseur à croisements normaux (DCN) dans X𝑋X, établie à l’aide d’un complexe logarithmique ([3] théorème (3.5) p. 30 et 3.3 p. 33).

  2. (2)

    La notion de filtration perverse τpsuperscript𝜏𝑝{{}^{p}\!\tau} sur l’image directe K:=Rfj!K:=Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L} ([2] prop. 1.3.3 p. 29) construite dans la catégorie dérivée Dcb(V,)subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑉D^{b}_{c}(V,\mathbb{Q}) des faisceaux à cohomologie constructible.

Un résultat essentiel de la note, consiste à démontrer que la filtration perverse induite sur la cohomologie d’une extension intermédiaire sur ouvert ΩΩ\Omega qui est à la fois complémentaire d’un DCN dans X𝑋X et inverse par f𝑓f d’un ouvert sur V𝑉V, est compatible avec la SHM.

La polarisation des structures de Hodge (SH) en caractéristique 00 dans les travaux [5, 19, 18], va nous permettre de simplifier le cas crucial de la démonstration de la pureté locale.

Par conséquent, on supposera dans cette note X𝑋X lisse, la VSH \mathcal{L} localement unipotente et polarisée sur l’ouvert Ω:=XYassignΩ𝑋𝑌\Omega:=X-Y complémentaire d’un diviseur à croisements normaux Y𝑌Y dans X𝑋X.

Soit Z𝑍Z un DCN dans X𝑋X tel que ZY𝑍𝑌Z\cup Y soit aussi un DCN (en effectuant des éclatements si nécessaire) et jZ:XZX:subscript𝑗𝑍𝑋𝑍𝑋j_{Z}:X-Z\to X, alors un complexe de Hodge mixte (CHM) cohomologique sur X𝑋X sous-jacent à R(jZ)jZj!R(j_{Z})_{*}j_{Z}^{*}j_{!*}\mathcal{L} est décrit à l’aide d’un complexe logarithmique dans [3, 13] (ou d’un module de Hodge différentiel dans [21]); dans chaque cas la construction utilise des résultats de Kashiwara [18, 19] (ou l’appendice à [21]).

Pour tout entier k𝑘k\in\mathbb{Z}, la filtration perverse τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau sur la cohomologie globale k(XZ,K)superscript𝑘𝑋𝑍𝐾{\mathbb{H}}^{k}(X-Z,K) est définie par:

τipk(XZ,K):=Im{k(XZ,pτiK)k(XZ,K)}.\,{}^{p}\!\tau_{i}{\mathbb{H}}^{k}(X-Z,K)\,:=\,Im{\,\left\{{\mathbb{H}}^{k}(X-Z,\,^{p}\!\tau_{i}K)\to{\mathbb{H}}^{k}(X-Z,K)\right\}}.

Il s’agit de vérifier qu’elle est compatible avec la SHM sur XZ𝑋𝑍X-Z.

Proposition 2.1.

i) Soit \mathcal{L} une VSH polarisée sur le complémentaire d’un diviseur à croisements normaux Y𝑌Y de X𝑋X, U𝑈U un ouvert algébrique de V𝑉V, tel que f1(U)superscript𝑓1𝑈f^{-1}(U) soit le complément d’un diviseur à croisements normaux Z𝑍Z dans X𝑋X tel que ZY𝑍𝑌Z\cup Y soit aussi un DCN, alors la filtration perverse sur la cohomologie r(f1(U),j!)\mathbb{H}^{r}(f^{-1}(U),j_{!*}\mathcal{L}) est compatible avec la structure de Hodge mixte (SHM): les sous-espaces τipsuperscriptsubscript𝜏𝑖𝑝{{}^{p}\!\tau}_{i} sont des sous-SHM de r(f1(U),j!)\mathbb{H}^{r}(f^{-1}(U),j_{!*}\mathcal{L}).

ii) Soient un point vV𝑣𝑉v\in V (resp. une boule BvVsubscript𝐵𝑣𝑉B_{v}\subset V de centre v𝑣v) d’image inverse f1(v):=Xvassignsuperscript𝑓1𝑣subscript𝑋𝑣f^{-1}(v):=X_{v} (resp. un voisinage f1(Bv):=BXvassignsuperscript𝑓1subscript𝐵𝑣subscript𝐵subscript𝑋𝑣f^{-1}(B_{v}):=B_{X_{v}} de Xvsubscript𝑋𝑣X_{v}). On suppose Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} et XvYsubscript𝑋𝑣𝑌X_{v}\cup Y des DCN dans X𝑋X, alors pour toute boule Bvsubscript𝐵𝑣B_{v} de rayon assez petit la cohomologie r(BXvXv,j!)\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}\mathcal{L}) est munie d’une SHM compatible avec la filtration perverse.

L’interprétation de la pureté locale [10, 12] se traduit dans ce cas par l’énoncé principal suivant constituant le pas de l’induction qui permet de déduire ce résultat en un point v𝑣v à partir de la décomposition en dehors de ce point. On peut supposer le point dans la strate de dimension zéro (sinon, si v𝑣v est sur une strate Slsubscript𝑆𝑙S_{l} on peut appliquer le résultat sur une section normale à Slsubscript𝑆𝑙S_{l} en v𝑣v pour se réduire à ce cas).

Théorème 2.2.

Avec les notations de 2.1, soit a𝑎a le poids de la VSH polarisée \mathcal{L} (après décalage) et supposons que la fibre Xv:=f1(v)assignsubscript𝑋𝑣superscript𝑓1𝑣X_{v}:=f^{-1}(v) image inverse du point v𝑣v par le morphisme projectif f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V, soit un DCN tel que XvYsubscript𝑋𝑣𝑌X_{v}\cup Y soit aussi un DCN dans X𝑋X.
Si la restriction de Rfj!Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L} à une boule épointée Bv{v}subscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-\{v\} assez petite satisfait le théorème de décomposition, alors la SHM de la cohomologie de Bv{v}subscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-\{v\} induit sur les espaces ci-dessous des SHM de poids ω𝜔\omega satisfaisant les inégalités suivantes:

  1. (1)

    ω>a+r𝜔𝑎𝑟\omega>a+r sur τrpr(BXvXv,j!){{}^{p}\tau}_{\leq r}\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}\mathcal{L}),

  2. (2)

    Dualement, ωa+r𝜔𝑎𝑟\omega\leq a+r sur r(BXvXv,j!)/τrpr(BXvXv,j!)\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}\mathcal{L})/{{}^{p}\!\tau}_{\leq r}\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}\mathcal{L}).

Ce sont des conditions dites de pureté locale au point v𝑣v de V𝑉V et de semi-pureté sur X𝑋X en Xvsubscript𝑋𝑣X_{v}. Notre but est d’établir ces conditions sur les poids de la SHM induite sur le gradué par rapport à τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau. Les SHM sont toutes réalisées ici comme sous-quotient de SHM définie en haut sur des ouverts de X𝑋X lisse. Le théorème 2.2 est le pas d’une récurrence simultanée avec la preuve du théorème de décomposition, récurrence sur la dimension des strates et la dimension de X𝑋X à l’aide d’une réduction à une section hyperplane générale sur X𝑋X.

La récurrence qui sera expliquée dans une seconde note, débute par le résultat de Deligne sur l’ouvert U𝑈U de la grande strate lisse de V𝑉V sur lequel la restriction de f𝑓f est lisse et propre [8]. Un exemple simple est traité dans le cas d’une singularité isolée [14]. Les arguments importants de la preuve sont les suivants:

1) L’hypothèse de décomposition en dehors du point v𝑣v, permet d’utiliser l’isomorphisme:

Griτpr(BXvXv,j!)ri(Bvv,ip(Rfj!))=r(Bvv,Griτp(Rfj!))Gr^{{}^{p}\!\tau}_{i}\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}\mathcal{L})\simeq\mathbb{H}^{r-i}(B_{v}-v,{{}^{p}\!\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}))=\mathbb{H}^{r}(B_{v}-v,Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{i}(Rf_{*}j_{!*}\mathcal{L}))

exprimant la dégénérescense de la suite spectrale de Leray perverse en dehors de v𝑣v, ce qui permet d’exploiter les résultats d’Artin de type Lefschetz en bas sur V𝑉V [2].

2) L’utilisation de la polarisation de la cohomologie d’intersection simplifie considérablement le cas crucial que l’on rencontre en caractéristique p>0𝑝0p>0.

Dans une seconde note [15] nous prouvons que la pureté locale entraîne la décomposition au point et par conséquent les deux résultats démontrent le théorème de décomposition.

3. Preuve de la semi-pureté

La SHM sur la cohomologie du complémentaire d’un DCN telle qu’elle est développée dans [3] (théorème (3.4) et propriétes p. 31, section (3.3) p. 33 et théorème 3.14) est spécialement adaptée pour étudier la semi-pureté sur les voisinages tubulaires Bv:=f1(Bv)assignsubscript𝐵𝑣superscript𝑓1subscript𝐵𝑣B_{v}:=f^{-1}(B_{v}) de Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} dans cette note. Notamment l’isomorphisme de Thom-Gysin [3] (3.3.7) sera souvent utilisé dans la démonstration. Par ailleurs, le morphisme f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V sera toujours une fibration par des DCN sur les strates au sens suivant:

Définition 3.1 (fibration topologique par DCN sur les strates d’une stratification).

i) Un morphisme f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V est une fibration topologique par DCN sur les strates d’une stratification 𝒮=(Sα)𝒮subscript𝑆𝛼{\mathcal{S}}=(S_{\alpha}) de Thom-Whitney de V si X𝑋X est lisse et les espaces Vl=dimSαlSαsubscript𝑉𝑙subscriptdimensionsubscript𝑆𝛼𝑙subscript𝑆𝛼V_{l}=\cup_{\dim S_{\alpha}\leq l}S_{\alpha} satisfont les proprit́és suivantes:

  1. (1)

    L’espace X𝑋X est lisse, et les sous-espaces XVi:=f1(Vi)assignsubscript𝑋subscript𝑉𝑖superscript𝑓1subscript𝑉𝑖X_{V_{i}}:=f^{-1}(V_{i}) sont vides ou des sous-DCN emboités dans X𝑋X.

  2. (2)

    (T) La restriction de f𝑓f à XS:=f1(S)assignsubscript𝑋𝑆superscript𝑓1𝑆X_{S}:=f^{-1}(S) au-dessus de chaque strate S𝑆S de 𝒮𝒮{\mathcal{S}} est une fibration topologique: f|:XSS:subscript𝑓|subscript𝑋𝑆𝑆f_{|}:X_{S}\to S.

  3. (3)

    Pour tout point vViVi1𝑣subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1v\in V_{i}-V_{i-1}, donc lisse dans Visubscript𝑉𝑖V_{i}, soit 𝒩vsubscript𝒩𝑣\mathcal{N}_{v} une section normale en v𝑣v à Visubscript𝑉𝑖V_{i} en position générale, alors f1(𝒩v)superscript𝑓1subscript𝒩𝑣f^{-1}(\mathcal{N}_{v}) est lisse dans X𝑋X et intersecte le diviseur à croisements normaux XVisubscript𝑋subscript𝑉𝑖X_{V_{i}} transversalement.

Si ces deux dernières assertions sont satisfaites, alors XVif1(𝒩v)=f1(v)subscript𝑋subscript𝑉𝑖superscript𝑓1subscript𝒩𝑣superscript𝑓1𝑣X_{V_{i}}\cap f^{-1}(\mathcal{N}_{v})=f^{-1}(v) est un DCN dans f1(𝒩v)superscript𝑓1subscript𝒩𝑣f^{-1}(\mathcal{N}_{v}).

Nous dirons pour simplifier, que XViVi1:=f1(ViVi1)assignsubscript𝑋subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1superscript𝑓1subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1X_{{V_{i}}-V_{i-1}}:=f^{-1}({V_{i}}-V_{i-1}) est DCN relatif (éventuellement vide), et lorsque les données sont claires, que le morphisme f𝑓f (resp. la stratification 𝒮𝒮\mathcal{S}) est admissible.

ii) La fibration est adaptée à un sous-espace Y𝑌Y dans X𝑋X, ou à un système local \mathcal{L} défini sur le complémentaire de Y𝑌Y dans X𝑋X, si, de plus, Y𝑌Y est un DCN et, pour tout 1in1𝑖𝑛1\leq i\leq n, la réunion des sous-espaces XViYsubscript𝑋subscript𝑉𝑖𝑌X_{V_{i}}\cup Y sont des DCN relatifs sur les strates de V𝑉V.

Il existe une stratification de Thom-Whitney sous-jacente aux données de la fibration telle que les opérations cohomologiques classiques sur \mathcal{L} induisent des systèmes locaux sur les strates [20].

Remarque 3.2 (réduction au cas d’une strate de dimension zéro).

La notion de DCN relatif est essentielle, car elle permet de ramener l’étude du problème en un point v𝑣v d’une strate quelconque S𝑆S au cas d’un point v𝑣v d’une strate de dimension zéro dans la section transversale 𝒩vsubscript𝒩𝑣\mathcal{N}_{v} à S𝑆S en v𝑣v.

Proposition 3.3.

Soient f:XV:𝑓𝑋𝑉f:X\to V un morphisme projectif et Y𝑌Y un sous-espace algébrique fermé strict contenant les singularités de X𝑋X, alors il existe un diagramme XπXfVsuperscript𝜋𝑋superscript𝑋superscript𝑓𝑉X\xleftarrow{\pi^{\prime}}X^{\prime}\xrightarrow{f^{\prime}}VXsuperscript𝑋X^{\prime} est une variété nonsingulière, πsuperscript𝜋\pi^{\prime} et f:=fπassignsuperscript𝑓𝑓superscript𝜋f^{\prime}:=f\circ\pi^{\prime} sont des fibrations par DCN sur les strates, adaptées à Y:=π1(Y)assignsuperscript𝑌superscript𝜋1𝑌Y^{\prime}:=\pi^{\prime-1}(Y).

De plus, πsuperscript𝜋\pi^{\prime} est une modification de X𝑋X: il existe un ouvert Ωf(X)VΩ𝑓𝑋𝑉\Omega\subset f(X)\subset V dense dans l’image de f𝑓f, tel que πsuperscript𝜋\pi^{\prime} induise un isomorphisme de f1(Ω)(f1(Ω)Y)f1(Ω)(f1(Ω)Y)similar-to-or-equalssuperscript𝑓1Ωsuperscript𝑓1Ω𝑌superscript𝑓1Ωsuperscript𝑓1Ωsuperscript𝑌f^{-1}(\Omega)-(f^{-1}(\Omega)\cap Y)\simeq f^{\prime-1}(\Omega)-(f^{\prime-1}(\Omega)\cap Y^{\prime}), et que f1(Ω)Ysuperscript𝑓1Ωsuperscript𝑌f^{\prime-1}(\Omega)\cap Y^{\prime} soit un DCN relatif (dit horizontal, éventuellement vide).

Cette propriété de f𝑓f est nécessaire pour le raisonnement par récurrence.

3.1. La filtration perverse

La filtration perverse, bien que définie sur V𝑉V, peut être décrite directement sur X𝑋X d’après [6]. Cette description va nous permettre d’établir la compatibilité de la filtration perverse avec la SHM d’un ouvert algébrique à coefficients. Elle s’adapte à la situation locale sur V𝑉V en un point v𝑣v, et semi-locale sur X𝑋X au voisinage de la fibre Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} en v𝑣v.

3.1.1.

Soit U𝑈U un ouvert de V𝑉V et considérons deux suites croissantes de sous-variétés fermées de U𝑈U:

H:U=H0H1Hn,W:U=W0W1WnH_{*}:U=H_{0}\supset H_{-1}\supset\ldots\supset H_{-n},\quad W_{*}:U=W_{0}\supset W_{-1}\supset\ldots\supset W_{-n}

On note hi:(UHi)U:subscript𝑖𝑈subscript𝐻𝑖𝑈h_{i}:(U-H_{-i})\to U l’inclusion et on considère un complexe KDcb(U,)𝐾subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑈K\in D^{b}_{c}(U,\mathbb{Q}) à cohomologie constructible bornée. En reprenant les notations de [6] (remark 3.6.6), on définit la filtration sur (U,K)superscript𝑈𝐾\mathbb{H}^{*}(U,K):

(3.1) δp(U,K):=Im{ij=pWj(U,(hi)!hiK)(U,K)}assignsubscript𝛿𝑝superscript𝑈𝐾Imsubscriptdirect-sum𝑖𝑗𝑝subscriptsuperscriptsubscript𝑊𝑗𝑈subscriptsubscript𝑖superscriptsubscript𝑖𝐾superscript𝑈𝐾\delta_{p}\mathbb{H}^{*}(U,K):=\hbox{Im}\{\oplus_{i-j=p}\mathbb{H}^{*}_{W_{-j}}(U,(h_{i})_{!}h_{i}^{*}K)\to\mathbb{H}^{*}(U,K)\}

La filtration δ𝛿\delta est l’aboutissement d’une suite spectrale.

Proposition 3.4 ([6], theorem 4.2.1).

Soit U𝑈U un ouvert quasi-projectif de V𝑉V et KDcb(U,)𝐾subscriptsuperscript𝐷𝑏𝑐𝑈K\in D^{b}_{c}(U,\mathbb{Q}). Pour un choix convenable des deux suites Hsubscript𝐻H_{*} et Wsubscript𝑊W_{*} mais assez général (relativement à un plongement affine dans un espace projectif et une stratification compatible), la filtration δ𝛿\delta (3.1) est égale à la filtration perverse τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau à un décalage d’indices près.

La preuve, basée sur la notion de résolution par des faisceaux pervers acycliques sauf en degré 00, utilise le résultat suivant [1, 6] qui semble remonter à une lettre inédite de Deligne:

Lemme 3.5.

Soient UN𝑈superscript𝑁U\subset\mathbb{P}^{N} un plongement affine, H𝐻H et Hsuperscript𝐻H^{\prime} deux sections hyperplanes en position générale, les inclusions j:(UHU)U:𝑗𝑈𝐻𝑈𝑈j:(U-H\cap U)\to U et j:(UHU)U:superscript𝑗𝑈superscript𝐻𝑈𝑈j^{\prime}:(U-H^{\prime}\cap U)\to U. Pour tout faisceau pervers 𝒫𝒫\mathcal{P} sur U𝑈U, on a: r(U,j!jj(j)!𝒫)=0superscript𝑟𝑈subscript𝑗superscript𝑗subscriptsuperscript𝑗superscriptsuperscript𝑗𝒫0\mathbb{H}^{r}(U,j_{!}j^{*}j^{\prime}_{*}(j^{\prime})^{!}\mathcal{P})=0 pour r0𝑟0r\neq 0.

Remarque 3.6.

i) Le choix assez général des deux sections hyperplanes H𝐻H et Hsuperscript𝐻H^{\prime} assure un isomorphisme j!jj(j)!𝒫)j(j)!j!j𝒫)j_{!}j^{*}j^{\prime}_{*}(j^{\prime})^{!}\mathcal{P})\simeq j^{\prime}_{*}(j^{\prime})^{!}j_{!}j^{*}\mathcal{P}).

La preuve du lemme utilise le lemme d’Artin-Lefschetz faible appliqué au faisceau pervers j!jj(j)!𝒫subscript𝑗superscript𝑗subscriptsuperscript𝑗superscriptsuperscript𝑗𝒫j_{!}j^{*}j^{\prime}_{*}(j^{\prime})^{!}\mathcal{P} sur U𝑈U et à son dual et le fait que UH𝑈𝐻U-H soit affine.

ii) Soient un point vV𝑣𝑉v\in V et une boule BvVsubscript𝐵𝑣𝑉B_{v}\subset V de centre v𝑣v, ce résultat s’applique lorsque l’on remplace U𝑈U par Bvvsubscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-v car le plongement est alors de Stein et un ouvert du type Bv(HiBv)Bvvsubscript𝐵𝑣subscript𝐻𝑖subscript𝐵𝑣subscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-(H_{-i}\cap B_{v})\subset B_{v}-v est aussi de Stein, en conséquence le lemme d’Artin-Lefschetz faible s’applique.

On déduit de la remarque:

Lemme 3.7.

Soient un point vV𝑣𝑉v\in V et une boule BvVsubscript𝐵𝑣𝑉B_{v}\subset V de centre v𝑣v. La filtration δ𝛿\delta (3.1) pour U=Bvv𝑈subscript𝐵𝑣𝑣U=B_{v}-v est égale à la filtration perverse τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau à un décalage d’indices près.

Proposition 3.8.

Avec les notations de 2.2, pour tout ouvert quasi-projectif U𝑈U de V𝑉V tel que f1(U)superscript𝑓1𝑈f^{-1}(U) soit le complémentaire d’un diviseur D𝐷D à croisements normaux dans X𝑋X et que DY𝐷𝑌D\cup Y soit aussi un DCN, la filtration δ𝛿\delta, et par conséquent la filtration perverse τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau sur j(f1(U),j!)\mathbb{H}^{j}(f^{-1}(U),j_{!*}{\mathcal{L}}), en tout degré j𝑗j\in\mathbb{Z}, sont compatibles avec la SHM.

Preuve de la proposition 2.1. Il s’agit de munir les termes de la filtration δ𝛿\delta (3.1) de SHM.

3.1.2. Cas d’un ouvert affine

Nous remarquons d’abord que le choix des suites Hsubscript𝐻H_{*} et Wsubscript𝑊W_{*} dans U𝑈U étant assez général, nous pouvons supposer que les suites sont induites par des suites dans V𝑉V notées abusivement aussi Hsubscript𝐻H_{*} et Wsubscript𝑊W_{*} tel que:

Les différentes images inverses Hi:=f1(Hi)assignsuperscriptsubscript𝐻𝑖superscript𝑓1subscript𝐻𝑖H_{-i}^{\prime}:=f^{-1}(H_{-i}) et Wi:=f1(Wj)assignsuperscriptsubscript𝑊𝑖superscript𝑓1subscript𝑊𝑗W_{-i}^{\prime}:=f^{-1}(W_{-j}) soient non-singulières, que leurs intersections le long de f1(HiWj)superscript𝑓1subscript𝐻𝑖subscript𝑊𝑗f^{-1}(H_{-i}\cap W_{-j}) soient transversales dans X𝑋X, et qu’ils coupent transversalement un DCN fixe donné dans X𝑋X.

Ces conditions permettent d’utiliser un complexe logarithmique le long d’un DCN contenant toutes ces familles.

Isomorphismes de Thom-Gysin. En général, si Hsuperscript𝐻H^{\prime} est une sous-variété non-singulière de codimension r𝑟r transversale dans X𝑋X à un diviseur à croisements normaux DY𝐷𝑌D\cup Y de sorte que l’on puisse définir un CHM cohomologique sur Hsuperscript𝐻H^{\prime} logarithmique en H(DY)superscript𝐻𝐷𝑌H^{\prime}\cap(D\cup Y), on peut réaliser les morphismes de Thom-Gysin sous forme de morphismes de complexes logarithmiques induisant des morphismes de SHM𝑆𝐻𝑀SHM de type (r,r)𝑟𝑟(r,r) [3] (3.3.7):

On a f1(U)=XDsuperscript𝑓1𝑈𝑋𝐷f^{-1}(U)=X-D et si on pose jD:f1(U)X:subscript𝑗𝐷superscript𝑓1𝑈𝑋j_{D}:f^{-1}(U)\to X, on trouve pour r=1𝑟1r=1: :

(3.2) iH!(R(jD)jDj!)iH(R(jDH)jDHiHj!)[2]i_{H^{\prime}}^{!}(R(j_{D})_{*}j_{D}^{*}j_{!*}\mathcal{L})\simeq i_{H^{\prime}*}(R(j_{D\cap H^{\prime}})_{*}j_{D\cap H^{\prime}}^{*}i_{H^{\prime}}^{*}j_{!*}\mathcal{L})[-2]

Le cas r>1𝑟1r>1 est similaire au cas r=1𝑟1r=1. On pose

K:=RjDjDj!K^{\prime}:=Rj_{D*}j_{D}^{*}j_{!*}\mathcal{L},  K=RfK𝐾𝑅subscript𝑓superscript𝐾K=Rf_{*}K^{\prime},  hi:(VHi)V:subscript𝑖𝑉subscript𝐻𝑖𝑉h_{i}:(V-H_{-i})\to V,  hi:(XHi)X:subscriptsuperscript𝑖𝑋subscriptsuperscript𝐻𝑖𝑋h^{\prime}_{i}:(X-H^{\prime}_{-i})\to X;

D’après les triangles distingués:

hi!(hi)KKiHiiHiK,iWj!hi!(hi)KiWj!KφiWj!iHiiHiKformulae-sequencesubscriptsuperscript𝑖superscriptsubscriptsuperscript𝑖superscript𝐾superscript𝐾subscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscript𝐾subscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗subscriptsuperscript𝑖superscriptsubscriptsuperscript𝑖superscript𝐾subscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗superscript𝐾superscript𝜑subscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗subscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscript𝐾h^{\prime}_{i!}(h^{\prime}_{i})^{*}K^{\prime}\to K^{\prime}\to i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}K^{\prime},\quad i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}h^{\prime}_{i!}(h^{\prime}_{i})^{*}K^{\prime}\to i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}K^{\prime}\stackrel{{\scriptstyle\varphi}}{{\rightarrow}}i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}K^{\prime}

on peut calculer la cohomologie: Wj(V,(hi)!hiK)HWj(X,hi!(hi)K)similar-to-or-equalssubscriptsuperscriptsubscript𝑊𝑗𝑉subscriptsubscript𝑖superscriptsubscript𝑖𝐾subscriptsuperscript𝐻subscriptsuperscript𝑊𝑗𝑋subscriptsuperscript𝑖superscriptsubscriptsuperscript𝑖superscript𝐾\mathbb{H}^{*}_{W_{-j}}(V,(h_{i})_{!}h_{i}^{*}K)\simeq H^{*}_{W^{\prime}_{-j}}(X,h^{\prime}_{i!}(h^{\prime}_{i})^{*}K^{\prime}) à l’aide du cône sur φ𝜑\varphi décalé, afin de mettre une SHM sur ces groupes et donc sur les termes de la filtration δ𝛿\delta (3.1).

On va transformer les termes du cône à l’aide d’isomorphismes de Thom-Gysin (définis par le drapeau Wsubscriptsuperscript𝑊W^{\prime}_{*} dans X𝑋X chaque fois de codimension 111 ou directement sur Wjsubscriptsuperscript𝑊𝑗W^{\prime}_{-j} de codimension j𝑗j). Ainsi par exemple le terme iWj!iHiiHiKsubscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗subscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscript𝐾i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}K^{\prime} devient isomorphe au complexe sur WjHisubscriptsuperscript𝑊𝑗subscriptsuperscript𝐻𝑖W^{\prime}_{-j}\cap H^{\prime}_{-i} logarithmique en DjWjHisubscript𝐷𝑗subscriptsuperscript𝑊𝑗subscriptsuperscript𝐻𝑖D_{-j}\cap W^{\prime}_{-j}\cap H^{\prime}_{-i}.

On considère sur chaque Wksubscriptsuperscript𝑊𝑘W^{\prime}_{-k} le diviseur à croisements normaux Dk:=DWkassignsubscript𝐷𝑘𝐷subscriptsuperscript𝑊𝑘D_{-k}:=D\cap W^{\prime}_{-k}, avec jk:(WkDk)Wk:subscript𝑗𝑘subscriptsuperscript𝑊𝑘subscript𝐷𝑘subscriptsuperscript𝑊𝑘j_{k}:(W^{\prime}_{-k}-D_{-k})\to W^{\prime}_{-k}, Kk:=RjkjkiWkj!K^{\prime}_{k}:=Rj_{k*}j_{k}^{*}i_{W^{\prime}_{-k}}^{*}j_{!*}\mathcal{L}, alors on a des isomorphismes de Thom-Gysin iWk1!Kk[2]Kk+1similar-to-or-equalssubscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑘1subscriptsuperscript𝐾𝑘delimited-[]2subscriptsuperscript𝐾𝑘1i^{!}_{W^{\prime}_{-k-1}}K^{\prime}_{k}[2]\simeq K^{\prime}_{k+1} en partant de K0:=Kassignsubscriptsuperscript𝐾0superscript𝐾K^{\prime}_{0}:=K^{\prime} pour k=0𝑘0k=0, jusqu’à k=j1𝑘𝑗1k=j-1, de même on a une transformation similaire pour le terme iWj!iHiiHiKsubscriptsuperscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗subscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscript𝐾i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}K^{\prime} pour arriver au cône sur un morphisme ϕi,j:iWjK[2j]iWjiHiiHiK[2j]:subscriptitalic-ϕ𝑖𝑗superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗superscript𝐾delimited-[]2𝑗superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝑊𝑗subscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscriptsubscript𝑖subscriptsuperscript𝐻𝑖superscript𝐾delimited-[]2𝑗\phi_{i,j}:i_{W^{\prime}_{-j}}^{*}K^{\prime}[-2j]\to i_{W^{\prime}_{-j}}^{*}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}K^{\prime}[-2j] du complexe Kjsubscriptsuperscript𝐾𝑗K^{\prime}_{j} sur Wjsubscriptsuperscript𝑊𝑗W^{\prime}_{-j} logarithmique en DjWjsubscript𝐷𝑗subscriptsuperscript𝑊𝑗D_{-j}\cap W^{\prime}_{-j} décalé, et de but le complexe iWkiHiiHij!i_{W^{\prime}_{-k}}^{*}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}j_{!*}\mathcal{L} sur WjHisubscriptsuperscript𝑊𝑗subscriptsuperscript𝐻𝑖W^{\prime}_{-j}\cap H^{\prime}_{-i} logarithmique en DjWjHisubscript𝐷𝑗subscriptsuperscript𝑊𝑗subscriptsuperscript𝐻𝑖D_{-j}\cap W^{\prime}_{-j}\cap H^{\prime}_{-i} décalé.

En conclusion la SHM sur Wj(X,(hi)!(hi)K)subscriptsuperscriptsubscriptsuperscript𝑊𝑗𝑋subscriptsubscriptsuperscript𝑖superscriptsubscriptsuperscript𝑖superscript𝐾\mathbb{H}^{*}_{W^{\prime}_{-j}}(X,(h^{\prime}_{i})_{!}(h^{\prime}_{i})^{*}K^{\prime}) se déduit à indices près, de la SHM définie par le cône mixte du morphisme de complexes de Hodge mixte logarithmiques ϕi,jsubscriptitalic-ϕ𝑖𝑗\phi_{i,j}.

3.1.3. Cas du voisinage local épointé Bv:=Bvvassignsuperscriptsubscript𝐵𝑣subscript𝐵𝑣𝑣B_{v}^{*}:=B_{v}-v d’un point v𝑣v de V𝑉V

La preuve est similaire à celle qui précède. Pour calculer la cohomologie du voisinage tubulaire moins la fibre centrale BXv=BXvXvsuperscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}^{*}=B_{X_{v}}-X_{v} à coefficients dans j!j_{!*}{\mathcal{L}}, on considère le morphisme composé suivant

(3.3) I:RiXv!j!j!j!iXvj!I:Ri_{X_{v}}^{!}j_{!*}{\mathcal{L}}\rightarrow j_{!*}j_{!*}{\mathcal{L}}\rightarrow i_{X_{v}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}

que l’on appelle morphisme d’intersection I𝐼I. Soit jXv:(XXv)X:subscript𝑗subscript𝑋𝑣𝑋subscript𝑋𝑣𝑋j_{X_{v}}:(X-X_{v})\to X, alors I𝐼I s’inscrit dans un triangle RiXv!j!iXvj!iXvRjXvjXvj![1]Ri_{X_{v}}^{!}j_{!*}{\mathcal{L}}\rightarrow i_{X_{v}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\rightarrow i_{X_{v}}^{*}Rj_{X_{v}*}j_{X_{v}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\xrightarrow{[1]}. Par conséquent la cohomologie de BXvsuperscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}^{*} à coefficients dans j!j_{!*}{\mathcal{L}} est celle du cône sur I𝐼I.

Définition 3.9.

La fibre Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} étant supposée un DCN, les termes RiXv!j!Ri_{X_{v}}^{!}j_{!*}{\mathcal{L}} et iXvj!i_{X_{v}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}} sont munis d’une structure de complexe de Hodge mixte cohomologique, et par conséquent la cohomologie de BXvsuperscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}^{*} se trouve d’une munie de la SHM définie par le cône mixte sur I𝐼I.

Pour montrer que cette SHM est compatible avec la filtration perverse, on cherche à appliquer la formule (3.1) qui caractérise la filtration perverse d’après 3.7.

En reprenant en abusant les notations précédentes avec BXvsubscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{X_{v}} au lieu de X𝑋X, Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} au lieu de D𝐷D, j!|BXvj_{!*}\mathcal{L}_{|B_{X_{v}}} au lieu de j!j_{!*}\mathcal{L}, deux familles Hisubscriptsuperscript𝐻𝑖H^{\prime}_{-i} et Wjsubscriptsuperscript𝑊𝑗W^{\prime}_{-j} dans BXvsubscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}, hi:(BXvHi)BXv:subscriptsuperscript𝑖subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscriptsuperscript𝐻𝑖subscript𝐵subscript𝑋𝑣h^{\prime}_{i}:(B_{X_{v}}-H^{\prime}_{-i})\to B_{X_{v}} et iWj!j!|BXvφiWj!iHiiHij!|BXvi^{!}_{W^{\prime}_{-j}}j_{!*}\mathcal{L}_{|B^{*}_{X_{v}}}\stackrel{{\scriptstyle\varphi}}{{\rightarrow}}i^{!}_{W^{\prime}_{-j}}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}j_{!*}\mathcal{L}_{|B^{*}_{X_{v}}}, le groupe de cohomologie Wj(BXv,(hi)!(hi)j!)\mathbb{H}^{*}_{W^{\prime}_{j}}(B_{X_{v}}^{*},(h^{\prime}_{i})_{!}(h^{\prime}_{i})^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}) se déduit alors d’un cône sur φ𝜑\varphi et la SHM, dont on la munit, d’un double cône mixte une fois sur I𝐼I et une fois sur φ𝜑\varphi à partir du carré:

iXvWj!iWjj!IjiXvWjj!φφiXvWj!iWjiHiiHij!IjiiXvWjiHiiHij!\begin{array}[]{ccc}i_{X_{v}\cap W^{\prime}_{-j}}^{!}i_{W^{\prime}_{-j}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}&\stackrel{{\scriptstyle I_{j}}}{{\rightarrow}}&i_{X_{v}\cap W^{\prime}_{-j}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\\ \downarrow\varphi&&\downarrow\varphi\\ i_{X_{v}\cap W^{\prime}_{-j}}^{!}i_{W^{\prime}_{-j}}^{*}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}&\stackrel{{\scriptstyle I^{i}_{j}}}{{\rightarrow}}&i_{X_{v}\cap W^{\prime}_{-j}}^{*}i_{H^{\prime}_{-i}*}i_{H^{\prime}_{-i}}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\end{array}

En conclusion, la filtration δ𝛿\delta sur (BXv,j!)\mathbb{H}^{*}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}) coincide à indices près avec la filtration perverse et de plus elle est réalisée par des sous-SHM.

3.2. Preuve du théorème 2.2

C’est le résultat principal de cette note. Par hypothèse on suppose la décomposition au-dessus de Vv𝑉𝑣V-v satisfaite, ce qui se traduit par l’isomorphisme:

(3.4) Griτpr(BXvXv,j!)ri(Bv{v},pi(Rfj!)).Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{i}\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq\mathbb{H}^{r-i}(B_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}{\mathcal{L}})).

La preuve utilise l’isomorphisme précédent afin d’exploiter le théorème d’annulation d’Artin du type section hyperplane de Lefschetz à coefficients dans Dc0p(V)superscriptsuperscriptsubscript𝐷𝑐absent0𝑝𝑉{}^{p}D_{c}^{\leq 0}(V) ([2] 4.1), sur un ouvert de Stein (resp. affine) en bas dans V𝑉V (le résultat étant local, on peut supposer V𝑉V projective).

En supposant Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} un DCN, le terme de gauche de (3.4) se trouve muni d’une SHM induite. Pour la commodité de l’argumentation on raisonne sur le terme de droite, puis on interprète le résultat à gauche, autrement dit, par abus de notation on transporte la SHM sur le terme de droite (on ne sait pas encore que cette structure est canonique mais c’est en fait notre but ultime qui sera l’objet d’une autre étude à comparer avec la structure définie dans la théorie des modules différentiels de Hodge).

Dans la suite pour simplifier les notations nous posons K=Rfj!K=Rf_{*}j_{!*}{\mathcal{L}}, alors il faut prouver que le poids ω𝜔\omega de cette SHM𝑆𝐻𝑀SHM satisfait les inégalités:

ω>a+i+jsurj(Bvv,pi(K))sij0,etωa+i+jsurj(Bvv,pi(K))sij1\begin{split}\omega>a+i+j\,\,\hbox{sur}\,\,\mathbb{H}^{j}(B_{v}-v,\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\,\,\hbox{si}\,\,j\geq 0,\\ \hbox{et}\,\,\omega\leq a+i+j\,\,\hbox{sur}\,\,\mathbb{H}^{j}(B_{v}-v,\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\,\,\hbox{si}\,\,j\,\,\leq-1\end{split}

Les deux cas cités sont duaux. La preuve pour j>0𝑗0j>0 s’obtient par une récurrence simple sur la dimension appliquée à une section hyperplane générale de V𝑉V, l’application du théorème d’Artin-Lefschetz et le morphisme de Gysin pour la section hyperplane générale. C’est une adaptation de celle de [12] au cas transcendant et diffère donc par l’utilisation de la polarisation et repose sur le fait que si j!j_{!*}{\mathcal{L}} est pure de poids a𝑎a, les poids des SHM sur (XZ,j!)\mathbb{H}^{*}(X-Z,j_{!*}{\mathcal{L}}) et Z(X,j!)\mathbb{H}_{Z}^{*}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) sont aabsent𝑎\geq a (resp. aabsent𝑎\leq a sur les SHM duales (Z,iZj!)\mathbb{H}^{*}(Z,i_{Z}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}), et c(XZ,j!)\mathbb{H}_{c}^{*}(X-Z,j_{!*}{\mathcal{L}})).

1) Preuve pour j>0𝑗0j>0, similaire à [12]. Soit H𝐻H une section hyperplane générale de V𝑉V contenant le point v𝑣v et soit Hv=BvHsubscript𝐻𝑣subscript𝐵𝑣𝐻H_{v}=B_{v}\cap H. En particulier H𝐻H est normalement plongée en dehors du point v𝑣v et son transformé strict Hsuperscript𝐻H^{\prime} (ne contenant pas Xvsubscript𝑋𝑣X_{v}) dans X𝑋X est transverse aux sous-espaces Xl:=f1(Sl)assignsubscript𝑋𝑙superscript𝑓1subscript𝑆𝑙X_{l}:=f^{-1}(S_{l}) inverse des strates Slsubscript𝑆𝑙S_{l} de V𝑉V; en particulier les troncations perverses commutent avec la restriction à H{v}𝐻𝑣H-\{v\}.

On considère la suite exacte de groupes de cohomologie à coefficients dans ip(Rfj!)\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(Rf_{*}j_{!*}{\mathcal{L}}):

j2(Hv{v})(1)Hv{v}j(Bv{v})j(Bv{v})j(BvHv)similar-to-or-equalssuperscript𝑗2subscript𝐻𝑣𝑣1subscriptsuperscript𝑗subscript𝐻𝑣𝑣subscript𝐵𝑣𝑣superscript𝑗subscript𝐵𝑣𝑣superscript𝑗subscript𝐵𝑣subscript𝐻𝑣{\mathbb{H}}^{j-2}(H_{v}-\{v\})(-1)\simeq{\mathbb{H}}^{j}_{H_{v}-\{v\}}(B_{v}-\{v\})\rightarrow{\mathbb{H}}^{j}(B_{v}-\{v\})\rightarrow\mathbb{H}^{j}(B_{v}-H_{v})

Si Bvsubscript𝐵𝑣B_{v} est de dimension 111, Bvvsubscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-v est de Stein, sinon BvHvsubscript𝐵𝑣subscript𝐻𝑣B_{v}-H_{v} est de Stein et sa cohomologie j(BvHv,pi(K))\mathbb{H}^{j}(B_{v}-H_{v},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)) s’annule pour j1𝑗1j\geq 1 d’après le théorème d’annulation sur un ouvert de Stein appliqué à ip(K)superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K) dans Dc0pVsuperscriptsuperscriptsubscript𝐷𝑐absent0𝑝𝑉{{}^{p}D}_{c}^{\leq 0}V. On en déduit que le morphisme de Thom-Gysin:

j2(Hv{v},pi(K))(1)Gjj(Bv{v},pi(K)){\mathbb{H}}^{j-2}(H_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))(-1)\xrightarrow{G_{j}}{\mathbb{H}}^{j}(B_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))

est surjectif pour j=1𝑗1j=1, et un isomorphisme pour j>1𝑗1j>1.

Soit fsuperscript𝑓f^{\prime} la restriction de f𝑓f à Hsuperscript𝐻H^{\prime} et K:=Rf(j!|H)K^{\prime}:=Rf^{\prime}_{*}(j_{!*}\mathcal{L}_{|H^{\prime}}). Par transversalité en dehors de v𝑣v, on a: j2(Hv{v},pi(K))j2(Hv{v},pi+1(K[1])\mathbb{H}^{j-2}(H_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\simeq\mathbb{H}^{j-2}(H_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i+1}(K^{\prime}[-1]). En raisonnant par récurrence sur la dimension de V𝑉V, l’hypothèse de décomposition sur H(XvH)superscript𝐻subscript𝑋𝑣superscript𝐻H^{\prime}-(X_{v}\cap H^{\prime}) au-dessus de H{v}𝐻𝑣H-\{v\} s’applique à la restriction j!(|H[1])j_{!*}(\mathcal{L}_{|H^{\prime}}[-1]) de poids a1𝑎1a-1 sur Hsuperscript𝐻H^{\prime}.

Donc, le terme de la SHM sur j2(Hv{v},pi(K))\mathbb{H}^{j-2}(H_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)) s’annule pour le poids ω>a1+i+1+j2=a+i+j2superscript𝜔𝑎1𝑖1𝑗2𝑎𝑖𝑗2\omega^{\prime}>a-1+i+1+j-2=a+i+j-2 et d’après la surjectivité du morphisme de Thom-Gysin Gjsubscript𝐺𝑗G_{j}, on déduit que le terme de la SHM sur Bv{v}subscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-\{v\} s’annule pour ω=ω+2>a1+i+1+j2=a+i+j𝜔superscript𝜔2𝑎1𝑖1𝑗2𝑎𝑖𝑗\omega=\omega^{\prime}+2>a-1+i+1+j-2=a+i+j (en ajoutant 222, à cause du twist des SHM).

2) Preuve pour j=0𝑗0j=0 et ωa+i+j𝜔𝑎𝑖𝑗\omega\geq a+i+j. Soient H1subscript𝐻1H_{1} une section hyperplane générale ne contenant pas v𝑣v, kv:(Vv)V:subscript𝑘𝑣𝑉𝑣𝑉k_{v}:(V-v)\to V et iv:{v}V:subscript𝑖𝑣𝑣𝑉i_{v}:\{v\}\to V les immersions canoniques. On considère la suite exacte:

0(VH1,Rkvkvip(K))H0(ivRkvkvip(K))1(VH1,Rkv!kvip(K))superscript0𝑉subscript𝐻1𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾superscript𝐻0superscriptsubscript𝑖𝑣𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾superscript1𝑉subscript𝐻1𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾\mathbb{H}^{0}(V-H_{1},Rk_{v*}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\rightarrow H^{0}(i_{v}^{*}Rk_{v*}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\rightarrow\mathbb{H}^{1}(V-H_{1},Rk_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))

où on utilise l’écriture suivante: c1(VH1,pi(K))=1(VH1,Rkv!kvip(K))\mathbb{H}_{c}^{1}(V-H_{1},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))=\mathbb{H}^{1}(V-H_{1},Rk_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)) avec Rkv!kvip(K)Dc0pV𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾superscriptsuperscriptsubscript𝐷𝑐absent0𝑝𝑉Rk_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)\in{{}^{p}D}_{c}^{\leq 0}V pour déduire que la cohomologie 1superscript1\mathbb{H}^{1} de l’espace affine VH1𝑉subscript𝐻1V-H_{1} s’annule d’après Artin.

Le terme à gauche 0(VH1,Rkvkvip(K))superscript0𝑉subscript𝐻1𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑖𝑝𝐾{\mathbb{H}}^{0}(V-H_{1},Rk_{v*}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)) est de poids ωa+i𝜔𝑎𝑖\omega\geq a+i car il s’agit d’un ouvert. Donc, le terme du milieu 0(Bv{v},pi(K))H0(ivRkvkvip(K))\mathbb{H}^{0}(B_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K))\simeq H^{0}(i_{v}^{*}Rk_{v*}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{i}(K)), isomorphe à Griτpi(XXv,j!)Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{i}\mathbb{H}^{i}(X-X_{v}-,j_{!*}{\mathcal{L}}), est de poids ωa+i𝜔𝑎𝑖\omega\geq a+i.

Le cas crucial. Le théorème (2.2) est établi pour j>0𝑗0j>0 et par dualité pour j<1𝑗1j<-1, pour j=0𝑗0j=0 si ωa+i+j𝜔𝑎𝑖𝑗\omega\geq a+i+j et par dualité pour j=1𝑗1j=-1 si ωa+i𝜔𝑎𝑖\omega\leq a+i. Il reste à l’établir pour ω<a+i𝜔𝑎𝑖\omega<a+i et j=1𝑗1j=-1, c-à-d il faut démontrer l’annulation des termes:

(3.5) Gra+rWGrrτpr1(BXvXv,j!)Gra+rW1(Bvv,pr(K))Gr^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{-1}(B_{v}-v,\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))

pour tout r𝑟r\in\mathbb{Z}. La preuve se fait en plusieurs étapes. Elle utilise l’idée que la cohomologie de Bvvsubscript𝐵𝑣𝑣B_{v}-v s’inscrit dans deux suites exactes issues des triangles:

ivRkv!kvj!ivj!ivRkvkvj!,Rkv!j!ivj!ivRkvkvj!i_{v}^{*}Rk_{v!}k_{v}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\to i_{v}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\to i_{v}^{*}Rk_{v*}k_{v}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}},\quad Rk_{v}^{!}j_{!*}{\mathcal{L}}\to i_{v}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}\to i_{v}^{*}Rk_{v*}k_{v}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}

Soient X=XXvsuperscript𝑋𝑋subscript𝑋𝑣X^{*}=X-X_{v} et BXv=BXvXvsuperscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}^{*}=B_{X_{v}}-X_{v}, alors on en déduit le diagramme à coefficients dans j!j_{!*}{\mathcal{L}}

Xvr(X)r(Xv)Xvr+1(X)(3.5)r(X)r(BXv)cr(X)r(X)cr+1(X)missing-subexpressionsubscriptsuperscript𝑟subscript𝑋𝑣𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑟subscript𝑋𝑣missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscriptsuperscript𝑟1subscript𝑋𝑣𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression3.5missing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑟𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑟superscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑐𝑟superscript𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝑟superscript𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑐𝑟1superscript𝑋missing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccccc}&\mathbb{H}^{r}_{X_{v}}(X)&&\to&&\mathbb{H}^{r}(X_{v})&&&&\mathbb{H}^{r+1}_{X_{v}}(X)&\\ &&\searrow&&\nearrow&&\searrow&&\nearrow&&\\ (3.5)&&&\mathbb{H}^{r}(X)&&&&\mathbb{H}^{r}(B_{X_{v}}^{*})&&&\\ &&\nearrow&&\searrow&&\nearrow&&\searrow&\\ &\mathbb{H}_{c}^{r}(X^{*})&&\to&&\mathbb{H}^{r}(X^{*})&&&&\mathbb{H}_{c}^{r+1}(X^{*})&\end{array}

ce qui permet de réaliser la cohomologie de BXvsuperscriptsubscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{X_{v}}^{*} à l’aide de l’un des deux cônes mixtes

RΓXv(X,j!)RΓ(Xv,j!),RΓc(X,j!)RΓ(X,j!).R\Gamma_{X_{v}}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\to R\Gamma(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}),\quad R\Gamma_{c}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\to R\Gamma(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}).

On peut comparer les deux à l’aide du cône mixte formé par les termes à gauche du diagramme: RΓc(X,j!)RΓXv(X,j!)RΓ(X,j!)R\Gamma_{c}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\oplus R\Gamma_{X_{v}}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\to R\Gamma(X,j_{!*}{\mathcal{L}}).

On introduit d’abord deux morphismes Xsubscript𝑋\partial_{X} et αXsubscript𝛼𝑋\alpha_{X} et on en déduit des morphismes injectifs sur des espaces gradués convenables.

Lemme 3.10.

Le morphisme de connexion suivant est injectif:

Gra+rWGrrτpr1(BXv,j!)XGra+rWGrrτpcr(X,j!).Gr^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\stackrel{{\scriptstyle\partial_{X}}}{{\rightarrow}}Gr^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}_{c}^{r}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}).

On considére la suite exacte longue:

1(Vv,pr(K))1(Bv{v},pr(K))VHc0(V{v},pr(K))\mathbb{H}^{-1}(V-v,\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))\to\mathbb{H}^{-1}(B_{v}-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))\stackrel{{\scriptstyle\partial_{V}}}{{\rightarrow}}H_{c}^{0}(V-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))\to

Il suffit de montrer que: 1(V{v},pr(K))\mathbb{H}^{-1}(V-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K)) est pur de poids a+r1𝑎𝑟1a+r-1 ou par dualité Hc1(V{v},pr(K))H^{1}_{c}(V-\{v\},\,^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K)) est pur de poids a+r+1𝑎𝑟1a+r+1. On considère la section hyperplane H1subscript𝐻1H_{1} de V𝑉V ci-dessus ne passant pas par v𝑣v et la suite exacte:

H11(V,Rkv!kvrp(K))𝜑1(V,Rjkv!kvrp(K))1(VH1,Rkv!kvrp(K))𝜑superscriptsubscriptsubscript𝐻11𝑉𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑟𝑝𝐾superscript1𝑉𝑅𝑗subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑟𝑝𝐾superscript1𝑉subscript𝐻1𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑟𝑝𝐾\mathbb{H}_{H_{1}}^{1}(V,{Rk}_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))\xrightarrow{\varphi}\mathbb{H}^{1}(V,{Rjk}_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))\rightarrow\mathbb{H}^{1}(V-H_{1},Rk_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))

φ𝜑\varphi est surjectif car le dernier terme s’annule; or l’espace

1(H1,Rkv!kvrp(K))(1)H11(V,Rkv!kvrp(K))similar-to-or-equalssuperscript1subscript𝐻1𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑟𝑝𝐾1superscriptsubscriptsubscript𝐻11𝑉𝑅subscript𝑘𝑣superscriptsubscript𝑘𝑣superscriptsuperscript𝑟𝑝𝐾\mathbb{H}^{-1}(H_{1},{Rk}_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))(-1)\simeq\mathbb{H}_{H_{1}}^{1}(V,{Rk}_{v!}k_{v}^{*}\,{}^{p}\!{\mathcal{H}}^{r}(K))

a une SH pure de poids a+r+1𝑎𝑟1a+r+1 (la SH est définie en tant que sous-quotient de cohomologie sur H1subscriptsuperscript𝐻1H^{\prime}_{1} lisse dans X𝑋X, elle est pure par récurrence sur H1subscript𝐻1H_{1}).

Maintenant, on considère la suite exacte longue:

r1(Xv,j!)cr(X,j!)αXr(X,j!)\mathbb{H}^{r-1}(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\rightarrow\mathbb{H}_{c}^{r}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\stackrel{{\scriptstyle\alpha_{X}}}{{\rightarrow}}\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})
Lemme 3.11.

Le morphisme suivant induit par αXsubscript𝛼𝑋\alpha_{X} est injectif:
Gra+rWcr(X,j!)αXGra+rWr(X,j!)r(X,j!)Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{c}^{r}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\stackrel{{\scriptstyle\alpha_{X}}}{{\rightarrow}}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}).

Le poids de r1(Xv,j!)\mathbb{H}^{r-1}(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}) est <a+rabsent𝑎𝑟<a+r car Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} est fermé, donc le morphisme Gra+rWαX𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑊𝑎𝑟subscript𝛼𝑋Gr^{W}_{a+r}\alpha_{X} est injectif. On peut négliger de prendre à droite le gradué pour W𝑊W, car r(X,j!)\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) est pur de poids a+r𝑎𝑟a+r.

3.2.1.

Pour démontrer Gra+rWGrrτpr1(BXv,j!)=0Gr^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})=0, une difficulté provient du fait que Xsubscript𝑋\partial_{X} intervient modulo Grrτp𝐺subscriptsuperscript𝑟superscript𝜏𝑝𝑟Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r} alors que l’on est sans hypothèse sur la filtration τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau en v𝑣v pour utiliser αXsubscript𝛼𝑋\alpha_{X} sur le gradué de τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau. En fait, on considère plutôt le morphisme composé γ:=αXXassign𝛾subscript𝛼𝑋subscript𝑋\gamma:=\alpha_{X}\circ\partial_{X} suivant (avec un abus de notation pour Xsubscript𝑋\partial_{X} modulo τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau ou non):

Gra+rWr1(BXv,j!)XGra+rWcr(X,j!)αXGra+rWr(X,j!),γ:=αXXGr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\stackrel{{\scriptstyle\partial_{X}}}{{\rightarrow}}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{c}^{r}(X^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})\stackrel{{\scriptstyle\alpha_{X}}}{{\rightarrow}}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}),\quad\gamma:=\alpha_{X}\circ\partial_{X}

et on démontre que toute classe u¯Gra+rWGrrτpr1(BXv,j!){\overline{u}}\in Gr^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}) peut se relever en un élément uτrpGra+rWr1(BXv,j!)u\in{\,{}^{p}\!\tau}_{\leq r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}), de telle façon que son image γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) soit nulle dans Gra+rWr(X,j!)r(X,j!)Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}). De la relation αX(X(u))=0subscript𝛼𝑋subscript𝑋𝑢0\alpha_{X}(\partial_{X}(u))=0, on déduit par le lemmme (3.11) que X(u)=0subscript𝑋𝑢0\partial_{X}(u)=0, puis X(u¯)=cl(X(u))=0subscript𝑋¯𝑢clsubscript𝑋𝑢0\partial_{X}({\overline{u}})=\hbox{cl}({\partial_{X}(u)})=0 et finalement par le lemmme (3.10) on a: u¯=0¯𝑢0{\overline{u}}=0.

Lemme 3.12 (Lemme principal).

Soit γ:=αXXassign𝛾subscript𝛼𝑋subscript𝑋\gamma:=\alpha_{X}\circ\partial_{X}. Toute classe:

u¯GrrτpGra+rWr1(BXv,j!){\overline{u}}\in Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})

est représentée par un élément uτrpGra+rWr1(BXv,j!)u\in{\,{}^{p}\!\tau}_{\leq r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}}) d’image γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) nulle dans r(X,j!)\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})

Corollaire 3.13.

GrrτpGra+rWr1(BXv,j!)=0Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}^{*},j_{!*}{\mathcal{L}})=0.

L’idée est de choisir u𝑢u tel que l’élément γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) soit primitif, afin d’utiliser la polarisation sur r(X,j!)\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) pour déduire que γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) est nul.
La preuve se subdivise en plusieurs étapes.
Soit H𝐻H une section hyperplane générale de X𝑋X transverse à toutes les strates de Y𝑌Y. On pose Hv:=XvHassignsubscript𝐻𝑣subscript𝑋𝑣𝐻H_{v}:=X_{v}\cap H, BHv:=HBXvassignsubscript𝐵subscript𝐻𝑣𝐻subscript𝐵subscript𝑋𝑣B_{H_{v}}:=H\cap B_{X_{v}}, et on considère les immersions j:(HHY)H:superscript𝑗𝐻𝐻𝑌𝐻j^{\prime}:(H-H\cap Y)\to H, k:(f(H){v})f(H):superscript𝑘𝑓𝐻𝑣𝑓𝐻k^{\prime}:(f(H)-\{v\})\to f(H), la restriction j!|Hj_{!*}{\mathcal{L}}_{|H} de j!{j_{!*}{\mathcal{L}}} à H𝐻H muni d’un isomorphisme canonique ρ:j!|Hj!|H\rho:j_{!*}{\mathcal{L}}_{|H}\xrightarrow{\sim}j_{!*}{\mathcal{L}}_{|H} car H𝐻H est transversale aux strates.

Lemme 3.14.

Soient jH:(XH)X:subscript𝑗𝐻𝑋𝐻𝑋j_{H}:(X-H)\to X et ((XH))!:=(jH)!jHj!(\mathcal{L}_{(X-H)})_{!}:=(j_{H})_{!}j_{H}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}, alors on peut représenter u¯¯𝑢{\overline{u}} par un élément uτrpGra+rWr1(BXvXv,j!)u\in{\,{}^{p}\!\tau}_{r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}) égal à l’image d’un élément u!τrpGra+rWr1(BXvXv,((XH))!)𝑢superscriptsubscript𝜏𝑟𝑝𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑊𝑎𝑟superscript𝑟1subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣subscriptsubscript𝑋𝐻u!\in{\,{}^{p}\!\tau}_{r}Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},(\mathcal{L}_{(X-H)})_{!}).

On a:
r1(BHvHv,j!)r(BHvHv,j!|H[1])\mathbb{H}^{r-1}(B_{H_{v}}-H_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq\mathbb{H}^{r}(B_{H_{v}}-H_{v},j^{\prime}_{!*}{\mathcal{L}}_{|H}[-1])|H[1]{\mathcal{L}}_{|H}[-1] est de poids a1𝑎1a-1, d’où par récurrence sur H𝐻H:

Ga+rWGrrτpr1(BHvHv,j!)Ga+rWGrr+1τpr(BHvHv,j!|H[1])=0.G^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{H_{v}}-H_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\simeq G^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r+1}\mathbb{H}^{r}(B_{H_{v}}-H_{v},j^{\prime}_{!*}{\mathcal{L}}_{|H}[-1])=0.

De la suite exacte courte ((XH))!j!(iH)iHj!(\mathcal{L}_{(X-H)})_{!}\to j_{!*}{\mathcal{L}}\to(i_{H})_{*}i_{H}^{*}j_{!*}{\mathcal{L}}, on obtient la suite exacte longue:

(3.6) r1(BXvXv,(XH)!)r1(BXvXv,j!)r1(BHvHv,j!)\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},(\mathcal{L}_{X-H})_{!})\to\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\to\mathbb{H}^{r-1}(B_{H_{v}}-H_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})

La suite graduée associée pour W𝑊W et τpsuperscript𝜏𝑝\,{}^{p}\!\tau, c’est à dire la suite obtenue de (3.6) en appliquant Ga+rWGrrτpsubscriptsuperscript𝐺𝑊𝑎𝑟𝐺subscriptsuperscript𝑟superscript𝜏𝑝𝑟G^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}, reste exacte par hypothèse de décomposition en dehors de Xvsubscript𝑋𝑣X_{v} et son terme de droite Ga+rWGrrτpr1(BHvHv,j!)G^{W}_{a+r}Gr^{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{H_{v}}-H_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}) s’annule par l’hypothèse de récurrence sur la semi-purité sur H𝐻H. Par conséquent l’élément u¯¯𝑢{{\overline{u}}} dans le terme du milieu est l’image d’un élément u¯!¯𝑢{\overline{u}}! à gauche. On choisit un représentant u!Ga+rWτrpr1(BXvXv,((XH))!)𝑢subscriptsuperscript𝐺𝑊𝑎𝑟superscriptsubscript𝜏𝑟𝑝superscript𝑟1subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣subscriptsubscript𝑋𝐻u!\in G^{W}_{a+r}{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},(\mathcal{L}_{(X-H)})_{!}) de u¯!¯𝑢{\overline{u}}!, et on prend pour u𝑢u l’image de u!𝑢u! dans Ga+rWτrpr1(BXvXv,j!)G^{W}_{a+r}{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}).

Preuve du lemme principal.
1) L’élément γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) est primitif. En effet l’élément uGa+rWτrpr1(BXvXv,j!)u\in G^{W}_{a+r}{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}) défini comme image de u!Ga+rWτrpr1(BXvXv,((XH))!)𝑢subscriptsuperscript𝐺𝑊𝑎𝑟superscriptsubscript𝜏𝑟𝑝superscript𝑟1subscript𝐵subscript𝑋𝑣subscript𝑋𝑣subscriptsubscript𝑋𝐻u!\in G^{W}_{a+r}{\,{}^{p}\!\tau}_{r}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},(\mathcal{L}_{(X-H)})_{!}) est l’élément annoncé dans le lemme, puisque sa classe est u¯¯𝑢{\overline{u}} et de plus sa restriction ρ(γ(u))Ga+rWr(H,j!)=r(H,j!)\rho(\gamma(u))\in G^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(H,j_{!*}{\mathcal{L}})=\mathbb{H}^{r}(H,j_{!*}{\mathcal{L}}) à H𝐻H s’annule, et par conséquent γ(u)r(X,j!)\gamma(u)\in\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) est un élément primitif.
2) Il reste à prouver que γ(u)𝛾𝑢\gamma(u) s’annule. On utilise le diagramme commutatif:

r1(BXvXv,j!)Xcr(XXv,j!)αXXvr(X,j!)Ar(X,j!)\begin{array}[]{ccc}\mathbb{H}^{r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})&\stackrel{{\scriptstyle\partial_{X}}}{{\rightarrow}}&\mathbb{H}_{c}^{r}(X-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\\ \downarrow\partial&&\downarrow\alpha_{X}\\ \mathbb{H}_{X_{v}}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})&\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\rightarrow}}&\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\end{array}

qui réalise γ(u)=αXX(u)=A(u)𝛾𝑢subscript𝛼𝑋subscript𝑋𝑢𝐴𝑢\gamma(u)=\alpha_{X}\circ\partial_{X}(u)=A\circ\partial(u), comme l’image d’un élément (u)Gra+rWXvr(X,j!)\partial(u)\in Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}), et on considère le diagramme

Gra+rWr(X,j!)AAGra+rWXvr(X,j!)IGra+rWr(Xv,j!)\begin{array}[]{ccccc}&&Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})&&\\ &A{\nearrow}&&{A^{*}}{\searrow}&\\ Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})&&\stackrel{{\scriptstyle I}}{{\longrightarrow}}&&Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}^{r}(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\end{array}

et son dual

GrarWr(X,j!)AAGrarWXvr(X,j!)IGrarWr(Xv,j!)\begin{array}[]{ccccc}&&Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}^{-r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})&&\\ &{\nearrow}A&&{A^{*}}{\searrow}&\\ Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{-r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})&&\stackrel{{\scriptstyle I}}{{\longrightarrow}}&&Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}^{-r}(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\end{array}

Soit η𝜂\eta le cup-produit avec la classe d’une section hyperplane de X𝑋X, alors la polarisation Q𝑄Q sur la partie primitive de r(X,j!)\mathbb{H}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) est définie, à l’aide du produit de dualité de Poincaré P𝑃P et de l’opérateur C𝐶C de Weil, par la formule: Q(v,b):=P(Cv,ηr(b¯))assign𝑄𝑣𝑏𝑃𝐶𝑣superscript𝜂𝑟¯𝑏Q(v,b):=P(Cv,\eta^{r}({\overline{b}})). On a aussi le produit non-dégénéré défini par dualité:

Pv:Gra+rWXvr(X,j!)GrarWr(Xv,j!).{P_{v}:Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}})\otimes Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}^{-r}(X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}})\to\mathbb{C}.}

La dualité entre A𝐴A et Asuperscript𝐴A^{*} est définie pour tout bGra+rWXvr(X,j!)b\in Gr^{W}_{a+r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) et tout cGrarWr(X,j!)c\in Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}^{-r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) par la formule : P(Ab,c)=Pv(b,Ac).𝑃𝐴𝑏𝑐subscript𝑃𝑣𝑏superscript𝐴𝑐\;P(Ab,c)=P_{v}(b,A^{*}c).

A l’élément uτrpGrarWr1(BXvXv,j!)u\in{\,{}^{p}\!\tau}_{\leq-r}Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}^{-r-1}(B_{X_{v}}-X_{v},j_{!*}{\mathcal{L}}) correspond une image par le morphisme de connexion u:=uGrarWXvr(X,j!)\partial u:=u^{\prime}\in Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{-r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}) tel que γ(u)=A(u)𝛾𝑢𝐴superscript𝑢\gamma(u)=A(u^{\prime}). Soit C𝐶C l’opérateur de Weil défini par la SH𝑆𝐻SH sur GrarWXvr(X,j!)Gr^{W}_{a-r}\mathbb{H}_{X_{v}}^{-r}(X,j_{!*}{\mathcal{L}}), alors:

P(C.Au,ηrAu¯)=Pv(Cu,AA(ηru¯))=P(C.u,ηrI(u¯)).P(C.Au^{\prime},\eta^{r}A\overline{u^{\prime}})=P_{v}(Cu^{\prime},A^{*}\circ A(\eta^{r}\overline{u^{\prime}}))=P(C.u^{\prime},\eta^{r}I(\overline{u^{\prime}})).

Or: I(u)=AA(u)=AαXX(u)=0𝐼superscript𝑢superscript𝐴𝐴𝑢superscript𝐴subscript𝛼𝑋subscript𝑋𝑢0I(u^{\prime})=A^{*}\circ A\circ\partial(u)=A^{*}\circ\alpha_{X}\circ\partial_{X}(u)=0 car AαX=0superscript𝐴subscript𝛼𝑋0A^{*}\circ\alpha_{X}=0; on en déduit P(C.Au,ηrAu¯)=0\,P(C.Au^{\prime},\eta^{r}A\overline{u^{\prime}})=0, donc Au=0𝐴superscript𝑢0Au^{\prime}=0 par polarisation, ce qui termine la preuve.

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