Laminations géodésiques plates mesurées.

Thomas Morzadec

Département de mathématique, UMR 8628 CNRS, Université Paris-Sud, Bât. 430, F-91405 Orsay Cedex, France Bureau : 16. thomas.morzadec@math.u-psud.fr

Abstract: In [Mor], we have introduced a notion of flat laminations on surfaces endowed with a flat structure, similar to geodesic laminations on hyperbolic surfaces. Here is a sequel to this article that aims at defining transversal measures on flat laminations similar to transversal measures on hyperbolic laminations, taking into account that two different leaves of a flat lamination may no longer disjoint. Then, we define a topology on the set of measured flat laminations and show that its projective space is compact. Finally, we define the dual tree to a measured flat lamination. 111 Mots clés: Lamination géodésique mesurée, surface munie d’une structure plate à holonomie {±Id}plus-or-minusId\{\pm\operatorname{Id}\}, différentielle quadratique holomorphe, feuilletage mesurée, surface hyperbolique, arbre dual. Code AMS 30,37,53,57,58.

Résumé: Dans [Mor], nous avons introduit une notion de laminations sur les surfaces munies d’une structure plate, analogues aux laminations géodésiques sur les surfaces hyperboliques. Cet article est une suite de [Mor] dont le but est de définir les mesures transverses sur les laminations plates analogues aux mesures transverses sur les laminations hyperboliques, en prenant garde que deux feuilles distinctes ne sont plus nécessairement disjointes. Ensuite, nous définissons une topologie sur l’ensemble des laminations plates mesurées et nous montrons que son projectifié est compact. Enfin, nous définissons l’arbre dual à une lamination plate mesurée.

1 Introduction.

Dans [Mor], nous avons proposé et étudié une définition des laminations géodésiques sur les espaces métriques localement CAT(0)CAT0\operatorname{CAT}(0) enrubannés, analogues aux laminations géodésiques sur les surfaces hyperboliques, en particulier sur les surfaces munies de structures plates à holonomie {±Id}plus-or-minusId\{\pm\operatorname{Id}\}, que nous avons appelées laminations plates. Dans cet article, nous proposons une définition de lamination plate mesurée et nous étudions le lien entre laminations plates mesurées et laminations hyperboliques mesurées (voir par exemple [Bon1]). Nous reprendrons les notations de [Mor], notamment nous noterons (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface munie d’une structure plate (à holonomie {±Id}plus-or-minusId\{\pm\operatorname{Id}\}) et ΛΛ\Lambda une lamination plate sur (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}).

La principale difficulté par rapport aux mesures transverses sur les laminations hyperboliques est que les feuilles ne sont pas disjointes en général, donc on ne va pas définir des mesures sur les images des arcs transverses à la lamination, mais sur l’ensemble des géodésiques locales qui les intersectent transversalement, et il faut redéfinir la notion d’invariance par holonomie de ces familles de mesures.

Dans la première partie, nous définissons les laminations plates mesurées et munissons leur ensemble d’une topologie. Dans la deuxième, nous définissons l’image réciproque d’une lamination plate mesurée dans un revêtement. Dans la troisième, nous définissons un homéomorphisme entre l’espace des laminations plates mesurées sur une surface (compacte) munie d’une structure plate et l’espace des mesures de Radon sur l’ensembles des géodésiques (définies à changements d’origine près) d’un de ses revêtements universels (localement isométriques), qui sont invariantes par l’action du groupe de revêtement et dont le support est une lamination plate. Dans la quatrième, nous établissons une application continue, surjective et propre des laminations plates mesurées dans les laminations hyperboliques mesurées, pour la métrique hyperbolique complète dans la classe conforme. Dans la cinquième, nous définissons le nombre d’intersection entre une lamination plate mesurée et une classe d’homotopie libre de courbes fermées. Dans la dernière partie, nous définissons l’arbre dual à une lamination plate mesurée, et l’action du groupe de revêtement universel sur cet arbre.

Je tiens à remercier chaleureusement Frédéric Paulin pour ses nombreux conseils et ses relectures attentives.

2 Rappels et conventions.

Dans tout ce texte, nous utiliserons les définitions et les notations de [Mor] concernant les surfaces munies de structures plates (à holonomie {±Id}plus-or-minusId\{\pm\operatorname{Id}\}) et les laminations plates (voir notamment les définitions [Mor, Déf. 2.2] et [Mor, Déf. 2.8]). Sauf mention du contraire, nous noterons (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface connexe, orientable, à bord (éventuellement vide) munie d’une structure plate et p:(Σ~,[q~])(Σ,[q]):𝑝~Σdelimited-[]~𝑞Σdelimited-[]𝑞p:(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}])\to({\Sigma},{[q]}) un revêtement universel localement isométrique. Si ΣΣ\Sigma est compacte, on supposera toujours que χ(Σ)<0𝜒Σ0\chi(\Sigma)<0. On munira le bord à l’infini Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma} de l’ordre cyclique défini par le choix d’une orientation de ΣΣ\Sigma (la surface ΣΣ\Sigma sera toujours compacte ou un revêtement d’une surface compacte, voir la remarque [Mor, Rem. 2.9]), et on notera 2Σ~=Σ~×Σ~{(x,x),xΣ~}superscriptsubscript2~Σsubscript~Σsubscript~Σ𝑥𝑥𝑥subscript~Σ\partial_{\infty}^{2}\widetilde{\Sigma}=\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}\times\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}-\{(x,x),x\in\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}\}. On rappelle que la topologie des géodésiques est la topologie compacte-ouverte sur l’ensemble 𝒢dsubscript𝒢𝑑{\cal G}_{d} des géodésiques locales paramétrées pour la distance d𝑑d (noté 𝒢[q]subscript𝒢delimited-[]𝑞{\cal G}_{[q]} pour une structure plate [q]delimited-[]𝑞[q] et 𝒢msubscript𝒢𝑚{\cal G}_{m} pour une métrique hyperbolique m𝑚m) ou le quotient de la topologie compacte-ouverte par l’action par translations à la source de {\mathbb{R}}, sur l’ensemble [𝒢d]delimited-[]subscript𝒢𝑑[{\cal G}_{d}] des géodésiques locales définies à changements d’origine près. Ce seront les seules topologies considérées sur les espaces de géodésiques locales. On notera g[g]maps-to𝑔delimited-[]𝑔g\mapsto[g] l’application de passage au quotient de 𝒢dsubscript𝒢𝑑{\cal G}_{d} dans [𝒢d]delimited-[]subscript𝒢𝑑[{\cal G}_{d}], et si F𝒢d𝐹subscript𝒢𝑑F\subset{\cal G}_{d}, on notera [F]delimited-[]𝐹[F] son image dans [𝒢d]delimited-[]subscript𝒢𝑑[{\cal G}_{d}]. On appelle arc une application 𝒞1superscript𝒞1{\cal C}^{1} par morceaux α:[0,1]Σ:𝛼delimited-[]0.1Σ\alpha:[0,1]\to\Sigma qui est un homéomorphisme sur son image.

Soit ΛΛ\Lambda une lamination plate de (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}). Un arc α𝛼\alpha est transverse à une feuille ou segment de feuille \ell de ΛΛ\Lambda si

\bullet α𝛼\alpha est transverse à \ell en dehors des singularités de [q]delimited-[]𝑞[q] et des points singuliers de α𝛼\alpha; \bullet  pour toute singularité x𝑥x de [q]delimited-[]𝑞[q] ou point singulier de α𝛼\alpha appartenant à Image()α(]0,1[)\operatorname{Image}(\ell)\cap\alpha(]0,1[), il existe un voisinage D𝐷D de x𝑥x qui est un disque topologique, et un segment S𝑆S de \ell tels que DImage(S)D𝐷Image𝑆𝐷D-\operatorname{Image}(S)\cap D a deux composantes connexes et les composantes connexes de D(α([0,1]){x})𝐷𝛼delimited-[]0.1𝑥D\cap(\alpha([0,1])-\{x\}) sont contenues dans des composantes distinctes de DImage(S)D𝐷Image𝑆𝐷D-\operatorname{Image}(S)\cap D; [Uncaptioned image]x𝑥xU𝑈U\ellα𝛼\alpha

\bullet  α𝛼\alpha n’est tangent à Image()Image\operatorname{Image}(\ell) ni en 00 ni en 111.

On dit que α𝛼\alpha est transverse à un ensemble F𝐹F de feuilles ou de segments de feuilles de ΛΛ\Lambda si α𝛼\alpha est transverse à chacun des éléments de F𝐹F, et que F𝐹F est transverse à α𝛼\alpha si α𝛼\alpha est transverse à F𝐹F. Notamment, un arc est transverse à ΛΛ\Lambda s’il est transverse à chacune des feuilles de ΛΛ\Lambda.

Si α:[0,1]Σ:𝛼delimited-[]0.1Σ\alpha:[0,1]\to\Sigma est un arc de ΣΣ\Sigma, on note G(α)𝐺𝛼G(\alpha) l’ensemble des éléments de 𝒢[q]subscript𝒢delimited-[]𝑞{\cal G}_{[q]} transverses à α𝛼\alpha dont l’origine appartient à α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]). Soit F1𝒢[q]subscript𝐹1subscript𝒢delimited-[]𝑞F_{1}\subseteq{\cal G}_{[q]} tel que [F1]Λdelimited-[]subscript𝐹1Λ[F_{1}]\subseteq\Lambda et soient α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2} deux arcs disjoints, transverses à F1subscript𝐹1F_{1}, tels que F1G(α1)subscript𝐹1𝐺subscript𝛼1F_{1}\subseteq G(\alpha_{1}) et tout élément de F1subscript𝐹1F_{1} intersecte α2([0,1])subscript𝛼2delimited-[]0.1\alpha_{2}([0,1]) en un temps positif. Pour tout g1F1subscript𝑔1subscript𝐹1g_{1}\in F_{1}, on note tg1=min{t>0:g1(t)α2([0,1])}subscript𝑡subscript𝑔1:𝑡0subscript𝑔1𝑡subscript𝛼2delimited-[]0.1t_{g_{1}}=\min\{t>0\;:\;g_{1}(t)\in\alpha_{2}([0,1])\}, et F2subscript𝐹2F_{2} le sous-ensemble des éléments g2G(α2)subscript𝑔2𝐺subscript𝛼2g_{2}\in G(\alpha_{2}) tels qu’il existe g1F1subscript𝑔1subscript𝐹1g_{1}\in F_{1} telle que g2(t)=g1(t+tg1)subscript𝑔2𝑡subscript𝑔1𝑡subscript𝑡subscript𝑔1g_{2}(t)=g_{1}(t+t_{g_{1}}) pour tout t𝑡t\in{\mathbb{R}}. Une holonomie h:F1F2:subscript𝐹1subscript𝐹2h:F_{1}\to F_{2} de ΛΛ\Lambda est un homéomorphisme entre F1subscript𝐹1F_{1} et F2subscript𝐹2F_{2} défini par h(g1)=g2:tg1(t+tg1):subscript𝑔1subscript𝑔2maps-to𝑡subscript𝑔1𝑡subscript𝑡subscript𝑔1h(g_{1})=g_{2}:t\mapsto g_{1}(t+t_{g_{1}}) tel qu’il existe une homotopie H:[0,1]×[0,1]Σ:𝐻delimited-[]0.1delimited-[]0.1ΣH:[0,1]\times[0,1]\to\Sigma entre α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2} telle que :

\bullet  pour tout t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in\,[0,1], l’application sH(s,t)maps-to𝑠𝐻𝑠𝑡s\mapsto H(s,t) est un arc transverse à chacun des segments de feuilles g1|[0,tg1]subscript𝑔conditional10subscript𝑡subscript𝑔1g_{1|[0,\,t_{g_{1}}]}, pour g1F1subscript𝑔1subscript𝐹1g_{1}\in F_{1};

\bullet  pour tout F1subscript𝐹1\ell\in F_{1}, il existe s[0,1]subscript𝑠delimited-[]0.1s_{\ell}\in[0,1] tel que tH(s,t)maps-to𝑡𝐻subscript𝑠𝑡t\mapsto H(s_{\ell},t) soit un segment de \ell (à reparamétrage près);

\bullet  les intersections H([0,1]×]0,1[)αi([0,1])H([0,1]\times]0,1[)\cap\alpha_{i}([0,1]) pour i=1,2𝑖1.2i=1,2 sont vides.

Définition 2.1

Une mesure transverse à ΛΛ\Lambda est la donnée pour tout arc α𝛼\alpha transverse à ΛΛ\Lambda d’une mesure de Radon μαsubscript𝜇𝛼\mu_{\alpha} sur G(α)𝐺𝛼G(\alpha) telle que:

(1)1(1)  Le support de μαsubscript𝜇𝛼\mu_{\alpha} est l’ensemble {G(α):[]Λ}conditional-set𝐺𝛼delimited-[]Λ\{\ell\in G(\alpha)\;:\;[\ell]\in\Lambda\};

(2)2(2)  si h:F1F2:subscript𝐹1subscript𝐹2h:F_{1}\to F_{2} est une holonomie de ΛΛ\Lambda, avec F1G(α1)subscript𝐹1𝐺subscript𝛼1F_{1}\subset G(\alpha_{1}) et F2G(α2)subscript𝐹2𝐺subscript𝛼2F_{2}\subset G(\alpha_{2}), où F1subscript𝐹1F_{1} est un borélien de G(α1)𝐺subscript𝛼1G(\alpha_{1}) et α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2} sont deux arcs transverses à F1subscript𝐹1F_{1}, alors h(μα1|F1)=μα2|F2subscriptsubscript𝜇conditionalsubscript𝛼1subscript𝐹1subscript𝜇conditionalsubscript𝛼2subscript𝐹2h_{*}(\mu_{\alpha_{1}|F_{1}})=\mu_{\alpha_{2}|F_{2}};

(3)3(3)  μαsubscript𝜇𝛼\mu_{\alpha} est ι𝜄\iota-invariante, où ι()=:t(t):𝜄superscriptmaps-to𝑡𝑡\iota(\ell)=\ell^{-}:t\mapsto\ell(-t);

(4)4(4)  si α([0,1])α([0,1])superscript𝛼delimited-[]0.1𝛼delimited-[]0.1\alpha^{\prime}([0,1])\subseteq\alpha([0,1]), alors μα|G(α)=μαsubscript𝜇conditional𝛼𝐺superscript𝛼subscript𝜇superscript𝛼\mu_{\alpha|G(\alpha^{\prime})}=\mu_{\alpha^{\prime}}.

On notera (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) une lamination plate munie d’une mesure transverse, que l’on appellera lamination plate mesurée, et p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) l’espace des laminations plates mesurées sur ΣΣ\Sigma. On munit p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) de la topologie telle qu’une suite (Λn,μn)nsubscriptsubscriptΛ𝑛subscript𝜇𝑛𝑛(\Lambda_{n},\mu_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} converge vers (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) si et seulement si pour tout arc α𝛼\alpha transverse à ΛΛ\Lambda, α𝛼\alpha est transverse à ΛnsubscriptΛ𝑛\Lambda_{n} pour n𝑛n assez grand et μn,αμαsubscript𝜇𝑛𝛼subscript𝜇𝛼\mu_{n,\alpha}\overset{*}{\rightharpoonup}\mu_{\alpha} dans l’espace des mesures de Radon sur G(α)𝐺𝛼G(\alpha).

On dit qu’une feuille \ell de ΛΛ\Lambda est positivement récurrente si on peut fixer son origine en dehors d’une singularité, de sorte que pour tout T,ε>0𝑇𝜀0T,\varepsilon>0, il existe t>T𝑡𝑇t>T tel que d((t),(0))<ε𝑑𝑡0𝜀d(\ell(t),\ell(0))<\varepsilon. Par exemple, si ΣΣ\Sigma est compacte, les feuilles qui aboutissent (au sens de [Mor, Th. 6.1]) dans des composantes cylindriques ou minimales sont positivement récurrentes.

Lemme 2.2

Si ΛΛ\Lambda est munie d’une mesure transverse μ𝜇\mu, alors ΛΛ\Lambda n’a pas de feuille isolée qui soit positivement récurrente sans être périodique.

Démonstration. Supposons qu’il existe une feuille isolée \ell de ΛΛ\Lambda qui soit positivement récurrente, dont on fixe l’origine telle que ci-dessus. Alors il existe un segment géodésique α𝛼\alpha de diamètre assez petit, ne rencontrant pas de singularité, transverse à ΛΛ\Lambda, qui intersecte \ell en son origine, et une suite strictement croissante (tn)nsubscriptsubscript𝑡𝑛𝑛(t_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} des instants positifs successifs où \ell intersecte l’image de α𝛼\alpha. Pour tout n𝑛n\in{\mathbb{N}}, soit n:t(t+tn):subscript𝑛maps-to𝑡𝑡subscript𝑡𝑛\ell_{n}:t\mapsto\ell(t+t_{n}). Quitte à restreindre α𝛼\alpha et à changer sa direction, on définit une homotopie H:[0,1]×[0,1]Σ:𝐻delimited-[]0.1delimited-[]0.1ΣH:[0,1]\times[0,1]\to\Sigma entre α𝛼\alpha et lui même en le translatant parallèlement le long de chacune des liaisons de singularités parcourues par |[tn,tn+1]\ell_{|[t_{n},t_{n+1}]}, et en prolongeant aux singularités pour que H𝐻H soit continue, de sorte que tous les arcs sH(s,t)maps-to𝑠𝐻𝑠𝑡s\mapsto H(s,t), avec t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1], soient transverses à |[tn,tn+1]\ell_{|[t_{n},t_{n+1}]} (cette construction n’est pas unique). Puisque [tn,tn+1]subscript𝑡𝑛subscript𝑡𝑛1[t_{n},t_{n+1}] est compact, quitte à restreindre α𝛼\alpha, il existe un arc β𝛽\beta tel qu’il existe un unique z]0,1[z\,\in]0,1[ tel que β:=sH(s,z)assign𝛽𝑠maps-to𝐻𝑠𝑧\beta:=s\mapsto H(s,z) et β([0,1])H([0,1]×([0,z[]z,1]))=𝛽delimited-[]0.1𝐻delimited-[]0.10𝑧delimited-[]𝑧.1\beta([0,1])\cap H([0,1]\times([0,z[\cup]z,1]))=\emptyset. Soit tβsubscript𝑡𝛽t_{\beta} l’unique réel de ]tn,tn+1[]t_{n},t_{n+1}[ tel que (tβ)β([0,1])subscript𝑡𝛽𝛽delimited-[]0.1\ell(t_{\beta})\in\beta([0,1]). Alors il existe une holonomie entre {n}subscript𝑛\{\ell_{n}\} et {n,β}subscript𝑛𝛽\{\ell_{n,\beta}\}, où n,β:t(t+tβ):subscript𝑛𝛽maps-to𝑡𝑡subscript𝑡𝛽\ell_{n,\beta}:t\mapsto\ell(t+t_{\beta}) appartient à G(β)𝐺𝛽G(\beta). De même, il existe une holonomie entre {n,β}subscript𝑛𝛽\{\ell_{n,\beta}\} et {n+1}subscript𝑛1\{\ell_{n+1}\}. D’après le point (2)2(2) de la définition 2.1, on en déduit que μα({n})=μα({n+1})subscript𝜇𝛼subscript𝑛subscript𝜇𝛼subscript𝑛1\mu_{\alpha}(\{\ell_{n}\})=\mu_{\alpha}(\{\ell_{n+1}\}), et par récurrence, μα({n})=μα({0})subscript𝜇𝛼subscript𝑛subscript𝜇𝛼subscript0\mu_{\alpha}(\{\ell_{n}\})=\mu_{\alpha}(\{\ell_{0}\}). Comme \ell est isolée, chacune des feuilles nsubscript𝑛\ell_{n} est isolée dans G(α)𝐺𝛼G(\alpha), et puisque 0subscript0\ell_{0} appartient au support de μαsubscript𝜇𝛼\mu_{\alpha}, on a μα(0)>0subscript𝜇𝛼subscript00\mu_{\alpha}(\ell_{0})>0. Or, l’ensemble {n}nsubscriptsubscript𝑛𝑛\{\ell_{n}\}_{n\in{\mathbb{N}}} est contenu dans G(α)𝐺𝛼G(\alpha), qui est relativement compact d’après le théorème d’Ascoli. Mais, puisque \ell n’est pas périodique, cet ensemble est infini et μα({n}n0¯)n0μα(0)=+subscript𝜇𝛼¯subscriptsubscript𝑛𝑛0subscript𝑛0subscript𝜇𝛼subscript0\mu_{\alpha}(\overline{\{\ell_{n}\}_{n\geqslant 0}})\geqslant\sum_{n\geqslant 0}\mu_{\alpha}(\ell_{0})=+\infty. Mais alors μαsubscript𝜇𝛼\mu_{\alpha} ne serait pas localement finie. \Box

3 Relevé d’une lamination plate mesurée.

On note toujours (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2 et (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) une lamination plate mesurée sur ΣΣ\Sigma. Soit p:(Σ,[q])(Σ,[q]):superscript𝑝superscriptΣdelimited-[]superscript𝑞Σdelimited-[]𝑞p^{\prime}:(\Sigma^{\prime},[q^{\prime}])\to({\Sigma},{[q]}) un revêtement localement isométrique de (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) de groupe de revêtement ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}} et ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} l’image réciproque de ΛΛ\Lambda dans ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} (voir la remarque précédant le lemme [Mor, Lem. 2.3]). Puisque psuperscript𝑝p^{\prime} est un difféomorphisme local, si α𝛼\alpha est un arc de ΣΣ\Sigma transverse à ΛΛ\Lambda, et si αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est un relevé de α𝛼\alpha dans ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime}, alors αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}, et psuperscript𝑝p^{\prime} induit un homéomorphisme fα:G(α)G(α):subscript𝑓superscript𝛼𝐺superscript𝛼𝐺𝛼f_{\alpha^{\prime}}:G(\alpha^{\prime})\to G(\alpha). On pose alors μα=(fα1)μαsubscript𝜇superscript𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑓superscript𝛼1subscript𝜇𝛼\mu_{\alpha^{\prime}}=(f_{\alpha^{\prime}}^{-1})_{*}\mu_{\alpha}. De même, si αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est un arc transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}, alors son image est la réunion d’images de relevés d’arcs transverses à ΛΛ\Lambda, soit α([0,1])=α1([0,1])αn([0,1])superscript𝛼delimited-[]0.1superscriptsubscript𝛼1delimited-[]0.1superscriptsubscript𝛼𝑛delimited-[]0.1\alpha^{\prime}([0,1])=\alpha_{1}^{\prime}([0,1])\cup\dots\cup\alpha_{n}^{\prime}([0,1]) tels que, pour tout 2kn2𝑘𝑛2\leqslant k\leqslant n, l’intersection αk1([0,1])αk([0,1])superscriptsubscript𝛼𝑘1delimited-[]0.1superscriptsubscript𝛼𝑘delimited-[]0.1\alpha_{k-1}^{\prime}([0,1])\cap\alpha_{k}^{\prime}([0,1]) est l’image d’un relevé d’un arc transverse à ΛΛ\Lambda, et pour tout p{k,k+1,k1}𝑝𝑘𝑘1𝑘1p\not\in\{k,k+1,k-1\}, l’intersection αk([0,1])αp([0,1])superscriptsubscript𝛼𝑘delimited-[]0.1superscriptsubscript𝛼𝑝delimited-[]0.1\alpha_{k}^{\prime}([0,1])\cap\alpha_{p}^{\prime}([0,1]) est vide. Alors, pour tout k[1,n]𝑘1𝑛k\in[1,n]\cap{\mathbb{N}}, on a μαk|G(αk)G(αk+1)=(fαk1)(μαk|G(pαk)G(pαk+1))=(fαk+11)(μαk+1|G(pαk)G(pαk+1))=μαk+1|G(αk)G(αk+1)subscript𝜇conditionalsuperscriptsubscript𝛼𝑘𝐺superscriptsubscript𝛼𝑘𝐺superscriptsubscript𝛼𝑘1subscriptsuperscriptsubscript𝑓subscriptsuperscript𝛼𝑘1subscript𝜇conditionalsubscript𝛼𝑘𝐺superscript𝑝superscriptsubscript𝛼𝑘𝐺superscript𝑝superscriptsubscript𝛼𝑘1subscriptsuperscriptsubscript𝑓subscriptsuperscript𝛼𝑘11subscript𝜇conditionalsubscript𝛼𝑘1𝐺superscript𝑝superscriptsubscript𝛼𝑘𝐺superscript𝑝superscriptsubscript𝛼𝑘1subscript𝜇conditionalsuperscriptsubscript𝛼𝑘1𝐺superscriptsubscript𝛼𝑘𝐺superscriptsubscript𝛼𝑘1\mu_{\alpha_{k}^{\prime}|G(\alpha_{k}^{\prime})\cap G(\alpha_{k+1}^{\prime})}=(f_{\alpha^{\prime}_{k}}^{-1})_{*}(\mu_{\alpha_{k}|G(p^{\prime}\circ\alpha_{k}^{\prime})\cap G(p^{\prime}\circ\alpha_{k+1}^{\prime})})=(f_{\alpha^{\prime}_{k+1}}^{-1})_{*}(\mu_{\alpha_{k+1}|G(p^{\prime}\circ\alpha_{k}^{\prime})\cap G(p^{\prime}\circ\alpha_{k+1}^{\prime})})=\mu_{\alpha_{k+1}^{\prime}|G(\alpha_{k}^{\prime})\cap G(\alpha_{k+1}^{\prime})}. Donc il existe une unique mesure μαsubscript𝜇superscript𝛼\mu_{\alpha^{\prime}} sur G(α)𝐺superscript𝛼G(\alpha^{\prime}) telle que μα|G(αk)=μαksubscript𝜇conditionalsuperscript𝛼𝐺superscriptsubscript𝛼𝑘subscript𝜇superscriptsubscript𝛼𝑘\mu_{\alpha^{\prime}|G(\alpha_{k}^{\prime})}=\mu_{\alpha_{k}^{\prime}} pour tout k[1,n]𝑘1𝑛k\in[1,n]\cap{\mathbb{N}}. On note μ=(μα)ατsuperscript𝜇subscriptsubscriptsuperscript𝜇superscript𝛼superscript𝛼superscript𝜏\mu^{\prime}=(\mu^{\prime}_{\alpha^{\prime}})_{\alpha^{\prime}\in\tau^{\prime}}, où τsuperscript𝜏\tau^{\prime} est l’ensemble des arcs transverses à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} la famille de mesures ainsi définie. Par naturalité, ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} est ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}}-invariante et la famille μsuperscript𝜇\mu^{\prime} est invariante pour l’action par homéomorphismes de ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}} définie par γ(μα)α𝒯=(γμγ1α)α𝒯𝛾subscriptsubscriptsuperscript𝜇superscript𝛼superscript𝛼superscript𝒯subscriptsubscript𝛾subscriptsuperscript𝜇superscript𝛾1superscript𝛼superscript𝛼superscript𝒯{\gamma(\mu^{\prime}_{\alpha^{\prime}})_{\alpha^{\prime}\in{\cal T}^{\prime}}}=(\gamma_{*}\mu^{\prime}_{\gamma^{-1}\alpha^{\prime}})_{\alpha^{\prime}\in{\cal T}^{\prime}}, pour tout γΓΣ𝛾subscriptΓsuperscriptΣ\gamma\in\Gamma_{\Sigma^{\prime}}.

Lemme 3.1

La famille μsuperscript𝜇\mu^{\prime} est l’unique mesure transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} telle que si αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est le relevé d’un arc α𝛼\alpha transverse à ΛΛ\Lambda alors μα=(fα1)μαsubscript𝜇superscript𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑓superscript𝛼1subscript𝜇𝛼\mu_{\alpha^{\prime}}=(f_{\alpha^{\prime}}^{-1})_{*}\mu_{\alpha}. De plus l’application de p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) dans p(Σ)subscript𝑝superscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma^{\prime}) ainsi définie est un homéomorphisme entre p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) et l’espace des laminations plates mesurées de ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} qui sont ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}}-invariantes.

Démonstration. Les propriétés (1)1(1), (3)3(3) et (4)4(4) de la définition 2.1 sont clairement satisfaites par μsuperscript𝜇\mu^{\prime}, et si h:F1G(α1)F2G(α2):superscriptsubscript𝐹1𝐺superscriptsubscript𝛼1superscriptsubscript𝐹2𝐺superscriptsubscript𝛼2h:F_{1}^{\prime}\subset G(\alpha_{1}^{\prime})\to F_{2}^{\prime}\subset G(\alpha_{2}^{\prime}) est une holonomie de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} qui relève une holonomie h:F1G(α1)F2G(α2):subscript𝐹1𝐺subscript𝛼1subscript𝐹2𝐺subscript𝛼2h:F_{1}\subset G(\alpha_{1})\to F_{2}\subset G(\alpha_{2}) de ΛΛ\Lambda, où α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2}, sont deux arcs disjoints et transverses à ΛΛ\Lambda, alors μα2|F2=(fα21)(μα2|F2)=(fα21)h(μα1|F1)=h(fα11)(μα1|F1)=h(μα1|F1)subscript𝜇conditionalsuperscriptsubscript𝛼2superscriptsubscript𝐹2subscriptsuperscriptsubscript𝑓superscriptsubscript𝛼21subscript𝜇conditionalsubscript𝛼2subscript𝐹2subscriptsubscriptsuperscript𝑓1superscriptsubscript𝛼2subscriptsubscript𝜇conditionalsubscript𝛼1subscript𝐹1subscriptsuperscriptsubscriptsubscriptsuperscript𝑓1superscriptsubscript𝛼1subscript𝜇conditionalsubscript𝛼1subscript𝐹1subscriptsuperscriptsubscript𝜇conditionalsubscriptsuperscript𝛼1subscriptsuperscript𝐹1\mu_{\alpha_{2}^{\prime}|F_{2}^{\prime}}=(f_{\alpha_{2}^{\prime}}^{-1})_{*}(\mu_{\alpha_{2}|F_{2}})=(f^{-1}_{\alpha_{2}^{\prime}})_{*}h_{*}(\mu_{\alpha_{1}|F_{1}})=h^{\prime}_{*}(f^{-1}_{\alpha_{1}^{\prime}})_{*}(\mu_{\alpha_{1}|F_{1}})=h^{\prime}_{*}(\mu_{\alpha^{\prime}_{1}|F^{\prime}_{1}}). Sinon, on écrit hh comme une concaténation de compositions d’holonomie qui sont des relevés d’holonomies de ΛΛ\Lambda, et on montre de même que μα2|F2=h(μα1|F1)subscript𝜇conditionalsuperscriptsubscript𝛼2superscriptsubscript𝐹2subscriptsuperscriptsubscript𝜇conditionalsuperscriptsubscript𝛼1superscriptsubscript𝐹1\mu_{\alpha_{2}^{\prime}|F_{2}^{\prime}}=h^{\prime}_{*}(\mu_{\alpha_{1}^{\prime}|F_{1}^{\prime}}). Donc μsuperscript𝜇\mu^{\prime} est une mesure transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime}. L’application de p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) dans p(Σ)subscript𝑝superscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma^{\prime}) ainsi définie est injective par construction. Si (Λ,μ)superscriptΛsuperscript𝜇(\Lambda^{\prime},\mu^{\prime}) est une lamination plate mesurée de (Σ,[q])superscriptΣdelimited-[]superscript𝑞(\Sigma^{\prime},[q^{\prime}]) qui est ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}}-invariante, alors l’ensemble des projetés des feuilles de ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} sur ΣΣ\Sigma est une lamination plate ΛΛ\Lambda de (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) et si α𝛼\alpha est un arc transverse à ΛΛ\Lambda et αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est un relevé de α𝛼\alpha dans ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime}, alors (fα)μαsubscriptsubscript𝑓superscript𝛼subscriptsuperscript𝜇superscript𝛼(f_{\alpha^{\prime}})_{*}\mu^{\prime}_{\alpha^{\prime}} est une mesure sur G(α)𝐺𝛼G(\alpha), qui ne dépend pas du choix du relevé par ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}}-invariance. Cette mesure satisfait clairement les propriétes (1)1(1), (3)3(3) et (4)4(4) de la définition 2.1. De plus si h:F1F2:subscript𝐹1subscript𝐹2h:F_{1}\to F_{2} est une holonomie entre deux boréliens de G(α1)𝐺subscript𝛼1G(\alpha_{1}) et G(α2)𝐺subscript𝛼2G(\alpha_{2}), elle se relève en une holonomie entre deux boréliens de G(α1)𝐺superscriptsubscript𝛼1G(\alpha_{1}^{\prime}) et G(α2)𝐺superscriptsubscript𝛼2G(\alpha_{2}^{\prime}), où α1superscriptsubscript𝛼1\alpha_{1}^{\prime} et α2superscriptsubscript𝛼2\alpha_{2}^{\prime} sont des relevés de α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2}, et on montre que μα2|F2=h(μα1|F1)subscript𝜇conditionalsubscript𝛼2subscript𝐹2subscriptsubscript𝜇conditionalsubscript𝛼1subscript𝐹1\mu_{\alpha_{2}|F_{2}}=h_{*}(\mu_{\alpha_{1}|F_{1}}). Donc (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) est bien une lamination plate mesurée, et son image par l’application précédente est (Λ,μ)superscriptΛsuperscript𝜇(\Lambda^{\prime},\mu^{\prime}). Donc cette application est bien une bijection entre p(Σ)subscript𝑝superscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma^{\prime}) et l’ensemble des laminations plates mesurées de (Σ,[q])superscriptΣdelimited-[]superscript𝑞(\Sigma^{\prime},[q^{\prime}]) qui sont ΓΣsubscriptΓsuperscriptΣ\Gamma_{\Sigma^{\prime}}-invariantes. Enfin, si (Λn,μn)nsubscriptsubscriptΛ𝑛subscript𝜇𝑛𝑛(\Lambda_{n},\mu_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} est une suite de p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) qui converge vers (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu), et si (Λn,μn)nsubscriptsubscriptsuperscriptΛ𝑛subscriptsuperscript𝜇𝑛𝑛(\Lambda^{\prime}_{n},\mu^{\prime}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} et (Λ,μ)superscriptΛsuperscript𝜇(\Lambda^{\prime},\mu^{\prime}) sont leurs images dans p(Σ)subscript𝑝superscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma^{\prime}), alors si αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est un arc transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} qui est le relevé d’un arc α𝛼\alpha transverse à ΛΛ\Lambda, alors α𝛼\alpha est transverse à ΛnsubscriptΛ𝑛\Lambda_{n} pour n𝑛n assez grand, et puisque p𝑝p est un difféomorphisme local, αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est transverse à ΛnsubscriptsuperscriptΛ𝑛\Lambda^{\prime}_{n} pour n𝑛n assez grand. De plus, on a μn,α=(fα1)μn,α(fα1)μα=μαsubscriptsuperscript𝜇𝑛superscript𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑓superscript𝛼1subscript𝜇𝑛𝛼subscriptsuperscriptsubscript𝑓superscript𝛼1subscript𝜇𝛼subscriptsuperscript𝜇𝛼\mu^{\prime}_{n,\alpha^{\prime}}=(f_{\alpha^{\prime}}^{-1})_{*}\mu_{n,\alpha}\overset{*}{\rightharpoonup}(f_{\alpha^{\prime}}^{-1})_{*}\mu_{\alpha}=\mu^{\prime}_{\alpha}. Si αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} est un arc transverse à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\prime} qui n’est pas le relevé d’un arc transverse à ΛΛ\Lambda, alors en le décomposant, on montre de même que pour n𝑛n assez grand ΛnsubscriptsuperscriptΛ𝑛\Lambda^{\prime}_{n} est transverse à αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} et μn,αμαsubscriptsuperscript𝜇𝑛superscript𝛼subscriptsuperscript𝜇superscript𝛼\mu^{\prime}_{n,\alpha^{\prime}}\overset{*}{\rightharpoonup}\mu^{\prime}_{\alpha^{\prime}}. Donc l’application (Λ,μ)(Λ,μ)maps-toΛ𝜇superscriptΛsuperscript𝜇(\Lambda,\mu)\mapsto(\Lambda^{\prime},\mu^{\prime}) est continue. De même, l’application inverse est continue, donc c’est un homéomorphisme. \Box

4 Laminations plates mesurées et mesures de Radon sur l’espace des géodésiques plates du revêtement universel.

Dans cette partie, on considère toujours une surface munie d’une structure plate (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) comme dans la partie 2 et un de ses revêtements universels localement isométriques, soit p:(Σ~,[q~])(Σ,[q]):𝑝~Σdelimited-[]~𝑞Σdelimited-[]𝑞p:(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}])\to({\Sigma},{[q]}). Les géodésiques locales de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) sont des géodésiques, et si Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} est une lamination plate de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) et si α𝛼\alpha est un arc transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} tel que chacune des géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) n’intersecte α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]) qu’en son origine, alors l’application gα:G(α)[G(α)]:subscript𝑔𝛼𝐺𝛼delimited-[]𝐺𝛼g_{\alpha}:G(\alpha)\to[G(\alpha)] définie par gα(g)=[g]subscript𝑔𝛼𝑔delimited-[]𝑔g_{\alpha}(g)=[g] est un homéomorphisme.

On note ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) l’espace des mesures de Radon sur l’espace [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] muni de la topologie des géodésiques, qui sont ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} et ι𝜄\iota-invariantes (avec ι()=:t(t):𝜄superscriptmaps-to𝑡𝑡\iota(\ell)=\ell^{-}:t\mapsto\ell(-t)), et dont les supports sont des laminations plates ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariantes, muni de la topologie faible-*. Soient ν𝜈\nu un élément de ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) dont le support est Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et α𝛼\alpha un arc transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} tel que les géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) n’intersectent α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]) qu’en leur origine. Alors μ~α=(gα1)(ν|[G(α)])\widetilde{\mu}_{\alpha}=(g_{\alpha}^{-1})_{*}(\nu_{|[G(\alpha)]}) est une mesure de Radon sur G(α)𝐺𝛼G(\alpha) de support gα1(Λ~[G(α)])superscriptsubscript𝑔𝛼1~Λdelimited-[]𝐺𝛼g_{\alpha}^{-1}(\widetilde{\Lambda}\cap[G(\alpha)]). Si α𝛼\alpha est un arc transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, mais certaines géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) intersectent α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]) en plusieurs points, alors on définit la mesure μ~αsubscript~𝜇𝛼\widetilde{\mu}_{\alpha} par recollement fini comme dans la partie 3, ce qui est possible car les géodésiques de 𝒢[q~]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal G}_{[\widetilde{q}]} sont propres. Soit μ~=μ~ν~𝜇subscript~𝜇𝜈\widetilde{\mu}=\widetilde{\mu}_{\nu} la famille de mesures transverses ainsi définie.

Lemme 4.1

La famille de mesures μ~~𝜇\widetilde{\mu} est une mesure transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, et l’application νμ~maps-to𝜈~𝜇\nu\mapsto\widetilde{\mu} ainsi définie est un homéomorphisme entre ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) et l’ensemble des laminations plates mesurées de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) qui sont ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariantes (muni de la topologie induite).

Démonstration. Les propriétés (1)1(1), (3)3(3), et (4)4(4) de la définition 2.1 sont clairement satisfaites par μ~~𝜇\widetilde{\mu}, et si h:F1F2:subscript𝐹1subscript𝐹2h:F_{1}\to F_{2} est une holonomie de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} entre deux boréliens F1subscript𝐹1F_{1} de G(α1)𝐺subscript𝛼1G(\alpha_{1}) et F2subscript𝐹2F_{2} de G(α2)𝐺subscript𝛼2G(\alpha_{2}), où α1subscript𝛼1\alpha_{1} et α2subscript𝛼2\alpha_{2} sont des arcs transverses à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, alors, par définition des holonomies, les ensembles [F1]delimited-[]subscript𝐹1[F_{1}] et [F2]delimited-[]subscript𝐹2[F_{2}] sont égaux. Donc μ~α2|F2=(gα21)ν|[F2]=h(gα11)ν|[F1]=h(μ~α1|F1)\widetilde{\mu}_{\alpha_{2}|F_{2}}=(g_{\alpha_{2}}^{-1})_{*}\nu_{|[F_{2}]}=h_{*}(g_{\alpha_{1}}^{-1})_{*}\nu_{|[F_{1}]}=h_{*}(\widetilde{\mu}_{\alpha_{1}|F_{1}}) et μ~~𝜇\widetilde{\mu} est invariante par holonomie, donc c’est une mesure transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, qui est ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariante par naturalité.

Sauf mention du contraire, dans la suite de la démonstration, si α𝛼\alpha est un arc transverse à une lamination plate Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, on suppose que les géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) n’intersectent α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]) qu’en leur origine, ce à quoi on peut toujours se ramener par restriction car les géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) sont propres et transverses à α𝛼\alpha. Supposons que deux mesures ν1subscript𝜈1\nu_{1} et ν2subscript𝜈2\nu_{2} de ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) définissent la même lamination plate mesurée (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) par cette construction. Alors si U𝑈U est un ouvert relativement compact de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}], il existe un recouvrement ouvert fini (Ui)1insubscriptsubscript𝑈𝑖1𝑖𝑛(U_{i})_{1\leqslant i\leqslant n} de U𝑈U tel que pour chacun des Uisubscript𝑈𝑖U_{i} il existe un arc αisubscript𝛼𝑖\alpha_{i} transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, tel que Ui[G(αi)]subscript𝑈𝑖delimited-[]𝐺subscript𝛼𝑖U_{i}\subset[G(\alpha_{i})]. Mais alors ν1(Ui)=ν2(Ui)subscript𝜈1subscript𝑈𝑖subscript𝜈2subscript𝑈𝑖\nu_{1}(U_{i})=\nu_{2}(U_{i}) pour tout 1in1𝑖𝑛1\leqslant i\leqslant n, et ν1(U)=ν2(U)subscript𝜈1𝑈subscript𝜈2𝑈\nu_{1}(U)=\nu_{2}(U). Comme la tribu borélienne est engendrée par les ouverts relativement compacts, on a ν1=ν2subscript𝜈1subscript𝜈2\nu_{1}=\nu_{2}. Donc l’application νμ~maps-to𝜈~𝜇\nu\mapsto\widetilde{\mu} est injective.

Ensuite, si (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) est une lamination plate mesurée, et si U𝑈U est un ouvert de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}], il existe une suite (αn)nsubscriptsubscript𝛼𝑛𝑛(\alpha_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} d’arcs transverses à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} telle que Un[G(αn)]𝑈subscript𝑛delimited-[]𝐺subscript𝛼𝑛U\subset\bigcup_{n\in{\mathbb{N}}}[G(\alpha_{n})]. On pose [F1]=U[G(α1)]delimited-[]subscript𝐹1𝑈delimited-[]𝐺subscript𝛼1[F_{1}]=U\cap[G(\alpha_{1})] et pour tout n2𝑛2n\geqslant 2, [Fn]=(Uk<n[Fk][G(αn)])[G(αn)]delimited-[]subscript𝐹𝑛𝑈subscript𝑘𝑛delimited-[]subscript𝐹𝑘delimited-[]𝐺subscript𝛼𝑛delimited-[]𝐺subscript𝛼𝑛[F_{n}]=(U-\bigcup_{k<n}[F_{k}]\cap[G(\alpha_{n})])\cap[G(\alpha_{n})]. Pour chaque n𝑛n\in{\mathbb{N}}, on note Fn={gG(αn):[g][Fn]}subscript𝐹𝑛conditional-set𝑔𝐺subscript𝛼𝑛delimited-[]𝑔delimited-[]subscript𝐹𝑛F_{n}=\{g\in G(\alpha_{n})\;:\;[g]\in[F_{n}]\}. Alors les ensembles Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} sont des boréliens deux-à-deux disjoints. On pose ν(U)=nμ~αn(Fn)𝜈𝑈subscript𝑛subscript~𝜇subscript𝛼𝑛subscript𝐹𝑛\nu(U)=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{\mu}_{\alpha_{n}}(F_{n}). Par invariance par holonomie, cette définition ne dépend pas du choix des αnsubscript𝛼𝑛\alpha_{n}, et on définit ainsi une mesure borélienne sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]. En effet, soient (Ui)isubscriptsubscript𝑈𝑖𝑖(U_{i})_{i\in{\mathbb{N}}} une suite d’ouverts deux-à-deux disjoints et U=iUi𝑈subscript𝑖subscript𝑈𝑖U=\bigcup_{i\in{\mathbb{N}}}U_{i}. Il existe une suite d’arcs transverses correspondant à U𝑈U et une décomposition U=n[Fn]U=\amalg_{n\in{\mathbb{N}}}[F_{n}] comme ci-dessus. Pour tout n𝑛n\in{\mathbb{N}} on a Fn=iFn,iF_{n}=\amalg_{i\in{\mathbb{N}}}F_{n,i}, où Fn,i={gFn:[g]Ui}subscript𝐹𝑛𝑖conditional-set𝑔subscript𝐹𝑛delimited-[]𝑔subscript𝑈𝑖F_{n,i}=\{g\in F_{n}\;:\;[g]\in U_{i}\}. Alors ν(U)=nμ~αn(Fn)=niμ~αn(Fn,i)𝜈𝑈subscript𝑛subscript~𝜇subscript𝛼𝑛subscript𝐹𝑛subscript𝑛subscript𝑖subscript~𝜇subscript𝛼𝑛subscript𝐹𝑛𝑖\nu(U)=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{\mu}_{\alpha_{n}}(F_{n})=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\sum_{i\in{\mathbb{N}}}\widetilde{\mu}_{\alpha_{n}}(F_{n,i}), et puisque tous les termes sont positifs, on a ν(U)=inμ~αn(Fn,i)=iν(Ui)𝜈𝑈subscript𝑖subscript𝑛subscript~𝜇subscript𝛼𝑛subscript𝐹𝑛𝑖subscript𝑖𝜈subscript𝑈𝑖\nu(U)=\sum_{i\in{\mathbb{N}}}\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{\mu}_{\alpha_{n}}(F_{n,i})=\sum_{i\in{\mathbb{N}}}\nu(U_{i}). Donc la fonction ainsi définie est σ𝜎\sigma-additive et se prolonge de manière unique en une mesure sur la tribu borélienne. D’après les propriétés (1)1(1) et (3)3(3) de la définition 2.1, la mesure ν𝜈\nu est de support Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et ι𝜄\iota-invariante, elle est ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariante par naturalité, et par construction, la lamination plate mesurée associée à ν𝜈\nu par l’application précédente est (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}). Donc l’application νμ~maps-to𝜈~𝜇\nu\mapsto\widetilde{\mu} est bijective.

Enfin, si (νn)nsubscriptsubscript𝜈𝑛𝑛(\nu_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} est une suite de ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) qui converge vers ν𝜈\nu, et si (Λ~n,μ~n)nsubscriptsubscript~Λ𝑛subscript~𝜇𝑛𝑛(\widetilde{\Lambda}_{n},\widetilde{\mu}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} et (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) sont leurs images dans p(Σ~)subscript𝑝~Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\widetilde{\Sigma}), alors si α𝛼\alpha est un arc transverse à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, pour n𝑛n suffisament grand, Λ~nsubscript~Λ𝑛\widetilde{\Lambda}_{n} est transverse à α𝛼\alpha et μ~n,α=(gα1)(νn|[G(α)])(gα1)(ν|[G(α)])=μ~α\widetilde{\mu}_{n,\alpha}=(g_{\alpha}^{-1})_{*}(\nu_{n|[G(\alpha)]})\overset{*}{\rightharpoonup}(g_{\alpha}^{-1})_{*}(\nu_{|[G(\alpha)]})=\widetilde{\mu}_{\alpha}. Si certaines géodésiques de G(α)𝐺𝛼G(\alpha) intersectent α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]) en plus d’un point, on montre aussi que μ~n,αμ~αsubscript~𝜇𝑛𝛼subscript~𝜇𝛼\widetilde{\mu}_{n,\alpha}\overset{*}{\rightharpoonup}\widetilde{\mu}_{\alpha} en décomposant α([0,1])𝛼delimited-[]0.1\alpha([0,1]). Donc ceci est vrai pour tout les arcs transverses à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et la suite (Λ~n,μ~n)nsubscriptsubscript~Λ𝑛subscript~𝜇𝑛𝑛(\widetilde{\Lambda}_{n},\widetilde{\mu}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} converge vers (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}). Donc l’application est continue. De même, si (Λ~n,μ~n)nsubscriptsubscript~Λ𝑛subscript~𝜇𝑛𝑛(\widetilde{\Lambda}_{n},\widetilde{\mu}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} est une suite de laminations plates mesurées de Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} qui sont ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariantes, qui converge vers (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}), et si (νn)nsubscriptsubscript𝜈𝑛𝑛(\nu_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} et ν𝜈\nu sont leurs images réciproques dans ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]), alors si f𝑓f est une fonction continue sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] à valeurs dans {\mathbb{R}} et à support compact, il existe une famille finie {α1,,αp}subscript𝛼1subscript𝛼𝑝\{\alpha_{1},\dots,\alpha_{p}\} d’arcs transverses à Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et à Λ~nsubscript~Λ𝑛\widetilde{\Lambda}_{n} pour n𝑛n assez grand, telle que Supp(f)1ip[G(αi)]Supp𝑓subscript1𝑖𝑝delimited-[]𝐺subscript𝛼𝑖\operatorname{Supp}(f)\subset\bigcup_{1\leqslant i\leqslant p}[G(\alpha_{i})], et pour tout 1ip1𝑖𝑝1\leqslant i\leqslant p et n𝑛n assez grand, on a νn(f|[G(αi)])=μ~n,αi(fgαi|G(αi))μ~αi(fgαi|G(αi))=ν(f|[G(αi)])\nu_{n}(f_{|[G(\alpha_{i})]})=\widetilde{\mu}_{n,\alpha_{i}}(f\circ g_{\alpha_{i}|G(\alpha_{i})})\longrightarrow\widetilde{\mu}_{\alpha_{i}}(f\circ g_{\alpha_{i}|G(\alpha_{i})})=\nu(f_{|[G(\alpha_{i})]}). Donc νnνsubscript𝜈𝑛𝜈\nu_{n}\overset{*}{\rightharpoonup}\nu et la réciproque est continue. Donc l’application νμ~maps-to𝜈~𝜇\nu\mapsto\widetilde{\mu} est un homéomorphisme. \Box

Corollaire 4.2

Si (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) est une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2, et si p:(Σ~,[q~])(Σ,[q]):𝑝~Σdelimited-[]~𝑞Σdelimited-[]𝑞p:(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}])\to({\Sigma},{[q]}) est un revêtement universel localement isométrique de groupe de revêtement ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}, alors p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) est homéomorphe à ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]). \Box

5 Liens entre laminations plates mesurées et laminations hyperboliques mesurées.

Dans cette partie 5, on note toujours (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2, p:(Σ~,[q~])(Σ,[q]):𝑝~Σdelimited-[]~𝑞Σdelimited-[]𝑞p:(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}])\to({\Sigma},{[q]}) un revêtement universel localement isométrique de groupe de revêtement ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}. On suppose que ΣΣ\Sigma est compacte et χ(Σ)<0𝜒Σ0\chi(\Sigma)<0, et on note m𝑚m une métrique hyperbolique dans la classe conforme de [q]delimited-[]𝑞[q] et m~~𝑚\widetilde{m} l’unique métrique hyperbolique sur Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} telle que p:(Σ~,m~)(Σ,m):𝑝~Σ~𝑚Σ𝑚p:(\widetilde{\Sigma},\widetilde{m})\to({\Sigma},m) soit localement isométrique. Pour toute géodésique g𝑔g de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] ou [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}], on note E(g)2Σ~𝐸𝑔superscriptsubscript2~ΣE(g)\in\partial_{\infty}^{2}\widetilde{\Sigma} le couple de ses points à l’infini, et si F𝐹F est un ensemble de géodésiques, E(F)={E(g):gF}𝐸𝐹conditional-set𝐸𝑔𝑔𝐹E(F)=\{E(g)\;:\;g\in F\}. L’espace des laminations hyperboliques mesurées sur (Σ,m)Σ𝑚({\Sigma},m) (voir [Bon1]), que l’on note h(Σ)subscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma) (muni de la topologie définie dans [Bon1, p. 19]), est homéomorphe à l’espace des mesures de Radon ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} et ι𝜄\iota-invariantes, dont le support est une lamination hyperbolique, sur [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}], que l’on note ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) (voir [Bon2, Prop. 17 p. 154]). Dans cette partie 5, on utilise ce fait et l’homéomorphisme entre ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) et p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) défini au corollaire 4.2 pour étudier le lien entre p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) et h(Σ)subscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma). On note φ:[𝒢[q~]][𝒢m~]:𝜑delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞delimited-[]subscript𝒢~𝑚\varphi:[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]\to[{\cal G}_{\widetilde{m}}] l’application qui à une géodésique de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] associe la géodésique de [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}] qui lui correspond (voir [Mor, §4.2]). Alors φ𝜑\varphi est surjective et continue, et une partie fermée F𝐹F de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] est une lamination plate si et seulement si φ(F)𝜑𝐹\varphi(F) est une lamination hyperbolique (voir la remarque précédant [Mor, Lem. 4.3]). De plus φ𝜑\varphi est propre. En effet, si K𝐾K est un compact de [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}], et si (~n)nsubscriptsubscript~𝑛𝑛(\widetilde{\ell}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} est une suite de φ1(K)superscript𝜑1𝐾\varphi^{-1}(K), alors par définition de φ𝜑\varphi, quitte à extraire, la suite (E(~n))nsubscript𝐸subscript~𝑛𝑛(E(\widetilde{\ell}_{n}))_{n\in{\mathbb{N}}} converge dans 2Σ~superscriptsubscript2~Σ\partial_{\infty}^{2}\widetilde{\Sigma}. Puisque (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) est δ𝛿\delta-hyperbolique (car ΣΣ\Sigma est compacte et χ(Σ)<0𝜒Σ0\chi(\Sigma)<0, voir [Mor, Rem. 2.10]), d’après [Mor, Lem. 2.6], quitte à extraire, la suite (~n)nsubscriptsubscript~𝑛𝑛(\widetilde{\ell}_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} converge vers une géodésique ~~\widetilde{\ell} telle que E(~)E(K)𝐸~𝐸𝐾E(\widetilde{\ell})\in E(K). Donc ~~\widetilde{\ell} appartient à φ1(K)superscript𝜑1𝐾\varphi^{-1}(K) qui est donc compact.

Lemme 5.1

L’application φ𝜑\varphi définit une application continue, surjective et propre φsubscript𝜑\varphi_{*} entre les espaces de mesures de Radon sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] et [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}]. De plus, φνsubscript𝜑𝜈\varphi_{*}\nu appartient à ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) si et seulement si ν𝜈\nu appartient à ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) et la restriction de φsubscript𝜑\varphi_{*} à ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) est une surjection φ:ΓΣ~([𝒢[q~]])ΓΣ~([𝒢m~]):subscript𝜑subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚\varphi_{*}:{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}])\to{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]).

Démonstration. L’application φ𝜑\varphi est continue et propre donc elle définit une application continue φsubscript𝜑\varphi_{*} entre les espaces des mesures de Radon sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] et [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}]. Montrons que φsubscript𝜑\varphi_{*} est surjective. L’application s:[𝒢m~][𝒢[q~]]:𝑠delimited-[]subscript𝒢~𝑚delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞s:[{\cal G}_{\widetilde{m}}]\to[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] qui à une géodésique hyperbolique associe la géodésique plate à laquelle elle correspond (si elle est unique) et la géodésique "milieu" de l’ensemble des géodésiques (contenues dans une même bande plate) auxquelles elle correspond sinon, est une section mesurable (mais non continue) de φ𝜑\varphi. Puisque φ𝜑\varphi est continue, l’image réciproque d’un compact par l’application s𝑠s est relativement compacte, donc s𝑠s définit une application ssubscript𝑠s_{*} de l’ensemble des mesures de Radon sur [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}] dans l’ensemble des mesures de Radon sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}], et φs=Idsubscript𝜑subscript𝑠Id\varphi_{*}\circ s_{*}=\operatorname{Id}. Donc φsubscript𝜑\varphi_{*} est surjective.

Montrons que φsubscript𝜑\varphi_{*} est propre. L’espace [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}] muni de la topologie des géodésiques est localement compact et σ𝜎\sigma-compact, donc il est dénombrable à l’infini. Puisque φ𝜑\varphi est continue et propre, [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] est aussi dénombrable à l’infini. Donc il existe une suite (Kn)nsubscriptsubscript𝐾𝑛𝑛(K_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} de compacts telle que, pour tout n𝑛n\in{\mathbb{N}}, Knsubscript𝐾𝑛K_{n} soit contenu dans l’intérieur de Kn+1subscript𝐾𝑛1K_{n+1} et nKn=[𝒢[q~]]subscript𝑛subscript𝐾𝑛delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞\bigcup_{n\in{\mathbb{N}}}K_{n}=[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]. Si C𝐶C est un compact de l’espace des mesures de Radon sur [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}] et si K𝐾K est un compact de [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}], alors l’ensemble {ν(K),ν(φ)1(C)}𝜈𝐾𝜈superscriptsubscript𝜑1𝐶\{\nu(K),\nu\in(\varphi_{*})^{-1}(C)\} est borné par le maximum de {ν(φ(K)),νC}𝜈𝜑𝐾𝜈𝐶\{\nu(\varphi(K)),\nu\in C\}, qui est fini car C𝐶C est compact. Donc, pour tout n𝑛n\in{\mathbb{N}}, l’ensemble {ν|Kn,ν(φ)1(C)}\{\nu_{|K_{n}},\nu\in(\varphi_{*})^{-1}(C)\} est compact. Donc si (νk)ksubscriptsubscript𝜈𝑘𝑘(\nu_{k})_{k\in{\mathbb{N}}} est une suite de (φ)1(C)superscriptsubscript𝜑1𝐶(\varphi_{*})^{-1}(C), par un procédé d’extraction diagonale, il existe une sous-suite toujours notée (νk)ksubscriptsubscript𝜈𝑘𝑘(\nu_{k})_{k\in{\mathbb{N}}} et une mesure de Radon ν𝜈\nu sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] telles que pour tout n𝑛n\in{\mathbb{N}}, νk|Knν|Kn\nu_{k|K_{n}}\overset{*}{\rightharpoonup}\nu_{|K_{n}}. Or, d’après le choix de la suite (Kn)nsubscriptsubscript𝐾𝑛𝑛(K_{n})_{n\in{\mathbb{N}}}, pour tout f𝒞c([𝒢[q~]])𝑓subscript𝒞𝑐delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞f\in{\cal C}_{c}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]), il existe n𝑛n\in{\mathbb{N}} tel que Supp(f)KnSupp𝑓subscript𝐾𝑛\operatorname{Supp}(f)\subset K_{n}, et alors (νk(f))k=(νk|Kn(f))ksubscriptsubscript𝜈𝑘𝑓𝑘subscriptsubscript𝜈conditional𝑘subscript𝐾𝑛𝑓𝑘(\nu_{k}(f))_{k\in{\mathbb{N}}}=(\nu_{k|K_{n}}(f))_{k\in{\mathbb{N}}} converge vers ν|Kn(f)=ν(f)\nu_{|K_{n}}(f)=\nu(f). Donc on a bien νkνsubscript𝜈𝑘𝜈\nu_{k}\overset{*}{\rightharpoonup}\nu et φsubscript𝜑\varphi_{*} est propre sur les mesures de Radon.

Enfin, par définition de φ𝜑\varphi, la mesure φνsubscript𝜑𝜈\varphi_{*}\nu appartient à ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) si et seulement si ν𝜈\nu appartient à ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]). De plus, l’espace ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) est fermé (voir [Bon2, Prop. 3 et 17]), et puisque φsubscript𝜑\varphi_{*} est continue, son image réciproque est fermée. Donc la restriction de φsubscript𝜑\varphi_{*} à ces espaces définit une surjection continue et propre. \Box

Les espaces h(Σ)subscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma) et p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) sont respectivement homéomorphes à ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) et à ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]), donc φsubscript𝜑\varphi_{*} définit une application continue, surjective et propre ψ:p(Σ)h(Σ):𝜓subscript𝑝ΣsubscriptΣ\psi:{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma)\to{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma). Or, +superscriptabsent{\mathbb{R}}^{+*} agit par multiplications des mesures sur chacun des deux espaces. On note 𝒫p(Σ)𝒫subscript𝑝Σ{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) et 𝒫h(Σ)𝒫subscriptΣ{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma) les espaces quotients pour ces actions. Alors ψ𝜓\psi passe au quotient et définit une application continue, surjective et propre ψ¯:𝒫p(Σ)𝒫h(Σ):¯𝜓𝒫subscript𝑝Σ𝒫subscriptΣ\overline{\psi}:{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma)\to{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma). On en déduit les lemmes suivants.

Lemme 5.2

L’espace 𝒫p(Σ)𝒫subscript𝑝Σ{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) est compact.

Démonstration. L’espace 𝒫h(Σ)𝒫subscriptΣ{\cal P}{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma) est compact (voir [Bon2, Cor. 5 et Prop. 17]) et ψ¯¯𝜓\overline{\psi} est propre. \Box

Si ΣΣ\Sigma est compacte, on appelle lamination cylindrique mesurée une lamination plate mesurée qui a une unique composante qui est cylindrique (voir [Mor, §6]).

Lemme 5.3

Comme ΣΣ\Sigma est compacte, les laminations cylindriques mesurées ayant un nombre fini de feuilles sont denses dans p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma). En particulier, p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) est séparable.

Démonstration. L’ensemble des géodésiques simples munies de mesures transverses, qui sont des masses de Dirac strictement positives, est dense dans h(Σ)subscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma) (voir [Bon1, Prop. 15]), et son image réciproque par φsubscript𝜑\varphi_{*} est l’ensemble des laminations cylindriques mesurées. Puisque φsubscript𝜑\varphi_{*} est continue, cet ensemble est dense dans p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma). Si (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) est une lamination cylindrique mesurée dont le support n’est pas réduit à une feuille, on note α:[0,T]C:𝛼0𝑇𝐶\alpha:[0,T]\to C (T>0𝑇0T>0) un arc géodésique qui relie orthogonalement les bords du cylindre plat maximal C𝐶C qui contient le support de ΛΛ\Lambda. Alors l’ensemble des géodésiques locales contenues dans C𝐶C et parallèles aux bords de C𝐶C est homéomorphe à [0,T]0𝑇[0,T], et puisque l’ensemble des mesures de Radon de support fini sur [0,T]0𝑇[0,T] est dense dans l’espace des mesures de Radon sur [0,T]0𝑇[0,T], il existe une suite (μn,α)nsubscriptsubscript𝜇𝑛𝛼𝑛(\mu_{n,\alpha})_{n\in{\mathbb{N}}} de mesures de Radon de support fini sur G(α)𝐺𝛼G(\alpha) telle que pour tout n𝑛n, chacune des feuilles du support de μn,αsubscript𝜇𝑛𝛼\mu_{n,\alpha} est parallèle aux bords de C𝐶C et μn,αμαsubscript𝜇𝑛𝛼subscript𝜇𝛼\mu_{n,\alpha}\overset{*}{\rightharpoonup}\mu_{\alpha}. De plus, Λn=[Supp(μn,α)]subscriptΛ𝑛delimited-[]Suppsubscript𝜇𝑛𝛼\Lambda_{n}=[\operatorname{Supp}(\mu_{n,\alpha})] est une lamination plate et μn,αsubscript𝜇𝑛𝛼\mu_{n,\alpha} définit une mesure transverse à ΛnsubscriptΛ𝑛\Lambda_{n}, telle que la suite (Λn,μn)nsubscriptsubscriptΛ𝑛subscript𝜇𝑛𝑛(\Lambda_{n},\mu_{n})_{n\in{\mathbb{N}}} converge vers (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu). \Box

6 Nombre d’intersection.

Dans cette partie 6, on note toujours (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2 et on suppose que ΣΣ\Sigma est compacte et χ(Σ)<0𝜒Σ0\chi(\Sigma)<0. Un courant géodésique sur Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} est une mesure de Radon ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} et ι𝜄\iota-invariante sur [𝒢m~]delimited-[]subscript𝒢~𝑚[{\cal G}_{\widetilde{m}}] (voir [Bon2, §1]). On note 𝒞(Σ~)𝒞~Σ{\cal C}(\widetilde{\Sigma}) l’espace des courants géodésiques sur Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}, muni de la topologie faible-*. Alors l’ensemble des classes d’homotopie libre de courbes fermées sur ΣΣ\Sigma munies de masses strictement positives se plonge dans 𝒞(Σ~)𝒞~Σ{\cal C}(\widetilde{\Sigma}), et le nombre d’intersection géométrique sur cet ensemble se prolonge de manière unique en une application continue i:𝒞(Σ~)×𝒞(Σ~)+:𝑖𝒞~Σ𝒞~Σsuperscripti:{\cal C}(\widetilde{\Sigma})\times{\cal C}(\widetilde{\Sigma})\to{\mathbb{R}}^{+} (voir [Bon2, Prop. 3]). D’après le lemme 5.1, φsubscript𝜑\varphi_{*} définit une application φ:ΓΣ~([𝒢[q~]])ΓΣ~([𝒢m~]):subscript𝜑subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚\varphi_{*}:{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}])\to{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]). Puisque ΓΣ~([𝒢m~])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) est homéomorphe au sous-ensemble fermé des courants géodésiques ν𝜈\nu tels que i(ν,ν)=0𝑖𝜈𝜈0i(\nu,\nu)=0 (voir [Bon2, Prop. 17]), φsubscript𝜑\varphi_{*} définit une application de p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) dans l’ensemble {ν𝒞(Σ~):i(ν,ν)=0}conditional-set𝜈𝒞~Σ𝑖𝜈𝜈0\{\nu\in{\cal C}(\widetilde{\Sigma})\;:\;i(\nu,\nu)=0\}. Soient α𝛼\alpha une classe d’homotopie libre de courbes fermées, non triviale, (Λ[q],μ[q])subscriptΛdelimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞(\Lambda_{[q]},\mu_{[q]}) une lamination plate mesurée et νμ[q]subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\mu_{[q]}} la mesure de ΓΣ~([𝒢[q~]])subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{[\widetilde{q}]}]) définie par (Λ[q],μ[q])subscriptΛdelimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞(\Lambda_{[q]},\mu_{[q]}) (voir le corollaire 4.2). On définit le nombre d’intersection géométrique de (Λ[q],μ[q])subscriptΛdelimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞(\Lambda_{[q]},\mu_{[q]}) et α𝛼\alpha par

i[q](μ[q],α)=i(φνμ[q],α)subscript𝑖delimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼𝑖subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼i_{[q]}(\mu_{[q]},\alpha)=i(\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}},\alpha)

Si α0subscript𝛼0\alpha_{0} est une classe d’homotopie libre de courbes fermées telle que α=α0k𝛼superscriptsubscript𝛼0𝑘\alpha=\alpha_{0}^{k}, avec k𝑘k\in{\mathbb{N}}, on a i[q](μ[q],α)=ki[q](μ[q],α0)subscript𝑖delimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼𝑘subscript𝑖delimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞subscript𝛼0i_{[q]}(\mu_{[q]},\alpha)=ki_{[q]}(\mu_{[q]},\alpha_{0}). On suppose donc que α𝛼\alpha est primitive (i.e. s’il existe une classe d’homotopie libre α0subscript𝛼0\alpha_{0} telle que α=α0k𝛼superscriptsubscript𝛼0𝑘\alpha=\alpha_{0}^{k}, alors k=±1𝑘plus-or-minus1k=\pm 1), on note α[q]subscript𝛼delimited-[]𝑞\alpha_{[q]} une géodésique locale plate dans la classe de α𝛼\alpha, α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]} un relevé de α[q]subscript𝛼delimited-[]𝑞\alpha_{[q]} dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} et γΓΣ~{e}𝛾subscriptΓ~Σ𝑒\gamma\in\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-\{e\} l’élément hyperbolique primitif de ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} dont α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]} est un axe de translation.

Lemme 6.1

Le nombre i[q](μ[q],α)subscript𝑖delimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼i_{[q]}(\mu_{[q]},\alpha) est égal à la moitié de la masse, pour νμ[q]subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\mu_{[q]}}, de l’ensemble des feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} entrelacées avec α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}, qui l’intersectent en (au moins) un point d’un intervalle de α~[q]()subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}({\mathbb{R}}) qui est un domaine fondamental pour l’action par translations de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}}.

Démonstration. Le nombre i(φνμ[q],α)𝑖subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼i(\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}},\alpha) est égal à 12φνμ[q](Fm)12subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞subscript𝐹𝑚\frac{1}{2}\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}}(F_{m}), où Fmsubscript𝐹𝑚F_{m} est l’ensemble des feuilles de la lamination hyperbolique mesurée (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{m}) définie par φνμ[q]subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}} qui intersectent transversalement un intervalle I=[a,γa[I=[a,\gamma a[, avec aα~m()𝑎subscript~𝛼𝑚a\in\widetilde{\alpha}_{m}({\mathbb{R}}), de l’axe de translation α~msubscript~𝛼𝑚\widetilde{\alpha}_{m} de γ𝛾\gamma dans (Σ~,m~)~Σ~𝑚(\widetilde{\Sigma},\widetilde{m}), qui est un domaine fondamental de α~m()subscript~𝛼𝑚\widetilde{\alpha}_{m}({\mathbb{R}}) pour l’action par translations de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}} (voir [Bon2, Prop. 3]). Puisque a𝑎a est arbitraire, si Fmsubscript𝐹𝑚F_{m} n’est pas vide, on peut supposer que a𝑎a est le point d’intersection d’une feuille λ~~𝜆\widetilde{\lambda} de Λ~m~subscript~Λ~𝑚\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}} et de α~msubscript~𝛼𝑚\widetilde{\alpha}_{m}. Alors Fmsubscript𝐹𝑚F_{m} est l’ensemble des feuilles de Λ~m~subscript~Λ~𝑚\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}} qui intersectent transversalement α~msubscript~𝛼𝑚\widetilde{\alpha}_{m} et qui sont contenues dans l’intersection des adhérences des composantes connexes, de Σ~λ~()~Σ~𝜆\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\lambda}({\mathbb{R}}) contenant γλ~𝛾~𝜆\gamma\widetilde{\lambda} et de Σ~γλ~()~Σ𝛾~𝜆\widetilde{\Sigma}-\gamma\widetilde{\lambda}({\mathbb{R}}) contenant λ~~𝜆\widetilde{\lambda}, privé de γλ~𝛾~𝜆\gamma\widetilde{\lambda}. Mais φνμ[q](Fm)=νμ[q](F[q])subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞subscript𝐹𝑚subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞subscript𝐹delimited-[]𝑞\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}}(F_{m})=\nu_{\mu_{[q]}}(F_{[q]}), où F[q]=φ1(Fm)Λ~[q~]subscript𝐹delimited-[]𝑞superscript𝜑1subscript𝐹𝑚subscript~Λdelimited-[]~𝑞F_{[q]}=\varphi^{-1}(F_{m})\cap\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}, où Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} est l’image réciproque de Λ[q]subscriptΛdelimited-[]𝑞\Lambda_{[q]} dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}. Donc, par définition de φ𝜑\varphi, c’est l’ensemble des feuilles de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} entrelacées avec α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}, qui sont contenues dans l’intersection des adhérences des composantes connexes de Σ~~()~Σ~\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) contenant γ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell} et de Σ~γ~()~Σ𝛾~\widetilde{\Sigma}-\gamma\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) contenant ~~\widetilde{\ell}, privé de γ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell}, où ~~\widetilde{\ell} est une feuille de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} appartenant à φ1(λ)superscript𝜑1𝜆\varphi^{-1}(\lambda) (puisque νμ[q]subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\mu_{[q]}} est γ𝛾\gamma-invariante, si plusieurs feuilles appartiennent à φ1(λ)superscript𝜑1𝜆\varphi^{-1}(\lambda), on peut choisir ~~\widetilde{\ell} arbitrairement dans cet ensemble). Alors l’ensemble Fqsubscript𝐹𝑞F_{q} est l’ensemble des feuilles entrelacées avec α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]} qui l’intersectent en au moins un point de [b,γb[[b,\gamma b[ ou b𝑏b est un point d’intersection de ~~\widetilde{\ell} et α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}. L’intervalle [b,γb[[b,\gamma b[ est un domaine fondamental de α~[q]()subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}({\mathbb{R}}) pour l’action par translations de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}}, et puisque les choix de λ~~𝜆\widetilde{\lambda} et de ~φ1(λ)~superscript𝜑1𝜆\widetilde{\ell}\in\varphi^{-1}(\lambda) sont arbitraires, on montre que n’importe qu’elle feuille ~~\widetilde{\ell} convient, et par γ𝛾\gamma-invariance de νμ[q]subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\mu_{[q]}}, on montre que l’on peut choisir b𝑏b arbitrairement dans α~[q]()subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]}({\mathbb{R}}). Enfin, si Fmsubscript𝐹𝑚F_{m} est vide, aucune feuille de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} n’est entrelacée avec α~[q]subscript~𝛼delimited-[]𝑞\widetilde{\alpha}_{[q]} et i(φνμ[q],α)=0𝑖subscript𝜑subscript𝜈subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼0i(\varphi_{*}\nu_{\mu_{[q]}},\alpha)=0. \Box

Remarque. On pourrait définir le nombre d’intersection géométrique d’une classe d’homotopie libre de courbes fermées avec (Λ[q],μ[q])subscriptΛdelimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞(\Lambda_{[q]},\mu_{[q]}) comme la borne inférieure des masses déposées par la lamination plate mesurée sur les courbes fermées, transverses à Λ[q]subscriptΛdelimited-[]𝑞\Lambda_{[q]} par morceaux, dans la classe d’homotopie libre, comme pour les feuilletages mesurés, mais alors elle ne serait pas toujours atteinte car une géodésique locale périodique n’est généralement pas transverse par morceaux à la lamination. À moins de définir la masse déposée par la lamination mesurée sur un segment parcouru par morceaux par des feuilles, mais cette définition est lourde et il faudrait distinguer beaucoup de cas.

Par ailleurs, pour les surfaces munies de structures plates compactes et sans bord, à la différence des laminations hyperboliques mesurées (voir [Ota, Th. 2]), le nombre d’intersection avec les classes d’homotopies libres de courbes fermées de ΣΣ\Sigma ne sépare pas les laminations plates mesurées, mais seulement leur image dans h(Σ)subscriptΣ{\cal M}{\cal L}_{h}(\Sigma). En particulier, la topologie définie après la définition 2.1 n’est pas équivalente à celle induite par la topologie produit sur superscript{\mathbb{R}}^{\cal H}, où {\cal H} est l’ensemble des classes d’homotopie libre de courbes fermées, sur l’image de p(Σ)subscript𝑝Σ{\cal M}{\cal L}_{p}(\Sigma) par l’application (Λ[q],μ[q])(i(μ[q],α))αmaps-tosubscriptΛdelimited-[]𝑞subscript𝜇delimited-[]𝑞subscript𝑖subscript𝜇delimited-[]𝑞𝛼𝛼(\Lambda_{[q]},\mu_{[q]})\mapsto(i(\mu_{[q]},\alpha))_{\alpha\in{\cal H}}.

7 Arbre dual à une lamination plate mesurée.

Dans cette partie 7, on note toujours (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}) une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2, et l’on suppose que ΣΣ\Sigma est compacte et χ(Σ)<0𝜒Σ0\chi(\Sigma)<0, p:(Σ~,[q~])(Σ,[q]):𝑝~Σdelimited-[]~𝑞Σdelimited-[]𝑞p:(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}])\to({\Sigma},{[q]}) un revêtement universel localement isométrique et (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) une lamination plate mesurée de (Σ,[q])Σdelimited-[]𝑞({\Sigma},{[q]}). On note (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) son image réciproque dans (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) et νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} la mesure de Radon sur 𝒢[q~]subscript𝒢delimited-[]~𝑞{\cal G}_{[\widetilde{q}]} qui lui est associée (voir le lemme 4.1). On suppose tout d’abord que νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} n’a pas d’atome.

Si ~~\widetilde{\ell} est une feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, alors son complémentaire dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} a deux composantes connexes et chaque feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, étant non entrelacée avec ~~\widetilde{\ell}, est contenue dans l’une ou l’autre des adhérences des composantes connexes de Σ~~()~Σ~\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}). On dit qu’une feuille ~~\widetilde{\ell} sépare deux autres feuilles si celles-ci ne sont pas contenues dans l’adhérence de la même composante connexe du complémentaire de ~()~\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}. Soient ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} deux feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, et c𝑐c un segment géodésique qui relie leur image (si les images ne sont pas disjointes c𝑐c peut être réduit à un point). On note Cisubscript𝐶𝑖C_{i} l’adhérence de la composante connexe de Σ~~i()~Σsubscript~𝑖\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\ell}_{i}({\mathbb{R}}) qui contient ~i+1()subscript~𝑖1\widetilde{\ell}_{i+1}({\mathbb{R}}) (avec i/2𝑖2i\in{\mathbb{Z}}/2{\mathbb{Z}}). On dit qu’une feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} intersecte non trivialement c𝑐c si elle intersecte les deux composantes connexes du complémentaire de l’image de c𝑐c dans C0C1subscript𝐶0subscript𝐶1C_{0}\cap C_{1}, et on note B(~0,~1)=BΛ~(~0,~1)𝐵subscript~0subscript~1subscript𝐵~Λsubscript~0subscript~1B(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1})=B_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1}) l’ensemble des feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} qui sont contenues dans C0C1subscript𝐶0subscript𝐶1C_{0}\cap C_{1} et intersectent non trivialement c𝑐c.

Lemme 7.1

L’ensemble compact B(~0,~1)𝐵subscript~0subscript~1B(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1}) ne dépend pas du choix de c𝑐c.

Démonstration. L’ensemble des feuilles contenues dans C0C1subscript𝐶0subscript𝐶1C_{0}\cap C_{1} est compact et la condition d’intersecter non trivialement c𝑐c est fermée sur cet ensemble, donc B(~0,~1)𝐵subscript~0subscript~1B(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1}) est compact. Soit csuperscript𝑐c^{\prime} un autre segment géodésique qui relie les images de ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}. Comme c𝑐c et csuperscript𝑐c^{\prime} séparent C0C1subscript𝐶0subscript𝐶1C_{0}\cap C_{1} en deux composantes connexes et puisque l’intersection de deux segments géodésiques de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) (ou d’une géodésique et d’un point) est connexe, chacune des géodésiques qui intersecte non trivialement c𝑐c intersecte non trivialement csuperscript𝑐c^{\prime} et réciproquement. \Box

Si {~1,~2}subscript~1subscript~2\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\} est une paire de feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, on pose d~Λ~(~1,~2)=νμ~(B(~1,~2))subscript~𝑑~Λsubscript~1subscript~2subscript𝜈~𝜇𝐵subscript~1subscript~2\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})). Alors d~Λ~(~1,~2)0subscript~𝑑~Λsubscript~1subscript~20\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})\geqslant 0 et d~Λ~(~1,~2)=d~Λ~(~2,~1)subscript~𝑑~Λsubscript~1subscript~2subscript~𝑑~Λsubscript~2subscript~1\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{2},\widetilde{\ell}_{1}). De plus, si ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}, ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} et ~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3} sont trois feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et c1subscript𝑐1c_{1}, c2subscript𝑐2c_{2} et c3subscript𝑐3c_{3} sont des segments géodésiques reliant respectivement les images de ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2}, ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} et ~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3}, et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3} (noté c1,2,3subscript𝑐1.2.3c_{1,2,3} sur la figure, cas 222, 333 et 444), alors ou bien aucune des trois feuilles ne sépare les deux autres (cas 111) ou bien l’une sépare les deux autres (cas 222, 333 et 444). Dans le cas 111, chacune des feuilles de B(~1,~3)𝐵subscript~1subscript~3B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3}) intersecte non trivialement c1subscript𝑐1c_{1} ou c2subscript𝑐2c_{2}, donc B(~1,~3)B(~1,~2)B(~2,~3)𝐵subscript~1subscript~3𝐵subscript~1subscript~2𝐵subscript~2subscript~3B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3})\subseteq B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})\cup B(\widetilde{\ell}_{2},\widetilde{\ell}_{3}), dans le cas 222 on a B(~1,~3)=B(~1,~2)B(~2,~3)𝐵subscript~1subscript~3𝐵subscript~1subscript~2𝐵subscript~2subscript~3B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3})=B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})\cup B(\widetilde{\ell}_{2},\widetilde{\ell}_{3}), dans le cas 333 on a B(~1,~3)B(~1,~2)𝐵subscript~1subscript~3𝐵subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3})\subseteq B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}) et dans le cas 444, on a B(~1,~3)B(~2,~3)𝐵subscript~1subscript~3𝐵subscript~2subscript~3B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3})\subseteq B(\widetilde{\ell}_{2},\widetilde{\ell}_{3}). Dans tous les cas, on a d~Λ~(~1,~3)d~Λ~(~1,~2)+d~Λ~(~2,~3)subscript~𝑑~Λsubscript~1subscript~3subscript~𝑑~Λsubscript~1subscript~2subscript~𝑑~Λsubscript~2subscript~3\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{3})\leqslant\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})+\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{2},\widetilde{\ell}_{3}). Donc d~Λ~subscript~𝑑~Λ\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}} est une pseudo-distance sur Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}.

[Uncaptioned image]c1,2,3subscript𝑐1.2.3c_{1,2,3}~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3}~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2}~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3}~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2}c1subscript𝑐1c_{1}c2subscript𝑐2c_{2}~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}c3subscript𝑐3c_{3}~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3}c1,2,3subscript𝑐1.2.3c_{1,2,3}~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2}c1,2,3subscript𝑐1.2.3c_{1,2,3}~3subscript~3\widetilde{\ell}_{3}~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2}~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1}cas 444cas 111cas 222cas 333

On note (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) l’espace métrique quotient (Λ~,d~Λ~)/(\widetilde{\Lambda},\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}})/\sim pour la relation d’équivalence ~~similar-to~superscript~\widetilde{\ell}\sim\widetilde{\ell}^{\prime} si et seulement si d~Λ~(~,~)=0subscript~𝑑~Λ~superscript~0\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime})=0, et si F𝐹F est un ensemble de feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, on note FTsuperscript𝐹𝑇F^{T} son image par l’application de passage au quotient.

Remarque 7.2

Soient ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} deux feuilles distinctes de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}. Comme pour les images réciproques des laminations hyperboliques mesurées sur une surface compacte, si ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} ne bordent pas une même bande plate et sont telles que ~1(+)=~2(+)subscript~1subscript~2\widetilde{\ell}_{1}(+\infty)=\widetilde{\ell}_{2}(+\infty), alors il n’existe pas d’autre feuille ~~\widetilde{\ell} de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} telle que ~(+)=~1(+)~subscript~1\widetilde{\ell}(+\infty)=\widetilde{\ell}_{1}(+\infty). On a alors B(~1,~2)={~1,~2}𝐵subscript~1subscript~2subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}.

De plus, comme νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} est de support Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et sans atome, si ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} bordent une même bande plate d’intérieur non vide ou ont leurs points à l’infini qui sont deux-à-deux distincts, alors B(~1,~2)𝐵subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}) est ou bien réduit à {~1,~2}subscript~1subscript~2\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}, ou bien d’intérieur non vide. En effet, si ~~\widetilde{\ell} est une feuille de B(~1,~2){~1,~2}𝐵subscript~1subscript~2subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})-\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}, alors il existe un voisinage ouvert U𝑈U de ~~\widetilde{\ell} dans Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, non réduit à ~~\widetilde{\ell}, et par hypothèse, quitte à restreindre, U𝑈U est contenu dans l’intérieur de B(~1,~2)𝐵subscript~1subscript~2{B}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}).

Donc, dans tous les cas, ou bien B(~1,~2)={~1,~2}𝐵subscript~1subscript~2subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}, ou bien B(~1,~2)𝐵subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}) est d’intérieur non vide (dans Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}). Puisque νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} n’a pas d’atome et son support est Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, on en conclut que νμ~(B(~1,~2))=0subscript𝜈~𝜇𝐵subscript~1subscript~20\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}))=0 si et seulement si B(~1,~2)={~1,~2}𝐵subscript~1subscript~2subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}, et que la topologie définie par la distance dTsubscript𝑑𝑇d_{T} est équivalente à la topologie quotient de la topologie des géodésiques sur Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, pour la relation ~1R~2subscript~1𝑅subscript~2\widetilde{\ell}_{1}\;R\;\widetilde{\ell}_{2} si et seulement si B(~1,~2)={~1,~2}𝐵subscript~1subscript~2subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})=\{\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}\}.

Enfin, puisque le complémentaire de chacune des feuilles a deux composantes connexes et chacune des autres feuilles est contenue dans l’adhérence de l’une des deux, la relation définie sur B(~1,~2)𝐵subscript~1subscript~2B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2}) par ~~precedes-or-equals~superscript~\widetilde{\ell}\preceq\widetilde{\ell}^{\prime} si et seulement si ~~\widetilde{\ell} appartient à B(~1,~)𝐵subscript~1superscript~B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}^{\prime}) est une relation d’ordre total qui passe au quotient et définit une relation d’ordre total sur B(~1,~2)T𝐵superscriptsubscript~1subscript~2𝑇B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})^{T}.

Lemme 7.3

L’espace métrique (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) est un arbre réel.

Démonstration. Soient ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} et ~2subscript~2\widetilde{\ell}_{2} deux feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}. L’application f:B(~1,~2)+:𝑓𝐵subscript~1subscript~2superscriptf:B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})\to{\mathbb{R}}^{+} définie par f(~)=d~Λ~(~1,~)𝑓~subscript~𝑑~Λsubscript~1~f(\widetilde{\ell})=\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}) est croissante (pour precedes-or-equals\preceq) et continue car νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} n’a pas d’atome. De plus elle passe au quotient et définit une application continue et strictement croissante f¯:B(~1,~2)T+:¯𝑓𝐵superscriptsubscript~1subscript~2𝑇superscript\overline{f}:B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})^{T}\to{\mathbb{R}}^{+}. Comme B(~1,~2)T𝐵superscriptsubscript~1subscript~2𝑇B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})^{T} est compact, c’est un homéomorphisme sur son image. Supposons que son image ne soit pas un intervalle. Puisque c’est un sous-ensemble compact de {\mathbb{R}}, si U𝑈U est une composante connexe bornée du complémentaire de f(B(~1,~2))𝑓𝐵subscript~1subscript~2{f}(B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}_{2})) dans +superscript{\mathbb{R}}^{+}, alors son adhérence est un intervalle [a,b]𝑎𝑏[a,b] avec a<b𝑎𝑏a<b. Soient ~asubscript~𝑎\widetilde{\ell}_{a} et ~bsubscript~𝑏\widetilde{\ell}_{b} des feuilles de f1(a)superscript𝑓1𝑎{f}^{-1}(a) et f1(b)superscript𝑓1𝑏{f}^{-1}(b). Si B(~a,~b){~a,~b}𝐵subscript~𝑎subscript~𝑏subscript~𝑎subscript~𝑏B(\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b})-\{\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b}\} n’est pas vide, alors on a vu que B(~a,~b)𝐵subscript~𝑎subscript~𝑏B(\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b}) est d’intérieur non vide. Mais si ~~\widetilde{\ell} appartient à l’intérieur de B(~a,~b)𝐵subscript~𝑎subscript~𝑏B(\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b}), les ensembles B(~1,~)𝐵subscript~1~B(\widetilde{\ell}_{1},\widetilde{\ell}) et B(~,~2)𝐵~subscript~2B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}_{2}) sont d’intérieur non vide, et a<f¯(~T)<b𝑎¯𝑓superscript~𝑇𝑏a<\overline{f}(\widetilde{\ell}^{T})<b. Donc B(~a,~b)={~a,~b}𝐵subscript~𝑎subscript~𝑏subscript~𝑎subscript~𝑏B(\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b})=\{\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b}\}, ce qui est impossible car alors d~(~a,~b)=0~𝑑subscript~𝑎subscript~𝑏0\widetilde{d}(\widetilde{\ell}_{a},\widetilde{\ell}_{b})=0 et on aurait a=b𝑎𝑏a=b. Donc l’image de f¯¯𝑓\overline{f} est l’intervalle [0,dT(~T[0,d_{T}(\widetilde{\ell}^{T},~T)]\widetilde{\ell}^{\prime T})], et f¯1:[0,dT(~T\overline{f}^{-1}:[0,d_{T}(\widetilde{\ell}^{T}, ~T)]T\widetilde{\ell}^{\prime T})]\to T est un segment entre ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} et ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{\prime T}. Montrons que c’est le seul arc entre ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} et ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{\prime T}, à reparamétrage près. Soit g:[0,1]T:𝑔delimited-[]0.1𝑇g:[0,1]\to T un autre arc joignant ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} et ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{\prime T}. Si une feuille ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} appartient à B(~,~)𝐵~superscript~B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime}) alors elle sépare ~~\widetilde{\ell} et ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} (au sens de la définition ci-dessus) et puisque g𝑔g est continue pour la topologie quotient de la topologie des géodésiques par la relation R𝑅R, ~0Tsuperscriptsubscript~0𝑇\widetilde{\ell}_{0}^{T} appartient à l’image de g𝑔g. Donc B(~,~)T𝐵superscript~superscript~𝑇B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime})^{T} est contenu dans l’image de g𝑔g. Supposons qu’il existe un élément x𝑥x de l’image de g𝑔g qui n’appartienne pas à B(~,~)T𝐵superscript~superscript~𝑇B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime})^{T} et soit ~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x} une feuille représentant x𝑥x. Si ~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x} était contenue dans l’intersection des adhérences des composantes connexes des complémentaires des images de ~~\widetilde{\ell} et ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} qui contiennent respectivement ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} et ~~\widetilde{\ell} (cas 111 ci-dessous), alors puisque g𝑔g est continue, il existerait un élément de l’image de g𝑔g dont un représentant serait entrelacé avec ~~\widetilde{\ell} ou ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}, ce qui est impossible car les feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} sont deux-à-deux non entrelacées. Donc ~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x} est contenue dans l’adhérence de la composante connexe du complémentaire de ~~\widetilde{\ell} ne contenant pas ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} ou l’inverse (cas 222 et 333 ci-dessous). Mais puisque g𝑔g est continue et comme ~~\widetilde{\ell} sépare ~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x} de ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} (ou ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} de ~~\widetilde{\ell}), il existerait alors t]0,1[t\in\mathopen{]}0,1[ tel que ~~\widetilde{\ell} (ou ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}) représente g(t)𝑔𝑡g(t), et g𝑔g ne serait pas injectif.

[Uncaptioned image]~~\widetilde{\ell}~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x}~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x}~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}~xsubscript~𝑥\widetilde{\ell}_{x}~~\widetilde{\ell}cas 222cas 333cas 111~~\widetilde{\ell}~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}

Donc si g𝑔g est un arc entre ~~\widetilde{\ell} et ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}, il a la même image que f¯1superscript¯𝑓1\overline{f}^{-1}. L’unique arc (à reparamétrage près) entre ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} et ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{\prime T} est donc f¯1superscript¯𝑓1\overline{f}^{-1} qui est isométrique à [0,dT(~T[0,d_{T}(\widetilde{\ell}^{T},~T)]\widetilde{\ell}^{\prime T})] par construction. Ceci étant vrai pour toutes les paires de feuilles, (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) est un arbre réel. \Box

Supposons que la mesure νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} associée à (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) ait un atome ~~\widetilde{\ell}. On remplace alors ~()~\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) par une bande plate de largeur νμ~(~)subscript𝜈~𝜇~\nu_{\widetilde{\mu}}(\widetilde{\ell}) en recollant isométriquement chacune des adhérences des composantes connexes du complémentaire de ~()~\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} sur les bords d’une copie, notée BP(~)𝐵𝑃~BP(\widetilde{\ell}), de ×[0,νμ~(~)]0subscript𝜈~𝜇~{\mathbb{R}}\times[0,\nu_{\widetilde{\mu}}(\widetilde{\ell})] munie de la distance euclidienne. En procédant ainsi pour chacun des atomes de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}}, on obtient une surface munie d’une structure plate (Σ~,[q~])superscript~Σsuperscriptdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma}^{\prime},[\widetilde{q}]^{\prime}) et l’action par isométries du groupe de revêtement ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} sur Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} privé des images des atomes de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} se prolonge de manière unique en une action par isométries sur (Σ~,[q~])superscript~Σsuperscriptdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma}^{\prime},[\widetilde{q}]^{\prime}).

Soient ~~\widetilde{\ell} un atome de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}}, F~subscript𝐹~F_{\widetilde{\ell}} l’ensemble maximal des géodésiques de la bande plate BP(~)BP~\operatorname{BP}(\widetilde{\ell}) de (Σ~,[q~])superscript~Σsuperscriptdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma}^{\prime},[\widetilde{q}]^{\prime}) correspondante qui sont parallèles à ses bords, et α𝛼\alpha un segment géodésique de BP(~)BP~\operatorname{BP}(\widetilde{\ell}) qui relie orthogonalement les bords de BP(~)BP~\operatorname{BP}(\widetilde{\ell}). Alors l’application r:F~Image(α):𝑟subscript𝐹~Image𝛼r:F_{\widetilde{\ell}}\to\operatorname{Image}(\alpha) définie par r(g)=g()Image(α)𝑟𝑔𝑔Image𝛼r(g)=g({\mathbb{R}})\cap\operatorname{Image}(\alpha) est un homéomorphisme. Donc on peut munir F~subscript𝐹~F_{\widetilde{\ell}} de la mesure ν~=(r1)dxαsubscript𝜈~subscriptsuperscript𝑟1𝑑subscript𝑥𝛼\nu_{\widetilde{\ell}}=(r^{-1})_{*}dx_{\alpha}, où dxα𝑑subscript𝑥𝛼dx_{\alpha} est la mesure proportionnelle à la mesure de Lebesgue sur Image(α)Image𝛼\operatorname{Image}(\alpha), de masse νμ~(~)subscript𝜈~𝜇~\nu_{\widetilde{\mu}}(\widetilde{\ell}). On définit alors la lamination plate mesurée ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariante (Λ~,μ~)superscript~Λsuperscript~𝜇(\widetilde{\Lambda}^{\prime},\widetilde{\mu}^{\prime}) de (Σ~,[q~])superscript~Σsuperscriptdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma}^{\prime},[\widetilde{q}]^{\prime}) en remplaçant les atomes ~~\widetilde{\ell} de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} par les ensembles F~subscript𝐹~F_{\widetilde{\ell}} munis des mesures boréliennes ν~subscript𝜈~\nu_{\widetilde{\ell}}. L’application de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} dans Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} induite par le plongement isométrique canonique de chacune des composantes connexes du complémentaire, dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}, de νμ~(~)>0BP(~)subscriptsubscript𝜈~𝜇~0BP~\bigcup_{\nu_{\widetilde{\mu}}(\widetilde{\ell})>0}\operatorname{BP}(\widetilde{\ell}), dans Σ~superscript~Σ\widetilde{\Sigma}^{\prime}, et telle que l’image de toutes les feuilles d’une bande plate BP(~)BP~\operatorname{BP}(\widetilde{\ell}) soit égale à ~~\widetilde{\ell} (si ~~\widetilde{\ell} est un atome de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}}), est continue, surjective et ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-équivariante, et la mesure image de νμ~subscript𝜈superscript~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}^{\prime}} par cette application est νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}}. Alors (Λ~,μ~)superscript~Λsuperscript~𝜇(\widetilde{\Lambda}^{\prime},\widetilde{\mu}^{\prime}) n’a pas d’atome et on définit l’arbre dual à (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) comme étant l’arbre dual à (Λ~,μ~)superscript~Λsuperscript~𝜇(\widetilde{\Lambda}^{\prime},\widetilde{\mu}^{\prime}).

8 Action du groupe de revêtement sur l’arbre dual à une lamination plate mesurée.

Dans cette partie, on reprend les définitions et notations de la partie 7 et on définit l’action canonique du groupe de revêtement ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} sur l’arbre dual (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) à l’image réciproque (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) de la lamination plate mesurée (Λ,μ)Λ𝜇(\Lambda,\mu) dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}. On peut toujours supposer que νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} n’a pas d’atome, quitte à procéder comme au dernier paragraphe de la partie 7. Puisque Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} est fixée, on notera B(~,~)=BΛ~(~,~)𝐵~superscript~subscript𝐵~Λ~superscript~B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime})=B_{\widetilde{\Lambda}}(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime}) pour toutes les feuilles ~~\widetilde{\ell}, ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}.

Le groupe de revêtement ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} agit sur Σ~~Σ\widetilde{\Sigma} par isométries, donc définit une action sur l’ensemble [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] des géodésiques de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) définies à changements d’origines près. Par ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariance, cette action définit une action sur Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, et comme pour tout γΓΣ~𝛾subscriptΓ~Σ\gamma\in\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} on a γνμ~=νμ~subscript𝛾subscript𝜈~𝜇subscript𝜈~𝜇\gamma_{*}\nu_{\widetilde{\mu}}=\nu_{\widetilde{\mu}} et γB(~,~)=B(γ~,γ~)𝛾𝐵~superscript~𝐵𝛾~𝛾superscript~\gamma B(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime})=B(\gamma\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}^{\prime}), pour toutes les feuilles ~~\widetilde{\ell} et ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, elle passe au quotient et définit une action par isométries de ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} sur l’arbre dual (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) à (Λ~,μ~)~Λ~𝜇(\widetilde{\Lambda},\widetilde{\mu}) défini au lemme 7.3.

Lemme 8.1

Pour tout γΓΣ~{e}𝛾subscriptΓ~Σ𝑒\gamma\in\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-\{e\}, si α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} est un axe de translation de γ𝛾\gamma dans (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) et αγsubscript𝛼𝛾\alpha_{\gamma} est la projection de [x,γx]𝑥𝛾𝑥[x,\gamma x], pour xα~γ()𝑥subscript~𝛼𝛾x\in\widetilde{\alpha}_{\gamma}({\mathbb{R}}), dans ΣΣ\Sigma, alors la distance de translation T(γ)subscript𝑇𝛾\ell_{T}(\gamma) de γ𝛾\gamma dans (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) est égale à i[q](μ,αγ)subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma}). De plus, si T(γ)>0subscript𝑇𝛾0\ell_{T}(\gamma)>0, l’axe de translation de γ𝛾\gamma est l’image dans T𝑇T de l’ensemble des feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} qui sont entrelacées avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}.

Démonstration. Il suffit de démontrer le lemme dans le cas où γ𝛾\gamma est primitif.

Cas (1)1(1) Supposons que i[q](μ,αγ)>0subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾0i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma})>0. Alors αγsubscript𝛼𝛾\alpha_{\gamma} est entrelacée avec au moins une feuille de ΛΛ\Lambda. Soit I=[a,γa[I=[a,\gamma a[ un domaine fondamental de α~γ()subscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}({\mathbb{R}}) pour l’action par translations de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}} tel que a𝑎a appartienne à une feuille ~~\widetilde{\ell} de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} entrelacée avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}. Alors l’ensemble F𝐹F des feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} contenues dans l’intersection des adhérences de la composante connexe de Σ~~()~Σ~\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) contenant γ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell} et de la composante connexe de Σ~γ~()~Σ𝛾~\widetilde{\Sigma}-\gamma\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) contenant ~~\widetilde{\ell}, privé de γ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell}, est un domaine fondamental de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} pour l’action de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}}. De plus, le sous-ensemble des feuilles de F𝐹F qui sont entrelacées avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} (et donc intersectent non trivialement [a,γa]𝑎𝛾𝑎[a,\gamma a]) est égal à B(~,γ~)γ~𝐵~𝛾~𝛾~B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})-\gamma\widetilde{\ell}, donc d’après le lemme 6.1 et comme νμ~({γ~})=0subscript𝜈~𝜇𝛾~0\nu_{\widetilde{\mu}}(\{\gamma\widetilde{\ell}\})=0, on a i[q](αγ,μ)=νμ~(B(~,γ~))=d~(~,γ~)subscript𝑖delimited-[]𝑞subscript𝛼𝛾𝜇subscript𝜈~𝜇𝐵~𝛾~~𝑑~𝛾~i_{[q]}(\alpha_{\gamma},\mu)=\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}))=\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}).

Comme F𝐹F est un ensemble fondamental de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} pour l’action de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}}, si ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} est une feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, il existe un unique n𝑛n\in{\mathbb{Z}} tel que γn~superscript𝛾𝑛superscript~\gamma^{n}\widetilde{\ell}^{\prime} appartienne à F𝐹F. On note ~0=γn~subscriptsuperscript~0superscript𝛾𝑛superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}=\gamma^{n}\widetilde{\ell}^{\prime}, ~1=γ~0superscriptsubscript~1𝛾subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}_{1}^{\prime}=\gamma\widetilde{\ell}^{\prime}_{0} et ~1=γ1~0subscriptsuperscript~1superscript𝛾1subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1}=\gamma^{-1}\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}. Alors ~1superscriptsubscript~1\widetilde{\ell}_{-1}^{\prime} et ~1superscriptsubscript~1\widetilde{\ell}_{1}^{\prime} n’appartiennent pas à F𝐹F. Comme les feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} sont deux-à-deux non entrelacées, les feuilles de B(~,γ~)𝐵~𝛾~B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}) appartiennent à B(~1,~0)B(~0,~1)𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})\cup B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}), et γ(B(~1,~0)B(~,γ~)~)B(~0,~1)B(~0,~1)B(~,γ~)𝛾𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0𝐵~𝛾~~𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1𝐵~𝛾~\gamma(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})\cap B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})-\widetilde{\ell})\subseteq B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1})-B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1})\cap B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}), car F𝐹F est un domaine fondamental de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} pour l’action de γsuperscript𝛾\gamma^{\mathbb{Z}}. Par ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariance de νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}}, on a

[Uncaptioned image]~0superscriptsubscript~0\widetilde{\ell}_{0}^{\prime}A𝐴A~1superscriptsubscript~1\widetilde{\ell}_{1}^{\prime}γ~𝛾~\gamma\cdot\widetilde{\ell}~~\widetilde{\ell}a𝑎aα~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}γa𝛾𝑎\gamma a~1superscriptsubscript~1\widetilde{\ell}_{-1}^{\prime}
νμ~(B(~,γ~))subscript𝜈~𝜇𝐵superscript~𝛾superscript~\displaystyle\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell}^{\prime},\gamma\widetilde{\ell}^{\prime})) =νμ~(B(~0,~1))absentsubscript𝜈~𝜇𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1\displaystyle=\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))
νμ~((B(~,γ~)B(~0,~1))+νμ~(γ(B(~,γ~)B(~1,~0)))\displaystyle\geqslant\nu_{\widetilde{\mu}}((B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))+\nu_{\widetilde{\mu}}(\gamma(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})))
=νμ~((B(~,γ~)B(~0,~1))+νμ~(B(~,γ~)B(~1,~0))\displaystyle=\nu_{\widetilde{\mu}}((B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))+\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}))
νμ~(B(~,γ~)) car B(~,γ~)B(~1,~0)B(~0,~1)absentsubscript𝜈~𝜇𝐵~𝛾~ car 𝐵~𝛾~𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1\displaystyle\geqslant\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}))\mbox{ car }B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\subseteq B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})\cup B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1})
=d~(~,γ~)absent~𝑑~𝛾~\displaystyle=\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})

Donc T(γ)=d~(~,γ~)=i[q](μ,αγ)subscript𝑇𝛾~𝑑~𝛾~subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾\ell_{T}(\gamma)=\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})=i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma}). En particulier, on a T(γ)>0subscript𝑇𝛾0\ell_{T}(\gamma)>0 et l’isométrie γ𝛾\gamma de (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) est hyperbolique, et donc admet un axe de translation. De plus, si ~~superscript\widetilde{\ell^{\prime}} n’est pas entrelacée avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}, alors les feuilles ~1subscriptsuperscript~1\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1}, ~0subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}^{\prime}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} non plus. Or, on a vu que B(~,γ~)𝐵~𝛾~B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}) est contenu dans B(~1,~0)B(~0,~1)𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})\cup B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}) et que B(~0,~1)𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}) contient la réunion des ensembles B(~,γ~)B(~0,~1)𝐵~𝛾~𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}) et γ(B(~,γ~)B(~1,~0))𝛾𝐵~𝛾~𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0\gamma(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})) dont l’intersection est {γ~}𝛾~\{\gamma\widetilde{\ell}\}. Supposons que d~(~0,~1)~𝑑subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1\widetilde{d}(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}) soit égale à d~(~,γ~)~𝑑~𝛾~\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}), i.e. νμ~(B(~0,~1))=νμ~(B(~,γ~)B(~0,~1))+νμ~(γ(B(~,γ~)B(~1,~0)))subscript𝜈~𝜇𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1subscript𝜈~𝜇𝐵~𝛾~𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1subscript𝜈~𝜇𝛾𝐵~𝛾~𝐵subscriptsuperscript~1subscriptsuperscript~0\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))=\nu_{\widetilde{\mu}}(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))+\nu_{\widetilde{\mu}}(\gamma(B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})\cap B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}))). Puisque νμ~subscript𝜈~𝜇\nu_{\widetilde{\mu}} est de support Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, cela signifie que l’intersection (Fγ~)(B(~0,~1)γ1B(~0,~1))=(Fγ~)(B(~1,~0)B(~0,~1))𝐹𝛾~𝐵subscriptsuperscript~0subscript~1superscript𝛾1𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1𝐹𝛾~𝐵subscriptsuperscript~1subscript~0𝐵subscriptsuperscript~0subscriptsuperscript~1(F\cup\gamma\widetilde{\ell})\cap(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}_{1})\cup\gamma^{-1}B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1}))=(F\cup\gamma\widetilde{\ell})\cap(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}_{0})\cup B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}^{\prime}_{1})) est égale à B(~,γ~)𝐵~𝛾~B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}) et donc qu’il n’existe pas de feuille de F𝐹F contenue dans l’adhérence A𝐴A du complémentaire de ~0()subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}({\mathbb{R}}) qui contient α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}, qui ne soit pas entrelacée avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} (il n’y a pas de feuille telle qu’en pointillés sur la figure). Mais alors ou bien l’ensemble B(~0,~)𝐵subscriptsuperscript~0~B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}) est réduit à {~0,~}subscriptsuperscript~0~\{\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}\} et d~(~,~0)=0~𝑑~subscriptsuperscript~00\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})=0, ou bien il a un minimum (pour la relation d’ordre total precedes-or-equals\preceq sur B(~0,~)𝐵subscriptsuperscript~0~B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell}) définie à la remarque 7.2) distinct de ~0subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}^{\prime}_{0}, soit m𝑚m. Alors d~(m,~0)=0~𝑑𝑚subscriptsuperscript~00\widetilde{d}(m,\widetilde{\ell}^{\prime}_{0})=0 et comme m𝑚m appartient à B(~0,~)F(B(~1,~0)B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{0},\widetilde{\ell})\subset F\cap(B(\widetilde{\ell}^{\prime}_{-1},\widetilde{\ell}_{0}), il est entrelacé avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} par hypothèse. Donc l’image de ~0subscriptsuperscript~0\widetilde{\ell}^{\prime}_{0} dans T𝑇T appartient à l’axe de translation de γ𝛾\gamma dans T𝑇T et par γ𝛾\gamma-invariance, l’image de ~~superscript\widetilde{\ell^{\prime}} aussi. Donc si i[q](μ,αγ)>0subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾0i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma})>0, la distance de translation T(γ)subscript𝑇𝛾\ell_{T}(\gamma) est égale à i[q](μ,αγ)subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma}) et l’axe de translation de γ𝛾\gamma est l’image de l’ensemble des feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} qui sont entrelacées avec un axe de translation de γ𝛾\gamma sur (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]).

Cas (2)2(2) Supposons que i[q](μ,αγ)=0subscript𝑖delimited-[]𝑞𝜇subscript𝛼𝛾0i_{[q]}(\mu,\alpha_{\gamma})=0, c’est-à-dire que α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} n’est entrelacée avec aucune feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}. Si α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} a le même couple de points à l’infini qu’une feuille ~~\widetilde{\ell} de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}, alors γ~=~𝛾~~\gamma\widetilde{\ell}=\widetilde{\ell} et ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} est un point fixe de γ𝛾\gamma dans T𝑇T. Sinon, on note (S,N)=(α~γ(),α~γ(+))𝑆𝑁subscript~𝛼𝛾subscript~𝛼𝛾(S,N)=(\widetilde{\alpha}_{\gamma}(-\infty),\widetilde{\alpha}_{\gamma}(+\infty)). D’après le lemme 2.2, aucune feuille de ΛΛ\Lambda n’est positivement périodique sans être périodique, donc d’après [Mor, Lem. 4.13 et 4.14], les points N𝑁N et S𝑆S ne sont un point à l’infini d’aucune feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda}. On rappelle que l’ordre cyclique total o𝑜o sur Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma} définit une relation d’ordre total \leqslant sur Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma} défini par S<η𝑆𝜂S<\eta pour tout ηΣ~{S}𝜂subscript~Σ𝑆\eta\in\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}-\{S\} et η1η2subscript𝜂1subscript𝜂2\eta_{1}\leqslant\eta_{2} si et seulement si o(η1,η2,S){0,1}𝑜subscript𝜂1subscript𝜂2𝑆0.1o(\eta_{1},\eta_{2},S)\in\{0,1\} pour tout η1,η2Σ~{S}subscript𝜂1subscript𝜂2subscript~Σ𝑆\eta_{1},\eta_{2}\in\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}-\{S\} (voir [Mor, Rem. 2.9] pour la définition de o𝑜o et [Wol, Déf. 2.23] pour la définition de \leqslant). Soient ~~\widetilde{\ell} une feuille de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} et (a,b)=(~(),~(+))𝑎𝑏~~(a,b)=(\widetilde{\ell}(-\infty),\widetilde{\ell}(+\infty)) son couple de points à l’infini. Puisque les feuilles de Λ~~Λ\widetilde{\Lambda} sont deux-à-deux non entrelacées, si (a,b)2Σ~superscript𝑎superscript𝑏superscriptsubscript2~Σ(a^{\prime},b^{\prime})\in\partial_{\infty}^{2}\widetilde{\Sigma} est le couple de points à l’infini d’une feuille ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}, telle que Saa𝑆superscript𝑎𝑎S\leqslant a^{\prime}\leqslant a et abN𝑎superscript𝑏𝑁a\leqslant b^{\prime}\leqslant N, alors bbN𝑏superscript𝑏𝑁b\leqslant b^{\prime}\leqslant N. Donc, par compacité de Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}, quitte à remplacer ~~\widetilde{\ell}, on peut supposer qu’il n’existe pas de telle feuille ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} telles que S<a<a𝑆superscript𝑎𝑎S<a^{\prime}<a et b<b<N𝑏superscript𝑏𝑁b<b^{\prime}<N. De même, si ~~\widetilde{\ell} est contenue dans une bande plate, on peut toujours supposer qu’il n’existe pas de feuille contenue dans cette bande plate qui soit contenue dans l’intersection des adhérences des composantes connexes de Σ~~()~Σ~\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\ell}({\mathbb{R}}) contenant α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} et de Σ~α~γ()~Σsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\Sigma}-\widetilde{\alpha}_{\gamma}({\mathbb{R}}) contenant ~~\widetilde{\ell}, hormis ~~\widetilde{\ell}. Or, l’action de γ𝛾\gamma sur Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma} est une action de type Nord-Sud, dont les points fixes sont N𝑁N et S𝑆S, représentée par les flèches sur le dessin.

Donc a<γa𝑎𝛾𝑎a<\gamma a, b<γb𝑏𝛾𝑏b<\gamma b et puisque ~~\widetilde{\ell} et γ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell} ne sont pas entrelacées, on a aussi bγaγb𝑏𝛾𝑎𝛾𝑏b\leqslant\gamma a\leqslant\gamma b. Supposons qu’il existe une feuille ~B(~,γ~){~,γ~}superscript~𝐵~𝛾~~𝛾~\widetilde{\ell}^{\prime}\in B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})-\{\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}\}, de couple de points à l’infini (a,b)superscript𝑎superscript𝑏(a^{\prime},b^{\prime}). Comme ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} n’est pas entrelacée avec α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma} et par hypothèse sur ~~\widetilde{\ell}, quitte à remplacer ~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime} par son inverse, on a baγa𝑏superscript𝑎𝛾𝑎b\leqslant a^{\prime}\leqslant\gamma a et γbb<N𝛾𝑏superscript𝑏𝑁\gamma b\leqslant b^{\prime}<N, et (a,b)(γa,γb)superscript𝑎superscript𝑏𝛾𝑎𝛾𝑏(a^{\prime},b^{\prime})\not=(\gamma a,\gamma b). Mais alors S<γ1aa𝑆superscript𝛾1superscript𝑎𝑎S<\gamma^{-1}a^{\prime}\leqslant a et bγ1b<N𝑏superscript𝛾1superscript𝑏𝑁b\leqslant\gamma^{-1}b^{\prime}<N, avec (γ1a,γ1b)(a,b)superscript𝛾1superscript𝑎superscript𝛾1superscript𝑏𝑎𝑏(\gamma^{-1}a^{\prime},\gamma^{-1}b^{\prime})\not=(a,b), ce qui contredit l’hypothèse faite sur ~~\widetilde{\ell}. Donc B(~,γ~)={~,γ~}𝐵~𝛾~~𝛾~B(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})=\{\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell}\} et d~(~,γ~)=0~𝑑~𝛾~0\widetilde{d}(\widetilde{\ell},\gamma\widetilde{\ell})=0. Donc ~Tsuperscript~𝑇\widetilde{\ell}^{T} est un point fixe de γ𝛾\gamma dans T𝑇T. \Box

[Uncaptioned image]α~γsubscript~𝛼𝛾\widetilde{\alpha}_{\gamma}a𝑎aN𝑁Nb𝑏bγbsubscript𝛾𝑏\gamma_{b}γa𝛾𝑎\gamma aΣ~~Σ\widetilde{\Sigma}S𝑆Sγ~𝛾~\gamma\widetilde{\ell}Σ~subscript~Σ\partial_{\infty}\widetilde{\Sigma}~~\widetilde{\ell}γ1~superscript𝛾1superscript~\gamma^{-1}\widetilde{\ell}^{\prime}~superscript~\widetilde{\ell}^{\prime}

9 Liens entre l’arbre dual à une lamination plate mesurée et l’arbre dual à la lamination hyperbolique mesurée correspondante.

Dans cette partie, on reprend les notations et conventions de la partie 5. Nous commençons par rappeler la définition de l’arbre dual à une lamination hyperbolique mesurée (voir par exemple [MS, §1]), avec une présentation nouvelle qui nous permettra de définir une isométrie ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-équivariante entre l’arbre dual à une lamination plate mesurée et l’arbre dual à la lamination hyperbolique mesurée correspondante. Soit (Λm,μm)subscriptΛ𝑚subscript𝜇𝑚(\Lambda_{m},\mu_{m}) une lamination hyperbolique mesurée de (Σ,m)Σ𝑚({\Sigma},m) et (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{{m}}) son image réciproque dans Σ~~Σ\widetilde{\Sigma}. Alors (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{{m}}) est ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariante et elle définit une mesure νμ~mΓΣ~([𝒢m~])subscript𝜈subscript~𝜇𝑚subscriptsubscriptΓ~Σdelimited-[]subscript𝒢~𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}\in{\cal M}_{\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}}([{\cal G}_{\widetilde{m}}]) (voir [Bon2, Prop. 17 p. 154]). Si λ~~𝜆\widetilde{\lambda} est un atome de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, on remplace λ~~𝜆\widetilde{\lambda} par une bande plate de largeur νμ~m(λ~)subscript𝜈subscript~𝜇𝑚~𝜆\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}(\widetilde{\lambda}) feuilletée par des droites parallèles aux bords. En procédant ainsi pour chacun des atomes de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, on obtient une lamination géodésique Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} sur une surface munie d’une métrique (Σ~,d)superscript~Σsuperscript𝑑(\widetilde{\Sigma}^{\prime},d^{\prime}), qui est CAT(0)CAT0\operatorname{CAT}(0) et localement CAT(1)CAT1\operatorname{CAT}(-1) dans le complémentaire des bandes plates, et l’action par isométries de ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} sur (Σ~,m~)~Σ~𝑚(\widetilde{\Sigma},\widetilde{m}) se prolonge de manière unique en une action par isométries sur (Σ~,d)superscript~Σsuperscript𝑑(\widetilde{\Sigma}^{\prime},d^{\prime}). Remarquons que l’espace (Σ~,d)superscript~Σsuperscript𝑑(\widetilde{\Sigma}^{\prime},d^{\prime}) est un espace métrique CAT(0)CAT0\operatorname{CAT}(0) enrubanné, et on est dans le cadre de la généralisation des laminations géodésiques proposée dans [Mor].

De plus, pour chaque bande plate BP(λ~)BP~𝜆\operatorname{BP}(\widetilde{\lambda}) associée à un atome λ~~𝜆\widetilde{\lambda} de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, si α:[0,νμ~m(λ~)]BP(λ~):𝛼0subscript𝜈subscript~𝜇𝑚~𝜆BP~𝜆\alpha:[0,\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}(\widetilde{\lambda})]\to\operatorname{BP}(\widetilde{\lambda}) est un segment qui relie orthogonalement les deux bords de BP(λ~)BP~𝜆\operatorname{BP}(\widetilde{\lambda}), alors l’application rαsubscript𝑟𝛼r_{\alpha} de l’ensemble des feuilles de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} contenues dans BP(λ~)BP~𝜆\operatorname{BP}(\widetilde{\lambda}) dans Image(α)Image𝛼\operatorname{Image}(\alpha) définie par r(g)=g()Image(α)𝑟𝑔𝑔Image𝛼r(g)=g({\mathbb{R}})\cap\operatorname{Image}(\alpha) est un homéomorphisme. Donc on peut munir l’ensemble des feuilles contenues dans BP(λ~)BP~𝜆\operatorname{BP}(\widetilde{\lambda}) de la mesure νλ~=(rα1)dxαsubscript𝜈~𝜆subscriptsuperscriptsubscript𝑟𝛼1𝑑subscript𝑥𝛼\nu_{\widetilde{\lambda}}=(r_{\alpha}^{-1})_{*}dx_{\alpha}dxα𝑑subscript𝑥𝛼dx_{\alpha} est la mesure proportionnelle à la mesure de Lebesgue sur Image(α)Image𝛼\operatorname{Image}(\alpha), de masse νμ~m(λ~)subscript𝜈subscript~𝜇𝑚~𝜆\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}(\widetilde{\lambda}). La mesure νsuperscript𝜈\nu^{\prime} égale à νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}} en dehors des atomes et égale à νλ~subscript𝜈~𝜆\nu_{\widetilde{\lambda}} sur l’ensemble des feuilles feuilletant la bande plate associée à λ~~𝜆\widetilde{\lambda}, pour chaque atome λ~~𝜆\widetilde{\lambda} de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, est une mesure de Radon sur [𝒢d]delimited-[]subscript𝒢superscript𝑑[{\cal G}_{d^{\prime}}] qui est ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-invariante, sans atome et de support égal à Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime}.

Si λ~0subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0} et λ~1subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1} sont des feuilles de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime}, et si c𝑐c est un segment géodésique joignant leurs images, on note BΛ~(λ~0,λ~1)subscript𝐵superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆1B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1}) (ou plus rapidement B(λ~0,λ~1)𝐵subscript~𝜆0subscript~𝜆1B(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})) l’ensemble compact des feuilles de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} qui sont contenues dans l’intersection des adhérences des composantes connexes des complémentaires de λ~0()subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0}({\mathbb{R}}) et λ~1()subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1}({\mathbb{R}}) qui contiennent respectivement λ~1subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1} et λ~0subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0}, et qui intersectent c𝑐c non trivialement. Alors de même que dans la partie 7, l’ensemble BΛ~(λ~0,λ~1)subscript𝐵superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆1B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1}) ne dépend pas du choix de c𝑐c, il est compact et muni d’un ordre total, que l’on note toujours precedes-or-equals\preceq, défini par λ~λ~precedes-or-equals~𝜆superscript~𝜆\widetilde{\lambda}\preceq\widetilde{\lambda}^{\prime} si et seulement si λ~B(λ~0,λ~)~𝜆𝐵subscript~𝜆0superscript~𝜆\widetilde{\lambda}\in B(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}^{\prime}). On définit aussi une pseudo-distance d~Λ~subscript~𝑑superscript~Λ\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}} sur Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} par d~Λ~(λ~0,λ~1)=νμ~m(BΛ~(λ~0,λ~1))subscript~𝑑superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆1subscript𝜈subscript~𝜇𝑚subscript𝐵superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆1\widetilde{d}_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})=\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}(B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})) pour toutes les feuilles λ~0subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0}, λ~1subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1} de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime}, et le quotient de (Λ~,dΛ~)superscript~Λsubscript𝑑superscript~Λ(\widetilde{\Lambda}^{\prime},d_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}) par la relation d’équivalence λ~0λ~1similar-tosubscript~𝜆0subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{0}\sim\widetilde{\lambda}_{1} si et seulement si dΛ~(λ~0,λ~1)=0subscript𝑑superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆10d_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})=0 (ou de manière équivalente, B(λ~0,λ~1)={λ~0,λ~1}𝐵subscript~𝜆0subscript~𝜆1subscript~𝜆0subscript~𝜆1B(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})=\{\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1}\}) est un arbre réel (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}) que l’on appelle l’arbre dual à (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{m}). Pour tout γΓΣ~𝛾subscriptΓ~Σ\gamma\in\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}, γν=νsubscript𝛾superscript𝜈superscript𝜈\gamma_{*}\nu^{\prime}=\nu^{\prime} et γB(λ~0,λ~1)=B(γλ~0,γλ~1)𝛾𝐵subscript~𝜆0subscript~𝜆1𝐵𝛾subscript~𝜆0𝛾subscript~𝜆1\gamma B(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1})=B(\gamma\widetilde{\lambda}_{0},\gamma\widetilde{\lambda}_{1}) pour toutes les feuilles λ~0subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0} et λ~1subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1} de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime}, donc l’action de ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}} sur Λ~m~subscript~Λ~𝑚\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}} passe au quotient et définit une action par isométries sur (T,dT)𝑇subscript𝑑𝑇(T,d_{T}). On se convainct aisément qu’il existe une isométrie ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-équivariante entre l’arbre dual ainsi construit, et celui construit par exemple dans [MS, §1], en identifiant les feuilles de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} et les composantes connexes du complémentaire du support de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} qu’elles bordent.

Soient (Λ~[q~],μ~[q])subscript~Λdelimited-[]~𝑞subscript~𝜇delimited-[]𝑞(\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]},\widetilde{\mu}_{[q]}) une lamination plate mesurée de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]), νμ~[q]subscript𝜈subscript~𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\widetilde{\mu}_{[{q}]}} la mesure qu’elle définit sur [𝒢[q~]]delimited-[]subscript𝒢delimited-[]~𝑞[{\cal G}_{[\widetilde{q}]}] et νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}} son image par φsubscript𝜑\varphi_{*} (voir le lemme 5.1). On note (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{m}) la lamination hyperbolique mesurée définie par νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, et Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} et νsuperscript𝜈\nu^{\prime} les lamination géodésique sur (Σ~,d)superscript~Σsuperscript𝑑(\widetilde{\Sigma}^{\prime},d^{\prime}) et mesure de Radon sur [𝒢d]delimited-[]subscript𝒢superscript𝑑[{\cal G}_{d^{\prime}}] associées à (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{m}) par la construction ci-dessus. On suppose (quitte à procéder comme dans le dernier paragraphe de la partie 7) que νμ~[q]subscript𝜈subscript~𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\widetilde{\mu}_{[{q}]}} n’a pas d’atome.

Si λ~~𝜆\widetilde{\lambda} est un atome de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}, et si Fλ~subscript𝐹~𝜆F_{\widetilde{\lambda}} est l’ensemble des feuilles de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} auxquelles correspond λ~~𝜆\widetilde{\lambda} (voir [Mor, §4.2]), il existe des bandes plates maximales de (Σ~,[q~])~Σdelimited-[]~𝑞(\widetilde{\Sigma},[\widetilde{q}]) et de (Σ~,d)superscript~Σsuperscript𝑑(\widetilde{\Sigma}^{\prime},d^{\prime}) qui contiennent respectivement Fλ~subscript𝐹~𝜆F_{\widetilde{\lambda}} et l’ensemble Fλ~subscriptsuperscript𝐹~𝜆F^{\prime}_{\widetilde{\lambda}} des feuilles de Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} qui correspondent à λ~~𝜆\widetilde{\lambda} dans la construction ci-dessus. On note ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} (resp. λ~0subscript~𝜆0\widetilde{\lambda}_{0} et λ~1subscript~𝜆1\widetilde{\lambda}_{1}) les feuilles extrémales de Fλ~subscript𝐹~𝜆F_{\widetilde{\lambda}} (resp. Fλ~subscriptsuperscript𝐹~𝜆F^{\prime}_{\widetilde{\lambda}}), c’est-à-dire telles que Fλ~=BΛ~m~(~0,~1)subscript𝐹~𝜆subscript𝐵subscript~Λ~𝑚subscript~0subscript~1F_{\widetilde{\lambda}}=B_{\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}}}(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1}) et Fλ~=BΛ~(λ~0,λ~1)superscriptsubscript𝐹~𝜆subscript𝐵superscript~Λsubscript~𝜆0subscript~𝜆1F_{\widetilde{\lambda}}^{\prime}=B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\widetilde{\lambda}_{0},\widetilde{\lambda}_{1}). Alors il existe une unique application ϕλ~:Fλ~Fλ~:subscriptitalic-ϕ~𝜆subscript𝐹~𝜆superscriptsubscript𝐹~𝜆\phi_{\widetilde{\lambda}}:F_{\widetilde{\lambda}}\to F_{\widetilde{\lambda}}^{\prime} telle que pour toute ~Fλ~~subscript𝐹~𝜆\widetilde{\ell}\in F_{\widetilde{\lambda}}, on ait νμ~m(BΛ~(ϕλ~(~0),ϕλ~(~))=νμ~[q](BΛ~[q~](~0,~))\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}(B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\phi_{\widetilde{\lambda}}(\widetilde{\ell}_{0}),\phi_{\widetilde{\lambda}}(\widetilde{\ell}))=\nu_{\widetilde{\mu}_{[q]}}(B_{\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}}(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell})). On note alors ϕitalic-ϕ\phi l’application de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]} dans Λ~superscript~Λ\widetilde{\Lambda}^{\prime} égale à φ|Λ~[q~]\varphi_{|\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}} en dehors des images réciproques des atomes de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}} (voir [Mor, §4.2]) et à ϕλ~subscriptitalic-ϕ~𝜆\phi_{\widetilde{\lambda}} sur les ensembles Fλ~subscript𝐹~𝜆F_{\widetilde{\lambda}}λ~~𝜆\widetilde{\lambda} est un atome de νμ~msubscript𝜈subscript~𝜇𝑚\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}. Alors par construction, pour toutes les feuilles ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}, on a BΛ~(ϕ(~0),ϕ(~1))=ϕ(BΛ~[q~](~0,~1))subscript𝐵superscript~Λitalic-ϕsubscript~0italic-ϕsubscript~1italic-ϕsubscript𝐵subscript~Λdelimited-[]~𝑞subscript~0subscript~1B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\phi(\widetilde{\ell}_{0}),\phi(\widetilde{\ell}_{1}))=\phi(B_{\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}}(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1})). Donc l’application ϕitalic-ϕ\phi passe au quotient et définit une application ϕT:(T[q],dT[q])(Tm,dTm):subscriptitalic-ϕ𝑇subscript𝑇delimited-[]𝑞subscript𝑑subscript𝑇delimited-[]𝑞subscript𝑇𝑚subscript𝑑subscript𝑇𝑚\phi_{T}:(T_{[q]},d_{T_{[q]}})\to(T_{m},d_{T_{m}}), où (T[q],dT[q])subscript𝑇delimited-[]𝑞subscript𝑑subscript𝑇delimited-[]𝑞(T_{[q]},d_{T_{[q]}}) et (Tm,dTm)subscript𝑇𝑚subscript𝑑subscript𝑇𝑚(T_{m},d_{T_{m}}) sont respectivement les arbres duaux à (Λ~[q~],μ~[q])subscript~Λdelimited-[]~𝑞subscript~𝜇delimited-[]𝑞(\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]},\widetilde{\mu}_{[q]}) et à (Λ~m~,μ~m)subscript~Λ~𝑚subscript~𝜇𝑚(\widetilde{\Lambda}_{\widetilde{m}},\widetilde{\mu}_{m}).

Lemme 9.1

L’application ϕT:(T[q],dT[q])(Tm,dTm):subscriptitalic-ϕ𝑇subscript𝑇delimited-[]𝑞subscript𝑑subscript𝑇delimited-[]𝑞subscript𝑇𝑚subscript𝑑subscript𝑇𝑚\phi_{T}:(T_{[q]},d_{T_{[q]}})\to(T_{m},d_{T_{m}}) est une isométrie ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-équivariante.

Démonstration. Si ~0subscript~0\widetilde{\ell}_{0} et ~1subscript~1\widetilde{\ell}_{1} sont des feuilles de Λ~[q~]subscript~Λdelimited-[]~𝑞\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}, on a ϕ(BΛ~[q~](~0,~1))=BΛ~(ϕ(~0),ϕ(~1))italic-ϕsubscript𝐵subscript~Λdelimited-[]~𝑞subscript~0subscript~1subscript𝐵superscript~Λitalic-ϕsubscript~0italic-ϕsubscript~1\phi(B_{\widetilde{\Lambda}_{[\widetilde{q}]}}(\widetilde{\ell}_{0},\widetilde{\ell}_{1}))=B_{\widetilde{\Lambda}^{\prime}}(\phi(\widetilde{\ell}_{0}),\phi(\widetilde{\ell}_{1})) et comme νμ~m=φνμ~[q]subscript𝜈subscript~𝜇𝑚subscript𝜑subscript𝜈subscript~𝜇delimited-[]𝑞\nu_{\widetilde{\mu}_{m}}=\varphi_{*}\nu_{\widetilde{\mu}_{[q]}}, l’application ϕTsubscriptitalic-ϕ𝑇\phi_{T} est isométrique. De plus, ϕitalic-ϕ\phi est surjective donc, par passage au quotient, ϕTsubscriptitalic-ϕ𝑇\phi_{T} aussi et c’est une isométrie. Enfin, comme φ𝜑\varphi, l’application ϕitalic-ϕ\phi est ΓΣ~subscriptΓ~Σ\Gamma_{\widetilde{\Sigma}}-équivariante et par passage au quotient, ϕTsubscriptitalic-ϕ𝑇\phi_{T} aussi. \Box

Références

  • [Bon1] F. Bonahon. Geodesic laminations on surfaces. Contemp. Math. Vol.00 (1997).
  • [Bon2] F. Bonahon. The geometry of Teichmüller space via geodesic currents. Invent. Math. 92 (1988) 139–162.
  • [Mor] T. Morzadec. Laminations géodésiques plates. 2013.
  • [MS] J. Morgan and P. Shalen. Free actions of surface groups on {\mathbb{R}}-trees. Topology 30 (1991) 143–154.
  • [Ota] J.-P. Otal. Le spectre marqué des longueurs des surfaces à courbure négative. Ann. Math. 131 (1990) 151–162.
  • [Wol] M. Wolf. Connected components of the compactification of representation spaces of surface groups. Geom. and Topo. 15 (2011) 1225–1295.

Département de mathématique, UMR 8628 CNRS, Université Paris-Sud, Bât. 430, F-91405 Orsay Cedex, FRANCE. Bureau : 16.

thomas.morzadec@math.u-psud.fr