Département de mathématique, UMR 8628 CNRS, Université Paris-Sud, Bât. 430, F-91405 Orsay Cedex, France
Bureau : 16. thomas.morzadec@math.u-psud.fr
Abstract: In [Mor], we have introduced a notion of flat laminations on surfaces endowed with a flat structure, similar to
geodesic laminations on hyperbolic surfaces.
Here is a sequel to this article that aims at defining transversal measures on flat laminations similar to
transversal measures on hyperbolic laminations, taking into account that two different leaves of a flat lamination may no longer disjoint.
Then, we define a topology on the set of measured flat laminations and show that its projective space is compact. Finally, we define the dual tree to a
measured flat lamination.
111 Mots clés: Lamination géodésique mesurée, surface munie d’une structure plate à holonomie , différentielle quadratique holomorphe,
feuilletage mesurée, surface hyperbolique, arbre dual.
Code AMS 30,37,53,57,58.
Résumé: Dans [Mor], nous avons introduit une notion de laminations sur les surfaces munies d’une structure plate, analogues aux laminations
géodésiques sur les surfaces hyperboliques.
Cet article est une suite de [Mor] dont le but est de définir les mesures transverses sur les laminations plates analogues aux mesures transverses
sur les laminations hyperboliques, en prenant garde que deux feuilles distinctes ne sont plus nécessairement disjointes.
Ensuite, nous définissons une topologie sur l’ensemble des laminations plates mesurées et nous montrons que son projectifié est compact.
Enfin, nous définissons l’arbre dual à une lamination plate mesurée.
1 Introduction.
Dans [Mor], nous avons proposé et étudié une définition des laminations géodésiques sur les espaces métriques localement enrubannés,
analogues aux laminations géodésiques sur les surfaces hyperboliques, en particulier sur les
surfaces munies de structures plates à
holonomie , que nous avons appelées laminations plates. Dans cet article, nous proposons une définition de lamination plate mesurée
et nous étudions le lien entre laminations plates mesurées et laminations hyperboliques mesurées (voir par exemple [Bon1]).
Nous reprendrons les notations de [Mor], notamment nous noterons une surface munie d’une structure plate
(à holonomie ) et
une lamination plate sur .
La principale difficulté par rapport aux mesures transverses sur les laminations hyperboliques est que les feuilles ne sont pas disjointes en général,
donc on ne va pas définir des mesures sur les images des arcs transverses à la lamination, mais sur l’ensemble des géodésiques locales qui les intersectent
transversalement,
et il faut redéfinir la notion d’invariance par holonomie de ces familles de mesures.
Dans la première partie, nous définissons les laminations plates mesurées et munissons leur ensemble d’une topologie.
Dans la deuxième, nous définissons
l’image réciproque d’une lamination plate mesurée dans un revêtement. Dans la troisième, nous définissons un homéomorphisme entre
l’espace des laminations plates mesurées sur une surface (compacte) munie d’une structure plate
et l’espace des mesures de Radon sur l’ensembles des géodésiques (définies à changements d’origine près) d’un de ses revêtements universels
(localement isométriques),
qui sont invariantes par l’action du groupe de revêtement et dont le support est une lamination plate.
Dans la quatrième,
nous établissons une application continue, surjective et propre des laminations plates mesurées dans les laminations hyperboliques mesurées, pour la métrique
hyperbolique complète dans la classe conforme. Dans la cinquième, nous définissons le nombre d’intersection entre une lamination plate mesurée et une classe
d’homotopie libre de courbes fermées.
Dans la dernière partie, nous définissons l’arbre dual à une lamination plate mesurée, et l’action du groupe de revêtement universel sur cet arbre.
Je tiens à remercier chaleureusement Frédéric Paulin pour ses nombreux conseils et ses relectures attentives.
2 Rappels et conventions.
Dans tout ce texte, nous utiliserons les définitions et les notations de [Mor] concernant les surfaces
munies de structures plates (à holonomie ) et les laminations plates (voir notamment les définitions [Mor, Déf. 2.2] et
[Mor, Déf. 2.8]).
Sauf mention du contraire, nous noterons
une surface connexe, orientable, à bord (éventuellement vide) munie d’une structure plate et un revêtement universel localement isométrique.
Si est compacte, on supposera toujours que .
On munira le bord à l’infini de l’ordre cyclique défini par le choix d’une orientation de
(la surface sera toujours compacte ou un revêtement d’une surface compacte, voir la remarque [Mor, Rem. 2.9]), et on notera
.
On rappelle que la topologie des géodésiques est la topologie compacte-ouverte sur l’ensemble des géodésiques locales paramétrées pour la distance (noté
pour une structure plate et pour une métrique hyperbolique ) ou le quotient de la topologie compacte-ouverte
par l’action par translations à la source de , sur l’ensemble des géodésiques locales définies à changements d’origine près.
Ce seront les seules topologies considérées sur les
espaces de géodésiques locales. On notera l’application de passage au quotient de dans , et si , on notera
son image dans . On appelle arc une application par morceaux qui est un homéomorphisme sur
son image.
Soit une
lamination plate de .
Un arc est transverse à une feuille ou segment de feuille de si
est transverse à en dehors des singularités de et des points singuliers de ;
pour toute singularité de ou point singulier de appartenant à ,
il existe un voisinage
de qui est un disque topologique, et
un segment de tels que a deux composantes connexes et les composantes connexes de sont contenues
dans des composantes distinctes de ;
n’est tangent à ni en ni en .
On dit que est transverse à un ensemble de feuilles ou de segments de feuilles de si est transverse à chacun des éléments
de , et que est transverse à si est transverse à . Notamment,
un arc est transverse à s’il est transverse à chacune des feuilles de .
Si est
un arc de , on note l’ensemble des éléments de transverses à dont l’origine appartient
à . Soit tel que et soient et deux arcs disjoints, transverses à ,
tels que et tout élément de intersecte en un temps positif. Pour tout , on note , et le sous-ensemble des éléments tels qu’il existe telle que
pour tout . Une holonomie de
est un homéomorphisme entre et défini par tel qu’il existe une homotopie
entre et telle que :
pour tout , l’application est un arc transverse à chacun des segments de feuilles , pour ;
pour tout , il existe tel que soit un segment de (à reparamétrage près);
les intersections pour sont vides.
Définition 2.1
Une mesure transverse à est la donnée pour tout arc transverse à d’une mesure de Radon sur telle que:
Le support de est l’ensemble ;
si est une holonomie de , avec et , où est un borélien de
et et
sont deux arcs transverses à , alors ;
est -invariante, où ;
si , alors .
On notera une lamination plate munie d’une mesure transverse, que l’on appellera lamination plate mesurée, et
l’espace des
laminations plates mesurées sur .
On munit de la topologie telle qu’une suite converge vers si et seulement si pour tout
arc
transverse à , est transverse à pour assez grand et dans l’espace des mesures de
Radon sur .
On dit qu’une feuille de est positivement récurrente si on peut fixer son origine en dehors d’une singularité,
de sorte que pour tout ,
il existe tel que . Par exemple, si
est compacte, les feuilles qui aboutissent (au sens de [Mor, Th. 6.1]) dans des composantes cylindriques ou minimales sont positivement
récurrentes.
Lemme 2.2
Si est munie d’une mesure transverse , alors n’a pas de feuille isolée qui soit positivement récurrente sans être
périodique.
Démonstration. Supposons qu’il existe une feuille isolée de qui soit positivement récurrente, dont on fixe l’origine telle que ci-dessus.
Alors il existe un segment géodésique de diamètre assez petit, ne rencontrant pas de singularité,
transverse à , qui intersecte en son origine, et une suite strictement croissante
des instants positifs successifs où intersecte l’image de .
Pour tout , soit .
Quitte à restreindre et à changer sa direction, on définit une homotopie entre et lui même en le translatant
parallèlement le long de chacune des liaisons de singularités parcourues par , et en prolongeant
aux singularités pour que soit continue, de sorte que tous les arcs , avec , soient transverses à
(cette construction n’est pas unique). Puisque est compact, quitte à restreindre ,
il existe un arc tel qu’il existe un unique tel que et . Soit
l’unique réel de tel que . Alors il existe une holonomie entre et ,
où appartient à . De même, il existe une holonomie entre
et . D’après le point de la définition 2.1, on en déduit que
, et par récurrence, . Comme est isolée,
chacune des feuilles est isolée dans , et puisque appartient au support de , on a . Or,
l’ensemble est contenu
dans , qui est relativement compact d’après le théorème d’Ascoli. Mais, puisque n’est pas périodique, cet ensemble
est infini et . Mais alors ne serait pas localement finie.
3 Relevé d’une lamination plate mesurée.
On note toujours une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2 et une lamination plate mesurée
sur .
Soit un revêtement localement isométrique de de groupe de revêtement
et l’image
réciproque de dans (voir la remarque précédant le lemme [Mor, Lem. 2.3]). Puisque est un difféomorphisme local,
si est un arc de transverse à , et si est un relevé de dans , alors est transverse à ,
et induit un homéomorphisme . On pose alors . De même, si est
un arc
transverse à , alors son image est la réunion d’images de relevés d’arcs transverses à , soit
tels
que, pour tout , l’intersection est l’image d’un relevé
d’un arc transverse à , et pour tout , l’intersection
est vide.
Alors, pour tout , on a .
Donc il existe une unique mesure sur
telle que pour tout . On note , où
est
l’ensemble des arcs transverses à la famille de mesures ainsi définie. Par naturalité, est -invariante et la famille
est invariante pour l’action par homéomorphismes de
définie par ,
pour tout .
Lemme 3.1
La famille est l’unique mesure transverse à telle que si est le relevé d’un arc
transverse à alors . De plus l’application de
dans ainsi définie est un homéomorphisme entre et l’espace des laminations plates mesurées de
qui sont -invariantes.
Démonstration. Les propriétés , et de la définition 2.1 sont clairement satisfaites par , et si est une holonomie de qui relève une holonomie de ,
où et , sont deux arcs disjoints et transverses à ,
alors . Sinon, on écrit comme une concaténation
de compositions
d’holonomie qui sont des relevés d’holonomies de , et on montre
de même que . Donc est une mesure transverse à .
L’application de dans ainsi définie est injective par construction.
Si est une lamination plate mesurée de qui est -invariante, alors l’ensemble des projetés des feuilles
de sur est une lamination plate de et si est un arc transverse à et est un relevé de
dans , alors est une mesure sur , qui ne dépend pas du choix du relevé par -invariance. Cette
mesure
satisfait clairement les propriétes , et de la définition 2.1. De plus si est une holonomie entre deux
boréliens
de et , elle se relève en une holonomie entre deux boréliens de et , où et
sont des
relevés
de et , et on montre que . Donc est bien une lamination plate mesurée, et
son image par l’application
précédente est .
Donc cette application est bien une bijection
entre et l’ensemble des laminations plates mesurées de qui sont -invariantes.
Enfin, si est une suite de qui converge vers , et si et
sont leurs images dans , alors si est un arc transverse à qui est le relevé d’un arc transverse à ,
alors
est transverse
à pour assez grand, et puisque est un difféomorphisme local, est transverse à pour assez grand. De plus,
on a . Si est un arc
transverse à
qui n’est pas le relevé d’un arc transverse à , alors en le décomposant, on montre de même que pour assez grand est transverse à
et . Donc l’application est continue. De
même, l’application inverse est continue, donc c’est un homéomorphisme.
4 Laminations plates mesurées et mesures de Radon sur l’espace des géodésiques plates du revêtement universel.
Dans cette partie, on considère toujours une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2 et
un de ses revêtements universels localement isométriques, soit .
Les géodésiques locales de sont des géodésiques, et si est une lamination plate de et si est un arc transverse à
tel que
chacune des géodésiques de n’intersecte qu’en son origine, alors l’application définie par
est un homéomorphisme.
On note l’espace des mesures de Radon sur l’espace muni de la topologie des géodésiques,
qui sont et -invariantes (avec ), et dont les supports sont des laminations plates
-invariantes, muni de la topologie faible-.
Soient un élément de
dont le support est et un arc transverse à tel que les géodésiques de
n’intersectent qu’en leur origine. Alors
est une mesure de Radon sur
de support . Si est un arc transverse à , mais certaines géodésiques de
intersectent
en plusieurs points, alors on définit la mesure par recollement fini comme dans la partie 3, ce qui est possible
car les géodésiques de sont propres. Soit la famille de mesures transverses ainsi définie.
Lemme 4.1
La famille de mesures est une mesure transverse à , et l’application ainsi définie est un homéomorphisme entre
et
l’ensemble des laminations plates mesurées de qui sont -invariantes (muni de la topologie induite).
Démonstration. Les propriétés , , et de la définition 2.1 sont clairement satisfaites par , et si
est une holonomie de entre deux boréliens de et de , où et sont des arcs transverses à
, alors, par définition des holonomies, les ensembles et sont égaux.
Donc et
est invariante
par holonomie, donc c’est une mesure transverse à , qui est -invariante par naturalité.
Sauf mention du contraire, dans la suite de la démonstration, si est un arc transverse à une lamination plate , on suppose
que les géodésiques de n’intersectent qu’en leur origine, ce à quoi on peut toujours se ramener par restriction car les géodésiques
de sont propres et transverses à .
Supposons que deux mesures et de définissent la même lamination plate mesurée par
cette construction. Alors si est un ouvert relativement compact de , il existe un recouvrement ouvert fini de
tel que pour chacun des
il existe un arc transverse à , tel que . Mais alors
pour tout , et . Comme la tribu borélienne est engendrée par les ouverts relativement compacts,
on a . Donc l’application est injective.
Ensuite, si est une lamination plate mesurée, et si est un ouvert de ,
il existe une suite d’arcs transverses à telle que .
On pose et pour tout , . Pour chaque ,
on note
. Alors les ensembles
sont des boréliens deux-à-deux disjoints. On pose . Par invariance par holonomie,
cette définition ne dépend pas du choix des , et on définit ainsi une
mesure borélienne sur . En effet, soient une suite d’ouverts deux-à-deux disjoints et . Il existe
une suite d’arcs
transverses correspondant à et une décomposition
comme ci-dessus. Pour tout on a , où .
Alors , et puisque tous les termes sont positifs, on a
. Donc la fonction ainsi définie est -additive et se prolonge
de manière unique
en une mesure sur la tribu borélienne. D’après les propriétés et de la définition 2.1, la mesure est de support et
-invariante, elle est -invariante par naturalité, et par construction, la lamination plate mesurée associée à
par l’application précédente est . Donc l’application est bijective.
Enfin, si est une suite de qui converge vers , et si et
sont leurs images dans , alors si est un arc transverse à , pour suffisament grand,
est transverse à
et . Si certaines géodésiques
de intersectent en plus d’un point, on montre aussi que
en décomposant . Donc ceci
est vrai pour tout les arcs transverses à et la suite converge vers . Donc l’application est continue.
De même, si est une suite de laminations plates mesurées de qui sont -invariantes,
qui converge vers
, et si et sont leurs images réciproques dans , alors si est une fonction continue
sur à valeurs dans et à support compact, il existe une famille finie d’arcs transverses à
et à pour assez grand, telle que , et pour tout
et assez grand, on a . Donc
et la réciproque est continue. Donc l’application est un homéomorphisme.
Corollaire 4.2
Si est une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2, et si
est un revêtement
universel localement
isométrique de groupe de revêtement , alors est homéomorphe à .
5 Liens entre laminations plates mesurées et laminations hyperboliques mesurées.
Dans cette partie 5, on note toujours une surface munie d’une structure plate comme
dans la partie 2, un revêtement universel localement
isométrique de groupe de revêtement . On suppose que est compacte et , et on note
une métrique hyperbolique dans la classe conforme de et
l’unique métrique hyperbolique
sur telle que
soit localement isométrique. Pour toute géodésique
de ou , on note
le couple de ses points à l’infini, et si est un ensemble de géodésiques, .
L’espace des laminations hyperboliques mesurées sur (voir [Bon1]), que l’on note (muni de la topologie définie
dans [Bon1, p. 19]),
est homéomorphe à l’espace des mesures de Radon
et -invariantes, dont le support est une lamination hyperbolique, sur , que l’on note
(voir
[Bon2, Prop. 17 p. 154]). Dans cette partie 5, on utilise ce fait et l’homéomorphisme entre
et défini au corollaire 4.2 pour étudier le lien entre et .
On note l’application qui à une géodésique de associe la géodésique de qui lui correspond
(voir [Mor, §4.2]).
Alors est surjective et continue, et une partie fermée de est une lamination plate si et seulement si est une lamination
hyperbolique (voir la remarque précédant [Mor, Lem. 4.3]).
De plus est
propre. En effet, si est un compact de , et si est une suite de
,
alors par définition de , quitte à extraire, la suite converge dans . Puisque est
-hyperbolique (car est compacte et , voir [Mor, Rem. 2.10]),
d’après [Mor, Lem. 2.6], quitte
à extraire, la suite converge vers une géodésique telle que . Donc
appartient à qui est donc compact.
Lemme 5.1
L’application définit une application continue, surjective et propre entre les espaces de mesures de Radon sur et
. De plus,
appartient à si et seulement si appartient à et la restriction de à
est une surjection .
Démonstration. L’application est continue et propre donc elle définit une application continue entre les espaces des mesures de Radon sur
et .
Montrons que est surjective. L’application qui à une géodésique hyperbolique associe la géodésique plate à laquelle elle
correspond
(si elle est unique) et la géodésique "milieu" de l’ensemble des géodésiques (contenues dans une même bande plate) auxquelles elle correspond sinon,
est une section mesurable (mais non continue) de .
Puisque est continue,
l’image réciproque d’un compact par l’application est relativement compacte, donc définit une application de l’ensemble des mesures de Radon sur dans l’ensemble
des
mesures
de Radon sur , et . Donc est surjective.
Montrons que est propre. L’espace muni de la topologie des géodésiques est localement compact et -compact, donc il est
dénombrable à l’infini. Puisque est continue et propre, est aussi dénombrable à l’infini. Donc il existe une suite de
compacts telle que, pour tout , soit contenu dans l’intérieur de et . Si est un compact de l’espace
des
mesures de Radon sur
et si est un compact de , alors l’ensemble est borné par le maximum de , qui
est fini
car est compact.
Donc, pour tout , l’ensemble est compact.
Donc si est
une
suite de , par un
procédé d’extraction diagonale, il existe une sous-suite toujours notée et une mesure de Radon sur telles que pour tout
,
. Or, d’après le choix de la suite , pour tout , il existe
tel que
, et alors
converge vers . Donc on a bien et
est propre sur les mesures de Radon.
Enfin, par définition de , la mesure appartient à si et seulement si appartient à .
De plus, l’espace est fermé (voir [Bon2, Prop. 3 et 17]), et puisque est continue,
son image réciproque est fermée. Donc la
restriction de à ces espaces définit une surjection
continue et propre.
Les espaces et sont respectivement homéomorphes
à et à , donc
définit une application continue, surjective et propre
. Or, agit par multiplications des mesures sur chacun des deux espaces. On note
et
les espaces quotients pour ces actions. Alors passe au quotient et définit une application continue, surjective et propre . On en déduit les lemmes suivants.
Lemme 5.2
L’espace est compact.
Démonstration. L’espace est compact (voir [Bon2, Cor. 5 et Prop. 17]) et est propre.
Si est compacte, on appelle lamination cylindrique mesurée une lamination plate mesurée qui a une unique composante qui est cylindrique
(voir [Mor, §6]).
Lemme 5.3
Comme est compacte, les laminations cylindriques mesurées ayant un nombre fini de feuilles sont denses dans . En particulier,
est séparable.
Démonstration. L’ensemble des géodésiques simples munies de mesures transverses, qui sont des masses de Dirac strictement positives, est dense dans (voir
[Bon1, Prop. 15]), et son image réciproque par est l’ensemble des laminations cylindriques mesurées. Puisque est continue,
cet ensemble
est dense dans . Si est une lamination cylindrique mesurée dont le support n’est pas réduit à une feuille, on note
() un arc géodésique qui relie orthogonalement les bords du cylindre plat maximal qui contient le support de .
Alors l’ensemble des géodésiques locales contenues dans et parallèles aux bords de est homéomorphe à
, et puisque l’ensemble des mesures de Radon de support fini sur est dense dans l’espace des mesures de Radon sur , il existe
une suite de mesures de Radon de support fini sur telle que pour tout , chacune des feuilles du support
de est parallèle aux bords de et .
De plus, est une lamination plate et définit une mesure transverse à ,
telle que la suite converge vers .
6 Nombre d’intersection.
Dans cette partie 6, on note toujours une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2 et
on suppose que est compacte et .
Un courant géodésique sur est une mesure de Radon et -invariante sur
(voir [Bon2, §1]).
On note l’espace des courants géodésiques sur , muni de la topologie faible-. Alors l’ensemble des classes d’homotopie
libre de courbes
fermées sur munies de masses strictement positives se plonge dans , et le nombre d’intersection géométrique sur cet ensemble
se prolonge de manière unique en une application continue (voir [Bon2, Prop. 3]).
D’après le lemme 5.1, définit une application .
Puisque est homéomorphe au sous-ensemble fermé des courants géodésiques tels que
(voir [Bon2, Prop. 17]),
définit une application de dans l’ensemble .
Soient une classe d’homotopie libre de courbes fermées, non
triviale, une lamination plate mesurée et la mesure de définie par (voir le corollaire 4.2).
On définit le nombre d’intersection géométrique de et par
Si est une classe d’homotopie
libre
de courbes fermées telle que
, avec , on a . On suppose donc que est primitive (i.e. s’il existe une classe
d’homotopie
libre telle que ,
alors ), on note une géodésique locale
plate dans la classe de , un relevé de dans et
l’élément hyperbolique primitif de dont est un axe de translation.
Lemme 6.1
Le nombre est égal à la moitié de la masse, pour , de l’ensemble des feuilles de
entrelacées avec ,
qui l’intersectent
en (au moins) un point d’un intervalle de qui est un domaine fondamental pour l’action par translations de .
Démonstration. Le nombre est égal à , où est l’ensemble des feuilles de la
lamination hyperbolique mesurée
définie par qui
intersectent transversalement un intervalle , avec , de l’axe de translation
de
dans , qui est un domaine fondamental de pour l’action par translations de (voir [Bon2, Prop. 3]).
Puisque est arbitraire, si n’est pas vide, on peut supposer que est le point d’intersection d’une feuille de et de
. Alors est l’ensemble des feuilles de qui intersectent transversalement et qui sont contenues dans
l’intersection des adhérences des composantes connexes, de contenant et de
contenant , privé de .
Mais , où , où est l’image réciproque de dans
. Donc, par définition
de , c’est l’ensemble des feuilles de entrelacées avec , qui sont contenues dans
l’intersection des adhérences des composantes connexes de contenant et de
contenant , privé de ,
où est une feuille de
appartenant à (puisque est -invariante, si plusieurs feuilles appartiennent à , on peut choisir
arbitrairement dans cet ensemble). Alors l’ensemble est l’ensemble des feuilles entrelacées avec qui l’intersectent
en au moins un point de ou est un point d’intersection de et . L’intervalle
est un domaine fondamental de pour l’action par translations de , et puisque les choix de
et de sont arbitraires, on montre que n’importe qu’elle feuille convient, et par -invariance de ,
on montre que l’on
peut choisir arbitrairement dans .
Enfin, si est vide, aucune feuille de n’est entrelacée avec et .
Remarque. On pourrait définir le nombre d’intersection géométrique d’une classe d’homotopie libre de courbes fermées avec
comme la borne inférieure des masses déposées par la
lamination
plate mesurée sur les courbes fermées, transverses à par morceaux,
dans la classe d’homotopie libre, comme pour les feuilletages
mesurés,
mais alors elle ne serait pas toujours atteinte car une géodésique locale périodique n’est généralement pas transverse par morceaux à la lamination.
À
moins de définir la masse déposée par la lamination mesurée sur un segment parcouru par morceaux par des feuilles, mais cette définition est lourde et il faudrait
distinguer beaucoup de cas.
Par ailleurs, pour les surfaces munies de structures plates compactes et sans bord, à la différence des laminations hyperboliques mesurées (voir
[Ota, Th. 2]),
le nombre d’intersection avec les classes d’homotopies libres de courbes fermées de ne sépare pas les laminations plates mesurées, mais seulement leur image dans
. En particulier, la topologie définie après la définition 2.1 n’est pas
équivalente
à celle induite par la topologie produit sur , où est l’ensemble des classes d’homotopie libre de courbes fermées, sur
l’image de par
l’application .
7 Arbre dual à une lamination plate mesurée.
Dans cette partie 7, on note toujours une surface munie d’une structure plate comme dans la partie 2, et
l’on suppose que est compacte et ,
un revêtement universel localement
isométrique et une lamination plate mesurée de . On note son image réciproque dans et
la mesure de Radon sur qui lui est
associée (voir le lemme 4.1). On suppose tout d’abord que n’a pas d’atome.
Si est une feuille de , alors son complémentaire dans a deux composantes connexes
et chaque feuille de , étant non entrelacée avec ,
est contenue dans l’une ou l’autre des adhérences des composantes connexes de .
On dit qu’une feuille sépare deux autres feuilles si celles-ci
ne sont pas contenues dans l’adhérence de la même composante connexe du complémentaire de dans .
Soient et
deux feuilles
de , et un segment géodésique qui relie leur image (si les images ne sont pas disjointes peut être réduit à un point).
On note l’adhérence de la
composante connexe de qui contient (avec ). On dit qu’une feuille de
intersecte non trivialement si elle intersecte les deux composantes connexes du complémentaire de l’image de
dans , et on note
l’ensemble des feuilles de
qui sont contenues dans et intersectent non trivialement .
Lemme 7.1
L’ensemble compact ne dépend pas du choix de .
Démonstration. L’ensemble des feuilles contenues dans est compact et la condition d’intersecter non trivialement est fermée sur cet ensemble, donc
est compact.
Soit un autre segment géodésique qui relie les images de et . Comme et
séparent en deux composantes
connexes et puisque l’intersection de deux segments géodésiques de (ou d’une géodésique et d’un point) est connexe,
chacune des géodésiques qui intersecte non trivialement intersecte non trivialement et réciproquement.
Si est une paire de feuilles de , on pose
. Alors
et
. De plus, si
, et sont trois feuilles de et , et sont des segments
géodésiques
reliant respectivement les images de et , et , et et
(noté sur la figure, cas , et ), alors ou bien aucune des trois feuilles ne sépare les deux autres (cas )
ou bien l’une sépare les deux autres
(cas , et ). Dans le cas , chacune des feuilles de intersecte non trivialement ou , donc
, dans le cas on a
, dans le cas on a
et dans le cas , on a
.
Dans tous les cas, on a . Donc est une pseudo-distance sur .
On note l’espace métrique quotient pour la relation d’équivalence
si et seulement si , et si
est un ensemble de feuilles de , on note
son image par l’application de passage
au quotient.
Remarque 7.2
Soient et deux feuilles distinctes de .
Comme pour les images réciproques des laminations hyperboliques mesurées sur une surface compacte, si et
ne bordent pas une même bande plate et sont telles que , alors il n’existe pas d’autre
feuille de telle que . On a alors
.
De plus, comme est de support et sans atome, si et bordent une même bande plate
d’intérieur non vide ou ont
leurs points à l’infini qui sont deux-à-deux distincts, alors
est ou bien réduit à
, ou bien d’intérieur non vide. En effet, si est une feuille de
, alors il existe un voisinage ouvert de dans
, non réduit à , et par hypothèse, quitte à restreindre, est contenu dans l’intérieur de
.
Donc, dans tous les cas, ou bien ,
ou bien est d’intérieur
non vide (dans ).
Puisque n’a pas d’atome et son support est , on en conclut que si
et seulement si , et que la topologie définie par la distance est équivalente à la
topologie quotient de la topologie des géodésiques sur , pour la relation si et seulement si
.
Enfin, puisque le complémentaire de chacune des feuilles a deux
composantes
connexes et chacune des autres feuilles est contenue dans l’adhérence de l’une des deux, la relation définie sur par
si et seulement si appartient à est une relation
d’ordre total qui passe au quotient et définit une relation d’ordre total sur .
Lemme 7.3
L’espace métrique est un arbre réel.
Démonstration. Soient et deux feuilles de .
L’application
définie par est croissante (pour ) et continue car
n’a pas d’atome.
De plus elle passe au quotient et définit une application continue et strictement croissante .
Comme est compact, c’est un homéomorphisme sur son image. Supposons que son image ne soit pas un intervalle. Puisque
c’est un sous-ensemble compact de , si est une composante connexe bornée du complémentaire de
dans , alors son adhérence est un intervalle avec . Soient et des feuilles de
et . Si n’est pas vide, alors on a vu que
est d’intérieur non vide. Mais si appartient à l’intérieur de
, les ensembles et sont d’intérieur non vide,
et . Donc
, ce qui est impossible
car alors et on aurait . Donc l’image de est l’intervalle
,,
et , est un segment entre et
.
Montrons que c’est le seul arc entre et , à reparamétrage près. Soit un autre arc
joignant et .
Si une feuille appartient à alors elle sépare et
(au sens de la définition ci-dessus) et puisque
est continue pour la topologie quotient de la topologie des géodésiques par la relation ,
appartient à l’image de . Donc est contenu dans l’image de . Supposons qu’il existe un élément
de l’image de
qui n’appartienne pas à
et soit une feuille représentant . Si était contenue dans
l’intersection des
adhérences
des composantes connexes des complémentaires des images de et qui contiennent respectivement et
(cas ci-dessous), alors puisque est continue, il existerait un élément de l’image de dont un représentant serait entrelacé avec
ou , ce qui est impossible car les feuilles de sont deux-à-deux non entrelacées.
Donc est contenue dans l’adhérence de la
composante connexe du complémentaire de ne contenant pas ou l’inverse (cas et ci-dessous).
Mais puisque est continue et comme sépare de (ou de ),
il existerait alors tel que (ou ) représente , et ne serait pas
injectif.
Donc si est un arc entre et , il a la même image que .
L’unique arc (à reparamétrage près) entre et est donc qui est isométrique à
, par construction. Ceci étant vrai pour toutes les paires de feuilles,
est un arbre réel.
Supposons que la mesure associée à ait un atome .
On remplace alors par une bande plate de largeur en recollant isométriquement chacune des
adhérences des
composantes
connexes du complémentaire de dans sur
les bords d’une copie, notée , de munie de
la distance
euclidienne. En procédant ainsi pour chacun des atomes de , on obtient une surface munie d’une structure plate et l’action par
isométries du groupe de revêtement sur privé des images des atomes de se prolonge
de manière unique en une
action par
isométries sur .
Soient un atome de , l’ensemble maximal des géodésiques de la bande plate
de correspondante qui sont parallèles à ses bords, et un segment géodésique
de qui relie orthogonalement les bords de . Alors
l’application définie par
est un homéomorphisme. Donc on peut munir de la mesure , où
est la mesure proportionnelle à la mesure de Lebesgue sur , de masse .
On définit alors la lamination plate mesurée -invariante de
en remplaçant les atomes
de
par les
ensembles munis des mesures boréliennes . L’application de dans induite par
le plongement isométrique canonique de chacune des composantes connexes du complémentaire, dans ,
de , dans , et
telle
que l’image de toutes les feuilles d’une bande plate soit égale à (si est un atome de
), est continue, surjective et -équivariante, et la mesure image de par cette application est .
Alors n’a pas d’atome et on définit l’arbre dual à comme étant l’arbre dual à
.
8 Action du groupe de revêtement sur l’arbre dual à une lamination plate mesurée.
Dans cette partie, on reprend les définitions et notations de la partie 7 et on définit l’action canonique du groupe de revêtement
sur l’arbre dual à l’image réciproque de la lamination plate mesurée
dans . On peut toujours supposer que n’a pas d’atome, quitte à procéder comme au dernier
paragraphe de la partie 7. Puisque est fixée,
on notera
pour toutes les feuilles ,
de
.
Le groupe de revêtement agit sur par isométries, donc définit une action sur l’ensemble
des géodésiques
de définies à changements d’origines près. Par -invariance, cette action définit une action sur ,
et comme pour tout on a et
, pour toutes
les feuilles et de , elle passe au quotient
et définit une action par isométries de sur l’arbre dual à défini au lemme
7.3.
Lemme 8.1
Pour tout , si est un axe de translation de dans et
est la projection de , pour ,
dans , alors la distance de translation de dans est égale à . De plus, si
, l’axe de translation
de est l’image dans de l’ensemble des feuilles de qui sont entrelacées avec .
Démonstration. Il suffit de démontrer le lemme dans le cas où est primitif.
Cas . Supposons que . Alors est entrelacée
avec au moins une feuille de
. Soit un domaine fondamental de pour l’action
par translations de
tel que appartienne à une feuille de entrelacée avec .
Alors l’ensemble des feuilles de contenues dans l’intersection des adhérences de la composante connexe de
contenant et de la composante connexe de
contenant , privé de , est un domaine fondamental de
pour l’action de . De plus, le sous-ensemble des feuilles de qui sont entrelacées avec
(et donc intersectent non trivialement )
est égal à
, donc d’après le lemme 6.1 et
comme , on a .
Comme est un ensemble fondamental de pour l’action de , si est une feuille de
, il existe un unique tel que appartienne à .
On note , et
. Alors et n’appartiennent pas à . Comme
les feuilles de sont deux-à-deux non entrelacées, les feuilles de
appartiennent à , et
,
car est un domaine fondamental de pour l’action de . Par -invariance de ,
on a
Donc . En particulier, on a et
l’isométrie de est hyperbolique, et donc admet un axe de translation.
De plus, si n’est pas entrelacée avec
, alors les feuilles , et non plus. Or,
on a vu que est contenu dans et
que contient la réunion des ensembles et dont l’intersection est
.
Supposons que soit égale à , i.e.
. Puisque est de support ,
cela signifie que l’intersection
est égale
à et donc qu’il n’existe pas de
feuille de contenue dans l’adhérence du complémentaire de qui contient
, qui ne soit pas entrelacée avec (il n’y a pas de feuille telle qu’en pointillés sur la figure).
Mais alors ou bien l’ensemble est réduit à et ,
ou bien il a un minimum (pour la
relation d’ordre total sur définie à la remarque 7.2)
distinct de , soit .
Alors et comme appartient à , il
est entrelacé avec par hypothèse.
Donc l’image de dans appartient
à l’axe de
translation de dans et par -invariance, l’image de aussi. Donc si , la distance de
translation est égale à et l’axe de translation de
est l’image de l’ensemble des feuilles de qui sont entrelacées avec un axe de
translation de sur .
Cas . Supposons que , c’est-à-dire que n’est entrelacée avec aucune
feuille de . Si a le même couple de points à l’infini qu’une feuille de
,
alors et est un point fixe de dans .
Sinon, on note
. D’après le lemme 2.2,
aucune feuille de n’est positivement périodique sans être périodique, donc d’après [Mor, Lem. 4.13 et 4.14], les points et
ne sont un point à l’infini d’aucune feuille de .
On rappelle que l’ordre cyclique total sur
définit une relation d’ordre total sur défini par pour tout
et si et seulement si
pour tout
(voir [Mor, Rem. 2.9] pour la définition de et [Wol, Déf. 2.23] pour la définition de ).
Soient une feuille de et son couple de points à l’infini.
Puisque les feuilles de
sont deux-à-deux non entrelacées, si
est le couple de points à l’infini d’une feuille , telle que et ,
alors .
Donc,
par compacité de , quitte à remplacer
, on peut supposer qu’il n’existe pas de telle feuille telles que et . De même, si
est contenue dans une bande plate, on peut toujours supposer qu’il n’existe pas de feuille contenue dans cette bande plate qui
soit contenue dans l’intersection des adhérences des composantes connexes de contenant
et de
contenant , hormis .
Or, l’action de sur est une action de type Nord-Sud, dont les points fixes sont et ,
représentée par les flèches sur le dessin.
Donc , et puisque et ne sont pas entrelacées, on a aussi
. Supposons qu’il existe une feuille ,
de couple de points à l’infini . Comme n’est pas entrelacée avec et par hypothèse sur
, quitte à remplacer par son inverse, on a et
, et . Mais alors et , avec
, ce qui contredit l’hypothèse faite sur . Donc
et .
Donc est un point fixe de dans .
9 Liens entre l’arbre dual à une lamination plate mesurée et l’arbre dual à la lamination hyperbolique mesurée correspondante.
Dans cette partie, on reprend les notations et conventions de la partie 5. Nous commençons par rappeler la définition
de l’arbre dual à une lamination hyperbolique mesurée (voir par exemple [MS, §1]), avec une présentation nouvelle qui nous permettra de définir une
isométrie -équivariante entre l’arbre dual à une lamination plate mesurée et l’arbre dual à la lamination hyperbolique mesurée correspondante.
Soit une lamination hyperbolique
mesurée de et son image réciproque dans . Alors est -invariante et elle définit une mesure
(voir [Bon2, Prop. 17 p. 154]). Si est un atome de , on remplace
par une bande plate de largeur feuilletée par des droites parallèles aux bords. En procédant ainsi pour chacun des
atomes de , on obtient une lamination géodésique sur une surface munie d’une métrique , qui est et localement
dans le complémentaire des bandes plates, et l’action par isométries de sur se prolonge de manière unique en une action
par isométries sur .
Remarquons que l’espace est un espace métrique enrubanné, et on est dans le cadre de la généralisation des
laminations géodésiques
proposée dans [Mor].
De plus, pour chaque bande plate associée à un atome de , si
est un segment qui
relie orthogonalement les deux bords de , alors l’application de l’ensemble des feuilles de contenues dans
dans définie par est un homéomorphisme. Donc on peut munir l’ensemble des feuilles contenues dans
de la mesure où
est la mesure proportionnelle à la mesure de Lebesgue sur , de masse .
La mesure égale à en dehors des atomes et égale à sur l’ensemble des feuilles
feuilletant la bande plate associée à , pour chaque atome de ,
est une mesure de Radon sur qui est
-invariante, sans atome et de support égal à .
Si et sont des feuilles de ,
et si est un segment géodésique joignant leurs images, on note (ou plus rapidement
) l’ensemble compact des feuilles de
qui sont contenues dans l’intersection des adhérences des composantes connexes des complémentaires de
et qui contiennent respectivement et ,
et qui intersectent non trivialement. Alors de même que dans la partie 7,
l’ensemble ne dépend pas du choix de , il est compact et muni d’un ordre total, que l’on note
toujours , défini par si et seulement si . On définit aussi une pseudo-distance
sur par
pour toutes les feuilles , de , et
le quotient de par la relation d’équivalence
si et seulement si
(ou de manière équivalente,
) est un arbre réel que l’on appelle l’arbre dual à .
Pour tout
,
et
pour toutes
les feuilles et de , donc l’action de sur passe au quotient et définit
une action par isométries sur .
On se convainct aisément qu’il existe une isométrie -équivariante entre l’arbre dual ainsi construit, et celui construit par exemple dans
[MS, §1], en identifiant les feuilles de et les composantes connexes du complémentaire du support de
qu’elles bordent.
Soient une lamination plate mesurée de , la mesure qu’elle définit sur
et son image par (voir le lemme 5.1). On note
la lamination hyperbolique mesurée définie par , et et les lamination géodésique
sur et mesure de Radon sur associées à par la construction ci-dessus.
On suppose (quitte à procéder comme dans
le dernier paragraphe de la partie 7) que n’a pas d’atome.
Si est un atome de , et si est l’ensemble des feuilles de auxquelles correspond
(voir [Mor, §4.2]),
il existe des bandes plates maximales de et de qui contiennent respectivement et
l’ensemble des feuilles de
qui correspondent à dans la construction ci-dessus. On note et (resp.
et ) les feuilles extrémales de (resp. ), c’est-à-dire telles
que
et .
Alors il existe une unique application telle que pour toute
, on ait .
On note alors l’application de dans
égale à en dehors des images réciproques des atomes de (voir [Mor, §4.2]) et à
sur les ensembles
où est un atome de . Alors par construction, pour toutes les
feuilles et de , on a . Donc l’application passe au quotient et définit
une application
, où
et sont respectivement les arbres duaux à
et à .
Lemme 9.1
L’application est une isométrie -équivariante.
Démonstration. Si et sont des feuilles de , on a
et comme
, l’application est isométrique. De plus, est surjective donc, par passage au quotient,
aussi et c’est une isométrie. Enfin, comme , l’application
est -équivariante et par passage au quotient, aussi.
Références
[Bon1]
F. Bonahon.
Geodesic laminations on surfaces.
Contemp. Math. Vol.00 (1997).
[Bon2]
F. Bonahon.
The geometry of Teichmüller space via geodesic currents.
Invent. Math. 92 (1988) 139–162.
[Mor]
T. Morzadec.
Laminations géodésiques plates.2013.
[MS]
J. Morgan and P. Shalen.
Free actions of surface groups on -trees.
Topology 30 (1991) 143–154.
[Ota]
J.-P. Otal.
Le spectre marqué des longueurs des surfaces à courbure
négative.
Ann. Math. 131 (1990) 151–162.
[Wol]
M. Wolf.
Connected components of the compactification of representation
spaces of surface groups.
Geom. and Topo. 15 (2011) 1225–1295.
Département de mathématique, UMR 8628 CNRS, Université Paris-Sud, Bât. 430, F-91405 Orsay Cedex, FRANCE.
Bureau : 16.