Théories homotopiques des 2-catégories
Résumé
Ce texte développe les premiers éléments d’une théorie de l’homotopie des -catégories analogue à la théorie de l’homotopie des catégories développée par Grothendieck dans Pursuing Stacks. On y définit la notion de localisateur fondamental de -, généralisation -catégorique de la notion de localisateur fondamental due à Grothendieck, et l’on montre que les théories homotopiques de et - sont équivalentes en un sens remarquablement fort: il existe un isomorphisme compatible à l’opération de localisation entre les classes ordonnées par inclusion des localisateurs fondamentaux de et de -. Cela permet notamment d’en déduire une caractérisation purement -catégorique de la notion d’équivalence faible homotopique dans -, sans faire appel aux espaces topologiques ou aux ensembles simpliciaux.
Abstract
This text develops a homotopy theory of -categories analogous to Grothendieck’s homotopy theory of categories developed in Pursuing Stacks. We define the notion of basic localizer of -, -categorical generalization of Grothendieck’s notion of basic localizer, and we show that the homotopy theories of and - are equivalent in a remarkably strong sense: there is an isomorphism, compatible with localization, between the ordered classes of basic localizers of and -. It follows that weak homotopy equivalences in - can be characterised in an internal way, without mentioning topological spaces or simplicial sets.
1 Introduction
Ce travail s’inscrit dans une entreprise de généralisation de la théorie de l’homotopie ÇÊde GrothendieckÊÈ aux catégories supérieures.
Les objets de base de la théorie de l’homotopie sont, classiquement, les espaces topologiques ou les CW-complexes. Les ensembles simpliciaux permettent une approche plus combinatoire. L’équivalence des deux points de vue se précise au moyen de la théorie des catégories de modèles de Quillen : il existe une équivalence de Quillen entre la catégorie des espaces topologiques et celle des ensembles simpliciaux , ces deux catégories se trouvant munies des structures de catégories de modèles dégagées par Quillen dans [19].
Dans Pursuing Stacks [16], Grothendieck développe une théorie de l’homotopie fondée non pas sur la catégorie des espaces topologiques, non plus que sur celle des ensembles simpliciaux, mais sur la catégorie des petites catégories, ÇÊvue avec un Ïil de géomètre par l’ensemble d’intuitions, étonnamment riche, provenant des toposÊÈ [15]. Son travail l’amène à dégager la notion de catégorie test, petite catégorie dont le topos des préfaisceaux modélise canoniquement les types d’homotopie, notion dont la catégorie des simplexes constitue le paradigme historique. S’apercevant qu’il n’a, pour étudier la théorie des catégories test, utilisé qu’un petit nombre de propriétés formelles des équivalences faibles homotopiques classiques de Ñ définies comme étant les foncteurs dont le nerf est une équivalence faible simpliciale Ñ, il définit la notion de localisateur fondamental comme étant une classe de morphismes de vérifiant ces propriétés, dont la plus importante est le Théorème A de Quillen. Ë tout localisateur fondamental sont associées diverses notions, non seulement celle de catégorie test et ses variantes, mais également, par exemple, celles de foncteur propre et de foncteur lisse, définies par des propriétés de changement de base analogues à celles des théorèmes de changement de base propre ou lisse en géométrie algébrique. La théorie de l’homotopie de Grothendieck généralise une part fondamentale de la théorieÊÇÊclassiqueÊÈ de l’homotopie simpliciale, dont elle propose une approche conceptuelle remarquablement fructueuse. Elle a été dégagée et développée par Grothendieck dans [16], présentée de façon plus ÇÊbourbachiqueÊÈ par Maltsiniotis dans [18] et développée plus avant par Cisinski, notamment dans sa thèse [8] puis dans [10]. C’est à Cisinski que l’on doit la démonstration de deux conjectures fondamentales de Grothendieck en ce domaine : la minimalité du localisateur fondamental ÇÊclassiqueÊÈ de , c’est-à-dire de la classe des morphismes de dont le nerf est une équivalence faible simpliciale, et l’existence, pour essentiellement tout localisateur fondamental111La seule hypothèse, anodine, est de nature ensembliste., d’une structure de catégorie de modèles sur dont le localisateur fondamental considéré constitue précisément la classe des équivalences faibles, généralisant le résultat de Thomason [22]. Ces structures sont obtenues par ÇÊtransfertÊÈ à partir de structures de catégories de modèles sur la catégorie des ensembles simpliciaux.
De nombreuses structures catégoriques supérieures et simpliciales sont désormais utilisées tant en théorie de l’homotopie proprement dite qu’en géométrie. Nous introduisons dans cet article la notion de localisateur fondamental de -, classe de -foncteurs vérifiant des propriétés formelles analogues à celles de l’axiomatique des localisateurs fondamentaux de Grothendieck, que nous appellerons désormais localisateurs fondamentaux de . Ë tout localisateur fondamental de - devraient se trouver attachées, entre autres, des notions de -catégorie test, -foncteur propre et -foncteur lisse, qui n’ont pas encore été suffisamment étudiées pour que nous les présentions ici. Plus généralement, bien sûr, on peut espérer développer à terme une théorie de l’homotopie ÇÊà la GrothendieckÊÈ des -catégories pour quelconque. Signalons qu’en dépit des obstacles conceptuels, une avancée dans cette direction a été réalisée récemment par Ara et Maltsiniotis, qui dégagent dans [2] un petit nombre de conditions à vérifier pour établir l’existence d’une structure de catégorie de modèles ÇÊà la ThomasonÊÈ sur la catégorie des -catégories et -foncteurs stricts. Ils démontrent ces conditions dans le cas , et donc l’existence d’une structure de catégorie de modèles sur - dont les équivalences faibles sont les -foncteurs stricts dont le nerf est une équivalence faible simpliciale. Dans le cas , ils retrouvent le résultat de Thomason qu’avait généralisé Cisinski.
Ë partir de la forme absolue de la généralisation du Théorème A de Quillen aux -foncteurs stricts démontrée par Bullejos et Cegarra [3], on en obtient facilement une version relative, ce qui permet de dégager une notion de localisateur fondamental de -, point de départ d’une théorie de l’homotopie des -catégories222Signalons une fois pour toutes que, par ÇÊ-catégorieÊÈ, nous entendons ÇÊ-catégorie stricteÊÈ. généralisant les notions et résultats de Grothendieck et Cisinski. Nous consacrons la plus grande partie du présent article à l’étude des relations entre localisateurs fondamentaux de et de -. On explicite notamment un isomorphisme remarquable entre la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de et la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de -, cet isomorphisme ayant de plus la propriété d’induire des équivalences de catégories entre les catégories localisées de et de -. Pour établir ce résultat, on définit également la notion de localisateur fondamental de (la catégorie dont les objets sont les petites -catégories et dont les morphismes sont les -foncteurs lax), les propriétés homotopiques d’un adjoint à gauche de l’inclusion canonique construit par Bénabou permettant de passer de à - et réciproquement par l’intermédiaire de . Cela confirme l’importance des morphismes non stricts en théorie de l’homotopie des catégories supérieures, importance visible également dans [2] et que l’on peut déjà percevoir dans [3], [5] ou [23] (bien que la démonstration de l’énoncé principal de ce dernier article soit fausse).
Dans [9], Cisinski démontre notamment la conjecture de Grothendieck affirmant que l’intersection de tous les localisateurs fondamentaux de , le localisateur fondamental minimal de , n’est autre que la classe des foncteurs entre petites catégories dont le nerf est une équivalence faible simpliciale. Nos résultats permettent d’en déduire un analogue -dimensionnel : l’intersection de tous les localisateurs fondamentaux de -, le localisateur fondamental minimal de - n’est autre que la classe des -foncteurs stricts dont le nerf est une équivalence faible simpliciale. En particulier, de même que le résultat de Cisinski fournit une caractérisation purement catégorique des équivalences faibles de , sans faire appel aux espaces topologiques ou aux ensembles simpliciaux, les nôtres fournissent une caractérisation purement -catégorique des -foncteurs dont le nerf est une équivalence faible simpliciale. Pour un aperçu de la profondeur de cette propriété de minimalité, on pourra se reporter à [11].
Le présent texte fait suite à l’article [7], dont les résultats permettent notamment d’affirmer que les -foncteurs stricts dont le nerf est une équivalence faible simpliciale forment un localisateur fondamental de -. Même si l’objectif principal de [7] consistait à démontrer la version -catégorique la plus générale possible du Théorème A de Quillen, et que la notion de localisateur fondamental n’y est mentionnée que dans l’introduction, nous conseillons au lecteur de parcourir [7], dont nous reprenons ici certains éléments. Indépendamment de cela, le présent texte adopte un point de vue qu’il sera probablement plus facile d’appréhender après avoir parcouru, sinon lu, non seulement [7], mais aussi [9] et [18], en attendant la publication de [16]. De plus, le présent article généralise les résultats de [7] au cas de localisateurs fondamentaux arbitraires de -.
Après cette introduction, nous rappelons dans la deuxième section des résultats de Quillen, Grothendieck et Cisinski, concernant tous la dimension .
Dans la troisième section, nous rappelons certaines des notions -catégoriques introduites dans [7]. On les complète par deux constructions duales d’intégration de -foncteurs et l’on en souligne une propriété homotopique. Nous concluons la section par un exposé de divers foncteurs nerfs, Carrasco, Cegarra et Garzón ayant montré dans [4] qu’ils sont tous homotopiquement équivalents.
Dans la quatrième section, nous étudions les premières propriétés des classes de -foncteurs stricts obtenues à partir d’un localisateur fondamental de par image réciproque du foncteur Ç catégorie des éléments du nerfÊÈ. On montrera plus loin que tous les localisateurs fondamentaux de - s’obtiennent ainsi.
La cinquième section pose la définition de la notion de localisateur fondamental de -. C’est une classe de -foncteurs stricts vérifiant un petit nombre de propriétés dont la plus importante est une version -catégorique du Théorème A de Quillen. Nous dégageons les premières conséquences de la définition, notamment l’invariance par dualité, propriété fondamentale déjà non triviale dans le cas de , dont l’on adapte la démonstration dans celui, plus subtil, de -.
Dans la sixième section, nous explicitons l’isomorphisme annoncé entre la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de et la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de -. Il est compatible à l’opération de localisation. Nous en déduisons une caractérisation purement interne à - de la classe des -foncteurs stricts dont le nerf est une équivalence faible simpliciale : c’est le plus petit localisateur fondamental de -.
Nous utilisons les résultats obtenus pour en déduire, dans la septième section, un analogue -catégorique d’une caractérisation, due à Cisinski, des équivalences faibles classiques de à l’aide du Théorème B de Quillen.
Dans un article [1] faisant suite au présent texte, Dimitri Ara explique comment nos résultats permettent de déduire de ceux obtenus par lui-même et Maltsiniotis dans [2] et de la théorie développée par Cisinski dans [10] qu’à tout localisateur fondamental (satisfaisant une condition ensembliste anodine) de - est associée une structure de catégorie de modèles de Quillen sur - dont la classe des équivalences faibles est exactement . Il montre que les structures de catégorie de modèles Ç à la Thomason È ainsi obtenues modélisent exactement les localisations de Bousfield à gauche combinatoires de la structure de catégorie de modèles classique sur les ensembles simpliciaux. Nous renvoyons à [1] pour plus de détails.
Notations.
Nous notons la catégorie des petites catégories et la catégorie des catégories (pas forcément petites). Pour toute petite catégorie , désigne la catégorie des préfaisceaux d’ensembles sur . On notera la catégorie des simplexes, et donc la catégorie des ensembles simpliciaux. On note la catégorie associée à l’ensemble ordonné naturellement pour un entier et l’image de cette catégorie, objet de , par le plongement de Yoneda . On notera le foncteur nerf ÇÊclassiqueÊÈ. Pour toute petite catégorie , (resp. ) désigne les objets (resp. les morphismes) de . On notera la catégorie ponctuelle, n’ayant qu’un seul objet et qu’un seul morphisme (l’identité de l’unique objet). On la confondra, dans les notations, avec la -catégorie ponctuelle, n’ayant qu’un seul objet, qu’une seule -cellule et qu’une seule -cellule.
2 Localisateurs fondamentaux de
Définition 2.1.
Une application continue entre espaces topologiques est une équivalence faible topologique, ou plus simplement une équivalence faible, si elle induit une bijection au niveau des et des isomorphismes entre les groupes d’homotopie pour tout choix de point base. Plus précisément, est une équivalence faible si
est une bijection et, pour tout point de et tout entier ,
est un isomorphisme de groupes.
Définition 2.2.
Un morphisme d’ensembles simpliciaux est une équivalence faible simpliciale, ou plus simplement une équivalence faible, si son image par le foncteur de réalisation géométrique est une équivalence faible topologique. On notera la classe des équivalences faibles simpliciales.
Définition 2.3.
Un foncteur entre petites catégories est une équivalence faible catégorique, ou plus simplement une équivalence faible, si son image par le foncteur nerf est une équivalence faible simpliciale. On note la classe des équivalences faibles de .
2.4.
Pour tout préfaisceau d’ensembles sur une petite catégorie , on note la catégorie des éléments de . Ses objets sont les couples , avec un objet de et un objet de . En vertu du lemme de Yoneda, l’on peut donc considérer comme un morphisme de préfaisceaux sur . Les morphismes de vers sont les morphismes de tels que . Cela permet de définir un foncteur
pour toute petite catégorie .
Le théorème 2.5 est attribué à Quillen par Illusie dans [17]. On pourra consulter [17, volume 2, chapitre 6, section 3], et plus précisément [17, volume 2, chapitre 6, section 3, corollaire 3.3.1].
Théorème 2.5 (Quillen).
On a l’égalité
De plus, les foncteurs nerf et catégorie des éléments induisent des équivalences de catégories quasi-inverses l’une de l’autre
et
Définition 2.6.
Soit une petite catégorie. Une classe est dite faiblement saturée si elle vérifie les conditions suivantes.
-
FS1
Les identités des objets de sont dans .
-
FS2
Si deux des trois flèches d’un triangle commutatif sont dans , alors la troisième l’est aussi.
-
FS3
Si et sont des morphismes de vérifiant et si est dans , alors il en est de même de (et donc aussi de en vertu de ce qui précède).
Remarque 2.7.
On appellera souvent la condition FS2 propriété de Ç 2 sur 3ÊÈ.
Pour tout morphisme de et tout objet de , nous noterons la catégorie dont les objets sont les couples , avec un objet de et un morphisme de , et dont les morphismes de vers sont les morphismes de tels que .
Pour tout diagramme commutatif
dans et tout objet de , on notera le foncteur défini par
Définition 2.8 (Grothendieck).
Un localisateur fondamental de est une classe de morphismes de vérifiant les conditions suivantes.
-
LA
La partie de est faiblement saturée.
-
LB
Si est une petite catégorie admettant un objet final, alors le morphisme canonique est dans .
-
LC
Si
désigne un triangle commutatif dans et si, pour tout objet de , le foncteur est dans , alors est dans .
Exemple 2.9.
La classe des équivalences faibles topologiques est faiblement saturée. Par fonctorialité, est donc faiblement saturée. En vertu de [20, p. 84, corollaire 2], elle vérifie la condition LB. La condition LC n’est rien d’autre, dans ce cas, que la forme relative du Théorème A de Quillen [20, p. 93, Théorème A]. La classe est donc un localisateur fondamental de . C’en est même le paradigme justifiant historiquement l’introduction de cette notion. Pour plus de détails, on pourra se reporter à [16] ou à l’introduction de [18].
2.10.
Théorème 2.11 (Cisinski).
Le localisateur fondamental minimal de est .
2.12.
Pour toute petite catégorie , pour tout foncteur , on note la catégorie (opfibrée sur ) dont les objets sont les couples , avec un objet de et un objet de , et dont les morphismes de vers sont les couples , avec un morphisme de et un morphisme de , les unités et compositions étant définies de façon évidente. On peut étendre de façon naturelle cette construction aux morphismes de foncteurs : pour tous foncteurs et de dans , pour tout morphisme de foncteurs , on construit un foncteur . On notera que le foncteur n’est rien d’autre qu’une forme duale de cette construction, en considérant la catégorie des ensembles comme une sous-catégorie de .
2.13.
Soient et deux petites catégories et un foncteur. On peut considérer les foncteurs
et
Le lemme 2.14 est immédiat.
Lemme 2.14.
Soient et deux petites catégories et un foncteur. On a des isomorphismes canoniques
Jusqu’à la fin de cette section, on suppose fixé un localisateur fondamental de . On appellera -équivalences faibles, ou plus simplement équivalences faibles, les éléments de .
Proposition 2.15.
Soient une petite catégorie, et deux foncteurs de vers et un morphisme de foncteurs. Supposons que, pour tout objet de , soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible.
Démonstration.
C’est, par exemple, [18, proposition 2.3.1]. ∎
Définition 2.16.
On dit qu’un morphisme de préfaisceaux sur une petite catégorie est une équivalence faible (de préfaisceaux) si son image par le foncteur est une équivalence faible (de ). On notera la classe des équivalences faibles de préfaisceaux sur .
Lemme 2.17.
Soient et deux petites catégories et un morphisme de . Supposons que, pour tout objet de , le morphisme soit dans . Alors, est dans .
Démonstration.
Supposons que, pour tout objet de , le morphisme soit dans , c’est-à-dire que le foncteur soit dans . Il s’agit de montrer que est dans , c’est-à-dire que la flèche est dans . Pour cela, il suffit d’invoquer le lemme 2.14 (ou plutôt l’énoncé dual) qui permet d’identifier à et de constater que le dernier terme est bien dans en vertu des hypothèses et de la proposition 2.15, l’assignation définissant un morphisme de foncteurs de vers . ∎
Définition 2.18.
On dit qu’une petite catégorie est -asphérique, ou plus simplement asphérique, si le foncteur canonique est une équivalence faible. Un morphisme de est W-asphérique, ou plus simplement asphérique si, pour tout objet de , la catégorie est asphérique.
Remarque 2.19.
Un foncteur asphérique est donc une équivalence faible.
Tout morphisme de en induit un autre, que l’on notera , défini par
Proposition 2.20.
Soient et deux petites catégories asphériques et un morphisme de . Les deux conditions suivantes sont équivalentes.
-
(i)
Le foncteur est asphérique.
-
(ii)
Si est une équivalence faible de , alors est une équivalence faible de .
Démonstration.
C’est une partie de l’énoncé de [18, proposition 1.2.9]. ∎
Remarque 2.21.
Ë toute notion de localisateur fondamental de se rattachent non seulement celles d’équivalence faible de (élément du localisateur fondamental) et de petite catégorie asphérique (définition 2.18), mais également, pour toute petite catégorie , d’équivalence faible dans la catégorie des préfaisceaux sur (définition 2.16) ainsi que de préfaisceau asphérique sur . Il reste à définir cette dernière notion : on dit qu’un préfaisceau sur est asphérique si la catégorie est asphérique. Ainsi, est asphérique si et seulement si le préfaisceau final sur est asphérique. Voir notamment [18, 1.2.5 et 1.2.6] pour des détails. On peut alors compléter la proposition 2.20 par l’énoncé suivant : sous les mêmes données, est asphérique si et seulement si, pour tout objet de , le préfaisceau sur est asphérique (c’est une autre partie de [18, proposition 1.2.9]).
Définition 2.22.
On dit qu’une petite catégorie est totalement -asphérique, ou plus simplement totalement asphérique, si elle est asphérique et si le foncteur diagonal
est asphérique.
Remarque 2.23.
En conservant les mêmes notations, le foncteur est asphérique si et seulement si, pour tous objets et de , le produit de préfaisceaux représentables est un préfaisceau asphérique. De plus, si est non vide et que le foncteur est asphérique, alors est asphérique (voir la démonstration de [18, proposition 1.6.1]).
Proposition 2.24.
La catégorie des simplexes est totalement asphérique.
Démonstration.
La -asphéricité de est évidente en vertu de la remarque 2.23 (cela résulte de la stabilité des équivalences faibles simpliciales par produit). On peut donc conclure dans le cas d’un localisateur fondamental quelconque de en vertu de la minimalité de (théorème 2.11). Pour un argument plus élémentaire, n’utilisant pas cette propriété de minimalité, nous renvoyons le lecteur à la démonstration de [18, proposition 1.6.13]. ∎
Proposition 2.25.
Soient une petite catégorie totalement asphérique et un morphisme de . Si, pour tout objet de , le morphisme est dans , alors est dans .
Démonstration.
Proposition 2.26.
Pour toute petite catégorie , le foncteur
est asphérique (donc en particulier une équivalence faible).
Démonstration.
C’est [9, proposition 2.2.3], attribuée à Grothendieck. On vérifie facilement que, pour tout objet de , la catégorie s’identifie canoniquement à . Or, la catégorie admet un objet final et, pour toute petite catégorie admettant un objet final, la catégorie est contractile, comme on peut le montrer en en construisant un endomorphisme constant homotope à l’identité. ∎
Proposition 2.27.
On a l’égalité
Démonstration.
C’est une conséquence immédiate de la proposition 2.26, par un argument de ÇÊ sur ÊÈ. ∎
3 Formalisme -catégorique
3.1.
On suppose connues les notions de -catégorie, -foncteur strict, -foncteur lax et -foncteur colax333Parfois qualifié d’ÇÊoplaxÊÈ dans la littérature.. Notre vocabulaire et nos notations (parfois idiosyncrasiques) seront similaires à ceux de [7]. Nous noterons - la catégorie dont les objets sont les petites -catégories et dont les morphismes sont les -foncteurs stricts. Nous noterons la catégorie dont les objets sont les petites -catégories et dont les morphismes sont les -foncteurs lax. Étant donné un -foncteur lax et et deux -cellules de telles que la composée fasse sens, nous noterons la -cellule structurale (ÇÊde compositionÊÈ) et, pour tout objet de , nous noterons la -cellule structurale (ÇÊd’unitéÊÈ) . Le -foncteur lax est dit normalisé si, pour tout objet de , la -cellule structurale d’unité est une identité (en particulier, ) et si, pour toute -cellule de , les -cellules structurales de composition et sont des identités. On notera par un exposant ÇÊopÊÈ (resp. ÇÊcoÊÈ, resp. ÇÊcoopÊÈ) le ÇÊchangement de sens des -cellulesÊÈ (resp. des -cellules, resp. des -cellules et des -cellules). Pour tout couple d’objets et d’une -catégorie , on notera la catégorie dont les objets sont les -cellules de et dont les morphismes sont les -cellules de .
Définition 3.2.
Soient un -foncteur lax et un objet de . La -catégorie comma lax de au-dessus de relativement à est la -catégorie définie comme suit :
-
—
Les objets de sont les couples , avec un objet de et une -cellule de .
-
—
Si et sont deux objets de , les -cellules de vers dans sont les couples , avec une -cellule de et une -cellule de . Le diagramme à conserver en tête est le suivant :
-
—
Si et sont deux -cellules de vers dans , les -cellules de vers dans sont les -cellules dans telles que .
-
—
Les diverses composées et identités sont ÇÊévidentesÊÈ.
Soient un -foncteur lax et un objet de . La -catégorie opcomma lax de au-dessous de relativement à est la -catégorie définie par la formule
Soient un -foncteur colax et un objet de . La -catégorie comma colax de au-dessus de relativement à est la -catégorie définie par la formule
Soient un -foncteur colax et un objet de . La -catégorie opcomma colax de au-dessous de relativement à est la -catégorie définie par la formule
Si est un objet de la -catégorie , on notera (resp. , resp. , resp. ) la -catégorie (resp. , resp. , resp. ).
On rappelle maintenant la définition, introduite dans [7], de la notion d’objet final (resp. initial) d’un objet d’une -catégorie.
Définition 3.3.
On dira qu’un objet d’une -catégorie admet un objet final si, pour tout objet de , la catégorie admet un objet final. On dira qu’il admet un objet initial s’il admet un objet final dans , autrement dit si, pour tout objet de , la catégorie admet un objet initial.
Exemple 3.4.
Un objet de la -catégorie admet un objet final (resp. initial) en ce sens si et seulement si c’est une catégorie admettant un objet final (resp. initial) au sens usuel ; c’est la raison de l’adoption de cette terminologie, suggérée par Jean Bénabou.
3.5.
Pour des raisons de commodité, l’on dira qu’une -catégorie op-admet (resp. co-admet, resp. coop-admet) une certaine propriété si (resp. , resp. ) vérifie cette propriété.
Exemple 3.6.
Pour toute petite -catégorie et tout objet de , la -catégorie admet un objet admettant un objet final. Plus précisément, l’objet est tel que, pour tout objet , le couple définit un objet final de la catégorie . Dualement, la -catégorie admet un objet admettant un objet initial, la -catégorie op-admet un objet admettant un objet final et la -catégorie op-admet un objet admettant un objet initial.
3.7.
Nous avons rappelé dans [7] la construction explicite d’un adjoint à gauche de l’inclusion , cas particulier d’une construction bicatégorique de Bénabou. On notera (resp. ) l’image par ce foncteur d’une -catégorie (resp. d’un -foncteur lax ). En notant et respectivement l’unité et la coünité de cette adjonction, on a donc en particulier, pour toute petite -catégorie , un -foncteur lax
et un -foncteur strict
On renvoie à [6, section 1.12] ou [7, section 5] pour une description de cette adjonction. Muni des formules, on vérifie sans difficulté le lemme 3.8. C’est [7, lemme 5.9].
Lemme 3.8.
Pour toute petite -catégorie , pour tout objet de , la -catégorie admet un objet admettant un objet final.
3.9.
Étant donné deux -foncteurs lax (ou deux -foncteurs colax) et de vers , une transformation de vers correspond à la donnée d’une -cellule dans pour tout objet de et d’une -cellule dans pour toute -cellule dans , ces données vérifiant les conditions de cohérence bien connues. On dira que la transformation est relative aux objets si pour tout objet de . Avec les mêmes données, une optransformation de vers est une transformation de vers . De façon plus explicite, cela revient à se donner une -cellule dans pour tout objet de et une -cellule dans pour toute -cellule dans , ces données vérifiant les conditions de cohérence aussi bien connues que les précédentes. Si et sont stricts, nous appellerons transformation stricte de vers une transformation (ou, ce qui revient au même dans ce cas précis, une optransformation) de vers telle que la -cellule soit une identité pour toute -cellule de . On notera la -catégorie dont la catégorie sous-jacente est - et dont les -cellules sont les transformations strictes (c’est en fait la -catégorie sous-jacente à une 3-catégorie dont les 3-cellules sont les modifications).
Définition 3.10.
On dira qu’un -foncteur colax est un préadjoint à gauche colax si, pour tout objet de , la -catégorie admet un objet admettant un objet final.
On dira qu’un -foncteur lax est un préadjoint à gauche lax si est un préadjoint à gauche colax. Cette condition équivaut à la suivante : pour tout objet de , la -catégorie admet un objet admettant un objet initial.
On dira qu’un -foncteur colax est un préadjoint à droite colax si est un préadjoint à gauche colax. Cette condition équivaut à la suivante : pour tout objet de , la -catégorie op-admet un objet admettant un objet final.
On dira qu’un -foncteur lax est un préadjoint à droite lax si est un préadjoint à gauche colax. Cette condition équivaut à la suivante : pour tout objet de , la -catégorie op-admet un objet admettant un objet initial.
Remarque 3.11.
On renvoie à [6, section 1.6] pour une discussion relative aux apparitions de cette notion dans la littérature antérieure.
Exemple 3.12.
Toute équivalence de -catégories est un préadjoint à gauche lax, un préadjoint à gauche colax, un préadjoint à droite lax et un préadjoint à droite colax. Pour un rappel de la définition ainsi qu’une démonstration, on pourra se reporter à [6, paragraphe 1.6.11 et proposition 1.6.12].
Remarque 3.13.
Définition 3.14.
Soient un -foncteur strict et un objet de . On appelle fibre de au-dessus de la -catégorie, que l’on notera , dont les objets sont les objets de tels que , dont les -cellules de vers sont les -cellules de vers dans telles que et dont les -cellules de vers sont les -cellules de vers dans telles que , les diverses compositions et unités provenant de celles de de façon ÇÊévidenteÊÈ.
Remarque 3.15.
La -catégorie (resp. , resp. ) s’identifie canoniquement à (resp. , resp. ).
Définition 3.16.
On dira qu’un morphisme de - est une préfibration si, pour tout objet de , le -foncteur strict canonique
est un préadjoint à gauche lax.
On dira qu’un -foncteur strict est une préopfibration si est une préfibration, autrement dit si, pour tout objet de , le morphisme canonique est un préadjoint à droite lax.
On dira qu’un -foncteur strict est une précofibration si est une préfibration, autrement dit si, pour tout objet de , le morphisme canonique est un préadjoint à gauche colax.
On dira qu’un -foncteur strict est une précoopfibration si est une préfibration, autrement dit si, pour tout objet de , le morphisme canonique est un préadjoint à droite colax.
3.17.
On rappelle noter la -catégorie dont la catégorie sous-jacente est - et dont les -cellules sont les transformations strictes. On a déjà défini dans [7, section 3] (voir [6, section 1.10] pour davantage de détails), pour tout -foncteur strict , une -catégorie comme suit.
Les objets de sont les couples , avec un objet de et un objet de la -catégorie .
Les -cellules de vers dans sont les couples
dans lesquels est une -cellule de vers dans et une -cellule de vers dans .
Les -cellules de vers dans sont les couples
dans lesquels est une -cellule de vers dans et une -cellule de vers dans .
Les diverses unités et compositions sont définies de façon ÇÊévidenteÊÈ.
3.18.
De façon duale, pour tout -foncteur strict , on définit une -catégorie par la formule
En particulier, les objets sont les couples , avec un objet de et un objet de . Les -cellules de vers sont les couples , avec une -cellule de et une -cellule de . Les -cellules de vers sont les couples , avec une -cellule de et une -cellule de .
Remarque 3.19.
En considérant la catégorie des ensembles comme une sous-catégorie de , on peut considérer la restriction de à la catégorie . Ce n’est rien d’autre que le foncteur .
3.20.
De façon duale, pour tout -foncteur strict , on définit une -catégorie par la formule
En particulier, les objets sont les couples , avec un objet de et un objet de . Les -cellules de vers sont les couples , et étant des -cellules de et respectivement. Les -cellules de vers sont les couples , et étant des -cellules dans et respectivement.
3.21.
Soient un -foncteur strict et un objet de . La projection canonique
est un -foncteur strict. Des calculs ne présentant guère de difficulté (voir [6, proposition 1.10.7] ou [7, proposition 3.2]) permettent de vérifier que le -foncteur strict canonique est un préadjoint à droite colax. Autrement dit, est une précoopfibration. On vérifie que le -foncteur strict
est une rétraction de . De plus, des calculs supplémentaires et tout aussi passionnants montrent qu’il s’agit d’un préadjoint à gauche lax444Comme on l’a déjà signalé, l’existence d’un morphisme lax allant dans le sens opposé à celui de résulte de propriétés générales des préadjoints. En revanche, le caractère strict de ce morphisme comme sa propriété d’être lui-même un préadjoint ne sont pas vérifiés en général.. Des résultats analogues sont bien entendu valables pour les constructions duales introduites dans les paragraphes 3.18 et 3.20.
Définition 3.22.
Soient une petite -catégorie et un entier.
-
On note
l’ensemble des -foncteurs lax de vers et l’ensemble simplicial
dont les faces et dégénérescences sont définies de la façon ÇÊévidenteÊÈ.
Cela permet de définir un foncteur nerf lax
-
On note
l’ensemble des -foncteurs lax normalisés de vers et l’ensemble simplicial
dont les faces et dégénérescences sont définies de la façon ÇÊévidenteÊÈ.
Cela permet de définir un foncteur nerf lax normalisé
-
On note
la catégorie dont les objets sont les -foncteurs lax normalisés de vers et dont les morphismes sont les transformations relatives aux objets entre tels -foncteurs lax normalisés et l’objet simplicial de
dont les faces et dégénérescences sont définies de la façon ÇÊévidenteÊÈ.
Cela permet de définir un foncteur nerf lax normalisé catégorique
-
On note
la catégorie dont les objets sont les -foncteurs stricts de vers et dont les morphismes sont les transformations relatives aux objets entre tels morphismes de -. Autrement dit, est la catégorie
On note l’objet simplicial de
dont les faces et dégénérescences sont définies de la façon ÇÊévidenteÊÈ.
Cela permet de définir un foncteur nerf strict
Remarque 3.23.
Insistons sur le fait que nous avons considéré le domaine de définition du nerf lax et du nerf lax normalisé comme étant et - respectivement. En particulier, bien que le nerf lax normalisé soit fonctoriel sur les -foncteurs lax normalisés, nous ne le considérons pas, sauf mention contraire, comme un foncteur de domaine la catégorie dont les objets sont les petites -catégories et dont les morphismes sont les -foncteurs lax normalisés, ce qui serait possible. Ce nerf n’est toutefois pas fonctoriel sur les -foncteurs lax généraux, propriété du nerf que nous utiliserons de façon cruciale. Le nerf est cependant plus familier aux catégoriciens. On pourra par exemple se reporter à [21, section 10]. On peut le construire de la façon suivante : pour tout entier positif , il existe une -catégorie dont les objets sont les entiers de à , dont les -cellules de vers sont les sous-ensembles de contenant et et dont les -cellules entre telles -cellules parallèles sont définies par l’opposée de la relation d’inclusion. Cela fournit un foncteur et donc, par un procédé classique de Kan, une adjonction entre et -, dont l’adjoint à droite n’est autre que le nerf .
3.24.
Pour tout entier , toute petite -catégorie et tout -foncteur lax , on notera l’image de par , l’image du morphisme de par et la -cellule structurale pour . Afin d’éviter toute confusion avec l’objet , on notera la -cellule structurale d’unité de associée à l’objet de . On a donc .
3.25.
Soit une petite -catégorie. On définit un -foncteur lax
comme suit. Pour tout objet de ,
Pour tout morphisme simplicial définissant un morphisme de vers dans ,
Pour tout objet de ,
Pour tout couple de morphismes composables et de ,
3.26.
Soit une petite -catégorie. On définit un -foncteur lax normalisé
par la condition de commutativité du diagramme
dans lequel désigne l’inclusion canonique.
3.27.
Soit une petite -catégorie. On définit un -foncteur lax normalisé
comme suit.
Pour tout objet de ,
Pour tout morphisme de ,
Pour tout objet de
Pour tout couple de morphismes composables et de ,
3.28.
Soit une petite -catégorie. On définit un -foncteur lax normalisé
par la condition de commutativité du diagramme
dans lequel désigne l’inclusion canonique.
Lemme 3.29.
Pour toute petite -catégorie , le diagramme
est commutatif, les flèches horizontales désignant les inclusions canoniques.
Démonstration.
En vertu des définitions, il suffit de vérifier l’égalité , ce qui ne pose aucune difficulté. ∎
4 De à -
Ë toute classe de morphismes de , on peut associer une classe de morphismes de -. On étudie maintenant les premières propriétés des classes de -foncteurs stricts obtenues par un tel procédé à partir d’un localisateur fondamental de , avant d’en entreprendre une étude plus axiomatique dans la section suivante.
Proposition 4.1 (Carrasco-Cegarra-Garzón).
Pour toute petite -catégorie et tout entier , les inclusions naturelles de catégories
et
sont dans (et donc des équivalences faibles pour tout localisateur fondamental de ).
Démonstration.
C’est une reformulation d’une partie des résultats de [4]. ∎
Remarque 4.2.
En particulier, pour tout morphisme de -, il existe un diagramme commutatif dans
dont les flèches verticales sont des -équivalences faibles, donc des équivalences faibles pour tout localisateur fondamental de . En particulier, pour tout localisateur fondamental de , pour tout morphisme de -, le foncteur est une équivalence faible si et seulement si le foncteur en est une.
Soit un localisateur fondamental de fixé.
Définition 4.3.
On notera la classe des morphismes de - dont l’image par le foncteur (ou, de façon équivalente en vertu de la remarque 4.2, l’image par le foncteur ) est une équivalence faible.
On appellera les éléments de des -équivalences faibles, ou plus simplement des équivalences faibles.
Remarque 4.4.
Par fonctorialité, la classe est faiblement saturée.
Définition 4.5.
On dira qu’une petite -catégorie est -asphérique, ou plus simplement asphérique, si le morphisme canonique est une équivalence faible.
Lemme 4.6.
Une petite -catégorie est -asphérique si et seulement si la catégorie est -asphérique.
Démonstration.
C’est immédiat, la catégorie étant -asphérique (elle admet un objet final) et la classe vérifiant la propriété de sur . ∎
Remarque 4.7.
Rappelons qu’un endofoncteur est dit constant s’il existe un foncteur tel que . Autrement dit, se factorise par la catégorie ponctuelle. En vertu de la saturation faible des localisateurs fondamentaux, une petite catégorie admettant un endofoncteur constant qui est une équivalence faible est asphérique.
Lemme 4.8.
Une petite -catégorie admettant un objet admettant un objet final est asphérique.
Démonstration.
Soit une petite -catégorie admettant un objet tel que, pour tout objet de , la catégorie admette un objet final. Pour montrer le résultat désiré, il suffit, en vertu du lemme 4.6, de vérifier que la catégorie est asphérique.
Pour tout objet de , on notera l’objet final de et, pour toute -cellule , on notera l’unique -cellule de vers dans . Pour tout -foncteur lax normalisé , on définit un -foncteur lax normalisé comme suit. Pour tout objet de , ; de plus, . Pour tout couple d’entiers , ; de plus, pour tout objet de . Pour tout triplet d’entiers , ; de plus, pour tout couple d’entiers . Pour tout morphisme simplicial , on définit un morphisme simplicial par si et . Cela permet de définir un endofoncteur
Considérons en outre l’endofoncteur constant
Pour tout objet de , posons
et
Cela définit des transformations naturelles et . Il en résulte que est une équivalence faible. Comme c’est un endofoncteur constant de , cette catégorie est asphérique (voir la remarque 4.7). ∎
Théorème 4.9.
Soit
un triangle commutatif dans -. Supposons que, pour tout objet de , le -foncteur strict induit par ces données
soit une équivalence faible. Alors, est une équivalence faible.
Démonstration.
Remarque 4.10.
Il est bien entendu possible de remplacer le -foncteur strict par , ou dans l’énoncé du théorème 4.9. On démontrera plus loin ces variantes, ainsi que des généralisations d’icelles, dans un cadre plus conceptuel.
5 Localisateurs fondamentaux de -
Définition 5.1.
Un localisateur fondamental de - est une classe de morphismes de - vérifiant les propriétés suivantes.
-
LF1
La classe est faiblement saturée.
-
LF2
Si une petite -catégorie admet un objet admettant un objet final, alors le morphisme canonique est dans .
-
LF3
Si
désigne un triangle commutatif dans - et si, pour tout objet de , le -foncteur strict induit par ces données
est dans , alors est dans .
Remarque 5.2.
Dans la suite, on commettra souvent l’abus de considérer comme une sous-catégorie (pleine) de -.
Remarque 5.3.
Si est un localisateur fondamental de -, alors est un localisateur fondamental de .
L’objectif principal de cet article consiste à montrer que tous les localisateurs fondamentaux de et tous les localisateurs fondamentaux de - s’obtiennent les premiers à partir des seconds et les seconds à partir des premiers par les opérations figurant dans les énoncés des remarques 5.2 et 5.3 respectivement, que ces deux opérations sont inverses l’une de l’autre et qu’elles induisent des équivalences de catégories entre les catégories homotopiques associées de et de -.
On suppose fixé un localisateur fondamental de -.
On appellera les éléments de des ou, plus simplement, si cela n’introduit aucune ambiguïté, des équivalences faibles.
Définition 5.4.
On dira qu’une petite -catégorie est -asphérique, ou plus simplement asphérique, si le morphisme canonique est dans . On dira qu’un -foncteur strict est -colax-asphérique, ou plus simplement colax-asphérique si, pour tout objet de , la -catégorie est asphérique.
Exemple 5.5.
Pour toute petite -catégorie et tout objet de , la -catégorie est asphérique, en vertu de l’exemple 3.6 et de l’axiome LF2. La condition LF3 et un argument de ÇÊ2 sur 3ÊÈ permettent donc d’affirmer qu’un -foncteur strict colax-asphérique est une équivalence faible.
Remarque 5.6.
La condition LF2 de la définition 5.1 est équivalente, modulo LF1 et LF3, à la suivante : pour toute petite -catégorie et tout objet de , le morphisme canonique est dans . L’énoncé analogue pour les localisateurs fondamentaux de est évident puisque, si une petite catégorie admet un objet final , les catégories et sont canoniquement isomorphes. Le cas de - est un peu plus subtil et nous le laissons en exercice (instructif, même si nous ne l’utiliserons pas).
Lemme 5.7.
Une -équivalence faible est une -équivalence faible. Une petite catégorie -asphérique est -asphérique.
Démonstration.
Le lemme 5.8 est immédiat.
Lemme 5.8.
Soient une petite -catégorie, un objet de et le morphisme de - défini par l’objet . Alors, pour tout objet de , est la -catégorie associée à la catégorie .
Lemme 5.9.
Une petite -catégorie op-admettant un objet admettant un objet initial est asphérique.
Démonstration.
Soient une petite -catégorie op-admettant un objet admettant un objet initial et soit un objet de tel que, pour tout objet de , la catégorie admette un objet initial. Considérons les -foncteurs et , le second étant défini par . En vertu du lemme 5.8, pour tout objet de , la -catégorie admet un objet admettant un objet final (elle admet également un objet admettant un objet initial). On en déduit que est asphérique pour tout objet de . Par conséquent, une équivalence faible. Comme , il résulte de la saturation faible de que est une équivalence faible. Par définition, est donc asphérique. ∎
Lemme 5.10.
Une petite -catégorie op-admettant un objet admettant un objet final est asphérique.
Démonstration.
Soit une petite -catégorie op-admettant un objet admettant un objet final et soit un objet de tel que, pour tout objet de , la catégorie admette un objet final. Considérons les -foncteurs et , le second étant défini par . En vertu du lemme 5.8, pour tout objet de , la -catégorie op-admet un objet admettant un objet initial (elle op-admet également un objet admettant un objet final). On en déduit que est asphérique pour tout objet de , en vertu du lemme 5.9. Par conséquent, est une équivalence faible. La saturation faible de permet d’en conclure que est asphérique. ∎
Corollaire 5.11.
Pour toute petite -catégorie et tout objet de , les -catégories et sont asphériques.
Lemme 5.12.
Un préadjoint à gauche colax est une équivalence faible.
Démonstration.
En vertu des définitions, cela résulte des conditions LF2 et LF3. ∎
Proposition 5.13.
Soient une petite -catégorie et un -foncteur strict tel que, pour tout objet de , la -catégorie soit asphérique. Alors, la projection canonique
est colax-asphérique (donc en particulier une équivalence faible).
Démonstration.
La fibre de au-dessus de s’identifiant à , elle est asphérique en vertu des hypothèses. On sait de plus (voir le paragraphe 3.21) qu’il existe un -foncteur strict
qui est un préadjoint à gauche colax, donc une équivalence faible en vertu du lemme 5.12. Par conséquent, la -catégorie est asphérique, ce qui permet de conclure (voir l’exemple 5.5). ∎
5.14.
Soit une petite -catégorie. On définit une -catégorie comme suit :
Si et sont deux -cellules de , une -cellule de vers dans est un triplet
ce que représente le diagramme
Si et sont deux -cellules parallèles de vers dans , les -cellules de vers dans sont les couples
tels que
Les diverses compositions et identités de se définissent de façon ÇÊévidente È à partir de celles de .
On vérifie l’existence d’isomorphismes canoniques
Il existe un diagramme de projections canoniques
La fibre de la flèche de gauche au-dessus de s’identifie à , donc est asphérique en vertu du corollaire 5.11 ; la fibre de la flèche de droite au-dessus de s’identifie à , donc est asphérique en vertu du lemme 5.9, puisqu’elle op-admet un objet admettant un objet initial. En particulier, en vertu de la proposition 5.13, ces deux flèches sont des équivalences faibles.
5.15.
Pour tout morphisme de -, on en définit un autre par
Cette définition rend le diagramme suivant commutatif :
Comme les flèches horizontales de ce diagramme sont toutes des équivalences faibles, en vertu de ce qui précède, on déduit la proposition 5.16 de deux applications consécutives d’un argument de ÇÊ sur ÊÈ.
Proposition 5.16.
Un morphisme de - est une équivalence faible si et seulement si est une équivalence faible.
Corollaire 5.17.
Une petite -catégorie est asphérique si et seulement si l’est.
Corollaire 5.18.
Une petite -catégorie admettant un objet admettant un objet initial est asphérique.
Proposition 5.19.
Soit
un diagramme commutatif dans -. Supposons que, pour tout objet de , le morphisme de - induit
soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible.
Démonstration.
En vertu des hypothèses et par définition, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . Par conséquent, en vertu de la proposition 5.16, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . En vertu de la condition LF3, le -foncteur strict est donc une équivalence faible. Une nouvelle invocation de la proposition 5.16 permet de conclure. ∎
Corollaire 5.20.
Soit un morphisme de -. Supposons que, pour tout objet de , la -catégorie soit asphérique. Alors est une équivalence faible.
5.21.
Soit une petite -catégorie. On définit une -catégorie comme suit :
Si et sont deux -cellules de , une -cellule de vers dans est un triplet
ce que représente le diagramme
Si et sont deux -cellules parallèles de vers dans , les -cellules de vers dans sont les couples
tels que
Les diverses compositions et identités de se définissent de façon ÇÊévidente È à partir de celles de .
On vérifie l’existence d’isomorphismes canoniques
Il existe un diagramme de projections canoniques
La fibre de la flèche de droite au-dessus de s’identifie à , donc est asphérique (elle admet un objet admettant un objet initial). En vertu de la proposition 5.13, est donc une équivalence faible. La fibre de la flèche de gauche au-dessus de s’identifie à , donc est asphérique. En vertu de la proposition 5.13, la projection canonique
est une équivalence faible. Comme elle s’identifie à , est une équivalence faible en vertu du corollaire 5.16.
5.22.
Pour tout morphisme de -, on en définit un autre par
Cette définition rend le diagramme suivant commutatif :
Comme les flèches horizontales de ce diagramme sont toutes des équivalences faibles, en vertu de ce qui précède, on en déduit la proposition 5.23 par deux applications consécutives d’un argument de ÇÊ sur ÊÈ.
Proposition 5.23.
Un morphisme de - est une équivalence faible si et seulement si en est une.
Corollaire 5.24.
Une petite -catégorie est asphérique si et seulement si est asphérique.
Proposition 5.25.
Un morphisme de - est une équivalence faible si et seulement si en est une.
Corollaire 5.26.
Une petite -catégorie est asphérique si et seulement si est asphérique.
Proposition 5.27.
Soit
un diagramme commutatif dans -. Supposons que, pour tout objet de , le morphisme
soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible.
Démonstration.
En vertu des hypothèses et par définition, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . Par conséquent, en vertu de la proposition 5.23, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . En vertu de la condition LF3, le -foncteur strict est donc une équivalence faible. Une nouvelle invocation de la proposition 5.23 permet de conclure. ∎
Proposition 5.28.
Soit
un diagramme commutatif dans -. Supposons que, pour tout objet de , le morphisme
soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible.
Démonstration.
En vertu des hypothèses et par définition, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . Par conséquent, en vertu de la proposition 5.16, le -foncteur strict est une équivalence faible pour tout objet de . En vertu de la proposition 5.27, le -foncteur strict est donc une équivalence faible. Une nouvelle invocation de la proposition 5.16 permet de conclure. ∎
Proposition 5.29.
Un préadjoint à gauche lax (resp. un préadjoint à droite lax, resp. un préadjoint à droite colax) est une équivalence faible.
Démonstration.
Proposition 5.30.
Une préfibration (resp. une préopfibration, resp. une précofibration, resp. une précoopfibration) à fibres asphériques est une équivalence faible.
Démonstration.
Soit une préfibration à fibres asphériques. Par définition, pour tout objet de , le -foncteur strict canonique est un préadjoint à gauche lax. En vertu de la proposition 5.29, c’est donc une équivalence faible. Par conséquent, est asphérique pour tout objet de . On conclut par une invocation de la proposition 5.19. Les trois autres assertions s’en déduisent en invoquant respectivement les propositions 5.16, 5.23 et 5.25 et leur corollaire respectif 5.17, 5.24 et 5.26. ∎
Remarque 5.31.
Définition 5.32.
Étant donné un diagramme commutatif
dans -, on dira que est lax-asphérique au-dessus de (resp. lax-opasphérique au-dessus de , resp. colax-asphérique au-dessus de , resp. colax-opasphérique au-dessus de ) si, pour tout objet de , le -foncteur strict (resp. , resp. , resp. ) est une équivalence faible. Si , on dira simplement555En accord avec l’emploi du terme ÇÊcolax-asphériqueÊÈ, déjà introduit. que est lax-asphérique (resp. lax-opasphérique, resp. colax-asphérique, resp. colax-opasphérique).
Remarque 5.33.
En vertu des résultats ci-dessus, sous les données de la définition 5.32, le -foncteur strict est une équivalence faible pour peu qu’il soit lax-asphérique, lax-opasphérique, colax-asphérique ou colax-opasphérique au-dessus de . En faisant , on obtient le cas particulier suivant : pour tout -foncteur strict , si, pour tout objet de , la -catégorie (resp. , resp. , resp. ) est asphérique, alors est une équivalence faible.
Proposition 5.34.
Soit
un diagramme commutatif dans -. On suppose que, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres est une équivalence faible.
-
(a)
Si et sont des préfibrations, alors est colax-opasphérique au-dessus de .
-
(b)
Si et sont des préopfibrations, alors est colax-asphérique au-dessus de .
-
(c)
Si et sont des précofibrations, alors est lax-opasphérique au-dessus de .
-
(d)
Si et sont des précoopfibrations, alors est lax-asphérique au-dessus de .
En particulier, dans n’importe lequel de ces quatre cas, est une équivalence faible.
Démonstration.
Plaçons-nous dans le premier cas, les trois autres s’en déduisant par dualité. Pour tout objet de , on a un carré commutatif
dont les flèches verticales sont des préadjoints à gauche lax, donc des équivalences faibles (proposition 5.29). Comme, par hypothèse, est une équivalence faible, il en est de même de . ∎
On ne suppose plus fixé de localisateur fondamental de -.
Théorème 5.35.
Soit une partie de . Les conditions suivantes sont équivalentes.
-
(i)
est un localisateur fondamental de -.
-
(ii)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF1′
La partie de est faiblement saturée.
-
LF2′
Si une petite -catégorie admet un objet admettant un objet initial, alors est dans .
-
LF3′
Si
désigne un triangle commutatif dans - et si, pour tout objet de , le -foncteur strict
est dans , alors est dans .
-
LF1′
-
(iii)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF1′′
La partie de est faiblement saturée.
-
LF2′′
Si une petite -catégorie op-admet un objet admettant un objet final, alors est dans .
-
LF3′′
Si
désigne un triangle commutatif dans - et si, pour tout objet de , le -foncteur strict
est dans , alors est dans .
-
LF1′′
-
(iv)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF1′′′
La partie de est faiblement saturée.
-
LF2′′′
Si une petite -catégorie op-admet un objet admettant un objet initial, alors est dans .
-
LF3′′′
Si
désigne un triangle commutatif dans - et si, pour tout objet de , le -foncteur strict
est dans , alors est dans .
-
LF1′′′
-
(v)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF
La partie de est faiblement saturée.
-
LF
Le morphisme canonique est dans .
-
LF
Si
désigne un triangle commutatif dans -, si et sont des précoopfibrations et si, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres
est dans , alors est dans .
-
LF
-
(vi)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF
La partie de est faiblement saturée.
-
LF
Le morphisme canonique est dans .
-
LF
Si
désigne un triangle commutatif dans -, si et sont des précofibrations et si, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres
est dans , alors est dans .
-
LF
-
(vii)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF
La partie de est faiblement saturée.
-
LF
Le morphisme canonique est dans .
-
LF
Si
désigne un triangle commutatif dans -, si et sont des préopfibrations et si, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres
est dans , alors est dans .
-
LF
-
(viii)
Les conditions suivantes sont vérifiées.
-
LF
La partie de est faiblement saturée.
-
LF
Le morphisme canonique est dans .
-
LF
Si
désigne un triangle commutatif dans -, si et sont des préfibrations et si, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres
est dans , alors est dans .
-
LF
Démonstration.
L’implication résulte de la proposition 5.34.
Montrons l’implication .
Soit une petite -catégorie. Les flèches du triangle commutatif
sont des précoopfibrations et, pour tout objet de , le -foncteur strict induit entre les fibres au-dessus de s’identifie au morphisme canonique , qui est dans par hypothèse. Ainsi, pour toute petite -catégorie , la projection canonique est dans .
Soit une petite -catégorie op-admettant un objet admettant un objet final. On construit facilement (voir la démonstration de [7, lemme 2.27]) un endomorphisme constant de homotope à . La -catégorie est donc contractile. En vertu de ce qui précède et de [18, lemme 1.4.8], le morphisme canonique est dans . La condition LF est donc vérifiée.
Pour tout morphisme de -, on peut considérer les -foncteurs stricts
et
Considérons la -catégorie définie comme suit. Ses objets sont les triplets avec un objet de , un objet de et une -cellule de . Les -cellules de vers sont les triplets , étant une -cellule de , une -cellule de et une -cellule de . Les -cellules de vers sont les couples avec une -cellule de et une -cellule de telles que . On vérifie l’existence d’isomorphismes canoniques
Les projections canoniques
et
sont donc des précoopfibrations. De plus, pour tout objet de , la -catégorie op-admet un objet admettant un objet final. En vertu de ce qui précède, le morphisme canonique est donc dans . Or, c’est à ce morphisme que s’identifie le -foncteur strict induit entre les fibres au-dessus de par le diagramme
Comme et sont des précoopfibrations, est dans .
Soit
un carré commutatif dans -. On définit un -foncteur strict
Cela fournit un diagramme commutatif
dans lequel et sont dans .
Soit
un diagramme commutatif dans - tel que, pour tout objet de , le -foncteur strict soit dans . En vertu de ce qui précède, cela fournit un diagramme commutatif
En particulier, on a un diagramme commutatif
dans lequel et sont des précoopfibrations. Pour tout objet de , le -foncteur strict induit par ce diagramme entre les fibres au-dessus de s’identifie à , qui est dans par hypothèse. Par conséquent, est dans en vertu de la condition LF. Comme et sont dans , qui est faiblement saturée, est dans , ce qui termine la démonstration de la condition LF, et donc de l’implication .
Montrons l’implication . Notons la partie de définie par
Vérifions que la classe constitue un localisateur fondamental de -. La saturation faible de est immédiate. Soit une petite -catégorie admettant un objet admettant un objet final. Alors, op-admet un objet admettant un objet final, donc le morphisme est dans , c’est-à-dire que le morphisme est dans . Soit
un diagramme commutatif dans - tel que, pour tout objet de , le -foncteur strict soit dans , c’est-à-dire tel que le -foncteur strict soit dans , c’est-à-dire tel que le -foncteur strict soit dans . Pour tout objet de , le -foncteur strict est donc dans . La condition LF3′ implique que est dans , c’est-à-dire que est dans , qui est donc bien un localisateur fondamental de -. On en déduit en vertu de la proposition 5.16. L’implication considérée en résulte.
Les autres se démontrent de façon analogue ou se déduisent de ce qui précède par un argument de dualité. ∎
6 Correspondances fondamentales
On suppose fixé un localisateur fondamental de -.
Proposition 6.1.
Pour toute petite -catégorie , le -foncteur strict est une équivalence faible.
Démonstration.
C’est une conséquence immédiate du lemme 3.8 et de la condition LF2. ∎
Remarque 6.2.
Lemme 6.3.
Soit un -foncteur strict. Les propositions suivantes sont équivalentes.
-
(i)
est une équivalence faible.
-
(ii)
est une équivalence faible.
Démonstration.
Cela résulte de l’égalité , de la proposition 6.1 et d’un argument de ÇÊ2 sur 3ÊÈ. ∎
Définition 6.4.
On dira qu’un morphisme de est une -équivalence faible lax ou, plus simplement, une équivalence faible lax, voire, en l’absence d’ambiguïté, une équivalence faible, si est dans . On notera la classe des -équivalences faibles lax.
Dans la suite, on commettra l’abus sans conséquence de considérer - comme une sous-catégorie (non pleine) de .
Remarque 6.5.
En vertu du lemme 6.3, un -foncteur strict est une équivalence faible si et seulement si c’est une équivalence faible lax.
Remarque 6.6.
Par fonctorialité, la classe des équivalences faibles lax est faiblement saturée.
Lemme 6.7.
Pour toute petite -catégorie , le -foncteur lax est une équivalence faible.
Démonstration.
Cela résulte de l’égalité , du fait que est une équivalence faible et de la saturation faible de la classe des équivalences faibles lax. ∎
Remarque 6.8.
Théorème 6.9.
L’inclusion induit une équivalence de catégories entre les catégories localisées et .
Démonstration.
C’est une conséquence du fait que les composantes des transformations naturelles et sont dans et respectivement. ∎
Remarque 6.10.
Théorème 6.11.
Soit
un diagramme commutatif dans . Supposons que, pour tout objet de , le -foncteur lax soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible.
Démonstration.
On esquisse la démonstration. Le lecteur pourra se reporter à [7, théorème 6.6] pour les détails d’une démonstration d’un énoncé plus fort dans le cas particulier des équivalences faibles définies par le nerf (voir la remarque 6.12). Supposant donné un diagramme commutatif de -foncteurs lax tel que celui de l’énoncé, on peut lui associer, pour tout objet de , un -foncteur strict induit par le diagramme commutatif de -foncteurs stricts
dans lequel on a posé et .
On peut alors vérifier la commutativité du diagramme
Les -foncteurs lax et admettent comme rétraction les -foncteurs stricts et respectivement ; ces -foncteurs stricts sont des préadjoints à gauche colax, donc des équivalences faibles. Les -foncteurs lax et sont donc des équivalences faibles en vertu des remarques 6.5 et 6.6. Par conséquent, est une équivalence faible si et seulement si en est une, en vertu de ces mêmes remarques. La proposition 5.27 permet de conclure. ∎
Remarque 6.12.
Le résultat plus général [7, théorème 6.6], que nous avons déjà mentionné, reste valable pour un localisateur fondamental arbitraire de -. Plus précisément, soit
un diagramme dans lequel , et sont des -foncteurs lax et est une optransformation. Supposons que, pour tout objet de , le -foncteur lax
induit par ces données soit une équivalence faible. Alors est une équivalence faible. La preuve est l’exact analogue de celle de [7, théorème 6.6]. On peut bien entendu énoncer trois versions duales de ce résultat.
On ne suppose plus fixé de localisateur fondamental de -.
Définition 6.13.
On dira qu’une classe de -foncteurs lax est un localisateur fondamental de si les conditions suivantes sont vérifiées.
-
La classe est faiblement saturée.
-
Si une petite -catégorie admet un objet admettant un objet initial, alors le morphisme canonique est dans .
-
Si
désigne un triangle commutatif dans et si, pour tout objet de , le -foncteur lax est dans , alors est dans .
Remarque 6.14.
Si est un localisateur fondamental de , alors est un localisateur fondamental de - et est un localisateur fondamental de .
Proposition 6.15.
Si est un localisateur fondamental de -, alors est un localisateur fondamental de .
Démonstration.
En vertu de la remarque 6.6, la classe vérifie la condition .
Montrons que vérifie . Soit une petite -catégorie admettant un objet admettant un objet initial. Il s’agit de montrer que le morphisme canonique est dans . Comme c’est un -foncteur strict, il est dans si et seulement s’il est dans en vertu de la remarque 6.5. Comme il est dans en vertu du corollaire 5.18, il est dans .
La propriété résulte du théorème 6.11. ∎
Lemme 6.16.
Si est un localisateur fondamental de , alors, pour toute petite -catégorie , et sont dans .
Démonstration.
Comme la classe est un localisateur fondamental de -, on a en vertu de la proposition 6.1, donc en particulier . On en déduit en vertu de l’égalité et de la condition . ∎
Lemme 6.17.
Soit un localisateur fondamental de . Un morphisme de est dans si et seulement si l’est.
Démonstration.
Cela résulte de l’égalité , du lemme 6.16 et de la condition . ∎
Définition 6.18.
Pour toute classe de morphismes de -, on notera
Théorème 6.19.
Les applications
et
induisent des isomorphismes inverses l’un de l’autre entre la classe des localisateurs fondamentaux de - ordonnée par inclusion et la classe des localisateurs fondamentaux de ordonnée par inclusion. De plus, pour tout localisateur fondamental de -, les catégories localisées et sont équivalentes et, pour tout localisateur fondamental de , les catégories localisées et sont équivalentes, ces équivalences de catégories localisées étant induites par l’inclusion .
Démonstration.
Ces applications respectent manifestement la relation d’inclusion. Il s’agit de vérifier que, pour tout localisateur fondamental de -,
et que, pour tout localisateur fondamental de ,
Soit donc un localisateur fondamental de -. Un -foncteur strict est dans si et seulement s’il est dans , donc si et seulement s’il est dans (remarque 6.5), ce qui montre l’égalité .
Soit un localisateur fondamental de . Un -foncteur lax est dans si et seulement si est dans , donc si et seulement si est dans , donc si et seulement si est dans (lemme 6.17). Cela montre l’égalité .
La dernière assertion de l’énoncé se déduit du théorème 6.9. ∎
Le lemme 6.20 se vérifie sans difficulté.
Lemme 6.20.
Pour tout morphisme de , le diagramme
est commutatif.
Proposition 6.21 (Del Hoyo).
Pour toute petite -catégorie , pour tout objet de , la catégorie est -asphérique.
Proposition 6.22.
Pour tout localisateur fondamental de -, pour toute petite -catégorie , le -foncteur lax normalisé
est lax-asphérique (donc en particulier une équivalence faible).
Proposition 6.23.
Pour tout localisateur fondamental de , pour toute petite -catégorie , le -foncteur lax est une équivalence faible.
Démonstration.
Théorème 6.24.
Pour tout localisateur fondamental de , l’inclusion induit une équivalence de catégories localisées
Démonstration.
Lemme 6.25.
Pour tout localisateur fondamental de , pour tout morphisme de , est dans si et seulement si l’est.
Démonstration.
Soient un localisateur fondamental de et un morphisme de . Les -foncteurs stricts et sont des équivalences faibles pour tout localisateur fondamental de - (proposition 6.1). Comme est un localisateur fondamental de -, et sont dans . Il en est donc de même de et (remarque 4.2). La saturation faible de permet d’en déduire que les sections et sont dans . On conclut par un argument de 2 sur 3 après avoir appliqué le foncteur au diagramme commutatif
∎
Lemme 6.26.
Pour tout localisateur fondamental de , un morphisme de est une équivalence faible si et seulement si en est une.
Lemme 6.27.
Pour tout localisateur fondamental de ,
Démonstration.
Cela résulte de la suite d’équivalences suivante, pour tout morphisme de .
Lemme 6.28.
Pour tout localisateur fondamental de , la classe est un localisateur fondamental de .
Lemme 6.29.
Pour tout localisateur fondamental de ,
Démonstration.
Un -foncteur lax est dans si et seulement si le foncteur l’est (lemme 6.26), donc si et seulement si est dans , donc si et seulement si est dans . ∎
Lemme 6.30.
Pour tout localisateur fondamental de ,
Démonstration.
C’est une conséquence immédiate de la proposition 2.27 et du fait que la restriction du nerf lax à coïncide avec le nerf . En formule :
Théorème 6.31.
Les applications
et
induisent des isomorphismes inverses l’un de l’autre entre la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de et la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de . De plus, pour tout localisateur fondamental de , les catégories localisées et sont équivalentes et, pour tout localisateur fondamental de , les catégories localisées et sont équivalentes, ces équivalences de catégories localisées étant induites par l’inclusion .
Démonstration.
Lemme 6.32.
Pour tout localisateur fondamental de -,
Démonstration.
En vertu du théorème 6.19, . Ainsi,
Théorème 6.33.
Les applications
et
induisent des isomorphismes inverses l’un de l’autre entre la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de et la classe ordonnée par inclusion des localisateurs fondamentaux de -. De plus, pour tout localisateur fondamental de -, les catégories localisées et sont équivalentes et, pour tout localisateur fondamental de , les catégories localisées et sont équivalentes, ces équivalences de catégories localisées étant induites par l’inclusion .
Démonstration.
Remarque 6.34.
Pour démontrer le théorème 6.33, nous utilisons donc de façon cruciale le théorème 6.31. Cela reflète l’importance des morphismes lax en théorie de l’homotopie : les homotopies que l’on rencontre proviennent généralement de morphismes non stricts (voir par exemple [7, définition 2.19]). L’introduction de la notion de localisateur fondamental de ne devrait donc pas sembler mystérieuse. Indépendamment de son utilité dans la démonstration du théorème 6.33, elle s’est en fait imposée à nous comme totalement naturelle dès que nous avons pris connaissance de l’existence d’un analogue pour les -foncteurs lax du Théorème A de Quillen [13]. Les isomorphismes que nous avons dégagés entre les classes des localisateurs fondamentaux de , de - et de permettent de parler de localisateur fondamental, sans préciser de catégorie ÇÊde baseÊÈ.
Remarque 6.35.
Pour tout localisateur fondamental, on a vu que les inclusions , et induisaient une équivalence de catégories entre les catégories homotopiques associées. Des inverses respectifs sont donnés par les foncteurs induits à ce niveau par les foncteurs , (le ÇÊfoncteur de strictification de BénabouÊÈ) et .
La notion de localisateur fondamental de est stable par intersection. On définit le localisateur fondamental minimal de comme l’intersection de tous les localisateurs fondamentaux de .
Théorème 6.36.
Le localisateur fondamental minimal de est la classe
La notion de localisateur fondamental de - est stable par intersection. On définit le localisateur fondamental minimal de - comme l’intersection de tous les localisateurs fondamentaux de -.
Théorème 6.37.
Le localisateur fondamental minimal de - est la classe
On termine cette section par quelques énoncés permettant notamment d’assurer que les isomorphismes entre localisateurs fondamentaux de , - et figurant dans l’énoncé des théorèmes 6.19, 6.31 et 6.33 préservent la propriété d’être engendré par un ensemble de morphismes, détail d’importance lorsqu’il s’agit de montrer l’existence de structures de catégories de modèles sur et - dont la classe des équivalences faibles est donnée par un localisateur fondamental (cf. [1]).
Définition 6.38.
On dira qu’un localisateur fondamental de (resp. un localisateur fondamental de -, resp. un localisateur fondamental de ) est engendré par une classe de morphismes de (resp. de -, resp. de ) si c’est le plus petit localisateur fondamental de (resp. localisateur fondamental de -, resp. localisateur fondamental de ) contenant ou, autrement dit, l’intersection de tous les localisateurs fondamentaux de (resp. localisateurs fondamentaux de -, resp. localisateurs fondamentaux de ) contenant .
Proposition 6.39.
Si un localisateur fondamental de - est engendré par une classe , alors le localisateur fondamental de est également engendré par .
Démonstration.
On a évidemment . Soit un localisateur fondamental de contenant . En vertu du théorème 6.19, l’inclusion équivaut à , c’est-à-dire, en vertu de ce même théorème, . Cette inclusion résulte de l’hypothèse faite sur et du fait que est un localisateur fondamental de - contenant . ∎
Définition 6.40.
Pour toute classe , on pose
Lemme 6.41.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors il est engendré par .
Démonstration.
Pour tout dans , on a le diagramme commutatif
dont les flèches verticales sont dans . Comme l’est aussi, c’est également le cas de , ce qui montre l’inclusion . Soit maintenant un localisateur fondamental de contenant . La considération du même diagramme, dont les flèches verticales sont dans , permet d’affirmer , donc . ∎
Proposition 6.42.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors le localisateur fondamental de - est engendré par .
Démonstration.
En vertu du lemme 6.41, est engendré par . On a bien sûr . Soit un localisateur fondamental de - contenant . Comme , l’hypothèse implique , donc , c’est-à-dire , donc , ce qui permet de conclure. ∎
Remarque 6.43.
On se gardera de croire que, si un localisateur fondamental de est engendré par une classe de -foncteurs lax , alors le localisateur fondamental de - est engendré par . Pour un contre-exemple, on peut considérer , c’est-à-dire la classe des morphismes de qui ne sont pas dans -.
Proposition 6.44.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors le localisateur fondamental de est également engendré par .
Démonstration.
On a bien sûr . Soit de plus un localisateur fondamental de contenant . L’inclusion équivaut à , c’est-à-dire à , ce qui résulte du fait que est un localisateur fondamental de contenant et de l’hypothèse faite sur . ∎
Lemme 6.45.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors il est également engendré par .
Démonstration.
Pour tout dans , on a le diagramme commutatif
dont les flèches verticales sont dans . C’est donc également le cas de , ce qui montre . Étant donné un localisateur fondamental de contenant , la considération du même diagramme permet de conclure , donc . ∎
Proposition 6.46.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors le localisateur fondamental de est engendré par .
Démonstration.
En vertu du lemme 6.45, est engendré par , donc en particulier . Soit un localisateur fondamental de contenant . On a donc l’inclusion , donc puisque est un localisateur fondamental de et que est le plus petit localisateur fondamental de contenant . En vertu du lemme 6.29, cela se récrit , d’où, en vertu du théorème 6.31, . ∎
Proposition 6.47.
Soit un localisateur fondamental de -. S’il est engendré par , alors le localisateur fondamental de est engendré par .
Proposition 6.48.
Soit un localisateur fondamental de . S’il est engendré par , alors le localisateur fondamental de - est également engendré par .
7 Critère local
Définition 7.1.
Soit un localisateur fondamental de . Un morphisme de est -localement constant, ou plus simplement localement constant, si, pour tout morphisme de , le morphisme de est une -équivalence faible.
Théorème 7.2 (Cisinski).
Le localisateur fondamental minimal de est le seul localisateur fondamental de vérifiant les propriétés suivantes :
-
(i)
Pour tout morphisme de , si est une équivalence faible, alors est une bijection.
-
(ii)
Pour tout morphisme de localement constant, est une équivalence faible si et seulement s’il est asphérique.
Démonstration.
C’est le théorème 2.3.6. de [9]. ∎
Définition 7.3.
Soit un localisateur fondamental de -. Un morphisme de - est -lax-localement constant ou, plus simplement, lax-localement constant si, pour tout morphisme de , le morphisme de - est une -équivalence faible.
7.4.
On rappelle qu’il existe une structure de catégorie de modèles sur dont les équivalences faibles sont les équivalences faibles simpliciales et dont les cofibrations sont les monomorphismes. Cela permet (même si ce n’est en principe pas indispensable) de donner sens à la notion de carré homotopiquement cartésien dans .
Théorème 7.5 (Cegarra).
Soit un -foncteur strict lax-localement constant. Alors, pour tout objet de , le carré canonique
est homotopiquement cartésien.
Démonstration.
C’est un énoncé dual de celui de [5, théorème 3.2]. ∎
Pour toute petite -catégorie , on note le quotient de l’ensemble par la relation d’équivalence engendrée par la relation élémentaire ÇÊ s’il existe une -cellule de vers dans ÊÈ. Cela permet de définir un foncteur .
Théorème 7.6.
Le localisateur fondamental minimal de - est le seul localisateur fondamental de - vérifiant les propriétés suivantes.
-
(i)
Pour tout morphisme de -, si est une équivalence faible, alors est une bijection.
-
(ii)
Pour tout morphisme de - lax-localement constant, est une équivalence faible si et seulement s’il est lax-asphérique.
Démonstration.
Le localisateur fondamental de - vérifie par définition la condition de l’énoncé du théorème 7.6. On sait déjà qu’un morphisme lax-asphérique de - est une équivalence faible. Réciproquement, si un morphisme de - est -lax-localement constant et que c’est une -équivalence faible, alors, en vertu du théorème 7.5, il est -lax-asphérique. Le localisateur fondamental de - vérifie donc la condition .
Références
- [1] Ara (Dimitri), ÇÊStructures de catégorie de modèles à la Thomason sur la catégorie des -catégories strictesÊÈ, Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, volume 56, fascicule 2, p. 83–108, 2015.
- [2] Ara (Dimitri) & Maltsiniotis (Georges), ÇÊVers une structure de catégorie de modèles à la Thomason sur la catégorie des -catégories strictes È, Advances in Mathematics, volume 259, p. 557–654, 2014.
- [3] Bullejos (Manuel) & Cegarra (Antonio), ÇÊOn the geometry of -categories and their classifying spacesÊÈ, K-Theory, volume 29, p. 211–229, 2003.
- [4] Carrasco (Pilar), Cegarra (Antonio) & Garzón (Antonio), ÇÊNerves and classifying spaces for bicategoriesÊÈ, Algebraic and Geometric Topology, volume 10, p. 219–274, 2010.
- [5] Cegarra (Antonio), ÇÊHomotopy fibre sequences induced by 2-functorsÊÈ, Journal of Pure and Applied Algebra, volume 215, p. 310–334, 2011.
- [6] Chiche (Jonathan), La théorie de l’homotopie des -catégories. Thèse, Université Paris 7, 2014.
- [7] Chiche (Jonathan), ÇÊUn Théorème A de Quillen pour les 2-foncteurs laxÊÈ, Theory and Applications of Categories, volume 30, p. 49–85, 2015.
- [8] Cisinski (Denis-Charles), Les préfaisceaux comme modèles des types d’homotopie. Thèse, Université Paris 7, 2002.
- [9] Cisinski (Denis-Charles), ÇÊLe localisateur fondamental minimalÊÈ, Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, volume 45, fascicule 2, p. 109–140, 2004.
- [10] Cisinski (Denis-Charles), ÇÊLes préfaisceaux comme modèles des types d’homotopieÊÈ, Astérisque, volume 308, Société mathématique de France, 2006.
- [11] Cisinski (Denis-Charles), ÇÊPropriétés universelles et extensions de Kan dérivéesÊÈ, Theory and Applications of Categories, volume 20, numéro 17, p. 605–649, 2008.
- [12] Del Hoyo (Matias L.), Espacios clasificantes de categorías fibradas. Thèse, Université de Buenos Aires, 2009.
- [13] Del Hoyo (Matias), ÇÊThe rectification of lax functors and Quillen’s Theorem AÊÈ, notes transmises à l’auteur par courrier électronique le 12 juillet 2011.
- [14] Del Hoyo (Matias L.), ÇÊOn the loop space of a 2-categoryÊÈ, Journal of Pure and Applied Algebra, volume 216, p. 28–40, 2012.
- [15] Grothendieck (Alexandre), lettre à Robert Thomason, 2 avril 1991.
- [16] Grothendieck (Alexandre), Pursuing Stacks. Tapuscrit, 1983, à paraître à la SMF dans la collection Documents mathématiques.
- [17] Illusie (Luc), Complexe cotangent et déformations. Collection ÇÊLecture Notes in MathematicsÊÈ, volumes 239 et 283, Springer-Verlag, 1971 et 1972.
- [18] Maltsiniotis (Georges), ÇÊLa théorie de l’homotopie de GrothendieckÊÈ, Astérisque, volume 301, 2005.
- [19] Quillen (Daniel), Homotopical Algebra. Collection ÇÊLecture Notes in MathematicsÊÈ, volume 43, Springer-Verlag, 1967.
- [20] Quillen (Daniel), ÇÊHigher algebraic K-theory: IÊÈ, dans Algebraic K-Theory I: Higher K-Theories, H. Bass éd. Collection ÇÊLecture Notes in MathematicsÊÈ, volume 341, p. 85–147, Springer, 1973.
- [21] Street (Ross), ÇÊCategorical structuresÊÈ, dans Handbook of algebra, volume 1, p. 529–577, Elsevier, 1996.
- [22] Thomason (Robert W.), ÇÊ as a closed model categoryÊÈ, Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, volume 21, p. 305–324, 1980.
- [23] Worytkiewicz (Krzysztof), Hess (Kathryn), Parent (Paul-Eugène) & Tonks (Andrew), ÇÊA model structure à la Thomason on -ÊÈ, Journal of Pure and Applied Algebra, volume 208, p. 205–236, 2007.
Jonathan Chiche
Adresse électronique : jonathan.chiche@polytechnique.org