Sur l’application des périodes d’une Variation de Structure de Hodge attachée aux familles d’hypersurfaces à singularités simples.

Philippe Eyssidieux, Damien Mégy
(Date: 16 Mai 2013)
Résumé.

Soit n𝑛superscriptn\in\mathbb{N}^{*} un entier positif pair et d𝑑d un entier positif. Pour toute famille complète Z𝑍Z d’hypersurfaces de n+1superscript𝑛1\mathbb{P}^{n+1} de degré d𝑑d à singularités isolées de type A-D-E, nous construisons d’après une idée de Carlson et Toledo reprise dans [Sim93, Mé12] un champ de Deligne-Mumford Z¯¯𝑍\bar{Z} d’espace de modules Z𝑍Z auquel la représentation de monodromie de la famille se prolonge. Nous étudions l’application de périodes associée et montrons un théorème de Torelli infinitésimal le long des strates isosingulières de Z𝑍Z sous des hypothèses de transversalité. Enfin, nous appliquons ce résultat à l’étude du revêtement universel de Z¯¯𝑍\bar{Z}.

Dans [Sim93] est décrite une classe de surfaces projectives algébriques S𝑆S munies de \mathbb{Q}-Variations de Structure de Hodge 𝕍Ssubscript𝕍𝑆\mathbb{V}_{S} qui sont intéressantes du point de vue de la théorie de Hodge non-abélienne: (S,𝕍S)𝑆subscript𝕍𝑆(S,\mathbb{V}_{S}) ne peut pas s’exprimer par tiré en arrière à partir de systèmes locaux sur des courbes, variétés abéliennes ou espaces localement symétriques hermitiens. Ce sont des exemples particulièrement intéressants pour l’uniformisation en plusieurs variables complexes (voir [Eys11] pour un survey récent) et l’un de nous a généralisé cette construction jusqu’en dimension 666 et a entamé l’étude cohomologique de ces exemples [Mé12]. La conjecture de Toledo stipulant que H2(π1(S),)0superscript𝐻2subscript𝜋1𝑆0H^{2}(\pi_{1}(S),\mathbb{Q})\not=0 n’est décidée dans cette classe d’exemples que dans certains cas [Mé12]. La motivation initiale de ce travail est d’étudier pour cette classe d’exemples l’autre problème ouvert général de l’uniformisation en plusieurs variables complexes, c’est à dire la conjecture de Shafarevich prédisant que le revêtement universel d’une variété projective algébrique complexe est holomorphiquement convexe (cf. [Eys11] pour la définition de la convexité holomorphe et une discussion du problème).

Décrivons la construction de [Sim93, Mé12] qui reprend une idée de Carlson et Toledo. Dans ce qui suit X𝑋X désigne une variété projective complexe connexe de dimension n+1𝑛1n+1, n1𝑛1n\geq 1, L𝐿L un faisceau inversible tel que |L|𝐿|L| n’a pas de point base. Soient 𝒳|L|×X𝒳𝐿𝑋\mathcal{X}\subset|L|\times X l’hypersurface universelle et p1:𝒳|L|:subscript𝑝1𝒳𝐿p_{1}:\mathcal{X}\to|L| la projection sur le premier facteur. Si fH0(X,L){0}𝑓superscript𝐻0𝑋𝐿0f\in H^{0}(X,L)-\{0\}, on note Xf={xX|f(x)=0}subscript𝑋𝑓conditional-set𝑥𝑋𝑓𝑥0X_{f}=\{x\in X\ |\ f(x)=0\} et [f]|L|delimited-[]𝑓𝐿[f]\in|L| le point correspondant. Définissons l’ouvert de Zariski U(0):=U(X,L)(0)assign𝑈0𝑈𝑋𝐿0U(0):=U(X,L)(0) comme le lieu des [f]|L|delimited-[]𝑓𝐿[f]\in|L| tels que Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} est une hypersurface lisse et notons D:=|L|U(0)assign𝐷𝐿𝑈0D:=|L|-U(0) le lieu discriminant. On pose 𝒳(0)=p11(U(0))𝒳0superscriptsubscript𝑝11𝑈0\mathcal{X}(0)=p_{1}^{-1}(U(0)). Sur U(0)𝑈0U(0), on construit le système local de monodromie Rnp1𝒳(0)superscript𝑅𝑛subscript𝑝1subscript𝒳0R^{n}p_{1*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(0)} 111Pour tout espace T𝑇T et tout groupe A𝐴A, ATsubscript𝐴𝑇A_{T} désigne le faisceau des fonctions localement constantes sur T𝑇T à valeurs dans A𝐴A. Plus généralement si 𝕎Tsubscript𝕎𝑇\mathbb{W}_{T} est un système local sur T𝑇T et ϕ:TT:italic-ϕsuperscript𝑇𝑇\phi:T^{\prime}\to T une application continue, on note 𝕎T=ϕ𝕎Tsubscript𝕎superscript𝑇superscriptitalic-ϕsubscript𝕎superscript𝑇\mathbb{W}_{T^{\prime}}=\phi^{*}\mathbb{W}_{T^{\prime}}. De même, pour XT𝑋𝑇X\to T une application continue, on note XT=X×TTsubscript𝑋superscript𝑇subscript𝑇𝑋superscript𝑇X_{T^{\prime}}=X\times_{T}T^{\prime}. . On désigne par 𝕍U(0)subscript𝕍𝑈0\mathbb{V}_{U(0)} le conoyau du morphisme Hn(X,)U(0)Rnp1𝒳(0)tensor-productsuperscript𝐻𝑛𝑋subscript𝑈0superscript𝑅𝑛subscript𝑝1subscript𝒳0H^{n}(X,\mathbb{Q})\otimes\mathbb{Q}_{U(0)}\to R^{n}p_{1*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(0)}. On a, par le théorème de semi-simplicité, un isomorphisme Rnp1𝒳(0)𝕍U(0)Hn(X,)U(0)similar-to-or-equalssuperscript𝑅𝑛subscript𝑝1subscript𝒳0direct-sumsubscript𝕍𝑈0tensor-productsuperscript𝐻𝑛𝑋subscript𝑈0R^{n}p_{1*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(0)}\simeq\mathbb{V}_{U(0)}\oplus H^{n}(X,\mathbb{Q})\otimes\mathbb{Q}_{U(0)}. Fixons une fois pour toute un élément général fgenH0(X,L)subscript𝑓𝑔𝑒𝑛superscript𝐻0𝑋𝐿f_{gen}\in H^{0}(X,L) et prenons η:=[fgen]U(0)assign𝜂delimited-[]subscript𝑓𝑔𝑒𝑛𝑈0\eta:=[f_{gen}]\in U(0) comme point base.

Supposons désormais que n𝑛n est pair. Le système local 𝕍U(0)subscript𝕍𝑈0\mathbb{V}_{U(0)} est le produit tensoriel par \mathbb{Q} d’un système sous jacent à une \mathbb{Z}-Variation de Structures de Hodge de poids n𝑛n dont la polarisation est orthogonale et la fibre en η𝜂\eta est Hevn(Xη,):=ker(Hn(Xη,)Hn(X,))assignsuperscriptsubscript𝐻𝑒𝑣𝑛subscript𝑋𝜂kernelsuperscript𝐻𝑛subscript𝑋𝜂superscript𝐻𝑛𝑋H_{ev}^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q}):=\ker(H^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q})\to H^{n}(X,\mathbb{Q})). On note par

ρ:π1(U(0),η)O(Hevn(Xη,),Xη)\rho:\pi_{1}(U(0),\eta)\to O(H_{ev}^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q}),\int_{X_{\eta}}-\cup-)

la représentation d’holonomie du système local 𝕍U(0)subscript𝕍𝑈0\mathbb{V}_{U(0)}.

Introduisons U:=U(X,L)|L|assign𝑈𝑈𝑋𝐿𝐿U:=U(X,L)\subset|L| l’ouvert de Zariski formé des hypersurfaces n’ayant que de singularités isolées et de type A-D-E. Évidemment, U(0)U𝑈0𝑈U(0)\subset U. Nous construisons un champ algébrique de Deligne-Mumford U~:=U~(X,L)assign~𝑈~𝑈𝑋𝐿\widetilde{U}:=\widetilde{U}(X,L) séparé et propre sur son espace de module U𝑈U contenant U(0)𝑈0U(0) comme un ouvert de Zariski de sorte que, le morphisme surjectif π1(U(0),η)π1(U~,η)subscript𝜋1𝑈0𝜂subscript𝜋1~𝑈𝜂\pi_{1}(U(0),\eta)\to\pi_{1}(\widetilde{U},\eta) (voir [Noo04, Noo05] pour les groupes d’homotopie des champs topologiques) associé à l’inclusion de U(0)𝑈0U(0) dans U𝑈U a un noyau contenu dans celui de ρ𝜌\rho. La représentation ρ𝜌\rho descend alors à une représentation

ρ¯:π1(U~,η)O:=O(Hevn(Xη,),Xη).\bar{\rho}:\pi_{1}(\widetilde{U},\eta)\to O:=O(H_{ev}^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q}),\int_{X_{\eta}}-\cup-).

apparaissant comme l’holonomie d’une \mathbb{Q}-Variation de Structures de Hodge polarisée de poids n𝑛n (𝕍U~,,S)subscript𝕍~𝑈𝑆(\mathbb{V}_{\widetilde{U}},\mathcal{F},S) sur U~~𝑈\widetilde{U}. L’image ΓΓ\Gamma de ρ𝜌\rho est la même que celle de ρ¯¯𝜌\bar{\rho} et par un théorème classique de Beauville [Bea86], c’est un sous-groupe arithmétique du groupe orthogonal 𝐆=O(Hevn(Xη,),Xη)\mathbf{G}=O(H_{ev}^{n}(X_{\eta},\mathbb{R}),\int_{X_{\eta}}-\cup-).

On note par 𝒟:=𝐆/𝐔assign𝒟𝐆𝐔\mathcal{D}:=\mathbf{G}/\mathbf{U} le domaine de Griffiths attaché à (𝕍U~,F,S)subscript𝕍~𝑈𝐹𝑆(\mathbb{V}_{\widetilde{U}},F,S) [Gri73], 𝐔𝐔\mathbf{U} étant le sous-groupe qui stabilise la structure de Hodge sur Hevn(Xη,)superscriptsubscript𝐻𝑒𝑣𝑛subscript𝑋𝜂H_{ev}^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q}). On rappelle que 𝒟𝒟\mathcal{D} a une structure naturelle de variété complexe homogène naturelle et porte une distribution holomorphe horizontale 𝐆𝐆\mathbf{G}-équivariante. L’action de ΓΓ\Gamma sur 𝒟𝒟\mathcal{D} est proprement discontinue et le champ quotient [Γ\𝒟]delimited-[]\Γ𝒟[\Gamma\backslash\mathcal{D}] est un orbifold complexe. L’application des périodes de (𝕍U~,,S)subscript𝕍~𝑈𝑆(\mathbb{V}_{\widetilde{U}},\mathcal{F},S) définit une application holomorphe horizontale de champs complexes analytiques p:U~[Γ\𝒟]:𝑝~𝑈delimited-[]\Γ𝒟p:\widetilde{U}\to[\Gamma\backslash\mathcal{D}].

Pour toute variété Z𝑍Z propre sur U𝑈U (ce qui existe avec dim(Z)<cdimension𝑍𝑐\dim(Z)<c), on peut construire un revêtement Galoisien fini ZZsuperscript𝑍𝑍Z^{\prime}\to Z de groupe G𝐺G étale au dessus de U(1)Z𝑈1𝑍U(1)\cap Z et un morphisme [G\Z]U~delimited-[]\𝐺superscript𝑍~𝑈[G\backslash Z^{\prime}]\to\widetilde{U} ce qui fournit un système local G𝐺G-équivariant 𝕍Zsubscript𝕍superscript𝑍\mathbb{V}_{Z^{\prime}} qui est sous jacent à une \mathbb{Q}-VSH G𝐺G-équivariante sur Zsuperscript𝑍Z^{\prime}. Plus généralement pour tout morphisme F:YU~:𝐹𝑌~𝑈F:Y\to\widetilde{U} avec Y𝑌Y projective-algébrique 𝕍Y:=F(𝕍U~,,S)assignsubscript𝕍𝑌superscript𝐹subscript𝕍~𝑈𝑆\mathbb{V}_{Y}:=F^{*}(\mathbb{V}_{\widetilde{U}},\mathcal{F},S) est une \mathbb{Q}-VSH d’application de périodes pF𝑝𝐹p\circ F. Pour plus de détails sur ces exemples, diverses généralisations et une étude cohomologique de 𝕍subscript𝕍superscript\mathbb{V}_{\mathbb{P}^{\prime}} si |L|𝐿\mathbb{P}\subset|L| est un espace linéaire générique de dimension 6absent6\leq 6 voir [Mé12].

Soit k𝑘k\in\mathbb{N}. L’ensemble U(k)|L|=H0(X,L)𝑈𝑘𝐿superscript𝐻0𝑋𝐿U(k)\subset|L|=\mathbb{P}H^{0}(X,L) des hypersurfaces Xf:={f=0}assignsubscript𝑋𝑓𝑓0X_{f}:=\{f=0\} à singularités simples de nombre de Tjurina total τ(f)𝜏𝑓\tau(f) inférieur ou égal à k𝑘k est un ouvert dont le complémentaire a codimension cmin(7,k)𝑐7𝑘c\geq\min(7,k) dès que L𝐿L est k𝑘k-ample. On a U(0)U(k)U𝑈0𝑈𝑘𝑈U(0)\subset U(k)\subset U et on note U(k)~=U~×UU(k)~𝑈𝑘subscript𝑈~𝑈𝑈𝑘\widetilde{U(k)}=\widetilde{U}\times_{U}U(k). C’est un sous champ de U~~𝑈\widetilde{U} d’espace de modules U(k)𝑈𝑘U(k)

Le principal résultat de cet article est un théorème de Torelli infinitésimal. Pour l’énoncer, nous avons besoin d’une définition. Si OXsubscript𝑂𝑋\mathcal{I}\subset O_{X} est un idéal cohérent, on note pX()=min{m,h1(X,(m))=0}subscript𝑝𝑋𝑚superscript1𝑋𝑚0p_{X}(\mathcal{I})=\min\{m,\ h^{1}(X,\mathcal{I}(m))=0\}. D’autre part, on note Hksubscript𝐻𝑘H_{k} l’ensemble des idéaux cohérents dont le cosupport est un sous schéma artinien de longueur kabsent𝑘\leq k, et qui sont localement des idéaux jacobiens de singularités isolées simples. Alors supHkpX()<subscriptsupremumsubscript𝐻𝑘subscript𝑝𝑋\sup_{\mathcal{I}\in H_{k}}p_{X}(\mathcal{I})<\infty. On note sk(X)subscript𝑠𝑘𝑋s_{k}(X) ce supremum.

Theorème 1.

Si X=n+1𝑋superscript𝑛1X={\mathbb{P}}^{n+1}, n2𝑛2n\geq 2 pair, et L=OX(d)𝐿subscript𝑂𝑋𝑑L=O_{X}(d) et k𝑘k\in\mathbb{N} vérifie dn+3+sk(n+1)𝑑𝑛3subscript𝑠𝑘superscript𝑛1d\geq n+3+s_{k}(\mathbb{P}^{n+1}), l’action de PGL(n+2)𝑃𝐺𝐿𝑛2PGL(n+2) sur |L|𝐿|L| se relève à U~~𝑈\widetilde{U} en préservant les U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)} et la différentielle de la restriction de l’application de périodes de 𝕍U~subscript𝕍~𝑈\mathbb{V}_{\widetilde{U}} à chaque strate U(k)~U(k1)~~𝑈𝑘~𝑈𝑘1\widetilde{U(k)}-\widetilde{U(k-1)} a pour noyau le tangent de l’orbite de PGL(n+2)𝑃𝐺𝐿𝑛2PGL(n+2).

On a s0(n+1)=s1(n+1)=0subscript𝑠0superscript𝑛1subscript𝑠1superscript𝑛10s_{0}(\mathbb{P}^{n+1})=s_{1}(\mathbb{P}^{n+1})=0, s2(n+1)=2subscript𝑠2superscript𝑛12s_{2}(\mathbb{P}^{n+1})=2. Nos bornes ne sont pas optimales. Si les surfaces quintiques avec un nœud sont obtenues par notre théorème, ce dernier est vide pour les surfaces quartiques à singularités simples alors que Torelli infinitésimal est bien connu dans ce cas. L’obtention de bornes optimales nécessiterait des arguments nettement plus fins non développés ici.

Corollaire 2.

Sous les hypothèses précédentes p:[PGL(n+2)\U(k)~][Γ\D]:𝑝delimited-[]\𝑃𝐺𝐿𝑛2~𝑈𝑘delimited-[]\Γ𝐷p:[PGL(n+2)\backslash\widetilde{U(k)}]\to[\Gamma\backslash D] est finie.

Le résultat avec k=0𝑘0k=0 est un résultat classique de Griffiths [Gri69]. La preuve du théoreème 1 repose sur le calcul de la différentielle de l’application de périodes pour des hypersurfaces nodales issue du travail fondamental [DimSa06] et de l’étude de leur filtration de Hodge dans[DiSaWo09]. Nous étendons une partie des résultats de ces articles aux hypersurfaces a singularités simples. Cette extension effectuée, l’énoncé de type Torelli infinitésimal repose sur une variante donnée au lemme 3.2.1 du théorème de Macaulay pour des hypersurfaces à singularités isolées quasi-homogènes, exactement comme dans [Voi02]. Techniquement, nos résultats sont complémentaires de ceux de [DimSt11, Dim12] qui ne considèrent pas la question de Torelli infinitésimal. 222Alors que nous finissions de rédiger ce travail, A. Dimca nous a signalé que le lemme 3.2.1 résultait de [DimSa12] qui traite le cas plus général des singularités isolées quelconques, moyennant une traduction qui n’est pas si évidente pour nous. Notre preuve demandant moins de technologie et restant assez courte, nous avons donc préféré la conserver.

Une généralisation du théorème de Griffiths sur les intégrales rationnelles donnant une interprétation de la différentielle de l’application de périodes comme opérateur de multiplication pour les directions transverses aux strates isosingulières ne semble pas avoir été considérée de façon systématique dans la littérature. De même il est probable que le théorème 1 se généralise pour X𝑋X quelconque pourvu que L𝐿L soit assez ample mais là encore nous n’avons pas trouvé de référence dans la littérature. Nous laissons ces questions pour de futures recherches.

L’application à la conjecture de Shafarevich est immédiate en utilisant une construction de [Eys97, Eys04]:

Corollaire 3.

Hypothèses et notations comme au théorème 1. Soit Z𝑍Z une variété projective lisse et f:ZU(k+1)~:𝑓𝑍~𝑈𝑘1f:Z\to\widetilde{U(k+1)} un morphisme fini. Alors le revêtement universel de Z𝑍Z est une variété de Stein.

Dans le cas où f𝑓f est génériquement fini, l’étude de la conjecture de Shafarevich semble beaucoup plus délicate et nous ne savons pas non plus la décider dans tous les cas.

Nous tenons à remercier D. Barlet, N. Borne, M. Brion, A. Dimca, S. Druel, L. Gruson, C. Peters, C. Voisin, M. H. Saito et tout particulièrement A. Otwinowska pour d’utiles remarques sur les questions traitées ici.

1. Structure orbifold sur U(k)𝑈𝑘U(k) et prolongement de la représentation de monodromie

Soit X𝑋X une variété projective lisse complexe de dimension impaire n+1𝑛1n+1, L𝐿L un fibré en droites sans point base sur X𝑋X, et fH0(X,L){0}𝑓superscript𝐻0𝑋𝐿0f\in H^{0}(X,L)-\{0\} telle que l’hypersurface {f=0}:=Xfassign𝑓0subscript𝑋𝑓\{f=0\}:=X_{f} n’ait que des singularités isolées. Soit ΣXfΣsubscript𝑋𝑓\Sigma\subset X_{f} le sous schéma artinien de X𝑋X de support Xfsingsuperscriptsubscript𝑋𝑓𝑠𝑖𝑛𝑔{X_{f}^{sing}} défini par l’annulation du premier jet de f𝑓f. La longueur de ΣΣ\Sigma, i.e. le nombre de Tjurina total τ(f)𝜏𝑓\tau(f), est défini par la relation

τ(f)=P|Σ|τP(f)=PΣdim(𝒪Σ,P).𝜏𝑓subscript𝑃Σsubscript𝜏𝑃𝑓subscript𝑃Σdimensionsubscript𝒪Σ𝑃\tau(f)=\sum_{P\in|\Sigma|}\tau_{P}(f)=\sum_{P\in\Sigma}\dim({\mathcal{O}}_{\Sigma,P}).

Choisissant des coordonnées locales et une trivialisation locale de L𝐿L et notant fPsubscript𝑓𝑃f_{P} la fonction qui définit f𝑓f dans ces coordonnées, on voit que 𝒪Σ,Psubscript𝒪Σ𝑃{\mathcal{O}}_{\Sigma,P} est isomorphe à l’algèbre de Tjurina On+1,0/(fP,fPx1,,fPxn+1)subscript𝑂superscript𝑛1.0subscript𝑓𝑃subscript𝑓𝑃subscript𝑥1subscript𝑓𝑃subscript𝑥𝑛1O_{\mathbb{C}^{n+1},0}/(f_{P},\frac{\partial f_{P}}{\partial x_{1}},\ldots,\frac{\partial f_{P}}{\partial x_{n+1}}).

Soit k𝑘k\in\mathbb{N}, et U(k)|L|𝑈𝑘𝐿U(k)\subset|L| l’ouvert de Zariski constitué des [f]Ldelimited-[]𝑓𝐿[f]\in L tels que Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} n’ait que des singularités isolées, simples (autrement dit de type A-D-E), et telles que τ(f)k𝜏𝑓𝑘\tau(f)\leq k. On a U(0)U(1)U=kU(k)𝑈0𝑈1𝑈subscript𝑘𝑈𝑘U(0)\subset U(1)\subset\ldots\subset U=\bigcup_{k}U(k). Remarquons que U𝑈U est non vide puisque l’ouvert U(0)𝑈0U(0) des [f]delimited-[]𝑓[f] tels que Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} soit lisse est non vide par Bertini.

Dans la suite de cette section, on introduit (1.1) un champ de Deligne-Mumford muni d’une variation de structure de Hodge. Dans certains cas (1.3), ce champ est également muni de l’action d’un groupe algébrique, et la variation de structure de Hodge descend au champ d’Artin quotient.

1.1. Compléments à la construction de [Mé12]

Cette construction peut se reformuler et s’étendre comme suit :

Proposition 1.1.1.

Soient X𝑋X, L𝐿L et U𝑈U comme ci-dessus. Il existe un champ de Deligne-Mumford U~=kU(k)~~𝑈subscript𝑘~𝑈𝑘\widetilde{U}=\bigcup_{k}\widetilde{U(k)} compactifiant U(0)𝑈0U(0) et fini sur son espace de modules U𝑈U, tel que la représentation de monodromie de π1(U(0))subscript𝜋1𝑈0\pi_{1}(U(0)) se prolonge à ρ¯:=ρ¯(X,L):π1(U~,η)O(Hn(Xη,)):assign¯𝜌subscript¯𝜌𝑋𝐿subscript𝜋1~𝑈𝜂𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝜂\bar{\rho}:=\bar{\rho}_{(X,L)}:\pi_{1}(\widetilde{U},\eta)\to O(H^{n}(X_{\eta},\mathbb{Q}))ηU(0)𝜂𝑈0\eta\in U(0) est un point base arbitraire.

Preuve:

Soit fH0(X,L)𝑓superscript𝐻0𝑋𝐿f\in H^{0}(X,L) tel que l’hypersurface XfXsubscript𝑋𝑓𝑋X_{f}\subset X soit à singularités isolées. Tout voisinage de [f]delimited-[]𝑓[f] dans H0(X,L)superscript𝐻0𝑋𝐿\mathbb{P}H^{0}(X,L) induit une déformation de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} et donc, pour chaque singulier P|Σ|𝑃ΣP\in|\Sigma|, une déformation du germe singulier (Xf,P)subscript𝑋𝑓𝑃(X_{f},P). On en déduit un morphisme de germes

λ:(|L|,[f])P|Σ|Def(Xf,P):𝜆𝐿delimited-[]𝑓subscriptproduct𝑃Σ𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃\lambda:(|L|,[f])\to\prod_{P\in|\Sigma|}Def(X_{f},P)

Def(Xf,P)𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃Def(X_{f},P) est la base de «  la  » déformation miniverselle de la singularité isolée d’hypersurface (Xf,P)subscript𝑋𝑓𝑃(X_{f},P). Il est connu que dans ce cas, cette base Def(Xf,P)𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃Def(X_{f},P) est lisse, et naturellement isomorphe à un voisinage de 00 dans l’espace vectoriel 𝒪Σ,Psubscript𝒪Σ𝑃{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}. La déformation (X×|L|,P×[f])(𝒳,P×[f])(|L|,[f])superset-of𝑋𝐿𝑃delimited-[]𝑓𝒳𝑃delimited-[]𝑓𝐿delimited-[]𝑓(X\times|L|,P\times[f])\supset(\mathcal{X},P\times[f])\to(|L|,[f]) est induite par la déformation miniverselle [Loo84, Ch. 6]. En particulier les éléments de |L|𝐿|L| proches de [f]delimited-[]𝑓[f] singuliers près de P𝑃P sont ceux que λ𝜆\lambda envoie dans le discriminant de Def(Xf,P)𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃Def(X_{f},P). En choisissant une trivialisation de LPsubscript𝐿𝑃L_{P} de façon adéquate, l’application λ𝜆\lambda a pour différentielle l’application d’évaluation des jets aux points singuliers de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} :

ev[f]=P|Σ|evP:T[f]|L|P|Σ|𝒪Σ,P𝒪ΣL:𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓subscriptdirect-sum𝑃Σ𝑒subscript𝑣𝑃subscript𝑇delimited-[]𝑓𝐿subscriptdirect-sum𝑃Σsubscripttensor-productsubscript𝒪Σsubscript𝒪Σ𝑃𝐿ev_{[f]}=\bigoplus_{P\in|\Sigma|}ev_{P}:T_{[f]}|L|\to\ \bigoplus_{P\in|\Sigma|}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}\otimes_{{\mathcal{O}}_{\Sigma}}L

qui provient par quotient de l’application naturelle H0(X,L)H0(X,L𝒪Σ)superscript𝐻0𝑋𝐿superscript𝐻0𝑋tensor-product𝐿subscript𝒪ΣH^{0}(X,L)\to H^{0}(X,L\otimes{\mathcal{O}}_{\Sigma}).

Stratification par le nombre de Tjurina.

Soit k𝑘k\in\mathbb{N}. Posons Z(k)=U(k)U(k1)𝑍𝑘𝑈𝑘𝑈𝑘1Z(k)=U(k)-U(k-1) et supposons [f]U(k)delimited-[]𝑓𝑈𝑘[f]\in U(k). Z(k)𝑍𝑘Z(k) est localement fermé dans U𝑈U. Pour lk𝑙𝑘l\leq k le germe (Z(k),[f])𝑍𝑘delimited-[]𝑓(Z(k),[f]) se laisse décrire comme l’image réciproque par λ𝜆\lambda de la réunion sur toutes les partitions de l𝑙l

l=P|Σ|lP𝑙subscript𝑃Σsubscript𝑙𝑃l=\sum_{P\in|\Sigma|}l_{P}

de P|Σ|Zu(lP)subscriptproduct𝑃Σsubscript𝑍𝑢subscript𝑙𝑃\prod_{P\in|\Sigma|}Z_{u}(l_{P})Zu(lP)Def(Xf,P)subscript𝑍𝑢subscript𝑙𝑃𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃Z_{u}(l_{P})\subset Def(X_{f},P) est le lieu des germes de nombre de Tjurina égal à lPsubscript𝑙𝑃l_{P}.

Si ev[f]𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓ev_{[f]} est surjectif, λ𝜆\lambda est équivalent à la seconde projection du produit (Z(k),[f])×P|Σ|Def(Xf,P)𝑍𝑘delimited-[]𝑓subscriptproduct𝑃Σ𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑃(Z(k),[f])\times\prod_{P\in|\Sigma|}Def(X_{f},P) [Loo84, Ch. 6] et la stratification U(k)=l=0kZ(l)𝑈𝑘superscriptsubscript𝑙0𝑘𝑍𝑙U(k)=\bigcup_{l=0}^{k}Z(l) est de Whithney en [f]delimited-[]𝑓[f] puisque c’est le cas pour la stratification par les nombres de Tjurina de la déformation miniverselle d’un germe de singularité simple. La strate Z(l)𝑍𝑙Z(l) est alors de codimension l𝑙l.

Revêtement Galoisien neutralisant la monodromie locale à l’infini333L’hypothèse n0[2]𝑛0delimited-[]2n\equiv 0[2] n’est utilisée qu’à partir de ce point.

Soit B𝐵B un voisinage de [f]delimited-[]𝑓[f] suffisamment petit dans |L|𝐿|L|. Notons ρ𝜌\rho la représentation de monodromie de Rnp1𝒳(1)superscript𝑅𝑛subscript𝑝1subscript𝒳1R^{n}p_{1*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(1)} et ρPsubscript𝜌𝑃\rho_{P} la représentation de π1(Def(X,P)Z(1)¯)subscript𝜋1𝐷𝑒𝑓𝑋𝑃¯𝑍1\pi_{1}(Def(X,P)-\overline{Z(1)}) définie par la monodromie de la fibre de Milnor de P|Σ|𝑃ΣP\in|\Sigma|. Alors, ρ|π1(BZ(1)¯)evaluated-at𝜌subscript𝜋1𝐵¯𝑍1\rho|_{\pi_{1}(B-\overline{Z(1)})} se décompose comme somme directe d’un facteur trivial et du tiré en arrière par λ𝜆\lambda de PρPsubscriptdirect-sum𝑃subscript𝜌𝑃\oplus_{P}\rho_{P}. Puisque, en dimension paire, la monodromie locale ρPsubscript𝜌𝑃\rho_{P} est d’image finie, il suit que ρ(π1(BZ(1)¯)\rho(\pi_{1}(B-\overline{Z(1)}) est fini.

Par un théorème de Selberg, il existe un sous-groupe normal sans torsion d’indice fini dans ρ(π1(|L|Z(1)¯))𝜌subscript𝜋1𝐿¯𝑍1\rho(\pi_{1}(|L|-\overline{Z(1)})). Le revêtement étale fini correspondant η:U(0)UZ(1)¯:𝜂superscript𝑈0𝑈¯𝑍1\eta:U^{\prime}(0)\to U-\overline{Z(1)} est galoisien de groupe G𝐺G et se prolonge par le théorème de Grauert-Remmert en un revêtement Galoisien normal encore noté η:|L||L|:𝜂superscript𝐿𝐿\eta:|L|^{\prime}\to|L|. On note aussi U(k)=|L|×|L|U(k)superscript𝑈𝑘subscript𝐿superscript𝐿𝑈𝑘U^{\prime}(k)=|L|^{\prime}\times_{|L|}U(k) et η:U(k)U(k):𝜂superscript𝑈𝑘𝑈𝑘\eta:U^{\prime}(k)\to U(k) la restriction à cet ouvert.

Orbifold U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)}.

Considérons le champ quotient U(k)~=[U(k)/G]~𝑈𝑘delimited-[]superscript𝑈𝑘𝐺\widetilde{U(k)}=[U^{\prime}(k)/G]. Si ev[f]𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓ev_{[f]} est surjective pour tout [f]U(k)delimited-[]𝑓𝑈𝑘[f]\in U(k), U(k)superscript𝑈𝑘U^{\prime}(k) est lisse (voir [Mé12]) donc U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)} est un champ de Deligne-Mumford lisse d’espace de modules U(k)𝑈𝑘U(k) et l’isotropie en [f]delimited-[]𝑓[f] est le produit des groupes de monodromie locale des singularités. On note π1(U(k)~)subscript𝜋1~𝑈𝑘\pi_{1}(\widetilde{U(k)}) le groupe fondamental du champ topologique sous-jacent [Noo04, Noo05].

Par construction, toute composante connexe V𝑉V de la préimage de UZ(1)𝑈𝑍1U-Z(1) dans U(k)superscript𝑈𝑘U^{\prime}(k), vérifie ρ(π1(V))={e}𝜌subscript𝜋1𝑉𝑒\rho(\pi_{1}(V))=\{e\} et que U(k)superscript𝑈𝑘U^{\prime}(k) soit lisse ou non, la représentation ρη𝜌subscript𝜂\rho\circ\eta_{*} est induite par une représentation ρ:π1(U(k),x)O(Hn(Xg,)):superscript𝜌subscript𝜋1superscript𝑈𝑘𝑥𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑔\rho^{\prime}:\pi_{1}(U^{\prime}(k),x)\to O(H^{n}(X_{g},\mathbb{Q}))xU(1)𝑥superscript𝑈1x\in U^{\prime}(1) est un point base et [g]=η(x)delimited-[]𝑔𝜂𝑥[g]=\eta(x). Le système local correspondant est G𝐺G-équivariant et descend à un système local 𝕍U(k)~subscript𝕍~𝑈𝑘\mathbb{V}_{\widetilde{U(k)}} sur U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)} et on notera ρ¯:π1(U(k)~,x)O(Hn(Xg,)):¯𝜌subscript𝜋1~𝑈𝑘𝑥𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑔\bar{\rho}:\pi_{1}(\widetilde{U(k)},x)\to O(H^{n}(X_{g},\mathbb{Q})) sa monodromie. Si U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)} est lisse ce système local est sous jacent à une \mathbb{Q}-VSH par [Gri73]. \Box

Notre discussion implique aussi la précision suivante sauf pour le dernier point pour lequel on renvoie à [Mé12].

Proposition 1.1.2.

Si, de plus, L𝐿L est k𝑘k-jet-ample, U(k)~~𝑈𝑘\widetilde{U(k)} est lisse, codim|L|U(k)cmax(7,k)subscriptcodim𝐿𝑈superscript𝑘𝑐7𝑘\mathrm{codim}_{|L|}U(k)^{c}\geq\max(7,k) et la stratification U(k)~=l=0kZ(l)~~𝑈𝑘superscriptsubscript𝑙0𝑘~𝑍𝑙\widetilde{U(k)}=\cup_{l=0}^{k}\widetilde{Z(l)} (où l’on a posé Z(l)~=U(l)~U(l+1)~~𝑍𝑙~𝑈𝑙~𝑈𝑙1\widetilde{Z(l)}=\widetilde{U(l)}-\widetilde{U(l+1)}) est de Whithney.

Notons que γ:Z(k)~Z(k):𝛾~𝑍𝑘𝑍𝑘\gamma:\widetilde{Z(k)}\to Z(k) est une gerbe de lien un schéma en groupes fini si, pour tout [f]Z(k)delimited-[]𝑓𝑍𝑘[f]\in Z(k), ev[f]𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓ev_{[f]} est surjectif. Ceci permet de définir un système local 𝕍Z(k):=γ𝕍Z(k)~assignsubscript𝕍𝑍𝑘subscript𝛾subscript𝕍~𝑍𝑘\mathbb{V}_{Z(k)}:=\gamma_{*}\mathbb{V}_{\widetilde{Z(k)}} qui est sous jacent à une VSH polarisée sur Z(k)𝑍𝑘Z(k).

1.2. Une question ouverte

Dans le cas X=3𝑋superscript3X=\mathbb{P}^{3}, L=O3(4)𝐿subscript𝑂superscript34L=O_{\mathbb{P}^{3}}(4) on sait que ρ¯¯𝜌\bar{\rho} est un isomorphisme sur son image grâce au théorème de Torelli pour les surfaces K3. Une conjecture de Carlson-Toledo prédit que les seuls réseaux de groupes algébriques réels semisimples apparaissant comme groupes kählériens sont ceux des groupes de type hermitiens symétriques. Cette conjecture implique que ρ¯¯𝜌\bar{\rho} n’est pas injective pour d5𝑑5d\geq 5. Ceci motive:

Conjecture 1.

Pour d5𝑑5d\geq 5 le noyau de ρ¯=ρ¯(3,O3(d))¯𝜌subscript¯𝜌superscript3subscript𝑂superscript3𝑑\bar{\rho}=\bar{\rho}_{(\mathbb{P}^{3},O_{\mathbb{P}^{3}}(d))} est un groupe infini.

La méthode de [CaTo99] pour prouver le fait analogue dans le cas de ρ𝜌\rho ne s’applique malheureusement pas ici. Nous ne voyons pas comment construire d’autres représentations linéaires de π1(U~(3,O3(d)),η)subscript𝜋1~𝑈superscript3subscript𝑂superscript3𝑑𝜂\pi_{1}(\widetilde{U}(\mathbb{P}^{3},O_{\mathbb{P}^{3}}(d)),\eta). Ceci motive la:

Question 2.

Le groupe π1(U~(3,O3(d)),η)subscript𝜋1~𝑈superscript3subscript𝑂superscript3𝑑𝜂\pi_{1}(\widetilde{U}(\mathbb{P}^{3},O_{\mathbb{P}^{3}}(d)),\eta) admet il d’autres représentations complexes que les représentations de la forme αρ¯𝛼¯𝜌\alpha\circ\bar{\rho}α𝛼\alpha est une représentation rationnelle de O(Hn(Xg,))𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑔O(H^{n}(X_{g},\mathbb{R}))?

Pour d=4𝑑4d=4 la réponse à cette question est négative par le théorème de superrigidité de Margulis.

1.3. Relèvement de l’action de PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L)

Le groupe Aut(X,L)𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿Aut(X,L) des automorphismes du couple (X,L)𝑋𝐿(X,L) agit sur |L|𝐿|L| à travers PAut(X,L)=Aut(X,L)/𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿superscriptPAut(X,L)=Aut(X,L)/\mathbb{C}^{*} en préservant les U(k)𝑈𝑘U(k).

Proposition 1.3.1.

Si le groupe PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L) est semisimple, son action sur U𝑈U se relève à une action sur U~~𝑈\widetilde{U}.

Preuve: L’algèbre de Lie 𝔭𝔞𝔲𝔱(X,L)opH0(Θ|L|)𝔭𝔞𝔲𝔱superscript𝑋𝐿𝑜𝑝superscript𝐻0subscriptΘ𝐿{\mathfrak{paut}}(X,L)^{op}\subset H^{0}(\Theta_{|L|}) est une algèbre de Lie de champs de vecteurs holomorphes qui sont tangents à chaque Z(k)𝑍𝑘Z(k). Or Z(1)¯¯𝑍1\overline{Z(1)} est le lieu de ramification de |L||L|superscript𝐿𝐿|L|^{\prime}\to|L|. Donc ces champs de vecteurs se relèvent à des champs de vecteurs sur |L|superscript𝐿|L|^{\prime} car tout champ de vecteurs tangent au lieu de ramification de ZY𝑍𝑌Z\to Y avec Y𝑌Y lisse et Z𝑍Z normal se relève à Z𝑍Z.

En effet, le relèvement a lieu en codimension un car un germe de champ de vecteurs de la forme a(z,(wj))zz+bi(z,(wj))wi𝑎𝑧subscript𝑤𝑗𝑧𝑧subscript𝑏𝑖𝑧subscript𝑤𝑗subscript𝑤𝑖a(z,(w_{j}))z\frac{\partial}{\partial z}+b_{i}(z,(w_{j}))\frac{\partial}{\partial w_{i}} a,b{z,w1,,wn}𝑎𝑏𝑧subscript𝑤1subscript𝑤𝑛a,b\in\mathbb{C}\{z,w_{1},\ldots,w_{n}\} se relève bien à un germe de champ de vecteurs holomorphes par un morphisme de la forme (z,(wj)(ze,(wj))(z,(w_{j})\to(z^{e},(w_{j})). Ce relèvement en codimension un se prolonge à Y𝑌Y tout entier car le faisceau des champs de vecteurs holomorphes sur l’espace normal Y𝑌Y est réflexif.

On dispose donc d’un morphisme d’algèbres de Lie 𝔭𝔞𝔲𝔱(X,L)opH0(ΘU)G𝔭𝔞𝔲𝔱superscript𝑋𝐿𝑜𝑝superscript𝐻0superscriptsubscriptΘsuperscript𝑈𝐺{\mathfrak{paut}}(X,L)^{op}\to H^{0}(\Theta_{U^{\prime}})^{G} qui s’exponentie en un morphisme de groupes de Lie complexes du revêtement universel topologique P~~𝑃\tilde{P} de PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L) vers le centralisateur C(G,Aut(U)C(G,Aut(U^{\prime}) de G𝐺G dans Aut(U)𝐴𝑢𝑡superscript𝑈Aut(U^{\prime}).

Si PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L) est semisimple, le groupe P~~𝑃\widetilde{P} est un groupe algébrique affine semisimple et le morphisme correspondant est un morphisme de groupes algébriques. Le noyau N𝑁N du morphisme P~Aut(U)~𝑃𝐴𝑢superscript𝑡𝑈\widetilde{P}\to Aut^{\prime}(U) est contenu dans le noyau Nsuperscript𝑁N^{\prime} de P~PAut(X,L)~𝑃𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿\widetilde{P}\to PAut(X,L) car l’action de P~~𝑃\widetilde{P} redescend à une action de P~~𝑃\widetilde{P} sur U𝑈U factorisant via PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L). Mais N/Nsuperscript𝑁𝑁N^{\prime}/N commute à G𝐺G et préserve η𝜂\eta. Comme η𝜂\eta est Galoisien de groupe G𝐺G on déduit que N/NZ(G)superscript𝑁𝑁𝑍𝐺N^{\prime}/N\subset Z(G) et que donc, en divisant Usuperscript𝑈U^{\prime} par N/Nsuperscript𝑁𝑁N^{\prime}/N, on obtient une action de PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L) sur U′′:=U/(N/N)assignsuperscript𝑈′′superscript𝑈superscript𝑁𝑁U^{\prime\prime}:=U^{\prime}/(N^{\prime}/N) qui commute à Gal(U′′/U)=G/(N/N):=G𝐺𝑎𝑙superscript𝑈′′𝑈𝐺superscript𝑁𝑁assignsuperscript𝐺Gal(U^{\prime\prime}/U)=G/(N^{\prime}/N):=G^{\prime} et descend à une action de PAut(X,L)𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿PAut(X,L) sur U~[U′′/G]similar-to-or-equals~𝑈delimited-[]superscript𝑈′′superscript𝐺\widetilde{U}\simeq[U^{\prime\prime}/G^{\prime}]. \Box

Corollaire 1.3.2.

L’application des périodes 𝒫:U~[Γ\𝒟]:𝒫~𝑈delimited-[]\Γ𝒟\mathcal{P}:\widetilde{U}\to[\Gamma\backslash\mathcal{D}] attachée à ρ¯¯𝜌\bar{\rho} descend à une application définie sur le champ quotient [PAut(X,L)\U~][Γ\𝒟]delimited-[]\𝑃𝐴𝑢𝑡𝑋𝐿~𝑈delimited-[]\Γ𝒟[PAut(X,L)\backslash\widetilde{U}]\to[\Gamma\backslash\mathcal{D}].

2. Interprétation géométrique de la représentation de monodromie prolongée

Avec les notations de 1.1, soit [f]Udelimited-[]𝑓𝑈[f]\in U et XfXsubscript𝑋𝑓𝑋X_{f}\subset X l’hypersurface de X𝑋X à singularités isolées simples définie par f𝑓f et ev[f]𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓ev_{[f]} la flèche d’évaluation des jets aux points singuliers de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f}.

Proposition 2.0.1.

Supposons ev[f]𝑒subscript𝑣delimited-[]𝑓ev_{[f]} surjectif pour tout XfZ(k)subscript𝑋𝑓𝑍𝑘X_{f}\in Z(k). Les sous faisceaux de ΘZ(k)subscriptΘ𝑍𝑘\Theta_{Z(k)} définis par les noyaux des GrF()𝐺subscript𝑟𝐹Gr_{F}(\nabla) pour les VSH sous-jacentes aux systèmes locaux GrWn+2Rn+1(p1)(Z(k)×X𝒳Z(k))𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛2𝑊superscript𝑅𝑛1subscriptsubscript𝑝1subscript𝑍𝑘𝑋subscript𝒳𝑍𝑘Gr^{n+2}_{W}R^{n+1}(p_{1})_{*}\mathbb{Q}_{(Z(k)\times X-\mathcal{X}_{Z(k)})} et 𝕍Z(k)subscript𝕍𝑍𝑘\mathbb{V}_{Z(k)} sont égaux.

Remarquons que l’hypothèse de la proposition est satisfaite si par exemple L𝐿L est le produit tensoriel d’au moins τ(f)𝜏𝑓\tau(f) fibrés très amples.

Pour montrer la proposition, on compare la cohomologie de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} à celle de son complémentaire (2.1) ainsi qu’à la structure limite (2.2), d’abord ponctuellement puis en famille (2.3), ce qui donne le résultat. Une preuve alternative et plus constructive est donnée dans le cas de familles de surfaces en (2.4).

2.1. Relation entre les structures de Hodge de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} et de XXf𝑋subscript𝑋𝑓X-X_{f}

Une singularité simple a une forme d’intersection définie négative, en particulier non dégénérée, donc Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} est une variété d’homologie rationnelle [Di92, prop. 4.7]. Le groupe Hn(Xf,)superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑓H^{n}(X_{f},\mathbb{Q}) coïncide donc avec le groupe de cohomologie d’intersection IHn(Xf,)𝐼superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑓IH^{n}(X_{f},\mathbb{Q}) et porte une structure de Hodge pure. Le groupe Hn+1(XXf,)superscript𝐻𝑛1𝑋subscript𝑋𝑓H^{n+1}(X-X_{f},\mathbb{Z}) porte une structure de Hodge mixte [Del71-75] de poids n+1𝑛1n+1 et n+2𝑛2n+2, entrant dans une suite exacte :

(2.1)2.1 Hn+1(X,)Hn+1(XXf,)HXfn+2(X,)Hn+2(X,)superscript𝐻𝑛1𝑋superscript𝐻𝑛1𝑋subscript𝑋𝑓subscriptsuperscript𝐻𝑛2subscript𝑋𝑓𝑋superscript𝐻𝑛2𝑋H^{n+1}(X,\mathbb{Z})\to H^{n+1}(X-X_{f},\mathbb{Z})\to H^{n+2}_{X_{f}}(X,\mathbb{Z})\to H^{n+2}(X,\mathbb{Z})

Toujours parce que Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} est une variété d’homologie rationnelle, on a un isomorphisme de structure de Hodge Hn(Xf,)(1)HXfn+2(X,)superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑓1subscriptsuperscript𝐻𝑛2subscript𝑋𝑓𝑋H^{n}(X_{f},\mathbb{Q})(1)\to H^{n+2}_{X_{f}}(X,\mathbb{Q}). Ainsi GrWn+2Hn+1(XXf,)𝐺superscriptsubscript𝑟𝑊𝑛2superscript𝐻𝑛1𝑋subscript𝑋𝑓Gr_{W}^{n+2}H^{n+1}(X-X_{f},\mathbb{Z}) est une sous structure de Hodge pure de poids n+2𝑛2n+2 de HXfn+2(X,)subscriptsuperscript𝐻𝑛2subscript𝑋𝑓𝑋H^{n+2}_{X_{f}}(X,\mathbb{Z}) et sa filtration de Hodge vérifie

0=Fn+2Fn+1F1=F0=GrWn+2Hn+1(XXf,)0superscript𝐹𝑛2superscript𝐹𝑛1superscript𝐹1superscript𝐹0𝐺superscriptsubscript𝑟𝑊𝑛2superscript𝐻𝑛1𝑋subscript𝑋𝑓0=F^{n+2}\subset F^{n+1}\subset\ldots\subset F^{1}=F^{0}=Gr_{W}^{n+2}H^{n+1}(X-X_{f},\mathbb{Z})

On note que si Hn+1(X,)=0superscript𝐻𝑛1𝑋0H^{n+1}(X,\mathbb{Z})=0, ce qui est le cas si X=n+1𝑋superscript𝑛1X=\mathbb{P}^{n+1} puisque n𝑛n est pair, alors Hn+1(XXf,)superscript𝐻𝑛1𝑋subscript𝑋𝑓H^{n+1}(X-X_{f},\mathbb{Z}) est pure de poids n+2𝑛2n+2.

2.2. Structure de Hodge de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} et structure de Hodge limite

Soit i:ΔU:𝑖Δ𝑈i:\Delta\to U un disque analytique tel que i(0)=[f]𝑖0delimited-[]𝑓i(0)=[f] et i(Δ)U(0)𝑖superscriptΔ𝑈0i(\Delta^{*})\subset U(0). On pose 𝒳Δ=𝒳×UΔsubscript𝒳Δsubscript𝑈𝒳Δ\mathcal{X}_{\Delta}=\mathcal{X}\times_{U}\Delta. Alors t:𝒳ΔΔ:𝑡subscript𝒳ΔΔt:\mathcal{X}_{\Delta}\to\Delta est un morphisme projectif plat lisse hors de {t=0}𝑡0\{t=0\} et (𝒳Δ)0=Xfsubscriptsubscript𝒳Δ0subscript𝑋𝑓(\mathcal{X}_{\Delta})_{0}=X_{f}. Si la monodromie de 𝒳ΔΔsubscript𝒳ΔsuperscriptΔ\mathcal{X}_{\Delta}\to\Delta^{*} est unipotente, c’est à dire triviale puisque les groupes de monodromie locale près de [f]delimited-[]𝑓[f] sont finis, ceci permet de définir la structure de Hodge limite Hlimn(Xf,)subscriptsuperscript𝐻𝑛𝑙𝑖𝑚subscript𝑋𝑓H^{n}_{lim}(X_{f},\mathbb{Q}) au sens de [Ste76].

Grâce à [Saito90], on a un isomorphisme de structures de Hodge pures

Hlimn(Xf,)=0(Xf,ψt(𝒳Δ[n]))subscriptsuperscript𝐻𝑛𝑙𝑖𝑚subscript𝑋𝑓superscript0subscript𝑋𝑓subscript𝜓𝑡subscriptsubscript𝒳Δdelimited-[]𝑛H^{n}_{lim}(X_{f},\mathbb{Q})=\mathbb{H}^{0}(X_{f},\psi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}}[n]))

L’objet ϕt(𝒳Δ[n])subscriptitalic-ϕ𝑡subscriptsubscript𝒳Δdelimited-[]𝑛\phi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}}[n]) est concentré aux points singuliers de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f}. Le Module de Hodge Mixte ψt(𝒳Δ[n])=ψt(IC𝒳Δ())subscript𝜓𝑡subscriptsubscript𝒳Δdelimited-[]𝑛subscript𝜓𝑡𝐼subscript𝐶subscript𝒳Δ\psi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}}[n])=\psi_{t}(IC_{\mathcal{X}_{\Delta}}(\mathbb{Q})) est un module de Hodge polarisable pur car IC𝒳Δ()𝐼subscript𝐶subscript𝒳ΔIC_{\mathcal{X}_{\Delta}}(\mathbb{Q}) est un module de Hodge polarisable et que le logarithme de la monodromie vérifie N=0𝑁0N=0, en vertu de [Saito88, (0.7), p. 852].

La première flèche a𝑎a du triangle distingué canonique

Xf[n]ψt(𝒳Δ)canϕt(𝒳Δ)+1subscriptsubscript𝑋𝑓delimited-[]𝑛subscript𝜓𝑡subscriptsubscript𝒳Δ𝑐𝑎𝑛subscriptitalic-ϕ𝑡subscriptsubscript𝒳Δ1absent\mathbb{Q}_{X_{f}}[n]\to\psi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}})\xrightarrow{can}\phi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}})\xrightarrow{+1}

est donc un morphisme de Modules de Hodge Polarisables de même poids. La catégorie des modules de Hodge Polarisables de poids donné étant abélienne et semi-simple [Saito88, Lemme 5, p. 854] il suit que ψt(𝒳Δ)Xf[n]Coker(a)similar-to-or-equalssubscript𝜓𝑡subscriptsubscript𝒳Δdirect-sumsubscriptsubscript𝑋𝑓delimited-[]𝑛Coker𝑎\psi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}})\simeq\mathbb{Q}_{X_{f}}[n]\oplus\mathrm{Coker}(a)Coker(a)Coker𝑎\mathrm{Coker}(a) a même poids que Xf[n]subscriptsubscript𝑋𝑓delimited-[]𝑛\mathbb{Q}_{X_{f}}[n]. Il suit que ϕt(𝒳Δ)subscriptitalic-ϕ𝑡subscriptsubscript𝒳Δ\phi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}}) est isomorphe à Coker(a)Coker𝑎\mathrm{Coker}(a).

Ceci fournit une suite exacte scindée de structures de Hodge pures :

(2.2)2.2 0Hn(Xf,)Hlimn(Xf,)x|Σ|n(ϕt(𝒳Δ))x00superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑓subscriptsuperscript𝐻𝑛𝑙𝑖𝑚subscript𝑋𝑓subscriptdirect-sum𝑥Σsuperscript𝑛subscriptsubscriptitalic-ϕ𝑡subscriptsubscript𝒳Δ𝑥00\to H^{n}(X_{f},\mathbb{Q})\to H^{n}_{lim}(X_{f},\mathbb{Q})\to\bigoplus_{x\in|\Sigma|}\mathcal{H}^{n}(\phi_{t}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}}))_{x}\to 0

2.3. Comparaison avec la variation de structure de Hodge des variétés singulières

Soit avec les notations du paragraphe 1.1 un germe de disque analytique j:(Δ,0)p|Σ|Def(Xf,p):𝑗Δ.0subscriptproduct𝑝Σ𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑝j:(\Delta,0)\to\prod_{p\in|\Sigma|}Def(X_{f},p) tel que j(Δ)p|Σ|Def(Xf,p)(0)𝑗superscriptΔsubscriptproduct𝑝Σ𝐷𝑒𝑓subscript𝑋𝑓𝑝0j(\Delta^{*})\subset\prod_{p\in|\Sigma|}Def(X_{f},p)(0) et dont la monodromie est nulle.

On définit un germe T:=(|L|,[f])×λ,jΔassign𝑇subscript𝜆𝑗𝐿delimited-[]𝑓ΔT:=(|L|,[f])\times_{\lambda,j}\Delta muni de la famille d’hypersurfaces X×T𝒳TπTsuperset-of𝑋𝑇subscript𝒳𝑇superscript𝜋𝑇X\times T\supset\mathcal{X}_{T}\buildrel\pi\over{\to}T .

La projection naturelle t:TΔ:𝑡𝑇Δt:T\to\Delta définit une fonction holomorphe et S:={t=0}assign𝑆𝑡0S:=\{t=0\} est exactement le germe en [f]delimited-[]𝑓[f] de la strate isosingulière Z(k)𝑍𝑘Z(k) de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f}. Notons enfin g𝑔g la composée 𝒳T𝜋T𝑡Δ𝜋subscript𝒳𝑇𝑇𝑡Δ\mathcal{X}_{T}\xrightarrow{\pi}T\xrightarrow{t}\Delta.

On a sur 𝒳Ssubscript𝒳𝑆\mathcal{X}_{S} un triangle distingué

𝒳S[n]spψg(𝒳T)canϕg(𝒳T)+1.𝑠𝑝subscriptsubscript𝒳𝑆delimited-[]𝑛subscript𝜓𝑔subscriptsubscript𝒳𝑇𝑐𝑎𝑛subscriptitalic-ϕ𝑔subscriptsubscript𝒳𝑇1absent\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{S}}[n]\xrightarrow{sp}\psi_{g}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{T}})\xrightarrow{can}\phi_{g}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{T}})\xrightarrow{+1}.

Le dernier terme est supporté sur le lieu singulier de g𝑔g qui est une union finie de multisections étales de 𝒳SSsubscript𝒳𝑆𝑆\mathcal{X}_{S}\to S qui décrivent les points singuliers des Xssubscript𝑋𝑠X_{s} pour sS𝑠𝑆s\in S. Comme ces singularités sont de type ADE donc rigides, le dernier terme est donc une somme directe, de tirés en arrière de faisceaux gratte-ciel sur la déformation universelle locale de chaque singularité.

En appliquant πsubscript𝜋\pi_{*}, et en utilisant l’ isomorphisme naturel πψgψtπsimilar-to-or-equalssubscript𝜋subscript𝜓𝑔subscript𝜓𝑡subscript𝜋\pi_{*}\psi_{g}\simeq\psi_{t}\pi_{*}, on obtient sur S𝑆S le triangle

π𝒳Sψt(π𝒳T)πϕg(𝒳T)+1.subscript𝜋subscriptsubscript𝒳𝑆subscript𝜓𝑡subscript𝜋subscriptsubscript𝒳𝑇subscript𝜋subscriptitalic-ϕ𝑔subscriptsubscript𝒳𝑇1absent\pi_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{S}}\to\psi_{t}(\pi_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{T}})\to\pi_{*}\phi_{g}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{T}})\xrightarrow{+1}.

Ce dernier donne en cohomologie une suite exacte sur S𝑆S

0Rnπ𝒳S𝕍SHn(X,)x|Σ|nπϕg(𝒳Δ)x.0superscript𝑅𝑛subscript𝜋subscriptsubscript𝒳𝑆direct-sumsubscript𝕍𝑆superscript𝐻𝑛𝑋subscriptdirect-sum𝑥Σsuperscript𝑛subscript𝜋subscriptitalic-ϕ𝑔subscriptsubscriptsubscript𝒳Δ𝑥0\to R^{n}\pi_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{S}}\to\mathbb{V}_{S}\oplus H^{n}(X,\mathbb{Q})\to\bigoplus_{x\in|\Sigma|}\mathcal{R}^{n}\pi_{*}\phi_{g}(\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{\Delta}})_{x}.

La suite exacte (2.2) implique que les tiges des termes de cette suite exacte sont des structures de Hodge pures de même poids et donc que cette suite exacte est une suite exacte de Modules de Hodge polarisables purs qui est scindée toujours par [Saito88, Lemme5, p. 854].

Finalement, en tout point de S𝑆S le noyau de GrF()𝐺subscript𝑟𝐹Gr_{F}(\nabla) pour la \mathbb{Q}-Variation de Structures de Hodge Rnπ𝒳Ssuperscript𝑅𝑛subscript𝜋subscriptsubscript𝒳𝑆R^{n}\pi_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}_{S}} et celui de 𝕍Ssubscript𝕍𝑆\mathbb{V}_{S} sont les mêmes.

Compte tenu de la suite exacte (2.1), ceci établit la proposition 2.0.1.∎

2.4. Interprétation dans le cas n=2𝑛2n=2

Donnons un argument alternatif permettant de démontrer la proposition 2.0.1 dans le cas n=2𝑛2n=2.

Si on applique le théorème de résolution simultanée des singularités DuVal [Art74] [Bri70], cf. [KoMo98, p. 135] à la famille universelle p1:𝒳U:subscript𝑝1𝒳𝑈p_{1}:\mathcal{X}\to U on trouve un revêtement ramifié r:UU:𝑟superscript𝑈𝑈r:U^{*}\to U et une application holomorphe propre et lisse u¯:𝒳U:¯𝑢superscript𝒳superscript𝑈\bar{u}:\mathcal{X}^{*}\to U^{*} avec un morphisme π:𝒳𝒳×UU:𝜋superscript𝒳subscript𝑈𝒳superscript𝑈\pi:\mathcal{X}^{*}\to\mathcal{X}\times_{U}U^{*} qui soit une résolution simultanée, c’est à dire que pour tout sU𝑠superscript𝑈s\in U^{*} πs:𝒳s𝒳s:subscript𝜋𝑠subscriptsuperscript𝒳𝑠subscript𝒳𝑠\pi_{s}:\mathcal{X}^{*}_{s}\to\mathcal{X}_{s} soit une résolution. De plus, ces résolutions peuvent être supposées minimales. Le morphisme r𝑟r factorise par un morphisme fini r:UU~:superscript𝑟superscript𝑈~𝑈r^{\prime}:U^{*}\to\widetilde{U}. L’existence globale de r𝑟r n’est pas évidente et il n’est pas clair pour nous que r𝑟r puisse être choisi de façon à ce que rsuperscript𝑟r^{\prime} soit étale. Toutefois, cf [BuWa74], c’est le cas si on restreint u𝑢u à un petit voisinage d’un point de U𝑈U. Ceci implique que 𝕍U~,[f]H2(Xf,)similar-to-or-equalssubscript𝕍~𝑈delimited-[]𝑓superscript𝐻2subscriptsuperscript𝑋𝑓\mathbb{V}_{\widetilde{U},[f]}\simeq H^{2}(X^{\prime}_{f},\mathbb{Q}) comme structures de Hodge où XfXfsubscriptsuperscript𝑋𝑓subscript𝑋𝑓X^{\prime}_{f}\to X_{f} est la résolution minimale mais aussi que r𝕍U~R2u¯𝒳similar-to-or-equalssuperscript𝑟subscript𝕍~𝑈superscript𝑅2subscript¯𝑢subscriptsuperscript𝒳r^{\prime*}\mathbb{V}_{\widetilde{U}}\simeq R^{2}\bar{u}_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}^{*}} comme variations de structures de Hodge polarisables.

Notons Z(k)=r1(Z(k)Z(k+1))superscript𝑍𝑘superscript𝑟1𝑍𝑘𝑍𝑘1Z^{*}(k)=r^{-1}(Z(k)-Z(k+1)) et appelons 𝒳(k)superscript𝒳𝑘\mathcal{X}^{*}(k), resp. 𝒳(k)𝒳𝑘\mathcal{X}(k) la restriction de 𝒳superscript𝒳\mathcal{X}^{*}, resp. 𝒳𝒳\mathcal{X} à Z(k)superscript𝑍𝑘Z^{*}(k). 𝒳(k)superscript𝒳𝑘\mathcal{X}^{*}(k) est lisse sur Z(k)𝑍𝑘Z(k) et, quitte à faire un revêtement étale de Z0(k)superscript𝑍0𝑘Z^{0}(k), on peut supposer que sur chaque composante connexe Z0(k)superscript𝑍0𝑘Z^{0}(k) de Z(k)superscript𝑍𝑘Z^{*}(k) l’ensemble singulier de 𝒳(k)𝒳𝑘\mathcal{X}(k) est un produit de Z0(k)superscript𝑍0𝑘Z^{0}(k) par un ensemble fini. L’ensemble exceptionnel de πk:𝒳(k)𝒳(k):subscript𝜋𝑘superscript𝒳𝑘𝒳𝑘\pi_{k}:\mathcal{X}^{*}(k)\to\mathcal{X}(k) est globalement un produit de Z0(k)superscript𝑍0𝑘Z^{0}(k) par une réunion de configurations de courbes rationnelles du type A-D-E adéquat.

Ceci donne des suites exactes de Variation de Structure de Hodge:

0(1)Z0(k)kR2u¯𝒳(k)|Z0(k)(r)𝕍U~|Z0(k)R2(p1)𝒳(k)00subscriptsuperscript1direct-sum𝑘superscript𝑍0𝑘evaluated-atsuperscript𝑅2subscript¯𝑢subscriptsuperscript𝒳𝑘superscript𝑍0𝑘similar-to-or-equalsevaluated-atsuperscriptsuperscript𝑟subscript𝕍~𝑈superscript𝑍0𝑘superscript𝑅2subscriptsubscript𝑝1subscript𝒳𝑘00\to\mathbb{Q}(1)^{\oplus k}_{Z^{0}(k)}\to R^{2}\bar{u}_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}^{*}(k)}|_{Z^{0}(k)}\simeq(r^{\prime})^{*}\mathbb{V}_{\widetilde{U}}|_{Z^{0}(k)}\to R^{2}(p_{1})_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(k)}\to 0

Notons v:U×X𝒳U:𝑣superscript𝑈𝑋superscript𝒳superscript𝑈v:U^{*}\times X-\mathcal{X}^{*}\to U^{*} la première projection. La suite exacte (2.1) implique que R2(p1)𝒳(k)(1)GrW4R3v(U×X𝒳)|Z0(k)similar-to-or-equalssuperscript𝑅2subscriptsubscript𝑝1subscript𝒳𝑘1evaluated-at𝐺subscriptsuperscript𝑟4𝑊superscript𝑅3subscript𝑣subscriptsuperscript𝑈𝑋superscript𝒳superscript𝑍0𝑘R^{2}(p_{1})_{*}\mathbb{Q}_{\mathcal{X}(k)}(1)\simeq Gr^{4}_{W}R^{3}v_{*}\mathbb{Q}_{(U^{*}\times X-\mathcal{X}^{*})}|_{Z^{0}(k)}, puis par le théorème de semisimplicité:

(r)𝕍U~|Z0(k)(1)Z0(k)kGrW4R3v(U×X𝒳)|Z0(k)similar-to-or-equalsevaluated-atsuperscriptsuperscript𝑟subscript𝕍~𝑈superscript𝑍0𝑘direct-sumsubscriptsuperscript1direct-sum𝑘superscript𝑍0𝑘evaluated-at𝐺subscriptsuperscript𝑟4𝑊superscript𝑅3subscript𝑣subscriptsuperscript𝑈𝑋superscript𝒳superscript𝑍0𝑘(r^{\prime})^{*}\mathbb{V}_{\widetilde{U}}|_{Z^{0}(k)}\simeq\mathbb{Q}(1)^{\oplus k}_{Z^{0}(k)}\oplus Gr^{4}_{W}R^{3}v_{*}\mathbb{Q}_{(U^{*}\times X-\mathcal{X}^{*})}|_{Z^{0}(k)}

Ceci implique que sur Z0(k)superscript𝑍0𝑘Z^{0}(k), les VSH GrW4R3v(U×X𝒳)|Z0(k)evaluated-at𝐺subscriptsuperscript𝑟4𝑊superscript𝑅3subscript𝑣subscriptsuperscript𝑈𝑋𝒳superscript𝑍0𝑘Gr^{4}_{W}R^{3}v_{*}\mathbb{Q}_{(U^{*}\times X-\mathcal{X})}|_{Z^{0}(k)} et 𝕍U~|Z0(k)evaluated-atsubscript𝕍~𝑈superscript𝑍0𝑘\mathbb{V}_{\widetilde{U}}|_{Z^{0}(k)} ne différent que par un système local de monodromie finie donc d’application de périodes constante. En particulier, Torelli infinitésimal pour 𝕍U~|Z0(k)evaluated-atsubscript𝕍~𝑈superscript𝑍0𝑘\mathbb{V}_{\widetilde{U}}|_{Z^{0}(k)} équivaut à Torelli infinitésimal pour GrW4R3vX×U𝒳|Z0(k)evaluated-at𝐺subscriptsuperscript𝑟4𝑊superscript𝑅3subscript𝑣subscript𝑋superscript𝑈𝒳superscript𝑍0𝑘Gr^{4}_{W}R^{3}v_{*}\mathbb{Q}_{X\times U^{*}-\mathcal{X}}|_{Z^{0}(k)} ce qui équivaut à la proposition 2.0.1 dans ce cas.

3. Théorème de Macaulay avec singularités modérées

Claire Voisin nous a signalé qu’une variante du théorème de Macaulay autorisant un peu de singularités devrait suivre en adaptant [Voi02, pp. 427-428]. Mettons en oeuvre de cette suggestion : après quelques généralités sur le complexe de Koszul, nous obtenons la propriété d’injectivité 3.2.4 en corollaire du résultat de dualité 3.2.1. Cela est suffisant pour montrer l’injectivité de l’application des périodes de 𝕍U~subscript𝕍~𝑈\mathbb{V}_{\widetilde{U}} sur certaines strates de U~~𝑈\widetilde{U}.

3.1. Un lemme sur le complexe de Koszul d’une presqu’intersection complète

Soit D𝐷superscriptD\in\mathbb{N}^{*} un entier positif. Soit GH0(X,LD)𝐺superscript𝐻0𝑋superscript𝐿𝐷G\subset H^{0}(X,L^{D}) un sous espace de dimension n+2𝑛2n+2. Notons 𝒢𝒪X𝒢subscript𝒪𝑋\mathcal{G}\subset{\mathcal{O}}_{X} le faisceau d’idéaux engendré par G𝐺G, et ΣXΣ𝑋\Sigma\subset X le sous schéma tel que 𝒪Σ=𝒪X/𝒢subscript𝒪Σsubscript𝒪𝑋𝒢{\mathcal{O}}_{\Sigma}={\mathcal{O}}_{X}/\mathcal{G}.

Posons A=A(X,L)=kH0(X,Lk)𝐴𝐴𝑋𝐿subscriptdirect-sum𝑘superscript𝐻0𝑋superscript𝐿𝑘A=A(X,L)=\oplus_{k\in\mathbb{N}}H^{0}(X,L^{k}). On appelle I𝐼I l’idéal gradué de A(X,L)𝐴𝑋𝐿A(X,L) défini en degré k𝑘k par Ik=H0(𝒢(k))subscript𝐼𝑘superscript𝐻0𝒢𝑘I_{k}=H^{0}(\mathcal{G}(k)). On a (G)I𝐺𝐼(G)\subset I.

Soit K(G)m𝐾superscriptsubscript𝐺𝑚K(G)_{m}^{\bullet} le complexe de Koszul en degré m𝑚m:

H0(Lm(n+2)D)Λn+2GH0(LmD)GH0(Lm)tensor-productsuperscript𝐻0superscript𝐿𝑚𝑛2𝐷superscriptΛ𝑛2𝐺tensor-productsuperscript𝐻0superscript𝐿𝑚𝐷𝐺superscript𝐻0superscript𝐿𝑚H^{0}(L^{m-(n+2)D})\otimes\Lambda^{n+2}G\to\ldots\to H^{0}(L^{m-D})\otimes G\to H^{0}(L^{m})

où le premier terme du complexe est par convention en degré 00. Considérons également, avec la même convention, sa version faisceautique 𝒦(G)m𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet}:

𝒪X(Lm(n+2)D)Λn+2G𝒪X(LmD)G𝒪X(Lm)tensor-productsubscript𝒪𝑋superscript𝐿𝑚𝑛2𝐷superscriptΛ𝑛2𝐺tensor-productsubscript𝒪𝑋superscript𝐿𝑚𝐷𝐺subscript𝒪𝑋superscript𝐿𝑚{\mathcal{O}}_{X}(L^{m-(n+2)D})\otimes\Lambda^{n+2}G\to\ldots\to{\mathcal{O}}_{X}(L^{m-D})\otimes G\to{\mathcal{O}}_{X}(L^{m})

L’hypercohomologie de ce complexe de faisceaux est décrite par le lemme suivant.

Lemme 3.1.1.

Si ΣXΣ𝑋\Sigma\subset X est artinien et localement d’intersection complète, alors, pour tout m𝑚m\in\mathbb{Z}, i(𝒦(G)m)=0superscript𝑖𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚0\mathbb{H}^{i}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})=0 pour in+2,n+1𝑖𝑛2𝑛1i\not=n+2,n+1 et

(1) n+2(𝒦(G)m)n+1(𝒦(G)m)P|Σ|𝒪Σ,P.similar-to-or-equalssuperscript𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚superscript𝑛1𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚similar-to-or-equalssubscriptdirect-sum𝑃Σsubscript𝒪Σ𝑃\mathbb{H}^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq\mathbb{H}^{n+1}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq\bigoplus_{P\in|\Sigma|}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}.

Preuve: Le support |Σ|Σ|\Sigma| de ΣΣ\Sigma consiste en un nombre fini de points de X𝑋X et

𝒪Σ=P|Σ|𝒪Σ,Psubscript𝒪Σsubscriptdirect-sum𝑃Σsubscript𝒪Σ𝑃{\mathcal{O}}_{\Sigma}=\bigoplus_{P\in|\Sigma|}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}

est une somme de faisceaux gratte-ciel. Par abus de langage on identifie 𝒪Σ,Psubscript𝒪Σ𝑃{\mathcal{O}}_{\Sigma,P} et l’algèbre artinienne locale de ΣΣ\Sigma en P𝑃P. Ensuite, pour tout P|Σ|𝑃ΣP\in|\Sigma|, désignant par 𝔪P𝒪X,Psubscript𝔪𝑃subscript𝒪𝑋𝑃\mathfrak{m}_{P}\subset{\mathcal{O}}_{X,P} l’idéal maximal, on a dim𝒢P/𝔪P𝒢P=n+1subscriptdimensionsubscript𝒢𝑃subscript𝔪𝑃subscript𝒢𝑃𝑛1\dim_{\mathbb{C}}\mathcal{G}_{P}/\mathfrak{m}_{P}\mathcal{G}_{P}=n+1 et toute famille (g0,gn)subscript𝑔0subscript𝑔𝑛(g_{0},\ldots g_{n}) dans 𝒢Psubscript𝒢𝑃\mathcal{G}_{P} induisant une base de 𝒢P/𝔪P𝒢Psubscript𝒢𝑃subscript𝔪𝑃subscript𝒢𝑃\mathcal{G}_{P}/\mathfrak{m}_{P}\mathcal{G}_{P} est une suite régulière dans 𝒪X,Psubscript𝒪𝑋𝑃{\mathcal{O}}_{X,P} engendrant 𝒢Psubscript𝒢𝑃\mathcal{G}_{P} voir par exemple [Kap70, Thm 129]. On peut donc choisir une base (g1,,gn,gn+1)subscript𝑔1subscript𝑔𝑛subscript𝑔𝑛1(g_{1},\ldots,g_{n},g_{n+1}) de G𝐺G de sorte que (g1,gn)subscript𝑔1subscript𝑔𝑛(g_{1},\ldots g_{n}) est une suite régulière engendrant 𝒢Psubscript𝒢𝑃\mathcal{G}_{P}. Dans la catégorie dérivée Db(Mod(𝒪X,P))superscript𝐷𝑏𝑀𝑜𝑑subscript𝒪𝑋𝑃D^{b}(Mod({\mathcal{O}}_{X,P})) on a donc

𝒦(G)0,P𝒦superscriptsubscript𝐺0𝑃\displaystyle\mathcal{K}(G)_{0,P}^{\bullet} =\displaystyle= 𝒦(g1,P,,gn+1,P)0𝒦(gn+2,P)0tensor-product𝒦superscriptsubscriptsubscript𝑔1𝑃subscript𝑔𝑛1𝑃0𝒦superscriptsubscriptsubscript𝑔𝑛2𝑃0\displaystyle\mathcal{K}(g_{1,P},\ldots,g_{n+1,P})_{0}^{\bullet}\otimes\mathcal{K}(g_{n+2,P})_{0}^{\bullet}
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq 𝒪Σ,P[n1]L𝒦(gn+2,P)superscripttensor-product𝐿subscript𝒪Σ𝑃delimited-[]𝑛1𝒦superscriptsubscript𝑔𝑛2𝑃\displaystyle{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}[-n-1]\otimes^{L}\mathcal{K}(g_{n+2,P})^{\bullet}
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq (𝒪Σ,P[n1]0𝒪Σ,P[n2])superscript0subscript𝒪Σ𝑃delimited-[]𝑛1subscript𝒪Σ𝑃delimited-[]𝑛2\displaystyle({\mathcal{O}}_{\Sigma,P}[-n-1]\buildrel 0\over{\to}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}[-n-2])

puis Hn+1(𝒦(G)0,P)Hn+2(𝒦(G)0,P)𝒪Σ,Psimilar-to-or-equalssuperscript𝐻𝑛1𝒦superscriptsubscript𝐺0𝑃superscript𝐻𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺0𝑃similar-to-or-equalssubscript𝒪Σ𝑃H^{n+1}(\mathcal{K}(G)_{0,P}^{\bullet})\simeq H^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{0,P}^{\bullet})\simeq{\mathcal{O}}_{\Sigma,P} comme 𝒪X,Psubscript𝒪𝑋𝑃{\mathcal{O}}_{X,P}-modules, les autres faisceaux de cohomologie étant nuls. Par suite, les faisceaux de cohomologie non nuls de 𝒦(G)m𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet} sont les gratte-ciels Hn+1(𝒦(G)m)Hn+2(𝒦(G)m)P|Σ|𝒪Σ,Psimilar-to-or-equalssuperscript𝐻𝑛1𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚superscript𝐻𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚similar-to-or-equalssubscriptdirect-sum𝑃Σsubscript𝒪Σ𝑃H^{n+1}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq H^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq\bigoplus_{P\in|\Sigma|}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P} puisque 𝒦(G)0𝒦superscriptsubscript𝐺0\mathcal{K}(G)_{0}^{\bullet} est acyclique hors de |Σ|Σ|\Sigma|. La suite spectrale d’hypercohomologie de 𝒦(G)m𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet} n’a donc qu’un seul terme non nul en E1subscript𝐸1E_{1} qui est d1:H0(Hn+1(𝒦(G)m))H0(Hn+2(𝒦(G)m)):subscript𝑑1superscript𝐻0superscript𝐻𝑛1𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚superscript𝐻0superscript𝐻𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚d_{1}:H^{0}(H^{n+1}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet}))\to H^{0}(H^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})) et d1=0subscript𝑑10d_{1}=0 car c’est le cas après localisation. Donc, pour tout m𝑚m\in\mathbb{Z}, i(𝒦(G)m)=0superscript𝑖𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚0\mathbb{H}^{i}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})=0 pour in+2,n+1𝑖𝑛2𝑛1i\not=n+2,n+1 et

(2) n+2(𝒦(G)m)n+1(𝒦(G)m)P|Σ|𝒪Σ,P.similar-to-or-equalssuperscript𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚superscript𝑛1𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚similar-to-or-equalssubscriptdirect-sum𝑃Σsubscript𝒪Σ𝑃\mathbb{H}^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq\mathbb{H}^{n+1}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\simeq\bigoplus_{P\in|\Sigma|}{\mathcal{O}}_{\Sigma,P}.

\Box

Par ailleurs, on a la filtration bête de 𝒦(G)0𝒦subscript𝐺0\mathcal{K}(G)_{0} définie par

σp𝒦(G)=𝒪X(LpD)Λn+1pG𝒪X.subscript𝜎absent𝑝𝒦superscript𝐺tensor-productsubscript𝒪𝑋superscript𝐿𝑝𝐷superscriptΛ𝑛1𝑝𝐺subscript𝒪𝑋\sigma_{\geq p}\mathcal{K}(G)^{\bullet}={\mathcal{O}}_{X}(L^{-pD})\otimes\Lambda^{n+1-p}G\to\ldots\to{\mathcal{O}}_{X}.

Cette filtration décroissante induit une filtration sur (𝒦(G)m)superscript𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚\mathbb{H}^{*}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet}) et la suite spectrale correspondante a un terme E1p,q=Hq(Grσp(𝒦(G)))superscriptsubscript𝐸1𝑝𝑞superscript𝐻𝑞𝐺superscriptsubscript𝑟𝜎𝑝𝒦superscript𝐺E_{1}^{p,q}=H^{q}(Gr_{\sigma}^{p}(\mathcal{K}(G)^{\bullet})). Elle dégénère en En+3subscript𝐸𝑛3E_{n+3}. On remarque également que (E1,0,d1)=K(G)msuperscriptsubscript𝐸1absent.0subscript𝑑1𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚(E_{1}^{\bullet,0},d_{1})=K(G)^{\bullet}_{m}, de sorte que E2p,0=Hp(K(G)m)superscriptsubscript𝐸2𝑝.0superscript𝐻𝑝𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚E_{2}^{p,0}=H^{p}(K(G)^{\bullet}_{m}). Notamment, E2n+2,0=Hn+2(K(G)m)=(R/(G))msuperscriptsubscript𝐸2𝑛2.0superscript𝐻𝑛2𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚subscript𝑅𝐺𝑚E_{2}^{n+2,0}=H^{n+2}(K(G)^{\bullet}_{m})=(R/(G))_{m} et une variation légère de la preuve du lemme 3.1.1 permet de voir que G𝐺G a une suite régulière de longueur n+1𝑛1n+1 et donc que E2p,0=Hp(K(G)m)=0superscriptsubscript𝐸2𝑝.0superscript𝐻𝑝𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚0E_{2}^{p,0}=H^{p}(K(G)^{\bullet}_{m})=0 pour pn𝑝𝑛p\leq n.

3.2. Dualité de Macaulay pour des hypersurfaces de n+1superscript𝑛1\mathbb{P}^{n+1} à singularités isolées quasihomogènes

On se place dans le cas particulier suivant. Soit fH0(n+1,𝒪n+1(d)){0}𝑓superscript𝐻0superscript𝑛1subscript𝒪superscript𝑛1𝑑0f\in H^{0}(\mathbb{P}^{n+1},{\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(d))-\{0\} telle que l’hypersurface Xf:={f=0}assignsubscript𝑋𝑓𝑓0X_{f}:=\{f=0\} n’aie que des singularités isolées quasi-homogènes. On considère GH0(n+1,𝒪n+1(d1))𝐺superscript𝐻0superscript𝑛1subscript𝒪superscript𝑛1𝑑1G\subset H^{0}(\mathbb{P}^{n+1},{\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(d-1)) le sous espace vectoriel engendré par les dérivées partielles de f𝑓f, et (G)=J𝐺𝐽(G)=J est alors l’idéal jacobien de f𝑓f. Avec les notations précédentes, D=d1𝐷𝑑1D=d-1, et ΣXfΣsubscript𝑋𝑓\Sigma\subset X_{f} s’identifie au sous schéma artinien de X𝑋X de support Xfsingsuperscriptsubscript𝑋𝑓𝑠𝑖𝑛𝑔{X_{f}^{sing}} défini par l’annulation du premier jet de f𝑓f, I𝐼I à l’idéal de A𝐴A s’annulant sur ΣΣ\Sigma et 𝒢=𝒥Σ𝒢subscript𝒥Σ\mathcal{G}=\mathcal{J}_{\Sigma} s’identifie, après introduction de coordonnées locales, à l’idéal de Tjurina de la fonction correspondant à f𝑓f. Puisque les singularités de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} sont quasi-homogènes, les idéaux de Milnor et de Tjurina coïncident donc ΣΣ\Sigma est intersection complète locale.

Si l𝑙l\in\mathbb{Z}, on note

evl:H0(n+1,𝒪n+1(l))H0(n+1,𝒪Σ(l)):subscriptev𝑙superscript𝐻0superscript𝑛1subscript𝒪superscript𝑛1𝑙superscript𝐻0superscript𝑛1subscript𝒪Σ𝑙\text{ev}_{l}:H^{0}(\mathbb{P}^{n+1},{\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(l))\to H^{0}(\mathbb{P}^{n+1},{\mathcal{O}}_{\Sigma}(l))

la fléche induite par la surjection de faisceaux 𝒪n+1𝒪Σsubscript𝒪superscript𝑛1subscript𝒪Σ{\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}\to{\mathcal{O}}_{\Sigma}.

On note enfin σ=(n+2)(d2)𝜎𝑛2𝑑2\sigma=(n+2)(d-2).

Sur l’espace projectif n+1superscript𝑛1\mathbb{P}^{n+1}, les faisceaux inversibles n’ont de cohomologie qu’en degré 00 ou n+1𝑛1n+1, on en déduit l’annulation de la plupart des termes de la suite spectrale introduite en 3.1 : on a Erp,q=0superscriptsubscript𝐸𝑟𝑝𝑞0E_{r}^{p,q}=0 sauf si q=0𝑞0q=0 ou q=n+1𝑞𝑛1q=n+1, et donc les seules fléches drsubscript𝑑𝑟d_{r} non nulles sont les fléches d1subscript𝑑1d_{1} et la fléche dn+2:En+20,n+1En+2n+2,0:subscript𝑑𝑛2superscriptsubscript𝐸𝑛20𝑛1superscriptsubscript𝐸𝑛2𝑛2.0d_{n+2}:E_{n+2}^{0,n+1}\to E_{n+2}^{n+2,0}. Les deux propositions suivantes précisent son image et sa coimage.

Lemme 3.2.1.

La fléche dn+2:En+20,n+1En+2n+2,0:subscript𝑑𝑛2superscriptsubscript𝐸𝑛20𝑛1superscriptsubscript𝐸𝑛2𝑛2.0d_{n+2}:E_{n+2}^{0,n+1}\to E_{n+2}^{n+2,0} induit un isomorphisme entre (I/(G))σmsuperscriptsubscript𝐼𝐺𝜎𝑚\left(I/(G)\right)_{\sigma-m}^{\vee} et (I/(G))msubscript𝐼𝐺𝑚\left(I/(G)\right)_{m}.

Preuve: Cette fléche induit un isomorphisme entre sa coimage et son image. Il suffit de calculer ces deux espaces.

Première étape: l’image de dn+2subscript𝑑𝑛2d_{n+2} dans En+2n+2,0=R/(G)msuperscriptsubscript𝐸𝑛2𝑛2.0𝑅subscript𝐺𝑚E_{n+2}^{n+2,0}=R/(G)_{m} est (I/(G))msubscript𝐼𝐺𝑚\left(I/(G)\right)_{m}.

On a

Imdn+2Imsubscript𝑑𝑛2\displaystyle{\rm Im}d_{n+2} =ker(En+2n+2,0En+3n+2,0)absentkernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛2subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛3\displaystyle=\ker\left(E^{n+2,0}_{n+2}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+3}\right)
=ker(E1n+2,0En+3n+2,0)ker(E1n+2,0En+2n+2,0)absentkernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛3kernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛2\displaystyle=\frac{\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+3}\right)}{\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+2}\right)}
=ker(E1n+2,0En+3n+2,0n+2(𝒦(G)m))ker(E1n+2,0En+2n+2,0)absentkernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛3superscript𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚kernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛2\displaystyle=\frac{\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+3}\hookrightarrow\mathbb{H}^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})\right)}{\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+2}\right)}

Or, la flèche composée

E1n+2,0E2n+2,0=En+2n+2,0En+3n+2,0n+2(𝒦(G)m)subscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.02subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛2subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛3superscript𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{2}=E^{n+2,0}_{n+2}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+3}\hookrightarrow\mathbb{H}^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet})

apparaissant au numérateur coïncide avec H0(𝒪(m))H0(𝒪/𝒢(m))superscript𝐻0𝒪𝑚superscript𝐻0𝒪𝒢𝑚H^{0}(\mathcal{O}(m))\to H^{0}(\mathcal{O}/\mathcal{G}(m)). Son noyau est donc H0(𝒢(m))=Imsuperscript𝐻0𝒢𝑚subscript𝐼𝑚H^{0}(\mathcal{G}(m))=I_{m}. D’autre part, au dénominateur, on a

ker(E1n+2,0En+2n+2,0)=ker(E1n+2,0E2n+2,0)=Imd1.kernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛2kernelsubscriptsuperscript𝐸𝑛2.01subscriptsuperscript𝐸𝑛2.02Imsubscript𝑑1\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{n+2}\right)=\ker\left(E^{n+2,0}_{1}\twoheadrightarrow E^{n+2,0}_{2}\right)={\rm Im}d_{1}.

On en déduit

Imdn+2=ImImd1=Im(G)m.Imsubscript𝑑𝑛2subscript𝐼𝑚Imsubscript𝑑1subscript𝐼𝑚subscript𝐺𝑚{\rm Im}\>d_{n+2}=\frac{I_{m}}{{\rm Im}\>d_{1}}=\frac{I_{m}}{(G)_{m}}.

Deuxième étape : la coimage de dn+2:En+20,n+1En+2n+2,0:subscript𝑑𝑛2superscriptsubscript𝐸𝑛20𝑛1superscriptsubscript𝐸𝑛2𝑛2.0d_{n+2}:E_{n+2}^{0,n+1}\to E_{n+2}^{n+2,0} s’identifie par dualité de Serre à (I/(G))m+(n+2)(d2)=(I/(G))σmsuperscriptsubscript𝐼𝐺𝑚𝑛2𝑑2superscriptsubscript𝐼𝐺𝜎𝑚\left(I/(G)\right)_{-m+(n+2)(d-2)}^{\vee}=\left(I/(G)\right)_{\sigma-m}^{\vee}.

La suite spectrale duale ((Erp,q),tdr)((E^{p,q}_{r})^{\vee},^{t}d_{r}) s’identifie par dualité de Serre à une renumérotation de la suite spectrale de la filtration bête de:

ωn+1(Lm)ωn+1(Lm+d1)Gωn+1(Lm+(n+2)(d1))Λn+2Gsubscript𝜔superscript𝑛1superscript𝐿𝑚tensor-productsubscript𝜔superscript𝑛1superscript𝐿𝑚𝑑1superscript𝐺tensor-productsubscript𝜔superscript𝑛1superscript𝐿𝑚𝑛2𝑑1superscriptΛ𝑛2superscript𝐺\omega_{\mathbb{P}^{n+1}}(L^{-m})\to\omega_{\mathbb{P}^{n+1}}(L^{-m+d-1})\otimes G^{\vee}\to\ldots\to\omega_{\mathbb{P}^{n+1}}(L^{-m+(n+2)(d-1)})\otimes\Lambda^{n+2}G^{\vee}

Le complexe obtenu en tensorisant par la droite complexe Λn+2Gsimilar-to-or-equalssuperscriptΛ𝑛2𝐺\Lambda^{n+2}G\simeq\mathbb{C} s’identifie à 𝒦(G)m+σ𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚𝜎\mathcal{K}(G)_{-m+\sigma}^{\bullet} en utilisant ωn+1On+1(n+2)similar-to-or-equalssubscript𝜔superscript𝑛1subscript𝑂superscript𝑛1𝑛2\omega_{\mathbb{P}^{n+1}}\simeq O_{\mathbb{P}^{n+1}}(n+2).

La première étape permet alors de conclure.

\Box

Lemme 3.2.2.

Si la flèche d’évaluation evm:H0(𝒪n+1(m))H0(𝒪Σ(m)):subscriptev𝑚superscript𝐻0subscript𝒪superscript𝑛1𝑚superscript𝐻0subscript𝒪Σ𝑚\text{ev}_{m}:H^{0}({\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(m))\to H^{0}({\mathcal{O}}_{\Sigma}(m)) est surjective, Hn+1(K(G)σm)=0superscript𝐻𝑛1𝐾subscriptsuperscript𝐺𝜎𝑚0H^{n+1}(K(G)^{\bullet}_{\sigma-m})=0.

Preuve: Au vu du lemme 3.1.1, reprenant les notations de la première étape de la preuve du lemme 3.2.1, on a aussi surjectivité de En+3n+2,0n+2(𝒦(G)m)subscriptsuperscript𝐸𝑛2.0𝑛3superscript𝑛2𝒦superscriptsubscript𝐺𝑚E^{n+2,0}_{n+3}\to\mathbb{H}^{n+2}(\mathcal{K}(G)_{m}^{\bullet}). De ceci suit que E21,n+1=0superscriptsubscript𝐸21𝑛10E_{2}^{1,n+1}=0. Or, par la seconde étape de la preuve du lemme 3.2.1, E21,n+1Hn+1(K(G)σm)similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝐸21𝑛1superscript𝐻𝑛1superscript𝐾subscriptsuperscript𝐺𝜎𝑚E_{2}^{1,n+1}\simeq H^{n+1}(K(G)^{\bullet}_{\sigma-m})^{\vee}. \Box

Fixons m0subscript𝑚0m_{0} tel que

evm0:H0(𝒪n+1(m0))H0(𝒪Σ(m0)):subscriptevsubscript𝑚0superscript𝐻0subscript𝒪superscript𝑛1subscript𝑚0superscript𝐻0subscript𝒪Σsubscript𝑚0\text{ev}_{m_{0}}:H^{0}({\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(m_{0}))\to H^{0}({\mathcal{O}}_{\Sigma}(m_{0}))

soit surjective.

Corollaire 3.2.3.

Pour tout mσm0𝑚𝜎subscript𝑚0m\leq\sigma-m_{0}, Hn+1(K(G)m)=0superscript𝐻𝑛1𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚0H^{n+1}(K(G)^{\bullet}_{m})=0.

Preuve: Soit mσm0𝑚𝜎subscript𝑚0m\leq\sigma-m_{0}. La flèche evσm:H0(𝒪n+1(σm))H0(𝒪Σ(σm)):subscriptev𝜎𝑚superscript𝐻0subscript𝒪superscript𝑛1𝜎𝑚superscript𝐻0subscript𝒪Σ𝜎𝑚\text{ev}_{\sigma-m}:H^{0}({\mathcal{O}}_{\mathbb{P}^{n+1}}(\sigma-m))\to H^{0}({\mathcal{O}}_{\Sigma}(\sigma-m)) est surjective. On peut donc conclure avec le lemme 3.2.2.\Box

Plus généralement, on a hn+1(K(G)m)=h1(𝒥Σ(σm))superscript𝑛1𝐾subscriptsuperscript𝐺𝑚superscript1subscript𝒥Σ𝜎𝑚h^{n+1}(K(G)^{\bullet}_{m})=h^{1}(\mathcal{J}_{\Sigma}(\sigma-m)).

Corollaire 3.2.4.

Supposons que d(n+2)>0𝑑𝑛20d-(n+2)>0. Supposons que A/Jd(n+2)𝐴subscript𝐽absent𝑑𝑛2A/J_{\geq d-(n+2)} est engendré en degré d(n+2)𝑑𝑛2d-(n+2) 444Ce qui est garanti dès que m0d(n+2)subscript𝑚0𝑑𝑛2m_{0}\leq d-(n+2). et que I/Jd(n+2)𝐼subscript𝐽absent𝑑𝑛2I/J_{\geq d-(n+2)} est engendré en degré d(n+2)𝑑𝑛2d-(n+2). Si m0d(n+2)subscript𝑚0𝑑𝑛2m_{0}\leq d-(n+2), l’application linéaire induite par la multiplication

I/JdHom(A/Jd(n+2),I/J2d(n+2))𝐼subscript𝐽𝑑Hom𝐴subscript𝐽𝑑𝑛2𝐼subscript𝐽2𝑑𝑛2I/J_{d}\to\mathrm{Hom}(A/J_{d-(n+2)},I/J_{2d-(n+2)})

est injective.

Preuve: Soit P𝑃P un élément du noyau. On a, pour tout Q′′′(A/J)dn2superscript𝑄′′′subscript𝐴𝐽𝑑𝑛2Q^{\prime\prime\prime}\in(A/J)_{d-n-2}, PQ′′′=0modJ𝑃superscript𝑄′′′modulo0𝐽PQ^{\prime\prime\prime}=0\mod J. De là PQ′′′Q′′=0modJ𝑃superscript𝑄′′′superscript𝑄′′modulo0𝐽PQ^{\prime\prime\prime}Q^{\prime\prime}=0\mod J pour tout Q′′A/J0superscript𝑄′′𝐴subscript𝐽absent0Q^{\prime\prime}\in A/J_{\geq 0}. Puisque A/Jd(n+2)𝐴subscript𝐽absent𝑑𝑛2A/J_{\geq d-(n+2)} est engendré en degré d(n+2)>0𝑑𝑛20d-(n+2)>0, il suit que PQ=0modJ𝑃superscript𝑄modulo0𝐽PQ^{\prime}=0\mod J pour tout QA/Jd(n+2)superscript𝑄𝐴subscript𝐽absent𝑑𝑛2Q^{\prime}\in A/J_{\geq d-(n+2)}. Comme σ2d+n+2=(n+2)(d1)2d=ndn2d(n+2)𝜎2𝑑𝑛2𝑛2𝑑12𝑑𝑛𝑑𝑛2𝑑𝑛2\sigma-2d+n+2=(n+2)(d-1)-2d=nd-n-2\geq d-(n+2) on a

QI/Jdn2QI/Jσ2d+n+2<Q;PQ>d(n+2)=0\forall Q\in I/J_{d-n-2}\ \forall Q^{\prime}\in I/J_{\sigma-2d+n+2}\quad<Q;PQ^{\prime}>_{d-(n+2)}=0

<;>d<-;->_{d} désigne l’accouplement de dualité défini par dn+1subscript𝑑𝑛1d_{n+1} entre I/Jd𝐼subscript𝐽𝑑I/J_{d} et I/Jσd𝐼subscript𝐽𝜎𝑑I/J_{\sigma-d} au lemme 3.2.1. Or on a, par fonctorialité de la dualité de Serre,

<Q;PQ>d(n+2)=<QQ;P>σd.<Q;PQ^{\prime}>_{d-(n+2)}=<QQ^{\prime};P>_{\sigma-d}.

Puisque I/Jd(n+2)𝐼subscript𝐽absent𝑑𝑛2I/J_{\geq d-(n+2)} est engendré en degré d(n+2)𝑑𝑛2d-(n+2), P𝑃P est orthogonal à l’espace I/Jσd𝐼subscript𝐽𝜎𝑑I/J_{\sigma-d} entier. Donc P=0modJ𝑃modulo0𝐽P=0\mod J. \Box

Une preuve plus courte du corollaire 3.2.4 valable dans le cas d’une hypersurface avec un seul nœud nous a été communiquée par A. Otwinowska au moment où nous finissions la présente preuve.

4. Théorème de Torelli local sur les strates isosingulières

Soit n𝑛n un entier pair strictement positif, et soit Xfn+1subscript𝑋𝑓superscript𝑛1X_{f}\subset\mathbb{P}^{n+1} une hypersurface de degré d𝑑d à singularités isolées simples. Comme dans le cas où Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} est lisse, une déformation isosingulière de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} fournit une variation de structure de Hodge dont la tige en Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} est Hn+1(n+1Xf)superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f}). Rappelons que Hf:=Hn+1(n+1Xf)assignsubscript𝐻𝑓superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓H_{f}:=H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f}) est pur de poids n+2𝑛2n+2 par la discussion de la section 2 et que sa filtration de Hodge vérifie

0=Fn+2Fn+1F1=Hn+1(n+1Xf,).0superscript𝐹𝑛2superscript𝐹𝑛1superscript𝐹1superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓0=F^{n+2}\subset F^{n+1}\subset\ldots\subset F^{1}=H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f},\mathbb{C}).

L’IVHS correspondante a été étudié par Dimca et Saito [DimSa06] et avec plus de détails dans le cas nodal par ces mêmes auteurs et Wotzlaw [DiSaWo09]. Dans cette section, nous extrayons de leur travail tous les renseignements dont nous aurons besoin en ajoutant quelques petits points supplémentaires. Ceci permet d’appliquer le résultat d’injectivité 3.2.4 et d’aboutir à la démonstration du théorème 1.

4.1. Formule de Dimca-Saito-Wotzlaw pour les deux premiers termes de la filtration de Hodge

Si y𝑦y est un point singulier de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f}, on note comme [DiSaWo09, section 1.1] α~Xf,ysubscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦\widetilde{\alpha}_{X_{f},y} le plus petit zéro de la b𝑏b-fonction de la singularité. Dans notre cas, la singularité est quasihomogène et on note w1,,wn+1subscript𝑤1subscript𝑤𝑛1w_{1},...,w_{n+1} les poids correspondants. Alors, il est connu que α~Xf,y=iwisubscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦subscript𝑖subscript𝑤𝑖\widetilde{\alpha}_{X_{f},y}=\sum_{i}w_{i}. Par exemple, pour une singularité A1subscript𝐴1A_{1}, on a α~Xf,y=(n+1)/2subscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦𝑛12\widetilde{\alpha}_{X_{f},y}=(n+1)/2. Un examen des équations des singularités simples montre que l’on a toujours α~Xf,y>1subscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦1\widetilde{\alpha}_{X_{f},y}>1. Plus précisemment, si n4𝑛4n\geq 4, alors α~Xf,y>1subscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦1\lfloor\widetilde{\alpha}_{X_{f},y}\rfloor>1, et si n=2𝑛2n=2, alors α~Xf,y=1subscript~𝛼subscript𝑋𝑓𝑦1\lfloor\widetilde{\alpha}_{X_{f},y}\rfloor=1.

Lorsque n=2𝑛2n=2 on définit un idéal homogène Isuperscript𝐼I^{\prime} de l’anneau des polynômes de n+2𝑛2n+2 variables de la façon suivante. Définissons d’abord comme [DiSaWo09, (2.1.4)] le faisceau d’idéaux (1)𝒪3subscriptsuperscript1subscript𝒪superscript3\mathcal{I}^{\prime}_{(1)}\subset\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3}} cosupporté aux points singuliers y𝑦y de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} par

F1𝒪3,y(Xf)=(1)𝒪3(2Xf),F_{1}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3},y}(*X_{f})=\mathcal{I}^{\prime}_{(1)}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3}}(2X_{f}),

où le membre de gauche désigne la filtration de Hodge du D𝐷D-module O3(Xf)O_{\mathbb{P}^{3}}(*X_{f}) correspondant au Module de Hodge Mixte sous jacent à Rj3Xf𝑅subscript𝑗subscriptsuperscript3subscript𝑋𝑓Rj_{*}\mathbb{Q}_{\mathbb{P}^{3}-X_{f}}. On pose alors Ik=Γ(3,(1)(k))subscriptsuperscript𝐼𝑘Γsuperscript3subscriptsuperscript1𝑘I^{\prime}_{k}=\Gamma(\mathbb{P}^{3},\mathcal{I}^{\prime}_{(1)}(k)) puis I=kIksuperscript𝐼subscriptdirect-sum𝑘subscriptsuperscript𝐼𝑘I^{\prime}=\oplus_{k\in\mathbb{N}}I^{\prime}_{k}.

Par [DiSaWo09, Theorem 2.2], on a :

Proposition 4.1.1.
GrFn+1Hn+1(n+1Xf,)=A/Jdn2,𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛1𝐹superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓𝐴subscript𝐽𝑑𝑛2Gr^{n+1}_{F}H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f},\mathbb{C})=A/J_{d-n-2},
GrFnHn+1(n+1Xf,)={A/J2dn2 si n4I/J2dn2 si n=2𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛𝐹superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓cases𝐴subscript𝐽2𝑑𝑛2 si 𝑛4superscript𝐼subscript𝐽2𝑑𝑛2 si 𝑛2Gr^{n}_{F}H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f},\mathbb{C})=\begin{cases}A/J_{2d-n-2}&\mbox{ si }n\geq 4\\ I^{\prime}/J_{2d-n-2}&\mbox{ si }n=2\end{cases}

Dans [DiSaWo09, Lemma 1.5] est énoncé que, pour les surfaces nodales, (1)subscriptsuperscript1\mathcal{I}^{\prime}_{(1)} est l’idéal des fonctions qui s’annulent sur les points singuliers de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} (avec structure réduite). Il est facile de généraliser:

Lemme 4.1.2.

L’idéal (1)subscriptsuperscript1\mathcal{I}^{\prime}_{(1)} coïncide avec l’idéal de Tjurina: (1)=𝒥Σsubscriptsuperscript1subscript𝒥Σ\mathcal{I}^{\prime}_{(1)}=\mathcal{J}_{\Sigma}.

Preuve: Il s’agit de voir que F1𝒪3,y(Xf)=(hx1hxn)h2𝒪3,yF_{1}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3},y}(*X_{f})=(\frac{\partial h}{\partial x_{1}}\ldots\frac{\partial h}{\partial x_{n}})h^{-2}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3},y}hh est une équation locale de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} près de y𝑦y Or, d’après [DiSaWo09, (1.3.2)] (qui réfère à [Saito09]), la filtration de Hodge sur 𝒪3,y(Xf)\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3},y}(*X_{f}) est dans ce cas donnée par:

F1𝒪3,y(Xf)=F1𝒟3,y(h1𝒪),F_{1}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{3},y}(*X_{f})=F_{1}\mathcal{D}_{\mathbb{P}^{3},y}(h^{-1}\mathcal{O}),

D3,ysubscript𝐷superscript3𝑦D_{\mathbb{P}^{3},y} est filtré par l’ordre de l’opérateur. En effet, suivant les notations de loc. cit. k0=0subscript𝑘00k_{0}=0 et O3,y1=O3,ysuperscriptsubscript𝑂superscript3𝑦absent1subscript𝑂superscript3𝑦O_{\mathbb{P}^{3},y}^{\geq 1}=O_{\mathbb{P}^{3},y}. \Box

Corollaire 4.1.3.

Avec les notations de la section 3.2, I=Isuperscript𝐼𝐼I^{\prime}=I.

4.2. Formule de Dimca-Saito pour le premier gradué de la connexion de Gauss-Manin de n+1Xfsuperscript𝑛1subscript𝑋𝑓\mathbb{P}^{n+1}-X_{f}

Il y a également une seconde filtration sur Hn+1(n+1Xf,)superscript𝐻𝑛1superscript𝑛1subscript𝑋𝑓H^{n+1}(\mathbb{P}^{n+1}-X_{f},\mathbb{C}) la filtration par l’ordre du pôle notée Psuperscript𝑃P^{\bullet} et l’on a FiPisuperscript𝐹𝑖superscript𝑃𝑖F^{i}\subset P^{i} [DeDi90].

Le long de la strate isosingulière S𝑆S de Xfsubscript𝑋𝑓X_{f} dans l’espace projectif paramétrisant les hypersurfaces de degré d𝑑d, la connexion de Gauss Manin vérifie PiPi1ΩS1superscript𝑃𝑖tensor-productsuperscript𝑃𝑖1subscriptsuperscriptΩ1𝑆\nabla P^{i}\subset P^{i-1}\otimes\Omega^{1}_{S} du moins si dimPidimensionsuperscript𝑃𝑖\dim P^{i} est localement constante près de [Xf]delimited-[]subscript𝑋𝑓[X_{f}] ce qui est vrai sur un ouvert dense SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\subset S et [DimSa06] donne une formule pour GrPξ𝐺subscript𝑟𝑃subscript𝜉Gr_{P}\nabla_{\xi} si ξT[Xf]S=I/(f)d𝜉subscript𝑇delimited-[]subscript𝑋𝑓𝑆𝐼subscript𝑓𝑑\xi\in T_{[X_{f}]}S=I/(f)_{d} en termes de la partie libre du module de Brieskorn.

Ceci est exploité dans [DiSaWo09, Remarks 3.9] dont nous tirons la proposition suivante:

Proposition 4.2.1.

Si n4𝑛4n\geq 4 GrFξ:GrFn+1HfGrFnHf:𝐺subscript𝑟𝐹subscript𝜉𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛1𝐹subscript𝐻𝑓𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛𝐹subscript𝐻𝑓Gr_{F}\nabla_{\xi}:Gr^{n+1}_{F}H_{f}\to Gr^{n}_{F}H_{f} s’identifie par l’isomorphisme de la proposition 4.1.1 à 11-1 fois la multiplication I/(f)dA/Jdn2A/J2dn2tensor-product𝐼subscript𝑓𝑑𝐴subscript𝐽𝑑𝑛2𝐴subscript𝐽2𝑑𝑛2I/(f)_{d}\otimes A/J_{d-n-2}\to A/J_{2d-n-2} et si n=2𝑛2n=2, à 11-1 fois la multiplication I/(f)dA/Jdn2I/J2dn2tensor-product𝐼subscript𝑓𝑑𝐴subscript𝐽𝑑𝑛2𝐼subscript𝐽2𝑑𝑛2I/(f)_{d}\otimes A/J_{d-n-2}\to I/J_{2d-n-2}.

Preuve: En faisant attention au fait que la notation n𝑛n ici correspond à ce qui est noté n1𝑛1n-1 dans [DiSaWo09], cela résulte de [DimSa06] de la même façon que dans [DiSaWo09, Remarks 3.9] au moins sur l’ouvert Ssuperscript𝑆S^{\prime}. On conclut par passage à la limite. \Box

4.3. Preuve du théorème 1

Le corollaire 3.2.4 signifie précisément que pour la famille isosingulière (n+1×Z(l)𝒳(k)Z(l))/Z(l)superscript𝑛1𝑍𝑙𝒳subscript𝑘𝑍𝑙𝑍𝑙(\mathbb{P}^{n+1}\times Z(l)-\mathcal{X}(k)_{Z(l)})/Z(l), le noyau de GrFξ:GrFn+1HfGrFnHf:𝐺subscript𝑟𝐹subscript𝜉𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛1𝐹subscript𝐻𝑓𝐺subscriptsuperscript𝑟𝑛𝐹subscript𝐻𝑓Gr_{F}\nabla_{\xi}:Gr^{n+1}_{F}H_{f}\to Gr^{n}_{F}H_{f} s’identifie via la proposition 4.2.1 à JdIdsubscript𝐽𝑑subscript𝐼𝑑J_{d}\subset I_{d} qui est l’espace tangent de l’orbite de [f]delimited-[]𝑓[f] sous PGL(n+2)𝑃𝐺𝐿𝑛2PGL(n+2). Ceci établit le théorème 1 pour dk>n+2much-greater-than𝑑𝑘𝑛2d\gg k>n+2 grâce aux résultats de la section 2.

Soyons maintenant plus précis sur les conditions que d𝑑d doit satisfaire pour la condition suffisante d’engendrement de la proposition 4.2.1. Plaçons nous en fZ(k)𝑓𝑍𝑘f\in Z(k) d’idéal Jacobien 𝒥Σsubscript𝒥Σ\mathcal{J}_{\Sigma}. Nous devons nous assurer que H0(n+1,O(d(n+2)))O(d(n+2))/𝒥Σsuperscript𝐻0superscript𝑛1𝑂𝑑𝑛2𝑂𝑑𝑛2subscript𝒥ΣH^{0}(\mathbb{P}^{n+1},O(d-(n+2)))\to O(d-(n+2))/\mathcal{J}_{\Sigma} est surjectif 555Ce qui, puisque X=n+1𝑋superscript𝑛1X=\mathbb{P}^{n+1} avec n2𝑛2n\geq 2, implique que H0(n+1,O(d))O(d)/𝒥Σsuperscript𝐻0superscript𝑛1𝑂superscript𝑑𝑂superscript𝑑subscript𝒥ΣH^{0}(\mathbb{P}^{n+1},O(d^{\prime}))\to O(d^{\prime})/\mathcal{J}_{\Sigma} est surjectif pour dd(n+2)superscript𝑑𝑑𝑛2d^{\prime}\geq d-(n+2) et donc que les résultats de de la section 2 s’appliquent en posant d=dsuperscript𝑑𝑑d^{\prime}=d. et surtout que I/J𝐼𝐽I/J est engendré sur l’anneau de polynômes A𝐴A en degré d(n+2)𝑑𝑛2d-(n+2). Ce dernier point est garanti dès que I𝐼I est est engendré sur l’anneau de polynômes A𝐴A en degré d(n+2)𝑑𝑛2d-(n+2), c’est à dire dès que 𝒥Σ(d(n+2))subscript𝒥Σ𝑑𝑛2\mathcal{J}_{\Sigma}(d-(n+2)) est engendré par ses sections globales.

Une condition suffisante est que d(n+2)Reg(𝒥Σ)𝑑𝑛2𝑅𝑒𝑔subscript𝒥Σd-(n+2)\geq Reg(\mathcal{J}_{\Sigma})Reg𝑅𝑒𝑔Reg est la régularité de Castelnuovo-Mumford. Or, puisqu’il définit un sous-schéma artinien, 𝒥Σsubscript𝒥Σ\mathcal{J}_{\Sigma} est m𝑚m-régulier (pour mn+1𝑚𝑛1m\geq n+1) si et seulement si H1(n+1,𝒥Σ(m1)=0H^{1}(\mathbb{P}^{n+1},\mathcal{J}_{\Sigma}(m-1)=0, c’est à dire si et seulement si H0(n+1,O(m1))O(m1)/𝒥Σsuperscript𝐻0superscript𝑛1𝑂𝑚1𝑂𝑚1subscript𝒥ΣH^{0}(\mathbb{P}^{n+1},O(m-1))\to O(m-1)/\mathcal{J}_{\Sigma} est surjectif.

La condition suffisante obtenue est donc tout simplement la surjectivité de:

H0(n+1,O(d(n+3)))O(d(n+3))/𝒥Σ.superscript𝐻0superscript𝑛1𝑂𝑑𝑛3𝑂𝑑𝑛3subscript𝒥ΣH^{0}(\mathbb{P}^{n+1},O(d-(n+3)))\to O(d-(n+3))/\mathcal{J}_{\Sigma}.

De sorte que la proposition 4.2.1 s’applique dès que dn+3+sk(n+1)𝑑𝑛3subscript𝑠𝑘superscript𝑛1d\geq n+3+s_{k}(\mathbb{P}^{n+1}), où sksubscript𝑠𝑘s_{k} est la quantité apparaissant dans l’énoncé du théorème 1).

5. Application à la conjecture de Shafarevich sur l’Uniformisation

5.1. Variétés propres sur U~~𝑈\widetilde{U}.

Dans ce paragraphe on reprend les notations de 1.1 et on ne suppose pas que X=n+1𝑋superscript𝑛1X=\mathbb{P}^{n+1}.

Soit Z𝑍Z une variété connexe projective lisse, f:ZU~:𝑓𝑍~𝑈f:Z\to\widetilde{U} un morphisme et zZ𝑧𝑍z\in Z un point base. La représentation ρ¯:π1(U~,x)O(Hn(Xg,)):¯𝜌subscript𝜋1~𝑈𝑥𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑔\bar{\rho}:\pi_{1}(\widetilde{U},x)\to O(H^{n}(X_{g},\mathbb{Q})) construite à la proposition 1.1.1 induit une représentation fρ¯:π1(Z,z)O(Hn(Xg,)):superscript𝑓¯𝜌subscript𝜋1𝑍𝑧𝑂superscript𝐻𝑛subscript𝑋𝑔f^{*}\bar{\rho}:\pi_{1}(Z,z)\to O(H^{n}(X_{g},\mathbb{Q})). Notons Zun~Z~superscript𝑍𝑢𝑛𝑍\widetilde{Z^{un}}\to Z le revêtement universel de Z𝑍Z, et Z~ρ:=ker(fρ¯)\Zun~assignsuperscript~𝑍𝜌\kernelsuperscript𝑓¯𝜌~superscript𝑍𝑢𝑛\widetilde{Z}^{\rho}:=\ker(f^{*}\bar{\rho})\backslash\widetilde{Z^{un}} le revêtement topologique de Z𝑍Z attaché à fρ¯superscript𝑓¯𝜌f^{*}\bar{\rho},

Proposition 5.1.1.

La variété Z~ρsuperscript~𝑍𝜌\widetilde{Z}^{\rho} est holomorphiquement convexe.

Preuve: Ceci résulte des résultats de [Eys04] modulo le fait que {fρ¯}superscript𝑓¯𝜌\{f^{*}\bar{\rho}\} est constructible absolu. Le cas présent est particulièrement simple et il est facile de décrire la réduction de Cartan-Remmert en termes de l’application des périodes.

Notons que fρ¯superscript𝑓¯𝜌f^{*}\bar{\rho} est sous jacent à une VSH polarisable définie sur Z𝑍Z qui est f𝕍U~superscript𝑓subscript𝕍~𝑈f^{*}\mathbb{V}_{\widetilde{U}}. Notons Γ=fρ(π1(Z,z))superscriptΓsuperscript𝑓𝜌subscript𝜋1𝑍𝑧\Gamma^{\prime}=f^{*}\rho(\pi_{1}(Z,z)). L’application des périodes attachée à f𝕍U~superscript𝑓subscript𝕍~𝑈f^{*}\mathbb{V}_{\widetilde{U}} se relève à une application ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime}-équivariante 𝒫:Z~ρ𝒟:𝒫superscript~𝑍𝜌𝒟\mathcal{P}:\widetilde{Z}^{\rho}\to\mathcal{D}. Comme ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} agit proprement discontinûment sur 𝒟𝒟\mathcal{D} puisque ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} est discret, il suit que 𝒫𝒫\mathcal{P} est propre. Considérons sa factorisation de Stein

Z~ραRβ𝒟,superscript𝛼superscript~𝑍𝜌𝑅superscript𝛽𝒟\widetilde{Z}^{\rho}\buildrel\alpha\over{\to}R\buildrel\beta\over{\to}\mathcal{D},

R𝑅R est un espace complexe normal, α𝛼\alpha est propre surjective à fibres connexes, et β𝛽\beta finie.

Comme il n’existe pas d’application holomorphe horizontale M𝒟𝑀𝒟M\to\mathcal{D}M𝑀M est compacte complexe ([Gri73]), les fibres de α𝛼\alpha sont les sous espaces analytiques connexes fermés maximaux de Z~ρsuperscript~𝑍𝜌\widetilde{Z}^{\rho} et donc que R𝑅R n’a pas de sous-espace complexe analytique compact de dimension positive.

Pour montrer que R𝑅R est de Stein, on utilise la solution de Narasimhan du problème de Levi. On peut construire des fonctions 𝒞superscript𝒞\mathcal{C}^{\infty} positives et exhaustives sur 𝒟𝒟\mathcal{D} dont le hessien complexe est défini positif le long de la distribution horizontale de 𝒟𝒟\mathcal{D} et il est aisé de les modifier pour construire une fonction d’exhaustion strictement plurisousharmonique sur R𝑅R, voir [Eys04] pour plus de détails.

\Box

Corollaire 5.1.2.

Zun~~superscript𝑍𝑢𝑛\widetilde{Z^{un}} est de Stein si l’application 𝒫𝒫\mathcal{P} est finie.

Preuve: En effet Z~ρRsimilar-to-or-equalssuperscript~𝑍𝜌𝑅\widetilde{Z}^{\rho}\simeq R est de Stein et tout revêtement topologique d’une variété de Stein est Stein.

\Box

La discussion peut être résumée ainsi: si f:ZU~:𝑓𝑍~𝑈f:Z\to\widetilde{U} est finie, le revêtement universel de Z𝑍Z est de Stein sauf si Z𝑍Z contient une courbe C𝐶C telle que 𝕍Csubscript𝕍𝐶\mathbb{V}_{C} a monodromie finie.

Notons m:U~U:𝑚~𝑈𝑈m:\widetilde{U}\to U resp. m:[Γ\𝒟]Γ\𝒟:superscript𝑚delimited-[]\Γ𝒟\Γ𝒟m^{\prime}:[\Gamma\backslash\mathcal{D}]\to\Gamma\backslash\mathcal{D} les applications canoniques vers les espace des modules des champs considérés. Notons qu’il existe une application holomorphe pred:UΓ\𝒟:subscript𝑝𝑟𝑒𝑑𝑈\Γ𝒟p_{red}:U\to\Gamma\backslash\mathcal{D}. Il est clair que, si f:ZU~:𝑓𝑍~𝑈f:Z\to\widetilde{U} est finie, 𝒫𝒫\mathcal{P} est finie si et seulement si predsubscript𝑝𝑟𝑒𝑑p_{red} est finie sur Zr:=mf(Z)assignsubscript𝑍𝑟𝑚𝑓𝑍Z_{r}:=m\circ f(Z).

Proposition 5.1.3.

Si f:ZU~:𝑓𝑍~𝑈f:Z\to\widetilde{U} est finie et si Zrsubscript𝑍𝑟Z_{r} est un espace projectif ou plus généralement a la propriété que toute application holomorphe ZrMsubscript𝑍𝑟𝑀Z_{r}\to M (avec M𝑀M un espace complexe) est constante ou finie, Zun~~superscript𝑍𝑢𝑛\widetilde{Z^{un}} est de Stein.

5.2. Cas où X=n+1𝑋superscript𝑛1X=\mathbb{P}^{n+1}.

Le corollaire 3 résulte du théorème 1 car celui-ci implique que l’application des périodes pf:ZΓ\𝒟:𝑝𝑓𝑍\Γ𝒟p\circ f:Z\to\Gamma\backslash\mathcal{D} est finie sur son image. En effet, par le théorème 1, une courbe CZ𝐶𝑍C\subset Z contractée par pf𝑝𝑓p\circ f est nécessairement dans une orbite de PGL(n+2)𝑃𝐺𝐿𝑛2PGL(n+2). Or celles-ci sont affines car le groupe des automorphismes birationnels d’une variété de type général est fini et on déduit qu’elles ne peuvent pas contenir de courbe complète. Ceci implique que P𝑃P est finie et le corollaire 5.1.2 permet de conclure.

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Philippe Eyssidieux
Institut Universitaire de France. Université Grenoble I. Institut Fourier. 100 rue des Maths, BP 74, 38402 Saint Martin d’Hères Cedex, France
philippe.eyssidieux@ujf-grenoble.fr http://www-fourier.ujf-grenoble.fr/similar-to\simeyssi/

Damien Mégy
Université de Lorraine. Institut Élie Cartan. B.P. 70239, F-54506 Vandoeuvre-lès-Nancy Cedex, France.
Damien.Megy@univ-lorraine.fr http://www.iecn.u-nancy.fr/similar-to\simmegy/