Germes de feuilletages présentables du plan complexe††thanks: PrePrint
Abstract
Soit un germe de feuilletage singulier du plan complexe.
Sous l’hypothèse que est une courbe généralisée, D. Marín
et J.–F. Mattei ont établi l’incompressibilité
de dans un voisinage épointé d’un ensemble fini de courbes
analytiques. On montre ici que cette hypothèse ne peut être ignorée,
en exhibant divers exemples de feuilletages réduits après un éclatement
qui ne satisfont pas cette propriété. Même si nous montrons que les
nœuds–cols sont incompressibles individuellement, le fait
que leurs feuilles ne se rétractent pas tangentiellement sur toutes
les composantes du bord de leur domaine de définition empêche la généralisation
totale de la construction de Marín–Mattei. Finalement
nous caractérisation une classe presque complète des feuilletages,
dits fortement présentables, pour lesquels la construction de la monodromie
de Marín–Mattei est possible.
Abstract
Let be a germ of a singular foliation of the complex plane. Assuming that is a generalized curve D. Marín and J.–F. Mattei proved the incompressibility of the foliation in a neighborhood from which a finite set of analytic curves is removed. We show in the present work that this hypothesis cannot be eluded, by building examples of foliations, reduced after one blow–up, for which the property does not hold. Even if we manage to prove that the individual saddle–node foliation is incompressible, their leaves not retracting tangentially on all the components of the definition domain boundary forbids a generalization of Marín–Mattei’s construction. We finally characterize a near–complete class of foliations, called strongly presentable, for which the construction of Marín–Mattei’s monodromy can be carried out.
1 Introduction
Par beaucoup d’aspects, un feuilletage holomorphe d’un ouvert semble généraliser, en son lieu régulier, la notion de fibration localement triviale. Prenons à titre d’illustration le feuilletage donné par les niveaux d’une submersion holomorphe
admettant une fibre singulière (non nécessaire irréductible) . Ici est holomorphe sur (un voisinage de) la boule euclidienne fermée de rayon choisi suffisamment petit pour que les feuilles de soient transverses à la sphère . Un résultat classique de J. Milnor [8] assure l’incompressibilité de : il existe une famille de tubes de Milnor de , images réciproques d’un petit disque , telle que le groupe fondamental de chaque feuille régulière de s’injecte dans celui de , lui–même isomorphe à .
Dans deux travaux récents [9, 10], D. Marín et J.–F. Mattei ont dégagé des conditions suffisantes sous lesquelles ce résultat se généralise lorsque n’admet pas d’intégrale première holomorphe non triviale. Précisons cela.
Définition.
Dans tout cet article désigne un germe de feuilletage holomorphe singulier en . On dit que est incompressible s’il existe
-
une union finie de courbes analytiques invariantes par et contenant la singularité, disons d’équation pour fixer les notations, appelées séparatrices distinguées,
-
une famille de tubes de Milnor de (au sens précédent : ), sur lesquels est bien défini,
-
une voisinage de la singularité,
tels que, en notant ,
-
1.
, cette inclusion induisant un isomorphisme au niveau des groupes fondamentaux ,
-
2.
pour tout assez petit,
-
3.
pour chaque feuille de le morphisme canonique induit par l’inclusion
soit injectif.
Pour préciser les notations nous serons parfois amenés à dire que est incompressible dans .
Remarque.
La condition (1) stipule que l’on ne s’autorise pas à prendre des voisinages volontairement tordus pour accommoder la topologie éventuellement compliquée des feuilles. La topologie de l’espace ambiant doit être « la plus simple possible ».
Toute singularité d’un germe en de feuilletage holomorphe peut être « réduite » à travers une application rationnelle propre111Voir par exemple l’algorithme de A. Seidenberg [14]. , où est un voisinage conforme d’un arbre de diviseurs à croisement normaux. Le tiré en arrière ne possède alors que des singularités (dites réduites) placées sur le diviseur exceptionnel , dont le quotient des valeurs propres de la partie linéaire n’est pas un rationnel positif.
Théorème de Marín-Mattei.
Tout feuilletage dont la réduction ne comporte pas de nœud–col222. ou de selle quasi–résonante333, non linéarisable. est incompressible.
Ce théorème est traité dans [9] pour les feuilletages n’ayant pas de composante dicritique dans leur réduction, et dans [10] pour les cas restants en faisant l’hypothèse technique supplémentaire que les éventuelles composantes initiales444Voir Section 2.4 pour une définition. sont dynamiquement isolées. Nous reviendrons en Section 6 sur ce dernier point ; bornons–nous à mentionner pour l’instant que cette hypothèse est superflue.
Remarque.
-
1.
Il est possible de décrire explicitement l’ensemble . En notant le morphisme de réduction de la singularité de , l’ensemble est l’union des adhérences des images par des séparatrices de croisant des composantes non dicritiques, auxquelles s’ajoute l’image par d’un germe de feuille transverse par composante dicritique.
-
2.
L’hypothèse du théorème portant sur le type des singularités réduites est générique à donnée combinatoire de l’arbre de réduction et à nombre de singularités réduites fixé.
L’incompressibilité assure l’existence d’un revêtement universel feuilleté. Par cela on entend que le revêtement universel est aussi, en restriction, un revêtement universel de chaque feuille de . Le groupe des automorphismes de ce revêtement est alors constitué de symétries du feuilletage , et à ce titre agit naturellement sur l’espace de ses feuilles . On dispose alors d’une action
que l’on nomme monodromie de . Le quotient s’identifie canoniquement à l’espace des feuilles de .
Cette construction ne revêt qu’un intérêt modeste si l’on ne dote pas les espaces de feuilles d’une structure analytique. Cette structure supplémentaire va faire de la monodromie un invariant analytique du triplet , dont la « germification » quand est un classifiant local (au voisinage de ) complet pour un choix générique de feuilletages [10]. Sa construction est donc une étape importante vers une compréhension plus globale des germes de singularités de feuilletages.
L’ingrédient nécessaire à l’existence d’une structure analytique canonique sur est celle d’une courbe transverse (non nécessairement irréductible) qualifiée ici de complètement connexe. Les composantes de doteront l’espace des feuilles de cartes analytiques, à condition que chaque feuille de coupe au plus une fois chaque composante de . Ce sont ces propriétés qui sont isolées par la définition suivante :
Définition 1.1.
Un germe de courbe analytique (non nécessairement irréductible) est une transversale complètement connexe de s’il existe un couple , dans lequel est incompressible, tel que:
-
1.
soit une courbe analytique lisse transverse aux feuilles de ,
-
2.
,
-
3.
soit –connexe dans relativement à .
Notons qu’il existe toujours une courbe satisfaisant les deux premières conditions (1) et (2), quitte à munir de suffisamment de composantes (voir [7, p161]), courbe que l’on nomme alors transversale complète. La notion de –connexité est définie dans [9] (voir aussi la Définition 5.2), et revient ici à demander que chaque feuille de coupe au plus une fois chaque composante de . Un corollaire du théorème de Marín–Mattei est alors l’existence, sous les mêmes hypothèses, d’une transversale complètement connexe [9, Théorème 6.1.1, p900].
Le but de cet article est d’établir d’une part que la condition de ne pas posséder de nœud–col dans la réduction du lieu singulier n’est pas superflue, mais d’autre part qu’elle n’est pas toujours nécessaire, dans la perspective de bâtir cet invariant analytique. Nous allons généraliser sensiblement les résultats exposés ci–dessus, en donnant une caractérisation presque complète des feuilletages sous–tendant une monodromie.
Je tiens à remercier chaleureusement D. Marín et J.–F. Mattei pour les discussions que nous avons eues autour de ce sujet, plus particulièrement pour la construction des exemples donnés à la fin, et pour leurs encouragements répétés à mener à terme la rédaction du présent travail.
1.1 Présentation des principaux résultats
Nous souhaitons donner dans ce texte la preuve des trois théorèmes principaux suivants.
Théorème A.
Un germe de feuilletage de type nœud–col ou selle quasi–résonnante est incompressible.
Un tel résultat pourrait laisser espérer que le théorème de Marín–Mattei se généralise sans contrainte. Ce n’est malheureusement pas le cas.
Théorème B.
Il existe des feuilletages singuliers, non dicritiques, qui sont compressibles.
Contrairement aux autres singularités réduites, qui possèdent deux séparatrices transverses passant par la singularité et tangentes aux espaces propres de leur partie linéaire, un nœud–col générique n’en admet qu’une (on dit que ce dernier est divergent555La terminologie sera explicitée et justifiée en Section 2.), appelée séparatrice forte et tangente à l’espace propre de la valeur propre non nulle de sa partie linéaire, même si certains en possèdent deux (ceux–ci sont nommés convergents5).
Les premiers exemples que nous avons pu construire pour établir le Théorème B possèdent tous un nœud–col divergent dans leur réduction. On pourrait alors penser qu’il suffit de proscrire les nœuds–cols divergents pour assurer l’incompressibilité du feuilletage, suivant l’idée que ceux–ci privent de façon injuste l’ensemble d’une séparatrice. Il n’en est rien : nous construisons également des exemples de feuilletages compressibles n’ayant aucun nœud–col divergent.
Pour autant nous avons pu affaiblir l’hypothèse du théorème de Marín–Mattei: l’incompressibilité et l’existence d’une transversale complètement connexe vont dépendre de manière cruciale de la façon dont les nœuds–cols sont positionnés dans l’arbre de réduction.
Définition 1.2.
Soit un germe de feuilletage du plan complexe.
-
1.
est présentable s’il est incompressible et s’il admet une transversale complètement connexe.
-
2.
est fortement présentable si les séparatrices fortes des nœuds–cols apparaissant dans une réduction minimale ne sont jamais des composantes du diviseur exceptionnel666C’est en particulier le cas si est une singularité réduite..
Un feuilletage fortement présentable non réduit ne contient donc jamais de nœud–col divergent dans sa réduction, et les singularités apparaissant aux points de croisement de deux composantes du diviseur exceptionnel (les « coins ») ne sont pas des nœuds–cols.
Remarque 1.3.
La définition de feuilletage fortement présentable n’est curieusement pas invariante par éclatement ponctuel. Plus précisément, l’éclatement d’un nœud–col produit un diviseur possédant d’une part une selle non linéarisable, d’autre part un nœud–col dont la séparatrice forte est un diviseur. C’est pourquoi nous imposons une réduction minimale dans la définition d’un feuilletage fortement présentable (ou en tout cas une réduction de la singularité où aucun nœud–col n’a été éclaté après apparition).
Théorème C.
Tout germe de feuilletage fortement présentable est présentable.
Comme le souligne la remarque précédente la condition d’être fortement présentable n’est pas nécessaire pour être présentable. Cependant les exemples que nous construisons montrent qu’elle n’est pas superflue. Caractériser complètement les feuilletages présentables est une question difficile, car les propriétés les définissant sont globales alors que les limitations (techniques) imposées par la forte présentabilité sont locales.
1.2 Structure de l’article et esquisse des preuves
Le corps de cet article commence par une section consacrée à introduire les notations et résultats classiques que nous utiliserons. Ensuite nous procéderons aux démonstrations proprement dites. Afin de permettre au lecteur pressé de se faire une idée des techniques employées pour parvenir aux résultats annoncés, nous présentons rapidement dans le reste du paragraphe le squelette de notre argumentation.
1.2.1 Le Théorème A est démontré en Sections 3 et 4
On montre directement que le tiré–en–arrière d’un feuilletage nœud–col convergent ou selle quasi–résonante par le revêtement universel d’un polydisque assez petit, épointé de la séparatrice forte , ne possède que des feuilles simplement connexes. On invoque un argument de transversalité avec les fibres de la projection pour prouver dans un premier temps que le bord d’une feuille est contenu dans le bord du polydisque. Un argument variationnel immédiat permet alors d’identifier des familles de chemins complètement contenues dans , que l’on nomme « faisceaux de stabilité », le long desquels le module de l’ordonnée de diminue : ces chemins sont donc contenus dans . Pour prouver que tout cycle de est tangentiellement trivial, on construit une homotopie entre et un lacet bordant une région d’intérieur vide en suivant des faisceaux de stabilité, ce qui garantit qu’elle se relève dans en une trivialisation de .
Le cas divergent se ramène au cas précédent en redressant au–dessus de secteurs dans la variable les resommées sectorielles de la séparatrice « faible ». Puisque les faisceaux de stabilité restent à l’intérieur d’un secteur donné, et comme le redressement des séparatrices se fait à travers une application fibrée dans la coordonnée , l’argument est essentiellement le même. est alors l’union des pré–images du polydisque par les redressements sectoriels.
1.2.2 Le Théorème C est établi en Section 7
Pour que le raisonnement soit le plus clair possible nous résumons la construction initiale de Marín–Mattei en Section 5. En adaptant la construction, on montre assez facilement l’existence d’une transversale complètement connexe à un feuilletage fortement présentable, en incorporant un nouveau type de bloc élémentaire renfermant des nœuds–cols convergents ou des selles quasi–résonantes. La propriété d’incompressibilité s’obtient en utilisant également les propriétés d’origine de collage bord–à–bord. Il faut pour cela garantir que le bloc élémentaire (ou plutôt son bord) se prête à cet assemblage. Le cas des selles quasi–résonantes est très proche du cas des selles résonantes traitées dans [9], puisque les feuilles se rétractent radialement sur leur bord (feuilles de type collier). Expliquons maintenant le cas, plus complexe, du nœud–col.
Le bord de est formé de deux composantes connexes : une composante forte et une composante faible . On peut faire en sorte de choisir pour que l’une ou l’autre de ces composantes soit de type suspension. Cela signifie grossièrement que cette composante, disons forte (resp. faible), s’obtient comme le balayage par le transport holonome d’un petit disque conforme transverse en effectuant une fois le tour du cercle (resp. ). Dès que cette propriété est assurée il faut contrôler que l’intersection de avec son image par l’holonomie est connexe (afin de ne pas créer de topologie artificielle dans l’espace ambiant). Nous montrons ces propriétés en utilisant les outils (notamment la notion de rugosité) introduits par D. Marín et J.–F. Mattei.
Ceci étant dit, arrive l’obstruction majeure forçant les nœuds–cols à être placés de la bonne façon. Il faut en effet pouvoir garantir la –connexité dans de la composante du bord que l’on souhaite assembler aux autres blocs. Cette propriété est vérifiée par la composante faible. En contraste, la composante forte du bord n’est jamais –connexe dans . Dans chaque feuille d’un nœud–col existent en effet des « chemins inamovibles » dont les extrémités sont situées dans une transversale donnée et qui sont homotopes dans , privé de la séparatrice qui n’est pas un diviseur, à un chemin les joignant dans la transversale. Cependant il n’est pas possible d’opérer cette homotopie tangentiellement au feuilletage. La coexistence d’un comportement « col » et « nœud » au sein de certaines feuilles prévient en effet cette possibilité. Le point de vue topologique est le suivant : certaines feuilles de nœud–col ne peuvent se rétracter tangentiellement sur la composante forte du bord, en d’autres termes les feuilles ne sont pas de type collier vis–à–vis de cette composante (alors qu’ils le sont pour la composante faible). Ainsi, quelle que soit la forme du bloc , la composante forte de son bord ne sera jamais –connexe dans , ce qui interdit d’appliquer le procédé de localisation sur lequel se base le théorème de Marín–Mattei. Néanmoins cette obstruction est d’ordre technique, comme l’a souligné la Remarque 1.3.
1.2.3 Les exemples du Théorème B sont produits en Section 8
Nous présentons quelques exemples, dont le Théorème B découle. Dans un premier temps (Section 8.2), la compressibilité des feuilles est fournie par un argument de taille de groupe (impossibilité d’injecter un groupe libre de rang dans un groupe commutatif), en réalisant un tel groupe de difféomorphismes comme l’holonomie projective d’un feuilletage admettant au moins un nœud–col divergent dans sa réduction. L’argument est ici d’utiliser la non existence d’une seconde séparatrice pour forcer la compressibilité. Il est à noter que dans le second exemple nous parvenons en outre à exhiber un lacet non trivial dans le noyau de .
Nous construisons ensuite (Section 8.3) une famille d’exemples de feuilletages compressibles n’ayant que des nœuds–cols convergents dans leur réduction. À cette fin nous exploitons la mise en défaut, déjà évoquée, de la –connexité de la composante forte du bord dans un bloc renfermant un nœud–col. On met en regard deux nœuds–cols modèles partageant la même séparatrice forte de sorte à connecter deux chemins inamovibles pour former un cycle. Celui–ci est trivial dans l’espace privé des séparatrices mais pas dans la feuille le contenant.
2 Notations et rappels
Nous décrivons brièvement les deux types de singularités élémentaires apparaissant comme singularités finales dans la réduction d’un germe de feuilletage holomorphe singulier, essentiellement afin de fixer quelques notations. Les feuilles du feuilletage associé à la –forme différentielle
sont les surfaces de Riemann intégrant la distribution des noyaux de . Si n’est pas régulier en un point , c’est–à–dire , on peut supposer que en tant que germes en ce point, auquel cas leurs zéros communs sont isolés. On se place alors sur un voisinage de suffisamment petit pour que ce soit la seule singularité. La singularité est dite élémentaire lorsque la partie linéaire du feuilletage en , naturellement identifiée à (la classe sous l’action de par homothéties de) la matrice , admet au moins une valeur propre non nulle, disons . Quand le quotient de l’autre valeur propre par celle–ci
n’est pas un rationnel strictement positif on parle de singularité réduite. Si il existe une unique feuille de dont l’adhérence est une variété analytique lisse tangente en à l’espace propre associé à . Une telle séparatrice sera qualifiée de séparatrice forte.
2.1 Singularités réduites non dégénérées :
Après avoir « redressé » les séparatrices fortes sur les axes d’un système local de coordonnés analytiques, le feuilletage est donné par la –forme différentielle
(2.1) |
où pour (arbitrairement grand).
Lorsque la singularité est hyperbolique, et le théorème de Poincaré assure sa linéarisabilité. Lorsque la singularité est un nœud, également linéarisable. Lorsque et que la singularité n’est pas linéarisable on parle de selle résonnante. Enfin si la singularité est toujours formellement linéarisable, mais pour un ensemble de mesure nulle de tels il se peut que la série linéarisante diverge (présence de petits diviseurs). On parle alors de selle quasi–résonnante.
On notera que sous la forme préparée 2.1 les feuilles sont transverses aux fibres de la projection canonique
en dehors de la séparatrice .
2.2 Nœuds–cols :
Tout germe de feuilletage de type nœud–col, d’invariant formel a priori fixé, est, dans une certaine coordonnée locale centrée en , donné par une forme différentielle dans l’écriture préparée de Dulac [3]
(2.2) |
où est arbitraire. La séparatrice forte est redressée sur . Si on s’autorise des changements de coordonnées formels alors on peut toujours conjuguer à , forme que l’on appellera modèle formel. Les feuilles de sont les composantes connexes des niveaux de l’intégrale première multivaluée
Ici encore les feuilles autres que la séparatrice forte sont transverses aux fibres de . L’entier est un invariant topologique, et gouverne le nombre (génériquement optimal) de secteurs sur lesquels sera conjuguée analytiquement au modèle formel [4]. Nous utiliserons essentiellement l’existence de « séparatrices sectorielles » démontrée dans la référence citée. Précisons cela. Le feuilletage admet une séparatrice formelle correspondant à la feuille d’adhérence analytique de , que l’on nomme séparatrice faible. On dit que le nœud–col est divergent ou convergent selon que la série diverge ou converge. Pour un nœud–col convergent le changement de coordonnée analytique
transforme la forme différentielle initiale en (pour un autre germe encore noté par simplicité), auquel cas la séparatrice faible initiale est redressée sur . Dans le cas contraire la série est une série formelle –Gevrey, qui s’avère être –sommable. Il existe ainsi fonctions holomorphes et bornées , chacune vivant sur un secteur ouvert
et étant fixés assez petits, et dont le graphe est tangent à . Leur développement asymptotique en coïncide avec . Lorsque le secteur doit être compris comme un secteur d’ouverture supérieure à ne se recollant pas. Ceci étant dit, comme la plupart du travail sera menée dans la coordonnée , il n’y aura pas d’ambiguïté.
2.3 Holonomie
Le principal objet dynamique associé à un feuilletage est son holonomie. Si est une séparatrice (forte ou, lorsqu’elle converge, faible) disons , on construit l’holonomie comme suit. On choisit un générateur de son groupe fondamental, dont l’image est incluse dans un voisinage simplement connexe donné de ; il existe un voisinage de l’image de sur lequel est transverse aux fibres de la projection . Quitte à réduire la taille de on pourra relever par dans les feuilles de en s’appuyant sur un point quelconque de la transversale . Rien n’indique que ce relevé sera un lacet et l’holonomie forte sera l’application holomorphe injective fixant , définie par
Le germe d’application holomorphe ainsi défini ne dépend que de la classe d’homotopie777Toutes les homotopies considérées dans ce texte, à part quelques exceptions explicitement annoncées, seront supposées à extrémités fixes. dans de . Plus généralement cette construction donne lieu à un morphisme de groupes
Ici est le groupe des germes de difféomorphismes au voisinage de et laissant ce point fixe.
2.4 Réduction d’une singularité et branches mortes
Soit un germe de feuilletage singulier à l’origine de et un morphisme minimal de réduction de . On note le feuilletage holomorphe singulier sur transformé de par . La réduction s’obtient par une succession d’éclatements ponctuels des singularités non réduites apparaissant au fur et à mesure. À chaque étape intermédiaire de la réduction de , l’image réciproque de est une union finie de diviseurs d’auto–intersection négative, que l’on nomme composantes, se croisant transversalement en un certain nombres de points, appelés coins.
Remarque 2.1.
[14] Par un coin passent exactement deux composantes, qui seront qualifiées d’adjacentes. De plus le graphe d’incidence des composantes est un arbre connexe.
Définition 2.2.
-
1.
Une branche morte de est une union maximale de composantes adjacentes, chacune d’un des trois types suivants :
-
possédant au plus deux coins et aucune autre singularité de ,
-
possédant exactement un coin et aucune autre singularité de (extrémité de ),
-
possédant un coin et une autre singularité de (composante d’attache de ),
ayant exactement une extrémité et une composante d’attache. Le graphe d’incidence de ces composantes est donc un arbre ayant la combinatoire d’une chaîne, c’est pourquoi on appellera parfois maillons les composantes formant . La singularité de distincte du coin de la composante d’attache sera appelée point d’attache.
-
-
2.
Une composante initiale de est une composante non dicritique du diviseur exceptionnel , à laquelle est attachée au moins deux branches mortes et ne portant en sus de ces points d’attache qu’une seule singularité de . Notons que rien n’interdit à de croiser une composante dicritique de .
3 Incompressibilité des singularités non dégénérées solitaires
Ici on étudie un feuilletage pris sous la forme (2.1). Soit un polydisque choisi assez petit pour garantir que est holomorphe sur un voisinage de son adhérence. On considère le domaine
sur lequel est partout transverses aux fibres de . Dans tout l’article on travaillera sur le revêtement universel de donné par
On chapeautera d’un « ~ » les objets tirés en arrière dans cette coordonnées, et définissons en particulier la projection
Le but de cette section est de donner la preuve du Théorème A quand la singularité n’est pas un nœud–col. Celle–ci découle du résultat quantitatif ci–dessous.
Proposition 3.1.
Il existe et assez petits tels que, en notant pour chaque et , toute feuille de est simplement connexe. Le couple convient dès que
Notons que l’ensemble des séparatrices de coïncide avec , de sorte que les tubes de Milnor sont simples à décrire. Bien sûr pour chaque on peut trouver pour chaque assez petit (quitte à considérer une boule assez petite fixée une fois pour toutes), et le groupe fondamental de est isomorphe à celui de . Le reste de cette section est consacré à la preuve de la Proposition 3.1.
3.1 Faisceau de stabilité et réduction de la preuve
Par soucis de simplicité on écrira et à la place de et , c’est–à–dire .
Définition 3.2.
Étant donné un point , on appelle faisceau de stabilité de sommet et d’ouverture la région de contenant donnée par
Le nom de faisceau de stabilité est justifié par le fait suivant:
Lemme 3.3.
Pour tous et tels que
on pose . Alors pour tout , chaque chemin basé en et d’image incluse dans se relève dans en s’appuyant sur .
Remarque 3.4.
-
1.
La conclusion du lemme ci–dessus est bien que se relève en totalité dans la feuille de contenant .
-
2.
L’existence des faisceaux de stabilité impose une condition très forte sur la forme du bord d’une feuille : celui–ci ne peut pas être trop irrégulier (convexité conique). Il en résulte que le revêtement universel d’une feuille typique ressemble à la Figure 3.2.
Avant de donner la preuve du lemme nous achevons celle de la Proposition 3.1. Pour un lacet d’une feuille de nous notons son projeté, dont l’image est un compact contenu dans une bande pour deux réels . Tout faisceau de stabilité coupe l’une ou l’autre des droites formant le bord de la bande, disons pour fixer les idées, en suivant une droite parallèle de direction fixée. Pour on considère une paramétrisation du segment reliant à parallèlement à . Alors est une homotopie (libre) entre et un chemin dont l’image est un segment . Puisque l’homotopie se déroule dans une union de faisceaux de stabilité elle se relève en une homotopie dans entre est un chemin tangent à une feuille de . Or ce dernier est un feuilletage réel lisse unidimensionnel et transverse à la projection : puisque est contractile ses feuilles le sont également, et est finalement homotopiquement trivial dans .
3.2 Démonstration du Lemme 3.3
Le feuilletage est induit par la –forme différentielle
où par hypothèse
est bornée par sur . Prenons et pour , on note
Puisque les feuilles de sont transverses aux fibres de la projection , le bord de est contenu dans le bord . Pour garantir que les chemins des faisceaux de stabilité se relèvent dans en , il suffit d’assurer que est une fonction décroissante. Étudions–donc les variations de
En utilisant la relation
on trouve
Maintenant le membre de droite est strictement négatif dès que . Dès lors, tout rayon du faisceau de stabilité se relève dans la feuille , puisque est décroissante, tant que reste plus petit que . La conclusion suit.
4 Incompressibilité du nœud–col solitaire
On répète les arguments développés en section précédente dans le cas d’un nœud–col. Ici encore le Théorème A découle de la
Proposition 4.1.
Il existe et assez petits, et pour tous et un domaine , fibré en disques au–dessus de , tels que les proposition suivantes tiennent.
-
1.
Chaque feuille de est simplement connexe.
-
2.
Si le nœud–col est convergent, alors est le polydisque standard et convient dès que
L’ensemble des séparatrices de est inclus dans et les tubes de Milnor sont encore simples à décrire. Le reste de cette section est consacré à la preuve de la Proposition 4.1.
4.1 Faisceau de stabilité et réduction de la preuve
Par soucis de simplicité on écrira et à la place de et . Fixons un point . Pour on construit le chemin solution de
(4.1) |
avec la condition initiale .
On a la relation implicite
On dispose également de l’asymptotique
Cependant il se peut qu’avant de tendre vers la partie réelle de dépasse , c’est en particulier le cas lorsque puisqu’alors admet un pôle, et donc la trajectoire quitte le domaine .
Définition 4.2.
On appelle faisceau de stabilité de sommet et d’ouverture la région de contenant donnée par
Lemme 4.3.
Il existe un domaine , fibré en au–dessus de , tel que, pour tout , chaque chemin basé en et inclus dans se relève dans en s’appuyant sur . Si le nœud–col est convergent alors est le polydisque standard.
Remarque.
L’existence des faisceaux de stabilité impose ici aussi une condition très forte sur la régularité du bord d’une feuille. Il en résulte que le revêtement universel d’une feuille typique ressemble à la Figure 4.3. La présence des « langues » d’étendue infinie sur la gauche de la figure provient du comportement « col ». En effet dans les secteurs , délimités par des pointillés sur la figure, l’ordonnée de la feuille est de l’ordre de et tend fortement vers l’infini quand se rapproche du point singulier. Au contraire dans les secteurs « nœuds » les feuilles tendent platement vers (voir par exemple [15]). Nous donnons plus de détails en Section 7.1 concernant la topologie du bord de .
Ce lemme sera prouvé dans les prochaines sous–sections en deux étapes: d’abord le cas des nœuds–cols convergents puis celui des divergents. Expliquons au préalable en quoi il suffit à garantir la simple–connexité d’une feuille . La stratégie est similaire à celle introduite pour les singularités non dégénérées : il suffit de construire une homotopie (libre) entre la projection d’un cycle tangent et un chemin bordant une région d’intérieur vide, telle que pour fixé est un chemin de , qui se relève donc dans . Ceci achève la preuve de la Proposition 4.1 en invoquant encore une fois l’argument d’un feuilletage réel unidimensionnel au–dessus d’un compact contractile. Le fait que les faisceaux de stabilité ne sont pas tous dirigés selon une direction donnée à l’avance constitue la difficulté supplémentaire par rapport au cas non dégénéré.
Le procédé est illustré en Figure 4.4, et correspond aux deux étapes suivantes.
-
Les parties de l’image de contenues dans les bandes « col » sont envoyées, en suivant les chemins , dans .
-
Les parties de l’image de contenues dans les bandes « nœud » sont envoyées, en suivant les chemins , dans où est l’union des images des trajectoires issues des points .
4.2 Le cas convergent
On prend ici sous la forme d’un polydisque avec . Dans ce cas on a
(4.2) | |||||
Puisque les feuilles de sont transverses aux fibres de la projection , le bord de est contenu dans le bord . Pour garantir que les chemins des faisceaux de stabilité se relèvent dans en , il suffit d’assurer que est une fonction décroissante. Mais ceci découle encore des variations de , à savoir
Le Lemme 4.3 est donc démontré.
4.3 Cas divergent
On va montrer que est encore un faisceau de stabilité à condition de modifier . Puisque la propriété suivante est vraie.
Lemme 4.4.
Pour on note la bande
dont l’image par coïncide avec . Étant donnés on peut choisir suffisamment petit de sorte que, pour tout , le faisceau de stabilité soit inclus dans .
En opérant le changement de variables sectoriel pour
qui redresse la séparatrice sectorielle sur , on se ramène au cas précédent (en effet la preuve du Lemme 4.3 dans le cas convergent n’utilise pas le caractère holomorphe de la perturbation ). On prend pour l’intérieur de l’adhérence du domaine suivant:
Comme la famille recouvre et est fibrée en la variable , le Lemme 4.3 est maintenant démontré.
5 Résumé de la construction de Marín–Mattei
La construction consiste à recoller une quantité finie de blocs locaux contenant les singularités réduites de la réduction de , deux–à–deux disjoints, avec des blocs réguliers recouvrant le reste du diviseur exceptionnel, afin de localiser (grâce à un théorème de type Van Kampen) la propriété d’incompressibilité recherchée. Ces blocs ne peuvent être arbitraires, mais doivent au contraire satisfaire de «bonnes» propriétés, que nous détaillons plus bas, et posséder au moins un degré de liberté dans leur construction (la « taille ») gouverné par une fonction de contrôle. L’assemblage des blocs se fait par induction, en choisissant une composante du diviseur puis en parcourant l’arbre de réduction de proche en proche. On arrive dans une nouvelle composante par le passage d’un coin, muni d’une taille de sortie spécifiée sur , et on assemble les autres blocs présents sur à celui–ci en ajustant leur taille. On passe alors à une composante adjacente à si toutes n’ont pas été visitées.
Tout ceci n’est que partiellement exact, car les blocs réguliers qui englobent les branches mortes (Section 2.4) n’ont aucun degré de liberté : leur taille est imposée. Une obstruction d’ordre technique apparaît donc quand est attachée a au moins deux branches mortes et ne possède d’autre singularité que celle partagée avec , autrement dit une composante initiale. On doit donc démarrer l’induction par une composante initiale (Section 2.4), imposant une taille à sa descendance. Dans le cas d’une courbe généralisée non dicritique il est bien connu [9, p866] qu’il n’existe qu’au plus une composante initiale, ce qui rend possible l’induction. De plus la composante initiale est attachée à exactement deux branches mortes, l’une d’elles ayant comme extrémité le diviseur apparu lors du premier éclatement. Nous généralisons mot pour mot cette propriété à toutes les singularités de feuilletages fortement présentables en Section 6.
5.1 Découpage du diviseur exceptionnel en blocs
Soit un feuilletage fortement présentable non réduit. Notons
le feuilletage réduit et l’union des transformées strictes par de chaque composante irréductible de . Autour de chaque singularité de on se donne un système de coordonnées locales comme en Section 2, c’est–à–dire un biholomorphisme qui transforme en le feuilletage donné par et qui envoie une composante du diviseur sur . On choisit une fois pour toute de façon à ce que les Propositions 3.1 et 4.1 tiennent pour toutes les singularités réduites. Nous déterminerons de proche en proche les valeurs de et pour lesquelles la construction suivante s’appliquera.
On notera le cercle conforme , pré–image par de . Dans toute la suite on suppose que le réel positif , paramétrant l’étendue de la famille de tubes de Milnor , est inférieur à une «hauteur d’uniformité des blocs de Milnor» (voir [9, Section 2.2, p867]). La valeur de est telle que les composantes connexes de sont en bijection avec l’adhérence des composantes de . On note alors les composantes de correspondant à .
Chaque est un compact dont le bord est une union finie de cercles conformes paramétrés par des lacets simples analytiques . À chaque composante initiale correspond un unique , celui contant les deux points d’attache des branches mortes, qui sera lui aussi qualifié d’initial.
Définition 5.1.
Le parcours des dans l’induction identifie de manière unique, pour chaque non initial, une composante appelée composante d’entrée de . Celle–ci correspond à la composante du bord de qui sera recollée avec la construction réalisée à l’étape précédente.
Les blocs que nous allons décrire seront des sous–ensembles bien particuliers fibrés au–dessus des .
5.2 Blocs adaptés feuilletés
Définition 5.2.
[9, Définition 1.2.2, p861]Prenons un feuilletage sur un domaine et soient deux sous–ensembles de . On dit que est 1–connexe dans (relativement à ) si pour chaque feuille de et tout chemins de et de qui sont homotopes dans , il existe un chemin de homotope à la fois à dans et à dans .
Afin de simplifier le présent texte nous ne parlons que de «blocs», sans distinguer les deux types «élémentaires» et «fondamentaux» (ces derniers regroupant plusieurs blocs élémentaires contigus recouvrant une branche morte). Cette distinction est d’ordre technique et peut être ignorée ici (voir [9, Section 2.2, p867] pour plus de détails).
Définition 5.3.
[9, Definition 2.1.1, p864]La notation représente le fermé .
-
1.
Nous dirons que est un blocs feuilleté adapté si les conditions suivantes sont vérifiées :
-
(BF1)
chaque composante connexe de est incompressible dans ,
-
(BF2)
est transverse à
-
(BF3)
est incompressible dans ,
-
(BF4)
chaque composante connexe de est –connexe dans ,
-
(BF1)
-
2.
Nous dirons que la collections de blocs réalise un assemblage bord–à–bord de blocs feuilletés adaptés si
-
pour chaque l’intersection est ou bien vide, ou bien une composante connexe de et de ,
-
est un voisinage de la singularité épointé de .
-
Nous énonçons le théorème de localisation :
Théorème 5.4.
[9, Théorème 2.1.2, p864] Si est un assemblage bord–à–bord de blocs feuilletés adaptés alors chaque feuille de est incompressible dans .
5.3 Rugosité des ensembles de type suspension
Définition 5.5.
[9, Definition 3.1.1, p869]Une composante de est de type suspension au–dessus de s’il existe un disque analytique fermé inclus dans , centré en et sur lequel l’holonomie est holomorphe, tels que soit l’union des images des chemins tangents servant à calculer l’holonomie à partir de . On écrit alors
Afin de ne pas créer de topologie artificielle dans l’espace ambiant il faut assurer que l’intersection est connexe. Pour cela on introduit une notion de taille contrôlée, garantissant que cette intersection est étoilée par rapport à son centre.
Définition 5.6.
Pour on pose
-
1.
Soit un chemin analytique lisse par morceaux.
-
(a)
En un point lisse on définit
Cette quantité admet une limite à gauche et à droite en tout , et on notera la plus grande des deux.
-
(b)
Définissons finalement la rugosité de par
-
(a)
-
2.
La rugosité est visiblement une propriété intrinsèque de la courbe orientée paramétrée par . Si est l’image du chemin on posera alors
où est le chemin d’orientation opposée à . Si est un voisinage simplement connexe de , de bord analytique par morceaux, et si , alors est étoilé par rapport à .
-
3.
On appelle fonction de contrôle d’un ensemble de type suspension au–dessus d’un lacet simple , analytique par morceaux, l’élément de donné par
où est la taille de vis–à–vis de la fibration définie par l’équation des séparatrices distinguées .
5.4 Blocs adaptés feuilletés contrôlés
Définition 5.7.
[9, Théorème 3.2.1, p871]Prenons deux réels et , ainsi que correspondant à une composante du diviseur exceptionnel.
-
1.
On dira que est un bloc feuilleté contrôlé si :
-
(BC1)
pour tout assez petit et les inclusions induisent des isomorphismes et ,
-
(BC2)
est un bloc feuilleté adapté,
-
(BC3)
chaque composante de est de type suspension au–dessus de .
-
(BC4)
.
-
(BC1)
-
2.
On dira qu’une composante non initiale est contrôlable s’il existe et une fonction croissante , de limite nulle en , telles que pour tout sous–ensemble de type suspension au–dessus de la composante d’entrée de , avec , il existe un bloc feuilleté contrôlé dont la composante du bord au–dessus de satisfait les propriétés supplémentaires :
-
(BC3’)
est –connexe dans ,
-
(BC4’)
.
-
(BC3’)
Le Théorème 3.2.1 de [9, p871] prouve que chaque non initial est contrôlable lorsque ne contient ni nœud–col ni selle quasi–résonnante. Le reste de la Section 3.2 de [9] prouve que ce résultat entraîne le théorème de Marín–Mattei. Nous montrons dans la Section 7 que ce théorème se généralise à tous les feuilletages fortement présentables.
6 Composantes initiales
Nous renvoyons à la Section 2.4 pour les définitions de «branche morte» et «composante initiale». Cette section est dévolue à la preuve de la propriété suivante :
Théorème 6.1.
Soit un germe de feuilletage fortement présentable réduit par un morphisme minimal . Alors contient au maximum une composante initiale. Lorsqu’elle existe, exactement deux branches mortes s’y attachent. Les singularités présentes aux coins de ces branches mortes (autres que le point d’attache), sont des selles rationnelles linéarisables. L’extrémité d’une de ces branches est le premier diviseur créé par la réduction.
On verra en Section 8 comment construire des feuilletages comportant un nombre arbitraire de composantes initiales, chacune pouvant elle–même être attachée à un nombre arbitraire de branches mortes.
6.1 Préliminaires
6.1.1 Formule de Camacho–Sad
La notion d’indice de Camacho–Sad, ainsi que les formules afférentes, sont introduites dans le fameux article [2]. Sans entrer dans les détails de la construction d’origine, on se servira du fait suivant comme définition.
Lemme 6.2.
Soit un germe de singularité réduite en un point , et un germe de séparatrice locale, lisse en ce point. Quitte à changer le système de coordonnées conformes au voisinage de la singularité, on peut toujours supposer que et que le feuilletage est induit par un germe de –forme différentielle
La valeur de l’indice de Camacho–Sad de relativement à au point est donnée par les égalités suivantes.
-
1.
Si on a
-
2.
De plus, si est un nœud–col convergent d’invariant formel et si est la séparatrice faible, on a
Théorème 6.3.
(Formule de Camacho–Sad) [2] Soit une courbe complexe lisse et compacte plongée dans une surface complexe . On note la classe de Chern de ce plongement. Soit un feuilletage holomorphe sur laissant invariante, et dénotons l’ensemble des points singuliers de sur . Alors
6.1.2 Autres ingrédients
Rappelons le résultat suivant, qui sera utile dans cette section :
Lemme 6.4.
[1, Lemma 1, p20] Soit une singularité de germe de feuilletage holomorphe du plan complexe, telle que:
-
1.
sa réduction ne contient pas de nœud–col,
-
2.
exactement deux séparatrices s’y croisent, et elles sont transverses, irréductibles et lisses.
Alors est réduite.
Ce lemme va nous permettre de contrôler de manière très précise le processus de formation des branches mortes dans la réduction d’un feuilletage fortement présentable. Un autre ingrédient, élémentaire, pour arriver à cette fin est le :
Lemme 6.5.
Soit une singularité non réduite présente sur une composante à une étape intermédiaire de la réduction d’un germe de feuilletage. Si la réduction de produit une branche morte attachée à alors la seule séparatrice passant par est le diviseur .
Démonstration.
Soit un germe de séparatrice passant par . Après réduction de le transformé strict de ne peut que passer par le point d’attache. Donc . ∎
Le but de ce paragraphe est de montrer le résultat suivant :
Corollaire 6.6.
Soit une composante à une étape de la réduction d’un feuilletage fortement présentable. Alors la réduction d’une singularité ne peut créer de branche morte attachée à en .
Cette propriété se déduit directement du Lemme 6.5 et du suivant (avec ) :
Lemme 6.7.
Soit une singularité de germe de feuilletage fortement présentable du plan complexe par laquelle ne passe qu’une seule séparatrice , lisse et irréductible.
-
1.
Si le feuilletage est réduit, est une singularité de type nœud–col divergent dont est la séparatrice forte.
-
2.
Si le feuilletage n’est pas réduit et si son arbre de réduction est une branche morte attachée au transformé strict de , alors est la séparatrice forte d’un nœud–col présent dans le dernier diviseur créé, qui est le point d’attache de la branche morte. Les autres singularités de sont des selles rationnelles linéarisables.
Remarque 6.8.
En Section 8.4 nous construisons des feuilletages correspondant à la situation évoquée dans ce lemme. On comprend également comment construire des feuilletages (pas fortement présentables) ayant un nombre arbitraire de branches mortes.
Démonstration.
-
1.
Par une singularité réduite passent deux séparatrices transverses, irréductibles et lisses, sauf si la singularité est un nœud–col divergent.
-
2.
Nous montrons le lemme par récurrence sur le nombre d’éclatements ponctuels de nécessaire à la réduire. Si est réduite en un éclatement on obtient un diviseur ne portant qu’une seule singularité par laquelle passe . L’holonomie de le long de doit être l’identité et son indice de Camacho–Sad égal à d’après la formule de Camacho–Sad. Les seuls types locaux de singularité ayant cette propriété sont les suivants :
(a) Les selles linéarisables localement conjuguées à , avec le diviseur correspondant à une branche de ; dans ce cas est régulier, ce qui est exclu. (b) Les nœuds–cols dont le diviseur est la séparatrice faible, d’invariant formel . Ainsi est la séparatrice forte de . Le lemme est vrai pour . Supposons qu’il le soit pour toute singularité réduite en au plus éclatements, et prenons une singularité réduite en (exactement) éclatements, dont l’arbre de réduction est une branche morte attachée à . Après le premier éclatement de , le diviseur (puisque c’est un maillon d’une branche morte) contient au plus deux singularités, réduites en au plus éclatements. Le transformé strict de passe par une d’elles, disons , en coupant transversalement le diviseur . Nécessairement la réduction de produit le point d’attache, donc la réduction de l’autre singularité éventuelle est une branche morte. Comme la seule séparatrice de est , l’hypothèse de récurrence appliquée à contredit celle de forte présentabilité, donc est la seule singularité présente sur .
Éclatons une fois de plus : on obtient un nouveau diviseur attaché à . Le même argument que précédemment indique que les seules singularités présentes sur sont :
-
le coin ,
-
le point d’intersection entre le transformé strict de et .
Comme le coin est réduit :
Lemme 6.9.
Soit un coin du diviseur exceptionnel d’une étape intermédiaire de la réduction d’un feuilletage fortement présentable, par laquelle ne passe aucune autre séparatrice que les branches du diviseur exceptionnel. Alors la singularité est réduite.
Démonstration.
D’après le Lemme 6.4, si n’était pas réduite il y aurait un nœud–col dans sa réduction. Puisque aucune autre séparatrice ne passe par , la séparatrice forte de ce nœud–col est incluse dans un diviseur. Cette situation est exclue pour les feuilletages fortement présentables. ∎
D’après le raisonnement développé pour le cas , la singularité réduite présente en est une selle rationnelle linéarisable puisqu’elle ne peut être un nœud–col (les deux séparatrices passant par sont des composantes du diviseur).
La prochaine étape pour réduire est d’éclater . On montre ainsi de proche en proche qu’après étapes le transformé strict de intersecte en la dernière composante créée, et les autres singularités de correspondent aux points de croisement , en lesquelles est réduit et admet une selle rationnelle linéarisable. La classe de Chern de chaque est pour alors que pour elle vaut . La singularité est une selle linéarisable avec
Puisque n’est pas réduite le Lemme 6.4 indique que est un nœud–col. Son indice
est non nul donc est sa séparatrice faible.
-
∎
6.2 Preuve du Théorème 6.1
Écrivons le morphisme comme le composé d’éclatements ponctuels avec et , chacun faisant apparaître une nouvelle composante du diviseur exceptionnel final . On dit que est l’étape d’apparition de , et on considère l’application définie sur l’ensemble des composantes de :
On écrira le transformé de par .
La preuve se déroule en deux épisodes, correspondants aux différents temps de formation de la composante initiale. Une conséquence du Corollaire 6.6 est qu’une composante initiale apparaît toujours après que toutes les branches mortes s’y attachant ont été créées par le processus de réduction.
6.2.1 Apparition de la première branche morte
De toutes les branches mortes attachées à la composante initiale , , on choisit celle qui apparaît en premier et on la nomme . On procède de la manière suivante : en identifiant une branche à la collection des maillons qui la forme, on choisit de sorte que
Numérotons les composantes formant de sorte que soit croissante. Si est le premier diviseur obtenu dans la réduction de , c’est–à–dire , on définit comme étant une séparatrice de (dont l’existence est garantie par le théorème de Camacho–Sad [2]). Dans le cas contraire on prend pour une composante de adjacente à .
Lemme 6.10.
L’ordre d’adjacence des coïncide avec leur ordre d’apparition :
Le coin est une selle rationnelle linéarisable. De plus contient exactement deux singularités (une seule si ) : le coin (si ) et une singularité par laquelle passe une séparatrice différente de . Cette séparatrice provient du transformé strict de dans .
Démonstration.
contient au moins une singularité de par laquelle passe le transformé strict de (si on a directement ). Le Corollaire 6.6 montre que n’a pas d’autre singularité sur . Si , à l’étape aucune autre séparatrice que et ne passe par le coin , puisque sinon son transformé strict dans appartiendrait à une union connexe de composantes reliant et , contredisant le fait que est une branche morte. Par suite la singularité est réduite (Lemme 6.9) et contient exactement une singularité de , par laquelle passe le transformé strict de , distinct de . L’holonomie de en le long de est l’identité et l’indice de Camacho–Sad est un entier négatif. Puisque ne peut être un nœud–col la seule possibilité est que soit une selle rationnelle linéarisable, comme dans la preuve du Corollaire 6.7. Un raisonnement par induction achève la démonstration du lemme. ∎
6.2.2 Apparition de la seconde branche morte
Soit l’étape de la réduction de qui correspond à l’éclatement de . On construit de proche en proche une chaîne de composantes dont l’ordre d’apparition correspond à l’ordre d’adjacence, en utilisant les règles suivantes.
-
Par le coin passe une séparatrice distincte de et .
Alors n’est pas réduite et n’est pas une composante du diviseur exceptionnel (Remarque 2.1). À l’étape l’éclatement de produit un diviseur adjacent à et . Si une séparatrice distincte de passait par le coin alors ne serait pas maximale ; cette singularité est donc réduite (Lemme 6.9). C’est en fait une selle rationnelle linéarisable d’après le même argument qu’employé pour prouver le Lemme 6.10. Si porte une troisième singularité alors et le processus s’arrête. -
Par ne passe aucune autre séparatrice que et .
D’après le Lemme 6.9 est réduite. Puisque est maximale, ne peut être un maillon de et est le point d’attache de sur la composante initiale . Le Corollaire 6.6 interdit l’existence d’une deuxième branche morte attachée à . Cette configuration ne peut donc se produire. -
Par , , ne passe aucune autre séparatrice que et .
D’après le Lemme 6.9, est réduite. Dans ce cas et le Corollaire 6.6 oblige la deuxième branche morte à contenir . Dans ce cas les seules séparatrices passant par le coin sont et : le coin est réduit. Par une troisième singularité de passent tous les transformés stricts des séparatrices de et de la séparatrice considérée pour construire la première branche morte. Le Corollaire 6.6 interdit à de porter une autre singularité de (et donc il ne peut y avoir plus de branches mortes attachée à ). La construction s’achève.s
Ce procédé s’arrête après un nombre fini d’étapes. En prenant pour le transformé strict de dans on prouve que ne pouvait être une composante du diviseur (sinon serait une composante du diviseur en coupant deux autres, contredisant la Remarque 2.1) et
Aussi l’extrémité de est le premier diviseur créé par la réduction de , entraînant l’unicité de et le résultat.
7 Feuilletages fortement présentables
On montre maintenant le Théorème C. Le premier ingrédient est le suivant :
Théorème 7.1.
Considérons un germe de feuilletage holomorphe au voisinage d’une singularité élémentaire admettant deux séparatrices888Cette classe regroupe les singularités non dégénérées et les noeuds–cols convergents., induit par la –forme donnée en Section 2, avec . Il existe tels que les propriétés suivantes sont satisfaites sur le polydisque .
-
1.
Le feuilletage est holomorphe avec une seule singularité sur un voisinage de .
-
2.
Pour considérons la paramétrisation du cercle , ainsi que l’ouvert maximal sur lequel est définie :
Alors est un disque analytique contenant , à bord analytique par morceaux. De plus à fixé il existe telle que pour tout assez petit
-
3.
est un bloc feuilleté contrôlé.
-
4.
Si cette classe de singularité apparaît dans une composante de la réduction alors est contrôlable.
Ce théorème, démontré en Section 7.1, permet de placer des blocs contenant les singularités nœuds–cols et quasi–résonnantes dans la construction de Marín–Mattei. Il faut toutefois obtenir des résultats plus précis pour le passage des coins. Pour un feuilletage fortement présentable cela ne peut se produire qu’avec des singularités non dégénérées ; nous préciserons cela en Section 7.3. Dès lors un feuilletage présentable est incompressible dans l’ouvert
où :
-
les blocs correspondant à des singularités autres que des nœuds () sont ceux donnés par (3) de ce théorème (modulo le passage des coins), on prendra alors et inférieurs à et ,
-
les autres blocs sont pris comme dans la construction d’origine de Marín–Mattei.
Il est tout à fait probable que certains feuilletages non fortement présentables soient incompressibles (par exemple s’il n’y a qu’un seul nœud–col dans la réduction). Dans ces cas–là c’est la localisation de la construction qui est mise en défaut :
Proposition 7.2.
Soit un germe de feuilletage holomorphe au voisinage d’une singularité de type nœud–col, induit par la –forme donnée en Section 2. On note la séparatrice faible d’un nœud–col convergent, et dans le cas divergent. Soit un disque fermé conforme et un voisinage simplement connexe de , assez petit, fibré au–dessus de par la projection . Prenons une composante de , de type suspension au–dessus de . Alors ne peut–être –connexe dans .
Cette proposition, prouvée en Section 7.2, interdit de plonger un nœud–col dont la séparatrice forte est une composante du diviseur exceptionnel, dans un bloc local suffisamment petit vérifiant (BF4). La condition de forte présentabilité seule ne permet donc pas de caractériser les feuilletages incompressibles.
Le Théorème 6.1.1 de [9, p900] nous permet d’obtenir une transversale complètement connexe dans , où est le sous–ensemble de correspondant aux blocs contenant les nœuds–cols (y compris en présence de selles quasi–résonnantes). Soit une singularité nœud–col de , appartenant à une composante du diviseur exceptionnel. On note le feuilletage poussé–en–avant de par le biholomorphisme introduit en Section 5.1. Il est aisé de voir que chaque transversale sature, par , un voisinage épointé de . Rajouter à est pourtant une approche vouée à l’échec :
Corollaire 7.3.
Sous les hypothèses de la proposition précédente aucune transversale n’est –connexe dans .
Ce corollaire sera démontré en Section 7.2.
Pour obtenir une transversale complète dans on adjoint à , pour chaque singularité nœud–col où est la séparatrice faible de , le disque conforme (ou plutôt, son image par le morphisme de réduction), dépendant de et , défini dans la coordonnée par :
Corollaire 7.4.
Il existe tel que, pour tout , l’ouvert
-
1.
sature un voisinage de épointé de ,
-
2.
est –connexe dans .
Ce corollaire, montré en Section 7.2, couplé au fait que la –connexité est transitive [9, Remarque 1.2.3, p861], garantit alors que est une transversale complètement connexe. Cela clôt la preuve de l’assertion (1) du Théorème C.
7.1 Blocs feuilletés adaptés contrôlés : preuve du Théorème 7.1
Dans cette section nous ne considérons que des feuilletages ayant une singularité de type
-
non dégénérée donnée par la forme définie en (2.1), avec ,
-
nœud–col convergent donné par la forme définie en (2.2).
D’après les choix effectués en début de section, la famille de polydisques
fournit une base de voisinages de , dépendant de deux paramètres suffisamment petits, pour laquelle les conditions (BF3) et (BC1), ainsi que (1) du Théorème 7.1, sont satisfaites. De plus les conditions (BF1), (BF2), (BC3) et (BC4) sont trivialement vérifiées dés que (2) du Théorème 7.1 est établi. Les propriétés suivantes doivent donc être satisfaites pour démontrer (3) :
-
(BF4),
et pour démontrer (4) :
-
(BC3’),
-
(BC4’).
7.1.1 Preuve de (2)
Soit pour et . Considérons le feuilletage analytique réel induit sur le cylindre par la –forme
où
avec pour les singularités dégénérées, et pour les nœuds–cols. Celui–ci est régulier, transverse aux fibres de la projection . On identifie canoniquement à un sous–ensemble de , c’est–a–dire l’ensemble des tels que le relevé de dans en s’appuyant sur existe pour tout . L’holonomie le long de est holomorphe sur un voisinage de . Par transversalité si, et seulement si, pour tout .
Clairement est ouvert et contient . Si est un lacet lisse et simple, délimitant un disque analytique , alors la surface
est un tube homéomorphe à . Mais pour tout le chemin est prisonnier de et donc , ce qui montre que est simplement connexe.
Pour écrivons
de sorte que
Dès lors, ou bien , ou bien , ou bien encore il existe minimal tel que
. |
Ainsi est inclus dans le pré–image par transport holonome de l’ensemble analytique réel . Écartons les cas triviaux, ou , pour étudier la courbe analytique . Si est un point régulier de alors est localement paramétré par un arc lisse résolvant le système pour . Dès lors est inclus dans une union finie d’adhérences de courbes analytiques par morceaux. En particulier n’a qu’un nombre fini de composantes connexes. Il suffit alors de réduire pour obtenir la connexité de .
Nous finissons la preuve de (2) en donnant une estimation de la rugosité de . Tout d’abord il est clair que pour tout et on a la relation
(7.1) |
où
La formule suivante est une conséquence immédiate des définitions :
Lemme 7.5.
Pour un chemin et pour tout on a
On calcule aisément
Puisque
est holomorphe sur , on pose
de sorte que
Ainsi pour fixé et assez petit on a
En considérant , et une paramétrisation d’un arc de , on majore la rugosité de par . Les autres points du bord se traitent de manière similaire.
7.1.2 Preuve de (3) dans le cas non dégénéré
Rappelons que
et reprenons les notions introduites en Section (3). D’après le Lemme (3.3) on peut garantir qu’un rayon d’un faisceau de stabilité coupe , en choisissant de sorte que et . Cela se produit dès que ou, dans le cas contraire, . Ainsi la trace de chaque feuille sur est un connexe non vide, ce qui entraîne la –connexité de dans .
Soit . L’obstruction à la –connexité de dans provient de l’existence d’une feuille telle que ne soit pas connexe. Mais ceci ne peut se produire puisque est maximal pour la suspension de points de , donnant la propriété (BF4).
7.1.3 Preuve de (3) dans le cas des nœuds–cols
Nous raisonnons exactement comme précédemment, la difficulté ici encore provient de l’absence de direction fixe incluse dans les faisceaux de stabilité.
Définition 7.6.
On se donne . On définit les régions nœuds et cols respectivement par
Chacune de ces région s’écrit comme une partition dénombrable de bandes et correspondant aux déterminations de .
Nous prouvons maintenant le
Lemme 7.7.
Soit une feuille telle que coupe deux bandes cols distinctes, disons en des points et . Alors .
Démonstration.
Soit la projection d’un chemin tangent avec et . On considère l’union de faisceaux de stabilité
qui est incluse dans . Les trajectoires issues de intersectent . En prenant on obtient même l’inclusion . Dès lors il suffit de traiter le cas et .
On reprend l’équation variationnelle de intégrant le feuilletage au–dessus du chemin . On obtient
Notons
de sorte que
puis
Puisque il est possible de réaliser l’inégalité
quitte à prendre assez petit. Ainsi pour tout . En raisonnant de même pour le chemin on montre finalement . ∎
Il se peut que le bord ne soit pas –connexe dans , mais les chemins mettant en défaut cette propriété doivent avoir leurs extrémités dans des arcs nœuds, et l’intersection du bord d’une feuille contenant un tel chemin avec ne doit pas rencontrer plus d’une bande col dans son revêtement universel. En particulier est –connexe dans , puisque il y a bandes cols croisant une région , donnant (BF4).
7.1.4 Preuve de (4) : rabotage
Puisque chaque feuille attachée à un ensemble de type suspension au–dessus de se rétracte tangentiellement sur le bord , le processus de rabotage de Marín–Mattei [9, Section 4.3, p877] permet de montrer l’existence d’un sous–ensemble de type suspension 1–connexe dans un autre, donné à l’avance dans la composante d’entrée. Le contrôle sur la rugosité est alors garanti par l’estimation (2).
7.2 Chemins inamovibles
Nous montrons la Proposition 7.2 lorsque . En effet si est une représentation conforme de , fixant , alors le changement de coordonnées transforme en un tel voisinage et est encore sous la forme (2.2).
On a et les feuilles dont l’adhérence coupe en un point avec (dans une partie col) coupent également le bord (il suffit de suivre dans le relevé du chemin issu de ). Dès lors n’est pas connexe, de sorte que tout chemin dans , tel que relie deux composantes distinctes, n’est pas tangentiellement homotope à un chemin dans . Nous renvoyons à la Figure 7.1. Pour mettre en défaut la –connexité de dans il faut montrer que est homotope dans à un chemin dans . Le point clef ici est que contient le disque , c’est–à–dire que l’enlacement de autour de n’importe pas. Il reste donc à contrôler l’indice de autour de dans le cas convergent. Le Corollaire 7.3 découlera du fait que l’on peut choisir les extrémités et de dans une même transversale , comme l’indiquera la construction.
Définition 7.8.
Un chemin tangent , d’extrémité dans une même transversale , dont le relevé relie deux composantes connexes distinctes de , sera qualifié d’inamovible.
Le Corollaire 7.4 est quant à lui une conséquence du fait que pour tout chemin inamovible l’intervalle a une longueur supérieure à .
7.2.1 Le cas du modèle formel
Commençons par prouver le résultat pour le modèle (on renvoie également à la Section 8.3 pour un traitement plus détaillé de ce cas là). Les courbes définies en (4.1) sont les courbes d’iso–argument des ordonnées des feuilles du modèle
Au contraire les courbes sont les courbes d’iso–module de ces fonctions. Étant donné on définit . Il existe tel que . Le long du chemin on a
Ainsi est un chemin tangent reliant à un autre point dans la même transversale . Celui–ci n’est tangentiellement homotope à aucun chemin de . Il est pourtant homotope dans à un chemin reliant à dans , puisque la variation d’argument de est nulle.
On passe du modèle au modèle par le changement de coordonnées
Celui–ci est un biholomorphisme (pourvu que soit assez petit) et donc le résultat persiste pour tous les modèles formels.
7.2.2 Le cas convergent
La variation de au–dessus d’un chemin qui paramètre une composante connexe de avec est donnée par
le signe dépendant du sens de parcours. Dès lors si rencontre au moins deux bandes nœuds et si le chemin paramètre la composante du bord présente dans une bande col entre les bandes nœuds alors le chemin est défini sur et . Ainsi on peut relier par un chemin tangent n’importe quel point d’une autre composante de à un unique avec et . Cette dernière égalité montre que est homotope à un chemin de dans .
7.2.3 Le cas divergent
Traitons finalement le cas des nœuds–cols divergents. On fait apparaître les resommées sectorielles des séparatrices faibles par sur les bandes
pour se ramener au cas convergent sur une union d’une bande col et de deux bandes nœuds adjacentes. L’application de revient à ajouter à la constante d’intégration d’un secteur un coefficient de Stokes (qui provient de la partie translation de l’invariant de Martinet–Ramis [11]) ce qui permet de recoller la feuille du secteur consécutif correspondant à la constante d’intégration . En modifiant l’extrémité d’arrivée du chemin , par exemple en la prenant à une affixe de partie réelle plus négative, on peut encore réaliser la construction d’un chemin inamovible.
7.3 Passage des coins
Si on veut appliquer la méthode de Marín–Mattei pour « passer un coin » associé à une singularité non–linéarisable alors il faut prendre un autre type de blocs . Ceux–ci s’obtiennent en poussant la composante d’entrée du bord par le champ de vecteurs radial . Lorsque cette opération fournit un voisinage épointé des séparatrices (feuilles de type «collier»). L’opération de rabotage [9, Section 4.3, p877] s’effectue alors de façon similaire et la composante «de sortie» aura une rugosité contrôlée par l’application de Dulac associée. Nous ne rentrerons pas dans les détails, nous indiquons seulement que ce contrôle découle de la majoration du reste du développement asymptotique de se trouvant par exemple dans [6, Theorem 24.38, p462], à travers la Proposition 4.2.3 de [9, p877] (plus précisément le Lemme 4.4.3).
Remarque 7.9.
La preuve de la Proposition 4.2.3 de [9, p877] invoque la Proposition 1.2.4 [9, p861]. Cependant les hypothèses de cette proposition ne sont pas vérifiées pour certaines selles quasi–résonantes. En effet J.–C. Yoccoz a montré que certaines d’entre elles contiennent des familles de feuilles fermées (pas simplement connexes) accumulant la singularité [13]. Néanmoins un examen légèrement plus poussé montre que l’on peut se passer d’invoquer cette proposition sauf dans le cas de singularités linéarisables.
8 Exemples de feuilletages compressibles
8.1 Synthèse
Nous aurons besoin d’une version particulière du théorème de réalisation de A. Lins–Neto, afin d’obtenir des feuilletages réduits après un éclatement, possédant en chacune de ses singularités réduites un type analytique local prescrit. Cette version a été écrite par F. Loray dans [7]. Plutôt que de donner l’énoncé général, nous nous bornons à exposer une version adaptée à notre contexte. Pour réaliser des feuilletages de classe analytique et d’holonomie prescrites placés dans sa réduction, il faut satisfaire aux formules d’indices de Camacho–Sad (Section 6.1.1).
Théorème 8.1.
[7, p159] On se donne un groupe de type fini , avec , tel que . On se donne également une collection de feuilletages holomorphes singuliers réduits , chacun accompagné d’un germe de séparatrice , de sorte que, dans une bonne coordonnée locale, l’holonomie de le long de soit précisément . Supposons finalement que la relation
(CS) |
est satisfaite. Alors il existe un germe de feuilletage singulier du plan complexe, non dicritique, qui satisfait les conclusions suivantes:
-
1.
est réduit après un éclatement et possède points singuliers sur le diviseur exceptionnel ,
-
2.
il existe un germe de transversale attachée à en un point régulier tel que la représentation d’holonomie projective coïncide avec . Plus précisément, l’image d’un générateur du groupe fondamental partant de , d’indice autour de et d’indice nul autour des autres singularités, est ,
-
3.
le type analytique local au voisinage de la singularité est ,
-
4.
la séparatrice est incluse dans une composante du diviseur exceptionnel .
Remarque 8.2.
L’égalité exprimée par est la condition nécessaire donnée par la formule de Camacho–Sad. Il est en général assez facile de garantir que cette condition tient. Cependant Y. Il’Yashenko [5] a décrit un sous–groupe engendré par des germes non linéarisables tangents à une rotation irrationnelle à petits diviseurs, tel que , mais dont la somme des indices de Camacho–Sad de n’importe quelle réalisation locale (comme l’holonomie d’un feuilletage ) est toujours inférieure à .
8.2 Avec au moins un nœud–col divergent
Ces exemples ont été construits avec l’aide précieuse de D. Marín.
8.2.1 Cas d’un seul nœud–col
Il existe un nœud–col divergent, avec et , dont l’invariant de classification orbitale de Martinet–Ramis [11] est
Celui–ci est invariant par la permutation des indices pour . Il existe donc , périodique d’ordre , qui commute à l’holonomie forte de [7, Corollaire 2.8.4 p60]. On note .
Puisque dans une bonne coordonnée
il est possible de trouver des feuilletages locaux donnés par des selles (linéarisable) et (résonnante) avec un indice de Camacho–Sad égal à , dont les holonomies sont précisément et respectivement (voir [12]). En appliquant le Théorème 8.1 on obtient un feuilletage dont la réduction induit un feuilletage défini sur un voisinage du diviseur exceptionnel ayant trois singularités , . On peut de plus supposer que chaque séparatrice locale de est soit incluse dans , soit un petit disque transverse à pour , désignant la projection canonique sur . Notons que les autres feuilles de sont transverses aux fibres de , sauf sur le long d’une courbe analytique localisée près de .
Il est possible de trouver une petite transversale , munie de la coordonnée , sur lequel la représentation d’holonomie associée à et coïncide avec . Le groupe fondamental est un groupe libre de rang , de générateurs et faisant respectivement un tour autour de et mais aucun autour de l’autre point. Clairement
et les mots et sont sans puissance commune. Il s’ensuit que les relevés respectifs et de et par dans une feuille (assez proche du diviseur) sont des cycles de la feuille. En choisissant un voisinage de sur lequel et sont définies on s’aperçoit que chaque élément de est holomorphe et injectif sur . Ainsi pour chaque feuille de assez proche du diviseur on a
Ces éléments sont sans puissances communes sinon et le seraient.
Une feuille étant une surface de Riemann à bord son groupe fondamental est libre. Puisque n’est pas monogène cela signifie qu’aucun morphisme injectif ne peut exister de dans . Pour conclure, ce phénomène se produisant aussi près du diviseur que l’on souhaite, le feuilletage n’est incompressible dans aucun voisinage de la singularité.
8.2.2 Avec un nœud–col divergent et un convergent
On peut construire un exemple un peu plus explicite que le précédent mais en utilisant le même argument de grandeur des groupes libres de rang . On considère une équation de Riccati, définie sur et plus connue sous le nom d’équation d’Euler, donnée par la –forme
Celle–ci admet deux singularités de type nœud–col. La première, en , est de type divergent alors que celle située en est de type convergent. Les holonomies fortes associées sont inverses l’une de l’autre. On peut prendre comme troisième singularité la selle linéaire
dont l’holonomie est l’identité. On synthétise alors un éclatement de singularité de feuilletage ayant ces trois singularités locales, dont les invariants de Camacho–Sad le long du diviseur exceptionnel sont pour les nœuds–cols situés en et et pour la selle située en .
Cette fois les mots
sont dans le noyau de et sans puissance commune. Cela signifie encore qu’il existe des feuilles telles que contienne un groupe libre de rang , et comme l’incompressibilité est impossible. En fait il est possible de montrer directement l’existence d’un lacet non trivial de qui l’est dans un voisinage épointé des séparatrices.
Proposition 8.3.
Notons le relevé de par dans une feuille de suffisamment proche de . On écrit le morphisme naturel induit par l’inclusion . Alors .
Démonstration.
Soit une transversale sur lequel est réalisée l’holonomie et prenons une feuille coupant ; notons également le relevé de dans . Puisque la seule séparatrice de passant par est le diviseur, est homotope dans à (autrement dit ). Pour autant dans , comme nous allons le montrer. Partant d’un point le relevé de on obtient la configuration décrite en Figure 8.1. Comme l’holonomie forte du nœud–col n’a pas de point fixe on a toujours . Mais si était trivial dans alors ces points devraient être homotopes dans (voir la Figure 8.1), ce qui n’est pas possible puisque est discret.
∎
8.2.3 Encore plus de contre–exemples ?
Plus généralement, dès qu’il existe un nœud–col divergent dans la réduction de alors peuvent apparaître des cycles forçant la compressibilité du feuilletage, lorsque existent des relations entre les holonomies provenant d’autres parties du feuilletage. D’une manière plus précise, si on place le nœud–col en un point d’un diviseur et si un générateur du groupe fondamental de tournant autour de , alors le noyau de la flèche naturelle
doit contenir .
8.3 Sans nœud–col divergent
Ces exemples s’appuient le modèle
mais la même construction se généralise quasiment à l’identique pour chaque modèle avec . Le feuilletage convergent induit possède la famille de chemins inamovibles
(voir la Section 7.2 et la Définition 7.8). Leur extrémité appartient à la même transversale . L’explication géométrique de l’existence de ces chemins inamovibles est la présence dans l’équation
d’un pôle mobile de la solution
Leur projection sur a la forme d’un haricot (disons si ) d’indice nul autour de mais entourant la position du pôle mobile (voir la Figure 8.2). Pour cette raison ces cycles ont été suggérés par E. Paul comme candidats pour trouver un nœud–col compressible. Ils ne fournissent cependant pas de contre–exemple car chaque est non trivial dans . Par contre en adjoignant une autre singularité on peut former des cycles produisant les exemples attendus.
Effectuons le tiré–en–arrière de par une application de degré afin de symétriser la situation en plaçant deux tels feuilletages en vis–à–vis. Explicitement,
transforme en
Ce feuilletage possède les trois séparatrices et . Le chemin admet deux pré–images par
Comme l’image de est contenue dans on peut considérer une détermination fixée de la racine carrée sur la coupure . Maintenant on fabrique le chemin
Par construction ce cycle est d’indice nul autour de chaque branche de , mais étant la concaténation de deux chemins inamovibles «distants» il n’est pas tangentiellement trivial. Puisque peut–être pris arbitrairement proche de , le feuilletage défini par n’est incompressible dans aucun voisinage de .
Cette association de deux singularités et forme un bloc, muni du feuilletage , que nous allons plonger dans la réduction d’un germe de feuilletage singulier en lui adjoignant une troisième singularité , le diviseur exceptionnel coïncidant avec . Puisque
et comme l’holonomie de le long du chemin est conjuguée à , en notant l’holonomie forte de , on choisit pour une selle résonnante tangente à et d’holonomie tangente à l’identité (voir [12]). L’invocation du Théorème 8.1 achève alors la construction.
8.4 Un feuilletage possédant beaucoup de composantes initiales
8.4.1 Une branche morte ex nihilo
Ici nous construisons une famille d’exemples correspondant à la situation décrite dans le Lemme 6.7 et correspondant à la figure ci–dessous.
Considérons pour commencer le feuilletage donné par la forme différentielle, correspondant à un nœud résonant linéaire,
Le feuilletage sous–jacent est réduit en un éclatement, et sa réduction contient une seule singularité (un nœud–col modèle avec ).
Plus généralement on vérifie sans peine que, pour chaque , la –forme différentielle
est réduite en éclatement et sa réduction est une branche morte. Le dernier éclatement crée un diviseur ayant d’une part un coin, d’autre part un nœud–col modèle
par lequel passe le transformé strict de l’unique séparatrice du feuilletage de départ.
8.4.2 Une composante initiale avec beaucoup de branches mortes
De tels feuilletages se construisent grâce à la version plus générale du Théorème 8.1 donnée dans [7]. Il suffit ici de considérer un voisinage d’un diviseur de classe de Chern , contenant singularités , chacune localement conjuguée à celle donnée par (définie dans le paragraphe précédent), et une singularité selle résonante que nous caractérisons ci–après. Le diviseur sera le premier diviseur créé lors de la réduction de .
Après réduction de chaque , le diviseur est attaché à branches mortes et sa classe de Chern devient
La singularité d’attache de la branche morte en est un nœud–col dont la séparatrice forte coïncide avec : son indice de Camacho—Sad par rapport à est nul ; on note son holonomie forte (tangente à l’identité). On place en une selle résonante de partie linéaire (en choisissant des coordonnées locales dans lesquelles ) dont l’holonomie le long de
est l’inverse de . Le théorème de réalisation de Martinet—Ramis [12] prouve qu’une telle singularité de feuilletage existe.
Références
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