Une inégalité de Cheeger pour le spectre de Steklov

Pierre Jammes Univ. Nice Sophia Antipolis, CNRS, LJAD, UMR 7351, 06100 Nice, France pjammes@unice.fr
Résumé

On montre une inégalité de Cheeger pour la première valeur propre de Steklov. Elle fait intervenir deux constantes isopérimétriques.

keywords:
inégalité de Cheeger, spectre de Steklov
1991 Mathematics Subject Classification:
35P15, 58J50
{altabstract}

We prove a Cheeger inequality for the first positive Steklov eigenvalue. It involves two isoperimetric constants. \altkeywordsCheeger inequality, Steklov eigenvalues.

Soit M𝑀M une variété compacte à bord et γC1,1(M)𝛾superscript𝐶1.1𝑀\gamma\in C^{1,1}(M), ρC0(M)𝜌superscript𝐶0𝑀\rho\in C^{0}(\partial M) deux fonctions densités strictement positives sur M𝑀M et M𝑀\partial M respectivement. Le problème aux valeurs propres de Steklov consiste à résoudre l’équation, d’inconnues σ𝜎\sigma\in\mathbb{R} et f:M¯:𝑓¯𝑀f:\overline{M}\to\mathbb{R},

{div(γf)=0dans Mγfν=σρfsur Mcasesdiv𝛾𝑓0dans 𝑀𝛾𝑓𝜈𝜎𝜌𝑓sur 𝑀\left\{\begin{array}[]{ll}\mathop{\mathrm{div}}\nolimits(\gamma\nabla f)=0&\textrm{dans }M\\ \gamma\frac{\partial f}{\partial\nu}=\sigma\rho f&\textrm{sur }\partial M\end{array}\right. (1)

ν𝜈\nu est un vecteur unitaire sortant normal au bord. On parle de problème de Steklov homogène quand γ1𝛾1\gamma\equiv 1 et ρ1𝜌1\rho\equiv 1, et le cas γ1not-equivalent-to𝛾1\gamma\not\equiv 1 se rattache au problème de Calderón. L’ensemble des réels σ𝜎\sigma solutions du problème forme un spectre discret positif noté

0=σ0(M,g,ρ,γ)<σ1(M,g,ρ,γ)σ2(M,g,ρ,γ)0subscript𝜎0𝑀𝑔𝜌𝛾subscript𝜎1𝑀𝑔𝜌𝛾subscript𝜎2𝑀𝑔𝜌𝛾0=\sigma_{0}(M,g,\rho,\gamma)<\sigma_{1}(M,g,\rho,\gamma)\leq\sigma_{2}(M,g,\rho,\gamma)\ldots (2)

C’est le spectre d’un opérateur Dirichlet-Neumann H1(M)L2(M)superscript𝐻1𝑀superscript𝐿2𝑀H^{1}(\partial M)\to L^{2}(\partial M) défini par Λρ,γu=γργuνsubscriptΛ𝜌𝛾𝑢𝛾𝜌subscript𝛾𝑢𝜈\Lambda_{\rho,\gamma}u=\frac{\gamma}{\rho}\frac{\partial\mathcal{H}_{\gamma}u}{\partial\nu}, où γusubscript𝛾𝑢\mathcal{H}_{\gamma}u est le prolongement harmonique de u𝑢u pour la densité γ𝛾\gamma, c’est-à-dire que div(γ(γu))=0div𝛾subscript𝛾𝑢0\mathop{\mathrm{div}}\nolimits(\gamma\nabla(\mathcal{H}_{\gamma}u))=0. Il est auto-adjoint pour la norme de Hilbert u2=Mu2ρdvgsuperscriptnorm𝑢2subscript𝑀superscript𝑢2𝜌differential-dsubscript𝑣𝑔\|u\|^{2}=\int_{\partial M}u^{2}\rho\,\mathrm{d}v_{g} (voir [Ban80], [SU90] et [Uhl09]). Ce spectre possède une caractérisation variationnelle ; on a en particulier pour la première valeur propre :

σ1(M,g,ρ,γ)=infMf2ρdvg=0fH1(M¯)M|df|2γdvgMf2ρdvg.subscript𝜎1𝑀𝑔𝜌𝛾subscriptinfimumsuperscriptsubscript𝑀superscript𝑓2𝜌differential-dsubscript𝑣𝑔0𝑓superscript𝐻1¯𝑀subscript𝑀superscriptd𝑓2𝛾differential-dsubscript𝑣𝑔subscript𝑀superscript𝑓2𝜌differential-dsubscript𝑣𝑔\sigma_{1}(M,g,\rho,\gamma)=\inf_{\stackrel{{\scriptstyle f\in H^{1}(\overline{M})}}{{\int_{\partial M}f^{2}\rho\,\mathrm{d}v_{g}=0}}}\frac{\int_{M}|\mathrm{d}f|^{2}\,\gamma\,\mathrm{d}v_{g}}{\int_{\partial M}f^{2}\,\rho\,\mathrm{d}v_{g}}. (3)

L’objet de cet article est de donner une minoration de σ1(M)subscript𝜎1𝑀\sigma_{1}(M) en fonction d’invariants isopérimétriques qui est analogue à l’inégalité de Cheeger pour la première valeur propre du laplacien. Pour ce faire, on introduit les notations suivantes : si D𝐷D est un domaine de M𝑀M, on note ED=DMsubscript𝐸𝐷𝐷𝑀\partial_{E}D=\partial D\cap\partial M le bord « extérieur » de D𝐷D et ID=D\EDsubscript𝐼𝐷\𝐷subscript𝐸𝐷\partial_{I}D=\partial D\backslash\partial_{E}D son bord intérieur. Les volumes n𝑛n et (n1)𝑛1(n-1)-dimensionnels seront calculés relativement aux densités γ𝛾\gamma et ρ𝜌\rho et notés ||γ|\cdot|_{\gamma} et ||ρ|\cdot|_{\rho}. On pose alors

h(M,g,γ)=inf|D|γ|M|γ2|ID|γ|D|γ et h(M,g,ρ,γ)=inf|D|γ|M|γ2|ID|γ|ED|ρ.𝑀𝑔𝛾subscriptinfimumsubscript𝐷𝛾subscript𝑀𝛾2subscriptsubscript𝐼𝐷𝛾subscript𝐷𝛾 et superscript𝑀𝑔𝜌𝛾subscriptinfimumsubscript𝐷𝛾subscript𝑀𝛾2subscriptsubscript𝐼𝐷𝛾subscriptsubscript𝐸𝐷𝜌h(M,g,\gamma)=\inf_{|D|_{\gamma}\leq\frac{|M|_{\gamma}}{2}}\frac{|\partial_{I}D|_{\gamma}}{|D|_{\gamma}}\textrm{ et }h^{\prime}(M,g,\rho,\gamma)=\inf_{|D|_{\gamma}\leq\frac{|M|_{\gamma}}{2}}\frac{|\partial_{I}D|_{\gamma}}{|\partial_{E}D|_{\rho}}. (4)

Quand γ1𝛾1\gamma\equiv 1, la constante hh est la constante de Cheeger classique ; la première valeur propre non nulle du laplacien de Neumann sur M𝑀M est minorée par h2/4superscript24h^{2}/4 ([Che70],[Bus80]). Des analogues dans le cas γ1not-equivalent-to𝛾1\gamma\not\equiv 1 ont été introduits dans [Bro85] et [CO97]. La constante hsuperscripth^{\prime} intervient spécifiquement dans le problème de Steklov. Après avoir écrit la première version de cet article, j’ai appris que J. Escobar définit une constante presque identique à hsuperscripth^{\prime} dans [Esc97] dans le but de minorer σ1subscript𝜎1\sigma_{1}. Mais l’inégalité qui suit, plus simple et plus explicite que celle de [Esc97], semble avoir échappé aux recherches menées jusqu’à présent :

\theoname \the\smf@thm.

Soit (M,g)𝑀𝑔(M,g) une variété riemannienne compacte à bord munie des densités ρ𝜌\rho et γ𝛾\gamma sur M𝑀\partial M et M𝑀M. On a h(M)>0superscript𝑀0h^{\prime}(M)>0 et σ1(M)h(M)h(M)4subscript𝜎1𝑀𝑀superscript𝑀4\displaystyle\sigma_{1}(M)\geq\frac{h(M)\cdot h^{\prime}(M)}{4}.

\remaname \the\smf@thm.

On peut en fait montrer deux inégalités différentes : si on modifie légèrement les définitions de hh et hsuperscripth^{\prime} en remplaçant la condition |D|γ|M|γ/2subscript𝐷𝛾subscript𝑀𝛾2|D|_{\gamma}\leq|M|_{\gamma}/2 par |ED|ρ|M|ρ/2subscriptsubscript𝐸𝐷𝜌subscript𝑀𝜌2|\partial_{E}D|_{\rho}\leq|\partial M|_{\rho}/2, la démonstration reste valide mais les constantes isopérimétriques ne sont plus les mêmes. En particulier, la constante hsuperscripth^{\prime} est remplacée par la constante définie par Escobar.

\remaname \the\smf@thm.

Si on multiplie la métrique par λ2superscript𝜆2\lambda^{2} (λ>0𝜆0\lambda>0), alors σ1subscript𝜎1\sigma_{1} et hh sont divisées par λ𝜆\lambda et hsuperscripth^{\prime} est invariant. Pour des raisons d’homogénéité, on ne peut donc pas avoir une minoration de σ1subscript𝜎1\sigma_{1} de la forme chαhβ𝑐superscript𝛼superscript𝛽c\cdot h^{\alpha}\cdot h^{\prime\beta}c>0𝑐0c>0, α1𝛼1\alpha\neq 1 et β𝛽\beta\in\mathbb{R} sont des constantes universelles. Le cas α=1𝛼1\alpha=1 et β<1𝛽1\beta<1 est exclu par l’exemple qui suit.

\exemname \the\smf@thm.

Soit (M,g)𝑀𝑔(M,g) une variété close. Le spectre de Steklov (homogène) de Mn=M×[0,1n]subscript𝑀𝑛𝑀01𝑛M_{n}=M\times[0,\frac{1}{n}] a été calculé dans [CESG11] (lemme 6.1) et σ1(Mn)1nsimilar-tosubscript𝜎1subscript𝑀𝑛1𝑛\sigma_{1}(M_{n})\sim\frac{1}{n} quand n𝑛n\to\infty. On peut encadrer h(Mn)subscript𝑀𝑛h(M_{n}) uniformément : étant donné un domaine D𝐷D de Mnsubscript𝑀𝑛M_{n}, on considère 2n2𝑛2n copies de Mnsubscript𝑀𝑛M_{n} qu’on recolle le long de leurs bords pour obtenir une variété M×S1𝑀superscript𝑆1M\times S^{1} dont la métrique est indépendante de n𝑛n, et on construit un domaine DM×S1superscript𝐷𝑀superscript𝑆1D^{\prime}\subset M\times S^{1} en recollant les domaines D𝐷D par réflexion le long du bord. On obtient alors |D|=2n|D|superscript𝐷2𝑛𝐷|D^{\prime}|=2n|D| et |D|=2n|ID|superscript𝐷2𝑛subscript𝐼𝐷|\partial D^{\prime}|=2n|\partial_{I}D| donc |ID|/|D|=|D|/|D|h(M×S1)subscript𝐼𝐷𝐷superscript𝐷superscript𝐷𝑀superscript𝑆1|\partial_{I}D|/|D|=|\partial D^{\prime}|/|D^{\prime}|\geq h(M\times S^{1}) et h(Mn)h(M×S1)subscript𝑀𝑛𝑀superscript𝑆1h(M_{n})\geq h(M\times S^{1}). En considérant un domaine de la forme D=U×[0,1n]𝐷𝑈01𝑛D=U\times[0,\frac{1}{n}] avec UM𝑈𝑀U\subset M, on voit que h(Mn)subscript𝑀𝑛h(M_{n}) est majoré par une constante.

On peut aussi estimer hsuperscripth^{\prime}: l’exemple d’un domaine U×[0,1n]𝑈01𝑛U\times[0,\frac{1}{n}] montre que h(Mn)cnsuperscriptsubscript𝑀𝑛𝑐𝑛h^{\prime}(M_{n})\leq\frac{c}{n} pour une constante c>0𝑐0c>0. Réciproquement, pour un domaine D𝐷D fixé, |DE|subscript𝐷𝐸|\partial D_{E}| est indépendant de n𝑛n et le volume de DIsubscript𝐷𝐼\partial D_{I} sur Mnsubscript𝑀𝑛M_{n} vérifie |DI|n|DI|1/nsubscriptsubscript𝐷𝐼𝑛subscriptsubscript𝐷𝐼1𝑛|\partial D_{I}|_{n}\geq|\partial D_{I}|_{1}/n. Par conséquent, h(Mn)h(M1)/nsuperscriptsubscript𝑀𝑛superscriptsubscript𝑀1𝑛h^{\prime}(M_{n})\geq h^{\prime}(M_{1})/n.

On voit que sur cet exemple, l’exposant de hsuperscripth^{\prime} dans l’inégalité est optimal.

\exemname \the\smf@thm.

On considère encore la variété M×[0,L]𝑀0𝐿M\times[0,L]M𝑀M est une variété close, mais on suppose que L+𝐿L\to+\infty. Dans ce cas, on a σ1=1/Lsubscript𝜎11𝐿\sigma_{1}=1/L. Parmi les domaines D𝐷D de volume fixé suffisamment grand, l’aire de IDsubscript𝐼𝐷\partial_{I}D est minimisée par les hypersurfaces ID=M×{x}subscript𝐼𝐷𝑀𝑥\partial_{I}D=M\times\{x\}, par conséquent h=2/L2𝐿h=2/L et h=1superscript1h^{\prime}=1. Dans cet exemple, c’est hh qui tend vers 0 quand σ10subscript𝜎10\sigma_{1}\to 0 et pas hsuperscripth^{\prime}.

\exemname \the\smf@thm.

Dans [GP10] (section 2), A. Girouard et I. Polterovich construisent une famille de domaines du plan (formés de deux disques reliés par une anse fine) pour lesquels σ1subscript𝜎1\sigma_{1}, hh et hsuperscripth^{\prime} tendent vers zéro. Contrairement à la remarque et aux exemples qui précèdent, le volume reste borné inférieurement et supérieurement.

\exemname \the\smf@thm.

Les « haltères de Cheeger généralisées » construites par P. Guérini dans [Gué04] fournissent des exemples à mi-chemin entre les exemples Une inégalité de Cheeger pour le spectre de Steklov et Une inégalité de Cheeger pour le spectre de Steklov; on va ici étudier le cas de la dimension 3. Étant donné un ε>0𝜀0\varepsilon>0, dans 3superscript3\mathbb{R}^{3} muni d’un repère (Oxyz)𝑂𝑥𝑦𝑧(Oxyz) on considère le cercle unité S1superscript𝑆1S^{1} et le disque unité D2superscript𝐷2D^{2} du plan (Oxy)𝑂𝑥𝑦(Oxy), et on définit les domaines V1={p3,d(p,S1)<14}subscript𝑉1formulae-sequence𝑝superscript3𝑑𝑝superscript𝑆114V_{1}=\{p\in\mathbb{R}^{3},\ d(p,S^{1})<\frac{1}{4}\} et V2=D2×]ε,ε[V_{2}=D^{2}\times]-\varepsilon,\varepsilon[. La variété définie par Mε=V1V2subscript𝑀𝜀subscript𝑉1subscript𝑉2M_{\varepsilon}=V_{1}\cup V_{2} est homéomorphe à une boule et sa constante isopérimétrique hsuperscripth^{\prime} tend vers 0 quand ε0𝜀0\varepsilon\to 0 (considérer un domaine DMε𝐷subscript𝑀𝜀D\subset M_{\varepsilon} de la forme U×]ε,ε[U\times]-\varepsilon,\varepsilon[ avec U(Oxy)𝑈𝑂𝑥𝑦U\subset(Oxy) contenu dans le disque de centre O𝑂O et rayon 3/4343/4). On a aussi σ1(Mε)0subscript𝜎1subscript𝑀𝜀0\sigma_{1}(M_{\varepsilon})\to 0 : il suffit de fixer une fonction test (Oxy)𝑂𝑥𝑦(Oxy)\to\mathbb{R} d’intégrale nulle et à support dans le disque de centre O𝑂O et rayon 3/4343/4 et de la relever à 3superscript3\mathbb{R}^{3}. Dans la formule (3), le numérateur sera proportionnel à ε𝜀\varepsilon tandis que le numérateur reste constant. En construisant de la même manière un espace test de dimension arbitrairement grande, on montre qu’en fait toutes les valeurs propres tendent vers 0. Ce phénomène d’« effondrement du spectre » avait déjà été observé par A. Girouard et I. Polterovich sur l’exemple précédent.

Démonstration du théorème.

On fixe une métrique g𝑔g et des densités ρ𝜌\rho et γ𝛾\gamma. Pour montrer que h>0superscript0h^{\prime}>0 il suffit de traiter le cas homogène, le cas général s’y ramène car les densités sont continues, donc encadrées par des constantes strictement positives. On se donne un ε]0,1]\varepsilon\in]0,1] dont la valeur précise sera fixée plus tard. Si |ED|(1ε)|M|subscript𝐸𝐷1𝜀𝑀|\partial_{E}D|\leq(1-\varepsilon)|\partial M|, où D𝐷D est un domaine intervenant dans la définition de hsuperscripth^{\prime}, J. Escobar montre dans [Esc99] que le rapport |ID|/|ED|subscript𝐼𝐷subscript𝐸𝐷|\partial_{I}D|/|\partial_{E}D| est minoré par une constante K(ε)>0𝐾𝜀0K(\varepsilon)>0 (il ne traite que le cas ε=12𝜀12\varepsilon=\frac{1}{2} mais sa démonstration se généralise immédiatement). Si |ED|(1ε)|M|subscript𝐸𝐷1𝜀𝑀|\partial_{E}D|\geq(1-\varepsilon)|\partial M| on utilise le fait que le volume de M\D\𝑀𝐷M\backslash D est minoré par |M|/2𝑀2|M|/2 pour tout D𝐷D, et donc qu’il existe une constante C(g)>0𝐶𝑔0C(g)>0 telle que |(M\D)|>C\𝑀𝐷𝐶|\partial(M\backslash D)|>C. On a alors |ID|=|(M\D)||M\ED|C+|ED||M|Cε|M|subscript𝐼𝐷\𝑀𝐷\𝑀subscript𝐸𝐷𝐶subscript𝐸𝐷𝑀𝐶𝜀𝑀|\partial_{I}D|=|\partial(M\backslash D)|-|\partial M\backslash\partial_{E}D|\geq C+|\partial_{E}D|-|\partial M|\geq C-\varepsilon|\partial M|. En choisissant ε𝜀\varepsilon suffisamment petit par rapport à C𝐶C et |M|𝑀|\partial M|, on a donc |ID|ε|M|ε|ED|subscript𝐼𝐷𝜀𝑀𝜀subscript𝐸𝐷|\partial_{I}D|\geq\varepsilon|\partial M|\geq\varepsilon|\partial_{E}D| ce qui permet de conclure.

On montre maintenant la minoration de σ1subscript𝜎1\sigma_{1}. Afin d’alléger les notations on n’explicitera pas les références aux densités, celles-ci étant généralement évidentes. Soit f𝑓f une fonction propre sur M𝑀M de la première valeur propre σ1(M)subscript𝜎1𝑀\sigma_{1}(M). On choisit son signe de sorte que M+=f1([0,+[)M^{+}=f^{-1}([0,+\infty[) vérifie |M+||M|/2superscript𝑀𝑀2|M^{+}|\leq|M|/2 (ou |EM+||M|/2subscript𝐸superscript𝑀𝑀2|\partial_{E}M^{+}|\leq|\partial M|/2 si on suit la remarque Une inégalité de Cheeger pour le spectre de Steklov). La fonction f𝑓f restreinte à M+superscript𝑀M^{+} est alors la première fonction propre du problème de Steklov sur M+superscript𝑀M^{+} avec condition de Dirichlet sur IM+subscript𝐼superscript𝑀\partial_{I}M^{+}, pour la valeur propre σ1subscript𝜎1\sigma_{1}. Rappelons que problème de Steklov avec condition de Dirichlet sur une partie du bord de la variété est bien défini, que son spectre est strictement positif et qu’on a aussi la relation σ1=M+|df|2/M+f2subscript𝜎1subscriptsuperscript𝑀superscriptd𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2\sigma_{1}=\int_{M^{+}}|\mathrm{d}f|^{2}/\int_{\partial M^{+}}f^{2} (cf. [Agr05]). Par conséquent on peut écrire, en utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz :

σ1subscript𝜎1\displaystyle\sigma_{1} =\displaystyle= M+|df|2M+f2=(M+f2)(M+|df|2)(M+f2)(M+f2)(M+f|df|)2(M+f2)(M+f2)subscriptsuperscript𝑀superscriptd𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscriptd𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2superscriptsubscriptsuperscript𝑀𝑓d𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2\displaystyle\frac{\int_{M^{+}}|\mathrm{d}f|^{2}}{\int_{\partial M^{+}}f^{2}}=\frac{\left(\int_{M^{+}}f^{2}\right)\left(\int_{M^{+}}|\mathrm{d}f|^{2}\right)}{\left(\int_{M^{+}}f^{2}\right)\left(\int_{\partial M^{+}}f^{2}\right)}\geq\frac{\left(\int_{M^{+}}f|\mathrm{d}f|\right)^{2}}{\left(\int_{M^{+}}f^{2}\right)\left(\int_{\partial M^{+}}f^{2}\right)} (5)
\displaystyle\geq 14(M+|d(f2)|)2(M+f2)(M+f2)=14M+|d(f2)|M+f2M+|d(f2)|M+f2.14superscriptsubscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓22subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓214subscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2\displaystyle\frac{1}{4}\frac{\left(\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|\right)^{2}}{\left(\int_{M^{+}}f^{2}\right)\left(\int_{\partial M^{+}}f^{2}\right)}=\frac{1}{4}\frac{\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|}{\int_{M^{+}}f^{2}}\cdot\frac{\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|}{\int_{\partial M^{+}}f^{2}}.

En posant Dt=f1([t,+[)D_{t}=f^{-1}([\sqrt{t},+\infty[), la formule de la co-aire ([KP08], ch. 5) donne les trois relations

M+|d(f2)|=t0|IDt|dt,M+f2=t0|Dt|dt et M+f2=t0|EDt|dt.formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓2subscript𝑡0subscript𝐼subscript𝐷𝑡differential-d𝑡subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscript𝑡0subscript𝐷𝑡differential-d𝑡 et subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2subscript𝑡0subscript𝐸subscript𝐷𝑡differential-d𝑡\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|=\int_{t\geq 0}|\partial_{I}D_{t}|\mathrm{d}t,\ \int_{M^{+}}f^{2}=\int_{t\geq 0}|D_{t}|\mathrm{d}t\textrm{ et }\int_{\partial M^{+}}f^{2}=\int_{t\geq 0}|\partial_{E}D_{t}|\mathrm{d}t. (6)

Comme |Dt||M+||M|/2subscript𝐷𝑡superscript𝑀𝑀2|D_{t}|\leq|M^{+}|\leq|M|/2 (ou |EDt||EM+||M|/2subscript𝐸subscript𝐷𝑡subscript𝐸superscript𝑀𝑀2|\partial_{E}D_{t}|\leq|\partial_{E}M^{+}|\leq|\partial M|/2) pour tout t0𝑡0t\geq 0, on en déduit que M+|d(f2)|hM+f2subscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓2subscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|\geq h\int_{M^{+}}f^{2} et M+|d(f2)|hM+f2subscriptsuperscript𝑀dsuperscript𝑓2superscriptsubscriptsuperscript𝑀superscript𝑓2\int_{M^{+}}|\mathrm{d}(f^{2})|\geq h^{\prime}\int_{\partial M^{+}}f^{2}, et donc que σ114hhsubscript𝜎114superscript\sigma_{1}\geq\frac{1}{4}hh^{\prime}. ∎

Références

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  • [Bro85] R. Brooks – «  The bottom of the spectrum of a riemannian covering  », J. Reine Angew. Math. 357 (1985), p. 101–114.
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