Foncteurs de Mackey à réciprocité
version préparatoire (1991?)

Bruno Kahn

On fixe un corps de base k𝑘k. On considère des foncteurs de Mackey définis sur la catégorie des k𝑘k-schémas affines (donc des k𝑘k-algèbres commutatives) par rapport aux morphismes finis et plats, et commutant aux limites inductives filtrantes (i.e. “continus”).

On dit qu’un foncteur de Mackey A𝐴A est:

  • cohomologique si, pour tout morphisme fini f𝑓f de degré constant d𝑑d, A(f)A(f)subscript𝐴𝑓superscript𝐴𝑓A_{*}(f)\circ A^{*}(f) est la multiplication par d𝑑d;

  • additif si, pour tous k𝑘k-schémas affines X,X𝑋superscript𝑋X,X^{\prime}, (ι,ι):A(X)A(X)A(XX):superscript𝜄superscriptsuperscript𝜄superscriptsimilar-todirect-sum𝐴𝑋𝐴superscript𝑋𝐴𝑋coproductsuperscript𝑋(\iota^{*},{\iota^{\prime}}^{*}):A(X)\oplus A(X^{\prime})\stackrel{{\scriptstyle\sim}}{{\rightarrow}}A(X\coprod X^{\prime}), où ι𝜄\iota et ιsuperscript𝜄\iota^{\prime} sont les inclusions XXX𝑋𝑋coproductsuperscript𝑋X\hookrightarrow X\coprod X^{\prime} et XXXsuperscript𝑋𝑋coproductsuperscript𝑋X^{\prime}\hookrightarrow X\coprod X^{\prime};

  • faiblement additif si, pour tout k𝑘k-schéma affine S𝑆S et tous morphismes finis et plats f:XS:𝑓𝑋𝑆f:X\to S et f:XS:superscript𝑓superscript𝑋𝑆f^{\prime}:X^{\prime}\to S, on a (avec les notations ci-dessus) A(ff)=A(f)A(ι)+A(f)A(ι)subscript𝐴𝑓coproductsuperscript𝑓subscript𝐴𝑓superscript𝐴𝜄subscript𝐴superscript𝑓superscript𝐴superscript𝜄A_{*}(f\coprod f^{\prime})=A_{*}(f)\circ A^{*}(\iota)+A_{*}(f^{\prime})\circ A^{*}(\iota^{\prime});
    - topologiquement invariant si, pour tout morphisme radiciel f𝑓f, A(f)superscript𝐴𝑓A^{*}(f) est un isomorphisme;

  • (si A𝐴A est cohomologique:) faiblement topologiquement invariant si, pour toute extension F𝐹F de k𝑘k et toute F𝐹F-algèbre locale artinienne R𝑅R de longueur d𝑑d, de corps résiduel l𝑙l de degré fini sur F𝐹F, on a A(pR)=dA(pF)A(ι)subscript𝐴subscript𝑝𝑅𝑑subscript𝐴subscript𝑝𝐹superscript𝐴𝜄A_{*}(p_{R})=dA_{*}(p_{F})\circ A^{*}(\iota), où pRsubscript𝑝𝑅p_{R} (resp. plsubscript𝑝𝑙p_{l}) est la projection Spec RSpec FSpec 𝑅Spec 𝐹\mbox{\rm Spec }R\to\mbox{\rm Spec }F (resp. Spec lSpec FSpec 𝑙Spec 𝐹\mbox{\rm Spec }l\to\mbox{\rm Spec }F) et ι𝜄\iota est l’immersion fermée Spec lSpec RSpec 𝑙Spec 𝑅\mbox{\rm Spec }l\to\mbox{\rm Spec }R.

Il est clair qu’un foncteur de Mackey additif est faiblement additif; de même:

Lemme 0.1

Un foncteur de Mackey cohomologique topologiquement invariant est faiblement topologiquement invariant.

Démonstration. Avec les notations ci-dessus, supposons d’abord l/F𝑙𝐹l/F radiciel. Par hypothèse, A(pR)superscript𝐴subscript𝑝𝑅A^{*}(p_{R}) est un isomorphisme. La formule à démontrer est donc équivalente à

A(pR)A(pR)=dA(pl)A(ι)A(pR),subscript𝐴subscript𝑝𝑅superscript𝐴subscript𝑝𝑅𝑑subscript𝐴subscript𝑝𝑙superscript𝐴𝜄superscript𝐴subscript𝑝𝑅A_{*}(p_{R})\circ A^{*}(p_{R})=dA_{*}(p_{l})\circ A^{*}(\iota)\circ A^{*}(p_{R}),

qui est claire.

Supposons maintenant l/F𝑙𝐹l/F quelconque. Soit l0subscript𝑙0l_{0} la fermeture séparable de F𝐹F dans l𝑙l. Par le lemme de Hensel, l0subscript𝑙0l_{0} se relève de manière unique dans R𝑅R au-dessus de F𝐹F; autrement dit, il existe un unique s:Spec RSpec l0:𝑠Spec 𝑅Spec subscript𝑙0s:\mbox{\rm Spec }R\to\mbox{\rm Spec }l_{0} tel que le diagramme

Spec lιSpec RpspRSpec l0pl0Spec F\begin{array}[]{ccc}\mbox{\rm Spec }l&\smash{\mathop{\hbox to34.1433pt{\rightarrowfill}}\limits^{\scriptstyle\iota}}&\mbox{\rm Spec }R\\ \hbox to0.0pt{\hss$\scriptstyle p^{\prime}$}\left\downarrow\vbox to17.07164pt{}\right.\hbox to0.0pt{$\scriptstyle$\hss}&s\swarrow&\hbox to0.0pt{\hss$\scriptstyle p_{R}$}\left\downarrow\vbox to17.07164pt{}\right.\hbox to0.0pt{$\scriptstyle$\hss}\\ \mbox{\rm Spec }l_{0}&\smash{\mathop{\hbox to34.1433pt{\rightarrowfill}}\limits^{\scriptstyle p_{l_{0}}}}&\mbox{\rm Spec }F\\ \end{array}

soit commutatif. On a alors:

A(pR)=A(pl0)A(s)subscript𝐴subscript𝑝𝑅subscript𝐴subscript𝑝subscript𝑙0subscript𝐴𝑠A_{*}(p_{R})=A_{*}(p_{l_{0}})\circ A_{*}(s)

et

A(s)=dA(p)A(ι)subscript𝐴𝑠𝑑subscript𝐴superscript𝑝superscript𝐴𝜄A_{*}(s)=dA_{*}(p^{\prime})\circ A^{*}(\iota)

d’après le cas radiciel. \Box

Toutes les courbes sur k𝑘k sont lisses, mais pas nécessairement complètes ou irréductibles. Si U𝑈U est un ouvert dense d’une courbe complète X𝑋X, on considérera toujours 𝐃𝐢𝐯(U)𝐃𝐢𝐯𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits(U) comme le groupe des diviseurs de X𝑋X à support dans U𝑈U: cela munit 𝐃𝐢𝐯𝐃𝐢𝐯\mathop{\bf Div}\nolimits d’une structure de foncteur covariant pour les immersions ouvertes.

1 Un accouplement “divisoriel”

Soient A𝐴A un foncteur de Mackey et U𝑈U une courbe affine sur k𝑘k. Pour tout point fermé x𝑥x de U𝑈U, on définit l’évaluation en x𝑥x, aa(x)maps-to𝑎𝑎𝑥a\mapsto a(x), comme le composé

A(U)ιxA(k(x))Cork(x)/kA(k)𝐴𝑈superscriptsuperscriptsubscript𝜄𝑥𝐴𝑘𝑥superscriptsubscriptCor𝑘𝑥𝑘𝐴𝑘A(U)\smash{\mathop{\hbox to34.1433pt{\rightarrowfill}}\limits^{\scriptstyle\iota_{x}^{*}}}A(k(x))\smash{\mathop{\hbox to34.1433pt{\rightarrowfill}}\limits^{\scriptstyle\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}}}A(k)

ιxsubscript𝜄𝑥\iota_{x} est l’inclusion xUmaps-to𝑥𝑈x\mapsto U. On l’étend par linéarité en un accouplement:

A(U)×𝐃𝐢𝐯(U)A(k)(a,D)a(D).𝐴𝑈𝐃𝐢𝐯𝑈𝐴𝑘𝑎𝐷maps-to𝑎𝐷\begin{array}[]{ccc}A(U)\times\mathop{\bf Div}\nolimits(U)&\to&A(k)\\ (a,D)&\mapsto&a(D).\\ \end{array} (1)

On a le lemme trivial suivant:

Lemme 1.1

Soient Usuperscript𝑈U^{\prime} un ouvert dense de U𝑈U, aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U), asuperscript𝑎a^{\prime} son image dans A(U)𝐴superscript𝑈A(U^{\prime}) et D𝐷D un diviseur de X𝑋X à support dans Usuperscript𝑈U^{\prime}. Alors on a a(D)=a(D)𝑎𝐷superscript𝑎𝐷a(D)=a^{\prime}(D). \Box

Soit D𝐷D un diviseur effectif de U𝑈U, vu comme sous-schéma fermé de U𝑈U. Soit ιDsubscript𝜄𝐷\iota_{D} l’inclusion de D𝐷D dans U𝑈U. On a un morphisme de fonctorialité ιD:A(U)A(D):superscriptsubscript𝜄𝐷𝐴𝑈𝐴𝐷\iota_{D}^{*}:A(U)\to A(D) et (puisque D𝐷D est fini sur Spec kSpec 𝑘\mbox{\rm Spec }k) un transfert

A(D)A(k)𝐴𝐷𝐴𝑘A(D)\to A(k)

noté abusivement CorD/ksubscriptCor𝐷𝑘\mathop{\rm Cor}\nolimits_{D/k}.

Lemme 1.2

Si A𝐴A est cohomologique, faiblement additif et faiblement topologiquement invariant, on a pour tout diviseur effectif D𝐷D et tout aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U):

a(D)=CorD/kιD(a).𝑎𝐷subscriptCor𝐷𝑘superscriptsubscript𝜄𝐷𝑎a(D)=\mathop{\rm Cor}\nolimits_{D/k}\iota_{D}^{*}(a).

Cela résulte du lemme 0.1.

Lemme 1.3

Soient U𝑈U et V𝑉V deux courbes affines sur k𝑘k et f:VU:𝑓𝑉𝑈f:V\to U un morphisme fini de degré n𝑛n. Supposons A𝐴A cohomologique. Alors:
a) Pour tout aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et tout D𝐃𝐢𝐯(U)𝐷𝐃𝐢𝐯𝑈D\in\mathop{\bf Div}\nolimits(U), (fa)(fD)=na(D)superscript𝑓𝑎superscript𝑓𝐷𝑛𝑎𝐷(f^{*}a)(f^{*}D)=na(D).
b) Pour tout aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et tout D𝐃𝐢𝐯(V)𝐷𝐃𝐢𝐯𝑉D\in\mathop{\bf Div}\nolimits(V), a(fD)=(fa)(D)𝑎subscript𝑓𝐷superscript𝑓𝑎𝐷a(f_{*}D)=(f^{*}a)(D).
c) Si de plus A𝐴A est faiblement additif et faiblement topologiquement invariant, on a pour tout aA(V)𝑎𝐴𝑉a\in A(V) et tout D𝐃𝐢𝐯(U)𝐷𝐃𝐢𝐯𝑈D\in\mathop{\bf Div}\nolimits(U), a(fD)=(fa)(D)𝑎superscript𝑓𝐷subscript𝑓𝑎𝐷a(f^{*}D)=(f_{*}a)(D).

Démonstration. Il suffit de démontrer a), b) et c) lorsque D𝐷D est un point fermé x𝑥x. Dans le cas a), on écrit fx=eiyisuperscript𝑓𝑥subscript𝑒𝑖subscript𝑦𝑖f^{*}x=\sum e_{i}y_{i}, d’où

(fa)(fx)=ei(fa)(yi)=eiCork(yi)/kιyi(fa)=eiCork(yi)/k(fιyi)a=eiCork(yi)/kResk(yi)/k(x)ιxa=ei[k(yi):k(x)]Cork(x)/kιxa=nCork(x)/kιxa=na(x).\begin{array}[]{ccl}(f^{*}a)(f^{*}x)&=&\sum e_{i}(f^{*}a)(y_{i})\\ &=&\sum e_{i}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(y_{i})/k}\iota_{y_{i}}^{*}(f^{*}a)\\ &=&\sum e_{i}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(y_{i})/k}(f\circ\iota_{y_{i}})^{*}a\\ &=&\sum e_{i}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(y_{i})/k}\mathop{\rm Res}\nolimits_{k(y_{i})/k(x)}\iota_{x}^{*}a\\ &=&\sum e_{i}[k(y_{i}):k(x)]\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{x}^{*}a\\ &=&n\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{x}^{*}a\\ &=&na(x).\\ \end{array}

(On a utilisé la formule ei[k(yi):k(x)]=n\sum e_{i}[k(y_{i}):k(x)]=n.)

Dans le cas b), on a f(x)=[k(x):k(y)]yf_{*}(x)=[k(x):k(y)]y, où y=f(x)𝑦𝑓𝑥y=f(x), et

(fa)(x)=Cork(x)/kιxfa=Cork(x)/k(fιx)a=Cork(x)/kιya=[k(x):k(y)]Cork(y)/kιya=a(f(x)),\begin{array}[]{ccl}(f^{*}a)(x)&=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{x}^{*}f^{*}a\\ &=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}(f\circ\iota_{x})^{*}a\\ &=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{y}^{*}a\\ &=&[k(x):k(y)]\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(y)/k}\iota_{y}^{*}a\\ &=&a(f_{*}(x)),\\ \end{array}

puisque A𝐴A est cohomologique.

Pour c), notons ΔΔ\Delta le diviseur effectif fxsuperscript𝑓𝑥f^{*}x, ιΔsubscript𝜄Δ\iota_{\Delta} l’inclusion de ΔΔ\Delta dans U𝑈U et fsuperscript𝑓f^{\prime} la restriction de f𝑓f à ΔΔ\Delta. On a alors:

ιxfa=fιΔasuperscriptsubscript𝜄𝑥subscript𝑓𝑎subscriptsuperscript𝑓superscriptsubscript𝜄Δ𝑎\iota_{x}^{*}f_{*}a=f^{\prime}_{*}\iota_{\Delta}^{*}a

donc

(fa)(x)=Cork(x)/kιxfa=Cork(x)/kfιΔ(a)=CorΔ/kιΔ(a)=a(Δ)subscript𝑓𝑎𝑥subscriptCor𝑘𝑥𝑘superscriptsubscript𝜄𝑥subscript𝑓𝑎missing-subexpressionsubscriptCor𝑘𝑥𝑘subscriptsuperscript𝑓superscriptsubscript𝜄Δ𝑎missing-subexpressionsubscriptCorΔ𝑘superscriptsubscript𝜄Δ𝑎missing-subexpression𝑎Δ\begin{array}[]{ccl}(f_{*}a)(x)&=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{x}^{*}f_{*}a\\ &=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}f^{\prime}_{*}\iota_{\Delta}^{*}(a)\\ &=&\mathop{\rm Cor}\nolimits_{\Delta/k}\iota_{\Delta}^{*}(a)\\ &=&a(\Delta)\\ \end{array}

d’après le lemme 1.2.

Remarque. Le lemme 1.3 peut s’interpréter de la manière suivante: sous les hypothèses de b), l’accouplement (i) se prolonge en un homomorphisme

ev:AM𝐃𝐢𝐯A(k):𝑒𝑣𝐴superscripttensor-product𝑀𝐃𝐢𝐯𝐴𝑘ev:A\mathop{\otimes}\limits^{M}\mathop{\bf Div}\nolimits\to A(k)

du foncteur de Mackey AM𝐃𝐢𝐯𝐴superscripttensor-product𝑀𝐃𝐢𝐯A\mathop{\otimes}\limits^{M}\mathop{\bf Div}\nolimits vers le foncteur de Mackey constant de valeur A(k)𝐴𝑘A(k).

2 Topologie modulaire

Soient U𝑈U une courbe affine (lisse) sur k𝑘k, X𝑋X sa complétée et Z𝑍Z le fermé complémentaire. Un module sur U𝑈U est un diviseur effectif de X𝑋X, de support Z𝑍Z. Si 𝔪𝔪\mathfrak{m} est un module sur U𝑈U, on lui associe un sous-groupe 𝐃𝐢𝐯𝔪(U)superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U) de 𝐃𝐢𝐯(U)𝐃𝐢𝐯𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits(U):

𝐃𝐢𝐯𝔪(U)={(f)|fk(X); pour tout xZ,vx(f1)vx(D)}.superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈conditional-set𝑓formulae-sequence𝑓𝑘superscript𝑋formulae-sequence pour tout 𝑥𝑍subscript𝑣𝑥𝑓1subscript𝑣𝑥𝐷\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U)=\{(f)|f\in k(X)^{*};\mbox{ pour tout }x\in Z,v_{x}(f-1)\geq v_{x}(D)\}.

Les 𝐃𝐢𝐯𝔪(U)superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U) forment une base de voisinages de 00 pour une topologie sur 𝐃𝐢𝐯(U)𝐃𝐢𝐯𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits(U): la topologie modulaire. Si 𝔪=xZx𝔪subscript𝑥𝑍𝑥{\mathfrak{m}}=\sum\limits_{x\in Z}x, le quotient 𝐃𝐢𝐯(U)/𝐃𝐢𝐯m(U)𝐃𝐢𝐯𝑈superscript𝐃𝐢𝐯𝑚𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits(U)/\mathop{\bf Div}\nolimits^{m}(U) s’identifie au groupe de Picard relatif 𝐏𝐢𝐜(X,Z)𝐏𝐢𝐜𝑋𝑍\mathop{\bf Pic}\nolimits(X,Z).

Si x𝑥x est un point fermé de X𝑋X, on note 𝒪^xsubscript^𝒪𝑥\hat{\cal O}_{x} le complété de 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥{\cal O}_{X,x} et K^xsubscript^𝐾𝑥\hat{K}_{x} le corps des fractions de 𝒪^xsubscript^𝒪𝑥\hat{\cal O}_{x}.

Définition 2.1

Le groupe des idèles (X)𝑋{\cal I}(X) de X𝑋X est le produit direct restreint des K^xsuperscriptsubscript^𝐾𝑥\hat{K}_{x}^{*} relativement aux O^xsuperscriptsubscript^𝑂𝑥\hat{O}_{x}^{*}. Le groupe des classes d’idèles 𝒞(X)𝒞𝑋{\cal C}(X) de X𝑋X est le quotient de (X)𝑋{\cal I}(X) par le sous-groupe image de k(X)𝑘superscript𝑋k(X)^{*} par le plongement diagonal.

Le lemme suivant est bien connu:

Lemme 2.1

On a un isomorphisme canonique

𝒞(X)lim𝐃𝐢𝐯(U)/𝐃𝐢𝐯m(U),similar-to-or-equals𝒞𝑋subscript𝐃𝐢𝐯𝑈superscript𝐃𝐢𝐯𝑚𝑈{\cal C}(X)\simeq\lim_{\longleftarrow}\mathop{\bf Div}\nolimits(U)/\mathop{\bf Div}\nolimits^{m}(U),

U𝑈U parcourt les ouverts affines de X𝑋X et 𝔪𝔪\mathfrak{m} parcourt les modules sur U𝑈U.

3 Foncteurs de Mackey à réciprocité

Définition 3.1

Soient A𝐴A un foncteur de Mackey, u𝑢u une courbe affine (lisse) sur k𝑘k, aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et 𝔪𝔪\mathfrak{m} un module sur U𝑈U. On dit que a𝑎a admet le module 𝔪𝔪\mathfrak{m} si la restriction de l’application 𝐃𝐢𝐯(U)A(F)𝐃𝐢𝐯𝑈𝐴𝐹\mathop{\bf Div}\nolimits(U)\to A(F) induite par a𝑎a à 𝐃𝐢𝐯𝔪(U)superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U) est identiquement nulle.

Définition 3.2

Soient A𝐴A un foncteur de Mackey et U𝑈U une courbe affine (lisse) sur k𝑘k. On dit que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité sur U𝑈U si l’accouplement (1) est continu pour la topologie modulaire sur 𝐃𝐢𝐯(U)𝐃𝐢𝐯𝑈\mathop{\bf Div}\nolimits(U) et la topologie discrète sur A(U)𝐴𝑈A(U) et A(k)𝐴𝑘A(k). On dit que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité forte sur U𝑈U si, de plus, l’accouplement A(U)×𝐃𝐢𝐯(U)A(k)𝐴𝑈𝐃𝐢𝐯𝑈𝐴𝑘A(U)\times\mathop{\bf Div}\nolimits(U)\to A(k) restreint à A(U)×𝐃𝐢𝐯𝔪(U)𝐴𝑈superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈A(U)\times\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U) est identiquement nul pour 𝔪=xZx𝔪subscript𝑥𝑍𝑥{\mathfrak{m}}=\sum\limits_{x\in Z}x.
On dit que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité (resp. vérifie la k𝑘k-réciprocité forte) s’il la vérifie sur toute courbe U𝑈U sur k𝑘k.
On dit que A𝐴A vérifie la réciprocité (resp. vérifie la réciprocité forte) s’il vérifie la l𝑙l-réciprocité (resp. la l𝑙l-réciprocité forte) pour toute extension finie l𝑙l de k𝑘k.

Remarque. Supposons k𝑘k algébriquement clos. Dans la terminologie de [1, ch. III], la définition de la k𝑘k-réciprocité signifie que, pour tout aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U), l’application xa(x)maps-to𝑥𝑎𝑥x\mapsto a(x) de U𝑈U dans A(k)𝐴𝑘A(k) possède un module.

Lemme 3.1

Supposons A𝐴A cohomologique, faiblement additif et faiblement topologiquement invariant. Pour que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité forte, il faut et il suffit qu’il soit k𝑘k-invariant par homotopie, i.e. que A(k)A(𝐀k1)superscriptsimilar-to𝐴𝑘𝐴subscriptsuperscript𝐀1𝑘A(k)\stackrel{{\scriptstyle\sim}}{{\to}}A({\bf A}^{1}_{k}).

En effet, supposons que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité forte. Prenons U=𝐀k1𝑈subscriptsuperscript𝐀1𝑘U={\bf A}^{1}_{k}. On a alors X=𝐏k1𝑋subscriptsuperscript𝐏1𝑘X={\bf P}^{1}_{k} et 𝐏𝐢𝐜(𝐏k1,{})=𝐙𝐏𝐢𝐜subscriptsuperscript𝐏1𝑘𝐙\mathop{\bf Pic}\nolimits({\bf P}^{1}_{k},\{\infty\})={\bf Z}. Soient aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et a0=a(0)subscript𝑎0𝑎0a_{0}=a(0): on peut voir a0subscript𝑎0a_{0} comme un élément de A(U)𝐴𝑈A(U) via l’homomorphisme A(k)A(U)𝐴𝑘𝐴𝑈A(k)\to A(U) déduit du morphisme structural. Montrons que a=a0𝑎subscript𝑎0a=a_{0}: cela montrera que A(k)A(U)𝐴𝑘𝐴𝑈A(k)\to A(U) est surjectif, donc bijectif puisque c’est a priori une injection scindée. Quitte à remplacer a𝑎a par aa0𝑎subscript𝑎0a-a_{0} on peut supposer a0=0subscript𝑎00a_{0}=0. Soit x𝑥x un point fermé de U𝑈U, de degré d𝑑d: il existe une (unique) fonction rationnelle fk(U)𝑓𝑘superscript𝑈f\in k(U)^{*} telle que (f)=xd0𝑓𝑥𝑑0(f)=x-d0 et que f()=1𝑓1f(\infty)=1 (c’est f(t)=P(t)/td𝑓𝑡𝑃𝑡superscript𝑡𝑑f(t)=P(t)/t^{d}, où P𝑃P est le polynôme minimal de x𝑥x). Par hypothèse, on a 0=a((f))=a(x)da(0)=a(x)0𝑎𝑓𝑎𝑥𝑑𝑎0𝑎𝑥0=a((f))=a(x)-da(0)=a(x).

Supposons maintenant A𝐴A invariant par homotopie. Soient U𝑈U une courbe affine et irréductible sur k𝑘k, X𝑋X sa complétée, aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et fk(X)𝑓𝑘superscript𝑋f\in k(X)^{*} une fonction rationnelle (supposée non constante), telle que f(x)=1𝑓𝑥1f(x)=1 pour tout xU𝑥𝑈x\notin U. Considérons f𝑓f comme un morphisme (fini et plat) de X𝑋X dans 𝐏k1subscriptsuperscript𝐏1𝑘{\bf P}^{1}_{k}, donc comme un morphisme fini et plat d’un ouvert Usuperscript𝑈U^{\prime} de U𝑈U dans 𝐏k1{1}subscriptsuperscript𝐏1𝑘1{\bf P}^{1}_{k}-\{1\}. On a alors (f)=f(0)𝑓superscript𝑓0(f)=f^{*}(0-\infty), donc d’après les lemmes 1.1 et 1.3:

a((f))=a((f))=a(f(0))=(fa)(0),𝑎𝑓superscript𝑎𝑓superscript𝑎superscript𝑓0subscript𝑓superscript𝑎0a((f))=a^{\prime}((f))=a^{\prime}(f^{*}(0-\infty))=(f_{*}a^{\prime})(0-\infty),

asuperscript𝑎a^{\prime} est l’image de a𝑎a dans Usuperscript𝑈U^{\prime}. En appliquant l’invariance par homotopie à 𝐏k1{1}𝐀k1similar-to-or-equalssubscriptsuperscript𝐏1𝑘1subscriptsuperscript𝐀1𝑘{\bf P}^{1}_{k}-\{1\}\simeq{\bf A}^{1}_{k}, on trouve (fa)(0)=0subscript𝑓superscript𝑎00(f_{*}a^{\prime})(0-\infty)=0, donc a((f))=0𝑎𝑓0a((f))=0.

Question. Est-il vrai que A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité si et seulement si il la vérifie sur les ouverts de 𝐏k1subscriptsuperscript𝐏1𝑘{\bf P}^{1}_{k}? (c.f. [1, ch III, prop. 9]).

Définition 3.3

On dit qu’un foncteur de Mackey A𝐴A vérifie la réciprocité (resp. la réciprocité forte) s’il vérifie la l𝑙l-réciprocité (resp. la l𝑙l-réciprocité forte) pour toute extension finie l𝑙l de k𝑘k.

4 Réciprocité et symboles locaux

Définition 4.1

Soit A𝐴A un foncteur de Mackey. Un symbole local associé à A𝐴A est la donnée \partial, pour toute k𝑘k-algèbre de valuation discrète d’origine géométrique 𝒪𝒪\cal O, de corps résiduel l𝑙l algébrique sur k𝑘k et de corps des fractions K𝐾K, d’un accouplement 𝒪:A(K)×KA(l):subscript𝒪𝐴𝐾superscript𝐾𝐴𝑙\partial_{\cal O}:A(K)\times K^{*}\to A(l) ayant les propriétés suivantes:
(i) 𝒪subscript𝒪\partial_{\cal O} est continu pour la topologie naturelle de Ksuperscript𝐾K^{*} et pour les topologies discrètes de A(K)𝐴𝐾A(K) et A(l)𝐴𝑙A(l).
(ii) Soient a𝑎a un élément de A(𝒪)𝐴𝒪A({\cal O}), asuperscript𝑎a^{\prime} son image dans A(K)𝐴𝐾A(K) et a¯¯𝑎\overline{a} son image dans A(l)𝐴𝑙A(l). Alors, pour tout xK𝑥superscript𝐾x\in K^{*}, on a 𝒪(a,x)=v(x)a¯subscript𝒪superscript𝑎𝑥𝑣𝑥¯𝑎\partial_{\cal O}(a^{\prime},x)=v(x)\overline{a}, où v𝑣v est la valuation associée à 𝒪𝒪\cal O.
(iii) Soit 𝒪superscript𝒪{\cal O}^{\prime} une extension finie, intégralement close de 𝒪𝒪\cal O: c’est un anneau principal semi-local. Soient Ksuperscript𝐾K^{\prime} son corps des fractions, 𝒪isubscript𝒪𝑖{\cal O}_{i} les localisés de 𝒪superscript𝒪{\cal O}^{\prime} en ses idéaux maximaux, lisubscript𝑙𝑖l_{i} le corps résiduel de 𝒪isubscript𝒪𝑖{\cal O}_{i}, eisubscript𝑒𝑖e_{i} l’indice de ramification de 𝒪i/𝒪subscript𝒪𝑖𝒪{\cal O}_{i}/{\cal O}. Alors:
(iii1) Pour (a,x)A(K)×K𝑎𝑥𝐴𝐾superscript𝐾(a,x)\in A(K)\times K^{*} et pour tout i𝑖i,

𝒪i(ResK/Ka,x)=eiResli/l𝒪(a,x);subscriptsubscript𝒪𝑖subscriptRessuperscript𝐾𝐾𝑎𝑥subscript𝑒𝑖subscriptRessubscript𝑙𝑖𝑙subscript𝒪𝑎𝑥\partial_{{\cal O}_{i}}(\mathop{\rm Res}\nolimits_{K^{\prime}/K}a,x)=e_{i}\mathop{\rm Res}\nolimits_{l_{i}/l}\partial_{\cal O}(a,x);

(iii2) Pour (a,x)A(K)×K𝑎𝑥𝐴𝐾superscriptsuperscript𝐾(a,x)\in A(K)\times{K^{\prime}}^{*},

𝒪(a,NK/Kx)=Corli/l𝒪i(ResK/Ka,x);subscript𝒪𝑎subscript𝑁superscript𝐾𝐾𝑥subscriptCorsubscript𝑙𝑖𝑙subscriptsubscript𝒪𝑖subscriptRessuperscript𝐾𝐾𝑎𝑥\partial_{\cal O}(a,N_{K^{\prime}/K}x)=\sum\mathop{\rm Cor}\nolimits_{l_{i}/l}\partial_{{\cal O}_{i}}(\mathop{\rm Res}\nolimits_{K^{\prime}/K}a,x);

(iii3) Pour (a,x)A(K)×K𝑎𝑥𝐴superscript𝐾superscript𝐾(a,x)\in A(K^{\prime})\times K^{*},

𝒪(CorK/Ka,x)=Corli/l𝒪i(a,x).subscript𝒪subscriptCorsuperscript𝐾𝐾𝑎𝑥subscriptCorsubscript𝑙𝑖𝑙subscriptsubscript𝒪𝑖𝑎𝑥\partial_{\cal O}(\mathop{\rm Cor}\nolimits_{K^{\prime}/K}a,x)=\sum\mathop{\rm Cor}\nolimits_{l_{i}/l}\partial_{{\cal O}_{i}}(a,x).

On dit que \partial est un symbole local fort s’il vérifie la condition suivante (qui implique (i)):
(i) fort: 𝒪subscript𝒪\partial_{\cal O} est nul sur A(K)×U1𝐴𝐾subscript𝑈1A(K)\times U_{1}, où U1subscript𝑈1U_{1} désigne le groupe des unités principales de 𝒪𝒪\cal O.

Remarques.

  1. 1.

    L’existence d’un symbole local impose des restrictions sur la structure de groupe abélien des valeurs de A𝐴A. Par exemple, la propriété (ii) implique que l’application naturelle A(𝒪)A(l)𝐴𝒪𝐴𝑙A({\cal O})\to A(l) peut se prolonger à A(K)𝐴𝐾A(K).

  2. 2.

    Les conditions (iii) impliquent que 𝒪subscript𝒪\partial_{\cal O} se prolonge en un homomorphisme (encore noté) 𝒪:AM𝐆m(K)A(l):subscript𝒪𝐴superscripttensor-product𝑀subscript𝐆𝑚𝐾𝐴𝑙\partial_{\cal O}:A\mathop{\otimes}\limits^{M}{\bf G}_{m}(K)\to A(l), ayant les propriétés suivantes (sous les hypothèses de (iii)):
    (iii1) bis: Pour tout bAM𝐆m(K)𝑏𝐴superscripttensor-product𝑀subscript𝐆𝑚𝐾b\in A\mathop{\otimes}\limits^{M}{\bf G}_{m}(K) et pour tout i𝑖i, 𝒪i(ResK/Kb)=eiResli/l𝒪(b)subscriptsubscript𝒪𝑖subscriptRessuperscript𝐾𝐾𝑏subscript𝑒𝑖subscriptRessubscript𝑙𝑖𝑙subscript𝒪𝑏\partial_{{\cal O}_{i}}(\mathop{\rm Res}\nolimits_{K^{\prime}/K}b)=e_{i}\mathop{\rm Res}\nolimits_{l_{i}/l}\partial_{\cal O}(b);
    (iii2) bis: Pour tout bAM𝐆m(K)𝑏𝐴superscripttensor-product𝑀subscript𝐆𝑚superscript𝐾b\in A\mathop{\otimes}\limits^{M}{\bf G}_{m}(K^{\prime}), 𝒪(CorK/Kb)=Corli/l𝒪i(b)subscript𝒪subscriptCorsuperscript𝐾𝐾𝑏subscriptCorsubscript𝑙𝑖𝑙subscriptsubscript𝒪𝑖𝑏\partial_{\cal O}(\mathop{\rm Cor}\nolimits_{K^{\prime}/K}b)=\sum\mathop{\rm Cor}\nolimits_{l_{i}/l}\partial_{{\cal O}_{i}}(b).

Lemme 4.1

Pour se donner un symbole local (resp. un symbole local fort), il suffit de se donner une famille d’accouplements 𝒪subscript𝒪\partial_{\cal O} ayant les propriétés (i)-(iii) (resp. (i) fort-(iii)) pour 𝒪𝒪\cal O parcourant les k𝑘k-algèbres de valuation discrète henséliennes [d’origine géométrique] dont le corps résiduel est fini sur k𝑘k.

Supposons donnée une telle famille. Soit 𝒪𝒪\cal O une k𝑘k-algèbre de valuation discrète d’origine géométrique, de corps résiduel l𝑙l et de corps de fractions K𝐾K. Soient 𝒪hsuperscript𝒪{\cal O}^{h} la hensélisée de 𝒪𝒪\cal O (de corps résiduel l𝑙l) et Khsuperscript𝐾K^{h} le corps des fractions de Ohsuperscript𝑂O^{h}. On définit 𝒪subscript𝒪\partial_{\cal O} comme le composé:

A(K)×KA(Kh)×KhA(l),𝐴𝐾superscript𝐾𝐴superscript𝐾superscript𝐾𝐴𝑙A(K)\times K^{*}\to A(K^{h})\times K^{h*}\to A(l),

l’application de droite étant 𝒪hsubscriptsuperscript𝒪\partial_{{\cal O}^{h}}. On vérifie sans peine que les propriétés (i)–(iii) sont vérifiées.

Théorème 4.1

Soit A𝐴A un foncteur de Mackey cohomologique, faiblement additif et faiblement topologiquement invariant. Les conditions suivantes sont équivalentes:
a) A𝐴A vérifie la réciprocité (resp. la réciprocité forte).
b) A𝐴A possède un symbole local (resp. un symbole local fort) \partial, vérifiant la condition suivante: pour toute extension finie l𝑙l de k𝑘k, toute courbe X𝑋X lisse, complète, irréductible sur l𝑙l, de corps des fonctions K𝐾K, et tout (a,f)A(K)×K𝑎𝑓𝐴𝐾superscript𝐾(a,f)\in A(K)\times K^{*}, on a

Corl(x)/lx(a,f)=0,subscriptCor𝑙𝑥𝑙subscript𝑥𝑎𝑓0\sum\mathop{\rm Cor}\nolimits_{l(x)/l}\partial_{x}(a,f)=0,

x𝑥x parcourt les points fermés de X𝑋X et, pour tout x𝑥x, xsubscript𝑥\partial_{x} est le symbole local associé à 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥{\cal O}_{X,x}. De plus, sous ces conditions, le symbole local \partial est unique.

Démonstration. Montrons que b) \Rightarrow a). Soient U𝑈U un ouvert affine non vide de X𝑋X, aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U) et asuperscript𝑎a^{\prime} l’image de a𝑎a dans A(K)𝐴𝐾A(K). Pour tout xU𝑥𝑈x\in U et tout fK𝑓superscript𝐾f\in K^{*}, on a (propriété (ii) de la définition 4.1):

x(a,f)=vx(f)ιxa.subscript𝑥superscript𝑎𝑓subscript𝑣𝑥𝑓superscriptsubscript𝜄𝑥𝑎\partial_{x}(a^{\prime},f)=v_{x}(f)\iota_{x}^{*}a.

En particulier, supposons que (f)𝑓(f) soit à support dans U𝑈U. Alors

xUCork(x)/kx(a,f)=xUvx(f)Cork(x)/kιxa=a((f)).subscript𝑥𝑈subscriptCor𝑘𝑥𝑘subscript𝑥𝑎𝑓subscript𝑥𝑈subscript𝑣𝑥𝑓subscriptCor𝑘𝑥𝑘superscriptsubscript𝜄𝑥𝑎𝑎𝑓\sum_{x\in U}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\partial_{x}(a,f)=\sum_{x\in U}v_{x}(f)\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\iota_{x}^{*}a=a((f)).

Par la propriété (i) de la définition 4.1, il existe un module 𝔪𝔪\mathfrak{m} pour U𝑈U tel que, si (f)𝐃𝐢𝐯𝔪(U)𝑓superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈(f)\in\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U), on ait x(a,f)=0subscript𝑥𝑎𝑓0\partial_{x}(a,f)=0 pour tout xU𝑥𝑈x\notin U. On a alors:

a((f))=xUCork(x)/kx(a,f)=xXCork(x)/kx(a,f)=0,𝑎𝑓subscript𝑥𝑈subscriptCor𝑘𝑥𝑘subscript𝑥𝑎𝑓subscript𝑥𝑋subscriptCor𝑘𝑥𝑘subscript𝑥𝑎𝑓0a((f))=\sum_{x\in U}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\partial_{x}(a,f)=\sum_{x\in X}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\partial_{x}(a,f)=0,

donc l’accouplement (1) est continu pour la topologie modulaire. Si \partial est un symbole local fort, on peut choisir ci-dessus 𝔪=xUx𝔪subscript𝑥𝑈𝑥{\mathfrak{m}}=\sum\limits_{x\notin U}x, donc A𝐴A vérifie la k𝑘k-réciprocité forte.

Montrons que a) \Rightarrow b). Comme A𝐴A est continu, on a A(K)=limA(U)𝐴𝐾subscript𝐴𝑈A(K)=\lim\limits_{\longrightarrow}A(U), où U𝑈U décrit les ouverts non vides de X𝑋X. Grâce au lemme 2.1, on obtient donc un accouplement continu:

A(K)×𝒞(X)A(k).𝐴𝐾𝒞𝑋𝐴𝑘A(K)\times{\cal C}(X)\to A(k).

Soit x𝑥x un point fermé de X𝑋X. Par restriction à (l’image de) K^xsuperscriptsubscript^𝐾𝑥\hat{K}_{x}^{*}, on obtient un accouplement local continu:

δx:A(K)×K^xA(k),:subscript𝛿𝑥𝐴𝐾superscriptsubscript^𝐾𝑥𝐴𝑘\delta_{x}:A(K)\times\hat{K}_{x}^{*}\to A(k),

tel que δx(a,f)=vx(f)a(x)subscript𝛿𝑥𝑎𝑓subscript𝑣𝑥𝑓𝑎𝑥\delta_{x}(a,f)=v_{x}(f)a(x) si a𝑎a “provient de 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥{\cal O}_{X,x}”. D’où encore par restriction un autre accouplement local continu

A(K)×KxhA(k),𝐴𝐾superscriptsubscript𝐾𝑥𝐴𝑘A(K)\times K_{x}^{h*}\to A(k),

Kxhsuperscriptsubscript𝐾𝑥K_{x}^{h} est le hensélisé de K𝐾K en x𝑥x.

Choisissons X=𝐏k1𝑋subscriptsuperscript𝐏1𝑘X={\bf P}^{1}_{k}, x=0𝑥0x=0. Alors K^xsubscript^𝐾𝑥\hat{K}_{x} est le corps des séries formelles k((t))𝑘𝑡k((t)), et Kxhsuperscriptsubscript𝐾𝑥K_{x}^{h} est le sous-corps k{{t}}𝑘𝑡k\{\{t\}\} des séries formelles algébriques sur k𝑘k, corps des fractions du hensélisé ktmuch-less-than𝑘𝑡much-greater-thanabsentk\ll t\gg de k[t]𝑘delimited-[]𝑡k[t] en 00. Soit YX𝑌𝑋Y\to X un revêtement non ramifié et décomposé en x𝑥x, et soit y𝑦y un point de Y𝑌Y au-dessus de X𝑋X, de corps résiduel k𝑘k. Si L𝐿L est le corps des fonctions de Y𝑌Y, on a KxhLyhsuperscriptsimilar-tosuperscriptsubscript𝐾𝑥superscriptsubscript𝐿𝑦K_{x}^{h}\stackrel{{\scriptstyle\sim}}{{\to}}L_{y}^{h}, et le lemme 1.3 b) montre que le diagramme

A(L)×LyhA(k)A(K)×KxhA(k)\begin{array}[]{ccccc}A(L)&\times&L_{y}^{h*}&\to&A(k)\\ &\uparrow&&&\mid\mid\\ A(K)&\times&K_{x}^{h*}&\to&A(k)\\ \end{array}

est commutatif. En passant à la limite, on obtient un accouplement continu

kt:A(k{{t}})×k{{t}}A(k),:subscriptmuch-less-than𝑘𝑡much-greater-thanabsent𝐴𝑘𝑡𝑘superscript𝑡𝐴𝑘\partial_{k\ll t\gg}:A(k\{\{t\}\})\times k\{\{t\}\}^{*}\to A(k),

ayant la propriété (ii) de la déf. 4.1 (observer que k{{t}}=limk(Y)𝑘𝑡subscript𝑘𝑌k\{\{t\}\}=\lim\limits_{\longrightarrow}k(Y), où Y𝑌Y parcourt les revêtements de 𝐏k1subscriptsuperscript𝐏1𝑘{\bf P}^{1}_{k} du type ci-dessus).

En répétant cette opération avec pour base une extension finie arbitraire l𝑙l de k𝑘k et en tenant compte du lemme 4.1, on obtient un symbole local: en effet, toute k𝑘k-algèbre de valuation discrète hensélienne, de corps résiduel l𝑙l est de la forme ltmuch-less-than𝑙𝑡much-greater-thanabsentl\ll t\gg (on vérifie facilement les propriétés (iii) de la définition 4.1 à l’aide du lemme 1.3). Reste à vérifier la formule du th. 4.1 b). On peut supposer l=k𝑙𝑘l=k. Avec les notations ci-dessus, (a,f)A(K)×K𝑎𝑓𝐴𝐾superscript𝐾(a,f)\in A(K)\times K^{*} et xX𝑥𝑋x\in X, on a:

δx(a,f)=Cork(x)/kx(a,f).subscript𝛿𝑥𝑎𝑓subscriptCor𝑘𝑥𝑘subscript𝑥𝑎𝑓\delta_{x}(a,f)=\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\partial_{x}(a,f).

On en déduit:

xXCork(x)/kx(a,f)=xXδx(a,f)=0,subscript𝑥𝑋subscriptCor𝑘𝑥𝑘subscript𝑥𝑎𝑓subscript𝑥𝑋subscript𝛿𝑥𝑎𝑓0\sum_{x\in X}\mathop{\rm Cor}\nolimits_{k(x)/k}\partial_{x}(a,f)=\sum_{x\in X}\delta_{x}(a,f)=0,

puisque la classe de f𝑓f est triviale dans 𝒞(X)𝒞𝑋{\cal C}(X).

Enfin, l’unicité du symbole \partial résulte de la démonstration de b) \Rightarrow a).

5 Exemples de foncteurs à réciprocité

Définition 5.1

Un foncteur de Mackey A𝐴A est propre si, pour toute k𝑘k-algèbre de valuation discrète 𝒪𝒪\cal O, de corps des fractions K𝐾K, A(𝒪)A(K)𝐴𝒪𝐴𝐾A({\cal O})\to A(K) est surjective.

Proposition 5.1

Soit A𝐴A un foncteur de Mackey propre. Pour que A𝐴A puisse être muni d’un symbole local \partial, il faut et il suffit que, pour toute k𝑘k-algèbre de valuation discrète hensélienne 𝒪𝒪\cal O, de corps des fractions K𝐾K et de corps résiduel l𝑙l, l’application Ker (A(𝒪)A(K))A(l)Ker 𝐴𝒪𝐴𝐾𝐴𝑙\mbox{\rm Ker }(A({\cal O})\to A(K))\to A(l) soit identiquement nulle. Le symbole \partial est alors unique, et donné par 𝒪(a,x)=v(x)a¯subscript𝒪𝑎𝑥𝑣𝑥¯𝑎\partial_{\cal O}(a,x)=v(x)\overline{a} (notations de la déf. 4.1); il est fort.

Cela résulte immédiatement de la propriété (ii) de la déf. 4.1.

Corollaire 5.1

Soit A𝐴A un foncteur de Mackey propre, cohomologique, faiblement additif et faiblement topologiquement invariant. Pour que A𝐴A vérifie la réciprocité, il faut et il suffit qu’il soit invariant par homotopie.

Cela résulte de la prop. 5.1 et du lemme 3.1.

Les deux lemmes suivants ne présentent aucune difficulté.

Lemme 5.1

Soient A𝐴A et B𝐵B deux foncteurs de Mackey.
a) Si A𝐴A et B𝐵B vérifient la réciprocité (resp. la réciprocité forte), il en est de même pour ABdirect-sum𝐴𝐵A\oplus B.
b) Soit φ:AB:𝜑𝐴𝐵\varphi:A\to B un morphisme de foncteurs de Mackey.
b1) Si φ𝜑\varphi est surjectif et si A𝐴A vérifie la réciprocité (resp…), il en est de même pour B𝐵B.
b2) Si A(k)B(k)𝐴𝑘𝐵𝑘A(k)\to B(k) est injectif et si B𝐵B vérifie la réciprocité (resp…), il en est de même pour A𝐴A.

Lemme 5.2

Soient (Ai)subscript𝐴𝑖(A_{i}) un système inductif de foncteurs de Mackey et A=limAi𝐴subscriptsubscript𝐴𝑖A=\lim\limits_{\longrightarrow}A_{i}. Si les Aisubscript𝐴𝑖A_{i} vérifient la réciprocité (resp…), il en est de même pour A𝐴A.

Soit 0ABC00𝐴𝐵𝐶00\to A\to B\to C\to 0 une suite exacte de foncteurs de Mackey. Si A𝐴A et C𝐶C vérifient la réciprocité, j’ignore s’il en est de même en général pour B𝐵B. C’est cependant le cas si A𝐴A et C𝐶C vérifient la réciprocité forte:

Proposition 5.2

Soit 0ABC00𝐴𝐵𝐶00\to A\to B\to C\to 0 une suite exacte de foncteurs de Mackey cohomologiques, faiblement additifs et faiblement topologiquement invariants. Si A𝐴A et C𝐶C vérifient la k𝑘k-réciprocité forte, il en est de même pour B𝐵B.

En effet, d’après le lemme 3.1, A𝐴A et C𝐶C sont invariants par homotopie. Le diagramme commutatif aux lignes exactes

0A(k)B(k)C(k)00A(𝐀k1)B(𝐀k1)C(𝐀k1)00𝐴𝑘𝐵𝑘𝐶𝑘0missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0𝐴subscriptsuperscript𝐀1𝑘𝐵subscriptsuperscript𝐀1𝑘𝐶subscriptsuperscript𝐀1𝑘0\begin{array}[]{ccccccccc}0&\to&A(k)&\to&B(k)&\to&C(k)&\to&0\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 0&\to&A({\bf A}^{1}_{k})&\to&B({\bf A}^{1}_{k})&\to&C({\bf A}^{1}_{k})&\to&0\\ \end{array}

montre alors que B𝐵B est invariant par homotopie.

Théorème 5.1

(Rosenlicht) Un foncteur de Mackey défini par un groupe algébrique commutatif (resp. par une variété semi-abélienne) vérifie la réciprocité (resp. la réciprocité forte).

Démonstration. Si k𝑘k est algébriquement clos, cela résulte de [1, ch. III]. En général, soient A𝐴A un groupe algébrique commutatif, U𝑈U une courbe affine sur k𝑘k et aA(U)𝑎𝐴𝑈a\in A(U). Soient X𝑋X la complétée de U𝑈U et Z=XU𝑍𝑋𝑈Z=X-U. Soient k¯¯𝑘\overline{k} une clôture algébrique de k𝑘k, U¯=Ukk¯¯𝑈𝑈subscripttensor-product𝑘¯𝑘\overline{U}=U\mathop{\otimes}_{k}\overline{k}. et Z¯=Zkk¯¯𝑍𝑍subscripttensor-product𝑘¯𝑘\overline{Z}=Z\mathop{\otimes}_{k}\overline{k}. Notons asuperscript𝑎a^{\prime} l’image de a𝑎a dans A(U¯)𝐴¯𝑈A(\overline{U}). Il existe un module 𝔪¯¯𝔪\overline{\mathfrak{m}} de support Z¯¯𝑍\overline{Z} tel que a(𝐃𝐢𝐯𝔪¯(U¯))=0superscript𝑎superscript𝐃𝐢𝐯¯𝔪¯𝑈0a^{\prime}(\mathop{\bf Div}\nolimits^{\overline{\mathfrak{m}}}(\overline{U}))=0. Soit 𝔪¯superscript¯𝔪\overline{\mathfrak{m}}^{\prime} le saturé de 𝔪¯¯𝔪\overline{\mathfrak{m}} pour l’action de Gal (k¯/k)Gal ¯𝑘𝑘\mbox{\rm Gal }(\overline{k}/k): si p𝑝p est l’exposant caractéristique de k𝑘k, il existe un entier n0𝑛0n\geq 0 tel que 𝔪=pn𝔪¯𝔪superscript𝑝𝑛superscript¯𝔪{\mathfrak{m}}=p^{n}\overline{\mathfrak{m}}^{\prime} soit rationnel sur k𝑘k. A fortiori, on a a(𝐃𝐢𝐯𝔪(U¯))=0superscript𝑎superscript𝐃𝐢𝐯𝔪¯𝑈0a^{\prime}(\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(\overline{U}))=0, d’où a(𝐃𝐢𝐯𝔪(U))=0𝑎superscript𝐃𝐢𝐯𝔪𝑈0a(\mathop{\bf Div}\nolimits^{\mathfrak{m}}(U))=0 (lemme 1.3 b)).

Supposons maintenant que A𝐴A soit une variété semi-abélienne, c’est-à-dire une extension d’une variété abélienne par un tore. Alors A𝐴A est invariant par homotopie, donc vérifie la réciprocité forte d’après le lemme 3.1.

Théorème 5.2

Soit Csuperscript𝐶C^{\cdot} un complexe borné à gauche de faisceaux de groupes abéliens sur le grand site étale de Spec kSpec 𝑘\mbox{\rm Spec }k. Supposons que les faisceaux d’homologie de Csuperscript𝐶C^{\cdot} soient de torsion première à la caractéristique de k𝑘k. Alors, pour tout i𝐙𝑖𝐙i\in{\bf Z}, le foncteur de Mackey Xi(Xe´t,C)maps-to𝑋superscript𝑖subscript𝑋´etsuperscript𝐶X\mapsto{\mathbb{H}}^{i}(X_{\mathop{\rm\acute{e}t}},C^{\cdot}) vérifie la réciprocité forte.

En effet, il suffit de montrer que ce foncteur de Mackey est cohomologique, additif, topologiquement invariant et invariant par homotopie (lemme 3.1). L’additivité est évidente. Pour le reste, supposons d’abord Csuperscript𝐶C^{\cdot} concentré en degré zéro: cela résulte alors de [SGA 4 XVII (6.2.3), VIII (1.1.2), XV (2.2.2)]. Le cas général résulte de celui-ci et de la suite spectrale d’hypercohomologie.

Théorème 5.3

Soient X𝑋X une variété lisse sur k𝑘k et i,j𝑖𝑗i,j deux entiers 0absent0\geq 0. Notons A𝐴A le foncteur de Mackey défini par A(Y)=Hi((X×kY)Zar,𝒦j)𝐴𝑌superscript𝐻𝑖subscriptsubscript𝑘𝑋𝑌𝑍𝑎𝑟subscript𝒦𝑗A(Y)=H^{i}((X\times_{k}Y)_{Zar},{\cal K}_{j}). Alors A𝐴A vérifie la réciprocité forte.

En effet, A𝐴A est cohomologique, additif, topologiquement invariant et invariant par homotopie ([…]).

Corollaire 5.2

Avec les notations du th. 5.3, YCHi(X×kY)maps-to𝑌𝐶superscript𝐻𝑖subscript𝑘𝑋𝑌Y\mapsto CH^{i}(X\times_{k}Y) vérifie la réciprocité forte.

C’est le cas particulier j=i𝑗𝑖j=i ([…]).

Théorème 5.4

Pour tout i0𝑖0i\geq 0, le foncteur de Mackey YΩX/𝐙imaps-to𝑌subscriptsuperscriptΩ𝑖𝑋𝐙Y\mapsto\Omega^{i}_{X/{\bf Z}} vérifie la réciprocité (mais non la réciprocité forte).

Démonstration.

6 Produits tensoriels

Soient (A,)𝐴(A,\partial) et (B,)𝐵superscript(B,\partial^{\prime}) deux foncteurs de Mackey munis de symboles locaux. On aimerait munir AMB𝐴superscripttensor-product𝑀𝐵A\mathop{\otimes}\limits^{M}B d’un symbole local ′′=superscript′′tensor-productsuperscript\partial^{\prime\prime}=\partial\mathop{\otimes}\partial^{\prime}. Si 𝒪𝒪\cal O est une k𝑘k-algèbre de valuation discrète, de corps des fractions K𝐾K et de corps résiduel l𝑙l, et si π𝜋\pi est une uniformisante de 𝒪𝒪\cal O, on interprète les homomorphismes

sπ:A(K)A(l):subscript𝑠𝜋𝐴𝐾𝐴𝑙s_{\pi}:A(K)\to A(l)
sπ:B(K)B(l):subscriptsuperscript𝑠𝜋𝐵𝐾𝐵𝑙s^{\prime}_{\pi}:B(K)\to B(l)

donnés par sπ(a)=𝒪(a,π),sπ(b)=𝒪(b,π)formulae-sequencesubscript𝑠𝜋𝑎subscript𝒪𝑎𝜋subscriptsuperscript𝑠𝜋𝑏subscriptsuperscript𝒪𝑏𝜋s_{\pi}(a)=\partial_{\cal O}(a,\pi),s^{\prime}_{\pi}(b)=\partial^{\prime}_{\cal O}(b,\pi), comme des homomorphismes de spécialisation. On désire alors définir ′′superscript′′\partial^{\prime\prime} de telle sorte que, en posant sπ′′(c)=𝒪′′(c,π)subscriptsuperscript𝑠′′𝜋𝑐subscriptsuperscript′′𝒪𝑐𝜋s^{\prime\prime}_{\pi}(c)=\partial^{\prime\prime}_{\cal O}(c,\pi), on ait identiquement (pour toute uniformisante π𝜋\pi):

sπ′′(ab)=sπ(a)sπ(b).subscriptsuperscript𝑠′′𝜋𝑎tensor-product𝑏subscript𝑠𝜋𝑎tensor-productsubscriptsuperscript𝑠𝜋𝑏s^{\prime\prime}_{\pi}(a\mathop{\otimes}b)=s_{\pi}(a)\mathop{\otimes}s^{\prime}_{\pi}(b).

Ceci impose des relations sur les sπ(a)sπ(b)subscript𝑠𝜋𝑎tensor-productsubscriptsuperscript𝑠𝜋𝑏s_{\pi}(a)\mathop{\otimes}s^{\prime}_{\pi}(b), qui en général ne sont pas vérifiées. On est donc conduit à quotienter le foncteur AMB𝐴superscripttensor-product𝑀𝐵A\mathop{\otimes}\limits^{M}B par ces nouvelles relations.

Références

  • [1] J–P. Serre Groupes algébriques et corps de classes, Hermann, Paris, 1959.