Groupe de Brauer non ramifié d’espaces homogènes de tores

Jean-Louis Colliot-Thélène C.N.R.S., Université Paris Sud
Mathématiques, Bâtiment 425
91405 Orsay Cedex
France
jlct@math.u-psud.fr
(12 octobre 2012)
{altabstract}

Let k𝑘k be a field, X𝑋X a smooth, projective k𝑘k-variety. If X𝑋X is geometrically rational, there is an injective map from the quotient of Brauer groups Br(X)/Br(k)Br𝑋Br𝑘{\operatorname{Br}}(X)/{\operatorname{Br}}(k) into the first Galois cohomology group of the lattice given by the geometric Picard group. In this note, where the main attention is on smooth compactifications of homogeneous spaces of algebraic k𝑘k-tori, we show how under some hypotheses the map is onto, and how one may in some special case exhibit concrete generators in Br(X)Br𝑋{\operatorname{Br}}(X). This is applied to the analysis of counterexamples to the local-global principle for norms in biquadratic extensions of number fields.

Introduction

Soient k𝑘k un corps de caractéristique zéro, k¯¯𝑘{\overline{k}} une clôture algébrique de k𝑘k et g=Gal(k¯/k)𝑔Gal¯𝑘𝑘g={\rm{Gal}}({\overline{k}}/k). Soient X𝑋X une k𝑘k-variété projective, lisse, géométriquement connexe et X¯=X×kk¯¯𝑋subscript𝑘𝑋¯𝑘{\overline{X}}=X\times_{k}{\overline{k}}.

On s’intéresse au groupe de Brauer Br(X)Br𝑋{\rm Br}(X), qu’on peut aussi définir comme le groupe de Brauer non ramifié Brnr(k(X))=Brnr(k(X)/k)subscriptBr𝑛𝑟𝑘𝑋subscriptBr𝑛𝑟𝑘𝑋𝑘{\rm Br}_{nr}(k(X))={\rm Br}_{nr}(k(X)/k) du corps des fonctions de X𝑋X.

Le groupe de Brauer algébrique Bra(X)subscriptBr𝑎𝑋{\rm Br}_{a}(X) est par définition le noyau de la restriction BrXBr(X¯)Br𝑋Br¯𝑋{\rm Br}X\to{\rm Br}({\overline{X}}). Si X¯¯𝑋{\overline{X}} est k¯¯𝑘{\overline{k}}-birationnelle à un espace projectif, alors Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\rm Br}({\overline{X}})=0, et Bra(X)=Br(X)subscriptBr𝑎𝑋Br𝑋{\rm Br}_{a}(X)={\rm Br}(X).

On sait (voir [4, (1.5.0)]) que le groupe Bra(X)subscriptBr𝑎𝑋{\rm Br}_{a}(X) s’insère dans une suite exacte

0Pic(X)Pic(X¯)gBr(k)Bra(X)H1(g,Pic(X¯))H3(k,𝐆m).0Pic𝑋Picsuperscript¯𝑋𝑔Br𝑘subscriptBr𝑎𝑋superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋superscript𝐻3𝑘subscript𝐆𝑚0\to{\rm Pic}(X)\to{\rm Pic}({\overline{X}})^{g}\to{\rm Br}(k)\to{\rm Br}_{a}(X)\to H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}}))\to H^{3}(k,{\bf G}_{m}).

Déterminer si une classe dans H1(g,Pic(X¯))superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}})) se relève dans Bra(X)subscriptBr𝑎𝑋{\rm Br}_{a}(X) est un premier problème. Quand on sait qu’il existe un relèvement, exhiber un élément concret dans Bra(X)Br(X)Br(k(X))subscriptBr𝑎𝑋Br𝑋Br𝑘𝑋{\rm Br}_{a}(X)\subset{\rm Br}(X)\subset{\rm Br}(k(X)) relevant la classe, et permettant des calculs numériques, peut être un problème, quand tout ce que l’on connaît explicitement est un ouvert non vide de X𝑋X, mais pas la k𝑘k-variété X𝑋X elle-même.

Si X𝑋X possède un point k𝑘k-rationnel, la suite ci-dessus donne un isomorphisme

Pic(X)Pic(X¯)gsuperscriptsimilar-to-or-equalsPic𝑋Picsuperscript¯𝑋𝑔{\rm Pic}(X)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\rm Pic}({\overline{X}})^{g}

et une suite exacte courte

0Br(k)Bra(X)H1(g,Pic(X¯))0.0Br𝑘subscriptBr𝑎𝑋superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋00\to{\rm Br}(k)\to{\rm Br}_{a}(X)\to H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}}))\to 0.

Même dans ce cas, et même si l’on s’est donné le k𝑘k-point rationnel, si l’on ne connaît pas X𝑋X de façon explicite, trouver un relèvement concret d’un élément de H1(g,Pic(X¯))superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}})) peut aussi être un problème.

Un exemple d’une telle situation se présente lorsque l’on étudie les compactifications lisses Tcsuperscript𝑇𝑐T^{c}, resp. Ecsuperscript𝐸𝑐E^{c}, d’un k𝑘k-tore T𝑇T, resp. d’un espace homogène principal E𝐸E de T𝑇T.

Un cas typique est le suivant (voir [2], [9], [10]).

On considère une extension biquadratique K/k𝐾𝑘K/k, un élément γk𝛾superscript𝑘\gamma\in k^{*} et la k𝑘k-variété E𝐸E définie par l’équation

NK/k(Ξ)=γ,subscript𝑁𝐾𝑘Ξ𝛾N_{K/k}(\Xi)=\gamma,

NK/ksubscript𝑁𝐾𝑘N_{K/k} désigne la norme de K𝐾K à k𝑘k. Pour γ=1𝛾1\gamma=1, ceci définit le k𝑘k-tore T=RK/k1𝐆m𝑇subscriptsuperscript𝑅1𝐾𝑘subscript𝐆𝑚T=R^{1}_{K/k}{\bf G}_{m}. On sait que l’on a Br(Tc)/Br(k)=/2Brsuperscript𝑇𝑐Br𝑘2{\rm Br}(T^{c})/{\rm Br}(k)={\mathbb{Z}}/2. Mais on ne sait pas écrire de façon naturelle un générateur dans Br(Tc)Brsuperscript𝑇𝑐{\rm Br}(T^{c}) (voir la remarque 1.2).

Pour γ𝛾\gamma quelconque, on a Br(Ec)/Br(k)/2Brsuperscript𝐸𝑐Br𝑘2{\rm Br}(E^{c})/{\rm Br}(k)\subset{\mathbb{Z}}/2, et on n’a pas de façon systématique pour décider si le quotient vaut /22{\mathbb{Z}}/2 et si c’est le cas trouver un représentant du générateur dans Br(Ec)Brsuperscript𝐸𝑐{\rm Br}(E^{c}).

Le but de cette note est de montrer comment dans certains cas on peut contourner ces problèmes.

Le cas considéré aux paragraphes 4 et 5 permet à de la Bretèche et Browning [1] de donner des estimations asymptotiques sur le nombre de contre-exemples au principe de Hasse.

Dans tout l’article, k𝑘k est un corps de caractéristique zéro, k¯¯𝑘{\overline{k}} est une clôture algébrique de k𝑘k et g=Gal(k¯/k)𝑔Gal¯𝑘𝑘g={\rm{Gal}}({\overline{k}}/k).

1 Variétés qui deviennent rationnelles après une extension cyclique du corps de base

Dans cette section nous décrivons un cas où l’application

Bra(X)H1(k,Pic(X¯))subscriptBr𝑎𝑋superscript𝐻1𝑘Pic¯𝑋{\rm Br}_{a}(X)\to H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{X}}))

est surjective, que X𝑋X ait un point rationnel ou non. On dit qu’une k𝑘k-variété intègre est k𝑘k-rationnelle si son corps des fonctions est transcendant pur sur k𝑘k.

Proposition 1.1.

Soit X𝑋X une k𝑘k-variété projective lisse géométriquement connexe. Supposons qu’il existe une extension finie cyclique K/k𝐾𝑘K/k et une K𝐾K-variété intègre Y𝑌Y telle que Y×KXKsubscript𝐾𝑌subscript𝑋𝐾Y\times_{K}X_{K} soit une K𝐾K-variété K𝐾K-rationnelle. Alors :

(a) On a une suite exacte

Br(k)Br(X)H1(k,Pic(X¯))0.Br𝑘Br𝑋superscript𝐻1𝑘Pic¯𝑋0{\rm Br}(k)\to{\rm Br}(X)\to H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{X}}))\to 0.

(b) On a une suite exacte

Ker[Br(k)Br(K)]ker[Br(X)Br(XK)]H1(k,Pic(X¯))0.𝐾𝑒𝑟delimited-[]Br𝑘Br𝐾kernelBr𝑋Brsubscript𝑋𝐾superscript𝐻1𝑘Pic¯𝑋0Ker[{\rm Br}(k)\to{\rm Br}(K)]\to\ker[{\rm Br}(X)\to{\rm Br}(X_{K})]\to H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{X}}))\to 0.

(c) Tout élément de H1(k,Pic(X¯))superscript𝐻1𝑘Pic¯𝑋H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{X}})) se relève en un élément du sous-groupe Br(X)Br(k(X))Br𝑋Br𝑘𝑋{\rm Br}(X)\subset{\rm Br}(k(X)) qui s’écrit (χ,f)𝜒𝑓(\chi,f) avec

fker[k(X)×/NK/k(K(X)×)Div(X)/NK/k(DivXK)]𝑓kernel𝑘superscript𝑋subscript𝑁𝐾𝑘𝐾superscript𝑋Div𝑋subscript𝑁𝐾𝑘Divsubscript𝑋𝐾f\in\ker[k(X)^{\times}/N_{K/k}(K(X)^{\times})\to{\rm Div}(X)/N_{K/k}({\rm Div}X_{K})]

et χH1(K/k,/)H2(k,)𝜒superscript𝐻1𝐾𝑘superscript𝐻2𝑘\chi\in H^{1}(K/k,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})\subset H^{2}(k,{\mathbb{Z}}).

Démonstration.

Soit G=Gal(K/k)𝐺Gal𝐾𝑘G={\rm Gal}(K/k). Fixons un plongement Kk¯𝐾¯𝑘K\subset\overline{k}, d’où une application quotient surjective gG𝑔𝐺g\to G. On compare les suites exactes déduites des suites spectrales

E2pq=Hp(G,Hq(XK,𝐆m))Hn(X,𝐆m)superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscript𝐻𝑝𝐺superscript𝐻𝑞subscript𝑋𝐾subscript𝐆𝑚superscript𝐻𝑛𝑋subscript𝐆𝑚E_{2}^{pq}=H^{p}(G,H^{q}(X_{K},{\bf G}_{m}))\Longrightarrow H^{n}(X,{\bf G}_{m})

et

E2pq=Hp(g,Hq(X¯,𝐆m))Hn(X,𝐆m).superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscript𝐻𝑝𝑔superscript𝐻𝑞¯𝑋subscript𝐆𝑚superscript𝐻𝑛𝑋subscript𝐆𝑚E_{2}^{pq}=H^{p}(g,H^{q}({\overline{X}},{\bf G}_{m}))\Longrightarrow H^{n}(X,{\bf G}_{m}).

On a donc le diagramme commutatif de suites exactes

ker[Br(k)Br(K)]ker[Br(X)Br(XK)]H1(G,Pic(XK))H3(G,K×)ker[Br(k)Br(k¯)]ker[Br(X)Br(X¯)]H1(g,Pic(X¯))H3(g,k¯×)commutative-diagramkernelBr𝑘Br𝐾kernelBr𝑋Brsubscript𝑋𝐾superscript𝐻1𝐺Picsubscript𝑋𝐾superscript𝐻3𝐺superscript𝐾missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionkernelBr𝑘Br¯𝑘kernelBr𝑋Br¯𝑋superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋superscript𝐻3𝑔superscript¯𝑘\begin{CD}\ker[{\rm Br}(k)\to{\rm Br}(K)]&\to&\ker[{\rm Br}(X)\to{\rm Br}(X_{K})]&\to&H^{1}(G,{\rm Pic}(X_{K}))&\to&H^{3}(G,K^{\times})\\ \downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ \ker[{\rm Br}(k)\to{\rm Br}({\overline{k}})]&\to&\ker[{\rm Br}(X)\to{\rm Br}({\overline{X}})]&\to&H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}}))&\to&H^{3}(g,{\overline{k}}^{\times})\end{CD} (1.1)

Comme G𝐺G est cyclique, on a H3(G,K×)H1(G,K×)similar-to-or-equalssuperscript𝐻3𝐺superscript𝐾superscript𝐻1𝐺superscript𝐾H^{3}(G,K^{\times})\simeq H^{1}(G,K^{\times}) et ce dernier groupe est nul d’après le théorème 90 de Hilbert.

Soit h=Gal(k¯/K)Gal¯𝑘𝐾h={\rm Gal}({{\overline{k}}}/K). L’hypothèse faite sur la K𝐾K-variété XKsubscript𝑋𝐾X_{K} implique qu’elle possède un K𝐾K-point et que le hh-module Pic(X¯)Pic¯𝑋{\rm Pic}({\overline{X}}) est un facteur direct d’un module de permutation ([4, Prop. 2.A.1]). Le premier fait implique Pic(XK)Pic(X¯)hsuperscriptsimilar-to-or-equalsPicsubscript𝑋𝐾Picsuperscript¯𝑋{\rm Pic}(X_{K})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\rm Pic}({\overline{X}})^{h}. Le second implique H1(h,Pic(X¯))=0superscript𝐻1Pic¯𝑋0H^{1}(h,{\rm Pic}({\overline{X}}))=0. La suite exacte naturelle

0H1(G,Pic(X¯)h)H1(g,Pic(X¯))H1(h,Pic(X¯))0superscript𝐻1𝐺Picsuperscript¯𝑋superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋superscript𝐻1Pic¯𝑋0\to H^{1}(G,{\rm Pic}({\overline{X}})^{h})\to H^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}}))\to H^{1}(h,{\rm Pic}({\overline{X}}))

devient un isomorphisme

H1(G,Pic(XK))H1(g,Pic(X¯)).superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻1𝐺Picsubscript𝑋𝐾superscript𝐻1𝑔Pic¯𝑋H^{1}(G,{\rm Pic}(X_{K}))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{1}(g,{\rm Pic}({\overline{X}})).

L’hypothèse faite sur XKsubscript𝑋𝐾X_{K} implique qu’il existe un entier n>0𝑛0n>0 et une k¯¯𝑘\overline{k}-application rationnelle dominante de 𝐏k¯nsubscriptsuperscript𝐏𝑛¯𝑘{\mathbf{P}}^{n}_{\overline{k}} vers X¯¯𝑋\overline{X} qui admet une section sur un ouvert de X¯¯𝑋\overline{X}. Ceci suffit à assurer Br(X¯)=0Br¯𝑋0{\rm Br}(\overline{X})=0. On a ainsi établi les énoncés (a) et (b). En ce qui concerne (c), on sait que pour toute extension galoisienne K/k𝐾𝑘K/k de groupe G𝐺G, on a un isomorphisme naturel (voir [3, Lemme 14, p. 213])

ker[Br(X)Br(XK)]ker[H2(G,K(X)×)H2(G,Div(XK))].superscriptsimilar-to-or-equalskernelBr𝑋Brsubscript𝑋𝐾kernelsuperscript𝐻2𝐺𝐾superscript𝑋superscript𝐻2𝐺Divsubscript𝑋𝐾\ker[{\rm Br}(X)\to{\rm Br}(X_{K})]\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt\ker[H^{2}(G,K(X)^{\times})\to H^{2}(G,{\rm Div}(X_{K}))].

Pour K/k𝐾𝑘K/k cyclique, la périodicité de la cohomologie des groupes finis cycliques associe au choix d’un générateur de G𝐺G un isomorphisme entre le dernier groupe et

ker[H^0(G,K(X)×)H^0(G,Div(XK)]),\ker[\hat{H}^{0}(G,K(X)^{\times})\to\hat{H}^{0}(G,{\rm Div}(X_{K})]),

c’est-à-dire

ker[k(X)×/NK/k(K(X)×)Div(X)/NK/k(DivXK)].kernel𝑘superscript𝑋subscript𝑁𝐾𝑘𝐾superscript𝑋Div𝑋subscript𝑁𝐾𝑘Divsubscript𝑋𝐾\ker[k(X)^{\times}/N_{K/k}(K(X)^{\times})\to{\rm Div}(X)/N_{K/k}({\rm Div}X_{K})].

\square

Remarque 1.2.

Le tore T=RL/k1𝐆m𝑇subscriptsuperscript𝑅1𝐿𝑘subscript𝐆𝑚T=R^{1}_{L/k}{\bf G}_{m} associé à une extension biquadratique L=k(a,b)𝐿𝑘𝑎𝑏L=k(\sqrt{a},\sqrt{b}) de k𝑘k, après extension du corps de base de k𝑘k à K=k(a)𝐾𝑘𝑎K=k(\sqrt{a}), est K𝐾K-isomorphe à la K𝐾K-variété définie par

(x2by2)(u2bv2)=1.superscript𝑥2𝑏superscript𝑦2superscript𝑢2𝑏superscript𝑣21(x^{2}-by^{2})(u^{2}-bv^{2})=1.

Cette K𝐾K-variété est K𝐾K-isomorphe à la K𝐾K-variété affine d’équation

x2by2=z2bt20.superscript𝑥2𝑏superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡20x^{2}-by^{2}=z^{2}-bt^{2}\neq 0.

Cette variété est clairement K𝐾K-rationnelle : elle est K𝐾K-birationnelle au produit d’une droite et d’une quadrique lisse dans 𝐏K3subscriptsuperscript𝐏3𝐾{\mathbf{P}}^{3}_{K}, quadrique possédant un point K𝐾K-rationnel, et donc K𝐾K-birationnelle à 𝐏K2subscriptsuperscript𝐏2𝐾{\mathbf{P}}^{2}_{K}.

La proposition s’applique. On a H1(G,Pic(TKc))=H1(g,Pic(Tk¯c))superscript𝐻1𝐺Picsubscriptsuperscript𝑇𝑐𝐾superscript𝐻1𝑔Picsubscriptsuperscript𝑇𝑐¯𝑘H^{1}(G,{\rm Pic}(T^{c}_{K}))=H^{1}(g,{\rm Pic}(T^{c}_{\overline{k}})) et un argument abstrait ([5, Prop. 9.5]) montre que ce dernier groupe est isomorphe à /22{\mathbb{Z}}/2. Suivre cet isomorphisme n’est pas simple. Mais surtout, faute de bien connaître une compactification lisse explicite Tcsuperscript𝑇𝑐T^{c} de T𝑇T, on ne connaît pas de faco̧n explicite la suite exacte de G𝐺G-modules

1K(Tc)×/K×Div(TKc)Pic(TKc)0,1𝐾superscriptsuperscript𝑇𝑐superscript𝐾Divsubscriptsuperscript𝑇𝑐𝐾Picsubscriptsuperscript𝑇𝑐𝐾01\to K(T^{c})^{\times}/K^{\times}\to{\rm Div}(T^{c}_{K})\to{\rm Pic}(T^{c}_{K})\to 0,

et donc on ne voit pas comment calculer l’image de l’application de groupes de cohomologie de Tate

/2=H^1(G,Pic(TKc))H^(G,K(Tc)×/K×)0.{\mathbb{Z}}/2=\hat{H}^{-1}(G,{\rm Pic}(T^{c}_{K}))\to\hat{H}{{}^{0}}(G,K(T^{c})^{\times}/K^{\times}).

Ainsi il n’est pas évident d’exhiber une fonction fk(T)×𝑓𝑘superscript𝑇f\in k(T)^{\times} telle que le générateur de Br(Tc)/Br(k)=/2Brsuperscript𝑇𝑐Br𝑘2{\rm Br}(T^{c})/{\rm Br}(k)={\mathbb{Z}}/2 soit donné par (K/k,f)𝐾𝑘𝑓(K/k,f).

2 Réduction des tores aux tores coflasques

On a une dualité bien connue entre les k𝑘k-tores algébriques et les g𝑔g-réseaux de type fini, associant à un k𝑘k-tore T𝑇T son groupe des caractères T^^𝑇\hat{T} sur k¯¯𝑘{\overline{k}}. Pour tout k𝑘k-tore T𝑇T il existe une (plus petite) extension finie galoisienne K𝐾K de k𝑘k, telle que l’action de g𝑔g sur T^^𝑇\hat{T} se factorise par Gal(K/k)Gal𝐾𝑘{\rm{Gal}}(K/k). On dit que K/k𝐾𝑘K/k déploie T𝑇T et T^^𝑇\hat{T}.

Un k𝑘k-tore quasitrivial P𝑃P est un k𝑘k-tore dont le groupe des caractères est un g𝑔g-module de permutation. Un tel tore est un produit de k𝑘k-tores Rki/k𝐆msubscript𝑅subscript𝑘𝑖𝑘subscript𝐆𝑚R_{k_{i}/k}{\bf G}_{m} pour diverses extensions séparables de corps ki/ksubscript𝑘𝑖𝑘k_{i}/k. Un k𝑘k-tore quasitrivial est k𝑘k-isomorphe à un ouvert d’un espace affine 𝐀kdsubscriptsuperscript𝐀𝑑𝑘{\bf A}^{d}_{k}, et est donc une k𝑘k-variété k𝑘k-rationnelle. Un tel k𝑘k-tore P𝑃P satisfait H1(g,P^)=0superscript𝐻1𝑔^𝑃0H^{1}(g,\hat{P})=0 et H1(k,P)=0superscript𝐻1𝑘𝑃0H^{1}(k,P)=0 (lemme de Shapiro et théorème 90 de Hilbert).

Un k𝑘k-tore Q𝑄Q est dit coflasque (voir [5]) si pour tout sous-groupe ouvert hg𝑔h\subset g on a H1(h,Q^)=0superscript𝐻1^𝑄0H^{1}(h,\hat{Q})=0.

Étant donné un g𝑔g-réseau M𝑀M (groupe abélien libre de type fini équipé d’une action continue discrète de g𝑔g), on définit Xω2(k,M)H2(g,M)subscriptsuperscriptX2𝜔kMsuperscriptH2gM\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,M)\subset H^{2}(g,M) comme le sous-groupe de H2(g,M)superscript𝐻2𝑔𝑀H^{2}(g,M) formé des classes dont la restriction à tout sous-groupe fermé procyclique de g𝑔g est nulle. Si l’extension finie K/k𝐾𝑘K/k de groupe G𝐺G déploie le g𝑔g-réseau M𝑀M, alors

Xω2(k,M)ker[H2(G,M)σGH2((σ),M)].similar-to-or-equalssubscriptsuperscriptX2𝜔kMkernelsuperscriptH2GMsubscriptproduct𝜎GsuperscriptH2𝜎M\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,M)\simeq\ker[H^{2}(G,M)\to\prod_{\sigma\in G}H^{2}((\sigma),M)].

Pour M𝑀M un g𝑔g-module de permutation, on a Xω2(k,M)=0subscriptsuperscriptX2𝜔kM0\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,M)=0.

Pour k𝑘k un corps de nombres, ΩΩ\Omega l’ensemble de ses places, et T𝑇T un k𝑘k-tore, pour tout entier naturel i𝑖i, on définit

Xi(k,T):=ker[Hi(k,T)vΩHi(kv,T)].assignsuperscriptXikTkernelsuperscriptHikTsubscriptproductvΩsuperscriptHisubscriptkvT\cyr{X}^{i}(k,T):=\ker[H^{i}(k,T)\to\prod_{v\in\Omega}H^{i}(k_{v},T)].

Pour T=P𝑇𝑃T=P un tore quasitrivial, il résulte du lemme de Shapiro et de la théorie du corps de classes que l’on a X2(k,P)=0superscriptX2kP0\cyr{X}^{2}(k,P)=0.

Proposition 2.1.

Soit T𝑇T un k𝑘k-tore.

(a) Il existe une suite exacte de k𝑘k-tores

1PQT11𝑃𝑄𝑇11\to P\to Q\to T\to 1

avec P𝑃P un k𝑘k-tore quasitrivial et Q𝑄Q un k𝑘k-tore coflasque.

(b) Toute telle suite exacte est génériquement scindée, le k𝑘k-tore Q𝑄Q est k𝑘k-birationnel au produit P×T𝑃𝑇P\times T. Ainsi tout k𝑘k-tore est stablement k𝑘k-birationnel à un k𝑘k-tore coflasque.

(c) Si l’on se donne deux suites exactes comme en (a)

1P1Q1T11subscript𝑃1subscript𝑄1𝑇11\to P_{1}\to Q_{1}\to T\to 1

et

1P2Q2T1,1subscript𝑃2subscript𝑄2𝑇11\to P_{2}\to Q_{2}\to T\to 1,

alors il existe un k𝑘k-isomorphisme de k𝑘k-tores P1×kQ2P2×kQ1.similar-to-or-equalssubscript𝑘subscript𝑃1subscript𝑄2subscript𝑘subscript𝑃2subscript𝑄1P_{1}\times_{k}Q_{2}\simeq P_{2}\times_{k}Q_{1}.

(d) La suite de caractères

0T^Q^P^00^𝑇^𝑄^𝑃00\to\hat{T}\to\hat{Q}\to\hat{P}\to 0

duale de la suite en (a) induit un isomorphisme naturel

Xω2(k,T^)Xω2(k,Q^).superscriptsimilar-to-or-equalssubscriptsuperscriptX2𝜔k^TsubscriptsuperscriptX2𝜔k^Q\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{T})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{Q}).

(e) Soit Tcsuperscript𝑇𝑐T^{c}, resp. Qcsuperscript𝑄𝑐Q^{c}, une compactification lisse du k𝑘k-tore T𝑇T, resp. du k𝑘k-tore Q𝑄Q. La projection QT𝑄𝑇Q\to T induit un isomorphisme Br(Tc)Br(Qc)superscriptsimilar-to-or-equalsBrsuperscript𝑇𝑐Brsuperscript𝑄𝑐{\rm Br}(T^{c})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\rm Br}(Q^{c}).

(f) Si k𝑘k est un corps local, tout espace principal homogène sous un k𝑘k-tore coflasque Q𝑄Q est trivial. Ainsi H1(k,Q)=0superscript𝐻1𝑘𝑄0H^{1}(k,Q)=0.

(g) Si k𝑘k est un corps de nombres, on a des isomorphismes

X1(k,Q)X1(k,T)superscriptsimilar-to-or-equalssuperscriptX1kQsuperscriptX1kT\cyr{X}^{1}(k,Q)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt\cyr{X}^{1}(k,T)

et

X1(k,Q)=H1(k,Q).superscriptX1kQsuperscriptH1kQ\cyr{X}^{1}(k,Q)=H^{1}(k,Q).
Démonstration.

Pour (a), voir [5, Prop. 1.3 (1.2.4) p. 158]. Par le théorème 90 de Hilbert et le lemme de Shapiro, tout torseur sur une k𝑘k-variété intègre sous un k𝑘k-tore quasitrivial est génériquement scindé. Comme en outre un k𝑘k-tore quasitrivial est une k𝑘k-variété k𝑘k-rationnelle, ceci établit (b). Pour (c), voir [5, Lemma 0.6 (0.6.4)) p. 155]. On a la suite duale de groupes de caractères

0T^Q^P^0,0^𝑇^𝑄^𝑃00\to{\hat{T}}\to{\hat{Q}}\to{\hat{P}}\to 0,

qui est une suite exacte de modules galoisiens. Comme P^^𝑃\hat{P} est un module de permutation, on a H1(h,P^)=0superscript𝐻1^𝑃0H^{1}(h,{\hat{P}})=0 pour tout sous-groupe ouvert hg𝑔h\subset g et Xω2(g,P^)=0subscriptsuperscriptX2𝜔g^P0\cyr{X}^{2}_{\omega}(g,{\hat{P}})=0. Une chasse au diagramme immédiate donne alors (d).

Pour tout k𝑘k-tore T𝑇T, on a la formule Br(Tc)/Br(k)Xω2(k,T^)Brsuperscript𝑇𝑐Br𝑘similar-tosubscriptsuperscriptX2𝜔k^T{\rm Br}(T^{c})/{\rm Br}(k)\overset{\sim}{\longrightarrow}\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{T}) ([5, Prop. 9.5]). L’énoncé (e) résulte alors de (d).

Prouvons (f). Pour un corps local k𝑘k et un k𝑘k-tore R𝑅R, les groupes finis H1(k,R)superscript𝐻1𝑘𝑅H^{1}(k,R) et H1(k,R^)superscript𝐻1𝑘^𝑅H^{1}(k,\hat{R}) sont en dualité (Tate–Nakayama). Si le k𝑘k-tore R𝑅R est coflasque, alors H1(k,R^)=0superscript𝐻1𝑘^𝑅0H^{1}(k,\hat{R})=0 et donc H1(k,R)=0superscript𝐻1𝑘𝑅0H^{1}(k,R)=0.

Démontrons (g). Pour k𝑘k un corps de nombres et P𝑃P un k𝑘k-tore quasitrivial, on a H1(k,P)=0superscript𝐻1𝑘𝑃0H^{1}(k,P)=0 et X2(k,P)=0superscriptX2kP0\cyr{X}^{2}(k,P)=0. La suite exacte (a) donne donc X1(k,Q)X1(k,P)superscriptsimilar-to-or-equalssuperscriptX1kQsuperscriptX1kP\cyr{X}^{1}(k,Q)\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt\cyr{X}^{1}(k,P). Par ailleurs (f) donne X1(k,Q)=H1(k,Q).superscriptX1kQsuperscriptH1kQ\cyr{X}^{1}(k,Q)=H^{1}(k,Q). \square

Nous aurons besoin de la proposition suivante.

Proposition 2.2.

[6, Lemme 2.1] Soient T𝑇T un k𝑘k-tore et E𝐸E un k𝑘k-espace principal homogène sous T𝑇T. Soit Tcsuperscript𝑇𝑐T^{c} une k𝑘k-compactification projective, lisse,   équivariante, de T𝑇T. Le produit contracté Ec:=E×TTcassignsuperscript𝐸𝑐superscript𝑇𝐸superscript𝑇𝑐E^{c}:=E\times^{T}T^{c} est une k𝑘k-compactification lisse équivariante de E𝐸E.

(a) Il existe un isomorphisme naturel de modules galoisiens

Pic(T¯c)Pic(E¯c).superscriptsimilar-to-or-equalsPicsuperscript¯𝑇𝑐Picsuperscript¯𝐸𝑐{\rm Pic}(\overline{T}^{c})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt{\rm Pic}(\overline{E}^{c}).

(b) Il y a un isomorphisme H1(k,Pic(T¯c))H1(k,Pic(E¯c))superscriptsimilar-to-or-equalssuperscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝑇𝑐superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝐸𝑐H^{1}(k,{\rm Pic}(\overline{T}^{c}))\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526ptH^{1}(k,{\rm Pic}(\overline{E}^{c})).

(c) On a des suites exactes

0Br(k)Br(Tc)H1(k,Pic(T¯c))0,0Br𝑘Brsuperscript𝑇𝑐superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝑇𝑐00\to{\rm Br}(k)\to{\rm Br}(T^{c})\to H^{1}(k,{\rm Pic}(\overline{T}^{c}))\to 0,
Br(k)Br(Ec)H1(k,Pic(E¯c))H3(k,𝐆m).Br𝑘Brsuperscript𝐸𝑐superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝐸𝑐superscript𝐻3𝑘subscript𝐆𝑚{\rm Br}(k)\to{\rm Br}(E^{c})\to H^{1}(k,{\rm Pic}(\overline{E}^{c}))\to H^{3}(k,{\bf G}_{m}).

On a donc une suite exacte

0Br(Ec)/Im(Br(k))Br(Tc)/Br(k)H3(k,𝐆m).0Brsuperscript𝐸𝑐ImBr𝑘Brsuperscript𝑇𝑐Br𝑘superscript𝐻3𝑘subscript𝐆𝑚0\to{\rm Br}(E^{c})/{\rm Im}({\rm Br}(k))\to{\rm Br}(T^{c})/{\rm Br}(k)\to H^{3}(k,{\bf G}_{m}).

3 Le tore des éléments de norme 1 d’une extension biquadratique et un tore coflasque associé

Soit K/k𝐾𝑘K/k une extension biquadratique. On a donc K=k(a,b)𝐾𝑘𝑎𝑏K=k(\sqrt{a},\sqrt{b}). Soit T=RK/k1𝐆m𝑇subscriptsuperscript𝑅1𝐾𝑘subscript𝐆𝑚T=R^{1}_{K/k}{\bf G}_{m} le k𝑘k-tore noyau de la norme

1TRK/k𝐆m𝐆m,k1.1𝑇subscript𝑅𝐾𝑘subscript𝐆𝑚subscript𝐆𝑚𝑘11\to T\to R_{K/k}{\bf G}_{m}\to{\bf G}_{m,k}\to 1.

Soit Q𝑄Q le k𝑘k-tore noyau défini par la suite exacte

1QiRki/k𝐆m𝐆m,k1,1𝑄subscriptproduct𝑖subscript𝑅subscript𝑘𝑖𝑘subscript𝐆𝑚subscript𝐆𝑚𝑘11\to Q\to\prod_{i}R_{k_{i}/k}{\bf G}_{m}\to{\bf G}_{m,k}\to 1,

ki/ksubscript𝑘𝑖𝑘k_{i}/k parcourt les trois sous-extensions quadratiques de K/k𝐾𝑘K/k, et où la flèche vers 𝐆m,ksubscript𝐆𝑚𝑘{\bf G}_{m,k} est le produit des trois normes d’extensions quadratiques de k𝑘k.

Proposition 3.1.

(a) Le k𝑘k-tore Q𝑄Q est coflasque.

(b) Il existe un diagramme commutatif de groupes de type multiplicatif

1111𝐆m,k2QT11MiRki/k𝐆mRK/k𝐆m11μ2𝐆m,k𝐆m,k1111commutative-diagrammissing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression1missing-subexpression1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1superscriptsubscript𝐆𝑚𝑘2𝑄𝑇1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1𝑀subscriptproduct𝑖subscript𝑅subscript𝑘𝑖𝑘subscript𝐆𝑚subscript𝑅𝐾𝑘subscript𝐆𝑚1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1subscript𝜇2subscript𝐆𝑚𝑘subscript𝐆𝑚𝑘1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression1missing-subexpression1missing-subexpression1missing-subexpressionmissing-subexpression\begin{CD}&&1&&1&&1&&\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 1&\to&{\bf G}_{m,k}^{2}&\to&Q&\to&T&\to&1\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 1&\to&M&\to&\prod_{i}R_{k_{i}/k}{\bf G}_{m}&\to&R_{K/k}{\bf G}_{m}&\to&1\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 1&\to&\mu_{2}&\to&{\bf G}_{m,k}&\to&{\bf G}_{m,k}&\to&1\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ &&1&&1&&1&&\end{CD} (3.1)

où les deux colonnes verticales de droite sont celles définissant Q𝑄Q et T𝑇T, et la flèche iRki/k𝐆mRK/k𝐆msubscriptproduct𝑖subscript𝑅subscript𝑘𝑖𝑘subscript𝐆𝑚subscript𝑅𝐾𝑘subscript𝐆𝑚\prod_{i}R_{k_{i}/k}{\bf G}_{m}\to R_{K/k}{\bf G}_{m} est induite par chacune des inclusions naturelles Rki/k𝐆mRK/k𝐆msubscript𝑅subscript𝑘𝑖𝑘subscript𝐆𝑚subscript𝑅𝐾𝑘subscript𝐆𝑚R_{k_{i}/k}{\bf G}_{m}\hookrightarrow R_{K/k}{\bf G}_{m}.

(c) Notons Ni=Nki/k(ki×)k×subscript𝑁𝑖subscript𝑁subscript𝑘𝑖𝑘superscriptsubscript𝑘𝑖superscript𝑘N_{i}=N_{k_{i}/k}(k_{i}^{\times})\subset k^{\times}. La suite exacte

0H1(k,Q)H1(k,T)Br(k)Br(k)0superscript𝐻1𝑘𝑄superscript𝐻1𝑘𝑇direct-sumBr𝑘Br𝑘0\to H^{1}(k,Q)\to H^{1}(k,T)\to{\rm Br}(k)\oplus{\rm Br}(k)

induite par la suite exacte supérieure s’écrit

1k×/N1N2N3k×/NK/kK×Br(k)Br(k)1superscript𝑘subscript𝑁1subscript𝑁2subscript𝑁3superscript𝑘subscript𝑁𝐾𝑘superscript𝐾direct-sumBr𝑘Br𝑘1\to k^{\times}/N_{1}N_{2}N_{3}\to k^{\times}/N_{K/k}K^{\times}\to{\rm Br}(k)\oplus{\rm Br}(k)

la flèche k×/N1N2N3k×/NK/kK×superscript𝑘subscript𝑁1subscript𝑁2subscript𝑁3superscript𝑘subscript𝑁𝐾𝑘superscript𝐾k^{\times}/N_{1}N_{2}N_{3}\to k^{\times}/N_{K/k}K^{\times} étant induite par xx2maps-to𝑥superscript𝑥2x\mapsto x^{2}.

(d) On a Xω2(k,T^)Xω2(k,Q^)=/2.superscriptsimilar-to-or-equalssubscriptsuperscriptX2𝜔k^TsubscriptsuperscriptX2𝜔k^Q2\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{T})\hskip 2.84526pt{\buildrel\simeq\over{\rightarrow}}\hskip 2.84526pt\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{Q})={\mathbb{Z}}/2.

(e) Pour toute compactification lisse Ecsuperscript𝐸𝑐E^{c} d’un espace principal homogène E𝐸E de Q𝑄Q, on a Br(Ec)/Im(Br(k))=/2Brsuperscript𝐸𝑐ImBr𝑘2{\rm Br}(E^{c})/{\rm Im}({\rm Br}(k))={\mathbb{Z}}/2.

(f) Si E𝐸E est un espace principal homogène de T𝑇T dont la classe dans H1(k,T)superscript𝐻1𝑘𝑇H^{1}(k,T) a une image nulle dans Br(k)Br(k)direct-sumBr𝑘Br𝑘{\rm Br}(k)\oplus{\rm Br}(k), i.e. si cette classe est dans l’image de H1(k,Q)H1(k,T)superscript𝐻1𝑘𝑄superscript𝐻1𝑘𝑇H^{1}(k,Q)\to H^{1}(k,T), alors pour toute compactification lisse Ecsuperscript𝐸𝑐E^{c} de E𝐸E, on a Br(Ec)/Im(Br(k))=/2Brsuperscript𝐸𝑐ImBr𝑘2{\rm Br}(E^{c})/{\rm Im}({\rm Br}(k))={\mathbb{Z}}/2.

Démonstration.

L’énoncé (a) se voit sur les groupes de caractères. On laisse au lecteur le soin d’étudier le diagramme de groupes de caractères pour identifier les termes non évidents dans le diagramme (b). Une fois ceci établi, l’énoncé (c) est immédiat. Il en est de même de l’énoncé (d). Tout espace principal homogène E𝐸E de Q𝑄Q s’écrit

(x2ay2)(z2bt2)(u2abw2)=γ,superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤2𝛾(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2})(u^{2}-abw^{2})=\gamma,

avec γk×𝛾superscript𝑘\gamma\in k^{\times}. Sur l’extension cyclique k(a)/k𝑘𝑎𝑘k(\sqrt{a})/k, une telle variété est k(a)𝑘𝑎k(\sqrt{a})-rationnelle. D’après la proposition 1.1, on a donc

Br(Ec)/Im(Br(k))=H1(k,Pic(E¯c)).Brsuperscript𝐸𝑐ImBr𝑘superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝐸𝑐{\rm Br}(E^{c})/{\rm Im}({\rm Br}(k))=H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{E}}^{c})).

D’après la proposition 2.2, on a H1(k,Pic(Q¯c))H1(k,Pic(E¯c)).superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝑄𝑐similar-tosuperscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝐸𝑐H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{Q}}^{c}))\overset{\sim}{\longrightarrow}H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{E}}^{c})). Enfin, d’après ([5, Prop. 9.5]), le groupe H1(k,Pic(Q¯c))superscript𝐻1𝑘Picsuperscript¯𝑄𝑐H^{1}(k,{\rm Pic}({\overline{Q}}^{c})) est isomorphe à Xω2(k,Q^)=/2.subscriptsuperscriptX2𝜔k^Q2\cyr{X}^{2}_{\omega}(k,\hat{Q})={\mathbb{Z}}/2. Ceci établit (e). Soit E𝐸E comme en (f), et soit E1subscript𝐸1E_{1} un espace principal homogène de Q𝑄Q dont l’image par H1(k,Q)H1(k,T)superscript𝐻1𝑘𝑄superscript𝐻1𝑘𝑇H^{1}(k,Q)\to H^{1}(k,T) est la classe de E𝐸E dans ce dernier groupe. La fibration E1Esubscript𝐸1𝐸E_{1}\to E est un torseur sour 𝐆m,k2superscriptsubscript𝐆𝑚𝑘2{\bf G}_{m,k}^{2}, le corps des fonctions de E1subscript𝐸1E_{1} est donc purement transcendant sur celui de E𝐸E. Ceci implique que l’application Brnr(k(E))Brnr(k(E1))subscriptBr𝑛𝑟𝑘𝐸subscriptBr𝑛𝑟𝑘subscript𝐸1{\rm Br}_{nr}(k(E))\to\ {\rm Br}_{nr}(k(E_{1})) est un isomorphisme, et établit (f). \square

4 Un générateur explicite pour le groupe de Brauer non ramifié des espaces homogènes de ce tore coflasque


Théorème 4.1.

Soit F𝐹F un corps de caractéristique nulle, et soient a,b,cF×𝑎𝑏𝑐superscript𝐹a,b,c\in F^{\times}. Considérons la F𝐹F-variété Y𝑌Y définie par l’équation affine

(x2ay2)(z2bt2)(u2abw2)=c.superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤2𝑐(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2})(u^{2}-abw^{2})=c.

Soit F(Y)𝐹𝑌F(Y) son corps des fonctions. Soit Z𝑍Z une F𝐹F-compactification lisse de Y𝑌Y.

(i) Le quotient Br(Z)/Br(F)Br𝑍Br𝐹{\rm Br}(Z)/{\rm Br}(F) est nul si l’un des a,b,ab𝑎𝑏𝑎𝑏a,b,ab est un carré, il est égal à /22{\mathbb{Z}}/2 sinon.

(ii) L’algèbre de quaternions (x2ay2,b)Br(F(Y))superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏Br𝐹𝑌(x^{2}-ay^{2},b)\in{\rm Br}(F(Y)) est non ramifiée sur Z𝑍Z, et elle engendre le groupe Br(Z)/Br(F)Br𝑍Br𝐹{\rm Br}(Z)/{\rm Br}(F).

Démonstration.

Si a𝑎a, b𝑏b, ou ab𝑎𝑏ab est un carré dans F𝐹F, alors Y𝑌Y est F𝐹F-rationnelle, et Br(F)Brnr(F(Y))Br𝐹similar-tosubscriptBr𝑛𝑟𝐹𝑌{\rm Br}(F)\overset{\sim}{\longrightarrow}{\rm Br}_{nr}(F(Y)).

Soit AF(Y)𝐴𝐹𝑌A\subset F(Y) un anneau de valuation discrète (de rang 1) de corps des fractions E=F(Y)𝐸𝐹𝑌E=F(Y), contenant F𝐹F. Soit κ𝜅\kappa le corps résiduel de A𝐴A et

A:Br(F(Y))H1(κ,/):subscript𝐴Br𝐹𝑌superscript𝐻1𝜅\partial_{A}:{\rm Br}(F(Y))\to H^{1}(\kappa,{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})

l’application résidu.

On a α=(x2ay2,b)=(x2ay2,ab)Br(F(Y))𝛼superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑎𝑏Br𝐹𝑌\alpha=(x^{2}-ay^{2},b)=(x^{2}-ay^{2},ab)\in{\rm Br}(F(Y)). Si b𝑏b ou ab𝑎𝑏ab est un carré dans κ𝜅\kappa, alors A(α)=0subscript𝐴𝛼0\partial_{A}(\alpha)=0. Sinon, chacune des extensions E(b)/E𝐸𝑏𝐸E(\sqrt{b})/E et E(ab)/E𝐸𝑎𝑏𝐸E(\sqrt{ab})/E est non ramifiée et inerte de degré 2 au-dessus de A𝐴A, donc les entiers vA(z2bt2)subscript𝑣𝐴superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2v_{A}(z^{2}-bt^{2}) et vA(u2abv2)subscript𝑣𝐴superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑣2v_{A}(u^{2}-abv^{2}) sont pairs. De l’équation on déduit vA(x2ay2)subscript𝑣𝐴superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2v_{A}(x^{2}-ay^{2}) pair (ce qui est évident si a𝑎a n’est pas un carré dans κ𝜅\kappa.). Ainsi A(α)=0subscript𝐴𝛼0\partial_{A}(\alpha)=0 pour tout A𝐴A, et αBrnr(F(Y))=Br(Z)𝛼subscriptBr𝑛𝑟𝐹𝑌Br𝑍\alpha\in{\rm Br}_{nr}(F(Y))={\rm Br}(Z).

Supposons que ni a𝑎a, ni b𝑏b, ni ab𝑎𝑏ab ne sont des carrés dans F𝐹F. Montrons que la classe αBrnr(F(Y))Br(F(Y))𝛼subscriptBr𝑛𝑟𝐹𝑌Br𝐹𝑌\alpha\in{\rm Br}_{nr}(F(Y))\subset{\rm Br}(F(Y)) n’appartient pas à Br(F)Br𝐹{\rm Br}(F).

Considérons la projection de Y𝑌Y vers l’espace affine 𝐀4superscript𝐀4{\bf A}^{4} de coordonnées (x,y,z,t)𝑥𝑦𝑧𝑡(x,y,z,t). La fibre générique est la conique

u2abw2=c(x2ay2)(z2bt2).superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤2𝑐superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2u^{2}-abw^{2}=c(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2}).

D’après Witt ([11], Satz, S. 465) (pour la généralisation par Amitsur, voir [7, Thm. 5.4.1]), le noyau de Br(F(𝐀4))Br(F(Y))Br𝐹superscript𝐀4Br𝐹𝑌{\rm Br}(F({\bf A}^{4}))\to{\rm Br}(F(Y)) est d’ordre au plus 2, engendré par la classe de l’algèbre de quaternions

β=(c(x2ay2)(z2bt2),ab)Br(F(𝐀4)).𝛽𝑐superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2𝑎𝑏Br𝐹superscript𝐀4\beta=(c(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2}),ab)\in{\rm Br}(F({\bf A}^{4})).

Pour montrer que αBr(F(Y))𝛼Br𝐹𝑌\alpha\in{\rm Br}(F(Y)) n’appartient pas à Br(F)Br𝐹{\rm Br}(F), il suffit donc de voir que la classe (x2ay2,b)Br(F(𝐀4))superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏Br𝐹superscript𝐀4(x^{2}-ay^{2},b)\in{\rm Br}(F({\bf A}^{4})) n’appartient pas au sous-groupe engendré par Br(F)Br𝐹{\rm Br}(F) et

β=(c(x2ay2)(z2bt2),ab)=(c,ab)+(x2ay2,b)+(z2bt2,a).𝛽𝑐superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2𝑎𝑏𝑐𝑎𝑏superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2𝑎\beta=(c(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2}),ab)=(c,ab)+(x^{2}-ay^{2},b)+(z^{2}-bt^{2},a).

Les hypothèses assurent que x2ay2=0superscript𝑥2𝑎superscript𝑦20x^{2}-ay^{2}=0 et z2bt2=0superscript𝑧2𝑏superscript𝑡20z^{2}-bt^{2}=0 sont intègres et que b𝑏b, resp. a𝑎a, n’est pas un carré dans le corps résiduel de x2ay2=0superscript𝑥2𝑎superscript𝑦20x^{2}-ay^{2}=0, resp. z2bt2=0superscript𝑧2𝑏superscript𝑡20z^{2}-bt^{2}=0.

Le résidu de (x2ay2,b)Br(F(𝐀4))superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏Br𝐹superscript𝐀4(x^{2}-ay^{2},b)\in{\rm Br}(F({\bf A}^{4})) en x2ay2=0superscript𝑥2𝑎superscript𝑦20x^{2}-ay^{2}=0 est la classe de b𝑏b, qui est non nulle. Donc

(x2ay2,b)Br(F)Br(F(𝐀4)).superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏Br𝐹Br𝐹superscript𝐀4(x^{2}-ay^{2},b)\notin{\rm Br}(F)\subset{\rm Br}(F({\bf A}^{4})).

Le résidu de (x2ay2,b)superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏(x^{2}-ay^{2},b) en z2bt2=0superscript𝑧2𝑏superscript𝑡20z^{2}-bt^{2}=0 est nul, mais le résidu de β𝛽\beta en z2bt2=0superscript𝑧2𝑏superscript𝑡20z^{2}-bt^{2}=0 est a𝑎a, qui est non nul. On a donc

(x2ay2,b)βBr(F)Br(F(𝐀4)).superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏𝛽Br𝐹Br𝐹superscript𝐀4(x^{2}-ay^{2},b)-\beta\notin{\rm Br}(F)\subset{\rm Br}(F({\bf A}^{4})).

La F𝐹F-variété Y𝑌Y est un espace principal homogène sous le F𝐹F-tore Q𝑄Q défini par

(x2ay2)(z2bt2)(u2abw2)=1.superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤21(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2})(u^{2}-abw^{2})=1.

D’après la proposition 3.1 (e), on a Brnr(F(Y))/Im(Br(F))=/2subscriptBr𝑛𝑟𝐹𝑌ImBr𝐹2{\rm Br}_{nr}(F(Y))/{\rm Im}({\rm Br}(F))={\mathbb{Z}}/2. Ceci conclut la démonstration. \square

5 Une application numérique

Proposition 5.1.

Soient k𝑘k un corps de nombres et a,b,ck×𝑎𝑏𝑐superscript𝑘a,b,c\in k^{\times}. Considérons la k𝑘k-variété Y𝑌Y définie par l’équation affine

(x2ay2)(z2bt2)(u2abw2)=c.superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤2𝑐(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2})(u^{2}-abw^{2})=c.

Soit Z𝑍Z une k𝑘k-compactification lisse de Y𝑌Y.

(a) Pour toute place v𝑣v de k𝑘k, on a Y(kv)𝑌subscript𝑘𝑣Y(k_{v})\neq\emptyset.

(b) Soit αBr(Z)Br(Y)𝛼Br𝑍Br𝑌\alpha\in{\rm Br}(Z)\subset{\rm Br}(Y) défini par (x2ay2,b)superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2𝑏(x^{2}-ay^{2},b). Cet élément engendre Br(Z)/Br(k)Br𝑍Br𝑘{\rm Br}(Z)/{\rm Br}(k).

(c) S’il existe une place v𝑣v telle qu’aucun des a,b,ab𝑎𝑏𝑎𝑏a,b,ab ne soit un carré dans kvsubscript𝑘𝑣k_{v}, alors Y(k)𝑌𝑘Y(k)\neq\emptyset.

(d) Supposons qu’en toute place v𝑣v de k𝑘k l’un au moins des a,b𝑎𝑏a,b ou ab𝑎𝑏ab est un carré dans le complété kvsubscript𝑘𝑣k_{v}, alors pour toute famille adélique {Pv}vZ(kv)subscript𝑃𝑣subscriptproduct𝑣𝑍subscript𝑘𝑣\{P_{v}\}\in\prod_{v}Z(k_{v}), on a

vβ(Pv)=v,akv×2(c,b)v=v,akv×2(c,b)v/2/.subscript𝑣𝛽subscript𝑃𝑣subscript𝑣𝑎superscriptsubscript𝑘𝑣absent2subscript𝑐𝑏𝑣subscript𝑣𝑎superscriptsubscript𝑘𝑣absent2subscript𝑐𝑏𝑣2\sum_{v}\beta(P_{v})=\sum_{v,a\in k_{v}^{\times 2}}(c,b)_{v}=\sum_{v,a\notin k_{v}^{\times 2}}(c,b)_{v}\in{\mathbb{Z}}/2\subset{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}.

La nullité de cet élément est alors une condition nécessaire et suffisante pour l’existence d’un k𝑘k-point sur Z𝑍Z et Y𝑌Y.

Démonstration.

(a) Le k𝑘k-tore Q𝑄Q défini par

(x2ay2)(z2bt2)(u2abw2)=1superscript𝑥2𝑎superscript𝑦2superscript𝑧2𝑏superscript𝑡2superscript𝑢2𝑎𝑏superscript𝑤21(x^{2}-ay^{2})(z^{2}-bt^{2})(u^{2}-abw^{2})=1

est coflasque (Prop. 3.1 (a)). La k𝑘k-variété Y𝑌Y est un espace principal homogène de Q𝑄Q. Par la proposition 2.1 (f), on a donc H1(kv,Q)=0superscript𝐻1subscript𝑘𝑣𝑄0H^{1}(k_{v},Q)=0 pour toute place v𝑣v de k𝑘k, ce qui donne (a).

L’énoncé (b) a fait l’objet du théorème 4.1.

(c) Si en une place v𝑣v l’extension kv(a,b)subscript𝑘𝑣𝑎𝑏k_{v}(\sqrt{a},\sqrt{b}) est biquadratique, alors l’élément αvBr(kv(Y))subscript𝛼𝑣Brsubscript𝑘𝑣𝑌\alpha_{v}\in{\rm Br}(k_{v}(Y)) engendre Br(Zkv)/Br(kv)=/2Brsubscript𝑍subscript𝑘𝑣Brsubscript𝑘𝑣2{\rm Br}(Z_{k_{v}})/{\rm Br}(k_{v})={\mathbb{Z}}/2 d’après le théorème 4.1. Il résulte alors de [3, Cor. 1, p. 217] que αvBr(Zkv)subscript𝛼𝑣Brsubscript𝑍subscript𝑘𝑣\alpha_{v}\in{\rm Br}(Z_{k_{v}}) prend deux valeurs distinctes sur Y(kv)𝑌subscript𝑘𝑣Y(k_{v}). Notons que Y(kv)𝑌subscript𝑘𝑣Y(k_{v})\neq\emptyset implique que Ykvsubscript𝑌subscript𝑘𝑣Y_{k_{v}} est kvsubscript𝑘𝑣k_{v}-isomorphe au kvsubscript𝑘𝑣k_{v}-tore Qkvsubscript𝑄subscript𝑘𝑣Q_{k_{v}}. Comme α𝛼\alpha est d’exposant 2, ceci implique qu’il existe un adèle PvZ(𝐀k)subscript𝑃𝑣𝑍subscript𝐀𝑘P_{v}\in Z({\bf A}_{k}) tel que

vα(Pv)=0.subscript𝑣𝛼subscript𝑃𝑣0\sum_{v}\alpha(P_{v})=0.

Comme α𝛼\alpha engendre Br(Z)/Br(k)Br𝑍Br𝑘{\rm Br}(Z)/{\rm Br}(k), il n’y a pas d’obstruction de Brauer–Manin pour la compactification lisse Z𝑍Z de l’espace homogène Y𝑌Y sous le k𝑘k-tore Q𝑄Q. D’après Sansuc [8, Cor. 8.7]), ceci implique Y(k)𝑌𝑘Y(k)\neq\emptyset.

Démontrons (d). Soit v𝑣v une place de k𝑘k. On a l’inclusion kvkv(Y)subscript𝑘𝑣subscript𝑘𝑣𝑌k_{v}\subset k_{v}(Y). Si bkv×2𝑏superscriptsubscript𝑘𝑣absent2b\in k_{v}^{\times 2}, alors αv=0Br(kv(Y))subscript𝛼𝑣0Brsubscript𝑘𝑣𝑌\alpha_{v}=0\in{\rm Br}(k_{v}(Y)). Si abkv×2𝑎𝑏superscriptsubscript𝑘𝑣absent2ab\in k_{v}^{\times 2}, alors αv=0Br(kv(Y))subscript𝛼𝑣0Brsubscript𝑘𝑣𝑌\alpha_{v}=0\in{\rm Br}(k_{v}(Y)). Si akv×2𝑎superscriptsubscript𝑘𝑣absent2a\in k_{v}^{\times 2}, alors αv=(c,b)vBr(kv(Y))subscript𝛼𝑣subscript𝑐𝑏𝑣Brsubscript𝑘𝑣𝑌\alpha_{v}=(c,b)_{v}\in{\rm Br}(k_{v}(Y)) est l’image de (c,b)vBr(kv).subscript𝑐𝑏𝑣Brsubscript𝑘𝑣(c,b)_{v}\in{\rm Br}(k_{v}). Ceci donne la première égalité. La seconde égalité provient de la loi de réciprocité de la théorie du corps de classes global. Le dernier énoncé résulte alors de (b), et du résultat de Sansuc [8, Cor. 8.7]). \square

Remarque 5.2.

Voici une démonstration directe du point (a), communiquée par V. Suresh. Pour toute place v𝑣v et tout triplet (a,b,c)𝑎𝑏𝑐(a,b,c) d’éléments de kv×superscriptsubscript𝑘𝑣k_{v}^{\times}, et toute place v𝑣v, l’un des trois symboles (a,c)v,(b,c)v,(ab,c)vsubscript𝑎𝑐𝑣subscript𝑏𝑐𝑣subscript𝑎𝑏𝑐𝑣(a,c)_{v},(b,c)_{v},(ab,c)_{v} est nul. En effet leur somme est nulle, et ils valent soit 00 soit 1/2121/2.

Il est ainsi facile de fabriquer des contre-exemples au principe de Hasse classique pour des variétés données par Y𝑌Y. Sur le corps {\mathbb{Q}}, on sait bien qu’en toute place v𝑣v soit 131313, soit 171717, soit 13×17131713\times 17 est un carré. On prend a=17𝑎17a=17, b=13𝑏13b=13. On cherche c𝑐c tel que

v,17kv×2(c,13)v0.subscript𝑣.17superscriptsubscript𝑘𝑣absent2subscript𝑐.13𝑣0\sum_{v,17\notin k_{v}^{\times 2}}(c,13)_{v}\neq 0.

Ceci donne

p2,13,17;17𝔽p×2(c,13)p0.subscriptformulae-sequence𝑝2.13.1717superscriptsubscript𝔽𝑝absent2subscript𝑐.13𝑝0\sum_{p\neq 2,13,17;\hskip 5.69054pt17\notin{\mathbb{F}}_{p}^{\times 2}}(c,13)_{p}\neq 0.

(Noter que 171717 est un carré dans 2subscript2{\mathbb{Q}}_{2} et dans 13subscript13{\mathbb{Q}}_{13}). Par la loi de réciprocité, la condition 171717 non carré dans le corps fini 𝔽psubscript𝔽𝑝{\mathbb{F}}_{p} se traduit : p𝑝p est non carré dans 𝔽17subscript𝔽17{\mathbb{F}}_{17}.

Si l’on prend c=l𝑐𝑙c=l un nombre premier non carré dans 𝔽17subscript𝔽17{\mathbb{F}}_{17} et non carré dans 𝔽13subscript𝔽13{\mathbb{F}}_{13}, la somme se réduit à (l,13)l0subscript𝑙.13𝑙0(l,13)_{l}\neq 0. Le nombre premier l=5𝑙5l=5 convient. Ainsi :

(x213y2)(z217t2)(u2221w2)=5superscript𝑥213superscript𝑦2superscript𝑧217superscript𝑡2superscript𝑢2221superscript𝑤25(x^{2}-13y^{2})(z^{2}-17t^{2})(u^{2}-221w^{2})=5

est un contre-exemple au principe de Hasse, et la combinaison des propositions 2.1 et 3.1 montre que

N(13,17)/(Ξ)=52subscript𝑁1317Ξsuperscript52N_{{\mathbb{Q}}(\sqrt{13},\sqrt{17})/{\mathbb{Q}}}(\Xi)=5^{2}

est un contre-exemple au principe de Hasse.

Pour des calculs similaires, on consultera Sansuc [9].

Références

  • [1] R. de la Bretèche et T. Browning, Contre-exemples au principe de Hasse pour certains tores coflasques, article en préparation.
  • [2] J.W.S. Cassels et A. Fröhlich, Exercise 5, p. 360, Algebraic Number Theory, Academic Press, London, 1967.
  • [3] J.-L. Colliot-Thélène et J.-J. Sansuc, La R-équivalence sur les tores, Ann. Sci. Éc. Norm. Sup. 4ème Série 10 (1977) 175–229.
  • [4] J.-L. Colliot-Thélène et J.-J. Sansuc, La descente sur les variétés rationnelles, II. Duke Math. J. (1987).
  • [5] J.-L. Colliot-Thélène et J.-J. Sansuc, Principal homogeneous spaces under flasque tori: applications, Journal of Algebra 106 (1987) 148–205.
  • [6] J.-L. Colliot-Thélène, D. Harari et A. N. Skorobogatov, Valeurs d’un polynôme à une variable représentés par une norme, in “Number Theory and Algebraic Geometry”, Miles Reid et Alexei Skorobogatov éd., London Mathematical Society Lecture Notes series 303 (2003) 69–89.
  • [7] P. Gille et T. Szamuely, Central simple algebras and Galois cohomology, Cambridge Studies in Advanced Mathematics 101. Cambridge University Press (2006).
  • [8] J.-J. Sansuc, Groupe de Brauer et arithmétique des groupes algébriques linéaires sur un corps de nombres, Journal für die reine und angew. Math. (Crelle) 327 (1981).
  • [9] J.-J. Sansuc, Séminaire de théorie des nombres de Bordeaux 1981-1982, exposé no. 33 (14 mai 1981).
  • [10] D. Wei, The unramified Brauer group of norm one tori, preprint 2012, arXiv:1202.4714v2 [math.NT]
  • [11] E. Witt, Über ein Gegenbeispiel zum Normensatz, Math. Z. 39 (1935) 462–467. Gesammelte Abhandlungen, Springer 1998, 63–68.