Note sur la continuité de la projection dans les facteurs de Host-Kra.

Jean-François Bertazzon111jeffbertazzon@gmail.com
Laboratoire dÕAnalyse, Topologie et Probabilités,

Aix-Marseille Université,
Avenue de l’escadrille Normandie-Niémen. 13397 Marseille, France
Résumé

B. Host et B. Kra introduisent dans [6] des facteurs caractéristiques pour l’étude de Çmoyennes ergodiques cubiquesÈ. Ces facteurs permettent en particulier de résoudre des problèmes de récurrence multiple introduits par H. Furstenberg dans [5]. Nous allons montrer que la continuité de la projection du système dans ses facteurs caractéristiques caractérisent la convergence des moyennes cubiques.

1 Introduction et résultat.

Soient 11\ell\geq 1 un entier et 𝔛=(X,𝒳,μ,T)𝔛𝑋𝒳𝜇𝑇\mathfrak{X}=(X,\mathcal{X},\mu,T) un système dynamique ergodique. Nous notons V={0,1}{(0,,0)}superscriptsubscript𝑉superscript0.10.0{V_{\ell}^{*}}=\{0,1\}^{\ell}\setminus\{(0,\ldots,0)\} et pour tous les \ell-uplets 𝜺=(ε1,,ε)𝜺subscript𝜀1subscript𝜀{\boldsymbol{\varepsilon}}=(\varepsilon_{1},\ldots,\varepsilon_{\ell}) et 𝒏=(n1,,n)𝒏subscript𝑛1subscript𝑛\boldsymbol{n}=(n_{1},\ldots,n_{\ell}), nous notons 𝜺𝒏=ε1n1++εn𝜺𝒏subscript𝜀1subscript𝑛1subscript𝜀subscript𝑛{\boldsymbol{\varepsilon}}\cdot\boldsymbol{n}=\varepsilon_{1}n_{1}+\cdots+\varepsilon_{\ell}n_{\ell}. Nous nous intéressons à la convergence des moyennes cubiques

1Nn1,,n=0N1𝜺Vf𝜺(T𝒏𝜺x),1superscript𝑁superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑛0𝑁1subscriptproduct𝜺superscriptsubscript𝑉subscript𝑓𝜺superscript𝑇𝒏𝜺𝑥\frac{1}{N^{\ell}}\sum\limits_{n_{1},\ldots,n_{\ell}=0}^{N-1}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}f_{\boldsymbol{\varepsilon}}\big{(}T^{\boldsymbol{n}\cdot{\boldsymbol{\varepsilon}}}x\big{)}, (1)

pour toutes les fonctions (f𝜺)𝜺Vsubscriptsubscript𝑓𝜺𝜺superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}} mesurables et bornées.

Pour tout entier 22\ell\geq 2, B. Host et B. Kra associent dans [6] au système ergodique 𝔛𝔛\mathfrak{X} un facteur =(Z,𝒵,μ,T)subscriptsubscript𝑍subscript𝒵subscript𝜇subscript𝑇\mathfrak{Z}_{\ell}=(Z_{\ell},\mathcal{Z}_{\ell},\mu_{\ell},T_{\ell}). Ce facteur est une limite projective (topologique et en mesure) de nilsystèmes d’ordre inférieur à \ell. Nous renvoyons à [7, 8] pour la définition des nilsystèmes. Pour toute fonction f𝑓absentf\in L(μ)1{}^{1}(\mu), nous notons 𝔼(f|)𝔼conditional𝑓subscript\mathbb{E}(f|\mathfrak{Z}_{\ell}) l’espérance conditionnelle de la fonction f𝑓f par rapport à la tribu image réciproque de 𝒵subscript𝒵\mathcal{Z}_{\ell} par l’application facteur de 𝔛𝔛\mathfrak{X} dans subscript\mathfrak{Z}_{\ell}. Ils montrent le résultat suivant :

Théorème 1 (B. Host & B. Kra [6]).

Soient (X,𝒳,μ,T)𝑋𝒳𝜇𝑇(X,\mathcal{X},\mu,T) un système dynamique ergodique et 22\ell\geq 2 un entier. Le facteur 1subscript1\mathfrak{Z}_{\ell-1} est caractéristique pour la convergence L2 des moyennes cubiques, dans le sens où pour toutes les fonctions mesurables et bornées (f𝛆)𝛆Vsubscriptsubscript𝑓𝛆𝛆superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}, les moyennes

1Nn1,,n=0N1𝜺Vf𝜺(T𝒏𝜺x) et 1Nn1,,n=0N1𝜺V𝔼(f𝜺|1)(T𝒏𝜺x)1superscript𝑁superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑛0𝑁1subscriptproduct𝜺superscriptsubscript𝑉subscript𝑓𝜺superscript𝑇𝒏𝜺𝑥 et 1superscript𝑁superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑛0𝑁1subscriptproduct𝜺superscriptsubscript𝑉𝔼conditionalsubscript𝑓𝜺subscript1superscript𝑇𝒏𝜺𝑥\frac{1}{N^{\ell}}\sum\limits_{n_{1},\ldots,n_{\ell}=0}^{N-1}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}f_{\boldsymbol{\varepsilon}}\big{(}T^{\boldsymbol{n}\cdot{\boldsymbol{\varepsilon}}}x\big{)}\mbox{ et }\frac{1}{N^{\ell}}\sum\limits_{n_{1},\ldots,n_{\ell}=0}^{N-1}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}\mathbb{E}\big{(}f_{\boldsymbol{\varepsilon}}|\mathfrak{Z}_{\ell-1}\big{)}\big{(}T^{\boldsymbol{n}\cdot{\boldsymbol{\varepsilon}}}x\big{)}

convergent pour la norme L(μ)2{}^{2}(\mu) lorsque N𝑁N tend vers l’infini, et ont la même limite.

De nombreux travaux concernent l’étude de la convergence des moyennes (1). Citons deux résultats que nous réutiliserons par la suite :

Théorème 2 (B. Host & B. Kra [7]).

Soient (X,𝒳,μ,T)𝑋𝒳𝜇𝑇(X,\mathcal{X},\mu,T) une limite projective topologique de nilsystèmes minimaux d’ordre fini et 22\ell\geq 2 un entier. Pour toutes les fonctions continues (f𝛆)𝛆Vsubscriptsubscript𝑓𝛆𝛆superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}, la suite de fonctions

1Nn1,,n=0N1𝜺Vf𝜺T𝒏𝜺 converge uniformément lorsque N tend vers l’infini.1superscript𝑁superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑛0𝑁1subscriptproduct𝜺superscriptsubscript𝑉subscript𝑓𝜺superscript𝑇𝒏𝜺 converge uniformément lorsque N tend vers l’infini.\frac{1}{N^{\ell}}\sum\limits_{n_{1},\ldots,n_{\ell}=0}^{N-1}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}f_{\boldsymbol{\varepsilon}}\circ T^{\boldsymbol{n}\cdot{\boldsymbol{\varepsilon}}}\mbox{ converge uniform\'{e}ment lorsque $N$ tend vers l'infini.}
Théorème 3 (I. Assani [2]).

Soient (X,𝒳,μ,T)𝑋𝒳𝜇𝑇(X,\mathcal{X},\mu,T) un système dynamique mesuré, 22\ell\geq 2 un entier et (f𝛆)𝛆Vsubscriptsubscript𝑓𝛆𝛆superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}} des fonctions mesurables et bornées sur X𝑋X. Alors, les moyennes cubiques (1) convergent presque sûrement. Nous noterons 𝒟(f𝛆:𝛆V)\mathcal{D}_{\ell}(f_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}) la fonction limite.

Si toutes les fonctions f𝜺subscript𝑓𝜺f_{\boldsymbol{\varepsilon}} sont égales à la même fonction f𝑓f, nous désignons par 𝒟(f)subscript𝒟𝑓\mathcal{D}_{\ell}(f) la \ell-ième fonction duale de f𝑓f.

Contrairement aux moyennes ergodiques Çde FurstenbergÈ (de la forme (1/N)0N1fTnfTkn1𝑁superscriptsubscript0𝑁1𝑓superscript𝑇𝑛𝑓superscript𝑇𝑘𝑛(1/N)\sum_{0}^{N-1}f\circ T^{n}\cdots f\circ T^{kn}), I. Assani remarqua dans [1] que la convergence des moyennes cubiques se généralisait au cas de transformations qui ne commutent pas (voir par exemple [4] pour une généralisation du théorème 3).

Soient X𝑋X un espace compact et μ𝜇\mu une mesure borélienne sur X𝑋X. Alors une fonction f𝑓f sur X𝑋X est dite essentiellement continue sÕil existe une fonction continue fsuperscript𝑓f^{\prime} sur X𝑋X égale à f𝑓f pour μ𝜇\mu-presque tout point.

Soient (X,T)𝑋𝑇(X,T) et (Y,S)𝑌𝑆(Y,S) des systèmes topologiques, et μ𝜇\mu et ν𝜈\nu des mesures invariantes respectivement sur X𝑋X et Y𝑌Y. Une application facteur au sens mesurable π:XY:𝜋maps-to𝑋𝑌\pi:X\mapsto Y est dite essentiellement continue sÕil existe une application facteur au sens topologique πsuperscript𝜋\pi^{\prime} telle que π𝜋\pi et πsuperscript𝜋\pi^{\prime} coïncident μ𝜇\mu-presque partout.

On remarque que dans ces définitions, on suppose seulement que f𝑓f et π𝜋\pi sont déÞnies presque partout. Si le support topologique de la mesure μ𝜇\mu est égal à X𝑋X, alors f𝑓f (resp. π𝜋\pi) détermine fsuperscript𝑓f^{\prime} (resp. πsuperscript𝜋\pi^{\prime}) de façon unique.

Nous montrons le résultat suivant.

Théorème 4.

Soient 𝔛=(X,d,T)𝔛𝑋𝑑𝑇\mathfrak{X}=(X,d,T) un système dynamique topologique et \ell un entier. Soit μ𝜇\mu une mesure ergodique invariante de support topologique dense dans X𝑋X.

Alors la projection dans le (1)1(\ell-1)-ième facteur de Host-Kra est essentiellement continue si et seulement si pour toutes les fonctions mesurables et bornées (f𝛆)𝛆Vsubscriptsubscript𝑓𝛆𝛆superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}, les moyennes cubiques (1) convergent presque partout vers une fonction limite essentiellement continue.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles il est intéressant de considérer des systèmes topologiques pour lesquels la projection dans ces facteurs sont continues. Que ce soit pour des questions de convergence de moyennes ergodiques pondérées [7], pour l’étude de systèmes pour lesquels les applications duales de toutes les fonctions continues sont continues [8], ou pour l’étude de suites universellement bonnes pour la convergence en moyenne de moyennes ergodiques multiples [9].

Notons que pour tout entier \ell, nous pouvons déduire directement du travail de B. Weiss [11, 12] que tout système ergodique est conjugué en mesure à un système minimal et uniquement ergodique tel que la projection dans son \ell-ième facteur de Host-Kra est continue.

Nous ne savons pas à l’heure actuelle si les moyennes (1) convergent partout (et uniformément) lorsque le système est minimal et uniquement ergodique et que la projection dans le (1)1(\ell-1)-ième facteur de Host-Kra est continue.

2 Preuve du théorème 4.

2.1 Supposons que la projection π1subscript𝜋1\pi_{\ell-1} de 𝔛𝔛\mathfrak{X} dans 1subscript1\mathfrak{Z}_{\ell-1} est continue.

Fixons dans toute cette preuve 21superscript212^{\ell}-1 fonctions mesurables et bornées (f𝜺)𝜺Vsubscriptsubscript𝑓𝜺𝜺superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}. Nous notons également f~𝜺subscript~𝑓𝜺\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}} la fonction mesurable définie presque partout sur Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1}, telle que pour tout 𝜺V𝜺superscriptsubscript𝑉{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}} et pour μ𝜇\mu-presque tout point x𝑥x de X𝑋X, f~𝜺π1(x)=𝔼(f𝜺|1)(x)subscript~𝑓𝜺subscript𝜋1𝑥𝔼conditionalsubscript𝑓𝜺subscript1𝑥\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}}\circ\pi_{\ell-1}(x)=\mathbb{E}(f_{\boldsymbol{\varepsilon}}|\mathfrak{Z}_{\ell-1})(x). Quitte à redéfinir ces fonctions sur des sous-ensembles dont la mesure est nulle, nous pouvons supposer qu’elles sont définies partout et qu’elles vérifient :

sup{|𝔼(f𝜺|1)(x)|;xX}=sup{|f~𝜺(ζ)|;ζZ1}=sup{|f𝜺(x)|;xX}.\sup\left\{\left|\mathbb{E}\big{(}f_{\boldsymbol{\varepsilon}}|\mathfrak{Z}_{\ell-1}\big{)}(x)\right|;x\in X\right\}=\sup\left\{\left|\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}}(\zeta)\right|;\zeta\in Z_{\ell-1}\right\}=\sup\left\{\left|f_{\boldsymbol{\varepsilon}}(x)\right|;x\in X\right\}.

Comme l’a déjà observé I. Assani dans [2], on déduit directement des théorèmes 1 et 3 que le facteur 1subscript1\mathfrak{Z}_{\ell-1} est caractéristique pour la convergence presque sûre des moyennes cubiques de taille \ell, c’est-à-dire :

𝒟(f𝜺:𝜺V)=𝒟(f~𝜺;𝜺V)π1 pour μ-presque tout point.\mathcal{D}_{\ell}(f_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}})=\mathcal{D}_{\ell}(\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}};{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}})\circ\pi_{\ell-1}\mbox{ pour $\mu$-presque tout point.} (2)

L’application π1subscript𝜋1\pi_{\ell-1} est continue par hypothèse, il ne reste plus qu’à montrer que la fonction 𝒟(f~𝜺;𝜺V)subscript𝒟subscript~𝑓𝜺𝜺superscriptsubscript𝑉\mathcal{D}_{\ell}(\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}};{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}) est essentiellement continue.

Pour tout entier n𝑛n et 𝜺V𝜺superscriptsubscript𝑉{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}, on fixe une fonction continue f~𝜺(n)subscriptsuperscript~𝑓𝑛𝜺\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}} sur Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1}, bornée par f~𝜺subscriptnormsubscript~𝑓𝜺||\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}}||_{\infty} et égale à f~𝜺(n)subscriptsuperscript~𝑓𝑛𝜺\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}} à part peut-être sur un ensemble A~𝜺(n)subscriptsuperscript~𝐴𝑛𝜺\tilde{A}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}} de mesure inférieur à 1/2n+11superscript2𝑛11/2^{n+1}. Soit Z10superscriptsubscript𝑍10Z_{\ell-1}^{0} l’ensemble des points génériques pour les fonctions 𝟙(A~𝜺(k))1subscriptsuperscript~𝐴𝑘𝜺\mathds{1}(\tilde{A}^{(k)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}), et n𝑛n et m𝑚m deux entiers.

Pour tous les points de Z10superscriptsubscript𝑍10Z_{\ell-1}^{0}, puisque les fonctions f~𝜺(n)subscriptsuperscript~𝑓𝑛𝜺\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}} et f~𝜺(n+m)subscriptsuperscript~𝑓𝑛𝑚𝜺\tilde{f}^{(n+m)}_{\boldsymbol{\varepsilon}} diffèrent sur un ensemble de taille au plus 2/2n+12superscript2𝑛12/2^{n+1}, on trouve :

|𝒟(f~𝜺(n+m):𝜺V)(x)𝒟(f~𝜺(n):𝜺V)(x)|12n𝜺V||f𝜺||.\left|\mathcal{D}_{\ell}\big{(}\tilde{f}^{(n+m)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}\big{)}(x)-\mathcal{D}_{\ell}\big{(}\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}\big{)}(x)\right|\leq\frac{1}{2^{n}}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}||f_{\boldsymbol{\varepsilon}}||_{\infty}.

Mais puisque les fonctions 𝒟(f~𝜺(n):𝜺V)\mathcal{D}_{\ell}(\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}) sont continues par le théorème 2 et puisque la mesure μ𝜇\mu a un support dense, la relation précédente se réécrit

||𝒟(f~𝜺(n+m):𝜺V)𝒟(f~𝜺(n):𝜺V)||12n𝜺V||f𝜺||.\left|\left|\mathcal{D}_{\ell}(\tilde{f}^{(n+m)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}})-\mathcal{D}_{\ell}(\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}})\right|\right|_{\infty}\leq\frac{1}{2^{n}}\prod\limits_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}||f_{\boldsymbol{\varepsilon}}||_{\infty}.

Il est alors clair que la fonction 𝒟(f~𝜺:𝜺V)\mathcal{D}_{\ell}\big{(}\tilde{f}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}\big{)} est égale presque partout à la limite uniforme de la suite de fonctions 𝒟(f~𝜺(n):𝜺V)\mathcal{D}_{\ell}\big{(}\tilde{f}^{(n)}_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}\big{)}. C’est donc en particulier une fonction essentiellement continue.

2.2 Supposons que pour toutes les fonctions mesurables et bornées (f𝜺)𝜺Vsubscriptsubscript𝑓𝜺𝜺superscriptsubscript𝑉(f_{\boldsymbol{\varepsilon}})_{{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}}, les fonctions limites 𝒟(f𝜺:𝜺V)\mathcal{D}_{\ell}(f_{\boldsymbol{\varepsilon}}:{\boldsymbol{\varepsilon}}\in{V_{\ell}^{*}}) sont essentiellement continues.

Afin de simplifier les notations, nous supposons que l’application facteur π1subscript𝜋1\pi_{\ell-1} de 𝔛𝔛\mathfrak{X} dans 1subscript1\mathfrak{Z}_{\ell-1} est déÞnie partout.

Choisissons une famille dénombrable de fonctions continues (gn)nsubscriptsubscript𝑔𝑛𝑛(g_{n})_{n} dense dans l’ensemble des fonctions continues 𝒞(Z1)𝒞subscript𝑍1\mathcal{C}(Z_{\ell-1}) pour la norme uniforme. Par hypothèse, chacune des fonctions 𝒟(gnπ1)subscript𝒟subscript𝑔𝑛subscript𝜋1\mathcal{D}_{\ell}(g_{n}\circ\pi_{\ell-1}) est essentiellement continue sur X𝑋X. Par l’équation (2), cette fonction est égale μ𝜇\mu-presque partout à 𝒟(gn)π1subscript𝒟subscript𝑔𝑛subscript𝜋1\mathcal{D}_{\ell}(g_{n})\circ\pi_{\ell-1} .

Il existe donc un sous-ensemble mesurable X0subscript𝑋0X_{0} de mesure nulle pour μ𝜇\mu tel que pour tout entier n𝑛n, il existe donc une fonction continue hnsubscript𝑛h_{n} sur X𝑋X telle que pour tout xXX0𝑥𝑋subscript𝑋0x\in X\setminus X_{0}, 𝒟(gn)π1(x)=hn(x)subscript𝒟subscript𝑔𝑛subscript𝜋1𝑥subscript𝑛𝑥\mathcal{D}_{\ell}(g_{n})\circ\pi_{\ell-1}(x)=h_{n}(x).

Mais la sous-algèbre engendrée par les fonctions 𝒟(g)subscript𝒟𝑔\mathcal{D}_{\ell}(g), où g𝑔g est une fonction continue sur Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1} est dense dans 𝒞(Z1)𝒞subscript𝑍1\mathcal{C}(Z_{\ell-1}) pour la norme uniforme [7, 8]. Donc pour toute fonction continue g𝑔g sur Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1}, il existe une fonction continue hh sur X𝑋X telle que

pour tout point xXX0gπ1(x)=h(x).pour tout point xXX0𝑔subscript𝜋1𝑥𝑥\mbox{pour tout point $x\in X\setminus X_{0}$, }g\circ\pi_{\ell-1}(x)=h(x). (3)

Puisque la mesure μ𝜇\mu a un support dense dans X𝑋X, l’ensemble X0subscript𝑋0X_{0} est d’intérieur vide. En particuliers, deux fonctions continues qui coïncident sur l’ensemble X0subscript𝑋0X_{0} sont égales. Plus précisemment si f𝑓f et g𝑔g sont deux fonctions continues sur X𝑋X, sup{|f(x)g(x)|;xXX0}=fgsupremum𝑓𝑥𝑔𝑥𝑥𝑋subscript𝑋0subscriptnorm𝑓𝑔\sup\left\{|f(x)-g(x)|;x\in X\setminus X_{0}\right\}=||f-g||_{\infty}. La fonction hh associée à g𝑔g en (3) est unique, nous la notons Φ(g)Φ𝑔\Phi(g).

Par unicité, l’application ΦΦ\Phi ainsi définie est compatible avec l’addition et la multiplication des fonctions. De plus, elle préserve la norme. On en déduit qu’il existe une application continue π1superscriptsubscript𝜋1\pi_{\ell-1}^{\prime} de X𝑋X dans Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1} telle que pour toute fonction continue g𝑔g sur Z1subscript𝑍1Z_{\ell-1}, Φ(g)=gπ1Φ𝑔𝑔superscriptsubscript𝜋1\Phi(g)=g\circ\pi_{\ell-1}^{\prime}. On déduit de (2) que π1=π1subscript𝜋1superscriptsubscript𝜋1\pi_{\ell-1}=\pi_{\ell-1}^{\prime} presque partout.

Il ne suffit alors plus qu’à vérifier que par unicité Φ(gT)=Φ(g)T1Φ𝑔𝑇Φ𝑔subscript𝑇1\Phi(g\circ T)=\Phi(g)\circ T_{\ell-1} pour s’assurer que π1superscriptsubscript𝜋1\pi_{\ell-1}^{\prime} est une application facteur topologique. ∎

3 Généralisation du théorème de Wiener-Wintner.

Dans [7], B. Host et B. Kra généralisent le théorème de Wiener-Wintner de la manière suivante :

Théorème 5 (B. Host & B. Kra [7]).

Soient \ell un entier et 𝔛=(X,d,T)𝔛𝑋𝑑𝑇\mathfrak{X}=(X,d,T) un système topologique minimal et uniquement ergodique tel que la projection dans son \ell-ième facteur de Host-Kra est essentiellement continue.

Soient f0subscript𝑓0f_{0} une fonction continue sur X𝑋X, G𝐺G un groupe de Lie nilpotent d’ordre inférieur à \ell, ΓΓ\Gamma un sous-groupe co-compact de G𝐺G, g0:G/Γ:subscript𝑔0𝐺Γg_{0}:G/\Gamma\to\mathbb{C} une fonction continue et y0subscript𝑦0y_{0} un point de G𝐺G.

 Alors, la fonction xlimN1Nn=0N1f0(Tnx)g0(y0nΓ) est définie partout.maps-to Alors, la fonction 𝑥subscript𝑁1𝑁superscriptsubscript𝑛0𝑁1subscript𝑓0superscript𝑇𝑛𝑥subscript𝑔0superscriptsubscript𝑦0𝑛Γ est définie partout\mbox{ Alors, la fonction }x\mapsto\lim\limits_{N\to\infty}\frac{1}{N}\sum\limits_{n=0}^{N-1}f_{0}(T^{n}x)\cdot g_{0}(y_{0}^{n}\Gamma)\mbox{ est d\'{e}finie partout}. (4)

Nous proposons de préciser ce résultat de la manière suivante :

Proposition 1.

Sous les hypothèses du théorème 5, la fonction définie en (4) est continue.

Nous ne savons pas si la continuité des fonctions limites (4) caractérise la continuité de la projection dans les facteurs de Host-Kra.

Preuve de la proposition 1.

Nous nous plaçons sous les hypothèses du théorème 5. Nous fixons une fonction continue f0subscript𝑓0f_{0} définie sur X𝑋X ainsi qu’une fonction continue g0:G/Γ:subscript𝑔0𝐺Γg_{0}:G/\Gamma\to\mathbb{C}, ou G/Γ𝐺ΓG/\Gamma est une nilvariété d’ordre inférieur à \ell. Nous fixons de plus y0Gsubscript𝑦0𝐺y_{0}\in G.

Nous définissons les fonctions Fsubscript𝐹F_{\infty} et FNsubscript𝐹𝑁F_{N} pour tout entier N𝑁N, de X𝑋X dans (,||||)(\ell^{\infty}_{\mathbb{C}},||\cdot||_{\infty}) par :

FN(x)=(1Nn=0N1f0(Tnx)g0(y0n+mΓ))m et F(x)=(limN1Nn=0N1f0(Tnx)g0(y0n+mΓ))m.subscript𝐹𝑁𝑥subscript1𝑁superscriptsubscript𝑛0𝑁1subscript𝑓0superscript𝑇𝑛𝑥subscript𝑔0superscriptsubscript𝑦0𝑛𝑚Γ𝑚 et subscript𝐹𝑥subscriptsubscript𝑁1𝑁superscriptsubscript𝑛0𝑁1subscript𝑓0superscript𝑇𝑛𝑥subscript𝑔0superscriptsubscript𝑦0𝑛𝑚Γ𝑚F_{N}(x)=\left(\frac{1}{N}\sum\limits_{n=0}^{N-1}f_{0}(T^{n}x)\cdot g_{0}(y_{0}^{n+m}\Gamma)\right)_{m\in\mathbb{Z}}\mbox{ et }F_{\infty}(x)=\left(\lim_{N\to\infty}\frac{1}{N}\sum\limits_{n=0}^{N-1}f_{0}(T^{n}x)\cdot g_{0}(y_{0}^{n+m}\Gamma)\right)_{m\in\mathbb{Z}}.

Si la fonction définie en (4) n’est pas continue en un certain point xsubscript𝑥x_{\infty}, alors il existe ε0>0subscript𝜀00\varepsilon_{0}>0 et une suite (xk)ksubscriptsubscript𝑥𝑘𝑘(x_{k})_{k} d’éléments de X𝑋X convergeant vers xsubscript𝑥x_{\infty} tels que pour tout entier k𝑘k, F(xk)F(x)ε0subscriptnormsubscript𝐹subscript𝑥𝑘subscript𝐹subscript𝑥subscript𝜀0\left||F_{\infty}(x_{k})-F_{\infty}(x_{\infty})\right||_{\infty}\geq\varepsilon_{0}.

Nous pouvons alors remarquer que pour tout couple de points (x,x)𝑥superscript𝑥(x,x^{\prime}) de X2superscript𝑋2X^{2}, la fonction Fsubscript𝐹F_{\infty} vérifie F(Tx)F(Tx)=F(x)F(x)subscriptnormsubscript𝐹𝑇𝑥subscript𝐹𝑇superscript𝑥subscriptnormsubscript𝐹𝑥subscript𝐹superscript𝑥||F_{\infty}(Tx)-F_{\infty}(Tx^{\prime})||_{\infty}=||F_{\infty}(x)-F_{\infty}(x^{\prime})||_{\infty}. Mais puisque le point xsubscript𝑥x_{\infty} est transitif, alors la fonction limite Fsubscript𝐹F_{\infty} n’est continue en aucun point.

D’autre part, puisque chaque fonction FNsubscript𝐹𝑁F_{N} est continue, la fonction limite Fsubscript𝐹F_{\infty} admet par le théorème de la limite simple de Baire au moins un point de continuité ; ce qui est absurde. ∎

Remerciements. Je voudrais remercier B. Host pour son aide dans la préparation de cette note.

Références

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  • [5] H. Furstenberg. Ergodic behavior of diagonal measures and a theorem of Szemerédi on arithmetic progressions. J. Analyse Math., 31 (1977), 204–256.
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  • [12] B. Weiss. Single orbit dynamics. CBMS Regional Conference Series in Mathematics, 95 Amer. Math. Soc. (2000).