Condensation de tachyon dans le système brane-antibrane

Flavien KIEFER
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THÈSE DE DOCTORAT DE
l’UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE

Spécialité

Physique Théorique

École doctorale ED107 de la Région Parisienne

Présentée par

Flavien KIEFER

Pour obtenir le grade de

DOCTEUR de l’UNIVERSITÉ PIERRE ET MARIE CURIE

Sujet de la thèse :

Condensation de tachyon dans le système brane-antibrane

Laboratoires de rattachement

  • \bullet

    Institut d’Astrophysique de Paris,
    98bis Bd Arago, 75014 Paris, France
    Unité mixte de Recherche 7095, CNRS – Université Pierre et Marie Curie

  • \bullet

    LPTENS, École Normale Supérieure,
    24 rue Lhomond, 75231 Paris cedex 05, France
    Unité mixte de Recherche du CNRS et de l’École Normale Supérieure associée à l’Université Pierre et Marie Curie, UMR 8549.

Mots-clés

Théorie des cordes, Tachyon, Brane, Théorie des champs conforme, Fonction de partition, Action effective.

Keywords

String theory, Tachyon, Brane, Conformal field theory, Partition function, Effective action.

Résumé

En théorie des supercordes de type II, la paire brane-antibrane séparée admet dans son spectre de corde ouverte un tachyon bi-fondamental pour toute séparation <π2α𝜋2superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}}. La dynamique de ce système serait décrite par l’action effective de Garousi [47] en tout 00\ell\neq 0. Notre étude montre que le domaine de validité de cette action concerne exclusivement des condensations de tachyon spatiales. Des études précédentes menées par Bagchi et Sen [7] ont montré l’existence dans le domaine sous-critique partiel <πα𝜋superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{\alpha^{\prime}} d’une théorie conforme (CFT) décrivant une condensation dynamique à distance constante, appelée tachyon roulant. Nous montrons que cette CFT existe en vérité sur l’ensemble du domaine tachyonique. Grâce à cette démonstration, i) nous prouvons que le domaine de validité de l’action de Garousi ne peut pas inclure de condensations de tachyons temporelles et ii) nous justifions le calcul de la fonction de partition le long du tachyon roulant pour tout <π2α𝜋2superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}}. En utilisant une méthode proposée par Kutasov et Niarchos [77], nous déterminons une action effective quadratique pour les champs de tachyon et de distance, au moins valable en tout \ell autour de la solution de tachyon roulant. Cette étude a été publiée dans Physical Review D [62]. Par ailleurs, nous avons étudié le modèle sigma non linéaire défini comme la déformation perturbative de la CFT du tachyon roulant. Les fonctions bêta du groupe de renormalisation, que nous avons obtenues, sont en accord avec les équations du mouvement de l’action effective quadratique proposée, confirmant ainsi son expression.

Abstract:
Tachyon condensation in brane-antibrane system

In superstring theory of type II, the separated brane-antibrane pair admits a bi-fundamental tachyon in its open string spectrum, for any separation <π2α𝜋2superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}}. The dynamics of this system would be described by the Garousi’s effective action [47] for any 00\ell\neq 0. Our study shows however that the domain of validity of this action only includes space-like tachyon condensation. Previous studies led by Bagchi and Sen [7] showed the existence, in the partial sub-critical domain <πα𝜋superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{\alpha^{\prime}} of a conformal field theory (CFT) describing a dynamical condensation at static distance, called rolling tachyon. We show this CFT actually exists on the whole tachyonic domain. Thanks to this demonstration, i) we prove that the domain of validity of Garousi’s action excludes time-dependent tachyon condensation and ii) we justify the computation of the partition fonction along the rolling tachyon for all <π2α𝜋2superscript𝛼\ell<\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}}. Using a method proposed by Kutasov and Niarchos [77], we determine a quadratic effective action for the tachyon and distance fields, at least valid in the whole tachyonic domain around the rolling tachyon solution. This study has led to the publication of an article [62] in Physical Review D. In addition, we studied the non linear sigma model of perturbative deformations along the rolling tachyon CFT. The beta-function of the renormalization group, that we obtained, are in good agreement with the equations of movement derived from the proposed quadratic effective action. This stands as an independent confirmation of its expression.

Remerciements

Avant toute chose, je souhaite adresser mes remerciements aux membres du jury : aux rapporteurs Massimo Bianchi et Volker Schomerus pour l’analyse attentive et minitieuse de mon travail et de ma rédaction, aux examinateurs Vladimir Dotsenko et Marios Petropoulos, pour l’attention critique qu’ils ont portée au contenu de ma thèse et de ma présentation.

Je souhaite exprimer toute ma gratitude à mes co-directeurs de thèse Dan Israel et Costas Kounnas pour leur soutien et leur disponibilité qui m’ont permis de développer en profondeur et avec esprit critique mon travail de thèse. Je suis très reconnaissant à Dan de m’avoir suivi de près pendant ces quatre ans, d’avoir su être présent et à mon écoute, et d’avoir sauvé ma quatrième année en me conseillant auprès du Pr. Eliezer Rabinovici. Je remercie Costas pour ses recommandations et ses encouragements, quand bien même les échanges furent moins réguliers.

Je voudrais remercier très sincèrement Laurent Vigroux ainsi que tout le personnel de l’institut d’astrophysique de Paris qui m’ont fait un accueil chaleureux et m’ont accepté au sein du Conseil du Laboratoire, puis m’ont soutenu et encouragé. En particulier, je resterai toujours reconnaissant pour le soutien financier du laboratoire au début de la quatrième année sans lequel je n’aurais jamais pu continuer la thèse puis la soutenir. Un grand merci au GReCO pour l’accueil dans l’équipe.

Je remercie également l’équipe du laboratoire de physique théorique de l’Ecole Normale, et en particulier les professeurs dont j’ai suivi les cours en master qui m’ont guidé vers cette thèse. Je suis également très reconnaissant pour le soutien financier que le LPT m’a accordé pour mes diverses missions.

I would like to acknowledge all my gratitude to Pr. Eliezer Rabinovici for having invited me at the Racah Institute of Jerusalem, and supported me, financially and scientifically. These six months were hard and workful, with my time shared between writing the thesis, working with Stefano on the project you supervised, and also visiting a bit Israel. But the quality of the results was, definitely, worth the effort.

I would like also to address a consequent part of my thanks to Stephano, Bjarke, Roberto, Latif and Ofek for this very nice time in Jerusalem. I am especially grateful to Roberto for having hosted me at the beginning of my stay in Jerusalem.

My thanks go also to Mathias Gaberdiel, Jan Troost and Vladimir Dotsenko for the very enlighting discussions that helped us completing our researches.

Je souhaite également adresser mes remerciements à David Langlois et Sébastien Renaux-Petel suite à nos nombreuses discussions, qui auraient pu aboutir à un projet de collaboration. La tournure des résultats nous a cependant amené à développer indépendamment le contenu de cette thèse. Mais l’apport de nos discussions à ce travail est conséquent.

Par ailleurs, je voudrais remercier l’ensemble des équipes d’organisateurs bénévoles de la conférence de jeunes chercheurs franco-anglaise SCGSC (initialement SCSC) qui se déroule tous les ans alternativement à Paris et à Londres. En particulier, merci à Marc pour avoir transmis le ”bébé” à Blaise et moi, merci aussi à Enrico et Francesco pour avoir repris le flambeau l’année suivante et l’avoir transmis ensuite aux générations suivantes. Au nom des organisateurs, j’adresse ma gratitude à Jean-Bernard Zuber, président de la FRIF qui accepte chaque année de financer cette conférence, ainsi qu’aux ambassades française et anglaise de Londres et Paris qui accordent régulièrement des financements aux organisateurs.

Je suis en outre reconnaissant envers mes étudiants des LM100, LP104 et LP111b qui furent mes cobayes de monitorat ; merci également aux équipes d’enseignement de ces UE. Au passage, je voudrais exprimer ma gratitude à l’équipe de l’association Paris-Montagne qui organise la Science Académie chaque année pour les lycéens motivés par la science en les invitant à effectuer des stages dans les laboratoires. Ce fut une belle découverte et un excellent exercice de vulgarisation que d’accueillir, avec l’aide de mes collègues, ces quelques lycéens.

Ce manuscrit de thèse serait bien pauvre dans sa rédaction si tous les membres de mon équipe de relecteurs assidus ne s’étaient pas désignés volontaires – d’office pour certains – pour corriger des fichiers-texte minés de codes mystérieux : mes parents, Aline et Jacques, mes soeurs, Eloïse, avec son mari Vianney, et Violaine, ma cousine Charline ainsi que parmi mes amis, Amandine et Amélie. Merci d’avoir été particulièrement attentifs sur toutes ces petites (et grosses) fautes d’orthographe et de syntaxe qui se sont glissées un peu partout dans ce manuscrit. Un exercice difficile, bravo !

Le soutien psychologique et financier de mes parents m’a permis de garder le cap durant ces quatre dernières années, mais aussi toutes les précédentes qui me menèrent jusqu’au doctorat. Je ne saurais jamais vous en être suffisamment reconnaissant. Sans vous, autant dire que je ne serais pas là à présenter cette thèse.

Mes soeurs m’ont également apporté un soutien remarquable et sans faille pendant la thèse. Je vous en remercie infiniment, ainsi qu’aux p’tits bouts d’choux d’Eloïse et Vianney : mon neveu Grégoire 2 ans et ma nièce Armelle née le 1er mars 2012, qui sont arrivés en cours de thèse pour rayonner de vie et redonner espoir et sourire à leur tonton pendant des moments difficiles de son travail.

Je suis aussi particulièrement reconnaissant à ma cousine Charline qui m’a chaleureusement supporté, encouragé et réconforté dans les nombreux moments de doutes, à grand renfort de joie et de positivisme très efficaces.

J’adresse un grand merci à tous mes collègues thésards de l’IAP pour l’excellente ambiance au laboratoire garantie par leur bonne humeur quotidenne, mais également les YMCA (et YTA), les pauses-déjeuner, les pauses-café, les soirées animées, les nombreuses bières absorbées – on est étudiant ou on ne l’est pas – et enfin les nombreuses discussions physico-philosophico-politico-économico-idiotico-alcolo-scientifiques. D’abord mes chers co-bureaux dans l’ordre chronologique depuis 2008 : Larissa, Komiko, Nicolas, Raphael, Anne et finalement Sylvain. Puis mes chers co-muraux du Buralland : Camila, Isabelle, Typhaine, Alexandre, Jacoppo et pas beaucoup plus loin Ophélia. Toute ma gratitude va aussi à Typhaine qui a bien voulu m’aider à l’impression de la thèse à distance et qui a brillament rempli sa mission !

Je souhaite remercier très chaleureusement Florence pour m’avoir choisi comme confident de ses mésaventures thésardes (et autres) en plus d’être une excellente amie, en particulier pour avoir aussi écouté les miennes. Merci aussi à Mélody, Romain S., Romain L. et Sophie. Enfin, je remercie bien fort Camila et Isabelle avec Jérome, Benjamin, Hakim et Jean, pour tous les moments incroyables passés ensemble durant ces quatre ans de thèse, des couloirs du labo aux quais de Seine. Une pensée et une larme (pas forcément de tristesse) pour les (trop) nombreuses photos qui ont immortalisé certains clichés.

Je suis également très reconnaissant envers Alejandro pour la coïncidence incroyable qui a fait que tu as eu besoin d’un appartement exactement au moment où je recherchais un sous-locataire. Je te remercie aussi pour tous les services que tu m’as rendu pendant ces six mois, malgré les quelques problèmes de connexions internet.

Merci aussi à tous mes anciens camarades étudiants du master de physique théorique qui se reconnaîtront.

Tous mes amis de longue date m’ont soutenu durant ces quatre ans et je leur en suis infiniment reconnaissant. Vous avez eu la bonne idée de vous installer à Paris au cours de ma thèse et de me distraire de mon travail assidu à base de pique-niques de quais et de parcs, de session boeuf guitare-basse, de balades parisiennes, de soirées tziganes, de raclettes, de barbecue, et j’en passe !…

Merci en particulier à mon ex-coloc’ bassiste Samuel et au clan féminin composé de Caroline, Gaëlle, Amélie, Anne-sophie, Julie et Mädeli. Un grand merci surtout à Caroline qui m’a hébergé lors de mon passage d’un mois à Paris en avril. J’ai eu un grand plaisir à te recevoir en retour à Jérusalem. C’était tellement incroyable de marcher ensemble sur les routes de Galilée et dans les rues de la vieille ville.

Merci aussi aux aulnaysiens partis bien loin de Paris : Olivier, Nicolas, Florent et Yohan.

Merci à l’ensemble du groupe de Bouafle : Alexandre, Amandine, Charlotte, Florie, Maximilien, Cécile et Quentin.

Merci aux Volcanic Butterflies (Jules, Nico’ et Mat’) pour ces concerts mémorables et ces répet’ ma foi fort bien calées – hell yeah !

Merci à Nicolas, Mickael, Raphael et Charline pour ces moments de purs délices passés à discuter économie de marché, politiques et autres fadaises portugolistiques.

Et enfin merci à la lyrique Géraldine qui m’a fait découvrir les lumières du Memphis…

Pour finir, je souhaite adresser moultes remerciements à tout le groupe de la section escalade de l’ASP6 et GCN. Je ne vais pas tous vous citer, mais j’espère rester encore longtemps en contact avec vous tous. Pendant ces trois dernières années, nous avons vécu tant d’aventures rocailleuses qui ont été essentielles à mon équilibre mental et physique. J’ai pu découvrir en même temps que mon travail, un sport qui rassemble l’ensemble des qualités et défauts d’une thèse : concentration et destabilisation, altitude et vertige, endurance et fatigue, rigueur et laisser-aller, travail et repos, mais aussi persévérance et donc patience et impatience. Ce sont aussi des instantanés gravés à jamais dans la tête et dans la pellicule.

Je suis d’ailleurs très reconnaissant envers Jean-François N’Guyen, mon cher kinésithérapeute, qui a su me garder en un seul morceau.

À ma nièce et mon neveu,

Armelle et Grégoire,

Première partie Préambule : de la théorie quantique des champs à la théorie des cordes

Depuis son introduction dans les années 60, sous l’impulsion de scientifiques tels que Veneziano, Gross, Scherk, Schwarz ou Polyakov, la théorie des cordes a vu son développement s’intensifier. D’abord appliquée à la modélisation des interactions fortes puis plus tard imaginée comme théorie fondamentale de l’univers, elle est peu à peu devenue incontournable dans le paysage de la physique théorique. C’est depuis les années 90 que la théorie recoit un gain d’intérêt phénoménal, depuis que l’on a découvert les D-branes. Depuis lors combien de dualités les mettant en jeu a-t-on découvert ? Faisant d’elles des éléments d’une importance colossale. Et pour cause, la plupart des modèles cosmologiques cordistes actuels se basent sur leur dynamique afin de trouver une origine cohérente et unifiante à l’univers. Mais nous découvrons de jour en jour de nouvelles particularités, de nouveaux objets, de nouvelles géométrie et notre connaissance actuelle de la théorie et de toutes ses implications semble encore très faible par rapport à l’étendue de ses ramifications.

Nous allons à présent partir des années 1900, période de grande ferveur scientifique, qui a vu se développer les théories grandioses que sont la mécanique quantique et la relativité restreinte et générale, survoler la période des années 30 à 70 pendant laquelle ont été élaborées les théories des particules relativistes, les théories quantiques des champs, pour arriver finalement à l’époque s’étalant des années 70 à nos jours en vue d’un des chefs d’oeuvre de la physique théorique et expérimentale moderne, le Modèle Standard des particules. Nous conclurons pourtant sur ses limitations et nous verrons avec quel naturel la théorie des cordes s’immisce dans le paysage de la physique fondamentale pour devenir aujourd’hui la théorie de premier plan. Nous l’introduirons très brièvement, puis nous présenterons dans ce cadre la problématique de la condensation de tachyon et enfin de cette thèse.

Mécanique quantique et relativité

L’histoire de la mécanique quantique et celle de la relativité ont débuté quasi simultanément au début du siècle dernier. Les avancées impressionnantes dans chacun de ces domaines ont amené les physiciens à s’interroger sur l’unification de ces deux théories.

Mécanique quantique

La première explique comment les particules de matière telles que les électrons, protons ou neutrons, émettent des ondes lumineuses – photons – tout en conservant l’unité de l’atome. Les travaux conjoints de Schrödinger, Heisenberg, Bohr, Dirac, De Broglie et Einstein – malgré leurs divergences d’opinion – convergent vers une formulation des lois physiques extrêmement mathématisée et usant d’un formalisme probabiliste et de théorie des groupes – espace de Hilbert, états, opérateurs et algèbres, fonctions d’onde…. La puissance de ce développement réside pourtant dans sa concision et son apparente clarté, malgré les mystères qu’il dévoile.

Les théoriciens découvrent que les particules de matière sont portées dans l’espace suivant la figure d’interférence d’un paquet d’ondes – c’est la dualité onde-corpuscule. La position de la particule, supposée alors ponctuelle, n’est ainsi jamais déterminée exactement au sein de ce paquet au point qu’on ne peut affirmer que la particule est vraiment portée par le paquet ou totalement dématérialisée dans les ondes. Pour cette raison, les lois physiques s’appliquent non pas à une particule suivant une trajectoire déterminée, mais à un ensemble d’ondes. Les pendants mathématiques de ces lois sont appelés des équations d’onde. Ainsi, la ”particule”, mesurable dans cet ensemble d’ondes sous la forme d’un agrégat ponctuel d’énergie, ne suivrait en réalité aucune trajectoire particulière entre son point d’émission et son point de réception. La résolution des équations d’onde montre une discrétisation – ou quantification – des valeurs des observables telles que l’énergie ou les moments cinétiques – spin et moment orbital par exemple. Le système quantique est alors décrit par un nombre fini ou infini d’états classés suivant la valeur de ces observables et représentés par des vecteurs (bra et ket). Dans ce formalisme, les lois physiques s’expriment à l’aide d’opérateurs linéaires agissant sur ces vecteurs d’états.

Testée théoriquement et expérimentalement, la théorie quantique est une révolution, mais laisse cependant de larges zones d’ombres. En particulier, comment concilier les visions antagonistes d’une matière à la fois onde et corpuscule ? Pourtant la description de l’atome en noyau et couches électroniques donne des accords expérimentaux excellents, jusqu’à l’observation directe. Et il a fallu pour cela abandonner l’intuition classique d’un corpuscule parfaitement localisé et de trajectoire déterminée ; mais abandonner aussi l’intuition que les mesures de la position et de l’impulsion d’une particule peuvent être simultanées.

Face à ces mystères, Dirac insistera pour ne pas chercher de représentation conforme à l’expérience humaine ; les lois atomiques défiant l’intuition, il faut suivre en aveugle la route que les mathématiques nous ouvre. Le lecteur pourra ouvrir l’excellent ouvrage de Cohen-tannoudji, Diu et Laloë [20].

Relativité restreinte et générale

La théorie de la relativité, introduite par Lorentz, Poincaré et Einstein – qui la développera considérablement – se base sur le constat expérimental que la valeur mesurée de la vitesse de la lumière est indépendante du référentiel galiléen d’observation. A cela s’ajoute le postulat que les lois de la physique ne doivent pas non plus dépendre du choix de ce référentiel. Autrement dit, par changement de référentiel galiléen, les lois physiques observées et la valeur de la vitesse de la lumière doivent être invariantes. Mathématiquement, Lorentz puis Poincaré démontrent que de tels changements de référentiel galiléen prennent la forme de transformations dites spéciales appelées aussi boost de Lorentz. Les lois physiques sont ensuite déterminées avec la contrainte de covariance, c’est-à-dire d’invariance de forme par transformation spéciale. Einstein développe le formalisme en introduisant les notions de simultanéité et de causalité, concepts extrêmement importants ayant permis d’unir l’espace et le temps en une seule entité géométrique : l’espace-temps, doté d’une structure causale. L’ensemble du formalisme constitue la relativité restreinte.

Einstein souhaitera généraliser le postulat de covariance des lois à l’ensemble des référentiels, y compris accélérés, passant ainsi de la relativité restreinte à la relativité générale. Constatant que la gravité peut être annulée par le truchement d’une accélération – principe d’équivalence – Einstein montrera que la gravité est localement un effet relativiste. Cet aspect de localité le conduira à considérer que l’espace-temps est localement déformé et que la gravité est totalement encodée dans cette géométrie. Toute la puissance de la géométrie Riemannienne vient renforcer cette nouvelle approche et conduit à mathématiser la physique à un niveau supérieur. Mieux encore, les mesures de la précession du périhélie de Mercure et les mesures d’Eddington sur la déformation des rayons lumineux appuient cette révolution ! La géométrie est réconciliée avec la physique et occupera désormais une place de maître dans la physique moderne. On pourra lire les ouvrages de Wald pour la relativité générale [130] et de Nakahara pour l’approche mathématique de la géométrie riemannienne [89].

Théorie quantique des champs et théories de jauge : la construction du Modèle Standard

Théorie quantique des champs

La théorie quantique des champs (TQC) est la fusion de ces deux concepts fondamentaux, à savoir la mécanique quantique et la relativité restreinte. Elle nous a permis de comprendre comment un photon se propage et comment un électron émet ces quanta d’onde électro-magnétique. C’est en 1925 que cette recherche est initiée par Heisenberg, Born et Jordan, plus tard complétée par Dirac. La description de ces particules nécessite de tenir compte à la fois de la mécanique quantique – les calculs doivent dépendre de la constante de Planck Planck-constant-over-2-pi\hbar – et de la relativité restreinte111D’un point de vue microscopique l’espace-temps est plat en première approximation. Une généralisation appelle une théorie microscopique de la gravitation, ce qui sera la théorie des cordes. puisque tout phénomène physique faisant intervenir des particules de vitesse quasi-luminique doit être modélisé par des lois covariantes de Lorentz. Ces recherches ont mené à exprimer en un formalisme très complet l’électrodynamique quantique. Grossièrement, l’électron est couplé au champ électromagnétique par sa charge électrique ; il émet et absorbe des quantas d’onde lumineuse (photon) et il est lui-même un quanta de champ – électronique ici. Ainsi, le processus dominant l’interaction entre des particules de matière chargées consiste en des échanges de photons222Cependant cette visualisation sera vraiment intégrée lorsque Feynman introduira ses diagrammes et lorsque la convergence perturbative de cette approche sera vérifiée.. Face au succès de cette théorie, les physiciens ont imaginé de l’adapter à tous les autres types d’interaction connus : interactions faible, forte et gravitationnelle.

Il était déjà très clair dés 1925 que les photons et les électrons revêtaient des natures bien différentes, ne satisfaisant pas à la même statistique. Le premier est un boson, c’est-à-dire il peut se superposer à un photon identique ; le deuxième est un fermion, c’est-à-dire il subit une règle d’exclusion – de Pauli – qui interdit toute superposition de particules rigoureusement identiques. En outre, le photon est un champ dont les degrés de liberté peuvent être représentés par ceux d’un quadrivecteur – appelé boson vecteur. Par ailleurs, les degrés de liberté du champ électronique étant régis par une statistique non triviale, il faut introduire un nouvel objet mathématique, le spineur. La généralisation de l’électrodynamique quantique à la théorie quantique des champs doit donc regrouper les bosons (scalaires, vecteurs, tenseurs…) et les fermions (spineurs) puis formaliser leur quantification en terme de particules – seconde quantification. Ainsi, dans le formalisme hamiltonien les champs sont décrits par des oscillateurs harmoniques et sont exprimés en termes d’opérateurs de création et d’annihilation de quantum à telle ou telle impulsion ou telle ou telle position. Suite aux travaux de Feynman dans les années 1950, le formalisme lagrangien, à travers l’introduction des intégrales de chemins, est généralisé au cas quantique et une approche plus statistique est envisagée, en même temps qu’un développement visuel fort – les diagrammes. Les interactions entre particules sont alors soumises à des poids statistiques qui privilégient tel ou tel processus, tel ou tel échange de particule. Cette approche renoue en quelque sorte avec la vision classique et déterministe dans le sens où – au niveau perturbatif – l’intégrale de chemins est une façon de moyenner sur tous les chemins possibles que pourrait prendre une particule pour se rendre d’un point A à un point B. La trajectoire classique est alors celle qui minimise le temps propre de propagation de la particule, mais les effets quantiques indiquent que la particule empreinte tous les chemins possibles à la fois. La théorie des perturbations directement associée à cette approche conduit à comprendre les interactions fondamentales comme relevant d’échanges de quanta de champ d’interaction entre les diverses particules de matière. Nous recommandons la lecture des ouvrages de Itzykson-Züber et de Peskin-Schroeder [63, 96] pour une introduction complète à la théorie quantique des champs. En complément, le lecteur pourra trouver d’importants développements dans les ouvrages de Weinberg [131, 132].

Théories de jauge, modèle standard et au-delà

La généralisation de l’électrodynamique quantique à l’ensemble des interactions a conduit les physiciens à analyser en profondeur les concepts liés aux interactions dites ”de jauge” telles que les interactions électro-magnétiques. En effet, outre sa qualité de boson-vecteur, le photon possède une symétrie interne, nommée symétrie de jauge. Or il s’avère indispensable que la théorie entière vérifie cette symétrie de façon à exprimer de manière cohérente les interactions du photon avec la matière fermionique. Dans le dessein final d’unifier l’ensemble des interactions, le choix a été fait de généraliser le concept de ”jauge” à tous les bosons d’interaction, devenant ainsi des bosons de jauge, introduisant respectivement les théories de jauge, chacune associée à un groupe de symétrie de jauge. Des résultats expérimentaux dans les grands accélérateurs de particules appuient cette intuition et fondent le Modèle Standard des interactions electro-faibles et fortes SU(3)×SU(2)×U(1)𝑆𝑈3𝑆𝑈2𝑈1SU(3)\times SU(2)\times U(1). Du côté théorique, les avancées mathématiques en géométrie différentielle permettent d’interpréter géométriquement la covariance de jauge d’une théorie en termes de fibrés. C’est une constatation importante dans le sens où, s’il ne faut pas forcément comprendre que l’origine de toutes les interactions est purement géométrique, pour le moins l’interaction gravitationnelle établie plus haut comme fondamentalement géométrique – c’est-à-dire associée à des transformations purement géométriques – peut être dérivée en terme d’interaction de jauge donc en terme de graviton. Sans aller aussi loin, les théories de jauge possèdent déjà des propriétés fantastiques, posant des contraintes de cohérence sur la théorie elle-même et introduisant de nouveaux objets, topologiques et donc non-perturbatifs : solitons, instantons etc. En ce qui concerne les théories de jauge et les aspects géométriques, le lecteur pourra lire la revue d’Eguchi et al. ainsi que les ouvrages de Nakahara et de Binetruy [28, 89, 15].

Le modèle standard offre une correspondance assez nette avec les résultats expérimentaux obtenus dans les grands accélérateurs de particules. Ultime particule hypothétique à découvrir, le Higgs est retors et semble se cacher indéfiniment des expérimentateurs – à moins que le LHC ne finisse par mettre très bientôt la main dessus. Mais il faudrait le trouver, car lui seul semble pouvoir expliquer les différences de masses entre les particules : entre les leptons, entre les bosons de jauge et entre les quarks. Bien qu’indispensable, il n’offre cependant pas la propriété la plus adéquate : sa masse est ajustée beaucoup trop précisément et sa masse nue extrêmement élevée, ce qui pose un problème de naturalité – naturalness problem. Il faut aller au-delà du modèle standard pour expliquer cette intrigante propriété, sans nécessairement mettre au rebut les théories de Higgs – ici intervient la supersymétrie qui résout en même temps le problème de naturalité et le problème de hiérarchie. Outre cet aspect, il faut de toute façon aller plus loin, car il semblerait que le modèle standard n’est qu’une théorie effective à basse énergie. En effet, trop de paramètres sont à ajuster, entre autre les constantes de couplages, dont celles entre le boson de higgs et les autres particules. Enfin, devant le succès de la théorie électro-faible d’unification de l’électromagnétisme et de l’interaction faible, tout porte à croire que les interactions électro-faibles et fortes doivent également être unifiées à un niveau d’énergie plus élevée – échelle de Grande Unification GUT.

Gravité quantique, supersymétrie et supergravité : vers la théorie des cordes

Le problème de la gravité

Finalement, que penser de la gravité ? Serait-ce, comme suggéré plus haut, une interaction de jauge ? Peut-on unifier la théorie quantique des champs et la relativité générale ? Malheureusement, un naïf modèle de gravité quantique ne fonctionne pas, car il présente des calculs pathologiques. En effet, les échanges de graviton à échelle infinitésimale ne sont pas contrôlés et donnent des probabilités infinies – non-renormalisables.

Des divergences UV similaires apparaissent dans le cadre du modèle standard. Le traitement appliqué pour traiter ces divergences se nomme renormalisation [134, 63]. La théorie – les paramètres – est ajustée de telle sorte que les résultats physiques sont finis, ce qui revient souvent à introduire des paramètres infinis – ce fameux ajustement fin. Il s’agit d’une méthode efficace, mais finalement peu satisfaisante dans le cadre du modèle standard : cet ajustement très précis pour des valeurs extrêmement élevées des paramètres de la théorie est trop artificiel. Cela va dans le sens de l’existence d’une théorie plus fondamentale. Ajoutons que ces paramètres ajustés sont des constantes de couplage ou des masses – dites nues. Tant que leur dimension est positive ou nulle, la théorie est dite renormalisable. Or c’est toujours le cas des constantes de couplages et des masses nues du modèle standard. Par conséquent, le modèle peut être testé expérimentalement, non pas dans ses paramètres fondamentaux – puisque ceux-ci sont ajustés – mais dans sa forme, son expression ; et il l’a été, positivement.

Ce faisant, la renormalisation n’est pas uniquement reliée à l’existence de résultats infinis. En particulier, dans les théories renormalisables, la renormalisation traduit un vrai processus physique. Ceci est mis en valeur par la méthode de renormalisation introduite par Wilson. Elle consiste à imposer une échelle UV physique ΛphyssubscriptΛ𝑝𝑦𝑠\Lambda_{phys} à la théorie, au-dessus de laquelle tous les effets quantiques perturbatifs ou non-perturbatifs doivent être intégrés. En vérité cette intégration-ci tient, pour sa part, compte d’un cut-off UV ΛmaxsubscriptΛ𝑚𝑎𝑥\Lambda_{max} qui pourrait être la limite à partir de laquelle telle théorie est supposée fausse donc les corrections non pertinentes. Dans le modèle standard, cette limite est typiquement MGUT1015GeVsimilar-tosubscript𝑀𝐺𝑈𝑇superscript1015𝐺𝑒𝑉M_{GUT}\sim 10^{15}\,GeV l’échelle d’énergie de la grande unification. L’échelle ΛphyssubscriptΛ𝑝𝑦𝑠\Lambda_{phys} en revanche correspond en général à l’énergie maximale atteinte dans un accélérateur, ou dans une expérience de collision particulière, par exemple, et elle est par définition inférieure à ΛmaxsubscriptΛ𝑚𝑎𝑥\Lambda_{max}. En ce sens, les couplages de la théorie – on parle de théorie effective – définie en-dessous de l’échelle maximale dépendent réellement de l’échelle physique, et cela est vérifié expérimentalement.

Dans la théorie des champs de la gravité, la constante de couplage ajustable serait la constante de Newton GNsubscript𝐺𝑁G_{N}. Or celle-ci est de dimension négative GN=Mp2subscript𝐺𝑁superscriptsubscript𝑀𝑝2G_{N}=M_{p}^{-2} en fonction de la masse de Planck Mp=1,22.1019GeVsubscript𝑀𝑝superscript1.221019GeVM_{p}=1,22.10^{19}\leavevmode\nobreak\ \text{GeV}. La théorie associée est donc non-renormalisable, c’est-à-dire qu’il existe une infinité de diagrammes UV-divergents à tous les ordres. Ceci indique que la théorie perturbative est effectivement mal définie pour les impulsions élevées ou de manière équivalente aux petites distances.

Il existerait deux solutions – voire une troisième – à ce problème :

  • i)

    Est-ce une pathologie du calcul perturbatif ? Auquel cas, peut-être faut-il envisager le problème dans une approche non-perturbative pour le résoudre. Il s’agit de la direction dans laquelle s’est engagée la gravité à boucle, qui connaît quelques succès.

  • ii)

    Ou bien est-ce une problème plus fondamental de la physique quantique ? C’est l’option qu’a choisi d’explorer la théorie des cordes, en proposant de résoudre le problème de divergence des interactions gravitationnelles en délocalisant les particules. Elles admettraient une structure microscopique de la forme d’une corde, de taille fixée spsimilar-tosubscript𝑠subscript𝑝\ell_{s}\sim\ell_{p} autour de la longueur de Planck p1,616.1034msubscript𝑝superscript1.6161034𝑚\ell_{p}\approx 1,616.10^{-34}\,m, échelle caractéristique de la gravité quantique. La théorie quantique des champs qui en découle est ainsi dotée d’une longueur, donc d’une échelle, minimale d’interaction. Autrement dit, la limite infinitésimale (UV) de la théorie est contrôlée naturellement.

  • iii)

    A-t-on réellement besoin d’une gravité quantique pour décrire nos observations  ? Jusqu’à quel point la mathématisation des phénomènes est possible  ? Autrement dit, faut-il bien que les modèles mathématiques soient cohérents d’un bout à l’autre et en dehors du champ d’observations ? Je n’irais pas plus loin dans cette problématique, car je ne connais aucune réponse si ce n’est des questions. Mais je la conçois personnellement comme une option.

La supersymétrie et la supergravité

L’apparente non-naturalité du modèle standard, en particulier l’ajustement fin des constantes de couplages et des masses – problème de hiérarchie – associée à la non-finitude de l’énergie du vide, ont amené les théoriciens à tendre vers un modèle mathématique mieux défini et plus naturel. Jusqu’à présent la théorie du modèle standard fonctionnait plutôt bien et l’accord aux expériences de collision très correct. Cependant, les observations astrophysiques donnent d’autres contraintes qui posent la question de la complétude du Modèle Standard. Il y a par exemple le problème de la matière noire : est-elle faite de neutrinos ? Il semble pourtant que les neutrinos soient observationnellement rejetés pour ce rôle-ci. Il faut donc ajouter de nouvelles particules qui ne couplent pas aux photons – on en trouverait dans l’extension supersymétrique du modèle standard MSSM par exemple. Il y a aussi le problème de la constante cosmologique qui d’après les dernières observations est infinitésimale, mais non nulle et positive. Dans une théorie couplée à la gravité cette constante correspond à l’énergie du vide. Or dans le cadre du modèle standard, sa valeur n’est absolument pas contrôlée et diverge.

En outre, il y a ce courant de pensée qui guide les théoriciens vers une explication purement mathématique de l’ensemble des choses. C’est une question vraiment profonde qu’il faut avoir en tête en allant plus en avant dans la théorisation. En se basant sur ce principe, que la Nature est mathématique, ou plus faiblement quasi-parfaitement décrite par les mathématiques, alors il faut que ce cadre soit tout à fait bien défini et que dynamiquement les choses y soient ” causes et conséquences ” les unes des autres sans que jamais il ne faille faire surgir quoique ce soit du néant. Le modèle standard ne satisfait pas à ce principe pour les raisons que nous avons dites : nombre de paramètres fondamentaux, ajustement fin et infinité de l’énergie du vide – sans compter les autres problèmes cosmologiques.

En étudiant la théorie des cordes et afin d’introduire des objets fermioniques dans l’espace-temps, les cordistes ont été amenés à introduire une supersymétrie. Brièvement, les cordes sont décrites par des surfaces sur lesquelles les coordonnées d’espace-temps deviennent des champs scalaires, des bosons. Or en introduisant naturellement des champs fermioniques – formulation de Green-Schwarz ou formulation RNS – on découvre qu’il existe une symétrie mélangeant ces fermions avec les bosons, alors appelée supersymétrie. Il s’en suit que le spectre de particules décrites par les cordes hérite – d’une certaine façon et nous verrons cela plus en détail par la suite – de cette supersymétrie qui se trouve être une propriété d’un univers cordiste contenant bosons et fermions  ; chaque boson admet un partenaire fermionique de même masse et vice-versa.

L’une des caractéristiques essentielles d’une théorie supersymétrique est l’annulation de l’énergie du vide en espace plat333C’est un premier pas vers son contrôle en espace courbe. entre les contributions des fermions et celles des bosons et une autre est la résolution du problème de hiérarchie grâce au théorème de non-renormalisation appliqué au boson de Higgs. Mais elle vient aussi avec son lot de problèmes et en particulier prédit l’existence de plus de particules qu’observées. La force du principe de mathématisation est que si un moyen de résoudre mathématiquement tel problème est découvert alors ç’en est une solution sérieusement envisageable. Pour ce cas-ci, on propose que la supersymétrie soit brisée à notre échelle, de telle sorte que les partenaires qui ne sont pas observés – jusqu’à aujourd’hui – sont suffisamment massifs pour ne pas être observables dans les gammes d’énergie accessibles dans la plupart des accélérateurs – mais peut-être pas au LHC ?

Bien que ce modèle nécessite encore de l’ajustement pour contrôler le degré de brisure de supersymétrie, ce n’est pas le même niveau d’ajustement que celui du modèle standard et le contrôle que l’on a dessus en fait un candidat vraiment sérieux. Mais encore, il faut aller plus loin et comprendre comment dynamiquement arriver à cet ajustement car on ne souhaite pas voir les choses surgir du néant et c’est légitimement dans ce contexte que la théorie des cordes s’inscrit. Pour une introduction à la supersymétrie, nous conseillons la lecture des ouvrages de Binetruy, de Derendinger et de Weinberg [15, 23, 133].

Maintenant, il faut aussi comprendre comment coupler la gravité à ce modèle supersymétrique et si par hasard une gravité quantique ne serait pas mieux définie au sein d’une théorie plus symétrique donc mieux contrainte. En fait, la supergravité qui est l’extension supersymétrique de la gravité quantique vient assez naturellement. En effet, pour l’instant nous n’avons parlé que d’une supersymétrie rigide, globale. Qu’en serait-il si les générateurs de la supersymétrie étaient définis uniquement localement  ? En ouvrant cette voie, nous nous plaçons d’emblée dans une théorie de gravité : les générateurs de supersymétrie, des spineurs, notés Qαsubscript𝑄𝛼Q_{\alpha} vérifient l’anti-commutateur suivant :

{Q,Q¯}=2γμPμ𝑄¯𝑄2superscript𝛾𝜇subscript𝑃𝜇\displaystyle\left\{Q,\overline{Q}\right\}=2\gamma^{\mu}P_{\mu} (0.0.1)

avec Pμsubscript𝑃𝜇P_{\mu} le générateur des translations. Par conséquent, le simple fait de rendre les générateurs de supersymétrie locaux rend inévitablement les générateurs de translations locaux également. Or cela n’est rien d’autre que rendre l’espace courbe pour la particule concernée par cette impulsion. Alors, nous avons fatalement affaire à une théorie de gravité quantique. L’application de la supersymétrie sur le champ correspondant de spin 222 exige donc l’existence d’au moins un partenaire supersymétrique de type spin 3/2323/2 appelé gravitino. Les types de supergravités sont dénommées en fonction du nombre de supersymétries 𝒩𝒩{\mathcal{N}} ou de façon équivalente du nombre de gravitinos. Par exemple, les supergravités de type II en dimension 101010 (pour correspondre à la théorie des supercordes) ont 𝒩=2𝒩2{\mathcal{N}}=2 et deux gravitinos tandis que les supergravités de type I en dimension 101010 toujours n’ont que 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1 et un seul gravitino.

Le problème de base de la gravité quantique n’est pourtant pas résolu dans ce modèle, car bien que ce théorème de non-renormalisation existe, la supergravité souffre encore d’être non-renormalisable – sauf peut-être la supergravité 𝒩=8𝒩8{\mathcal{N}}=8 en dimension 444. Mais c’est un point positif pour la théorie des cordes  : dans une théorie des supercordes la gravité quantique est naturelle et s’inscrit immédiatement dans un cadre de supergravité, tout en étant contrôlée dans l’UV.

La théorie des cordes

L’idée fondamentale de l’application de la théorie des cordes à la gravité quantique est la suivante. Puisque les divergences des calculs gravitationnels sont toutes ultra-violettes, en introduisant une régularisation UV tout en conservant la symétrie de Poincaré – boost et translations – le problème devrait être réglé. En introduisant des objets de dimension non nulle – par exemple une corde de longueur s1034msimilar-tosubscript𝑠superscript1034𝑚\ell_{s}\sim 10^{-34}m – leurs interactions sont délocalisées le long de leur extension spatiale, de telle sorte qu’il n’existe plus de singularité de vertex. On peut montrer que la théorie dans laquelle ces objets sont des cordes est la théorie la plus fondamentale444En fait, c’est un peu incorrect, car la théorie que l’on pense fondamentale n’est pas encore connue entièrement mais serait une supergravité à 11 dimensions faisant interagir des membranes et non des cordes : c’est la théorie M. : des objets de dimension supérieure, des membranes par exemple, sont plus énergétiques donc probablement moins fondamentaux. Dans le cadre de la théorie des cordes ce ont des objets de plus grande dimension pouvant être créés à partir de cordes et dans certains cas se désintégrant en cordes. A l’heure actuelle il s’agit de la seule théorie capable de conserver la symétrie de Poincaré tout en imposant une régularisation ultra-violette physiquement justifiée.

Les objets en théories des cordes peuvent être interprétés, en les sondant à basse énergie, en tant que particules. Les cordes ont des masses, qui sont grossièrement fonctions de leur fréquence d’oscillation et proportionnelles à 1/s21superscriptsubscript𝑠21/\ell_{s}^{2} donc rapidement très massives. Les plus importantes sont les cordes non-massives puisque les autres sont tellement massives que la probabilité pour les créer est infinitésimale et leur probabilité de désintégration presque 111. En outre, afin de distinguer entre ces cordes (massives et non-massives) des particules bosoniques et des particules fermioniques, il faut se concentrer sur la théorie des supercordes dans laquelle le spectre de particules admet fermions et bosons et est éventuellement supersymétrique. Il est aussi possible de définir une théorie de cordes bosoniques – c’est d’ailleurs la première inventée – mais évidemment puisqu’elle n’admet pas de fermions, elle n’est pas intéressante in fine pour décrire une théorie de notre univers et de nos particules. Il existe 5 types de théories de supercordes IIA, IIB, I, hétérotique E8×E8subscript𝐸8subscript𝐸8E_{8}\times E_{8} et SO(32)𝑆𝑂32SO(32). Chacune a ses propriétés mais aussi et surtout elles sont toutes reliées les unes aux autres par ce qu’on appelle des dualités et toutes reliées à la théorie M. Elles décrivent toutes à basse énergie des supergravités.

Toute théorie des supercordes, pour être mathématiquement cohérente, doit habiter dans un espace-temps555La théorie M est une supergravité de dimension 111111. de dimension 101010. Cette contrainte implique de traiter le cas de ces 666 dimensions supplémentaires. Pour cela, on propose de compactifier l’espace le long de ces directions, c’est-à-dire que chaque dimension est refermée sur elle-même de sorte qu’en allant tout droit on finit par retourner à son point de départ. Cela s’exprime mathématiquement par une relation d’équivalence XX+2πRsimilar-to𝑋𝑋2𝜋𝑅X\sim X+2\pi R avec R𝑅R le rayon de compactification qui caractérise la longueur de l’espace compact dans la direction X𝑋X. En l’appliquant indépendamment sur toute les 666 directions, il s’agit du schéma le plus simple de compactification, la figure géométrique décrite est un tore à 666 dimensions noté T6superscript𝑇6T^{6}. Le volume de l’espace compact est en général supposé très petit, de sorte que les effets physiques relevant de ces dimensions sont imperceptibles. En fait, il est techniquement envisageable d’appliquer une compactification plus générale sur toute variété de dimension 666. Cependant, il existe des contraintes, en particulier la conservation d’une certaine quantité de supersymétrie, qui imposent à l’espace de respecter certaines géométries. Par exemple, la conservation d’au moins une supersymétrie et une torsion nulle imposent que la variété compacte doive avoir une holonomie SU(3)𝑆𝑈3SU(3). Cela se traduit pour une variété de dimension paire avec une métrique réelle en : variété Ricci-plate666Le tenseur de Ricci Rmn=0subscript𝑅𝑚𝑛0R_{mn}=0 doit être nul. et Kähler777La forme de Kähler J=iGIJ¯dzIdz¯J¯𝐽𝑖subscript𝐺𝐼¯𝐽𝑑superscript𝑧𝐼𝑑superscript¯𝑧¯𝐽J=iG_{I\bar{J}}dz^{I}\wedge d\bar{z}^{\bar{J}} doit être fermée., ce qui est appelé une variété de calabi-Yau, en l’occurrence ici CY6𝐶subscript𝑌6CY_{6}. Ne rentrons pas plus dans les détails, mais mentionnons simplement que le tore T6superscript𝑇6T^{6} est Calabi-Yau et conserve toutes les supersymétries d’espace-cible à 10 dimensions. Le nombre de degrés de liberté – appelés modules – associés à la création d’un espace de Calabi-Yau peut être très grand et laisse beaucoup de possibilités. Par exemple, le tore a déjà 666 degrés de libertés. Or, l’objectif de la théorie des cordes est de retrouver dans une limite de basse énergie une théorie de gravité quantique couplée au modèle standard et permettant aussi de satisfaire aux contraintes cosmologiques. Nous avons donc un important problème qui est celui de retrouver la théorie de la Nature dans ce qu’on appelle depuis quelque temps le paysage de la théorie des cordes.

Nous venons brièvement de décrire la théorie des supercordes. Dans cette théorie, comme dans la bosonique, les cordes sont des objets compacts unidimensionnels de petite taille qui peuvent soit se refermer sur eux-mêmes, on parle de corde fermée soit simplement avoir deux extrémités distinctes, on parle dans ce cas de corde ouverte. Les cordes fermées se propagent dans l’espace-temps en décrivant des surfaces tubulaires et les cordes ouvertes sous la forme de nappes. Elles forment alors des surfaces d’univers – par analogie aux lignes d’univers introduites en mécanique classique du point. Les cordes fermées se propagent en général librement dans l’espace-temps. A l’inverse, les cordes ouvertes doivent être attachées par leurs extrémités à des défauts d’espace-temps, des hypersurfaces. Ces défauts se révèlent en fait être des objets eux-mêmes dynamiques, appelés branes et en général Dp𝐷𝑝Dp-brane. La lettre D𝐷D provient des conditions de bord de Dirichlet que vérifient les cordes à leurs extrémités et la variable p𝑝p indique leur dimension spatiale : les branes sont des objets de p+1𝑝1p+1 dimension, dont une dimension temporelle. Ainsi les cordes ouvertes se propagent le long de ces branes et elles admettent un spectre de masse dépendant de la configuration des branes auxquelles elles sont attachées. En particulier, leur spectre peut ne pas être supersymétrique mais aussi contenir des niveaux de masse carrée négative, ce qu’on appelle des tachyons.

Enfin, l’ensemble de ces cordes et leurs excitations forment à basse énergie un zoo de particules, massives, non-massives ou tachyoniques, bosoniques ou fermioniques. Dans le cadre de la théorie quantique des champs, qui utilise un formalisme de seconde quantification, chaque particule est interprété comme le quanta d’un champ dont la dynamique est régie par une action ou un hamiltonien. Par analogie et au moins à basse énergie, les ”particules cordistes” pourraient donc être interprétées comme des quantas de champs et leur dynamique décrite à l’aide d’une action. Le terme d’action effective de basse énergie est introduit. Nous en verrons des exemples dans cette thèse. Il est aussi possible de décrire exactement, quoique difficilement, les cordes en tant que quanta d’une théorie des champs. Ce domaine de recherche majeur constitue ce qu’on nomme la théorie des champs de corde dénotée SFT pour string field theory et est encore en progrès. Voici quelques références de lectures pour une introduction à la théorie des cordes [97, 98, 69, 53, 54].

Le tachyon et la condensation

Dans ce cadre, nous nous sommes intéressés pendant cette thèse à la description du tachyon de corde ouverte apparaissant dans le spectre des cordes tendues entre une brane et une antibrane (voir définition dans section 2.3) parallèles et séparées. Ce système admet un tachyon dans ce secteur interbranaire lorsque la distance séparant les branes est inférieur à une certaine distance critique, que nous noterons ici rcsubscript𝑟𝑐r_{c}. L’évolution du tachyon est particulièrement importante, car le champ dont il est le quanta est instable si bien que le système de branes lui-même est instable. La résolution de cette instabilité s’appelle la condensation de tachyon et est le sujet de cette thèse. La condensation de tachyon est tout un domaine de recherche et a été largement étudié depuis les années 80 dans toutes sortes de systèmes, aussi bien supersymétriques que bosoniques. La question essentielle est celle d’obtenir une description effective du système et de comprendre de quelle façon le tachyon évolue et condense, mais surtout de savoir s’il atteint une valeur à laquelle il se stabilise. Un tachyon stable implique un système stable. Quel est sa nature ? De quoi est-il composé ?

Donnons brièvement un exemple. En théorie bosonique, une brane admet naturellement un tachyon de corde ouverte. On sait aujourd’hui que ce tachyon, notons-le T𝑇T est décrit par un potentiel V(T)𝑉𝑇V(T) qui est minimisé en T𝑇T\to\infty et s’annule. Cela implique que le système au minimum du potentiel est une théorie de cordes fermées, où les cordes ouvertes, donc aussi la brane initiale, ont disparu ! Quand il évolue temporellement dans son potentiel pour rejoindre ce minimum, le tachyon induit sur la brane une évaporation de sa matière sous forme de cordes fermées ainsi qu’une désintégration en cordes fermées. A la fin, au minimum, la brane s’est totalement dissipée en cordes fermées.

Nous verrons que la description du tachyon interbranaire dans le système brane-antibrane séparé n’est pas aisé et qu’il n’est pas évident que le schéma ci-dessus soit celui qu’il suit. Avant tout, l’action effective, et donc aussi le potentiel effectif, couplant le tachyon T𝑇T et la distance \ell qui est aussi représentée par un champ, n’est pas connue exactement. En fait, son expression a été conjecturée par Garousi, mais le domaine de validité de l’action qu’il a déterminée semble restreint en dehors des solutions de condensation dynamique, ce que nous montrons par notre étude. La dynamique du système ou l’issue de la condensation, sont donc assez méconnues, bien qu’à l’inverse le cas des branes coincidentes est très bien décrit, connu et même exploité. Néanmoins, nous savons qu’il existe un mode de condensation dynamique, nommé tachyon roulant, à distance constante. Bagchi et Sen avaient montré que ce mode de condensation existait pour un domaine de distance restreint à <c/2subscript𝑐2\ell<\ell_{c}/\sqrt{2}.

Nous avons démontré qu’en réalité ce mode existe aussi pour c/2<<csubscript𝑐2subscript𝑐\ell_{c}/\sqrt{2}<\ell<\ell_{c} donc en somme sur l’ensemble du domaine sous-critique <csubscript𝑐\ell<\ell_{c}. Puis nous avons déterminé l’action effective du tachyon à l’ordre quadratique en utilisant une méthode proposée par Kutasov et Niarchos qui l’avaient utilisé avec succès pour obtenir l’action effective du tachyon sur la brane non-BPS (voir section 2.3 pour la définition). L’existence du mode de condensation à distance constante pour tout <csubscript𝑐\ell<\ell_{c} est importante, car elle ouvre la voie à une description exacte de l’évolution dynamique du système séparé. Nous mentionnerons brièvement dans la conclusion de futures pistes de recherche : la description exacte de la condensation d’un tachyon interbranaire à distance constante sur un système séparé en dimension compacte, et une piste de calcul du potentiel effectif du tachyon en fonction de la distance de séparation par identification du modèle off-shell de OSFT au modèle Kondo.

Deuxième partie Introduction

Chapitre 1 Motivations et plan de thèse

La condensation de tachyon est un phénomène important en théorie des cordes et a été la cible d’un considérable intérêt ces dernières années. A la fois parce qu’il a été possible de décrire exactement des phases de condensation et aussi parce que le problème que pose son apparition a nécessité de développer les théories de champs de corde.

En théorie bosonique, cordes fermées et cordes ouvertes admettent généralement un fondamental tachyonique dans leur spectre de masse. En revanche, en théorie des supercordes, la projection GSO tronque le tachyon du spectre des cordes ouvertes et fermées. Toutefois, il existe des exceptions: les systèmes brane-antibrane parallèles et brane non BPS par exemple. Dans ces systèmes, la projection GSO y est telle qu’ils admettent un ou plusieurs tachyons dans leur spectre de cordes ouvertes. Nous nous intéresserons dans cette thèse au tachyon de corde ouverte dans le système brane-antibrane.

En théorie quantique des champs, les tachyons sont des champs localisés en un maximum de leur potentiel. En ces points les champs sont instables par conséquent la quantification n’y a aucun sens. En d’autres points, le potentiel peut toutefois admettre un ou plusieurs minimums, locaux ou globaux, où à l’inverse une théorie quantique est très bien définie. On parle ainsi de vide stable si le minimum est global, ou métastable si le minimum est strictement local. La condensation du tachyon est le phénomène de stabilisation du champ dans un de ces minimums. Celle-ci peut être globale aussi bien que locale en espace ou en temps.

En théorie des cordes, il est communément admis que le potentiel du tachyon de corde ouverte admet au moins un vide stable. On peut montrer que chaque vide stable correspond à un vide de corde fermée, c’est-à-dire sans corde ouverte donc sans la brane initiale. Si le potentiel admet plus d’un vide stable, les condensations spatiales du tachyons peuvent être locales et les configurations topologiquement non triviales. Peuvent donc apparaître des murs de domaine, interpolant entre deux vides bien distincts, mais aussi des cordes cosmiques, entourées d’une configuration en vortex. Ces défauts topologiques, des solitons, sont identifiés à des branes généralement stables. Ainsi par condensation une brane mère donne naissance à, au moins, une brane fille. Puisque ces dernières sont de dimension inférieure à la brane initiale, on parle de relation de descente. Ce processus s’inscrit directement dans le cadre de la théorie K – voir par exemple l’article de Witten [137].

Le tachyon peut aussi se condenser temporellement, c’est-à-dire dynamiquement. En théorie des cordes, ce mode de condensation peut être décrit exactement ; c’est un point très important. En cosmologie, par exemple, ce genre de processus existe : pendant l’expansion, alors que l’univers refroidit, le Higgs posé en son maximum local se condense dynamiquement dans la gouttière du chapeau mexicain tout en brisant spontanément la symétrie électrofaible. Une réalisation explicite et une description exacte de ce phénomène serait très précieuse. En particulier, la condensation est-elle accompagnée d’une phase d’inflation ou de production de particules, dont les effets pourraient se révéler mesurables ? Or en théorie des cordes, la condensation de tachyon temporelle sur une brane instable induit l’évaporation progressive de cette dernière sous la forme de cordes fermées massives – par exemple identifiables au flux d’énergie nécessaire au (p)reheating dans les scénarios d’inflation – et l’éventuelle création de branes inférieures – par exemple des cordes cosmiques.

Deux approches complémentaires sont généralement utilisées pour décrire la condensation du tachyon :

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    La première est historiquement l’approche de CFT qui consiste à inclure un fond tachyonique, soit dynamique soit statique, et à étudier les dépendances de ces observables en fonction de ce fond. Celle-ci a été d’une grande efficacité pour mettre en valeur la nature des solitons et des résidus de condensation. Malheureusement nous n’avons dans ce contexte aucune recette pour construire l’ensemble des CFTs.

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    La deuxième est l’approche de théorie des champs effective. Dans ce cadre, les CFT constituent des solutions aux équations du mouvement, dérivées d’une certaine action effective. Donc cette démarche est censée permettre de déceler l’ensemble des CFTs, en particulier ici toutes celles décrivant des condensations de tachyon. Le plus gros succès de cette approche est l’obtention du potentiel symétrique et universel du tachyon en théorie des supercordes, qui révèle la présence de plusieurs minimums globaux – d’où les solitons.

En outre au moins trois méthodes de théorie des champs peuvent être distinguées :

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    Les théories effectives du modèle sigma qui étudient le groupe de renormalisation et font correspondre aux équations de flot des équations du mouvement ;

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    Les théories des champs de cordes cubiques (SFT) qui utilisent une troncation cohérente du spectre de corde pour déterminer une action de basse énergie mais qui ne fournissent en général pas de formulation exacte ;

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    La théorie des champs de cordes ouvertes (OSFT ou BSFT) qui utilise le formalisme de Belavin-Vilenkin (BV) pour exprimer une action décrivant l’espace des théories et dans laquelle les CFT ont un statut évidemment spécial.

La méthode du modèle sigma et celle de OSFT ont naturellement une relation très intriquée, car elles sont toutes deux reliées au groupe de renormalisation de la théorie de surface. Dans ces différents contextes, plusieurs actions pour le tachyon de cordes ouvertes, éventuellement couplées aux autres champs non-massifs, ont été obtenues en théorie bosonique comme en théorie de supercordes. En général, elles diffèrent significativement les unes des autres, mais il faut bien mesurer qu’elles ne décrivent pas exactement la même chose. Le lecteur pourra lire par exemple cet article de Garousi [45] où une comparaison est faite. Ainsi l’action d’OSFT est très off-shell, tandis que l’action du modèle sigma est perturbativement off-shell, autour d’une solution particulière – voir par exemple la discussion dans l’article de Kutasov et Niarchos [77].

A présent, discutons brièvement du système brane-antibrane séparé et parallèle. Ce système est très intéressant pour au moins deux raisons. Premièrement, c’est le modèle à succès de physique branaire dynamique mettant en jeu divers champs non-massifs, éventuellement dynamiques – par exemple la distance de séparation – et des tachyons de cordes ouvertes. En outre, c’est un système non BPS, c’est-à-dire qui brise spontanément la supersymétrie, qui a le bon goût de s’annihiler lorsque les deux branes sont coïncidentes. Il s’agit donc d’un candidat idéal pour chercher des modèles d’inflation réalistes – par exemple les modèles KKLT [66] ou encore ce modèle d’Alexander de création de vortex [1]. Ce sont terminologiquement des modèles d’inflation branaire. Deuxièmement, en dehors de la coïncidence, quand la séparation est de l’ordre de la distance de corde, la description de ce système est un peu approximative et très heuristique. C’est pourtant à cet ordre qu’apparaissent les tachyons et donc, dés cet instant, qu’il faut étudier la dynamique de leur condensation. Or le processus de condensation du tachyon à séparation non nulle est encore méconnue. D’ailleurs, existe-t-il bien un vide stable où le tachyon pourrait condenser ?

Le système brane-antibrane séparé se décrit en trois phases :

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    La première, à grande distance, est dominée dans sa dynamique par le potentiel coulombien attractif induit par l’amplitude à une boucle des cordes ouvertes entre les deux branes. Cependant, lorsque la distance est de l’ordre de l’échelle des cordes, l’amplitude de cordes ouvertes à l’ordre des arbres gagne en intensité. Or le fondamental du spectre des cordes ouvertes interbranaire admet une masse proportionnelle à la distance. Tant que la séparation excède la valeur critique rc=π2αsubscript𝑟𝑐𝜋2superscript𝛼r_{c}=\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}} cette particule est massive donc stable111Dans la première phase, proche de la distance critique, le tachyon peut déjà condenser localement par effet tunnel – nucléation et formation de bulle [16]. Cependant, la constante de temps pour ce genre de phénomène est très grande par rapport au temps qu’il faut au système pour être attiré à l’intérieur de la phase tachyonique ; ce n’est donc pas un phénomène dominant.. Elle induit à l’ordre d’une boucle un potentiel effectif pour le champ de distance, mais techniquement déjà inclus dans l’amplitude, à une boucle précédente.

  • \bullet

    La deuxième phase concerne la valeur précise de séparation rcsubscript𝑟𝑐r_{c}. Dans cette phase le fondamental interbranaire est non-massif. Tous les champs fondamentaux de l’ensemble des secteurs de cordes ouvertes hébergées sur les branes sont alors non-massifs. Il s’agit, comme nous le verrons, d’un point critique dans la CFT.

  • \bullet

    La troisième phase est la plus intéressante, car le fondamental interbranaire devient tachyonique. A l’ordre des arbres il est donc amené à condenser. Or l’ordre à une boucle n’est ici plus pertinent pour la raison suivante : le potentiel est instable donc on ne peut plus parler de correction quantique à une boucle. En effet, cela n’a de sens que si l’on peut parler de calcul perturbatif et ce n’est plus le cas ici222Pour cette raison aussi, l’amplitude à une boucle des cordes ouvertes cesse d’être un calcul physiquement pertinent. Et d’ailleurs, il diverge à cause du tachyon. Notons en outre, qu’à l’ordre des arbres, le champ de distance est un module, donc, au moins à tachyon nul, il n’a pas de potentiel.

Au sein de la phase tachyonique, nous avons deux approches possibles pour décrire la condensation et le devenir du système : la CFT ou les théories effectives. En CFT, nous avons accès à au moins un type de solution, le tachyon roulant, mais dont les calculs sont forts complexes et pour l’instant pas entièrement résolus. Il est possible qu’il existe aussi une solution de vortex mais nous ne la connaissons pas. En théorie effective cependant, il existe une action à l’ordre des arbres proposée par Garousi. Néanmoins, nous montrerons qu’elle n’est pas satisfaisante pour étudier la condensation temporelle du tachyon.

1.1 Actions effectives Tachyon-DBI et domaine de validité

L’action de Garousi sur le système brane-antibrane est obtenue à partir de l’action de Sen de la brane non BPS de dimension maximale en type IIA. Nous présenterons donc en premier lieu cette action, puis dans la section 1.1.2 nous verrons comment la relier à l’action de Garousi.

1.1.1 Action de Sen abélienne TDBI

L’action trouvée [110] par Sen répond à un certain nombre de critères imposés par la théorie de supercordes – en bref, supersymétrie et forme DBI. Elle a été reformulée ensuite par Garousi [44] qui en a testé l’expression finale en comparant les éléments de matrice-S calculés autour du vide perturbatif de la théorie des cordes, à ceux calculés perturbativement à partir de l’action effective. Cette dernière est explicitement :

Ssen=T9d10σV(T)det(Gab+Bab+2παFab+aTbT)subscript𝑆𝑠𝑒𝑛subscript𝑇9superscriptd10𝜎𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝑎𝑇subscript𝑏𝑇\displaystyle S_{sen}=-T_{9}\int\text{d}^{10}\sigma\leavevmode\nobreak\ V(T)\,\sqrt{-\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+\partial_{a}T\partial_{b}T\right)} (1.1.1)

Discutons un moment du domaine de validité de cette action. D’après Sen [110] son domaine de validité est T1much-greater-than𝑇1T\gg 1 et |iTjT|1much-greater-thansubscript𝑖𝑇subscript𝑗𝑇1\left|\partial_{i}T\partial_{j}T\right|\gg 1 avec (i,j)𝑖𝑗(i,j) des indices spatiaux. Il suppose aussi que toute dérivée d’ordre supérieure ou égale à 2 est négligeable. La raison pour ces contraintes est que cette expression est validée telle que ses équations du mouvement admettent des solutions de ressaut (kink) et que les fluctuations des champs autour de ces solutions sont décrites par une action de type DBI. De cette manière on est en mesure d’identifier les solitons à des branes de dimension inférieure.

En outre, nous disions que Garousi avait testé cette action en comparant des éléments de matrice-S autour du vide T=0𝑇0T=0. L’universalité de cette approche est discutable. En effet, un tachyon dans ce vide est au sommet de son potentiel, si bien que toute perturbation doit croître jusqu’à rapidement devenir non-perturbative ; en l’occurrence le roulement est inévitable. Néanmoins, il reste possible d’obtenir des perturbations qui ne grossissent pas – c’est-à-dire d’énergie réelle – en tronquant l’impulsion en dessous k2=|m2|superscript𝑘2superscript𝑚2k^{2}=|m^{2}| avec m2superscript𝑚2m^{2} la masse carrée (négative) du tachyon. Le long de ces perturbations, l’approche de Garousi est sans doute valable. Ces perturbations sont de genre espace et sont donc connectées non-perturbativement aux solutions de ressaut. Par conséquent, nous en déduisons que l’action de Sen-Garousi est au moins valide le long des tachyons de genre espace et autour de telles solutions.

En revanche, on ne peut pas en dire autant pour les solutions roulantes – d’énergie imaginaire – si bien qu’il reste possible que cette action ne soit pas valide le long de celles-ci. En effet, la continuation des éléments de matrice-S des énergies réelles aux énergies imaginaires est ambiguë : faut-il toujours imposer la conservation de l’énergie? Cette question est évidemment reliée à la condition perturbative des éléments de matrice-S, condition qui est rapidement violée le long d’un tachyon roulant.

Nous pouvons cependant rapporter le travail de Kutasov et Niarchos [77] dans cette direction. En effet, ils identifient dans la limite perturbative x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty les fonctions de corrélations de tachyons

Tk1+Tk2+Tp1Tp2T+subscriptdelimited-⟨⟩subscriptsuperscript𝑇subscript𝑘1subscriptsuperscript𝑇subscript𝑘2subscriptsuperscript𝑇subscript𝑝1subscriptsuperscript𝑇subscript𝑝2superscript𝑇\displaystyle\left<T^{+}_{\vec{k}_{1}}T^{+}_{\vec{k}_{2}}\ldots T^{-}_{\vec{p}_{1}}T^{-}_{\vec{p}_{2}}\ldots\right>_{T^{+}} (1.1.2)

pour ki,pj0similar-tosubscript𝑘𝑖subscript𝑝𝑗0\vec{k}_{i},\vec{p}_{j}\sim 0 avec Tk±=e±ik.x±1k2x0subscriptsuperscript𝑇plus-or-minus𝑘superscript𝑒formulae-sequenceplus-or-minus𝑖𝑘plus-or-minus𝑥1superscript𝑘2superscript𝑥0T^{\pm}_{\vec{k}}=e^{\pm i\vec{k}.\vec{x}\pm\sqrt{1-k^{2}}x^{0}} dans le fond T+ex0/2superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}} qui est exactement marginal, aux éléments de matrice-S correspondants, calculés dans la théorie des champs. Dans chaque cas ceux-ci doivent s’annuler. Dans le premier, par marginalité exacte des opérateurs de vertex, et dans le deuxième, parce que les champs correspondants sont les solutions exactes des équations classiques du mouvement. Cela implique et justifie que l’action effective à rechercher le long de la solution T+ex0/2superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}} dans la limite x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty doit admettre T+ex0/2+Tex0/2superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}}+T^{-}e^{-x^{0}/\sqrt{2}} comme solution, et s’identifie, on-shell, à la fonction de partition sur le disque Son=Z[ψ0eX0/2]subscript𝑆𝑜𝑛𝑍delimited-[]superscript𝜓0superscript𝑒superscript𝑋02S_{on}=Z[\psi^{0}e^{X^{0}/\sqrt{2}}]. L’action effective tachyonique qu’ils obtiennent est la suivante :

ST=Tpdp+1σV(T)1+μTμTsubscript𝑆𝑇subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎𝑉𝑇1subscript𝜇𝑇superscript𝜇𝑇\displaystyle S_{T}=T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma V(T)\sqrt{1+\partial_{\mu}T\partial^{\mu}T} (1.1.3)

en supposant encore que les dérivées secondes et supérieures sont négligeables. Cette action est au moins valable autour de tachyons quasi-homogènes. Ajoutons qu’elle est en outre valable tout le long de la solution T+ex0/2superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}} c’est-à-dire non-perturbativement.

A propos de cette action, le point suivant est important et éclaire sur les conditions de validité des actions effectives : Kutasov et Niarchos étudient l’action le long d’une solution de tachyon roulant Tex0/2proportional-to𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T\propto e^{x^{0}/\sqrt{2}} mais pas le long d’une solution générale TT+ex0/2+Tex0/2proportional-to𝑇superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T\propto T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}}+T^{-}e^{-x^{0}/\sqrt{2}} et cela pour une raison bien précise: alors que la première solution interpole entre le vide perturbatif instable et a priori le vide stable de cordes fermées, la solution générale interpole quant à elle entre deux vides stables de cordes fermées. Ainsi, le long de cette dernière il n’existe pas d’état asymptotique de corde ouverte. Par conséquent, des éléments de matrice-S d’interaction de champs de cordes ouvertes n’ont aucun sens. Or, puisque l’action est obtenue en comparant les éléments de matrice-S de la théorie des cordes autour d’une CFT à ceux d’une théorie des champs autour d’une solution une action sur des champs perturbatifs de cordes ouvertes le long de cette solution n’a aucun sens non plus.

L’action obtenue autour de Tex0/2proportional-to𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T\propto e^{x^{0}/\sqrt{2}} n’est donc au moins valide qu’autour de cette solution et non universellement. D’ailleurs, elle est effectivement montrée invalide autour de la solution générale.

En appliquant ce raisonnement à l’action de Sen, puis à celles obtenues par Garousi ci-dessous, il faut donc bien comprendre qu’elles ne sont pas nécessairement universelles et comme nous le disions, sont probablement surtout valables autour de fonds indépendants du temps.

1.1.2 Action de Garousi non abélienne TDBI

Dans le but d’étendre cette construction à des systèmes de branes non BPS plus complexes – mais aussi ultimement à des systèmes de branes et d’antibrane – Garousi [44, 46, 47] propose simplement de non-abélianiser cette action, en transformant les champs en matrice d’un groupe de jauge de type U(N)𝑈𝑁U(N) et les dérivées en dérivées covariantes sur ce même groupe de jauge. Il propose aussi d’introduire une trace symétrique sur le groupe de jauge  STr  dont il montre qu’elle se démarque sensiblement de la trace simple, pour reproduire les éléments de matrice-S, calculés en théorie des cordes. Cette trace consiste à symétriser son argument dans le groupe de jauge avant d’être appliquée. Pour deux branes non-BPS de dimension maximale en type IIA, nous aurions donc :

S=T9d10σSTrV(T)det(Gab+Bab+2παFab+DaTDbT)𝑆subscript𝑇9superscriptd10𝜎STr𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝐷𝑎𝑇subscript𝐷𝑏𝑇\displaystyle S=-T_{9}\int\text{d}^{10}\sigma\leavevmode\nobreak\ \;\text{STr}\;V(T)\,\sqrt{\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+D_{a}TD_{b}T\right)} (1.1.4)

avec tous les champs développés en secteurs le long du groupe U(2)𝑈2U(2) donc sur des matrices – de Pauli σ0,1,2,3superscript𝜎0.1.2.3\sigma^{0,1,2,3} avec σ0=idsuperscript𝜎0𝑖𝑑\sigma^{0}=id en l’occurrence, voir figure (1.1) – et nous avons inclus la dérivée covariante ainsi que le tenseur de Maxwell non abélien :

Fabsubscript𝐹𝑎𝑏\displaystyle F_{ab} =aAbbAai[Aa,Ab]absentsubscript𝑎subscript𝐴𝑏subscript𝑏subscript𝐴𝑎𝑖subscript𝐴𝑎subscript𝐴𝑏\displaystyle=\partial_{a}A_{b}-\partial_{b}A_{a}-i[A_{a},A_{b}]
DaTsubscript𝐷𝑎𝑇\displaystyle D_{a}T =aTi[Aa,T]absentsubscript𝑎𝑇𝑖subscript𝐴𝑎𝑇\displaystyle=\partial_{a}T-i[A_{a},T] (1.1.5)
Refer to caption
Figure 1.1: Les secteurs (11)11(11) et (22)22(22) s’organisent en facteurs de CP σ0superscript𝜎0\sigma^{0} et σ3superscript𝜎3\sigma^{3} tandis que les secteurs interbranaires (12)12(12) et (21)21(21) s’organisent en σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et σ2superscript𝜎2\sigma^{2}.

Les actions des branes de dimensions inférieures sont obtenues par T-dualité le long des dimensions que l’on a décidé d’extraire du volume des branes. La construction est similaire à celle donnée par Myers dans [88]. L’exactitude de cette méthode est discutable, en particulier en mettant en balance les contributions des fermions. Puisque l’action de Sen est au moins valide pour des tachyons de genre espace, cette contrainte doit s’appliquer également ici.

L’expression générale de l’action obtenue par T-dualité pour le système de plusieurs branes non-BPS localisées spatialement est compliquée et n’illuminera pas la discussion. On pourra la retrouver ici [46]. Une action à l’ordre des arbres pour des branes très écartées les unes des autres, typiquement pour αmuch-greater-thansuperscript𝛼\ell\gg\alpha^{\prime} n’a plus de sens à cause de la contribution du diagramme à une boucle dans le potentiel du champ de distance  ; donc son domaine d’application concerne les courtes distances en plus des tachyons de genre espace.

L’action du système brane-antibrane est ensuite obtenue [46] par application d’une projection sur les facteurs de Chan-Paton σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et σ2superscript𝜎2\sigma^{2}. En effet, le tachyon dans le système de deux branes non-BPS existe dans les 4 secteurs U(2)𝑈2U(2) ce qui n’est pas le cas du tachyon dans le système brane-antibrane où il n’existe que dans les secteurs σ1,2superscript𝜎1.2\sigma^{1,2}. Or les opérateurs de vertex correspondant à ces tachyons étant identiques dans les deux systèmes, on peut effectivement s’attendre à ce que la physique soit rigoureusement identique à ce niveau, donc aussi l’action effective pour ces champs. Ce qui justifie une simple projection. Dans le même temps, à cause du mécanisme de higgs U(2)U(1)×U(1)𝑈2𝑈1𝑈1U(2)\to U(1)\times U(1) provoqué par la séparation spatiale, seuls les secteurs σ0,3superscript𝜎0.3\sigma^{0,3} des champs de jauge et des scalaires transverses sont non-massifs. Ainsi, en annulant les secteurs non pertinents dans l’action non-abélienne de deux branes non-BPS nous devrions obtenir l’action non-abélienne d’une brane et d’une anti-brane (séparées). L’action obtenue est de la forme [46] :

SDD¯=dp+1σ(𝒱(1)(|τ|,)eΦ(X(1))det𝐀(1)+𝒱(2)(|τ|,)eΦ(X(2))det𝐀(2))subscript𝑆𝐷¯𝐷superscriptd𝑝1𝜎superscript𝒱1𝜏superscript𝑒Φsuperscript𝑋1superscript𝐀1superscript𝒱2𝜏superscript𝑒Φsuperscript𝑋2superscript𝐀2\displaystyle S_{D\bar{D}}=-\int\text{d}^{p+1}\sigma\leavevmode\nobreak\ \left({\mathcal{V}}^{(1)}(\left|\tau\right|,\ell)e^{-\Phi(X^{(1)})}\sqrt{-\det{\bf A}^{(1)}}+{\mathcal{V}}^{(2)}(\left|\tau\right|,\ell)e^{-\Phi(X^{(2)})}\sqrt{-\det{\bf A}^{(2)}}\right) (1.1.6)

avec i=X(2)iX(1)isuperscript𝑖superscript𝑋2𝑖superscript𝑋1𝑖\ell^{i}=X^{(2)\,i}-X^{(1)\,i}. Cette quantité a le sens de distance si la métrique est constante. Le champ τ𝜏\tau est le tachyon complexe du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}. L’indice (α)𝛼(\alpha) réfère à chaque brane. Etonnamment, les deux actions sont séparées et non regroupées en une seule. Le potentiel est explicitement :

𝒱(α)(|τ|,)superscript𝒱𝛼𝜏\displaystyle{\mathcal{V}}^{(\alpha)}(\left|\tau\right|,\ell) =detQ(α)cosh|τ|2absentsuperscript𝑄𝛼𝜏2\displaystyle=\frac{\sqrt{\det Q^{(\alpha)}}}{\cosh\frac{\left|\tau\right|}{\sqrt{2}}}
detQ(α)superscript𝑄𝛼\displaystyle\det Q^{(\alpha)} =1+|τ|24π2αijgij(X(α))absent1superscript𝜏24superscript𝜋2superscript𝛼superscript𝑖superscript𝑗subscript𝑔𝑖𝑗superscript𝑋𝛼\displaystyle=1+\frac{\left|\tau\right|^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}\,\ell^{i}\ell^{j}\,g_{ij}(X^{(\alpha)}) (1.1.7)

avec gijsubscript𝑔𝑖𝑗g_{ij} la métrique transverse aux branes. Supposons maintenant que αsimilar-tosuperscript𝛼\ell\sim\sqrt{\alpha^{\prime}}. Alors dans l’ensemble de l’espace transverse qui sépare les branes, le fond – métrique et dilaton par exemple – peut être supposé constant dans les directions transverses et ne plus dépendre que des coordonnées longitudinales avec a=0p𝑎0𝑝a=0\ldots p.

La matrice 𝐀(α)superscript𝐀𝛼{\bf A}^{(\alpha)} a une expression compliquée, que l’on retrouvera dans [46] mais donnons cependant son expression dans un fond trivial gμν=ημνsubscript𝑔𝜇𝜈subscript𝜂𝜇𝜈g_{\mu\nu}=\eta_{\mu\nu}, Bμν=0subscript𝐵𝜇𝜈0B_{\mu\nu}=0 et Φ=0Φ0\Phi=0 :

𝐀ab(α)=ηab+aXi(α)bXj(α)ηij+2παFab(α)+αDaτDbτ+DbτDaτ2detQ(α)subscriptsuperscript𝐀𝛼𝑎𝑏subscript𝜂𝑎𝑏subscript𝑎subscriptsuperscript𝑋𝛼𝑖subscript𝑏subscriptsuperscript𝑋𝛼𝑗superscript𝜂𝑖𝑗2𝜋superscript𝛼superscriptsubscript𝐹𝑎𝑏𝛼superscript𝛼subscript𝐷𝑎𝜏subscript𝐷𝑏superscript𝜏subscript𝐷𝑏𝜏subscript𝐷𝑎superscript𝜏2superscript𝑄𝛼\displaystyle{\bf A}^{(\alpha)}_{ab}=\eta_{ab}+\partial_{a}X^{(\alpha)}_{i}\partial_{b}X^{(\alpha)}_{j}\,\eta^{ij}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}^{(\alpha)}+\alpha^{\prime}\,\frac{D_{a}\tau D_{b}\tau^{*}+D_{b}\tau D_{a}\tau^{*}}{2\det Q^{(\alpha)}} (1.1.8)

L’action se simplifie significativement le long de champs homogènes, c’est-à-dire ne dépendant que du temps. C’est une situation à regarder attentivement, car plus aisée à étudier et directement reliée à la condensation homogène du tachyon du roulant qui nous intéresse spécifiquement. Notons que cette situation est exactement celle d’un système D0D¯0𝐷0¯𝐷0D0-\bar{D}0 en type IIA. Si en outre les champs de jauge sont supposés gelés et que les branes sont exactement parallèles alors nous aurons simplement :

SDD¯=2dp+1σ𝒱(|τ|,)111+|τ|224π2α(˙24+α|τ˙|2)subscript𝑆𝐷¯𝐷2superscriptd𝑝1𝜎𝒱𝜏111superscript𝜏2superscript24superscript𝜋2superscript𝛼superscript˙24superscript𝛼superscript˙𝜏2\displaystyle S_{D\bar{D}}=-2\int\text{d}^{p+1}\sigma\leavevmode\nobreak\ {\mathcal{V}}(\left|\tau\right|,\ell)\sqrt{1-\frac{1}{1+\frac{\left|\tau\right|^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}}\left(\frac{\dot{\ell}^{2}}{4}+\alpha^{\prime}\left|\dot{\tau}\right|^{2}\right)} (1.1.9)

Cette action sera la base de l’étude qui va suivre. Nous allons montrer qu’il n’existe pas de solution de tachyon roulant à distance constante et nous étudierons la résolution numérique de ses équations du mouvement. Avant cela étudions rapidement son développement à l’ordre quadratique :

SDD¯2dp+1σ(1˙28|τ˙|22+|τ|22(24π2α12))similar-tosubscript𝑆𝐷¯𝐷2superscriptd𝑝1𝜎1superscript˙28superscript˙𝜏22superscript𝜏22superscript24superscript𝜋2superscript𝛼12\displaystyle S_{D\bar{D}}\sim-2\int\text{d}^{p+1}\sigma\leavevmode\nobreak\ \left(1-\frac{\dot{\ell}^{2}}{8}-\frac{\left|\dot{\tau}\right|^{2}}{2}+\frac{\left|\tau\right|^{2}}{2}\left(\frac{\ell^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}-\frac{1}{2}\right)\right) (1.1.10)

A cet ordre l’action est donc trivialement celle d’un champ \ell non massif et d’un champ complexe τ𝜏\tau de masse αm2=2/4π2α1/2superscript𝛼superscript𝑚2superscript24superscript𝜋2superscript𝛼12\alpha^{\prime}m^{2}=\ell^{2}/4\pi^{2}\alpha^{\prime}-1/2 ce qui était attendu d’après l’étude du spectre perturbatif des cordes ouvertes autour du vide tachyonique T=0𝑇0T=0. La valeur de distance critique sera noté par la suite c=π2αsubscript𝑐𝜋2superscript𝛼\ell_{c}=\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}} et est telle que le tachyon est non-massif.

1.2 Résolution numérique et résolution exacte

Nous verrons dans cette section comment il est possible de résoudre numériquement l’action de Garousi. Dans la section 1.2.1 nous montrerons qu’elle décrit un système très chaotique ne rentrant pas significativement dans une phase de condensation. Dans la section 1.2.2 nous décrirons la solution exacte de condensation, nommée tachyon roulant et qui constitue le sujet de cette thèse. Cette solution ne s’inscrit pas dans la théorie des champs proposée par Garousi. Nous finirons dans la section 1.4 par décrire le plan de thèse et son objectif.

1.2.1 Equations du mouvement de l’action de Garousi et résolution numérique

Nous pouvons réécrire l’action (1.1.9) en réinjectant le terme potentiel à l’intérieur de la racine sous une forme plus condensée. Nous utiliserons α=1superscript𝛼1\alpha^{\prime}=1 :

gar=1cosh|T|21+|τ|224π2˙24|τ˙|2subscript𝑔𝑎𝑟1𝑇21superscript𝜏2superscript24superscript𝜋2superscript˙24superscript˙𝜏2\displaystyle{\mathcal{L}}_{gar}=\frac{1}{\cosh\frac{\left|T\right|}{\sqrt{2}}}\sqrt{1+\frac{\left|\tau\right|^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}-\frac{\dot{\ell}^{2}}{4}-\left|\dot{\tau}\right|^{2}} (1.2.1)

Il est plus commode de passer dans le formalisme hamiltonien pour dériver les équations du mouvement et les résoudre numériquement. Nous notons V(T)=1/coshT/2𝑉𝑇1𝑇2V(T)=1/\cosh T/\sqrt{2} le potentiel tachyonique et E𝐸E l’énergie que nous définirons plus bas. On voit facilement dans le lagrangien ci-dessus que la phase du tachyon complexe n’a pas de potentiel puisque ce dernier ne dépend que du module. Par conséquent nous pouvons regarder des solutions à phase fixée333Laisser la phase libre peut être intéressant pour étudier la formation de vortex, mais dans notre cas nous cherchons simplement à étudier la condensation en module. ; ce que nous ferons en notant |τ|=T𝜏𝑇\left|\tau\right|=T. Les équations de Hamilton sont :

T˙˙𝑇\displaystyle\dot{T} =ΠTE(1+T224π2)absentsubscriptΠ𝑇𝐸1superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2\displaystyle=\frac{\Pi_{T}}{E}\left(1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}\right)
˙˙\displaystyle\dot{\ell} =4ΠE(1+T224π2)absent4subscriptΠ𝐸1superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2\displaystyle=4\frac{\Pi_{\ell}}{E}\left(1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}\right)
Π˙Tsubscript˙Π𝑇\displaystyle\dot{\Pi}_{T} =T24π2E1+T224π2+V2tanhT2E2(1+T224π2)absent𝑇superscript24superscript𝜋2𝐸1superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2superscript𝑉2𝑇2𝐸21superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2\displaystyle=-\,\frac{T\ell^{2}}{4\pi^{2}}\,\frac{E}{1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}}+V^{2}\frac{\tanh\frac{T}{\sqrt{2}}}{E\sqrt{2}}\left(1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}\right)
Π˙subscript˙Π\displaystyle\dot{\Pi}_{\ell} =T24π2E1+T224π2absentsuperscript𝑇24superscript𝜋2𝐸1superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2\displaystyle=-\,\frac{T^{2}\ell}{4\pi^{2}}\,\frac{E}{1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}} (1.2.2)

avec l’énergie

E=ΠT2+4Π2+V21+T224π2𝐸superscriptsubscriptΠ𝑇24superscriptsubscriptΠ2superscript𝑉21superscript𝑇2superscript24superscript𝜋2\displaystyle E=\sqrt{\Pi_{T}^{2}+4\Pi_{\ell}^{2}+V^{2}}\sqrt{1+\frac{T^{2}\ell^{2}}{4\pi^{2}}} (1.2.3)

Tant que nous ne couplons pas le système à la gravité, l’énergie est conservée donc nous aurons E𝐸E constant. Nous voyons très facilement qu’en imposant ˙=0˙0\dot{\ell}=0 nous devons avoir Π=0subscriptΠ0\Pi_{\ell}=0. Or d’après la dernière ligne cela implique immédiatement E=0𝐸0E=0 (ou =00\ell=0 mais ce dernier cas n’est pas intéressant) si on suppose que nous avons bien un tachyon roulant, c’est-à-dire non nul. Du coup ça n’est pas possible car il faut E0𝐸0E\neq 0.

On en déduit qu’il n’existe pas de solution de tachyon roulant à distance constante dans l’action de Garousi. Nous montrons cependant dans la section 6.1 que cette solution existe pour tout <csubscript𝑐\ell<\ell_{c} ce qui s’oppose donc à l’expression de cette action et soulève un problème important, à mettre en balance avec l’argumentation précédente sur le domaine de validité de l’action de Garousi.

La résolution numérique n’est pas triviale pour ce système car il est fortement couplé et non-linéaire. Nous avons néanmoins testé avec Mathematica de nombreuses configurations initiales, en particulier autour de T˙0similar-to˙𝑇0\dot{T}\sim 0 et T0similar-to𝑇0T\sim 0 avec ˙=0˙0\dot{\ell}=0 et csimilar-tosubscript𝑐\ell\sim\ell_{c}. Le résultat générique de ces résolutions est qu’à énergie conservée444En couplant à la gravité on s’attend à ce que résultat change puisqu’alors l’énergie n’est pas conservée et on doit au contraire obtenir qu’un flux d’énergie est extrait du système sous forme de graviton, suivant la discussion de Lambert et al. [78]. C’est d’ailleurs bien ce qu’on observe en rajoutant ce degré de liberté dans les résolutions numériques mais nous n’en discuterons pas ici. le système initie une condensation puis souvent décondense jusqu’à devenir très instable, comme on peut le voir sur la figure (1.2) ; plusieurs de ces phases peuvent se produire d’affilée. Lors de la condensation, les branes oscillent autour de =00\ell=0 mais les oscillations ne sont pas sensiblement amorties au cours du temps555En ajoutant la gravité, la friction amortie significativement ces oscillations et le système semble tout à fait tendre vers une situation d’équilibre à distance nulle. et le système ne semble donc pas atteindre un équilibre stable.

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Figure 1.2: Résolution numérique typique des équations hamiltoniennes avec des conditions initiales T(0)=0.1𝑇001T(0)=0.1, (0)=c/20subscript𝑐2\ell(0)=\ell_{c}/2, ΠT=0subscriptΠ𝑇0\Pi_{T}=0 et Π(0)=0subscriptΠ00\Pi_{\ell}(0)=0. Donc pour des valeurs initiales faibles du tachyon et de sa dérivée T˙(0)=0˙𝑇00\dot{T}(0)=0. A gauche l’évolution temporelle du champ de distance et à droite celle du tachyon. Nous notons clairement une phase de condensation avec la distance tendant vers =00\ell=0 mais oscillant avec une amplification progressive amenant finalement à une instabilité du système. Par la suite la distance explose et le tachyon décondense, comme dans la figure (1.3).
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Figure 1.3: Résolution numérique typique des équations hamiltoniennes avec des conditions initiales T(0)=200𝑇0200T(0)=200, (0)=c/20subscript𝑐2\ell(0)=\ell_{c}/2, ΠT(0)=1subscriptΠ𝑇01\Pi_{T}(0)=1 et Π(0)=0subscriptΠ00\Pi_{\ell}(0)=0. Donc pour des valeurs grandes du tachyon et de sa dérivée T˙(0)(0)T(0)/2π1similar-to˙𝑇00𝑇02𝜋much-greater-than1\dot{T}(0)\sim\ell(0)T(0)/2\pi\gg 1. A gauche l’évolution temporelle du champ de distance et à droite celle du tachyon. Nous notons clairement une phase de condensation puis de décondensation. La distance dépasse nettement sa valeur critique, donc assez vite le système est en dehors du champ de validité de l’action.

Il parait clair que les échanges énergétiques entre le tachyon et le champ de distance ne font pas dans un sens plus que dans l’autre si bien que le système ne stabilise pas dans une solution de tachyon roulant à séparation nulle mais oscille bien d’une phase de condensation à une phase de décondensation. Il ne parait pas évident qu’il puisse exister des conditions initiales qui améliorent ce comportement. On peut par exemple tester à des valeurs de distance initiale plus faibles ou à des valeurs de T˙1much-greater-than˙𝑇1\dot{T}\gg 1, mais cela ne donne pas de comportement plus contrôlé, comme on peut le voir sur la figure (1.3).

Le fait que la résolution numérique ne propose pas de mode de condensation clair en espace plat alors qu’il s’agit d’un comportement attendu et fortement souhaité nous a poussé à étudier le système d’une façon plus analytique. Bien que nous y perdions l’aspect off-shell, nous avons opté pour mener l’étude dans le cadre des théories conformes sur la surface de corde, où la condensation de tachyon est généralement bien décrite par exemple dans le cas brane-antibrane coïncidente ou celui de la brane non BPS. En outre, il y a le fameux exemple de Kutasov et Niarchos démontrant qu’on peut quand même – au moins dans certains cas particuliers – déterminer une action effective off-shell à partir de résultats on-shell, avec l’avantage de se placer directement dans un fond condensant.

1.2.2 Etude de la théorie conforme de bord

Dans le système brane-antibrane séparé, Bagchi et Sen [7] montraient que le tachyon roulant à distance constante était une CFT donc une solution des équations du mouvement, mais uniquement pour <c/2subscript𝑐2\ell<\ell_{c}/\sqrt{2}. Le modèle sigma du tachyon roulant entre une brane et une antibrane parallèles et séparées d’une distance r𝑟r le long d’une direction que nous nommerons X𝑋X consiste en une déformation de l’action de surface – sur le disque ou le demi plan complexe – par un terme inséré sur le bord selon S=Sbulk+δS𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘𝛿𝑆S=S_{bulk}+\delta S avec :

Sbulksubscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘\displaystyle S_{bulk} =12παΣd2z(Xμ¯Xμ+α2ψμ¯ψμ+α2ψ~μ¯ψ~μ)absent12𝜋superscript𝛼subscriptΣsuperscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇superscript𝛼2superscript𝜓𝜇¯subscript𝜓𝜇superscript𝛼2superscript~𝜓𝜇¯subscript~𝜓𝜇\displaystyle=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{\Sigma}\text{d}^{2}z\leavevmode\nobreak\ \left(\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\psi^{\mu}\bar{\partial}\psi_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\widetilde{\psi}^{\mu}\bar{\partial}\widetilde{\psi}_{\mu}\right)
δS𝛿𝑆\displaystyle\delta S =(0100)Σλ+ψ+eirX~+ωX0+(0010)ΣλψeirX~+ωX0absenttensor-product0100subscriptcontour-integralΣsuperscript𝜆superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-product0010subscriptcontour-integralΣsuperscript𝜆superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle=\left(\begin{array}[]{cc}0&1\\ 0&0\end{array}\right)\otimes\oint_{\partial\Sigma}\lambda^{+}\,\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\left(\begin{array}[]{cc}0&0\\ 1&0\end{array}\right)\otimes\oint_{\partial\Sigma}\lambda^{-}\,\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} (1.2.8)

avec ψ±=±irψ~+ωψ0superscript𝜓plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝜓𝜔superscript𝜓0\psi^{\pm}=\pm ir\widetilde{\psi}+\omega\psi^{0} et λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm}\in\mathbb{C}. Le champ X~~𝑋\widetilde{X} est le T-dual Neumann de X𝑋X la direction Dirichlet transverse. Il s’agit d’une CFT c=2𝑐2c=2 par découplage – dans les OPE – des autres champs fondamentaux Xa,isuperscript𝑋𝑎𝑖X^{a,i} longitudinaux (a)𝑎(a) et transverses (i)𝑖(i). Au premier ordre la fonction bêta des tachyons est :

β±=(12r2ω2)λ±subscript𝛽plus-or-minus12superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(\frac{1}{2}-r^{2}-\omega^{2})\lambda^{\pm} (1.2.9)

qui impose donc Δ±=ω2+r2=1superscriptΔplus-or-minussuperscript𝜔2superscript𝑟21\Delta^{\pm}=\omega^{2}+r^{2}=1. En étudiant les OPE à N-points des tachyons, on trouve [7] qu’au-delà d’une certaine valeur de distance (c/2subscript𝑐2\ell\geq\ell_{c}/\sqrt{2}) des opérateurs marginaux, c’est-à-dire de dimension Δ=1Δ1\Delta=1 peuvent être produits. C’est ce qu’on appelle des résonances. Les coefficients typiquement associés aux résonances divergent logarithmiquement dans l’échelle ultra-violette et brisent l’invariance conforme de la théorie. Ce point est assez gênant puisqu’il implique que le tachyon roulant serait non-marginal666La marginalité implique en général que la théorie est conforme, mais pas toujours – voir section 3.2. dans le domaine de distance c/2<<csubscript𝑐2subscript𝑐\ell_{c}/\sqrt{2}<\ell<\ell_{c} et marginal pour <c/2subscript𝑐2\ell<\ell_{c}/\sqrt{2}.

Toutefois, il nous a paru peu probable que le tachyon roulant ne fut pas une CFT dans l’intégralité du domaine sous-critique puisque rien ne semble pouvoir expliquer physiquement un tel comportement du système. Physiquement la seule distance critique est csubscript𝑐\ell_{c}. Dans le système bosonique analogue, comme nous le verrons, ces mêmes résonances apparaissent, sauf que dans ce contexte, elles sont physiquement identifiables à un couplage du tachyon interbranaire σ1,2superscript𝜎1.2\sigma^{1,2} aux tachyons des secteurs σ0,3superscript𝜎0.3\sigma^{0,3}. Evidemment dans le système brane-antibrane ces derniers sont rigoureusement absents par projection GSO.

En suivant la méthode de Gaberdiel et al. [43] que nous présentons dans la section 3.2, nous avons montré [62] que le tachyon roulant à distance constante était bien une CFT dans toute la phase tachyonique. Compte-tenu de ce que nous disions, il s’agissait donc de prouver que le tachyon roulant était exactement marginal et qu’en l’occurrence il ne produisait finalement pas de divergences logarithmiques dans la fonction de partition sur le disque.

Nous avons calculé les expressions exactes des OPE à l’ordre 2 et 4 dans le tachyon pour des valeurs de distance supérieures à c/2subscript𝑐2\ell_{c}/\sqrt{2}. Puis nous avons extrait analytiquement l’ensemble des divergences produites par intégration en appliquant une régularisation dite de point-splitting777Elle consiste à tronquer la limite UV de toutes les fonctions de Green.. Nous avons finalement pu constater que toutes les divergences logarithmiques s’annulaient ensemble comme attendu. Ce ”miracle” est en outre clairement identifié comme une conséquence de la supersymétrie de surface. Pour cette raison et parce qu’il est trop ardu de calculer les OPE des tachyons aux ordres supérieurs888Mais nous avons pu vérifier numériquement à l’ordre 6 nous en avons déduit que le tachyon roulant était exactement marginal sur l’ensemble du domaine tachyonique.

1.3 Fonction de partition, groupe de renormalisation et action effective quadratique

La preuve de la marginalité exacte du tachyon roulant, nous a permis de prolonger analytiquement le calcul de la fonction de partition à toute distance <csubscript𝑐\ell<\ell_{c}. Malheureusement, nous n’avons pas pu calculer la fonction de partition analytiquement à tout ordre supérieur à 2. La raison étant que l’intégrale est multiple, ordonnée et engage un intégrande composé de nombreuses fonctions sinusoïdales où les variables d’intégrations sont fortement couplées, ressemblant fortement à celle d’un gaz de coulomb sur un cercle [64], mais suffisamment différent pour être incalculable, même numériquement avec Mathematica.

Cependant, nous avons pu calculer exactement l’ordre quadratique mais aussi les 5 premiers ordres à la distance c/2subscript𝑐2\ell_{c}/\sqrt{2} et ce en développant une méthode diagrammatique de réduction des intégrales en super-espace. En exprimant la théorie du tachyon roulant directement en super-espace, nous faisons apparaître un terme de contact. Un traitement convenable de ce terme nous a montré qu’il jouait le rôle de contreterme – un peu comme dans [55] – pour supprimer la plupart des divergences de puissance dans les amplitudes999Nous avons cependant constaté qu’il n’était pas suffisant pour supprimer toutes les divergences de puissance et nous en avons déduit qu’il fallait ajouter des termes de contact d’ordre supérieur.. En outre, ce terme de contact assure la continuité de la fonction de partition, et probablement des amplitudes en général, au moins en c/2subscript𝑐2\ell_{c}/\sqrt{2} car en cette distance il n’est pas divergent mais fini. L’intérêt de la méthode diagrammatique était justement de traiter convenablement et avec facilité les contributions de ce terme de contact, directement en super-espace. La première motivation de ce calcul était de reconnaître dans les premiers termes du développement d’une fonction connue et dont nous pourrions déterminer une expression analytique continuable sur les autres valeurs de distance. Malheureusement, nous verrons qu’aucune fonction particulière ne peut être devinée à partir de cette expression.

Toutefois, à l’aide du calcul à l’ordre quadratique et de la méthode de Kutasov et Niarchos, nous avons pu déterminer une expression exacte de l’action effective quadratique. En suivant leur raisonnement, cette action s’avère au moins valide le long du tachyon roulant :

S=2Tpdp+1σ[1+12arar+1212r2aTaT1412r2|T|2+]𝑆2subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎delimited-[]112subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟1212superscript𝑟2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇1412superscript𝑟2superscript𝑇2\displaystyle S=2T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma\,\Bigg{[}1+\frac{1}{2}\partial_{a}r\partial^{a}r+\frac{1}{2\sqrt{1-2r^{2}}}\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}-\frac{1}{4}\sqrt{1-2r^{2}}\left|T\right|^{2}+\ldots\Bigg{]} (1.3.1)

En outre, par l’étude du modèle sigma des champs de tachyon et de distance le long de la théorie conforme du tachyon roulant à distance constante, nous avons pu exprimer des fonctions bêta universelles à l’ordre quadratique dans les champs, c’est-à-dire indépendantes du schéma de renormalisation. Nous les avons ainsi identifié, conformément à la discussion de la section 3.2 aux équations de mouvement quadratique de ces champs.

Par comparaison avec celles dérivées de l’action (1.3.1) nous avons obtenu un bon accord, à une redéfinition des champs et des fonctions bêta près. Ceci indique au moins à cet ordre que l’action (1.3.1) est compatible avec la physique interne des cordes interbranaires du système brane-antibrane. Le calcul des ordres supérieurs est évidemment souhaité, mais il faudra pour cela développer de nouvelles méthodes, car toutes celles à disposition semblent inadéquates.

Nous verrons cependant en conclusion qu’il existe un modèle intégrable correspondant au modèle de tachyon interbranaire constant. Il s’agit du modèle Kondo [32, 80] qui est en fait fortement relié au modèle de sine-Gordon de bord. Nous serons également en mesure de conjecturer la nature du vide de condensation du tachyon interbranaire à distance constante. Nous identifions ce vide à de la matière branaire remplissant l’espace délimité par la brane et l’antibrane.

1.4 Plan de thèse

Dans cette partie introductive, la théorie des cordes et les connexions aux théories conformes seront présentées ainsi que les différents outils et concepts utilisés dans cette thèse. Les objets – cordes fermées, ouvertes, branes – de la théories de cordes et des supercordes seront présentés dans le chapitre 2 ainsi que les théories conformes et superconformes puis les théories conformes de bord (BCFT). Ces dernières seront reliées à la définition des états de bords, ce qui permettra d’introduire les branes et anti-branes, ainsi que les systèmes composés à partir de ces objets, particulièrement le système brane-antibrane. Le concept d’actions effectives du modèle sigma sera discuté dans le chapitre 3, et les calculs du groupe de renormalisation abondamment utilisés au cours de cette thèse y seront également abordés. Enfin, dans le chapitre 4, le problème de la condensation de tachyon en théorie des cordes sera présenté en détail et des exemples concrets de résolution seront proposés.

Les calculs concernant les objectifs de la thèse seront développés dans la partie III ; et le modèle bosonique composé de 2 branes parallèles et séparées analysé dans le chapitre 5. L’étude sera axée sur le problème de la marginalité exacte du tachyon roulant interbranaire. Nous présenterons en dernier lieu l’analyse off-shell du modèle sigma développé autour de la solution de tachyon roulant. En particulier, nous discuterons de la relation des fonctions bêta du groupe de renormalisation aux équations du mouvement des théories des champs effectives.

Dans le chapitre 6, le système composé d’une brane et d’une antibrane parallèles et séparées sera analysé. Nous commencerons par montrer la marginalité exacte du tachyon roulant interbranaire à distance constante qui est le résultat principal de cette thèse. Puis, comme dans le cas bosonique, le groupe de renormalisation du modèle sigma off-shell autour de la solution roulante sera étudié. La fonction de partition en r=rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r=r_{c}/\sqrt{2} sera calculée et exprimée pour tout r𝑟r. Enfin, l’action effective quadratique sera déterminée par la méthode de Kutasov et Niarchos, puis comparée aux équations de mouvement obtenues dans le cadre du groupe de renormalisation, puis aux actions effectives obtenues dans le passé par Sen dans le cas coïncident et proposées en dehors de la coïncidence par Garousi.

Pour conclure la thèse ( IV), les résultats seront rassemblés puis nous élargirons le champ de vision aux perspectives de continuation de ce travail de thèse. En particulier, nous discuterons de la possible identification du vide de condensation a priori atteint asymptotiquement par le tachyon roulant, en étudiant un tachyon interbranaire constant dans un espace compact et en utilisant une T-dualité. Nous discuterons également de la relation du modèle sigma du tachyon interbranaire constant et à distance constante avec le modèle Kondo et nous verrons en quoi cela peut mener à des résultat intéressants.

En Annexe, l’article Rolling tachyon for separated brane-antibrane systems publié dans Physical Review D a été ajouté.

Chapitre 2 Généralités : Théorie des cordes et théories des champs conformes de surface

Dans ce chapitre, nous allons introduire en détail la théorie des cordes fermées bosoniques puis celle des supercordes et enfin nous présenterons les concepts liés aux théories de cordes ouvertes. Nous commençerons par discuter dans la section 2.1 des transformations conformes et de leur relation à la théorie des cordes critique. Puis dans la section 2.2 nous présenterons la théorie bosonique par la définition de l’action et de l’amplitude Polyakov. On introduira les concepts d’opérateurs de vertex, d’OPE et d’états. Dans la section 2.3 nous introduirons les théories de supercordes en commençant par présenter l’action de surface de corde supersymétrique. Nous discuterons des symétries, des opérateurs de vertex, des états et du superespace. Dans la section 2.4 nous aborderons la question des surfaces avec bord et des cordes ouvertes. Nous parlerons des conditions de bord et leur relation aux branes et au concept d’état de bord. Nous finirons par présenter les branes BPS en supercordes et les systémes non BPS, tels que brane-antibrane et brane non BPS.

2.1 Transformations conformes et théorie des cordes critique

Dans le cadre de la théorie des cordes, ces transformations et la théorie conforme qui y est associée seront maintenant introduites. Les cordes se propagent dans l’espace-temps en décrivant des surfaces. Si elles sont fermées, elles décrivent des surfaces tubulaires et si elles sont ouvertes, des nappes avec bords. Les interactions entre cordes sont obtenues en collant ces tubes ou ces nappes ensemble sous des formes typiques présentées dans la figure (2.1). Les cordes décrivent donc en interagissant des variétés riemanniennes à 2 dimensions, c’est-à-dire des surfaces lisses avec des bords, des poignées ou d’autres formes plus alambiquées telles que le ruban de Moebius ou la bouteille de Klein – voir [89] pour des définitions précises.

Ces surfaces sont plongées dans un espace-cible, en l’occurrence un espace-temps à d+1𝑑1d+1 dimensions111Cette valeur est pour l’instant arbitraire.. La surface est localement, c’est-à-dire sur chaque carte constituant l’atlas de la variété, décrite par un jeu de coordonnées (x,y)2𝑥𝑦superscript2(x,y)\in{\mathbb{R}}^{2}. Cette variété à 2 dimension est nommée ΣΣ\Sigma. Elle est munie d’une métrique intrinsèque, éventuellement définie globalement, exprimée dans ce jeu de coordonnées. Les notations suivantes sont utilisées pour la suite : Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu}, les coordonnées de l’espace-cible avec μ=0d𝜇0𝑑\mu=0\ldots d, et M𝑀M l’espace-cible dans lequel la surface est insérée. Du point de vue de l’espace-temps, Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} est un vecteur. Mais, du point de vue de la surface chaque coordonnée est équivalente à une fonction sur les coordonnées (x,y)𝑥𝑦(x,y) d’une carte, nommée fonction d’insertion et notée ϕitalic-ϕ\phi.

Refer to caption
(a) Nappe de corde ouverte.
Refer to caption
(b) Surface tubulaire de corde fermée.
Figure 2.1: Surfaces typiques décrites par des cordes en interaction. Elles représentant ici des diagrammes à l’ordre des arbres.
2.1.1 Difféomorphismes et transformations de Weyl

Dans ce paragraphe, ϕitalic-ϕ\phi sera défini et les difféomorphismes seront introduits. Soit X𝑋X une direction de l’espace-cible. L’insertion de cette surface dans l’espace-cible M𝑀M le long de cette direction est telle que pour tout point pΣ𝑝Σp\in\Sigma, X(p)M𝑋𝑝𝑀X(p)\in M est bijective et X(p)=ϕσ(p)𝑋𝑝italic-ϕ𝜎𝑝X(p)=\phi\circ\sigma(p) avec σ=(x,y)𝜎𝑥𝑦\sigma=(x,y) et ϕitalic-ϕ\phi une fonction bijective. Pour σσ𝜎superscript𝜎\sigma\neq\sigma^{\prime},

X(p)=ϕσ(p)=ϕσ(p)𝑋𝑝italic-ϕ𝜎𝑝superscriptitalic-ϕsuperscript𝜎𝑝\displaystyle X(p)=\phi\circ\sigma(p)=\phi^{\prime}\circ\sigma^{\prime}(p) (2.1.1)

ce qui définit bien ϕitalic-ϕ\phi comme une fonction : ϕ(σ)=ϕ(σ)superscriptitalic-ϕsuperscript𝜎italic-ϕ𝜎\phi^{\prime}(\sigma^{\prime})=\phi(\sigma). Par conséquent, pour tout système de coordonnées σ𝜎\sigma et σsuperscript𝜎\sigma^{\prime} de ΣΣ\Sigma reliés ensembles par une transformation régulière Csuperscript𝐶C^{\infty}, c’est-à-dire par un difféomorphisme, il existe ϕitalic-ϕ\phi et ϕsuperscriptitalic-ϕ\phi^{\prime} tels que (2.1.1) est vérifiée. Ainsi, l’insertion est définie de façon continue tout au long du groupe des difféomorphismes de la surface ΣΣ\Sigma. Cette propriété implique qu’il n’y a pas – qu’il ne doit pas y avoir – de système de coordonnées privilégié sur toute surface. Au pire, il peut exister des classes de coordonnées disjointes.

Il existe d’autres transformations de coordonnées qui ne sont pas des difféomorphismes mais qui peuvent tout de même constituer des symétries vis-à-vis de l’identité (2.1.1). Le volume invariant d’une variété est défini par l’intégrale :

V=Σdnxdetg𝑉subscriptΣsuperscriptd𝑛𝑥𝑔\displaystyle V=\int_{\Sigma}\text{d}^{n}x\leavevmode\nobreak\ \sqrt{\det g} (2.1.2)

avec n𝑛n la dimension et g𝑔g la métrique intrinsèque. Pour changer ce volume, il faut soit changer de métrique, soit changer de système de coordonnées. Puisque le volume est invariant par difféomorphisme, il est exclu que le changement de coordonnées souhaité soit lui-même un difféomorphisme. Les transformations de Weyl sont alors introduites. Il est commode de les définir par une transformation de la métrique, s’exprimant comme :

gabdxadxbΩ(x)2gabdxadxbtensor-productsubscript𝑔𝑎𝑏𝑑superscript𝑥𝑎𝑑superscript𝑥𝑏tensor-productΩsuperscript𝑥2subscript𝑔𝑎𝑏𝑑superscript𝑥𝑎𝑑superscript𝑥𝑏\displaystyle g_{ab}\;dx^{a}\otimes dx^{b}\to\Omega(x)^{2}\leavevmode\nobreak\ g_{ab}\;dx^{a}\otimes dx^{b} (2.1.3)

Soit (2.1.2) donne :

VV=ΣdnxΩ(x)ndetg𝑉superscript𝑉subscriptΣsuperscriptd𝑛𝑥Ωsuperscript𝑥𝑛𝑔\displaystyle V\to V^{\prime}=\int_{\Sigma}\text{d}^{n}x\leavevmode\nobreak\ \Omega(x)^{n}\leavevmode\nobreak\ \sqrt{\det g} (2.1.4)

Par difféomorphisme222Ces difféomorphismes sont précisément les transformations conformes que nous introduisons plus bas. et en conservant la forme de la métrique, cette transformation est implémentée sous la forme d’un changement de système de coordonnées xx𝑥superscript𝑥x\to x^{\prime} dont la métrique est g(x)𝑔superscript𝑥g(x^{\prime}). Encore une fois, l’identité (2.1.1) s’appliquant, il toujours possible de trouver des fonctions d’insertion ϕitalic-ϕ\phi et ϕsuperscriptitalic-ϕ\phi^{\prime} telles que X(p)𝑋𝑝X(p) est conservée par transformation de Weyl.

Ainsi, une certaine insertion X(Σ)𝑋ΣX(\Sigma) peut-être conservée invariante par difféomorphismes et transformations de Weyl, quelque soit la variété.

Il existe une certaine catégorie de difféomorphismes, en fait ceux que nous venons d’utiliser, dites transformations conformes, tels que pour x=x(x~)𝑥𝑥~𝑥x=x(\widetilde{x}) :

gab(x)dxadxb=Ω(x~)2gab(x~)dx~adx~btensor-productsubscript𝑔𝑎𝑏𝑥𝑑superscript𝑥𝑎𝑑superscript𝑥𝑏tensor-productΩsuperscript~𝑥2subscript𝑔𝑎𝑏~𝑥𝑑superscript~𝑥𝑎𝑑superscript~𝑥𝑏\displaystyle g_{ab}(x)\;dx^{a}\otimes dx^{b}=\Omega(\widetilde{x})^{2}\leavevmode\nobreak\ g_{ab}(\widetilde{x})\;d\widetilde{x}^{a}\otimes d\widetilde{x}^{b} (2.1.5)

Or, en appliquant ensuite une transformation de Weyl, on obtient :

gab(x)dxadxbgab(x~)dx~adx~btensor-productsubscript𝑔𝑎𝑏𝑥𝑑superscript𝑥𝑎𝑑superscript𝑥𝑏tensor-productsubscript𝑔𝑎𝑏~𝑥𝑑superscript~𝑥𝑎𝑑superscript~𝑥𝑏\displaystyle g_{ab}(x)\;dx^{a}\otimes dx^{b}\to g_{ab}(\widetilde{x})\;d\widetilde{x}^{a}\otimes d\widetilde{x}^{b} (2.1.6)

Donc, à une transformation de Weyl près, les transformations conformes sont des difféomorphismes qui conservent la métrique intrinsèque. Ceci implique qu’elles conservent aussi les angles. En fait, ce sont les transformations régulières les plus générales vérifiant cette propriété.

On verra que l’expression de l’action de théorie des cordes sur la surface de propagation, de par son invariance de Weyl, est directement invariante conforme ; c’est une propriété essentielle.

2.1.2 Invariance de Weyl et théorie des cordes critique

Il vient d’être montré que les surfaces de cordes insérées dans l’espace-cible peuvent être paramétrisées librement, pourvu que la fonction d’insertion ϕitalic-ϕ\phi soit choisie convenablement. Or, cette insertion devrait être totalement indépendante de l’étalon de ”volume” intrinsèque, c’est-à-dire le volume invariant (2.1.2) calculé à partir de la métrique intrinsèque, puisque physiquement la corde est définie par sa surface du point de vue de l’espace-cible. Par conséquent, la théorie décrivant la corde et définie sur la surface devrait être invariante de Weyl.

Toutefois, cette condition n’est pas indispensable333Elle n’est d’ailleurs pas imposée dans des modèles équivalents en physique statistique, par exemple.. Malgré tout, en théorie des cordes, l’invariance de Weyl semble être une condition naturelle dans la mesure où il n’existe pas d’arguments physiques forts, dans l’espace-cible, pour ajouter un degré de liberté interne, tel que cet étalon de volume intrinsèque, à la surface ; au contraire, des particules ”physiques” ne pourront être introduites – sur la couche de masse – qu’à l’aide de cette contrainte. Quelques éclaircissements seront apportés par la suite dans la comparaison des actions de Nambu-Goto et de Polyakov et lorsque les amplitudes de Polyakov seront discutées.

Cette dernière condition si elle est remplie, définie la théorie des cordes critique. L’invariance de cette théorie par difféomorphismes et transformation de Weyl en fait alors une théorie conforme.

2.1.3 Choix de jauge et brisures de symétrie

L’existence de ces degrés de liberté de reparamétrisations n’est finalement qu’un artefact mathématique et non une propriété de l’objet inséré du point de vue de l’espace-cible ; ceux-ci doivent donc être fixées. Le terme de choix de jauge est communément introduit car une telle redondance s’appelle une symétrie de jauge.

Ces symétries peuvent apparaître localement brisées et ce, classiquement ou quantiquement. Ceci a bien souvent des conséquences désastreuses pour la théorie – anomalies, perte d’unitarité etc. On cherchera donc presque toujours à réparer ces brisures, ou à empêcher leur apparition. Dans le cas de la symétrie de Weyl et en théorie des cordes critique, ceci est relié à la contrainte absolue d’invariance conforme des amplitudes.

Les symétries de jauge pourront aussi apparaître globalement brisées444J’entends par là que topologiquement, dans la globalité de la variété, il peut exister des classes de configurations géométriques inéquivalentes par diff×WeyldiffWeyl\text{diff}\times\text{Weyl}.. Cela implique en général que les propriétés intrinsèques doivent être organisées en classes d’équivalence fixées en amont par des propriétés extrinsèques. Donc, à l’inverse des brisures locales, celles-ci ne sont pas pathologiques. En effet, ces brisures globales dépendent entre autre de la topologie de la surface, dont la nature est directement associée à des propriétés extrinsèques, physiquement pertinentes. Le tore, par exemple, possède un continuum de classes d’équivalence de métriques représentées par un nombre complexe, le module qui correspond grossièrement à la forme du tore et à son vrillement. De manière générale, le terme module est utilisé pour désigner un représentant de classe d’équivalence lorsque ce dernier est un paramètre continu – par opposition à discret. En théorie des cordes, la géométrie du tore correspond au calcul à une boucle des amplitudes du vide de cordes fermées. Dans ce cadre, le module est physiquement déterminant.

Les transformations conformes ont été introduites ainsi que les difféomorphismes et les transformations de Weyl. L’introduction des transformations conformes en théorie des cordes va être analysée dans la suite à travers la descriptions des actions de Nambu-Goto et de Polyakov. Enfin, les amplitudes de Polyakov et les problèmes liés à l’invariance conforme seront décrits.

2.2 Théorie des champs conforme des cordes bosoniques

Nous allons dans cette section introduire la plupart des outils de théorie des champs conforme appliqués directement à la théorie des cordes. Il s’agit donc spécifiquement d’introduire une CFT à 2 dimensions. Dans ce type de théorie, en cette dimension particulière, les transformations conformes sont générées par une infinité de générateurs. Ce sont donc des théories intégrables, c’est-à-dire totalement résolubles et en particulier les calculs d’amplitudes (d’interactions entre cordes) peuvent être accomplis exactement. Nous montrerons d’abord comment la théorie des cordes peut être exprimée en termes de CFT. Puis nous analyserons les diverses symétries vérifiées par la théorie des champs sur la surface de cordes. Elles permettent de déterminer le spectre de masse des cordes ainsi que les expressions des états correspondants à chaque valeur de masse, c’est-à-dire les particules décrites par les cordes. Nous finirons par montrer comment les produits d’opérateurs (OPE) contraints par la CFT permettent de calculer, ou pour le moins d’exprimer, exactement les amplitudes d’interaction. Pour plus de détail concernant les théories conformes, le lecteur pourra consulter la bible des théories conformes est l’ouvrage de Di Francesco et al. [24]. Pour les aspects basiques de théorie conformes dans le contexte de la théorie des cordes, les ouvrages de Polchinski [97] et de Kiritsis [69] sont des références. Des concepts plus avancées sont traités dans le second tome de Polchinski [98] et dans la revue de Friedan, Martinec et Shenker [39].

2.2.1 Les théories conformes en théorie des cordes

Avant tout, nous décrirons la dynamique classique des surfaces de cordes via la définition de leur action. Nous introduirons l’action de Nambu-Goto puis celle de Polyakov dont nous identifierons la théorie des champs qu’elle décrit à une CFT. Nous discuterons ensuite des amplitudes de Polyakov dans ce cadre. Nous verrons en particulier les nombreuses symétries et redondances dont il faut tenir compte. Nous introduirons alors les champs fantômes de Fadeev-Popov et les diverses contraintes vérifiées par les amplitudes en théories des cordes. Nous présenterons enfin les opérateurs de vertex, qui correspondent à des ”particules” au sens d’une théorie quantique des champs, c’est-à-dire des états (ou configurations) asymptotiques.

Action de Polyakov

L’action des cordes, c’est-à-dire la quantité qu’une corde se propageant cherche à extrémiser, est naturellement donnée par la surface qu’elle trace lors de sa propagation dans l’espace-cible. Nous parlons ainsi de feuille d’univers, par analogie à la particule ponctuelle traçant quant à elle une ligne d’univers. D’après la section précédente, nous savons que l’aire invariante d’une surface insérée dans une variété plus grande est calculée à partir de la métrique induite par l’insertion X𝑋X. Soit donc, en notant par abus de notation X(p)=Xσ(p)𝑋𝑝𝑋𝜎𝑝X(p)=X\circ\sigma(p) :

SNG[X]Σd2σdet(aXμbXνGμν(X))proportional-tosubscript𝑆𝑁𝐺delimited-[]𝑋subscriptΣsuperscriptd2𝜎subscript𝑎superscript𝑋𝜇subscript𝑏superscript𝑋𝜈subscript𝐺𝜇𝜈𝑋\displaystyle S_{NG}[X]\propto\int_{\Sigma}\text{d}^{2}\sigma\,\sqrt{\det\left(\partial_{a}X^{\mu}\partial_{b}X^{\nu}G_{\mu\nu}(X)\right)} (2.2.1)

avec Gμν(X)subscript𝐺𝜇𝜈𝑋G_{\mu\nu}(X) la métrique de l’espace-cible555Il faudrait aussi ajouter les champs anti-symétriques Bμνsubscript𝐵𝜇𝜈B_{\mu\nu} et dilaton ΦΦ\Phi mais nous reportons leur introduction à la section 3.2 qui traite du modèle sigma. Nous les négligerons pour l’instant.. Cette dernière dépend ici explicitement du champ X𝑋X dans une démarche généraliste. La formule ci-dessus est l’expression de l’action de Nambu-Goto, à partir de laquelle la trajectoire de la surface est extrémisée. Elle exprime ainsi une théorie des champs pour la fonction d’insertion X𝑋X.

En fait, ce n’est pas l’action la plus adéquate pour calculer des quantités physiques. Dans ce but, il est préférable d’utiliser l’action de Polyakov [99, 100]. Celle-ci consiste à découpler la métrique induite γ𝛾\gamma de la métrique intrinsèque g𝑔g, de telle sorte que par extrémisation de cette action nous identifions g=γ𝑔𝛾g=\gamma puis déduisons Sp[γ,X]=SNG[X]subscript𝑆𝑝𝛾𝑋subscript𝑆𝑁𝐺delimited-[]𝑋S_{p}[\gamma,X]=S_{NG}[X]. Ainsi, l’action de Polyakov décrit une théorie des champs à la fois pour la métrique intrinsèque et pour la fonction d’insertion de la feuille d’univers. Son expression est donnée par :

Sp[g,X]=14παΣd2σggabaXμbXνGμν(X)subscript𝑆𝑝𝑔𝑋14𝜋superscript𝛼subscriptΣsuperscriptd2𝜎𝑔superscript𝑔𝑎𝑏subscript𝑎superscript𝑋𝜇subscript𝑏superscript𝑋𝜈subscript𝐺𝜇𝜈𝑋\displaystyle S_{p}[g,X]=\frac{1}{4\pi\alpha^{\prime}}\int_{\Sigma}\text{d}^{2}\sigma\sqrt{g}\,g^{ab}\partial_{a}X^{\mu}\partial_{b}X^{\nu}G_{\mu\nu}(X) (2.2.2)

Le facteur de Regge α=s2superscript𝛼superscriptsubscript𝑠2\alpha^{\prime}=\ell_{s}^{2} avec ssubscript𝑠\ell_{s} la longueur de corde, est introduit de sorte que l’action soit sans dimension. En effet, [X]=[s]delimited-[]𝑋delimited-[]subscript𝑠[X]=[\ell_{s}] et [G,g]=1𝐺𝑔1[G,g]=1. Nous distinguons dans cette action un terme cinétique pour le champ X𝑋X et un couplage à la métrique intrinsèque, donc à des degrés de libertés auxiliaires – puisqu’ils n’ont pas de terme cinétique – internes à la surface. Classiquement666Ce n’est pas toujours évident au niveau quantique, c’est-à-dire dans les calculs d’amplitudes. La métrique de fond Gμνsubscript𝐺𝜇𝜈G_{\mu\nu} dans sa dépendance dans le champ X𝑋X, doit toujours définir une théorie invariante conforme, tant au niveau classique qu’au niveau quantique. cette action est invariante par difféomorphismes et par transformations de Weyl – en supposant que Gμνsubscript𝐺𝜇𝜈G_{\mu\nu} est elle-même invariante.

Il est important de constater que l’invariance de Weyl de ggab𝑔superscript𝑔𝑎𝑏\sqrt{g}\;g^{ab} permet de déduire que la théorie décrite par cette action est effectivement conformalement invariante classiquement. A titre de contre-exemple, d’après la formule (2.1.4), sur une variété de dimension supérieure à 2, le facteur ggab𝑔superscript𝑔𝑎𝑏\sqrt{g}\;g^{ab} n’est pas invariant de Weyl et par conséquent la théorie immédiatement non-conforme.

L’action de Polyakov (2.2.2) décrit une théorie des champs conforme, notée dans la suite CFT.

Amplitudes de Polyakov

A partir de cette action, nous définissons l’amplitude de Polyakov : l’intégrale de chemin sur les champs X𝑋X et g𝑔g. Cette intégrale est sommée naturellement sur toutes les géométries de surface, compactes, non équivalentes, reliant un certain nombre d’états asymptotiques de cordes. Ces états sont représentés par des opérateurs de vertex. Ce sont des fonctionnelles de champs de feuille d’univers et de leurs dérivées V[X,nX]𝑉𝑋superscript𝑛𝑋V[X,\partial^{n}X], à chacune desquelles est associé un champ d’espace-cible. Pour être bien précis, il faut introduire les modes d’oscillations des cordes, ce que nous ferons dans la section 2.2.3. Un ensemble de modes d’oscillation – un accord en quelque sorte – est produit par une source ”couplée” à la corde. Cette source peut être un champ d’espace-cible ou bien, plus complexe, une brane777Voir section 2.4.. Il existe donc un certain nombre ”d’extrémités” à la feuille d’univers où un ensemble de modes est sourcé par des champs ou des branes.

Ainsi, l’amplitude de Polyakov calcule une fonction de corrélation entre des états asymptotiques, chacun correspondant à un champ d’espace-temps. Le résultat est exprimé dans l’espace de Fourier des impulsions, donc une amplitude de Polyakov est en général un élément de matrice-S. Il faut noter que les états sont nécessairement connectés entre eux par une feuille d’univers, ce qui implique la préexistence d’une corde ; autrement dit, il n’y a pas de processus de création de corde. Nous utilisons donc, du point de vue de l’espace-cible, un formalisme de première quantification.

Compte-tenu de ce qui a été précisé plus haut, pour un ensemble d’opérateurs de vertex Vα(kαμ)subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu}), l’amplitude à N-points sur une feuille d’univers ΣΣ\Sigma compacte, de nombre d’Euler χ𝜒\chi, doit s’écrire :

α=1NVα(kαμ)Σ=[dω]𝒟(gω)V(Diff×Weyl)𝒟XeSp[gω,X]α=1NVα(kαμ)subscriptdelimited-⟨⟩superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇Σdelimited-[]𝑑𝜔𝒟superscript𝑔𝜔𝑉DiffWeyl𝒟𝑋superscript𝑒subscript𝑆𝑝superscript𝑔𝜔𝑋superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇\displaystyle\left<\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu})\right>_{\Sigma}=\int[d\omega]\int\frac{{\mathcal{D}}({}^{\omega}g)}{V(\text{Diff}\times\text{Weyl})}\int{\mathcal{D}}X\,e^{-S_{p}[{}^{\omega}g,X]}\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu}) (2.2.3)

et l’amplitude de Polyakov complète sommée sur toutes les géométries compactes :

α=1NVα(kαμ)=Σ compactesgsχα=1NVα(kαμ)Σdelimited-⟨⟩superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇subscriptΣ compactessuperscriptsubscript𝑔𝑠𝜒subscriptdelimited-⟨⟩superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇Σ\displaystyle\left<\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu})\right>=\sum_{\Sigma\text{ compactes}}g_{s}^{-\chi}\left<\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu})\right>_{\Sigma} (2.2.4)

Nous avons plusieurs remarques à formuler quant à cette expression et aux propriétés des éléments qu’on y a introduit :

  • i)

    Un facteur gssubscript𝑔𝑠g_{s} a été ajouté dans la formule ci-dessus, un couplage de corde, et ce n’est pas arbitraire. En vérité, nous aurions dû ajouter un terme supplémentaire à l’action de Polyakov, vérifiant également les invariances par difféomorphismes et Weyl ; un terme purement topologique :

    λΣd2σ2πg=λχ(Σ)𝜆subscriptΣsuperscriptd2𝜎2𝜋𝑔𝜆𝜒Σ\lambda\,\int_{\Sigma}\frac{\text{d}^{2}\sigma}{2\pi}\sqrt{g}\,{\mathcal{R}}=\lambda\,\chi(\Sigma) (2.2.5)

    D’après cette formule, nous identifions naturellement gs=eλsubscript𝑔𝑠superscript𝑒𝜆g_{s}=e^{\lambda}. Le nombre d’Euler dépend du nombre de poignées (génus), de bords, et de cross-caps888Pour la définition voir Polchinski [97] [89] à la surface selon χ=22gbc𝜒22𝑔𝑏𝑐\chi=2-2g-b-c. Ainsi le nombre d’Euler de la sphère est χ=2𝜒2\chi=2, celui du tore χ=0𝜒0\chi=0 et du disque χ=1𝜒1\chi=1. Compte-tenu du classement des topologies selon les puissances dans le couplage, pour les cordes fermées, nous identifions la sphère à l’amplitude à l’ordre des arbres et le tore à l’amplitude à une boucle, etc. Le disque serait quant à lui l’ordre des arbres pour les amplitudes de cordes ouvertes et l’anneau l’amplitude à une boucle.

  • ii)

    L’intégrande doit être invariant par difféomorphisme et transformation de Weyl, d’après les arguments avancés dans la section précédente. Remarquons tout de même que du fait des intégrations sur toutes valeurs de X𝑋X et g𝑔g, le résultat est évidemment indépendant du système de coordonnées et de la métrique intrinsèques ; ce qui n’interdit donc pas de s’intéresser à des intégrandes non invariants dans des problèmes de physique statistique par exemple.

    Ainsi, il faut vérifier que l’ensemble de l’intégrande et de la mesure sont bien invariants sous l’action du groupe Diff×WeylDiffWeyl\text{Diff}\times\text{Weyl}. Alors que l’invariance au niveau classique ne concerne que les variations de l’action, l’invariance au niveau quantique quant à elle tient compte des variations de l’ensemble des objets contenus dans l’amplitude, dépendant de paramètres intrinsèques.

    Polyakov montre [99, 89] que, dans Minkowski999Mais le résultat final sur le nombre de dimension est valable pour tout Gμνsubscript𝐺𝜇𝜈G_{\mu\nu}., par transformation de Weyl ge2ϕg𝑔superscript𝑒2italic-ϕ𝑔g\to e^{2\phi}g, la mesure – oublions un instant les modules – se transforme selon :

    𝒟X𝒟ged+12624π2d2zg(gabaϕbϕ+ϕ)𝒟X𝒟g𝒟𝑋𝒟𝑔superscript𝑒𝑑12624superscript𝜋2superscriptd2𝑧𝑔superscript𝑔𝑎𝑏subscript𝑎italic-ϕsubscript𝑏italic-ϕitalic-ϕ𝒟𝑋𝒟𝑔\displaystyle{\mathcal{D}}X{\mathcal{D}}g\to e^{\frac{d+1-26}{24\pi^{2}}\int\text{d}^{2}z\sqrt{g}\left(g^{ab}\partial_{a}\phi\partial_{b}\phi+{\mathcal{R}}\phi\right)}{\mathcal{D}}X{\mathcal{D}}g (2.2.6)

    La théorie des cordes critique impose donc que l’espace-temps cible soit composé de 25 dimensions d’espace et 1 de temps, soit 26 dimensions. Mentionnons qu’en théorie critique des supercordes, la théorie des cordes supersymétrique, Polyakov montre [100] de façon équivalente qu’il faut d+1=10𝑑110d+1=10. Nous verrons au point v) ce qui concerne les opérateurs de vertex.

  • iii)

    L’intégrale sur ω𝜔\omega représente l’intégration sur les modules. Il peut y en avoir plusieurs, réels ou complexes.

  • iv)

    A module fixé, il reste à intégrer le long de la classe de métriques équivalentes par difféomorphisme et transformations de Weyl. Etant donné que la théorie est choisie invariante suivant ces transformations, l’intégration le long de cette classe est redondante et implique un surcomptage. Il convient donc de choisir une métrique de référence –- appelée métrique fiducielle et notée g^ωsuperscript^𝑔𝜔{}^{\omega}\widehat{g} – puis d’intégrer sur les orbites du groupe Diff×WeylDiffWeyl\text{Diff}\times\text{Weyl}, et enfin de diviser par le volume de ce groupe.

    Afin de fixer la jauge nous utilisons la méthode de Fadeev-Popov, qui donne d’emblée la bonne mesure d’intégration. Cette dernière est exprimée en introduisant des champs abstraits, c’est-à-dire des artefacts mathématiques, fermioniques et anti-commutants, nommés champs fantômes et dont la mesure d’intégrale de chemin s’ajoute aux précédentes sous la forme :

    𝒟b𝒟ceSgh[b,c]𝒟𝑏𝒟𝑐superscript𝑒subscript𝑆𝑔𝑏𝑐\displaystyle\int{\mathcal{D}}b{\mathcal{D}}c\leavevmode\nobreak\ e^{-S_{gh}[b,c]} (2.2.7)

    L’action associée s’exprime selon :

    Sgh[b,c]=12πd2σg^ωbab^aωcbsubscript𝑆𝑔𝑏𝑐12𝜋superscriptd2𝜎superscript^𝑔𝜔subscript𝑏𝑎𝑏superscriptsuperscript^𝑎𝜔superscript𝑐𝑏\displaystyle S_{gh}[b,c]=\frac{1}{2\pi}\int\text{d}^{2}\sigma\,\sqrt{{}^{\omega}\widehat{g}}\;b_{ab}\;{}^{\omega}\widehat{\nabla}^{a}c^{b} (2.2.8)

    L’ancienne symétrie de jauge géométrique qui vient d’être fixée se retrouve naturellement sous une autre forme dans l’action complète, mais devient maintenant une contrainte pure sur la théorie plutôt qu’une redondance. Il s’agit de la symétrie BRST. Les fantômes (bab,ca)subscript𝑏𝑎𝑏superscript𝑐𝑎(b_{ab},c^{a}) sont des champs conformes de dimension (2,1)21(2,-1). Nous verrons cela plus en détail dans la section 2.2.3.

  • v)

    Les opérateurs de vertex doivent être insérés sur la feuille d’univers de manière à représenter des états asymptotiques de cordes – ou particules. Idéalement, ils seraient construits en perçant la surface sous la forme d’un trou circulaire puis en étirant la surface jusqu’à les envoyer à l’infini temporel [19]. En réalité, ce n’est pas la peine de procéder ainsi, grâce à l’invariance conforme. En effet, par cette invariance, nous pouvons changer localement de système de coordonnées tout en conservant la métrique fiducielle. De cette manière, n’importe quel point, à n’importe quelle coordonnée, peut devenir infiniment lointain de tous les autres. Ainsi, un trou circulaire de taille finie et envoyé à l’infini est conforme à une perforation ponctuelle, un poinçon.

    Par conséquent, un état asymptotique doit correspondre à un opérateur de vertex inséré sur la surface sous la forme d’un poinçon, et ce en un point quelconque de cette surface. Puisqu’il n’y a pas de point d’insertion privilégié sur la feuille d’univers, il faut donc intégrer l’opérateur de vertex sur toute cette surface. L’expression générale d’un opérateur de vertex est alors :

    Vα(kαμ)=Σd2σg^ω𝒱α(kαμ,σ)subscript𝑉𝛼subscriptsuperscript𝑘𝜇𝛼subscriptΣsuperscriptd2𝜎superscript^𝑔𝜔subscript𝒱𝛼subscriptsuperscript𝑘𝜇𝛼𝜎V_{\alpha}(k^{\mu}_{\alpha})=\int_{\Sigma}\text{d}^{2}\sigma\,\sqrt{{}^{\omega}\widehat{g}}\;{\mathcal{V}}_{\alpha}(k^{\mu}_{\alpha},\sigma) (2.2.9)

    La condition d’invariance de Weyl de l’amplitude impose que cet opérateur soit lui-même invariant conforme. Pour cette raison l’opérateur 𝒱α(kαμ,σ)subscript𝒱𝛼subscriptsuperscript𝑘𝜇𝛼𝜎{\mathcal{V}}_{\alpha}(k^{\mu}_{\alpha},\sigma) doit être un champ primaire de la théorie conforme, une propriété introduite dans la section 2.2.3. Mentionnons que dans Minkowski cette contrainte impose (k0)2(ki)2=m2superscriptsuperscript𝑘02superscriptsuperscript𝑘𝑖2superscript𝑚2(k^{0})^{2}-(k^{i})^{2}=m^{2}, c’est-à-dire la condition de couche de masse (!) pour la particule représentée par l’état asymptotique.

    Avec la jauge fixée, tout opérateur de vertex est une fonctionnelle des champs X𝑋X mais aussi des champs fantômes a priori .

  • vi)

    Il existe des difféomorphismes qui génèrent des transformations conformes, c’est-à-dire qui peuvent être annulés par une transformation de Weyl. Cette symétrie est importante puisqu’il s’agit précisément de la symétrie conforme développée dans la section suivante. En fixant la jauge101010Voir [2, 97] pour plus de détails, c’est-à-dire en fixant la métrique, les transformations Diff×WeylDiffWeyl\text{Diff}\times\text{Weyl} ne sont pas complètement fixées. Il existe une symétrie résiduelle : la symétrie conforme. Autrement dit, V(g)<V(Diff×Weyl)𝑉𝑔𝑉DiffWeylV(g)<V(\text{Diff}\times\text{Weyl}).

    Du fait du surcomptage causé par cette symétrie résiduelle, l’amplitude finale – à jauge fixée – doit être divisée par un facteur de volume sur le groupe d’invariance conforme, nommé CKG – groupe de Killing conforme. Ses éléments se nomment CKV – vecteur de Killing conformes. Ce facteur sera noté Ω(CKG)Ω𝐶𝐾𝐺\Omega(CKG). Une autre option, est de fixer la position d’autant d’opérateurs de vertex qu’il y a de CKV. Sur la sphère on compte 3 CKV complexes dans le groupe de Mœbius SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,{\mathbb{C}}), donc il suffit de fixer la position de 3 opérateurs de vertex. Sur le disque, on compte 3 CKV réels dans le groupe SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,{\mathbb{R}}). Il existe une autre méthode pour se débarrasser de ce surcomptage, utile lorsqu’il n’existe aucun opérateur à fixer – dans le cas du calcul de la fonction de partition par exemple. Elle consiste à extraire du calcul le nombre infini associé au surcomptage, en utilisant le formalisme de renormalisation – voir entre autres [125, 3, 37, 36].

  • vii)

    Le théorème de Riemann-Roch permet de donner le nombre de modules μ𝜇\mu et de CKV κ𝜅\kappa en fonction de la topologie de la surface :

    χ>0::𝜒0absent\displaystyle\chi>0\leavevmode\nobreak\ : κ=3χ𝜅3𝜒\displaystyle\kappa=3\chi μ=0𝜇0\displaystyle\mu=0
    χ<0::𝜒0absent\displaystyle\chi<0\leavevmode\nobreak\ : κ=0𝜅0\displaystyle\kappa=0 μ=3χ𝜇3𝜒\displaystyle\mu=3\chi (2.2.10)

Pour conclure et compte-tenu de toutes les remarques précédentes, l’expression de l’amplitude sur une variété ΣΣ\Sigma à jauge fixée est :

α=1NVα(kαμ)Σsubscriptdelimited-⟨⟩superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇Σ\displaystyle\left<\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu})\right>_{\Sigma} =\displaystyle= dμωΩ(CKV)𝒟XeSpSghα=1NVα(kαμ)superscript𝑑𝜇𝜔Ω𝐶𝐾𝑉𝒟𝑋superscript𝑒subscript𝑆𝑝subscript𝑆𝑔superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇\displaystyle\int\frac{d^{\mu}\omega}{\Omega(CKV)}\int{\mathcal{D}}X\,e^{-S_{p}-S_{gh}}\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu}) (2.2.11)
=\displaystyle= dμω𝒟XeSpSghα=1κcc~𝒱α(kαμ,σα)β=κ+1NVβ(kβμ)superscript𝑑𝜇𝜔𝒟𝑋superscript𝑒subscript𝑆𝑝subscript𝑆𝑔superscriptsubscriptproduct𝛼1𝜅𝑐~𝑐subscript𝒱𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇subscript𝜎𝛼superscriptsubscriptproduct𝛽𝜅1𝑁subscript𝑉𝛽superscriptsubscript𝑘𝛽𝜇\displaystyle\int d^{\mu}\omega\int{\mathcal{D}}X\,e^{-S_{p}-S_{gh}}\prod_{\alpha=1}^{\kappa}c\widetilde{c}{\mathcal{V}}_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu},\sigma_{\alpha})\prod_{\beta=\kappa+1}^{N}V_{\beta}(k_{\beta}^{\mu})

Chaque opérateur de vertex fixé doit être multipliée dans le bulk par la combinaison de champs fantômes cc~𝑐~𝑐c\widetilde{c}. Nous verrons pour quelle raison à la section 2.2.3. Mentionnons simplement qu’ils remplacent la mesure d2σsuperscriptd2𝜎\text{d}^{2}\sigma du point de vue des transformations conformes.

Nous avons introduit les théories conformes en théorie des cordes. En particulier, nous avons défini l’action de Polyakov, les amplitudes et les opérateurs de vertex, des quantités devant vérifier des conditions d’invariance de Weyl et de difféomorphismes donc d’invariance conforme. Nous allons maintenant définir concrètement ces opérateurs dans le contexte de la CFT.

2.2.2 Les symétries dans l’action et l’amplitude de Polyakov

Cette étude se base principalement sur les ouvrages de Polchinski et Kiritsis [97, 98, 69]. Le point de départ est l’action de Polyakov, (2.2.2) et (2.2.8), définie sur un espace-cible plat, c’est-à-dire Gμν(X)=ημνsubscript𝐺𝜇𝜈𝑋subscript𝜂𝜇𝜈G_{\mu\nu}(X)=\eta_{\mu\nu}, avec la convention η=diag(1,1,1,1)𝜂diag1.1.1.1\eta=\text{diag}(-1,1,1,1). Nous nous intéressons à la physique locale sur la surface, en se plaçant sur un voisinage U𝑈U de la variété ΣΣ\Sigma :

Sp[g,X]=14παUd2σg^g^abaXμbXνημν+12πUd2σg^bab^acbsubscript𝑆𝑝𝑔𝑋14𝜋superscript𝛼subscript𝑈superscriptd2𝜎^𝑔superscript^𝑔𝑎𝑏subscript𝑎superscript𝑋𝜇subscript𝑏superscript𝑋𝜈subscript𝜂𝜇𝜈12𝜋subscript𝑈superscriptd2𝜎^𝑔subscript𝑏𝑎𝑏superscript^𝑎superscript𝑐𝑏S_{p}[g,X]=\frac{1}{4\pi\alpha^{\prime}}\int_{U}\text{d}^{2}\sigma\;\sqrt{\widehat{g}}\,\widehat{g}^{ab}\;\partial_{a}X^{\mu}\partial_{b}X^{\nu}\;\eta_{\mu\nu}+\frac{1}{2\pi}\int_{U}\text{d}^{2}\sigma\,\sqrt{\widehat{g}}\;b_{ab}\;\widehat{\nabla}^{a}c^{b} (2.2.12)

Localement, toute métrique sur une surface est conformalement plate, à un difféomorphisme près –- voir [89]. Il n’existe donc pas de module dans la description locale d’une surface. Ceci implique que, par invariance de Weyl, nous pouvons utiliser la métrique fiducielle suivante g^ab=δabsubscript^𝑔𝑎𝑏subscript𝛿𝑎𝑏\widehat{g}_{ab}=\delta_{ab} et paramétriser la surface par des coordonnées euclidiennes, à condition que la fonction X𝑋X vérifie bien quant à elle des contraintes de causalité. En outre, il n’existe pas de condition de réalité sur le système de coordonnées, que nous pouvons choisir dans {\mathbb{C}} à partir du moment où le voisinage U𝑈U – un ouvert –- est une surface de Riemann. Ainsi opterons-nous pour un système de coordonnées complexe, dans lequel la métrique est hermitienne et s’exprime comme ds2=dzdz¯𝑑superscript𝑠2tensor-product𝑑𝑧𝑑¯𝑧ds^{2}=dz\otimes d\bar{z}. Ce système est particulièrement pratique pour traiter la plupart des calculs. Dans ces coordonnées, l’action s’écrit comme :

Sp[g,X]=12παd2zXμ¯Xμ+12πd2z(bzz¯cz+bz¯z¯cz¯)subscript𝑆𝑝𝑔𝑋12𝜋superscript𝛼subscriptsuperscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇12𝜋subscriptsuperscriptd2𝑧subscript𝑏𝑧𝑧¯superscript𝑐𝑧subscript𝑏¯𝑧¯𝑧superscript𝑐¯𝑧S_{p}[g,X]=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{\mathbb{C}}\text{d}^{2}z\;\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{1}{2\pi}\int_{\mathbb{C}}\text{d}^{2}z\;\left(b_{zz}\bar{\partial}c^{z}+b_{\bar{z}\bar{z}}\partial c^{\bar{z}}\right) (2.2.13)

où nous notons simplement =/z𝑧\partial=\partial/\partial z et ¯=/z¯¯¯𝑧\bar{\partial}=\partial/\partial\bar{z}. La normalisation est toujours fixée suivant les conventions de Polchinski [97]. Cette action est symétrique par transformations conformes et transformations de Poincaré sur les champs Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu}, c’est-à-dire les translations et les boost de Lorentz.

Certaines feuilles d’univers ΣΣ\Sigma peuvent être décrites globalement par au moins un système de coordonnées fixé et en particulier si la surface est orientable, sur le plan complexe – il s’agit alors d’une surface de Riemann. C’est le cas de la sphère S2superscript𝑆2S^{2}, du tore T2superscript𝑇2T^{2} (et de tous les tores Tnsuperscript𝑇𝑛T^{n} à plus forte raison) ou du disque D2superscript𝐷2D^{2}.

Dans le cas de la sphère tous les points sont équivalents, mais ce n’est pas le cas du disque où les points de l’intérieur – le bulk – se distinguent des points du bord. Ainsi, l’étude de la physique des cordes, sur une géométrie de surface telle que la sphère, pourra être faite au voisinage de n’importe quel point. En revanche dans le cas du disque nous discernons deux physiques distinctes, celle de l’intérieur – vraisemblablement semblable à celle d’un voisinage de sphère – et celle du bord – de tout voisinage du bord pour être plus précis.

Cette distinction amène à définir deux théories des cordes sur les surfaces avec bord : les cordes fermées, celles du bulk, et les cordes ouvertes, celles du bord. Nous différencions ainsi les opérateurs de vertex du bulk et ceux du bord, qui ne sont pas associés aux même états asymptotiques. L’identification précédente est naturelle dans le sens où une corde fermée est un objet n’ayant pas de bord, tandis qu’une corde ouverte est un objet à deux bords, c’est-à-dire chaque extrémité.

En ce sens, l’action (2.2.13) décrit la physique d’un voisinage du bulk, sans bord, paramétrisée sur le plan complexe entier {\mathbb{C}}, et correspond par conséquent à une théorie des cordes fermées. En revanche, pour décrire la physique des cordes ouvertes, il faut se placer sur un demi-plan complexe avec bord et on choisit en général le demi-plan supérieur H+={z,𝔪z0}subscript𝐻𝑧𝔪𝑧0H_{+}=\{z,\;\mathfrak{Im}\,z\geq 0\}. A noter qu’il faut éventuellement implémenter des conditions de bord sous la forme de termes de bord dans l’action :

Sp[g,X]=12παH+d2zXμ¯Xμ+12πH+d2z(bzz¯cz+bz¯z¯cz¯)+H+=dz𝒪[X,b,c]subscript𝑆𝑝𝑔𝑋12𝜋superscript𝛼subscriptsubscript𝐻superscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇12𝜋subscriptsubscript𝐻superscriptd2𝑧subscript𝑏𝑧𝑧¯superscript𝑐𝑧subscript𝑏¯𝑧¯𝑧superscript𝑐¯𝑧subscriptcontour-integralsubscript𝐻d𝑧𝒪𝑋𝑏𝑐S_{p}[g,X]=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{H_{+}}\text{d}^{2}z\;\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{1}{2\pi}\int_{H_{+}}\text{d}^{2}z\;\left(b_{zz}\bar{\partial}c^{z}+b_{\bar{z}\bar{z}}\partial c^{\bar{z}}\right)+\oint_{\partial H_{+}={\mathbb{R}}}\text{d}z\;{\mathcal{O}}[X,b,c] (2.2.14)

avec 𝒪𝒪{\mathcal{O}} un ensemble d’opérateurs de vertex a priori primaires. Insistons cependant sur le fait que la théorie est ci-dessus définie sur des voisinages et non sur la variété entière. Par conséquent, nous ne pouvons pas calculer, dans cette description, une amplitude sur la sphère ou sur le disque ; il faudrait ajouter certaines conditions de périodicité, de symétries – relié au problème des CKV – et de régularisation infra-rouge (IR).

Les symétries de l’action de cordes fermées

Nous comptons plusieurs symétries dans l’action (2.2.2), où la jauge n’est pas encore fixée. Les symétries internes rencontrées précédemment : les difféomorphismes – dont les transformations conformes – et les transformations de Weyl. Mais aussi des symétries externes – dans le sens externes à la surface : celles-ci concernent des transformations des champs eux-mêmes, entre eux, mais qui peuvent dépendre des coordonnées. Parmi elles se trouvent les translations XμXμ+aμsuperscript𝑋𝜇superscript𝑋𝜇superscript𝑎𝜇X^{\mu}\to X^{\mu}+a^{\mu} et les transformations spéciales – boost – de Lorentz XμΛμνXνsuperscript𝑋𝜇subscriptsuperscriptΛ𝜈𝜇superscript𝑋𝜈X^{\mu}\to\Lambda^{\nu}_{\mu}X^{\nu}. L’ensemble de ces transformations forme le groupe de Poincaré111111Il peut exister d’autres symétries externes, auxquelles on se réfère en CFT sous l’appelation d’algèbre de courant. (Λ,a)Λ𝑎(\Lambda,a).

Il serait plus judicieux de partir de l’action (2.2.13) dont la jauge est fixée. En effet, nous ne serions plus confrontés aux contraintes d’invariance de Weyl et de difféomorphismes directement, mais uniquement aux contraintes d’invariance par transformations conformes. Ainsi, dans la suite, tant que possible nous partirons de l’action (2.2.13).

Avant de lister l’ensemble des symétries et des courants de Noether correspondants, donnons les équations du mouvement des différents champs, calculées à partir de l’action (2.2.13). Sa variation lagrangienne donne les équations d’Euler-Lagrange suivantes :

¯Xμ=0¯superscript𝑋𝜇0\displaystyle\partial\bar{\partial}X^{\mu}=0
¯cz=cz¯=0¯superscript𝑐𝑧superscript𝑐¯𝑧0\displaystyle\bar{\partial}c^{z}=\partial c^{\bar{z}}=0
¯bzz=bz¯z¯=0¯subscript𝑏𝑧𝑧subscript𝑏¯𝑧¯𝑧0\displaystyle\bar{\partial}b_{zz}=\partial b_{\bar{z}\bar{z}}=0 (2.2.15)

Nous en déduisons que X𝑋\partial X et ¯X¯𝑋\bar{\partial}X sont respectivement holomorphe et anti-holomorphe. En ce qui concerne les fantômes, les conclusions sont similaires. Par conséquent, nous utiliserons la notation suivante :

cz=c(z)superscript𝑐𝑧𝑐𝑧\displaystyle c^{z}=c(z)\qquad ,cz¯=c~(z¯)\displaystyle,\qquad c^{\bar{z}}=\widetilde{c}(\bar{z})
bzz=b(z)subscript𝑏𝑧𝑧𝑏𝑧\displaystyle b_{zz}=b(z)\qquad ,bz¯z¯=b~(z¯)\displaystyle,\qquad b_{\bar{z}\bar{z}}=\widetilde{b}(\bar{z}) (2.2.16)
Courants de Noether des champs X𝑋X

Les courants de Noether associés à ces symétries sont construits comme habituellement en théorie des champs –- voir [63]. Le courant des symétries internes est associé aux transformations de la métrique, donc est représenté par le tenseur énergie-impulsion. Pour une transformation infinitésimale δσa=ϵva(σ)𝛿superscript𝜎𝑎italic-ϵsuperscript𝑣𝑎𝜎\delta\sigma^{a}=\epsilon v^{a}(\sigma), avec σ=(z,z¯)𝜎𝑧¯𝑧\sigma=(z,\bar{z}), on a :

jz=j(z)=ivzTzz+ivz¯Tz¯zsubscript𝑗𝑧𝑗𝑧𝑖superscript𝑣𝑧subscript𝑇𝑧𝑧𝑖superscript𝑣¯𝑧subscript𝑇¯𝑧𝑧\displaystyle j_{z}=j(z)=iv^{z}T_{zz}+iv^{\bar{z}}T_{\bar{z}z}
jz¯=ȷ~(z)=ivzTzz¯+ivz¯Tz¯z¯subscript𝑗¯𝑧~italic-ȷ𝑧𝑖superscript𝑣𝑧subscript𝑇𝑧¯𝑧𝑖superscript𝑣¯𝑧subscript𝑇¯𝑧¯𝑧\displaystyle j_{\bar{z}}=\widetilde{\jmath}(z)=iv^{z}T_{z\bar{z}}+iv^{\bar{z}}T_{\bar{z}\bar{z}} (2.2.17)

Le champ X𝑋X se transforme selon δXμ=ϵvaaXμ𝛿superscript𝑋𝜇italic-ϵsuperscript𝑣𝑎subscript𝑎superscript𝑋𝜇\delta X^{\mu}=-\epsilon v^{a}\partial_{a}X^{\mu} donc le tenseur énergie-impulsion vérifie :

Tzz¯=Tz¯z=0subscript𝑇𝑧¯𝑧subscript𝑇¯𝑧𝑧0\displaystyle T_{z\bar{z}}=T_{\bar{z}z}=0
Tzz=T(z)=1α:XμXμ::subscript𝑇𝑧𝑧𝑇𝑧1superscript𝛼superscript𝑋𝜇subscript𝑋𝜇:absent\displaystyle T_{zz}=T(z)=-\frac{1}{\alpha^{\prime}}:\partial X^{\mu}\partial X_{\mu}:
Tz¯z¯=T~(z¯)=1α:¯Xμ¯Xμ::subscript𝑇¯𝑧¯𝑧~𝑇¯𝑧1superscript𝛼¯superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇:absent\displaystyle T_{\bar{z}\bar{z}}=\widetilde{T}(\bar{z})=-\frac{1}{\alpha^{\prime}}:\bar{\partial}X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}: (2.2.18)

Nous avons introduit la notation d’ordre normal :::::\star: pour signifier que le produit intérieur est régulier au sens des OPE – développement de produits d’opérateurs – défini à la section 2.2.3. Remarquons que Taa=2Tzz¯=0subscriptsuperscript𝑇𝑎𝑎2subscript𝑇𝑧¯𝑧0T^{a}_{\hphantom{a}a}=2T_{z\bar{z}}=0, c’est-à-dire que le courant des transformations de Weyl est nul. En outre, la conservation du courant impose que ¯(vzTzz)=(vz¯Tz¯z¯)=0¯superscript𝑣𝑧subscript𝑇𝑧𝑧superscript𝑣¯𝑧subscript𝑇¯𝑧¯𝑧0\bar{\partial}(v^{z}T_{zz})=\partial(v^{\bar{z}}T_{\bar{z}\bar{z}})=0, de telle sorte que vzsuperscript𝑣𝑧v^{z} et Tzzsubscript𝑇𝑧𝑧T_{zz} sont holomorphes, tandis que vz¯superscript𝑣¯𝑧v^{\bar{z}} et Tz¯z¯subscript𝑇¯𝑧¯𝑧T_{\bar{z}\bar{z}} sont anti-holomorphes, ce qui est vérifié le long des équations du mouvement ; d’où la notation utilisée T(z)𝑇𝑧T(z) et T~(z¯)~𝑇¯𝑧\widetilde{T}(\bar{z}).

Les transformations conformes sont portées par le vecteur tangent va(z,z¯)superscript𝑣𝑎𝑧¯𝑧v^{a}(z,\bar{z}) tel que ϵvz(z)=α+βz+γz2italic-ϵsuperscript𝑣𝑧𝑧𝛼𝛽𝑧𝛾superscript𝑧2\epsilon v^{z}(z)=\alpha+\beta z+\gamma z^{2} avec des coefficients complexes infinitésimaux, regroupant dans l’ordre les translations (α𝛼\alpha), les rotations et changements d’échelle (β𝛽\beta) et les transformations conformes spéciales (γ𝛾\gamma). La transformation exacte s’écrit :

z=az+bcz+davec (abcd)SL(2,)formulae-sequencesuperscript𝑧𝑎𝑧𝑏𝑐𝑧𝑑avec 𝑎𝑏𝑐𝑑𝑆𝐿2z^{\prime}=\frac{az+b}{cz+d}\qquad\text{avec }\left(\begin{array}[]{cc}a&b\\ c&d\end{array}\right)\in SL(2,{\mathbb{C}}) (2.2.19)

De même vz¯(z¯)=α+βz¯+γz¯2superscript𝑣¯𝑧¯𝑧𝛼𝛽¯𝑧𝛾superscript¯𝑧2v^{\bar{z}}(\bar{z})=\alpha+\beta\bar{z}+\gamma\bar{z}^{2}. Les transformations conformes sont telles que les variables (anti-)holomorphes se transforment en variables (anti-)holomorphes zf(z)𝑧𝑓𝑧z\to f(z) et z¯f~(z¯)¯𝑧~𝑓¯𝑧\bar{z}\to\widetilde{f}(\bar{z}). Or puisque la métrique dans la jauge unitaire est ds2=dzdz¯𝑑superscript𝑠2tensor-product𝑑𝑧𝑑¯𝑧ds^{2}=dz\otimes d\bar{z} elle devient f(z)f~(z¯)dzdz¯tensor-product𝑓𝑧~𝑓¯𝑧𝑑𝑧𝑑¯𝑧f(z)\widetilde{f}(\bar{z})dz\otimes d\bar{z} ce qui est effectivement la transformation recherchée.

Les transformations externes, c’est-à-dire des champs entre eux, sont générées principalement – mais il peut exister d’autres groupes de transformations, cf. les algèbres de courant – par le groupe de Poincaré dont la forme infinitésimale appliquée sur X𝑋X et sur la métrique d’espace-cible est :

δXμ=ϵaμ(σ)+ϵωνμ(σ)Xν𝛿superscript𝑋𝜇italic-ϵsuperscript𝑎𝜇𝜎italic-ϵsubscriptsuperscript𝜔𝜇𝜈𝜎superscript𝑋𝜈\displaystyle\delta X^{\mu}=\epsilon\;a^{\mu}(\sigma)+\epsilon\;\omega^{\mu}_{\hphantom{\mu}\nu}(\sigma)X^{\nu}
δGμν=ϵωμρGρν𝛿subscript𝐺𝜇𝜈italic-ϵsuperscriptsubscript𝜔𝜇𝜌subscript𝐺𝜌𝜈\displaystyle\delta G_{\mu\nu}=\epsilon\;\omega_{\mu}^{\hphantom{\mu}\rho}G_{\rho\nu} (2.2.20)

avec ωμν=ωνμsubscript𝜔𝜇𝜈subscript𝜔𝜈𝜇\omega_{\mu\nu}=-\omega_{\nu\mu}. Les courants associés respectivement à la translation et aux boost de Lorentz sont :

Jzμ=Jμ(z)=iαXsubscriptsuperscript𝐽𝜇𝑧superscript𝐽𝜇𝑧𝑖superscript𝛼𝑋\displaystyle J^{\mu}_{z}=J^{\mu}(z)=\frac{i}{\alpha^{\prime}}\partial X Jz¯μ=J~μ(z¯)=iα¯Xsubscriptsuperscript𝐽𝜇¯𝑧superscript~𝐽𝜇¯𝑧𝑖superscript𝛼¯𝑋\displaystyle J^{\mu}_{\bar{z}}=\widetilde{J}^{\mu}(\bar{z})=\frac{i}{\alpha^{\prime}}\bar{\partial}X
jzμν(z,z¯)=iα:X[μXν]:\displaystyle j^{\mu\nu}_{z}(z,\bar{z})=\frac{i}{\alpha^{\prime}}:X^{[\mu}\partial X^{\nu]}: jz¯μν(z,z¯)=iα:X[μ¯Xν]:\displaystyle j^{\mu\nu}_{\bar{z}}(z,\bar{z})=\frac{i}{\alpha^{\prime}}:X^{[\mu}\bar{\partial}X^{\nu]}: (2.2.21)

avec la convention x[ayb]=(xaybxbya)/2x^{[a}y^{b]}=(x^{a}y^{b}-x^{b}y^{a})/2. Ces courants sont conservés classiquement le long des équations du mouvement. Notons cependant que le courant des transformations de Lorentz n’est pas un champ primaire à cause du facteur Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu}.

Courants de Noether des champs fantômes

N’oublions pas que le tenseur énergie-impulsion des champs fantômes doit être ajouté. Afin que l’action (2.2.8) soit invariante conforme, il faut les transformations des fantômes suivantes pour δσa=ϵva𝛿superscript𝜎𝑎italic-ϵsuperscript𝑣𝑎\delta\sigma^{a}=-\epsilon\,v^{a} :

δbzz=ϵvzb+ϵ(vz)λb𝛿subscript𝑏𝑧𝑧italic-ϵsuperscript𝑣𝑧𝑏italic-ϵsuperscript𝑣𝑧𝜆𝑏\displaystyle\delta b_{zz}=-\epsilon\;v^{z}\partial b+\epsilon\;(\partial v^{z})\lambda b
δcz=ϵvzc+ϵ(vz)(1λ)c𝛿subscript𝑐𝑧italic-ϵsuperscript𝑣𝑧𝑐italic-ϵsuperscript𝑣𝑧1𝜆𝑐\displaystyle\delta c_{z}=-\epsilon\;v^{z}\partial c+\epsilon\;(\partial v^{z})(1-\lambda)c (2.2.22)

avec λ=2𝜆2\lambda=2. Des formules équivalentes existent pour b~~𝑏\widetilde{b} et c~~𝑐\widetilde{c} en remplaçant simplement z𝑧z par z¯¯𝑧\bar{z}. En variant l’action, nous calculons aisément le tenseur énergie-impulsion correspondant :

Tg=:(b)c:2(:bc:)\displaystyle T^{g}=:(\partial b)c:-2\partial(:bc:)
T~g=:(b~)c~:2¯(:b~c~:)\displaystyle\widetilde{T}^{g}=:(\partial\widetilde{b})\widetilde{c}:-2\bar{\partial}(:\widetilde{b}\widetilde{c}:) (2.2.23)

De même, ce tenseur est bien conservé le long des équations du mouvement, pour lesquelles Tgsuperscript𝑇𝑔T^{g} et T~gsuperscript~𝑇𝑔\widetilde{T}^{g} sont holomorphes et anti-holomorphes. Le tenseur énergie-impulsion complet associé à l’action (2.2.13) est ainsi :

T(z)=TX+Tg𝑇𝑧superscript𝑇𝑋superscript𝑇𝑔\displaystyle T(z)=T^{X}+T^{g}
T~(z¯)=T~X+T~g~𝑇¯𝑧superscript~𝑇𝑋superscript~𝑇𝑔\displaystyle\widetilde{T}(\bar{z})=\widetilde{T}^{X}+\widetilde{T}^{g} (2.2.24)

En tant que générateur des transformations conformes, le tenseur énergie-impulsion à un statut très important en CFT. C’est à partir de son action sur les fonctionnelles de champs que les opérateurs de vertex et les états asymptotiques sont définis.

Les fantômes vérifient aussi une symétrie externes, dénommée symétrie de nombre fantomatique – ghost number – telle que δb=iϵb𝛿𝑏𝑖italic-ϵ𝑏\delta b=-i\epsilon\,b et δc=iϵc𝛿𝑐𝑖italic-ϵ𝑐\delta c=i\epsilon\,c et dont les courants sont :

jg=:bc:\displaystyle j_{g}=-:bc:
ȷ~g=:b~c~:\displaystyle\widetilde{\jmath}_{g}=-:\widetilde{b}\widetilde{c}: (2.2.25)

Ce courant est conservé le long des équations du mouvement, pour lesquelles jgsubscript𝑗𝑔j_{g} et ȷ~gsubscript~italic-ȷ𝑔\widetilde{\jmath}_{g} sont respectivement holomorphe et anti-holomorphe.

Si ces courants sont définis conservé classiquement, remarquons qu’ils ne le sont pas toujours au niveau quantique. C’est potentiellement problématique car cela implique une brisure quantique de symétrie, soit des anomalies et éventuellement une rupture d’unitarité.

A propos de la symétrie BRST

Pour approfondir l’étude de la théorie à jauge fixée, il faudrait s’intéresser au groupe de transformations conformes tenant compte des fantômes et qui se traduit sous la forme d’une symétrie externe, nommée BRST. Celle-ci mélange les fantômes aux champs X𝑋X, suivant la transformation infinitésimale :

δBXμ=iϵ(c+c~¯)Xμsubscript𝛿𝐵superscript𝑋𝜇𝑖italic-ϵ𝑐~𝑐¯superscript𝑋𝜇\displaystyle\delta_{B}X^{\mu}=i\epsilon\left(c\partial+\widetilde{c}\bar{\partial}\right)X^{\mu}
δBb=iϵ(TX+Tg)δBb~=iϵ(T~X+T~g)formulae-sequencesubscript𝛿𝐵𝑏𝑖italic-ϵsuperscript𝑇𝑋superscript𝑇𝑔subscript𝛿𝐵~𝑏𝑖italic-ϵsuperscript~𝑇𝑋superscript~𝑇𝑔\displaystyle\delta_{B}b=i\epsilon\left(T^{X}+T^{g}\right)\qquad\delta_{B}\widetilde{b}=i\epsilon\left(\widetilde{T}^{X}+\widetilde{T}^{g}\right)
δBc=iϵccδBc~=iϵc~¯c~formulae-sequencesubscript𝛿𝐵𝑐𝑖italic-ϵ𝑐𝑐subscript𝛿𝐵~𝑐𝑖italic-ϵ~𝑐¯~𝑐\displaystyle\delta_{B}c=i\epsilon c\partial c\qquad\delta_{B}\widetilde{c}=i\epsilon\widetilde{c}\bar{\partial}\widetilde{c} (2.2.26)

Puisque CFTBRST𝐶𝐹𝑇𝐵𝑅𝑆𝑇CFT\subset BRST, la théorie des champs vérifiant cette symétrie est une CFT sur laquelle a priori un certain nombre de contraintes supplémentaires sont posées, en particulier sur l’expression des états asymptotiques de la théorie – et des opérateurs de vertex – se traduisant par des contraintes physiques. Le courant associé à cette symétrie est :

jB=cTm+12:cTg:+322c:subscript𝑗𝐵𝑐superscript𝑇𝑚12𝑐superscript𝑇𝑔:32superscript2𝑐\displaystyle j_{B}=cT^{m}+\frac{1}{2}:cT^{g}:+\frac{3}{2}\partial^{2}c
ȷ~B=c~T~m+12:c~T~g:+32¯2c~:subscript~italic-ȷ𝐵~𝑐superscript~𝑇𝑚12~𝑐superscript~𝑇𝑔:32superscript¯2~𝑐\displaystyle\widetilde{\jmath}_{B}=\widetilde{c}\widetilde{T}^{m}+\frac{1}{2}:\widetilde{c}\widetilde{T}^{g}:+\frac{3}{2}\bar{\partial}^{2}\widetilde{c} (2.2.27)

Ici le tenseur énergie-impulsion est Tmsuperscript𝑇𝑚T^{m}m𝑚m signifie ”matière”, au lieu de TXsuperscript𝑇𝑋T^{X}, afin de généraliser l’expression à toute théorie des champs non fantômes – comme par exemple les fermions en supercordes. Ce courant est conservé le long des équations du mouvement, pour lesquelles jBsubscript𝑗𝐵j_{B} et ȷ~Bsubscript~italic-ȷ𝐵\widetilde{\jmath}_{B} sont respectivement holomorphe et anti-holomorphe.

L’expression ci-dessus montre que la transformation BRST est en fait une transformation conforme avec vz(z)=c(z)superscript𝑣𝑧𝑧𝑐𝑧v^{z}(z)=c(z) et respectivement vz¯(z¯)=c~(z¯)superscript𝑣¯𝑧¯𝑧~𝑐¯𝑧v^{\bar{z}}(\bar{z})=\widetilde{c}(\bar{z}).

2.2.3 Dimensions conformes, champs primaires et états

Comment un champ se transforme-t-il par transformations conformes ? Pour répondre à cette question autant définir un champ par ses lois de transformations. Ainsi nous pourrions étendre aux champs la notion de tenseur de sorte qu’ils soient covariants par transformation conforme. Cette propriété permettrait de définir aisément des quantités physiques, c’est-à-dire invariantes conformes. Les champs primaires121212Un champ est, de manière générale, une fonctionnelle des champs fondamentaux de la théorie de surface, iciX𝑋X et ses dérivées successives sont définis par la loi de transformation suivante –- voir en particulier l’ouvrage de Di Francesco [24] :

𝒪(z,z¯)=(zz)h(z¯z¯)h¯𝒪(z,z¯)superscript𝒪superscript𝑧superscript¯𝑧superscriptsuperscript𝑧𝑧superscriptsuperscript¯𝑧¯𝑧¯𝒪𝑧¯𝑧\displaystyle{\mathcal{O}}^{\prime}(z^{\prime},\bar{z}^{\prime})=\left(\frac{\partial z^{\prime}}{\partial z}\right)^{-h}\left(\frac{\partial\bar{z}^{\prime}}{\partial\bar{z}}\right)^{-\bar{h}}{\mathcal{O}}(z,\bar{z}) (2.2.28)

Le champ 𝒪𝒪{\mathcal{O}} ainsi défini est dit champ primaire de poids (h,h¯)¯\left(h,\bar{h}\right), où ces quantités sont des nombres a priori réels. La dimension conforme du champ désigne Δ=h+h¯Δ¯\Delta=h+\bar{h} et paramétrise l’évolution d’un champ selon un changement d’échelle rigide (z,z¯)(ζz,ζz¯)𝑧¯𝑧𝜁𝑧𝜁¯𝑧(z,\bar{z})\to(\zeta z,\zeta\bar{z}). Cette quantité est à rapprocher de la notion de dimension pour un champ, rencontrée dans le cadre du formalisme de renormalisation en théorie quantique des champs. Nous définissons aussi le spin S=hh¯𝑆¯S=h-\bar{h} qui caractérise l’évolution d’un champ selon une rotation rigide (z,z¯)(eiϕz,eiϕz¯)𝑧¯𝑧superscript𝑒𝑖italic-ϕ𝑧superscript𝑒𝑖italic-ϕ¯𝑧(z,\bar{z})\to(e^{i\phi}z,e^{-i\phi}\bar{z}). D’après la formule (2.2.28), les transformations holomorphes et anti-holomorphes sont tout à fait séparées. C’est un point crucial des transformations conformes dans la jauge unitaire sur le plan complexe.

Correspondance état-opérateurs : espace de Hilbert

Nous pourrions parler de ces champs en terme d’opérateurs tensoriels. Ils devraient alors être définis en relation à un espace de Hilbert. En effet, certains champs primaires sont exprimables sous la forme de tenseurs conventionnels, c’est-à-dire définis sur la base de l’espace tangent TpΣsubscript𝑇𝑝ΣT_{p}\Sigma en un point p𝑝p de la surface. Il s’agit des champs primaires de poids entiers notés (n,n¯)𝑛¯𝑛\left(n,\bar{n}\right). D’autres en revanche, les champs primaires de poids non entiers (h,h¯)2¯superscript2(h,\bar{h})\notin{\mathbb{R}}^{2}, ne peuvent pas être définis sur une telle base.

Il faut donc introduire une base généralisée {|h,α(i),z|h¯,α~(i),z¯}tensor-productketsubscript𝛼𝑖𝑧ket¯subscript~𝛼𝑖¯𝑧\{\left|h,\alpha_{(i)},z\right>\otimes\left|\bar{h},\widetilde{\alpha}_{(i)},\bar{z}\right>\} en tout point (z,z¯)𝑧¯𝑧(z,\bar{z}) sur un espace de Hilbert des champs primaires

=(h,h¯)2hh¯tensor-product¯superscript2direct-sumsubscriptsubscript¯\displaystyle{\mathcal{H}}=\underset{(h,\bar{h})\in{\mathbb{R}}^{2}}{\bigoplus}{\mathcal{H}}_{h}\otimes{\mathcal{H}}_{\bar{h}} (2.2.29)

Les paramètres (α(i),α~(i))subscript𝛼𝑖subscript~𝛼𝑖(\alpha_{(i)},\widetilde{\alpha}_{(i)}) forment un ensemble de propriétés discriminant des ket de même poids et résultant d’un classement en représentations de symétries supplémentaires – les algèbres de courant. Autrement dit, chaque espace de Hilbert hsubscript{\mathcal{H}}_{h} est lui-même décomposé dans une base hilbertienne ou généralisée {|h,α(i),z}α(i)subscriptketsubscript𝛼𝑖𝑧subscript𝛼𝑖\{\left|h,\alpha_{(i)},z\right>\}_{\alpha_{(i)}}. Le poids hh est en général calculé en fonction des α(i)subscript𝛼𝑖\alpha_{(i)}. Ces espaces de Hilbert constituent les espaces de plus haut poids en CFT – voir la présentation claire de [101].

Les bras h,α(i),z|brasubscript𝛼𝑖𝑧\left<h,\alpha_{(i)},z\right| sont également introduits tels que :

<h,α(i),z|h,α(i),z>=δh,hδ()(α(i)α(i))δ(zz)inner-productsubscript𝛼𝑖𝑧superscriptsubscriptsuperscript𝛼𝑖superscript𝑧subscript𝛿superscriptsuperscript𝛿subscript𝛼𝑖subscriptsuperscript𝛼𝑖𝛿𝑧superscript𝑧\displaystyle\big{<}h,\alpha_{(i)},z\big{|}h^{\prime},\alpha^{\prime}_{(i)},z^{\prime}\big{>}=\delta_{h,h^{\prime}}\,\delta^{(\ell)}(\alpha_{(i)}-\alpha^{\prime}_{(i)})\,\delta(z-z^{\prime}) (2.2.30)

Le bra contient une distribution delta de dirac z|=δz|bra𝑧brasubscript𝛿𝑧\left<z\right|=\left<\delta_{z}\right|. Chaque ket et bra subit les transformations conformes selon :

|h,α(i),z=(zz)h|h,α(i),zsuperscriptketsubscript𝛼𝑖superscript𝑧superscriptsuperscript𝑧𝑧ketsubscript𝛼𝑖𝑧\displaystyle\left|h,\alpha_{(i)},z^{\prime}\right>^{\prime}=\left(\frac{\partial z^{\prime}}{\partial z}\right)^{-h}\left|h,\alpha_{(i)},z\right>
h,α(i),z|=(zz)h1h,α(i),z|superscriptbrasubscript𝛼𝑖superscript𝑧superscriptsuperscript𝑧𝑧1brasubscript𝛼𝑖𝑧\displaystyle\left<h,\alpha_{(i)},z^{\prime}\right|^{\prime}=\left(\frac{\partial z^{\prime}}{\partial z}\right)^{h-1}\left<h,\alpha_{(i)},z\right| (2.2.31)

avec \ell le nombre total de propriétés α(i)subscript𝛼𝑖\alpha_{(i)}. La transformation du bra provient de la distribution delta de Dirac. Et respectivement pour les états correspondant aux opérateurs anti-holomorphes. Ainsi tout champ primaire – local – de poids (h,h¯)¯(h,\bar{h}) s’exprime de manière générale sous la forme d’un tenseur invariant selon :

𝒪(h,h¯)(z,z¯)=α(i)𝒪α(i),α~(j)(h,h¯)(z,z¯)h,α(1),α(2),,z|h¯,α~(1),α~(2),,z¯|superscript𝒪¯𝑧¯𝑧subscriptsubscript𝛼𝑖tensor-productsubscriptsuperscript𝒪¯subscript𝛼𝑖subscript~𝛼𝑗𝑧¯𝑧brasubscript𝛼1subscript𝛼2𝑧bra¯subscript~𝛼1subscript~𝛼2¯𝑧\displaystyle{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z})=\sum_{\alpha_{(i)}}{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}_{\alpha_{(i)},\widetilde{\alpha}_{(j)}}(z,\bar{z})\left<h,\alpha_{(1)},\alpha_{(2)},\ldots,z\right|\otimes\left<\bar{h},\widetilde{\alpha}_{(1)},\widetilde{\alpha}_{(2)},\ldots,\bar{z}\right| (2.2.32)

De sorte qu’un opérateur local est défini par l’action d’un tenseur 𝒪(h,h¯)=d2z𝒪(h,h¯)(z,z¯)superscript𝒪¯superscriptd2𝑧superscript𝒪¯𝑧¯𝑧{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}=\int\text{d}^{2}z\;{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z}) sur un ket de base :

𝒪(h,h¯)(|h,α(i),z,|h¯,α¯(i),z¯)=𝒪α(i),α¯(i)(h,h¯)(z,z¯)superscript𝒪¯ketsubscript𝛼𝑖𝑧ket¯subscript¯𝛼𝑖¯𝑧subscriptsuperscript𝒪¯subscript𝛼𝑖subscript¯𝛼𝑖𝑧¯𝑧\displaystyle{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}\Big{(}|h,\alpha_{(i)},z\left.\right>,|\bar{h},\bar{\alpha}_{(i)},\bar{z}\left.\right>\Big{)}={\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}_{\alpha_{(i)},\bar{\alpha}_{(i)}}(z,\bar{z}) (2.2.33)

Les vecteurs |h,α(i),zketsubscript𝛼𝑖𝑧|h,\alpha_{(i)},z\left.\right> sont appelés des états et la relation ci-dessus (2.2.33) peut être entendue comme une correspondance états - opérateurs. Puisque l’état est piqué en un point particulier z(p)𝑧𝑝z(p) de la surface, l’opérateur obtenu est bien défini en un seul point et correspond donc à un état asymptotique tel que cela a été défini auparavant 2.2.1.

La correspondance états - opérateurs n’est pas triviale à déterminer exactement. Il faut introduire les notions d’OPE puis d’action des courants sur les opérateurs et d’algèbre de courant.

Il existe une classe d’opérateurs locaux plus grande que celles des opérateurs primaires, dont la transformation par changement d’échelle rigide zζz𝑧𝜁𝑧z\to\zeta z est donnée par :

𝒜(ζz,ζ¯z¯)=ζhζ¯h¯𝒜(z,z¯)superscript𝒜𝜁superscript𝑧¯𝜁superscript¯𝑧superscript𝜁superscript¯𝜁¯𝒜𝑧¯𝑧\displaystyle{\mathcal{A}}^{\prime}(\zeta z^{\prime},\bar{\zeta}\bar{z}^{\prime})=\zeta^{-h}\bar{\zeta}^{-\bar{h}}{\mathcal{A}}(z,\bar{z}) (2.2.34)

Nous appelons aussi (h,h¯)¯(h,\bar{h}) les poids de l’opérateur 𝒜𝒜{\mathcal{A}}. Les champs primaires constituent une classe de cet ensemble d’opérateurs. Les opérateurs non primaires, sont conventionnellement nommés opérateurs descendants.

Une correspondance état-opérateur peut être définie à travers un développement équivalent à celui effectué précédemment. Ces opérateurs descendants sont covariants le long d’un sous-groupe des transformations conformes, qui ne concerne que les changements d’échelles rigides. Soit donc dsuperscript𝑑{}^{d}{\mathcal{H}} l’espace de Hilbert défini par :

d=(h,h¯)2hdh¯dsuperscript𝑑tensor-product¯superscript2direct-sumsuperscriptsubscript𝑑superscriptsubscript¯𝑑\displaystyle{}^{d}{\mathcal{H}}=\underset{(h,\bar{h})\in{\mathbb{R}}^{2}}{\bigoplus}{}^{d}{\mathcal{H}}_{h}\otimes{}^{d}{\mathcal{H}}_{\bar{h}} (2.2.35)

et tel que dsuperscript𝑑{\mathcal{H}}\subset{}^{d}{\mathcal{H}}. Ainsi dsuperscript𝑑{}^{d}{\mathcal{H}} est généré par {\mathcal{H}} en appliquant les algèbres de courant et de Virasoro sur les kets de plus haut poids. La base {|h,α(i),z|h¯,α~(i),z¯}α(i),α~(j)subscripttensor-productketsubscript𝛼𝑖𝑧ket¯subscript~𝛼𝑖¯𝑧subscript𝛼𝑖subscript~𝛼𝑗\{\left|h,\alpha_{(i)},z\right>\otimes\left|\bar{h},\widetilde{\alpha}_{(i)},\bar{z}\right>\}_{\alpha_{(i)},\widetilde{\alpha}_{(j)}} et les opérateurs descendants sont également définis via :

𝒜(h,h¯)(|h,α(i),z,|h¯,α~(i),z¯)=𝒜α(i),α~(i)(h,h¯)(z,z¯)superscript𝒜¯ketsubscript𝛼𝑖𝑧ket¯subscript~𝛼𝑖¯𝑧subscriptsuperscript𝒜¯subscript𝛼𝑖subscript~𝛼𝑖𝑧¯𝑧\displaystyle{\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}\Big{(}|h,\alpha_{(i)},z\left.\right>,|\bar{h},\widetilde{\alpha}_{(i)},\bar{z}\left.\right>\Big{)}={\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}_{\alpha_{(i)},\widetilde{\alpha}_{(i)}}(z,\bar{z}) (2.2.36)

Notons que 𝒜(h,h¯)superscript𝒜¯{\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})} n’est pas à proprement parler un tenseur, mais un objet covariant dans les changements d’échelles rigides.

OPE et courants

Nous définissons le produit intérieur entre n’importe quels opérateurs – donc pas nécessairement primaires – par l’OPE :

𝒜i(z)𝒜j(w)=kCijk(z,w)𝒜k(w)subscript𝒜𝑖𝑧subscript𝒜𝑗𝑤subscript𝑘superscriptsubscript𝐶𝑖𝑗𝑘𝑧𝑤subscript𝒜𝑘𝑤\displaystyle{\mathcal{A}}_{i}(z){\mathcal{A}}_{j}(w)=\sum_{k}C_{ij}^{\hphantom{ij}k}(z,w)\;{\mathcal{A}}_{k}(w) (2.2.37)

En théorie quantique des champs, ce produit est défini dans la limite où les insertions sont très proches. Il n’est généralement pas convergent. Dans une CFT à deux dimensions, toute OPE est convergente avec un rayon de convergence égal à la distance entre les opérateurs. Suivant des contraintes de transformations propres aux théories conformes, nous pouvons déterminer la forme générale des OPE :

𝒜i(zi,z¯i)𝒜j(zj,z¯j)=kCijkzijhi+hjhkz¯ijh¯i+h¯jh¯k𝒜k(zj,z¯j)subscript𝒜𝑖subscript𝑧𝑖subscript¯𝑧𝑖subscript𝒜𝑗subscript𝑧𝑗subscript¯𝑧𝑗subscript𝑘superscriptsubscript𝐶𝑖𝑗𝑘superscriptsubscript𝑧𝑖𝑗subscript𝑖subscript𝑗subscript𝑘superscriptsubscript¯𝑧𝑖𝑗subscript¯𝑖subscript¯𝑗subscript¯𝑘subscript𝒜𝑘subscript𝑧𝑗subscript¯𝑧𝑗\displaystyle{\mathcal{A}}_{i}(z_{i},\bar{z}_{i}){\mathcal{A}}_{j}(z_{j},\bar{z}_{j})=\sum_{k}\frac{C_{ij}^{\hphantom{ij}k}}{z_{ij}^{h_{i}+h_{j}-h_{k}}\bar{z}_{ij}^{\bar{h}_{i}+\bar{h}_{j}-\bar{h}_{k}}}\;{\mathcal{A}}_{k}(z_{j},\bar{z}_{j}) (2.2.38)

avec la notation zij=zizjsubscript𝑧𝑖𝑗subscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑗z_{ij}=z_{i}-z_{j} et Cijksuperscriptsubscript𝐶𝑖𝑗𝑘C_{ij}^{\hphantom{ij}k} un coefficient a priori complexe. Insistons sur le fait que ces opérateurs ne sont pas nécessairement primaires et qu’en général seule une très restreinte minorité d’opérateurs est primaire. Particulièrement intéressante est l’OPE du tenseur énergie-impulsion avec un opérateur quelconque – y compris lui-même. En effet, la transformation d’un opérateur le long d’un groupe généré par un courant est donné schématiquement par l’intégrale suivante :

δ𝒜(z,z¯)=Czdwδv(w)j(w)𝒜(z)+c.c.formulae-sequence𝛿𝒜𝑧¯𝑧subscriptcontour-integralsubscript𝐶𝑧d𝑤𝛿𝑣𝑤𝑗𝑤𝒜𝑧𝑐𝑐\displaystyle\delta{\mathcal{A}}(z,\bar{z})=\oint_{C_{z}}\text{d}w\;\delta v(w)\,j(w){\mathcal{A}}(z)+c.c. (2.2.39)

L’intégrale est définie le long d’un contour fermé autour de la position de l’opérateur. Le courant j(w)𝑗𝑤j(w) est exprimé en terme des champs de la théorie et est donc lui-même un opérateur. Pour des raisons de cohérence, afin que les symétries soient conservées aussi au niveau quantique, le courant doit toujours être un champ primaire. En utilisant (2.2.38), la variation infinitésimale δ𝒜𝛿𝒜\delta{\mathcal{A}} s’exprime sous la forme d’un développement sur des opérateurs primaires et descendants.

Selon (2.2.2) la transformation conforme d’un opérateur est donnée par :

δ𝒜(z,z¯)=Czdwδvz(w)T(w)𝒜(z,z¯)+c.c.formulae-sequence𝛿𝒜𝑧¯𝑧subscriptcontour-integralsubscript𝐶𝑧d𝑤𝛿superscript𝑣𝑧𝑤𝑇𝑤𝒜𝑧¯𝑧𝑐𝑐\displaystyle\delta{\mathcal{A}}(z,\bar{z})=\oint_{C_{z}}\text{d}w\;\delta v^{z}(w)\,T(w){\mathcal{A}}(z,\bar{z})+c.c. (2.2.40)

Puisque T𝑇T est de poids (2,0)2.0(2,0) et d’après la transformation (2.2.34) du champ 𝒜𝒜{\mathcal{A}}, nous devons avoir :

T(w)𝒜(h,h¯)(z,z¯)=+h(wz)2𝒜(h,h¯)(z,z¯)+1(wz)𝒜(h,h¯)(z)+𝑇𝑤superscript𝒜¯𝑧¯𝑧superscript𝑤𝑧2superscript𝒜¯𝑧¯𝑧1𝑤𝑧superscript𝒜¯𝑧\displaystyle T(w){\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z})=\ldots+\frac{h}{(w-z)^{2}}{\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z})+\frac{1}{(w-z)}\partial{\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}(z)+\ldots (2.2.41)

Les termes cachés ici ne sont pas connus a priori et dépendent de l’opérateur en question. En présence d’un champ primaire 𝒪𝒪{\mathcal{O}} le développement se réduit à :

T(w)𝒪(h,h¯)(z,z¯)=h(wz)2𝒪(h,h¯)(z,z¯)+1(wz)𝒪(h,h¯)(z)+𝑇𝑤superscript𝒪¯𝑧¯𝑧superscript𝑤𝑧2superscript𝒪¯𝑧¯𝑧1𝑤𝑧superscript𝒪¯𝑧\displaystyle T(w){\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z})=\frac{h}{(w-z)^{2}}{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z})+\frac{1}{(w-z)}\partial{\mathcal{O}}^{(h,\bar{h})}(z)+\ldots (2.2.42)

En l’occurrence, puisque T𝑇T doit être un champ primaire, il faut :

T(w)T(z)=2(wz)2T(z)+1(wz)T(z)+𝑇𝑤𝑇𝑧2superscript𝑤𝑧2𝑇𝑧1𝑤𝑧𝑇𝑧\displaystyle T(w)T(z)=\frac{2}{(w-z)^{2}}T(z)+\frac{1}{(w-z)}\partial T(z)+\ldots (2.2.43)

Néanmoins, de manière générale ce n’est pas ce qui est obtenu En effet, dans le calcul de l’amplitude (2.2.6) il apparaissait une anomalie proportionnelle à d+126𝑑126d+1-26. Cette anomalie se retrouve naturellement dans la transformation conforme de T𝑇T :

T(w)T(z)=c/2(wz)4+2(wz)2T(z)+1wzT(z)+𝑇𝑤𝑇𝑧𝑐2superscript𝑤𝑧42superscript𝑤𝑧2𝑇𝑧1𝑤𝑧𝑇𝑧\displaystyle T(w)T(z)=\frac{c/2}{(w-z)^{4}}+\frac{2}{(w-z)^{2}}T(z)+\frac{1}{w-z}\,\partial T(z)+\ldots (2.2.44)

La constante c𝑐c s’appelle la charge centrale et caractérise l’anomalie. Dans le contexte du calcul (2.2.6) nous trouvons c=d+126𝑐𝑑126c=d+1-26. Cette valeur est obtenue après avoir fixé la jauge, c’est-à-dire en prenant comme point de départ l’amplitude (2.2.11), soit le tenseur energie-impulsion (2.2.2).

Afin d’effectuer ces calculs explicitement, il faut connaître les OPE de base, c’est-à-dire celles des champs fondamentaux de la théorie X𝑋X, b𝑏b et c𝑐c, ainsi que l’ordre normal. Les expressions des OPE sont obtenues à partir des équations quantiques du mouvement, c’est-à-dire des équations d’opérateurs s’appliquant à l’intérieur d’un corrélateur.

L’ordre normal d’une fonctionnelle :[X,b,c]::{\mathcal{F}}[X,b,c]: est défini tel que l’ensemble est un opérateur dont le corrélateur est régulier dans les coordonnées de la feuille d’univers, soit :[X,b,c]:=reg\left<:{\mathcal{F}}[X,b,c]:\right>=\text{reg}. De manière équivalente, l’ordre normal est défini par soustraction des singularités de la fonctionnelle :

:[X,b,c]:=[X,b,c]sing.:absentassign𝑋𝑏𝑐𝑋𝑏𝑐sing.\displaystyle:{\mathcal{F}}[X,b,c]:={\mathcal{F}}[X,b,c]\;-\;\text{sing.} (2.2.45)

Dans le cas où la fonctionnelle est le produit intérieur de deux fonctionnelles régulières – supposons-les holomorphes pour simplifier – (z)𝑧{\mathcal{F}}(z) et 𝒢(w)𝒢𝑤{\mathcal{G}}(w), nous obtenons une définition complémentaire de l’OPE en utilisant l’ordre normal :

(z)𝒢(w)𝑧𝒢𝑤\displaystyle{\mathcal{F}}(z){\mathcal{G}}(w) =sing.+:(z)𝒢(w)::absentlimit-fromsing.𝑧𝒢𝑤:absent\displaystyle=\text{sing.}\;+\;:{\mathcal{F}}(z){\mathcal{G}}(w):
=sing.+n(zw)nn!:(n)𝒢(w)::absentsing.subscript𝑛superscript𝑧𝑤𝑛𝑛superscript𝑛𝒢𝑤:absent\displaystyle=\text{sing.}\;+\;\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\frac{(z-w)^{n}}{n!}\,:(\partial^{n}{\mathcal{F}}){\mathcal{G}}(w): (2.2.46)

L’application d’un simple développement de Taylor sur {\mathcal{F}} permet de passer de la première ligne à la deuxième. Maintenant, à partir de l’action (2.2.13) nous pouvons calculer les fonctions de corrélation suivantes :

Xμ(z,z¯)Xν(w,w¯)delimited-⟨⟩superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝑋𝜈𝑤¯𝑤\displaystyle\left<X^{\mu}(z,\bar{z})X^{\nu}(w,\bar{w})\right> =\displaystyle= αημν2ln|zw|2superscript𝛼superscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧𝑤2\displaystyle-\alpha^{\prime}\,\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-w\right|^{2}
b(z)c(w)delimited-⟨⟩𝑏𝑧𝑐𝑤\displaystyle\left<b(z)c(w)\right> =\displaystyle= 1zw1𝑧𝑤\displaystyle\frac{1}{z-w}
b(z)b(w)delimited-⟨⟩𝑏𝑧𝑏𝑤\displaystyle\left<b(z)b(w)\right> =\displaystyle= c(z)c(w)=0delimited-⟨⟩𝑐𝑧𝑐𝑤0\displaystyle\left<c(z)c(w)\right>=0 (2.2.47)

Rappelons ici que les champs b𝑏b et c𝑐c anticommutent. Par conséquent b(z)c(w)=c(z)b(w)𝑏𝑧𝑐𝑤𝑐𝑧𝑏𝑤b(z)c(w)=c(z)b(w). Sachant que sur une variété sans bord, :X(z,z¯)X(w,w¯):=X(z,z¯)2=0\left<:X(z,\bar{z})X(w,\bar{w}):\right>=\left<X(z,\bar{z})\right>^{2}=0 par imparité de l’intégration sur X𝑋X, le même argument s’appliquant sur les champs fantômes, nous dérivons les OPE suivantes :

Xμ(z,z¯)Xν(w,w¯)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝑋𝜈𝑤¯𝑤\displaystyle X^{\mu}(z,\bar{z})X^{\nu}(w,\bar{w}) =\displaystyle= αημν2ln|zw|2superscript𝛼superscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧𝑤2\displaystyle-\alpha^{\prime}\,\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-w\right|^{2}
+n((zw)nn!:(nXμ)Xν(w,w¯):+(z¯w¯)nn!:(¯nX)X(w,w¯):)\displaystyle+\,\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\left(\frac{(z-w)^{n}}{n!}\,:(\partial^{n}X^{\mu})X^{\nu}(w,\bar{w}):+\frac{(\bar{z}-\bar{w})^{n}}{n!}\,:(\bar{\partial}^{n}X)X(w,\bar{w}):\right)
b(z)c(w)𝑏𝑧𝑐𝑤\displaystyle b(z)c(w) =\displaystyle= 1zw+n(zw)nn!:(nb)c(w)::1𝑧𝑤subscript𝑛superscript𝑧𝑤𝑛𝑛superscript𝑛𝑏𝑐𝑤:absent\displaystyle\frac{1}{z-w}\,+\,\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\frac{(z-w)^{n}}{n!}\,:(\partial^{n}b)c(w):

En utilisant ces développements et à partir des formules (2.2.2), (2.2.2) et (2.2.2), nous obtenons  :

T(w)Xμ(z)=1(wz)2Xμ(z)+1wz2Xμ(z)+reg.𝑇𝑤superscript𝑋𝜇𝑧1superscript𝑤𝑧2superscript𝑋𝜇𝑧1𝑤𝑧superscript2superscript𝑋𝜇𝑧reg.\displaystyle T(w)\partial X^{\mu}(z)=\frac{1}{(w-z)^{2}}\partial X^{\mu}(z)+\frac{1}{w-z}\,\partial^{2}X^{\mu}(z)+\text{reg.}
T(w)b(z)=2(wz)2b(z)+1wzb(z)+reg.𝑇𝑤𝑏𝑧2superscript𝑤𝑧2𝑏𝑧1𝑤𝑧𝑏𝑧reg.\displaystyle T(w)b(z)=\frac{2}{(w-z)^{2}}b(z)+\frac{1}{w-z}\,\partial b(z)+\text{reg.}
T(w)c(z)=1(wz)2b(z)+1wzc(z)+reg.𝑇𝑤𝑐𝑧1superscript𝑤𝑧2𝑏𝑧1𝑤𝑧𝑐𝑧reg.\displaystyle T(w)c(z)=\frac{-1}{(w-z)^{2}}b(z)+\frac{1}{w-z}\,\partial c(z)+\text{reg.}
T(w)T(z)=(d+126)/2(wz)4+2(wz)2T(z)+1wzT(z)+reg.𝑇𝑤𝑇𝑧𝑑1262superscript𝑤𝑧42superscript𝑤𝑧2𝑇𝑧1𝑤𝑧𝑇𝑧reg.\displaystyle T(w)T(z)=\frac{(d+1-26)/2}{(w-z)^{4}}+\frac{2}{(w-z)^{2}}T(z)+\frac{1}{w-z}\,\partial T(z)+\text{reg.} (2.2.49)

Ainsi, Xμsuperscript𝑋𝜇\partial X^{\mu}, b𝑏b et c𝑐c sont-ils des champs primaires de poids respectifs (1,0)1.0(1,0), (2,0)2.0(2,0) et (0,1)01(0,-1). Dans la dernière formule nous retrouvons bien le développement attendu. Les transformations conformes ne sont générées correctement au niveau quantique, à jauge fixée, qu’à la condition que l’anomalie s’annule, c’est-à-dire quand la charge centrale s’annule, donc si et seulement si d+1=26𝑑126d+1=26. C’est une définition complémentaire de la théorie critique des cordes, mais encore une fois reliée à la contrainte d’invariance de Weyl que nous souhaitons imposer intuitivement à la théorie.

La vérification de la conservation des courants au niveau quantique est immédiate :

T(z)jμ(w)=1(zw)2jμ(w)+1zwjμ(w)+reg𝑇𝑧superscript𝑗𝜇𝑤1superscript𝑧𝑤2superscript𝑗𝜇𝑤1𝑧𝑤superscript𝑗𝜇𝑤reg\displaystyle T(z)j^{\mu}(w)=\frac{1}{(z-w)^{2}}j^{\mu}(w)+\frac{1}{z-w}\partial j^{\mu}(w)+\text{reg}
T(z)jμν(w,w¯)=1(zw)2jμν(w)+1zwjμν(w)+reg𝑇𝑧superscript𝑗𝜇𝜈𝑤¯𝑤1superscript𝑧𝑤2superscript𝑗𝜇𝜈𝑤1𝑧𝑤superscript𝑗𝜇𝜈𝑤reg\displaystyle T(z)j^{\mu\nu}(w,\bar{w})=\frac{1}{(z-w)^{2}}j^{\mu\nu}(w)+\frac{1}{z-w}\partial j^{\mu\nu}(w)+\text{reg}
T(z)jg(w)=3(zw)3+1(zw)2jg(w)+1zwjg(w)+reg𝑇𝑧superscript𝑗𝑔𝑤3superscript𝑧𝑤31superscript𝑧𝑤2superscript𝑗𝑔𝑤1𝑧𝑤superscript𝑗𝑔𝑤reg\displaystyle T(z)j^{g}(w)=\frac{-3}{(z-w)^{3}}+\frac{1}{(z-w)^{2}}j^{g}(w)+\frac{1}{z-w}\partial j^{g}(w)+\text{reg}
T(z)jB(w)=d+1262(zw)4+1(zw)2jB(w)+1zwjB(w)+reg𝑇𝑧subscript𝑗𝐵𝑤𝑑1262superscript𝑧𝑤41superscript𝑧𝑤2subscript𝑗𝐵𝑤1𝑧𝑤subscript𝑗𝐵𝑤reg\displaystyle T(z)j_{B}(w)=\frac{d+1-26}{2(z-w)^{4}}+\frac{1}{(z-w)^{2}}j_{B}(w)+\frac{1}{z-w}\partial j_{B}(w)+\text{reg} (2.2.50)

Les deux premiers courants sont des tenseurs – donc conservés – tandis que les deux derniers ne le sont pas. Le courant de nombre fantomatique et le courant de BRST admettent chacun une anomalie. Dans le cas de jgsuperscript𝑗𝑔j^{g}, l’anomalie est reliée à l’existence de modes zéro des champs fantômes et implique le théorème Riemann-Roch (vii)) – voir [39]. L’anomalie de jBsubscript𝑗𝐵j_{B} est quant à elle reliée à la dimension de l’espace-cible et impose toujours d+1=26𝑑126d+1=26. C’est une nouvelle perspective sur la définition de la théorie critique des cordes.

Opérateurs de vertex intégrés, non-intégrés et état du vide

Les opérateurs de vertex doivent être invariants conformes mais aussi et surtout invariants BRST. Cela garantie l’invariance conforme quantique de toute amplitude. En raison de l’existence dans certaines géométries de vecteurs de Killing conformes (CKV), il faut aussi imposer, dans les amplitudes, à un certain nombre d’opérateurs de vertex d’être fixés en des coordonnées arbitraires. Il existe donc une dichotomie d’opérateurs : les opérateurs intégrés et les opérateurs fixés.

Les opérateurs intégrés sont de la forme :

V=d2z𝒜(h,h¯)(z,z¯)𝑉superscriptd2𝑧superscript𝒜¯𝑧¯𝑧\displaystyle V=\int\text{d}^{2}z\,{\mathcal{A}}^{(h,\bar{h})}(z,\bar{z}) (2.2.51)

L’invariance BRST sera dans ce cas totalement équivalente à l’invariance conforme et impose simplement que (h,h¯)=(1,1)¯1.1(h,\bar{h})=(1,1) et que 𝒜𝒜{\mathcal{A}} soit un champ primaire. C’est-à-dire dans l’écriture utilisée précédemment :

V=d2z𝒪(1,1)(z,z¯)𝑉superscriptd2𝑧superscript𝒪1.1𝑧¯𝑧\displaystyle V=\int\text{d}^{2}z\,{\mathcal{O}}^{(1,1)}(z,\bar{z}) (2.2.52)

Imposer au champ d’être primaire contraint fortement les paramètres dont il dépend ; en particulier, l’impulsion et la polarisation.

Les opérateurs non intégrés, fixés, doivent être, afin de vérifier l’invariance BRST, de la forme :

V=:cc~𝒪(1,1)(z,z¯):\displaystyle V=:c\,\widetilde{c}\,{\mathcal{O}}^{(1,1)}(z,\bar{z}): (2.2.53)

Il s’agit bien d’un opérateur de poids (0,0)0.0(0,0) qui est donc bien invariant conforme et invariant BRST. Il s’agit de la forme la plus naturelle pour définir un état physique asymptotique, c’est-à-dire piqué en un point quelconque de la surface, via la correspondance (2.2.33).

L’état du vide est naturellement défini dans ce contexte comme correspondant au champ c(z)c~(z¯)𝑐𝑧~𝑐¯𝑧c(z)\,\widetilde{c}(\bar{z}). Cela permet de définir convenablement les amplitudes du vide, à un point et à deux points. Dans les notations précédentes, le ket du vide |Ω=|0|ketΩtensor-productket0ket\left|\Omega\right>=\left|0\right>\otimes\left|\downarrow\right> et son homonyme anti-holomorphe, s’expriment par :

Ω(1,1)(|Ω,z,|Ω~,z¯)=c(z)c~(z¯)superscriptΩ11ketΩ𝑧ket~Ω¯𝑧𝑐𝑧~𝑐¯𝑧\displaystyle\Omega^{(-1,-1)}\left(\left|\Omega,z\right>,\left|\widetilde{\Omega},\bar{z}\right>\right)=c(z)\,\widetilde{c}(\bar{z}) (2.2.54)

Il faut à présent étudier plus en détail la correspondance état-opérateur que nous avons introduit à plusieurs reprises. En particulier, nous allons présenter les opérateurs de création, d’annihilation et de symétrie.

Décomposition des champs de cordes fermées et des courants

Rappelons les équations de mouvement (2.2.2) de l’action (2.2.13) :

¯Xμ=0¯superscript𝑋𝜇0\displaystyle\partial\bar{\partial}X^{\mu}=0
c~=¯c=0~𝑐¯𝑐0\displaystyle\partial\widetilde{c}=\bar{\partial}c=0
b~=¯b=0~𝑏¯𝑏0\displaystyle\partial\widetilde{b}=\bar{\partial}b=0 (2.2.55)

Puisque X𝑋\partial X, b𝑏b, c𝑐c et ¯X¯𝑋\bar{\partial}X, b~~𝑏\widetilde{b}, c~~𝑐\widetilde{c}, sont respectivement holomorphe et anti-holomorphe. Ils se décomposent en séries de Laurent :

Xμ=iα2nαnμzn1¯Xμ=iα2nα~nμz¯n1formulae-sequencesuperscript𝑋𝜇𝑖superscript𝛼2subscript𝑛subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛superscript𝑧𝑛1¯superscript𝑋𝜇𝑖superscript𝛼2subscript𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛superscript¯𝑧𝑛1\displaystyle\partial X^{\mu}=-i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\alpha^{\mu}_{n}\,z^{-n-1}\qquad\bar{\partial}X^{\mu}=-i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{\alpha}^{\mu}_{n}\,\bar{z}^{-n-1}
c=ncnzn+1c~=nc~nz¯n+1formulae-sequence𝑐subscript𝑛subscript𝑐𝑛superscript𝑧𝑛1~𝑐subscript𝑛subscript~𝑐𝑛superscript¯𝑧𝑛1\displaystyle c=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}c_{n}\,z^{-n+1}\qquad\widetilde{c}=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{c}_{n}\,\bar{z}^{-n+1}
b=nbnzn2b~=nb~nz¯n2formulae-sequence𝑏subscript𝑛subscript𝑏𝑛superscript𝑧𝑛2~𝑏subscript𝑛subscript~𝑏𝑛superscript¯𝑧𝑛2\displaystyle b=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}b_{n}\,z^{-n-2}\qquad\widetilde{b}=\sum_{n\in{\mathbb{N}}}\widetilde{b}_{n}\,\bar{z}^{-n-2} (2.2.56)

Les conventions sont toujours celles de Polchinski [97]. Dans ces conventions, les transformations conformes de chacun des champs sont correctement implémentées. Nous pouvons promouvoir les équations (2.2.3) et (2.2.3) au niveau quantique, c’est-à-dire à l’intérieur d’un corrélateur, ce qui implique qu’elles sont aussi valables en décrivant les champs X𝑋X et les fantômes par des opérateurs agissant dans un certain espace de Hilbert. Par conséquent, nous pouvons considérer que les coefficients αnμsubscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛\alpha^{\mu}_{n}, cnsubscript𝑐𝑛c_{n} et bnsubscript𝑏𝑛b_{n} sont des opérateurs.

Ces opérateurs peuvent être définis en relation inverse à partir de l’expression des champs par :

αnμ=2αdz2πznXμ(z)subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛2superscript𝛼contour-integrald𝑧2𝜋superscript𝑧𝑛superscript𝑋𝜇𝑧\displaystyle\alpha^{\mu}_{n}=\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\oint\frac{\text{d}z}{2\pi}z^{n}\partial X^{\mu}(z)
α~nμ=2αdz¯2πz¯n¯Xμ(z¯)subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛2superscript𝛼contour-integrald¯𝑧2𝜋superscript¯𝑧𝑛¯superscript𝑋𝜇¯𝑧\displaystyle\widetilde{\alpha}^{\mu}_{n}=-\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\oint\frac{\text{d}\bar{z}}{2\pi}\bar{z}^{n}\bar{\partial}X^{\mu}(\bar{z})
cn=idz2πzn2cz(z)subscript𝑐𝑛𝑖contour-integrald𝑧2𝜋superscript𝑧𝑛2superscript𝑐𝑧𝑧\displaystyle c_{n}=-i\oint\frac{\text{d}z}{2\pi}z^{n-2}c^{z}(z)
bn=idz2πzn+1bzz(z)subscript𝑏𝑛𝑖contour-integrald𝑧2𝜋superscript𝑧𝑛1subscript𝑏𝑧𝑧𝑧\displaystyle b_{n}=-i\oint\frac{\text{d}z}{2\pi}z^{n+1}b_{zz}(z) (2.2.57)

et de façon similaire pour c~~𝑐\widetilde{c} et b~~𝑏\widetilde{b}. D’après les deux premières expressions, par unicité de valeur de X𝑋X dans l’espace-cible, nous trouvons α0μ=α~0μsubscriptsuperscript𝛼𝜇0subscriptsuperscript~𝛼𝜇0\alpha^{\mu}_{0}=\widetilde{\alpha}^{\mu}_{0}. En effet, le long d’un chemin fermé γ𝛾\gamma,

2αγdXμ2π=0=γ(z,z¯)(dz2πXμ+dz¯2π¯Xμ)=α0μα~0μ2superscript𝛼subscriptcontour-integral𝛾𝑑superscript𝑋𝜇2𝜋0subscriptcontour-integral𝛾𝑧¯𝑧d𝑧2𝜋superscript𝑋𝜇d¯𝑧2𝜋¯superscript𝑋𝜇subscriptsuperscript𝛼𝜇0subscriptsuperscript~𝛼𝜇0\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\oint_{\gamma}\frac{dX^{\mu}}{2\pi}=0=\oint_{\gamma(z,\bar{z})}\left(\frac{\text{d}z}{2\pi}\partial X^{\mu}+\frac{\text{d}\bar{z}}{2\pi}\bar{\partial}X^{\mu}\right)=\alpha^{\mu}_{0}-\widetilde{\alpha}^{\mu}_{0} (2.2.58)

Le mode α0μsuperscriptsubscript𝛼0𝜇\alpha_{0}^{\mu} est l’opérateur d’impulsion de la corde, noté α0μ=2αpμsubscriptsuperscript𝛼𝜇02superscript𝛼superscript𝑝𝜇\alpha^{\mu}_{0}=\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}p^{\mu}.

La décomposition complète de X𝑋X peut alors être déduite de (2.2.3) sous la forme :

Xμ(z,z¯)=x0μiα2pμln|z|2iα2n(αnzn+α~nz¯n)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧subscriptsuperscript𝑥𝜇0𝑖superscript𝛼2superscript𝑝𝜇superscript𝑧2𝑖superscript𝛼2subscript𝑛superscriptsubscript𝛼𝑛superscript𝑧𝑛subscript~𝛼𝑛superscript¯𝑧𝑛X^{\mu}(z,\bar{z})=x^{\mu}_{0}-i\frac{\alpha^{\prime}}{2}p^{\mu}\ln\left|z\right|^{2}-i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\sum_{n\in{\mathbb{N}}^{*}}\left(\alpha_{n}\,z^{-n}+\widetilde{\alpha}_{n}\,\bar{z}^{-n}\right) (2.2.59)

L’opérateur position x0μsubscriptsuperscript𝑥𝜇0x^{\mu}_{0} est associé classiquement à une position de référence de la corde en une coordonnée de référence donnée sur la surface.

Ainsi par transformation conforme, la surface de corde complète – la sphère ici – est décrite sous la forme d’un cylindre infiniment long ; ce qui correspond bien à l’intuition d’une corde fermée se propageant. Les coordonnées de la surface changent de la façon suivante : zeitiσ𝑧superscript𝑒𝑖𝑡𝑖𝜎z\to e^{-it-i\sigma} et z¯eit+iσ¯𝑧superscript𝑒𝑖𝑡𝑖𝜎\bar{z}\to e^{-it+i\sigma} avec σ[0,2π]𝜎delimited-[]0.2𝜋\sigma\in[0,2\pi] et t𝑡t\in{\mathbb{R}}. Ces deux coordonnées décrivent bien un cylindre. En terme de ces coordonnées, (2.2.59) devient :

Xμ(t,σ)=x0μαpμtiα2neint(αneinσ+α~neinσ)superscript𝑋𝜇𝑡𝜎subscriptsuperscript𝑥𝜇0superscript𝛼superscript𝑝𝜇𝑡𝑖superscript𝛼2subscript𝑛superscriptsuperscript𝑒𝑖𝑛𝑡subscript𝛼𝑛superscript𝑒𝑖𝑛𝜎subscript~𝛼𝑛superscript𝑒𝑖𝑛𝜎X^{\mu}(t,\sigma)=x^{\mu}_{0}-\alpha^{\prime}\,p^{\mu}\;t-i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\sum_{n\in{\mathbb{N}}^{*}}e^{int}\left(\alpha_{n}\,e^{in\sigma}+\widetilde{\alpha}_{n}\,e^{-in\sigma}\right) (2.2.60)

D’après cette formule pμsuperscript𝑝𝜇p^{\mu} est bien assimilé à l’impulsion de la corde. Les coefficients αnμsubscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛\alpha^{\mu}_{n} correspondent quant à eux à des modes de vibration de la corde. Ils sont de deux types : les modes gauches αnsubscript𝛼𝑛\alpha_{n} et les modes droits α~nsubscript~𝛼𝑛\widetilde{\alpha}_{n}, puisque les ventres et les noeuds des oscillations se déplacent respectivement le long des trajectoires t+σ=const.𝑡𝜎const.t+\sigma=\text{const.} et tσ=const𝑡𝜎constt-\sigma=\text{const}. Conventionnellement, les quantités droites et gauches sont respectivement notées avec et sans tilde. De plus, le terme mode peut désigner l’entier n𝑛n ou l’opérateur αnsubscript𝛼𝑛\alpha_{n}.

Cette discussion s’applique aussi aux modes des fantômes cnsubscript𝑐𝑛c_{n}, c~nsubscript~𝑐𝑛\widetilde{c}_{n}, bnsubscript𝑏𝑛b_{n} et b~nsubscript~𝑏𝑛\widetilde{b}_{n}.

La méthode pour décomposer les courants de symétries et en particulier le tenseur énergie-impulsion est semblable à celle que nous venons de présenter. Nous ne nous intéressons ici qu’au tenseur énergie-impulsion et au courant des translations d’espace-cible (2.2.2) :

T(z)=nLnzn2𝑇𝑧subscript𝑛subscript𝐿𝑛superscript𝑧𝑛2\displaystyle T(z)=\sum_{n}L_{n}z^{-n-2}
Jμ(z)=inαnμzn1superscript𝐽𝜇𝑧𝑖subscript𝑛subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛superscript𝑧𝑛1\displaystyle J^{\mu}(z)=i\sum_{n}\alpha^{\mu}_{n}z^{-n-1} (2.2.61)

Parmi les opérateurs Lnsubscript𝐿𝑛L_{n}, trois ont un statut particulier, L1subscript𝐿1L_{-1}, L0subscript𝐿0L_{0} et L1subscript𝐿1L_{1}. Ils génèrent les transformations conformes complètes, c’est-à-dire le long de v(z)=α+βz+γz2𝑣𝑧𝛼𝛽𝑧𝛾superscript𝑧2v(z)=\alpha+\beta z+\gamma z^{2}. Ils vérifient une algèbre SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,{\mathbb{C}}). Des formules équivalentes sont obtenues pour les courants anti-holomorphes. Outre ces opérateurs particuliers, remarquons l’existence d’une infinité de générateurs Lnsubscript𝐿𝑛L_{n} de translations sur la surface. Cela fait de cette CFT une théorie intégrable, c’est-à-dire totalement résoluble. Cette propriété est assurée par l’holomorphicité du tenseur énergie-impulsion. Cette contrainte n’est en général pas vérifiée dans une variété de dimension d2𝑑2d\neq 2 parce que la conservation de l’énergie-impulsion – mais aussi des autres courants de symétrie – ne se réduit pas en d’aussi simples contraintes d’(anti-)holomorphicité. Les algèbres sont calculées à l’aide des OPE suivantes TJ𝑇𝐽TJ, TT𝑇𝑇TT et JJ𝐽𝐽JJ :

C0dwCwdzzm+1wn+1T(z)T(w)=[Lm,Ln]=(mn)Lm+n+c12(m3m)δm+nsubscriptcontour-integralsubscript𝐶0d𝑤subscriptcontour-integralsubscript𝐶𝑤d𝑧superscript𝑧𝑚1superscript𝑤𝑛1𝑇𝑧𝑇𝑤subscript𝐿𝑚subscript𝐿𝑛𝑚𝑛subscript𝐿𝑚𝑛𝑐12superscript𝑚3𝑚subscript𝛿𝑚𝑛\displaystyle\oint_{C_{0}}\text{d}w\oint_{C_{w}}\text{d}z\;z^{m+1}w^{n+1}\,T(z)T(w)=[L_{m},L_{n}]=(m-n)L_{m+n}+\frac{c}{12}(m^{3}-m)\delta_{m+n}
C0dwCwdzzmwnJμ(z)Jν(w)=[αmμ,αnν]=mδm+nημνsubscriptcontour-integralsubscript𝐶0d𝑤subscriptcontour-integralsubscript𝐶𝑤d𝑧superscript𝑧𝑚superscript𝑤𝑛superscript𝐽𝜇𝑧superscript𝐽𝜈𝑤subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑚subscriptsuperscript𝛼𝜈𝑛𝑚subscript𝛿𝑚𝑛superscript𝜂𝜇𝜈\displaystyle\oint_{C_{0}}\text{d}w\oint_{C_{w}}\text{d}z\;z^{m}w^{n}\,J^{\mu}(z)J^{\nu}(w)=[\alpha^{\mu}_{m},\alpha^{\nu}_{n}]=m\delta_{m+n}\eta^{\mu\nu}
C0dwCwdzzm+1wnT(z)Jμ(w)=[Lm,αnμ]=nαm+nμsubscriptcontour-integralsubscript𝐶0d𝑤subscriptcontour-integralsubscript𝐶𝑤d𝑧superscript𝑧𝑚1superscript𝑤𝑛𝑇𝑧superscript𝐽𝜇𝑤subscript𝐿𝑚subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛𝑛subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑚𝑛\displaystyle\oint_{C_{0}}\text{d}w\oint_{C_{w}}\text{d}z\;z^{m+1}w^{n}\,T(z)J^{\mu}(w)=[L_{m},\alpha^{\mu}_{n}]=-n\alpha^{\mu}_{m+n} (2.2.62)

En première ligne, est identifiée l’algèbre de Virasoro 𝔳𝔦𝔯𝔳𝔦𝔯{\mathfrak{vir}} dont L1subscript𝐿1L_{-1}, L0subscript𝐿0L_{0} et L1subscript𝐿1L_{1} constituent bien une sous-algèbre 𝔰𝔩(2,)𝔰𝔩2{\mathfrak{sl}}(2,{\mathbb{C}}). Le générateur L0subscript𝐿0L_{0} est particulier car il est associé aux changements d’échelle rigides. Il mesure donc le poids hh d’un opérateur descendant ou primaire – respectivement L~0subscript~𝐿0\widetilde{L}_{0} mesure h¯¯\bar{h} – dans sa décomposition de Laurent suivant son action d’algèbre. L’opérateur α0μsubscriptsuperscript𝛼𝜇0\alpha^{\mu}_{0} est associé à l’impulsion de la corde, il mesure donc pμsuperscript𝑝𝜇p^{\mu}. Le commutateur [L0,α0μ]=0subscript𝐿0superscriptsubscript𝛼0𝜇0[L_{0},\alpha_{0}^{\mu}]=0 indique que les vecteurs propres de L0subscript𝐿0L_{0} se décomposent le long des vecteurs propres de α0μsuperscriptsubscript𝛼0𝜇\alpha_{0}^{\mu}. Le calcul de l’ OPE JX𝐽𝑋JX montre que l’opérateur position xμsuperscript𝑥𝜇x^{\mu} vérifie le commutateur habituel en mécanique quantique [xμ,pν]=iημνsuperscript𝑥𝜇superscript𝑝𝜈𝑖superscript𝜂𝜇𝜈[x^{\mu},p^{\nu}]=i\eta^{\mu\nu}.

L’algèbre des opérateurs αnμsuperscriptsubscript𝛼𝑛𝜇\alpha_{n}^{\mu} est une algèbre d’opérateurs de création et d’annihilation, ce qui est clair en les redéfinissant par α^nμ=αnμ/nsuperscriptsubscript^𝛼𝑛𝜇superscriptsubscript𝛼𝑛𝜇𝑛\widehat{\alpha}_{n}^{\mu}=\alpha_{n}^{\mu}/\sqrt{n}. Les seuls commutateurs non nuls sont alors :

[α^mμ,α^mν]=ημνsuperscriptsubscript^𝛼𝑚𝜇superscriptsubscript^𝛼𝑚𝜈superscript𝜂𝜇𝜈\displaystyle[\widehat{\alpha}_{m}^{\mu},\widehat{\alpha}_{-m}^{\nu}]=\eta^{\mu\nu} (2.2.63)

Par convention, les αn>0subscript𝛼𝑛0\alpha_{n>0} sont choisis en tant qu’opérateurs d’annihilation et les αn=(αn>0)subscript𝛼𝑛superscriptsubscript𝛼𝑛0\alpha_{-n}=(\alpha_{n>0})^{\dagger} en tant qu’opérateurs de création. Par convention, pμsuperscript𝑝𝜇p^{\mu} est créateur et xμsuperscript𝑥𝜇x^{\mu} annihilateur. Partant d’un vide |0|0¯tensor-productket0ket¯0\left|0\right>\otimes\left|\bar{0}\right> par application récursive des opérateurs de création et d’annihilation, un espace de Fock est décrit. Ce vide est défini par les actions :

αn0|0=0α~n0|0¯=0formulae-sequencesubscript𝛼𝑛0ket00subscript~𝛼𝑛0ket¯00\displaystyle\alpha_{n\geq 0}\left|0\right>=0\qquad\widetilde{\alpha}_{n\geq 0}\left|\bar{0}\right>=0 (2.2.64)

Les vecteurs de cet espace sont caractérisés par les valeurs propres de α0subscript𝛼0\alpha_{0} et de L0subscript𝐿0L_{0}, par conséquent notés |h,kket𝑘\left|h,\vec{k}\right>. D’après la signature minkowskienne de la métrique, l’espace de Fock n’est pas bien défini à cause des états de normes négatives. Cependant, ces états découplent par invariance BRST. Par conséquent, si on ne s’intéresse qu’aux états physiques, il est suffisant de ne s’attarder que sur ces états sur la couche de masse et dans la jauge du cône de lumière, c’est-à-dire X0superscript𝑋0X^{0} et X1superscript𝑋1X^{1} fixés donc gelés. Cependant, ce n’est pas une jauge manifestement invariante de Lorentz, donc en général, X0superscript𝑋0X^{0} et X1superscript𝑋1X^{1} sont laissés libres et la contrainte de couche de masse est imposée implicitement.

La même algèbre – anti-commutante –- est développée pour les champs fantômes :

{cn,bm}=δn+msubscript𝑐𝑛subscript𝑏𝑚subscript𝛿𝑛𝑚\displaystyle\{c_{n},b_{m}\}=\delta_{n+m}
[L0,cn]=ncn[L0,bn]=nbnformulae-sequencesubscript𝐿0subscript𝑐𝑛𝑛subscript𝑐𝑛subscript𝐿0subscript𝑏𝑛𝑛subscript𝑏𝑛\displaystyle[L_{0},c_{n}]=-nc_{n}\qquad[L_{0},b_{n}]=-nb_{n} (2.2.65)

Cette définition donne lieue à l’existence de deux familles de créateurs et d’annihilateurs. La première famille d’annihilateurs est définie par cn0subscript𝑐𝑛0c_{n\geq 0} avec bn=(cn0)subscript𝑏𝑛superscriptsubscript𝑐𝑛0b_{-n}=(c_{n\geq 0})^{\dagger} les créateurs correspondants. La deuxième famille est générée par la famille bn0subscript𝑏𝑛0b_{n\geq 0} et cn=(bn0)subscript𝑐𝑛superscriptsubscript𝑏𝑛0c_{-n}=(b_{n\geq 0})^{\dagger} respectivement annihilateurs et créateurs. Il faut introduire deux vides |=c1|0ketsubscript𝑐1ket0\left|\downarrow\right>=c_{1}\left|0\right> et |=c0c1|0ketsubscript𝑐0subscript𝑐1ket0\left|\uparrow\right>=c_{0}c_{1}\left|0\right> tels que :

cn>0|=0bn>0|=0formulae-sequencesubscript𝑐𝑛0ket0subscript𝑏𝑛0ket0\displaystyle c_{n>0}\left|\downarrow\right>=0\qquad b_{n>0}\left|\uparrow\right>=0
c0|=|b0|=|formulae-sequencesubscript𝑐0ketketsubscript𝑏0ketket\displaystyle c_{0}\left|\downarrow\right>=\left|\uparrow\right>\qquad b_{0}\left|\uparrow\right>=\left|\downarrow\right>
cn0|=0bn0|=0formulae-sequencesubscript𝑐𝑛0ket0subscript𝑏𝑛0ket0\displaystyle\Rightarrow\quad c_{n\geq 0}\left|\uparrow\right>=0\qquad b_{n\geq 0}\left|\downarrow\right>=0 (2.2.66)

Tout ce matériel peut être utilisé pour exprimer le tenseur énergie-impulsion et donc Lnsubscript𝐿𝑛L_{n}, d’après les formules (2.2.2). Cependant, il faut définir un ordre normal d’opérateur {}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}} équivalent à l’ordre normal des champs :::absent::\leavevmode\nobreak\ :. Il doit être tel que si l’on évalue un courant dans le vide, le résultat est défini pour tout z𝑧z et compatible avec la définition du champ primaire du vide correspondant (2.2.54). Pour cela, il faut définir {}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}} tel que dans l’expression résultante, tous les annihilateurs sont à droite et les créateurs à gauche, à une constante additive près.

Le vide fondamental et son adjoint sont choisi conformément à (2.2.54), ce qui revient à se placer dans la jauge de Siegel b0|phys=0subscript𝑏0ket𝑝𝑦𝑠0b_{0}\left|phys\right>=0, c’est-à-dire :

|Ω=|0|=c1|0|0ghketΩtensor-productket0kettensor-productsubscript𝑐1ket0subscriptket0𝑔\displaystyle\left|\Omega\right>=\left|0\right>\otimes\left|\downarrow\right>=c_{1}\left|0\right>\otimes\left|0\right>_{gh}
Ω|=0||=0|0|ghc1c0\displaystyle\left<\Omega\right|=\left<0\right|\otimes\left<\downarrow\right|=\left<0\right|\otimes\left<0\right|_{gh}c_{-1}c_{0} (2.2.67)

Et nous obtenons alors pour expression des modes du tenseur énergie-impulsion, la formule suivante :

Lm=12nαmnμαμn+n(n+m)bmncn+δm\displaystyle L_{m}=\frac{1}{2}\sum_{n\in{\mathbb{N}}}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\alpha^{\mu}_{m-n}\alpha_{\mu\,n}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}+\sum_{n\in{\mathbb{N}}}(n+m){}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}b_{m-n}c_{n}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}+\delta_{m} (2.2.68)

La constante additive δmsubscript𝛿𝑚\delta_{m} doit permettre de retrouver l’identité Ω|L0|Ω=1quantum-operator-productΩsubscript𝐿0Ω1\left<\Omega\right|L_{0}\left|\Omega\right>=-1 par comparaison à T(z)=z2delimited-⟨⟩𝑇𝑧superscript𝑧2\left<T(z)\right>=-z^{-2}. Et on trouve δm=δm,0subscript𝛿𝑚subscript𝛿𝑚.0\delta_{m}=-\delta_{m,0}. Enfin, remarquons l’identité suivante :

L0αnμαmν|Ω=(n+m)αnμαmν|Ωsubscript𝐿0subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript𝛼𝜈𝑚ketΩ𝑛𝑚subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript𝛼𝜈𝑚ketΩ\displaystyle L_{0}\,\alpha^{\mu}_{-n}\alpha^{\nu}_{-m}\left|\Omega\right>=(n+m)\alpha^{\mu}_{-n}\alpha^{\nu}_{-m}\left|\Omega\right>
L0cnbm|Ω=(n+m)cnbm|Ωsubscript𝐿0subscript𝑐𝑛subscript𝑏𝑚ketΩ𝑛𝑚subscript𝑐𝑛subscript𝑏𝑚ketΩ\displaystyle L_{0}\,c_{-n}b_{-m}\left|\Omega\right>=(n+m)c_{-n}b_{-m}\left|\Omega\right> (2.2.69)

En théorie bosonique, tout vecteur propre peut donc être caractérisé par 3 nombres :le poids, l’impulsion et le mode N𝑁N. On écrit |h,k,N,|h¯,k,N~,tensor-productket𝑘𝑁ket¯𝑘~𝑁\left|h,\vec{k},N,\downarrow\right>\otimes\left|\bar{h},\vec{k},\widetilde{N},\downarrow\right> tel que :

α0μ|h,k,N,=|h,k,N,kμsubscriptsuperscript𝛼𝜇0ket𝑘𝑁ket𝑘𝑁superscript𝑘𝜇\displaystyle\alpha^{\mu}_{0}\left|h,\vec{k},N,\downarrow\right>=\left|h,\vec{k},N,\downarrow\right>k^{\mu}
L0|h,k,N,=|h,k,N,havec h=αk24+N1formulae-sequencesubscript𝐿0ket𝑘𝑁ket𝑘𝑁avec superscript𝛼superscript𝑘24𝑁1\displaystyle L_{0}\left|h,\vec{k},N,\downarrow\right>=\left|h,\vec{k},N,\downarrow\right>h\qquad\text{avec }h=\alpha^{\prime}\frac{k^{2}}{4}+N-1 (2.2.70)

et similairement sur les kets du secteur droit. Il faut en outre imposer au tenseur énergie-impulsion les contraintes de Virasoro. Elles demandent l’annulation du tenseur énergie-impulsion sur la surface de corde et sont une conséquence des équations du mouvement de la métrique de la surface [69]. En effet, sur une surface de Riemann, le tenseur d’Einstein-Hilbert vérifie trivialement Gab=0subscript𝐺𝑎𝑏0G_{ab}=0 puisque Rab=Rgab/2subscript𝑅𝑎𝑏𝑅subscript𝑔𝑎𝑏2R_{ab}=Rg_{ab}/2. Alors, Tab=0subscript𝑇𝑎𝑏0T_{ab}=0 et cela se traduit en langage opératoriel par :

Lm0|phys=0subscript𝐿𝑚0ket𝑝𝑦𝑠0\displaystyle L_{m\geq 0}\left|phys\right>=0 (2.2.71)

sur tout état physique |physket𝑝𝑦𝑠\left|phys\right>. En effet, puisque T=phys|Lnzn2|physdelimited-⟨⟩𝑇quantum-operator-product𝑝𝑦𝑠subscript𝐿𝑛superscript𝑧𝑛2𝑝𝑦𝑠\left<T\right>=\left<phys\right|\sum L_{-n}z^{n-2}\left|phys\right> il suffit d’imposer cette contrainte en utilisant Ln=Lnsubscript𝐿𝑛subscriptsuperscript𝐿𝑛L_{n}=L^{\dagger}_{-n} par hermiticité du tenseur énergie-impulsion. Les contraintes de Virasoro deviennent donc une condition de physicité des états de l’espace de Hilbert. Si l’on retourne à la formule (2.2.3), cela impose entre autres :

h=αk24+N1=0superscript𝛼superscript𝑘24𝑁10\displaystyle h=\alpha^{\prime}\frac{k^{2}}{4}+N-1=0
h¯=αk24+N~1=0¯superscript𝛼superscript𝑘24~𝑁10\displaystyle\bar{h}=\alpha^{\prime}\frac{k^{2}}{4}+\widetilde{N}-1=0 (2.2.72)

Il en résulte une condition d’identification des niveaux d’excitation N=N~𝑁~𝑁N=\widetilde{N} appelée en anglais level-matching et la formule de masse :

m2=k2=4α(N1)superscript𝑚2superscript𝑘24superscript𝛼𝑁1\displaystyle m^{2}=-k^{2}=\frac{4}{\alpha^{\prime}}(N-1) (2.2.73)

Le fondamental N=0𝑁0N=0 est clairement tachyonique, c’est une caractéristique de la théorie des cordes bosoniques, qui admet des tachyons de cordes fermées et ouvertes. L’ensemble d’états suivant N=1𝑁1N=1 est non-massif. Ces derniers sont très intéressants car ils admettent parmi eux un champ tensoriel de spin 2 : le graviton. Les modes suivants sont tous massifs. Puisque la limite naturelle de théorie des cordes est α=s20superscript𝛼superscriptsubscript𝑠20\alpha^{\prime}=\ell_{s}^{2}\to 0, les gaps de masse carré Δm2=4/αΔsuperscript𝑚24superscript𝛼\Delta m^{2}=4/\alpha^{\prime} sont quasi-infinis, de sorte qu’en oubliant le fondamental tachyonique, les cordes massives découplent et ne restent que les cordes non-massives. Ces dernières constituent ainsi la partie du spectre de corde physiquement intéressante.

Correspondance états-opérateur de vertex : définition explicite

La correspondance entre les états et les opérateurs est obtenue en utilisant (2.2.3). Dans l’hypothèse où les champs peuvent être définis sans ambiguïté, X(z)𝑋𝑧\partial X(z) par exemple, holomorphes réguliers en leur point d’insertion z𝑧z, alors il est possible de relier les opérateurs de création à des opérateurs de vertex par développement en série de Taylor. Ceci permet de définir explicitement la correspondance état-opérateurs. Ainsi, à position fixée elle est donnée par :

|kμ,Ω,zketsuperscript𝑘𝜇Ω𝑧\displaystyle\left|k^{\mu},\Omega,z\right>\quad\longrightarrow :c(z)eikμXμ:\displaystyle\quad:c(z)e^{ik_{\mu}X^{\mu}}:
αnμ|Ω,zsubscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛ketΩ𝑧\displaystyle\alpha^{\mu}_{-n}\left|\Omega,z\right>\quad\longrightarrow :c(z)nX(z):\displaystyle\quad:c(z)\partial^{n}X(z):
cn|Ω,zsubscript𝑐𝑛ketΩ𝑧\displaystyle c_{-n}\left|\Omega,z\right>\quad\longrightarrow :c(z)n+1c(z):\displaystyle\quad:c(z)\partial^{n+1}c(z):
bn|Ω,zsubscript𝑏𝑛ketΩ𝑧\displaystyle b_{-n}\left|\Omega,z\right>\quad\longrightarrow :c(z)n2b(z):\displaystyle\quad:c(z)\partial^{n-2}b(z): (2.2.74)

La première identité est obtenue par comparaison entre l’action du courant de translation sur l’opérateur de vertex et l’action de α0subscript𝛼0\alpha_{0} sur l’état. Seule la partie holomorphe est présentée ici. Évidemment, les formules équivalentes existent pour la partie non-holomorphe.

De manière générale, ces opérateurs sont des descendants. Seule une minorité d’entre eux sont des opérateurs primaires. Ceux-ci correspondent aux états de plus haut poids vérifiant par définition Ln0|ψ=0subscript𝐿𝑛0ket𝜓0L_{n\geq 0}\left|\psi\right>=0 et contenus dans l’espace de Hilbert {\mathcal{H}}.

Tout état du spectre – et son opérateur de vertex associé – est obtenue par combinaison de l’ensemble des modes créateurs sur le ket d’impulsion kμsuperscript𝑘𝜇k^{\mu}. Par la correspondance ainsi donnée, il suffit ensuite de remplacer chaque mode par son opérateur.

2.2.4 Spectre physique et contrainte BRST, états et opérateurs de vertex

La formule de masse précédente permet de décomposer l’ensemble des états de l’espace de Hilbert le long d’un spectre de masse. A chaque niveau de masse, formellement identifié par N𝑁N, il existe un certain nombre d’états physiques, la condition étant que Lm0|phys=0subscript𝐿𝑚0ket𝑝𝑦𝑠0L_{m\geq 0}\left|phys\right>=0. En toute rigueur, puisque la jauge a été fixée en introduisant des champs fantômes, il faut plutôt imposer la condition d’invariance BRST QB|phys=0subscript𝑄𝐵ket𝑝𝑦𝑠0Q_{B}\left|phys\right>=0. La charge BRST QBsubscript𝑄𝐵Q_{B} est définie par l’intégrale de contour :

QB=12πi(dzjB(z)dz¯ȷ~B(z¯))subscript𝑄𝐵12𝜋𝑖contour-integrald𝑧subscript𝑗𝐵𝑧d¯𝑧subscript~italic-ȷ𝐵¯𝑧\displaystyle Q_{B}=\frac{1}{2\pi i}\oint\left(\text{d}z\leavevmode\nobreak\ j_{B}(z)-\text{d}\bar{z}\leavevmode\nobreak\ \widetilde{\jmath}_{B}(\bar{z})\right) (2.2.75)

dont le contour encercle l’opérateur sur lequel la charge agit. La contrainte BRST est formellement similaire à la contrainte d’invariance conforme puisque CFTBRST𝐶𝐹𝑇𝐵𝑅𝑆𝑇CFT\subset BRST. Mais de nouvelles contraintes liées à la cohomologie BRST fermé/exactsubscriptfermésubscript𝑒𝑥𝑎𝑐𝑡{\mathcal{H}}_{\text{fermé}}/{\mathcal{H}}_{exact} sont imposées. La contrainte BRST constitue la condition de fermeture et construit l’espace de Hilbert des états fermés BRST fermésubscriptfermé{\mathcal{H}}_{\text{fermé}}. Les états exacts BRST sont donnés par QB|χsubscript𝑄𝐵ket𝜒Q_{B}\left|\chi\right> avec |χket𝜒\left|\chi\right> un état quelconque non physique, car pour c=0𝑐0c=0 la nilpotence QB2=0superscriptsubscript𝑄𝐵20Q_{B}^{2}=0 est vérifiée. La nilpotence implique en outre que QB|χsubscript𝑄𝐵ket𝜒Q_{B}\left|\chi\right> est un état nul. L’espace de Hilbert des états exacts BRST exactsubscript𝑒𝑥𝑎𝑐𝑡{\mathcal{H}}_{exact} est obtenu ainsi.

La condition de jauge de Siegel, brièvement introduite et utilisée précédemment dans la formule (2.2.3), est obtenue en choisissant l’espace de Hilbert appartenant à la cohomologie BRST. Il s’agit en réalité d’un choix arbitraire du vide fantôme |ket\left|\downarrow\right> équivalent à l’inclusion des champs cc~(z)𝑐~𝑐𝑧c\widetilde{c}(z) dans tout opérateur de vertex à position fixée. Ainsi, le vide |ket\left|\uparrow\right> aurait a priori pu être choisi en tant que vide fondamental. L’étude de la cohomologie BRST montre cependant que |=QB|ketsubscript𝑄𝐵ket\left|\uparrow\right>=Q_{B}\left|\downarrow\right> et que |ket\left|\uparrow\right> n’apparaît donc pas comme un bon état de départ pour construire l’espace de Hilbert de la cohomologie.

Les deux premiers niveaux sont alors :

  • \bullet

    Le tachyon fondamental |k,0,|k,0,~tensor-productket𝑘.0~ket𝑘.0\left|k,0,\downarrow\right>\otimes\widetilde{\left|k,0,\downarrow\right>} qui vérifie simplement αm2=4superscript𝛼superscript𝑚24\alpha^{\prime}m^{2}=-4. L’opérateur de vertex correspondant est obtenue par la correspondance introduite précédemment et qui donne à position fixée :

    𝒱T=cc~eikμXμ(z)subscript𝒱𝑇𝑐~𝑐superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝑋𝜇𝑧\displaystyle{\mathcal{V}}_{T}=c\widetilde{c}\,e^{ik_{\mu}X^{\mu}}(z) (2.2.76)

    et intégré simplement :

    VT=d2zeikμXμ(z)subscript𝑉𝑇superscriptd2𝑧superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝑋𝜇𝑧\displaystyle V_{T}=\int\text{d}^{2}z\,e^{ik_{\mu}X^{\mu}}(z) (2.2.77)
  • \bullet

    Le premier état excité |k,1,|k,1,~tensor-productket𝑘.1~ket𝑘.1\left|k,1,\downarrow\right>\otimes\widetilde{\left|k,1,\downarrow\right>} de masse m2=0superscript𝑚20m^{2}=0. Les deux secteurs droits et gauches sont équivalents. Le détail du secteur gauche est le suivant :

    |k,1,=ζμα1μ|k,0,ket𝑘.1subscript𝜁𝜇superscriptsubscript𝛼1𝜇ket𝑘.0\displaystyle\left|k,1,\downarrow\right>=\zeta_{\mu}\,\alpha_{-1}^{\mu}\left|k,0,\downarrow\right> (2.2.78)

    dont la polarisation ζμsubscript𝜁𝜇\zeta_{\mu} vérifie la relation ζμkμ=0subscript𝜁𝜇superscript𝑘𝜇0\zeta_{\mu}k^{\mu}=0 mais n’est déterminée qu’à une transformation de jauge près ζμζμ+2αβkμsimilar-tosubscript𝜁𝜇subscript𝜁𝜇2superscript𝛼𝛽subscript𝑘𝜇\zeta_{\mu}\sim\zeta_{\mu}+\sqrt{2\alpha^{\prime}}\,\beta k_{\mu} avec β𝛽\beta un nombre. Pour l’état complet nous devons plutôt introduire la polarisation ζμνsubscript𝜁𝜇𝜈\zeta_{\mu\nu} mais le nombre de contraintes est alors double. En tout cela fait 24×24242424\times 24 degrés de liberté.

    L’opérateur de vertex correspondant à cet état est simplement :

    𝒱ζ=cc~ζμνXμ¯X~νeikμXμ(z)subscript𝒱𝜁𝑐~𝑐subscript𝜁𝜇𝜈superscript𝑋𝜇¯superscript~𝑋𝜈superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝑋𝜇𝑧\displaystyle{\mathcal{V}}_{\zeta}=c\widetilde{c}\,\zeta_{\mu\nu}\partial X^{\mu}\bar{\partial}\widetilde{X}^{\nu}e^{ik_{\mu}X^{\mu}}(z) (2.2.79)

    Par la décomposition ζμν=h(μν)+b[μν]+ημνΦsubscript𝜁𝜇𝜈subscript𝜇𝜈subscript𝑏delimited-[]𝜇𝜈subscript𝜂𝜇𝜈Φ\zeta_{\mu\nu}=h_{(\mu\nu)}+b_{[\mu\nu]}+\eta_{\mu\nu}\Phi cet opérateur décrit le graviton, tenseur symétrique sans trace, le champ de Kalb-Ramond anti-symétrique, et le dilaton ΦΦ\Phi scalaire et correspondant ici à la trace.

2.2.5 Amplitudes et OPE

Cette section et ce chapitre seront terminés en étudiant les amplitudes et leurs relations aux OPE définis précédemment. Une fois la correspondance connue entre les états et les opérateurs de vertex, on peut exprimer les amplitudes à N-points sur la surface de corde, c’est-à-dire les éléments de matrice-S on-shell. Puisqu’une amplitude s’écrit linéairement, il n’est pas possible d’exprimer une amplitude générale à plus de 2 points uniquement à partir d’états asymptotiques de type |ψ,zket𝜓𝑧\left|\psi,z\right>. Il est donc nécessaire d’exprimer les états sous forme de fonctions d’opérateurs agissant sur les états asymptotiques du vide ou plus généralement sur des états physiques. Les opérateurs de vertex jouent ce rôle. En outre, il y a correspondance entre les opérateurs qui agissent sur l’espace de Hilbert et les champs de la théorie conforme. Cette correspondance est établie par la formule (2.2.33) et s’exprime pour les amplitudes, ici à l’ordre des arbres, par :

id2ziψ,|T[V^(z1,z¯1)V^(z2,z¯2)]|ψ,0=id2ziT[Vψ()V(z1,z¯1)V(z2,z¯2)Vψ(0)]subscriptproduct𝑖superscriptd2subscript𝑧𝑖quantum-operator-product𝜓𝑇delimited-[]^𝑉subscript𝑧1subscript¯𝑧1^𝑉subscript𝑧2subscript¯𝑧2superscript𝜓.0subscriptproduct𝑖superscriptd2subscript𝑧𝑖delimited-⟨⟩𝑇delimited-[]subscriptsuperscript𝑉𝜓𝑉subscript𝑧1subscript¯𝑧1𝑉subscript𝑧2subscript¯𝑧2subscript𝑉superscript𝜓0\int\prod_{i}\text{d}^{2}z_{i}\,\left<\psi,\infty\right|T[\hat{V}(z_{1},\bar{z}_{1})\hat{V}(z_{2},\bar{z}_{2})]\ldots\left|\psi^{\prime},0\right>\\ =\int\prod_{i}\text{d}^{2}z_{i}\,\left<T[V^{\prime}_{\psi}(\infty)V(z_{1},\bar{z}_{1})V(z_{2},\bar{z}_{2})\ldots V_{\psi^{\prime}}(0)]\right> (2.2.80)

avec T𝑇T l’opérateur d’ordre en temps conforme, c’est-à-dire qui ordonne dans le plan complexe |z1|>|z2|>subscript𝑧1subscript𝑧2|z_{1}|>|z_{2}|>\ldots. Les points z0𝑧0z\to 0 et z𝑧z\to\infty dans le plan complexe sont les équivalents conformes des infinis temporels asymptotiques – sur la sphère, ils correspondent aux pôles sud et nord. Les opérateurs sont des poinçons de la surface aux points d’insertion. On note les opérateurs avec un chapeau. A gauche, les opérateurs V^^𝑉\hat{V} sont des fonctions des opérateurs fondamentaux (αn,cn,bn,)subscript𝛼𝑛subscript𝑐𝑛subscript𝑏𝑛(\alpha_{n},c_{n},b_{n},\ldots). A droite, les champs V𝑉V sont des fonctionnelles des champs fondamentaux (Xμ,b,c,)superscript𝑋𝜇𝑏𝑐(X^{\mu},b,c,\ldots). Attention l’opérateur Vψ()subscriptsuperscript𝑉𝜓V^{\prime}_{\psi}(\infty) est défini de manière particulière car, techniquement, il faut subdiviser la sphère en deux hémisphères collés à l’équateur avec certaines conditions de collage conformes [97, 98]. Donc Vsuperscript𝑉V^{\prime} est le transformé conforme de V𝑉V suivant la transformation correspondante à la fonction de transition à l’équateur, qui est zu=1/z𝑧𝑢1𝑧z\to u=1/z.

L’amplitude sans insertion s’appelle fonction de partition, à l’ordre des arbres ici et est notée Z𝑍Z. L’amplitude dépend évidemment de la théorie de surface, c’est-à-dire de l’action de surface S𝑆S ou de l’hamiltonien H𝐻H suivant la description choisie et de la géométrie – par exemple le disque ou la sphère, mais aussi le cylindre ou le tore. En ce sens, la fonction de partition est une donnée importante car elle caractérise la théorie quantique, nue. C’est en particulier le cas de la fonction de partition cylindrique. Nous y reviendrons dans le cadre des supercordes, dans la section 2.3.3.

Du point de vue des opérateurs, la définition de la théorie, c’est-à-dire de l’action de surface, modifie les relations de commutations. Du point de vue des champs, elle modifie les formules d’OPE. En général, une amplitude est complètement déterminée par l’expression des OPE. En fait en théorie conforme, la connaissance des OPE à 2 points (2.2.38), c’est-à-dire les valeurs des fonctions à 3 points, suffit à résoudre entièrement la théorie, donc à calculer toutes les amplitudes. Par exemple, à partir de l’OPE des champs Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} en espace plat et dans le plan complexe, l’OPE de N opérateurs :eikμXμ(zi,z¯i)::e^{ik_{\mu}X^{\mu}}(z_{i},\bar{z}_{i}): est exactement déterminée :

i=1N:eikμ(i)Xμ(zi,z¯i):=1i<jN|zizj|αk(i)k(j)2:i=1Neikμ(i)Xμ(zi,z¯i)::superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑁assignsuperscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝑘𝑖𝜇superscript𝑋𝜇subscript𝑧𝑖subscript¯𝑧𝑖superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑁superscriptsubscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑗superscript𝛼superscript𝑘𝑖superscript𝑘𝑗2:superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑁superscript𝑒𝑖subscriptsuperscript𝑘𝑖𝜇superscript𝑋𝜇subscript𝑧𝑖subscript¯𝑧𝑖:absent\displaystyle\prod_{i=1}^{N}:e^{ik^{(i)}_{\mu}X^{\mu}}(z_{i},\bar{z}_{i}):=\prod_{1\leq i<j}^{N}\left|z_{i}-z_{j}\right|^{\alpha^{\prime}\frac{k^{(i)}\cdot k^{(j)}}{2}}\leavevmode\nobreak\ :\prod_{i=1}^{N}e^{ik^{(i)}_{\mu}X^{\mu}}(z_{i},\bar{z}_{i}): (2.2.81)

Dans ce cas la fonction de corrélation de ce produit donne l’intégrale :

iNd2zii=1N1Θ(|zi||zi+1|)1i<jN|zizj|αk(i)k(j)2:i=1Neikμ(i)Xμ(zi,z¯i):\displaystyle\int\prod_{i}^{N}\text{d}^{2}z_{i}\leavevmode\nobreak\ \prod_{i=1}^{N-1}\Theta(\left|z_{i}\right|-\left|z_{i+1}\right|)\leavevmode\nobreak\ \prod_{1\leq i<j}^{N}\left|z_{i}-z_{j}\right|^{\alpha^{\prime}\frac{k^{(i)}\cdot k^{(j)}}{2}}\leavevmode\nobreak\ \left<:\prod_{i=1}^{N}e^{ik^{(i)}_{\mu}X^{\mu}}(z_{i},\bar{z}_{i}):\right> (2.2.82)

La valeur du corrélateur régulier est simplement une fonction delta de Dirac à D dimensions δ(D)(ik(i))superscript𝛿𝐷subscript𝑖superscript𝑘𝑖\delta^{(D)}(\sum_{i}k^{(i)}). La fonction Θ(x)Θ𝑥\Theta(x) est la fonction thêta de Heaviside, valant 111 pour tout x>0𝑥0x>0 et 00 sinon. Par la suite, pour obtenir exactement l’amplitude (2.2.80) sur la sphère, il faut d’abord fixer la position de trois opérateurs de sorte de fixer la jauge SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,\mathbb{C}) du groupe des CKV sur la sphère, typiquement sont choisies les coordonnées (0,1,)0.1(0,1,\infty). Puis, il faut appliquer la transformation conforme z1/z𝑧1𝑧z\to 1/z à l’opérateur le plus à gauche qui reçoit la position \infty. Cela s’exprime finalement131313On renomme les coordonnées zisubscript𝑧𝑖z_{i} de sorte que sont fixées (z1,z2,z3)=(0,1,)subscript𝑧1subscript𝑧2subscript𝑧30.1(z_{1},z_{2},z_{3})=(0,1,\infty). par :

δ(D)(i=1Nk(i))i=4Nd2zii=4N1Θ(|zi||zi+1|)4i<jN|zizj|αk(i)k(j)2i=4N|1zi|αk(2)k(j)2superscript𝛿𝐷superscriptsubscript𝑖1𝑁superscript𝑘𝑖superscriptsubscriptproduct𝑖4𝑁superscriptd2subscript𝑧𝑖superscriptsubscriptproduct𝑖4𝑁1Θsubscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑖1superscriptsubscriptproduct4𝑖𝑗𝑁superscriptsubscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑗superscript𝛼superscript𝑘𝑖superscript𝑘𝑗2superscriptsubscriptproduct𝑖4𝑁superscript1subscript𝑧𝑖superscript𝛼superscript𝑘2superscript𝑘𝑗2\displaystyle\delta^{(D)}(\sum_{i=1}^{N}k^{(i)})\leavevmode\nobreak\ \int\prod_{i=4}^{N}\text{d}^{2}z_{i}\leavevmode\nobreak\ \prod_{i=4}^{N-1}\Theta(\left|z_{i}\right|-\left|z_{i+1}\right|)\leavevmode\nobreak\ \prod_{4\leq i<j}^{N}\left|z_{i}-z_{j}\right|^{\alpha^{\prime}\frac{k^{(i)}\cdot k^{(j)}}{2}}\prod_{i=4}^{N}\left|1-z_{i}\right|^{\alpha^{\prime}\frac{k^{(2)}\cdot k^{(j)}}{2}} (2.2.83)

Les intégrales finales s’expriment en générale à l’aide de fonctions ΓΓ\Gamma et constituent des amplitudes de Veneziano. La formule présentée ci-dessus est la fonction de corrélation de N tachyons de cordes fermées en théorie bosonique. La formule d’OPE (2.2.81) sera réutilisée dans les calculs de la fonction de partition du système brane-antibrane séparé.

Nous passerons maintenant à la définition de la théorie de supercordes et des théories superconformes.

2.3 Supercordes et théorie superconforme

En théorie bosonique, le spectre de particules ne contient que des bosons et ne peut donc pas correspondre à une physique réaliste qui contient, comme nous le savons bien par expérience, des particules fermioniques. En fait, il est possible de construire des spineurs d’espace-cible  [100, 98, 69, 39, 53] en théorie des cordes. Nous allons nous concentrer sur le formalisme des cordes RNS, qui introduit les fermions dans la surface de corde. Mentionnons cependant qu’il existe aussi un formalisme dans lequel on introduit les fermions directement dans l’espace-cible  : les cordes de Green-Schwarz. Nous n’aborderons pas leur sujet ici car nous n’en ferons pas usage, mais je renvois aux ouvrages  [53, 54]. Dans le formalisme RNS, il faut ajouter des degrés internes fermioniques (ψaμ,ψ~bμ)superscriptsubscript𝜓𝑎𝜇superscriptsubscript~𝜓𝑏𝜇(\psi_{a}^{\mu},\widetilde{\psi}_{b}^{\mu}) en nombre a priori arbitraire sur la surface de corde, c’est-à-dire avec a=1NL𝑎1subscript𝑁𝐿a=1\ldots N_{L} et b=1NR𝑏1subscript𝑁𝑅b=1\ldots N_{R}. Avec les bosons (XLμ,XRμ)superscriptsubscript𝑋𝐿𝜇subscriptsuperscript𝑋𝜇𝑅(X_{L}^{\mu},X^{\mu}_{R}) ils forment sur la surface de cordes une théorie supersymétrique N=(NL,NR)𝑁subscript𝑁𝐿subscript𝑁𝑅N=(N_{L},N_{R}). En réalité, on devrait plutôt parler de théorie de supergravité à 2 dimensions, car les transformations de supersymétrie sont définies localement sur la surface.

Nous obtenons ainsi la théorie de supercordes qui est une théorie de particules bosoniques et fermioniques vérifiant éventuellement une ou plusieurs supersymétries d’espace-cible. On distingue 5 théories de supercordes de dimension 101010  : types IIA et IIB qui sont des supergravités de type II donc 𝒩=2𝒩2{\mathcal{N}}=2  ; type I, une supergravité de type I donc 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1  ; et enfin deux théories hétérotiques définies sur les groupes SO(32)𝑆𝑂32SO(32) ou E8×E8subscript𝐸8subscript𝐸8E_{8}\times E_{8}. Ces deux dernières sont obtenues en imposant une supersymétrie de surface N=(0,2)𝑁0.2N=(0,2) et les 3 premières sont construites de sorte qu’elles vérifient une supersymétrie de surface N=(1,1)𝑁1.1N=(1,1). Nous n’étudierons dans la suite que les types IIA et IIB car il s’agit du cadre de mon travail de thèse. Les cordes de type I sont non-orientées et couplent naturellement à des cordes ouvertes non orientées, tandis que les types II sont orientées et a priori des théories de cordes fermées exclusivement – mais ça n’est pas tout à fait le cas comme nous le verrons.

2.3.1 Action et symétrie superconforme

Pour construire les théories de type II en formalisme RNS, il faut introduire l’action suivante sur le plan complexe directement, selon les conventions de Polchinski [98] :

SII=12παd2z(Xμ¯Xμ+α2ψμ¯ψμ+α2ψ~μ¯ψ~μ)subscript𝑆𝐼𝐼12𝜋superscript𝛼subscriptsuperscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇superscript𝛼2superscript𝜓𝜇¯subscript𝜓𝜇superscript𝛼2superscript~𝜓𝜇¯subscript~𝜓𝜇\displaystyle S_{II}=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{\mathbb{C}}\text{d}^{2}z\leavevmode\nobreak\ \left(\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\psi^{\mu}\bar{\partial}\psi_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\widetilde{\psi}^{\mu}\bar{\partial}\widetilde{\psi}_{\mu}\right) (2.3.1)

Il s’agit d’une théorie conforme, en l’occurrence libre puisqu’il n’y a pas de couplages, de charge centrale holomorphe c=3D/2𝑐3𝐷2c=3D/2 et antiholomorphe c~=3D/2~𝑐3𝐷2\widetilde{c}=3D/2. Les bosons sont chacun de charge (c,c~)=(1,1)𝑐~𝑐1.1(c,\widetilde{c})=(1,1) et les fermions holomorphes (ou gauches) ψμsuperscript𝜓𝜇\psi^{\mu} sont de charge (1/2,0)12.0(1/2,0) tandis que les fermions antiholomorphes (ou droits) ψ~~𝜓\widetilde{\psi} de charge (0,1/2)0.12(0,1/2). Pour simplifier, plaçons nous maintenant dans minkowski Gμν=ημνsubscript𝐺𝜇𝜈subscript𝜂𝜇𝜈G_{\mu\nu}=\eta_{\mu\nu}. Nous reviendrons plus tard sur des configurations plus générales dans la discussion sur le modèle sigma.

Champs de matière

Le tenseur énergie-impulsion total est aisément obtenu  :

T(z)=1αXμXμ12ψμψμ𝑇𝑧1superscript𝛼superscript𝑋𝜇subscript𝑋𝜇12superscript𝜓𝜇subscript𝜓𝜇\displaystyle T(z)=-\frac{1}{\alpha^{\prime}}\partial X^{\mu}\partial X_{\mu}-\frac{1}{2}\psi^{\mu}\partial\psi_{\mu} (2.3.2)

Les fermions vérifient les équations du mouvement suivantes  :

ψ~μ=0superscript~𝜓𝜇0\displaystyle\partial\widetilde{\psi}^{\mu}=0
¯ψμ=0¯superscript𝜓𝜇0\displaystyle\bar{\partial}\psi^{\mu}=0 (2.3.3)

De sorte que ψ𝜓\psi est holomorphe et ψ~~𝜓\widetilde{\psi} anti-holomorphe. Une caractéristique essentielle de cette théorie est la supersymétrie de surface. Elle s’exprime par les transformations suivantes  :

δXμ(z,z¯)=α2(η(z)ψμ(z)η(z)ψ~μ(z¯))𝛿superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝛼2𝜂𝑧superscript𝜓𝜇𝑧𝜂superscript𝑧superscript~𝜓𝜇¯𝑧\displaystyle\delta X^{\mu}(z,\bar{z})=\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\left(-\eta(z)\psi^{\mu}(z)-\eta(z)^{*}\widetilde{\psi}^{\mu}(\bar{z})\right)
δψμ(z)=2αη(z)Xμ(z)𝛿superscript𝜓𝜇𝑧2superscript𝛼𝜂𝑧superscript𝑋𝜇𝑧\displaystyle\delta\psi^{\mu}(z)=\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\,\eta(z)\partial X^{\mu}(z)
δψ~μ(z¯)=2αη(z)¯Xμ(z¯)𝛿superscript~𝜓𝜇¯𝑧2superscript𝛼𝜂superscript𝑧¯superscript𝑋𝜇¯𝑧\displaystyle\delta\widetilde{\psi}^{\mu}(\bar{z})=\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\,\eta(z)^{*}\bar{\partial}X^{\mu}(\bar{z}) (2.3.4)

avec η(z)𝜂𝑧\eta(z) un paramètre fermionique donc anti-commutant. Elles se nomment transformations superconformes et sont générées par le courant de supersymétrie  :

jη(z)=η(z)TF(z)etȷ~η(z¯)=η(z)T~F(z¯)formulae-sequencesubscript𝑗𝜂𝑧𝜂𝑧subscript𝑇𝐹𝑧etsubscript~italic-ȷ𝜂¯𝑧𝜂superscript𝑧subscript~𝑇𝐹¯𝑧\displaystyle j_{\eta}(z)=\eta(z)T_{F}(z)\qquad\text{et}\qquad\widetilde{\jmath}_{\eta}(\bar{z})=\eta(z)^{*}\widetilde{T}_{F}(\bar{z})
TF=i2αψμXμetT~F=i2αψ~μ¯Xμformulae-sequencesubscript𝑇𝐹𝑖2superscript𝛼superscript𝜓𝜇subscript𝑋𝜇etsubscript~𝑇𝐹𝑖2superscript𝛼superscript~𝜓𝜇¯subscript𝑋𝜇\displaystyle T_{F}=i\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\psi^{\mu}\partial X_{\mu}\qquad\text{et}\qquad\widetilde{T}_{F}=i\sqrt{\frac{2}{\alpha^{\prime}}}\widetilde{\psi}^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu} (2.3.5)

L’ensemble fermé constitué des transformations conformes et superconformes forment l’algèbre superconforme sachant que le commutateur de deux courants superconformes donne un courant conforme.

Les OPE fondamentales des champs sont dérivées à partir de l’action et sont  :

Xμ(z,z¯)Xν(w,w¯)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝑋𝜈𝑤¯𝑤\displaystyle X^{\mu}(z,\bar{z})X^{\nu}(w,\bar{w}) α2ημνln|zw|2similar-toabsentsuperscript𝛼2superscript𝜂𝜇𝜈superscript𝑧𝑤2\displaystyle\sim-\frac{\alpha^{\prime}}{2}\eta^{\mu\nu}\ln\left|z-w\right|^{2}
ψμ(z)ψν(w)superscript𝜓𝜇𝑧superscript𝜓𝜈𝑤\displaystyle\psi^{\mu}(z)\psi^{\nu}(w) ημνzwsimilar-toabsentsuperscript𝜂𝜇𝜈𝑧𝑤\displaystyle\sim\frac{\eta^{\mu\nu}}{z-w}
ψ~μ(z¯)ψ~ν(w¯)superscript~𝜓𝜇¯𝑧superscript~𝜓𝜈¯𝑤\displaystyle\widetilde{\psi}^{\mu}(\bar{z})\widetilde{\psi}^{\nu}(\bar{w}) ημνz¯w¯similar-toabsentsuperscript𝜂𝜇𝜈¯𝑧¯𝑤\displaystyle\sim\frac{\eta^{\mu\nu}}{\bar{z}-\bar{w}} (2.3.6)

Desquels l’algèbre superconforme suivante est déduite  :

T(z)T(w)𝑇𝑧𝑇𝑤\displaystyle T(z)T(w) 3(d+1)/4(zw)4+2(zw)2T(w)+1zwT(w)similar-toabsent3𝑑14superscript𝑧𝑤42superscript𝑧𝑤2𝑇𝑤1𝑧𝑤𝑇𝑤\displaystyle\sim\frac{3(d+1)/4}{(z-w)^{4}}+\frac{2}{(z-w)^{2}}T(w)+\frac{1}{z-w}\partial T(w)
T(z)TF(w)𝑇𝑧subscript𝑇𝐹𝑤\displaystyle T(z)T_{F}(w) 3/2(zw)2TF(w)+1zwTF(w)similar-toabsent32superscript𝑧𝑤2subscript𝑇𝐹𝑤1𝑧𝑤subscript𝑇𝐹𝑤\displaystyle\sim\frac{3/2}{(z-w)^{2}}T_{F}(w)+\frac{1}{z-w}\partial T_{F}(w)
TF(z)TF(w)subscript𝑇𝐹𝑧subscript𝑇𝐹𝑤\displaystyle T_{F}(z)T_{F}(w) d+1(zw)3+2zwT(w)similar-toabsent𝑑1superscript𝑧𝑤32𝑧𝑤𝑇𝑤\displaystyle\sim\frac{d+1}{(z-w)^{3}}+\frac{2}{z-w}T(w) (2.3.7)

Nous identifions donc c=3(d+1)/2𝑐3𝑑12c=3(d+1)/2. Une théorie des champs vérifiant cette symétrie superconforme est appelée SCFT, c’est-à-dire super-CFT. Ici le nombre de supersymétries de surface en fonction des secteurs gauche et droit est N=(1,1)𝑁1.1N=(1,1). Nous pourrions cependant ajouter plus de supersymétries, de sorte que TFTFasubscript𝑇𝐹superscriptsubscript𝑇𝐹𝑎T_{F}\to T_{F}^{a} avec a=1N𝑎1𝑁a=1\ldots N. Nous ne calculerons pas explicitement les transformations conformes de tous les champs. Mentionnons simplement que ψ𝜓\psi est de poids (1/2,0)12.0(1/2,0) et ψ~~𝜓\widetilde{\psi} de poids (0,1/2)0.12(0,1/2) tandis qu’ils participent à la charge centrale de c=c~=1/2𝑐~𝑐12c=\widetilde{c}=1/2. Pour les champs X𝑋X rien ne change par rapport à la section précédente.

Fantomes et super-fantomes

Nous ne devons pas oublier qu’il faut ajouter des fantômes une fois que la jauge de la symétrie SCFT est fixée par la méthode de Fadeev-Popov. Ici en revanche, nous devrons ajouter une nouvelle paire de fantômes (β,γ)𝛽𝛾(\beta,\gamma) bosoniques et commutants, aux fantômes déjà introduits dans la théorie bosonique. Pour ces champs, nous construisons le tenseur énergie-impulsion et le générateur super-conforme  :

Tghsuperscript𝑇𝑔\displaystyle T^{gh} =Tbcγβ232βγabsentsubscript𝑇𝑏𝑐𝛾𝛽232𝛽𝛾\displaystyle=T_{bc}-\frac{\gamma\partial\beta}{2}-\frac{3}{2}\beta\partial\gamma
TFghsuperscriptsubscript𝑇𝐹𝑔\displaystyle T_{F}^{gh} =i(cβγb2+32cβ)absent𝑖𝑐𝛽𝛾𝑏232𝑐𝛽\displaystyle=-i\left(c\partial\beta-\frac{\gamma b}{2}+\frac{3}{2}\partial c\beta\right) (2.3.8)

avec Tbcsubscript𝑇𝑏𝑐T_{bc} le tenseur énergie-impulsion des fantômes (b,c)𝑏𝑐(b,c). Nous n’expliciterons pas ici les transformations conformes de tous ces champs, mais nous mentionnerons simplement que (β,γ)𝛽𝛾(\beta,\gamma) sont holomorphes de poids (3/2,1/2)3212(3/2,-1/2). Leur contribution totale à la charge centrale est c=11𝑐11c=11 tandis que les fantômes (b,c)𝑏𝑐(b,c) contribuent de c=26𝑐26c=-26.

Comme nous l’avons fait précédemment, nous pouvons maintenant construire un courant BRST. Il est ici donné par la combinaison  :

jB=γTFm+cTm+12(cTgh+γTFgh)subscript𝑗𝐵𝛾superscriptsubscript𝑇𝐹𝑚𝑐superscript𝑇𝑚12𝑐superscript𝑇𝑔𝛾superscriptsubscript𝑇𝐹𝑔\displaystyle j_{B}=\gamma T_{F}^{m}+cT^{m}+\frac{1}{2}\left(cT^{gh}+\gamma T_{F}^{gh}\right) (2.3.9)

et son équivalent anti-holomorphe. Ultimement c’est ce qu’il faudra appliquer aux opérateurs de vertex une fois la jauge fixée dans l’amplitude pour en faire des opérateurs physiques, c’est-à-dire invariants superconformes.

Supercordes critiques et amplitude de Polyakov

La limite de théorie critique est atteinte quand l’amplitude est exactement invariante conforme, en particulier au niveau quantique. L’anomalie étant proportionnelle à la charge centrale, il faut imposer ctot=0subscript𝑐𝑡𝑜𝑡0c_{tot}=0, soit ici  :

ctotsubscript𝑐𝑡𝑜𝑡\displaystyle c_{tot} =3(d+1)2+1126absent3𝑑121126\displaystyle=\frac{3(d+1)}{2}+11-26
=3(d+110)2=0absent3𝑑11020\displaystyle=\frac{3(d+1-10)}{2}=0 (2.3.10)

Ceci impose d+1=10𝑑110d+1=10 comme nous l’avancions dans la section bosonique. L’amplitude de Polyakov en théorie critique à jauge fixée est finalement  :

α=1NVα(kαμ)Σ=[dω]Ω(SCKV)𝒟b𝒟c𝒟β𝒟γ𝒟X𝒟ψ𝒟ψ~eSp[gω]Sghα=1NVα(kαμ)subscriptdelimited-⟨⟩superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇Σdelimited-[]𝑑𝜔Ω𝑆𝐶𝐾𝑉𝒟𝑏𝒟𝑐𝒟𝛽𝒟𝛾𝒟𝑋𝒟𝜓𝒟~𝜓superscript𝑒subscript𝑆𝑝delimited-[]superscript𝑔𝜔subscript𝑆𝑔superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑁subscript𝑉𝛼superscriptsubscript𝑘𝛼𝜇\displaystyle\left<\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu})\right>_{\Sigma}=\int\frac{[d\omega]}{\Omega(SCKV)}\int{\mathcal{D}}b{\mathcal{D}}c{\mathcal{D}}\beta{\mathcal{D}}\gamma\int{\mathcal{D}}X{\mathcal{D}}\psi{\mathcal{D}}\widetilde{\psi}\,e^{-S_{p}[{}^{\omega}g]-S_{gh}}\prod_{\alpha=1}^{N}V_{\alpha}(k_{\alpha}^{\mu}) (2.3.11)

en divisant par le groupe des super-CKV141414La généralisation supersymétrique des vecteurs de Killing conformes (CKV) introduit dans la section 2.2.. Il est équivalent de fixer les positions d’autant d’opérateurs que de SCKV mais la procédure exacte nécessite d’introduire la bosonisation et les picture que nous ne verrons pas ici mais que la littérature décrit déjà abondamment – voir par exemple [39, 98]. Les opérateurs de vertex ont des formes plutôt complexes s’ils sont décomposés sur les champs X𝑋X et ψ𝜓\psi mais nous les introduirons plutôt dans le formalisme du super-espace où ils sont plus aisés à définir.

2.3.2 Modes et états asymptotiques
Secteurs R et NS et séries de Laurent

Afin d’introduire les modes comme en théorie bosonique, nous pouvons simplement développer les champs holomorphes et anti-holomorphes en série de Laurent. Ce ne sera cependant pas aussi direct ici car nous devons distinguer deux types de secteurs. En effet, puisque toute observable est bosonique, l’expression est nécessairement paire dans les fermions. Ainsi deux types de conditions périodiques sur le plan complexe peuvent être imposées  :

Neveu-Schwarz (NS)::Neveu-Schwarz (NS)absent\displaystyle\text{Neveu-Schwarz (NS)}\leavevmode\nobreak\ :\qquad ψμ(ei2πz)=ψμ(z)superscript𝜓𝜇superscript𝑒𝑖2𝜋𝑧superscript𝜓𝜇𝑧\displaystyle\psi^{\mu}(e^{i2\pi}z)=\psi^{\mu}(z)
Ramond (R)::Ramond (R)absent\displaystyle\text{Ramond (R)}\leavevmode\nobreak\ :\qquad ψμ(ei2πz)=ψμ(z)superscript𝜓𝜇superscript𝑒𝑖2𝜋𝑧superscript𝜓𝜇𝑧\displaystyle\psi^{\mu}(e^{i2\pi}z)=-\psi^{\mu}(z) (2.3.12)

Dans la description du cylindre, le secteur NS est anti-périodique par rotation complète autour de la direction compacte et le secteur R périodique. Le long de ces secteurs les séries de Laurent sont  :

NS::NSabsent\displaystyle\text{NS}\leavevmode\nobreak\ :\qquad ψμ(z)=r+12ψrμzr1/2superscript𝜓𝜇𝑧subscript𝑟12subscriptsuperscript𝜓𝜇𝑟superscript𝑧𝑟12\displaystyle\psi^{\mu}(z)=\sum_{r\in\mathbb{Z}+\frac{1}{2}}\psi^{\mu}_{r}\,z^{-r-1/2}
R::Rabsent\displaystyle\text{R}\leavevmode\nobreak\ :\qquad ψμ(z)=rψrμzr1/2superscript𝜓𝜇𝑧subscript𝑟subscriptsuperscript𝜓𝜇𝑟superscript𝑧𝑟12\displaystyle\psi^{\mu}(z)=\sum_{r\in\mathbb{Z}}\psi^{\mu}_{r}\,z^{-r-1/2} (2.3.13)

Et de même dans le secteur anti-holomorphe en remplaçant ψ𝜓\psi par ψ~~𝜓\widetilde{\psi} et z𝑧z par z¯¯𝑧\bar{z}. Il y a une coupure dans le secteur R ce qui est important pour les relations d’anti-commutation des opérateurs. Sans rentrer dans les détails elles sont données par  :

{ψrμ,ψsν}={ψ~rμ,ψ~sν}=ημνδr,ssubscriptsuperscript𝜓𝜇𝑟subscriptsuperscript𝜓𝜈𝑠subscriptsuperscript~𝜓𝜇𝑟subscriptsuperscript~𝜓𝜈𝑠superscript𝜂𝜇𝜈subscript𝛿𝑟𝑠\displaystyle\left\{\psi^{\mu}_{r},\psi^{\nu}_{s}\right\}=\{\widetilde{\psi}^{\mu}_{r},\widetilde{\psi}^{\nu}_{s}\}=\eta^{\mu\nu}\delta_{r,-s} (2.3.14)

La correspondance entre les modes et les opérateurs est permise par les identités intégrales suivantes  :

ψrsubscript𝜓𝑟\displaystyle\psi_{r} =12πidzzr1/2ψ(z)absent12𝜋𝑖d𝑧superscript𝑧𝑟12𝜓𝑧\displaystyle=\frac{1}{2\pi i}\int\text{d}z\,z^{r-1/2}\psi(z)
ψ~rsubscript~𝜓𝑟\displaystyle\widetilde{\psi}_{r} =12πidzzr1/2ψ~(z)absent12𝜋𝑖d𝑧superscript𝑧𝑟12~𝜓𝑧\displaystyle=\frac{1}{2\pi i}\int\text{d}z\,z^{r-1/2}\widetilde{\psi}(z) (2.3.15)

Dans la limite où chaque champ peut être défini correctement en un point donné en extrayant les divergences des séries de Laurent par une généralisation de l’ordre normal, les modes correspondent précisément à des opérateurs de vertex réguliers en leur point d’insertion. Par exemple pour un champ NS  :

ψ1/2r1r!rψ(0)subscript𝜓12𝑟1𝑟superscript𝑟𝜓0\displaystyle\psi_{-1/2-r}\longrightarrow\frac{1}{r!}\partial^{r}\psi(0) (2.3.16)

Pour ce qui est des champs R, il n’existe pas de relation aussi simple à cause de la coupure dans l’intégrande (r𝑟r est entier). Il faut en fait définir des opérateurs de spin, que nous n’introduirons pas ici, mais dont nous mentionnons simplement l’existence. Les décrire nécessiterait d’introduire la bosonisation et ce sont des considérations qui sont en dehors du sujet de la présente thèse.

Les champs fantômes superconformes (β,γ)𝛽𝛾(\beta,\gamma) étant obtenus par supersymétrie à partir des fantômes (b,c)𝑏𝑐(b,c) et le générateur de supersymétrie étant un spineur de surface vérifiant lui-même les conditions NS ou R, nous avons que le développement en série de Laurent de ces fantômes est  :

β(z)=r+νβrzr3/2𝛽𝑧subscript𝑟𝜈subscript𝛽𝑟superscript𝑧𝑟32\displaystyle\beta(z)=\sum_{r\in\mathbb{Z}+\nu}\beta_{r}\,z^{-r-3/2}
γ(z)=r+νγrzr+1/2𝛾𝑧subscript𝑟𝜈subscript𝛾𝑟superscript𝑧𝑟12\displaystyle\gamma(z)=\sum_{r\in\mathbb{Z}+\nu}\gamma_{r}\,z^{-r+1/2} (2.3.17)

avec ν=0𝜈0\nu=0 dans secteur NS et ν=1/2𝜈12\nu=1/2 dans R. Ils vérifient le commutateur [γr,βs]=δr,ssubscript𝛾𝑟subscript𝛽𝑠subscript𝛿𝑟𝑠\left[\gamma_{r},\beta_{s}\right]=\delta_{r,-s}. En terme de tous ces opérateurs, les expressions des opérateurs du tenseur énergie-impulsion et du tenseur super-conforme se développent suivant  :

TF(z)=r+νGrzr3/2subscript𝑇𝐹𝑧subscript𝑟𝜈subscript𝐺𝑟superscript𝑧𝑟32\displaystyle T_{F}(z)=\sum_{r\in\mathbb{Z}+\nu}G_{r}\,z^{-r-3/2}
T(z)=nLnzn2𝑇𝑧subscript𝑛subscript𝐿𝑛superscript𝑧𝑛2\displaystyle T(z)=\sum_{n}L_{n}\,z^{-n-2} (2.3.18)

dont l’algèbre complète est donnée pour c=0𝑐0c=0 par  :

[Lm,Ln]subscript𝐿𝑚subscript𝐿𝑛\displaystyle\left[L_{m},L_{n}\right] =(mn)Lm+nabsent𝑚𝑛subscript𝐿𝑚𝑛\displaystyle=(m-n)L_{m+n}
{Gr,Gs}subscript𝐺𝑟subscript𝐺𝑠\displaystyle\left\{G_{r},G_{s}\right\} =2Lr+sabsent2subscript𝐿𝑟𝑠\displaystyle=2L_{r+s}
[Lm,Gr]subscript𝐿𝑚subscript𝐺𝑟\displaystyle\left[L_{m},G_{r}\right] =m+2r2Gm+rabsent𝑚2𝑟2subscript𝐺𝑚𝑟\displaystyle=\frac{m+2r}{2}G_{m+r} (2.3.19)

A partir des expressions  (2.3.2),  (2.3.1) et  (2.3.1) nous obtenons  :

Lm=Lmmat+Lmgh+aδm,0subscript𝐿𝑚superscriptsubscript𝐿𝑚𝑚𝑎𝑡superscriptsubscript𝐿𝑚𝑔𝑎subscript𝛿𝑚.0\displaystyle L_{m}=L_{m}^{mat}+L_{m}^{gh}+a\,\delta_{m,0}
Lmmat=12nαmnμαμ,n+14r+ν(2rm)ψmrμψμ,r\displaystyle\quad L_{m}^{mat}=\frac{1}{2}\sum_{n\in\mathbb{Z}}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\alpha_{m-n}^{\mu}\alpha_{\mu,n}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}+\frac{1}{4}\sum_{r\in\mathbb{Z}+\nu}(2r-m){}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\psi^{\mu}_{m-r}\psi_{\mu,r}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}
Lmgh=n(m+n)bmncn+r+ν12(m2r)βmrγr\displaystyle\quad L_{m}^{gh}=\sum_{n\in\mathbb{Z}}(m+n){}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}b_{m-n}c_{n}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}+\sum_{r\in\mathbb{Z}+\nu}\frac{1}{2}(m-2r){}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}}\beta_{m-r}\gamma_{r}{}^{{}_{\circ}}_{{}^{\circ}} (2.3.20)
Gr=Grmat+Grghsubscript𝐺𝑟superscriptsubscript𝐺𝑟𝑚𝑎𝑡superscriptsubscript𝐺𝑟𝑔\displaystyle G_{r}=G_{r}^{mat}+G_{r}^{gh}
Grmat=nαnμψμ,rsuperscriptsubscript𝐺𝑟𝑚𝑎𝑡subscript𝑛superscriptsubscript𝛼𝑛𝜇subscript𝜓𝜇𝑟\displaystyle\quad G_{r}^{mat}=\sum_{n\in\mathbb{Z}}\alpha_{n}^{\mu}\psi_{\mu,r}
Grgh=n(12(2r+n)βrncn+2bnγrn)superscriptsubscript𝐺𝑟𝑔subscript𝑛122𝑟𝑛subscript𝛽𝑟𝑛subscript𝑐𝑛2subscript𝑏𝑛subscript𝛾𝑟𝑛\displaystyle\quad G_{r}^{gh}=-\sum_{n\in\mathbb{Z}}\left(\frac{1}{2}(2r+n)\beta_{r-n}c_{n}+2b_{n}\gamma_{r-n}\right) (2.3.21)

avec a=1/2𝑎12a=-1/2 dans le secteur NS et a=0𝑎0a=0 dans secteur R.

Constructions des états physiques

Les états physiques construits dans la théorie à jauge fixée doivent être tels qu’ils sont invariants BRST. Ils sont obtenus par application des divers modes que nous venons d’introduire sur le vide NS ou R et doivent correspondre bijectivement à des opérateurs de vertex éventuellement primaires ou descendants de manière plus générale, par la correspondance état-opérateur que nous avons déjà vu dans la théorie bosonique. La contrainte d’invariance BRST s’exprime par la formule de fermeture  :

QB|phys=0subscript𝑄𝐵ket𝑝𝑦𝑠0\displaystyle Q_{B}\left|phys\right>=0 (2.3.22)

et puisque QB2=0superscriptsubscript𝑄𝐵20Q_{B}^{2}=0 quand c=0𝑐0c=0 nous savons que tout état physique doit appartenir à la cohomologie BRST fermé/exactsimilar-toabsentsubscriptfermésubscriptexact\sim{\mathcal{H}}_{\text{fermé}}/{\mathcal{H}}_{\text{exact}} où un état exact est simplement |phys=QB|χket𝑝𝑦superscript𝑠subscript𝑄𝐵ket𝜒\left|phys^{\prime}\right>=Q_{B}\left|\chi\right>. Les vides NS et R sont tels que  :

L0|0NS=12|0NSL0|0R=0formulae-sequencesubscript𝐿0subscriptket0𝑁𝑆12subscriptket0𝑁𝑆subscript𝐿0subscriptket0𝑅0\displaystyle L_{0}\left|0\right>_{NS}=-\,\frac{1}{2}\left|0\right>_{NS}\qquad L_{0}\left|0\right>_{R}=0
ψr>0NS|0NS=0ψr>0R|0R=0ψ0R|0R=|0Rformulae-sequencesubscriptsuperscript𝜓𝑁𝑆𝑟0subscriptket0𝑁𝑆0formulae-sequencesubscriptsuperscript𝜓𝑅𝑟0subscriptket0𝑅0subscriptsuperscript𝜓𝑅0subscriptket0𝑅subscriptketsuperscript0𝑅\displaystyle\psi^{NS}_{r>0}\left|0\right>_{NS}=0\qquad\psi^{R}_{r>0}\left|0\right>_{R}=0\qquad\psi^{R}_{0}\left|0\right>_{R}=\left|0^{\prime}\right>_{R} (2.3.23)

Les modes zéros du secteur R ψ0μsuperscriptsubscript𝜓0𝜇\psi_{0}^{\mu} jouent le rôle de matrices γμsuperscript𝛾𝜇\gamma^{\mu} en 10 dimensions et forment les générateurs d’une algèbre de Clifford {ψ0μ,ψ0ν}ημνproportional-tosubscriptsuperscript𝜓𝜇0subscriptsuperscript𝜓𝜈0superscript𝜂𝜇𝜈\left\{\psi^{\mu}_{0},\psi^{\nu}_{0}\right\}\propto\eta^{\mu\nu}. Les vides |0Rsubscriptket0𝑅\left|0\right>_{R} en sont une représentation spinorielle de dimension 32 et notée 𝟑𝟐32{\bf 32} réductible en deux représentations de Weyl 𝟏𝟔+𝟏𝟔16superscript16\bf 16+\bf 16^{\prime} suivant la valeur propre de l’opérateur de chiralité, respectivement +11+1 pour l’une et 11-1 pour l’autre. Cet opérateur de chiralité est ici noté (1)Fsuperscript1𝐹(-1)^{F} dans le secteur gauche et (1)F¯superscript1¯𝐹(-1)^{\overline{F}} dans le secteur droit. L’opérateur F𝐹F nommé nombre fermionique anti-commute avec tout fermion de surface de corde, y compris les fermions fantomes et ceux du secteur NS.

Le vide NS contient une contribution de fantômes telle qu’il vérifie  :

(1)F|0NS=|0NSsuperscript1𝐹subscriptket0𝑁𝑆subscriptket0𝑁𝑆\displaystyle(-1)^{F}\left|0\right>_{NS}=-\left|0\right>_{NS} (2.3.24)

La construction des états et des opérateurs est assez similaire au cas bosonique, donc nous ne développerons pas la méthode. Il est plus intéressant de comprendre comment apparaissent les différentes théories de type II, par exemple, en introduisant la fonction de partition et les projections GSO.

En effet, par les valeurs propres de l’opérateur de chiralité et par la décomposition RNS sur chaque secteur droit et gauche, quatre secteurs se distinguent pour les cordes fermées ainsi que quatre jeux de valeurs propres de chiralité  :

NS±NS±NS±R±R±NS±R±R±plus-or-minusNSlimit-fromNSplus-or-minusplus-or-minusNSlimit-fromRplus-or-minusplus-or-minusRlimit-fromNSplus-or-minusplus-or-minusRlimit-fromRplus-or-minus\displaystyle\text{NS}\pm\text{NS}\pm\qquad\text{NS}\pm\text{R}\pm\qquad\text{R}\pm\text{NS}\pm\qquad\text{R}\pm\text{R}\pm (2.3.25)

Les secteurs NS-NS et R-R sont bosoniques – un bi-spineur est un boson tenseur – et les secteurs NS-R et R-NS spinoriels donc fermioniques. Le spectre développé dans ces secteurs peut être réduit en classes supersymétriques et non-supersymétriques, comme nous allons maintenant le voir en introduisant la projection GSO.

super-espace et opérateurs de vertex

Mais avant cela, étudions brièvement le super-espace et comment y définir une action de surface de corde et des opérateurs de vertex. Le super-espace N=(1,1)𝑁1.1N=(1,1) est défini par le couple de coordonnées (z,z¯,θ,θ¯)𝑧¯𝑧𝜃¯𝜃(z,\bar{z},\theta,\bar{\theta}) avec (θ,θ¯)𝜃¯𝜃(\theta,\bar{\theta}) des variables de Grassmann anti-commutantes. Nous y définissons un superchamp ΦΦ\Phi par développement de Taylor  :

Φ(z,z¯)=ϕ(z,z¯)+θψ(z,z¯)+θ¯ψ~(z,z¯)+θθ¯F(z,z¯)Φ𝑧¯𝑧italic-ϕ𝑧¯𝑧𝜃𝜓𝑧¯𝑧¯𝜃~𝜓𝑧¯𝑧𝜃¯𝜃𝐹𝑧¯𝑧\displaystyle\Phi(z,\bar{z})=\phi(z,\bar{z})+\theta\psi(z,\bar{z})+\bar{\theta}\widetilde{\psi}(z,\bar{z})+\theta\bar{\theta}F(z,\bar{z}) (2.3.26)

où les champs ϕitalic-ϕ\phi, ψ𝜓\psi, ψ~~𝜓\widetilde{\psi} et F𝐹F sont superpartenaires par action de supersymétrie. En général, F𝐹F est champ auxiliaire et doit s’annuler sur son équation du mouvement. Ainsi, nous introduisons les champs bosoniques et fermioniques superpartenaires dans un seul et même champ 𝕏𝕏\mathbb{X} tel que  :

𝕏(z,z¯)=X(z,z¯)+iα2θψ(z)+iα2θ¯ψ~(z¯)+θθ¯F(z,z¯)𝕏𝑧¯𝑧𝑋𝑧¯𝑧𝑖superscript𝛼2𝜃𝜓𝑧𝑖superscript𝛼2¯𝜃~𝜓¯𝑧𝜃¯𝜃𝐹𝑧¯𝑧\displaystyle\mathbb{X}(z,\bar{z})=X(z,\bar{z})+i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\theta\psi(z)+i\sqrt{\frac{\alpha^{\prime}}{2}}\bar{\theta}\widetilde{\psi}(\bar{z})+\theta\bar{\theta}F(z,\bar{z}) (2.3.27)

En introduisant la super-dérivée D=θ+θ𝐷subscript𝜃𝜃D=\partial_{\theta}+\theta\partial et la super-intégrale d2zd2θsuperscriptd2𝑧superscriptd2𝜃\int\text{d}^{2}z\text{d}^{2}\theta qui s’appliquent selon les conventions habituelles, l’action correspondante, toujours dans Minkowski, peut s’écrire  :

Ssuper=12παd2zd2θD𝕏μD¯𝕏μ=12παd2z(Xμ¯Xμ+α2ψμ¯ψμ+α2ψ~μψ~μ+α2F2)subscript𝑆𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟12𝜋superscript𝛼superscriptd2𝑧superscriptd2𝜃𝐷superscript𝕏𝜇¯𝐷subscript𝕏𝜇12𝜋superscript𝛼superscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇superscript𝛼2superscript𝜓𝜇¯subscript𝜓𝜇superscript𝛼2superscript~𝜓𝜇subscript~𝜓𝜇superscript𝛼2superscript𝐹2S_{super}=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int\text{d}^{2}z\text{d}^{2}\theta\leavevmode\nobreak\ D\mathbb{X}^{\mu}\bar{D}\mathbb{X}_{\mu}\\ =\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int\text{d}^{2}z\leavevmode\nobreak\ \left(\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\psi^{\mu}\bar{\partial}\psi_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}\widetilde{\psi}^{\mu}\partial\widetilde{\psi}_{\mu}+\frac{\alpha^{\prime}}{2}F^{2}\right) (2.3.28)

Nous avons décomposé les champs dans la seconde ligne et appliqué la dérivée et l’intégrale. Le champ auxiliaire s’intègre trivialement et disparaît simplement sans conséquence pour redonner l’action originelle. En général, la convention α=2superscript𝛼2\alpha^{\prime}=2 est choisie, de sorte que le facteur 2/α2superscript𝛼\sqrt{2/\alpha^{\prime}} disparaît, ce qui est souvent plus commode à utiliser. Cependant nous utiliserons plutôt dans la suite α=1superscript𝛼1\alpha^{\prime}=1 qui est une convention plus habituelle et commune avec la théorie bosonique.

Les OPE du champ 𝕏𝕏\mathbb{X} sont directement dans le super-plan complexe  :

𝕏μ(z,θ)𝕏ν(w,θ)=ημν2ln|zwθθ|2superscript𝕏𝜇𝑧𝜃superscript𝕏𝜈𝑤superscript𝜃superscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧𝑤𝜃superscript𝜃2\displaystyle\mathbb{X}^{\mu}(z,\theta)\mathbb{X}^{\nu}(w,\theta^{\prime})=-\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-w-\theta\theta^{\prime}\right|^{2} (2.3.29)

En développant les membres de gauche et droite on retrouve les formules explicites des OPE des champs X𝑋X et ψ𝜓\psi données en début de section dans la formule (2.3.1).

Dans ce formalisme, les expressions des divers opérateurs de vertex intégrés, correspondant aux champs du secteur NS, sont aisément obtenues. Dans le secteur R, la construction est plus délicate car il faut introduire des champs de spin, ce que nous ne ferons pas ici car nous n’en aurons pas spécifiquement besoin, mais nous recommandons le lecteur vers [98].

  • \bullet

    Le tachyon NS est exprimé par l’opérateur de vertex intégré dans le super-espace  :

    𝒱T=d2zd2θeikμ𝕏μsubscript𝒱𝑇superscriptd2𝑧superscriptd2𝜃superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝕏𝜇\displaystyle{\mathcal{V}}_{T}=\int\text{d}^{2}z\text{d}^{2}\theta\leavevmode\nobreak\ e^{ik_{\mu}{\mathbb{X}}^{\mu}} (2.3.30)

    Il doit vérifier la condition de masse αm2=k2=2superscript𝛼superscript𝑚2superscript𝑘22\alpha^{\prime}m^{2}=-k^{2}=-2 qui apparaît naturellement en demandant que l’opérateur complet intégré soit invariant conforme. Le poids de l’opérateur exponentiel est (h,h¯)=(k2,k2)/4¯superscript𝑘2superscript𝑘24(h,\bar{h})=(k^{2},k^{2})/4 et celui de θ𝜃\theta et θ¯¯𝜃\bar{\theta} respectivement (1/2,0)12.0(-1/2,0) et (0,1/2)012(0,-1/2).

  • \bullet

    Le premier état excité NS est donné par l’opérateur de vertex suivant  :

    𝒱ζ=d2zd2θζμνD𝕏μD¯𝕏νeikμ𝕏μsubscript𝒱𝜁superscriptd2𝑧superscriptd2𝜃subscript𝜁𝜇𝜈𝐷superscript𝕏𝜇¯𝐷superscript𝕏𝜈superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝕏𝜇\displaystyle{\mathcal{V}}_{\zeta}=\int\text{d}^{2}z\text{d}^{2}\theta\leavevmode\nobreak\ \zeta_{\mu\nu}\,D\mathbb{X}^{\mu}\bar{D}\mathbb{X}^{\nu}\,e^{ik_{\mu}{\mathbb{X}}^{\mu}} (2.3.31)

    de masse m2=0superscript𝑚20m^{2}=0. On l’identifie naturellement au graviton, Kalb-Ramond et dilaton comme dans la théorie bosonique, sachant que la polarisation tensorielle ζμνsubscript𝜁𝜇𝜈\zeta_{\mu\nu} vérifie également des conditions d’orthogonalité avec l’impulsion kμζμν=0superscript𝑘𝜇subscript𝜁𝜇𝜈0k^{\mu}\zeta_{\mu\nu}=0 ce qu’on montre en étudiant en détail l’invariance BRST des états eux-mêmes.

En développant ces opérateurs et en intégrant sur les coordonnées grassmannienne, une formule complètement décomposée sur les champs X𝑋X et ψ𝜓\psi, mais aussi F𝐹F en général, est obtenue. Leur formule explicite est relativement complexe et longue, d’où l’intérêt du formalisme de super-espace.

2.3.3 Construction des théories de type IIA et IIB : Fonction de partition et projection GSO

Une projection permet de réduire le spectre en deux classes151515Il ne s’agit cependant pas d’un partitionnement. cohérentes IIA et IIB161616Par d’autres projections, on trouve aussi IIA’ et IIB’ identiques à IIA et IIB, mais aussi OA et OB qui ne sont pas supersymétriques.. Dans chacune de ces classes, la supersymétrie doit permettre de supprimer l’énergie du vide. Elles sont données explicitement par  :

IIA:NS+NS+R+NS+NS+RR+R:IIANSlimit-fromNSRlimit-fromNSNSlimit-fromRRlimit-fromR\displaystyle\text{IIA}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \text{NS}+\text{NS}+\qquad\text{R}+\text{NS}+\qquad\text{NS}+\text{R}-\qquad\text{R}+\text{R}-
IIB:NS+NS+R+NS+NS+R+R+R+:IIBNSlimit-fromNSRlimit-fromNSNSlimit-fromRRlimit-fromR\displaystyle\text{IIB}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \text{NS}+\text{NS}+\qquad\text{R}+\text{NS}+\qquad\text{NS}+\text{R}+\qquad\text{R}+\text{R}+ (2.3.32)

En théorie des cordes fermées, l’énergie du vide est calculée au premier ordre à partir de la fonction de partition à une boucle dans le vide par la formule F=kTlnZ𝐹𝑘𝑇𝑍F=kT\ln Z, avec T𝑇T la température et k𝑘k la constante de Boltzmann, et Z=ZS2+ZT2𝑍subscript𝑍superscript𝑆2subscript𝑍superscript𝑇2Z=Z_{S^{2}}+Z_{T^{2}}. La fonction de partition est normée de telle sorte que ZS2=1subscript𝑍superscript𝑆21Z_{S^{2}}=1 et par conséquent F=kTZT2𝐹𝑘𝑇subscript𝑍superscript𝑇2F=kTZ_{T^{2}}. L’énergie du vide est ainsi reliée au premier ordre au diagramme de corde toroïdal.

Comme nous l’avions vu dans la section 2.1, il existe plusieurs classes de tores représentées par un nombre complexe, le module τ=τ1+iτ2𝜏subscript𝜏1𝑖subscript𝜏2\tau=\tau_{1}+i\tau_{2} dont les valeurs sont prises sur la variété du groupe SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,\mathbb{C}). En outre, puisque le tore est une boucle, après dérivation d’un spectre complet explorant un espace de Hilbert totsubscript𝑡𝑜𝑡{\mathcal{H}}_{tot} nous pouvons exprimer la fonction de partition comme la trace de l’opérateur de translation sur la surface de corde paramétrée par le module.

ZT2=Trtote2πiτ1P2πτ2Hsubscript𝑍superscript𝑇2subscriptTrsubscript𝑡𝑜𝑡superscript𝑒2𝜋𝑖subscript𝜏1𝑃2𝜋subscript𝜏2𝐻\displaystyle Z_{T^{2}}=\;\text{Tr}\;_{{\mathcal{H}}_{tot}}e^{2\pi i\tau_{1}P-2\pi\tau_{2}H} (2.3.33)

Les opérateurs de translation H=L0+L0¯𝐻subscript𝐿0¯subscript𝐿0H=L_{0}+\overline{L_{0}} et P=L0L0¯𝑃subscript𝐿0¯subscript𝐿0P=L_{0}-\overline{L_{0}} respectivement hamiltonien et spin sont dérivés du tenseur énergie-impulsion sur la sphère, car ce sont des opérateurs locaux qui ne dépendent pas de la topologie mais uniquement de la théorie des champs locale. Pour calculer le diagramme du tore, il faut cependant se replacer, par transformation conforme, dans la description cylindrique de la corde, à la différence de la description faite sur le plan complexe. Par conséquent il faut transformer H𝐻H et P𝑃P qui ne sont en général pas des opérateurs primaires, sauf si (c,c¯)=0𝑐¯𝑐0(c,\overline{c})=0. Dans le cas contraire, la transformation exacte donne HHc+c¯24𝐻𝐻𝑐¯𝑐24H\to H-\frac{c+\overline{c}}{24} et PPcc¯24𝑃𝑃𝑐¯𝑐24P\to P-\frac{c-\overline{c}}{24}, soit  :

ZT(τ)subscript𝑍𝑇𝜏\displaystyle Z_{T}(\tau) =Tre2πiτ1P2πτ2HabsentTrsuperscript𝑒2𝜋𝑖subscript𝜏1𝑃2𝜋subscript𝜏2𝐻\displaystyle=\;\text{Tr}\;e^{2\pi i\tau_{1}P-2\pi\tau_{2}H}
=(qq~)c/24TrqL0q~L0¯absentsuperscript𝑞~𝑞𝑐24Trsuperscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0\displaystyle=(q\widetilde{q})^{-c/24}\;\text{Tr}\;q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}} (2.3.34)

La contrainte c=c¯𝑐¯𝑐c=\overline{c} est imposer pour l’absence d’anomalie gravitationnelle. Nous avons introduit la notation q=e2πiτ𝑞superscript𝑒2𝜋𝑖𝜏q=e^{2\pi i\tau} et q~=e2πiτ¯~𝑞superscript𝑒2𝜋𝑖¯𝜏\widetilde{q}=e^{-2\pi i\overline{\tau}}.

Maintenant, par application de H𝐻H et P𝑃P dans un fond trivial, les secteurs fondamentaux Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} (c=1𝑐1c=1) mais aussi ψμsuperscript𝜓𝜇\psi^{\mu} (c=1/2𝑐12c=1/2), avec μ=0d𝜇0𝑑\mu=0\ldots d, ainsi que tous les champs fantômes, ne se mélangent pas entre eux. C’est une conséquence de la séparation du tenseur énergie-impulsion en chacune de ces contributions et de l’absence de mélange par OPE. Il faut comprendre que chaque secteur μ𝜇\mu est en fait une représentation irréductible de l’algèbre de Virasoro. En revanche, ils peuvent se mélanger entre eux par des transformations externes, par exemple groupe de Poincaré ou supersymétrie. A l’inverse chaque secteur peut vérifier une symétrie interne supplémentaire le long de laquelle la représentation de Virasoro est réductible, nous en avons vu un exemple dans l’étude du tachyon par Sen, ce qu’on appelle les algèbres de courant.

D’après sa forme, nous pouvons factoriser la fonction de partition (2.3.3) sur autant de secteurs existants. Nous comptons d𝑑d secteurs μ𝜇\mu et 1 secteur de champs fantômes supersymétriques {c,b,β,γ}𝑐𝑏𝛽𝛾\{c,b,\beta,\gamma\}, soit  :

ZT(τ)=(qq~)(10d)/16(TrXqL0q~L0¯)d×(Trψ(1)𝐅qL0q~L0¯)d×(Trb,c(1)𝐅qL0q~L0¯)×(Trβ,γqL0q~L0¯)subscript𝑍𝑇𝜏superscript𝑞~𝑞10𝑑16superscriptsubscriptTr𝑋superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0𝑑superscriptsubscriptTr𝜓superscript1𝐅superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0𝑑subscriptTr𝑏𝑐superscript1𝐅superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0subscriptTr𝛽𝛾superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0Z_{T}(\tau)=(q\widetilde{q})^{(10-d)/16}\left(\;\text{Tr}\;_{X}\,q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right)^{d}\times\left(\;\text{Tr}\;_{\psi}\,(-1)^{{\bf F}}q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right)^{d}\\ \times\left(\;\text{Tr}\;_{b,c}\,(-1)^{{\bf F}}q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right)\times\left(\;\text{Tr}\;_{\beta,\gamma}\,q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right) (2.3.35)

Nous avons inclus l’opérateur de nombre fermionique d’espace-cible 𝐅𝐅\bf F, nécessaire pour rétablir la périodicité imposée par la géométrie du tore. La contribution des fantômes compense exactement deux facteurs bosoniques et fermioniques, de sorte que dd2𝑑𝑑2d\to d-2. Remarquons en outre que la charge centrale est proportionnelle à d10𝑑10d-10 et par conséquent ne s’annule qu’à condition que l’espace ait 10 dimensions.

Afin qu’elle soit bien définie, cette fonction doit en outre vérifier l’invariance par transformation modulaire ττ+1𝜏𝜏1\tau\to\tau+1 et τ1/τ𝜏1𝜏\tau\to-1/\tau qui conserve le tore. Or toutes les combinaisons (2.3.25) ne vérifient pas cette invariance, seulement celles que nous avons cité, dont surtout (2.3.3), le font. La projection GSO est introduite pour les théories IIA et IIB telles que dans la première les secteurs R droits sont de chiralité 11-1 et tous les autres +11+1 ; dans la deuxième tous les secteurs doivent être de chiralité +11+1. Du point de vue de la trace sur les secteurs ψ𝜓\psi et ψ¯¯𝜓\overline{\psi}, nous avons donc  :

IIA:Trψ,ψ¯P^GSO(1)𝐅qL0q~L0¯=:IIAsubscriptTr𝜓¯𝜓subscript^𝑃𝐺𝑆𝑂superscript1𝐅superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0absent\displaystyle\text{IIA}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \;\text{Tr}\;_{\psi,\overline{\psi}}\leavevmode\nobreak\ \hat{P}_{GSO}\,(-1)^{{\bf F}}q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}= (TrNS1+(1)F2qL0TrR1+(1)F2qL0)subscriptTr𝑁𝑆1superscript1𝐹2superscript𝑞subscript𝐿0subscriptTr𝑅1superscript1𝐹2superscript𝑞subscript𝐿0\displaystyle\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\,\frac{1+(-1)^{F}}{2}q^{L_{0}}-\;\text{Tr}\;_{R}\,\frac{1+(-1)^{F}}{2}q^{L_{0}}\right)
×(TrNS1+(1)F¯2q~L0¯TrR1(1)F¯2q~L0¯)absentsubscriptTr𝑁𝑆1superscript1¯𝐹2superscript~𝑞¯subscript𝐿0subscriptTr𝑅1superscript1¯𝐹2superscript~𝑞¯subscript𝐿0\displaystyle\qquad\times\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\,\frac{1+(-1)^{\overline{F}}}{2}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}-\;\text{Tr}\;_{R}\,\frac{1-(-1)^{\overline{F}}}{2}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right)
IIB:Trψ,ψ¯P^GSO(1)𝐅qL0q~L0¯=:IIBsubscriptTr𝜓¯𝜓subscriptsuperscript^𝑃𝐺𝑆𝑂superscript1𝐅superscript𝑞subscript𝐿0superscript~𝑞¯subscript𝐿0absent\displaystyle\text{IIB}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \;\text{Tr}\;_{\psi,\overline{\psi}}\leavevmode\nobreak\ \hat{P}^{\prime}_{GSO}\,(-1)^{{\bf F}}q^{L_{0}}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}= (TrNS1+(1)F2qL0TrR1+(1)F2qL0)subscriptTr𝑁𝑆1superscript1𝐹2superscript𝑞subscript𝐿0subscriptTr𝑅1superscript1𝐹2superscript𝑞subscript𝐿0\displaystyle\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\,\frac{1+(-1)^{F}}{2}q^{L_{0}}-\;\text{Tr}\;_{R}\,\frac{1+(-1)^{F}}{2}q^{L_{0}}\right)
×(TrNS1+(1)F¯2q~L0¯TrR1+(1)F¯2q~L0¯)absentsubscriptTr𝑁𝑆1superscript1¯𝐹2superscript~𝑞¯subscript𝐿0subscriptTr𝑅1superscript1¯𝐹2superscript~𝑞¯subscript𝐿0\displaystyle\qquad\times\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\,\frac{1+(-1)^{\overline{F}}}{2}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}-\;\text{Tr}\;_{R}\,\frac{1+(-1)^{\overline{F}}}{2}\widetilde{q}^{\overline{L_{0}}}\right) (2.3.36)

Ces théories vérifient une supersymétrie d’espace-cible. Cela se voit entre autres par la suppression de la fonction de partition dans Minkowski. En effet, elle s’exprime en fonction de l’identité abstruse de Jacobi  :

ϑ34ϑ24ϑ44=0ZT2=0formulae-sequencesuperscriptsubscriptitalic-ϑ34superscriptsubscriptitalic-ϑ24superscriptsubscriptitalic-ϑ440subscript𝑍superscript𝑇20\displaystyle\vartheta_{3}^{\hphantom{3}4}-\vartheta_{2}^{\hphantom{3}4}-\vartheta_{4}^{\hphantom{3}4}=0\quad\Longrightarrow\quad Z_{T^{2}}=0 (2.3.37)

Les fonctions ϑisubscriptitalic-ϑ𝑖\vartheta_{i} sont les fonctions thêta de Jacobi [97]. Par conséquent dans ces théories, l’énergie du vide, exprimée plus tôt en fonction de ZT2subscript𝑍superscript𝑇2Z_{T^{2}} s’annule elle-même, ce qui est une propriété essentielle de la supersymétrie. Dans une supergravité d’espace-cible définie sur un espace de Minkowski ceci est bien cohérent avec une constante cosmologique nulle.

Le spectre de masse associé à ces théories, grâce à la projection GSO, vérifie une supersymétrie d’espace-cible 𝒩=2𝒩2{\mathcal{N}}=2 et admet donc deux gravitinos. En outre, à la différence des théories bosoniques, il est dépourvu de tachyon. Cela est dû à la supersymétrie qui impose d’avoir à chaque niveau d’excitation autant de fermions que de bosons. En effet, il n’existe pas de partenaire supersymétrique au tachyon, car du point de vue de la supersymétrie de la surface de corde, il est le fondamental. Ainsi, du point de vue de l’espace-cible, il briserait la supersymétrie.

Nous n’irons pas plus loin dans la description des théories de supercordes de type II, car il faut maintenant décrire le passage des cordes fermées aux cordes ouvertes, ce qui nécessite d’introduire les conditions aux bords conformes qui définissent des BCFT, les opérateurs de vertex du bord et les branes.

2.4 Surfaces avec bord : cordes ouvertes, branes et théories conformes de bord

Les théories des cordes ouvertes s’étudient sur des surfaces d’univers avec bord. On s’intéresse par conséquent à la physique sur un voisinage U𝑈U avec bord U𝑈\partial U\neq\varnothing. Ce voisinage peut être décrit par le demi-plan supérieur U=H+𝑈subscript𝐻U=H_{+}. L’action correspondante est définie par :

Sp[X,ψ]=12παH+d2z(Xμ¯Xμ+12ψμ¯ψμ+12ψ~μψ~μ)+H+=dz𝒪[X,ψ]subscript𝑆𝑝𝑋𝜓12𝜋superscript𝛼subscriptsubscript𝐻superscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇12superscript𝜓𝜇¯subscript𝜓𝜇12superscript~𝜓𝜇subscript~𝜓𝜇subscriptcontour-integralsubscript𝐻d𝑧𝒪𝑋𝜓\displaystyle S_{p}[X,\psi]=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{H_{+}}\text{d}^{2}z\;\left(\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\frac{1}{2}\psi^{\mu}\bar{\partial}\psi_{\mu}+\frac{1}{2}\widetilde{\psi}^{\mu}\partial\widetilde{\psi}_{\mu}\right)+\oint_{\partial H_{+}={\mathbb{R}}}\text{d}z\;{\mathcal{O}}[X,\psi] (2.4.1)

où sur le bord nous avons inclus des conditions de bord paramétrisées par un opérateur de vertex 𝒪[X,ψ]𝒪𝑋𝜓{\mathcal{O}}[X,\psi] ce qui définit en général une théorie non libre, c’est-à-dire que ces opérateurs tiennent lieu de termes d’interaction – nous verrons cela un peu plus en détail lorsque nous introduirons le concept de modèle sigma. Cependant, il n’est pas nécessaire d’ajouter un opérateur sur le bord pour imposer une condition au bord, de sorte que la théorie peut néanmoins être libre. Par exemple, les conditions de Neumann et Dirichlet – qui définissent des théories de cordes ouvertes libres – imposent qu’en z=z¯𝑧¯𝑧z=\bar{z} :

N:X:𝑁𝑋\displaystyle N\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \partial X =¯Xetψ=ζψ~formulae-sequenceabsent¯𝑋et𝜓𝜁~𝜓\displaystyle=\bar{\partial}X\qquad\text{et}\qquad\psi=\zeta\widetilde{\psi}
D:X:𝐷𝑋\displaystyle D\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \partial X =¯Xetψ=ζψ~formulae-sequenceabsent¯𝑋et𝜓𝜁~𝜓\displaystyle=-\bar{\partial}X\qquad\text{et}\qquad\psi=-\zeta\widetilde{\psi} (2.4.2)

avec ζ=±1𝜁plus-or-minus1\zeta=\pm 1 la structure de spin que l’on introduit plus rigoureusement dans les conditions de collage du super-espace sur le bord, c’est-à-dire θ=ζθ¯𝜃𝜁¯𝜃\theta=\zeta\bar{\theta}.

Les opérateurs de vertex correspondant aux états asymptotiques de cordes ouvertes sont naturellement définis par des poinçons sur le bord, c’est-à-dire que tel état de corde ouverte |ψ,zket𝜓𝑧\left|\psi,z\right> est défini en un point z𝑧z du bord. Il correspond à l’opérateur de vertex 𝒱ψ(z)subscript𝒱𝜓𝑧{\mathcal{V}}_{\psi}(z) mais selon une relation pas forcément triviale – cf. problème des fantômes et des champs fermioniques en supercordes.

De même que dans le cas des cordes fermées, l’ajout de déformations à l’action peut être interprétées comme autant d’excitations sourcées dans la surface de cordes – et sur le bord – par un fond externe, de l’espace-cible. Le fait que le couplage de l’espace-cible à la corde se fasse le long du bord suggère qu’il existe des sources externes macroscopiques connectées directement au bord, c’est-à-dire formant l’espace-cible du bord de surface. C’est ce qu’on verra par le suite sous le nom de brane.

2.4.1 Conditions de bord générales et branes

De manière générale [40, 93], les conditions de bord s’appliquent sur les différents courants de symétries de sorte que la symétrie est conservée ou non. Par exemple, les conditions de Neumann conservent la symétrie de translation, tandis que les conditions de Dirichlet la brisent. On interprète que les conditions de Neumann laissent libres les extrémités des cordes ouvertes tandis que les conditions de Dirichlet les fixent sur des hyperplans, constituant des défauts topologiques plongés dans l’espace-cible. Bien que ces hyperplans semblent à première vue complètement gelés, en vérité on peut montrer qu’ils sont des objets dynamiques, car on peut imposer des conditions aux bords plus générales avec des degrés de liberté dynamiques. Ces hyperplans sont nommés D-branes en général171717Il existe d’autres types d’hyperplan, par exemple les orientifolds,.

La symétrie conforme doit être conservée par les conditions aux bords. C’est une contrainte forte mais qui est naturelle afin que la théorie soit invariante conforme y compris le long du bord, c’est-à-dire corresponde à une situation physique. De fait, il faudra toujours avoir sur le bord, l’identité du tenseur énergie-impulsion suivante :

T(z)=T~(z)𝑇𝑧~𝑇𝑧\displaystyle T(z)=\widetilde{T}(z) (2.4.3)

La formule de collage pour TFsubscript𝑇𝐹T_{F} est semblable. La formule générale pour les conditions au bord des courants que l’on notera Jasuperscript𝐽𝑎J^{a} est :

J(a)(z)Ω(J~(a)(z))=0superscript𝐽𝑎𝑧Ωsuperscript~𝐽𝑎𝑧0\displaystyle J^{(a)}(z)-\Omega(\widetilde{J}^{(a)}(z))=0 (2.4.4)

avec ΩΩ\Omega un automorphisme [101, 102] de l’algèbre de courant. Cet automorphisme doit être tel que le tenseur énergie-impulsion vérifie toujours (2.4.3), en utilisant la construction de Sugawara du tenseur en fonction des courants :

T(z)=a,I:JI(a)(z)JI(a)(z)::𝑇𝑧subscript𝑎𝐼superscriptsubscript𝐽𝐼𝑎𝑧superscriptsubscript𝐽𝐼𝑎𝑧:absent\displaystyle T(z)=\sum_{a,I}:J_{I}^{(a)}(z)J_{I}^{(a)}(z): (2.4.5)

sachant que chaque courant J(a)superscript𝐽𝑎J^{(a)} est éventuellement décomposé le long d’une algèbre dont les générateurs sont indexés par le nombre I𝐼I. L’exemple le plus fameux est sûrement su^(2)1^𝑠𝑢subscript21\widehat{su}(2)_{1} au rayon auto-dual dans une théorie compactifiée sur un tore. Le tenseur énergie-impulsion étant un cas particulier de courant, la comparaison de la formule (2.4.4) avec la formule (2.4.3) montre que dans son cas l’automorphisme est trivialement Ω=idΩ𝑖𝑑\Omega=id l’identité.

Les conditions Neumann et Dirichlet le long des champs scalaires X𝑋X correspondent à des contraintes sur le courant des translations Jμ=Xμsuperscript𝐽𝜇superscript𝑋𝜇J^{\mu}=\partial X^{\mu}. De telle sorte que sont identifiés respectivement ΩN=idsubscriptΩ𝑁𝑖𝑑\Omega_{N}=id et ΩD=idsubscriptΩ𝐷𝑖𝑑\Omega_{D}=-id. En terme des modes d’oscillations cela se traduit par l’identification :

N:αn\displaystyle N\leavevmode\nobreak\ :\qquad\alpha_{n} =α~nabsentsubscript~𝛼𝑛\displaystyle=\widetilde{\alpha}_{n}
D:αn\displaystyle D\leavevmode\nobreak\ :\qquad\alpha_{n} =α~nabsentsubscript~𝛼𝑛\displaystyle=-\widetilde{\alpha}_{n} (2.4.6)

Ainsi que sur les fermions de surface en supercorde d’après (2.4) :

N:ψr\displaystyle N\leavevmode\nobreak\ :\qquad\psi_{r} =ζψ~rabsent𝜁subscript~𝜓𝑟\displaystyle=\zeta\widetilde{\psi}_{r}
D:ψr\displaystyle D\leavevmode\nobreak\ :\qquad\psi_{r} =ζψ~rabsent𝜁subscript~𝜓𝑟\displaystyle=-\zeta\widetilde{\psi}_{r} (2.4.7)

En tenant compte de ces conditions au bord, nous pouvons ensuite définir les états de la même manière qu’en corde fermée en appliquant les modes sur l’état du vide, ou d’impulsion kμsuperscript𝑘𝜇k^{\mu}. En supercordes, l’état de vide est toujours NS ou R sachant que ces conditions s’appliquent maintenant comme des conditions de bord relatives, c’est-à-dire entre un bord et l’autre sachant qu’une corde ouverte est décrite dans l’espace-cible plutôt sous la forme d’une nappe. A la différence des cordes fermées et du fait des conditions de collages, nous n’avons plus qu’un seul vide. Nous verrons en détail un peu plus tard le cas des supercordes ouvertes.

Notons tout de suite que les conditions de collage sur les modes diffèrent significativement lorsque l’on se place sur le disque plutôt que sur le demi-plan complexe. Dans l’expression sur le disque, nous avons sur le cercle unité les conditions de collage suivantes des modes de cordes ouvertes [18, 61] :

N:αn=α~n,ψr=iζψ~r\displaystyle N\leavevmode\nobreak\ :\qquad\alpha_{n}=-\widetilde{\alpha}_{-n}\quad,\quad\psi_{r}=i\zeta\widetilde{\psi}_{-r}
D:αn=α~n,ψr=iζψ~r\displaystyle D\leavevmode\nobreak\ :\qquad\alpha_{n}=\widetilde{\alpha}_{-n}\quad,\quad\psi_{r}=-i\zeta\widetilde{\psi}_{-r} (2.4.8)

Notons la différence de signe – et l’ajout d’un facteur i𝑖i – du fait de la transformation conforme [18] du plan vers le disque qui laisse apparaître un facteur (1)Ssuperscript1𝑆(-1)^{S} avec S𝑆S le spin de X𝑋\partial X ou de ψ𝜓\psi ici, respectivement 111 et 1/2121/2. En se plaçant sur le disque unité l’expression de la théorie – sans insertion sur le bord – est meilleure pour décrire l’amplitude – à l’ordre des arbres – correspondante en terme de cordes fermées. En effet, l’origine du disque correspond en général à t𝑡t\to-\infty avec t𝑡t le ”temps” sur la surface de corde, donc au temps asymptotique pour une corde fermée. De sorte que le bord S1superscript𝑆1S^{1} constitue ainsi une configuration de corde fermée à temps fini, mais qui n’est du coup pas un état asymptotique. La notion d’état de bord doit être introduite. Nous l’aborderons dans cette section ; mentionnons simplement que les conditions de bord se présentent sous la forme de contraintes de construction de cet état de bord [61, 40, 42].

2.4.2 Quantification des cordes ouvertes, opérateurs de vertex et états de bord

La quantification des cordes ouvertes se fait de manière quasiment identique au cas des cordes fermées puisque le développement en mode d’oscillation et les relations aux opérateurs sont des constructions locales. Simplement, les conditions aux bords imposent les contraintes supplémentaires que nous avons vu entre les modes droits et les modes gauches. Typiquement, le nombre de degrés de liberté est divisé par deux – en l’occurence on verra que le nombre de supersymétrie d’espace-cible n’est qu’au mieux à moitié conservé. En outre, les fonctions de corrélations seront légèrement modifiées en fonction des conditions de bord.

De cette manière lorsque l’on impose les conditions de Neumann (2.4.1) et (2.4.1), les modes droits sont exactement égaux aux modes gauches le long des directions concernées par ces conditions αnμ=α~nμsubscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛\alpha^{\mu}_{n}=\widetilde{\alpha}^{\mu}_{n}. De sorte que le spectre de masse des cordes ouvertes Neumann est simplement m2=k2=Nasuperscript𝑚2superscript𝑘2𝑁𝑎m^{2}=-k^{2}=N-a avec a=1𝑎1a=1 en bosonique, a=1/2𝑎12a=1/2 pour NS et a=0𝑎0a=0 pour R. La dépendance dans l’impulsion est différente du cas de corde fermée. Pour obtenir cette formule, il faut étudier les OPE de bord et les appliquer au produit T(z)eikμXμ(0)𝑇𝑧superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝑋𝜇0T(z)e^{ik_{\mu}X^{\mu}}(0) sur le bord afin d’obtenir le poids conforme de l’opérateur d’impulsion. Par la correspondance on obtient ainsi la valeur propre de L0|kμ,Ωsubscript𝐿0ketsuperscript𝑘𝜇ΩL_{0}\left|k^{\mu},\Omega\right>.

Si on impose des conditions de Dirichlet, la relation est différente αnμ=α~nμsubscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛\alpha^{\mu}_{n}=-\widetilde{\alpha}^{\mu}_{n} mais le spectre de masse est invariant, à part que le nombre de degrés de liberté d’impulsion change. En effet, rappelons que nous avions pμα0μ+α~0μproportional-tosuperscript𝑝𝜇superscriptsubscript𝛼0𝜇superscriptsubscript~𝛼0𝜇p^{\mu}\propto\alpha_{0}^{\mu}+\widetilde{\alpha}_{0}^{\mu} de sorte que le long d’une coordonnée Dirichlet, pμ=0superscript𝑝𝜇0p^{\mu}=0 donc le générateur de translation spatiale est brisé et la coordonnée fixée sur le bord. Pour les cordes ouvertes on ne définit donc d’impulsion que le long des coordonnées Neumann.

Correspondance état-opérateur sur le bord

De manière absolument identique que dans la partie précédente, nous pouvons aussi définir des opérateurs de vertex correspondant aux états construits par application des modes créateurs sur le vide. En théorie bosonique, la relation entre αnsubscript𝛼𝑛\alpha_{n} et 𝒱n(X)subscript𝒱𝑛𝑋{\mathcal{V}}_{n}(X) est simplement donnée par (2.2.3). En théorie supersymétrique, nous aurons (2.3.2). Les opérateurs de vertex que nous obtenons par ce biais sont naturellement définis sur le – ou les – bord(s) de la surface. Par exemple, sur la géométrie du disque, ils sont construits sur le cercle S1superscript𝑆1S^{1} et sur la géométrie conforme du demi-plan complexe, sur l’axe réel \mathbb{R}. En effet, une insertion dans l’intérieur de la surface peut toujours être contenue dans un voisinage ne contenant aucun bord, donc est défini par une théorie de corde fermée exclusivement. Du coup, seul un objet du bord peut relever de la physique du bord, soit des cordes ouvertes. Cela amène naturellement à définir l’opérateur de vertex comme intégré le long du bord de la surface exclusivement :

Vo[Xμ,ψμ,etc]=Σ𝒱[Xμ,ψμ,etc]subscript𝑉𝑜superscript𝑋𝜇superscript𝜓𝜇etcsubscriptcontour-integralΣ𝒱superscript𝑋𝜇superscript𝜓𝜇etc\displaystyle V_{o}[X^{\mu},\psi^{\mu},\text{\emph{etc}}]=\oint_{\partial\Sigma}{\mathcal{V}}[X^{\mu},\psi^{\mu},\text{\emph{etc}}] (2.4.9)

En définissant une théorie des cordes fermées, c’est-à-dire une physique de l’intérieur, compatible avec les conditions au bord imposées, nous pouvons définir l’opérateur de bord comme la projection de l’opérateur de bulk sur le bord.

OPE sur surface avec bord et ordre normal de bord

Cependant, il y a une petite subtilité, car lorsqu’un opérateur par exemple sur le demi-plan complexe supérieur, au point z𝑧z s’approche du bord, son point d’insertion z𝑧z s’approche de son image conjuguée complexe z¯¯𝑧\bar{z}. Or les fonctions de Green des champs fondamentaux sont elles-mêmes modifiées pour satisfaire aux conditions de bord. On a plus précisément les OPE sur H+subscript𝐻H_{+} avec des conditions de Neumann (Dirichlet)181818En utilisant α=1superscript𝛼1\alpha^{\prime}=1. :

Xμ(z,z¯)Xν(w,w¯)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝑋𝜈𝑤¯𝑤\displaystyle X^{\mu}(z,\bar{z})X^{\nu}(w,\bar{w}) =ημν2ln|zw|2±ημν2ln|zw¯|2absentplus-or-minussuperscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧𝑤2superscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧¯𝑤2\displaystyle=-\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-w\right|^{2}\pm\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-\bar{w}\right|^{2}
ψμ(z)ψ~ν(w¯)superscript𝜓𝜇𝑧superscript~𝜓𝜈¯𝑤\displaystyle\psi^{\mu}(z)\widetilde{\psi}^{\nu}(\bar{w}) =±ζημνzw¯absentplus-or-minus𝜁superscript𝜂𝜇𝜈𝑧¯𝑤\displaystyle=\pm\zeta\,\frac{\eta^{\mu\nu}}{z-\bar{w}}
ψμ(z)ψν(w)superscript𝜓𝜇𝑧superscript𝜓𝜈𝑤\displaystyle\psi^{\mu}(z)\psi^{\nu}(w) =1zwabsent1𝑧𝑤\displaystyle=\frac{1}{z-w}
ψ~μ(z¯)ψ~ν(w¯)superscript~𝜓𝜇¯𝑧superscript~𝜓𝜈¯𝑤\displaystyle\widetilde{\psi}^{\mu}(\bar{z})\widetilde{\psi}^{\nu}(\bar{w}) =1z¯w¯absent1¯𝑧¯𝑤\displaystyle=\frac{1}{\bar{z}-\bar{w}} (2.4.10)

avec (+)(+) pour Neumann et ()(-) pour Dirichlet. On voit donc l’ajout d’un terme supplémentaire dans l’OPE des scalaires. Nous pouvons exprimer les fonctions de Green aussi sur le disque par transformation conforme. On trouve :

Xμ(z,z¯)Xν(w,w¯)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧superscript𝑋𝜈𝑤¯𝑤\displaystyle X^{\mu}(z,\bar{z})X^{\nu}(w,\bar{w}) =ημν2ln|zw|2±ημν2ln|1zw¯|2absentplus-or-minussuperscript𝜂𝜇𝜈2superscript𝑧𝑤2superscript𝜂𝜇𝜈2superscript1𝑧¯𝑤2\displaystyle=-\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|z-w\right|^{2}\pm\frac{\eta^{\mu\nu}}{2}\ln\left|1-z\bar{w}\right|^{2}
ψμ(z)ψ~ν(w¯)superscript𝜓𝜇𝑧superscript~𝜓𝜈¯𝑤\displaystyle\psi^{\mu}(z)\widetilde{\psi}^{\nu}(\bar{w}) =ζ2ημνzw¯1zw¯absent𝜁2superscript𝜂𝜇𝜈𝑧¯𝑤1𝑧¯𝑤\displaystyle=\zeta\,\frac{2\eta^{\mu\nu}\sqrt{z\bar{w}}}{1-z\bar{w}}
ψμ(z)ψν(w)superscript𝜓𝜇𝑧superscript𝜓𝜈𝑤\displaystyle\psi^{\mu}(z)\psi^{\nu}(w) =zwzwabsent𝑧𝑤𝑧𝑤\displaystyle=\frac{\sqrt{zw}}{z-w}
ψ~μ(z¯)ψ~ν(w¯)superscript~𝜓𝜇¯𝑧superscript~𝜓𝜈¯𝑤\displaystyle\widetilde{\psi}^{\mu}(\bar{z})\widetilde{\psi}^{\nu}(\bar{w}) =z¯w¯z¯w¯absent¯𝑧¯𝑤¯𝑧¯𝑤\displaystyle=\frac{\sqrt{\bar{z}\bar{w}}}{\bar{z}-\bar{w}} (2.4.11)

avec sur le disque unité z=ρeiϕ𝑧𝜌superscript𝑒𝑖italic-ϕz=\rho e^{i\phi} pour ρ[0,1]𝜌delimited-[]0.1\rho\in[0,1] et ϕ[0,2π[\phi\in[0,2\pi[. Nous voyons donc par ces fonctions de Green, qu’un opérateur de vertex peut interagir avec lui-même, comme si le demi-plan complexe était doublé et qu’une image de l’opérateur de vertex existait en z=z¯superscript𝑧¯𝑧z^{\prime}=\bar{z}. C’est ce qui est appelé communément l’astuce de doublement – en anglais doubling-trick – car tous les opérateurs anti-holomorphes peuvent être définis comme étant les continuations analytiques, dans le demi-plan complexe inférieur, des opérateurs holomorphes de H+subscript𝐻H_{+}. De sorte qu’en général on aura l’OPE du bulk vers le bord :

𝒱(z,z¯)=𝒱b(z)|zz¯|h+h¯hb+\displaystyle{\mathcal{V}}(z,\bar{z})=\frac{{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{\mathcal{V}}_{b}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}}{\left|z-\bar{z}\right|^{h+\bar{h}-h_{b}}}+\ldots (2.4.12)

où l’ordre normal du bord est défini par les symboles étoilés {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\cdot{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} de telle sorte que l’opérateur qui y est contenu est régulier en tout point du bord. Nous avons rajouté des points de suspension pour signifier que techniquement un développement de Taylor en opérateurs descendants pourrait être fait le long du bord, en fonction de 2iy=zz¯2𝑖𝑦𝑧¯𝑧2iy=z-\bar{z}.

OPE sur le bord

Nous pouvons définir les champs fondamentaux sur le bord directement et calculer leurs OPE en fonction des variables de bord. Simplement nous aurons pour zz¯𝑧¯𝑧z\to\bar{z} sur demi-plan H+subscript𝐻H_{+} :

Xμ(z,z¯)superscript𝑋𝜇𝑧¯𝑧\displaystyle X^{\mu}(z,\bar{z}) Xμ(z)=2XLμ(z) (Neumann) ou x0μ (Dirichlet)absentsuperscript𝑋𝜇𝑧2subscriptsuperscript𝑋𝜇𝐿𝑧 (Neumann) ou superscriptsubscript𝑥0𝜇 (Dirichlet)\displaystyle\longrightarrow X^{\mu}(z)=2X^{\mu}_{L}(z)\leavevmode\nobreak\ \text{ (Neumann) ou }\leavevmode\nobreak\ x_{0}^{\mu}\leavevmode\nobreak\ \text{ (Dirichlet)}
12(ψ(z)±ζψ~(z¯))12plus-or-minus𝜓𝑧𝜁~𝜓¯𝑧\displaystyle\frac{1}{\sqrt{2}}\left(\psi(z)\pm\zeta\widetilde{\psi}(\bar{z})\right) Ψ(z)=(1+ζ2)2ψ(z)=2ψ(z)absentΨ𝑧1superscript𝜁22𝜓𝑧2𝜓𝑧\displaystyle\longrightarrow\Psi(z)=\frac{(1+\zeta^{2})}{\sqrt{2}}\,\psi(z)=\sqrt{2}\psi(z) (2.4.13)

avec (+)(+) pour Neumann et ()(-) pour Dirichlet. Nous avons utilisé la condition de collage sur la variable de Grassmann en super-espace :

θ=ζθ¯𝕏(z)=X(z)+i2θ(ψ(z)+ζψ~(z))formulae-sequence𝜃𝜁¯𝜃𝕏𝑧𝑋𝑧𝑖2𝜃𝜓𝑧𝜁~𝜓𝑧\displaystyle\theta=\zeta\bar{\theta}\quad\Longrightarrow\quad\mathbb{X}(z)=X(z)+\frac{i}{\sqrt{2}}\theta\left(\psi(z)+\zeta\widetilde{\psi}(z)\right) (2.4.14)

et ψ=±ζψ~𝜓plus-or-minus𝜁~𝜓\psi=\pm\zeta\widetilde{\psi} puis nous avons choisi d’inclure le facteur 1/2121/\sqrt{2} à l’intérieur de la définition du champ fermionique, de sorte que sur le bord :

𝕏(z)=X(z)+iθΨ(z)𝕏𝑧𝑋𝑧𝑖𝜃Ψ𝑧\displaystyle\mathbb{X}(z)=X(z)+i\theta\Psi(z) (2.4.15)

qui est une convention commune dans la littérature. Nous avons divisé le champ scalaire en deux contributions, holomorphe et anti-holomorphe, respectivement XLsubscript𝑋𝐿X_{L} et XRsubscript𝑋𝑅X_{R}. Etant donné que la condition de collage ne concerne que les modes d’oscillations, seul le mode zéro x0μsuperscriptsubscript𝑥0𝜇x_{0}^{\mu} subsiste avec des conditions de Dirichlet. Mais en présence de conditions Neumann XL=XRsubscript𝑋𝐿subscript𝑋𝑅X_{L}=X_{R}. Alors nous avons les OPE sur le bord :

Xμ(z)Xν(w)superscript𝑋𝜇𝑧superscript𝑋𝜈𝑤\displaystyle X^{\mu}(z)X^{\nu}(w) =2ημνln|zw|+absent2superscript𝜂𝜇𝜈𝑧𝑤\displaystyle=-2\eta^{\mu\nu}\ln\left|z-w\right|+\ldots
Ψ(z)Ψ(w)Ψ𝑧Ψ𝑤\displaystyle\Psi(z)\Psi(w) =2zwabsent2𝑧𝑤\displaystyle=\frac{2}{z-w} (2.4.16)

Nous utiliserons beaucoup ces formules dans la suite. Elles peuvent directement exprimées en super-espace sous la forme :

𝕏μ(z)𝕏ν(w)=2ημνln|zwθzθw|superscript𝕏𝜇𝑧superscript𝕏𝜈𝑤2superscript𝜂𝜇𝜈𝑧𝑤subscript𝜃𝑧subscript𝜃𝑤\displaystyle\mathbb{X}^{\mu}(z)\mathbb{X}^{\nu}(w)=-2\eta^{\mu\nu}\ln\left|z-w-\theta_{z}\theta_{w}\right| (2.4.17)

Ainsi toute OPE sur le bord entre opérateurs descendants dépendant des champs fondamentaux s’exprime par la formule :

𝒜h1(z1)𝒜h2(z2)=kC12k|z1z2|h1+h2hk𝒜hk(z2)subscript𝒜subscript1subscript𝑧1subscript𝒜subscript2subscript𝑧2subscript𝑘superscriptsubscript𝐶12𝑘superscriptsubscript𝑧1subscript𝑧2subscript1subscript2subscript𝑘subscript𝒜subscript𝑘subscript𝑧2\displaystyle{\mathcal{A}}_{h_{1}}(z_{1}){\mathcal{A}}_{h_{2}}(z_{2})=\sum_{k}\frac{C_{12}^{\hphantom{12}k}}{\left|z_{1}-z_{2}\right|^{h_{1}+h_{2}-h_{k}}}{\mathcal{A}}_{h_{k}}(z_{2}) (2.4.18)

Ici hh est la somme des poids holomorphe et anti-holomorphe.

Etats de bord

En discutant des conditions de bord, nous avons à maintes reprises introduit le concept d’état de bord. Nous disions entre autre qu’en se plaçant dans une description adéquate pour décrire telle amplitude dont la géométrie est celle d’un bord sans insertion, le formalisme des cordes fermées pouvait être utilisé afin d’effectuer le calcul. Nous avions choisi le disque unité dont le bord est le cercle S1superscript𝑆1S^{1}. Le bord ressemble à une insertion sur la sphère mais particulière puisqu’elle peut être atteinte en un temps fini, à la différence des inclusions habituelles d’état asymptotique – qu’il faut un temps infini pour atteindre, par définition. Or, du point de vue d’une évolution d’un état de corde fermée initialement piqué à l’origine, le bord constitue aussi une configuration de corde fermée, c’est-à-dire un état. En outre, par transformation conforme, l’origine peutêtre envoyée à l’infini temporel futur tout en conservant le cercle unité. Ainsi, la configuration au bord peut-elle assimilée également à une condition initiale pour une corde fermée. Les configurations de cordes fermées devant être cohérentes avec les conditions aux bord imposées, nous construisons donc un état de bord |Bket𝐵\left|B\right> tel qu’il vérifie [40, 42, 18, 61] :

(LnL~n)|B=0subscript𝐿𝑛subscript~𝐿𝑛ket𝐵0\displaystyle\left(L_{n}-\widetilde{L}_{-n}\right)\left|B\right>=0
(Jna(1)sΩJ~na)|B=0subscriptsuperscript𝐽𝑎𝑛superscript1𝑠Ωsubscriptsuperscript~𝐽𝑎𝑛ket𝐵0\displaystyle\left(J^{a}_{n}-(-1)^{s}\Omega\circ\widetilde{J}^{a}_{-n}\right)\left|B\right>=0 (2.4.19)

avec Jasuperscript𝐽𝑎J^{a} le courant holomorphe qui se décompose suivant une série de Laurent Ja(z)=nJnaznhsuperscript𝐽𝑎𝑧subscript𝑛subscriptsuperscript𝐽𝑎𝑛superscript𝑧𝑛J^{a}(z)=\sum_{n}J^{a}_{n}z^{-n-h} et s=hh¯𝑠¯s=h-\bar{h} le spin – dans cet exemple, h¯=0¯0\bar{h}=0 donc s=h𝑠s=h. En toute généralité nous avons laissé l’action d’un automorphisme ΩΩ\Omega sur le courant anti-holomorphe. La plupart du temps il est quasi-trivial, c’est-à-dire Ω=±idΩplus-or-minus𝑖𝑑\Omega=\pm id mais nous pouvons trouver des exemples plus larges, tels que les branes conformes [40].

Sachant qu’un état de bord peut être interprété comme une configuration initiale ou finale de corde fermée, toute amplitude sur le disque – sans insertion au bord – doit pouvoir s’exprimer comme :

AB[]=0||B=B,D2subscript𝐴𝐵delimited-[]quantum-operator-product0𝐵subscriptdelimited-⟨⟩𝐵superscript𝐷2\displaystyle A_{B}[\ldots]=\left<0\right|\ldots\left|B\right>=\left<\ldots\right>_{B,D^{2}} (2.4.20)

avec un nombre arbitraire d’insertion dans l’intérieur. Nous voyons que l’amplitude doit refléter la dualité corde ouverte/corde fermée du diagramme, de telle sorte qu’en terme de corde fermée |Bket𝐵\left|B\right> est une source et en terme des cordes ouvertes B𝐵B est une condition aux bords, éventuellement représentée par une déformation de bord dans l’action [42] de type S1𝒪Bsubscriptcontour-integralsuperscript𝑆1subscript𝒪𝐵\oint_{S^{1}}{\mathcal{O}}_{B}.

Refer to caption
Figure 2.2: Diagramme cylindrique  : échange de corde fermée entre deux branes ou fonction de partition à une boucle des cordes ouvertes.

Des diagrammes à plus d’un bord sont imaginables. Par exemple avec deux bords, le diagramme cylindrique d’échanges de cordes fermées entre deux branes représenté sur la figure (2.2) est dual à la fonction de partition à l’ordre d’une boucle Zαβsubscript𝑍𝛼𝛽Z_{\alpha\beta} des cordes ouvertes avec les deux conditions aux bords α𝛼\alpha et β𝛽\beta. En introduisant les états de bords |αket𝛼\left|\alpha\right> et |βket𝛽\left|\beta\right> nous aurions l’amplitude [18] fonction du module τ𝜏\tau :

Zαβ(τ)=α|eπHcτ|βsubscript𝑍𝛼𝛽𝜏quantum-operator-product𝛼superscript𝑒𝜋subscript𝐻𝑐𝜏𝛽\displaystyle Z_{\alpha\beta}(\tau)=\left<\alpha\right|e^{-\frac{\pi H_{c}}{\tau}}\left|\beta\right> (2.4.21)

La relation de cette amplitude à la fonction de partition des cordes ouvertes permet d’introduire les formules de Verlinde [129, 18] et les conditions de Cardy [42, 18] pour construire des théories conformes de bord.

Nous proposions d’identifier l’état de bord à une brane, mais nous pouvons tout aussi bien identifier l’état de bord à plusieurs branes, c’est-à-dire une superposition d’états de bord, pas forcément coïncidantes. C’est ce que nous faisons explicitement lorsque nous construisons les branes BPS en théorie des supercordes. L’interprétation en terme de cordes ouvertes est cependant plus délicat à cause de l’apparition de secteurs de cordes ouvertes tendues entre différentes branes. En outre, à l’ordre des arbres il est difficile de vraiment faire sens de la superposition linéaire des états de bords, à cause justement des secteurs interbranaires qui ne trouvent pas d’équivalent direct en terme d’état de bord trivial, tout cela est relié au caractère non-abélien de la théorie effective sous-jacente191919Nous comprenons qu’à cause des secteurs interbranaires le système ne peut pas être réduit à un ensemble de branes isolées et indépendantes, à moins que l’on se place dans une limite où ce secteur est trop massif et découple.. Nous développerons ce point plus bas, en introduisant les facteurs de Chan-Paton. Mais tout de suite, explicitons brièvement l’expression de l’état de bord d’une seule brane.

Etat de bord d’une brane bosonique

En théorie bosonique, l’état de bord correspondant à des conditions Dirichlet le long des directions i=p+1,26𝑖𝑝126i=p+1,\ldots 26 et Neumann le long de a=0p𝑎0𝑝a=0\ldots p est celui représentant le spectre de cordes fermées sourcées par une Dp𝐷𝑝Dp-brane. Il vérifie les contraintes :

(LnL~n)|Dpsubscript𝐿𝑛subscript~𝐿𝑛ket𝐷𝑝\displaystyle\left(L_{n}-\widetilde{L}_{-n}\right)\left|Dp\right> =0absent0\displaystyle=0
(αna+α~na)|Dpsubscriptsuperscript𝛼𝑎𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑎𝑛ket𝐷𝑝\displaystyle\left(\alpha^{a}_{n}+\widetilde{\alpha}^{a}_{-n}\right)\left|Dp\right> =0absent0\displaystyle=0
(αniα~ni)|Dpsubscriptsuperscript𝛼𝑖𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑖𝑛ket𝐷𝑝\displaystyle\left(\alpha^{i}_{n}-\widetilde{\alpha}^{i}_{-n}\right)\left|Dp\right> =0absent0\displaystyle=0
xi|Dpsuperscript𝑥𝑖ket𝐷𝑝\displaystyle x^{i}\left|Dp\right> =ai|Dpabsentsuperscript𝑎𝑖ket𝐷𝑝\displaystyle=a^{i}\left|Dp\right> (2.4.22)

avec aisuperscript𝑎𝑖a^{i} la position de la brane. L’état de bord vérifiant ces conditions est, à une normalisation près :

|Dp,𝐚i=p+126dkieikiai|Dp,𝐤^proportional-toket𝐷𝑝𝐚superscriptsubscriptproduct𝑖𝑝126dsuperscript𝑘𝑖superscript𝑒𝑖superscript𝑘𝑖superscript𝑎𝑖^ket𝐷𝑝𝐤\displaystyle\left|Dp,\bf a\right>\propto\int\prod_{i=p+1}^{26}\text{d}k^{i}\,e^{ik^{i}a^{i}}\widehat{\left|Dp,\bf k\right>} (2.4.23)

Le ket |Dp,𝐤^^ket𝐷𝑝𝐤\widehat{\left|Dp,\bf k\right>} est un état cohérent dont l’expression est donnée par :

|Dp,𝐤^=exp[n>0(iαniα~ni+a>1αnaα~na)]|0,𝐤^ket𝐷𝑝𝐤subscript𝑛0subscript𝑖subscriptsuperscript𝛼𝑖𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑖𝑛subscript𝑎1subscriptsuperscript𝛼𝑎𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑎𝑛ket0𝐤\displaystyle\widehat{\left|Dp,\bf k\right>}=\exp\left[\sum_{n>0}\left(-\sum_{i}\alpha^{i}_{-n}\widetilde{\alpha}^{i}_{-n}+\sum_{a>1}\alpha^{a}_{-n}\widetilde{\alpha}^{a}_{-n}\right)\right]\left|0,\bf k\right> (2.4.24)

dans la jauge du cône de lumière, c’est-à-dire pour X0superscript𝑋0X^{0} et X1superscript𝑋1X^{1} jaugés, qui permet de s’abstraire des questions de fantômes. L’état fondamental est ici simplement un vecteur propre d’impulsion kisuperscript𝑘𝑖k^{i}. Nous verrons un peu plus loin la construction d’une brane en supercordes.

2.4.3 Branes et facteurs de Chan-Paton

Lorsque plusieurs branes sont insérées dans l’espace-cible et que l’on veut décrire la théorie des cordes ouvertes, il faut s’inquiéter de classer les différents secteurs de ces cordes en fonction des points d’attache de leurs extrémités. En effet, il existe une différence très nette entre les cordes tendues d’une brane à une autre et celles attachées à une seule et même brane, puisque topologiquement les unes ne sont pas continuellement déformables en les autres – voir figure (2.3),

Refer to caption
Figure 2.3: Différents secteurs de cordes ouvertes dans le système composé de deux branes.

Du point de vue de la théorie des champs sous-jacente et déduite du spectre de cordes ouvertes, le fait que plusieurs secteurs existent implique la différentiation dans l’action correspondante des champs associés à chaque secteur. Prenons deux branes coïncidentes. En calculant le spectre on trouve aisément que les champs sont tous identiques pour tous les secteurs. Sur chacun par exemple en théorie bosonique, nous avons un tachyon puis un boson vecteur de jauge non massif. Du point de vue de l’action effective il doit apparaître une forme de symétrie puisque ces secteurs sont finalement indiscernables.

Branes coïncidentes, groupe et facteurs de CP

En fonction du nombre de branes coïncidentes, le nombre de secteurs augmente et le degré de symétrie également. On montre que le groupe le long duquel les secteurs forment une représentation est U(N)𝑈𝑁U(N) avec N𝑁N le nombre de branes coïncidentes. Les facteurs de Chan-Paton (CP) sont les représentants matriciels de ce groupe [95] et peuvent être reliés à des charges attachées aux extrémités – des quarks [83]. Par exemple, en présence de deux branes, le groupe est U(2)𝑈2U(2) et les facteurs de CP sont les matrices de Pauli σ1,2,3superscript𝜎1.2.3\sigma^{1,2,3} plus l’identité I=σ0𝐼superscript𝜎0I=\sigma^{0}. Les champs d’espace-cible sont ainsi développés le long du groupe U(N)𝑈𝑁U(N) et puisque nous disions que les champs correspondent à des couplages des termes de bord, alors ces derniers se décomposent également le long de ce groupe :

δS=nN(N1)2Λnϕn(z)𝛿𝑆superscriptsubscript𝑛𝑁𝑁12tensor-productsuperscriptΛ𝑛subscriptcontour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑛𝑧\displaystyle\delta S=\sum_{n}^{\frac{N(N-1)}{2}}\Lambda^{n}\otimes\oint_{\mathbb{R}}\phi_{n}(z) (2.4.25)

avec ΛnU(N)superscriptΛ𝑛𝑈𝑁\Lambda^{n}\in U(N) un facteur de CP. Cela permet de généraliser les conditions de bord et de développer le formalisme du modèle sigma non linéaire à des champs non-abéliens. Dans cette description, il est plus délicat de parler de formules de collages des courants mais aussi d’ états de bords   : il faudrait les généraliser au cas non-abélien202020 Cela existe probablement dans la littérature mais je n’en ai pas pris connaissance..

Séparation non nulle entre branes et brisure spontanée de symétrie

Lorsque les branes sont séparées, cette symétrie est spontanément brisée ; par exemple en séparant une seule brane du système la symétrie U(N)𝑈𝑁U(N) est brisée en U(1)×U(N1)𝑈1𝑈𝑁1U(1)\times U(N-1). Ce processus ressemble beaucoup au mécanisme de Higgs et pour être plus précis il s’agit exactement du même mécanisme, quoiqu’ici l’interprétation est géométrique, car le secteur de cordes ouvertes interbranaire acquiert un terme de masse supplémentaire proportionnel à la distance de séparation.

Pour modéliser cette séparation sur le bord il faut inclure une ligne de Wilson sur la coordonnée conjuguée à la direction de séparation. Si X𝑋X est cette direction – la variable conjuguée à l’impulsion – alors X~~𝑋\widetilde{X} est la coordonnée duale – la variable conjuguée à l’extension et la position spatiale de la corde. En théorie des cordes ouvertes, lorsque X𝑋X vérifie une condition de Dirichlet, X~~𝑋\widetilde{X} vérifie une condition de Neumann. Les deux sont reliées par T-dualité le long de coordonnées compactes.

Soient deux branes bosoniques. Les facteurs de CP σ0superscript𝜎0\sigma^{0} et σ3superscript𝜎3\sigma^{3} correspondent aux cordes ouvertes dont les extrémités sont attachées à une seule et même brane. On peut montrer que la déformation :

σ3r2X~tensor-productsuperscript𝜎3contour-integral𝑟2~𝑋\displaystyle\sigma^{3}\otimes\oint\frac{r}{2}\partial\widetilde{X} (2.4.26)

modifie le spectre des cordes ouvertes des secteurs σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et σ2superscript𝜎2\sigma^{2} en m2=r2+N1superscript𝑚2superscript𝑟2𝑁1m^{2}=r^{2}+N-1 et correspond exactement à séparer les branes d’une distance r𝑟r. Les cordes ouvertes des secteurs σ0superscript𝜎0\sigma^{0} et σ3superscript𝜎3\sigma^{3} conservent quant à elles la formule m2=N1superscript𝑚2𝑁1m^{2}=N-1. On voit explicitement dans ces formules que le spectre de masse brise effectivement la symétrie, que l’on récupère dans la limite r0𝑟0r\to 0. La déformation supersymétrique correspondante devrait être simplement :

σ3r2D𝕏~tensor-productsuperscript𝜎3contour-integral𝑟2𝐷~𝕏\displaystyle\sigma^{3}\otimes\oint\frac{r}{2}D\widetilde{\mathbb{X}} (2.4.27)

Pour un spectre de masse modifié en m2=r2+N1/2superscript𝑚2superscript𝑟2𝑁12m^{2}=r^{2}+N-1/2 dans le secteur NS et m2=r2+Nsuperscript𝑚2superscript𝑟2𝑁m^{2}=r^{2}+N dans le secteur R. En fait, ça n’est pas tout à fait correct car techniquement il faudrait introduire des degrés de liberté supersymétriques sur le bord – des fermions de bord – pour remplacer les facteurs de CP. On ne les introduira que bien spécifiquement dans le chapitre des supercordes.

2.4.4 Cordes ouvertes en théories IIA et IIB

Les théories IIA et IIB concernent a priori des cordes fermées, mais n’excluent pas toutefois la présence de cordes ouvertes et des interactions avec celles-ci. La théorie des champs supersymétrique décrite par ce spectre est une supergravité de type IIA ou IIB et nous savons qu’il y existe des solutions solitoniques brisant une fraction de la supersymétrie, des états BPS,212121Bogomol’nyi-Prasad-Sommerfield. nommées p𝑝p-branes. Or nous en déduisons qu’il doit exister dans le spectre des champs de jauge – des formes différentielles – de diverses dimensions et qui se couplent naturellement à ces objets multidimensionnels. Or d’après l’étude du spectre de cordes fermées, c’est bien ce que l’on trouve.

En outre, comme nous l’avons vu, les diagrammes d’interaction entre des p-branes, via un échange de cordes fermées, sont des cylindres. Or nous pouvons décrire ceux-ci en terme d’échange de cordes fermées se propageant d’une brane à l’autre, mais nous pourrions aussi les décrire en terme d’une boucle de cordes ouvertes – en admettant leur existence et qu’elles s’avèrent cohérentes – dont les extrémités seraient attachées à chaque p-branes. A priori rien n’empêche cette identification si elle fonctionne ; donc à une transformation modulaire près, l’expression du diagramme dans ces deux descriptions doit être identique. Du coup, une théorie de cordes ouvertes cohérente avec les théories de cordes fermées de type IIA ou IIB, devrait pouvoir être exprimée, telle que les cordes ouvertes ont les extrémités sont attachées exclusivement à des p-branes. Par similarité au modèle bosonique, ces branes sont nommées Dp𝐷𝑝Dp-branes, du fait des conditions typiquement Dirichlet des cordes ouvertes. Au passage, si le spectre de cordes ouvertes duales est supersymétrique, alors en espace plat, Zanneausubscript𝑍anneauZ_{\text{anneau}} la fonction de partition à l’ordre d’une boucle dans les cordes ouvertes, doit s’annuler similairement au cas des cordes fermées dans le vide.

Les conditions de cohérence entre la description de cordes ouvertes et celle de cordes fermées, ainsi que leur interaction mutuelle, montrent que les D-branes brisent explicitement la supersymétrie et exactement une moitié.

Spectre de cordes ouvertes et état BPS

Pour les cordes ouvertes, il existe aussi des secteurs NS et R et il faut aussi introduire une projection GSO. Il est nécessaire d’avoir sur le bord T=T~𝑇~𝑇T=\widetilde{T} afin que les difféomorphismes y soient bien définis  : il n’y a qu’une seule variable sur chaque bord. Ainsi, par cohérence, les générateurs de supersymétrie sur la surface doivent vérifier une identité semblable mais plus générale G=Ω(G~)𝐺Ω~𝐺G=\Omega(\widetilde{G}) avec ΩΩ\Omega un automorphisme. On en déduit que les cordes ouvertes ne vérifient qu’une seule supersymétrie de surface, soit N=1𝑁1N=1. Le spectre résultant ne peut quant à lui que suivre cette contrainte, puisqu’il n’y a plus qu’un seul secteur indépendant qui est soit NS soit R – dans le secteur R, nous avons un vide fondamental spinoriel simplement 𝟏𝟔16\bf 16 soit les degrés de liberté d’un seul spineur en dimension 10. Le générateur de supersymétrie d’espace-cible est donc unique le long des cordes ouvertes et 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1.

Or les cordes ouvertes se couplant à des cordes fermées, le spectre résultant de ces dernières ne peut que vérifier également une supersymétrie 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1. Nous obtenons donc que les D-branes brisent spontanément la supersymétrie 𝒩=2𝒩2{\mathcal{N}}=2 en 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1 et que ces objets sont par conséquent des états 1/2121/2-BPS. Autrement dit, dans le bulk la théorie est a priori maximalement supersymétrique mais le spectre des cordes émises et reçues par la brane doit en briser la moitié.

Branes chargées et anti-branes

Nous devons maintenant introduire les anti-branes que nous présenterons de trois manières différentes mais complémentaires. Tout d’abord notons que les D-branes sont des objets chargés, du fait entre autre qu’elles sont couplées aux champs différentiels de jauge R-R des théories IIA et IIB. Ce couplage est effectivement décrit par un terme de type Chern-Simons222222Techniquement, il comprend aussi des termes de couplages aux champs F𝐹F et B𝐵B, mais nous les négligerons pour l’instant.. Pour une Dp𝐷𝑝Dp-brane de charge Qpsubscript𝑄𝑝Q_{p} nous aurons :

SCS=Qpp+1C(p+1)subscript𝑆𝐶𝑆subscript𝑄𝑝subscript𝑝1subscript𝐶𝑝1\displaystyle S_{CS}=Q_{p}\int_{p+1}C_{(p+1)} (2.4.28)

avec C(p+1)subscript𝐶𝑝1C_{(p+1)} la n-forme différentielle correspondante au champ de jauge autorisée en type IIA (p pair) et en type IIB (p impair). Cela est tel que l’intégrale de flux de ce champ autour de la brane, c’est-à-dire le long d’une sphère Sdp2superscript𝑆𝑑𝑝2S^{d-p-2} est :

QpSdp2dCp+1proportional-tosubscript𝑄𝑝subscriptsuperscript𝑆𝑑𝑝2𝑑subscript𝐶𝑝1\displaystyle Q_{p}\propto\int_{S^{d-p-2}}\star dC_{p+1} (2.4.29)

Nous avons utilisé le dual de Hodge \star comme habituellement. En outre, la charge n’est pas ici une donnée continue, mais elle est quantifiée. La raison est simple : le couplage de la brane aux champs de jauge suggère que les équations de mouvement de ces derniers soient de type Maxwell et Bianchi. Or la dualité de Poincaré des formes différentielles implique qu’un champ donné peut agir comme champ électrique pour une brane ou comme champ magnétique pour une autre – duale à la première du coup. L’étude du monopole de Dirac permet ensuite de déduire que, les branes étant chargées électriquement et magnétiquement, il faut quantifier les charges. Sachant que rien n’impose la positivité absolue des charges, il doit donc exister autant d’objets de charges négatives que d’objets de charges positives. Dans l’absolu, il peut aussi exister des objets fondamentaux non-chargés et on verra que ceux-ci sont non BPS, c’est-à-dire qu’ils brisent totalement la supersymétrie d’espace-cible – ils seront importants pour nous car ils peuvent admettre des tachyons dans leur spectre.

Par conséquent, nous avons des branes (Q>0𝑄0Q>0), des anti-branes (Q<0𝑄0Q<0) et des branes non BPS (Q=0𝑄0Q=0).

Supersymétrie et anti-brane

Une manière complémentaire de les introduire est d’étudier la brisure de supersymétrie induite par les conditions aux bords des cordes ouvertes. L’étude de l’effet de la T-dualité sur les fermions montre que la chiralité du secteur droit est inversée, de sorte que nous avons effectivement que IIBIIAIIBIIA\text{IIB}\leftrightarrow\text{IIA} par T-dualité. Il en résulte l’introduction d’un opérateur de transformation de parité βsuperscript𝛽perpendicular-to\beta^{\perp} dans l’espace-cible agissant sur les spineurs [98, 6]. Le symbole perpendicular-to\perp signifie que la parité n’agit que sur les coordonnées transverses à la brane. S’il s’agit d’une Dp𝐷𝑝Dp-brane les conventions d’indices a=0p𝑎0𝑝a=0\ldots p et i=p+110𝑖𝑝110perpendicular-toi=p+1\ldots 10\in\,\perp sont choisies. Cet opérateur est explicitement :

βp=mβmavec βm=ΓΓmformulae-sequencesuperscriptsubscript𝛽𝑝perpendicular-tosubscriptproduct𝑚perpendicular-tosuperscript𝛽𝑚avec superscript𝛽𝑚ΓsuperscriptΓ𝑚\displaystyle\beta_{p}^{\perp}=\prod_{m\in\perp}\beta^{m}\qquad\text{avec }\quad\beta^{m}=\Gamma\Gamma^{m} (2.4.30)

Nous avons utilisé les matrices ΓμsuperscriptΓ𝜇\Gamma^{\mu} généralisées à toute dimension. La matrice ΓΓ\Gamma est la généralisation de γ5subscript𝛾5\gamma_{5}. La supersymétrie non brisée correspond aux générateurs :

(Qp)α=Qα+(βpQ~)αsubscriptsubscript𝑄𝑝𝛼subscript𝑄𝛼subscriptsubscriptsuperscript𝛽perpendicular-to𝑝~𝑄𝛼\displaystyle(Q_{p})_{\alpha}=Q_{\alpha}+\left(\beta^{\perp}_{p}\widetilde{Q}\right)_{\alpha} (2.4.31)

La condition aux bords peut en réalité être plus générale, car on pourrait aussi bien appliquer une transformation d’espace-cible ΩΩ\Omega sur les spineurs donc sur Qpsubscript𝑄𝑝Q_{p}, Q𝑄Q et Q~~𝑄\widetilde{Q} de telle sorte que cela peut se réécrire en terme d’une transformation de βpsubscriptsuperscript𝛽perpendicular-to𝑝\beta^{\perp}_{p} :

(Qp)α=Qα+(Ω1(βp)Q~)αsubscriptsubscript𝑄𝑝𝛼subscript𝑄𝛼subscriptsuperscriptΩ1subscriptsuperscript𝛽perpendicular-to𝑝~𝑄𝛼\displaystyle(Q_{p})_{\alpha}=Q_{\alpha}+\left(\Omega^{-1}(\beta^{\perp}_{p})\widetilde{Q}\right)_{\alpha} (2.4.32)

La transformation la plus simple est une rotation – la plus générale correspond à une transformation de Poincaré – dans l’espace transverse à la brane. Alors [98, 6] :

(Qp)α=Qα+(ρ1βpρQ~)αsubscriptsubscript𝑄𝑝𝛼subscript𝑄𝛼subscriptsuperscript𝜌1subscriptsuperscript𝛽perpendicular-to𝑝𝜌~𝑄𝛼\displaystyle(Q_{p})_{\alpha}=Q_{\alpha}+\left(\rho^{-1}\beta^{\perp}_{p}\rho\,\widetilde{Q}\right)_{\alpha} (2.4.33)

Or la formule reliant la supersymétrie à la charge R-R, est :

{Qα,Q~¯β}=2pQM1MpRϵM1Mp(βΓ0)αβsubscript𝑄𝛼subscript¯~𝑄𝛽2subscript𝑝subscriptsuperscript𝑄𝑅subscript𝑀1subscript𝑀𝑝superscriptitalic-ϵsubscript𝑀1subscript𝑀𝑝subscriptsuperscript𝛽perpendicular-tosuperscriptΓ0𝛼𝛽\displaystyle\left\{Q_{\alpha},\overline{\widetilde{Q}}_{\beta}\right\}=-2\sum_{p}Q^{R}_{M_{1}\ldots M_{p}}\epsilon^{M_{1}\ldots M_{p}}\left(\beta^{\perp}\Gamma^{0}\right)_{\alpha\beta} (2.4.34)

Et par conséquent, nous aurons via la transformation ΩΩ\Omega :

{Qα,Q~¯β}=2pQM1MpRϵM1Mp(Ω(β)Γ0)αβsubscript𝑄𝛼subscript¯~𝑄𝛽2subscript𝑝subscriptsuperscript𝑄𝑅subscript𝑀1subscript𝑀𝑝superscriptitalic-ϵsubscript𝑀1subscript𝑀𝑝subscriptΩsuperscript𝛽perpendicular-tosuperscriptΓ0𝛼𝛽\displaystyle\left\{Q_{\alpha},\overline{\widetilde{Q}}_{\beta}\right\}=-2\sum_{p}Q^{R}_{M_{1}\ldots M_{p}}\epsilon^{M_{1}\ldots M_{p}}\left(\Omega(\beta^{\perp})\Gamma^{0}\right)_{\alpha\beta} (2.4.35)

En l’occurrence pour ce qui nous intéresse, si Ω=1Ω1\Omega=-1, autrement dit si ρ𝜌\rho est une rotation de π𝜋\pi dans une direction transverse donnée, nous avons immédiatement que Ω(QR)=QRΩsuperscript𝑄𝑅superscript𝑄𝑅\Omega(Q^{R})=-Q^{R}. Le cas de rotation quelconque est moins trivial mais est intéressant car en présence d’une autre brane fixée, l’angle d’intersection est un paramètre tel que pour des valeurs génériques la supersymétrie est totalement brisée [98, 29, 65], sauf dans certaines configurations [119] qui peuvent être 1/4141/4, 1/8181/8, 3/163163/16 ou 1/161161/16 BPS.

Nous en concluons qu’une anti-brane est une brane tournée de 180superscript180180^{\circ} dans l’espace transverse. Remarquons maintenant que les supersymétries conservées par l’anti-brane sont complètement orthogonales à celles conservées par la brane correspondante, puisqu’il s’agit précisément des supersymétries brisées dans son cas.

Etats de bord et anti-brane

Enfin, brane et antibrane peuvent être introduites en utilisant le formalisme des états de bords [41, 40, 42]. Un état de bord est défini de telle sorte qu’il vérifie les conditions de bord subies par les différentes algèbres sur la surface de corde. Soit |Bp,aμ,ζket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜁\left|Bp,a^{\mu},\zeta\right> l’état de la brane localisée en aμsuperscript𝑎𝜇a^{\mu} avec ζ=±1𝜁plus-or-minus1\zeta=\pm 1 la structure de spin – condition de collage entre modes droit et gauche des spineurs sur le bord. En suivant la construction de Garberdiel [41] avec ses conventions, cet état doit vérifier dans la jauge du cône de lumière (μ=0,1𝜇0.1\mu=0,1) qui sont des coordonnées définies Dirichlet et sont donc transverses, sur le bord du disque :

pb|Bp,aμ,η=0superscript𝑝𝑏ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle p^{b}\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 b=2p+2𝑏2𝑝2\displaystyle b=2\ldots p+2
(αnb+α~nb)|Bp,aμ,η=0subscriptsuperscript𝛼𝑏𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑏𝑛ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle(\alpha^{b}_{n}+\widetilde{\alpha}^{b}_{-n})\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 b=2p+2𝑏2𝑝2\displaystyle b=2\ldots p+2
(αnμα~nμ)|Bp,aμ,η=0subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle(\alpha^{\mu}_{n}-\widetilde{\alpha}^{\mu}_{-n})\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 μ=p+39𝜇𝑝39\displaystyle\mu=p+3\ldots 9
(xμaμ)|Bp,aμ,η=0superscript𝑥𝜇superscript𝑎𝜇ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle(x^{\mu}-a^{\mu})\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 μ=0,1,p+39𝜇0.1𝑝39\displaystyle\mu=0,1,p+3\ldots 9
(ψrb+iηψ~rb)|Bp,aμ,η=0subscriptsuperscript𝜓𝑏𝑟𝑖𝜂subscriptsuperscript~𝜓𝑏𝑟ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle(\psi^{b}_{r}+i\eta\widetilde{\psi}^{b}_{-r})\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 b=2p+2𝑏2𝑝2\displaystyle b=2\ldots p+2
(ψrμiηψ~rμ)|Bp,aμ,η=0subscriptsuperscript𝜓𝜇𝑟𝑖𝜂subscriptsuperscript~𝜓𝜇𝑟ket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂0\displaystyle(\psi^{\mu}_{r}-i\eta\widetilde{\psi}^{\mu}_{-r})\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>=0 μ=p+39𝜇𝑝39\displaystyle\mu=p+3\ldots 9 (2.4.36)

et quelque soit le secteur (NS ou R). Notons que cet état ne peut que décrire un D-instanton, à cause des conditions Dirichlet le long des coordonnées du cône de lumière. Cependant, Gaberdiel explique qu’il est possible de revenir à une définition de brane standard par double rotation de Wick : une sur X0superscript𝑋0X^{0} et une autre sur une coordonnée spatiale longitudinale à la brane. Cette manière de faire permet de s’abstraire des problèmes de normes négatives de long de la direction temporelle.

L’état de bord précédent s’exprime par transformée de Fourier à une normalisation près en fonction de l’état cohérent |Bp,kμ,ηket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂\left|Bp,k^{\mu},\eta\right> :

|Bp,aμ,ημ=0,1,p+3,9dkμeikμaμ|Bp,kμ,ηproportional-toket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂subscriptproduct𝜇0.1𝑝39dsuperscript𝑘𝜇superscript𝑒𝑖subscript𝑘𝜇superscript𝑎𝜇ket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂\displaystyle\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>\propto\int\prod_{\mu=0,1,p+3,\ldots 9}\text{d}k^{\mu}\,e^{ik_{\mu}a^{\mu}}\left|Bp,k^{\mu},\eta\right> (2.4.37)

Cet état cohérent est maintenant donné par :

|Bp,kμ,η=exp(n>0[1na=2p+2αnaα~na+1nμ=p+39αnμα~nμ]+iηr>0[a=2p+2ψnaψ~na+μ=p+39ψnμψ~nμ])|Bp,kμ,η(0)ket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂subscript𝑛0delimited-[]1𝑛superscriptsubscript𝑎2𝑝2subscriptsuperscript𝛼𝑎𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝑎𝑛1𝑛superscriptsubscript𝜇𝑝39subscriptsuperscript𝛼𝜇𝑛subscriptsuperscript~𝛼𝜇𝑛𝑖𝜂subscript𝑟0delimited-[]superscriptsubscript𝑎2𝑝2subscriptsuperscript𝜓𝑎𝑛subscriptsuperscript~𝜓𝑎𝑛superscriptsubscript𝜇𝑝39subscriptsuperscript𝜓𝜇𝑛subscriptsuperscript~𝜓𝜇𝑛superscriptket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂0\left|Bp,k^{\mu},\eta\right>=\exp\Bigg{(}\sum_{n>0}\left[-\frac{1}{n}\sum_{a=2}^{p+2}\alpha^{a}_{-n}\widetilde{\alpha}^{a}_{-n}+\frac{1}{n}\sum_{\mu=p+3}^{9}\alpha^{\mu}_{-n}\widetilde{\alpha}^{\mu}_{-n}\right]\\ +i\eta\sum_{r>0}\left[-\sum_{a=2}^{p+2}\psi^{a}_{-n}\widetilde{\psi}^{a}_{-n}+\sum_{\mu=p+3}^{9}\psi^{\mu}_{-n}\widetilde{\psi}^{\mu}_{-n}\right]\Bigg{)}\left|Bp,k^{\mu},\eta\right>^{(0)} (2.4.38)

avec n𝑛n entier ou demi-entier suivant le secteur (R ou NS) et |Bp,kμ,η(0)superscriptket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂0\left|Bp,k^{\mu},\eta\right>^{(0)} l’état fondamental de moment ka=0superscript𝑘𝑎0k^{a}=0 et kμ0superscript𝑘𝜇0k^{\mu}\neq 0 et tel que dans le secteur R-R :

(ψ0a+iηψ~0a)|Bp,kμ,ηRR(0)=0subscriptsuperscript𝜓𝑎0𝑖𝜂subscriptsuperscript~𝜓𝑎0superscriptsubscriptket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂𝑅𝑅00\displaystyle(\psi^{a}_{0}+i\eta\widetilde{\psi}^{a}_{0})\left|Bp,k^{\mu},\eta\right>_{RR}^{(0)}=0 a=2p+2𝑎2𝑝2\displaystyle a=2\ldots p+2
(ψ0μiηψ~0μ)|Bp,kμ,ηRR(0)=0subscriptsuperscript𝜓𝜇0𝑖𝜂subscriptsuperscript~𝜓𝜇0superscriptsubscriptket𝐵𝑝superscript𝑘𝜇𝜂𝑅𝑅00\displaystyle(\psi^{\mu}_{0}-i\eta\widetilde{\psi}^{\mu}_{0})\left|Bp,k^{\mu},\eta\right>_{RR}^{(0)}=0 μ=p+39𝜇𝑝39\displaystyle\mu=p+3\ldots 9 (2.4.39)

Dans le secteur NS-NS, l’état de bord vérifie du fait de la définition fantomatique du vide NS-NS, c’est-à-dire (1)F|0NS=|0NSsuperscript1𝐹subscriptket0𝑁𝑆subscriptket0𝑁𝑆(-1)^{F}\left|0\right>_{NS}=-\left|0\right>_{NS} :

(1)F|Bp,aμ,ηNSNS=|Bp,aμ,ηNSNSsuperscript1𝐹subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑁𝑆𝑁𝑆\displaystyle(-1)^{F}\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>_{NSNS}=-\left|Bp,a^{\mu},-\eta\right>_{NSNS}
(1)F~|Bp,aμ,ηNSNS=|Bp,aμ,ηNSNSsuperscript1~𝐹subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑁𝑆𝑁𝑆\displaystyle(-1)^{\widetilde{F}}\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>_{NSNS}=-\left|Bp,a^{\mu},-\eta\right>_{NSNS} (2.4.40)

De sorte que seule la combinaison |Bp,aμNSNS=|Bp,aμ,+NSNS|Bp,aμ,NSNSsubscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑁𝑆𝑁𝑆\left|Bp,a^{\mu}\right>_{NSNS}=\left|Bp,a^{\mu},+\right>_{NSNS}-\left|Bp,a^{\mu},-\right>_{NSNS} est invariante GSO en théorie IIA ou IIB. Je rappelle qu’il faut une chiralité (+) dans le secteur NS, d’après (2.3.3). Dans le secteur R-R on trouvera cependant :

(1)F|Bp,aμ,ηRR=|Bp,aμ,ηRRsuperscript1𝐹subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑅𝑅subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑅𝑅\displaystyle(-1)^{F}\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>_{RR}=\left|Bp,a^{\mu},-\eta\right>_{RR}
(1)F~|Bp,aμ,ηRR=(1)p+1|Bp,aμ,ηRRsuperscript1~𝐹subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑅𝑅superscript1𝑝1subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝜂𝑅𝑅\displaystyle(-1)^{\widetilde{F}}\left|Bp,a^{\mu},\eta\right>_{RR}=(-1)^{p+1}\left|Bp,a^{\mu},-\eta\right>_{RR} (2.4.41)

Ce qui donne encore une seule combinaison invariante GSO |Bp,aμRR=|Bp,aμ,+RR+|Bp,aμ,RRsubscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑅𝑅subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑅𝑅subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑅𝑅\left|Bp,a^{\mu}\right>_{RR}=\left|Bp,a^{\mu},+\right>_{RR}+\left|Bp,a^{\mu},-\right>_{RR} pour p𝑝p pair en type IIA et p𝑝p impair en type IIB. L’état de bord complet de la brane est la combinaison linéaire des deux secteurs. La dualité corde ouverte/corde fermée de la fonction de partition cylindrique impose que les normalisations relative et absolue soient spécifiquement fixées. Ainsi nous avons deux états distincts :

|Dp,aμ=|Bp,aμNSNS+|Bp,aμRRket𝐷𝑝superscript𝑎𝜇subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑅𝑅\displaystyle\left|Dp,a^{\mu}\right>=\left|Bp,a^{\mu}\right>_{NSNS}+\left|Bp,a^{\mu}\right>_{RR}
|D¯p,aμ=|Bp,aμNSNS|Bp,aμRRket¯𝐷𝑝superscript𝑎𝜇subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑁𝑆𝑁𝑆subscriptket𝐵𝑝superscript𝑎𝜇𝑅𝑅\displaystyle\left|\overline{D}p,a^{\mu}\right>=\left|Bp,a^{\mu}\right>_{NSNS}-\left|Bp,a^{\mu}\right>_{RR} (2.4.42)

Parmi lesquels nous distinguons la brane (+)(+) et l’anti-brane232323La brane tournée d’un angle quelconque a un état de bord plus compliqué à calculer [22]. ()(-). Il parait donc que par rotation de π𝜋\pi, seul le secteur R-R est modifié, ce qui est naturel puisqu’il est spinoriel à la différence du secteur NS-NS.

2.4.5 Systèmes de branes BPS et non BPS

Nous pouvons construire toute sorte de systèmes de branes, coïncidentes [88], séparées, secantes avec angles [98, 29, 65, 60], non secantes avec angles [60], boostées [25, 27, 60] etc. Nous étudierons rapidement un simple système de deux branes identiques parallèles puis le système d’une brane parallèle à une anti-brane.

Système de deux branes parallèles

La fonction de partition cylindrique calculée par échange de cordes fermées entre ces deux branes s’exprime simplement par :

0dDp,aμ|eHc|Dp,bμsuperscriptsubscript0dquantum-operator-product𝐷𝑝superscript𝑎𝜇superscript𝑒subscript𝐻𝑐𝐷𝑝superscript𝑏𝜇\displaystyle\int_{0}^{\infty}\text{d}\ell\left<Dp,a^{\mu}\right|e^{-\ell H_{c}}\left|Dp,b^{\mu}\right> (2.4.43)

avec Hcsubscript𝐻𝑐H_{c} l’hamiltonien de cordes fermées dont les détails se trouvent dans [41]. Avec les renormalisations correctes, elle vaut simplement après transformation modulaire =1/2t12𝑡\ell=1/2t la fonction de partition annulaire des cordes ouvertes projetées GSO :

0dt2t(TrNS1+(1)F2e2tHoTrR1+(1)F2e2tHo)superscriptsubscript0d𝑡2𝑡subscriptTr𝑁𝑆1superscript1𝐹2superscript𝑒2𝑡subscript𝐻𝑜subscriptTr𝑅1superscript1𝐹2superscript𝑒2𝑡subscript𝐻𝑜\displaystyle\int_{0}^{\infty}\frac{\text{d}t}{2t}\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\frac{1+(-1)^{F}}{2}e^{-2tH_{o}}-\;\text{Tr}\;_{R}\frac{1+(-1)^{F}}{2}e^{-2tH_{o}}\right) (2.4.44)

Hosubscript𝐻𝑜H_{o} est l’hamiltonien de cordes ouvertes dont les détails peuvent être trouvés également dans [41]. La projection GSO ci-dessus est bien celle qui permet de retrouver une supersymétrie d’espace-cible 𝒩=1𝒩1{\mathcal{N}}=1, car l’intégrande est nul – encore grâce à une identité de Jacobi. Ainsi, le spectre de cordes ouvertes est libre de tachyon : c’est un système stable. Tant que les deux branes sont strictement parallèles, elles conservent les mêmes générateurs de supersymétrie et par conséquent le système a le même degré de supersymétrie qu’une brane seule, c’est-à-dire qu’il est 1/212\nicefrac{{1}}{{2}} BPS.

Système brane-anti-brane

A l’inverse, la projection GSO précédente n’apparaît plus pour une fonction de partition calculée entre une brane et une anti-brane parallèles, ce qui brise donc la supersymétrie et laisse éventuellement apparaître un tachyon :

0dD¯p,aμ|eHc|Dp,bμsuperscriptsubscript0dquantum-operator-product¯𝐷𝑝superscript𝑎𝜇superscript𝑒subscript𝐻𝑐𝐷𝑝superscript𝑏𝜇\displaystyle\int_{0}^{\infty}\text{d}\ell\left<\overline{D}p,a^{\mu}\right|e^{-\ell H_{c}}\left|Dp,b^{\mu}\right> 0dt2t(TrNS1(1)F2e2tHoTrR1(1)F2e2tHo)proportional-toabsentsuperscriptsubscript0d𝑡2𝑡subscriptTr𝑁𝑆1superscript1𝐹2superscript𝑒2𝑡subscript𝐻𝑜subscriptTr𝑅1superscript1𝐹2superscript𝑒2𝑡subscript𝐻𝑜\displaystyle\propto\int_{0}^{\infty}\frac{\text{d}t}{2t}\left(\;\text{Tr}\;_{NS}\frac{1-(-1)^{F}}{2}e^{-2tH_{o}}-\;\text{Tr}\;_{R}\frac{1-(-1)^{F}}{2}e^{-2tH_{o}}\right) (2.4.45)

Le problème est que la projection sur le secteur NS autorise le fondamental de cordes ouvertes à exister dans le secteur interbranaire, puisqu’il est de chiralité négative de part sa nature fantomatique. Soit y1subscript𝑦1\vec{y_{1}} et y2subscript𝑦2\vec{y_{2}} les positions spatiales des deux branes. Nous identifions naturellement ynorm𝑦\left\|\vec{y}\right\| avec la distance les séparant. Par exemple, pour une D-particule et une anti D-particule, nous aurons [9] explicitement :

Z𝑍\displaystyle Z 0dt2t(2πt)3/2et2y24π2αη(it)9θ1(0|it)α=2,3,4{,+,+}eαθα(0|it)4proportional-toabsentsuperscriptsubscript0d𝑡2𝑡superscript2𝜋𝑡32superscript𝑒𝑡2superscript𝑦24superscript𝜋2superscript𝛼𝜂superscript𝑖𝑡9subscript𝜃1conditional0𝑖𝑡superscriptsubscript𝛼2.3.4subscript𝑒𝛼subscript𝜃𝛼superscriptconditional0𝑖𝑡4\displaystyle\propto\int_{0}^{\infty}\frac{\text{d}t}{2t}(2\pi t)^{-3/2}e^{-\frac{t}{2}\frac{\vec{y}^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}}\frac{\eta(it)^{-9}}{\theta_{1}(0|it)}\sum_{\alpha=2,3,4}^{\left\{-,+,+\right\}}e_{\alpha}\theta_{\alpha}(0|it)^{4}
0dt2t(2πt)3/2et2(y24π2α1/2)f(t)proportional-toabsentsuperscriptsubscript0d𝑡2𝑡superscript2𝜋𝑡32superscript𝑒𝑡2superscript𝑦24superscript𝜋2superscript𝛼12𝑓𝑡\displaystyle\propto\int_{0}^{\infty}\frac{\text{d}t}{2t}(2\pi t)^{-3/2}e^{-\frac{t}{2}(\frac{\vec{y}^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}-1/2)}f(t) (2.4.46)

avec e2=e3=e4=1subscript𝑒2subscript𝑒3subscript𝑒41e_{2}=-e_{3}=-e_{4}=-1. La fonction f(t)𝑓𝑡f(t) est telle que f(t0)0𝑓𝑡00f(t\to 0)\to 0 et f(t)1𝑓𝑡1f(t\to\infty)\to 1. Cette intégrale est clairement divergente pour y<π2norm𝑦𝜋2\left\|\vec{y}\right\|<\pi\sqrt{2}. Cette divergence est le fait d’un tachyon  : ce dernier apparaît explicitement en calculant le spectre de cordes ouvertes tendues entre les 2 branes et en appliquant la projection PDD¯=1(1)F2subscript𝑃𝐷¯𝐷1superscript1𝐹2P_{D\bar{D}}=\frac{1-(-1)^{F}}{2} sur les deux secteurs NS et R. En utilisant la même technique que dans le cas bosonique, c’est-à-dire en étudiant la contribution de distance dans le spectre de corde tendue s’enroulant une fois le long d’une direction compacte, et en appliquant la projection, nous trouvons que le spectre des cordes interbranaires est effectivement, en fonction des secteurs :

NSlimit-fromNS\displaystyle\text{NS}-\qquad m2=N+y24π212superscript𝑚2𝑁superscriptnorm𝑦24superscript𝜋212\displaystyle m^{2}=N+\frac{\left\|\vec{y}\right\|^{2}}{4\pi^{2}}-\frac{1}{2}
Rlimit-fromR\displaystyle\text{R}-\qquad m2=N+y24π2superscript𝑚2𝑁superscriptnorm𝑦24superscript𝜋2\displaystyle m^{2}=N+\frac{\left\|\vec{y}\right\|^{2}}{4\pi^{2}} (2.4.47)

Le fondamental NS est bien tachyonique tant que y<π2norm𝑦𝜋2\left\|\vec{y}\right\|<\pi\sqrt{2}. Par conséquent, nous identifions une distance critique c=π2subscript𝑐𝜋2\ell_{c}=\pi\sqrt{2} différente de celle obtenue dans le cas bosonique – nous obtenions alors c=2πsubscript𝑐2𝜋\ell_{c}=2\pi – en laquelle le bi-fondamental est non-massif.

Brane non BPS

A partir du système brane-antibrane que nous venons d’introduire et qui brise totalement la supersymétrie d’espace-cible, nous pouvons construire une brane unique conservant cette propriété. La méthode que Sen [106, 109] utilise pour la construire, consiste à appliquer un certain orbifold sur le système initial. Il obtient ainsi une brane non chargée, puisque le système initial ne l’est pas et non BPS. Sen l’a naturellement appelé brane non-BPS. Cette dernière a une dimension complémentaire242424L’orbifold conserve la dimension de la brane mais transforme IIA en IIB et inversement. des branes BPS, c’est-à-dire qu’elle a p𝑝p impair (pair) en type IIA (IIB), en cohérence avec sa neutralité par comparaison aux champs de jauge disponibles dans ces théories-ci.

Rapidement, nous allons résumer la construction que propose Sen. Partons d’une brane et d’une anti-brane coïncidentes en type IIA (par exemple), c’est-à-dire de dimension p𝑝p pair. Appliquons l’orbifold (1)𝐅Lsuperscript1subscript𝐅𝐿(-1)^{{\bf F}_{L}} qui inverse la parité des spineurs d’espace-cible le long des modes gauches des cordes fermées. Cet orbifold projette, sous la forme 1+(1)𝐅L1superscript1subscript𝐅𝐿1+(-1)^{{\bf F}_{L}} par exemple dans le calcul d’une fonction de partition toroïdale, la théorie de type IIA sur celle de type de IIB. En outre, l’effet sur l’état de bord de la brane de cet opérateur est de modifier le signe devant l’état |BpRRsubscriptket𝐵𝑝𝑅𝑅\left|Bp\right>_{RR} dans (2.4.4) et par conséquent (1)𝐅Lsuperscript1subscript𝐅𝐿(-1)^{{\bf F}_{L}} transforme une brane en une antibrane. Ainsi, seul le système de ces deux objets est invariant par cet orbifold.

Maintenant, de même qu’en théorie bosonique, nous introduisons des facteurs de Chan-Paton pour représenter les divers secteurs de cordes ouvertes sur le système brane-antibrane. Puisque nous avons 2 branes, le groupe de jauge est U(2)𝑈2U(2) et nous utiliserons encore les matrices de Pauli σ0,1,2,3superscript𝜎0.1.2.3\sigma^{0,1,2,3}. Or nous avons dit que (1)𝐅Lsuperscript1subscript𝐅𝐿(-1)^{{\bf F}_{L}} échange la brane et l’antibrane ; par conséquent si ΛΛ\Lambda est un facteur de CP quelconque, la transformation est représentée par le facteur252525Ce pourrait aussi être σ2superscript𝜎2\sigma^{2} mais c’est exactement identique. σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et Λ(σ1)1Λσ1Λsuperscriptsuperscript𝜎11Λsuperscript𝜎1\Lambda\to(\sigma^{1})^{-1}\Lambda\sigma^{1}. De sorte que les seuls facteurs invariants par cette orbifold sont σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et σ0superscript𝜎0\sigma^{0} dont on en déduit que ces deux secteurs sont indépendants, puisque [σ0,σ1]=0superscript𝜎0superscript𝜎10\left[\sigma^{0},\sigma^{1}\right]=0. Par conséquent, la théorie des champs résultante est abélienne.

L’objet que nous obtenons est donc élémentaire, puisque σ3superscript𝜎3\sigma^{3} étant le secteur associé à la position relative de la brane et de l’antibrane a disparu. En outre, il est de dimension anormale par rapport aux branes BPS naturelles. Enfin, comme il est issu du système brane-antibrane, il brise explicitement la supersymétrie et admet éventuellement un – et un seul – tachyon, celui du secteur σ1superscript𝜎1\sigma^{1}, dans son spectre de cordes ouvertes. Dans ce dernier secteur, le spectre de masse est :

NSαm2NSsuperscript𝛼superscript𝑚2\displaystyle\text{NS}\quad\alpha^{\prime}m^{2} =N12absent𝑁12\displaystyle=N-\,\frac{1}{2}
Rαm2Rsuperscript𝛼superscript𝑚2\displaystyle\text{R}\quad\alpha^{\prime}m^{2} =Nabsent𝑁\displaystyle=N (2.4.48)

Typiquement, la brane non BPS est tachyonique donc instable, mais il existe des techniques permettant de stabiliser une telle brane, c’est-à-dire faire disparaître le tachyon. La brane non-BPS a été très étudiée du point de vue de la condensation du tachyon, qui s’avère mieux contrôlée que dans le cas bosonique, entre autre parce que le potentiel effectif est symétrique et possède des minima stables. L’action effective a été bien contrainte et sa forme est maintenant presque canonique.

Chapitre 3 Généralités : théories effectives et modèle sigma

Nous commençerons ce chapitre en présentant les actions effectives et en précisant les termes. Nous parlerons du potentiel effectif et de l’introduction du tachyon dans ce cadre. Puis dans la section 3.2 nous verrons un cas particulier de construction d’action effective en théorie des cordes qui est le modèle sigma. Puisque cela est lié au groupe de renormalisation nous présenterons dans le même temps les divers schémas de renormalisation et les calculs des équations de flôt – fonctions bêta – que nous utiliserons par la suite.

3.1 Théories effectives : actions, potentiels et tachyon

En théorie quantique des champs [63, 96], l’objet de base est l’action fondamentale sur les champs fondamentaux – quantiques – de la théorie, notée généralement S[ϕ]𝑆delimited-[]italic-ϕS[\phi]. La dynamique complète est encodée dans son expression, qui comprend des termes cinétiques et des termes potentiels. Ces champs sont développés linéairement autour d’une valeur ”classique” résolvant les équations classiques du mouvement, qui en première approximation sont dérivées de l’action fondamentale. En effet, le traitement quantique perturbatif111Ce n’est pas le cas dans le traitement non-perturbatif, qui ne nécessite pas un tel développement. ne peut que concerner des perturbations des champs, des valeurs ”microscopiques” en opposition à des valeurs ”macroscopiques”.

Cependant, la prise en compte d’effets quantiques conduit en général à modifier, parfois drastiquement, les valeurs des champs classiques, qui du coup ne vérifient plus les équations fondamentales du mouvement. En particulier cela se produit en tenant compte des termes divergents et en les soustrayant proprement du calcul – c’est-à-dire renormalisation. Cela amène entre autre à modifier la masse physique en une masse nue. Ainsi le champ fondamental doit vérifier les équations du mouvement en fonction de la masse nue, et le champ ”classique” – c’est-à-dire conforme aux observations – quant à lui doit vérifier les équations du mouvement en fonction de la masse physique. Il existe donc une claire dichotomie entre ce qui est défini fondamentalement et ce qui apparaît (semi)classiquement, c’est-à-dire effectivement.

Nous sommes donc amenés à introduire le concept d’action effective, dont il existe trois définitions, suffisamment différentes pour les distinguer.

3.1.1 Actions effectives

Commençons par ce que l’on pourrait nommer l’action ”semi-classique” effective, généralement notée Γ[φ]Γdelimited-[]𝜑\Gamma[\varphi]. Celle-ci tient compte – idéalement – de tous les effets quantiques et dont les équations du mouvement ont pour solution la valeur ”classique” du champ autour de laquelle la théorie quantique est définie. Cette action effective a donc pour objet un champ classique ”off-shell” ; elle est composée de termes cinétiques et potentiels. En particulier, on définit le potentiel effectif qui, associé à un terme cinétique standard – quadratique dans la dérivée première du champ – doit être minimisé. La valeur du champ classique qui minimise le potentiel effectif est le champ classique ”on-shell”. Il correspond à la valeur observable du champ dans le vide φcl=φsubscript𝜑𝑐𝑙delimited-⟨⟩𝜑\varphi_{cl}=\left<\varphi\right> ; par extension, on l’appelle donc ”vide” de la théorie, car il caractérise l’état macroscopique du vide.

Or, il existe une deuxième définition d’action effective. La théorie des champs fondamentale, en dehors des problèmes de divergences, doit être régularisée pour des raisons associées aux mesures effectuées en laboratoire. En effet, il peut être souhaitable de ne connaître la théorie que jusqu’à une certaine échelle d’énergie – qu’on nommera cut-off – par exemple l’énergie atteinte lors d’une collision dans un accélérateur de particules. Or pour des raisons quantiques, toutes les énergies supérieures à cette échelle sont accessibles au système physique – dans des délais temporels infiniment courts en raison de la relation d’incertitude d’Heisenberg – et vont donc a priori contribuer au processus. Cependant, on peut tenir compte de l’intégralité de ces effets quantiques d’un coup en les regroupant – par intégration – dans un ensemble de termes dans une action effective à l’échelle d’énergie souhaitée. Il s’agit de la construction de l’action effective wilsonienne (voir par exemple [13]) et notée Γμ[ϕ]subscriptΓ𝜇delimited-[]italic-ϕ\Gamma_{\mu}[\phi], avec μ𝜇\mu le cut-off.

Dans la limite où certaines interactions sont hors de portée d’un système pour des raisons énergétiques, il existe aussi une procédure consistant à intégrer tous les champs ne pouvant être produit qu’à travers ces interactions et donc à négliger tous les effets quantiques de haute énergie. L’action obtenue pour le champ étudié est donc une approximation de basse énergie de l’action wilsonienne. Par exemple, en théorie des particules, l’échelle d’énergie est souvent très basse par rapport à MGUT=1015GeVsubscript𝑀𝐺𝑈𝑇superscript1015GeVM_{GUT}=10^{15}\,\text{GeV}, qui est la limite à laquelle le modèle standard dans sa définition fondamentale cesse d’être pertinent ; donc l’expression de l’action du modèle standard n’est a priori qu’une approximation d’une théorie plus fondamentale.

Ainsi, oune action effective de basse énergie est également introduit. Elle est notée généralement Seff[ϕ]subscript𝑆𝑒𝑓𝑓delimited-[]italic-ϕS_{eff}[\phi] et telle que :

Γμ[ϕ]EμSeff[ϕ]+o(Eμ)superscriptsimilar-tomuch-less-than𝐸𝜇subscriptΓ𝜇delimited-[]italic-ϕsubscript𝑆𝑒𝑓𝑓delimited-[]italic-ϕ𝑜𝐸𝜇\displaystyle\Gamma_{\mu}[\phi]\stackrel{{\scriptstyle E\ll\mu}}{{\sim}}S_{eff}[\phi]+o(\frac{E}{\mu}) (3.1.1)

Insistons bien sur le fait qu’aucune des deux n’est la même action effective que la première définie au-dessus, car ici les champs y apparaissant sont toujours quantiques – on doit toujours les intégrer dans l’intégrale de chemin – et non classiques222Du point de vue des composantes des champs de haute énergie il s’agit bien de la même définition, mais cette action résultante n’est pas explicitement invariante de Lorenz, contrairement à la première.. C’est une distinction importante car on peut avoir à faire à ces deux types d’action effective en théorie des cordes et donc aussi dans l’étude de cette thèse, en particulier lorsque l’on discutera des traitements off-shell de la condensation de tachyon.

Dans la suite nous appellerons donc action effective l’action ΓΓ\Gamma définie selon la première définition. La seconde ΓμsubscriptΓ𝜇\Gamma_{\mu} sera nommée action effective wilsonienne. Enfin la troisième, Seffsubscript𝑆𝑒𝑓𝑓S_{eff} désignera l’action effective de basse énergie.

3.1.2 Minimisation du potentiel effectif

Nous avons vu que le potentiel effectif apparaissant dans l’expression de l’action effective devait être minimisé. C’est un processus classique naturel que l’on retrouve dans diverses applications mécaniques, dans le sens où l’on peut assimiler ce potentiel à une donnée énergétique qu’il convient de minimiser. En l’occurrence, ce comportement apparaît immédiatement dans la résolution des équations du mouvement. Le potentiel effectif possède un ou plusieurs minima locaux et un ou plusieurs minima globaux.

Autour d’un minimum, le potentiel est toujours convexe ; ainsi en première approximation, il y est quadratique et est donc celui d’un oscillateur harmonique – pour les perturbations quantiques du champ autour de sa valeur classique ”constante” correspondante. Le potentiel quadratique y est caractérisé par une constante de couplage que l’on nomme naturellement masse carrée et telle que m20superscript𝑚20m^{2}\geq 0. Autrement dit, l’action fondamentale autour de ce vide pour les perturbations ϕ=δφitalic-ϕ𝛿𝜑\phi=\delta\varphi est à l’ordre quadratique :

S[ϕ]dnx(12μϕμϕm22ϕ2)proportional-to𝑆delimited-[]italic-ϕsuperscriptd𝑛𝑥12subscript𝜇italic-ϕsuperscript𝜇italic-ϕsuperscript𝑚22superscriptitalic-ϕ2\displaystyle S[\phi]\propto\int\text{d}^{n}x\leavevmode\nobreak\ \left(\frac{1}{2}\partial_{\mu}\phi\partial^{\mu}\phi-\frac{m^{2}}{2}\phi^{2}\right) (3.1.2)

En négligeant dans un premier temps les effets quantiques tunnel – non perturbatifs – de décroissance d’un minimum local vers un minimum global, on peut considérer que le ”vide” associé à ce minimum local est stable. Par opposition, toute configuration classique initialement ”constante” en dehors de ce minimum sera instable car appelée à devenir dynamique, dans la direction d’un minimum local.

Il existe donc comme dans toute théorie des champs des solutions statiques et des solutions dynamiques, pouvant chacune avoir éventuellement des dépendances temporelles ou spatiales non triviales. Pour ce qui est des dépendances spatiales, on parle de soliton et pour la dépendance temporelle, on peut parler d’instanton. Mais insistons encore sur le point suivant : chacune de ces solutions classiques représente un vide du point de vue de la théorie des perturbations quantiques autour de la valeur classique du champ.

Ainsi, une théorie quantique des champs est définie dans un vide dépendant soit de l’espace, soit du temps, soit des deux, soit d’aucun. Cependant, la résolution d’une théorie quantique le long d’un vide dont les dépendances spatio-temporelles sont non triviales est peu aisée et en général seule la théorie quantique autour des points de la trajectoire du champ où le vide est constant est décrite. Les configurations pour lesquelles asymptotiquement – à ses extrémités – la trajectoire tend vers un – ou des – vide(s) constant(s), sont particulièrement intéressantes, car le plus souvent topologiquement non-triviales.

3.1.3 Maxima locaux du potentiel et champs tachyoniques
Maxima locaux et tachyons

Les maxima locaux sont des points très particuliers du potentiel effectif, car les configurations constantes en ceux-ci résolvent aussi les équations du mouvement. Or il apparaît immédiatement que ces solutions ne peuvent pas être stables, puisque toute perturbation microscopique entraîne une chute exponentielle du champ classique le long de la pente du potentiel, d’une part ou de l’autre du maximum.

Ainsi, le vide n’est pas quantiquement stable et on ne peut donner de sens au terme de ”perturbation”, ce qui proscrit toute étude perturbative autour d’un tel vide. Cependant, on peut être intéressé par l’étude des trajectoires partant naturellement de ce vide et classer en particulier toutes celles qui rejoignent asymptotiquement un vide stable. C’est exactement le type de solution qui va nous intéresser dans notre étude du tachyon.

En effet, ces maxima sont immédiatement associés à des ”perturbations” tachyoniques dans la théorie quantique correspondante pour la raison suivante. A l’instar de la théorie quantique effective autour d’un minimum du potentiel, on peut développer le potentiel effectif à l’ordre quadratique, c’est-à-dire sous la forme (3.1.2), et obtenir autour du maximum un oscillateur harmonique. L’équation de mouvement du champ est alors simplement (+m2)ϕ=0superscript𝑚2italic-ϕ0(-\square+m^{2})\phi=0 avec =ημνμνsuperscript𝜂𝜇𝜈subscript𝜇subscript𝜈\square=-\eta^{\mu\nu}\partial_{\mu}\partial_{\nu} et m2<0superscript𝑚20m^{2}<0. On identifie donc que la constante de couplage correspondante est une masse carrée négative. De sorte que la perturbation est un tachyon. C’est par exemple la situation que l’on rencontre dans le mécanisme de Higgs.

Tachyons, perturbations et condensation

La notion de perturbation correspond ici à la définition suivante  : valeur de champ suffisamment faible pendant un intervalle de temps fini ou infinitésimal, telle que tout terme d’interaction de la théorie – fondamentale ou effective – peut être traité comme vertex d’interaction à développer autour de la théorie libre du champ. Sachant que le vide où apparaît une perturbation tachyonique est instable, l’intervalle de temps sera d’autant plus court que la masse carrée sera négative. Par la relation d’incertitude d’Heisenberg, nous avons à peu de choses près Δt1/|m|similar-toΔ𝑡1𝑚\Delta t\sim 1/\left|m\right|. Cette relation s’obtient aussi en remarquant que puisque la masse carrée est négative, la masse en elle-même – c’est-à-dire l’énergie au repos – est imaginaire pure. Alors la dépendance temporelle habituelle des modes perturbatifs de la théorie libre qui va comme eiEtsuperscript𝑒𝑖𝐸𝑡e^{iEt} donne pour E=i|m|𝐸𝑖𝑚E=-i\left|m\right| l’évolution temporelle de la ”perturbation” de tachyon e|m|tsuperscript𝑒𝑚𝑡e^{\left|m\right|t} ce dont on déduit la constante de temps donnée plus haut.

A des temps plus élevés que 1/|m|1𝑚1/\left|m\right| nous ne pouvons plus faire sens du terme ”perturbation” et donc fatalement du terme ”particule”. Ceci explique donc que la notion de tachyon en tant que particule n’est donc pas particulièrement bien définie dans le temps. En revanche, si on applique la relation de masse m2=E2p2superscript𝑚2superscript𝐸2superscript𝑝2m^{2}=E^{2}-p^{2} en évitant le domaine d’énergie imaginaire, il faut alors imposer que le vecteur énergie-impulsion est de genre espace, soit que l’impulsion est p2>|m|2superscript𝑝2superscript𝑚2p^{2}>\left|m\right|^{2}. Dans ce contexte, ce qu’on pourrait appeler particule tachyonique viole significativement la causalité sur des distances de l’ordre de 1/|p|<1/|m|1𝑝1𝑚1/\left|p\right|<1/\left|m\right|.

Parce que les modes d’impulsion faible sont inévitablement produits dans le vide instable, le destin du champ tachyonique est donc de rouler le long du potentiel. Pourtant l’issue de ce phénomène est incertaine et dépend fortement de la forme du potentiel effectif. S’il existe des vides stables dans la direction du roulement, alors il est possible que le champ finisse par atteindre au moins un de ces vides et s’y condense en relâchant de l’énergie. In fine nous pouvons espérer obtenir un système exactement défini dans le vide stable. C’est précisément ce qu’on cherche à produire dans le mécanisme de Higgs en imposant au champ un potentiel de type chapeau mexicain [15] qui admet un ensemble de vides stables décrit par U(1)𝑈1U(1). La phase dynamique de condensation n’est en général pas décrite, car la théorie est habituellement étudiée directement autour du vide stable. Cependant la question de cette évolution se pose dans les modèles cosmologiques, entre autre à cause des créations de défauts topologiqueseg. cordes cosmiques.

En effet, l’exploration du potentiel effectif suggère l’existence d’autres modes de condensation : par exemple ces condensations purement spatiales introduisant des défauts topologiques – solitons – interpolant entre plusieurs vides stables distincts333Dans le cas du Higgs, il s’agit de solutions de vortex car l’ensemble des vides stables est continu. L’interpolation est donc angulaire.. Ces défauts seraient comme ”posés” au maximum instable du potentiel, lieu d’échanges de tachyons anti-causaux et donc d’épaisseur 1/|m|similar-toabsent1𝑚\sim 1/\left|m\right|. Des condensations hybrides, que l’on nomme inhomogènes, sont aussi imaginables, telles qu’elles combinent un roulement du champ et une séparation spatiale dans plusieurs vides distincts. Notons que cela est soumis à des conditions sur la conservation de l’énergie car la création de défauts topologiques – des formes de murs de domaines ou de cordes cosmiques dans le cas présent – n’est pas gratuite énergétiquement, comme on le sait bien dans les études des métaux ferromagnétiques à propos des murs de domaines.

3.2 Modèle sigma non linéaire et groupe de renormalisation

Nous allons brièvement présenter ce qu’on entend par modèle sigma et en quoi cela est en relation avec la théorie des cordes. En particulier, nous mettrons cela en contact avec le groupe de renormalisation et les fonctions bêta que nous introduirons dans la section suivante.

3.2.1 Modèle sigma, équations de flots et équations du mouvement

Le modèle sigma est une théorie des champs couplée,dépendant d’un certain nombre de paramètres – dont par exemple la métrique sur l’espace des champs qui apparaît sous la forme κij(ϕ)aϕiaϕjsubscript𝜅𝑖𝑗italic-ϕsubscript𝑎superscriptitalic-ϕ𝑖superscript𝑎superscriptitalic-ϕ𝑗\kappa_{ij}(\phi)\partial_{a}\phi^{i}\partial^{a}\phi^{j}. Le principe est de classer l’ensemble des théories des champs renormalisables et d’éventuellement décrire la topologie de l’espace des théories. Les différentes théories des champs sont caractérisées par des flots de renormalisation des couplages dont les équations de flots sont données par les fonctions bêta du groupe de renormalisation. Parmi ces théories, sont importantes celles qui sont des points fixes du groupe de renormalisation [8, 59]-par définition- invariantes d’échelle. Les CFT font partie de ces types de théories sauf qu’elles sont invariantes d’échelle localement et ont donc, comme nous avons pu le voir, un statut très particulier.

En théorie des cordes, on peut naturellement définir un modèle sigma sur la surface de corde. En effet, l’action de Polyakov sur le plan complexe étant donnée par :

Sp=12παd2zGμν(X)Xμ¯Xνsubscript𝑆𝑝12𝜋superscript𝛼superscriptd2𝑧subscript𝐺𝜇𝜈𝑋superscript𝑋𝜇¯superscript𝑋𝜈\displaystyle S_{p}=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int\text{d}^{2}z\,G_{\mu\nu}(X)\partial X^{\mu}\bar{\partial}X^{\nu} (3.2.1)

nous voyons que la métrique sur les champs X𝑋X est identifiée à la métrique d’espace-cible. Nous disions plus tôt que les théories des cordes devaient être définies invariantes conformes, c’est-à-dire si on veut calculer des éléments de matrice-S on-shell. Autrement dit, l’existence de particules réelles est soumise à condition dans sa description interne et en particulier, nous voyons que le fond géométrique de l’espace-cible sera lui-même contraint, au moins localement. En effet, pour définir une CFT, une condition nécessaire est l’invariance d’échelle globale. Par conséquent, l’équation de flots de Gμνsubscript𝐺𝜇𝜈G_{\mu\nu} doit être schématiquement telle que la métrique en est bien un point fixe :

βG=dGdlnμ=0subscript𝛽𝐺d𝐺d𝜇0\displaystyle\beta_{G}=\frac{\text{d}G}{\text{d}\ln\mu}=0 (3.2.2)

avec μ𝜇\mu le facteur d’échelle de renormalisation. Il semble, dans une certaine mesure, que cela est très similaire à la définition d’une équation du mouvement, quoiqu’une telle équation est dérivée d’un principe de moindre action ; ce qui fait que la relation entre l’équation du mouvement et les fonctions bêta du groupe de renormalisation n’est pas nécessairement triviale [124, 17, 122].

En remarquant que GμνXμ¯Xνsubscript𝐺𝜇𝜈superscript𝑋𝜇¯superscript𝑋𝜈G_{\mu\nu}\partial X^{\mu}\bar{\partial}X^{\nu} est très similaire à l’opérateur de vertex d’un graviton, nous comprenons que tout champ contenu dans le spectre doit pouvoir apparaître également dans l’action sur la surface. En fait, d’après la forme et parce l’action est exponentiée, on comprend que la contribution de la métrique est équivalente à la définition d’un état cohérent de graviton. Par conséquent, il est naturel d’introduire les autres champs de la même manière. Nous aurons ainsi de façon très générale, avec ΦΦ\Phi le dilaton, Bμνsubscript𝐵𝜇𝜈B_{\mu\nu} le Kalb-Ramond, Aμsubscript𝐴𝜇A_{\mu} les champs de jauge de cordes ouvertes et T𝑇T le tachyon de corde ouverte sur le bord, en théorie bosonique444En théorie bosonique on pourrait aussi rajouter le tachyon de corde fermée. ou supersymétrique555L’inclusion des champs R-R ou des fermions est trop délicate nous n’en parlerons pas ici. une action de surface suivante :

Ssurf=12παd2σ{(Gμν(X)ηab+Bμν(X)ϵab)aXμbXν+Φ(X)}+idσaAμ(X)aXμ+dσT(X)subscript𝑆surf12𝜋superscript𝛼superscriptd2𝜎subscript𝐺𝜇𝜈𝑋superscript𝜂𝑎𝑏subscript𝐵𝜇𝜈𝑋superscriptitalic-ϵ𝑎𝑏subscript𝑎superscript𝑋𝜇subscript𝑏superscript𝑋𝜈Φ𝑋𝑖contour-integraldsuperscript𝜎𝑎subscript𝐴𝜇𝑋subscript𝑎superscript𝑋𝜇contour-integrald𝜎𝑇𝑋S_{\text{surf}}=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int\text{d}^{2}\sigma\,\left\{\left(G_{\mu\nu}(X)\,\eta^{ab}+B_{\mu\nu}(X)\,\epsilon^{ab}\right)\partial_{a}X^{\mu}\partial_{b}X^{\nu}+\Phi(X)\,{\mathcal{R}}\right\}\\ +i\oint\text{d}\sigma^{a}\,A_{\mu}(X)\,\partial_{a}X^{\mu}+\oint\text{d}\sigma\,T(X) (3.2.3)

qui définit bien une théorie des champs couplée à 2 dimensions. On parle de chacune de ces contributions en terme de déformation. Il faudrait techniquement ajouter aussi des champs massifs mais nous supposons qu’ils découplent dans la limite α0superscript𝛼0\alpha^{\prime}\to 0. Pour les supercordes, l’action peut s’écrire directement en super-espace, avec σaH+superscript𝜎𝑎subscript𝐻\sigma^{a}\in H_{+} sous la forme :

Ssuper=12παd2zd2θ{(Gμν(𝕏)+Bμν(𝕏))D𝕏μD¯𝕏ν+Φ(𝕏)super}+idσdθAμ(𝕏)D𝕏μ+dσdθT(𝕏)subscript𝑆super12𝜋superscript𝛼superscriptd2𝑧superscriptd2𝜃subscript𝐺𝜇𝜈𝕏subscript𝐵𝜇𝜈𝕏𝐷superscript𝕏𝜇¯𝐷superscript𝕏𝜈Φ𝕏subscript𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟𝑖contour-integrald𝜎d𝜃subscript𝐴𝜇𝕏𝐷superscript𝕏𝜇contour-integrald𝜎d𝜃𝑇𝕏S_{\text{super}}=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int\text{d}^{2}z\text{d}^{2}\theta\,\left\{\left(G_{\mu\nu}(\mathbb{X})+B_{\mu\nu}(\mathbb{X})\right)D\mathbb{X}^{\mu}\bar{D}\mathbb{X}^{\nu}+\Phi(\mathbb{X})\,{\mathcal{R}}_{super}\right\}\\ +i\oint\text{d}\sigma\text{d}\theta\,A_{\mu}(\mathbb{X})\,D\mathbb{X}^{\mu}+\oint\text{d}\sigma\text{d}\theta\,T(\mathbb{X}) (3.2.4)

que l’on peut décomposer après intégration sur les variables de Grassmann en fonction de Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} et ψμsuperscript𝜓𝜇\psi^{\mu} ainsi que leurs homologues anti-holomorphes. Simplement à cause du développement

A(𝕏μ)=A(X)+μA(X)(θψμ+θ¯ψ~μ+θθ¯Fμ)μνA(X)θθ¯ψμψ~ν𝐴superscript𝕏𝜇𝐴𝑋subscript𝜇𝐴𝑋𝜃superscript𝜓𝜇¯𝜃superscript~𝜓𝜇𝜃¯𝜃superscript𝐹𝜇subscript𝜇subscript𝜈𝐴𝑋𝜃¯𝜃superscript𝜓𝜇superscript~𝜓𝜈\displaystyle A(\mathbb{X}^{\mu})=A(X)+\partial_{\mu}A(X)\left(\theta\psi^{\mu}+\bar{\theta}\widetilde{\psi}^{\mu}+\theta\bar{\theta}\,F^{\mu}\right)-\partial_{\mu}\partial_{\nu}A(X)\,\theta\bar{\theta}\,\psi^{\mu}\tilde{\psi}^{\nu} (3.2.5)

Les champs du modèle sigma ne sont donc plus simplement Gμνsubscript𝐺𝜇𝜈G_{\mu\nu} etc. mais aussi leurs dérivées premières et éventuellement secondes.

Maintenant, chacun des champs de (3.2.3) dans son expression en fonction des champs fondamentaux Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} devra schématiquement être solution des équations de flots données par :

βi=dφidlnμ=0 pour tout iformulae-sequencesubscript𝛽𝑖dsubscript𝜑𝑖d𝜇0 pour tout i\displaystyle\beta_{i}=\frac{\text{d}\varphi_{i}}{\text{d}\ln\mu}=0\qquad\text{ pour tout $i$} (3.2.6)

Ce n’est pas l’unique contrainte car cela ne fait que définir une théorie invariante d’échelle globale. Afin d’exprimer une CFT, il faut aussi que les champs soient invariants d’échelle locale, par conséquent, on impose à toutes les déformations d’être des opérateurs primaires – de la CFT libre – c’est-à-dire de poids Δ=(1,1)Δ1.1\Delta=(1,1) dans le bulk et simplement Δ=1Δ1\Delta=1 sur le bord :

Vbulki=d2σgμi𝒪(1,1)(z,z¯)etVbordi=dygyyμi𝒪1(y)formulae-sequencesubscriptsuperscript𝑉𝑖𝑏𝑢𝑙𝑘superscriptd2𝜎𝑔superscript𝜇𝑖subscript𝒪1.1𝑧¯𝑧etsubscriptsuperscript𝑉𝑖𝑏𝑜𝑟𝑑contour-integrald𝑦subscript𝑔𝑦𝑦superscript𝜇𝑖subscript𝒪1𝑦\displaystyle V^{i}_{bulk}=\int\text{d}^{2}\sigma\sqrt{g}\,\mu^{i}\,{\mathcal{O}}_{(1,1)}(z,\bar{z})\qquad\text{et}\qquad V^{i}_{bord}=\oint\text{d}y\,\sqrt{g_{yy}}\,\mu^{i}\,{\mathcal{O}}_{1}(y) (3.2.7)

Parce que l’on s’attend à ce que les équations imposées par les fonctions bêta soient équivalentes à des équations du mouvement dérivées d’une action – en l’occurrence effective – on comprend que les champs lorsqu’ils définissent une CFT correspondent à des solutions classiques de ces équations. Ils forment donc, ce qu’on appelle des fonds ou vides dans le jargon des actions effectives, que nous avons définis dans la section précédente.

L’objectif de l’étude des modèles sigma en théorie des cordes est donc de trouver l’expression de cette action effective dont les équations du mouvement admettent des CFT pour solutions. L’interprétation physique de cette action effective est sujette à caution, car on ne l’assimile pas nécessairement à une action effective définie dans l’espace-cible. Par exemple, dans la définition de l’OSFT – théorie des champs de cordes ouvertes – de Witten [135, 136, 84, 51], l’action effective obtenue est définie sur l’espace des théories des champs et non sur l’espace-cible. En revanche, dans la définition de Tseytlin et al. [3, 125, 4, 127, 123] ils construisent à partir de la fonction de partition off-shell renormalisée et non-intégrée sur les modes zéro xμsuperscript𝑥𝜇x^{\mu} des champs Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu}, une action off-shell définie sur l’espace-cible666Cependant, ils insistent sur certaines ambiguïtés associées à des redéfinitions des champs non fixées par le groupe de renormalisation. En particulier, l’existence de plusieurs schéma de renormalisation nourrit cette ambiguïté car il n’existe pas de schéma naturel et la dépendance des fonctions bêta, dans le schéma, peut être forte.. Nous nous placerons dans ce formalisme plutôt que dans celui de Witten qui est trop difficile à utiliser pour ce que nous avons à calculer.

Dans le formalisme de fonction de partition de Tseytlin et al. l’action est donc construite à partir de la formule suivante :

S[μi]=ZR[μi,R]=dDxμZR[μi,R(x)]𝑆delimited-[]subscript𝜇𝑖subscript𝑍𝑅delimited-[]subscript𝜇𝑖𝑅superscriptd𝐷superscript𝑥𝜇superscriptsubscript𝑍𝑅delimited-[]subscript𝜇𝑖𝑅𝑥\displaystyle S[\mu_{i}]=Z_{R}[\mu_{i,R}]=\int\text{d}^{D}x^{\mu}Z_{R}^{\prime}[\mu_{i,R}(x)] (3.2.8)

μi,Rsubscript𝜇𝑖𝑅\mu_{i,R} sont les couplages μisubscript𝜇𝑖\mu_{i} renormalisés et Zsuperscript𝑍Z^{\prime} la densité de fonction de partition. Les couplages dans ces théories doivent être définis relevants de telle sorte qu’ils ont bien un point fixe UV – ou ,dans la meilleure situation, interpolent entre deux points fixes UV et IR, le long du groupe de renormalisation [59]. A l’inverse, les couplages irrelevants n’ont pas nécessairement – et en général – de point fixe UV en μisuperscript𝜇𝑖\mu^{i}\to\infty et par conséquent la théorie résultante n’est souvent pas renormalisable [127, 75]. Par conséquent, on ne peut pas utiliser les couplages irrelevants comme des perturbations de champs d’espace-cible.

Dans (3.2.8) l’extraction de la mesure sur les modes zéro est naturelle à partir de la mesure de l’intégrale de chemin. En notant Xμ=xμ+X^μsuperscript𝑋𝜇superscript𝑥𝜇superscript^𝑋𝜇X^{\mu}=x^{\mu}+\hat{X}^{\mu} que nous avons séparé en mode zéro + modes d’oscillateurs, elle s’exprime selon :

𝒟DXμ=dDxμ𝒟DX^μsuperscript𝒟𝐷superscript𝑋𝜇superscript𝑑𝐷superscript𝑥𝜇superscript𝒟𝐷superscript^𝑋𝜇\displaystyle\int{\mathcal{D}}^{D}X^{\mu}=\int d^{D}x^{\mu}\int{\mathcal{D}}^{D}\hat{X}^{\mu} (3.2.9)

De sorte que le lagrangien effectif d’espace-cible se définit naturellement par la relation :

(μi)=ZR[μi,R(x)]subscript𝜇𝑖superscriptsubscript𝑍𝑅delimited-[]subscript𝜇𝑖𝑅𝑥\displaystyle{\mathcal{L}}(\mu_{i})=Z_{R}^{\prime}[\mu_{i,R}(x)] (3.2.10)

Cette relation n’est pas tout à fait exacte car elle dépend de la théorie étudiée. En théorie bosonique et en présence de tachyons, la relation doit être modifiée [136, 127] en (μi)=(1+βii)Z[μi]subscript𝜇𝑖1subscript𝛽𝑖subscript𝑖𝑍delimited-[]subscript𝜇𝑖{\mathcal{L}}(\mu_{i})=(1+\beta_{i}\partial_{i})Z[\mu_{i}]. Nous avons enlevé l’indice R par commodité et nous avons noté i=/μisubscript𝑖subscript𝜇𝑖\partial_{i}=\partial/\partial\mu_{i}. En revanche, elle est a priori exacte en théorie supersymétrique. Dans tous les cas, lorsque l’on se place spécifiquement sur une CFT, c’est-à-dire sur une solution des équations du mouvement, nous avons toujours :

onshell(μion)=ZR[μi,Ron(x)]|CFTsubscript𝑜𝑛𝑠𝑒𝑙𝑙subscriptsuperscript𝜇𝑜𝑛𝑖evaluated-atsuperscriptsubscript𝑍𝑅delimited-[]subscriptsuperscript𝜇𝑜𝑛𝑖𝑅𝑥CFT\displaystyle{\mathcal{L}}_{on-shell}(\mu^{on}_{i})=Z_{R}^{\prime}[\mu^{on}_{i,R}(x)]\Bigg{|}_{\text{CFT}} (3.2.11)

Ces formules ont été utilisées avec succès pour obtenir les actions [123, 86] Born-Infeld (BI) mais aussi obtenir les actions effectives de tachyon dans les systèmes brane-antibrane coïncident ou de brane nonBPS [127, 77].

La formule qui relie les équations du mouvement de l’action effective S𝑆S aux fonctions bêta des champs ϕisubscriptitalic-ϕ𝑖\phi_{i} est de manière très générale donnée par :

δSδϕi=κij(ϕ)βj𝛿𝑆𝛿subscriptitalic-ϕ𝑖subscript𝜅𝑖𝑗italic-ϕsubscript𝛽𝑗\displaystyle\frac{\delta S}{\delta\phi_{i}}=\kappa_{ij}(\phi)\beta_{j} (3.2.12)

avec κij(ϕ)subscript𝜅𝑖𝑗italic-ϕ\kappa_{ij}(\phi) un coefficient tel que la covariance est rétablie. Sans ce coefficient, la relation est en générale fausse à cause de l’indépendance dans le schéma de renormalisation de l’équation du mouvement d’une part et la dépendance de la fonction bêta en ces schémas de l’autre. Cependant, si les fonctions bêta sont universelles alors nous pouvons a priori choisir κijsubscript𝜅𝑖𝑗\kappa_{ij} constant et indépendant des champs. Cela se produit lorsque des résonances apparaissent – voir section suivante. Dans ce cas, les divergences sont logarithmiques et les contributions aux fonctions bêta universelles, c’est-à-dire invariantes par changement de schéma de renormalisation.

Pour résumer, si l’on impose à l’action de n’être construite qu’à partir de champs primaires relevants, la condition (3.2.6) suffit à définir une CFT.

3.2.2 Schémas de renormalisation et fonctions bêta

Dans cette section nous allons introduire plus en détail le calcul des fonctions bêta en fonction du schéma de renormalisation choisi. Nous en distinguerons 2 en particulier : le schéma de soustraction minimale et le schéma de Wilson. Le formalisme de renormalisation n’est en effet pas défini de manière unique.

Il existe plusieurs façons de renormaliser et cela commence par le type de régularisation utilisée. Nous parlerons ici des renormalisations des divergences UV uniquement. Nous trouvons la régularisation dimensionnelle qui redéfinit la dimension de l’espace en dε𝑑𝜀d-\varepsilon avec ε𝜀\varepsilon infinitésimale ; elle est souvent utilisée en théorie des champs car elle ne brise pas les invariances de Poincaré ni de jauge – sauf en théorie des cordes. Nous trouvons aussi la régularisation brutale UV qui a le mérite d’être plus immédiate et consiste à poser une limite ultra-violette dans l’espace des impulsions ; le problème est qu’alors la symétrie de Poincaré n’est plus manifeste. Une méthode similaire s’applique directement dans l’espace des positions – on parle alors de point-splitting (en anglais). Elle consiste à décaler infinitésimalement les pôles dans les fonctions de Green autour du point de divergence. Cela revient à tronquer l’espace des positions divergentes en dessous d’un seuil infinitésimal ε𝜀\varepsilon. C’est cette dernière méthode que nous utiliserons sur la surface de corde, car elle ne brise pas l’invariance de Weyl à la différence de son homologue dimensionnelle. Il existe enfin la régularisation zeta, qui consiste à identifier une fonction dans un domaine de paramètres sans divergence et de procéder à la continuation analytique dans le domaine divergent. Mais cela a le désavantage de ne pas prouver que cette dernière est autorisée.

Une fois que la régularisation est choisie, il reste à se placer dans un certain schéma de renormalisation. Il s’agit d’une méthode permettant d’extraire les divergences dépendant du paramètre infinitésimal ε𝜀\varepsilon dans un calcul d’amplitude. La méthode de soustraction minimale consiste à retrancher les divergences en insérant un ensemble de contreterme dans la définition de l’action et en espérant – il faut ultimement le vérifier – que l’ajout du contreterme ne rajoute pas plus de divergences qu’il n’en enlève. La méthode de Wilson consiste à laisser les couplages dépendre explicitement de ε𝜀\varepsilon de telle sorte que les divergences s’annulent ordre par ordre dans l’amplitude. Dans chacun de ces cas, il existe une définition des fonctions bêta que nous allons maintenant aborder en détail.

Schéma minimal de soustraction

Ce schéma de renormalisation pose comme principe que toute divergence UV surgissant dans un calcul d’amplitude – par exemple une fonction de partition – doit être soustraite par le biais d’un ensemble de contretermes ajouté à l’action fondamentale. Ceci amène à définir, comme à l’accoutumée en théorie des champs, des couplages physiques μ𝜇\mu et des couplages nus μBsubscript𝜇𝐵\mu_{B}. En l’occurrence, dans le cas qui nous occupe, nous avons une théorie fondamentale définie sur une surface délimitée par un bord, par exemple le demi-plan supérieur H+subscript𝐻H_{+}. Supposons que seuls les couplages de bord sont non-triviaux et sont appelés à être renormalisés. Nous définissons donc l’action complète renormalisée et déformée777On nomme déformation, et on la note génériquement δS𝛿𝑆\delta S, tout terme supplémentaire à l’action de la théorie fondamentale libre telle que S=Sf+δS𝑆subscript𝑆𝑓𝛿𝑆S=S_{f}+\delta S. selon :

SR=Sbulk+aμBaϕa=Sbulk+aha1μaϕa+Sctsubscript𝑆𝑅subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝑎subscriptsuperscript𝜇𝑎𝐵subscriptcontour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝑎superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎subscriptcontour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎subscript𝑆𝑐𝑡\displaystyle S_{R}=S_{bulk}+\sum_{a}\mu^{a}_{B}\oint_{\mathbb{R}}\phi_{a}=S_{bulk}+\sum_{a}\ell^{h_{a}-1}\mu^{a}\oint_{\mathbb{R}}\phi_{a}+S_{ct} (3.2.13)

où les champs primaires ϕasuperscriptitalic-ϕ𝑎\phi^{a} forment un ensemble complet et fermé par OPE :

ϕa(x)ϕb(y)=cCabc(xy)ha+hbhcϕc(y)subscriptitalic-ϕ𝑎𝑥subscriptitalic-ϕ𝑏𝑦subscript𝑐superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝑥𝑦subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐subscriptitalic-ϕ𝑐𝑦\displaystyle\phi_{a}(x)\phi_{b}(y)=\sum_{c}\frac{C_{ab}^{\hphantom{ab}c}}{(x-y)^{h_{a}+h_{b}-h_{c}}}\phi_{c}(y) (3.2.14)

et nous avons introduit l’échelle de renormalisation \ell. Très schématiquement, on retranche brutalement les divergences UV et on étudie le flot de renormalisation résultant des couplages physiques ; autrement dit, il faut comprendre que le cut-off UV n’est pas une échelle, mais simplement, une régularisation dont le résultat final ne dépend pas.

Le choix est fait ici, d’introduire les cut-offs dans l’espace des positions et non dans celui des moments comme il est fait habituellement en théorie des champs pour la simple raison que la théorie libre est ici une CFT et que les corrélateurs sont connus exactement dans cet espace. La régularisation utilisée – nommée point-splitting en anglais – consiste à empêcher les opérateurs de s’approcher à moins de ε𝜀\varepsilon et de s’éloigner de plus de L𝐿L. Cela revient à ajouter, dans toute OPE à 2 points, les fonctions thêta de Heaviside θ(|xy|ϵ)θ(L|xy|)𝜃𝑥𝑦italic-ϵ𝜃𝐿𝑥𝑦\theta(|x-y|-\epsilon)\theta(L-|x-y|). Cette régularisation brise explicitement la symétrie de Poincaré sur la surface, mais puisque le résultat final ne doit pas dépendre des cut-offs, elle n’est juste plus manifeste dans le développement mais recouverte in fine.

Les contretermes Sctsubscript𝑆𝑐𝑡S_{ct} doivent générer toutes les soustractions de divergences obtenues par OPE des déformations μaϕasuperscript𝜇𝑎subscriptcontour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎\mu^{a}\oint_{\mathbb{R}}\phi_{a}. En d’autres termes, par développement de eSctsuperscript𝑒subscript𝑆𝑐𝑡e^{-S_{ct}} toutes ces divergences doivent être supprimées de telle sorte que l’amplitude à calculer converge, dans la limite \ell\to\infty.

Nous pouvons calculer sans difficulté ces contretermes au deuxième ordre dans les couplages. Supposons que nous calculions une amplitude dont les insertions ont des OPE régulières avec la déformation (OPE régulière). Cela revient à s’intéresser à la fonction de partition888La résolution des divergences de la fonction de partition doit résoudre automatiquement le problème des divergences apparaissant par OPE avec des insertions, parce que la fonction de partition génère toutes les amplitudes. d’une théorie des champs réduite. On se s’intéresse donc ici qu’aux OPE internes au développement du facteur eδSsuperscript𝑒𝛿𝑆e^{-\delta S}. Du coup, nous avons :

eaha1μaϕa=1aha1μaϕa+12a,bha+hb2μaμb(L,ε)ϕaϕb+superscript𝑒subscript𝑎superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎1subscript𝑎superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎12subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝑎subscript𝑏2superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏contour-integralsubscriptcontour-integral𝐿𝜀subscriptitalic-ϕ𝑎subscriptitalic-ϕ𝑏\displaystyle e^{-\sum_{a}\ell^{h_{a}-1}\mu^{a}\oint\phi_{a}}=1-\sum_{a}\ell^{h_{a}-1}\mu^{a}\oint\phi_{a}+\frac{1}{2}\sum_{a,b}\ell^{h_{a}+h_{b}-2}\mu^{a}\mu^{b}\oint\oint_{(L,\varepsilon)}\phi_{a}\cdot\phi_{b}+\ldots (3.2.15)

On montre sans difficulté que le deuxième ordre s’écrit, en utilisant (3.2.14) :

a,bha+hb2μaμbdωw+ϵw+Lϕa(z)ϕb(w)=a,bha+hb2Cabcμaμbdωϕc(w)w+ϵw+L1(zw)ha+hbhcsubscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝑎subscript𝑏2superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏d𝜔superscriptsubscript𝑤italic-ϵ𝑤𝐿subscriptitalic-ϕ𝑎𝑧subscriptitalic-ϕ𝑏𝑤subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝑎subscript𝑏2superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤superscriptsubscript𝑤italic-ϵ𝑤𝐿1superscript𝑧𝑤subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐\sum_{a,b}\ell^{h_{a}+h_{b}-2}\mu^{a}\mu^{b}\int\text{d}\omega\int_{w+\epsilon}^{w+L}\phi_{a}(z)\phi_{b}(w)\\ =\sum_{a,b}\ell^{h_{a}+h_{b}-2}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w)\,\int_{w+\epsilon}^{w+L}\frac{1}{(z-w)^{h_{a}+h_{b}-h_{c}}} (3.2.16)

A présent, trois situations se présentent. Soit ha+hbhc<1subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐1h_{a}+h_{b}-h_{c}<-1 ,auquel cas, nous avons une divergence UV ; soit ha+hbhc=1subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐1h_{a}+h_{b}-h_{c}=-1, auquel cas, la divergence est à la fois UV et IR – ce qu’on nomme une résonance999Le nombre hi1subscript𝑖1h_{i}-1 est la quantité qui apparaît en exposant du facteur d’échelle \ell dans la définition de la déformation non renormalisée. On peut y voir la valeur propre de l’opérateur de dilatation L0subscript𝐿0L_{0} sur la surface, similaire comme on le sait à un hamiltonien. Or, hamiltonien similar-to\sim énergie similar-to\sim fréquence, ce qui explique le jargon. car ha1+hb1=hc1subscript𝑎1subscript𝑏1subscript𝑐1h_{a}-1+h_{b}-1=h_{c}-1 ; et enfin, soit ha+hbhc>1subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐1h_{a}+h_{b}-h_{c}>-1 auquel cas la divergence est IR et par conséquent nous ne nous en occuperons pas car il n’est pas nécessaire de renormaliser, si bien que la fonction bêta sera triviale.

Exprimons tout de suite la fonction bêta des couplages de façon générale en fonction du contreterme. On rappelle qu’elle est définie par la formule :

βa=dμadsuperscript𝛽𝑎dsuperscript𝜇𝑎d\displaystyle\beta^{a}=\ell\frac{\text{d}\mu^{a}}{\text{d}\ell} (3.2.17)

Comme nous le présentions dans la formule (3.2.13), les couplages nus sont reliés aux couplages physiques par le biais des contretermes, soit schématiquement :

μBa=ha1(μa+δμcta(ϵ,))subscriptsuperscript𝜇𝑎𝐵superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎𝛿subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑐𝑡italic-ϵ\displaystyle\mu^{a}_{B}=\ell^{h_{a}-1}\left(\mu^{a}+\delta\mu^{a}_{ct}(\epsilon,\ell)\right) (3.2.18)

Or ces couplages nus doivent être indépendants de \ell, car ils sont des paramètres fondamentaux, divergents certes, mais fixes de la théorie. On en déduit l’équation :

dμBad=0=(ha1)ha1(μa+δμcta(ϵ,))+ha1(βa+dδμcta(ϵ,)d)dsuperscriptsubscript𝜇𝐵𝑎d0subscript𝑎1superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎𝛿subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑐𝑡italic-ϵsuperscriptsubscript𝑎1superscript𝛽𝑎d𝛿subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑐𝑡italic-ϵd\displaystyle\ell\frac{\text{d}\mu_{B}^{a}}{\text{d}\ell}=0=(h_{a}-1)\ell^{h_{a}-1}\left(\mu^{a}+\delta\mu^{a}_{ct}(\epsilon,\ell)\right)+\ell^{h_{a}-1}\left(\beta^{a}+\ell\frac{\text{d}\delta\mu^{a}_{ct}(\epsilon,\ell)}{\text{d}\ell}\right) (3.2.19)

Ce qui donne pour expression de la fonction bêta :

βa=(1ha)μa+[(1ha)δμcta(ϵ,)dδμcta(ϵ,)d]superscript𝛽𝑎1subscript𝑎superscript𝜇𝑎delimited-[]1subscript𝑎𝛿subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑐𝑡italic-ϵd𝛿subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑐𝑡italic-ϵd\displaystyle\beta^{a}=(1-h_{a})\mu^{a}+\left[(1-h_{a})\delta\mu^{a}_{ct}(\epsilon,\ell)-\ell\frac{\text{d}\delta\mu^{a}_{ct}(\epsilon,\ell)}{\text{d}\ell}\right] (3.2.20)

La partie crochetée de la formule ci-dessus peut-être calculée explicitement et sans difficulté au deuxième ordre du développement des déformations, mais comme nous l’avons vu, dépend des valeurs respectives des poids entrant en jeu dans le calcul des OPE. Nous allons maintenant calculer ces fonctions bêta en fonction du résultat de l’intégrale (3.2.16) donc de la valeur de la combinaison hchahbsubscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏h_{c}-h_{a}-h_{b}.

Le premier cas correspond à hchahb<1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1h_{c}-h_{a}-h_{b}<-1. Il est le plus simple et le plus rapide à traiter. Il suffit d’intégrer (3.2.16), ce qui donne :

a,bha+hb2CabcμaμbL1+hchahbε1+hchahb1+hchahbdωϕc(w)subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝑎subscript𝑏2superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝐿1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏superscript𝜀1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤\displaystyle\sum_{a,b}\ell^{h_{a}+h_{b}-2}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\,\frac{L^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}-\varepsilon^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}}{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w) (3.2.21)

Pour bien analyser les divergences, le plus pratique est encore de ne centrer l’étude que sur un couplage, disons donc μcsuperscript𝜇𝑐\mu^{c}, et de choisir tous les autres couplages nus. Il est même plus correct de procéder ainsi, car tous les couplages peuvent être renormalisés et à tout ordre ; or c’est l’ensemble ”couplage + contreterme” qui doit être développé. Réécrivons donc la formule inspirée de la précédente :

a,bCabcμBaμBbL1+hchahbε1+hchahb1+hchahbdωϕc(w)subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscriptsubscript𝜇𝐵𝑎superscriptsubscript𝜇𝐵𝑏superscript𝐿1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏superscript𝜀1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤\displaystyle\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu_{B}^{a}\mu_{B}^{b}\,\frac{L^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}-\varepsilon^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}}{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w) (3.2.22)

Il est à présent très clair que tant que 1+hchahb<01subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏01+h_{c}-h_{a}-h_{b}<0, seule la limite UV est divergente. Par conséquent, il faut ajouter à μcsuperscript𝜇𝑐\mu^{c} le contreterme :

δSct=a,bCabcμBaμBbε1+hchahb1+hchahbdωϕc(w)𝛿subscript𝑆𝑐𝑡subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscriptsubscript𝜇𝐵𝑎superscriptsubscript𝜇𝐵𝑏superscript𝜀1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤\displaystyle\delta S_{ct}=-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu_{B}^{a}\mu_{B}^{b}\,\frac{\varepsilon^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}}{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w) (3.2.23)

D’où l’on extrait :

δμc=1hca,bCabcμBaμBbε1+hchahb1+hchahb𝛿superscript𝜇𝑐superscript1subscript𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscriptsubscript𝜇𝐵𝑎superscriptsubscript𝜇𝐵𝑏superscript𝜀1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏\displaystyle\delta\mu^{c}=-\ell^{1-h_{c}}\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu_{B}^{a}\mu_{B}^{b}\,\frac{\varepsilon^{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}}}{1+h_{c}-h_{a}-h_{b}} (3.2.24)

La fonction bêta est immédiatement déduite de l’expression (3.2.20). Par invariance des couplages nus, les deux termes dépendant de δμc𝛿superscript𝜇𝑐\delta\mu^{c} se compensent pour donner simplement :

βc=(1hc)μcsuperscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐\displaystyle\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c} (3.2.25)

Ainsi, en présence d’une divergence UV purement de type puissance, le contreterme ne modifie pas le flot de renormalisation.

Le cas suivant hchahb=1subscript𝑐subscript𝑎subscript𝑏1h_{c}-h_{a}-h_{b}=-1 se nomme résonance. L’intégrale (3.2.16) est alors logarithmique :

εLdzz=lnLεsuperscriptsubscript𝜀𝐿d𝑧𝑧𝐿𝜀\displaystyle\int_{\varepsilon}^{L}\frac{\text{d}z}{z}=\ln\frac{L}{\varepsilon} (3.2.26)

Nous avons à la fois une divergence UV et une divergence IR mais nous devons uniquement soustraire du calcul la divergence UV. Cependant, pour que l’argument du logarithme soit sans dimension, il faut y inclure l’échelle de renormalisation sous la forme ln/ε𝜀\ln\ell/\varepsilon. Ainsi, le contreterme est facilement déduit des calculs précédent et doit être :

δSct=a,bCabcμBaμBblnεdωϕc(w)𝛿subscript𝑆𝑐𝑡subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscriptsubscript𝜇𝐵𝑎superscriptsubscript𝜇𝐵𝑏𝜀d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤\displaystyle\delta S_{ct}=\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu_{B}^{a}\mu_{B}^{b}\,\ln\frac{\ell}{\varepsilon}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w) (3.2.27)

D’où nous extrayons :

δμc=1hca,bCabcμBaμBblnε𝛿superscript𝜇𝑐superscript1subscript𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscriptsubscript𝜇𝐵𝑎superscriptsubscript𝜇𝐵𝑏𝜀\displaystyle\delta\mu^{c}=\ell^{1-h_{c}}\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu_{B}^{a}\mu_{B}^{b}\,\ln\frac{\ell}{\varepsilon} (3.2.28)

et la fonction bêta :

βc=(1hc)μca,bCabcμaμb+o(lnε)superscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏𝑜𝜀\displaystyle\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b}+o(\ln\frac{\ell}{\varepsilon}) (3.2.29)

Nous avons remplacé les couplages nus par leur expression (3.2.18). Donc en toute généralité il existe un terme dépendant explicitement de ε𝜀\varepsilon et \ell. Notons, cependant, que souvent ces termes sont d’ordres plus élevés que quadratiques et sont donc négligeables en première approximation – il se peut d’ailleurs qu’ils finissent par s’annuler en tenant compte de l’ensemble des contributions.

En ce qui concerne le dernier cas divergent IR, nous ferons simplement la remarque suivante : si les divergences IR peuvent paraître importantes dans la théorie définie sur le plan complexe, elles ne le sont pas vraiment pour un vrai calcul d’amplitude en théorie des cordes101010Le plan complexe est conforme à un voisinage de la variété à 2 dimension et non l’intégralité de la variété. Pour la sphère par exemple, ce peut être un hémisphère.. En effet, la limite infrarouge est naturellement fixée par la géométrie complète de la surface, c’est-à-dire soit la sphère soit le disque. Si l’on fait en sorte que la limite UV soit bien définie et que les flots de renormalisations soient nuls, alors le résultat ne dépend simplement ni de la taille de la sphère ni de celle du disque – elle correspond naturellement à l’échelle infrarouge. Mais intéressons-nous maintenant au schéma de Wilson.

Schéma wilsonien

Dans ce schéma, nous nous intéressons directement au comportement ultra-violet de la théorie renormalisée. L’idée est de tronquer la théorie à une certaine échelle, ici ε𝜀\varepsilon et d’exprimer une action effective à cette échelle, ce que l’on avait introduit par la notation ΓεsubscriptΓ𝜀\Gamma_{\varepsilon}, de telle sorte que le calcul résultant est fini dans l’UV. Cette action effective s’écrit dans notre cas comme :

Γε=Sbulk+aεha1μa(ε)ϕasubscriptΓ𝜀subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝑎superscript𝜀subscript𝑎1superscript𝜇𝑎𝜀contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎\displaystyle\Gamma_{\varepsilon}=S_{bulk}+\sum_{a}\varepsilon^{h_{a}-1}\mu^{a}(\varepsilon)\oint\phi_{a} (3.2.30)

Encore une fois nous ne nous intéressons qu’aux déformations de bord. Les couplages dépendent maintenant explicitement du cut-off UV. A la différence du schéma minimal, il n’y a pas de contreterme, ils sont déjà inclus dans μa(ε)superscript𝜇𝑎𝜀\mu^{a}(\varepsilon). L’expression de ces derniers est obtenue de telle sorte que la théorie ne dépende pas asymptotiquement (ε0𝜀0\varepsilon\to 0) de la régularisation UV, ce qui s’exprime par :

εε(eΓε)ε00superscript𝜀0𝜀subscript𝜀superscript𝑒subscriptΓ𝜀0\displaystyle\varepsilon\partial_{\varepsilon}\left(e^{-\Gamma_{\varepsilon}}\right)\stackrel{{\scriptstyle\varepsilon\to 0}}{{\longrightarrow}}0 (3.2.31)

et donne, d’emblée, la fonction bêta des couplages selon :

βa=εεμasuperscript𝛽𝑎𝜀subscript𝜀superscript𝜇𝑎\displaystyle\beta^{a}=\varepsilon\partial_{\varepsilon}\mu^{a} (3.2.32)

Nous constatons donc que dans ce schéma tout ce qui concerne les divergences infrarouges est laissé de côté. Autrement dit, seul le comportement local de la théorie est étudié. Chaque couplage s’exprime selon :

μa(ε)=ε1ha{μRa+δμa(μRb,ε,L)}superscript𝜇𝑎𝜀superscript𝜀1subscript𝑎subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑅𝛿superscript𝜇𝑎superscriptsubscript𝜇𝑅𝑏𝜀𝐿\displaystyle\mu^{a}(\varepsilon)=\varepsilon^{1-h_{a}}\left\{\mu^{a}_{R}+\delta\mu^{a}(\mu_{R}^{b},\varepsilon,L)\right\} (3.2.33)

Nous avons introduit un couplage renormalisé μRasubscriptsuperscript𝜇𝑎𝑅\mu^{a}_{R} indépendant du cut-off et un ”contreterme” dépendant des deux cut-offs ainsi que d’autres couplages renormalisés, en toute généralité. L’ensemble réinjecté dans l’action (3.2.30) permet d’écrire :

Γε(μa)subscriptΓ𝜀superscript𝜇𝑎\displaystyle\Gamma_{\varepsilon}(\mu^{a}) =Sbulk+aμRa(ε)ϕa+aδμa(μRb,ε,L)ϕaabsentsubscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝑎superscriptsubscript𝜇𝑅𝑎𝜀contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎subscript𝑎𝛿superscript𝜇𝑎superscriptsubscript𝜇𝑅𝑏𝜀𝐿contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎\displaystyle=S_{bulk}+\sum_{a}\mu_{R}^{a}(\varepsilon)\oint\phi_{a}+\sum_{a}\delta\mu^{a}(\mu_{R}^{b},\varepsilon,L)\oint\phi_{a}
=Sbulk+aμRa[ϕa]R=ΓR(μRa)absentsubscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝑎superscriptsubscript𝜇𝑅𝑎contour-integralsubscriptdelimited-[]subscriptitalic-ϕ𝑎𝑅subscriptΓ𝑅subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑅\displaystyle=S_{bulk}+\sum_{a}\mu_{R}^{a}\oint\left[\phi_{a}\right]_{R}=\Gamma_{R}(\mu^{a}_{R}) (3.2.34)

où nous introduisons des champs primaires renormalisés. Notons que la deuxième ligne est le point de départ du schéma minimal et qu’alors simplement [ϕa]R=ϕaBsubscriptdelimited-[]subscriptitalic-ϕ𝑎𝑅subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝐵𝑎\left[\phi_{a}\right]_{R}=\phi^{B}_{a}. L’expression ci-dessus permet d’écrire toute amplitude comme :

𝒜ε[μa]=𝒜R[μRa]subscript𝒜𝜀delimited-[]superscript𝜇𝑎subscript𝒜𝑅delimited-[]subscriptsuperscript𝜇𝑎𝑅\displaystyle{\mathcal{A}}_{\varepsilon}[\mu^{a}]={\mathcal{A}}_{R}[\mu^{a}_{R}] (3.2.35)

Reprenons le développement de la section précédente et adaptons-le au cas qui nous intéresse. Nous avons (3.2.15) :

eaha1μaϕa=1aϵha1μaϕa+12a,bϵha+hb2μaμb(,ε)ϕaϕb+superscript𝑒subscript𝑎superscriptsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎1subscript𝑎superscriptitalic-ϵsubscript𝑎1superscript𝜇𝑎contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑎12subscript𝑎𝑏superscriptitalic-ϵsubscript𝑎subscript𝑏2superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏contour-integralsubscriptcontour-integral𝜀subscriptitalic-ϕ𝑎subscriptitalic-ϕ𝑏\displaystyle e^{-\sum_{a}\ell^{h_{a}-1}\mu^{a}\oint\phi_{a}}=1-\sum_{a}\epsilon^{h_{a}-1}\mu^{a}\oint\phi_{a}+\frac{1}{2}\sum_{a,b}\epsilon^{h_{a}+h_{b}-2}\mu^{a}\mu^{b}\oint\oint_{(\ell,\varepsilon)}\phi_{a}\cdot\phi_{b}+\ldots (3.2.36)

Encore une fois, le second ordre après OPE devient :

a,bεha+hb2Cabcμaμbdωϕc(w)w+ϵw+L1(zw)ha+hbhcsubscript𝑎𝑏superscript𝜀subscript𝑎subscript𝑏2superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤superscriptsubscript𝑤italic-ϵ𝑤𝐿1superscript𝑧𝑤subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐\displaystyle\sum_{a,b}\varepsilon^{h_{a}+h_{b}-2}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w)\,\int_{w+\epsilon}^{w+L}\frac{1}{(z-w)^{h_{a}+h_{b}-h_{c}}} (3.2.37)

Pour ha+hbhc1subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐1h_{a}+h_{b}-h_{c}\neq 1, nous pouvons calculer l’intégrale génériquement :

a,bCabcμaμb(Lε)hc+1hahb1hc+1hahb×εhc1dωϕc(w)subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝐿𝜀subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏superscript𝜀subscript𝑐1d𝜔subscriptitalic-ϕ𝑐𝑤\displaystyle\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\,\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}-1}{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}\leavevmode\nobreak\ \times\varepsilon^{h_{c}-1}\int\text{d}\omega\,\phi_{c}(w) (3.2.38)

Compte-tenu de l’équation (3.2.31) et du développement (3.2.36), nous devons résoudre :

εε(εhc1(μca,bCabcμaμb(Lε)hc+1hahb1hc+1hahb))0𝜀subscript𝜀superscript𝜀subscript𝑐1superscript𝜇𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝐿𝜀subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏0\displaystyle\varepsilon\partial_{\varepsilon}\left(\varepsilon^{h_{c}-1}\left(\mu^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\,\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}-1}{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}\right)\right)\to 0 (3.2.39)

Ce qui donne l’équation :

εhc1((hc1)μc+βca,bCabc(βaμb+μaβb+(hc1)μaμb)(Lε)hc+1hahb1hc+1hahb+a,bCabcμaμb(Lε)hc+1hahb)0superscript𝜀subscript𝑐1subscript𝑐1superscript𝜇𝑐superscript𝛽𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝛽𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝜇𝑎superscript𝛽𝑏subscript𝑐1superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝐿𝜀subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝐿𝜀subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏0\varepsilon^{h_{c}-1}\Bigg{(}(h_{c}-1)\mu^{c}+\beta^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\left(\beta^{a}\mu^{b}+\mu^{a}\beta^{b}+(h_{c}-1)\mu^{a}\mu^{b}\right)\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}-1}{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}\\ +\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\,\mu^{a}\mu^{b}\,\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}\Bigg{)}\to 0 (3.2.40)

A l’ordre quadratique rien sinon l’ordre linéaire dans les fonctions bêta des couplages μasuperscript𝜇𝑎\mu^{a} et μbsuperscript𝜇𝑏\mu^{b} ne doit contribuer. Du reste, elles sont triviales compte-tenu de la formule ci-dessus. Supposons donc que nous avons pour tout a𝑎a :

βa=(1ha)μa+δβasuperscript𝛽𝑎1subscript𝑎superscript𝜇𝑎𝛿superscript𝛽𝑎\displaystyle\beta^{a}=(1-h_{a})\mu^{a}+\delta\beta^{a} (3.2.41)

avec δβa𝛿superscript𝛽𝑎\delta\beta^{a} d’ordre 2. La formule précédente à l’ordre quadratique dans les couplages toujours, devient simplement :

εhc1(δβc+a,bCabcμaμb)0superscript𝜀subscript𝑐1𝛿superscript𝛽𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏0\displaystyle\varepsilon^{h_{c}-1}\Bigg{(}\delta\beta^{c}+\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b}\Bigg{)}\to 0 (3.2.42)

Dans le cas où hc+1hahb<0subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏0h_{c}+1-h_{a}-h_{b}<0, on trouve :

δβc=a,bCabcμaμbβc=(1hc)μca,bCabcμaμbformulae-sequence𝛿superscript𝛽𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏superscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏\displaystyle\delta\beta^{c}=-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b}\quad\Longrightarrow\quad\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b} (3.2.43)

Dans le cas contraire, si hc+1hahb>0subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏0h_{c}+1-h_{a}-h_{b}>0 le terme est non divergent et ne contribue simplement pas à la fonction bêta qui est donc trivialement :

βc=(1hc)μcsuperscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐\displaystyle\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c} (3.2.44)

Ceci implique que le groupe de renormalisation n’est pas sensible ici aux divergences IR. Le cas intermédiaire, résonant, hc+1hahb=0subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏0h_{c}+1-h_{a}-h_{b}=0 n’est pas difficile à résoudre en revenant à la formule (3.2.39) et en remplaçant :

(Lε)hc+1hahb1hc+1hahblnLεsuperscript𝐿𝜀subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏1subscript𝑐1subscript𝑎subscript𝑏𝐿𝜀\displaystyle\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}-1}{h_{c}+1-h_{a}-h_{b}}\longleftrightarrow\ln\frac{L}{\varepsilon} (3.2.45)

Alors nous obtenons encore :

βc=(1hc)μca,bCabcμaμbsuperscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏\displaystyle\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b} (3.2.46)

Nous pouvons condenser toutes ces formules sous la forme :

βc=(1hc)μca,bCabcμaμbΘ(ha+hbhc1)superscript𝛽𝑐1subscript𝑐superscript𝜇𝑐subscript𝑎𝑏superscriptsubscript𝐶𝑎𝑏𝑐superscript𝜇𝑎superscript𝜇𝑏Θsubscript𝑎subscript𝑏subscript𝑐1\displaystyle\beta^{c}=(1-h_{c})\mu^{c}-\sum_{a,b}C_{ab}^{\hphantom{ab}c}\mu^{a}\mu^{b}\leavevmode\nobreak\ \Theta(h_{a}+h_{b}-h_{c}-1) (3.2.47)

avec Θ(x0)=1Θ𝑥01\Theta(x\geq 0)=1 et 00 sinon.

Comparaison entre les deux schémas et remarques sur les résonances

Dans ce schéma, les fonctions bêta sont donc différentes de celles du schéma de soustraction minimale. Cela tient au fait que, dans ce schéma, le groupe de renormalisation analyse directement le comportement de la théorie dans l’UV. Les quantités dérivées dans les deux schémas sont cependant reliés par une simple redéfinition des champs, comme par exemple dans la formule (3.2.2). Le calcul détaillé de Gaberdiel et al. [43] est intéressant à cet égard. Ainsi, la différence entre les fonctions bêta de ces deux schémas ne tient qu’à une redéfinition des champs. Ceci implique que l’interprétation des fonctions bêta en tant qu’équations du mouvement est délicate, et il faut comprendre que l’identification n’est possible qu’à une redéfinition des champs près.

Toutefois, à la résonance, les fonctions bêta des deux schémas sont exactement égales. C’est un résultat important impliquant que les résonances fournissent des contributions universelles aux fonctions bêta, c’est-à-dire qui ne dépendent pas du schéma de renormalisation et sont donc invariantes par redéfinition des champs. Naturellement, nous sommes tentés d’interpréter ces fonctions bêta comme équations du mouvement. Nous verrons dans les sections 5.2 et 6.2 que cela est encore assez délicat, du fait des ambiguïtés de redéfinition des fonctions bêta par des termes proportionnels à des fonctions bêta, c’est-à-dire nuls lorsqu’elles sont identifiées à des équations du mouvement, selon βi=0subscript𝛽𝑖0\beta_{i}=0.

Chapitre 4 Généralités : Condensation de tachyon de cordes ouvertes

Nous allons à présent discuter des théories pré-existantes de condensation de tachyon dans des systèmes de branes. Dans la section 4.2, nous développerons les concepts et les outils dans le cadre de la théorie bosonique, où nous verrons en détail les différents modes de condensation de tachyon ainsi que les objets qu’ils produisent. Puis, dans la section 4.3 nous les adapterons à la question de la condensation de tachyon en théorie des supercordes.

Il convient d’étudier tout système préalablement en théorie bosonique, car l’intuition peut y prendre plus de place. En effet, la dynamique des fermions est souvent peu intuitive et peut faire perdre de vue la pertinence d’une étude. En outre, il est souvent pratique de tester préalablement des outils en théorie bosonique car plus simple à manipuler. Voici quelques références utiles et détaillées sur la condensation de tachyon [118, 113, 112, 114, 111, 77].

Dans la section suivante nous discuterons du potentiel effectif du tachyon et nous verrons comment introduire la condensation ainsi que les vides stables et instables. Nous montrerons que par condensation on peut atteindre un vide stable non tachyonique et nous étudierons sa nature. Nous verrons qu’il s’identifie à une théorie des cordes fermées [108, 112, 12]. Nous établirons dans les sections 4.2.1 et 4.2.2 ensuite l’existence de solutions à dépendence spatiale ou temporelle permettant d’interpoler de vide stable à vide stable ou de vide instable à vide stable. Enfin dans la section 4.2.3 nous discuterons brièvement de la connexion des CFT de condensation aux modèles intégrables.

4.1 Tachyon, vide stable et potentiel effectif

Au sein de certaines théories des cordes, des excitations tachyoniques [97, 98] sont identifiées dans le spectre de masse des cordes ouvertes ou fermées. Or ces théories décrivent des théories de cordes ”classiques”, c’est-à-dire qui ne sont pas exprimées en raison de champs quantifiés, et pour lesquelles il n’existe pas a priori de notion de champ de corde et de potentiel effectif. Cependant, compte-tenu de ce qui a été développé plus haut, ces théories des cordes doivent être identifiées à des maxima locaux dans des théories des champs effectives au sein desquelles, les cordes sont les quanta de perturbation des champs quantiques correspondants111On pourra lire sur les actions effectives en théorie des cordes [37, 36]..

Ainsi, toute théorie des cordes ayant un ou des tachyons dans son spectre est-elle localisée dans le paysage d’une théorie des champs effective en un vide instable [128, 127, 118]. Par conséquent, du point de vue d’une théorie des champs de cordes, il ne s’agit pas d’un vide pertinent à étudier. A l’inverse, s’inspirant de ce qui a été dit, il serait imaginable [113, 108] d’imposer à la théorie des cordes de quitter son vide instable et d’évoluer du vide initialement ”tachyonique” vers son vide stable222La littérature emploie souvent, par un évident abus de langage, que le ”vide tachyonique” est le vide stable. Il ne convient pas d’utiliser cette appellation trompeuse quitte à s’éloigner du choix des auteurs. Dans cette thèse le ”vide tachyonique” est défini par le vide instable.. Ce procédé est précisément ce que l’on entend par condensation du tachyon en théorie des cordes. Il existe en fait des modes de condensation plus généraux que celui, dynamique, qu’on vient de présenter. On peut en construire dépendant de l’espace, d’autres du temps et certains des deux, c’est-à-dire en général des modes de condensation localement dépendant des coordonnées de l’espace-temps cible. Enfin on peut aussi imaginer simplement transporter le système à la main dans son vide stable. Il s’agit alors de condensation statique homogène.

Il existe cependant une condition importante à respecter  : le mode de condensation doit être une solution des équations du mouvement de l’action effective. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, cette propriété s’exprime aussi dans la théorie de surface de corde, en termes de contrainte de marginalité exacte, c’est-à-dire d’invariance conforme de la théorie.

Vide stable et condensation statique homogène

L’étude du vide stable est de première importance. En effet, il s’agit d’identifier sa nature et sa composition en éléments fondamentaux – branes, cordes. Nous pourrions alors déterminer la nature du système stable correspondant et par conséquent ce en quoi un système instable pourrait évoluer. Dans un premier temps, nous allons examiner un cas de condensation homogène et statique, c’est-à-dire que nous placerons à la main le tachyon constant en son – ou un de ses – vide stable. Puis, dans la section suivante, approfondir la question de la condensation locale.

Dans ce cas de solution constante, on s’attend [108] intuitivement à ce que ce vide obtenu soit celui des cordes fermées à 262626 dimensions en théorie bosonique et 101010 dimension en théorie de supercordes. En effet, la symétrie de Poincaré dans le volume d’univers de la brane est conservée par cette solution et le vide est par définition stable. Or un vide de corde ouverte ne semble pas compatible avec ces propriétés, puisqu’en premier lieu le tachyon doit avoir disparu333Une façon de se débarrasser d’un tachyon sur une brane est d’ajouter de nouveaux champs. Par exemple un champ de jauge constant peut permettre de décaler le spectre de masse suffisamment pour compenser la soustraction à l’origine du tachyon. Cependant, c’est un procédé ad-hoc qui n’aide pas à comprendre le mécanisme ”naturel” de condensation de tachyon puisqu’il s’en débarrasse. et qu’en second lieu on impose à la solution d’être indépendante des coordonnées le long de la brane. Notons cependant que rien n’empêcherait a priori l’existence d’une brisure spontanée de la symétrie de Poincaré ; mais il s’agirait alors d’un phénomène relevant d’une condensation locale.

Il est possible de prouver [118, 112, 12, 138] que ce vide est effectivement celui d’une théorie des cordes fermées, autant en théorie bosonique qu’en supercordes, c’est-à-dire que la brane – sur laquelle n’existe que des cordes ouvertes – a la capacité d’imiter un vide de corde fermée de dimension maximale dans l’espace-temps complet. En effet, la théorie de corde fermée obtenue est bien uniforme dans l’espace à 26 ou 10 dimensions et non uniquement le long du volume de la brane. Ceci est justifié par l’argument que la tension de la brane est (quasi-)nulle dans ce vide, de telle sorte qu’elle s’y déforme – par fluctuations puisque la brane est entité dynamique – infiniment dans les dimensions transverses444Dans la limite de tension nulle, le système devrait croiser la valeur de la tension de corde donc la brane devrait finalement se désintégrer en cordes. jusqu’à se répandre dans l’espace entier.

Plus concrètement, il se produit une matérialisation des flux électriques [112] le long de la brane. Ils sont accompagnés d’un confinement [12, 138] leur donnant une forme linéaire ou bien circulaire. Enfin, leur tension est quantifiée en la valeur de la tension de corde ; ce qui implique qu’ils se matérialisent sous forme de cordes fondamentales. Par exemple, en connectant les deux extrémités séparées d’une corde ouverte, ils reforment une corde fermée. Il semble que la brane finisse par se désintégrer de cette manière.

Il en découle un certain nombre de propriétés essentielles qui doivent être vérifiées par le potentiel effectif et les caractéristiques observables du système branaire instable, en particulier l’énergie, la pression et les diverses charges – une brane étant couplée à divers champs de cordes fermées.

4.1.1 Contraintes sur le potentiel effectif

Nous noterons le potentiel effectif V(T)𝑉𝑇V(T). La propriété d’existence d’un vide de corde fermée implique que la brane soit autour ce vide de tension nulle [108, 118] ; ce qui est équivalent à demander qu’elle soit totalement dissipée. Le long du potentiel, la tension de la p-brane – la densité d’énergie de masse en somme – est donnée par la combinaison :

𝒯p=TpV(T)subscript𝒯𝑝subscript𝑇𝑝𝑉𝑇\displaystyle{\mathcal{T}}_{p}=T_{p}\,V(T) (4.1.1)

On suppose que le vide est atteint pour T=T0(i)𝑇superscriptsubscript𝑇0𝑖T=T_{0}^{(i)} pour i=1N𝑖1𝑁i=1\ldots N, si en toute généralité il existe N𝑁N vides stables555On suppose qu’ils sont tous des minima globaux. La question des minima locaux est plus difficile à adresser. En outre, l’ensemble de ces vides peut ne pas être dénombrable, ce qui se produit dans le cas DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}, puisque le tachyon est complexe.. Ainsi, l’hypothèse impose :

V(0)=1etV(T0(i))=0formulae-sequence𝑉01et𝑉superscriptsubscript𝑇0𝑖0\displaystyle V(0)=1\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \text{et}\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ V(T_{0}^{(i)})=0 (4.1.2)

Notons dés à présent que ce résultat est compatible avec la plupart des potentiels effectifs obtenus en théorie des champs de cordes ouvertes (OSFT) [76, 84], à part en théorie bosonique [51, 136, 135] pour des problèmes d’analycité et d’asymétrie, mentionnés dans la note (66{}^{\text{\ref{note-analy}}}) ci-dessous. En outre, quelques actions effectives de tachyon obtenues dans le cadre des théories conformes avec bord, confirment ce comportement [77].

Le potentiel de tachyon a en outre été prouvé universel par Sen [111], c’est-à-dire qu’il ne dépend pas des valeurs classiques des autres champs de fond comme par exemple la métrique ou le dilaton. Il s’en suit que l’on peut tout aussi bien étudier la condensation de tachyon en espace ouvert ou en espace compact, et ce en utilisant une même expression du potentiel. Par conséquent, on s’attend à ce que les solutions obtenues ne diffèrent pas significativement dans un cas par rapport à l’autre. Une représentation souvent utilisée, presque canonique aujourd’hui est :

V(T)=1coshαT𝑉𝑇1𝛼𝑇\displaystyle V(T)=\frac{1}{\cosh\alpha T} (4.1.3)

avec α=1/2𝛼12\alpha=1/2 en théorie bosonique666 Ce point est peu délicat et dépend de quel tachyon on parle. Par exemple, cette forme est correcte pour un tachyon interbranaire dans le cadre d’un système de branes bosoniques parallèles. Mais elle ne l’est a priori plus pour un tachyon vivant sur une seule brane parce que le potentiel y est asymétrique – voir figure (4.2). On pourrait faire une continuation analytique des supercordes vers la théorie bosonique, mais le lagrangien effectif obtenu n’est pas compatible avec le calcul de la fonction de partition : la correspondance est non-analytique autour de T=0𝑇0T=0. On pourra par exemple comparer les études de Tseytlin [127] avec la discussion de Kutasov et Niarchos dans [77]. et α=1/2𝛼12\alpha=1/\sqrt{2} en supercordes. Il est représenté sur la figure 4.1.

Refer to caption
Figure 4.1: Potentiel effectif canonique pour le champ de tachyon.

L’argument T𝑇T peut aussi être remplacé par un module complexe, par exemple dans le cas DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}. Ainsi si le tachyon est réel, on dénombre généralement deux vides distincts T0±±superscriptsubscript𝑇0plus-or-minusplus-or-minusT_{0}^{\pm}\to\pm\infty qui vérifient mais brisent spontanément la symétrie 2subscript2\mathbb{Z}_{2}. Tandis que si le tachyon est complexe l’ensemble des vides n’est plus dénombrable mais vérifie et brise spontanément la symétrie U(1)𝑈1U(1).

Dans le cadre des supercordes, on trouve fréquemment dans la littérature les représentations suivantes :

V(T){eβT2,11+γT2}𝑉𝑇superscript𝑒𝛽superscript𝑇211𝛾superscript𝑇2\displaystyle V(T)\in\left\{e^{-\beta T^{2}}\,,\,\frac{1}{1+\gamma T^{2}}\right\} (4.1.4)

avec β𝛽\beta et γ𝛾\gamma des constantes arbitraires ici – elles peuvent être réabsorbées par redéfinition des champs dans le tachyon. On s’attend en général à ce que la théorie correspondante puisse être amenée, par redéfinition des champs, sous une forme telle que le potentiel effectif y est canonique.

En revanche, dans le cadre des cordes bosoniques [51, 136, 127] pour un tachyon de corde ouverte dont les extrémités sont attachés à une même brane, on obtient par calcul direct dans le cadre de la BSFT, :

V(T)=eT(1+T)𝑉𝑇superscript𝑒𝑇1𝑇\displaystyle V(T)=e^{-T}\left(1+T\right) (4.1.5)

Comme nous pouvons le constater dans sa représentation graphique – figure 4.2 – le potentiel n’est pas minimisable dans la région T<0𝑇0T<0 de telle sorte que toute condensation y est catastrophique, c’est-à-dire perpétuelle et sans jamais atteindre de vide stable, ce qui ne peut évidemment pas être d’un grand intérêt.777Les effets tunnel vers cette région ne devraient pourtant pas être négligeables. Ils seraient même probablement dominants, mais n’oublions pas que la théorie bosonique est de toute façon pathologique à cause du tachyon de corde fermée.. On ne s’intéresse donc généralement qu’à la partie minimisable T>0𝑇0T>0 du potentiel. Dans ce cas, on peut se ramener à l’étude d’un tachyon dans un potentiel symétrique.

Refer to caption
Figure 4.2: Potentiel effectif pour le champ de tachyon obtenu explicitement en théorie des champs de corde bosonique.
Contraintes sur les observables du système

Nous disions que la nature du vide de corde fermée impose des contraintes sur les observables de la théorie branaire, par exemple l’énergie, la pression ou les diverses charges.

Premièrement, l’énergie doit être identiquement nulle dans l’espace-temps entier, restaurant ainsi la symétrie de Poincaré brisée spontanément par la brane. Or la densité d’énergie de la brane dans le vide est donnée par sa tension (4.1.1). Le profil de la brane dans le vide tachyonique étant en outre une fonction delta de Dirac δ(Dp1)(x)superscript𝛿𝐷𝑝1superscript𝑥perpendicular-to\delta^{(D-p-1)}(x^{\perp}) – on suppose que la brane est placée en x=0superscript𝑥perpendicular-to0x^{\perp}=0 qui par symétrie de translation permet toujours de conserver un point de vue général – nous avons alors, du vide instable au vide stable, la transition suivante :

ε=Tpδ(Dp1)(x)ε0=TpV(T0)=0𝜀subscript𝑇𝑝superscript𝛿𝐷𝑝1superscript𝑥perpendicular-tosubscript𝜀0subscript𝑇𝑝𝑉subscript𝑇00\displaystyle\varepsilon=T_{p}\,\delta^{(D-p-1)}(x^{\perp})\leavevmode\nobreak\ \longrightarrow\leavevmode\nobreak\ \varepsilon_{0}=T_{p}V(T_{0})=0 (4.1.6)

δ(D1)(0)superscript𝛿𝐷10\delta^{(D-1)}(0) est simplement le volume du vide à un instant t𝑡t. La densité d’énergie ε𝜀\varepsilon s’annule donc dans le vide stable à condition que le potentiel s’annule également.

Deuxièmement, la pression aussi est censée s’annuler : on nomme pression les composantes diagonales Tiisubscript𝑇𝑖𝑖T_{ii} du tenseur énergie-impulsion perpendiculaires à celle de l’énergie ϵ=T00italic-ϵsubscript𝑇00\epsilon=T_{00}. En effet, si l’on s’attend bien à obtenir un espace-temps vérifiant une symétrie de Poincaré, homogène, alors cet espace – en l’absence de contrainte a priori – doit être plat. Rappelons que cela est justifié par l’argument que la tension effective de la brane tend vers zéro et que par conséquent elle fluctue sans coût énergétique en tout point de l’espace, de façon totalement homogène – autrement dit les fluctuations ne sont plus contrôlées. De la sorte, on peut justifier que la pression doit également tendre vers zéro et même être tout à fait nulle dans le vide de corde fermée.

Enfin, rappelons que l’on assimile une brane à une source de cordes fermées. Entre autre, nous avons vu qu’elle constitue une source d’énergie et de pression, et plus généralement d’énergie-impulsion : Tμν0subscript𝑇𝜇𝜈0T_{\mu\nu}\neq 0. Or par la relation d’Einstein GμνTμνproportional-tosubscript𝐺𝜇𝜈subscript𝑇𝜇𝜈G_{\mu\nu}\propto T_{\mu\nu} elle constitue donc aussi une source de graviton. De même on sait qu’elle constitue une source pour le champ Bμνsubscript𝐵𝜇𝜈B_{\mu\nu} et pour le dilaton ΦΦ\Phi. En supercorde, il faut en outre étudier son couplage aux champs Ramond-Ramond via les termes de Wess-Zumino, ce que nous verrons un peu plus en détail dans la section 4.3. L’expression conjecturée [110, 44] de l’action effective de basse énergie – à l’ordre des arbres – sur une brane bosonique 888Au moins, en ce qui concerne le tachyon interbranaire d’un système de deux branes bosoniques parallèles. Voir discussion dans la note (66{}^{\text{\ref{note-analy}}}). Mais cette forme est probablement valable de façon générale. ou une brane non BPS – au terme WZ près – est :

Seff=Tpdp+1σeΦV(T)det(Gab+Bab+2παFab+aTbT)subscript𝑆𝑒𝑓𝑓subscript𝑇𝑝superscript𝑑𝑝1𝜎superscript𝑒Φ𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝑎𝑇subscript𝑏𝑇\displaystyle S_{eff}=-T_{p}\int d^{p+1}\sigma\,e^{-\Phi}\,V(T)\,\sqrt{-\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+\partial_{a}T\partial_{b}T\right)} (4.1.7)

On nomme cette action TDBI pour tachyon-Dirac-Born-Infeld. Les champs Gabsubscript𝐺𝑎𝑏G_{ab} et Babsubscript𝐵𝑎𝑏B_{ab} sont ici les ”pullback”, sur le volume d’univers de la brane, de la métrique et du champ de Kalb-Ramond d’espace-cible. Quant au champ Fabsubscript𝐹𝑎𝑏F_{ab}, il s’agit du tenseur de Maxwell du champ de jauge U(1)𝑈1U(1) de corde ouverte, hébergé sur le volume de la brane. Dans le cas d’une simple brane bosonique ou non BPS, le tachyon n’est pas couplé à ce champ. Si ce dernier survit à la condensation, alors que les cordes ouvertes doivent avoir disparu, nous avons un problème. Cela se produit également dans le système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}. On pourra lire à ce propos les discussions de Sen [112, 110] ainsi que de Bergman et de Yi [12, 138]. Il est admis à présent qu’à cause du potentiel tachyonique ce champ électrique est confiné en tube de flux autour du vide stable, permettant ainsi, comme on l’a expliqué plus haut, la formation de cordes fermées.

En effet, le potentiel peut être réabsorbé dans le terme cinétique du champ de jauge, mais il réapparaît alors dans l’expression de la constante de couplage de jauge en 1/V1𝑉1/V. Par conséquent, lorsque V0𝑉0V\to 0, la constante de couplage tend vers l’infini et la théorie de jauge est fortement couplée. Un phénomène non-perturbatif analogue se produit sur des M-branes [12] et on trouve effectivement que cela mène au confinement du champ de jauge sous la forme de tube de flux.

Maintenant, suite à la condensation, si nous sommes en présence d’un vide de corde fermée, alors les seules cordes pouvant apparaître proviendraient de fluctuations quantiques du vide. Or dans un vide stable, les valeurs des observables ne sont pas modifiées par les fluctuations quantiques, puisque cela serait paradoxal. Par conséquent, il faut trouver que toutes les sources de champs s’annulent en T0(i)superscriptsubscript𝑇0𝑖T_{0}^{(i)}.

C’est ce que l’on obtient en faisant tendre TT0(i)𝑇superscriptsubscript𝑇0𝑖T\to T_{0}^{(i)} dans l’action (4.1.7) puisqu’alors Seff0subscript𝑆𝑒𝑓𝑓0S_{eff}\to 0. Cependant, il faut être plus rigoureux que cela pour converger sur une conclusion, puisque comme nous l’avons montré on peut toujours réabsorber le potentiel tachyonique dans les champs. Une étude rigoureuse des états de bords [113, 108, 118] permet de montrer que les sources de cordes fermées disparaissent effectivement. Plus précisément, l’annulation de l’état de bord dans le vide stable |B0ket𝐵0\left|B\right>\to 0 est identifiée sans équivoque à la disparition complète de la brane représentée par cet état de bord. Enfin, l’absence de brane implique l’absence de corde ouverte.

Ainsi, nous venons de voir que le vide stable du tachyon est bien le vide des cordes fermées, bien que la théorie initiale soit celle d’une brane, c’est-à-dire dans laquelle les excitations fondamentales sont des cordes ouvertes. Maintenant, nous pouvons étendre cette étude à des modes de condensation locaux dans l’espace-temps, c’est-à-dire brisant spontanément la symétrie de Poincaré dans l’espace-cible donc associés à la formation de défauts topologiques.

4.2 En système de branes bosonique

Nous sommes à présent amenés à décrire et à classifier l’ensemble des solutions de condensation dérivées de l’action effective TDBI (4.1.7). Pour ce que nous souhaitons étudier, on peut cependant se restreindre à l’action effective tachyonique :

S=Tpdp+1σV(T)1+aTaT𝑆subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎𝑉𝑇1subscript𝑎𝑇superscript𝑎𝑇\displaystyle S=T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma\leavevmode\nobreak\ V(T)\sqrt{1+\partial_{a}T\partial^{a}T} (4.2.1)

De plus nous savons que cette action est valide universellement – cf. chapitre 1 – à la différence de l’action TDBI (4.1.7). Comme nous le disions ces solutions peuvent être de différents types. Nous venons de présenter le cas constant. Or ces solutions peuvent aussi être : homogènes si elles dépendent uniquement du temps et inhomogènes si elles dépendent aussi de l’espace. Nous verrons aussi un cas particulier de solution dépendant du temps interpolant entre un vide instable et un vide stable.

4.2.1 Solutions de condensation spatiale : ressaut et rebond

Nous verrons tout d’abord le cas des solutions inhomogènes statique, qui correspondent donc à une désintégration spatiale d’une p𝑝p-brane instable. On en distingue deux sortes : les solutions interpolant entre deux vides stables distincts, auxquels on se réfère dans la littérature sous le nom de ressaut ; et les solutions interpolant d’un vide stable vers lui-même, ce que l’on nomme rebond. Dans chaque cas, en utilisant l’interprétation qu’un vide stable est un vide de corde fermée, on s’attend à ce que la solution représente une (p1)𝑝1(p-1)-brane.

Dans le cas bosonique, ces deux solutions décrivent en réalité strictement la même chose par une sorte d’équivalence des théories conformes les décrivant sur la surface de la corde999Notons cependant que la solution de rebond a été beaucoup étudiée dans la littérature en OSFT [87, 58, 73].. En outre, en supercordes, il n’existe que des solutions de ressaut – et vortex – pour des questions de topologie. On s’attend donc à ce que le ressaut soit l’objet fondamental d’intérêt dans la condensation inhomogène. Par la suite on y attachera donc plus d’importance qu’au rebond.

Solution de ressaut

Nous nous baserons sur les articles de Sen [108, 113] principalement. Les détails pourront s’y trouver, nous ne ferons donc qu’un survol de son étude. Ses arguments vont comme suit.

Comme nous le disions, le potentiel de tachyon est universel. Il s’en suit que l’on peut tout aussi bien étudier la condensation de tachyon en espace ouvert ou en espace compact, et ce en utilisant une même expression du potentiel. Par conséquent, on s’attend à ce que les solutions obtenues ne diffèrent pas significativement dans un cas par rapport à l’autre.

Ainsi, Sen propose d’étudier dans le cadre de la théorie conforme de bord la condensation de tachyon en espace compact de type cylindrique – où la T-dualité est définie. Cette étude est particulièrement simplifiée par l’apparition d’une symétrie101010Plus spécifiquement une algèbre de courant SU(2)L×SU(2)R𝑆𝑈subscript2𝐿𝑆𝑈subscript2𝑅SU(2)_{L}\times SU(2)_{R} cachée [97], à une certaine valeur de rayon de compactification R~=α~𝑅superscript𝛼\widetilde{R}=\sqrt{\alpha^{\prime}}. Cette symétrie concerne uniquement le champ scalaire compact, et implique simplement que les modes de ce champ vérifient une symétrie supplémentaire permettant donc de les classer.

La configuration que Sen propose d’étudier est la suivante. Supposons que l’espace n’est compactifié que le long d’une seule direction que nous noterons X𝑋X de rayon R𝑅R et que deux branes superposées s’enroulent autour de cette direction. Il existe 4 secteurs de cordes ouvertes se transformant selon la symétrie de jauge U(2)𝑈2U(2) et plus précisément dans la représentation adjointe de U(2)𝑈2U(2), composée des matrices de Pauli σ0,1,2,3superscript𝜎0.1.2.3\sigma^{0,1,2,3}. Dans chacun de ces secteurs il existe un tachyon – c’est un cas particulier en théorie bosonique. Toutefois, seul un secteur est réellement intéressant ici : il s’agit du secteur interbranaire σ1,2superscript𝜎1.2\sigma^{1,2} car il est l’unique secteur à admettre un tachyon en théorie des supercordes. Rappelons qu’en théorie bosonique, l’existence du tachyon de corde fermée est pathologique ; ultimement, les travaux accomplis dans ce contexte sont destinés à être réutilisés en théorie des supercordes. Pour cette raison, Sen ne se focalise que sur la condensation de ce tachyon, et nous suivrons cet engagement.

Ensuite, nous l’avons dit plus haut, La condensation de tachyon en théorie bosonique est en général mal définie pour T0𝑇0T\leq 0 à cause du puits de potentiel infini. Cependant, parce que nous étudions un tachyon du secteur interbranaire, nous avons que V(T)𝑉𝑇V(T) est défini symétrique 2subscript2{\mathbb{Z}}_{2} sous la forme (4.1.3). Par conséquent on s’attend à trouver des solutions topologiquement non triviales interpolant entre deux vides distincts.

En suivant la méthode de Sen, il est possible de ne construire qu’un seul soliton. Dans ce but, il impose au tachyon d’être anti-périodique en allumant une demi-unité de ligne de Wilson dans la direction compacte, c’est-à-dire le long de X𝑋X dans le secteur minimalement couplé à σ1,2superscript𝜎1.2\sigma^{1,2} :

σ3i2RXtensor-productsuperscript𝜎3𝑖2𝑅contour-integral𝑋\displaystyle\sigma^{3}\otimes\frac{i}{2R}\oint\partial X (4.2.2)

Dans cette configuration, Sen montre que le mode tachyonique associé à X𝑋X et vérifiant cette anti-périodicité

T(x)=αcosx2R𝑇𝑥𝛼𝑥2𝑅\displaystyle T(x)=\alpha\,\cos\frac{x}{2R} (4.2.3)

devient non massif en Rc=R~/2subscript𝑅𝑐~𝑅2R_{c}=\widetilde{R}/2. Comme il est en outre possible d’obtenir une dimension compacte de rayon R/2𝑅2R/2 en imposant un twist hX=eipXπRsubscript𝑋superscript𝑒𝑖subscript𝑝𝑋𝜋𝑅h_{X}=e^{ip_{X}\,\pi R} sur une dimension compacte de rayon R𝑅R, c’est-à-dire en ne sélectionnant que les champs identifiés sous cette translation XX+πR𝑋𝑋𝜋𝑅X\to X+\pi R. Nous pouvons donc exprimer la théorie compactifiée au rayon Rcsubscript𝑅𝑐R_{c} sous la forme d’une théorie au rayon R~~𝑅\widetilde{R}. Or chose pratique, en R=R~𝑅~𝑅R=\widetilde{R} l’opérateur de vertex du tachyon

𝒱=σ1αcosXσ1α2ϕ𝒱tensor-productsubscript𝜎1𝛼𝑋tensor-productsubscript𝜎1𝛼2italic-ϕ\displaystyle{\mathcal{V}}=\sigma_{1}\otimes\,\alpha\,\cos X\equiv\sigma_{1}\otimes\,\frac{\alpha}{2}\,\partial\phi (4.2.4)

est identifié à une ligne de Wilson, en terme du courant SU(2)𝑆𝑈2SU(2) ϕitalic-ϕ\partial\phi, et est donc exactement marginal pour toute valeur de α𝛼\alpha. Lorsque nous avons cette propriété, on dit que la théorie est une CFT et les couplages de cette CFT constituent les fonds classiques des champs correspondants dans l’espace-cible – c’est-à-dire les solutions des équations du mouvement de l’action effective. En dehors du rayon auto-duale R=R~𝑅~𝑅R=\widetilde{R} en revanche, Sen montre que la marginalité exacte n’est assurée qu’en deux valeurs α=0𝛼0\alpha=0 et α=1/2𝛼12\alpha=1/2 parce qu’autrement le tachyon développe un tadpole.

Le fond α=0𝛼0\alpha=0 est clairement identifié au vide tachyonique instable. A l’inverse, le fond α=1/2𝛼12\alpha=1/2 est identifié avec une solution de ressaut. Le profil de surface de corde correspondant est sensiblement favorable111111En fait, l’espace-cible à cause du facteur de CP voit plutôt T(x)2𝑇superscript𝑥2T(x)^{2}. Dans ce point de vue, la solution ressemble plus à un rebond, mais cela prouve simplement que l’interprétation est un peu ambiguë. Voir plus loin. à cette interprétation (voir figure 4.4).

Refer to caption
Figure 4.3: Solution de ressaut sur x{0;π}𝑥0𝜋x\in\{0;\pi\}. Le soliton est localisé en x=π/2𝑥𝜋2x=\pi/2.
Refer to caption
Figure 4.4: Solution de ressaut dans l’espace-cible

Sen montre en effet que la CFT associée à ce ressaut est bien celle d’une brane localisée au point de l’espace où T=0𝑇0T=0, soit ici x=π/2𝑥𝜋2x=\pi/2. Les valeurs de T𝑇T correspondant au vide de corde fermée sont donc dans cette description T=±1/2𝑇plus-or-minus12T=\pm 1/2. Cependant, il faut noter qu’il s’agit là de la description du processus sur la feuille d’univers d’une corde, c’est-à-dire que l’opérateur de vertex (4.2.4) correspondant au fond est ce que perçoit la corde et non ce qui est effectivement dans l’espace-cible. C’est une distinction importante. En réalité, dans l’espace-cible, le profil de la solution ressemblerait à une fonction d’Heaviside (voir figure 4.4).

En suivant la construction de Sen, nous avons donc obtenu la solution de ressaut dans un espace compact. On s’attend évidemment à ce que cette solution existe aussi dans la limite de décompactification, i.e. pour R𝑅R\to\infty. Comme nous avons vu, c’est en effet le cas tant que α=1/2𝛼12\alpha=1/2. Or Sen montre aussi que le fait d’augmenter le rayon n’a bien aucune incidence sur la nature de la solution, c’est-à-dire qu’il s’agit toujours d’une (p1)𝑝1(p-1)-brane. Cependant, la forme de la déformation sur le worldsheet change. Naïvement, on l’écrirait proportionnelle à cosX/2R𝑋2𝑅\cos X/2R, mais alors elle ne serait plus marginale et il faudrait ajouter des perturbations supplémentaires pour conserver cette propriété.

Solution de rebond

Nous disions plus haut que l’on pouvait aussi décrire cette brane de codimension 1 sous la forme d’un rebond. Cela se fait naturellement en supprimant la ligne de Wilson et en rétablissant la périodicité. Au rayon auto-dual R=R~=1𝑅~𝑅1R=\widetilde{R}=1, nous construisons un tachyon tel que simplement :

T(x)=σ1αcosXσ1αϕ𝑇𝑥tensor-productsuperscript𝜎1𝛼𝑋tensor-productsuperscript𝜎1𝛼italic-ϕ\displaystyle T(x)=\sigma^{1}\otimes\alpha\cos X\equiv\sigma^{1}\otimes\alpha\partial\phi (4.2.5)

Comme précédemment, ce tachyon est exactement marginal pour tout α𝛼\alpha au rayon auto-dual et uniquement en α={0,1/2}𝛼0.12\alpha=\{0,1/2\} en toute autre valeur du rayon. Par conséquent il constitue toujours une solution des équations du mouvement. Or on peut montrer qu’il décrit visiblement en cette valeur une interpolation spatiale d’un vide stable vers lui-même, prenant la forme de deux (p1)𝑝1(p-1)-brane localisées en x={0,πR}𝑥0𝜋𝑅x=\{0,\pi R\}. Cela est suggéré par la forme du tachyon121212Encore une fois la donnée importante est le tachyon carré que l’on peut aisément se représenter à partir de la figure (4.5). de la surface de corde conjugué au fait qu’on obtient explicitement que les solitons sont localisés en x={0,π}𝑥0𝜋x=\{0,\pi\}. C’est bien ce qu’on appelle une solution de rebond (voir figure 4.5).

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Figure 4.5: Profil de rebond avec α=1/2𝛼12\alpha=1/2 centré sur la brane localisée en x=π𝑥𝜋x=\pi.

Ce résultat est donnée explicitement dans [113]. Sen y obtient une expression pour la ”fonction d’onde” de la brane – plus spécifiquement, il caractérise l’état de bord |B=|Bc=25|BX|Bghket𝐵tensor-productsubscriptket𝐵𝑐25subscriptket𝐵𝑋subscriptket𝐵𝑔\left|B\right>=\left|B\right>_{c=25}\otimes\left|B\right>_{X}\otimes\left|B\right>_{gh} dans la direction131313Les autres directions ne sont pas relevantes ici car découplées. X𝑋X par :

|BX(n=+sin2n(απ)ei2nX(0))|0cproportional-tosubscriptket𝐵𝑋superscriptsubscript𝑛superscript2𝑛𝛼𝜋superscript𝑒𝑖2𝑛𝑋0subscriptket0𝑐\displaystyle\left|B\right>_{X}\propto\left(\sum_{n=-\infty}^{+\infty}\sin^{2n}(\alpha\pi)e^{i2nX(0)}\right)\left|0\right>_{c} (4.2.6)

avec |0csubscriptket0𝑐\left|0\right>_{c} le vide invariant de corde fermée SL(2,)𝑆𝐿2SL(2,\mathbb{C}). Nous avons modifié un peu sa formule pour l’adapter à notre présentation et telle qu’ici le tachyon contient le facteur CP σ1superscript𝜎1\sigma^{1} qui ne sélectionne que les puissances paires dans la formule ci-dessus. Ainsi, la source des cordes ouvertes, i.e. la fonction d’onde de la brane est proportionnelle à :

f(x)=n=+sin2n(απ)ei2nx𝑓𝑥superscriptsubscript𝑛superscript2𝑛𝛼𝜋superscript𝑒𝑖2𝑛𝑥\displaystyle f(x)=\sum_{n=-\infty}^{+\infty}\sin^{2n}(\alpha\pi)e^{i2nx} (4.2.7)

Or en α=1/2𝛼12\alpha=1/2, cela se resomme précisément sous la forme d’un peigne de Dirac :

f(x)=πδπ(x)𝑓𝑥𝜋subscript𝛿𝜋𝑥\displaystyle f(x)=\pi\,\delta_{\pi}(x) (4.2.8)

qui décrit donc deux branes de codimension 111 localisées en x=0𝑥0x=0 et x=π𝑥𝜋x=\pi sur un espace compact de rayon R=1𝑅1R=1. En généralisant à tout R𝑅R ce mode de condensation doit donc faire correspondre une paire de branes coincidentes à un ensemble de branes séparées par une distance Δ=πRΔ𝜋𝑅\Delta=\pi R. Notons que ce système est stable géométriquement pour tout R𝑅R par symétrie du système. Au passage, la déformation T(x)=σ1(1/2)cosX𝑇𝑥tensor-productsuperscript𝜎112𝑋T(x)=\sigma^{1}\otimes(1/2)\cos X pourrait aussi décrire, si la direction X𝑋X était non compacte, un ensemble infini de branes périodiquement espacées d’une distance Δx=πΔ𝑥𝜋\Delta x=\pi. Cet ensemble est également géométriquement stable parce qu’il est infini.

Vide de corde fermée

Maintenant, nous avons ici accès à une forme de preuve sur la nature du vide stable, car nous verrons que l’on peut contraindre par un court raisonnement les valeurs asymptotiques du potentiel effectif V(T)𝑉𝑇V(T). Nous proposons de le montrer succinctement en suivant les arguments de Sen.

Notons ±T0plus-or-minussubscript𝑇0\pm T_{0} les valeurs dans l’espace-cible du tachyon au vide stable. D’un point de vue énergétique, on veut prouver que l’on a :

V(±T0)=0etV(0)+2Tp=0formulae-sequence𝑉plus-or-minussubscript𝑇00et𝑉02subscript𝑇𝑝0\displaystyle V(\pm T_{0})=0\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \text{et}\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ V(0)+2T_{p}=0 (4.2.9)

avec Tpsubscript𝑇𝑝T_{p} la tension de chacune des branes. Or, si cela n’est pas vérifié alors l’énergie totale de la configuration est :

dTV(T)d𝑇𝑉𝑇\displaystyle\int\text{d}T\,V(T)\to\infty (4.2.10)

A l’inverse avoir montré que le ressaut est une p1𝑝1p-1-brane ayant une tension finie Tp1subscript𝑇𝑝1T_{p-1}, prouve qu’il faut :

dTV(T)=Tp1<d𝑇𝑉𝑇subscript𝑇𝑝1\displaystyle\int\text{d}T\,V(T)=T_{p-1}<\infty (4.2.11)

de sorte que les contraintes (4.2.9) sont immédiatement validées. Notons entre autre que la formule canonique du potentiel en théorie bosonique 2Tp/cosh(T/2α)2subscript𝑇𝑝𝑇2superscript𝛼2T_{p}/\cosh(T/2\alpha^{\prime}) valable pour un tachyon dans le secteur σ1superscript𝜎1\sigma^{1} permet d’obtenir en intégrant le tachyon le long du demi-espace ouvert141414Il faut tenir compte de l’orbifold hXsubscript𝑋h_{X} qui identifie l’espace-cible à la moitié de l’espace total. x[0,πR[x\in[0,\pi R[ :

+dTV(T)=2παTp=Tp1superscriptsubscriptd𝑇𝑉𝑇2𝜋superscript𝛼subscript𝑇𝑝subscript𝑇𝑝1\displaystyle\int_{-\infty}^{+\infty}\text{d}T\,V(T)=2\pi\alpha^{\prime}\,T_{p}=T_{p-1} (4.2.12)

Ainsi, les solutions de ressaut et de rebond (en α=1/2𝛼12\alpha=1/2) décrivent bien une brane de codimension 1 entourée de part et d’autre d’un vide de corde fermée.

A partir de la solution statique inhomogène, il est possible d’obtenir par continuation analytique – on parle de rotation de Wick dans ce cas – une solution dépendante du temps et dont les propriétés découlent immédiatement de celles de la solution de ressaut. Il s’agit de la solution de tachyon roulant, c’est-à-dire dynamique.

4.2.2 Solutions de condensation temporelle : S-brane, solutions hybrides

Il existe trois sortes de solutions dépendant du temps, bien distinctes cette fois-ci : les solutions asymptotiquement stables, auquel on se réfère en général sous le nom de S-brane complète 151515S signifie space-like, c’est-à-dire de genre espace. [56, 27] ; et les solutions interpolant entre le vide tachyonique instable et un vide stable, qui correspondent à ce que l’on appelle demi S-brane.

Il existe aussi des solutions inhomogènes ou hybrides, mélangeant une condensation spatiale et une condensation temporelle que nous aborderons brièvement en dernier lieu.

S-brane complète

La solution de S-brane complète est obtenue [113] directement à partir de la solution de ressaut par continuation analytique d’un espace-cible euclidien vers un espace-cible minkowskien – ce qu’on appelle une rotation de Wick. Appelons XE0subscriptsuperscript𝑋0𝐸X^{0}_{E} le temps euclidien et X0superscript𝑋0X^{0} le temps minkowskien. La rotation de Wick effectue la continuation X0=iXE0superscript𝑋0𝑖subscriptsuperscript𝑋0𝐸X^{0}=iX^{0}_{E} avec XE0subscriptsuperscript𝑋0𝐸X^{0}_{E}\in\mathbb{R}. La validité de cette continuation implique que tout calcul effectué en temps euclidien est égal au calcul équivalent effectué en temps minkowskien. On étudiera ici un tachyon sur une seule brane. Son potentiel est asymétrique mais ce mode de condensation n’explore que le domaine T>0𝑇0T>0.

Le tachyon suivant décrit sur la feuille d’univers une solution de ressaut en temps euclidien :

TE=λcosXE0subscript𝑇𝐸𝜆subscriptsuperscript𝑋0𝐸\displaystyle T_{E}=\lambda\cos X^{0}_{E} (4.2.13)

En admettant que la direction XE0subscriptsuperscript𝑋0𝐸X^{0}_{E} n’est pas compactifiée, cet opérateur de vertex est exactement marginal pour toute valeur de λ𝜆\lambda et correspond donc à une solution des équations du mouvement. Par rotation de Wick, on obtient le tachyon dépendant explicitement du temps

T=λcoshX0𝑇𝜆superscript𝑋0\displaystyle T=\lambda\cosh X^{0} (4.2.14)

D’après le profil, ce profil décrit une solution de ”rebond” temporel. Or un rebond devrait être une brane de codimension 111 dans le volume d’univers de la brane instable ; donc le profil (4.2.14) devrait représenter une brane de codimension 111 et de genre espace, ce qu’on appelle une S𝑆S-brane, c’est-à-dire un hyperplan de genre espace le long duquel les cordes ouvertes devraient vérifier des conditions de Dirichlet.

Cette interprétation est fausse, nous allons maintenant voir pourquoi. Premièrement, la solution (4.2.13) décrit un ensemble de rebonds situés périodiquement en x=π[2π]𝑥𝜋delimited-[]2𝜋x=\pi[2\pi]. C’est ce qu’on appelle des instantons. Or ce rebond temporel que l’on décrit par (4.2.14) serait quand à lui localisé en x0=0superscript𝑥00x^{0}=0. Deuxièmement, comme nous l’avons vu, le rebond est effectivement une brane de codimension 111 mais uniquement pour λ=1/2𝜆12\lambda=1/2. Or, en cette valeur, le rebond temporel est en réalité une configuration stationnaire d’énergie nulle, c’est-à-dire le vide de corde fermée T=T0𝑇subscript𝑇0T=T_{0}. En effet, l’énergie associée à (4.2.14) et la fonction d’onde de la brane instable sont données [113] par les expressions :

E𝐸\displaystyle E =Tp2(cos(2πλ)+1)Tpabsentsubscript𝑇𝑝22𝜋𝜆1subscript𝑇𝑝\displaystyle=\frac{T_{p}}{2}\left(\cos(2\pi\lambda)+1\right)\leq T_{p}
f(x0)𝑓superscript𝑥0\displaystyle f(x^{0}) =11+ex0sinλπ+11+ex0sinλπ1absent11superscript𝑒superscript𝑥0𝜆𝜋11superscript𝑒superscript𝑥0𝜆𝜋1\displaystyle=\frac{1}{1+e^{x^{0}}\sin\lambda\pi}+\frac{1}{1+e^{-x^{0}}\sin\lambda\pi}-1 (4.2.15)

Cette solution dite de S-brane complète n’est donc jamais exactement une S𝑆S-brane, mais plutôt une tentative ratée, c’est-à-dire que le système n’a pas l’énergie nécessaire pour reconstruire la brane instable. En outre, une S-brane est interprétée comme un objet non-perturbatif associé à un effet tunnel d’un vide (méta)stable vers un vide stable distinct. Or ici, le vide initial et le vide final sont exactement les mêmes, il n’y a donc pas d’effet tunnel. Par conséquent, parler de S-brane, en tout cas dans cet exemple-ci est délicat.

La situation associée au tachyon interbranaire étudié précédemment serait en ce sens sûrement plus pertinente puisque son potentiel admet deux vides stables distincts. Dans ce cadre, avec le facteur CP σ1superscript𝜎1\sigma^{1} la déformation (4.2.13) est équivalente à une solution de rebonds périodiquement espacés et topologiquement non-triviaux. Elle décrit donc vraiment un ensemble d’instantons et la solution minkowskien correspondante (4.2.14) doit décrire un effet non-perturbatif et non-trivial. Dans la littérature cet effet est nommé S-brane bien qu’il ne décrit pas spécifiquement un hyperplan localisé avec des conditions de Dirichlet161616Dans la littérature pour faire la distinction, cet hyperplan de genre espace est nommé DS-brane [27] pour Dirichlet S-brane..

Notons enfin, qu’il y a une importante différence – énergétique – entre la condensation temporelle et la condensation spatiale. En effet, l’énergie est une donnée qui doit être temporellement conservée, tandis qu’elle n’a pas de telle contrainte spatialement. Ainsi la solution de ressaut est entourée de part et d’autre d’un vrai vide de corde fermée à 26 dimensions, c’est-à-dire de densité d’énergie nulle. Or ce ne peut être le cas de la solution temporelle que l’on vient de décrire. Si E0𝐸0E\neq 0 l’énergie étant conservée, même en T+𝑇T\to+\infty la théorie ne peut être celle d’un vide de corde fermée à 26 dimensions. Premièrement, si l’énergie dans le ”vide” est non nulle c’est qu’il existe une source quelque part ; dans le cadre de la théorie des cordes ce ne peut être qu’une brane. Deuxièmement, la théorie est celle d’une condensation de tachyon sur une brane instable, on s’attend donc à ce que l’énergie soit stockée dans ce volume et non au dehors ; ce qu’on voit facilement puisque les conditions de Dirichlet sur les coordonnées transverses à la brane instable ne sont pas modifiées par le tachyon.

Ensuite, le calcul de la pression [114] montre que :

Tijf(x0)δijproportional-tosubscript𝑇𝑖𝑗𝑓subscript𝑥0subscript𝛿𝑖𝑗\displaystyle T_{ij}\propto f(x_{0})\delta_{ij} (4.2.16)

Or d’après (4.2.2) f(x0)𝑓superscript𝑥0f(x^{0}) s’annule pour x0±superscript𝑥0plus-or-minusx^{0}\to\pm\infty, c’est-à-dire pour TWS+subscript𝑇𝑊𝑆T_{WS}\to+\infty.171717J’indique WS𝑊𝑆WS pour ”worldsheet”. Compte-tenu qu’on ne connait pas la correspondance exacte entre une solution sur la surface d’univers et une solution d’espace-cible, il est a priori difficile de justifier l’identification de TWS+subscript𝑇𝑊𝑆T_{WS}\to+\infty avec le vide stable T0=+subscript𝑇0T_{0}=+\infty. Cependant, puisque la pression s’annule, le système tend à devenir stationnaire asymptotiquement. Il parait donc raisonnable de faire cette identification. En dehors du comportement asymptotique, on ne peut pas plus identifier l’expression de TWSsubscript𝑇𝑊𝑆T_{WS} à celle de la solution d’espace-cible. On le voit bien en λ=1/2𝜆12\lambda=1/2 puisque TWSsubscript𝑇𝑊𝑆T_{WS} dépend du temps alors que le système physique est tout à fait stationnaire.

Enfin, nous avons vu que le vide asymptotique stable du tachyon devait correspondre à une théorie des cordes fermées. Bien qu’il soit maintenant clair que la symétrie de Poincaré sur l’ensemble de l’espace-cible n’est pas restaurée ici, les arguments que nous avions avancés restent valables et en particulier celui du confinement qui ne dépend que de la valeur asymptotique du potentiel tachyonique. Ainsi, il apparaît que le vide asymptotique est en fait composé d’un ensemble de cordes fermées d’énergie E0𝐸0E\neq 0 confinées dans le plan de la brane instable.

D’après ces considérations, la solution de rebond temporel correspond donc physiquement à un gaz initial de cordes fermées non relativistes – pression nulle – conspirant à former une brane instable mais échouant et revenant à son état initial. On considère qu’il s’agit d’un système très peu physique car le degré d’ajustement est extrême.

Demi S-brane

Comme nous disions il existe une autre solution, dérivée en fait du cas précédent. Il s’agit du tachyon initialement (pour x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty) placé au vide instable puis roulant asymptotiquement vers le vide stable (en x0+superscript𝑥0x^{0}\to+\infty). C’est une solution physiquement plus pertinente que la précédente parce qu’elle décrit un processus naturel de déstabilisation.

En extrapolant les résultats précédents, on s’attend à ce que l’énergie soit constante et conservée à E=Tp𝐸subscript𝑇𝑝E=T_{p} et que la pression chute et s’annule en x0+superscript𝑥0x^{0}\to+\infty. En outre, on s’attend aussi à ce que le contenu physique et sa répartition spatiale asymptotiques suivent le schéma précédent, c’est-à-dire un agrégat de cordes fermées non relativistes confinées et se propageant dans le volume d’univers de la brane initiale. Compte-tenu de l’énergie à disposition qui va en 1/gs1subscript𝑔𝑠1/g_{s} on peut imaginer que les particules décrites par les cordes seront extrêmement massives.

On dérive les formules de l’énergie, de la fonction d’onde de la brane et de la pression à partir des formules précédentes. Rappelons que la S-brane correspond au tachyon :

Tf(x0)=λcoshx0subscript𝑇𝑓superscript𝑥0𝜆superscript𝑥0\displaystyle T_{f}(x^{0})=\lambda\cosh x^{0} (4.2.17)

En revanche, la demi S-brane doit être décrite par la solution :

Th(x0)=ζex0subscript𝑇superscript𝑥0𝜁superscript𝑒superscript𝑥0\displaystyle T_{h}(x^{0})=\zeta e^{x^{0}} (4.2.18)

Remarquons tout d’abord que la constante de couplage ζ𝜁\zeta n’est pas vraiment pertinente puisqu’on peut la réabsorber par translation temporelle. Maintenant, pour obtenir l’un à partir de l’autre, il faut appliquer à la solution de S-brane i) une translation temporelle x0x0lnλsuperscript𝑥0superscript𝑥0𝜆x^{0}\to x^{0}-\ln\lambda, puis ii) prendre λ0𝜆0\lambda\to 0 et enfin iii) appliquer de nouveau une translation temporelle pour faire apparaître ζ𝜁\zeta.

Il pouvait apparaître à partir de (4.2.17) que la seule solution telle que E=Tp𝐸subscript𝑇𝑝E=T_{p} est la brane instable fixée au sommet du potentiel ; on voit donc qu’il n’en est rien et qu’il existe au moins une autre solution. Maintenant, en appliquant la transformation proposée sur E𝐸E et f(x0)𝑓superscript𝑥0f(x^{0}) on trouve :

E=Tpetf(x0)=11+πζex0formulae-sequence𝐸subscript𝑇𝑝et𝑓superscript𝑥011𝜋𝜁superscript𝑒superscript𝑥0\displaystyle E=T_{p}\quad\text{et}\quad f(x^{0})=\frac{1}{1+\pi\zeta e^{x^{0}}} (4.2.19)

On a donc bien la formule souhaitée pour l’énergie, indépendante de ζ𝜁\zeta. D’autre part, l’état de bord le long de la direction X0superscript𝑋0X^{0}, c’est-à-dire |B0f(x0)|0cproportional-toketsubscript𝐵0𝑓superscript𝑥0subscriptket0𝑐\left|B_{0}\right>\propto f(x^{0})\left|0\right>_{c}, s’annule bien en x0+subscript𝑥0x_{0}\to+\infty et tend vers |0csubscriptket0𝑐\left|0\right>_{c} en x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty. Similairement pour la pression, on trouve qu’elle chute et s’annule en x0+superscript𝑥0x^{0}\to+\infty et tend vers une constante asymptotiquement dans le passé.

On comprend que cette voie de condensation est très importante pour les raisons suivantes. D’une part, on justifie qu’il s’agit d’une solution d’une grande pertinence physique, dans le sens où l’on ne s’interroge pas de savoir de quelle façon telle brane instable est apparue – qui est une autre question – mais de savoir comment elle va évoluer, et finalement se désintégrer et en quoi ; ce dont on peut répondre. D’autre part, la solution de demi S-brane est asymptotiquement libre dans le passé, contrairement à la S-brane complète, ce qui autorise à étudier les éléments de matrice-S (voir [77]).

Condensation temporelle et production de particule

Les questions associées à la production de cordes fermées (non duales à des cordes ouvertes) proposées dans le cas bosonique par Lambert et al. dans [78] puis continuées par Karczmarek et al. dans [67] sont aussi applicables ici, puisqu’il n’y a aucune raison de les négliger. On pourra aussi lire [117, 72, 71]. L’intégrité de la brane en condensation temporelle n’est donc pas garantie et elle doit simplement s’évaporer au cours du temps sous la forme de ces cordes fermées non duales ultra-massives et non-relativistes.

De sorte que la solution de tachyon roulant n’est physiquement valable que pour un temps relativement bref, de l’ordre de la constante de temps du processus, c’est-à-dire 1/|m|αsimilar-to1𝑚superscript𝛼1/\left|m\right|\sim\alpha^{\prime}. En effet, le couplage aux cordes fermées implique que l’énergie n’est pas conservée dans le volume de la brane, contrairement à ce qu’on a pu supposer et démontrer en négligeant cette question. Notons cependant qu’il a été proposé – voir par exemple [117] – que les cordes fermées produites correspondraient en fait à la matière tachyonique – c’est-à-dire seraient les cordes fermées duales produites par confinement – de sorte que la théorie de corde ouverte du tachyon roulant serait finalement valable. A l’heure actuelle ça n’est toujours qu’une hypothèse.

Solutions hybrides

On peut imaginer construire des solutions dynamiques dont la condensation donne lieue à une production – ou collision – de ressaut ou de rebond. En l’occurrence, on sait que le tachyon suivant est marginal :

T(X0,X)=λeωX0cos(kX)𝑇superscript𝑋0𝑋𝜆superscript𝑒𝜔superscript𝑋0𝑘𝑋\displaystyle T(X^{0},\vec{X})=\lambda e^{\omega X^{0}}\cos(\vec{k}\cdot\vec{X}) (4.2.20)

pour ω2=1k2superscript𝜔21superscript𝑘2\omega^{2}=1-\vec{k}^{2}. Cette déformation a été étudiée par Larsen et al. dans [79] ainsi que par Sen dans [115] qui montre que la marginalité exacte n’est atteinte qu’en k=1/2𝑘12k=1/\sqrt{2}. Par rotation dans le volume de la brane, on peut réexprimer kX=|k|Xk𝑘𝑋𝑘subscript𝑋𝑘\vec{k}\cdot\vec{X}=\left|k\right|\cdot X_{\vec{k}} avec Xksubscript𝑋𝑘X_{\vec{k}} la direction pointée par k𝑘\vec{k}. On montre par étude de la CFT et des états de bords que cette solution représente effectivement dans un espace non compact, pour x0superscript𝑥0x^{0}\to\infty un ensemble d’objets de codimension 1 equi-espacées d’une distance Δx=2πΔ𝑥2𝜋\Delta x=\sqrt{2}\pi. Ces objets sont a priori des D(p1)𝐷𝑝1D(p-1) branes mais leur tension est légèrement supérieure à Tp1subscript𝑇𝑝1T_{p-1} donc il a été proposé [115] que l’énergie en surplus est portée par des tachyons condensant sur chacune de ces branes.

4.2.3 Connexion aux théories conformes et modèles intégrables

Les solutions de ressaut et de demi S-branes décrivent comme nous l’avons vu des théories conformes. Celles-ci sont en fait bien connues sous les noms respectifs de modèle de bord de sine-Gordon et de théorie de bord de Liouville. Ces modèles ont été extensivement étudiés dans la littérature [30, 11, 121, 31], en particulier en temps que modèles de physique statistique à 2 dimensions. Sine-Gordon de manière générale181818La théorie de bord en est une extension naturelle. est connue pour être un modèle intégrable – c’est-à-dire totalement soluble – et Liouville pour décrire une théorie des cordes non-critique.

Des outils mathématiques très puissants ont été développés pour résoudre ces théories – sachant qu’elles sont résolvables – et sont donc d’une grande aide dans l’étude de la condensation de tachyon. Il y eu des tentatives pour définir le tachyon roulant depuis une théorie de Liouville par rotation de Wick [57, 56, 104], ce qui défini la théorie de Liouville de genre temps (TBL). En outre, il existe des extensions supersymétriques de ces modèles [91, 90, 10, 11, 85] donc cela ne s’arrête pas au cas bosonique. En ce qui concerne le calcul des fonctions de corrélation, de la fonction de partition, des effets non-perturbatifs sur la surface de cordes, de la construction des états de bord, pour ces théories l’essentiel est déjà connu. Malheureusement, elles ne représentent pas l’ensemble des modèles de tachyon condensant qui semblent consister en des généralisations de ces modèles intégrables, comme par exemple pour ce qui nous intéressera le modèle Kondo – bosonique [11, 94, 80, 32] et supersymétrique.

4.3 Condensation de tachyon en système non BPS instable

Les systèmes de brane non-BPS et de brane-antibrane coïncidentes sont très bien connus et ont été étudiés en détail par nombre d’auteurs (Sen, Kutasov, Larsen, Garousi…) [116, 106, 107, 76, 59, 79, 74, 44, 47]. La condensation de tachyon y est relativement bien comprise et dans une certaine mesure191919Voir section 1. nous avons une action effective dont la forme, et en particulier le potentiel, sont assez bien contraints. Comme nous disions dans la section 1 les diverses solutions de condensation – ressaut, antiressaut, vortex, S-brane – entrent dans le schéma de relations de descente entre branes de la théorie K.

Rappelons sa forme canonique :

V(T)=1coshT2𝑉𝑇1𝑇2\displaystyle V(T)=\frac{1}{\cosh\frac{T}{\sqrt{2}}} (4.3.1)

Sa représentation graphique est donnée dans la figure (4.6). Dans le système brane-antibrane, le tachyon T𝑇T de la formule ci-dessus est remplacé par le module complexe |T|𝑇\left|T\right|. De sorte que le potentiel est indépendant de la phase du tachyon et est donc explicitement symétrique U(1)𝑈1U(1). Le tachyon d’espace-cible y condenserait en |T|=±𝑇plus-or-minus\left|T\right|=\pm\infty. Dans le cas de la brane non-BPS, le tachyon est réel et par conséquent le potentiel correspond exactement à ce qui est représenté sur la figure (4.6) qui nous le voyons est symétrique 2subscript2\mathbb{Z}_{2}. La mise en valeur de ces symétries est importante pour construire des solitons topologiquement non triviaux donc stables, comme nous le verrons prochainement.

Refer to caption
Figure 4.6: Forme canonique du potentiel tachyonique en théorie supersymétrique.

Nous allons brièvement rappeler la forme de l’action effective TDBI obtenue en supercordes que nous avions introduite plus tôt. Nous verrons d’abord le cas de la brane non-BPS puis celui des branes DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}. Nous ajouterons la contribution des champs de Ramond-Ramond dans le terme de Wess-Zumino. Nous partirons de branes de dimension maximale, c’est-à-dire de dimension 9+1919+1 car les expressions sont plus simples et capturent la physique de toute autre brane. En effet, les actions sur les branes de dimension inférieure sont obtenues par T-dualité le long des directions rendues transverses. Pour la brane non-BPS [44, 110], l’action effective d’une D9-brane en type IIA est :

SnonBPS=2T9d10σeΦV(T)det(Gab+Bab+2παFab+aTbT)+SWZsubscript𝑆𝑛𝑜𝑛𝐵𝑃𝑆2subscript𝑇9superscriptd10𝜎superscript𝑒Φ𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝑎𝑇subscript𝑏𝑇subscript𝑆𝑊𝑍\displaystyle S_{nonBPS}=\sqrt{2}T_{9}\,\int\text{d}^{10}\sigma\,e^{\Phi}V(T)\,\sqrt{\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+\partial_{a}T\partial_{b}T\right)}+S_{WZ} (4.3.2)

L’expression est abélienne, puisqu’il n’y a qu’une seule brane. Nous discutons de son domaine de validité dans le chapitre 1. Il s’étend a priori seulement le long de condensations spatiales. Pour discuter des condensations temporelles la base d’étude est l’action tachyonique dans la jauge statique :

ST=2Tpdp+1σV(T)ηab+aTbTsubscript𝑆𝑇2subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎𝑉𝑇subscript𝜂𝑎𝑏subscript𝑎𝑇subscript𝑏𝑇\displaystyle S_{T}=\sqrt{2}T_{p}\,\int\text{d}^{p+1}\sigma\,V(T)\,\sqrt{\eta_{ab}+\partial_{a}T\partial_{b}T} (4.3.3)

Dans (4.3.2), le terme de Wess-Zumino est connu pour être de la forme [116, 92, 68, 49, 14, 70] :

SWZ=μpp+1W(T)𝑑T(mIIAC(m))eB+2παFsubscript𝑆𝑊𝑍subscript𝜇𝑝subscript𝑝1𝑊𝑇differential-d𝑇subscript𝑚IIAsubscript𝐶𝑚superscript𝑒𝐵2𝜋superscript𝛼𝐹\displaystyle S_{WZ}=\mu_{p}\int_{p+1}W(T)dT\wedge\left(\sum_{m\in\text{IIA}}C_{(m)}\right)\wedge e^{B+2\pi\alpha^{\prime}F} (4.3.4)

W(T)V(T)proportional-to𝑊𝑇𝑉𝑇W(T)\propto V(T) et B𝐵B et F𝐹F respectivement les pull-back sur le volume de la brane du champ de Kalb-Ramond et le tenseur de Maxwell du champ de jauge de corde ouverte. La charge μpsubscript𝜇𝑝\mu_{p} est proportionnelle à la tension de la brane. Les champs de jauge de R-R sont en type IIA les formes différentielles d’indice paire. En type IIB, ils sont d’indice impair. Notons que le tachyon n’est pas couplé minimalement aux champs de jauge des cordes ouvertes, ce qui nécessite leur confinement lors de la condensation.

Par T-dualités successives le long des directions que l’on souhaite rendre transverses, on obtient les actions effectives des branes non-BPS de dimension inférieure donc en type IIA et IIB en fonction de leur dimension. Il faut appliquer, par exemple par T-dualité le long de la direction X10superscript𝑋10X^{10} :

Fa 10aX10et10T0formulae-sequencesubscript𝐹𝑎10subscript𝑎superscript𝑋10etsubscript10𝑇0\displaystyle F_{a\,10}\to\partial_{a}X^{10}\qquad\text{et}\qquad\partial_{10}T\to 0
Ga 10AaGetG10 10ϕGformulae-sequencesubscript𝐺𝑎10subscriptsuperscript𝐴𝐺𝑎etsubscript𝐺1010superscriptitalic-ϕ𝐺\displaystyle G_{a\,10}\to A^{G}_{a}\qquad\text{et}\qquad G_{10\,10}\to\phi^{G}
Ba 10AaBsubscript𝐵𝑎10subscriptsuperscript𝐴𝐵𝑎\displaystyle B_{a\,10}\to A^{B}_{a} (4.3.5)

Les champs AaG,Bsubscriptsuperscript𝐴𝐺𝐵𝑎A^{G,B}_{a} et ϕGsuperscriptitalic-ϕ𝐺\phi^{G} sont réabsorbés respectivement dans le champ Fabsubscript𝐹𝑎𝑏F_{ab} et le dilaton ΦΦ\Phi. Si bien que l’action T-duale d’une Dp𝐷𝑝Dp-brane non-BPS pour p𝑝p quelconque s’exprime par :

SnonBPS=2Tpdp+1σeΦV(T)det(Gab+Bab+2παFab+aXIbXI+aTbT)+SWZsubscript𝑆𝑛𝑜𝑛𝐵𝑃𝑆2subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎superscript𝑒Φ𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝑎superscript𝑋𝐼subscript𝑏subscript𝑋𝐼subscript𝑎𝑇subscript𝑏𝑇subscript𝑆𝑊𝑍S_{nonBPS}=\sqrt{2}T_{p}\,\int\text{d}^{p+1}\sigma\,e^{\Phi}V(T)\,\sqrt{\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+\partial_{a}X^{I}\partial_{b}X_{I}+\partial_{a}T\partial_{b}T\right)}\\ +S_{WZ} (4.3.6)

avec I=p+19𝐼𝑝19I=p+1\ldots 9 les dimensions transverses.

L’action effective du système brane-antibrane, comme expliqué dans l’introduction, est obtenue par non-abélianisation de l’action non-BPS de dimension maximale, puis projection le long des secteurs du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} commun au système non-BPS. Son domaine de validité suit celui de l’action TDBI pour la brane non-BPS, c’est-à-dire T𝑇T de genre espace. Nous ne donnerons que la forme conjecturée pour p=9𝑝9p=9 en type IIB202020La forme T-duale a été donnée dans le chapitre 1 pour un fond simplifié et on pourra s’y reporter. [44, 47] :

SDD¯=d10σSTreΦV(|T|)det(Gab+Bab+2παFab+DaT(DbT))+SWZsubscript𝑆𝐷¯𝐷superscriptd10𝜎STrsuperscript𝑒Φ𝑉𝑇subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏2𝜋superscript𝛼subscript𝐹𝑎𝑏subscript𝐷𝑎𝑇superscriptsubscript𝐷𝑏𝑇subscript𝑆𝑊𝑍\displaystyle S_{D\bar{D}}=\int\text{d}^{10}\sigma\,\;\text{STr}\;\,e^{\Phi}V(|T|)\,\sqrt{\det\left(G_{ab}+B_{ab}+2\pi\alpha^{\prime}F_{ab}+D_{a}T(D_{b}T)^{\dagger}\right)}+S_{WZ} (4.3.7)

avec  STr  la trace complètement symétrique sur le groupe de jauge. Nous avons également introduit la dérivé covariante non abélienne telle que DaT=aTi[Aa,T]subscript𝐷𝑎𝑇subscript𝑎𝑇𝑖subscript𝐴𝑎𝑇D_{a}T=\partial_{a}T-i[A_{a},T]. Le terme de Wess-Zumino [48, 50, 52] n’est pas important pour nous, mais est très similaire à (4.3.4) à une trace près. Pour obtenir l’expression de l’action dans les systèmes de dimension inférieure, nous appliquons encore une T-dualité dans les directions que l’on souhaite transverses. Par exemple, le long de X10superscript𝑋10X^{10} il faudrait appliquer :

Fa 10DaX10etD10T[X10,T]formulae-sequencesubscript𝐹𝑎10subscript𝐷𝑎superscript𝑋10etsubscript𝐷10𝑇superscript𝑋10𝑇\displaystyle F_{a\,10}\to D_{a}X^{10}\qquad\text{et}\qquad D_{10}T\to[X^{10},T]
Ga 10AaGetG10 10ϕGformulae-sequencesubscript𝐺𝑎10subscriptsuperscript𝐴𝐺𝑎etsubscript𝐺1010superscriptitalic-ϕ𝐺\displaystyle G_{a\,10}\to A^{G}_{a}\qquad\text{et}\qquad G_{10\,10}\to\phi^{G}
Ba 10AaBsubscript𝐵𝑎10subscriptsuperscript𝐴𝐵𝑎\displaystyle B_{a\,10}\to A^{B}_{a} (4.3.8)

Le champ X10superscript𝑋10X^{10} est une matrice diagonale encodant les positions respectives de chaque brane, tandis que T𝑇T est donné par une matrice anti-diagonale :

X10=(X(1) 1000X(2) 10)etT=(0ττ0)formulae-sequencesuperscript𝑋10superscript𝑋11000superscript𝑋210et𝑇0𝜏superscript𝜏0\displaystyle X^{10}=\left(\begin{array}[]{cc}X^{(1)\,10}&0\\ 0&X^{(2)\,10}\end{array}\right)\qquad\text{et}\qquad T=\left(\begin{array}[]{cc}0&\tau\\ \tau^{*}&0\end{array}\right) (4.3.13)

Il apparait naturellement un couplage entre le tachyon et la position relative de la brane et de l’antibrane via [X10,T]superscript𝑋10𝑇[X^{10},T]. Ce couplage donne au tachyon interbranaire sa masse αm2=2/4π2α1/2superscript𝛼superscript𝑚2superscript24superscript𝜋2superscript𝛼12\alpha^{\prime}m^{2}=\ell^{2}/4\pi^{2}\alpha^{\prime}-1/2 avec \ell la distance relative entre les branes. La position du centre de masse du système est quant à elle découplée et reste un module à tachyon non nul, ce qui n’est a priori plus le cas du champ de distance212121Mais à tachyon nul il retrouve naturellement son statut de module..

Pour étudier les tachyons condensants de genre temps il faut de nouveau s’intéresser plutôt à l’action effective du tachyon seul dans la jauge statique, donc au moins dans la limite où la distance relative est nulle, c’est-à-dire à la coïncidence :

ST=2Tpdp+1σSTrV(|T|)ηab+aTbTsubscript𝑆𝑇2subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎STr𝑉𝑇subscript𝜂𝑎𝑏subscript𝑎𝑇subscript𝑏superscript𝑇\displaystyle S_{T}=\sqrt{2}T_{p}\,\int\text{d}^{p+1}\sigma\,\;\text{STr}\;V(|T|)\,\sqrt{\eta_{ab}+\partial_{a}T\partial_{b}T^{*}} (4.3.14)

L’étude du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} coïncident est très bien connu à l’inverse du cas à séparation non nulle que nous avons étudié dans cette thèse. Nous allons voir maintenant les diverses solutions de condensation qu’admettent les équations de mouvement de ces actions.

4.3.1 Solutions de condensation spatiale : ressaut et vortex

Ces solutions correspondent exactement aux ressauts – kink – que nous avions introduits en théorie bosonique, à la différence qu’ici il existe des contraintes supplémentaires associées à la charge des objets. Par condensation spatiale, les branes sont vues comme des solitons du champ tachyonique. Or le potentiel effectif en théorie de supercorde est symétrique 2subscript2\mathbb{Z}_{2} ou U(1)𝑈1U(1) et par condensation cette symétrie est spontanément brisée.

Solutions de type ressaut

Par conséquent, l’existence de solutions de condensation de type ressaut interpolant entre au moins deux vides stables distincts est attendue. Ces solutions ne sont pas nécessairement topologiquement non-triviales – par exemple sur le système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} le potentiel est symétrique U(1)𝑈1U(1) et il existe donc une transformation continue qui amène le ressaut vers le vide de corde fermée stable. Cependant, les solutions de ressaut sont typiquement chargées – même si ce n’est pas toujours le cas – du fait du changement de vide et parce que le tachyon couple aux champs de jauge par le terme de Chern-Simons (4.3.4). La construction des solitons sur le système brane-antibrane coïncident a été fait par Sen [116, 106] exclusivement en terme de ressaut et de vortex.

Pour y obtenir un seul ressaut, il impose la même contrainte qu’en théorie bosonique, c’est-à-dire qu’il commence par compactifier une direction et il ajoute le long de celle-ci une demi-unité de ligne de Wilson. De la sorte, sa solution doit être anti-périodique autour de la coordonnée compacte et elle peut donc être une unique interpolation d’un vide T0subscript𝑇0-T_{0} vers un vide +T0subscript𝑇0+T_{0}. Or dimensionnellement, dans le terme de WZ, le tachyon ne peut pas coupler à un champ de jauge : les dimensions du volume de la brane ne peuvent jamais être remplies avec un tachyon et au moins un champ de jauge. Cette solution n’est donc pas chargée. Or comme nous disions, elle est aussi une solution topologiquement triviale et donc très probablement instable. D’un point de vue dimensionnel, l’objet créé est de codimension 1 dans le volume du système et par conséquent, il doit s’agir d’une brane non-BPS.

Appliquons une condensation analogue le long d’une brane non-BPS. Une demi-unité de ligne de Wilson est allumée le long d’une de ses directions, supposée compacte. La solution peut alors interpoler une fois entre les deux vides ±T0plus-or-minussubscript𝑇0\pm T_{0} du potentiel de la brane non-BPS. Grâce à l’existence d’un champ de jauge permettant par couplage au tachyon de remplir toutes les dimensions de la brane non-BPS dans le terme de WZ, l’objet obtenu est ainsi chargé. Or, à cause de la forme du potentiel que l’on sait symétrique 2subscript2\mathbb{Z}_{2} toute solution interpolant entre les deux vides distincts est topologiquement non triviale. L’objet est donc stable. Par analyse dimensionnelle il ne peut s’agir que d’une brane BPS de codimension 1 dans le volume de la brane non-BPS.

En étudiant les diverses observables du système et en particulier, le tenseur énergie-impulsion, les diverses sources et plus généralement l’état de bord du système, Sen obtient effectivement que ces solutions se présentent sous la forme de solitons de codimension 1 et bien localisés – des murs de domaine en somme – interpolant entre deux vides bien distincts. Tout cela peut se résumer sous la forme des relations suivantes, en tenant compte des contraintes liées à la dimension des branes BPS et non-BPS :

IIA:DpD¯p:IIA𝐷𝑝¯𝐷𝑝\displaystyle\text{IIA}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ Dp-\overline{D}p \displaystyle\longrightarrow ressaut non-BPS D(p1)ressaut non-BPS 𝐷𝑝1\displaystyle\qquad\text{ressaut non-BPS }D(p-1)
IIB:non BPS Dp:IIBnon BPS 𝐷𝑝\displaystyle\text{IIB}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ \text{non BPS }Dp \displaystyle\longrightarrow ressaut D(p1)ressaut 𝐷𝑝1\displaystyle\qquad\text{ressaut }D(p-1) (4.3.15)

En relaxant la condition d’anti-périodicité il est possible de construire des couples de branes par exemple dans des dimensions compactes. En l’occurrence sur la brane non-BPS au rayon auto-dual – puis en tout rayon par marginalité exacte en λ=1/2𝜆12\lambda=1/2 – en ajoutant à la théorie de surface de corde la perturbation σ1λcosXtensor-productsuperscript𝜎1𝜆contour-integral𝑋\sigma^{1}\otimes\lambda\oint\cos X nous obtenons un couple brane-antibrane séparé à distance critique – donc stable. De plus, les branes sont réparties en des points diamétralement opposés, donc cette configuration est d’autant plus géométriquement stable. Dans la limite de décompactification, cette déformation construit un ensemble infini de couples brane-antibrane répartis périodiquement le long de la direction concernée. Puisque tous les objets sont séparés par une distance critique, l’ensemble est tout à fait stable.

Solution de type vortex

Dans le cadre du système brane-antibrane, il est aussi possible de construire des solutions de type vortex [116] puisque le tachyon est complexe et que le potentiel est symétrique U(1). Ces solutions engagent une configuration bi-dimensionnelle, à la différence du ressaut ou du rebond qui sont purement uni-dimensionnels, car il s’agit de faire varier la phase du tachyon autour d’un défaut, une singularité, ce qui est réminiscent du cas des cordes cosmiques. De fait, nous aurons :

IIA ou IIB:DpD¯p:IIA ou IIB𝐷𝑝¯𝐷𝑝\displaystyle\text{IIA}\text{ ou }\text{IIB}\leavevmode\nobreak\ :\leavevmode\nobreak\ Dp-\overline{D}p \displaystyle\longrightarrow vortex D(p2)vortex 𝐷𝑝2\displaystyle\qquad\text{vortex }D(p-2) (4.3.16)

L’orientation, c’est-à-dire la charge, de la brane dépend de l’orientation du vortex autour de la singularité par intégration le long du tachyon d’un terme de Wess-Zumino du type (4.3.4) bien qu’en l’état cela ne fonctionne pas aussi trivialement – voir plus bas. Il est clair que toute configuration de vertex est topologiquement non trivial. En effet, i) le nombre de vortex n’est pas continuellement réductible et ii) si un vortex est une brane BPS alors deux vortex sont deux branes BPS de même charge et ainsi de suite, ce qui constitue un système stable – et donc irréductible – de branes parallèles, coïncidentes et localisées au point entouré par les vortex.

A cause de la neutralité du système brane-antibrane initial nous faisons cependant face à un problème pour créer une brane chargée, même en tenant compte de l’éventuel couplage du tachyon aux champs R-R a priori de la forme (4.3.4). Ce problème est clairement dimensionnel parce que le tachyon y apparaît a priori sous la forme dT𝑑𝑇dT et il ne peut donc pas sourcer les champs R-R couplés à une D(p2)𝐷𝑝2D(p-2). Rappelons que cette forme était providentielle afin de construire une brane non chargée non-BPS D(p1)𝐷𝑝1D(p-1) ci-dessus. Il a été proposé dans [82] pour palier à cette situation, de ne considérer que le cas, moins problématique, de la création de pair vortex-antivortex. Dans cet article ils proposent au passage une BCFT pour cette solution en introduisant dans l’action de surface au rayon auto-dual une déformation marginale sur le bord.

Cependant, parce que le tachyon dépend de deux coordonnées, il doit être possible de généraliser dτdτdτdxdy𝑑𝜏𝑑𝜏𝑑superscript𝜏proportional-to𝑑𝑥𝑑𝑦d\tau\to d\tau\wedge d\tau^{*}\propto dx\wedge dy avec (x,y)𝑥𝑦(x,y) les coordonnées du plan de condensation, de sorte que le champ de jauge R-R naturellement couplé à la D(p2)𝐷𝑝2D(p-2)-brane est effectivement sourcé. Cela se comprend d’autant mieux que par descente en construisant itérativement des solutions de ressaut depuis la pair DpD¯p𝐷𝑝¯𝐷𝑝Dp-\bar{D}p en passant par la brane non-BPS D(p1)𝐷𝑝1D(p-1) on obtient proprement une et une seule D(p2)𝐷𝑝2D(p-2) brane chargée.

C’est exactement ce qui est conjecturé par Kennedy et Wilkins dans [68] pour le cas particulier des branes coïncidentes et vérifié à des termes de plus grande dérivée dans [48]. Le terme de Wess-Zumino qu’ils proposent s’exprime en fonction de la superconnection :

i𝒜=(iA+ττiA)𝑖𝒜𝑖superscript𝐴superscript𝜏𝜏𝑖superscript𝐴\displaystyle i{\mathcal{A}}=\left(\begin{array}[]{cc}iA^{+}&\tau^{*}\\ \tau&iA^{-}\end{array}\right) (4.3.19)

dont =d𝒜i𝒜𝒜𝑑𝒜𝑖𝒜𝒜{\mathcal{F}}=d{\mathcal{A}}-i{\mathcal{A}}\wedge{\mathcal{A}} est la courbure et A±superscript𝐴plus-or-minusA^{\pm} étant les champs de jauges de chacune des branes respectivement. Et nous aurions donc :

SWZ=Tpp+1CSTrei2παsubscript𝑆𝑊𝑍subscript𝑇𝑝subscript𝑝1𝐶STrsuperscript𝑒𝑖2𝜋superscript𝛼\displaystyle S_{WZ}=T_{p}\int_{p+1}C\wedge\;\text{STr}\;e^{i2\pi\alpha^{\prime}{\mathcal{F}}} (4.3.20)

Nous avons noté C=C(m)𝐶subscript𝐶𝑚C=\sum C_{(m)} avec m𝑚m pair en type IIA et impair en type IIB. Kraus et Larsen [74] montrent qu’à partir de ce terme, sont retrouvées les bonnes charges R-R pour les solitons obtenus par condensation du tachyon.

4.3.2 Solutions de condensation temporelle : S-brane et solutions hybrides

Sen a aussi introduit dans le cadre des systèmes brane-antibrane et brane non-BPS [107, 7] mais aussi Larsen et al. dans [79] des solutions de condensation de type tachyon roulant, quasiment identiques à ce que nous avons pu découvrir en théorie bosonique. En effet, il existe aussi des solutions de type S-brane complète et demi S-brane. De nouveau, cette dernière est plus physiquement pertinente que la première du fait qu’elle ne décrive que le mécanisme de désintégration de la brane au cours du temps et non aussi sa reconstruction222222Cela impliquerait une conspiration de matière à reformer une brane, ce qui est un phénomène possible mais très improbable.. Cependant, ici encore l’existence des solutions S-brane complètes est importante pour contraindre la forme de l’action effective associée au système.

Sen obtient par étude des diverses observables du système – tenseur énergie-impulsion, état de bord – que la solution de demi S-brane s’évapore sous forme de matière tachyonique qui par dualité doit correspondre aussi à de la matière formée de cordes fermées. De nouveau, il semblerait que le confinement du champ électrique non couplé au tachyon soit à l’origine de l’identification des degrés de libertés tachyoniques à ceux d’un gaz de cordes fermées dont le profil de densité est piqué dans le volume d’univers de la brane instable initiale. Cette approche est exacte tant que l’on néglige le couplage de la brane aux champs de cordes fermées, comme nous le discutions dans le cas bosonique, mais qui devraient idéalement être aussi pris en compte ici.

Nous ne nous attarderons pas sur la présentation de la solution de tachyon roulant du point de vue de l’espace-cible car d’après [79] les calculs des observables sont grossièrement identiques et les interprétations sont celles que l’on vient de donner. Enfin il peut aussi exister des solutions de condensation temporelle inhomogènes. Une telle solution est proposée dans [79] où ils calculent un certain nombre d’observables, cependant ils utilisent une factorisation qui semble un peu cavalière en présence de fermions. L’analogie au calcul en corde bosonique suggère tout de même que ce type de solutions existe de telle sorte que par condensation soit produit dans les limites de la conservation de la charge et de l’énergie, un système de brane (et antibrane suivant le système initial) correspondant à des hybrides 1/2S-brane(vortex ou ressaut)tensor-product12S-branevortex ou ressaut\nicefrac{{1}}{{2}}\,\text{S-brane}\otimes\left(\text{vortex ou ressaut}\right).

Troisième partie Tachyon roulant, systèmes brane-brane et brane-antibrane

Chapitre 5 Condensation de tachyon dans un système de branes en théorie bosonique

Il est toujours intéressant de tenter en premier lieu la résolution d’une théorie bosonique correspondant à la théorie supersymétrique étudiée. En effet, même si la théorie bosonique est par définition pathologique111En particulier à cause du tachyon de corde fermée., les processus mis en valeur devraient aussi apparaitre dans l’extension supersymétrique mais de façon plus contrôlée. Par exemple, il existe des modes de condensation de type ressaut en théorie bosonique et de façon similaire nous trouverons ressaut et vortex en théorie des supercordes.

La question soulevée dans cette thèse est la suivante : est-ce qu’un tachyon de corde ouverte tendu entre deux branes séparées spatialement, dans le secteur antidiagonal σ1,2U(2)superscript𝜎1.2𝑈2\sigma^{1,2}\in U(2) peut-il condenser ? Quelles expressions du tachyon sur la surface de corde sont marginales, exactement marginales ? Correspondent-elles à des théories conformes (CFT) connues, des modèles intégrables ? La séparation spatiale peut-elle être maintenue constante ou doit-elle être dynamique, ou bien encore inhomogène ?

5.1 CFT du tachyon roulant dans le système de branes parallèles et séparées

Il est nécessaire de définir les conditions qui permettent de voir apparaître un tachyon. A cette fin, le système de branes parallèles sera étudié un peu plus en détail puis les questions de la condensation et des expressions possibles du champ dans la théorie de surface de corde seront abordées dans un deuxième temps.

5.1.1 Le système brane-brane

Comme mentionné dans la section précédente, il existe quatre secteurs de cordes ouvertes dans un système de deux branes. Le système est représenté sur la figure (5.1). L’ensemble est caractérisé par 4 quatre facteurs de Chan-Paton appartenant à l’algèbre U(2)𝑈2U(2), c’est-à-dire

σ0=(11)σ1=(11)σ2=(ii)σ3=(11)formulae-sequencesuperscript𝜎01missing-subexpressionmissing-subexpression1formulae-sequencesuperscript𝜎1missing-subexpression11missing-subexpressionformulae-sequencesuperscript𝜎2missing-subexpression𝑖𝑖missing-subexpressionsuperscript𝜎31missing-subexpressionmissing-subexpression1\displaystyle\sigma^{0}=\Big{(}\begin{array}[]{cc}1&\\ &1\end{array}\Big{)}\qquad\sigma^{1}=\Big{(}\begin{array}[]{cc}&1\\ 1&\end{array}\Big{)}\qquad\sigma^{2}=\Big{(}\begin{array}[]{cc}&-i\\ i&\end{array}\Big{)}\qquad\sigma^{3}=\Big{(}\begin{array}[]{cc}1&\\ &-1\end{array}\Big{)} (5.1.9)
Refer to caption
Figure 5.1: Les secteurs (11)11(11) et (22)22(22) s’organisent en facteurs de CP σ0superscript𝜎0\sigma^{0} et σ3superscript𝜎3\sigma^{3} tandis que les secteurs interbranaires (12)12(12) et (21)21(21) s’organisent en σ1superscript𝜎1\sigma^{1} et σ2superscript𝜎2\sigma^{2}.

Lorsque les branes sont coïncidentes la théorie de jauge hébergée sur le volume d’univers est non-abélienne U(2)𝑈2U(2). Mais lorsque le système est séparé, la symétrie de jauge est spontanément brisée en U(1)×U(1)𝑈1𝑈1U(1)\times U(1)  : ce processus est identifié à un mécanisme de Higgs. Chaque U(1)𝑈1U(1) correspond alors au secteur hébergé sur le volume de chaque brane, ici correspondant aux secteurs diagonaux σ0,3superscript𝜎0.3\sigma^{0,3} ; les deux secteurs résultants antidiagonaux σ1,2superscript𝜎1.2\sigma^{1,2} sont associés à des champs de jauge massifs222Mais de masse nulle à la coïncidence. donc découplés. Ces derniers constituent les secteurs interbranaires.

En théorie bosonique, le tachyon constitue l’état fondamental d’excitation des cordes des quatre secteurs. Cependant, les secteurs interbranaires sont les plus importants. Ils sont en effet potentiellement tachyoniques aussi en supercordes, ce qui n’est jamais le cas des autres. D’après le commutateur :

[σ1,σ3]=2iσ2superscript𝜎1superscript𝜎32𝑖superscript𝜎2\displaystyle[\sigma^{1},\sigma^{3}]=2i\sigma^{2} (5.1.10)

ces derniers sont naturellement couplés au secteur σ3superscript𝜎3\sigma^{3} du champ de jauge U(1)×U(1)𝑈1𝑈1U(1)\times U(1) et constituent donc ensemble un champ bi-fondamental. Ces deux tachyons sont a priori réels mais peuvent être regroupés en un tachyon complexe et son conjugué. On parlera alors de tachyon interbranaire.

Spectre de masse et distance critique

Sans séparation, les spectres de masse de chaque secteur sont triviaux :

αm02=N01superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚20subscript𝑁01\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{0}=N_{0}-1
αm12=N11superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚21subscript𝑁11\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{1}=N_{1}-1
αm22=N21superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚22subscript𝑁21\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{2}=N_{2}-1
αm32=N31superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚23subscript𝑁31\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{3}=N_{3}-1 (5.1.11)

Lorsque la séparation est ouverte, les secteurs interbranaires reçoivent un nombre d’enrou-lementwinding en anglais – proportionnel à la distance que l’on notera \ell. L’expression de ce terme est facile à obtenir en comparant le système à une brane de codimension 1 dont la direction transverse est compactifiée sur un cercle de rayon R=/2π𝑅2𝜋R=\ell/2\pi. Les cordes s’enroulant 111 fois autour du cercle gagnent un terme de masse en αm2R2/αsimilar-tosuperscript𝛼superscript𝑚2superscript𝑅2superscript𝛼\alpha^{\prime}m^{2}\sim R^{2}/\alpha^{\prime}. Ainsi, on obtient :

αm02=N01superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚20subscript𝑁01\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{0}=N_{0}-1
αm12=24π2α+N11superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚21superscript24superscript𝜋2superscript𝛼subscript𝑁11\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{1}=\frac{\ell^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}+N_{1}-1
αm22=24π2α+N21superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚22superscript24superscript𝜋2superscript𝛼subscript𝑁21\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{2}=\frac{\ell^{2}}{4\pi^{2}\alpha^{\prime}}+N_{2}-1
αm32=N31superscript𝛼subscriptsuperscript𝑚23subscript𝑁31\displaystyle\alpha^{\prime}m^{2}_{3}=N_{3}-1 (5.1.12)

Ces formules démontrent donc qu’il existe une distance critique au-delà de laquelle le bi-fondamental (N1,N2)=(0,0)subscript𝑁1subscript𝑁20.0(N_{1},N_{2})=(0,0) est massif et non plus tachyonique. A la distance critique il est non-massif ; soit pour :

cr=2παsubscript𝑐𝑟2𝜋superscript𝛼\displaystyle\ell_{cr}=2\pi\sqrt{\alpha^{\prime}} (5.1.13)

Du point de vue de la théorie des champs, dans l’espace-cible associée au système, trois phases se distinguent : (1) la phase massive pour laquelle on s’attend à ce que le potentiel du champ de séparation ϕ=italic-ϕ\phi=\ell soit attractif en V(ϕ)T2ϕ2proportional-to𝑉italic-ϕsuperscript𝑇2superscriptitalic-ϕ2V(\phi)\propto T^{2}\phi^{2} au premier ordre ; (2) la phase non-massive critique qui est une théorie des champs d’un bi-fondamental scalaire non-massif couplé à un champ de jauge abélien A𝐴A et au scalaire ϕitalic-ϕ\phi ; et enfin (3) la phase tachyonique totalement dominée par la condensation classique du champ de tachyon.

Discussion des connexions entre ces différentes phases

L’action effective quadratique à l’ordre des arbres pour les champs φ𝜑\varphi et T𝑇T peut être obtenue par développement d’une action de type Garousi-TDBI (4.1.7) ou (1.1.9) dont ne sont conservées que les contributions de la distance et du tachyon,333Nous verrons cependant dans la section 5.2 que cette expression est probablement incomplète. :

S=Tpdp+1σ(12aϕaϕ+12aTaT(ϕ2c2)|T|28π2)𝑆subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎12subscript𝑎italic-ϕsuperscript𝑎italic-ϕ12subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇superscriptitalic-ϕ2superscriptsubscript𝑐2superscript𝑇28superscript𝜋2\displaystyle S=T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma\,\left(\frac{1}{2}\partial_{a}\phi\partial^{a}\phi+\frac{1}{2}\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}-(\phi^{2}-\ell_{c}^{2})\frac{\left|T\right|^{2}}{8\pi^{2}}\right) (5.1.14)

qui devrait être correcte tant que T1much-less-than𝑇1T\ll 1 et μϕ1much-less-thansubscript𝜇italic-ϕ1\partial_{\mu}\phi\ll 1 ainsi que 2c>ϕc2subscript𝑐italic-ϕsubscript𝑐\sqrt{2}\ell_{c}>\phi\geq\ell_{c}. En dehors de cette dernière limite, le potentiel à une boucle – diagramme cylindrique d’échange de graviton entre autres – prend le relais et domine la dynamique. Tant que le tachyon est moins massif que le premier état massif de corde ouverte des secteurs σ0,3superscript𝜎0.3\sigma^{0,3}, l’approximation de l’action effective par l’action à l’ordre des arbres (5.1.14) est acceptable.

  • 1)

    Dans le domaine massif, un potentiel effectif à une boucle de type Coleman-Weinberg est obtenu par intégration du tachyon et après renormalisation :

    S=Tpdp+1σ(12aϕaϕ12(ϕ2c2)2ln(ϕ2c2))𝑆subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎12subscript𝑎italic-ϕsuperscript𝑎italic-ϕ12superscriptsuperscriptitalic-ϕ2superscriptsubscript𝑐22superscriptitalic-ϕ2superscriptsubscript𝑐2\displaystyle S=T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma\,\left(\frac{1}{2}\partial_{a}\phi\partial^{a}\phi-\frac{1}{2}\left(\phi^{2}-\ell_{c}^{2}\right)^{2}\ln\left(\phi^{2}-\ell_{c}^{2}\right)\right) (5.1.15)

    Dans cette limite, le potentiel s’aplatit en ϕ=citalic-ϕsubscript𝑐\phi=\ell_{c}. Le plus important reste que le potentiel du champ ϕitalic-ϕ\phi est clairement attractif en direction de la distance critique444L’existence d’un minimum local pour ϕ>citalic-ϕsubscript𝑐\phi>\ell_{c} est remarquable bien qu’il n’aura aucune importance pour nous.. En outre, ce comportement attractif est confirmé par le potentiel à une boucle calculé à partir du diagramme cylindrique.

  • 2)

    A la distance critique, par continuité de l’action précédente, en notant φ=c+ϕ𝜑subscript𝑐italic-ϕ\varphi=\ell_{c}+\phi et en utilisant la formule (5.1.13) :

    S=Tpdp+1σ(12aϕaϕ+12aTaTϕT22π)𝑆subscript𝑇𝑝superscriptd𝑝1𝜎12subscript𝑎italic-ϕsuperscript𝑎italic-ϕ12subscript𝑎𝑇superscript𝑎𝑇italic-ϕsuperscript𝑇22𝜋\displaystyle S=T_{p}\int\text{d}^{p+1}\sigma\,\left(\frac{1}{2}\partial_{a}\phi\partial^{a}\phi+\frac{1}{2}\partial_{a}T\partial^{a}T-\frac{\phi\,T^{2}}{2\pi}\right) (5.1.16)

    Le potentiel de type Yukawa domine dans la limite perturbative le terme en ϕ2T2superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇2\phi^{2}T^{2}, ce qui implique que la masse effective du tachyon dépend linéairement de la perturbation de distance. La distance critique est donc un point extrêmement instable et la solubilité de cette théorie effective est discutable. Il semblerait que cette action soit celle du modèle de Wick-Cutkorsky [21] non-massif.

  • 3)

    Dans le domaine tachyonique, il pourrait être attendu que le potentiel du champ ϕitalic-ϕ\phi soit attractif – mais ce n’est pas ce qui est obtenu a posteriori dans la section 5.1.2  : il existe un mode de condensation temporelle pour lequel la distance reste constante. Premièrement, en dessous de la valeur critique, l’action (5.1.15) n’est plus définie. D’une part, le calcul du potentiel effectif à une boucle n’est valable que dans la limite perturbative et d’autre part, (5.1.14) ne reste valide que pour des valeurs de champs faibles. Or, pour ϕ<citalic-ϕsubscript𝑐\phi<\ell_{c} une chute classique et rapide du tachyon est inévitable. La limite perturbative est donc rapidement fausse ; et par conséquent, il n’est plus possible de décrire approximativement le système par l’action quadratique (5.1.14).

    Deuxièmement, le couplage minimal des champs de jauge (et donc aussi au champ ϕitalic-ϕ\phi) au tachyon n’est a priori valable que dans la limite où les valeurs de T𝑇T sont contrôlées et faibles. Un exemple d’écart à un modèle de couplage minimal causé par des corrections cordistes est connu : dans le cadre de la production de paires par un champ électrique [5, 33] un couplage minimal cesse d’être valable lorsque la valeur du champ est augmentée – c’est un effet purement cordiste. Lorsque le champ critique est atteint, un tachyon apparaît. Cette situation est donc similaire à la nôtre. Toutefois, l’origine de ce tachyon n’est pas exactement la même que celui qui nous intéresse, en particulier parce que le champ critique est dans un cas un champ de jauge vectoriel et dans notre cas un champ scalaire. Nous pouvons voir aussi cela en calculant le taux de production de paire de cordes interbranaires par deux branes en collision, c’est-à-dire pour un champ ϕ(x0)italic-ϕsuperscript𝑥0\phi(x^{0}) dépendant d’une rapidité ε𝜀\varepsilon et d’un paramètre d’impact b𝑏b. Nous citerons ici le calcul entre une brane et une anti-brane dont le résultat est équivalent  :

    ω𝜔\displaystyle\omega k=11k(ϵk)p/2eb2kπϵ{(1+()k2)θ4(0|ik/ϵ)4η(ik/ϵ)12+(1()k2)θ3(0|ik/ϵ)4η(ik/ϵ)12}proportional-toabsentsuperscriptsubscript𝑘11𝑘superscriptitalic-ϵ𝑘𝑝2superscript𝑒superscript𝑏2𝑘𝜋italic-ϵ1superscript𝑘2subscript𝜃4superscriptconditional0𝑖𝑘italic-ϵ4𝜂superscript𝑖𝑘italic-ϵ121superscript𝑘2subscript𝜃3superscriptconditional0𝑖𝑘italic-ϵ4𝜂superscript𝑖𝑘italic-ϵ12\displaystyle\propto\sum_{k=1}^{\infty}\frac{1}{k}\left(\frac{\epsilon}{k}\right)^{p/2}e^{\frac{b^{2}k}{\pi\epsilon}}\left\{-\left(\frac{1+(-)^{k}}{2}\right)\frac{\theta_{4}(0|ik/\epsilon)^{4}}{\eta(ik/\epsilon)^{12}}+\left(\frac{1-(-)^{k}}{2}\right)\frac{\theta_{3}(0|ik/\epsilon)^{4}}{\eta(ik/\epsilon)^{12}}\right\}
    ε0k even1k(ϵk)p/2eb2kπϵ(eπkϵ8+)+k odd1k(ϵk)p/2eb2kπϵ(eπkϵ+8+)superscriptsimilar-to𝜀0absentsuperscriptsubscript𝑘 even1𝑘superscriptitalic-ϵ𝑘𝑝2superscript𝑒superscript𝑏2𝑘𝜋italic-ϵsuperscript𝑒𝜋𝑘italic-ϵ8superscriptsubscript𝑘 odd1𝑘superscriptitalic-ϵ𝑘𝑝2superscript𝑒superscript𝑏2𝑘𝜋italic-ϵsuperscript𝑒𝜋𝑘italic-ϵ8\displaystyle\stackrel{{\scriptstyle\varepsilon\to 0}}{{\sim}}-\sum_{k\text{ even}}^{\infty}\frac{1}{k}\left(\frac{\epsilon}{k}\right)^{p/2}e^{-\frac{b^{2}k}{\pi\epsilon}}\left(e^{\frac{\pi k}{\epsilon}}-8+\ldots\right)+\sum_{k\text{ odd}}^{\infty}\frac{1}{k}\left(\frac{\epsilon}{k}\right)^{p/2}e^{-\frac{b^{2}k}{\pi\epsilon}}\left(e^{\frac{\pi k}{\epsilon}}+8+\ldots\right) (5.1.17)

    Le taux dépend du paramètre d’impact de telle sorte qu’il devient critique au-delà de la valeur (5.1.13) mais ne dévie pas de la formule de couplage minimal représentée par le terme dominant. Seule la valeur de la rapidité est responsable de l’inclusion des termes d’ordre supérieur.

Pertinence de la notion de distance à l’échelle des cordes

Lorsque la distance entre les branes est grande, leur localisation est claire. Ainsi l’est aussi la notion de distance. Cependant, si la distance est de l’ordre de la longueur de corde s=αsubscript𝑠superscript𝛼\ell_{s}=\sqrt{\alpha^{\prime}} et que le tachyon roule en dehors de son potentiel, peut-on encore faire sens d’un système de branes parallèles et bien localisées ? La réponse devrait être affirmative puisque la finesse des conditions de Dirichlet sur les cordes ouvertes dans les directions transverses aux branes n’est pas modifiée lors de la condensation – voir par exemple [113].

Cependant, la physique étant non-commutative à cette échelle – les divers champs de jauge étant pris en compte – il est possible de douter de la pertinence de la notion d’espace et de distance – voir cependant la discussion [26]. Il est tout de même surprenant que indépendamment de cette considération, les résultats montrent que le tachyon roule tout en conservant la valeur du champ ϕitalic-ϕ\phi – du moins à l’ordre des arbres. Cela pourrait indiquer que la distance perd son statut de champ pour devenir un paramètre de la condensation et donc caractériser le vide stable atteint – s’il existe555Cette question est réservée pour des travaux ultérieurs, mais nous avons des raisons de penser que le vide atteint n’est pas stable.. De plus, le mécanisme de création des cordes fermées à partir des cordes ouvertes et des flux de champs de jauge confinés666Ce point est incertain si le tachyon n’atteint pas le vide pour lequel V=0𝑉0V=0 comme nous le suspectons., couplés aux tachyons interbranaires devrait produire des cordes fermées retenues à l’intérieur du système de branes. Donc, ϕitalic-ϕ\phi caractériserait l’épaisseur du produit final.

Il est alors impératif de comprendre la physique du système dans la phase tachyonique et quels mécanismes de condensation sont autorisés et sont les solutions des équations du mouvement dérivées de l’action effective correcte. Pour cela, il faut mettre en évidence les théories conformes de bord (BCFT) dans cette phase. C’est la question à laquelle nous répondrons en étudiant la marginalité du modèle sigma du tachyon roulant et en montrant qu’il s’agit d’une BCFT à distance constante.

5.1.2 Tachyon roulant et marginalité

La façon la plus directe d’étudier le champ de tachyon est probablement de s’intéresser à une théorie conforme tachyonique, c’est-à-dire qui admet comme terme d’interaction sur le bord de la surface un opérateur de vertex correspondant à un tachyon on-shell.

Cette section traite de la théorie conforme du tachyon roulant sur un système brane-brane séparé à distance r𝑟r constante. Dans un premier temps, il sera démontré que ce tachyon est en général exactement marginal pour tout r𝑟r sauf en certaines valeurs particulières où il perd sa marginalité, contrairement à son homologue du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} ce qui sera abordé dans le chapitre 6. La cause, qui est bien spécifique au cas bosonique, sera physiquement identifiée.

Dans un deuxième temps, le système sera analysé perturbativement en dehors de la CFT et en dehors de la phase tachyonique. Le groupe de renormalisation du modèle sigma seront étudiés. Ce dernier sera perturbé par des déformations off-shell autour des déformations marginales. Mais nous mettrons d’abord en évidence que le long de déformations non marginales les fonctions bêta ne sont pas bien définies en fonction du schéma de renormalisation, tandis que le long de déformations marginales tout terme contribuant aux fonctions bêta est universel. Leur interprétation en qualité d’équations du mouvement sera discuté en dernier lieu.

Action de surface de corde du système

Cette partie concerne la théorie de corde ouverte à l’ordre des arbres, c’est-à-dire sur le disque D2superscript𝐷2D^{2} ou son voisinage conforme H+subscript𝐻H_{+} le demi-plan complexe, déformée par les tachyons des secteurs interbranaires. Le fond géométrique est supposé trivial, c’est-à-dire avec Bμν=0subscript𝐵𝜇𝜈0B_{\mu\nu}=0 et Gμν=ημνsubscript𝐺𝜇𝜈subscript𝜂𝜇𝜈G_{\mu\nu}=\eta_{\mu\nu}. La distance étant très faible, il est possible de se placer dans le référentiel inertiel sans tenir compte de la réponse des branes sur le fond géométrique.

Cette action sur le disque est la donnée pertinente pour étudier la conformalité du système puis calculer la fonction de partition à l’ordre des arbres et contraindre l’action effective. On se placera d’emblée dans la jauge unitaire sur le demi plan complexe. L’expression de cette action est777La convention ZeSproportional-to𝑍superscript𝑒𝑆Z\propto e^{-S} est utilisée ici, :

S=12παH+d2zXμ¯Xμ+σ+λ+2πdzeirX~p+1+ωX0+σλ2πdzeirX~p+1+ωX0𝑆12𝜋superscript𝛼subscriptsubscript𝐻superscriptd2𝑧superscript𝑋𝜇¯subscript𝑋𝜇tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟superscript~𝑋𝑝1𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟superscript~𝑋𝑝1𝜔superscript𝑋0\displaystyle S=\frac{1}{2\pi\alpha^{\prime}}\int_{H_{+}}\text{d}^{2}z\,\partial X^{\mu}\bar{\partial}X_{\mu}+\sigma^{+}\otimes\frac{\lambda^{+}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{ir\widetilde{X}^{p+1}+\omega X^{0}}+\sigma^{-}\otimes\frac{\lambda^{-}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{-ir\widetilde{X}^{p+1}+\omega X^{0}} (5.1.18)

avec :

σ±=σ1±iσ22etλ±formulae-sequencesuperscript𝜎plus-or-minusplus-or-minussuperscript𝜎1𝑖superscript𝜎22etsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\sigma^{\pm}=\frac{\sigma^{1}\pm i\sigma^{2}}{2}\qquad\text{et}\qquad\lambda^{\pm}\in\mathbb{C} (5.1.19)

Donnons à présent les OPE des champs fondamentaux sur le bord pour z>w𝑧𝑤z>w. Les champs d’indices a𝑎a et b𝑏b, pour a=0p𝑎0𝑝a=0\ldots p, vérifient des conditions au bord de type Neumann – colinéaires à la brane – et les champs d’indices i𝑖i et j𝑗j, pour i=p+1D𝑖𝑝1𝐷i=p+1\ldots D, vérifient des conditions au bord de type Dirichlet – transverses à la brane. Le champ dual X~p+1superscript~𝑋𝑝1\widetilde{X}^{p+1} vérifie les conditions au bord de Neumann. Il s’agit du champ conjugué au moment d’enroulement, ici r𝑟r.

Xi(z)Xj(w)2δijαln|zw|2similar-to-or-equalssuperscript𝑋𝑖𝑧superscript𝑋𝑗𝑤2superscript𝛿𝑖𝑗superscript𝛼superscript𝑧𝑤2\displaystyle X^{i}(z)X^{j}(w)\simeq-2\,\delta^{ij}\alpha^{\prime}\ln|z-w|^{2}
Xa(z)Xb(w)0similar-to-or-equalssuperscript𝑋𝑎𝑧superscript𝑋𝑏𝑤0\displaystyle X^{a}(z)X^{b}(w)\simeq 0
X~p+1(z)X~p+1(w)2αln(zw)similar-to-or-equalssuperscript~𝑋𝑝1𝑧superscript~𝑋𝑝1𝑤2superscript𝛼𝑧𝑤\displaystyle\widetilde{X}^{p+1}(z)\widetilde{X}^{p+1}(w)\simeq-2\alpha^{\prime}\ln(z-w) (5.1.20)

Par la suite, les notations seront allégées en prenant α=1superscript𝛼1\alpha^{\prime}=1. A condition de ne pas calculer une amplitude avec des insertions arbitraires et les champs n’ayant d’OPE non nuls qu’entre ceux de mêmes indices, il est possible d’intégrer les champs qui ne sont pas concernés par la déformation tachyonique. Il s’agit de tout Xμsuperscript𝑋𝜇X^{\mu} tel que μ{0,p+1}𝜇0𝑝1\mu\neq\{0,p+1\}. La théorie de surface de corde résultante est donc une théorie c=2𝑐2c=2 pour les champs X0superscript𝑋0X^{0} et X=Xp+1𝑋superscript𝑋𝑝1X=X^{p+1}. L’action simplifiée est :

S=12πH+d2z(X0¯X0+X¯X)+σ+λ+2πdzeirX~+ωX0+σλ2πdzeirX~+ωX0𝑆12𝜋subscriptsubscript𝐻superscriptd2𝑧superscript𝑋0¯superscript𝑋0𝑋¯𝑋tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle S=\frac{1}{2\pi}\int_{H_{+}}\text{d}^{2}z\,\left(-\partial X^{0}\bar{\partial}X^{0}+\partial X\bar{\partial}X\right)+\sigma^{+}\otimes\frac{\lambda^{+}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\sigma^{-}\otimes\frac{\lambda^{-}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} (5.1.21)

L’objectif est d’étudier la marginalité de ce modèle c=2𝑐2c=2. La méthode présentée par Gaberdiel et al. dans [43] sera suivie pour étudier le groupe de renormalisation de cette théorie. Leur proposition de régularisation – point splitting – est souvent utilisée. Nous l’avons présentée dans l’introduction en section 3.2. Les fonctions bêta peuvent alors être calculées dans divers schémas de renormalisation. Ceux proposés dans cet article sont particulièrement pertinents, c’est-à-dire schéma de soustraction minimal et schéma de Wilson.

Ce modèle est étudié on-shell à l’ordre dominant, c’est-à-dire que toutes les déformations dans l’action (5.1.21) sont imposées marginales (h=11h=1). Puisque les divergences de type puissance n’empêchent pas la théorie d’être exactement marginale et que dans le schéma de soustraction minimale seules les divergences logarithmiques – donc les résonances – participent aux fonctions bêta, il est donc suffisant de se placer d’emblée dans ce dernier schéma.

Fonctions bêta et marginalité exacte du modèle en fonction des valeurs de r𝑟r

Comme explicité dans l’introduction, il est possible de calculer rapidement la fonction bêta de chaque tachyon au premier ordre :

β±=(1h±)λ±=(1r2ω2)λ±subscript𝛽plus-or-minus1subscriptplus-or-minussuperscript𝜆plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(1-h_{\pm})\lambda^{\pm}=(1-r^{2}-\omega^{2})\lambda^{\pm} (5.1.22)

Ainsi à cet ordre, il faut imposer ω=±1r2𝜔plus-or-minus1superscript𝑟2\omega=\pm\sqrt{1-r^{2}}, avec r𝑟r fixé, ce qui est la condition de marginalité présupposée. L’OPE des tachyons au deuxième ordre est alors donné par la formule :

σ+σeirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)=e2ωX0(zw)4r22+irX~e2ωX0(zw)4r23+tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0superscript𝑧𝑤4superscript𝑟22𝑖𝑟~𝑋superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0superscript𝑧𝑤4superscript𝑟23\displaystyle\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{e^{2\omega X^{0}}}{(z-w)^{4r^{2}-2}}+ir\frac{\partial\widetilde{X}e^{2\omega X^{0}}}{(z-w)^{4r^{2}-3}}+\ldots (5.1.23)

Puisque r2<1superscript𝑟21r^{2}<1 le terme associé à l’opérateur e2ωX0superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0e^{2\omega X^{0}} sera divergent UV pour tout r>3/2𝑟32r>\sqrt{3}/2 tandis que celui de l’opérateur X~e2ωX0~𝑋superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0\partial\widetilde{X}e^{2\omega X^{0}} est divergent IR pour tout r0𝑟0r\neq 0.

  • \bullet

    L’opérateur correspondant à une perturbation de distance est σ3δrX~tensor-productsuperscript𝜎3𝛿𝑟contour-integral~𝑋\sigma^{3}\otimes\delta r\oint\partial\widetilde{X}. Même si le terme produit dans l’OPE (5.1.23) lui ressemble, il n’y correspond pas  : il est irrelevant, ce qui implique qu’il ne peut pas constituer une perturbation. Ainsi, aucune perturbation de distance n’est produite à l’ordre 2 ni à aucun ordre en perturbation puisqu’à l’ordre 2n2𝑛2n l’opérateur équivalent sera X~e2nωX0~𝑋superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0\partial\widetilde{X}e^{2n\omega X^{0}} pour lequel les mêmes conclusions sont tirées. Par conséquent à tout ordre :

    βδr=0subscript𝛽𝛿𝑟0\displaystyle\beta_{\delta r}=0 (5.1.24)

    Ce résultat n’est plus vrai en r=1𝑟1r=1. Cette valeur se révèle particulière – voir plus loin.

  • \bullet

    Le premier terme de (5.1.23) est divergent pour r>3/2𝑟32r>\sqrt{3}/2. Ceci implique que la perturbation correspondante, c’est-à-dire σ0μ1e2ωX0tensor-productsuperscript𝜎0subscript𝜇1contour-integralsuperscript𝑒2𝜔superscript𝑋0\sigma^{0}\otimes\mu_{1}\oint e^{2\omega X^{0}} sera produite par le tachyon. Or, cette perturbation n’est autre que celle du tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} c’est-à-dire hébergé sur le volume de chaque brane et naturellement présent dans un modèle bosonique. Sa fonction bêta est dans le schéma de renormalisation de Wilson :

    βμ1=(4r23)μ1λ+λsubscript𝛽subscript𝜇14superscript𝑟23subscript𝜇1superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\beta_{\mu_{1}}=(4r^{2}-3)\mu_{1}-\lambda^{+}\lambda^{-} (5.1.25)

    En r=3/2𝑟32r=\sqrt{3}/2, il y a résonance car l’opérateur e2ωX0superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0e^{2\omega X^{0}} est marginal. De la sorte, la divergence est logarithmique et le terme source est universel en cette valeur. Il n’y a donc aucune ambiguïté – reliée à la nature du schéma de renormalisation – sur le couplage du tachyon interbranaire au tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} en r=3/2𝑟32r=\sqrt{3}/2.

  • \bullet

    Des résonances, donc des divergences logarithmiques, sont de même attendues à chaque ordre supérieur n>1𝑛1n>1. Puisque la dimension de l’opérateur correspondant à l’ordre 2n2𝑛2n est Δ=4n2ω2Δ4superscript𝑛2superscript𝜔2\Delta=4n^{2}\omega^{2}, il y a potentiellement résonance en ω=1/2n𝜔12𝑛\omega=1/2n, c’est-à-dire en r=11/4n2𝑟114superscript𝑛2r=\sqrt{1-1/4n^{2}}. Les calculs sont détaillés dans le cas supersymétrique pour lequel le résultat est plus intéressant et surtout plus décisif. En effet, il n’y a pas de tachyon dans le secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} si bien que l’apparition d’une divergence logarithmique serait vraiment problématique.

Enfin, la fonction bêta du tachyon interbranaire est exactement (5.1.22) à tous les ordres. En effet, dans l’état actuel de la théorie, le tachyon est le seul opérateur de vertex présent sur le bord. Or, toute OPE du tachyon avec lui-même est inévitablement proportionnelle au champ e2nωX0superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0e^{2n\omega X^{0}} donc jamais égale au tachyon lui-même. En outre, compte-tenu de l’expression du tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} aucun terme n’est produit en e±irX~+ωX0superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} par OPE à un ordre quelconque. Ainsi, pour r𝑟r et ω𝜔\omega fixés, à tout ordre :

β±=0subscript𝛽plus-or-minus0\displaystyle\beta_{\pm}=0 (5.1.26)

Pour conclure, l’action complète à étudier devrait être corrigée par un certain nombre de contretermes de la façon suivante :

S=Sbulk+σ+λ+2πdzeirX~+ωX0+σλ2πdzeirX~+ωX0+σ0μ0eX0+σ0n1μn(λ+λ)ε4n2ω21e2nωX0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆2𝜋subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎0subscript𝜇0contour-integralsuperscript𝑒superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎0subscript𝑛1subscript𝜇𝑛superscript𝜆superscript𝜆superscript𝜀4superscript𝑛2superscript𝜔21contour-integralsuperscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0S=S_{bulk}+\sigma^{+}\otimes\frac{\lambda^{+}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\sigma^{-}\otimes\frac{\lambda^{-}}{2\pi}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\\ +\sigma^{0}\otimes\mu_{0}\oint e^{X^{0}}+\sigma^{0}\otimes\sum_{n\geq 1}\mu_{n}(\lambda^{+}\lambda^{-})\varepsilon^{4n^{2}\omega^{2}-1}\oint e^{2n\omega X^{0}} (5.1.27)

Il est nécessaire d’ajouter le tachyon marginal du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} puisque celui-ci peut être produit en r=11/4n2𝑟114superscript𝑛2r=\sqrt{1-1/4n^{2}} pour tout n1𝑛1n\geq 1 par résonance, à travers la fusion des opérateurs de tachyon des secteurs interbranaires. En dehors de ces valeurs, le tachyon interbranaire est exactement marginal, mais il cesse de l’être en ces valeurs précisément. Alors, le tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} doit résoudre une équation dont le terme source est proportionnel à λ+λsuperscript𝜆superscript𝜆\lambda^{+}\lambda^{-} telle que (5.1.25). Pour r>3/2𝑟32r>\sqrt{3}/2, il faut aussi ajouter le contreterme en puissance du cut-off et dont l’expression dépend uniquement de λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm}.

Parce que le tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} est physique dans la théorie bosonique, il n’y a pas de problème à l’existence de ces résonances en tout r=11/4n2𝑟114superscript𝑛2r=\sqrt{1-1/4n^{2}}. Elles impliquent simplement que dans un modèle réaliste de condensation de tachyon entre deux branes séparées, il faut aussi tenir compte du tachyon de ce secteur. On en déduit que les branes vont éventuellement se désintégrer par ce tachyon tout autant que par le tachyon interbranaire. Dans le cadre du système brane-antibrane l’absence du tachyon de secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} et l’éventuelle existence de ces résonances pose plus de problème, parce qu’elles n’apportent pas d’interprétations physiques comme ici.

Il y a une limite intéressante à ce modèle qui est rrc𝑟subscript𝑟𝑐r\to r_{c} avec ici rc=1subscript𝑟𝑐1r_{c}=1. Dans ce cas, le nombre de contre termes tend vers l’infini, ce qui indique que la théorie n’y est a priori pas renormalisable en limite – les points de résonances sont denses autour de r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}. Il convient donc de l’étudier en cette valeur, pour laquelle elle est renormalisable parce que ω=0𝜔0\omega=0 strictement. Par contre, la théorie n’est pas exactement marginale parce qu’à l’inverse du cas r<1𝑟1r<1 c’est la perturbation de distance qui est résonante.

Cas particulier r=1𝑟1r=1

En cette distance, par continuité de (5.1.21), le tachyon est purement statique. En effet, la déformation est simplement :

δS=σ+λ+dzeiX~+σλdzeiX~𝛿𝑆tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋\displaystyle\delta S=\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{i\widetilde{X}}+\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{-i\widetilde{X}} (5.1.28)

Par commodité, nous avons redéfini λ±2πλ±superscript𝜆plus-or-minus2𝜋superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm}\to 2\pi\lambda^{\pm}. En supposant que λ±1much-less-thansuperscript𝜆plus-or-minus1\lambda^{\pm}\ll 1, cette limite peut être considérée perturbative et il est possible de développer proprement eδSsuperscript𝑒𝛿𝑆e^{-\delta S}. Le premier terme non trivial non nul est au second ordre :

12(σ+λ+dzeiX~(z))(σλdweiX~(w))Θ(|zw|ϵ)Θ(L|zw|)+12(σλdzeiX~(z))(σ+λ+dweiX~(w))Θ(|zw|ϵ)Θ(L|zw|)12tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑤superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤Θ𝑧𝑤italic-ϵΘ𝐿𝑧𝑤12tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆subscriptcontour-integrald𝑤superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤Θ𝑧𝑤italic-ϵΘ𝐿𝑧𝑤\frac{1}{2}\left(\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{i\widetilde{X}}(z)\right)\leavevmode\nobreak\ \cdot\leavevmode\nobreak\ \left(\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}w\,e^{-i\widetilde{X}}(w)\right)\Theta(|z-w|-\epsilon)\Theta(L-|z-w|)\\ +\frac{1}{2}\left(\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}z\,e^{-i\widetilde{X}}(z)\right)\leavevmode\nobreak\ \cdot\leavevmode\nobreak\ \left(\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint_{\mathbb{R}}\text{d}w\,e^{i\widetilde{X}}(w)\right)\Theta(|z-w|-\epsilon)\Theta(L-|z-w|) (5.1.29)

Des cut-off UV et IR ont été ajoutés en sorte de réguler les divergences selon la méthode de point-splitting. Cette régularisation brise explicitement la symétrie conforme sur la surface de corde, mais le résultat final ne doit pas dépendre des cut-off. Donc in fine, la symétrie doit être restaurée . La formule précédente se simplifie en :

σ+σλ+λdww+ϵw+LdzeiX~(z)eiX~(w)+σσ+λ+λdww+ϵw+LdzeiX~(z)eiX~(w)tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜆superscript𝜆d𝑤superscriptsubscript𝑤italic-ϵ𝑤𝐿d𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜆superscript𝜆d𝑤superscriptsubscript𝑤italic-ϵ𝑤𝐿d𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤\displaystyle\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\epsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ e^{i\widetilde{X}}(z)e^{-i\widetilde{X}}(w)+\sigma^{-}\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\epsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ e^{-i\widetilde{X}}(z)e^{i\widetilde{X}}(w) (5.1.30)

Les OPE des opérateurs exponentiels sont données sur le bord par :

eiX~(z)eiX~(w)=(zw)2(1+i(zw)X~+)superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤superscript𝑧𝑤21𝑖𝑧𝑤~𝑋\displaystyle e^{i\widetilde{X}}(z)e^{-i\widetilde{X}}(w)=(z-w)^{-2}\left(1+i(z-w)\partial\widetilde{X}+\ldots\right)
eiX~(z)eiX~(w)=(zw)2(1i(zw)X~+)superscript𝑒𝑖~𝑋𝑧superscript𝑒𝑖~𝑋𝑤superscript𝑧𝑤21𝑖𝑧𝑤~𝑋\displaystyle e^{-i\widetilde{X}}(z)e^{i\widetilde{X}}(w)=(z-w)^{-2}\left(1-i(z-w)\partial\widetilde{X}+\ldots\right) (5.1.31)

La réinjection de ces résultats dans les intégrales précédentes donne :

σ0λ+λdw(1ϵ1L)+σ3λ+λdwlnLϵX~tensor-productsuperscript𝜎0superscript𝜆superscript𝜆d𝑤1italic-ϵ1𝐿tensor-productsuperscript𝜎3superscript𝜆superscript𝜆d𝑤𝐿italic-ϵ~𝑋\displaystyle\sigma^{0}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \left(\frac{1}{\epsilon}-\frac{1}{L}\right)+\sigma^{3}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \ln\frac{L}{\epsilon}\,\partial\widetilde{X} (5.1.32)

Le premier terme est divergent en puissance des cut-off mais doit simplement être ôté du calcul et ne pose pas de problème de marginalité. Par contre, le deuxième terme donne lieu à une divergence logarithmique. La perturbation de distance est par conséquent résonante avec le tachyon interbranaire en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}. Ce terme va donc contribuer universellement à la fonction bêta du couplage associé à l’opérateur de vertex σ3X~tensor-productsuperscript𝜎3~𝑋\sigma^{3}\otimes\partial\widetilde{X}. Pour le supprimer dans le cadre d’un schéma de soustraction minimale, il faut ajouter à l’action un contre-terme :

Sct=σ3λ+λdwlnϵX~subscript𝑆𝑐𝑡tensor-productsuperscript𝜎3superscript𝜆superscript𝜆d𝑤italic-ϵ~𝑋\displaystyle S_{ct}=\sigma^{3}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \ln\frac{\ell}{\epsilon}\,\partial\widetilde{X} (5.1.33)

avec \ell l’échelle de renormalisation (à ne pas confondre de la valeur de distance \ell que nous avons utilisée précédemment). L’ajout de l’échelle de renormalisation est essentiel pour compenser la dimension de ε𝜀\varepsilon dans l’argument du logarithme. Pour étudier l’effet de ce contreterme sur la marginalité de la théorie, il faut introduire le terme de bord suivant :

σ32dzδr(X)X~tensor-productsuperscript𝜎32contour-integrald𝑧𝛿𝑟𝑋~𝑋\displaystyle\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\text{d}z\,\delta r(X)\partial\widetilde{X} (5.1.34)

De manière tout à fait générale, si δr𝛿𝑟\delta r dépend des champs X𝑋X il est possible de faire un développement autour des modes zéro [127, 126, 128] selon X=x+X^𝑋𝑥^𝑋X=x+\hat{X} :

σ32dz(δr(x)+aδr(x)X^a+12abδr(x)X^aX^b+)X~\displaystyle\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\text{d}z\,\left(\delta r(x)+\partial_{a}\delta r(x)\,\hat{X}^{a}+\frac{1}{2}\partial_{a}\partial_{b}\delta r(x)\,{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\hat{X}^{a}\hat{X}^{b}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}+\ldots\right)\partial\widetilde{X} (5.1.35)

Pour étudier le groupe de renormalisation, il faut extraire l’échelle de renormalisation des opérateurs de vertex en appliquant zz𝑧𝑧z\to\ell\,z. En utilisant

X^aX^b(z/)=X^aX^b(z)2ηabln\displaystyle{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\hat{X}^{a}\hat{X}^{b}(z/\ell){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}={}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\hat{X}^{a}\hat{X}^{b}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}-2\eta^{ab}\ln\ell (5.1.36)

le couplage δr𝛿𝑟\delta r obtenu est le suivant :

σ32dz(δr(x)+δr(x)ln+2λ+λln)X~tensor-productsuperscript𝜎32contour-integrald𝑧𝛿𝑟𝑥𝛿𝑟𝑥2superscript𝜆superscript𝜆~𝑋\displaystyle\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\text{d}z\,\left(\delta r(x)+\square\delta r(x)\ln\ell+2\lambda^{+}\lambda^{-}\ln\ell\right)\partial\widetilde{X} (5.1.37)

Par conséquent, la fonction bêta du couplage δr𝛿𝑟\delta r au deuxième ordre est :

βδr=2λ+λδrsubscript𝛽𝛿𝑟2superscript𝜆superscript𝜆𝛿𝑟\displaystyle\beta_{\delta r}=-2\lambda^{+}\lambda^{-}-\square\delta r (5.1.38)

Une fonction bêta peut, à condition qu’elle soit indépendante du schéma de renormalisation, être interprétée comme une équation de mouvement dérivée d’une action effective Seffsubscript𝑆𝑒𝑓𝑓S_{eff} à des redéfinitions des champs près. Par exemple, à l’ordre quadratique, en notant ϕ=δritalic-ϕ𝛿𝑟\phi=\delta r, l’action suivante :

Seffdp+1σ(12μϕμϕ+2ϕλ+λ)proportional-tosubscript𝑆𝑒𝑓𝑓superscriptd𝑝1𝜎12subscript𝜇italic-ϕsuperscript𝜇italic-ϕ2italic-ϕsuperscript𝜆superscript𝜆\displaystyle S_{eff}\propto\int\text{d}^{p+1}\sigma\left(\frac{1}{2}\partial_{\mu}\phi\partial^{\mu}\phi+2\phi\lambda^{+}\lambda^{-}\right) (5.1.39)

est compatible avec βδrsubscript𝛽𝛿𝑟\beta_{\delta r}. Cette expression est en accord avec celle obtenue dans la formule (5.1.16) par développement de l’action de Garousi. En r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}, le tachyon agit donc bien comme terme source pour le champ de distance en le tirant vers r<1𝑟1r<1. Ce résultat est au moins valable pour λ±1much-less-thansuperscript𝜆plus-or-minus1\lambda^{\pm}\ll 1.

5.2 Groupe de renormalisation, fonctions bêta et équations du mouvement

Dans cette section, nous étudierons le groupe de renormalisation du modèle sigma pour le tachyon et le champ de distance sur la surface de corde. Les fonctions bêta associées aux divers champs off-shell relevants seront calculées et rapportées – dans la mesure du possible – à des équations du mouvement de cette certaine action. Cette interprétation n’est en générale pas correcte : Tseytlin explique dans [124, 123] que les équations du mouvement de chaque champ d’espace-cible sont en fait proportionnelles aux fonctions bêta, à des facteurs dépendants des divers champs près, et non égales. De sorte que pour S𝑆S l’action effective, δS/δϕi=κijβj𝛿𝑆𝛿subscriptitalic-ϕ𝑖subscript𝜅𝑖𝑗subscript𝛽𝑗\delta S/\delta\phi_{i}=\kappa_{ij}\beta_{j}. Cet argument est justifié par la non-conservation des expressions des fonctions bêta par changement de schéma de renormalisation, qui sont des redéfinitions des couplages [43]. Si bien que, à moins d’exprimer des fonctions bêta invariantes par changement de schéma, elles ne peuvent pas être interprétées directement en tant qu’équations du mouvement.

Nous verrons que les fonctions bêta off-shell ne sont en général pas cohérentes en tant qu’équations du mouvement. A l’inverse, lorsqu’elles sont obtenues pour des théories perturbées autour de déformations marginales, c’est-à-dire sur le bord autour d’opérateurs primaires de poids Δ=1Δ1\Delta=1 elles sont invariantes par changement de schéma de renormalisation car construites à partir de contributions universelles.

5.2.1 Phase surcritique r>1𝑟1r>1

En r>1𝑟1r>1, le champ de tachyon primaire est de la forme σ±λ±e±irX~±iωX0tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscript𝜆plus-or-minuscontour-integralsuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\sigma^{\pm}\otimes\lambda^{\pm}\oint e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}. L’étude des premiers ordres des fonctions bêta y est justifiable pour obtenir une action effective tant que l’approximation λ1much-less-than𝜆1\lambda\ll 1 l’est ; ce qui est bien le cas pour r>1𝑟1r>1. Les résultats montrent que tant que ω2>r21superscript𝜔2superscript𝑟21\omega^{2}>r^{2}-1 la déformation est relevante et constitue donc une bonne perturbation.

Schéma de soustraction minimal

Les fonctions bêta de δr𝛿𝑟\delta r et λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm} sont modifiées, en :

βδr=δr2rλ+λδr2ω2,1subscript𝛽𝛿𝑟𝛿𝑟2𝑟superscript𝜆superscript𝜆subscript𝛿superscript𝑟2superscript𝜔2.1\displaystyle\beta_{\delta r}=-\square\delta r-2r\,\lambda^{+}\lambda^{-}\,\delta_{r^{2}-\omega^{2},1}
β±=(1r2+ω2)λ±2rδrλ±subscript𝛽plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(1-r^{2}+\omega^{2})\lambda^{\pm}-2r\delta r\,\lambda^{\pm} (5.2.1)

ce qui indique que si le tachyon est off-shell dans cet ansatz Teiωx0proportional-to𝑇superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0T\propto e^{i\omega x^{0}}, i.e. si ω2<r21superscript𝜔2superscript𝑟21\omega^{2}<r^{2}-1, alors la contribution à la fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r est nulle. Il est un peu difficile d’interpréter cela en terme d’équations du mouvement. Sans imposer d’ansatz au tachyon, sa déformation se développe de façon similaire à celle de δr(Xa)𝛿𝑟superscript𝑋𝑎\delta r(X^{a}) :

σ±r21dz(λ±+X^aaλ±+abλ±2X^aX^b+)e±irX~tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscriptsuperscript𝑟21contour-integrald𝑧superscript𝜆plus-or-minussuperscript^𝑋𝑎subscript𝑎superscript𝜆plus-or-minussubscript𝑎subscript𝑏superscript𝜆plus-or-minus2superscript^𝑋𝑎superscript^𝑋𝑏superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋\displaystyle\sigma^{\pm}\otimes\ell^{r^{2}-1}\oint\text{d}z\,\left(\lambda^{\pm}+\hat{X}^{a}\partial_{a}\lambda^{\pm}+\frac{\partial_{a}\partial_{b}\lambda^{\pm}}{2}\hat{X}^{a}\hat{X}^{b}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}} (5.2.2)

Cela démontre que le tachyon est irrelevant puisque λ±1r2proportional-tosuperscript𝜆plus-or-minussuperscript1superscript𝑟2\lambda^{\pm}\propto\ell^{1-r^{2}}. Il est donc nécessaire d’en revenir à l’ansatz, qui peut être un peu complexifié. Les déformations suivantes sont développées

σ±r2ω21dz(λ±+iλ±X^i+ijλ±2X^iX^j+)e±irX~±iωX0tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscriptsuperscript𝑟2superscript𝜔21contour-integrald𝑧superscript𝜆plus-or-minussubscript𝑖superscript𝜆plus-or-minussuperscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆plus-or-minus2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle\sigma^{\pm}\otimes\ell^{r^{2}-\omega^{2}-1}\oint\text{d}z\,\left(\lambda^{\pm}+\partial_{i}\lambda^{\pm}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{\pm}}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}
σ3dz(δr+iδrX^i+ijδr2X^iX^j+)X~tensor-productsuperscript𝜎3contour-integrald𝑧𝛿𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋\displaystyle\sigma^{3}\otimes\oint\text{d}z\,\left(\delta r+\partial_{i}\delta r\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+\ldots\right)\partial\widetilde{X} (5.2.3)

en imposant toujours ω2>r21superscript𝜔2superscript𝑟21\omega^{2}>r^{2}-1 c’est-à-dire off-shell. Dans un premier temps, la dépendance temporelle dans les couplages est négligée pour simplifier les calculs mais nous la rétablirons in fine par covariance. Les OPE utiles sont :

eirX~+iωX0(z)eirX~iωX0(w)=(zw)2ω22r2(1+ir(zw)X~+)\displaystyle{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=(z-w)^{2\omega^{2}-2r^{2}}\left(1+ir(z-w)\partial\widetilde{X}+\ldots\right)
eirX~iωX0(z)eirX~+iωX0(w)=(zw)2ω22r2(1ir(zw)X~+)\displaystyle{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=(z-w)^{2\omega^{2}-2r^{2}}\left(1-ir(z-w)\partial\widetilde{X}+\ldots\right)
X~(z)e±irX~±iωX0(w)=±2irzwe±irX~±iωX0(z)\displaystyle{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\partial\widetilde{X}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=\frac{\pm 2ir}{z-w}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(z) (5.2.4)

Le premier terme des deux premières lignes est divergent. Il contribue, comme nous l’avons vu dans la section précédente, à la fonction bêta du tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} puisque {σ+,σ}=σ0superscript𝜎superscript𝜎superscript𝜎0\left\{\sigma^{+},\sigma^{-}\right\}=\sigma^{0}. Toutefois, il est sans intérêt pour nous, puisque spécifique au cas bosonique. Les OPE des champs bosoniques X^asuperscript^𝑋𝑎\hat{X}^{a} contribuent dans les fonctions bêta à des termes dépendants des cut-offs, leur étude est reportée dans un premier temps.

En toute rigueur, il faudrait aussi analyser la production du terme en X0superscript𝑋0\partial X^{0} par les OPE des tachyons. Cette analyse ne sera pas réalisée parce que i) seuls les relations entre le champ de distance et les tachyons sont spécifiquement étudiés et ii) par covariantisation de l’action effective le long du groupe de jauge U(2)𝑈2U(2) brisé, les contributions sont exprimables sans calculs explicites – mais une vérification à l’ordre quadratique à partir des formules (5.2.1) n’est pas difficile.

Le second terme des deux premières lignes quant à lui, est divergent UV pour ω2<r21superscript𝜔2superscript𝑟21\omega^{2}<r^{2}-1 exclusivement donc est convergent dans le domaine surcritique. En revanche, le terme obtenue en troisième ligne est clairement résonant et donne une divergence logarithmique. Les fonctions bêta888Celles des champs aδrsubscript𝑎𝛿𝑟\partial_{a}\delta r et aλ±subscript𝑎superscript𝜆plus-or-minus\partial_{a}\lambda^{\pm} sont simplement les dérivées des fonctions bêta que l’on donne. sont obtenues en utilisant [σ+,σ]=σ3superscript𝜎superscript𝜎superscript𝜎3[\sigma^{+},\sigma^{-}]=\sigma^{3} et par soustraction des divergences UV :

βδr=Δδrsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r
β±=(1r2ω2)λ±+Δλ±2rδrλ±subscript𝛽plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minusΔsuperscript𝜆plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(1-r^{2}-\omega^{2})\lambda^{\pm}+\Delta\lambda^{\pm}-2r\delta r\,\lambda^{\pm} (5.2.5)

La fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r est tout à fait triviale. Or, dans les formules (5.2.1) qui sont correctes, le long de l’ansatz Te±iωX0proportional-to𝑇superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝜔superscript𝑋0T\propto e^{\pm i\omega X^{0}} apparaissait un terme proportionnel à rλ+λδr2ω2,1𝑟superscript𝜆superscript𝜆subscript𝛿superscript𝑟2superscript𝜔2.1r\lambda^{+}\lambda^{-}\delta_{r^{2}-\omega^{2},1}. Il n’apparaît pas ici car l’exponentielle e±iωX0superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝜔superscript𝑋0e^{\pm i\omega X^{0}} est répartie entre les termes de dérivées multiples du tachyon que nous avons justement négligés en repoussant l’étude des OPE des champs X^asuperscript^𝑋𝑎\hat{X}^{a}. Ces derniers produisent ensemble des divergences le long de l’opérateur de vertex du champ de distance, à partir d’intégrales du type :

(1)n2nn!r4π2[a1a2anλ+]Binηaibi[b1b2bnλ]Bϵdzlnnzz2r21superscript1𝑛superscript2𝑛𝑛𝑟4superscript𝜋2subscriptdelimited-[]subscriptsubscript𝑎1subscriptsubscript𝑎2subscriptsubscript𝑎𝑛superscript𝜆𝐵superscriptsubscriptproduct𝑖𝑛superscript𝜂subscript𝑎𝑖subscript𝑏𝑖subscriptdelimited-[]subscriptsubscript𝑏1subscriptsubscript𝑏2subscriptsubscript𝑏𝑛superscript𝜆𝐵superscriptsubscriptitalic-ϵd𝑧superscript𝑛𝑧superscript𝑧2superscript𝑟21\displaystyle(-1)^{n}\frac{2^{n}}{n!}\,\frac{r}{4\pi^{2}}\,[\partial_{a_{1}}\partial_{a_{2}}\ldots\partial_{a_{n}}\lambda^{+}]_{B}\,\prod_{i}^{n}\eta^{a_{i}b_{i}}\,[\partial_{b_{1}}\partial_{b_{2}}\ldots\partial_{b_{n}}\lambda^{-}]_{B}\leavevmode\nobreak\ \int_{\epsilon}^{\ell}\text{d}z\,\frac{\ln^{n}z}{z^{2r^{2}-1}}
×σ3X~absenttensor-productsuperscript𝜎3~𝑋\displaystyle\times\sigma^{3}\otimes\int\partial\widetilde{X} (5.2.6)

avec n𝑛n\in\mathbb{N}. Les couplages nus ont été développés comme proposé dans le chapitre d’introduction et non sous la forme h1μsuperscript1𝜇\ell^{h-1}\mu ce qui est crucial dans ce schéma car, par définition, dμB/d=0𝑑subscript𝜇𝐵𝑑0d\mu_{B}/d\ell=0. Il faut ajouter à l’action le contreterme  :

Sctsubscript𝑆𝑐𝑡\displaystyle S_{ct} =(1)n2nn!r4π2[a1a2anλ+]Binηaibi[b1b2bnλ]Babsentsuperscript1𝑛superscript2𝑛𝑛𝑟4superscript𝜋2subscriptdelimited-[]subscriptsubscript𝑎1subscriptsubscript𝑎2subscriptsubscript𝑎𝑛superscript𝜆𝐵superscriptsubscriptproduct𝑖𝑛superscript𝜂subscript𝑎𝑖subscript𝑏𝑖subscriptdelimited-[]subscriptsubscript𝑏1subscriptsubscript𝑏2subscriptsubscript𝑏𝑛superscript𝜆𝐵\displaystyle=(-1)^{n}\frac{2^{n}}{n!}\,\frac{r}{4\pi^{2}}\,[\partial_{a_{1}}\partial_{a_{2}}\ldots\partial_{a_{n}}\lambda^{+}]_{B}\,\prod_{i}^{n}\eta^{a_{i}b_{i}}\,[\partial_{b_{1}}\partial_{b_{2}}\ldots\partial_{b_{n}}\lambda^{-}]_{B}
× 2(1r2)Γ(1+n,2(1r2)lnε)σ3X~absenttensor-product21superscript𝑟2Γ1𝑛.21superscript𝑟2𝜀superscript𝜎3~𝑋\displaystyle\times\,2(1-r^{2})\Gamma(1+n,2(1-r^{2})\ln\frac{\ell}{\varepsilon})\leavevmode\nobreak\ \sigma^{3}\otimes\int\partial\widetilde{X} (5.2.7)

avec Γ(a,z)Γ𝑎𝑧\Gamma(a,z) la fonction gamma incomplète. Les contributions à la fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r sont proportionnelles à un ensemble de facteurs dépendant de l’échelle \ell selon  :

βδrα=1n1C(α)ε2(1r2)lnnαsimilar-tosubscript𝛽𝛿𝑟superscriptsubscript𝛼1𝑛1𝐶𝛼superscript𝜀21superscript𝑟2superscript𝑛𝛼\displaystyle\beta_{\delta r}\sim\sum_{\alpha=1}^{n-1}C(\alpha)\varepsilon^{2(1-r^{2})}\frac{\ln^{n-\alpha}\ell}{\ell} (5.2.8)

avec C(α)𝐶𝛼C(\alpha) un coefficient dépendant de la distance et des dérivées des tachyons. Dans la limite IR \ell\to\infty tous s’annulent, puisque r>1𝑟1r>1. Ils n’empêchent donc pas l’existence d’un point fixe infrarouge et peuvent bien être négligés. Maintenant, d’après la formule (5.2.1), nous obtenons qu’on-shell, avec 0(n)λ±=(ω)nλ±superscriptsubscript0𝑛superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝜔𝑛superscript𝜆plus-or-minus\partial_{0}^{(n)}\lambda^{\pm}=(-\omega)^{n}\lambda^{\pm} les logarithmes se resomment sous la forme (2ω2ln(zw))n/n!=(zw)2ω2superscript2superscript𝜔2𝑧𝑤𝑛𝑛superscript𝑧𝑤2superscript𝜔2\sum(2\omega^{2}\ln(z-w))^{n}/n!=(z-w)^{2\omega^{2}} dont nous déduisons la formule (5.2.1). Ainsi, les fonctions bêta ne sont pas continues dans la transition du tachyon off-shell au tachyon on-shell : tout se passe à un niveau pré-intégratoire, c’est-à-dire dans l’intégrande, qui se resomme parfaitement à la résonance en une formule compacte.

Deuxièmement, l’absence du terme quadratique rλ+λ𝑟superscript𝜆superscript𝜆r\lambda^{+}\lambda^{-} entre en contradiction avec la présence de son équivalent dans la fonction bêta du tachyon 2rδrλ+2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆2r\delta r\lambda^{+} du point de vue de leur interprétation en tant qu’équations du mouvement dérivées d’une action. Cela peut suggérer que le schéma minimal n’est pas le cadre le plus adapté au calcul off-shell de l’action effective, compte-tenu du développement naturel (5.1.35) et (5.2.2) des couplages sur le bord. Mais cela peut aussi suggérer que l’interprétation des fonctions bêta calculées off-shell en tant qu’équations du mouvement est incorrect. Cette dernière suggestion est probablement la plus raisonnable, étant donné que l’étude dans le schéma de Wilson, comme nous allons le voir maintenant, n’apporte aucune amélioration.

Schéma de Wilson

Dans ce cadre, il faut remplacer999Voir section 3.2. dans (5.2.1) l’échelle de renormalisation directement par le cut-off UV ε𝜀\ell\to\varepsilon et supposer que les couplages dépendent explicitement de ce cut-off μ=μ(ε)𝜇𝜇𝜀\mu=\mu(\varepsilon). Les fonctions bêta suivantes sont obtenues :

βδr=Δδr2r(β+λ+λ+β)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟subscript𝛽superscript𝜆superscript𝜆subscript𝛽\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\left(\beta_{+}\lambda^{-}+\lambda^{+}\beta_{-}\right)+\ldots
β±=(1r2ω2)λ±+Δλ±2rδrλ±+subscript𝛽plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minusΔsuperscript𝜆plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(1-r^{2}-\omega^{2})\lambda^{\pm}+\Delta\lambda^{\pm}-2r\delta r\,\lambda^{\pm}+\ldots (5.2.9)

Tous les termes de dérivées multiples dépendants du cut-off UV en lnnϵsuperscript𝑛italic-ϵ\ln^{n}\epsilon, toujours au deuxième ordre, ont été inclus dans les pointillés. Cette fois en revanche, parce que ce sont les couplages dépendant de l’échelle qui sont pris en compte dans le développement et non les couplages nus, ces termes sont directement proportionnels aux diverses fonctions bêta des dérivées de tachyon. Ils sont donc redondants, puisque la relation des fonctions bêta avec les équations du mouvement demande d’imposer βi=0subscript𝛽𝑖0\beta_{i}=0. Toutefois, nous avons mis en valeur le terme constant dans les cut-off.

Remarquons enfin qu’il n’y a pas plus de contribution en rλ+λ𝑟superscript𝜆superscript𝜆r\lambda^{+}\lambda^{-} dans la fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r que dans le schéma de soustraction minimale. Par déduction, quelque soit le schéma de renormalisation, les fonctions bêta off-shell ne peuvent pas être, comme présupposé, des équations du mouvement.

Pour preuve, lorsque dans un premier temps les deux équations (5.2.1) sont vérifiées, c’est-à-dire βi=0subscript𝛽𝑖0\beta_{i}=0 le tachyon on-shell peut être choisi avec, par exemple, ω=1/2r2𝜔12superscript𝑟2\omega=1/2-r^{2} et δr=0𝛿𝑟0\delta r=0. Or, le long de cette solution, on revient dans un second temps à (5.2.1) pour lequel la fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r était en fait non nulle à cause du terme rλ+λ𝑟superscript𝜆superscript𝜆r\lambda^{+}\lambda^{-}. Ces équations ne peuvent donc pas constituer des équations de mouvement puisque leurs solutions n’en sont pas, à l’exception de λ±=0superscript𝜆plus-or-minus0\lambda^{\pm}=0 ou r=0𝑟0r=0 qui sont triviales.

Un ansatz plus général

Ainsi, il semble à juste titre que l’utilisation des fonctions bêta off-shell et leur interprétation en tant qu’équations du mouvement soient sujettes à caution. Cependant, il serait intéressant de chercher des ansatz plus généraux dont les déformations seraient quasi-marginales101010Des perturbations le long de déformations marginales au premier ordre. mais non exactement marginales : elles résoudraient les équations du groupe de renormalisation à l’ordre dominant et permettraient éventuellement d’exprimer des fonctions bêta non triviales aux ordres supérieurs. En procédant de cette manière, seules des résonances apparaîtraient. Ces dernières fournissent des contributions universelles aux fonctions bêta et sont par conséquent indépendantes du schéma de renormalisation. Par exemple, l’ansatz :

T+superscript𝑇\displaystyle T^{+} =ζ(1)(xi)eiωx0+ζ(2)(xi)eiωx0absentsubscript𝜁1superscript𝑥𝑖superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0subscript𝜁2superscript𝑥𝑖superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0\displaystyle=\zeta_{(1)}(x^{i})e^{i\omega x^{0}}+\zeta_{(2)}(x^{i})e^{-i\omega x^{0}}
Tsuperscript𝑇\displaystyle T^{-} =(T+)absentsuperscriptsuperscript𝑇\displaystyle=(T^{+})^{*} (5.2.10)

avec ω=r21𝜔superscript𝑟21\omega=r^{2}-1 telle que la déformation avec ζ(i)subscript𝜁𝑖\zeta_{(i)} constante est marginale au premier ordre, donne les fonctions bêta suivantes :

βδr=Δδr2r(|ζ(1)|2+|ζ(2)|2)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\left(\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\right)+\ldots
β(1,2)=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)+subscript𝛽1.2Δsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}}=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)}+\ldots (5.2.11)

Ces contributions sont obtenues uniquement à partir de divergences logarithmiques. La solution de tachyon roulant étudiée initialement était donnée par ζ(2)=0subscript𝜁20\zeta_{(2)}=0 et ζ(1)=λ+subscript𝜁1superscript𝜆\zeta_{(1)}=\lambda^{+} avec λ=(λ+)superscript𝜆superscriptsuperscript𝜆\lambda^{-}=(\lambda^{+})^{*}. Il est clair ici que la solution à r𝑟r constant implose obligatoirement ζ(1,2)=0subscript𝜁1.20\zeta_{(1,2)}=0. Notons qu’il est permis de redéfinir les champs à des constantes près. Or, puisque r𝑟r est considéré constant, le tachyon peut être redéfini de façon général en ζf(r)ζ𝜁𝑓𝑟𝜁\zeta\to\sqrt{f(r)}\zeta. Si bien que les fonctions bêta deviennent :

βδr=Δδr2rf(r)(|ζ(1)|2+|ζ(2)|2)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟𝑓𝑟superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2rf(r)\left(\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\right)+\ldots
β(1,2)=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)+subscript𝛽1.2Δsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}}=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)}+\ldots (5.2.12)

En considérant ω𝜔\omega off-shell, même infinitésimalement, la contribution des tachyons dans βδrsubscript𝛽𝛿𝑟\beta_{\delta r} disparaîtrait. Or les deux autres équations sur les tachyons ne seraient quant-à elles pas résolues puisque ω𝜔\omega est off-shell au premier ordre et impose donc aussi ζ(1,2)=0subscript𝜁1.20\zeta_{(1,2)}=0. Ces fonctions bêta sont donc cohérentes off-shell et on-shell, à la différence des premières (5.2.1) ou (5.2.1).

En outre, lorsque toutes les déformations constantes sont marginales, toutes les contributions aux fonctions bêta proviennent de résonance et sont par conséquent indépendantes du schéma de renormalisation. Cela implique que ces fonctions bêta peuvent éventuellement – mais uniquement dans une limite perturbative – constituer d’excellentes candidates au rôle d’équations du mouvement. Cet argument sera aussi valable pour r<1𝑟1r<1.

Equations du mouvement : une proposition

Pour finir, des équations du mouvement peuvent être proposées telles qu’elles seraient compatibles avec les diverses contraintes imposées par les fonctions bêta (5.2.1). En supposant le regroupement en champ ϕ=r+δritalic-ϕ𝑟𝛿𝑟\phi=r+\delta r nous pourrions exprimer les équations suivantes :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕϕf(ϕ)1ϕ2(aTaT+(1ϕ2)|T|2)absentitalic-ϕitalic-ϕ𝑓italic-ϕ1superscriptitalic-ϕ2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇1superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-\frac{\phi\,f(\phi)}{1-\phi^{2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+(1-\phi^{2})\left|T\right|^{2}\right)
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(1ϕ2)Tabsent𝑇1superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+(1-\phi^{2})T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(1ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇1superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+(1-\phi^{2})T^{*} (5.2.13)

Elles redonnent bien les fonctions bêta obtenues dans la limite quadratique en remplaçant ϕ=r+δritalic-ϕ𝑟𝛿𝑟\phi=r+\delta r ainsi que T=T+𝑇superscript𝑇T=T^{+} et T=Tsuperscript𝑇superscript𝑇T^{*}=T^{-}. Des actions compatibles avec chacune de ces équations prises séparément sont trouvables, mais il n’existe pas d’expression complète permettant de retrouver exactement (5.2.1). Nous verrons dans le chapite 6 que cela est dû à ambiguïtéé dans la correspondance des fonctions bêta aux équations du mouvement  : il y a toujours la liberté de rajouter dans (5.2.1) des termes proportionnels à des fonctions bêta, puisqu’elles doivent être nulles.

Une action de type Garousi n’est pas exactement compatible avec ces équations, puisque le terme de couplage dans les tachyons seraient d’après (5.1.14) en ϕ|T|2italic-ϕsuperscript𝑇2\phi\left|T\right|^{2}. C’est un point troublant, car elle est techniquement valable autour de tachyons dont les éléments de matrice S sont bien définis. Ce qui est le cas lorsqu’ils sont massifs. La résolution de cette énigme tient probablement du fait que la correspondance entre la physique des champs du modèle-sigma et celle des champs directement définis dans l’espace-cible n’est vraie qu’à des redéfinitions de champs près – voir par exemple [77]. Or, le point important reste que les équations du mouvement dans chaque cas doivent simplement admettre des solutions compatibles. C’est bien le cas ici, car à ϕitalic-ϕ\phi constant, il faut T=0𝑇0T=0. Nous donnerons plus de détail à ce propos en discutant les équations du groupe de renormalisation dans le chapitre 6.

5.2.2 Phase sous-critique r<1𝑟1r<1

Dans cette région, les fonctions bêta (5.2.1) et (5.2.1) restent correctes si la déformation du tachyon off-shell eiωX0+irX~superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑋0𝑖𝑟~𝑋e^{i\omega X^{0}+ir\tilde{X}} est toujours relevante, c’est-à-dire si ω𝜔\omega est réel. Toutefois, il ne s’agit pas du mode fondamental, puisque le tachyon est instable et devrait donc avoir ω𝜔\omega imaginaire. Pour cette raison l’approximation λ1much-less-than𝜆1\lambda\ll 1 n’est de façon générale plus valable. En effet, le tachyon marginal est de la forme Te±irX~+ωX0proportional-to𝑇superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0T\propto e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} avec ω2=1r2superscript𝜔21superscript𝑟2\omega^{2}=1-r^{2} si bien que eωx01similar-tosuperscript𝑒𝜔superscript𝑥01e^{\omega x^{0}}\sim 1. Or, dans le domaine sous-critique, il est aussi possible de n’ajouter off-shell que la déformation e±irX~λ(Xa)superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜆superscript𝑋𝑎e^{\pm ir\tilde{X}}\lambda(X^{a}) puisqu’elle est relevante. Néanmoins, ça n’est pas une bonne idée de calculer les fonctions bêta complètement off-shell pour en extraire des équations de mouvement, car les divergences ne sont pas universels et les contributions aux fonctions bêta non-universelles.

Fonctions bêta des perturbations autour du tachyon roulant marginal

Le développement autour de la déformation marginale au premier ordre est révisé dans ce paragraphe :

δS=σ+εr2+ω21eirX~+ωX0(λ++iλ+X^i+ijλ+2X^iX^j)+σεr2+ω21eirX~+ωX0(λ+iλX^i+ijλ2X^iX^j)𝛿𝑆tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜀superscript𝑟2superscript𝜔21contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0superscript𝜆subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜀superscript𝑟2superscript𝜔21contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0superscript𝜆subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗\delta S=\sigma^{+}\otimes\varepsilon^{r^{2}+\omega^{2}-1}\oint e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\left(\lambda^{+}+\partial_{i}\lambda^{+}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{+}}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)\\ +\sigma^{-}\otimes\varepsilon^{r^{2}+\omega^{2}-1}\oint e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\left(\lambda^{-}+\partial_{i}\lambda^{-}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{-}}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right) (5.2.14)

De nouveaux, il s’agit d’un cas particulier où toute la dépendance temporelle est supposée factorisée pour le tachyon et gelée pour le champ de distance. Les fonctions bêta off-shell obtenues dans le schéma wilsonien, à partir entre autres de ce qui a été calculé dans la section 5.1.2 sont simplement :

βδr=Δδrsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r
β±=(1r2ω2)λ±+Δλ±2rδrλ±+subscript𝛽plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜔2superscript𝜆plus-or-minusΔsuperscript𝜆plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=(1-r^{2}-\omega^{2})\lambda^{\pm}+\Delta\lambda^{\pm}-2r\delta r\,\lambda^{\pm}+\ldots (5.2.15)

Dans le schéma minimal, les fonctions bêta obtenues sont identiques. L’absence du terme source dans la fonction bêta de la perturbation de distance est remarquable, tandis que le terme correspondant apparaît dans celle des tachyons. L’origine de cette absence est, comme nous l’avions vu dans la section précédente, le facteur e2ωX0superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0e^{2\omega X^{0}} multipliant l’opérateur X~~𝑋\partial\widetilde{X} de sorte que l’opérateur produit n’est pas identifié à celui du champ de distance. L’opérateur e2ωX0X~superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0~𝑋e^{2\omega X^{0}}\partial\widetilde{X} ne peut de plus pas être assimilé à une déformation corrigée du champ de distance puisqu’il est irrelevant.

Remarquons à nouveau que les fonctions bêta ne peuvent être considérées que dans la limite perturbative λ1much-less-than𝜆1\lambda\ll 1 ou x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty. En d’autres termes, le temps s’écoulant, les ordres λnsuperscript𝜆𝑛\lambda^{n} devraient tous finir par contribuer. Toutefois, l’égalité βδr=Δδrsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r est vérifiée dans tout le domaine et à tout ordre le long d’un tachyon eωx0λ±(xi)superscript𝑒𝜔superscript𝑥0superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑥𝑖e^{\omega x^{0}}\lambda^{\pm}(x^{i}) à cause du facteur e2nωX0superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0e^{2n\omega X^{0}}.

Attention, ces remarques ne sont vraies que dans la limite où les dérivées successives du tachyon sont négligeables : le long de T±e±ikixi±iωx0proportional-tosuperscript𝑇plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖subscript𝑘𝑖superscript𝑥𝑖𝑖𝜔superscript𝑥0T^{\pm}\propto e^{\pm ik_{i}x^{i}\pm i\omega x^{0}} avec ω2=r2+k21superscript𝜔2superscript𝑟2superscript𝑘21\omega^{2}=r^{2}+k^{2}-1 et k21r2superscript𝑘21superscript𝑟2k^{2}\geq 1-r^{2}, c’est-à-dire tel que l’énergie est réelle, alors (5.2.1) est exactement retrouvée :

βδr=Δδrrλ+λsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟𝑟superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-r\lambda^{+}\lambda^{-}
β±=2rδrλ±subscript𝛽plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=-2r\delta r\,\lambda^{\pm} (5.2.16)

De nouveau, ce n’est donc pas une solution à moins que λ±=0superscript𝜆plus-or-minus0\lambda^{\pm}=0 ou r=0𝑟0r=0 et δr=0𝛿𝑟0\delta r=0. Mais cela indique que le terme d’interaction rλ+λ𝑟superscript𝜆superscript𝜆r\lambda^{+}\lambda^{-} est toujours sous-jacent dans l’équation de mouvement.

Etudions à nouveau les fonctions bêta des perturbations définies le long de l’ansatz plus général du tachyon, marginal au premier ordre pour ω2=1r2superscript𝜔21superscript𝑟2\omega^{2}=1-r^{2} :

T+superscript𝑇\displaystyle T^{+} =ζ(1)(xi)eωx0+ζ(2)(xi)eωx0absentsubscript𝜁1superscript𝑥𝑖superscript𝑒𝜔superscript𝑥0subscript𝜁2superscript𝑥𝑖superscript𝑒𝜔superscript𝑥0\displaystyle=\zeta_{(1)}(x^{i})e^{\omega x^{0}}+\zeta_{(2)}(x^{i})e^{-\omega x^{0}}
Tsuperscript𝑇\displaystyle T^{-} =(T+)absentsuperscriptsuperscript𝑇\displaystyle=(T^{+})^{*} (5.2.17)

Les termes croisés contribuent à la fonction bêta de l’opérateur X~~𝑋\partial\widetilde{X}. Après calcul des OPE, les fonctions bêta s’expriment selon :

βδr=Δδr2r(ζ(1)ζ(2)+ζ(1)ζ(2))+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁2\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\,\left(\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(1)}^{*}\zeta_{(2)}\right)+\ldots
β(1,2)=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)+subscript𝛽1.2Δsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}}=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)}+\ldots (5.2.18)

Comme précédemment, les tachyons peuvent être redéfinis par ζf(r)ζ𝜁𝑓𝑟𝜁\zeta\to\sqrt{f(r)}\zeta. Ces formules prouvent de nouveau que le terme d’interaction doit être présent de façon implicite. Il s’annule le long du tachyon roulant, qui ici serait simplement obtenu en imposant ζ(2)=0subscript𝜁20\zeta_{(2)}=0. Les équations du mouvement compatibles avec ce comportement sont encore, en notant ϕ=r+δritalic-ϕ𝑟𝛿𝑟\phi=r+\delta r :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕϕf(ϕ)1ϕ2(aTaT+(1ϕ2)|T|2)absentitalic-ϕitalic-ϕ𝑓italic-ϕ1superscriptitalic-ϕ2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇1superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-\frac{\phi\,f(\phi)}{1-\phi^{2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+(1-\phi^{2})\left|T\right|^{2}\right)
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(1ϕ2)Tabsent𝑇1superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+(1-\phi^{2})T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(1ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇1superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+(1-\phi^{2})T^{*} (5.2.19)

A la fonction f(ϕ)𝑓italic-ϕf(\phi) et au cas particulier de la distance critique près, il semble donc que les équations du mouvement sont continues entre la phase sur-critique et la phase sous-critique. C’est un point très positif. Cela sera le cas aussi en théorie des supercordes dans le système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D}. Cependant, aucune action effective pour r𝑟r et pour T𝑇T ne peut être trouvée à partir de ces expressions. Cela sera rediscuté dans le cadre du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} pour lequel d’autres contraintes sur l’action effective existent. Toutefois, les couplages entre les champs déduits de ces équations ne sont pas compatibles avec une action quadratique aussi simple que (5.1.14). Cela montre qu’une action de type Garousi-TDBI ne peut pas décrire ce système, parce que les solutions seraient différentes.

A l’instar du cas massif, les excitations tachyoniques d’énergie réelle, c’est-à-dire de genre espace et pour lesquels des éléments de matrice-S sont bien définis par continuation depuis la phase massive, ne vérifient pas non plus d’équations de mouvement égales ou proportionnelles à celles dérivées depuis une action de type Garousi. Toutefois, elles partagent encore les mêmes solutions, donc il y a de fortes chances qu’elles soient finalement compatibles dans ce régime.

Remarque sur la solution tachyonique générale

A partir de la formule (5.2.2) nous obtenons une combinaison pour laquelle les fonctions bêta s’annulent telle que la déformation correspondante définirait potentiellement une CFT :

T(x0)=ζeωx0iλζeωx0𝑇superscript𝑥0𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0𝑖𝜆superscript𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0\displaystyle T(x^{0})=\zeta e^{\omega x^{0}}-i\frac{\lambda}{\zeta^{*}}e^{-\omega x^{0}} (5.2.20)

avec λ𝜆\lambda\in\mathbb{R} et ω2=1r2superscript𝜔21superscript𝑟2\omega^{2}=1-r^{2}. L’interprétation physique de cette solution est incertaine car elle décrit un tachyon, de type S-brane complète, décondensant depuis x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty puis recondensant en x0superscript𝑥0x^{0}\to\infty mais dont la phase (complexe) subit un décalage de π/2𝜋2\pi/2. Cependant, cette expression n’est solution qu’à l’ordre quadratique et il faudrait vérifier que les fonctions bêta restent nulles aux ordres suivants – en utilisant par exemple la méthode de [43] à l’ordre 4 – mais aussi refaire l’étude des divergences logarithmiques de la section 5.1.2 en tenant compte des termes croisés et des nouveaux termes de contact. Ces calculs sont justifiables car, bien que physiquement peu pertinente, une telle solution peut contraindre l’expression de l’action effective, comme dans la méthode proposée par Kutasov et Niarchos dans [77].

5.2.3 Phase critique r=1𝑟1r=1

En comparant les fonctions bêta (5.2.1), (5.1.38) et (5.2.2) et en particulier celles de δr𝛿𝑟\delta r nous distinguons clairement une discontinuité en r=1𝑟1r=1. En effet  :

r>1::𝑟1absent\displaystyle r>1\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=Δδr2r(|ζ(1)|2+|ζ(2)|2)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\left(\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\right)+\ldots
r=1::𝑟1absent\displaystyle r=1\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=δr2|λ|2subscript𝛽𝛿𝑟𝛿𝑟2superscript𝜆2\displaystyle\beta_{\delta r}=-\square\delta r-2\left|\lambda\right|^{2}
r<1::𝑟1absent\displaystyle r<1\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=Δδr2r(ζ(1)ζ(2)+ζ(1)ζ(2))+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁2\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\,\left(\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(1)}^{*}\zeta_{(2)}\right)+\ldots

avec en r=1𝑟1r=1 par continuité dans la définition des déformations de bord λ±=ζ(1)+ζ(2)superscript𝜆plus-or-minussubscript𝜁1subscript𝜁2\lambda^{\pm}=\zeta_{(1)}+\zeta_{(2)}. Il apparaît donc nettement qu’en la distance critique les contributions de r>1𝑟1r>1 s’ajoutent avec celles de r<1𝑟1r<1. Puisque |ζ(1)|2+|ζ(2)|2|ζ(1)+ζ(2)|2superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁22\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\geq\left|\zeta_{(1)}+\zeta_{(2)}\right|^{2} nécessairement ζ(1)ζ(2)+ζ(1)ζ(2)0subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁20\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(1)}^{*}\zeta_{(2)}\leq 0 de sorte qu’en r=1𝑟1r=1 la contribution est intermédiaire. Il s’agit pour ces équations de flot d’une façon de rendre les limites rrc+𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r\to r_{c}^{+} et rrc𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r\to r_{c}^{-} compatibles. Ces équations sont toutefois discontinues à la distance critique, et le terme source change de signe : le système y subit donc une transition de phase. La continuité n’est rétablie que si ζ(i)=0subscript𝜁𝑖0\zeta_{(i)}=0 pour i=1,2𝑖1.2i=1,2 qui n’est évidemment pas une limite intéressante.

Cette discontinuité en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} exprime également le fait qu’une théorie des champs en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} n’est pas bien définie, parce que d’un côté nous avons une phase stable et de l’autre une phase instable. En outre, à propos de la transition sous-critique/critique, d’après notre étude sur les divergences du modèle roulant en fonction de la distance, le nombre de contretermes de type terme-de-contact à ajouter à l’action de surface tend à exploser en rcsuperscriptsubscript𝑟𝑐r_{c}^{-}. Ainsi, dans cette limite, la théorie est non-renormalisable, mais pas en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} comme nous le voyons bien. Il s’agirait d’un moyen pour le système de mener à la discontinuité, ce qui est réminiscent de la limite c1𝑐1c\to 1 dans les théories de Liouville [103, 38, 104]. Nous savons par exemple que la continuation analytique bib𝑏𝑖𝑏b\to ib (i.e. Q0𝑄0Q\to 0 ou c1𝑐1c\to 1) pour passer de Liouville de genre espace à Liouville de genre temps n’est pas très bien définie. Or notre modèle est très similaire dans la forme à une théorie de Liouville, mis à part les facteurs de CP. En ce sens, la transition bib𝑏𝑖𝑏b\to ib semble similaire à la transition ω0𝜔0\omega\to 0 (soit c=2c=1𝑐2𝑐1c=2\to c=1) dans l’opérateur du tachyon sur le bord ei1/2ω2X~+ωX0superscript𝑒𝑖12superscript𝜔2~𝑋𝜔superscript𝑋0e^{i\sqrt{1/2-\omega^{2}}\widetilde{X}+\omega X^{0}}. Nous n’avons pas exploré plus en détail cette relation, puisque ça n’a pas été un point crucial pour notre étude.

5.3 Conclusion

Dans ce chapitre, il a été démontré que le système brane-brane séparé à distance constante admettait une solution de condensation temporelle de type demi S-brane λ±e1r2x0superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑒1superscript𝑟2superscript𝑥0\lambda^{\pm}e^{\sqrt{1-r^{2}}x^{0}} dans le secteur interbranaire, paramétrisée par les facteurs de Chan-Paton σ±U(2)superscript𝜎plus-or-minus𝑈2\sigma^{\pm}\in U(2). Cette solution était représentée sur la surface de corde par une déformation de bord exactement marginale. Cette propriété était en revanche perdue en certaines valeurs de distance r=11/4n2𝑟114superscript𝑛2r=\sqrt{1-1/4n^{2}} pour tout n𝑛superscriptn\in\mathbb{N}^{*}. En ces valeurs, les fonctions bêta du tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} recoivent des contributions non nulles proportionnelles à (λ+λ)nsuperscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝑛(\lambda^{+}\lambda^{-})^{n} et cela est à des résonances entre les opérateurs σ±e1r2X0±irX~tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝑋0𝑖𝑟~𝑋\sigma^{\pm}\otimes e^{\sqrt{1-r^{2}}X^{0}\pm ir\widetilde{X}} et eX0superscript𝑒superscript𝑋0e^{X^{0}} c’est-à-dire des divergences logarithmiques. Ces valeurs de distance brisant la marginalité sont denses autour de la valeur critique rc=1subscript𝑟𝑐1r_{c}=1 telles que la limite rrc𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r\to r_{c}^{-} n’est pas renormalisable. Cela est en accord avec la non-marginalité du tachyon à la distance critique, qui se couple au champ de distance et attire le système en r=rc𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r=r_{c}^{-}.

Ainsi, dans un schéma réaliste d’évolution du système initialement posé à la distance critique, le couplage à l’autre tachyon est inévitable puisque les valeurs r=11/4n2𝑟114superscript𝑛2r=\sqrt{1-1/4n^{2}} sont denses autour de r=1𝑟1r=1. La condensation du tachyon σ0superscript𝜎0\sigma^{0} c’est-à-dire hébergé sur chaque brane est bien comprise – cf. chapitre 4 – et nous en déduisons qu’au moins chaque brane s’évapore indépendamment l’une de l’autre sous forme de cordes fermées, à la fois par confinement du champ électrique sur chaque brane quand x0superscript𝑥0x^{0}\to\infty et par couplage des cordes fermées à la brane [78]. Ainsi, il est physiquement peu probable que le système puisse persister à distance constante, mais la condensation du tachyon sur chaque brane permet d’avoir une vision assez claire de son évolution même si la vélocité relative des branes est non-nulle, menant à sa désintégration complète en cordes fermées.

En outre, le calcul de l’action effective a été initiée en étudiant le groupe de renormalisation du modèle sigma légèrement perturbée autour du tachyon roulant. Il s’agissait d’une approche pertinente, tant que le tachyon roulant était choisi marginal à l’ordre dominant dans les fonctions bêta. Des équations du mouvement ont été obtenues à partir des expressions des fonctions bêta invariantes111111Par changement de schéma de renormalisation., mais n’étaient pas compatibles avec une expression d’action effective, ni en particulier celle de type Garousi (5.1.14). Cependant, dans le régime massif et pour un tachyon de genre espace dans la phase tachyonique, au moins pour une distance constante, leurs solutions sont compatibles avec celles dérivées d’une action de type Garousi. Nous avons aussi mis en valeur l’existence d’une transition de phase du système en la distance critique lorsque le tachyon est allumé sur le bord.

Cette étude sera prolongée dans le cadre du système DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} pour lequel d’autres contraintes sont posées. Cette autre approche montrera que les fonctions bêta mènent aux mêmes contraintes sur les champs que des équations du mouvement dérivées d’une action effective quadratique obtenue par une méthode indépendante également autour de la solution de tachyon roulant.

Chapitre 6 Condensation de tachyon en supercorde et système brane-antibrane

Dans le système brane-antibrane la situation de la coïncidence est bien assimilée et en particulier en ce qui concerne le tachyon découplé des autres champs. Cependant, nous savons que dans ce système le tachyon est couplé de façon non abélienne à ces derniers. Or comme dit dans l’introduction, le domaine de validité des propositions d’actions effectives faites par Garousi dans [44, 47] concerne a priori uniquement des tachyons de genre espace. Il faut donc les considérer avec précautions si on souhaite en étendre le domaine de validité aux tachyons condensants dépendants du temps. En suivant l’expression de l’action de Garousi, nous avons grosso-modo que le tachyon est effectivement couplé minimalement à un certain nombre de champ de jauge de cordes ouvertes et que réciproquement, ces champs de jauge sont couplés au tachyon.

En décrivant une paire DD¯𝐷¯𝐷D-\bar{D} disjointe spatialement par une distance finie (disons \ell) pas forcément constante, nous avons que le champ de distance (disons ϕitalic-ϕ\phi) est tel que sa valeur dans le ”vide” est ϕ=delimited-⟨⟩italic-ϕ\left<\phi\right>=\ell. Ce champ est non-massif et par T-dualité correspond à un champ de jauge minimalement couplé au tachyon. Ainsi le champ de distance (non-abélien) serait couplé au tachyon (non-abélien) par un terme du type [ϕ,T]2superscriptitalic-ϕ𝑇2[\phi,T]^{2}. Naturellement – et c’est ce qu’obtient Garousi dans [47] – la distance et le tachyon sont interdépendants de telle sorte qu’il n’existe aucune solution classique aux équations du mouvement, condensante et à distance constante.

Par étude des équations du mouvement, nous l’avons constaté dans le chapitre 1. En résolvant numériquement ces équations, nous avons observé un comportement privilégiant une attraction vers =00\ell=0 mais qui n’y stabilise pas et oscille. Nous avons aussi vu à partir de l’expression des équations du mouvement qu’il ne pouvait pas exister de solution non triviale à distance constante.

Or nous allons montrer dans la section 6.1 qu’il existe une CFT admettant sur le bord une déformation tachyonique dépendante du temps de type demi S-brane à distance constante. Le système brane-antibrane séparé et de la distance critique est défini dans l’introduction sections 2.4 et 4.3. Nous utiliserons maintenant r=/2π𝑟2𝜋r=\ell/2\pi de sorte que la distance critique dans cette variable est111Nous utilisons la convention α=1superscript𝛼1\alpha^{\prime}=1. rc=1/2subscript𝑟𝑐12r_{c}=1/\sqrt{2}.

Bagchi et Sen [7] avaient montré que dans la partie du domaine tachyonique r<rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r<r_{c}/\sqrt{2} la déformation en question était exactement marginale. Par ailleurs, nous avons montré [62] par notre étude que cette déformation était aussi une CFT dans la partie manquante r>rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r>r_{c}/\sqrt{2}. Pour être plus précis nous l’avons montré pour tout r<17/6𝑟176r<\sqrt{17}/6. Cependant, de forts indices – supersymétrie en l’occurrence – nous font conjecturer qu’elle doit l’être sur tout le domaine tachyonique. Ainsi les calculs – en particulier la fonction de partition – que l’on peut effectuer en r<rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r<r_{c}/\sqrt{2} peuvent être continués analytiquement à tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}.

Dans la section 6.2 nous avons étudié le groupe de renormalisation en dehors de la CFT. Nous avons calculé les fonctions bêta associées aux divers couplages, puis nous en avons déterminé des équations du mouvement pour les champs de tachyon et de distance. Dans la section 6.3 nous exprimons la fonction de partition sur le disque le long de la BCFT du tachyon roulant à distance constante. Nous avons calculé la fonction de partition à l’ordre 8 dans les tachyons à la distance rc/2subscript𝑟𝑐2r_{c}/\sqrt{2} en mettant en valeur les contributions du terme de contact dans l’expression en super-espace. Nous introduisons également une méthode diagrammatique qui s’est révélée pratique d’utilisation. Enfin dans la section 6.4 nous discutons du calcul d’une action effective en utilisant la méthode de Kutasov et Niarchos et la fonction de partition à l’ordre 2 dans le tachyon. Nous obtenons une action effective quadratique dont l’expression est totalement contrainte et qui est compatible – dans une certaine mesure – avec les équations du mouvement que nous avions obtenu auparavant.

6.1 CFT du tachyon roulant dans système brane-antibrane séparé

Le système brane-antibrane admet un tachyon bi-fondamental dans le spectre des cordes ouvertes du secteur interbranaire. De la même manière que dans le cas bosonique, il existe trois phases distinctes. Celle pour laquelle le bi-fondamental est massif (r>rc𝑟subscript𝑟𝑐r>r_{c}), puis celle où il est exactement non-massif (r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}) et enfin celle où il est tout à fait tachyonique (r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}).

6.1.1 Déformation de tachyon roulant dans domaine r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}

Comme cela est expliqué dans la section 5 pour le modèle bosonique équivalent, la théorie des champs effective pour les champs tachyoniques et non-massifs est décrite par l’action effective à l’ordre des arbres222Cela tient son origine dans l’instabilité tachyonique de la théorie à l’ordre des arbres qui implique la divergence de la contribution à l’ordre d’une boucle et plus : les calculs quantiques perturbatives perdent tout leur sens.. La théorie des cordes doit s’exprimer dans le fond composé des configurations classiques des champs tachyoniques et non-massifs. En ce qui concerne le fond tachyonique, cela revient à ajouter sur le bord, dans l’action de la surface, deux tachyons complexes conjugués l’un de l’autre dans les secteurs représentés par les facteur de CP σ+superscript𝜎\sigma^{+} et σsuperscript𝜎\sigma^{-} à une distance r𝑟r. Nous nous plaçons dans le demi-plan supérieur zH+𝑧subscript𝐻z\in H_{+}. Les tachyons sur le bord sont représentés par les opérateurs de vertex :

T=σ+λ+eirX~f(Xa,ψa,ψ~)𝑇tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓\displaystyle T=\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint e^{ir\widetilde{X}}f(X^{a},\psi^{a},\widetilde{\psi})
T=σλeirX~f(Xa,ψa,ψ~)superscript𝑇tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋superscript𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓\displaystyle T^{\dagger}=\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint e^{-ir\widetilde{X}}f^{*}(X^{a},\psi^{a},\widetilde{\psi}) (6.1.1)

où nous avons regroupé tous les termes dépendant des partenaires fermioniques des bosons Xasuperscript𝑋𝑎X^{a} et X~~𝑋\widetilde{X} dans f𝑓f et fsuperscript𝑓f^{*}. Nous allons préciser leur expression bientôt. Nous avons choisi une notation un peu trompeuse : le fermion ψ~~𝜓\widetilde{\psi} défini sur le bord est ici le dual333De même que X~~𝑋\widetilde{X} est le dual, conjugué au moment d’enroulement, de X𝑋X. de ψ𝜓\psi et non le champ antiholomorphe. Cela reste suffisamment clair puisqu’il n’existe aucune distinction entre holomorphe et antiholomorphe sur le bord. Pour les fermions définis sur le bord ici, nous utilisons la convention :

𝕏(z)=X(z)+iθψ(z)𝕏𝑧𝑋𝑧𝑖𝜃𝜓𝑧\displaystyle\mathbb{X}(z)=X(z)+i\theta\psi(z) (6.1.2)

Par rapport à la définition donnée dans l’introduction (2.4.15), nous identifions donc ici ΨΨ\Psi à ψ𝜓\psi. Dans (6.1.1), l’exponentielle e±irX~superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋e^{\pm ir\widetilde{X}} est un opérateur de twist qui permet d’inclure les conditions aux bords de façon condensée et qui donne les bons poids conformes et donc les bonnes OPE. Pour être tout à fait rigoureux, il faudrait initialement partir de l’action [120] :

S=Sbulk+iσ32ϕ(Xa)X~+iσ32aϕ(Xa)ψaψ~+σ+λ+f(Xa,ψa)+σλf(Xa,ψa)𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-product𝑖superscript𝜎32contour-integralitalic-ϕsuperscript𝑋𝑎~𝑋tensor-product𝑖superscript𝜎32contour-integralsubscript𝑎italic-ϕsuperscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integral𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎S=S_{bulk}+i\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\phi(X^{a})\,\partial\widetilde{X}+i\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\partial_{a}\phi(X^{a})\,\psi^{a}\widetilde{\psi}\\ +\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint f(X^{a},\psi^{a})+\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint f^{*}(X^{a},\psi^{a}) (6.1.3)

et choisir ϕ(Xa)=r+δr(Xa)italic-ϕsuperscript𝑋𝑎𝑟𝛿𝑟superscript𝑋𝑎\phi(X^{a})=r+\delta r(X^{a}) avec r𝑟r constant. Ensuite, le terme en σ3rX~tensor-productsuperscript𝜎3𝑟~𝑋\sigma^{3}\otimes r\partial\widetilde{X} modifie les OPE des tachyons, à cause de [σ±,σ3]0superscript𝜎plus-or-minussuperscript𝜎30[\sigma^{\pm},\sigma^{3}]\neq 0 mais peut être réabsorbé dans la définition des champs de tachyon sous la forme de l’opérateur de twist que l’on vient de nommer. Ce point sera plus clair lorsque nous introduirons les fermions de bord. Ainsi nous avons :

S=Sbulk+iσ32δr(Xa)X~+iσ32aδr(Xa)ψaψ~+σ+λ+eirX~f(Xa,ψa,ψ~)+σλeirX~f(Xa,ψa,ψ~)𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-product𝑖superscript𝜎32contour-integral𝛿𝑟superscript𝑋𝑎~𝑋tensor-product𝑖superscript𝜎32contour-integralsubscript𝑎𝛿𝑟superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝑋superscript𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓S=S_{bulk}+i\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\delta r(X^{a})\partial\widetilde{X}+i\frac{\sigma^{3}}{2}\otimes\oint\partial_{a}\delta r(X^{a})\psi^{a}\widetilde{\psi}\\ +\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint e^{ir\widetilde{X}}f(X^{a},\psi^{a},\widetilde{\psi})+\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint e^{-ir\widetilde{X}}f^{*}(X^{a},\psi^{a},\widetilde{\psi}) (6.1.4)

Nous allons maintenant montrer qu’il existe une solution de condensation de tachyon roulant à distance constante, c’est-à-dire  :

f(Xa,ψa,ψ~)=(irψ~+ωψ0)eωX0etδr(Xa)=0formulae-sequence𝑓superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓𝑖𝑟~𝜓𝜔superscript𝜓0superscript𝑒𝜔superscript𝑋0et𝛿𝑟superscript𝑋𝑎0\displaystyle f(X^{a},\psi^{a},\widetilde{\psi})=\left(ir\widetilde{\psi}+\omega\psi^{0}\right)e^{\omega X^{0}}\quad\text{et}\quad\delta r(X^{a})=0 (6.1.5)

avec ω=1/2r2𝜔12superscript𝑟2\omega=\sqrt{1/2-r^{2}}. Dans la suite, ψ±=±irψ~+ωψ0superscript𝜓plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝜓𝜔superscript𝜓0\psi^{\pm}=\pm ir\widetilde{\psi}+\omega\psi^{0}. Pour montrer que cette solution existe bien, il faut s’intéresser à une action encore plus générale. En effet, une théorie des cordes est une solution des équations du mouvement si et seulement si elle est une décrite par une théorie conforme sur la surface de corde. Pour cela, il faut que dans le modèle sigma non linéaire – voir section 3.2 – les fonds classiques constituent des configurations représentées par des couplages exactement marginaux, c’est-à-dire dont les fonctions bêta du groupe de renormalisation sont nulles à tout ordre en perturbation. Or nous avons vu dans le chapitre 5 que les termes importants dans les fonctions bêta sont en particulier ceux qui sont universels, c’est-à-dire ceux qui proviennent de résonances et qui ne peuvent pas être réabsorbés par redéfinition des champs. Il se trouve que l’action (6.1.4) n’est pas complète de ce point de vue, car les tachyons peuvent éventuellement entrer en résonance avec des termes du type e2nωX0superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0e^{2n\omega X^{0}} comme nous l’avons aussi vu en théorie bosonique. Cependant, à l’inverse de ce dernier cas ces résonances sont multipliées par des coefficients dont la somme est nulle, grâce aux fermions, donc grâce à la supersymétrie, ce que nous montrerons maintenant.

6.1.2 Résonances et contretermes

Nous devons dans un premier temps introduire des termes de bord du type :

σ0n>1μne2nωX0tensor-productsuperscript𝜎0subscript𝑛1superscript𝜇𝑛contour-integralsuperscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0\displaystyle\sigma^{0}\otimes\sum_{n>1}\mu^{n}\oint e^{2n\omega X^{0}} (6.1.6)

mais qui ne sont pas explicitement supersymétriques et par conséquent brisent la symétrie superconforme sur le bord. Dans le meilleur des cas, les coefficients μnsuperscript𝜇𝑛\mu^{n} dépendent des autres couplages et des cut-offs uniquement de telle sorte qu’ils suppriment les divergences néfastes dans les amplitudes. Même s’ils brisent explicitement la supersymétrie de surface en réalité ils l’a rétablissent in fine dans les calculs. Rappelons que l’ajout de cut-offs UV ou IR brise explicitement la symétrie de Poincaré (et donc aussi la supersymétrie) sur la surface de corde mais qu’à la fin elle doit être recouvrée par soustraction des divergences.

Dans le pire des cas, ils seraient indépendants des autres couplages et auraient des fonctions bêta non triviales. Alors la théorie complète serait non-marginale dans ses couplages et non-supersymétrique et par conséquent non-superconforme. Elle ne serait donc pas une solution des équations du mouvement de la SFT.

Ces termes ne sont associés à des résonances que si 2nω=12𝑛𝜔12n\omega=1. En effet, les tachyons étant marginaux, seule la production d’un opérateur marginal par fusion peut être associée à une résonance, puisqu’il faut ha+hb2=hc1subscript𝑎subscript𝑏2subscript𝑐1h_{a}+h_{b}-2=h_{c}-1. En outre, ces termes entre eux n’ont clairement pas de résonance, car dimensionnellement 4(n2+m2(n+m)2)ω2=14superscript𝑛2superscript𝑚2superscript𝑛𝑚2superscript𝜔214(n^{2}+m^{2}-(n+m)^{2})\omega^{2}=1 devrait être résolu par nm=1/8ω2𝑛𝑚18superscript𝜔2nm=-1/8\omega^{2}. Or n𝑛n et m𝑚m étant positifs, cette équation est impossible à résoudre. Et donc il ne faut ultimement s’intéresser qu’au terme :

σ0μ0eX0tensor-productsuperscript𝜎0subscript𝜇0contour-integralsuperscript𝑒superscript𝑋0\displaystyle\sigma^{0}\otimes\mu_{0}\oint e^{X^{0}} (6.1.7)

quand ω=1/2n𝜔12𝑛\omega=1/2n. Les autres entrent dans le cadre du meilleur cas présenté plus haut et ne sont donc pas problématiques. Ce dernier peut en revanche être potentiellement un pire cas et montrer qu’il ne l’est pas n’est pas aisé ; nous y dévouerons la section suivante.

Puisque n1𝑛1n\geq 1, alors pour tout ω>1/2𝜔12\omega>1/2 la théorie est exactement marginale dans ses couplages et supersymétrique, donc superconforme. C’est la conclusion exacte de Sen dans [107]. Sachant que ω=1/2r2𝜔12superscript𝑟2\omega=\sqrt{1/2-r^{2}} ce domaine correspond à tout r<1/2𝑟12r<1/2. Il nous parait étrange que la solution de tachyon roulant ne soit valide qu’à partir de cette valeur de distance, car ça n’a physiquement pas de sens contrairement au cas du modèle bosonique. C’est ce qui fait que l’on s’attend par continuité à ce que la supersymétrie rétablisse la symétrie conforme aussi pour rc>r1/2subscript𝑟𝑐𝑟12r_{c}>r\geq 1/2.

Comme nous l’avons suggéré plus haut, nous verrons en effet que les termes purement logarithmiques dans les cut-offs associés à cet opérateur de vertex se suppriment ensemble. Nous ne le montrerons pas pour tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c} car trop compliqué – il nous est impossible de pousser le calcul jusqu’à des ordres infiniment grands – mais pour tout r<17/6𝑟176r<\sqrt{17}/6, c’est-à-dire jusqu’au sixième ordre dans les OPE des tachyons, c’est-à-dire n=3𝑛3n=3. Nous extrairons de ces calculs les divergences UV parmi lesquels les logarithmes dont le coefficient doit s’annuler. Nous mettrons en valeur que la supersymétrie est à la source de ce mécanisme de suppression et nous argumenterons que l’on peut donc étendre ce résultat à tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}.

6.1.3 Termes logarithmiques à l’ordre 2 et 4 dans les tachyons

L’action de départ de cette étude est :

S=Sbulk+σ+λ+ψ+eirX~+ωX0+σλψeirX~+ωX0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integralsuperscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle S=S_{bulk}+\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\oint\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\sigma^{-}\otimes\lambda^{-}\oint\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} (6.1.8)

Elle est définie sur le demi-plan complexe H+subscript𝐻H_{+}. Ces déformations tachyoniques apparaissent à l’intérieur de l’intégrale de chemin avec la convention ZeSproportional-to𝑍superscript𝑒𝑆Z\propto\int e^{-S} et sont développés suivant une série de Taylor, de la même manière que pour des interactions perturbatives en théorie des champs. Les champs fondamentaux vérifients les OPE suivantes :

X~(z)X~(w)=2ln(zw)+~𝑋𝑧~𝑋𝑤2𝑧𝑤\displaystyle\widetilde{X}(z)\widetilde{X}(w)=-2\ln(z-w)+\ldots
X0(z)X0(w)=2ln(zw)+superscript𝑋0𝑧superscript𝑋0𝑤2𝑧𝑤\displaystyle X^{0}(z)X^{0}(w)=2\ln(z-w)+\ldots
ψ~(z)ψ~(w)=2zw+~𝜓𝑧~𝜓𝑤2𝑧𝑤\displaystyle\widetilde{\psi}(z)\widetilde{\psi}(w)=\frac{2}{z-w}+\ldots
ψ0(z)ψ0(w)=2zw+superscript𝜓0𝑧superscript𝜓0𝑤2𝑧𝑤\displaystyle\psi^{0}(z)\psi^{0}(w)=-\,\frac{2}{z-w}+\ldots (6.1.9)

Nous les utiliserons pour calculer les OPE des opérateurs de vertex des tachyons : perturbativement la théorie fondamentale est libre et constitue une CFT. Donc toutes les amplitudes peuvent être calculées à partir des formules des OPE fondamentales données ci-dessus.

Développement au second ordre

Le développement de eSiμiϕisuperscript𝑒𝑆subscript𝑖superscript𝜇𝑖contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑖e^{-S-\sum_{i}\mu^{i}\oint\phi_{i}} est donné conventionnellement jusqu’au deuxième ordre par la formule suivante, en utilisant des régularisations UV et IR telles qu’implicitement ε0𝜀0\varepsilon\to 0 et L𝐿L\to\infty et en présence de facteurs de CP :

𝒫eSiσiμiϕi=eS(1iσiμiϕi+i,jσiσjμiμjdww+εw+Ldzϕi(z)ϕj(w)+)𝒫superscript𝑒𝑆subscript𝑖tensor-productsuperscript𝜎𝑖superscript𝜇𝑖contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑖superscript𝑒𝑆1subscript𝑖tensor-productsuperscript𝜎𝑖superscript𝜇𝑖contour-integralsubscriptitalic-ϕ𝑖subscript𝑖𝑗tensor-productsuperscript𝜎𝑖superscript𝜎𝑗superscript𝜇𝑖superscript𝜇𝑗d𝑤superscriptsubscript𝑤𝜀𝑤𝐿d𝑧subscriptitalic-ϕ𝑖𝑧subscriptitalic-ϕ𝑗𝑤{\mathcal{P}}e^{-S-\sum_{i}\sigma^{i}\otimes\mu^{i}\oint\phi_{i}}\\ =e^{-S}\left(1-\sum_{i}\sigma^{i}\otimes\mu^{i}\oint\phi_{i}+\sum_{i,j}\sigma^{i}\sigma^{j}\otimes\mu^{i}\mu^{j}\int\text{d}w\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \phi_{i}(z)\phi_{j}(w)+\ldots\right) (6.1.10)

L’opérateur d’ordre 𝒫𝒫\mathcal{P} agit sur les opérateurs en les ordonnant dans l’ordre croissant. C’est en particulier important lorsque les opérateurs sont fermioniques, tels qu’ici les tachyons : l’ordre ne tient pas compte de leur anti-commutativité. Techniquement, il faut aussi sommer sur les facteurs de CP en ajoutant une trace dans les calculs d’amplitude mais il faut s’abstraire de cette opération ici car les divergences doivent être supprimées de telle sorte que tout calcul d’amplitude y compris avec des insertions sur le bord doit être régulier. Ainsi, au second ordre dans les tachyons, nous devons calculer :

σ+σλ+λdww+εw+Ldzψ+eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)+σσ+λ+λdww+εw+LdzψeirX~+ωX0(z)ψ+eirX~+ωX0(w)\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\\ +\sigma^{-}\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.11)

Le calcul est immédiat en utilisant (6.1.3) et donne :

σ+σλ+λdww+εw+Ldz(zw)2ω22r21tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜆superscript𝜆d𝑤superscriptsubscript𝑤𝜀𝑤𝐿d𝑧superscript𝑧𝑤2superscript𝜔22superscript𝑟21\displaystyle\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ (z-w)^{2\omega^{2}-2r^{2}-1}
×eirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)(4r21+(zw)ψ+(z)ψ(w))\displaystyle\qquad\qquad\times{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)\left(4r^{2}-1+(z-w)\psi^{+}(z)\psi^{-}(w)\right){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}
+σσ+λ+λdww+εw+Ldz(zw)2ω22r21tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜆superscript𝜆d𝑤superscriptsubscript𝑤𝜀𝑤𝐿d𝑧superscript𝑧𝑤2superscript𝜔22superscript𝑟21\displaystyle+\sigma^{-}\sigma^{+}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\int\text{d}w\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ (z-w)^{2\omega^{2}-2r^{2}-1}
×eirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)(4r21+(zw)ψ(z)ψ+(w))\displaystyle\qquad\qquad\times{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)\left(4r^{2}-1+(z-w)\psi^{-}(z)\psi^{+}(w)\right){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.12)

Or puisque ω2+r2=1/2superscript𝜔2superscript𝑟212\omega^{2}+r^{2}=1/2, alors 2ω22r21=4r22superscript𝜔22superscript𝑟214superscript𝑟22\omega^{2}-2r^{2}-1=-4r^{2} et avec r2<1/2superscript𝑟212r^{2}<1/2. Par conséquent, par développement des opérateurs autour de w𝑤w seul l’ordre zéro sera éventuellement divergent UV. En effet, ce dernier est divergent tant que r21/4superscript𝑟214r^{2}\geq 1/4 tandis que l’ordre premier est divergent pour r21/2superscript𝑟212r^{2}\geq 1/2. Nous n’étudierons pas le système en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} dans un premier temps car le tachyon y est non-massif, par conséquent nous ne devons garder dans (6.1.3) que l’ordre zéro. De la sorte, il vient :

σ0λ+λ(L14r2ε14r2)dwe2ωX0(w)\displaystyle\sigma^{0}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\left(L^{1-4r^{2}}-\varepsilon^{1-4r^{2}}\right)\leavevmode\nobreak\ \int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{2\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.13)

Le cas r2=1/4superscript𝑟214r^{2}=1/4 est particulier. Techniquement nous devrions avoir que l’intégrale donne un logarithme puisque l’intégrande est proportionnel à (zw)1superscript𝑧𝑤1(z-w)^{-1}. Cependant, en cette valeur de distance, le coefficient multiplicatif qui provient directement des fermions s’annule car il est proportionnel à 4r214superscript𝑟214r^{2}-1 :

σ0λ+λ(4r21)|r2=1/4lnLεdweX0(w)=0\displaystyle\sigma^{0}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}(4r^{2}-1)\Bigg{|}_{r^{2}=1/4}\ln\frac{L}{\varepsilon}\leavevmode\nobreak\ \int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=0 (6.1.14)

Pour r>1/2𝑟12r>1/2 il faut soustraire la divergence UV tandis que pour r<1/2𝑟12r<1/2 la divergence est uniquement IR et nous pouvons la négliger. Pour r>1/2𝑟12r>1/2 la divergence est de type puissance, donc dans un schéma de soustraction minimale il faut ajouter un contreterme à l’action. Ce dernier n’affecte pas la marginalité de la théorie, car il n’est pas logarithmique :

Sct=σ0λ+λε14r2dwe2ωX0(w)\displaystyle S_{ct}=-\sigma^{0}\otimes\lambda^{+}\lambda^{-}\varepsilon^{1-4r^{2}}\leavevmode\nobreak\ \int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{2\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.15)

D’après la discussion de la section 3.2 il ne modifie clairement pas la fonction bêta d’un couplage μ1subscript𝜇1\mu_{1} associé à l’opérateur de vertex e2ωX0superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0e^{2\omega X^{0}} :

β1=(4r21)μ1subscript𝛽14superscript𝑟21subscript𝜇1\displaystyle\beta_{1}=(4r^{2}-1)\mu_{1} (6.1.16)

La condition de marginalité impose μ1=0subscript𝜇10\mu_{1}=0 et ne subsiste donc que le contreterme dépendant de λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm} et ε𝜀\varepsilon qui ne s’oppose en rien à la marginalité de la théorie. Nous verrons dans la section 6.1.4 que le contreterme UV apparaît naturellement sous la forme d’un terme de contact, lorsque nous partons d’une action manifestement supersymétrique, c’est-à-dire exprimée initialement dans le super-espace.

Développement au quatrième ordre

A partir de l’action (6.1.8), il n’y a pas de terme résonant à l’ordre 3, ce qui est assez aisé à voir à cause du terme e±irX~+3ωX0superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋3𝜔superscript𝑋0e^{\pm ir\widetilde{X}+3\omega X^{0}}. Le développement à l’ordre 4 fait intervenir une OPE à 4 points du type T+TT+Tsuperscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇T^{+}T^{-}T^{+}T^{-} à cause des facteurs de Chan-Paton dont l’intégrale est divergente. L’extraction de toutes les divergences est une tâche difficile à cause de l’ordre d’intégration. Nous obtienons a priori un ensemble de divergences de type puissance. Néanmoins, pour ω=1/4𝜔14\omega=1/4 ou r=7/4>1/2𝑟7412r=\sqrt{7}/4>1/2 la fonction à 4-points est résonante et, par conséquent, devrait donner des divergences logarithmiques. Nous verrons dans cette section que ces divergences se suppriment ensemble, et ce, grâce aux combinaisons fermioniques. Cela constitue le point principal de notre article [62].

Nous devons aussi tenir compte des corrections apportées à l’action qui ont permis ci-dessus de régulariser l’ordre quadratique. Pour r>1/2𝑟12r>1/2 il faut donc aussi considérer les contributions du contreterme (6.1.15) quadratique ajouté précédemment sous la forme S+Sct𝑆subscript𝑆𝑐𝑡S+S_{ct}. En effet, il n’est pas exclu qu’il produise aussi des divergences par OPE, au deuxième ordre avec lui-même, ou au troisième ordre avec les deux tachyons. Il y a cependant peu de chance qu’elles puissent être de type logarithmiques à cause du facteur en puissance des cut-offs qui le précède. Et en effet, aucune divergence logarithmique n’est produite. Au mieux, il permet de supprimer des divergences de type puissance, sous-dominantes à l’ordre 4, et dans le meilleur des cas toutes les divergences.

Nous trouvons que le contreterme permet effectivement de supprimer une grande partie des divergences à l’ordre 4. Toutefois, nous avons obtenu qu’il laisse une divergence résiduelle associée au terme :

σ0(λ+λ)2f(ω)ε16ω21e4ωX0tensor-productsuperscript𝜎0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆2𝑓𝜔superscript𝜀16superscript𝜔21contour-integralsuperscript𝑒4𝜔superscript𝑋0\displaystyle\sigma^{0}\otimes(\lambda^{+}\lambda^{-})^{2}f(\omega)\varepsilon^{16\omega^{2}-1}\oint e^{4\omega X^{0}} (6.1.17)

avec f(ω)𝑓𝜔f(\omega) une fonction non-divergente dont nous n’avons pas réussi à obtenir une formulation compacte.

Tout d’abord, occupons-nous des OPE à quatre points dans les tachyons, T+TT+Tsuperscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇T^{+}T^{-}T^{+}T^{-} et TT+TT+superscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇superscript𝑇T^{-}T^{+}T^{-}T^{+}. Le terme correspondant est :

σ+σσ+σ(λ+λ)2dyw+εw+Ldzx+εx+Ldwy+εy+Ldxψ+eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)ψ+eirX~+ωX0(x)ψeirX~+ωX0(y)+σσ+σσ+(λ+λ)2dyw+εw+Ldzx+εx+Ldwy+εy+LdxψeirX~+ωX0(z)ψ+eirX~+ωX0(w)ψeirX~+ωX0(x)ψ+eirX~+ωX0(y)\sigma^{+}\sigma^{-}\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes(\lambda^{+}\lambda^{-})^{2}\oint\text{d}y\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\int_{x+\varepsilon}^{x+L}\text{d}w\int_{y+\varepsilon}^{y+L}\text{d}x\\ \leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(x){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(y){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\\ +\sigma^{-}\sigma^{+}\sigma^{-}\sigma^{+}\otimes(\lambda^{+}\lambda^{-})^{2}\oint\text{d}y\int_{w+\varepsilon}^{w+L}\text{d}z\int_{x+\varepsilon}^{x+L}\text{d}w\int_{y+\varepsilon}^{y+L}\text{d}x\\ \leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(x){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(y){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.18)

Seules les divergences associées à l’opérateur e4ωX0superscript𝑒4𝜔superscript𝑋0e^{4\omega X^{0}} seront ici intéressante. La raison est à la fois que cet opérateur est le seul qui peut devenir résonant avec les tachyons pour ω=1/4𝜔14\omega=1/4 et que dans la fonction de partition il est le seul à survivre dans le vide sous la forme dx0e4ωx0dsuperscript𝑥0superscript𝑒4𝜔superscript𝑥0\int\text{d}x^{0}\leavevmode\nobreak\ e^{4\omega x^{0}}. Les OPE ne sont pas difficiles à calculer, elles sont :

ψ+eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)ψ+eirX~+ωX0(x)ψeirX~+ωX0(y)=(zw)4ω21(zx)(zy)4ω21(wx)4ω21(wy)(xy)4ω21×((4ω21)2(zw)(xy)1(zx)(wy)+(4ω21)2(zy)(wx))×e4ωX0{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(x){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(y){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\\ =(z-w)^{4\omega^{2}-1}(z-x)(z-y)^{4\omega^{2}-1}(w-x)^{4\omega^{2}-1}(w-y)(x-y)^{4\omega^{2}-1}\\ \times\left(\frac{(4\omega^{2}-1)^{2}}{(z-w)(x-y)}-\frac{1}{(z-x)(w-y)}+\frac{(4\omega^{2}-1)^{2}}{(z-y)(w-x)}\right)\times e^{4\omega X^{0}} (6.1.19)

La combinaison qui apparaît entre parenthèses est très importante, il s’agit de la contribution des fermions que l’on a calculé en appliquant le théorème de Wick. Le fait particulier qu’il s’agisse de fermions est crucial car alors le terme central est bien soustrait et non additionné. Nous obtenons ainsi la bonne combinaison de coefficients s’annulant en ω=1/4𝜔14\omega=1/4.

La méthode de calcul de l’intégrale est expliquée dans l’annexe de notre article [62]. Nous noterons a=4ω2𝑎4superscript𝜔2a=4\omega^{2}. Après de longs calculs, nous obtenons :

TTTT=σ0dx1x1Lx1εdx2x2Lx2εdx3x3Lx3εdx4ψ+T+(x1)ψT(x2)ψ+T+(x3)ψT(x4)σ0{12a+1(Lε)22a+a1a(Lε)12a(Lε)1aW(a)+(Lε)14aU(a)+(Lε)14a114aV(a)}L4a1dx1e4ωX0(x1)TTTT=\\ \sigma^{0}\otimes\int\text{d}x_{1}\int_{x_{1}-L}^{x_{1}-\varepsilon}\text{d}x_{2}\int_{x_{2}-L}^{x_{2}-\varepsilon}\text{d}x_{3}\int_{x_{3}-L}^{x_{3}-\varepsilon}\text{d}x_{4}\,{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}T^{+}(x_{1}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}T^{-}(x_{2}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{+}T^{+}(x_{3}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\psi^{-}T^{-}(x_{4}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\\ \sim\sigma^{0}\otimes\Bigg{\{}\frac{1}{2a+1}\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{2-2a}+\frac{a-1}{a}\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-2a}-\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-a}W(a)\\ +\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-4a}U(a)+\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-4a}-1}{1-4a}\,V(a)\Bigg{\}}\leavevmode\nobreak\ L^{4a-1}\int\text{d}x_{1}\,{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{4\omega\leavevmode\nobreak\ X_{0}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}(x_{1}) (6.1.20)

avec U(a)𝑈𝑎U(a), V(a)𝑉𝑎V(a) et W(a)𝑊𝑎W(a) des coefficients numériques non singuliers en a=1/4𝑎14a=1/4. Il est important que U(a)𝑈𝑎U(a) soit non singulier car la divergence associée est alors non logarithmique en a=1/4𝑎14a=1/4. Le coefficient W(a)𝑊𝑎W(a) est explicitement :

W(a)=2(a1)3a(F12(a,a+1,a+2,1)a+1+F12(a,a1,a,1)a1+F12(2a,a+1,a+2,1)a+1)𝑊𝑎2𝑎13𝑎subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎21𝑎1subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF122𝑎𝑎1𝑎21𝑎1W(a)=\frac{2(a-1)}{3a}\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,a+1,a+2,-1\right)}{a+1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,a-1,a,-1\right)}{a-1}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(2-a,a+1,a+2,-1\right)}{a+1}\Bigg{)} (6.1.21)

Le coefficient V(a)𝑉𝑎V(a) est donné par la formule exacte :

V(a)=(a1)2(F12(12a,a1,a,1)a1+F12(12a,23a,33a,1)23a)×(F12(a,a1,a,1)a1+F12(a,12a,22a,1)12a+F12(2a,a+1,a+2,1)a+1+F12(2a,12a,22a,1)12a)+(2(a1)21)(F12(1a,a,1+a,1)a+F12(1a,12a,22a,1)12a)×(F12(12a,a,a+1,1)a+F12(12a,13a,23a,1)13a)𝑉𝑎superscript𝑎12subscriptsubscriptF1212𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF1212𝑎.23𝑎.33𝑎123𝑎subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF12𝑎.12𝑎.22𝑎112𝑎subscriptsubscriptF122𝑎𝑎1𝑎21𝑎1subscriptsubscriptF122𝑎.12𝑎.22𝑎112𝑎2superscript𝑎121subscriptsubscriptF121𝑎𝑎.1𝑎1𝑎subscriptsubscriptF121𝑎.12𝑎.22𝑎112𝑎subscriptsubscriptF1212𝑎𝑎𝑎11𝑎subscriptsubscriptF1212𝑎.13𝑎.23𝑎113𝑎V(a)=(a-1)^{2}\left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-2a,a-1,a,-1\right)}{a-1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-2a,2-3a,3-3a,-1\right)}{2-3a}\right)\\ \times\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,a-1,a,-1\right)}{a-1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,1-2a,2-2a,-1\right)}{1-2a}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(2-a,a+1,a+2,-1\right)}{a+1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(2-a,1-2a,2-2a,-1\right)}{1-2a}\Bigg{)}\\ +\left(2(a-1)^{2}-1\right)\left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-a,a,1+a,-1\right)}{a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-a,1-2a,2-2a,-1\right)}{1-2a}\right)\\ \times\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-2a,a,a+1,-1\right)}{a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(1-2a,1-3a,2-3a,-1\right)}{1-3a}\Bigg{)} (6.1.22)

En revanche le coefficient U(a)𝑈𝑎U(a) n’est connu que sous la forme d’un développement en série que nous avons vérifié comme convergeant relativement rapidement (100 itérations suffisent) :

U(a)=(a1)24a1(F12(12a,a1;a;1)a1+F12(12a,3a;13a;1)3a)×(F12(a,12a;22a;1)12a+F12(a,a1;a;1)a1+F12(2a,12a;22a;1)12a+F12(2a,a+1;a+2;1)a+1)+(2(a1)21)4a1(F12(12a,13a;23a;1)3a1+F12(12a,a;a+1;1)a)×(F12(1a,12a;22a;1)12a+F12(1a,a;a+1;1)a)+(a1)2n=0Γ(a+1)Γ(n+1)Γ(an+1)(a+n1)(3an)(F12(na,2a+n+1;2a+n+2;1)2a+n+1+F12(na,2a+n1;n2a;1)2a+n1)+(a1)2n=0Γ(a1)Γ(n+1)Γ(an1)(a+n+1)(3an2)(F12(a+n+2,2a+n+1;2a+n+2;1)2a+n+1+F12(a+n+2,2a+n+3;2a+n+4;1)2a+n+3)+2(2(a1)21)n=0Γ(a)Γ(n+1)Γ(an)(a+n)(3an1)F12(a+n+1,2a+n+1;2a+n+2;1)2a+n+1𝑈𝑎superscript𝑎124𝑎1subscriptsubscriptF1212𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF1212𝑎3𝑎13𝑎13𝑎subscriptsubscriptF12𝑎.12𝑎22𝑎112𝑎subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF122𝑎.12𝑎22𝑎112𝑎subscriptsubscriptF122𝑎𝑎1𝑎21𝑎12superscript𝑎1214𝑎1subscriptsubscriptF1212𝑎.13𝑎23𝑎13𝑎1subscriptsubscriptF1212𝑎𝑎𝑎11𝑎subscriptsubscriptF121𝑎.12𝑎22𝑎112𝑎subscriptsubscriptF121𝑎𝑎𝑎11𝑎superscript𝑎12superscriptsubscript𝑛0Γ𝑎1Γ𝑛1Γ𝑎𝑛1𝑎𝑛13𝑎𝑛subscriptsubscriptF12𝑛𝑎2𝑎𝑛12𝑎𝑛212𝑎𝑛1subscriptsubscriptF12𝑛𝑎2𝑎𝑛1𝑛2𝑎12𝑎𝑛1superscript𝑎12superscriptsubscript𝑛0Γ𝑎1Γ𝑛1Γ𝑎𝑛1𝑎𝑛13𝑎𝑛2subscriptsubscriptF12𝑎𝑛22𝑎𝑛12𝑎𝑛212𝑎𝑛1subscriptsubscriptF12𝑎𝑛22𝑎𝑛32𝑎𝑛412𝑎𝑛322superscript𝑎121superscriptsubscript𝑛0Γ𝑎Γ𝑛1Γ𝑎𝑛𝑎𝑛3𝑎𝑛1subscriptsubscriptF12𝑎𝑛12𝑎𝑛12𝑎𝑛212𝑎𝑛1U(a)=\frac{(a-1)^{2}}{4a-1}\left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-2a,a-1;a;-1)}{a-1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-2a,-3a;1-3a;-1)}{3a}\right)\\ \times\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(-a,1-2a;2-2a;-1)}{1-2a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(-a,a-1;a;-1)}{a-1}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(2-a,1-2a;2-2a;-1)}{1-2a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(2-a,a+1;a+2;-1)}{a+1}\Bigg{)}\\ +\frac{\left(2(a-1)^{2}-1\right)}{4a-1}\left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-2a,1-3a;2-3a;-1)}{3a-1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-2a,a;a+1;-1)}{a}\right)\\ \times\left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-a,1-2a;2-2a;-1)}{1-2a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-a,a;a+1;-1)}{a}\right)\\ +(a-1)^{2}\sum_{n=0}^{\infty}\frac{\Gamma(a+1)}{\Gamma(n+1)\Gamma(a-n+1)(a+n-1)(3a-n)}\\ \left(\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(n-a,-2a+n+1;-2a+n+2;-1)}{-2a+n+1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(n-a,-2a+n-1;n-2a;-1)}{-2a+n-1}\right)\\ +(a-1)^{2}\sum_{n=0}^{\infty}\frac{\Gamma(a-1)}{\Gamma(n+1)\Gamma(a-n-1)(a+n+1)(3a-n-2)}\\ \Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(-a+n+2,-2a+n+1;-2a+n+2;-1)}{-2a+n+1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(-a+n+2,-2a+n+3;-2a+n+4;-1)}{-2a+n+3}\Bigg{)}\\ +2\left(2(a-1)^{2}-1\right)\sum_{n=0}^{\infty}\frac{\Gamma(a)}{\Gamma(n+1)\Gamma(a-n)(a+n)(3a-n-1)}\\ \frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(-a+n+1,-2a+n+1;-2a+n+2;-1)}{-2a+n+1} (6.1.23)

Puisque les séries convergent vite, U(a)𝑈𝑎U(a) peut être connu avec une bonne précision pour tout a1/4𝑎14a\leqslant 1/4 (ou ω1/4𝜔14\omega\leqslant 1/4).

Maintenant intéressons-nous au sort des divergences logarithmiques dans l’intégrale TTTT. Puisque :

(Lε)14a114aa1/4logLε,superscript𝑎14superscript𝐿𝜀14𝑎114𝑎𝐿𝜀\frac{\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-4a}-1}{1-4a}\stackrel{{\scriptstyle a\to 1/4}}{{\to}}\log\frac{L}{\varepsilon}\,, (6.1.24)

seul le dernier terme dans (6.1.20) est potentiellement divergent logarithmique en ω=1/4𝜔14\omega=1/4. Il se trouve que dans cette limite le coefficient V(a)𝑉𝑎V(a) est exactement nul. Par comparaison de ce calcul au cas bosonique correspondant, ce sont bien les trois différentes contractions avec les bons signes relatifs qui permettent de supprimer le coefficient et donc la divergence logarithmique comme attendu. Or, le même mécanisme s’applique à l’ordre 2. Il parait naturel de conjecturer que cela s’applique aussi à tous les ordres supérieurs, car il semble bien que cela découle de la supersymétrie sur le bord.

Contributions du contreterme

Maintenant, il faut quand même s’assurer qu’aucune divergence logarithmique n’est produite dans les OPE impliquant le contreterme, que l’on notera C(z)=e2ωX0(z)𝐶𝑧superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑧C(z)=e^{2\omega X^{0}}(z). En effet, celles-ci peuvent contribuer aux divergences associées à l’opérateur e4ωX0superscript𝑒4𝜔superscript𝑋0e^{4\omega X^{0}} à l’ordre (λ+λ)2superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆2(\lambda^{+}\lambda^{-})^{2} dans les combinaisons suivantes, à l’ordre 3 :

σ+σεa1dwwLwεdxxLxεdy(C(w)T+(x)T(y)+T+(w)C(x)T(y)+T+(w)T(x)C(y))+σσ+εa1dwwLwεdxxLxεdy(C(w)T(x)T+(y)+T(w)C(x)T+(y)+T(w)T+(x)C(y))tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜀𝑎1d𝑤subscriptsuperscript𝑤𝜀𝑤𝐿d𝑥subscriptsuperscript𝑥𝜀𝑥𝐿d𝑦𝐶𝑤superscript𝑇𝑥superscript𝑇𝑦superscript𝑇𝑤𝐶𝑥superscript𝑇𝑦superscript𝑇𝑤superscript𝑇𝑥𝐶𝑦tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜎superscript𝜀𝑎1d𝑤subscriptsuperscript𝑤𝜀𝑤𝐿d𝑥subscriptsuperscript𝑥𝜀𝑥𝐿d𝑦𝐶𝑤superscript𝑇𝑥superscript𝑇𝑦superscript𝑇𝑤𝐶𝑥superscript𝑇𝑦superscript𝑇𝑤superscript𝑇𝑥𝐶𝑦\sigma^{+}\sigma^{-}\otimes\varepsilon^{a-1}\int\text{d}w\int^{w-\varepsilon}_{w-L}\text{d}x\int^{x-\varepsilon}_{x-L}\text{d}y\leavevmode\nobreak\ \Big{(}C(w)T^{+}(x)T^{-}(y)+T^{+}(w)C(x)T^{-}(y)\\ +T^{+}(w)T^{-}(x)C(y)\Big{)}\\ +\sigma^{-}\sigma^{+}\otimes\varepsilon^{a-1}\int\text{d}w\int^{w-\varepsilon}_{w-L}\text{d}x\int^{x-\varepsilon}_{x-L}\text{d}y\leavevmode\nobreak\ \Big{(}C(w)T^{-}(x)T^{+}(y)+T^{-}(w)C(x)T^{+}(y)\\ +T^{-}(w)T^{+}(x)C(y)\Big{)} (6.1.25)

Mais aussi à l’ordre 2 sous la forme :

σ0ε2(a1)dxxLxεdyC(x)C(y)tensor-productsuperscript𝜎0superscript𝜀2𝑎1d𝑥subscriptsuperscript𝑥𝜀𝑥𝐿d𝑦𝐶𝑥𝐶𝑦\displaystyle\sigma^{0}\otimes\varepsilon^{2(a-1)}\int\text{d}x\int^{x-\varepsilon}_{x-L}\text{d}y\leavevmode\nobreak\ C(x)C(y) (6.1.26)

Pour les termes de type CTT, nous obtenons après quelques calculs, dont les détails sont explicités dans les annexes de notre article [62] :

CTT+TCT+TTCσ0[21+2a(Lε)22a+1a(Lε)12a+(Lε)1aX(a)(Lε)14aY(a)]L4a1dx1e4ωX0(x1)CTT+TCT+TTC\sim\sigma^{0}\otimes\Bigg{[}-\frac{2}{1+2a}\leavevmode\nobreak\ \left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{2-2a}+\frac{1}{a}\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-2a}\\ +\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-a}\,X(a)-\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-4a}Y(a)\Bigg{]}\leavevmode\nobreak\ L^{4a-1}\int\text{d}x_{1}\,{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{4\omega\leavevmode\nobreak\ X_{0}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}(x_{1}) (6.1.27)

Les coefficients X(a)𝑋𝑎X(a) et Y(a)𝑌𝑎Y(a) sont donnés par :

X(a)=2(a1)3a(F12(a,a+1,a+2,1)a+1+F12(a,a1,a,1)a1+F12(2a,a+1,a+2,1)a+1)𝑋𝑎2𝑎13𝑎subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎21𝑎1subscriptsubscriptF12𝑎𝑎1𝑎1𝑎1subscriptsubscriptF122𝑎𝑎1𝑎21𝑎1X(a)=\frac{2(a-1)}{3a}\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,a+1,a+2,-1\right)}{a+1}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(-a,a-1,a,-1\right)}{a-1}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}\left(2-a,a+1,a+2,-1\right)}{a+1}\Bigg{)} (6.1.28)

et Y(a)𝑌𝑎Y(a) qui ne s’exprime qu’en fonction de développements en série rapidement convergeants (en 100100100 itérations typiquement)  :

Y(a)=(a1)n=0s=01Γ(a)Γ(an)Γ(1+n)(3asn)(F12(na,1+n2a;2+n2a;1)1+n2a+F12(sa,1+s2a;2+s2a;1)1+s2a+F12(na,s+n12a;s+n2a;1)s+n12a+F12(sa,n+s12a;n+s2a;1)n+s12a)+(a1)n,p=0Γ(a)Γ(a1)Γ(an)Γ(1+n)Γ(a1p)Γ(1+p)F12(1a,n+p3a,n+p+13a,1)3anp×F12(2+pa,n+p+12a,n+p+22a,1)n+p+12a+(a1)p=0s,t=01Γ(a1)Γ(a1p)Γ(1+p)(3astp)×F12(2+pa,s+p+12a,s+p+22a,1)s+p+12a𝑌𝑎𝑎1superscriptsubscript𝑛0superscriptsubscript𝑠01Γ𝑎Γ𝑎𝑛Γ1𝑛3𝑎𝑠𝑛subscriptsubscriptF12𝑛𝑎.1𝑛2𝑎2𝑛2𝑎11𝑛2𝑎subscriptsubscriptF12𝑠𝑎.1𝑠2𝑎2𝑠2𝑎11𝑠2𝑎subscriptsubscriptF12𝑛𝑎𝑠𝑛12𝑎𝑠𝑛2𝑎1𝑠𝑛12𝑎subscriptsubscriptF12𝑠𝑎𝑛𝑠12𝑎𝑛𝑠2𝑎1𝑛𝑠12𝑎𝑎1superscriptsubscript𝑛𝑝0Γ𝑎Γ𝑎1Γ𝑎𝑛Γ1𝑛Γ𝑎1𝑝Γ1𝑝subscriptsubscriptF121𝑎𝑛𝑝3𝑎𝑛𝑝13𝑎13𝑎𝑛𝑝subscriptsubscriptF122𝑝𝑎𝑛𝑝12𝑎𝑛𝑝22𝑎1𝑛𝑝12𝑎𝑎1superscriptsubscript𝑝0superscriptsubscript𝑠𝑡01Γ𝑎1Γ𝑎1𝑝Γ1𝑝3𝑎𝑠𝑡𝑝subscriptsubscriptF122𝑝𝑎𝑠𝑝12𝑎𝑠𝑝22𝑎1𝑠𝑝12𝑎Y(a)=(a-1)\sum_{n=0}^{\infty}\sum_{s=0}^{1}\frac{\Gamma(a)}{\Gamma(a-n)\Gamma(1+n)(3a-s-n)}\Bigg{(}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(n-a,1+n-2a;2+n-2a;-1)}{1+n-2a}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(s-a,1+s-2a;2+s-2a;-1)}{1+s-2a}+\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(n-a,s+n-1-2a;s+n-2a;-1)}{s+n-1-2a}\\ +\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(s-a,n+s-1-2a;n+s-2a;-1)}{n+s-1-2a}\Bigg{)}\\ +(a-1)\sum_{n,p=0}^{\infty}\frac{\Gamma(a)\Gamma(a-1)}{\Gamma(a-n)\Gamma(1+n)\Gamma(a-1-p)\Gamma(1+p)}\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(1-a,n+p-3a,n+p+1-3a,-1)}{3a-n-p}\\ \times\frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(2+p-a,n+p+1-2a,n+p+2-2a,-1)}{n+p+1-2a}\\ +(a-1)\sum_{p=0}^{\infty}\sum_{s,t=0}^{1}\frac{\Gamma(a-1)}{\Gamma(a-1-p)\Gamma(1+p)(3a-s-t-p)}\\ \times\ \frac{\,{}_{2}\text{F}_{1}(2+p-a,s+p+1-2a,s+p+2-2a,-1)}{s+p+1-2a} (6.1.29)

Nous avons vérifié que ce terme est effectivement convergeant en ω=1/4𝜔14\omega=1/4. Par conséquent, la divergence associée n’est sûrement pas logarithmique. Enfin en ce qui concerne le terme du type CC, il est explicitement :

CCσ0(12a+1(Lε)22a(Lε)12a56a(2a1)222a+2F1(1a,a12;a+12;14)4(2a+1)(2a1)(Lε)14a)×L4a1dx1e4ωX0(x1).CC\sim\sigma^{0}\otimes\Bigg{(}\frac{1}{2a+1}\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{2-2a}-\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-2a}\\ -\frac{5-6a-(2a-1)2^{2a+2}\,_{2}\text{F}_{1}(1-a,-a-\frac{1}{2};-a+\frac{1}{2};\frac{1}{4})}{4(2a+1)(2a-1)}\left(\frac{L}{\varepsilon}\right)^{1-4a}\Bigg{)}\\ \ \times\ L^{4a-1}\int\text{d}x_{1}\,{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{4\omega\leavevmode\nobreak\ X_{0}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}(x_{1})\,. (6.1.30)

Ici encore, le facteur précédant (L/ε)14asuperscript𝐿𝜀14𝑎\left(L/\varepsilon\right)^{1-4a} est non-singulier en ω=1/4𝜔14\omega=1/4 donc la divergence est non logarithmique en cette valeur.

Ainsi, les contretermes ne contribuent pas logarithmiquement en ω=1/4𝜔14\omega=1/4. Compte-tenu de l’expression des termes du type TTTT, nous pouvons conclure qu’il n’y a définitivement aucune divergence logarithmique à l’ordre 4 dans les tachyons. Par conséquent, la théorie est exactement marginale jusqu’à la prochaine résonance à l’ordre 666, c’est-à-dire en r=17/6𝑟176r=\sqrt{17}/6. Puisque le mécanisme de suppression de la divergence logarithmique est visiblement dû à la supersymétrie, nous pouvons conjecturer que ce mécanisme s’applique aussi aux ordres supérieurs et pour tout r>rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r>r_{c}/\sqrt{2}.

En outre, il s’agit d’un comportement attendu, car à la différence du modèle bosonique, où la perte de marginalité est physiquement justifiée par couplage au tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} ici cela n’a aucune justification physique.

La théorie du tachyon interbranaire roulant dans le système brane-antibrane séparée est une théorie conforme de bord en toute distance constante r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}.

Remarque sur les divergences résiduelles

Pour être bien rigoureux, il faut aussi voir ce qu’il advient des divergences de puissance et s’il persiste quelques divergences résiduelles après ressommation de toutes les contributions : schématiquement au quatrième ordre CC+CTT+TCT+TTC+TTTT𝐶𝐶𝐶𝑇𝑇𝑇𝐶𝑇𝑇𝑇𝐶𝑇𝑇𝑇𝑇CC+CTT+TCT+TTC+TTTT. Par comparaison de (6.1.27), (6.1.30) and (6.1.20), nous trouvons que tous les coefficients placés devant chaque divergence s’annulent exactement pour tout valeur ω1/4𝜔14\omega\geqslant 1/4. De sorte que par ajout du contreterme de deuxième ordre, apparaissant en fait naturellement en exprimant la théorie de surface de manière manifestement supersymétrique – voir section suivante – alors la théorie est bien définie dans l’UV pour tout ω1/4𝜔14\omega\geqslant 1/4.

Nous n’avons pas pu obtenir de formule exacte pour le coefficient, noté f(ω)𝑓𝜔f(\omega) dans (6.1.17), associé au terme d’ordre ε14asuperscript𝜀14𝑎\varepsilon^{1-4a} divergeant pour tout ω<1/4𝜔14\omega<1/4. Son expression est en fonction de U𝑈U donnée dans (6.1.23) et Y𝑌Y donnée dans (6.1.29) :

f(ω)=U(4ω2)Y(4ω2)524ω2(8ω21)228ω2+2F1(14ω2,4ω212;4ω2+12;14)4(8ω2+1)(ω21)𝑓𝜔𝑈4superscript𝜔2𝑌4superscript𝜔2524superscript𝜔28superscript𝜔21subscriptsuperscript28superscript𝜔222subscriptF114superscript𝜔24superscript𝜔2124superscript𝜔2121448superscript𝜔21superscript𝜔21\displaystyle f(\omega)=U(4\omega^{2})-Y(4\omega^{2})-\frac{5-24\omega^{2}-(8\omega^{2}-1)2^{8\omega^{2}+2}\,_{2}\text{F}_{1}(1-4\omega^{2},-4\omega^{2}-\frac{1}{2};-4\omega^{2}+\frac{1}{2};\frac{1}{4})}{4(8\omega^{2}+1)(\omega^{2}-1)} (6.1.31)

En utilisant une évaluation numérique, nous avons trouvé que ce coefficient donne une contribution finie mais non nulle pour ω<1/4𝜔14\omega<1/4. Ainsi une divergence résiduelle dans cette région persiste. Par comptage de puissance, cette divergence non-supprimée correspond à la contribution de quatre tachyons interagissant simultanément en un même point. Ce n’est pas inattendu, puisque par nature le contreterme (6.1.15) correspond à la collision de deux tachyons d’abord et par conséquent ne peut jamais contribuer pour une collision simultanée de quatre tachyons. Puisque cette divergence n’est pas logarithmique, elle n’est pas pathologique et n’empêche pas la théorie du bord d’être conforme, mais elle doit tout de même être renormalisée. Cela indique qu’il faudrait ajouter de nouveaux termes de contact à 4 tachyons et probablement à plus aux ordres supérieurs.

6.1.4 Expression manifestement supersymétrique en super-espace

Plaçons-nous dans le super-espace paramétrisé par (z,z¯,θ,θ¯)𝑧¯𝑧𝜃¯𝜃(z,\bar{z},\theta,\bar{\theta}) et tel que zH+𝑧subscript𝐻z\in H_{+} et θ=ηθ¯𝜃𝜂¯𝜃\theta=\eta\overline{\theta} le long du bord. Ici η=±1𝜂plus-or-minus1\eta=\pm 1 correspond à la structure de spin que nous avons déjà introduit dans la section 2.4. La notation 𝔸𝔸\mathbb{A} représente un superchamp tel que :

𝔸(z,z¯,θ,θ¯)=A(z,z¯)+iθϕ(z)+iθ¯ϕ~(z¯)+θθ¯F(z,z¯)𝔸𝑧¯𝑧𝜃¯𝜃𝐴𝑧¯𝑧𝑖𝜃italic-ϕ𝑧𝑖¯𝜃~italic-ϕ¯𝑧𝜃¯𝜃𝐹𝑧¯𝑧\displaystyle\mathbb{A}(z,\bar{z},\theta,\overline{\theta})=A(z,\bar{z})+i\theta\phi(z)+i\overline{\theta}\widetilde{\phi}(\bar{z})+\theta\overline{\theta}F(z,\bar{z}) (6.1.32)

Et sur le bord nous aurons par conséquent :

𝔸(z,θ)=A(z)+iθ(ϕ(z)+ηϕ~(z,z))𝔸𝑧𝜃𝐴𝑧𝑖𝜃italic-ϕ𝑧𝜂~italic-ϕ𝑧𝑧\displaystyle\mathbb{A}(z,\theta)=A(z)+i\theta\left(\phi(z)+\eta\widetilde{\phi}(z,z)\right) (6.1.33)

Les tachyons en super-espace sur le bord sont représentés par les opérateurs de vertex :

𝕋(𝕏a,𝕏~)=λ+dzdθ𝚪+eir𝕏~f(𝕏a)𝕋superscript𝕏𝑎~𝕏superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝑓superscript𝕏𝑎\displaystyle\mathbb{T}(\mathbb{X}^{a},\widetilde{\mathbb{X}})=\lambda^{+}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}}f(\mathbb{X}^{a})
𝕋(𝕏a,𝕏~)=λdzdθ𝚪eir𝕏~f(𝕏a)superscript𝕋superscript𝕏𝑎~𝕏superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏superscript𝑓superscript𝕏𝑎\displaystyle\mathbb{T}^{\dagger}(\mathbb{X}^{a},\widetilde{\mathbb{X}})=\lambda^{-}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}}f^{*}(\mathbb{X}^{a}) (6.1.34)

Les facteurs de CP sont remplacés par des degrés de liberté supersymétriques définis sur le bord [74, 120]. Ce sont des superchamps de fermi 𝚪±=η±+iθF±superscript𝚪plus-or-minussuperscript𝜂plus-or-minus𝑖𝜃superscript𝐹plus-or-minus{\bf\Gamma}^{\pm}=\eta^{\pm}+i\theta F^{\pm} tels que η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm} est un fermion de bord et F±superscript𝐹plus-or-minusF^{\pm} un champ auxiliaire. Ils ont un terme cinétique sur le bord, tel que la quantification des champs η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm} donne les facteurs de Chan-Paton. Ce terme cinétique est 𝚪+D𝚪superscript𝚪𝐷superscript𝚪{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-} en introduisant la super-dérivée de bord D=θ+θ𝐷subscript𝜃𝜃D=\partial_{\theta}+\theta\partial. L’action (6.1.4) s’exprime directement dans le super-espace par :

S=Sbulkdzdθ𝚪+𝒟𝚪idzdθλ+𝚪+𝕋+idzdθλ𝚪𝕋𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪𝒟superscript𝚪𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝚪superscript𝕋𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝚪superscript𝕋\displaystyle S=S_{bulk}-\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}{\mathcal{D}}{\bf\Gamma}^{-}-i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}{\bf\Gamma}^{+}\mathbb{T}^{+}-i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}{\bf\Gamma}^{-}\mathbb{T}^{-} (6.1.35)

avec la super-dérivée covariante 𝒟=D+iΦ(𝕏a)D𝕏~𝒟𝐷𝑖Φsuperscript𝕏𝑎𝐷~𝕏{\mathcal{D}}=D+i\Phi(\mathbb{X}^{a})D\widetilde{\mathbb{X}}, c’est-à-dire que les fermions de bord sont chargés sous le champ de jauge A=ΦdX𝐴Φ𝑑𝑋A=\Phi dX. Le long de Φ(𝕏a)=rΦsuperscript𝕏𝑎𝑟\Phi(\mathbb{X}^{a})=r donc pour A𝐴A pure jauge, l’action précédente peut être réécrite en :

S=Sbulkidzdθ𝚪+eir𝕏~D(eir𝕏~𝚪)iλ+dzdθ𝚪+𝕋+λdzdθ𝕋𝚪𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝐷superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏superscript𝚪𝑖superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪superscript𝕋superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝕋superscript𝚪\displaystyle S=S_{bulk}-i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}}D\left(e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}}{\bf\Gamma}^{-}\right)-i\lambda^{+}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}\mathbb{T}^{+}-\lambda^{-}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \mathbb{T}^{-}{\bf\Gamma}^{-} (6.1.36)

La mesure totale de l’intégrale de chemin, avec celle des fermions de bord est simplement :

[d𝚪+d𝚪][d𝕏]a[d𝕏a]|xcm=0evaluated-atdelimited-[]dsuperscript𝚪dsuperscript𝚪delimited-[]d𝕏subscriptproduct𝑎delimited-[]dsuperscript𝕏𝑎subscript𝑥𝑐𝑚0\displaystyle\int\left[\text{d}{\bf\Gamma}^{+}\text{d}{\bf\Gamma}^{-}\right]\left[\text{d}\mathbb{X}\right]\prod_{a}\left[\text{d}\mathbb{X}^{a}\right]\Bigg{|}_{x_{cm}=0} (6.1.37)

où nous avons indiqué que l’unique condition au bord est sur la coordonnée du centre de masse, xcm=0subscript𝑥𝑐𝑚0x_{cm}=0 sachant aussi que les Xasuperscript𝑋𝑎X^{a} sont Neumann et X𝑋X est Dirichlet, tandis que 𝚪±superscript𝚪plus-or-minus{\bf\Gamma}^{\pm} sont anti-périodiques. Les conditions aux bords précises selon les secteurs sont encodées dans le terme 𝚪+ΦD𝕏~𝚪superscript𝚪Φ𝐷~𝕏superscript𝚪{\bf\Gamma}^{+}\Phi D\widetilde{\mathbb{X}}{\bf\Gamma}^{-}. Or, tant que dans une quelconque amplitude il n’y a pas d’insertion dans le bulk dépendant explicitement de 𝕏𝕏\mathbb{X}, dans (6.1.36) nous pouvons réabsorber le facteur eir𝕏~superscript𝑒minus-or-plus𝑖𝑟~𝕏e^{\mp ir\widetilde{\mathbb{X}}} à l’intérieur des 𝚪±superscript𝚪plus-or-minus{\bf\Gamma}^{\pm}. De sorte que par redéfinition des champs et par invariance de la mesure ci-dessus, (6.1.36) devient :

S=Sbulkdzdθ𝚪+D𝚪iλ+dzdθ𝚪+eir𝕏~𝕋+iλdzdθ𝕋eir𝕏~𝚪𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪𝐷superscript𝚪𝑖superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏superscript𝕋𝑖superscript𝜆contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝕋superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏superscript𝚪\displaystyle S=S_{bulk}-\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}-i\lambda^{+}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}}\mathbb{T}^{+}-i\lambda^{-}\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \mathbb{T}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}}{\bf\Gamma}^{-} (6.1.38)

Maintenant, la décomposition de cette action en composantes et après intégration de la variable de Grassmann θ𝜃\theta est :

S=Sbulk+dz(η+η+η+λ+ψ+eirX~+ωX0+ηλψeirX~+ωX0)+dz(F+F+iF+λ+eirX~+ωX0+iFλeirX~+ωX0)𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integrald𝑧superscript𝜂superscript𝜂superscript𝜂superscript𝜆superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0superscript𝜂superscript𝜆superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0contour-integrald𝑧superscript𝐹superscript𝐹𝑖superscript𝐹superscript𝜆superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑖superscript𝐹superscript𝜆superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0S=S_{bulk}+\oint\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \Bigg{(}\eta^{+}\partial\eta^{-}+\eta^{+}\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}\leavevmode\nobreak\ \psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\eta^{-}\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}\leavevmode\nobreak\ \psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\Bigg{)}\\ +\oint\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \left(-F^{+}F^{-}+iF^{+}\lambda^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+iF^{-}\lambda^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\right) (6.1.39)

Les fermions η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm} admettent un terme cinétique et comme attendu les champs F±superscript𝐹plus-or-minusF^{\pm} n’en ont aucun et sont donc bien auxiliaires. Alors nous pouvons intégrer ces derniers directement.

Intégration des champs auxiliaires et terme de contact

Les champs auxiliaires ont la fonction de Green GF(z,w)=δ(zw)subscript𝐺𝐹𝑧𝑤𝛿𝑧𝑤G_{F}(z,w)=\delta(z-w) et donnent après intégration :

S=Sbulk+dz(η+η+η+λ+ψ+eirX~+ωX0+ηλψeirX~+ωX0)+λ+λdzdwδ(zw)eirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)S=S_{bulk}+\oint\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \Bigg{(}\eta^{+}\partial\eta^{-}+\eta^{+}\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}\leavevmode\nobreak\ \psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\eta^{-}\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}\leavevmode\nobreak\ \psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\Bigg{)}\\ +\,\lambda^{+}\lambda^{-}\oint\text{d}z\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \delta(z-w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.40)

Ainsi par intégration des champs auxiliaires surgit un terme de contact – à cause du δ(zw)𝛿𝑧𝑤\delta(z-w). Or en l’état, ce terme est non-local et l’action n’est par conséquent pas bien définie. Pour obtenir une expression locale, il faudrait calculer explicitement l’OPE puis développer un des champs autour du point d’insertion de l’autre. Le problème est que :

eirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)=(zw)14r2eirX~+ωX0(z)eirX~+ωX0(w)\displaystyle{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=(z-w)^{1-4r^{2}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.41)

n’est pas défini en z=w𝑧𝑤z=w pour r2>1/4superscript𝑟214r^{2}>1/4. Afin d’exprimer ce terme de contact, La solution est simplement d’appliquer, même si cela brise explicitement la supersymétrie, la régularisation UV de point-splitting c’est-à-dire que toute OPE entre deux champs quelconque ϕ1(z)ϕ2(w)subscriptitalic-ϕ1𝑧subscriptitalic-ϕ2𝑤\phi_{1}(z)\phi_{2}(w) est restreinte au domaine tronqué444La limite IR, aussi utilisé dans les calculs précédents, est quant à elle spécifique au plan complexe et ne doit être incluse à ce niveau. Le point-splitting concerne uniquement les divergences UV. dans l’UV par θ(|zw|ϵ)𝜃𝑧𝑤italic-ϵ\theta(|z-w|-\epsilon). Or on peut encoder cette contrainte directement à l’intérieur des fonctions de Green des fermions de bord :

𝚪+(z)𝚪(w)superscript𝚪𝑧superscript𝚪𝑤\displaystyle{\bf\Gamma}^{+}(z){\bf\Gamma}^{-}(w) =ξ(zw)+2θzθwδ(zw)absent𝜉𝑧𝑤2subscript𝜃𝑧subscript𝜃𝑤𝛿𝑧𝑤\displaystyle=\xi(z-w)+2\theta_{z}\theta_{w}\delta(z-w)
θ(zwε)θ(wzε)absent𝜃𝑧𝑤𝜀𝜃𝑤𝑧𝜀\displaystyle\to\theta(z-w-\varepsilon)-\theta(w-z-\varepsilon)
+θzθwδ(|zw|ε)subscript𝜃𝑧subscript𝜃𝑤𝛿𝑧𝑤𝜀\displaystyle\qquad+\theta_{z}\theta_{w}\,\delta(|z-w|-\varepsilon) (6.1.42)

où nous avons introduit ξ(z)=2θ(z)1𝜉𝑧2𝜃𝑧1\xi(z)=2\theta(z)-1 la fonction signe. En somme, cette régularisation revient – en tout cas en ce qui concerne le cut-off UV – à répandre l’interaction autour du point de contact z=w𝑧𝑤z=w. Dans la limite ε0𝜀0\varepsilon\to 0 on retrouve bien la formule initiale. Compte-tenu de (6.1.40) il en ressort un terme de contact à petite échelle. En réinjectant dans le membre de gauche la décomposition des fermions de bords 𝚪±=η±+θF±superscript𝚪plus-or-minussuperscript𝜂plus-or-minus𝜃superscript𝐹plus-or-minus{\bf\Gamma}^{\pm}=\eta^{\pm}+\theta F^{\pm}, nous obtenons la fonction de Green régularisée des champs auxiliaires :

GF(z,w)=δ(|zw|ε)subscript𝐺𝐹𝑧𝑤𝛿𝑧𝑤𝜀\displaystyle G_{F}(z,w)=\delta(|z-w|-\varepsilon) (6.1.43)

Reprenons maintenant (6.1.40) et injectons la fonction de Green ci-dessus. Nous aurons alors pour le terme de contact :

λ+λdwε14r2eirX~+ωX0(w+ε)eirX~+ωX0(w)+λ+λdwε14r2eirX~+ωX0(w)eirX~+ωX0(w+ε)\lambda^{+}\lambda^{-}\oint\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \varepsilon^{1-4r^{2}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w+\varepsilon)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\\ +\lambda^{+}\lambda^{-}\oint\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \varepsilon^{1-4r^{2}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w+\varepsilon){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.44)

L’ordre le plus bas dans le développement des opérateurs est le seul à correspondre à une divergence UV, étant donné que r<1/2𝑟12r<1/2. Par conséquent, pour r2>1/4superscript𝑟214r^{2}>1/4 et dans la limite où ε0𝜀0\varepsilon\to 0 :

λ+λdwε14r2e2ωX0(w)+\displaystyle\lambda^{+}\lambda^{-}\oint\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \varepsilon^{1-4r^{2}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{2\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}+\ldots (6.1.45)

Ce terme est dominant dans la limite ε0𝜀0\varepsilon\to 0. L’ensemble des autres termes tendent à s’annuler. Toutefois, l’ensemble de ces termes, tant que ε𝜀\varepsilon est fini et non nul, devraient contribuer et en particulier pourraient fournir des termes proportionnels à des divergences sous-dominantes. C’est effectivement bien le cas, mais en comparant les calculs dans chaque cas, il revient visiblement au même d’utiliser l’expression non locale (6.1.44) ou l’expression (6.1.45) – cf. notre article [62]. Cela peut sembler étrange, mais il n’est pas évident que la série et l’intégrale commute : pour preuve ici la formule suivante qui applique une simple translation de la variable d’intégration :

+dweirX~+ωX0(w+ε)eirX~+ωX0(w)=+dweirX~+ωX0(w)eirX~+ωX0(wε)\displaystyle\int_{-\infty}^{+\infty}\text{d}w\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w+\varepsilon)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}=\int_{-\infty}^{+\infty}\text{d}w\leavevmode\nobreak\ {}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w-\varepsilon){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.46)

Or il est clair que les développements en séries de eirX~+ωX0(w+ε)superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤𝜀e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w+\varepsilon) et de eirX~+ωX0(wε)superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤𝜀e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w-\varepsilon) ne sont pas égaux. Par conséquent, tant que ε𝜀\varepsilon est fini nous ne pouvons pas développer les opérateurs et commuter la série et l’intégrale et l’action ne peut pas s’exprimer sous une forme totalement locale. En revanche dans la limite ε0𝜀0\varepsilon\to 0 aucune ambiguïté ne subsiste car seul le terme dominant est non nul et il est identique dans chaque membre de l’expression ci-dessus. En admettant que techniquement ε=0𝜀0\varepsilon=0 strictement et aussi bien dans la définition de l’action que dans le calcul de toute amplitude alors il apparaît naturel de ne conserver dans l’action que le terme local dominant.

Fonctions de Green des fermions de bord et ordre de chemin

Pour développer directement l’action (6.1.38) exprimée dans le super-espace, il faut d’abord calculer la fonction à N-points des fermions de bord. Or, celle-ci est non nulle uniquement pour N𝑁N pair. Par conséquent, calculons donc la fonction à 2N-points des fermions de bord :

𝚪+(z1)𝚪(z2)𝚪+(z2N1)𝚪(z2N)=permP2(n!)2(1)P(a1,a2a2n)Θ(za1za2+θa1θa2)Θ(za2za3+θa2θa3)delimited-⟨⟩superscript𝚪subscript𝑧1superscript𝚪subscript𝑧2superscript𝚪subscript𝑧2𝑁1superscript𝚪subscript𝑧2𝑁superscriptsubscriptperm𝑃2superscript𝑛2superscript1𝑃subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑎2𝑛Θsubscript𝑧subscript𝑎1subscript𝑧subscript𝑎2subscript𝜃subscript𝑎1subscript𝜃subscript𝑎2Θsubscript𝑧subscript𝑎2subscript𝑧subscript𝑎3subscript𝜃subscript𝑎2subscript𝜃subscript𝑎3\left<{\bf\Gamma}^{+}(z_{1}){\bf\Gamma}^{-}(z_{2})\ldots{\bf\Gamma}^{+}(z_{2N-1}){\bf\Gamma}^{-}(z_{2N})\right>\\ =\sum_{\text{perm}P}^{2(n!)^{2}}(-1)^{P(a_{1},a_{2}\ldots a_{2n})}\Theta(z_{a_{1}}-z_{a_{2}}+\theta_{a_{1}}\theta_{a_{2}})\Theta(z_{a_{2}}-z_{a_{3}}+\theta_{a_{2}}\theta_{a_{3}}) (6.1.47)

avec Θ(z1z2+θ1θ2)=Θ(z1z2)+θ1θ2δ(z1z2)Θsubscript𝑧1subscript𝑧2subscript𝜃1subscript𝜃2Θsubscript𝑧1subscript𝑧2subscript𝜃1subscript𝜃2𝛿subscript𝑧1subscript𝑧2\Theta(z_{1}-z_{2}+\theta_{1}\theta_{2})=\Theta(z_{1}-z_{2})+\theta_{1}\theta_{2}\delta(z_{1}-z_{2}) et P𝑃P toute permutation des indices qui conservent l’ordre (++)(+-+-\ldots) ou (++)(-+-+\ldots) donc par exemple (a1,a2,a3,)=(1,2,3)subscript𝑎1subscript𝑎2subscript𝑎31.2.3(a_{1},a_{2},a_{3},\ldots)=(1,2,3\ldots). Le membre de gauche n’est pas a priori ordonné, mais en utilisant le théorème de Wick avec (6.1.4) nous obtenons deux ordres distincts dans le membre de droite correspondant à (++)(+-+-) et (++)(-+-+). Donc par intégration des fermions de bord nous obtenons un ordre de chemin dans l’intégrale de chemin, ce qui revient à l’effet obtenu par l’inclusion de facteurs de Chan-Paton.

Maintenant, en appliquant la régularisation précédente nous aurons par exemple pour la fonction à 2-points :

𝚪+(z1)𝚪(z2)εsubscriptdelimited-⟨⟩superscript𝚪subscript𝑧1superscript𝚪subscript𝑧2𝜀\displaystyle\left<{\bf\Gamma}^{+}(z_{1}){\bf\Gamma}^{-}(z_{2})\right>_{\varepsilon} =Θ(z1z2ε+θ1θ2)Θ(z2z1ε+θ2θ1)θ2θ1)\displaystyle=\Theta(z_{1}-z_{2}-\varepsilon+\theta_{1}\theta_{2})-\Theta(z_{2}-z_{1}-\varepsilon+\theta_{2}\theta_{1})-\theta_{2}\theta_{1})
=Θ(z1z2ε)+θ1θ2δ(z1z2ε)absentΘsubscript𝑧1subscript𝑧2𝜀subscript𝜃1subscript𝜃2𝛿subscript𝑧1subscript𝑧2𝜀\displaystyle=\Theta(z_{1}-z_{2}-\varepsilon)+\theta_{1}\theta_{2}\,\delta(z_{1}-z_{2}-\varepsilon)
Θ(z2z1ε)+θ1θ2δ(z1z2+ε)Θsubscript𝑧2subscript𝑧1𝜀subscript𝜃1subscript𝜃2𝛿subscript𝑧1subscript𝑧2𝜀\displaystyle\qquad-\Theta(z_{2}-z_{1}-\varepsilon)+\theta_{1}\theta_{2}\,\delta(z_{1}-z_{2}+\varepsilon) (6.1.48)

Et dans une fonction plus grande, il n’est pas difficile d’extrapoler la formule ci-dessus. Les fonctions delta correspondent aux fonctions de Green des champs auxiliaires. Ils sont par conséquent associés aux contributions du terme de contact que nous avons calculé. Or dans toute fonction à 2N-points, entre les fonctions de Green du terme de contact s’intercalent des fonctions thêta qui ordonnent les termes de contact avec les autres opérateurs. De sorte qu’en voulant calculer les contributions du terme de contact (local ou non local) dans une amplitude, il faut imposer, de façon ad hoc, qu’aucun opérateur ne doit approcher un autre opérateur à moins555Sur le bord de H+subscript𝐻H_{+} il faut aussi demander à ce que les opérateurs ne s’éloignent pas les uns des autres de plus de L𝐿L. de ε𝜀\varepsilon.

Intégration des fermions et facteurs de Chan-Paton

Pour obtenir les facteurs de Chan-Paton, il faut quantifier les champs fermioniques η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm} compte-tenu du terme cinétique η+ηsuperscript𝜂superscript𝜂\eta^{+}\partial\eta^{-} tout en considérant les autres termes comme des perturbations. Les équations du mouvement sont triviales :

η±=0et{η+,η}=1formulae-sequencesuperscript𝜂plus-or-minus0etsuperscript𝜂superscript𝜂1\displaystyle\partial\eta^{\pm}=0\qquad\text{et}\qquad\left\{\eta^{+},\eta^{-}\right\}=1 (6.1.49)

Elles sont aisément résolues par η±=σ±superscript𝜂plus-or-minussuperscript𝜎plus-or-minus\eta^{\pm}=\sigma^{\pm} avec les matrices de Pauli σ±=(σ1±iσ2)/2superscript𝜎plus-or-minusplus-or-minussuperscript𝜎1𝑖superscript𝜎22\sigma^{\pm}=(\sigma^{1}\pm i\sigma^{2})/2. Il faut ensuite utiliser les identifications suivantes :

η±σ±superscript𝜂plus-or-minussuperscript𝜎plus-or-minus\displaystyle\eta^{\pm}\to\sigma^{\pm}
η+η(z)12[σ+,σ]=σ32superscript𝜂superscript𝜂𝑧12superscript𝜎superscript𝜎superscript𝜎32\displaystyle\eta^{+}\eta^{-}(z)\to\frac{1}{2}\left[\sigma^{+},\sigma^{-}\right]=\frac{\sigma^{3}}{2} (6.1.50)

La deuxième identification est naturelle par anti-commutation de η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm}. L’intégrale de chemin, compte-tenu de ce qui a été vu dans la section précédente à propos de l’ordre de chemin induit par les fermions de bord (6.1.47) s’exprimera donc par :

[d𝚪+d𝚪][d𝕏]eSsuper=Tr[dX][dψ]𝒫eSdecompScontactdelimited-[]dsuperscript𝚪dsuperscript𝚪delimited-[]d𝕏superscript𝑒subscript𝑆𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟Trdelimited-[]d𝑋delimited-[]d𝜓𝒫superscript𝑒subscript𝑆𝑑𝑒𝑐𝑜𝑚𝑝subscript𝑆𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡\displaystyle\int[\text{d}{\bf\Gamma}^{+}\text{d}{\bf\Gamma}^{-}][\text{d}\mathbb{X}]e^{-S_{super}}\ldots=\;\text{Tr}\;\int[\text{d}X][\text{d}\psi]{\mathcal{P}}e^{-S_{decomp}-S_{contact}} (6.1.51)

où dans le membre de droite nous avons utilisé l’action exprimée dans le super-espace (6.1.38) et dans le membre de gauche l’action décomposée et exprimée en terme des facteurs de Chan-Paton. Il faut en outre ajouter la contribution du terme de contact obtenue par intégration des champs auxiliaires et qui s’exprime par :

Sdecomp+Scontact=Sbulk+dz(σ+λ+ψ+eirX~+ωX0+σλψeirX~+ωX0)+λ+λdwε14r2e2ωX0(w)S_{decomp}+S_{contact}=S_{bulk}+\oint\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \Bigg{(}\sigma^{+}\otimes\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}\leavevmode\nobreak\ \psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}+\sigma^{-}\otimes\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}\leavevmode\nobreak\ \psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\Bigg{)}\\ +\lambda^{+}\lambda^{-}\oint\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \varepsilon^{1-4r^{2}}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{2\omega X^{0}}(w){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}} (6.1.52)

Nous avons aussi inclus un opérateur d’ordre 𝒫𝒫{\mathcal{P}} déjà introduit auparavant, qui applique selon :

𝒫dz1dz2dzNϕ1(z1)ϕ2(z2)ϕN(zN)=(2π)N[dzi>]Nϕ1(z1)ϕ2(z2)ϕN(zN)𝒫dsubscript𝑧1dsubscript𝑧2dsubscript𝑧𝑁subscriptitalic-ϕ1subscript𝑧1subscriptitalic-ϕ2subscript𝑧2subscriptitalic-ϕ𝑁subscript𝑧𝑁superscript2𝜋𝑁subscriptdelimited-[]dsubscript𝑧𝑖𝑁subscriptitalic-ϕ1subscript𝑧1subscriptitalic-ϕ2subscript𝑧2subscriptitalic-ϕ𝑁subscript𝑧𝑁\displaystyle{\mathcal{P}}\int\text{d}z_{1}\text{d}z_{2}\ldots\text{d}z_{N}\leavevmode\nobreak\ \phi_{1}(z_{1})\phi_{2}(z_{2})\ldots\phi_{N}(z_{N})=(2\pi)^{N}\int[\underset{>}{\text{d}z_{i}}]_{N}\leavevmode\nobreak\ \phi_{1}(z_{1})\phi_{2}(z_{2})\ldots\phi_{N}(z_{N}) (6.1.53)

et impose aux opérateurs ϕisubscriptitalic-ϕ𝑖\phi_{i} d’être effectivement ordonnés, c’est-à-dire en terme des facteurs de Chan-Paton qu’ils contiennent. Nous avons introduit la notation pratique que l’on réutilisera :

[dzi>]N=iNdzi2πiN1Θ(zizi+1)subscriptdelimited-[]dsubscript𝑧𝑖𝑁superscriptsubscriptproduct𝑖𝑁dsubscript𝑧𝑖2𝜋superscriptsubscriptproduct𝑖𝑁1Θsubscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑖1\displaystyle[\underset{>}{\text{d}z_{i}}]_{N}=\prod_{i}^{N}\frac{\text{d}z_{i}}{2\pi}\,\prod_{i}^{N-1}\Theta(z_{i}-z_{i+1}) (6.1.54)
Action générale avec perturbation de distance et remarque sur les termes de contact d’ordre supérieurs

En partant de l’action (6.1.36) et avec Φ=r+δr(𝕏a)Φ𝑟𝛿𝑟superscript𝕏𝑎\Phi=r+\delta r(\mathbb{X}^{a}), nous aurions aussi obtenu des termes de contact entre champ de distance (δrη±ψ~)2δr2/εsuperscript𝛿𝑟superscript𝜂plus-or-minus~𝜓2𝛿superscript𝑟2𝜀(\delta r\,\eta^{\pm}\widetilde{\psi})^{2}\to\delta r^{2}/\varepsilon et dont l’expression en fonction des cut-offs correspond exactement aux divergences de type Moebius [4, 3, 81, 125] rencontrées dans le calcul de l’action BI par exemple. Le terme proportionnel aux fermions η+ηsuperscript𝜂superscript𝜂\eta^{+}\eta^{-} serait :

iη+η(δr(Xa)X~+aδr(Xa)ψaψ~)iσ32(δr(Xa)X~+aδr(Xa)ψa)𝑖superscript𝜂superscript𝜂𝛿𝑟superscript𝑋𝑎~𝑋subscript𝑎𝛿𝑟superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎~𝜓𝑖superscript𝜎32𝛿𝑟superscript𝑋𝑎~𝑋subscript𝑎𝛿𝑟superscript𝑋𝑎superscript𝜓𝑎\displaystyle i\eta^{+}\eta^{-}\left(\delta r(X^{a})\partial\widetilde{X}+\partial_{a}\delta r(X^{a})\psi^{a}\widetilde{\psi}\right)\to i\frac{\sigma^{3}}{2}\left(\delta r(X^{a})\partial\widetilde{X}+\partial_{a}\delta r(X^{a})\psi^{a}\right) (6.1.55)

Alors l’action serait très semblable à celle obtenue en théorie bosonique, mis à part le terme supersymétrique supplémentaire.

Maintenant, en s’inspirant de l’émergence du contreterme d’ordre 2 en tant que terme de contact, il faudrait tenter de regrouper l’ensemble des contretermes dans une formulation unique manifestement supersymétrique. Autrement dit, nous voudrions une action exprimée a priori dans le super-espace puis éventuellement décomposée de telle sorte que les opérateurs du type σ0e2nωX0tensor-productsuperscript𝜎0superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0\sigma^{0}\otimes e^{2n\omega X^{0}} apparaissent, accompagnés comme (6.1.45) d’une expression divergente dans les cut-offs et telle qu’ils sont précisément les contretermes nécessaire à la soustraction de toutes les divergences. Par extrapolation de notre résultat à l’ordre 4, les seules divergences résultantes à soustraire seraient du type ε4n2ω21superscript𝜀4superscript𝑛2superscript𝜔21\varepsilon^{4n^{2}\omega^{2}-1}. Celles-ci ne peuvent correspondre qu’à des termes de contact d’ordre 2n2𝑛2n. En effet, ceux-ci doivent être du type :

ε1d2n1uδ(2n)(uiε)f(u)dze2nωX0superscript𝜀1superscriptd2𝑛1𝑢superscript𝛿2𝑛superscript𝑢𝑖𝜀𝑓𝑢d𝑧superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0\displaystyle\varepsilon^{-1}\,\int\text{d}^{2n-1}\vec{u}\leavevmode\nobreak\ \delta^{(2n)}(u^{i}-\varepsilon)f(\vec{u})\int\text{d}z\,e^{2n\omega X^{0}} (6.1.56)

avec u𝑢\vec{u} le vecteur pris dans l’espace des distances entre opérateurs, de type (z1z2)subscript𝑧1subscript𝑧2(z_{1}-z_{2}), dont la base est choisie de telle sorte que les distances sont indépendantes. Nous pouvons choisir par exemple ui=zizi+1superscript𝑢𝑖subscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑖1u^{i}=z_{i}-z_{i+1} avec i[1,2n1]𝑖delimited-[]1.2𝑛1i\in[1,2n-1]. La fonction f𝑓f est calculée par OPE des tachyons ; par exemple à l’ordre 4 :

T+(z1)T(z2)T+(z3)T(z4)=f(u)=(z1z2)4ω21(z1z3)(z1z4)4ω21(z2z3)4ω21(z2z4)(z3z4)4ω21=(u1)4ω21(u1+u2)(u1+u2+u3)4ω21(u2)4ω21(u2+u3)(u3)4ω21delimited-⟨⟩superscript𝑇subscript𝑧1superscript𝑇subscript𝑧2superscript𝑇subscript𝑧3superscript𝑇subscript𝑧4𝑓𝑢superscriptsubscript𝑧1subscript𝑧24superscript𝜔21subscript𝑧1subscript𝑧3superscriptsubscript𝑧1subscript𝑧44superscript𝜔21superscriptsubscript𝑧2subscript𝑧34superscript𝜔21subscript𝑧2subscript𝑧4superscriptsubscript𝑧3subscript𝑧44superscript𝜔21superscriptsuperscript𝑢14superscript𝜔21superscript𝑢1superscript𝑢2superscriptsuperscript𝑢1superscript𝑢2superscript𝑢34superscript𝜔21superscriptsuperscript𝑢24superscript𝜔21superscript𝑢2superscript𝑢3superscriptsuperscript𝑢34superscript𝜔21\left<T^{+}(z_{1})T^{-}(z_{2})T^{+}(z_{3})T^{-}(z_{4})\right>=f(\vec{u})\\ =(z_{1}-z_{2})^{4\omega^{2}-1}(z_{1}-z_{3})(z_{1}-z_{4})^{4\omega^{2}-1}(z_{2}-z_{3})^{4\omega^{2}-1}(z_{2}-z_{4})(z_{3}-z_{4})^{4\omega^{2}-1}\\ =(u^{1})^{4\omega^{2}-1}(u^{1}+u^{2})(u^{1}+u^{2}+u^{3})^{4\omega^{2}-1}(u^{2})^{4\omega^{2}-1}(u^{2}+u^{3})(u^{3})^{4\omega^{2}-1} (6.1.57)

Compte-tenu de la fonction delta, tous les facteurs sont proportionnels à ε𝜀\varepsilon. Donc à l’ordre 4 le terme de contact serait proportionnel à :

ε16ω21dze2nωX0superscript𝜀16superscript𝜔21d𝑧superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0\displaystyle\varepsilon^{16\omega^{2}-1}\int\text{d}z\,e^{2n\omega X^{0}} (6.1.58)

A l’heure actuelle nous ne connaissons pas de telle formulation obtenue à l’aide des champs auxiliaires. Or ce type de terme dans son expression manifestement supersymétrique est important car il peut ajouter de nouvelles contributions finies aux calculs, en plus de soustraire les divergences. Ce devrait être un terme non-linéaire et il pourrait être par exemple de la forme ε1dzF+FF+F(z)superscript𝜀1d𝑧superscript𝐹superscript𝐹superscript𝐹superscript𝐹𝑧\varepsilon^{-1}\int\text{d}z\,F^{+}F^{-}F^{+}F^{-}(z) ce qui ne peut provenir que d’un terme manifestement supersymétrique de la forme 𝚪+D𝚪D𝚪+D𝚪contour-integralsuperscript𝚪𝐷superscript𝚪𝐷superscript𝚪𝐷superscript𝚪\oint{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}D{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}.

Ces termes ne sont cependant pas indispensables, car une formulation supersymétrique n’exclut pas la renormalisation. En outre, le fait de rajouter des termes implique de modifier fondamentalement la théorie puisque cela revient à ajouter de nouvelles interactions sur le bord.

Pour conclure, en ce qui concerne le tachyon roulant à distance fixe, l’expression manifestement supersymétrique est souhaitée mais n’est pas nécessaire. Elle implique en outre d’exprimer des interactions de contacts à N-points, qu’a priori nous ne connaissons pas. Autrement dit, le fait de devoir ajouter des contretermes de façon ad hoc brise explicitement la symétrie superconforme dans l’action de surface de corde, mais n’empêche pas la théorie d’être exactement marginale donc de correspondre à une solution des équations du mouvement. Par conséquent trouver une expression manifestement supersymétrique n’est pas indispensable.

6.2 Fonctions bêta, groupe de renormalisation et équations du mouvement

Cette étude est similaire à celle faite en théorie bosonique dans la section 5.2. Elle donnera à peu de choses près les mêmes résultats. Il est donc évident qu’il faudra uniquement s’intéresser aux déformations marginales au premier ordre. Nous referons cependant le développement des trois phases massive, non-massive et tachyonique, et calculerons les fonctions bêta dans chaque cas.

Nous commencerons par étudier la phase surcritique massive (r>1/2𝑟12r>1/\sqrt{2}) puis la phase sous-critique tachyonique (r<1/2𝑟12r<1/\sqrt{2}) plus délicate et enfin nous étudierons la continuité avec la phase critique non massive (r=1/2𝑟12r=1/\sqrt{2}).

6.2.1 Phases surcritique rrc𝑟subscript𝑟𝑐r\geq r_{c}

Dans cette phase, les opérateurs de vertex ψ±e±irX~±iωX0contour-integralsuperscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\oint\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}} avec ψ±=±(irψ~+iωψ0)superscript𝜓plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝜓𝑖𝜔superscript𝜓0\psi^{\pm}=\pm(ir\widetilde{\psi}+i\omega\psi^{0}) sont marginaux en ω=r21/2𝜔superscript𝑟212\omega=r^{2}-1/2 nous pouvons donc les inclure sur le bord, étudier les fonctions bêta résultantes et y faire correspondre des équations de mouvement de champs correspondant. Nous devons partir de l’action générale (6.1.35) en décomposant Φ=r+δrΦ𝑟𝛿𝑟\Phi=r+\delta r et en absorbant r𝑟r constant dans les fermions de bord, de sorte que nous avons :

S=Sbulkdzdθ𝚪+(D+iδr(𝕏a)D𝕏~)𝚪idzdθλ+(𝕏a)𝚪+eir𝕏~+iω𝕏0idzdθλ(𝕏a)𝚪eir𝕏~iω𝕏0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪𝐷𝑖𝛿𝑟superscript𝕏𝑎𝐷~𝕏superscript𝚪𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝕏𝑎superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝑖𝜔superscript𝕏0𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝕏𝑎superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝑖𝜔superscript𝕏0S=S_{bulk}-\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}\left(D+i\delta r(\mathbb{X}^{a})D\widetilde{\mathbb{X}}\right){\bf\Gamma}^{-}\\ -i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}(\mathbb{X}^{a}){\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}+i\omega\mathbb{X}^{0}}-i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}(\mathbb{X}^{a}){\bf\Gamma}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}-i\omega\mathbb{X}^{0}} (6.2.1)

avec à l’ordre 2 en dérivées en développant 𝕏μ=xμ+X^μ+θψμsuperscript𝕏𝜇superscript𝑥𝜇superscript^𝑋𝜇𝜃superscript𝜓𝜇\mathbb{X}^{\mu}=x^{\mu}+\hat{X}^{\mu}+\theta\psi^{\mu} :

δr(𝕏i)𝛿𝑟superscript𝕏𝑖\displaystyle\delta r(\mathbb{X}^{i}) =δr+iδr(X^i+iθψi)+ijδr2(X^iX^j+2iθX^iψj)absent𝛿𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖𝑖𝜃superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2𝑖𝜃superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗\displaystyle=\delta r+\partial_{i}\delta r\left(\hat{X}^{i}+i\theta\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2i\theta\hat{X}^{i}\psi^{j}\right)
λ±(𝕏i)superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝕏𝑖\displaystyle\lambda^{\pm}(\mathbb{X}^{i}) =λ±+iλ±(X^i+iθψi)+ijλ±2(X^iX^j+2iθX^iψj)absentsuperscript𝜆plus-or-minussubscript𝑖superscript𝜆plus-or-minussuperscript^𝑋𝑖𝑖𝜃superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆plus-or-minus2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2𝑖𝜃superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗\displaystyle=\lambda^{\pm}+\partial_{i}\lambda^{\pm}\left(\hat{X}^{i}+i\theta\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{\pm}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2i\theta\hat{X}^{i}\psi^{j}\right) (6.2.2)

A l’instar du modèle bosonique nous avons choisi de complètement factoriser le comportement temporel pour ne s’intéresser qu’au comportement spatial off-shell, ce qui a le mérite de simplifier singulièrement les calculs. Nous rétablirons la covariance à la fin. Il est utile de décomposer cette action explicitement afin de bien dégager les contributions associées aux fermions de bord de celles associées aux champs auxiliaires :

S=Sbulk+η+ηF+F+iη+η[δrX~+iδr(X^iX~ψiψ~)+ijδr2(X^iX^jX~2X^iψjψ~)]+η+eirX~+iωX0[λ+ψ++iλ+(X^iψ++ψi)+ijλ+2(X^iX^jψ++2X^iψj)]+ηeirX~iωX0[λψ+iλ(X^iψ+ψi)+ijλ2(X^iX^jψ+2X^iψj)]+F+[ηψ~(δr+iδrX^i+ijδr2X^iX^j)ieirX~+iωX0(λ++iλ+X^i+ijλ+2X^iX^j)]+F[η+ψ~(δr+aδrX^i+ijδr2X^iX^j)ieirX~iωX0(λ+iλX^i+ijλ2X^iX^j)]𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integralsuperscript𝜂superscript𝜂contour-integralsuperscript𝐹superscript𝐹𝑖contour-integralsuperscript𝜂superscript𝜂delimited-[]𝛿superscript𝑟~𝑋subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗~𝜓contour-integralsuperscript𝜂superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆superscriptsuperscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗contour-integralsuperscript𝜂superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆superscriptsuperscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗contour-integralsuperscript𝐹delimited-[]superscript𝜂~𝜓𝛿superscript𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0superscript𝜆superscriptsubscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗contour-integralsuperscript𝐹delimited-[]superscript𝜂~𝜓𝛿superscript𝑟subscript𝑎𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0superscript𝜆superscriptsubscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗S=S_{bulk}+\oint\eta^{+}\partial\eta^{-}-\oint F^{+}F^{-}\\ +i\oint\eta^{+}\eta^{-}\Bigg{[}\delta r^{\prime}\partial\widetilde{X}+\partial_{i}\delta r\left(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{i}\psi^{j}\widetilde{\psi}\right)\Bigg{]}\\ +\oint\eta^{+}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{+\,^{\prime}}\psi^{+}+\partial_{i}\lambda^{+}\left(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{+}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{i}\psi^{j}\right)\Bigg{]}\\ +\oint\eta^{-}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{-\,^{\prime}}\psi^{-}+\partial_{i}\lambda^{-}\left(\hat{X}^{i}\psi^{-}+\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{-}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{-}+2\hat{X}^{i}\psi^{j}\right)\Bigg{]}\\ +\oint F^{+}\Bigg{[}-\eta^{-}\widetilde{\psi}\left(\delta r^{\prime}+\partial_{i}\delta r\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)-i\,e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}\left(\lambda^{+\,^{\prime}}+\partial_{i}\lambda^{+}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{+}}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)\Bigg{]}\\ +\oint F^{-}\Bigg{[}\eta^{+}\widetilde{\psi}\left(\delta r^{\prime}+\partial_{a}\delta r\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)-i\,e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}\left(\lambda^{-\,^{\prime}}+\partial_{i}\lambda^{-}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{-}}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)\Bigg{]} (6.2.3)

Nous avons sorti explicitement le facteur d’échelle UV dans le schéma de Wilson, mais avec des déformations principalement marginales, il disparaît. Néanmoins, nous avons noté par commodité μ=μ+lnεμsuperscript𝜇𝜇𝜀𝜇\mu^{\prime}=\mu+\ln\varepsilon\,\square\mu pour μ={δr,λ±}𝜇𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\mu=\{\delta r,\lambda^{\pm}\} mais dans la suite nous ôterons le ”prime” et considérerons implicite l’addition de lnεμ𝜀𝜇\ln\varepsilon\,\square\mu. Remarquons au passage que βμ=βμ+μsubscript𝛽superscript𝜇subscript𝛽𝜇𝜇\beta_{\mu^{\prime}}=\beta_{\mu}+\square\mu. Par intégration des champs auxiliaires, nous obtenons un ensemble de termes de contact régularisés dans l’UV666Nous ne nous interesserons pas aux divergences IR ici. comme il a été fait précédemment en utilisant GF=δ(|zw|ε)subscript𝐺𝐹𝛿𝑧𝑤𝜀G_{F}=\delta(|z-w|-\varepsilon) :

Scontact=2ε[δr22iδriδrlnε+(i(δr2)4jδrjiδrlnε)X^i+ij(δr2)2X^iX^j]+ε1[λ+λ2iλ+iλlnε+(i(λ+λ)2i(jλjλ+)lnε)X^i+ij(λ+λ)2X^iX^j]+iη+ψ~eirX~+iωX0[λ+δr2iλ+iδrlnε+(i(λ+δr)2i(jδrjλ+)lnε)X^i+ij(λ+δr)2X^iX^j]iηψ~eirX~iωX0[λδr2iλiδrlnε+(i(λδr)2i(jδrjλ)lnε)X^i+ij(λδr)2X^iX^j]subscript𝑆𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡2𝜀delimited-[]𝛿superscript𝑟22subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖𝛿superscript𝑟24subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗subscript𝑖𝛿𝑟𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿superscript𝑟22superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜀1delimited-[]superscript𝜆superscript𝜆2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆𝜀subscript𝑖superscript𝜆superscript𝜆2subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗𝑖superscript𝜂~𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗𝑖superscript𝜂~𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗S_{contact}=-\frac{2}{\varepsilon}\left[\delta r^{2}-2\partial_{i}\delta r\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\delta r^{2})-4\partial_{j}\delta r\partial^{j}\partial_{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\delta r^{2})}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right]\\ +\varepsilon^{-1}\Bigg{[}\lambda^{+}\lambda^{-}-2\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{+}\lambda^{-})-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\lambda^{-}\partial^{j}\lambda^{+}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{+}\lambda^{-})}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]}\\ +i\eta^{+}\widetilde{\psi}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{+}\delta r-2\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{+}\delta r)-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\delta r\partial^{j}\lambda^{+}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{+}\delta r)}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]}\\ -i\eta^{-}\widetilde{\psi}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{-}\delta r-2\partial_{i}\lambda^{-}\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{-}\delta r)-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\delta r\partial^{j}\lambda^{-}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{-}\delta r)}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]} (6.2.4)

A la deuxième ligne, nous avons utilisé 2ω22r2=12superscript𝜔22superscript𝑟212\omega^{2}-2r^{2}=-1 dans l’OPE des tachyons, d’où le facteur ε1superscript𝜀1\varepsilon^{-1}. A première vue il apparaît un certain nombre de divergences logarithmiques qui devraient logiquement contribuer aux fonctions bêta des couplages des tachyons – en particulier celles des deux dernières lignes – et à la fonction bêta du ”couplage” de l’opérateur unité 1contour-integral1\oint 1. En vérité, ça n’est pas le cas : ces termes vont jouer le rôle de contretermes supprimant une partie des divergences apparaissant par OPE des opérateurs factorisés par η±superscript𝜂plus-or-minus\eta^{\pm} dans (6.2.3).

Dans le schéma de Wilson par exemple, les éventuels contretermes ne participent pas aux fonctions bêta des couplages car ces derniers dépendent directement du cut-off ε𝜀\varepsilon et doivent déjà contenir toutes contributions permettant de supprimer toutes les divergences. Si ces contretermes retranchent les divergences, alors cela implique qu’il ne doit pas y avoir de contribution correspondante dans l’expression des couplages. Et donc les fonctions bêta ne sont pas modifiées.

Dans le schéma minimal se pourrait être un peu plus ambiguë, cependant il faut tenir compte du fait que les couplages sont associés aux opérateurs de vertex avant intégration des champs auxiliaires, par conséquent tout ce qui apparaît via l’intégration de ces derniers n’a pas à être pris en compte dans la définition des couplages.

Remarquons en outre que le premier terme de chacune des deux dernières lignes contribue à η±ψ~e±irX~superscript𝜂plus-or-minus~𝜓superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋\eta^{\pm}\widetilde{\psi}e^{\pm ir\widetilde{X}} de telle sorte que rr+δr𝑟𝑟𝛿𝑟r\to r+\delta r ce qui est en accord avec l’effet attendu de la perturbation δrD𝕏~𝛿𝑟𝐷~𝕏\delta rD\widetilde{\mathbb{X}} censée être un opérateur de changement de distance. Ces termes de contact sont déjà d’ordre 2 dans les perturbations. Par conséquent, puisque nous ne nous intéressons qu’au deuxième ordre en perturbation dans les fonctions bêta nous pouvons les négliger dans la suite.

L’action que nous allons utiliser maintenant est donnée par (6.2.3) sans les termes dépendants des champs auxiliaires et sans les termes de contact. Soit donc en remplaçant les fermions de bord par les facteurs de CP :

S=Sbulk+σ3i2(δrX~+iδr(X^iX~ψiψ~)+ijδr2(X^iX^jX~2X^jψiψ~))+σ+(λ+ψ++iλ+(X^iψ++ψi)+ijλ+2(X^iX^jψ++2X^jψi))eirX~+iωX0+σ(λψ+iλ(X^iψ+ψi)+ijλ2(X^iX^jψ+2X^jψi))eirX~iωX0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-productsuperscript𝜎3𝑖2contour-integral𝛿𝑟~𝑋subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓tensor-productsuperscript𝜎contour-integralsuperscript𝜆superscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎contour-integralsuperscript𝜆superscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0S=S_{bulk}+\sigma^{3}\otimes\frac{i}{2}\oint\left(\delta r\partial\widetilde{X}+\partial_{i}\delta r\,(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})\right)\\ +\sigma^{+}\otimes\oint\Bigg{(}\lambda^{+}\psi^{+}+\partial_{i}\lambda^{+}(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{+}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)\Bigg{)}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}\\ +\sigma^{-}\otimes\oint\Bigg{(}\lambda^{-}\psi^{-}+\partial_{i}\lambda^{-}(\hat{X}^{i}\psi^{-}+\psi^{i})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{-}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{-}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)\Bigg{)}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}} (6.2.5)

Les OPE importantes sont ici celles des deux tachyons ensemble et celles de chaque tachyon avec les divers opérateurs associés au champ de distance. Notons d’abord l’OPE des fermions :

ψ+(z)ψ(0)1zsimilar-tosuperscript𝜓𝑧superscript𝜓01𝑧\displaystyle\psi^{+}(z)\psi^{-}(0)\sim\frac{1}{z} (6.2.6)

Elle aura son importance lorsque nous traiterons du cas sous-critique. Les OPE des tachyons sont comme suit – nous avons laissé implicite les facteurs de CP :

ψ+eirX~+iωX0(z)ψeirX~iωX0(w)(zw)2+ir(zw)1X~(w)+similar-to-or-equalssuperscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤superscript𝑧𝑤2𝑖𝑟superscript𝑧𝑤1~𝑋𝑤\displaystyle\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w)\simeq(z-w)^{-2}+ir(z-w)^{-1}\partial\widetilde{X}(w)+\ldots
(X^iψ++ψi)eirX~+iωX0(z)ψeirX~iωX0(w)X^i(zw)2+1zw(irX^iX~+ψiψ)similar-to-or-equalssuperscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤superscript^𝑋𝑖superscript𝑧𝑤21𝑧𝑤𝑖𝑟superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖superscript𝜓\displaystyle(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\hat{X}^{i}}{(z-w)^{2}}+\frac{1}{z-w}\left(ir\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}+\psi^{i}\psi^{-}\right)
(X^iψ++ψi)eirX~+iωX0(z)(X^jψ+ψj)eirX~iωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑗superscript𝜓superscript𝜓𝑗superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot(\hat{X}^{j}\psi^{-}+\psi^{j})e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w)
1(zw)2(X^iX^j+2ηij)+1zw(2irηijX~+(irX^iX^jX~2X^iψjψ+))similar-to-or-equalsabsent1superscript𝑧𝑤2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2superscript𝜂𝑖𝑗1𝑧𝑤2𝑖𝑟superscript𝜂𝑖𝑗~𝑋𝑖𝑟superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗superscript𝜓\displaystyle\qquad\simeq\frac{1}{(z-w)^{2}}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2\eta^{ij}\right)+\frac{1}{z-w}\left(2ir\,\eta^{ij}\partial\widetilde{X}+\left(ir\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{i}\psi^{j}\psi^{+}\right)\right)
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+iωX0(z)ψeirX~iωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w)
1(zw)2(X^iX^j)+1zw(irX^iX^jX~+2X^jψiψ)similar-to-or-equalsabsent1superscript𝑧𝑤2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗1𝑧𝑤𝑖𝑟superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝜓\displaystyle\qquad\simeq\frac{1}{(z-w)^{2}}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)+\frac{1}{z-w}\left(ir\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\psi^{-}\right)
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+iωX0(z)(X^kψ+ψk)eirX~iωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑘superscript𝜓superscript𝜓𝑘superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot(\hat{X}^{k}\psi^{-}+\psi^{k})e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}(w)
1(zw)2(2ηkiX^j+)+1zw(2irηkiX^jX~+)similar-to-or-equalsabsent1superscript𝑧𝑤22superscript𝜂𝑘𝑖superscript^𝑋𝑗1𝑧𝑤2𝑖𝑟superscript𝜂𝑘𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋\displaystyle\qquad\simeq\frac{1}{(z-w)^{2}}\left(2\eta^{ki}\hat{X}^{j}+\ldots\right)+\frac{1}{z-w}\left(2ir\,\eta^{ki}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}+\ldots\right)
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+iωX0(z)(X^kX^lψ+2X^kψl)eirX~iωX0superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑘superscript^𝑋𝑙superscript𝜓2superscript^𝑋𝑘superscript𝜓𝑙superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+i\omega X^{0}}(z)\cdot\left(\hat{X}^{k}\hat{X}^{l}\psi^{-}+2\hat{X}^{k}\psi^{l}\right)e^{-ir\widetilde{X}-i\omega X^{0}}
1(zw)2(4ηilX^jX^k+)+2zw(4irηilX^jX^kX~+)similar-to-or-equalsabsent1superscript𝑧𝑤24superscript𝜂𝑖𝑙superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑘2𝑧𝑤4𝑖𝑟superscript𝜂𝑖𝑙superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑘~𝑋\displaystyle\qquad\simeq\frac{1}{(z-w)^{2}}\left(4\eta^{il}\hat{X}^{j}\hat{X}^{k}+\ldots\right)+\frac{2}{z-w}\left(4ir\eta^{il}\hat{X}^{j}\hat{X}^{k}\partial\widetilde{X}+\ldots\right)

Quelques remarques :

  • i)

    Nous avons caché à l’intérieur des points de suspension tous les termes proportionnels à ln(zw)𝑧𝑤\ln(z-w). Ceux du deuxième terme participeront aux fonctions bêta sous la forme ε1lnεsuperscript𝜀1𝜀\varepsilon^{-1}\ln\varepsilon et sont proportionnels à des fonctions bêta. Tandis que ceux du premier terme donneront des divergences en :

    εLdzlnzz2=1ε+lnεε+superscriptsubscript𝜀𝐿d𝑧𝑧superscript𝑧21𝜀𝜀𝜀\displaystyle\int_{\varepsilon}^{L}\text{d}z\leavevmode\nobreak\ \frac{\ln z}{z^{2}}=\frac{1}{\varepsilon}+\frac{\ln\varepsilon}{\varepsilon}+\ldots (6.2.8)

    aux termes dépendants de L𝐿L près. Par exemple à la troisième ligne nous devrions avoir le terme complet :

    1(zw)2[X^iX^j+2ηij(1ln(zw))]X^iX^j2ηijlnεε1superscript𝑧𝑤2delimited-[]superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2superscript𝜂𝑖𝑗1𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2superscript𝜂𝑖𝑗𝜀𝜀\displaystyle\frac{1}{(z-w)^{2}}\left[\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2\eta^{ij}(1-\ln(z-w))\right]\longrightarrow\frac{\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}-2\eta^{ij}\ln\varepsilon}{\varepsilon} (6.2.9)

    En multipliant par iλ+jλsubscript𝑖superscript𝜆subscript𝑗superscript𝜆\partial_{i}\lambda^{+}\partial_{j}\lambda^{-} et en comparant au terme de contact de la seconde ligne de (6.2.4) nous retrouvons bien :

    ε12lnεiλ+iλsuperscript𝜀12𝜀subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆\displaystyle\varepsilon^{-1}2\ln\varepsilon\leavevmode\nobreak\ \partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-} (6.2.10)

    Par conséquent, ces deux termes s’annulent ensemble. Il en sera de même pour tous les autres termes semblables.

  • ii)

    Dans (6.2.1) nous avons aussi caché tous les termes qui ont plus de deux indices, par exemple X^iX^jX^kψ~superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑘~𝜓\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\hat{X}^{k}\widetilde{\psi} car ils correspondent à des ordres plus élevés en dérivées des champs que nous avons ici négligés.

  • iii)

    Les termes intéressants ici sont ceux dont l’opérateur contient X~~𝑋\partial\widetilde{X} ou ψ~~𝜓\widetilde{\psi}. Donc les premiers termes en (zw)2superscript𝑧𝑤2(z-w)^{-2} ne seront étudiés qu’en dernier lieu pour vérifier s’ils correspondent à des contretermes ou s’annulent entre eux.

  • iv)

    Enfin, de même que dans le développement bosonique, les termes contenant des champs de la coordonnée temporelle tels que ψ0superscript𝜓0\psi^{0} ou X0superscript𝑋0\partial X^{0} ne seront pas étudiés.

Les OPE entre tachyons et perturbation de distance sont donnés dans les formules suivantes. En utilisant σ3σ±=±σ±superscript𝜎3superscript𝜎plus-or-minusplus-or-minussuperscript𝜎plus-or-minus\sigma^{3}\sigma^{\pm}=\pm\sigma^{\pm} et en laissant les facteurs de Chan-Paton implicites tels que dans le membre de gauche il faudrait ajouter le préfacteur σ3σ±\sigma^{3}\sigma^{\pm}\otimes et dans le membre de droite σ±\sigma^{\pm}\otimes :

X~(z)ψ±e±irX~±iωX0(w)2irzwψ±e±irX~±iωX0(w)+similar-to-or-equals~𝑋𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\partial\widetilde{X}(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\mp 2ir}{z-w}\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)+\ldots
X~(z)(X^iψ±+ψi)e±irX~±iωX0(w)2irzw(X^iψ±+ψi)e±irX~±iωX0(w)+similar-to-or-equals~𝑋𝑧superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\partial\widetilde{X}(z)\cdot(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\mp 2ir}{z-w}(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX~ψiψ~)(z)ψ±e±irX~±iωX0(w)2irzw(X^iψ±+ψi)e±irX~±iωX0(w)+similar-to-or-equalssuperscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\mp 2ir}{z-w}(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX~ψiψ~)(z)(X^jψ±+ψj)e±irX~±iωX0(w)superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑗superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot(\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+\psi^{j})e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)
2zw[ir(X^iX^jψ±+2Xiψj)+ηijψ~+]e±irX~±iωX0similar-to-or-equalsabsentminus-or-plus2𝑧𝑤delimited-[]𝑖𝑟superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minus2superscript𝑋𝑖superscript𝜓𝑗superscript𝜂𝑖𝑗~𝜓superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle\qquad\simeq\frac{\mp 2}{z-w}\Bigg{[}ir\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+2X^{i}\psi^{j}\right)+\eta^{ij}\widetilde{\psi}+\ldots\Bigg{]}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}
(X^iX~ψiψ~)(z)(X^jX^lψ±+2X^jψl)e±irX~±iωX0(w)±2zw(2ηikX^jψ~+)e±irX~±iωX0similar-to-or-equalssuperscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑙superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑙superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤plus-or-minus2𝑧𝑤2superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗~𝜓superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\left(\hat{X}^{j}\hat{X}^{l}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{j}\psi^{l}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\pm 2}{z-w}\left(2\eta^{ik}\hat{X}^{j}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)ψ±e±irX~±iωX0(w)2irzw(X^iX^jψ±+2X^jψi)e±irX~±iωX0similar-to-or-equalssuperscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)\simeq\frac{\mp 2ir}{z-w}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)(X^lψ±+ψl)e±irX~±iωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑙superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑙superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot(\hat{X}^{l}\psi^{\pm}+\psi^{l})e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)
±2zw(2ηacX^jψ~+)e±irX~±iωX0similar-to-or-equalsabsentplus-or-minus2𝑧𝑤2superscript𝜂𝑎𝑐superscript^𝑋𝑗~𝜓superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle\qquad\simeq\frac{\pm 2}{z-w}\left(2\eta^{ac}\hat{X}^{j}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)(X^lX^lψ±+2X^lψl)e±irX~±iωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑙superscript^𝑋𝑙superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑙superscript𝜓𝑙superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\left(\hat{X}^{l}\hat{X}^{l}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{l}\psi^{l}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}}(w)
±2zw(4ηadX^jX^lψ~+)e±irX~±iωX0similar-to-or-equalsabsentplus-or-minus2𝑧𝑤4superscript𝜂𝑎𝑑superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑙~𝜓superscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝑖𝜔superscript𝑋0\displaystyle\qquad\simeq\frac{\pm 2}{z-w}\left(4\eta^{ad}\hat{X}^{j}\hat{X}^{l}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}\pm i\omega X^{0}} (6.2.11)

De nouveau nous avons caché les termes qui ne nous intéressent pas. Ainsi, au deuxième ordre en récupérant seulement les termes intéressants dans (6.2.1) et (6.2.1) nous avons à sommer dans l’intégrale de chemin, après intégration de z>w𝑧𝑤z>w :

1±σ±dwψ±e±irX~±ωX0(w)[λ±+(2rδrλ±+2iδriλ±)lnε]1subscriptplus-or-minustensor-productsuperscript𝜎plus-or-minusd𝑤superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤delimited-[]superscript𝜆plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus2subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖superscript𝜆plus-or-minus𝜀\displaystyle 1-\sum_{\pm}\sigma^{\pm}\otimes\int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}\pm\omega X^{0}}(w)\Bigg{[}\lambda^{\pm}+\left(2r\delta r\lambda^{\pm}+2\partial_{i}\delta r\partial^{i}\lambda^{\pm}\right)\ln\frac{\varepsilon}{\ell}\Bigg{]}
σ3i2dwX~[δr+2r(λ+λ+2iλ+iλ)lnε]+tensor-productsuperscript𝜎3𝑖2d𝑤~𝑋delimited-[]𝛿𝑟2𝑟superscript𝜆superscript𝜆2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆𝜀\displaystyle-\sigma^{3}\otimes\frac{i}{2}\int\text{d}w\leavevmode\nobreak\ \partial\widetilde{X}\Bigg{[}\delta r+2r\left(\lambda^{+}\lambda^{-}+2\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\right)\ln\frac{\varepsilon}{\ell}\Bigg{]}+\ldots (6.2.12)

Nous ne nous occupons ici que des couplages λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm} et δr𝛿𝑟\delta r. Les couplages iλ±subscript𝑖superscript𝜆plus-or-minus\partial_{i}\lambda^{\pm} et iδrsubscript𝑖𝛿𝑟\partial_{i}\delta r reçoivent des contributions qui sont les dérivées de celles des premiers. Il en est de même pour les dérivées d’ordres suivants.

Maintenant, par comparaison aux termes de contact à la troisième et quatrième ligne dans (6.2.4) le terme ±2iδriλ+plus-or-minus2subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖superscript𝜆\pm 2\partial_{i}\delta r\partial^{i}\lambda^{+} est exactement compensé. Si bien que ce dernier ne doit pas participer à la fonction bêta de λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm} comme nous l’avons expliqué. En outre, certains termes brisent la supersymétrie de surface, comme par exemple dans l’avant-dernière ligne de (6.2.1) le terme en X^iψ~superscript^𝑋𝑖~𝜓\hat{X}^{i}\widetilde{\psi} sans son partenaire ψisuperscript𝜓𝑖\psi^{i}. Or, ils apparaissent aussi dans l’expression (6.2.4) des termes de contacts, qui suppriment à nouveau ces contributions. Il en est de même pour toutes les contributions du premier terme de chaque ligne de (6.2.1). En calculant exactement chacun de ceux-ci, y compris ceux proportionnels à ln(zw)𝑧𝑤\ln(z-w) qui étaient occultés dans les points de suspension, nous obtenons après intégration, chacun des contretermes de deuxième ordre dans les tachyons et leur dérivées.

Enfin, d’autres termes brisent la supersymétrie de surface mais n’apparaissent dans aucun terme de contact, tels que dans (6.2.1)

2irηikX^jX~ou4irηilX^jX^kX~2𝑖𝑟superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗~𝑋ou4𝑖𝑟superscript𝜂𝑖𝑙superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑘~𝑋\displaystyle 2ir\eta^{ik}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}\quad\text{ou}\quad 4ir\eta^{il}\hat{X}^{j}\hat{X}^{k}\partial\widetilde{X} (6.2.13)

Ceux-ci peuvent être problématiques puisqu’impossible à réabsorber par des redéfinitions des champs. Bien qu’ils soient nuls après application de la trace sur le facteur σ3superscript𝜎3\sigma^{3} en se replaçant dans un contexte plus général d’une amplitude avec des insertions arbitraires alors ils peuvent contribuer de façon non triviale et effectivement briser la supersymétrie de surface dans l’amplitude : la symétrie superconforme au niveau des amplitudes n’est donc plus garantie. L’unique solution est d’imposer l’équation :

j[iλ+iλ]=0iλ+iλλ+λformulae-sequencesubscript𝑗delimited-[]subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆0proportional-tosubscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\partial_{j}\Bigg{[}\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\Bigg{]}=0\quad\Leftrightarrow\quad\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\propto\lambda^{+}\lambda^{-} (6.2.14)

avec λ=(λ+)superscript𝜆superscriptsuperscript𝜆\lambda^{-}=(\lambda^{+})^{*}. Il ne s’agit pas une contrainte extraordinaire. En effet, par exemple λ±e±ikiXiproportional-tosuperscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖subscript𝑘𝑖superscript𝑋𝑖\lambda^{\pm}\propto e^{\pm ik_{i}X^{i}} la vérifie immédiatement. On peut cependant s’interroger sur la signification physique de cette contrainte qui n’apparaît pas spécifiquement comme une équation de mouvement. Compte-tenu de la formule (6.2.1), nous avons :

β±=(2rδrΔ)λ±subscript𝛽plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=\left(-2r\delta r-\Delta\right)\lambda^{\pm}
βδr=Δδr2r(1+2k2)λ+λsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟12superscript𝑘2superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r-2r\left(1+2k^{2}\right)\lambda^{+}\lambda^{-} (6.2.15)

avec k2superscript𝑘2k^{2} la valeur propre de Δλ+Δsuperscript𝜆-\Delta\lambda^{+}. Par comparaison aux fonctions bêta correspondantes (5.2.1) dans le cas bosonique, nous obtenons une formule à peine différente. Toutefois, elles ont les mêmes solutions et (6.2.1) peut se réécrire sous la forme :

β±=(2rδrΔ)λ±subscript𝛽plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=\left(-2r\delta r-\Delta\right)\lambda^{\pm}
βδr=Δδr2rλ+λ+r(λ+Δλ+λΔλ+)subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscript𝜆superscript𝜆𝑟superscript𝜆Δsuperscript𝜆superscript𝜆Δsuperscript𝜆\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r-2r\lambda^{+}\lambda^{-}+r\left(\lambda^{+}\Delta\lambda^{-}+\lambda^{-}\Delta\lambda^{+}\right) (6.2.16)

Soit à peu de chose près et au deuxième ordre :

β±=(2rδrΔ)λ±subscript𝛽plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=\left(-2r\delta r-\Delta\right)\lambda^{\pm}
βδr=Δδr2rλ+λ+r(λ+β+λβ+)subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscript𝜆superscript𝜆𝑟superscript𝜆subscript𝛽superscript𝜆subscript𝛽\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r-2r\lambda^{+}\lambda^{-}+r\left(\lambda^{+}\beta_{-}+\lambda^{-}\beta_{+}\right) (6.2.17)

Par conséquent, à des fonctions bêta près777Soit des termes nuls par relation à des équations du mouvement. les équations sont exactement semblables dans ce cas et dans le cas bosonique. Maintenant, nous pouvons comme dans le modèle bosonique imposer un ansatz plus général :

T+superscript𝑇\displaystyle T^{+} =eir𝕏~(ζ(1)(𝕏i)eiω𝕏0+ζ(2)(𝕏i)eiω𝕏0)absentsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝕏subscript𝜁1superscript𝕏𝑖superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝕏0superscriptsubscript𝜁2superscript𝕏𝑖superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝕏0\displaystyle=e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}}\left(\zeta_{(1)}(\mathbb{X}^{i})e^{i\omega\mathbb{X}^{0}}+\zeta_{(2)}^{*}(\mathbb{X}^{i})e^{-i\omega\mathbb{X}^{0}}\right)
Tsuperscript𝑇\displaystyle T^{-} =(T+)absentsuperscriptsuperscript𝑇\displaystyle=(T^{+})^{*} (6.2.18)

avec ω2=r21/2superscript𝜔2superscript𝑟212\omega^{2}=r^{2}-1/2 telle que la déformation correspondante est marginale. En remarquant que seuls les termes croisés contribuent aux fonctions bêta nous obtenons :

βδr=Δδr2r(|ζ(1)|2+|ζ(2)|2)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\left(\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\right)+\ldots
β(1,2)=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)subscript𝛽1.2Δsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}}=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)} (6.2.19)

Elles sont exprimées également à des fonctions bêta près. A ce stade les tachyons peuvent être redéfinis par une constante dépendant de r𝑟r puisque la distance est constante ζf(r)ζ𝜁𝑓𝑟𝜁\zeta\to\sqrt{f(r)}\zeta. La forme des équations nous suggère les équations du mouvement suivantes. En notant ϕ=r+δritalic-ϕ𝑟𝛿𝑟\phi=r+\delta r et T+=T=(T)superscript𝑇𝑇superscriptsuperscript𝑇T^{+}=T=(T^{-})^{*} et en rétablissant la covariance :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕϕf(ϕ)12ϕ2(aTaT+(12ϕ2)|T|2)absentitalic-ϕitalic-ϕ𝑓italic-ϕ12superscriptitalic-ϕ2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-\frac{\phi f(\phi)}{\frac{1}{2}-\phi^{2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(12ϕ2)Tabsent𝑇12superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(12ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T^{*} (6.2.20)

Comme dans le modèle bosonique, il n’existe pas d’action effective correspondant à ces équations du mouvement quadratiques. Toutefois, la solution de ces équations à distance constante reste compatible avec la solution à distance constante dérivée de l’action de Garousi développée à l’ordre quadratique (5.1.14), c’est-à-dire T=0𝑇0T=0. En fait, elles peuvent être réécrites en utilisant les équations de T𝑇T et Tsuperscript𝑇T^{*} sous la forme :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕϕf(ϕ)|T|2ϕf(ϕ)12ϕ2aa|T|2absentitalic-ϕitalic-ϕ𝑓italic-ϕsuperscript𝑇2italic-ϕ𝑓italic-ϕ12superscriptitalic-ϕ2subscript𝑎superscript𝑎superscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-\phi f(\phi)\,\left|T\right|^{2}-\frac{\phi f(\phi)}{1-2\phi^{2}}\partial_{a}\partial^{a}\left|T\right|^{2}
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(12ϕ2)Tabsent𝑇12superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(12ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T^{*} (6.2.21)

La dépendance en ζ(1)subscript𝜁1\zeta_{(1)} et ζ(2)subscript𝜁2\zeta_{(2)} dans (6.2.1) suggère que les deux solutions ζ(1)eiωx0subscript𝜁1superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0\zeta_{(1)}e^{i\omega x^{0}} et ζ(2)eiωx0subscript𝜁2superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0\zeta_{(2)}e^{-i\omega x^{0}} sont indépendantes à cet ordre. Par conséquent, pour résoudre les équations (6.2.1) il faudrait imposer l’ansatz T=τkeikνxμ𝑇subscript𝜏𝑘superscript𝑒𝑖superscript𝑘𝜈subscript𝑥𝜇T=\tau_{\vec{k}}e^{ik^{\nu}x_{\mu}} qui vérifie a|T|2=0subscript𝑎superscript𝑇20\partial_{a}\left|T\right|^{2}=0. Le long de cet ansatz, ces équations sont compatibles avec celles dérivées depuis l’action quadratique (5.1.14) :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕ2ϕ|T|2absentitalic-ϕ2italic-ϕsuperscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-2\phi\,\left|T\right|^{2}
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(12ϕ2)Tabsent𝑇12superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(12ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T^{*} (6.2.22)

A condition que f(ϕ)=2𝑓italic-ϕ2f(\phi)=2. Ceci indique que l’action de Garousi est valide, au moins à l’ordre quadratique, pour tout champ de tachyon dans la phase sur-critique. Il faudrait évidemment vérifier que les modifications des fonctions bêta des tachyons dans (6.2.1) à des ordres supérieurs sont compatibles avec les non-linéarités des équations de l’action Garousi. En particulier, la propriété d’indépendance entre les solutions ζ(1)eiωx0subscript𝜁1superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0\zeta_{(1)}e^{i\omega x^{0}} et ζ(2)eiωx0subscript𝜁2superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0\zeta_{(2)}e^{-i\omega x^{0}} est forte et probablement fausse aux ordres supérieurs. Toutefois, la façon dont l’action de Garousi à été dérivée et le fait qu’elle ai été vérifiée par comparaison à des éléments de matrice-S suggère qu’elle doit être valide dans la phase surcritique. C’est ce que nous devrions obtenir en prolongeant l’étude aux ordres supérieurs.

6.2.2 Phase sous-critique r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}

L’extension du modèle off-shell précédent au domaine sous-critique s’inspire de l’étude bosonique du chapitre précédent, section 6.2. Puisqu’il faut des déformations de bord marginales au premier ordre à l’action, l’expression en super-espace doit être :

S=Sbulkdzdθ𝚪+(D+iδr(𝕏a)D𝕏~)𝚪idzdθλ+(𝕏i)𝚪+eir𝕏~+ω𝕏0𝕋+idzdθλ(𝕏i)𝚪𝕋eir𝕏~+ω𝕏0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝚪𝐷𝑖𝛿𝑟superscript𝕏𝑎𝐷~𝕏superscript𝚪𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝕏𝑖superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0superscript𝕋𝑖contour-integrald𝑧d𝜃superscript𝜆superscript𝕏𝑖superscript𝚪superscript𝕋superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0S=S_{bulk}-\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ {\bf\Gamma}^{+}\left(D+i\delta r(\mathbb{X}^{a})D\widetilde{\mathbb{X}}\right){\bf\Gamma}^{-}\\ -i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{+}(\mathbb{X}^{i}){\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}\mathbb{T}^{+}-i\oint\text{d}z\text{d}\theta\leavevmode\nobreak\ \lambda^{-}(\mathbb{X}^{i}){\bf\Gamma}^{-}\mathbb{T}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}} (6.2.23)

avec cette fois-ci ω2=1/2r2superscript𝜔212superscript𝑟2\omega^{2}=1/2-r^{2}. Les couplages sont développés également selon :

δr(𝕏i)𝛿𝑟superscript𝕏𝑖\displaystyle\delta r(\mathbb{X}^{i}) =δr+iδr(X^i+iθψi)+ijδr2(X^iX^j+2iθX^iψj)absent𝛿𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖𝑖𝜃superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2𝑖𝜃superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗\displaystyle=\delta r+\partial_{i}\delta r\left(\hat{X}^{i}+i\theta\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2i\theta\hat{X}^{i}\psi^{j}\right)
λ±(𝕏i)superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝕏𝑖\displaystyle\lambda^{\pm}(\mathbb{X}^{i}) =λ±+iλ±(X^i+iθψi)+ijλ±2(X^iX^j+2iθX^iψj)absentsuperscript𝜆plus-or-minussubscript𝑖superscript𝜆plus-or-minussuperscript^𝑋𝑖𝑖𝜃superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆plus-or-minus2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2𝑖𝜃superscript^𝑋𝑖superscript𝜓𝑗\displaystyle=\lambda^{\pm}+\partial_{i}\lambda^{\pm}\left(\hat{X}^{i}+i\theta\psi^{i}\right)+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{\pm}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2i\theta\hat{X}^{i}\psi^{j}\right) (6.2.24)

Par comparaison au développement précédent, il suffit ici de changer ψ±superscript𝜓plus-or-minus\psi^{\pm} en ψ±=±irψ~+ωψ0superscript𝜓plus-or-minusplus-or-minus𝑖𝑟~𝜓𝜔superscript𝜓0\psi^{\pm}=\pm ir\widetilde{\psi}+\omega\psi^{0}. Mais (6.2.6) devient maintenant :

ψ+(z)ψ(0)4r21zsimilar-tosuperscript𝜓𝑧superscript𝜓04superscript𝑟21𝑧\displaystyle\psi^{+}(z)\psi^{-}(0)\sim\frac{4r^{2}-1}{z} (6.2.25)

Pour bien clarifier les choses il est préférable d’exprimer les parties ”non-contact” et ”termes-de-contact” de l’action décomposée séparément. Pour la première, nous avons :

S=Sbulk+σ3i2(δrX~+iδr(X^iX~ψiψ~)+ijδr2(X^iX^jX~2X^jψiψ~))+σ+(λ+ψ++iλ+(X^iψ++ψi)+ijλ+2(X^iX^jψ++2X^jψi))eirX~+ωX0+σ(λψ+iλ(X^iψ+ψi)+ijλ2(X^iX^jψ+2X^jψi))eirX~+ωX0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘tensor-productsuperscript𝜎3𝑖2contour-integral𝛿𝑟~𝑋subscript𝑖𝛿𝑟superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓tensor-productsuperscript𝜎contour-integralsuperscript𝜆superscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0tensor-productsuperscript𝜎contour-integralsuperscript𝜆superscript𝜓subscript𝑖superscript𝜆superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0S=S_{bulk}+\sigma^{3}\otimes\frac{i}{2}\oint\left(\delta r\partial\widetilde{X}+\partial_{i}\delta r\,(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\delta r}{2}(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})\right)\\ +\sigma^{+}\otimes\oint\Bigg{(}\lambda^{+}\psi^{+}+\partial_{i}\lambda^{+}(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{+}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)\Bigg{)}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\\ +\sigma^{-}\otimes\oint\Bigg{(}\lambda^{-}\psi^{-}+\partial_{i}\lambda^{-}(\hat{X}^{i}\psi^{-}+\psi^{i})+\frac{\partial_{i}\partial_{j}\lambda^{-}}{2}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{-}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)\Bigg{)}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} (6.2.26)

Tandis que la partie relevant des termes de contact exclusivement est :

Scontact=2ε[δr22iδriδrlnε+(i(δr2)4jδrjiδrlnε)X^i+ij(δr2)2X^iX^j]+ε14r2[λ+λ2iλ+iλlnε+(i(λ+λ)2i(jλjλ+)lnε)X^i+ij(λ+λ)2X^iX^j]e2ωX0+η+ψ+eirX~+ωX0[λ+δr2iλ+iδrlnε+(i(λ+δr)2i(jδrjλ+)lnε)X^i+ij(λ+δr)2X^iX^j]+ηψeirX~+ωX0[λδr2iλiδrlnε+(i(λδr)2i(jδrjλ)lnε)X^i+ij(λδr)2X^iX^j]subscript𝑆𝑐𝑜𝑛𝑡𝑎𝑐𝑡2𝜀delimited-[]𝛿superscript𝑟22subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖𝛿superscript𝑟24subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗subscript𝑖𝛿𝑟𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗𝛿superscript𝑟22superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜀14superscript𝑟2delimited-[]superscript𝜆superscript𝜆2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆𝜀subscript𝑖superscript𝜆superscript𝜆2subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆superscript𝜆2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0superscript𝜂superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜂superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0delimited-[]superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖𝛿𝑟𝜀subscript𝑖superscript𝜆𝛿𝑟2subscript𝑖subscript𝑗𝛿𝑟superscript𝑗superscript𝜆𝜀superscript^𝑋𝑖subscript𝑖subscript𝑗superscript𝜆𝛿𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗S_{contact}=-\frac{2}{\varepsilon}\left[\delta r^{2}-2\partial_{i}\delta r\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\delta r^{2})-4\partial_{j}\delta r\partial^{j}\partial_{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}+\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\delta r^{2})}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right]\\ +\varepsilon^{1-4r^{2}}\Bigg{[}\lambda^{+}\lambda^{-}-2\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{+}\lambda^{-})-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\lambda^{-}\partial^{j}\lambda^{+}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{+}\lambda^{-})}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]}e^{2\omega X^{0}}\\ +\eta^{+}\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{+}\delta r-2\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{+}\delta r)-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\delta r\partial^{j}\lambda^{+}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{+}\delta r)}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]}\\ +\eta^{-}\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}\Bigg{[}\lambda^{-}\delta r-2\partial_{i}\lambda^{-}\partial^{i}\delta r\leavevmode\nobreak\ \ln\varepsilon+\Bigg{(}\partial_{i}(\lambda^{-}\delta r)-2\partial_{i}\left(\partial_{j}\delta r\partial^{j}\lambda^{-}\right)\ln\varepsilon\Bigg{)}\hat{X}^{i}\\ +\frac{\partial_{i}\partial_{j}(\lambda^{-}\delta r)}{2}\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\Bigg{]} (6.2.27)

Les OPE impliquant le produit de deux tachyons ne peuvent clairement pas donner de terme proportionnel à l’opérateur X~~𝑋\partial\widetilde{X} à cause du facteur e2ωX0superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0e^{2\omega X^{0}}. D’autant que la dépendance UV associée sera d’ordre ε4(1/2r2)0superscript𝜀412superscript𝑟20\varepsilon^{4(1/2-r^{2})}\to 0. Par conséquent, similairement au cas bosonique, nous ne nous intéresserons qu’au premier terme du développement :

ψ+eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)=4r21(zw)4r2e2ωX0(w)+superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤4superscript𝑟21superscript𝑧𝑤4superscript𝑟2superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\psi^{+}e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{4r^{2}-1}{(z-w)^{4r^{2}}}e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iψ++ψi)eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)=(4r21)X^i(zw)4r2e2ωX0(w)+superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤4superscript𝑟21superscript^𝑋𝑖superscript𝑧𝑤4superscript𝑟2superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{(4r^{2}-1)\hat{X}^{i}}{(z-w)^{4r^{2}}}e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iψ++ψi)eirX~+ωX0(z)(X^jψ+ψj)eirX~+ωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript𝜓superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑗superscript𝜓superscript𝜓𝑗superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\psi^{+}+\psi^{i})e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot(\hat{X}^{j}\psi^{-}+\psi^{j})e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)
=1(zw)4r2((4r21)X^iX^j+2ηij)e2ωX0(w)+absent1superscript𝑧𝑤4superscript𝑟24superscript𝑟21superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗2superscript𝜂𝑖𝑗superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\qquad=\frac{1}{(z-w)^{4r^{2}}}\left((4r^{2}-1)\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}+2\eta^{ij}\right)e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+ωX0(z)ψeirX~+ωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot\psi^{-}e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)
=4r21(zw)4r2(X^iX^j)e2ωX0(w)+absent4superscript𝑟21superscript𝑧𝑤4superscript𝑟2superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\qquad=\frac{4r^{2}-1}{(z-w)^{4r^{2}}}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\right)e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+ωX0(z)(X^kψ+ψk)eirX~+ωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑘superscript𝜓superscript𝜓𝑘superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot(\hat{X}^{k}\psi^{-}+\psi^{k})e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)
=2(zw)4r2(2ηikX^j+)e2ωX0(w)+absent2superscript𝑧𝑤4superscript𝑟22superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\qquad=\frac{2}{(z-w)^{4r^{2}}}\left(2\eta^{ik}\hat{X}^{j}+\ldots\right)e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX^jψ++2X^jψi)eirX~+ωX0(z)(X^kX^lψ+2X^lψk)eirX~+ωX0(z)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧superscript^𝑋𝑘superscript^𝑋𝑙superscript𝜓2superscript^𝑋𝑙superscript𝜓𝑘superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑧\displaystyle\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{+}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)\cdot\left(\hat{X}^{k}\hat{X}^{l}\psi^{-}+2\hat{X}^{l}\psi^{k}\right)e^{-ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(z)
=2(zw)4r2(4ηikX^jX^l+)e2ωX0(w)+absent2superscript𝑧𝑤4superscript𝑟24superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑙superscript𝑒2𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\qquad=\frac{2}{(z-w)^{4r^{2}}}\left(4\eta^{ik}\hat{X}^{j}\hat{X}^{l}+\ldots\right)e^{2\omega X^{0}}(w)+\ldots

Tous les termes à plus de deux indices dans les X^isuperscript^𝑋𝑖\hat{X}^{i} et les termes proportionnels à lnε𝜀\ln\varepsilon sont de nouveaux cachés dans les pointillés. Après intégration ces derniers sont compensés exactement par les contretermes. Puis pour les OPE entre le champ de distance et le tachyon nous aurons :

X~(z)ψ±e±irX~+ωX0(w)=2irzwψ±e±irX~+ωX0(w)+~𝑋𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\partial\widetilde{X}(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2ir}{z-w}\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)+\ldots
X~(z)(X^iψ±+ψi)e±irX~+ωX0(w)=2irzw(X^iψ±+ψi)e±irX~+ωX0(w)+~𝑋𝑧superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\partial\widetilde{X}(z)\cdot(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2ir}{z-w}(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)+\ldots
X~(z)(X^iX^jψ±+2X^jψi)e±irX~+ωX0(w)=2irzw(X^iX^jψ±+2X^jψi)e±irX~+ωX0(w)+~𝑋𝑧superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle\partial\widetilde{X}(z)\cdot\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2ir}{z-w}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX~ψiψ~)(z)ψ±e±irX~+ωX0(w)=2irzw(X^iψ±+ψi)e±irX~+ωX0(w)+superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2ir}{z-w}(\hat{X}^{i}\psi^{\pm}+\psi^{i})e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)+\ldots
(X^iX~ψiψ~)(z)(X^jψ±+ψj)e±irX~+ωX0(w)superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑗superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot(\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+\psi^{j})e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)
=2irzw[(X^iX^jψ±+X(iψj))ηijirψ~+]eab±irX~+ωX0\displaystyle\qquad=\frac{\mp 2ir}{z-w}\Bigg{[}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+X^{(i}\psi^{j)}\right)\mp\frac{\eta^{ij}}{ir}\widetilde{\psi}+\ldots\Bigg{]}e^{a}b{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}
(X^iX~ψiψ~)(z)(X^jX^kψ±+2X^kψj)e±irX~+ωX0(w)=2zw(ηikX^jψ~+)e±irX~+ωX0superscript^𝑋𝑖~𝑋superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑘superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑘superscript𝜓𝑗superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑧𝑤superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗~𝜓superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle(\hat{X}^{i}\partial\widetilde{X}-\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\left(\hat{X}^{j}\hat{X}^{k}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{k}\psi^{j}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2}{z-w}\left(\eta^{ik}\hat{X}^{j}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)ψ±e±irX~+ωX0(w)=2irzw(X^iX^jψ±+2X^jψi)e±irX~+ωX0superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤minus-or-plus2𝑖𝑟𝑧𝑤superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\psi^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{\mp 2ir}{z-w}\left(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{j}\psi^{i}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)(X^kψ±+ψk)e±irX~+ωX0(w)=2zw(2ηikX^jψ~+)e±irX~+ωX0superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑘superscript𝜓plus-or-minussuperscript𝜓𝑘superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤2𝑧𝑤2superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗~𝜓superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot(\hat{X}^{k}\psi^{\pm}+\psi^{k})e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)=\frac{2}{z-w}\left(2\eta^{ik}\hat{X}^{j}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}
(X^iX^jX~2X^jψiψ~)(z)(X^kX^lψ±+2X^lψk)e±irX~+ωX0(w)superscript^𝑋𝑖superscript^𝑋𝑗~𝑋2superscript^𝑋𝑗superscript𝜓𝑖~𝜓𝑧superscript^𝑋𝑘superscript^𝑋𝑙superscript𝜓plus-or-minus2superscript^𝑋𝑙superscript𝜓𝑘superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0𝑤\displaystyle(\hat{X}^{i}\hat{X}^{j}\partial\widetilde{X}-2\hat{X}^{j}\psi^{i}\widetilde{\psi})(z)\cdot\left(\hat{X}^{k}\hat{X}^{l}\psi^{\pm}+2\hat{X}^{l}\psi^{k}\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}}(w)
=2zw(4ηikX^jX^lψ~+)e±irX~+ωX0absent2𝑧𝑤4superscript𝜂𝑖𝑘superscript^𝑋𝑗superscript^𝑋𝑙~𝜓superscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝑋𝜔superscript𝑋0\displaystyle\qquad=\frac{2}{z-w}\left(4\eta^{ik}\hat{X}^{j}\hat{X}^{l}\widetilde{\psi}+\ldots\right)e^{\pm ir\widetilde{X}+\omega X^{0}} (6.2.29)

Nous obtenons donc un certain nombre de termes susceptibles de participer aux fonctions bêta de λ±superscript𝜆plus-or-minus\lambda^{\pm} mais clairement aucun pour celle de δr𝛿𝑟\delta r. Nous avons également des contraintes afin de garantir la supersymétrie de surface des amplitudes. Ces contraintes sont toutes les dérivées de l’équation suivante, à cause des termes d’ordre supérieur dans (6.2.2) qui sont à peu de choses près les mêmes que dans le cas surcritique, ce qui explique que nous ne les avons pas explicitement écrits :

k[iλ+iλ+(2r21)λ+λ]=0iλ+iλλ+λformulae-sequencesubscript𝑘delimited-[]subscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆2superscript𝑟21superscript𝜆superscript𝜆0proportional-tosubscript𝑖superscript𝜆superscript𝑖superscript𝜆superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\partial_{k}\Bigg{[}\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}+\left(2r^{2}-1\right)\lambda^{+}\lambda^{-}\Bigg{]}=0\quad\Leftrightarrow\quad\partial_{i}\lambda^{+}\partial^{i}\lambda^{-}\propto\lambda^{+}\lambda^{-} (6.2.30)

Cette équation est bien vérifiée par la solution de tachyon roulant par exemple λ±eωx0proportional-tosuperscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑒𝜔superscript𝑥0\lambda^{\pm}\propto e^{\omega x^{0}} avec ω2=1/2r2superscript𝜔212superscript𝑟2\omega^{2}=1/2-r^{2} puisque la dérivée est uniquement spatiale. En fait, comme précédemment cette équation est en général vérifiée puisque les solutions les plus évidentes sont du type eikaxasuperscript𝑒𝑖subscript𝑘𝑎superscript𝑥𝑎e^{ik_{a}x^{a}} avec k0subscript𝑘0k_{0} réel ou imaginaire. La contrainte de réalité du produit λ+λsuperscript𝜆superscript𝜆\lambda^{+}\lambda^{-} suffit alors à extraire toute contribution spatiale, de telle sorte que i(λ+λ)=0subscript𝑖superscript𝜆superscript𝜆0\partial_{i}(\lambda^{+}\lambda^{-})=0. Les fonctions bêta des tachyons et de la perturbation de distance obtenues sont :

β±=(2rδr+Δ)λ±subscript𝛽plus-or-minus2𝑟𝛿𝑟Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=-\left(2r\delta r+\Delta\right)\lambda^{\pm}
βδr=Δδrsubscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r (6.2.31)

Ce résultat est attendu, car la perturbation en σ3X~tensor-productsuperscript𝜎3contour-integral~𝑋\sigma^{3}\otimes\oint\partial\widetilde{X} n’est pas produite par OPE des tachyons, ce qui apparaît bien dans (6.2.2). Ainsi nous obtenons le même résultat que dans le cas bosonique.

Plaçons nous de nouveau le long de l’ansatz général :

T+superscript𝑇\displaystyle T^{+} =eir𝕏~(ζ(1)(𝕏i)eω𝕏0+ζ(2)(𝕏i)eω𝕏0)absentsuperscript𝑒𝑖𝑟~𝕏subscript𝜁1superscript𝕏𝑖superscript𝑒𝜔superscript𝕏0subscript𝜁2superscript𝕏𝑖superscript𝑒𝜔superscript𝕏0\displaystyle=e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}}\left(\zeta_{(1)}(\mathbb{X}^{i})e^{\omega\mathbb{X}^{0}}+\zeta_{(2)}(\mathbb{X}^{i})e^{-\omega\mathbb{X}^{0}}\right)
Tsuperscript𝑇\displaystyle T^{-} =(T+)absentsuperscriptsuperscript𝑇\displaystyle=(T^{+})^{*} (6.2.32)

Par OPE de ces tachyons, des contributions à la fonction bêta de δr𝛿𝑟\delta r seront produites. Pour ω2=1/2r2superscript𝜔212superscript𝑟2\omega^{2}=1/2-r^{2} nous obtenons :

βδr=Δδr2r(ζ(1)ζ(2)+ζ(2)ζ(1))subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2subscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1\displaystyle\beta_{\delta r}=-\Delta\delta r-2r\left(\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(2)}\zeta_{(1)}^{*}\right)
β(1,2)=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)subscript𝛽1.2Δsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}}=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)} (6.2.33)

Elles sont exprimées à des fonctions bêta près comme dans le cas précédent888Si on tient bien compte de l’expression complète des fermions ψ(1,2)±subscriptsuperscript𝜓plus-or-minus1.2\psi^{\pm}_{(1,2)} on obtient que le produit intervenant est ψ(1)+(z)ψ(2)(0)1/zsimilar-tosubscriptsuperscript𝜓1𝑧subscriptsuperscript𝜓201𝑧\psi^{+}_{(1)}(z)\psi^{-}_{(2)}(0)\sim 1/z. et à une redéfinition du tachyon près à distance constante ζf(r)ζ𝜁𝑓𝑟𝜁\zeta\to\sqrt{f(r)}\zeta. Cela nous suggère encore les équations du mouvement suivantes, en notant ϕ=r+δritalic-ϕ𝑟𝛿𝑟\phi=r+\delta r et T+=T=(T)superscript𝑇𝑇superscriptsuperscript𝑇T^{+}=T=(T^{-})^{*} et en rétablissant la covariance :

δδϕ𝛿𝛿italic-ϕ\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta\phi} =ϕϕf(ϕ)12ϕ2(aTaT+(12ϕ2)|T|2)absentitalic-ϕitalic-ϕ𝑓italic-ϕ12superscriptitalic-ϕ2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇2\displaystyle=-\square\phi-\frac{\phi f(\phi)}{\frac{1}{2}-\phi^{2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(12ϕ2)Tabsent𝑇12superscriptitalic-ϕ2𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(12ϕ2)Tabsentsuperscript𝑇12superscriptitalic-ϕ2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+\left(\frac{1}{2}-\phi^{2}\right)T^{*} (6.2.34)

Naturellement, ces équations ne sont pas compatibles avec celles déduites de l’action de Garousi à l’ordre quadratique. En effet, dans la section précédente, les formules (6.2.1) et (6.2.1) étaient compatibles modulo le terme aa|T|2subscript𝑎superscript𝑎superscript𝑇2\partial_{a}\partial^{a}\left|T\right|^{2} qui s’annule le long de l’ansatz eikaxasuperscript𝑒𝑖subscript𝑘𝑎superscript𝑥𝑎e^{ik_{a}x^{a}}. En revanche ici, ce terme ne s’annule pas puisque le terme de mélange entre ζ(1)subscript𝜁1\zeta_{(1)} et ζ(2)subscript𝜁2\zeta_{(2)} dans (6.2.2) suggère que les deux contributions de l’ansatz sont dépendantes : l’ansatz n’est pas réductible sous la forme eikaxasuperscript𝑒𝑖subscript𝑘𝑎superscript𝑥𝑎e^{ik_{a}x^{a}} et par conséquent aa|T|20subscript𝑎superscript𝑎superscript𝑇20\partial_{a}\partial^{a}\left|T\right|^{2}\neq 0.

Nous pourrons comparer ces équations à celles dérivées à partir d’une action effective obtenue par comparaison au calcul de la fonction de partition, suivant la méthode de Kutasov et Niarchos [77]. Nous présenterons dans la section 6.3 le calcul de la fonction de partition à distance fixe.

6.2.3 Phase critique r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}

Le passage de la phase surcritique à la phase sous-critique est discontinue en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c}, exactement comme dans le cas bosonique et nous renvoyons à la discussion de la section 5.2.3. Nous referons cependant le développement en l’adaptant au modèle présent. A la distance critique, l’opérateur de tachyon ±iψ~e±iX~/2plus-or-minus𝑖~𝜓superscript𝑒plus-or-minus𝑖~𝑋2\pm i\widetilde{\psi}e^{\pm i\widetilde{X}/\sqrt{2}} est marginal et on peut réduire la CFT à c=1𝑐1c=1 en se débarrassant de la coordonnée temporelle. En revanche, cet opérateur n’est pas exactement marginal à cause de la fonction bêta non nulle de la perturbation de distance. Ceci implique que la brane posée à la distance critique est attirée vers le domaine tachyonique. Le long de l’ansatz T±=±λ±(Xa)(iψ~/2)e±iX~/2superscript𝑇plus-or-minusplus-or-minussuperscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑋𝑎𝑖~𝜓2superscript𝑒plus-or-minus𝑖~𝑋2T^{\pm}=\pm\lambda^{\pm}(X^{a})(i\widetilde{\psi}/\sqrt{2})e^{\pm i\widetilde{X}/\sqrt{2}} les fonctions bêta sont :

βδr=δr2λ+λ+subscript𝛽𝛿𝑟𝛿𝑟2superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle\beta_{\delta r}=\square\delta r-\sqrt{2}\lambda^{+}\lambda^{-}+\ldots
β±=λ±2δrλ±subscript𝛽plus-or-minussuperscript𝜆plus-or-minus2𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\pm}=\square\lambda^{\pm}-\sqrt{2}\delta r\,\lambda^{\pm} (6.2.35)

La comparaison de la fonction bêta de la perturbation de distance entre les différentes phases le long de l’ansatz T=ζ(1)eiωx0+ζ(2)eiωx0𝑇subscript𝜁1superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0subscript𝜁2superscript𝑒𝑖𝜔superscript𝑥0T=\zeta_{(1)}e^{i\omega x^{0}}+\zeta_{(2)}e^{-i\omega x^{0}} avec ω=1/2r2𝜔12superscript𝑟2\omega=\sqrt{1/2-r^{2}} dévoile une discontinuité en r=1/2𝑟12r=1/\sqrt{2} la distance critique :

r>12::𝑟12absent\displaystyle r>\frac{1}{\sqrt{2}}\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=Δδr2r(|ζ(1)|2+|ζ(2)|2)+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁22\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\left(\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}\right)+\ldots
r=12::𝑟12absent\displaystyle r=\frac{1}{\sqrt{2}}\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=δr2|λ|2subscript𝛽𝛿𝑟𝛿𝑟2superscript𝜆2\displaystyle\beta_{\delta r}=-\square\delta r-2\left|\lambda\right|^{2}
r<12::𝑟12absent\displaystyle r<\frac{1}{\sqrt{2}}\leavevmode\nobreak\ :\quad βδr=Δδr2r(ζ(1)ζ(2)+ζ(1)ζ(2))+subscript𝛽𝛿𝑟Δ𝛿𝑟2𝑟subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁2\displaystyle\beta_{\delta r}=\Delta\delta r-2r\,\left(\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(1)}^{*}\zeta_{(2)}\right)+\ldots

En r=1/2𝑟12r=1/\sqrt{2} les couplages sont λ±=ζ(1)+ζ(2)superscript𝜆plus-or-minussubscript𝜁1subscript𝜁2\lambda^{\pm}=\zeta_{(1)}+\zeta_{(2)} par continuité dans la définition des déformations de bord. Ainsi, à l’instar du modèle bosonique, la transition surcritique/sous-critique est une transition de phase : en omettant le terme cinétique, la fonction bêta change de signe, car |ζ(1)|2+|ζ(2)|2>0superscriptsubscript𝜁12superscriptsubscript𝜁220\left|\zeta_{(1)}\right|^{2}+\left|\zeta_{(2)}\right|^{2}>0 et ζ(1)ζ(2)+ζ(1)ζ(2)<0subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1subscript𝜁20\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(1)}^{*}\zeta_{(2)}<0. La fonction bêta en la distance critique interpole entre ces deux expressions.

Cette discontinuité en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} exprime également le fait qu’une théorie des champs en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} n’est pas bien définie, parce que d’un côté nous avons une phase stable et de l’autre une phase instable. En outre, à propos de la transition sous-critique/critique, d’après notre étude sur les divergences du modèle roulant en fonction de la distance, le nombre de contretermes de type terme-de-contact à ajouter à l’action de surface tend à exploser en rcsuperscriptsubscript𝑟𝑐r_{c}^{-}. Ainsi, dans cette limite, la théorie est non-renormalisable, mais pas en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} comme nous le voyons bien. Il s’agirait d’un moyen pour le système de mener à la discontinuité, ce qui est réminiscent de la limite c1𝑐1c\to 1 dans les théories de Liouville [103, 38, 104]. Nous savons par exemple que la continuation analytique bib𝑏𝑖𝑏b\to ib (i.e. Q0𝑄0Q\to 0 ou c1𝑐1c\to 1) pour passer de Liouville de genre espace à Liouville de genre temps n’est pas très bien définie. Or notre modèle est très similaire dans la forme à une théorie super-Liouville, mis à part les facteurs de CP. En ce sens, la transition bib𝑏𝑖𝑏b\to ib semble similaire à la transition ω0𝜔0\omega\to 0 (soit c=2c=1𝑐2𝑐1c=2\to c=1) dans l’opérateur du tachyon sur le bord ei1/2ω2X~+ωX0superscript𝑒𝑖12superscript𝜔2~𝑋𝜔superscript𝑋0e^{i\sqrt{1/2-\omega^{2}}\widetilde{X}+\omega X^{0}}.

6.3 Fonction de partition on-shell du système séparé

En BSFT des cordes ouvertes introduite par Witten [135, 136] nous avons une relation entre l’action de BSFT – sur l’espace des théories des champs – on-shell et la fonction de partition calculé sur le disque D2superscript𝐷2D^{2} qui en théorie supersymétrique apparaît être particulièrement simple [120, 76, 84] a priori si on suppose que la matière et les fantômes sont découplés :

S[ϕoni]=ZD2[ϕoni]𝑆delimited-[]subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛subscript𝑍superscript𝐷2delimited-[]subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛\displaystyle S[\phi^{i}_{on}]=Z_{D^{2}}[\phi^{i}_{on}] (6.3.1)

où l’expression de la fonction de partition est explicitement :

ZD2[ϕoni]=Tr𝒫[dX][dψ]eSbulk[Gab,Bab,Φ]iϕoniS1Visubscript𝑍superscript𝐷2delimited-[]subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛Tr𝒫delimited-[]d𝑋delimited-[]d𝜓superscript𝑒subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘subscript𝐺𝑎𝑏subscript𝐵𝑎𝑏Φsubscript𝑖subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1subscript𝑉𝑖\displaystyle Z_{D^{2}}[\phi^{i}_{on}]=\;\text{Tr}\;{\mathcal{P}}\int[\text{d}X][\text{d}\psi]e^{-S_{bulk}[G_{ab},B_{ab},\Phi]-\sum_{i}\phi^{i}_{on}\oint_{S^{1}}V_{i}} (6.3.2)

Dans ce contexte, ϕonisubscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛\phi^{i}_{on} est une valeur constante correspondant à un point fixe du groupe de renormalisation pour le couplage associé à l’opérateur de vertex Vicontour-integralsubscript𝑉𝑖\oint V_{i}. L’égalité suggère par extraction du mode zéro des champs bosoniques Xasuperscript𝑋𝑎X^{a} que l’on peut exprimer une densité d’action, c’est-à-dire un lagrangien en fonction en la densité de fonction de partition noté Zsuperscript𝑍Z^{\prime} selon :

dp+1x[φoni(x)]=dp+1xZD2[φoni(x)]superscriptd𝑝1𝑥delimited-[]subscriptsuperscript𝜑𝑖𝑜𝑛𝑥superscriptd𝑝1𝑥subscriptsuperscript𝑍superscript𝐷2delimited-[]subscriptsuperscript𝜑𝑖𝑜𝑛𝑥\displaystyle\int\text{d}^{p+1}x\leavevmode\nobreak\ {\mathcal{L}}[\varphi^{i}_{on}(x)]=\int\text{d}^{p+1}x\leavevmode\nobreak\ Z^{\prime}_{D^{2}}[\varphi^{i}_{on}(x)] (6.3.3)

L’expression de φoni(x)subscriptsuperscript𝜑𝑖𝑜𝑛𝑥\varphi^{i}_{on}(x) est simplement donnée par l’identité φoni(xa)=ϕoniVi(Xa)0subscriptsuperscript𝜑𝑖𝑜𝑛superscript𝑥𝑎subscriptsuperscriptitalic-ϕ𝑖𝑜𝑛subscriptdelimited-⟨⟩subscript𝑉𝑖superscript𝑋𝑎0\varphi^{i}_{on}(x^{a})=\phi^{i}_{on}\left<V_{i}(X^{a})\right>_{0} avec 0subscriptdelimited-⟨⟩0\left<\ldots\right>_{0} le corrélateur calculé en théorie libre. Par conséquent, si on veut obtenir l’action on-shell le long d’un tachyon roulant [77, 79] que l’on sait être une solution des équations du mouvement dans le cas d’une seule brane non-BPS ou d’une paire de brane-antibrane séparées ou non, il faut calculer la fonction de partition sur le disque pour laquelle on ajoute une déformation supersymétrique :

δS=S1T(X0)𝛿𝑆subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1𝑇superscript𝑋0\displaystyle\delta S=\oint_{S^{1}}T(X^{0}) (6.3.4)

avec τ(x0)=eωx0𝜏superscript𝑥0superscript𝑒𝜔superscript𝑥0\tau(x^{0})=e^{\omega x^{0}} la forme supposée de la solution de tachyon roulant dans l’espace-cible. Sur la paire coïncidente, Kutasov et Niarchos [77] ont pu contraindre suffisamment la forme de l’action effective, en imposant que la solution la plus générale possible est T+ex0/2+Tex0/2superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02superscript𝑇superscript𝑒superscript𝑥02T^{+}e^{x^{0}/\sqrt{2}}+T^{-}e^{-x^{0}/\sqrt{2}}. En outre, la fonction de partition est parfaitement connue [79] – et aisée à calculer – dans ce système précis le long du tachyon roulant de demi S-brane eωx0superscript𝑒𝜔superscript𝑥0e^{\omega x^{0}}. Parce qu’ils n’avaient ordre par ordre qu’un seul paramètre à fixer, la seule équation (6.3.3) suffisait à totalement déterminer l’action.

Or pour le cas qui nous intéresse – brane-antibrane séparées – ce n’est pas du tout suffisant, car la solution plus générale n’existe que pour une classe de paramètres qui ne permettent pas de réduire les degrés de liberté de l’action suffisamment. Nous obtenons un système clairement sous-contraint. En outre, nous allons voir que la fonction de partition est très compliquée à calculer et que nous n’avons pu connaître pour tout r𝑟r que les 2 premiers ordre. Nous avons aussi obtenu les 5 premiers ordres en une distance particulière r=1/2𝑟12r=1/2, pour laquelle l’intégrande se simplifie significativement. Notons que cette distance est précisément celle à partir de laquelle le terme de contact devient important, c’est-à-dire divergent. Néanmoins en cette valeur il est fini mais non nul et participe donc pleinement au calcul de la fonction de partition.

Même si l’action n’est pas contrainte suffisamment par ce biais, il est toujours intéressant de voir si la fonction de partition est calculable perturbativement et si le développement converge ou non, bien que cela ne soit valable que pour x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty.

6.3.1 Rappels sur le système et présentation des calculs

Je souhaite rappeler avant de rentrer plus dans les détails de la méthode de calcul. Nous regardons donc un système brane-antibrane à distance fixée que nous avons montré être pour tout r𝑟r une BCFT. Nous devons calculer la fonction de partition pour ce système et nous partirons de l’action définie sur le super-espace du disque suivante :

S=Sbulk𝚪+D𝚪iλ+2π𝚪+eir𝕏~+ω𝕏0iλ2π𝚪eir𝕏~+ω𝕏0𝑆subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integralsuperscript𝚪𝐷superscript𝚪𝑖contour-integralsuperscript𝜆2𝜋superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0𝑖contour-integralsuperscript𝜆2𝜋superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0\displaystyle S=S_{bulk}-\oint{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}-i\oint\frac{\lambda^{+}}{2\pi}{\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}-i\oint\frac{\lambda^{-}}{2\pi}{\bf\Gamma}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}} (6.3.5)

Ici le tachyon est donc choisi on-shell en une distance constante. Dans le bulk le fond est trivial, c’est-à-dire que l’espace est plat et que Bab=0subscript𝐵𝑎𝑏0B_{ab}=0 et Φ=ϕΦitalic-ϕ\Phi=\phi constant. Sur le disque unité, nous utiliserons que les variables sont z=ρeit𝑧𝜌superscript𝑒𝑖𝑡z=\rho e^{it} avec ρ<1𝜌1\rho<1 et en particulier sur le bord, donc le long du cercle unité, nous aurons z=eit𝑧superscript𝑒𝑖𝑡z=e^{it}. La formule que nous utilisons pour calculer la fonction de partition est donc :

ZD2[λ±,r]=[d𝚪+d𝚪][d𝕏][d𝕏0]eSbulk𝚪+D𝚪iS1dzdθ2πλ+𝚪+eir𝕏~+ω𝕏0iS1dzdθ2πλ𝚪eir𝕏~+ω𝕏0subscript𝑍superscript𝐷2superscript𝜆plus-or-minus𝑟delimited-[]dsuperscript𝚪dsuperscript𝚪delimited-[]d𝕏delimited-[]dsuperscript𝕏0superscript𝑒subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integralsuperscript𝚪𝐷superscript𝚪𝑖subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1d𝑧d𝜃2𝜋superscript𝜆superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0𝑖subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1d𝑧d𝜃2𝜋superscript𝜆superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0\displaystyle Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},r]=\int[\text{d}{\bf\Gamma}^{+}\text{d}{\bf\Gamma}^{-}][\text{d}\mathbb{X}][\text{d}\mathbb{X}^{0}]e^{-S_{bulk}-\oint{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}-i\oint_{S^{1}}\frac{\text{d}z\text{d}\theta}{2\pi}\lambda^{+}{\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}-i\oint_{S^{1}}\frac{\text{d}z\text{d}\theta}{2\pi}\lambda^{-}{\bf\Gamma}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}} (6.3.6)

avec ω2=1/2r2superscript𝜔212superscript𝑟2\omega^{2}=1/2-r^{2}. Nous avons intégré les autres champs 𝕏a0superscript𝕏𝑎0\mathbb{X}^{a\neq 0} et champs transverses 𝕏isuperscript𝕏𝑖\mathbb{X}^{i}, puisque comme nous le disions dans le cas bosonique, ceux-ci n’interagissent pas avec 𝕏~~𝕏\widetilde{\mathbb{X}} et 𝕏0superscript𝕏0\mathbb{X}^{0}. Nous avons aussi supposé que les fantômes sont découplés et aussi intégrés.

Remarque sur les divergences de Möbius

Ce dernier point n’est pas complètement trivial, car a priori nous devrions avoir des infinités de (super-)Möbius SL(2|2,)𝑆𝐿conditional22SL(2|2,\mathbb{R}) sur le disque qu’il faudrait régulariser et supprimer en fixant un certain nombre d’opérateurs dans le super-espace. En fait, si on suit Tseytlin [125, 4, 81, 3] cela est finalement totalement relié au groupe de renormalisation et ce que nous avons vu précédemment. En effet, off-shell il n’y a pas de symétrie de Möbius et on-shell pas forcément suffisamment d’opérateurs à fixer surtout si on calcule une fonction de partition ; l’option qui consiste à diviser par le volume du groupe de Möbius peut donc amener à obtenir un résultat nul. Ce serait un non sens en ce qui concerne la fonction de partition.

Tseytlin montre qu’en imposant un cut-off UV sur les fonctions de Green, la divergence de Möbius est régularisée et apparaît sous la forme d’une divergence linéaire qui peut éventuellement être réabsorbée, par renormalisation, dans les champs comme nous avons pu voir, ou simplement soustrait par une sorte de renormalisation-zeta. En supercorde, ce sont les termes de contact qui jouent ce rôle [55, 4] et donc il n’y aurait pas d’infinités super-möbius [4], c’est-à-dire que le volume du groupe serait fini et qu’en ce qui concerne au moins les amplitudes de théorie des cordes ouvertes supersymétrique il n’est pas nécessaire de fixer la jauge.

De ce point de vue, il peut être gênant de constater que le tachyon roulant pour une distance supérieure à r=1/2𝑟12r=1/2 produit des divergences qui ne sont, en l’état, pas supprimées par des termes de contact. C’est ce que nous voyons quand les termes du type e2nωX0superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑋0e^{2n\omega X^{0}} avec n2𝑛2n\geq 2 sont divergent. Cependant, cela n’est pas relié au groupe de Möbius dont les divergences restent supprimées par les termes de contact proportionnels à l’opérateur unité.

Présentation des calculs

Nous allons maintenant calculer les premiers ordres de la fonction de partition. Avant cela nous allons devoir présenter un certain nombre de règles de calculs diagrammatiques pour traiter les contributions des fermions de bord dont les termes de contact. Mais en premier lieu, nous allons simplement exprimer la fonction de partition développée. Elle est :

ZD2[λ±,r]=n=0(1)nn![d𝚪+d𝚪][d𝕏][d𝕏0]eSbulk𝚪+D𝚪(iS1dzdθ2πλ+𝚪+eir𝕏~+ω𝕏0+iS1dzdθ2πλ𝚪eir𝕏~+ω𝕏0)nsubscript𝑍superscript𝐷2superscript𝜆plus-or-minus𝑟superscriptsubscript𝑛0superscript1𝑛𝑛delimited-[]dsuperscript𝚪dsuperscript𝚪delimited-[]d𝕏delimited-[]dsuperscript𝕏0superscript𝑒subscript𝑆𝑏𝑢𝑙𝑘contour-integralsuperscript𝚪𝐷superscript𝚪superscript𝑖subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1d𝑧d𝜃2𝜋superscript𝜆superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0𝑖subscriptcontour-integralsuperscript𝑆1d𝑧d𝜃2𝜋superscript𝜆superscript𝚪superscript𝑒𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0𝑛Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},r]=\sum_{n=0}^{\infty}\frac{(-1)^{n}}{n!}\int[\text{d}{\bf\Gamma}^{+}\text{d}{\bf\Gamma}^{-}][\text{d}\mathbb{X}][\text{d}\mathbb{X}^{0}]e^{-S_{bulk}-\oint{\bf\Gamma}^{+}D{\bf\Gamma}^{-}}\\ \left(i\oint_{S^{1}}\frac{\text{d}z\text{d}\theta}{2\pi}\lambda^{+}{\bf\Gamma}^{+}e^{ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}+i\oint_{S^{1}}\frac{\text{d}z\text{d}\theta}{2\pi}\lambda^{-}{\bf\Gamma}^{-}e^{-ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}\right)^{n} (6.3.7)

Nous savons que 𝚪±𝚪±delimited-⟨⟩superscript𝚪plus-or-minussuperscript𝚪plus-or-minus\left<{\bf\Gamma}^{\pm}{\bf\Gamma}^{\pm}\ldots\right> n’est non nul que s’il y a un nombre égal de 𝚪+superscript𝚪{\bf\Gamma}^{+} et de 𝚪superscript𝚪{\bf\Gamma}^{-}. Enfin, nous savons que la fonction de corrélation est telle que le résultat s’exprime comme une somme de termes du type Θ^(1,2)Θ^(2,3)^Θ1.2^Θ2.3\hat{\Theta}(1,2)\hat{\Theta}(2,3)\ldots qui ordonnent les fermions selon les schémas (++)(+-+-\ldots) ou (++)(-+-+\ldots). La fonction Θ^(1,2)^Θ1.2\hat{\Theta}(1,2) est l’extension supersymétrique de la fonction theta de heaviside sur le bord du disque, c’est-à-dire Θ^(1,2)=θ(t1t2θ1θ2)^Θ1.2𝜃subscript𝑡1subscript𝑡2subscript𝜃1subscript𝜃2\hat{\Theta}(1,2)=\theta(t_{1}-t_{2}-\theta_{1}\theta_{2}) pour ti[0;2π]subscript𝑡𝑖02𝜋t_{i}\in[0;2\pi]. Par anti-symétrie de redéfinition des variables d’intégration – dans le super-espace – nous pouvons écrire à partir de (6.1.47) :

𝚪+(1)𝚪(2)𝚪+(2n1)𝚪(2n)=2(n!)2Θ^(1,2)Θ^(2,3)Θ(2n1,2n)delimited-⟨⟩superscript𝚪1superscript𝚪2superscript𝚪2𝑛1superscript𝚪2𝑛2superscript𝑛2^Θ1.2^Θ2.3Θ2𝑛1.2𝑛\displaystyle\left<{\bf\Gamma}^{+}(1){\bf\Gamma}^{-}(2)\ldots{\bf\Gamma}^{+}(2n-1){\bf\Gamma}^{-}(2n)\right>=2(n!)^{2}\hat{\Theta}(1,2)\hat{\Theta}(2,3)\ldots\Theta(2n-1,2n) (6.3.8)

On regroupe les mesures d’intégration ensemble par commutation de dzidsubscript𝑧𝑖\text{d}z_{i} et anti-commutation de dθidsubscript𝜃𝑖\text{d}\theta_{i} avec tout 𝚪±superscript𝚪plus-or-minus{\bf\Gamma}^{\pm}. Nous devons donc inclure un facteur (1)nsuperscript1𝑛(-1)^{n} devant la mesure suivante :

[dt^>]n=02πi=1ndti2πdθii=1n1Θ^(i,i+1)subscriptdelimited-[]d^𝑡𝑛superscriptsubscript02𝜋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛dsubscript𝑡𝑖2𝜋dsubscript𝜃𝑖superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛1^Θ𝑖𝑖1\displaystyle\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{n}=\int_{0}^{2\pi}\prod_{i=1}^{n}\frac{\text{d}t_{i}}{2\pi}\text{d}\theta_{i}\prod_{i=1}^{n-1}\hat{\Theta}(i,i+1) (6.3.9)

avec la règle d’intégration multiple de Fubini-Berezin :

dθ1dθ2dθ3f1(θ1)f2(θ2)f3(θ3)=dθ1f1(θ1)dθ2f2(θ2)dθ3f3(θ3)dsubscript𝜃1dsubscript𝜃2dsubscript𝜃3subscript𝑓1subscript𝜃1subscript𝑓2subscript𝜃2subscript𝑓3subscript𝜃3dsubscript𝜃1subscript𝑓1subscript𝜃1dsubscript𝜃2subscript𝑓2subscript𝜃2dsubscript𝜃3subscript𝑓3subscript𝜃3\displaystyle\int\text{d}\theta_{1}\text{d}\theta_{2}\text{d}\theta_{3}\ldots f_{1}(\theta_{1})f_{2}(\theta_{2})f_{3}(\theta_{3})\ldots=\int\text{d}\theta_{1}\leavevmode\nobreak\ f_{1}(\theta_{1})\int\text{d}\theta_{2}\leavevmode\nobreak\ f_{2}(\theta_{2})\int\text{d}\theta_{3}\leavevmode\nobreak\ f_{3}(\theta_{3}) (6.3.10)

Nous avons alors :

ZD2[λ±,r]=n=02(n!)22n!Cn2n[dt^>]2nT+(1)T(2)T+(3)subscript𝑍superscript𝐷2superscript𝜆plus-or-minus𝑟superscriptsubscript𝑛02superscript𝑛22𝑛superscriptsubscript𝐶𝑛2𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛delimited-⟨⟩superscript𝑇1superscript𝑇2superscript𝑇3\displaystyle Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},r]=\sum_{n=0}^{\infty}\frac{2(n!)^{2}}{2n!}C_{n}^{2n}\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \left<T^{+}(1)T^{-}(2)T^{+}(3)\ldots\right> (6.3.11)

avec T±(i)=λ±e±ir𝕏~+ω𝕏0(zi)superscript𝑇plus-or-minus𝑖superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus𝑖𝑟~𝕏𝜔superscript𝕏0subscript𝑧𝑖T^{\pm}(i)=\lambda^{\pm}e^{\pm ir\widetilde{\mathbb{X}}+\omega\mathbb{X}^{0}}(z_{i}). Le coefficient combinatoire correspond au nombre de façon d’avoir dans un corrélateur autant de 𝚪+superscript𝚪{\bf\Gamma}^{+} que de 𝚪superscript𝚪{\bf\Gamma}^{-} à partir du développement (6.3.7). Le corrélateur des tachyons n’est pas difficile à calculer en utilisant la règle sur le bord pour X𝑋X Neumann :

ineiki𝕏(z^i)=i<jn|zizjizizjθiθj|2kikjieiki𝕏(z^i)\displaystyle\left<\prod_{i}^{n}{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}e^{ik_{i}\mathbb{X}}(\hat{z}_{i}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\right>=\prod_{i<j\leq n}\left|z_{i}-z_{j}-i\sqrt{z_{i}z_{j}}\theta_{i}\theta_{j}\right|^{2k_{i}k_{j}}\left<{}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\prod_{i}e^{ik_{i}\mathbb{X}}(\hat{z}_{i}){}^{{}_{\star}}_{{}^{\star}}\right> (6.3.12)

Pour les impulsions réelles, la règle de conservation de l’impulsion impose techniquement ki=0subscript𝑘𝑖0\sum k_{i}=0. En revanche, cela n’est pas nécessaire si on ne choisit pas d’intégrer sur les modes zéro, comme par exemple le long de la coordonnée temporelle X0superscript𝑋0X^{0} où ici k0=iωsubscript𝑘0𝑖𝜔k_{0}=-i\omega est imaginaire pure. Remarquons que le long de la coordonnée duale X~~𝑋\widetilde{X}, la conservation de l’impulsion est immédiatement vérifiée du fait des contraintes imposées par les corrélateurs des fermions de bord. Cela implique d’ailleurs que la fonction de partition ne dépend que du module carré du tachyon – rappelons qu’il faut λ+=(λ)superscript𝜆superscriptsuperscript𝜆\lambda^{+}=(\lambda^{-})^{*} par hermiticité de l’action. De sorte que nous avons :

T+(1)T(2)T+(3einx)T(2n)=(λ+λ)n1i<jn|z2i1z2j1iz2i1z2j1θ2i1θ2j1||z2iz2jiz2iz2jθ2iθ2j|×i,j=1n|z2i1z2jiz2i1z2jθ2i1θ2j|14r2e2nωx0delimited-⟨⟩superscript𝑇1superscript𝑇2superscript𝑇3superscript𝑒𝑖𝑛𝑥superscript𝑇2𝑛superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝑛superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑛subscript𝑧2𝑖1subscript𝑧2𝑗1𝑖subscript𝑧2𝑖1subscript𝑧2𝑗1subscript𝜃2𝑖1subscript𝜃2𝑗1subscript𝑧2𝑖subscript𝑧2𝑗𝑖subscript𝑧2𝑖subscript𝑧2𝑗subscript𝜃2𝑖subscript𝜃2𝑗superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛superscriptsubscript𝑧2𝑖1subscript𝑧2𝑗𝑖subscript𝑧2𝑖1subscript𝑧2𝑗subscript𝜃2𝑖1subscript𝜃2𝑗14superscript𝑟2superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑥0\left<T^{+}(1)T^{-}(2)T^{+}(3e^{inx})\ldots T^{-}(2n)\right>\\ =\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{n}\prod_{1\leq i<j}^{n}\left|z_{2i-1}-z_{2j-1}-i\sqrt{z_{2i-1}z_{2j-1}}\theta_{2i-1}\theta_{2j-1}\right|\left|z_{2i}-z_{2j}-i\sqrt{z_{2i}z_{2j}}\theta_{2i}\theta_{2j}\right|\\ \times\prod_{i,j=1}^{n}\left|z_{2i-1}-z_{2j}-i\sqrt{z_{2i-1}z_{2j}}\theta_{2i-1}\theta_{2j}\right|^{1-4r^{2}}\leavevmode\nobreak\ e^{2n\omega x^{0}} (6.3.13)

en appliquant X0=x0delimited-⟨⟩superscript𝑋0superscript𝑥0\left<X^{0}\right>=x^{0} et en utilisant ω2+r2=1/2superscript𝜔2superscript𝑟212\omega^{2}+r^{2}=1/2. Par commodité d’écriture, nous introduirons une fonction S^(i,j)^𝑆𝑖𝑗\hat{S}(i,j) et une autre S(i,j)𝑆𝑖𝑗S(i,j) symétriques par permutation des arguments, telles que sur le disque :

S^(i,j)^𝑆𝑖𝑗\displaystyle\hat{S}(i,j) =|zizjizizjθiθj|absentsubscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑗𝑖subscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑗subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗\displaystyle=\left|z_{i}-z_{j}-i\sqrt{z_{i}z_{j}}\theta_{i}\theta_{j}\right|
=|2sintitj2θiθj|absent2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗2subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗\displaystyle=\left|2\sin\frac{t_{i}-t_{j}}{2}-\theta_{i}\theta_{j}\right|
=|2sintitj2|ε(i,j)θiθjabsent2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗2𝜀𝑖𝑗subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗\displaystyle=\left|2\sin\frac{t_{i}-t_{j}}{2}\right|-\varepsilon(i,j)\theta_{i}\theta_{j} (6.3.14)

et S(i,j)=|2sintitj2|𝑆𝑖𝑗2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗2S(i,j)=\left|2\sin\frac{t_{i}-t_{j}}{2}\right|. La fonction ε(i,j)ε(titj)𝜀𝑖𝑗𝜀subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗\varepsilon(i,j)\equiv\varepsilon(t_{i}-t_{j}) est la fonction signe que nous avons déjà introduit, anti-symétrique par permutation des arguments. Pour la fonction S𝑆S la symétrie par permutation des arguments est simplement une symétrie 2subscript2\mathbb{Z}_{2} sur titjsubscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗t_{i}-t_{j}. De sorte que nous pouvons écrire la fonction de partition sous la forme :

ZD2[λ±,r]=2n=0(λ+λe2ωx0)n[dt^>]2n1i<jnS^(2i,2j)S^(2i1,2j1)×i,j=1nS^(2i1,2j)14r2subscript𝑍superscript𝐷2superscript𝜆plus-or-minus𝑟2superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒2𝜔superscript𝑥0𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑛^𝑆2𝑖.2𝑗^𝑆2𝑖1.2𝑗1superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛^𝑆superscript2𝑖1.2𝑗14superscript𝑟2\displaystyle Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},r]=2\sum_{n=0}^{\infty}\left(\lambda^{+}\lambda^{-}e^{2\omega x^{0}}\right)^{n}\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \prod_{1\leq i<j}^{n}\hat{S}(2i,2j)\hat{S}(2i-1,2j-1)\times\prod_{i,j=1}^{n}\hat{S}(2i-1,2j)^{1-4r^{2}} (6.3.15)

ou encore :

ZD2[λ±,r]=2n=0(λ+λe2ωx0)n[dt^>]2ni,j=1nS^(i,j)×i,j=1nS^(2i1,2j)4r2subscript𝑍superscript𝐷2superscript𝜆plus-or-minus𝑟2superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒2𝜔superscript𝑥0𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛^𝑆𝑖𝑗superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛^𝑆superscript2𝑖1.2𝑗4superscript𝑟2\displaystyle Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},r]=2\sum_{n=0}^{\infty}\left(\lambda^{+}\lambda^{-}e^{2\omega x^{0}}\right)^{n}\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \prod_{i,j=1}^{n}\hat{S}(i,j)\times\prod_{i,j=1}^{n}\hat{S}(2i-1,2j)^{-4r^{2}} (6.3.16)

Nous allons maintenant voir comment calculer les intégrales ou au moins comment les exprimer après intégrations des variables de Grassmann. Nous avons pu calculer les quelques premiers ordres uniquement pour la distance particulière r=1/2𝑟12r=1/2, où l’on voit dans (6.3.15) que le deuxième facteur à la puissance 14r214superscript𝑟21-4r^{2} disparaît et qu’il ne reste que i,j=1nS^(2i1,2j)superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛^𝑆2𝑖1.2𝑗\prod_{i,j=1}^{n}\hat{S}(2i-1,2j). Malgré cela, à cause de l’ordre d’intégration et de la présence de termes de contact dans les fonction thêta supersymétriques, l’intégration n’en est pas beaucoup plus facilité.

6.3.2 Méthode diagrammatique

Je vais définir une méthode diagrammatique pour réduire les intégrales sur les variables de Grassmann et sur les termes de contact correspondant aux δ(i,j)=δ(titj)𝛿𝑖𝑗𝛿subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗\delta(i,j)=\delta(t_{i}-t_{j}) dans les fonctions thêta supersymétriques. Je vais donc introduire des règles et des symboles. Dans (6.3.15) nous avons deux ensembles d’indices. L’ensemble des indices pairs noté J𝐽J et celui des indices impairs noté K𝐾K. Nous voyons que la première sorte de terme, d’exposant 111 ne mélange pas chacun de ces deux ensembles tandis que, la deuxième sorte de terme, d’exposant 14r214superscript𝑟21-4r^{2} mélange les deux types d’indices. C’est la raison pour laquelle l’intégrale est plus complexe que dans le cas où ces termes disparaissent en r=1/2𝑟12r=1/2. Pour simplifier, mais nous verrons que l’on pourra facilement généraliser après, plaçons nous dans ce cas précis. Alors l’intégrale est simplement :

ZD2[λ±,1/2]=2n=0(λ+λex0)n[dt^>]2n1i<jnS^(2i,2j)S^(2i1,2j1)subscript𝑍superscript𝐷2delimited-[]superscript𝜆plus-or-minus.122superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒superscript𝑥0𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑛^𝑆2𝑖.2𝑗^𝑆2𝑖1.2𝑗1\displaystyle Z_{D^{2}}[\lambda^{\pm},1/2]=2\sum_{n=0}^{\infty}\left(\lambda^{+}\lambda^{-}e^{x^{0}}\right)^{n}\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \prod_{1\leq i<j}^{n}\hat{S}(2i,2j)\hat{S}(2i-1,2j-1) (6.3.17)

Deux remarques. Premièrement, car nous avons à intégrer sur les variables de Grassmann, chacune doit apparaître une et une seule fois. Ensuite, si un terme de contact δ(i,j)𝛿𝑖𝑗\delta(i,j) et une fonction S(i,j)𝑆𝑖𝑗S(i,j) apparaissent simultanément et contiennent les mêmes variables l’intégrande s’annule car S(i,i)=0𝑆𝑖𝑖0S(i,i)=0.

Maintenant, voici les règles diagrammatiques :

  • \bullet

    Chaque indice i𝑖i correspond à un vertex.

  • \bullet

    On sépare les indices J𝐽J des indices K𝐾K par deux colonnes distinctes.

  • \bullet

    Une ligne nue représente une fonction S(i,j)𝑆𝑖𝑗S(i,j) et une ligne tiretée une fonction Θ(i,j)Θ𝑖𝑗\Theta(i,j).

  • \bullet

    Une ligne tiretée avec une flèche allant de i𝑖i vers i+1𝑖1i+1 représente δ(i,i+1)θiθi+1𝛿𝑖𝑖1subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑖1-\delta(i,i+1)\theta_{i}\theta_{i+1}.

  • \bullet

    Une ligne pleine avec une flèche allant de i𝑖i vers j<i𝑗𝑖j<i représente θiθjϵ(i,j)subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗italic-ϵ𝑖𝑗-\theta_{i}\theta_{j}\epsilon(i,j).

Il faut aussi appliquer la contrainte suivante :

  • \bullet

    Tout vertex doit être pointé par ou doit pointer une et une seule flèche.

Prenons un exemple avec J={1,3,5}𝐽1.3.5J=\{1,3,5\} et K={2,4,6}𝐾2.4.6K=\{2,4,6\}. L’intégrale à calculer est explicitement :

I=[dt^>]6S^(1,3)S^(1,5)S^(3,5)S^(2,4)S^(2,6)S^(4,6)=[dt]6[dθ]6i=15(θ(i,i+1)θiθi+1δ(i,i+1))×1i<j3(S(2i1,2j1)ε(2i1,2j1)θ2i1θ2j1)(S(2i,2j)ε(2i,2j)θ2iθ2j)𝐼subscriptdelimited-[]d^𝑡6^𝑆1.3^𝑆1.5^𝑆3.5^𝑆2.4^𝑆2.6^𝑆4.6subscriptdelimited-[]d𝑡6subscriptdelimited-[]d𝜃6superscriptsubscriptproduct𝑖15𝜃𝑖𝑖1subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑖1𝛿𝑖𝑖1superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗3𝑆2𝑖1.2𝑗1𝜀2𝑖1.2𝑗1subscript𝜃2𝑖1subscript𝜃2𝑗1𝑆2𝑖.2𝑗𝜀2𝑖.2𝑗subscript𝜃2𝑖subscript𝜃2𝑗I=\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{6}\;\hat{S}(1,3)\hat{S}(1,5)\hat{S}(3,5)\hat{S}(2,4)\hat{S}(2,6)\hat{S}(4,6)\\ =\int[\text{d}t]_{6}[\text{d}\theta]_{6}\prod_{i=1}^{5}\Bigg{(}\theta(i,i+1)-\theta_{i}\theta_{i+1}\delta(i,i+1)\Bigg{)}\\ \times\prod_{1\leq i<j}^{3}\Bigg{(}S(2i-1,2j-1)-\varepsilon(2i-1,2j-1)\theta_{2i-1}\theta_{2j-1}\Bigg{)}\Bigg{(}S(2i,2j)-\varepsilon(2i,2j)\theta_{2i}\theta_{2j}\Bigg{)} (6.3.18)

En développant et en appliquant les règles précédemment nommées, nous trouverons entre autres les deux diagrammes suivant :

111333555222444666
=(1)3[dt]6[dθ]6θ1θ2θ3θ4θ5θ6δ(1,2)δ(3,4)δ(5,6)Θ(2,3)Θ(4,5)×S(1,3)S(1,5)S(3,5)S(2,4)S(2,6)S(4,6)absentsuperscript13subscriptdelimited-[]d𝑡6subscriptdelimited-[]d𝜃6subscript𝜃1subscript𝜃2subscript𝜃3subscript𝜃4subscript𝜃5subscript𝜃6𝛿1.2𝛿3.4𝛿5.6Θ2.3Θ4.5𝑆1.3𝑆1.5𝑆3.5𝑆2.4𝑆2.6𝑆4.6=(-1)^{3}\int[\text{d}t]_{6}[\text{d}\theta]_{6}\theta_{1}\theta_{2}\theta_{3}\theta_{4}\theta_{5}\theta_{6}\,\delta(1,2)\delta(3,4)\delta(5,6)\,\Theta(2,3)\Theta(4,5)\\ \times S(1,3)S(1,5)S(3,5)S(2,4)S(2,6)S(4,6) (6.3.19)
111333555222444666
=(1)3[dt]6[dθ]6θ1θ3θ2θ4θ5θ6δ(5,6)Θ(1,2)Θ(2,3)Θ(3,4)Θ(4,5)×ε(1,3)ε(2,4)S(1,5)S(3,5)S(2,6)S(4,6)absentsuperscript13subscriptdelimited-[]d𝑡6subscriptdelimited-[]d𝜃6subscript𝜃1subscript𝜃3subscript𝜃2subscript𝜃4subscript𝜃5subscript𝜃6𝛿5.6Θ1.2Θ2.3Θ3.4Θ4.5𝜀1.3𝜀2.4𝑆1.5𝑆3.5𝑆2.6𝑆4.6=(-1)^{3}\int[\text{d}t]_{6}[\text{d}\theta]_{6}\theta_{1}\theta_{3}\theta_{2}\theta_{4}\theta_{5}\theta_{6}\,\delta(5,6)\,\Theta(1,2)\Theta(2,3)\Theta(3,4)\Theta(4,5)\\ \times\,\varepsilon(1,3)\varepsilon(2,4)\leavevmode\nobreak\ S(1,5)S(3,5)S(2,6)S(4,6) (6.3.20)

En suivant un schéma de construction identiques, nous aurons aussi les diagrammes suivant :

111333555222444666
111333555222444666
111333555222444666
111333555222444666

Le développement en diagramme est clairement plus facile à utiliser et plus pratique en terme d’espace sur le papier que le développement analytique brutal. Nous devons maintenant intégrer les variables de Grassmann et nous pouvons trouver des équivalent graphiques à appliquer dans les diagrammes. Voici donc les règles d’intégration :

  • \bullet

    Si deux vertex sont raccordés par une flèche sur une ligne tiretée alors ils sont fusionnés et un facteur 1/2π12𝜋1/2\pi apparaît devant l’intégrale résultante.

  • \bullet

    Le nombre de lignes nues doit être conservé.

  • \bullet

    La parité (i.e. ±1plus-or-minus1\pm 1) du diagramme doit le multiplier et est donnée par la parité de réorganisation en ordre croissant des paires d’indices connectées par des flèches de lignes pleines – en supposant que les indices anticommutent. Par exemple, (35,46)35.46(35,46) est de parité 11-1 car il faut une seule permutation de 444 et 555 pour avoir (3456)3456(3456).

  • \bullet

    Il faut enfin renommer tous les vertex dans l’ordre croissant en suivant le chemin indiqué par les lignes tiretées. La parité doit être conservée.

Donnons tout de suite un exemple pour clarifier :

111333555222444666
fusion

12π×-\frac{1}{2\pi}\times 111333555444666 renommage 12π×-\frac{1}{2\pi}\times 111222444333555

Parce que (35,46)(3456)35.463456(35,46)\to-(3456), ce diagramme a la parité (1)1(-1). Il correspond à la réduction de l’intégrale suivante que nous avons rencontré plus tôt :

(1)32π[dt]5Θ(1,2)Θ(2,3)Θ(3,4)Θ(4,5)ε(3,5)ε(4,6)S(1,2)S(1,3)S(1,4)S(1,5)=12π[dt]5Θ(1,2)Θ(2,3)Θ(3,4)Θ(4,5)S(1,2)S(1,3)S(1,4)S(1,5)=12π[dt>]5|12345|superscript132𝜋subscriptdelimited-[]d𝑡5Θ1.2Θ2.3Θ3.4Θ4.5𝜀3.5𝜀4.6𝑆1.2𝑆1.3𝑆1.4𝑆1.512𝜋subscriptdelimited-[]d𝑡5Θ1.2Θ2.3Θ3.4Θ4.5𝑆1.2𝑆1.3𝑆1.4𝑆1.512𝜋subscriptdelimited-[]d𝑡512345-\frac{(-1)^{3}}{2\pi}\int[\text{d}t]_{5}\Theta(1,2)\Theta(2,3)\Theta(3,4)\Theta(4,5)\leavevmode\nobreak\ \varepsilon(3,5)\varepsilon(4,6)\leavevmode\nobreak\ S(1,2)S(1,3)S(1,4)S(1,5)\\ =\frac{1}{2\pi}\int[\text{d}t]_{5}\Theta(1,2)\Theta(2,3)\Theta(3,4)\Theta(4,5)\leavevmode\nobreak\ S(1,2)S(1,3)S(1,4)S(1,5)\\ =\frac{1}{2\pi}\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{5}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2345\end{array}\right|\\ (6.3.21)

Nous introduisons une forme symbolique, de nouveau pour économiser de l’espace par :

|i1,i2ipj1j2jn|=α=1pa=1nS(iα,ja)subscript𝑖1subscript𝑖2subscript𝑖𝑝subscript𝑗1subscript𝑗2subscript𝑗𝑛superscriptsubscriptproduct𝛼1𝑝superscriptsubscriptproduct𝑎1𝑛𝑆subscript𝑖𝛼subscript𝑗𝑎\displaystyle\left|\begin{array}[]{c}i_{1},i_{2}\ldots i_{p}\\ j_{1}j_{2}\ldots j_{n}\end{array}\right|=\prod_{\alpha=1}^{p}\prod_{a=1}^{n}S(i_{\alpha},j_{a}) (6.3.24)

Cette forme est complètement symétrique par échange des indices sur chaque ligne. Maintenant, appliquons de nouveaux les règles d’intégration pour l’autre diagramme dont nous avions donné quelques détails :

111333555222444666
fusion

1(2π)31superscript2𝜋3\frac{1}{(2\pi)^{3}} 111333555 renommage 1(2π)31superscript2𝜋3\frac{1}{(2\pi)^{3}} 111222333

Ce diagramme à la parité (+1)1(+1) puisque qu’aucun indice n’est pointé par une flèche de ligne pleine. L’intégrale correspondante est la suivante :

(1)31(2π)3[dt]3Θ(1,2)Θ(2,3)S(1,2)2S(1,3)2S(2,3)2=1(2π)3[dt>]3|123||213||312|superscript131superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]d𝑡3Θ1.2Θ2.3𝑆superscript1.22𝑆superscript1.32𝑆superscript2.321superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]d𝑡3123213312(-1)^{3}\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int[\text{d}t]_{3}\Theta(1,2)\Theta(2,3)\leavevmode\nobreak\ S(1,2)^{2}S(1,3)^{2}S(2,3)^{2}\\ =-\,\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{3}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right| (6.3.25)

Cette intégrale est complètement symétrique par permutation des variables d’intégration. Quand un intégrande S(1,2,3,n)𝑆1.2.3𝑛S(1,2,3\ldots,n) est complètement symétrique et que l’intégrale est ordonnée, on peut enlever l’ordre d’intégration par l’identité suivante :

[dt>]nS(1,2,3,n)=[dt]nn!S(1,2,3,n)subscriptdelimited-[]d𝑡𝑛𝑆1.2.3𝑛subscriptdelimited-[]d𝑡𝑛𝑛𝑆1.2.3𝑛\displaystyle\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{n}\leavevmode\nobreak\ S(1,2,3\ldots,n)=\int\frac{[\text{d}t]_{n}}{n!}\leavevmode\nobreak\ S(1,2,3\ldots,n) (6.3.26)

Ainsi, pour celle qui nous intéresse, nous aurons :

1(2π)3[dt]3Θ(1,2)Θ(2,3)|123||213||312|=1(2π)3[dt]33!|123||213||312|1superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]𝑑𝑡3Θ1.2Θ2.31232133121superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]𝑑𝑡33123213312\displaystyle-\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int[dt]_{3}\Theta(1,2)\Theta(2,3)\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right|=-\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int\frac{[dt]_{3}}{3!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right| (6.3.39)

Les quatre autres diagrammes sont très semblables à celui qui donne l’intégrale (6.3.21). En fait, en suivant la méthode présentée, on trouve rapidement qu’il s’agit juste de toutes les permutations du nombre supérieur avec les nombres inférieurs dans la forme symétrique, c’est-à-dire pour les cinq diagrammes que l’on somme simplement :

12π[dt>]5(|12345|+|21345|+|31245|+|41235|+|51234|)12𝜋subscriptdelimited-[]d𝑡51234521345312454123551234\displaystyle\frac{1}{2\pi}\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{5}\left(\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2345\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}2\\ 1345\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}3\\ 1245\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}4\\ 1235\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}5\\ 1234\end{array}\right|\right) (6.3.50)

Or nous voyons que l’intégrale ci-dessus est complètement symétrique par permutation de toutes les variables d’intégration. Par conséquent, nous pouvons la simplifier en utilisant l’identité (6.3.26). En outre, une fois l’ordre d’intégration retiré, on voit que les cinq termes sont rigoureusement identiques à une permutation des variables d’intégration près et par conséquent égaux. Ainsi, l’intégrale finale en regroupant toutes les contributions (6.3.39) et (6.3.50) devient :

I𝐼\displaystyle I =\displaystyle= 1(2π)3[dt]33!|123||213||312|+52π(5!)[dt]5|12345|1superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]𝑑𝑡3312321331252𝜋5subscriptdelimited-[]d𝑡512345\displaystyle-\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int\frac{[dt]_{3}}{3!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right|+\frac{5}{2\pi(5!)}\int[\text{d}t]_{5}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2345\end{array}\right| (6.3.59)
6.3.3 Application au calcul de la fonction de partition en r=1/2𝑟12r=1/2

Nous pouvons effectivement faire explicitement le calcul en cette valeur de distance car l’intégrande est significativement simplifié par rapport au calcul en r𝑟r arbitraire et avec Mathematica nous avons pu résoudre les intégrales jusqu’à l’ordre 8 dans les tachyons. La motivation pour ce calcul est de retrouver le développement d’une fonction connue par identification des premiers ordres. Nous verrons cependant que la fonction semble trop compliquée pour être reconnue. Le calcul complet est de la forme :

Z(x,y)𝑍𝑥𝑦\displaystyle Z(x,y) =\displaystyle= 2n=0(λ+λex0)nIn2superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒superscript𝑥0𝑛subscript𝐼𝑛\displaystyle 2\sum_{n=0}^{\infty}(\lambda^{+}\lambda^{-}e^{x^{0}})^{n}\;I_{n} (6.3.61)

Avec l’intégrale Insubscript𝐼𝑛I_{n} donnée par :

In=[dt^>]2n1i<jnS^(2i,2j)S^(2i1,2j1)subscript𝐼𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑛^𝑆2𝑖.2𝑗^𝑆2𝑖1.2𝑗1\displaystyle I_{n}=\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \prod_{1\leq i<j}^{n}\hat{S}(2i,2j)\hat{S}(2i-1,2j-1) (6.3.62)

Le calcul de Insubscript𝐼𝑛I_{n} peut être simplifié en utilisant la méthode diagrammatique, c’est-à-dire en ajoutant des flèches sur ce genre de schéma, eg. en n=3𝑛3n=3 :

I3=[dt^>]6subscript𝐼3subscriptdelimited-[]𝑑^𝑡6I_{3}=\int[\underset{>}{d\hat{t}}]_{6}

111333555222444666

Comme nous venons de voir, nous avons obtenu pour ce diagramme, le résultat :

I3subscript𝐼3\displaystyle I_{3} =\displaystyle= C152π[dt]55!|12345|1(2π)3[dt]33!|123||213||312|superscriptsubscript𝐶152𝜋subscriptdelimited-[]𝑑𝑡55123451superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]𝑑𝑡33123213312\displaystyle\frac{C_{1}^{5}}{2\pi}\int\frac{[dt]_{5}}{5!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2345\end{array}\right|-\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int\frac{[dt]_{3}}{3!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right|
=\displaystyle= 2124!(2π)51(2π)3superscript2124superscript2𝜋51superscript2𝜋3\displaystyle\frac{2^{12}}{4!(2\pi)^{5}}-\frac{1}{(2\pi)^{3}}
=\displaystyle= 163π518π3163superscript𝜋518superscript𝜋3\displaystyle\frac{16}{3\pi^{5}}-\frac{1}{8\pi^{3}} (6.3.72)

Nous avons explicitement écrit C15=5superscriptsubscript𝐶155C_{1}^{5}=5 car le terme combinatoire apparaît réellement. En effet, il s’agit de choisir un indice dans la ligne supérieure de la forme symétrique, parmi 555. Il est assez facile d’obtenir I2subscript𝐼2I_{2} :

I2subscript𝐼2\displaystyle I_{2} =\displaystyle= (1(2π)2[dt]22!|12||21|[dt]44!)1superscript2𝜋2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡221221subscriptdelimited-[]𝑑𝑡44\displaystyle\left(\frac{1}{(2\pi)^{2}}\int\frac{[dt]_{2}}{2!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 1\end{array}\right|-\int\frac{[dt]_{4}}{4!}\right)
=\displaystyle= 1(2π)214!1superscript2𝜋214\displaystyle\frac{1}{(2\pi)^{2}}-\frac{1}{4!}
=\displaystyle= 14π212414superscript𝜋2124\displaystyle\frac{1}{4\pi^{2}}-\frac{1}{24} (6.3.78)

Puis I1subscript𝐼1I_{1} :

I1subscript𝐼1\displaystyle I_{1} =\displaystyle= (12π[dt]1)12𝜋subscriptdelimited-[]𝑑𝑡1\displaystyle-\left(\frac{1}{2\pi}\int[dt]_{1}\right) (6.3.79)
=\displaystyle= 12π12𝜋\displaystyle-\frac{1}{2\pi}

En revanche, le calcul de I4subscript𝐼4I_{4} est plus complexe, mais par la méthode diagrammatique, nous obtenons finalement :

I4=[dt>]8[1357][2468]1(2π)2[dt]66!C26|12||21||123456|+1(2π)4[dt]44!|1234||2134||3124||4123|=11120+143144π655192π4+13480π2(10012592π6175432π41240π2)+116π4=11120+35752592π6+2051728π4+132π2+116π4subscript𝐼4subscriptdelimited-[]𝑑𝑡8delimited-[]1357delimited-[]24681superscript2𝜋2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡66superscriptsubscript𝐶2612211234561superscript2𝜋4subscriptdelimited-[]𝑑𝑡44123421343124412311120143144superscript𝜋655192superscript𝜋413480superscript𝜋210012592superscript𝜋6175432superscript𝜋41240superscript𝜋2116superscript𝜋41112035752592superscript𝜋62051728superscript𝜋4132superscript𝜋2116superscript𝜋4I_{4}=\int[\underset{>}{dt}]_{8}\;\left[\begin{array}[]{c}13\\ 57\end{array}\right]\left[\begin{array}[]{c}24\\ 68\end{array}\right]-\frac{1}{(2\pi)^{2}}\int\frac{[dt]_{6}}{6!}\;C_{2}^{6}\;\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 1\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}12\\ 3456\end{array}\right|\\ +\frac{1}{(2\pi)^{4}}\int\frac{[dt]_{4}}{4!}\;\left|\begin{array}[]{c}1\\ 234\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 134\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 124\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}4\\ 123\end{array}\right|\\ =\frac{1}{1120}+\frac{143}{144\pi^{6}}-\frac{55}{192\pi^{4}}+\frac{13}{480\pi^{2}}-\left(-\frac{1001}{2592\pi^{6}}-\frac{175}{432\pi^{4}}-\frac{1}{240\pi^{2}}\right)+\frac{1}{16\pi^{4}}\\ =\frac{1}{1120}+\frac{3575}{2592\pi^{6}}+\frac{205}{1728\pi^{4}}+\frac{1}{32\pi^{2}}+\frac{1}{16\pi^{4}} (6.3.80)

Pour gagner de l’espace nous avons à nouveau introduit une forme symbolique. Ici il s’agit d’une forme complètement anti-symétrique par permutation de tous les indices :

[abcd]delimited-[]𝑎𝑏𝑐𝑑\displaystyle\left[\begin{array}[]{c}ab\ldots\\ cd\ldots\end{array}\right] =P(1)P(p(a)p(b)p(c)p(d))absentsubscript𝑃superscript1𝑃𝑝𝑎𝑝𝑏𝑝𝑐𝑝𝑑\displaystyle=\sum_{P}(-1)^{P}\left(\begin{array}[]{c}p(a)p(b)\ldots\\ p(c)p(d)\ldots\end{array}\right) (6.3.85)
=(abcd)(acbd)+(adbc)+absent𝑎𝑏𝑐𝑑𝑎𝑐𝑏𝑑𝑎𝑑𝑏𝑐\displaystyle=\left(\begin{array}[]{c}ab\ldots\\ cd\ldots\end{array}\right)-\left(\begin{array}[]{c}ac\ldots\\ bd\ldots\end{array}\right)+\left(\begin{array}[]{c}ad\ldots\\ bc\ldots\end{array}\right)+\ldots (6.3.92)

pour laquelle nous avons trouvé plus pratique d’introduire une troisième forme anti-symétrique par permutation des indices de même ligne uniquement :

(abcdef)=ε(a,b)ε(a,c)ε(b,c)××ε(d,e)ε(d,f)ε(e,f)××|abcdef|𝑎𝑏𝑐𝑑𝑒𝑓𝜀𝑎𝑏𝜀𝑎𝑐𝜀𝑏𝑐𝜀𝑑𝑒𝜀𝑑𝑓𝜀𝑒𝑓𝑎𝑏𝑐𝑑𝑒𝑓\displaystyle\left(\begin{array}[]{c}abc\ldots\\ def\ldots\end{array}\right)=\varepsilon(a,b)\varepsilon(a,c)\varepsilon(b,c)\times\ldots\times\varepsilon(d,e)\varepsilon(d,f)\varepsilon(e,f)\times\ldots\times\left|\begin{array}[]{c}abc\ldots\\ def\ldots\end{array}\right| (6.3.98)

Plus l’ ordre est grand et plus la formule est compliquée, et cela à cause des multiples termes de contact et des ordres d’intégration que l’on ne peut pas toujours enlever. Résumons les formules obtenues :

I1subscript𝐼1\displaystyle I_{1} =\displaystyle= (12π[dt]1)12𝜋subscriptdelimited-[]𝑑𝑡1\displaystyle-\left(\frac{1}{2\pi}\int[dt]_{1}\right)
I2subscript𝐼2\displaystyle I_{2} =\displaystyle= 1(2π)2[dt]22!|12||21|[dt]44!1superscript2𝜋2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡221221subscriptdelimited-[]𝑑𝑡44\displaystyle\frac{1}{(2\pi)^{2}}\int\frac{[dt]_{2}}{2!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 1\end{array}\right|-\int\frac{[dt]_{4}}{4!} (6.3.104)
I3subscript𝐼3\displaystyle I_{3} =\displaystyle= 12π[dt]55!C15|12345|1(2π)3[dt]33!|123||213||312|12𝜋subscriptdelimited-[]𝑑𝑡55superscriptsubscript𝐶15123451superscript2𝜋3subscriptdelimited-[]𝑑𝑡33123213312\displaystyle\frac{1}{2\pi}\int\frac{[dt]_{5}}{5!}C_{1}^{5}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2345\end{array}\right|-\frac{1}{(2\pi)^{3}}\int\frac{[dt]_{3}}{3!}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 23\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 13\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 12\end{array}\right| (6.3.114)
I4subscript𝐼4\displaystyle I_{4} =\displaystyle= [dt>]8[1357][2468]1(2π)2[dt]66!C26|12||21||123456|subscriptdelimited-[]𝑑𝑡8delimited-[]1357delimited-[]24681superscript2𝜋2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡66superscriptsubscript𝐶261221123456\displaystyle\int[\underset{>}{dt}]_{8}\;\left[\begin{array}[]{c}13\\ 57\end{array}\right]\left[\begin{array}[]{c}24\\ 68\end{array}\right]-\frac{1}{(2\pi)^{2}}\int\frac{[dt]_{6}}{6!}\;C_{2}^{6}\;\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 1\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}12\\ 3456\end{array}\right| (6.3.135)
+1(2π)4[dt]44!|1234||2134||3124||4123|1superscript2𝜋4subscriptdelimited-[]𝑑𝑡441234213431244123\displaystyle+\frac{1}{(2\pi)^{4}}\int\frac{[dt]_{4}}{4!}\;\left|\begin{array}[]{c}1\\ 234\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}2\\ 134\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}3\\ 124\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}4\\ 123\end{array}\right|

En regroupant tous ces termes et leur valeur numériques nous obtenons pour la fonction de partition à l’ordre (λ+λ)4superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆4(\lambda^{+}\lambda^{-})^{4} :

Z(x0)=1λ+λex0π+(λ+λ)2π2e2x0(1π26)(λ+λ)3π3e3x0(11283π2)+(λ+λ)4π4e4x0(15512+1439π2+13π230+π470+17527+1001162π2+π215)superscript𝑍superscript𝑥01superscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒superscript𝑥0𝜋superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆2superscript𝜋2superscript𝑒2superscript𝑥01superscript𝜋26superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆3superscript𝜋3superscript𝑒3superscript𝑥011283superscript𝜋2superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆4superscript𝜋4superscript𝑒4superscript𝑥0155121439superscript𝜋213superscript𝜋230superscript𝜋470175271001162superscript𝜋2superscript𝜋215Z^{\prime}(x^{0})=1-\lambda^{+}\lambda^{-}\frac{e^{x^{0}}}{\pi}+\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{2}}{\pi^{2}}e^{2x^{0}}\left(1{\color[rgb]{1,0,0}\definecolor[named]{pgfstrokecolor}{rgb}{1,0,0}-\frac{\pi^{2}}{6}}\right)-\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{3}}{\pi^{3}}e^{3x^{0}}\left(1-\frac{128}{3\pi^{2}}\right)\\ +\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{4}}{\pi^{4}}e^{4x^{0}}\left(1{\color[rgb]{1,0,0}\definecolor[named]{pgfstrokecolor}{rgb}{1,0,0}-\frac{55}{12}+\frac{143}{9\pi^{2}}+\frac{13\pi^{2}}{30}+\frac{\pi^{4}}{70}}+\frac{175}{27}+\frac{1001}{162\pi^{2}}+\frac{\pi^{2}}{15}\right)\ldots (6.3.137)

avec en rouge les contributions purement non-contact. On reconnaît parmi tous ces termes un développement connu :

1λ+λex0π+(λ+λ)2e2x0π2(λ+λ)3e3x0π3+=11+λ+λπex01superscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒superscript𝑥0𝜋superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆2superscript𝑒2superscript𝑥0superscript𝜋2superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆3superscript𝑒3superscript𝑥0superscript𝜋311superscript𝜆superscript𝜆𝜋superscript𝑒superscript𝑥0\displaystyle 1-\lambda^{+}\lambda^{-}\frac{e^{x^{0}}}{\pi}+\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{2}\frac{e^{2x^{0}}}{\pi^{2}}-\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{3}\frac{e^{3x^{0}}}{\pi^{3}}+\ldots=\frac{1}{1+\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{\pi}e^{x^{0}}} (6.3.138)

Or cette somme que nous venons de supposer infinie et exacte l’est effectivement, car en regardant l’intégrale Insubscript𝐼𝑛I_{n} de près, nous voyons que la contribution ayant le nombre maximal de termes de contact (n𝑛n précisément) est toujours présente et à une forme standard que l’on reconnaît être le déterminant de Vandermonde [79, 35] :

Δn=[dt]nin|2sintitj2|2=n!subscriptΔ𝑛subscriptdelimited-[]d𝑡𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖𝑛superscript2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗22𝑛\displaystyle\Delta_{n}=\int[\text{d}t]_{n}\prod_{i}^{n}\left|2\sin\frac{t_{i}-t_{j}}{2}\right|^{2}=n! (6.3.139)

Si nous factorisons ce terme, alors nous obtenons un développement résiduel :

Z(x0)=11+λ+λπex0(1(λ+λπ)2π26e2x0+(1283π2π26)(λ+λπ)3e3x0+(205108+10487162π2+π22+π470)(λ+λπ)4e4x0+)𝑍superscript𝑥011superscript𝜆superscript𝜆𝜋superscript𝑒superscript𝑥01superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝜋2superscript𝜋26superscript𝑒2superscript𝑥01283superscript𝜋2superscript𝜋26superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝜋3superscript𝑒3superscript𝑥020510810487162superscript𝜋2superscript𝜋22superscript𝜋470superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝜋4superscript𝑒4superscript𝑥0Z(x^{0})=\frac{1}{1+\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{\pi}e^{x^{0}}}\left(1-\left(\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{\pi}\right)^{2}\frac{\pi^{2}}{6}e^{2x^{0}}+\left(\frac{128}{3\pi^{2}}-\frac{\pi^{2}}{6}\right)\left(\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{\pi}\right)^{3}e^{3x^{0}}\right.\\ \left.+\left(\frac{205}{108}+\frac{10487}{162\pi^{2}}+\frac{\pi^{2}}{2}+\frac{\pi^{4}}{70}\right)\left(\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{\pi}\right)^{4}e^{4x^{0}}+\ldots\right) (6.3.140)

que l’on ne reconnaît pas provenir d’une fonction connue. Nous ne pouvons pas aller beaucoup plus loin dans cette direction. En vérité, nous ne croyons pas vraiment intéressant de calculer des termes d’ordre supérieurs car ils n’apporteraient pas grand chose du fait que le calcul devrait de toute façon être fait non-perturbativement, dans la mesure où ex0superscript𝑒superscript𝑥0e^{x^{0}} croit rapidement.

6.3.4 Extension de la technique à tout r1/2𝑟12r\neq 1/2

Il n’est pas possible de faire le calcul explicitement pour r1/2𝑟12r\neq 1/2 mais on peut tout de même exprimer l’intégrale. En généralisant la méthode diagrammatique, nous avons pu obtenir un résultat compact pour la fonction de partition en tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}. En effet, nous avons alors :

Z(r,λ+,λ)𝑍𝑟superscript𝜆superscript𝜆\displaystyle Z(r,\lambda^{+},\lambda^{-}) =2n=0(λ+λ)ne2nωx0[dt^>]2ni<jnS^(i,j)12r2(1()i+j)absent2superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝑛superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑥0subscriptdelimited-[]𝑑^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗𝑛^𝑆superscript𝑖𝑗12superscript𝑟21superscript𝑖𝑗\displaystyle=2\sum_{n=0}^{\infty}(\lambda^{+}\lambda^{-})^{n}e^{2n\omega x^{0}}\int[\underset{>}{d\hat{t}}]_{2n}\prod_{i<j}^{n}\hat{S}(i,j)^{1-2r^{2}\left(1-(-)^{i+j}\right)}
=2n=0(λ+λ)ne2nωx0Inabsent2superscriptsubscript𝑛0superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆𝑛superscript𝑒2𝑛𝜔superscript𝑥0subscript𝐼𝑛\displaystyle=2\sum_{n=0}^{\infty}(\lambda^{+}\lambda^{-})^{n}e^{2n\omega x^{0}}I_{n} (6.3.141)

L’expression générale de l’intégrale est :

In=[dt^>]2n1i<jnS^(2i,2j)S^(2i1,2j1)×i,j=1nS^(2i1,2j)14r2subscript𝐼𝑛subscriptdelimited-[]d^𝑡2𝑛superscriptsubscriptproduct1𝑖𝑗𝑛^𝑆2𝑖.2𝑗^𝑆2𝑖1.2𝑗1superscriptsubscriptproduct𝑖𝑗1𝑛^𝑆superscript2𝑖1.2𝑗14superscript𝑟2\displaystyle I_{n}=\int[\underset{>}{\text{d}\hat{t}}]_{2n}\leavevmode\nobreak\ \prod_{1\leq i<j}^{n}\hat{S}(2i,2j)\hat{S}(2i-1,2j-1)\times\prod_{i,j=1}^{n}\hat{S}(2i-1,2j)^{1-4r^{2}} (6.3.142)

avec

S^(i,j)α=S(i,j)ααε(i,j)S(i,j)α1θiθj^𝑆superscript𝑖𝑗𝛼𝑆superscript𝑖𝑗𝛼𝛼𝜀𝑖𝑗𝑆superscript𝑖𝑗𝛼1subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗\hat{S}(i,j)^{\alpha}=S(i,j)^{\alpha}-\alpha\,\varepsilon(i,j)S(i,j)^{\alpha-1}\theta_{i}\theta_{j}

et S(i,j)=|2sin(titj)/2|𝑆𝑖𝑗2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗2S(i,j)=\left|2\sin(t_{i}-t_{j})/2\right|. Pour généraliser le traitement précédent, il faut modifier un tout petit peu les règles diagrammatiques. Premièrement, il sera difficile pour des questions de clarté de conserver le visuel de l’ordre d’intégration – les lignes tiretées. Deuxièmement, comme nous l’avons dit pour r1/2𝑟12r\neq 1/2 il existe des termes mélangeant les indices des ensembles J𝐽J et K𝐾K et donc nous devons y faire correspondre des lignes. Puisque nous faisons la différence entre les propagateurs d’indice J𝐽J à indice J𝐽J (et d’indice K𝐾K à indice K𝐾K) et les propagateurs d’indice J𝐽J à indice K𝐾K (et inversement), nous pourrions conserver le même visuel pour les deux types, soit la ligne pleine. Cependant encore une fois nous risquons d’obtenir des diagrammes illisibles. Nous proposons donc l’ensemble de règles suivantes :

  • \bullet

    Chaque indice i𝑖i correspond à un vertex.

  • \bullet

    On sépare les indices J𝐽J des indices K𝐾K par deux colonnes distinctes.

  • \bullet

    Une ligne pleine reliant iJ𝑖𝐽i\in J avec iJ𝑖𝐽i\in J (et idem en remplaçant J𝐽J par K𝐾K) représente ε(i,j)θiθj𝜀𝑖𝑗subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗-\varepsilon(i,j)\theta_{i}\theta_{j}.

  • \bullet

    Une ligne pleine reliant iJ𝑖𝐽i\in J avec iK𝑖𝐾i\in K représente (14r2)ϵ(i,j)S(i,j)4r2θiθj14superscript𝑟2italic-ϵ𝑖𝑗𝑆superscript𝑖𝑗4superscript𝑟2subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗-(1-4r^{2})\epsilon(i,j)S(i,j)^{-4r^{2}}\theta_{i}\theta_{j}.

  • \bullet

    Une ligne tiretée reliant iJ𝑖𝐽i\in J avec iK𝑖𝐾i\in K représente δ(i,j)θiθj𝛿𝑖𝑗subscript𝜃𝑖subscript𝜃𝑗-\delta(i,j)\theta_{i}\theta_{j}.

  • \bullet

    Si deux vertex (i,j)𝑖𝑗(i,j) d’une même colonne ne sont pas connectés par une ligne pleine, alors le facteur S(i,j)𝑆𝑖𝑗S(i,j) est implicite.

  • \bullet

    Si deux vertex (i,j)𝑖𝑗(i,j) de deux colonnes distinctes ne sont pas connectés alors le facteur S(i,j)14r2𝑆superscript𝑖𝑗14superscript𝑟2S(i,j)^{1-4r^{2}} est implicite.

  • \bullet

    Si deux vertex (i,j)𝑖𝑗(i,j) de deux colonnes distinctes ne sont pas connectés par une ligne tiretée et sont tels que j=i+1𝑗𝑖1j=i+1 alors le facteur Θ(i,i+1)Θ𝑖𝑖1\Theta(i,i+1) est implicite.

Et une contrainte :

  • \bullet

    Chaque vertex ne peut être connecté qu’une et une seule fois.

Or nous voyons très facilement qu’il est impossible d’avoir simultanément un terme de contact δ(i,j)𝛿𝑖𝑗\delta(i,j) et S(i,j)14r2𝑆superscript𝑖𝑗14superscript𝑟2S(i,j)^{1-4r^{2}} puisque tant que r<1/2𝑟12r<1/2 le terme résultant est nul. Par contre, pour r>1/2𝑟12r>1/2 le résultat est infini et nous devrions le régulariser. Techniquement, on sait d’après les calculs que l’on a fait dans le demi-plan complexe que ces divergences ne sont jamais logarithmiques et les divergences en puissance peuvent être supprimées en ajoutant des contretermes sans conséquence pour la nature de la théorie. Nous pourrons donc appliquer une continuation analytique du cas r<1/2𝑟12r<1/2 vers le domaine r>1/2𝑟12r>1/2. Ainsi, nous nous plaçons dés à présent dans ce premier cas, et nous pouvons oublier les termes de contact et donc les traits tireté.

A l’ordre 3 par exemple, nous aurons :

111333555222444666
=(1)3[dt]6[dθ]6θ1θ3θ2θ4θ5θ6Θ(1,2)Θ(2,3)Θ(3,4)Θ(4,5)Θ(5,6)×(14r2)3ε(1,2)ε(3,4)ε(5,6)(S(1,2)S(3,4)S(5,6))4r2×S(1,3)S(1,5)S(3,5)S(2,4)S(2,6)S(4,6)×(S(1,4)S(1,6)S(3,2)S(3,6)S(5,2)S(5,4))14r2absentsuperscript13subscriptdelimited-[]d𝑡6subscriptdelimited-[]d𝜃6subscript𝜃1subscript𝜃3subscript𝜃2subscript𝜃4subscript𝜃5subscript𝜃6Θ1.2Θ2.3Θ3.4Θ4.5Θ5.6superscript14superscript𝑟23𝜀1.2𝜀3.4𝜀5.6superscript𝑆1.2𝑆3.4𝑆5.64superscript𝑟2𝑆1.3𝑆1.5𝑆3.5𝑆2.4𝑆2.6𝑆4.6superscript𝑆1.4𝑆1.6𝑆3.2𝑆3.6𝑆5.2𝑆5.414superscript𝑟2=(-1)^{3}\int[\text{d}t]_{6}[\text{d}\theta]_{6}\theta_{1}\theta_{3}\theta_{2}\theta_{4}\theta_{5}\theta_{6}\,\Theta(1,2)\Theta(2,3)\Theta(3,4)\Theta(4,5)\Theta(5,6)\\ \times(1-4r^{2})^{3}\,\varepsilon(1,2)\varepsilon(3,4)\varepsilon(5,6)\,\Big{(}S(1,2)S(3,4)S(5,6)\Big{)}^{-4r^{2}}\leavevmode\nobreak\ \\ \times S(1,3)S(1,5)S(3,5)S(2,4)S(2,6)S(4,6)\leavevmode\nobreak\ \\ \times\Big{(}S(1,4)S(1,6)S(3,2)S(3,6)S(5,2)S(5,4)\Big{)}^{1-4r^{2}} (6.3.143)
111333555222444666
=(1)[dt]6[dθ]6θ1θ3θ2θ4θ5θ6Θ(1,2)Θ(2,3)Θ(3,4)Θ(4,5)Θ(5,6)×ε(1,3)ε(2,4)(14r2)ε(5,6)S(5,6)4r2×S(1,5)S(3,5)S(2,6)S(4,6)×(S(1,2)S(1,4)S(1,6)S(3,2)S(3,4)S(3,6)S(5,2)S(5,4))14r2absent1subscriptdelimited-[]d𝑡6subscriptdelimited-[]d𝜃6subscript𝜃1subscript𝜃3subscript𝜃2subscript𝜃4subscript𝜃5subscript𝜃6Θ1.2Θ2.3Θ3.4Θ4.5Θ5.6𝜀1.3𝜀2.414superscript𝑟2𝜀5.6𝑆superscript5.64superscript𝑟2𝑆1.5𝑆3.5𝑆2.6𝑆4.6superscript𝑆1.2𝑆1.4𝑆1.6𝑆3.2𝑆3.4𝑆3.6𝑆5.2𝑆5.414superscript𝑟2=(-1)\int[\text{d}t]_{6}[\text{d}\theta]_{6}\theta_{1}\theta_{3}\theta_{2}\theta_{4}\theta_{5}\theta_{6}\,\Theta(1,2)\Theta(2,3)\Theta(3,4)\Theta(4,5)\Theta(5,6)\\ \times\,\varepsilon(1,3)\varepsilon(2,4)\leavevmode\nobreak\ (1-4r^{2})\varepsilon(5,6)\,S(5,6)^{-4r^{2}}\leavevmode\nobreak\ \\ \times S(1,5)S(3,5)S(2,6)S(4,6)\leavevmode\nobreak\ \\ \times\Big{(}S(1,2)S(1,4)S(1,6)S(3,2)S(3,4)S(3,6)S(5,2)S(5,4)\Big{)}^{1-4r^{2}} (6.3.144)

Et nous aurons 888 autres diagrammes similaires au dernier explicité ci-dessus et qui correspondent à choisir toutes les autres positions de la ligne transverse entre J𝐽J et K𝐾K. Ils sont (C13)2superscriptsuperscriptsubscript𝐶132(C_{1}^{3})^{2} en tout. Mais aussi 555 autres diagrammes correspondant aux autres configurations de 3 lignes transverses dans le premier exemple. Ils sont 3!33! en tout. Leur contributions sont très identiques à celles obtenues dans les deux exemples.

L’intégration des variables de Grassmann est immédiate puisqu’il n’y a pas de termes de contact. Par contre, il faut toujours bien faire attention à la parité associée à l’ordre d’intégration. En étudiant tous ces diagrammes et en observant les diverses symétries de permutation, nous obtenons la formule suivante :

I3=(14r2)3[dt>]6|135246|4r2(|123456||3456|+|123645||3645|+|142356||2356||143625||3625|+)(14r2)[dt>]6|135246|4r2(|132456||2456||354612||4612|+|352614||2614|+)subscript𝐼3superscript14superscript𝑟23subscriptdelimited-[]𝑑𝑡6superscript1352464superscript𝑟2123456345612364536451423562356143625362514superscript𝑟2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡6superscript1352464superscript𝑟2132456245635461246123526142614I_{3}=-(1-4r^{2})^{3}\int[\underset{>}{dt}]_{6}\left|\begin{array}[]{c}135\\ 246\end{array}\right|^{-4r^{2}}\Bigg{(}\left|\begin{array}[]{c}12\\ 3456\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}34\\ 56\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}12\\ 3645\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}36\\ 45\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}14\\ 2356\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}23\\ 56\end{array}\right|\\ -\left|\begin{array}[]{c}14\\ 3625\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}36\\ 25\end{array}\right|+\ldots\Bigg{)}-(1-4r^{2})\int[\underset{>}{dt}]_{6}\left|\begin{array}[]{c}135\\ 246\end{array}\right|^{-4r^{2}}\Bigg{(}-\left|\begin{array}[]{c}13\\ 2456\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}24\\ 56\end{array}\right|\\ -\left|\begin{array}[]{c}35\\ 4612\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}46\\ 12\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}35\\ 2614\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}26\\ 14\end{array}\right|+\ldots\Bigg{)} (6.3.145)

Les signes de parité sont données par l’ordre des paires, c’est-à-dire (12,36,45)(123456)12.36.45123456(12,36,45)\to(123456) mais (14,36,25)(123456)14.36.25123456(14,36,25)\to-(123456). En étudiant les quelques premiers ordres, nous obtenons une formule générale :

In=(1)n[dt>]2n|1 3 52n12 4 62n|4r2perm𝒫(1)P(1,22n)(14r2)uPn|p(1)p(2)p(3)p(4)p(2n1)p(2n)|subscript𝐼𝑛superscript1𝑛subscriptdelimited-[]𝑑𝑡2𝑛superscript1352𝑛12462𝑛4superscript𝑟2subscriptperm𝒫superscript1𝑃1.22𝑛superscript14superscript𝑟2subscriptsuperscript𝑢𝑛𝑃𝑝1𝑝2𝑝3𝑝4𝑝2𝑛1𝑝2𝑛I_{n}=(-1)^{n}\int[\underset{>}{dt}]_{2n}\left|\begin{array}[]{ccc}1\leavevmode\nobreak\ 3\leavevmode\nobreak\ 5&\ldots&2n-1\\ 2\leavevmode\nobreak\ 4\leavevmode\nobreak\ 6&\ldots&2n\end{array}\right|^{-4r^{2}}\sum_{\text{perm}\leavevmode\nobreak\ {\mathcal{P}}}(-1)^{P(1,2\ldots 2n)}\left(1-4r^{2}\right)^{u^{n}_{P}}\left|\begin{array}[]{c}p(1)\leavevmode\nobreak\ p(2)\\ p(3)\leavevmode\nobreak\ p(4)\\ \ldots\\ p(2n-1)\leavevmode\nobreak\ p(2n)\end{array}\right| (6.3.146)

avec

uPn=n212i=1n(1)p(2i1)p(2i)superscriptsubscript𝑢𝑃𝑛𝑛212superscriptsubscript𝑖1𝑛superscript1𝑝2𝑖1𝑝2𝑖u_{P}^{n}=\frac{n}{2}-\frac{1}{2}\sum_{i=1}^{n}(-1)^{p(2i-1)-p(2i)}

La permutation P𝑃P est définie de telle sorte que les pairs d’indices (p(2i1),p(2i))𝑝2𝑖1𝑝2𝑖(p(2i-1),p(2i)) sont ordonnées. Il y a (2n1)!!double-factorial2𝑛1(2n-1)!! telles permutations. Les formes symboliques sont exactement les mêmes que celles que nous avons introduit précédemment, sauf que nous avons généralisé la forme symétrique telle que :

|abcdef|=|abcd||abef||cdef|𝑎𝑏𝑐𝑑𝑒𝑓𝑎𝑏𝑐𝑑𝑎𝑏𝑒𝑓𝑐𝑑𝑒𝑓\displaystyle\left|\begin{array}[]{c}a\leavevmode\nobreak\ b\\ c\leavevmode\nobreak\ d\\ \ldots\\ e\leavevmode\nobreak\ f\end{array}\right|=\left|\begin{array}[]{c}a\leavevmode\nobreak\ b\\ c\leavevmode\nobreak\ d\end{array}\right|\ldots\left|\begin{array}[]{c}a\leavevmode\nobreak\ b\\ e\leavevmode\nobreak\ f\end{array}\right|\left|\begin{array}[]{c}c\leavevmode\nobreak\ d\\ e\leavevmode\nobreak\ f\end{array}\right|\ldots (6.3.157)

Après remplacement des formes symboliques par les expressions explicites dans (6.3.146), nous obtenons exactement la formule écrite par Sen dans [7]. Donnons maintenant explicitement les 2 premiers ordres :

I1subscript𝐼1\displaystyle I_{1} =(14r2)[dt>]2|12|4r2absent14superscript𝑟2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡2superscript124superscript𝑟2\displaystyle=-\left(1-4r^{2}\right)\int[\underset{>}{dt}]_{2}\left|\begin{array}[]{c}1\\ 2\end{array}\right|^{-4r^{2}} (6.3.160)
=(14r2)[dt]22!|2sint1t22|4r2absent14superscript𝑟2subscriptdelimited-[]𝑑𝑡22superscript2subscript𝑡1subscript𝑡224superscript𝑟2\displaystyle=-\left(1-4r^{2}\right)\int\frac{[dt]_{2}}{2!}\left|2\sin\frac{t_{1}-t_{2}}{2}\right|^{-4r^{2}}
=Γ(24r2)2!Γ2(12r2)absentΓ24superscript𝑟22superscriptΓ212superscript𝑟2\displaystyle=-\frac{\Gamma(2-4r^{2})}{2!\Gamma^{2}(1-2r^{2})} (6.3.161)

en utilisant la symétrie de permutation pour enlever l’ordre d’intégration et la formule de Dixon que nous avons déjà introduite et qui est sur le cercle [34] :

02π[dt]ni<j|2sintitj2|2γ=Γ(1+nγ)Γn(1+γ)superscriptsubscript02𝜋subscriptdelimited-[]𝑑𝑡𝑛subscriptproduct𝑖𝑗superscript2subscript𝑡𝑖subscript𝑡𝑗22𝛾Γ1𝑛𝛾superscriptΓ𝑛1𝛾\displaystyle\int_{0}^{2\pi}[dt]_{n}\prod_{i<j}\left|2\sin\frac{t_{i}-t_{j}}{2}\right|^{2\gamma}=\frac{\Gamma(1+n\gamma)}{\Gamma^{n}(1+\gamma)} (6.3.162)

pour γ>1/2𝛾12\gamma>-1/2. Nous voyons que le résultat (6.3.160) est bien défini pour tout r<1/2𝑟12r<1/\sqrt{2}, par conséquent et compte-tenu de ce que nous avons dit en début de section nous pouvons en prendre la continuation analytique pour tout r1/2𝑟12r\geq 1/2. Or en r=1/2𝑟12r=1/2, nous aurons :

I1(r=1/2)=Γ(1)2!Γ2(1/2)=12πsubscript𝐼1𝑟12Γ12superscriptΓ21212𝜋\displaystyle I_{1}(r=1/2)=-\,\frac{\Gamma(1)}{2!\Gamma^{2}(1/2)}=-\,\frac{1}{2\pi} (6.3.163)

qui est précisément le résultat que nous avons obtenu dans la section précédente dans (6.3.137). Nous voyons donc que même en l’absence de terme de contact, par continuation nous obtenons un résultat équivalent au calcul avec terme de contact. Ainsi, le fait que ce dernier donne une contribution finie est très importante pour assurer la continuité de la fonction de partition – et sûrement aussi des amplitudes en général. On s’en assure en voyant que si nous avions fait une continuation de l’intégrande en r=1/2𝑟12r=1/2 à cause du facteur (14r2)14superscript𝑟2(1-4r^{2}) nous obtenions un résultat nul et non celui que nous avons là.

A l’ordre suivant, nous avons :

I2subscript𝐼2\displaystyle I_{2} =[dt>]4|1 32 4|4r2((14r2)2|1 23 4||1 32 4|+(14r2)2|1 42 3|)absentsubscriptdelimited-[]𝑑𝑡4superscript13244superscript𝑟2superscript14superscript𝑟2212341324superscript14superscript𝑟221423\displaystyle=\int[\underset{>}{dt}]_{4}\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 3\\ 2\leavevmode\nobreak\ 4\end{array}\right|^{-4r^{2}}\left(\left(1-4r^{2}\right)^{2}\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 2\\ 3\leavevmode\nobreak\ 4\end{array}\right|-\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 3\\ 2\leavevmode\nobreak\ 4\end{array}\right|+\left(1-4r^{2}\right)^{2}\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 4\\ 2\leavevmode\nobreak\ 3\end{array}\right|\right) (6.3.172)

Tant que r𝑟r est différent de 00 il n’y a pas de symétrie de permutation particulière et on ne peut pas simplifier cette intégrale. Nous ne connaissons pas le résultat explicite. Par conséquent nous ne pouvons pas faire de continuation analytique depuis r<1/2𝑟12r<1/2 vers r1/2𝑟12r\geq 1/2. La formule de la fonction de partition pour tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c} est donc au second ordre :

Z[r,λ±]=2(1Γ(24r2)2Γ2(12r2)λ+λe2ωx0+o((λ+λ)2)\displaystyle Z[r,\lambda^{\pm}]=2\left(1-\frac{\Gamma(2-4r^{2})}{2\Gamma^{2}(1-2r^{2})}\lambda^{+}\lambda^{-}e^{2\omega x^{0}}+o((\lambda^{+}\lambda^{-})^{2}\right) (6.3.173)

En r=0𝑟0r=0 l’intégrant peut-être mis sous une forme totalement symétrique et nous obtenons la formule connue :

I2(r=0)subscript𝐼2𝑟0\displaystyle I_{2}(r=0) =[dt>]4(|1 23 4||1 32 4|+|1 42 3|)absentsubscriptdelimited-[]d𝑡4123413241423\displaystyle=\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{4}\left(\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 2\\ 3\leavevmode\nobreak\ 4\end{array}\right|-\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 3\\ 2\leavevmode\nobreak\ 4\end{array}\right|+\left|\begin{array}[]{c}1\leavevmode\nobreak\ 4\\ 2\leavevmode\nobreak\ 3\end{array}\right|\right) (6.3.180)
=24[dt>]4perm Psintp(1)tp(3)2sintp(1)tp(4)2sintp(2)tp(3)2sintp(2)tp(4)2absentsuperscript24subscriptdelimited-[]d𝑡4subscriptperm 𝑃subscript𝑡𝑝1subscript𝑡𝑝32subscript𝑡𝑝1subscript𝑡𝑝42subscript𝑡𝑝2subscript𝑡𝑝32subscript𝑡𝑝2subscript𝑡𝑝42\displaystyle=2^{4}\int[\underset{>}{\text{d}t}]_{4}\sum_{\text{perm }P}\sin\frac{t_{p(1)}-t_{p(3)}}{2}\sin\frac{t_{p(1)}-t_{p(4)}}{2}\sin\frac{t_{p(2)}-t_{p(3)}}{2}\sin\frac{t_{p(2)}-t_{p(4)}}{2}
=24[dt]44!perm Psintp(1)tp(3)2sintp(1)tp(4)2sintp(2)tp(3)2sintp(2)tp(4)2absentsuperscript24subscriptdelimited-[]d𝑡44subscriptperm 𝑃subscript𝑡𝑝1subscript𝑡𝑝32subscript𝑡𝑝1subscript𝑡𝑝42subscript𝑡𝑝2subscript𝑡𝑝32subscript𝑡𝑝2subscript𝑡𝑝42\displaystyle=2^{4}\int\frac{[\text{d}t]_{4}}{4!}\sum_{\text{perm }P}\sin\frac{t_{p(1)}-t_{p(3)}}{2}\sin\frac{t_{p(1)}-t_{p(4)}}{2}\sin\frac{t_{p(2)}-t_{p(3)}}{2}\sin\frac{t_{p(2)}-t_{p(4)}}{2}
=324[dt]44!sint1t32sint1t42sint2t32sint2t42absent3superscript24subscriptdelimited-[]d𝑡44subscript𝑡1subscript𝑡32subscript𝑡1subscript𝑡42subscript𝑡2subscript𝑡32subscript𝑡2subscript𝑡42\displaystyle=3\cdot 2^{4}\int\frac{[\text{d}t]_{4}}{4!}\sin\frac{t_{1}-t_{3}}{2}\sin\frac{t_{1}-t_{4}}{2}\sin\frac{t_{2}-t_{3}}{2}\sin\frac{t_{2}-t_{4}}{2}
=3×2!4!=22absent324superscript22\displaystyle=\frac{3\times 2!}{4!}=2^{-2} (6.3.181)

Avec comme contrainte que la permutation P𝑃P conserve l’ordre dans chaque paire regroupées en (p(1)p(2),p(3)p(4))𝑝1𝑝2𝑝3𝑝4(p(1)p(2),p(3)p(4)) et tels que p(1)>p(2)𝑝1𝑝2p(1)>p(2) et p(3)>p(4)𝑝3𝑝4p(3)>p(4). Il y en a (2n1)!!double-factorial2𝑛1(2n-1)!! avec ici n=2𝑛2n=2. En seconde ligne, nous voyons que l’intégrande est totalement symétrique et que nous pouvons donc enlever l’ordre d’intégration en divisant par 4!44!. Enfin en troisième ligne, toutes les permutations sont égales après intégration, nous pouvons donc n’en conserver qu’un seul exemplaire et factoriser par (2n1)!!=3double-factorial2𝑛13(2n-1)!!=3. En avant-dernière ligne, le résultat est connu et donné explicitement dans [35]. Et enfin nous avons appliqué la formule [79] :

(2n1)!!n!2n!=2ndouble-factorial2𝑛1𝑛2𝑛superscript2𝑛\displaystyle\frac{(2n-1)!!n!}{2n!}=2^{-n} (6.3.182)

Nous trouvons que le même développement s’applique aux ordres supérieurs pour r=0𝑟0r=0 et que le résultat général est simplement :

In=2nsubscript𝐼𝑛superscript2𝑛\displaystyle I_{n}=2^{-n} (6.3.183)

qui donne après ressommation de la formule (6.3.4) la fonction de partition :

Z[λ±,r=0]=21+λ+λ2e2x0superscript𝑍delimited-[]superscript𝜆plus-or-minus𝑟021superscript𝜆superscript𝜆2superscript𝑒2superscript𝑥0\displaystyle Z^{\prime}[\lambda^{\pm},r=0]=\frac{2}{1+\frac{\lambda^{+}\lambda^{-}}{2}e^{\sqrt{2}x^{0}}} (6.3.184)

C’est précisément le résultat standard de la fonction de partition du tachyon roulant sur un système brane-antibrane coïncident [79].

6.4 Discussion autour de l’action effective quadratique

Nous pouvons comparer l’approche du groupe de renormalisation à celle qui consiste à identifier l’action on-shell à la fonction de partition. L’identification de l’action off-shell à la fonction de partition off-shell renormalisée est un peu plus délicate à cause de l’ambiguïté dans le schéma de renormalisation, tandis que l’action on-shell est admise égale à la fonction de partition calculée le long de la CFT correspondante. Nous trouvions le long de la solution de tachyon roulant eωx0superscript𝑒𝜔superscript𝑥0e^{\omega x^{0}} avec ω=1/2r2𝜔12superscript𝑟2\omega=\sqrt{1/2-r^{2}} la – densité de – fonction de partition suivante :

Z[r,λ±]=1Γ(24r2)2Γ2(12r2)λ+λe2ωx0+superscript𝑍𝑟superscript𝜆plus-or-minus1Γ24superscript𝑟22superscriptΓ212superscript𝑟2superscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒2𝜔superscript𝑥0\displaystyle Z^{\prime}[r,\lambda^{\pm}]=1-\frac{\Gamma(2-4r^{2})}{2\Gamma^{2}(1-2r^{2})}\lambda^{+}\lambda^{-}e^{2\omega x^{0}}+\ldots (6.4.1)

qui rappelons-le est valable pour tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}.

6.4.1 L’approche de Kutasov et Niarchos

Nous allons maintenant présenter succinctement la méthode de Kutasov et Niarchos [77] en l’appliquant à notre cas. Nous verrons que pour nous elle sera beaucoup moins puissante. L’hypothèse importante qu’ils font consiste à étudier la théorie des champs autour d’une solution de tachyon dépendant faiblement de l’espace, c’est-à-dire dont les dérivées spatiales d’ordre supérieure ou égal à 2 sont négligeables. Dans cette hypothèse999Notons qu’il y a des arguments [35] qui vont à l’encontre de cette hypothèse en particulier parce que les termes d’ordres T˙2superscript˙𝑇2\dot{T}^{2} sont de même ordre que les termes T¨2superscript¨𝑇2\ddot{T}^{2} le long du tachyon roulant. La validité de cette hypothèse ici tient simplement au fait qu’on veut pouvoir reproduire les éléments de matrice-S quadratique dans les impulsions dans la limite ki0superscript𝑘𝑖0k^{i}\to 0. Dans cette limite les termes d’ordres supérieurs dans les dérivées peuvent être supposés réabsorbables par redéfinition des champs dans (6.4.2)., on peut proposer un ansatz de lagrangien :

=n=0m=0am(n)(r)(aTaT)m|T|2(nm)superscriptsubscript𝑛0superscriptsubscript𝑚0subscriptsuperscript𝑎𝑛𝑚𝑟superscriptsubscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇𝑚superscript𝑇2𝑛𝑚\displaystyle{\mathcal{L}}=\sum_{n=0}^{\infty}\sum_{m=0}^{\infty}a^{(n)}_{m}(r)\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}\right)^{m}\left|T\right|^{2(n-m)} (6.4.2)

Dans cette forme les ambiguïtés de redéfinition des champs Tf(T,T,(2)T,)𝑇𝑓𝑇𝑇superscript2𝑇T\to f(T,\partial T,\partial^{(2)}T,\ldots) sont presque toutes fixées, à part TTf(T2)𝑇𝑇𝑓superscript𝑇2T\to Tf(T^{2}) mais qui est équivalent à une redéfinition des coefficients am(n)superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛a_{m}^{(n)}. Ces coefficients justement dépendent de la distance r𝑟r constante. Le lagrangien dépend naturellement des modules carrés par contrainte de réalité et par comparaison à la fonction de partition. Nous pouvons contraindre les coefficients inconnus am(n)superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛a_{m}^{(n)} en imposant aux équations du mouvement d’admettre comme solution :

T=ζeωx0+iλζeωx0𝑇𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0𝑖𝜆superscript𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0\displaystyle T=\zeta e^{\omega x^{0}}+i\frac{\lambda}{\zeta^{*}}e^{-\omega x^{0}} (6.4.3)

avec ω2=1/2r2superscript𝜔212superscript𝑟2\omega^{2}=1/2-r^{2}. Nous faisons ce choix parce que nous avons montré dans la section précédente qu’à l’ordre quadratique au moins, cette expression était marginale. Nous ferons la supposition qu’elle l’est à tout ordre bien que cela appelle évidemment une vérification rigoureuse. Les équations du mouvement sont données pour tout n𝑛n par :

0=m=1nmam(n)a[|aT|2(m1)aT|T|2(nm)]m=0n1(nm)am(n)|T|2(nm1)T|aT|2m0superscriptsubscript𝑚1𝑛𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛superscript𝑎delimited-[]superscriptsubscript𝑎𝑇2𝑚1subscript𝑎𝑇superscript𝑇2𝑛𝑚superscriptsubscript𝑚0𝑛1𝑛𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛superscript𝑇2𝑛𝑚1𝑇superscriptsubscript𝑎𝑇2𝑚0=\sum_{m=1}^{n}m\leavevmode\nobreak\ a_{m}^{(n)}\partial^{a}\left[\left|\partial_{a}T\right|^{2(m-1)}\partial_{a}T\left|T\right|^{2(n-m)}\right]-\sum_{m=0}^{n-1}(n-m)\leavevmode\nobreak\ a_{m}^{(n)}\left|T\right|^{2(n-m-1)}T\left|\partial_{a}T\right|^{2m} (6.4.4)

ainsi que son complexe conjugué. En effet, les coefficients ne doivent pas dépendre de T𝑇T donc il faut imposer ces équations à chaque ordre n𝑛n dans les tachyons. Nous allons maintenant injecter la solution T𝑇T. Remarquons tout d’abord que cette solution vérifie les équations :

aTaT+(12r2)|T|2=0subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇20\displaystyle\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}=0
aaT+(12r2)T=0subscript𝑎superscript𝑎𝑇12superscript𝑟2𝑇0\displaystyle\partial_{a}\partial^{a}T+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)T=0 (6.4.5)

Ensuite nous écrirons par commodité de notation T=T+𝑇subscript𝑇T=T_{+} et T˙=T˙𝑇subscript𝑇\dot{T}=T_{-} avec

T±=ζeωx0±iλζeωx0subscript𝑇plus-or-minusplus-or-minus𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0𝑖𝜆superscript𝜁superscript𝑒𝜔superscript𝑥0\displaystyle T_{\pm}=\zeta e^{\omega x^{0}}\pm i\frac{\lambda}{\zeta^{*}}e^{-\omega x^{0}} (6.4.6)

Remarquons que T+subscript𝑇T_{+} et Tsubscript𝑇T_{-} sont indépendants parce que ζ𝜁\zeta et λ𝜆\lambda le sont. Maintenant, en utilisant (6.4.1) dans (6.4.4) le calcul est direct et nous obtenons la formule suivante :

0=m=0nω2mam(n)(m(n1)T2+(nm+nm)T+2)0superscriptsubscript𝑚0𝑛superscript𝜔2𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛𝑚𝑛1superscriptsubscript𝑇2𝑛𝑚𝑛𝑚superscriptsubscript𝑇2\displaystyle 0=\sum_{m=0}^{n}\omega^{2m}a_{m}^{(n)}\Big{(}m(n-1)\,T_{-}^{2}+(n-m+nm)\,T_{+}^{2}\Big{)} (6.4.7)

L’indépendance des deux termes implique qu’il faut résoudre cette équation séparément pour chacun. Nous obtenons donc un système de deux équations en utilisant T±0subscript𝑇plus-or-minus0T_{\pm}\neq 0 :

{ω2mam(n)m(n1)=0ω2mam(n)(nm+nm)=0casessuperscript𝜔2𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛𝑚𝑛10superscript𝜔2𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛𝑛𝑚𝑛𝑚0\displaystyle\left\{\begin{array}[]{l}\sum\omega^{2m}a_{m}^{(n)}m(n-1)=0\\ \sum\omega^{2m}a_{m}^{(n)}(n-m+nm)=0\end{array}\right. (6.4.10)

Ce système est clairement sous-déterminé car nous pouvons reformuler ces deux contraintes sous la forme :

{(n1)mω2mam(n)=0nω2mam(n)=0cases𝑛1𝑚superscript𝜔2𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛0𝑛superscript𝜔2𝑚superscriptsubscript𝑎𝑚𝑛0\displaystyle\left\{\begin{array}[]{l}(n-1)\sum m\,\omega^{2m}\,a_{m}^{(n)}=0\\ n\sum\omega^{2m}\,a_{m}^{(n)}=0\end{array}\right. (6.4.13)

Nous voudrions réduire à chaque ordre le nombre de degré de liberté à a0(n)superscriptsubscript𝑎0𝑛a_{0}^{(n)}. Or il est clair que cela est impossible dans ce système pour tout n3𝑛3n\geq 3. Dans l’exemple résolu par Kutasov et Niarchos en revanche, leur système était complètement déterminé par une récurrence, ce qui leur permettait d’exprimer l’ensemble des coefficients à chaque ordre n𝑛n en fonction de a0(n)superscriptsubscript𝑎0𝑛a_{0}^{(n)}. Nous n’avons pas cette chance ici à cause des équations (6.2.14). Toutefois, nous pouvons contraindre les 333 premiers termes de l’action effective puisque pour n<3𝑛3n<3 le système est soluble si bien que nous pourrions obtenir une expression exacte à l’ordre quartique dans le tachyon.

Maintenant, pour déterminer les coefficients a0(n)superscriptsubscript𝑎0𝑛a_{0}^{(n)} ils proposent d’utiliser la formule bien connue on=Zsubscript𝑜𝑛superscript𝑍{\mathcal{L}}_{on}=Z^{\prime} identifiant le lagrangien on-shell à la densité de fonction de partition calculée le long d’une CFT. Rappelons que cette formule est justifiée tant qu’on peut faire sens d’éléments de matrice-S asymptotiquement, c’est-à-dire au moins pour x0±superscript𝑥0plus-or-minusx^{0}\to\pm\infty. Puisque nous nous plaçons tout comme eux le long d’un tachyon roulant qui est asymptotiquement nul en x0superscript𝑥0x^{0}\to-\infty nous n’aurons aucun problème pour appliquer cette méthode à l’ordre quadratique.

Dans leur cas, la fonction de partition étant calculable perturbativement à tout ordre dans le tachyon, il existait une correspondance idéale entre chaque coefficient a0(n)superscriptsubscript𝑎0𝑛a_{0}^{(n)} et une expression à l’ordre |T|2nsuperscript𝑇2𝑛\left|T\right|^{2n} dans la fonction de partition. Ainsi, l’action à l’ordre des dérivées premières dans le tachyon est totalement déterminée. Cette méthode est très intéressante et dans leur cas a été très fructueuse, puisqu’elle leur a permis d’obtenir précisément l’action effective du tachyon proposée par Sen, par exemple dans [114, 113]. Mais dans notre cas, ça ne fonctionne pas parce qu’on ne peut pas réduire le nombre de degré de liberté à 1 par ordre dans l’ansatz de l’action effective de telle sorte que l’identification à la fonction de partition ne peut pas déterminer complètement l’action.

6.4.2 Action effective quadratique

Nous allons pour notre part, simplement calculer l’action à l’ordre quadratique – bien que nous pourrions techniquement pousser jusqu’à l’ordre quartique101010C’est en projet, mais il faudra d’abord résoudre l’intégration à l’ordre 4 dans les tachyons pour tout r𝑟r.. Comme nous venons de voir à cette ordre l’ansatz du lagrangien à l’ordre de la dérivée première et à distance fixée est :

=a0(0)(r)+a0(1)(r)|T|2+a1(1)(r)|aT|2+superscriptsubscript𝑎00𝑟superscriptsubscript𝑎01𝑟superscript𝑇2superscriptsubscript𝑎11𝑟superscriptsubscript𝑎𝑇2\displaystyle{\mathcal{L}}=a_{0}^{(0)}(r)+a_{0}^{(1)}(r)\left|T\right|^{2}+a_{1}^{(1)}(r)|\partial_{a}T|^{2}+\ldots (6.4.14)

En utilisant le système (6.4.13) précédent en n=0,1𝑛0.1n=0,1, nous trouvons facilement :

a1(1)=a0(1)ω2superscriptsubscript𝑎11superscriptsubscript𝑎01superscript𝜔2\displaystyle a_{1}^{(1)}=-\frac{a_{0}^{(1)}}{\omega^{2}} (6.4.15)

avec a0(0)superscriptsubscript𝑎00a_{0}^{(0)} et a0(1)superscriptsubscript𝑎01a_{0}^{(1)} des constantes indéterminées. Nous voulons maintenant comparer l’expression de l’action obtenue, on-shell à la fonction de partition (6.4.1). En utilisant la solution de tachyon roulant simple T±=λ±eωx0superscript𝑇plus-or-minussuperscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑒𝜔superscript𝑥0T^{\pm}=\lambda^{\pm}e^{\omega x^{0}} et en identifiant en toute généralité T=κ(r)T+𝑇𝜅𝑟superscript𝑇T=\kappa(r)T^{+} et T=κ(r)Tsuperscript𝑇𝜅𝑟superscript𝑇T^{*}=\kappa(r)T^{-} avec κ(r)𝜅𝑟\kappa(r) une constante éventuellement dépendante de r𝑟r on trouve :

{a0(0)=2a0(1)=Γ(24r2)2κ2Γ2(12r2)casessuperscriptsubscript𝑎002superscriptsubscript𝑎01Γ24superscript𝑟22superscript𝜅2superscriptΓ212superscript𝑟2\displaystyle\left\{\begin{array}[]{l}a_{0}^{(0)}=2\\ a_{0}^{(1)}=\frac{\Gamma(2-4r^{2})}{2\kappa^{2}\Gamma^{2}(1-2r^{2})}\end{array}\right. (6.4.18)

L’action quadratique à distance constante est donc finalement donnée par le lagrangien :

Z=2Γ(44r2)2κ2Γ2(22r2)((12r2)|T|2aTaT)+subscript𝑍2Γ44superscript𝑟22superscript𝜅2superscriptΓ222superscript𝑟212superscript𝑟2superscript𝑇2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇\displaystyle{\mathcal{L}}_{Z}=2-\frac{\Gamma(4-4r^{2})}{2\kappa^{2}\Gamma^{2}(2-2r^{2})}\left(\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}-\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}\right)+\ldots (6.4.19)

Maintenant, nous voudrions ajouter le terme cinétique du champ de distance afin d’obtenir une action pour les deux champs. On peut a priori simplement l’addition, puisque dans la limite T0𝑇0T\to 0 on sait que l’on doit retrouver le développement de l’action BI [86, 123] :

BI=21+14aϕaϕ2(1+18aφaφ)subscript𝐵𝐼2114subscript𝑎italic-ϕsuperscript𝑎italic-ϕsimilar-to-or-equals2118subscript𝑎𝜑superscript𝑎𝜑\displaystyle{\mathcal{L}}_{BI}=2\leavevmode\nobreak\ \sqrt{1+\frac{1}{4}\partial_{a}\phi\partial^{a}\phi}\simeq 2\left(1+\frac{1}{8}\partial_{a}\varphi\partial^{a}\varphi\right) (6.4.20)

où on a laissé implicite le facteur TpeΦsubscript𝑇𝑝superscript𝑒ΦT_{p}e^{\Phi} constant. En imposant φ=r/2π𝜑𝑟2𝜋\varphi=r/2\pi nous voyons donc qu’il faut ajouter le terme cinétique arar/2subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟2\partial_{a}r\partial^{a}r/2 à l’action (6.4.19). Soit :

Z=2[1+π22ararf(r)((12r2)|T|2aTaT)+]subscript𝑍2delimited-[]1superscript𝜋22subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟𝑓𝑟12superscript𝑟2superscript𝑇2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇\displaystyle{\mathcal{L}}_{Z}=2\Bigg{[}1+\frac{\pi^{2}}{2}\partial_{a}r\partial^{a}r-f(r)\left(\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}-\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}\right)+\ldots\Bigg{]}
f(r)=Γ(44r2)4κ2Γ2(22r2)𝑓𝑟Γ44superscript𝑟24superscript𝜅2superscriptΓ222superscript𝑟2\displaystyle f(r)=\frac{\Gamma(4-4r^{2})}{4\kappa^{2}\Gamma^{2}(2-2r^{2})} (6.4.21)

Comme on ne connaît pas κ(r)𝜅𝑟\kappa(r) on peut pour l’instant conserver f(r)𝑓𝑟f(r) arbitraire. Toutefois, nous pouvons déterminer exactement cette fonction en dérivant les équations du mouvement et en imposant que r𝑟r constant est une solution le long du tachyon :

T=ζe12r2x0+iλζe12r2x0𝑇𝜁superscript𝑒12superscript𝑟2superscript𝑥0𝑖𝜆superscript𝜁superscript𝑒12superscript𝑟2superscript𝑥0\displaystyle T=\zeta e^{\sqrt{\frac{1}{2}-r^{2}}x^{0}}+i\frac{\lambda}{\zeta^{*}}e^{-\sqrt{\frac{1}{2}-r^{2}}x^{0}} (6.4.22)

A partir de la formule précédente (6.4.2) on trouve que les équations du mouvement sont simplement :

00\displaystyle 0 =rf(r)((12r2)|T|2aTaT)+2rf(r)|T|2absent𝑟superscript𝑓𝑟12superscript𝑟2superscript𝑇2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇2𝑟𝑓𝑟superscript𝑇2\displaystyle=-\square r-f^{\prime}(r)\left(\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}-\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}\right)+2rf(r)\left|T\right|^{2}
00\displaystyle 0 =T+(12r2)T+f(r)f(r)araTabsent𝑇12superscript𝑟2𝑇superscript𝑓𝑟𝑓𝑟subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)T+\frac{f^{\prime}(r)}{f(r)}\partial_{a}r\partial^{a}T (6.4.23)

Sachant que toutes les solutions tachyoniques – à l’ordre quadratique – pour r𝑟r constant sont telles que :

(12r2)|T|2+aTaT=012superscript𝑟2superscript𝑇2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇0\displaystyle\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}+\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}=0 (6.4.24)

Nous trouvons facilement qu’il faut f(r)=rf(r)/(1/2r2)superscript𝑓𝑟𝑟𝑓𝑟12superscript𝑟2f^{\prime}(r)=rf(r)/(1/2-r^{2}) soit donc :

f(r)=C12r2𝑓𝑟𝐶12superscript𝑟2\displaystyle f(r)=\frac{C}{\sqrt{\frac{1}{2}-r^{2}}} (6.4.25)

avec C𝐶C une constante indéterminée que l’on peut fixer à C=1/22𝐶122C=1/2\sqrt{2} sans perdre en généralité – nous verrons pourquoi cette valeur précisément. Alors l’action effective quadratique est finalement :

Z=2[1+π22arar+1212r2(aTaT(12r2)|T|2)+]subscript𝑍2delimited-[]1superscript𝜋22subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟1212superscript𝑟2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇2\displaystyle{\mathcal{L}}_{Z}=2\Bigg{[}1+\frac{\pi^{2}}{2}\partial_{a}r\partial^{a}r+\frac{1}{2\sqrt{1-2r^{2}}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}-\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)+\ldots\Bigg{]} (6.4.26)

et les équations du mouvement qui en dérivent sont :

00\displaystyle 0 =rr(12r2)3/2(aTaT+(12r2)|T|2)absent𝑟𝑟superscript12superscript𝑟232subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇2\displaystyle=-\square r-\frac{r}{(1-2r^{2})^{3/2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)
00\displaystyle 0 =T+(12r2)T+2r12r2araTabsent𝑇12superscript𝑟2𝑇2𝑟12superscript𝑟2subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)T+\frac{2r}{1-2r^{2}}\partial_{a}r\partial^{a}T (6.4.27)

Cette action est valide uniquement pour r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c}. Elle est discontinue en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} donc n’est pas continuable en r>rc𝑟subscript𝑟𝑐r>r_{c}, d’autant que 12r212superscript𝑟2\sqrt{1-2r^{2}} serait alors imaginaire. Cela signale encore que le système subit une transition de phase à la distance critique. Cette discontinuité permet qu’en r>rc𝑟subscript𝑟𝑐r>r_{c} l’action de Garousi prenne le relais : nous avons montré qu’elle était compatible avec la physique interne des cordes dans le domaine surcritique.

Comparaison aux équations du groupe de renormalisation

La comparaison aux équations obtenues dans la section 6.2 montre qu’il y a compatibilité entre ces équations et celles que fournissent les fonctions bêta, mais en choisissant une redéfinition de tachyon convenable et a priori uniquement pour r𝑟r constant. Rappelons ici qu’elles étaient :

δδr𝛿𝛿𝑟\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta r} =rrh(r)12r2(aTaT+(12r2)|T|2)absent𝑟𝑟𝑟12superscript𝑟2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇2\displaystyle=-\square r-\frac{r\,h(r)}{\frac{1}{2}-r^{2}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)
δδT𝛿𝛿superscript𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T^{*}} =T+(12r2)Tabsent𝑇12superscript𝑟2𝑇\displaystyle=-\square T+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)T
δδT𝛿𝛿𝑇\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}}{\delta T} =T+(12r2)Tabsentsuperscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇\displaystyle=-\square T^{*}+\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)T^{*} (6.4.28)

avec h(r)𝑟h(r) une fonction de r𝑟r arbitraire provenant d’une redéfinition du tachyon à distance constante. En fait, si on étudie plus en détail l’ensemble des fonctions bêta, on peut voir que nous aurons aussi celle-ci :

βΔλ±subscript𝛽Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\Delta\lambda^{\pm}} =2rΔ(δrλ±)+absent2𝑟Δ𝛿𝑟superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle=-2r\Delta(\delta r\lambda^{\pm})+\ldots
=4riδriλ±2rλ±Δδr2rδrΔλ±absent4𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖superscript𝜆plus-or-minus2𝑟superscript𝜆plus-or-minusΔ𝛿𝑟2𝑟𝛿𝑟Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle=4r\partial_{i}\delta r\partial^{i}\lambda^{\pm}-2r\lambda^{\pm}\Delta\delta r-2r\delta r\Delta\lambda^{\pm} (6.4.29)

Soit à l’ordre quadratique simplement :

βΔλ±subscript𝛽Δsuperscript𝜆plus-or-minus\displaystyle\beta_{\Delta\lambda^{\pm}} =4riδriλ±+o(βi)absent4𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖superscript𝜆plus-or-minus𝑜subscript𝛽𝑖\displaystyle=4r\partial_{i}\delta r\partial^{i}\lambda^{\pm}+o(\beta_{i}) (6.4.30)

à des facteurs dépendant des fonctions bêta près. Puisque r𝑟r est constant, et que les équations du mouvement sont telles qu’il faut que les fonctions bêta soient nulles, nous aurions pu donc aussi réécrire les fonctions bêta (6.2.2) avant d’en déduire les équations du mouvement sous la forme :

βδrsubscript𝛽𝛿𝑟\displaystyle\beta_{\delta r} =Δδr2rh(r)(ζ(1)ζ(2)+ζ(2)ζ(1))absentΔ𝛿𝑟2𝑟𝑟subscript𝜁1superscriptsubscript𝜁2subscript𝜁2superscriptsubscript𝜁1\displaystyle=-\Delta\delta r-2rh(r)\left(\zeta_{(1)}\zeta_{(2)}^{*}+\zeta_{(2)}\zeta_{(1)}^{*}\right)
β(1,2)subscript𝛽1.2\displaystyle\beta_{{(1,2)}} =Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)+g(r)βΔζ(1,2)absentΔsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.2𝑔𝑟subscript𝛽Δsubscript𝜁1.2\displaystyle=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)}+g(r)\beta_{\Delta\zeta_{(1,2)}}
=Δζ(1,2)2rδrζ(1,2)+4rg(r)iδriλ±+absentΔsubscript𝜁1.22𝑟𝛿𝑟subscript𝜁1.24𝑟𝑔𝑟subscript𝑖𝛿𝑟superscript𝑖superscript𝜆plus-or-minus\displaystyle=\Delta\zeta_{(1,2)}-2r\delta r\,\zeta_{(1,2)}+4rg(r)\partial_{i}\delta r\partial^{i}\lambda^{\pm}+\ldots (6.4.31)

Les expressions de g(r)𝑔𝑟g(r) et h(r)𝑟h(r) sont arbitraires, de sorte qu’il est possible de les choisir telles qu’on retrouve les équations du mouvement (6.4.2).

Il y a donc un bon accord entre les deux calculs indépendants. Toutefois, cette étude montre que les fonctions bêta sont délicates à utiliser pour déduire des équations du mouvement, car elles ne sont connues qu’à des termes proportionnels aux fonctions bêta près. La méthode de Witten (OSFT) qui rejoint la méthode de Tseytlin, semble moins ambiguë bien que plus complexe à utiliser. Nous présenterons des perspectives de recherches dans cette direction pour ce système en conclusion, dans la partie IV.

Contrainte sur le tachyon d’espace-cible

Enfin, nous trouvons également qu’il faut redéfinir le tachyon de l’action effective par un facteur κ(r)𝜅𝑟\kappa(r) dépendant de la distance lorsqu’on l’identifie on-shell à son homologue de surface de corde. Ce n’est pas inattendu, puisque la relation entre le champ d’espace-cible et le couplage de surface n’est pas nécessairement trivial111111Je pense en particulier à la correspondance entre la déformation de demi S-brane et le vide stable en λ=1/2𝜆12\lambda=1/2.. Cette constante vaut précisément :

κ(r)=12r2Γ(44r2)2Γ2(22r2)T|espace-cible=κ(r)T±|surfaceformulae-sequence𝜅𝑟12superscript𝑟2Γ44superscript𝑟22superscriptΓ222superscript𝑟2evaluated-at𝑇espace-cibleevaluated-at𝜅𝑟superscript𝑇plus-or-minussurface\displaystyle\kappa(r)=\sqrt{\frac{\sqrt{1-2r^{2}}\,\Gamma(4-4r^{2})}{2\Gamma^{2}(2-2r^{2})}}\quad\Rightarrow\quad T\Big{|}_{\text{espace-cible}}=\kappa(r)\,T^{\pm}\Big{|}_{\text{surface}} (6.4.32)

Nous voyons donc quelque chose d’intéressant se produire qui est la suppression du facteur κ(r)𝜅𝑟\kappa(r) à la distance critique rc=1/2subscript𝑟𝑐12r_{c}=1/\sqrt{2} donc du tachyon κ(r)T±𝜅𝑟superscript𝑇plus-or-minus\kappa(r)T^{\pm}. En effet, les arguments des fonctions Gamma sont tous bien réguliers et non nuls en r=1/2𝑟12r=1/\sqrt{2} tandis que le facteur 12r212superscript𝑟2\sqrt{\frac{1}{2}-r^{2}} s’annule. Ce n’est pas un résultat si surprenant ou inattendu car nous savons qu’à la distance critique il doit se produire un phénomène marquant une discontinuité du point de vue d’un tachyon roulant – les fameuses limites rrc𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r\to r_{c}^{-} et rcrcsuperscriptsubscript𝑟𝑐subscript𝑟𝑐r_{c}^{-}\to r_{c}. D’autant plus que nous ne pouvons pas calculer la fonction de partition le long d’un tachyon constant en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} sans tenir compte aussi de la perturbation de distance δr𝛿𝑟\delta r. Rappelons que cette perturbation a une fonction bêta non nulle en cette valeur, proportionnelle à λ+λsuperscript𝜆superscript𝜆\lambda^{+}\lambda^{-}. Si bien que le tachyon constant ne définit pas une CFT à moins qu’il soit nul ! Cela traduirait bien la rupture de la relation on=Zsubscript𝑜𝑛superscript𝑍{\mathcal{L}}_{on}=Z^{\prime} pour r𝑟r et T𝑇T constants.

6.4.3 Conclusion et comparaison à l’action effective du système coïncident

Nous avons montré qu’il était possible de contraindre une action effective quadratique, bien que nous avons argumenté qu’il n’était pas possible de déterminer les ordres supérieurs. Nous avons obtenu l’expression de l’action en r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c} en imposant à la Kutasov et Niarchos que les équations du mouvement admettent les solutions de tachyon roulant. Puis nous avons déterminé les coefficients en comparant à la fonction de partition le long de la CFT du tachyon roulant à distance constante que nous avions calculée dans la section précédente.

Une fois le terme cinétique du champ de distance réhabilité, nous avons vu que nous ne pouvions pas, à partir de l’expression de l’action, retrouver exactement les équations du mouvement off-shell que nous avions établi plus tôt par le biais du groupe de renormalisation. Nous trouvions cependant qu’elles étaient bien compatibles le long de r𝑟r constant.

Nous pouvons maintenant comparer l’action (6.4.26) à celle qu’obtenaient Kutasov et Niarchos dans le cas r=0𝑟0r=0 strictement – c’est-à-dire en gelant le champ de distance, ce qui est bien sûr discutable mais permet d’obtenir une expression exacte pour l’action effective du tachyon exclusivement. Ils trouvent précisément – à un signe multiplicatif près :

\displaystyle{\mathcal{L}} =21+|T2|21+|T|22+aTaTabsent21superscript𝑇221superscript𝑇22subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇\displaystyle=\frac{2}{1+\frac{\left|T^{2}\right|}{2}}\sqrt{1+\frac{\left|T\right|^{2}}{2}+\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}}
2(1|T|24+12aTaT+)similar-toabsent21superscript𝑇2412subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇\displaystyle\sim 2\Bigg{(}1-\frac{\left|T\right|^{2}}{4}+\frac{1}{2}\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}+\ldots\Bigg{)} (6.4.33)

Nous avons bien égalité entre leur formule et la nôtre, ce qui est somme toute normal par continuité de la fonction de partition en r=0𝑟0r=0. Nous pourrions suggérer deux formes de type TDBI correspondant en développement à l’action quadratique (6.4.26) :

TDBI(1)subscriptsuperscript1𝑇𝐷𝐵𝐼\displaystyle{\mathcal{L}}^{(1)}_{TDBI} =21+|T|2212r21+arar+12r2|T|22+aTaT12r2absent21superscript𝑇2212superscript𝑟21subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟12superscript𝑟2superscript𝑇22subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2\displaystyle=\frac{2}{1+\frac{\left|T\right|^{2}}{2\sqrt{1-2r^{2}}}}\sqrt{1+\partial_{a}r\partial^{a}r+\sqrt{1-2r^{2}}\frac{\left|T\right|^{2}}{2}+\frac{\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}}{\sqrt{1-2r^{2}}}}
TDBI(2)subscriptsuperscript2𝑇𝐷𝐵𝐼\displaystyle{\mathcal{L}}^{(2)}_{TDBI} =21+|T|2212r21+arar×1+12r2|T|22+aTaT12r2absent21superscript𝑇2212superscript𝑟21subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟112superscript𝑟2superscript𝑇22subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2\displaystyle=\frac{2}{1+\frac{\left|T\right|^{2}}{2\sqrt{1-2r^{2}}}}\sqrt{1+\partial_{a}r\partial^{a}r}\times\sqrt{1+\sqrt{1-2r^{2}}\frac{\left|T\right|^{2}}{2}+\frac{\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}}{\sqrt{1-2r^{2}}}} (6.4.34)

Néanmoins, une rapide étude de l’équation du mouvement de r𝑟r le long du tachyon roulant à r𝑟r constant montre dans chaque cas que ça ne fonctionne pas, dés l’ordre 4 dans les tachyons. L’équation du mouvement on-shell est :

δTDBIδr=r2|T|4+0𝛿subscript𝑇𝐷𝐵𝐼𝛿𝑟𝑟2superscript𝑇40\displaystyle\frac{\delta{\mathcal{L}}_{TDBI}}{\delta r}=\frac{r}{2}\left|T\right|^{4}+\ldots\neq 0 (6.4.35)

Elle ne s’annule que pour r=0𝑟0r=0 car les termes d’ordres suivants sont proportionnels à r𝑟r. Ces expressions de lagrangien sont donc fausses. Pour l’instant nous n’avons pas trouvé de formulations compatibles. Une voie de recherche consisterait à obtenir l’expression exacte non-perturbative de la fonction de partition en tout r𝑟r constant le long du tachyon roulant, mais le calcul semble dans l’immédiat et à court terme, hors de portée. Une autre option, dont nous parlerons plus longuement en conclusion, consisterait à étudier le modèle sigma off-shell composé d’un tachyon constant, en suivant la méthode de OSFT de Witten [136, 135, 51]. Pour l’instant cette méthode a surtout été appliquée en théorie bosonique. Puisque les physiques des systèmes de branes bosoniques séparaées et de brane-antibrane séparées sont similaires, l’étude du système bosonique reste prometteuse. Nous verrons en conclusion l’existence d’une relation entre le modèle bosonique et le modèle de Kondo.

Quatrième partie Conclusion et perspectives

Au cours de cette thèse, nous avons démontré que le tachyon roulant du secteur interbranaire (anti-diagonal) σ±U(2)superscript𝜎plus-or-minus𝑈2\sigma^{\pm}\in U(2) dans le système d’une brane et d’une antibrane parallèles et séparées en théorie de type IIA ou IIB, est une solution des équations du mouvement de la théorie des champs de cordes dans l’ensemble du domaine tachyonique <csubscript𝑐\ell<\ell_{c} avec c=π2αsubscript𝑐𝜋2superscript𝛼\ell_{c}=\pi\sqrt{2\alpha^{\prime}}. Le modèle sigma incluant l’opérateur de vertex de ce tachyon roulant constitue ainsi une théorie des champs conforme. Nous nous sommes intéressés aussi au modèle bosonique correspondant qui non seulement admet un tachyon interbranaire dans son spectre de corde ouverte mais contient aussi des tachyons hébergés sur chaque brane, c’est-à-dire dans les secteurs diagonaux σ0,3U(2)superscript𝜎0.3𝑈2\sigma^{0,3}\in U(2).

Dans le premier cas, nous avons montré que les résonances entre les opérateurs de tachyons roulants σ±ψ±e1/2r2X0±irX~tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscript𝜓plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus12superscript𝑟2superscript𝑋0𝑖𝑟~𝑋\sigma^{\pm}\otimes\psi^{\pm}e^{\sqrt{1/2-r^{2}}X^{0}\pm ir\widetilde{X}} avec r=/2π𝑟2𝜋r=\ell/2\pi et l’opérateur σ0e2n1/2r2X0tensor-productsuperscript𝜎0superscript𝑒2𝑛12superscript𝑟2superscript𝑋0\sigma^{0}\otimes e^{2n\sqrt{1/2-r^{2}}X^{0}} n’engageaient aucune divergence logarithmique à l’ordre 2 et 4 dans les tachyons, c’est-à-dire pour tout r<17/6𝑟176r<\sqrt{17}/6. En identifiant le mécanisme d’annulation de ces divergences au rôle de la supersymétrie, nous en avons déduit que cela devait s’appliquer à tout ordre et à toute distance. Nous avons vu que les divergences logarithmiques étaient la cause de la perte de marginalité en contribuant à l’expression des fonctions bêta des couplages associés aux opérateurs produit par résonance. L’absence des divergences logarithmiques nous a ainsi permis de conclure à la marginalité exacte du modèle de tachyon roulant dans le système brane-antibrane. Nous nous attendions à ce comportement par absence de raisons physiques justifiant le contraire.

Dans le second cas, nous avons vu en revanche que les résonances entre les tachyons roulants σ±e1r2X0±irX~tensor-productsuperscript𝜎plus-or-minussuperscript𝑒plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝑋0𝑖𝑟~𝑋\sigma^{\pm}\otimes e^{\sqrt{1-r^{2}}X^{0}\pm ir\widetilde{X}} et l’opérateur σ0e2n1r2X0tensor-productsuperscript𝜎0superscript𝑒2𝑛1superscript𝑟2superscript𝑋0\sigma^{0}\otimes e^{2n\sqrt{1-r^{2}}X^{0}} faisaient intervenir des divergences logarithmiques – non supprimées – au moins à l’ordre 2 pour tout r>rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r>r_{c}/\sqrt{2}. Nous en avons déduit que les contributions correspondantes dans les fonctions bêta du champ de tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} mettaient en valeur l’existence d’un couplage physique non nul dans l’action effective du système entre ce tachyon et celui du secteur interbranaire.

Ainsi, dans un cas nous obtenons une suppression des divergences logarithmiques grâce à la supersymétrie, et dans l’autre cas, il n’existe aucune supersymétrie et ces divergences ne s’annulent pas. Dans le premier il n’y a aucune raison physique qui justifierait la présence de divergences logarithmiques à cause de la supersymétrie et de la projection GSO qui supprime le mode tachyonique des secteurs diagonaux. Mais dans le second, puisque le tachyon du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} est une excitation physique dans le modèle bosonique, nous avons une raison physique pour expliquer la présence de divergences logarithmiques.

Dans le système brane-antibrane, nous avons aussi mis en valeur l’existence de termes de contact. Ces derniers apparaissent naturellement en exprimant l’action de surface de corde de façon manifestement supersymétrique dans le super-espace en introduisant des fermions de bord, puis en décomposant cette action et en intégrant sur les variables de Grassmann. Nous avons montré que ces termes de contact jouaient le rôle de contretermes et permettaient de supprimer un grand nombre de divergences en puissance du cut-off UV ε𝜀\varepsilon dans les amplitudes, ou au moins dans la fonction de partition sur le disque. Ce comportement relève d’une théorie manifestement supersymétrique. Or les résultats précédents ont montré que les divergences en puissance n’étaient pas toutes supprimées et qu’il restait des divergences résiduelles. Nous avons identifiées qu’elles étaient ôtables par des termes de contact d’ordre supérieur et nous avons donc proposé de corriger l’action supersymétrique des fermions de bord en conséquence, par l’ajout de termes d’interaction à 4 points et plus.

A distance <csubscript𝑐\ell<\ell_{c} le nombre de termes divergents à tout ordre est fini. En effet, à distance \ell pour une fonction à 2N2𝑁2N-points des tachyons la ”divergence” résiduelle est du type ε4N2(1/2r2)1e2N1/2r2X0superscript𝜀4superscript𝑁212superscript𝑟21contour-integralsuperscript𝑒2𝑁12superscript𝑟2superscript𝑋0\varepsilon^{4N^{2}(1/2-r^{2})-1}\oint e^{2N\sqrt{1/2-r^{2}}X^{0}} pour tout N<1/(24r2)𝑁124superscript𝑟2N<1/(2-4r^{2}). Ainsi, le nombre de contretermes à ajouter dans l’action est fini et la théorie renormalisable. Puisqu’il s’agit de divergences de puissance, la théorie reste en outre exactement marginale. Cependant dans la limite rrc𝑟subscript𝑟𝑐r\to r_{c} le nombre de divergences résiduelles tend vers l’infini. Ainsi la limite rrc𝑟superscriptsubscript𝑟𝑐r\to r_{c}^{-} ne définit pas une théorie renormalisable. La valeur rcsubscript𝑟𝑐r_{c} est, aussi en ce sens, une distance critique. Nous identifions ce comportement à la perte de marginalité du tachyon roulant en r=rc𝑟subscript𝑟𝑐r=r_{c} à cause d’une résonance non nulle avec le champ de distance σ3D𝕏~tensor-productsuperscript𝜎3𝐷~𝕏\sigma^{3}\otimes D\widetilde{\mathbb{X}}. Cela pourrait être dû à la transition d’une théorie interactive c=2𝑐2c=2 à une théorie interactive c=1𝑐1c=1 par comparaison au comportement des théories Liouville dans la limite c1𝑐1c\to 1.

Notre étude a porté ensuite sur le groupe de renormalisation du modèle sigma perturbé autour de la déformation marginale du tachyon roulant dans le cas bosonique et dans le cas brane-antibrane. D’abord en théorie bosonique, nous avons inséré sur le bord la déformation correspondante à une perturbation de distance δr(Xa)𝛿𝑟superscript𝑋𝑎\delta r(X^{a}) et nous avons supposé que le tachyon lui-même était une perturbation λ±(Xa)superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝑋𝑎\lambda^{\pm}(X^{a}). Pour étudier le groupe de renormalisation de ces perturbations et obtenir des contraintes physiques sur leur dynamique respective, nous avons développé ces fonctions des champs X𝑋X en décomposant ces derniers en mode zéro et modes d’oscillations X=x+X^𝑋𝑥^𝑋X=x+\hat{X}. Nous obtenions alors des perturbations relevantes autour des déformations marginales. De ce fait, les fonctions bêta obtenues pour les couplages δr(x)𝛿𝑟𝑥\delta r(x) et λ±(x)superscript𝜆plus-or-minus𝑥\lambda^{\pm}(x) ne pouvaient recevoir de contributions que via des résonances, donc des termes logarithmiques et universels, c’est-à-dire indépendant des schémas de renormalisation. Nous avons justifié dans cette mesure l’interprétation de ces fonctions bêta en tant qu’équations du mouvement. Leur expression obtenue est non triviale et prend son origine dans l’existence d’une solution de type S-brane complète à l’ordre quadratique. En l’état, ces équations ne permettent pas d’exprimer une action effective dont elles dérivent, à moins de redéfinir les champs ou les fonctions bêta par des termes constants ou proportionnels à d’autres fonctions bêta, ce que nous voyons concrètement dans la section 6.4.

Dans le modèle brane-antibrane, nous avons exprimé une théorie équivalente, manifestement supersymétrique sur le super-espace de la surface de corde, puisque nous avions vu l’importance que revêtaient les termes de contact dans l’extraction des divergences. Les perturbations ont donc été exprimées dans le super-espace, et autour des déformations marginales, par δr(𝕏a)𝛿𝑟superscript𝕏𝑎\delta r({\mathbb{X}}^{a}) et λ±(𝕏a)superscript𝜆plus-or-minussuperscript𝕏𝑎\lambda^{\pm}({\mathbb{X}}^{a}). Après décomposition des superchamps, c’est-à-dire développement par X=x+X^𝑋𝑥^𝑋X=x+\hat{X} et intégration des champs auxiliaires, nous avons obtenu divers termes de contact et des expressions non triviales des opérateurs relevants couplés aux champs et leurs dérivés. Nous avons obtenu la suppression d’un certain nombre de divergences logarithmiques grâce aux termes de contact. Néanmoins à partir de termes logarithmiques résiduels nous avons de nouveau calculé des fonctions bêta non triviales pour les couplages δr(x)𝛿𝑟𝑥\delta r(x) et λ±(x)superscript𝜆plus-or-minus𝑥\lambda^{\pm}(x) puis des expressions pour les équations du mouvement correspondantes. Leurs expressions sont très semblables à celles du modèle bosonique, indiquant que la physique entre ces deux systèmes est très similaire, sauf dans le domaine >c/2subscript𝑐2\ell>\ell_{c}/\sqrt{2} car dans le modèle bosonique le couplage du tachyon interbranaire au tachyon du secteur σ0,3superscript𝜎0.3\sigma^{0,3} y est effectif.

De même que dans le cas bosonique, les formules naïves des équations du mouvement obtenues à partir des fonctions bêta ne sont pas compatibles avec une action effective. Toutefois, la comparaison de ces équations à celles dérivées de l’action effective quadratique obtenue dans la section 6.4 associée à une analyse attentive des fonctions bêta, montre qu’en ajoutant à leurs expressions des termes proportionnels aux fonctions bêta et en redéfinissant certains champs, nous pouvons en réalité en dériver des équations de mouvement compatibles avec une action effective.

Dans la section 6.4 nous avons utilisé la méthode proposée par Kutasov et Niarchos afin de calculer exactement l’action effective à l’ordre quadratique. Ils proposent de contraindre un ansatz d’action effective à l’ordre des dérivées premières – ce qui est justifié le long de tachyons de type quasi-homogènes, c’est-à-dire tant que leurs oscillations spatiales sont de grandes longueurs d’onde – en imposant que ses équations du mouvement admettent la solution de S-brane complète. Cela permet de réduire considérablement, au moins dans leur modèle, le nombre de degrés de liberté de l’ansatz –- en l’occurence à un par ordre dans le tachyon. Par comparaison à l’expression de la fonction de partition sur le disque, le long de la solution de demi S-brane, en utilisant l’identité Son-shell=Zsubscript𝑆on-shell𝑍S_{\text{on-shell}}=Z l’ansatz est alors complètement contraint et l’action effective totalement déterminée. L’action obtenue par cette méthode est au moins valable autour de cette solution.

Nous avons cependant montré que dans le système brane-antibrane séparé, il n’est pas possible de déterminer entièrement un ansatz d’action par cette méthode. En effet, la forme spécifique de la solution de S-brane complète dans ce cas précis ne permet d’exprimer qu’un système d’équations sous-déterminé pour l’ansatz. Par conséquent, nous ne pouvons pas réduire son nombre de degrés de liberté aussi significativement que dans le système étudié par Kutasov et Niarchos. Alors, l’action effective ne peut pas être totalement déterminée par la formule Son-shell=Zsubscript𝑆on-shell𝑍S_{\text{on-shell}}=Z. Néanmoins, nous avons la possibilité de calculer exactement une action à l’ordre quartique dans le tachyon. En effet, le nombre de degré de liberté par ordre dans le tachyon étant alors réduit à un, nous pouvons les contraindre par la formule ci-dessus et obtenir une expression quartique pour l’action effective du système brane-antibrane.

Par ailleurs, nous avons exprimé la fonction de partition sur le disque le long du tachyon roulant. Nous avons développé une méthode diagrammatique afin de traiter analytiquement les intégrandes et réduire l’intégrale de chemin définie dans le super-espace à une intégrale de chemin définie sur le disque. L’expression finale que nous obtenons pour tout r<rc𝑟subscript𝑟𝑐r<r_{c} est telle que le calcul analytique de l’intégrale à tout ordre est hors de portée. Nous avons cependant pu calculer la densité de fonction de partition, notée Zsuperscript𝑍Z^{\prime}, à l’ordre 8 dans les tachyons pour la distance r=rc/2𝑟subscript𝑟𝑐2r=r_{c}/\sqrt{2}. Nous espérions obtenir une expression connue du développement, mais les résultats ordre par ordre semblent se complexifier à mesure que l’ordre augmente. Nous ne reconnaissons aucune série connue dans sa formule :

Z(x0)=1λ+λex0π+(λ+λ)2π2e2x0(1π26)(λ+λ)3π3e3x0(11283π2)+(λ+λ)4π4e4x0(15512+1439π2+13π230+π470+17527+1001162π2+π215)superscript𝑍superscript𝑥01superscript𝜆superscript𝜆superscript𝑒superscript𝑥0𝜋superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆2superscript𝜋2superscript𝑒2superscript𝑥01superscript𝜋26superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆3superscript𝜋3superscript𝑒3superscript𝑥011283superscript𝜋2superscriptsuperscript𝜆superscript𝜆4superscript𝜋4superscript𝑒4superscript𝑥0155121439superscript𝜋213superscript𝜋230superscript𝜋470175271001162superscript𝜋2superscript𝜋215Z^{\prime}(x^{0})=1-\lambda^{+}\lambda^{-}\frac{e^{x^{0}}}{\pi}+\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{2}}{\pi^{2}}e^{2x^{0}}\left(1-\frac{\pi^{2}}{6}\right)-\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{3}}{\pi^{3}}e^{3x^{0}}\left(1-\frac{128}{3\pi^{2}}\right)\\ +\frac{\left(\lambda^{+}\lambda^{-}\right)^{4}}{\pi^{4}}e^{4x^{0}}\left(1-\frac{55}{12}+\frac{143}{9\pi^{2}}+\frac{13\pi^{2}}{30}+\frac{\pi^{4}}{70}+\frac{175}{27}+\frac{1001}{162\pi^{2}}+\frac{\pi^{2}}{15}\right)\ldots (IV.1)

Nous avons aussi pu calculer exactement l’ordre quadratique ce qui nous a permis de déterminer au moins une action effective à l’ordre quadratique par la méthode présentée ci-dessus. L’expression de l’action effective à l’ordre quadratique pour le tachyon et la distance est :

=2[1+π22arar+1212r2(aTaT(12r2)|T|2)+]2delimited-[]1superscript𝜋22subscript𝑎𝑟superscript𝑎𝑟1212superscript𝑟2subscript𝑎𝑇superscript𝑎superscript𝑇12superscript𝑟2superscript𝑇2\displaystyle{\mathcal{L}}=2\Bigg{[}1+\frac{\pi^{2}}{2}\partial_{a}r\partial^{a}r+\frac{1}{2\sqrt{1-2r^{2}}}\left(\partial_{a}T\partial^{a}T^{*}-\left(\frac{1}{2}-r^{2}\right)\left|T\right|^{2}\right)+\ldots\Bigg{]} (IV.2)

Cette expression comme celle de l’action obtenue par Kutasov et Niarchos n’est valable que le long de la solution de référence. Donc son domaine de validité concerne les perturbations des champs autour du tachyon roulant à distance constante. Cette expression est nettement différente de celle correspondant au développement quadratique de l’action de Garousi. Ce qui n’est pas surprenant, puisque nous argumentons en introduction que l’action de Garousi n’est a priori valable que pour des tachyons de genre espace, c’est-à-dire non dynamique. En outre, l’action de Garousi n’admet pas de solution de tachyon roulant à distance constante comme nous l’avons démontré.

Comme nous le disons plus haut, la dérivation des équations du mouvement à partir de (IV.2) a montré après une analyse attentive que les équations obtenues par le biais du groupe de renormalisation étaient compatibles avec cette action. L’absence à premier abord d’un terme d’interaction entre la dérivée du tachyon et la dérivée du champ de distance rendait la correspondance impossible. Toutefois nous avons pu identifier ce terme à une contribution proportionnelle à la fonction bêta de Δλ±Δsuperscript𝜆plus-or-minus\Delta\lambda^{\pm} à l’ordre quadratique. Or nous savons que les fonctions bêta sont soumises à cette ambiguïté [122] lorsque nous voulons les interpréter en tant qu’équations du mouvement. La compatibilité entre ces deux développements semble donc plutôt correcte. Par conséquent, la formule de l’action quadratique que nous avons dérivée est en accord avec la physique interne des cordes dans le fond de champs off-shell.

Le schéma final concernant les actions effectives le long des différentes phases du champ bi-fondamental interbranaire semble privilégier la distribution suivante : (1) dans la phase surcritique r>2rc𝑟2subscript𝑟𝑐r>\sqrt{2}r_{c} la physique du système est dominée par l’attraction coulombienne résultant de l’échange de cordes fermées entre les deux branes ; (2) dans la phase surcritique 2rc>r>rc2subscript𝑟𝑐𝑟subscript𝑟𝑐\sqrt{2}r_{c}>r>r_{c} le système est décrit par l’action de Garousi et le potentiel est à l’ordre d’une boucle attractif et de type Coleman-Weinberg ; (3) dans la phase critique elle-même la définition d’une théorie des champs semble non pertinente étant donné l’instabilité du système en cette position ; et (4) dans la phase sous-critique, la physique est décrite par une action dont le développement quadratique en de faibles valeurs de tachyon est (IV.2) du moins autour d’un mode de condensation à distance constante et dépendant du temps de type tachyon roulant. Dans cette phase, l’action de Garousi est probablement pertinente en ce qui concerne la description des modes de condensation de genre espace uniquement – tels que ressaut ou vortex.

En démontrant la marginalité exacte du modèle de tachyon roulant à distance constante, la voie à l’étude de la condensation en elle-même et de la détermination de son issue est ouverte. La question importante concerne en particulier la nature du vide de condensation : s’il existe bel et bien, est-il stable ou instable ? Un vide étant simplement une configuration de l’espace-temps, par exemple, la solution de ressaut dans le système brane-antibrane coïncident est un vide, certes dépendant des coordonnées d’espace, mais instable car consiste en une brane non-BPS de co-dimension 111. A l’inverse, la solution de vortex dans ce même système est un vide stable car il consiste en une brane BPS de co-dimension 222. De même le vide global de condensation, c’est-à-dire celui minimisant le potentiel du tachyon qui peut être considéré globalement constant, est soit stable soit instable mais constitue néanmoins dans chaque cas une issue de condensation pour le tachyon. Le calcul exact de la fonction de partition le long du tachyon roulant devrait donner cette information, comme dans [113] et permettre de déterminer l’état de bord du système brane-antibrane condensant. Si le vide final est un vide de corde fermée, alors dans la limite x0superscript𝑥0x^{0}\to\infty l’état de bord de la brane doit s’annuler. D’après les études de Sen [113] et de Lambert [78] dans ce cas, la condensation est accompagnée d’une évaporation de la brane en corde fermée et à un confinement des flux électriques le long de chaque brane transformant les cordes ouvertes interbranaires en cordes fermées contraintes à circuler dans l’espace délimité par les deux branes. Cela reste cohérent car la séparation est de l’ordre de la longueur de corde. Toutefois nous avons vu que le calcul perturbatif de la fonction de partition le long du tachyon roulant est très complexe et est pour l’instant inconnu. De plus il est fort probable que l’expression perturbative complète soit difficile à resommer en une forme compacte. Dans cette direction, il faudrait donc idéalement concentrer les recherches vers un calcul non-perturbatif de la fonction de partition.

Refer to caption
Figure 6.1: Système DpD¯p𝐷𝑝¯𝐷𝑝Dp-\overline{D}p diamétralement séparé le long d’une direction compacte en forme de cercle S1superscript𝑆1S^{1} de rayon R𝑅R. Les cordes ouvertes interbranaires se séparent en deux secteurs et en deux ensembles indépendants droit (en vert) et gauche (en rouge).

Une autre direction de recherche, que nous explorons actuellement, consiste en la construction d’un modèle de condensation équivalent à celui du système séparé. L’utilisation d’une des nombreuses dualités de la théorie des cordes pourrait également se révéler utile. L’avancement actuel de nos recherches dans cette voie est le suivant. L’établissement de l’universalité du potentiel de tachyon par Sen dans [111] suggère que l’issue de condensation du tachyon interbranaire dans le système brane-antibrane ne dépend pas non plus de la géométrie dans laquelle le système est inséré. En particulier, il peut être étudié dans un espace compact. Ainsi, nous pouvons étudier la configuration représentée dans la figure (6.1) : une brane et une antibrane diamétralement séparées dans une direction compacte de rayon R𝑅R. La distance séparant les branes est =πR𝜋𝑅\ell=\pi R. Le système admet de nouveaux deux secteurs interbranaires, représentés par les facteurs de Chan-Paton σ+superscript𝜎\sigma^{+} et σsuperscript𝜎\sigma^{-}. Pour R<2𝑅2R<\sqrt{2} il existe deux tachyons complexes a priori indépendants correspondant aux cordes du côté droit et à celles du côté gauche. Nous parlerions de tachyons droit et gauche, mais sans rapport avec une quelconque notion de chiralité.

En présence de tachyons gauches et droits constants et égaux, le système est géométriquement stable, c’est-à-dire que les branes restent en leur localisations respectives. Cette dernière configuration est intéressante car elle ouvre la possibilité d’étudier le potentiel effectif du tachyon à distance constante, celui auquel nous nous intéressons pour connaître l’issue de condensation du système séparé en espace plat. En effet, cela reste à prouver, et ce serait un point majeur dans cette étude, mais nous pourrions conjecturer que le potentiel du tachyon interbranaire en système compact soit égal – ou au moins équivalent – à celui du tachyon interbranaire en espace plat. Pour le moins, le produit de condensation devrait être semblable : la topologie de l’espace n’est pas pertinente en ce qui concerne un phénomène local. En effet, un voisinage de S1superscript𝑆1S^{1} contenant la brane et l’antibrane, par exemple le côté droit, ne contient qu’un seul tachyon complexe. L’existence de l’autre tachyon – supposé égal au premier – contenu dans le voisinage complémentaire de gauche permet de conserver la stabilité géométrique du système mais il ne devrait pas influencer la nature du produit local de condensation.

Or, nous pouvons identifier ce produit qui constitue pour un tachyon constant le vide de condensation. En R=2𝑅2R=\sqrt{2} la déformation de bord associée à un tachyon interbranaire constant et pour lequel le système est géométriquement stable est la suivante :

δS=(0λλ0)ψ~2cosX~2𝛿𝑆tensor-product0𝜆superscript𝜆0contour-integral~𝜓2~𝑋2\displaystyle\delta S=\left(\begin{array}[]{cc}0&\lambda\\ \lambda^{*}&0\end{array}\right)\otimes\oint\frac{\widetilde{\psi}}{\sqrt{2}}\cos\frac{\widetilde{X}}{\sqrt{2}} (IV.5)

Nous avons noté X𝑋X la dimension compacte. Du point de vue de la fonction de partition sur le disque et à cause des facteurs de CP, cette déformation est équivalente à :

δS=|λ|σ1ψ~2cosX~2𝛿𝑆tensor-product𝜆superscript𝜎1contour-integral~𝜓2~𝑋2\displaystyle\delta S=\left|\lambda\right|\sigma^{1}\otimes\oint\frac{\widetilde{\psi}}{\sqrt{2}}\cos\frac{\widetilde{X}}{\sqrt{2}} (IV.6)

Elle correspond exactement – à une T-dualité et des fermions près – à celle étudiée par Sen [108, 113] dans le système bosonique brane-brane coïncidentes. Pour le cas des supercordes, Sen a déterminé la théorie conforme associée à la solution de ressaut [105] puis Majumder et Sen ont étudié la déformation associée à la formation d’un vortex [82]. La déformation (IV.6) est exactement marginale pour tout λ𝜆\lambda. Une T-dualité transforme R1/R𝑅1𝑅R\to 1/R et (X~,ψ~)(X,ψ)~𝑋~𝜓𝑋𝜓(\widetilde{X},\widetilde{\psi})\to(X,\psi) de sorte que la déformation T-dual représente la formation d’un ressaut par condensation de tachyon sur un système D(p+1)D¯(p+1)𝐷𝑝1¯𝐷𝑝1D(p+1)-\overline{D}(p+1) coïncident enroulé autour de la dimension compacte de rayon R~=1/2~𝑅12\widetilde{R}=1/\sqrt{2}. Pour |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 le ressaut prend la forme concrête d’une brane non-BPS localisée en x=πR~𝑥𝜋~𝑅x=\pi\widetilde{R}. Par T-dualité inverse, la théorie de surface déformée par (IV.6) en |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 devrait donc décrire une D(p+1)𝐷𝑝1D(p+1)-brane non BPS enroulée autour de la dimension compacte.

En outre, nous pouvons généraliser cette construction pour tout R<2𝑅2R<\sqrt{2} : Sen montre, dans le cas bosonique [108] et dans le cas DD¯𝐷¯𝐷D-\overline{D} [105] que le ressaut est identifié à une brane de codimension 1 pour tout R~~𝑅\widetilde{R} tant que |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2. Ceci implique que la déformation

δS=σ12Rψ~2cosRX~2𝛿𝑆tensor-productsuperscript𝜎12contour-integral𝑅~𝜓2𝑅~𝑋2\displaystyle\delta S=\frac{\sigma^{1}}{2}\otimes\oint\frac{R\,\widetilde{\psi}}{2}\cos R\frac{\widetilde{X}}{2} (IV.7)

est exactement marginale pour tout R<2𝑅2R<\sqrt{2}. Par conséquent, le fond constant |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 est une solution des équations de la SFT : il s’agit donc d’un minimum du potentiel tachyonique, ce qui s’appelle un vide. Il consiste en une D(p+1)𝐷𝑝1D(p+1)-brane non BPS enroulée autour de la direction compacte – voir figure (6.2). Cela implique qu’en condensant, le tachyon se rassemble en une matière branaire pour recomposer cette brane non-BPS.

Refer to caption
Figure 6.2: Condensation du tachyon interbranaire dans le système DpD¯p𝐷𝑝¯𝐷𝑝Dp-\overline{D}p diamétralement séparé, par T-dualité avec la solution de ressaut dans le système D(p+1)D¯(p+1)𝐷𝑝1¯𝐷𝑝1D(p+1)-\overline{D}(p+1) coïncident.

D’après Sen, le potentiel du tachyon doit s’écrire sous la forme V(T)=2Tpf(T)𝑉𝑇2subscript𝑇𝑝𝑓𝑇V(T)=2T_{p}f(T) avec f𝑓f une fonction décroissante interpolant entre les valeurs extrêmes déterminées par la composition de l’espace-cible en ces points. Ici, parce que la brane créée est de dimension supérieure à la brane initiale, nous avons la contrainte :

V(1/2)=02πRdx2Tp+1=2RTp𝑉12superscriptsubscript02𝜋𝑅d𝑥2subscript𝑇𝑝12𝑅subscript𝑇𝑝\displaystyle V(1/2)=\int_{0}^{2\pi R}\text{d}x\,\sqrt{2}\,T_{p+1}=\sqrt{2}R\,T_{p} (IV.8)

Par conséquent, les valeurs extrêmes de f𝑓f sont f(0)=1𝑓01f(0)=1 et f(1/2)=R/2𝑓12𝑅2f(1/2)=R/\sqrt{2}. Pour R=2𝑅2R=\sqrt{2} le potentiel est bien plat, ce qui est compatible avec un ”tachyon” non-massif. Pour R<2𝑅2R<\sqrt{2} le potentiel est décroissant mais la valeur extrême en T=1/2𝑇12T=1/2 est non nulle à la différence du cas coïncident, et est déterminée par la distance séparant initialement les branes =πR𝜋𝑅\ell=\pi R.

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Figure 6.3: Condensation du tachyon dans le système brane-antibrane séparée, par formation d’un vortex dans le système T-dual.

Néanmoins, une brane non-BPS dans cette géométrie n’est pas stable puisqu’elle admet un tachyon dans le spectre de ses excitations de cordes ouvertes. Ainsi, le vide |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 est en vérité instable et le tachyon de la brane non-BPS est appelé à condenser, temporellement ou sous la forme d’un ressaut. Ce dernier mode de condensation est équivalent à la formation d’un vortex – une Dp𝐷𝑝Dp-brane BPS – directement depuis le système T-dual de la paire brane-antibrane séparée. Il est représenté sur la figure (6.3).

Ce développement suggère que le système DpD¯p𝐷𝑝¯𝐷𝑝Dp-\overline{D}p séparé par la distance \ell dans la limite de décompactification tend, par condensation, vers un vide composé d’une matière branaire non-BPS et instable remplissant l’espace délimité par les deux branes – voir figure (6.4).

Refer to caption
Figure 6.4: Système DpD¯p𝐷𝑝¯𝐷𝑝Dp-\overline{D}p séparé le long d’une direction X𝑋X tranverse. Le produit de condensation serait une matière branaire non BPS et instable remplissant l’espace délimité par la surface des deux branes. Il est représenté ici en rouge.

Cette matière est instable pour deux raisons, d’abord intrinsèquement à cause du tachyon de corde ouverte contenu dans le volume d’univers d’une brane non-BPS et ensuite géométriquement à cause de la tension non nulle de l’objet qui tend à réduire l’épaisseur du système. Il faudrait étudier les constantes de temps associées à ces deux effets pour déterminer lequel est dominant.

Le passage du système compact au système décompactifié n’est pas trivial et il s’agit d’un des points importants à développer dans cette direction de recherche. Une confirmation directe serait apportée par le calcul du potentiel associé à un seul des tachyons droit ou gauche dont la déformation de bord serait de la forme :

δS=σ+λRψ~2eiR2X~σλRψ~2eiR2X~𝛿𝑆tensor-productsuperscript𝜎𝜆contour-integral𝑅~𝜓2superscript𝑒𝑖𝑅2~𝑋tensor-productsuperscript𝜎superscript𝜆contour-integral𝑅~𝜓2superscript𝑒𝑖𝑅2~𝑋\displaystyle\delta S=\sigma^{+}\otimes\lambda\oint\frac{R\widetilde{\psi}}{2}e^{i\frac{R}{2}\widetilde{X}}-\sigma^{-}\otimes\lambda^{*}\oint\frac{R\widetilde{\psi}}{2}e^{-i\frac{R}{2}\widetilde{X}} (IV.9)

Cela pourrait être effectué en utilisant la relation de ce modèle sigma avec le modèle de Kondo – que nous présentons plus bas. Néanmoins, la distinction géométrique nette entre les tachyons droit et gauche suggère très fortement que la valeur |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 pour chacun de ces tachyons correspond à un vide dans lequel chaque tachyon s’agrège sous la forme d’une matière branaire.

A première vue, nous pourrions opposer à ce raisonnement que la fonction bêta du champ de tachyon interbranaire constant est possiblement non nulle. En effet, i) l’opérateur de vertex eirX~superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋e^{ir\widetilde{X}} n’est pas marginal et ii) des termes supplémentaires en |λ|2nsuperscript𝜆2𝑛\left|\lambda\right|^{2n} devraient y être ajouté à cause de la divergence des OPE du type (ψ~eirX~ψ~eirX~)nsuperscript~𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋~𝜓superscript𝑒𝑖𝑟~𝑋𝑛\left(\widetilde{\psi}e^{ir\widetilde{X}}\cdot\widetilde{\psi}e^{-ir\widetilde{X}}\right)^{n}. Par conséquent, le modèle sigma correspondant n’est a priori pas une CFT, de sorte que le fond constant |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2 n’est a priori pas un vide de la théorie. Toutefois, la formule finale de cette fonction bêta pourrait aussi bien se ressommer non-perturbativement en une fonction g(|λ|)𝑔𝜆g(\left|\lambda\right|) nulle en |λ|=1/2𝜆12\left|\lambda\right|=1/2. L’analyse de la relation de ce modèle sigma au modèle Kondo pourrait fournir des réponses.

Nous conclurons en présentant les similitudes que revêtent les modèles de tachyon du secteur interbranaire et les modèles de Kondo bosoniques – et par conséquent aussi supersymétriques. Le modèle de Kondo est défini par l’hamiltonien suivant [80] sur le demi-plan complexe avec z=x+iy𝑧𝑥𝑖𝑦z=x+iy :

HK=12+dx((xϕ)2+(yϕ)2)+ω0(S+eiβϕ(0,y)+Seiβϕ(0,y))subscript𝐻𝐾12superscriptsubscriptd𝑥superscriptsubscript𝑥italic-ϕ2superscriptsubscript𝑦italic-ϕ2subscript𝜔0superscript𝑆superscript𝑒𝑖𝛽italic-ϕ0𝑦superscript𝑆superscript𝑒𝑖𝛽italic-ϕ0𝑦H_{K}=\frac{1}{2}\int_{-\infty}^{+\infty}\text{d}x\leavevmode\nobreak\ \left(\left(\partial_{x}\phi\right)^{2}+\left(\partial_{y}\phi\right)^{2}\right)+\omega_{0}\left(S^{+}e^{i\beta\phi(0,y)}+S^{-}e^{-i\beta\phi(0,y)}\right) (IV.10)

Les matrices S±superscript𝑆plus-or-minusS^{\pm} agissent dans une représentation de spin j/2𝑗2j/2 de SU(2)q𝑆𝑈subscript2𝑞SU(2)_{q} avec q=eiπβ2𝑞superscript𝑒𝑖𝜋superscript𝛽2q=e^{i\pi\beta^{2}}. Voir (IV.12) plus loin. Par comparaison, le lagrangien du modèle de tachyon interbranaire constant est donné par :

S=12πdxdy((xϕ)2+(yϕ)2)+dy(λ+σ+eiβϕ(0,y)+λσeiβϕ(0,y))𝑆12𝜋d𝑥d𝑦superscriptsubscript𝑥italic-ϕ2superscriptsubscript𝑦italic-ϕ2contour-integrald𝑦superscript𝜆superscript𝜎superscript𝑒𝑖𝛽italic-ϕ0𝑦superscript𝜆superscript𝜎superscript𝑒𝑖𝛽italic-ϕ0𝑦S=\frac{1}{2\pi}\int\text{d}{x}\text{d}{y}\leavevmode\nobreak\ \left(\left(\partial_{x}\phi\right)^{2}+\left(\partial_{y}\phi\right)^{2}\right)+\oint\text{d}{y}\leavevmode\nobreak\ \left(\lambda^{+}\sigma^{+}e^{i\beta\phi(0,y)}+\lambda^{-}\sigma^{-}e^{-i\beta\phi(0,y)}\right) (IV.11)

σ±superscript𝜎plus-or-minus\sigma^{\pm} appartiennent à la représentation 1/2121/2 de SU(2)𝑆𝑈2SU(2) en fait équivalente à une représentation 1/2121/2 de SU(2)q𝑆𝑈subscript2𝑞SU(2)_{q}. Nous voyons donc par transformation de Legendre de (IV.11) que la correspondance est ici donnée par ω0=λ±subscript𝜔0superscript𝜆plus-or-minus\omega_{0}=-\lambda^{\pm} et S±=σ±superscript𝑆plus-or-minussuperscript𝜎plus-or-minusS^{\pm}=\sigma^{\pm}. La relation du modèle de Kondo au modèle de sine-Gordon de bord (BSG) est bien connue – voir par exemple [32]. En l’occurrence, les fonctions de partition respectives vérifient certaines relations comme nous voyons un peu plus bas dans la formule (IV.13). En outre, le modèle Kondo est intégrable à condition que les matrices S±superscript𝑆plus-or-minusS^{\pm} appartiennent bien à la représentation j/2𝑗2j/2 de SU(2)q𝑆𝑈subscript2𝑞SU(2)_{q} et vérifient l’algèbre :

[S+,S]=qSzqSzqq1[Sz,S±]=±2S±formulae-sequencesuperscript𝑆superscript𝑆superscript𝑞subscript𝑆𝑧superscript𝑞subscript𝑆𝑧𝑞superscript𝑞1subscript𝑆𝑧superscript𝑆plus-or-minusplus-or-minus2superscript𝑆plus-or-minus\displaystyle\left[S^{+},S^{-}\right]=\frac{q^{S_{z}}-q^{-S_{z}}}{q-q^{-1}}\qquad\left[S_{z},S^{\pm}\right]=\pm 2S^{\pm} (IV.12)

qui est effectivement la même que SU(2)𝑆𝑈2SU(2) le long d’une représentation 1/2121/2. Le modèle a deux régimes autour de la limite de Toulouse β1/2𝛽12\beta\to 1/\sqrt{2} qui, par comparaison à l’étude du tachyon roulant dans le modèle bosonique, est celle à partir de laquelle le couplage aux tachyons du secteur σ0superscript𝜎0\sigma^{0} est effectif. Pour β<1/2𝛽12\beta<1/\sqrt{2} on parle de régime attractif et pour 1>β>1/21𝛽121>\beta>1/\sqrt{2} de régime répulsif. Dans ce dernier régime la fonction de partition sur le disque a des pôles pour tout β=(1+2n)/(2+2n)𝛽12𝑛22𝑛\beta=\sqrt{(1+2n)/(2+2n)}. Dans le premier la fonction de partition est analytique. Pour donner un exemple de relation entre les modèles BSG et de Kondo citons la relation montrée par Fendley, LeSage et Saleur [32] le long de la représentation de spin 1/2121/2 et pour β<1/2𝛽12\beta<1/\sqrt{2} :

Z1/2[(qq1)x]=ZBSG(qx)+ZBSG(q1x)ZBSG(x)subscript𝑍12delimited-[]𝑞superscript𝑞1𝑥subscript𝑍𝐵𝑆𝐺𝑞𝑥subscript𝑍𝐵𝑆𝐺superscript𝑞1𝑥subscript𝑍𝐵𝑆𝐺𝑥\displaystyle Z_{1/2}[(q-q^{-1})x]=\frac{Z_{BSG}(qx)+Z_{BSG}(q^{-1}x)}{Z_{BSG}(x)} (IV.13)

avec ici x=2πω0𝑥2𝜋subscript𝜔0x=2\pi\omega_{0} et au moins pour q𝑞q racine de l’unité, c’est-à-dire β=1/n𝛽1𝑛\beta=1/\sqrt{n}. La fonction de partition de sine-Gordon est connue jusqu’à de larges ordres en perturbation et exactement sous la forme [32] :

ZBSG(x)=1+n=1x2nΓ(β2)2n𝐦i=1n(Γ(mi+β2(ni+1))Γ(mi+β2(ni)+1))2subscript𝑍𝐵𝑆𝐺𝑥1superscriptsubscript𝑛1superscript𝑥2𝑛Γsuperscriptsuperscript𝛽22𝑛subscript𝐦superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscriptΓsubscript𝑚𝑖superscript𝛽2𝑛𝑖1Γsubscript𝑚𝑖superscript𝛽2𝑛𝑖12\displaystyle Z_{BSG}(x)=1+\sum_{n=1}^{\infty}\frac{x^{2n}}{\Gamma(\beta^{2})^{2n}}\sum_{{\bf m}}\prod_{i=1}^{n}\left(\frac{\Gamma(m_{i}+\beta^{2}(n-i+1))}{\Gamma(m_{i}+\beta^{2}(n-i)+1)}\right)^{2} (IV.14)

avec la somme faite sur tous les ensembles (tableaux de Young) 𝐦=(m1,m2,,mn)𝐦subscript𝑚1subscript𝑚2subscript𝑚𝑛{\bf m}=(m_{1},m_{2},\ldots,m_{n}) pour des entiers misubscript𝑚𝑖m_{i} tels que m1m2mnsubscript𝑚1subscript𝑚2subscript𝑚𝑛m_{1}\geq m_{2}\geq\ldots\geq m_{n}. Il existe une méthode itérative pour calculer ces sommes ordre par ordre. La fonction de partition du modèle de Kondo dans la représentation de spin 1/2121/2 paraît donc calculable, au moins perturbativement, dans le régime attractif. En utilisant la BSFT de Witten, nous pensons possible d’exprimer une action effective off-shell, sachant que β±=(1r2)λ±subscript𝛽plus-or-minus1superscript𝑟2superscript𝜆plus-or-minus\beta_{\pm}=(1-r^{2})\lambda^{\pm} et toutes les autres fonctions bêta s’annulent, car la limite UV n’est plus divergente. La formule habituelle de relation de l’action effective et de la fonction de partition off-shell est en théorie bosonique [136, 51, 122, 127] :

S[T]=(1+βTT)Z[T]𝑆delimited-[]𝑇1subscript𝛽𝑇subscript𝑇𝑍delimited-[]𝑇\displaystyle S[T]=(1+\beta_{T}\partial_{T})Z[T] (IV.15)

Ici, nous aurions cependant Z[T,r]𝑍𝑇𝑟Z[T,r] avec β=r𝛽𝑟\beta=r identifiée à la distance. Et le long de champ constant, l’action S[T,r]𝑆𝑇𝑟S[T,r] serait simplement identifiée au potentiel effectif, dont nous souhaitions obtenir la formule un peu plus haut. Nous devons encore exploiter cette direction d’étude. Mais les calculs semblent à portée de main au moins dans le cas bosonique. En outre, par similitude du modèle bosonique au modèle brane-antibrane dans le régime attractif, et par comparaison au développement quadratique obtenu dans notre étude, nous pourrions probablement conjecturer une forme d’action effective du système brane-antibrane séparé.

Cinquième partie Annexe : article publié

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