Espaces de Berkovich, polytopes, squelettes et théorie des modèles

Antoine Ducros
Institut de mathématiques de Jussieu
Projet Topologie et géométrie algébriques
4 place Jussieu 75005 Paris   FRANCE
L’auteur est membre du projet ANR Espaces de Berkovich

Abstract. Let X𝑋X be an analytic space over a non-Archimedean, complete field k𝑘k and let 𝐟=(f1,,fn)𝐟subscript𝑓1subscript𝑓𝑛{\bf f}=(f_{1},\ldots,f_{n}) be a family of invertible functions on X𝑋X. Let us recall two results, both of which were proven using de Jong’s alterations (these alterations could have been avoided for 1), which could have been deduced quite formally from a former result by Bieri and Groves, based upon explicit computations on Newton polygons).

1) The compact set |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(X) is a polytope of the {\mathbb{R}}-vector space (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} (we use the multiplicative notation) ; this is due to Berkovich in the locally algebraic case, and has been extended to the general case by the author.

2) If moreover X𝑋X is Hausdorff and n𝑛n-dimensional, and if φ𝜑\varphi denotes the morphism X𝔾m,kn,an𝑋superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛anX\to{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} induced by 𝐟𝐟\bf f, then the pre-image of the skeleton Snsubscript𝑆𝑛S_{n} of 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} under φ𝜑\varphi has a piecewise-linear structure making φ1(Sn)Snsuperscript𝜑1subscript𝑆𝑛subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n})\to S_{n} a piecewise immersion ; this is due to the author.

In this article, we improve 1) and 2), and give a new proofs of both of them. Our proofs are based upon the model theory of algebraically closed, non-trivially valued fields and don’t involve de Jong’s alterations.

Let us quickly explain what we mean by improving 1) and 2).

\bullet Concerning 1), we also prove that if xX𝑥𝑋x\in X, there exists a compact analytic neighborhood U𝑈U of x𝑥x, such that for every compact analytic neighborhood V𝑉V of x𝑥x in X𝑋X, the germs of polytopes (|𝐟|(V),|𝐟|(x))𝐟𝑉𝐟𝑥(|{\bf f}|(V),|{\bf f}|(x)) and (|𝐟|(U),|𝐟|(x))𝐟𝑈𝐟𝑥(|{\bf f}|(U),|{\bf f}|(x)) coincide.

\bullet Concerning 2), we prove that the piecewise linear structure on φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}) is canonical, that is, doesn’t depend on the map we choose to write it as a pre-image of the skeleton; we thus answer a question which was asked to us by Temkin.

Moreover, we prove that the pre-image of the skeleton ’stabilizes after a finite, separable ground field extension’, and that if φ1,,φmsubscript𝜑1subscript𝜑𝑚\varphi_{1},\ldots,\varphi_{m} are finitely many morphisms from X𝑋X to 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}, the union φj(Sn)subscript𝜑𝑗subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j}(S_{n}) also inherits a canonical piecewise-linear structure.

Introduction

Cet article est consacré, d’une manière générale, à l’étude des liens étroits qui existent entre la géométrie analytique ultramétrique (ici, au sens de Berkovich) et la géométrie linéaire par morceaux ; ces liens, dont le polygone de Newton constitue une première manifestation, se rencontrent essentiellement à travers deux types de phénomènes.

  • A)

    L’image d’un espace analytique compact X𝑋X par une application de «tropicalisation» est un polytope de dimension majorée par celle de X𝑋X ([3], cor. 6.2.2 pour le cas localement algébrique, et [9], §3.30 pour l’extension au cas général). La preuve de [9] consiste essentiellement à algébriser la situation par des techniques standard (arguments de densité, lemme de Krasner…), pour se ramener au corollaire 6.2.2 de [3], lui-même démontré par réduction, via les altérations de de Jong, au cas où X𝑋X possède un modèle polystable.

  • B)

    Certains sous-ensembles d’un espace de Berkovich héritent d’une structure d’espace linéaire par morceaux ; donnons quelques exemples.

    • B1)

      Le cas archétypal est celui du «squelette standard» Snsubscript𝑆𝑛S_{n} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}, défini comme l’ensemble {η𝐫}𝐫(+)nsubscriptsubscript𝜂𝐫𝐫superscriptsubscriptsuperscript𝑛\{\eta_{\bf r}\}_{{\bf r}\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}}, où η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} est la semi-norme aI𝐓Imax|aI|𝐫Imaps-tosubscript𝑎𝐼superscript𝐓𝐼subscript𝑎𝐼superscript𝐫𝐼\sum a_{I}{\bf T}^{I}\mapsto\max|a_{I}|\cdot{\bf r}^{I}.

    • B2)

      Si 𝔛𝔛{\mathfrak{X}} est un schéma formel polystable et quasi-compact sur SpfkoSpfsuperscript𝑘o{\rm Spf}\,k^{\mbox{\tiny o}}, le «polytope d’incidence» de sa fibre spéciale s’identifie naturellement à un fermé S(𝔛)𝑆𝔛S({\mathfrak{X}}) de sa fibre générique 𝔛ηsubscript𝔛𝜂{\mathfrak{X}}_{\eta} : c’est l’objet principal de l’article [3] de Berkovich, voir notamment le théorème 5.1 de loc. cit.

    • B3)

      Si X𝑋X est un espace strictement k𝑘k-analytique de dimension n𝑛n et si φ:X𝔾m,kn,an:𝜑𝑋superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an\varphi:X\to{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} est un morphisme, φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}) possède une unique structure linéaire par morceaux telle que φ1(Sn)Snsuperscript𝜑1subscript𝑆𝑛subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n})\to S_{n} soit linéaire par morceaux (et c’est alors une immersion par morceaux). Ceci a été démontré par l’auteur dans [9], par une démarche un peu analogue à celle évoquée à propos de l’assertion A) : algébrisation, réduction au cas de réduction polystable via de Jong, et utilisation de B2).

Remarques

\bullet En 1984, Bieri et Groves avaient donné une preuve d’un avatar algébrique de l’assertion A), fondée sur des calculs explicites à base de polygones de Newton ([4], th. 5.2) ; l’assertion A) dans le cas localement algébrique (autrement dit, le corollaire 6.2.2 de [3]), peut s’en déduire de manière à peu près formelle (sans recours aux altérations de de Jong).

\bullet Le théorème principal de [9] est d’apparence plus générale que l’énoncé B3), mais il s’y ramène en réalité : c’est l’objet des paragraphes 3.2–3.11 de [9].

Le contenu de cet article

Dans ce texte, nous généralisons les énoncés A) et B3) tout en en donnant de nouvelles preuves : pour chacun d’eux nous utilisons, une fois la situation algébrisée, des outils de théorie des modèles des corps valués. Outils élémentaires pour notre généralisation de A), qui ne fait essentiellement appel qu’à l’élimination des quantificateurs ; outils plus avancés pour notre généralisation de B3), qui utilise des propriétés de finitude de certains des espaces de types que Hrushovski et Loeser ont récemment introduits pour étudier le type d’homotopie des espaces de Berkovich algébriques ([16]).

Expliquons maintenant un peu plus avant de quoi il retourne.

Vocabulaire et conventions

Le point de vue multiplicatif. Précisons pour commencer que nous suivons les conventions adoptées par Berkovich dans [3] en matière de géométrie linéaire par morceaux. La principale originalité de son point de vue est l’usage de la notation multiplicative, qui est la plus naturelle lorsqu’on s’intéresse à des normes de fonctions holomorphes inversibles : elle dispense du choix totalement arbitraire d’une base de logarithmes, et évite une profusion de symboles «log\log» et «exp\exp» dans les formules et démonstrations. Dans ce qui suit, nous considérerons donc (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} comme un espace vectoriel réel, par le biais de sa structure de groupe abélien (loi interne) et de l’exponentiation coordonnée par coordonnée (loi externe) ; on peut alors parler de polytopes de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, et modeler des espaces linéaires par morceaux abstraits sur ces derniers. Le lecteur trouvera plus bas (Géométrie linéaire par morceaux et sq.) le rappel de toutes les définitions précises.

Paramètres de définition des espaces analytiques et des polytopes. On fixe un corps ultramétrique complet k𝑘k et un sous-groupe ΓΓ\Gamma de (+)subscriptsuperscript({\mathbb{R}}^{*}_{+}) tel que Γ|k|Γsuperscript𝑘\Gamma\cdot|k^{*}| soit non trivial. La classe des espaces k𝑘k-analytiques  ΓΓ\Gamma-stricts est celle des espaces analytiques modelés sur les lieux des zéros de fonctions holomorphes sur des polydisques dont le rayon appartient à ΓΓ\Gamma (pour une définition précise, cf. Géométrie analytique et sq.).

On pose c=(,|k|Γ)𝑐superscript𝑘Γc=({\mathbb{Q}},\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}). Les  c𝑐c-polytopes de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} sont les polytopes que l’on peut définir au moyen de formes affines «dont la partie linéaire est à coefficients rationnels et dont le terme constant appartient à |k|Γsuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}» ; pour une définition précise, cf. Géométrie linéaire par morceaux. Ils donnent naissance par recollement à la catégorie des  c𝑐c-espaces linéaires par morceaux (Géométrie linéaire par morceaux et sq.).

Algèbre commutative graduée. Nous faisons un usage intensif dans ce texte du formalisme de l’algèbre commutative graduée, introduit et utilisé par Temkin dans [19] pour développer en toute généralité la théorie de la réduction des germes d’espaces k𝑘k-analytiques. Les rappels de base sur ces sujets sont faits aux Algèbre commutative graduée et sq., ainsi qu’au Germes d’espaces analytiques : la réduction de Temkin.

Tropicalisations d’un espace analytique

Nous démontrons deux théorèmes sur le sujet.

Théorème 3. Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict de dimension d𝑑d, et soit (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille de fonctions holomorphes inversibles sur X𝑋X. Notons  |𝐟|𝐟|{\bf f}| l’application (|f1|,,|fn|):X(+)n:subscript𝑓1subscript𝑓𝑛𝑋superscriptsubscriptsuperscript𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|):X\to({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}. Le compact |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(X) est alors un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de dimension au plus d𝑑d ; le compact |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(\partial X) est contenu dans un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de dimension au plus d1𝑑1d-1, et est un c𝑐c-polytope de dimension au plus d1𝑑1d-1 si X𝑋X est affinoïde.

Théorème 3. Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict et soient (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille de fonctions holomorphes inversibles sur X𝑋X. Soit xX𝑥𝑋x\in X et soit d𝑑d le degré de transcendance sur le corps gradué k~~𝑘\widetilde{k} du sous-corps gradué k~(f1(x)~,,fn(x)~)~𝑘~subscript𝑓1𝑥~subscript𝑓𝑛𝑥\widetilde{k}(\widetilde{f_{1}(x)},\ldots,\widetilde{f_{n}(x)}) de (x)~~𝑥\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}. Posons ξ=|𝐟|(x)𝜉𝐟𝑥\xi=|{\bf f}|(x).

  • 1)

    Il existe un voisinage k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict U𝑈U de x𝑥x dans X𝑋X possédant la propriété suivante : pour tout voisinage analytique compact V𝑉V de x𝑥x dans U𝑈U, les germes de polytopes (|𝐟|(U),ξ)𝐟𝑈𝜉(|{\bf f}|(U),\xi) et (|𝐟|(V),ξ)𝐟𝑉𝜉(|{\bf f}|(V),\xi) coïncident.

    De plus, |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est de dimension dabsent𝑑\leqslant d en ξ𝜉\xi. Si (X,x)𝑋𝑥(X,x) est sans bord, |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est purement de dimension d𝑑d en ξ𝜉\xi, et si de surcroît n=d𝑛𝑑n=d alors |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est un voisinage de ξ𝜉\xi dans (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}.

  • 2)

    Supposons que X𝑋X est affinoïde et que xX𝑥𝑋x\in\partial X. Il existe un voisinage k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict Y𝑌Y de x𝑥x dans X𝑋X possédant la propriété suivante : pour tout voisinage analytique compact Z𝑍Z de x𝑥x dans Y𝑌Y, les germes de polytopes (|𝐟|(YX),ξ)𝐟𝑌𝑋𝜉(|{\bf f}|(Y\cap\partial X),\xi) et (|𝐟|(ZX),ξ)𝐟𝑍𝑋𝜉(|{\bf f}|(Z\cap\partial X),\xi) coïncident.

Faisons quelques commentaires.

\bullet Chacun de ces deux théorèmes comporte un énoncé relatif à X𝑋X, et un autre relatif à son bord X𝑋\partial X. Dans les deux cas, le second se déduit très simplement du premier, grâce au lemme 3 qui assure que si X𝑋X est affinoïde, son bord X𝑋\partial X s’écrit comme une réunion finie d’espaces affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts définis sur de «gros» corps et de dimension majorée par d1𝑑1d-1.

\bullet Hormis son assertion relative au bord (qui est nouvelle), le théorème 3 est simplement l’énoncé A) mentionné plus haut, et déjà connu.

\bullet Le théorème 3 est entièrement nouveau. C’est la variante locale du théorème 3 : il assure en gros que l’image d’un germe d’espace analytique ΓΓ\Gamma-strict par une tropicalisation est un germe de c𝑐c-polytope.

\bullet Notons que le degré de transcendance de k~(f1(x)~,,fn(x)~)~𝑘~subscript𝑓1𝑥~subscript𝑓𝑛𝑥\widetilde{k}(\widetilde{f_{1}(x)},\ldots,\widetilde{f_{n}(x)}) est exactement égal à n𝑛n si et seulement si l’image de x𝑥x sur 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} par le morphisme qu’induisent les fisubscript𝑓𝑖f_{i} appartient au squelette standard Snsubscript𝑆𝑛S_{n} (Valuations classiques et corps gradués résiduels).

Disons maintenant quelques mots des preuves de ces théorèmes. Elles reposent toutes deux sur l’élimination des quantificateurs dans la théorie des corps non trivialement valués algébriquement clos. Celle-ci permet tout d’abord d’établir un avatar du théorème 3 portant sur une famille finie de fonctions inversibles sur une variété algébrique au-dessus d’un corps valué quelconque (non nécessairement de hauteur 1absent1\leqslant 1) : c’est le théorème 1. Il est peu ou prou équivalent au théorème de Bieri et Groves, démontré par des calculs explicites à base de polygones de Newton, que nous avons évoqué plus haut ([4], th. 5.2) – le recours à l’élimination des quantificateurs rend la preuve nettement plus concise, mais moins effective.

Pour prouver le théorème 3, on se ramène au théorème 1 par les méthodes usuelles d’algébrisation déjà évoquées. Quant au théorème 3, il se démontre également à l’aide du théorème 1, mais de manière plus indirecte : on déduit tout d’abord de celui-ci un énoncé qui lui est apparenté et porte sur les espaces de Riemann-Zariski gradués (th. 1), que l’on combine ensuite avec la théorie de la réduction des germes d’espaces k𝑘k-analytiques pour aboutir à nos fins.

Images réciproques du squelette standard de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}

Avant d’énoncer notre théorème principal sur la question, nous commençons par introduire la notion de c𝑐c-squelette d’un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict et topologiquement séparé X𝑋X (4). Sans entrer dans les détails, indiquons que si une partie localement fermée de X𝑋X est un c𝑐c-squelette, elle possède une structure naturelle d’espace c𝑐c-linéaire par morceaux qui peut être décrite purement en termes de l’espace analytique X𝑋X (la définition précise de cette structure fait intervenir les domaines analytiques ΓΓ\Gamma-stricts de X𝑋X et les normes de fonctions inversibles sur ces derniers).

Le prototype du c𝑐c-squelette est le squelette standard Snsubscript𝑆𝑛S_{n} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} (4) ; nous aurons également besoin dans ce qui suit de considérer le squelette standard de 𝔾m,Fn,ansubscriptsuperscript𝔾𝑛an𝑚𝐹{\mathbb{G}}^{n,\rm an}_{m,F} lorsque F𝐹F est une extension complète de k𝑘k, et nous le noterons Sn,Fsubscript𝑆𝑛𝐹S_{n,F}.

Nous démontrons alors le théorème suivant.

Théorème 5. Soit n𝑛n un entier et soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique topologiquement séparé, ΓΓ\Gamma-strict et de dimension nabsent𝑛\leqslant n. Soit (φ1,,φm)subscript𝜑1subscript𝜑𝑚(\varphi_{1},\ldots,\varphi_{m}) une famille finie de morphismes de X𝑋X vers 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}.

1) La réunion des φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette de X𝑋X, vide si dimX<ndim𝑋𝑛\mbox{\rm dim}\;X<n, et pour tout j𝑗j, l’application φj1(Sn)Snsuperscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n})\to S_{n} est une immersion par morceaux.

2) Si X𝑋X est compact il existe une extension finie séparable F0subscript𝐹0F_{0} de k𝑘k telle que pour toute extension complète F𝐹F de F0subscript𝐹0F_{0} , la flèche naturelle

φj,F1(Sn,F)φj,F01(Sn,F0)superscriptsubscript𝜑𝑗𝐹1subscript𝑆𝑛𝐹superscriptsubscript𝜑𝑗subscript𝐹01subscript𝑆𝑛subscript𝐹0\bigcup\varphi_{j,F}^{-1}(S_{n,F})\to\bigcup\varphi_{j,F_{0}}^{-1}(S_{n,F_{0}})

soit un homéomorphisme.

Faisons quelques commentaires.

\bullet Supposons que j=1𝑗1j=1 (on écrit alors φ𝜑\varphi au lieu de φ1subscript𝜑1\varphi_{1}) et que le groupe ΓΓ\Gamma est trivial. L’assertion 1) redonne l’énoncé B3) mentionné au début de l’introduction, mais est plus précise : elle assure par surcroît, en affirmant que Σ:=φ1(Sn)assignΣsuperscript𝜑1subscript𝑆𝑛\Sigma:=\varphi^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette, que la structure c𝑐c-linéaire par morceaux de ΣΣ\Sigma ne dépend pas du morphisme choisi pour le décrire comme image réciproque du squelette. Nous répondons ainsi à une question que nous avait posée Temkin.

\bullet L’assertion 1) lorsque Γ{1}Γ1\Gamma\neq\{1\} ou lorsque m>1𝑚1m>1 est nouvelle.

\bullet L’assertion 2) est nouvelle.

Donnons maintenant les grandes lignes la preuve du théorème 5. Nous le prouvons tout d’abord dans le cas où m=1𝑚1m=1, dans lequel nous nous plaçons donc pour le moment ; on écrit φ𝜑\varphi au lieu de φ1subscript𝜑1\varphi_{1}. La propriété à établir est locale, ce qui autorise à raisonner au voisinage d’un point xφ1(Sn)𝑥superscript𝜑1subscript𝑆𝑛x\in\varphi^{-1}(S_{n}). Par les techniques standard d’algébrisation, on se ramène au cas où X𝑋X est un voisinage de x𝑥x dans l’analytification 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} d’une k𝑘k-variété algébrique irréductible et lisse 𝒳𝒳\mathscr{X}, et où φ𝜑\varphi provient d’une famille (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) de fonctions inversibles (algébriques) sur 𝒳𝒳\mathscr{X}.

L’étape suivante consiste à montrer qu’il existe un voisinage affinoïde V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X et d’une famille finie (g1,,gr)subscript𝑔1subscript𝑔𝑟(g_{1},\ldots,g_{r}) de fonctions analytiques inversibles sur V𝑉V telle que la restriction de (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛subscript𝑔1subscript𝑔𝑚(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|) à φ|V1(Sn)\varphi_{|V}^{-1}(S_{n}) soit injective. On le déduit du théorème suivant.

Théorème 2. Soit K𝐾K un corps valué et soit  L𝐿L une extension finie de K(T1,,Tn)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛K(T_{1},\ldots,T_{n}). Il existe un sous-ensemble fini E𝐸E de Lsuperscript𝐿L^{*} tel que pour tout groupe abélien ordonné G𝐺G contenant |K|superscript𝐾|K^{*}| et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}, l’ensemble E𝐸E sépare les prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à L𝐿L, où η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} est la valuation de Gauß aI𝐓Imax|aI|𝐠I\sum a_{I}{\bf T}^{I}\mapsto\max|a_{I}\cdot|{\bf g}^{I}.

Pour prouver ce théorème, on raisonne par récurrence sur n𝑛n. Le passage de n𝑛n à n+1𝑛1n+1 repose de manière cruciale sur deux résultats de définissabilité en théorie des modèles des corps valués (dans le langage multisorte valsubscriptval\mathscr{L}_{\rm val} que Haskell-Hrushovski-Macpherson ont introduit dans [15]).

\bullet Le premier est dû à Hrushovski et Loeser et porte sur les courbes relatives ; nous allons en dire quelques mots. Dans [16], ils associent à tout morphisme 𝒵𝒴𝒵𝒴\mathscr{Z}\to\mathscr{Y} entre variétés algébriques sur k𝑘k un foncteur 𝒵/𝒴^^𝒵𝒴\widehat{\mathscr{Z}/\mathscr{Y}} de la catégorie des extensions non trivialement valuées et algébriquement closes de k𝑘k vers celle des ensembles ; le foncteur  𝒵/𝒴^^𝒵𝒴\widehat{\mathscr{Z}/\mathscr{Y}} est muni d’une application vers 𝒴𝒴\mathscr{Y}. On peut y penser comme un avatar modèle-théorique d’une fibration dont la base serait la variété algébrique 𝒴𝒴\mathscr{Y} et les fibres les analytifiés à la Berkovich des fibres de 𝒵𝒴𝒵𝒴\mathscr{Z}\to\mathscr{Y}. Ainsi, 𝔸𝒴1/𝒴^^subscriptsuperscript𝔸1𝒴𝒴\widehat{{\mathbb{A}}^{1}_{\mathscr{Y}}/\mathscr{Y}} envoie F𝐹F sur l’ensemble des couples (y,φ)𝑦𝜑(y,\varphi) où y𝒴(F)𝑦𝒴𝐹y\in\mathscr{Y}(F) et où φ𝜑\varphi est une «  semi-norme  » sur F[T]𝐹delimited-[]𝑇F[T] de la forme

ai(Tλ)imax|ai|rimaps-tosubscript𝑎𝑖superscript𝑇𝜆𝑖subscript𝑎𝑖superscript𝑟𝑖\sum a_{i}(T-\lambda)^{i}\mapsto\max|a_{i}|\cdot r^{i}

pour un certain (λ,r)F×|F|𝜆𝑟𝐹𝐹(\lambda,r)\in F\times|F| (on voit apparaître ici les valuations de Gauß, ce qui explique le rôle de ces espaces chapeautés dans la preuve du théorème 2). Hrushovski et Loeser montrent que 𝒵/𝒴^^𝒵𝒴\widehat{\mathscr{Z}/\mathscr{Y}} est prodéfinissable en général, et définissable lorsque 𝒵𝒴𝒵𝒴\mathscr{Z}\to\mathscr{Y} est de dimension relative majorée par 1 ; c’est cette dernière assertion que nous utilisons dans la preuve du théorème 2. Elle découle elle-même du théorème de Riemann-Roch pour les courbes, et plus précisément de l’une de ses conséquences : si Z𝑍Z est une courbe algébrique projective, irréductible et lisse de genre g𝑔g sur un corps algébriquement clos F𝐹F, le groupe F(Z)𝐹superscript𝑍F(Z)^{*} est engendré par les fonctions ayant au plus g+1𝑔1g+1 pôles avec multiplicités.

\bullet Le second est dû à Haskell, Hrushovski et Macpherson. Il assure que si F𝐹F est un corps valué algébriquement clos, et si r𝑟r est un élément d’un groupe ordonné G𝐺G contenant |F|superscript𝐹|F^{*}|, la structure engendrée par F𝐹F et r𝑟r est algébriquement close au sens de la théorie des modèles. Cela signifie la chose suivante. Donnons-nous une extension non trivialement valuée et algébriquement close Fsuperscript𝐹F^{\prime} de F𝐹F telle que G|(F)|𝐺superscriptsuperscript𝐹G\subset|(F^{\prime})^{*}|, ainsi qu’un produit fini 𝒮𝒮\mathscr{S} de sortes. Soit ΦΦ\Phi une formule de valsubscriptval\mathscr{L}_{\rm val} à paramètres dans (k,r)𝑘𝑟(k,r), portant sur les éléments de 𝒮𝒮\mathscr{S}, et telle que l’ensemble E:={x𝒮(F),Φ(x)}assign𝐸𝑥𝒮superscript𝐹Φ𝑥E:=\{x\in\mathscr{S}(F^{\prime}),\Phi(x)\} soit fini. Pour tout x0Esubscript𝑥0𝐸x_{0}\in E il existe alors une formule ΨΨ\Psi de valsubscriptval\mathscr{L}_{\rm val} à paramètres dans (k,r)𝑘𝑟(k,r) tel que {x𝒮(F),Ψ(x)}={x0}.𝑥𝒮superscript𝐹Ψ𝑥subscript𝑥0\{x\in\mathscr{S}(F^{\prime}),\Psi(x)\}=\{x_{0}\}.

Revenons à la preuve du théorème 5. Une fois exhibés V𝑉V et g1,,grsubscript𝑔1subscript𝑔𝑟g_{1},\ldots,g_{r} comme ci-dessus, on restreint un peu V𝑉V de sorte qu’il satisfasse les conditions suivantes :

\bullet φ𝜑\varphi induit un morphisme fini et plat de V𝑉V sur un domaine affinoïde de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} ;

\bullet l’intersection φ(V)Sn𝜑𝑉subscript𝑆𝑛\varphi(V)\cap S_{n} est un pavé n𝑛n-dimensionnel.

Si y𝑦y est un point de V𝑉V qui n’est pas situé sur φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}), on déduit du théorème 3 qu’il existe un voisnage analytique compact de y𝑦y dans V𝑉V dont l’image par (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) est de dimension n1absent𝑛1\leqslant n-1. Ce fait, joint au caractère ouvert des morphismes fini et plats et aux conditions imposées à V𝑉V, permet de donner une description de l’image de φ|V1(Sn)\varphi_{|V}^{-1}(S_{n}) par  (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛subscript𝑔1subscript𝑔𝑚(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|), que nous allons maintenant expliciter.

L’image de V𝑉V par (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛subscript𝑔1subscript𝑔𝑚(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|) est un c𝑐c-polytope P𝑃P de dimension nabsent𝑛\leqslant n. Triangulons-le (on a simplement besoin de cellules convexes, il n’est pas nécessaire que ce soient des simplexes), et appelons Q𝑄Q la réunion des cellules fermée de dimension n𝑛n de P𝑃P en restriction auxquelles la projection sur les n𝑛n premières coordonnées est injective. Le c𝑐c-polytope Q𝑄Q est alors précisément l’image de φ|V1(Sn)\varphi_{|V}^{-1}(S_{n}) par  (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛subscript𝑔1subscript𝑔𝑚(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|).

On dispose ainsi d’un homéomorphisme entre φ|V1(Sn)\varphi_{|V}^{-1}(S_{n}) et le c𝑐c-polytope Q𝑄Q, homéomorphisme qui est construit de façon suffisamment «analytique» pour faire de φ|V1(Sn)\varphi_{|V}^{-1}(S_{n}) un c𝑐c-squelette (cf. lemme 4).

Preuve de l’assertion 2) du théorème 5, toujours dans le cas où m=1𝑚1m=1. Elle repose sur ce qui précède, et sur le fait suivant : le théorème 2 mentionné ci-dessus assure également que l’on peut, après passage à une extension finie séparable convenable de K𝐾K, exhiber un ensemble E𝐸E qui sépare universellement (i.e. après n’importe quelle extension des scalaires) les prolongements des valuations de Gauß à L𝐿L.

Preuve du théorème 5 dans le cas où m𝑚m est quelconque. Le principe est le suivant : on fabrique un morphisme ψ:𝔸XN𝔾m,kN+n,an:𝜓subscriptsuperscript𝔸𝑁𝑋superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑁𝑛an\psi:{\mathbb{A}}^{N}_{X}\to{\mathbb{G}}_{m,k}^{N+n,\rm an} pour un entier N𝑁N convenable, et une section continue σ𝜎\sigma (de type «section de Shilov à rayon variable») du morphisme 𝔸XNXsubscriptsuperscript𝔸𝑁𝑋𝑋{\mathbb{A}}^{N}_{X}\to X qui identifie chacun des φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) à un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ψ1(Sn+N)superscript𝜓1subscript𝑆𝑛𝑁\psi^{-1}(S_{n+N}), lequel est un c𝑐c-squelette en vertu du cas m=1𝑚1m=1 déjà traité. La réunion des φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) hérite ainsi d’une structure c𝑐c-linéaire par morceaux ; et là encore, la construction est suffisamment analytique pour que l’on puisse en déduire que φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette.

Remerciements

Je tiens à faire part de ma gratitude à Antoine Chambert-Loir. C’est en effet lors de discussions avec lui, au sujet d’un travail commun consistant à développer une théorie des formes différentielles et courants réels sur les espaces de Berkovich ([6]), que le projet du présent article a pris forme – certains de ses résultats sont d’ailleurs utilisés dans [6].

0 Rappels, notations, préliminaires

Afin d’obtenir un article raisonnablement auto-suffisant, nous avons choisi de faire figurer dans cette (longue) section un certain nombre de rappels, pour l’essentiel sans preuves, sur différentes théories que nous allons utiliser. On pourra la sauter en première lecture, et ne s’y référer qu’en cas de besoin. Nous y présentons plus précisément :

- la théorie de la réduction des germes de Temkin, et le formalisme de l’algèbre commutative graduée sur lequel elle se fonde (concernant ce dernier, nous avons démontré quelques assertions bien connues, faute de références dans la littérature) ;

- nos conventions en matière d’espaces de Berkovich, quelques résultats de base sur le sujet dont nous nous servirons souvent, et la notion d’espace ΓΓ\Gamma-strict, utile pour garder une trace des paramètres réels en jeu ;

- la théorie des polytopes et espaces linéaires par morceaux «multiplicatifs», due à Berkovich.

Algèbre commutative graduée

Dans [19], Temkin a introduit un certain nombre d’outils extrêmement efficaces pour l’étude locale des espaces analytiques. Ils reposent sur le formalisme de l’algèbre commutative graduée, dont nous allons rappeler les bases, sans démonstrations (celles-ci consistent essentiellement à retranscrire les preuves classiques, en rajoutant les adjectifs «homogène» ou «gradué» un peu partout). Le lecteur intéressé pourra consulter [19], [13] ou [17].

On fixe pour ce paragraphe un groupe abélien divisible D𝐷D noté multiplicativement ; en pratique, ce qui suit sera surtout utilisé lorsque  D=+𝐷subscriptsuperscriptD={\mathbb{R}}^{*}_{+}. Un polyrayon est une famille finie d’éléments de D𝐷D.

(0.1)  Un anneau D𝐷D-gradué est un anneau (commutatif, unitaire) A𝐴A muni d’une décomposition A=rDAr𝐴subscriptdirect-sum𝑟𝐷superscript𝐴𝑟A=\bigoplus\limits_{r\in D}A^{r}, telle que ArAsArssuperscript𝐴𝑟superscript𝐴𝑠superscript𝐴𝑟𝑠A^{r}\cdot A^{s}\subset A^{rs} pour tout (r,s)𝑟𝑠(r,s) (attention : la graduation est multiplicative) ; on dit que Arsuperscript𝐴𝑟A^{r} est l’ensemble des éléments homogènes de degré r𝑟r. Dans ce qui suit, nous dirons simplement «gradué» au lieu de «D𝐷D-gradué».

Tout anneau A𝐴A peut être vu comme un anneau gradué : il suffit de le munir de la graduation triviale pour laquelle A1=Asuperscript𝐴1𝐴A^{1}=A et Ar={0}superscript𝐴𝑟0A^{r}=\{0\} si r1𝑟1r\neq 1.

Un idéal d’un anneau gradué A𝐴A est dit homogène s’il est engendré par des éléments homogènes ou, ce qui revient au même, s’il est somme directe de son intersection avec les Arsuperscript𝐴𝑟A^{r}.

(0.2)  Soit A𝐴A un anneau gradué et soit 𝐝=(d1,,dn)𝐝subscript𝑑1subscript𝑑𝑛{\bf d}=(d_{1},\ldots,d_{n}) un polyrayon. On note A[𝐝1𝐓]𝐴delimited-[]superscript𝐝1𝐓A[{\bf d}^{-1}{\bf T}] l’anneau gradué défini comme suit : l’anneau sous-jacent est l’anneau de polynômes A[𝐓]=A[T1,,Tn]𝐴delimited-[]𝐓𝐴subscript𝑇1subscript𝑇𝑛A[{\bf T}]=A[T_{1},\ldots,T_{n}], et l’ensemble des éléments homogènes de degré s𝑠s de A[𝐝1𝐓]𝐴delimited-[]superscript𝐝1𝐓A[{\bf d}^{-1}{\bf T}] est l’ensemble des polynômes de la forme aI𝐓Isubscript𝑎𝐼superscript𝐓𝐼\sum a_{I}{\bf T}^{I} avec aIAs𝐝Isubscript𝑎𝐼superscript𝐴𝑠superscript𝐝𝐼a_{I}\in A^{s{\bf d}^{-I}} pour tout I𝐼I. Lorsqu’on voudra évoquer le degré usuel d’un élément de A[𝐝1𝐓]𝐴delimited-[]superscript𝐝1𝐓A[{\bf d}^{-1}{\bf T}], on parlera de son degré monomial.

Si P𝑃P est un élément homogène de degré s𝑠s de A[𝐝1𝐓]𝐴delimited-[]superscript𝐝1𝐓A[{\bf d}^{-1}{\bf T}] et si 𝐛=(b1,,bn)𝐛subscript𝑏1subscript𝑏𝑛{\bf b}=(b_{1},\ldots,b_{n}) est une famille d’éléments homogènes d’une A𝐴A-algèbre graduée B𝐵B, chaque bisubscript𝑏𝑖b_{i} étant de degré disubscript𝑑𝑖d_{i}, alors P(𝐛)𝑃𝐛P({\bf b}) est un élément homogène de degré s𝑠s de B𝐵B.

(0.3)  Un corps gradué est un anneau gradué non nul dans lequel tout élément homogène non nul est inversible (en tant qu’anneau abstrait, un corps gradué n’est pas nécessairement un corps). Si K𝐾K est un corps gradué, un polyrayon 𝐫𝐫\bf r sera dit  K𝐾K-libre s’il constitue une famille libre de (D/D0)subscripttensor-product𝐷subscript𝐷0{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}(D/D_{0}), où D0subscript𝐷0D_{0} désigne le groupe des degrés des éléments homogènes non nuls de K𝐾K.

Si 𝐝𝐝\bf d est un polyrayon K𝐾K-libre alors K𝐝:=K[𝐝1𝐓,𝐝𝐓1]assignsubscript𝐾𝐝𝐾superscript𝐝1𝐓superscript𝐝𝐓1K_{\bf d}:=K[{\bf d}^{-1}{\bf T},{\bf d}{\bf T}^{-1}] est un corps gradué.

(0.4)  Soit KF𝐾𝐹K\hookrightarrow F une extension de corps gradués, soit 𝐝=(d1,,dn)𝐝subscript𝑑1subscript𝑑𝑛{\bf d}=(d_{1},\ldots,d_{n}) un polyrayon, et soit (x1,,xn)subscript𝑥1subscript𝑥𝑛(x_{1},\ldots,x_{n}) une famille d’éléments homogènes de F𝐹F, chaque xisubscript𝑥𝑖x_{i} étant de degré risubscript𝑟𝑖r_{i}. On dit que les xisubscript𝑥𝑖x_{i} sont algébriquement indépendants sur K𝐾K si P(x1,,xn)0𝑃subscript𝑥1subscript𝑥𝑛0P(x_{1},\ldots,x_{n})\neq 0 pour tout élément homogène non nul PK[𝐓/𝐝]𝑃𝐾delimited-[]𝐓𝐝P\in K[{\bf T}/{\bf d}]. Si x𝑥x est un élément homogène de F𝐹F on dira qu’il est transcendant sur K𝐾K si la famille singleton {x}𝑥\{x\} est algébriquement indépendante ; dans le cas contraire, on dira que x𝑥x est algébrique.

On dispose dans ce cadre d’une théorie du degré de transcendance, analogue à celle bien connue dans le cas non gradué.

Valuations graduées

(0.5)  Soit K𝐾K un corps gradué. Une valuation graduée sur K𝐾K est une application |.||{.}| définie sur l’ensemble des éléments homogènes de AK𝐴𝐾AK et à valeurs dans un groupe abélien ordonné G𝐺G (la notation est multiplicative) auquel on adjoint un plus petit élément absorbant 00, telle que :

\bullet |1|=111|{1}|=1|0|=000|{0}|=0 et |ab|=|a||b|𝑎𝑏𝑎𝑏|{ab}|=|{a}|\cdot|{b}| pour tout (a,b)𝑎𝑏(a,b) (ce qui implique que |a|0𝑎0|{a}|\neq 0 dès que a0𝑎0a\neq 0) ;

\bullet pour tout r>0𝑟0r>0 et tout couple (a,b)𝑎𝑏(a,b) d’éléments de Krsuperscript𝐾𝑟K^{r} on a l’inégalité ultramétrique |a+b|max(|a|,|b|)𝑎𝑏𝑎𝑏|{a+b}|\leqslant\max(|{a}|,|{b}|).

Deux valuations graduées |.|:KrG{0}|{.}|:\bigcup K^{r}\to G\cup\{0\} et |.|:KrG{0}|{.}|^{\prime}:\bigcup K^{r}\to G^{\prime}\cup\{0\} sont dites équivalentes s’il existe une valuation graduée |.|′′:KrG′′{0}|{.}|^{\prime\prime}:\bigcup K^{r}\to G^{\prime\prime}\cup\{0\} et deux morphismes strictement croissants i:G′′G:𝑖superscript𝐺′′𝐺i:G^{\prime\prime}\hookrightarrow G et i:G′′G:superscript𝑖superscript𝐺′′superscript𝐺i^{\prime}:G^{\prime\prime}\hookrightarrow G^{\prime} tels que |.|=i|.|′′|{.}|=i\circ|{.}|^{\prime\prime} et |.|=i|.|′′|{.}|^{\prime}=i^{\prime}\circ|{.}|^{\prime\prime}.

Soit |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ une valuation graduée sur K𝐾K. L’ensemble des éléments homogènes x𝑥x de K𝐾K tels que |x|1𝑥1|{x}|\leqslant 1 est l’ensemble des éléments homogènes d’un sous-anneau gradué 𝒪|.|\mathscr{O}_{|{.}|} de K𝐾K, qui est appelé l’anneau gradué de |.||{.}|. L’anneau  𝒪|.|\mathscr{O}_{|{.}|} est un anneau gradué local : il a un et un seul idéal homogène maximal, qui est appelé l’idéal maximal de |.||{.}|. Il possède la propriété suivante : si x𝑥x est un élément homogène non nul de K𝐾K alors ou bien x𝒪|.|x\in\mathscr{O}_{|{.}|} ou bien x1𝒪|.|x^{-1}\in\mathscr{O}_{|{.}|} ; cela équivaut à dire que 𝒪|.|\mathscr{O}_{|{.}|} est maximal pour la relation de domination entre sous-anneaux gradués locaux de K𝐾K (si A𝐴A et B𝐵B sont deux sous-anneaux gradués locaux de K𝐾K, on dit que B𝐵B domine A𝐴A si AB𝐴𝐵A\subset B et si l’idéal homogène maximal de A𝐴A est contenu dans celui de B𝐵B).

Inversement, toute anneau gradué de K𝐾K qui est maximal pour la relation de domination est l’anneau d’une valuation graduée de K𝐾K, unique à équivalence près. On dispose ainsi d’une bijection entre l’ensemble des classes d’équivalences de valuations graduées sur K𝐾K et celui des sous-anneaux gradués locaux de K𝐾K maximaux pour la relation de domination.

La valuation gradué triviale sur K𝐾K est celle dont l’anneau gradué est K𝐾K tout entier ; elle envoie tout élément homogène non nul sur 111.

Si KF𝐾𝐹K\hookrightarrow F est une extension de corps gradués, le lemme de Zorn assure que toute valuation graduée |.||{.}| sur K𝐾K s’étend en une valuation graduée |.||{.}|^{\prime} sur F𝐹F ; si |.||{.}| prend ses valeurs dans un groupe G𝐺G, on peut choisi  |.||{.}|^{\prime} à valeurs dans le groupe ordonné Gsubscripttensor-product𝐺G\otimes_{{\mathbb{Z}}}{\mathbb{Q}}, que l’on notera plus volontiers G𝐺\sqrt{G}.

(0.6)Valuations de Gauß. Soit K𝐾K un corps gradué, muni d’une valuation graduée à valeurs dans un groupe ordonné G𝐺G, et soit 𝐝=(d1,,dn)𝐝subscript𝑑1subscript𝑑𝑛{\bf d}=(d_{1},\ldots,d_{n}) un polyrayon. Soit K(𝐝1𝐓)𝐾superscript𝐝1𝐓K({\bf d}^{-1}{\bf T}) le corps des fractions gradué de K[𝐝1𝐓,𝐝𝐓1]𝐾superscript𝐝1𝐓superscript𝐝𝐓1K[{\bf d}^{-1}{\bf T},{\bf d}{\bf T}^{-1}], et soit 𝐠=(g1,,gn)𝐠subscript𝑔1subscript𝑔𝑛{\bf g}=(g_{1},\ldots,g_{n}) un n𝑛n-uplet d’éléments de G𝐺G. On notera ηK,𝐝,𝐠subscript𝜂𝐾𝐝𝐠\eta_{K,{\bf d},{\bf g}} l’unique valuation graduée de K(𝐝1𝐓)𝐾superscript𝐝1𝐓K({\bf d}^{-1}{\bf T}) qui envoie tout élément homogène aI𝐓Isubscript𝑎𝐼superscript𝐓𝐼\sum a_{I}{\bf T}^{I} de K[𝐝1𝐓]𝐾delimited-[]superscript𝐝1𝐓K[{\bf d}^{-1}{\bf T}] sur max|aI|𝐠Isubscript𝑎𝐼superscript𝐠𝐼\max|a_{I}|{\bf g}^{I}. Si 𝐝=(1,,1)𝐝1.1{\bf d}=(1,\ldots,1) on écrira simplement ηK,𝐠subscript𝜂𝐾𝐠\eta_{K,\bf g}, voire η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} si le corps K𝐾K est clairement indiqué par le contexte.

(0.7)  Soit KF𝐾𝐹K\hookrightarrow F une extension de corps gradués soit |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ une valuation graduée sur K𝐾K. Soit t𝑡t un élément homogène de F𝐹F.

Supposons t𝑡t algébrique sur K𝐾K. Pour toute valuation graduée |.||{.}| sur F𝐹F, il existe n>0𝑛0n>0 tel que |t|n|K|superscript𝑡𝑛𝐾|{t}|^{n}\in|{K}|. Notons un cas particulier important : si la restriction de |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ à K𝐾K est triviale, on a |t|=1𝑡1|{t}|=1 si t0𝑡0t\neq 0.

Supposons t𝑡t transcendant sur K𝐾K. Il existe alors une valuation graduée |.||{.}| sur F𝐹F, triviale sur K𝐾K, et telle que |t|>1𝑡1|{t}|>1. En effet, soit d𝑑d le degré de t𝑡t. Le sous-corps de F𝐹F engendré par K𝐾K et t𝑡t s’identifie à K(d1T)𝐾superscript𝑑1𝑇K(d^{-1}T), et l’on peut alors modulo cette identification considérer un prolongement à F𝐹F de la valuation gradué ηK,d,rsubscript𝜂𝐾𝑑𝑟\eta_{K,d,r}, où K𝐾K est considéré comme trivialement valué et où r𝑟r est un élément >1absent1>1 d’un groupe abélien ordonné quelconque, par exemple +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+}.

(0.8)  Soit K𝐾K un corps gradué. On note Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} l’ensemble l’espace de Riemann-Zariski gradué de K𝐾K, c’est-à-dire l’ensemble des classes d’équivalence de valuations graduées de F𝐹F. Pour toute partie X𝑋X de Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} et tout ensemble E𝐸E d’éléments homogènes de F𝐹F, on note X{E}𝑋𝐸X\{E\} (resp. X{{E}}𝑋𝐸X\{\{E\}\}) le sous-ensemble de X𝑋X formé des valuations |.||{.}| dont l’anneau gradué (resp. l’idéal homogène homogène maximal) contient E𝐸E ou, si l’on préfère, telles que |e|1𝑒1|{e}|\leqslant 1 (resp. |e|<1𝑒1|{e}|<1) pour tout eE𝑒𝐸e\in E On munit Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} de la topologie engendrée par les parties de la forme K{E}subscript𝐾𝐸{\mathbb{P}}_{K}\{E\} où E𝐸E est fini.

Soient F𝐹F et Fsuperscript𝐹F^{\prime} deux ensembles quelconques d’éléments homogènes de K𝐾K ; posons X=K{F}{{F}}𝑋subscript𝐾𝐹superscript𝐹X={\mathbb{P}}_{K}\{F\}\{\{F^{\prime}\}\}, et munissons-le de la topologie induite. Il est quasi-compact : cela résulte du fait qu’il est fermé dans K{F}subscript𝐾𝐹{\mathbb{P}}_{K}\{F\}, et que ce dernier est quasi-compact d’après le lemme 2.1 de [19]. On qualifiera d’affine tout ouvert de X𝑋X de la forme X{E}𝑋𝐸X\{E\} où E𝐸E est un ensemble fini d’éléments homogènes de K𝐾K ; remarquons que X𝑋X est lui-même affine (prendre E=𝐸E=\emptyset).

Soit K0subscript𝐾0K_{0} un sous-corps gradué de K𝐾K et soit |.||{.}| une valuation graduée de K0subscript𝐾0K_{0}. Soit F𝐹F (resp. Fsuperscript𝐹F^{\prime}) l’ensemble des éléments homogènes de l’anneau gradué (resp. de l’idéal homogène) de |.||{.}|. Le sous-ensemble K{F}{{F}}subscript𝐾𝐹superscript𝐹{\mathbb{P}}_{K}\{F\}\{\{F^{\prime}\}\} de Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} est alors l’ensemble des valuations graduées qui prolongent la valuation |.||{.}| de K0subscript𝐾0K_{0}. On le notera le plus souvent K/(K0,|.|){\mathbb{P}}_{K/(K_{0},|{.}|)}, ou simplement K/K0subscript𝐾subscript𝐾0{\mathbb{P}}_{K/K_{0}} s’il n’y a pas d’ambiguïté sur la valuation de K0subscript𝐾0K_{0} ; lorsque celle-ci n’est pas précisée, K0subscript𝐾0K_{0} sera implicitement considéré comme muni de la valuation triviale.

Valuations classiques et corps gradués résiduels

(0.9)  Si K𝐾K est un corps classique, vu comme trivialement gradué, une valuation graduée sur K𝐾K n’est autre qu’une valuation (de Krull) usuelle. Les espaces Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} et K/(K0,|.|){\mathbb{P}}_{K/(K_{0},|{.}|)} (où K0subscript𝐾0K_{0} est un sous-corps de K𝐾K muni d’une valuation de Krull |.||{.}|) sont les espaces de Riemann-Zariski usuels ; si K𝐾K est une extension de type fini de K0subscript𝐾0K_{0}, l’espace topologique K/(K0,|.|){\mathbb{P}}_{K/(K_{0},|{.}|)} s’identifie à la limite projective des fibres spéciales de tous les modèles intègres, propres et plats du corps K𝐾K sur 𝖲𝗉𝖾𝖼𝒪|.|\mathsf{Spec}\;\mathscr{O}_{|{.}|}.

(0.10)  Soit K𝐾K un corps classique, muni d’une valuation |.||{.}|, prenant ses valeurs dans un groupe abélien ordonné divisible G𝐺G. Temkin associe à cette donnée un corps G𝐺G-gradué K~~𝐾\widetilde{K}, appelé le corps gradué résiduel de |.||{.}| (ou, par un abus fréquent, de K𝐾K), et défini comme suit :

K~=gG{zk,|z|g}/{zk,|z|<g}.~𝐾subscriptdirect-sum𝑔𝐺formulae-sequence𝑧𝑘𝑧𝑔formulae-sequence𝑧𝑘𝑧𝑔\widetilde{K}=\bigoplus_{g\in G}\{z\in k,|{z}|\leqslant g\}/\{z\in k,|{z}|<g\}.

Remarquons que K~~𝐾\widetilde{K} ne change pas si l’on agrandit G𝐺G, et que K~1superscript~𝐾1\widetilde{K}^{1} n’est autre que le corps résiduel traditionnel de K𝐾K. Toute extension KL𝐾𝐿K\hookrightarrow L de corps valués induit une extension K~L~~𝐾~𝐿\widetilde{K}\hookrightarrow\widetilde{L} de corps gradués.

Si gG𝑔𝐺g\in G et si λ𝜆\lambda est un élément de K𝐾K tel que |λ|g𝜆𝑔|\lambda|\leqslant g on notera λ~gsuperscript~𝜆𝑔\widetilde{\lambda}^{g} l’image de λ𝜆\lambda dans K~gsuperscript~𝐾𝑔\widetilde{K}^{g} ; si de plus |λ|=g𝜆𝑔|\lambda|=g on écrira simplement λ~~𝜆\widetilde{\lambda} ; si λ=0𝜆0\lambda=0 on pose λ~=0~𝜆0\widetilde{\lambda}=0.

(0.11)  Soit L𝐿L une extension de K𝐾K, munie d’un prolongement de |.||{.}| noté encore |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ ; quitte à agrandir G𝐺G, on suppose que |L|Gsuperscript𝐿𝐺|L^{*}|\subset G. Soit d𝑑d le degré de transcendance de L~1superscript~𝐿1\widetilde{L}^{1} sur k~1superscript~𝑘1\widetilde{k}^{1}, et soit r𝑟r la dimension du {\mathbb{Q}}-espace vectoriel (|L|/|K|)subscripttensor-productsuperscript𝐿superscript𝐾{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}(|L^{*}|/|K^{*}|). La somme d+r𝑑𝑟d+r est alors égale au degré de transcendance de l’extension graduée k~L~~𝑘~𝐿\widetilde{k}\hookrightarrow\widetilde{L}.

Pour le voir, fixons une base de transcendance 𝐚𝐚{\bf a} de L~1superscript~𝐿1\widetilde{L}^{1} sur k~1superscript~𝑘1\widetilde{k}^{1}, et une partie 𝐛𝐛{\bf b} de Lsuperscript𝐿L^{*} tels que |𝐛|𝐛|{\bf b}| soit une base de  (|L|/|K|)subscripttensor-productsuperscript𝐿superscript𝐾{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}(|L^{*}|/|K^{*}|). Nous allons montrer que 𝐚𝐛~𝐚~𝐛{\bf a}\cup\widetilde{\bf b} est une base de transcendance de L~~𝐿\widetilde{L}\leavevmode\nobreak\ sur k~~𝑘\widetilde{k}.

La famille 𝐚𝐛~𝐚~𝐛{\bf a}\cup\widetilde{\bf b} est algébriquement indépendante. Soit hG𝐺h\in G et soit P𝑃P un élément homogène de degré hh de K~[𝐓,|𝐛|1𝐒]~𝐾𝐓superscript𝐛1𝐒\widetilde{K}[{\bf T},|{\bf b}|^{-1}{\bf S}] tel que P(𝐚,𝐛~)=0𝑃𝐚~𝐛0P({\bf a},\widetilde{\bf b})=0. Nous allons montrer que P𝑃P est nul.

Les monômes qui constituent P𝑃P sont tous homogènes de même degré hh ; comme |𝐛|𝐛|{\bf b}| est une {\mathbb{Q}}-base de |L|superscript𝐿|L^{*}| modulo |K|superscript𝐾|K^{*}|, ceci entraîne l’existence d’un monôme unitaire QK~[𝐠1𝐒]𝑄~𝐾delimited-[]superscript𝐠1𝐒Q\in\widetilde{K}[{\bf g}^{-1}{\bf S}] et d’un élément homogène RK~[𝐓]𝑅~𝐾delimited-[]𝐓R\in\widetilde{K}[{\bf T}] tels que P=QR𝑃𝑄𝑅P=QR. En utilisant encore la {\mathbb{Q}}-liberté de |𝐛|𝐛|{\bf b}| on voit que Q(𝐛~)0𝑄~𝐛0Q(\widetilde{\bf b})\neq 0 ; par conséquent, R(𝐚)=0𝑅𝐚0R({\bf a})=0. On peut toujours écrire R=αR𝑅𝛼superscript𝑅R=\alpha R^{\sharp}, où α𝛼\alpha est un élément homogène non nul de K~~𝐾\widetilde{K} et où Rsuperscript𝑅R^{\sharp} est de degré 1, c’est-à-dire somme de monômes dont tous les coefficients appartiennent à K~1superscript~𝐾1\widetilde{K}^{1}. On a alors R(𝐚)=0superscript𝑅𝐚0R^{\sharp}({\bf a})=0 ; comme 𝐚𝐚\bf a est une base de transcendance de L~1superscript~𝐿1\widetilde{L}^{1} sur K~1superscript~𝐾1\widetilde{K}^{1}, il vient R=0superscript𝑅0R^{\sharp}=0 et finalement P=0𝑃0P=0, ce qu’il fallait démontrer.

Le corps gradué L~~𝐿\widetilde{L} est algébrique sur K~(𝐚𝐛~)~𝐾𝐚~𝐛\widetilde{K}({\bf a}\cup\widetilde{\bf b}). Soit λL𝜆superscript𝐿\lambda\in L^{*}. Comme 𝐠𝐠\bf g est une base de (|L|/|K|)subscripttensor-productsuperscript𝐿superscript𝐾{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}(|L^{*}|/|K^{*}|), il existe un entier n>0𝑛0n>0, un multi-indice J𝐽J, un élément α𝛼\alpha de Ksuperscript𝐾K^{*} et un élément βL𝛽superscript𝐿\beta\in L^{*} de valeur absolue égale à 1 tels que λn=αβ𝐛Jsuperscript𝜆𝑛𝛼𝛽superscript𝐛𝐽\lambda^{n}=\alpha\beta\cdot{\bf b}^{J}. En réduisant, il vient

λ~n=α~β~𝐛~J.superscript~𝜆𝑛~𝛼~𝛽superscript~𝐛𝐽\widetilde{\lambda}^{n}=\widetilde{\alpha}\widetilde{\beta}\cdot\widetilde{\bf b}^{J}.

Comme β~L~1~𝛽superscript~𝐿1\widetilde{\beta}\in\widetilde{L}^{1}, il est algébrique sur K~1(𝐚)superscript~𝐾1𝐚\widetilde{K}^{1}({\bf a}) ; par conséquent, λ~~𝜆\widetilde{\lambda} est algébrique sur K~(𝐚𝐛~)~𝐾𝐚~𝐛\widetilde{K}({\bf a}\cup\widetilde{\bf b}), ce qui achève la démonstration.

(0.12)  Soit KL𝐾𝐿K\hookrightarrow L une extension de corps valués, soit n𝑛n un entier et soit L𝐿L une extension de K𝐾K. Soient t1,,tnsubscript𝑡1subscript𝑡𝑛t_{1},\ldots,t_{n} des éléments de Lsuperscript𝐿L^{*}. Les assertions suivantes sont équivalentes :

i) les tisubscript𝑡𝑖t_{i} sont algébriquement indépendants sur K𝐾K, et la valuation de K(𝐭)𝐾𝐭K({\bf t}) est égale à η|𝐭|subscript𝜂𝐭\eta_{|{\bf t}|} ;

ii) les éléments ti~~subscript𝑡𝑖\widetilde{t_{i}} de L~~𝐿\widetilde{L} sont algébriquement indépendants sur K~~𝐾\widetilde{K}.

En effet i) est fausse si et seulement si il existe un polynôme P=aI𝐓I𝑃subscript𝑎𝐼superscript𝐓𝐼P=\sum a_{I}{\bf T}^{I} tel que |P(𝐭)|<max|aI||𝐭|I𝑃𝐭subscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐼|P({\bf t})|<\max|a_{I}|\cdot|{\bf t}|^{I}, c’est-à-dire encore s’il existe g|L|𝑔superscript𝐿g\in|L^{*}| et une famille finie (aI)subscript𝑎𝐼(a_{I})\leavevmode\nobreak\ d’éléments de K𝐾K vérifiant les conditions suivantes :  |aI||𝐭|Igsubscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐼𝑔|a_{I}|\leqslant|{\bf t}|^{-I}g pour tout I𝐼I ; il existe I𝐼I pour lequel on a égalité ; et |aI𝐭I|<gsubscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐼𝑔|\sum a_{I}{\bf t}^{I}|<g.

On peut reformuler cette condition en demandant qu’il existe g|L|𝑔superscript𝐿g\in|L^{*}| et une famille finie (αI)subscript𝛼𝐼(\alpha_{I}) d’éléments homogènes de K~~𝐾\widetilde{K} satisfaisant les conditions suivantes : αIsubscript𝛼𝐼\alpha_{I} est de degré |𝐭|Igsuperscript𝐭𝐼𝑔|{\bf t}|^{-I}g ; les αIsubscript𝛼𝐼\alpha_{I} sont non tous nuls ; et l’élément αI𝐭~Isubscript𝛼𝐼superscript~𝐭𝐼\sum\alpha_{I}\widetilde{\bf t}^{I} de K~gsuperscript~𝐾𝑔\widetilde{K}^{g} est nul (prendre αI=(aI~)|𝐭|Igsubscript𝛼𝐼superscript~subscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐼𝑔\alpha_{I}=(\widetilde{a_{I}})^{|{\bf t}|^{-I}g}). Mais cela signifie exactement qu’il existe g|L|𝑔superscript𝐿g\in|L^{*}| et un élément Q𝑄Q non nul homogène de degré g𝑔g dans K~[|𝐭|1𝐒]~𝐾delimited-[]superscript𝐭1𝐒\widetilde{K}[|{\bf t}|^{-1}{\bf S}] tel que Q(𝐭~)=0𝑄~𝐭0Q(\widetilde{\bf t})=0.

Autrement dit, i) est fausse si est seulement si ii) est fausse, ce qu’il fallait démontrer.

(0.13)Remarque. Supposons que les conditions équivalentes ci-dessus soient satisfaites, et soit λ=aI𝐭I𝜆subscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐼\lambda=\sum a_{I}{\bf t}^{I} un élément non nul de K[t1,,tn]𝐾subscript𝑡1subscript𝑡𝑛K[t_{1},\ldots,t_{n}]. Soit 𝒥𝒥\mathscr{J} l’ensemble des indices J𝐽J tels que |aJ||𝐭|J=max|aI||𝐭J|=|λ|.subscript𝑎𝐽superscript𝐭𝐽subscript𝑎𝐼superscript𝐭𝐽𝜆|a_{J}|\cdot{|\bf t}|^{J}=\max|a_{I}|\cdot|{\bf t}^{J}|=|\lambda|. On a

λ~=J𝒥aJ𝐭J~=J𝒥aJ~𝐭~J.~𝜆~subscript𝐽𝒥subscript𝑎𝐽superscript𝐭𝐽subscript𝐽𝒥~subscript𝑎𝐽superscript~𝐭𝐽\widetilde{\lambda}=\widetilde{\sum_{J\in\mathscr{J}}a_{J}{\bf t}^{J}}=\sum_{J\in\mathscr{J}}\widetilde{a_{J}}\widetilde{\bf t}^{J}.

Il s’ensuit que K(𝐭)~=K~(𝐭~)~𝐾𝐭~𝐾~𝐭\widetilde{K({\bf t})}=\widetilde{K}(\widetilde{\bf t}). Notons que ce dernier est par ailleurs, en vertu de nos hypothèses, naturellement isomorphe à K~(|𝐭|1𝐓)~𝐾superscript𝐭1𝐓\widetilde{K}(|{\bf t}|^{-1}{\bf T}).

(0.14)  Soit KL𝐾𝐿K\hookrightarrow L une extension finie de corps valués, et soit G𝐺G un groupe abélien ordonné contenant |L|superscript𝐿|L^{*}|. Soit n𝑛n un entier, et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Le seul prolongement de ηK,𝐠subscript𝜂𝐾𝐠\eta_{K,{\bf g}} à L(T1,,Tn)𝐿subscript𝑇1subscript𝑇𝑛L(T_{1},\ldots,T_{n}) est ηL,𝐠subscript𝜂𝐿𝐠\eta_{L,{\bf g}}. En effet, fixons un tel prolongement. En vertu du Valuations classiques et corps gradués résiduels ci-dessus, les Ti~~subscript𝑇𝑖\widetilde{T_{i}} sont algébriquement indépendants sur K~~𝐾\widetilde{K} ; l’extension KL𝐾𝐿K\hookrightarrow L étant finie, L~~𝐿\widetilde{L} est algébrique sur K~~𝐾\widetilde{K}, et les Ti~~subscript𝑇𝑖\widetilde{T_{i}} sont donc encore algébriquement indépendants sur K~~𝐾\widetilde{K}. En utilisant à nouveau le Valuations classiques et corps gradués résiduels, on voit que la valuation de L(T1,,Tn)𝐿subscript𝑇1subscript𝑇𝑛L(T_{1},\ldots,T_{n}) est égale à ηL,𝐠subscript𝜂𝐿𝐠\eta_{L,{\bf g}}.

Géométrie analytique

(0.15)  On fixe pour toute la suite du texte un corps ultramétrique complet k𝑘k (sa valeur absolue peut être triviale) et un sous-groupe ΓΓ\Gamma de +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} tel que Γ|k|{1}Γsuperscript𝑘1\Gamma\cdot|k^{*}|\neq\{1\} (autrement dit, ΓΓ\Gamma est non trivial si |k|={1}superscript𝑘1|k^{*}|=\{1\}). Dans ce texte, la notion d’espace k𝑘k-analytique sera à prendre au sens de Berkovich ([1], [2]). Conformément aux conventions introduites plus haut, k~~𝑘\widetilde{k} désignera le corps gradué résiduel de k𝑘k. Si 𝒳𝒳\mathscr{X} est une k𝑘k-variété algébrique, on notera 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} son analytifiée.

(0.16)  Dans ce contexte, un polyrayon sera simplement une famille finie (r1,,rn)subscript𝑟1subscript𝑟𝑛(r_{1},\ldots,r_{n}) de réels strictement positifs ; on dira  k𝑘k-libre si les risubscript𝑟𝑖r_{i} sont linéairement indépendants dans (+/|k|)subscripttensor-productsubscriptsuperscriptsuperscript𝑘{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}({\mathbb{R}}^{*}_{+}/|k^{*}|). Si 𝐫=(r1,,rn)𝐫subscript𝑟1subscript𝑟𝑛{\bf r}=(r_{1},\ldots,r_{n}) est un polyrayon k𝑘k-libre, l’algèbre normée k𝐫:=k{𝐫1𝐓,𝐫𝐓1}assignsubscript𝑘𝐫𝑘superscript𝐫1𝐓superscript𝐫𝐓1k_{\bf r}:=k\{{\bf r}^{-1}{\bf T},{\bf r}{\bf T}^{-1}\} est un corps valué ; le foncteur d’extension des scalaires à k𝐫subscript𝑘𝐫k_{\bf r} sera simplement noté par un 𝐫𝐫\bf r en indice.

On dira qu’un polyrayon k𝑘k-libre 𝐫𝐫\bf r déploie une algèbre k𝑘k-affinoïde 𝒜𝒜\mathscr{A} si la valeur absolue de k𝐫subscript𝑘𝐫k_{\bf r} n’est pas triviale et si 𝒜𝐫subscript𝒜𝐫\mathscr{A}_{\bf r} est strictement k𝐫subscript𝑘𝐫k_{\bf r}-affinoïde.

(0.17)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique et soit xX𝑥𝑋x\in X. On notera x𝑥{\mathscr{H}}x le corps résiduel complété de x𝑥x ; lorsque X𝑋X est bon, on notera 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathscr{O}_{X,x} l’anneau local de X𝑋X en x𝑥x (il aurait un sens dans le cas général, mais ne semble pertinent à considérer que dans le cas bon).

On désignera par dk(x)subscript𝑑𝑘𝑥d_{k}(x) le degré de transcendance de l’extension de corps gradués k~(x)~~𝑘~𝑥\widetilde{k}\hookrightarrow\widetilde{{\mathscr{H}}(x)} ; on peut également le définir comme la somme du degré de transcendance de l’extension de corps résiduels classiques k~1(x)~1superscript~𝑘1superscript~𝑥1\widetilde{k}^{1}\hookrightarrow\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}^{1} et de la dimension de (|(x)|/|k|)subscripttensor-productsuperscript𝑥superscript𝑘{\mathbb{Q}}\otimes_{{\mathbb{Z}}}(|{\mathscr{H}}(x)^{*}|/|k^{*}|) (Valuations classiques et corps gradués résiduels).

On a l’égalité dimX=supxXdk((x))dim𝑋subscriptsupremum𝑥𝑋subscript𝑑𝑘𝑥\mbox{\rm dim}\;X=\sup\limits_{x\in X}d_{k}({\mathscr{H}}(x)).

(0.18)  Soit 𝐫=(r1,,rn)𝐫subscript𝑟1subscript𝑟𝑛{\bf r}=(r_{1},\ldots,r_{n}) un polyrayon. La valuation η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} du corps k(T1,,Tn)𝑘subscript𝑇1subscript𝑇𝑛k(T_{1},\ldots,T_{n}) induit un point de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}, encore noté η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} ; l’application 𝐫η𝐫maps-to𝐫subscript𝜂𝐫{\bf r}\mapsto\eta_{\bf r} induit un homéomorphisme entre (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} et un fermé de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} que l’on notera Snsubscript𝑆𝑛S_{n}.

Soit xSn𝑥subscript𝑆𝑛x\in S_{n}. On déduit de la remarque Valuations classiques et corps gradués résiduels, et de la densité de k(T1,,Tn)𝑘subscript𝑇1subscript𝑇𝑛k(T_{1},\ldots,T_{n}) dans (x)𝑥{\mathscr{H}}(x), que dk(x)=nsubscript𝑑𝑘𝑥𝑛d_{k}(x)=n. Il s’ensuit que si V𝑉V est un domaine analytique de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} et si Y𝑌Y est un fermé de Zariski de V𝑉V contenant x𝑥x, la dimension de Y𝑌Y est égale à n𝑛n (autrement dit, Y𝑌Y contient une composante connexe de l’espace normal V𝑉V, qui est purement de dimension n𝑛n). On déduit alors du corollaire 1.12 de [14] que 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathscr{O}_{X,x} est artinien ; comme 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} est lisse en en particulier réduit,  𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathscr{O}_{X,x} est un corps.

(0.19)  Soit 𝒜𝒜\mathscr{A} une algèbre k𝑘k-affinoïde. Nous suivrons les conventions de [14] : l’algèbre 𝒜𝒜\mathscr{A} sera dite  ΓΓ\Gamma-stricte si elle peut s’écrire comme un quotient admissible de k{r11T1,,rn1Tn}𝑘superscriptsubscript𝑟11subscript𝑇1superscriptsubscript𝑟𝑛1subscript𝑇𝑛k\{r_{1}^{-1}T_{1},\ldots,r_{n}^{-1}T_{n}\} pour une certaine famille (ri)subscript𝑟𝑖(r_{i}) d’éléments de ΓΓ\Gamma ; un espace k𝑘k-affinoïde sera qualifié de ΓΓ\Gamma-strict si son algèbre des fonctions analytiques est ΓΓ\Gamma-stricte.

Si 𝒜𝒜\mathscr{A} est une algèbre ΓΓ\Gamma-stricte, il existe un polyrayon k𝑘k-libre 𝐫𝐫{\bf r} qui déploie 𝒜𝒜\mathscr{A} et est constitué d’éléments de ΓΓ\Gamma ; et pour toute extension complète L𝐿L de k𝑘k, l’algèbre L𝐿L-affinoïde 𝒜Lsubscript𝒜𝐿\mathscr{A}_{L} est ΓΓ\Gamma-stricte.

Notons que lorsque |k|{1}superscript𝑘1|k^{*}|\neq\{1\} une algèbre k𝑘k-affinoïde est {1}1\{1\}-stricte si et seulement si elle est strictement k𝑘k-affinoïde.

(0.19.1)  Pour qu’une algèbre k𝑘k-affinoïde 𝒜𝒜\mathscr{A} soit ΓΓ\Gamma-stricte, il suffit qu’elle s’écrive comme un quotient admissible de 𝒜k{r11T1,,rn1Tn}similar-to-or-equals𝒜𝑘superscriptsubscript𝑟11subscript𝑇1superscriptsubscript𝑟𝑛1subscript𝑇𝑛\mathscr{A}\simeq k\{r_{1}^{-1}T_{1},\ldots,r_{n}^{-1}T_{n}\} pour une certaine famille (ri)subscript𝑟𝑖(r_{i}) d’éléments de |k|Γsuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma} ([14], 0.24.1).

(0.19.2)  Un espace k𝑘k-affinoïde X𝑋X est ΓΓ\Gamma-strict si et seulement si

supxX|f(x)||k|Γ{0}subscriptsupremum𝑥𝑋𝑓𝑥superscript𝑘Γ0\sup\limits_{x\in X}|f(x)|\in\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}\cup\{0\}

pour toute fonction analytique f𝑓f sur X𝑋X ([14], 0.24.2).

(0.19.3)  On dira qu’un espace k𝑘k-analytique X𝑋X est ΓΓ\Gamma-strict s’il satisfait les deux propriétés suivantes :

1) X𝑋X possède un G-recouvrement par des espaces k𝑘k-affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts ;

2) l’intersection de deux domaines affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts de X𝑋X est G-recouverte par des domaines affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts.

Remarque. La condition 2) est automatiquement satisfaite dès que X𝑋X est séparé, auquel cas l’intersection de deux domaines affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts de X𝑋X est un domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict.

Cette définition est compatible avec la précédente lorsque X𝑋X est affinoïde : cela résulte de la remarque précédente et de Géométrie analytique.

(0.19.4)  En vertu de Géométrie analytique et du fait que |k|.Γ{1}formulae-sequencesuperscript𝑘Γ1|k^{*}|.\Gamma\neq\{1\}, tout point d’un espace affinoïde ΓΓ\Gamma-strict a une base de voisinages affinoïdes ΓΓ\Gamma-stricts ; par conséquent, tout ouvert d’un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict est ΓΓ\Gamma-strict.

(0.19.5)  Soit f:YX:𝑓𝑌𝑋f:Y\to X un morphisme entre deux espaces k𝑘k-analytiques ΓΓ\Gamma-stricts. Si Xsuperscript𝑋X^{\prime} est un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X alors f1(X)superscript𝑓1superscript𝑋f^{-1}(X^{\prime}) est ΓΓ\Gamma-strict d’après un résultat de Temkin ([19], cor. 4.10 ; cf. aussi [14], lemma 0.29 iii) ).

(0.19.6)  Si X𝑋X est un bon espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict, tout point de X𝑋X possède un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict dans X𝑋X ([14], 0.30.2).

(0.19.7)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-affinoïde ΓΓ\Gamma-strict et soit V𝑉V un domaine affinoïde de X𝑋X. Nous dirons que V𝑉V est  ΓΓ\Gamma-rationnel s’il peut être défini par une condition de la forme

|f1|λ1|g|et|f2|λ2|g|etet|fn|λn|g|,subscript𝑓1subscript𝜆1𝑔etsubscript𝑓2subscript𝜆2𝑔etetsubscript𝑓𝑛subscript𝜆𝑛𝑔|f_{1}|\leqslant\lambda_{1}|g|\;{\rm et}\;|f_{2}|\leqslant\lambda_{2}|g|\;{\rm et}\;\ldots\;{\rm et}\;|f_{n}|\leqslant\lambda_{n}|g|,

où g𝑔g et les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont des fonctions analytiques sans zéro commun sur X𝑋X et où les λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} sont des réels appartenant à ΓΓ\Gamma.

Si V𝑉V peut être défini par une telle condition avec les λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} appartenant à |k|.Γformulae-sequencesuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|.\Gamma}, il est ΓΓ\Gamma-rationnel : on choisit un entier N>0𝑁0N>0 tel que λiN=|ai|.γiformulae-sequencesuperscriptsubscript𝜆𝑖𝑁subscript𝑎𝑖subscript𝛾𝑖\lambda_{i}^{N}=|a_{i}|.\gamma_{i} pour tout i𝑖i avec aiksubscript𝑎𝑖superscript𝑘a_{i}\in k^{*} et γiΓsubscript𝛾𝑖Γ\gamma_{i}\in\Gamma, et l’on décrit V𝑉V par la condition

|f1N/a1|γ1|gN|et|f2N/a2|γ2|gN|etet|fnN/an|γn|gN|.superscriptsubscript𝑓1𝑁subscript𝑎1subscript𝛾1superscript𝑔𝑁etsuperscriptsubscript𝑓2𝑁subscript𝑎2subscript𝛾2superscript𝑔𝑁etetsuperscriptsubscript𝑓𝑛𝑁subscript𝑎𝑛subscript𝛾𝑛superscript𝑔𝑁|f_{1}^{N}/a_{1}|\leqslant\gamma_{1}|g^{N}|\;{\rm et}\;|f_{2}^{N}/a_{2}|\leqslant\gamma_{2}|g^{N}|\;{\rm et}\;\ldots\;{\rm et}\;|f_{n}^{N}/a_{n}|\leqslant\gamma_{n}|g^{N}|.

Un domaine affinoïde rationnel V𝑉V de X𝑋X est ΓΓ\Gamma-strict si et seulement si il est ΓΓ\Gamma-rationnel. En effet, si V𝑉V est ΓΓ\Gamma-rationnel il est ΓΓ\Gamma-strict par définition. Réciproquement, supposons V𝑉V rationnel. Il peut alors être défini par une condition de la forme

|f1|λ1|g|et|f2|λ2|g|etet|fn|λn|g|,subscript𝑓1subscript𝜆1𝑔etsubscript𝑓2subscript𝜆2𝑔etetsubscript𝑓𝑛subscript𝜆𝑛𝑔|f_{1}|\leqslant\lambda_{1}|g|\;{\rm et}\;|f_{2}|\leqslant\lambda_{2}|g|\;{\rm et}\;\ldots\;{\rm et}\;|f_{n}|\leqslant\lambda_{n}|g|,

où g𝑔g et les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont des fonctions analytiques sans zéro commun sur X𝑋X et où les λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} sont des réels. Comme les fisubscript𝑓𝑖f_{i} et g𝑔g sont sans zéro commun sur X𝑋X, la fonction g𝑔g ne s’annule pas sur V𝑉V. On peut dès lors, dans la définition de V𝑉V, remplacer chacun des λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} par la borne supérieure de |fi/g|subscript𝑓𝑖𝑔|f_{i}/g| sur V𝑉V, laquelle appartient à |k|Γsuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma} parce que V𝑉V est ΓΓ\Gamma-strict.

Le théorème de Gerritzen-Grauert classique ([5], §7.3.5, cor. 3 du th. 1) s’étend à ce contexte : tout domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X est réunion finie de domaines ΓΓ\Gamma-rationnels. Pour le voir, on peut ou bien reprendre la preuve du lemme 2.4 de [10] en choisissant un polyrayon 𝐫𝐫\bf r constitué d’éléments de ΓΓ\Gamma, ou bien reprendre la preuve du théorème 3.1 de [20] en utilisant la réduction ΓΓ\Gamma-graduée des germes ΓΓ\Gamma-stricts (au lieu de la réduction +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+}-graduée des germes généraux) introduite et étudiée dans [14], 0.29 et sq.

Terminons cette section par un lemme bien connu dont nous rappelons la preuve pour la commodité du lecteur.

(0.20)Soit X𝑋X un bon espace k𝑘k-analytique quasi-lisse ΓΓ\Gamma-strict et soit xX𝑥𝑋x\in X. Il existe un voisinage k𝑘k-affinoïde ΓΓ\Gamma-strict V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X et une k𝑘k-variété algébrique affine lisse 𝒳𝒳\mathscr{X}, de dimension égale à dimxXsubscriptdim𝑥𝑋\mbox{\rm dim}_{x}\;X, tels que V𝑉V s’identifie à un domaine affnoïde de 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an}.

Démonstration. Posons d=dimxX𝑑subscriptdim𝑥𝑋d=\mbox{\rm dim}_{x}\;X. Comme X𝑋X est quasi-lisse en x𝑥x, le point x𝑥x possède un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict Y𝑌Y dans X𝑋X qui s’identifie à un domaine affinoïde d’un espace lisse Xsuperscript𝑋X^{\prime} purement de dimension d𝑑d. Par définition de la lissité, il existe un morphisme étale d’un voisinage de x𝑥x dans Xsuperscript𝑋X^{\prime} vers 𝔸kd,ansubscriptsuperscript𝔸𝑑an𝑘{\mathbb{A}}^{d,\rm an}_{k} ; soit ξ𝜉\xi l’image de x𝑥x sur 𝔸kd,ansubscriptsuperscript𝔸𝑑an𝑘{\mathbb{A}}^{d,\rm an}_{k} et soit 𝐱𝐱\bf x l’image de ξ𝜉\xi sur 𝔸kdsubscriptsuperscript𝔸𝑑𝑘{\mathbb{A}}^{d}_{k}. En vertu du lemme de Krasner et de la densité du corps κ(𝐱)𝜅𝐱\kappa({\bf x}) dans (ξ)𝜉{\mathscr{H}}(\xi), il existe un morphisme étale 𝒳𝔸kd𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑑𝑘\mathscr{X}\to{\mathbb{A}}^{d}_{k} dont l’image contient 𝐱𝐱\bf x, et un point 𝐲𝐲\bf y appartenant à 𝒳𝒳\mathscr{X} tel que (x)(ξ)κ(𝐱)κ(𝐲)similar-to-or-equals𝑥subscripttensor-product𝜅𝐱𝜉𝜅𝐲{\mathscr{H}}(x)\simeq{\mathscr{H}}(\xi)\otimes_{\kappa({\bf x})}\kappa({\bf y}) ; on peut toujours supposer 𝒳𝒳\mathscr{X} affine, quitte à la restreindre autour de 𝐲𝐲\bf y. Il résulte dès lors du théorème 3.4.1 de [2] que x𝑥x possède dans Xsuperscript𝑋X^{\prime} un voisinage ouvert U𝑈U qui se plonge dans 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} (au-dessus de 𝔸kd,ansubscriptsuperscript𝔸𝑑an𝑘{\mathbb{A}}^{d,\rm an}_{k}). On peut alors prendre pour V𝑉V l’intersection de Y𝑌Y et d’un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de x𝑥x dans U𝑈U\Box

Germes d’espaces analytiques : la réduction de Temkin

(0.21)  À tout germe (X,x)𝑋𝑥(X,x) d’espace k𝑘k-analytique, Temkin associe de manière fonctorielle dans [19] un espace topologique (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} connexe, non vide, et quasi-compact, muni d’une application continue (X,x)~(x)~/k~~𝑋𝑥subscript~𝑥~𝑘\widetilde{(X,x)}\to{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}, qui est un homéomorphisme local. Le germe (X,x)𝑋𝑥(X,x) est séparé (resp. bon, resp. sans bord) si et seulement si  (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} s’identifie à un ouvert de (x)~/k~subscript~𝑥~𝑘{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}} (resp. à un ouvert affine de  (x)~/k~subscript~𝑥~𝑘{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}, resp. à  (x)~/k~subscript~𝑥~𝑘{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}} tout entier). La flèche (Y,x)(Y,x)~maps-to𝑌𝑥~𝑌𝑥(Y,x)\mapsto\widetilde{(Y,x)} met en bijection l’ensemble des domaines analytiques de (X,x)𝑋𝑥(X,x) et l’ensemble des ouverts quasi-compacts et non vides de (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)}.

Si (X,x)𝑋𝑥(X,x) est séparé (resp. bon), il est ΓΓ\Gamma-strict si et seulement si (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} s’écrit comme une réunion finie d’ouverts de la forme (resp. est de la forme) (x)~/k~{f1,,fn}subscript~𝑥~𝑘subscript𝑓1subscript𝑓𝑛{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}\{f_{1},\ldots,f_{n}\}, où chaque fisubscript𝑓𝑖f_{i} est homogène de degré appartenant à ΓΓ\Gamma (cf. [14], lemma 0.28).

Géométrie linéaire par morceaux

(0.22)  Comme rappelé en introduction, nous adoptons de point de vue exposé par Berkovich dans [3] en matière de géométrie linéaire par morceaux : on considère, un entier n𝑛n étant donné, (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} comme un espace vectoriel réel, par le biais de sa structure de groupe abélien (loi interne) et de l’exponentiation coordonnée par coordonnée (loi externe). Si (a1,,an)subscript𝑎1subscript𝑎𝑛(a_{1},\ldots,a_{n}) sont des nombres réels et si g+𝑔subscriptsuperscriptg\in{\mathbb{R}}^{*}_{+}, l’application de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} vers +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} qui envoie (t1,,tn)subscript𝑡1subscript𝑡𝑛(t_{1},\ldots,t_{n}) sur gtiai𝑔productsuperscriptsubscript𝑡𝑖subscript𝑎𝑖g\prod t_{i}^{a_{i}} est alors affine, et linéaire si g=1𝑔1g=1.

On fixe un couple c=(A,G)𝑐𝐴𝐺c=(A,G), où A𝐴A est un sous-anneau de {\mathbb{R}} et où G𝐺G est un sous-A𝐴A-module de +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+}. On note 𝖠𝖿𝖿c((+)n)subscript𝖠𝖿𝖿𝑐superscriptsubscriptsuperscript𝑛\mathsf{Aff}_{c}(({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}) l’ensemble des applications affines de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} vers +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} de la forme

(t1,,tn)gtiai,maps-tosubscript𝑡1subscript𝑡𝑛𝑔productsuperscriptsubscript𝑡𝑖subscript𝑎𝑖(t_{1},\ldots,t_{n})\mapsto g\prod t_{i}^{a_{i}},

où les aisubscript𝑎𝑖a_{i} appartiennent à A𝐴A et où gG𝑔𝐺g\in G.

(0.22.1)  Un  c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} est une partie compacte de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} définie par une condition de la forme

ijφi,j1,subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\leqslant 1,

où les φi,jsubscript𝜑𝑖𝑗\varphi_{i,j} appartiennent à 𝖠𝖿𝖿c((+)n)subscript𝖠𝖿𝖿𝑐superscriptsubscriptsuperscript𝑛\mathsf{Aff}_{c}(({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}).

(0.22.2)  Soit P𝑃P un c𝑐c-polytope convexe et non vide de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}. La dimension de P𝑃P est par définition celle du sous-espace affine qu’il engendre.

Si P𝑃P est un c𝑐c-polytope quelconque de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, sa dimension est le maximum des dimensions des c𝑐c-polytopes convexes qu’il contient.

(0.22.3)  Si P𝑃P est un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, on notera Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) l’ensemble des applications continues φ𝜑\varphi de P𝑃P dans +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} possédant la propriété suivantes : il existe un recouvrement fini (Pi)subscript𝑃𝑖(P_{i}) de P𝑃P par des c𝑐c-polytopes, et pour tout i𝑖i une application ψi𝖠𝖿𝖿(A,G)((+)n)subscript𝜓𝑖subscript𝖠𝖿𝖿𝐴𝐺superscriptsubscriptsuperscript𝑛\psi_{i}\in\mathsf{Aff}_{(A,G)}(({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}), tels que φ|Pi=ψi,|Pi\varphi_{|P_{i}}=\psi_{i,|P_{i}} quel que soit i𝑖i.

Si Q(+)m𝑄superscriptsubscriptsuperscript𝑚Q\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{m} est un c𝑐c-polytope on notera 𝖯𝖫c(P,Q)subscript𝖯𝖫𝑐𝑃𝑄\mathsf{PL}_{c}(P,Q) l’ensemble des applications continues de P𝑃P dans Q𝑄Q qui sont de la forme (φ1,,φm)subscript𝜑1subscript𝜑𝑚(\varphi_{1},\ldots,\varphi_{m}) où φjΛΓ(P)subscript𝜑𝑗subscriptΛΓ𝑃\varphi_{j}\in\Lambda_{\Gamma}(P) pour tout j𝑗j.

La classe 𝖯𝖫c(.,.)\mathsf{PL}_{c}(.,.) d’applications continues entre c𝑐c-polytopes est stable par composition.

(0.23)  Soit X𝑋X un espace topologique compact.

(0.23.1)  Une structure c𝑐c-polytopale sur X𝑋X est la donnée d’un ensemble Λc(X)subscriptΛ𝑐𝑋\Lambda_{c}(X) de fonctions continues de X𝑋X vers +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} telles qu’il existe un entier n,𝑛n, un c𝑐c-polytope P(+)n𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, et un homéomorphisme XPsimilar-to-or-equals𝑋𝑃X\simeq P modulo lequel Λc(X)subscriptΛ𝑐𝑋\Lambda_{c}(X) s’identifie à Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P).

On dira qu’un tel homéomorphisme XP(+)nsimilar-to-or-equals𝑋𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛X\simeq P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} est une présentation de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)).

(0.23.2)  Supposons X𝑋X muni d’une structure polytopale c𝑐c-stricte Λc(X)subscriptΛ𝑐𝑋\Lambda_{c}(X). On dira qu’un sous-ensemble compact Y𝑌Y de X𝑋X est un  c𝑐c-polytope de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)) s’il existe une présentation XP(+)nsimilar-to-or-equals𝑋𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛X\simeq P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)) qui identifie Y𝑌Y à un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} (évidemment contenu dans P𝑃P) ; c’est alors le cas pour toute présentation de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)).

Soit Y𝑌Y un c𝑐c-polytope de X𝑋X et soit ι:XP(+)n:𝜄similar-to-or-equals𝑋𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛\iota:X\simeq P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} une présentation de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)). L’ensemble des fonctions continues sur Y𝑌Y de la forme φι|Y\varphi\circ\iota_{|Y}, où φΛc(ι(Y))𝜑subscriptΛ𝑐𝜄𝑌\varphi\in\Lambda_{c}(\iota(Y)), ne dépend pas de la présentation choisie et sera noté Λc(Y)subscriptΛ𝑐𝑌\Lambda_{c}(Y) ; il définit une structure c𝑐c-polytopale sur Y𝑌Y.

Pour toute présentation  ι:XP(+)n:𝜄similar-to-or-equals𝑋𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛\iota:X\simeq P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)), la restriction ι|Y:Yι(Y)(+)n\iota_{|Y}:Y\simeq\iota(Y)\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} est une présentation de (Y,Λc(Y))𝑌subscriptΛ𝑐𝑌(Y,\Lambda_{c}(Y)).

Si (Xi)subscript𝑋𝑖(X_{i}) est un recouvrement fini de X𝑋X par des c𝑐c-polytopes, une fonction continue φ:X+:𝜑𝑋subscriptsuperscript\varphi:X\to{\mathbb{R}}^{*}_{+} appartient à Λc(X)subscriptΛ𝑐𝑋\Lambda_{c}(X) si et seulement si sa restriction à Xisubscript𝑋𝑖X_{i} appartient à Λc(Xi)subscriptΛ𝑐subscript𝑋𝑖\Lambda_{c}(X_{i}) pour tout i𝑖i.

(0.23.3)  Soit (Z,ΛΓ(Z))𝑍subscriptΛΓ𝑍(Z,\Lambda_{\Gamma}(Z)) un espace topologique compact muni d’une structure c𝑐c-polytopale. Soient ι:XP(+)n:𝜄similar-to-or-equals𝑋𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛\iota:X\simeq P\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} et υ:Zq(+)m:𝜐similar-to-or-equals𝑍𝑞superscriptsubscriptsuperscript𝑚\upsilon:Z\simeq q\subset({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{m} des présentations respectives de (X,Λc(X))𝑋subscriptΛ𝑐𝑋(X,\Lambda_{c}(X)) et (Z,Λc(Z))𝑍subscriptΛ𝑐𝑍(Z,\Lambda_{c}(Z)) et soit φ𝜑\varphi une application continue de X𝑋X vers Z𝑍Z.

Les assertions suivantes sont équivalentes :

i) l’application PQ𝑃𝑄P\to Q déduite de φ𝜑\varphi via les homéomorphismes ι𝜄\iota et υ𝜐\upsilon appartient à 𝖯𝖫Γ(c,\mathsf{PL}_{\Gamma}(c,) ;

ii) pour toute ψΛc(Z)𝜓subscriptΛ𝑐𝑍\psi\in\Lambda_{c}(Z)\leavevmode\nobreak\ , la composée ψφ𝜓𝜑\psi\circ\varphi appartient à Λc(X)subscriptΛ𝑐𝑋\Lambda_{c}(X).

En particulier, la validité de i) ne dépend pas du choix des présentations.

On notera 𝖯𝖫c(X,Z)subscript𝖯𝖫𝑐𝑋𝑍\mathsf{PL}_{c}(X,Z) l’ensemble des applications continues de X𝑋X vers Z𝑍Z qui satisfont ces propriétés équivalentes.

Si Y𝑌Y est un c𝑐c-polytope de X𝑋X, l’inclusion YX𝑌𝑋Y\subset X appartient à 𝖯𝖫c(Y,X)subscript𝖯𝖫𝑐𝑌𝑋\mathsf{PL}_{c}(Y,X).

La classe 𝖯𝖫c(.,.)\mathsf{PL}_{c}(.,.) d’applications continues entre espaces topologiques munis d’une structure c𝑐c-polytopaleest stable par composition.

(0.24)  Soit X𝑋X un espace topologique séparé et localement compact.

(0.24.1)  Soit Y𝑌Y une partie de X𝑋X et soit (Yi)subscript𝑌𝑖(Y_{i}) une famille de sous-ensembles de Y𝑌Y. On dit que la famille (Yi)subscript𝑌𝑖(Y_{i}) est un G-recouvrement de Y𝑌Y si tout point y𝑦y de Y𝑌Y possède un voisinage dans Y𝑌Y de la forme iIYisubscript𝑖𝐼subscript𝑌𝑖\bigcup\limits_{i\in I}Y_{i} où I𝐼I est un ensemble fini d’indices et où yiIYi𝑦subscript𝑖𝐼subscript𝑌𝑖y\in\bigcap\limits_{i\in I}Y_{i}.

(0.24.2)  Une carte c𝑐c-polytopale sur X𝑋X est la donnée d’une partie compacte Y𝑌Y de X𝑋X et d’une structure c𝑐c-polytopale Λc(Y)subscriptΛ𝑐𝑌\Lambda_{c}(Y) sur Y𝑌Y. Deux cartes c𝑐c-polytopales (Y,Λc(Y))𝑌subscriptΛ𝑐𝑌(Y,\Lambda_{c}(Y)) et (Z,Λc(Z))𝑍subscriptΛ𝑐𝑍(Z,\Lambda_{c}(Z)) sont dite compatibles si YZ𝑌𝑍Y\cap Z est un c𝑐c-polytope de Y𝑌Y aussi bien que de Z𝑍Z, et si les structures c𝑐c-polytopales induites sur YZ𝑌𝑍Y\cap Z par celle de Y𝑌Y et celle de Z𝑍Z coïncident.

(0.24.3)  Un atlas c𝑐c-polytopal 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} sur X𝑋X est une famille (Yi,Λc(Yi))subscript𝑌𝑖subscriptΛ𝑐subscript𝑌𝑖(Y_{i},\Lambda_{c}(Y_{i})) de cartes c𝑐c-polytopales deux à deux compatibles sur X𝑋X, telles que (Yi)subscript𝑌𝑖(Y_{i}) constitue un G-recouvrement de X𝑋X.

Une carte c𝑐c-polytopale (Z,Λc(Z))𝑍subscriptΛ𝑐𝑍(Z,\Lambda_{c}(Z)) de X𝑋X sera dite compatible avec 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} si elle l’est avec chacune des cartes de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}. Si (Z,Λc(Z))𝑍subscriptΛ𝑐𝑍(Z,\Lambda_{c}(Z)) est une carte polytopale c𝑐c-stricte de X𝑋X compatible avec 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} alors Λc(Z)subscriptΛ𝑐𝑍\Lambda_{c}(Z) est nécessairement l’ensemble des applications continues φ:Z+:𝜑𝑍subscriptsuperscript\varphi:Z\to{\mathbb{R}}^{*}_{+} telles que φ|ZYΛc(ZY)\varphi_{|Z\cap Y}\in\Lambda_{c}(Z\cap Y) pour toute carte (Y,Λc(Y))𝑌subscriptΛ𝑐𝑌(Y,\Lambda_{c}(Y)) de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}. Il y a donc au plus une structure c𝑐c-polytopale compatible avec 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} sur un compact Z𝑍Z de X𝑋X.

Il s’ensuit que deux cartes c𝑐c-polytopales compatibles avec 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} sont compatibles entre elles.

Si 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} et 𝔅𝔅{\mathfrak{B}} sont deux atlas c𝑐c-polytopaux sur X𝑋X, ils seront dits équivalents si toute carte de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} est compatible avec toute carte de 𝔅𝔅{\mathfrak{B}}. Si c’est le cas, une carte c𝑐c-polytopale de X𝑋X est compatible avec 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} si et seulement si elle est compatible avec 𝔅𝔅{\mathfrak{B}}.

(0.25)  On définit comme suit la catégorie des espaces c𝑐c-linéaires par morceaux.

(0.25.1)Les objets. Un espace c𝑐c-linéaire par morceaux est un espace topologique séparé et localement compact X𝑋X muni d’une classe d’équivalence \mathscr{E} d’atlas c𝑐c-polytopaux.

(0.25.2)Quelques conventions. Soit (X,)𝑋(X,\mathscr{E}) un espace c𝑐c-linéaire par morceaux (en pratique, \mathscr{E} sera bien entendu le plus souvent omis des notations, si cela ne prête pas à ambiguïté).

\bullet Un atlas c𝑐c-polytopal sur X𝑋X sera toujours, sauf mention expresse du contraire, supposé appartenir à \mathscr{E}.

\bullet Si Z𝑍Z est un compact de X𝑋X qui possède une structure c𝑐c-polytopale compatible avec l’un des atlas de \mathscr{E}, cette structure est unique, et est compatible avec tous les atlas de \mathscr{E}. Nous dirons qu’un tel Z𝑍Z est un c𝑐c-polytope de X𝑋X. L’ensemble des c𝑐c-polytopes de X𝑋X est le plus grand atlas c𝑐c-polytopal sur X𝑋X.

(0.25.3)Les flèches. Soient Y𝑌Y et X𝑋X deux espaces c𝑐c-linéaires par morceaux. Un morphisme de Y𝑌Y vers X𝑋X est une application continue φ:YX:𝜑𝑌𝑋\varphi:Y\to X telle qu’il existe un atlas c𝑐c-polytopal𝔄𝔄{\mathfrak{A}} sur X𝑋X et un atlas polytopal c𝑐c-polytopal 𝔅𝔅{\mathfrak{B}} sur Y𝑌Y satisfaisant la condition suivante : pour tout Z𝔅𝑍𝔅Z\in{\mathfrak{B}}, il existe T𝔄𝑇𝔄T\in{\mathfrak{A}} contenant φ(Z)𝜑𝑍\varphi(Z) et tel que φ|Z:ZT\varphi_{|Z}:Z\to T appartienne à 𝖯𝖫c(Z,T)subscript𝖯𝖫𝑐𝑍𝑇\mathsf{PL}_{c}(Z,T).

(0.26)Exemples. Si X𝑋X est un espace topologique compact muni d’une structure c𝑐c-polytopale, l’atlas {X}𝑋\{X\} fait de X𝑋X un espace c𝑐c-linéaire par morceaux. Ses c𝑐c-polytopes au sens de Géométrie linéaire par morceaux coïncident avec ceux définis au 4.

L’espace (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, muni de l’atlas de tous ses c𝑐c-polytopes (au sens de Géométrie linéaire par morceaux), est un espace c𝑐c-linéaire par morceaux. Ses c𝑐c-polytopes au sens de Géométrie linéaire par morceaux sont les mêmes que ceux définis au Géométrie linéaire par morceaux.

(0.27)  Si Y𝑌Y et X𝑋X sont deux espaces c𝑐c-linéaires par morceaux, on notera 𝖯𝖫c(Y,X)subscript𝖯𝖫𝑐𝑌𝑋\mathsf{PL}_{c}(Y,X) l’ensemble des morphismes de Y𝑌Y vers X𝑋X ; on qualifiera parfois ces morphsimes d’applications c𝑐c-linéaires par morceaux. Si X=+𝑋subscriptsuperscriptX={\mathbb{R}}^{*}_{+}, on écrira Λc(Y)subscriptΛ𝑐𝑌\Lambda_{c}(Y) au lieu de 𝖯𝖫c(Y,X)subscript𝖯𝖫𝑐𝑌𝑋\mathsf{PL}_{c}(Y,X) ; on peut alternativement définir Λc(Y)subscriptΛ𝑐𝑌\Lambda_{c}(Y) comme l’ensemble des fonctions continues φ:X+:𝜑𝑋subscriptsuperscript\varphi:X\to{\mathbb{R}}^{*}_{+} telles que φ|ZΛc(Z)\varphi_{|Z}\in\Lambda_{c}(Z) pour tout c𝑐c-polytope Z𝑍Z de Y𝑌Y.

Ces notations sont bien entendu compatibles avec elles précédemment introduites dans des cas particuliers.

(0.28)  Soit X𝑋X un espace c𝑐c-linéaire par morceaux et soit Y𝑌Y une partie de X𝑋X. On dit que Y𝑌Y est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de X𝑋X s’il est G-recouvert par les c𝑐c-polytopes de X𝑋X qu’il contient. Tout sous-espace c𝑐c linéaire par morceaux de X𝑋X est localement fermé.

(0.28.1)  Les ouverts de X𝑋X et les c𝑐c-polytopes de X𝑋X sont des sous-espaces c𝑐c-linéaires par morceaux de X𝑋X.

(0.28.2)  Tout sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux Y𝑌Y de X𝑋X hérite d’une structure naturelle d’espace c𝑐c-linéaire par morceaux, et l’inclusion de Y𝑌Y dans X𝑋X est une application c𝑐c-linéaire par morceaux.

Soit Xsuperscript𝑋X^{\prime} un espace c𝑐c-linéaire par morceaux, soit φ𝖯𝖫c(X,X)𝜑subscript𝖯𝖫𝑐superscript𝑋𝑋\varphi\in\mathsf{PL}_{c}(X^{\prime},X) et soit Y𝑌Y un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de X𝑋X. L’image réciproque Y:=φ1(Y)assignsuperscript𝑌superscript𝜑1𝑌Y^{\prime}:=\varphi^{-1}(Y) est alors un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de Xsuperscript𝑋X^{\prime}, et YYsuperscript𝑌𝑌Y^{\prime}\to Y appartient à 𝖯𝖫c(Y,Y)subscript𝖯𝖫𝑐superscript𝑌𝑌\mathsf{PL}_{c}(Y^{\prime},Y).

(0.28.3)  On définit XGsubscript𝑋GX_{{}_{\rm G}} comme le site dont les objets sont les sous-ensembles c𝑐c-linéaires par morceaux, les morphismes les inclusions, et les recouvrements les G-recouvrements. Cette topologie de Grothendieck (que l’on appelle parfois la G-topologie) est plus fine que la topologie usuelle : cela résulte de Géométrie linéaire par morceaux, et du fait que si (Ui)subscript𝑈𝑖(U_{i}) est une famille d’ouverts de X𝑋X, elle constitue un G-recouvrement de Uisubscript𝑈𝑖\bigcup U_{i}.

(0.28.4)  Si Xsuperscript𝑋X^{\prime} est un espace c𝑐c-linéaire par morceaux, on dira qu’une application φ𝖯𝖫c(X,X)𝜑subscript𝖯𝖫𝑐superscript𝑋𝑋\varphi\in\mathsf{PL}_{c}(X^{\prime},X) est une immersion si elle identifie Xsuperscript𝑋X^{\prime} à un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de X𝑋X ; on dira que φ𝜑\varphi est G-localement une immersion s’il existe un G-recouvrement (Xi)subscript𝑋𝑖(X_{i}) de Xsuperscript𝑋X^{\prime} par des sous-espaces c𝑐c-linéaires par morceaux tels que φ|Xi\varphi_{|X_{i}} soit une immersion pour tout i𝑖i.

(0.29)  Soit Asuperscript𝐴A^{\prime} un sous-anneau de {\mathbb{R}} contenant A𝐴A, et soit Gsuperscript𝐺G^{\prime} un sous-Asuperscript𝐴A^{\prime}-module de +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+} contenant G𝐺G. Posons c=(A,G)superscript𝑐superscript𝐴superscript𝐺c^{\prime}=(A^{\prime},G^{\prime}). Tout c𝑐c-polytope P𝑃P de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} est a fortiori un csuperscript𝑐c^{\prime}-polytope, et Λc(P)Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃subscriptΛsuperscript𝑐𝑃\Lambda_{c}(P)\subset\Lambda_{c^{\prime}}(P). Ceci permet de définir un foncteur «d’extension du domaine des paramètres autorisés» de la catégorie des espaces c𝑐c-linéaires par morceaux vers celle des espaces csuperscript𝑐c^{\prime}-linéaires par morceaux ; il ne modifie pas les espaces topologiques en jeu.

Théorie des modèles

Nous utiliserons dans ce texte le langage valsubscriptval\mathscr{L}_{\rm val} des corps valués, et plus précisément sa variante multisorte introduite par Haskell, Hrushovski et Macpherson dans [15] afin d’éliminer les imaginaires. Ce n’est toutefois qu’à la section 2, consacrée aux prolongements des valuations de Gauß, que nous nous servirons vraiment de celle-ci – pas directement, mais par le biais des espaces de types de Hrushovski et Loeser ([16]). En ce qui concerne la section 1, elle ne met en jeu que le langage plus classique à trois sortes (corps valué, corps résiduel, groupe des valeurs).

(0.30)  Introduisons quelques notations pour un certain nombre de catégories dont nous aurons abondamment besoin ; rappelons que les les groupes abéliens ordonnés et les valuations sont notés multiplicativement.

(0.30.1)  On désigne par 𝖢𝖢\mathsf{C} la catégorie des corps algébriquement clos non trivialement valués, et par 𝖣𝖣\mathsf{D} celle des groupes abéliens divisibles ordonnés non triviaux.

(0.30.2)  Soit G𝐺G un groupe abélien ordonné quelconque. On note 𝖣Gsubscript𝖣𝐺\mathsf{D}_{G} la catégorie des groupes abéliens divisibles ordonnés non triviaux H𝐻H munis d’un plongement (croissant) GH𝐺𝐻G\hookrightarrow H.

Soit K𝐾K un corps valué. Supposons-le muni d’un plongement croissant |K|Gsuperscript𝐾𝐺|K^{*}|\hookrightarrow G ; on note alors 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G} la catégorie des corps algébriquement clos non trivialement valués L𝐿L munis d’un plongement isométrique KL𝐾𝐿K\hookrightarrow L et d’un |K|superscript𝐾|K^{*}|-plongement croissant G|L|𝐺superscript𝐿G\hookrightarrow|L^{*}|. Lorsque G=|K|𝐺superscript𝐾G=|K^{*}|, on écrira 𝖢Ksubscript𝖢𝐾\mathsf{C}_{K} au lieu de 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G} ; la catégorie 𝖢Ksubscript𝖢𝐾\mathsf{C}_{K} est simplement celle des extensions non trivialement valuées algébriquement closes de K𝐾K.

(0.30.3)  Soit ΦΦ\Phi une formule du langage valsubscriptval\mathscr{L}_{\rm val} sans paramètres (resp. à paramètres dans (K,G)𝐾𝐺(K,G)), dont les variables libres vivent dans un produit donné 𝒮𝒮\mathscr{S} de sortes. La modèle-complétude de la théorie des corps algébriquement clos non trivialement valués assure que

F{𝐱𝒮(F),Φ(𝐱)}maps-to𝐹𝐱𝒮𝐹Φ𝐱F\mapsto\{{\bf x}\in\mathscr{S}(F),\Phi({\bf x})\}

est de manière naturelle un foncteur de 𝖢𝖢\mathsf{C} (resp. 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G}) vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens}. On dira qu’un tel foncteur est un sous-foncteur définissable de 𝒮𝒮\mathscr{S} (resp. 𝒮|𝖢K,G\mathscr{S}_{|\mathsf{C}_{K,G}}) vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens}. Soient 𝒮𝒮\mathscr{S} et 𝒮superscript𝒮\mathscr{S}^{\prime} deux produits finis de sortes, soit 𝖷𝖷\mathsf{X} un sous-foncteur définissable de 𝒮𝒮\mathscr{S} (resp. 𝒮|𝖢K,G\mathscr{S}_{|\mathsf{C}_{K,G}}), et soit 𝖷superscript𝖷\mathsf{X}^{\prime} un sous-foncteur définissable de 𝒮superscript𝒮\mathscr{S}^{\prime} (resp. 𝒮|𝖢K,G\mathscr{S}^{\prime}_{|\mathsf{C}_{K,G}}). On dit qu’une transformation naturelle de 𝖷𝖷\mathsf{X} vers 𝖷superscript𝖷\mathsf{X}^{\prime} est définissable si son graphe est un sous-foncteur définissable de 𝒮×𝒮𝒮superscript𝒮\mathscr{S}\times\mathscr{S}^{\prime} (resp. (𝒮×𝒮)|𝖢(K,G)(\mathscr{S}\times\mathscr{S}^{\prime})_{|\mathsf{C}_{(K,G)}}) ; l’image d’une transformation naturelle définissable est un sous-foncteur définissable du but.

(0.30.4)  Il existe une version «abstraite», c’est-à-dire non plongée, de la notion de sous-foncteur définissable. Un foncteur 𝖷𝖷\mathsf{X} de 𝖢𝖢\mathsf{C} (resp. 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G}) vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens} est dit définissable s’il existe un produit fini de sortes 𝒮𝒮\mathscr{S} et un sous-foncteur définissable 𝖷0subscript𝖷0\mathsf{X}_{0} de 𝒮𝒮\mathscr{S} (resp. 𝒮|𝖢K,G\mathscr{S}_{|\mathsf{C}_{K,G}}) tel que 𝖷𝖷0similar-to-or-equals𝖷subscript𝖷0\mathsf{X}\simeq\mathsf{X}_{0}.

A priori𝖷0subscript𝖷0\mathsf{X}_{0} n’a pas de raison d’être unique à unique isomorphisme définissable près. En pratique, il le sera : lorsqu’on dira qu’un foncteur 𝖷𝖷\mathsf{X} de 𝖢𝖢\mathsf{C} (resp. 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G}) vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens} est définissable, il sera toujours sous-entendu qu’on sait décrire non seulement 𝖷(F)𝖷𝐹\mathsf{X}(F) pour tout F𝐹F appartenant à 𝖢𝖢\mathsf{C} ou 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G}, mais également les «familles définissables plongées d’objets paramétrés par 𝖷𝖷\mathsf{X}» , ce qui assurera la canonicité de 𝖷0subscript𝖷0\mathsf{X}_{0}. Pour donner un sens rigoureux à cette dernière phrase nous renvoyons le lecteur à la section 2 de [8].

Par exemple, si 𝒳𝒳\mathscr{X} est un K𝐾K-schéma de type fini, il définit de manière naturelle un foncteur définissable de 𝖢Ksubscript𝖢𝐾\mathsf{C}_{K} vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens}. Et un sous-foncteur de 𝒳|𝖢K,Gevaluated-at𝒳subscript𝖢𝐾𝐺\mathscr{X}|_{\mathsf{C}_{K,G}} est définissable si et seulement si il est défini Zariski-localement sur 𝒳𝒳\mathscr{X} par une combinaison booléenne d’inégalités de la forme |f|γ|g|join𝑓𝛾𝑔|f|\Join\gamma|g|, où f𝑓f et g𝑔g sont des fonctions régulières, où γG𝛾𝐺\gamma\in G et où {<,>,,}\Join\in\{<,>,\leqslant,\geqslant\} : c’est une conséquence de l’élimination des quantificateurs pour la théorie des corps non trivialement valués algébriquement clos, dans le langage classique des corps valués à trois sortes (le corps valué, le corps résiduel et le groupe des valeurs).

(0.30.5)  On dispose de définitions analogues sur les catégories 𝖣𝖣\mathsf{D} et 𝖣Gsubscript𝖣𝐺\mathsf{D}_{G}, en se restreignant au langage des groupes abéliens ordonnés.

(0.31)  Soit 𝔾𝔾{\mathbb{G}} le foncteur d’oubli de 𝖣𝖣\mathsf{D} vers 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens} ; pour tout groupe abélien ordonné G𝐺G, on note 𝔾Gsubscript𝔾𝐺{\mathbb{G}}_{G} la restriction de 𝔾𝔾{\mathbb{G}} à 𝖣Gsubscript𝖣𝐺\mathsf{D}_{G}.

(0.32)  Fixons un groupe abélien ordonné G𝐺G. Il résulte de l’élimination des quantificateurs dans la théorie des groupes abéliens ordonnés divisibles non triviaux qu’un sous-foncteur de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} est définissable si et seulement si il peut s’écrire

H{𝐡Hn,iIjIiφi,j(𝐡)ij1}maps-to𝐻formulae-sequence𝐡superscript𝐻𝑛subscriptjoin𝑖𝑗subscript𝑖𝐼subscript𝑗subscript𝐼𝑖subscript𝜑𝑖𝑗𝐡1H\mapsto\left\{{\bf h}\in H^{n},\bigvee_{i\in I}\bigwedge_{j\in I_{i}}\varphi_{i,j}({\bf h})\Join_{ij}1\right\}

où les ensembles I𝐼I et Jisubscript𝐽𝑖J_{i} sont tous finis, où chacune des φi,jsubscript𝜑𝑖𝑗\varphi_{i,j} est de la forme at1e1,tnen𝑎superscriptsubscript𝑡1subscript𝑒1superscriptsubscript𝑡𝑛subscript𝑒𝑛at_{1}^{e_{1}}\ldots,t_{n}^{e_{n}} avec aG𝑎𝐺a\in G et esubscript𝑒e_{\ell}\in{\mathbb{Z}} pour tout \ell, et où i,j{<,}\Join_{i,j}\in\{<,\leqslant\} pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j).

Si 𝒟𝒟\mathscr{D} est un sous-foncteur définissable de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} :

i) il est entièrement déterminé par sa valeur sur n’importe quel H𝖣G𝐻subscript𝖣𝐺H\in\mathsf{D}_{G} ;

ii) l’expression 𝒟(H)𝒟𝐻\mathscr{D}(H) garde un sens pour tout groupe abélien ordonné H𝐻H muni d’un plongement GH𝐺𝐻G\hookrightarrow H.

(0.32.1)  On dira qu’un sous-foncteur définissable de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} est fermé s’il admet une description comme ci-dessus avec i,jsubscriptjoin𝑖𝑗\Join_{i,j} égal à \leqslant pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j).

(0.32.2)  Si r𝑟r et R𝑅R sont des éléments de G𝐺G avec r<R𝑟𝑅r<R on note ]r;R[]r;R[ le sous-foncteur définissable de 𝔾Gsubscript𝔾𝐺{\mathbb{G}}_{G} qui envoie H𝐻H sur {hH,r<h<R}formulae-sequence𝐻𝑟𝑅\{h\in H,r<h<R\}. Un pavé de dimension d𝑑d de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} est un sous-foncteur définissable de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} de la forme

M(i=1d]ri;Ri[×{(gd+1,,gn)})M\left(\prod_{i=1}^{d}]r_{i};R_{i}[\times\{(g_{d+1},\ldots,g_{n})\}\right)

où les risubscript𝑟𝑖r_{i}, les Risubscript𝑅𝑖R_{i} et les gjsubscript𝑔𝑗g_{j} sont des éléments fixés de G𝐺G, avec ri<Risubscript𝑟𝑖subscript𝑅𝑖r_{i}<R_{i} pour tout i𝑖i, et où MGLn()𝑀subscriptGL𝑛M\in{\rm GL}_{n}({\mathbb{Q}}).

(0.32.3)  Soit 𝒟𝒟\mathscr{D} un sous-foncteur définissable et non vide de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n}. Soit H𝖣G𝐻subscript𝖣𝐺H\in\mathsf{D}_{G} et soit  \mathscr{E} l’ensemble des entiers d𝑑d tels que 𝒟|𝖣H\mathscr{D}_{|\mathsf{D}_{H}} contienne un pavé de dimension d𝑑d de 𝔾Hnsuperscriptsubscript𝔾𝐻𝑛{\mathbb{G}}_{H}^{n}. L’ensemble \mathscr{E} est non vide (il contient 00) et est inclus dans {0,,n}0𝑛\{0,\ldots,n\}. Il ne dépend pas de H𝐻H, et peut alternativement être décrit comme l’ensemble des entiers d𝑑d possédant la propriété suivante : il existe un pavé 𝒫𝒫\mathscr{P} de dimension d𝑑d dans 𝔾Hnsuperscriptsubscript𝔾𝐻𝑛{\mathbb{G}}_{H}^{n} tel que 𝒟(H)𝒟𝐻\mathscr{D}(H) contienne 𝒫(H)𝒫𝐻\mathscr{P}(H). Le plus grand élément de \mathscr{E} est appelé la dimension de 𝒟𝒟\mathscr{D}. Par convention, on pose dim=dim\mbox{\rm dim}\;\emptyset=-\infty. Il n’y a pas de conflit de terminologie : un pavé de dimension d𝑑d au sens de Théorie des modèles est de dimension d𝑑d au sens que nous venons de définir.

Soit H𝖣G𝐻subscript𝖣𝐺H\in\mathsf{D}_{G} et soit x𝒟(H)𝑥𝒟𝐻x\in\mathscr{D}(H).

La dimension de 𝒟𝒟\mathscr{D} en x𝑥x est la dimension minimale de 𝒫𝒟|𝖣H𝔾Hn\mathscr{P}\cap\mathscr{D}_{|\mathsf{D}_{H}}\subset{\mathbb{G}}_{H}^{n}, où 𝒫𝒫\mathscr{P} est un pavé de dimension n𝑛n de 𝔾Hnsuperscriptsubscript𝔾𝐻𝑛{\mathbb{G}}_{H}^{n} tel que x𝒫(H)𝑥𝒫𝐻x\in\mathscr{P}(H). Si 𝒟𝒟\mathscr{D} est de dimension d𝑑d en chacun des points de 𝒟(H)𝒟𝐻\mathscr{D}(H), il est de dimension d𝑑d en chacun des points de 𝒟(H)𝒟superscript𝐻\mathscr{D}(H^{\prime}) pour tout H𝖣Gsuperscript𝐻subscript𝖣𝐺H^{\prime}\in\mathsf{D}_{G} ; on dit alors que 𝒟𝒟\mathscr{D} est purement de dimension d𝑑d.

On dit que 𝒟𝒟\mathscr{D} est purement de dimension d𝑑d en x𝑥x s’il existe un pavé 𝒫𝒫\mathscr{P} de dimension n𝑛n dans 𝔾Hnsuperscriptsubscript𝔾𝐻𝑛{\mathbb{G}}_{H}^{n} tel que x𝒫(H)𝑥𝒫𝐻x\in\mathscr{P}(H) et tel que le sous-foncteur 𝒫𝒟|𝖣H\mathscr{P}\cap\mathscr{D}_{|\mathsf{D}_{H}} de 𝔾Hnsuperscriptsubscript𝔾𝐻𝑛{\mathbb{G}}_{H}^{n} soit purement de dimension d𝑑d.

(0.32.4)  Un sous-foncteur définissable 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} est dit connexe si pour tout couple (𝒟1,𝒟2)subscript𝒟1subscript𝒟2(\mathscr{D}_{1},\mathscr{D}_{2}) de sous-foncteurs définissables et fermés de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} tels que

𝒟=(𝒟1𝒟)(𝒟2𝒟),𝒟subscript𝒟1𝒟coproductsubscript𝒟2𝒟\mathscr{D}=(\mathscr{D}_{1}\cap\mathscr{D})\coprod(\mathscr{D}_{2}\cap\mathscr{D}),

on a 𝒟𝒟1𝒟subscript𝒟1\mathscr{D}\subset\mathscr{D}_{1} ou 𝒟𝒟2𝒟subscript𝒟2\mathscr{D}\subset\mathscr{D}_{2}.

1 Applications de l’élimination des quantificateurs sur les corps valués

(1.1)Lemme. Soit K𝖢𝐾𝖢K\in\mathsf{C}, soit 𝒳𝒳\mathscr{X} un K𝐾K-schéma intègre, soit U𝑈U un ouvert non vide de 𝒳(K)𝒳𝐾\mathscr{X}(K) et soit 𝒱𝒱\mathscr{V} un ouvert de Zariski non vide de 𝒳𝒳\mathscr{X}. L’intersection U𝒱(K)𝑈𝒱𝐾U\cap\mathscr{V}(K) est non vide.

Démonstration. On raisonne par récurrence sur la dimension d𝑑d du schéma 𝒳𝒳\mathscr{X}. Si d=0𝑑0d=0 l’assertion est triviale. Supposons que d>0𝑑0d>0 et que le lemme est vrai en dimension <dabsent𝑑<d.

Quitte à remplacer 𝒳𝒳\mathscr{X} par son normalisé 𝒳superscript𝒳\mathscr{X}^{\prime} (et U𝑈U par son image réciproque sur 𝒳superscript𝒳\mathscr{X}^{\prime}) on peut supposer que 𝒳𝒳\mathscr{X} est normal. Comme U𝑈U est non vide, il existe un fermé de Zariski 𝒴𝒴\mathscr{Y} de 𝒳𝒳\mathscr{X}, irréductible et de codimension 111, tel que U𝑈U rencontre 𝒴(K)𝒴𝐾\mathscr{Y}(K). Le schéma 𝒳𝒳\mathscr{X} étant normal sur un corps algébriquement clos, il est régulier en codimension 111 ; par conséquent, l’intersection 𝒲𝒲\mathscr{W} de 𝒴𝒴\mathscr{Y} et du lieu régulier de 𝒳𝒳\mathscr{X} est non vide. L’hypothèse de récurrence assure alors que U𝒲(K)𝑈𝒲𝐾U\cap\mathscr{W}(K) est non vide. Il s’ensuit que U𝑈U contient un point lisse x𝑥x de 𝒳𝒳\mathscr{X}.

Soit (f1,,fd)subscript𝑓1subscript𝑓𝑑(f_{1},\ldots,f_{d}) un système de paramètres au voisinage de x𝑥x. Le théorème des fonctions implicites sur les corps valués algébriquement clos assure l’existence d’un élément r|K|𝑟superscript𝐾r\in|K^{*}| et d’un voisinage ouvert définissable Usuperscript𝑈U^{\prime} de x𝑥x dans 𝒳(K)𝒳𝐾\mathscr{X}(K), que l’on peut supposer contenu dans U𝑈U, tel que (f1,,fd)subscript𝑓1subscript𝑓𝑑(f_{1},\ldots,f_{d}) induise pour toute extension valuée algébriquement close L𝐿L de K𝐾K une bijection U(L)B(L)similar-to-or-equalssuperscript𝑈𝐿𝐵𝐿U^{\prime}(L)\simeq B(L), où B𝐵B désigne le polydisque ouvert de polyrayon (r,,r)𝑟𝑟(r,\ldots,r).

Soit H𝐻H le groupe abélien ordonné |K|ϖ1ϖddirect-sumsuperscript𝐾superscriptsubscriptitalic-ϖ1superscriptsubscriptitalic-ϖ𝑑|K^{*}|\oplus\varpi_{1}^{\mathbb{Q}}\oplus\ldots\oplus\varpi_{d}^{\mathbb{Q}}, où chacun des ϖjsubscriptitalic-ϖ𝑗\varpi_{j} est infiniment proche inférieurement de 111 relativement au groupe engendré par |K|superscript𝐾|K^{*}| et les ϖisubscriptitalic-ϖ𝑖\varpi_{i} pour i<j𝑖𝑗i<j. Soit L𝐿L une extension valuée algébriquement close de K𝐾K de groupe des valeurs H𝐻H (on peut par exemple prendre pour L𝐿L une clôture algébrique de K(H)𝐾𝐻K(H), munie d’une extension quelconque de la valuation de Gauß ahhmax|ah|hmaps-tosubscript𝑎subscript𝑎\sum a_{h}h\mapsto\max|a_{h}|\cdot h) ; pour tout j𝑗j, soit λjsubscript𝜆𝑗\lambda_{j} un élément de L𝐿L de valeur absolue rϖj𝑟subscriptitalic-ϖ𝑗r\varpi_{j}.

Soit y𝑦y le point de U(L)superscript𝑈𝐿U^{\prime}(L) correspondant au d𝑑d-uplet (λ1,,λd)subscript𝜆1subscript𝜆𝑑(\lambda_{1},\ldots,\lambda_{d}) de B(L)𝐵𝐿B(L). Le point y𝑦y induit un point 𝐲𝐲\bf y du schéma 𝒳𝒳\mathscr{X} et une valuation sur K(𝐲)𝐾𝐲K({\bf y}) dont le groupe des valeurs contient les ϖjsubscriptitalic-ϖ𝑗\varpi_{j} ; il est donc de rang rationnel au moins d𝑑d sur |K|superscript𝐾|K^{*}|, ce qui entraîne que le degré de transcendance de K(𝐲)𝐾𝐲K({\bf y}) sur K𝐾K est au moins d𝑑d. Par conséquent, 𝐲𝐲\bf y est le point générique de 𝒳𝒳\mathscr{X}, et est en particulier situé sur 𝒱𝒱\mathscr{V} ; il s’ensuit que y𝒱(L)𝑦𝒱𝐿y\in\mathscr{V}(L).

Ainsi, U(L)𝑈𝐿U(L) rencontre 𝒱(L)𝒱𝐿\mathscr{V}(L). Par modèle-complétude, U(K)𝑈𝐾U(K) rencontre 𝒱(K)𝒱𝐾\mathscr{V}(K), ce qu’il fallait démontrer. \Box

(1.2)Théorème. Soit K𝐾K un corps valué muni d’un plongement de |K|superscript𝐾|K^{*}| dans G𝐺G. Soit 𝒳𝒳\mathscr{X} une K𝐾K-variété algébrique, soit (g,j)subscript𝑔𝑗(g_{\ell,j}) une famille finie de fonctions sur 𝒳𝒳\mathscr{X}, et soit (γ,j)subscript𝛾𝑗(\gamma_{\ell,j}) une famille d’éléments de G𝐺G. Soit X𝑋X le foncteur

L{P𝒳(L),j|g,j|(P)γ,j}maps-to𝐿conditional-set𝑃𝒳𝐿subscriptsubscript𝑗conditionalsubscript𝑔𝑗𝑃subscript𝛾𝑗L\mapsto\left\{P\in\mathscr{X}(L),\bigvee_{\ell}\bigwedge_{j}|g_{\ell,j}|(P)\leqslant\gamma_{\ell,j}\right\}

de 𝖢K,Gsubscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{K,G} dans la catégorie des ensembles.

Soit 𝐟=(f1,,fn)𝐟subscript𝑓1subscript𝑓𝑛{\bf f}=(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille de fonctions inversibles sur le schéma 𝒳𝒳\mathscr{X}, soit π:𝒳𝔾m,Kn:𝜋𝒳superscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛\pi:\mathscr{X}\to{\mathbb{G}}_{m,K}^{n} le morphisme induit, et soit d𝑑d la dimension de la partie constructible π(𝒳)𝜋𝒳\pi(\mathscr{X}) de 𝔾m,Knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{m,K}^{n} (si 𝒳𝒳\mathscr{X} est intègre, d𝑑d est le degré de transcendance de K(f1,,fn)𝐾subscript𝑓1subscript𝑓𝑛K(f_{1},\ldots,f_{n}) sur K𝐾K).

  • A)

    Il existe un sous-foncteur définissable et fermé 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} tel que

    |𝐟|(X(L))=𝒟(|L|)|L|n𝐟𝑋𝐿𝒟superscript𝐿superscriptsuperscript𝐿𝑛|{\bf f}|(X(L))=\mathscr{D}(|L^{*}|)\subset|L^{*}|^{n}

    pour tout L𝖢K,G𝐿subscript𝖢𝐾𝐺L\in\mathsf{C}_{K,G}, et la dimension de 𝒟𝒟\mathscr{D} est majorée par d𝑑d.

  • B)

    Supposons 𝒳𝒳\mathscr{X} intègre. Pour tout H𝖣G𝐻subscript𝖣𝐺H\in\mathsf{D}_{G} et tout 𝐡=(h1,,hn)Hn𝐡subscript1subscript𝑛superscript𝐻𝑛{\bf h}=(h_{1},\ldots,h_{n})\in H^{n}, les assertions suivantes sont équivalentes :

    • i)

      𝐡𝒟(H)𝐡𝒟𝐻{\bf h}\in\mathscr{D}(H) ;

    • ii)

      il existe une valuation |.||.| sur K(𝒳)𝐾𝒳K(\mathscr{X}) prolongeant la valuation de K𝐾K, à valeurs dans un groupe ordonné H𝖣Hsuperscript𝐻subscript𝖣𝐻H^{\prime}\in\mathsf{D}_{H}, telle que

      j|g,j|γ,jsubscriptsubscript𝑗subscript𝑔𝑗subscript𝛾𝑗\bigvee_{\ell}\bigwedge_{j}|g_{\ell,j}|\leqslant\gamma_{\ell,j}

      et telle que |fi|=hisubscript𝑓𝑖subscript𝑖|f_{i}|=h_{i} pour tout i𝑖i.

      En particulier, 𝒟𝒟\mathscr{D} ne change pas si l’on remplace 𝒳𝒳\mathscr{X} par un de ses ouverts de Zariski non vides.

  • C)

    Supposons que X=𝒳|𝖢K,GX=\mathscr{X}_{|\mathsf{C}_{K,G}}, et soit Khsuperscript𝐾K^{h} le hensélisé de (K,|.|)(K,|.|).

    • C1)

      Si 𝒳Khsubscript𝒳superscript𝐾\mathscr{X}_{K^{h}} est connexe alors 𝒟𝒟\mathscr{D} est connexe.

    • C2)

      Supposons que π(𝒳)𝜋𝒳\pi(\mathscr{X}) est purement de dimension d𝑑d. Le sous-foncteur 𝒟𝒟\mathscr{D} est alors purement de dimension d𝑑d, et égal à 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} si 𝒳𝒳\mathscr{X}\neq\emptyset et n=d𝑛𝑑n=d.

Démonstration. Commençons par prouver A). L’image de |𝐟|𝐟|{\bf f}| est un sous-foncteur définissable du foncteur L|L|maps-to𝐿superscript𝐿L\mapsto|L^{*}| de 𝖢(K,G)subscript𝖢𝐾𝐺\mathsf{C}_{(K,G)} dans 𝖤𝗇𝗌𝖤𝗇𝗌\mathsf{Ens}, et un tel sous-foncteur est nécessairement de la forme L𝒟(|L|)maps-to𝐿𝒟superscript𝐿L\mapsto\mathscr{D}(|L^{*}|) pour un certain sous-foncteur définissable 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} (qui est uniquement déterminé). Il reste à s’assurer que 𝒟𝒟\mathscr{D} est fermé et de dimension dabsent𝑑\leqslant d.

(1.2.1)Le foncteur 𝒟𝒟\mathscr{D} est fermé. On peut décrire 𝒟𝒟\mathscr{D} par une combinaison booléenne

ijφi,ji,j1subscriptjoin𝑖𝑗subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\Join_{i,j}1

où les φi,jsubscript𝜑𝑖𝑗\varphi_{i,j} et les i,jsubscriptjoin𝑖𝑗\Join_{i,j} sont comme en Théorie des modèles. On peut supposer que pour tout i𝑖i, le sous-foncteur de 𝒟𝒟\mathscr{D} décrit par la conjonction jφi,ji,j1subscriptjoin𝑖𝑗subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\Join_{i,j}1 est non vide (sinon, on le retire de la description de 𝒟𝒟\mathscr{D}). Nous allons montrer que 𝒟𝒟\mathscr{D} peut être décrit par la condition

ijφi,j1.subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\leqslant 1.

Il suffit pour cela de montrer que pour tout i𝑖i le sous-foncteur de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n} défini par la conjonction jφi,j1subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\leqslant 1 est contenu dans 𝒟𝒟\mathscr{D}.

Fixons i𝑖i, et écrivons φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j} et jsubscriptjoin𝑗\Join_{j} au lieu de φi,jsubscript𝜑𝑖𝑗\varphi_{i,j} et i,jsubscriptjoin𝑖𝑗\Join_{i,j}. Soit L𝖢K,G𝐿subscript𝖢𝐾𝐺L\in\mathsf{C}_{K,G} et soit (r1,,rn)subscript𝑟1subscript𝑟𝑛(r_{1},\ldots,r_{n}) un point de |L|nsuperscriptsuperscript𝐿𝑛|L^{*}|^{n} en lequel φj1subscript𝜑𝑗1\varphi_{j}\leqslant 1 pour tout j𝑗j. Nous allons prouver qu’il appartient à 𝒟(|L|)𝒟superscript𝐿\mathscr{D}(|L^{*}|), ce qui permettra de conclure. Soit 𝒟superscript𝒟\mathscr{D}^{\prime} le sous-foncteur de 𝒟𝒟\mathscr{D} défini par la conjonction jφjj1subscriptjoin𝑗subscript𝑗subscript𝜑𝑗1\bigwedge_{j}\varphi_{j}\Join_{j}1 ; il est non vide par hypothèse.

La formule (h1,,hn)max(hi1ri,hiri1)i(h_{1},\ldots,h_{n})\mapsto\max(h_{i}^{-1}r_{i},h_{i}r_{i}^{-1})_{i} définit un morphisme de foncteurs de 𝒟|𝖣|L|\mathscr{D}^{\prime}_{|\mathsf{D}_{|L^{*}|}} dans 𝔾|L|subscript𝔾superscript𝐿{\mathbb{G}}_{|L^{*}|}. Son image est un sous-foncteur définissable de 𝔾|L|subscript𝔾superscript𝐿{\mathbb{G}}_{|L^{*}|} ; par o-minimalité, celui-ci admet une borne inférieure a𝑎a, appartenant à |L|superscript𝐿|L^{*}| et supérieure ou égale à 111.

Montrons que a=1𝑎1a=1. On raisonne par l’absurde. Supposons a>1𝑎1a>1. Par définition de a𝑎a, il existe (s1,,sn)|L|nsubscript𝑠1subscript𝑠𝑛superscriptsuperscript𝐿𝑛(s_{1},\ldots,s_{n})\in|L^{*}|^{n} tel que les propriétés suivantes soient vérifiées :

α)\alpha) a3/2sia3/2superscript𝑎32subscript𝑠𝑖superscript𝑎32a^{-3/2}\leqslant s_{i}\leqslant a^{3/2} pour tout i𝑖i ;

β)\beta) il existe i𝑖i tel que sia1subscript𝑠𝑖superscript𝑎1s_{i}\leqslant a^{-1} ou siasubscript𝑠𝑖𝑎s_{i}\geqslant a ;

γ)\gamma) (r1s1,,rnsn)𝒟(|L|)subscript𝑟1subscript𝑠1subscript𝑟𝑛subscript𝑠𝑛superscript𝒟superscript𝐿(r_{1}s_{1},\ldots,r_{n}s_{n})\in\mathscr{D}^{\prime}(|L^{*}|).

Par convexité, le point (r1s11/2,,rnsn1/2)subscript𝑟1superscriptsubscript𝑠112subscript𝑟𝑛superscriptsubscript𝑠𝑛12(r_{1}s_{1}^{1/2},\ldots,r_{n}s_{n}^{1/2}) satisfait l’inégalité φj1subscript𝜑𝑗1\varphi_{j}\leqslant 1 pour tout j𝑗j. Par minimalité de a𝑎a et comme a3/4<asuperscript𝑎34𝑎a^{3/4}<a puisque a>1𝑎1a>1, il ne peut appartenir à 𝒟(|L|)superscript𝒟superscript𝐿\mathscr{D}^{\prime}(|L^{*}|). Il existe donc j𝑗j tel que jsubscriptjoin𝑗\Join_{j} soit égal à << et tel que φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j} vaille 111 sur (r1s11/2,,rnsn1/2)subscript𝑟1superscriptsubscript𝑠112subscript𝑟𝑛superscriptsubscript𝑠𝑛12(r_{1}s_{1}^{1/2},\ldots,r_{n}s_{n}^{1/2}). L’application φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j} prend alors une valeur inférieure ou égale à 111 en (r1,,rn)subscript𝑟1subscript𝑟𝑛(r_{1},\ldots,r_{n}), la valeur 1 en (r1s11/2,,rnsn1/2)subscript𝑟1superscriptsubscript𝑠112subscript𝑟𝑛superscriptsubscript𝑠𝑛12(r_{1}s_{1}^{1/2},\ldots,r_{n}s_{n}^{1/2}), et une valeur strictement inférieure à 111 sur (r1s1,,rnsn)subscript𝑟1subscript𝑠1subscript𝑟𝑛subscript𝑠𝑛(r_{1}s_{1},\ldots,r_{n}s_{n}) ; mais c’est contradictoire avec le caractère affine de φ𝜑\varphi.

Soit H𝐻H le groupe ordonné divisible |L|ϖdirect-sumsuperscript𝐿superscriptitalic-ϖ|L^{*}|\oplus\varpi^{\mathbb{Q}}, où ϖitalic-ϖ\varpi est infiniment proche supérieurement de 111. Soit F𝐹F une extension valuée algébriquement close de L𝐿L de groupe des valeurs H𝐻H.

Comme a=1𝑎1a=1, il existe (s1,,sn)ϖsubscript𝑠1subscript𝑠𝑛superscriptitalic-ϖ(s_{1},\ldots,s_{n})\in\varpi^{\mathbb{Q}} tels que le n𝑛n-uplet (r1s1,,rnsn)subscript𝑟1subscript𝑠1subscript𝑟𝑛subscript𝑠𝑛(r_{1}s_{1},\ldots,r_{n}s_{n}) appartienne à 𝒟(H)=𝒟(|F|)superscript𝒟𝐻superscript𝒟superscript𝐹\mathscr{D}^{\prime}(H)=\mathscr{D}^{\prime}(|F^{*}|). Comme 𝒟superscript𝒟\mathscr{D}^{\prime} est un sous-foncteur de 𝒟𝒟\mathscr{D}, il existe PX(F)𝑃𝑋𝐹P\in X(F) tel que |𝐟|(P)=(r1s1,,rnsn)𝐟𝑃subscript𝑟1subscript𝑠1subscript𝑟𝑛subscript𝑠𝑛|{\bf f}|(P)=(r_{1}s_{1},\ldots,r_{n}s_{n}).

Le groupe ϖsuperscriptitalic-ϖ\varpi^{{\mathbb{Q}}} est un sous-groupe convexe de H𝐻H ; le quotient H/ϖ𝐻superscriptitalic-ϖH/\varpi^{\mathbb{Q}} s’identifie à |L|superscript𝐿|L^{*}|. La valuation de F𝐹F peut donc être rendue un peu plus grossière en la composant avec la flèche quotient H|L|𝐻superscript𝐿H\to|L^{*}| ; le corps valué F0subscript𝐹0F_{0} ainsi obtenu a même corps sous-jacent que F𝐹F, et est toujours une extension valuée de L𝐿L. Comme le foncteur X𝑋X est défini par des inégalités larges, PX(F0)𝑃𝑋subscript𝐹0P\in X(F_{0}) ; son image par |𝐟|𝐟|{\bf f}| dans |F0|nsuperscriptsuperscriptsubscript𝐹0𝑛|F_{0}^{*}|^{n} appartient donc à 𝒟(F0)𝒟superscriptsubscript𝐹0\mathscr{D}(F_{0}^{*}). Mais |F0|=|L|superscriptsubscript𝐹0superscript𝐿|F_{0}^{*}|=|L^{*}| ; et l’image de P𝑃P dans |F0|nsuperscriptsuperscriptsubscript𝐹0𝑛|F_{0}^{*}|^{n} est égale à l’image de (r1s1,,rnsn)subscript𝑟1subscript𝑠1subscript𝑟𝑛subscript𝑠𝑛(r_{1}s_{1},\ldots,r_{n}s_{n}) par la flèche quotient Hn|L|nsuperscript𝐻𝑛superscriptsuperscript𝐿𝑛H^{n}\to|L^{*}|^{n}, c’est-à-dire à (r1,,rn)subscript𝑟1subscript𝑟𝑛(r_{1},\ldots,r_{n}). Ainsi, ce dernier appartient à 𝒟(|L|)𝒟superscript𝐿\mathscr{D}(|L^{*}|), ce qu’il fallait démontrer.

(1.2.2)Majoration de la dimension de 𝒟𝒟\mathscr{D}. Soit L𝖢K,G𝐿subscript𝖢𝐾𝐺L\in\mathsf{C}_{K,G}, et soit 𝒫𝒫\mathscr{P} un pavé de 𝔾|L|nsuperscriptsubscript𝔾superscript𝐿𝑛{\mathbb{G}}_{|L^{*}|}^{n} contenu dans 𝒟|𝖣|L|\mathscr{D}_{|\mathsf{D}_{|L^{*}|}}. On note δ𝛿\delta la dimension de 𝒫𝒫\mathscr{P} ; nous allons montrer que δd𝛿𝑑\delta\leqslant d. Quitte à composer π𝜋\pi avec une isogénie du tore 𝔾m,Knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{m,K}^{n}, on peut supposer que 𝒫𝒫\mathscr{P} est décrit (universellement) par des conditions de la forme

ri<hi<Ri,1iδethi=γi,iδ+1,formulae-sequencesubscript𝑟𝑖subscript𝑖subscript𝑅𝑖.1𝑖𝛿etsubscript𝑖subscript𝛾𝑖𝑖𝛿1r_{i}<h_{i}<R_{i},1\leqslant i\leqslant\delta\;{\rm et}\;h_{i}=\gamma_{i},i\geqslant\delta+1,

où les ri,Risubscript𝑟𝑖subscript𝑅𝑖r_{i},R_{i} et gisubscript𝑔𝑖g_{i} appartiennent à |L|superscript𝐿|L^{*}|.

Soit H𝐻H le groupe ordonné divisible |L|ϖ1ϖδdirect-sumsuperscript𝐿superscriptsubscriptitalic-ϖ1superscriptsubscriptitalic-ϖ𝛿|L^{*}|\oplus\varpi_{1}^{\mathbb{Q}}\oplus\ldots\oplus\varpi_{\delta}^{\mathbb{Q}}, où chacun des ϖjsubscriptitalic-ϖ𝑗\varpi_{j} est infiniment proche supérieurement de 111 relativement au groupe engendré par |L|superscript𝐿|L^{*}| et les ϖisubscriptitalic-ϖ𝑖\varpi_{i} pour i<j𝑖𝑗i<j. Soit F𝐹F une extension valuée algébriquement close de L𝐿L de groupe des valeurs H𝐻H.

L’élément (r1ϖ1,,rδϖδ,gδ+1,,gn)subscript𝑟1subscriptitalic-ϖ1subscript𝑟𝛿subscriptitalic-ϖ𝛿subscript𝑔𝛿1subscript𝑔𝑛(r_{1}\varpi_{1},\ldots,r_{\delta}\varpi_{\delta},g_{\delta+1},\ldots,g_{n}) de Hnsuperscript𝐻𝑛H^{n} appartient à 𝒫(H)𝒫𝐻\mathscr{P}(H), et donc à 𝒟(H)𝒟𝐻\mathscr{D}(H). Il est dès lors égal à |𝐟|(P)𝐟𝑃|{\bf f}|(P) pour un certain PX(F)𝑃𝑋𝐹P\in X(F). Le point P𝑃P induit un point x𝑥x du schéma 𝒳Lsubscript𝒳𝐿\mathscr{X}_{L}, et une valuation |.||{.}| sur L(x)𝐿𝑥L(x).

Si l’on pose L0=L(f1(x),,fn(x))L(x)subscript𝐿0𝐿subscript𝑓1𝑥subscript𝑓𝑛𝑥𝐿𝑥L_{0}=L(f_{1}(x),\ldots,f_{n}(x))\subset L(x) alors |L0|superscriptsubscript𝐿0|L_{0}^{*}| contient les riϖisubscript𝑟𝑖subscriptitalic-ϖ𝑖r_{i}\varpi_{i}, qui sont {\mathbb{Q}}-linéairement indépendants modulo |L|superscript𝐿|L^{*}| ; par conséquent, le degré de transcendance de L0subscript𝐿0L_{0} sur L𝐿L est au moins égal à δ𝛿\delta.

Le corps L0subscript𝐿0L_{0} s’identifie par ailleurs au corps L(π(x))𝐿𝜋𝑥L(\pi(x)) ; il s’ensuit que le degré de transcendance de L0subscript𝐿0L_{0} sur L𝐿L est majoré par d𝑑d, puis que δd𝛿𝑑\delta\leqslant d, ce qu’il fallait démontrer.

(1.2.3)Preuve de l’assertion B). Soit H𝖣G𝐻subscript𝖣𝐺H\in\mathsf{D}_{G} et soit 𝐡=(h1,,hn)Hn𝐡subscript1subscript𝑛superscript𝐻𝑛{\bf h}=(h_{1},\ldots,h_{n})\in H^{n}.

Supposons que i) est vraie. Soit L𝖢𝐿𝖢L\in\mathsf{C} un corps tel que |L|=Hsuperscript𝐿𝐻|L^{*}|=H. Soit X𝐡subscript𝑋𝐡X_{\bf h} le foncteur qui associe à un corps F𝖢L𝐹subscript𝖢𝐿F\in\mathsf{C}_{L} l’ensemble des points de X(F)𝑋𝐹X(F) en lesquels |𝐟|𝐟|{\bf f}| est égal à 𝐡𝐡\bf h. Comme 𝐡𝐡\bf h appartient à 𝒟(H)𝒟𝐻\mathscr{D}(H), le foncteur X𝐡subscript𝑋𝐡X_{\bf h} est non vide ; pour tout F𝖢L𝐹subscript𝖢𝐿F\in\mathsf{C}_{L}, l’ensemble X𝐡(F)subscript𝑋𝐡𝐹X_{\bf h}(F) est un ouvert de 𝒳(F)𝒳𝐹\mathscr{X}(F).

Soit 𝒴𝒴\mathscr{Y} un fermé de Zariski strict de 𝒳𝒳\mathscr{X}. En vertu du lemme 1, le sous-foncteur X𝐡subscript𝑋𝐡X_{\bf h} de 𝒳Lsubscript𝒳𝐿\mathscr{X}_{L} n’est pas contenu dans le sous-foncteur 𝒴Lsubscript𝒴𝐿\mathscr{Y}_{L} de 𝒳Lsubscript𝒳𝐿\mathscr{X}_{L}. Par le théorème de compacité en théorie des modèles, il existe F𝖢L𝐹subscript𝖢𝐿F\in\mathsf{C}_{L} et un point xX𝐡(F)𝑥subscript𝑋𝐡𝐹x\in X_{\bf h}(F) qui n’appartient à 𝒴(F)𝒴𝐹\mathscr{Y}(F) pour aucun fermé de Zariski strict 𝒴𝒴\mathscr{Y} de X𝑋X.

Cela signifie que x𝑥x induit le point générique de 𝒳𝒳\mathscr{X}. Par conséquent, K(𝒳)𝐾𝒳K(\mathscr{X}) se plonge dans F𝐹F, et si l’on note encore |.||.| la restriction à K(𝒳)𝐾𝒳K(\mathscr{X}) de la valeur absolue de F𝐹F on a

j|g,j|γ,jsubscriptsubscript𝑗subscript𝑔𝑗subscript𝛾𝑗\bigvee_{\ell}\bigwedge_{j}|g_{\ell,j}|\leqslant\gamma_{\ell,j}

et |fi|=|hi|subscript𝑓𝑖subscript𝑖|f_{i}|=|h_{i}| pour tout i𝑖i (puisque x𝒳𝐡(F)𝑥subscript𝒳𝐡𝐹x\in\mathscr{X}_{\bf h}(F)). Ainsi, ii) est vraie en prenant H=|F|superscript𝐻superscript𝐹H^{\prime}=|F^{*}|.

Supposons que ii) est vraie. Soit F𝖢K,G𝐹subscript𝖢𝐾𝐺F\in\mathsf{C}_{K,G} une extension valuée de (K(𝒳),|.|)(K(\mathscr{X}),|{.}|) telle que |F|=Hsuperscript𝐹superscript𝐻|F^{*}|=H^{\prime} et soit P𝑃P le point de 𝒳(F)𝒳𝐹\mathscr{X}(F) défini par la flèche composée 𝖲𝗉𝖾𝖼F𝖲𝗉𝖾𝖼K(𝒳)𝒳𝖲𝗉𝖾𝖼𝐹𝖲𝗉𝖾𝖼𝐾𝒳𝒳\mathsf{Spec}\;F\to\mathsf{Spec}\;K(\mathscr{X})\to\mathscr{X}. On a par construction

j|g,j|(P)γ,j.subscriptsubscript𝑗subscript𝑔𝑗𝑃subscript𝛾𝑗\bigvee_{\ell}\bigwedge_{j}|g_{\ell,j}|(P)\leqslant\gamma_{\ell,j}.

Par conséquent, PX(F)𝑃𝑋𝐹P\in X(F). Dès lors, 𝐡=|𝐟|(P)𝒟(|F|)Hn=𝒟(H)𝐡𝐟𝑃𝒟superscript𝐹superscript𝐻𝑛𝒟𝐻{\bf h}=|{\bf f}|(P)\in\mathscr{D}(|F^{*}|)\cap H^{n}=\mathscr{D}(H). Ainsi, i) est vraie.

(1.2.4)Preuve de C). Comme X=𝒳|𝖢K,GX=\mathscr{X}_{|\mathsf{C}_{K,G}}, on peut définir X𝑋X sans faire appel à des éléments de G|K|𝐺superscript𝐾G\setminus|K^{*}|, ce qui permet de supposer que G=|K|𝐺superscriptsuperscript𝐾G=|K^{*}|^{{\mathbb{Q}}}, et que 𝖢K,G=𝖢Ksubscript𝖢𝐾𝐺subscript𝖢𝐾\mathsf{C}_{K,G}=\mathsf{C}_{K}. Remarquons qu’on aurait pu tout aussi bien prendre G𝐺G égal à |K|superscript𝐾|K^{*}| ; mais en optant pour |K|superscriptsuperscript𝐾|K^{*}|^{{\mathbb{Q}}}, on ne modifie ni la catégorie 𝖣Gsubscript𝖣𝐺\mathsf{D}_{G}, ni la notion de foncteur définissable sur 𝖣Gsubscript𝖣𝐺\mathsf{D}_{G}, et l’on se donne le droit de remplacer K𝐾K par n’importe laquelle de ses extensions algébriques, dont le groupe se plonge naturellement dans |K|superscript𝐾\sqrt{|K^{*}|}.

Soit \mathscr{E} un sous-foncteur définissable et fermé de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n}. Comme G=|K|𝐺superscriptsuperscript𝐾G=|K^{*}|^{{\mathbb{Q}}}, la condition |𝐟|(|K(𝒳)|)𝐟𝐾superscript𝒳|{\bf f}|\in\mathscr{E}(|K(\mathscr{X})^{*}|) définit un ouvert K(𝒳)/K{}subscript𝐾𝒳𝐾{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K}\{\mathscr{E}\} de l’espace de Zariski-Riemann K(𝒳)/Ksubscript𝐾𝒳𝐾{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K} (les corps K𝐾K et K(𝒳)𝐾𝒳K(\mathscr{X}) sont considérés comme trivialement gradués ; il s’agit donc d’un espace de Zariski-Riemann classique).

Pour démontrer C1) on peut, quitte à étendre les scalaires, se ramener au cas où K=Kh𝐾superscript𝐾K=K^{h}. Supposons que le foncteur 𝒟𝒟\mathscr{D} s’écrive comme la réunion disjointe de deux sous-foncteurs définissables fermés 𝒟1subscript𝒟1\mathscr{D}_{1} et 𝒟2subscript𝒟2\mathscr{D}_{2} de 𝔾Gnsuperscriptsubscript𝔾𝐺𝑛{\mathbb{G}}_{G}^{n}. En vertu de l’assertion B) déjà établie, et plus précisément de ii)\Rightarrowi), on a alors

K(𝒳)/K=K(𝒳)/K{𝒟1}K(𝒳)/K{𝒟2}.subscript𝐾𝒳𝐾subscript𝐾𝒳𝐾subscript𝒟1coproductsubscript𝐾𝒳𝐾subscript𝒟2{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K}={\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K}\{\mathscr{D}_{1}\}\coprod{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K}\{\mathscr{D}_{2}\}.

L’espace topologique K(𝒳)/Ksubscript𝐾𝒳𝐾{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K} s’identifie à la limite projective des fibres spéciales des modèles propres et intègres de K(𝒳)𝐾𝒳K(\mathscr{X}) sur l’anneau des entiers Kosuperscript𝐾oK^{\mbox{\tiny o}} de K𝐾K. Or si 𝒴𝒴\mathscr{Y} est un tel modèle, sa fibre spéciale est connexe. En effet, soit

𝒴𝖲𝗉𝖾𝖼B𝖲𝗉𝖾𝖼Ko𝒴𝖲𝗉𝖾𝖼𝐵𝖲𝗉𝖾𝖼superscript𝐾o\mathscr{Y}\to\mathsf{Spec}\;B\to\mathsf{Spec}\;K^{\mbox{\tiny o}}

la factorisation de Stein de 𝒴𝖲𝗉𝖾𝖼Ko𝒴𝖲𝗉𝖾𝖼superscript𝐾o\mathscr{Y}\to\mathsf{Spec}\;K^{\mbox{\tiny o}}. La Kosuperscript𝐾oK^{\mbox{\tiny o}}-algèbre finie B𝐵B est intègre ; c’est d’autre part un produit d’anneaux locaux puisque Kosuperscript𝐾oK^{\mbox{\tiny o}} est hensélien, et elle est de ce fait locale ; la fibre spéciale de 𝖲𝗉𝖾𝖼B𝖲𝗉𝖾𝖼Ko𝖲𝗉𝖾𝖼𝐵𝖲𝗉𝖾𝖼superscript𝐾o\mathsf{Spec}\;B\to\mathsf{Spec}\;K^{\mbox{\tiny o}} est donc un singleton, ce qui équivaut à la connexité de la fibre spéciale de 𝒴𝒴\mathscr{Y}.

Il en découle que K(𝒳)/Ksubscript𝐾𝒳𝐾{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K} est connexe. En conséquence, il existe i𝑖i tel que K(𝒳)/K{𝒟i}=subscript𝐾𝒳𝐾subscript𝒟𝑖{\mathbb{P}}_{K(\mathscr{X})/K}\{\mathscr{D}_{i}\}=\emptyset. En utilisant à nouveau l’assertion B), mais cette fois-ci à travers l’implication i)\Rightarrowii), il vient 𝒟i=subscript𝒟𝑖\mathscr{D}_{i}=\emptyset ; il s’ensuit que 𝒟𝒟\mathscr{D} est connexe.

Démontrons maintenant C2). On peut, quitte à étendre les scalaires, supposer K𝐾K algébriquement clos. Commençons par une remarque, que nous utiliserons à plusieurs reprises : si T1,,Tnsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛T_{1},\ldots,T_{n} désignent les fonctions coordonnées sur 𝔾m,Knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{m,K}^{n} alors |𝐟|(𝒳(L))=|𝐓|(π(𝒳)(L))𝐟𝒳𝐿𝐓𝜋𝒳𝐿|{\bf f}|(\mathscr{X}(L))=|{\bf T}|(\pi(\mathscr{X})(L)) pour tout L𝖢K𝐿subscript𝖢𝐾L\in\mathsf{C}_{K}.

On procède par récurrence sur d𝑑d. Si d=0𝑑0d=0 alors π(𝒳)𝜋𝒳\pi(\mathscr{X}) est une union finie de K𝐾K-points, d’où l’assertion. Supposons que d>0𝑑0d>0 et que l’assertion a été démontrée en dimension <dabsent𝑑<d. On peut écrire π(𝒳)𝜋𝒳\pi(\mathscr{X}) comme une union finie de parties localement fermées irréductibles de dimension d𝑑d ; cela permet de se ramener au cas où 𝒳𝒳\mathscr{X} est lui-même un sous-schéma irréductible de 𝔾m,Knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{m,K}^{n} de dimension d𝑑d et où fi=Tisubscript𝑓𝑖subscript𝑇𝑖f_{i}=T_{i} pour tout i𝑖i. On sait d’après C1) que 𝒟𝒟\mathscr{D} est alors connexe.

Fixons L𝖢K𝐿subscript𝖢𝐾L\in\mathsf{C}_{K}. Soit ξ𝒟(|L|)𝜉𝒟superscript𝐿\xi\in\mathscr{D}(|L^{*}|) et soit δ𝛿\delta la dimension de 𝒟𝒟\mathscr{D} en ξ𝜉\xi. L’assertion A) assure que δd𝛿𝑑\delta\leqslant d.

La dimension δ𝛿\delta ne peut être nulle. En effet si c’était le cas 𝒟𝒟\mathscr{D} serait par connexité un singleton. Mais comme 𝒳𝒳\mathscr{X} est de dimension strictement positive, l’une au moins des projections de 𝒳𝒳\mathscr{X} sur 𝔾m,Ksubscript𝔾𝑚𝐾{\mathbb{G}}_{m,K} est dominante et la fonction Tisubscript𝑇𝑖T_{i} correspondante n’est dès lors pas bornée sur 𝒳(L)𝒳𝐿\mathscr{X}(L), d’où une contradiction.

Comme δ>0𝛿0\delta>0, il existe une application φ:|L|n|L|:𝜑superscriptsuperscript𝐿𝑛superscript𝐿\varphi:|L^{*}|^{n}\to|L^{*}| de la forme (h1,,hn)ahieimaps-tosubscript1subscript𝑛𝑎productsuperscriptsubscript𝑖subscript𝑒𝑖(h_{1},\ldots,h_{n})\mapsto a\prod h_{i}^{e_{i}} où a|L|𝑎superscript𝐿a\in|L^{*}|, où les eisubscript𝑒𝑖e_{i} appartiennent à {\mathbb{Z}}, et qui possède la propriété suivante : φ(ξ)=1𝜑𝜉1\varphi(\xi)=1, et si \mathscr{H} désigne le sous-foncteur de 𝔾|L|nsubscriptsuperscript𝔾𝑛superscript𝐿{\mathbb{G}}^{n}_{|L^{*}|} défini par la condition φ=1𝜑1\varphi=1, alors 𝒟𝒟\mathscr{H}\cap\mathscr{D} est de dimension δ1𝛿1\delta-1 en ξ𝜉\xi.

Soit x𝒳(L)𝑥𝒳𝐿x\in\mathscr{X}(L) tel que |𝐓|(x)=ξ𝐓𝑥𝜉|{\bf T}|(x)=\xi, et soit αL𝛼superscript𝐿\alpha\in L^{*} tel que |α|=a𝛼𝑎|\alpha|=a. Posons β=αTi(x)ei𝛽𝛼productsubscript𝑇𝑖superscript𝑥subscript𝑒𝑖\beta=\alpha\prod T_{i}(x)^{e_{i}} ; comme ξ(|L|)𝜉superscript𝐿\xi\in\mathscr{H}(|L^{*}|), on a |β|=1𝛽1|\beta|=1. Soit 𝒴𝒴\mathscr{Y} l’intersection de 𝒳𝒳\mathscr{X} et du sous-schéma fermé de 𝔾m,Knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{m,K}^{n} d’équation αTieiβ=0𝛼productsuperscriptsubscript𝑇𝑖subscript𝑒𝑖𝛽0\alpha\prod T_{i}^{e_{i}}-\beta=0.

Comme 𝒟𝒟\mathscr{H}\cap\mathscr{D} est de dimension δ1𝛿1\delta-1 en x𝑥x, on ne peut avoir 𝒟𝒟\mathscr{D}\subset\mathscr{H} ; par conséquent, 𝒳𝒳\mathscr{X} n’est pas contenu dans 𝒴𝒴\mathscr{Y}. Le Hauptidealsatz assure alors que 𝒳𝒴𝒳𝒴\mathscr{X}\cap\mathscr{Y} est purement de dimension d1𝑑1d-1.

Soit 𝒟superscript𝒟\mathscr{D}^{\prime} le sous-foncteur définissable de 𝔾|L|nsubscriptsuperscript𝔾𝑛superscript𝐿{\mathbb{G}}^{n}_{|L^{*}|} qui décrit l’image de 𝒴𝒴\mathscr{Y} par |𝐓|𝐓|{\bf T}|. Comme x𝒴𝑥𝒴x\in\mathscr{Y}, on a ξ𝒟(|L|)𝜉superscript𝒟superscript𝐿\xi\in\mathscr{D}^{\prime}(|L^{*}|) ; la définition même de 𝒴𝒴\mathscr{Y} assure par ailleurs que 𝒟𝒟superscript𝒟𝒟\mathscr{D}^{\prime}\subset\mathscr{H}\cap\mathscr{D}. Il s’ensuit que la dimension de 𝒟superscript𝒟\mathscr{D}^{\prime} en ξ𝜉\xi est majorée par δ1𝛿1\delta-1.

Mais en vertu de notre hypothèse de récurrence, cette dimension est égale à d1𝑑1d-1. On a donc d1δ1d1𝑑1𝛿1𝑑1d-1\leqslant\delta-1\leqslant d-1, et partant δ=d𝛿𝑑\delta=d, ce qu’il fallait démontrer.

Supposons pour terminer que 𝒳𝒳\mathscr{X}\neq\emptyset et que d=n𝑑𝑛d=n, et montrons que 𝒟=𝔾Gn𝒟superscriptsubscript𝔾𝐺𝑛\mathscr{D}={\mathbb{G}}_{G}^{n}. Sous nos hypothèses, π(𝒳)𝜋𝒳\pi(\mathscr{X}) contient un ouvert dense 𝒰𝒰\mathscr{U} de 𝔾m,Knsubscriptsuperscript𝔾𝑛𝑚𝐾{\mathbb{G}}^{n}_{m,K} ; quitte à remplacer 𝒳𝒳\mathscr{X} par 𝒰𝒰\mathscr{U}, on peut supposer que 𝒳𝒳\mathscr{X} est un ouvert dense de 𝔾m,Knsubscriptsuperscript𝔾𝑛𝑚𝐾{\mathbb{G}}^{n}_{m,K}, et que 𝐟=𝐓𝐟𝐓{\bf f}={\bf T}. Mais l’assertion B) permet de remplacer 𝒳𝒳\mathscr{X} par 𝔾m,Knsubscriptsuperscript𝔾𝑛𝑚𝐾{\mathbb{G}}^{n}_{m,K} tout entier, et l’égalité 𝒟=𝔾Gn𝒟superscriptsubscript𝔾𝐺𝑛\mathscr{D}={\mathbb{G}}_{G}^{n} est dès lors évidente. \Box

Application aux espaces de Zariski-Riemann gradués

(1.3)Théorème. Soit K𝐾K un corps gradué, soit L𝐿L une extension graduée de K𝐾K, et soit 𝒰𝒰\mathscr{U} un ouvert quasi-compact de L/Ksubscript𝐿𝐾{\mathbb{P}}_{L/K}. Soit (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille d’éléments homogènes non nuls de K𝐾K et soit d𝑑d le degré de transcendance gradué de K(f1,,fn)𝐾subscript𝑓1subscript𝑓𝑛K(f_{1},\ldots,f_{n}) sur K𝐾K.

Soit 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})} le sous-foncteur de 𝔾nsuperscript𝔾𝑛{\mathbb{G}}^{n} qui associe à tout H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D} l’ensemble des n𝑛n-uplets (h1,,hn)Hnsubscript1subscript𝑛superscript𝐻𝑛(h_{1},\ldots,h_{n})\in H^{n} tels qu’il existe une valuation graduée |.|𝒰|{.}|\in\mathscr{U} à valeurs dans un groupe H𝖣Hsuperscript𝐻subscript𝖣𝐻H^{\prime}\in\mathsf{D}_{H}, et satisfaisant les conditions |fi|=hisubscript𝑓𝑖subscript𝑖|{f_{i}}|=h_{i} pour tout i𝑖i.

1) Le sous-foncteur 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})} de 𝔾nsuperscript𝔾𝑛{\mathbb{G}}^{n} est définissable, fermé, et de dimension majorée par d𝑑d.

2) Si 𝒰=L/K𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K} alors 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})} est purement de dimension d𝑑d, et si de plus n=d𝑛𝑑n=d alors 𝒟K,L,𝒰,(fi)=𝔾nsubscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖superscript𝔾𝑛\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})}={\mathbb{G}}^{n}.

Démonstration. L’ouvert 𝒰𝒰\mathscr{U} est de la forme L/K{g,j}jsubscriptsubscript𝐿𝐾subscriptsubscript𝑔𝑗𝑗\bigcup\limits_{\ell}{\mathbb{P}}_{L/K}\{g_{\ell,j}\}_{j} pour une certaine famille finie (g,j)subscript𝑔𝑗(g_{\ell,j}) d’éléments homogènes de L𝐿L.

(1.3.1)Réduction au cas «strict». Soit 𝐫𝐫\bf r un polyrayon K𝐾K-libre tel que les degrés des fisubscript𝑓𝑖f_{i} et des g,jsubscript𝑔𝑗g_{\ell,j} soient de torsion modulo le groupe des degrés de K𝐫subscript𝐾𝐫K_{\bf r} ; soit 𝒰𝐫subscript𝒰𝐫\mathscr{U}_{\bf r} l’ouvert L(𝐫1𝐓)/K𝐫{g,j}jsubscriptsubscript𝐿superscript𝐫1𝐓subscript𝐾𝐫subscriptsubscript𝑔𝑗𝑗\bigcup\limits_{\ell}{\mathbb{P}}_{L({\bf r}^{-1}{\bf T})/K_{\bf r}}\{g_{\ell,j}\}_{j} ; l’ouvert 𝒰𝐫subscript𝒰𝐫\mathscr{U}_{\bf r} est l’image réciproque de 𝒰𝒰\mathscr{U} sur L(𝐫1𝐓)/K𝐫subscript𝐿superscript𝐫1𝐓subscript𝐾𝐫{\mathbb{P}}_{L({\bf r}^{-1}{\bf T})/K_{\bf r}}.

Soit H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D} et soit |.||{.}| une K𝐾K-valuation graduée sur L𝐿L, à valeurs dans H𝐻H. Il existe une K𝐫subscript𝐾𝐫K_{\bf r}-valuation graduée sur L𝐫subscript𝐿𝐫L_{\bf r} qui est à valeurs dans H𝐻H et étend |.||{.}| : il suffit par exemple de considérer la valuation de Gauß η(L,|.|),𝐫,1\eta_{(L,|{.}|),{\bf r},{\bf 1}}.

Il s’ensuit que 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})} est égal à 𝒟K𝐫,L𝐫,𝒰𝐫,(fi)subscript𝒟subscript𝐾𝐫subscript𝐿𝐫subscript𝒰𝐫subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K_{\bf r},L_{\bf r},\mathscr{U}_{\bf r},(f_{i})}. Par ailleurs toute famille d’éléments homogènes de L𝐿L algébriquement indépendante sur K𝐾K reste algébriquement indépendante sur le corps gradué K𝐫subscript𝐾𝐫K_{\bf r} ; le degré de transcendance de K𝐫(f1,,fn)subscript𝐾𝐫subscript𝑓1subscript𝑓𝑛K_{\bf r}(f_{1},\ldots,f_{n}) sur K𝐫subscript𝐾𝐫K_{\bf r} est donc égal à d𝑑d. Enfin, comme 𝒰𝐫subscript𝒰𝐫\mathscr{U}_{\bf r} est l’image réciproque de 𝒰𝒰\mathscr{U} sur L(𝐫1𝐓)/K𝐫subscript𝐿superscript𝐫1𝐓subscript𝐾𝐫{\mathbb{P}}_{L({\bf r}^{-1}{\bf T})/K_{\bf r}}, on a 𝒰𝐫=L(𝐫1𝐓)/K𝐫subscript𝒰𝐫subscript𝐿superscript𝐫1𝐓subscript𝐾𝐫\mathscr{U}_{\bf r}={\mathbb{P}}_{L({\bf r}^{-1}{\bf T})/K_{\bf r}} dès que 𝒰=L/K𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K}.

On peut donc, quitte à remplacer K𝐾K par K𝐫subscript𝐾𝐫K_{\bf r}L𝐿L par L(𝐫1𝐓)𝐿superscript𝐫1𝐓L({\bf r}^{-1}{\bf T}), et 𝒰𝒰\mathscr{U} par 𝒰𝐫subscript𝒰𝐫\mathscr{U}_{\bf r}, supposer que les degrés des fisubscript𝑓𝑖f_{i} et des g,jsubscript𝑔𝑗g_{\ell,j} sont de torsion modulo le groupe des degrés de K𝐾K.

(1.3.2)Réduction au cas non gradué. Comme

L/K{g1,,gm}=L/K{a1g1N,,angmN}subscript𝐿𝐾subscript𝑔1subscript𝑔𝑚subscript𝐿𝐾subscript𝑎1superscriptsubscript𝑔1𝑁subscript𝑎𝑛superscriptsubscript𝑔𝑚𝑁{\mathbb{P}}_{L/K}\{g_{1},\ldots,g_{m}\}={\mathbb{P}}_{L/K}\{a_{1}g_{1}^{N},\ldots,a_{n}g_{m}^{N}\}

pour tout entier N>0𝑁0N>0, toute famille (ai)subscript𝑎𝑖(a_{i}) d’éléments homogènes de K𝐾K et toute famille (gi)subscript𝑔𝑖(g_{i}) d’éléments homogènes de L𝐿L, on peut supposer que les g,jsubscript𝑔𝑗g_{\ell,j} sont tous de degré 1.

D’autre part, si N>0𝑁0N>0 et si (ai)subscript𝑎𝑖(a_{i}) est une famille d’éléments homogènes non nuls de K𝐾K, le degré de transcendance de K(a1f1N,,anfnN)𝐾subscript𝑎1superscriptsubscript𝑓1𝑁subscript𝑎𝑛superscriptsubscript𝑓𝑛𝑁K(a_{1}f_{1}^{N},\ldots,a_{n}f_{n}^{N}) sur K𝐾K est égal à d𝑑d, et 𝒟K,L,𝒰,(aifiN)(H)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑎𝑖superscriptsubscript𝑓𝑖𝑁𝐻\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(a_{i}f_{i}^{N})}(H) est pour tout H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D} l’image de 𝒟K,L,𝒰,(fi)(H)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖𝐻\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})}(H) par l’homothétie 𝐡𝐡Nmaps-to𝐡superscript𝐡𝑁{\bf h}\mapsto{\bf h}^{N}. Par conséquent, on peut, quitte à remplacer (fi)subscript𝑓𝑖(f_{i}) par une famille (aifiN)subscript𝑎𝑖superscriptsubscript𝑓𝑖𝑁(a_{i}f_{i}^{N}) convenable, supposer que les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont tous de degré 1.

Posons 𝒰1=L1/K1{g,j}jsuperscript𝒰1subscriptsubscriptsuperscript𝐿1superscript𝐾1subscriptsubscript𝑔𝑗𝑗\mathscr{U}^{1}=\bigcup\limits_{\ell}{\mathbb{P}}_{L^{1}/K^{1}}\{g_{\ell,j}\}_{j}. L’ouvert 𝒰𝒰\mathscr{U} est l’image réciproque de 𝒰1superscript𝒰1\mathscr{U}^{1} sur L/Ksubscript𝐿𝐾{\mathbb{P}}_{L/K}.

Soit H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D} et soit |.||{.}| une K1superscript𝐾1K^{1}-valuation sur L1superscript𝐿1L^{1}, à valeurs dans H𝐻H. Il existe une K𝐾K-valuation graduée sur L𝐿L qui est à valeurs dans H𝐻H et dont la restriction à L1superscript𝐿1L^{1} est égale à |.||{.}| : par exemple, on peut prolonger |.||{.}| à L1Ksuperscript𝐿1𝐾L^{1}\cdot K, en envoyant λμ𝜆𝜇\lambda\mu sur |λ|𝜆|{\lambda}| pour tout λL1𝜆superscript𝐿1\lambda\in L^{1} et tout élément homogène non nul μK𝜇𝐾\mu\in K, puis l’étendre de façon quelconque à L𝐿L.

Il s’ensuit que 𝒟K1,L1,𝒰1,(fi)subscript𝒟superscript𝐾1superscript𝐿1subscript𝒰1subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K^{1},L^{1},\mathscr{U}_{1},(f_{i})} est égal à 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿subscript𝒰,subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U}_{,}(f_{i})}. Par ailleurs toute famille d’éléments homogènes de L1superscript𝐿1L^{1} algébriquement indépendante sur K1superscript𝐾1K^{1} reste algébriquement indépendante sur le corps gradué K𝐾K ; le degré de transcendance de K1(f1,,fn)superscript𝐾1subscript𝑓1subscript𝑓𝑛K^{1}(f_{1},\ldots,f_{n}) sur K1superscript𝐾1K^{1} est donc égal à d𝑑d. Enfin, comme L/KL1/K1subscript𝐿𝐾subscriptsuperscript𝐿1superscript𝐾1{\mathbb{P}}_{L/K}\to{\mathbb{P}}_{L^{1}/K^{1}} est surjective par ce qui précède, on a 𝒰1=L1/K1subscript𝒰1subscriptsuperscript𝐿1superscript𝐾1\mathscr{U}_{1}={\mathbb{P}}_{L^{1}/K^{1}} dès que 𝒰=L/K𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K}.

On peut ainsi remplacer K𝐾K par K1superscript𝐾1K^{1}L𝐿L par L1superscript𝐿1L^{1}, et 𝒰𝒰\mathscr{U} par 𝒰1superscript𝒰1\mathscr{U}^{1}, et se ramener par ce biais à un problème de théorie des valuations traditionnelle (non graduée).

(1.3.3)Réduction au cas où L𝐿L est de type fini sur K𝐾K. Soit Lsuperscript𝐿L^{\prime} le sous-corps de L𝐿L engendré par K𝐾K, les fisubscript𝑓𝑖f_{i} et les g,jsubscript𝑔𝑗g_{\ell,j}, et soit 𝒰superscript𝒰\mathscr{U}^{\prime} l’ouvert quasi-compact L/K{g,j}jsubscriptsubscriptsuperscript𝐿𝐾subscriptsubscript𝑔𝑗𝑗\bigcup\limits_{\ell}{\mathbb{P}}_{L^{\prime}/K}\{g_{\ell,j}\}_{j}. L’ouvert 𝒰𝒰\mathscr{U} est égal à l’image réciproque de 𝒰superscript𝒰\mathscr{U}^{\prime} sur L/Ksubscript𝐿𝐾{\mathbb{P}}_{L/K}.

Soit H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D}. Toute K𝐾K-valuation sur Lsuperscript𝐿L^{\prime} à valeurs dans H𝐻H s’étend en une K𝐾K-valuation sur L𝐿L à valeurs dans H𝐻H. On en déduit que 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾superscript𝐿superscript𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L^{\prime},\mathscr{U}^{\prime},(f_{i})} est égal à 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿subscript𝒰,subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U}_{,}(f_{i})}, et que 𝒰=L/Ksuperscript𝒰subscriptsuperscript𝐿𝐾\mathscr{U}^{\prime}={\mathbb{P}}_{L^{\prime}/K} dès que 𝒰=L/K𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K}. On peut donc remplacer L𝐿L par Lsuperscript𝐿L^{\prime} et 𝒰𝒰\mathscr{U} par 𝒰superscript𝒰\mathscr{U}^{\prime}, c’est-à-dire supposer L𝐿L de type fini sur K𝐾K.

(1.3.4)Preuve dans le cas non gradué lorsque L𝐿L est de type fini sur K𝐾K. Il existe alors un K𝐾K-schéma intègre et de type fini 𝒳𝒳\mathscr{X} dont le corps des fonctions est isomorphe à L𝐿L, sur lequel les g,jsubscript𝑔𝑗g_{\ell,j} et les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont définies, et sur lequel les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont inversibles. Considérons le corps K𝐾K comme trivialement valué.

Soit X𝑋X le foncteur qui associe à F𝖢K𝐹subscript𝖢𝐾F\in\mathsf{C}_{K} le sous-ensemble de 𝒳(F)𝒳𝐹\mathscr{X}(F) formé des points P𝑃P tels que

j|g,j|(P)1.subscriptsubscript𝑗subscript𝑔𝑗𝑃1\bigvee_{\ell}\bigwedge_{j}|g_{\ell,j}|(P)\leqslant 1.

En vertu de l’assertion A) du théorème 1, il existe un sous-foncteur définissable fermé 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾nsuperscript𝔾𝑛{\mathbb{G}}^{n}, de dimension dabsent𝑑\leqslant d, tel que pour toute F𝖢K𝐹subscript𝖢𝐾F\in\mathsf{C}_{K}, l’on ait |𝐟|(X(F))=𝒟(|F|)𝐟𝑋𝐹𝒟superscript𝐹|{\bf f}|(X(F))=\mathscr{D}(|F^{*}|).

L’assertion B) de loc. cit. assure que 𝒟K,L,𝒰,(fi)subscript𝒟𝐾𝐿𝒰subscript𝑓𝑖\mathscr{D}_{K,L,\mathscr{U},(f_{i})} coïncide avec 𝒟𝒟\mathscr{D}, ce qui prouve 1).

Remarque. Le schéma 𝒳𝒳\mathscr{X} et le foncteur X𝑋X dépendent, entre autres choix, de l’écriture 𝒰=L/K{g,j}j𝒰subscriptsubscript𝐿𝐾subscriptsubscript𝑔𝑗𝑗\mathscr{U}=\bigcup\limits_{\ell}{\mathbb{P}}_{L/K}\{g_{\ell,j}\}_{j} fixée au départ.

Il reste à démontrer 2). Supposons que 𝒰=L/K𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K}. On peut alors opter pour l’écriture 𝒰=L/K{}𝒰subscript𝐿𝐾\mathscr{U}={\mathbb{P}}_{L/K}\{\emptyset\}, auquel cas X=𝒳𝑋𝒳X=\mathscr{X}. Les propriétés requises découlent dès lors de l’assertion C2) de loc. cit. \Box

2 Prolongements des valuations de Gauß

Séparation des prolongements d’une valuation

(2.1)  Suivant Huber, on définit une valuation sur un anneau (commutatif, unitaire) A𝐴A de deux façons équivalentes :

i) c’est la donnée d’un point x𝑥x de 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A et d’une valuation |.||{.}| sur le corps résiduel κ(x)𝜅𝑥\kappa(x) ;

ii) c’est une application |.|:AG{0}|{.}|:A\to G\cup\{0\}, où G𝐺G est un groupe abélien ordonné, telle que |0|=0,|1|=1,|ab|=|a||b|formulae-sequence00formulae-sequence11𝑎𝑏𝑎𝑏|{0}|=0,|{1}|=1,|{ab}|=|{a}|\cdot|{b}| et |a+b|max|a|,|b|𝑎𝑏𝑎𝑏|{a+b}|\leqslant\max|{a}|,|{b}| pour tout couple (a,b)𝑎𝑏(a,b).

On passe de i) à ii) en considérant la composée de Aκ(x)𝐴𝜅𝑥A\to\kappa(x) et de |.||{.}|, et de ii) à i) en prenant pour x𝑥x le point de 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A correspondant à l’idéal premier {aA,|a|=0}formulae-sequence𝑎𝐴𝑎0\{a\in A,|{a}|=0\}, et en munissant κ(x)𝜅𝑥\kappa(x) de l’application induite par |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ par passage au quotient.

On dispose d’une notion d’équivalence entre deux valuations sur A𝐴A : si on utilise la définition i), on demande qu’elles soient données par le même point de 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A et par deux valuations équivalentes sur son corps résiduel ; si on utilise ii), on impose une condition analogue à celle de Valuations graduées. Le plus souvent, les valuations seront implicitement considérées à équivalence près.

(2.2)  Soit A𝐴A un anneau, et soit B𝐵B une A𝐴A-algèbre galoisienne de groupe ΣΣ\Sigma. L’ensemble des valuations de A𝐴A s’identifie alors au quotient de l’ensemble des valuations de B𝐵B par l’action de ΣΣ\Sigma.

En effet, soit |.||{.}| une valuation sur A𝐴A. Elle est donnée par un couple (x,|.|0)(x,|{.}|_{0}), où x𝑥x est un point de 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A et où |.|0|{.}|_{0} est une valuation sur κ(x)𝜅𝑥\kappa(x). En choisissant un antécédent y𝑦y de x𝑥x sur 𝖲𝗉𝖾𝖼B𝖲𝗉𝖾𝖼𝐵\mathsf{Spec}\;B et un prolongement de la valuation |.|0|{.}|_{0} à κ(y)𝜅𝑦\kappa(y), on obtient un prolongement de la valuation |.||{.}| de A𝐴A à B𝐵B.

Donnons-nous maintenant deux prolongements |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} de la valuation |.||{.}| de A𝐴A à à B𝐵B, le premier correspondant à un couple (y,|.|0)(y,|{.}|^{\prime}_{0}) et le second à un couple (z,|.|0′′)(z,|{.}|^{\prime\prime}_{0}). Nous allons montrer qu’ils sont dans la même orbite sous l’action de ΣΣ\Sigma. Comme y𝑦y et z𝑧z sont deux antécédents de x𝑥x, il existe un élément de ΣΣ\Sigma, qui envoie y𝑦y sur z𝑧z, ce qui permet de supposer que y=z𝑦𝑧y=z. Les deux valuations  ||0|{{}^{\prime}}|_{0} et ||0|{{}^{\prime}}|^{\prime}_{0} prolongeant |.|0|{.}|_{0}, elles appartiennent à la même orbite sous Gal(κ(y)/κ(x))Gal𝜅𝑦𝜅𝑥{\rm Gal}\;(\kappa(y)/\kappa(x)), dont tout élément se relève en un élément de ΣΣ\Sigma ; ceci achève de prouver l’assertion requise.

(2.3)  Soit K𝐾K un corps, soit A𝐴A une K𝐾K-algèbre et soit L𝐿L une extension galoisienne de K𝐾K. Soit |.||{.}| une valuation sur K𝐾K ; fixons un prolongement |.||{.}|^{\prime} de |.||{.}| à L𝐿L. L’ensemble des prolongements de |.||{.}| à A𝐴A s’identifie alors au quotient de l’ensemble des prolongements de |.||{.}|^{\prime} à LKAsubscripttensor-product𝐾𝐿𝐴L\otimes_{K}A par l’action de Gal(L/K)Gal𝐿𝐾{\rm Gal}\;(L/K).

En effet, en vertu de 2, il suffit de vérifier que tout prolongement |.|′′|{.}|^{\prime\prime} de |.||{.}| à A𝐴A s’étend en un prolongement de |.||{.}|^{\prime} à LKAsubscripttensor-product𝐾𝐿𝐴L\otimes_{K}A. Soit donc |.|′′|{.}|^{\prime\prime} un prolongement de |.||{.}| à A𝐴A. D’après 2, il admet un prolongement |.|′′′|{.}|^{\prime\prime\prime} à LKAsubscripttensor-product𝐾𝐿𝐴L\otimes_{K}A. Il existe gGal(L/K)𝑔Gal𝐿𝐾g\in{\rm Gal}\;(L/K) tel que |.||L′′′g=|.||{.}|^{\prime\prime\prime}_{|L}\circ g=|{.}|^{\prime} ; la valuation |.|′′′g|{.}|^{\prime\prime\prime}\circ g sur LKAsubscripttensor-product𝐾𝐿𝐴L\otimes_{K}A répond alors aux conditions souhaitées.

(2.4)  Soit K𝐾K un corps et soit A𝐴A une K𝐾K-algèbre finie. Soit E𝐸E un sous-ensemble fini de A𝐴A, soit ΣΣ\Sigma un sous-groupe de 𝔖Esubscript𝔖𝐸{\mathfrak{S}}_{E}, et soit |.||{.}| une valuation sur K𝐾K. Tout prolongement de |.||{.}| à A𝐴A induit une fonction de E𝐸E dans |K|{0}superscriptsuperscript𝐾0|K^{*}|^{\mathbb{Q}}\cup\{0\}. Le nombre de fonctions de E𝐸E dans |K|{0}superscriptsuperscript𝐾0|K^{*}|^{\mathbb{Q}}\cup\{0\} distinctes modulo l’action de ΣΣ\Sigma que l’on peut obtenir par ce biais sera noté 𝔫(|.|,A,E,Σ){\mathfrak{n}}(|{.}|,A,E,\Sigma).

(2.5)Lemme. Soit K𝐾K un corps, soit A𝐴A une K𝐾K-algèbre finie, soit E𝐸E un sous-ensemble fini de A𝐴A et soit ΣΣ\Sigma un sous-groupe de 𝔖Esubscript𝔖𝐸{\mathfrak{S}}_{E} ; soit N𝑁N un entier.

1) L’ensemble des valuations |.||{.}| de A𝐴A telles que 𝔫(|.|,A,E,Σ)=N{\mathfrak{n}}(|{.}|,A,E,\Sigma)=N est une partie constructible 𝒰K,A,E,Σ,Nsubscript𝒰𝐾𝐴𝐸Σ𝑁\mathscr{U}_{K,A,E,\Sigma,N} de Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K}.

2) Pour toute extension F𝐹F de K𝐾K, le constructible 𝒰F,FKA,E,Σ,Nsubscript𝒰𝐹subscripttensor-product𝐾𝐹𝐴𝐸Σ𝑁\mathscr{U}_{F,F\otimes_{K}A,E,\Sigma,N} est égal à l’image réciproque de 𝒰K,A,E,Σ,Nsubscript𝒰𝐾𝐴𝐸Σ𝑁\mathscr{U}_{K,A,E,\Sigma,N} sur Fsubscript𝐹{\mathbb{P}}_{F}.

Démonstration. Quitte à remplacer A𝐴A par sa sous-algèbre engendrée par E𝐸E, on peut supposer que A=K[E]𝐴𝐾delimited-[]𝐸A=K[E]. Choisissons une famille génératrice  (P1,,Pr)subscript𝑃1subscript𝑃𝑟(P_{1},\ldots,P_{r}) du noyau du morphisme surjectif K[Xe]eEA𝐾subscriptdelimited-[]subscript𝑋𝑒𝑒𝐸𝐴K[X_{e}]_{e\in E}\to A d’évaluation en les éléments de E𝐸E.

Soit F𝐹F une extension de K𝐾K et soit |.||{.}| une valuation sur F𝐹F. Choisissons une extension non trivialement valuée et algébriquement close 𝔽𝔽{\mathbb{F}} de F𝐹F. Toute valuation de FKAsubscripttensor-product𝐾𝐹𝐴F\otimes_{K}A prolongeant |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ est donnée par un F𝐹F-morphisme de FKAsubscripttensor-product𝐾𝐹𝐴F\otimes_{K}A dans 𝔽𝔽{\mathbb{F}}, c’est-à-dire par une famille  (xe)eEsubscriptsubscript𝑥𝑒𝑒𝐸(x_{e})_{e\in E} d’éléments de 𝔽𝔽{\mathbb{F}} annulant les Pjsubscript𝑃𝑗P_{j}. Deux prolongements de |.||{.}|, correspondant à deux familles (xe)subscript𝑥𝑒(x_{e}) et (ye)subscript𝑦𝑒(y_{e}), définissent deux fonctions distinctes sur E𝐸E si et seulement si il existe e𝑒e tel que |xe||ye|subscript𝑥𝑒subscript𝑦𝑒|x_{e}|\neq|y_{e}|.

Soit (bi)iIsubscriptsubscript𝑏𝑖𝑖𝐼(b_{i})_{i\in I} la famille des coefficients des polynômes Pjsubscript𝑃𝑗P_{j}. En vertu de ce qui précède, l’élimination des quantificateurs dans la théorie des corps non trivialement valués algébriquement clos assure qu’il existe une formule du premier ordre ΦNsubscriptΦ𝑁\Phi_{N} dans le langage des corps valués, sans paramètres ni quantificateurs, possédant les propriétés suivantes :

\bullet l’ensemble des variables libres de ΦNsubscriptΦ𝑁\Phi_{N} est indexé par I𝐼I, et chacune d’elles vit dans le corps valué ;

\bullet pour toute extension F𝐹F de K𝐾K et toute valuation |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ sur F𝐹F, l’énoncé ΦN(bi)iIsubscriptΦ𝑁subscriptsubscript𝑏𝑖𝑖𝐼\Phi_{N}(b_{i})_{i\in I} est vrai dans (F,|.|)(F,|{.}|) si et seulement si l’on a 𝔫(|.|,FKA,E,Σ)=N{\mathfrak{n}}(|{.}|,F\otimes_{K}A,E,\Sigma)=N.

Le lemme est alors établi, en prenant pour 𝒰K,A,E,Σ,Nsubscript𝒰𝐾𝐴𝐸Σ𝑁\mathscr{U}_{K,A,E,\Sigma,N} la partie constructible de Ksubscript𝐾{\mathbb{P}}_{K} définie par la condition ΦN(bi)isubscriptΦ𝑁subscriptsubscript𝑏𝑖𝑖\Phi_{N}(b_{i})_{i}\Box

(2.6)  Soit K𝐾K un corps, soit A𝐴A une extension K𝐾K-algèbre finie et soit E𝐸E un sous-ensemble fini de Asuperscript𝐴A^{*}. Si |.||{.}| est une valuation sur K𝐾K, on dira que E𝐸E sépare les prolongements de |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ à A𝐴A si 𝔫(|.|,A,E,{IdE}){\mathfrak{n}}(|{.}|,A,E,\{{\rm Id}_{E}\}) est égal au nombre de valuations de A𝐴A prolongeant |.||{.}|.

Prolongement des valuations de Gauß

(2.7)Proposition. Soit K𝐾K un corps valué et soit A𝐴A une K(T1,,Tn)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛K(T_{1},\ldots,T_{n})-algèbre finie. Soit 𝒞𝒞\mathscr{C} une classe d’extensions valuées de K𝐾K telle que K𝒞𝐾𝒞K\in\mathscr{C}. Pour tout entier N𝑁N, tout Λ𝒞Λ𝒞\Lambda\in\mathscr{C} et tout groupe G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|}, notons 𝒟Λ,N(G)subscript𝒟Λ𝑁𝐺\mathscr{D}_{\Lambda,N}(G) le sous-ensemble de Gnsuperscript𝐺𝑛G^{n} formé des n𝑛n-uplets 𝐠𝐠\bf g tels que ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} admette exactement N𝑁N prolongements à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A. Les assertions suivantes sont équivalentes :

i) pour tout N𝑁N, le sous-foncteur 𝒟K,Nsubscript𝒟𝐾𝑁\mathscr{D}_{K,N} de 𝔾|K|nsuperscriptsubscript𝔾superscript𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{|K^{*}|}^{n} est définissable, et  𝒟Λ,Nsubscript𝒟Λ𝑁\mathscr{D}_{\Lambda,N} est la restriction de  𝒟K,Nsubscript𝒟𝐾𝑁\mathscr{D}_{K,N} à 𝔾|Λ|nsuperscriptsubscript𝔾superscriptΛ𝑛{\mathbb{G}}_{|\Lambda^{*}|}^{n} pour tout Λ𝒞Λ𝒞\Lambda\in\mathscr{C} ;

ii) il existe un sous-ensemble fini E𝐸E de A𝐴A qui sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A pour tout Λ𝒞Λ𝒞\Lambda\in\mathscr{C}, tout G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}.

Démonstration. Pour alléger un peu les notations, nous écrirons 𝒟Nsubscript𝒟𝑁\mathscr{D}_{N} au lieu de 𝒟K,Nsubscript𝒟𝐾𝑁\mathscr{D}_{K,N}. On procède en deux temps.

(2.7.1)Le cas où 𝒞={K}𝒞𝐾\mathscr{C}=\{K\}.

Supposons que i) est vraie. Soit N𝑁N un entier. Soit G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et soit 𝐠𝐠{\bf g} appartenant à 𝒟N(G)subscript𝒟𝑁𝐺\mathscr{D}_{N}(G). La valuation η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} admet N𝑁N prolongements à A𝐴A. Il existe un ensemble fini E𝐠Asubscript𝐸𝐠𝐴E_{\bf g}\subset A qui sépare les prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A, c’est-à-dire tel que 𝔫(η𝐠,A,E𝐠,{IdE𝐠})=N𝔫subscript𝜂𝐠𝐴subscript𝐸𝐠subscriptIdsubscript𝐸𝐠𝑁{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf g},A,E_{\bf g},\{{\rm Id}_{E_{\bf g}}\})=N.

En vertu du lemme 2, il existe une famille finie  (b𝐠,N,i)iI𝐠,Nsubscriptsubscript𝑏𝐠𝑁𝑖𝑖subscript𝐼𝐠𝑁(b_{{\bf g},N,i})_{i\in I_{{\bf g},N}} d’éléments de K(T1,,Tn)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛K(T_{1},\ldots,T_{n}) et une formule du premier ordre Φ𝐠,NsubscriptΦ𝐠𝑁\Phi_{{\bf g},N} dans le langage des corps valués, sans paramètres ni quantificateurs, possédant les propriétés suivantes :

\bullet l’ensemble des variables libres de Φ𝐠,NsubscriptΦ𝐠𝑁\Phi_{{\bf g},N} est indexé par I𝐠,Nsubscript𝐼𝐠𝑁I_{{\bf g},N}, et chacune d’elles vit dans le corps valué ;

\bullet pour tout H𝖣|K|𝐻subscript𝖣superscript𝐾H\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐡Hn𝐡superscript𝐻𝑛{\bf h}\in H^{n}, l’énoncé Φ𝐠,𝐍(b𝐠,N,i)iI𝐠,NsubscriptΦ𝐠𝐍subscriptsubscript𝑏𝐠𝑁𝑖𝑖subscript𝐼𝐠𝑁\Phi_{\bf g,N}(b_{{\bf g},N,i})_{i\in I_{{\bf g},N}} est vrai dans (k(T1,,Tn),η𝐡)𝑘subscript𝑇1subscript𝑇𝑛subscript𝜂𝐡(k(T_{1},\ldots,T_{n}),\eta_{\bf h}) si et seulement si l’on a 𝔫(η𝐡,A,E𝐠,{IdE𝐠})=N𝔫subscript𝜂𝐡𝐴subscript𝐸𝐠subscriptIdsubscript𝐸𝐠𝑁{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf h},A,E_{\bf g},\{{\rm Id}_{E_{\bf g}}\})=N. En particulier, Φ𝐠,𝐍(b𝐠,N,i)iI𝐠,NsubscriptΦ𝐠𝐍subscriptsubscript𝑏𝐠𝑁𝑖𝑖subscript𝐼𝐠𝑁\Phi_{\bf g,N}(b_{{\bf g},N,i})_{i\in I_{{\bf g},N}} est vrai dans (k(T1,,Tn),η𝐠)𝑘subscript𝑇1subscript𝑇𝑛subscript𝜂𝐠(k(T_{1},\ldots,T_{n}),\eta_{\bf g}).

Compte-tenu de la définition même de η𝐡subscript𝜂𝐡\eta_{\bf h}, il existe une formule Ψ𝐠,NsubscriptΨ𝐠𝑁\Psi_{{\bf g},N} en n𝑛n variables, qui est du premier ordre dans le langage des groupes abéliens ordonnés et à paramètres dans |K|superscript𝐾|K^{*}|, telle que pour tout H𝖣|K|𝐻subscript𝖣superscript𝐾H\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐡Hn𝐡superscript𝐻𝑛{\bf h}\in H^{n}, l’énoncé Φ𝐠,𝐍(b𝐠,N,i)iI𝐠,NsubscriptΦ𝐠𝐍subscriptsubscript𝑏𝐠𝑁𝑖𝑖subscript𝐼𝐠𝑁\Phi_{\bf g,N}(b_{{\bf g},N,i})_{i\in I_{{\bf g},N}} soit vrai dans (K(T1,,Tn),η𝐡)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛subscript𝜂𝐡(K(T_{1},\ldots,T_{n}),\eta_{\bf h}) si et seulement si Ψ𝐠,N(𝐡)subscriptΨ𝐠𝑁𝐡\Psi_{{\bf g},N}({\bf h}) est vraie. En particulier, Ψ𝐠,N(𝐠)subscriptΨ𝐠𝑁𝐠\Psi_{{\bf g},N}({\bf g}) est vraie.

Par le théorème de compacité, il existe un ensemble fini {𝐠N,j}jJNsubscriptsubscript𝐠𝑁𝑗𝑗subscript𝐽𝑁\{{\bf g}_{N,j}\}_{j\in J_{N}} où chaque 𝐠N,jsubscript𝐠𝑁𝑗{\bf g}_{N,j} est un n𝑛n-uplet d’éléments d’un groupe appartenant à 𝖣|K|subscript𝖣superscript𝐾\mathsf{D}_{|K^{*}|}, tel que Ψ𝐠N,j,N(𝐠)subscriptΨsubscript𝐠𝑁𝑗𝑁𝐠\bigvee\Psi_{{\bf g}_{N,j},N}({\bf g}) vaille pour tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐠𝒟N(G)𝐠subscript𝒟𝑁𝐺{\bf g}\in\mathscr{D}_{N}(G). Cela entraîne que la réunion des E𝐠N,jsubscript𝐸subscript𝐠𝑁𝑗E_{{\bf g}_{N,j}} pour jJN𝑗subscript𝐽𝑁j\in J_{N} sépare les prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A pour tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐠𝒟N(G)𝐠subscript𝒟𝑁𝐺{\bf g}\in\mathscr{D}_{N}(G).

Il s’ensuit que la réunion des E𝐠N,jsubscript𝐸subscript𝐠𝑁𝑗E_{{\bf g}_{N,j}}, où N𝑁N parcourt l’ensemble des entiers compris entre 111 et dimK(𝐓)Asubscriptdim𝐾𝐓𝐴\mbox{\rm dim}_{K({\bf T})}\;A, et où j𝑗j parcourt JNsubscript𝐽𝑁J_{N} pour tout N𝑁N, sépare les prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à L𝐿L pour tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Ainsi, ii) est vraie.

Supposons maintenant que ii) est vraie. Soit G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Le nombre de prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A est égal à 𝔫(η𝐠,A,E,{IdE})𝔫subscript𝜂𝐠𝐴𝐸subscriptId𝐸{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf g},A,E,\{{\rm Id}_{E}\}) ; l’assertion i) découle dès lors du lemme 2, ce qui termine la preuve lorsque 𝒞={K}𝒞𝐾\mathscr{C}=\{K\}.

(2.7.2)Le cas général. Supposons que i) est vraie. Par le cas particulier déjà traité, il existe un sous-ensemble fini E𝐸E de A𝐴A qui sépare les plongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A pour tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐠𝒢n𝐠superscript𝒢𝑛{\bf g}\in\mathscr{G}^{n}. On a donc pour tout entier N𝑁N et tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} l’égalité

𝒟N(G)={𝐠Gn,𝔫(η𝐠,A,E,{IdE})=N}.subscript𝒟𝑁𝐺formulae-sequence𝐠superscript𝐺𝑛𝔫subscript𝜂𝐠𝐴𝐸subscriptId𝐸𝑁\mathscr{D}_{N}(G)=\{{\bf g}\in G^{n},{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf g},A,E,\{{\rm Id}_{E}\})=N\}.

Soit Λ𝒞Λ𝒞\Lambda\in\mathscr{C}, soit G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|}, soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n} et soit N𝑁N un entier. D’après i), 𝒟Λ,N(G)subscript𝒟Λ𝑁𝐺\mathscr{D}_{\Lambda,N}(G) est égal à 𝒟N(G)subscript𝒟𝑁𝐺\mathscr{D}_{N}(G), et donc à

{𝐠Gn,𝔫(η𝐠,A,E,{IdE})=N}.formulae-sequence𝐠superscript𝐺𝑛𝔫subscript𝜂𝐠𝐴𝐸subscriptId𝐸𝑁\{{\bf g}\in G^{n},{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf g},A,E,\{{\rm Id}_{E}\})=N\}.

Le lemme 2 assure que ce dernier ensemble coïncide avec

{𝐠Gn,𝔫(ηΛ,𝐠,Λ(𝐓)K(𝐓)A,E,{IdE})=N}.formulae-sequence𝐠superscript𝐺𝑛𝔫subscript𝜂Λ𝐠subscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴𝐸subscriptId𝐸𝑁\{{\bf g}\in G^{n},{\mathfrak{n}}(\eta_{\Lambda,\bf g},\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A,E,\{{\rm Id}_{E}\})=N\}.

Ceci valant pour tout N𝑁N, l’ensemble E𝐸E sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A.

Supposons maintenant que ii) est vraie. Par le cas particulier déjà traité, 𝒟Nsubscript𝒟𝑁\mathscr{D}_{N} est définissable. Soit Λ𝒞Λ𝒞\Lambda\in\mathscr{C}, soit G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. D’après ii), 𝒟Λ,N(G)={𝐠Gn,𝔫(ηΛ,𝐠,Λ(𝐓)K(𝐓)A,E,{IdE})=N}.subscript𝒟Λ𝑁𝐺formulae-sequence𝐠superscript𝐺𝑛𝔫subscript𝜂Λ𝐠subscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴𝐸subscriptId𝐸𝑁\mathscr{D}_{\Lambda,N}(G)=\{{\bf g}\in G^{n},{\mathfrak{n}}(\eta_{\Lambda,\bf g},\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A,E,\{{\rm Id}_{E}\})=N\}. Le lemme 2 assure que ce dernier ensemble coïncide avec {𝐠Gn,𝔫(η𝐠,A,E,{IdE})=N}formulae-sequence𝐠superscript𝐺𝑛𝔫subscript𝜂𝐠𝐴𝐸subscriptId𝐸𝑁\{{\bf g}\in G^{n},{\mathfrak{n}}(\eta_{\bf g},A,E,\{{\rm Id}_{E}\})=N\}, qui n’est autre que 𝒟N(G)subscript𝒟𝑁𝐺\mathscr{D}_{N}(G) par définition de E𝐸E. Ceci achève la démonstration. \Box

(2.8)Théorème. Soit K𝐾K un corps valué et soit A𝐴A une K(T1,,Tn)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛K(T_{1},\ldots,T_{n})-algèbre finie.

1) Il existe un sous-ensemble fini de A𝐴A qui sépare les prolongements de η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A pour tout G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}.

2) Il existe une extension valuée finie séparable K0subscript𝐾0K_{0} de K𝐾K et un sous-ensemble fini de K0KAsubscripttensor-product𝐾subscript𝐾0𝐴K_{0}\otimes_{K}A qui sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A pour toute extension valuée ΛΛ\Lambda de K0subscript𝐾0K_{0}, pour tout G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}.

Démonstration. On procède en plusieurs étapes. On suppose tout d’abord que K𝐾K est algébriquement clos. Il suffit alors de montrer 2), avec K0subscript𝐾0K_{0} évidemment égal à K𝐾K. On procède par récurrence sur n𝑛n.

(2.8.1)Le cas où  n=0𝑛0n=0. Pour toute extension valuée ΛΛ\Lambda de K𝐾K, le corps résiduel de tout point de 𝖲𝗉𝖾𝖼(ΛKA)𝖲𝗉𝖾𝖼subscripttensor-product𝐾Λ𝐴\mathsf{Spec}\;(\Lambda\otimes_{K}A) est égal à ΛΛ\Lambda, et l’ensemble des valuations de ΛKAsubscripttensor-product𝐾Λ𝐴\Lambda\otimes_{K}A prolongeant celle de ΛΛ\Lambda s’identifie donc naturellement à l’ensemble fini 𝖲𝗉𝖾𝖼ΛKAsubscripttensor-product𝐾𝖲𝗉𝖾𝖼Λ𝐴\mathsf{Spec}\;\Lambda\otimes_{K}A, lui-même en bijection naturelle avec 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A. L’assertion 2) est alors évidente : il suffit de prendre un ensemble d’idempotents de A𝐴A séparant les points de 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathsf{Spec}\;A.

(2.8.2)Utilisation d’un théorème de finitude de Hrushovski et Loeser pour exhiber une première famille finie séparante. On suppose n>0𝑛0n>0, et le résultat vrai au rang n1𝑛1n-1. Choisissons un K𝐾K-schéma affine et de type fini 𝒳𝒳\mathscr{X} purement de dimension n𝑛n, muni d’un K𝐾K-morphisme génériquement fini 𝒳𝔸Kn𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾\mathscr{X}\to{\mathbb{A}}^{n}_{K} dont la fibre générique s’identifie à la flèche 𝖲𝗉𝖾𝖼A𝖲𝗉𝖾𝖼K(T1,,Tn)𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴𝖲𝗉𝖾𝖼𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛\mathsf{Spec}\;A\to\mathsf{Spec}\;K(T_{1},\ldots,T_{n}). On considère 𝔸Knsubscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾{\mathbb{A}}^{n}_{K}, et partant 𝒳𝒳\mathscr{X}, comme un 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}-schéma via la projection sur les n1𝑛1n-1 premières coordonnées.

Soit 𝔸Kn/𝔸Kn1^^subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{{\mathbb{A}}^{n}_{K}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} (resp. 𝒳/𝔸Kn1^^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} ) le foncteur de 𝖢Ksubscript𝖢𝐾\mathsf{C}_{K} vers les ensembles qui associe à Λ𝖢KΛsubscript𝖢𝐾\Lambda\in\mathsf{C}_{K} l’ensemble des ΛΛ\Lambda-types stablement dominés situés sur 𝔸Λnsubscriptsuperscript𝔸𝑛Λ{\mathbb{A}}^{n}_{\Lambda} (resp. 𝒳Λsubscript𝒳Λ\mathscr{X}_{\Lambda}) qui induisent un ΛΛ\Lambda-point (ou un type simple, si l’on préfère) sur 𝔸Λn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1Λ{\mathbb{A}}^{n-1}_{\Lambda}. Pour la définition de type stablement dominé, nous renvoyons par exemple au paragraphe 2.5 de l’article [16] de Hrushovski et Loeser.

En vertu d’un résultat de Hrushovski et Loeser (c’est le lemme 7.1.3 de loc. cit., qui repose en dernière analyse sur le théorème de Riemann-Roch pour les courbes), les foncteurs 𝔸Kn/𝔸Kn1^^subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{{\mathbb{A}}^{n}_{K}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} et 𝒳/𝔸Kn1^^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} sont K𝐾K-définissables. Pour tout Λ𝖢KΛsubscript𝖢𝐾\Lambda\in\mathsf{C}_{K}, tout xΛn1𝑥superscriptΛ𝑛1x\in\Lambda^{n-1}, tout G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et tout gG𝑔𝐺g\in G, on note ηx,gsubscript𝜂𝑥𝑔\eta_{x,g} le type sur 𝔸Λnsubscriptsuperscript𝔸𝑛Λ{\mathbb{A}}^{n}_{\Lambda} situé au-dessus de x𝑥x et défini par la valuation ηΛ,gsubscript𝜂Λ𝑔\eta_{\Lambda,g} sur Λ(Tn)Λsubscript𝑇𝑛\Lambda(T_{n}). Le foncteur

𝐒:=Λ{ηx,g}xΛn1,g|Λ|assign𝐒Λmaps-tosubscriptsubscript𝜂𝑥𝑔formulae-sequence𝑥superscriptΛ𝑛1𝑔superscriptΛ{\bf S}:=\Lambda\mapsto\{\eta_{x,g}\}_{x\in\Lambda^{n-1},g\in|\Lambda^{*}|}

est un sous-foncteur de 𝔸Kn/𝔸Kn1^^subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{{\mathbb{A}}^{n}_{K}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} qui est K𝐾K-définissable : il est par sa définition même naturellement isomorphe au produit de 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K} par le groupe des valeurs. Posons

𝐓=𝒳/𝔸Kn1^×𝔸Kn/𝔸Kn1^𝐒.𝐓subscript^subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐒{\bf T}=\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\times_{\widehat{{\mathbb{A}}^{n}_{K}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}}{\bf S}.

Le morphisme de foncteurs 𝐓𝐒𝐓𝐒{\bf T}\to{\bf S} est K𝐾K-définissable et à fibres finies. Soit Λ𝖢KΛsubscript𝖢𝐾\Lambda\in\mathsf{C}_{K}, soit xΛn1𝑥superscriptΛ𝑛1x\in\Lambda^{n-1} et soit g|Λ|𝑔superscriptΛg\in|\Lambda^{*}|. Le couple (x,g)𝑥𝑔(x,g) définit un point de 𝐒(Λ)𝐒Λ{\bf S}(\Lambda) ; tout antécédent de ce point dans 𝐓(Λ)𝐓Λ{\bf T}(\Lambda) est algébrique sur K(x)¯{g}¯𝐾𝑥𝑔\overline{K(x)}\cup\{g\}, où K(x)¯¯𝐾𝑥\overline{K(x)} est la fermeture algébrique de K(x)𝐾𝑥K(x) dans ΛΛ\Lambda. Il est donc, en vertu du lemme 3.4.12 de [15], définissable sur K(x)¯{g}¯𝐾𝑥𝑔\overline{K(x)}\cup\{g\}. Autrement dit, il s’écrit comme l’image de (x,g)𝑥𝑔(x,g) par une fonction qui est K(x)¯¯𝐾𝑥\overline{K(x)}-définissable, et donc définissable sur une extension finie galoisienne de K(x)𝐾𝑥K(x) ; on peut choisir une telle extension qui convienne pour tous les antécédents de (x,g)𝑥𝑔(x,g).

Par compacité, on en déduit qu’il existe :

\bullet une famille finie (𝒰i)isubscriptsubscript𝒰𝑖𝑖(\mathscr{U}_{i})_{i} de sous-schémas localement fermés, intègres et affines de 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K} ;

\bullet pour tout i𝑖i, un revêtement fini galoisien connexe 𝒱i𝒰isubscript𝒱𝑖subscript𝒰𝑖\mathscr{V}_{i}\to\mathscr{U}_{i} et un sous-foncteur définissable Visubscript𝑉𝑖V_{i} de 𝒱isubscript𝒱𝑖\mathscr{V}_{i}, de sorte que les images des Visubscript𝑉𝑖V_{i} recouvrent 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K} ;

\bullet pour tout i𝑖i, une famille finie (σij)jsubscriptsubscript𝜎𝑖𝑗𝑗(\sigma_{ij})_{j} de sections K𝐾K-définissables de l’application 𝐓×𝔸Kn1Vi𝐒×𝔸Kn1Visubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓subscript𝑉𝑖subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐒subscript𝑉𝑖{\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i}\to{\bf S}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i} dont les images recouvrent  𝐓×𝔸Kn1Visubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓subscript𝑉𝑖{\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i}.

Pour tout couple d’indices (i,j)𝑖𝑗(i,j), notons 𝐓ijsubscript𝐓𝑖𝑗{\bf T}_{ij} le sous-foncteur K𝐾K-définissable de 𝐓×𝔸Kn1Visubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓subscript𝑉𝑖{\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i} égal à l’image de σijsubscript𝜎𝑖𝑗\sigma_{ij}.

Pour établir la définissabilité de 𝒳/𝔸Kn1^^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}, Hrushovski et Loeser montrent l’existence d’un sous-𝒪𝔸Kn1subscript𝒪subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\mathscr{O}_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}-module de type fini \mathscr{E} de 𝒪𝒳subscript𝒪𝒳\mathscr{O}_{\mathscr{X}} tel que 𝒳/𝔸Kn1^^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}} s’identifie comme suit à un sous-foncteur définissable du foncteur 𝒮subscript𝒮{\cal S}_{\mathscr{E}} des «réseaux relatifs de \mathscr{E} sur 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}» : si Λ𝖢KΛsubscript𝖢𝐾\Lambda\in\mathsf{C}_{K}, si xΛn1𝑥superscriptΛ𝑛1x\in\Lambda^{n-1}, et si y𝑦y est un point de 𝒳/𝔸Kn1^(Λ)^𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾Λ\widehat{\mathscr{X}/{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}(\Lambda) situé au-dessus de x𝑥x, on l’envoie sur le point de 𝒮(Λ)subscript𝒮Λ{\cal S}_{\mathscr{E}}(\Lambda), situé au-dessus de x𝑥x, qui correspond au réseau de xsubscript𝑥\mathscr{E}_{x} constitué des fonctions f𝑓f telles que |f(y)|1𝑓𝑦1|f(y)|\leqslant 1.

Fixons i𝑖i. Par ce qui précède, il existe pour tout j𝑗j un sous-foncteur fini et K𝐾K-définissable de 𝒪𝒳×𝔸Kn1𝒱i(𝒳×𝔸Kn1𝒱i)subscript𝒪subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖\mathscr{O}_{\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}}(\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}) constitué de fonctions dont les valuations permettent de détecter l’appartenance à 𝐓ijsubscript𝐓𝑖𝑗{\bf T}_{ij} d’un point de 𝐓×𝔸Kn1Visubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓subscript𝑉𝑖{\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i} ; comme K𝐾K est algébriquement clos, ce sous-foncteur fini est induit par un sous-ensemble fini de 𝒪𝒳×𝔸Kn1𝒱i(𝒳×𝔸Kn1𝒱i)subscript𝒪subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖\mathscr{O}_{\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}}(\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}). Il existe donc un sous-ensemble fini ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de 𝒪𝒳×𝔸Kn1𝒱i(𝒳×𝔸Kn1𝒱i)subscript𝒪subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳subscript𝒱𝑖\mathscr{O}_{\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}}(\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}_{i}) tel que les fonctions |f|𝑓|f|, pour f𝑓f parcourant ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i}, séparent universellement les points des fibres de 𝐓×𝔸Kn1Vi𝐒×𝔸Kn1Visubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓subscript𝑉𝑖subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐒subscript𝑉𝑖{\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i}\to{\bf S}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}V_{i}.

Soit I𝐼I l’ensemble des indices i𝑖i tels que 𝒰isubscript𝒰𝑖\mathscr{U}_{i} soit un ouvert de 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}. Choisissons un ouvert affine non vide de 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K} et un revêtement fini, connexe et galoisien 𝒱𝒱\mathscr{V} dudit ouvert tel que 𝒱𝔸Kn1𝒱subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾\mathscr{V}\to{\mathbb{A}}^{n-1}_{K} se factorise par le schéma 𝒱isubscript𝒱𝑖\mathscr{V}_{i} pour tout iI𝑖𝐼i\in I. Posons 𝒴=𝒳×𝔸Kn1𝒱𝒴subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝒳𝒱\mathscr{Y}=\mathscr{X}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}. Pour tout iI𝑖𝐼i\in I, les éléments de ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} peuvent être vus comme appartenant à 𝒪𝒴(𝒴)subscript𝒪𝒴𝒴\mathscr{O}_{\mathscr{Y}}(\mathscr{Y}) ; on note ΘΘ\Theta le sous-ensemble fini iIΘisubscript𝑖𝐼subscriptΘ𝑖\bigcup\limits_{i\in I}\Theta_{i} de 𝒪𝒴(𝒴)subscript𝒪𝒴𝒴\mathscr{O}_{\mathscr{Y}}(\mathscr{Y}).

Avant de poursuivre, fixons quelques notations. Pour toute extension ΛΛ\Lambda du corps algébriquement clos K𝐾K, on désigne par FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda} le corps des fonctions du schéma intègre 𝒱Λsubscript𝒱Λ\mathscr{V}_{\Lambda}. Le schéma 𝔸Λn×𝔸n1Λ𝒱Λsubscriptsuperscript𝔸𝑛1Λsubscriptsuperscript𝔸𝑛Λsubscript𝒱Λ{\mathbb{A}}^{n}_{\Lambda}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}\Lambda}\mathscr{V}_{\Lambda} s’identifie à 𝔸𝒱Λ1subscriptsuperscript𝔸1subscript𝒱Λ{\mathbb{A}}^{1}_{\mathscr{V}_{\Lambda}} et est donc intègre, de corps des fonctions FΛ(Tn)subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛F_{\Lambda}(T_{n}). La flèche 𝒳𝔸Kn𝒳subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾\mathscr{X}\to{\mathbb{A}}^{n}_{K} induit une flèche génériquement finie 𝒴𝔸Kn×𝔸Kn1𝒱𝒴subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾𝒱\mathscr{Y}\to{\mathbb{A}}^{n}_{K}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V}, d’où par extension des scalaires une flèche génériquement finie 𝒴Λ𝔸Λn×𝔸Λn1𝒱Λsubscript𝒴Λsubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1Λsubscriptsuperscript𝔸𝑛Λsubscript𝒱Λ\mathscr{Y}_{\Lambda}\to{\mathbb{A}}^{n}_{\Lambda}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{\Lambda}}\mathscr{V}_{\Lambda}. Sa fibre générique est de la forme 𝖲𝗉𝖾𝖼FΛ𝖲𝗉𝖾𝖼subscriptsuperscript𝐹Λ\mathsf{Spec}\;F^{\prime}_{\Lambda}, où FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda} est une certaine FΛ(Tn)subscriptsuperscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛F^{\prime}_{\Lambda}(T_{n})-algèbre finie. Si Λ=KΛ𝐾\Lambda=K, on écrira F𝐹F et Fsuperscript𝐹F^{\prime} au lieu de FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda} et FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda}.

Soit ΛΛ\Lambda une extension valuée de K𝐾K. Fixons un K𝐾K-prolongement |.||{.}| de la valuation de ΛΛ\Lambda à Λ(T1,,Tn1)Λsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1}), et soit G𝖣|Λ(T1,,Tn1)|𝐺subscript𝖣Λsuperscriptsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1G\in\mathsf{D}_{|\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1})^{*}|}. Soit gG𝑔𝐺g\in G, et soit ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\sharp} appartenant à 𝖢Λ(T1,,Tn1),Gsubscript𝖢Λsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1𝐺\mathsf{C}_{\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1}),G}. Le plongement Λ(T1,,Tn1)ΛΛsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1superscriptΛ\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1})\hookrightarrow\Lambda^{\sharp} définit un ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\sharp}-point x𝑥x de 𝔸Kn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}. Soit ξ𝜉\xi le point générique de 𝔸Kn×𝔸Kn1x𝔸Λ1similar-to-or-equalssubscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾subscriptsuperscript𝔸𝑛𝐾𝑥subscriptsuperscript𝔸1superscriptΛ{\mathbb{A}}^{n}_{K}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}x\simeq{\mathbb{A}}^{1}_{\Lambda^{\sharp}}.

La valuation ηΛ,gsubscript𝜂superscriptΛ𝑔\eta_{\Lambda^{\sharp},g} sur κ(ξ)=Λ(Tn)𝜅𝜉superscriptΛsubscript𝑇𝑛\kappa(\xi)=\Lambda^{\sharp}(T_{n}) définit un point de 𝐒(Λ)𝐒superscriptΛ{\bf S}(\Lambda^{\sharp}), qui s’identifie à (x,g)𝑥𝑔(x,g) via l’isomorphisme mentionné plus haut. Par construction, il existe un antécédent z𝑧z de x𝑥x sur 𝒱(Λ)𝒱superscriptΛ\mathscr{V}(\Lambda^{\sharp}) tel que les fonctions |f|𝑓|f|, où f𝑓f parcourt ΘΘ\Theta, séparent les antécédents de (z,g)𝑧𝑔(z,g) sur (𝐓×𝔸Kn1𝒱)(Λ)subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓𝒱superscriptΛ({\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V})(\Lambda^{\sharp}).

Comme x𝑥x est situé au-dessus du point générique de 𝔸Λn1subscriptsuperscript𝔸𝑛1Λ{\mathbb{A}}^{n-1}_{\Lambda}, le point z𝑧z induit une valuation sur FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda}, que l’on voit comme un corps valué par ce biais. Le point (z,g)𝑧𝑔(z,g) de 𝐒(Λ)𝐒superscriptΛ{\bf S}(\Lambda^{\sharp}) induit alors la valuation ηFΛ,gsubscript𝜂subscript𝐹Λ𝑔\eta_{F_{\Lambda},g} sur FΛ(Tn)subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛F_{\Lambda}(T_{n}).

Soit ΩΩ\Omega une clôture algébrique de Λ(Tn)superscriptΛsubscript𝑇𝑛\Lambda^{\sharp}(T_{n}), munie d’un prolongement de ηΛ,gsubscript𝜂superscriptΛ𝑔\eta_{\Lambda^{\sharp},g}. Tout prolongement de ηFΛ(Tn),gsubscript𝜂subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛𝑔\eta_{F_{\Lambda}(T_{n}),g} à FΛsuperscriptsubscript𝐹ΛF_{\Lambda}^{\prime} est induit par un morphisme de FΛsuperscriptsubscript𝐹ΛF_{\Lambda}^{\prime} dans ΩΩ\Omega, c’est-à-dire par un morphisme de FΛFΛ(Tn)Λ(Tn)subscripttensor-productsubscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛superscriptsubscript𝐹ΛsuperscriptΛsubscript𝑇𝑛F_{\Lambda}^{\prime}\otimes_{F_{\Lambda}(T_{n})}\Lambda^{\sharp}(T_{n}) dans ΩΩ\Omega, c’est-à-dire encore par l’un des antécédents de (z,g)𝑧𝑔(z,g) sur (𝐓×𝔸Kn1𝒱)(Λ)subscriptsubscriptsuperscript𝔸𝑛1𝐾𝐓𝒱superscriptΛ({\bf T}\times_{{\mathbb{A}}^{n-1}_{K}}\mathscr{V})(\Lambda^{\sharp}) ; il s’ensuit que les prolongements de ηFΛ(Tn),gsubscript𝜂subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛𝑔\eta_{F_{\Lambda}(T_{n}),g} à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda} sont séparés par les éléments de ΘΘ\Theta.

(2.8.3)Utilisation de l’hypothèse de récurrence et conclusion dans le cas algébriquement clos. L’hypothèse de récurrence assure qu’il existe un sous-ensemble fini ΥΥ\Upsilon de F𝐹F qui possède la propriété suivante : pour toute extension valuée ΛΛ\Lambda de K𝐾K, pour tout G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et tout 𝐠Gn1𝐠superscript𝐺𝑛1{\bf g}\in G^{n-1}, l’ensemble ΥΥ\Upsilon sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda}. Soit H𝐻H le groupe de Galois de F𝐹F sur K(T1,,Tn1)𝐾subscript𝑇1subscript𝑇𝑛1K(T_{1},\ldots,T_{n-1}).

Soit ΛΛ\Lambda une extension valuée de K𝐾K, soit G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Notons 𝐠superscript𝐠{\bf g}^{\prime} le (n1)𝑛1(n-1)-uplet constitué des n1𝑛1n-1 premières coordonnées de 𝐠𝐠\bf g, et g𝑔g sa dernière coordonnée. On a alors ηΛ,𝐠=η(Λ(T1,,Tn1),ηΛ,𝐠),gsubscript𝜂Λ𝐠subscript𝜂Λsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1subscript𝜂Λsuperscript𝐠𝑔\eta_{\Lambda,{\bf g}}=\eta_{(\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1}),\eta_{\Lambda,{\bf g}^{\prime}}),g}.

Nous allons travailler avec différents anneaux qui s’organisent selon le diagramme cartésien suivant, dont les flèches horizontales sont galoisiennes de groupe H𝐻H :

Λ(𝐓)K(𝐓)AFΛΛ(T1,,Tn1,Tn)FΛ(Tn).subscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴subscriptsuperscript𝐹ΛΛsubscript𝑇1subscript𝑇𝑛1subscript𝑇𝑛subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛\vbox{\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 37.88805pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-29.50056pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 29.50056pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 72.24838pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 72.24838pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{F^{\prime}_{\Lambda}}$}}}}}}}{\hbox{\kern-37.88805pt\raise-40.94443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\Lambda(T_{1},\ldots,T_{n-1},T_{n})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-30.44443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-6.5pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 37.88806pt\raise-40.94443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 61.88805pt\raise-40.94443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 61.88805pt\raise-40.94443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{F_{\Lambda}(T_{n})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 79.9281pt\raise-30.44443pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 79.9281pt\raise-4.91333pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces}}}}}.

L’ensemble des prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}} à  Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A s’identifie au quotient par H𝐻H de l’ensemble des prolongements de  ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}} à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda} (2).

Par ailleurs, donnons-nous deux prolongements distincts de |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2} de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}} à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda}. On est alors dans l’un des deux cas suivants.

Premier cas. Les restrictions de |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2} à FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda} diffèrent ; comme ces deux restrictions sont des prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λsuperscript𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}^{\prime}}, l’ensemble ΥΥ\Upsilon sépare |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2}.

Second cas. Les restrictions de |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2} à FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda} coïncident. Si l’on note |.||{.}|^{\prime} leur restriction commune à FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda}, les restrictions de |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2} à FΛ(Tn)subscript𝐹Λsubscript𝑇𝑛F_{\Lambda}(T_{n}) sont alors toutes deux égales, en vertu de Valuations classiques et corps gradués résiduels, à η(FΛ,|.|),g\eta_{(F_{\Lambda},|{.}|^{\prime}),g}.

D’après ce qu’on a vu au 2, il existe un prolongement |.|′′|{.}|^{\prime\prime} de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λsuperscript𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}^{\prime}} à FΛsubscript𝐹ΛF_{\Lambda} tel que les prolongements de ηFΛ,|.|′′\eta_{F_{\Lambda},|{.}|^{\prime\prime}} à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda} soient séparés par les éléments de ΘΘ\Theta. Il existe hH𝐻h\in H tel que |.|=|.|′′h|{.}|^{\prime}=|{.}|^{\prime\prime}\circ h. On peut reformuler ce qui précède en écrivant que tous les prolongements de η(FΛ,|.|),g)h\eta_{(F_{\Lambda},|{.}|^{\prime}),g)}\circ h à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda} sont séparés par ΘΘ\Theta. Par conséquent, |.|1|{.}|_{1} et |.|2|{.}|_{2} sont séparées par h.Θformulae-sequenceΘh.\Theta.

Soit ΞΞ\Xi la réunion des orbites sous H𝐻H des éléments de ΘΘ\Theta et ΥΥ\Upsilon. Par ce qui précède, ΞΞ\Xi sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}} à FΛsubscriptsuperscript𝐹ΛF^{\prime}_{\Lambda}. Le nombre de prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,{\bf g}} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A est en conséquence égal à

𝔫(ηΛ,𝐠,FΛ,Ξ,Σ),𝔫subscript𝜂Λ𝐠subscriptsuperscript𝐹ΛΞΣ{\mathfrak{n}}(\eta_{\Lambda,{\bf g}},F^{\prime}_{\Lambda},\Xi,\Sigma),

où ΣΣ\Sigma désigne le groupe de permutations de ΞΞ\Xi induit par H𝐻H.

En vertu du lemme 2, ceci implique que la première des deux assertions équivalentes de la proposition 2 est satisfaite, en prenant pour 𝒞𝒞\mathscr{C} la classe de toutes les extensions valuées de K𝐾K. Il s’ensuit que la seconde est satisfaite pour cette même classe, ce qui constitue exactement l’énoncé souhaité et achève la preuve lorsque K𝐾K est algébriquement clos.

(2.8.4)Preuve dans le cas général ; on ne suppose plus que K𝐾K est algébriquement clos. Soit K¯¯𝐾\overline{K} une clôture algébrique de K𝐾K ; fixons un prolongement de la valuation de K𝐾K à K¯¯𝐾\overline{K}. En vertu du cas algébriquement clos déjà traité, il existe un sous-ensemble fini E𝐸E de K¯KAsubscripttensor-product𝐾¯𝐾𝐴\overline{K}\otimes_{K}A qui sépare les prolongements de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A pour toute extension valuée ΛΛ\Lambda de K¯¯𝐾\overline{K}, pour tout G𝖣|Λ|𝐺subscript𝖣superscriptΛG\in\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et tout 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}.

Quitte à élever les éléments de E𝐸E à une puissance convenable de l’exposant caractéristique de K𝐾K (ce qui ne modifie pas leur capacité à séparer les valuations), on peut supposer qu’ils sont contenus dans  KsepKAsubscripttensor-product𝐾subscript𝐾sep𝐴K_{\rm sep}\otimes_{K}A, où Ksepsubscript𝐾sepK_{\rm sep} est la fermeture séparable de K𝐾K dans K¯¯𝐾\overline{K}. Il existe par conséquent une sous-extension finie séparable K0subscript𝐾0K_{0} de K¯¯𝐾\overline{K} telle que EK0KA𝐸subscripttensor-product𝐾subscript𝐾0𝐴E\subset K_{0}\otimes_{K}A. Soit ΛΛ\Lambda une extension valuée de K0subscript𝐾0K_{0}, soit G𝐺G appartenant à 𝖣|Λ|subscript𝖣superscriptΛ\mathsf{D}_{|\Lambda^{*}|} et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Soient |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} deux prolongements distincts de ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g} à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A.

D’après 2 (appliqué à la K0subscript𝐾0K_{0}-algèbre ΛΛ\Lambda et à la K0subscript𝐾0K_{0}-extension galoisienne K¯¯𝐾\overline{K}), il existe une valuation sur K¯K0Λsubscripttensor-productsubscript𝐾0¯𝐾Λ\overline{K}\otimes_{K_{0}}\Lambda prolongeant les valuations fixées sur K¯¯𝐾\overline{K} et ΛΛ\Lambda ; cette valuation est induite par une valuation |.||{.}| sur un quotient ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\sharp} de K¯K0Λsubscripttensor-productsubscript𝐾0¯𝐾Λ\overline{K}\otimes_{K_{0}}\Lambda. D’après 2, les valuations |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} s’étendent en deux valuations de Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓superscriptΛ𝐓𝐴\Lambda^{\sharp}({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A, encore notées |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime}, dont les restrictions à ΛsuperscriptΛ\Lambda^{\sharp} sont toutes deux égales à |.||{.}|. Comme les restrictions de |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} à Λ(𝐓)Λ𝐓\Lambda({\bf T}) sont toutes deux égales à ηΛ,𝐠subscript𝜂Λ𝐠\eta_{\Lambda,\bf g}, il résulte de Valuations classiques et corps gradués résiduels que les restrictions de |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} à Λ(𝐓)superscriptΛ𝐓\Lambda^{\sharp}({\bf T}) sont toutes deux égales à ηΛ,𝐠subscript𝜂superscriptΛ𝐠\eta_{\Lambda^{\sharp},\bf g}. Par ailleurs, les valuations |.||{.}|^{\prime} et |.|′′|{.}|^{\prime\prime} de Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓superscriptΛ𝐓𝐴\Lambda^{\sharp}({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A sont distinctes, puisque leurs restrictions à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A le sont. Par choix de E𝐸E, il existe donc xE𝑥𝐸x\in E tel que |x||x|′′superscript𝑥superscript𝑥′′|{x}|^{\prime}\neq|{x}|^{\prime\prime}. Ainsi, E𝐸E sépare les extensions de la valuation de ΛΛ\Lambda à Λ(𝐓)K(𝐓)Asubscripttensor-product𝐾𝐓Λ𝐓𝐴\Lambda({\bf T})\otimes_{K({\bf T})}A, ce qui montre 2).

Il reste à montrer 1). Soit ΣΣ\Sigma l’ensemble des permutations de E𝐸E induites par l’action de Gal(K¯/K)Gal¯𝐾𝐾{\rm Gal}\;(\overline{K}/K). Pour tout entier N𝑁N, on note 𝒟Nsubscript𝒟𝑁\mathscr{D}_{N} le foncteur qui envoie un groupe G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} sur le sous-ensemble de Gnsuperscript𝐺𝑛G^{n} formé des n𝑛n-uplets 𝐠𝐠\bf g tels que η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} admette exactement N𝑁N prolongements à A𝐴A.

Soit G𝖣|K|𝐺subscript𝖣superscript𝐾G\in\mathsf{D}_{|K^{*}|} et soit 𝐠Gn𝐠superscript𝐺𝑛{\bf g}\in G^{n}. Comme E𝐸E sépare les prolongements de ηK¯,𝐠subscript𝜂¯𝐾𝐠\eta_{\overline{K},\bf g} à K¯KAsubscripttensor-product𝐾¯𝐾𝐴\overline{K}\otimes_{K}A, le nombre de prolongements de la valuation η𝐠subscript𝜂𝐠\eta_{\bf g} à A𝐴A est égal en vertu de 2 à 𝔫(ηK¯,𝐠,K¯KA,E,Σ)𝔫subscript𝜂¯𝐾𝐠subscripttensor-product𝐾¯𝐾𝐴𝐸Σ{\mathfrak{n}}(\eta_{\overline{K},\bf g},\overline{K}\otimes_{K}A,E,\Sigma). Il résulte alors du lemme 2 que le sous-foncteur 𝒟Nsubscript𝒟𝑁\mathscr{D}_{N} de 𝔾|K|nsuperscriptsubscript𝔾superscript𝐾𝑛{\mathbb{G}}_{|K^{*}|}^{n} est définissable pour tout N𝑁N. En conséquence, la première des deux assertions équivalentes de la proposition 2 est satisfaite pour la classe triviale 𝒞={K}𝒞𝐾\mathscr{C}=\{K\} ; la seconde l’est donc aussi pour cette même classe, et c’est précisément ce qu’il fallait démontrer. \Box

3 Tropicalisations globale et locale d’un espace k𝑘k-analytique

(3.1)Lemme. Soit X𝑋X un espace k𝑘k-affinoïde ΓΓ\Gamma-strict et de dimension d𝑑d. Il existe une famille finie (p1,,pn)subscript𝑝1subscript𝑝𝑛(p_{1},\ldots,p_{n}) de morphismes de X𝑋X vers 𝔸k1,ansubscriptsuperscript𝔸1an𝑘{\mathbb{A}}^{1,\rm an}_{k}, et pour tout i𝑖i un réel sisubscript𝑠𝑖s_{i} appartenant à Γ|k|Γsuperscript𝑘\sqrt{\Gamma\cdot|k^{*}|}, tels que X=pi1(ηsi)𝑋superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖\partial X=\bigcup p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}). De plus, pour tout i𝑖i, l’espace (ηsi)subscript𝜂subscript𝑠𝑖{\mathscr{H}}(\eta_{s_{i}})-affinoïde pi1(ηsi)superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}) est ΓΓ\Gamma-strict et de dimension d1absent𝑑1\leqslant d-1.

Démonstration. D’après la définition de la réduction d’un germe à la Temkin, il existe une famille finie g1,,grsubscript𝑔1subscript𝑔𝑟g_{1},\ldots,g_{r} d’éléments non nilpotents de 𝒜𝒜\mathscr{A}, de rayons spectraux respectifs notés s1,,srsubscript𝑠1subscript𝑠𝑟s_{1},\ldots,s_{r}, tels que pour tout xX𝑥𝑋x\in X la réduction (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} soit égale à (x)~/k~{gi(x)~si}isubscript~𝑥~𝑘subscriptsuperscript~subscript𝑔𝑖𝑥subscript𝑠𝑖𝑖{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}\{\widetilde{g_{i}(x)}^{s_{i}}\}_{i}. Pour tout i𝑖i, on note pisubscript𝑝𝑖p_{i} le morphisme X𝔸k1,an𝑋subscriptsuperscript𝔸1an𝑘X\to{\mathbb{A}}^{1,\rm an}_{k} induit par gisubscript𝑔𝑖g_{i}.

Le point x𝑥x appartient donc à X𝑋\partial X si et seulement si il existe un indice i𝑖i et une k~~𝑘\widetilde{k}-valuation graduée |.||{.}| sur (x)~~𝑥\widetilde{{\mathscr{H}}(x)} telle que |gi(x)~si|>1superscript~subscript𝑔𝑖𝑥subscript𝑠𝑖1|{\widetilde{g_{i}(x)}^{s_{i}}}|>1. Cette dernière condition équivaut à demander que  |gi(x)|=sisubscript𝑔𝑖𝑥subscript𝑠𝑖|g_{i}(x)|=s_{i} et que gi(x)~~subscript𝑔𝑖𝑥\widetilde{g_{i}(x)} soit transcendant sur k~~𝑘\widetilde{k} (Valuations graduées) ; en vertu de Valuations classiques et corps gradués résiduels, elle est satisfaite si et seulement si xpi1(ηsi)𝑥superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖x\in p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}). En conséquence, X=pi1(ηsi)𝑋superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖\partial X=\bigcup p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}).

Fixons i𝑖i ; nous allons prouver que pi1(ηsi)superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}) est ΓΓ\Gamma-strict et de dimension au plus d1𝑑1d-1.

Pour tout point z𝑧z de  pi1(ηsi)superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}) on a ddk(z)=d(ηsi)(z)+1𝑑subscript𝑑𝑘𝑧subscript𝑑subscript𝜂subscript𝑠𝑖𝑧1d\geqslant d_{k}(z)=d_{{\mathscr{H}}(\eta_{s_{i}})}(z)+1, et donc d(ηsi)(z)d1subscript𝑑subscript𝜂subscript𝑠𝑖𝑧𝑑1d_{{\mathscr{H}}(\eta_{s_{i}})}(z)\leqslant d-1 ; il s’ensuit que la dimension (ηsi)subscript𝜂subscript𝑠𝑖{\mathscr{H}}(\eta_{s_{i}})-analytique de  pi1(ηsi)superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}) est inférieure ou égale à d1𝑑1d-1.

Comme sisubscript𝑠𝑖s_{i} est le rayon spectral d’un élément de 𝒜𝒜\mathscr{A}, il appartient à Γ|k|Γsuperscript𝑘\sqrt{\Gamma\cdot|k^{*}|}. Par conséquent, Γ|(ηi)|=Γ|k|Γsuperscriptsubscript𝜂𝑖Γsuperscript𝑘\sqrt{\Gamma\cdot|{\mathscr{H}}(\eta_{i})^{*}|}=\sqrt{\Gamma\cdot|k^{*}|}. Il suffit dès lors de vérifier que l’algèbre (ηi)subscript𝜂𝑖{\mathscr{H}}(\eta_{i})-affinoïde des fonctions analytiques sur pi1(ηsi)superscriptsubscript𝑝𝑖1subscript𝜂subscript𝑠𝑖p_{i}^{-1}(\eta_{s_{i}}) est ΓΓ\Gamma-stricte. Mais cela découle du fait qu’elle s’identifie au quotient

𝒜^k(ηsi)/(giT(ηsi)).formulae-sequence𝒜subscript^tensor-product𝑘subscript𝜂subscript𝑠𝑖subscript𝑔𝑖𝑇subscript𝜂subscript𝑠𝑖\mathscr{A}\widehat{\otimes}_{k}{\mathscr{H}}(\eta_{s_{i}})/(g_{i}-T(\eta_{s_{i}})).\leavevmode\nobreak\ \Box

(3.2)Théorème (le cas global). Soit X𝑋X un espace  k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict de dimension d𝑑d, et soit 𝐟=(f1,,fn)𝐟subscript𝑓1subscript𝑓𝑛{\bf f}=(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille de fonctions analytiques inversibles sur X𝑋X ; notons |𝐟|𝐟|{\bf f}| l’application (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) de X𝑋X vers (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}. Posons c=(,|k|Γ)𝑐superscript𝑘Γc=({\mathbb{Q}},\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}).

1) L’image |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(X) est un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, qui est de dimension inférieure ou égale à d𝑑d.

2) L’image |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(\partial X) est contenue dans un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} qui est de dimension inférieure ou égale à d1𝑑1d-1 ; lorsque X𝑋X est affinoïde  |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(\partial X) est elle-même un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de dimension inférieure ou égale à d1𝑑1d-1.

Démonstration. La seconde assertion se déduira de la première.

(3.2.1)Preuve de 1) : réduction à une situation algébrique. On peut supposer que X𝑋X est affinoïde et irréductible, et l’on procède alors par récurrence sur d𝑑d. Si d=0𝑑0d=0 il n’y a rien à démontrer. Supposons que d>0𝑑0d>0 et que 1) est vraie en dimension <dabsent𝑑<d.

Le théorème à établir est purement topologique. On peut donc supposer k𝑘k parfait (en étendant les scalaires au complété de la clôture radicelle de k𝑘k), et X𝑋X réduit (en le remplaçant par Xredsubscript𝑋redX_{\rm red}). L’espace X𝑋X est alors génériquement quasi-lisse. Soit Y𝑌Y son lieu de non-quasi-lissité. C’est un fermé de Zariski de X𝑋X dont toutes les composantes irréductibles sont de dimension <dabsent𝑑<d. Par hypothèse de récurrence, |𝐟|(Y)𝐟𝑌|{\bf f}|(Y) est un c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de dimension d1absent𝑑1\leqslant d-1. Son image réciproque |𝐟|1(|𝐟|(Y))superscript𝐟1𝐟𝑌|{\bf f}|^{-1}(|{\bf f}|(Y)) est un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X contenant Y𝑌Y. Comme YX𝑌𝑋Y\hookrightarrow X est sans bord, Y𝑌Y est contenu dans l’intérieur topologique de |𝐟|1(|𝐟|(Y))superscript𝐟1𝐟𝑌|{\bf f}|^{-1}(|{\bf f}|(Y)). Ce dernier apparaît ainsi comme un voisinage de Y𝑌Y dont l’image par |𝐟|𝐟|{\bf f}| est un c𝑐c-polytope de dimension d1absent𝑑1\leqslant d-1.

Soit xXY𝑥𝑋𝑌x\in X-Y. Comme X𝑋X est quasi-lisse en x𝑥x, le lemme Géométrie analytique assure l’existence d’un voisinage affinoïde V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X, et d’une k𝑘k-variété affine 𝒳𝒳\mathscr{X} de dimension d𝑑d, telle que V𝑉V s’identifie à un domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} (on peut imposer à 𝒳𝒳\mathscr{X} d’être lisse, mais nous ne nous en servirons pas).

Par compacité de X𝑋X, on se ramène finalement au cas où X𝑋X lui-même est est un domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de l’analytification 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} d’une k𝑘k-variété algébrique 𝒳𝒳\mathscr{X} affine de dimension d𝑑d.

Écrivons 𝒳𝖲𝗉𝖾𝖼Asimilar-to-or-equals𝒳𝖲𝗉𝖾𝖼𝐴\mathscr{X}\simeq\mathsf{Spec}\;A où A𝐴A est une k𝑘k-algèbre de type fini, et soit (a1,,ar)subscript𝑎1subscript𝑎𝑟(a_{1},\ldots,a_{r}) un système de générateurs de A𝐴A. Il existe RΓ|k|𝑅Γsuperscript𝑘R\in\Gamma\cdot|k^{*}| tel que X𝑋X soit contenu dans le domaine affinoïde W𝑊W de 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an} défini par les conditions |ai|Rsubscript𝑎𝑖𝑅|a_{i}|\leqslant R. En vertu du théorème de Gerritzen-Grauert (Géométrie analytique), le domaine X𝑋X est réunion finie de domaines ΓΓ\Gamma-rationnels de W𝑊W ; il suffit dès lors de traiter le cas où X𝑋X est lui-même un domaine ΓΓ\Gamma-rationnel de W𝑊W.

Il est alors défini par une conjonction d’inégalités de la forme |gi|λi|h|subscript𝑔𝑖subscript𝜆𝑖|g_{i}|\leqslant\lambda_{i}|h| où les λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} appartiennent à ΓΓ\Gamma et où (g1,,gr,h)subscript𝑔1subscript𝑔𝑟(g_{1},\ldots,g_{r},h) engendre l’idéal des fonctions analytiques sur W𝑊W. Cette dernière condition implique que hh ne s’annule pas sur X𝑋X (tout zéro de hh sur V𝑉V est un zéro commun à hh et aux gisubscript𝑔𝑖g_{i}), et l’on peut donc, par compacité, rajouter une condition de la forme |h|r𝑟|h|\geqslant r à la définition de X𝑋X, où r𝑟r est un élément convenable de Γ|k|Γsuperscript𝑘\sqrt{\Gamma\cdot|k^{*}|}. Il est dès lors immédiat que V𝑉V ne change pas si l’on perturbe un peu les gisubscript𝑔𝑖g_{i} et hh ; on peut par conséquent supposer que toutes ces fonctions appartiennent à A𝐴A.

L’anneau des fonctions de la forme a/h𝑎a/h, où aA𝑎𝐴a\in A, est dense dans l’anneau des fonctions de X𝑋X. Cela permet de supposer, quitte à remplacer 𝒳𝒳\mathscr{X} par D(h)𝐷D(h) et à approcher convenablement chacune des fisubscript𝑓𝑖f_{i}, que fiAsubscript𝑓𝑖𝐴f_{i}\in A pour tout i𝑖i.

(3.2.2)Nature c𝑐c-polytopale de |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(X) dans le cas algébrique. Soit (F,|.|)(F,|.|) une extension valuée de k𝑘k (on ne suppose pas que le groupe ordonné |F|superscript𝐹|F^{*}| est de rang 1). On peut donner un sens naturel à la notation X(F)𝑋𝐹X(F), coïncidant avec sa signification usuelle lorsque F𝐹F est un corps ultramétrique complet : c’est le sous-ensemble de 𝒳(F)𝒳𝐹\mathscr{X}(F) formé des points P𝑃P tels que |gi(P)|λi|h(P)|subscript𝑔𝑖𝑃subscript𝜆𝑖𝑃|g_{i}(P)|\leqslant\lambda_{i}|h(P)| pour tout i𝑖i.

Le théorème 1 assure l’existence d’un sous-foncteur fermé et définissable 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾Γ|k|nsuperscriptsubscript𝔾Γsuperscript𝑘𝑛{\mathbb{G}}_{\Gamma\cdot|k^{*}|}^{n}, de dimension majorée par d𝑑d (les notations et définitions sont celles de Théorie des modèles et sq.) tel que

|𝐟|(X(F))=𝒟(|F|)|F|n𝐟𝑋𝐹𝒟superscript𝐹superscriptsuperscript𝐹𝑛|{\bf f}|(X(F))=\mathscr{D}(|F^{*}|)\subset|F^{*}|^{n}

pour tout F𝖢k,Γ|k|𝐹subscript𝖢𝑘Γsuperscript𝑘F\in\mathsf{C}_{k,\Gamma\cdot|k^{*}|}.

Si F𝐹F est une extension ultramétrique complète et algébriquement close de k𝑘k munie d’un |k|superscript𝑘|k^{*}|-isomorphisme |F|+similar-to-or-equalssuperscript𝐹subscriptsuperscript|F^{*}|\simeq{\mathbb{R}}^{*}_{+}, tout point P𝑃P de X(F)𝑋𝐹X(F) définit un point x𝑥x de l’espace k𝑘k-affinoïde X𝑋X, et |𝐟|(x)=|𝐟|(P)(+)n𝐟𝑥𝐟𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛|{\bf f}|(x)=|{\bf f}|(P)\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}.

Réciproquement si xX𝑥𝑋x\in X il existe une extension complète et algébriquement close F𝐹F de (x)𝑥{\mathscr{H}}(x) et un |(x)|superscript𝑥|{\mathscr{H}}(x)^{*}|-isomorphisme |F|+similar-to-or-equalssuperscript𝐹subscriptsuperscript|F^{*}|\simeq{\mathbb{R}}^{*}_{+}, et x𝑥x est alors induit par un F𝐹F-point canonique de X𝑋X.

En conséquence, le compact |𝐟|(X)𝐟𝑋|{\bf f}|(X) est le sous-ensemble 𝒟(+)𝒟subscriptsuperscript\mathscr{D}({\mathbb{R}}^{*}_{+}) de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}, ce qui achève de prouver 1).

(3.2.3)Démonstration de l’assertion 2. Si X𝑋X s’écrit comme une réunion finie Xisubscript𝑋𝑖\bigcup X_{i} où les Xisubscript𝑋𝑖X_{i} sont affinoïdes et ΓΓ\Gamma-stricts, son bord est contenu dans la réunion des bords des Xisubscript𝑋𝑖X_{i}. On peut donc supposer que X𝑋X est affinoïde, auquel cas le résultat découle de l’assertion 1) déjà établie et du lemme 3\Box

(3.3)Théorème (le cas local). Soit X𝑋X un espace  k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict, et soit 𝐟=(f1,,fn)𝐟subscript𝑓1subscript𝑓𝑛{\bf f}=(f_{1},\ldots,f_{n}) une famille de fonctions analytiques inversibles sur X𝑋X ; notons |𝐟|𝐟|{\bf f}| l’application (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) de X𝑋X vers (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}. Soit x𝑥x un point de X𝑋X ; posons ξ=|𝐟|(x)𝜉𝐟𝑥\xi=|{\bf f}|(x), et notons d𝑑d le degré de transcendance sur k~~𝑘\widetilde{k} du sous-corps gradué de (x)~~𝑥\widetilde{{\mathscr{H}}(x)} engendré par k~~𝑘\widetilde{k} et les fi(x)~~subscript𝑓𝑖𝑥\widetilde{f_{i}(x)}.

  • 1)

    Il existe un voisinage k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict U𝑈U de x𝑥x dans X𝑋X possédant la propriété suivante : pour tout voisinage analytique compact V𝑉V de x𝑥x dans U𝑈U, les germes de polytopes (|𝐟|(U),ξ)𝐟𝑈𝜉(|{\bf f}|(U),\xi) et (|𝐟|(V),ξ)𝐟𝑉𝜉(|{\bf f}|(V),\xi) coïncident.

    De plus, |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est de dimension dabsent𝑑\leqslant d en ξ𝜉\xi. Si (X,x)𝑋𝑥(X,x) est sans bord, |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est purement de dimension d𝑑d en ξ𝜉\xi, et si de surcroît d=n𝑑𝑛d=n alors |𝐟|(U)𝐟𝑈|{\bf f}|(U) est un voisinage de ξ𝜉\xi dans (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}.

  • 2)

    Supposons que X𝑋X est affinoïde et que xX𝑥𝑋x\in\partial X. Il existe un voisinage k𝑘k-analytique compact et ΓΓ\Gamma-strict Y𝑌Y de x𝑥x dans X𝑋X possédant la propriété suivante : pour tout voisinage analytique compact Z𝑍Z de x𝑥x dans Y𝑌Y, les germes de polytopes (|𝐟|(YX),ξ)𝐟𝑌𝑋𝜉(|{\bf f}|(Y\cap\partial X),\xi) et (|𝐟|(ZX),ξ)𝐟𝑍𝑋𝜉(|{\bf f}|(Z\cap\partial X),\xi) coïncident.

Démonstration. L’assertion 2) sera, en vertu du lemme 3, une conséquence de 1) ; il suffit donc de démontrer cette dernière.

Soit 𝒰𝒰\mathscr{U} l’ouvert quasi-compact de (x)~/k~subscript~𝑥~𝑘{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}} égal à l’image de (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)}. Le théorème 1 assure l’existence d’un sous-foncteur définissable 𝒟𝒟\mathscr{D} de 𝔾nsuperscript𝔾𝑛{\mathbb{G}}^{n}, fermé et de dimension dabsent𝑑\leqslant d, tel que pour tout H𝖣𝐻𝖣H\in\mathsf{D}, et tout (h1,,hn)Hnsubscript1subscript𝑛superscript𝐻𝑛(h_{1},\ldots,h_{n})\in H^{n}, les assertions suivantes soient équivalentes :

i) il existe une valuation graduée |.|𝒰|{.}|\in\mathscr{U}, à valeurs dans un groupe H𝖣Hsuperscript𝐻subscript𝖣𝐻H^{\prime}\in\mathsf{D}_{H}, telle que |fi(x)~|=hi~subscript𝑓𝑖𝑥subscript𝑖|{\widetilde{f_{i}(x)}}|=h_{i} pour tout i𝑖i ;

ii) (h1,,hn)𝒟(H)subscript1subscript𝑛𝒟𝐻(h_{1},\ldots,h_{n})\in\mathscr{D}(H).

Choisissons une description de 𝒟𝒟\mathscr{D} par une condition de la forme

ijφi,j1,subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗1\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\leqslant 1,

où chaque φi,jsubscript𝜑𝑖𝑗\varphi_{i,j} est de la forme t1e1tnensuperscriptsubscript𝑡1subscript𝑒1superscriptsubscript𝑡𝑛subscript𝑒𝑛t_{1}^{e_{1}}\ldots t_{n}^{e_{n}} avec les eisubscript𝑒𝑖e_{i}\in{\mathbb{Z}}.

Soit P𝑃P un (,+)superscriptsubscript({\mathbb{Q}},{\mathbb{R}}_{+}^{*})-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} contenant ξ𝜉\xi et dont le germe en ξ𝜉\xi est égal à celui du cône rationnel translaté ξ𝒟(+)𝜉𝒟subscriptsuperscript\xi\cdot\mathscr{D}({\mathbb{R}}^{*}_{+}). Au voisinage de ξ𝜉\xi, le polytope P𝑃P est décrit par la condition

ijφi,jφi,j(ξ).subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜑𝑖𝑗subscript𝜑𝑖𝑗𝜉\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\varphi_{i,j}\leqslant\varphi_{i,j}(\xi).

Sa dimension en ξ𝜉\xi est majorée par d𝑑d.

L’image réciproque X0:=|𝐟|1(P)assignsubscript𝑋0superscript𝐟1𝑃X_{0}:=|{\bf f}|^{-1}(P) est un voisinage de x𝑥x. En effet, X0subscript𝑋0X_{0} est un domaine analytique de X𝑋X ; en vertu de la théorie de Temkin, (X0,x)~~subscript𝑋0𝑥\widetilde{(X_{0},x)} est l’image réciproque sur (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} de l’ouvert quasi-compact

i(x)~/k~{φi,j(f1(x)~,,fn(x)~)}j.subscript𝑖subscript~𝑥~𝑘subscriptsubscript𝜑𝑖𝑗~subscript𝑓1𝑥~subscript𝑓𝑛𝑥𝑗\bigcup_{i}{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}\left\{\varphi_{i,j}\left(\widetilde{f_{1}(x)},\ldots,\widetilde{f_{n}(x)}\right)\right\}_{j}.

Mais par définition de 𝒟𝒟\mathscr{D}, ce dernier ouvert quasi-compact contient 𝒰𝒰\mathscr{U} ; par conséquent, (X0,x)~=(X,x)~~subscript𝑋0𝑥~𝑋𝑥\widetilde{(X_{0},x)}=\widetilde{(X,x)} et X0subscript𝑋0X_{0} est bien un voisinage de x𝑥x dans X𝑋X.

Fixons un voisinage k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict U𝑈U de x𝑥x dans X0subscript𝑋0X_{0}, et soit V𝑉V un voisinage analytique compact de x𝑥x dans U𝑈U. Nous allons démontrer que (|𝐟|(V),ξ)=(P,ξ)𝐟𝑉𝜉𝑃𝜉(|{\bf f}|(V),\xi)=(P,\xi), ce qui permettra de conclure puisqu’en faisant V=U𝑉𝑈V=U il viendra alors (|𝐟|(U),ξ)=(P,ξ)𝐟𝑈𝜉𝑃𝜉(|{\bf f}|(U),\xi)=(P,\xi). Posons Q=|𝐟|(V)𝑄𝐟𝑉Q=|{\bf f}|(V) ; il s’agit de démontrer que le (,+)subscriptsuperscript({\mathbb{Q}},{\mathbb{R}}^{*}_{+})-polytope Q𝑄Q est un voisinage de ξ𝜉\xi dans P𝑃P.

Décrivons Q𝑄Q au voisinage de ξ𝜉\xi par une condition de la forme

ijψi,jψi,j(ξ),subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜓𝑖𝑗subscript𝜓𝑖𝑗𝜉\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\psi_{i,j}\leqslant\psi_{i,j}(\xi),

où chaque ψi,jsubscript𝜓𝑖𝑗\psi_{i,j} est de la forme t1e1tnensuperscriptsubscript𝑡1subscript𝑒1superscriptsubscript𝑡𝑛subscript𝑒𝑛t_{1}^{e_{1}}\ldots t_{n}^{e_{n}} avec les eisubscript𝑒𝑖e_{i}\in{\mathbb{Z}}.

La réduction à la Temkin du germe de |𝐟|1(Q)superscript𝐟1𝑄|{\bf f}|^{-1}(Q) en x𝑥x est égale à l’image réciproque sur (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} de l’ouvert quasi-compact

𝒱:=i(x)~/k~{ψi,j(f1(x)~,,fn(x)~)}j.assign𝒱subscript𝑖subscript~𝑥~𝑘subscriptsubscript𝜓𝑖𝑗~subscript𝑓1𝑥~subscript𝑓𝑛𝑥𝑗\mathscr{V}:=\bigcup_{i}{\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}\left\{\psi_{i,j}\left(\widetilde{f_{1}(x)},\ldots,\widetilde{f_{n}(x)}\right)\right\}_{j}.

Comme |𝐟|1(Q)superscript𝐟1𝑄|{\bf f}|^{-1}(Q) contient V𝑉V, lequel est un voisinage de x𝑥x, cette image réciproque est égale à (X,x)~~𝑋𝑥\widetilde{(X,x)} ; il s’ensuit que 𝒱𝒱\mathscr{V} contient 𝒰𝒰\mathscr{U}.

Soit η𝜂\eta un point de P𝑃P différent de ξ𝜉\xi ; écrivons ηξ1=(r1,,rn)𝜂superscript𝜉1subscript𝑟1subscript𝑟𝑛\eta\xi^{-1}=(r_{1},\ldots,r_{n}). Si η𝜂\eta est suffisamment proche de ξ𝜉\xi il appartient à ξ𝒟(+)𝜉𝒟subscriptsuperscript\xi\cdot\mathscr{D}({\mathbb{R}}^{*}_{+}), et (r1,,rn)subscript𝑟1subscript𝑟𝑛(r_{1},\ldots,r_{n}) appartient donc à 𝒟(+)𝒟subscriptsuperscript\mathscr{D}({\mathbb{R}}^{*}_{+}) ; il existe dès lors une valuation graduée |.||{.}| sur (x)~~𝑥\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}, à valeurs dans un groupe ordonné contenant +subscriptsuperscript{\mathbb{R}}^{*}_{+}, appartenant à 𝒰𝒰\mathscr{U} et qui envoie fi(x)~~subscript𝑓𝑖𝑥\widetilde{f_{i}(x)} sur risubscript𝑟𝑖r_{i} pour tout i𝑖i.

L’ouvert 𝒰𝒰\mathscr{U} étant contenu dans 𝒱𝒱\mathscr{V}, la valuation graduée |.||{.}|\leavevmode\nobreak\ appartient à 𝒱𝒱\mathscr{V} ; cela signifie que

ijψi,j(r1,,rn)1,soitencoreijψi,j(η)ψi,j(ξ).formulae-sequencesubscript𝑖subscript𝑗subscript𝜓𝑖𝑗subscript𝑟1subscript𝑟𝑛1soitencoresubscript𝑖subscript𝑗subscript𝜓𝑖𝑗𝜂subscript𝜓𝑖𝑗𝜉\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\psi_{i,j}(r_{1},\ldots,r_{n})\leqslant 1,\;{\rm soit}\;{\rm encore}\;\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\psi_{i,j}(\eta)\leqslant\psi_{i,j}(\xi).

Mais puisque

ijψi,jφi,j(ξ)subscript𝑖subscript𝑗subscript𝜓𝑖𝑗subscript𝜑𝑖𝑗𝜉\bigvee_{i}\bigwedge_{j}\psi_{i,j}\leqslant\varphi_{i,j}(\xi)

décrit Q𝑄Q au voisinage de ξ𝜉\xi, il en résulte que [ξ;η[[\xi;\eta[ est contenu dans Q𝑄Q au voisinage de ξ𝜉\xi. Cela ayant été établi pour tout ηP{ξ}𝜂𝑃𝜉\eta\in P-\{\xi\} suffisamment proche de ξ𝜉\xi, le polytope Q𝑄Q est un voisinage de ξ𝜉\xi dans P𝑃P, ce qu’on souhaitait établir.

Supposons que (X,x)𝑋𝑥(X,x) soit sans bord. On a alors (X,x)~=(x)~/k~~𝑋𝑥subscript~𝑥~𝑘\widetilde{(X,x)}={\mathbb{P}}_{\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}/\widetilde{k}}. Il découle dès lors de l’assertion 2) du théorème 1 : que 𝒟𝒟\mathscr{D} est purement de dimension d𝑑d, ce qui implique que P𝑃P est purement de dimension d𝑑d en ξ𝜉\xi ; et que si de plus d=n𝑑𝑛d=n alors 𝒟=𝔾n𝒟superscript𝔾𝑛\mathscr{D}={\mathbb{G}}^{n}, ce qui implique que P𝑃P est un voisinage de ξ𝜉\xi dans (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}\Box

4 Polytopes analytiques et squelettes

On pose c=(,|k|Γ)𝑐superscript𝑘Γc=({\mathbb{Q}},\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}).

(4.1)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict topologiquement séparé.

(4.1.1)  Soit P𝑃P un compact de X𝑋X. Nous dirons qu’une structure c𝑐c-polytopale Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) sur P𝑃P est analytique si les deux conditions suivantes sont satisfaites :

a) Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) admet une présentation P(+)n𝑃superscriptsubscriptsuperscript𝑛P\hookrightarrow({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} de la forme (|f1|,,|fn|)|P(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|)_{|P}, où les fisubscript𝑓𝑖f_{i} sont des fonctions inversibles sur un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict Y𝑌Y de X𝑋X contenant P𝑃P ;

b) pour tout domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict Y𝑌Y de X𝑋X, l’intersection YP𝑌𝑃Y\cap P est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de P𝑃P, et pour toute fonction analytique inversible f𝑓f sur Y𝑌Y, la fonction |f||YP|f|_{|Y\cap P} est c𝑐c-linéaire par morceaux.

(4.1.2)  Supposons que P𝑃P possède une structure polytopale analytique Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P), admettant une présentation (|f1|,,|fn|)|P:P(+)n(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|)_{|P}:P\hookrightarrow({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} comme au a) ci-dessus. Soit (g1,,gm)subscript𝑔1subscript𝑔𝑚(g_{1},\ldots,g_{m}) une famille quelconque de fonctions analytiques inversibles sur un domaine analytique de X𝑋X contenant P𝑃P. En vertu de b), chacune des |gj||P|g_{j}|_{|P} est c𝑐c-linéaire par morceaux ; par conséquent, (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)|P:P(+)n+m(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|)_{|P}:P\hookrightarrow({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n+m}, est une présentation de Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P).

Faisons maintenant l’hypothèse que (|g1|,,|gm|)|P(|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|)_{|P} constitue une présentation d’une structure polytopale analytique Λc(P)subscriptsuperscriptΛ𝑐𝑃\Lambda^{\prime}_{c}(P) sur P𝑃P. En appliquant ce qui précède à la structure Λc(P)subscriptsuperscriptΛ𝑐𝑃\Lambda^{\prime}_{c}(P), on voit que (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gm|)|P:P(+)n+m(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{m}|)_{|P}:P\hookrightarrow({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n+m} en constitue une présentation ; comme c’est également une présentation de Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P), il vient Λc(P)=Λc(P)subscriptsuperscriptΛ𝑐𝑃subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda^{\prime}_{c}(P)=\Lambda_{c}(P).

(4.2)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict et topologiquement séparé et soit P𝑃P un compact de X𝑋X. En vertu de 4, le compact P𝑃P possède au plus une structure c𝑐c-polytopale analytique. Nous dirons que P𝑃P est un  c𝑐c-polytope analytique si les deux conditions suivantes sont satisfaites :

\bullet pour tout xP𝑥𝑃x\in P, on a dk(x)=dimXsubscript𝑑𝑘𝑥dim𝑋d_{k}(x)=\mbox{\rm dim}\;X ;

\bullet le compact P𝑃P possède une (et partant une seule) une structure  c𝑐c-polytopale analytique.

Lorsque nous considérerons un  c𝑐c-polytope analytique, il sera toujours implicitement considéré comme étant muni de son unique structure  c𝑐c-polytopale analytique.

(4.3)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict toplogiquement séparé. Les faits qui suivent résultent immédiatement des définitions.

(4.3.1)  Soit Q𝑄Q une partie compacte d’un  c𝑐c-polytope analytique P𝑃P de X𝑋X. Le compact Q𝑄Q est un  c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X si et seulement si c’est un  c𝑐c-polytope de P𝑃P, et si c’est le cas sa structure  c𝑐c-polytopale analytique coïncide avec sa structure  c𝑐c-polytopale héritée de P𝑃P.

(4.3.2)  Soit Y𝑌Y un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X. Si P𝑃P est une partie compacte de Y𝑌Y alors P𝑃P est un  c𝑐c-polytope analytique de Y𝑌Y si et seulement si c’est un  c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X.

(4.3.3)  Si P𝑃P est une partie compacte de X𝑋X alors P𝑃P est un  c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X si et seulement si c’est un  c𝑐c-polytope analytique de Xredsubscript𝑋redX_{\rm red}.

(4.4)Lemme. Soit X𝑋X un espace k𝑘k-affinoïde ΓΓ\Gamma-strict intègre et soit P𝑃P un compact de X𝑋X tel que dk(x)=dimXsubscript𝑑𝑘𝑥dim𝑋d_{k}(x)=\mbox{\rm dim}\;X pour tout xP𝑥𝑃x\in P.

  • 1)

    Pour toute fonction non nulle f𝑓f sur X𝑋X, la fonction |f|𝑓|f| ne s’annule pas sur P𝑃P.

  • 2)

    Pour que P𝑃P soit un  c𝑐c-polytope analytique, il suffit que les conditions suivantes soient satisfaites :

    • i)

      pour toute famille (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) de fonctions non nulles sur X𝑋X, l’image de P𝑃P par (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) est un  c𝑐c-polytope de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} ;

    • ii)

      il existe une famille (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) de fonctions non nulles sur X𝑋X telle que (|f1|,,|fn|)|P(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|)_{|P} soit injective.

Démonstration. Prouvons tout d’abord 1). Soit f𝑓f une fonction non nulle sur X𝑋X. Comme dk(x)=dimXsubscript𝑑𝑘𝑥dim𝑋d_{k}(x)=\mbox{\rm dim}\;X, tout fermé de Zariski de X𝑋X contenant x𝑥x est de dimension égale à dimXdim𝑋\mbox{\rm dim}\;X, et coïncide donc avec X𝑋X. Il s’ensuit que le lieu des zéros de f𝑓f ne contient pas x𝑥x, ce qui montre 1).

Montrons 2). On suppose que les conditions i) et ii) sont satisfaites, et l’on va prouver que P𝑃P est un c𝑐c-polytope analytique. On choisit (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) comme dans ii), et l’on munit P𝑃P de la structure polytopale Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) induite par  (|f1|,,|fn|)|P(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|)_{|P} ; on note Q𝑄Q l’image de P𝑃P par (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|). Nous allons montrer que Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) est analytique. Il s’agit de vérifier les conditions a) et b) de 4.

(4.4.1)La condition a). Elle est vérifiée par construction.

(4.4.2)La condition b) : préliminaires. Soit f𝑓f une fonction non nulle sur X𝑋X. Nous allons montrer que |f||PΛc(P)|f|_{|P}\in\Lambda_{c}(P). L’assertion i) assure que l’image de P𝑃P par (|f1|,,|fn|,|f|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛𝑓(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|f|) est un c𝑐c-polytope Qsuperscript𝑄Q^{\prime} de (+)n+1superscriptsubscriptsuperscript𝑛1({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n+1} ; par choix des fisubscript𝑓𝑖f_{i}, la projection de Q𝑄Q sur les n𝑛n premiers facteurs induit un homéomorphisme QQsuperscript𝑄𝑄Q^{\prime}\to Q. Comme Qsuperscript𝑄Q^{\prime} et Q𝑄Q sont des polytopes, il existe une famille finie (Qi)subscript𝑄𝑖(Q_{i}) de polytopes de Q𝑄Q, recouvrant Q𝑄Q, tels que QQsuperscript𝑄𝑄Q^{\prime}\to Q admette une section affine sur chacun des Qisubscript𝑄𝑖Q_{i}.

Pour tout entier i𝑖i, désignons par Pisubscript𝑃𝑖P_{i} l’image réciproque de Qisubscript𝑄𝑖Q_{i} sur P𝑃P. Les Pisubscript𝑃𝑖P_{i} sont des c𝑐c-polytopes de P𝑃P qui recouvrent ce dernier. Par ailleurs, comme QQsuperscript𝑄𝑄Q^{\prime}\to Q admet une section au-dessus de Qisubscript𝑄𝑖Q_{i} pour tout i𝑖i, la restriction de |f|𝑓|f| à Pisubscript𝑃𝑖P_{i} appartient à  Λc(Pi)subscriptΛ𝑐subscript𝑃𝑖\Lambda_{c}(P_{i}) pour tout i𝑖i. Il s’ensuit que |f||PΛc(P)|f|_{|P}\in\Lambda_{c}(P).

(4.4.3)Vérification de la condition b). Soit Y𝑌Y un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X et soit f𝑓f une fonction analytique inversible sur Y𝑌Y. Soit xYP𝑥𝑌𝑃x\in Y\cap P. Il résulte de la description locale des domaines analytiques qu’il existe un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X et une famille finie  (Wi)subscript𝑊𝑖(W_{i}) de domaines ΓΓ\Gamma-rationnels de V𝑉V, contenant x𝑥x et tels que YV=Wi𝑌𝑉subscript𝑊𝑖Y\cap V=\bigcup W_{i}. Quitte à restreindre V𝑉V, on peut supposer que c’est lui-même un domaine ΓΓ\Gamma-rationnel de X𝑋X. Posons Πi=PWisubscriptΠ𝑖𝑃subscript𝑊𝑖\Pi_{i}=P\cap W_{i}. Comme ΠisubscriptΠ𝑖\bigcup\Pi_{i} est un voisinage de x𝑥x dans YP𝑌𝑃Y\cap P, et comme xΠi𝑥subscriptΠ𝑖x\in\bigcap\Pi_{i}, il suffit de démontrer que chacun des ΠisubscriptΠ𝑖\Pi_{i} est un  c𝑐c-polytope de P𝑃P, et que |f||Πi|f|_{|\Pi_{i}} est c𝑐c-linéaire par morceaux pour tout i𝑖i.

Fixons i𝑖i, et écrivons W𝑊W et ΠΠ\Pi au lieu de Wisubscript𝑊𝑖W_{i} et ΠisubscriptΠ𝑖\Pi_{i}. Le domaine W𝑊W est lui-même un domaine rationnel de X𝑋X, et est par ailleurs ΓΓ\Gamma-strict. Il est donc ΓΓ\Gamma-rationnel : il peut être défini par une condition de la forme

|g1|λ1|h|etet|gm|λm|h|,subscript𝑔1subscript𝜆1etetsubscript𝑔𝑚subscript𝜆𝑚|g_{1}|\leqslant\lambda_{1}|h|\;{\rm et}\;\ldots\;{\rm et}\;|g_{m}|\leqslant\lambda_{m}|h|,

où les gjsubscript𝑔𝑗g_{j} et hh sont des fonctions analytiques sans zéro commun sur X𝑋X et où les λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i} appartiennent à ΓΓ\Gamma. Tout zéro de hh sur W𝑊W serait un zéro commun aux gjsubscript𝑔𝑗g_{j} et à hh, ce qui est absurde ; par conséquent hh est inversible sur W𝑊W. Notons que W𝑊W est non vide (il contient x𝑥x) ; par conséquent, hh n’est pas la fonction nulle.

Comme une inégalité de la forme |0|λ|h|0𝜆|0|\leqslant\lambda|h| est satisfaite sur tout X𝑋X, on peut supposer que les gjsubscript𝑔𝑗g_{j} sont tous non nuls. Le compact :Pi:absent𝑃𝑖:Pi est le sous-ensemble de P𝑃P défini par la condition

|g1|λ1|h|etet|gm|λm|h|,subscript𝑔1subscript𝜆1etetsubscript𝑔𝑚subscript𝜆𝑚|g_{1}|\leqslant\lambda_{1}|h|\;{\rm et}\;\ldots\;{\rm et}\;|g_{m}|\leqslant\lambda_{m}|h|,

et les |gj||P|g_{j}|_{|P} et |h||P|h|_{|P} sont c𝑐c-linéaires par morceaux d’après 4. En conséquence, ΠΠ\Pi est un  c𝑐c-polytope de P𝑃P.

Les fonctions de la forme g/h𝑔g/h, où g𝑔g est une fonction analytique sur X𝑋X, sont denses dans l’ensemble des fonctions analytiques sur W𝑊W. La fonction f|Wf_{|W} étant inversible, il existe une fonction analytique g𝑔g sur X𝑋X telle que |f|=|g/h|𝑓𝑔|f|=|g/h| en tout point de W𝑊W. La fonction g𝑔g ne s’annule alors pas sur le domaine affinoïde non vide W𝑊W, et elle est en particulier non nulle sur X𝑋X. Les restrictions à ΠΠ\Pi de |f|𝑓|f| et |g|/|h|𝑔|g|/|h| coïncident, et |g|/|h|𝑔|g|/|h| appartient à Λc(P)subscriptΛ𝑐𝑃\Lambda_{c}(P) en vertu de 4. Par conséquent, |f||ΠΛc(Π)|f|_{|\Pi}\in\Lambda_{c}(\Pi), ce qu’il fallait démontrer. \Box

(4.5)Exemple. Soit n𝑛n\in{\mathbb{N}} et soit R𝑅R un réel strictement supérieur à 111 appartenant à |k|Γsuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}. Soit PRsubscript𝑃𝑅P_{R} le sous-ensemble {η𝐫}𝐫[1/R;R]Nsubscriptsubscript𝜂𝐫𝐫superscript1𝑅𝑅𝑁\{\eta_{\bf r}\}_{{\bf r}\in[1/R;R]^{N}} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}. C’est un compact, contenu dans le domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict XRsubscript𝑋𝑅X_{R} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} défini par les conditions 1/R|Ti|R1𝑅subscript𝑇𝑖𝑅1/R\leqslant|T_{i}|\leqslant R pour tout i𝑖i ; et pour tout xPR𝑥subscript𝑃𝑅x\in P_{R}, on a dk(x)=nsubscript𝑑𝑘𝑥𝑛d_{k}(x)=n. Il résulte immédiatement de la description explicite des semi-normes η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} que le compact PRsubscript𝑃𝑅P_{R} de l’espace affinoïde ΓΓ\Gamma-strict XRsubscript𝑋𝑅X_{R} satisfait les conditions suffisantes du lemme 4 ci-dessus (en ce qui concerne la condition ii), on peut prendre fi=Tisubscript𝑓𝑖subscript𝑇𝑖f_{i}=T_{i} pour tout i𝑖i). C’est donc un c𝑐c-polytope analytique de XRsubscript𝑋𝑅X_{R}, et également de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}.

(4.6)  Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique topologiquement séparé et ΓΓ\Gamma-strict. Nous dirons qu’une partie localement fermée ΣΣ\Sigma de X𝑋X est un  c𝑐c-squelette de X𝑋X si l’ensemble des c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenus dans ΣΣ\Sigma est un atlas c𝑐c-polytopal. Tout c𝑐c-squelette hérite par définition d’une structure d’espace c𝑐c-linéaire par morceaux.

(4.6.1)  Tout sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux d’un c𝑐c-polytope analytique P𝑃P de X𝑋X est un squelette de X𝑋X : cela résulte de 4.

(4.6.2)  Soit ΣΣ\Sigma un c𝑐c-squelette de X𝑋X et soit 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} l’ensemble des c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenus dans ΣΣ\Sigma. Soit ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} un sous-ensemble localement fermé de ΣΣ\Sigma.

Supposons que ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} soit un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ΣΣ\Sigma. La famille (PΣ)P𝔄subscript𝑃superscriptΣ𝑃𝔄(P\cap\Sigma^{\prime})_{P\in{\mathfrak{A}}} est un G-recouvrement de ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} ; et pour tout P𝔄𝑃𝔄P\in{\mathfrak{A}}, l’intersection PΣ𝑃superscriptΣP\cap\Sigma^{\prime} est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de P𝑃P, et est donc G-recouverte par des éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}, d’après 4. Il s’ensuit que ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} est un c𝑐c-squelette de X𝑋X.

Réciproquement, supposons que ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} soit un c𝑐c-squelette de X𝑋X. Il est alors G-recouvert par des éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}, et est donc un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ΣΣ\Sigma.

(4.6.3)  Soit Y𝑌Y un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X. Une partie localement fermée de Y𝑌Y est un c𝑐c-squelette de Y𝑌Y si et seulement si c’est un c𝑐c-squelette de X𝑋X : c’est une conséquence immédiate des définitions et de 4.

(4.6.4)  Soit ΣΣ\Sigma un c𝑐c-squelette de X𝑋X, soit Y𝑌Y un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de X𝑋X et soit f𝑓f une fonction inversible sur Y𝑌Y. L’intersection YΣ𝑌ΣY\cap\Sigma est un c𝑐c-squelette de X𝑋X, ou encore, ce qui revient au même (cf. 4) un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ΣΣ\Sigma ; et la fonction |f||ΣY|f|_{|\Sigma\cap Y} est c𝑐c-linéaire par morceaux.

En effet, soit yYΣ𝑦𝑌Σy\in Y\cap\Sigma. Le point y𝑦y possède un voisinage dans ΣΣ\Sigma qui est de la forme Pisubscript𝑃𝑖\bigcup P_{i} pour une famille finie (Pi)subscript𝑃𝑖(P_{i}) d’éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}, tels que yPi𝑦subscript𝑃𝑖y\in\bigcap P_{i}. Pour tout i𝑖i, l’intersection YPi𝑌subscript𝑃𝑖Y\cap P_{i} est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de Pisubscript𝑃𝑖P_{i}. Par conséquent, y𝑦y possède dans YPi𝑌subscript𝑃𝑖Y\cap P_{i} un voisinage de la forme Pijsubscript𝑃𝑖𝑗\bigcup P_{ij}, ou (Pij)jsubscriptsubscript𝑃𝑖𝑗𝑗(P_{ij})_{j} est une famille finie de c𝑐c-polytopes de Pisubscript𝑃𝑖P_{i} qui contiennent y𝑦y.

La réunion i,jPijsubscript𝑖𝑗subscript𝑃𝑖𝑗\bigcup\limits_{i,j}P_{ij} est alors un voisinage de y𝑦y dans YΣ𝑌ΣY\cap\Sigma, et chacun des Pijsubscript𝑃𝑖𝑗P_{ij} est un élément de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} contenant y𝑦y. Il s’ensuit que YΣ𝑌ΣY\cap\Sigma est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de Y𝑌Y.

Comme chaque Pijsubscript𝑃𝑖𝑗P_{ij} appartient à 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}, la fonction |f||Pij|f|_{|P_{ij}} est c𝑐c-linéaire par morceaux pour tout (ij)𝑖𝑗(ij). Par conséquent, |f||YΣ|f|_{|Y\cap\Sigma} est c𝑐c-linéaire par morceaux au voisinage de y𝑦y, ce qui achève de prouver l’assertion requise.

(4.7)  Soit n𝑛n\in{\mathbb{N}}. Nous allons montrer que Snsubscript𝑆𝑛S_{n} est un c𝑐c-squelette de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} (rappelons que Snsubscript𝑆𝑛S_{n} est égal à {η𝐫}𝐫(+)nsubscriptsubscript𝜂𝐫𝐫superscriptsubscriptsuperscript𝑛\{\eta_{\bf r}\}_{{\bf r}\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}}). Soit 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} l’ensemble des c𝑐c-polytopes analytiques de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} contenus dans S𝑆S.

Les c𝑐c-polytopes analytiques PRsubscript𝑃𝑅P_{R} définis au 4 pour R]1;+[|k|ΓR\in]1;+\infty[\cap\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma} appartiennent tous à 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} et sont contenus dans S𝑆S ; de plus, leurs intérieurs (dans S𝑆S) recouvrent S𝑆S. Par conséquent, S𝑆S est G-recouvert par les éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}.

Par ailleurs, soient Q𝑄Q et Qsuperscript𝑄Q^{\prime} deux éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}. Comme ils sont compacts, il sont tous deux contenus dans PRsubscript𝑃𝑅P_{R} pour un certain R]1;+[|k|ΓR\in]1;+\infty[\cap\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma}. Ce sont alors deux  c𝑐c-polytopes analytiques de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} contenus dans le  c𝑐c-polytope analytique PRsubscript𝑃𝑅P_{R} ; il s’ensuit que ce sont deux  c𝑐c–polytopes de PRsubscript𝑃𝑅P_{R}, et leur intersection est dès lors un  c𝑐c-polytope de PRsubscript𝑃𝑅P_{R}, et partant un  c𝑐c-polytope analytique ; c’est par conséquent un  c𝑐c-polytope de Q𝑄Q aussi bien que de Qsuperscript𝑄Q^{\prime}, et les deux structures  c𝑐c-polytopales dont il hérite ainsi coïncident en vertu de 4.

Ainsi, 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} est un atlas c𝑐c-polytopal sur S𝑆S, et celui-ci est un c𝑐c-squelette de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}.

(4.8)Proposition. Soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique ΓΓ\Gamma-strict topologiquement séparé et soit (Xi)subscript𝑋𝑖(X_{i}) un G-recouvrement de X𝑋X par des domaines analytiques ΓΓ\Gamma-stricts. Soit ΣΣ\Sigma une partie localement fermée de X𝑋X. Les propositions suivantes sont équivalentes :

i) ΣΣ\Sigma est un c𝑐c-squelette de X𝑋X ;

ii) pour tout i𝑖i, l’intersection ΣXiΣsubscript𝑋𝑖\Sigma\cap X_{i} est un c𝑐c-squelette de Xisubscript𝑋𝑖X_{i}.

Démonstration. On sait déjà que i)\Rightarrowii) (4). Réciproquement, supposons que ii) soit vraie. Soit 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} l’ensemble des c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenus dans ΣΣ\Sigma. Soit xΣ𝑥Σx\in\Sigma. Par définition d’un G-recouvrement, il existe un ensemble fini I𝐼I d’indices tel que xiIXi𝑥subscript𝑖𝐼subscript𝑋𝑖x\in\bigcap\limits_{i\in I}X_{i} et tel que  iIXisubscript𝑖𝐼subscript𝑋𝑖\bigcup\limits_{i\in I}X_{i} soit un voisinage de x𝑥x dans X𝑋X. Fixons i𝑖i. Comme ΣXiΣsubscript𝑋𝑖\Sigma\cap X_{i} est un squelette de Xisubscript𝑋𝑖X_{i}, il existe une famille finie (Pij)jsubscriptsubscript𝑃𝑖𝑗𝑗(P_{ij})_{j} de c𝑐c-polytopes analytiques de Xisubscript𝑋𝑖X_{i} (ce sont aussi des c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X) qui contiennent x𝑥x, et tels que Pijsubscript𝑃𝑖𝑗\bigcup P_{ij} soit un voisinage de x𝑥x dans ΣXiΣsubscript𝑋𝑖\Sigma\cap X_{i}.

La réunion des Pijsubscript𝑃𝑖𝑗P_{ij} pour iI𝑖𝐼i\in I et j𝑗j variable est alors un voisinage de x𝑥x dans ΣΣ\Sigma. Comme chacun des Pijsubscript𝑃𝑖𝑗P_{ij} est un élément de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} qui contient x𝑥x, on voit que 𝔄𝔄{\mathfrak{A}} constitue un G-recouvrement de ΣΣ\Sigma.

Soient maintenant P𝑃P et Q𝑄Q deux éléments de 𝔄𝔄{\mathfrak{A}}. Nous allons montrer que PQ𝑃𝑄P\cap Q est un c𝑐c-polytope analytique, ce qui permettra de conclure.

Comme P𝑃P est un c𝑐c-polytope analytique, PXi𝑃subscript𝑋𝑖P\cap X_{i} est pour tout i𝑖i un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de P𝑃P, et est donc G-recouvert par les c𝑐c-polytopes analytiques qu’il contient. Ainsi, P𝑃P est G-recouvert par ses c𝑐c-polytopes qui sont contenus dans l’un des Xisubscript𝑋𝑖X_{i}. Par compacité, il s’écrit comme une union finie Pjsubscript𝑃𝑗\bigcup P_{j}, où chaque Pjsubscript𝑃𝑗P_{j} est un polytope analytique de Xi(j)subscript𝑋𝑖𝑗X_{i(j)} pour un certain indice i(j)𝑖𝑗i(j).

On écrit de même Q𝑄Q comme une union finie Qsubscript𝑄\bigcup Q_{\ell}, où chaque Qsubscript𝑄Q_{\ell} est un c𝑐c-polytope analytique de Xi()subscript𝑋𝑖X_{i(\ell)} pour un certain indice i()𝑖i(\ell).

Les c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenus dans P𝑃P sont exactement les c𝑐c-polytopes de P𝑃P, et une union finie de c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenue dans P𝑃P est donc encore un c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X. Pour montrer que PQ𝑃𝑄P\cap Q est un c𝑐c-polytope analytique, il suffit dès lors de montrer que PjQsubscript𝑃𝑗subscript𝑄P_{j}\cap Q_{\ell} est un c𝑐c-polytope analytique pour tout (j,)𝑗(j,\ell). On se ramène ainsi au cas où il existe deux indices i1subscript𝑖1i_{1} et i2subscript𝑖2i_{2} tel que PXi1𝑃subscript𝑋subscript𝑖1P\subset X_{i_{1}} et QXi2𝑄subscript𝑋subscript𝑖2Q\subset X_{i_{2}}.

L’intersection de P𝑃P avec Xi1Xi2subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}} est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de P𝑃P, et est donc un c𝑐c-squelette de Xi1Xi2subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}} ; ce c𝑐c-squelette est contenu dans l’intersection ΣXi1Xi2Σsubscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2\Sigma\cap X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}, qui est lui-même un c𝑐c-squelette de Xi1Xi2subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}} puisque ΣXi1Σsubscript𝑋subscript𝑖1\Sigma\cap X_{i_{1}} est un c𝑐c-squelette de Xi1subscript𝑋subscript𝑖1X_{i_{1}}. Par conséquent,  PXi1Xi2𝑃subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2P\cap X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}} est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ΣXi1Xi2Σsubscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2\Sigma\cap X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}. Il en va de même de QXi1Xi2𝑄subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2Q\cap X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}. Il en résulte que

PQ=(P(Xi1Xi2))(Q(Xi1Xi2))𝑃𝑄𝑃subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2𝑄subscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2P\cap Q=(P\cap(X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}))\cap(Q\cap(X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}))

est un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux du squelette  ΣXi1Xi2Σsubscript𝑋subscript𝑖1subscript𝑋subscript𝑖2\Sigma\cap X_{i_{1}}\cap X_{i_{2}}. Étant de sucroît compact, PQ𝑃𝑄P\cap Q est réunion finie de c𝑐c-polytopes analytiques ; comme il est inclus dans le c𝑐c-polytope analytique P𝑃P, il est lui-même un c𝑐c-polytope analytique, ce qui achève la preuve. \Box

5 Images réciproques du squelette standard de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}

Cette section est entièrement consacrée à la démonstration du théorème suivant ; on rappelle que Snsubscript𝑆𝑛S_{n} désigne le sous-ensemble {η𝐫}𝐫(+)nsubscriptsubscript𝜂𝐫𝐫superscriptsubscriptsuperscript𝑛\{\eta_{\bf r}\}_{{\bf r}\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}. Si F𝐹F est une extension complète de k𝑘k, on notera Sn,Fsubscript𝑆𝑛𝐹S_{n,F} le sous-ensemble {ηF,𝐫}𝐫(+)nsubscriptsubscript𝜂𝐹𝐫𝐫superscriptsubscriptsuperscript𝑛\{\eta_{F,\bf r}\}_{{\bf r}\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}} de 𝔾m,Fn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐹𝑛an{\mathbb{G}}_{m,F}^{n,\rm an}. C’est un (,|F|Γ)superscript𝐹Γ({\mathbb{Q}},\sqrt{|F^{*}|\cdot\Gamma})-squelette de 𝔾m,Fn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝐹𝑛an{\mathbb{G}}_{m,F}^{n,\rm an} (4).

(5.1)Théorème. Soit n𝑛n un entier et soit X𝑋X un espace k𝑘k-analytique topologiquement séparé et de dimension nabsent𝑛\leqslant n. Soit (φ1,,φm)subscript𝜑1subscript𝜑𝑚(\varphi_{1},\ldots,\varphi_{m}) une famille finie de morphismes de X𝑋X vers 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}. Pour toute extension complète F𝐹F de k𝑘k, on désigne par cFsubscript𝑐𝐹c_{F} le couple (,|F|Γ)superscript𝐹Γ({\mathbb{Q}},\sqrt{|F^{*}|\cdot\Gamma}) ; on écrira c𝑐c au lieu de cksubscript𝑐𝑘c_{k}.

1) La réunion des φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette de X𝑋X, vide si dimX<ndim𝑋𝑛\mbox{\rm dim}\;X<n.

2) Pour tout j𝑗j, l’application φj1(Sn)Snsuperscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n})\to S_{n} est G-localement une immersion d’espaces c𝑐c-linéaires par morceaux (notons que φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette de X𝑋X, d’après l’assertion 1) appliquée au cas d’un seul morphisme).

3) Pour toute extension complète F𝐹F de k𝑘k, l’application

φj,F1(Sn,F)φj,F1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗𝐹1subscript𝑆𝑛𝐹superscriptsubscript𝜑𝑗𝐹1subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j,F}^{-1}(S_{n,F})\to\bigcup\varphi_{j,F}^{-1}(S_{n})

est surjective, et c’est G-localement une immersion d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux.

4) Supposons de plus que X𝑋X est compact. Il existe alors une extension finie séparable F0subscript𝐹0F_{0} de k𝑘k telle que pour toute extension complète F𝐹F de F0subscript𝐹0F_{0} l’immersion d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux

φj,F1(Sn,F)φj,F01(Sn,F0)superscriptsubscript𝜑𝑗𝐹1subscript𝑆𝑛𝐹superscriptsubscript𝜑𝑗subscript𝐹01subscript𝑆𝑛subscript𝐹0\bigcup\varphi_{j,F}^{-1}(S_{n,F})\to\bigcup\varphi_{j,F_{0}}^{-1}(S_{n,F_{0}})

soit un isomorphisme.

(5.2)  Commençons par quelques remarques. Soit xSn𝑥subscript𝑆𝑛x\in S_{n}, soit j{1,,m}𝑗1𝑚j\in\{1,\ldots,m\} et soit yφj1(x)𝑦superscriptsubscript𝜑𝑗1𝑥y\in\varphi_{j}^{-1}(x). Comme dk(x)=nsubscript𝑑𝑘𝑥𝑛d_{k}(x)=n, on a dk(y)nsubscript𝑑𝑘𝑦𝑛d_{k}(y)\geqslant n pour tout antécédent y𝑦y de x𝑥x par φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j}. La dimension de X𝑋X étant majorée par n𝑛n, il vient dk(y)=nsubscript𝑑𝑘𝑦𝑛d_{k}(y)=n, et partant d(x)(y)=0subscript𝑑𝑥𝑦0d_{{\mathscr{H}}(x)}(y)=0. En conséquence :

\bullet si dimX<ndim𝑋𝑛\mbox{\rm dim}\;X<n alors φj1(Sn)=superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n})=\emptyset ;

\bullet les fibres de φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j} en les points de Snsubscript𝑆𝑛S_{n} sont purement de dimension nulle.

(5.3)  Le plan de la preuve est le suivant. Nous allons tout d’abord établir le théorème dans le cas où m=1𝑚1m=1, c’est-à-dire dans le cas où l’on ne considère qu’un seul morphisme de X𝑋X vers 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}. Nous montrerons ensuite l’assertion 1) dans le cas général, ce qui suffira à conclure : la combinaison de 1) dans le ças général et de 3) et 4) dans le cas où m=1𝑚1m=1 entraîne aussitôt 3) et 4) dans le cas général.

Preuve dans le cas où m=1𝑚1m=1

Pour alléger les notations, nous écrirons φ𝜑\varphi au lieu de φ1subscript𝜑1\varphi_{1}. Nous allons commencer par quelques réductions.

(5.4)  Les énoncés requis peuvent se tester après extension des scalaires au complété kparf^^subscript𝑘parf\widehat{k_{\rm parf}} de la clôture parfaite kparfsubscript𝑘parfk_{\rm parf} de k𝑘k. C’est immédiat, sauf peut-être à propos de 4) : concernant cette dernière assertion, il faut utiliser le fait que FFkkparf^maps-to𝐹subscripttensor-product𝑘𝐹^subscript𝑘parfF\mapsto F\otimes_{k}\widehat{k_{\rm parf}} établit une équivalence entre la catégorie des extensions finies séparables de k𝑘k et celle des extensions finies séparables de kparfsubscript𝑘parfk_{\rm parf}. Cela résulte de l’invariance topologique du site étale, appliquée à kkparf𝑘subscript𝑘parfk\hookrightarrow k_{\rm parf}, et du lemme de Krasner, pour passer à la complétion.

Ils sont par ailleurs insensibles à la présence de nilpotents : on peut donc supposer k𝑘k parfait et X𝑋X réduit.

(5.5)  En vertu de 4 et de la proposition 4, on peut raisonner G-localement sur X𝑋X. Cela permet tout d’abord de se ramener au cas où X𝑋X est affinoïde (et toujours ΓΓ\Gamma-strict). Puis il suffit, par compacité, d’exhiber pour tout xX𝑥𝑋x\in X un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X tel que (V,φ|V)(V,\varphi_{|V}) satisfasse le théorème.

Soit xX𝑥𝑋x\in X. Si x𝑥x n’appartient pas au compact φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}), il existe un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X qui ne rencontre pas φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}) ; le théorème est trivialement vérifié par (V,φ|V)(V,\varphi_{|V}).

Supposons maintenant que xφ1(Sn)𝑥superscript𝜑1subscript𝑆𝑛x\in\varphi^{-1}(S_{n}). On a alors dk(x)=nsubscript𝑑𝑘𝑥𝑛d_{k}(x)=n d’après 5 ; il s’ensuit que dimxX=nsubscriptdim𝑥𝑋𝑛\mbox{\rm dim}_{x}\;X=n, et que l’anneau local 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathscr{O}_{X,x} est artinien ([14], cor. 1.12). L’espace X𝑋X étant réduit, 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathscr{O}_{X,x} est un corps. Il est en particulier régulier, ce qui implique, k𝑘k étant parfait, que X𝑋X est quasi-lisse en x𝑥x.

Le lemme Géométrie analytique assure alors qu’il existe une k𝑘k-variété affine et lisse 𝒳𝒳\mathscr{X}, de dimension n𝑛n, et un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict V𝑉V de x𝑥x dans X𝑋X qui s’identifie à un domaine affinoïde de 𝒳ansuperscript𝒳an\mathscr{X}^{\rm an}. On peut toujours supposer V𝑉V connexe, puis 𝒳𝒳\mathscr{X} connexe, et donc intègre.

Comme dk(x)=nsubscript𝑑𝑘𝑥𝑛d_{k}(x)=n, le point x𝑥x est situé au-dessus du point générique η𝜂\eta de 𝒳𝒳\mathscr{X}. Le morphisme φ𝜑\varphi est donné par n𝑛n fonctions inversibles f1,,fnsubscript𝑓1subscript𝑓𝑛f_{1},\ldots,f_{n} sur V𝑉V. Le corps κ(η)=k(𝒳)𝜅𝜂𝑘𝒳\kappa(\eta)=k(\mathscr{X}) est dense dans (x)𝑥{\mathscr{H}}(x). Il existe donc des fonctions rationnelles g1,,gnsubscript𝑔1subscript𝑔𝑛g_{1},\ldots,g_{n} sur 𝒳𝒳\mathscr{X} telles que |gi(x)fi(x)|<|fi(x)|subscript𝑔𝑖𝑥subscript𝑓𝑖𝑥subscript𝑓𝑖𝑥|g_{i}(x)-f_{i}(x)|<|f_{i}(x)| pour tout i𝑖i. On peut restreindre V𝑉V de sorte que les gisubscript𝑔𝑖g_{i} soient définies sur V𝑉V, et de sorte que l’on ait |figi|<|fi|subscript𝑓𝑖subscript𝑔𝑖subscript𝑓𝑖|f_{i}-g_{i}|<|f_{i}| en tout point de V𝑉V. Soit ψ:V𝔾m,kn,an:𝜓𝑉superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an\psi:V\to{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} le morphisme induit par les gisubscript𝑔𝑖g_{i}.

Soit F𝐹F une extension complète du corps k𝑘k et soit y𝑦y un point de VFsubscript𝑉𝐹V_{F}. On a |fi(y)gi(y)|<|fi(y)|subscript𝑓𝑖𝑦subscript𝑔𝑖𝑦subscript𝑓𝑖𝑦|f_{i}(y)-g_{i}(y)|<|f_{i}(y)| ; autrement dit, fi(y)~=gi(y)~~subscript𝑓𝑖𝑦~subscript𝑔𝑖𝑦\widetilde{f_{i}(y)}=\widetilde{g_{i}(y)} dans le corps gradué résiduel (y)~~𝑦\widetilde{{\mathscr{H}}(y)}. La famille (fi(y)~)isubscript~subscript𝑓𝑖𝑦𝑖(\widetilde{f_{i}(y)})_{i} est donc algébriquement indépendante sur F~~𝐹\widetilde{F} si et seulement si c’est le cas de (gi(y)~)isubscript~subscript𝑔𝑖𝑦𝑖(\widetilde{g_{i}(y)})_{i}. Cette équivalence peut, en vertu de Valuations classiques et corps gradués résiduels, se reformuler ainsi : le point y𝑦y appartient à φ1(Sn,F)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛𝐹\varphi^{-1}(S_{n,F}) si et seulement si il appartient à ψ1(Sn,F)superscript𝜓1subscript𝑆𝑛𝐹\psi^{-1}(S_{n,F}). On peut donc, en remplaçant fisubscript𝑓𝑖f_{i} par la restriction de gisubscript𝑔𝑖g_{i} à V𝑉V pour tout i𝑖i, supposer que φ𝜑\varphi est induit par un morphisme 𝒰𝔾m,kn𝒰superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛\mathscr{U}\to{\mathbb{G}}_{m,k}^{n}, où 𝒰𝒰\mathscr{U} est un ouvert de Zariski de 𝒳𝒳\mathscr{X} tel que V𝒰an𝑉superscript𝒰anV\subset\mathscr{U}^{\rm an} (par abus, on notera encore φ𝜑\varphi ce morphisme, et (f1,,fn)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(f_{1},\ldots,f_{n}) la famille de fonctions inversible sur 𝒰𝒰\mathscr{U} qui le définit).

Comme φ(x)Sn𝜑𝑥subscript𝑆𝑛\varphi(x)\in S_{n}, il est situé au-dessus du point générique de  𝔾m,knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛{\mathbb{G}}_{m,k}^{n}. Par conséquent, φ(η)𝜑𝜂\varphi(\eta) est le point générique de 𝔾m,knsuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛{\mathbb{G}}_{m,k}^{n}, et le corps L:=k(𝒳)assign𝐿𝑘𝒳L:=k(\mathscr{X}) apparaît ainsi comme une extension finie de k(T1,,Tn)𝑘subscript𝑇1subscript𝑇𝑛k(T_{1},\ldots,T_{n}).

Le théorème 2 assure l’existence d’une famille finie (g1,,gr)subscript𝑔1subscript𝑔𝑟(g_{1},\ldots,g_{r}) d’éléments de L𝐿L telle que les gisubscript𝑔𝑖g_{i} séparent les prolongements de η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} à L𝐿L pour tout 𝐫(+)n𝐫superscriptsubscriptsuperscript𝑛{\bf r}\in({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} ; comme L𝐿L est un corps, on peut supposer que les gisubscript𝑔𝑖g_{i} sont inversibles. Le théorème 2 assure également qu’il existe une extension finie séparable F0subscript𝐹0F_{0} de k𝑘k et une famille finie p1,,pssubscript𝑝1subscript𝑝𝑠p_{1},\ldots,p_{s} d’éléments de F0kLsubscripttensor-product𝑘subscript𝐹0𝐿F_{0}\otimes_{k}L telles que p1,,pssubscript𝑝1subscript𝑝𝑠p_{1},\ldots,p_{s} séparent les extensions de ηF0,𝐫subscript𝜂subscript𝐹0𝐫\eta_{F_{0},{\bf r}} à FkLsubscripttensor-product𝑘𝐹𝐿F\otimes_{k}L pour toute extension complète F𝐹F de F0subscript𝐹0F_{0}.

Il existe un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict W𝑊W de x𝑥x dans 𝒰ansuperscript𝒰an\mathscr{U}^{\rm an} sur lequel les gisubscript𝑔𝑖g_{i} sont définies et inversibles et tel que les pjsubscript𝑝𝑗p_{j} soient définies sur WF0subscript𝑊subscript𝐹0W_{F_{0}} (pour ce dernier point, on utilise le fait que 𝒰kan𝒰ansubscriptsuperscript𝒰ansuperscript𝑘superscript𝒰an\mathscr{U}^{\rm an}_{k^{\prime}}\to\mathscr{U}^{\rm an} est fini, et en particulier topologiquement propre).

Le point x𝑥x étant situé au-dessus du point générique de 𝒳𝒳\mathscr{X}, et φ:𝒳𝔾m,kn:𝜑𝒳subscriptsuperscript𝔾𝑛𝑚𝑘\varphi:\mathscr{X}\to{\mathbb{G}}^{n}_{m,k} étant génériquement finie, φ𝜑\varphi est finie en x𝑥x. Par ailleurs, le point φ(x)𝜑𝑥\varphi(x) est situé sur Snsubscript𝑆𝑛S_{n}, et 𝒪𝔾m,kn,an,φ(x)subscript𝒪superscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an𝜑𝑥\mathscr{O}_{{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an},\varphi(x)} est dès lors un corps ; en conséquence, φ𝜑\varphi est fini et plat en x𝑥x.

On peut dès lors restreindre W𝑊W de sorte que φ𝜑\varphi induise un morphisme fini et plat WW𝑊superscript𝑊W\to W^{\prime}, où Wsuperscript𝑊W^{\prime} est un voisinage affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de φ(x)𝜑𝑥\varphi(x) dans 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}. Un morphisme fini et plat est ouvert ; il en résulte que φ(W)𝜑𝑊\varphi(W) contient un voisinage de φ(x)𝜑𝑥\varphi(x) dans Snsubscript𝑆𝑛S_{n}, et en particulier un pavé P𝑃P de la forme {η(r1,,rn}si<ri<ti\{\eta_{(r_{1},\ldots,r_{n}}\}_{s_{i}<r_{i}<t_{i}}, où les sisubscript𝑠𝑖s_{i} et les risubscript𝑟𝑖r_{i} appartiennent à |k|Γsuperscript𝑘Γ\sqrt{|k^{*}|\cdot\Gamma} pour tout i𝑖i, et où si<|Ti(x)|<tisubscript𝑠𝑖subscript𝑇𝑖𝑥subscript𝑡𝑖s_{i}<|T_{i}(x)|<t_{i} pour tout i𝑖i. Soit W0subscriptsuperscript𝑊0W^{\prime}_{0} l’intersection de W𝑊W avec le domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an} défini par la condition |𝐓|P𝐓𝑃|{\bf T}|\in P ; c’est un voisinage de φ(x)𝜑𝑥\varphi(x) dans Wsuperscript𝑊W^{\prime}. Quitte à remplacer W𝑊W par W×WW0subscriptsuperscript𝑊𝑊subscriptsuperscript𝑊0W\times_{W^{\prime}}W^{\prime}_{0}, on peut supposer que  φ(W)Sn𝜑𝑊subscript𝑆𝑛\varphi(W)\cap S_{n} est égal au pavé P𝑃P.

On peut remplacer V𝑉V par VW𝑉𝑊V\cap W, et donc supposer que V𝑉V est un domaine affinoïde ΓΓ\Gamma-strict de W𝑊W. Il résulte du 4 que pour que 1), 2), 3) et 4) soient vraies pour (V,φ)𝑉𝜑(V,\varphi), il suffit qu’elles le soient pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi).

(5.5.1)Preuve de 1, 2), et 3) pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi). Pour prouver 1), nous allons établir que φ|W1(Sn)\varphi_{|W}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-polytope analytique, en utilisant les conditions suffisantes exhibées par le lemme 4. Commençons par une remarque : si (h1,,hm)subscript1subscript𝑚(h_{1},\ldots,h_{m}) est une famille de fonctions analytiques inversibles sur W𝑊W, et si l’image par |𝐡|𝐡|{\bf h}| de W𝑊W est un c𝑐c-polytope de (+)msuperscriptsubscriptsuperscript𝑚({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{m}, son image par (|h1|,,|h|)subscript1subscript(|h_{1}|,\ldots,|h_{\ell}|) est un c𝑐c-polytope de (+)superscriptsubscriptsuperscript({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{\ell} pour tout m𝑚\ell\leqslant m (on utilise la projection de (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n} sur les \ell premières coordonnées).

En conséquence, pour que les conditions suffisantes du lemme 4 sont satisfaites, il suffit que pour toute famille (h1,,h)subscript1subscript(h_{1},\ldots,h_{\ell}) de fonctions inversibles sur W𝑊W, l’application (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gr|,|h1|,|h|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛subscript𝑔1subscript𝑔𝑟subscript1subscript(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{r}|,|h_{1}|,\ldots|h_{\ell}|) induise un homéomorphisme entre Q:=φ|W1(Sn)Q:=\varphi_{|W}^{-1}(S_{n}) et un c𝑐c-polytope de (+)n+r+superscriptsubscriptsuperscript𝑛𝑟({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n+r+\ell}.

Soit donc (h1,,h)subscript1subscript(h_{1},\ldots,h_{\ell}) une famille de fonctions analytiques inversibles sur W𝑊W, et soit λ𝜆\lambda l’application (|f1|,,|fn|,|g1|,,|gr|,|h1|,|h|)|W(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|,|g_{1}|,\ldots,|g_{r}|,|h_{1}|,\ldots|h_{\ell}|)_{|W}. Le théorème 3 assure que λ(W)𝜆𝑊\lambda(W) est un c𝑐c-polytope de (+)n+r+superscriptsubscriptsuperscript𝑛𝑟({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n+r+\ell}. Comme les fonctions gisubscript𝑔𝑖g_{i} séparent les antécédents de η𝐫subscript𝜂𝐫\eta_{\bf r} sur le corps L𝐿L pour tout 𝐫𝐫\bf r, la restriction de λ𝜆\lambda à Q𝑄Q est injective, et induit en conséquence, par un argument de compacité, un homéomorphisme entre Q𝑄Q et son image λ(Q)𝜆𝑄\lambda(Q) dans λ(W)𝜆𝑊\lambda(W). Soit π𝜋\pi la projection sur les n𝑛n premières coordonnées, de (+)n+r+superscriptsuperscriptsubscript𝑛𝑟({\mathbb{R}}_{+}^{*})^{n+r+\ell} sur (+)nsuperscriptsubscriptsuperscript𝑛({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{n}.

Il reste à s’assure que λ(Q)𝜆𝑄\lambda(Q) est un c𝑐c-polytope. Pour cela, on choisit une triangulation 𝒯𝒯\mathscr{T} de λ(W)𝜆𝑊\lambda(W) en c𝑐c-polytopes convexes (on ne demande pas qu’il s’agisse de simplexes) de sorte que la projection π𝜋\pi sur les n𝑛n premières coordonnées soit affine sur chacune des cellules fermées de la triangulation. On note Qsuperscript𝑄Q^{\prime} la réunion des cellules fermées et de dimension n𝑛n de 𝒯𝒯\mathscr{T} auxquelles la restriction de π𝜋\pi est injective ; nous allons montrer que λ(Q)=Q𝜆𝑄superscript𝑄\lambda(Q)=Q^{\prime}, par double inclusion.

On a λ(Q)Q𝜆𝑄superscript𝑄\lambda(Q)\subset Q^{\prime}. Soit ξ𝜉\xi un point de λ(W)Q𝜆𝑊superscript𝑄\lambda(W)-Q^{\prime}. Le point ξ𝜉\xi possède un voisinage ouvert ΩΩ\Omega dans λ(W)𝜆𝑊\lambda(W) dont l’image par π𝜋\pi est contenue dans un polytope compact de dimension n1𝑛1n-1.

L’image réciproque λ1(Ω)superscript𝜆1Ω\lambda^{-1}(\Omega) est un ouvert de W𝑊W. Si λ1(Ω)superscript𝜆1Ω\lambda^{-1}(\Omega) rencontrait φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}), alors en vertu du caractère ouvert des morphismes finis et plats, son image par φ𝜑\varphi contiendrait un c𝑐c-polytope analytique Psuperscript𝑃P^{\prime} de 𝔾m,kn,ansuperscriptsubscript𝔾𝑚𝑘𝑛an{\mathbb{G}}_{m,k}^{n,\rm an}, contenu dans Snsubscript𝑆𝑛S_{n} et de dimension n𝑛n ; on aurait par construction Pπ(Ω)superscript𝑃𝜋ΩP^{\prime}\subset\pi(\Omega), en contradiction avec le choix de ΩΩ\Omega. Ainsi, ξλ(Q)𝜉𝜆𝑄\xi\notin\lambda(Q).

On a Qλ(Q)superscript𝑄𝜆𝑄Q^{\prime}\subset\lambda(Q). Soit ξ𝜉\xi un point de Qsuperscript𝑄Q^{\prime}. Supposons que λ1(ξ)superscript𝜆1𝜉\lambda^{-1}(\xi) ne rencontre pas φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}). Par propreté topologique de λ𝜆\lambda, il existe un voisinage polytopal compact R𝑅R de ξ𝜉\xi dans λ(W)𝜆𝑊\lambda(W) tel que λ1(R)superscript𝜆1𝑅\lambda^{-1}(R) ne rencontre pas φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}).

Soit yλ1(R)𝑦superscript𝜆1𝑅y\in\lambda^{-1}(R). Comme il n’appartient pas à φ1(Sn)superscript𝜑1subscript𝑆𝑛\varphi^{-1}(S_{n}), la famille des fi(y)~~subscript𝑓𝑖𝑦\widetilde{f_{i}(y)} est algébriquement liée sur le corps gradué k~~𝑘\widetilde{k} (Valuations classiques et corps gradués résiduels) ; le théorème 3 assure alors que y𝑦y possède un voisinage analytique compact dans λ1(R)superscript𝜆1𝑅\lambda^{-1}(R) dont l’image par (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) est un polytope de dimension n1absent𝑛1\leqslant n-1.

Par compacité, l’image de  λ1(R)superscript𝜆1𝑅\lambda^{-1}(R) par (|f1|,,|fn|)subscript𝑓1subscript𝑓𝑛(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|) est un polytope de dimension n1absent𝑛1\leqslant n-1. Mais cette image est égale à π(R)𝜋𝑅\pi(R). Or R𝑅R est un voisinage polytopal compact de ξ𝜉\xi, lequel appartient à Qsuperscript𝑄Q^{\prime} ; par conséquent, π(R)𝜋𝑅\pi(R) contient un polytope de dimension n𝑛n, et on aboutit ainsi à une contradiction.

Il s’ensuit que 1) est satisfaite par (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi), et donc vraie en général dès que m=1𝑚1m=1.

Montrons maintenant 2). Il résulte de 1) que l’application (|f1|,,|fn|)|Q(|f_{1}|,\ldots,|f_{n}|)_{|Q} est c𝑐c-linéaire par morceaux. En conséquence, QSn𝑄subscript𝑆𝑛Q\to S_{n} est c𝑐c-linéaire par morceaux. Par ailleurs, on a vu au 5 que les fibres de φ𝜑\varphi en les points de Snsubscript𝑆𝑛S_{n} sont purement de dimension nulle. Par compacité, les fibres de φ|W\varphi_{|W} en les points de Snsubscript𝑆𝑛S_{n} sont finies ; ainsi, QS𝑄𝑆Q\to S est une application c𝑐c-linéaire par morceaux à fibres finies, et c’est donc une immersion G-locale d’espaces c𝑐c-linéaires par morceaux. Il en résulte que 2) est vraie pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi), et donc en général lorsque m=1𝑚1m=1.

Il reste à établir 3). Soit F𝐹F une extension complète de k𝑘k. Considérons le diagramme commutatif

(φ|W)F1(Sn,F)Sn,Fφ|W1(Sn)Sn.superscriptsubscriptsubscript𝜑fragments|W𝐹1subscript𝑆𝑛𝐹subscript𝑆𝑛𝐹superscriptsubscript𝜑fragments|W1subscript𝑆𝑛subscript𝑆𝑛\vbox{\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 28.05122pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-28.05122pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{(\varphi_{|W})_{F}^{-1}(S_{n,F})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-6.5pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-31.40222pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 28.05124pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 52.05122pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 52.05122pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{S_{n,F}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 63.05325pt\raise-6.00221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 63.05325pt\raise-32.06891pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-19.00566pt\raise-41.90222pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\varphi_{|W}^{-1}(S_{n})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 19.00566pt\raise-41.90222pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 55.01845pt\raise-41.90222pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}$}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 55.01845pt\raise-41.90222pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{S_{n}}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces}}}}}.

Les flèches horizontales sont, en vertu de l’assertion 2) déjà prouvée lorsque m𝑚m est égal à 111, des immersions G-locales d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux, et la flèche verticale de droite est un isomorphisme d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux, d’après la description directe de Snsubscript𝑆𝑛S_{n}, de Sn,Fsubscript𝑆𝑛𝐹S_{n,F} et des structures linéaires par morceaux sur ces derniers. Il s’ensuit que la flèche verticale de gauche est une immersion G-locale d’espaces c𝑐c-linéaires par morceaux. Elle est par ailleurs surjective. En effet, soit yφ1(Sn)𝑦superscript𝜑1subscript𝑆𝑛y\in\varphi^{-1}(S_{n}) et soit z𝑧z le point de Sn,Fsubscript𝑆𝑛𝐹S_{n,F} qui correspond à φ(y)𝜑𝑦\varphi(y) via l’homéomorphisme Sn,FSnsubscript𝑆𝑛𝐹subscript𝑆𝑛S_{n,F}\to S_{n}. Tout idéal maximal de la (z)𝑧{\mathscr{H}}(z)-algèbre finie et non nulle (z)(φ(y)(y)){\mathscr{H}}(z)\otimes_{{\mathscr{H}}(\varphi(y)}{\mathscr{H}}(y)) définit alors un antécédent de z𝑧z sur WFsubscript𝑊𝐹W_{F} situé au-dessus de y𝑦y. Ainsi, 3) est vraie pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi), et partant en général lorsque m=1𝑚1m=1.

(5.5.2)Preuve de 4) pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi). Soit F𝐹F une extension complète de F0subscript𝐹0F_{0}. On dispose d’un diagramme commutatif

φF1(Sn,F)superscriptsubscript𝜑𝐹1subscript𝑆𝑛𝐹\textstyle{\varphi_{F}^{-1}(S_{n,F})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Sn,Fsubscript𝑆𝑛𝐹\textstyle{S_{n,F}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}φF01(Sn,F0)superscriptsubscript𝜑subscript𝐹01subscript𝑆𝑛subscript𝐹0\textstyle{\varphi_{F_{0}}^{-1}(S_{n,F_{0}})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Sn,F0subscript𝑆𝑛subscript𝐹0\textstyle{S_{n,F_{0}}}

dans lequel la flèche verticale de droite est un homéomorphisme. Par construction, les fonctions pisubscript𝑝𝑖p_{i} sont définies sur WF0subscript𝑊subscript𝐹0W_{F_{0}}, et les fonctions |pi|subscript𝑝𝑖|{p_{i}}| séparent les points des fibres de chacune des deux flèches horizontales du diagramme. Il s’ensuit immédiatement que la flèche verticale de gauche est injective. Comme c’est par ailleurs, en vertu de l’assertion 3) déjà prouvée pour m=1𝑚1m=1, une surjection, et une immersion G-locale d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux, c’est un isomorphisme d’espaces cFsubscript𝑐𝐹c_{F}-linéaires par morceaux. Ceci achève de montrer 4) pour (W,φ)𝑊𝜑(W,\varphi), et donc en général lorsque m=1𝑚1m=1.

(5.6)Preuve de 1) dans le cas général. On peut là encore, en vertu du lemme 4, raisonner G-localement sur X𝑋X et donc supposer X𝑋X compact. Pour tout j𝑗j, notons  f1,j,,fn,jsubscript𝑓1𝑗subscript𝑓𝑛𝑗f_{1,j},\ldots,f_{n,j} les fonctions inversibles qui définissent φjsubscript𝜑𝑗\varphi_{j}. Soit Y𝑌Y l’espace affine relatif sur X𝑋X de dimension (relative) égale à nm𝑛𝑚nm et soit (Ti,j)subscript𝑇𝑖𝑗(T_{i,j}) la famille des fonctions coordonnées sur Y𝑌Y. Pour tout i𝑖i, posons gi=jfi,jTi,jsubscript𝑔𝑖subscript𝑗subscript𝑓𝑖𝑗subscript𝑇𝑖𝑗g_{i}=\sum_{j}f_{i,j}T_{i,j}.

Pour tout xX𝑥𝑋x\in X, désignons par σ(x)𝜎𝑥\sigma(x) le point ηri,j(x)subscript𝜂subscript𝑟𝑖𝑗𝑥\eta_{r_{i,j}(x)} de Yx𝔸(x)nm,ansimilar-to-or-equalssubscript𝑌𝑥subscriptsuperscript𝔸𝑛𝑚an𝑥Y_{x}\simeq{\mathbb{A}}^{nm,{\rm an}}_{{\mathscr{H}}(x)}, où ri,j(x)subscript𝑟𝑖𝑗𝑥r_{i,j}(x) est égal pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j) à 1/|fi,j(x)|1subscript𝑓𝑖𝑗𝑥1/|f_{i,j}(x)|. L’application σ𝜎\sigma est une section de YX𝑌𝑋Y\to X. Elle est continue : pour le voir, on se ramène immédiatement au cas où X𝑋X est affinoïde, d’algèbre associée 𝒜𝒜\mathscr{A} ; et l’on remarque alors que pour tout polynôme P=aI𝐓I𝒜[𝐓]𝑃subscript𝑎𝐼superscript𝐓𝐼𝒜delimited-[]𝐓P=\sum a_{I}{\bf T}^{I}\in\mathscr{A}[{\bf T}] l’application qui envoie le point x𝑥x sur |P(σ(x))|=max|aI(x)|𝐫(x)I𝑃𝜎𝑥subscript𝑎𝐼𝑥𝐫superscript𝑥𝐼|P(\sigma(x))|=\max|a_{I}(x)|{\bf r}(x)^{I} est continue.

Soit ψ𝜓\psi le morphisme Y𝔾mnm+n,an𝑌superscriptsubscript𝔾𝑚𝑛𝑚𝑛anY\to{\mathbb{G}}_{m}^{nm+n,\rm an} défini par les Ti,jsubscript𝑇𝑖𝑗T_{i,j} et les gisubscript𝑔𝑖g_{i}, et soit ΘΘ\Theta le fermé ψ1(Sm+n)superscript𝜓1subscript𝑆𝑚𝑛\psi^{-1}(S_{m+n}) de Y𝑌Y. En vertu du cas m=1𝑚1m=1 déjà traité, ΘΘ\Theta est un c𝑐c-squelette de Y𝑌Y.

(5.6.1)  Soit xφj1(Sn)𝑥superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛x\in\bigcup\varphi_{j}^{-1}(S_{n}). Le point y:=σ(x)assign𝑦𝜎𝑥y:=\sigma(x) de Y𝑌Y appartient alors à ΘΘ\Theta. En effet, soit j0subscript𝑗0j_{0} tel que xφj01(Sn)𝑥superscriptsubscript𝜑subscript𝑗01subscript𝑆𝑛x\in\varphi_{j_{0}}^{-1}(S_{n}). Il s’agit de montrer que

((Ti,j(y)~)i,j,(gi(y)~)i)subscript~subscript𝑇𝑖𝑗𝑦𝑖𝑗subscript~subscript𝑔𝑖𝑦𝑖\left(\;(\widetilde{T_{i,j}(y)})_{i,j},\;(\widetilde{g_{i}(y)})_{i}\right)

est une famille algébriquement indépendante sur le corps gradué k~~𝑘\widetilde{k} (Valuations classiques et corps gradués résiduels). Or il résulte de notre construction que :

  • les Ti,j(y)~~subscript𝑇𝑖𝑗𝑦\widetilde{T_{i,j}(y)} sont algébriquement indépendants sur (x)~~𝑥\widetilde{{\mathscr{H}}(x)}\leavevmode\nobreak\ , et a fortiori sur k~(fi,j(x)~)i,j~𝑘subscript~subscript𝑓𝑖𝑗𝑥𝑖𝑗\widetilde{k}(\widetilde{f_{i,j}(x)})_{i,j} ;

  • les fi,j0(x)~~subscript𝑓𝑖subscript𝑗0𝑥\widetilde{f_{i,j_{0}}(x)} sont algébriquement indépendants sur k~~𝑘\widetilde{k}.

L’assertion requise résulte dès lors du lemme 5 ci-dessous.

(5.6.2)  Le cas m=1𝑚1m=1 déjà traité assure que φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un c𝑐c-squelette de X𝑋X pour tout j𝑗j ; il s’écrit donc comme une union finie (Pj,)subscriptsubscript𝑃𝑗(P_{j,\ell})_{\ell} de c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X. En conséquence, le compact φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est une union finie de c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X.

Soient P𝑃P et Q𝑄Q deux c𝑐c-polytopes analytiques de X𝑋X contenus dans φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j}^{-1}(S_{n}). Nous allons démontrer que leur intersection est un c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X, ce qui achèvera de prouver que φj1(Sn)superscriptsubscript𝜑𝑗1subscript𝑆𝑛\bigcup\varphi_{j}^{-1}(S_{n}) est un squelette.

Comme P𝑃P est un c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X, il existe un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict Z𝑍Z de X𝑋X contenant P𝑃P, et une famille (h1,,hr)subscript1subscript𝑟(h_{1},\ldots,h_{r}) de fonctions inversibles sur Z𝑍Z telles que (|h1|,,|hr|)subscript1subscript𝑟(|h_{1}|,\ldots,|h_{r}|) identifie P𝑃P à un c𝑐c-polytope ΠΠ\Pi de (+)rsuperscriptsubscriptsuperscript𝑟({\mathbb{R}}^{*}_{+})^{r}. L’image réciproque de Z𝑍Z sur Y𝑌Y est un domaine analytique ΓΓ\Gamma-strict de Y𝑌Y. Son intersection avec ΘΘ\Theta est donc un sous-espace c𝑐c-linéaire par morceaux de ce dernier, et |hs||(Y×XZ)Θ|h_{s}|_{|(Y\times_{X}Z)\cap\Theta} est c𝑐c-linéaire par morceaux pour tout s𝑠s. En vertu de 5, le compact σ(P)𝜎𝑃\sigma(P) est contenu dans (Y×XZ)Θsubscript𝑋𝑌𝑍Θ(Y\times_{X}Z)\cap\Theta. Comme Pσ(P)similar-to-or-equals𝑃𝜎𝑃P\simeq\sigma(P), la famille (|h1|,,|hr|)|(Y×XZ)Θ(|h_{1}|,\ldots,|h_{r}|)_{|(Y\times_{X}Z)\cap\Theta} identifie σ(P)𝜎𝑃\sigma(P) au c𝑐c-polytope ΠΠ\Pi.

Les fonctions |hs||(Y×XZ)Θ|h_{s}|_{|(Y\times_{X}Z)\cap\Theta} étant linéaires par morceaux, il en résulte que σ(P)𝜎𝑃\sigma(P) est un c𝑐c-polytope du squelette ΘΘ\Theta, et que sa structure c𝑐c-polytopale est induite par l’homéomorphisme

(|h1|,,|hr|)|σ(P):σ(P)Π.(|h_{1}|,\ldots,|h_{r}|)_{|\sigma(P)}:\sigma(P)\simeq\Pi.

Autrement dit, σ𝜎\sigma induit un isomorphisme c𝑐c-linéaire par morceaux entre P𝑃P et σ(P).𝜎𝑃\sigma(P). De même, le compact σ(Q)𝜎𝑄\sigma(Q) est un c𝑐c-polytope de ΘΘ\Theta (et σ𝜎\sigma induit un isomorphisme c𝑐c-linéaire par morceaux entre Q𝑄Q et σ(Q)𝜎𝑄\sigma(Q).)

Comme σ(P)𝜎𝑃\sigma(P) et σ(Q)𝜎𝑄\sigma(Q) sont deux c𝑐c-polytopes de ΘΘ\Theta, leur intersection est un c𝑐c-polytope de ΘΘ\Theta, et est donc un c𝑐c-polytope de σ(P)𝜎𝑃\sigma(P). Il s’ensuit que PQ𝑃𝑄P\cap Q est un c𝑐c-polytope de P𝑃P et donc un c𝑐c-polytope analytique de X𝑋X, ce qui achève la démonstration du théorème. \Box

(5.7)Lemme. Soit K𝐾K un corps gradué et soit L𝐿L une extension graduée de K𝐾K. Soient (fi,j)subscript𝑓𝑖𝑗(f_{i,j}) et (Ti,j)subscript𝑇𝑖𝑗(T_{i,j}) deux familles finies d’éléments homogènes de L𝐿L indexées par les couples (i,j)𝑖𝑗(i,j) d’entiers tels que 1in1𝑖𝑛1\leqslant i\leqslant n et 1jm1𝑗𝑚1\leqslant j\leqslant m. Pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j) on note si,jsubscript𝑠𝑖𝑗s_{i,j} le degré de Ti,jsubscript𝑇𝑖𝑗T_{i,j} ; on suppose que pour tout i𝑖i, les éléments homogènes Ti,jfi,jsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑓𝑖𝑗T_{i,j}f_{i,j} ont tous même degré risubscript𝑟𝑖r_{i} lorsque j𝑗j varie de 111 à m𝑚m, et l’on pose  gi=jfi,jTi,jsubscript𝑔𝑖subscript𝑗subscript𝑓𝑖𝑗subscript𝑇𝑖𝑗g_{i}=\sum_{j}f_{i,j}T_{i,j}. On fait les hypothèses suivantes :

a)a) il existe j0subscript𝑗0j_{0} tel que la famille (fi,j0)isubscriptsubscript𝑓𝑖subscript𝑗0𝑖(f_{i,j_{0}})_{i} soit algébriquement indépendante sur K𝐾K ;

b)b) la famille (Ti,j)i,jsubscriptsubscript𝑇𝑖𝑗𝑖𝑗(T_{i,j})_{i,j} est algébriquement indépendante sur K(fi,j)i,j𝐾subscriptsubscript𝑓𝑖𝑗𝑖𝑗K(f_{i,j})_{i,j}.

La famille obtenue en concaténant les familles (Ti,j)i,jsubscriptsubscript𝑇𝑖𝑗𝑖𝑗(T_{i,j})_{i,j} et la famille (gi)isubscriptsubscript𝑔𝑖𝑖(g_{i})_{i} est alors algébriquement indépendante sur K𝐾K.

Démonstration. Soit ρ>0𝜌0\rho>0 et soit P𝑃P un élément homogène de degré ρ𝜌\rho de K[(Xi,j/si,j)i,j,Y1/r1,,Yn/rn]𝐾subscriptsubscript𝑋𝑖𝑗subscript𝑠𝑖𝑗𝑖𝑗subscript𝑌1subscript𝑟1subscript𝑌𝑛subscript𝑟𝑛K[(X_{i,j}/s_{i,j})_{i,j},Y_{1}/r_{1},\ldots,Y_{n}/r_{n}] tel que P((Ti,j)i,j,g1,,gn)=0𝑃subscriptsubscript𝑇𝑖𝑗𝑖𝑗subscript𝑔1subscript𝑔𝑛0P((T_{i,j})_{i,j},g_{1},\ldots,g_{n})=0 ; on veut montrer que P=0𝑃0P=0, et l’on raisonne pour ce faire par l’absurde. On suppose donc que P𝑃P est non nul ; écrivons

P=a(ei,j),(ei)Xi,jei,jYiei.𝑃subscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑋𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗productsuperscriptsubscript𝑌𝑖subscriptsuperscript𝑒𝑖P=\sum a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\prod X_{i,j}^{e_{i,j}}\prod Y_{i}^{e^{\prime}_{i}}.

L’ensemble \mathscr{E} des multi-exposants ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})) tels que  a(ei,j),(ei)0subscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖0a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\neq 0 est non vide ; soit N𝑁N le plus grand des entiers

iei,j0+ieisubscript𝑖subscript𝑒𝑖subscript𝑗0subscript𝑖subscriptsuperscript𝑒𝑖\sum_{i}e_{i,j_{0}}+\sum_{i}e^{\prime}_{i}

pour  ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})) parcourant \mathscr{E}, et soit superscript\mathscr{E}^{\prime} le sous-ensemble de \mathscr{E} formé des exposants en lesquels ce maximum est atteint.

On a

P((Ti,j)i,j,g1,,gn)=a(ei,j),(ei)i,jTi,jei,ji(jfi,jTi,j)ei.𝑃subscriptsubscript𝑇𝑖𝑗𝑖𝑗subscript𝑔1subscript𝑔𝑛subscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖subscriptproduct𝑖𝑗superscriptsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗subscriptproduct𝑖superscriptsubscript𝑗subscript𝑓𝑖𝑗subscript𝑇𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖P((T_{i,j})_{i,j},g_{1},\ldots,g_{n})=\sum a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\prod_{i,j}T_{i,j}^{e_{i,j}}\prod_{i}\left(\sum_{j}f_{i,j}T_{i,j}\right)^{e^{\prime}_{i}}.

Lorsqu’on développe cette expression, on obtient une somme de termes de la forme A(ei,j)Ti,jei,jsubscript𝐴subscript𝑒𝑖𝑗productsuperscriptsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗A_{(e_{i,j})}\prod T_{i,j}^{e_{i,j}}, où ei,j0Nsubscript𝑒𝑖subscript𝑗0𝑁\sum e_{i,j_{0}}\leqslant N, et où A(ei,j)subscript𝐴subscript𝑒𝑖𝑗A_{(e_{i,j})} est somme de monômes en les fi,jsubscript𝑓𝑖𝑗f_{i,j} qui sont tous homogènes de degré ρsi,jei,j𝜌productsuperscriptsubscript𝑠𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗\rho\prod s_{i,j}^{-e_{i,j}} ; l’hypothèse b) assure alors que chacun des A(ei,j)subscript𝐴subscript𝑒𝑖𝑗A_{(e_{i,j})} est nul.

Soit ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i}))\in\mathscr{E}. Il résulte de la définition de N𝑁N que

a(ei,j),(ei)Ti,jei,j(jfi,jTi,j)eisubscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗productsuperscriptsubscript𝑗subscript𝑓𝑖𝑗subscript𝑇𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\prod T_{i,j}^{e_{i,j}}\prod\left(\sum_{j}f_{i,j}T_{i,j}\right)^{e^{\prime}_{i}}

s’écrit comme la somme de

a(ei,j),(ei)fi,j0eiTi,jei,jTi,j0eisubscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑓𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗productsuperscriptsubscript𝑇𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝑒𝑖a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\prod f_{i,j_{0}}^{e^{\prime}_{i}}\prod T_{i,j}^{e_{i,j}}\prod T_{i,j_{0}}^{e^{\prime}_{i}}

et de monômes en les Ti,jsubscript𝑇𝑖𝑗T_{i,j} dont le degré total (monomial) en les variables Ti,j0subscript𝑇𝑖subscript𝑗0T_{i,j_{0}} est strictement inférieur à N𝑁N. Quant au degré monomial total en les variables Ti,j0subscript𝑇𝑖subscript𝑗0T_{i,j_{0}} du terme

a(ei,j),(ei)fi,j0eiTi,jei,jTi,j0ei,subscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑓𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝑒𝑖productsuperscriptsubscript𝑇𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗productsuperscriptsubscript𝑇𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝑒𝑖a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})}\prod f_{i,j_{0}}^{e^{\prime}_{i}}\prod T_{i,j}^{e_{i,j}}\prod T_{i,j_{0}}^{e^{\prime}_{i}},

il est majoré par N𝑁N avec égalité si et seulement si ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖superscript((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i}))\in\mathscr{E}^{\prime}.

Fixons ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖superscript((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i}))\in\mathscr{E}^{\prime}. Pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j), l’on pose ei,j=ei,jsubscriptsuperscript𝑒𝑖𝑗subscript𝑒𝑖𝑗e^{\prime}_{i,j}=e_{i,j} si jj0𝑗subscript𝑗0j\neq j_{0} et ei,j0=ei,j0+eisubscriptsuperscript𝑒𝑖subscript𝑗0subscript𝑒𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝑒𝑖e^{\prime}_{i,j_{0}}=e_{i,j_{0}}+e^{\prime}_{i}. Il découle de ce qui précède que A(ei,j)=a(εi,j),(εi)fi,j0εisubscript𝐴subscriptsuperscript𝑒𝑖𝑗subscript𝑎subscript𝜀𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜀𝑖productsuperscriptsubscript𝑓𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝜀𝑖A_{(e^{\prime}_{i,j})}=\sum a_{(\varepsilon_{i,j}),(\varepsilon^{\prime}_{i})}\prod f_{i,j_{0}}^{\varepsilon^{\prime}_{i}}, où ((εi,j),(εi))subscript𝜀𝑖𝑗subscriptsuperscript𝜀𝑖((\varepsilon_{i,j}),(\varepsilon^{\prime}_{i})) parcourt la famille \mathscr{F} des multi-exposants tels que l’on ait pour tout (i,j)𝑖𝑗(i,j) les égalités εi,j=ei,jsubscript𝜀𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖𝑗\varepsilon_{i,j}=e^{\prime}_{i,j} si jj0𝑗subscript𝑗0j\neq j_{0} et εi,j0+εi=ei,j0subscript𝜀𝑖subscript𝑗0subscriptsuperscript𝜀𝑖subscriptsuperscript𝑒𝑖subscript𝑗0\varepsilon_{i,j_{0}}+\varepsilon^{\prime}_{i}=e^{\prime}_{i,j_{0}} ; notons que la donnée de (εi)subscriptsuperscript𝜀𝑖(\varepsilon^{\prime}_{i}) détermine entièrement un multi-exposant de \mathscr{F}, et que ((ei,j),(ei))subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖((e_{i,j}),(e^{\prime}_{i}))\in\mathscr{F}.

Ainsi, A(ei,j)subscript𝐴subscriptsuperscript𝑒𝑖𝑗A_{(e^{\prime}_{i,j})} apparaît comme un polynôme en les fi,j0subscript𝑓𝑖subscript𝑗0f_{i,j_{0}}. On a vu plus haut que  A(ei,j)=0subscript𝐴subscriptsuperscript𝑒𝑖𝑗0A_{(e^{\prime}_{i,j})}=0, ce qui entraîne que chacun de ses coefficients est nul en vertu de l’hypothèse a) ; mais l’un de ses coefficients est égal à a(ei,j),(ei)subscript𝑎subscript𝑒𝑖𝑗subscriptsuperscript𝑒𝑖a_{(e_{i,j}),(e^{\prime}_{i})} qui est non nul, ce qui débouche sur une contradiction et achève la démonstration. \Box

Références

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