0. Introduction
On sait, depuis Newton et Puiseux que, pour un corps de caractéristique et algébriquement clos, alors peut être plongé dans le corps des séries de Puiseux qui est algébriquement clos. De plus, si est muni de la valuation triviale et de la valuation -adique, on peut alors munir le corps des séries de Puiseux d’une valuation de telle sorte que la restriction à soit la valuation -adique: c’est un exemple d’extension maximalement complète (voir [6] et [8]).
Krull ([6]) montra, à l’aide du Lemme de Zorn, que tout corps muni d’une valuation possède une extension maximale et que tout corps de séries de Puiseux, muni de sa valuation naturelle, est maximale. L’existence et l’unicité de cette extension maximale fut posée par Kaplansky ([4]) qui la démontra en caractéristique nulle ainsi que sa non-unicité en caractéristique positive. De plus, Poonen ([8]) a montré que si le groupe des valeurs de la valuation est divisible et si le corps est algébriquement clos, alors l’extension maximalement complète est algébriquement close.
La question qui vient alors naturellement est: quelle est la forme de cette extension ? En caractéristique positive, on sait qu’elle n’est pas de la forme puisque l’équation d’Artin-Schreier n’y possède aucune solution (voir [1], [2]). Il est alors naturel de considérer des anneaux de séries généralisées où les puissances de varient sur un ensemble bien ordonné. De tels anneaux sont appelés des anneaux de Mal’cev-Neumann introduits en premier par Hahn en 1908 puis étudiés par Krull en 1932 (voir [6]).
En 1942, Kaplansky ([4]) montre que tout corps muni d’une valuation ayant un groupe des valeurs divisible et un corps résiduel algébriquement clos se plonge dans une extension maximalement close. Remarquons que deux cas se présentent: ou bien la restriction à ou est la valuation triviale (cas équicaractéristique), ou bien la restriction à est la valuation -adique (cas mixte). Il a également montré que dans le cas équicaractéristique, l’extension maximale est un anneau de Mal’cev-Neumann.
En 1993, Poonen ([8]) décrit explicitement les extensions dans les deux cas. Si est un corps valué de groupe des valeurs divisible et de corps résiduel algébriquement clos, alors il existe des plongements dans des anneaux de Mal’cev-Neumann maximalement complets:
-
(1)
(cas équicaractéristique);
-
(2)
, où est l’anneau des vecteurs de Witt de (cas mixte) .
Dans tous les cas les preuves ne construisent pas explicitement le plongement.
Depuis quelques années, la théorie des valuations reprend une place importante dans la résolution des singularités et notamment dans l’uniformisation locale des schémas quasi-excellents ,voir par exemple [9]. Les questions d’avoir un Théorème de Kaplansky et de connaître explicitement le plongement se posent alors naturellement, on connaît l’intérêt d’avoir une paramétrisation de Puiseux pour l’uniformisation locale des courbes sur un corps de caractéristique .
Dans cet article on se propose donc de décrire de manière explicite un plongement d’un anneau local régulier et complet muni d’une valuation de rang à l’aide des polynômes-clés définis dans [3] et [7], résultat qui généralise ceux de Kaplansky et Poonen.
Dans la première et la deuxième partie, nous définissons les anneaux de Mal’cev-Neumann en suivant [5] et [8] et nous en construisons deux explicitement.
Dans la troisième partie, nous proposons quelques rappels sur les polynômes-clés définis pour des valuations de rang . Cet outil est essentiel car il permet de connaître la valuation seulement par la connaissance de la collection bien ordonnée des polynômes-clés, collection qui existe d’aprés [3] et [9].
Dans la quatrième partie, nous énonçons et démontrons de manière effective le Théorème de plongement de Kaplansky pour des anneaux locaux, réguliers, complets munis d’une valuation de rang .
Dans la dernière partie, nous démontrons des résultats de dépendance intégrale valables en caractéristique mixte qui sont à rapprocher de ceux de Spivakovsky ([9]) dans le cadre de l’uniformisation locale des schémas quasi-excellents.
Je tiens à remercier M. Spivakovsky pour son aide précieuse, ses conseils avisés et la liberté qu’il me permet d’avoir dans mes recherches.
Notations. Soit un anneau local, régulier, complet et de dimension . On note:
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Si est de caractéristique mixte, on suppose de plus que . Par le théorème de Cohen, on peut supposer que:
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où est un anneau complet de valuation discrète de paramètre régulier et de corps résiduel . On note:
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(on notera parfois ).
Soit une valuation de , centrée en , de groupe des valeurs , telle que soit de rang . On écrit son anneau de valuation et on suppose que est algébrique sur . On note, le plus petit sous-groupe isolé non-nul de et:
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Posons le plus petit tel que les soient -linéairements indépendants si est équicaractéristique, ou bien le plus petit tel que les soient -linéairements indépendants si est de caractéristique mixte.
On supposera alors, quitte à renuméroter les variables, que:
sont -linéairements indépendantes et sont -combinaisons linéaires de si est équicaractéristique;
sont -linéairements indépendantes et sont -combinaisons linéaires de si est de caractéristique mixte.
On note la valuation monômiale de associée à (voir [9], Définition 3.10), c’est-à-dire, si où est un multi-indice, (resp. ) (resp. ) et (resp. ), alors:
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Enfin, si est un anneau, tels que , tels que le degré de est strictement inférieur à celui de , on note:
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Si , on notera plus simplement au lieu de .
Supposons de plus que est intègre, considérons une valuation de et , on note:
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et l’image de dans .
3. Rappels sur les polynômes-clés
On va faire quelques rappels sur les polynômes-clés introduits dans [3] et [9] pour des valuations de rang . Pour une présentation plus axiomatique des polynômes-clés, on pourra regarder la présentation faite par M. Vaquié ([10], [11], [12], [13], [14]). Un lien entre les deux constructions des polynômes-clés est faite dans les travaux de W. Mahboub ([7]).
Soit une extension de corps simple et transcendante. Soit une valuation de , notons . On note le groupe des valeurs de et celui de . On suppose de plus que est de rang et que . Enfin, rappelons que pour , on note:
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et l’image de dans .
{defi}
Un ensemble complet de polynômes-clés pour est une collection bien ordonnée:
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telle que, pour tout , le groupe additif soit engendré par des produits de la forme , , tels que .
Theorem 6.
([3], Théorème 62)
Il existe une collection qui soit un ensemble complet de polynômes-clés.
Remark 7.
La preuve consiste à construire par récurrence transfinie l’ensemble de polynômes-clés de type d’ordre au plus .
{defi}
Soit , un indice est dit l-essentiel s’il existe tel que ou et . Dans le cas contraire, on dit que est l-inessentiel.
Soit , on note:
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On utilise également la notation où les sont tous nuls sauf pour un nombre fini d’entres eux, .
Pour , on note:
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{defi}
Un multi-indice est dit standard par rapport à si , pour et si est -inessentiel, l’ensemble est de cardinal au plus .
Un monôme l-standard en est un produit de la forme , où et est standard par rapport à .
Un développement l-standard n’impliquant pas est une somme finie de monômes -standards n’impliquant pas où appartient à un sous-ensemble fini de et est une somme de monômes standards de valuation vérifiant .
{defi}
Soient et , un développement i-standard de f est une expression de la forme:
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où est un développement -standard n’impliquant pas .
Remark 8.
Un tel développement existe, par division Euclidienne et est unique dans le sens où les sont uniques.
{defi}
Soient , et un développement -standard de . On définit la i-troncature de , notée , comme étant la pseudo-valuation:
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Remark 9.
On peut montrer que c’est en fait une valuation. On a de plus:
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On termine en donnant la Proposition 10.1 (Corollaire 50 de [3]) et le Corollaire 10.15 de [9] que nous utiliserons dans les preuves des Propositions 17 et 22.
Proposition 10.
, ,
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où et le plus petit qui maximise .
De plus, il existe calculé en fonction du développement -standard de , tel que:
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Proposition 11.
Soit le développement -standard de , on pose:
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Soit , écrivons sous la forme , où ne divise pas si .
Supposons que divise , pour tout tels que .
Alors:
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et le minimum est atteint pour tout les vérifiant la condition de divisibilité précédente.
On va utiliser les polynômes-clés dans le cadre des anneaux locaux réguliers, ils interviennent de manière fondamentale dans la démonstration du Théorème 13.
Polynômes-clés dans une tour d’extensions de corps. Pour , on note l’ensemble des polynômes-clés de l’extension , , le groupe des valeurs de et la -troncature de pour cette extension. Soient et le plus petit élément de qui maximise , où , . Soit , on a:
Lemma 12.
([9], Lemme 10.4)
La suite est strictement croissante.
Preuve: Nous reprennons la preuve du Lemme 10.4 de [9]. Fixons et considérons , deux ordinaux. Il faut montrer que:
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On peut supposer que (c’est-à-dire ou ), on conclut dans le cas général par récurrence transfinie sur . Par la Proposition 10, il existe calculé en fonction du développement -standard de , tel que:
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Vu que , on montre facilement que:
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Par définition du développement -standard, on a:
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Ainsi, par définition de :
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On en conclut que la suite est strictement croissante, pour tout .
∎
4. Le théorème de plongement de Kaplansky
Dans cette section, on suppose que est un anneau local complet régulier de dimension . Si est de caractéristique mixte, on suppose de plus que . Notons une valuation de , centrée en , de groupe des valeurs et telle que soit de rang .
Theorem 13.
Il existe un anneau de Mal’cev-Neumann et un monomorphisme d’anneaux
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tel que soit la restriction à de la valuation de Mal’cev-Neumann associée à .
Pour , on appelle un développement de Puiseux de par rapport à .
Remark 14.
Remark 15.
On sait que:
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la preuve consiste donc à définir, par récurrence transfinie, le développement de Puiseux de (resp. ) à l’aide des polynômes-clés.
Preuve: On va faire la preuve de ce théorème seulement dans le cas où est de caractéristique mixte. Le cas où est équicaractéristique se traite de la même manière en remplaçant par et en prenant les coefficients directement dans .
Dans ce qui suit on va construire un développement de Puiseux en lien avec les polynômes-clés. Remarquons que définir un développement de Puiseux pour un élément de revient à définir séries formellement indépendantes sur .
On va construire le morphisme par récurrence sur . Si , on pose et , (remarquons que, pour que soit un morphisme, comme est de rang , on choisit une fois pour toute un plongement qui envoie sur ).
Supposons que et que l’on a déjà construit un monomorphisme d’anneaux valués:
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tel que soit induite par la valuation -adique, désignant l’anneau . Pour , on note .
Nous allons construire la série généralisée par récurrence transfinie sur un sous-ensemble bien ordonné de .
Soit , on note et par convention, si , on prendra (c’est-à-dire le plus petit ordinal strictement plus grand que n’importe quel élément de ).
Supposons donnée une série généralisée , on considère le morphisme d’anneaux défini par:
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{defi}
On dit que est un développement de Puiseux partiel de si les deux conditions suivantes sont vérifiées pour tout :
-
(1)
, tel que ;
-
(2)
(si , on considère cette condition toujours vérifiée).
Soit une nouvelle variable et considérons le morphisme d’anneaux
défini par:
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On note l’extension à de la valuation -adique de telle que et on suppose que est transcendant sur . On pose alors où est vu comme sous-anneau de via le monomorphisme .
Supposons que , alors . Sinon, supposons que , c’est-à-dire qu’il existe tel que . On note alors:
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Lemma 16.
On a les assertions suivantes:
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(1)
La valuation est l’unique valuation telle que:
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et est transcendant sur .
-
(2)
Considérons les sous-algèbres graduées et . On a alors un isomorphisme d’algèbres graduées:
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qui peut être étendu en un isomorphisme entre et en envoyant sur , mais la graduation n’est, en général, pas préservée, sauf si l’une des deux conditions équivalentes de (3) est vérifiée.
-
(3)
ssi .
-
(4)
, .
Supposons que (donc ). On a alors, pour tout :
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En particulier, il y a égalité si n’apparaît pas dans .
Preuve: (1): par définition de , et . Pour , alors, et comme est un développement de Puiseux partiel, on obtient l’égalité:
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Enfin, comme:
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on en déduit que:
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où le minimum est atteint avec si , une puissance de sinon. Ainsi, apparaît dans . Comme est transcendant sur , on en déduit que est transcendant sur . L’unicité de vérifiant les propriétés précédemment démontrées provient de la définition même de cette valuation.
(2): Par définition et construction des polynômes-clés et de la valuation tronquée , on obtient l’égalité:
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qui nous définit un isomorphisme naturel d’algèbres graduées:
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En envoyant sur , on prolonge l’isomorphisme précédent en un isomorphisme entre et , la graduation étant préservée seulement si .
(3): Supposons que , par définition des polynômes-clés et de , il suffit de montrer que . Soit tel que . Par définition de , on a:
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Par définition de , on a:
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c’est-à-dire:
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Réciproquement, si , alors:
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ce qui donne:
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Enfin, rappelons que, par définition de , .
(4): Par la Remarque 9, pour tout , . La première équivalence est évidente, la deuxième provient du fait que l’on a supposé et que ainsi que .
∎
Commençons notre récurrence transfinie par . On pose alors et on a , ; est ainsi un développement de Puiseux partiel de .
Supposons construit pour un certain tel que et définissons le coefficient de de . On suppose également, par hypothèse de récurrence, que ou que .
Si , comme , alors et donc . Dans ce cas on a et on pose alors:
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Si alors et donc:
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tels que:
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On pose alors:
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Notons les supports respectifs de , , on note alors pour et .
Posons, pour , , son image modulo , et . Soit une variable indépendante, si on remplace par dans , on obtient un résultat de la forme:
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On note alors l’image de modulo .
De plus, pour , est de la forme:
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et est de la forme:
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Notons et dans les images respectives de et de modulo .
Ainsi, induit une équation algébrique en sur , on note alors une de ses racines et un relevé. Deux cas se présentent:
-
(1)
est transcendant sur .
On pose alors
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on a et on arrête l’algorithme.
-
(2)
est algébrique sur .
On note alors
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et
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Enfin, on pose:
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ceci nous définit alors un nouveau développement de Puiseux partiel sur lequel on peut continuer la récurrence. En effet, remarquons que car si , alors, par définition de , et donc par définition de ; si , par le (3) du Lemme 16, et donc, toujours par définition . Ainsi, le (1) de la Définition 4 est toujours vérifié lorsque ; si , c’est également vrai vu que, dans ce cas, . Quant au (2), on vient de voir que pour ; si , comme la suite est croissante, on a, lorsque :
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On en déduit que . Si , alors:
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par le (3) du Lemme 16.
Pour achever notre récurrence transfinie, il nous faut considérer le cas limite. Soient un sous-ensemble bien ordonné de n’ayant pas d’élément maximal et tels que , soit un développement de Puiseux partiel de . Notons .
Supposons d’abord que:
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Alors, pour tout et donc l’ensemble forme un système complet de polynômes-clés pour l’extension . Ainsi:
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On en déduit donc, à l’aide de la définition du développement de Puiseux partiel, que:
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Or tout tel que s’écrit , avec et .
On a alors:
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D’où, pour tout tel que , on a:
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Enfin, le même résultat est vrai pour tout tel que .
S’il existe un tel que , alors l’ensemble contient un élément maximal et donc il existe un tel que . Alors s’écrit de manière unique sous la forme , où , tel que . Par le cas précédent, et donc .
On définit alors et la construction du développement de Puiseux s’arrête.
Supposons, pour terminer, que:
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On note alors
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et
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Enfin, on pose , ceci nous définit alors un nouveau développement de Puiseux partiel sur lequel on peut continuer la récurrence.
∎
5. Des résultats de dépendance intégrale
Les résultats de cette section sont donnés dans le cas mixte, en remplaçant par , par , par et par , on obtient les mêmes résultats dans le cas équicaractéristique.
Proposition 17.
Soient , (c’est-à-dire ), et . Alors:
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Preuve: Soient et , par la Proposition 10, on a:
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On obtient alors:
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Montrons que ces inégalités sont des égalités. Par la Remarque 16 (3), on a:
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Soit le développement -standard de , on pose:
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Tout élément s’écrit de la forme où ne divise pas . Prenons un tel que divise , pour tout tel que . On pose alors et à l’aide de la Proposition 11 on en déduit que:
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∎
Notons le sous-anneau de engendré par et toutes leurs troncatures. Pour tout et , on note le sous-anneau de engendré par toutes les troncatures ouvertes de la forme , où pour l’ordre lexicographique.
Proposition 18.
Soient , , et . On suppose que .
Il existe alors , et éléments de tels que:
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De plus, on peut choisir les suites et de telle sorte que et .
Preuve: Notons (resp. ) l’ensemble de tous les tels que le coefficient devant de (resp. de ) soit non-nul. On va construire les deux suites cherchées par récurrence.
On pose et , par hypothèses on a bien . Supposons maintenant que, pour tout , on ait construit et avec et , pour . Posons alors:
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Si , on pose et la récurrence s’arrête (remarquons que ceci arrive lorsque ). De plus, par construction, on a l’égalité:
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Si , on pose et . Par définition de et de et par hypothèse de récurrence on a bien que et . De plus, on remarque que:
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On obtient alors une suite strictement décroissante d’ensembles:
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où est un segment initial de . Le processus s’arrête donc au bout d’un nombre fini d’itérations, ceci entraînant la finitude des suites et .
∎{coro}
Soient , , et . On suppose que . Alors:
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où est un ensemble fini et sont tels que avec inégalité stricte s’il existe tel que .
Preuve: Par récurence sur en appliquant la Proposition 18.
∎{coro}
Soient , , et . On suppose que . Alors:
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Preuve: Par le Corollaire 5, il suffit de montrer le résultat pour . Notons et montrons par récurrence sur que, si , alors , pour et fixés.
Pour on a:
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et donc si et alors .
Supposons et le résultat vrai pour . Soit , on peut écrire comme un polynôme en à coefficients dans . On applique alors le Corollaire 5 à chaque monôme de . Par hypothèse de récurrence, toutes les troncatures ouvertes des coefficients de sont dans , ainsi .
∎
Pour et , considérons les morphismes d’anneaux définis par:
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Remarquons que . Rappelons la notation .
Proposition 19.
Soient , , et . Alors:
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Preuve: Remarquons tout d’abord que l’on peut remplacer par une de ses approximations -adiques choisies dans de telle sorte que l’on ne modifie pas . Soit choisi ainsi, on a alors:
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On conclut en appliquant le Corollaire 5.
∎
Dans ce qui suit nous allons donner une description explicite de et pour un que nous préciserons par la suite.
Soient , et . Notons
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et par convention, si , on prendra (c’est-à-dire le plus petit ordinal strictement plus grand que n’importe quel élément de ). Remarquons que . On pose alors:
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Remark 20.
Comme est noethérien, on a le fait suivant:
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Ainsi est un ensemble fini.
Par abus de notation, on notera le monôme de plus petit degré de dans . On appelle l’ensemble des tels que n’apparaît pas dans . En remplaçant par dans le Lemme 16 (4), on a, pour tout :
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Remark 21.
Soit , on a alors:
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Comme et sont des ensembles finis, le même peut être choisi tel que et ceci pour tout .
Pour ordinal limite, prenons satisfaisant les conditions suivantes:
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(1)
;
-
(2)
, ;
-
(3)
, , ,
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-
(4)
, , ,
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Enfin, notons:
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Proposition 22.
Il existe deux polynômes de la forme:
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tels que:
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(1)
;
-
(2)
;
-
(3)
.
Preuve: Dans ce qui suit, on adoptera la convention , pour tout . Supposons d’abord que , alors, et on pose . Dans ce cas, (2) est trivialement montré et on procède de la même manière pour montrer (3).
Supposons que . Soit , suffisamment petit, notons et prenons le développement de Taylor de en en la -ème variable. On peut alors écrire:
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Par les points et dans le choix de , les termes de la forme:
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n’interviennent pas dans . Ainsi, à l’aide de la Proposition 19, on a:
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On en déduit donc que .
De la même manière on montre, en faisant un développement de Taylor de en , que
. Ainsi, , , et sont démontrés. Pour conclure il suffit de montrer que:
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Soit et notons . On pose . Par la Proposition 11, on a:
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Par minimalité de , il existe tel que l’on ait égalité dans l’inégalité précédente; prenons alors le plus petit de la sorte. Le choix d’un tel entraîne que , en effet, sinon on aurait:
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ce qui contredit le choix de .
Pour , suffisamment petit, on a:
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Fixons nous alors , suffisamment petit tel que et . Par la Proposition 19, on en déduit que:
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∎
Proposition 23.
Soient , . Si , alors est entier sur et une relation de dépendance intégrale est donnée par:
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Preuve: Soient , et supposons que . Par la Proposition 22 et par construction des développements de Puiseux, on a:
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De plus, donc la relation précédente est bien une relation de dépendance intégrale.
∎
Pour , notons le sous-anneau de engendré par et tous les éléments de la forme , .
{coro}
Soit , pour tout tel que on a:
-
(1)
est une extension entière de ;
-
(2)
est une extension entière de ;
-
(3)
est une extension entière de .
Preuve: La première assertion découle de la construction des développements de Puiseux, la deuxième est une appliction immédiate de la Proposition 23, enfin, la troisième provient des deux précédentes.
∎{coro}
Pour , est transcendant sur .
Preuve: Soit . Par le Corollaire 5 (2), on sait que est une extension entière de , il existe donc un -module de type fini contenu dans et contenant tous les coefficients de . On peut donc écrire:
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où et , pour . Comme , il existe tel que . Comme est transcendant sur , alors et donc .
∎