\equalenv

remrema \equalenvlemlemm

Théorème de Kaplansky effectif pour des valuations de rang 1 centrées sur des anneaux locaux réguliers et complets.

\firstnameJean-Christophe \lastnameSan Saturnino Université Toulouse III Paul Sabatier
Institut de Mathématiques de Toulouse
118 route de Narbonne
31062 Toulouse cedex 9 (France)
san@math.ups-tlse.fr http://www.math.univ-toulouse.fr/similar-to\simsan/
Résumé.

On montre que tout anneau local régulier complet muni d’une valuation de rang 111 peut être plongé, en tant qu’anneau valué, dans un anneau de séries de Puiseux généralisées.

Key words and phrases:
séries de Puiseux, polynômes-clés, valuations
1991 Mathematics Subject Classification:
13F25, 13F30, 13J05, 13K05

0. Introduction

On sait, depuis Newton et Puiseux que, pour un corps k𝑘k de caractéristique 00 et algébriquement clos, alors k(t)𝑘𝑡k(t) peut être plongé dans le corps i1k((t1/i))subscript𝑖1𝑘superscript𝑡1𝑖\bigcup\limits_{i\geqslant 1}k\left(\left(t^{1/i}\right)\right) des séries de Puiseux qui est algébriquement clos. De plus, si k𝑘k est muni de la valuation triviale et k(t)𝑘𝑡k(t) de la valuation t𝑡t-adique, on peut alors munir le corps des séries de Puiseux d’une valuation de telle sorte que la restriction à k(t)𝑘𝑡k(t) soit la valuation t𝑡t-adique: c’est un exemple d’extension maximalement complète (voir [6] et [8]).
Krull ([6]) montra, à l’aide du Lemme de Zorn, que tout corps muni d’une valuation possède une extension maximale et que tout corps de séries de Puiseux, muni de sa valuation naturelle, est maximale. L’existence et l’unicité de cette extension maximale fut posée par Kaplansky ([4]) qui la démontra en caractéristique nulle ainsi que sa non-unicité en caractéristique positive. De plus, Poonen ([8]) a montré que si le groupe des valeurs de la valuation est divisible et si le corps est algébriquement clos, alors l’extension maximalement complète est algébriquement close.
La question qui vient alors naturellement est: quelle est la forme de cette extension ? En caractéristique positive, on sait qu’elle n’est pas de la forme i1k((t1/i))subscript𝑖1𝑘superscript𝑡1𝑖\bigcup\limits_{i\geqslant 1}k\left(\left(t^{1/i}\right)\right) puisque l’équation d’Artin-Schreier n’y possède aucune solution (voir [1], [2]). Il est alors naturel de considérer des anneaux de séries généralisées où les puissances de t𝑡t varient sur un ensemble bien ordonné. De tels anneaux sont appelés des anneaux de Mal’cev-Neumann introduits en premier par Hahn en 1908 puis étudiés par Krull en 1932 (voir [6]).
En 1942, Kaplansky ([4]) montre que tout corps muni d’une valuation ayant un groupe des valeurs divisible et un corps résiduel algébriquement clos se plonge dans une extension maximalement close. Remarquons que deux cas se présentent: ou bien la restriction à \mathbb{Q} ou 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p} est la valuation triviale (cas équicaractéristique), ou bien la restriction à \mathbb{Q} est la valuation p𝑝p-adique (cas mixte). Il a également montré que dans le cas équicaractéristique, l’extension maximale est un anneau de Mal’cev-Neumann.
En 1993, Poonen ([8]) décrit explicitement les extensions dans les deux cas. Si (k,ν)𝑘𝜈(k,\nu) est un corps valué de groupe des valeurs ΓΓ\Gamma divisible et de corps résiduel kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu} algébriquement clos, alors il existe des plongements dans des anneaux de Mal’cev-Neumann maximalement complets:

  1. (1)

    kkν((tΓ))𝑘subscript𝑘𝜈superscript𝑡Γk\hookrightarrow k_{\nu}\left(\left(t^{\Gamma}\right)\right) (cas équicaractéristique);

  2. (2)

    kW(kν)((pΓ))𝑘𝑊subscript𝑘𝜈superscript𝑝Γk\hookrightarrow W(k_{\nu})\left(\left(p^{\Gamma}\right)\right), où W(kν)𝑊subscript𝑘𝜈W(k_{\nu}) est l’anneau des vecteurs de Witt de kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu} (cas mixte) .

Dans tous les cas les preuves ne construisent pas explicitement le plongement.
Depuis quelques années, la théorie des valuations reprend une place importante dans la résolution des singularités et notamment dans l’uniformisation locale des schémas quasi-excellents ,voir par exemple [9]. Les questions d’avoir un Théorème de Kaplansky et de connaître explicitement le plongement se posent alors naturellement, on connaît l’intérêt d’avoir une paramétrisation de Puiseux pour l’uniformisation locale des courbes sur un corps de caractéristique 00.
Dans cet article on se propose donc de décrire de manière explicite un plongement d’un anneau local régulier et complet muni d’une valuation de rang 111 à l’aide des polynômes-clés définis dans [3] et [7], résultat qui généralise ceux de Kaplansky et Poonen.

Dans la première et la deuxième partie, nous définissons les anneaux de Mal’cev-Neumann en suivant [5] et [8] et nous en construisons deux explicitement.
Dans la troisième partie, nous proposons quelques rappels sur les polynômes-clés définis pour des valuations de rang 111. Cet outil est essentiel car il permet de connaître la valuation seulement par la connaissance de la collection bien ordonnée des polynômes-clés, collection qui existe d’aprés [3] et [9].
Dans la quatrième partie, nous énonçons et démontrons de manière effective le Théorème de plongement de Kaplansky pour des anneaux locaux, réguliers, complets munis d’une valuation de rang 111.
Dans la dernière partie, nous démontrons des résultats de dépendance intégrale valables en caractéristique mixte qui sont à rapprocher de ceux de Spivakovsky ([9]) dans le cadre de l’uniformisation locale des schémas quasi-excellents.

Je tiens à remercier M. Spivakovsky pour son aide précieuse, ses conseils avisés et la liberté qu’il me permet d’avoir dans mes recherches.

Notations. Soit (R,𝔪,k)𝑅𝔪𝑘(R,\mathfrak{m},k) un anneau local, régulier, complet et de dimension n+1𝑛1n+1. On note:

p={1sicar(k)=0car(k)sicar(k)>0𝑝cases1si𝑐𝑎𝑟𝑘0𝑐𝑎𝑟𝑘si𝑐𝑎𝑟𝑘0p=\left\{\begin{array}[]{ccc}1&\textup{si}&car(k)=0\\ car(k)&\textup{si}&car(k)>0\end{array}\right.

Si R𝑅R est de caractéristique mixte, on suppose de plus que p𝔪2𝑝superscript𝔪2p\notin\mathfrak{m}^{2}. Par le théorème de Cohen, on peut supposer que:

R={k[[u1,,un+1]]sicar(R)=car(k)W[[u1,,un]]sicar(R)car(k)𝑅cases𝑘delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘𝑊delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑛si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘R=\left\{\begin{array}[]{ccc}k\left[\left[u_{1},...,u_{n+1}\right]\right]&\textup{si}&car(R)=car(k)\\ W\left[\left[u_{1},...,u_{n}\right]\right]&\textup{si}&car(R)\neq car(k)\end{array}\right.

W𝑊W est un anneau complet de valuation discrète de paramètre régulier p𝑝p et de corps résiduel k𝑘k. On note:

K0={ksicar(R)=car(k)Frac(W)sicar(R)car(k)subscript𝐾0cases𝑘si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘𝐹𝑟𝑎𝑐𝑊si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘K_{0}=\left\{\begin{array}[]{ccc}k&\textup{si}&car(R)=car(k)\\ Frac(W)&\textup{si}&car(R)\neq car(k)\end{array}\right.
Kj={k((u1,,uj+1))sicar(R)=car(k)W((u1,,uj))sicar(R)car(k)subscript𝐾𝑗cases𝑘subscript𝑢1subscript𝑢𝑗1si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘𝑊subscript𝑢1subscript𝑢𝑗si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘K_{j}=\left\{\begin{array}[]{ccc}k\left(\left(u_{1},...,u_{j+1}\right)\right)&\textup{si}&car(R)=car(k)\\ W\left(\left(u_{1},...,u_{j}\right)\right)&\textup{si}&car(R)\neq car(k)\end{array}\right.

(on notera parfois K=Kn𝐾subscript𝐾𝑛K=K_{n}).
Soit ν𝜈\nu une valuation de K𝐾K, centrée en R𝑅R, de groupe des valeurs ΓΓ\Gamma, telle que ν|Kn1\nu_{|K_{n-1}} soit de rang 111. On écrit (Rν,mν,kν)subscript𝑅𝜈subscript𝑚𝜈subscript𝑘𝜈(R_{\nu},m_{\nu},k_{\nu}) son anneau de valuation et on suppose que kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu} est algébrique sur k𝑘k. On note, Γ1subscriptΓ1\Gamma_{1} le plus petit sous-groupe isolé non-nul de ΓΓ\Gamma et:

Γ=Γ;subscriptΓsubscripttensor-productΓ\Gamma_{\mathbb{Q}}=\Gamma\otimes_{\mathbb{Z}}\mathbb{Q};
Γ=i11piΓ.superscriptΓsubscript𝑖11superscript𝑝𝑖Γ\Gamma^{\prime}=\bigcup\limits_{i\geqslant 1}\frac{1}{p^{i}}\Gamma.

Posons r𝑟r le plus petit j𝑗j tel que les ν(ui1),,ν(uij)𝜈subscript𝑢subscript𝑖1𝜈subscript𝑢subscript𝑖𝑗\nu(u_{i_{1}}),...,\nu(u_{i_{j}}) soient \mathbb{Z}-linéairements indépendants si R𝑅R est équicaractéristique, ou bien le plus petit j𝑗j tel que les ν(p),ν(ui1),,ν(uij)𝜈𝑝𝜈subscript𝑢subscript𝑖1𝜈subscript𝑢subscript𝑖𝑗\nu(p),\nu(u_{i_{1}}),...,\nu(u_{i_{j}}) soient \mathbb{Z}-linéairements indépendants si R𝑅R est de caractéristique mixte.
On supposera alors, quitte à renuméroter les variables, que:
ν(u1),,ν(ur)𝜈subscript𝑢1𝜈subscript𝑢𝑟\nu(u_{1}),...,\nu(u_{r}) sont \mathbb{Z}-linéairements indépendantes et ν(ur+1),,ν(un+1)𝜈subscript𝑢𝑟1𝜈subscript𝑢𝑛1\nu(u_{r+1}),...,\nu(u_{n+1}) sont \mathbb{Q}-combinaisons linéaires de ν(u1),,ν(ur)𝜈subscript𝑢1𝜈subscript𝑢𝑟\nu(u_{1}),...,\nu(u_{r}) si R𝑅R est équicaractéristique;
ν(p),ν(u1),,ν(ur)𝜈𝑝𝜈subscript𝑢1𝜈subscript𝑢𝑟\nu(p),\nu(u_{1}),...,\nu(u_{r}) sont \mathbb{Z}-linéairements indépendantes et ν(ur+1),,ν(un)𝜈subscript𝑢𝑟1𝜈subscript𝑢𝑛\nu(u_{r+1}),...,\nu(u_{n}) sont \mathbb{Q}-combinaisons linéaires de ν(p),ν(u1),,ν(ur)𝜈𝑝𝜈subscript𝑢1𝜈subscript𝑢𝑟\nu(p),\nu(u_{1}),...,\nu(u_{r}) si R𝑅R est de caractéristique mixte.
On note ν0subscript𝜈0\nu_{0} la valuation monômiale de R𝑅R associée à 𝔪𝔪\mathfrak{m} (voir [9], Définition 3.10), c’est-à-dire, si f=αaαuαR𝑓subscript𝛼subscript𝑎𝛼superscript𝑢𝛼𝑅f=\sum\limits_{\alpha}a_{\alpha}u^{\alpha}\in Rα𝛼\alpha est un multi-indice, aαksubscript𝑎𝛼𝑘a_{\alpha}\in k (resp. aαWsubscript𝑎𝛼𝑊a_{\alpha}\in W) uα=u1α1un+1αn+1superscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑢1subscript𝛼1superscriptsubscript𝑢𝑛1subscript𝛼𝑛1u^{\alpha}=u_{1}^{\alpha_{1}}...u_{n+1}^{\alpha_{n+1}} (resp. uα=u1α1unαnsuperscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑢1subscript𝛼1superscriptsubscript𝑢𝑛subscript𝛼𝑛u^{\alpha}=u_{1}^{\alpha_{1}}...u_{n}^{\alpha_{n}}) et 𝔪=(u1,,un+1)𝔪subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1\mathfrak{m}=(u_{1},...,u_{n+1}) (resp. 𝔪=(p,u1,,un)𝔪𝑝subscript𝑢1subscript𝑢𝑛\mathfrak{m}=(p,u_{1},...,u_{n})), alors:

ν0(f)=min{i=1n+1αiν(ui)|aα0}subscript𝜈0𝑓conditionalsuperscriptsubscript𝑖1𝑛1subscript𝛼𝑖𝜈subscript𝑢𝑖subscript𝑎𝛼0\nu_{0}(f)=\min\left\{\sum\limits_{i=1}^{n+1}\alpha_{i}\nu(u_{i})\>|\>a_{\alpha}\neq 0\right\}
(resp.ν0(f)=min{α0ν(p)+i=1nαiν(ui)|aα0}).resp.subscript𝜈0𝑓subscript𝛼0𝜈𝑝conditionalsuperscriptsubscript𝑖1𝑛subscript𝛼𝑖𝜈subscript𝑢𝑖subscript𝑎𝛼0\left(\textup{resp.}\>\nu_{0}(f)=\min\left\{\alpha_{0}\nu(p)+\sum\limits_{i=1}^{n}\alpha_{i}\nu(u_{i})\>|\>a_{\alpha}\neq 0\right\}\right).

Enfin, si A𝐴A est un anneau, P,QA[X]𝑃𝑄𝐴delimited-[]𝑋P,Q\in A\left[X\right] tels que P=i=0naiQi𝑃superscriptsubscript𝑖0𝑛subscript𝑎𝑖superscript𝑄𝑖P=\sum\limits_{i=0}^{n}a_{i}Q^{i}, aiA[X]subscript𝑎𝑖𝐴delimited-[]𝑋a_{i}\in A[X] tels que le degré de aisubscript𝑎𝑖a_{i} est strictement inférieur à celui de Q𝑄Q, on note:

dQ(P)=n.superscriptsubscript𝑑𝑄𝑃𝑛d_{Q}^{\>\circ}(P)=n.

Si Q=X𝑄𝑋Q=X, on notera plus simplement d(P)superscript𝑑𝑃d^{\>\circ}(P) au lieu de dX(P)superscriptsubscript𝑑𝑋𝑃d_{X}^{\>\circ}(P).
Supposons de plus que A𝐴A est intègre, considérons w𝑤w une valuation de A𝐴A et γw(A{0})𝛾𝑤𝐴0\gamma\in w(A\setminus\{0\}), on note:

Pγ={fA|w(f)γ}{0};subscriptsuperscript𝑃𝛾conditional-set𝑓𝐴𝑤𝑓𝛾0P^{\prime}_{\gamma}=\{f\in A\>|\>w(f)\geqslant\gamma\}\cup\{0\};
Pγ,+={fA|w(f)>γ}{0};subscriptsuperscript𝑃𝛾conditional-set𝑓𝐴𝑤𝑓𝛾0P^{\prime}_{\gamma,+}=\{f\in A\>|\>w(f)>\gamma\}\cup\{0\};
grw(A)=γw(A{0})Pγ/Pγ,+;𝑔subscript𝑟𝑤𝐴subscriptdirect-sum𝛾𝑤𝐴0subscriptsuperscript𝑃𝛾subscriptsuperscript𝑃𝛾gr_{w}(A)=\bigoplus\limits_{\gamma\in w(A\setminus\{0\})}P^{\prime}_{\gamma}/P^{\prime}_{\gamma,+};

et inw(f)𝑖subscript𝑛𝑤𝑓in_{w}(f) l’image de fA𝑓𝐴f\in A dans grw(A)𝑔subscript𝑟𝑤𝐴gr_{w}(A).

1. Anneaux des séries généralisées

On va définir des anneaux de séries généralisées (également appelés anneaux de Mal’cev-Neumann) en suivant les constructions données par [5] et [8]. {defi} Soient A𝐴A un anneau intègre et G𝐺G un groupe abélien ordonné. On appelle anneau des séries formelles généralisées, noté A[[tG]]𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺A\left[\left[t^{G}\right]\right], l’anneau où les éléments sont de la forme γG+aγtγsubscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}t^{\gamma}, avec les aγAsubscript𝑎𝛾𝐴a_{\gamma}\in A tels que l’ensemble {γ|aγ0}conditional-set𝛾subscript𝑎𝛾0\{\gamma\>|\>a_{\gamma}\neq 0\} soit bien ordonné.
Si A𝐴A est un anneau intègre local de caractéristique mixte dont le corps résiduel est de caractéristique p𝑝p et d’idéal maximal engendré par p𝑝p, on appelle anneau des p-séries formelles généralisées, noté A[[pG]]𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑝𝐺A\left[\left[p^{G}\right]\right], l’anneau A[[tG]]/N𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺𝑁A\left[\left[t^{G}\right]\right]/NN𝑁N est l’idéal de A[[tG]]𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺A\left[\left[t^{G}\right]\right] formé par les f=γG+aγtγ𝑓subscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾f=\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}t^{\gamma} tels que nan+γpn=0subscript𝑛subscript𝑎𝑛𝛾superscript𝑝𝑛0\sum\limits_{n\in\mathbb{Z}}a_{n+\gamma}p^{n}=0, pour tout γG𝛾𝐺\gamma\in G.

Remark 1.

L’anneau A[[tG]]𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺A\left[\left[t^{G}\right]\right] (resp. l’anneau A[[pG]]𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑝𝐺A\left[\left[p^{G}\right]\right]) est muni de la valuation t-adique (resp. valuation p-adique) v𝑣v, à valeurs dans G𝐺G, définie par:

v(f)=inf{γ|aγ0},f=γG+aγtγA[[tG]]formulae-sequence𝑣𝑓𝑖𝑛𝑓conditional-set𝛾subscript𝑎𝛾0for-all𝑓subscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺v(f)=inf\{\gamma\>|\>a_{\gamma}\neq 0\}\>,\>\forall\>f=\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}t^{\gamma}\>\in\>A\left[\left[t^{G}\right]\right]
(resp.f=γG+aγpγA[[pG]]).formulae-sequence𝑟𝑒𝑠𝑝for-all𝑓subscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑝𝛾𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑝𝐺(resp.\>\>\forall\>f=\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}p^{\gamma}\>\in\>A\left[\left[p^{G}\right]\right]).
{defi}

Un anneau de séries formelles généralisées (resp. de p𝑝p-séries formelles généralisées) muni de sa valuation t𝑡t-adique (resp. p𝑝p-adique) sera appelé un anneau de Mal’cev-Neumann.
Sa valuation t𝑡t-adique (resp. p𝑝p-adique) associée sera appelée valuation de Mal’cev-Neumann.

{defi}

Soient f=γG+aγtγA[[tG]]𝑓subscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝐺f=\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}t^{\gamma}\>\in\>A\left[\left[t^{G}\right]\right] (resp. f=γG+aγpγA[[pG]]𝑓subscript𝛾subscript𝐺subscript𝑎𝛾superscript𝑝𝛾𝐴delimited-[]delimited-[]superscript𝑝𝐺f=\sum\limits_{\gamma\>\in\>G_{+}}a_{\gamma}p^{\gamma}\>\in\>A\left[\left[p^{G}\right]\right]) et βG+𝛽subscript𝐺\beta\in G_{+}, on appelle troncature ouverte de f en 𝜷𝜷\boldsymbol{\beta} la série généralisée f(β)=γ<βaγtγ𝑓𝛽subscript𝛾𝛽subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾f(\beta)=\sum\limits_{\gamma<\beta}a_{\gamma}t^{\gamma} (resp. f(β)=γ<βaγpγ𝑓𝛽subscript𝛾𝛽subscript𝑎𝛾superscript𝑝𝛾f(\beta)=\sum\limits_{\gamma<\beta}a_{\gamma}p^{\gamma}) et troncature fermée de f en 𝜷𝜷\boldsymbol{\beta} la série généralisée f[β]=γβaγtγ𝑓delimited-[]𝛽subscript𝛾𝛽subscript𝑎𝛾superscript𝑡𝛾f[\beta]=\sum\limits_{\gamma\leqslant\beta}a_{\gamma}t^{\gamma} (resp. f[β]=γβaγpγ𝑓delimited-[]𝛽subscript𝛾𝛽subscript𝑎𝛾superscript𝑝𝛾f[\beta]=\sum\limits_{\gamma\leqslant\beta}a_{\gamma}p^{\gamma}). Pour β,βG+𝛽superscript𝛽subscript𝐺\beta,\beta^{\prime}\in G_{+}, β<β𝛽superscript𝛽\beta<\beta^{\prime}, on note f[β,β[=f(β)f(β)f[\beta,\beta^{\prime}[=f(\beta^{\prime})-f(\beta).

2. Construction de l’anneau de Mal’cev-Neumann

Soient (R,𝔪,k)𝑅𝔪𝑘(R,\mathfrak{m},k) un anneau local complet régulier de dimension n+1𝑛1n+1 et ν𝜈\nu une valuation de K=Frac(R)𝐾𝐹𝑟𝑎𝑐𝑅K=Frac(R), centrée en R𝑅R, de groupe des valeurs ΓΓ\Gamma. On va construire un anneau de Mal’cev-Neumann ARsubscript𝐴𝑅A_{R} dans lequel plonger R𝑅R.
Si R𝑅R est équicaractéristique, on prend AR=kν¯[[tΓ]]subscript𝐴𝑅¯subscript𝑘𝜈delimited-[]delimited-[]superscript𝑡superscriptΓA_{R}=\overline{k_{\nu}}\left[\left[t^{\Gamma^{\prime}}\right]\right], où kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}} est une clôture algébrique de kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu}.
Si R𝑅R est de caractéristique mixte, on va construire, par récurrence transfinie, un anneau local (W¯,pW¯,kν¯)¯𝑊𝑝¯𝑊¯subscript𝑘𝜈(\overline{W},p\overline{W},\overline{k_{\nu}}) qui soit une extension de W𝑊W. Dans ce cas, on pose AR=W¯[[pΓ]]subscript𝐴𝑅¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓA_{R}=\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right].
Soit kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}} une clôture algébrique de kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu}, on peut la voir comme limite inductive d’extensions algébriques simples de k𝑘k puisque kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu} est algébrique sur k𝑘k. Plus précisément, kν¯=k({αi}iI)¯subscript𝑘𝜈𝑘subscriptsubscript𝛼𝑖𝑖𝐼\overline{k_{\nu}}=k(\left\{\alpha_{i}\right\}_{i\in I})I𝐼I est un ensemble bien ordonné et les αisubscript𝛼𝑖\alpha_{i} des éléments algébriques sur k𝑘k, iI𝑖𝐼i\in I. Le système inductif est alors donné par les inclusions provenant de l’ordre total de I𝐼I. Supposons que iI𝑖𝐼i\in I possède un prédécesseur immédiat, on est alors emmené à considérer une extension de la forme:

κκ(α)𝜅𝜅𝛼\kappa\hookrightarrow\kappa(\alpha)

où, par hypothèse de récurrence, α𝛼\alpha est algébrique sur κ𝜅\kappa et κ𝜅\kappa est le corps résiduel d’un anneau local (A,mA)𝐴subscript𝑚𝐴(A,m_{A}). Soit Q𝑄Q le polynôme minimal unitaire de α𝛼\alpha et P𝑃P un relevé unitaire dans A𝐴A. On pose alors A=A[α]/(P(α))superscript𝐴𝐴delimited-[]𝛼𝑃𝛼A^{\prime}=A[\alpha]/(P(\alpha)) et on a un morphisme d’inclusion:

AA𝐴superscript𝐴A\hookrightarrow A^{\prime}
Lemma 2.

Asuperscript𝐴A^{\prime} est un anneau local d’idéal maximal mAAsubscript𝑚𝐴superscript𝐴m_{A}A^{\prime} et de corps résiduel κ(α)𝜅𝛼\kappa(\alpha).

Preuve: L’idéal mAAsubscript𝑚𝐴superscript𝐴m_{A}A^{\prime} est maximal dans Asuperscript𝐴A^{\prime} car A/mAAκ(α)similar-to-or-equalssuperscript𝐴subscript𝑚𝐴superscript𝐴𝜅𝛼A^{\prime}/m_{A}A^{\prime}\simeq\kappa(\alpha). Soit M𝑀M un autre idéal maximal de Asuperscript𝐴A^{\prime}, alors MA=mA𝑀𝐴subscript𝑚𝐴M\cap A=m_{A}. Pour montrer ceci il suffit de remarquer que A/(MA)𝐴𝑀𝐴A/(M\cap A) est un corps. Soit aA/(MA)𝑎𝐴𝑀𝐴a\in A/(M\cap A), a0𝑎0a\neq 0, l’extension entière AA𝐴superscript𝐴A\hookrightarrow A^{\prime} induit une extension d’anneaux intègres entière A/(MA)A/M𝐴𝑀𝐴superscript𝐴𝑀A/(M\cap A)\hookrightarrow A^{\prime}/M, ainsi aA/M𝑎superscript𝐴𝑀a\in A^{\prime}/M qui est un corps et donc a1A/Msuperscript𝑎1superscript𝐴𝑀a^{-1}\in A^{\prime}/M. Il existe alors des éléments a0,,am1A/(MA)subscript𝑎0subscript𝑎𝑚1𝐴𝑀𝐴a_{0},...,a_{m-1}\in A/(M\cap A) et m1𝑚1m\geqslant 1 tels que am+am1am+1++a0=0superscript𝑎𝑚subscript𝑎𝑚1superscript𝑎𝑚1subscript𝑎00a^{-m}+a_{m-1}a^{-m+1}+...+a_{0}=0 et donc a1=(am1++a0am1)A/(MA)superscript𝑎1subscript𝑎𝑚1subscript𝑎0superscript𝑎𝑚1𝐴𝑀𝐴a^{-1}=-(a_{m-1}+...+a_{0}a^{m-1})\in A/(M\cap A). On remarque enfin que mAA=(MA)AMsubscript𝑚𝐴superscript𝐴𝑀𝐴superscript𝐴𝑀m_{A}A^{\prime}=(M\cap A)A^{\prime}\subset M et donc Asuperscript𝐴A^{\prime} est un anneau local.

Si i𝑖i est un ordinal limite, notons κl=k({αj}jl)subscript𝜅𝑙𝑘subscriptsubscript𝛼𝑗𝑗𝑙\kappa_{l}=k(\left\{\alpha_{j}\right\}_{j\leqslant l}), pour tout li𝑙𝑖l\leqslant i. On suppose, par hypothèse de récurrence, que l’on a construit les anneaux locaux Alsubscript𝐴𝑙A_{l} dont les corps résiduels respectifs sont κlsubscript𝜅𝑙\kappa_{l} pour tout l<i𝑙𝑖l<i. On pose alors Ai=l<iAlsubscript𝐴𝑖subscript𝑙𝑖subscript𝐴𝑙A_{i}=\bigcup\limits_{l<i}A_{l}, c’est un anneau local de corps résiduel κisubscript𝜅𝑖\kappa_{i}. On a donc créé un système inductif d’anneaux locaux, on note W¯¯𝑊\overline{W} la limite inductive, c’est un anneau local d’idéal maximal pW¯𝑝¯𝑊p\overline{W}, de corps résiduel kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}} et on a WW¯𝑊¯𝑊W\hookrightarrow\overline{W}.

Remark 3.

On a un résultat similaire si kνsubscript𝑘𝜈k_{\nu} est une extension transcendante de k𝑘k. En effet, si deg.tr(kν|k)=lformulae-sequence𝑑𝑒𝑔𝑡𝑟conditionalsubscript𝑘𝜈𝑘𝑙deg.tr(k_{\nu}|k)=l alors il existe t1,,tlsubscript𝑡1subscript𝑡𝑙t_{1},...,t_{l} transcendants tels que kν=k(t1,,tl)subscript𝑘𝜈𝑘subscript𝑡1subscript𝑡𝑙k_{\nu}=k(t_{1},...,t_{l}). On pose W=W[t1,,tl]superscript𝑊𝑊subscript𝑡1subscript𝑡𝑙W^{\prime}=W[t_{1},...,t_{l}] et on considère l’anneau local WpW¯¯subscriptsuperscript𝑊𝑝superscript𝑊\overline{W^{\prime}_{pW^{\prime}}}, son corps résiduel est kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}} et, WWpW¯𝑊¯subscriptsuperscript𝑊𝑝superscript𝑊W\hookrightarrow\overline{W^{\prime}_{pW^{\prime}}}.

Remark 4.

Remarquons que W𝑊W est intégralement clos dans K0subscript𝐾0K_{0}, de plus on a:

WW¯[p]W¯[[pΓ]].𝑊¯𝑊delimited-[]superscript𝑝¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝subscriptΓW\subsetneqq\overline{W}\left[p^{\mathbb{Q}}\right]\hookrightarrow\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma_{\mathbb{Q}}}\right]\right].

Ce dernier morphisme est induit par:

\displaystyle\mathbb{Q} ΓabsentsubscriptΓ\displaystyle\hookrightarrow\Gamma_{\mathbb{Q}}
11\displaystyle 1 ν(p)maps-toabsent𝜈𝑝\displaystyle\mapsto\nu(p)

On peut résumer cette section par la proposition suivante:

Proposition 5.

Les anneaux kν¯[[tΓ]]¯subscript𝑘𝜈delimited-[]delimited-[]superscript𝑡superscriptΓ\overline{k_{\nu}}\left[\left[t^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] et W¯[[pΓ]]¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] sont des anneaux de Mal’cev-Neumann au sens de la Définition 1.

3. Rappels sur les polynômes-clés

On va faire quelques rappels sur les polynômes-clés introduits dans [3] et [9] pour des valuations de rang 111. Pour une présentation plus axiomatique des polynômes-clés, on pourra regarder la présentation faite par M. Vaquié ([10], [11], [12], [13], [14]). Un lien entre les deux constructions des polynômes-clés est faite dans les travaux de W. Mahboub ([7]).
Soit KK(x)𝐾𝐾𝑥K\hookrightarrow K(x) une extension de corps simple et transcendante. Soit μsuperscript𝜇\mu^{\prime} une valuation de K(x)𝐾𝑥K(x), notons μ:=μ|K\mu:=\mu^{\prime}_{|K}. On note G𝐺G le groupe des valeurs de μsuperscript𝜇\mu^{\prime} et G1subscript𝐺1G_{1} celui de μ𝜇\mu. On suppose de plus que μ𝜇\mu est de rang 111 et que μ(x)>0superscript𝜇𝑥0\mu^{\prime}(x)>0. Enfin, rappelons que pour βG𝛽𝐺\beta\in G, on note:

Pβ={fK(x)|μ(f)β}{0};subscriptsuperscript𝑃𝛽conditional-set𝑓𝐾𝑥superscript𝜇𝑓𝛽0P^{\prime}_{\beta}=\{f\in K(x)\>|\>\mu^{\prime}(f)\geqslant\beta\}\cup\{0\};
Pβ,+={fK(x)|μ(f)>β}{0};subscriptsuperscript𝑃𝛽conditional-set𝑓𝐾𝑥superscript𝜇𝑓𝛽0P^{\prime}_{\beta,+}=\{f\in K(x)\>|\>\mu^{\prime}(f)>\beta\}\cup\{0\};
grμ(K(x))=βGPβ/Pβ,+;𝑔subscript𝑟superscript𝜇𝐾𝑥subscriptdirect-sum𝛽𝐺subscriptsuperscript𝑃𝛽subscriptsuperscript𝑃𝛽gr_{\mu^{\prime}}(K(x))=\bigoplus\limits_{\beta\in G}P^{\prime}_{\beta}/P^{\prime}_{\beta,+};

et inμ(f)𝑖subscript𝑛superscript𝜇𝑓in_{\mu^{\prime}}(f) l’image de fK(x)𝑓𝐾𝑥f\in K(x) dans grμ(K(x))𝑔subscript𝑟superscript𝜇𝐾𝑥gr_{\mu^{\prime}}(K(x)). {defi} Un ensemble complet de polynômes-clés pour μsuperscript𝜇\mu^{\prime} est une collection bien ordonnée:

Q={Qi}iΛK[x];Qsubscriptsubscript𝑄𝑖𝑖Λ𝐾delimited-[]𝑥\textbf{Q}=\{Q_{i}\}_{i\in\Lambda}\subset K[x];

telle que, pour tout βG𝛽𝐺\beta\in G, le groupe additif PβK[x]subscriptsuperscript𝑃𝛽𝐾delimited-[]𝑥P^{\prime}_{\beta}\cap K[x] soit engendré par des produits de la forme aj=1sQijγj𝑎superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑠superscriptsubscript𝑄subscript𝑖𝑗subscript𝛾𝑗a\prod\limits_{j=1}^{s}Q_{i_{j}}^{\gamma_{j}}, aK𝑎𝐾a\in K, tels que j=1sγjμ(Qij)+μ(a)βsuperscriptsubscript𝑗1𝑠subscript𝛾𝑗superscript𝜇subscript𝑄subscript𝑖𝑗𝜇𝑎𝛽\sum\limits_{j=1}^{s}\gamma_{j}\mu^{\prime}\left(Q_{i_{j}}\right)+\mu(a)\geqslant\beta.

Theorem 6.

([3], Théorème 62) Il existe une collection Q={Qi}iΛQsubscriptsubscript𝑄𝑖𝑖Λ\textbf{Q}=\{Q_{i}\}_{i\in\Lambda} qui soit un ensemble complet de polynômes-clés.

Remark 7.

La preuve consiste à construire par récurrence transfinie l’ensemble de polynômes-clés de type d’ordre au plus ω×ω𝜔𝜔\omega\times\omega.

{defi}

Soit lΛ𝑙Λl\in\Lambda, un indice i<l𝑖𝑙i<l est dit l-essentiel s’il existe n𝑛n\in\mathbb{N} tel que i+n=l𝑖𝑛𝑙i+n=l ou i+n<l𝑖𝑛𝑙i+n<l et dQi+n1(Qi+n)>1superscriptsubscript𝑑subscript𝑄𝑖𝑛1subscript𝑄𝑖𝑛1d_{Q_{i+n-1}}^{\>\circ}(Q_{i+n})>1. Dans le cas contraire, on dit que i𝑖i est l-inessentiel. Soit lΛ𝑙Λl\in\Lambda, on note:

αi=dQi1(Qi),il;formulae-sequencesubscript𝛼𝑖superscriptsubscript𝑑subscript𝑄𝑖1subscript𝑄𝑖for-all𝑖𝑙\alpha_{i}=d_{Q_{i-1}}^{\>\circ}(Q_{i}),\>\forall\>i\leqslant l;
𝜶𝒍+𝟏={αi}il;subscript𝜶𝒍1subscriptsubscript𝛼𝑖𝑖𝑙\boldsymbol{\alpha_{l+1}}=\{\alpha_{i}\}_{i\leqslant\>l};
Ql+1={Qi}il;subscriptQ𝑙1subscriptsubscript𝑄𝑖𝑖𝑙\textbf{Q}_{l+1}=\{Q_{i}\}_{i\leqslant\>l};

On utilise également la notation γ¯l+1={γi}ilsubscript¯𝛾𝑙1subscriptsubscript𝛾𝑖𝑖𝑙\overline{\gamma}_{l+1}=\{\gamma_{i}\}_{i\leqslant\>l} où les γisubscript𝛾𝑖\gamma_{i} sont tous nuls sauf pour un nombre fini d’entres eux, Ql+1γ¯l+1=ilQiγisuperscriptsubscriptQ𝑙1subscript¯𝛾𝑙1subscriptproduct𝑖𝑙superscriptsubscript𝑄𝑖subscript𝛾𝑖\textbf{Q}_{l+1}^{\overline{\gamma}_{l+1}}=\prod\limits_{i\leqslant\>l}Q_{i}^{\gamma_{i}}.
Pour i<l𝑖𝑙i<l, on note:

i+={i+1si i est l-essentieli+ωsinonsubscript𝑖cases𝑖1si i est l-essentielmissing-subexpression𝑖𝜔sinonmissing-subexpressioni_{+}=\left\{\begin{array}[]{ccc}i+1&\textup{si {i} est {l}-essentiel}&\\ i+\omega&\textup{sinon}&\end{array}\right.
{defi}

Un multi-indice γ¯l+1subscript¯𝛾𝑙1\overline{\gamma}_{l+1} est dit standard par rapport à 𝜶𝒍+𝟏subscript𝜶𝒍1\boldsymbol{\alpha_{l+1}} si 0γi<αi+0subscript𝛾𝑖subscript𝛼subscript𝑖0\leqslant\gamma_{i}<\alpha_{i_{+}}, pour il𝑖𝑙i\leqslant l et si i𝑖i est l𝑙l-inessentiel, l’ensemble {j<i+|j+=i+,γj0}formulae-sequence𝑗brasubscript𝑖subscript𝑗subscript𝑖subscript𝛾𝑗0\{j<i_{+}\>|\>j_{+}=i_{+},\>\gamma_{j}\neq 0\} est de cardinal au plus 111.
Un monôme l-standard en 𝑸𝒍+𝟏subscript𝑸𝒍1\boldsymbol{Q_{l+1}} est un produit de la forme cγ¯l+1Ql+1γ¯l+1subscript𝑐subscript¯𝛾𝑙1superscriptsubscriptQ𝑙1subscript¯𝛾𝑙1c_{\overline{\gamma}_{l+1}}\textbf{Q}_{l+1}^{\overline{\gamma}_{l+1}}, où cγ¯l+1Ksubscript𝑐subscript¯𝛾𝑙1𝐾c_{\overline{\gamma}_{l+1}}\in K et γ¯l+1subscript¯𝛾𝑙1\overline{\gamma}_{l+1} est standard par rapport à 𝜶𝒍+𝟏subscript𝜶𝒍1\boldsymbol{\alpha_{l+1}}.
Un développement l-standard n’impliquant pas 𝑸𝒍subscript𝑸𝒍\boldsymbol{Q_{l}} est une somme finie βSβsubscript𝛽subscript𝑆𝛽\sum\limits_{\beta}S_{\beta} de monômes l𝑙l-standards n’impliquant pas Qlsubscript𝑄𝑙Q_{l}β𝛽\beta appartient à un sous-ensemble fini de G+subscript𝐺G_{+} et Sβ=jdβ,jsubscript𝑆𝛽subscript𝑗subscript𝑑𝛽𝑗S_{\beta}=\sum\limits_{j}d_{\beta,j} est une somme de monômes standards de valuation β𝛽\beta vérifiant jinμ(dβ,j)0subscript𝑗𝑖subscript𝑛superscript𝜇subscript𝑑𝛽𝑗0\sum\limits_{j}in_{\mu^{\prime}}(d_{\beta,j})\neq 0. {defi} Soient fK[x]𝑓𝐾delimited-[]𝑥f\in K[x] et il𝑖𝑙i\leqslant l, un développement i-standard de f est une expression de la forme:

f=j=0sicj,iQij,𝑓superscriptsubscript𝑗0subscript𝑠𝑖subscript𝑐𝑗𝑖superscriptsubscript𝑄𝑖𝑗f=\sum\limits_{j=0}^{s_{i}}c_{j,i}Q_{i}^{j},

cj,isubscript𝑐𝑗𝑖c_{j,i} est un développement i𝑖i-standard n’impliquant pas Qisubscript𝑄𝑖Q_{i}.

Remark 8.

Un tel développement existe, par division Euclidienne et est unique dans le sens où les cj,iK[x]subscript𝑐𝑗𝑖𝐾delimited-[]𝑥c_{j,i}\in K[x] sont uniques.

{defi}

Soient fK[x]𝑓𝐾delimited-[]𝑥f\in K[x], il𝑖𝑙i\leqslant l et f=j=0sicj,iQij𝑓superscriptsubscript𝑗0subscript𝑠𝑖subscript𝑐𝑗𝑖superscriptsubscript𝑄𝑖𝑗f=\sum\limits_{j=0}^{s_{i}}c_{j,i}Q_{i}^{j} un développement i𝑖i-standard de f𝑓f. On définit la i-troncature de 𝝁superscript𝝁bold-′\boldsymbol{\mu^{\prime}}, notée μisuperscriptsubscript𝜇𝑖\mu_{i}^{\prime}, comme étant la pseudo-valuation:

μi(f)=min0jsi{jμ(Qi)+μ(cj,i)}.superscriptsubscript𝜇𝑖𝑓subscript0𝑗subscript𝑠𝑖𝑗superscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscript𝑐𝑗𝑖\mu_{i}^{\prime}(f)=\min_{0\leqslant j\leqslant s_{i}}\{j\mu^{\prime}(Q_{i})+\mu^{\prime}(c_{j,i})\}.
Remark 9.

On peut montrer que c’est en fait une valuation. On a de plus:

fK[x],iΛ,μi(f)μ(f).formulae-sequencefor-all𝑓𝐾delimited-[]𝑥formulae-sequence𝑖Λsuperscriptsubscript𝜇𝑖𝑓superscript𝜇𝑓\forall\>f\in K[x],\>i\in\Lambda,\>\mu_{i}^{\prime}(f)\leqslant\mu^{\prime}(f).

On termine en donnant la Proposition 10.1 (Corollaire 50 de [3]) et le Corollaire 10.15 de [9] que nous utiliserons dans les preuves des Propositions 17 et 22.

Proposition 10.

fK[x]for-all𝑓𝐾delimited-[]𝑥\forall\>f\in K[x], bfor-all𝑏\forall\>b\in\mathbb{N},

μi(f)μi(pbf)pbpbi(μ(Qi)μ(pbiQi)),subscriptsuperscript𝜇𝑖𝑓subscriptsuperscript𝜇𝑖subscriptsuperscript𝑝𝑏𝑓superscript𝑝𝑏superscript𝑝subscript𝑏𝑖superscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscriptsuperscript𝑝subscript𝑏𝑖subscript𝑄𝑖\mu^{\prime}_{i}(f)-\mu^{\prime}_{i}\left(\partial_{p^{b}}f\right)\leqslant\dfrac{p^{b}}{p^{b_{i}}}\left(\mu^{\prime}(Q_{i})-\mu^{\prime}(\partial_{p^{b_{i}}}Q_{i})\right),

pb=1pb!pbxpbsubscriptsuperscript𝑝𝑏1superscript𝑝𝑏superscriptsuperscript𝑝𝑏superscript𝑥superscript𝑝𝑏\partial_{p^{b}}=\dfrac{1}{p^{b}!}\dfrac{\partial^{p^{b}}}{\partial x^{p^{b}}} et bisubscript𝑏𝑖b_{i} le plus petit c𝑐superscriptc\in\mathbb{N}^{*} qui maximise μ(Qi)μ(pcQi)pcsuperscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscriptsuperscript𝑝𝑐subscript𝑄𝑖superscript𝑝𝑐\dfrac{\mu^{\prime}(Q_{i})-\mu^{\prime}(\partial_{p^{c}}Q_{i})}{p^{c}}.
De plus, il existe b(i,f)𝑏𝑖𝑓superscriptb(i,f)\in\mathbb{N}^{*} calculé en fonction du développement i𝑖i-standard de f𝑓f, tel que:

μi(f)μi(pb(i,f)f)=pb(i,f)pbi(μ(Qi)μ(pbiQi)).subscriptsuperscript𝜇𝑖𝑓subscriptsuperscript𝜇𝑖subscriptsuperscript𝑝𝑏𝑖𝑓𝑓superscript𝑝𝑏𝑖𝑓superscript𝑝subscript𝑏𝑖superscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscriptsuperscript𝑝subscript𝑏𝑖subscript𝑄𝑖\mu^{\prime}_{i}(f)-\mu^{\prime}_{i}\left(\partial_{p^{b(i,f)}}f\right)=\dfrac{p^{b(i,f)}}{p^{b_{i}}}\left(\mu^{\prime}(Q_{i})-\mu^{\prime}(\partial_{p^{b_{i}}}Q_{i})\right).
Proposition 11.

Soit f=j=0sicj,iQij𝑓superscriptsubscript𝑗0subscript𝑠𝑖subscript𝑐𝑗𝑖superscriptsubscript𝑄𝑖𝑗f=\sum\limits_{j=0}^{s_{i}}c_{j,i}Q_{i}^{j} le développement i𝑖i-standard de fK[x]𝑓𝐾delimited-[]𝑥f\in K[x], on pose:

Si={j{0,,si}|jμ(Qi)+μ(cj,i)=μi(f)}.subscript𝑆𝑖conditional-set𝑗0subscript𝑠𝑖𝑗superscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscript𝑐𝑗𝑖subscriptsuperscript𝜇𝑖𝑓S_{i}=\{j\in\{0,...,s_{i}\}\>|\>j\mu^{\prime}(Q_{i})+\mu^{\prime}(c_{j,i})=\mu^{\prime}_{i}(f)\}.

Soit jSi𝑗subscript𝑆𝑖j\in S_{i}, écrivons j𝑗j sous la forme j=peu𝑗superscript𝑝𝑒𝑢j=p^{e}u, où p𝑝p ne divise pas u𝑢u si car(Kμ)=p>0𝑐𝑎𝑟subscript𝐾𝜇𝑝0car(K_{\mu})=p>0.
Supposons que pe+1superscript𝑝𝑒1p^{e+1} divise jsuperscript𝑗j^{\prime}, pour tout jSisuperscript𝑗subscript𝑆𝑖j^{\prime}\in S_{i} tels que j<jsuperscript𝑗𝑗j^{\prime}<j. ()(*)
Alors:

μi(f)=min0jsi{μi(jbif)+j(μ(Qi)μ(biQi))}subscriptsuperscript𝜇𝑖𝑓subscript0𝑗subscript𝑠𝑖subscriptsuperscript𝜇𝑖subscript𝑗subscript𝑏𝑖𝑓𝑗superscript𝜇subscript𝑄𝑖superscript𝜇subscriptsubscript𝑏𝑖subscript𝑄𝑖\mu^{\prime}_{i}(f)=\min_{0\leqslant j\leqslant s_{i}}\{\mu^{\prime}_{i}\left(\partial_{jb_{i}}f\right)+j\left(\mu^{\prime}(Q_{i})-\mu^{\prime}(\partial_{b_{i}}Q_{i})\right)\}

et le minimum est atteint pour tout les jSi𝑗subscript𝑆𝑖j\in S_{i} vérifiant la condition de divisibilité ()(*) précédente.

On va utiliser les polynômes-clés dans le cadre des anneaux locaux réguliers, ils interviennent de manière fondamentale dans la démonstration du Théorème 13.

Polynômes-clés dans une tour d’extensions de corps. Pour j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}, on note {Qj,i}iΛjsubscriptsubscript𝑄𝑗𝑖𝑖subscriptΛ𝑗\{Q_{j,i}\}_{i\in\Lambda_{j}} l’ensemble des polynômes-clés de l’extension Kj1Kj1(uj)subscript𝐾𝑗1subscript𝐾𝑗1subscript𝑢𝑗K_{j-1}\hookrightarrow K_{j-1}(u_{j}), Qj,i={Qj,i|iΛj,i<i}subscriptQ𝑗𝑖conditional-setsubscript𝑄𝑗superscript𝑖formulae-sequencesuperscript𝑖subscriptΛ𝑗superscript𝑖𝑖\textbf{Q}_{j,i}=\left\{Q_{j,i^{\prime}}|i^{\prime}\in\Lambda_{j},i^{\prime}<i\right\}, Γ(j)superscriptΓ𝑗\Gamma^{(j)} le groupe des valeurs de ν|Kj\nu_{|K_{j}} et νj,isubscript𝜈𝑗𝑖\nu_{j,i} la i𝑖i-troncature de ν𝜈\nu pour cette extension. Soient βj,i=ν(Qj,i)subscript𝛽𝑗𝑖𝜈subscript𝑄𝑗𝑖\beta_{j,i}=\nu(Q_{j,i}) et bj,isubscript𝑏𝑗𝑖b_{j,i} le plus petit élément b𝑏b de \mathbb{N} qui maximise βj,iν(j,pbQj,i)pbsubscript𝛽𝑗𝑖𝜈subscript𝑗superscript𝑝𝑏subscript𝑄𝑗𝑖superscript𝑝𝑏\dfrac{\beta_{j,i}-\nu(\partial_{j,p^{b}}Q_{j,i})}{p^{b}}, où j,s=1s!sujssubscript𝑗𝑠1𝑠superscript𝑠superscriptsubscript𝑢𝑗𝑠\partial_{j,s}=\dfrac{1}{s!}\dfrac{\partial^{s}}{\partial u_{j}^{s}}, s𝑠s\in\mathbb{N}. Soit εj,i=βj,iν(j,pbj,iQj,i)pbj,isubscript𝜀𝑗𝑖subscript𝛽𝑗𝑖𝜈subscript𝑗superscript𝑝subscript𝑏𝑗𝑖subscript𝑄𝑗𝑖superscript𝑝subscript𝑏𝑗𝑖\varepsilon_{j,i}=\dfrac{\beta_{j,i}-\nu(\partial_{j,p^{b_{j,i}}}Q_{j,i})}{p^{b_{j,i}}}, on a:

Lemma 12.

([9], Lemme 10.4) La suite (εj,i)isubscriptsubscript𝜀𝑗𝑖𝑖(\varepsilon_{j,i})_{i} est strictement croissante.

Preuve: Nous reprennons la preuve du Lemme 10.4 de [9]. Fixons j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\} et considérons i1subscript𝑖1i_{1}, i2Λjsubscript𝑖2subscriptΛ𝑗i_{2}\in\Lambda_{j} deux ordinaux. Il faut montrer que:

βj,i1ν(j,pbj,i1Qj,i1)pbj,i1<βj,i2ν(j,pbj,i2Qj,i2)pbj,i2.subscript𝛽𝑗subscript𝑖1𝜈subscript𝑗superscript𝑝subscript𝑏𝑗subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖1superscript𝑝subscript𝑏𝑗subscript𝑖1subscript𝛽𝑗subscript𝑖2𝜈subscript𝑗superscript𝑝subscript𝑏𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝subscript𝑏𝑗subscript𝑖2\dfrac{\beta_{j,i_{1}}-\nu(\partial_{j,p^{b_{j,i_{1}}}}Q_{j,i_{1}})}{p^{b_{j,i_{1}}}}<\dfrac{\beta_{j,i_{2}}-\nu(\partial_{j,p^{b_{j,i_{2}}}}Q_{j,i_{2}})}{p^{b_{j,i_{2}}}}.

On peut supposer que i2=i1+subscript𝑖2subscript𝑖limit-from1i_{2}=i_{1\>+} (c’est-à-dire i2=i1+1subscript𝑖2subscript𝑖11i_{2}=i_{1}+1 ou i2=i1+ωsubscript𝑖2subscript𝑖1𝜔i_{2}=i_{1}+\omega), on conclut dans le cas général par récurrence transfinie sur i2i1subscript𝑖2subscript𝑖1i_{2}-i_{1}. Par la Proposition 10, il existe b(i1,Qj,i2)𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2b(i_{1},Q_{j,i_{2}}) calculé en fonction du développement (j,i1)𝑗subscript𝑖1(j,i_{1})-standard de Qj,i2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2Q_{j,i_{2}}, tel que:

νj,i1(Qj,i2)νj,i1(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)=pb(i1,Qj,i2)pbi1(ν(Qj,i1)ν(pbi1Qj,i1)).subscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝subscript𝑏subscript𝑖1𝜈subscript𝑄𝑗subscript𝑖1𝜈subscriptsuperscript𝑝subscript𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖1\nu_{j,i_{1}}(Q_{j,i_{2}})-\nu_{j,i_{1}}\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)=\dfrac{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}{p^{b_{i_{1}}}}\left(\nu(Q_{j,i_{1}})-\nu(\partial_{p^{b_{i_{1}}}}Q_{j,i_{1}})\right).

Vu que d(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)<d(Qj,i2)superscript𝑑subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑑subscript𝑄𝑗subscript𝑖2d^{\>\circ}\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)<d^{\>\circ}\left(Q_{j,i_{2}}\right), on montre facilement que:

νj,i1(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)=ν(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2).subscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2𝜈subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2\nu_{j,i_{1}}\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)=\nu\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right).

Par définition du développement (j,i1)𝑗subscript𝑖1(j,i_{1})-standard, on a:

βj,i2>αj,i2βj,i1=νj,i1(Qj,i2).subscript𝛽𝑗subscript𝑖2subscript𝛼𝑗subscript𝑖2subscript𝛽𝑗subscript𝑖1subscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2\beta_{j,i_{2}}>\alpha_{j,i_{2}}\beta_{j,i_{1}}=\nu_{j,i_{1}}(Q_{j,i_{2}}).

Ainsi, par définition de εj,i2subscript𝜀𝑗subscript𝑖2\varepsilon_{j,i_{2}}:

εj,i1subscript𝜀𝑗subscript𝑖1\displaystyle\varepsilon_{j,i_{1}} =νj,i1(Qj,i2)νj,i1(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)pb(i1,Qj,i2)absentsubscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝜈𝑗subscript𝑖1subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2\displaystyle=\dfrac{\nu_{j,i_{1}}(Q_{j,i_{2}})-\nu_{j,i_{1}}\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)}{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}
=αj,i2βj,i1ν(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)pb(i1,Qj,i2)absentsubscript𝛼𝑗subscript𝑖2subscript𝛽𝑗subscript𝑖1𝜈subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2\displaystyle=\dfrac{\alpha_{j,i_{2}}\beta_{j,i_{1}}-\nu\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)}{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}
<βj,i2ν(pb(i1,Qj,i2)Qj,i2)pb(i1,Qj,i2)absentsubscript𝛽𝑗subscript𝑖2𝜈subscriptsuperscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2subscript𝑄𝑗subscript𝑖2superscript𝑝𝑏subscript𝑖1subscript𝑄𝑗subscript𝑖2\displaystyle<\dfrac{\beta_{j,i_{2}}-\nu\left(\partial_{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}Q_{j,i_{2}}\right)}{p^{b(i_{1},Q_{j,i_{2}})}}
εj,i2.absentsubscript𝜀𝑗subscript𝑖2\displaystyle\leqslant\varepsilon_{j,i_{2}}.

On en conclut que la suite (εj,i)isubscriptsubscript𝜀𝑗𝑖𝑖(\varepsilon_{j,i})_{i} est strictement croissante, pour tout j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}.

4. Le théorème de plongement de Kaplansky

Dans cette section, on suppose que (R,𝔪,k)𝑅𝔪𝑘(R,\mathfrak{m},k) est un anneau local complet régulier de dimension n+1𝑛1n+1. Si R𝑅R est de caractéristique mixte, on suppose de plus que p𝔪2𝑝superscript𝔪2p\notin\mathfrak{m}^{2}. Notons ν𝜈\nu une valuation de K=Frac(R)𝐾𝐹𝑟𝑎𝑐𝑅K=Frac(R), centrée en R𝑅R, de groupe des valeurs ΓΓ\Gamma et telle que ν|Kn1\nu_{|K_{n-1}} soit de rang 111.

Theorem 13.

Il existe un anneau de Mal’cev-Neumann ARsubscript𝐴𝑅A_{R} et un monomorphisme d’anneaux

ι:RAR:𝜄𝑅subscript𝐴𝑅\iota:R\hookrightarrow A_{R}

tel que ν𝜈\nu soit la restriction à R𝑅R de la valuation de Mal’cev-Neumann associée à ARsubscript𝐴𝑅A_{R}.
Pour fR𝑓𝑅f\in R, on appelle ι(f)𝜄𝑓\iota(f) un développement de Puiseux de fff par rapport à 𝛎𝛎\boldsymbol{\nu}.

Remark 14.

AR={kν¯[[tΓ]]sicar(R)=car(k)W¯[[pΓ]]sicar(R)car(k)subscript𝐴𝑅cases¯subscript𝑘𝜈delimited-[]delimited-[]superscript𝑡superscriptΓsi𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓsi𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘A_{R}=\left\{\begin{array}[]{ccc}\overline{k_{\nu}}\left[\left[t^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]&\textup{si}&car(R)=car(k)\\ \overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]&\textup{si}&car(R)\neq car(k)\end{array}\right.

Remark 15.

On sait que:

R={k[[u1,,un+1]]sicar(R)=car(k)W[[u1,,un]]sicar(R)car(k)𝑅cases𝑘delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘𝑊delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑛si𝑐𝑎𝑟𝑅𝑐𝑎𝑟𝑘R=\left\{\begin{array}[]{ccc}k\left[\left[u_{1},...,u_{n+1}\right]\right]&\textup{si}&car(R)=car(k)\\ W\left[\left[u_{1},...,u_{n}\right]\right]&\textup{si}&car(R)\neq car(k)\end{array}\right.

la preuve consiste donc à définir, par récurrence transfinie, le développement de Puiseux de u1,,un+1subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1u_{1},...,u_{n+1} (resp. p,u1,,un𝑝subscript𝑢1subscript𝑢𝑛p,u_{1},...,u_{n}) à l’aide des polynômes-clés.

Preuve: On va faire la preuve de ce théorème seulement dans le cas où R𝑅R est de caractéristique mixte. Le cas où R𝑅R est équicaractéristique se traite de la même manière en remplaçant p𝑝p par t𝑡t et en prenant les coefficients directement dans kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}}.

Dans ce qui suit on va construire un développement de Puiseux en lien avec les polynômes-clés. Remarquons que définir un développement de Puiseux pour un élément de R𝑅R revient à définir n+1𝑛1n+1 séries ι(p),ι(u1),,ι(un)𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑛\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{n}) formellement indépendantes sur W𝑊W.
On va construire le morphisme ι𝜄\iota par récurrence sur nr𝑛𝑟n-r. Si n=r𝑛𝑟n=r, on pose ι(p)=pν(p)𝜄𝑝superscript𝑝𝜈𝑝\iota(p)=p^{\nu(p)} et ι(uj)=pν(uj)𝜄subscript𝑢𝑗superscript𝑝𝜈subscript𝑢𝑗\iota(u_{j})=p^{\nu(u_{j})}, j{1,,r}𝑗1𝑟j\in\{1,...,r\} (remarquons que, pour que ι𝜄\iota soit un morphisme, comme ν|Kn1\nu_{|K_{n-1}} est de rang 111, on choisit une fois pour toute un plongement Γ1subscriptΓ1\Gamma_{1}\hookrightarrow\mathbb{R} qui envoie ν(p)𝜈𝑝\nu(p) sur 111).
Supposons que n>r𝑛𝑟n>r et que l’on a déjà construit un monomorphisme d’anneaux valués:

ιn1:Rn1W¯[[pΓ]]:subscript𝜄𝑛1subscript𝑅𝑛1¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\iota_{n-1}:R_{n-1}\hookrightarrow\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]

tel que ν|Rn1\nu_{|R_{n-1}} soit induite par la valuation p𝑝p-adique, Rn1subscript𝑅𝑛1R_{n-1} désignant l’anneau W[[u1,,un1]]𝑊delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1W\left[\left[u_{1},...,u_{n-1}\right]\right]. Pour j{1,,n1}𝑗1𝑛1j\in\{1,...,n-1\}, on note uj(p)=ιn1(uj)subscript𝑢𝑗𝑝subscript𝜄𝑛1subscript𝑢𝑗u_{j}(p)=\iota_{n-1}(u_{j}).
Nous allons construire la série généralisée un(p)subscript𝑢𝑛𝑝u_{n}(p) par récurrence transfinie sur un sous-ensemble bien ordonné de ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime}.
Soit βΓ+𝛽subscriptΓ\beta\in\Gamma_{+}, on note iβ=min{iΛn|βεn,i}subscript𝑖𝛽𝑖conditionalsubscriptΛ𝑛𝛽subscript𝜀𝑛𝑖i_{\beta}=\min\{i\in\Lambda_{n}\>|\>\beta\leqslant\varepsilon_{n,i}\} et par convention, si {iΛn|βεn,i}=conditional-set𝑖subscriptΛ𝑛𝛽subscript𝜀𝑛𝑖\{i\in\Lambda_{n}\>|\>\beta\leqslant\varepsilon_{n,i}\}=\emptyset, on prendra iβ=Λnsubscript𝑖𝛽subscriptΛ𝑛i_{\beta}=\Lambda_{n} (c’est-à-dire le plus petit ordinal strictement plus grand que n’importe quel élément de ΛnsubscriptΛ𝑛\Lambda_{n}).
Supposons donnée une série généralisée un(β)=γ<βaγpγW¯[[pΓ]]subscript𝑢𝑛𝛽subscript𝛾𝛽subscript𝑎𝛾superscript𝑝𝛾¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓu_{n}(\beta)=\sum\limits_{\gamma<\beta}a_{\gamma}p^{\gamma}\in\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right], on considère le morphisme d’anneaux ιβ:RW¯[[pΓ]]:subscript𝜄𝛽𝑅¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\iota_{\beta}:R\rightarrow\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] défini par:

ιβ(p)subscript𝜄𝛽𝑝\displaystyle\iota_{\beta}(p) =pν(p);absentsuperscript𝑝𝜈𝑝\displaystyle=p^{\nu(p)};
ιβ(uj)subscript𝜄𝛽subscript𝑢𝑗\displaystyle\iota_{\beta}(u_{j}) =uj(p),j{1,,n1};formulae-sequenceabsentsubscript𝑢𝑗𝑝for-all𝑗1𝑛1\displaystyle=u_{j}(p),\>\forall\>j\in\{1,...,n-1\};
ιβ(un)subscript𝜄𝛽subscript𝑢𝑛\displaystyle\iota_{\beta}(u_{n}) =un(β).absentsubscript𝑢𝑛𝛽\displaystyle=u_{n}(\beta).
{defi}

On dit que un(β)subscript𝑢𝑛𝛽u_{n}(\beta) est un développement de Puiseux partiel de unsubscript𝑢𝑛u_{n} si les deux conditions suivantes sont vérifiées pour tout j{1,,n}𝑗1𝑛j\in\{1,...,n\}:

  1. (1)

    v(ιβ(Qn,i))=βn,i𝑣subscript𝜄𝛽subscript𝑄𝑛𝑖subscript𝛽𝑛𝑖v(\iota_{\beta}(Q_{n,i}))=\beta_{n,i}, iΛnfor-all𝑖subscriptΛ𝑛\forall i\in\Lambda_{n} tel que i<iβ𝑖subscript𝑖𝛽i<i_{\beta};

  2. (2)

    v(ιβ(Qn,iβ))minq{ν(n,pqQn,iβ)+pqβ}𝑣subscript𝜄𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝𝑞𝛽v(\iota_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}}))\geqslant\min\limits_{q\in\mathbb{N}}\{\nu(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}})+p^{q}\beta\} (si iβ=Λnsubscript𝑖𝛽subscriptΛ𝑛i_{\beta}=\Lambda_{n}, on considère cette condition toujours vérifiée).

Soit T𝑇T une nouvelle variable et considérons le morphisme d’anneaux
ιβ,T:RW¯[[pΓ,T]]:subscript𝜄𝛽𝑇𝑅¯𝑊delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ𝑇\iota_{\beta,T}:R\rightarrow\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}},T\right]\right] défini par:

ιβ,T(p)subscript𝜄𝛽𝑇𝑝\displaystyle\iota_{\beta,T}(p) =pν(p);absentsuperscript𝑝𝜈𝑝\displaystyle=p^{\nu(p)};
ιβ,T(uj)subscript𝜄𝛽𝑇subscript𝑢𝑗\displaystyle\iota_{\beta,T}(u_{j}) =uj(p),j{1,,n1};formulae-sequenceabsentsubscript𝑢𝑗𝑝for-all𝑗1𝑛1\displaystyle=u_{j}(p),\>\forall\>j\in\{1,...,n-1\};
ιβ,T(un)subscript𝜄𝛽𝑇subscript𝑢𝑛\displaystyle\iota_{\beta,T}(u_{n}) =un(β)+T.absentsubscript𝑢𝑛𝛽𝑇\displaystyle=u_{n}(\beta)+T.

On note νβsubscript𝜈𝛽\nu_{\beta} l’extension à W¯[[pΓ,T]]¯𝑊delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ𝑇\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}},T\right]\right] de la valuation p𝑝p-adique v𝑣v de W¯[[pΓ]]¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] telle que νβ(T)=βsubscript𝜈𝛽𝑇𝛽\nu_{\beta}(T)=\beta et on suppose que inνβ(T)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽𝑇in_{\nu_{\beta}}(T) est transcendant sur grv(W¯[[pΓ]])𝑔subscript𝑟𝑣¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓgr_{v}\left(\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]\right). On pose alors μβ=νβ|Rsubscript𝜇𝛽subscript𝜈conditional𝛽𝑅\mu_{\beta}=\nu_{\beta|R}R𝑅R est vu comme sous-anneau de W¯[[pΓ,T]]¯𝑊delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ𝑇\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}},T\right]\right] via le monomorphisme ιβ,Tsubscript𝜄𝛽𝑇\iota_{\beta,T}.
Supposons que iβ=Λnsubscript𝑖𝛽subscriptΛ𝑛i_{\beta}=\Lambda_{n}, alors μβ=νsubscript𝜇𝛽𝜈\mu_{\beta}=\nu. Sinon, supposons que iβ<Λnsubscript𝑖𝛽subscriptΛ𝑛i_{\beta}<\Lambda_{n}, c’est-à-dire qu’il existe iΛn𝑖subscriptΛ𝑛i\in\Lambda_{n} tel que εn,iβsubscript𝜀𝑛𝑖𝛽\varepsilon_{n,i}\geqslant\beta. On note alors:

Γβ=Γ(n1)+i<iββn,iΓ.subscriptΓ𝛽subscripttensor-productsuperscriptΓ𝑛1subscript𝑖subscript𝑖𝛽subscript𝛽𝑛𝑖superscriptΓ\Gamma_{\beta}=\Gamma^{(n-1)}\otimes_{\mathbb{Z}}\mathbb{Q}+\sum\limits_{i<i_{\beta}}\mathbb{Q}\beta_{n,i}\subset\Gamma^{\prime}.
Lemma 16.

On a les assertions suivantes:

  1. (1)

    La valuation νβ|Kn1subscript𝜈conditional𝛽subscript𝐾𝑛1\nu_{\beta|K_{n-1}} est l’unique valuation telle que:

    νβ|Kn1[Qn,iβ]=ν|Kn1[Qn,iβ];\nu_{\beta|K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]}=\nu_{|K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]};
    νβ(Qn,iβ)=minq{ν(n,pqQn,iβ)+pqβ},subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝𝑞𝛽\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\min_{q\in\mathbb{N}}\left\{\nu\left(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q}\beta\right\},

    et inνβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{{\beta}}}(Q_{n,i_{\beta}}) est transcendant sur grνβ(Kn1[Qn,iβ])𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽gr_{\nu_{\beta}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right).

  2. (2)

    Considérons les sous-algèbres graduées grμβ(Kn1[Qn,iβ])grμβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽𝑅gr_{\mu_{\beta}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)\subset gr_{\mu_{\beta}}(R) et grνn,iβ(Kn1[Qn,iβ])grνn,iβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝑅gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)\subset gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(R\right). On a alors un isomorphisme d’algèbres graduées:

    grμβ(Kn1[Qn,iβ])grνn,iβ(Kn1[Qn,iβ])similar-to-or-equals𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽gr_{\mu_{\beta}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)\simeq gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)

    qui peut être étendu en un isomorphisme entre grμβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽𝑅gr_{\mu_{\beta}}(R) et grνn,iβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝑅gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(R\right) en envoyant inμβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\mu_{\beta}}(Q_{n,i_{\beta}}) sur inνn,iβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{n,i_{\beta}}}(Q_{n,i_{\beta}}), mais la graduation n’est, en général, pas préservée, sauf si l’une des deux conditions équivalentes de (3) est vérifiée.

  3. (3)

    μβ=νn,iβsubscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}} ssi β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}.

  4. (4)

    hRfor-all𝑅\forall\>h\in R, νn,iβ(h)ν(h)subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝜈\nu_{n,i_{\beta}}(h)\leqslant\nu(h).
    Supposons que β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}} (donc μβ=νn,iβsubscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}}). On a alors, pour tout hR𝑅h\in R:

    νn,iβ(h)=ν(h)inνn,iβ(h)ker(grνn,iβ(R)grν(R))subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝜈𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽kernel𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝑅𝑔subscript𝑟𝜈𝑅\displaystyle\nu_{n,i_{\beta}}(h)=\nu(h)\Leftrightarrow in_{\nu_{n,i_{\beta}}}(h)\notin\ker\left(gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(R\right)\rightarrow gr_{\nu}(R)\right)
    inνβ(ιβ,T(h))ker(grνβ(W¯[[pΓ,T]])grv(W¯[[pΓ]])).absent𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇kernel𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝛽¯𝑊delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ𝑇𝑔subscript𝑟𝑣¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\displaystyle\Leftrightarrow in_{\nu_{\beta}}\left(\iota_{\beta,T}(h)\right)\notin\ker\Big{(}gr_{\nu_{\beta}}\left(\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}},T\right]\right]\right)\rightarrow gr_{v}\left(\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]\right)\Big{)}.

    En particulier, il y a égalité si inνβ(T)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽𝑇in_{\nu_{\beta}}(T) n’apparaît pas dans inνβ(ιβ,T(h))𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇in_{\nu_{\beta}}(\iota_{\beta,T}(h)).

Preuve: (1): νβ|Kn1=ν|Kn1\nu_{\beta|K_{n-1}}=\nu_{|K_{n-1}} par définition de ιβ,Tsubscript𝜄𝛽𝑇\iota_{\beta,T}, νβsubscript𝜈𝛽\nu_{\beta} et v𝑣v. Pour i<iβ𝑖subscript𝑖𝛽i<i_{\beta}, alors, βn,i<βsubscript𝛽𝑛𝑖𝛽\beta_{n,i}<\beta et comme un(β)subscript𝑢𝑛𝛽u_{n}(\beta) est un développement de Puiseux partiel, on obtient l’égalité:

νβ(ιβ,T(Qn,i))=v(ιβ(Qn,i))=βn,i.subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇subscript𝑄𝑛𝑖𝑣subscript𝜄𝛽subscript𝑄𝑛𝑖subscript𝛽𝑛𝑖\nu_{\beta}\left(\iota_{\beta,T}(Q_{n,i})\right)=v\left(\iota_{\beta}(Q_{n,i})\right)=\beta_{n,i}.

Enfin, comme:

Qn,iβ(u1,,un1,un+T)=l=0dun(Qn,iβ)n,lQn,iβ(u1,,un)Tl,subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑢1subscript𝑢𝑛1subscript𝑢𝑛𝑇superscriptsubscript𝑙0superscriptsubscript𝑑subscript𝑢𝑛subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑛𝑙subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑢1subscript𝑢𝑛superscript𝑇𝑙Q_{n,i_{\beta}}\left(u_{1},...,u_{n-1},u_{n}+T\right)=\sum\limits_{l=0}^{d_{u_{n}}^{\>\circ}(Q_{n,i_{\beta}})}\partial_{n,l}Q_{n,i_{\beta}}(u_{1},...,u_{n})T^{l},

on en déduit que:

νβ(Qn,iβ)=minl{ν(n,lQn,iβ)+lνβ(T)},subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑙𝜈subscript𝑛𝑙subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝑙subscript𝜈𝛽𝑇\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\min_{l\in\mathbb{N}}\left\{\nu\left(\partial_{n,l}Q_{n,i_{\beta}}\right)+l\nu_{\beta}(T)\right\},

où le minimum est atteint avec l=1𝑙1l=1 si car(k)=0𝑐𝑎𝑟𝑘0car(k)=0, une puissance de p=car(k)𝑝𝑐𝑎𝑟𝑘p=car(k) sinon. Ainsi, inνβ(T)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽𝑇in_{\nu_{\beta}}(T) apparaît dans inνβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{{\beta}}}(Q_{n,i_{\beta}}). Comme inνβ(T)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽𝑇in_{\nu_{\beta}}(T) est transcendant sur grv(W¯[[pΓ]])𝑔subscript𝑟𝑣¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓgr_{v}\left(\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]\right), on en déduit que inνβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{{\beta}}}(Q_{n,i_{\beta}}) est transcendant sur grνβ(Kn1[Qn,iβ])𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽gr_{\nu_{\beta}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right). L’unicité de νβsubscript𝜈𝛽\nu_{\beta} vérifiant les propriétés précédemment démontrées provient de la définition même de cette valuation.
(2): Par définition et construction des polynômes-clés et de la valuation tronquée νn,iβsubscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\nu_{n,i_{\beta}}, on obtient l’égalité:

νn,iβ|Kn1[Qn,iβ]=ν|Kn1[Qn,iβ]\nu_{n,i_{\beta}|K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]}=\nu_{|K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]}

qui nous définit un isomorphisme naturel d’algèbres graduées:

grνn,iβ(Kn1[Qn,iβ])grμβ(Kn1[Qn,iβ])𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽similar-to𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscriptQ𝑛subscript𝑖𝛽gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)\overset{\sim}{\longrightarrow}gr_{\mu_{\beta}}\left(K_{n-1}[\textbf{Q}_{n,i_{\beta}}]\right)

En envoyant inνn,iβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{n,i_{\beta}}}(Q_{n,i_{\beta}}) sur inμβ(Qn,iβ)𝑖subscript𝑛subscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\mu_{\beta}}(Q_{n,i_{\beta}}), on prolonge l’isomorphisme précédent en un isomorphisme entre grνn,iβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝑅gr_{\nu_{n,i_{\beta}}}\left(R\right) et grμβ(R)𝑔subscript𝑟subscript𝜇𝛽𝑅gr_{\mu_{\beta}}(R), la graduation étant préservée seulement si μβ=νn,iβsubscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}}.
(3): Supposons que β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}, par définition des polynômes-clés et de μβsubscript𝜇𝛽\mu_{\beta}, il suffit de montrer que μβ(Qn,iβ)=νn,iβ(Qn,iβ)subscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\nu_{n,i_{\beta}}(Q_{n,i_{\beta}}). Soit q0subscript𝑞0q_{0}\in\mathbb{N} tel que μβ(Qn,iβ)=ν(n,pq0Qn,iβ)+pq0βsubscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑞0subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑞0𝛽\mu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\nu\left(\partial_{n,p^{q_{0}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q_{0}}\beta. Par définition de μβsubscript𝜇𝛽\mu_{\beta}, on a:

μβ(Qn,iβ)=ν(n,pq0Qn,iβ)+pq0βν(n,pbn,iβQn,iβ)+pbn,iβεn,iβ=βn,iβ.subscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑞0subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑞0𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\nu\left(\partial_{n,p^{q_{0}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q_{0}}\beta\leqslant\nu\left(\partial_{n,p^{b_{n,i_{\beta}}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{b_{n,i_{\beta}}}\varepsilon_{n,i_{\beta}}=\beta_{n,i_{\beta}}.

Par définition de εn,iβsubscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\varepsilon_{n,i_{\beta}}, on a:

εn,iββn,iβν(n,pq0Qn,iβ)pq0,subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑞0subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑞0\varepsilon_{n,i_{\beta}}\geqslant\dfrac{\beta_{n,i_{\beta}}-\nu\left(\partial_{n,p^{q_{0}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)}{p^{q_{0}}},

c’est-à-dire:

μβ(Qn,iβ)=ν(n,pq0Qn,iβ)+pq0ββn,iβ.subscript𝜇𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑞0subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑞0𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\nu\left(\partial_{n,p^{q_{0}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q_{0}}\beta\geqslant\beta_{n,i_{\beta}}.

Réciproquement, si μβ=νn,iβsubscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}}, alors:

βn,iβ=ν(n,pq0Qn,iβ)+pq0βν(n,pbn,iβQn,iβ)+pbn,iββ,subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑞0subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑞0𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽𝛽\beta_{n,i_{\beta}}=\nu\left(\partial_{n,p^{q_{0}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q_{0}}\beta\leqslant\nu\left(\partial_{n,p^{b_{n,i_{\beta}}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{b_{n,i_{\beta}}}\beta,

ce qui donne:

εn,iβ=βn,iβν(n,pbn,iβQn,iβ)pbn,iββ.subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝subscript𝑏𝑛subscript𝑖𝛽𝛽\varepsilon_{n,i_{\beta}}=\dfrac{\beta_{n,i_{\beta}}-\nu\left(\partial_{n,p^{b_{n,i_{\beta}}}}Q_{n,i_{\beta}}\right)}{p^{b_{n,i_{\beta}}}}\leqslant\beta.

Enfin, rappelons que, par définition de iβsubscript𝑖𝛽i_{\beta}, βεn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta\leqslant\varepsilon_{n,i_{\beta}}.
(4): Par la Remarque 9, pour tout hR𝑅h\in R, νn,iβ(h)ν(h)subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽𝜈\nu_{n,i_{\beta}}(h)\leqslant\nu(h). La première équivalence est évidente, la deuxième provient du fait que l’on a supposé μβ=νn,iβsubscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}} et que μβ(h)=νβ(ιβ,T(h))subscript𝜇𝛽subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇\mu_{\beta}(h)=\nu_{\beta}(\iota_{\beta,T}(h)) ainsi que v(ι(h))=ν(h)𝑣𝜄𝜈v(\iota(h))=\nu(h).

Commençons notre récurrence transfinie par β=ν(un)=βn,1𝛽𝜈subscript𝑢𝑛subscript𝛽𝑛.1\beta=\nu(u_{n})=\beta_{n,1}. On pose alors un(β)=0subscript𝑢𝑛𝛽0u_{n}(\beta)=0 et on a iβ=1subscript𝑖𝛽1i_{\beta}=1, μβ=νn,iβ=νn,1subscript𝜇𝛽subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝜈𝑛.1\mu_{\beta}=\nu_{n,i_{\beta}}=\nu_{n,1}; un(β)subscript𝑢𝑛𝛽u_{n}(\beta) est ainsi un développement de Puiseux partiel de unsubscript𝑢𝑛u_{n}.
Supposons un(β)subscript𝑢𝑛𝛽u_{n}(\beta) construit pour un certain βΓ+𝛽subscriptΓ\beta\in\Gamma_{+} tel que β>ν(un)𝛽𝜈subscript𝑢𝑛\beta>\nu(u_{n}) et définissons le coefficient an,βsubscript𝑎𝑛𝛽a_{n,\beta} de pβsuperscript𝑝𝛽p^{\beta} de un(p)subscript𝑢𝑛𝑝u_{n}(p). On suppose également, par hypothèse de récurrence, que β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}} ou que βΓβ𝛽subscriptΓ𝛽\beta\in\Gamma_{\beta}.
Si βΓβ𝛽subscriptΓ𝛽\beta\notin\Gamma_{\beta}, comme β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}, alors βn,iβΓβsubscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽subscriptΓ𝛽\beta_{n,i_{\beta}}\notin\Gamma_{\beta} et donc iβ=maxΛnsubscript𝑖𝛽subscriptΛ𝑛i_{\beta}=\max\Lambda_{n}. Dans ce cas on a ν=νn,iβ=μβ𝜈subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝜇𝛽\nu=\nu_{n,i_{\beta}}=\mu_{\beta} et on pose alors:

un(p)=un(β)+pβ.subscript𝑢𝑛𝑝subscript𝑢𝑛𝛽superscript𝑝𝛽u_{n}(p)=u_{n}(\beta)+p^{\beta}.

Si βΓβ𝛽subscriptΓ𝛽\beta\in\Gamma_{\beta} alors νβ(Qn,iβ)=minq{ν(n,pqQn,iβ)+pqβ}Γβsubscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝𝑞𝛽subscriptΓ𝛽\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\min\limits_{q\in\mathbb{N}}\{\nu(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}})+p^{q}\beta\}\in\Gamma_{\beta} et donc:

dKn1,l1,,ltΛn,λ,λ1,,λtformulae-sequence𝑑subscript𝐾𝑛1subscript𝑙1formulae-sequencesubscript𝑙𝑡subscriptΛ𝑛formulae-sequence𝜆subscript𝜆1subscript𝜆𝑡\exists\>d\in K_{n-1},l_{1},...,l_{t}\in\Lambda_{n},\lambda\in\mathbb{N},\lambda_{1},...,\lambda_{t}\in\mathbb{Z}

tels que:

λνβ(Qn,iβ)=j=1tλjβn,lj+ν(d).𝜆subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscriptsubscript𝑗1𝑡subscript𝜆𝑗subscript𝛽𝑛subscript𝑙𝑗𝜈𝑑\lambda\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\sum\limits_{j=1}^{t}\lambda_{j}\beta_{n,l_{j}}+\nu(d).

On pose alors:

z={Qn,iβλdj=1tQn,ljλjmodmνkνsiβ=εn,iβ0siβ<εn,iβ𝑧casessuperscriptsubscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝜆𝑑superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑡superscriptsubscript𝑄𝑛subscript𝑙𝑗subscript𝜆𝑗modsubscript𝑚𝜈subscript𝑘𝜈si𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽0si𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽z=\left\{\begin{array}[]{ccc}\dfrac{Q_{n,i_{\beta}}^{\lambda}}{d\prod\limits_{j=1}^{t}Q_{n,l_{j}}^{\lambda_{j}}}\>\textup{mod}\>m_{\nu}\in k_{\nu}&\textup{si}&\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}\\ 0&\textup{si}&\beta<\varepsilon_{n,i_{\beta}}\end{array}\right.

Notons Wr+1,,Wn1,Wnsubscript𝑊𝑟1subscript𝑊𝑛1subscript𝑊𝑛W_{r+1},...,W_{n-1},W_{n} les supports respectifs de ur+1(p),,un1(p)subscript𝑢𝑟1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝u_{r+1}(p),...,u_{n-1}(p), un(β)subscript𝑢𝑛𝛽u_{n}(\beta), on note alors uj(p)=γWjaj,γpγsubscript𝑢𝑗𝑝subscript𝛾subscript𝑊𝑗subscript𝑎𝑗𝛾superscript𝑝𝛾u_{j}(p)=\sum\limits_{\gamma\in W_{j}}a_{j,\gamma}p^{\gamma} pour j{r+1,,n1}𝑗𝑟1𝑛1j\in\{r+1,...,n-1\} et un(β)=γWnan,γpγsubscript𝑢𝑛𝛽subscript𝛾subscript𝑊𝑛subscript𝑎𝑛𝛾superscript𝑝𝛾u_{n}(\beta)=\sum\limits_{\gamma\in W_{n}}a_{n,\gamma}p^{\gamma}. Posons, pour j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}, 𝔞j={aj,γ|γWj}W¯subscript𝔞𝑗conditional-setsubscript𝑎𝑗𝛾𝛾subscript𝑊𝑗¯𝑊\mathfrak{a}_{j}=\{a_{j,\gamma}\>|\>\gamma\in W_{j}\}\subset\overline{W}, 𝔞j¯={aj,γ¯|γWj}kν¯¯subscript𝔞𝑗conditional-set¯subscript𝑎𝑗𝛾𝛾subscript𝑊𝑗¯subscript𝑘𝜈\overline{\mathfrak{a}_{j}}=\{\overline{a_{j,\gamma}}\>|\>\gamma\in W_{j}\}\subset\overline{k_{\nu}} son image modulo p𝑝p, 𝔞=(𝔞r+1,,𝔞n)𝔞subscript𝔞𝑟1subscript𝔞𝑛\mathfrak{a}=(\mathfrak{a}_{r+1},...,\mathfrak{a}_{n}) et 𝔞¯=(𝔞r+1¯,,𝔞n¯)¯𝔞¯subscript𝔞𝑟1¯subscript𝔞𝑛\overline{\mathfrak{a}}=(\overline{\mathfrak{a}_{r+1}},...,\overline{\mathfrak{a}_{n}}). Soit X𝑋X une variable indépendante, si on remplace T𝑇T par Xpβ𝑋superscript𝑝𝛽Xp^{\beta} dans inνβ(ιβ,T(Qn,iβ))𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽in_{\nu_{\beta}}(\iota_{\beta,T}(Q_{n,i_{\beta}})), on obtient un résultat de la forme:

fpνβ(Qn,iβ),fK0[𝔞,X].𝑓superscript𝑝subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽𝑓subscript𝐾0𝔞𝑋fp^{\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})},\>f\in K_{0}\left[\mathfrak{a},X\right]\ .

On note alors f¯kν[𝔞¯,X]kν¯[X]¯𝑓subscript𝑘𝜈¯𝔞𝑋¯subscript𝑘𝜈delimited-[]𝑋\overline{f}\in k_{\nu}[\overline{\mathfrak{a}},X]\subset\overline{k_{\nu}}[X] l’image de f𝑓f modulo p𝑝p.
De plus, pour j{1,,t}𝑗1𝑡j\in\{1,...,t\}, inνβ(ιβ(Qn,lj))𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑙𝑗in_{\nu_{\beta}}(\iota_{\beta}(Q_{n,l_{j}})) est de la forme:

cjpβn,lj,cjW¯subscript𝑐𝑗superscript𝑝subscript𝛽𝑛subscript𝑙𝑗subscript𝑐𝑗¯𝑊c_{j}p^{\beta_{n,l_{j}}},\>c_{j}\in\overline{W}

et inνβ(ιβ(d))𝑖subscript𝑛subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑑in_{\nu_{\beta}}(\iota_{\beta}(d)) est de la forme:

δpν(d),δW¯.𝛿superscript𝑝𝜈𝑑𝛿¯𝑊\delta p^{\nu(d)},\>\delta\in\overline{W}.

Notons cj¯¯subscript𝑐𝑗\overline{c_{j}} et δ¯¯𝛿\overline{\delta} dans kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}} les images respectives de cjsubscript𝑐𝑗c_{j} et de δ𝛿\delta modulo p𝑝p.
Ainsi, f¯λδ¯j=1tcj¯λj=zsuperscript¯𝑓𝜆¯𝛿superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑡superscript¯subscript𝑐𝑗subscript𝜆𝑗𝑧\dfrac{\overline{f}^{\lambda}}{\overline{\delta}\prod\limits_{j=1}^{t}\overline{c_{j}}^{\lambda_{j}}}=z induit une équation algébrique en X𝑋X sur kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}}, on note alors αn,βkν¯subscript𝛼𝑛𝛽¯subscript𝑘𝜈\alpha_{n,\beta}\in\overline{k_{\nu}} une de ses racines et an,βW¯subscript𝑎𝑛𝛽¯𝑊a_{n,\beta}\in\overline{W} un relevé. Deux cas se présentent:

  1. (1)

    an,βsubscript𝑎𝑛𝛽a_{n,\beta} est transcendant sur K0[𝔞]subscript𝐾0delimited-[]𝔞K_{0}[\mathfrak{a}]. On pose alors

    un(p)=un(β)+an,βpβ,subscript𝑢𝑛𝑝subscript𝑢𝑛𝛽subscript𝑎𝑛𝛽superscript𝑝𝛽u_{n}(p)=u_{n}(\beta)+a_{n,\beta}p^{\beta},

    on a ν=νn,iβ𝜈subscript𝜈𝑛subscript𝑖𝛽\nu=\nu_{n,i_{\beta}} et on arrête l’algorithme.

  2. (2)

    an,βsubscript𝑎𝑛𝛽a_{n,\beta} est algébrique sur K0[𝔞]subscript𝐾0delimited-[]𝔞K_{0}[\mathfrak{a}]. On note alors

    β~=v(Qn,iβ(u1(p),,un1(p),un(β)+an,βpβ)),~𝛽𝑣subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝛽subscript𝑎𝑛𝛽superscript𝑝𝛽\tilde{\beta}=v(Q_{n,i_{\beta}}(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\beta)+a_{n,\beta}p^{\beta})),
    ε~=maxb{β~ν(n,pbQn,iβ)pb}~𝜀subscript𝑏~𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑏subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝𝑏\tilde{\varepsilon}=\max_{b\in\mathbb{N}}\left\{\dfrac{\tilde{\beta}-\nu(\partial_{n,p^{b}}Q_{n,i_{\beta}})}{p^{b}}\right\}

    et

    β+={min{ε~,εn,iβ}siβ<εn,iβmin{ε~,εn,iβ+1}siβ=εn,iβsubscript𝛽cases~𝜀subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽si𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽~𝜀subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽1si𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta_{+}=\left\{\begin{array}[]{ccc}\min\{\tilde{\varepsilon},\varepsilon_{n,i_{\beta}}\}&\textup{si}&\beta<\varepsilon_{n,i_{\beta}}\\ \min\{\tilde{\varepsilon},\varepsilon_{n,i_{\beta}+1}\}&\textup{si}&\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}\end{array}\right.

    Enfin, on pose:

    un(β+)=un(β)+an,βpβ,subscript𝑢𝑛subscript𝛽subscript𝑢𝑛𝛽subscript𝑎𝑛𝛽superscript𝑝𝛽u_{n}(\beta_{+})=u_{n}(\beta)+a_{n,\beta}p^{\beta},

    ceci nous définit alors un nouveau développement de Puiseux partiel sur lequel on peut continuer la récurrence. En effet, remarquons que ε~β~𝜀𝛽\tilde{\varepsilon}\geqslant\beta car si β<εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta<\varepsilon_{n,i_{\beta}}, alors, par définition de νβsubscript𝜈𝛽\nu_{\beta}, β~νβ(Qn,iβ)=minq{ν(n,pqQn,iβ)+pqβ}~𝛽subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽superscript𝑝𝑞𝛽\tilde{\beta}\geqslant\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}})=\min\limits_{q\in\mathbb{N}}\left\{\nu\left(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}}\right)+p^{q}\beta\right\} et donc ε~β~𝜀𝛽\tilde{\varepsilon}\geqslant\beta par définition de ε~~𝜀\tilde{\varepsilon}; si β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}, par le (3) du Lemme 16, β~=βn,iβ~𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽\tilde{\beta}=\beta_{n,i_{\beta}} et donc, toujours par définition ε~β~𝜀𝛽\tilde{\varepsilon}\geqslant\beta. Ainsi, le (1) de la Définition 4 est toujours vérifié lorsque β<εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta<\varepsilon_{n,i_{\beta}}; si β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}, c’est également vrai vu que, dans ce cas, β~=βn,iβ~𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽\tilde{\beta}=\beta_{n,i_{\beta}}. Quant au (2), on vient de voir que β~νβ(Qn,iβ)~𝛽subscript𝜈𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽\tilde{\beta}\geqslant\nu_{\beta}(Q_{n,i_{\beta}}) pour β<εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta<\varepsilon_{n,i_{\beta}}; si β=εn,iβ𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽\beta=\varepsilon_{n,i_{\beta}}, comme la suite (βn,i)iΛnsubscriptsubscript𝛽𝑛𝑖𝑖subscriptΛ𝑛(\beta_{n,i})_{i\in\Lambda_{n}} est croissante, on a, lorsque β+=ε~subscript𝛽~𝜀\beta_{+}=\tilde{\varepsilon}:

    v(ιβ+(Qn,iβ+1))β~=βn,iβ.𝑣subscript𝜄subscript𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽1~𝛽subscript𝛽𝑛subscript𝑖𝛽v(\iota_{\beta_{+}}(Q_{n,i_{\beta}+1}))\geqslant\tilde{\beta}=\beta_{n,i_{\beta}}.

    On en déduit que v(ιβ+(Qn,iβ+1))minq{ν(n,pqQn,iβ+1)+pqβ+}𝑣subscript𝜄subscript𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽1subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽1superscript𝑝𝑞subscript𝛽v(\iota_{\beta_{+}}(Q_{n,i_{\beta}+1}))\geqslant\min\limits_{q\in\mathbb{N}}\left\{\nu\left(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}+1}\right)+p^{q}\beta_{+}\right\}. Si β+=εn,iβ+1subscript𝛽subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝛽1\beta_{+}=\varepsilon_{n,i_{\beta}+1}, alors:

    v(ιβ+(Qn,iβ+1))=minq{ν(n,pqQn,iβ+1)+pqβ+}𝑣subscript𝜄subscript𝛽subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽1subscript𝑞𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑞subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝛽1superscript𝑝𝑞subscript𝛽v(\iota_{\beta_{+}}(Q_{n,i_{\beta}+1}))=\min\limits_{q\in\mathbb{N}}\left\{\nu\left(\partial_{n,p^{q}}Q_{n,i_{\beta}+1}\right)+p^{q}\beta_{+}\right\}

    par le (3) du Lemme 16.

Pour achever notre récurrence transfinie, il nous faut considérer le cas limite. Soient 𝒲𝒲\mathcal{W} un sous-ensemble bien ordonné de Γ1subscriptΓ1\Gamma_{1} n’ayant pas d’élément maximal et {an,γ|γ𝒲}conditional-setsubscript𝑎𝑛𝛾𝛾𝒲\{a_{n,\gamma}\>|\>\gamma\in\mathcal{W}\} tels que β𝒲for-all𝛽𝒲\forall\>\beta\in\mathcal{W}, un(β)=γ𝒲γ<βan,γpγsubscript𝑢𝑛𝛽subscript𝛾𝛽𝛾𝒲subscript𝑎𝑛𝛾superscript𝑝𝛾u_{n}(\beta)=\sum\limits_{\underset{\gamma<\beta}{\gamma\in\mathcal{W}}}a_{n,\gamma}p^{\gamma} soit un développement de Puiseux partiel de unsubscript𝑢𝑛u_{n}. Notons un(𝒲)=γ𝒲an,γpγsubscript𝑢𝑛𝒲subscript𝛾𝒲subscript𝑎𝑛𝛾superscript𝑝𝛾u_{n}(\mathcal{W})=\sum\limits_{\gamma\in\mathcal{W}}a_{n,\gamma}p^{\gamma}.
Supposons d’abord que:

iΛn,β𝒲,εn,i<β.formulae-sequencefor-all𝑖subscriptΛ𝑛formulae-sequence𝛽𝒲subscript𝜀𝑛𝑖𝛽\forall\>i\in\Lambda_{n},\>\exists\>\beta\in\mathcal{W},\>\varepsilon_{n,i}<\beta.

Alors, pour tout iΛn,i<iβformulae-sequence𝑖subscriptΛ𝑛𝑖subscript𝑖𝛽i\in\Lambda_{n},\>i<i_{\beta} et donc l’ensemble {Qn,i}iΛnsubscriptsubscript𝑄𝑛𝑖𝑖subscriptΛ𝑛\left\{Q_{n,i}\right\}_{i\in\Lambda_{n}} forme un système complet de polynômes-clés pour l’extension Kn1Kn1(un)subscript𝐾𝑛1subscript𝐾𝑛1subscript𝑢𝑛K_{n-1}\hookrightarrow K_{n-1}(u_{n}). Ainsi:

fKn1[un],iΛn,ν(f)=νn,i(f).formulae-sequencefor-all𝑓subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscript𝑢𝑛formulae-sequence𝑖subscriptΛ𝑛𝜈𝑓subscript𝜈𝑛𝑖𝑓\forall\>f\in K_{n-1}[u_{n}],\>\exists\>i\in\Lambda_{n},\>\nu(f)=\nu_{n,i}(f).

On en déduit donc, à l’aide de la définition du développement de Puiseux partiel, que:

fKn1[un],ν(f)=v(f(u1(p),,un1(p),un(𝒲))).formulae-sequencefor-all𝑓subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscript𝑢𝑛𝜈𝑓𝑣𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\forall\>f\in K_{n-1}[u_{n}],\>\nu(f)=v(f(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))).

Or tout fR𝑓𝑅f\in R tel que ν(f)Γ1𝜈𝑓subscriptΓ1\nu(f)\in\Gamma_{1} s’écrit f=f+f′′𝑓superscript𝑓superscript𝑓′′f=f^{\prime}+f^{\prime\prime}, avec fKn1[un]superscript𝑓subscript𝐾𝑛1delimited-[]subscript𝑢𝑛f^{\prime}\in K_{n-1}[u_{n}] et ν0(f′′)>ν(f)subscript𝜈0superscript𝑓′′𝜈𝑓\nu_{0}(f^{\prime\prime})>\nu(f).
On a alors:

v(f′′(u1(p),,un1(p),un(𝒲)))>ν(f)𝑣superscript𝑓′′subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲𝜈𝑓\displaystyle v(f^{\prime\prime}(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W})))>\nu(f) =ν(f)absent𝜈superscript𝑓\displaystyle=\nu(f^{\prime})
=v(f(u1(p),,un1(p),un(𝒲)))absent𝑣superscript𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\displaystyle=v(f^{\prime}(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W})))
=v(f(u1(p),,un1(p),un(𝒲))).absent𝑣𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\displaystyle=v(f(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))).

D’où, pour tout fR𝑓𝑅f\in R tel que ν(f)Γ1𝜈𝑓subscriptΓ1\nu(f)\in\Gamma_{1}, on a:

ν(f)=v(f(u1(p),,un1(p),un(𝒲))).𝜈𝑓𝑣𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\nu(f)=v(f(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))).

Enfin, le même résultat est vrai pour tout fRRn1Kn1𝑓subscripttensor-productsubscript𝑅𝑛1𝑅subscript𝐾𝑛1f\in R\>\otimes_{R_{n-1}}K_{n-1} tel que ν(f)Γ1𝜈𝑓subscriptΓ1\nu(f)\in\Gamma_{1}.
S’il existe un fR𝑓𝑅f\in R tel que ν(f)Γ1𝜈𝑓subscriptΓ1\nu(f)\notin\Gamma_{1}, alors l’ensemble ΛnsubscriptΛ𝑛\Lambda_{n} contient un élément maximal λ𝜆\lambda et donc il existe un β𝒲𝛽𝒲\beta\in\mathcal{W} tel que εn,λ<βsubscript𝜀𝑛𝜆𝛽\varepsilon_{n,\lambda}<\beta. Alors f𝑓f s’écrit de manière unique sous la forme f=Qn,λaf~𝑓superscriptsubscript𝑄𝑛𝜆𝑎~𝑓f=Q_{n,\lambda}^{a}\tilde{f}, où a𝑎a\in\mathbb{N}, f~RRn1Kn1~𝑓subscripttensor-productsubscript𝑅𝑛1𝑅subscript𝐾𝑛1\tilde{f}\in R\>\otimes_{R_{n-1}}K_{n-1} tel que ν(f~)Γ1𝜈~𝑓subscriptΓ1\nu(\tilde{f})\in\Gamma_{1}. Par le cas précédent, ν(f~)=v(f~(u1(p),,un1(p),un(𝒲)))𝜈~𝑓𝑣~𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\nu(\tilde{f})=v(\tilde{f}(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))) et donc ν(f)=v(f(u1(p),,un1(p),un(𝒲)))𝜈𝑓𝑣𝑓subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\nu(f)=v(f(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))).
On définit alors un(p)=un(𝒲)subscript𝑢𝑛𝑝subscript𝑢𝑛𝒲u_{n}(p)=u_{n}(\mathcal{W}) et la construction du développement de Puiseux s’arrête.
Supposons, pour terminer, que:

iΛn,β𝒲,εn,i>β.formulae-sequence𝑖subscriptΛ𝑛formulae-sequencefor-all𝛽𝒲subscript𝜀𝑛𝑖𝛽\exists\>i\in\Lambda_{n},\>\forall\>\beta\in\mathcal{W},\>\varepsilon_{n,i}>\beta.

On note alors

i𝒲=min{iΛn|β𝒲,εn,i>β},subscript𝑖𝒲𝑖subscriptΛ𝑛ketfor-all𝛽𝒲subscript𝜀𝑛𝑖𝛽i_{\mathcal{W}}=\min\{i\in\Lambda_{n}\>|\>\forall\>\beta\in\mathcal{W},\>\varepsilon_{n,i}>\beta\},
β~=v(Qn,i𝒲(u1(p),,un1(p),un(𝒲))),~𝛽𝑣subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝒲subscript𝑢1𝑝subscript𝑢𝑛1𝑝subscript𝑢𝑛𝒲\tilde{\beta}=v(Q_{n,i_{\mathcal{W}}}(u_{1}(p),...,u_{n-1}(p),u_{n}(\mathcal{W}))),
ε~=maxb{β~ν(n,pbQn,i𝒲)pb}~𝜀subscript𝑏~𝛽𝜈subscript𝑛superscript𝑝𝑏subscript𝑄𝑛subscript𝑖𝒲superscript𝑝𝑏\tilde{\varepsilon}=\max_{b\in\mathbb{N}}\left\{\dfrac{\tilde{\beta}-\nu(\partial_{n,p^{b}}Q_{n,i_{\mathcal{W}}})}{p^{b}}\right\}

et

β+=min{ε~,εn,i𝒲}.subscript𝛽~𝜀subscript𝜀𝑛subscript𝑖𝒲\beta_{+}=\min\{\tilde{\varepsilon},\varepsilon_{n,i_{\mathcal{W}}}\}.

Enfin, on pose un(β+)=un(𝒲)subscript𝑢𝑛subscript𝛽subscript𝑢𝑛𝒲u_{n}(\beta_{+})=u_{n}(\mathcal{W}), ceci nous définit alors un nouveau développement de Puiseux partiel sur lequel on peut continuer la récurrence.

5. Des résultats de dépendance intégrale

Les résultats de cette section sont donnés dans le cas mixte, en remplaçant W𝑊W par k𝑘k, W¯¯𝑊\overline{W} par kν¯¯subscript𝑘𝜈\overline{k_{\nu}}, p𝑝p par t𝑡t et n𝑛n par n+1𝑛1n+1, on obtient les mêmes résultats dans le cas équicaractéristique.

Proposition 17.

Soient iΛn𝑖subscriptΛ𝑛i\in\Lambda_{n}, β=εn,i𝛽subscript𝜀𝑛𝑖\beta=\varepsilon_{n,i} (c’est-à-dire i=iβ𝑖subscript𝑖𝛽i=i_{\beta}), et hR𝑅h\in R. Alors:

νn,i(h)=minα{ν(n,αh)+αβ}=minα{νn,i(n,αh)+αβ}.subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝛼𝜈subscript𝑛𝛼𝛼𝛽subscript𝛼subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝑛𝛼𝛼𝛽\nu_{n,i}(h)=\min_{\alpha\in\mathbb{N}}\left\{\nu(\partial_{n,\alpha}h)+\alpha\beta\right\}=\min_{\alpha\in\mathbb{N}}\left\{\nu_{n,i}(\partial_{n,\alpha}h)+\alpha\beta\right\}.

Preuve: Soient hR𝑅h\in R et α𝛼\alpha\in\mathbb{N}, par la Proposition 10, on a:

νn,i(h)νn,i(n,αh)αβ.subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝑛𝛼𝛼𝛽\nu_{n,i}(h)-\nu_{n,i}(\partial_{n,\alpha}h)\leqslant\alpha\beta.

On obtient alors:

νn,i(h)minα{νn,i(n,αh)+αβ}minα{ν(n,αh)+αβ}.subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝛼subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝑛𝛼𝛼𝛽subscript𝛼𝜈subscript𝑛𝛼𝛼𝛽\nu_{n,i}(h)\leqslant\min_{\alpha\in\mathbb{N}}\left\{\nu_{n,i}(\partial_{n,\alpha}h)+\alpha\beta\right\}\leqslant\min_{\alpha\in\mathbb{N}}\left\{\nu(\partial_{n,\alpha}h)+\alpha\beta\right\}.

Montrons que ces inégalités sont des égalités. Par la Remarque 16 (3), on a:

νn,i(h)=μβ(h)=νβ(ιβ,T(h)).subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝜇𝛽subscript𝜈𝛽subscript𝜄𝛽𝑇\nu_{n,i}(h)=\mu_{\beta}(h)=\nu_{\beta}(\iota_{\beta,T}(h)).

Soit h=j=0sn,idn,j,iQn,ijsuperscriptsubscript𝑗0subscript𝑠𝑛𝑖subscript𝑑𝑛𝑗𝑖superscriptsubscript𝑄𝑛𝑖𝑗h=\sum\limits_{j=0}^{s_{n,i}}d_{n,j,i}Q_{n,i}^{j} le développement (n,i)𝑛𝑖(n,i)-standard de hh, on pose:

S={j{0,,sn,i}|jβ+ν(dn,j,i)=νn,i(h)}.𝑆conditional-set𝑗0subscript𝑠𝑛𝑖𝑗𝛽𝜈subscript𝑑𝑛𝑗𝑖subscript𝜈𝑛𝑖S=\{j\in\{0,...,s_{n,i}\}\>|\>j\beta+\nu(d_{n,j,i})=\nu_{n,i}(h)\}.

Tout élément jS𝑗𝑆j\in S s’écrit de la forme j=peu𝑗superscript𝑝𝑒𝑢j=p^{e}up𝑝p ne divise pas u𝑢u. Prenons un jS𝑗𝑆j\in S tel que pe+1superscript𝑝𝑒1p^{e+1} divise jsuperscript𝑗j^{\prime}, pour tout jSsuperscript𝑗𝑆j^{\prime}\in S tel que j<jsuperscript𝑗𝑗j^{\prime}<j. On pose alors α=pbn,ij𝛼superscript𝑝subscript𝑏𝑛𝑖𝑗\alpha=p^{b_{n,i}}j et à l’aide de la Proposition 11 on en déduit que:

νn,i(h)ν(n,αh)=νn,i(h)νn,i(n,αh)=αβ.subscript𝜈𝑛𝑖𝜈subscript𝑛𝛼subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝜈𝑛𝑖subscript𝑛𝛼𝛼𝛽\nu_{n,i}(h)-\nu(\partial_{n,\alpha}h)=\nu_{n,i}(h)-\nu_{n,i}(\partial_{n,\alpha}h)=\alpha\beta.



Notons 𝒜𝒜\mathcal{A} le sous-anneau de W¯[[pΓ]]¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] engendré par ι(p),ι(u1),,ι(un)𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑛\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{n}) et toutes leurs troncatures. Pour tout j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\} et βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, on note 𝒜j,βsubscript𝒜𝑗𝛽\mathcal{A}_{j,\beta} le sous-anneau de 𝒜𝒜\mathcal{A} engendré par toutes les troncatures ouvertes de la forme uj(β)subscript𝑢superscript𝑗superscript𝛽u_{j^{\prime}}(\beta^{\prime}), où (j,β)<lex(j,β)subscript𝑙𝑒𝑥superscript𝑗superscript𝛽𝑗𝛽(j^{\prime},\beta^{\prime})<_{lex}(j,\beta) pour l’ordre lexicographique.

Proposition 18.

Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, g,h𝒜j,β[uj(β)]𝑔subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g,h\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)] et λΓ1𝜆subscriptΓ1\lambda\in\Gamma_{1}. On suppose que v(gh)<λ𝑣𝑔𝜆v(gh)<\lambda.
Il existe alors l𝑙l\in\mathbb{N}, λ0<<λlsubscript𝜆0subscript𝜆𝑙\lambda_{0}<...<\lambda_{l} et δ1>>δlsubscript𝛿1subscript𝛿𝑙\delta_{1}>...>\delta_{l} éléments de Γ1subscriptΓ1\Gamma_{1} tels que:

(gh)(λ)=i=1lg[λi1,λi[h(δi).(gh)(\lambda)=\sum\limits_{i=1}^{l}g[\lambda_{i-1},\lambda_{i}[\>h(\delta_{i}).

De plus, on peut choisir les suites (λi)0ilsubscriptsubscript𝜆𝑖0𝑖𝑙(\lambda_{i})_{0\leqslant i\leqslant l} et (δi)1ilsubscriptsubscript𝛿𝑖1𝑖𝑙(\delta_{i})_{1\leqslant i\leqslant l} de telle sorte que λlλv(h)subscript𝜆𝑙𝜆𝑣\lambda_{l}\leqslant\lambda-v(h) et δ1λv(g)subscript𝛿1𝜆𝑣𝑔\delta_{1}\leqslant\lambda-v(g).

Preuve: Notons supp(g)𝑠𝑢𝑝𝑝𝑔supp(g) (resp. supp(h)𝑠𝑢𝑝𝑝supp(h)) l’ensemble de tous les εΓ1𝜀subscriptΓ1\varepsilon\in\Gamma_{1} tels que le coefficient devant pεsuperscript𝑝𝜀p^{\varepsilon} de g𝑔g (resp. de hh) soit non-nul. On va construire les deux suites cherchées par récurrence.
On pose λ0=v(g)subscript𝜆0𝑣𝑔\lambda_{0}=v(g) et δ1=λλ0subscript𝛿1𝜆subscript𝜆0\delta_{1}=\lambda-\lambda_{0}, par hypothèses on a bien λ0λv(h)subscript𝜆0𝜆𝑣\lambda_{0}\leqslant\lambda-v(h). Supposons maintenant que, pour tout q1𝑞1q\geqslant 1, on ait construit λ0<<λqsubscript𝜆0subscript𝜆𝑞\lambda_{0}<...<\lambda_{q} et δ1>>δqsubscript𝛿1subscript𝛿𝑞\delta_{1}>...>\delta_{q} avec λqλv(h)subscript𝜆𝑞𝜆𝑣\lambda_{q}\leqslant\lambda-v(h) et δi=λλi1subscript𝛿𝑖𝜆subscript𝜆𝑖1\delta_{i}=\lambda-\lambda_{i-1}, pour 1iq1𝑖𝑞1\leqslant i\leqslant q. Posons alors:

Bq={εsupp(g)|θsupp(h),θ+λq<λθ+ϵ}.subscript𝐵𝑞conditional-set𝜀𝑠𝑢𝑝𝑝𝑔formulae-sequence𝜃𝑠𝑢𝑝𝑝𝜃subscript𝜆𝑞𝜆𝜃italic-ϵB_{q}=\{\varepsilon\in supp(g)\>|\>\exists\>\theta\in supp(h),\>\theta+\lambda_{q}<\lambda\leqslant\theta+\epsilon\}.

Si Bq=subscript𝐵𝑞B_{q}=\emptyset, on pose l=q𝑙𝑞l=q et la récurrence s’arrête (remarquons que ceci arrive lorsque λqλv(h)subscript𝜆𝑞𝜆𝑣\lambda_{q}\geqslant\lambda-v(h)). De plus, par construction, on a l’égalité:

(gh)(λ)=i=1lg[λi1,λi[h(δi).(gh)(\lambda)=\sum\limits_{i=1}^{l}g[\lambda_{i-1},\lambda_{i}[\>h(\delta_{i}).

Si Bqsubscript𝐵𝑞B_{q}\neq\emptyset, on pose λq+1=min{λv(h),minBq}subscript𝜆𝑞1𝜆𝑣subscript𝐵𝑞\lambda_{q+1}=\min\{\lambda-v(h),\>\min B_{q}\} et δq+1=λλqsubscript𝛿𝑞1𝜆subscript𝜆𝑞\delta_{q+1}=\lambda-\lambda_{q}. Par définition de λq+1subscript𝜆𝑞1\lambda_{q+1} et de δq+1subscript𝛿𝑞1\delta_{q+1} et par hypothèse de récurrence on a bien que λq<λq+1subscript𝜆𝑞subscript𝜆𝑞1\lambda_{q}<\lambda_{q+1} et δq>δq+1subscript𝛿𝑞subscript𝛿𝑞1\delta_{q}>\delta_{q+1}. De plus, on remarque que:

{λλq+1,λλq}supp(h).𝜆subscript𝜆𝑞1𝜆subscript𝜆𝑞𝑠𝑢𝑝𝑝\{\lambda-\lambda_{q+1},\>\lambda-\lambda_{q}\}\cap supp(h)\neq\emptyset.

On obtient alors une suite strictement décroissante d’ensembles:

supp(h(λλ1))supp(h(λλq+1)),superset-of-and-not-equals𝑠𝑢𝑝𝑝𝜆subscript𝜆1superset-of-and-not-equals𝑠𝑢𝑝𝑝𝜆subscript𝜆𝑞1supp\left(h(\lambda-\lambda_{1})\right)\supsetneqq...\supsetneqq supp\left(h(\lambda-\lambda_{q+1})\right),

supp(h(λλq+1))𝑠𝑢𝑝𝑝𝜆subscript𝜆𝑞1supp\left(h(\lambda-\lambda_{q+1})\right) est un segment initial de supp(h(λλq))𝑠𝑢𝑝𝑝𝜆subscript𝜆𝑞supp\left(h(\lambda-\lambda_{q})\right). Le processus s’arrête donc au bout d’un nombre fini d’itérations, ceci entraînant la finitude des suites (λi)isubscriptsubscript𝜆𝑖𝑖(\lambda_{i})_{i} et (δi)isubscriptsubscript𝛿𝑖𝑖(\delta_{i})_{i}.
{coro} Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, g1,,gs𝒜j,β[uj(β)]subscript𝑔1subscript𝑔𝑠subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g_{1},...,g_{s}\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)] et λΓ1𝜆subscriptΓ1\lambda\in\Gamma_{1}. On suppose que v(g1gs)<λ𝑣subscript𝑔1subscript𝑔𝑠𝜆v(g_{1}...g_{s})<\lambda. Alors:

(g1gs)(λ)=(i1,,is)Nj=1sgj(λij(j)),subscript𝑔1subscript𝑔𝑠𝜆subscriptsubscript𝑖1subscript𝑖𝑠𝑁superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑠subscript𝑔𝑗superscriptsubscript𝜆subscript𝑖𝑗𝑗(g_{1}...g_{s})(\lambda)=\sum\limits_{(i_{1},...,i_{s})\in N}\prod\limits_{j=1}^{s}g_{j}(\lambda_{i_{j}}^{(j)}),

N()s𝑁superscriptsuperscript𝑠N\subset(\mathbb{N}^{*})^{s} est un ensemble fini et λij(j)Γ1+superscriptsubscript𝜆subscript𝑖𝑗𝑗subscriptΓlimit-from1\lambda_{i_{j}}^{(j)}\in\Gamma_{1\>+} sont tels que λij(j)λsuperscriptsubscript𝜆subscript𝑖𝑗𝑗𝜆\lambda_{i_{j}}^{(j)}\leqslant\lambda avec inégalité stricte s’il existe j{1,,s}\{j}superscript𝑗\1𝑠𝑗j^{\prime}\in\{1,...,s\}\backslash\{j\} tel que v(gj)>0𝑣subscript𝑔superscript𝑗0v(g_{j^{\prime}})>0. Preuve: Par récurence sur s𝑠s en appliquant la Proposition 18.
{coro} Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, g1,,gs𝒜j,β[uj(β)]subscript𝑔1subscript𝑔𝑠subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g_{1},...,g_{s}\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)] et λΓ1𝜆subscriptΓ1\lambda\in\Gamma_{1}. On suppose que v(g1gs)<λ𝑣subscript𝑔1subscript𝑔𝑠𝜆v(g_{1}...g_{s})<\lambda. Alors:

(g1gs)(λ)𝒜j,β[uj(β)].subscript𝑔1subscript𝑔𝑠𝜆subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽(g_{1}...g_{s})(\lambda)\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)].

Preuve: Par le Corollaire 5, il suffit de montrer le résultat pour s=1𝑠1s=1. Notons g=g1𝑔subscript𝑔1g=g_{1} et montrons par récurrence sur j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\} que, si g𝒜j,β[uj(β)]𝑔subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)], alors g(λ)𝒜j,β[uj(β)]𝑔𝜆subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g(\lambda)\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)], pour βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\} et λΓ1𝜆subscriptΓ1\lambda\in\Gamma_{1} fixés.
Pour j=r𝑗𝑟j=r on a:

𝒜r,β[ur(β)]={W¯[pν(p),pν(u1),,pν(ur)]siν(ur)<βW¯[pν(p),pν(u1),,pν(ur1)]siν(ur)βsubscript𝒜𝑟𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑟𝛽cases¯𝑊superscript𝑝𝜈𝑝superscript𝑝𝜈subscript𝑢1superscript𝑝𝜈subscript𝑢𝑟si𝜈subscript𝑢𝑟𝛽¯𝑊superscript𝑝𝜈𝑝superscript𝑝𝜈subscript𝑢1superscript𝑝𝜈subscript𝑢𝑟1si𝜈subscript𝑢𝑟𝛽\mathcal{A}_{r,\beta}[u_{r}(\beta)]=\left\{\begin{array}[]{ccc}\overline{W}\left[p^{\nu(p)},p^{\nu(u_{1})},...,p^{\nu(u_{r})}\right]&\textup{si}&\nu(u_{r})<\beta\\ \overline{W}\left[p^{\nu(p)},p^{\nu(u_{1})},...,p^{\nu(u_{r-1})}\right]&\textup{si}&\nu(u_{r})\geqslant\beta\end{array}\right.

et donc si g𝒜r,β[ur(β)]𝑔subscript𝒜𝑟𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑟𝛽g\in\mathcal{A}_{r,\beta}[u_{r}(\beta)] et v(g)<λ𝑣𝑔𝜆v(g)<\lambda alors g(λ)𝒜r,β[ur(β)]𝑔𝜆subscript𝒜𝑟𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑟𝛽g(\lambda)\in\mathcal{A}_{r,\beta}[u_{r}(\beta)].
Supposons j>r𝑗𝑟j>r et le résultat vrai pour j1𝑗1j-1. Soit g𝒜j,β[uj(β)]𝑔subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)], on peut écrire g𝑔g comme un polynôme en uj(β)subscript𝑢𝑗𝛽u_{j}(\beta) à coefficients dans 𝒜j,subscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j,\infty}. On applique alors le Corollaire 5 à chaque monôme de g(λ)𝑔𝜆g(\lambda). Par hypothèse de récurrence, toutes les troncatures ouvertes des coefficients de g𝑔g sont dans 𝒜j,subscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j,\infty}, ainsi g(λ)𝒜j,β[uj(β)]𝑔𝜆subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽g(\lambda)\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)].


Pour j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\} et βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, considérons les morphismes d’anneaux τj,β,ιj,β:RjW¯[[pΓ]]:subscript𝜏𝑗𝛽subscript𝜄𝑗𝛽subscript𝑅𝑗¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\tau_{j,\beta},\iota_{j,\beta}:R_{j}\rightarrow\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right] définis par:

τj,β(p)subscript𝜏𝑗𝛽𝑝\displaystyle\tau_{j,\beta}(p) =ιj,β(p)=ι(p);absentsubscript𝜄𝑗𝛽𝑝𝜄𝑝\displaystyle=\iota_{j,\beta}(p)=\iota(p);
τj,β(ui)subscript𝜏𝑗𝛽subscript𝑢𝑖\displaystyle\tau_{j,\beta}(u_{i}) =ιj,β(ui)=ι(ui),i{1,,j1};formulae-sequenceabsentsubscript𝜄𝑗𝛽subscript𝑢𝑖𝜄subscript𝑢𝑖for-all𝑖1𝑗1\displaystyle=\iota_{j,\beta}(u_{i})=\iota(u_{i}),\>\forall\>i\in\{1,...,j-1\};
ιj,β(uj)subscript𝜄𝑗𝛽subscript𝑢𝑗\displaystyle\iota_{j,\beta}(u_{j}) =uj(β);absentsubscript𝑢𝑗𝛽\displaystyle=u_{j}(\beta);
τj,β(uj)subscript𝜏𝑗𝛽subscript𝑢𝑗\displaystyle\tau_{j,\beta}(u_{j}) =uj[β].absentsubscript𝑢𝑗delimited-[]𝛽\displaystyle=u_{j}[\beta].

Remarquons que ιn,β=ιβsubscript𝜄𝑛𝛽subscript𝜄𝛽\iota_{n,\beta}=\iota_{\beta}. Rappelons la notation Rj=W[[u1,,uj]]subscript𝑅𝑗𝑊delimited-[]subscript𝑢1subscript𝑢𝑗R_{j}=W\left[\left[u_{1},...,u_{j}\right]\right].

Proposition 19.

Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ{}𝛽Γ\beta\in\Gamma\cup\{\infty\}, fRj\Rj1𝑓\subscript𝑅𝑗subscript𝑅𝑗1f\in R_{j}\backslash R_{j-1} et λΓ1𝜆subscriptΓ1\lambda\in\Gamma_{1}. Alors:

ιj,β(f)(λ)𝒜j,β[uj(β)].subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝜆subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽\iota_{j,\beta}(f)(\lambda)\in\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)].

Preuve: Remarquons tout d’abord que l’on peut remplacer f𝑓f par une de ses approximations (p,u1,,uj)𝑝subscript𝑢1subscript𝑢𝑗(p,u_{1},...,u_{j})-adiques choisies dans W[u1,,uj]𝑊subscript𝑢1subscript𝑢𝑗W\left[u_{1},...,u_{j}\right] de telle sorte que l’on ne modifie pas ιj,β(f)(λ)subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝜆\iota_{j,\beta}(f)(\lambda). Soit fW[u1,,uj]𝑓𝑊subscript𝑢1subscript𝑢𝑗f\in W\left[u_{1},...,u_{j}\right] choisi ainsi, on a alors:

ιj,β(f)W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1),uj(β)]𝒜j,β[uj(β)].subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1subscript𝑢𝑗𝛽subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]subscript𝑢𝑗𝛽\iota_{j,\beta}(f)\in W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1}),u_{j}(\beta)\right]\subset\mathcal{A}_{j,\beta}[u_{j}(\beta)].

On conclut en appliquant le Corollaire 5.


Dans ce qui suit nous allons donner une description explicite de τj,β(f)(λ)subscript𝜏𝑗𝛽𝑓𝜆\tau_{j,\beta}(f)(\lambda) et ιj,β(f)(λ)subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝜆\iota_{j,\beta}(f)(\lambda) pour un λ𝜆\lambda que nous préciserons par la suite.
Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ1{}𝛽subscriptΓ1\beta\in\Gamma_{1}\cup\{\infty\} et fRj\Rj1𝑓\subscript𝑅𝑗subscript𝑅𝑗1f\in R_{j}\backslash R_{j-1}. Notons

ij,β=min{iΛj|βεj,i}subscript𝑖𝑗𝛽𝑖conditionalsubscriptΛ𝑗𝛽subscript𝜀𝑗𝑖i_{j,\beta}=\min\{i\in\Lambda_{j}\>|\>\beta\leqslant\varepsilon_{j,i}\}

et par convention, si {iΛj|βεj,i}=conditional-set𝑖subscriptΛ𝑗𝛽subscript𝜀𝑗𝑖\{i\in\Lambda_{j}\>|\>\beta\leqslant\varepsilon_{j,i}\}=\emptyset, on prendra ij,β=Λjsubscript𝑖𝑗𝛽subscriptΛ𝑗i_{j,\beta}=\Lambda_{j} (c’est-à-dire le plus petit ordinal strictement plus grand que n’importe quel élément de ΛjsubscriptΛ𝑗\Lambda_{j}). Remarquons que in,β=iβsubscript𝑖𝑛𝛽subscript𝑖𝛽i_{n,\beta}=i_{\beta}. On pose alors:

λ(f,β)=min{νj,ij,β(j,bf)+bβ|b};𝜆𝑓𝛽subscript𝜈𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝑗𝑏𝑓conditional𝑏𝛽𝑏superscript\lambda(f,\beta)=\min\{\nu_{j,i_{j,\beta}}(\partial_{j,b}f)+b\beta\>|\>b\in\mathbb{N}^{*}\};
U={b|νj,ij,β(j,bf)+bβ=λ(f,β)}.𝑈conditional-set𝑏superscriptsubscript𝜈𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝑗𝑏𝑓𝑏𝛽𝜆𝑓𝛽U=\{b\in\mathbb{N}^{*}\>|\>\nu_{j,i_{j,\beta}}(\partial_{j,b}f)+b\beta=\lambda(f,\beta)\}.
Remark 20.

Comme Rjsubscript𝑅𝑗R_{j} est noethérien, on a le fait suivant:

b¯,j,bf(j,0f,,j,b¯f),b>b¯.formulae-sequence¯𝑏superscriptformulae-sequencesubscript𝑗𝑏𝑓subscript𝑗.0𝑓subscript𝑗¯𝑏𝑓for-all𝑏¯𝑏\exists\>\overline{b}\in\mathbb{N}^{*},\>\partial_{j,b}f\in\left(\partial_{j,0}f,...,\partial_{j,\overline{b}}f\right),\>\forall\>b>\overline{b}.

Ainsi U{0,,b¯}𝑈0¯𝑏U\subset\{0,...,\overline{b}\} est un ensemble fini.

Par abus de notation, on notera inv(j,bf)𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓in_{v}(\partial_{j,b}f) le monôme de plus petit degré de ι(j,bf)𝜄subscript𝑗𝑏𝑓\iota(\partial_{j,b}f) dans W¯[[pΓ]]¯𝑊delimited-[]delimited-[]superscript𝑝superscriptΓ\overline{W}\left[\left[p^{\Gamma^{\prime}}\right]\right]. On appelle U0subscript𝑈0U_{0} l’ensemble des bU𝑏𝑈b\in U tels que inεj,ij,β(T)𝑖subscript𝑛subscript𝜀𝑗subscript𝑖𝑗𝛽𝑇in_{\varepsilon_{j,i_{j,\beta}}}(T) n’apparaît pas dans inεj,ij,β(ιεj,ij,β,T(j,bf))𝑖subscript𝑛subscript𝜀𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝜄subscript𝜀𝑗subscript𝑖𝑗𝛽𝑇subscript𝑗𝑏𝑓in_{\varepsilon_{j,i_{j,\beta}}}\left(\iota_{\varepsilon_{j,i_{j,\beta}},T}(\partial_{j,b}f)\right). En remplaçant n𝑛n par j𝑗j dans le Lemme 16 (4), on a, pour tout bU0𝑏subscript𝑈0b\in U_{0}:

νj,ij,β(j,bf)=ν(j,bf)=v(ιεj,ij,β(j,bf));subscript𝜈𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝑗𝑏𝑓𝜈subscript𝑗𝑏𝑓𝑣subscript𝜄subscript𝜀𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝑗𝑏𝑓\nu_{j,i_{j,\beta}}(\partial_{j,b}f)=\nu(\partial_{j,b}f)=v\left(\iota_{\varepsilon_{j,i_{j,\beta}}}(\partial_{j,b}f)\right);
inv(j,bf)=inv(ιεj,ij,β(j,bf)).𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝜄subscript𝜀𝑗subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝑗𝑏𝑓in_{v}(\partial_{j,b}f)=in_{v}\left(\iota_{\varepsilon_{j,i_{j,\beta}}}(\partial_{j,b}f)\right).
Remark 21.

Soit bU𝑏𝑈b\in U, on a alors:

bU0ssii0<ij,β,νj,i0(j,bf)=ν(j,bf).formulae-sequence𝑏subscript𝑈0ssisubscript𝑖0subscript𝑖𝑗𝛽subscript𝜈𝑗subscript𝑖0subscript𝑗𝑏𝑓𝜈subscript𝑗𝑏𝑓b\in U_{0}\;\textup{ssi}\;\exists\>i_{0}<i_{j,\beta},\>\nu_{j,i_{0}}(\partial_{j,b}f)=\nu(\partial_{j,b}f).

Comme U𝑈U et U0subscript𝑈0U_{0} sont des ensembles finis, le même i0subscript𝑖0i_{0} peut être choisi tel que νj,i0(j,bf)=ν(j,bf)subscript𝜈𝑗subscript𝑖0subscript𝑗𝑏𝑓𝜈subscript𝑗𝑏𝑓\nu_{j,i_{0}}(\partial_{j,b}f)=\nu(\partial_{j,b}f) et ceci pour tout bU0𝑏subscript𝑈0b\in U_{0}.

Pour ij,βsubscript𝑖𝑗𝛽i_{j,\beta} ordinal limite, prenons i0Λjsubscript𝑖0subscriptΛ𝑗i_{0}\in\Lambda_{j} satisfaisant les conditions suivantes:

  1. (1)

    i0<ij,βsubscript𝑖0subscript𝑖𝑗𝛽i_{0}<i_{j,\beta};

  2. (2)

    bU0for-all𝑏subscript𝑈0\forall\>b\in U_{0}, νj,i0(j,bf)=ν(j,bf)subscript𝜈𝑗subscript𝑖0subscript𝑗𝑏𝑓𝜈subscript𝑗𝑏𝑓\nu_{j,i_{0}}(\partial_{j,b}f)=\nu(\partial_{j,b}f);

  3. (3)

    iΛjfor-all𝑖subscriptΛ𝑗\forall\>i\in\Lambda_{j}, i0<i<ij,βsubscript𝑖0𝑖subscript𝑖𝑗𝛽i_{0}<i<i_{j,\beta}, bU0for-all𝑏subscript𝑈0\forall\>b\in U_{0},

    v(ι(j,bf)inv(j,bf))ν(j,bf)>βεj,i;𝑣𝜄subscript𝑗𝑏𝑓𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓𝜈subscript𝑗𝑏𝑓𝛽subscript𝜀𝑗𝑖v(\iota(\partial_{j,b}f)-in_{v}(\partial_{j,b}f))-\nu(\partial_{j,b}f)>\beta-\varepsilon_{j,i}\>;
  4. (4)

    iΛjfor-all𝑖subscriptΛ𝑗\forall\>i\in\Lambda_{j}, i0<i<ij,βsubscript𝑖0𝑖subscript𝑖𝑗𝛽i_{0}<i<i_{j,\beta}, b{0,,b¯}U0for-all𝑏0¯𝑏subscript𝑈0\forall\>b\in\{0,...,\overline{b}\}\setminus U_{0},

    ν(j,bf)+bεj,i>λ(f,β).𝜈subscript𝑗𝑏𝑓𝑏subscript𝜀𝑗𝑖𝜆𝑓𝛽\nu(\partial_{j,b}f)+b\varepsilon_{j,i}>\lambda(f,\beta).

Enfin, notons:

Δuj=uj[β]uj[εj,i0];Δsubscript𝑢𝑗subscript𝑢𝑗delimited-[]𝛽subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0\Delta u_{j}=u_{j}[\beta]-u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}];
Δuj(β)=uj(β)uj[εj,i0].Δsubscript𝑢𝑗𝛽subscript𝑢𝑗𝛽subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0\Delta u_{j}(\beta)=u_{j}(\beta)-u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}].
Proposition 22.

Il existe deux polynômes Fβ,F~β𝒜j,β[X]subscript𝐹𝛽subscript~𝐹𝛽subscript𝒜𝑗𝛽delimited-[]𝑋F_{\beta},\tilde{F}_{\beta}\in\mathcal{A}_{j,\beta}\left[X\right] de la forme:

Fβ(X)=F0+bU0inv(j,bf)Xb;subscript𝐹𝛽𝑋subscript𝐹0subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓superscript𝑋𝑏F_{\beta}\left(X\right)=F_{0}+\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}(\partial_{j,b}f)X^{b};
F~β(X)=F~0+bU0inv(j,bf)Xb;subscript~𝐹𝛽𝑋subscript~𝐹0subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓superscript𝑋𝑏\tilde{F}_{\beta}\left(X\right)=\tilde{F}_{0}+\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}(\partial_{j,b}f)X^{b};

tels que:

  1. (1)

    F0,F~0𝒜j,βsubscript𝐹0subscript~𝐹0subscript𝒜𝑗𝛽F_{0},\tilde{F}_{0}\in\mathcal{A}_{j,\beta};

  2. (2)

    τj,β(f)[λ(f,β)]=Fβ(Δuj)subscript𝜏𝑗𝛽𝑓delimited-[]𝜆𝑓𝛽subscript𝐹𝛽Δsubscript𝑢𝑗\tau_{j,\beta}(f)\left[\lambda(f,\beta)\right]=F_{\beta}\left(\Delta u_{j}\right);

  3. (3)

    ιj,β(f)(λ(f,β))=F~β(Δuj(β))subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝜆𝑓𝛽subscript~𝐹𝛽Δsubscript𝑢𝑗𝛽\iota_{j,\beta}(f)\left(\lambda(f,\beta)\right)=\tilde{F}_{\beta}\left(\Delta u_{j}(\beta)\right).

Preuve: Dans ce qui suit, on adoptera la convention εj,Λj=subscript𝜀𝑗subscriptΛ𝑗\varepsilon_{j,\Lambda_{j}}=\infty, pour tout j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}. Supposons d’abord que βεj,1𝛽subscript𝜀𝑗.1\beta\leqslant\varepsilon_{j,1}, alors, uj[β]=Δuj=0subscript𝑢𝑗delimited-[]𝛽Δsubscript𝑢𝑗0u_{j}[\beta]=\Delta u_{j}=0 et on pose F0=0subscript𝐹00F_{0}=0. Dans ce cas, (2) est trivialement montré et on procède de la même manière pour montrer (3).
Supposons que β>εj,1𝛽subscript𝜀𝑗.1\beta>\varepsilon_{j,1}. Soit εΓ1𝜀subscripttensor-productsubscriptΓ1\varepsilon\in\Gamma_{1}\otimes_{\mathbb{Z}}\mathbb{Q}, ε>0𝜀0\varepsilon>0 suffisamment petit, notons j,bf(uj[εj,i0])=ιj,εj,i0+ε(j,bf)subscript𝑗𝑏𝑓subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0subscript𝜄𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝜀subscript𝑗𝑏𝑓\partial_{j,b}f\left(u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}]\right)=\iota_{j,\varepsilon_{j,i_{0}}+\varepsilon}(\partial_{j,b}f) et prenons le développement de Taylor de ι(f)𝜄𝑓\iota(f) en uj[β]subscript𝑢𝑗delimited-[]𝛽u_{j}[\beta] en la j𝑗j-ème variable. On peut alors écrire:

τj,β(f)=bj,bf(uj[εj,i0])(Δuj)b.subscript𝜏𝑗𝛽𝑓subscript𝑏subscript𝑗𝑏𝑓subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝑏\tau_{j,\beta}(f)=\sum\limits_{b\in\mathbb{N}}\partial_{j,b}f\left(u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}]\right)\left(\Delta u_{j}\right)^{b}.

Par les points (3)3(3) et (4)4(4) dans le choix de i0subscript𝑖0i_{0}, les termes de la forme:

(ι(j,bf)inv(j,bf))(uj[εj,i0])(Δuj)b,pourbU0;𝜄subscript𝑗𝑏𝑓𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝑏pour𝑏subscript𝑈0\left(\iota(\partial_{j,b}f)-in_{v}(\partial_{j,b}f)\right)\left(u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}]\right)\left(\Delta u_{j}\right)^{b},\;\textup{pour}\;b\in U_{0};
etj,bf(uj[εj,i0])(Δuj)b,pourbU0;etsubscript𝑗𝑏𝑓subscript𝑢𝑗delimited-[]subscript𝜀𝑗subscript𝑖0superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝑏pour𝑏subscript𝑈0\textup{et}\;\partial_{j,b}f\left(u_{j}[\varepsilon_{j,i_{0}}]\right)\left(\Delta u_{j}\right)^{b},\;\textup{pour}\;b\notin U_{0};

n’interviennent pas dans τj,β(f)[λ(f,β)]subscript𝜏𝑗𝛽𝑓delimited-[]𝜆𝑓𝛽\tau_{j,\beta}(f)\left[\lambda(f,\beta)\right]. Ainsi, à l’aide de la Proposition 19, on a:

τj,β(f)[λ(f,β)]bU0inv(j,bf)(Δuj)b=ιj,εj,i0+ε(f)𝒜j,εj,i0+ε[uj(εj,i0+ε)].subscript𝜏𝑗𝛽𝑓delimited-[]𝜆𝑓𝛽subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝑏subscript𝜄𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝜀𝑓subscript𝒜𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝜀delimited-[]subscript𝑢𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝜀\tau_{j,\beta}(f)\left[\lambda(f,\beta)\right]-\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}(\partial_{j,b}f)\left(\Delta u_{j}\right)^{b}=\iota_{j,\varepsilon_{j,i_{0}}+\varepsilon}(f)\in\mathcal{A}_{j,\varepsilon_{j,i_{0}}+\varepsilon}\left[u_{j}\left(\varepsilon_{j,i_{0}}+\varepsilon\right)\right].

On en déduit donc que F0:=τj,β(f)[λ(f,β)]bU0inv(j,bf)(Δuj)b𝒜j,βassignsubscript𝐹0subscript𝜏𝑗𝛽𝑓delimited-[]𝜆𝑓𝛽subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝑏subscript𝒜𝑗𝛽F_{0}:=\tau_{j,\beta}(f)\left[\lambda(f,\beta)\right]-\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}(\partial_{j,b}f)\left(\Delta u_{j}\right)^{b}\in\mathcal{A}_{j,\beta}. De la même manière on montre, en faisant un développement de Taylor de ι(f)𝜄𝑓\iota(f) en uj(β)subscript𝑢𝑗𝛽u_{j}(\beta), que F~0:=ιj,β(f)(λ(f,β))bU0inv(j,bf)(Δuj(β))b𝒜j,βassignsubscript~𝐹0subscript𝜄𝑗𝛽𝑓𝜆𝑓𝛽subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝛽𝑏subscript𝒜𝑗𝛽\tilde{F}_{0}:=\iota_{j,\beta}(f)\left(\lambda(f,\beta)\right)-\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}(\partial_{j,b}f)\left(\Delta u_{j}(\beta)\right)^{b}\in\mathcal{A}_{j,\beta}. Ainsi, (1)1(1), (2)2(2), et (3)3(3) sont démontrés. Pour conclure il suffit de montrer que:

bU0,inv(j,bf)𝒜j,β.formulae-sequencefor-all𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏𝑓subscript𝒜𝑗𝛽\forall\>b\in U_{0},\>in_{v}(\partial_{j,b}f)\in\mathcal{A}_{j,\beta}.

Soit bU0𝑏subscript𝑈0b\in U_{0} et notons g=j,bf𝑔subscript𝑗𝑏𝑓g=\partial_{j,b}f. On pose i0(b)=min{i0Λj|νj,i0(g)=ν(g)}subscript𝑖0𝑏subscript𝑖0conditionalsubscriptΛ𝑗subscript𝜈𝑗subscript𝑖0𝑔𝜈𝑔i_{0}(b)=\min\{i_{0}\in\Lambda_{j}\>|\>\nu_{j,i_{0}}(g)=\nu(g)\}. Par la Proposition 11, on a:

νj,i0(b)(g)=ν(g)ν(j,qg)+qεj,i0(b),q.formulae-sequencesubscript𝜈𝑗subscript𝑖0𝑏𝑔𝜈𝑔𝜈subscript𝑗𝑞𝑔𝑞subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏for-all𝑞\nu_{j,i_{0}(b)}(g)=\nu(g)\leqslant\nu(\partial_{j,q}g)+q\varepsilon_{j,i_{0}(b)},\>\forall\>q\in\mathbb{N}.

Par minimalité de i0(b)subscript𝑖0𝑏i_{0}(b), il existe q>0𝑞0q>0 tel que l’on ait égalité dans l’inégalité précédente; prenons alors le plus petit q𝑞q de la sorte. Le choix d’un tel q𝑞q entraîne que ν(j,qg)=νj,i0(b)(j,qg)𝜈subscript𝑗𝑞𝑔subscript𝜈𝑗subscript𝑖0𝑏subscript𝑗𝑞𝑔\nu(\partial_{j,q}g)=\nu_{j,i_{0}(b)}(\partial_{j,q}g), en effet, sinon on aurait:

νj,i0(b)(g)νj,i0(b)(j,qg)+qεj,i0(b)<ν(j,qg)+qεj,i0(b)=ν(g),subscript𝜈𝑗subscript𝑖0𝑏𝑔subscript𝜈𝑗subscript𝑖0𝑏subscript𝑗𝑞𝑔𝑞subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜈subscript𝑗𝑞𝑔𝑞subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜈𝑔\nu_{j,i_{0}(b)}(g)\leqslant\nu_{j,i_{0}(b)}(\partial_{j,q}g)+q\varepsilon_{j,i_{0}(b)}<\nu(\partial_{j,q}g)+q\varepsilon_{j,i_{0}(b)}=\nu(g),

ce qui contredit le choix de q𝑞q. Pour εΓ1𝜀subscriptΓ1\varepsilon\in\Gamma_{1}, ε>0𝜀0\varepsilon>0 suffisamment petit, on a:

λ(g,εj,i0(b)+ε)=ν(j,qg)+q(εj,i0(b)+ε).𝜆𝑔subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀𝜈subscript𝑗𝑞𝑔𝑞subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀\lambda\left(g,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right)=\nu(\partial_{j,q}g)+q\left(\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right).

Fixons nous alors εΓ1𝜀subscriptΓ1\varepsilon\in\Gamma_{1}, ε>0𝜀0\varepsilon>0 suffisamment petit tel que inv(ι(g))=ι(g)(λ(g,εj,i0(b)+ε))𝑖subscript𝑛𝑣𝜄𝑔𝜄𝑔𝜆𝑔subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀in_{v}(\iota(g))=\iota(g)\left(\lambda\left(g,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right)\right) et εj,i0(b)+ε<min{β,εj,i0(b)+1}subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀𝛽subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏1\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon<\min\{\beta,\varepsilon_{j,i_{0}(b)+1}\}. Par la Proposition 19, on en déduit que:

inv(g)𝑖subscript𝑛𝑣𝑔\displaystyle in_{v}(g) =ι(g)(λ(g,εj,i0(b)+ε))absent𝜄𝑔𝜆𝑔subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀\displaystyle=\iota(g)\left(\lambda\left(g,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right)\right)
=ιj,εj,i0(b)+ε(g)(λ(g,εj,i0(b)+ε))absentsubscript𝜄𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀𝑔𝜆𝑔subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀\displaystyle=\iota_{j,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon}(g)\left(\lambda\left(g,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right)\right)
𝒜j,εj,i0(b)+ε[uj(λ(g,εj,i0(b)+ε))]𝒜j,β.absentsubscript𝒜𝑗subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀delimited-[]subscript𝑢𝑗𝜆𝑔subscript𝜀𝑗subscript𝑖0𝑏𝜀subscript𝒜𝑗𝛽\displaystyle\in\mathcal{A}_{j,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon}\left[u_{j}\left(\lambda\left(g,\varepsilon_{j,i_{0}(b)}+\varepsilon\right)\right)\right]\subset\mathcal{A}_{j,\beta}.

Proposition 23.

Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ1{}𝛽subscriptΓ1\beta\in\Gamma_{1}\cup\{\infty\}. Si ij,β<Λjsubscript𝑖𝑗𝛽subscriptΛ𝑗i_{j,\beta}<\Lambda_{j}, alors uj(β)subscript𝑢𝑗𝛽u_{j}(\beta) est entier sur 𝒜j,βsubscript𝒜𝑗𝛽\mathcal{A}_{j,\beta} et une relation de dépendance intégrale est donnée par:

F~0(λ(Qj,ij,β,β))+bU0inv(j,bQj,ij,β)(Δuj(β))b=0.subscript~𝐹0𝜆subscript𝑄𝑗subscript𝑖𝑗𝛽𝛽subscript𝑏subscript𝑈0𝑖subscript𝑛𝑣subscript𝑗𝑏subscript𝑄𝑗subscript𝑖𝑗𝛽superscriptΔsubscript𝑢𝑗𝛽𝑏0\tilde{F}_{0}\left(\lambda\left(Q_{j,i_{j,\beta}},\beta\right)\right)+\sum\limits_{b\in U_{0}}in_{v}\left(\partial_{j,b}Q_{j,i_{j,\beta}}\right)\left(\Delta u_{j}(\beta)\right)^{b}=0.

Preuve: Soient j{r,,n}𝑗𝑟𝑛j\in\{r,...,n\}, βΓ1{}𝛽subscriptΓ1\beta\in\Gamma_{1}\cup\{\infty\} et supposons que ij,β<Λjsubscript𝑖𝑗𝛽subscriptΛ𝑗i_{j,\beta}<\Lambda_{j}. Par la Proposition 22 et par construction des développements de Puiseux, on a:

F~β(Δuj(β))=ιj,β(Qj,ij,β)(λ(Qj,ij,β,β))=0.subscript~𝐹𝛽Δsubscript𝑢𝑗𝛽subscript𝜄𝑗𝛽subscript𝑄𝑗subscript𝑖𝑗𝛽𝜆subscript𝑄𝑗subscript𝑖𝑗𝛽𝛽0\tilde{F}_{\beta}\left(\Delta u_{j}(\beta)\right)=\iota_{j,\beta}\left(Q_{j,i_{j,\beta}}\right)\left(\lambda\left(Q_{j,i_{j,\beta}},\beta\right)\right)=0.

De plus, maxU0=duj(Qj,ij,β)subscript𝑈0superscriptsubscript𝑑subscript𝑢𝑗subscript𝑄𝑗subscript𝑖𝑗𝛽\max U_{0}=d_{u_{j}}^{\circ}\left(Q_{j,i_{j,\beta}}\right) donc la relation précédente est bien une relation de dépendance intégrale. ∎

Pour j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}, notons 𝒜jsubscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j} le sous-anneau de 𝒜𝒜\mathcal{A} engendré par 𝒜j1,subscript𝒜𝑗1\mathcal{A}_{j-1,\infty} et tous les éléments de la forme uj(εj,i)subscript𝑢𝑗subscript𝜀𝑗𝑖u_{j}(\varepsilon_{j,i}), iΛj𝑖subscriptΛ𝑗i\in\Lambda_{j}. {coro} Soit j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}, pour tout βΓ1𝛽subscriptΓ1\beta\in\Gamma_{1} tel que ij,β<Λjsubscript𝑖𝑗𝛽subscriptΛ𝑗i_{j,\beta}<\Lambda_{j} on a:

  1. (1)

    𝒜j,βsubscript𝒜𝑗𝛽\mathcal{A}_{j,\beta} est une extension entière de W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right];

  2. (2)

    𝒜jsubscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j} est une extension entière de W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right];

  3. (3)

    𝒜𝒜\mathcal{A} est une extension entière de W[ι(p),ι(u1),,ι(un)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑛W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{n})\right].

Preuve: La première assertion découle de la construction des développements de Puiseux, la deuxième est une appliction immédiate de la Proposition 23, enfin, la troisième provient des deux précédentes.
{coro} Pour j{r+1,,n}𝑗𝑟1𝑛j\in\{r+1,...,n\}, ι(uj)𝜄subscript𝑢𝑗\iota(u_{j}) est transcendant sur 𝒜jsubscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j}. Preuve: Soit P(X)𝒜j[X]{0}𝑃𝑋subscript𝒜𝑗delimited-[]𝑋0P(X)\in\mathcal{A}_{j}\left[X\right]\setminus\{0\}. Par le Corollaire 5 (2), on sait que 𝒜jsubscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j} est une extension entière de W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right], il existe donc un W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right]-module de type fini contenu dans 𝒜jsubscript𝒜𝑗\mathcal{A}_{j} et contenant tous les coefficients de P𝑃P. On peut donc écrire:

P(X)=b=1cPb(X)aj,b𝑃𝑋superscriptsubscript𝑏1𝑐subscript𝑃𝑏𝑋subscript𝑎𝑗𝑏P(X)=\sum\limits_{b=1}^{c}P_{b}(X)a_{j,b}

aj,b𝒜jsubscript𝑎𝑗𝑏subscript𝒜𝑗a_{j,b}\in\mathcal{A}_{j} et Pb(X)W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)][X]subscript𝑃𝑏𝑋𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1delimited-[]𝑋P_{b}(X)\in W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right][X], pour b{1,,c}𝑏1𝑐b\in\{1,...,c\}. Comme P0𝑃0P\neq 0, il existe b0{1,,c}subscript𝑏01𝑐b_{0}\in\{1,...,c\} tel que Pb0(X)0subscript𝑃subscript𝑏0𝑋0P_{b_{0}}(X)\neq 0. Comme ι(uj)𝜄subscript𝑢𝑗\iota(u_{j}) est transcendant sur W[ι(p),ι(u1),,ι(uj1)]𝑊𝜄𝑝𝜄subscript𝑢1𝜄subscript𝑢𝑗1W\left[\iota(p),\iota(u_{1}),...,\iota(u_{j-1})\right], alors Pb0(ι(uj))0subscript𝑃subscript𝑏0𝜄subscript𝑢𝑗0P_{b_{0}}\left(\iota(u_{j})\right)\neq 0 et donc P(ι(uj))0𝑃𝜄subscript𝑢𝑗0P\left(\iota(u_{j})\right)\neq 0.

Références

  • [1] S. Abhyankar, “Two notes on formal power series”, Proc. Amer. Math. Soc. 7 (1956), p. 903-905.
  • [2] C. Chevalley, Introduction to the Theory of Algebraic Functions of One Variable, Mathematical Surveys, No. VI, American Mathematical Society, New York, N. Y., 1951, xi+188 pages.
  • [3] F. J. Herrera Govantes, M. A. Olalla Acosta & M. Spivakovsky, “Valuations in algebraic field extensions”, J. Algebra 312 (2007), no. 2, p. 1033-1074.
  • [4] I. Kaplansky, “Maximal fields with valuations”, Duke Math. J. 9 (1942), p. 303-321.
  • [5] K. S. Kedlaya, “Power series and p𝑝p-adic algebraic closures”, J. Number Theory 89 (2001), no. 2, p. 324-339.
  • [6] W. Krull, “Allgemeine Bewertungstheorie”, J. Reine Angew. Math. 167 (1932), p. 160-196.
  • [7] W. Mahboub, “Key Polynomials”, Journal of Pure and Applied Algebra 217 (2013), no. 6, p. 989-1006.
  • [8] B. Poonen, “Maximally complete fields”, Enseign. Math. (2) 39 (1993), no. 1-2, p. 87-106.
  • [9] M. Spivakovsky, “Resolution of singularities I: local uniformization of an equicharacteristic quasi-excellent local domain whose residue field k𝑘k satisfies [k:kp]<\left[k:k^{p}\right]<\infty.”, In preparation, 2012.
  • [10] M. Vaquié, “Famille admise associée à une valuation de K[x]𝐾delimited-[]𝑥K[x]”, in Singularités Franco-Japonaises, Sémin. Congr., vol. 10, Soc. Math. France, Paris, 2005, p. 391-428.
  • [11] ——— , “Algèbre graduée associée à une valuation de K[x]𝐾delimited-[]𝑥K[x]”, in Singularities in geometry and topology 2004, Adv. Stud. Pure Math., vol. 46, Math. Soc. Japan, Tokyo, 2007, p. 259-271.
  • [12] ——— , “Extension d’une valuation”, Trans. Amer. Math. Soc. 359 (2007), no. 7, p. 3439-3481 (electronic).
  • [13] ——— , “Famille admissible de valuations et défaut d’une extension”, J. Algebra 311 (2007), no. 2, p. 859-876.
  • [14] ——— , “Extensions de valuation et polygone de Newton”, Ann. Inst. Fourier (Grenoble) 58 (2008), no. 7, p. 2503-2541.