Analyse Harmonique
Idempotents et échantillonnage parcimonieux
Idempotents and compressive sampling

Jean–Pierre Kahane

Résumé.

Comment reconstituer un signal, assimilé à une fonction x𝑥x définie sur le groupe cyclique Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N}, qu’on sait porté par T𝑇T points, en n’utilisant sa transformée de Fourier x^^𝑥\hat{x} que sur un ensemble ΩΩ\Omega de fréquences ? Le procédé indiqué par Candès, Romberg et Tao [1, 2] est l’extrapolation minimale de x^|Ωevaluated-at^𝑥Ω\hat{x}|_{\Omega} dans 1superscript1\mathcal{F}\ell^{1}. La note traite les questions suivantes : 1) Quand est–il vrai que ce procédé redonne tous les signaux portés par T𝑇T points ? 2) Si l’on choisit ΩΩ\Omega par sélection aléatoire de points de Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N}, N𝑁N étant très grand, avec quelle probabilité obtient–on par ce procédé tous les signaux portés par T𝑇T points ? 3) tous les signaux portés par un ensemble S𝑆S donné ? 4) un signal donné ? Je donne des réponses à 1) et à 2) avec démonstrations, et à 3) sans démonstration. La réponse à 3) améliore les estimations de Candès, Romberg et Tao relatives à 4), la question qu’ils traitent. L’idempotent K𝐾K tel que K^=1Ω^𝐾subscript1Ω\hat{K}=1_{\Omega} joue un rôle central.

Abstract.

According to Candès, Romberg and Tao [1, 2], a signal is represented as a function x𝑥x defined on the cyclic group Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N}. Assuming that it is carried by a set S𝑆S consisting of T𝑇T points, how to reconstruct x𝑥x by using only a small set ΩΩ\Omega of frequences ? The procedure of Candès, Romberg and Tao is the minimal extrapolation of x^|Ωevaluated-at^𝑥Ω\hat{x}|_{\Omega} in 1superscript1\mathcal{F}\ell^{1}, when it exists. 1) When can we obtain in this way all signals carried by T𝑇T points ? 2) Choosing ΩΩ\Omega by a random selection of points in Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N} with N𝑁N very large, give an estimate of the probability that the procedure works for all signals carried by T𝑇T points 3) for all signals carried by a given set S𝑆S 4) for a given signal. The answers to 1) and 2) are given with proofs and the answer to 3) without proof. Candès, Romberg and Tao answered question 4) and our answer to 3) improves their estimates. A key role is played by the idempotent K𝐾K such that K^=1Ω^𝐾subscript1Ω\hat{K}=1_{\Omega}.


Cette note est inspirée d’un théorème de Candès, Romberg et Tao (Theorem 1.3 de [2], Theorem 2.1 de [1]). Ce théorème donne une méthode pour reconstruire un signal porté par T𝑇T points de Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N} à partir de la restriction de sa transformée de Fourier à un ensemble ΩΩ\Omega de fréquence bien plus petit que Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N}. C’est le modèle typique d’un échantillonnage parcimonieux. Voici le cadre et l’énoncé.

Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N} est le groupe G𝐺G des temps t𝑡t, et aussi bien le groupe G^^𝐺\hat{G} des fréquences ω𝜔\omega ; la dualité s’exprime par

ω,t=e(ωtN),e(ξ)=e2πiξ.formulae-sequence𝜔𝑡𝑒𝜔𝑡𝑁𝑒𝜉superscript𝑒2𝜋𝑖𝜉\langle\omega,t\rangle=e\Big{(}\frac{\omega t}{N}\Big{)}\,,\ e(\xi)=e^{2\pi i\xi}\,.

Le signal est une fonction x(t)𝑥𝑡x(t) (tG)𝑡𝐺(t\in G) à valeurs complexes, sa transformée de Fourier est

x^(ω)=1NtGx(t)e(ωtN)^𝑥𝜔1𝑁subscript𝑡𝐺𝑥𝑡𝑒𝜔𝑡𝑁\hat{x}(\omega)=\frac{1}{\sqrt{N}}\sum_{t\in G}x(t)e\Big{(}\frac{-\omega t}{N}\Big{)}

et la reconstruction classique se fait par la formule d’inversion

x(t)=1NωG^x^(ω)e(ωtN).𝑥𝑡1𝑁subscript𝜔^𝐺^𝑥𝜔𝑒𝜔𝑡𝑁x(t)=\frac{1}{\sqrt{N}}\sum_{\omega\in\hat{G}}\hat{x}(\omega)e\Big{(}\frac{\omega t}{N}\Big{)}\,.

Soit A(G^)𝐴^𝐺A(\hat{G}) l’image de Fourier de 1(G)superscript1𝐺\ell^{1}(G) :

x^A(G^)=x1(G)=tG|x(t)|.subscriptnorm^𝑥𝐴^𝐺subscriptnorm𝑥superscript1𝐺subscript𝑡𝐺𝑥𝑡\|\hat{x}\|_{A(\hat{G})}=\|x\|_{\ell^{1}(G)}=\sum_{t\in G}|x(t)|\,.

Sous certaines conditions, qu’on va expliciter,

(i)𝑖(i) x^^𝑥\hat{x} est le prolongement minimal de x^|Ωevaluated-at^𝑥Ω\hat{x}|_{\Omega} dans A(G^)𝐴^𝐺A(\hat{G}).

La reconstruction se ramène alors à un problème d’extremum en analyse convexe, qui est praticable.

Théorème CRT. — Soit x𝑥x un signal porté par une partie S𝑆S de G𝐺G, de cardinal T:|S|=T:𝑇𝑆𝑇T:|S|=T. Soit ΩΩ\Omega une partie aléatoire de G^^𝐺\hat{G}, dont la distribution de probabilité est uniforme sur l’ensemble des parties de G^^𝐺\hat{G} de cardinal |Ω|Ω|\Omega| donné par

|Ω|=[CTlogN]([]:partie entière)|\Omega|=[CT\log N]\quad([\ ]:\textit{partie\ enti\`{e}re})

avec

C=22(1+δ),δ>0.formulae-sequence𝐶221𝛿𝛿0C=22(1+\delta)\,,\quad\delta>0\,.

Alors la probabilité de l’évènement (i) vérifie

P((i))=1O(Nδ)(N)[1]𝑃𝑖1𝑂superscript𝑁𝛿𝑁[1]P((i))=1-O(N^{-\delta})\quad(N\rightarrow\infty)\qquad\cite[cite]{[\@@bibref{}{Cand}{}{}]}

Pour des N𝑁N et δ𝛿\delta convenables, (i)𝑖(i) est très probable. Quitte à changer la définition de ΩΩ\Omega, peut–on dire qu’il est très probable que (i)𝑖(i) ait lieu pour tous les x𝑥x portés par un S𝑆S donné ? ou mieux, pour tous les x𝑥x portés par un S𝑆S de cardinal T𝑇T donné ? ou mieux encore, peut–on dire que cela est certain ? Je vais proposer quelques réponses.

D’abord, comme il est noté dans [1], (i)𝑖(i) est entraîné par

(ii)𝑖𝑖(ii) pour tout z1(G)𝑧superscript1𝐺z\in\ell^{1}(G) non nul, tel que z^|Ω=0evaluated-at^𝑧Ω0\hat{z}|_{\Omega}=0,

tG\S|z(t)|>tS|z(t)|.subscript𝑡\𝐺𝑆𝑧𝑡subscript𝑡𝑆𝑧𝑡\sum_{t\in G\backslash S}|z(t)|>\sum_{t\in S}|z(t)|\,.

On voit facilement que (ii)𝑖𝑖(ii) est entraîné par

(iii)𝑖𝑖𝑖(iii) pour toute fonction λ𝜆\lambda de module 111 sur S𝑆S, il existe un p(G)𝑝𝐺p\in\ell(G)tel que p^^𝑝\hat{p} soit porté par ΩΩ\Omega et que

{|p(t)λ(t)|<12quandtS|p(t)|<12quandtG\Scases𝑝𝑡𝜆𝑡12quand𝑡𝑆missing-subexpression𝑝𝑡12quand𝑡\𝐺𝑆\left\{\begin{array}[]{lll}|p(t)-\lambda(t)|<\dfrac{1}{2}&\mathrm{quand}&t\in S\\ \vskip 5.69054pt\cr|p(t)|<\dfrac{1}{2}&\mathrm{quand}&t\in G\backslash S\end{array}\right.

Faisons intervenir l’idempotent

K(t)=ωΩe(ωtN),𝐾𝑡subscript𝜔Ω𝑒𝜔𝑡𝑁K(t)=\sum_{\omega\in\Omega}e\Big{(}\frac{\omega t}{N}\Big{)}\,,

et cherchons p𝑝p sous la forme

p(t)=tSλ(t)K(tt)K(0).𝑝𝑡subscriptsuperscript𝑡𝑆𝜆superscript𝑡𝐾𝑡superscript𝑡𝐾0p(t)=\sum_{t^{\prime}\in S}\lambda(t^{\prime})\frac{K(t-t^{\prime})}{K(0)}\,.

On voit que (iii)𝑖𝑖𝑖(iii) est vérifié sous la condition que

(iv)𝑖𝑣(iv) pour tout t0𝑡0t\not=0,

|K(t)|<12TK(0).𝐾𝑡12𝑇𝐾0|K(t)|<\frac{1}{2T}K(0)\,.

Voici donc un résultat certain.

T1. Si l’idempotent K(t)=ωΩω,t𝐾𝑡subscript𝜔Ω𝜔𝑡K(t)=\sum\limits_{\omega\in\Omega}\langle\omega,t\rangle vérifie (iv)𝑖𝑣(iv), (i)𝑖(i) a lieu pour tous les signaux x𝑥x portés par un ensemble de T𝑇T points.

Ce qui importe dans cet énoncé est que le spectre de K𝐾K soit contenu dans ΩΩ\Omega. Les idempotents apparaissent de façon naturelle dans la construction qui suit. En effet, reste à construire ΩΩ\Omega de façon que (iv)𝑖𝑣(iv) ait lieu. Pour cela, on reprend la construction de [2]. Au lieu de fixer |Ω|Ω|\Omega|, on fixe un 0<τ<10𝜏10<\tau<1, on considère des variables aléatoires de Bernoulli indépendantes d’espérance τ𝜏\tau (P(Xn=1)=τ(P(X_{n}=1)=\tau, P(Xn=0)=1τ)P(X_{n}=0)=1-\tau) (nN)𝑛subscript𝑁(n\in\mathbb{Z}_{N}) et on pose Ω={n|Xn=1}Ωconditional-set𝑛subscript𝑋𝑛1\Omega=\{n|X_{n}=1\}. Ainsi

K(t)=nNXne(ωtN).𝐾𝑡subscript𝑛subscript𝑁subscript𝑋𝑛𝑒𝜔𝑡𝑁K(t)=\sum_{n\in\mathbb{Z}_{N}}X_{n}e\Big{(}\frac{\omega t}{N}\Big{)}\,.

Dans les énoncés qui suivent, τN𝜏𝑁\tau N jouera le rôle de |Ω|Ω|\Omega|.

Majorons la probabilité pour que (iv)𝑖𝑣(iv) n’ait pas lieu. Fixons t0𝑡0t\not=0 et un entier ν>3𝜈3\nu>3. Si |K(t)|12TK(0)𝐾𝑡12𝑇𝐾0|K(t)|\geq\dfrac{1}{2T}K(0), il existe un φ=2jπν𝜑2𝑗𝜋𝜈\varphi=\frac{2j\pi}{\nu} tel que

ReK(t)eiφcosπν12TK(0).Re𝐾𝑡superscript𝑒𝑖𝜑𝜋𝜈12𝑇𝐾0\mathop{\rm Re}K(t)e^{-i\varphi}\geq\cos\frac{\pi}{\nu}\,\frac{1}{2T}K(0)\,.

Posons a=cosπν𝑎𝜋𝜈a=\cos\frac{\pi}{\nu} et

Y=ReK(t)eiφa2TK(0)=nNXn(cos(2πntNφ)a2T)=nNXnAn.𝑌absentRe𝐾𝑡superscript𝑒𝑖𝜑𝑎2𝑇𝐾0missing-subexpressionmissing-subexpressionabsentsubscript𝑛subscript𝑁subscript𝑋𝑛2𝜋𝑛𝑡𝑁𝜑𝑎2𝑇subscript𝑛subscript𝑁subscript𝑋𝑛subscript𝐴𝑛\begin{array}[]{ll}Y&=\mathop{\rm Re}K(t)e^{-i\varphi}-\dfrac{a}{2T}K(0)\\ \vskip 5.69054pt\cr&=\displaystyle\sum_{n\in\mathbb{Z}_{N}}X_{n}\Big{(}\cos\Big{(}\frac{2\pi nt}{N}-\varphi\Big{)}-\frac{a}{2T}\Big{)}=\sum_{n\in\mathbb{Z}_{N}}X_{n}A_{n}\,.\end{array}

Pour u>0𝑢0u>0,

P(Y0)<EeuY=nNEeuXnAn=nN(1τ+τeuAn)nNexp(τ(euAn1).\begin{array}[]{c}P(Y\geq 0)<Ee^{uY}=\displaystyle\prod_{n\in\mathbb{Z}_{N}}Ee^{uX_{n}A_{n}}\\ \vskip 5.69054pt\cr=\displaystyle\prod_{n\in\mathbb{Z}_{N}}(1-\tau+\tau e^{uA_{n}})\leq\prod_{n\in\mathbb{Z}_{N}}\exp(\tau(e^{uA_{n}}-1)\,.\end{array}

Or

nZN(euAn1)=exp(au2T)nNexp(ucos(2πntNφ))N.subscript𝑛subscript𝑍𝑁superscript𝑒𝑢subscript𝐴𝑛1𝑎𝑢2𝑇subscript𝑛subscript𝑁𝑢2𝜋𝑛𝑡𝑁𝜑𝑁\sum_{n\in Z_{N}}(e^{uA_{n}}-1)=\exp\Big{(}-\frac{au}{2T}\Big{)}\sum_{n\in\mathbb{Z}_{N}}\exp\Big{(}u\cos\Big{(}\frac{2\pi nt}{N}-\varphi\Big{)}\Big{)}-N\,.

En développant en puissances de u𝑢u on est amené à choisir u=aT𝑢𝑎𝑇u=\frac{a}{T}, d’où

P(Y0)<exp(τN(a24T2+a48T4+k=4akk!Tk)<exp(TN(a24T2+a44T4))\begin{array}[]{lcl}P(Y\geq 0)&<&\exp\Big{(}\tau N\Big{(}-\dfrac{a^{2}}{4T^{2}}+\dfrac{a^{4}}{8T^{4}}+\displaystyle\sum_{k=4}\dfrac{a^{k}}{k!T^{k}}\Big{)}\\ \vskip 5.69054pt\cr&<&\exp\Big{(}TN\Big{(}-\dfrac{a^{2}}{4T^{2}}+\dfrac{a^{4}}{4T^{4}}\Big{)}\Big{)}\end{array}

sous les conditions t0𝑡0t\not=0 (hypothèse déjà faite), 2t02𝑡02t\not=0 et 3t03𝑡03t\not=0. Donc

(1)1 1P((iv))<Nνexp(τN(a24T2+a44T4))(a=cosπν).1𝑃𝑖𝑣𝑁𝜈𝜏𝑁superscript𝑎24superscript𝑇2superscript𝑎44superscript𝑇4𝑎𝜋𝜈1-P((iv))<N\nu\exp\Big{(}\tau N\Big{(}-\frac{a^{2}}{4T^{2}}+\frac{a^{4}}{4T^{4}}\Big{)}\Big{)}\qquad\Big{(}a=\cos\frac{\pi}{\nu}\Big{)}\,.

Choisissons

(2)2 τN=4CT2logN.𝜏𝑁4𝐶superscript𝑇2𝑁\tau N=4CT^{2}\log N\,.

Le second membre de (1) devient νNd𝜈superscript𝑁𝑑\nu N^{-d} avec

(3)3 d=C(a2a4T2)1.𝑑𝐶superscript𝑎2superscript𝑎4superscript𝑇21d=C\Big{(}a^{2}-\frac{a^{4}}{T^{2}}\Big{)}-1\,.

T2. Supposons N=±1𝑁plus-or-minus1N=\pm 1 modulo 666. La condition (iv)𝑖𝑣(iv), donc la condition (i) pour tous les signaux x𝑥x portés par T𝑇T points de Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N}, est réalisée avec une probabilité supérieure à 1νNd1𝜈superscript𝑁𝑑1-\nu N^{-d} quand on choisit ΩΩ\Omega selon (2)2(2), dès que ν,C𝜈𝐶\nu,C et d𝑑d sont liés par (3)3(3) avec a=cosπν𝑎𝜋𝜈a=\cos\frac{\pi}{\nu}.

Par exemple, si T=2𝑇2T=2, C=2𝐶2C=2, N=1001𝑁1001N=1001 et ν=10𝜈10\nu=10, on a une probabilité supérieure à 1313\frac{1}{3} de réaliser (iv)𝑖𝑣(iv), donc (i)𝑖(i) pour tous les signaux portés par deux points, en prenant au hasard ΩΩ\Omega dans Nsubscript𝑁\mathbb{Z}_{N} avec |Ω|=222Ω222|\Omega|=222. En soignant les calculs, on peut remplacer 1/3131/3 par 3/4343/4. En tout cas, ce résultat n’est pas glorieux.

Il est bon de remarquer que le facteur 4T24superscript𝑇24T^{2} dans (2) est dans la nature de la question : si (iv)𝑖𝑣(iv) est réalisé pour K(t)=ωΩω,t𝐾𝑡subscript𝜔Ω𝜔𝑡K(t)=\sum\limits_{\omega\in\Omega}\langle\omega,t\rangle, il est facile de voir que

(4)4 |Ω|4T2NN+4T21.Ω4superscript𝑇2𝑁𝑁4superscript𝑇21|\Omega|\geq 4T^{2}\frac{N}{N+4T^{2}-1}\,.

Par exemple, si T=2𝑇2T=2 et N=1001𝑁1001N=1001, on a |Ω|16Ω16|\Omega|\geq 16.

Voici un corollaire de T2𝑇2T2 : dès que

(5)5 C>T2T21,𝐶superscript𝑇2superscript𝑇21C>\frac{T^{2}}{T^{2}-1}\,,

le choix de ΩΩ\Omega selon (2)2(2) entraîne que, pour N=±1𝑁plus-or-minus1N=\pm 1 modulo 666 assez grand, la procédure décrite par (i)𝑖(i) reconstruit tous les signaux portés par T𝑇T points avec une probabilité aussi voisine de 111 que l’on veut.

En travaillant un peu plus, on peut retrouver en l’améliorant le théorème CRT sous la forme suivante, qui répond à la première question que nous avons posée :

T3. La condition (ii)𝑖𝑖(ii), donc la condition (i)𝑖(i) pour tous les signaux x𝑥x portés par un ensemble SN𝑆subscript𝑁S\subset\mathbb{Z}_{N}, de cardinal T𝑇T, est réalisée avec une probabilité supérieure à 1h11-h quand on choisit ΩΩ\Omega selon

(6)6 τN=4CTlogN𝜏𝑁4𝐶𝑇𝑁\tau N=4CT\log N

et qu’on prend

(7)7 hTμTνNCa2α2+(NT)μTνNCa2(1α)2𝑇superscript𝜇𝑇𝜈superscript𝑁𝐶superscript𝑎2superscript𝛼2𝑁𝑇superscript𝜇𝑇𝜈superscript𝑁𝐶superscript𝑎2superscript1𝛼2h\geq T\mu^{T}\nu N^{-Ca^{2}\alpha^{\prime 2}}+(N-T)\mu^{T}\nu N^{-Ca^{2}(1-\alpha)^{2}}

μ𝜇\mu, ν𝜈\nu, a𝑎a, α𝛼\alpha et αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} étant soumis aux conditions suivantes : μ𝜇\mu et ν𝜈\nu entiers >1absent1>1, a=cosπν𝑎𝜋𝜈a=\cos\frac{\pi}{\nu}, 0<α<10𝛼10<\alpha<1, α=α2sinπ2μsuperscript𝛼𝛼2𝜋2𝜇\alpha^{\prime}=\alpha-2\sin\frac{\pi}{2\mu}.

Par exemple, en prenant μ=10𝜇10\mu=10, ν=103𝜈superscript103\nu=10^{3}, α=23𝛼23\alpha=\frac{2}{3}, on peut choisir

(8)8 h=10T+3NC10+1,superscript10𝑇3superscript𝑁𝐶101h=10^{T+3}N^{-\frac{C}{10}+1}\,,

ce qui est explicite mais sans aucun intérêt pratique. Si on désire une estimation en O(Nδ)𝑂superscript𝑁𝛿O(N^{-\delta}) (N)𝑁(N\rightarrow\infty) comme dans le théorème CRT, on choisit μ𝜇\mu et ν𝜈\nu très grands et α𝛼\alpha convenable, et on obtient :

Corollaire de T3. — Dès que C>1𝐶1C>1, le choix de ΩΩ\Omega selon (6)6(6) entraîne au lieu de (7)7(7) l’évaluation

(9)9 h=O(Nδ)(N)𝑂superscript𝑁𝛿𝑁h=O(N^{-\delta})\ (N\rightarrow\infty)

dès que

(10)10 δ<(C1)24C.𝛿superscript𝐶124𝐶\delta<\frac{(C-1)^{2}}{4C}\,.

Cela se compare avantageusement à l’estimation de CRT.

La démonstration de T3 sera donnée par ailleurs, ainsi que d’autres variations possibles sur le théorème CRT.

Références

  • [1] Emmanuel J. Candès.— Compressive sampling, Proceedings of the International Congress of Mathematicians, Madrid 2006.
  • [2] Emmanuel J. Candès, J. Romberg and T. Tao.— Robust Uncertainty Principles : Exact Signal Reconstruction From Highly Incomplete Frequency Information, IEEE Transactions on Information Theory 20, 2 (2006), 489–509.
    Jean–Pierre Kahane,
    Laboratoire de Mathématiques
    Université Paris–Sud à Orsay
    Jean-Pierre.Kahane@math.u-psud.fr