Sur le groupe de Brauer transcendant

Jean-Louis Colliot-Thélène et Alexei N. Skorobogatov
(21 juillet 2011)

Résumé

Soit X𝑋X une variété projective et lisse sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro. Le groupe de Brauer de X𝑋X s’envoie dans les invariants, sous le groupe de Galois absolu de k𝑘k, du groupe de Brauer de la même variété considérée sur une clôture algébrique de k𝑘k. Nous montrons que le quotient est fini. Sous des hypothèses supplémentaires, par exemple sur un corps de nombres, nous donnons des estimations sur l’ordre de ce quotient. L’accouplement d’intersection entre les groupes de diviseurs et de 1-cycles modulo équivalence numérique joue ici un rôle important.


Abstract

For a smooth and projective variety X𝑋X over a field k𝑘k of characteristic zero we prove the finiteness of the cokernel of the natural map from the Brauer group of X𝑋X to the Galois-invariant subgroup of the Brauer group of the same variety over an algebraic closure of k𝑘k. Under further conditions on k𝑘k, e.g. over number fields, we give estimates for the order of this cokernel. We emphasise the rôle played by the exponent of the discriminant groups of the intersection pairing between the groups of divisors and curves modulo numerical equivalence.

MSC-class : 14F22 ; 14G99, 14C25, 16K50

Introduction

Soit X𝑋X une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro. Soit k¯¯𝑘\overline{k} une clôture algébrique de k𝑘k. Soient Γ=Gal(k¯/k)ΓGal¯𝑘𝑘\Gamma={\rm{Gal}}(\overline{k}/k) et X¯=X×kk¯¯𝑋subscript𝑘𝑋¯𝑘\overline{X}=X\times_{k}\overline{k}. On a l’application naturelle de groupes de Brauer :

Br(X)Br(X¯).Br𝑋Br¯𝑋{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X}).

Le noyau de cette application, noté Br1(X)subscriptBr1𝑋{\rm{Br}}_{1}(X), est appelé groupe de Brauer algébrique de X𝑋X. L’image de cette application est appelé groupe de Brauer transcendant de X𝑋X. C’est un sous-groupe du groupe des invariants Br(X¯)ΓBrsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}. On a donc l’inclusion

Br(X)/Br1(X)Br(X¯)Γ.Br𝑋subscriptBr1𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(X)/{\rm{Br}}_{1}(X)\subset{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}.

On voudrait calculer ces groupes, en particulier en vue de l’étude de l’obstruction de Brauer–Manin. La double question suivante a été soulevée dans [20] et [2].

Si k𝑘k est un corps de type fini sur {\mathbb{Q}}, chacun des groupes Br(X)/Br1(X)Br𝑋subscriptBr1𝑋{\rm{Br}}(X)/{\rm{Br}}_{1}(X) et Br(X¯)ΓBrsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} est-il un groupe fini?

Dans cet article nous montrons que cette double question se réduit à une seule question.


Pour X𝑋X une variété projective, lisse, et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro, nous montrons que le conoyau de l’application naturelle

α:Br(X)Br(X¯)Γ:𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ\alpha:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}

est un groupe fini. Sous des hypothèses supplémentaires sur le corps de base k𝑘k, par exemple sur un corps de nombres, nous donnons des estimations pour l’exposant et l’ordre de ce groupe fini.

Notre principal outil est un complexe naturel (voir le paragraphe 1.3)

Br(X)αBr(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))superscript𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋{\rm{Br}}(X)\buildrel\alpha\over{\longrightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\beta\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))

qui pour X𝑋X avec un point rationnel ou pour k𝑘k un corps de nombres est une suite exacte. Nous étudions l’image (finie) de β𝛽\beta par deux méthodes différentes, qui mènent à des estimations similaires mais non identiques.

La première méthode fait l’objet du paragraphe 2. L’idée principale est d’utiliser la fonctorialité du complexe ci-dessus par rapport aux morphismes de k𝑘k-variétés et d’utiliser la trivialité du groupe de Brauer des courbes sur un corps algébriquement clos (théorème de Tsen). Cela montre que la restriction de l’image de β𝛽\beta à toute courbe fermée dans X𝑋X est nulle. Ceci mène aux théorèmes 2.1 et 2.2.

La deuxième méthode utilise une remarque générale sur les différentielles dans la suite spectrale des foncteurs composés. Soit Br0(X¯)superscriptBr0¯𝑋{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}) le sous-groupe divisible maximal de Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}), et soit NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}) le groupe de Néron–Severi. Nous montrons que l’application composée

Br0(X¯)ΓBr(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))H2(k,NS(X¯)/tors){\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}\hookrightarrow{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\beta\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})/_{\rm tors})

peut se lire comme l’homomorphisme de connexion associé à une certaine 2-extension naturelle de ΓΓ\Gamma-modules obtenue à partir de la suite de Kummer (voir le corollaire 3.4). D’après un théorème de Lieberman rappelé au paragraphe 1.1, équivalence numérique et équivalence homologique coïncident sur les cycles algébriques de dimension 1. (Pour les surfaces, le théorème de Lieberman est un résultat classique de Matsusaka.) Nous utilisons ce fait pour montrer à la proposition 4.1 que l’image de l’application composée ci-dessus est annulée par l’exposant de chacun des deux groupes discriminants définis par l’accouplement d’intersection entre les groupes de diviseurs et les groupes de 1-cycles sur X¯¯𝑋\overline{X}, modulo équivalence numérique. Les bornes pour le conoyau de α𝛼\alpha obtenues par cette méthode sont données aux théorèmes 4.2 et 4.3.

Au paragraphe 5 nous donnons des applications aux surfaces K3 et aux produits de deux courbes. Pour toute telle surface avec un k𝑘k-point, l’énoncé est particulièrement simple : le conoyau de α𝛼\alpha est annulé par l’exposant du groupe discriminant défini par la forme d’intersection sur NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}), voir les propositions 5.1 et 5.2.

T. Szamuely a demandé si le résultat de finitude du théorème 2.1 vaut encore pour les variétés lisses quasi-projectives. Au paragraphe 6 nous donnons une réponse affirmative lorsque le corps de base k𝑘k est un corps de type fini sur {\mathbb{Q}}.

Ce travail a été commencé lors de la conférence “Arithmetic of surfaces” qui s’est tenue au Centre Lorentz à Leiden en Octobre 2010. Nous en remercions les organisateurs. Nous remercions L. Illusie, B. Kahn, J. Riou pour leur aide concernant le paragraphe 1.1, et T. Szamuely pour sa question.

1 Préliminaires

Soient k𝑘k un corps de caractéristique zéro, k¯¯𝑘\overline{k} une clôture algébrique de k𝑘k et Γ=Gal(k¯/k)ΓGal¯𝑘𝑘\Gamma={\rm Gal}(\overline{k}/k) le groupe de Galois absolu de k𝑘k.

Soit X𝑋X une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur k𝑘k, de dimension d𝑑d. Soit X¯=X×kk¯¯𝑋subscript𝑘𝑋¯𝑘\overline{X}=X\times_{k}\overline{k}.

Pour un groupe abélien A𝐴A et n>0𝑛0n>0 un entier, on note A[n]A𝐴delimited-[]𝑛𝐴A[n]\subset A le sous-groupe des éléments annulés par n𝑛n. Pour \ell un nombre premier on note A{}A𝐴𝐴A\{\ell\}\subset A le sous-groupe de torsion \ell-primaire.

1.1 Cycles algébriques

Pour tout entier i𝑖i avec 0id0𝑖𝑑0\leq i\leq d, soit CHi(X¯)superscriptCH𝑖¯𝑋{\rm CH}^{i}(\overline{X}) le groupe de Chow des cycles de codimension i𝑖i sur X¯¯𝑋\overline{X}, c’est-à-dire le groupe des combinaisons linéaires à coefficients entiers de sous-variétés fermées irréductibles de codimension i𝑖i modulo l’équivalence rationnelle. Comme X𝑋X est lisse, on a Pic(X¯)=CH1(X¯)Pic¯𝑋superscriptCH1¯𝑋{\rm{Pic}}(\overline{X})={\rm CH}^{1}(\overline{X}). Soit NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}) le groupe de Néron–Severi de X¯¯𝑋\overline{X}. C’est le quotient de Pic(X¯)Pic¯𝑋{\rm{Pic}}(\overline{X}) par son sous-groupe divisible maximal Pic0(X¯)superscriptPic0¯𝑋{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}), groupe des k¯¯𝑘\overline{k}-points de la variété de Picard de X𝑋X.

Puisque X𝑋X est projective, l’intersection définit une forme bilinéaire ΓΓ\Gamma-équivariante

CHi(X¯)×CHdi(X¯).superscriptCH𝑖¯𝑋superscriptCH𝑑𝑖¯𝑋{\rm CH}^{i}(\overline{X})\times{\rm CH}^{d-i}(\overline{X}){\rightarrow}{\mathbb{Z}}. (1)

Soit Ni=Numi(X¯)superscript𝑁𝑖superscriptNum𝑖¯𝑋N^{i}={\rm Num}^{i}(\overline{X}) le groupe des cycles de codimension i𝑖i sur X¯¯𝑋\overline{X} modulo équivalence numérique. C’est le quotient de CHi(X¯)superscriptCH𝑖¯𝑋{\rm CH}^{i}(\overline{X}) par le noyau (à gauche) de l’accouplement (1). Écrivons Ni=Ndisubscript𝑁𝑖superscript𝑁𝑑𝑖N_{i}=N^{d-i}. Nous obtenons une forme bilinéaire ΓΓ\Gamma-équivariante

Ni×Nisuperscript𝑁𝑖subscript𝑁𝑖N^{i}\times N_{i}{\rightarrow}{\mathbb{Z}} (2)

dont les noyaux à gauche et à droite sont triviaux. Pour tout i0𝑖0i\geq 0 le groupe abélien Nisuperscript𝑁𝑖N^{i} est libre de type fini. Ceci résulte de l’existence d’une cohomologie de Weil, à coefficients dans un corps de caractéristique zéro et munie d’applications classe de cycle pour lesquelles le cup-produit en cohomologie est compatible avec l’intersection des cycles [9, Thm. 3.5, p. 379].

Pour i=1𝑖1i=1, l’accouplement (2) donne naissance à la suite exact de ΓΓ\Gamma-modules

0N1Hom(N1,)D0,0superscript𝑁1Homsubscript𝑁1𝐷00{\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}{\rm Hom}(N_{1},{\mathbb{Z}}){\rightarrow}D{\rightarrow}0, (3)

qui définit le ΓΓ\Gamma-module fini D𝐷D. Ce groupe est l’un des deux groupes discriminants associés à l’accouplement N1×N1superscript𝑁1subscript𝑁1N^{1}\times N_{1}{\rightarrow}{\mathbb{Z}}.

Pour tout i0𝑖0i\geq 0 on dispose des applications classe de cycle

CHi(X¯)He´t2i(X¯,(i)),superscriptCH𝑖¯𝑋subscriptsuperscriptH2𝑖´et¯𝑋subscript𝑖{\rm CH}^{i}(\overline{X})\longrightarrow{\rm H}^{2i}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(i)),

voir [12, Section VI.9] et [19, Cycle]. Ces applications transforment cup-produit en cohomologie \ell-adique en intersection des cycles algébriques, voir [12, Prop. VI.9.5]. Introduisons les ΓΓ\Gamma-modules

Ni=Ni,Ni,=Ni,H2i=He´t2i(X¯,(i))/tors.N^{i}_{\ell}=N^{i}\otimes{\mathbb{Z}}_{\ell},\quad N_{i,\ell}=N_{i}\otimes{\mathbb{Z}}_{\ell},\quad H^{2i}_{\ell}={\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2i}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(i))/_{\rm tors}.

Pour toute théorie cohomologique à coefficients dans un corps de caractéristique zéro, avec applications classe de cycle compatibles avec le cup-produit en cohomologie, l’équivalence homologique implique l’équivalence numérique. Selon les “conjectures standards”, pour toute bonne théorie cohomologique, équivalence homologique et équivalence numérique devraient coïncider. Dans le contexte de la cohomologie \ell-adique, l’application classe de cycle devrait se factoriser de la façon suivante :

CHi(X¯)NiH2i.tensor-productsuperscriptCH𝑖¯𝑋subscriptsubscriptsuperscript𝑁𝑖subscriptsuperscript𝐻2𝑖{\rm CH}^{i}(\overline{X})\otimes{\mathbb{Z}}_{\ell}{\rightarrow}N^{i}_{\ell}\hookrightarrow H^{2i}_{\ell}. (4)

C’est le cas pour i=1𝑖1i=1 par un théorème classique de T. Matsusaka [11], qui montra N1=NS(X¯)/torsN^{1}={\rm NS}(\overline{X})/_{\rm tors}.

Pour la cohomologie de Betti, avec applications classe de cycle

CHi(X)HBetti2i(X(),(i)),superscriptCH𝑖𝑋subscriptsuperscriptH2𝑖Betti𝑋𝑖{\rm CH}^{i}(X){\rightarrow}{\rm H}^{2i}_{\rm Betti}(X({\mathbb{C}}),{\mathbb{Q}}(i)),

(i)=(2π1)i𝑖superscript2𝜋1tensor-productabsent𝑖{\mathbb{Z}}(i)={\mathbb{Z}}(2\pi\sqrt{-1})^{\otimes i}, ceci fut établi pour i=d1𝑖𝑑1i=d-1 par D. Lieberman [10, Cor. 1]. Une version plus algébrique de la démonstration fut donnée par Kleiman [9, Remark 3.10]. Ces deux articles établissent des résultats pour d’autres valeurs de i𝑖i, et pour cela font appel au théorème de l’indice de Hodge. Le cas case i=d1𝑖𝑑1i=d-1 est plus simple, comme nous expliquons maintenant.

Proposition 1.1

Soit X𝑋X une variété connexe, projective et lisse sur {\mathbb{C}}. Définissons l’équivalence homologique sur les cycles au moyen de la cohomologie de Betti à coefficients rationnels. L’homomorphisme naturel

CH1(X)/homCH1(X)/num𝐶subscript𝐻1𝑋hom𝐶subscript𝐻1𝑋numCH_{1}(X)/{\rm hom}\longrightarrow CH_{1}(X)/{\rm num}

est un isomorphisme.

Démonstration. On peut supposer d=dim(X)3𝑑dimension𝑋3d=\dim(X)\geq 3. Soit LCH1(X)𝐿𝐶superscript𝐻1𝑋L\in CH^{1}(X) la classe d’une section hyperplane. Pour A𝐴A un groupe abélien, on note A:=Aassignsubscript𝐴subscripttensor-product𝐴A_{{\mathbb{Q}}}:=A\otimes_{{\mathbb{Z}}}{\mathbb{Q}}. La multiplication par Ld2CHd2(X)superscript𝐿𝑑2𝐶superscript𝐻𝑑2𝑋L^{d-2}\in CH^{d-2}(X) définit un diagramme commutatif d’espaces vectoriels sur {\mathbb{Q}} :

CHd1(X)/numCHd1(X)/homHdgd2(X,)H2d2(X,(d1))CH1(X)/numCH1(X)/homHdg2(X,)H2(X,(1)).𝐶superscript𝐻𝑑1subscript𝑋num𝐶superscript𝐻𝑑1subscript𝑋hom𝐻𝑑superscript𝑔𝑑2𝑋superscript𝐻2𝑑2𝑋𝑑1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression𝐶superscript𝐻1subscript𝑋num𝐶superscript𝐻1subscript𝑋hom𝐻𝑑superscript𝑔2𝑋superscript𝐻2𝑋1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{cccccccccccccccccc}CH^{d-1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm num}&\leftarrow&CH^{d-1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm hom}&\hookrightarrow&Hdg^{d-2}(X,{\mathbb{Q}})&\hookrightarrow&H^{2d-2}(X,{\mathbb{Q}}(d-1))\\ \uparrow&&\uparrow&&\uparrow&&\uparrow\\ CH^{1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm num}&\leftarrow&CH^{1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm hom}&\hookrightarrow&Hdg^{2}(X,{\mathbb{Q}})&\hookrightarrow&H^{2}(X,{\mathbb{Q}}(1)).\\ \end{array}

Les flèches horizontales pointant vers la gauche sont surjectives. Toutes les flèches horizontales pointant vers la droite sont par définition injectives. D’après le théorème de Lefschetz difficile, la quatrième flèche verticale est un isomorphisme. La décomposition de Hodge des groupes Hi(X,)superscript𝐻𝑖𝑋H^{i}(X,{\mathbb{C}}) et le fait que les classes de type (p,q)𝑝𝑞(p,q) s’envoie sur des classes de type (p+d2,q+d2)𝑝𝑑2𝑞𝑑2(p+d-2,q+d-2) pour p=0,1,2𝑝0.1.2p=0,1,2 implique alors que la troisième flèche verticale, qui porte sur les classes de Hodge, est un isomorphisme. Par le théorème de Lefschetz sur les classes de type (1,1)1.1(1,1), l’application CH1(X)/homHdg2(X,)𝐶superscript𝐻1subscript𝑋hom𝐻𝑑superscript𝑔2𝑋CH^{1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm hom}\rightarrow Hdg^{2}(X,{\mathbb{Q}}) est un isomorphisme. Tout ceci implique que la deuxième flèche verticale est aussi un isomorphisme. La flèche verticale de gauche est donc surjective. Par définition, les deux espaces vectoriels de dimension finie CH1(X)/num𝐶superscript𝐻1subscript𝑋numCH^{1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm num} et CHd1(X)/num𝐶superscript𝐻𝑑1subscript𝑋numCH^{d-1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm num} ont la même dimension. La flèche verticale de gauche est donc un isomorphisme. D’après le théorème de Matsusaka, la flèche inférieure gauche est un isomorphisme. On conclut que l’application

CHd1(X)/homCHd1(X)/num𝐶superscript𝐻𝑑1subscript𝑋hom𝐶superscript𝐻𝑑1subscript𝑋numCH^{d-1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm hom}{\rightarrow}CH^{d-1}(X)_{{\mathbb{Q}}}/{\rm num}

est un isomorphisme. Ceci implique que l’application

CHd1(X)/homCHd1(X)/num𝐶superscript𝐻𝑑1𝑋hom𝐶superscript𝐻𝑑1𝑋numCH^{d-1}(X)/{\rm hom}{\rightarrow}CH^{d-1}(X)/{\rm num}

est un isomorphisme de groupes abéliens de type fini sans torsion. QED


Rappelons maintenant comment divers théorèmes de comparaison impliquent (4) pour i=d1𝑖𝑑1i=d-1, où X𝑋X est une variété projective, lisse, géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro. Rappelons que pour un corps algébriquement clos L𝐿L contenant k𝑘k le groupe de Néron–Severi de XL=X×kLsubscript𝑋𝐿subscript𝑘𝑋𝐿X_{L}=X\times_{k}L ne dépend pas du corps L𝐿L, car c’est le groupe des composantes connexes du schéma de Picard PicXL/LsubscriptPicsubscript𝑋𝐿𝐿{\rm{Pic}}_{X_{L}/L}. Nous pouvons donc utiliser la notation N1superscript𝑁1N^{1} sans risque d’ambiguïté.

Soit C𝐶C un 1-cycle sur X¯¯𝑋\overline{X} qui est numériquement équivalent à zéro. Il existe un sous-corps Kk¯𝐾¯𝑘K\subset\overline{k} de type fini sur {\mathbb{Q}}, une variété X~~𝑋\tilde{X} sur K𝐾K, et un 1-cycle C~~𝐶\tilde{C} sur X~~𝑋\tilde{X} tel que X=X~×Kk¯𝑋subscript𝐾~𝑋¯𝑘X=\tilde{X}\times_{K}\overline{k} et C=C~×Kk¯𝐶subscript𝐾~𝐶¯𝑘C=\tilde{C}\times_{K}\overline{k}. On peut supposer que le groupe de type fini N1superscript𝑁1N^{1} est engendré par les classes de diviseurs effectifs, réduits, absolument irréductibles D1,,Drsubscript𝐷1subscript𝐷𝑟D_{1},\ldots,D_{r} définis sur K𝐾K. Choisissons un plongement K𝐾K\subset{\mathbb{C}}. Soit K¯¯𝐾\overline{K} la clôture algébrique de K𝐾K dans {\mathbb{C}}, et soient X~K¯=X~×KK¯subscript~𝑋¯𝐾subscript𝐾~𝑋¯𝐾\tilde{X}_{\overline{K}}=\tilde{X}\times_{K}\overline{K}, X~=X~×Ksubscript~𝑋subscript𝐾~𝑋\tilde{X}_{{\mathbb{C}}}=\tilde{X}\times_{K}{\mathbb{C}}. Le cycle C𝐶C a une image nulle dans N1=Num1(X¯)subscript𝑁1subscriptNum1¯𝑋N_{1}={\rm Num}_{1}(\overline{X}) si et seulement si C𝐶C a une intersection nulle avec D1,,Drsubscript𝐷1subscript𝐷𝑟D_{1},\ldots,D_{r}. Mais alors C~~𝐶\tilde{C} a une image nulle dans Num1(X~)subscriptNum1subscript~𝑋{\rm Num}_{1}(\tilde{X}_{\mathbb{C}}). D’après la proposition 1.1, le cycle C~~𝐶\tilde{C} a une image nulle dans le groupe de cohomologie de Betti H2d2(X~,(d1))superscriptH2𝑑2subscript~𝑋𝑑1{\rm H}^{2d-2}(\tilde{X}_{\mathbb{C}},{\mathbb{Q}}(d-1)).

Le théorème de comparaison entre la cohomologie étale et la cohomologie de Betti ([18, XI, XVI], voir aussi [12, Thm. III.3.12]) donne des isomorphismes naturels

He´t2i(X~,(i))HBetti2i(X~(),(i)).subscriptsuperscriptH2𝑖´etsubscript~𝑋subscript𝑖subscripttensor-productsubscriptsuperscriptH2𝑖Bettisubscript~𝑋𝑖subscript{\rm H}^{2i}_{\rm{\acute{e}t}}(\tilde{X}_{\mathbb{C}},{\mathbb{Q}}_{\ell}(i))\cong{\rm H}^{2i}_{\rm Betti}(\tilde{X}_{\mathbb{C}}({\mathbb{C}}),{\mathbb{Q}}(i))\otimes_{\mathbb{Q}}{\mathbb{Q}}_{\ell}.

Les applications classe de cycle transforment cup-produit en cohomologie en accouplement d’intersection sur les groupes de Chow.

Partant de cela, on peut montrer que l’application classe de cycle en cohomologie de Betti et l’application classe de cycle en cohomologie \ell-adique sont compatibles avec ces isomorphismes. Une esquisse de démonstration est donnée dans [3, p. 21]. J. Riou nous a montré comment une preuve formelle se déduit de l’énoncé d’unicité pour les applications classe de cycle que l’on trouve dans [17, Prop. 1.2].

Puisque l’application naturelle

He´t2d2(X~K¯,(d1))He´t2d2(X~,(d1))subscriptsuperscriptH2𝑑2´etsubscript~𝑋¯𝐾subscript𝑑1subscriptsuperscriptH2𝑑2´etsubscript~𝑋subscript𝑑1{\rm H}^{2d-2}_{\rm{\acute{e}t}}(\tilde{X}_{\overline{K}},{\mathbb{Q}}_{\ell}(d-1))\longrightarrow{\rm H}^{2d-2}_{\rm{\acute{e}t}}(\tilde{X}_{\mathbb{C}},{\mathbb{Q}}_{\ell}(d-1))

est un isomorphisme d’espaces vectoriels sur subscript{\mathbb{Q}}_{\ell} (cf. [12, Cor. VI.4.3]), l’application classe de cycle envoie C~~𝐶\tilde{C} sur zéro dans He´t2d2(X~K¯,(d1))subscriptsuperscriptH2𝑑2´etsubscript~𝑋¯𝐾subscript𝑑1{\rm H}^{2d-2}_{\rm{\acute{e}t}}(\tilde{X}_{\overline{K}},{\mathbb{Q}}_{\ell}(d-1)). Par changement de corps de base de K¯¯𝐾\overline{K} à k¯¯𝑘\overline{k}, on obtient (4) for i=d1𝑖𝑑1i=d-1.

Comme rappelé ci-dessus, l’accouplement (1) est compatible avec le cup-produit

He´t2i(X¯,(i))×He´t2d2i(X¯,(di))superscriptsubscriptH´et2𝑖¯𝑋subscript𝑖superscriptsubscriptH´et2𝑑2𝑖¯𝑋subscript𝑑𝑖subscript{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2i}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(i))\times{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2d-2i}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(d-i)){\rightarrow}{\mathbb{Z}}_{\ell}

via l’application classe de cycle. Nous obtenons donc le diagramme commutatif d’accouplements de ΓΓ\Gamma-modules

N1×N1H2×H2d2superscript𝑁1subscript𝑁1missing-subexpressionmissing-subexpressionsubscriptsuperscript𝐻2subscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscript\begin{array}[]{ccccc}N^{1}&\times&N_{1}&{\rightarrow}&{\mathbb{Z}}\\ \downarrow&&\downarrow&&\downarrow\\ H^{2}_{\ell}&\times&H^{2d-2}_{\ell}&{\rightarrow}&{\mathbb{Z}}_{\ell}\end{array} (5)

où les applications verticales sont injectives. Nous utiliserons l’énoncé suivant : l’accouplement inférieur dans (5) est un accouplement parfait, c’est-à-dire qu’il induit des isomorphismes

H2=Hom(H2d2,),H2d2=Hom(H2,).formulae-sequencesubscriptsuperscript𝐻2subscriptHomsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscriptHomsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2subscriptH^{2}_{\ell}={\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(H^{2d-2}_{\ell},{\mathbb{Z}}_{\ell}),\quad H^{2d-2}_{\ell}={\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(H^{2}_{\ell},{\mathbb{Z}}_{\ell}).

L. Illusie nous informe que cet énoncé peut être établie en utilisant le formalisme subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-adique de Deligne [4, §1.1]. La dualité de Poincaré pour le complexe RΓ(X,/n)𝑅Γ𝑋superscript𝑛R{\Gamma}(X,{\mathbb{Z}}/\ell^{n}) (voir [18, XVIII]) donne naissance à une dualité parfaite pour les complexes parfaits RΓ(X,)𝑅Γ𝑋subscriptR{\Gamma}(X,{\mathbb{Z}}_{\ell}). On utilise ensuite un argument de type coefficients universels.

La suite (3) donne naissance à la suite exacte

0N1Hom(N1,,)D{}0,0subscriptsuperscript𝑁1subscriptHomsubscriptsubscript𝑁1subscript𝐷00{\rightarrow}N^{1}_{\ell}{\rightarrow}{\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(N_{1,\ell},{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}D\{\ell\}{\rightarrow}0, (6)

où la seconde flèche se factorise de la façon suivante :

N1H2~Hom(H2d2,)Hom(N1,,).subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2~subscriptHomsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscriptsubscriptHomsubscriptsubscript𝑁1subscriptN^{1}_{\ell}{\rightarrow}H^{2}_{\ell}\tilde{\longrightarrow}{\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(H^{2d-2}_{\ell},{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(N_{1,\ell},{\mathbb{Z}}_{\ell}).

1.2 Le groupe de Brauer

Rappelons le calcul du groupe de Brauer Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}) (Grothendieck, [5, III.8, p. 144-147]). Soit ρ=dim(NS(X¯))𝜌subscriptdimtensor-productNS¯𝑋\rho={\rm dim}_{\mathbb{Q}}({\rm NS}(\overline{X})\otimes{\mathbb{Q}}) le nombre de Picard de X¯¯𝑋\overline{X}, et soit b2subscript𝑏2b_{2} le second nombre de Betti de X¯¯𝑋\overline{X}. Notons Br0(X¯)superscriptBr0¯𝑋{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}) le sous-groupe divisible maximal de Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}). On a un isomorphisme de groupes abéliens :

Br0(X¯)(/)b2ρ.superscriptBr0¯𝑋superscriptsubscript𝑏2𝜌{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\cong({\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{b_{2}-\rho}.

Le quotient Br(X¯)/Br0(X¯)Br¯𝑋superscriptBr0¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X})/{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}) est fini, plus précisément il y a une suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0Br0(X¯)Br(X¯)He´t3(X¯,(1))tors0,0superscriptBr0¯𝑋Br¯𝑋subscriptdirect-sumsubscriptsuperscriptH3´etsubscript¯𝑋subscript1tors00{\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X}){\rightarrow}\oplus_{\ell}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}{\rightarrow}0, (7)

\ell parcourt l’ensemble des nombres premiers.

Soit Bsubscript𝐵B_{\ell} le module de Tate \ell-adique de Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}), que l’on définit comme la limite projective des Br(X¯)[m]Br¯𝑋delimited-[]superscript𝑚{\rm{Br}}(\overline{X})[\ell^{m}], m𝑚m\in{\mathbb{N}}. C’est un subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-module libre de type fini. Le module galoisien Bsubscript𝐵B_{\ell} ne contrôle que le sous-groupe divisible maximal Br0(X¯)Br(X¯)superscriptBr0¯𝑋Br¯𝑋{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\subset{\rm{Br}}(\overline{X}), en ce sens que Bsubscript𝐵B_{\ell} est aussi isomorphe au module de Tate de Br0(X¯)superscriptBr0¯𝑋{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}), et qu’il y a un isomorphisme canonique de ΓΓ\Gamma-modules (cf. [5, II.8.1, p. 144]) :

Br0(X¯)(B/).superscriptBr0¯𝑋subscriptdirect-sumsubscripttensor-productsubscriptsubscript𝐵subscriptsubscript{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\cong\oplus_{\ell}(B_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}).

La suite de Kummer

1μn𝔾mxxn𝔾m11subscript𝜇𝑛subscript𝔾𝑚superscriptmaps-to𝑥superscript𝑥𝑛subscript𝔾𝑚11{\rightarrow}\mu_{n}{\rightarrow}{\mathbb{G}}_{m}\buildrel x\mapsto x^{n}\over{\longrightarrow}{\mathbb{G}}_{m}{\rightarrow}1 (8)

donne naissance aux suites exactes de ΓΓ\Gamma-modules

0Pic(X¯)/mHe´t2(X¯,μm)Br(X¯)[m]0.0Pic¯𝑋superscript𝑚superscriptsubscriptH´et2¯𝑋subscript𝜇superscript𝑚Br¯𝑋delimited-[]superscript𝑚00{\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X})/\ell^{m}{\rightarrow}{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2}(\overline{X},\mu_{\ell^{m}}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})[{\ell^{m}}]{\rightarrow}0.

Puisque le groupe divisible Pic0(X¯)superscriptPic0¯𝑋{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}) a une image nulle dans He´t2(X¯,μm)superscriptsubscriptH´et2¯𝑋subscript𝜇superscript𝑚{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2}(\overline{X},\mu_{\ell^{m}}), on a des suites exactes induites :

0NS(X¯)/mHe´t2(X¯,μm)Br(X¯)[m]0.0NS¯𝑋superscript𝑚superscriptsubscriptH´et2¯𝑋subscript𝜇superscript𝑚Br¯𝑋delimited-[]superscript𝑚00{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X})/\ell^{m}{\rightarrow}{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2}(\overline{X},\mu_{\ell^{m}}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})[{\ell^{m}}]{\rightarrow}0.

En passant à la limite projective sur m𝑚m\in{\mathbb{N}}, on obtient la suite exacte (8.7) de [5, III.8.2] :

0NS(X¯)He´t2(X¯,(1))B0.0tensor-productNS¯𝑋subscriptsuperscriptsubscriptH´et2¯𝑋subscript1subscript𝐵00{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X})\otimes{\mathbb{Z}}_{\ell}{\rightarrow}{\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1)){\rightarrow}B_{\ell}{\rightarrow}0. (9)

La deuxième flèche dans (9) induit un isomorphisme sur les groupes de torsion :

(NS(X¯))tors=He´t2(X¯,(1))tors.subscripttensor-productNS¯𝑋subscripttorssuperscriptsubscriptH´et2subscript¯𝑋subscript1tors({\rm NS}(\overline{X})\otimes{\mathbb{Z}}_{\ell})_{\rm tors}={\rm H}_{{\rm{\acute{e}t}}}^{2}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}.

On a donc la suite exacte de [Γ]subscriptdelimited-[]Γ{\mathbb{Z}}_{\ell}[\Gamma]-modules, libres et de type fini comme subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-modules :

0N1H2B0.0subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2subscript𝐵00{\rightarrow}N^{1}_{\ell}{\rightarrow}H^{2}_{\ell}{\rightarrow}B_{\ell}{\rightarrow}0. (10)

Comme suite de subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-modules, cette suite est scindée. En particulier, pour tout premier \ell le subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-sous-module N1H2subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2N^{1}_{\ell}\subset H^{2}_{\ell} est primitif, en ce sens que le quotient H2/N1subscriptsuperscript𝐻2subscriptsuperscript𝑁1H^{2}_{\ell}/N^{1}_{\ell} est sans torsion.

Tensorisant (10) avec /subscriptsubscript{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell} et prenant la somme directe sur tous les premiers \ell, nous obtenons une suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0N1/(H2/)Br0(X¯)0,0tensor-productsuperscript𝑁1subscriptdirect-sumsubscripttensor-productsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2subscriptsubscriptsuperscriptBr0¯𝑋00{\rightarrow}N^{1}\otimes{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}{\rightarrow}\oplus_{\ell}(H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}){\rightarrow}0,

qui donne naissance à une 2-extension de ΓΓ\Gamma-modules

0N1N1(H2/)Br0(X¯)0.0superscript𝑁1tensor-productsuperscript𝑁1subscriptdirect-sumsubscripttensor-productsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2subscriptsubscriptsuperscriptBr0¯𝑋00{\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}N^{1}\otimes{\mathbb{Q}}{\rightarrow}\oplus_{\ell}(H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}){\rightarrow}0. (11)

On utilisera plus loin le lemme facile suivant.

Lemme 1.2

Soit F𝐹F un groupe abélien fini \ell-primaire, et soit n𝑛n\in{\mathbb{N}}. Soit A𝐴A un sous-quotient fini de (/)nFdirect-sumsuperscriptsubscriptsubscript𝑛𝐹({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{n}\oplus F. Si l’exposant de A𝐴A est msuperscript𝑚\ell^{m}, alors l’ordre de A𝐴A divise le produit de mnsuperscript𝑚𝑛\ell^{mn} par l’ordre de F[m]𝐹delimited-[]superscript𝑚F[\ell^{m}].

Démonstration. Le groupe A𝐴A est un quotient de (/)rF(/)nFdirect-sumsuperscriptsubscriptsubscript𝑟superscript𝐹direct-sumsuperscriptsubscriptsubscript𝑛𝐹({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{r}\oplus F^{\prime}\subset({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{n}\oplus F, où Fsuperscript𝐹F^{\prime} est un groupe fini. Donc A𝐴A est un quotient de F/msuperscript𝐹superscript𝑚F^{\prime}/\ell^{m}. L’ordre de F/msuperscript𝐹superscript𝑚F^{\prime}/\ell^{m} est égal à l’ordre de F[m]superscript𝐹delimited-[]superscript𝑚F^{\prime}[\ell^{m}], qui est un sous-groupe de (/m)nF[m]direct-sumsuperscriptsuperscript𝑚𝑛𝐹delimited-[]superscript𝑚({\mathbb{Z}}/\ell^{m})^{n}\oplus F[\ell^{m}]. QED

1.3 Une suite exacte fondamentale

Proposition 1.3

Soit X𝑋X un schéma de type fini sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro.

(i) Il y a un complexe naturel, fonctoriel en X𝑋X et en k𝑘k:

Br(X)αBr(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯)).superscript𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋{\rm{Br}}(X)\buildrel\alpha\over{\longrightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\beta\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})).

(ii) Supposons He´t0(X¯,𝔾m)=k¯subscriptsuperscriptH0´et¯𝑋subscript𝔾𝑚superscript¯𝑘{\rm H}^{0}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m})=\overline{k}^{*}. Supposons de plus que l’application He´t3(k,k¯)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{\rm{\acute{e}t}}(k,\overline{k}^{*}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(X,{\mathbb{G}}_{m})est injective, ce qui est le cas si X𝑋X possède un k𝑘k-point ou si k𝑘k est un corps de nombres. Alors le complexe ci-dessus est une suite exacte, et l’on a Im(α)=Ker(β)Im𝛼Ker𝛽{\rm Im}(\alpha)={\rm Ker}(\beta) et Coker(α)=Im(β)Coker𝛼Im𝛽{\rm Coker}(\alpha)={\rm Im}(\beta).

Démonstration. Ceci résulte de la suite spectrale de Leray

E2pq=Hp(k,He´tq(X¯,𝔾m))He´tp+q(X,𝔾m).superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscriptH𝑝𝑘subscriptsuperscriptH𝑞´et¯𝑋subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptH𝑝𝑞´et𝑋subscript𝔾𝑚E_{2}^{pq}={\rm H}^{p}(k,{\rm H}^{q}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m}))\Rightarrow{\rm H}^{p+q}_{{\rm{\acute{e}t}}}(X,{\mathbb{G}}_{m}). (12)

Un k𝑘k-point sur X𝑋X définit une section de l’application He´t3(k,k¯)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{\rm{\acute{e}t}}(k,\overline{k}^{*}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(X,{\mathbb{G}}_{m}). Pour un corps de nombres k𝑘k, on a He´t3(k,k¯)=0subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘0{\rm H}^{3}_{\rm{\acute{e}t}}(k,\overline{k}^{*})=0. QED

1.4 Restriction et corestriction

Le lemme suivant est certainement bien connu.

Lemme 1.4

Soit X𝑋X un schéma sur un corps k𝑘k de caractéristique nulle, et soit Lk¯𝐿¯𝑘L\subset\overline{k} une extension finie de k𝑘k de degré n𝑛n. Il existe des homomorphismes naturels de restriction et de corestriction

resL/k:Br(X)Br(XL),coresL/k:Br(XL)Br(X),:subscriptres𝐿𝑘Br𝑋Brsubscript𝑋𝐿subscriptcores𝐿𝑘:Brsubscript𝑋𝐿Br𝑋{\rm res}_{L/k}:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(X_{L}),\quad\quad{\rm cores}_{L/k}:{\rm{Br}}(X_{L}){\rightarrow}{\rm{Br}}(X),

et l’on a coresL/k(resL/k(x))=nxsubscriptcores𝐿𝑘subscriptres𝐿𝑘𝑥𝑛𝑥{\rm cores}_{L/k}({\rm res}_{L/k}(x))=nx. Le diagramme suivant commute :

Br(X)Br𝑋\textstyle{{\rm{Br}}(X)\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}α𝛼\scriptstyle{\alpha}resL/ksubscriptres𝐿𝑘\scriptstyle{{\rm res}_{L/k}}Br(XL)Brsubscript𝑋𝐿\textstyle{\ {\rm{Br}}(X_{L})\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}αLsubscript𝛼𝐿\scriptstyle{\alpha_{L}}coresL/ksubscriptcores𝐿𝑘\scriptstyle{{\rm cores}_{L/k}}Br(X)Br𝑋\textstyle{\ {\rm{Br}}(X)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}α𝛼\scriptstyle{\alpha}Br(X¯)ΓBrsuperscript¯𝑋Γ\textstyle{{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Br(X¯)ΓLBrsuperscript¯𝑋subscriptΓ𝐿\textstyle{\ {\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma_{L}}\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}σ𝜎\scriptstyle{\sigma}Br(X¯)Br¯𝑋\textstyle{\ {\rm{Br}}(\overline{X})}

Ici ΓL=Gal(k¯/L)subscriptΓ𝐿Gal¯𝑘𝐿\Gamma_{L}={\rm{Gal}}(\overline{k}/L), et σ(x)=σi(x)𝜎𝑥subscript𝜎𝑖𝑥\sigma(x)=\sum\sigma_{i}(x), où les σiΓsubscript𝜎𝑖Γ\sigma_{i}\in\Gamma sont des représentants des classes Γ/ΓLΓsubscriptΓ𝐿\Gamma/\Gamma_{L}.

Démonstration. Rappelons la définition de resL/ksubscriptres𝐿𝑘{\rm res}_{L/k} et coresL/ksubscriptcores𝐿𝑘{\rm cores}_{L/k}. Soit f:YX:𝑓𝑌𝑋f:Y{\rightarrow}X un morphisme fini et plat de k𝑘k-schémas lisses connexes. Soit n𝑛n le degré de f𝑓f. On dispose alors de morphismes de faisceaux étales

𝔾m,Xf𝔾m,Y𝔾m,Xsubscript𝔾𝑚𝑋subscript𝑓subscript𝔾𝑚𝑌subscript𝔾𝑚𝑋{\mathbb{G}}_{m,X}{\rightarrow}f_{*}{\mathbb{G}}_{m,Y}{\rightarrow}{\mathbb{G}}_{m,X}

définis sur les fibres par l’injection naturelle pour le premier, par la norme pour le second. Le morphisme composé est l’élévation à la puissance n𝑛n. Le foncteur fsubscript𝑓f_{*} de la catégorie des faisceaux étales sur Y𝑌Y dans la catégorie des faisceaux étales sur X𝑋X est exact [12, Cor. II.3.6]. La suite spectrale de Leray donne donc un isomorphisme He´tp(X,f𝔾m,Y)~He´tp(Y,𝔾m,Y)subscriptsuperscriptH𝑝´et𝑋subscript𝑓subscript𝔾𝑚𝑌~subscriptsuperscriptH𝑝´et𝑌subscript𝔾𝑚𝑌{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X,f_{*}{\mathbb{G}}_{m,Y})\tilde{\longrightarrow}{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(Y,{\mathbb{G}}_{m,Y}). On obtient ainsi les applications

He´tp(X,𝔾m,X)resHe´tp(Y,𝔾m,X)coresHe´tp(X,𝔾m,X)superscriptressubscriptsuperscriptH𝑝´et𝑋subscript𝔾𝑚𝑋subscriptsuperscriptH𝑝´et𝑌subscript𝔾𝑚𝑋superscriptcoressubscriptsuperscriptH𝑝´et𝑋subscript𝔾𝑚𝑋{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m,X})\buildrel{\rm res}\over{\hbox to45.5244pt{\rightarrowfill}}{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(Y,{\mathbb{G}}_{m,X})\buildrel{\rm cores}\over{\hbox to45.5244pt{\rightarrowfill}}{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m,X})

dont la composée est la multiplication par n𝑛n.

Soit X𝑋X un schéma sur un corps k𝑘k. Soit Lk¯𝐿¯𝑘L\subset\overline{k} un corps tel que [L:k]=n[L:k]=n. Soit Y=XL=X×kL𝑌subscript𝑋𝐿subscript𝑘𝑋𝐿Y=X_{L}=X\times_{k}L. On a l’isomorphisme Lkk¯~k¯nsubscripttensor-product𝑘𝐿¯𝑘~superscript¯𝑘𝑛L\otimes_{k}\overline{k}\tilde{\rightarrow}\overline{k}^{n}, dont les diverses composantes correspondent aux n𝑛n k𝑘k-plongements de L𝐿L dans k¯¯𝑘\overline{k}.

Par changement de base de X𝑋X à X¯¯𝑋\overline{X}, on obtient un diagramme commutatif

He´tp(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´et𝑋subscript𝔾𝑚\textstyle{{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m})\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}resL/ksubscriptres𝐿𝑘\scriptstyle{{\rm res}_{L/k}}He´tp(XL,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´etsubscript𝑋𝐿subscript𝔾𝑚\textstyle{\ {\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X_{L},{\mathbb{G}}_{m})\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}coresL/ksubscriptcores𝐿𝑘\scriptstyle{{\rm cores}_{L/k}}He´tp(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´et𝑋subscript𝔾𝑚\textstyle{\ {\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}He´tp(X¯,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´et¯𝑋subscript𝔾𝑚\textstyle{{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m})\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}He´tp(X¯,𝔾m)nsubscriptsuperscriptH𝑝´etsuperscript¯𝑋subscript𝔾𝑚𝑛\textstyle{\ {\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m})^{n}\ \ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}He´tp(X¯,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´et¯𝑋subscript𝔾𝑚\textstyle{\ {\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m})}

où les applications dans la ligne inférieure sont le plongement diagonal et le produit. L’action du groupe de Galois ΓΓ\Gamma sur He´tp(X¯,𝔾m)nsubscriptsuperscriptH𝑝´etsuperscript¯𝑋subscript𝔾𝑚𝑛{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m})^{n} est induite par l’action naturelle de ΓLsubscriptΓ𝐿\Gamma_{L} sur He´tp(X¯,𝔾m)subscriptsuperscriptH𝑝´et¯𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{p}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},{\mathbb{G}}_{m}). En passant aux sous-groupes ΓΓ\Gamma-invariants, et en prenant p=2𝑝2p=2, on obtient l’énoncé du lemme. QED

2 Démonstration du théorème principal via le groupe de Brauer des courbes

2.1 Finitude

Théorème 2.1

Soit X𝑋X une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro. Le conoyau de l’application naturelle α:Br(X)Br(X¯)Γ:𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ\alpha:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} est fini.

Démonstration. D’après le calcul de Grothendieck du groupe Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}) que nous avons rappelé au paragraphe 1.2, pour toute puissance nsuperscript𝑛\ell^{n} d’un nombre premier \ell et tout sous-quotient B𝐵B de Br(X¯)Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X}) le sous-groupe B[n]𝐵delimited-[]superscript𝑛B[\ell^{n}] est fini. Il suffit donc de montrer que le groupe Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) est d’exposant fini.

Pour cela on peut remplacer k𝑘k par une extension finie. De fait, si L𝐿L avec kLk¯𝑘𝐿¯𝑘k\subset L\subset\overline{k}, [L:k]=n[L:k]=n, est une telle extension, il résulte du lemme 1.4 que l’on a des applications naturelles

Coker(α)Coker(αL)Coker(α),Coker𝛼Cokersubscript𝛼𝐿Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha){\rightarrow}{\rm Coker}(\alpha_{L}){\rightarrow}{\rm Coker}(\alpha),

dont la composée est la multiplication par n𝑛n. Il suffit donc de montrer que Coker(αL)Cokersubscript𝛼𝐿{\rm Coker}(\alpha_{L}) est d’exposant fini.

On peut en particulier supposer que X𝑋X possède un k𝑘k-point. D’après la proposition 1.3(ii) on a Coker(α)=Im(β)Coker𝛼Im𝛽{\rm Coker}(\alpha)={\rm Im}(\beta). Montrons que Im(β)Im𝛽{\rm Im}(\beta) est d’exposant fini.

Si C𝐶C est une courbe projective, lisse et géométriquement intègre sur k𝑘k et si f:CX:𝑓𝐶𝑋f:C{\rightarrow}X est un k𝑘k-morphisme, les applications f:Pic(X¯)Pic(C¯):superscript𝑓Pic¯𝑋Pic¯𝐶f^{*}:{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{C}) et f:Br(X¯)Br(C¯):superscript𝑓Br¯𝑋Br¯𝐶f^{*}:{\rm{Br}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{C}) s’insèrent dans un diagramme commutatif

Br(X¯)ΓβXH2(k,Pic(X¯))Br(C¯)ΓβCH2(k,Pic(C¯)).Brsuperscript¯𝑋Γsuperscriptsubscript𝛽𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋missing-subexpressionBrsuperscript¯𝐶Γsuperscriptsubscript𝛽𝐶superscriptH2𝑘Pic¯𝐶\begin{array}[]{ccc}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\beta_{X}\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\\ \downarrow&&\downarrow\\ {\rm{Br}}(\overline{C})^{\Gamma}&\buildrel\beta_{C}\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C})).\end{array}

Le théorème de Tsen implique Br(C¯)=0Br¯𝐶0{\rm{Br}}(\overline{C})=0 ([5], Cor. 1.3, p. 90). Ainsi

()(*) Pour tout k𝑘k-morphisme f:CX:𝑓𝐶𝑋f:C{\rightarrow}X, le groupe Im(βX)Imsubscript𝛽𝑋{\rm Im}(\beta_{X}) est dans le noyau de l’application verticale droite du diagramme ci-dessus.

L’application degré Pic(C¯)NS(C¯)=Pic¯𝐶NS¯𝐶{\rm{Pic}}(\overline{C}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{C})={\mathbb{Z}} donne naissance à la suite exacte de modules galoisiens

0Pic0(C¯)Pic(C¯)NS(C¯)0.0superscriptPic0¯𝐶Pic¯𝐶NS¯𝐶00{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}){\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{C}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{C}){\rightarrow}0.

On a donc un diagramme commutatif à lignes exactes

H2(k,Pic0(X¯))H2(k,Pic(X¯))H2(k,NS(X¯))0H2(k,Pic0(C¯))H2(k,Pic(C¯))H2(k,NS(C¯)).missing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘NS¯𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝐶superscriptH2𝑘Pic¯𝐶superscriptH2𝑘NS¯𝐶\begin{array}[]{ccccccc}&&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}))&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X}))\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow\\ 0&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}))&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C}))&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{C})).\end{array} (13)

La nullité de H1(k,)superscriptH1𝑘{\rm H}^{1}(k,{\mathbb{Z}}) donne le zéro à gauche dans la ligne inférieure.

Comme le corps k𝑘k est infini, le théorème de Bertini [7] pour les sections hyperplanes des variétés projectives et lisses implique l’existence d’une courbe CX𝐶𝑋C\subset X, definie sur k𝑘k, section linéaire de X𝑋X, et qui est lisse et géométriquement connexe. Une combinaison du théorème de Bertini et du théorème de connexion de Zariski (voir [6, Lemme 2.10, p. 210]) montre alors que sur une clôture algébrique de k𝑘k, l’image inverse via f:CX:𝑓𝐶𝑋f:C{\rightarrow}X de tout revêtement fini étale connexe de X𝑋X est connexe. Ceci implique en particulier que l’homomorphisme de variétés abéliennes PicX/k0PicC/k0subscriptsuperscriptPic0𝑋𝑘subscriptsuperscriptPic0𝐶𝑘{\rm{Pic}}^{0}_{X/k}{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}_{C/k} a un noyau trivial.

Par le théorème de complète réductibilité de Poincaré [15, §19, Thm. 1] il existe donc une sous-varété abélienne APicC/k0𝐴subscriptsuperscriptPic0𝐶𝑘A\subset{\rm{Pic}}^{0}_{C/k} telle que l’application naturelle

PicX/k0×APicC/k0subscriptsuperscriptPic0𝑋𝑘𝐴subscriptsuperscriptPic0𝐶𝑘{\rm{Pic}}^{0}_{X/k}\times A{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}_{C/k}

soit une isogénie de variétés abéliennes sur k𝑘k.

Puisque l’application H2(k,Pic0(C¯))H2(k,Pic(C¯))superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝐶superscriptH2𝑘Pic¯𝐶{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C})) est injective, ceci implique :

()(**) Le noyau de l’application composée

H2(k,Pic0(X¯))H2(k,Pic(X¯))H2(k,Pic(C¯))superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝐶{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}({\overline{X}})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}({\overline{X}})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}({\overline{C}}))

a un exposant fini.

Puisque N1=NS(X¯)/torsN^{1}={\rm NS}(\overline{X})/_{\rm tors} est un groupe abélien libre de type fini, on peut choisir un nombre fini, disons m𝑚m, de courbes intègres sur X¯¯𝑋\overline{X} telles que l’intersection avec ces courbes définit un homomorphisme injectif ι:N1m:𝜄superscript𝑁1superscript𝑚\iota:N^{1}\hookrightarrow{\mathbb{Z}}^{m}. Par passage aux normalisations on obtient des morphismes de courbes projectives, lisses, connexes définies sur k¯¯𝑘\overline{k}, vers X¯¯𝑋\overline{X}. Pour la présente démonstration on peut remplacer k𝑘k par une extension finie sur laquelle chacune des courbes est définie.

Nous avons donc des k𝑘k-courbes Cisubscript𝐶𝑖C_{i}, i=1,,m𝑖1𝑚i=1,\ldots,m, projectives, lisses, géométriquement intègres et des k𝑘k-morphismes fi:CiX:subscript𝑓𝑖subscript𝐶𝑖𝑋f_{i}:C_{i}{\rightarrow}X. Les applications induisent un homomorphisme de ΓΓ\Gamma-modules

NS(X¯)i=1mNS(C¯i)=m.NS¯𝑋superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑚NSsubscript¯𝐶𝑖superscript𝑚{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}\oplus_{i=1}^{m}{\rm NS}({\overline{C}}_{i})={\mathbb{Z}}^{m}.

D’après (13), ()(*) et ()(**), pour établir le résultat annoncé, il suffit de montrer que le noyau de l’application induite H2(k,NS(X¯))H2(k,m)superscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑚{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}}^{m}) est d’exposant fini. Cette application est la composée de deux applications :

H2(k,NS(X¯))H2(k,N1)H2(k,m).superscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1superscriptH2𝑘superscript𝑚{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1}){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}}^{m}).

Il suffit de montrer que le noyau de chacune de ces deux applications est d’exposant fini.

De la suite exacte de cohomologie associée à la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0NS(X¯)torsNS(X¯)N100NSsubscript¯𝑋torsNS¯𝑋superscript𝑁100{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}0

on déduit que l’application

H2(k,NS(X¯))H2(k,N1)superscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1})

a son noyau annulé par la multiplication par l’exposant du groupe fini NS(X¯)torsNSsubscript¯𝑋tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}. Il existe un homomorphisme mN1superscript𝑚superscript𝑁1{\mathbb{Z}}^{m}{\rightarrow}N^{1} tel que la composition d’homomorphismes de groupes abéliens, avec action triviale du groupe de Galois,

N1ιmN1superscript𝜄superscript𝑁1superscript𝑚superscript𝑁1N^{1}\buildrel\iota\over{\hookrightarrow}{\mathbb{Z}}^{m}{\rightarrow}N^{1}

est la multiplication par un entier strictement positif. Le noyau de l’application

H2(k,N1)H2(k,m)superscriptH2𝑘superscript𝑁1superscriptH2𝑘superscript𝑚{\rm H}^{2}(k,N^{1}){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}}^{m})

est annulé par la multiplication par cet entier. QED

2.2 Majorations, I

Soit δ0subscript𝛿0\delta_{0} l’exposant du groupe fini D𝐷D défini dans (3), et soit ν0subscript𝜈0\nu_{0} l’exposant du groupe fini NS(X¯)torsNSsubscript¯𝑋tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}. Soit α𝛼\alpha l’application naturelle Br(X)Br(X¯)ΓBr𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}.

Théorème 2.2

Soit X𝑋X une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique zéro. Soit L/k𝐿𝑘L/k une extension finie telle que le groupe abélien libre de type fini N1=Num1(X¯)subscript𝑁1subscriptNum1¯𝑋N_{1}={\rm Num}_{1}(\overline{X}) est engendré par les classes de courbes intègres sur X¯¯𝑋\overline{X} définies sur L𝐿L. Let λ=[L:k]\lambda=[L:k].

(i) Si l’on a H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0 et si l’application He´t3(k,𝔾m)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,{\mathbb{G}}_{m}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(X,{\mathbb{G}}_{m}) est injective, alors l’exposant de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise λδ0ν0𝜆subscript𝛿0subscript𝜈0\lambda\delta_{0}\nu_{0}.

(ii) Si k𝑘k est un corps de nombres, l’exposant de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise 2λδ0ν02𝜆subscript𝛿0subscript𝜈02\lambda\delta_{0}\nu_{0}, et il divise λδ0ν0𝜆subscript𝛿0subscript𝜈0\lambda\delta_{0}\nu_{0} si k𝑘k est totalement imaginaire.

Démonstration. Elle consiste à détailler les étapes de la démonstration du théorème 2.1. On applique d’abord la proposition 1.3. Pour tout corps de nombres k𝑘k, on a He´t3(k,k¯)=0subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘0{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,\overline{k}^{*})=0. Dans ce cas, on a donc Im(α)=Ker(β)Im𝛼Ker𝛽{\rm Im}(\alpha)={\rm Ker}(\beta), et donc Coker(α)=Im(β)Coker𝛼Im𝛽{\rm Coker}(\alpha)={\rm Im}(\beta). Ceci vaut aussi sous l’hypothèse que l’application He´t3(k,𝔾m)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘subscript𝔾𝑚subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,{\mathbb{G}}_{m}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(X,{\mathbb{G}}_{m}) est injective.

On choisit un nombre fini, soit m𝑚m, de courbes intègres C1,,Cmsubscript𝐶1subscript𝐶𝑚C_{1},\dots,C_{m} sur X¯¯𝑋\overline{X} dont les classes engendrent N1subscript𝑁1N_{1}, et on remplace k𝑘k par une extension finie L𝐿L sur laquelle chacune de ces courbes est définie. L’argument de restriction-corestriction au début de la démonstration du théorème 2.1 montre que si l’on remplace k𝑘k par l’extension finie L𝐿L, de degré λ𝜆\lambda, l’exposant Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise le produit de l’exposant de Coker(αL)Cokersubscript𝛼𝐿{\rm Coker}(\alpha_{L}) par l’entier λ𝜆\lambda. Pour établir le théorème, il suffit donc de se limiter au cas k=L𝑘𝐿k=L, c’est-à-dire à λ=1𝜆1\lambda=1.

Soit Pic(X¯)mPic¯𝑋superscript𝑚{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{m} l’application donnée par restriction aux courbes Cisubscript𝐶𝑖C_{i}, suivie de l’application degré sur chaque courbe. La démonstration du théorème 2.1 établit que l’image de β𝛽\beta est contenue dans le noyau de l’application induite

H2(k,Pic(X¯))H2(k,m).superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑚{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}}^{m}).

L’application Pic(X¯)mPic¯𝑋superscript𝑚{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{m} se factorise comme suit :

Pic(X¯)NS(X¯)N1Hom(N1,)m.Pic¯𝑋NS¯𝑋superscript𝑁1Homsubscript𝑁1superscript𝑚{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}{\rm Hom}(N_{1},{\mathbb{Z}}){\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{m}.

Nous allons borner l’exposant du noyau de chaque application induite sur H2(k,)superscriptH2𝑘{\rm H}^{2}(k,\bullet).

En envoyant chaque courbe Cisubscript𝐶𝑖C_{i} sur sa classe dans N1subscript𝑁1N_{1} on obtient une suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules triviaux

0rmN10.0superscript𝑟superscript𝑚subscript𝑁100{\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{r}{\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{m}{\rightarrow}N_{1}{\rightarrow}0.

En dualisant cette suite on obtient une suite exacte scindée de ΓΓ\Gamma-modules triviaux :

0Hom(N1,)mr0.0Homsubscript𝑁1superscript𝑚superscript𝑟00{\rightarrow}{\rm Hom}(N_{1},{\mathbb{Z}}){\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{m}{\rightarrow}{\mathbb{Z}}^{r}{\rightarrow}0.

L’application

H2(k,Hom(N1,))H2(k,m)superscriptH2𝑘Homsubscript𝑁1superscriptH2𝑘superscript𝑚{\rm H}^{2}(k,{\rm Hom}(N_{1},{\mathbb{Z}})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}}^{m})

est donc injective. De la suite exacte (3) on tire que le noyau de

H2(k,N1)H2(k,Hom(N1,))superscriptH2𝑘superscript𝑁1superscriptH2𝑘Homsubscript𝑁1{\rm H}^{2}(k,N^{1}){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm Hom}(N_{1},{\mathbb{Z}}))

est annulé par l’exposant de H1(k,D)superscriptH1𝑘𝐷{\rm H}^{1}(k,D), donc par δ0subscript𝛿0\delta_{0}, l’exposant du groupe D𝐷D.

Comme on a vu dans la démonstration du théorème précédent, le noyau de l’application

H2(k,NS(X¯))H2(k,N1)superscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1})

est annulé par l’exposant ν0subscript𝜈0\nu_{0} de NS(X¯)torsNSsubscript¯𝑋tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}. Nous avons par ailleurs la suite exacte

0PicX/k0(k¯)Pic(X¯)NS(X¯)0.0subscriptsuperscriptPic0𝑋𝑘¯𝑘Pic¯𝑋NS¯𝑋00{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}_{X/k}(\overline{k}){\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}0.

Si H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0, alors PicX/k0=0subscriptsuperscriptPic0𝑋𝑘0{\rm{Pic}}^{0}_{X/k}=0. Si k𝑘k est un corps de nombres et A𝐴A une variété abélienne, on a H2(k,A)=vH2(kv,A)superscriptH2𝑘𝐴subscriptdirect-sum𝑣superscriptH2subscript𝑘𝑣𝐴{\rm H}^{2}(k,A)=\oplus_{v}{\rm H}^{2}(k_{v},A), où v𝑣v parcourt les places réelles de k𝑘k [13, Thm. 6.26 (c), p. 92]. Ainsi l’exposant de H2(k,A)superscriptH2𝑘𝐴{\rm H}^{2}(k,A) est au plus 2. Ceci achève la démonstration du théorème. QED

Remarque. Du théorème 2.2 on déduit immédiatement, au moyen du lemme 1.2, une majoration de l’ordre du groupe Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha).

3 Différentielles

3.1 Une remarque générale sur les différentielles dans les suites spectrales

Rappelons le cadre général pour la suite spectrale des foncteurs composés. Soient 𝒜𝒜{\mathcal{A}}, {\mathcal{B}}, 𝒞𝒞{\mathcal{C}} des catégories abéliennes. Supposons que 𝒜𝒜{\mathcal{A}} and {\mathcal{B}} ont suffisamment d’injectifs. Soient G:𝒜:𝐺𝒜G:{\mathcal{A}}{\rightarrow}{\mathcal{B}} and F:𝒞:𝐹𝒞F:{\mathcal{B}}{\rightarrow}{\mathcal{C}} des foncteurs additifs exacts à gauche. Supposons que G𝐺G envoie les objets injectifs sur des objets F𝐹F-acycliques. Alors pour tout objet BOb(𝒜)𝐵Ob𝒜B\in{\rm Ob}({\mathcal{A}}) on a la suite spectrale

E2pq=(RFp)(RqG)BRp+q(FG)B.superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞𝑅superscript𝐹𝑝superscript𝑅𝑞𝐺𝐵superscript𝑅𝑝𝑞𝐹𝐺𝐵E_{2}^{pq}=(RF^{p})(R^{q}G)B\Rightarrow R^{p+q}(FG)B. (14)

Soient

p,q:(RpF)(RqG)B(Rp+2F)(Rq1G)B:subscript𝑝𝑞superscript𝑅𝑝𝐹superscript𝑅𝑞𝐺𝐵superscript𝑅𝑝2𝐹superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵\partial_{p,q}:(R^{p}F)(R^{q}G)B\ \longrightarrow\ (R^{p+2}F)(R^{q-1}G)B

les applications canoniques dans cette suite spectrale.

Soit

0ABC00𝐴𝐵𝐶00{\rightarrow}A{\rightarrow}B{\rightarrow}C{\rightarrow}0 (15)

une suite exacte dans 𝒜𝒜{\mathcal{A}}. Par application des foncteurs dérivés droits de G𝐺G on obtient une longue suite exacte dans {\mathcal{B}}. En la tronquant on obtient pour tout q1𝑞1q\geq 1 une suite exacte

0B1(Rq1G)C(RqG)AB20,0subscript𝐵1superscript𝑅𝑞1𝐺𝐶superscript𝑅𝑞𝐺𝐴subscript𝐵200{\rightarrow}B_{1}{\rightarrow}(R^{q-1}G)C{\rightarrow}(R^{q}G)A{\rightarrow}B_{2}{\rightarrow}0, (16)

une application surjective s:(Rq1G)BB1:𝑠superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵subscript𝐵1s:(R^{q-1}G)B{\rightarrow}B_{1}, et une application injective i:B2(RqG)B:𝑖subscript𝐵2superscript𝑅𝑞𝐺𝐵i:B_{2}{\rightarrow}(R^{q}G)B. Soit :(RpF)B2(Rp+2F)B1:superscript𝑅𝑝𝐹subscript𝐵2superscript𝑅𝑝2𝐹subscript𝐵1\partial:(R^{p}F)B_{2}{\rightarrow}(R^{p+2}F)B_{1} l’homorphisme de connexion défini par (16). Soit

s=(Rp+2F)(s):(Rp+2F)(Rq1G)B(Rp+2F)B1:subscript𝑠superscript𝑅𝑝2𝐹𝑠superscript𝑅𝑝2𝐹superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵superscript𝑅𝑝2𝐹subscript𝐵1s_{*}=(R^{p+2}F)(s):(R^{p+2}F)(R^{q-1}G)B{\rightarrow}(R^{p+2}F)B_{1}

l’application induite par s𝑠s, et, de façon analogue, soit

i=(RpF)(i):(RpF)B2(RpF)(RqG)B:subscript𝑖superscript𝑅𝑝𝐹𝑖superscript𝑅𝑝𝐹subscript𝐵2superscript𝑅𝑝𝐹superscript𝑅𝑞𝐺𝐵i_{*}=(R^{p}F)(i):(R^{p}F)B_{2}{\rightarrow}(R^{p}F)(R^{q}G)B

l’application induite par i𝑖i.

Lemme 3.1

On a =sp,qisubscript𝑠subscript𝑝𝑞subscript𝑖\partial=s_{*}\partial_{p,q}i_{*}.

Démonstration. Soit

0ABC00superscript𝐴superscript𝐵superscript𝐶00{\rightarrow}A^{\cdot}{\rightarrow}B^{\cdot}{\rightarrow}C^{\cdot}{\rightarrow}0

une suite exacte de résolutions injectives de A𝐴A, resp. B𝐵B, resp. C𝐶C. Soient an:AnAn+1:subscript𝑎𝑛superscript𝐴𝑛superscript𝐴𝑛1a_{n}:A^{n}{\rightarrow}A^{n+1} les différentielles dans Asuperscript𝐴A^{\cdot}, et de même dans Bsuperscript𝐵B^{\cdot} et Csuperscript𝐶C^{\cdot}. On a le diagramme commutatif

Aq1/Im(aq2)Bq1/Im(bq2)Cq1/Im(cq2)00Ker(aq)Ker(bq)Ker(cq).missing-subexpressionmissing-subexpressionsuperscript𝐴𝑞1Imsubscript𝑎𝑞2superscript𝐵𝑞1Imsubscript𝑏𝑞2superscript𝐶𝑞1Imsubscript𝑐𝑞20missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression0Kersubscript𝑎𝑞Kersubscript𝑏𝑞Kersubscript𝑐𝑞missing-subexpressionabsent\begin{array}[]{ccccccccc}&&A^{q-1}/{\rm Im}(a_{q-2})&{\rightarrow}&B^{q-1}/{\rm Im}(b_{q-2})&{\rightarrow}&C^{q-1}/{\rm Im}(c_{q-2})&{\rightarrow}&0\\ &&\downarrow&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 0&{\rightarrow}&{\rm Ker}(a_{q})&{\rightarrow}&{\rm Ker}(b_{q})&{\rightarrow}&{\rm Ker}(c_{q})&&.\end{array}

En appliquant le lemme du serpent on obtient la suite exacte

(Rq1G)A(Rq1G)B(Rq1G)C(RqG)A(RqG)B(RqG)C.superscript𝑅𝑞1𝐺𝐴superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵superscript𝑅𝑞1𝐺𝐶superscript𝑅𝑞𝐺𝐴superscript𝑅𝑞𝐺𝐵superscript𝑅𝑞𝐺𝐶(R^{q-1}G)A{\rightarrow}(R^{q-1}G)B{\rightarrow}(R^{q-1}G)C{\rightarrow}(R^{q}G)A{\rightarrow}(R^{q}G)B{\rightarrow}(R^{q}G)C.

En la tronquant on obtient (16). Par une chasse au diagramme on vérifie que la suite (16) est équivalente à la 2-extension

0(Rq1G)BBq1/bq2(Bq2)Ker(bq)(RqG)B00superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵superscript𝐵𝑞1subscript𝑏𝑞2superscript𝐵𝑞2Kersubscript𝑏𝑞superscript𝑅𝑞𝐺𝐵00{\rightarrow}(R^{q-1}G)B{\rightarrow}B^{q-1}/b_{q-2}(B^{q-2}){\rightarrow}{\rm Ker}(b_{q}){\rightarrow}(R^{q}G)B{\rightarrow}0 (17)

tirée en arrière via i:B2(RqG)B:𝑖subscript𝐵2superscript𝑅𝑞𝐺𝐵i:B_{2}{\rightarrow}(R^{q}G)B et poussée en avant via s:(Rq1G)BB1:𝑠superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵subscript𝐵1s:(R^{q-1}G)B{\rightarrow}B_{1}. Par définition, l’application canonique p,qsubscript𝑝𝑞\partial_{p,q} est l’homomorphisme de connexion

(RpF)(RqG)B(Rp+2F)(Rq1G)Bsuperscript𝑅𝑝𝐹superscript𝑅𝑞𝐺𝐵superscript𝑅𝑝2𝐹superscript𝑅𝑞1𝐺𝐵(R^{p}F)(R^{q}G)B\longrightarrow(R^{p+2}F)(R^{q-1}G)B

défini par (17), donc sp,qi=subscript𝑠subscript𝑝𝑞subscript𝑖s_{*}\partial_{p,q}i_{*}=\partial. QED

3.2 Applications au groupe de Brauer

De la suite de Kummer (8) on tire la 2-extension de ΓΓ\Gamma-modules

0Pic(X¯)/Pic(X¯)[n]Pic(X¯)He´t2(X¯,μn)Br(X¯)[n]0,0Pic¯𝑋Pic¯𝑋delimited-[]𝑛Pic¯𝑋subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇𝑛Br¯𝑋delimited-[]𝑛00{\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X})/{\rm{Pic}}(\overline{X})[n]{\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})[n]{\rightarrow}0, (18)

où la seconde flèche est définie par la multiplication par n𝑛n sur Pic(X¯)Pic¯𝑋{\rm{Pic}}(\overline{X}).

Proposition 3.2

Le diagramme suivant commute :

Br(X¯)[n]ΓH2(k,Pic(X¯)/Pic(X¯)[n])Br(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))Br¯𝑋superscriptdelimited-[]𝑛ΓsuperscriptsuperscriptH2𝑘Pic¯𝑋Pic¯𝑋delimited-[]𝑛missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionBrsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccc}{\rm{Br}}(\overline{X})[n]^{\Gamma}&\buildrel\partial\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})/{\rm{Pic}}(\overline{X})[n])\\ \downarrow&&\uparrow\\ {\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\beta\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\end{array}

Ici \partial est l’homomorphisme de connexion défini par (18), et les flèches verticales sont les applications naturelles évidentes.

Démonstration. Dans le cadre de (14) et du lemme 3.1, soit 𝒜𝒜{\mathcal{A}} la catégorie des faisceaux étales sur X𝑋X, soit {\mathcal{B}} la catégorie des ΓΓ\Gamma-modules continus discrets, et soit 𝒞𝒞{\mathcal{C}} la catégorie des groupes abéliens. Soit G=π𝐺subscript𝜋G=\pi_{*}, où π:XSpec(k):𝜋𝑋Spec𝑘\pi:X{\rightarrow}{\rm{Spec}}(k) est le morphisme structural. Soit F(M)=MΓ𝐹𝑀superscript𝑀ΓF(M)=M^{\Gamma}. Soit A=μn,X𝐴subscript𝜇𝑛𝑋A=\mu_{n,X}, B=C=𝔾m,X𝐵𝐶subscript𝔾𝑚𝑋B=C={\mathbb{G}}_{m,X}. Pour (15), prenons la suite de Kummer (8). Prenons p=0𝑝0p=0 et q=2𝑞2q=2. La suite exacte (16) associée est précisément la suite (18). Il reste à appliquer le lemme 3.1 : la flèche verticale de gauche dans le diagramme est isubscript𝑖i_{*}, la flèche horizontale inférieure est β=0,2𝛽subscript0.2\beta=\partial_{0,2}, et la flèche verticale de droite est ssubscript𝑠s_{*}. QED

De la suite exacte

0Pic0(X¯)Pic(X¯)NS(X¯)00superscriptPic0¯𝑋Pic¯𝑋NS¯𝑋00{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}0

on tire facilement la suite exacte

0Pic0(X¯)/Pic0(X¯)[n]Pic(X¯)/Pic(X¯)[n]NS(X¯)/NS(X¯)[n]0.0superscriptPic0¯𝑋superscriptPic0¯𝑋delimited-[]𝑛Pic¯𝑋Pic¯𝑋delimited-[]𝑛NS¯𝑋NS¯𝑋delimited-[]𝑛00{\rightarrow}{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})/{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})[n]{\rightarrow}{\rm{Pic}}(\overline{X})/{\rm{Pic}}(\overline{X})[n]{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X})/{\rm NS}(\overline{X})[n]{\rightarrow}0.

Le sous-groupe divisible Pic0(X¯)Pic(X¯)superscriptPic0¯𝑋Pic¯𝑋{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})\subset{\rm{Pic}}(\overline{X}) est contenu dans le noyau de Pic(X¯)He´t2(X¯,μn)Pic¯𝑋subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇𝑛{\rm{Pic}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n}), donc de (18) on tire la 2-extension de ΓΓ\Gamma-modules

0NS(X¯)/NS(X¯)[n]NS(X¯)He´t2(X¯,μn)Br(X¯)[n]0,0NS¯𝑋NS¯𝑋delimited-[]𝑛NS¯𝑋subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇𝑛Br¯𝑋delimited-[]𝑛00{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X})/{\rm NS}(\overline{X})[n]{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})[n]{\rightarrow}0, (19)

où la seconde flèche est induite par la multiplication par n𝑛n sur NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}).

Corollaire 3.3

Le diagramme suivant commute :

Br(X¯)[n]ΓH2(k,NS(X¯)/NS(X¯)[n])Br(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))Br¯𝑋superscriptdelimited-[]𝑛ΓsuperscriptsuperscriptH2𝑘NS¯𝑋NS¯𝑋delimited-[]𝑛missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionBrsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccc}{\rm{Br}}(\overline{X})[n]^{\Gamma}&\buildrel\partial\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})/{\rm NS}(\overline{X})[n])\\ \downarrow&&\uparrow\\ {\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\beta\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\end{array}

Dans ce diagramme, \partial est l’homomorphisme de connexion défini par (19), et les flèches verticales sont les applications naturelles évidentes.

Démonstration. C’est une conséquence immédiate de la proposition 3.2. QED

Corollaire 3.4

Le diagramme suivant commute :

Br0(X¯)ΓH2(k,N1)Br(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))superscriptBr0superscript¯𝑋ΓsuperscriptsuperscriptH2𝑘superscript𝑁1missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionBrsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccc}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\partial\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,N^{1})\\ \downarrow&&\uparrow\\ {\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\beta\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\end{array}

Dans ce diagramme, \partial est l’homomorphisme de connexion défini par (11), et les flèches verticales sont les applications naturelles évidentes.

Démonstration. Soit n𝑛n un entier positif non nul divisible par l’exposant ν0subscript𝜈0\nu_{0} de NS(X¯)torsNSsubscript¯𝑋tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}. Pour un tel n𝑛n la suite exacte (19) se lit

0N1NS(X¯)He´t2(X¯,μn)Br(X¯)[n]0,0superscript𝑁1NS¯𝑋subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇𝑛Br¯𝑋delimited-[]𝑛00{\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})[n]{\rightarrow}0,

l’application N1NS(X¯)superscript𝑁1NS¯𝑋N^{1}{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}) étant induite par la multiplication par n𝑛n sur NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}). Écrivons n=n𝑛subscriptproductsubscript𝑛n=\prod_{\ell}n_{\ell}, où nsubscript𝑛n_{\ell} est une puissance du nombre premier \ell.

Soit P=NS(X¯){}subscript𝑃NS¯𝑋P_{\ell}={\rm NS}(\overline{X})\{\ell\}, et soit Im(P)Imsubscript𝑃{\rm Im}(P_{\ell}) l’image de Psubscript𝑃P_{\ell} par l’application composée

NS(X¯)He´t2(X¯,(1))He´t2(X¯,μn).NS¯𝑋subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript1subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇subscript𝑛{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1)){\rightarrow}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n_{\ell}}).

On a le diagramme commutatif suivant de ΓΓ\Gamma-modules, dont les lignes sont exactes :

0N1N1(H2/)Br0(X¯)0||0N1×nN1H2/nBr0(X¯)[n]0||||0N1×nN1He´t2(X¯,μn)/Im(P)Br(X¯)[n]0||||0N1×nNS(X¯)He´t2(X¯,μn)Br(X¯)[n]0.\begin{array}[]{ccccccccccc}0&{\rightarrow}&N^{1}&\longrightarrow&N^{1}\otimes{\mathbb{Q}}&{\rightarrow}&\oplus_{\ell}(H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})&{\rightarrow}&0\\ &&||&&\uparrow&&\uparrow&&\uparrow&&\\ 0&{\rightarrow}&N^{1}&\buildrel\times n\over{\longrightarrow}&N^{1}&{\rightarrow}&\oplus_{\ell}H^{2}_{\ell}/n_{\ell}&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})[n]&{\rightarrow}&0\\ &&||&&||&&\downarrow&&\downarrow&&\\ 0&{\rightarrow}&N^{1}&\buildrel\times n\over{\longrightarrow}&N^{1}&{\rightarrow}&\oplus_{\ell}{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n_{\ell}})/{\rm Im}(P_{\ell})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{X})[n]&{\rightarrow}&0\\ &&||&&\uparrow&&\uparrow&&||&&\\ 0&{\rightarrow}&N^{1}&\buildrel\times n\over{\longrightarrow}&{\rm NS}(\overline{X})&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}_{\rm{\acute{e}t}}(\overline{X},\mu_{n})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{X})[n]&{\rightarrow}&0.\end{array}

La suite exacte de la première ligne est obtenue en tensorisant (10) avec /subscriptsubscript{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell} puis en prenant la somme directe sur tous les premiers \ell. Pour construire la suite exacte de la seconde ligne, on tensorise (10) avec /nsubscript𝑛{\mathbb{Z}}/n_{\ell}, puis on prend la somme directe sur tous les premiers \ell. La flèche verticale N1N1superscript𝑁1tensor-productsuperscript𝑁1N^{1}{\rightarrow}N^{1}\otimes{\mathbb{Q}} envoie x𝑥x sur x1ntensor-product𝑥1𝑛x\otimes\frac{1}{n}. Toutes les autres flèches verticales sont les flèches naturelles évidentes.

En utilisant ce diagramme, on déduit du corollaire 3.3 que la restriction de l’application composée

Br(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))H2(k,N1)superscript𝛽Brsuperscript¯𝑋ΓsuperscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\beta\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\longrightarrow{\rm H}^{2}(k,N^{1})

à Br0(X¯)ΓBr(X¯)ΓsuperscriptBr0superscript¯𝑋ΓBrsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}\subset{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} est l’homomorphisme de connexion défini par (11), la 2-extension supérieure dans le grand diagramme ci-dessus. QED

4 Démonstration du théorème principal via les cycles transcendants

Dans tout ce paragraphe, X𝑋X est une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique nulle.

4.1 Réseaux de cycles algébriques et de cycles transcendants

Soit \ell un nombre premier. Pour M𝑀M un subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-module, on note M=Hom(M,)superscript𝑀subscriptHomsubscript𝑀subscriptM^{*}={\rm Hom}_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}(M,{\mathbb{Z}}_{\ell}). Dans le diagramme commutatif d’accouplements ΓΓ\Gamma-équivariants

N1×N1,||H2×H2d2\begin{array}[]{ccccc}N^{1}_{\ell}&\times&N_{1,\ell}&{\rightarrow}&{\mathbb{Z}}_{\ell}\\ \downarrow&&\downarrow&&||\\ H^{2}_{\ell}&\times&H^{2d-2}_{\ell}&{\rightarrow}&{\mathbb{Z}}_{\ell}\end{array}

vu au paragraphe 1.1, les flèches verticales sont injectives (théorèmes de Matsusaka et de Lieberman), En outre, l’accouplement inférieur induit des isomorphismes H2=(H2d2)subscriptsuperscript𝐻2superscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2H^{2}_{\ell}=(H^{2d-2}_{\ell})^{*} et H2d2=(H2)subscriptsuperscript𝐻2𝑑2superscriptsubscriptsuperscript𝐻2H^{2d-2}_{\ell}=(H^{2}_{\ell})^{*}. En utilisant la suite exacte (6) et la remarque subséquente, on voit que la flèche composée

N1H2~(H2d2)N1,subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2~superscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2superscriptsubscript𝑁1N^{1}_{\ell}{\rightarrow}H^{2}_{\ell}\tilde{\longrightarrow}(H^{2d-2}_{\ell})^{*}{\rightarrow}N_{1,\ell}^{*}

est une application injective de conoyau D{}𝐷D\{\ell\}, où D𝐷D est le groupe abélien fini défini en (3). En particulier, cette application est un isomorphisme si \ell ne divise pas l’ordre δ𝛿\delta de D𝐷D.

Comme on a vu au paragraphe 1.2, le sous-groupe N1H2subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2N^{1}_{\ell}\subset H^{2}_{\ell} est primitif. Par contre Kollár (voir [22], Thm. 14) a montré que N1,subscript𝑁1N_{1,\ell} n’est pas forcément un sous-groupe primitif de H2d2subscriptsuperscript𝐻2𝑑2H^{2d-2}_{\ell}. Voici comment remédier à cet état de choses. Tout d’abord, si \ell ne divise pas δ𝛿\delta, l’application naturelle (H2d2)N1,superscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2superscriptsubscript𝑁1(H^{2d-2}_{\ell})^{*}{\rightarrow}N_{1,\ell}^{*} est surjective, donc N1,subscript𝑁1N_{1,\ell} est primitif dans H2d2subscriptsuperscript𝐻2𝑑2H^{2d-2}_{\ell}. Pour tout \ell, on définit le ΓΓ\Gamma-module Msubscript𝑀M_{\ell} comme le saturé de N1,subscript𝑁1N_{1,\ell} dans H2d2subscriptsuperscript𝐻2𝑑2H^{2d-2}_{\ell}. En d’autres termes,

M=H2d2(N1,)H2d2.subscript𝑀subscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscripttensor-productsubscriptsubscript𝑁1subscriptsubscripttensor-productsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2subscriptM_{\ell}\,=\ H^{2d-2}_{\ell}\ \cap(\ N_{1,\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell})\ \subset\ H^{2d-2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}.

Si \ell ne divise pas δ𝛿\delta, alors M=N1,subscript𝑀subscript𝑁1M_{\ell}=N_{1,\ell}. Nous définissons ensuite le ΓΓ\Gamma-module M𝑀M comme le sous-groupe de N1tensor-productsubscript𝑁1N_{1}\otimes{\mathbb{Q}} formé des éléments qui, pour tout premier \ell, s’envoient dans Msubscript𝑀M_{\ell} par l’application naturelle

N1N1M.tensor-productsubscript𝑁1tensor-productsubscript𝑁1subscriptsubscripttensor-productsubscriptsubscript𝑀subscriptN_{1}\otimes{\mathbb{Q}}\longrightarrow N_{1}\otimes{\mathbb{Q}}_{\ell}\cong M_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}.

On a donc N1MN1subscript𝑁1𝑀tensor-productsubscript𝑁1N_{1}\subset M\subset N_{1}\otimes{\mathbb{Q}}. On obtient aussi une forme bilinéaire ΓΓ\Gamma-équivariante N1×Msuperscript𝑁1𝑀N^{1}\times M{\rightarrow}{\mathbb{Q}}. Par tensorisation avec subscript{\mathbb{Z}}_{\ell} pour chaque premier \ell on voit que c’est en fait une forme bilinéaire entière

N1×Msuperscript𝑁1𝑀N^{1}\times M\,{\rightarrow}\,{\mathbb{Z}}

qui prolonge l’accouplement d’intersection sur N1×N1superscript𝑁1subscript𝑁1N^{1}\times N_{1}. Cela donne la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0N1Hom(M,)E0,0superscript𝑁1Hom𝑀𝐸00{\rightarrow}N^{1}{\rightarrow}{\rm Hom}(M,{\mathbb{Z}}){\rightarrow}E{\rightarrow}0, (20)

qui définit le ΓΓ\Gamma-module fini E𝐸E, et pour chaque \ell cela donne la suite exacte

0N1ME{}0.0subscriptsuperscript𝑁1superscriptsubscript𝑀𝐸00{\rightarrow}N^{1}_{\ell}{\rightarrow}M_{\ell}^{*}{\rightarrow}E\{\ell\}{\rightarrow}0. (21)

Le ΓΓ\Gamma-module E𝐸E est un sous-ΓΓ\Gamma-submodule of D𝐷D, et D/E=Hom(M/N1,/)𝐷𝐸Hom𝑀subscript𝑁1D/E={\rm Hom}(M/N_{1},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}). Donc |D/E|=|M/N1|𝐷𝐸𝑀subscript𝑁1|D/E|=|M/N_{1}|. Notons que si d=2𝑑2d=2, c’est-à-dire si X𝑋X est une surface, alors N1,=N1H2subscript𝑁1subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2N_{1,\ell}=N^{1}_{\ell}\subset H^{2}_{\ell} est primitif, donc M=N1𝑀subscript𝑁1M=N_{1} et D=E𝐷𝐸D=E.

Soit SH2subscript𝑆subscriptsuperscript𝐻2S_{\ell}\subset H^{2}_{\ell} l’orthogonal de N1,subscript𝑁1N_{1,\ell} (ou de Msubscript𝑀M_{\ell}) par rapport au cup-produit. Soit TH2d2subscript𝑇subscriptsuperscript𝐻2𝑑2T_{\ell}\subset H^{2d-2}_{\ell} l’orthogonal de N1subscriptsuperscript𝑁1N^{1}_{\ell} par rapport au cup-produit. En dualisant la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules, libres et de type fini comme subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-modules,

0TH2d2(N1)00subscript𝑇subscriptsuperscript𝐻2𝑑2superscriptsubscriptsuperscript𝑁100{\rightarrow}T_{\ell}{\rightarrow}H^{2d-2}_{\ell}{\rightarrow}(N^{1}_{\ell})^{*}{\rightarrow}0

on obtient la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules, libres et de type fini comme subscript{\mathbb{Z}}_{\ell}-modules,

0N1H2T0.0subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2superscriptsubscript𝑇00{\rightarrow}N^{1}_{\ell}{\rightarrow}H^{2}_{\ell}{\rightarrow}T_{\ell}^{*}{\rightarrow}0. (22)

Ceci définit une identification canonique T=Bsuperscriptsubscript𝑇subscript𝐵T_{\ell}^{*}=B_{\ell}, où Bsubscript𝐵B_{\ell} est le module de Tate du groupe de Brauer défini au paragraphe 1.2.

Puisque MH2d2subscript𝑀subscriptsuperscript𝐻2𝑑2M_{\ell}\subset H^{2d-2}_{\ell} est un sous-groupe primitif, le cup-produit donne la suite exacte suivante :

0SH2M0.0subscript𝑆subscriptsuperscript𝐻2superscriptsubscript𝑀00{\rightarrow}S_{\ell}{\rightarrow}H^{2}_{\ell}{\rightarrow}M_{\ell}^{*}{\rightarrow}0. (23)

L’application composée N1H2~(H2d2)M(N1,)subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2~superscriptsubscriptsuperscript𝐻2𝑑2superscriptsubscript𝑀superscriptsubscript𝑁1N^{1}_{\ell}\subset H^{2}_{\ell}\tilde{\rightarrow}(H^{2d-2}_{\ell})^{*}{\rightarrow}M_{\ell}^{*}{\rightarrow}(N_{1,\ell})^{*} est injective. Ainsi SN1=0subscript𝑆subscriptsuperscript𝑁10S_{\ell}\cap N^{1}_{\ell}=0. En utilisant (22) and (23) on voit que pour tout premier \ell on a des isomorphismes canoniques de ΓΓ\Gamma-modules

E{}=M/N1=H2/(N1S)=T/S.𝐸superscriptsubscript𝑀subscriptsuperscript𝑁1subscriptsuperscript𝐻2direct-sumsubscriptsuperscript𝑁1subscript𝑆superscriptsubscript𝑇subscript𝑆E\{\ell\}=M_{\ell}^{*}/N^{1}_{\ell}=H^{2}_{\ell}/(N^{1}_{\ell}\oplus S_{\ell})=T_{\ell}^{*}/S_{\ell}.

On a donc une suite exacte naturelle

0M/N1(S/)(N1/)H2/0.0superscriptsubscript𝑀subscriptsuperscript𝑁1direct-sumsubscripttensor-productsubscriptsubscript𝑆subscriptsubscriptsubscripttensor-productsubscriptsubscriptsuperscript𝑁1subscriptsubscriptsubscripttensor-productsubscriptsubscriptsuperscript𝐻2subscriptsubscript00{\rightarrow}M_{\ell}^{*}/N^{1}_{\ell}{\rightarrow}(S_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})\oplus(N^{1}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}{\rightarrow}0. (24)

Nous ferons usage du diagramme commutatif suivante de ΓΓ\Gamma-modules, dont les colonnes et les lignes sont exactes :

000M/N1S/Br0(X¯){}0||0N1/H2/Br0(X¯){}0M/=M/00\begin{array}[]{ccccccccc}&&0&&0&&&&\\ &&\downarrow&&\downarrow&&&&\\ 0&{\rightarrow}&M_{\ell}^{*}/N^{1}_{\ell}&{\rightarrow}&S_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\{\ell\}&{\rightarrow}&0\\ &&\downarrow&&\downarrow&&||&&\\ 0&{\rightarrow}&N^{1}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}&{\rightarrow}&H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\{\ell\}&{\rightarrow}&0\\ &&\downarrow&&\downarrow&&&&\\ &&M_{\ell}^{*}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}&=&M_{\ell}^{*}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}&&&&\\ &&\downarrow&&\downarrow&&&&\\ &&0&&0&&&&\end{array} (25)

La ligne médiane, respectivement la colonne médiane, est la suite exacte (22), respectivement la suite exacte (23), tensorisée avec /subscriptsubscript{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}. Le reste du diagramme se déduit de (24).

En prenant la somme directe sur tous les premiers \ell, on déduit de (25) l’équivalence des 2-extensions

0N1Hom(M,)(S/)Br0(X¯)0||||0N1N1(H2/)Br0(X¯)0\begin{array}[]{ccccccccccc}0&{\rightarrow}&N^{1}&{\rightarrow}&{\rm Hom}(M,{\mathbb{Z}})&{\rightarrow}&\oplus(S_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})&{\rightarrow}&0\\ &&||&&\downarrow&&\downarrow&&||&&\\ 0&{\rightarrow}&N^{1}&{\rightarrow}&N^{1}\otimes{\mathbb{Q}}&{\rightarrow}&\oplus(H^{2}_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})&{\rightarrow}&0\end{array}

L’extension supérieure est le produit de Yoneda des 1-extensions de ΓΓ\Gamma-modules (20) et

0E(S/)Br0(X¯)0.0𝐸direct-sumsubscripttensor-productsubscriptsubscript𝑆subscriptsubscriptsuperscriptBr0¯𝑋00{\rightarrow}E{\rightarrow}\oplus(S_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X}){\rightarrow}0. (26)

Notons 1:Br0(X¯)ΓH1(k,E):subscript1superscriptBr0superscript¯𝑋ΓsuperscriptH1𝑘𝐸\partial_{1}:{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm H}^{1}(k,E) et 2:H1(k,E)H2(k,N1):subscript2superscriptH1𝑘𝐸superscriptH2𝑘superscript𝑁1\partial_{2}:{\rm H}^{1}(k,E){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1}) les différentielles définies par ces 1-extensions.

Proposition 4.1

L’application composée

Br0(X¯)ΓBr(X¯)ΓβH2(k,Pic(X¯))H2(k,N1)superscriptBr0superscript¯𝑋ΓBrsuperscript¯𝑋Γsuperscript𝛽superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}\hookrightarrow{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\beta\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1})

coïncide, au signe près, avec l’application composée

Br0(X¯)Γ1H1(k,E)2H2(k,N1).superscriptsubscript1superscriptBr0superscript¯𝑋ΓsuperscriptH1𝑘𝐸superscriptsubscript2superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}\buildrel\partial_{1}\over{\longrightarrow}{\rm H}^{1}(k,E)\buildrel\partial_{2}\over{\longrightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1}).

En particulier l’image de β(Br0(X¯)Γ)𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\beta({\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}) dans H2(k,N1)superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm H}^{2}(k,N^{1}) est annulée par l’exposant de E𝐸E.

Démonstration. Nous avons vu que (11) est équivalent au produit de Yoneda de (20) et (26), la proposition résulte donc du corollaire 3.4. QED

4.2 Majorations, II

Soit γ𝛾\gamma l’ordre du groupe fini He´t3(X¯,(1))torssubscriptdirect-sumsubscriptsuperscriptH3´etsubscript¯𝑋subscript1tors\oplus_{\ell}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}, et soit γ0subscript𝛾0\gamma_{0} son exposant. Soit ε0subscript𝜀0\varepsilon_{0} l’exposant du groupe fini E𝐸E défini en (20). L’entier ε0subscript𝜀0\varepsilon_{0} divise δ0subscript𝛿0\delta_{0}, qui est l’exposant du groupe fini D𝐷D défini en (3). Rappelons que ν𝜈\nu est l’ordre du groupe fini NS(X¯)torsNSsubscript¯𝑋tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}, et que ν0subscript𝜈0\nu_{0} est son exposant.

Si d=2𝑑2d=2, c’est-à-dire si X𝑋X est une surface, alors He´t2(X¯,(1))torssubscriptsuperscriptH2´etsubscript¯𝑋subscript1tors{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors} est dual de He´t3(X¯,(1))torssubscriptsuperscriptH3´etsubscript¯𝑋subscript1tors{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}, donc γ=ν𝛾𝜈\gamma=\nu et γ0=ν0subscript𝛾0subscript𝜈0\gamma_{0}=\nu_{0}. Dans ce cas N1=N1superscript𝑁1subscript𝑁1N^{1}=N_{1}, et on a l’accouplement bilinéaire symétrique

N1×N1,superscript𝑁1superscript𝑁1N^{1}\times N^{1}{\rightarrow}{\mathbb{Z}},

dont le noyau est trivial. L’entier δ=|D|𝛿𝐷\delta=|D| est alors la valeur absolue du déterminant de cet accouplement. Toujours dans ce cas, les groupes D𝐷D et E𝐸E coïncident, donc δ=ε𝛿𝜀\delta=\varepsilon et δ0=ε0subscript𝛿0subscript𝜀0\delta_{0}=\varepsilon_{0}.

Sur un corps quelconque (de caractéristique zéro), nous avons le résultat suivant.

Théorème 4.2

Soit X𝑋X une variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps k𝑘k de caractéristique nulle, telle que H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0. Supposons que l’application canonique He´t3(k,k¯)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,\overline{k}^{*}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m}) est injective (ce qui est le cas si X𝑋X possède un k𝑘k-point). Alors :

(i) L’exposant du conoyau de

α:Br(X)Br(X¯)Γ:𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ\alpha:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}

divise γ0ε0ν0subscript𝛾0subscript𝜀0subscript𝜈0\gamma_{0}\varepsilon_{0}\nu_{0}, et l’ordre de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise γ(ε0ν0)b2ρ𝛾superscriptsubscript𝜀0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\gamma(\varepsilon_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho}.

(ii) Si X𝑋X est une surface, l’exposant de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise δ0ν02subscript𝛿0superscriptsubscript𝜈02\delta_{0}\nu_{0}^{2}, et l’ordre de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise ν(δ0ν0)b2ρ𝜈superscriptsubscript𝛿0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\nu(\delta_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho}.

Démonstration. Sous nos hypothèses, Coker(α)=Im(β)Coker𝛼Im𝛽{\rm Coker}(\alpha)={\rm Im}(\beta) d’après la proposition 1.3, il suffit donc d’estimer la taille de β(Br(X¯)Γ)𝛽Brsuperscript¯𝑋Γ\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}). De (7) on déduit la suite exacte

0Br0(X¯)ΓBr(X¯)ΓHe´t3(X¯,(1))torsΓ.0superscriptBr0superscript¯𝑋ΓBrsuperscript¯𝑋Γsubscriptdirect-sumsubscriptsuperscriptH3´etsuperscriptsubscript¯𝑋subscript1torsΓ0{\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}{\rightarrow}\oplus_{\ell}{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}^{\Gamma}.

Ceci implique que |β(Br(X¯)Γ)|𝛽Brsuperscript¯𝑋Γ|\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma})| divise γ|β(Br0(X¯)Γ)|𝛾𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\gamma|\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma})|, et l’exposant de β(Br(X¯)Γ)𝛽Brsuperscript¯𝑋Γ\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}) divise le produit de γ0subscript𝛾0\gamma_{0} par l’exposant de β(Br0(X¯)Γ)𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}).

D’après la proposition 4.1, le groupe ε0.β(Br0(X¯)Γ)formulae-sequencesubscript𝜀0𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\varepsilon_{0}.\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}) est un sous-groupe de

Ker[H2(k,Pic(X¯))H2(k,N1)].Kerdelimited-[]superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm Ker}[{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1})].

On a la suite exacte courte

H2(k,Pic0(X¯))H2(k,Pic(X¯))H2(k,NS(X¯))superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘NS¯𝑋{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X}))

et la suite exacte courte

H2(k,NS(X¯)tors)H2(k,NS(X¯))H2(k,N1).superscriptH2𝑘NSsubscript¯𝑋torssuperscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘superscript𝑁1{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,N^{1}).

L’hypothèse H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0 implique Pic0(X¯)=0superscriptPic0¯𝑋0{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})=0, donc l’exposant de ε0.β(Br0(X¯)Γ)formulae-sequencesubscript𝜀0𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\varepsilon_{0}.\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}) divise ν0subscript𝜈0\nu_{0}. Ainsi l’exposant de β(Br0(X¯)Γ)𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}) divise ε0.ν0formulae-sequencesubscript𝜀0subscript𝜈0\varepsilon_{0}.\nu_{0}. Le groupe β(Br0(X¯)Γ)𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}) est un sous-quotient de (/)b2ρsuperscriptsubscript𝑏2𝜌({\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{b_{2}-\rho}. Le lemme 1.2 donne alors une borne pour l’ordre de β(Br0(X¯)Γ)𝛽superscriptBr0superscript¯𝑋Γ\beta({{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})}^{\Gamma}), qui donne la borne annoncée pour l’ordre de β(Br(X¯)Γ)=Coker(α)𝛽Brsuperscript¯𝑋ΓCoker𝛼\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma})={\rm Coker}(\alpha). L’énoncé pour une surface résulte des faits généraux rappelés au début de ce paragraphe. QED

Lorsque le corps de base k𝑘k est un corps de nombres, nous pouvons énoncer un résultat sans la restriction H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0.

Théorème 4.3

Soit X𝑋Xune variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps de nombres k𝑘k. Alors :

(i) L’exposant du conoyau de

α:Br(X)Br(X¯)Γ:𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ\alpha:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}

divise 2γ0ε0ν02subscript𝛾0subscript𝜀0subscript𝜈02\gamma_{0}\varepsilon_{0}\nu_{0}, et il divise γ0ε0ν0subscript𝛾0subscript𝜀0subscript𝜈0\gamma_{0}\varepsilon_{0}\nu_{0} si k𝑘k est totalement imaginaire. L’ordre de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise γ(2ε0ν0)b2ρ𝛾superscript2subscript𝜀0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\gamma(2\varepsilon_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho}, et il divise γ(ε0ν0)b2ρ𝛾superscriptsubscript𝜀0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\gamma(\varepsilon_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho} si k𝑘k est totalement imaginaire.

(ii) Si X𝑋X est une surface, l’exposant de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise 2δ0ν022subscript𝛿0superscriptsubscript𝜈022\delta_{0}\nu_{0}^{2}, et il divise δ0ν02subscript𝛿0superscriptsubscript𝜈02\delta_{0}\nu_{0}^{2} si k𝑘k est totalement imaginaire; l’ordre de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise ν(2δ0ν0)b2ρ𝜈superscript2subscript𝛿0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\nu(2\delta_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho}, et il divise ν(δ0ν0)b2ρ𝜈superscriptsubscript𝛿0subscript𝜈0subscript𝑏2𝜌\nu(\delta_{0}\nu_{0})^{b_{2}-\rho} si k𝑘k est totalement imaginaire.

Démonstration. Pour un corps de nombres k𝑘k, on a He´t3(k,k¯)=0subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘0{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,\overline{k}^{*})=0. Si l’on suit la démonstration du théorème 4.2, le résultat provient du fait que le groupe H2(k,Pic0(X¯))superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})) est un groupe fini d’exposant 2, et que ce groupe est nul si k𝑘k est totalement imaginaire. C’est un fait général pour les variétés abéliennes sur un corps de nombres [13, Thm. 6.26 (c), p. 92]. L’énoncé pour les surfaces se déduit de l’énoncé général comme dans la précédente démonstration. QED

Remarque On a l’isomorphisme

NS(X¯)tors=He´t2(X¯,(1))tors.NSsubscript¯𝑋torssubscriptdirect-sumsubscriptsuperscriptH2´etsubscript¯𝑋subscript1tors{\rm NS}(\overline{X})_{\rm tors}=\oplus_{\ell}{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors}.

La dualité de Poincaré implique que les groupes finis He´t2(X¯,(1))torssubscriptsuperscriptH2´etsubscript¯𝑋subscript1tors{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1))_{\rm tors} et He´t2d1(X¯,(d1))torssubscriptsuperscriptH2𝑑1´etsubscript¯𝑋subscript𝑑1tors{\rm H}^{2d-1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(d-1))_{\rm tors} sont duaux l’un de l’autre.

La proposition suivante apporte un complément utile au théorème 4.3. Pour un corps de nombres k𝑘k on note kvsubscript𝑘𝑣k_{v} la complétion de k𝑘k en une place non archimédienne v𝑣v et kvnrsuperscriptsubscript𝑘𝑣nrk_{v}^{\rm nr} l’extension maximale non ramifiée de kvsubscript𝑘𝑣k_{v}. Pour S𝑆S un ensemble fini de places finies de k𝑘k et E𝐸E un module galoisien fini, on note HS1(k,E)subscriptsuperscriptH1𝑆𝑘𝐸{\rm H}^{1}_{S}(k,E) le sous-groupe de H1(k,E)superscriptH1𝑘𝐸{\rm H}^{1}(k,E) formé des éléments non ramifiés en dehors de S𝑆S, c’est-à-dire l’intersection, pour tous les vS𝑣𝑆v\notin S, des noyaux des applications de restriction naturelles H1(k,E)H1(kvnr,E)superscriptH1𝑘𝐸superscriptH1superscriptsubscript𝑘𝑣nr𝐸{\rm H}^{1}(k,E){\rightarrow}{\rm H}^{1}(k_{v}^{\rm nr},E).

Proposition 4.4

Soit X𝑋Xune variété projective, lisse et géométriquement intègre sur un corps de nombres k𝑘k, avec bonne réduction en dehors d’un ensemble fini S𝑆S de places finies de k𝑘k. Soit E𝐸E le ΓΓ\Gamma-module fini défini en (20). Soit TEsubscript𝑇𝐸T_{E} l’ensembles des places finies de k𝑘k divisant l’ordre de E𝐸E. Alors

1(Br0(X¯)Γ)HSTE1(k,E).subscript1superscriptBr0superscript¯𝑋ΓsubscriptsuperscriptH1𝑆subscript𝑇𝐸𝑘𝐸\partial_{1}({\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma})\subset{\rm H}^{1}_{S\cup T_{E}}(k,E).

Démonstration. Soit Iv=Gal(k¯v/kv)subscript𝐼𝑣Galsubscript¯𝑘𝑣subscript𝑘𝑣I_{v}={\rm{Gal}}(\overline{k}_{v}/k_{v}) le groupe d’inertie. Il est bien connu que si v𝑣v est une place de bonne réduction, et si la caractéristique résiduelle est différente de \ell, alors l’action naturelle de Ivsubscript𝐼𝑣I_{v} sur He´t2(X¯,μm)subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript𝜇superscript𝑚{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},\mu_{\ell^{m}}), m1𝑚1m\geq 1, et donc sur He´t2(X¯,(1))subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript1{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1)), est triviale (théorème de changement de base lisse, voir [12, Cor. VI.4.2]). Via la suite de Kummer, ceci implique que Ivsubscript𝐼𝑣I_{v} agit trivialement sur Br(X¯){}Br¯𝑋{\rm{Br}}(\overline{X})\{\ell\}. Mais Ivsubscript𝐼𝑣I_{v} agit aussi trivialement sur SH2subscript𝑆subscriptsuperscript𝐻2S_{\ell}\subset H^{2}_{\ell}, donc la différentielle

:Br0(X¯){}IvH1(kvnr,E{}):superscriptBr0¯𝑋superscriptsubscript𝐼𝑣superscriptH1superscriptsubscript𝑘𝑣nr𝐸\partial:{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\{\ell\}^{I_{v}}\longrightarrow{\rm H}^{1}(k_{v}^{\rm nr},E\{\ell\})

définie par la suite exacte de Ivsubscript𝐼𝑣I_{v}-modules

0E{}S/Br0(X¯){}0,0𝐸subscripttensor-productsubscriptsubscript𝑆subscriptsubscriptsuperscriptBr0¯𝑋00{\rightarrow}E\{\ell\}{\rightarrow}S_{\ell}\otimes_{{\mathbb{Z}}_{\ell}}{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}{\rightarrow}{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})\{\ell\}{\rightarrow}0,

(ligne supérieure de (25)) est nulle. Donc, pour vSTE𝑣𝑆subscript𝑇𝐸v\notin S\cup T_{E}, l’image de Br0(X¯)ΓsuperscriptBr0superscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma} dans H1(k,E)superscriptH1𝑘𝐸{\rm H}^{1}(k,E) est dans le noyau de l’application de restriction à H1(kvnr,E)superscriptH1superscriptsubscript𝑘𝑣nr𝐸{\rm H}^{1}(k_{v}^{\rm nr},E). QED

5 Applications aux surfaces

Proposition 5.1

Soit X𝑋X une surface K3𝐾3K3 sur un corps k𝑘k de caractéristique nulle. Supposons que l’application He´t3(k,k¯)He´t3(X,𝔾m)subscriptsuperscriptH3´et𝑘superscript¯𝑘subscriptsuperscriptH3´et𝑋subscript𝔾𝑚{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(k,\overline{k}^{*}){\rightarrow}{\rm H}^{3}_{\rm{\acute{e}t}}(X,{\mathbb{G}}_{m}) est injective (c’est le cas si k𝑘k est un corps de nombres ou si X𝑋X possède un k𝑘k-point). Soit α𝛼\alpha l’application naturelle Br(X)Br(X¯)ΓBr𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}. L’exposant de Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) divise δ0subscript𝛿0\delta_{0}, et l’ordre de ce groupe divise δ0b2ρsuperscriptsubscript𝛿0subscript𝑏2𝜌\delta_{0}^{b_{2}-\rho}.

Démonstration. Pour X𝑋X une surface K3𝐾3K3, on a H1(X,OX)=0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})=0, et le groupe de Néron–Severi NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}) est sans torsion, donc ν=1𝜈1\nu=1. L’énoncé est un cas particulier du théorème 4.2 (ii). QED

Exemples

1. Soit Xk3𝑋subscriptsuperscript3𝑘X\subset{\mathbb{P}}^{3}_{k} une surface quartique diagonale sur un corps de caractéristique zéro. Il est bien connu que l’on a δ=64𝛿64\delta=64 et δ0=8subscript𝛿08\delta_{0}=8, voir [16]. Ceci implique déjà que tout élément d’ordre impair de Br(X¯)ΓBrsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} vient de Br(X)Br𝑋{\rm{Br}}(X). En outre, b2=22subscript𝑏222b_{2}=22 et ρ=20𝜌20\rho=20. En suivant la démonstration du théorème 4.2, on voit que Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) est un sous-quotient de (2/2)2superscriptsubscript2subscript22({\mathbb{Q}}_{2}/{\mathbb{Z}}_{2})^{2}. Puisque son exposant divise 888, Coker(α)Coker𝛼{\rm Coker}(\alpha) est isomorphe à un sous-groupe de (/8)2superscript82({\mathbb{Z}}/8)^{2}.

2. Soit k𝑘k un corps de caractéristique zéro. Supposons que Xkg𝑋subscriptsuperscript𝑔𝑘X\subset{\mathbb{P}}^{g}_{k} est une surface K3𝐾3K3 “très générale”, c’est-à-dire que NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X})\cong{\mathbb{Z}} et est engendré par la classe d’une section hyperplane H𝐻H. On a δ=(H.H)=2g2\delta=(H.H)=2g-2. La suite exacte (3) se lit alors

0D0,0𝐷00{\rightarrow}{\mathbb{Z}}{\rightarrow}{\mathbb{Z}}{\rightarrow}D{\rightarrow}0,

E=D=/(2g2)𝐸𝐷2𝑔2E=D={\mathbb{Z}}/(2g-2) avec ΓΓ\Gamma-action triviale. La démonstration du théorème 4.2 donne une injection

Coker(α)(/(2g2))21.Coker𝛼superscript2𝑔221{\rm Coker}(\alpha)\hookrightarrow({\mathbb{Z}}/(2g-2))^{21}.

Comme on a H1(k,)=0superscriptH1𝑘0{\rm H}^{1}(k,{\mathbb{Z}})=0, l’application

1:H1(k,D)H2(k,)=H2(k,NS(X¯))=H2(k,Pic(X¯)):subscript1superscriptH1𝑘𝐷superscriptH2𝑘superscriptH2𝑘NS¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋\partial_{1}:{\rm H}^{1}(k,D){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\mathbb{Z}})={\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X}))={\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))

est injective. Si k𝑘k est un corps de nombres, S𝑆S est l’ensemble des places finies de mauvaise réduction de X𝑋X, et T𝑇T l’ensemble des places divisant 2g22𝑔22g-2, alors la proposition 4.4 donne un homomorphisme injectif

Coker(α)HST1(k,/(2g2)).Coker𝛼subscriptsuperscriptH1𝑆𝑇𝑘2𝑔2{\rm Coker}(\alpha)\hookrightarrow{\rm H}^{1}_{S\cup T}(k,{\mathbb{Z}}/(2g-2)).

Pour X𝑋X le produit de deux courbes on a un résultat similaire au théorème 4.2 (ii) bien qu’ici H1(X,OX)0superscriptH1𝑋subscript𝑂𝑋0{\rm H}^{1}(X,O_{X})\not=0.

Proposition 5.2

Soit X=C1×C2𝑋subscript𝐶1subscript𝐶2X=C_{1}\times C_{2} le produit de deux courbes projectives, lisses et géométriquement intègres sur un corps k𝑘k de caractéristique nulle. Soit J1subscript𝐽1J_{1}, resp. J2subscript𝐽2J_{2}, la jacobienne de C1subscript𝐶1C_{1}, resp. C2subscript𝐶2C_{2}. Supposons que X𝑋X possède un k𝑘k-point. Alors :

(i) L’exposant du conoyau de Br(X)Br(X¯)ΓBr𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} divise δ0subscript𝛿0\delta_{0}.

(ii) Si Homk¯(J¯1,J¯2)=0subscriptHom¯𝑘subscript¯𝐽1subscript¯𝐽20{\rm Hom}_{\overline{k}}(\overline{J}_{1},\overline{J}_{2})=0, alors l’application Br(X)Br(X¯)ΓBr𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} est surjective.

Démonstration. Rappelons des faits connus ([14, §1; Cor. 6.2]). L’application naturelle de ΓΓ\Gamma-modules

(p1,p2):Pic(C¯1)Pic(C¯2)Pic(X¯):superscriptsubscript𝑝1superscriptsubscript𝑝2direct-sumPicsubscript¯𝐶1Picsubscript¯𝐶2Pic¯𝑋(p_{1}^{*},p_{2}^{*}):{\rm{Pic}}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}(\overline{C}_{2})\longrightarrow{\rm{Pic}}(\overline{X})

est une injection scindée, dont une rétraction est donnée par le choix d’un k𝑘k-point M=(M1,M2)X(k)=C1(k)×C2(k)𝑀subscript𝑀1subscript𝑀2𝑋𝑘subscript𝐶1𝑘subscript𝐶2𝑘M=(M_{1},M_{2})\in X(k)=C_{1}(k)\times C_{2}(k). Ceci induit un isomorphisme de ΓΓ\Gamma-modules

Pic0(C¯1)Pic0(C¯2)~Pic0(X¯).direct-sumsuperscriptPic0subscript¯𝐶1superscriptPic0subscript¯𝐶2~superscriptPic0¯𝑋{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}_{2})\tilde{\longrightarrow}{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}).

Le conoyau de (p1,p2)superscriptsubscript𝑝1superscriptsubscript𝑝2(p_{1}^{*},p_{2}^{*}) est le ΓΓ\Gamma-module Homk¯grp(J¯1,J¯2)subscriptHom¯𝑘grpsubscript¯𝐽1subscript¯𝐽2{\rm Hom}_{\overline{k}-{\rm grp}}(\overline{J}_{1},\overline{J}_{2}), qui est libre et de type fini comme groupe abélien. Il y a une suite exacte induite de ΓΓ\Gamma-modules libres et de type fini comme groupes abéliens

0NS(C¯1)NS(C¯2)NS(X¯)Homk¯grp(J¯1,J¯2)0,0direct-sumNSsubscript¯𝐶1NSsubscript¯𝐶2NS¯𝑋subscriptHom¯𝑘grpsubscript¯𝐽1subscript¯𝐽200{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm NS}(\overline{C}_{2}){\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm Hom}_{\overline{k}-{\rm grp}}(\overline{J}_{1},\overline{J}_{2}){\rightarrow}0,

c’est-à-dire

0NS(X¯)Homk¯grp(J¯1,J¯2)0,0direct-sumNS¯𝑋subscriptHom¯𝑘grpsubscript¯𝐽1subscript¯𝐽200{\rightarrow}{\mathbb{Z}}\oplus{\mathbb{Z}}{\rightarrow}{\rm NS}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm Hom}_{\overline{k}-{\rm grp}}(\overline{J}_{1},\overline{J}_{2}){\rightarrow}0,

un scindage étant donné par le point M𝑀M. En utilisant le k𝑘k-point MX(k)𝑀𝑋𝑘M\in X(k) on obtient donc un diagramme commutatif

H2(k,Pic0(X¯))H2(k,Pic(X¯))H2(k,Pic0(C¯1)Pic0(C¯2))H2(k,Pic(C¯1)Pic(C¯2)).superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋absentsimilar-to-or-equalsmissing-subexpressionsuperscriptH2𝑘direct-sumsuperscriptPic0subscript¯𝐶1superscriptPic0subscript¯𝐶2superscriptH2𝑘direct-sumPicsubscript¯𝐶1Picsubscript¯𝐶2\begin{array}[]{ccc}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X}))&{\rightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\\ \downarrow{\simeq}&&\downarrow\\ {\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}^{0}(\overline{C}_{2}))&\hookrightarrow&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}(\overline{C}_{2})).\end{array} (27)

L’injection dans la ligne inférieure vient de la nullité de H1(k,)superscriptH1𝑘{\rm H}^{1}(k,{\mathbb{Z}}).

Nous suivons la démonstration du théorème 2.1. D’après la proposition 1.3, for i=1,2𝑖1.2i=1,2, nous avons des diagrammes commutatifs de suites exactes

Br(X)Br(X¯)ΓβXH2(k,Pic(X¯))Br(Ci)Br(C¯i)ΓβCiH2(k,Pic(C¯i)).Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γsuperscriptsubscript𝛽𝑋superscriptH2𝑘Pic¯𝑋missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionBrsubscript𝐶𝑖Brsuperscriptsubscript¯𝐶𝑖Γsuperscriptsubscript𝛽subscript𝐶𝑖superscriptH2𝑘Picsubscript¯𝐶𝑖missing-subexpression\begin{array}[]{cccccc}{\rm{Br}}(X)&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&\buildrel\beta_{X}\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X}))\\ \downarrow&&\downarrow&&\downarrow\\ {\rm{Br}}(C_{i})&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{C}_{i})^{\Gamma}&\buildrel\beta_{C_{i}}\over{\longrightarrow}&{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C}_{i})).\end{array}

Par le théorème de Tsen, on a Br(C¯i)=0Brsubscript¯𝐶𝑖0{\rm{Br}}(\overline{C}_{i})=0. Ainsi

β(Br(X¯)Γ)Ker[H2(k,Pic(X¯))H2(k,Pic(C¯1)Pic(C¯2))].𝛽Brsuperscript¯𝑋ΓKerdelimited-[]superscriptH2𝑘Pic¯𝑋superscriptH2𝑘direct-sumPicsubscript¯𝐶1Picsubscript¯𝐶2\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma})\subset{\rm Ker}[{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})){\rightarrow}{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}(\overline{C}_{2}))].

Puisque NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}) est sans torsion, on voit (remarque après le théorème 4.3) que He´t3(X¯,(1))subscriptsuperscriptH3´et¯𝑋subscript1{\rm H}^{3}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Z}}_{\ell}(1)) est sans torsion pour tout \ell, ce qui implique Br0(X¯)=Br(X¯)superscriptBr0¯𝑋Br¯𝑋{\rm{Br}}^{0}(\overline{X})={\rm{Br}}(\overline{X}). D’après la proposition 4.1, l’image de Br(X¯)Γ=Br0(X¯)ΓBrsuperscript¯𝑋ΓsuperscriptBr0superscript¯𝑋Γ{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}={\rm{Br}}^{0}(\overline{X})^{\Gamma} dans le groupe H2(k,N1)=H2(k,NS(X¯))superscriptH2𝑘superscript𝑁1superscriptH2𝑘NS¯𝑋{\rm H}^{2}(k,N^{1})={\rm H}^{2}(k,{\rm NS}(\overline{X})) est annulée par δ0subscript𝛿0\delta_{0}. Ainsi tout élément dans δ0.β(Br(X¯)Γ)H2(k,Pic(X¯))formulae-sequencesubscript𝛿0𝛽Brsuperscript¯𝑋ΓsuperscriptH2𝑘Pic¯𝑋\delta_{0}.\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma})\subset{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{X})) vient de H2(k,Pic0(X¯))superscriptH2𝑘superscriptPic0¯𝑋{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}^{0}(\overline{X})) et a une image nulle dans H2(k,Pic(C¯1)Pic(C¯2))superscriptH2𝑘direct-sumPicsubscript¯𝐶1Picsubscript¯𝐶2{\rm H}^{2}(k,{\rm{Pic}}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm{Pic}}(\overline{C}_{2})). De (27) on déduit δ0.β(Br(X¯)Γ)=0formulae-sequencesubscript𝛿0𝛽Brsuperscript¯𝑋Γ0\delta_{0}.\beta({\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma})=0. Ceci établit (i).

Si Homk¯grp(J¯1,J¯2)=0subscriptHom¯𝑘grpsubscript¯𝐽1subscript¯𝐽20{\rm Hom}_{\overline{k}-{\rm grp}}(\overline{J}_{1},\overline{J}_{2})=0, alors NS(C¯1)NS(C¯2)~NS(X¯)direct-sumNSsubscript¯𝐶1NSsubscript¯𝐶2~NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{C}_{1})\oplus{\rm NS}(\overline{C}_{2})\tilde{\longrightarrow}{\rm NS}(\overline{X}) et δ=1𝛿1\delta=1. QED

Exemples

1. Lorsque C1=Esubscript𝐶1𝐸C_{1}=E et C2=Esubscript𝐶2superscript𝐸C_{2}=E^{\prime} sont des courbes elliptiques non isogènes, sur k¯¯𝑘\overline{k}, on comparera l’énoncé ci-dessus avec [21, Prop. 3.3].

2. Si C1=C2subscript𝐶1subscript𝐶2C_{1}=C_{2} est une courbe elliptique E𝐸E sans multiplication complexe sur k¯¯𝑘\overline{k}, alors NS(X¯)NS¯𝑋{\rm NS}(\overline{X}) est un groupe abélien libre de rang 3 engendré par les classes de E×{0}𝐸0E\times\{0\}, de {0}×E0𝐸\{0\}\times E et de la diagonale ΔΔ\Delta. On a δ=2𝛿2\delta=2, b2=6subscript𝑏26b_{2}=6, ρ=3𝜌3\rho=3, donc le conoyau de α:Br(X)Br(X¯)Γ:𝛼Br𝑋Brsuperscript¯𝑋Γ\alpha:{\rm{Br}}(X){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma} est isomorphe à un sous-groupe de (/2)3superscript23({\mathbb{Z}}/2)^{3}. Dans [21, Prop. 4.3] on trouvera un exemple avec Coker(α)0Coker𝛼0{\rm Coker}(\alpha)\neq 0.

6 Variétés ouvertes

Nous offrons ici une réponse partielle à une question soulevée par T. Szamuely.

Proposition 6.1

Soit k𝑘k un corps de type fini sur {\mathbb{Q}}. Soit U𝑈U une k𝑘k-variété quasi-projective et lisse. Le groupe He´t1(U¯,/)ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑈Γ{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{U},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{\Gamma} est fini.

Démonstration. Ceci est une reformulation d’un cas particulier d’un résultat de Katz et Lang [8, Thm. 1, p. 295]. On peut aussi l’établir par la méthode plus générale suivante. On peut supposer U/k𝑈𝑘U/k géométriquement connexe. Par le théorème d’Hironaka, il existe une k𝑘k-variété projective, lisse et géométriquement intègre X𝑋X qui contient U𝑈U comme ouvert dense. Soit Z=XU𝑍𝑋𝑈Z=X\setminus U, et soit FZ𝐹𝑍F\subset Z le lieu singulier de Z𝑍Z. Soit X0=XFsuperscript𝑋0𝑋𝐹X^{0}=X\setminus F et soit Z0=ZFsuperscript𝑍0𝑍𝐹Z^{0}=Z\setminus F. Puisque X0superscript𝑋0X^{0} et F0superscript𝐹0F^{0} sont lisses, les suites de localisation pour la cohomologie étale à coefficients finis et le théorème de pureté donnent des suites exactes de ΓΓ\Gamma-modules

0He´t1(X¯0,/)He´t1(U¯,/)H0(Z¯0,/(1)).0subscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑋0subscriptsubscriptsubscriptsuperscriptH1´et¯𝑈subscriptsubscriptsuperscriptH0superscript¯𝑍0subscriptsubscript10{\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X}^{0},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{U},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}){\rightarrow}{\rm H}^{0}(\overline{Z}^{0},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1)).

Puisque F𝐹F est de codimension au moins 2 dans X𝑋X, l’inclusion X0Xsuperscript𝑋0𝑋X^{0}{\rightarrow}X induit un isomorphisme

He´t1(X¯,/)=He´t1(X¯0,/).subscriptsuperscriptH1´et¯𝑋subscriptsubscriptsubscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑋0subscriptsubscript{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})={\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X}^{0},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}).

On a donc une suite exacte

0He´t1(X¯,/)ΓHe´t1(U¯,/)ΓH0(Z¯0,/(1))Γ.0subscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑋subscriptsubscriptΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑈subscriptsubscriptΓsuperscriptH0superscriptsuperscript¯𝑍0subscriptsubscript1Γ0{\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{U},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm H}^{0}(\overline{Z}^{0},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1))^{\Gamma}.

La k𝑘k-variété lisse Z0superscript𝑍0Z^{0} se décompose comme union disjointe Z0=iZisuperscript𝑍0subscript𝑖subscript𝑍𝑖Z^{0}=\cup_{i}Z_{i} de k𝑘k-variétés lisses connexes. Soit kisubscript𝑘𝑖k_{i} la fermeture intégrale de k𝑘k dans le corps de fonctions k(Zi)𝑘subscript𝑍𝑖k(Z_{i}). Choisissons un k𝑘k-plongement kik¯subscript𝑘𝑖¯𝑘k_{i}\subset\overline{k}. Soit Γi=Gal(k¯/ki)subscriptΓ𝑖Gal¯𝑘subscript𝑘𝑖\Gamma_{i}={\rm{Gal}}(\overline{k}/k_{i}). Le groupe H0(Z¯0,/(1))ΓsuperscriptH0superscriptsuperscript¯𝑍0subscriptsubscript1Γ{\rm H}^{0}(\overline{Z}^{0},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1))^{\Gamma} est la somme directe des groupes i(/(1))Γisubscriptdirect-sum𝑖superscriptsubscriptsubscript1subscriptΓ𝑖\oplus_{i}({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1))^{\Gamma_{i}}. Chaque groupe (/(1))Γisuperscriptsubscriptsubscript1subscriptΓ𝑖({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1))^{\Gamma_{i}} est fini; de plus, il est nul pour presque tout \ell. De fait, cet énoncé se ramène immédiatement à l’énoncé suivant : si k𝑘k est un corps de nombres et Γ=Gal(k¯/k)ΓGal¯𝑘𝑘\Gamma={\rm{Gal}}(\overline{k}/k), alors (/(1))Γsuperscriptsubscriptsubscript1Γ({\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell}(-1))^{\Gamma} est fini, et nul pour presque tout \ell. On est donc ramené à vérifier que He´t1(X¯,/)ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝑋subscriptsubscriptΓ{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Q}}_{\ell}/{\mathbb{Z}}_{\ell})^{\Gamma} est fini et nul pour presque tout \ell. Ceci résulte du théorème de changement de base propre et des conjectures de Weil (cf. [1, Thm. 1.5]). QED

Théorème 6.2

Soit k𝑘k un corps de type fini sur {\mathbb{Q}} et soit U𝑈U une k𝑘k-variété quasi-projective, lisse et géométriquement intègre sur k𝑘k. Alors :

(i) Le quotient Br(U¯)Γ/Im(Br(U))Brsuperscript¯𝑈ΓImBr𝑈{\rm{Br}}(\overline{U})^{\Gamma}/{\rm Im}({\rm{Br}}(U)) est un groupe fini.

(ii) Si U𝑈U est une surface, et si la conjecture de Tate \ell-adique pour les diviseurs vaut pour une compactification lisse de U𝑈U, Br(U¯){}ΓBr¯𝑈superscriptΓ{\rm{Br}}(\overline{U})\{\ell\}^{\Gamma} is finite.

(iii) Si la conjecture de Tate \ell-adique pour les diviseurs vaut pour une compactification lisse de U𝑈U, et si de plus le module galoisien He´t2(X¯,(1))subscriptsuperscriptH2´et¯𝑋subscript1{\rm H}^{2}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{X},{\mathbb{Q}}_{\ell}(1)) est semi-simple, alors Br(U¯){}ΓBr¯𝑈superscriptΓ{\rm{Br}}(\overline{U})\{\ell\}^{\Gamma} est fini.

Démonstration. Nous suivons la démonstration de la proposition 6.1 et nous utilisons les mêmes notations. Les suites exactes de localisation pour la cohomologie étale à coefficients finis et le théorème de pureté donnent naissance à la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0Br(X¯0)Br(U¯)He´t1(F¯0,/).0Brsuperscript¯𝑋0Br¯𝑈subscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝐹00{\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X}^{0}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{U}){\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}).

Comme la codimension de F𝐹F dans X𝑋X est au moins 2, le théorème de pureté pour le groupe de Brauer montre que l’application de restriction

Br(X¯)Br(X¯0)Br¯𝑋Brsuperscript¯𝑋0{\rm{Br}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X}^{0})

est un isomorphisme. On a donc la suite exacte de ΓΓ\Gamma-modules

0Br(X¯)Br(U¯)He´t1(F¯0,/).0Br¯𝑋Br¯𝑈subscriptsuperscriptH1´etsuperscript¯𝐹00{\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X}){\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{U}){\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}}).

En prenant les invariants sous ΓΓ\Gamma, on obtient une suite exacte

0Br(X¯)ΓBr(U¯)ΓHe´t1(F¯0,/)Γ.0Brsuperscript¯𝑋ΓBrsuperscript¯𝑈ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscriptsuperscript¯𝐹0Γ0{\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm{Br}}(\overline{U})^{\Gamma}{\rightarrow}{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{\Gamma}.

D’après la proposition 6.1, le groupe He´t1(F¯0,/)ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscriptsuperscript¯𝐹0Γ{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{\Gamma} est fini. Les énoncés (ii) and (iii) sont alors une conséquence de la finitude de Br(X¯){}ΓBr¯𝑋superscriptΓ{\rm{Br}}(\overline{X})\{\ell\}^{\Gamma}, laquelle vaut sous les hypothèses de (ii) ou (iii), cf. [2, Prop. 4.1].

Par fonctorialité on a un diagramme commutatif de suites exactes

0Br(X¯)ΓBr(U¯)ΓHe´t1(F¯0,/)ΓBr(X)Br(U).0Brsuperscript¯𝑋ΓBrsuperscript¯𝑈ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscriptsuperscript¯𝐹0Γmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionBr𝑋Br𝑈missing-subexpressionabsentmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression\begin{array}[]{ccccccccccccccc}0&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(\overline{U})^{\Gamma}&{\rightarrow}&{{\rm H}}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{\Gamma}\\ &&\uparrow&&\uparrow&&\\ &&{\rm{Br}}(X)&{\rightarrow}&{\rm{Br}}(U)&&.\end{array}

D’après le théorème 2.1, le quotient Br(X¯)Γ/Im(Br(X))Brsuperscript¯𝑋ΓImBr𝑋{\rm{Br}}(\overline{X})^{\Gamma}/{\rm Im}({\rm{Br}}(X)) est fini. D’après la proposition 6.1, le groupe He´t1(F¯0,/)ΓsubscriptsuperscriptH1´etsuperscriptsuperscript¯𝐹0Γ{\rm H}^{1}_{{\rm{\acute{e}t}}}(\overline{F}^{0},{\mathbb{Q}}/{\mathbb{Z}})^{\Gamma} est fini. Ceci implique que le quotient Br(U¯)Γ/Im(Br(U))Brsuperscript¯𝑈ΓImBr𝑈{\rm{Br}}(\overline{U})^{\Gamma}/{\rm Im}({\rm{Br}}(U)) est aussi fini, ce qui est l’énoncé (i). QED


Remarque Nous ne savons pas si (i) vaut sur tout corps k𝑘k de caractéristique nulle.

Références

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  • [12] J.S. Milne. Étale cohomology. Princeton University Press, 1980.
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  • [19] Cohomologie étale (SGA 41212\frac{1}{2}). Séminaire de géométrie algébrique du Bois-Marie. Avec la collaboration de J.-F. Boutot, A. Grothendieck, L. Illusie et J.-L. Verdier. Lecture Notes in Math. 569. Springer-Verlag, 1977.
  • [20] A.N. Skorobogatov et Yu.G. Zarhin. A finiteness theorem for the Brauer group of abelian varieties and K3 surfaces. J. Alg. Geom. 17 (2008) 481–502.
  • [21] A.N. Skorobogatov et Yu.G. Zarhin. The Brauer group of Kummer surfaces and torsion of elliptic curves. J. reine angew. Math., à paraître. arXiv:0911.2261
  • [22] C. Voisin. Some aspects of the Hodge conjecture. Japanese J. Math. 2 (2007) 261–296.

CNRS, UMR 8628, Mathématiques, Bâtiment 425, Université Paris-Sud, F-91405 Orsay, France

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