Caractère d’isogénie et critères d’irréductibilité

Agnès David
Laboratoire de mathématiques de Versailles
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
45 avenue des États-Unis
78035 Versailles Cedex

Agnes.David@ens-lyon.org
Résumé

This article deals with the Galois representation attached to the torsion points of an elliptic curve defined over a number field. We first determine explicit uniform criteria for the irreducibility of this Galois representation for elliptic curves varying in some infinite families, characterised by their reduction type at some fixed places of the base field. Then, we deduce from these criteria an explicit form for a bound that appear in a theorem of Momose. Finally, we use these results to precise a previous theorem of the author about the homotheties contained in the image of the Galois representation.

Introduction

Cet article traite de la représentation galoisienne associée aux points de torsion d’une courbe elliptique définie sur un corps de nombres. Son objectif est triple : on détermine d’abord des critères uniformes d’irréductibilité de cette représentation galoisienne pour des familles infinies de courbes elliptiques, définies par un type de réduction prescrit en certaines places du corps de base (théorème I ci-dessous) ; on donne ensuite une forme explicite pour une borne annoncée dans un théorème de Momose sur les courbes elliptiques possédant sur un corps de nombres une isogénie de degré premier (théorème A de l’introduction de [10] ; théorème II ci-dessous) ; enfin, on déduit de ces travaux une borne uniforme pour les homothéties contenues dans l’image de la représentation galoisienne considérée, lorsqu’elle est réductible, qui précise des résultats précédents de l’auteur ([4] ; théorèmes III et III’ ci-dessous).

Le cadre précis est le suivant. On fixe un corps de nombres K𝐾K et un plongement de K𝐾K dans \mathbb{C} (dans tout le texte, on considérera ainsi K𝐾K comme un sous-corps de \mathbb{C}). Soit ¯¯\overline{\mathbb{Q}} la clôture algébrique de \mathbb{Q} dans \mathbb{C} ; on note GKsubscript𝐺𝐾G_{K} le groupe de Galois absolu Gal(¯/K)Gal¯𝐾\mathrm{Gal}(\overline{\mathbb{Q}}/K) de K𝐾K. À partir de la partie 2 et pour toute la fin du texte, on suppose que l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est galoisienne. On fixe une courbe elliptique E𝐸E définie sur K𝐾K et on note j(E)𝑗𝐸j(E) son invariant j𝑗j. Pour toute place finie du corps K𝐾K, on dit que le type de réduction semi-stable de E𝐸E en cette place est multiplicatif, bon ordinaire ou bon supersingulier selon si E𝐸E a potentiellement mauvaise réduction multiplicative, bonne réduction ordinaire ou bonne réduction supersingulière en cette place. On fixe un nombre premier p𝑝p supérieur ou égal à 555 et non ramifié dans K𝐾K. On note Epsubscript𝐸𝑝E_{p} l’ensemble des points de E𝐸E dans ¯¯\overline{\mathbb{Q}} qui sont de p𝑝p-torsion ; c’est un espace vectoriel de dimension 222 sur 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}, sur lequel le groupe de Galois absolu GKsubscript𝐺𝐾G_{K} de K𝐾K agit 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}-linéairement. On désigne par φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} la représentation de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} ainsi obtenue ; elle prend ses valeurs dans le groupe GL(Ep)GLsubscript𝐸𝑝\mathrm{GL}(E_{p}) qui, après choix d’une base pour Epsubscript𝐸𝑝E_{p}, est isomorphe à GL2(𝔽p)subscriptGL2subscript𝔽𝑝\mathrm{GL}_{2}(\mathbb{F}_{p}). On note enfin χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} le caractère cyclotomique de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times} ; il coïncide avec le déterminant de la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}.

Les questions traitées dans cet article trouvent leur origine dans le théorème suivant de Serre selon lequel, lorsque la courbe E𝐸E n’a pas de multiplication complexe, la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est «  asymptotiquement surjective   ».

Théorème (Serre, [13]).

On suppose que la courbe E𝐸E n’a pas de multiplication complexe (sur ¯¯\overline{\mathbb{Q}}). Alors il existe une borne C(K,E)𝐶𝐾𝐸C(K,E), ne dépendant que de K𝐾K et de E𝐸E et telle que pour tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à C(K,E)𝐶𝐾𝐸C(K,E), la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est surjective.

La question, posée également dans [13], d’éliminer la dépendance en la courbe elliptique E𝐸E dans la borne C(K,E)𝐶𝐾𝐸C(K,E), pour obtenir une version uniforme de ce théorème, s’est révélée ardue. Mazur a néanmoins démontré que lorsque le corps de base est \mathbb{Q}, la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est «  uniformément asymptotiquement irréductible   »  au sens suivant.

Théorème (Mazur, [8]).

On suppose que le corps K𝐾K est égal à \mathbb{Q} et que le nombre premier p𝑝p n’appartient pas à l’ensemble {2,3,5,7,13,11,17,19,37,43,67,163}2.3.5.7.13.11.17.19.37.43.67.163\{2,3,5,7,13,11,17,19,37,43,67,163\}. Alors la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

Momose a ensuite obtenu un résultat semblable (avec une borne non effective) lorsque le corps de base est un corps quadratique qui n’est pas imaginaire de nombre de classes 111 (théorème B de l’introduction de [10]).

Dans la lignée du théorème de Mazur, il est naturel de considérer le problème suivant (qui figure par exemple dans l’introduction de [1]).

Question.

Trouver un ensemble infini \mathcal{E} de courbes elliptiques définies sur K𝐾K et une borne C(K,)𝐶𝐾C(K,\mathcal{E}) ne dépendant que de K𝐾K et de l’ensemble \mathcal{E} et vérifiant : si E𝐸E appartient à \mathcal{E} et p𝑝p est strictement supérieur à C(K,)𝐶𝐾C(K,\mathcal{E}), alors la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

La généralisation du théorème de Mazur au corps de base K𝐾K consisterait à résoudre cette question pour l’ensemble \mathcal{E} des courbes elliptiques définies sur K𝐾K qui n’ont pas de multiplication complexe (sur ¯¯\overline{\mathbb{Q}}).

Le présent article apporte une réponse à la question ci-dessus, avec des bornes C(K,)𝐶𝐾C(K,\mathcal{E}) explicites, pour deux classes d’ensembles infinis de courbes elliptiques, définis par un type de réduction semi-stable des courbes prescrit en des places fixées du corps de base.

Notations.

On suppose que le corps K𝐾K est galoisien sur \mathbb{Q}.

On note dKsubscript𝑑𝐾d_{K} son degré, ΔKsubscriptΔ𝐾\Delta_{K} son discriminant, hKsubscript𝐾h_{K} son nombre de classes d’idéaux, et RKsubscript𝑅𝐾R_{K} son régulateur. On note C1(K)subscript𝐶1𝐾C_{1}(K) la borne c3subscript𝑐3c_{3} de [2] : elle ne dépend que du degré dKsubscript𝑑𝐾d_{K} de K𝐾K (voir les notations 2.8 et la définition 2.9 de ce texte pour une expression explicite de C1(K)subscript𝐶1𝐾C_{1}(K)). On pose alors

C2(K)=exp(12dKC1(K)RK)subscript𝐶2𝐾12subscript𝑑𝐾subscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾C_{2}(K)=\exp\left(12d_{K}C_{1}(K)R_{K}\right)

et pour tout entier n𝑛n

C(K,n)=(n12hKC2(K)+n6hK)2dK.𝐶𝐾𝑛superscriptsuperscript𝑛12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾superscript𝑛6subscript𝐾2subscript𝑑𝐾C(K,n)=\left(n^{12h_{K}}C_{2}(K)+n^{6h_{K}}\right)^{2d_{K}}.
Théorème I (Deux critères d’irréductibilité).

On suppose que le corps K𝐾K est galoisien sur \mathbb{Q}.

  1. 1.

    Soit M𝑀M un entier naturel supérieur ou égal 111.

    On note (K;M)𝐾𝑀\mathcal{E}(K;M) l’ensemble des courbes elliptiques E𝐸E définies sur K𝐾K pour lesquelles il existe

    • \bullet

      q𝑞q et qsuperscript𝑞q^{\prime} des nombres premiers totalement décomposés dans K𝐾K et inférieurs ou égaux à M𝑀M,

    • \bullet

      une place 𝔮𝔮\mathfrak{q} de K𝐾K au-dessus de q𝑞q et une place 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} de K𝐾K au-dessus de qsuperscript𝑞q^{\prime} tels que les types de réduction semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} sont différents

    (les premiers q𝑞q et qsuperscript𝑞q^{\prime} et les places 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} peuvent dépendre de E𝐸E).

    Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E dans (K;M)𝐾𝑀\mathcal{E}(K;M) et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à C(K,M)𝐶𝐾𝑀C(K,M), la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

  2. 2.

    Soit q𝑞q un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K.

    On note (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E}^{\prime}(K;q) l’ensemble des courbes elliptiques E𝐸E définies sur K𝐾K vérifiant : il existe une place (pouvant dépendre de E𝐸E) de K𝐾K au-dessus de q𝑞q en laquelle E𝐸E a potentiellement mauvaise réduction multiplicative.

    On pose

    B(K;q)=max(C(K,q),(1+36dKhK)2).𝐵𝐾𝑞𝐶𝐾𝑞superscript1superscript36subscript𝑑𝐾subscript𝐾2B(K;q)=\max\left(C(K,q),\left(1+3^{6d_{K}h_{K}}\right)^{2}\right).

    Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E dans (K;q)𝐾𝑞\mathcal{E}(K;q) et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à B(K;q)𝐵𝐾𝑞B(K;q), la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

En utilisant le théorème I, associé à une forme effective du théorème de Chebotarev ([6]), on donne ensuite une formule explicite pour une borne CKsubscript𝐶𝐾C_{K} satisfaisant le théorème A de [10], dont on rappelle ici l’énoncé (A𝐴A désigne une constante absolue qui apparaît dans le théorème de Chebotarev effectif de [6], voir partie 4.1 de ce texte ; voir aussi [3] pour un énoncé similaire).

Théorème II (Version effective du théorème A de [10]).

On suppose que le corps K𝐾K est galoisien sur \mathbb{Q}. On pose

CK=max(C(K,2(ΔK)AhK),(1+36dKhK)2).subscript𝐶𝐾𝐶𝐾.2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾superscript1superscript36subscript𝑑𝐾subscript𝐾2C_{K}=\max\left(C\left(K,2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}\right),\left(1+3^{6d_{K}h_{K}}\right)^{2}\right).

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K} et que la courbe E𝐸E possède une isogénie de degré p𝑝p définie sur K𝐾K. On note λ𝜆\lambda le caractère de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times} donnant l’action de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} sur le sous-groupe d’ordre p𝑝p de Epsubscript𝐸𝑝E_{p} définissant l’isogénie. Alors on est dans l’un des deux cas suivants.

Type supersingulier
  1. 1.

    Le nombre premier p𝑝p est congru à 333 modulo 444 ;

  2. 2.

    En toute place de K𝐾K au-dessus de p𝑝p, la courbe E𝐸E a mauvaise réduction additive et potentiellement bonne réduction supersingulière.

  3. 3.

    La puissance sixième du caractère λ𝜆\lambda est égale à χp3+p12superscriptsubscript𝜒𝑝3𝑝12\chi_{p}^{3+\frac{p-1}{2}}.

Type ordinaire

Il existe un corps quadratique imaginaire L𝐿L satisfaisant les conditions suivantes.

  1. 1.

    Le corps K𝐾K contient L𝐿L et son corps de classes de Hilbert (en particulier, la norme dans l’extension K/L𝐾𝐿K/L de tout idéal fractionnaire de K𝐾K est un idéal fractionnaire principal de L𝐿L).

  2. 2.

    Le nombre premier p𝑝p est décomposé dans L𝐿L.

  3. 3.

    Il existe un idéal premier 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} de L𝐿L au-dessus de p𝑝p tel que le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} est non ramifié aux places finies de K𝐾K premières à 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}.

  4. 4.

    Soient 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de K𝐾K premier à 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}} dans 𝒪Lsubscript𝒪𝐿\mathcal{O}_{L} un générateur de l’idéal NK/L(𝔮)subscript𝑁𝐾𝐿𝔮N_{K/L}(\mathfrak{q}) et σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}} dans GKsubscript𝐺𝐾G_{K} un relèvement du frobenius du corps résiduel de K𝐾K en 𝔮𝔮\mathfrak{q} ; alors on a λ12(σ𝔮)=α𝔮12mod𝔭Lsuperscript𝜆12subscript𝜎𝔮modulosuperscriptsubscript𝛼𝔮12subscript𝔭𝐿\lambda^{12}(\sigma_{\mathfrak{q}})=\alpha_{\mathfrak{q}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.

Remarques.
  1. 1.

    L’énoncé initial du théorème A de [10] présente un troisième cas possible, dans lequel le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} ou le caractère (χpλ1)12superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜆112\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)^{12} est trivial. On l’a ici éliminé avec les bornes uniformes pour l’ordre des points de torsion d’une courbe elliptique qui figurent dans [9] et [11].

  2. 2.

    La terminologie type supersingulier ou ordinaire est propre au présent article ; elle fait référence au type de réduction semi-stable de la courbe E𝐸E, non pas aux places de K𝐾K au-dessus de p𝑝p, mais en toute place d’une famille finie ne dépendant que de K𝐾K (voir la définition 4.1 et la proposition 4.4).

  3. 3.

    D’après Momose (remarque 8, p. 341 de [10]), l’hypothèse de Riemann généralisée entraînerait que le cas supersingulier ne se produit pas, pour p𝑝p assez grand. Larson et Vaintrob obtiennent ainsi, sous cette hypothèse, un analogue du théorème II (voir [7], §5).

Le théorème II a pour conséquence un critère d’irréductibilité pour l’ensemble des courbes elliptiques semi-stables sur K𝐾K, lorsque les propriétés du corps K𝐾K empêchent le cas ordinaire de survenir. Par exemple (voir aussi l’appendice B de [5]) :

Corollaire.

On suppose que le corps K𝐾K est galoisien sur \mathbb{Q} et ne contient le corps de classes de Hilbert d’aucun corps quadratique imaginaire. Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E semi-stable sur K𝐾K et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K}, la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

Enfin, l’étude menée pour de la démonstration du théorème II donne le résultat uniforme suivant pour les homothéties contenues dans l’image de la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}.

Théorème III (Homothéties dans le cas réductible).

On se place dans les hypothèses du théorème II.

  1. 1.

    Dans le cas supersingulier, l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les carrés des homothéties.

  2. 2.

    Dans le cas ordinaire, l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les puissances douzièmes des homothéties.

Avec les résultats de [4] lorsque la représentation est irréductible, on obtient l’énoncé général suivant.

Théorème III’ (Homothéties).

On suppose que le corps K𝐾K est galoisien sur \mathbb{Q}. Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E définie sur K𝐾K et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K}, on est dans l’un des deux cas suivants :

  1. 1.

    l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les carrés des homothéties ;

  2. 2.

    la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est réductible de type ordinaire ; dans ce cas l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les puissances douzièmes des homothéties.

Dans toute la suite du texte, à l’exception de la partie 3, on suppose que la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est réductible. La courbe E𝐸E possède alors un sous-groupe d’ordre p𝑝p défini sur K𝐾K. On fixe un tel sous-groupe W𝑊W ; il lui est associé une isogénie de E𝐸E de degré p𝑝p, définie sur K𝐾K. L’action de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} sur W(¯)𝑊¯W(\overline{\mathbb{Q}}) est donnée par un caractère continu de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times} ; on le note λ𝜆\lambda et, suivant la terminologie introduite dans [8], on l’appelle le caractère d’isogénie associé au couple (E,W)𝐸𝑊(E,W). On fixe également une base de Epsubscript𝐸𝑝E_{p} dont le premier vecteur engendre W(¯)𝑊¯W(\overline{\mathbb{Q}}) ; dans cette base la matrice de la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est triangulaire supérieure, de caractères diagonaux (λ,χpλ1)𝜆subscript𝜒𝑝superscript𝜆1(\lambda,\chi_{p}\lambda^{-1}).

Pour la détermination de la borne CKsubscript𝐶𝐾C_{K}, on suit la méthode introduite dans [10].

Dans la partie 1, on établit les propriétés locales du caractère d’isogénie : à l’aide des résultats de [14][13] et [12], on détermine sa restriction aux sous-groupes d’inertie de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} et l’image par λ𝜆\lambda d’un élément de Frobenius associé à une place hors de p𝑝p, en fonction du type de réduction semi-stable de la courbe en cette place.

Dans la partie 2, on utilise la théorie du corps de classes (appliquée à l’extension abélienne trivialisant une puissance du caractère d’isogénie) pour relier le type de réduction de la courbe en une place hors de p𝑝p à l’action sur le sous-groupe d’isogénie des sous-groupes d’inertie des places au-dessus de p𝑝p. La détermination de la borne au-delà de laquelle p𝑝p doit être pris pour qu’on puisse établir un tel lien fait intervenir des bornes de Bugeaud et Győry ([2]) sur la hauteur d’un représentant d’une classe d’entiers de K𝐾K modulo ses unités.

Dans la partie 3, on utilise les résultats de la partie 2 pour démontrer les deux critères d’irréductibilité qui constituent le théorème I ci-dessus ; la démonstration de ce théorème nécessite également les bornes uniformes pour l’ordre des points de torsion des courbes elliptiques qui figurent dans [9] et [11].

Dans la partie 4, on emploie les résultats de la partie 3, associés à une version effective du théorème de Chebotarev ([6]), pour établir la forme de la borne CKsubscript𝐶𝐾C_{K} du théorème II ; on vérifie ensuite (partie 4.2) qu’elle permet d’aboutir aux conclusions du théorème II. Enfin, on fait le lien entre les deux types du théorème II et l’étude locale initiale du caractère d’isogénie (partie 1) pour obtenir le théorème III.

1 Étude locale du caractère d’isogénie

1.1 Défaut de semi-stabilité

Soient \ell un nombre premier rationnel et 𝔏𝔏\mathfrak{L} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de \ell.

Notations 1.1.

On fixe D𝔏subscript𝐷𝔏D_{\mathfrak{L}} un sous-groupe de décomposition pour 𝔏𝔏\mathfrak{L} dans GKsubscript𝐺𝐾G_{K} ; on note I𝔏subscript𝐼𝔏I_{\mathfrak{L}} son sous-groupe d’inertie (deux choix différents de D𝔏subscript𝐷𝔏D_{\mathfrak{L}} sont conjugués par un élément de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} ; leur image par le caractère abélien λ𝜆\lambda coïncident donc). On note K𝔏subscript𝐾𝔏K_{\mathfrak{L}} le complété de K𝐾K en 𝔏𝔏\mathfrak{L}K𝔏¯¯subscript𝐾𝔏\overline{K_{\mathfrak{L}}} sa clôture algébrique associée au sous-groupe D𝔏subscript𝐷𝔏D_{\mathfrak{L}} et K𝔏nrsubscriptsuperscript𝐾𝑛𝑟𝔏K^{nr}_{\mathfrak{L}} l’extension non ramifiée maximale de K𝔏subscript𝐾𝔏K_{\mathfrak{L}} dans K𝔏¯¯subscript𝐾𝔏\overline{K_{\mathfrak{L}}}. On note k𝔏subscript𝑘𝔏k_{\mathfrak{L}} le corps résiduel de K𝐾K en 𝔏𝔏\mathfrak{L}N𝔏𝑁𝔏N\mathfrak{L} son cardinal et k𝔏¯¯subscript𝑘𝔏\overline{k_{\mathfrak{L}}} sa clôture algébrique associée à K𝔏¯¯subscript𝐾𝔏\overline{K_{\mathfrak{L}}}. On fixe dans D𝔏subscript𝐷𝔏D_{\mathfrak{L}} un relèvement σ𝔏subscript𝜎𝔏\sigma_{\mathfrak{L}} du frobenius de ksubscript𝑘k_{\mathcal{L}} (le sous-groupe D𝔏subscript𝐷𝔏D_{\mathfrak{L}} étant fixé, deux tels relèvements diffr̀ent par un élément de I𝔏subscript𝐼𝔏I_{\mathfrak{L}} ; leurs images par un caractère non ramifié en \mathcal{L} coïncident donc).

Enfin, on note Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} l’extension de K𝐾K trivialisant le caractère λ𝜆\lambda ; l’extension Kλ/Ksuperscript𝐾𝜆𝐾K^{\lambda}/K est galoisienne, cyclique, de degré divisant p1𝑝1p-1. La courbe E𝐸E possède un point d’ordre p𝑝p défini sur Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda}.

Lemme 1.

On suppose \ell différent de p𝑝p ; alors en toute place de Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} au-dessus de 𝔏𝔏\mathfrak{L}E𝐸E n’a pas réduction additive.

Démonstration.

On renvoie pour la démonstration au §6 de [8] ou au lemme 3.4 (§3.2.2) de [4]. ∎

1.1.1 Définition de e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} lorsque j(E)𝑗𝐸j(E) n’est pas entier en 𝔏𝔏\mathfrak{L}

On suppose que l’invariant j𝑗j de E𝐸E n’est pas entier en la place 𝔏𝔏\mathfrak{L}, c’est-à-dire que E𝐸E a potentiellement réduction multiplicative en 𝔏𝔏\mathfrak{L}.

Alors il existe une unique extension K𝔏subscriptsuperscript𝐾𝔏K^{\prime}_{\mathfrak{L}} de K𝔏subscript𝐾𝔏K_{\mathfrak{L}} de degré inférieur ou égal à 222, sur laquelle E𝐸E est isomorphe à une courbe de Tate ; cette extension est de degré 111 si et seulement si E𝐸E a réduction multiplicative déployée en 𝔏𝔏\mathfrak{L}, de degré 222 sinon ; elle est ramifiée si et seulement si E𝐸E a réduction additive en 𝔏𝔏\mathfrak{L} (voir [15] appendice C théorème 14.1).

On note e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} l’indice de ramification de cette extension ; on a donc e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} égal à 111 si et seulement si E𝐸E a réduction multiplicative (déployée ou non) en 𝔏𝔏\mathfrak{L} et e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} égal à 222 si et seulement si E𝐸E a réduction additive en 𝔏𝔏\mathfrak{L}.

1.1.2 Définition de e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} lorsque j(E)𝑗𝐸j(E) est entier en 𝔏𝔏\mathfrak{L}

On suppose que l’invariant j𝑗j de E𝐸E est entier en la place 𝔏𝔏\mathfrak{L}, c’est-à-dire que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔏𝔏\mathfrak{L}.

Alors il existe une plus petite extension de K𝔏nrsubscriptsuperscript𝐾𝑛𝑟𝔏K^{nr}_{\mathfrak{L}} sur laquelle E𝐸E a bonne réduction et cette extension est galoisienne ([14], §2, corollaire 3, p. 498). On note M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} cette extension et ΦsubscriptΦ\Phi_{\mathcal{L}} le groupe de Galois de M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} sur K𝔏nrsubscriptsuperscript𝐾𝑛𝑟𝔏K^{nr}_{\mathfrak{L}}.

Lorsque \ell est différent de p𝑝p, on sait de plus ([14], loc. cit.) que M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} est l’extension de K𝔏nrsubscriptsuperscript𝐾𝑛𝑟𝔏K^{nr}_{\mathfrak{L}} engendrée par les coordonnées des points de p𝑝p-torsion de E𝐸E. En particulier, le corps M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} contient l’extension de K𝔏nrsubscriptsuperscript𝐾𝑛𝑟𝔏K^{nr}_{\mathfrak{L}} engendrée par les coordonnées des points du sous-groupe d’isogénie W𝑊W ; on note M𝔏λsubscriptsuperscript𝑀𝜆𝔏M^{\lambda}_{\mathfrak{L}} cette extension. D’après le lemme 1E𝐸E a bonne réduction sur M𝔏λsubscriptsuperscript𝑀𝜆𝔏M^{\lambda}_{\mathfrak{L}} ; par minimalité de M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}}, le corps M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} est donc inclus dans M𝔏λsubscriptsuperscript𝑀𝜆𝔏M^{\lambda}_{\mathfrak{L}}. Ainsi, les corps M𝔏subscript𝑀𝔏M_{\mathfrak{L}} et M𝔏λsubscriptsuperscript𝑀𝜆𝔏M^{\lambda}_{\mathfrak{L}} coïncident et le groupe ΦsubscriptΦ\Phi_{\mathcal{L}} s’identifie au sous-groupe d’inertie en 𝔏𝔏\mathfrak{L} de l’extension abélienne Kλ/Ksuperscript𝐾𝜆𝐾K^{\lambda}/K. En particulier, le groupe Φ𝔏subscriptΦ𝔏\Phi_{\mathfrak{L}} est cyclique et son ordre divise p1𝑝1p-1.

Par ailleurs, que \ell soit égal ou différent de p𝑝p, le groupe ΦsubscriptΦ\Phi_{\mathcal{L}} s’identifie à un sous-groupe du groupe des automorphismes de la courbe elliptique définie sur k𝔏¯¯subscript𝑘𝔏\overline{k_{\mathfrak{L}}} qu’on obtient par réduction de E×KM𝔏subscript𝐾𝐸subscript𝑀𝔏E\times_{K}M_{\mathfrak{L}} ([14], §2, démonstration du théorème 2, p. 497). On note E~𝔏subscript~𝐸𝔏\widetilde{E}_{\mathfrak{L}} cette courbe elliptique réduite et Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) son groupe d’automorphismes. Le groupe Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) dépend de l’invariant j𝑗j de E~𝔏subscript~𝐸𝔏\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}, qui est égal à la classe de j(E)𝑗𝐸j(E) modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}, de la manière suivante ([15] appendice A, proposition 1.2 et exercice A.1) :

  • \bullet

    si j(E)𝑗𝐸j(E) est différent de 00 et 172817281728 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) est cyclique d’ordre 222 ;

  • \bullet

    si \ell est différent de 222 et de 333 et j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 172817281728 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) est cyclique d’ordre 444 ;

  • \bullet

    si \ell est différent de 222 et de 333 et j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 00 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) est cyclique d’ordre 666 ;

  • \bullet

    si \ell est égal à 333 et j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 0=1728017280=1728 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) est un groupe d’ordre 121212, produit semi-direct d’un groupe cyclique d’ordre 333 par un groupe cyclique d’ordre 444 (le deuxième agissant sur le premier de l’unique manière non triviale) ; on vérifie que les sous-groupes cycliques d’un tel groupe sont d’ordre 111222333444 ou 666 ;

  • \bullet

    si \ell est égal à 222 et j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 0=1728017280=1728 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L}Aut(E~𝔏)Autsubscript~𝐸𝔏\mathrm{Aut}(\widetilde{E}_{\mathfrak{L}}) est un groupe d’ordre 242424, produit semi-direct du groupe des quaternions (d’ordre 888) par un groupe cyclique d’ordre 333 (le deuxième agissant sur le premier en permutant les générateurs) ; on vérifie que les sous-groupes cycliques d’un tel groupe sont également d’ordre 111222333444 ou 666.

On déduit de ce qui précède que pour tout \ell, le groupe Φ𝔏subscriptΦ𝔏\Phi_{\mathfrak{L}} est cyclique d’ordre 111222333444 ou 666. On note e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} l’ordre de ΦsubscriptΦ\Phi_{\mathcal{L}} ; il est donc dans l’ensemble {1,2,3,4,6}1.2.3.4.6\left\{1,2,3,4,6\right\} et vérifie :

  • \bullet

    e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} est égal à 111 si et seulement si E𝐸E a bonne réduction en 𝔏𝔏\mathfrak{L} ;

  • \bullet

    si e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} est égal à 444, alors j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 172817281728 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L} ;

  • \bullet

    si e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} est égal à 333 ou 666, alors j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 00 modulo 𝔏𝔏\mathfrak{L} ;

  • \bullet

    si \ell est différent de p𝑝p, alors e𝔏subscript𝑒𝔏e_{\mathfrak{L}} est l’ordre de λ(I𝔏)𝜆subscript𝐼𝔏\lambda(I_{\mathfrak{L}}) et divise p1𝑝1p-1.

1.2 Action des sous-groupes d’inertie des places au-dessus de p𝑝p

Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K situé au-dessus de p𝑝p ; on reprend les notations 1.1. Cette partie précise la proposition 3.2 (§ 3.1) de [4] qui décrit la restriction de la puissance douzième du caractère d’isogénie à un sous-groupe d’inertie I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} associé à 𝔭𝔭\mathfrak{p}.

Proposition 1.2.

On suppose que E𝐸E a potentiellement réduction multiplicative en 𝔭𝔭\mathfrak{p}. Alors

  1. 1.

    le caractère λe𝔭superscript𝜆subscript𝑒𝔭\lambda^{e_{\mathfrak{p}}} restreint à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} est trivial ou égal à χpe𝔭superscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝑒𝔭\chi_{p}^{e_{\mathfrak{p}}} ;

  2. 2.

    en particulier λ2superscript𝜆2\lambda^{2} restreint à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} est trivial ou égal à χp2superscriptsubscript𝜒𝑝2\chi_{p}^{2}.

Lorsque p𝑝p est supérieur ou égal à 171717, il existe un unique entier a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} valant 00 ou 121212 tel que le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} restreint à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} coïncide avec χpa𝔭superscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝑎𝔭\chi_{p}^{a_{\mathfrak{p}}}.

Démonstration.

Soit K𝔭superscriptsubscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}}^{\prime} l’unique extension de K𝔭subscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}} de degré inférieur ou égal à 222 sur laquelle E𝐸E est isomorphe à une courbe de Tate (voir partie 1.1.1) ; on note I𝔭superscriptsubscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}}^{\prime} le sous-groupe d’inertie de D𝔭subscript𝐷𝔭D_{\mathfrak{p}} associé à K𝔭superscriptsubscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}}^{\prime}.

D’après [13] (proposition 13 de §1.12 et page 273 de §1.11), le caractère λ𝜆\lambda restreint au sous-groupe I𝔭superscriptsubscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}}^{\prime} est soit trivial soit égal au caractère cyclotomique χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p}. Par définition de e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} (partie 1.1.1), I𝔭superscriptsubscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}}^{\prime} est un sous-groupe d’indice e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} de I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} ; on en déduit le premier point de la proposition ; le second découle du fait que e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} est égal à 111 ou 222. ∎

Proposition 1.3.

On suppose que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔭𝔭\mathfrak{p}. Alors il existe un entier r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} compris entre 00 et e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} tel que le caractère λe𝔭superscript𝜆subscript𝑒𝔭\lambda^{e_{\mathfrak{p}}} restreint au sous-groupe d’inertie I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} coïncide avec χpr𝔭superscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝑟𝔭\chi_{p}^{r_{\mathfrak{p}}} (les couples (e𝔭,r𝔭)subscript𝑒𝔭subscript𝑟𝔭(e_{\mathfrak{p}},r_{\mathfrak{p}}) possibles, ainsi que des informations supplémentaires pour certains cas, sont rassemblés dans le tableau suivant). En particulier, lorsque p𝑝p est supérieur ou égal à 171717, il existe un unique entier a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} dans l’ensemble {0,4,6,8,12}0.4.6.8.12\{0,4,6,8,12\} tel que le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} restreint à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} coïncide avec χpa𝔭superscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝑎𝔭\chi_{p}^{a_{\mathfrak{p}}}.

e𝔭r𝔭a𝔭=12e𝔭r𝔭pj(E)Type de réduction1112200212300ordinaire4p2mod3supersingulier28312400p1mod4j(E)1728mod𝔭ordinaire26p3mod4supersingulier412p1mod4ordinaire600p1mod3ordinaire4p2mod3supersingulier48612missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝑒𝔭subscript𝑟𝔭subscript𝑎𝔭12subscript𝑒𝔭subscript𝑟𝔭𝑝𝑗𝐸Type de réductionsemi-stable en 𝔭missing-subexpression100missing-subexpressionmissing-subexpression112missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression200missing-subexpressionmissing-subexpression212missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression300𝑝modulo13𝑗𝐸modulo0𝔭ordinairemissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression14𝑝modulo23supersinguliermissing-subexpressionmissing-subexpression28missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression312𝑝modulo13ordinairemissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression400𝑝modulo14𝑗𝐸modulo1728𝔭ordinairemissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression26𝑝modulo34supersinguliermissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression412𝑝modulo14ordinairemissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression600𝑝modulo13𝑗𝐸modulo0𝔭ordinairemissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression24𝑝modulo23supersinguliermissing-subexpressionmissing-subexpression48missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression612𝑝modulo13ordinaire\begin{array}[]{| c | c | c | c | c | c |}\hline\cr\hbox{\multirowsetup$e_{\mathfrak{p}}$}&\hbox{\multirowsetup$r_{\mathfrak{p}}$}&\hbox{\multirowsetup$a_{\mathfrak{p}}=\displaystyle{\frac{12}{e_{\mathfrak{p}}}r_{\mathfrak{p}}}$}&\hbox{\multirowsetup$p$}&\hbox{\multirowsetup$j(E)$}&\text{Type de r\'{e}duction}\\ &&&&&\text{semi-stable en }\mathfrak{p}\\ \hline\cr\hbox{\multirowsetup$1$}&0&0&\hbox{\multirowsetup$-$}&\hbox{\multirowsetup$-$}&\hbox{\multirowsetup$-$}\\ \cline{2-3}\cr&1&12&&&\\ \hline\cr\hline\cr\hbox{\multirowsetup$2$}&0&0&\hbox{\multirowsetup$-$}&\hbox{\multirowsetup$-$}&\hbox{\multirowsetup$-$}\\ \cline{2-3}\cr&2&12&&&\\ \hline\cr\hline\cr\hbox{\multirowsetup$3$}&0&0&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 3&\hbox{\multirowsetup$j(E)\equiv 0\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}$}&\text{ordinaire}\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&1&4&\hbox{\multirowsetup$p\equiv 2\mkern-5.0mu\mod 3$}&&\hbox{\multirowsetup supersingulier}\\ \cline{2-3}\cr&2&8&&&\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&3&12&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 3&&\text{ordinaire}\\ \hline\cr\hline\cr\hbox{\multirowsetup$4$}&0&0&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 4&\hbox{\multirowsetup$j(E)\equiv 1728\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}$}&\text{ordinaire}\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&2&6&p\equiv 3\mkern-5.0mu\mod 4&&\text{supersingulier}\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&4&12&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 4&&\text{ordinaire}\\ \hline\cr\hline\cr\hbox{\multirowsetup$6$}&0&0&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 3&\hbox{\multirowsetup$j(E)\equiv 0\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}$}&\text{ordinaire}\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&2&4&\hbox{\multirowsetup$p\equiv 2\mkern-5.0mu\mod 3$}&&\hbox{\multirowsetup supersingulier}\\ \cline{2-3}\cr&4&8&&&\\ \cline{2-4}\cr\cline{6-6}\cr&6&12&p\equiv 1\mkern-5.0mu\mod 3&&\text{ordinaire}\\ \hline\cr\end{array}
Démonstration.

Pour l’existence et les valeurs possibles de r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} et a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} et les trois premières colonnes du tableau, on renvoie à la démonstration de la proposition 3.2 (§ 3.1) de [4] (voir aussi la remarque 1 de la partie 2 de [10]).

Pour la quatrième colonne, la démonstration de la proposition 3.2 de [4] donne qu’il existe un entier a𝔭superscriptsubscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}}^{\prime} satisfaisant la congruence e𝔭a𝔭r𝔭modp1subscript𝑒𝔭superscriptsubscript𝑎𝔭modulosubscript𝑟𝔭𝑝1e_{\mathfrak{p}}a_{\mathfrak{p}}^{\prime}\equiv r_{\mathfrak{p}}\mod p-1. Alors :

  • \bullet

    si 333 divise e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} et r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} (couples (3,0)3.0(3,0)(3,3)3.3(3,3)(6,0)6.0(6,0) et (6,6)6.6(6,6)), alors 333 divise p1𝑝1p-1, donc p𝑝p est congru à 111 modulo 333 ;

  • \bullet

    si 333 divise e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} et ne divise pas r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} (couples (3,1)3.1(3,1)(3,2)3.2(3,2)(6,2)6.2(6,2) et (6,4)6.4(6,4)), alors 333 ne divise pas p1𝑝1p-1, donc p𝑝p est congru à 222 modulo 333 ;

  • \bullet

    si e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} est égal à 444 et divise r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} (couples (4,0)4.0(4,0) et (4,4)4.4(4,4)), alors 444 divise p1𝑝1p-1 donc p𝑝p est congru à 111 modulo 444 ;

  • \bullet

    si e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} est égal à 444 et ne divise pas r𝔭subscript𝑟𝔭r_{\mathfrak{p}} (couple (4,2)4.2(4,2)), alors 444 ne divise pas p1𝑝1p-1 donc p𝑝p est congru à 333 modulo 444.

Pour la cinquième colonne, la discussion de la partie 1.1.2 donne :

  • \bullet

    si e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} est égal à 444, alors j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 172817281728 modulo 𝔭𝔭\mathfrak{p} ;

  • \bullet

    si 333 divise e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}}, alors j(E)𝑗𝐸j(E) est congru à 00 modulo 𝔭𝔭\mathfrak{p}.

Enfin, la dernière colonne résulte de la détermination de l’invariant de Hasse des courbes d’invariant j𝑗j égal 00 ou 172817281728 sur un corps fini de caractéristique p𝑝p (supérieur ou égal à 555 ; voir [15], §V.4, exemples 4.4 et 4.5). En effet, soit k𝑘k un corps fini de caractéristique p𝑝p ; alors :

  • \bullet

    la courbe elliptique définie sur k𝑘k par l’équation y2=x3+1superscript𝑦2superscript𝑥31y^{2}=x^{3}+1, d’invariant j𝑗j égal à 00, est ordinaire si et seulement si p𝑝p est congru à 111 modulo 333 ;

  • \bullet

    la courbe elliptique définie sur k𝑘k par l’équation y2=x3+xsuperscript𝑦2superscript𝑥3𝑥y^{2}=x^{3}+x, d’invariant j𝑗j égal à 172817281728, est ordinaire si et seulement si p𝑝p est congru à 111 modulo 444.

1.3 Ramification et action du frobenius aux places hors de p𝑝p

Soient q𝑞q un nombre premier rationnel différent de p𝑝p et 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de q𝑞q.

1.3.1 Lorsque j(E)𝑗𝐸j(E) n’est pas entier en 𝔮𝔮\mathfrak{q}

Proposition 1.4.

On suppose que E𝐸E a potentiellement réduction multiplicative en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Alors :

  1. 1.

    le groupe λ(I𝔮)𝜆subscript𝐼𝔮\lambda(I_{\mathfrak{q}}) est d’ordre e𝔮subscript𝑒𝔮e_{\mathfrak{q}} ; en particulier, le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} est non ramifié en 𝔮𝔮\mathfrak{q} ;

  2. 2.

    λ2(σ𝔮)superscript𝜆2subscript𝜎𝔮\lambda^{2}(\sigma_{\mathfrak{q}}) vaut 111 ou (N𝔮)2superscript𝑁𝔮2(N\mathfrak{q})^{2} modulo p𝑝p.

Démonstration.

La proposition 3.3 (§3.2.1) de [4] donne la deuxième assertion et que λ(I𝔮)𝜆subscript𝐼𝔮\lambda(I_{\mathfrak{q}}) est d’ordre au plus 222. Comme e𝔮subscript𝑒𝔮e_{\mathfrak{q}} est égal à 111 ou 222 (voir partie 1.1.1), il ne reste qu’à prouver qu’on ne peut avoir à la fois e𝔮subscript𝑒𝔮e_{\mathfrak{q}} égal à 222 et λ(I𝔮)𝜆subscript𝐼𝔮\lambda(I_{\mathfrak{q}}) trivial.

Supposons par l’absurde que c’est le cas. Alors, avec les notations de la partie 1.1E𝐸E a mauvaise réduction additive sur K𝔮subscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}} et l’extension Kλ/Ksuperscript𝐾𝜆𝐾K^{\lambda}/K est non ramifiée en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Ceci implique qu’en toute place de Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} au-dessus de 𝔮𝔮\mathfrak{q}E𝐸E a mauvaise réduction additive ([15] §VII.5 proposition 5.4). On obtient alors une contradiction avec le lemme 1. ∎

1.3.2 Lorsque j(E)𝑗𝐸j(E) est entier en 𝔮𝔮\mathfrak{q}

On suppose dans cette partie que l’invariant j𝑗j de E𝐸E est entier en 𝔮𝔮\mathfrak{q}, c’est-à-dire que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

La proposition suivante résulte de la discussion de la partie 1.1.2.

Proposition 1.5.

On suppose que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Alors le groupe λ(I𝔮)𝜆subscript𝐼𝔮\lambda(I_{\mathfrak{q}}) est d’ordre e𝔮subscript𝑒𝔮e_{\mathfrak{q}} ; en particulier, le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} est non ramifié en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

La proposition suivante est le théorème 3 (§2) de [14].

Proposition 1.6.

On suppose que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Alors le polynôme caractéristique de l’action de σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}} sur le module de Tate en p𝑝p de E𝐸E est à coefficients dans \mathbb{Z} (et indépendant de p𝑝p) ; ses racines ont pour valeur absolue complexe N𝔮𝑁𝔮\sqrt{N\mathfrak{q}}.

Notations 1.7.
  1. 1.

    On note P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) le polynôme caractéristique de l’action de σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}} sur le module de Tate en p𝑝p de E𝐸E. Comme le déterminant de la représentation de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} sur le module de Tate en p𝑝p de E𝐸E est le caractère cyclotomique (à valeurs dans p×superscriptsubscript𝑝\mathbb{Z}_{p}^{\times}), P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) est de la forme X2T𝔮X+N𝔮superscript𝑋2subscript𝑇𝔮𝑋𝑁𝔮X^{2}-T_{\mathfrak{q}}X+N\mathfrak{q} avec T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} un entier de valeur absolue inférieure ou égale à 2N𝔮2𝑁𝔮2\sqrt{N\mathfrak{q}}. Son discriminant T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} est donc un entier négatif et ses racines sont conjuguées complexes l’une de l’autre.

  2. 2.

    On note L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} le sous-corps engendré dans \mathbb{C} par les racines de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) ; le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est soit \mathbb{Q} soit un corps quadratique imaginaire.

Proposition 1.8.

On suppose que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Soit 𝒫𝔮superscript𝒫𝔮\mathcal{P}^{\mathfrak{q}} un idéal premier de L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} au-dessus de p𝑝p. Alors les images dans 𝒪L𝔮/𝒫𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮superscript𝒫𝔮\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}/\mathcal{P}^{\mathfrak{q}} des racines de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) sont dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times} ; il existe une racine β𝔮subscript𝛽𝔮\beta_{\mathfrak{q}} de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) vérifiant :

(λ(σ𝔮),(χpλ1)(σ𝔮))=(β𝔮mod𝒫𝔮,β𝔮¯mod𝒫𝔮).𝜆subscript𝜎𝔮subscript𝜒𝑝superscript𝜆1subscript𝜎𝔮modulosubscript𝛽𝔮superscript𝒫𝔮modulo¯subscript𝛽𝔮superscript𝒫𝔮\left(\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}}),\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)(\sigma_{\mathfrak{q}})\right)=\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}},\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}\right).
Démonstration.

Soit P𝔮~(X)~subscript𝑃𝔮𝑋\widetilde{P_{\mathfrak{q}}}(X) la réduction modulo p𝑝p de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X). Alors P𝔮~(X)~subscript𝑃𝔮𝑋\widetilde{P_{\mathfrak{q}}}(X) est le polynôme caractéristique de φE,p(σ𝔮)subscript𝜑𝐸𝑝subscript𝜎𝔮\varphi_{E,p}(\sigma_{\mathfrak{q}}) ; il est donc scindé dans 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p} et ses racines sont λ(σ𝔮)𝜆subscript𝜎𝔮\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}}) et χpλ1(σ𝔮)subscript𝜒𝑝superscript𝜆1subscript𝜎𝔮\chi_{p}\lambda^{-1}(\sigma_{\mathfrak{q}}). D’autre part, P𝔮~(X)~subscript𝑃𝔮𝑋\widetilde{P_{\mathfrak{q}}}(X) est aussi la réduction modulo 𝒫𝔮superscript𝒫𝔮\mathcal{P}^{\mathfrak{q}} de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X), dont les racines dans le corps 𝒪L𝔮/𝒫𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮superscript𝒫𝔮\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}/\mathcal{P}^{\mathfrak{q}} sont les classes modulo 𝒫𝔮superscript𝒫𝔮\mathcal{P}^{\mathfrak{q}} des racines de P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}. ∎

Remarques 1.9.
  1. 1.

    Le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est égal à \mathbb{Q} si et seulement si le discriminant T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} est nul ; lorsque c’est le cas, P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) a une racine double, appartenant à \mathbb{Z}, égale à T𝔮/2subscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}/2 et N𝔮𝑁𝔮N\mathfrak{q} est le carré de T𝔮/2subscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}/2 ; ceci implique notamment que le degré résiduel de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est pair et que E𝐸E a potentiellement bonne réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

  2. 2.

    Plus généralement, la courbe E𝐸E a potentiellement bonne réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q} si et seulement si q𝑞q divise T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}}. Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} est de degré 111 dans K/𝐾K/\mathbb{Q}q𝑞q divise T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} si et seulement si ((T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} = 0) ou (q=2𝑞2q=2 et (T𝔮=0subscript𝑇𝔮0T_{\mathfrak{q}}=0222 ou 22-2)) ou (q=3𝑞3q=3 et (T𝔮=0subscript𝑇𝔮0T_{\mathfrak{q}}=0333 ou 33-3)).

  3. 3.

    Le polynôme caractéristique de φE,p(σ𝔮)subscript𝜑𝐸𝑝subscript𝜎𝔮\varphi_{E,p}(\sigma_{\mathfrak{q}}) est scindé dans 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p} et égal à P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) modulo p𝑝p ; l’entier T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} est donc un carré modulo p𝑝p. On en déduit que soit p𝑝p divise T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q}, soit L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est un corps quadratique imaginaire dans lequel p𝑝p est décomposé (les deux cas ne s’excluant pas).

2 Compatibilité en et hors de p𝑝p

Notations 2.1.

Dans toute la suite du texte, on note μ𝜇\mu la puissance douzième du caractère d’isogénie λ𝜆\lambda ; on rappelle (notations 1.1) que Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} désigne l’extension abélienne de K𝐾K trivialisant le caractère λ𝜆\lambda et on note Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} l’extension de K𝐾K trivialisant μ𝜇\mu. Le corps Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} est inclus dans le corps Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} et l’extension Kλ/Kμsuperscript𝐾𝜆superscript𝐾𝜇K^{\lambda}/K^{\mu} est cyclique, de degré divisant le pgcd de 121212 et p1𝑝1p-1 ; l’extension Kμ/Ksuperscript𝐾𝜇𝐾K^{\mu}/K est cyclique et d’ordre divisant p1𝑝1p-1. On note μ¯¯𝜇\overline{\mu} le morphisme de groupes injectif du groupe de Galois Gal(Kμ/K)Galsuperscript𝐾𝜇𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mu}/K) dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times} induit par μ𝜇\mu.

2.1 Théorie du corps de classes pour le caractère μ𝜇\mu

La théorie du corps de classes globale appliquée à l’extension abélienne Kμ/Ksuperscript𝐾𝜇𝐾K^{\mu}/K fournit un morphisme de groupes du groupe des idèles de K𝐾K dans le groupe de Galois Gal(Kμ/K)Galsuperscript𝐾𝜇𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mu}/K) qui est continu, surjectif et trivial sur les idèles diagonales. On note r𝑟r ce morphisme.

Notations 2.2.

On note 𝔸K×subscriptsuperscript𝔸𝐾\mathbb{A}^{\times}_{K} le groupe des idèles de K𝐾K. Soit ν𝜈\nu une place (finie ou infinie) de K𝐾K. On note Kνsubscript𝐾𝜈K_{\nu} le complété de K𝐾K en ν𝜈\nu et rνsubscript𝑟𝜈r_{\nu} la composée de l’injection de Kν×superscriptsubscript𝐾𝜈K_{\nu}^{\times} dans les idèles 𝔸K×subscriptsuperscript𝔸𝐾\mathbb{A}^{\times}_{K} et de l’application de réciprocité r𝑟r introduite ci-dessus. Lorsque ν𝜈\nu est une place finie, on note UKνsubscript𝑈subscript𝐾𝜈U_{K_{\nu}} les unités du corps local Kνsubscript𝐾𝜈K_{\nu} ; dans ce cas, on utilise indifféremment en indice la place ν𝜈\nu et l’idéal maximal de K𝐾K qui lui correspond.

2.1.1 En une place infinie

Soit ν𝜈\nu une place infinie de K𝐾K ; alors l’application rνsubscript𝑟𝜈r_{\nu} est triviale.

En effet, soit rνsubscriptsuperscript𝑟𝜈r^{\prime}_{\nu} le morphisme de groupes de Kν×subscriptsuperscript𝐾𝜈K^{\times}_{\nu} dans Gal(Kλ/K)Galsuperscript𝐾𝜆𝐾\mathrm{Gal}(K^{\lambda}/K) associé de manière analogue à l’extension abélienne Kλ/Ksuperscript𝐾𝜆𝐾K^{\lambda}/K. Alors rνsubscript𝑟𝜈r_{\nu} est égale à la puissance douzième de la composée de rνsubscriptsuperscript𝑟𝜈r^{\prime}_{\nu} et de la surjection naturelle de Gal(Kλ/K)Galsuperscript𝐾𝜆𝐾\mathrm{Gal}(K^{\lambda}/K) dans Gal(Kμ/K)Galsuperscript𝐾𝜇𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mu}/K). Comme ν𝜈\nu est une place infinie, l’application rνsubscriptsuperscript𝑟𝜈r^{\prime}_{\nu} a pour image un groupe d’ordre divisant 222 ; on en déduit que rνsubscript𝑟𝜈r_{\nu} est triviale.

2.1.2 En une place hors de p𝑝p

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal maximal de K𝐾K qui n’est pas au-dessus de p𝑝p.

D’après l’étude locale menée dans la partie 1, l’extension Kμ/Ksuperscript𝐾𝜇𝐾K^{\mu}/K est non ramifiée en 𝔮𝔮\mathfrak{q} (propositions 1.4 et 1.5). Ceci implique que l’application r𝔮subscript𝑟𝔮r_{\mathfrak{q}} est triviale sur les unités UK𝔮subscript𝑈subscript𝐾𝔮U_{K_{\mathfrak{q}}}. Soit σ¯𝔮subscript¯𝜎𝔮\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}} la restriction de σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}} à Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} ; alors σ¯𝔮subscript¯𝜎𝔮\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}} est l’unique élément de Frobenius de Gal(Kμ/K)Galsuperscript𝐾𝜇𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mu}/K) associé à 𝔮𝔮\mathfrak{q} ; l’application r𝔮subscript𝑟𝔮r_{\mathfrak{q}} envoie toute uniformisante de K𝔮subscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}} sur σ¯𝔮subscript¯𝜎𝔮\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}.

2.1.3 En une place au-dessus de p𝑝p

Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de p𝑝p ; alors le morphisme μ¯r𝔭¯𝜇subscript𝑟𝔭\overline{\mu}\circ r_{\mathfrak{p}} coïncide sur les unités UK𝔭subscript𝑈subscript𝐾𝔭U_{K_{\mathfrak{p}}} avec la composée suivante :

UK𝔭NK𝔭/pUpmodulo préduction𝔽p×à la puissance a𝔭élévation𝔽p×.subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝subscript𝑈subscript𝐾𝔭subscript𝑈subscript𝑝modulo 𝑝réductionsuperscriptsubscript𝔽𝑝à la puissance subscript𝑎𝔭élévationsuperscriptsubscript𝔽𝑝U_{K_{\mathfrak{p}}}\xrightarrow{N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}}U_{\mathbb{Q}_{p}}\xrightarrow[\text{modulo }p]{\text{r\'{e}duction}}\mathbb{F}_{p}^{\times}\xrightarrow[\text{\`{a} la puissance }-a_{\mathfrak{p}}]{\text{\'{e}l\'{e}vation}}\mathbb{F}_{p}^{\times}.

2.2 Loi de réciprocité pour le caractère μ𝜇\mu

Notations 2.3.

Pour toute place ν𝜈\nu de K𝐾K, on note ινsubscript𝜄𝜈\iota_{\nu} le plongement de K𝐾K dans le complété Kνsubscript𝐾𝜈K_{\nu}. Pour tout idéal maximal 𝔏𝔏\mathfrak{L} de K𝐾K, on note val𝔏subscriptval𝔏\mathrm{val}_{\mathfrak{L}} la valuation de K𝐾K associée à 𝔏𝔏\mathfrak{L} dont l’image est \mathbb{Z}.

Proposition 2.4.

Soient α𝛼\alpha un élément de K𝐾K non nul et premier à p𝑝p et 𝔮p𝔮val𝔮(α)subscriptproductnot-divides𝔮𝑝superscript𝔮subscriptval𝔮𝛼\prod_{\mathfrak{q}\nmid p}\mathfrak{q}^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)} la décomposition de l’idéal fractionnaire α𝒪K𝛼subscript𝒪𝐾\alpha\mathcal{O}_{K} en produit d’idéaux premiers de K𝐾K. Alors on a :

𝔮pμ(σ𝔮)val𝔮(α)=𝔭|pNK𝔭/p(ι𝔭(α))a𝔭modp.subscriptproductnot-divides𝔮𝑝𝜇superscriptsubscript𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼modulosubscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼subscript𝑎𝔭𝑝\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid p}\mu\left(\sigma_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}=\prod_{\mathfrak{p}|p}N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{a_{\mathfrak{p}}}\mkern-5.0mu\mod p.
Démonstration.

L’image par r𝑟r de l’idèle principale (ιν(α))νsubscriptsubscript𝜄𝜈𝛼𝜈(\iota_{\nu}(\alpha))_{\nu} est triviale. On détermine l’image de ιν(α)subscript𝜄𝜈𝛼\iota_{\nu}(\alpha) par μ¯rν¯𝜇subscript𝑟𝜈\overline{\mu}\circ r_{\nu} pour les différentes places ν𝜈\nu de K𝐾K en utilisant la partie 2.1.

  • \bullet

    Si ν𝜈\nu est une place infinie de K𝐾K, l’application rνsubscript𝑟𝜈r_{\nu} est triviale, donc μ¯rν(ιν(α))¯𝜇subscript𝑟𝜈subscript𝜄𝜈𝛼\overline{\mu}\circ r_{\nu}(\iota_{\nu}(\alpha)) l’est également.

  • \bullet

    Si 𝔮𝔮\mathfrak{q} est un idéal maximal de K𝐾K premier à p𝑝p, alors ι𝔮(α)subscript𝜄𝔮𝛼\iota_{\mathfrak{q}}(\alpha) est un élément de K𝔮×superscriptsubscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}}^{\times} de valuation val𝔮(α)subscriptval𝔮𝛼\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha) ; son image par r𝔮subscript𝑟𝔮r_{\mathfrak{q}} est σ¯𝔮val𝔮(α)superscriptsubscript¯𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)} et son image par μ¯r𝔮¯𝜇subscript𝑟𝔮\overline{\mu}\circ r_{\mathfrak{q}} est μ¯(σ¯𝔮)val𝔮(α)¯𝜇superscriptsubscript¯𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼\overline{\mu}\left(\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}.

  • \bullet

    Si 𝔭𝔭\mathfrak{p} est un idéal maximal de K𝐾K au-dessus de p𝑝p, alors, α𝛼\alpha étant supposé premier à p𝑝pι𝔭(α)subscript𝜄𝔭𝛼\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha) est une unité de K𝔭subscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}} ; on a donc μ¯r𝔭(ι𝔭(α))=NK𝔭/p(ι𝔭(α))a𝔭modp¯𝜇subscript𝑟𝔭subscript𝜄𝔭𝛼modulosubscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼subscript𝑎𝔭𝑝\overline{\mu}\circ r_{\mathfrak{p}}(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha))=N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha))^{-a_{\mathfrak{p}}}\mkern-5.0mu\mod p.

Finalement on a (tous les produits étant finis) :

1=μ¯r((ιν(α))ν)=μ¯(νrν(ιν(α)))=νμ¯rν(ιν(α))=ν|1×𝔮pμ¯r𝔮(ι𝔮(α))×𝔭|pμ¯r𝔭(ι𝔭(α))=𝔮pμ¯(σ¯𝔮)val𝔮(α)×𝔭|p(NK𝔭/𝔭(ι𝔭(α))a𝔭modp)=𝔮pμ¯(σ¯𝔮)val𝔮(α)×((𝔭|pNK𝔭/𝔭(ι𝔭(α))a𝔭)modp)1.1¯𝜇𝑟subscriptsubscript𝜄𝜈𝛼𝜈missing-subexpression¯𝜇subscriptproduct𝜈subscript𝑟𝜈subscript𝜄𝜈𝛼missing-subexpressionsubscriptproduct𝜈¯𝜇subscript𝑟𝜈subscript𝜄𝜈𝛼missing-subexpressionsubscriptproductconditional𝜈1subscriptproductnot-divides𝔮𝑝¯𝜇subscript𝑟𝔮subscript𝜄𝔮𝛼subscriptproductconditional𝔭𝑝¯𝜇subscript𝑟𝔭subscript𝜄𝔭𝛼missing-subexpressionsubscriptproductnot-divides𝔮𝑝¯𝜇superscriptsubscript¯𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼subscriptproductconditional𝔭𝑝modulosubscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝔭superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼subscript𝑎𝔭𝑝missing-subexpressionsubscriptproductnot-divides𝔮𝑝¯𝜇superscriptsubscript¯𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼superscriptmodulosubscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝔭superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼subscript𝑎𝔭𝑝1\begin{array}[]{r c l}1&=&\overline{\mu}\circ r\left(\left(\iota_{\nu}(\alpha)\right)_{\nu}\right)\\ &=&\overline{\mu}\left(\prod\limits_{\nu}r_{\nu}\left(\iota_{\nu}(\alpha)\right)\right)\\ &=&\prod\limits_{\nu}\overline{\mu}\circ r_{\nu}\left(\iota_{\nu}(\alpha)\right)\\ &=&\prod\limits_{\nu|\infty}1\times\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid p}\overline{\mu}\circ r_{\mathfrak{q}}\left(\iota_{\mathfrak{q}}(\alpha)\right)\times\prod\limits_{\mathfrak{p}|p}\overline{\mu}\circ r_{\mathfrak{p}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)\\ &=&\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid p}\overline{\mu}\left(\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}\times\prod\limits_{\mathfrak{p}|p}\left(N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{\mathfrak{p}}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{-a_{\mathfrak{p}}}\mkern-5.0mu\mod p\right)\\ &=&\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid p}\overline{\mu}\left(\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}\times\left(\left(\prod\limits_{\mathfrak{p}|p}N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{\mathfrak{p}}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{a_{\mathfrak{p}}}\right)\mkern-5.0mu\mod p\right)^{-1}.\\ \end{array}

Avec l’égalité μ(σ𝔮)=μ¯(σ¯𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮¯𝜇subscript¯𝜎𝔮\mu\left(\sigma_{\mathfrak{q}}\right)=\overline{\mu}\left(\overline{\sigma}_{\mathfrak{q}}\right) pour tout idéal maximal de K𝐾K premier à p𝑝p, on obtient le résultat de la proposition. ∎

Notations 2.5.
  1. 1.

    Dans tout la suite du texte, on suppose que l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est galoisienne ; on note G𝐺G son groupe de Galois.

  2. 2.

    On fixe également pour toute la suite du texte un idéal 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} de K𝐾K au-dessus de p𝑝p.

  3. 3.

    Pour tout élément τ𝜏\tau de G𝐺G, on note aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} l’entier a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} associé à l’idéal 𝔭=τ1(𝔭0)𝔭superscript𝜏1subscript𝔭0\mathfrak{p}=\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0}).

  4. 4.

    On note 𝒩𝒩\mathcal{N} l’application de K𝐾K dans lui-même qui envoie un élément α𝛼\alpha sur la norme tordue par les entiers (aτ)τGsubscriptsubscript𝑎𝜏𝜏𝐺(a_{\tau})_{\tau\in G} : 𝒩(α)=τGτ(α)aτ𝒩𝛼subscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝛼subscript𝑎𝜏\mathcal{N}(\alpha)=\prod_{\tau\in G}\tau(\alpha)^{a_{\tau}}. On note que l’application 𝒩𝒩\mathcal{N} préserve K×superscript𝐾K^{\times}𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} et les éléments de K𝐾K premiers à p𝑝p.

Avec ces notations, la proposition 2.4 admet la reformulation globale suivante (qui redonne le lemme 1 du §2 de [10]).

Proposition 2.6.

Soient α𝛼\alpha un élément de K𝐾K non nul et premier à p𝑝p et 𝔮p𝔮val𝔮(α)subscriptproductnot-divides𝔮𝑝superscript𝔮subscriptval𝔮𝛼\prod_{\mathfrak{q}\nmid p}\mathfrak{q}^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)} la décomposition de l’idéal fractionnaire α𝒪K𝛼subscript𝒪𝐾\alpha\mathcal{O}_{K} en produit d’idéaux premiers de K𝐾K. Alors on a :

𝔮pμ(σ𝔮)val𝔮(α)=ι𝔭0(𝒩(α))mod𝔭0.subscriptproductnot-divides𝔮𝑝𝜇superscriptsubscript𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼modulosubscript𝜄subscript𝔭0𝒩𝛼subscript𝔭0\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid p}\mu\left(\sigma_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}=\iota_{\mathfrak{p}_{0}}\left(\mathcal{N}(\alpha)\right)\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{0}.
Démonstration.

On vérifie que l’élément 𝔭|pNK𝔭/p(ι𝔭(α))a𝔭subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼subscript𝑎𝔭\prod_{\mathfrak{p}|p}N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{a_{\mathfrak{p}}} de psubscript𝑝\mathbb{Z}_{p} est l’image par l’injection canonique ι𝔭0subscript𝜄subscript𝔭0\iota_{\mathfrak{p}_{0}} de K𝐾K dans son complété K𝔭0subscript𝐾subscript𝔭0K_{\mathfrak{p}_{0}} de l’élément τGτ(α)aτsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝛼subscript𝑎𝜏\prod_{\tau\in G}\tau(\alpha)^{a_{\tau}} de K𝐾K. ∎

2.3 Une borne pour la hauteur des associés d’un entier

Notation 2.7.

Soit α𝛼\alpha un élément non nul de K𝐾K. On note HH\mathrm{H} la hauteur absolue de α𝛼\alpha définie par

H(α)=(ν place de Kmax(1,|α|ν))1/dK,H𝛼superscriptsubscriptproduct𝜈 place de 𝐾1subscript𝛼𝜈1subscript𝑑𝐾\mathrm{H}(\alpha)=\left(\prod\limits_{\nu\text{ place de }K}\max\left(1,\left|\alpha\right|_{\nu}\right)\right)^{1/d_{K}},

avec les normalisations suivantes pour les valeurs absolues ||ν|\cdot|_{\nu} :

  • \bullet

    si ν𝜈\nu est une place réelle, correspondant à un élément τ𝜏\tau de G𝐺G, on pose ||ν=|τ()||\cdot|_{\nu}=|\tau(\cdot)|_{\mathbb{C}} ;

  • \bullet

    si ν𝜈\nu est une place complexe, correspondant à un élément τ𝜏\tau de G𝐺G, on pose ||ν=|τ()|2|\cdot|_{\nu}=|\tau(\cdot)|^{2}_{\mathbb{C}} ;

  • \bullet

    si ν𝜈\nu est une place finie, correspondant à un idéal maximal 𝔏𝔏\mathfrak{L} de K𝐾K, on pose ||ν=(N𝔏)val𝔏()|\cdot|_{\nu}=(N\mathfrak{L})^{-\mathrm{val}_{\mathfrak{L}}(\cdot)}.

On remarque que lorsque α𝛼\alpha est entier dans K𝐾K, les seules places apportant une contribution non triviale dans le produit définissant H(α)H𝛼\mathrm{H}(\alpha) sont les places infinies.

Lemme 2.

Soit α𝛼\alpha un élément non nul de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} ; alors, pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺G, on a :

|τ(𝒩(α))|H(α)12dK.subscript𝜏𝒩𝛼Hsuperscript𝛼12subscript𝑑𝐾\left|\tau\left(\mathcal{N}(\alpha)\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq\mathrm{H}(\alpha)^{12d_{K}}.
Démonstration.

Soit τ𝜏\tau dans G𝐺G fixé ; on a :

τ(𝒩(α))=τ(τGτ(α)aτ)=τGτ(α)aτ1τ,𝜏𝒩𝛼𝜏subscriptproductsuperscript𝜏𝐺superscript𝜏superscript𝛼subscript𝑎superscript𝜏subscriptproductsuperscript𝜏𝐺superscript𝜏superscript𝛼subscript𝑎superscript𝜏1superscript𝜏\tau\left(\mathcal{N}(\alpha)\right)=\tau\left(\prod\limits_{\tau^{\prime}\in G}\tau^{\prime}(\alpha)^{a_{\tau^{\prime}}}\right)=\prod\limits_{\tau^{\prime}\in G}\tau^{\prime}(\alpha)^{a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}}},

Pour tout τsuperscript𝜏\tau^{\prime} dans G𝐺G, on a (aτ1τsubscript𝑎superscript𝜏1superscript𝜏a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}} étant un entier compris entre 00 et 121212)) :

|τ(α)|aτ1τ(max(1,|τ(α)|))aτ1τ(max(1,|τ(α)|))12.superscriptsubscriptsuperscript𝜏𝛼subscript𝑎superscript𝜏1superscript𝜏superscript1subscriptsuperscript𝜏𝛼subscript𝑎superscript𝜏1superscript𝜏superscript1subscriptsuperscript𝜏𝛼12\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}^{a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}}}\leq\left(\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)\right)^{a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}}}\leq\left(\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)\right)^{12}.

Comme le corps K𝐾K est supposé galoisien sur \mathbb{Q}, ses places infinies sont soit toutes réelles, soit toutes complexes.

Lorsque toutes les places de K𝐾K sont réelles, il y en a exactement dKsubscript𝑑𝐾d_{K}, qui correspondent bijectivement aux éléments de G𝐺G ; on a alors :

|τ(𝒩(α))|=τG|τ(α)|aτ1τ(τGmax(1,|τ(α)|))12(ν|max(1,|α|ν))12=H(α)12dK.subscript𝜏𝒩𝛼subscriptproductsuperscript𝜏𝐺superscriptsubscriptsuperscript𝜏𝛼subscript𝑎superscript𝜏1superscript𝜏superscriptsubscriptproductsuperscript𝜏𝐺1subscriptsuperscript𝜏𝛼12missing-subexpressionsuperscriptsubscriptproductconditional𝜈1subscript𝛼𝜈12Hsuperscript𝛼12subscript𝑑𝐾\begin{array}[]{r c l}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\alpha)\right)\right|_{\mathbb{C}}=\prod\limits_{\tau^{\prime}\in G}\left|\tau^{\prime}(\alpha)\right|_{\mathbb{C}}^{a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}}}&\leq&\left(\prod\limits_{\tau^{\prime}\in G}\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)\right)^{12}\\ &\leq&\left(\prod\limits_{\nu|\infty}\max\left(1,\left|\alpha\right|_{\nu}\right)\right)^{12}=\mathrm{H}(\alpha)^{12d_{K}}.\\ \end{array}

Lorsque toutes les places de K𝐾K sont complexes, le degré dKsubscript𝑑𝐾d_{K} de K𝐾K sur \mathbb{Q} est pair et la conjugaison complexe induit dans G𝐺G un élément c𝑐c d’ordre 222. Le corps K𝐾K a exactement dK/2subscript𝑑𝐾2d_{K}/2 places infinies ; deux éléments de G𝐺G définissent la même place infinie si et seulement s’ils sont égaux ou conjugués complexes l’un de l’autre. On fixe un système G~~𝐺\widetilde{G} de représentants de G𝐺G modulo le sous-groupe d’ordre 222 engendré par c𝑐c. On a alors :

|τ(𝒩(α))|=τG~|τ(α)|aτ1τ|cτ(α)|aτ1cτ(τG~max(1,|τ(α)|)max(1,|cτ(α)|))12(τG~max(1,|τ(α)|)2)12(τG~max(1,|τ(α)|2))12(ν|max(1,|α|ν))12=H(α)12dK.\begin{array}[]{r c l}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\alpha)\right)\right|_{\mathbb{C}}&=&\prod\limits_{\tau^{\prime}\in\widetilde{G}}\left|\tau^{\prime}(\alpha)\right|_{\mathbb{C}}^{a_{\tau^{-1}\tau^{\prime}}}\left|c\tau^{\prime}(\alpha)\right|_{\mathbb{C}}^{a_{\tau^{-1}c\tau^{\prime}}}\\ &\leq&\left(\prod\limits_{\tau^{\prime}\in\widetilde{G}}\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)\max\left(1,\left|c\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)\right)^{12}\\ &\leq&\left(\prod\limits_{\tau^{\prime}\in\widetilde{G}}\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|_{\mathbb{C}}\right)^{2}\right)^{12}\\ &\leq&\left(\prod\limits_{\tau^{\prime}\in\widetilde{G}}\max\left(1,\left|\tau^{\prime}\left(\alpha\right)\right|^{2}_{\mathbb{C}}\right)\right)^{12}\\ &\leq&\left(\prod\limits_{\nu|\infty}\max\left(1,\left|\alpha\right|_{\nu}\right)\right)^{12}=\mathrm{H}(\alpha)^{12d_{K}}.\\ \end{array}

Notations 2.8.

Suivant [2], on note :

  • \bullet

    RKsubscript𝑅𝐾R_{K} le régulateur de K𝐾K ;

  • \bullet

    rKsubscript𝑟𝐾r_{K} le rang du groupe des unités de K𝐾K (rKsubscript𝑟𝐾r_{K} vaut dK1subscript𝑑𝐾1d_{K}-1 si K𝐾K est totalement réel et dK21subscript𝑑𝐾21\frac{d_{K}}{2}-1 sinon) ;

  • \bullet

    δKsubscript𝛿𝐾\delta_{K} un réel strictement positif minorant dKln(H(α))subscript𝑑𝐾H𝛼d_{K}\ln\left(\mathrm{H}(\alpha)\right) pour tout élément non nul α𝛼\alpha de K𝐾K qui n’est pas une racine de l’unité ; si dKsubscript𝑑𝐾d_{K} vaut 111 ou 222, on peut prendre δKsubscript𝛿𝐾\delta_{K} égal à ln2rK+12subscript𝑟𝐾1\frac{\ln 2}{r_{K}+1} ; si dKsubscript𝑑𝐾d_{K} est supérieur ou égal à 333, on peut prendre δKsubscript𝛿𝐾\delta_{K} égal à 153dKln(6dK)153subscript𝑑𝐾6subscript𝑑𝐾\frac{1}{53d_{K}\ln(6d_{K})} ou 11201(ln(lndK)lndK)311201superscriptsubscript𝑑𝐾subscript𝑑𝐾3\frac{1}{1201}\left(\frac{\ln\left(\ln d_{K}\right)}{\ln d_{K}}\right)^{3}.

Définition 2.9 (Borne C1(K)subscript𝐶1𝐾C_{1}(K)).

On pose :

C1(K)=rKrK+1δK(rK1)2.subscript𝐶1𝐾superscriptsubscript𝑟𝐾subscript𝑟𝐾1superscriptsubscript𝛿𝐾subscript𝑟𝐾12C_{1}(K)=\frac{r_{K}^{r_{K}+1}\delta_{K}^{-(r_{K}-1)}}{2}.

On remarque que C1(K)subscript𝐶1𝐾C_{1}(K) peut s’exprimer en n’utilisant que le degré dKsubscript𝑑𝐾d_{K} de K𝐾K sur \mathbb{Q}. Avec ces notations, le lemme 222 (partie 333) de [2] s’écrit de la manière suivante.

Lemme 3.

Pour tout élément non nul α𝛼\alpha de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}, il existe une unité u𝑢u de K𝐾K vérifiant :

H(uα)|NK/(α)|1/dKexp(C1(K)RK).H𝑢𝛼superscriptsubscript𝑁𝐾𝛼1subscript𝑑𝐾subscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾\mathrm{H}(u\alpha)\leq\left|N_{K/\mathbb{Q}}(\alpha)\right|^{1/d_{K}}\exp\left(C_{1}(K)R_{K}\right).

2.4 Type de réduction en une place hors de p𝑝p et action de l’inertie en p𝑝p

Dans cette partie, on suit le raisonnement de la partie 2 de [10] pour établir un lien entre les actions sur le groupe d’isogénie du frobenius en une place hors de p𝑝p d’une part et des sous-groupes d’inertie aux places au-dessus de p𝑝p d’autre part ; ce lien est valide lorsque p𝑝p est pris strictement plus grand qu’une borne dont on détermine une forme explicite.

Définition 2.10 (Borne C2(K)subscript𝐶2𝐾C_{2}(K)).

On définit :

C2(K)=exp(12dKC1(K)RK).subscript𝐶2𝐾12subscript𝑑𝐾subscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾C_{2}(K)=\exp\left(12d_{K}C_{1}(K)R_{K}\right).

On remarque que le nombre réel C2(K)subscript𝐶2𝐾C_{2}(K) ne dépend que du degré et du régulateur de K𝐾K. On rappelle (notations de l’introduction) que hKsubscript𝐾h_{K} désigne le nombre de classes d’idéaux de K𝐾K.

Proposition 2.11.

Soit 𝔏𝔏\mathfrak{L} un idéal maximal de K𝐾K. Il existe un générateur γ𝔏subscript𝛾𝔏\gamma_{\mathfrak{L}} de 𝔏hKsuperscript𝔏subscript𝐾\mathfrak{L}^{h_{K}} satisfaisant pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺G :

|τ(𝒩(γ𝔏))|(N𝔏)12hKC2(K).subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔏superscript𝑁𝔏12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{L}})\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq\left(N\mathfrak{L}\right)^{12h_{K}}C_{2}(K).
Démonstration.

Étant donné un générateur quelconque de 𝔏hKsuperscript𝔏subscript𝐾\mathfrak{L}^{h_{K}}, on peut le multiplier par une unité donnée par le lemme 3 pour obtenir un générateur γ𝔏subscript𝛾𝔏\gamma_{\mathfrak{L}} qui vérifie :

H(γ𝔏)|NK/(γ𝔏)|1/dKexp(C1(K)RK).Hsubscript𝛾𝔏superscriptsubscript𝑁𝐾subscript𝛾𝔏1subscript𝑑𝐾subscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾\mathrm{H}(\gamma_{\mathfrak{L}})\leq\left|N_{K/\mathbb{Q}}(\gamma_{\mathfrak{L}})\right|^{1/d_{K}}\exp\left(C_{1}(K)R_{K}\right).

Comme γ𝔏subscript𝛾𝔏\gamma_{\mathfrak{L}} engendre dans 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} l’idéal 𝔏hKsuperscript𝔏subscript𝐾\mathfrak{L}^{h_{K}}, la norme de γ𝔏subscript𝛾𝔏\gamma_{\mathfrak{L}} dans l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est un entier relatif égal ou opposé à (N𝔏)hKsuperscript𝑁𝔏subscript𝐾(N\mathfrak{L})^{h_{K}}. D’après le lemme 2, on a pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺G :

|τ(𝒩(γ𝔏))|H(γ𝔏)12dK,subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔏Hsuperscriptsubscript𝛾𝔏12subscript𝑑𝐾\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{L}})\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq\mathrm{H}(\gamma_{\mathfrak{L}})^{12d_{K}},

d’où

|τ(𝒩(γ𝔏))||NK/(γ𝔏)|12(exp(C1(K)RK))12dK(N𝔏)12hKexp(12dKC1(K)RK)=(N𝔏)12hKC2(K).subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔏superscriptsubscript𝑁𝐾subscript𝛾𝔏12superscriptsubscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾12subscript𝑑𝐾missing-subexpressionsuperscript𝑁𝔏12subscript𝐾12subscript𝑑𝐾subscript𝐶1𝐾subscript𝑅𝐾superscript𝑁𝔏12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾\begin{array}[]{r c l}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{L}})\right)\right|_{\mathbb{C}}&\leq&\left|N_{K/\mathbb{Q}}(\gamma_{\mathfrak{L}})\right|^{12}\left(\exp\left(C_{1}(K)R_{K}\right)\right)^{12d_{K}}\\ &\leq&\left(N\mathfrak{L}\right)^{12h_{K}}\exp\left(12d_{K}C_{1}(K)R_{K}\right)=\left(N\mathfrak{L}\right)^{12h_{K}}C_{2}(K).\\ \end{array}

Notations 2.12.

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal maximal de K𝐾K premier à p𝑝p en lequel E𝐸E a potentiellement bonne réduction.

  1. 1.

    On fixe un idéal 𝔭0𝔮subscriptsuperscript𝔭𝔮0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0} de KL𝔮𝐾superscript𝐿𝔮KL^{\mathfrak{q}} au-dessus de 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} (voir les notations 1.7 et 2.5). Comme le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est soit \mathbb{Q}, soit un corps quadratique imaginaire, il y a au plus deux choix possibles pour 𝔭0𝔮subscriptsuperscript𝔭𝔮0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0} ; si L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est inclus dans K𝐾K, le seul choix possible pour 𝔭0𝔮subscriptsuperscript𝔭𝔮0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0} est 𝔭0𝔮=𝔭0subscriptsuperscript𝔭𝔮0subscript𝔭0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0}=\mathfrak{p}_{0}.

  2. 2.

    On note 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} l’unique idéal de L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} situé au-dessous de 𝔭0𝔮subscriptsuperscript𝔭𝔮0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0}.

  3. 3.

    D’après la proposition 1.8, il existe une racine du polynôme P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) dont la classe modulo 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} (qui est dans 𝔽psubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}) vaut λ(σ𝔮)𝜆subscript𝜎𝔮\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}}) ; on note β𝔮subscript𝛽𝔮\beta_{\mathfrak{q}} une telle racine.

Définition 2.13 (Borne C(K,n)𝐶𝐾𝑛C(K,n)).

Pour tout entier n𝑛n, on pose :

C(K,n)=(n12hKC2(K)+n6hK)2dK.𝐶𝐾𝑛superscriptsuperscript𝑛12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾superscript𝑛6subscript𝐾2subscript𝑑𝐾C(K,n)=\left(n^{12h_{K}}C_{2}(K)+n^{6h_{K}}\right)^{2d_{K}}.
Proposition 2.14.

Soient 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal maximal de K𝐾K premier à p𝑝p et γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} un générateur de 𝔮hKsuperscript𝔮subscript𝐾\mathfrak{q}^{h_{K}} vérifiant l’inégalité de la proposition 2.11. On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à C(K,N𝔮)𝐶𝐾𝑁𝔮C(K,N\mathfrak{q}). Alors on est dans l’un des trois cas suivants (avec les notations 2.5 et 2.12) :

Type de réduction semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q} μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) Cas
multiplicatif 1modpmodulo1𝑝1\mkern-5.0mu\mod p 𝒩(γ𝔮)=1𝒩subscript𝛾𝔮1\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})=1 M0
(N𝔮)12modpmodulosuperscript𝑁𝔮12𝑝(N\mathfrak{q})^{12}\mkern-5.0mu\mod p 𝒩(γ𝔮)=(N𝔮)12hK𝒩subscript𝛾𝔮superscript𝑁𝔮12subscript𝐾\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})=(N\mathfrak{q})^{12h_{K}} M1
bon β𝔮12mod𝒫0𝔮modulosuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscriptsuperscript𝒫𝔮0\beta_{\mathfrak{q}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} 𝒩(γ𝔮)=β𝔮12hK𝒩subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})=\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}} B
Démonstration.

Comme γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} engendre dans 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} l’idéal 𝔮hKsuperscript𝔮subscript𝐾\mathfrak{q}^{h_{K}}, la proposition 2.6 appliquée à γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} donne :

μ(σ𝔮)hK=ι𝔭0(𝒩(γ𝔮))mod𝔭0𝜇superscriptsubscript𝜎𝔮subscript𝐾modulosubscript𝜄subscript𝔭0𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝔭0\mu(\sigma_{\mathfrak{q}})^{h_{K}}=\iota_{\mathfrak{p}_{0}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{0}

On raisonne ensuite selon le type de réduction semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et les valeurs possibles de μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) déterminées dans la partie 1.3.

On suppose d’abord que E𝐸E a potentiellement mauvaise réduction multiplicative en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et que λ2(σ𝔮)superscript𝜆2subscript𝜎𝔮\lambda^{2}(\sigma_{\mathfrak{q}}) est égal à 111 modulo p𝑝p. Alors μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) est aussi égal à 111 modulo p𝑝p et l’élément 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} est congru à 111 modulo 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0}. Comme 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} est au-dessus de p𝑝p, ceci implique que p𝑝p divise l’entier relatif NK/(𝒩(γ𝔮)1)subscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮1N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-1\right). Par choix de γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}}, on a pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺G :

|τ(𝒩(γ𝔮)1)||τ(𝒩(γ𝔮))|+|τ(1)|(N𝔮)12hKC2(K)+1,subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔮1subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝜏1superscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾1\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-1\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)\right|_{\mathbb{C}}+\left|\tau\left(1\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+1,

d’où

|NK/(𝒩(γ𝔮)1)|=τG|τ(𝒩(γ𝔮)1)|((N𝔮)12hKC2(K)+1)dKC(K,N𝔮).subscriptsubscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮1subscriptproduct𝜏𝐺subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔮1superscriptsuperscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾1subscript𝑑𝐾𝐶𝐾𝑁𝔮\left|N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-1\right)\right|_{\mathbb{Q}}=\prod\limits_{\tau\in G}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-1\right)\right|_{\mathbb{C}}\leq\left((N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+1\right)^{d_{K}}\leq C(K,N\mathfrak{q}).

Comme p𝑝p est supposé strictement plus grand que C(K,N𝔮)𝐶𝐾𝑁𝔮C(K,N\mathfrak{q}), on en déduit que l’entier NK/(𝒩(γ𝔮)1)subscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮1N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-1\right) est nul, ce qui implique que 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à 111.

On suppose ensuite que E𝐸E a potentiellement mauvaise réduction multiplicative en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et que λ2(σ𝔮)superscript𝜆2subscript𝜎𝔮\lambda^{2}(\sigma_{\mathfrak{q}}) est égal à (N𝔮)2superscript𝑁𝔮2(N\mathfrak{q})^{2} modulo p𝑝p. Alors μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) est égal à (N𝔮)12superscript𝑁𝔮12(N\mathfrak{q})^{12} modulo p𝑝p et l’élément 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} est congru à (N𝔮)12hKsuperscript𝑁𝔮12subscript𝐾(N\mathfrak{q})^{12h_{K}} modulo 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0}. Ainsi, p𝑝p divise l’entier relatif NK/(𝒩(γ𝔮)(N𝔮)12hK)subscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮superscript𝑁𝔮12subscript𝐾N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right). Or on a :

|NK/(𝒩(γ𝔮)(N𝔮)12hK)|=τG|τ(𝒩(γ𝔮)(N𝔮)12hK)|τG((N𝔮)12hKC2(K)+(N𝔮)12hK)((N𝔮)12hKC2(K)+(N𝔮)12hK)dKC(K,N𝔮).subscriptsubscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮superscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscriptproduct𝜏𝐺subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔮superscript𝑁𝔮12subscript𝐾missing-subexpressionsubscriptproduct𝜏𝐺superscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾superscript𝑁𝔮12subscript𝐾missing-subexpressionsuperscriptsuperscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾superscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝑑𝐾missing-subexpression𝐶𝐾𝑁𝔮\begin{array}[]{r c l}\left|N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{Q}}&=&\prod\limits_{\tau\in G}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{C}}\\ &\leq&\prod\limits_{\tau\in G}\left((N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right)\\ &\leq&\left((N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right)^{d_{K}}\\ &\leq&C(K,N\mathfrak{q}).\\ \end{array}

Comme p𝑝p est supposé strictement plus grand que C(K,N𝔮)𝐶𝐾𝑁𝔮C(K,N\mathfrak{q}), on en déduit que l’entier NK/(𝒩(γ𝔮)(N𝔮)12hK)subscript𝑁𝐾𝒩subscript𝛾𝔮superscript𝑁𝔮12subscript𝐾N_{K/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}\right) est nul, ce qui implique que 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à (N𝔮)12hKsuperscript𝑁𝔮12subscript𝐾(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}.

On suppose enfin que E𝐸E a potentiellement bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Alors μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) est égal à la classe de β𝔮12superscriptsubscript𝛽𝔮12\beta_{\mathfrak{q}}^{12} modulo 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} (notations 2.12) et 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) et β𝔮12hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}} sont congrus modulo l’idéal 𝔭0𝔮subscriptsuperscript𝔭𝔮0\mathfrak{p}^{\mathfrak{q}}_{0} de KL𝔮𝐾superscript𝐿𝔮KL^{\mathfrak{q}}. Ceci implique que p𝑝p divise l’entier relatif NKL𝔮/(𝒩(γ𝔮)β𝔮12h)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝒩subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮12N_{KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-\beta_{\mathfrak{q}}^{12h}\right).

Comme L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est soit \mathbb{Q} soit un corps quadratique imaginaire, le corps KL𝔮𝐾superscript𝐿𝔮KL^{\mathfrak{q}} est galoisien sur \mathbb{Q}, de degré égal à dKsubscript𝑑𝐾d_{K} ou 2dK2subscript𝑑𝐾2d_{K}. Tout élément τ𝜏\tau de Gal(KL𝔮/)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}) induit sur K𝐾K un élément de Gal(K/)Gal𝐾\mathrm{Gal}(K/\mathbb{Q}) et sur L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} un élément de Gal(L𝔮/)Galsuperscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(L^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}), qui est donc soit l’identité soit la conjugaison complexe. On a ainsi pour tout τ𝜏\tau dans Gal(KL𝔮/)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}) :

|τ(𝒩(γ𝔮)β𝔮12hK)||τ|K(𝒩(γ𝔮))|+|τ|L𝔮(β𝔮12hK)|(N𝔮)12hKC2(K)+(N𝔮)12hK(N𝔮)12hKC2(K)+(N𝔮)6hK.\begin{array}[]{r c l}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{C}}&\leq&\left|\tau_{|K}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)\right|_{\mathbb{C}}+\left|\tau_{|L^{\mathfrak{q}}}\left(\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{C}}\\ &\leq&(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+\left(\sqrt{N\mathfrak{q}}\right)^{12h_{K}}\\ &\leq&(N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+(N\mathfrak{q})^{6h_{K}}.\\ \end{array}

D’où finalement :

|NKL𝔮/(𝒩(γ𝔮)β𝔮12hK)|=τGal(KL𝔮/)|τ(𝒩(γ𝔮)β𝔮12hK)|((N𝔮)12hKC2(K)+(N𝔮)6hK)2dK=C(K,N𝔮).subscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝒩subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾subscriptproduct𝜏Gal𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝜏𝒩subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾missing-subexpressionsuperscriptsuperscript𝑁𝔮12subscript𝐾subscript𝐶2𝐾superscript𝑁𝔮6subscript𝐾2subscript𝑑𝐾𝐶𝐾𝑁𝔮\begin{array}[]{r c l}\left|N_{KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{Q}}&=&\prod\limits_{\tau\in\mathrm{Gal}(KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q})}\left|\tau\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right)\right|_{\mathbb{C}}\\ &\leq&\left((N\mathfrak{q})^{12h_{K}}C_{2}(K)+(N\mathfrak{q})^{6h_{K}}\right)^{2d_{K}}=C(K,N\mathfrak{q}).\\ \end{array}

Comme p𝑝p est supposé strictement plus grand que C(K,N𝔮)𝐶𝐾𝑁𝔮C(K,N\mathfrak{q}), on en déduit que l’entier NKL𝔮/(𝒩(γ𝔮)β𝔮12hK)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝒩subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾N_{KL^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q}}\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})-\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right) est nul, ce qui implique que 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à β𝔮12hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}. ∎

La proposition suivante donne une forme effective du lemme 2 de la partie 2 de [10].

Proposition 2.15.

Soient q𝑞q un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K et 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de q𝑞q. On suppose que p𝑝p est strictement plus grand que C(K,q)𝐶𝐾𝑞C(K,q). Alors on est dans l’un des cinq cas suivants (avec les notations 2.12) :

Type de réduction Corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} μ(σ𝔮)𝜇subscript𝜎𝔮\mu(\sigma_{\mathfrak{q}}) Famille (aτ)τGsubscriptsubscript𝑎𝜏𝜏𝐺(a_{\tau})_{\tau\in G} Cas
semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q}
multiplicatif 1modpmodulo1𝑝1\mod p τG,aτ=0formulae-sequencefor-all𝜏𝐺subscript𝑎𝜏0\forall\tau\in G,a_{\tau}=0 M0
q12modpmodulosuperscript𝑞12𝑝q^{12}\mod p τG,aτ=12formulae-sequencefor-all𝜏𝐺subscript𝑎𝜏12\forall\tau\in G,a_{\tau}=12 M1
bon supersingulier L𝔮=(q)superscript𝐿𝔮𝑞L^{\mathfrak{q}}=\mathbb{Q}(\sqrt{-q}) β𝔮6=q3superscriptsubscript𝛽𝔮6superscript𝑞3\beta_{\mathfrak{q}}^{6}=-q^{3} τG,aτ=6formulae-sequencefor-all𝜏𝐺subscript𝑎𝜏6\forall\tau\in G,a_{\tau}=6 BS
ordinaire quadratique, NK/L𝔮(𝔮)=β𝔮𝒪L𝔮subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q})=\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} τGal(K/L𝔮),aτ=12formulae-sequencefor-all𝜏Gal𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝜏12\forall\tau\in\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}),a_{\tau}=12 BO
inclus dans K𝐾K, et aτ=0subscript𝑎𝜏0a_{\tau}=0 sinon
p𝑝p décomposé NK/L𝔮(𝔮)=β𝔮¯𝒪L𝔮subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q})=\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} τGal(K/L𝔮),aτ=0formulae-sequencefor-all𝜏Gal𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝜏0\forall\tau\in\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}),a_{\tau}=0 BO’
dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} et aτ=12subscript𝑎𝜏12a_{\tau}=12 sinon
Démonstration.

Comme le nombre premier q𝑞q est supposé totalement décomposé dans l’extension galoisienne K/𝐾K/\mathbb{Q}, les idéaux τ(𝔮)𝜏𝔮\tau(\mathfrak{q}) sont deux à deux distincts lorsque τ𝜏\tau décrit G𝐺G, leur produit est l’idéal q𝒪K𝑞subscript𝒪𝐾q\mathcal{O}_{K} et la norme de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans K/𝐾K/\mathbb{Q} est égale à q𝑞q. En particulier, en supposant que p𝑝p est strictement supérieur à C(K,q)𝐶𝐾𝑞C(K,q), on se place dans les hypothèses de la proposition 2.14. On raisonne donc selon les trois cas de cette proposition.

On remarque que l’élément 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) engendre dans 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} l’idéal

𝒩(γ𝔮)𝒪K=(τGτ(γ𝔮)aτ)𝒪K=τG(τ(γ𝔮𝒪K))aτ=τG(τ(𝔮hK))aτ=(τGτ(𝔮)aτ)hK.𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾subscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscriptsubscript𝛾𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝒪𝐾subscriptproduct𝜏𝐺superscript𝜏subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾subscript𝑎𝜏missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscriptproduct𝜏𝐺superscript𝜏superscript𝔮subscript𝐾subscript𝑎𝜏superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾\begin{array}[]{r c c c l }\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{K}&=&\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})^{a_{\tau}}\right)\mathcal{O}_{K}&=&\prod\limits_{\tau\in G}\left(\tau\left(\gamma_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{K}\right)\right)^{a_{\tau}}\\ \\ &=&\prod\limits_{\tau\in G}\left(\tau\left(\mathfrak{q}^{h_{K}}\right)\right)^{a_{\tau}}&=&\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}.\\ \end{array}

Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} est de type M0, 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à 111 donc engendre dans 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} l’idéal 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} lui-même. L’égalité

𝒪K=(τGτ(𝔮)aτ)hKsubscript𝒪𝐾superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾\mathcal{O}_{K}=\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}

avec hKsubscript𝐾h_{K} dans superscript\mathbb{N}^{*} implique alors que pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺Gaτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est nul.

Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} est de type M1, 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à q12hKsuperscript𝑞12subscript𝐾q^{12h_{K}} et on a :

(τGτ(𝔮)aτ)hK=𝒩(γ𝔮)𝒪K=(q12hK)𝒪K=(q𝒪K)12hK=(τGτ(𝔮))12hK.superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾superscript𝑞12subscript𝐾subscript𝒪𝐾superscript𝑞subscript𝒪𝐾12subscript𝐾superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏𝔮12subscript𝐾\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}=\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{K}=\left(q^{12h_{K}}\right)\mathcal{O}_{K}=\left(q\mathcal{O}_{K}\right)^{12h_{K}}=\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)\right)^{12h_{K}}.

On en déduit que pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺Gaτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est égal à 121212.

Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} est de type B, 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est égal à β𝔮12hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}} (dans le corps KL𝔮𝐾superscript𝐿𝔮KL^{\mathfrak{q}}). En particulier, l’élément 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) de K𝐾K est contenu dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} et deux sous-cas sont possibles : soit 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est rationnel, soit 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) engendre L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} qui est alors contenu dans K𝐾K.

On suppose d’abord que 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est rationnel. Alors β𝔮12hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}} est également rationnel, donc β𝔮12hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}} est égal à β𝔮¯12hKsuperscript¯subscript𝛽𝔮12subscript𝐾\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}^{12h_{K}}. Ceci implique qu’il existe une racine 12hK12subscript𝐾12h_{K}-ième de l’unité ζ𝜁\zeta dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} telle que β𝔮¯¯subscript𝛽𝔮\overline{\beta_{\mathfrak{q}}} est égal à ζβ𝔮𝜁subscript𝛽𝔮\zeta\beta_{\mathfrak{q}}. Comme L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est soit \mathbb{Q} soit un corps quadratique imaginaire, ζ𝜁\zeta est en fait une racine deuxième, quatrième ou sixième de l’unité. Ceci implique que β𝔮12superscriptsubscript𝛽𝔮12\beta_{\mathfrak{q}}^{12} est déjà rationnel ; comme β𝔮subscript𝛽𝔮\beta_{\mathfrak{q}} est un entier algébrique, β𝔮12superscriptsubscript𝛽𝔮12\beta_{\mathfrak{q}}^{12} est un entier relatif ; sa valeur absolue étant q6superscript𝑞6q^{6}, on a β𝔮12=±q6superscriptsubscript𝛽𝔮12plus-or-minussuperscript𝑞6\beta_{\mathfrak{q}}^{12}=\pm q^{6}. On en déduit qu’on a dans 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} :

(τGτ(𝔮)aτ)hK=𝒩(γ𝔮)𝒪K=β𝔮12hK𝒪K=q6hK𝒪K=(τGτ(𝔮))6hK.superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾subscript𝒪𝐾superscript𝑞6subscript𝐾subscript𝒪𝐾superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏𝔮6subscript𝐾\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}=\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{K}=\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\mathcal{O}_{K}=q^{6h_{K}}\mathcal{O}_{K}=\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau\left(\mathfrak{q}\right)\right)^{6h_{K}}.

Ceci implique que pour tout τ𝜏\tau dans G𝐺G, aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est égal à 666. D’après la proposition 1.3, le nombre premier p𝑝p est donc congru à 333 modulo 444.

On va maintenant montrer que E𝐸E a potentiellement réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q}, que le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est (q)𝑞\mathbb{Q}(\sqrt{-q}) et qu’on a β𝔮6=q3superscriptsubscript𝛽𝔮6superscript𝑞3\beta_{\mathfrak{q}}^{6}=-q^{3}.

La relation

q=N𝔮=β𝔮¯β𝔮=ζβ𝔮2.𝑞𝑁𝔮¯subscript𝛽𝔮subscript𝛽𝔮𝜁superscriptsubscript𝛽𝔮2q=N\mathfrak{q}=\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\beta_{\mathfrak{q}}=\zeta\beta_{\mathfrak{q}}^{2}.

implique dans 𝒪L𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}

q𝒪L𝔮=(β𝔮2)𝒪L𝔮=(β𝔮𝒪L𝔮)2.𝑞subscript𝒪superscript𝐿𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮2subscript𝒪superscript𝐿𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮2q\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}=\left(\beta_{\mathfrak{q}}^{2}\right)\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}=\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{2}.

Ainsi, q𝑞q est ramifié dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} et l’unique idéal premier de L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} au-dessus de q𝑞q est β𝔮𝒪L𝔮subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} (ceci force notamment L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} à être différent de \mathbb{Q}).

On traite d’abord le cas q=2𝑞2q=2. La trace T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} (voir notations 1.7) est alors un entier relatif de valeur absolue inférieure à 22222\sqrt{2} ; il vaut donc 0011122211-1 ou 22-2. Les valeurs correspondantes du discriminant T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} du polynôme P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) sont 88-877-744-477-744-4. Les entiers relatifs sans facteurs carrés dont une racine carrée engendre L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} sont alors respectivement 22-277-711-177-711-1. Or, 222 est ramifié dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} si et seulement si ce dernier entier est congru à 222 ou 333 modulo 444. Les valeurs de T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} qui réalisent cette condition sont 00222 et 22-2. Or d’après la remarque 1.9, l’entier T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} est un carré modulo p𝑝p. Si T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est égal à 222 ou 22-2, le discriminant T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} est égal à 44-4. Or, p𝑝p étant congru à 333 modulo 44444-4 n’est pas un carré modulo p𝑝p. On en déduit que T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nul.

Lorsque q𝑞q est différent de 222, le fait qu’il soit ramifié dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} implique qu’il divise le discriminant T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q}. Comme q𝑞q divise N𝔮𝑁𝔮N\mathfrak{q} (et lui est même ici égal), on en déduit que q𝑞q divise T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}}. Alors T𝔮2superscriptsubscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}^{2} est un carré, multiple de q𝑞q, compris entre 00 et 4q4𝑞4q. Ceci implique que soit T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nul, soit q𝑞q est égal à 333 et T𝔮2superscriptsubscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}^{2} est égal à 999.

On a ainsi montré :

  • \bullet

    si q𝑞q est différent de 333, alors T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nul ;

  • \bullet

    si q𝑞q est égal à 333, alors T𝔮2superscriptsubscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}^{2} est soit nul, soit égal à 999.

Dans les deux cas, q𝑞q divise T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}}, donc la courbe elliptique obtenue sur k𝔮¯¯subscript𝑘𝔮\overline{k_{\mathfrak{q}}} par réduction de E𝐸E est supersingulière.

Si la trace T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nulle, alors le polynôme P𝔮(X)subscript𝑃𝔮𝑋P_{\mathfrak{q}}(X) dont β𝔮subscript𝛽𝔮\beta_{\mathfrak{q}} est racine est égal à X2+qsuperscript𝑋2𝑞X^{2}+q. On a alors β𝔮2superscriptsubscript𝛽𝔮2\beta_{\mathfrak{q}}^{2} égal à q𝑞-q, donc β𝔮6superscriptsubscript𝛽𝔮6\beta_{\mathfrak{q}}^{6} est égal à q3superscript𝑞3-q^{3} et le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est (q)𝑞\mathbb{Q}(\sqrt{-q}).

Si q𝑞q est égal à 333 et T𝔮2superscriptsubscript𝑇𝔮2T_{\mathfrak{q}}^{2} est égal à 999, alors T𝔮24N𝔮superscriptsubscript𝑇𝔮24𝑁𝔮T_{\mathfrak{q}}^{2}-4N\mathfrak{q} vaut 33-3 et il existe ε𝔮subscript𝜀𝔮\varepsilon_{\mathfrak{q}} valant +11+1 ou 11-1 vérifiant :

β𝔮=T𝔮+iε𝔮32.subscript𝛽𝔮subscript𝑇𝔮𝑖subscript𝜀𝔮32\beta_{\mathfrak{q}}=\frac{T_{\mathfrak{q}}+i\varepsilon_{\mathfrak{q}}\sqrt{3}}{2}.

On a alors encore L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} égal à (3)3\mathbb{Q}(\sqrt{-3}) et on vérifie par le calcul que β𝔮6superscriptsubscript𝛽𝔮6\beta_{\mathfrak{q}}^{6} est égal à 33superscript33-3^{3}.

On suppose enfin que l’élément 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) de K𝐾K engendre L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} qui est un corps quadratique imaginaire. Alors L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est inclus dans K𝐾K, le degré dKsubscript𝑑𝐾d_{K} de K𝐾K sur \mathbb{Q} est pair et le groupe de Galois de K𝐾K sur \mathbb{Q} contient comme sous-groupe d’indice 222 le groupe Gal(K/L𝔮)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}) ; on note H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} ce sous-groupe.

Comme 𝒩(γ𝔮)𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}}) est contenu dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}, on a pour tout élément ρ𝜌\rho de H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} :

𝒩(γ𝔮)=ρ(𝒩(γ𝔮)).𝒩subscript𝛾𝔮𝜌𝒩subscript𝛾𝔮\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})=\rho\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right).

On en déduit :

(τGτ(𝔮)aτ)hK=𝒩(γ𝔮)𝒪K=ρ(𝒩(γ𝔮)𝒪K)=ρ((τGτ(𝔮)aτ)hK)=(τGτ(𝔮)aρ1τ)hK.superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾𝜌𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾𝜌superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎𝜏subscript𝐾superscriptsubscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscript𝔮subscript𝑎superscript𝜌1𝜏subscript𝐾\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau(\mathfrak{q})^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}=\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{K}=\rho\left(\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{K}\right)=\rho\left(\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau(\mathfrak{q})^{a_{\tau}}\right)^{h_{K}}\right)=\left(\prod\limits_{\tau\in G}\tau(\mathfrak{q})^{a_{\rho^{-1}\tau}}\right)^{h_{K}}.

On a donc pour tout ρ𝜌\rho dans H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} et tout τ𝜏\tau dans G𝐺G l’égalité aρτ=aτsubscript𝑎𝜌𝜏subscript𝑎𝜏a_{\rho\tau}=a_{\tau}. Ainsi la valeur de aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est constante sur les classes à gauche (qui sont aussi les classes à droite) de G𝐺G modulo H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}}.

Le groupe G𝐺G possède deux classes modulo H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} : celle, égale à H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}}, de l’identité et celle, égale à H𝔮γsuperscript𝐻𝔮𝛾H^{\mathfrak{q}}\gamma, d’un élément γ𝛾\gamma de G𝐺G qui induit la conjugaison complexe sur L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}. On a alors :

𝒩(γ𝔮)=τGτ(γ𝔮)aτ=(τH𝔮τ(γ𝔮))aid(τγH𝔮τ(γ𝔮))aγ=(τH𝔮τ(γ𝔮))aid(γ(τH𝔮τ(γ𝔮)))aγ=(NK/L𝔮(γ𝔮))aid(γ(NK/L𝔮(γ𝔮)))aγ=(NK/L𝔮(γ𝔮))aid(NK/L𝔮(γ𝔮)¯)aγ.𝒩subscript𝛾𝔮subscriptproduct𝜏𝐺𝜏superscriptsubscript𝛾𝔮subscript𝑎𝜏missing-subexpressionsuperscriptsubscriptproduct𝜏superscript𝐻𝔮𝜏subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscriptsubscriptproduct𝜏𝛾superscript𝐻𝔮𝜏subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝛾missing-subexpressionsuperscriptsubscriptproduct𝜏superscript𝐻𝔮𝜏subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript𝛾subscriptproduct𝜏superscript𝐻𝔮𝜏subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝛾missing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript𝛾subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝛾missing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝑎𝛾\begin{array}[]{r c l}\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})&=&\prod\limits_{\tau\in G}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})^{a_{\tau}}\\ &=&\left(\prod\limits_{\tau\in H^{\mathfrak{q}}}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)^{a_{id}}\left(\prod\limits_{\tau\in\gamma H^{\mathfrak{q}}}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)^{a_{\gamma}}\\ &=&\left(\prod\limits_{\tau\in H^{\mathfrak{q}}}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)^{a_{id}}\left(\gamma\left(\prod\limits_{\tau\in H^{\mathfrak{q}}}\tau(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)\right)^{a_{\gamma}}\\ &=&\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)^{a_{id}}\left(\gamma\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)\right)^{a_{\gamma}}\\ &=&\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})\right)^{a_{id}}\left(\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})}\right)^{a_{\gamma}}.\\ \end{array}

Comme NK/L𝔮(γ𝔮)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}}) engendre dans 𝒪L𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} l’idéal

NK/L𝔮(γ𝔮)𝒪L𝔮=NK/L𝔮(γ𝔮𝒪K)=NK/L𝔮(𝔮hK)=NK/L𝔮(𝔮)hK,subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮superscript𝔮subscript𝐾subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮superscript𝔮subscript𝐾N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}=N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\gamma_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{K}\right)=N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}^{h_{K}}\right)=N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)^{h_{K}},

alors NK/L𝔮(γ𝔮)¯¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})} engendre dans 𝒪L𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} l’idéal NK/L𝔮(𝔮)¯hKsuperscript¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮subscript𝐾\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)}^{h_{K}} et on obtient :

(β𝔮12hK)𝒪L𝔮=𝒩(γ𝔮)𝒪L𝔮(β𝔮𝒪L𝔮)12hK=(NK/L𝔮(γ𝔮)𝒪L𝔮)aid(NK/L𝔮(γ𝔮)¯𝒪L𝔮)aγ=(NK/L𝔮(𝔮)hK)aid(NK/L𝔮(𝔮)¯hK)aγ=((NK/L𝔮(𝔮))aid(NK/L𝔮(𝔮)¯)aγ)hK.superscriptsubscript𝛽𝔮12subscript𝐾subscript𝒪superscript𝐿𝔮𝒩subscript𝛾𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮superscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮12subscript𝐾superscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝛾missing-subexpressionsuperscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮superscript𝔮subscript𝐾subscript𝑎𝑖𝑑superscriptsuperscript¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮subscript𝐾subscript𝑎𝛾missing-subexpressionsuperscriptsuperscriptsubscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript¯subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮subscript𝑎𝛾subscript𝐾\begin{array}[]{r c l}\left(\beta_{\mathfrak{q}}^{12h_{K}}\right)\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}&=&\mathcal{N}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\\ \left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{12h_{K}}&=&\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{id}}\left(\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\gamma_{\mathfrak{q}})}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{\gamma}}\\ &=&\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)^{h_{K}}\right)^{a_{id}}\left(\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)}^{h_{K}}\right)^{a_{\gamma}}\\ &=&\left(\left(N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)\right)^{a_{id}}\left(\overline{N_{K/L^{\mathfrak{q}}}\left(\mathfrak{q}\right)}\right)^{a_{\gamma}}\right)^{h_{K}}.\\ \end{array}

Comme on a supposé q𝑞q totalement décomposé dans l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q}q𝑞q est également totalement décomposé dans les extensions L𝔮/superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}/\mathbb{Q} et K/L𝔮𝐾superscript𝐿𝔮K/L^{\mathfrak{q}}. La norme NK/L𝔮(𝔮)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q}) est donc un idéal premier de L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} au-dessus de q𝑞q. Or l’égalité q=β𝔮β𝔮¯𝑞subscript𝛽𝔮¯subscript𝛽𝔮q=\beta_{\mathfrak{q}}\overline{\beta_{\mathfrak{q}}} indique que les deux idéaux premiers (distincts) de L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} au-dessus de q𝑞q sont β𝔮𝒪L𝔮subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} et β𝔮¯𝒪L𝔮¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}. Ainsi NK/L𝔮(𝔮)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q}) est égal soit à β𝔮𝒪L𝔮subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}} soit à β𝔮¯𝒪L𝔮¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}.

Si NK/L𝔮(𝔮)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q}) est égal à β𝔮𝒪L𝔮subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}, alors la relation

(β𝔮𝒪L𝔮)12hK=((β𝔮𝒪L𝔮)aid(β𝔮¯𝒪L𝔮)aγ)hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮12subscript𝐾superscriptsuperscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscript¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝛾subscript𝐾\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{12h_{K}}=\left(\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{id}}\left(\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{\gamma}}\right)^{h_{K}}

implique aid=12subscript𝑎𝑖𝑑12a_{id}=12 et aγ=0subscript𝑎𝛾0a_{\gamma}=0. On en déduit que aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} vaut 121212 si τ𝜏\tau est dans H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} et 00 sinon.

Si NK/L𝔮(𝔮)subscript𝑁𝐾superscript𝐿𝔮𝔮N_{K/L^{\mathfrak{q}}}(\mathfrak{q}) est égal à β𝔮¯𝒪L𝔮¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}, alors la relation

(β𝔮𝒪L𝔮)12hK=((β𝔮¯𝒪L𝔮)aid(β𝔮𝒪L𝔮)aγ)hKsuperscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮12subscript𝐾superscriptsuperscript¯subscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝑖𝑑superscriptsubscript𝛽𝔮subscript𝒪superscript𝐿𝔮subscript𝑎𝛾subscript𝐾\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{12h_{K}}=\left(\left(\overline{\beta_{\mathfrak{q}}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{id}}\left(\beta_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{L^{\mathfrak{q}}}\right)^{a_{\gamma}}\right)^{h_{K}}

implique aid=0subscript𝑎𝑖𝑑0a_{id}=0 et aγ=12subscript𝑎𝛾12a_{\gamma}=12. On en déduit que aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} vaut 00 si τ𝜏\tau est dans H𝔮superscript𝐻𝔮H^{\mathfrak{q}} et 121212 sinon.

D’après la remarque 1.9, soit p𝑝p est décomposé dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}, soit p𝑝p divise T𝔮24qsuperscriptsubscript𝑇𝔮24𝑞T_{\mathfrak{q}}^{2}-4q. Supposons par l’absurde que p𝑝p divise T𝔮24qsuperscriptsubscript𝑇𝔮24𝑞T_{\mathfrak{q}}^{2}-4q ; on remarque que la valeur absolue de T𝔮24qsuperscriptsubscript𝑇𝔮24𝑞T_{\mathfrak{q}}^{2}-4q est 4qT𝔮24𝑞superscriptsubscript𝑇𝔮24q-T_{\mathfrak{q}}^{2}, elle donc inférieure ou égale à 4q4𝑞4q. Comme p𝑝p est supposé strictement supérieur à C(K,q)𝐶𝐾𝑞C(K,q)p𝑝p est strictement supérieur à 4q4𝑞4q. On obtient alors que T𝔮24qsuperscriptsubscript𝑇𝔮24𝑞T_{\mathfrak{q}}^{2}-4q est nul, ce qui est impossible. On en déduit que p𝑝p est décomposé dans le corps quadratique L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}.

Enfin, on suppose par l’absurde que E𝐸E a potentiellement réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q} ; alors d’après la remarque 1.9, on est dans l’un des cas suivants : T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nul ; q𝑞q est égal à 222 et T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est égal à 00222 ou 22-2 ; q𝑞q est égal à 333 et T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est égal à 00333 ou 33-3. Si T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} est nul ou q𝑞q est égal à 333 et T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} vaut ±3plus-or-minus3\pm 3, alors L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est égal à (q)𝑞\mathbb{Q}(\sqrt{-q}), dans lequel q𝑞q est ramifié ; si q𝑞q est égal à 222 et T𝔮subscript𝑇𝔮T_{\mathfrak{q}} vaut ±2plus-or-minus2\pm 2, alors L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est égal à (i)𝑖\mathbb{Q}(i), dans lequel 222 est ramifié. Or, on a montré que q𝑞q est décomposé dans le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}. On en déduit que E𝐸E a potentiellement réduction ordinaire en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. ∎

3 Deux critères d’irréductibilité

3.1 Types de réduction semi-stable différents

Soit M𝑀M un entier naturel supérieur ou égal 111.

Définition 3.1 (Ensemble (K;M)𝐾𝑀\mathcal{E}(K;M)).

On note (K;M)𝐾𝑀\mathcal{E}(K;M) l’ensemble des courbes elliptiques E𝐸E définies sur K𝐾K pour lesquelles il existe

  • \bullet

    q𝑞q et qsuperscript𝑞q^{\prime} des nombres premiers totalement décomposés dans K𝐾K et inférieurs ou égaux à M𝑀M,

  • \bullet

    une place 𝔮𝔮\mathfrak{q} de K𝐾K au-dessus de q𝑞q et une place 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} de K𝐾K au-dessus de qsuperscript𝑞q^{\prime} tels que les types de réduction semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} (de la proposition 2.15) sont différents

(les premiers q𝑞q et qsuperscript𝑞q^{\prime} et les places 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} peuvent dépendre de E𝐸E ; les premiers q𝑞q et qsuperscript𝑞q^{\prime} peuvent être égaux).

Proposition 3.2.

Soit M𝑀M un entier naturel supérieur ou égal 111. Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E dans (K;M)𝐾𝑀\mathcal{E}(K;M) et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à C(K,M)𝐶𝐾𝑀C(K,M), la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

Démonstration.

On suppose par l’absurde que la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est réductible. Alors pour les places 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime}, on est dans les hypothèses de la proposition 2.15. Le type de réduction semi-stable de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q} ou 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} détermine donc la famille (aτ)τsubscriptsubscript𝑎𝜏𝜏(a_{\tau})_{\tau}, qui décrit l’action sur le sous-groupe d’isogénie des sous-groupes d’inertie de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} aux places de K𝐾K au-dessus de p𝑝p. Comme deux types de réduction semi-stable pour 𝔮𝔮\mathfrak{q} ou 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} donnent des familles (aτ)τsubscriptsubscript𝑎𝜏𝜏(a_{\tau})_{\tau} différentes (on distingue les cas BO et BO’ par le fait que dans le cas BO, l’ensemble des éléments τ𝜏\tau de G𝐺G pour lesquels aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est égal à 121212 est un sous-groupe de G𝐺G alors que dans le cas BO’, c’est le complémentaire d’un sous-groupe), ces types doivent être les mêmes : on obtient une contradiction. ∎

3.2 Réduction semi-stable multiplicative

Soit q𝑞q un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K.

Définition 3.3 (Ensemble (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E^{\prime}}(K;q) et borne B(K;q)𝐵𝐾𝑞B(K;q)).

Soit q𝑞q un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K.

  1. 1.

    On note (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E^{\prime}}(K;q) l’ensemble des courbes elliptiques E𝐸E définies sur K𝐾K vérifiant : il existe une place (qui peut dépendre de E𝐸E) de K𝐾K au-dessus de q𝑞q en laquelle E𝐸E a potentiellement mauvaise réduction multiplicative.

  2. 2.

    On pose

    B(K;q)=max(C(K,q),(1+36dKhK)2).𝐵𝐾𝑞𝐶𝐾𝑞superscript1superscript36subscript𝑑𝐾subscript𝐾2B(K;q)=\max\left(C(K,q),\left(1+3^{6d_{K}h_{K}}\right)^{2}\right).
Proposition 3.4.

Soit q𝑞q un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K. Alors pour toute courbe elliptique E𝐸E dans (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E^{\prime}}(K;q) et tout nombre premier p𝑝p strictement supérieur à B(K;q)𝐵𝐾𝑞B(K;q), la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est irréductible.

Démonstration.

On suppose par l’absurde que la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est réductible. Alors on est dans les hypothèses de la proposition 2.15 et comme E𝐸E appartient à (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E^{\prime}}(K;q), on est dans le cas M0 ou dans le cas M1. On remarque que d’après les propositions 1.4 et 1.5, le caractère μ𝜇\mu est non ramifié en toute place finie de K𝐾K première à p𝑝p.

Dans le cas M0, pour tout idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de K𝐾K au-dessus de p𝑝pa𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est nul. Par définition de a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} (partie 1.2), cela implique que caractère μ𝜇\mu est non ramifié en toute place de K𝐾K au-dessus de p𝑝p. Ainsi, l’extension Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} de K𝐾K trivialisant μ𝜇\mu, qui est abélienne, est non ramifiée en toute place finie de K𝐾K ; le corps Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} est donc inclus dans le corps de classes de Hilbert de K𝐾K et son degré (sur \mathbb{Q}) est inférieur ou égal à dKhKsubscript𝑑𝐾subscript𝐾d_{K}h_{K}. Le corps Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda} qui trivialise le caractère λ𝜆\lambda est une extension de degré divisant 121212 de Kμsuperscript𝐾𝜇K^{\mu} ; son degré (sur \mathbb{Q}) est donc inférieur ou égal à 12dKhK12subscript𝑑𝐾subscript𝐾12d_{K}h_{K}.

Or, la courbe E𝐸E possède un point d’ordre p𝑝p défini sur Kλsuperscript𝐾𝜆K^{\lambda}. D’après des travaux de Merel et Oesterlé mentionnés dans les introductions de [11] et [9], on a alors

p(1+312dKhK2)2=(1+36dKhK)2,𝑝superscript1superscript312subscript𝑑𝐾subscript𝐾22superscript1superscript36subscript𝑑𝐾subscript𝐾2p\leq\left(1+3^{\frac{12d_{K}h_{K}}{2}}\right)^{2}=\left(1+3^{6d_{K}h_{K}}\right)^{2},

ce qui contredit le choix de p𝑝p strictement supérieur à B(K;q)𝐵𝐾𝑞B(K;q).

Dans le cas M1, pour tout idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de K𝐾K au-dessus de p𝑝pa𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212. Ainsi, le caractère χp12μ1superscriptsubscript𝜒𝑝12superscript𝜇1\chi_{p}^{12}\mu^{-1} est non ramifié en toute place de K𝐾K au-dessus de p𝑝p, et par suite en toute place finie de K𝐾K. On considère alors le quotient de E𝐸E par le sous-groupe d’isogénie W𝑊W. On obtient une courbe elliptique Esuperscript𝐸E^{\prime} définie sur K𝐾K, isogène à E𝐸E sur K𝐾K ; le sous-groupe E[p]/W𝐸delimited-[]𝑝𝑊E[p]/W de Esuperscript𝐸E^{\prime} est défini sur K𝐾K et d’ordre p𝑝p et le caractère d’isogénie associé à ce sous-groupe est χpλ1subscript𝜒𝑝superscript𝜆1\chi_{p}\lambda^{-1}. La puissance douzième de χpλ1subscript𝜒𝑝superscript𝜆1\chi_{p}\lambda^{-1} étant non ramifiée en toute place finie de K𝐾K, on applique le même raisonnement que précédemment. ∎

4 Forme du caractère d’isogénie et homothéties

À partir de maintenant et jusqu’à la fin du texte, on suppose à nouveau la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} réductible.

4.1 Une version effective du théorème de Chebotarev

Théorème (Chebotarev effectif, [6]).

Il existe une constante absolue et effectivement calculable A𝐴A ayant la propriété suivante : soient M𝑀M un corps de nombres, N𝑁N une extension finie galoisienne de M𝑀MΔNsubscriptΔ𝑁\Delta_{N} le discriminant de N𝑁NC𝐶C une classe de conjugaison du groupe de Galois Gal(N/M)Gal𝑁𝑀\mathrm{Gal}(N/M) ; alors il existe un idéal premier de M𝑀M, non ramifié dans N𝑁N, dont la classe de conjugaison des frobenius dans l’extension N/M𝑁𝑀N/M est la classe de conjugaison C𝐶C et dont la norme dans l’extension M/𝑀M/\mathbb{Q} est un nombre premier rationnel inférieur ou égal à 2(ΔN)A2superscriptsubscriptΔ𝑁𝐴2(\Delta_{N})^{A}.

Définition 4.1 (Ensemble d’idéaux 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}).

On note 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} l’ensemble des idéaux maximaux de K𝐾K dont la norme dans l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est un nombre premier rationnel totalement décomposé dans K𝐾K et inférieur ou égal à 2(ΔK)AhK2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}.

Proposition 4.2.

Toute classe d’idéaux de K𝐾K contient un idéal de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}.

Démonstration.

On note HKsubscript𝐻𝐾H_{K} le corps de classes de Hilbert de K𝐾K. Démontrer la proposition est équivalent à montrer que pour tout élément σ𝜎\sigma du groupe de Galois de l’extension HK/Ksubscript𝐻𝐾𝐾H_{K}/K, il existe un idéal premier non nul 𝔮𝔮\mathfrak{q} de K𝐾K appartenant à 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} tel que l’élément de Frobenius associé à 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans Gal(HK/K)Galsubscript𝐻𝐾𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/K) par l’application de réciprocité d’Artin est égal à σ𝜎\sigma.

Comme on a supposé le corps K𝐾K galoisien sur \mathbb{Q}, le corps HKsubscript𝐻𝐾H_{K} est également une extension galoisienne de \mathbb{Q}. On va utiliser la version effective du théorème de Chebotarev pour les corps N=HK𝑁subscript𝐻𝐾N=H_{K} et M=𝑀M=\mathbb{Q}. On remarque que le discriminant ΔHKsubscriptΔsubscript𝐻𝐾\Delta_{H_{K}} de HKsubscript𝐻𝐾H_{K} est égal à ΔKhKsuperscriptsubscriptΔ𝐾subscript𝐾\Delta_{K}^{h_{K}} et que le groupe Gal(HK/K)Galsubscript𝐻𝐾𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/K) est un sous-groupe (distingué) du groupe Gal(HK/)Galsubscript𝐻𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/\mathbb{Q}).

Soit σ𝜎\sigma un élément de Gal(HK/K)Galsubscript𝐻𝐾𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/K) et C𝐶C la classe de conjugaison de σ𝜎\sigma dans Gal(HK/)Galsubscript𝐻𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/\mathbb{Q}). D’après le théorème de Chebotarev effectif, il existe un nombre premier rationnel q𝑞q, non ramifié dans HKsubscript𝐻𝐾H_{K} et inférieur ou égal à 2(ΔHK)A2superscriptsubscriptΔsubscript𝐻𝐾𝐴2(\Delta_{H_{K}})^{A}, tel que la classe de conjugaison formée par les frobenius de q𝑞q dans l’extension HK/subscript𝐻𝐾H_{K}/\mathbb{Q} est égale à C𝐶C. Il existe donc un idéal 𝔮~~𝔮\tilde{\mathfrak{q}} de HKsubscript𝐻𝐾H_{K} au-dessus de q𝑞q tel que le frobenius Frob(𝔮~/q)Frob~𝔮𝑞\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/q) de 𝔮~~𝔮\tilde{\mathfrak{q}} dans l’extension HK/subscript𝐻𝐾H_{K}/\mathbb{Q} est égal à σ𝜎\sigma.

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} l’idéal de K𝐾K situé au-dessous de 𝔮~~𝔮\tilde{\mathfrak{q}}. Alors la caractéristique de 𝔮𝔮\mathfrak{q} est le nombre premier rationnel q𝑞q. Par choix, q𝑞q est inférieur ou égal à 2(ΔK)AhK2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾2(\Delta_{K})^{Ah_{K}} et non ramifié dans HKsubscript𝐻𝐾H_{K}, donc dans K𝐾K. Le frobenius Frob(𝔮/q)Frob𝔮𝑞\mathrm{Frob}(\mathfrak{q}/q) de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans l’extension K/𝐾K/\mathbb{Q} est égal à la restriction à K𝐾K du frobenius Frob(𝔮~/q)Frob~𝔮𝑞\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/q) de 𝔮~~𝔮\tilde{\mathfrak{q}} dans HK/subscript𝐻𝐾H_{K}/\mathbb{Q}. Or, Frob(𝔮~/q)Frob~𝔮𝑞\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/q) est égal à σ𝜎\sigma, qui est un élément de Gal(HK/K)Galsubscript𝐻𝐾𝐾\mathrm{Gal}(H_{K}/K). Ceci implique que Frob(𝔮/q)Frob𝔮𝑞\mathrm{Frob}(\mathfrak{q}/q) est l’identité de K𝐾K, donc que le degré résiduel de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans K/𝐾K/\mathbb{Q} est 111 et finalement que la norme de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans K/𝐾K/\mathbb{Q} est q𝑞q. Comme K𝐾K est supposé galoisien sur \mathbb{Q}, on obtient que q𝑞q est totalement décomposé dans K𝐾K et ainsi que 𝔮𝔮\mathfrak{q} est dans l’ensemble 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}.

Enfin, comme 𝔮𝔮\mathfrak{q} est de degré 111 dans K/𝐾K/\mathbb{Q}, l’élément de Frobenius Frob(𝔮~/𝔮)Frob~𝔮𝔮\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/\mathfrak{q}) associé à 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans l’extension HK/Ksubscript𝐻𝐾𝐾H_{K}/K vérifie

Frob(𝔮~/𝔮)=Frob(𝔮~/q)=σ.Frob~𝔮𝔮Frob~𝔮𝑞𝜎\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/\mathfrak{q})=\mathrm{Frob}(\tilde{\mathfrak{q}}/q)=\sigma.

4.2 Les deux formes possibles du caractère d’isogénie

Dans cette partie, on s’inspire de la démonstration du théorème 1 (§2) de [10] pour obtenir le théorème II de l’introduction.

Définition 4.3 (Borne CKsubscript𝐶𝐾C_{K}).

On pose

CK=max(C(K,2(ΔK)AhK),(1+36dKhK)2).subscript𝐶𝐾𝐶𝐾.2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾superscript1superscript36subscript𝑑𝐾subscript𝐾2C_{K}=\max\left(C\left(K,2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}\right),\left(1+3^{6d_{K}h_{K}}\right)^{2}\right).

Le nombre CKsubscript𝐶𝐾C_{K} ne dépend que du corps de nombres K𝐾K.

Proposition 4.4.

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K}. Alors, en tout idéal de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}, la courbe E𝐸E a potentiellement bonne réduction et tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} appartiennent au même cas (BS, BO ou BO’) de la proposition 2.15.

Démonstration.

Par construction, la borne CKsubscript𝐶𝐾C_{K} est supérieure ou égale à C(K,2(ΔK)AhK)𝐶𝐾.2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾C\left(K,2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}\right) et à B(K;q)𝐵𝐾𝑞B(K;q) pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} de caractéristique q𝑞q . Comme la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est supposé réductible, les propositions 3.2 et 3.4 donnent que la courbe E𝐸E n’appartient pas à la famille (K;2(ΔK)AhK)𝐾2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾\mathcal{E}(K;2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}) ni à la famille (K;q)superscript𝐾𝑞\mathcal{E^{\prime}}(K;q) pour tout premier rationnel q𝑞q totalement décomposé dans K𝐾K et inférieur ou égal à 2(ΔK)AhK2superscriptsubscriptΔ𝐾𝐴subscript𝐾2(\Delta_{K})^{Ah_{K}}.

Ceci implique que E𝐸E a même type de réduction semi-stable (parmi les cinq types possibles de la proposition 2.15) en tout idéal de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} et que ce type n’est pas multiplicatif. ∎

4.2.1 Type supersingulier

Proposition 4.5.

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K} et que tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type supersingulier (BS dans la proposition 2.15). Alors :

  1. 1.

    le nombre premier p𝑝p est congru à 333 modulo 444 ;

  2. 2.

    en toute place de K𝐾K au-dessus de p𝑝p, la courbe E𝐸E a mauvaise réduction additive et potentiellement bonne réduction supersingulière ;

  3. 3.

    on a λ6=(χpλ1)6=(χpp+12)3superscript𝜆6superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜆16superscriptsuperscriptsubscript𝜒𝑝𝑝123\lambda^{6}=\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)^{6}=\left(\chi_{p}^{\frac{p+1}{2}}\right)^{3}.

Démonstration.

Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de p𝑝p. Comme tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BS, la proposition 2.15 donne que a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 666. D’après les parties 1.1.2 et 1.2 (notamment la proposition 1.3), ceci implique que p𝑝p est congru à 333 modulo 444E𝐸E a potentiellement bonne réduction supersingulière en 𝔭𝔭\mathfrak{p} et, comme e𝔭subscript𝑒𝔭e_{\mathfrak{p}} est égal à 444E𝐸E a réduction additive en 𝔭𝔭\mathfrak{p}.

D’après les propositions 1.41.5 et 2.15, le caractère μχp6𝜇superscriptsubscript𝜒𝑝6\mu\chi_{p}^{-6} est ainsi non ramifié en toute place finie de K𝐾K. Il définit donc une extension abélienne de K𝐾K contenue dans son corps de classes de Hilbert HKsubscript𝐻𝐾H_{K}. Comme les classes des éléments de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} forment tout le groupe des classes d’idéaux de K𝐾K, le caractère μχp6𝜇superscriptsubscript𝜒𝑝6\mu\chi_{p}^{-6} est entièrement déterminé par sa valeur sur les éléments σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}}, lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} décrit 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}.

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} ; alors d’après la proposition 2.15 (et avec les notations 2.12), on a :

μ(σ𝔮)=β𝔮12mod𝒫0𝔮=q6modp=(N𝔮)6modp=χp(σ𝔮)6.𝜇subscript𝜎𝔮modulosuperscriptsubscript𝛽𝔮12subscriptsuperscript𝒫𝔮0modulosuperscript𝑞6𝑝modulosuperscript𝑁𝔮6𝑝subscript𝜒𝑝superscriptsubscript𝜎𝔮6\mu(\sigma_{\mathfrak{q}})=\beta_{\mathfrak{q}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0}=q^{6}\mkern-5.0mu\mod p=(N\mathfrak{q})^{6}\mkern-5.0mu\mod p=\chi_{p}(\sigma_{\mathfrak{q}})^{6}.

On en déduit que μ𝜇\mu est égal à χp6superscriptsubscript𝜒𝑝6\chi_{p}^{6} sur GKsubscript𝐺𝐾G_{K}, ce qui implique :

(χpλ1)6=λ12λ6=λ6.superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜆16superscript𝜆12superscript𝜆6superscript𝜆6\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)^{6}=\lambda^{12}\lambda^{-6}=\lambda^{6}.

Soit ψ𝜓\psi le caractère χpλ2subscript𝜒𝑝superscript𝜆2\chi_{p}\lambda^{-2} de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}. On a ψ6=χp6λ12=χp6μ11superscript𝜓6superscriptsubscript𝜒𝑝6superscript𝜆12superscriptsubscript𝜒𝑝6superscript𝜇11\psi^{6}=\chi_{p}^{6}\lambda^{-12}=\chi_{p}^{6}\mu^{-1}\equiv 1 donc l’ordre de ψ𝜓\psi divise 666. On peut ainsi écrire ψ𝜓\psi comme produit d’un caractère ψ2subscript𝜓2\psi_{2} d’ordre divisant 222 et d’un caractère ψ3subscript𝜓3\psi_{3} d’ordre divisant 333. Comme p𝑝p est congru à 333 modulo 444 et que l’image de ψ3subscript𝜓3\psi_{3} est formée de carrés de 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}, on a :

ψ2=ψ2p12=ψ2p12ψ3p12=ψp12=χpp12λ(p1)=χpp12.subscript𝜓2superscriptsubscript𝜓2𝑝12superscriptsubscript𝜓2𝑝12superscriptsubscript𝜓3𝑝12superscript𝜓𝑝12superscriptsubscript𝜒𝑝𝑝12superscript𝜆𝑝1superscriptsubscript𝜒𝑝𝑝12\psi_{2}=\psi_{2}^{\frac{p-1}{2}}=\psi_{2}^{\frac{p-1}{2}}\psi_{3}^{\frac{p-1}{2}}=\psi^{\frac{p-1}{2}}=\chi_{p}^{\frac{p-1}{2}}\lambda^{-(p-1)}=\chi_{p}^{\frac{p-1}{2}}.

On en déduit finalement :

(χpλ1)6=λ6=(χpψ1)3=(χpψ21)3ψ33=(χpχpp12)3.superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜆16superscript𝜆6superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜓13superscriptsubscript𝜒𝑝superscriptsubscript𝜓213superscriptsubscript𝜓33superscriptsubscript𝜒𝑝superscriptsubscript𝜒𝑝𝑝123\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)^{6}=\lambda^{6}=\left(\chi_{p}\psi^{-1}\right)^{3}=\left(\chi_{p}\psi_{2}^{-1}\right)^{3}\psi_{3}^{-3}=\left(\chi_{p}\chi_{p}^{\frac{p-1}{2}}\right)^{3}.

4.2.2 Type ordinaire

Proposition 4.6.

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K} et que tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO ou que tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO’ (proposition 2.15). Alors il existe un unique corps quadratique imaginaire L𝐿L inclus dans K𝐾K vérifiant : pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est égal à L𝐿L.

Démonstration.

Lorsque tous les idéaux dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO, l’ensemble des éléments τ𝜏\tau de G𝐺G tels que aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est égal à 121212 est un sous-groupe d’indice 222 de G𝐺G, égal à  Gal(K/L𝔮)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}) pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}, L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} étant quadratique imaginaire et inclus dans K𝐾K. (proposition 2.15). Ainsi, le groupe Gal(K/L𝔮)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}), et par suite le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}, est indépendant de l’idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}. Ce corps quadratique commun fournit le corps L𝐿L de la proposition.

Lorsque tous les idéaux dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO’, on applique le même raisonnement à l’ensemble des éléments τ𝜏\tau de G𝐺G tels que aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} est nul. ∎

Proposition 4.7.

La norme dans l’extension K/L𝐾𝐿K/L de tout idéal fractionnaire de K𝐾K est un idéal fractionnaire principal de L𝐿L. Le corps de classes de Hilbert de L𝐿L est contenu dans K𝐾K.

Démonstration.

Comme toute classe d’idéaux de K𝐾K contient un idéal de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} (proposition 4.2), la première assertion est vraie si et seulement si elle l’est pour tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}. Or pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}, la norme de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans l’extension K/L𝐾𝐿K/L est la norme de 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans l’extension K/L𝔮𝐾superscript𝐿𝔮K/L^{\mathfrak{q}}, qui est un idéal principal engendré par β𝔮subscript𝛽𝔮\beta_{\mathfrak{q}} (type BO) ou β𝔮¯¯subscript𝛽𝔮\overline{\beta_{\mathfrak{q}}} (type BO’).

On montre ensuite que la première assertion implique la deuxième. Soit HLsubscript𝐻𝐿H_{L} le corps de classes de Hilbert de L𝐿L. L’extension KHL/K𝐾subscript𝐻𝐿𝐾KH_{L}/K est galoisienne, abélienne et la théorie du corps de classes fournit le diagramme commutatif suivant :

Gal(KHL/K)Gal𝐾subscript𝐻𝐿𝐾\textstyle{\mathrm{Gal}(KH_{L}/K)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}similar-to\scriptstyle{\sim}restriction𝑟𝑒𝑠𝑡𝑟𝑖𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛\scriptstyle{restriction}𝔸K×/K×NKHL/K(𝔸KHL×)subscriptsuperscript𝔸𝐾superscript𝐾subscript𝑁𝐾subscript𝐻𝐿𝐾subscriptsuperscript𝔸𝐾subscript𝐻𝐿\textstyle{\mathbb{A}^{\times}_{K}/K^{\times}N_{KH_{L}/K}\left(\mathbb{A}^{\times}_{KH_{L}}\right)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}NK/Lsubscript𝑁𝐾𝐿\scriptstyle{N_{K/L}}Gal(HL/L)Galsubscript𝐻𝐿𝐿\textstyle{\mathrm{Gal}(H_{L}/L)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}similar-to\scriptstyle{\sim}𝔸L×/L×NHL/L(𝔸HL×).subscriptsuperscript𝔸𝐿superscript𝐿subscript𝑁subscript𝐻𝐿𝐿subscriptsuperscript𝔸subscript𝐻𝐿\textstyle{\mathbb{A}^{\times}_{L}/L^{\times}N_{H_{L}/L}\left(\mathbb{A}^{\times}_{H_{L}}\right).}

D’après la première assertion, la flèche verticale de droite est d’image triviale. Comme la flèche verticale de gauche est injective, les corps KHL𝐾subscript𝐻𝐿KH_{L} et K𝐾K coïncident, ce qui implique que HLsubscript𝐻𝐿H_{L} est inclus dans K𝐾K. ∎

Proposition 4.8.

Le nombre premier p𝑝p est décomposé dans L𝐿L. Il existe un unique idéal premier 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} de L𝐿L au-dessus de p𝑝p vérifiant : pour tout idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de K𝐾K au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212 et pour tout idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de K𝐾K au-dessus de 𝔭L¯¯subscript𝔭𝐿\overline{\mathfrak{p}_{L}}, a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 00.

Démonstration.

D’après la proposition 2.15p𝑝p est décomposé dans le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}, égal à L𝐿L, pour tout 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}.

On rappelle que les entiers aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} ont été définis par aτ=aτ1(𝔭0)subscript𝑎𝜏subscript𝑎superscript𝜏1subscript𝔭0a_{\tau}=a_{\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0})} pour un idéal 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} de K𝐾K au-dessus de p𝑝p fixé (notations 2.5).

Lorsque tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO, on note 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} l’idéal de L𝐿L situé au-dessous de 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} (pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} est donc l’idéal 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} des notations 2.12). Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}. Il existe un élément τ𝜏\tau dans Gal(K/L)Gal𝐾𝐿\mathrm{Gal}(K/L) vérifiant τ1(𝔭0)=𝔭superscript𝜏1subscript𝔭0𝔭\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0})=\mathfrak{p}. Alors a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau}, lui-même égal à 121212 car τ𝜏\tau est dans Gal(K/L)Gal𝐾𝐿\mathrm{Gal}(K/L) qui coïncide avec Gal(K/L𝔮)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}). Réciproquement, soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de p𝑝p tel que a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212. Soit τ𝜏\tau dans G𝐺G vérifiant τ1𝔭0=𝔭superscript𝜏1subscript𝔭0𝔭\tau^{-1}\mathfrak{p}_{0}=\mathfrak{p}. On a alors aτ=a𝔭=12subscript𝑎𝜏subscript𝑎𝔭12a_{\tau}=a_{\mathfrak{p}}=12 donc τ𝜏\tau est dans Gal(K/L𝔮)Gal𝐾superscript𝐿𝔮\mathrm{Gal}(K/L^{\mathfrak{q}}), qui est égal à Gal(K/L)Gal𝐾𝐿\mathrm{Gal}(K/L). Cela implique :

𝔭𝒪L=(τ1𝔭0)𝒪L=τ1(𝔭0𝒪L)=𝔭0𝒪L=𝔭L.𝔭subscript𝒪𝐿superscript𝜏1subscript𝔭0subscript𝒪𝐿superscript𝜏1subscript𝔭0subscript𝒪𝐿subscript𝔭0subscript𝒪𝐿subscript𝔭𝐿\mathfrak{p}\cap\mathcal{O}_{L}=\left(\tau^{-1}\mathfrak{p}_{0}\right)\cap\mathcal{O}_{L}=\tau^{-1}\left(\mathfrak{p}_{0}\cap\mathcal{O}_{L}\right)=\mathfrak{p}_{0}\cap\mathcal{O}_{L}=\mathfrak{p}_{L}.

Ainsi on a a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} égal à 121212 si et seulement si 𝔭𝔭\mathfrak{p} est au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} et a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} égal à 00 sinon ; dans ce deuxième cas, 𝔭𝔭\mathfrak{p} est au-dessus de 𝔭L¯¯subscript𝔭𝐿\overline{\mathfrak{p}_{L}}, qui est l’autre idéal de L𝐿L au-dessus de p𝑝p.

Lorsque tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO’, on note 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} le conjugué complexe de l’idéal de L𝐿L situé au-dessous de 𝔭0subscript𝔭0\mathfrak{p}_{0} (pour tout idéal 𝔮𝔮\mathfrak{q} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K}𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} est donc le conjugué complexe de l’idéal 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}}_{0} des notations 2.12). Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}. Il existe un élément τ𝜏\tau dans G𝐺G privé de Gal(K/L)Gal𝐾𝐿\mathrm{Gal}(K/L) vérifiant τ1(𝔭0)=𝔭superscript𝜏1subscript𝔭0𝔭\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0})=\mathfrak{p}. Alors a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau}, donc à 121212. Réciproquement, soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de p𝑝p tel que a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212. Soit τ𝜏\tau dans G𝐺G vérifiant τ1(𝔭0)=𝔭superscript𝜏1subscript𝔭0𝔭\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0})=\mathfrak{p}. On a alors aτsubscript𝑎𝜏a_{\tau} égal à a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} qui vaut 121212, donc τ𝜏\tau est dans G𝐺G privé de Gal(K/L)Gal𝐾𝐿\mathrm{Gal}(K/L). Alors τ𝜏\tau et τ1superscript𝜏1\tau^{-1} induisent sur L𝐿L la conjugaison complexe et on obtient :

𝔭𝒪L=(τ1(𝔭0))𝒪L=τ1(𝔭0𝒪L)=𝔭0𝒪L¯=𝔭L.𝔭subscript𝒪𝐿superscript𝜏1subscript𝔭0subscript𝒪𝐿superscript𝜏1subscript𝔭0subscript𝒪𝐿¯subscript𝔭0subscript𝒪𝐿subscript𝔭𝐿\mathfrak{p}\cap\mathcal{O}_{L}=\left(\tau^{-1}(\mathfrak{p}_{0})\right)\cap\mathcal{O}_{L}=\tau^{-1}\left(\mathfrak{p}_{0}\cap\mathcal{O}_{L}\right)=\overline{\mathfrak{p}_{0}\cap\mathcal{O}_{L}}=\mathfrak{p}_{L}.

On a donc encore a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} égal à 121212 si et seulement si 𝔭𝔭\mathfrak{p} est au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} et a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} égal à 00 sinon. ∎

Proposition 4.9.

Soient α𝛼\alpha un élément non nul de K𝐾K premier à 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} et 𝔮𝔭L𝔮val𝔮(α)subscriptproductnot-divides𝔮subscript𝔭𝐿superscript𝔮subscriptval𝔮𝛼\prod_{\mathfrak{q}\nmid\mathfrak{p}_{L}}\mathfrak{q}^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)} la décomposition de l’idéal fractionnaire principal α𝒪K𝛼subscript𝒪𝐾\alpha\mathcal{O}_{K} en produit d’idéaux maximaux de K𝐾K. Alors on a :

𝔮𝔭Lμ(σ𝔮)val𝔮(α)=NK/L(α)12mod𝔭L.subscriptproductnot-divides𝔮subscript𝔭𝐿𝜇superscriptsubscript𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼modulosubscript𝑁𝐾𝐿superscript𝛼12subscript𝔭𝐿\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid\mathfrak{p}_{L}}\mu\left(\sigma_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}=N_{K/L}\left(\alpha\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod\ \mathfrak{p}_{L}.
Démonstration.

Le caractère μ𝜇\mu est non ramifié aux places finies de K𝐾K premières à 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} et pour tout idéal premier de K𝐾K au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212. Par une démonstration analogue à celle de la proposition 2.4, on obtient :

𝔮𝔭Lμ(σ𝔮)val𝔮(α)=𝔭|𝔭LNK𝔭/p(ι𝔭(α))12modp.subscriptproductnot-divides𝔮subscript𝔭𝐿𝜇superscriptsubscript𝜎𝔮subscriptval𝔮𝛼modulosubscriptproductconditional𝔭subscript𝔭𝐿subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼12𝑝\prod\limits_{\mathfrak{q}\nmid\mathfrak{p}_{L}}\mu\left(\sigma_{\mathfrak{q}}\right)^{\mathrm{val}_{\mathfrak{q}}(\alpha)}=\prod\limits_{\mathfrak{p}|\mathfrak{p}_{L}}N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod p.

Le nombre premier p𝑝p étant décomposé dans L𝐿L (proposition 4.8), le complété L𝔭Lsubscript𝐿subscript𝔭𝐿L_{\mathfrak{p}_{L}} de L𝐿L en 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} coïncide avec psubscript𝑝\mathbb{Q}_{p} et on a :

𝔭|𝔭LNK𝔭/p(ι𝔭(α))12modp=(𝔭|𝔭LNK𝔭/L𝔭L(ι𝔭(α)))12modp=NK/L(α)12mod𝔭L.modulosubscriptproductconditional𝔭subscript𝔭𝐿subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝑝superscriptsubscript𝜄𝔭𝛼12𝑝modulosuperscriptsubscriptproductconditional𝔭subscript𝔭𝐿subscript𝑁subscript𝐾𝔭subscript𝐿subscript𝔭𝐿subscript𝜄𝔭𝛼12𝑝missing-subexpressionmodulosubscript𝑁𝐾𝐿superscript𝛼12subscript𝔭𝐿\begin{array}[]{r c l}\prod\limits_{\mathfrak{p}|\mathfrak{p}_{L}}N_{K_{\mathfrak{p}}/\mathbb{Q}_{p}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod\ p&=&\left(\prod\limits_{\mathfrak{p}|\mathfrak{p}_{L}}N_{K_{\mathfrak{p}}/L_{\mathfrak{p}_{L}}}\left(\iota_{\mathfrak{p}}(\alpha)\right)\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod p\\ &=&N_{K/L}\left(\alpha\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.\\ \end{array}

Proposition 4.10.

Soient 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal maximal de K𝐾K premier à 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} et α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}} dans L𝐿L un générateur de NK/L(𝔮)subscript𝑁𝐾𝐿𝔮N_{K/L}(\mathfrak{q}). Alors on a :

μ(σ𝔮)=α𝔮12mod𝔭L.𝜇subscript𝜎𝔮modulosuperscriptsubscript𝛼𝔮12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}})=\alpha_{\mathfrak{q}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.
Démonstration.

Il existe un idéal 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} dans 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} et un élément α𝛼\alpha non nul de K𝐾K vérifiant :

𝔮=𝔮(α𝒪K).𝔮superscript𝔮𝛼subscript𝒪𝐾\mathfrak{q}=\mathfrak{q}^{\prime}\cdot\left(\alpha\mathcal{O}_{K}\right).

D’après la démonstration de la proposition 4.8 :

  • \bullet

    si tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO, alors 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} est égal à l’idéal 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫superscript𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}^{\prime}}_{0}, la norme de 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} dans l’extension K/L𝐾𝐿K/L est β𝔮𝒪Lsubscript𝛽superscript𝔮subscript𝒪𝐿\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}\mathcal{O}_{L} et on a (notations 2.12 et proposition 2.15)

    μ(σ𝔮)=β𝔮12mod𝒫0𝔮=β𝔮12mod𝔭L;𝜇subscript𝜎superscript𝔮modulosuperscriptsubscript𝛽superscript𝔮12subscriptsuperscript𝒫superscript𝔮0modulosuperscriptsubscript𝛽superscript𝔮12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}^{\prime}})=\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}^{\prime}}_{0}=\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L};
  • \bullet

    si tous les idéaux de 𝒥Ksubscript𝒥𝐾\mathcal{J}_{K} sont de type BO’ alors 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L} est le conjugué complexe de l’idéal 𝒫0𝔮subscriptsuperscript𝒫superscript𝔮0\mathcal{P}^{\mathfrak{q}^{\prime}}_{0}, la norme de 𝔮superscript𝔮\mathfrak{q}^{\prime} dans K/L𝐾𝐿K/L est β𝔮¯𝒪L¯subscript𝛽superscript𝔮subscript𝒪𝐿\overline{\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}}\mathcal{O}_{L} et on a

    μ(σ𝔮)=β𝔮12mod𝒫0𝔮=β𝔮12mod𝔭L¯=β𝔮¯12mod𝔭L.𝜇subscript𝜎superscript𝔮modulosuperscriptsubscript𝛽superscript𝔮12subscriptsuperscript𝒫superscript𝔮0modulosuperscriptsubscript𝛽superscript𝔮12¯subscript𝔭𝐿modulosuperscript¯subscript𝛽superscript𝔮12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}^{\prime}})=\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathcal{P}^{\mathfrak{q}^{\prime}}_{0}=\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\overline{\mathfrak{p}_{L}}=\overline{\beta_{\mathfrak{q}^{\prime}}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.

Dans les deux cas, il existe un élément α𝔮subscript𝛼superscript𝔮\alpha_{\mathfrak{q}^{\prime}} de 𝒪Lsubscript𝒪𝐿\mathcal{O}_{L} qui engendre l’idéal  NK/L(𝔮)subscript𝑁𝐾𝐿superscript𝔮N_{K/L}(\mathfrak{q}^{\prime}) et vérifie :

μ(σ𝔮)=α𝔮12mod𝔭L.𝜇subscript𝜎superscript𝔮modulosuperscriptsubscript𝛼superscript𝔮12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}^{\prime}})=\alpha_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.

Soit α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}} dans 𝒪Lsubscript𝒪𝐿\mathcal{O}_{L} un générateur de l’idéal NK/L(𝔮)subscript𝑁𝐾𝐿𝔮N_{K/L}(\mathfrak{q}). On a :

NK/L(𝔮)=NK/L(𝔮)×(NK/L(α)𝒪L),subscript𝑁𝐾𝐿𝔮subscript𝑁𝐾𝐿superscript𝔮subscript𝑁𝐾𝐿𝛼subscript𝒪𝐿N_{K/L}(\mathfrak{q})=N_{K/L}(\mathfrak{q}^{\prime})\times\left(N_{K/L}(\alpha)\mathcal{O}_{L}\right),

ce qui implique que les éléments α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}} et α𝔮NK/L(α)subscript𝛼superscript𝔮subscript𝑁𝐾𝐿𝛼\alpha_{\mathfrak{q}^{\prime}}N_{K/L}(\alpha) de L𝐿L diffèrent d’une unité de L𝐿L. Comme L𝐿L est un corps quadratique imaginaire, cette unité est une racine douzième de l’unité ; on a donc

α𝔮12=(α𝔮NK/L(α))12.superscriptsubscript𝛼𝔮12superscriptsubscript𝛼superscript𝔮subscript𝑁𝐾𝐿𝛼12\alpha_{\mathfrak{q}}^{12}=\left(\alpha_{\mathfrak{q}^{\prime}}N_{K/L}(\alpha)\right)^{12}.

Enfin, on a d’après la proposition 4.9

μ(σ𝔮)=μ(σ𝔮)×(NK/L(α)12mod𝔭L)𝜇subscript𝜎𝔮𝜇subscript𝜎superscript𝔮modulosubscript𝑁𝐾𝐿superscript𝛼12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}})=\mu(\sigma_{\mathfrak{q}^{\prime}})\times\left(N_{K/L}\left(\alpha\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod\ \mathfrak{p}_{L}\right)

d’où

μ(σ𝔮)=(α𝔮12mod𝔭L)×(NK/L(α)12mod𝔭L)=α𝔮12mod𝔭L.𝜇subscript𝜎𝔮modulosuperscriptsubscript𝛼superscript𝔮12subscript𝔭𝐿modulosubscript𝑁𝐾𝐿superscript𝛼12subscript𝔭𝐿modulosuperscriptsubscript𝛼𝔮12subscript𝔭𝐿\mu(\sigma_{\mathfrak{q}})=\left(\alpha_{\mathfrak{q}^{\prime}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}\right)\times\left(N_{K/L}\left(\alpha\right)^{12}\mkern-5.0mu\mod\ \mathfrak{p}_{L}\right)=\alpha_{\mathfrak{q}}^{12}\mkern-5.0mu\mod\mathfrak{p}_{L}.

4.3 Homothéties dans l’image de la représentation φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}

On remarque qu’on a, pour tout couple (α,β)𝛼𝛽(\alpha,\beta) dans 𝔽p××𝔽psuperscriptsubscript𝔽𝑝subscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}\times\mathbb{F}_{p}, l’égalité suivante dans M2(𝔽p)subscriptM2subscript𝔽𝑝\mathrm{M}_{2}(\mathbb{F}_{p}) :

(αβ0α)p=(αppαp1β0αp)=(αp00αp)=(α00α).superscriptmatrix𝛼𝛽0𝛼𝑝matrixsuperscript𝛼𝑝𝑝superscript𝛼𝑝1𝛽0superscript𝛼𝑝matrixsuperscript𝛼𝑝00superscript𝛼𝑝matrix𝛼00𝛼\begin{pmatrix}\alpha&\beta\\ 0&\alpha\end{pmatrix}^{p}=\begin{pmatrix}\alpha^{p}&p\alpha^{p-1}\beta\\ 0&\alpha^{p}\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}\alpha^{p}&0\\ 0&\alpha^{p}\end{pmatrix}=\begin{pmatrix}\alpha&0\\ 0&\alpha\end{pmatrix}.

Pour montrer que l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient une homothétie de rapport x𝑥x (x𝑥x appartenant à 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}), il suffit donc de montrer que l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient un élément dont la diagonale est (x,x)𝑥𝑥(x,x).

4.3.1 Homothéties pour le type supersingulier

Proposition 4.11.

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K} et qu’on est dans le cas supersingulier (partie 4.2.1). Alors l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les carrés des homothéties.

Démonstration.

Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de p𝑝p. Comme a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 666 (proposition 2.15), la proposition 1.3 donne que le caractère λ4superscript𝜆4\lambda^{4} restreint au sous-groupe d’inertie I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} est égal au carré du caractère cyclotomique. Le deuxième caractère diagonal de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} est χpλ1subscript𝜒𝑝superscript𝜆1\chi_{p}\lambda^{-1} et vérifie alors également en restriction à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} :

(χpλ1)4=χp4λ4=χp4χp2=χp2.superscriptsubscript𝜒𝑝superscript𝜆14superscriptsubscript𝜒𝑝4superscript𝜆4superscriptsubscript𝜒𝑝4superscriptsubscript𝜒𝑝2superscriptsubscript𝜒𝑝2\left(\chi_{p}\lambda^{-1}\right)^{4}=\chi_{p}^{4}\lambda^{-4}=\chi_{p}^{4}\chi_{p}^{-2}=\chi_{p}^{2}.

Comme on a supposé p𝑝p non ramifié dans K𝐾K, le caractère cyclotomique restreint à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} est surjectif dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}. Ainsi, pour tout x𝑥x dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}, l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient un élément de diagonale (x2,x2)superscript𝑥2superscript𝑥2(x^{2},x^{2}) et la puissance p𝑝p-ième de cet élément qui est une homothétie de rapport x2superscript𝑥2x^{2}. ∎

4.3.2 Homothéties pour le type ordinaire

Proposition 4.12.

On suppose que p𝑝p est strictement supérieur à CKsubscript𝐶𝐾C_{K} et qu’on est dans le cas ordinaire (partie 4.2.2). Alors l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} contient les puissances douzièmes des homothéties.

Démonstration.

Soit x𝑥x un élément de 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}.

Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de 𝔭Lsubscript𝔭𝐿\mathfrak{p}_{L}. D’après la proposition 4.8a𝔭subscript𝑎𝔭a_{\mathfrak{p}} est égal à 121212 donc la restriction à I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} de la diagonale de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}, élevée à la puissance 121212, vaut (μ,χp12μ1)=(χp12,1)𝜇superscriptsubscript𝜒𝑝12superscript𝜇1superscriptsubscript𝜒𝑝12.1(\mu,\chi_{p}^{12}\mu^{-1})=(\chi_{p}^{12},1). Comme χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} est surjectif de I𝔭subscript𝐼𝔭I_{\mathfrak{p}} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}, il existe dans GKsubscript𝐺𝐾G_{K} un élément σ𝜎\sigma tel que la diagonale de φE,p(σ)subscript𝜑𝐸𝑝𝜎\varphi_{E,p}(\sigma) est (x12,1)superscript𝑥12.1(x^{12},1).

Soit 𝔭superscript𝔭\mathfrak{p}^{\prime} un idéal premier de K𝐾K au-dessus de 𝔭L¯¯subscript𝔭𝐿\overline{\mathfrak{p}_{L}}. D’après la proposition 4.8a𝔭subscript𝑎superscript𝔭a_{\mathfrak{p}^{\prime}} est nul donc la restriction à I𝔭subscript𝐼superscript𝔭I_{\mathfrak{p}^{\prime}} de la diagonale de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}, élevée à la puissance 121212, vaut (μ,χp12μ1)=(1,χp12)𝜇superscriptsubscript𝜒𝑝12superscript𝜇11superscriptsubscript𝜒𝑝12(\mu,\chi_{p}^{12}\mu^{-1})=(1,\chi_{p}^{12}). Comme χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} est surjectif de I𝔭subscript𝐼superscript𝔭I_{\mathfrak{p}^{\prime}} dans 𝔽p×superscriptsubscript𝔽𝑝\mathbb{F}_{p}^{\times}, il existe dans GKsubscript𝐺𝐾G_{K} un élément σsuperscript𝜎\sigma^{\prime} tel que la diagonale de φE,p(σ)subscript𝜑𝐸𝑝superscript𝜎\varphi_{E,p}(\sigma^{\prime}) est (1,x12)1superscript𝑥12(1,x^{12}).

Alors l’image par φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p} du produit σσ𝜎superscript𝜎\sigma\sigma^{\prime} de GKsubscript𝐺𝐾G_{K} a pour diagonale (x12,x12)superscript𝑥12superscript𝑥12(x^{12},x^{12}) ; sa puissance p𝑝p-ième est donc une homothétie de rapport x12superscript𝑥12x^{12} contenue dans l’image de φE,psubscript𝜑𝐸𝑝\varphi_{E,p}. ∎

Références

  • [1] Nicolas Billerey. Critères d’irréductibilité pour les représentations des courbes elliptiques. Int. J. Number Theory, 7(4):1001–1032, 2011.
  • [2] Yann Bugeaud and Kálmán Győry. Bounds for the solutions of unit equations. Acta Arith., 74(1):67–80, 1996.
  • [3] Agnès David. Caractère d’isogénie et borne uniforme pour les homothéties. PhD thesis, IRMA, Strasbourg, 2008.
  • [4] Agnès David. Borne uniforme pour les homothéties dans l’image de Galois associée aux courbes elliptiques. J. Number Theory, 131(11):2175–2191, 2011. Disponible en ligne arXiv:1007.4725v1.
  • [5] Alain Kraus. Courbes elliptiques semi-stables sur les corps de nombres. Int. J. Number Theory, 3(4):611–633, 2007.
  • [6] J. C. Lagarias, H. L. Montgomery, and A. M. Odlyzko. A bound for the least prime ideal in the Chebotarev density theorem. Invent. Math., 54(3):271–296, 1979.
  • [7] Eric Larson and Dmitry Vaintrob. Determinants of subquotients of Galois representations associated to abelian varieties. preprint, 2011. Disponible en ligne arXiv:1110.0255v2.
  • [8] B. Mazur. Rational isogenies of prime degree (with an appendix by D. Goldfeld). Invent. Math., 44(2):129–162, 1978.
  • [9] Loïc Merel. Bornes pour la torsion des courbes elliptiques sur les corps de nombres. Invent. Math., 124(1-3):437–449, 1996.
  • [10] Fumiyuki Momose. Isogenies of prime degree over number fields. Compositio Math., 97(3):329–348, 1995.
  • [11] Pierre Parent. Bornes effectives pour la torsion des courbes elliptiques sur les corps de nombres. J. Reine Angew. Math., 506:85–116, 1999.
  • [12] Michel Raynaud. Schémas en groupes de type (p,,p)𝑝𝑝(p,\dots,p). Bull. Soc. Math. France, 102:241–280, 1974.
  • [13] Jean-Pierre Serre. Propriétés galoisiennes des points d’ordre fini des courbes elliptiques. Invent. Math., 15(4):259–331, 1972.
  • [14] Jean-Pierre Serre and John Tate. Good reduction of abelian varieties. Ann. of Math. (2), 88:492–517, 1968.
  • [15] Joseph H. Silverman. The arithmetic of elliptic curves, volume 106 of Graduate Texts in Mathematics. Springer-Verlag, New York, 1992. Corrected reprint of the 1986 original.