La formule des traces pour les revêtements de groupes réductifs connexes. I.
Le développement géométrique fin
Résumé
On étudie la partie spécifique de la formule des traces d’Arthur-Selberg pour certains revêtements des groupes réductifs connexes. Comme un premier pas vers la formules des traces invariante, on exprime le côté géométrique en termes des intégrales orbitales pondérées. Les résultats s’appliquent, en particulier, aux revêtements construits par Brylinski et Deligne.
MSC classification (2010): 11F72, 11F70.
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Chapitre \thechapter Le développement géométrique fin
1 Introduction
Motivation
La théorie des représentations automorphes des groupes réductifs connexes a depuis longtemps été l’objet de travaux intensifs, et la formule des traces d’Arthur-Selberg s’est avérée un outil indispensable. Or certaines questions arithmétiques nous obligent à considérer non seulement les groupes réductifs connexes, mais aussi leurs revêtements finis qui ne sont pas algébriques. Cet article fait partie d’un projet consistant à étendre les travaux d’Arthur aux revêtements.
Historiquement, Flicker et Kazhdan [15, 16] ont déjà utilisé une forme simple de la formule des traces sur les revêtements métaplectiques de . Mezo [25, 24] reprenait leur travail à l’aide de la formule des traces invariante d’Arthur. Malheureusement ils ne considèrent pas les autres revêtements. De plus, vu la profondeur des travaux d’Arthur sur la formule des traces invariante [6, 7], les justifications données dans [25] ne sont peut-être pas suffisantes.
Passons en revue le cas des groupes réductifs connexes. Soient un corps de nombres et un -groupe réductif connexe. Désignons l’anneau des adèles de . On sait définir le sous-groupe (voir §3.4). Fixons un sous-groupe de Lévi minimal et un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à . Grosso modo, la formule des traces “grossière” d’Arthur [1, 2] est une égalité des fonctionnelles linéaires sur (que l’on appelle aussi “distributions”, par abus de terminologie)
où (resp. ) indexe des données géométriques (resp. spectrales). Les données sont faciles à décrire: elles correspondent aux classes de conjugaison semi-simples dans . Le terme correspondant à la classe est noté et s’appelle le terme unipotent. Les données correspondent, en gros, aux représentations automorphes cuspidales sur les sous-groupes de Lévi semi-standards modulo l’action du groupe de Weyl de . Cette formule grossière est relativement facile à adapter aux revêtements (voir §6.1).
Avant d’obtenir la formule des traces invariante, il faut d’abord développer les distributions (resp. ) en termes des intégrales orbitales pondérées (resp. caractères pondérés), et le résultat s’appelle le développement géométrique (resp. spectral) fin. En sommant les développements fins pour chaque , le développement géométrique fin prend la forme (cf. [5])
où
-
—
parcourt les sous-groupes de Lévi semi-standards de ;
-
—
est le groupe de Weyl de ;
-
—
est un ensemble fini de places de suffisamment grand relativement à ;
-
—
est l’ensemble des classes de -équivalence (voir 6.5.1);
-
—
le symbole pointé signifie que l’on choisit une mesure invariante sur la classe de conjugaison de dans ;
-
—
s’appelle le coefficient de ce développement en , qui est un objet global;
-
—
est l’intégrale orbitale pondérée de en , qui est un objet local.
C’est ce qui est problématique pour les revêtements. Le principal but de cet article est un développement géométrique fin pour les revêtements. Quoique le résultat 6.5.9 a l’air très similaire, sa formulation ainsi que sa démonstration nécessitent des modifications inattendues. Précisons.
Revêtements
Avant d’entamer ce projet, il faut bien sûr signaler une classe convenable de revêtements. Soit un corps local ou global, toujours supposé de caractéristique nulle dans cet article. Soit un -groupe réductif connexe. Notons si est local et si est global, alors est muni d’une topologie déduite de celle de . En premier lieu, on considère des extensions centrales finies topologiques de , à savoir
où est un groupe abélien fini. Les représentations de se décomposent selon les caractères de . On fixe un tel caractère , où et . On pousse l’extension centrale en avant via . On s’est ainsi ramené aux revêtements avec , ce que l’on suppose dorénavant, et les représentations sur lesquelles (regardé comme un sous-groupe de ) opère par . De telles représentations sont dites spécifiques. Pour l’étude des représentations spécifiques, il suffit de considérer les fonctions sur telles que pour tout , ; de telles fonctions sont dites anti-spécifiques.
On montrera qu’un revêtement se scinde de façon canonique au-dessus des sous-groupes unipotents. Lorsque est global, on suppose de plus qu’un scindage au-dessus de est fixé. Tel est le formalisme posé dans [26]; on dispose alors de la théorie de décomposition spectrale et des séries d’Eisenstein. Mentionnons aussi que d’un revêtement de se déduisent des revêtements de , où est une place de , en prenant la fibre de au-dessus de .
Or ces hypothèses ne suffisent pas dans le cas adélique. Par exemple, pour avoir un théorème de décomposition tensorielle des représentations lisses irréductibles spécifiques, il faut définir les algèbres de Hecke sphériques anti-spécifiques en presque toute place et montrer qu’elles sont commutatives. On posera des conditions (dites “non ramifiées”) dans §3.1 qui doivent être vérifiées en dehors d’un ensemble fini de places contenant les places archimédiennes. Notre traitement de tels revêtements s’inspire beaucoup de [28, 29, 23].
D’après une philosophie bien connue, il faut considérer non seulement un revêtement , mais aussi ses fibres au-dessus des sous-groupes de Lévi; on appelle ces fibres les sous-groupes de Lévi de . Nos hypothèses pour un revêtement local, non ramifié ou adélique sont préservées par passage aux sous-groupes de Lévi de . De plus, si l’on exige que l’algèbre de Hecke sphérique anti-spécifique d’un revêtement non ramifié est commutative, et idem pour tous les sous-groupes de Lévi, alors les conditions posées dans §3.1 sont bien minimales. Par ailleurs, nos hypothèses sont aussi préservées par pousser-en-avant le groupe par un homomorphisme.
En pratique les revêtements sont souvent dotés de structures supplémentaires. On démontrera dans §3.5 que les -torseurs multiplicatifs de Brylinski-Deligne [13], qui généralisent la construction de Steinberg, Moore et Matsumoto [22], fournissent des revêtements vérifiant nos hypothèses. La démonstration est basé sur un résultat de Weissman [31].
La formule des traces grossière
Soit un revêtement au sens ci-dessus. Fixons un sous-groupe de Lévi minimal et un sous-groupe compact maximal en bonne position relativement à . Notons et l’ensemble des fonctions anti-spécifiques dans . Comme dans le cas des groupes réductifs connexes, on a la formule des traces grossière
où les indices correspondent aux classes de conjugaison semi-simples dans comme précédemment, et les indices correspondent, en gros, aux représentations automorphes cuspidales spécifiques sur les sous-groupes de Lévi semi-standards de modulo l’action de .
Ici on observe une asymétrie: le côté géométrique est indexé par toutes les classes de conjugaison semi-simples dans , tandis que le côté spectral ne fait intervenir que les représentations spécifiques. Nous y remédierons lors du raffinement.
Raffinement géométrique
Pour un groupe réductif connexe , le raffinement géométrique d’un terme repose sur la descente au terme dans la formule des traces grossière associé au commutant connexe de , où . On exprime en termes des intégrales orbitales pondérées unipotentes définies dans [8]. Les intégrales orbitales pondérées satisfont aussi à une formule de descente. En comparant ces formules de descente, on exprime en termes des intégrales orbitales pondérées sur le même groupe.
Le procédé pour un revêtement est analogue sauf que le revêtement disparaît après la descente, et le résultat n’est plus , mais tordu par un certain caractère de à cause du fait qu’un élément dans ne commute pas forcément avec le relèvement de dans . Mentionnons que la partie elliptique de la formule des traces “avec un caractère” est beaucoup étudiée (eg. [19]), cependant il nous faut l’autre extrême, la partie unipotente.
De même, nous définissons les intégrales orbitales pondérées sur les revêtements et leurs propriétés se déduisent par descente aux intégrales orbitales pondérées unipotentes sur un groupe réductif connexe, et là encore un caractère intervient.
Notre méthode du raffinement est, pour l’essentiel, celle d’Arthur [4, 5]. Or d’une part l’adaptation au cas avec caractère n’est pas toujours triviale, et d’autre part nous avons besoin de renseignements plus précis sur les coefficients dans le développement géométrique fin avec caractère. Cela nécessite la longue section §5. Une fois que le formalisme avec un caractère est mis en place, la théorie sur les revêtements en découle par descente. L’un des nouveaux ingrédients dans le développement géométrique fin sur les revêtements 6.5.9 est la notion des bons éléments (voir 2.6.1); pourtant c’est difficile de les caractériser pour les revêtements en général. Le résultat 6.5.9 s’écrit
où
-
—
, et sont pareils que dans le cas des groupes réductifs connexes;
- —
-
—
la correspondance est définie 6.5.3, où on suppose que est un représentant admissible de la classe de -équivalence;
-
—
est le coefficient de ce développement en ;
-
—
est l’intégrale orbitale pondérée anti-spécifique en .
Nous démontrerons que le produit ne dépend que de la classe de -équivalence et de . Donc cette expression est loisible.
Notons en passant que la démonstration sera beaucoup plus simple si l’on considère un revêtement tel que deux éléments dans commutent si et seulement si leurs images par commutent. Tel est le cas du revêtement métaplectique de Weil.
Remarquons que notre méthode permet aussi de raffiner le côté géométrique de la formule des traces avec caractère pour un groupe réductif connexe (voir l’exemple 5.7.2). Une généralisation aux groupes tordus aura un intérêt arithmétique.
Structure de cet article
Dans §2, nous définissons les revêtements dans le cas local, mettons en place le formalisme de base de l’analyse harmonique et fixons les notations. Le traitement n’est nullement original, mais nous essayons de travailler dans un cadre général: il n’y a aucune hypothèse sur le déploiement, la connexité simple du groupe ou sur les racines d’unité du corps en question.
Dans §3, nous étudions les revêtements “non ramifiés”, établissons un isomorphisme de Satake et puis définissons les revêtements adéliques. Afin de supporter nos hypothèses, nous démontrons que les -torseurs multiplicatifs de Brylinski-Deligne [13] fournissent de tels revêtements adéliques.
La section §4 ne sert qu’à fixer les notations sur les fonctions combinatoires de Langlands et les -familles.
Dans §5, nous étudions le côté géométrique de la formule des traces grossière avec un caractère. Après l’étude des intégrales orbitales pondérées avec caractère, nous obtenons le développement géométrique fin dans ce contexte. Enfin, nous étudions diverses propriétés des coefficients dans le développement fin, qui serviront à remonter ce développement au revêtement.
Dans §6, nous mettons en place d’abord la formule des traces grossière pour les revêtements. Puisque des structures analogues sont déjà présentes dans §6.1, nous procédons rapidement. Ensuite, nous définissons les intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques. Le développement géométrique fin découle d’une réduction au cas unipotent. Nous donnons aussi des formules pour les coefficients similaires à celles d’Arthur.
Une grande partie de ce travail consiste en des paraphrases des travaux d’Arthur. Vu l’épaisseur des ses articles, on se contentera souvent d’indiquer les modifications nécessaires.
sep
Remerciements
Je tiens à remercier Jean-Loup Waldspurger pour avoir attentivement lu le manuscrit de cet article et d’avoir signalé des erreurs et inexactitudes.
Conventions
Les schémas en groupes sur une base sont désignés par les symboles , etc. Leurs algèbres de Lie sont désignées par , etc. Le centre de est noté , le centralisateur d’un sous-schéma en groupes (resp. d’un -point ) est noté (resp. ); le normalisateur de est noté . Soit un -schéma, l’ensemble des -points d’un -schéma est désigné par . Lorsque où est une algèbre, on écrit aussi au lieu de . Si est muni d’une topologie, on munit de la topologie induite.
Soit un corps, on fixe une clôture algébrique de . Soit un -groupe algébrique. On désigne l’ensemble des éléments semi-simples dans par . Soit , on pose le commutant de dans , et désigne la composante neutre de . On dit que est régulier (resp. fortement régulier) si (resp. ) est un tore. On désigne la sous-variété des éléments semi-simples réguliers par . La sous-variété des éléments unipotents dans est désignée par . De même, pour l’algèbre de Lie , on a la sous-variété des éléments réguliers semi-simples et le cône nilpotent .
On désigne le sous-groupe dérivé (schématique) de par et le groupe adjoint par . Si est réductif et connexe, on désigne le revêtement simplement connexe de par .
On dit que deux éléments sont géométriquement conjugués s’ils sont conjugués par un élément dans . On définit ainsi les classes de conjugaison géométriques dans .
Soit un corps complet à valuation discrète. On utilise toujours la valuation normalisée de sorte que . L’anneau des entiers est noté et l’idéal maximal est noté par . Soit un corps global, on prend les valeurs absolues de façon usuelle en chaque place de telle sorte que pour tout .
Pour deux éléments dans un groupe quelconque, leur commutateur est défini comme
On désigne la fonction modulaire d’un groupe topologique par . On désigne la mesure d’un espace mesurable par .
2 Revêtements locaux
2.1 Généralités
Soient un corps local de caractéristique nulle et un -groupe algébrique affine. Un revêtement de à feuillets (où ) est une extension centrale de groupes topologiques
où . Alors est unimodulaire si l’est. Si est archimédien, alors appartient à la classe de Harish-Chandra. De plus, si alors provient d’un revêtement étale de -groupes algébriques affines ([17] Exp XII, 5.1). Si est non archimédien, alors est un groupe localement profini. Cela permet de parler de représentation lisses, admissibles etc. On dit que est modéré si est non archimédien de caractéristique résiduelle première à . Nous adoptons la convention de doter les éléments dans d’un , par exemple , et désignons son image dans par le symbole sans , par exemple .
Remarquons que agit sur par conjugaison: de chaque se déduit un homomorphisme de . Sauf mention expresse du contraire, un revêtement signifie un revêtement d’un groupe réductif connexe.
Notons
Pour un revêtement à feuillets , on peut définir les objets spécifiques et anti-spécifiques selon l’action de , dotés de l’indice et respectivement, ou plus généralement les objets équivariants par rapport à certain élément dans . Plus précisément, soit l’inclusion ; pour tout , posons
Notons l’ensemble de classes d’équivalences de représentations admissibles irréductibles de , posons
De même, on définit l’ensemble (resp. , ) de représentations de la série discrète (resp. tempérées, unitaires) de , et on rajoute les indices ou pour signifier l’équivariance.
On a une décomposition canonique . Cela permet aussi de parler de l’équivariance de distributions de sorte qu’une fonction -équivariante localement intégrable fournit une distribution -équivariante. L’étude des représentations sur les revêtements se ramène, pour l’essentiel, à l’étude des représentations spécifiques.
Remarque 2.1.1.
Pour l’étude de représentations -équivariantes sur , il suffit de considérer les fonctions test -équivariantes. En effet, supposons fixée une mesure de Haar sur . Soient . Pour tout et , l’opérateur
est nul sauf si .
2.2 Scindage unipotent
Conservons les notations précédentes.
Proposition 2.2.1.
Il existe une seule section continue de telle que
-
—
pour tout sous-groupe unipotent de défini sur , est un homomorphisme;
-
—
est invariant par conjugaison.
Démonstration.
C’est contenu dans [26, A.1]. Donnons une preuve directe pour le cas de caractéristique nulle. L’exponentielle fournit un -isomorphisme de variétés algébriques
Pour tout dans , prenons un relèvement quelconque de . Alors est canoniquement défini; en particulier est invariant par conjugaison. On vérifie aisément la continuité de .
Soit un sous-groupe unipotent de , alors est divisible et sans torsion. D’après la construction ci-dessus, se scinde au-dessus de si et seulement si est un homomorphisme; de plus, dans ce cas-là est l’unique scindage.
Montrons que se scinde au-dessus de . Si est commutatif, alors est un homomorphisme d’après la construction, d’où le scindage. En général, les revêtements à feuillets de sont classifiés par (la cohomologie continue) et il suffit de montrer que ce est trivial. Supposons que . Il existe un sous-groupe algébrique distingué tel que et est commutatif. Rappelons que car . Pour tout -groupe unipotent , on a . D’où la suite exacte de restriction-inflation
ce qui entraîne que par récurrence. Par conséquent est un homomorphisme. Comme est la réunion des , cela caractérise . ∎
Ce scindage canonique s’appelle le scindage unipotent. Identifions désormais comme un sous-ensemble de via . Cela permet de généraliser la décomposition de Jordan.
Proposition 2.2.2.
Pour tout , il existe et tels que est semi-simple et . Cette décomposition est unique.
On dit que (resp. ) est la partie semi-simple (resp. unipotente) de .
Démonstration.
Soit la décomposition de Jordan dans avec et . Prenons l’unique de sorte que . L’unicité de provient de celle de . De plus, on a par l’invariance du scindage unipotent, d’où le résultat cherché. ∎
Corollaire 2.2.3.
Soit la décomposition de Jordan. Soit , alors commute à si et seulement si et .
Démonstration.
Cela résulte de l’unicité de la décomposition de Jordan et l’invariance du scindage unipotent. ∎
2.3 Sous-groupes de Lévi et paraboliques
Passons en revue la description des sous-groupes paraboliques. Les détails se trouvent dans [11, §5]. Soit un corps quelconque et un -groupe réductif connexe. Fixons un sous-groupe de Lévi minimal de : c’est le centralisateur d’un -tore déployé maximal . Un sous-groupe de Lévi est dit semi-standard si , un sous-groupe parabolique est dit semi-standard si . Tout sous-groupe parabolique semi-standard admet une décomposition de Lévi canonique avec semi-standard et le radical unipotent de . Notons le sous-groupe parabolique opposé de .
Pour un sous-groupe de Lévi semi-standard , définissons les ensembles finis suivants
Nous indiquons le groupe ambiant en exposant dans ces notations: , , lorsqu’il y a crainte de confusion.
Notons le -tore central déployé maximal dans . Si , notons . Posons aussi et . Relativisons ces constructions. Pour tous semi-standards tels que , on sait définir les -espaces vectoriels de dimension finie avec une suite exacte courte scindée canonique
Ainsi, on regarde comme sous-espace de . En dualisant, on en déduit des suites exactes courtes scindées pour , etc. Les complexifiés des espaces sont notés par , etc.
Pour tout , notons le groupe de Weyl de . Si , on le note aussi . Pour deux sous-groupes paraboliques semi-standards , “l’ensemble de Weyl” est l’ensemble des isomorphismes linéaires obtenus en restreignant les isomorphismes induits par . En particulier, on peut définir les groupes . Deux sous-groupes paraboliques semi-standards sont dits associés si .
Fixons . Un sous-groupe parabolique est dit standard si . Un sous-groupe de Lévi est dit standard s’il existe un sous-groupe parabolique standard avec décomposition de Lévi canonique . Soit un sous-groupe parabolique. Il existe un sous-ensemble fini paramétrisant la décomposition
en espaces propres pour l’action adjointe de . Par abus de notation, on dit aussi que est l’ensemble des racines pour , bien qu’il ne forme pas un système de racines en général. Notons le sous-ensemble de des racines réduites, i.e. indivisibles. Posons
Soit l’ensemble des racines simples de , c’est une base pour . Les paraboliques standards sont en correspondance biunivoque avec les sous-ensembles de préservant l’ordre. Plus précisément, supposons que et soit la décomposition de Lévi canonique; posons . On peut identifier à un sous-ensemble de par restriction. Tout élément dans admet une unique écriture en combinaison linéaire d’éléments de à coefficients dans .
On obtient ainsi les bases
On peut aussi relativiser cette situation: étant donnés sous-groupes paraboliques standards , on obtient les bases
2.4 L’application de Harish-Chandra: le cas local
On se donne un corps local, un -groupe réductif dont est un sous-groupe de Lévi. On définit l’homomorphisme de Harish-Chandra local par
Définition 2.4.1.
On dit qu’un sous-groupe compact maximal est en bonne position relativement à (et réciproquement) si
-
—
dans le cas archimédien, les algèbres de Lie de et de sont orthogonales par rapport à la forme de Killing de ;
-
—
dans le cas non archimédien, est associé à un sommet spécial dans l’immeuble de Bruhat-Tits élargi de , noté , qui appartient à l’image d’une immersion équivariante .
Arthur l’appelle admissible dans [3].
Notons . Si et est un sous-groupe compact maximal en bonne position relativement à , alors la décomposition d’Iwasawa permet de prolonger en une fonction en posant
Pour tout , est déterminé par la classe de dans . La fonction modulaire de s’exprime comme .
Nous adoptons la convention suivante: soit , écrivons-le comme
à l’aide de la décomposition d’Iwasawa; l’élément (resp. ) est uniquement déterminé comme une classe dans (resp. dans ).
Posons
Ils coïncident avec si est archimédien; sinon ils sont des réseaux dans . Définissons leurs réseaux duaux dans
Ils se réduisent à si est archimédien; sinon et sont des tores réels compacts.
Considérons un revêtement à feuillets . On prend les images réciproques (resp. ) par des sous-groupes de Lévi (resp. sous-groupes paraboliques ) de . Soit . En composant avec , on obtient ; en particulier on sait définir
2.5 Mesures et intégrales
Soient un corps local de caractéristique nulle et un groupe -réductif connexe. Supposons fixées des mesures de Haar sur pour tout sous-groupe de Lévi . Imposons les règles suivantes
-
—
un sous-groupe compact maximal fixé de est de masse totale ;
-
—
un groupe discret est muni de la mesure de comptage.
Fixons des mesures de Haar sur pour tout sous-groupe de Lévi de , d’où les mesures de Haar duales sur au sens que
pour tout . Si est non archimédien, nous demandons que
Comme est soit discret, soit égal à , et est compact, on normalise ainsi la mesure de Haar sur . De même, une mesure de Haar sur induit une mesure de Haar sur .
Fixons désormais une forme quadratique définie positive -invariante sur . Soient deux sous-groupes de Lévi de , on vérifie que la décomposition canonique
est orthogonale par rapport à la forme quadratique -invariante. Puisque les mesures de Haar sur et sont déjà fixées, on en déduit une mesure canonique sur . En dualisant, on normalise la mesure de Haar sur .
Soient et un sous-groupe compact maximal en bonne position relativement à , alors on dispose de la décomposition d’Iwasawa . Il existe une mesure de Haar sur de sorte que pour tout ,
(1) |
Dans le cas non archimédien et non ramifié, la compatibilité des mesures est simple. Prenons hyperspécial. Prenons la mesure de Haar sur (resp. ) telle que (resp. , ) a masse totale . Alors ces mesures vérifient (1).
Considérons maintenant les revêtements. Conservons les conventions précédentes pour les groupes réductifs et leurs sous-groupes. Imposons la règle suivante pour les mesures sur les revêtements:
-
—
supposons que est un revêtement fini de groupes topologiques localement compacts, et est muni d’une mesure de Haar, alors est muni de la mesure de Haar telle que pour tout mesurable.
Montrons qu’avec nos définitions, appliquées au revêtements de , les formules d’intégration habituelles restent valables. Soit un revêtement à feuillets. En prenant les images réciproques par et en utilisant le scindage unipotent, on a . Prenons les mesures de Haar sur , et selon la règle ci-dessus. Alors pour tout , on a
(2) |
En effet, il suffit de le vérifier pour les fonctions qui se factorisent par . La convention sur les mesures permet de remplacer l’intégrale sur par celle sur , et idem pour et . L’identité cherchée en résulte. Les compatibilités avec d’autres décompositions (eg. la décomposition ) se vérifient de la même manière.
2.6 Commutateurs
On revient aux notations de §2.1. Définissons la sous-variété
Pour , choisissons des relèvements , alors le commutateur
ne dépend pas du choix de relèvements. On en déduit une application continue , notée . Les propriétés suivantes sont immédiates.
-
—
Si commutent à , alors .
-
—
Soit , alors pour tout .
-
—
Pour tout , on a .
-
—
Si et s’ils appartiennent à un sous-groupe de sur lequel est scindé, alors .
Soit , on a
D’où un homomorphisme continu , noté .
Définition 2.6.1 (cf. [16, I.8] ).
Un élément est dit bon si sur . Cette propriété ne dépend que de la classe de conjugaison de . On dit qu’une classe de conjugaison dans est bonne si son image par l’est.
Montrons que la bonté est stable par petite perturbation par le centre. Posons
(3) | ||||
(4) | ||||
(5) |
Alors (resp. ) est un sous-groupe ouvert et fermé d’indice fini de (resp. de ). De plus, est central dans .
Lemme 2.6.2.
Pour tout et tout , est bon si et seulement si l’est.
Démonstration.
On a car . Soit , on a car est central. Cela permet de conclure. ∎
3 Revêtements non ramifiés et adéliques
3.1 Le cas non ramifié
Soit un corps local non archimédien avec . On se donne un revêtement à feuillets tel que est non ramifié. Fixons un sous-groupe hyperspécial et supposons qu’il existe un scindage continu de au-dessus de .
Regardons comme un sous-groupe de en fixant un tel scindage . Prenons la mesure de Haar sur telle que , d’où une mesure de Haar sur selon les conventions de §2.5. Cette mesure est canonique car les sous-groupes hyperspéciaux sont conjugués par .
On définit l’algèbre de Hecke sphérique : c’est l’espace des fonctions -bi-invariantes à support compact, muni du produit de convolution. Soit , posons ; c’est une sous-algèbre et on a . Définissons la fonction à support dans telle que
Selon notre convention de mesures, est l’unité de . Si (i.e. on considère l’algèbre de Hecke sphérique anti-spécifique), posons .
En particulier, on peut définir l’algèbre de Hecke anti-spécifique associée à , notée dont est l’unité. De même, on peut définir l’algèbre d’Iwahori-Hecke anti-spécifique (ou plus généralement, -équivariante) sous les mêmes hypothèses.
Définition 3.1.1.
On dit qu’un triplet vérifie la condition non ramifiée si
-
—
est un revêtement;
-
—
est un sous-groupe hyperspécial;
-
—
est un scindage de au-dessus de par lequel s’identifie à un sous-groupe de ;
-
—
est premier avec , i.e. est modéré;
-
—
soient un -tore déployé maximal et en bonne position relativement à , alors le groupe
(6) est commutatif.
Par abus de notations, on dit aussi que muni des données est un revêtement non ramifié.
La dernière condition technique sert à garantir la commutativité de l’algèbre de Hecke, ce qui fait l’objet du paragraphe suivant. Observons aussi que les -tores déployés maximaux en bonne position relativement à sont conjugués par , d’après [12, 7.4.9 (i)].
Lemme 3.1.2.
Démonstration.
Il suffit de le vérifier sur où est un sous-groupe unipotent quelconque. Notons la caractéristique résiduelle de . Comme est une union croissante de pro--groupes, est un pro--groupe. Donc l’application est un homéomorphisme de sur lui-même car est premier à . Vu la construction du scindage unipotent, on voit qu’il n’existe qu’un seul scindage possible de au-dessus de . ∎
Remarque 3.1.3.
Soit un revêtement à feuillets. Soit un homomorphisme quelconque et posons la poussée-en-avant de via . Alors le triplet vérifie la condition non ramifiée si la vérifie.
Remarque 3.1.4.
Soit un revêtement et un triplet vérifiant la condition non ramifiée pour . Soient un sous-groupe de Lévi en bonne position relativement à et le revêtement induit. Alors satisfait aussi à la condition non ramifiée pour .
3.2 Isomorphisme de Satake
Considérons un revêtement avec un sous-groupe hyperspécial et un scindage vérifiant la condition non ramifiée. Nous allons établir une variante de l’isomorphisme de Satake.
Définissons le support de l’algèbre de Hecke sphérique anti-spécifique par
Fixons désormais un -tore déployé maximal en bonne position relativement à . Alors est un sous-groupe de Lévi minimal de ; de plus, est un -tore non ramifié. Posons . Définissons comme dans 3.1.1.
Lemme 3.2.1 (cf. [23, 9.2] ).
On a .
Démonstration.
Dans [23] on ne considère que les groupes déployés, or la même preuve s’adapte aux groupes réductifs connexes non ramifiés sans modification. ∎
Remarque 3.2.2.
C’est loisible d’identifier à . Comme centralise , on voit que opère sur . D’autre part, 3.2.1 appliqué à et affirme que
(on peut aussi le vérifier directement). Cela permet de faire opérer sur de façon canonique.
Posons
Alors est un sous-réseau de ayant le même rang; en effet, .
Lemme 3.2.3.
L’algèbre est commutative. De plus, elle est isomorphe à l’algèbre , ce qui s’identifie à l’algèbre en polynômes de variables.
Démonstration.
Il suffit de considérer le support de . On a déjà remarqué que , qui est commutatif selon 3.1.1.
Choisissons une -base de . Pour tout , prenons une fonction à support dans . Alors se prolonge en un isomorphisme . ∎
Fixons . Prenons la mesure de Haar sur telle que . Définissons l’application
On vérifie que est un homomorphisme de -algèbres et il est à image dans . Les arguments sont identiques à ceux pour le cas des groupes réductifs, cf. [14, §4] §4. Par contre, le lemme suivant fait intervenir le revêtement.
Lemme 3.2.4.
Soit tel que pour toute racine positive pour . Alors on a
Si , satisfont à , alors .
Démonstration.
L’inclusion est claire. Prouvons l’autre inclusion dans le premier énoncé. Dans on a d’après [12, 4.4.4]. Soient et tels que . Il existe donc et tels que . Posons , alors
ou encore
D’après l’invariance du scindage unipotent 2.2.1 et la compatibilité 3.1.2, on a . Cela prouve à la fois les deux énoncés voulus. ∎
Proposition 3.2.5.
On a l’isomorphisme d’algèbres
Démonstration.
Il suffit de reprendre la démonstration usuelle de l’isomorphisme de Satake sauf qu’il faut utiliser 3.2.4. Plus précisément, soient , écrivons si pour tout . Posons
Pour tout , on peut prendre l’élément de à support dans tel que d’après 3.2.1. Pour tout , sélectionnons une image réciproque de et posons . D’après la décomposition de Cartan et 3.2.1, on voit que est une base pour .
La même construction fournit une base pour . Pour tout , posons
Alors est une base pour . Chaque -orbite dans rencontre en un et un seul point, par conséquent et sont en bijection canonique.
Sélectionnons un ordre total sur tel que entraîne . Identifions et à l’aide de et notons l’homomorphisme ainsi obtenu. Dans , on a
d’après [12, 4.4.4]. Il en résulte que s’écrit dans les bases comme
Vu 3.2.3, on en déduit
Corollaire 3.2.6.
L’algèbre est commutative de type fini sur .
3.3 Le cas adélique
Considérons un corps de nombres et posons son anneau d’adèles. Notons l’ensemble de places de . Notons . Pour , nous utilisons l’indice (eg. , , ) pour signifier les composantes et l’exposant (eg. , , ) pour signifier les composantes .
Comme dans le cas local, on se donne un -groupe réductif , un entier et on considère une extension centrale de groupes topologiques
Soit fini. Notons la fibre de au-dessus de . Lorsque on écrit tout simplement , c’est un revêtement de .
On dit que est un revêtement à feuillets si l’on se donne les données
-
—
une immersion qui scinde au-dessus de ;
-
—
un ensemble fini de places ;
-
—
un modèle lisse et connexe de sur , l’anneau de -entiers dans ;
vérifiant les conditions suivantes
-
(G1)
pour toute , posons , alors il existe un scindage continu que l’on fixe;
-
(G2)
le triplet vérifie la condition non ramifiée 3.1.1;
-
(G3)
pour tout voisinage de dans , il existe un ensemble fini de places tel que pour tout .
Ces propriétés passent aux sous-groupes de Lévi et sont stables par pousser-en-avant en .
Le lemme 3.1.2 permet de définir le scindage unipotent adélique en rassemblant les scindages unipotents locaux. Vu la construction du scindage unipotent, le résultat suivant est clair.
Lemme 3.3.1.
Le scindage et le scindage unipotent coïncident sur .
Nous supprimons systématiquement les symboles et , et nous regardons et comme des sous-groupes de .
Soit , on a l’isomorphisme canonique
où le produit restreint est pris par rapport aux pour si , et
Lorsque , posons tout simplement .
Le choix de , le -modèle lisse et le relèvement de n’ont pas d’importance essentielle, quitte à passer à un ensemble fini de places plus grand. Étant donné un revêtement adélique, nous supposons fixées des telles données dans l’article.
Un élément s’exprime comme , où est un représentant de dans . Par abus de notation, on écrit les décompositions tensorielles pour des représentations irréductibles admissibles (resp. pour des fonctions) sur , où (resp. ) sont des représentations (resp. fonctions) sur , bien que et sont définies sur le quotient . Soit , alors est -équivariant si et seulement si chaque l’est. Idem pour les représentations.
Les mêmes conventions de mesures de §2.5 s’imposent dans ce cadre; nous demandons de plus que
-
—
si , on utilise la mesure sur pour laquelle ;
-
—
pour tout sous-groupe unipotent , on prend la mesure sur pour laquelle
De tels choix sont possibles. On a les mêmes formules d’intégration comme précédemment.
3.4 L’application de Harish-Chandra: le cas adélique
L’application de Harish-Chandra s’adapte au cas adélique: soient un -groupe réductif connexe et un sous-groupe de Lévi. Définissons par
où est la valeur absolue adélique. Notons , alors .
Définition 3.4.1.
On dit qu’un sous-groupe compact maximal de est en bonne position (ou réciproquement) relativement à si l’est pour tout .
Fixons un tel sous-groupe compact maximal . Soit , on obtient l’application en posant
Soit un revêtement adélique. Prenons les groupes et comme précédemment et notons , . On a la formule d’intégration (cf. (2))
En composant les applications , ci-dessus avec , on obtient leurs avatars sur le revêtement, notés encore , . Posons , on a . Les notions de domaines de Siegel, hauteurs etc. se généralisent à cette situation. Cela permet de développer la théorie des formes automorphes et la décomposition spectrale sur les revêtements (voir [26, I.2]).
Signalons une décomposition utile pour l’étude de la formule des traces. Posons . Le -tore étant déployé, il est l’extension des scalaires d’un -tore déployé . L’immersion canonique fournit une immersion . Notons la composante neutre de pour la topologie usuelle. On vérifie que . Si est un sous-groupe de Lévi, alors il existe une immersion canonique . Rappelons que est un produit de , donc simplement connexe. Cela permet de relever la décomposition ci-dessus canoniquement au revêtement: .
3.5 -torseurs multiplicatifs de Brylinski-Deligne
Montrons que les revêtements provenant des -torseurs multiplicatifs de Brylinski et Deligne [13] satisfont nos hypothèses pour un revêtement adélique. Dans le cas simplement connexe et déployé, ce sont exactement les extensions considérées dans [22]. Rappelons très brièvement la construction.
Soit un schéma quelconque, notons le gros site de Zariski associé. La -théorie de Quillen fournit des faisceaux en groupes sur ; notons que . Soit un -schéma en groupes réductif connexe. Une extension centrale par est alors un -torseur sur muni d’une structure multiplicative convenable (voir [13, §1]) dans la catégorie des faisceaux en groupes sur . Nous l’appelons un -torseur multiplicatif. Lorsque est régulier de type fini sur un corps, la catégorie de ces torseurs est concrètement décrite dans [13].
Dans ce qui suit, désigne toujours un groupe réductif connexe sur la base en question et désigne un -torseur multiplicatif sur . Puisque est un torseur pour la topologie de Zariski, si est le spectre d’un corps ou d’un anneau à valuation discrète, alors est une extension centrale de groupes.
Revêtements locaux
Prenons un corps local, . Le théorème de Matsumoto assure que est l’objet initial de la catégorie des applications (dites “symboles”)
tel que est bi-multiplicatif, alterné et lorsque . Ainsi on peut parler des symboles localement constants sur . D’après un théorème de Moore, cette sous-catégorie admet un objet initial muni d’un homomorphisme naturel . Désignons le groupe de racines d’unité dans par . On a
Posons . Alors s’identifie au -ième symbole de Hilbert, et .
Soit un -torseur multiplicatif sur . On prend les -points et on obtient une extension centrale de par . On la pousse via . De la structure de torseur se déduisent des trivialisations locales (pour la topologie de Zariski) de cette extension centrale. Ces cartes se recollent via des sections locales de sur , qui fournissent des fonctions dans sur des ouverts de . Elles sont localement constantes sur (pour la topologie induite par ) d’après [13, 10.2], donc on obtient une extension centrale topologique . Si l’on choisit un isomorphisme , alors on obtient un revêtement à feuillets de selon la définition dans §2.
Extension résiduelle
Décrivons la construction dans [13, 12.11] qui sera bientôt utile. On se donne un corps local non archimédien . Posons , son point générique et son point spécial. Soient un -schéma lisse, (resp. ) sa fibre générique (resp. spéciale) et un -torseur sur . Avec les notations standards, on a les inclusions
Imposons d’abord la condition suivante:
- (*)
-
chaque point de admet un voisinage ouvert dans tel que se trivialise sur .
Cette condition dit que est un -torseur sur . Via l’homomorphisme de résidu , on obtient un -torseur sur , ou ce qui revient au même, un -torseur sur . Notons-le .
Prenons maintenant un schéma en groupes réductif, avec fibre générique et fibre spécial . Prenons un -torseur multiplicatif sur . Alors hérite la structure multiplicative: on obtient ainsi une extension centrale de par .
En général, la condition (*) est satisfaite quitte à passer à un revêtement étale . On construit ainsi le -torseur par descente galoisienne. On l’appelle l’extension résiduelle de . Si l’extension résiduelle est scindée, on dit que est résiduellement scindé.
Revêtements adéliques
Prenons un corps de nombres, ; posons . Soient un -groupe réductif connexe et un -torseur sur .
Prenons un ensemble fini de points fermés de (i.e. des places non archimédiennes). Notons l’union de avec les places archimédiennes de . Pour suffisamment grand, on peut supposer que:
-
—
admet un modèle lisse sur ;
-
—
est la fibre générique d’un -torseur sur défini sur , notée encore (voir [13, 10.5]);
-
—
est premier avec la caractéristique résiduelle de pour tout .
Soient et deux données comme ci-dessus, alors elles deviennent isomorphes si l’on se restreint à où est fini et assez grand.
Soit une place de , on construit l’extension centrale topologique
(7) |
D’autre part, [13, 10.6] affirme que , d’où une extension centrale
(8) |
Pour toute place , il y a un morphisme naturel de (8) dans (7). Lorsque , ce morphisme se factorise via
Or est premier avec la caractéristique résiduelle de , donc la composée est triviale et ce diagramme fournit un scindage de (7) au-dessus de .
Réunissant ce que l’on a obtenu, il a un diagramme commutatif avec lignes exactes
où et la dernière ligne s’obtient de la deuxième en poussant-en-avant via . La flèche provient du fait que l’application ainsi obtenue est triviale, ce qu’assure la réciprocité de Moore [13, (10.4.2)].
On passe à la limite par rapport à et on obtient une extension centrale topologique . Elle se scinde canoniquement au-dessus de et au-dessus de (à l’aide de ). Enfin, on peut identifier et , mais il n’y a pas de choix canonique. On vérifie sans peine que satisfait aux conditions d’un revêtement adélique (avec ) sauf la commutativité du groupe dans (6), ce qui fait l’objet du paragraphe suivant.
Remarquons aussi que, pour toute place , la fibre locale de est la poussée-en-avant de (7) via , .
Vérification des hypothèses
Plaçons-nous dans le cas un corps de nombres avec , comme précédent. On construit l’extension centrale topologique . Identifions et en fixant un générateur de . Le but est l’énoncé suivant.
Théorème 3.5.1.
Les données ci-dessus forment un revêtement de à -feuillets.
Soit un ensemble fini de places de vérifiant les conditions dans le paragraphe précédent. Soit , on prend , un -tore déployé maximal dans en bonne position relativement à , et posons . C’est un -tore maximal car est non ramifié. Définissons comme dans (6). D’après ce qui précède, il suffit de vérifier la commutativité de pour tout afin de prouver 3.5.1.
Lemme 3.5.2.
Conservons le formalisme ci-dessus. Si est résiduellement scindé en , alors est commutatif.
Démonstration.
On se ramène aussitôt au cas , qui est un -tore non ramifié. Dans ce cas-là, c’est l’assertion de [31, 6.5]. ∎
Lemme 3.5.3.
Pour toute place , est résiduellement scindé en .
Démonstration.
Cf. [13, 12.14 (iii)] 12.14. Rappelons que les conditions sur entraînent que admet un modèle lisse sur et est la fibre générique d’un -torseur multiplicatif défini sur , disons .
Dans cette situation (*) est évidemment satisfait. Donc l’extension résiduelle est obtenue en poussant-en-avant via les homomorphismes de faisceaux sur :
Cela faisant partie de la suite de localisation en -théorie, la composition est triviale. D’où la trivialité de l’extension résiduelle. ∎
4 La combinatoire
Fixons un corps , un -groupe réductif connexe , un sous-groupe de Lévi minimal et .
4.1 Analyse convexe
Les résultats ici se trouvent dans [3]. Soient deux sous-groupes paraboliques semi-standards de tels que , définissons des cônes ouverts dans
et leurs fonctions caractéristiques
Notons (resp. ) le réseau dans engendré par (resp. ) et posons
pour tout . Ce sont des fonctions holomorphes en . Lorsque , on supprime les exposants et on les note , , , , et .
Étant donnés des sous-groupes paraboliques semi-standards et , notons l’image de via . Lorsque (resp. ), on simplifie les notations en supprimant les exposants (resp. les indices) comme précédemment.
Proposition 4.1.1 (cf. [3, 2.1]).
Soient deux sous-groupes paraboliques semi-standards, on a
Proposition 4.1.2 (cf. [3, §2]).
Conservons les notations précédentes et posons
Alors est à support compact. On a la relation de récurrence suivante
Soit un espace de Banach. Soit une fonction, définissons
(9) |
où . C’est bien défini sur le complément dans des murs associés aux coracines et copoids simples.
Proposition 4.1.3 (cf. [3, 6.1]).
Si est lisse, alors se prolonge en une fonction lisse sur .
Proposition 4.1.4 (cf. [3, 2.2]).
S’il existe tel que , alors
Cela étant la transformée de Fourier d’une fonction à support compact, se prolonge en une fonction holomorphe sur . De plus, est un polynôme homogène en de degré .
4.2 -familles
Passons en revue la définition et les propriétés de -familles. Les références sont [3, §6] et [6, §7].
Définition 4.2.1.
Soit un espace de Banach. Une -famille à valeurs dans est une famille des fonctions lisses
telle que pour tous adjacents et tout , on a .
Proposition 4.2.2.
La fonction
est bien définie et lisse sur .
On en déduit des fonctions lisses sur selon (9). Posons , c’est le terme qui nous intéresse.
Exemple 4.2.3.
On dit qu’un ensemble de points dans indexé par est un ensemble -orthogonal (resp. -orthogonal positif) si pour tous adjacents séparés par , on a
À un tel ensemble est associée une -famille
Vu 4.1.4, on a
Ci-dessous une récapitulation des opérations utiles. Soit une -famille à valeurs dans .
-
1
Supposons que est une algèbre de Banach. Soit une autre -famille à valeurs dans . Posons , alors est encore une -famille.
-
2
Fixons . En rappelant que canoniquement, posons
où est tel que ; on vérifie que ne dépend pas du choix de . Alors est une -famille.
-
3
Fixons et comme ci-dessus. Si , notons l’unique élément de tel que et . Posons
Alors est une -famille. Lorsque les fonctions ne dépendent pas de , on les note aussi .
-
4
Soient une extension de et un sous-groupe de Lévi de . Supposons que sur , d’où une inclusion canonique . Soit une -famille, posons
où est tel que sur ; on vérifie que ne dépend pas du choix de . Alors est une -famille.
Dorénavant, les -familles sont supposées à valeurs dans une algèbre de Banach fixée.
Lemme 4.2.4 ([3, 6.3]).
On a
En particulier,
Corollaire 4.2.5 ([3, 6.4 et 6.5]).
Soient des -familles.
-
—
On a .
-
—
Supposons que et . Si la famille ne dépend pas du choix de , alors
Plaçons-nous dans la situation 4. Soit . Si l’homomorphisme canonique
est un isomorphisme, posons
(10) |
en rappelant que l’on a fixé des mesures de Haar sur les espaces en question; sinon, posons .
Prenons
(11) |
Pour tel que , on voit que consiste en un seul point non singulier; ce point appartient donc à pour un unique . Cela définit une application pour de tels .
Lemme 4.2.6 ([6, 7.4]).
Avec le choix précédent de , on a
En particulier,
Considérons maintenant une variante. Soient , on dispose toujours d’une application canonique
Cela permet de définir le coefficient comme en (10). De même, prenons
(12) |
en position générale; ce choix fournit une application pour les avec , et on a , .
Lemme 4.2.7 ([6, 7.4]).
Avec les notations précédentes, on a
En particulier,
5 La formule des traces avec caractère: la partie unipotente
Dans cette section, nous fixons les objets suivants
-
—
: un corps de nombres,
-
—
: l’anneau d’adèles de ,
-
—
: un -groupe réductif connexe,
-
—
: un sous-groupe de Lévi minimal de ,
-
—
,
-
—
: un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à ,
-
—
un caractère unitaire continu tel que .
On appelle un caractère vérifiant la condition ci-dessus un caractère automorphe de .
De tels objets passent de façon évidente aux sous-groupes de Lévi standards, voire semi-standards si l’on ôte la donnée . Fixons aussi des mesures de Haar selon les conventions de §2.5.
Soit . Étant donné , par abus de notation, nous écrirons au lieu de pour désigner sa projection dans .
5.1 Le -développement
Notons la représentation régulière de sur , c’est-à-dire
Notons l’application . La formule des traces pour concerne les opérateurs
Fixons , alors admet le noyau
cela signifie que est donné par .
Rappelons la procédure de troncature d’Arthur. Soient et un sous-groupe parabolique standard. Définissons
Lorsque , on revient aux objets construits par Arthur [1] et on supprime l’exposant .
Remarquons que et . Donc la somme définissant est finie pour dans un sous-ensemble compact.
On dit que sont -équivalents si leurs parties semi-simples sont conjuguées. Notons l’ensemble de classes de -équivalences dans . Il est en bijection naturelle avec l’ensemble de classes de conjugaison semi-simples dans . Comme d’habitude, lorsqu’une ambiguïté sera à craindre sur , on les notera -équivalence et .
Soit un sous-groupe de Lévi de , l’inclusion induit une application à fibres finies.
Soit , définissons
Alors et . Comme remarqué plus haut, on a et . Puisque est unitaire, le résultat suivant découle immédiatement du cas usuel .
Théorème 5.1.1 (cf. [1, 7.1]).
Soit suffisamment régulier, alors
converge absolument.
Soit quelconque et notons la fonction ainsi associée. Il est donc loisible de définir la distribution
On indiquera le groupe en question en exposant les notations, eg. . Si (on l’appelle la classe unipotente dans ), nous notons les objets associés par , et .
Si , et , posons
5.2 Comportement des distributions
Modification de troncature
Le fait suivant sera utilisé à plusieurs reprises.
Proposition 5.2.1.
Si est simplement connexe, alors .
Démonstration.
Cela résulte immédiatement de la paramétrisation de tels caractères par Langlands, cf. [20, pp.122-123]. ∎
Corollaire 5.2.2.
Le caractère est trivial sur .
Démonstration.
Notons le revêtement simplement connexe de , alors induit un isomorphisme de -schémas, d’où un homéomorphisme pour leurs points adéliques. ∎
Lemme 5.2.3.
Soit un sous-groupe de Lévi de . Alors est trivial sur .
Démonstration.
L’application de Harish-Chandra adélique fournit un isomorphisme de groupes topologiques
(13) |
Notons toujours le revêtement simplement connexe de et sa fibre au-dessus de . On obtient l’analogue de (13) pour et . Vu la description de en termes de coracines, on voit que induit ; l’identification est compatible avec et . Ainsi, on se ramène à prouver la même assertion pour , et . Or est encore un caractère automorphe, on conclut à l’aide de 5.2.1. ∎
La notion suivante facilitera l’étude du comportement des distributions .
Définition 5.2.4.
Pour fixé, une modification de troncature est une famille des fonctions continues
telle que le diagramme suivant commute pour tout :
À une telle famille sont associées des fonctions
lisses en , dont est la fonction associée via (9).
Soient une modification de troncature, et , définissons une variante pondérée de la descente parabolique comme suit
On vérifie que ceci définit une application continue .
Théorème 5.2.5 (cf. [3, (2.4)]).
Soit . Soit une modification de troncature. Posons
alors
est convergent pour suffisamment régulier. De plus, on a
On se débarrassera de la condition sur dans 5.2.7.
Démonstration.
Pour tout sous-groupe parabolique , on a
Via le changement de variables
la formule définissant s’écrit
Écrivons
où on a utilisé 5.2.3 qui assure . On vérifie de plus
Rappelons que s’identifie à via . Les équations ci-dessus entraînent que
Grâce à 4.1.4, l’intégrale sur vaut . L’application induit une bijection entre et l’ensemble de sous-groupes paraboliques standards de . On vérifie que, pour tous on a
cf. [3, p.17]. En l’appliquant à , on en déduit l’assertion. ∎
Dépendance de
Pour tout , posons
(14) |
ceci fournit une application continue .
Corollaire 5.2.6 (cf. [3, (2.4)]).
Soient , . Soient suffisamment réguliers, alors
Démonstration.
Corollaire 5.2.7.
La distribution , définie au début pour suffisamment régulier, est polynomiale en de degré . Par conséquent, la distribution est bien définie comme un polynôme en .
La formule dans 5.2.5 reste valable pour tout .
Non-invariance
Fixons . Soient , , définissons
Définissons une modification de troncature en posant . Posons
(15) | ||||
(16) |
Théorème 5.2.8.
Avec les notations précédentes, on a
Démonstration.
Pour tout sous-groupe parabolique standard , notons le noyau associé à au lieu de . Pour tout , on vérifie que
D’où
Comme , on voit que . Cela permet de conclure d’après 5.2.5. ∎
Définition 5.2.9.
Soit , prenons des représentants et , alors ; comme est trivial sur , cela ne dépend que de , et . Notons-le bien qu’il ne dépend pas de .
Dans [3], Arthur définit un unique point tel que
(17) |
On l’appelle le paramètre de troncature canonique pour . Définissons . Nous allons démontrer que ne dépend pas du choix de .
Notons l’image réciproque de par .
Proposition 5.2.10.
Soient et avec un représentant tel que . Soit un autre représentant, i.e. . Pour , posons
Alors
où (resp. ) est défini par rapport à (resp. ) et (resp. ).
Démonstration.
Le paramètre de troncature canonique pour (resp. ) s’obtient en projetant via (resp. ). Posons
Prenons suffisamment régulier. Par le transport de structure , on a
Soit , notons le noyau associé à et . En utilisant le fait que , dont la dernière égalité résulte de 5.2.2, l’argument pour 5.2.8 montre que
où désigne l’application de Harish-Chandra définie par rapport à .
D’autre part, considérons ; il s’exprime de la même manière sauf que le terme est remplacé par
Soit une décomposition d’Iwasawa où , , , alors . On a
donc . Montrons que . Il suffit de considérer le cas . Posons , i.e. , alors
or d’après la définition de .
On en déduit que
Les deux côtés sont polynomiaux en . On conclut en prenant . ∎
Corollaire 5.2.11 (cf. [3, §2]).
Les distributions ne dépendent pas du choix de .
Démonstration.
Corollaire 5.2.12.
Soit , on a
Dépendance de
Conservons les conventions du paragraphe précédent. Fixons un autre sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement de et notons (resp. ) le paramètre de troncature canonique pour (resp. ).
Fixons . Considérons la famille des fonctions continues indexée par
On vérifie que est une modification de troncature. On définit ainsi
(18) | ||||
(19) |
Lemme 5.2.13.
Avec les notations précédentes, on a
Démonstration.
Supposons suffisamment régulier, on a
tandis que est défini de la même façon sauf que le terme est remplacé par . Pour conclure, il suffit de noter
puis appliquer 5.2.5 et évaluer des polynômes en . ∎
Lemme 5.2.14.
Soit . Si (resp. ) est un représentant de dans (resp. ), alors .
Démonstration.
Prenons un représentant rationnel de . La définition des paramètres affirme que
En prenant la différence, on obtient , ce qui est égal à . ∎
Théorème 5.2.15.
On a
5.3 Intégrales orbitales pondérées avec caractère
Fixons un ensemble fini de places de . Décomposons les objets en question comme , , , etc. Notons la restriction de sur , où est un sous-groupe de Lévi quelconque de , par le même symbole . Fixons des mesures sur et sur les selon §2.5.
Remarque 5.3.1.
Intégrales orbitales avec caractère
Soient un sous-groupe de Lévi de , et . Posons toujours
Soit une distribution sur , posons
Cela définit une action à gauche (resp. à droite) de sur l’espace des distributions (resp. des fonctions) sur .
Définition 5.3.2.
Une fonction (resp. distribution ) est dite -équivariante si (resp. ) pour tout .
Par exemple, une fonction localement intégrable est -équivariante si et seulement la distribution l’est. Nous nous intéressons aux distributions -équivariantes.
Conventions sur la mesure
On considère les paires , où
-
—
est une classe de conjugaison dans ,
-
—
est une mesure de Radon complexe non triviale sur qui est -équivariante; autrement dit pour tout et tout .
Le groupe opère sur ces paires par conjugaison; la conjugaison ne change pas mais elle transporte . On écrit si . Notons
Alors est un -torseur, ce qui permet de définir si et ont la même classe de conjugaison sous-jacente.
Définition 5.3.3.
Une classe de conjugaison dans est dite -bonne si elle admet une mesure de Radon -équivariante comme ci-dessus. Autrement dit, est bonne si pour tout , on a . On dit que est -bon si sa classe de conjugaison l’est.
Nous utilisons les symboles pointés pour désigner un élément dans , eg. ; la classe de conjugaison sous-jacente est notée .
Une paire donne naissance à l’intégrale orbitale
(24) |
avec quelconque, où est le discriminant de Weyl (voir 5.6.1). Pour montrer qu’elle converge, il suffit de remplacer par . On obtient ainsi une mesure de Radon invariante sur , ce qui permet d’appliquer le résultat de Rao [27]. On vérifie que, pour tout
(25) |
Cela permet d’immerger dans l’espace de distributions -équivariantes.
Donnons-en une construction directe. Soit bon et notons sa classe de conjugaison. Fixons une mesure invariante sur . Alors on peut choisir une unique mesure complexe sur de sorte que
(26) |
Il serait tentant de l’écrire comme ; cependant il faut prendre garde qu’il dépend du choix de dans sa classe de conjugaison.
Induction de classes unipotentes
Supposons que est -bon; soit tel que .
Supposons pour l’instant que . On peut regarder comme un élément de (comme distributions sur ) en choisissant l’unique mesure telle que
(27) |
Si l’on fixe des choix comme dans (26), c’est tout simplement
et on a dans si et seulement si n’est pas -bon dans .
En général, notons l’ouvert dense de des éléments tels que
alors pour en position générale, on a . Notons l’élément obtenu via le transport de structure. D’après (27), on regarde comme un élément de .
Soit maintenant unipotent. Lusztig et Spaltenstein [21] ont défini une classe de conjugaison géométrique unipotente dans . C’est une réunion finie de classes de conjugaison dans , disons . Notons l’ensemble des tels que est -bon.
Lemme 5.3.4 (cf. [8, (6.6)]).
Il existe des uniques mesures de Radon -équivariantes non triviales sur telles que si l’on note
alors
où les dans la limite sont supposés en position générale de sorte que .
Démonstration.
Le cas est démontré dans [8]. La même démonstration marche si l’on utilise les mesures -équivariantes sur les classes de conjugaison. ∎
Cela étant, on peut définir comme une combinaison linéaire des éléments dans .
Intégrales orbitales pondérées
Soit un sous-groupe de Lévi de . Soient bon et sa classe de conjugaison, prenons une paire .
Définition 5.3.5.
Supposons que . Si n’est pas -bon dans , posons
sinon, induit une paire via (27). Arthur a défini une -famille
associée à l’ensemble -orthogonal positif . Notons la fonction associée; elle est une fonction sur . Pour tout , écrivons et définissons une nouvelle mesure en posant (avec abus de notations); cela ne dépend pas du choix de .
Pour , posons
La convergence découle en remplaçant par , ce qui nous ramène au cas usuel . Si l’on fixe des choix comme dans (26), c’est tout simplement
Revenons au cas général. Soit , Arthur définit un facteur pour tous , ([8, §5]), par lequel est définie l’intégrale orbitale pondérée générale. Ce facteur ne dépend que de et la classe de conjugaison de dans . Dans le cas , on a
Si est en position générale, alors et on sait définir à l’aide de (27).
Théorème 5.3.6 (cf. [8, 5.2]).
Pour tout , la limite
existe, où les dans la limite sont supposés en position générale de sorte que . Si , elle coïncide avec la définition 6.3.1. On a
Démonstration.
Les termes à droite sont bien définis. La démonstration de l’existence de la limite est pareille que celle dans [8]: il suffit de tordre les mesures invariantes sur , ou sur les orbites par , et on vérifie que cela n’affecte pas les démonstrations car est unitaire. L’assertion sur l’équivariance est claire si ; le cas général s’en suit par définition. ∎
Lorsqu’une ambiguïté sur sera à craindre, nous noterons les objets par , etc.
Le cas non ramifié
Fixons et comme précédemment. Supposons que consiste en places non archimédiennes et fixons tel que est un sous-groupe hyperspécial de en bonne position relativement à pour chaque . Notons la fonction caractéristique de .
Définition 5.3.8.
Les intégrales orbitales pondérées non ramifiées sont définies par
Lorsque est fortement régulier dans , notre définition est celle dans [30].
5.4 Comportement des intégrales orbitales pondérées avec un caractère
Soient -bon et prenons (i.e. on fixe la mesure) comme précédemment.
-équivalence
Soient et un ouvert invariant par . Notons
Supposons désormais que l’adhérence de dans contient un voisinage invariant de . Suivant [8, p.235], on dit que deux fonctions , sur sont -équivalentes s’il existe et un voisinage de dans tels que
pour tout tel que . Si cette condition est vérifiée, on écrit
Proposition 5.4.1 (cf. [8, 2.2]).
Si , alors pour tout on a
pour tout assez proche de modulo conjugaison.
Démonstration.
La démonstration est identique à celle du cas . ∎
Formules de descente
Proposition 5.4.2 (cf. [8, 6.2]).
Supposons unipotent. Soit , alors pour tout , on a
Soit . Définissons la version locale de (14):
Corollaire 5.4.3 (cf. [6, §8]).
Conservons les notations précédentes et fixons en position générale comme dans (11), ce qui permet d’associer à chaque tel que un . Alors
Démonstration.
L’énoncé dans [6] est pour les distributions invariantes; or le cas du résultat voulu y est implicite. Les arguments d’Arthur s’adaptent de façon usuelle au cas général. ∎
De même, on a la formule de déploiement pour intégrales orbitales pondérées. Prenons en position générale comme dans (12), ce qui permet de définir une application avec () pourvu que .
Proposition 5.4.4 (cf. [7, 9.1]).
Supposons . Soit , où pour . Soit où pour . Alors
Non-invariance
Conservons les mêmes notations. Soit . On a la -famille
On définit la version locale de (16)
Proposition 5.4.5 (cf. [3, (8.2)]).
Pour tout , on a
Démonstration.
Prenons . Traitons d’abord le cas . Fixons des mesures comme dans (26), alors
On a , donc 4.2.4 entraîne que
Pour fixé, on a
La -famille ne dépend que de et lorsque (cf. [3, p.41]), on peut la noter et on vérifie qu’elle donne la fonction de poids pour . Cela conclut le cas .
En général, on en déduit
∎
Proposition 5.4.6.
Soit tel que , alors
Démonstration.
Comme est spécial, on peut écrire où (i.e. provient du revêtement simplement connexe de ) et . Le problème se divise ainsi en deux cas: et .
Si , l’assertion découle de la proposition précédente. Si , un transport de structure donne
Comme , il suffit de montrer que si . Or c’est clair que si , ce qui permet de conclure. ∎
Dépendance de
Soit un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à . Ajoutons l’affixe aux objets définis par rapport à . Soient , . Définissons les -familles
La définition originelle des fonctions poids correspond au cas , mais n’affecte pas les fonctions et .
Définissons la -famille
Posons
Proposition 5.4.7 (cf. [9, 3.4]).
Soit . On a
Démonstration.
Il suffit de comparer les fonctions de poids: nous avons remarqué que celle associée à se déduit de la -famille . Or
D’où
On peut reprendre la preuve de 5.4.5 à partir de maintenant. ∎
5.5 Développement fin du terme unipotent
Fixons un sous-ensemble fini de places de . Supposons que
-
—
contient toutes les places archimédiennes;
-
—
est hyperspécial pour tout ;
-
—
est trivial sur .
Désignons par la fonction caractéristique de . On définit un homomorphisme continu injectif
par lequel on identifie à un sous-espace de .
Soit un sous-groupe de Lévi de , notons
En oubliant les mesures, on définit et de la même manière.
Théorème 5.5.1 (cf. [4]).
Il existe une unique application pour tout , satisfaisant à l’équivariance
telle que, pour tout , on a
où est une image réciproque de quelconque. De plus, ne dépend pas de .
Les coefficients dépendent encore de , et . La dépendance de sera enlevée plus tard par 5.5.4. L’équivariance des coefficients affirme que le produit ne dépend que de .
Démonstration.
C’est le résultat principal de [4]. Il n’y a rien à prouver si est anisotrope modulo son centre. Supposons donc par récurrence que l’assertion est vérifiée pour tout sous-groupe de Lévi propre. Posons
D’après l’hypothèse de récurrence, on en déduit . Par conséquent est -équivariant. D’autre part, on montre (cf. [4, 4.2]) que si s’annule sur , alors . La même propriété est satisfaite par les distributions d’après 5.3.7, donc par . Par conséquent, il existe des coefficients satisfaisant à la condition d’équivariance telle que
pour tout . Si l’on sélectionne une image réciproque pour chaque , alors la famille de distributions est libre. L’unicité de en découle.
Il reste à montrer que les classes qui contribuent sont celles rencontrant . C’est l’ingrédient technique de [4, §2 - §7]. On vérifie que les troncatures et estimations d’Arthur dans [4] demeurent valables si l’on utilise la mesure complexe sur et les autres groupes en question.
Montrons l’indépendance de . Soit un autre sous-groupe compact de en bonne position relativement à . Ajoutons l’affixe aux objets associés au sous-groupe compact maximal de . On reprend les arguments ci-dessus en utilisant 5.2.15 et 5.4.7 avec où (resp. ) est le paramètre de troncature canonique pour (resp. ), pour obtenir
Comme la distribution ne dépend que de , on tire du développement de que . Ceci est aussi valable pour tout au lieu de , ce qu’il fallait démontrer. ∎
Maintenant, prenons un sous-ensemble fini de places tel que . Fixons et posons . Si , on choisit une décomposition (resp. ); c’est bien déterminé à multiplication près par (resp. , etc). Soit une somme finie d’éléments dans ; pour , écrivons
Proposition 5.5.2.
Soit , alors
On vérifie sans peine que l’expression dans la somme ne dépend pas du choix de .
Démonstration.
Prenons en position générale comme dans (12) tel que sa projection dans vérifie aussi les conditions pour (11). On dispose alors d’une application pour .
Ci-dessous un interlude élémentaire de la théorie de Bruhat-Tits. Soit un corps local non archimédien.
Lemme 5.5.3.
Soient un -groupe réductif connexe et un sous-groupe de Lévi. Soit un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à . Si est un sous-groupe compact maximal en bonne position relativement à et conjugué à par , alors est conjugué par par .
Démonstration.
Supposons d’abord que est minimal, alors c’est le centralisateur d’un -tore déployé maximal . D’après la définition de l’immeuble de Bruhat-Tits [12, 7.4.1], et sont conjugués par . Comme est spécial, il contient des représentants du groupe de Weyl de . Par conséquent et sont conjugués par .
En général, et sont associés à des points dans l’immeuble élargi de , qui se plonge dans celui de de façon équivariante. Quitte à les conjuguer par , on peut supposer qu’ils appartiennent au même appartement, ce qui nous ramène au cas précédent. ∎
Proposition 5.5.4.
Soient un autre sous-groupe de Lévi minimal en bonne position relativement à . Si et , alors les coefficients associés à coïncident avec ceux associés à .
Démonstration.
Afin de souligner la dépendance en question, notons (resp. ) les coefficients associés à et (resp. ). Notons le revêtement simplement connexe de ; si , notons son image réciproque par . Prenons tel que , alors est en bonne position relativement à et pour tout .
Le transport de structure induit par donne
pour tout . On peut oublier dès maintenant et se ramener à montrer que .
Remarque 5.5.5.
Le bilan est que les coefficients sont déterminés par les données , , , et le sous-groupe compact maximal de tels que
-
—
il existe un sous-groupe de Lévi minimal de , défini sur , qui est en bonne position relativement à ;
-
—
est trivial sur .
5.6 Interlude: -admissibilité
Pour l’instant, soit un -groupe réductif connexe quelconque, et soit un ensemble fini de places tel que est non ramifié en dehors de . La définition suivante fournit une façon explicite de dire que est suffisamment grand.
Définition 5.6.1 (cf. [10, §1]).
Définissons un morphisme invariant avec , par
Observons que . Pour , notons sa première coordonnée non nulle. Alors le discriminant de Weyl est .
-
—
Un sous-ensemble est dit admissible si pour tout , on a pour toute place .
-
—
Un sous-ensemble est dit admissible si l’est.
-
—
Un sous-ensemble est dit -admissible s’il existe admissible tel que .
En particulier, on peut parler de la -admissibilité d’un élément ou d’une classe de conjugaison dans ou dans . Étant donné un sous-ensemble compact de , on peut toujours agrandir de sorte que est -admissible.
Nous utiliserons souvent le lemme suivant dû à Kottwitz.
Proposition 5.6.2.
Fixons où est un sous-groupe hyperspécial de pour tout . Soit semi-simple. Si est -admissible et , alors pour tout , on a
-
—
est un sous-groupe hyperspécial de ;
-
—
soit tel que , alors il existe et tels que .
Démonstration.
5.7 Transport de structure
On se donne les objets suivants
-
—
un ensemble fini de places de tel que et est hyperspécial pour tout ;
-
—
;
-
—
semi-simple tel que et que est -admissible;
-
—
idem pour ;
-
—
: caractère automorphe de , trivial sur ;
-
—
: caractère automorphe de , trivial sur .
Quitte à conjuguer et à agrandir , on peut supposer de plus que:
-
—
il existe un sous-groupe de Lévi standard tel que mais n’appartient à aucun sous-groupe de Lévi propre de , cela entraîne que est un sous-groupe de Lévi minimal de ;
-
—
idem, il existe un sous-groupe de Lévi standard vérifiant ladite condition avec au lieu de .
Écrivons et . Le lemme de Kottwitz 5.6.2 affirme que pour tout , est un sous-groupe hyperspécial de ; c’est aussi clair que est en bonne position relativement à . Idem pour et .
Vu 5.5.5, à ces données sont associés les coefficients du développement géométrique fin
On se propose de comparer ces coefficients. Définissons d’abord le transporteur
C’est une sous-variété de définie sur sur laquelle (resp. ) opère à droite (resp. à gauche) par multiplication.
Hypothèse 5.7.1.
Supposons que
-
—
;
-
—
pour toute place de , on fixe une application , telle que
-
—
pour tout , et ;
-
—
si , alors pour tout .
-
—
Soit (éventuellement infini). Par abus de notation, on note l’application donnée par , ce qui est bien définie d’après la dernière condition. En particulier, on sait définir . On demande de plus que
-
—
.
Exemple 5.7.2.
Supposons que et qu’il existe un caractère automorphe qui est trivial sur , tel que , . Prenons pour tout . Alors les conditions sur sont satisfaites.
Le résultat suivant dit qu’un élément dans transporte les caractères automorphes.
Lemme 5.7.3.
Si 5.7.1 est vérifiée, alors pour tout , on a
Démonstration.
Pour , on a . Donc
Or c’est aussi égal à , d’où l’assertion. ∎
Proposition 5.7.4.
Supposons que 5.7.1 est vérifiée. Soit , alors pour tout , on a
Démonstration.
On peut translater par à gauche, donc on se ramène au cas où . Par transport de structure, on a
Posons
Alors sont des sous-groupes compacts maximaux de en bonne position relativement à . On doit prouver que
(28) |
On prend assez grand de sorte que et pour . On applique 5.5.2 avec le Lévi minimal et . Ainsi, on est ramené à prouver
(29) |
Pour tout , est représenté par des éléments de . Donc il existe et tels que . Alors . D’après 5.6.2 appliqué à et , il existe et tels que . Posons , on a
On applique 5.5.3 avec , et les sous-groupes ouverts compacts maximaux , . Pour , il existe donc tel que ; on prend pour . Posons , alors . Or on a aussi . Parce que est hyperspécial, on a quitte à multiplier par un élément de . Alors , d’où .
6 La formule des traces pour les revêtements
Soit un corps de nombres, un -groupe réductif connexe et un revêtement à feuillets
où nous supprimons le nom de l’immersion ; par abus de notation, nous regardons comme un sous-groupe discret de .
On considéra deux cas.
-
1
Le cas global: fixons les objets suivants
-
—
: un sous-groupe de Lévi minimal de ;
-
—
;
-
—
: un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à , tel que pour tout , est le sous-groupe compact maximal fixé dans (G1), qui s’identifie à un sous-groupe de .
Si est un sous-groupe parabolique semi-standard, on note sa décomposition de Lévi canonique. Comme d’habitude, si est un sous-groupe de , on note son image réciproque par .
-
—
-
2
Le cas local: fixons un ensemble fini de places de . Considérons le revêtement à feuillets . Fixons
-
—
comme précédemment;
-
—
un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à .
Si est un sous-groupe de , notons son image réciproque par .
-
—
Soit , on note (resp. ) son intersection avec (resp. avec ). La convention de mesures §2.5 s’applique ici. Rappelons en particulier que, soit est une fonction intégrable sur , alors est égale à selon notre convention.
6.1 La formule des traces grossière
Plaçons-nous dans le cadre global.
Le noyau tronqué
Définissons la représentation régulière par
pour tout , . On peut d’ailleurs la regarder comme une représentation sur . Fixons . Alors l’opérateur a pour noyau
L’indice sera supprimé dans la suite. À cause du procédé de troncature, la formule des traces grossière dépendra des choix de , et .
Pour tout , posons
avec . On constate que pour tout , ne dépend que de ; on l’écrit aussi .
Pour qui est suffisamment régulier, définissons le noyau tronqué
où décrit les sous-groupes paraboliques standards.
Il sera démontré que est intégrable sur , et on en obtiendra les développements géométrique et spectral. Or c’est déjà clair que l’aspect “géométrique” de la troncature, c’est-à-dire celui qui s’agit des classes de conjugaison rationnelles et des objets dans §4, est identique à celui de la formule des traces grossière de : le revêtement n’y intervient pas.
Le -développement
Rappelons que dans §5.1 l’on a défini la notion de -équivalence des éléments dans . Adoptons les mêmes notations ici. Pour tout , on a défini une application canonique à fibres finies.
Pour tout et , posons comme précédemment
alors et .
Théorème 6.1.1 (cf. [1, 7.1]).
Si est suffisamment régulier, alors
converge absolument.
Démonstration.
Comme nous avons remarqué, le revêtement n’intervient pas dans la troncature, et les arguments de [1] marchent de la même manière. ∎
C’est donc loisible de poser pourvu que est suffisamment régulier.
Le -développement
Soit , le terme constant de le long d’un sous-groupe parabolique est défini par
pour presque tout , à l’aide du scindage unipotent. On dit que est cuspidale si pour tout . Cela permet de définir l’espace des fonctions cuspidales . D’après le théorème de Gelfand et Piatetski-Shapiro, est inclus dans , la sous-représentation maximale de qui se décompose discrètement. Posons l’ensemble des classes d’équivalence de représentations irréductibles intervenant dans . La théorie de décomposition spectrale est parallèle à celle pour les groupes réductifs et est bien établie dans [26].
Le groupe central agit par translation sur de telles représentations. Notons la partie -équivariante par pour tout . En particulier, on peut parler de la partie spécifique .
Le groupe de Weyl agit sur les paires où et est une représentation automorphe cuspidale de . L’ensemble des orbites ainsi obtenues est noté , ou si une confusion sur est à craindre.
Soit un sous-groupe de Lévi de , on a une application canonique donnée par (où ). Elle est à fibres finies.
Soient , . Notons la représentation régulière sur . Puisque , on peut la regarder comme une représentation de . Notons la représentation de définie par
Notons l’induite parabolique normalisée de . Définissons l’espace hilbertien des fonctions mesurables telles que
-
—
pour presque tout , appartient à ,
-
—
Alors peut être vu comme l’espace sous-jacent de muni de l’action
Remarquons que et la restriction de à ne dépendent pas de . Notons le sous-espace des fonctions telle que pour presque tout . Notons le sous-espace dense de vecteurs -finis et son intersection avec .
Passons en revue la théorie de la décomposition spectrale.
-
1
On sait construire un sous-espace fermé invariant , engendré par les séries d’Eisenstein attachées à ([26, II.2.4]). Il existe une décomposition orthogonale
-
2
Soient , . On définit l’opérateur d’entrelacement suivant la recette de Mackey (cf. [26, II.1.6]):
où est un représentant quelconque de et
Notons le cône dual à , alors cette intégrale est convergente et holomorphe en si . Elle admet une prolongement méromorphe sur .
À l’aide de la décomposition spectrale, on définit les espaces , et l’opérateur en prenant l’intersection avec . On en déduit des décompositions et .
Soit un sous-groupe parabolique standard de . Posons , la somme portant sur les sous-groupes paraboliques standards . La même définition s’applique aux sous-groupes de Lévi de , d’où les versions relatives pour sous-groupes paraboliques standards. Choisissons une base orthonormée pour formée de vecteurs -finis pour tout , alors est une base orthonormée de contenue dans . Posons
où
est la “série d’Eisenstein”; elle est convergente si , et elle admet un prolongement méromorphe à tout . La définition de ne dépend évidemment pas du choix des bases . La décomposition spectrale affirme que et .
Théorème 6.1.2 (cf. [2, 2.1]).
Si est suffisamment régulier, alors
converge absolument.
Démonstration.
C’est donc loisible de poser , pour tout .
Selon l’action de , on a une décomposition . Fixons , alors la -équivariance de représentations est préservée par induction parabolique. Le résultat suivant en découle.
Proposition 6.1.3.
Soient . Si , , alors pour tout sauf si . Idem pour et .
Par conséquent, on peut se ramener à l’étude de la partie spécifique du côté spectral de la formule des traces grossière, ie. les termes associés à , appliqués à fonctions tests anti-spécifiques.
Conclusions
Vu les résultats de convergence géométrique et spectral, on est arrivé à l’identité
pour suffisamment régulier, où . L’intégrabilité résulte des théorèmes que nous venons d’obtenir. Dans la suite, (resp. ) désigne un élément dans (resp. quelconque.
Théorème 6.1.4.
Supposons que le paramètre de troncature est suffisamment régulier, alors
-
1
est un polynôme en de degré . Idem pour les termes , . Ces distributions se prolongent ainsi en polynômes en tout de façon unique;
-
2
notons le paramètre de troncature canonique défini dans (17), alors les distributions , et ne dépendent pas du choix de .
Démonstration.
La formule des traces grossière s’écrit ainsi
(30) |
Étudions la non-invariance des distributions. Soient et . Notons la fonction . Soit , posons
où est la fonction définie dans (15). Cela définit une application linéaire qui préserve l’équivariance par .
Nous indiquons le groupe en question en exposant dans les notations, eg. . Si , et , posons
Idem pour et .
6.2 Réduction au cas unipotent
Plaçons-nous toujours dans le cas global. Fixons les objets suivants
-
—
;
-
—
: semi-simple;
-
—
: un sous-groupe parabolique standard tel que , mais n’appartient à aucun sous-groupe parabolique propre de ;
-
—
;
-
—
: un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à .
Afin d’éviter toute confusion, indiquons l’image de via par . Posons , on dispose d’une application linéaire canonique . À ces données est associé un paramètre de troncature canonique pour .
Fixons aussi un ensemble de places et supposons que
-
—
;
-
—
est -admissible;
-
—
pour tout , on a .
Le lemme de Kottwitz 5.6.2 assure que est un sous-groupe hyperspécial de pour tout .
Lemme 6.2.1.
Le caractère est un caractère automorphe. Il est trivial sur .
Démonstration.
La continuité de est claire. Le reste résulte des scindages de au-dessus de et de . ∎
Posons
où, avec abus de notation, on a projeté le paramètre de troncature canonique de via .
Rappelons une construction d’Arthur [5, §6]. Soit , on note
Pour tout et tout , posons
On lui associe la fonction via (9). Si , posons
Soit . Pour et fixés, on obtient une application linéaire définie par
Alors est aussi continue en . Notre définition et celle dans [5, p.201] ne diffèrent que par le commutateur , dont la raison d’être sera expliquée dans la procédure de descente.
Théorème 6.2.2 (cf. [5, 6.2]).
Pour , on a
L’expression est loisible car la distribution est supportée sur , et le scindage unipotent adélique permet de restreindre sur ce sous-ensemble fermé de façon canonique.
Démonstration.
La preuve est presque identique à celle dans [5] à l’exception du caractère qui apparaît dans et dans notre définition de . Expliquons-le. Prenons suffisamment régulier. On part de la formule [5, 3.1]
(31) |
où est défini dans [5, (3.3)]. La démonstration ne fait intervenir que l’action adjointe de sur les sous-groupes de Lévi et paraboliques sur , et sur lui-même, donc est valable sur un revêtement.
Changeons l’intégrale ci-dessus prise sur
à une intégrale prise sur
à l’aide du fait . L’intégrale sur dans (31) devient
en remplaçant l’expression par . Or
donc l’intégrale en question vaut
car est anti-spécifique.
À partir de maintenant, on peut reprendre la démonstration de [5]. L’expression se décompose en le caractère dans le terme et le caractère dans la définition de via une décomposition d’Iwasawa. Le bilan est l’analogue de [5, (6.8)]:
La dernière étape est d’enlever la dépendance de . Soit , alors il existe et tel que . Notons comme d’habitude le revêtement simplement connexe de et . Prenons un représentant de . Comme (voir [5, p.201]), on voit que pour tout . Vu 5.2.10, on en déduit que
Alors un argument similaire à celui de 5.2.11 permet de conclure. ∎
6.3 Intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques
Plaçons-nous dans le cas local. Les conventions de §2.6 (qui correspond au cas ) se généralisent de façon évidente à ce cadre. En particulier, on peut parler des bons éléments dans .
Conventions sur la mesure
Soit . La situation est similaire à celle de §5.3: on considère les paires , où
-
—
est une bonne classe de conjugaison dans ,
-
—
est une mesure de Radon invariante non triviale sur .
Nous préférons une construction directe comme suit. Prenons , alors la mesure invariante est déterminée par le choix d’une mesure de Haar sur , et réciproquement.
Le groupe opère sur ces paires par conjugaison. On écrit si . Notons
Alors est un -torseur.
Nous utilisons les symboles pointés pour désigner un élément dans , eg. ; la classe de conjugaison sous-jacente est notée .
Une paire donne naissance à l’intégrale orbitale
(32) |
avec quelconque. Si l’on fixe et une mesure de Haar sur , alors on a tout simplement
Pour montrer qu’elle converge, il suffit de remplacer par . On obtient ainsi une intégrale orbitale pour un groupe réductif, dont la convergence est connue d’après Rao [27]. Cela permet d’immerger dans l’espace de distributions spécifiques. On a
Indiquons quelques opérations élémentaires.
-
1
Le sous-groupe central opère de manière évidente sur .
-
2
Si est tel que , alors il s’identifie canoniquement à un élément de , cf. (27). Plus précisément, s’envoie à si et seulement si n’est pas bon dans .
-
3
Un élément admet une unique décomposition de Jordan
correspondant à la décomposition de Jordan .
-
4
On a défini un sous-groupe ouvert fermé dans 2.6.2. Supposons fixé un voisinage ouvert de dans muni d’un scindage de qui envoie à . Soit , on peut définir l’application de translation par à l’aide de ce scindage.
-
5
On peut définir l’induction de classes unipotentes de à à la 5.3.4. Vu le scindage unipotent, on peut supprimer le et le noter .
Nous laissons ces yogas de mesures invariantes au lecteur.
Intégrales orbitales pondérées
Commençons par définir l’intégrale orbitale pondérée anti-spécifiques pour les éléments tels que . Rappelons que cette donnée équivaut au choix d’une mesure de Haar sur .
Définition 6.3.1.
Supposons que . Pour tout , posons
Si n’est pas bon dans , alors .
Revenons au cas général. L’intégrale orbitale pondérée est définie comme suit.
Théorème 6.3.2 (cf. [8, 5.2]).
Pour tout , la limite
existe, où les dans la limite sont supposés en position générale de sorte que .
Si , elle coïncide avec la définition 6.3.1. On a
Pour que l’expression dans l’énoncé soit loisible, il faut fixer un voisinage ouvert de dans , un scindage de au-dessus de qui envoie à , et supposer que ; comme on ne regarde que la limite , ces choix n’importent pas.
Notons tout d’abord que si n’est pas bon dans . Les définitions entraînent aussi que pour tout .
Démonstration.
On peut supposer bon dans d’après l’observation précédente, alors l’est aussi pour . On se ramène à l’étude de
lorsque . Soit la décomposition de Jordan. On décompose la variable avec , , . Alors l’intégrale ci-dessus s’écrit
Comme est central dans , on a
par l’anti-spécificité de . Posons , alors l’intégrale sur devient
une intégrale orbitale unipotente avec le caractère . Elle est bien définie car est bon.
Ce que l’on a fait est la première étape de la démonstration dans [8, §6]; en fait c’est la seule part où intervient le revêtement. Après l’argument de descente ci-dessus, le revêtement disparaît au prix de rajouter le caractère . Le reste de la démonstration marche de la même façon qu’en [8] si l’on remplace les mesures par et par . Cela n’affecte pas les estimations dans [8]; en particulier, la clef [8, 6.1] et sa démonstration, qui repose sur une technique géométrique de Langlands, restent les mêmes. Cela permet de reprendre les arguments d’Arthur. ∎
Le cas non ramifié
Fixons et comme précédemment. Supposons que consiste en places non archimédiennes et supposons hyperspécial de pour chaque . Notons , où est l’unité de l’algèbre de Hecke sphérique anti-spécifique en (voir §3.1).
Définition 6.3.3.
Les intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques non ramifiées sont définies par
Lorsqu’il n’y a pas de confusion sur , on l’écrit aussi .
Descente semi-simple
Fixons comme précédemment avec la décomposition de Jordan . Supposons que
-
—
;
-
—
est -elliptique dans .
Prenons un sous-groupe compact maximal de en bonne position relativement à . Il faut rappeler une construction parallèle à celle pour 6.2.2 (cf. [8, §8]). Soit la décomposition de Jordan. Soit . Prenons aussi et posons
où est la -famille définissant le poids. Les fonctions forment encore une -famille.
Avec le formalisme de 6.2.2, posons
Proposition 6.3.4 (cf. [8, 8.6]).
On a
6.4 Comportement des intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques
Les résultats ci-dessous sont parallèles à ceux de §5.4. Vu 6.3.2, leurs démonstrations sont aussi similaires et nous ne les répéterons pas.
-équivalence
Soient et un ouvert invariant par . Notons
Supposons désormais que l’adhérence de dans contient un voisinage invariant de . On dit que deux fonctions , sur sont -équivalentes s’il existe et un voisinage de dans tels que
pour tout tel que . Si cette condition est vérifiée, on écrit
Proposition 6.4.1.
Si , alors pour tout on a
pour tout assez proche de modulo conjugaison.
Formules de descente
Fixons . Soit . Définissons
Ceci fournit une application linéaire .
Proposition 6.4.2.
Supposons que . Avec les choix effectués dans 5.4.3, on a
Proposition 6.4.3.
Supposons . Soient , et . En conservant le formalisme de 5.4.4, on a
Remarquons que la décomposition n’est unique qu’à l’action près du groupe .
Non-invariance
Soient et . On définit
où est la fonction définie en 5.4.5. Ceci fournit une application linéaire . Rappelons aussi que est la fonction .
Proposition 6.4.4.
On a
Proposition 6.4.5.
Soit tel que , alors
Démonstration.
C’est le même argument qu’en 5.4.6. ∎
6.5 Développement géométrique fin
Passage à une situation locale
Revenons au cas global. Nous considérons un ensemble fini de places de tel que .
Rappelons une définition d’Arthur dans [5, §8].
Définition 6.5.1.
On dit que deux éléments avec décompositions de Jordan (où ) sont -équivalents s’il existe et tels que
-
—
,
-
—
.
On vérifie que c’est une relation d’équivalence. Une classe de -équivalence se découpe en un nombre fini de classes de -équivalence.
Définition 6.5.2.
Posons
Soient et un représentant vérifiant les conditions dans cette définition. On dit que est un représentant admissible de . Par abus de notation, on désignera une classe dans par un représentant admissible.
Notons
Afin de compléter le raffinement géométrique d’Arthur, il faut compléter les fonctions test locales en celles globales comme dans §5.5. Comme , on sait définir l’unité de , pour tout . D’où un homomorphisme injectif
(33) |
Il faut aussi extraire la part locale d’une classe dans . Précisons. Soit avec un représentant admissible . Le scindage au-dessus de fournit une identification
(34) |
Notons l’élément auquel s’identifie. Posons , où est relevé à l’aide du scindage unipotent. On vérifie que est -bon dans si et seulement si .
Définition 6.5.3.
Soient , . On écrit
si est un représentant admissible qui donne comme ci-dessus. Il faut prendre garde qu’en général, les représentants admissibles d’une classe de -équivalence ne sont pas conjugués par , par conséquent n’a aucune raison d’être une application bien définie de dans !
Exprimer par intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques
Nous nous proposons de remonter la formule descendue pour dans 6.2.2 en termes des intégrales orbitales pondérées anti-spécifiques; nous n’en donnerons qu’une esquisse car les arguments complets se trouvent dans [5, §8].
Plaçons-nous dans le cas global. Fixons et prenons les objets , , , et comme dans §6.2. Quitte à agrandir , on peut aussi supposer que
-
—
pour tout et tout , on a seulement si (voir [5, 6.1]).
Alors 6.2.2 se lit
L’expression dans l’intégrale est nulle sauf si
Pour un tel , on a l’identification via , où est la fonction associée à par 6.3.4, car et ; toutes ces assertions sont démontrées dans [5, §7] sauf la dernière, qui résulte du fait que et .
Donc est égal à
Posons . D’après 5.5.1,
Posons , on a une bijection
Il en résulte que est égale à
Rappelons qu’un relèvement de est défini dans 6.5.3. Soit , alors est bon dans . D’autre part, d’après la -admissibilité de . En multipliant la formule ci-dessus par , on peut appliquer 6.3.4 et obtient ainsi
Lemme 6.5.4 (cf. [5, 7.1]).
Soit , alors
Les coefficients
Définition 6.5.5.
Soit avec décomposition de Jordan . Supposons que est un représentant admissible d’une classe dans (voir 6.5.2), alors un élément lui est associé selon la construction de 6.5.3. Prenons un élément supporté sur la classe de conjugaison contenant avec la décomposition de Jordan .
Posons
C’est la définition d’Arthur (voir [10, (2.4)]) lorsque le revêtement est trivial. On vérifie que ne dépend pas des choix des mesures, et il est invariant par conjugaison par d’après 5.5.1.
Remarque 6.5.6.
D’après 5.5.5, les coefficients sont déterminés par les données , , et le sous-groupe compact maximal de tels que
-
—
il existe un sous-groupe de Lévi minimal de , défini sur , qui est en bonne position relativement à ;
-
—
.
Lemme 6.5.7.
Soient et (resp. ) avec la décomposition de Jordan (resp. ) satisfaisant aux conditions dans 6.5.5. S’il existe tel que , , alors
pour tout .
En particulier, le produit ne dépend que de et de la classe de dans .
Démonstration.
Sélectionnons les mesures de sorte que
(35) |
On a les caractères automorphes sur et sur . On va appliquer 5.7.4. Pour satisfaire aux hypothèses dans 5.7.1, il reste à construire les fonctions sur pour toute place .
Sélectionnons pour toute place de sorte que si et ; alors on a aussi . Idem pour .
Fixons une place . Définissons par la formule
Alors pour tout et tout . Si et , alors grâce au fait que et au scindage de au-dessus de . Comme se scinde au-dessus de , on a aussi .
Alors 5.7.4 implique
Or car , cela conclut la démonstration pour le premier énoncé. On a déjà remarqué que est invariant par conjugaison par , donc le dernier énoncé résulte de la définition de -équivalence. ∎
Notons le sous-ensemble des classes dans qui rencontrent .
Théorème 6.5.8 (cf. [5, 8.1]).
Avec les mêmes notations, on a
La somme ne porte que sur un nombre fini de classes.
Ici l’expression signifie que, pour chaque classe dans , on en prend un représentant admissible quelconque, puis un quelconque tel que via la correspondance définie dans 6.5.3. Le produit est bien défini grâce au lemme précédent.
Démonstration.
Reprenons les notations de 6.5.4. Le groupe opère sur , et le groupe d’isotropie d’une classe est . Vu le lemme précédent et 6.5.4, est égal à
(36) |
où signifie que l’on prend les représentants admissibles ayant partie semi-simple .
Traitons maintenant le côté à droite de l’assertion. Tous les regroupements ci-dessous sont justifiés par le lemme précédent. La somme sur se décompose en une somme double sur les classes semi-simples et des classes unipotentes. On peut combiner la somme sur les classes semi-simples avec la somme sur et on obtient une somme sur
suivie par une somme sur des classes unipotentes. Cette somme double est évidemment finie. De plus, opère sur et on peut sommer sur le quotient pourvu que l’on multiplie les coefficients par l’ordre du groupe d’isotropie.
Étant donné un voisinage compact de dans , posons . Notons l’espace des fonctions dans à support dans . Posons
via (33). On arrive ainsi au développement géométrique fin.
Théorème 6.5.9 (cf. [5, 9.2]).
Il existe un sous-ensemble fini de places tel que
-
—
il existe tel que ;
-
—
pour tout et tout , on a
les termes dans la somme ci-dessus sont nuls pour presque tout .
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Wen-Wei Li
Institut de Mathématiques de Jussieu
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