Le théorème de Bertini en famille

Olivier BENOIST
Résumé

On majore la dimension de l’ensemble des hypersurfaces de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} dont l’intersection avec une variété projective intègre fixée n’est pas intègre. Les majorations obtenues sont optimales. Comme application, on construit, quand c’est possible, des hypersurfaces dont les intersections avec toutes les variétés d’une famille de variétés projectives intègres sont intègres. Le degré des hypersurfaces construites est explicite.

Abstract

We give upper bounds for the dimension of the set of hypersurfaces of Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} whose intersection with a fixed integral projective variety is not integral. Our upper bounds are optimal. As an application, we construct, when possible, hypersurfaces whose intersections with all the varieties of a family of integral projective varieties are integral. The degree of the hypersurfaces we construct is explicit.

On fixe K𝐾K un corps de caractéristique quelconque, qui sera systématiquement sous-entendu. Par exemple, N=KNsuperscript𝑁subscriptsuperscript𝑁𝐾\mathbb{P}^{N}=\mathbb{P}^{N}_{K}. Par sous-variété de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, on entendra sous-schéma fermé géométriquement intègre de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}. On note e=e,N=(H0(N,𝒪(e)))subscript𝑒subscript𝑒𝑁superscript𝐻0superscript𝑁𝒪𝑒\mathcal{H}_{e}=\mathcal{H}_{e,N}=\mathbb{P}(H^{0}(\mathbb{P}^{N},\mathcal{O}(e))) l’espace des hypersurfaces de degré e𝑒e de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}.

Si XN𝑋superscript𝑁X\subset\mathbb{P}^{N} est une sous-variété, on notera eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) (resp. eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)) le sous-ensemble de esubscript𝑒\mathcal{H}_{e} constitué des hypersurfaces dont l’intersection avec X𝑋X n’est pas géométriquement intègre de codimension 111 dans X𝑋X (resp. n’est pas géométriquement irréductible et génériquement réduite de codimension 111 dans X𝑋X). Le théorème de Bertini (voir par exemple [9] I 6.10) montre que si dim(X)2dimension𝑋2\dim(X)\geq 2, eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) est strictement inclus dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}.

Pour les questions que nous allons étudier, la propriété “irréductible et génériquement réduit”  se comporte mieux que l’intégrité. D’autre part, pour faire fonctionner des arguments de déformation, nous aurons besoin de savoir que ces mauvais lieux sont fermés. C’est pourquoi nous allons utiliser la variante suivante du théorème de Bertini, qui fait l’objet de la première partie de cet article.

Théorème 0.1.

Soit X𝑋X une sous-variété de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de dimension 2absent2\geq 2. Alors eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) et eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X) sont des fermés stricts de esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}.

Quand K𝐾K est infini, une conséquence de ce théorème est qu’il existe des hypersurfaces dans le complémentaire de eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) (resp. eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)). On cherche dans cet article à obtenir une version “en famille”  de ce théorème. On se pose plus précisément la question suivante :

Question 0.2.

Étant donnée une famille de sous-variétés de dimension 2absent2\geq 2 de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, peut-on trouver une hypersurface dont les intersections avec toutes les variétés de cette famille soient géométriquement intègres (resp. géométriquement irréductibles et génériquement réduites) ? Si la réponse est positive, peut-on trouver une telle hypersurface de petit degré ?

En fait, cela revient à contrôler, pour chaque variété X𝑋X de la famille, la codimension de eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) (resp. eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)) dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}. Plus précisément, il faut répondre à la question suivante :

Question 0.3.

La codimension de eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) (resp. eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)) dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e} tend-elle vers l’infini avec e𝑒e ?

Dans la deuxième partie de cet article, on obtient des minorations optimales de codime(eigr(X))subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)) en fonction de e𝑒e et de dim(X)dimension𝑋\dim(X). En particulier, la réponse à la question 0.3 pour eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X) est positive. L’énoncé est le suivant :

Théorème 0.4.

Soit X𝑋X une sous-variété de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de dimension n2𝑛2n\geq 2. Alors :

codime(eigr(X)){n1si e=1(e+n1e)nsi e2.subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋cases𝑛1si 𝑒1binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛si 𝑒2\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X))\geq\begin{cases}\ n-1&\mbox{si \hskip 10.00002pt}e=1\\ \ \binom{e+n-1}{e}-n&\mbox{si \hskip 10.00002pt}e\geq 2.\par\par\end{cases}

De plus, ces bornes sont optimales. Elles sont atteintes pour un cône sur une courbe quand e=1𝑒1e=1 et pour un espace linéaire quand e2𝑒2e\geq 2.

On en déduit dans la troisième partie des minorations analogues pour eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X). L’énoncé qui suit montre que la réponse à la question 0.3 pour eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) est positive si et seulement si X𝑋X n’a pas de point fermé de profondeur 111.

Théorème 0.5.

Soit X𝑋X une sous-variété de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de dimension n2𝑛2n\geq 2. Alors :

  1. (i)

    Si X𝑋X n’a pas de point de profondeur 111 et de codimension >1absent1>1,

    codime(eint(X)){n1si e=1(e+n1e)nsi e2.subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptint𝑒𝑋cases𝑛1si 𝑒1binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛si 𝑒2\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X))\geq\begin{cases}\ n-1&\mbox{si \hskip 10.00002pt}e=1\\ \ \binom{e+n-1}{e}-n&\mbox{si \hskip 10.00002pt}e\geq 2.\end{cases}
  2. (ii)

    Si X𝑋X n’a pas de point fermé de profondeur 111,

    codime(eint(X)){e+1si n3e1si n=2 et e2 1si n=2 et e=1.subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptint𝑒𝑋cases𝑒1si 𝑛3𝑒1si 𝑛2 et 𝑒21si 𝑛2 et 𝑒1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X))\geq\begin{cases}\ e+1&\mbox{si \hskip 10.00002pt}n\geq 3\\ e-1&\mbox{si \hskip 10.00002pt}n=2\text{ et }e\geq 2\\ \ 1&\mbox{si \hskip 10.00002pt}n=2\text{ et }e=1.\end{cases}
  3. (iii)

    Si X𝑋X possède un point fermé de profondeur 111,

    codime(eint(X))=1 pour tout e.subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptint𝑒𝑋1 pour tout 𝑒\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X))=1\text{ pour tout }e.

    De plus, ces bornes sont optimales.

Remarquons que la condition “ne pas posséder de point fermé de profondeur 111 et de codimension >1absent1>1”  est la condition S2𝑆2S2 de Serre. Elle est en particulier vérifiée pour les variétés normales et les variétés de Cohen-Macaulay.

Enfin, dans une quatrième partie, on obtient le théorème suivant répondant à la question 0.2. La restriction sur les fibres de la famille, dans le cas intègre, est nécessaire au vu du théorème précédent.

Théorème 0.6.

Soit une famille plate de sous-variétés de dimension n2𝑛2n\geq 2 de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, c’est-à-dire un diagramme commutatif de K𝐾K-schémas de type fini :

𝔛𝔛\textstyle{\mathfrak{X}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i𝑖\scriptstyle{i\hskip 7.00002pt}π𝜋\scriptstyle{\pi}N×Vsuperscript𝑁𝑉\textstyle{\mathbb{P}^{N}\times V\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}pr2𝑝subscript𝑟2\scriptstyle{pr_{2}}V𝑉\textstyle{V}

π𝜋\pi est plat à fibres géométriquement intègres de dimension n2𝑛2n\geq 2 et i𝑖i est une immersion fermée. Alors :

  1. (i)

    Soit e𝑒e tel que (e+n1e)n1dim(V)binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛1dimension𝑉\binom{e+n-1}{e}-n-1\geq\dim(V). L’ensemble des hypersurface H𝐻H de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de degré e𝑒e telles que pour tout vV𝑣𝑉v\in V, 𝔛vHsubscript𝔛𝑣𝐻\mathfrak{X}_{v}\cap H est géométriquement irréductible et génériquement réduit de codimension 111 dans 𝔛vsubscript𝔛𝑣\mathfrak{X}_{v} contient un ouvert non vide.

  2. (ii)

    Soit edim(V)+2𝑒dimension𝑉2e\geq\dim(V)+2. Supposons que les 𝔛vsubscript𝔛𝑣\mathfrak{X}_{v} n’ont pas de points fermés de profondeur 111. Alors l’ensemble des hypersurfaces H𝐻H de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de degré e𝑒e telles que pour tout vV𝑣𝑉v\in V, 𝔛vHsubscript𝔛𝑣𝐻\mathfrak{X}_{v}\cap H est géométriquement intègre de codimension 111 dans 𝔛vsubscript𝔛𝑣\mathfrak{X}_{v} contient un ouvert non vide.

Si V𝑉V est propre, ces ensembles sont des ouverts non vides. Enfin, quand le corps K𝐾K est infini, on peut trouver une telle hypersurface H𝐻H définie sur K𝐾K.

Ces questions ont été motivées par les constructions de [1] de variétés dont le fibré cotangent est ample. En particulier, le théorème 0.5 corrige et précise Lemma 12 de loc. cit., erroné.

Quand K𝐾K est fini, les méthodes utilisées ici pour prouver le théorème 0.6 ne permettent pas de construire une hypersurface définie sur K𝐾K. L’analogue de cette question pour la version lisse du théorème de Bertini a été étudiée et résolue par Poonen dans [10].

Je tiens à remercier chaleureusement O. Debarre pour les nombreux conseils qu’il m’a donnés.

1 Théorème de Bertini

On va démontrer dans cette partie le théorème 0.1.

1.1 Ouverture de la propriété “irréductible et génériquement réduit”

Pour cela, on va commencer par déterminer des conditions sur une famille de schémas sous lesquelles l’ensemble des fibres qui sont irréductibles et génériquement réduites est ouvert : c’est le rôle de la proposition 1.1. C’est une proposition très proche d’énoncés de [6], et les démonstrations sont calquées sur celles s’y trouvant. Par conséquent, on multipliera les références à cet ouvrage.

Proposition 1.1.

Soit f:XS:𝑓𝑋𝑆f:X\rightarrow S un morphisme de schémas propre, plat et de présentation finie. On suppose que les composantes irréductibles des fibres de f𝑓f sont toutes de la même dimension n𝑛n. Alors l’ensemble E𝐸E des sS𝑠𝑆s\in S tels que Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est géométriquement irréductible et génériquement réduit est ouvert dans S𝑆S.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

On scinde la preuve en plusieurs étapes.

Etape 1 :

Sous les hypothèses de l’énoncé, si S𝑆S est le spectre d’un anneau de valuation discrète de point générique ssuperscript𝑠s^{\prime} et de point fermé s𝑠s, si de plus les composantes irréductibles de Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}} sont géométriquement irréductibles, alors si sE𝑠𝐸s\in E, on a également sEsuperscript𝑠𝐸s^{\prime}\in E.

Montrons d’abord que Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}} est géométriquement génériquement réduit. Par [6] 12.1.1 (vii), l’ensemble U𝑈U des xX𝑥𝑋x\in X tels que Xf(x)subscript𝑋𝑓𝑥X_{f(x)} est géométriquement réduit en x𝑥x est ouvert dans X𝑋X. Son complémentaire F𝐹F est donc fermé. Par hypothèse, Fssubscript𝐹𝑠F_{s} est de dimension <nabsent𝑛<n. Or, par propreté de f𝑓f, la dimension des fibres de f:FS:𝑓𝐹𝑆f:F\rightarrow S est semi-continue supérieurement, donc dim(Fs)<ndimensionsubscript𝐹superscript𝑠𝑛\dim(F_{s^{\prime}})<n, et Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}} est bien géométriquement génériquement réduit.

Supposons ensuite par l’absurde que Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}} ne soit pas irréductible, et soient η1subscript𝜂1\eta_{1} et η2subscript𝜂2\eta_{2} deux points maximaux distincts de Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}}. Par propreté, la dimension des fibres de f:{ηi}¯S:𝑓¯subscript𝜂𝑖𝑆f:\overline{\{\eta_{i}\}}\rightarrow S est semi-continue supérieurement. On peut donc choisir un point maximal zisubscript𝑧𝑖z_{i} de {ηi}¯ssubscript¯subscript𝜂𝑖𝑠\overline{\{\eta_{i}\}}_{s} dont l’adhérence est de dimension nabsent𝑛\geq n. Comme les composantes irréductibles de Xssubscript𝑋𝑠X_{s} sont de dimension n𝑛n par hypothèse, zisubscript𝑧𝑖z_{i} est nécessairement un point maximal de Xssubscript𝑋𝑠X_{s}.

Par [5] 2.3.4, qui s’applique par platitude, on voit que les points maximaux de X𝑋X sont exactement ceux de Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}}. Cela permet de vérifier les hypothèses de [5] 3.4.1.1 et de montrer que si z1subscript𝑧1z_{1} et z2subscript𝑧2z_{2} coïncidaient, on aurait

long((𝒪Xs)z1)long((𝒪X)η1)+long((𝒪X)η2)2,longsubscriptsubscript𝒪subscript𝑋𝑠subscript𝑧1longsubscriptsubscript𝒪𝑋subscript𝜂1longsubscriptsubscript𝒪𝑋subscript𝜂22\operatorname{long}((\mathcal{O}_{X_{s}})_{z_{1}})\geq\operatorname{long}((\mathcal{O}_{X})_{\eta_{1}})+\operatorname{long}((\mathcal{O}_{X})_{\eta_{2}})\geq 2,

ce qui est impossible car Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est génériquement réduit. Ainsi, z1z2subscript𝑧1subscript𝑧2z_{1}\neq z_{2}, donc Xssubscript𝑋𝑠X_{s} n’est pas irréductible, ce qui est absurde.

Etape 2 :

Sous les hypothèses de l’énoncé, si S𝑆S est affine noethérien intègre de point générique ssuperscript𝑠s^{\prime}, si de plus les composantes irréductibles de Xssubscript𝑋superscript𝑠X_{s^{\prime}} sont géométriquement irréductibles, et si E𝐸E est non vide, alors sEsuperscript𝑠𝐸s^{\prime}\in E.

Supposons que sE𝑠𝐸s\in E est différent de ssuperscript𝑠s^{\prime}. Par [2] 7.1.7, qui s’applique par noethérianité, on peut trouver un schéma T𝑇T, spectre d’un anneau de valuation discrète de point fermé t𝑡t et de point générique tsuperscript𝑡t^{\prime}, et un morphisme g:TS:𝑔𝑇𝑆g:T\rightarrow S tel que g(t)=s𝑔𝑡𝑠g(t)=s et g(t)=s𝑔superscript𝑡superscript𝑠g(t^{\prime})=s^{\prime}. On peut alors appliquer l’étape 111 après changement de base par g𝑔g, ce qui montre sEsuperscript𝑠𝐸s^{\prime}\in E.

Etape 3 :

Sous les hypothèses de l’énoncé, si S=Spec(A)𝑆Spec𝐴S=\operatorname{Spec}(A) est affine noethérien, E𝐸E est stable par générisation.

On se donne sE𝑠𝐸s\in E et ssuperscript𝑠s^{\prime} une générisation de s𝑠s : on veut montrer que sEsuperscript𝑠𝐸s^{\prime}\in E. Quitte à remplacer S𝑆S par {s}¯¯superscript𝑠\overline{\{s^{\prime}\}}, on peut supposer S𝑆S intègre de point générique ssuperscript𝑠s^{\prime}.

Par [5] 4.6.8, il existe une extension finie K~~𝐾\tilde{K} de K=Frac(A)𝐾Frac𝐴K=\operatorname{Frac}(A) telle que les composantes irréductibles de (Xs)K~subscriptsubscript𝑋superscript𝑠~𝐾(X_{s^{\prime}})_{\tilde{K}} soient géométriquement irréductibles. Comme il existe une base de K~~𝐾\tilde{K} sur K𝐾K formée d’éléments entiers sur A𝐴A, l’anneau A~~𝐴\tilde{A} engendré par ces éléments est fini sur A𝐴A et est de corps de fractions K~~𝐾\tilde{K}. On pose S~=Spec(A~)~𝑆Spec~𝐴\tilde{S}=\operatorname{Spec}(\tilde{A}), de sorte que le morphisme g:S~S:𝑔~𝑆𝑆g:\tilde{S}\rightarrow S est surjectif car fini et dominant.

On peut alors appliquer l’étape 222 après avoir changé de base par g𝑔g. Notons E~~𝐸\tilde{E} l’ensemble évident. On a E~=g1(E)~𝐸superscript𝑔1𝐸\tilde{E}=g^{-1}(E), donc E=g(E~)𝐸𝑔~𝐸E=g(\tilde{E}) par surjectivité de g𝑔g. Comme E~~𝐸\tilde{E} contient le point générique de S~~𝑆\tilde{S}, E𝐸E contient bien le point générique de S𝑆S, ce qui conclut.

Etape 4 :

Sous les hypothèses de l’énoncé, E𝐸E est ouvert.

Comme la proposition est locale sur S𝑆S, on peut supposer que S=Spec(A)𝑆Spec𝐴S=\operatorname{Spec}(A) est affine.

Quand S𝑆S est noethérien, on va montrer que E𝐸E est ouvert en appliquant le critère [3] 0.9.2.5. Vérifions-en les hypothèses. D’une part, E𝐸E est stable par générisation par l’étape 333. D’autre part, E𝐸E est localement constructible par [6] 9.7.7 et 9.8.7.

Si A𝐴A n’est pas noethérien, on écrit A𝐴A comme limite inductive de ses sous-anneaux de type fini sur \mathbb{Z}. Alors, par [6] 8.9.1, 8.10.5 (xii) et 11.2.6, on peut trouver un sous-anneau noethérien A0subscript𝐴0A_{0} de A𝐴A et un morphisme f0:X0Spec(A0):subscript𝑓0subscript𝑋0Specsubscript𝐴0f_{0}:X_{0}\rightarrow\operatorname{Spec}(A_{0}) vérifiant les même propriétés que f𝑓f, et tel que f𝑓f soit obtenu à partir de f0subscript𝑓0f_{0} par extension des scalaires. Si g:Spec(A)Spec(A0):𝑔Spec𝐴Specsubscript𝐴0g:\operatorname{Spec}(A)\rightarrow\operatorname{Spec}(A_{0}) est le changement de base et si E0subscript𝐸0E_{0} est l’ensemble évident, on a E=g1(E0)𝐸superscript𝑔1subscript𝐸0E=g^{-1}(E_{0}). Comme E0subscript𝐸0E_{0} est ouvert par le cas noethérien, E𝐸E est ouvert. D’où le résultat.

1.2 Démonstration du théorème

Démontrons maintenant la version dont nous aurons besoin du théorème de Bertini, c’est-à-dire le théorème 0.1.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡𝐞´𝐨𝐫𝐞`𝐦𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡´𝐞𝐨𝐫`𝐞𝐦𝐞\mathbf{Preuve\text{ }du\text{ }th\acute{e}or\grave{e}me}.

Par [9] I 6.10 appliqué à l’inclusion de X𝑋X dans Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) est strictement inclus dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}. Comme eigr(X)eint(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)\subset\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X), il suffit de montrer que eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) et eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X) sont fermés dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}. On fait la preuve pour eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X) ; la fermeture de eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X) se montre de la même manière en utilisant [6] 12.2.4 (viii) à la place de la proposition 1.1.

On introduit N×esuperscript𝑁subscript𝑒\mathfrak{Z}\subset\mathbb{P}^{N}\times\mathcal{H}_{e} la famille paramétrant les H=XHsubscript𝐻𝑋𝐻\mathfrak{Z}_{H}=X\cap H et q:e:𝑞subscript𝑒q:\mathfrak{Z}\rightarrow\mathcal{H}_{e} la projection canonique. On note 𝒰𝒰\mathcal{U} l’ouvert de esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}XHnot-subset-of-nor-equals𝑋𝐻X\nsubseteq H. Comme le polynôme de Hilbert de ses fibres est constant, en appliquant le critère III 9.9 de [8], on voit que q𝒰:q1(𝒰)𝒰:subscript𝑞𝒰superscript𝑞1𝒰𝒰q_{\mathcal{U}}:q^{-1}(\mathcal{U})\rightarrow\mathcal{U} est plat. Soit alors 𝒰superscript𝒰\mathcal{U}^{\prime} le sous-ensemble de 𝒰𝒰\mathcal{U} constitué des H𝐻H tels que XH𝑋𝐻X\cap H est géométriquement irréductible et génériquement réduit. Il est ouvert par la proposition 1.1. Par conséquent, eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X), qui est le complémentaire de 𝒰superscript𝒰\mathcal{U}^{\prime} dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}, est fermé.

2 Minoration de la codimension de eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)

Cette partie contient la démonstration du théorème 0.4. Comme celui-ci est insensible à l’extension des scalaires, on supposera que K𝐾K est algébriquement clos.

L’idée d’utiliser une dégénérescence de X𝑋X vers une réunion d’espaces linéaires pour montrer ce théorème est due à Zak.

2.1 Optimalité des minorants

On montre dans ce paragraphe que les minorations du théorème 0.4 sont optimales.

Proposition 2.1.

Soit n2𝑛2n\geq 2 et e1𝑒1e\geq 1. Alors on peut trouver une sous-variété X𝑋X d’un espace projectif Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} pour laquelle l’inégalité du théorème 0.4 est une égalité.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

Si e2𝑒2e\geq 2, le lemme 2.2 ci-dessous montre qu’on peut prendre pour X𝑋X un sous-espace linéaire de dimension n𝑛n de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}.

Si e=1𝑒1e=1, on choisit pour X𝑋X un cône de base une courbe intègre de degré 2absent2\geq 2 et de sommet un sous-espace linéaire L𝐿L de dimension n2𝑛2n-2 de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}. Notons 𝒢𝒢\mathcal{G} l’ensemble des éléments de 1subscript1\mathcal{H}_{1} contenant L𝐿L. Si H𝒢𝐻𝒢H\in\mathcal{G}, XH𝑋𝐻X\cap H est réunion de sous-espaces linéaires de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} et ne peut donc être irréductible et génériquement réduit pour raison de degré. Par conséquent, 𝒢1igr(X)𝒢subscriptsuperscriptigr1𝑋\mathcal{G}\subset\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{1}(X). D’autre part, par le lemme 2.3 ci-dessous, codim1(𝒢)=n1subscriptcodimsubscript1𝒢𝑛1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{1}}(\mathcal{G})=n-1. On en déduit codim1(1igr(X))n1subscriptcodimsubscript1subscriptsuperscriptigr1𝑋𝑛1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{1}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{1}(X))\leq n-1 et donc que l’inégalité de 0.4 est une égalité.

Lemme 2.2.

Soit X𝑋X un sous-espace linéaire de dimension n𝑛n de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, et e2𝑒2e\geq 2. Alors :

codime(eigr(X))=(e+n1e)nsubscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X))={e+n-1\choose e}-n
Proof.

On est immédiatement ramenés au cas où N=n𝑁𝑛N=n et X=n𝑋superscript𝑛X=\mathbb{P}^{n}. Les points fermés de eigr(n)subscriptsuperscriptigr𝑒superscript𝑛\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathbb{P}^{n}) correspondent aux hypersurfaces dont une équation n’est pas irréductible, donc est réunion de sous-ensembles correspondant aux degrés k𝑘k et ek𝑒𝑘e-k des deux facteurs d’une décomposition. Ceci permet de calculer :

codime(eigr(n))=min1ke1((e+nn)(k+nn)(ek+nn)+1)=mink{1,e1}((e+nn)(k+nn)(ek+nn)+1)=(e+nn)n1(e1+nn)+1=(e+n1e)n.subscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptigr𝑒superscript𝑛subscript1𝑘𝑒1binomial𝑒𝑛𝑛binomial𝑘𝑛𝑛binomial𝑒𝑘𝑛𝑛1missing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝑘1𝑒1binomial𝑒𝑛𝑛binomial𝑘𝑛𝑛binomial𝑒𝑘𝑛𝑛1missing-subexpressionmissing-subexpressionbinomial𝑒𝑛𝑛𝑛1binomial𝑒1𝑛𝑛1missing-subexpressionmissing-subexpressionbinomial𝑒𝑛1𝑒𝑛missing-subexpression\begin{array}[]{llcl}\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathbb{P}^{n}))&=&\min_{1\leq k\leq e-1}\left({e+n\choose n}-{k+n\choose n}-{e-k+n\choose n}+1\right)\\ &=&\min_{k\in\{1,e-1\}}\left({e+n\choose n}-{k+n\choose n}-{e-k+n\choose n}+1\right)\\ &=&{e+n\choose n}-n-1-{e-1+n\choose n}+1\\ &=&{e+n-1\choose e}-n.\\ \end{array}

Lemme 2.3.

Soit X𝑋X une sous-variété de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} de dimension n𝑛n. Notons 𝒢𝒢\mathcal{G} l’ensemble des hypersurfaces de degré e𝑒e contenant X𝑋X. On a

codime(𝒢)(e+ne).subscriptcodimsubscript𝑒𝒢binomial𝑒𝑛𝑒\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{G})\geq\binom{e+n}{e}.

De plus, quand X𝑋X est un sous-espace linéaire de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, on a égalité.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

Soit L𝐿L un sous-espace linéaire de dimension Nn1𝑁𝑛1N-n-1 de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} ne rencontrant pas X𝑋X. Les fibres de la projection πL:Xn:subscript𝜋𝐿𝑋superscript𝑛\pi_{L}:X\rightarrow\mathbb{P}^{n} depuis L𝐿L sont toutes finies non vides. Ceci montre que 𝒢𝒢\mathcal{G} et l’ensemble 𝒞𝒞\mathcal{C} des cônes de sommet L𝐿L ne s’intersectent pas dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}. On peut alors appliquer le théorème de l’intersection projective :

codime(𝒢)dim(𝒞)+1=(e+ne).subscriptcodimsubscript𝑒𝒢dimension𝒞1binomial𝑒𝑛𝑒\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{G})\geq\dim(\mathcal{C})+1=\binom{e+n}{e}.

Finalement, quand X𝑋X est un sous-espace linéaire de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, X𝑋X et L𝐿L sont supplémentaires dans Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, et on voit facilement que 𝒢𝒢\mathcal{G} et 𝒞𝒞\mathcal{C} sont des sous-espaces linéaires supplémentaires dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}. On a alors

codime(𝒢)=dim(𝒞)+1=(e+ne).subscriptcodimsubscript𝑒𝒢dimension𝒞1binomial𝑒𝑛𝑒\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{G})=\dim(\mathcal{C})+1=\binom{e+n}{e}.

2.2 Réduction au cas d’une hypersurface qui est un cône sur une courbe plane

Dans ce paragraphe, on prépare la preuve du théorème 0.4 en effectuant un certain nombre de réductions. On commence par se ramener par projection au cas où X𝑋X est une hypersurface.

Proposition 2.4.

Le théorème 0.4 se déduit du cas particulier où X𝑋X est une hypersurface.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

Si X=N𝑋superscript𝑁X=\mathbb{P}^{N}, c’est le lemme 2.2 quand e2𝑒2e\geq 2 ou le lemme 2.3 quand e=1𝑒1e=1. Si X𝑋X est une hypersurface, il n’y a rien à démontrer.

Si X𝑋X est de codimension 2absent2\geq 2 dans Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, on choisit, par le théorème de Bertini lisse, un sous-espace linéaire L1subscript𝐿1L_{1} de dimension Nn𝑁𝑛N-n de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N} dont l’intersection avec X𝑋X est constituée de points réduits Pisubscript𝑃𝑖P_{i}. Soit L2subscript𝐿2L_{2} un hyperplan de L1subscript𝐿1L_{1} contenant P1subscript𝑃1P_{1} et aucun des Pisubscript𝑃𝑖P_{i}, i>1𝑖1i>1, et L𝐿L un hyperplan de L2subscript𝐿2L_{2} ne contenant pas P1subscript𝑃1P_{1}. On note π:Nn+1:𝜋superscript𝑁superscript𝑛1\pi:\mathbb{P}^{N}\rightarrow\mathbb{P}^{n+1} la projection depuis L𝐿L et Q=π(P1)𝑄𝜋subscript𝑃1Q=\pi(P_{1}). La variété Y=π(X)𝑌𝜋𝑋Y=\pi(X) munie de sa structure réduite est une hypersurface de n+1superscript𝑛1\mathbb{P}^{n+1} ; on considère π|X:XY:evaluated-at𝜋𝑋𝑋𝑌\pi|_{X}:X\rightarrow Y. Par construction, π|X1(Q)evaluated-at𝜋𝑋1𝑄\pi|_{X}^{-1}(Q) est le point réduit P1subscript𝑃1P_{1}. Par conséquent, comme π|Xevaluated-at𝜋𝑋\pi|_{X} est propre, π|Xevaluated-at𝜋𝑋\pi|_{X} est génériquement fini de degré 111, c’est-à-dire birationnel. On notera E𝐸E le fermé strict de Y𝑌Y au-dessus duquel π|Xevaluated-at𝜋𝑋\pi|_{X} n’est pas un isomorphisme.

Soit 𝒞𝒞\mathcal{C} le fermé de e,Nsubscript𝑒𝑁\mathcal{H}_{e,N} constitué des cônes de sommet L𝐿L. Par théorème de l’intersection projective,

codime,N(eigr(X))codim𝒞(eigr(X)𝒞).subscriptcodimsubscript𝑒𝑁subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑋subscriptcodim𝒞subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑋𝒞\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e,N}}(\mathcal{F}^{igr}_{e}(X))\geq\operatorname{codim}_{\mathcal{C}}(\mathcal{F}^{igr}_{e}(X)\cap\mathcal{C}).

On vérifie en comparant les diviseurs de Cartier que π𝒪n+1(e)=𝒪N{L}(e)superscript𝜋subscript𝒪superscript𝑛1𝑒subscript𝒪superscript𝑁𝐿𝑒\pi^{*}\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{n+1}}(e)=\mathcal{O}_{\mathbb{P}^{N}\setminus\{L\}}(e), et que tirer en arrière les sections globales induit une bijection πsuperscript𝜋\pi^{*} entre e,n+1subscript𝑒𝑛1\mathcal{H}_{e,n+1} et 𝒞𝒞\mathcal{C}. Moyennant cette identification entre e,n+1subscript𝑒𝑛1\mathcal{H}_{e,n+1} et 𝒞𝒞\mathcal{C}, on va montrer que

(eigr(X)𝒞)eigr(Y)𝒢,subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑋𝒞subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑌𝒢(\mathcal{F}^{igr}_{e}(X)\cap\mathcal{C})\subset\mathcal{F}^{igr}_{e}(Y)\cup\mathcal{G},

𝒢𝒢\mathcal{G} désigne l’ensemble des hypersurfaces contenant une composante irréductible de E𝐸E de codimension 111 dans Y𝑌Y. On pourra alors conclure en appliquant l’hypothèse à Y𝑌Y d’une part, et le lemme 2.3 d’autre part.

Pour cela, soit Heigr(Y)𝒢𝐻subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑌𝒢H\notin\mathcal{F}^{igr}_{e}(Y)\cup\mathcal{G}. Comme H𝒢𝐻𝒢H\notin\mathcal{G}, (YH)E𝑌𝐻𝐸(Y\cap H)\setminus E est dense dans (YH)𝑌𝐻(Y\cap H), et π|Xevaluated-at𝜋𝑋\pi|_{X} étant surjectif, (XπH)π|X1(E)𝑋superscript𝜋𝐻evaluated-at𝜋𝑋1𝐸(X\cap\pi^{*}H)\setminus\pi|_{X}^{-1}(E) est dense dans (XπH)𝑋superscript𝜋𝐻(X\cap\pi^{*}H). Comme Seigr(Y)𝑆subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑌S\notin\mathcal{F}^{igr}_{e}(Y), (YH)E𝑌𝐻𝐸(Y\cap H)\setminus E est irréductible et génériquement réduit. C’est donc aussi le cas de (XπH)π|X1(E)𝑋superscript𝜋𝐻evaluated-at𝜋𝑋1𝐸(X\cap\pi^{*}H)\setminus\pi|_{X}^{-1}(E) qui lui est isomorphe, et de (XπH)𝑋superscript𝜋𝐻(X\cap\pi^{*}H) par densité. On a donc bien H(eigr(X)𝒞)𝐻subscriptsuperscript𝑖𝑔𝑟𝑒𝑋𝒞H\notin(\mathcal{F}^{igr}_{e}(X)\cap\mathcal{C}).

Un argument de déformation permet ensuite d’effectuer la réduction suivante :

Proposition 2.5.

Le théorème 0.4 se déduit du cas particulier où X𝑋X est une hypersurface qui est un cône sur une courbe plane.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

Par 2.4, on peut supposer que X𝑋X est une hypersurface. Par Bertini, on choisit des coordonnées dans lesquelles elle est d’équation G(x0,,xN)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥𝑁0G(x_{0},\ldots,x_{N})=0 de sorte que la courbe G(x0,x1,x2,0,,0)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1subscript𝑥2.0.00G(x_{0},x_{1},x_{2},0,\ldots,0)=0 soit intègre. Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} la sous-variété de N×𝔸1superscript𝑁superscript𝔸1\mathbb{P}^{N}\times\mathbb{A}^{1} d’équation G(x0,x1,x2,tx3,,txN)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1subscript𝑥2𝑡subscript𝑥3𝑡subscript𝑥𝑁0G(x_{0},x_{1},x_{2},tx_{3},\ldots,tx_{N})=0. C’est une famille plate d’hypersurfaces de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, triviale de fibre X𝑋X au-dessus de 𝔸1{0}superscript𝔸10\mathbb{A}^{1}\setminus\{0\}, et telle que 𝔛0subscript𝔛0\mathfrak{X}_{0} est un cône sur une courbe plane intègre.

Soit \mathcal{F} le sous-ensemble de 𝔸1×esuperscript𝔸1subscript𝑒\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e} constitué des (t,H)𝑡𝐻(t,H) tels que 𝔛tHsubscript𝔛𝑡𝐻\mathfrak{X}_{t}\cap H n’est pas irréductible et génériquement réduit de codimension 111 dans 𝔛tsubscript𝔛𝑡\mathfrak{X}_{t}. Comme dans la preuve en 1.2 du théorème 0.1, on montre que \mathcal{F} est fermé dans 𝔸1×esuperscript𝔸1subscript𝑒\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e}.

Les fibres de p1:𝔸1:subscript𝑝1superscript𝔸1p_{1}:\mathcal{F}\rightarrow\mathbb{A}^{1} sont les p11(t)=eigr(𝔛t)superscriptsubscript𝑝11𝑡subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝔛𝑡p_{1}^{-1}(t)=\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathfrak{X}_{t}). Par fermeture de \mathcal{F}, p1subscript𝑝1p_{1} est propre, donc la dimension de ses fibres est semi-continue supérieurement. Ainsi, il existe t0𝑡0t\not=0 tel que dim(eigr(𝔛t))dim(eigr(𝔛0))dimensionsubscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝔛𝑡dimensionsubscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝔛0\dim(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathfrak{X}_{t}))\leq\dim(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathfrak{X}_{0})). Comme 𝔛tsubscript𝔛𝑡\mathfrak{X}_{t} est projectivement équivalente à X𝑋X et que l’on sait majorer la dimension de eigr(𝔛0)subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝔛0\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathfrak{X}_{0}) par hypothèse, on peut conclure.

2.3 Fin de la démonstration

Achevons de démontrer le théorème 0.4. On va adopter la même stratégie qu’en 2.5, en utilisant maintenant une déformation de X𝑋X en une réunion d’hyperplans.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡𝐞´𝐨𝐫𝐞`𝐦𝐞 0.4𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡´𝐞𝐨𝐫`𝐞𝐦𝐞 0.4\mathbf{Preuve\text{ }du\text{ }th\acute{e}or\grave{e}me\text{ }\ref{codimigr}}.
Etape 1 :

Construction d’une déformation.

Par la proposition 2.5, on suppose que X𝑋X est une hypersurface d’équation G(x0,x1,x2)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1subscript𝑥20G(x_{0},x_{1},x_{2})=0, qui est un cône de sommet l’espace linéaire S𝑆S d’équations x0=x1=x2=0subscript𝑥0subscript𝑥1subscript𝑥20x_{0}=x_{1}=x_{2}=0 sur une courbe plane intègre C𝐶C de degré d𝑑d. Par Bertini, on choisit nos coordonnées de sorte que G(x0,x1,0)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1.00G(x_{0},x_{1},0)=0 soit constitué de d𝑑d points réduits. Soit 𝔛𝔛\mathfrak{X} la sous-variété de N×𝔸1superscript𝑁superscript𝔸1\mathbb{P}^{N}\times\mathbb{A}^{1} d’équation G(x0,x1,tx2)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1𝑡subscript𝑥20G(x_{0},x_{1},tx_{2})=0. C’est une famille plate d’hypersurfaces de Nsuperscript𝑁\mathbb{P}^{N}, triviale de fibre X𝑋X au-dessus de 𝔸1{0}superscript𝔸10\mathbb{A}^{1}\setminus\{0\}, et telle que 𝔛0subscript𝔛0\mathfrak{X}_{0} est réunion réduite de d𝑑d hyperplans distincts L1,,Ldsubscript𝐿1subscript𝐿𝑑L_{1},\ldots,L_{d} s’intersectant le long d’un espace linéaire commun L:x0=x1=0:𝐿subscript𝑥0subscript𝑥10L:x_{0}=x_{1}=0.

On note N×𝔸1×esuperscript𝑁superscript𝔸1subscript𝑒\mathfrak{Z}\subset\mathbb{P}^{N}\times\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e} la famille paramétrant les t,H=𝔛tHsubscript𝑡𝐻subscript𝔛𝑡𝐻\mathfrak{Z}_{t,H}=\mathfrak{X}_{t}\cap H et q:𝔸1×e:𝑞superscript𝔸1subscript𝑒q:\mathfrak{Z}\rightarrow\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e} la projection canonique. Soit \mathcal{F} le sous-ensemble de 𝔸1×esuperscript𝔸1subscript𝑒\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e} constitué des (t,H)𝑡𝐻(t,H) tels que t,Hsubscript𝑡𝐻\mathfrak{Z}_{t,H} n’est pas irréductible et génériquement réduit de codimension 111 dans 𝔛tsubscript𝔛𝑡\mathfrak{X}_{t}. On note 𝒰𝒰\mathcal{U} l’ouvert de 𝔸1×esuperscript𝔸1subscript𝑒\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e}𝔛tHsubscript𝔛𝑡𝐻\mathfrak{X}_{t}\cap H est de codimension 111 dans 𝔛tsubscript𝔛𝑡\mathfrak{X}_{t}. Comme le polynôme de Hilbert de ses fibres est constant, en appliquant le critère III 9.9 de [8], on voit que q𝒰:q1(𝒰)𝒰:subscript𝑞𝒰superscript𝑞1𝒰𝒰q_{\mathcal{U}}:q^{-1}(\mathcal{U})\rightarrow\mathcal{U} est plat. Soit alors 𝒰superscript𝒰\mathcal{U}^{\prime} le sous-ensemble de 𝒰𝒰\mathcal{U} constitué des (t,H)𝑡𝐻(t,H) tels que 𝔛tHsubscript𝔛𝑡𝐻\mathfrak{X}_{t}\cap H est irréductible et génériquement réduit. Il est ouvert par 1.1. Par conséquent, \mathcal{F}, qui est le complémentaire de 𝒰superscript𝒰\mathcal{U}^{\prime} dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}, est fermé. Soit superscript\mathcal{F}^{\prime} la réunion des composantes irréductibles de \mathcal{F} dominant 𝔸1superscript𝔸1\mathbb{A}^{1}. Comme 𝔛𝔛\mathfrak{X} est triviale au-dessus de 𝔸1{0}superscript𝔸10\mathbb{A}^{1}\setminus\{0\}, c’est aussi le cas de \mathcal{F} ; ainsi, \mathcal{F} et superscript\mathcal{F}^{\prime} coïncident au-dessus de 𝔸1{0}superscript𝔸10\mathbb{A}^{1}\setminus\{0\}.

On va montrer que 0𝒢1𝒢2ieigr(Li)subscriptsuperscript0subscript𝒢1subscript𝒢2subscript𝑖subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝐿𝑖\mathcal{F}^{\prime}_{0}\subset\mathcal{G}_{1}\cup\mathcal{G}_{2}\cup\bigcup_{i}\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(L_{i}), où 𝒢1subscript𝒢1\mathcal{G}_{1} est l’ensemble des hypersurfaces contenant L𝐿L et 𝒢2subscript𝒢2\mathcal{G}_{2} l’ensemble des hypersurfaces dont l’intersection avec L𝐿L est eS𝑒𝑆eS. Admettons dans un premier temps cette inclusion. Quand e2𝑒2e\geq 2, codime(eigr(Li))=(e+n1e)nsubscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝐿𝑖binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(L_{i}))={e+n-1\choose e}-n par 2.2, et codime(𝒢1𝒢2)=(e+n1e)1subscriptcodimsubscript𝑒subscript𝒢1subscript𝒢2binomial𝑒𝑛1𝑒1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{G}_{1}\cup\mathcal{G}_{2})={e+n-1\choose e}-1. Ainsi, codime(0)(e+n1e)nsubscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscript0binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\prime}_{0})\geq{e+n-1\choose e}-n. Par propreté de p1:𝔸1:subscript𝑝1superscriptsuperscript𝔸1p_{1}:\mathcal{F}^{\prime}\rightarrow\mathbb{A}^{1}, la dimension de ses fibres est semi-continue supérieurement, et il existe t0𝑡0t\not=0 tel que codime(t)(e+n1e)nsubscriptcodimsubscript𝑒subscriptsuperscript𝑡binomial𝑒𝑛1𝑒𝑛\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{e}}(\mathcal{F}^{\prime}_{t})\geq{e+n-1\choose e}-n. Mais, t=t=eigr(𝔛t)subscriptsuperscript𝑡subscript𝑡subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝔛𝑡\mathcal{F}^{\prime}_{t}=\mathcal{F}_{t}=\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(\mathfrak{X}_{t}), ce qui permet de conclure car 𝔛tsubscript𝔛𝑡\mathfrak{X}_{t} est projectivement équivalente à X𝑋X.

Quand e=1𝑒1e=1, codim1(1igr(Li))=n+1subscriptcodimsubscript1subscriptsuperscriptigr1subscript𝐿𝑖𝑛1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{1}}(\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{1}(L_{i}))=n+1 et codim1(𝒢1𝒢2)=n1subscriptcodimsubscript1subscript𝒢1subscript𝒢2𝑛1\operatorname{codim}_{\mathcal{H}_{1}}(\mathcal{G}_{1}\cup\mathcal{G}_{2})=n-1. On conclut en raisonnant identiquement.

Etape 2 :

Changement de base.

Il reste à prouver l’inclusion admise ci-dessus. On raisonne par l’absurde en choisissant H0𝐻subscriptsuperscript0H\in\mathcal{F}^{\prime}_{0} telle que H𝒢1𝒢2ieigr(Li)𝐻subscript𝒢1subscript𝒢2subscript𝑖subscriptsuperscriptigr𝑒subscript𝐿𝑖H\notin\mathcal{G}_{1}\cup\mathcal{G}_{2}\cup\bigcup_{i}\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(L_{i}). Ceci implique que 𝔛0Hsubscript𝔛0𝐻\mathfrak{X}_{0}\cap H est réduit et a exactement d𝑑d composantes irréductibles distinctes Hi=LiHsubscript𝐻𝑖subscript𝐿𝑖𝐻H_{i}=L_{i}\cap H (il n’y a pas de points immergés car 𝔛0Hsubscript𝔛0𝐻\mathfrak{X}_{0}\cap H est intersection complète).

D’une part, H𝐻H appartient à une composante irréductible de \mathcal{F} qui domine 𝔸1superscript𝔸1\mathbb{A}^{1}, et d’autre part, comme H𝒢1𝐻subscript𝒢1H\notin\mathcal{G}_{1}, (0,H)𝒰0𝐻𝒰(0,H)\in\mathcal{U}. On peut donc trouver une courbe intègre B𝐵B, un morphisme f:B𝒰:𝑓𝐵𝒰f:B\rightarrow\mathcal{F}\cap\mathcal{U} tel que p1f:B𝔸1:subscript𝑝1𝑓𝐵superscript𝔸1p_{1}\circ f:B\rightarrow\mathbb{A}^{1} soit dominant, et un point bB𝑏𝐵b\in B tel que f(b)=(0,H)𝑓𝑏0𝐻f(b)=(0,H). On note B𝔛Bsubscript𝐵subscript𝔛𝐵\mathfrak{Z}_{B}\subset\mathfrak{X}_{B} le tiré en arrière de 𝔛×e𝔛subscript𝑒\mathfrak{Z}\subset\mathfrak{X}\times\mathcal{H}_{e} par f:B𝔸1×e:𝑓𝐵superscript𝔸1subscript𝑒f:B\rightarrow\mathbb{A}^{1}\times\mathcal{H}_{e}. Comme f𝑓f est à valeurs dans 𝒰𝒰\mathcal{U}, par changement de base, qB:BB:subscript𝑞𝐵subscript𝐵𝐵q_{B}:\mathfrak{Z}_{B}\rightarrow B est propre et plat. Comme b=𝔛0Hsubscript𝑏subscript𝔛0𝐻\mathfrak{Z}_{b}=\mathfrak{X}_{0}\cap H est réduit, en appliquant [6] 12.2.4 (v), et quitte à restreindre B𝐵B, on peut supposer les fibres de qBsubscript𝑞𝐵q_{B} géométriquement réduites. Or, q𝑞q étant à valeurs dans \mathcal{F}, les fibres de qBsubscript𝑞𝐵q_{B} ne sont pas géométriquement intègres. Elles sont donc nécessairement géométriquement réductibles. Quitte à remplacer B𝐵B par un revêtement, on peut alors supposer que la fibre générique de qBsubscript𝑞𝐵q_{B} est réductible, c’est-à-dire que Bsubscript𝐵\mathfrak{Z}_{B} est réductible. Finalement, en normalisant, on voit qu’on peut choisir B𝐵B lisse.

Dans la suite de la démonstration, on va obtenir une contradiction en montrant l’irréductibilité de Bsubscript𝐵\mathfrak{Z}_{B}.

Etape 3 :

Irréductibilité de Bsubscript𝐵\mathfrak{Z}_{B}.

Comme H𝒢2𝐻subscript𝒢2H\notin\mathcal{G}_{2}, H𝐻H contient un point fermé PLS𝑃𝐿𝑆P\in L\setminus S. Ainsi, Pb=𝒳0H𝑃subscript𝑏subscript𝒳0𝐻P\in\mathfrak{Z}_{b}=\mathcal{X}_{0}\cap H. Soit Z𝑍Z une composante irréductible de Bsubscript𝐵\mathfrak{Z}_{B} contenant P𝑃P. Par dimension, qB:ZB:subscript𝑞𝐵𝑍𝐵q_{B}:Z\rightarrow B est dominante, donc plate. Admettons un instant que Z𝑍Z contienne les d𝑑d composantes irréductibles H1,,Hdsubscript𝐻1subscript𝐻𝑑H_{1},\ldots,H_{d} de bsubscript𝑏\mathfrak{Z}_{b}. Alors, si bBsuperscript𝑏𝐵b^{\prime}\in B,

deg(Zb)=deg(Zb) par platitude=deg(b) car b=Zb=deg(b) par platitude.degreesubscript𝑍superscript𝑏degreesubscript𝑍𝑏 par platitudemissing-subexpressionmissing-subexpressiondegreesubscript𝑏 car subscript𝑏subscript𝑍𝑏missing-subexpressionmissing-subexpressiondegreesubscriptsuperscript𝑏 par platitude.missing-subexpression\begin{array}[]{llll}\deg(Z_{b^{\prime}})&=&\deg(Z_{b})\textrm{\hskip 5.69054ptpar platitude}\\ &=&\deg(\mathfrak{Z}_{b})\textrm{\hskip 5.69054ptcar\hskip 5.69054pt}\mathfrak{Z}_{b}=Z_{b}\\ &=&\deg(\mathfrak{Z}_{b^{\prime}})\textrm{\hskip 5.69054ptpar platitude.}\\ \end{array}

Comme bsubscriptsuperscript𝑏\mathfrak{Z}_{b^{\prime}} et Zbsubscript𝑍superscript𝑏Z_{b^{\prime}} sont de même dimension, et qu’on a une inclusion, cela implique Zb=bsubscript𝑍superscript𝑏subscriptsuperscript𝑏Z_{b^{\prime}}=\mathfrak{Z}_{b^{\prime}}, soit Z=𝑍Z=\mathfrak{Z}. Ce qui contredit la réductibilité de \mathfrak{Z}.

Il reste à prouver l’assertion admise ci-dessus : on doit montrer que HkZbsubscript𝐻𝑘subscript𝑍𝑏H_{k}\subset Z_{b} pour 1kd1𝑘𝑑1\leq k\leq d. C’est ce qu’on va obtenir dans la suite, comme conséquence du théorème de Ramanujam-Samuel. Dans l’étape suivante, on introduit les variétés auxquelles on pourra appliquer ce théorème.

Etape 4 :

Normalisation.

Considérons la sous-variété ΓΓ\Gamma de 2×𝔸1superscript2superscript𝔸1\mathbb{P}^{2}\times\mathbb{A}^{1} d’équation G(x0,x1,tx2)=0𝐺subscript𝑥0subscript𝑥1𝑡subscript𝑥20G(x_{0},x_{1},tx_{2})=0. La projection depuis S𝑆S induit π:𝔛SΓ:𝜋𝔛𝑆Γ\pi:\mathfrak{X}\setminus S\rightarrow\Gamma, lisse car de fibres des espaces affines 𝔸N2superscript𝔸𝑁2\mathbb{A}^{N-2}. La projection pr2:Γ𝔸1:𝑝subscript𝑟2Γsuperscript𝔸1pr_{2}:\Gamma\rightarrow\mathbb{A}^{1} est triviale de fibre C𝐶C au-dessus de 𝔸1{0}superscript𝔸10\mathbb{A}^{1}\setminus\{0\}. Au-dessus de 00, elle est lisse sauf en le point Ω=[0:0:1]\Omega=[0:0:1] : en effet, pr21(0)𝑝superscriptsubscript𝑟210pr_{2}^{-1}(0) est constitué de d𝑑d droites D1,,Ddsubscript𝐷1subscript𝐷𝑑D_{1},\ldots,D_{d} s’intersectant en ΩΩ\Omega. Remarquons que π1(Dk)=LkSsuperscript𝜋1subscript𝐷𝑘subscript𝐿𝑘𝑆\pi^{-1}(D_{k})=L_{k}\setminus S.

En tirant en arrière 𝔛SπΓpr2𝔸1superscript𝜋𝔛𝑆Γsuperscript𝑝subscript𝑟2superscript𝔸1\mathfrak{X}\setminus S\stackrel{{\scriptstyle\pi}}{{\rightarrow}}\Gamma\stackrel{{\scriptstyle pr_{2}}}{{\rightarrow}}\mathbb{A}^{1} par p1f:B𝔸1:subscript𝑝1𝑓𝐵superscript𝔸1p_{1}\circ f:B\rightarrow\mathbb{A}^{1}, on obtient 𝔛BSBπBΓBpr2,BBsuperscriptsubscript𝜋𝐵subscript𝔛𝐵subscript𝑆𝐵subscriptΓ𝐵superscript𝑝subscript𝑟2𝐵𝐵\mathfrak{X}_{B}\setminus S_{B}\stackrel{{\scriptstyle\pi_{B}}}{{\rightarrow}}\Gamma_{B}\stackrel{{\scriptstyle pr_{2,B}}}{{\rightarrow}}B. On identifie ΩΩ\Omega et Dksubscript𝐷𝑘D_{k} aux sous-variétés correspondantes de (ΓB)b=Γ0subscriptsubscriptΓ𝐵𝑏subscriptΓ0(\Gamma_{B})_{b}=\Gamma_{0}, et P𝑃P et LkSsubscript𝐿𝑘𝑆L_{k}\setminus S aux sous-variétés correspondantes de (𝔛BSB)b=(𝔛S)0subscriptsubscript𝔛𝐵subscript𝑆𝐵𝑏subscript𝔛𝑆0(\mathfrak{X}_{B}\setminus S_{B})_{b}=(\mathfrak{X}\setminus S)_{0}.

Notons ν:ΓB~ΓB:𝜈~subscriptΓ𝐵subscriptΓ𝐵\nu:\widetilde{\Gamma_{B}}\rightarrow\Gamma_{B} la normalisation de ΓBsubscriptΓ𝐵\Gamma_{B}. Comme DkΩsubscript𝐷𝑘ΩD_{k}\setminus\Omega est dans le lieu lisse de ΓBsubscriptΓ𝐵\Gamma_{B}, au-dessus duquel ν𝜈\nu est un isomorphisme, on peut considérer la transformée stricte de Dksubscript𝐷𝑘D_{k} dans ΓB~~subscriptΓ𝐵\widetilde{\Gamma_{B}} : on la note encore Dksubscript𝐷𝑘D_{k} et on notera ik:DkΓB~:subscript𝑖𝑘subscript𝐷𝑘~subscriptΓ𝐵i_{k}:D_{k}\rightarrow\widetilde{\Gamma_{B}} l’inclusion. Montrons que ΩΩ\Omega a un unique antécédent Ω~~Ω\tilde{\Omega} dans ΓB~~subscriptΓ𝐵\widetilde{\Gamma_{B}}. D’une part, les composantes irréductibles de (ΓB~)bsubscript~subscriptΓ𝐵𝑏(\widetilde{\Gamma_{B}})_{b} sont exactement les ik(Dk)1kdsubscript𝑖𝑘subscriptsubscript𝐷𝑘1𝑘𝑑i_{k}(D_{k})_{1\leq k\leq d}, de sorte que ν1(Ω)superscript𝜈1Ω\nu^{-1}(\Omega) est constitué des ik(Ω)1kdsubscript𝑖𝑘subscriptΩ1𝑘𝑑i_{k}(\Omega)_{1\leq k\leq d}. D’autre part, comme la fibre générique de pr2,Bν𝑝subscript𝑟2𝐵𝜈pr_{2,B}\circ\nu est la normalisation de C𝐶C qui est connexe, [6] 15.5.9 (ii) montre que (ΓB~)bsubscript~subscriptΓ𝐵𝑏(\widetilde{\Gamma_{B}})_{b} est connexe. Ceci n’est possible que si ik(Ω)subscript𝑖𝑘Ωi_{k}(\Omega) ne dépend pas de k𝑘k : on note ce point Ω~~Ω\tilde{\Omega}.

On tire en arrière ν𝜈\nu par πBsubscript𝜋𝐵\pi_{B} pour obtenir 𝔚𝔚\mathfrak{W} muni de deux projections π~~𝜋\tilde{\pi} et νsuperscript𝜈\nu^{\prime} respectivement sur ΓB~~subscriptΓ𝐵\widetilde{\Gamma_{B}} et 𝔛BSBsubscript𝔛𝐵subscript𝑆𝐵\mathfrak{X}_{B}\setminus S_{B}. Tirant en arrière iksubscript𝑖𝑘i_{k} par π~~𝜋\tilde{\pi}, on obtient ik:LkS𝔚:subscriptsuperscript𝑖𝑘subscript𝐿𝑘𝑆𝔚i^{\prime}_{k}:L_{k}\setminus S\rightarrow\mathfrak{W}, qui est la transformée stricte de LkSsubscript𝐿𝑘𝑆L_{k}\setminus S. Comme ΩΩ\Omega a un unique antécédent par ν𝜈\nu, P𝑃P a un unique antécédent par νsuperscript𝜈\nu^{\prime}, égal à ik(P)superscriptsubscript𝑖𝑘𝑃i_{k}^{\prime}(P) pour tout k𝑘k, qu’on note P~~𝑃\tilde{P}.

Le diagramme cartésien de variétés pointées ci-dessous récapitule les constructions effectuées :

(LkS,P)subscript𝐿𝑘𝑆𝑃\textstyle{(L_{k}\setminus S,P)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}iksubscriptsuperscript𝑖𝑘\scriptstyle{i^{\prime}_{k}}π𝜋\scriptstyle{\pi}(𝔚,P~)𝔚~𝑃\textstyle{(\mathfrak{W},\tilde{P})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}νsuperscript𝜈\scriptstyle{\nu^{\prime}}π~~𝜋\scriptstyle{\tilde{\pi}}(𝔛BSB,P)subscript𝔛𝐵subscript𝑆𝐵𝑃\textstyle{(\mathfrak{X}_{B}\setminus S_{B},P)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}psuperscript𝑝\scriptstyle{p^{\prime}}πBsubscript𝜋𝐵\scriptstyle{\pi_{B}}(𝔛S,P)𝔛𝑆𝑃\textstyle{(\mathfrak{X}\setminus S,P)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}π𝜋\scriptstyle{\pi}(Dk,Ω)subscript𝐷𝑘Ω\textstyle{(D_{k},\Omega)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}iksubscript𝑖𝑘\scriptstyle{i_{k}}(ΓB~,Ω~)~subscriptΓ𝐵~Ω\textstyle{(\widetilde{\Gamma_{B}},\tilde{\Omega})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ν𝜈\scriptstyle{\nu}(ΓB,Ω)subscriptΓ𝐵Ω\textstyle{(\Gamma_{B},\Omega)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p𝑝\scriptstyle{p}pr2,B𝑝subscript𝑟2𝐵\scriptstyle{pr_{2,B}}(Γ,Ω)ΓΩ\textstyle{(\Gamma,\Omega)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}pr2𝑝subscript𝑟2\scriptstyle{pr_{2}}(B,b)𝐵𝑏\textstyle{(B,b)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p1fsubscript𝑝1𝑓\scriptstyle{p_{1}\circ f}(𝔸1,0)superscript𝔸1.0\textstyle{(\mathbb{A}^{1},0)}
Etape 5 :

Application du théorème de Ramanujam-Samuel.

Comme H𝒢1𝐻subscript𝒢1H\notin\mathcal{G}_{1}, Zbsubscript𝑍𝑏Z_{b} ne contient pas L𝐿L. Ainsi, Z𝑍Z n’est pas inclus dans le lieu où νsuperscript𝜈\nu^{\prime} n’est pas un isomorphisme, et on peut considérer sa transformée stricte W𝑊W dans 𝔚𝔚\mathfrak{W}. Par propreté de νsuperscript𝜈\nu^{\prime}, ν(W)=Zsuperscript𝜈𝑊𝑍\nu^{\prime}(W)=Z, et on a donc P~W~𝑃𝑊\tilde{P}\in W.

Remarquons que comme Zbsubscript𝑍𝑏Z_{b} ne contient pas L𝐿L, W𝑊W ne contient pas π~1(Ω~)superscript~𝜋1~Ω\tilde{\pi}^{-1}(\tilde{\Omega}). On peut donc appliquer le théorème de Ramanujam-Samuel sous sa forme [7] 21.14.3 (i) au morphisme lisse de base normale π~:𝔚ΓB~:~𝜋𝔚~subscriptΓ𝐵\tilde{\pi}:\mathfrak{W}\rightarrow\widetilde{\Gamma_{B}} et au diviseur W𝑊W de 𝔚𝔚\mathfrak{W} en le point P~~𝑃\tilde{P}. Ainsi, W𝑊W est de Cartier dans 𝔚𝔚\mathfrak{W} en P~~𝑃\tilde{P}. En particulier, comme W𝑊W rencontre LkSsubscript𝐿𝑘𝑆L_{k}\setminus S en le point P~~𝑃\tilde{P}, W𝑊W rencontre LkSsubscript𝐿𝑘𝑆L_{k}\setminus S en un diviseur de LkSsubscript𝐿𝑘𝑆L_{k}\setminus S. Cela signifie que Z𝑍Z rencontrait Lksubscript𝐿𝑘L_{k} en un diviseur de Lksubscript𝐿𝑘L_{k}, nécessairement égal à Hksubscript𝐻𝑘H_{k}. C’est ce qu’on voulait montrer.

3 Minoration de la codimension de eint(X)subscriptsuperscriptint𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X)

L’objet de cette partie est de déduire le théorème 0.5 du théorème 0.4. Comme ces énoncés sont insensibles à l’extension des scalaires, on fera l’hypothèse que K𝐾K est algébriquement clos.

Il faut contrôler les points immergés qui apparaissent lorsqu’on intersecte X𝑋X avec une hypersurface.

Lemme 3.1.

Soit X𝑋X un K𝐾K-schéma de type fini réduit. Alors X𝑋X ne contient qu’un nombre fini de points de profondeur 111 et de codimension 2absent2\geq 2 dans X𝑋X.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

La fonction coprof(x)=dim(𝒪X,x)prof(𝒪X,x)coprof𝑥dimensionsubscript𝒪𝑋𝑥profsubscript𝒪𝑋𝑥\operatorname{coprof}(x)=\dim(\mathcal{O}_{X,x})-\operatorname{prof}(\mathcal{O}_{X,x}) est semi-continue supérieurement sur X𝑋X par [6] 12.1.1 (v).

Notons Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} le fermé {xXcoprof(x)n}conditional-set𝑥𝑋coprof𝑥𝑛\{x\in X\mid\operatorname{coprof}(x)\geq n\}. Par positivité de la profondeur, les points de Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} sont de codimension nabsent𝑛\geq n. Si n1𝑛1n\geq 1, Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} ne contient pas de points de codimension n𝑛n. En effet, un tel point vérifierait prof(x)=0prof𝑥0\operatorname{prof}(x)=0, et [4] chap. 0, 16.4.6 (i) montre que ce serait un point immergé de X𝑋X.

Ainsi, pour n1𝑛1n\geq 1, les points de Fnsubscript𝐹𝑛F_{n} de hauteur n+1𝑛1n+1 sont des points génériques de composantes irréductibles de Fnsubscript𝐹𝑛F_{n}, et ils sont donc en nombre fini. Les points de X𝑋X de profondeur 111 et de codimension 2absent2\geq 2 sont exactement la réunion de tous ces points pour n1𝑛1n\geq 1, et sont donc en nombre fini.

Lemme 3.2.

Soit XN𝑋superscript𝑁X\subset\mathbb{P}^{N} une sous-variété de dimension 2absent2\geq 2. Notons x1,xr,subscript𝑥1subscript𝑥𝑟x_{1},\ldots x_{r}, ses points de codimension 2absent2\geq 2 et de profondeur 111, qui sont en nombre fini par le lemme 3.1.

Alors si He𝐻subscript𝑒H\in\mathcal{H}_{e} ne contient pas X𝑋X, les points immergés de XH𝑋𝐻X\cap H sont exactement les xisubscript𝑥𝑖x_{i} appartenant à H𝐻H.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞\mathbf{Preuve}.

En effet, par [4] chap. 0, 16.4.6 (i), les points immergés sont exactement ceux de profondeur 00 et de codimension 1absent1\geq 1. Il suffit alors de remarquer que lors d’une section non triviale par une hypersurface, codimension et profondeur chutent tous deux de 111. ∎

Montrons à présent le théorème 0.5 :

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡𝐞´𝐨𝐫𝐞`𝐦𝐞 0.5𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡´𝐞𝐨𝐫`𝐞𝐦𝐞 0.5\mathbf{Preuve\text{ }du\text{ }th\acute{e}or\grave{e}me\text{ }\ref{codimint}}.

On considère les points de X𝑋X de profondeur 111 et de codimension 2absent2\geq 2. Notons y1,,yssubscript𝑦1subscript𝑦𝑠y_{1},\ldots,y_{s} ceux qui sont fermés, et z1,,ztsubscript𝑧1subscript𝑧𝑡z_{1},\ldots,z_{t} les autres. Soit isubscript𝑖\mathcal{F}_{i} l’ensemble des hypersurfaces contenant yisubscript𝑦𝑖y_{i} et 𝒢isubscript𝒢𝑖\mathcal{G}_{i} l’ensemble des hypersurfaces contenant zisubscript𝑧𝑖z_{i}.

Par le lemme 3.2, eint(X)=eigr(X)i𝒢iiisubscriptsuperscriptint𝑒𝑋subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋subscript𝑖subscript𝒢𝑖subscript𝑖subscript𝑖\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(X)=\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X)\cup\bigcup_{i}\mathcal{G}_{i}\cup\bigcup_{i}\mathcal{F}_{i}. Or, dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e}, isubscript𝑖\mathcal{F}_{i} est un sous-espace linéaire de codimension 111, 𝒢isubscript𝒢𝑖\mathcal{G}_{i} est de codimension e+1absent𝑒1\geq e+1 par la proposition 2.3, et on minore la codimension de eigr(X)subscriptsuperscriptigr𝑒𝑋\mathcal{F}^{\rm{igr}}_{e}(X) à l’aide du théorème 0.4. On en déduit les minorations voulues.

Enfin, ces minorations sont optimales comme conséquence de la preuve et du fait que les minorations du théorème 0.4 sont optimales. Plus précisément, voici des variétés réalisant les cas d’égalité :

  1. (i)

    Cas où X𝑋X n’a pas de point de profondeur 111 et de codimension >1absent1>1 :

    1. (a)

      quand e=1𝑒1e=1, un cône sur une courbe plane intègre.

    2. (b)

      quand e2𝑒2e\geq 2, un espace linéaire.

  2. (ii)

    Cas où X𝑋X n’a pas de point fermé de profondeur 111 :

    1. (a)

      quand n3𝑛3n\geq 3, une variété contenant un point de profondeur 111 dont l’adhérence est une droite, mais pas de point fermé de profondeur 111 .

    2. (b)

      quand n=2𝑛2n=2 et e2𝑒2e\geq 2, un plan.

    3. (c)

      quand n=2𝑛2n=2 et e=1𝑒1e=1, un cône sur une courbe plane intègre.

  3. (iii)

    Cas où X𝑋X possède un point fermé de profondeur 111 :

    1. (a)

      une variété quelconque contenant un point fermé de profondeur 111.

4 Le théorème de Bertini en famille

Comme application des résultats précédents, montrons le théorème 0.6.

𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡𝐞´𝐨𝐫𝐞`𝐦𝐞 0.6𝐏𝐫𝐞𝐮𝐯𝐞 𝐝𝐮 𝐭𝐡´𝐞𝐨𝐫`𝐞𝐦𝐞 0.6\mathbf{Preuve\text{ }du\text{ }th\acute{e}or\grave{e}me\text{ }\ref{famillebert}}.

Montrons (ii)𝑖𝑖(ii) : on procède de même pour (i)𝑖(i) en utilisant le théorème 0.4 à la place du théorème 0.5 (ii)𝑖𝑖(ii).

Soit \mathcal{F} le sous-ensemble de V×e𝑉subscript𝑒V\times\mathcal{H}_{e} constitué des (v,H)𝑣𝐻(v,H) tels que 𝔛vHsubscript𝔛𝑣𝐻\mathfrak{X}_{v}\cap H n’est pas géométriquement intègre de codimension 111 dans 𝔛vsubscript𝔛𝑣\mathfrak{X}_{v}. Comme dans la preuve en 1.2 du théorème 0.1, et en utilisant [6] 12.2.4 (viii) à la place de la proposition 1.1, on montre que \mathcal{F} est fermé dans V×e𝑉subscript𝑒V\times\mathcal{H}_{e}.

Les fibres de p1:V:subscript𝑝1𝑉p_{1}:\mathcal{F}\rightarrow V sont les p11(v)=eint(𝔛v)superscriptsubscript𝑝11𝑣subscriptsuperscriptint𝑒subscript𝔛𝑣p_{1}^{-1}(v)=\mathcal{F}^{\rm{int}}_{e}(\mathfrak{X}_{v}) et sont donc de codimension e1absent𝑒1\geq e-1 dans esubscript𝑒\mathcal{H}_{e} par le théorème 0.5 (ii)𝑖𝑖(ii). La codimension de \mathcal{F} dans V×e𝑉subscript𝑒V\times\mathcal{H}_{e} est donc e1=dim(V)+1absent𝑒1dimension𝑉1\geq e-1=\dim(V)+1. Ainsi, p2:e:subscript𝑝2subscript𝑒p_{2}:\mathcal{F}\rightarrow\mathcal{H}_{e} n’est pas surjective.

L’ensemble qui nous intéresse est le complémentaire de l’image de p2subscript𝑝2p_{2}, et est donc non vide. Comme il est constructible par le théorème de Chevalley, il contient un ouvert non vide. Quand V𝑉V est propre, \mathcal{F} est également propre, et son image par p2subscript𝑝2p_{2} est fermée, donc de complémentaire un ouvert. Enfin, si le corps K𝐾K est infini, toute variété non vide a un K𝐾K-point, d’où l’existence de l’hypersurface définie sur K𝐾K recherchée.

References

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  • [4] A. Grothendieck, Éléments de géométrie algébrique IV 1, Publ. Math. IHES 20 (196419641964).
  • [5] A. Grothendieck, Éléments de géométrie algébrique IV 2, Publ. Math. IHES 24 (196519651965).
  • [6] A. Grothendieck, Éléments de géométrie algébrique IV 3, Publ. Math. IHES 28 (196619661966).
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  • [8] R. Hartshorne, Algebraic geometry, Springer-Verlag, 197719771977.
  • [9] J.-P. Jouanolou, Théorèmes de Bertini et applications, Birkhäuser, 198319831983.
  • [10] B. Poonen, Bertini theorems over finite fields, Annals of math. 160 (200420042004), no. 333, 10991127109911271099-1127.