Relations de dispersion pour chaînes linéaires comportant des interactions harmoniques auto-similaires

T.M. Michelitsch 1111Corresponding author, Email: michel@lmm.jussieu.fr   G.A. Maugin1 F. C. G. A. Nicolleau2, A. F. Nowakowski2, S. Derogar3
1 Institut Jean le Rond d’Alembert
CNRS UMR 7190
Université Pierre et Marie Curie, Paris 6
France

2 Department of Mechanical Engineering, University of Sheffield, Royaume-Uni
3 Department of Civil and Structural Engineering, University of Sheffield, Royaume-Uni

filename: michelitsch-et-al-fractal-francais.tex

déposé sur HAL

1 Résumé

Dans de nombreux systèmes biologiques on trouve des structures arborescentes et bifurquantes comme les poumons, les arbres, les fougères, les coquilles des escargots, le système vasculaire, etc. Tous ces systèmes se distinguent par une invariance d’échelle et se comportent donc quasiment comme des systèmes auto-similaires. Est-ce par soucis d’optimisation qu’une telle symétrie a été retenue par la nature ? Quels sont les comportements dynamiques et acoustiques de tels systèmes auto-similaires ? Afin de donner une réponse il faut tout d’abord comprendre le rôle de l’auto-similarité dans les comportements dynamiques comme la propagation d’ondes. Faute d’approches définitives qui décrivent la physique de systèmes auto-similaires, on introduit ici le modèle simple d’une chaîne linéaire quasi-continue correspondant à une distribution auto-similaire de ressorts qui lient des masses ponctuelles entre-elles. Dans notre modèle la densité d’énergie élastique est une fonction exactement auto-similaire. L’équation du mouvement fournit une version auto-similaire de l’opérateur de Laplace dont le spectre de valeurs propres (la relation de dispersion) est une fonction de type Weierstrass-Mandelbrot. Cette fonction est exactement auto-similaire et est de plus une fonction fractale non-différentiable.

En outre, il s’avère que dans le cas limite d’un milieu continu notre Laplacien adopte la forme d’intégrales fractionnelles. Dans ce cas la densité de vibrations se révèle être une loi de puissance pour les basses fréquences avec un exposant strictement positif qui indique l’annulation de la densité de vibrations pour une fréquence nulle. Pour de plus amples détails nous renvoyons le lecteur à notre article récent [2].


Mots-clés: Auto-similarité, fonctions auto-similaires, transformations affines, fonction de Weierstrass-Mandelbrot, fonctions fractales, loi de puissance, intégrales fractionnelles.


PACS: 05.50.+q 81.05.Zx 63.20.D-

2 Introduction

Ce fut dans les années soixante-dix du dernier siècle que Benoît Mandelbrot déclencha une révolution scientifique en développant sa Géométrie Fractale [1]. Toutefois, les orgigines de cette discipline remontent au moins jusqu’au 19ème siècle [3]. Depuis lors, les applications des structures fractales se développent de plus en plus, citons par exemple les antennes fractales [4, 5]. En outre, des réseaux de type Sierpinski révèlent des caractéristiques vibratoires intéresantes [6].

Tandis que des systèmes fractals et auto-similiares sont déjà un sujet d’études bien établi dans de nombreux domaines de la physique, ils attirent aussi de plus en plus d’interêt en mécanique analytique et dans les sciences de l’ingénieur. Il faut se rendre compte qu’il y a encore une large méconnaissance de l’impact de l’auto-similarité en tant que symétrie sur les comportements physiques. Cependant quelques pas initiaux ont d’ores et déjà été effectués [6, 7, 8, 9, 10, 11], alors que le developpement d’une mécanique fractale se fait attendre. Faute d’une théorie définitive, il est donc désirable d’établir des modèles de sytèmes auto-similaires qui soient à la fois pertinents et autant que possible simples à analyser. C’est donc l’objectif de cet article que de développer un tel modèle.

Nous explorons les comportements vibratoires d’une chaîne linéaire ayant des interactions inter-particulaires harmoniques réalisant une distribution spatiale auto-similaire. Quelques études ont été consacrées aux chaînes linéaires avec aussi bien des propriétés fractales [8, 14, 15, 16, 17] que des propriétés en dépendance exponentielle [12].

Au contraire de ces articles consacrés aux grilles discrètes, nous analysons ici les comportements oscillatoires dans une chaîne linéaire qui est non seulement fractale mais aussi exactement auto-similaire par rapport à ses interactions inter-particulaires. Il semble que notre approche pluridisciplinaire soit utile pour la modélisation de certains problèmes en mécanique des fluides, notamment en milieux turbulents [18, 19].

La démonstration est développée comme suit : le § 3 est consacré à la construction de fonctions et opérateurs auto-similaires. Avec cette machinerie on déduit une sorte de Laplacien auto-similaire. Bien que la construction d’un tel opérateur ne soit pas unique, on démontre pourtant que cette manière de construction dispose d’une certaine justification physique. Dans une approximation continue notre Laplacien revêt la forme d’intégrales fractionnelles.

Dans le § 4 on établit un modèle physique simple de chaîne linéaire de longueur infinie comportant des interactions harmoniques (ressorts) auto-similaires. L’auto-similarité requiert une distribution continue et homogène des particules. L’équation de mouvement apparaît sous forme d’une équation d’ondes auto-similaire qui contient notre Laplacien auto-similaire. Les valeurs propres de ce Laplacien fournissent la rélation de dispersion qui est une fonction de type Weierstrass-Mandelbrot qui comporte aussi bien l’auto-similarité que des propriétés fractales.

3 Definition du problème affin

Tout d’abord nous définissons la notion d’“auto-similarité” en termes de fonctions et opérateurs. Nous dénommons une fonction scalaire ϕ(h)italic-ϕ\phi(h) exactemant auto-similaire par rapport à la variable hh si la condition

ϕ(Nh)=Λϕ(h)italic-ϕ𝑁Λitalic-ϕ\phi(Nh)=\Lambda\phi(h) (1)

est satisfaite pour toutes valeurs h>00h>0. Nous dénommons (1) le “problème affin”222nous nous restreignons aux transformations affines de la forme h=Nh+csuperscript𝑁𝑐h^{\prime}=Nh+c with c=0𝑐0c=0.. N𝑁N est un paramètre fixe pour un problème donné et Λ=NδΛsuperscript𝑁𝛿\Lambda=N^{\delta} un ensemble continu de valeurs propres dont la bande admissible de l’exposant δ=lnΛlnN𝛿Λ𝑁\delta=\frac{\ln{\Lambda}}{\ln{N}} est à déterminer. Une fonction qui satisfait (1) pour un certain N𝑁N et une bande Λ=NδΛsuperscript𝑁𝛿\Lambda=N^{\delta} représente une solution ϕN,δ(h)subscriptitalic-ϕ𝑁𝛿\phi_{N,\delta}(h) du problème (1) dont le paramètre fixe N𝑁N est donné. Il va de soi que si une fonction ϕ(h)italic-ϕ\phi(h) satisfait (1) elle satisfait aussi ϕ(Nsh)=Λsϕ(h)italic-ϕsuperscript𝑁𝑠superscriptΛ𝑠italic-ϕ\phi(N^{s}h)=\Lambda^{s}\phi(h)s𝖹 𝑠𝖹 s\in{\sf Z\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt} (zéro inclus). En choisissant s=1𝑠1s=-1, il est clair que nous récuperons le même problème en remplacant N𝑁N et ΛΛ\Lambda par N1superscript𝑁1N^{-1} et Λ1superscriptΛ1\Lambda^{-1} dans (1). Il s’ensuit que nous pouvons restreindre notre analyse aux valeurs N>1𝑁1N>1 sans aucune perte de généralité. De plus, il est justifié pour des raisons physiques d’admettre Λ,NΛ𝑁\Lambda,N comme nombres réels et positifs (Λ,N𝖱 +Λ𝑁𝖱superscript \Lambda,N\in{\sf R\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt}^{+}).

Pour aborder le problème affin (1) comme problème de valeurs propres, il convient d’introduire l’opérateur affin A^Nsubscript^𝐴𝑁{\hat{A}}_{N} comme suit

A^Nf(h)=:f(Nh){\hat{A}}_{N}f(h)=:f(Nh) (2)

On vérifie facilement que l’opérateur affin A^Nsubscript^𝐴𝑁{\hat{A}}_{N} est linéaire, c’est à dire que

A^N(c1f1(h)+c2f2(h))=c1f1(Nh)+c2f2(Nh)subscript^𝐴𝑁subscript𝑐1subscript𝑓1subscript𝑐2subscript𝑓2subscript𝑐1subscript𝑓1𝑁subscript𝑐2subscript𝑓2𝑁{\hat{A}}_{N}\left(c_{1}f_{1}(h)+c_{2}f_{2}(h)\right)=c_{1}f_{1}(Nh)+c_{2}f_{2}(Nh) (3)

et encore

A^Nsf(h)=f(Nsh),s=0±1,±2,±formulae-sequencesuperscriptsubscript^𝐴𝑁𝑠𝑓𝑓superscript𝑁𝑠𝑠plus-or-minus01plus-or-minus2plus-or-minus{\hat{A}}_{N}^{s}f(h)=f(N^{s}h),\hskip 56.9055pts=0\pm 1,\pm 2,...\pm\infty (4)

Avec cela on peut définir des fonctions d’opérateurs. Soit g(τ)𝑔𝜏g(\tau) une fonction scalaire assez lisse pour être développée en série de McLaurin comme suit

g(τ)=s=0asτs𝑔𝜏superscriptsubscript𝑠0subscript𝑎𝑠superscript𝜏𝑠g(\tau)=\sum_{s=0}^{\infty}a_{s}\tau^{s} (5)

nous définissons une fonction de l’opérateur affin correspondant à g𝑔g par la série

g(ξA^N)=s=0asξsA^Ns𝑔𝜉subscript^𝐴𝑁superscriptsubscript𝑠0subscript𝑎𝑠superscript𝜉𝑠superscriptsubscript^𝐴𝑁𝑠g(\xi{\hat{A}}_{N})=\sum_{s=0}^{\infty}a_{s}\xi^{s}{\hat{A}}_{N}^{s} (6)

ξ𝜉\xi représente un paramètre scalaire. Cette fonction de l’operérateur affin agit sur une fonction f(h)𝑓f(h) scalaire comme suit

g(ξA^N)f(h)=s=0asξsf(Nsh)𝑔𝜉subscript^𝐴𝑁𝑓superscriptsubscript𝑠0subscript𝑎𝑠superscript𝜉𝑠𝑓superscript𝑁𝑠g(\xi{\hat{A}}_{N})f(h)=\sum_{s=0}^{\infty}a_{s}\xi^{s}f(N^{s}h) (7)

La convergence de cette série est à vérifier pour toute fonction f(h)𝑓f(h) donnée. Il est aussi utile d’exprimer l’opérateur affin en utilisation la notation explicite

A^N(h)=elnNdd(lnh)subscript^𝐴𝑁superscript𝑒𝑁ddh{\hat{A}}_{N}(h)=e^{\ln N\frac{\rm d}{\rm d(\ln h)}} (8)

Par ce formalisme nous sommes à même de construire les fonctions et opérateurs auto-similaires nécessaires à l’analyse, dans la § 4, du problème physique d’une chaîne linéaire auto-similaire.

3.1 Construction de fonctions et opérateurs auto-similaires

Une solution du problème affin (1) s’écrit

ϕ(h)=s=ΛsA^Nsf(h)=s=Λsf(Nsh)italic-ϕsuperscriptsubscript𝑠superscriptΛ𝑠superscriptsubscript^𝐴𝑁𝑠𝑓superscriptsubscript𝑠superscriptΛ𝑠𝑓superscript𝑁𝑠\phi(h)=\sum_{s=-\infty}^{\infty}\Lambda^{-s}{\hat{A}}_{N}^{s}f(h)=\sum_{s=-\infty}^{\infty}\Lambda^{-s}f(N^{s}h) (9)

pour toute fonction f(h)𝑓f(h) dont la série (9) converge régulièrement pour tous hh. On introduit l’opérateur auto-similaire comme suit

T^N=s=ΛsA^Nssubscript^𝑇𝑁superscriptsubscript𝑠superscriptΛ𝑠superscriptsubscript^𝐴𝑁𝑠{\hat{T}}_{N}=\sum_{s=-\infty}^{\infty}\Lambda^{-s}{\hat{A}}_{N}^{s} (10)

qui satisfait la condition d’auto-similarité A^NT^N=ΛT^Nsubscript^𝐴𝑁subscript^𝑇𝑁Λsubscript^𝑇𝑁{\hat{A}}_{N}{\hat{T}}_{N}=\Lambda{\hat{T}}_{N}. Nous soulignons le fait que nous pouvons nous restreindre aux cas N>1𝑁1N>1 (N,Λ𝖱 𝑁Λ𝖱 N,\Lambda\in{\sf R\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt}) et exclure le cas pathologique N=1𝑁1N=1.

Il est important de préciser pour quelles fonctions f(t)𝑓𝑡f(t) la série (9) est convergente. On trouve que pour qu’une fonction f(t)𝑓𝑡f(t) soit admissible, elle doit satisfaire les conditions (t>0𝑡0t>0)[2]

limt0f(t)=a0tαsubscript𝑡0𝑓𝑡subscript𝑎0superscript𝑡𝛼\lim_{t\rightarrow 0}f(t)=a_{0}\,t^{\alpha} (11)

et

limtf(t)=ctβsubscript𝑡𝑓𝑡subscript𝑐superscript𝑡𝛽\lim_{t\rightarrow\infty}f(t)=c_{\infty}\,t^{\beta} (12)

a0,csubscript𝑎0subscript𝑐a_{0},c_{\infty} sont des constantes. Les deux exposants α,β𝖱 𝛼𝛽𝖱 \alpha,\beta\in{\sf R\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt} peuvent revêtir des valeurs réelles, positives ou négatives avec β<α𝛽𝛼\beta<\alpha. Pour une telle fonction, la fonction ϕ(h)italic-ϕ\phi(h) de (9) est convergente et donc existe si l’exposant δ=lnΛlnN𝛿Λ𝑁\delta=\frac{\ln{\Lambda}}{\ln{N}} est constraint par

β<δ=lnΛlnN<α𝛽𝛿Λ𝑁𝛼\beta<\delta=\frac{\ln{\Lambda}}{\ln{N}}<\alpha (13)

Le cas β=0𝛽0\beta=0 comprend des fonctions bornées |f(t)|<M𝑓𝑡𝑀|f(t)|<M ci-inclus quelques fonctions périodiques.

3.2 Une variante auto-similaire de l’opérateur de Laplace

Dans l’esprit de (9) et (10) on construit une fonction exactement auto-similaire telle que

ϕ(x,h)=T^N(h)(u(x+h)+u(xh)2u(x))italic-ϕ𝑥subscript^𝑇𝑁𝑢𝑥𝑢𝑥2𝑢𝑥\phi(x,h)={\hat{T}}_{N}(h)\left(u(x+h)+u(x-h)-2u(x)\right) (14)

u(..)u(..) signifie un champ continu arbitraire et suffissamment lisse, et la dépendence de T^N(h)subscript^𝑇𝑁{\hat{T}}_{N}(h) en variable hh exprime que l’opérateur affin A^N(h)subscript^𝐴𝑁{\hat{A}}_{N}(h) n’agit que sur hh, de manière que A^N(h)v(x,h)=v(x,Nh)subscript^𝐴𝑁𝑣𝑥𝑣𝑥𝑁{\hat{A}}_{N}(h)v(x,h)=v(x,Nh). En posant ξ=Λ1𝜉superscriptΛ1\xi=\Lambda^{-1} on a l’expression

ϕ(x,h)=s=ξs{u(x+Nsh)+u(xNsh)2u(x)}italic-ϕ𝑥superscriptsubscript𝑠superscript𝜉𝑠𝑢𝑥superscript𝑁𝑠𝑢𝑥superscript𝑁𝑠2𝑢𝑥\phi(x,h)=\sum_{s=-\infty}^{\infty}\xi^{s}\left\{u(x+N^{s}h)+u(x-N^{s}h)-2u(x)\right\} (15)

laquelle est auto-similaire par rapport à la variable hh, soit A^N(h)ϕ(x,h)subscript^𝐴𝑁italic-ϕ𝑥{\hat{A}}_{N}(h)\phi(x,h) =ϕ(x,Nh)=ξ1ϕ(x,h)absentitalic-ϕ𝑥𝑁superscript𝜉1italic-ϕ𝑥=\phi(x,Nh)=\xi^{-1}\phi(x,h). Par contre elle est une fonction régulière par rapport à la variable x𝑥x. De plus, on exige que le champ u(x)𝑢𝑥u(x) soit Fourier transformable, ce qui impose comme condition que l’intégrale

|u(x)|dx<superscriptsubscript𝑢𝑥differential-d𝑥\int_{-\infty}^{\infty}|u(x)|\,{\rm d}x<\infty (16)

existe. Il est utile de noter que

u(x+h)+u(xh)2u(x)=4sinh2(h2ddx)u(x)=h2d2dx2u(x)+𝒪(h4)𝑢𝑥𝑢𝑥2𝑢𝑥4superscript22𝑑𝑑𝑥𝑢𝑥superscript2superscript𝑑2𝑑superscript𝑥2𝑢𝑥𝒪superscript4u(x+h)+u(x-h)-2u(x)=4\sinh^{2}\left({\frac{h}{2}\frac{d}{dx}}\right)u(x)=h^{2}\frac{d^{2}}{dx^{2}}u(x)+{\mathcal{O}}(\,\,{h^{4}}) (17)

en utilisant u(x±h)=e±hddxu(x)𝑢plus-or-minus𝑥superscript𝑒plus-or-minus𝑑𝑑𝑥𝑢𝑥u(x\pm h)=e^{\pm h\frac{d}{dx}}u(x) avec u(x+h)+u(xh)2u(x)=(ehddx+ehddx2)u(x)𝑢𝑥𝑢𝑥2𝑢𝑥superscript𝑒𝑑𝑑𝑥superscript𝑒𝑑𝑑𝑥2𝑢𝑥u(x+h)+u(x-h)-2u(x)=\left(e^{h\frac{d}{dx}}+e^{-h\frac{d}{dx}}-2\right)u(x). Ce qui est possible puisque u(x)𝑢𝑥u(x) est supposée suffissamment lisse. De (16) et (17) il suit que la série (15) converge si l’exposant δ𝛿\delta se retrouve dans l’intervalle

0<δ=lnξlnN<20𝛿𝜉𝑁20<\delta=-\frac{\ln{\xi}}{\ln{N}}<2 (18)

Alors on introduit une variante du Laplacien auto-similaire de sorte que (avec ξ=Nδ𝜉superscript𝑁𝛿\xi=N^{-\delta}) [2]

Δ(δ,N,h)u(x)=:limnNδnϕ(x,Nnh)=ϕ(x,h)\Delta_{(\delta,N,h)}u(x)=:\lim_{n\rightarrow\infty}N^{\delta n}\phi(x,N^{-n}h)=\phi(x,h) (19)

ϕ(x,h)italic-ϕ𝑥\phi(x,h) est la série (15). En utilisant (17), le Laplacien (19) se réécrit comme une série d’opérateurs

Δ(δ,N,h)=4T^N(h)sinh2(h2x)=4s=Nδssinh2(Nsh2x)subscriptΔ𝛿𝑁4subscript^𝑇𝑁superscript22𝑥4superscriptsubscript𝑠superscript𝑁𝛿𝑠superscript2superscript𝑁𝑠2𝑥\Delta_{(\delta,N,h)}=4{\hat{T}}_{N}(h)\sinh^{2}\left({\frac{h}{2}\frac{\partial}{\partial x}}\right)=4\sum_{s=-\infty}^{\infty}N^{-\delta s}\sinh^{2}\left({\frac{N^{s}h}{2}\frac{\partial}{\partial x}}\right) (20)

Notamment on observe que la condition d’auto-similarité

Δ(δ,N,Nh)=NδΔ(δ,N,h)subscriptΔ𝛿𝑁𝑁superscript𝑁𝛿subscriptΔ𝛿𝑁\Delta_{(\delta,N,Nh)}=N^{\delta}\Delta_{(\delta,N,h)} (21)

est en fait réspectée par notre Laplacien.

3.3 Approximation continue - lien avec les intégrales fractionnelles

Pour une évaluation numérique, il conviendrait d’employer une approximation continue pour le Laplacien (20). Pour cela on pose N=1+ϵ𝑁1italic-ϵN=1+\epsilon (avec 0<ϵ10italic-ϵmuch-less-than10<\epsilon\ll 1 de sorte que ϵlnNitalic-ϵ𝑁\epsilon\approx\ln{N}) où ϵitalic-ϵ\epsilon est un paramètre supposé petit. On définit de plus sϵ=v𝑠italic-ϵ𝑣s\epsilon=v avec dvϵd𝑣italic-ϵ{\rm d}v\approx\epsilon et Ns=(1+ϵ)vϵevsuperscript𝑁𝑠superscript1italic-ϵ𝑣italic-ϵsuperscript𝑒𝑣N^{s}=(1+\epsilon)^{\frac{v}{\epsilon}}\approx e^{v}. Dans cette approche Nsevsuperscript𝑁𝑠superscript𝑒𝑣N^{s}\approx e^{v} devient une variable quasiment continue dont s𝑠s parcourt tous les s𝖹 𝑠𝖹 s\in{\sf Z\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt}. (9) s’écrit donc

ϕ(h)=s=Nsδf(Nsh)1ϵeδvf(hev)dvitalic-ϕsuperscriptsubscript𝑠superscript𝑁𝑠𝛿𝑓superscript𝑁𝑠1italic-ϵsuperscriptsubscriptsuperscript𝑒𝛿𝑣𝑓superscript𝑒𝑣differential-d𝑣\phi(h)=\sum_{s=-\infty}^{\infty}N^{-s\delta}f(N^{s}h)\approx\frac{1}{\epsilon}\int_{-\infty}^{\infty}e^{-\delta v}f(he^{v}){\rm d}v (22)

en posant hev=τsuperscript𝑒𝑣𝜏he^{v}=\tau (h>00h>0) et dττ=dvd𝜏𝜏d𝑣\frac{{\rm d}\tau}{\tau}={\rm d}v avec τ(v)=0𝜏𝑣0\tau(v\rightarrow-\infty)=0 et τ(v)=𝜏𝑣\tau(v\rightarrow\infty)=\infty, on trouve que

ϕ(h)hδϵ0f(τ)τ1+δdτitalic-ϕsuperscript𝛿italic-ϵsuperscriptsubscript0𝑓𝜏superscript𝜏1𝛿differential-d𝜏\phi(h)\approx\frac{h^{\delta}}{\epsilon}\int_{0}^{\infty}\frac{f(\tau)}{\tau^{1+\delta}}\,{\rm d}\tau (23)

L’application de cette relation au Laplacien (20) donne

Δ(δ,ϵ,h)u(x)hδϵ0(u(xτ)+u(x+τ)2u(x))τ1+δdτsubscriptΔ𝛿italic-ϵ𝑢𝑥superscript𝛿italic-ϵsuperscriptsubscript0𝑢𝑥𝜏𝑢𝑥𝜏2𝑢𝑥superscript𝜏1𝛿differential-d𝜏\Delta_{(\delta,\epsilon,h)}u(x)\approx\frac{h^{\delta}}{\epsilon}\int_{0}^{\infty}\frac{(u(x-\tau)+u(x+\tau)-2u(x))}{\tau^{1+\delta}}\,{\rm d}\tau (24)

Cette intégrale existe pour β<0<δ<2𝛽0𝛿2\beta<0<\delta<2 avec β<1𝛽1\beta<-1 du fait des conditions d’existence de l’intégrale (16) et de la relation (17). En effectuant deux intégrations partielles entre les limites τ=0𝜏0\tau=0 et τ=𝜏\tau=\infty on réécrit (24), à condition que 0<δ<20𝛿20<\delta<2, sous la forme d’une convolution

Δ(δ,ϵ,h)u(x)g(|xτ|)d2udτ2(τ)dτsubscriptΔ𝛿italic-ϵ𝑢𝑥superscriptsubscript𝑔𝑥𝜏superscript𝑑2𝑢𝑑superscript𝜏2𝜏differential-d𝜏\Delta_{(\delta,\epsilon,h)}u(x)\approx\int_{-\infty}^{\infty}g(|x-\tau|)\frac{d^{2}u}{d\tau^{2}}(\tau){\rm d}\tau (25)

avec le Laplacien unidimensionnel d2udx2superscript𝑑2𝑢𝑑superscript𝑥2\frac{d^{2}u}{dx^{2}} et le noyau

g(|x|)=hδδ(δ1)ϵ|x|1δ,δ1formulae-sequence𝑔𝑥superscript𝛿𝛿𝛿1italic-ϵsuperscript𝑥1𝛿𝛿1\displaystyle g(|x|)=\frac{h^{\delta}}{\delta(\delta-1)\epsilon}\,|x|^{1-\delta},\hskip 28.45274pt\delta\neq 1 (26)

et avec g(|x|)=hϵln|x|𝑔𝑥italic-ϵ𝑥g(|x|)=-\frac{h}{\epsilon}\ln{|x|} dans le cas δ=1𝛿1\delta=1. De plus, il conviendrait d’exprimer (25) en termes d’intégrales fractionnelles soit

Δ(δ=2D,ϵ,h)u(x)h2DϵΓ(D)(D1)(D2)(𝒟,xD+(1)D𝒟,xD)Δ1u(x)subscriptΔ𝛿2𝐷italic-ϵ𝑢𝑥superscript2𝐷italic-ϵΓ𝐷𝐷1𝐷2superscriptsubscript𝒟𝑥𝐷superscript1𝐷superscriptsubscript𝒟𝑥𝐷subscriptΔ1𝑢𝑥\displaystyle\Delta_{(\delta=2-D,\epsilon,h)}u(x)\approx\frac{h^{2-D}}{\epsilon}\frac{\Gamma(D)}{(D-1)(D-2)}\left({\cal D}_{-\infty,x}^{-D}+(-1)^{D}{\cal D}_{\infty,x}^{-D}\right)\Delta_{1}u(x) (27)

Δ1u(x)=d2dx2u(x)subscriptΔ1𝑢𝑥superscript𝑑2𝑑superscript𝑥2𝑢𝑥\Delta_{1}u(x)=\frac{d^{2}}{dx^{2}}u(x) dénomme encore le Laplacien unidimensionnel et on a introduit D=2δ>0𝐷2𝛿0D=2-\delta>0 qui est positif dans l’intervalle admissible 0<δ<20𝛿20<\delta<2. Nous verrons par la suite que D𝐷D peut être définie dans l’intervalle 0<δ<10𝛿10<\delta<1 comme la dimension fractale estimée [20] de la courbe de la relation de dispersion correspondant à notre Laplacien.

Dans (27) on avait introduit l’intégrale fractionnelle de Riemann-Liouville 𝒟a,xDsuperscriptsubscript𝒟𝑎𝑥𝐷{\cal D}_{a,x}^{-D} laquelle est définie par (voir par exemple [21, 22])

𝒟a,xDv(x)=1Γ(D)ax(xτ)D1v(τ)dτsuperscriptsubscript𝒟𝑎𝑥𝐷𝑣𝑥1Γ𝐷superscriptsubscript𝑎𝑥superscript𝑥𝜏𝐷1𝑣𝜏differential-d𝜏{\cal D}_{a,x}^{-D}v(x)=\frac{1}{\Gamma(D)}\int_{a}^{x}(x-\tau)^{D-1}v(\tau){\rm d}\tau (28)

Γ(D)Γ𝐷{\Gamma(D)} indique la fonction ΓΓ\Gamma qui représente une généralisation de la fonction factorielle aux nombres non-entiers positifs D>0𝐷0D>0. La fonction ΓΓ\Gamma est définie par

Γ(D)=0τD1eτdτ,D>0formulae-sequenceΓ𝐷superscriptsubscript0superscript𝜏𝐷1superscript𝑒𝜏differential-d𝜏𝐷0\Gamma(D)=\int_{0}^{\infty}\tau^{D-1}e^{-\tau}{\rm d}\tau\,,\hskip 28.45274ptD>0 (29)

Pour des entiers positifs D>0𝐷0D>0, la fonction de ΓΓ\Gamma reproduit la fonction factorielle Γ(D)=(D1)!Γ𝐷𝐷1\Gamma(D)=(D-1)! avec D=1,2,..D=1,2,..\infty.

4 Le modèle physique

On considère une chaîne linéaire d’une distribution quasi-continue de particules. Chaque point spatial x𝑥x correspond à un “point matériel” c’est à dire une particule. La densité de masse supposée homogène est égale à un à chaque point de masse. Chaque particule est associée à un seul degré de liberté représenté par le champ u(x,t)𝑢𝑥𝑡u(x,t)x𝑥x est la coordonnée Lagragienne et t𝑡t le temps. Chaque particule localisée à x𝑥x est non-localement connectée par des ressorts d’intensité ξssuperscript𝜉𝑠\xi^{s} (ξ=Nδ,N𝖱 >1,δ>0formulae-sequenceformulae-sequence𝜉superscript𝑁𝛿𝑁𝖱 1𝛿0\xi=N^{-\delta},N\in{\sf R\rule{0.6458pt}{6.45831pt}\hskip 3.87495pt}>1,\delta>0) aux autres particules qui se trouvent aux positions x±Nshplus-or-minus𝑥superscript𝑁𝑠x\pm N^{s}h (h>00h>0), avec s=0,±1,±2,..±s=0,\pm 1,\pm 2,..\pm\infty. Le Hamiltonien d’une telle chaîne s’écrit

H=12(u˙2(x,t)+𝒱(x,t,h))dx𝐻12superscriptsubscriptsuperscript˙𝑢2𝑥𝑡𝒱𝑥𝑡differential-d𝑥H=\frac{1}{2}\int_{-\infty}^{\infty}\left(\dot{u}^{2}(x,t)+{\cal V}(x,t,h)\right){\rm d}x (30)

Dans l’esprit de (9) l’énergie élastique 𝒱(x,t,h)𝒱𝑥𝑡{\cal V}(x,t,h) est construite de manière auto-similaire, soit 333Le facteur supplémentaire 1/212{1}/{2} évite un double comptage.

𝒱(x,t,h)=12T^N(h)[(u(x,t)u(x+h,t))2+(u(x,t)u(xh,t))2]𝒱𝑥𝑡12subscript^𝑇𝑁delimited-[]superscript𝑢𝑥𝑡𝑢𝑥𝑡2superscript𝑢𝑥𝑡𝑢𝑥𝑡2{\cal V}(x,t,h)=\frac{1}{2}{\hat{T}}_{N}(h)\left[(u(x,t)-u(x+h,t))^{2}+(u(x,t)-u(x-h,t))^{2}\right] (31)

T^N(h)subscript^𝑇𝑁{\hat{T}}_{N}(h) est l’opérateur auto-similaire de (10). On arrive donc avec ξ=Λ1=Nδ𝜉superscriptΛ1superscript𝑁𝛿\xi=\Lambda^{-1}=N^{-\delta} à

𝒱(x,t,h)=12s=ξs[(u(x,t)u(x+hNs,t))2+(u(x,t)u(xhNs,t))2]𝒱𝑥𝑡12superscriptsubscript𝑠superscript𝜉𝑠delimited-[]superscript𝑢𝑥𝑡𝑢𝑥superscript𝑁𝑠𝑡2superscript𝑢𝑥𝑡𝑢𝑥superscript𝑁𝑠𝑡2{\cal V}(x,t,h)=\frac{1}{2}\sum_{s=-\infty}^{\infty}\xi^{s}\left[(u(x,t)-u(x+hN^{s},t))^{2}+(u(x,t)-u(x-hN^{s},t))^{2}\right] (32)

L’énergie élastique remplit donc la condition d’auto-similarité par rapport à hh, soit

A^N(h)𝒱(x,t,h)=𝒱(x,t,Nh)=ξ1𝒱(x,t,h)subscript^𝐴𝑁𝒱𝑥𝑡𝒱𝑥𝑡𝑁superscript𝜉1𝒱𝑥𝑡{\hat{A}}_{N}(h){\cal V}(x,t,h)={\cal V}(x,t,Nh)=\xi^{-1}{\cal V}(x,t,h) (33)

L’exigence que l’énergie élastique soit finie entraîne la nécessité de convergence de la série (32). Pour cela on trouve pour l’exposant δ𝛿\delta la contrainte [2]

0<δ<20𝛿20<\delta<2 (34)

Afin d’établir (34) on a utilisé également le fait que u(x,t)𝑢𝑥𝑡u(x,t) est Fourier-transformable. L’inéquation (34) détermine l’intervalle où l’énergie élastique (32) converge. L’équation de mouvement s’obtient par

2ut2=δHδusuperscript2𝑢superscript𝑡2𝛿𝐻𝛿𝑢\frac{\partial^{2}u}{\partial t^{2}}=-\frac{\delta H}{\delta u} (35)

(où δ./δu\delta./\delta u indique la dérivée fonctionnelle) soit

2ut2superscript2𝑢superscript𝑡2\displaystyle\frac{\partial^{2}u}{\partial t^{2}} =\displaystyle= s=ξs(2u(x,t)u(x+hNs,t)u(xhNs,t))superscriptsubscript𝑠superscript𝜉𝑠2𝑢𝑥𝑡𝑢𝑥superscript𝑁𝑠𝑡𝑢𝑥superscript𝑁𝑠𝑡\displaystyle-\sum_{s=-\infty}^{\infty}\xi^{s}\left(2u(x,t)-u(x+hN^{s},t)-u(x-hN^{s},t)\right) (36)
2ut2superscript2𝑢superscript𝑡2\displaystyle\frac{\partial^{2}u}{\partial t^{2}} =\displaystyle= Δ(δ,N,h)u(x,t)subscriptΔ𝛿𝑁𝑢𝑥𝑡\displaystyle\Delta_{(\delta,N,h)}u(x,t) (37)

avec le Laplacien auto-similaire Δ(δ,N,h)subscriptΔ𝛿𝑁\Delta_{(\delta,N,h)} de l’équation (20). Comme (32), l’équation du mouvement (36) existe si δ𝛿\delta est dans l’intervalle (34). On peut réécrire (37) sous la forme compacte d’une équation d’ondes

(δ,N,h)u(x,t)=0subscript𝛿𝑁𝑢𝑥𝑡0\Box_{\small(\delta,N,h)}u(x,t)=0 (38)

(δ,N,h)subscript𝛿𝑁\Box_{\small(\delta,N,h)} est l’auto-similaire analogue de l’opérateur d’Alembertien d’ondes ayant la forme

(δ,N,h)=Δ(δ,N,h)2t2subscript𝛿𝑁subscriptΔ𝛿𝑁superscript2superscript𝑡2\Box_{\small(\delta,N,h)}=\Delta_{(\delta,N,h)}-\frac{\partial^{2}}{\partial t^{2}} (39)

Le d’Alembertien (39) avec le Laplacien (20) décrit la propagation d’ondes dans la chaîne auto-similaire dont le Hamiltonien est donné par (30). Il semble que cette approche puisse constituer le point de départ pour une théorie générale de la propagation d’ondes dans des milieux auto-similaires.

Le but suivant est de déterminer la relation de dispersion, laquelle se constitue par les valeurs propres (négatives) du Laplacien semi-négatif défini (20). On utilise le fait que le champ u(x,t)𝑢𝑥𝑡u(x,t) est Fourier-transformable et que la fonction exponentielle eikxsuperscript𝑒𝑖𝑘𝑥e^{ikx} est fonction propre du Laplacien (20). En écrivant

u(x,t)=12πu~(k,t)eikxdk𝑢𝑥𝑡12𝜋superscriptsubscript~𝑢𝑘𝑡superscript𝑒𝑖𝑘𝑥differential-d𝑘u(x,t)=\frac{1}{2\pi}\int_{-\infty}^{\infty}{\tilde{u}}(k,t)e^{ikx}{\rm d}k (40)

on se rend compte que les amplitudes de Fourier u~(k,t)~𝑢𝑘𝑡{\tilde{u}}(k,t) satisfont

2u~t2(k,t)=ω¯2(k)u~(k,t)superscript2~𝑢superscript𝑡2𝑘𝑡superscript¯𝜔2𝑘~𝑢𝑘𝑡\frac{\partial^{2}\tilde{u}}{\partial t^{2}}(k,t)=-{\bar{\omega}}^{2}(k)\,{\tilde{u}}(k,t) (41)

On obtient donc

ω2(kh)=4s=Nδssin2(khNs2)superscript𝜔2𝑘4superscriptsubscript𝑠superscript𝑁𝛿𝑠superscript2𝑘superscript𝑁𝑠2{\omega^{2}(kh)=4\sum_{s=-\infty}^{\infty}N^{-\delta s}\sin^{2}(\frac{khN^{s}}{2})} (42)

La série (42) décrit une fonction de type Weierstrass-Mandelbrot qui est continue et qui est pour 0<δ10𝛿10<\delta\leq 1 non-différentiable [1, 20]. La fonction de Weierstrass-Mandelbrot satisfait toujours la condition d’auto-similarité (42), soit

ω2(Nkh)=Nδω2(kh)superscript𝜔2𝑁𝑘superscript𝑁𝛿superscript𝜔2𝑘\omega^{2}(Nkh)=N^{\delta}\,\omega^{2}(kh) (43)

sur la totalité de son intervalle de convergence (34).

On souligne le fait que seuls les exposants δ𝛿\delta dans l’intervalle (34) sont admissible pour l’Hamiltonien (30) pour définir un problème bien posé. Il fut démontré par Hardi [20] que pour ξN>1𝜉𝑁1\xi N>1 avec ξ=Nδ<1𝜉superscript𝑁𝛿1\xi=N^{-\delta}<1, c’est à dire

0<δ<10𝛿10<\delta<1 (44)

la fonction de Weierstrass-Mandelbrot (42) est aussi une courbe fractale ayant une dimension fractale (dimension de Hausdorff) D=2δ>1𝐷2𝛿1D=2-\delta>1. Les figures 2-4 montrent des courbes de dispersion pour des valeurs décroissantes de δ𝛿\delta dans l’intervalle 0<δ<10𝛿10<\delta<1. Il est bien visible que la décroissance de δ𝛿\delta produit une croissance de la dimension fractale D𝐷D. La hausse de la dimension fractale de la figure 2 à la figure 4 est bien visible par leur comportement de plus en plus turbulent. Dans la figure 4, la dimension fractale est D=1.9𝐷1.9D=1.9 déjà près de la dimension 2 du plan. Par contre, la figure 1 correspond avec δ=1.2𝛿1.2\delta=1.2 à un cas non-fractal. Afin d’évaluer (42) approximativement il convient de remplacer la série par une intégrale en utilisant la même approximation qu’au paragraphe 3.3 (ϵlnNitalic-ϵ𝑁\epsilon\approx\ln N). Dans le cadre de cette approximation on trouve pour |k|h𝑘|k|h suffisamment “petit” (h>00h>0), c’est à dire dans le cas limite d’ondes longues

ω2(kh)(h|k|)δϵCsuperscript𝜔2𝑘superscript𝑘𝛿italic-ϵ𝐶\omega^{2}(kh)\approx\frac{(h|k|)^{\delta}}{\epsilon}C (45)

(|k|h)δsuperscript𝑘𝛿(|k|h)^{\delta} doit être de l’ordre de grandeur de ϵitalic-ϵ\epsilon ou plus petit. La relation de dispersion est donc caractérisée dans le cas limite d’ondes longues, par une loi de puissance de la forme de ω¯(k)Const|k|δ/2¯𝜔𝑘𝐶𝑜𝑛𝑠𝑡superscript𝑘𝛿2{\bar{\omega}}(k)\approx Const\,|k|^{\delta/2}. La constante C𝐶C qui est introduite dans (45) est donnée par l’intégrale

C=20(1cosτ)τ1+δdτ𝐶2superscriptsubscript01𝜏superscript𝜏1𝛿differential-d𝜏C=2\int_{0}^{\infty}\frac{(1-\cos{\tau})}{\tau^{1+\delta}}{\rm d}\tau (46)

laquelle existe uniquement si δ𝛿\delta est dans l’intervalle (34). Dans ce cas limite, on obtient la densité d’oscillateurs par [2]

ρ(ω)=212πd|k|dω𝜌𝜔212𝜋𝑑𝑘𝑑𝜔\rho(\omega)=2\frac{1}{2\pi}\frac{d|k|}{d\omega} (47)

qui est normalisé de sorte que ρ(ω)dω𝜌𝜔d𝜔\rho(\omega){\rm d}\omega compte le nombre d’oscillateurs, c’est à dire le nombre d’ondes qui se propagagent avec une certaine fréquence, laquelle se trouve dans l’intervalle [ω,ω+dω]𝜔𝜔d𝜔[\omega,\omega+{\rm d}\omega]. On obtient également pour la densité d’oscillateurs une loi de puissance sous la forme de

ρ(ω)=2πδh(ϵC)1δω2δ1𝜌𝜔2𝜋𝛿superscriptitalic-ϵ𝐶1𝛿superscript𝜔2𝛿1\rho(\omega)=\displaystyle\frac{2}{\pi\delta h}\left(\frac{\epsilon}{C}\right)^{\frac{1}{\delta}}\omega^{\frac{2}{\delta}-1} (48)

avec δ𝛿\delta toujours dans l’intervalle (34). On observe donc que la puissance 2δ12𝛿1\frac{2}{\delta}-1 est restreinte à l’intervalle 0<2δ1<02𝛿10<\frac{2}{\delta}-1<\infty pour 0<δ<20𝛿20<\delta<2. En particulier, on trouve l’annulation de la densité d’oscillateurs pour une fréquence nulle ρ(ω0)=0𝜌𝜔00\rho(\omega\rightarrow 0)=0.

5 Conclusions

Nous avons construit des fonctions et opérateurs de manière auto-similaire en utilisant une certaine catégorie de fonctions traditionnelles admissibles. Avec cette approche il est possible de construire une sorte de Laplacien auto-similaire et par conséquent de l’opérateur d’Alembertien d’ondes. A l’aide de cette machinerie on déduit une equation de mouvement qui décrit la propagation d’ondes dans une chaîne auto-similaire. Nous croyons que ce-modèle est l’un des plus simple pour prendre en compte l’aspect d’auto-similarité d’un milieux. Nous démontrons également la correspondance entre notre approche et le calcul fractionnel qui fut employé plus tôt [9] afin d’aborder des problèmes physiques dans des milieux fractals.

Nous espèrons que notre approche pourra servir de point de départ pour développer une théorie de la propagation d’ondes dans des milieux auto-similaires et fractals dans des contextes pluridisciplinaires.

6 Acknowledgements

Les auteurs sont reconnaissants à J.-M. Conoir et à D. Queiros-Conde pour des discussions profondes.

Refer to caption
Figure 1: Relation de dispersion ω2(kh)superscript𝜔2𝑘\omega^{2}(kh) en unités arbitraires avec N=1.5𝑁1.5N=1.5 et δ=1.2𝛿1.2\delta=1.2
Refer to caption
Figure 2: Relation de dispersion ω2(kh)superscript𝜔2𝑘\omega^{2}(kh) en unités arbitraires avec N=1.5𝑁1.5N=1.5 et δ=0.7𝛿0.7\delta=0.7
Refer to caption
Figure 3: Relation de dispersion ω2(kh)superscript𝜔2𝑘\omega^{2}(kh) en unités arbitraires avec N=1.5𝑁1.5N=1.5 et δ=0.5𝛿0.5\delta=0.5
Refer to caption
Figure 4: Relation de dispersion ω2(kh)superscript𝜔2𝑘\omega^{2}(kh) en unités arbitraires avec N=1.5𝑁1.5N=1.5 et δ=0.1𝛿0.1\delta=0.1

References

  • [1] B.B. Mandelbrot, Fractals, Form, Chance, and Dimension (Springer, New York, 1978).
  • [2] T.M. Michelitsch, G.A. Maugin, F.C.G.A Nicolleau, A.F. Nowakowski, S. Derogar, Phys. Rev. E 80, 011135 (2009); (e-prints: hal-00371945, arXiv:0904.0780).
  • [3] E.E. Kummer: J. Reine Angew. Math. 44, 93 (1852).
  • [4] N. Cohen, Commun. Q. 5(3), 7 (1995).
  • [5] S. Hohlfeld, N. Cohen, Fractals, 7(1), 79 (1999).
  • [6] A.N. Bondarenko, V.A. Levin, The 9th Russian-Korean International Symposium 2005 (unpublished) pp. 33-35.
  • [7] J. Kigami, Japan J. Appl. Math. 6(2), 259 (1989).
  • [8] V.E. Tarasov, J. Phys. A: Math. Theor. 41, 035101 (2008).
  • [9] M. Ostoja-Starzewski, ZAMP 58, 1085 (2007).
  • [10] J.C. Claussen, J. Nagler, H.G. Schuster, Phys. Rev. E 70, 032101 (2004).
  • [11] M. Epstein, S.M. Adeeb, Int. J. Solids Struct. 45(11-12), 3238 (2008).
  • [12] T.M. Michelitsch, G.A. Maugin, A.F. Nowakowski, F.C.G.A Nicolleau, Int. J. Eng. Sci. 47(2), 209 (2009).
  • [13] K. Ghosh, R. Fuchs, Phys. Rev. B 44, 7330 (1991).
  • [14] K. Li, M.I. Stockman, D.J. Bergman, Phys. Rev. Lett. 91(22), 227402 (2003).
  • [15] S. Raghavachari, J.A. Glazier, Phys. Rev. Lett. 74(16), 3297 (1995).
  • [16] R. Kopelman, M. Shortreed, Z.-Y. Shi, W. Tan, Z. Xu, J.S. Moore, A. Bar-Haim, J. Klafter, Phys. Rev. Lett. 78(7), 1239 (1997).
  • [17] E. Domany, S. Alexander, D. Bensimon, L.P. Kadanoff, Phys. Rev. B 28(6), 3110 (1983).
  • [18] J.A.C. Humphrey, C.A. Schuler, B. Rubinsky, Fluid dynamics research 9 (1-3), 81, ISSN 0169-5983 (1992).
  • [19] F.C.G.A. Nicolleau, Contribution à la modélisation de la dispersion en milieu turbulent. Habilitation à diriger des recherches, L’École Centrale de Lyon (2009).
  • [20] G.H. Hardy, Trans - Amer. Math. Soc., 17, 301 (1916).
  • [21] K.S. Miller, An Introduction to the Fractional Calculus and Fractional Differential Equations, by Kenneth S. Miller, Bertram Ross (Editor), John Wiley & Sons; 1 edition (May 19, 1993). ISBN 0-471-58884-9.
  • [22] A.A. Kilbas, H.M. Srivastava, J.J. Trujillo, Theory and Application of Fractional Differential Equations, Mathematical Studies 204, Jan von Mill (Editor) (Elsevier, Amsterdam, 2006). ISBN-10: 0444518320.