Réalisation de de Rham des motifs de Voevodsky

Alexis Bouthier
(12 prairial an 217 (01/06/09))

1 Introduction

Il y a 40 ans, Grothendieck introduisait la théorie des motifs purs, avec pour ambition d’une part de réaliser une théorie cohomologique universelle qui décrit la cohomologie des variétés projectives lisses, dont les différentes incarnations seraient les cohomologies de Weil qui sont à notre disposition: Betti, l-adique, rigide, de Rham, appelés foncteur de réalisation. D’autre part, il s’agissait d’élaborer une théorie de Galois pour les nombres transcendants.

Cette théorie débute sans doute avec le formalisme tannakien développé dans Saavedra [24], suivant les idées de Grothendieck, où à la fin est énoncé tout un faisceau de conjectures sur les motifs dits purs. Cette théorie est un analogue linéaire de la théorie profinie du π1subscript𝜋1\pi_{1} développée dans SGA 1. Un des résultats principaux est qu’une catégorie tensorielle k-linéaire, muni d’un foncteur fibre neutre ([1,10,24] pour les définitions), dite tannakienne, est équivalente à la catégorie de représentations d’un groupe proalgébrique. La catégorie des motifs purs devrait former une telle catégorie et le groupe tannakien qui lui est canoniquement associé serait le groupe de Galois motivique. Malheureusement, une telle catégorie n’est pas disponible pour le moment, principalement à cause des conjectures standards qui restent très largement ouvertes depuis plus de 40 ans.

Dans les années 80, Deligne et Beilinson élaborent un vaste programme pour construire la catégorie des motifs mixtes qui eux, sont censés décrire la cohomologie de toutes les variétés. Deligne propose de construire une catégorie DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k), la catégorie dérivée des motifs mixtes, munie d’une t-structure naturelle où l’on retrouverait les motifs mixtes en prenant le coeur de cette t-structure. Cette catégorie serait également munie de foncteurs de réalisation, issus des différentes théories cohomologiques. Construire la catégorie dérivée semble plus facile dans la mesure où l’on regarde simultanément tous les groupes de cohomologie et donc on peut se dispenser des problèmes liés à l’algébricité des projecteurs de Künneth. Une telle entreprise a été menée à bien par Voevodsky ([32]), Levine ([20]) et Hanamura qui ont proposé chacun une construction d’un catégorie avec des bonnes proriétés.

Il fallait maintenant munir chacune de ces constructions de réalisations. Levine les a construit pour sa catégorie de motifs mixtes et donc, par comparaison avec la caractéristique nulle avec la construction de Voevodsky, on dispose indirectement de tels foncteurs. Néanmoins, il apparaît préférable de ne pas passer par ce détour et d’obtenir les transferts directement sur les complexes concernés.

Huber, dans [14], construit un foncteur de réalisation, en passant par une catégorie intermédiaire appelée catégorie des sytèmes de réalisations, valable pour tout corps k, qui nous fournit les réalisations de Betti, l-adique et de Hodge (le cas rigide n’est pas traité). Néanmoins, Deligne-Goncharov [10] signalent qu’en ce qui concerne la réalisation de Hodge, la littérature n’est pas satisfaisante à ce sujet et ébauchent une construction pour l’obtention d’un tel foncteur.

Dans ce mémoire, il s’agit de construire un foncteur de réalisation de de Rham pour les motifs mixtes géométriques de Voevodsky. La méthode présentée ici est celle esquissée dans Deligne-Goncharov. Elle consiste à mettre des transferts sur le complexe de de Rham logarithmique et une fois verifiée l’invariance homotopique et la suite de Mayer-Vietoris pour la cohomologie de de Rham ainsi que quelques autres hypothèses mineures, on pourra conclure. Ce travail se décompose de la façon suivante, premièrement les propriétés et les conjectures qui existent au niveau des motifs purs pour motiver la construction; deuxièmement, l’introduction de la catégorie des correspondances finies et des motifs mixtes géométriques. Ensuite, nous aurons besoin de résultats techniques sur la localisation des correspondances finies afin de mettre des transferts sur la résolution de Godement d’un faisceau. Une fois ceci fait, il ne reste plus qu’à mettre des transferts sur la cohomologie de de Rham, cela s’étendra alors aux résolutions flasques canoniques et le reste ensuite ne sera plus que formel.

Il y a à noter que dernièrement, les travaux de Lecomte-Wach [19 bis] et de Cisinski-Déglise [5] proposent une définition alternative d’un tel foncteur, mais dans les deux cas, pour le moment ils ne disposent pas des poids pour le foncteur de réalisation. Néanmoins, en ce qui concerne Cisinski-Déglise, leur formalisme de cohomologie de Weil mixte leur permet en revanche d’obtenir une réalisation rigide, mais à nouveau se pose le problème de la bonne catégorie de coefficients (en particulier, le foncteur n’arrive pas dans la catégorie dérivée des F-isocristaux).

Je voudrais remercier M.Levine, qui a dirigé ce mémoire et P.Gille qui a bien accepté d’être mon directeur en France. Je remercie également, F.Lecomte, J.Riou et C.Soulé pour avoir accepté de participer à mon jury. Ce travail a été réalisé durant mon séjour à l’Université de Northeastern, Boston, à laquelle je tiens à exprimer ma sincère gratitude. Enfin, merci à Franck Gabriel, mon compagnon d’infortune.

2 Motifs purs

Dans cette section, on rappelle un certain nombre de propriétés des motifs purs qui justifient en partie l’étude des réalisations pour les motifs mixtes. L’autre partie, consistant en l’étude des régulateurs, sera abordée plus tard.

2.1 Relations d’équivalence

On note 𝒫(k)𝒫𝑘\mathcal{P}(k) la catégorie des schémas projectifs lisses sur k, un corps. Dans le cas d’une intersection transverse, on sait définir le produit d’intersection de deux cycles algébriques. La notion d’équivalence adéquate nous permet d’étendre à tous les cycles ce produit d’intersection. Pour tout anneau commutatif R, on pose 𝒵r(X)R:=𝒵r(X)Rassignsuperscript𝒵𝑟subscript𝑋𝑅tensor-productsuperscript𝒵𝑟𝑋𝑅\mathcal{Z}^{r}(X)_{R}:=\mathcal{Z}^{r}(X)\otimes R.

Définition 1

Une relation d’équivalence \approx sur les cycles algébriques est dite adéquate si elle vérifie les axiomes suivants pour X,Y dans 𝒫(k)𝒫𝑘\mathcal{P}(k):
(1) \approx{} est compatible à la structure R-linéaire et à la graduation sur les cycles.
(2) pour tous α𝛼\alpha, β𝒵(X)R𝛽superscript𝒵subscript𝑋𝑅\beta\in\mathcal{Z}^{\bullet}(X)_{R}, il existe ααsuperscript𝛼𝛼\alpha^{\prime}\approx\alpha tel que αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} et β𝛽\beta se coupent proprement.
(3) pour tout α𝛼\alpha dans 𝒵(X)Rsuperscript𝒵subscript𝑋𝑅\mathcal{Z}^{\bullet}(X)_{R} et tout γ𝒵(X×Y)R𝛾superscript𝒵subscript𝑋𝑌𝑅\gamma\in\mathcal{Z}^{\bullet}(X\times Y)_{R} coupant proprement pr1(α)𝑝superscriptsubscript𝑟1𝛼pr_{1}^{*}(\alpha), on a:
α0γ(α):=pr2(γ.pr1(α))0\alpha\approx 0\Rightarrow\gamma_{*}(\alpha):=pr_{2*}(\gamma.pr_{1}^{*}(\alpha))\approx 0.

On note 𝒵(X)R:=𝒵(X)R/\mathcal{Z}^{\bullet}_{\approx}(X)_{R}:=\mathcal{Z}^{\bullet}(X)_{R}/\approx qui en fait une R-algèbre graduée commutative.
Les éléments de 𝒵dimX+r(X×Y)Rsubscriptsuperscript𝒵dim𝑋𝑟subscript𝑋𝑌𝑅\mathcal{Z}^{\text{dim}X+r}_{\approx}(X\times Y)_{R} sont appelés les correspondances de degré r. La formule

gf=p13(p12(f).p23(g))g\circ f=p_{13*}(p_{12}^{*}(f).p_{23}^{*}(g))

fournit une loi de composition asociative (cf Fulton) pour les correspondances modulo \approx:

𝒵dimX+r(X×Y)R𝒵dimY+s(Y×Z)R𝒵dimX+r+s(X×Z)Rtensor-productsubscriptsuperscript𝒵dim𝑋𝑟subscript𝑋𝑌𝑅subscriptsuperscript𝒵dim𝑌𝑠subscript𝑌𝑍𝑅subscriptsuperscript𝒵dim𝑋𝑟𝑠subscript𝑋𝑍𝑅\mathcal{Z}^{\text{dim}X+r}_{\approx}(X\times Y)_{R}\otimes\mathcal{Z}^{\text{dim}Y+s}_{\approx}(Y\times Z)_{R}\rightarrow\mathcal{Z}^{\text{dim}X+r+s}_{\approx}(X\times Z)_{R}

On a alors en particulier que 𝒵dimX(X×X)Rsubscriptsuperscript𝒵dim𝑋subscript𝑋𝑋𝑅\mathcal{Z}^{\text{dim}X}_{\approx}(X\times X)_{R} est une algèbre en général non commutative. L’unité est la classe de la diagonale et elle est munie d’une anti-involution donnée par la transposée.

Exemples de relations d’équivalence:
-équivalence rationnelle: Un cycle α𝛼\alpha est dit rationnellement à 0 si il existe β𝒵(X×1)R𝛽subscriptsuperscript𝒵subscript𝑋superscript1𝑅\beta\in\mathcal{Z}^{\bullet}_{\approx}(X\times\leavevmode\nobreak\ \mathbb{P}^{1})_{R} tel que β(0)𝛽0\beta(0) et β()𝛽\beta(\infty) et que α=β(0)β()𝛼𝛽0𝛽\alpha=\beta(0)-\beta(\infty). Ils donnent classiquement les groupes de Chow.
-équivalence numérique: Soit α𝒵r(X)R𝛼subscriptsuperscript𝒵𝑟subscript𝑋𝑅\alpha\in\mathcal{Z}^{r}_{\approx}(X)_{R} on a: αnum0β𝒵r(X)Rsubscript𝑛𝑢𝑚𝛼0for-all𝛽subscriptsuperscript𝒵𝑟subscript𝑋𝑅\alpha\approx_{num}0\Leftrightarrow\forall\beta\in\mathcal{Z}^{r}_{\approx}(X)_{R}, deg(α.β)= 0deg(\alpha.\beta)=\leavevmode\nobreak\ 0.
-équivalence homologique, (cf ci-dessous). On va rappeler d’abord l’axiomatique des cohomologies de Weil.

Définition 2

Soit F un corps de coefficients de caractéristique nulle. Une cohomologie de Weil est un foncteur H:𝒫(k)opVecGrF:𝐻𝒫superscript𝑘𝑜𝑝𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟𝐹H:\mathcal{P}(k)^{op}\rightarrow VecGr_{F} avec les propriétés et données additionnelles suivantes:

(1) H est un tensor-product\otimes-foncteur, nous avons une formule de Künneth:
H(X)H(Y)=H(X×Y)tensor-product𝐻𝑋𝐻𝑌𝐻𝑋𝑌H(X)\otimes H(Y)=H(X\times Y) pour X,Y dans 𝒫(k)𝒫𝑘\mathcal{P}(k). (2) H(X) est en degrés positifs. (3) X,Y𝒫(k)for-all𝑋𝑌𝒫𝑘\forall X,Y\in\mathcal{P}(k), on a un isomorphisme canonique H(XY)=H(X)H(Y)𝐻𝑋coproduct𝑌direct-sum𝐻𝑋𝐻𝑌H(X\coprod Y)=H(X)\oplus H(Y).

(4) Le F-espace vectoriel H2(1)superscript𝐻2superscript1H^{2}(\mathbb{P}^{1}) est de dimension 1, son dual est noté F(1)𝐹1F(1). Pour tout F-espace vectoriel V, n un entier, on pose V(n)=VFn𝑉𝑛tensor-product𝑉superscript𝐹tensor-productabsent𝑛V(n)=V\otimes F^{\otimes n}.

(5) X𝒫(k)for-all𝑋𝒫𝑘\forall X\in\mathcal{P}(k) de dimension d, il existe une application trace multiplicative Tr:H2d(X)(d)F:𝑇𝑟superscript𝐻2𝑑𝑋𝑑𝐹Tr:\leavevmode\nobreak\ H^{2d}(X)(d)\rightarrow\leavevmode\nobreak\ F qui induit un accouplement parfait de Poincaré:

H2di(X)(d)×Hi(X)H2d(X)(d)Fsuperscript𝐻2𝑑𝑖𝑋𝑑superscript𝐻𝑖𝑋superscript𝐻2𝑑𝑋𝑑𝐹H^{2d-i}(X)(d)\times H^{i}(X)\rightarrow H^{2d}(X)(d)\rightarrow F.

(6) Il existe un morphisme classe de cycles cl:CH(X)H2(X)():𝑐𝑙𝐶superscript𝐻𝑋superscript𝐻2𝑋cl:CH^{\bullet}(X)\rightarrow H^{2*}(X)(*) contravariant en X𝒫(k)𝑋𝒫𝑘X\in\mathcal{P}(k), compatible aux produits et normalisé par la trace de telle façon que l’application sur les zéros-cycles est donné par le degré. (7) cl([])𝑐𝑙delimited-[]cl([\infty]) est donné par H2(1)(1)superscript𝐻2superscript11H^{2}(\mathbb{P}^{1})(1).

Définition 3

Un cycle xCHd(X)F𝑥𝐶superscript𝐻𝑑subscript𝑋𝐹x\in CH^{d}(X)_{F} est homologiquement équivalent à zéro (selon une cohomologie de Weil fixée H) si cl([x])=0𝑐𝑙delimited-[]𝑥0cl([x])=0. Cela définit une équivalence adéquate.

Exemples: - Cohomologie de Weil classiques:

(1) Pour tout premier l inversible dans k et k¯¯𝑘\bar{k} une cloture séparable de k, la cohomologie étale Het(Xk¯,l)subscriptsuperscript𝐻𝑒𝑡subscript𝑋¯𝑘subscript𝑙H^{\bullet}_{et}(X_{\bar{k}},\mathbb{Q}_{l}) est une cohomologie de Weil à coefficients dans lsubscript𝑙\mathbb{Q}_{l}.

(2) Si k est de caractéristique nulle, la cohomologie de de Rham algébrique HdR(X/k)subscriptsuperscript𝐻𝑑𝑅𝑋𝑘H^{\bullet}_{dR}(X/k) est une cohomologie de Weil à coefficients dans k.

(3) Si σ:k:𝜎𝑘\sigma:k\rightarrow\mathbb{C} est un plongement complexe, la cohomologie de Betti HB(X,)subscriptsuperscript𝐻𝐵𝑋H^{\bullet}_{B}(X,\mathbb{Q}) est une cohomologie de Weil à coefficients dans \mathbb{Q}.

(4) Si k est de caractéristique p, la cohomologie cristalline Hcris(X)subscriptsuperscript𝐻𝑐𝑟𝑖𝑠𝑋H^{\bullet}_{cris}(X) est une cohomologie de Weil à coefficients dans W(k)[1p]𝑊𝑘delimited-[]1𝑝W(k)[\frac{1}{p}].

Lemme 1

ratsubscript𝑟𝑎𝑡\approx_{rat} est l’équivalence adéquate la plus fine et numsubscript𝑛𝑢𝑚\approx_{num} la plus grossière.

2.2 Catégories de motifs purs

Définition 4

On note Moteff(k)𝑀𝑜superscriptsubscript𝑡𝑒𝑓𝑓𝑘Mot_{\approx}^{eff}(k) l’enveloppe pseudo-abélienne de la catégorie suivante: Les objets sont les k-schémas lisses projectifs et les morphismes donnés par 𝒵dimX(X×Y)Fsubscriptsuperscript𝒵𝑑𝑖𝑚𝑋subscript𝑋𝑌𝐹\mathcal{Z}^{dimX}_{\approx}(X\times\leavevmode\nobreak\ Y)_{F} (si X connexe, sinon, faire la somme sur les composantes connexes) avec comme loi de composition, celle définie ci-dessus. Elle consiste en les motifs purs effectifs.

Remarque:

-On a un foncteur naturel hh de 𝒫(k)𝒫𝑘\mathcal{P}(k) de Moteff(k)𝑀𝑜superscriptsubscript𝑡𝑒𝑓𝑓𝑘Mot_{\approx}^{eff}(k) en prenant les mêmes objets et en associant à f:XY:𝑓𝑋𝑌f:X\rightarrow Y le graphe de f dont on a vu que c’était une correspondance de degré zéro.

-Un point rationnel fournit une décomposition du motif de 1superscript1\mathbb{P}^{1} : h(1)=1𝕃superscript1direct-sum1𝕃h(\mathbb{P}^{1})=1\oplus\mathbb{L} ou 𝕃𝕃\mathbb{L} est le motif de Lefschetz et 1 le motif de Spec(k), dit motif trivial.

Définition 5

En inversant le motif de Lefschetz, on obtient la catégorie des motifs purs. Elle est notée Mot(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑘Mot_{\approx}(k). Dans le cas de l’équivalence rationnelle, on parle de motifs de Chow, noté CHM(k)𝐶𝐻𝑀subscript𝑘CHM(k)_{\mathbb{Q}} et de motifs numériques dans le cas de l’équivalence numérique.

Etant donné que l’équivalence rationnelle est la plus fine, on a toujours un foncteur de:
CHM(k)Mot(k)𝐶𝐻𝑀subscript𝑘𝑀𝑜subscript𝑡𝑘CHM(k)_{\mathbb{Q}}\rightarrow Mot_{\approx}(k).

Chacune des cohomologies de Weil à coefficients dans K fournit un foncteur contravariant des motifs purs vers les K-espaces vectoriels gradués. On a le diagramme suivant:

CHM(k)𝐶𝐻𝑀subscript𝑘\textstyle{CHM(k)_{\mathbb{Q}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ret,lsubscript𝑟𝑒𝑡𝑙\scriptstyle{r_{et,l}}rDRsubscript𝑟𝐷𝑅\scriptstyle{r_{DR}}rBsubscript𝑟𝐵\scriptstyle{r_{B}}rcrissubscript𝑟𝑐𝑟𝑖𝑠\scriptstyle{r_{cris}}VecGrl𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟subscript𝑙\textstyle{VecGr_{\mathbb{Q}_{l}}}VecGrk𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟𝑘\textstyle{VecGr_{k}}VecGr𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟\textstyle{VecGr_{\mathbb{Q}}}VecGrW(k)[1p]𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟𝑊𝑘delimited-[]1𝑝\textstyle{VecGr_{W(k)[\frac{1}{p}]}}

On remarquera que pour un corps de base fixé k, toutes ces cohomologies de Weil ne sont pas valables, par exemple celle de Betti en caractéristique p.

Ces foncteurs se factorisent par la catégorie des motifs homologiques Mothom(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑜𝑚subscript𝑘Mot_{hom}(k)_{\mathbb{Q}}.
Un motif pur M (pour une relation d’équivalence quelconque) est généralement représenté par ph(X)(r)𝑝𝑋𝑟ph(X)(r) où p est un projecteur algébrique et r un entier.
On a alors une structure tensorielle sur Mot(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑘Mot_{\approx}(k) donnée par:
ph(X)(r)qh(Y)(s):=(pq)h(X×X)(r+s)assigntensor-product𝑝𝑋𝑟𝑞𝑌𝑠tensor-product𝑝𝑞𝑋superscript𝑋𝑟𝑠ph(X)(r)\otimes qh(Y)(s):=(p\otimes q)h(X\times X^{\prime})(r+s).

De plus, on a une notion naturelle de dual donnée par: ph(X)(r)ˇ=tph(X)(dr)superscript𝑡𝑝𝑋𝑟ˇabsent𝑝𝑋𝑑𝑟ph(X)(r)\check{}=^{t}ph(X)(d-r) qui fait de Mot(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑘Mot_{\approx}(k) une tensor-product\otimes-catégorie rigide.

Attardons nous un peu sur deux catégories de motifs particulières; les motifs homologiques et numériques. Parmi tous les projecteurs, ceux qui joueront un rôle clé seront ceux dit de Künneth; étant fixé une cohomologie de Weil H, ils correspondent à la projection de H(X)superscript𝐻𝑋H^{\bullet}(X) vers Hi(X)superscript𝐻𝑖𝑋H^{i}(X), notée πi,Xsubscript𝜋𝑖𝑋\pi_{i,X}.

On a à ce propos une des conjectures standard suivantes: Conjecture (Grothendieck): Les projecteurs de Künneth πi,Xsubscript𝜋𝑖𝑋\pi_{i,X} sont des correspondances algébriques.

Donnons quelques explications à propos de cette conjecture. Sous cette conjecture, les πi,Xsubscript𝜋𝑖𝑋\pi_{i,X} forment un système complet de projecteurs d’orthogonaux. On pose hi(X)=πi,Xh(X)superscript𝑖𝑋subscript𝜋𝑖𝑋𝑋h^{i}(X)=\pi_{i,X}h(X).
On dispose alors de la graduation par le poids pour tout motif M:=ph(X)(r)assign𝑀𝑝𝑋𝑟M:=ph(X)(r) découpe sur X, on a une décomposition M=ph2r+i(X)(r)𝑀direct-sum𝑝superscript2𝑟𝑖𝑋𝑟M=\oplus ph^{2r+i}(X)(r). Une telle décomposition vaut a fortiori pour une équivalence plus grossière, en particulier pour l’équivalence numérique.

Dans le cas des motifs numériques, on a la propriété suivante dûe a Jannsen:

Théorème 1

(Jannsen, [16]) La catégorie Motnum(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑛𝑢𝑚subscript𝑘Mot_{num}(k)_{\mathbb{Q}} des motifs numériques est abélienne semi-simple. On a de plus les équivalences suivantes:
(i) Mot(k)𝑀𝑜subscript𝑡𝑘Mot_{\approx}(k) est abélienne semi-simple.
(ii) 𝒵dimX(X×X)subscriptsuperscript𝒵𝑑𝑖𝑚𝑋subscript𝑋𝑋\mathcal{Z}^{dimX}_{\approx}(X\times X)_{\mathbb{Q}} est une \mathbb{Q}-algèbre semi-simple de dimension finie.
(iii) =numsubscript𝑛𝑢𝑚\approx=\approx_{num}.

Le lien entre les motifs homologiques et numériques vient de la conjecture suivante.

Conjecture (Grothendieck): L’équivalence homologique et l’équivalence numérique coïncident.

Remarque: On sait que cette conjecture est vraie pour les variétés abéliennes en caractéristique nulle (cf [19 bis]). La conjecture associée avec la proposition ci-dessus, ainsi que l’algébricité des projecteurs, fait de la catégorie des motifs numériques une catégorie tannakienne semi-simple.

Comme on l’a vu, on a toute une famille de réalisations des motifs purs numériques vers des espaces vectoriels gradués, mais il s’avère que l’on a des structures enrichies dans les catégories d’arrivée que nous allons passer en revue. Cohomologie étale:
On a une action naturelle du groupe de Galois Gal(k¯/k)𝐺𝑎𝑙¯𝑘𝑘Gal(\bar{k}/k) sur Het(Xk¯,l)subscriptsuperscript𝐻𝑒𝑡subscript𝑋¯𝑘subscript𝑙H^{\bullet}_{et}(X_{\bar{k}},\mathbb{Q}_{l}) et pour tout entier q, on a donc une représentation continue du groupe profini Gal(k¯/k)𝐺𝑎𝑙¯𝑘𝑘Gal(\bar{k}/k), Hetq(Xk¯,l)subscriptsuperscript𝐻𝑞𝑒𝑡subscript𝑋¯𝑘subscript𝑙H^{q}_{et}(X_{\bar{k}},\mathbb{Q}_{l}). De plus, l(1)subscript𝑙1\mathbb{Q}_{l}(1) est isomorphe en tant que représentation galoisienne a l(1)[1l]subscript𝑙1delimited-[]1𝑙\mathbb{Z}_{l}(1)[\frac{1}{l}] ou l(1):=limνμlν(k¯)assignsubscript𝑙1subscriptprojective-limit𝜈subscript𝜇superscript𝑙𝜈¯𝑘\mathbb{Z}_{l}(1):=\leavevmode\nobreak\ \varprojlim_{\nu}\mu_{l^{\nu}}(\bar{k}). On a alors que le foncteur de réalisation de Motrat(k)VecGrl𝑀𝑜subscript𝑡𝑟𝑎𝑡𝑘𝑉𝑒𝑐𝐺subscript𝑟subscript𝑙Mot_{rat}(k)\rightarrow VecGr_{\mathbb{Q}_{l}}, s’enrichit dans la catégorie des lsubscript𝑙\mathbb{Q}_{l}-représentations continues de Gal(k¯/k)𝐺𝑎𝑙¯𝑘𝑘Gal(\bar{k}/k). Cohomologie de de Rham algébrique:
On a une suite spectrale d’hypercohomologie E2pq=Hq(X,ΩX/kp)HDRp+q(X/k)superscriptsubscript𝐸2𝑝𝑞superscript𝐻𝑞𝑋subscriptsuperscriptΩ𝑝𝑋𝑘subscriptsuperscript𝐻𝑝𝑞𝐷𝑅𝑋𝑘E_{2}^{pq}=H^{q}(X,\Omega^{p}_{X/k})\Rightarrow H^{p+q}_{DR}(X/k) On a alors canoniquement une filtration F issue de la suite spectrale sur HDRi(X/k)subscriptsuperscript𝐻𝑖𝐷𝑅𝑋𝑘H^{i}_{DR}(X/k). Le calcul de H2(1/k)superscript𝐻2superscript1𝑘H^{2}(\mathbb{P}^{1}/k) montre qu’il est isomorphe à k en degré de Hodge 1.

Réalisation de Betti:
k un sous-corps de \mathbb{C}, X𝒫(k)𝑋𝒫𝑘X\in\mathcal{P}(k). Par la théorie de Hodge, pour tout i0𝑖0i\geq 0, on a une décomposition de HDRi(X())subscriptsuperscript𝐻𝑖𝐷𝑅𝑋H^{i}_{DR}(X(\mathbb{C})). Par le théorème de comparaison Betti-de Rham, on a une décomposition canonique:

HBi(X)=p+q=iHp,qtensor-productsubscriptsuperscript𝐻𝑖𝐵𝑋subscriptdirect-sum𝑝𝑞𝑖superscript𝐻𝑝𝑞H^{i}_{B}(X)\otimes\mathbb{C}=\oplus_{p+q=i}H^{p,q} avec Hp,q¯=Hq,p¯superscript𝐻𝑝𝑞superscript𝐻𝑞𝑝\bar{H^{p,q}}=H^{q,p}

Définition 6

Une \mathbb{Q}-structure de Hodge pure de poids n est un \mathbb{Q}-espace vectoriel de dimension finie avec une décomposition du complexifié: V=p+q=nVp,qsubscript𝑉subscriptdirect-sum𝑝𝑞𝑛superscript𝑉𝑝𝑞V_{\mathbb{C}}=\oplus_{p+q=n}V^{p,q} avec Vp,q¯=Vq,p¯superscript𝑉𝑝𝑞superscript𝑉𝑞𝑝\bar{V^{p,q}}=V^{q,p}. La filtration de Hodge sur Vsubscript𝑉V_{\mathbb{C}} est définie par FpV=ppVnp,psuperscript𝐹𝑝subscript𝑉subscriptsuperscript𝑝𝑝superscript𝑉𝑛superscript𝑝superscript𝑝F^{p}V_{\mathbb{C}}=\sum_{p^{\prime}\geq p}{V^{n-p^{\prime},p^{\prime}}}.

On note SH𝑆subscript𝐻SH_{\mathbb{Q}} la catégorie des structures de Hodge pures. C’est une catégorie tannakienne avec comme foncteur fibre, le foncteur d’oubli. Cette fois-ci le foncteur s’enrichit à travers SH𝑆subscript𝐻SH_{\mathbb{Q}}.

Cohomologie cristalline:
Les groupes de cohomologie cristalline Hcris(X)=Hcris(X/W(k))[1p]subscriptsuperscript𝐻𝑐𝑟𝑖𝑠𝑋subscriptsuperscript𝐻𝑐𝑟𝑖𝑠𝑋𝑊𝑘delimited-[]1𝑝H^{\bullet}_{cris}(X)=H^{\bullet}_{cris}(X/W(k))[\frac{1}{p}] sont canoniquement munis d’une action semi-linéaire du Frobenius ϕ:Hcris(X)Hcris(X):italic-ϕsubscriptsuperscript𝐻𝑐𝑟𝑖𝑠𝑋subscriptsuperscript𝐻𝑐𝑟𝑖𝑠𝑋\phi:H^{\bullet}_{cris}(X)\rightarrow H^{\bullet}_{cris}(X).

2.3 Groupes de Galois motiviques

Commencons par quelques rappels de théorie tannakienne (cf [9],[24] pour plus de détails). Soit F un corps et soit 𝒯𝒯\mathcal{T} une tensor-product\otimes-categorie rigide abélienne avec End(1)=F𝐸𝑛𝑑1𝐹End(1)=F. Un foncteur fibre sur 𝒯𝒯\mathcal{T} est un tensor-product\otimes-foncteur exact fidèle:
ω:𝒯VecK:𝜔𝒯𝑉𝑒subscript𝑐𝐾\omega:\mathcal{T}\rightarrow Vec_{K} où K est une extension de F. Si un tel foncteur existe, on dit que 𝒯𝒯\mathcal{T} est une catégorie tannakienne.

On définit alors un K-schéma en groupes affine G=Autω𝐺𝐴𝑢superscript𝑡tensor-product𝜔G=Aut^{\otimes}\omega. Dans le cas où le foncteur fibre est neutre, i-e K=F, ω𝜔\omega s’enrichit en une équivalence de tensor-product\otimes-catégories rigides:
ω:𝒯RepFG:𝜔𝒯𝑅𝑒subscript𝑝𝐹𝐺\omega:\mathcal{T}\rightarrow Rep_{F}GRepFG𝑅𝑒subscript𝑝𝐹𝐺Rep_{F}G désigne la tensor-product\otimes-catégorie rigide des F-représentations de dimension finie de G. En outre, la catégorie des foncteurs fibres sur F est équivalente à la catégorie des G-torseurs.

On a en plus un dictionnaire remarquable entre les propriétés algebriques de G et celles catégoriques de 𝒯𝒯\mathcal{T}:

(1) F est de caractéristique nulle, 𝒯𝒯\mathcal{T} semi-simple \Leftrightarrow G pro-réductif.

(2) G est algébrique \Leftrightarrow 𝒯𝒯\mathcal{T} est de tensor-product\otimes-génération finie.
On a également d’autres critères pour déterminer la connexité ou la finitude du groupe tannakien (cf [9], [24]).

On a également des propriétés analogues pour les morphismes.

Si F:𝒯𝒯:𝐹superscript𝒯𝒯F:\mathcal{T}^{\prime}\rightarrow\mathcal{T} est un tensor-product\otimes-foncteur exact entre catégories tannakiennes neutres. On note ω𝜔\omega un foncteur fibre pour 𝒯𝒯\mathcal{T}, alors ω:=ωFassignsuperscript𝜔𝜔𝐹\omega^{\prime}:=\omega\circ F est un foncteur fibre pour 𝒯superscript𝒯\mathcal{T}^{\prime} et on a un morphisme f:GG:𝑓𝐺superscript𝐺f:G\rightarrow G^{\prime}.

Réciproquement, si on a un morphisme f entre les groupes tannakiens, on obtient un tensor-product\otimes-foncteur exact ϕ:=fassignitalic-ϕsuperscript𝑓\phi:=f^{*}. On a:

(i) f immersion fermée \Leftrightarrow tout objet M de 𝒯𝒯\mathcal{T} est sous-quotient de l’image par ϕitalic-ϕ\phi d’un objet N’ de 𝒯superscript𝒯\mathcal{T}^{\prime}.

(ii) f fidèlement plat \Leftrightarrow ϕitalic-ϕ\phi est pleinement fidèle, et pour tout objet M’ de 𝒯superscript𝒯\mathcal{T}^{\prime}, tout sous-objet de ϕ(M)italic-ϕsuperscript𝑀\phi(M^{\prime}) est l’image par ϕitalic-ϕ\phi d’un sous- objet M’ de 𝒯superscript𝒯\mathcal{T}^{\prime}.

La théorie tannakienne apparaît à divers endroits en mathématiques, théorie de Galois différentielle, correspondance de Riemann-Hilbert, géométrie algébrique et il ne s’agit pas ici de faire un panorama de la théorie tannakienne pure. Nous allons juste nous attarder sur le groupe de Galois motivique. On se place sous la conjecture num=homsubscript𝑛𝑢𝑚subscript𝑜𝑚\approx_{num}=\approx_{hom} et on suppose l’algébricité des projecteurs. On considère la catégorie des motifs numériques rationnels. On a vu qu’une telle catégorie est tannakienne neutre semi-simple avec comme foncteur fibre la réalisation de Betti HBsubscript𝐻𝐵H_{B}. On appelle alors groupe de Galois motivique Gmot,ksubscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑘G_{mot,k} attaché à HBsubscript𝐻𝐵H_{B} le schéma en groupes affines des automorphismes du foncteur fibre. C’est un \mathbb{Q}-groupe pro-réductif. Etant donné un motif numérique M, son groupe de Galois motivique Gmot,k(M)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑘𝑀G_{mot,k}(M) est le groupe tannakien associé à la catégorie tannakienne qu’il engendre. C’est un groupe réductif sur \mathbb{Q}. De plus, on a que Gmot,k=limMGmot,k(M)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑘subscriptinjective-limit𝑀subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑘𝑀G_{mot,k}=\varinjlim_{M}G_{mot,k}(M). On a les propriétés suivantes pour les groupes de Galois motiviques: (1) Pour un sous-corps k de \mathbb{C}, de clôture algébrique k¯¯𝑘\bar{k}, on a Gmot(Xk¯)=Gmot(X)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡subscript𝑋¯𝑘subscript𝐺𝑚𝑜𝑡subscript𝑋G_{mot}(X_{\bar{k}})=G_{mot}(X_{\mathbb{C}}) qui est d’indice fini dans Gmot(X)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑋G_{mot}(X). (2) On appelle groupe de Mumford-Tate MT(X)𝑀𝑇𝑋MT(X) le groupe tannakien associé à la structure de Hodge pure HB(X)subscript𝐻𝐵𝑋H_{B}(X). Ce sont des groupes connexes et la théorie tannakienne fournit un morphisme de Gmot(X)MT(X)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝑋𝑀𝑇𝑋G_{mot}(X)\rightarrow MT(X). Conjecturalement, ce sont des groupes isomorphes. On a un cocaractère de poids 𝔾mMT(X)subscript𝔾𝑚𝑀𝑇𝑋\mathbb{G}_{m}\rightarrow MT(X), qui vient de la filtration par le poids.

Nous allons maintenant donner quelques exemples de calculs de groupes de Galois motiviques (cf [1] pour plus d’exemples). Par la théorie des invariants de Chevalley, on a que si 𝒯𝒯\mathcal{T} est un catégorie tannakienne semi-simple neutre engendrée par un objet M, munie d’un foncteur fibre ω𝜔\omega. Autω𝐴𝑢superscript𝑡tensor-product𝜔Aut^{\otimes}\omega est le sous-groupe réductif fermé de GL(ω(M))𝐺𝐿𝜔𝑀GL(\omega(M)).

Soit A une courbe elliptique non CM sur un corps k. Elle vérifie les conjectures standards. On a h(A)=h1(A)𝐴superscript1𝐴h(A)=\wedge h^{1}(A)h1(A)superscript1𝐴h^{1}(A) est de rang 2. On a donc que Gmot(A)subscript𝐺𝑚𝑜𝑡𝐴G_{mot}(A) est un sous-groupe réductif de GL2,𝐺subscript𝐿2GL_{2,\mathbb{Q}}. On va commencer par déterminer MT(A)𝑀𝑇subscript𝐴MT(A_{\mathbb{C}}). C’est un sous-groupe réductif connexe de GL2𝐺subscript𝐿2GL_{2} contenant les homothéties (l’image du cocaractere de poids). Il ne reste que trois possibilités: 𝔾msubscript𝔾𝑚\mathbb{G}_{m}, GL2𝐺subscript𝐿2GL_{2} ou un tore de Cartan. Ces groupes peuvent se distinguer par leur commutant. On a: EndMT(A)HB(A)=End(A)𝐸𝑛subscript𝑑𝑀𝑇subscript𝐴subscript𝐻𝐵𝐴tensor-product𝐸𝑛𝑑subscript𝐴End_{MT(A_{\mathbb{C}})}H_{B}(A)=End(A_{\mathbb{C}})\otimes\mathbb{Q}. On en déduit alors que le groupe de Galois motivique est GL2,𝐺subscript𝐿2GL_{2,\mathbb{Q}}.

Les groupes de Galois motiviques ont beaucoup de propriétés conjecturales dont nous n’aurons pas l’occasion de parler, par exemple, la dimension du groupe de Galois motivique sur \mathbb{Q} est égale au degré de transcendance de la \mathbb{Q}-algèbre des périodes. Dans le cas ci-dessus, cela nous donne que les périodes de la courbe elliptique sont transcendantes et indépendantes sur \mathbb{Q}. Cette conjecture est appelée conjecture des périodes de Grothendieck et englobe conjecturalement un grand nombre de résultats de la théorie des nombres transcendants. On se référera au livre d’André [1] pour plus de précisions.

3 Motifs mixtes géometriques de Voevodsky

3.1 Correspondances

Soit k un corps. On note Sm/k la catégorie des schémas lisses séparés sur k.

Définition 7

Soit X un schéma connexe et lisse sur k, Y un k-schéma séparé. Une correspondance élémentaire ΓΓ\Gamma de X vers Y est un sous-schéma fermé intègre de X×Y𝑋𝑌X\times Y qui est fini surjectif sur X. Dans le cas X non connexe, une correspondance élémentaire est une correspondance d’une des composantes connexes.

Le groupe Cor(X,Y) est le groupe abélien libre engendré par les correspondances élémentaires de X vers Y. On note Cor(X,Y)eff𝐶𝑜𝑟superscript𝑋𝑌𝑒𝑓𝑓Cor(X,Y)^{eff} les correspondances dites effectives, i-e avec tous les coefficients entiers positifs.

Exemples: - Si f:XY:𝑓𝑋𝑌f:X\rightarrow Y alors la somme des composantes connexes de ΓfsubscriptΓ𝑓\Gamma_{f} le graphe de f est une correspondance finie. -Chaque sous-schéma fermé de X×Y𝑋𝑌X\times Y fini, surjectif, définit une correspondance finie de X vers Y, il suffit de prendre la somme nk[Wk]subscript𝑛𝑘delimited-[]subscript𝑊𝑘\sum{n_{k}[W_{k}]} où les Wksubscript𝑊𝑘W_{k} sont les composantes irréductibles de Z et les nksubscript𝑛𝑘n_{k} les multiplicités géométriques de Wksubscript𝑊𝑘W_{k} dans Z.

On va maintenant définir grâce au produit d’intersection une loi de composition pour les correspondances finies, valables également pour les cycles algébriques.

Soit ΓΓ\Gamma une correspondance de X vers Y et ΓsuperscriptΓ\Gamma^{\prime} une correspondance de Y vers Z, on définit ΓΓΓsuperscriptΓ\Gamma\circ\Gamma^{\prime} par: p13(p12(Γ).p23(Γ))p_{13*}(p_{12}^{*}(\Gamma).p_{23}^{*}(\Gamma^{\prime})) où . désigne le produit d’intersection de Serre.

On a que c’est une loi de composition associative et bilinéaire ([12]).

Définition 8

On note SmCor/k la catégorie des correspondances finies où les objets sont les schémas lisses séparés sur k et les morphismes les correspondances finies munies de la loi de composition donnée ci -dessus.

Proposition 1

On a un foncteur fidèle Γ:Sm/kSmCor/k:Γ𝑆𝑚𝑘𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘\Gamma:Sm/k\rightarrow SmCor/k donné par: XX𝑋𝑋X\rightarrow X et (f:XY)Γf(f:X\rightarrow Y)\rightarrow\Gamma_{f} .

Preuve 1

On a juste à vérifier que Γfg=ΓfΓgsubscriptΓ𝑓𝑔subscriptΓ𝑓subscriptΓ𝑔\Gamma_{f\circ g}=\Gamma_{f}\circ\Gamma_{g} ce qui est facile et laissé en exercice (cf [12]).

On a de plus que SmCor/k est munie d’une structure tensorielle donnée par XY:=X×Yassigntensor-product𝑋𝑌𝑋𝑌X\otimes Y:=\leavevmode\nobreak\ X\times Y et le produit tensoriel de morphismes est donné par le produit externe de cycles, qui en fait une catégorie monoïdale symétrique. On voit également que cette catégorie est naturellement additive avec [X][Y]=[XY]direct-sumdelimited-[]𝑋delimited-[]𝑌delimited-[]𝑋coproduct𝑌[X]\oplus[Y]=[X\coprod Y].

Remarque: Ces définitions se généralisent aisément à une base noethérienne regulière quelconque (cf [15]), avec quelques difficultés supplémentaires pour la loi de composition si la base n’est pas régulière. On a également une deuxième définition des correspondances finies qui s’avère parfois plus aisée, qui convient surtout à la caractéristique nulle. Soit X dans Sm/k de caractéristique nulle, on pose: SymX=n1Symn(X)𝑆𝑦𝑚𝑋subscriptcoproduct𝑛1𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑋SymX=\coprod_{n\geq 1}Sym^{n}(X). On a alors que pour Y dans Sm/k, (SymX)(Y)=Hom(Sym(X),Sym(Y))𝑆𝑦𝑚𝑋𝑌𝐻𝑜𝑚𝑆𝑦𝑚𝑋𝑆𝑦𝑚𝑌(SymX)(Y)=Hom(Sym(X),Sym(Y)) où le Hom est au sens des monoïdes.

On obtient la proposition suivante:

Proposition 2

Il y a un morphisme de monoïdes compatible à la composition des correspondances: σ:Cor(X,Y)eff(SymX)(Y):𝜎𝐶𝑜𝑟superscript𝑋𝑌𝑒𝑓𝑓𝑆𝑦𝑚𝑋𝑌\sigma:Cor(X,Y)^{eff}\rightarrow(SymX)(Y) qui est un isomorphisme.

On rappelle la preuve de [4] Prop 2.1.2.

Preuve 2

(i) On peut supposer X connexe. On définit σ𝜎\sigma sur les générateurs de Cor(X,Y). Soit ΓΓ\Gamma une correspondance élémentaire de X vers Y. On note n le degré de ΓΓ\Gamma et on écrit Γ=Spec(𝒜X)Γ𝑆𝑝𝑒𝑐subscript𝒜𝑋\Gamma=Spec(\mathcal{A}_{X})𝒜Xsubscript𝒜𝑋\mathcal{A}_{X} est une 𝒪Xsubscript𝒪𝑋\mathcal{O}_{X}-algèbre cohérente. Soit U un ouvert de X sur lequel ΓΓ\Gamma est plat. Le X-schéma Symn(Γ)𝑆𝑦superscript𝑚𝑛ΓSym^{n}(\Gamma) admet une section sΓsubscript𝑠Γs_{\Gamma} au-dessus de U. Pour f𝒜U𝑓subscript𝒜𝑈f\in\mathcal{A}_{U}, la fonction sΓfnsuperscriptsubscript𝑠Γsuperscript𝑓tensor-productabsent𝑛s_{\Gamma}^{*}f^{\otimes n} est le déterminant de f agissant par multiplication sur le OUsubscript𝑂𝑈O_{U}-module 𝒜𝒰subscript𝒜𝒰\mathcal{A_{U}}. Comme X est normal, la section s’étend de manière unique à X et on associe donc à ΓΓ\Gamma le morphisme σ(Γ):XsΓSymn(Γ)Symn(Y):𝜎Γsuperscriptsubscript𝑠Γ𝑋𝑆𝑦superscript𝑚𝑛Γ𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑌\sigma(\Gamma):X\stackrel{{\scriptstyle s_{\Gamma}}}{{\rightarrow}}Sym^{n}(\Gamma)\rightarrow Sym^{n}(Y).

(ii) Soit γVCor(V,Y)subscript𝛾𝑉𝐶𝑜𝑟𝑉𝑌\gamma_{V}\in Cor(V,Y) avec V ouvert non vide de X. Montrons que γVsubscript𝛾𝑉\gamma_{V} s’étend à Cor(X,Y) si et seulement si σ(γV):VsγVSymn(Γ)Symn(Y):𝜎subscript𝛾𝑉superscriptsubscript𝑠subscript𝛾𝑉𝑉𝑆𝑦superscript𝑚𝑛Γ𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑌\sigma(\gamma_{V}):V\stackrel{{\scriptstyle s_{\gamma_{V}}}}{{\rightarrow}}Sym^{n}(\Gamma)\rightarrow Sym^{n}(Y), n=deg(γV)𝑛𝑑𝑒𝑔subscript𝛾𝑉n=deg(\gamma_{V}) s’étend à X. Soit ZVsubscript𝑍𝑉Z_{V} le support de cycle γVsubscript𝛾𝑉\gamma_{V}, Z son adhérence dans X×Y𝑋𝑌X\times Y. Alors γVsubscript𝛾𝑉\gamma_{V} s’étend à X si et seulement si Z est fini sur X. Supposons que σ(γV)𝜎subscript𝛾𝑉\sigma(\gamma_{V}) s’étend à XSymn(Y)𝑋𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑌X\rightarrow Sym^{n}(Y). On considère Ynsuperscript𝑌𝑛Y^{n} comme un schéma fini sur Symn(Y)𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑌Sym^{n}(Y), et soit Z~:=Yn×Symn(Y)Xassign~𝑍subscript𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑌superscript𝑌𝑛𝑋\tilde{Z}:=Y^{n}\times_{Sym^{n}(Y)}X et Z’ l’image dans X×Y𝑋𝑌X\times Y par n’importe quelle projection de YnYsuperscript𝑌𝑛𝑌Y^{n}\rightarrow Y. On a alors que Z’ est fini sur X et ZZVsubscript𝑍𝑉superscript𝑍Z^{\prime}\supset Z_{V} donc Z est fini sur X, ce qu’on voulait.

(iii) D’après (ii), il nous suffit de vérifier l’isomorphisme au point générique η𝜂\eta de X. En remplaçant k par η𝜂\eta et Y par Yηsubscript𝑌𝜂Y_{\eta}, on peut supposer X=Spec(k)𝑋𝑆𝑝𝑒𝑐𝑘X=Spec(k), donc Cor(X,Y) est le groupe des zéros-cycles de Y. Comme c’est clairement un isomorphisme pour k algébriquement clos, on a par la théorie de Galois que c’est vrai si k est parfait, le cas général s’en déduit en prenant la clôture parfaite. En effet, pour une extension finie k’/k de corps les compositions des morphismes canoniques de Z0(Y)Z0(Yk)subscript𝑍0𝑌subscript𝑍0subscript𝑌superscript𝑘Z_{0}(Y)\rightleftharpoons Z_{0}(Y_{k^{\prime}}) font la multiplication par [k’:k] et (SymX)(k)(SymX)(k)𝑆𝑦𝑚𝑋𝑘𝑆𝑦𝑚𝑋superscript𝑘(SymX)(k)\rightarrow(SymX)(k^{\prime}) est injective.

(iv) Soit γ𝛾\gamma dans Cor(X,Y)eff𝐶𝑜𝑟superscript𝑋𝑌𝑒𝑓𝑓Cor(X,Y)^{eff} et γsuperscript𝛾\gamma^{\prime} dans Cor(Y,Z)eff𝐶𝑜𝑟superscript𝑌𝑍𝑒𝑓𝑓Cor(Y,Z)^{eff} on a σ(γγ)=σ(γ)σ(γ)𝜎superscript𝛾𝛾𝜎superscript𝛾𝜎𝛾\sigma(\gamma^{\prime}\gamma)=\sigma(\gamma^{\prime})\circ\sigma(\gamma)σ(γ)𝜎𝛾\sigma(\gamma) est vu comme un morphisme de Sym(X) vers Sym(Y). Comme en (3), on se ramène à X=Spec(k) et γ=yY(k)𝛾𝑦𝑌𝑘\gamma=y\in Y(k). On peut supposer γsuperscript𝛾\gamma^{\prime} effective et en remplacant Y par un voisinage affine de γ(y)superscript𝛾𝑦\gamma^{\prime}(y), que Z=Spec(B). Alors z:=σ(γγ)assign𝑧𝜎superscript𝛾𝛾z:=\sigma(\gamma^{\prime}\gamma) et z:=σ(γ)σ(γ)assignsuperscript𝑧𝜎superscript𝛾𝜎𝛾z^{\prime}:=\sigma(\gamma^{\prime})\circ\sigma(\gamma) sont des k-points de Symn(Z)=Spec(B)Σn𝑆𝑦superscript𝑚𝑛𝑍𝑆𝑝𝑒𝑐superscript𝐵subscriptΣ𝑛Sym^{n}(Z)=Spec(B)^{\Sigma_{n}}. Cette algèbre est engendrée par les bnsuperscript𝑏tensor-productabsent𝑛b^{\otimes n} qui ne s’annule pas en γ(y)superscript𝛾𝑦\gamma^{\prime}(y) et il faut voir que bn(z)=bn(z)superscript𝑏tensor-productabsent𝑛𝑧superscript𝑏tensor-productabsent𝑛superscript𝑧b^{\otimes n}(z)=b^{\otimes n}(z^{\prime}). Si γ(y)=ni[zi]superscript𝛾𝑦subscript𝑛𝑖delimited-[]subscript𝑧𝑖\gamma^{\prime}(y)=\sum{n_{i}[z_{i}]}, alors bn(γ(y))=Nmk(zi)/k(b(zi)ni)superscript𝑏tensor-productabsent𝑛𝛾𝑦product𝑁subscript𝑚𝑘subscript𝑧𝑖𝑘𝑏superscriptsubscript𝑧𝑖subscript𝑛𝑖b^{\otimes n}(\gamma(y))=\prod{Nm_{k(z_{i})/k}(b(z_{i})^{n_{i}})}Nmk(zi)/k:k(zi)k:𝑁subscript𝑚𝑘subscript𝑧𝑖𝑘𝑘subscript𝑧𝑖𝑘Nm_{k(z_{i})/k}:k(z_{i})\rightarrow k est l’application norme. De plus, bn(z)superscript𝑏tensor-productabsent𝑛superscript𝑧b^{\otimes n}(z^{\prime}) est le déterminant de la multiplication par b sur la fibre dérivée Liy𝒜X𝐿subscriptsuperscript𝑖𝑦subscript𝒜𝑋Li^{*}_{y}\mathcal{A}_{X} de 𝒜Xsubscript𝒜𝑋\mathcal{A}_{X} en y. C’est un complexe de B-modules supporté en les zisubscript𝑧𝑖{z_{i}} et de caractéristique d’Euler-Poincaré en zisubscript𝑧𝑖z_{i} les nisubscript𝑛𝑖n_{i}.

3.2 Faisceaux et transferts

Définition 9

Un préfaisceau avec transferts est un foncteur additif contravariant
F:SmCor/kAb:𝐹𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘𝐴𝑏F:SmCor/k\rightarrow Ab. On note PST(k) la catégorie de tels foncteurs. Pour ce paragraphe, on se reférera à [32].

Remarque: D’après Weibel, on a que PST(k) est abélienne et admet assez de projectifs et d’injectifs. Nous n’en n’aurons pas l’utilité, mais il s’avère que c’est très important dans le cadre de la catégorie homotopique stable des schémas.

Exemples: Le faisceau des sections globales est canoniquement muni de transferts (cf plus loin). Les faisceaux représentables fournissent également une classe importante de préfaisceaux avec transferts. Si XSm/k𝑋𝑆𝑚𝑘X\in Sm/k, on notera tr(X)subscript𝑡𝑟𝑋\mathbb{Z}_{tr}(X), le faisceau répresentable qui s’en déduit. Dans ce paragraphe, on rappelle quelques propriétés de la topologie Nisnevich dont nous aurons besoin plus tard.

Définition 10

Une famille de morphismes étales {pi:UiX}conditional-setsubscript𝑝𝑖subscript𝑈𝑖𝑋\{p_{i}:U_{i}\rightarrow X\} est un recouvrement Nisnevich, si il a la propriété de relèvement suivante: Pour tout xX𝑥𝑋x\in X, il existe i et uUi𝑢subscript𝑈𝑖u\in U_{i} tel que pi(u)=xsubscript𝑝𝑖𝑢𝑥p_{i}(u)=x et le morphisme induit k(x)k(u)𝑘𝑥𝑘𝑢k(x)\rightarrow k(u) est un isomorphisme.

Exemple: Pour illustrer le côté arithmétique de la topologie Nisnevich et un de ses avantages par rapport à la topologie étale, on a l’exemple suivant. Soit k un corps de caractéristique différente de deux, les deux morphismes U0=𝔸1{a}𝔸1subscript𝑈0superscript𝔸1𝑎superscript𝔸1U_{0}=\mathbb{A}^{1}-\{a\}\rightarrow\mathbb{A}^{1} et U1=𝔸1{0}zz2𝔸1subscript𝑈1superscript𝔸10superscript𝑧superscript𝑧2superscript𝔸1U_{1}=\mathbb{A}^{1}-\{0\}\stackrel{{\scriptstyle z\rightarrow z^{2}}}{{\rightarrow}}\mathbb{A}^{1} forment un recouvrement Nisnevich si et seulement si a(k)2𝑎superscriptsuperscript𝑘2a\in(k^{*})^{2} et un recouvrement étale pour tout a non nul.

Lemme 2

Si {pi:UiX}conditional-setsubscript𝑝𝑖subscript𝑈𝑖𝑋\{p_{i}:U_{i}\rightarrow X\} est un recouvrement Nisnevich, il existe un ouvert non vide VX𝑉𝑋V\subset X et un indice i tel que Ui,VVsubscript𝑈𝑖𝑉𝑉U_{i,V}\rightarrow V admet une section.

Pour chaque point générique x de X, il y a un point générique uUi𝑢subscript𝑈𝑖u\in U_{i} tel que k(x)k(u)𝑘𝑥𝑘𝑢k(x)\cong k(u). On a donc un morphisme birationnel entre les composantes irréductibles de Uisubscript𝑈𝑖U_{i} et X, i-e UiXsubscript𝑈𝑖𝑋U_{i}\rightarrow X on a une section sur un ouvert V contenant x.

Remarque: Les points pour la topologie de Nisnevich sont les anneaux locaux henséliens. En effet, si {UiSpec(R)}subscript𝑈𝑖𝑆𝑝𝑒𝑐𝑅\{U_{i}\rightarrow Spec(R)\} est un recouvrement Nisnevich, avec R hensélien, alors un certain Uisubscript𝑈𝑖U_{i} est fini étale d’où UiSpec(R)subscript𝑈𝑖𝑆𝑝𝑒𝑐𝑅U_{i}\rightarrow Spec(R) est scindé et donc tout recouvrement Nisnevich admet un raffinement par le recouvrement trivial.

La raison fondamentale qui justifie en grande partie l’utilisation de la topologie étale ou Nisnevich par rapport à la topologie de Zariski est le lemme suivant:

Lemme 3

(Prop 6.12 [21])
p:UX:𝑝𝑈𝑋p:U\rightarrow X un recouvrement étale (ou Nisnevich). On définit tr(Uˇ)subscript𝑡𝑟ˇ𝑈\mathbb{Z}_{tr}(\check{U}) le complexe de Cech: ..absent\textstyle{..\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p0p1+p2subscriptp0subscriptp1subscriptp2\scriptstyle{p_{0}-p_{1}+p_{2}}tr(U×U)subscripttrUU\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}(U\times U)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p0p1subscriptp0subscriptp1\scriptstyle{p_{0}-p_{1}}tr(U)subscripttrU\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}(U)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}. Alors tr(Uˇ)subscript𝑡𝑟ˇ𝑈\mathbb{Z}_{tr}(\check{U}) est une résolution étale (resp Nisnevich) de tr(X)subscript𝑡𝑟𝑋\mathbb{Z}_{tr}(X), i-e tr(Uˇ)tr(X) 0subscript𝑡𝑟ˇ𝑈subscript𝑡𝑟𝑋 0\mathbb{Z}_{tr}(\check{U})\rightarrow\mathbb{Z}_{tr}(X)\rightarrow\leavevmode\nobreak\ 0 est exact.

Preuve 3

On le traite dans le cas étale, le cas Nisnevich ne nécessite que des modifications mineures. Comme c’est un complexe de faisceaux, il suffit de le vérifier en chacun des points. Comme les points en topologie étale sont les schémas henséliens strictement locaux, il suffit de montrer que pour tout schéma hensélien local S sur k, la suite de groupes abéliens:

..absent\textstyle{..\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}tr(U)(S)subscript𝑡𝑟𝑈𝑆\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}(U)(S)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p0p1subscript𝑝0subscript𝑝1\scriptstyle{p_{0}-p_{1}}tr(X)(S)subscript𝑡𝑟𝑋𝑆\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}(X)(S)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}

(*) est exacte.

Pour prouver l’exactitude, on a besoin d’une étape supplémentaire. Soit Z un sous-schéma de X×S𝑋𝑆X\times S qui est quasi-fini sur S. On note L(Z/S) le groupe abélien libre engendré par les composantes irréductibles de Z qui sont finies surjectives sur S. On a que L(Z/S) est fonctoriel et covariant en Z par rapport au morphismes quasi-finis sur S. Clairement la suite (*) s’obtient que la limite inductive de complexes de la forme:

..absent\textstyle{..\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}tr(Z×U)subscript𝑡𝑟𝑍𝑈\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}(Z\times U)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}L(Z/S)𝐿𝑍𝑆\textstyle{L(Z/S)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}

(**)

où la limite est prise sur tous les sous-schémas de X×S𝑋𝑆X\times S qui sont finis surjectifs sur S. On est donc ramené à montrer l’exactitude de (**). Comme S est hensélien, on a alors que Z est également hensélien, comme il est fini surjectif sur S, d’ou ZU:=Z×UZassignsubscript𝑍𝑈𝑍𝑈𝑍Z_{U}:=Z\times U\rightarrow Z se scinde Soit s1subscript𝑠1s_{1} une section. On pose ZU,Zk=ZU×..×ZUZ_{U,Z}^{k}=Z_{U}\times..\times Z_{U}. Il suffit de montrer que les sk:L((ZU,Z)k/S)L((ZU,Z)k+1/S):subscript𝑠𝑘𝐿superscriptsubscript𝑍𝑈𝑍𝑘𝑆𝐿superscriptsubscript𝑍𝑈𝑍𝑘1𝑆s_{k}:L((Z_{U,Z})^{k}/S)\rightarrow L((Z_{U,Z})^{k+1}/S) sont des homotopies contractantes où sk=L(s1×id(ZU,Z)k)subscript𝑠𝑘𝐿subscript𝑠1𝑖subscript𝑑superscriptsubscript𝑍𝑈𝑍𝑘s_{k}=L(s_{1}\times id_{(Z_{U,Z})^{k}}).

Remarque: En topologie de Zariski, ce lemme est faux. En effet, si UiXsubscript𝑈𝑖𝑋U_{i}\rightarrow X est un recouvrement Zariski d’un schéma X connexe semi-local fini sur S local; en prenant le graphe ΓΓ\Gamma de X, on vérifie qu’il ne provient pas d’un élement de tr(Ui)(S)direct-sumsubscript𝑡𝑟subscript𝑈𝑖𝑆\oplus\mathbb{Z}_{tr}(U_{i})(S).

Définition 11

Un faisceau Nisnevich (étale, Zariski, ou pour n’importe quelle topologie de son choix) avec transferts est un préfaisceau avec transferts dont le préfaisceau sous-jacent est un faisceau Nisnevich (de même,….) sur Sm/k.

Proposition 3

Soit F un préfaisceau avec transferts, alors on peut faisceautiser F dans PST(k) en un faisceau Nisnevich avec transferts de manière unique avec la propriété universelle qu’on connaît. En d’autres termes, le foncteur d’oubli de ShNis(SmCor/k)PST(k)𝑆subscript𝑁𝑖𝑠𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘𝑃𝑆𝑇𝑘Sh_{Nis}(SmCor/k)\rightarrow PST(k) admet un adjoint à droite aNissubscript𝑎𝑁𝑖𝑠a_{Nis} qui est exact et commute avec le foncteur d’oubli des faisceaux sur Sm/k.

Preuve 4

cf Th 13.1 [21].

3.3 Localisation dans une catégorie

Soient C une catégorie, S une famille de morphismes.

Définition 12

Une localisation de C par S est la donnée d’une catégorie CSsubscript𝐶𝑆C_{S} et un foncteur Q:CCS:𝑄𝐶subscript𝐶𝑆Q:C\rightarrow C_{S} satisfaisant:

  1. 1.

    Pour tout sS𝑠𝑆s\in S, Q(s) est un isomorphisme.

  2. 2.

    Pour tout foncteur F:𝒞𝒜:𝐹𝒞𝒜F:\mathcal{C}\rightarrow\mathcal{A} tel que F(s) est un isomorphisme pour tout sS𝑠𝑆s\in S, il existe un foncteur FS:𝒞S𝒜:subscript𝐹𝑆subscript𝒞𝑆𝒜F_{S}:\mathcal{C}_{S}\rightarrow\mathcal{A} et un isomorphisme FF(s)Q𝐹𝐹𝑠𝑄F\cong F(s)\circ Q,

    𝒞𝒞\textstyle{\mathcal{C}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Q𝑄\scriptstyle{Q}F𝐹\scriptstyle{F}𝒜𝒜\textstyle{\mathcal{A}}𝒞Ssubscript𝒞𝑆\textstyle{\mathcal{C}_{S}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}FSsubscript𝐹𝑆\scriptstyle{F_{S}}
  3. 3.

    Si G1subscript𝐺1G_{1} et G2subscript𝐺2G_{2} sont deux objets de Fct(𝒞S,𝒜)𝐹𝑐𝑡subscript𝒞𝑆𝒜Fct(\mathcal{C}_{S},\mathcal{A}) alors l’application naturelle: HomFct(𝒞S,𝒜)(G1,G2)HomFct(𝒞,𝒜)(G1Q,G2Q)𝐻𝑜subscript𝑚𝐹𝑐𝑡subscript𝒞𝑆𝒜subscript𝐺1subscript𝐺2𝐻𝑜subscript𝑚𝐹𝑐𝑡𝒞𝒜subscript𝐺1𝑄subscript𝐺2𝑄Hom_{Fct(\mathcal{C}_{S},\mathcal{A})}(G_{1},G_{2})\rightarrow Hom_{Fct(\mathcal{C},\mathcal{A})}(G_{1}\circ Q,G_{2}\circ Q) est un isomorphisme.

Remarque: (c) signifie que le foncteur Q:Fct(𝒞S,𝒜)Fct(𝒞,𝒜)\circ Q:Fct(\mathcal{C}_{S},\mathcal{A})\rightarrow Fct(\mathcal{C},\mathcal{A}) est pleinement fidèle. Cela implique que FSsubscript𝐹𝑆F_{S} dans (2) est unique à unique isomorphisme près.

Proposition 4

Si CSsubscript𝐶𝑆{C}_{S} existe, elle est unique à équivalence de catégories près.

Définition 13

On dit que S est un système multiplicatif à droite si il verifie les axiomes ci-dessus.

  1. 1.

    Pour tout X𝒞𝑋𝒞X\in\mathcal{C}, idX𝒮𝑖subscript𝑑𝑋𝒮id_{X}\in\mathcal{S}.

  2. 2.

    Pour f𝒮𝑓𝒮f\in\mathcal{S}, g𝒮𝑔𝒮g\in\mathcal{S}, si gf𝑔𝑓g\circ f existe, gf𝒮𝑔𝑓𝒮g\circ f\in\mathcal{S}

  3. 3.

    Soient deux morphismes, f:XYets:XX:𝑓𝑋𝑌𝑒𝑡𝑠:𝑋superscript𝑋f:X\rightarrow Yets:X\rightarrow X^{\prime} avec s𝒮𝑠𝒮s\in\mathcal{S}, il existe t:YY:𝑡𝑌superscript𝑌t:Y\rightarrow Y^{\prime} et g:XY:𝑔superscript𝑋superscript𝑌g:X^{\prime}\rightarrow Y^{\prime} avec t𝒮𝑡𝒮t\in\mathcal{S} et gs=tf𝑔𝑠𝑡𝑓g\circ s=t\circ f. On le représente par le diagramme:

    XXsfYXgYXsfYtsuperscript𝑋𝑋𝑠𝑓𝑌superscript𝑋𝑔superscript𝑌𝑋𝑠𝑓𝑌𝑡\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 8.3047pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-8.3047pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X^{\prime}}$}}}}}}}{\hbox{\kern-7.53471pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-18.80554pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{s}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 14.569pt\raise-31.49998pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.75pt\hbox{$\scriptstyle{f}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 32.3047pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 32.3047pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{Y}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces\Rightarrow\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 8.3047pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-8.3047pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X^{\prime}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 15.24934pt\raise-5.18748pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.8264pt\hbox{$\scriptstyle{g}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 32.3047pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}{\hbox{\kern 32.3047pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{Y^{\prime}}$}}}}}}}{\hbox{\kern-7.53471pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-18.80554pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{s}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 14.95401pt\raise-31.49998pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.75pt\hbox{$\scriptstyle{f}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 33.0747pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 33.0747pt\raise-37.61108pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{Y\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 40.0886pt\raise-18.80554pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.15279pt\hbox{$\scriptstyle{t}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 40.0886pt\raise-3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces

  4. 4.

    Soient f,g:XY:𝑓𝑔𝑋𝑌f,g:X\rightarrow Y deux morphismes parallèles. Si il existe s𝒮𝑠𝒮s\in\mathcal{S}: WX𝑊𝑋W\rightarrow X tel que gs=fs𝑔𝑠𝑓𝑠g\circ s=f\circ s, alors il existe t𝒮:YZ:𝑡𝒮𝑌𝑍t\in\mathcal{S}:Y\rightarrow Z tel que tf=tg𝑡𝑓𝑡𝑔t\circ f=t\circ g. On le résume par le diagramme suivant:

    W𝑊\textstyle{W\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}s𝑠\scriptstyle{s}X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f𝑓\scriptstyle{f}g𝑔\scriptstyle{g}Y𝑌\textstyle{Y\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}t𝑡\scriptstyle{t}Z𝑍\textstyle{Z}

Remarque: On peut définir de manière analogue un système multiplicatif à gauche.

Définition 14

Soit S un système multiplicatif à droite et X𝒞𝑋𝒞X\in\mathcal{C}. On définit la catégorie SXsuperscript𝑆𝑋S^{X} comme suit: Ob(SX)={s:XX/s𝒮}𝑂𝑏superscript𝑆𝑋conditional-set𝑠𝑋superscript𝑋𝑠𝒮Ob(S^{X})=\{s:X\rightarrow X^{\prime}/s\in\mathcal{S}\} Hom((s:XX),(s:XX′′))={h:XX′′/hs=s}Hom((s:X\rightarrow X^{\prime}),(s:X\rightarrow X^{\prime\prime}))=\{h:X\rightarrow X^{\prime\prime}/h\circ s=s^{\prime}\}.

Proposition 5

Si S est un système multiplicatif à droite, alors la catégorie SXsuperscript𝑆𝑋S^{X} est filtrante.

La preuve est facile et laissée en exercice.

Définition 15

Pour S un système multiplicatif à droite et X,Y dans Ob(𝒞)𝑂𝑏𝒞Ob(\mathcal{C}). On considère la categorie 𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscript𝑆1\mathcal{C}[S^{-1}] avec les mêmes objets que 𝒞𝒞\mathcal{C} et comme groupes de morphismes: Hom𝒞S1(X,Y)=limYHom𝒞(X,Y)𝐻𝑜subscript𝑚subscript𝒞superscript𝑆1𝑋𝑌subscriptinjective-limitsuperscript𝑌𝐻𝑜subscript𝑚𝒞𝑋superscript𝑌Hom_{\mathcal{C}_{S^{-1}}}(X,Y)=\varinjlim_{Y^{\prime}}Hom_{\mathcal{C}}(X,Y^{\prime}).

On note Q:𝒞𝒞[S1]:𝑄𝒞𝒞delimited-[]superscript𝑆1Q:\mathcal{C}\rightarrow\mathcal{C}[S^{-1}] le foncteur canonique.

Théorème 2

(Verdier)
(i) 𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscript𝑆1\mathcal{C}[S^{-1}] est une catégorie additive munie d’un automorphisme T.
(ii) 𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscript𝑆1\mathcal{C}[S^{-1}] est une catégorie triangulée où un triangle T est distingué si T est isomorphe à l’image par Q d’un triangle distingué de 𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscript𝑆1\mathcal{C}[S^{-1}].
(iii) La catégorie 𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscript𝑆1\mathcal{C}[S^{-1}] vérifie la propriété universelle suivante:
Pour tout foncteur F:𝒞𝒜:𝐹𝒞𝒜F:\mathcal{C}\rightarrow\mathcal{A} tel que F(s) est un isomorphisme pour s dans S, on a la factorisation suivante:
𝒞𝒞\textstyle{\mathcal{C}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}FF\scriptstyle{F}QQ\scriptstyle{Q}𝒞[S1]𝒞delimited-[]superscriptS1\textstyle{\mathcal{C}[S^{-1}]}𝒜𝒜\textstyle{\mathcal{A}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

3.4 Catégorie triangulée de motifs mixtes géométriques

On considère Kb(SmCor/k)superscript𝐾𝑏𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘K^{b}({SmCor/k}) la catégorie homotopique bornée. On va localiser par rapport à une certaine classe de complexes pour avoir la propriété de Mayer-Vietoris et l’invariance homotopique. On considère donc la classe T de complexes de la forme:

(1) [X×𝔸1][X]delimited-[]𝑋superscript𝔸1delimited-[]𝑋[X\times\mathbb{A}^{1}]\rightarrow[X] pour X lisse séparé sur k.

(2) [UV]jUjV[U][V]jUjV[X]superscriptdirect-sumsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉delimited-[]𝑈𝑉direct-sumdelimited-[]𝑈delimited-[]𝑉superscriptsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉delimited-[]𝑋[U\cap V]\stackrel{{\scriptstyle j_{U}\oplus j_{V}}}{{\rightarrow}}[U]\oplus[V]\stackrel{{\scriptstyle j_{U}-j_{V}}}{{\rightarrow}}[X]

avec U, V recouvrement ouvert de X comme ci-dessus.

On note alors DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k) la catégorie obtenue en quotientant Kb(SmCor/k)superscript𝐾𝑏𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘K^{b}({SmCor/k}) par la sous catégorie épaisse T¯¯𝑇\bar{T} minimale contenant T et en prenant ensuite l’enveloppe pseudo-abélienne. On remarquera qu’en ce qui concerne la structure triangulée, il n’est pas évident a priori que l’enveloppe pseudo-abélienne le soit aussi, mais c’est pourtant vrai d’après Balmer-Schlichting [3]. On note Mgmsubscript𝑀𝑔𝑚M_{gm} le foncteur de Sm/k vers DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k). On a le lemme trivial suivant:

Lemme 4

Dans DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k), on a le triangle distingué suivant dit de Mayer-Vietoris:

(1) Mgm([UV])jUjVMgm([U][V])jUjVMgm([X])Mgm([UV][1])superscriptdirect-sumsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑈𝑉subscript𝑀𝑔𝑚direct-sumdelimited-[]𝑈delimited-[]𝑉superscriptsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑈𝑉delimited-[]1M_{gm}([U\cap V])\stackrel{{\scriptstyle j_{U}\oplus j_{V}}}{{\rightarrow}}M_{gm}([U]\oplus[V])\stackrel{{\scriptstyle j_{U}-j_{V}}}{{\rightarrow}}M_{gm}([X])\rightarrow M_{gm}([U\cap V][1]).

La structure tensorielle sur SmCor/k s’étend naturellement à Kb(SmCor/k)superscript𝐾𝑏𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘K^{b}({SmCor/k}) et descend à DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k) par propriété universelle de la localisation. On a donc une structure naturelle de catégorie monoïdale symétrique sur DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k) et qui fait de Mgmsubscript𝑀𝑔𝑚M_{gm} un foncteur tensoriel. On notera donc au passage, la remarquable identité dite de Künneth:

Mgm([X])Mgm([Y])=Mgm([X×Y])tensor-productsubscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑌subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋𝑌M_{gm}([X])\otimes M_{gm}([Y])=M_{gm}([X\times Y]).

On a l’objet unité Mgm(Spec(k))subscript𝑀𝑔𝑚𝑆𝑝𝑒𝑐𝑘M_{gm}(Spec(k)) que l’on notera \mathbb{Z}. On pose (1):=M~gm(1)[2]assign1subscript~𝑀𝑔𝑚superscript1delimited-[]2\mathbb{Z}(1):=\tilde{M}_{gm}(\mathbb{P}^{1})[-2]M~gm(X)subscript~𝑀𝑔𝑚𝑋\tilde{M}_{gm}(X) désigne le motif réduit de X représenté par
[X][Spec(k)]delimited-[]𝑋delimited-[]𝑆𝑝𝑒𝑐𝑘[X]\rightarrow[Spec(k)] dans Kb(SmCor/k)superscript𝐾𝑏𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘K^{b}({SmCor/k}). On l’appelle le motif de Tate et on note (n)𝑛\mathbb{Z}(n) sa n-ième puissance tensorielle. De même, on pose A(n)=A(n)𝐴𝑛tensor-product𝐴𝑛A(n)=A\otimes\mathbb{Z}(n).

Pour obtenir la définition des motifs sur k, il ne nous reste plus qu’à inverser le motif de Tate. On définit donc DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k) la catégorie dont les objets sont les couples (A,n) avec A dans DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k) et n𝑛n\in\mathbb{Z}. De plus, Hom((A,n),(B,m))=limkHomDMgmeff(k)(A(k+n),B(k+m))𝐻𝑜𝑚𝐴𝑛𝐵𝑚subscriptinjective-limit𝑘𝐻𝑜subscript𝑚𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘𝐴𝑘𝑛𝐵𝑘𝑚Hom((A,n),(B,m))=\varinjlim_{k}Hom_{DM_{gm}^{eff}(k)}(A(k+n),B(k+m)).

Cette fois-ci la structure tensorielle sur DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k) est moins évidente et il est faux en général que l’on conserve la structure tensorielle en inversant un objet Q, cependant c’est effectivement le cas si l’involution de permutation sur QQtensor-product𝑄𝑄Q\otimes Q est l’identité. Pour obtenir ce résultat, on rappelle certaines propriétés des motifs purs.

Définition 16

On note Choweff(k)𝐶𝑜superscript𝑤𝑒𝑓𝑓𝑘Chow^{eff}(k) la catégorie des motifs de Chow dont les objets sont les k-schémas lisses projectifs et les morphismes donnés par CHdimX(X×Y)𝐶superscript𝐻𝑑𝑖𝑚𝑋𝑋𝑌CH^{dimX}(X\times Y) cycles de dimension d dans X×Y𝑋𝑌X\times Y(si X connexe sinon, faire la somme sur les composantes connexes) avec comme loi de composition la même que celle des correspondances finies. On note Choweff(k)𝐶𝑜superscript𝑤𝑒𝑓𝑓𝑘Chow^{eff}(k), l’enveloppe pseudo-abélienne. On note Chow le foncteur de SmProj/k vers Choweff(k)𝐶𝑜superscript𝑤𝑒𝑓𝑓𝑘Chow^{eff}(k).

Proposition 6

On a le diagramme commutatif suivant:

SmProj/k𝑆𝑚𝑃𝑟𝑜𝑗𝑘\textstyle{SmProj/k\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Chow𝐶𝑜𝑤\scriptstyle{Chow}Sm/k𝑆𝑚𝑘\textstyle{Sm/k\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Mgmsubscript𝑀𝑔𝑚\scriptstyle{M_{gm}}Choweff(k)𝐶𝑜superscript𝑤𝑒𝑓𝑓𝑘\textstyle{Chow^{eff}(k)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘\textstyle{DM_{gm}^{eff}(k)}
Preuve 5

Il faut montrer que pour X, Y des variétés projectives lisses, il y a un morphisme canonique:

CHdimX(X×Y)HomDMgmeff(k)(Mgm(X),Mgm(Y))𝐶superscript𝐻𝑑𝑖𝑚𝑋𝑋𝑌𝐻𝑜subscript𝑚𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘subscript𝑀𝑔𝑚𝑋subscript𝑀𝑔𝑚𝑌CH^{dimX}(X\times Y)\rightarrow Hom_{DM_{gm}^{eff}(k)}({M}_{gm}(X),{M}_{gm}(Y)).

On note h0(X,Y)subscript0𝑋𝑌h_{0}(X,Y) le conoyau du morphisme Cor(X×𝔸1,Y)Cor(X,Y)𝐶𝑜𝑟𝑋superscript𝔸1𝑌𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌Cor(X\times\mathbb{A}^{1},Y)\rightarrow Cor(X,Y) donné par la différence des restrictions de X×0𝑋0X\times{0} et X×1𝑋1X\times{1}. On a alors que le morphisme évident Cor(X,Y)HomDMgmeff(k)(Mgm(X),Mgm(Y))𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌𝐻𝑜subscript𝑚𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘subscript𝑀𝑔𝑚𝑋subscript𝑀𝑔𝑚𝑌Cor(X,Y)\rightarrow Hom_{DM_{gm}^{eff}(k)}({M}_{gm}(X),{M}_{gm}(Y)) se factorise par h0(X,Y)subscript0𝑋𝑌h_{0}(X,Y). Or, on a d’après [11] un morphisme canonique Cor(X,Y)CHdimX(X×Y)𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌𝐶superscript𝐻𝑑𝑖𝑚𝑋𝑋𝑌Cor(X,Y)\rightarrow CH^{dimX}(X\times Y) qui est un isomorphisme.

On déduit donc de la proposition ci-dessus et du fait correspondant dans les motifs de Chow que l’involution de permutation est l’identité. On a donc obtenu le corollaire suivant. DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k) est une catégorie triangulée tensorielle sur k.

On a la théorème naturel sur DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k):

Théorème 3

(Voevodsky, [32],4.3.1)
(i) Pour tous M, N dans DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k), l’homomorphisme canonique:

HomDMgmeff(k)(M,N)HomDMgmeff(k)(M(1),N(1))𝐻𝑜subscript𝑚𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘𝑀𝑁𝐻𝑜subscript𝑚𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘𝑀1𝑁1Hom_{DM_{gm}^{eff}(k)}(M,N)\rightarrow Hom_{DM_{gm}^{eff}(k)}(M(1),N(1))

est un isomorphisme.

(ii) Le foncteur i:DMgmeff(k)DMgm(k):𝑖𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘i:DM_{gm}^{eff}(k)\rightarrow DM_{gm}(k) est un foncteur pleinement fidèle.

On a également une formule pour le fibré projectif.

Proposition 7

Soit X un k-schéma lisse, \mathcal{E} un fibré vectoriel sur X, on a un isomorphisme canonique dans DMgmeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{gm}^{eff}(k):

Mgm((E))=ndim E1Mgm(X)(n)[2n]subscript𝑀𝑔𝑚𝐸subscriptdirect-sum𝑛dim E1subscript𝑀𝑔𝑚𝑋𝑛delimited-[]2𝑛M_{gm}(\mathbb{P}(E))=\oplus_{n\geq\text{dim E}-1}M_{gm}(X)(n)[2n]

Preuve 6

On suppose d=dim E>0𝑑dim E0d=\text{dim E}>0. Soit 𝒪(1)𝒪1\mathcal{O}(1) le faisceau inversible sur (E)𝐸\mathbb{P}(E). Par [31], Cor 3.4.3, il définit un morphisme τ1:Mgm((E))(1)[2]:subscript𝜏1subscript𝑀𝑔𝑚𝐸1delimited-[]2\tau_{1}:M_{gm}(\mathbb{P}(E))\rightarrow\mathbb{Z}(1)[2]. Pour n0𝑛0n\geq 0, on pose τnsubscript𝜏𝑛\tau_{n} la composition:

Mgm((E))Mgm(Δ)Mgm((E)n)=Mgm((E)n)(n)[2n]superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚Δsubscript𝑀𝑔𝑚𝐸subscript𝑀𝑔𝑚superscript𝐸𝑛subscript𝑀𝑔𝑚superscript𝐸tensor-productabsent𝑛𝑛delimited-[]2𝑛M_{gm}(\mathbb{P}(E))\stackrel{{\scriptstyle M_{gm}(\Delta)}}{{\rightarrow}}M_{gm}(\mathbb{P}(E)^{n})=M_{gm}(\mathbb{P}(E)^{\otimes n})\rightarrow\mathbb{Z}(n)[2n].

Soit alors σnsubscript𝜎𝑛\sigma_{n} la composition:

Mgm((E))Mgm(Δ)Mgm((E))Mgm(())qτnMgm(X)(n)[2n]superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚Δsubscript𝑀𝑔𝑚𝐸tensor-productsubscript𝑀𝑔𝑚𝐸subscript𝑀𝑔𝑚superscripttensor-product𝑞subscript𝜏𝑛subscript𝑀𝑔𝑚𝑋𝑛delimited-[]2𝑛M_{gm}(\mathbb{P}(E))\stackrel{{\scriptstyle M_{gm}(\Delta)}}{{\rightarrow}}M_{gm}(\mathbb{P}(E))\otimes M_{gm}(\mathbb{P}(\mathcal{E}))\stackrel{{\scriptstyle q\otimes\tau_{n}}}{{\rightarrow}}M_{gm}(X)(n)[2n].

q:Mgm((E))Mgm(X):𝑞subscript𝑀𝑔𝑚𝐸subscript𝑀𝑔𝑚𝑋q:M_{gm}(\mathbb{P}(E))\rightarrow M_{gm}(X) induit par le morphisme stuctural. On a alors un morphisme:

Σ=σn:Mgm((E))ndim E1Mgm(X)(n)[2n].:Σdirect-sumsubscript𝜎𝑛subscript𝑀𝑔𝑚𝐸subscriptdirect-sum𝑛dim E1subscript𝑀𝑔𝑚𝑋𝑛delimited-[]2𝑛\Sigma=\oplus{\sigma_{n}}:M_{gm}(\mathbb{P}(E))\rightarrow\oplus_{n\geq\text{dim E}-1}M_{gm}(X)(n)[2n].

Montrons que c’est un isomorphisme. D’abord ΣΣ\Sigma est fonctoriel par rapport à X. En faisant une récurrence sur le nombre d’ouverts dans un recouvrement trivialisant de E, on se ramène au cas où le fibré vectoriel est trivial. Dans ce cas, ΣΣ\Sigma est le produit fibré du fibré trivial sur Spec(k) et IdMgm(X)𝐼subscript𝑑subscript𝑀𝑔𝑚𝑋Id_{M_{gm}(X)}. On a donc à le faire pour le cas du spectre d’un corps et dans ce cas-là, c’est comme dans [32].

3.5 Extension aux variétés singulières

Ce paragraphe ne nous sera pas utile pour la suite, néanmoins, il indique comment on passe de la catégorie des k-schémas lisses aux k-schémas quelconques modulo la résolution des singularités pour le corps de base k, ce qui concerne donc que la caractéristique zéro pour le moment, et peut-être en toute caractéristique avec les travaux récents de Kawanoue et Matsuki [18], [19]. L’objectif est d’étendre le foncteur Mgm:Sm/kDMgmeff(k):subscript𝑀𝑔𝑚𝑆𝑚𝑘𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘M_{gm}:Sm/k\rightarrow DM_{gm}^{eff}(k) en un foncteur
Mgm:Var/kDMgmeff(k):subscript𝑀𝑔𝑚𝑉𝑎𝑟𝑘𝐷superscriptsubscript𝑀𝑔𝑚𝑒𝑓𝑓𝑘M_{gm}:\leavevmode\nobreak\ Var/k\rightarrow\leavevmode\nobreak\ DM_{gm}^{eff}(k). Le foncteur en question vérifiera les propriétés suivantes:

(1) Mgm([X])Mgm([Y])=Mgm([X×Y])tensor-productsubscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑌subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋𝑌M_{gm}([X])\otimes M_{gm}([Y])=M_{gm}([X\times Y]) (structure tensorielle). (2) Mgm([X×𝔸1])=Mgm([X])subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋superscript𝔸1subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋M_{gm}([X\times\mathbb{A}^{1}])=M_{gm}([X]) (invariance homotopique). (3) Mgm([UV])jUjVMgm([U][V])jUjVMgm([X])Mgm([UV][1])superscriptdirect-sumsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑈𝑉subscript𝑀𝑔𝑚direct-sumdelimited-[]𝑈delimited-[]𝑉superscriptsubscript𝑗𝑈subscript𝑗𝑉subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋subscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑈𝑉delimited-[]1M_{gm}([U\cap V])\stackrel{{\scriptstyle j_{U}\oplus j_{V}}}{{\rightarrow}}M_{gm}([U]\oplus[V])\stackrel{{\scriptstyle j_{U}-j_{V}}}{{\rightarrow}}M_{gm}([X])\rightarrow M_{gm}([U\cap V][1]) (Mayer-Vietoris). (4) Mgm(p1(Z))Mgm(Z)Mgm(XZ)Mgm(X)Mgm(p1(Z))[1]subscript𝑀𝑔𝑚superscript𝑝1𝑍direct-sumsubscript𝑀𝑔𝑚𝑍subscript𝑀𝑔𝑚subscript𝑋𝑍subscript𝑀𝑔𝑚𝑋subscript𝑀𝑔𝑚superscript𝑝1𝑍delimited-[]1M_{gm}(p^{-1}(Z))\rightarrow M_{gm}(Z)\oplus M_{gm}(X_{Z})\rightarrow M_{gm}(X)\rightarrow M_{gm}(p^{-1}(Z))[1] (éclatement). (5) Mgm(())=Mgm([X])(n)[2n]subscript𝑀𝑔𝑚direct-sumsubscript𝑀𝑔𝑚delimited-[]𝑋𝑛delimited-[]2𝑛M_{gm}(\mathbb{P}(\mathcal{E}))=\oplus M_{gm}([X])(n)[2n](formule pour le fibré projectif). On a également des suite de Gysin, des motifs à supports compacts et une théorie de la dualité associée.

On note par DMeff(k)𝐷superscriptsubscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑘DM_{-}^{eff}(k) la sous-catégorie pleine de D(ShNis(SmCor/k))superscript𝐷𝑆subscript𝑁𝑖𝑠𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘D^{-}(Sh_{Nis}(SmCor/k)) qui consiste en les complexes qui sont homotopiquement invariants. Commençons par rappeler quelques propriétés générales des préfaisceaux avec transferts. Soit ΔsuperscriptΔ\Delta^{\bullet} l’objet cosimplicial standard de Sm/k. Pour tout préfaisceau F sur Sm/k, soit C(F)subscript𝐶𝐹C_{*}(F) le complexe de préfaisceaux de la forme Cn(F)(X)=F(X×Δn)subscript𝐶𝑛𝐹𝑋𝐹𝑋superscriptΔ𝑛C_{n}(F)(X)=F(X\times\Delta^{n}) avec les différentielles données par les sommes alternées des morphismes qui correspondent aux codégénérescences de ΔnsuperscriptΔ𝑛\Delta^{n}. On a facilement que si F est un préfaisceau avec transferts pour sa topologie favorite alors il en est de même pour son complexe simplicial associé. On note hiNis(F)superscriptsubscript𝑖𝑁𝑖𝑠𝐹h_{i}^{Nis}(F) les faisceaux de cohomologie Hi(C(F))superscript𝐻𝑖subscript𝐶𝐹H^{-i}(C_{*}(F)).

Proposition 8

Pour tout faisceau avec transferts F sur k, les faisceaux hiNis(F)superscriptsubscript𝑖𝑁𝑖𝑠𝐹h_{i}^{Nis}(F) sont invariants par homotopie.

Preuve 7

cf Th 13.8,[21].

Soit X un k-schéma de type fini. On définit le préfaisceau L(X):Sm/kAb:𝐿𝑋𝑆𝑚𝑘𝐴𝑏L(X):Sm/k\rightarrow Ab avec L(X)(U) le groupe abélien libre engendré par les composantes irréductibles Z de X×U𝑋𝑈X\times U qui sont quasi-finies sur U et dominantes sur une composante connexe de U. Pour X un k-schéma de type fini, on écrit C(X)subscript𝐶𝑋C_{*}(X) à la place de C(L(X))subscript𝐶𝐿𝑋C_{*}(L(X)). D’après la proposition ci-dessus, on a alors un foncteur L:Var/kDMeff(k):𝐿𝑉𝑎𝑟𝑘𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑘L:Var/k\rightarrow\leavevmode\nobreak\ DM^{eff}_{-}(k). Nous allons voir que ce foncteur se factorise par DMgmeff(k)𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑔𝑚𝑘DM^{eff}_{gm}(k).

Proposition 9

Soit X un k-schéma de type fini, on suppose X=UV𝑋𝑈𝑉X=U\cup V avec U, V ouverts. Alors on a un triangle distingué de Mayer-Vietoris: C(UV)C(U)C(V)C(X)C(UV)[1]subscript𝐶𝑈𝑉direct-sumsubscript𝐶𝑈subscript𝐶𝑉subscript𝐶𝑋subscript𝐶𝑈𝑉delimited-[]1C_{*}(U\cap V)\rightarrow C_{*}(U)\oplus C_{*}(V)\rightarrow C_{*}(X)\rightarrow C_{*}(U\cap V)[1]

Preuve 8

Il nous suffit de vérifier que l’on a suite exacte de faisceaux Nisnevich:

0L(UV)L(U)L(V)L(X)L(UV)[1]00𝐿𝑈𝑉direct-sum𝐿𝑈𝐿𝑉𝐿𝑋𝐿𝑈𝑉delimited-[]100\rightarrow L(U\cap V)\rightarrow L(U)\oplus L(V)\rightarrow L(X)\rightarrow L(U\cap V)[1]\rightarrow 0

On aura besoin du résultat suivant donné dans sous une forme légèrement différente dans [31] et démontrée dans [32].

Théorème 4

Soit k un corps admettant la résolution des singularités et F un préfaisceau avec transferts sur Sm/k tel que tout pour schéma lisse X et toute section ϕF(X)italic-ϕ𝐹𝑋\phi\in F(X) il y a un morphisme propre birationnel p:XX:𝑝superscript𝑋𝑋p:X^{\prime}\rightarrow X avec F(p)(ϕ)=0𝐹𝑝italic-ϕ0F(p)(\phi)=0 alors le complexe C(F)subscript𝐶𝐹C_{*}(F) est quasi-isomorphe à zéro.

On a alors le corollaire suivant qui fournit le triangle distingué d’éclatement:

Proposition 10

Soit un carré cartésien entre k-schémas de type fini de la forme:

p1(Z)superscript𝑝1𝑍\textstyle{p^{-1}(Z)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}XZsubscript𝑋𝑍\textstyle{X_{Z}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}p𝑝\scriptstyle{p}Z𝑍\textstyle{Z\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X𝑋\textstyle{X}

avec les conditions suivantes:

(i) p:XZX:𝑝subscript𝑋𝑍𝑋p:X_{Z}\rightarrow X est propre et le morphisme ZX𝑍𝑋Z\rightarrow X est une immersion fermée.

(ii) Le morphisme p1(XZ)Xsuperscript𝑝1𝑋𝑍𝑋p^{-1}(X-Z)\rightarrow X est un isomorphisme. Alors il y a un triangle distingué dans DMeff(k)𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑘DM^{eff}_{-}(k) de la forme:

C(p1(Z))C(Z)C(X(Z))C(X)C(p1(Z))[1]C_{*}(p^{-1}(Z))\rightarrow C_{*}(Z)\oplus C_{*}(X_{(}Z))\rightarrow C_{*}(X)\rightarrow C_{*}(p^{-1}(Z))[1].

Preuve 9

Il suffit de voir que la suite de préfaisceaux:

0L(p1(Z))L(Z)L(XZ)L(X)0𝐿superscript𝑝1𝑍direct-sum𝐿𝑍𝐿subscript𝑋𝑍𝐿𝑋0\rightarrow L(p^{-1}(Z))\rightarrow L(Z)\oplus L(X_{Z})\rightarrow L(X)

est exacte et que le préfaisceau quotient vérifie L(X)/(L(Z)L(XZ))𝐿𝑋direct-sumsubscript𝐿𝑍subscript𝐿subscript𝑋𝑍L(X)/(L_{*}(Z)\oplus L_{*}(X_{Z})) les conditions du théorème.

On a alors comme corollaire que pour tout k-schéma de type fini X, k admettant la résolution des singularités C(X)subscript𝐶𝑋C_{*}(X) est dans DMgmeff(k)𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑔𝑚𝑘DM^{eff}_{gm}(k).

On a de plus les propositions suivantes qui découlent formellement de la proposition ci-dessus et du cas projectif lisse et du triangle distingué d’éclatement.

Proposition 11

(i) C(X)C(Y)=C(X×Y)tensor-productsubscript𝐶𝑋subscript𝐶𝑌subscript𝐶𝑋𝑌C_{*}(X)\otimes C_{*}(Y)=C_{*}(X\times Y).

(ii) C(X×𝔸1)=C(X)subscript𝐶𝑋superscript𝔸1subscript𝐶𝑋C_{*}(X\times\mathbb{A}^{1})=C_{*}(X).

On veut décrire maintenant les groupes de morphismes Hom(C(X),C(F))𝐻𝑜𝑚subscript𝐶𝑋subscript𝐶𝐹Hom(C_{*}(X),C_{*}(F)) pour X un k-schéma de type fini et F un faisceau Nisnevich avec transferts. Dans le cas de X schéma lisse, on a d’après [31] qu’il est isomorphe à Nis(X,C(F))subscript𝑁𝑖𝑠𝑋subscript𝐶𝐹\mathbb{H}_{Nis}(X,C_{*}(F)), mais il se trouve que dans le cas singulier, contrairement a ce qu’on pourrait penser, on va obtenir quelque chose de différent. Il nous faut donc une nouvelle topologie de Grothendieck, dite cdh qui va nous donner les résultats voulus.

Définition 17

La topologie cdh sur Sch/K est la topologie de Grothendieck engendré par la pré-topologie suivante:

(1) les recouvrements Nisnevich,

(2) les recouvrements de la forme XZpisuperscript𝑝coproduct𝑖superscript𝑋coproduct𝑍absentX^{\prime}\coprod Z\stackrel{{\scriptstyle p\coprod i}}{{\rightarrow}} avec p un morphisme propre et i une immersion fermée et tel que p1(Xi(Z))Xi(Z)superscript𝑝1𝑋𝑖𝑍𝑋𝑖𝑍p^{-1}(X-i(Z))\rightarrow X-i(Z) est une isomorphisme.

On note π𝜋\pi le morphisme de sites canonique vers le site Nisnevich. Le théorème suivant se déduit du théorème 3 ci-dessus:

Théorème 5 (32)

X un k-schéma de type fini et F un préfaisceau avec transferts sur Sm/k. Alors pour tout i0𝑖0i\geq 0 il y a des isomorphismes canoniques:

Hom(C(X),C(F)[i])=cdhi(X,C(πF))=cdhi(X,π(C(F))).𝐻𝑜𝑚subscript𝐶𝑋subscript𝐶𝐹delimited-[]𝑖superscriptsubscript𝑐𝑑𝑖𝑋subscript𝐶superscript𝜋𝐹superscriptsubscript𝑐𝑑𝑖𝑋superscript𝜋subscript𝐶𝐹Hom(C_{*}(X),C_{*}(F)[i])=\mathbb{H}_{cdh}^{i}(X,C_{*}(\pi^{*}F))=\mathbb{H}_{cdh}^{i}(X,\pi^{*}(C_{*}(F))).

En particulier, si X est lisse on a un isomorphisme canonique:

cdhi(X,C(πF))=cdhi(X,π(C(F)))=Nisi(X,C(F))superscriptsubscript𝑐𝑑𝑖𝑋subscript𝐶superscript𝜋𝐹superscriptsubscript𝑐𝑑𝑖𝑋superscript𝜋subscript𝐶𝐹superscriptsubscript𝑁𝑖𝑠𝑖𝑋subscript𝐶𝐹\mathbb{H}_{cdh}^{i}(X,C_{*}(\pi^{*}F))=\mathbb{H}_{cdh}^{i}(X,\pi^{*}(C_{*}(F)))=\mathbb{H}_{Nis}^{i}(X,C_{*}(F))

On en déduit le corollaire suivant: Corollaire: Si k admet la résolution des singularités et X un k-schéma de type fini. Soit E un fibré vectoriel sur X. On note p:(E)X:𝑝𝐸𝑋p:\mathbb{P}(E)\rightarrow X le fibré projectif associé. Alors un isomorphisme canonique dans DMeff(k)𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑘DM^{eff}_{-}(k) de la forme:

C((E))=n=0dim E1C(X)(n)[2n]subscript𝐶𝐸superscriptsubscriptdirect-sum𝑛0dim E1subscript𝐶𝑋𝑛delimited-[]2𝑛C_{*}(\mathbb{P}(E))=\oplus_{n=0}^{\text{dim E}-1}C_{*}(X)(n)[2n].

Preuve 10

Le théorème précédent nous donne un morphisme canonique:

C((E))=n=0dim E1C(X)(n)[2n].subscript𝐶𝐸superscriptsubscriptdirect-sum𝑛0dim E1subscript𝐶𝑋𝑛delimited-[]2𝑛C_{*}(\mathbb{P}(E))=\oplus_{n=0}^{\text{dim E}-1}C_{*}(X)(n)[2n].

L’isomorphisme suit alors de la résolution des singularités, du triangle distingué pour un éclatement et la proposition 8.

4 Localisation des correspondances finies

Les démonstrations de toutes les propositions de ce paragraphe sont très techniques et fastidieuses, on renvoit donc à [15bis]. Soit X un schéma. On notera Xxh:=Spec(𝒪X,xh)assignsuperscriptsubscript𝑋𝑥𝑆𝑝𝑒𝑐subscriptsuperscript𝒪𝑋𝑥X_{x}^{h}:=Spec(\mathcal{O}^{h}_{X,x})𝒪X,xhsuperscriptsubscript𝒪𝑋𝑥\mathcal{O}_{X,x}^{h} désigne l’hensélisé de 𝒪X,xsubscript𝒪𝑋𝑥\mathcal{O}_{X,x} et Xh=xXXxhsuperscript𝑋subscriptcoproduct𝑥𝑋superscriptsubscript𝑋𝑥X^{h}=\coprod_{x\in X}{X_{x}^{h}}. Et on note lxhsubscriptsuperscript𝑙𝑥l^{h}_{x} le morphisme de Xxhsuperscriptsubscript𝑋𝑥X_{x}^{h} vers X. On a un morphisme naturel de:

Cor(𝒴,Xxh)xX[lxh]Cor(𝒴,X)\oplus Cor(\mathcal{Y},X_{x}^{h})\stackrel{{\scriptstyle\sum_{x\in X}[l^{h}_{x}]\circ-}}{{\rightarrow}}Cor(\mathcal{Y},X) (1)

On a la proposition suivante:

Lemme 5

(Corollaire 2.12 [15 bis]) X un S-schéma, 𝒴𝒴\mathcal{Y} un schéma local hensélien. Il existe un morphisme canonique:

Cor(𝒴,X)σ𝒴,XxXCor(𝒴,Xxh)(2)superscriptsubscript𝜎𝒴𝑋𝐶𝑜𝑟𝒴𝑋subscriptdirect-sum𝑥𝑋𝐶𝑜𝑟𝒴superscriptsubscript𝑋𝑥2Cor(\mathcal{Y},X)\stackrel{{\scriptstyle\sigma_{\mathcal{Y},X}}}{{\rightarrow}}\oplus_{x\in X}Cor(\mathcal{Y},X_{x}^{h})(2)

avec les propriétés suivantes:
(a) σ𝒪,Xhsubscript𝜎𝒪superscript𝑋\sigma_{\mathcal{O},X^{h}} est une section de (1) telle que le carré suivant:

Cor(𝒪,X)𝐶𝑜𝑟𝒪𝑋\textstyle{Cor(\mathcal{O},X)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Cor(α,X)𝐶𝑜𝑟𝛼𝑋\scriptstyle{Cor(\alpha,X)}σ𝒪,Xhsubscript𝜎𝒪superscript𝑋\scriptstyle{\sigma_{\mathcal{O},X^{h}}}Cor(𝒪,Xxh)direct-sum𝐶𝑜𝑟𝒪superscriptsubscript𝑋𝑥\textstyle{\oplus Cor(\mathcal{O},X_{x}^{h})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Cor(α,Xxh)𝐶𝑜𝑟𝛼superscriptsubscript𝑋𝑥\scriptstyle{Cor(\alpha,X_{x}^{h})}Cor(𝒪,X)𝐶𝑜𝑟superscript𝒪𝑋\textstyle{Cor(\mathcal{O}^{\prime},X)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}σ𝒪,Xhsubscript𝜎superscript𝒪superscript𝑋\scriptstyle{\sigma_{\mathcal{O}^{\prime},X^{h}}}Cor(𝒪,Xxh)direct-sum𝐶𝑜𝑟superscript𝒪superscriptsubscript𝑋𝑥\textstyle{\oplus Cor(\mathcal{O}^{\prime},X_{x}^{h})}

soit commutatif pour tout schéma local hensélien 𝒪superscript𝒪\mathcal{O}^{\prime} et toute correspondance finie αCor(𝒪,𝒪)𝛼𝐶𝑜𝑟superscript𝒪𝒪\alpha\in\leavevmode\nobreak\ Cor(\mathcal{O}^{\prime},\mathcal{O}).

(b) Pour g:𝒴X:𝑔𝒴𝑋g:\mathcal{Y}\rightarrow X un S-morphisme suivant le point x de l’image [g] par (2) est donné par:

σ𝒪,X([g])x={ [g¯] si x=τ sinon subscript𝜎𝒪𝑋subscriptdelimited-[]𝑔𝑥cases delimited-[]¯𝑔 si 𝑥𝜏 otherwisesinon otherwise\sigma_{\mathcal{O},X}([g])_{x}=\begin{cases}$ $[\bar{g}]$ \text{si} $x=\tau$ $\\ $0 \text{sinon} $\end{cases}

τ𝜏\tau étant l’image du point fermé de 𝒴𝒴\mathcal{Y} et g¯¯𝑔\bar{g} le morphisme déduit de g.

Spec(𝒴)𝑆𝑝𝑒𝑐𝒴\textstyle{Spec(\mathcal{Y})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}g𝑔\scriptstyle{g}g¯¯𝑔\scriptstyle{\bar{g}}Xxhsuperscriptsubscript𝑋𝑥\textstyle{X_{x}^{h}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}lX,xhsuperscriptsubscript𝑙𝑋𝑥\scriptstyle{l_{X,x}^{h}}X𝑋\textstyle{X}

On en déduit donc qu’étant donnée une correspondance αCor(X,Y)𝛼𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌\alpha\in Cor(X,Y), à chaque point x (resp  y) de X (resp Y), on a une correspondance finie αx,ysubscript𝛼𝑥𝑦\alpha_{x,y} de Cor(Xxh,Yyh)𝐶𝑜𝑟subscriptsuperscript𝑋𝑥subscriptsuperscript𝑌𝑦Cor(X^{h}_{x},Y^{h}_{y}) donnée par:
αx,y:=σXxh,Y(α[lxh])yassignsubscript𝛼𝑥𝑦subscript𝜎subscriptsuperscript𝑋𝑥𝑌subscript𝛼delimited-[]subscriptsuperscript𝑙𝑥𝑦\alpha_{x,y}:=\sigma_{X^{h}_{x},Y}(\alpha\circ[l^{h}_{x}])_{y}. On obtient alors la décomposition locale suivante:

α[lX,xh]=yY[lY,yh]αx,y𝛼delimited-[]subscriptsuperscript𝑙𝑋𝑥subscript𝑦𝑌delimited-[]subscriptsuperscript𝑙𝑌𝑦subscript𝛼𝑥𝑦\alpha\circ[l^{h}_{X,x}]=\sum_{y\in Y}{[l^{h}_{Y,y}]\circ\alpha_{x,y}}

Dans cette proposition, on étudie le comportement de cette décomposition par rapport à la composition et au produit tensoriel des correspondances.

Proposition 12

(Prop 2.12)

(i) Soit α𝛼\alpha, β𝛽\beta dans Cor(X,Y)𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌Cor(X,Y) et Cor(Y,Z)𝐶𝑜𝑟𝑌𝑍Cor(Y,Z), on a pour tout point xX𝑥𝑋x\in X et zZ𝑧𝑍z\in Z l’égalité: (βα)x,z=yYβy,zαx,ysubscript𝛽𝛼𝑥𝑧subscript𝑦𝑌subscript𝛽𝑦𝑧subscript𝛼𝑥𝑦(\beta\circ\alpha)_{x,z}=\sum_{y\in Y}{\beta_{y,z}\circ\alpha_{x,y}}.

(ii) Soient X, Y, X’, Y’ des S-schémas, αCor(X,X)𝛼𝐶𝑜𝑟𝑋superscript𝑋\alpha\in Cor(X,X^{\prime}) et βCor(Y,Y)𝛽𝐶𝑜𝑟𝑌superscript𝑌\beta\in Cor(Y,Y^{\prime}). Pour tout point e de X×Y𝑋𝑌X\times Y, tout point x’ de X’ et y’ de Y’.
Par la propriété universelle de l’hensélisation, étant fixé un point e de X×Y𝑋𝑌X\times Y d’image x et y, on a une factorisation:

(X×Y)ehsubscriptsuperscript𝑋𝑌𝑒\textstyle{(X\times Y)^{h}_{e}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}mX,Y,esubscript𝑚𝑋𝑌𝑒\scriptstyle{m_{X,Y,e}}Xxh×Yyhsuperscriptsubscript𝑋𝑥subscriptsuperscript𝑌𝑦\textstyle{X_{x}^{h}\times Y^{h}_{y}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}(X×Y)hsuperscript𝑋𝑌\textstyle{(X\times Y)^{h}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}mX,Ysubscript𝑚𝑋𝑌\scriptstyle{m_{X,Y}}X×Y𝑋𝑌\textstyle{X\times Y}

mX,Ysubscript𝑚𝑋𝑌m_{X,Y} est donnée par le diagramme suivant:

(X×Y)hsuperscript𝑋𝑌\textstyle{(X\times Y)^{h}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}lX×Yhsubscriptsuperscript𝑙𝑋𝑌\scriptstyle{l^{h}_{X\times Y}}mX,Ysubscript𝑚𝑋𝑌\scriptstyle{m_{X,Y}}Xh×Yyh×lYhsuperscript𝑋subscriptsuperscript𝑌𝑦subscriptsuperscript𝑙𝑌\textstyle{X^{h}\times Y^{h}_{y}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\times l^{h}_{Y}}lXhsubscriptsuperscript𝑙𝑋\scriptstyle{l^{h}_{X}}X×Y𝑋𝑌\textstyle{X\times Y}

on a alors l’égalité:

(αx,xβy,y)[mX,Y,e]=e[mX,Y,e](αβ)e,etensor-productsubscript𝛼𝑥superscript𝑥subscript𝛽𝑦superscript𝑦delimited-[]subscript𝑚𝑋𝑌𝑒subscriptsuperscript𝑒delimited-[]subscript𝑚superscript𝑋superscript𝑌𝑒subscripttensor-product𝛼𝛽𝑒superscript𝑒(\alpha_{x,x^{\prime}}\otimes\beta_{y,y^{\prime}})\circ[m_{X,Y,e}]=\sum_{e^{\prime}}{[m_{X^{\prime},Y^{\prime},e}]\circ(\alpha\otimes\beta)_{e,e^{\prime}}}

dans Cor((X×Y)eh,Xxh×Yeh)𝐶𝑜𝑟superscriptsubscript𝑋𝑌𝑒subscriptsuperscript𝑋superscriptsuperscript𝑥superscriptsubscript𝑌𝑒superscriptCor((X\times Y)_{e}^{h},X^{{}^{\prime}h}_{x^{\prime}}\times Y_{e}^{{}^{\prime}h}) où e´ point de X×Ysuperscript𝑋superscript𝑌X^{\prime}\times Y^{\prime} d’image (x,y)superscript𝑥superscript𝑦(x^{\prime},y^{\prime}).

Etant donné un S-schéma X et un système projectif de S-schémas (Uλ)λΛsubscriptsubscript𝑈𝜆𝜆Λ(U_{\lambda})_{\lambda\in\Lambda} avec ΛΛ\Lambda une catégorie filtrante. On pose 𝒰=limUλ𝒰projective-limitsubscript𝑈𝜆\mathcal{U}=\varprojlim U_{\lambda} et Cor{𝒰,X):=limλΛopCor(Uλ,X)assign𝐶𝑜𝑟𝒰𝑋subscriptinjective-limit𝜆superscriptΛ𝑜𝑝𝐶𝑜𝑟subscript𝑈𝜆𝑋Cor\{\mathcal{U},X):=\varinjlim_{\lambda\in\Lambda^{op}}Cor(U_{\lambda},X). Si F est un préfaisceau, on définit F{𝒰}:=limλΛopF(Uλ)assign𝐹𝒰subscriptinjective-limit𝜆superscriptΛ𝑜𝑝𝐹subscript𝑈𝜆F\{\mathcal{U}\}:=\varinjlim_{\lambda\in\Lambda^{op}}F(U_{\lambda}).

Proposition 13

(Prop 2.7) Etant donné un S-schéma X et un système projectif de S-schémas (Uλ)λΛsubscriptsubscript𝑈𝜆𝜆Λ(U_{\lambda})_{\lambda\in\Lambda} de limite projective 𝒰𝒰\mathcal{U}.
Il existe d’uniques morphismes:

{σ}𝒰,X,nh:tr[(Xh)Xn]{𝒰}tr[(Xh)Xn+1]{𝒰}:subscriptsuperscript𝜎𝒰𝑋𝑛subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛𝑋𝒰subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛1𝑋𝒰\{\sigma\}^{h}_{\mathcal{U},X,n}:\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n}_{X}]\{\mathcal{U}\}\rightarrow\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n+1}_{X}]\{\mathcal{U}\} n0𝑛0n\geq 0

satisfaisant les propriétés suivantes: (i) (Homotopie) Pour tout n, on a les relations:

dn+1{σ}𝒰,X,nh+{σ}𝒰,X,n1hdn=idsubscript𝑑𝑛1subscriptsuperscript𝜎𝒰𝑋𝑛subscriptsuperscript𝜎𝒰𝑋𝑛1subscript𝑑𝑛𝑖𝑑d_{n+1}\circ\{\sigma\}^{h}_{\mathcal{U},X,n}+\{\sigma\}^{h}_{\mathcal{U},X,n-1}\circ d_{n}=id.

(ii) On a un diagrammme commutatif:

tr[(Xh)Xn]{𝒰}subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛𝑋𝒰\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n}_{X}]\{\mathcal{U}\}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}{σ}𝒰,X,nhsubscriptsuperscript𝜎𝒰𝑋𝑛\scriptstyle{\{\sigma\}^{h}_{\mathcal{U},X,n}}tr[(Xh)Xn+1]{𝒰}subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛1𝑋𝒰\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n+1}_{X}]\{\mathcal{U}\}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}tr[(Xh)Xn](𝒰)subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛𝑋𝒰\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n}_{X}](\mathcal{U})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}σ𝒰,X,nhsubscriptsuperscript𝜎𝒰𝑋𝑛\scriptstyle{\sigma^{h}_{\mathcal{U},X,n}}tr[(Xh)Xn+1](U)subscript𝑡𝑟delimited-[]subscriptsuperscriptsuperscript𝑋𝑛1𝑋𝑈\textstyle{\mathbb{Z}_{tr}[(X^{h})^{n+1}_{X}](U)}

Avec les mêmes notations que ci-dessus, on obtient que pour αcS{𝒰,X}𝛼subscript𝑐𝑆𝒰𝑋\alpha\in c_{S}\{\mathcal{U},X\}, il existe un unique élément {α}xsubscript𝛼𝑥\{\alpha\}_{x} de cS{𝒰,X)subscript𝑐𝑆𝒰𝑋c_{S}\{\mathcal{U},X) verifiant:

α:=[lX,xh]{α}xassign𝛼delimited-[]subscriptsuperscript𝑙𝑋𝑥subscript𝛼𝑥\alpha:=\sum{[l^{h}_{X,x}]\circ\{\alpha\}_{x}}

Désignons par {l}X,xhsubscriptsuperscript𝑙𝑋𝑥\{l\}^{h}_{X,x} l’élement de cS{Xxh,X)subscript𝑐𝑆subscriptsuperscript𝑋𝑥𝑋c_{S}\{X^{h}_{x},X) induit par les morphismes UX𝑈𝑋U\rightarrow X pour U voisinage Nisnevich de x. Une correspondance finie αcS(X,Y)𝛼subscript𝑐𝑆𝑋𝑌\alpha\in c_{S}(X,Y) admet une décomposition locale raffinée de la forme:

α{l}X,xh=[lY,yh]{α}x,y𝛼subscriptsuperscript𝑙𝑋𝑥delimited-[]subscriptsuperscript𝑙𝑌𝑦subscript𝛼𝑥𝑦\alpha\circ\{l\}^{h}_{X,x}=\sum{[l^{h}_{Y,y}]\circ\{\alpha\}_{x,y}}

{α}x,yCor{Xxh,Yyh)subscript𝛼𝑥𝑦𝐶𝑜𝑟subscriptsuperscript𝑋𝑥subscriptsuperscript𝑌𝑦\{\alpha\}_{x,y}\in Cor\{X^{h}_{x},Y^{h}_{y}).

On a les propositions analogues pour la décomposition raffinée.

Proposition 14

(Prop 2.17) (i) Soit α𝛼\alpha, β𝛽\beta dans Cor(X,Y)𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌Cor(X,Y) et Cor(Y,Z)𝐶𝑜𝑟𝑌𝑍Cor(Y,Z), on a pour tout point xX𝑥𝑋x\in X et zZ𝑧𝑍z\in Z l’égalité:

{βα}x,z=yYβy,z{α}x,ysubscript𝛽𝛼𝑥𝑧subscript𝑦𝑌subscript𝛽𝑦𝑧subscript𝛼𝑥𝑦\{\beta\circ\alpha\}_{x,z}=\sum_{y\in Y}{\beta_{y,z}\circ\{\alpha\}_{x,y}}.

(ii) Soient X, Y, X’, Y’ des S-schémas,αCor(X,X)𝛼𝐶𝑜𝑟𝑋superscript𝑋\alpha\in Cor(X,X^{\prime}) et βcS(Y,Y)𝛽subscript𝑐𝑆𝑌superscript𝑌\beta\in c_{S}(Y,Y^{\prime}). Pour tout point e de X×Y𝑋𝑌X\times Y, tout point x’ de X’ et y’ de Y’.

On a alors l’égalité:

({α}x,x{β}y,y)[mX,Y,e]=e[mX,Y,e]{αβ}e,etensor-productsubscript𝛼𝑥superscript𝑥subscript𝛽𝑦superscript𝑦delimited-[]subscript𝑚𝑋𝑌𝑒subscriptsuperscript𝑒delimited-[]subscript𝑚superscript𝑋superscript𝑌𝑒subscripttensor-product𝛼𝛽𝑒superscript𝑒(\{\alpha\}_{x,x^{\prime}}\otimes\{\beta\}_{y,y^{\prime}})\circ[m_{X,Y,e}]=\sum_{e^{\prime}}[m_{X^{\prime},Y^{\prime},e}]\circ\{\alpha\otimes\beta\}_{e,e^{\prime}}

où e’ point de X×Ysuperscript𝑋superscript𝑌X^{\prime}\times Y^{\prime} d’image (x,y)superscript𝑥superscript𝑦(x^{\prime},y^{\prime}) dans Cor((X×Y)eh,Xxh×Yyh)𝐶𝑜𝑟superscriptsubscript𝑋𝑌𝑒subscriptsuperscript𝑋superscriptsuperscript𝑥superscriptsubscript𝑌superscript𝑦superscriptCor((X\times Y)_{e}^{h},X^{{}^{\prime}h}_{x^{\prime}}\times Y_{y^{\prime}}^{{}^{\prime}h}).

5 Résolution de Godement

Dans la suite de cette section nous fixons une catégorie S=Sch/S𝑆𝑆𝑐𝑆S=Sch/S, Var/S𝑉𝑎𝑟𝑆Var/S ou Sm/S𝑆𝑚𝑆Sm/S, tous les préfaisceaux sont définis sur S et nous renvoyons à la définition 1.10 pour la notion de faisceaux avec transferts. A nouveau, on renvoie à Ivorra [15 bis]. Rappelons qu’une monade est la donnée d’un endofoncteur M dans une catégorie C et de transformations naturelles μ:MMM:𝜇𝑀𝑀𝑀\mu:MM\rightarrow M et η:idM:𝜂𝑖𝑑𝑀\eta:id\rightarrow M avec les diagrammes commutatifs suivants:

M𝑀\textstyle{M\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ηM𝜂𝑀\scriptstyle{\eta M}id𝑖𝑑\scriptstyle{id}MM𝑀𝑀\textstyle{MM\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}μ𝜇\scriptstyle{\mu}M𝑀\textstyle{M\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}id𝑖𝑑\scriptstyle{id}Mη𝑀𝜂\scriptstyle{M\eta}M𝑀\textstyle{M}
MMM𝑀𝑀𝑀\textstyle{MMM\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}μM𝜇𝑀\scriptstyle{\mu M}Mμ𝑀𝜇\scriptstyle{M\mu}MM𝑀𝑀\textstyle{MM\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}μ𝜇\scriptstyle{\mu}MM𝑀𝑀\textstyle{MM\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}μ𝜇\scriptstyle{\mu}M𝑀\textstyle{M}

A partir d’une monade (M,μ,η)𝑀𝜇𝜂(M,\mu,\eta), à chaque objet C de 𝒞𝒞\mathcal{C}, on construit un objet cosimplicial B(M,C)superscript𝐵𝑀𝐶B^{\bullet}(M,C) de 𝒞𝒞\mathcal{C} avec une coaugmentation de C dans ce dernier. Les n-cosimplexes sont donnés par Mn+1Csuperscript𝑀𝑛1𝐶M^{n+1}C de 𝒞𝒞\mathcal{C}, les cofaces par les morphismes:

δin1:=MiηMni:MnCMn+1C:assignsubscriptsuperscript𝛿𝑛1𝑖superscript𝑀𝑖𝜂superscript𝑀𝑛𝑖superscript𝑀𝑛𝐶superscript𝑀𝑛1𝐶\delta^{n-1}_{i}:=M^{i}\eta M^{n-i}:M^{n}C\rightarrow M^{n+1}C i=0n𝑖0𝑛i=0...n

et les codégénérescences par:

σin:=MiηMn1i:Mn+1CMnC:assignsubscriptsuperscript𝜎𝑛𝑖superscript𝑀𝑖𝜂superscript𝑀𝑛1𝑖superscript𝑀𝑛1𝐶superscript𝑀𝑛𝐶\sigma^{n}_{i}:=M^{i}\eta M^{n-1-i}:M^{n+1}C\rightarrow M^{n}C i=0n1𝑖0𝑛1i=0...n-1.

Nous allons maintenant appliquer les résultats concernant la localisation Nisnevich des correspondances finies que nous avons obtenus précédemment. Dans la suite, nous désignons par sxsubscript𝑠𝑥s_{x} la composante suivant le point x d’un elément s du produit

xXF{Xxh}subscriptproduct𝑥𝑋𝐹superscriptsubscript𝑋𝑥\prod_{x\in X}F\{X_{x}^{h}\}.

Par définition F{Xxh}𝐹superscriptsubscript𝑋𝑥F\{X_{x}^{h}\} correspond à la fibre Nisnevich de F au point x. Désignons 𝒢Nissubscript𝒢𝑁𝑖𝑠\mathcal{G}_{Nis} la monade de la catégorie des faisceaux Nisnevich définie de la manière suivante:

(i) Les sections sur X du faisceau GNisFsubscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹G_{Nis}F sont donnés par:

𝒢NisF(X)=xXF{Xxh}subscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝐹𝑋subscriptproduct𝑥𝑋𝐹superscriptsubscript𝑋𝑥\mathcal{G}_{Nis}F(X)=\prod_{x\in X}F\{X_{x}^{h}\}

les morphismes structuraux étant déterminés par les égalités:
[𝒢NisF(p)(s)]x=F{{p}xh}(sp(x))subscriptdelimited-[]subscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝐹𝑝𝑠𝑥𝐹superscriptsubscript𝑝𝑥subscript𝑠𝑝𝑥[\mathcal{G}_{Nis}F(p)(s)]_{x}=F\{\{p\}_{x}^{h}\}(s_{p(x)})

avec x un point de X, p:XY:𝑝𝑋𝑌p:X\rightarrow Y et sGNisF(Y)𝑠subscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹𝑌s\in G_{Nis}F(Y).

(ii) Le morphisme structural ηFsubscript𝜂𝐹\eta_{F} est donné par:
[ηF(s)]x=F{lxh}(s)subscriptdelimited-[]subscript𝜂𝐹𝑠𝑥𝐹superscriptsubscript𝑙𝑥𝑠[\eta_{F}(s)]_{x}=F\{{l}_{x}^{h}\}(s) par un élement s de F(X).

(iii) Le morphisme structural μFsubscript𝜇𝐹\mu_{F} coïncide avec la projection sur les composantes associés aux points fermés des Xxhsuperscriptsubscript𝑋𝑥X_{x}^{h} via le morphisme naturel:
(𝒢NisGNisF)(X)=xXzXxhF{(Xxh)zh}subscript𝒢𝑁𝑖𝑠subscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹𝑋subscriptproduct𝑥𝑋subscriptproduct𝑧superscriptsubscript𝑋𝑥𝐹superscriptsubscriptsuperscriptsubscript𝑋𝑥𝑧(\mathcal{G}_{Nis}G_{Nis}F)(X)=\prod_{x\in X}\prod_{z\in X_{x}^{h}}F\{(X_{x}^{h})_{z}^{h}\}. La résolution cosimpliciale de Godement est par définition le faisceau Nisnevich simplicial:
𝒢F=B(𝒢Nis,F)superscript𝒢𝐹superscript𝐵subscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝐹\mathcal{G}^{\bullet}F=B^{\bullet}(\mathcal{G}_{Nis},F). On note ensuite GNisFsuperscriptsubscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹G_{Nis}^{\bullet}F le complexe qui s’en déduit dont les différentielles sont les sommes alternées des cofaces.

Proposition 15

La famille formée des foncteurs fibres FF{Xxh}𝐹𝐹superscriptsubscript𝑋𝑥F\rightarrow F\{X_{x}^{h}\} est conservative et le morphisme d’augmentation FGNisF𝐹superscriptsubscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹F\rightarrow G_{Nis}^{\bullet}F est un quasi-isomorphisme de complexes de faisceaux Nisnevich.

Preuve 11

cf [20] Partie III.

Proposition 16

([15bis] Prop 3.8) Il existe une monade canonique 𝒢Nistrsuperscriptsubscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝑡𝑟\mathcal{G}_{Nis}^{tr} de la catégorie ShNistr(𝒮)𝑆superscriptsubscript𝑁𝑖𝑠𝑡𝑟𝒮Sh_{Nis}^{tr}(\mathcal{S}) rendant le diagramme suivant commutatif:
ShNistr(𝒮)SsuperscriptsubscripthNistr𝒮\textstyle{Sh_{Nis}^{tr}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒢Nistrsuperscriptsubscript𝒢Nistr\scriptstyle{\mathcal{G}_{Nis}^{tr}}ShNis(𝒮)SsubscripthNis𝒮\textstyle{Sh_{Nis}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒢Nissubscript𝒢Nis\scriptstyle{\mathcal{G}_{Nis}}ShNistr(𝒮)SsuperscriptsubscripthNistr𝒮\textstyle{Sh_{Nis}^{tr}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ShNis(𝒮)SsubscripthNis𝒮\textstyle{Sh_{Nis}(\mathcal{S})}

Cette proposition assure que le complexe GNisFsuperscriptsubscript𝐺𝑁𝑖𝑠𝐹G_{Nis}^{\bullet}F est canoniquement muni de transferts. Il ne nous reste plus qu’à voir que la résolution de Godement est compatible à la structure tensorielle.

Définition 18

On appelle faisceau Nisnevich quasi-monoïdal symétrique un faisceau Nisnevich F avec pour tout schéma X,Y un morphisme associatif symétrique:
X,YF:F(X)F(Y)F(X×Y)\oslash_{X,Y}^{F}:F(X)\otimes F(Y)\rightarrow F(X\times Y) fonctoriel.
On note ShNis,(𝒮)𝑆subscript𝑁𝑖𝑠tensor-product𝒮Sh_{Nis,\otimes}(\mathcal{S}) la catégorie de tels faisceaux. On a les mêmes définitions pour les faisceaux Nisnevich avec transferts.

La monade 𝒢Nissubscript𝒢𝑁𝑖𝑠\mathcal{G}_{Nis} induit une monade sur ShNis,(𝒮)𝑆subscript𝑁𝑖𝑠tensor-product𝒮Sh_{Nis,\otimes}(\mathcal{S}).

En effet, on a : X,Y𝒢NisF:𝒢NisF(X)𝒢NisF(Y)𝒢NisF(X×Y)\oslash_{X,Y}^{\mathcal{G}_{Nis}F}:\mathcal{G}_{Nis}F(X)\otimes\mathcal{G}_{Nis}F(Y)\rightarrow\mathcal{G}_{Nis}F(X\times Y)
donnés par les relations [X,YF(st)]=F{{m}X,Y,eh}[Xxh,YyhF(sxty)][\oslash_{X,Y}^{F}(s\otimes t)]=F\{\{m\}_{X,Y,e}^{h}\}[\oslash_{X_{x}^{h},Y^{h}_{y}}^{F}(s_{x}\otimes t_{y})] avec s𝒢NisF(X)𝑠subscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝐹𝑋s\in\mathcal{G}_{Nis}F(X), t𝒢NisF(Y)𝑡subscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝐹𝑌t\in\mathcal{G}_{Nis}F(Y) et e un point du produit de X×Y𝑋𝑌X\times Y de projection x et y.

On a alors la proposition analogue:

Proposition 17

([15bis] Prop 3.11)
𝒢Nistrsuperscriptsubscript𝒢𝑁𝑖𝑠𝑡𝑟\mathcal{G}_{Nis}^{tr} induit une monade sur la catégorie ShNis,tr(𝒮)𝑆superscriptsubscript𝑁𝑖𝑠tensor-product𝑡𝑟𝒮Sh_{Nis,\otimes}^{tr}(\mathcal{S}) rendant le diagramme suivant commutatif:
ShNis,tr(𝒮)SsuperscriptsubscripthNistensor-producttr𝒮\textstyle{Sh_{Nis,\otimes}^{tr}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒢Nistrsuperscriptsubscript𝒢Nistr\scriptstyle{\mathcal{G}_{Nis}^{tr}}ShNis(𝒮)SsubscripthNis𝒮\textstyle{Sh_{Nis}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒢Nissubscript𝒢Nis\scriptstyle{\mathcal{G}_{Nis}}ShNis,tr(𝒮)SsuperscriptsubscripthNistensor-producttr𝒮\textstyle{Sh_{Nis,\otimes}^{tr}(\mathcal{S})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ShNis(𝒮)SsubscripthNis𝒮\textstyle{Sh_{Nis}(\mathcal{S})}

6 Construction du foncteur de réalisation

6.1 Complexe de de Rham logarithmique

On rappelle la définition du complexe de de Rham logarithmique suivant [7]. Soit k un corps de caractéristique 0. D est appelé diviseur à croisements normaux, si le morphisme d’inclusion est localement isomorphe pour la topologie étale à la réunion d’hyperplans de coordonnées dans 𝔸nsuperscript𝔸𝑛\mathbb{A}^{n} . Soit donc D un tel diviseur dans X¯¯𝑋\bar{X} un schéma lisse séparé sur k. On pose X=X¯¯𝑋\bar{X}-D et j l’inclusion de X dans X¯¯𝑋\bar{X}.

On désigne par ΩX¯1(logD)subscriptsuperscriptΩ1¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷\Omega^{1}_{\bar{X}}(logD) le sous 𝒪module𝒪𝑚𝑜𝑑𝑢𝑙𝑒\mathcal{O}-module de jΩX1subscript𝑗subscriptsuperscriptΩ1𝑋j_{*}\Omega^{1}_{X} engendré par ΩX¯1subscriptsuperscriptΩ1¯𝑋\Omega^{1}_{\bar{X}} et par les dzizi𝑑subscript𝑧𝑖subscript𝑧𝑖\frac{dz_{i}}{z_{i}} pour zisubscript𝑧𝑖z_{i} une équation locale d’une composante irreductible locale de Y.
Par définition, le faisceau des p-formes différentielles logarithmiques sur X¯¯𝑋\bar{X} le long de D est ΛpΩX¯1(Y)superscriptΛ𝑝subscriptsuperscriptΩ1¯𝑋𝑌\Lambda^{p}\Omega^{1}_{\bar{X}}(Y). On note ΩX¯(logD)subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD) le complexe de de Rham logarithmique de X¯¯𝑋\bar{X} le long de D.

Le complexe de de Rham logarithmique est contravariant par rapport au couple (X,X¯¯𝑋\bar{X}), i-e à un diagramme de la forme: X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X¯¯𝑋\textstyle{\bar{X}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Y𝑌\textstyle{Y\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Y¯¯𝑌\textstyle{\bar{Y}}

On désigne par Wn(ΩX¯(logD))subscript𝑊𝑛subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷W_{n}(\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD)) le sous module de ΩX¯(logD)subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD) engendré par les combinaisons linéaires de formes différentielles de la forme:

αdzi(1)zi(1)dzi(2)zi(2)..dzi(m)zi(m)(mn)\alpha\wedge\frac{dz_{i(1)}}{z_{i(1)}}\wedge\frac{dz_{i(2)}}{z_{i(2)}}\wedge..\wedge\frac{dz_{i(m)}}{z_{i(m)}}(m\leq{n})

avec zi(j)subscript𝑧𝑖𝑗z_{i(j)} équations locales de composantes locales disctinctes Yjsubscript𝑌𝑗Y_{j} de Y et α𝛼\alpha sans pôles.

Ce complexe est bifiltré:

  1. 1.

    par la filtration de Hodge F telle que Fp(ΩX¯(logD))=σpΩX¯(logD)superscript𝐹𝑝subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷subscript𝜎absent𝑝subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷F^{p}(\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD))=\sigma_{\geq{p}}\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD)σpsubscript𝜎absent𝑝\sigma_{\geq{p}} est le tronqué bête défini par: σp(K)n={ 0  si  n<p Kn si npsubscript𝜎absent𝑝superscriptsuperscript𝐾𝑛cases 0  si  𝑛𝑝 otherwisesuperscript𝐾𝑛 si 𝑛𝑝otherwise\sigma_{\geq{p}}(K^{\bullet})^{n}=\begin{cases}$ 0 \text{ si } $n<p$ $\\ K^{n}\text{ si }n\geq p\end{cases}.

  2. 2.

    par la filtration croissante par le poids W, donnée par les sous-complexes Wn(ΩX¯(logD))subscript𝑊𝑛subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷W_{n}(\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD)).

Proposition 18

(i) (X¯,ΩX¯(logD))¯𝑋subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔𝐷\mathbb{H}(\bar{X},\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD)) coïncide avec H(X,)𝐻𝑋H(X,\mathbb{C}). (ii) On a un isomorphisme canonique HDR(X×𝔸1/k)HDR(X/k)subscript𝐻𝐷𝑅𝑋superscript𝔸1𝑘subscript𝐻𝐷𝑅𝑋𝑘H_{DR}(X\times\mathbb{A}^{1}/k)\rightarrow H_{DR}(X/k) où le morphisme est donné par le pullback des formes différentielles pr1:pr11ΩXΩX×𝔸1:𝑝superscriptsubscript𝑟1𝑝superscriptsubscript𝑟11subscriptsuperscriptΩ𝑋subscriptsuperscriptΩ𝑋superscript𝔸1pr_{1}^{*}:pr_{1}^{-1}\Omega^{\bullet}_{X}\rightarrow\Omega^{\bullet}_{X\times\mathbb{A}^{1}}.
(iii) La cohomologie de de Rham vérifie Mayer-Vietoris.

Preuve 12

(i) cf lemme 3.14 [6]. (iii) résulte des propriétés d’hypercohomologie. (ii) Soit p=pr1:X×𝔸k1X:𝑝𝑝subscript𝑟1𝑋subscriptsuperscript𝔸1𝑘𝑋p=pr_{1}:X\times\mathbb{A}^{1}_{k}\rightarrow X. Montrons que pr:ΩXprΩX×Ak1:𝑝superscript𝑟subscriptsuperscriptΩ𝑋𝑝subscript𝑟subscriptsuperscriptΩ𝑋subscriptsuperscript𝐴1𝑘pr^{*}:\Omega^{\bullet}_{X}\rightarrow pr_{*}\Omega^{\bullet}_{X\times A^{1}_{k}} est un quasi-isomorphisme. En effet, comme l’application p est affine, on peut calculer HDRp(X×𝔸1/k)superscriptsubscript𝐻𝐷𝑅𝑝𝑋superscript𝔸1𝑘H_{DR}^{p}\leavevmode\nobreak\ (X\times\mathbb{A}^{1}/k), comme la cohomologie du complexe simple associé au complexe double de de Rham-Cech de ΩX×𝔸1subscriptsuperscriptΩ𝑋superscript𝔸1\Omega^{\bullet}_{X\times\mathbb{A}^{1}} associé au recouvrement affine de p1(U)superscript𝑝1𝑈p^{-1}(U) de X×𝔸k1𝑋subscriptsuperscript𝔸1𝑘X\times\mathbb{A}^{1}_{k} où U est un recouvrement affine de X. Or ce complexe simple n’est rien d’autre que le complexe simple associé au complexe double de de Rham-Cech de pΩX×𝔸1subscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑋superscript𝔸1p_{*}\Omega^{\bullet}_{X\times\mathbb{A}^{1}}, et donc associé au recouvrement affine de U de X, et donc c’est aussi l’hypercohomologie du complexe pΩX×𝔸1subscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑋superscript𝔸1p_{*}\Omega^{\bullet}_{X\times\mathbb{A}^{1}} sur X. Si on a montré que ces complexes sont quasi-isomorphes via psuperscript𝑝p^{*} à ΩXsubscriptsuperscriptΩ𝑋\Omega^{\bullet}_{X}, on aura alors que c’est un isomorphisme en cohomologie de de Rham. Soit αpΩX×𝔸1l𝛼subscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋superscript𝔸1\alpha\in p_{*}\Omega^{l}_{X\times\mathbb{A}^{1}}. Alors α𝛼\alpha s’écrit sous la forme:

α=α+dtβ𝛼superscript𝛼𝑑𝑡𝛽\alpha=\alpha^{\prime}+dt\wedge\beta

αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} et β𝛽\beta sont des sections de pΩX×𝔸1lsuperscriptsubscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋superscript𝔸1p_{*}^{*}\Omega^{l}_{X\times\mathbb{A}^{1}}, pΩX×𝔸1l1superscriptsubscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙1𝑋superscript𝔸1p_{*}^{*}\Omega^{l-1}_{X\times\mathbb{A}^{1}} respectivement.
β𝛽\beta s’écrit localement: β=tiβi,i<k+1formulae-sequence𝛽superscript𝑡𝑖subscript𝛽𝑖𝑖𝑘1\beta=\sum{t^{i}\beta_{i},i<k+1}βisubscript𝛽𝑖\beta_{i} sont des sections de ΩXl1subscriptsuperscriptΩ𝑙1𝑋\Omega^{l-1}_{X}. Comme car k=0car k0\text{car k}=0, on a ti=1i+1dti+1superscript𝑡𝑖1𝑖1𝑑superscript𝑡𝑖1t^{i}=\frac{1}{i+1}dt^{i+1}, et donc:

tidtβi=d(1i+1ti+1βi)1i+1ti+1dβisuperscript𝑡𝑖𝑑𝑡subscript𝛽𝑖𝑑1𝑖1superscript𝑡𝑖1subscript𝛽𝑖1𝑖1superscript𝑡𝑖1𝑑subscript𝛽𝑖t^{i}dt\wedge\beta_{i}=d(\frac{1}{i+1}t^{i+1}\beta_{i})-\frac{1}{i+1}t^{i+1}d\beta_{i}.

Il en résulte que toute section αpΩX×𝔸1l𝛼subscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋superscript𝔸1\alpha\in p_{*}\Omega^{l}_{X\times\mathbb{A}^{1}} est modulo une forme exacte, dans pΩX×𝔸1lsuperscriptsubscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋superscript𝔸1p_{*}^{*}\Omega^{l}_{X\times\mathbb{A}^{1}}. Soit maintenant α=tiαipΩXl𝛼superscript𝑡𝑖subscript𝛼𝑖superscriptsubscript𝑝subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋\alpha=\sum t^{i}\alpha_{i}\in p_{*}^{*}\Omega^{l}_{X} telle que dα=0𝑑𝛼0d\alpha=0.

tidαi+iti1dtαi=0superscript𝑡𝑖𝑑subscript𝛼𝑖𝑖superscript𝑡𝑖1𝑑𝑡subscript𝛼𝑖0\sum t^{i}d\alpha_{i}+\sum it^{i-1}dt\wedge\alpha_{i}=0

Comme car k=0car k0\text{car k}=0, on a que αi=0subscript𝛼𝑖0\alpha_{i}=0 pour i>0𝑖0i>0 et αΩXl𝛼subscriptsuperscriptΩ𝑙𝑋\alpha\in\Omega^{l}_{X}. Ceci montre la surjectivité en cohomologie. L’injectivité procède de la même manière.

Le cas qui nous intéresse ici est si on prend X schéma lisse séparé sur k. On a alors par Hironaka [1], qu’il existe X¯¯𝑋\bar{X} une compactification projective lisse telle que X¯¯𝑋\bar{X}-X est un diviseur à croisements normaux.

6.2 Construction de la réalisation

Suivant Deligne-Goncharov [10], la construction se décompose selon plusieurs étapes. On considère Xsuperscript𝑋X^{\bullet} un complexe borné d’objets de SmCor(k).
On considère une compactification lisse de chacun des Xnsuperscript𝑋𝑛X^{n} et on montre que le complexe Xsuperscript𝑋X^{\bullet} se prolonge au complexe X¯superscript¯𝑋\bar{X}^{\bullet}.
Ensuite, on prend pour chaque X¯nsuperscript¯𝑋𝑛\bar{X}^{n} le complexe de de Rham logarithmique, et on va considérer un complexe Ksuperscript𝐾K^{\bullet} qui représente RΓ(X¯n,ΩX¯(logDn))𝑅Γsuperscript¯𝑋𝑛subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔superscript𝐷𝑛R\Gamma(\bar{X}^{n},\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD^{n})) qui est lui-même bifiltré; pour cela la résolution de Godement fera l’affaire. On en déduira un complexe double bifiltré qui nous fournira la réalisation voulue à quelques détails près. Enfin, il s’agit de passer à la catégorie des motifs mixtes et d’ajouter la structure tensorielle.

Théorème 6

On a un foncteur de réalisation RDR:{SmCor(k)opD+(kbifilt)XDecRΓ(X¯,ΩX¯(logD))}:subscript𝑅𝐷𝑅SmCorsuperscriptkopsuperscriptDsubscriptkbifiltXDecRΓ¯XsubscriptsuperscriptΩ¯XlogDR_{DR}:\left\{\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 28.90906pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-28.90906pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{SmCor(k)^{op}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 77.19685pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 77.19685pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{D^{+}(k_{bifilt})}$}}}}}}}{\hbox{\kern-7.53471pt\raise-41.15831pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 52.90906pt\raise-41.15831pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 52.90906pt\raise-41.15831pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{DecR\Gamma(\bar{X},\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(logD))}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces\right\} qui s’étend en un foncteur triangulé tensoriel sur DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k).

Nous utilisons la topologie Nisnevich (étale fonctionne aussi), essentiellement parce que les résultats établis pour la monade de Godement marchent pour ces deux topologies et non pour la topologie de Zariski. L’hypercohomologie du complexe de de Rham est la même. En effet, on rappelle le résultat suivant:

Proposition 19

Soit \mathcal{F} un faisceau quasi-cohérent sur Xzarsubscript𝑋𝑧𝑎𝑟X_{zar}, il induit un faisceau NissubscriptNis\mathcal{F}_{\text{Nis}}, on a alors que H(X,F)H(XNis,FNis)superscript𝐻𝑋𝐹superscript𝐻subscript𝑋Nissubscript𝐹NisH^{*}(X,F)\rightarrow H^{*}(X_{\text{Nis}},F_{\text{Nis}}) est un isomorphisme.

Preuve 13

SGA 4 Exp VII Prop 4.3, où c’est démontré pour la topologie étale et donc en particulier pour celle de Nisnevich.

Avec cette proposition, l’hypercohomologie du complexe de de Rham s’en déduit par la suite spectrale standard.

On commence maintenant avec le lemme suivant qui nous assure que les correspondances finies se prolongent aux compactifications.

Lemme 6

Soit Γ:XY:Γ𝑋𝑌\Gamma:X\rightarrow Y dans SmCor(k). Si Y¯¯𝑌\bar{Y} est une compactification projective lisse de Y, il existe X¯¯𝑋\bar{X} une compactification projective lisse telle que ΓΓ\Gamma se prolonge de manière unique en Γ¯¯Γ\bar{\Gamma} de X¯¯𝑋\bar{X} vers Y¯¯𝑌\bar{Y}.

Preuve 14

On a seulement besoin de traiter le cas où X est connexe et ΓΓ\Gamma est un sous-schéma fermé de X×Y𝑋𝑌X\times Y, intègre et fini dominant sur X. On note alors d le degré de ΓΓ\Gamma sur X. D’après la proposition 3, on a alors un morphisme de schémas γ:XSymd(Y):𝛾𝑋𝑆𝑦superscript𝑚𝑑𝑌\gamma:X\rightarrow Sym^{d}(Y). Par Hironaka [13], il existe X¯¯𝑋\bar{X} une compactification projective lisse telle que γ𝛾\gamma se prolonge en γ¯:X¯Symd(Y¯):¯𝛾¯𝑋𝑆𝑦superscript𝑚𝑑¯𝑌\bar{\gamma}:\bar{X}\rightarrow Sym^{d}(\bar{Y}). Pour une telle compactification, on prend l’adhérence de ΓΓ\Gamma dans X¯×Y¯¯𝑋¯𝑌\bar{X}\times\bar{Y}. Celle-ci est bien finie dominante sur X¯¯𝑋\bar{X} et fournit le prolongement cherché. L’unicité vient du fait que X¯¯𝑋\bar{X} est intègre et Symd(Y¯)𝑆𝑦superscript𝑚𝑑¯𝑌Sym^{d}(\bar{Y}) séparé.

On veut désormais montrer que le complexe de de Rham est canoniquement muni de transferts, puis nous passerons après au cas logarithmique.

Proposition 20

Soit Γ:XY:Γ𝑋𝑌\Gamma:X\rightarrow Y dans SmCor(k).

  1. 1.

    On a alors un morphisme de complexes de faisceaux sur le support de ΓΓ\Gamma:
    [Γ]:pr2ΩYpr1ΩX:delimited-[]Γ𝑝superscriptsubscript𝑟2subscriptsuperscriptΩ𝑌𝑝superscriptsubscript𝑟1subscriptsuperscriptΩ𝑋[\Gamma]:pr_{2}^{*}\Omega^{\bullet}_{Y}\rightarrow pr_{1}^{*}\Omega^{\bullet}_{X}.

  2. 2.

    Le morphisme défini ci-dessus est fonctoriel sur SmCor(k).

Preuve 15

Pour démontrer cette assertion, on peut se restreindre au cas où X et Y sont affines.

Soit B une A-algèbre finie. Soient L et K leurs corps de fractions respectifs. L/K est finie séparable comme on est en caractéristique nulle. On va montrer que l’application naturelle
i:ΩA/kALΩB/kBL:𝑖superscripttensor-product𝐴subscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘𝐿subscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘superscripttensor-product𝐵𝐿i:\Omega^{\bullet}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}L\rightarrow\Omega^{\bullet}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L est bijective.

On remarque tout d’abord que la structure de complexe sur L sur ΩB/kBLsuperscripttensor-product𝐵subscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘𝐿\Omega^{\bullet}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L est donnée par:
d(ωa)=adωdaωa2𝑑𝜔𝑎𝑎𝑑𝜔𝑑𝑎𝜔superscript𝑎2d(\frac{\omega}{a})=\frac{ad\omega-da\wedge\omega}{a^{2}}. De même, on met une structure de complexe sur K sur C:=ΩA/kAKassign𝐶subscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘superscripttensor-product𝐴𝐾C:=\Omega^{\bullet}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}K. On va maintenant mettre un structure de complexe sur C=CKLsuperscript𝐶𝐶superscripttensor-product𝐾𝐿C^{\prime}=C\stackrel{{\scriptstyle K}}{{\otimes}}L de telle façon que i devienne un morphisme de complexes et ensuite construire un inverse à i. Premièrement, on a comme L/K est séparable, que la différentielle d:KΩA/k1AK:𝑑𝐾subscriptsuperscriptΩ1𝐴𝑘superscripttensor-product𝐴𝐾d:K\rightarrow\Omega^{1}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}K s’étend en une dérivation d:LΩA/k1AL:superscript𝑑𝐿subscriptsuperscriptΩ1𝐴𝑘superscripttensor-product𝐴𝐿d^{*}:L\rightarrow\Omega^{1}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}L. On a donc la structure que l’on voulait sur C’ en posant:

d(ωl)=ldω+dlωsuperscript𝑑tensor-product𝜔𝑙𝑙𝑑𝜔superscript𝑑𝑙𝜔d^{*}(\omega\otimes l)=ld\omega+d^{*}l\wedge\omega (lL,ωE)formulae-sequence𝑙𝐿𝜔𝐸(l\in L,\omega\in E).

Il reste à voir que i est un morphisme de complexes. Pour cela, il suffit de voir que le diagramme suivant commute:

ΩA/k1ALsuperscripttensor-product𝐴subscriptsuperscriptΩ1𝐴𝑘𝐿\textstyle{\Omega^{1}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}L\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i𝑖\scriptstyle{i}L𝐿\textstyle{L\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}dsuperscript𝑑\scriptstyle{d^{*}}d𝑑\scriptstyle{d}ΩB/k1BLsuperscripttensor-product𝐵subscriptsuperscriptΩ1𝐵𝑘𝐿\textstyle{\Omega^{1}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L}

Cela vient du fait que id𝑖superscript𝑑i\circ d^{*} et d sont deux dérivations de LΩB/k1BL𝐿subscriptsuperscriptΩ1𝐵𝑘superscripttensor-product𝐵𝐿L\rightarrow\Omega^{1}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L et coïncident sur K. La propriété universelle de ΩA/ksubscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘\Omega^{\bullet}_{A/k} nous permet de construire le morphisme inverse λ:ΩB/k1BLC:𝜆superscripttensor-product𝐵subscriptsuperscriptΩ1𝐵𝑘𝐿superscript𝐶\lambda:\Omega^{1}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L\rightarrow C^{\prime}.

Lemme 7

Il existe une unique application TrB/A:ΩB/kBLΩA/kAK:𝑇subscript𝑟𝐵𝐴superscripttensor-product𝐵subscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘𝐿subscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘superscripttensor-product𝐴𝐾Tr_{B/A}:\Omega^{\bullet}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L\rightarrow\Omega^{\bullet}_{A/k}\stackrel{{\scriptstyle A}}{{\otimes}}K telle que:

  1. 1.

    TrB/A𝑇subscript𝑟𝐵𝐴Tr_{B/A} est la trace usuelle de L vers K en dimension 0.

  2. 2.

    TrB/A𝑇subscript𝑟𝐵𝐴Tr_{B/A} est ΩA/ksubscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘\Omega^{\bullet}_{A/k}-linéaire (i-e additive et TrB/A(ωη)=ωTrB/A(ω))Tr_{B/A}(\omega\wedge\eta)=\omega\wedge Tr_{B/A}(\omega)).

Proposition 21

TrB/A𝑇subscript𝑟𝐵𝐴Tr_{B/A} est un morphisme de complexes.

Preuve 16

Supposons zL𝑧𝐿z\in L. Soit f(z)=znbizni𝑓𝑧superscript𝑧𝑛subscript𝑏𝑖superscript𝑧𝑛𝑖f(z)=z^{n}-\sum{b_{i}z^{n-i}} son polynôme minimal sur K. Si n=[L:K]n^{*}=[L:K], alors Tr(z)=nnb1𝑇𝑟𝑧superscript𝑛𝑛subscript𝑏1Tr(z)=\frac{n^{*}}{n}b_{1}. De plus, on a df(z)=0𝑑𝑓𝑧0df(z)=0, d’où dz=1f(z)znidbi𝑑𝑧1superscript𝑓𝑧superscript𝑧𝑛𝑖𝑑subscript𝑏𝑖dz=\frac{1}{f^{\prime}(z)}\sum{z^{n-i}db_{i}}. Donc par définition de Tr, Tr(dz)=Tr(znif(z))dbi𝑇𝑟𝑑𝑧𝑇𝑟superscript𝑧𝑛𝑖superscript𝑓𝑧𝑑subscript𝑏𝑖Tr(dz)=\sum{Tr(\frac{z^{n-i}}{f^{\prime}(z)})db_{i}}, ce qui est exactement nndb1superscript𝑛𝑛𝑑subscript𝑏1\frac{n^{*}}{n}db_{1} par [26,III,§6].Donc Tr(dz)=dTr(z). Maintenant si ηΩB/kBL𝜂subscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘superscripttensor-product𝐵𝐿\eta\in\Omega^{\bullet}_{B/k}\stackrel{{\scriptstyle B}}{{\otimes}}L, η=zω𝜂𝑧𝜔\eta=z\omega avec zL𝑧𝐿z\in L et ωΩB/k𝜔subscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘\omega\in\Omega^{\bullet}_{B/k} par la proposition, donc Tr(dη)=Tr(dzω+zdω)=dTr(z)ω+Tr(z)dω=d(Tr(z)ω)=dTr(η)𝑇𝑟𝑑𝜂𝑇𝑟𝑑𝑧𝜔𝑧𝑑𝜔𝑑𝑇𝑟𝑧𝜔𝑇𝑟𝑧𝑑𝜔𝑑𝑇𝑟𝑧𝜔𝑑𝑇𝑟𝜂Tr(d\eta)=Tr(dz\wedge\omega+zd\omega)=dTr(z)\wedge\omega+Tr(z)d\omega=d(Tr(z)\omega)=dTr(\eta), ce qu’on voulait.

Proposition 22

TrB/A𝑇subscript𝑟𝐵𝐴Tr_{B/A} envoie ΩB/ksubscriptsuperscriptΩ𝐵𝑘\Omega^{\bullet}_{B/k} vers ΩA/ksubscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘\Omega^{\bullet}_{A/k} si A est lisse.

Preuve 17

On a déjà que ΩA/knsubscriptsuperscriptΩ𝑛𝐴𝑘\Omega^{n}_{A/k} est projectif de type fini, comme A lisse. Comme A est normal, intègre et L/K séparable, la fermeture intégrale A’, de A dans L est une A-algèbre finie. De plus, si on prend un ouvert U, dont le complémentaire est de codimension au moins 2 dans A, le morphisme de restriction est un isomorphisme. Donc, il suffit de montrer que TrB/A𝑇subscript𝑟𝐵𝐴Tr_{B/A} envoie ΩA/ksubscriptsuperscriptΩsuperscript𝐴𝑘\Omega^{\bullet}_{A^{\prime}/k} dans ΩA/kKtensor-productsubscriptsuperscriptΩ𝐴𝑘𝐾\Omega^{\bullet}_{A/k}\otimes K et s’étend aux points de codimension 1 de Spec A. On se ramène donc au cas où A est un trait. Comme on peut faire n’importe quelle extension étale sur A, on peut supposer A strictement hensélien.

Dans ce cas-là, i-e A un trait strictement hensélien, on a:
A=A[t]/(tnz)superscript𝐴𝐴delimited-[]𝑡superscript𝑡𝑛𝑧A^{\prime}=A[t]/(t^{n}-z) où z est un générateur de l’idéal maximal et n entier positif. Alors dt=1ntn1dz𝑑𝑡1𝑛superscript𝑡𝑛1𝑑𝑧dt=\frac{1}{nt^{n-1}}dz (car k=0) et le groupe de Galois de A’ sur A, agit par σ(t)=ζt𝜎𝑡𝜁𝑡\sigma(t)=\zeta tζ𝜁\zeta est une racine primitive de l’unité. Donc Tr(tm)=0𝑇𝑟superscript𝑡𝑚0Tr(t^{m})=0 sauf si n divise m. On en déduit Tr(tmdt)=0𝑇𝑟superscript𝑡𝑚𝑑𝑡0Tr(t^{m}dt)=0 si m1[n]𝑚1delimited-[]𝑛m\neq-1[n] ou z(mn+1)/ndzsuperscript𝑧𝑚𝑛1𝑛𝑑𝑧z^{(m-n+1)/n}dz si m=1[n]𝑚1delimited-[]𝑛m=-1[n].

Etant donnée une correspondance ΓCor(X,Y)Γ𝐶𝑜𝑟𝑋𝑌\Gamma\in Cor(X,Y), on notera [Γ]delimited-[]Γ[\Gamma] la flèche TrΓ/X𝑇subscript𝑟Γ𝑋Tr_{\Gamma/X} composée avec le morphisme canonique pr2(ΩY)pr1(ΩΓ)𝑝superscriptsubscript𝑟2subscriptsuperscriptΩ𝑌𝑝superscriptsubscript𝑟1subscriptsuperscriptΩΓpr_{2}^{*}(\Omega^{\bullet}_{Y})\rightarrow pr_{1}^{*}(\Omega^{\bullet}_{\Gamma}). Montrons désormais la compatibilité par rapport à la composition des correspondances. Soit donc, WX×Y𝑊𝑋𝑌W\in X\times Y, WY×Zsuperscript𝑊𝑌𝑍W^{\prime}\in Y\times Z,avec X, Y et Z affines lisses. En effet, un théorème de Voevodsky, nous assure que l’on peut se restreindre à une telle sous-catégorie ([5 bis]). Comme ΩXnsubscriptsuperscriptΩ𝑛𝑋\Omega^{n}_{X} est localement libre, on peut remplacer X par son point générique Spec(F). On a donc le diagramme suivant: WX×YWXY\textstyle{W\subseteq X\times Y\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X=Spec(F)XSpecF\textstyle{X=Spec(F)}On peut de même remplacer X par W et on se ramène donc au cas où W est le graphe de l’inclusion iX:XY:subscript𝑖𝑋𝑋𝑌i_{X}:X\rightarrow Y avec X, Y affines et lisses. Maintenant, on considère une chaîne de sous-variétés lisses de codimension un: X=X0X1XN=Y𝑋subscript𝑋0subscript𝑋1subscript𝑋𝑁𝑌X=X_{0}\subset X_{1}\subset...\subset X_{N}=Y. Montrons par récurrence descendante sur N, que l’on peut se ramener au cas où X est de codimension 1 dans Y. Supposons la propriéte vraie au rang N-j et montrons la au rang N-j-1. On a alors :

XNj1iNj1XNjiNjYsuperscriptsubscript𝑖𝑁𝑗1subscript𝑋𝑁𝑗1subscript𝑋𝑁𝑗superscriptsubscript𝑖𝑁𝑗𝑌X_{N-j-1}\stackrel{{\scriptstyle i_{N-j-1}}}{{\rightarrow}}X_{N-j}\stackrel{{\scriptstyle i_{N-j}}}{{\rightarrow}}Y.

Par hypothèse de récurrence, on a [W]iNj=[WiNj]delimited-[]superscript𝑊subscript𝑖𝑁𝑗delimited-[]superscript𝑊subscript𝑖𝑁𝑗[W^{\prime}]\circ i_{N-j}=[W^{\prime}\circ i_{N-j}] et iNj1subscript𝑖𝑁𝑗1i_{N-j-1} est une immersion de codimension 1 entre sous-schémas lisses, donc on peut appliquer l’hypothèse de récurrence. Maintenant, quitte à remplacer Z par la normalisation de W’, on peut supposer que W’ est la transposée du graphe d’un F-morphisme fini surjectif de Z vers Y. Comme car k=0 et Y et Z lisses, un tel morphisme est étale, on peut donc prendre Y=Spec(F[x]) et Z=Spec(F[t]) avec tn=xsuperscript𝑡𝑛𝑥t^{n}=x. Alors la composition est iXWsubscript𝑖𝑋superscript𝑊i_{X}\circ W^{\prime} est nx , et on a juste à vérifier en degré zéro. Dans ce cas, c’est juste le morphisme trace sur le faisceau structural et en degré un, où c’est le calcul fait dans la proposition précédente.

Remarque:
On vient donc de voir que le complexe de de Rham est canoniquement muni de transferts. On a même vu dans la preuve que l’on a des transferts sur les formes différentielles méromorphes. L’extension au cas logarithmique se fait donc de la facon suivante: -Soit jXsubscript𝑗𝑋j_{X} (resp jYsubscript𝑗𝑌j_{Y}) l’inclusion de X dans X¯¯𝑋\bar{X} (et pareillement pour Y), une compactification de Y étant fixée. -D’apres le lemme 6, on a vu que si on a Γ:XY:Γ𝑋𝑌\Gamma:X\rightarrow Y dans SmCor(k) et est irréductible, on a un unique Γ¯:X¯Y¯:¯Γ¯𝑋¯𝑌\bar{\Gamma}:\bar{X}\rightarrow\bar{Y} dans SmCor(k) qui prolonge ΓΓ\Gamma une fois que l’on a fixé une compactifications Y¯¯𝑌\bar{Y} de Y. -On a alors déjà un morphisme pour ΓΓ\Gamma:
[Γ]:jY,ΩYjX,ΩX:delimited-[]Γsubscript𝑗𝑌subscriptsuperscriptΩ𝑌subscript𝑗𝑋subscriptsuperscriptΩ𝑋[\Gamma]:j_{Y,*}\Omega^{\bullet}_{Y}\rightarrow j_{X,*}\Omega^{\bullet}_{X}, et donc en particulier il suffit de voir que [Γ¯]delimited-[]¯Γ[\bar{\Gamma}] envoie ΩY¯(log)subscriptsuperscriptΩ¯𝑌𝑙𝑜𝑔\Omega^{\bullet}_{\bar{Y}}(log) sur ΩX¯(log)subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(log). Comme à nouveau, pour tout i0𝑖0i\geq 0, ΩX¯i(log)subscriptsuperscriptΩ𝑖¯𝑋𝑙𝑜𝑔\Omega^{i}_{\bar{X}}(log) est localement libre, on se ramène à nouveau au cas où X¯Y¯¯𝑋¯𝑌\bar{X}\rightarrow\bar{Y} est un morphisme fini de courbes au-dessus d’une certaine extension de corps F, avec le diviseur à l’infini t=0 et z=0 et tn=zsuperscript𝑡𝑛𝑧t^{n}=z avec les mêmes notations que ci-dessus et on a juste besoin de faire le calcul direct pour dtt=dznz𝑑𝑡𝑡𝑑𝑧𝑛𝑧\frac{dt}{t}=\frac{dz}{nz} ce qu’on voulait.

Il ne nous reste donc plus qu’à montrer que ça ne dépend pas de la compactification, on a alors la proposition suivante:

Proposition 23

Soit Γ:XY:Γ𝑋𝑌\Gamma:X\rightarrow Y dans SmCor(k) et X¯1subscript¯𝑋1\bar{X}_{1}, X¯2subscript¯𝑋2\bar{X}_{2}, Y¯1subscript¯𝑌1\bar{Y}_{1} et Y¯2subscript¯𝑌2\bar{Y}_{2} des compactifications de X et Y. On a alors que Γ¯:X1¯Y¯1:¯Γ¯subscript𝑋1subscript¯𝑌1\bar{\Gamma}:\bar{X_{1}}\rightarrow\bar{Y}_{1} est indépendant des compactifications choisies.

Preuve 18

On pose Z¯:=X¯1×X¯2assign¯𝑍subscript¯𝑋1subscript¯𝑋2\bar{Z}:=\bar{X}_{1}\times\bar{X}_{2}, puis on note X¯3subscript¯𝑋3\bar{X}_{3} une désingularisation de l’adhérence de X dans Z¯¯𝑍\bar{Z}, on a alors le diagramme suivant:

X¯1subscript¯𝑋1\textstyle{\bar{X}_{1}}X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X¯3subscript¯𝑋3\textstyle{\bar{X}_{3}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X¯2subscript¯𝑋2\textstyle{\bar{X}_{2}}

ce qui nous permet de nous ramener au cas où on a un diagramme du type:
X¯1subscript¯X1\textstyle{\bar{X}_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}pp\scriptstyle{p}XX\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X¯2subscript¯X2\textstyle{\bar{X}_{2}}

où p est un morphisme propre et pareillement pour Y. Maintenant,la proposition vient du fait qu’un morphisme propre envoie les formes à pôles logarithmiques sur les formes à pôles logarithmiques et qu’une forme rationnelle sur X¯¯𝑋\bar{X} qui s’envoie sur une forme à pôles logarithmiques sur X¯¯superscript𝑋\bar{X^{\prime}} a elle-même des pôles logarithmiques sur X¯¯𝑋\bar{X}.

On a alors d’après la proposition 17 que le morphisme [Γ¯]:pr2(ΩY¯(log))pr1(ΩX¯(log)):delimited-[]¯Γ𝑝superscriptsubscript𝑟2subscriptsuperscriptΩ¯𝑌𝑙𝑜𝑔𝑝superscriptsubscript𝑟1subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔[\bar{\Gamma}]:pr_{2}^{*}(\Omega^{\bullet}_{\bar{Y}}(log))\rightarrow pr_{1}^{*}(\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(log)) s’étend aux résolutions flasques canoniques à 𝒢ét(Ω(log))superscriptsubscript𝒢étsuperscriptΩ𝑙𝑜𝑔\mathcal{G}_{\text{\'{e}t}}^{\bullet}(\Omega^{\bullet}(log)). On représente alors RΓ(X¯,ΩX¯(log))𝑅Γ¯𝑋subscriptsuperscriptΩ¯𝑋R\Gamma(\bar{X},\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(\log)) par πX¯𝒢étΩX¯(log)subscript𝜋¯𝑋superscriptsubscript𝒢étsubscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔\pi_{\bar{X}*}\mathcal{G}_{\text{\'{e}t}}^{\bullet}\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(log). Pour assurer l’indépendance par rapport aux choix des compactifications, on prend la limite inductive sur toutes les compactifications, qui est un système essentiellement constant par ci-dessus. On a donc besoin, du lemme suivant:

Lemme 8

La catégorie I composée des couples (X,X¯)𝑋¯𝑋(X,\bar{X}) avec X lisse sur k et X¯¯𝑋\bar{X} compactification lisse et les morphismes naturels entre couples, est cofiltrante.

Preuve 19

On a déjà vu dans la proposition précédente que l’on a pour i, j, k des objets de I:

i𝑖\textstyle{i}k𝑘\textstyle{k\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}j𝑗\textstyle{j}

Il ne nous reste à montrer que l’on a un diagramme du type:

X0¯¯subscript𝑋0\textstyle{\bar{X_{0}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X1¯¯subscript𝑋1\textstyle{\bar{X_{1}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X2¯¯subscript𝑋2\textstyle{\bar{X_{2}}}

Dans ce cas, on choisit pour X0¯¯subscript𝑋0\bar{X_{0}} une désingularisation de l’adhérence de X dans X1¯×X2¯X1¯subscript¯subscript𝑋2¯subscript𝑋1¯subscript𝑋1\bar{X_{1}}\times_{\bar{X_{2}}}\bar{X_{1}}.

On a donc un foncteur R~DR:Cb(SmCor/k)opCb(C+(kbifilt)):subscript~𝑅𝐷𝑅superscript𝐶𝑏superscript𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘𝑜𝑝superscript𝐶𝑏superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡\tilde{R}_{DR}:C^{b}(SmCor/k)^{op}\rightarrow C^{b}(C^{+}(k_{bifilt})) ainsi que des foncteurs:

Tot:Cb(C+(kbifilt))C+(kbifilt):𝑇𝑜𝑡superscript𝐶𝑏superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡Tot:C^{b}(C^{+}(k_{bifilt}))\rightarrow C^{+}(k_{bifilt}) et DecW:C+(kbifilt)C+(kbifilt):𝐷𝑒subscript𝑐𝑊superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡Dec_{W}:C^{+}(k_{bifilt})\rightarrow C^{+}(k_{bifilt}).

On note alors RDRsubscript𝑅𝐷𝑅R_{DR} le foncteur composé que l’on prolonge naturellement en un foncteur triangulé de:

RDR:Kb(SmCor/k)opD+(kbifilt):subscript𝑅𝐷𝑅superscript𝐾𝑏superscript𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘𝑜𝑝superscript𝐷subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡R_{DR}:K^{b}(SmCor/k)^{op}\rightarrow D^{+}(k_{bifilt})

En utilisant l’invariance par homotopie et la suite de Mayer-Vietoris pour la cohomologie de de Rham d’une part et d’autre part le fait que D+(kbifilt)superscript𝐷subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡D^{+}(k_{bifilt}) est pseudo-abélienne d’apres [3]. On en déduit que le foncteur s’étend en un foncteur triangulé RDR:DMgmeff(k)opD+(kbifilt):subscript𝑅𝐷𝑅𝐷subscriptsuperscript𝑀𝑒𝑓𝑓𝑔𝑚superscript𝑘𝑜𝑝superscript𝐷subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡R_{DR}:DM^{eff}_{gm}(k)^{op}\rightarrow D^{+}(k_{bifilt}).

Il ne reste plus qu’à vérifier la structure tensorielle:

Lemme 9

Le foncteur triangulé RDRsubscript𝑅𝐷𝑅R_{DR} est tensoriel, on a donc pour tout X, Y k-schémas un isomorphisme:

RDR(X)RDR(Y)RDR(X×Y).tensor-productsubscript𝑅𝐷𝑅𝑋subscript𝑅𝐷𝑅𝑌subscript𝑅𝐷𝑅𝑋𝑌R_{DR}(X)\otimes R_{DR}(Y)\rightarrow R_{DR}(X\times Y).

Preuve 20

On va d’abord montrer que le foncteur est quasi-tensoriel; on a déjà que ΩX¯(log)subscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(log) est muni de transferts et est quasi-monoïdal symétrique, donc par la proposition 18, on obtient que 𝒢étΩX¯(log)superscriptsubscript𝒢étsubscriptsuperscriptΩ¯𝑋𝑙𝑜𝑔\mathcal{G}_{\text{\'{e}t}}^{\bullet}\Omega^{\bullet}_{\bar{X}}(log) est également quasi-monoïdal symétrique. Cela entraîne que le foncteur R~DR:SmCor/kC+(kbifilt):subscript~𝑅𝐷𝑅𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘superscript𝐶subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡\tilde{R}_{DR}:SmCor/k\rightarrow C^{+}(k_{bifilt})
est quasi-monoïdal symétrique, d’où un morphisme canonique de foncteurs sur SmCor/kSmCor/ktensor-product𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘𝑆𝑚𝐶𝑜𝑟𝑘SmCor/k\otimes SmCor/k:

:R~DR()R~DR()R~DR(×)\otimes:\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\tilde{R}_{DR}(-)\rightarrow\tilde{R}_{DR}(-\times-)

associatif et commutatif. Ce dernier nous fournit des morphismes de foncteurs associatifs et commutatifs:

𝒞R~DR()𝒞R~DR()tensor-product𝒞subscript~𝑅𝐷𝑅𝒞subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}𝒞[R~DR()R~DR()]𝒞delimited-[]tensor-productsubscript~𝑅𝐷𝑅subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{\mathcal{C}[\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\tilde{R}_{DR}(-)]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}EMLsuperscripttensor-product𝐸𝑀𝐿\scriptstyle{\otimes^{EML}}𝒞\scriptstyle{\mathcal{C}\otimes}𝒞R~DR(×)\textstyle{\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-\times-)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}R~DR()R~DR()tensor-productsubscript~𝑅𝐷𝑅subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\tilde{R}_{DR}(-)}R~DR(×)\textstyle{\tilde{R}_{DR}(-\times-)}

EMLsuperscripttensor-product𝐸𝑀𝐿\otimes^{EML} désigne la transformation d’Eilenberg-MacLane [10 1/2]. On a donc des morphismes de bifoncteurs associatifs et commutatifs:

Cb[𝒞R~DR()𝒞R~DR()]superscript𝐶𝑏delimited-[]tensor-product𝒞subscript~𝑅𝐷𝑅𝒞subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{C^{b}[\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-)]}Cb[𝒞[R~DR()R~DR()]]superscript𝐶𝑏delimited-[]𝒞delimited-[]tensor-productsubscript~𝑅𝐷𝑅subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{C^{b}[\mathcal{C}[\tilde{R}_{DR}(-)\otimes\tilde{R}_{DR}(-)]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}CbEML\scriptstyle{C^{b}\otimes^{EML}}Cb𝒞\scriptstyle{C^{b}\mathcal{C}\otimes}Cb[𝒞R~DR(×)]\textstyle{C^{b}[\mathcal{C}\tilde{R}_{DR}(-\times-)]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}RDR()RDR()tensor-productsubscriptR𝐷𝑅subscriptR𝐷𝑅\textstyle{\textbf{R}_{DR}(-)\otimes\textbf{R}_{DR}(-)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}RDR(×)\textstyle{\textbf{R}_{DR}(-\times-)}

Comme en plus, le morphisme d’augmentation:
Ωk(log)𝒢étΩk(log)subscriptsuperscriptΩ𝑘𝑙𝑜𝑔superscriptsubscript𝒢étsubscriptsuperscriptΩ𝑘𝑙𝑜𝑔\Omega^{\bullet}_{k}(log)\rightarrow\mathcal{G}_{\text{\'{e}t}}^{\bullet}\Omega^{\bullet}_{k}(log) est un quasi-isomorphisme qui rend le diagramme commutatif suivant:

RDR(k)RDR()tensor-productsubscriptR𝐷𝑅𝑘subscriptR𝐷𝑅\textstyle{\textbf{R}_{DR}(k)\otimes\textbf{R}_{DR}(-)}Cb[𝒞[R~DR(k)R~DR()]]superscript𝐶𝑏delimited-[]𝒞delimited-[]tensor-productsubscript~𝑅𝐷𝑅𝑘subscript~𝑅𝐷𝑅\textstyle{C^{b}[\mathcal{C}[\tilde{R}_{DR}(k)\otimes\tilde{R}_{DR}(-)]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}CbEML\scriptstyle{C^{b}\otimes^{EML}}Cb𝒞\scriptstyle{C^{b}\mathcal{C}\otimes}RDR(k×)\textstyle{\textbf{R}_{DR}(k\times-)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Ωk(log)RDR()tensor-productsubscriptsuperscriptΩ𝑘𝑙𝑜𝑔subscriptR𝐷𝑅\textstyle{\Omega^{\bullet}_{k}(log)\otimes\textbf{R}_{DR}(-)\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}RDR()subscriptR𝐷𝑅\textstyle{\textbf{R}_{DR}(-)}

Le fait que le foncteur est tensoriel provient alors du fait que le morphisme de Künneth en cohomologie de de Rham est un isomorphisme pour les variétés lisses sur un corps k, ce qui entraîne l’isomorphisme pour tout motif mixte.

En regardant le motif réduit de 1superscript1\mathbb{P}^{1}, on voit qu’il a pour image dans D+(kbifilt)superscript𝐷subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡D^{+}(k_{bifilt}), k en degré de Hodge 1. On a donc obtenu le résultat suivant.

Lemme 10

Il existe un isomorphisme ϕ:RDR((1))(k,1):italic-ϕsubscript𝑅𝐷𝑅1𝑘.1\phi:R_{DR}(\mathbb{Z}(1))\rightarrow(k,1).

Comme (k,1) est inversible dans D+(kbifilt)superscript𝐷subscript𝑘𝑏𝑖𝑓𝑖𝑙𝑡D^{+}(k_{bifilt}), RDRsubscript𝑅𝐷𝑅R_{DR} s’étend à DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k), la catégorie des motifs mixtes géométriques, en un foncteur triangulé tensoriel. Conclusion: Nous avons donc construit le foncteur de réalisation de de Rham avec toutes les propriétés voulues. Le point technique fondamental était de mettre explicitement des transferts sur le complexe de de Rham et une fois bien comprise cette machine, l’extension à DMgm(k)𝐷subscript𝑀𝑔𝑚𝑘DM_{gm}(k) est essentiellement formelle. On notera également que cette approche directe évite les soucis dûs aux structures enrichies sur la cohomologie, que l’on rencontre dans les approches de Lecomte-Wach et Cisisnki-Déglise.

Il ne reste plus qu’une remarque à faire. Le cas de la réalisation rigide n’a pas été abordée ici, mais une partie de l’approche énoncée ici peut être réutilisée. Pour obtenir les transferts pour la cohomologie rigide, il suffit de construire un morphisme de transfert pour une correspondance finie irréductible finie W au dessus de X affine lisse. Dans le cas où X est affine lisse, la cohomologie rigide se calcule comme la cohomologie de de Rham d’un ’complété faible’ d’un relèvement de X. De plus, on a par [22] que les morphismes finis surjectifs entre schémas affines lisses se relèvent en des morphismes finis surjectifs au niveau des complétés faibles. Le problème vient alors que la correspondance finie W ne se relève pas, n’étant pas lisse. En revanche, cela devient possible en utilisant de Jong.

Dans ce cas, on a un diagramme de la sorte:

W~~𝑊\textstyle{\tilde{W}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}f𝑓\scriptstyle{f}W𝑊\textstyle{W\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}g𝑔\scriptstyle{g}X𝑋\textstyle{X} avec f propre surjective et génériquement étale et W~~𝑊\tilde{W} est lisse. Dans ce cas, gf𝑔𝑓g\circ f est propre, surjectif et génériquement fini entre schémas lisses. On peut donc appliquer ce qu’on a dit ci-dessus, il faut alors voir que c’est indépendant du choix de l’altération, et que le transfert s’étend. Une fois les transferts mis, le reste est essentiellement formel. Bibliographie: [1] Y. André, Une introduction aux motifs (motifs purs,motifs mixtes et périodes), Panoramas et Synthèses, SMF, 2004. [2] M. Artin, Grothendieck Topologies, Seminar Notes. Harvard Univ. Dept.,Spring 1962. [3] P. Balmer, M. Schlichting, Idempotent completion of triangulated categories, J. Algebra 236 (2001), no. 2, p. 819-834. [4] A. Beilinson, V. Vologodsky, A DG-guide to Voevodsky’s motives, preprint Arxiv  (2008). [5] D.C. Cisinski, F. Déglise, Mixed Weil cohomologies, Preprint (2007). [5 bis] D.C.Cisinski, F.Déglise, Local and stable homological algebra in Grothendieck categories. Homotopy, homolgy, appplications. Volume 11, No. 1, pp. 219-260 (2009). [6] P. Deligne, Equations différentielles à points singuliers réguliers. Lecture Notes in Math. 163 (Springer-Verlag 1970). [7] P. Deligne, Théorie de Hodge II. Publ. Math. IHES 40 (1972), 5-57. [8] P. Deligne, Catégories tannakiennes. in Grothendieck Festschrift vol II. Progress in Math. 87 Birkhäuser Boston (1990) pp. 111-195. [9] P. Deligne, J.S. Milne, A. Ogus, K.Y. Shih. Hodge cycles, motives and Shimura varieties. Lecture Notes in Math. 900 (Springer-Verlag 1982). [10] P. Deligne, A. Goncharov, Groupes fondamentaux motiviques de Tate mixtes,  Ann Sci Ens 38 1, (2005) p.1-56. [10 1/2] S. Eilenberg, J.A. Zilber, On products of complexes, Amer. J. 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