Réalisation de de Rham des motifs de Voevodsky
1 Introduction
Il y a 40 ans, Grothendieck introduisait la théorie des motifs purs, avec pour ambition d’une part de réaliser une théorie cohomologique universelle qui décrit la cohomologie des variétés projectives lisses, dont les différentes incarnations seraient les cohomologies de Weil qui sont à notre disposition: Betti, l-adique, rigide, de Rham, appelés foncteur de réalisation. D’autre part, il s’agissait d’élaborer une théorie de Galois pour les nombres transcendants.
Cette théorie débute sans doute avec le formalisme tannakien développé dans Saavedra [24], suivant les idées de Grothendieck, où à la fin est énoncé tout un faisceau de conjectures sur les motifs dits purs. Cette théorie est un analogue linéaire de la théorie profinie du développée dans SGA 1. Un des résultats principaux est qu’une catégorie tensorielle k-linéaire, muni d’un foncteur fibre neutre ([1,10,24] pour les définitions), dite tannakienne, est équivalente à la catégorie de représentations d’un groupe proalgébrique. La catégorie des motifs purs devrait former une telle catégorie et le groupe tannakien qui lui est canoniquement associé serait le groupe de Galois motivique. Malheureusement, une telle catégorie n’est pas disponible pour le moment, principalement à cause des conjectures standards qui restent très largement ouvertes depuis plus de 40 ans.
Dans les années 80, Deligne et Beilinson élaborent un vaste programme pour construire la catégorie des motifs mixtes qui eux, sont censés décrire la cohomologie de toutes les variétés. Deligne propose de construire une catégorie , la catégorie dérivée des motifs mixtes, munie d’une t-structure naturelle où l’on retrouverait les motifs mixtes en prenant le coeur de cette t-structure. Cette catégorie serait également munie de foncteurs de réalisation, issus des différentes théories cohomologiques. Construire la catégorie dérivée semble plus facile dans la mesure où l’on regarde simultanément tous les groupes de cohomologie et donc on peut se dispenser des problèmes liés à l’algébricité des projecteurs de Künneth. Une telle entreprise a été menée à bien par Voevodsky ([32]), Levine ([20]) et Hanamura qui ont proposé chacun une construction d’un catégorie avec des bonnes proriétés.
Il fallait maintenant munir chacune de ces constructions de réalisations. Levine les a construit pour sa catégorie de motifs mixtes et donc, par comparaison avec la caractéristique nulle avec la construction de Voevodsky, on dispose indirectement de tels foncteurs. Néanmoins, il apparaît préférable de ne pas passer par ce détour et d’obtenir les transferts directement sur les complexes concernés.
Huber, dans [14], construit un foncteur de réalisation, en passant par une catégorie intermédiaire appelée catégorie des sytèmes de réalisations, valable pour tout corps k, qui nous fournit les réalisations de Betti, l-adique et de Hodge (le cas rigide n’est pas traité). Néanmoins, Deligne-Goncharov [10] signalent qu’en ce qui concerne la réalisation de Hodge, la littérature n’est pas satisfaisante à ce sujet et ébauchent une construction pour l’obtention d’un tel foncteur.
Dans ce mémoire, il s’agit de construire un foncteur de réalisation de de Rham pour les motifs mixtes géométriques de Voevodsky. La méthode présentée ici est celle esquissée dans Deligne-Goncharov. Elle consiste à mettre des transferts sur le complexe de de Rham logarithmique et une fois verifiée l’invariance homotopique et la suite de Mayer-Vietoris pour la cohomologie de de Rham ainsi que quelques autres hypothèses mineures, on pourra conclure. Ce travail se décompose de la façon suivante, premièrement les propriétés et les conjectures qui existent au niveau des motifs purs pour motiver la construction; deuxièmement, l’introduction de la catégorie des correspondances finies et des motifs mixtes géométriques. Ensuite, nous aurons besoin de résultats techniques sur la localisation des correspondances finies afin de mettre des transferts sur la résolution de Godement d’un faisceau. Une fois ceci fait, il ne reste plus qu’à mettre des transferts sur la cohomologie de de Rham, cela s’étendra alors aux résolutions flasques canoniques et le reste ensuite ne sera plus que formel.
Il y a à noter que dernièrement, les travaux de Lecomte-Wach [19 bis] et de Cisinski-Déglise [5] proposent une définition alternative d’un tel foncteur, mais dans les deux cas, pour le moment ils ne disposent pas des poids pour le foncteur de réalisation. Néanmoins, en ce qui concerne Cisinski-Déglise, leur formalisme de cohomologie de Weil mixte leur permet en revanche d’obtenir une réalisation rigide, mais à nouveau se pose le problème de la bonne catégorie de coefficients (en particulier, le foncteur n’arrive pas dans la catégorie dérivée des F-isocristaux).
Je voudrais remercier M.Levine, qui a dirigé ce mémoire et P.Gille qui a bien accepté d’être mon directeur en France. Je remercie également, F.Lecomte, J.Riou et C.Soulé pour avoir accepté de participer à mon jury. Ce travail a été réalisé durant mon séjour à l’Université de Northeastern, Boston, à laquelle je tiens à exprimer ma sincère gratitude. Enfin, merci à Franck Gabriel, mon compagnon d’infortune.
2 Motifs purs
Dans cette section, on rappelle un certain nombre de propriétés des motifs purs qui justifient en partie l’étude des réalisations pour les motifs mixtes. L’autre partie, consistant en l’étude des régulateurs, sera abordée plus tard.
2.1 Relations d’équivalence
On note la catégorie des schémas projectifs lisses sur k, un corps. Dans le cas d’une intersection transverse, on sait définir le produit d’intersection de deux cycles algébriques. La notion d’équivalence adéquate nous permet d’étendre à tous les cycles ce produit d’intersection. Pour tout anneau commutatif R, on pose .
Définition 1
Une relation d’équivalence sur les cycles algébriques est dite adéquate si elle vérifie les axiomes suivants pour X,Y dans :
(1) est compatible à la structure R-linéaire et à la graduation sur les cycles.
(2) pour tous , , il existe tel que et se coupent proprement.
(3) pour tout dans et tout coupant proprement , on a:
.
On note qui en fait une R-algèbre graduée commutative.
Les éléments de sont appelés les correspondances de degré r. La formule
fournit une loi de composition asociative (cf Fulton) pour les correspondances modulo :
On a alors en particulier que est une algèbre en général non commutative. L’unité est la classe de la diagonale et elle est munie d’une anti-involution donnée par la transposée.
Exemples de relations d’équivalence:
-équivalence rationnelle: Un cycle est dit rationnellement à 0 si il existe tel que et et que . Ils donnent classiquement les groupes de Chow.
-équivalence numérique: Soit on a: , .
-équivalence homologique, (cf ci-dessous).
On va rappeler d’abord l’axiomatique des cohomologies de Weil.
Définition 2
Soit F un corps de coefficients de caractéristique nulle.
Une cohomologie de Weil est un foncteur avec les propriétés et données additionnelles suivantes:
(1) H est un -foncteur, nous avons une formule de Künneth:
pour X,Y dans .
(2) H(X) est en degrés positifs.
(3) , on a un isomorphisme canonique .
(4) Le F-espace vectoriel est de dimension 1, son dual est noté . Pour tout F-espace vectoriel V, n un entier, on pose .
(5) de dimension d, il existe une application trace multiplicative qui induit un accouplement parfait de Poincaré:
.
(6) Il existe un morphisme classe de cycles contravariant en , compatible aux produits et normalisé par la trace de telle façon que l’application sur les zéros-cycles est donné par le degré. (7) est donné par .
Définition 3
Un cycle est homologiquement équivalent à zéro (selon une cohomologie de Weil fixée H) si . Cela définit une équivalence adéquate.
Exemples: - Cohomologie de Weil classiques:
(1) Pour tout premier l inversible dans k et une cloture séparable de k, la cohomologie étale est une cohomologie de Weil à coefficients dans .
(2) Si k est de caractéristique nulle, la cohomologie de de Rham algébrique est une cohomologie de Weil à coefficients dans k.
(3) Si est un plongement complexe, la cohomologie de Betti est une cohomologie de Weil à coefficients dans .
(4) Si k est de caractéristique p, la cohomologie cristalline est une cohomologie de Weil à coefficients dans .
Lemme 1
est l’équivalence adéquate la plus fine et la plus grossière.
2.2 Catégories de motifs purs
Définition 4
On note l’enveloppe pseudo-abélienne de la catégorie suivante: Les objets sont les k-schémas lisses projectifs et les morphismes donnés par (si X connexe, sinon, faire la somme sur les composantes connexes) avec comme loi de composition, celle définie ci-dessus. Elle consiste en les motifs purs effectifs.
Remarque:
-On a un foncteur naturel de de en prenant les mêmes objets et en associant à le graphe de f dont on a vu que c’était une correspondance de degré zéro.
-Un point rationnel fournit une décomposition du motif de : ou est le motif de Lefschetz et 1 le motif de Spec(k), dit motif trivial.
Définition 5
En inversant le motif de Lefschetz, on obtient la catégorie des motifs purs. Elle est notée . Dans le cas de l’équivalence rationnelle, on parle de motifs de Chow, noté et de motifs numériques dans le cas de l’équivalence numérique.
Etant donné que l’équivalence rationnelle est la plus fine, on a toujours un foncteur de:
.
Chacune des cohomologies de Weil à coefficients dans K fournit un foncteur contravariant des motifs purs vers les K-espaces vectoriels gradués.
On a le diagramme suivant:
On remarquera que pour un corps de base fixé k, toutes ces cohomologies de Weil ne sont pas valables, par exemple celle de Betti en caractéristique p.
Ces foncteurs se factorisent par la catégorie des motifs homologiques .
Un motif pur M (pour une relation d’équivalence quelconque) est généralement représenté par où p est un projecteur algébrique et r un entier.
On a alors une structure tensorielle sur donnée par:
.
De plus, on a une notion naturelle de dual donnée par: qui fait de une -catégorie rigide.
Attardons nous un peu sur deux catégories de motifs particulières; les motifs homologiques et numériques. Parmi tous les projecteurs, ceux qui joueront un rôle clé seront ceux dit de Künneth; étant fixé une cohomologie de Weil H, ils correspondent à la projection de vers , notée .
On a à ce propos une des conjectures standard suivantes: Conjecture (Grothendieck): Les projecteurs de Künneth sont des correspondances algébriques.
Donnons quelques explications à propos de cette conjecture. Sous cette conjecture, les forment un système complet de projecteurs d’orthogonaux. On pose .
On dispose alors de la graduation par le poids pour tout motif découpe sur X, on a une décomposition .
Une telle décomposition vaut a fortiori pour une équivalence plus grossière, en particulier pour l’équivalence numérique.
Dans le cas des motifs numériques, on a la propriété suivante dûe a Jannsen:
Théorème 1
(Jannsen, [16])
La catégorie des motifs numériques est abélienne semi-simple. On a de plus les équivalences suivantes:
(i) est abélienne semi-simple.
(ii) est une -algèbre semi-simple de dimension finie.
(iii) .
Le lien entre les motifs homologiques et numériques vient de la conjecture suivante.
Conjecture (Grothendieck): L’équivalence homologique et l’équivalence numérique coïncident.
Remarque: On sait que cette conjecture est vraie pour les variétés abéliennes en caractéristique nulle (cf [19 bis]). La conjecture associée avec la proposition ci-dessus, ainsi que l’algébricité des projecteurs, fait de la catégorie des motifs numériques une catégorie tannakienne semi-simple.
Comme on l’a vu, on a toute une famille de réalisations des motifs purs numériques vers des espaces vectoriels gradués, mais il s’avère que l’on a des structures enrichies dans les catégories d’arrivée que nous allons passer en revue.
Cohomologie étale:
On a une action naturelle du groupe de Galois sur et pour tout entier q, on a donc une représentation continue du groupe profini ,
.
De plus, est isomorphe en tant que représentation galoisienne a ou .
On a alors que le foncteur de réalisation de , s’enrichit dans la catégorie des -représentations continues de .
Cohomologie de de Rham algébrique:
On a une suite spectrale d’hypercohomologie
On a alors canoniquement une filtration F issue de la suite spectrale sur .
Le calcul de montre qu’il est isomorphe à k en degré de Hodge 1.
Réalisation de Betti:
k un sous-corps de , . Par la théorie de Hodge, pour tout , on a une décomposition de . Par le théorème de comparaison Betti-de Rham, on a une décomposition canonique:
avec
Définition 6
Une -structure de Hodge pure de poids n est un -espace vectoriel de dimension finie avec une décomposition du complexifié: avec . La filtration de Hodge sur est définie par .
On note la catégorie des structures de Hodge pures. C’est une catégorie tannakienne avec comme foncteur fibre, le foncteur d’oubli. Cette fois-ci le foncteur s’enrichit à travers .
Cohomologie cristalline:
Les groupes de cohomologie cristalline sont canoniquement munis d’une action semi-linéaire du Frobenius .
2.3 Groupes de Galois motiviques
Commencons par quelques rappels de théorie tannakienne (cf [9],[24] pour plus de détails). Soit F un corps et soit une -categorie rigide abélienne avec . Un foncteur fibre sur est un -foncteur exact fidèle:
où K est une extension de F.
Si un tel foncteur existe, on dit que est une catégorie tannakienne.
On définit alors un K-schéma en groupes affine .
Dans le cas où le foncteur fibre est neutre, i-e K=F, s’enrichit en une équivalence de -catégories rigides:
où désigne la -catégorie rigide des F-représentations de dimension finie de G. En outre, la catégorie des foncteurs fibres sur F est équivalente à la catégorie des G-torseurs.
On a en plus un dictionnaire remarquable entre les propriétés algebriques de G et celles catégoriques de :
(1) F est de caractéristique nulle, semi-simple G pro-réductif.
(2) G est algébrique est de -génération finie.
On a également d’autres critères pour déterminer la connexité ou la finitude du groupe tannakien (cf [9], [24]).
On a également des propriétés analogues pour les morphismes.
Si est un -foncteur exact entre catégories tannakiennes neutres. On note un foncteur fibre pour , alors est un foncteur fibre pour et on a un morphisme .
Réciproquement, si on a un morphisme f entre les groupes tannakiens, on obtient un -foncteur exact .
On a:
(i) f immersion fermée tout objet M de est sous-quotient de l’image par d’un objet N’ de .
(ii) f fidèlement plat est pleinement fidèle, et pour tout objet M’ de , tout sous-objet de est l’image par d’un sous- objet M’ de .
La théorie tannakienne apparaît à divers endroits en mathématiques, théorie de Galois différentielle, correspondance de Riemann-Hilbert, géométrie algébrique et il ne s’agit pas ici de faire un panorama de la théorie tannakienne pure. Nous allons juste nous attarder sur le groupe de Galois motivique. On se place sous la conjecture et on suppose l’algébricité des projecteurs. On considère la catégorie des motifs numériques rationnels. On a vu qu’une telle catégorie est tannakienne neutre semi-simple avec comme foncteur fibre la réalisation de Betti . On appelle alors groupe de Galois motivique attaché à le schéma en groupes affines des automorphismes du foncteur fibre. C’est un -groupe pro-réductif. Etant donné un motif numérique M, son groupe de Galois motivique est le groupe tannakien associé à la catégorie tannakienne qu’il engendre. C’est un groupe réductif sur . De plus, on a que . On a les propriétés suivantes pour les groupes de Galois motiviques: (1) Pour un sous-corps k de , de clôture algébrique , on a qui est d’indice fini dans . (2) On appelle groupe de Mumford-Tate le groupe tannakien associé à la structure de Hodge pure . Ce sont des groupes connexes et la théorie tannakienne fournit un morphisme de . Conjecturalement, ce sont des groupes isomorphes. On a un cocaractère de poids , qui vient de la filtration par le poids.
Nous allons maintenant donner quelques exemples de calculs de groupes de Galois motiviques (cf [1] pour plus d’exemples). Par la théorie des invariants de Chevalley, on a que si est un catégorie tannakienne semi-simple neutre engendrée par un objet M, munie d’un foncteur fibre . est le sous-groupe réductif fermé de .
Soit A une courbe elliptique non CM sur un corps k. Elle vérifie les conjectures standards. On a où est de rang 2. On a donc que est un sous-groupe réductif de . On va commencer par déterminer . C’est un sous-groupe réductif connexe de contenant les homothéties (l’image du cocaractere de poids). Il ne reste que trois possibilités: , ou un tore de Cartan. Ces groupes peuvent se distinguer par leur commutant. On a: . On en déduit alors que le groupe de Galois motivique est .
Les groupes de Galois motiviques ont beaucoup de propriétés conjecturales dont nous n’aurons pas l’occasion de parler, par exemple, la dimension du groupe de Galois motivique sur est égale au degré de transcendance de la -algèbre des périodes. Dans le cas ci-dessus, cela nous donne que les périodes de la courbe elliptique sont transcendantes et indépendantes sur . Cette conjecture est appelée conjecture des périodes de Grothendieck et englobe conjecturalement un grand nombre de résultats de la théorie des nombres transcendants. On se référera au livre d’André [1] pour plus de précisions.
3 Motifs mixtes géometriques de Voevodsky
3.1 Correspondances
Soit k un corps. On note Sm/k la catégorie des schémas lisses séparés sur k.
Définition 7
Soit X un schéma connexe et lisse sur k, Y un k-schéma séparé. Une correspondance élémentaire de X vers Y est un sous-schéma fermé intègre de qui est fini surjectif sur X. Dans le cas X non connexe, une correspondance élémentaire est une correspondance d’une des composantes connexes.
Le groupe Cor(X,Y) est le groupe abélien libre engendré par les correspondances élémentaires de X vers Y. On note les correspondances dites effectives, i-e avec tous les coefficients entiers positifs.
Exemples: - Si alors la somme des composantes connexes de le graphe de f est une correspondance finie. -Chaque sous-schéma fermé de fini, surjectif, définit une correspondance finie de X vers Y, il suffit de prendre la somme où les sont les composantes irréductibles de Z et les les multiplicités géométriques de dans Z.
On va maintenant définir grâce au produit d’intersection une loi de composition pour les correspondances finies, valables également pour les cycles algébriques.
Soit une correspondance de X vers Y et une correspondance de Y vers Z, on définit par: où . désigne le produit d’intersection de Serre.
On a que c’est une loi de composition associative et bilinéaire ([12]).
Définition 8
On note SmCor/k la catégorie des correspondances finies où les objets sont les schémas lisses séparés sur k et les morphismes les correspondances finies munies de la loi de composition donnée ci -dessus.
Proposition 1
On a un foncteur fidèle donné par: et .
Preuve 1
On a juste à vérifier que ce qui est facile et laissé en exercice (cf [12]).
On a de plus que SmCor/k est munie d’une structure tensorielle donnée par et le produit tensoriel de morphismes est donné par le produit externe de cycles, qui en fait une catégorie monoïdale symétrique. On voit également que cette catégorie est naturellement additive avec .
Remarque: Ces définitions se généralisent aisément à une base noethérienne regulière quelconque (cf [15]), avec quelques difficultés supplémentaires pour la loi de composition si la base n’est pas régulière. On a également une deuxième définition des correspondances finies qui s’avère parfois plus aisée, qui convient surtout à la caractéristique nulle. Soit X dans Sm/k de caractéristique nulle, on pose: . On a alors que pour Y dans Sm/k, où le Hom est au sens des monoïdes.
On obtient la proposition suivante:
Proposition 2
Il y a un morphisme de monoïdes compatible à la composition des correspondances: qui est un isomorphisme.
On rappelle la preuve de [4] Prop 2.1.2.
Preuve 2
(i) On peut supposer X connexe. On définit sur les générateurs de Cor(X,Y). Soit une correspondance élémentaire de X vers Y. On note n le degré de et on écrit où est une -algèbre cohérente. Soit U un ouvert de X sur lequel est plat. Le X-schéma admet une section au-dessus de U. Pour , la fonction est le déterminant de f agissant par multiplication sur le -module . Comme X est normal, la section s’étend de manière unique à X et on associe donc à le morphisme .
(ii) Soit avec V ouvert non vide de X. Montrons que s’étend à Cor(X,Y) si et seulement si , s’étend à X. Soit le support de cycle , Z son adhérence dans . Alors s’étend à X si et seulement si Z est fini sur X. Supposons que s’étend à . On considère comme un schéma fini sur , et soit et Z’ l’image dans par n’importe quelle projection de . On a alors que Z’ est fini sur X et donc Z est fini sur X, ce qu’on voulait.
(iii) D’après (ii), il nous suffit de vérifier l’isomorphisme au point générique de X. En remplaçant k par et Y par , on peut supposer , donc Cor(X,Y) est le groupe des zéros-cycles de Y. Comme c’est clairement un isomorphisme pour k algébriquement clos, on a par la théorie de Galois que c’est vrai si k est parfait, le cas général s’en déduit en prenant la clôture parfaite. En effet, pour une extension finie k’/k de corps les compositions des morphismes canoniques de font la multiplication par [k’:k] et est injective.
(iv) Soit dans et dans on a où est vu comme un morphisme de Sym(X) vers Sym(Y). Comme en (3), on se ramène à X=Spec(k) et . On peut supposer effective et en remplacant Y par un voisinage affine de , que Z=Spec(B). Alors et sont des k-points de . Cette algèbre est engendrée par les qui ne s’annule pas en et il faut voir que . Si , alors où est l’application norme. De plus, est le déterminant de la multiplication par b sur la fibre dérivée de en y. C’est un complexe de B-modules supporté en les et de caractéristique d’Euler-Poincaré en les .
3.2 Faisceaux et transferts
Définition 9
Un préfaisceau avec transferts est un foncteur additif contravariant
. On note PST(k) la catégorie de tels foncteurs. Pour ce paragraphe, on se reférera à [32].
Remarque: D’après Weibel, on a que PST(k) est abélienne et admet assez de projectifs et d’injectifs. Nous n’en n’aurons pas l’utilité, mais il s’avère que c’est très important dans le cadre de la catégorie homotopique stable des schémas.
Exemples: Le faisceau des sections globales est canoniquement muni de transferts (cf plus loin). Les faisceaux représentables fournissent également une classe importante de préfaisceaux avec transferts. Si , on notera , le faisceau répresentable qui s’en déduit. Dans ce paragraphe, on rappelle quelques propriétés de la topologie Nisnevich dont nous aurons besoin plus tard.
Définition 10
Une famille de morphismes étales est un recouvrement Nisnevich, si il a la propriété de relèvement suivante: Pour tout , il existe i et tel que et le morphisme induit est un isomorphisme.
Exemple: Pour illustrer le côté arithmétique de la topologie Nisnevich et un de ses avantages par rapport à la topologie étale, on a l’exemple suivant. Soit k un corps de caractéristique différente de deux, les deux morphismes et forment un recouvrement Nisnevich si et seulement si et un recouvrement étale pour tout a non nul.
Lemme 2
Si est un recouvrement Nisnevich, il existe un ouvert non vide et un indice i tel que admet une section.
Pour chaque point générique x de X, il y a un point générique tel que . On a donc un morphisme birationnel entre les composantes irréductibles de et X, i-e on a une section sur un ouvert V contenant x.
Remarque: Les points pour la topologie de Nisnevich sont les anneaux locaux henséliens. En effet, si est un recouvrement Nisnevich, avec R hensélien, alors un certain est fini étale d’où est scindé et donc tout recouvrement Nisnevich admet un raffinement par le recouvrement trivial.
La raison fondamentale qui justifie en grande partie l’utilisation de la topologie étale ou Nisnevich par rapport à la topologie de Zariski est le lemme suivant:
Lemme 3
(Prop 6.12 [21])
un recouvrement étale (ou Nisnevich). On définit le complexe de Cech:
.
Alors est une résolution étale (resp Nisnevich) de , i-e est exact.
Preuve 3
On le traite dans le cas étale, le cas Nisnevich ne nécessite que des modifications mineures. Comme c’est un complexe de faisceaux, il suffit de le vérifier en chacun des points. Comme les points en topologie étale sont les schémas henséliens strictement locaux, il suffit de montrer que pour tout schéma hensélien local S sur k, la suite de groupes abéliens:
(*) est exacte.
Pour prouver l’exactitude, on a besoin d’une étape supplémentaire. Soit Z un sous-schéma de qui est quasi-fini sur S. On note L(Z/S) le groupe abélien libre engendré par les composantes irréductibles de Z qui sont finies surjectives sur S. On a que L(Z/S) est fonctoriel et covariant en Z par rapport au morphismes quasi-finis sur S. Clairement la suite (*) s’obtient que la limite inductive de complexes de la forme:
(**)
où la limite est prise sur tous les sous-schémas de qui sont finis surjectifs sur S. On est donc ramené à montrer l’exactitude de (**). Comme S est hensélien, on a alors que Z est également hensélien, comme il est fini surjectif sur S, d’ou se scinde Soit une section. On pose . Il suffit de montrer que les sont des homotopies contractantes où .
Remarque: En topologie de Zariski, ce lemme est faux. En effet, si est un recouvrement Zariski d’un schéma X connexe semi-local fini sur S local; en prenant le graphe de X, on vérifie qu’il ne provient pas d’un élement de .
Définition 11
Un faisceau Nisnevich (étale, Zariski, ou pour n’importe quelle topologie de son choix) avec transferts est un préfaisceau avec transferts dont le préfaisceau sous-jacent est un faisceau Nisnevich (de même,….) sur Sm/k.
Proposition 3
Soit F un préfaisceau avec transferts, alors on peut faisceautiser F dans PST(k) en un faisceau Nisnevich avec transferts de manière unique avec la propriété universelle qu’on connaît. En d’autres termes, le foncteur d’oubli de admet un adjoint à droite qui est exact et commute avec le foncteur d’oubli des faisceaux sur Sm/k.
Preuve 4
cf Th 13.1 [21].
3.3 Localisation dans une catégorie
Soient C une catégorie, S une famille de morphismes.
Définition 12
Une localisation de C par S est la donnée d’une catégorie et un foncteur satisfaisant:
-
1.
Pour tout , Q(s) est un isomorphisme.
-
2.
Pour tout foncteur tel que F(s) est un isomorphisme pour tout , il existe un foncteur et un isomorphisme ,
-
3.
Si et sont deux objets de alors l’application naturelle: est un isomorphisme.
Remarque: (c) signifie que le foncteur est pleinement fidèle. Cela implique que dans (2) est unique à unique isomorphisme près.
Proposition 4
Si existe, elle est unique à équivalence de catégories près.
Définition 13
On dit que S est un système multiplicatif à droite si il verifie les axiomes ci-dessus.
-
1.
Pour tout , .
-
2.
Pour , , si existe,
-
3.
Soient deux morphismes, avec , il existe et avec et . On le représente par le diagramme:
-
4.
Soient deux morphismes parallèles. Si il existe : tel que , alors il existe tel que . On le résume par le diagramme suivant:
Remarque: On peut définir de manière analogue un système multiplicatif à gauche.
Définition 14
Soit S un système multiplicatif à droite et . On définit la catégorie comme suit: .
Proposition 5
Si S est un système multiplicatif à droite, alors la catégorie est filtrante.
La preuve est facile et laissée en exercice.
Définition 15
Pour S un système multiplicatif à droite et X,Y dans . On considère la categorie avec les mêmes objets que et comme groupes de morphismes: .
On note le foncteur canonique.
Théorème 2
(Verdier)
(i) est une catégorie additive munie d’un automorphisme T.
(ii) est une catégorie triangulée où un triangle T est distingué si T est isomorphe à l’image par Q d’un triangle distingué de .
(iii) La catégorie vérifie la propriété universelle suivante:
Pour tout foncteur tel que F(s) est un isomorphisme pour s dans S, on a la factorisation suivante:
3.4 Catégorie triangulée de motifs mixtes géométriques
On considère la catégorie homotopique bornée. On va localiser par rapport à une certaine classe de complexes pour avoir la propriété de Mayer-Vietoris et l’invariance homotopique. On considère donc la classe T de complexes de la forme:
(1) pour X lisse séparé sur k.
(2)
avec U, V recouvrement ouvert de X comme ci-dessus.
On note alors la catégorie obtenue en quotientant par la sous catégorie épaisse minimale contenant T et en prenant ensuite l’enveloppe pseudo-abélienne. On remarquera qu’en ce qui concerne la structure triangulée, il n’est pas évident a priori que l’enveloppe pseudo-abélienne le soit aussi, mais c’est pourtant vrai d’après Balmer-Schlichting [3]. On note le foncteur de Sm/k vers . On a le lemme trivial suivant:
Lemme 4
Dans , on a le triangle distingué suivant dit de Mayer-Vietoris:
(1) .
La structure tensorielle sur SmCor/k s’étend naturellement à et descend à par propriété universelle de la localisation. On a donc une structure naturelle de catégorie monoïdale symétrique sur et qui fait de un foncteur tensoriel. On notera donc au passage, la remarquable identité dite de Künneth:
.
On a l’objet unité que l’on notera . On pose où désigne le motif réduit de X représenté par
dans . On l’appelle le motif de Tate et on note sa n-ième puissance tensorielle. De même, on pose .
Pour obtenir la définition des motifs sur k, il ne nous reste plus qu’à inverser le motif de Tate. On définit donc la catégorie dont les objets sont les couples (A,n) avec A dans et .
De plus, .
Cette fois-ci la structure tensorielle sur est moins évidente et il est faux en général que l’on conserve la structure tensorielle en inversant un objet Q, cependant c’est effectivement le cas si l’involution de permutation sur est l’identité. Pour obtenir ce résultat, on rappelle certaines propriétés des motifs purs.
Définition 16
On note la catégorie des motifs de Chow dont les objets sont les k-schémas lisses projectifs et les morphismes donnés par cycles de dimension d dans (si X connexe sinon, faire la somme sur les composantes connexes) avec comme loi de composition la même que celle des correspondances finies. On note , l’enveloppe pseudo-abélienne. On note Chow le foncteur de SmProj/k vers .
Proposition 6
On a le diagramme commutatif suivant:
Preuve 5
Il faut montrer que pour X, Y des variétés projectives lisses, il y a un morphisme canonique:
.
On note le conoyau du morphisme donné par la différence des restrictions de et . On a alors que le morphisme évident se factorise par . Or, on a d’après [11] un morphisme canonique qui est un isomorphisme.
On déduit donc de la proposition ci-dessus et du fait correspondant dans les motifs de Chow que l’involution de permutation est l’identité. On a donc obtenu le corollaire suivant. est une catégorie triangulée tensorielle sur k.
On a la théorème naturel sur :
Théorème 3
(Voevodsky, [32],4.3.1)
(i) Pour tous M, N dans , l’homomorphisme canonique:
est un isomorphisme.
(ii) Le foncteur est un foncteur pleinement fidèle.
On a également une formule pour le fibré projectif.
Proposition 7
Soit X un k-schéma lisse, un fibré vectoriel sur X, on a un isomorphisme canonique dans :
Preuve 6
On suppose . Soit le faisceau inversible sur . Par [31], Cor 3.4.3, il définit un morphisme .
Pour , on pose la composition:
.
Soit alors la composition:
.
où induit par le morphisme stuctural. On a alors un morphisme:
Montrons que c’est un isomorphisme. D’abord est fonctoriel par rapport à X. En faisant une récurrence sur le nombre d’ouverts dans un recouvrement trivialisant de E, on se ramène au cas où le fibré vectoriel est trivial. Dans ce cas, est le produit fibré du fibré trivial sur Spec(k) et . On a donc à le faire pour le cas du spectre d’un corps et dans ce cas-là, c’est comme dans [32].
3.5 Extension aux variétés singulières
Ce paragraphe ne nous sera pas utile pour la suite, néanmoins, il indique comment on passe de la catégorie des k-schémas lisses aux k-schémas quelconques modulo la résolution des singularités pour le corps de base k, ce qui concerne donc que la caractéristique zéro pour le moment, et peut-être en toute caractéristique avec les travaux récents de Kawanoue et Matsuki [18], [19].
L’objectif est d’étendre le foncteur en un foncteur
.
Le foncteur en question vérifiera les propriétés suivantes:
(1) (structure tensorielle). (2) (invariance homotopique). (3) (Mayer-Vietoris). (4) (éclatement). (5) (formule pour le fibré projectif). On a également des suite de Gysin, des motifs à supports compacts et une théorie de la dualité associée.
On note par la sous-catégorie pleine de qui consiste en les complexes qui sont homotopiquement invariants. Commençons par rappeler quelques propriétés générales des préfaisceaux avec transferts. Soit l’objet cosimplicial standard de Sm/k. Pour tout préfaisceau F sur Sm/k, soit le complexe de préfaisceaux de la forme avec les différentielles données par les sommes alternées des morphismes qui correspondent aux codégénérescences de . On a facilement que si F est un préfaisceau avec transferts pour sa topologie favorite alors il en est de même pour son complexe simplicial associé. On note les faisceaux de cohomologie .
Proposition 8
Pour tout faisceau avec transferts F sur k, les faisceaux sont invariants par homotopie.
Preuve 7
cf Th 13.8,[21].
Soit X un k-schéma de type fini. On définit le préfaisceau avec L(X)(U) le groupe abélien libre engendré par les composantes irréductibles Z de qui sont quasi-finies sur U et dominantes sur une composante connexe de U. Pour X un k-schéma de type fini, on écrit à la place de . D’après la proposition ci-dessus, on a alors un foncteur . Nous allons voir que ce foncteur se factorise par .
Proposition 9
Soit X un k-schéma de type fini, on suppose avec U, V ouverts. Alors on a un triangle distingué de Mayer-Vietoris:
Preuve 8
Il nous suffit de vérifier que l’on a suite exacte de faisceaux Nisnevich:
On aura besoin du résultat suivant donné dans sous une forme légèrement différente dans [31] et démontrée dans [32].
Théorème 4
Soit k un corps admettant la résolution des singularités et F un préfaisceau avec transferts sur Sm/k tel que tout pour schéma lisse X et toute section il y a un morphisme propre birationnel avec alors le complexe est quasi-isomorphe à zéro.
On a alors le corollaire suivant qui fournit le triangle distingué d’éclatement:
Proposition 10
Soit un carré cartésien entre k-schémas de type fini de la forme:
avec les conditions suivantes:
(i) est propre et le morphisme est une immersion fermée.
(ii) Le morphisme est un isomorphisme. Alors il y a un triangle distingué dans de la forme:
.
Preuve 9
Il suffit de voir que la suite de préfaisceaux:
est exacte et que le préfaisceau quotient vérifie les conditions du théorème.
On a alors comme corollaire que pour tout k-schéma de type fini X, k admettant la résolution des singularités est dans .
On a de plus les propositions suivantes qui découlent formellement de la proposition ci-dessus et du cas projectif lisse et du triangle distingué d’éclatement.
Proposition 11
(i) .
(ii) .
On veut décrire maintenant les groupes de morphismes pour X un k-schéma de type fini et F un faisceau Nisnevich avec transferts. Dans le cas de X schéma lisse, on a d’après [31] qu’il est isomorphe à , mais il se trouve que dans le cas singulier, contrairement a ce qu’on pourrait penser, on va obtenir quelque chose de différent. Il nous faut donc une nouvelle topologie de Grothendieck, dite cdh qui va nous donner les résultats voulus.
Définition 17
La topologie cdh sur Sch/K est la topologie de Grothendieck engendré par la pré-topologie suivante:
(1) les recouvrements Nisnevich,
(2) les recouvrements de la forme avec p un morphisme propre et i une immersion fermée et tel que est une isomorphisme.
On note le morphisme de sites canonique vers le site Nisnevich. Le théorème suivant se déduit du théorème 3 ci-dessus:
Théorème 5 (32)
X un k-schéma de type fini et F un préfaisceau avec transferts sur Sm/k. Alors pour tout il y a des isomorphismes canoniques:
En particulier, si X est lisse on a un isomorphisme canonique:
On en déduit le corollaire suivant:
Corollaire:
Si k admet la résolution des singularités et X un k-schéma de type fini. Soit E un fibré vectoriel sur X. On note le fibré projectif associé. Alors un isomorphisme canonique dans de la forme:
.
Preuve 10
Le théorème précédent nous donne un morphisme canonique:
L’isomorphisme suit alors de la résolution des singularités, du triangle distingué pour un éclatement et la proposition 8.
4 Localisation des correspondances finies
Les démonstrations de toutes les propositions de ce paragraphe sont très techniques et fastidieuses, on renvoit donc à [15bis]. Soit X un schéma. On notera où désigne l’hensélisé de et . Et on note le morphisme de vers X. On a un morphisme naturel de:
(1)
On a la proposition suivante:
Lemme 5
(Corollaire 2.12 [15 bis])
X un S-schéma, un schéma local hensélien. Il existe un morphisme canonique:
avec les propriétés suivantes:
(a) est une section de (1) telle que le carré suivant:
soit commutatif pour tout schéma local hensélien et toute correspondance finie .
(b) Pour un S-morphisme suivant le point x de l’image [g] par (2) est donné par:
étant l’image du point fermé de et le morphisme déduit de g.
On en déduit donc qu’étant donnée une correspondance , à chaque point x (resp y) de X (resp Y), on a une correspondance finie de donnée par:
. On obtient alors la décomposition locale suivante:
Dans cette proposition, on étudie le comportement de cette décomposition par rapport à la composition et au produit tensoriel des correspondances.
Proposition 12
(Prop 2.12)
(i) Soit , dans et , on a pour tout point et l’égalité: .
(ii) Soient X, Y, X’, Y’ des S-schémas, et . Pour tout point e de , tout point x’ de X’ et y’ de Y’.
Par la propriété universelle de l’hensélisation, étant fixé un point e de d’image x et y, on a une factorisation:
où est donnée par le diagramme suivant:
on a alors l’égalité:
dans où e´ point de d’image .
Etant donné un S-schéma X et un système projectif de S-schémas avec une catégorie filtrante. On pose et . Si F est un préfaisceau, on définit .
Proposition 13
(Prop 2.7)
Etant donné un S-schéma X et un système projectif de S-schémas de limite projective .
Il existe d’uniques morphismes:
satisfaisant les propriétés suivantes: (i) (Homotopie) Pour tout n, on a les relations:
.
(ii) On a un diagrammme commutatif:
Avec les mêmes notations que ci-dessus, on obtient que pour , il existe un unique élément de verifiant:
Désignons par l’élement de induit par les morphismes pour U voisinage Nisnevich de x. Une correspondance finie admet une décomposition locale raffinée de la forme:
où .
On a les propositions analogues pour la décomposition raffinée.
Proposition 14
(Prop 2.17) (i) Soit , dans et , on a pour tout point et l’égalité:
.
(ii) Soient X, Y, X’, Y’ des S-schémas, et . Pour tout point e de , tout point x’ de X’ et y’ de Y’.
On a alors l’égalité:
où e’ point de d’image dans .
5 Résolution de Godement
Dans la suite de cette section nous fixons une catégorie , ou , tous les préfaisceaux sont définis sur S et nous renvoyons à la définition 1.10 pour la notion de faisceaux avec transferts. A nouveau, on renvoie à Ivorra [15 bis]. Rappelons qu’une monade est la donnée d’un endofoncteur M dans une catégorie C et de transformations naturelles et avec les diagrammes commutatifs suivants:
A partir d’une monade , à chaque objet C de , on construit un objet cosimplicial de avec une coaugmentation de C dans ce dernier. Les n-cosimplexes sont donnés par de , les cofaces par les morphismes:
et les codégénérescences par:
.
Nous allons maintenant appliquer les résultats concernant la localisation Nisnevich des correspondances finies que nous avons obtenus précédemment. Dans la suite, nous désignons par la composante suivant le point x d’un elément s du produit
.
Par définition correspond à la fibre Nisnevich de F au point x. Désignons la monade de la catégorie des faisceaux Nisnevich définie de la manière suivante:
(i) Les sections sur X du faisceau sont donnés par:
les morphismes structuraux étant déterminés par les égalités:
avec x un point de X, et .
(ii) Le morphisme structural est donné par:
par un élement s de F(X).
(iii) Le morphisme structural coïncide avec la projection sur les composantes associés aux points fermés des via le morphisme naturel:
.
La résolution cosimpliciale de Godement est par définition le faisceau Nisnevich simplicial:
.
On note ensuite le complexe qui s’en déduit dont les différentielles sont les sommes alternées des cofaces.
Proposition 15
La famille formée des foncteurs fibres est conservative et le morphisme d’augmentation est un quasi-isomorphisme de complexes de faisceaux Nisnevich.
Preuve 11
cf [20] Partie III.
Proposition 16
([15bis] Prop 3.8)
Il existe une monade canonique de la catégorie rendant le diagramme suivant commutatif:
Cette proposition assure que le complexe est canoniquement muni de transferts. Il ne nous reste plus qu’à voir que la résolution de Godement est compatible à la structure tensorielle.
Définition 18
On appelle faisceau Nisnevich quasi-monoïdal symétrique un faisceau Nisnevich F avec pour tout schéma X,Y un morphisme associatif symétrique:
fonctoriel.
On note la catégorie de tels faisceaux. On a les mêmes définitions pour les faisceaux Nisnevich avec transferts.
La monade induit une monade sur .
En effet, on a :
donnés par les relations
avec , et e un point du produit de de projection x et y.
On a alors la proposition analogue:
Proposition 17
([15bis] Prop 3.11)
induit une monade sur la catégorie rendant le diagramme suivant commutatif:
6 Construction du foncteur de réalisation
6.1 Complexe de de Rham logarithmique
On rappelle la définition du complexe de de Rham logarithmique suivant [7]. Soit k un corps de caractéristique 0.
D est appelé diviseur à croisements normaux, si le morphisme d’inclusion est localement isomorphe pour la topologie étale à la réunion d’hyperplans de coordonnées dans .
Soit donc D un tel diviseur dans un schéma lisse séparé sur k.
On pose X=-D et j l’inclusion de X dans .
On désigne par le sous de engendré par et par les pour une équation locale d’une composante irreductible locale de Y.
Par définition, le faisceau des p-formes différentielles logarithmiques sur le long de D est .
On note le complexe de de Rham logarithmique de le long de D.
Le complexe de de Rham logarithmique est contravariant par rapport au couple (X,), i-e à un diagramme de la forme:
On désigne par le sous module de engendré par les combinaisons linéaires de formes différentielles de la forme:
avec équations locales de composantes locales disctinctes de Y et sans pôles.
Ce complexe est bifiltré:
-
1.
par la filtration de Hodge F telle que où est le tronqué bête défini par: .
-
2.
par la filtration croissante par le poids W, donnée par les sous-complexes .
Proposition 18
(i) coïncide avec .
(ii) On a un isomorphisme canonique où le morphisme est donné par le pullback des formes différentielles .
(iii) La cohomologie de de Rham vérifie Mayer-Vietoris.
Preuve 12
(i) cf lemme 3.14 [6]. (iii) résulte des propriétés d’hypercohomologie. (ii) Soit . Montrons que est un quasi-isomorphisme. En effet, comme l’application p est affine, on peut calculer , comme la cohomologie du complexe simple associé au complexe double de de Rham-Cech de associé au recouvrement affine de de où U est un recouvrement affine de X. Or ce complexe simple n’est rien d’autre que le complexe simple associé au complexe double de de Rham-Cech de , et donc associé au recouvrement affine de U de X, et donc c’est aussi l’hypercohomologie du complexe sur X. Si on a montré que ces complexes sont quasi-isomorphes via à , on aura alors que c’est un isomorphisme en cohomologie de de Rham. Soit . Alors s’écrit sous la forme:
où
et sont des sections de , respectivement.
s’écrit localement:
où sont des sections de . Comme , on a , et donc:
.
Il en résulte que toute section est modulo une forme exacte, dans .
Soit maintenant
telle que .
Comme , on a que pour et . Ceci montre la surjectivité en cohomologie. L’injectivité procède de la même manière.
Le cas qui nous intéresse ici est si on prend X schéma lisse séparé sur k. On a alors par Hironaka [1], qu’il existe une compactification projective lisse telle que -X est un diviseur à croisements normaux.
6.2 Construction de la réalisation
Suivant Deligne-Goncharov [10], la construction se décompose selon plusieurs étapes.
On considère un complexe borné d’objets de SmCor(k).
On considère une compactification lisse de chacun des et on montre que le complexe se prolonge au complexe .
Ensuite, on prend pour chaque le complexe de de Rham logarithmique, et on va considérer un complexe qui représente qui est lui-même bifiltré; pour cela la résolution de Godement fera l’affaire. On en déduira un complexe double bifiltré qui nous fournira la réalisation voulue à quelques détails près. Enfin, il s’agit de passer à la catégorie des motifs mixtes et d’ajouter la structure tensorielle.
Théorème 6
On a un foncteur de réalisation qui s’étend en un foncteur triangulé tensoriel sur .
Nous utilisons la topologie Nisnevich (étale fonctionne aussi), essentiellement parce que les résultats établis pour la monade de Godement marchent pour ces deux topologies et non pour la topologie de Zariski. L’hypercohomologie du complexe de de Rham est la même. En effet, on rappelle le résultat suivant:
Proposition 19
Soit un faisceau quasi-cohérent sur , il induit un faisceau , on a alors que est un isomorphisme.
Preuve 13
SGA 4 Exp VII Prop 4.3, où c’est démontré pour la topologie étale et donc en particulier pour celle de Nisnevich.
Avec cette proposition, l’hypercohomologie du complexe de de Rham s’en déduit par la suite spectrale standard.
On commence maintenant avec le lemme suivant qui nous assure que les correspondances finies se prolongent aux compactifications.
Lemme 6
Soit dans SmCor(k). Si est une compactification projective lisse de Y, il existe une compactification projective lisse telle que se prolonge de manière unique en de vers .
Preuve 14
On a seulement besoin de traiter le cas où X est connexe et est un sous-schéma fermé de , intègre et fini dominant sur X. On note alors d le degré de sur X. D’après la proposition 3, on a alors un morphisme de schémas . Par Hironaka [13], il existe une compactification projective lisse telle que se prolonge en . Pour une telle compactification, on prend l’adhérence de dans . Celle-ci est bien finie dominante sur et fournit le prolongement cherché. L’unicité vient du fait que est intègre et séparé.
On veut désormais montrer que le complexe de de Rham est canoniquement muni de transferts, puis nous passerons après au cas logarithmique.
Proposition 20
Soit dans SmCor(k).
-
1.
On a alors un morphisme de complexes de faisceaux sur le support de :
. -
2.
Le morphisme défini ci-dessus est fonctoriel sur SmCor(k).
Preuve 15
Pour démontrer cette assertion, on peut se restreindre au cas où X et Y sont affines.
Soit B une A-algèbre finie. Soient L et K leurs corps de fractions respectifs. L/K est finie séparable comme on est en caractéristique nulle. On va montrer que l’application naturelle
est bijective.
On remarque tout d’abord que la structure de complexe sur L sur est donnée par:
.
De même, on met une structure de complexe sur K sur . On va maintenant mettre un structure de complexe sur
de telle façon que i devienne un morphisme de complexes et ensuite construire un inverse à i.
Premièrement, on a comme L/K est séparable, que la différentielle s’étend en une dérivation . On a donc la structure que l’on voulait sur C’ en posant:
.
Il reste à voir que i est un morphisme de complexes. Pour cela, il suffit de voir que le diagramme suivant commute:
Cela vient du fait que et d sont deux dérivations de et coïncident sur K. La propriété universelle de nous permet de construire le morphisme inverse .
Lemme 7
Il existe une unique application telle que:
-
1.
est la trace usuelle de L vers K en dimension 0.
-
2.
est -linéaire (i-e additive et .
Proposition 21
est un morphisme de complexes.
Preuve 16
Supposons . Soit son polynôme minimal sur K. Si , alors . De plus, on a , d’où . Donc par définition de Tr, , ce qui est exactement par [26,III,§6].Donc Tr(dz)=dTr(z). Maintenant si , avec et par la proposition, donc , ce qu’on voulait.
Proposition 22
envoie vers si A est lisse.
Preuve 17
On a déjà que est projectif de type fini, comme A lisse. Comme A est normal, intègre et L/K séparable, la fermeture intégrale A’, de A dans L est une A-algèbre finie. De plus, si on prend un ouvert U, dont le complémentaire est de codimension au moins 2 dans A, le morphisme de restriction est un isomorphisme. Donc, il suffit de montrer que envoie dans et s’étend aux points de codimension 1 de Spec A. On se ramène donc au cas où A est un trait. Comme on peut faire n’importe quelle extension étale sur A, on peut supposer A strictement hensélien.
Dans ce cas-là, i-e A un trait strictement hensélien, on a:
où z est un générateur de l’idéal maximal et n entier positif. Alors (car k=0) et le groupe de Galois de A’ sur A, agit par où est une racine primitive de l’unité. Donc sauf si n divise m. On en déduit si ou si .
Etant donnée une correspondance , on notera la flèche composée avec le morphisme canonique . Montrons désormais la compatibilité par rapport à la composition des correspondances. Soit donc, , ,avec X, Y et Z affines lisses. En effet, un théorème de Voevodsky, nous assure que l’on peut se restreindre à une telle sous-catégorie ([5 bis]). Comme est localement libre, on peut remplacer X par son point générique Spec(F). On a donc le diagramme suivant: On peut de même remplacer X par W et on se ramène donc au cas où W est le graphe de l’inclusion avec X, Y affines et lisses. Maintenant, on considère une chaîne de sous-variétés lisses de codimension un: . Montrons par récurrence descendante sur N, que l’on peut se ramener au cas où X est de codimension 1 dans Y. Supposons la propriéte vraie au rang N-j et montrons la au rang N-j-1. On a alors :
.
Par hypothèse de récurrence, on a et est une immersion de codimension 1 entre sous-schémas lisses, donc on peut appliquer l’hypothèse de récurrence. Maintenant, quitte à remplacer Z par la normalisation de W’, on peut supposer que W’ est la transposée du graphe d’un F-morphisme fini surjectif de Z vers Y. Comme car k=0 et Y et Z lisses, un tel morphisme est étale, on peut donc prendre Y=Spec(F[x]) et Z=Spec(F[t]) avec . Alors la composition est est nx , et on a juste à vérifier en degré zéro. Dans ce cas, c’est juste le morphisme trace sur le faisceau structural et en degré un, où c’est le calcul fait dans la proposition précédente.
Remarque:
On vient donc de voir que le complexe de de Rham est canoniquement muni de transferts. On a même vu dans la preuve que l’on a des transferts sur les formes différentielles méromorphes. L’extension au cas logarithmique se fait donc de la facon suivante:
-Soit (resp ) l’inclusion de X dans (et pareillement pour Y), une compactification de Y étant fixée.
-D’apres le lemme 6, on a vu que si on a dans SmCor(k) et est irréductible, on a un unique dans SmCor(k) qui prolonge une fois que l’on a fixé une compactifications de Y.
-On a alors déjà un morphisme pour :
, et donc en particulier il suffit de voir que envoie sur . Comme à nouveau, pour tout , est localement libre, on se ramène à nouveau au cas où est un morphisme fini de courbes au-dessus d’une certaine extension de corps F, avec le diviseur à l’infini t=0 et z=0 et avec les mêmes notations que ci-dessus et on a juste besoin de faire le calcul direct pour ce qu’on voulait.
Il ne nous reste donc plus qu’à montrer que ça ne dépend pas de la compactification, on a alors la proposition suivante:
Proposition 23
Soit dans SmCor(k) et , , et des compactifications de X et Y. On a alors que est indépendant des compactifications choisies.
Preuve 18
On pose , puis on note une désingularisation de l’adhérence de X dans , on a alors le diagramme suivant:
ce qui nous permet de nous ramener au cas où on a un diagramme du type:
où p est un morphisme propre et pareillement pour Y.
Maintenant,la proposition vient du fait qu’un morphisme propre envoie les formes à pôles logarithmiques sur les formes à pôles logarithmiques et qu’une forme rationnelle sur qui s’envoie sur une forme à pôles logarithmiques sur
a elle-même des pôles logarithmiques sur .
On a alors d’après la proposition 17 que le morphisme s’étend aux résolutions flasques canoniques à . On représente alors par . Pour assurer l’indépendance par rapport aux choix des compactifications, on prend la limite inductive sur toutes les compactifications, qui est un système essentiellement constant par ci-dessus. On a donc besoin, du lemme suivant:
Lemme 8
La catégorie I composée des couples avec X lisse sur k et compactification lisse et les morphismes naturels entre couples, est cofiltrante.
Preuve 19
On a déjà vu dans la proposition précédente que l’on a pour i, j, k des objets de I:
Il ne nous reste à montrer que l’on a un diagramme du type:
Dans ce cas, on choisit pour une désingularisation de l’adhérence de X dans .
On a donc un foncteur ainsi que des foncteurs:
et .
On note alors le foncteur composé que l’on prolonge naturellement en un foncteur triangulé de:
En utilisant l’invariance par homotopie et la suite de Mayer-Vietoris pour la cohomologie de de Rham d’une part et d’autre part le fait que est pseudo-abélienne d’apres [3]. On en déduit que le foncteur s’étend en un foncteur triangulé .
Il ne reste plus qu’à vérifier la structure tensorielle:
Lemme 9
Le foncteur triangulé est tensoriel, on a donc pour tout X, Y k-schémas un isomorphisme:
Preuve 20
On va d’abord montrer que le foncteur est quasi-tensoriel;
on a déjà que est muni de transferts et est quasi-monoïdal symétrique, donc par la proposition 18, on obtient que est également quasi-monoïdal symétrique. Cela entraîne que le foncteur
est quasi-monoïdal symétrique, d’où un morphisme canonique de foncteurs sur :
associatif et commutatif. Ce dernier nous fournit des morphismes de foncteurs associatifs et commutatifs:
où désigne la transformation d’Eilenberg-MacLane [10 1/2]. On a donc des morphismes de bifoncteurs associatifs et commutatifs:
Comme en plus, le morphisme d’augmentation:
est un quasi-isomorphisme qui rend le diagramme commutatif suivant:
Le fait que le foncteur est tensoriel provient alors du fait que le morphisme de Künneth en cohomologie de de Rham est un isomorphisme pour les variétés lisses sur un corps k, ce qui entraîne l’isomorphisme pour tout motif mixte.
En regardant le motif réduit de , on voit qu’il a pour image dans , k en degré de Hodge 1. On a donc obtenu le résultat suivant.
Lemme 10
Il existe un isomorphisme .
Comme (k,1) est inversible dans , s’étend à , la catégorie des motifs mixtes géométriques, en un foncteur triangulé tensoriel. Conclusion: Nous avons donc construit le foncteur de réalisation de de Rham avec toutes les propriétés voulues. Le point technique fondamental était de mettre explicitement des transferts sur le complexe de de Rham et une fois bien comprise cette machine, l’extension à est essentiellement formelle. On notera également que cette approche directe évite les soucis dûs aux structures enrichies sur la cohomologie, que l’on rencontre dans les approches de Lecomte-Wach et Cisisnki-Déglise.
Il ne reste plus qu’une remarque à faire. Le cas de la réalisation rigide n’a pas été abordée ici, mais une partie de l’approche énoncée ici peut être réutilisée. Pour obtenir les transferts pour la cohomologie rigide, il suffit de construire un morphisme de transfert pour une correspondance finie irréductible finie W au dessus de X affine lisse. Dans le cas où X est affine lisse, la cohomologie rigide se calcule comme la cohomologie de de Rham d’un ’complété faible’ d’un relèvement de X. De plus, on a par [22] que les morphismes finis surjectifs entre schémas affines lisses se relèvent en des morphismes finis surjectifs au niveau des complétés faibles. Le problème vient alors que la correspondance finie W ne se relève pas, n’étant pas lisse. En revanche, cela devient possible en utilisant de Jong.
Dans ce cas, on a un diagramme de la sorte:
avec f propre surjective et génériquement étale et est lisse. Dans ce cas, est propre, surjectif et génériquement fini entre schémas lisses. On peut donc appliquer ce qu’on a dit ci-dessus, il faut alors voir que c’est indépendant du choix de l’altération, et que le transfert s’étend. Une fois les transferts mis, le reste est essentiellement formel. Bibliographie: [1] Y. André, Une introduction aux motifs (motifs purs,motifs mixtes et périodes), Panoramas et Synthèses, SMF, 2004. [2] M. Artin, Grothendieck Topologies, Seminar Notes. Harvard Univ. Dept.,Spring 1962. [3] P. Balmer, M. Schlichting, Idempotent completion of triangulated categories, J. Algebra 236 (2001), no. 2, p. 819-834. [4] A. Beilinson, V. Vologodsky, A DG-guide to Voevodsky’s motives, preprint Arxiv (2008). [5] D.C. Cisinski, F. Déglise, Mixed Weil cohomologies, Preprint (2007). [5 bis] D.C.Cisinski, F.Déglise, Local and stable homological algebra in Grothendieck categories. Homotopy, homolgy, appplications. Volume 11, No. 1, pp. 219-260 (2009). [6] P. Deligne, Equations différentielles à points singuliers réguliers. Lecture Notes in Math. 163 (Springer-Verlag 1970). [7] P. Deligne, Théorie de Hodge II. Publ. Math. IHES 40 (1972), 5-57. [8] P. Deligne, Catégories tannakiennes. in Grothendieck Festschrift vol II. Progress in Math. 87 Birkhäuser Boston (1990) pp. 111-195. [9] P. Deligne, J.S. Milne, A. Ogus, K.Y. Shih. Hodge cycles, motives and Shimura varieties. Lecture Notes in Math. 900 (Springer-Verlag 1982). [10] P. Deligne, A. Goncharov, Groupes fondamentaux motiviques de Tate mixtes, Ann Sci Ens 38 1, (2005) p.1-56. [10 1/2] S. Eilenberg, J.A. Zilber, On products of complexes, Amer. J. Math 75 (1953), p. 200-204. [11] E. M. Friedlander and V. Voevodsky, Bivariant Cycle Cohomology, in [34], pp. 138-187. [12] W. Fulton, Intersection theory, Ergebnisse der Mathematik und ihrer Grenzgebiete. 3. Folge. A Series of Modern Surveys in Mathematics, vol. 2, Springer- Verlag, Berlin, 1998. [13] H. Hironaka, Resolution of singularities of an algebraic variety over a field of characteristic zero. I, II , Ann. of Math. (1) 79 (1964), 109-203 ; ibid. (2) 79 (1964), p. 205-326. [14] A. Huber, Mixed motives and their realization in derived categories, Lecture Notes in Mathematics, vol. 1604, Springer-Verlag, Berlin, 1995. [15] F. Ivorra, Réalisation l-adique des motifs mixtes, Thèse de doctorat de l’Université Paris 6 (2005). [15 bis] F. Ivorra, Réalisation l-adique des motifs triangulés géométriques I, Doc Math (2007). [16] U. Janssen, Motives, numerical equivalence, and semi-simplicity. Invent. Math. 107: 447-452, 1992. [17] M. Kashiwara, P. Schapira, Categories and sheaves, Grundlehren der Math. Wiss. 332 Springer-Verlag, (2005). [18] H. Kawanoue, Toward resolution of singularities over a field of positive characteristic Part I. Foundation of the program: the language of the idealistic filtration, Arxiv. [19] H. Kawanoue, K. Matsuki, Toward resolution of singularities over a field of positive characteristic (The Idealistic Filtration Program) Part II. Basic invariants associated to the idealistic filtration and their properties , Arxiv. [19bis] F. Lecomte, N. Wach, Le complexe motivique de de Rham, Arxiv. [20] M. Levine, Mixed motives, American Mathematical Society, Providence, RI, 1998. [20bis] D. Lieberman, Numerical equivalence and homological equivalence of algebraic cycles on Hodge manifolds, Amer.J.Math.90 (1968), p53-66 [21] C. Mazza, V. Voevodsky, C. Weibel, Lecture notes on motivic cohomology, Clay Mathematics Monographs, vol. 2, American Mathematical Society (2006). [22] P. Monsky and G. Washnitzer, Formal Cohomology I The Annals of Mathematics, Second Series, Vol. 88, No. 2 (Sep., 1968), pp. 181-217. [23] Ye. A. Nisnevich, The completely decomposed topology on schemes and associated descent spectral sequences in algebraic K-theory, Algebraic K-theory: connections with geometry and topology (Lake Louise, AB, 1987), Kluwer Acad. Publ., Dordrecht, 1989, pp. 241-342. [24] N. Saavedra Rivano, Catégories tannakiennes, Lecture Notes in Mathematics 265, Springer-Verlag, Berlin, 1972. [25] J-P. Serre Algèbre locale, Multiplicités, Cours au Collège de France, 1957-1958, redigé par Pierre Gabriel. Seconde édition, 1965. Lecture Notes in Mathematics, vol. 11, Springer- Verlag, Berlin, 1965. [26] J-P. Serre. Corps locaux. Publications de l’Institut de Mathématique de l’Université de Nancago, VIII. Hermann, Paris, 1962. [27] J-P. Serre, Propriétés conjecturales des groupes de Galois motiviques et des représentations l-adiques, Motives (Seattle, WA, 1991), Proc. Sympos. Pure Math., vol. 55, Amer. Math. Soc., Providence, RI, 1994, Part 1. [28] Théorie des topos et cohomologie étale des schemas I, II, III, Springer-Verlag, Berlin, 1972- 1973, Séminaire de Géométrie Algèbrique du Bois-Marie 1963-1964 (SGA 4), Dirigé par M. Artin, A. Grothendieck, et J.-L. Verdier. Avec la collaboration de N. Bourbaki, P. Deligne et B. Saint-Donat, Lecture Notes in Mathematics, Vol. 269, 270, 305. [29] J-L. Verdier, Des catégories dérivées des catégories abéliennes, Asterisque-Soc. Math. France 239 (1996). [30] J.L. Verdier, Catégories triangulées, état 0. Cohomologie étale. Séminaire de Géométrie algébrique du Bois-Marie SGA 4 1/2. [31] P. Deligne, SGA 4 1/2, avec la collaboration de J. F. Boutot, A. Grothendieck, L. Illusie et J-L. Verdier. pp. 262-311. Lecture Notes in Mathematics, 569. Springer-Verlag, Berlin-New York, 1977. [32] V. Voevodsky, Triangulated categories of motives over a field, in Cycles, transfers, and motivic homology theories, Annals of Mathematics Studies, vol. 143, Princeton University Press, Princeton, NJ, 2000. [33] V. Voevodsky, Homology of schemes, Selecta Math. (N.S.) 2 (1996), no. 1, p. 111-153. [34] V. Voevodsky, A. Suslin and E. M. Friedlander, Cycles, transfers, and motivic homology theories, Annals of Mathematics Studies, vol. 143, Princeton University Press, 2000.