Critères d’irréductibilité pour les représentations
des courbes elliptiques

Nicolas Billerey
Résumé

Let E𝐸E be an elliptic curve defined over a number field K𝐾K. We say that a prime number p𝑝p is exceptional for (E,K)𝐸𝐾(E,K) if E𝐸E admits a p𝑝p-isogeny defined over K𝐾K. The so-called exceptional set of all such prime numbers is finite if and only if E𝐸E does not have complex multiplication over K𝐾K. In this paper, we prove that the exceptional set is included in the set of prime divisors of an explicit list of integers (depending on E𝐸E and K𝐾K), whose infinitely many of them are non-zero. It provides an efficient algorithm for computing it in the finite case. Other less general but rather useful criteria are given, as well as several numerical examples.

Introduction

Soient 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}} la clôture algébrique de 𝐐𝐐\mathbf{Q} dans 𝐂𝐂\mathbf{C} et K𝐾K un corps de nombres contenu dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}. Étant donnés une courbe elliptique E𝐸E définie sur K𝐾K et un nombre premier p𝑝p, on note E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] le groupe des points de p𝑝p-torsion de la courbe E𝐸E. C’est un espace vectoriel de dimension 222 sur le corps 𝐅p=𝐙/p𝐙subscript𝐅𝑝𝐙𝑝𝐙\mathbf{F}_{p}=\mathbf{Z}/p\mathbf{Z} muni d’une action du groupe de Galois GK=Gal(𝐐¯/K)subscriptG𝐾Gal¯𝐐𝐾\mathrm{G}_{K}=\mathrm{Gal}(\overline{\mathbf{Q}}/{K}). Cela fournit un homomorphisme

ρp:GKAut(E[p])GL2(𝐅p).:subscript𝜌𝑝subscriptG𝐾Aut𝐸delimited-[]𝑝similar-to-or-equalssubscriptGL2subscript𝐅𝑝\rho_{p}:\mathrm{G}_{K}\longrightarrow\mathrm{Aut}(E[p])\simeq\mathrm{GL}_{2}(\mathbf{F}_{p}).

Serre a démontré ([Ser72]) que si E𝐸E est sans multiplication complexe sur 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, il existe une constante c(E,K)𝑐𝐸𝐾c(E,K) telle que pour tout nombre premier p>c(E,K)𝑝𝑐𝐸𝐾p>c(E,K), la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est surjective. Il a également posé la question (toujours ouverte, y compris pour K=𝐐𝐾𝐐K=\mathbf{Q}) de savoir si c(E,K)𝑐𝐸𝐾c(E,K) peut être choisie indépendamment de E𝐸E ([Ser79]).

Dans ce travail, on s’int resse l’ensemble, not Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K), des nombres premiers p𝑝p pour lesquels la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} ci-dessus est r ductible. On dit alors que p𝑝p est exceptionnel pour le couple (E,K)𝐸𝐾(E,K). L’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est g n ralement fini. Plus pr cis ment, Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est fini si et seulement E𝐸E n’a pas de multiplication complexe sur K𝐾K, i.e. EndK(E)=𝐙subscriptEnd𝐾𝐸𝐙\mathrm{End}_{K}(E)=\mathbf{Z} (prop. 2.2). On s’int resse ici la question suivante.

Question 1. Le corps K𝐾K et la courbe E𝐸E étant donnés, comment d terminer explicitement l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) lorsqu’il est fini?

Lorsque E𝐸E est sans multiplication complexe, Pellarin ([Pel01]), à la suite de Masser et Wüstholz, a obtenu, comme corollaire de ses travaux, une majoration explicite des nombres premiers exceptionnels. Cependant, en raison des constantes qui y apparaîssent, ce résultat ne se pr te malheureusement pas une d termination explicite de l’ensemble des nombres premiers exceptionnels. En utilisant des arguments de th orie du corps de classes, on obtient un crit re (théorème 2) portant sur la r duction de E𝐸E en chaque place finie de K𝐾K offrant une réponse satisfaisante à la question 111. De plus, dans le cas où K𝐾K est de degré impair sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}, on dispose d’un autre résultat (théorème 1) particulièrement simple à mettre en application.

Ces théorèmes sont illustr s num riquement dans le §5 o l’on d termine explicitement l’ensemble des nombres premiers exceptionnels de plusieurs courbes elliptiques.

On s’int resse galement dans ce travail la question suivante.

Question 2. Soient K𝐾K un corps de nombres et \mathcal{E} un ensemble infini de courbes elliptiques définies sur K𝐾K tels que pour toute courbe E𝐸E de l’ensemble \mathcal{E}, Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) soit fini. Peut-on trouver une constante uniforme α(,K)𝛼𝐾\alpha(\mathcal{E},K) telle que pour toute courbe elliptique E𝐸E appartenant à \mathcal{E}, la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} soit irréductible dès que p>α(,K)𝑝𝛼𝐾p>\alpha(\mathcal{E},K)?

Dans le cas où \mathcal{E} est l’ensemble de toutes les courbes elliptiques sans multiplication complexe définies sur K𝐾K, cette question est une étape (importante) vers la résolution de la question uniforme de Serre (voir [BP08] pour plus de détails et de nouvelles avancées). Lorsque K=𝐐𝐾𝐐K=\mathbf{Q} et \mathcal{E} est l’ensemble de toutes les courbes elliptiques définies sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}, Mazur a montré ([Maz78]) que tel est le cas avec α(,𝐐)=163𝛼𝐐163\alpha(\mathcal{E},\mathbf{Q})=163. Dans le cas où \mathcal{E} est l’ensemble des courbes semi-stables, Kraus a obtenu des résultats uniformes et effectifs pour différentes familles corps de nombres, notamment les corps quadratiques et cubiques ([Kra96, Kra07]). Dans ce travail, on généralise aux corps de nombres plusieurs r sultats connus sur 𝐐𝐐\mathbf{Q} (prop. 1.1 et 1.2). On obtient ainsi quelques réponses dans la direction de la question 222 pour des ensembles \mathcal{E} de courbes elliptiques ayant mauvaise r duction additive en une place finie de K𝐾K et un «  d faut de semi-stabilit   » particulier. Ces r sultats sont particuli rement utiles d’un point de vue num rique et sont illustr s au §5.

1 Énoncés des résultats

1.1 Une loi utile

On note M𝐙subscript𝑀𝐙M_{\mathbf{Z}} le sous-ensemble de 𝐙[X]𝐙delimited-[]𝑋\mathbf{Z}[X] constitu des polyn mes unitaires ne s’annulant pas en 00. L’application

M𝐙×M𝐙𝐙[X](P,Q)(PQ)(X)=ResZ(P(Z),Q(X/Z)ZdegQ)subscript𝑀𝐙subscript𝑀𝐙𝐙delimited-[]𝑋𝑃𝑄𝑃𝑄𝑋subscriptRes𝑍𝑃𝑍𝑄𝑋𝑍superscript𝑍degree𝑄\begin{array}[]{ccl}M_{\mathbf{Z}}\times M_{\mathbf{Z}}&\longrightarrow&\mathbf{Z}[X]\\ (P,Q)&\longmapsto&(P\ast Q)(X)=\mathrm{Res}_{Z}\left(P(Z),Q\left(X/Z\right)Z^{\deg Q}\right)\end{array}

o ResZsubscriptRes𝑍\mathrm{Res}_{Z} d signe le r sultant par rapport la variable Z𝑍Z, d finit une loi de mono de commutatif sur M𝐙subscript𝑀𝐙M_{\mathbf{Z}} d’ l ment neutre X1𝑋1X-1 (lemme 3.1). De plus, les racines complexes de PQ𝑃𝑄P\ast Q sont exactement les produits d’une racine de P𝑃P par une racine de Q𝑄Q, compt es avec multiplicit s (loc. cit.). Concr tement, si

P(X)=i(Xαi)etQ(X)=j(Xβj),formulae-sequence𝑃𝑋subscriptproduct𝑖𝑋subscript𝛼𝑖et𝑄𝑋subscriptproduct𝑗𝑋subscript𝛽𝑗P(X)=\prod_{i}(X-\alpha_{i})\quad\textrm{et}\quad Q(X)=\prod_{j}(X-\beta_{j}),

alors, on a (PQ)(X)=i,j(Xαiβj)𝑃𝑄𝑋subscriptproduct𝑖𝑗𝑋subscript𝛼𝑖subscript𝛽𝑗(P\ast Q)(X)=\prod_{i,j}(X-\alpha_{i}\beta_{j}).

Étant donnés PM𝐙𝑃subscript𝑀𝐙P\in M_{\mathbf{Z}} et k1𝑘1k\geq 1, on convient de noter

Pk=PPk foisetP0(X)=X1.formulae-sequencesuperscript𝑃absent𝑘subscript𝑃𝑃𝑘 foisetsuperscript𝑃absent0𝑋𝑋1P^{*k}=\underbrace{P\ast\cdots\ast P}_{k\textrm{ fois}}\quad\textrm{et}\quad P^{*0}(X)=X-1.

Par ailleurs, soient PM𝐙𝑃subscript𝑀𝐙P\in M_{\mathbf{Z}} et r1𝑟1r\geq 1. Il existe alors un unique polyn me P(r)M𝐙superscript𝑃𝑟subscript𝑀𝐙P^{(r)}\in M_{\mathbf{Z}} tel que

P(r)(Xr)=(PΨr)(X)superscript𝑃𝑟superscript𝑋𝑟𝑃subscriptΨ𝑟𝑋P^{(r)}(X^{r})=(P\ast\Psi_{r})(X)

o Ψr(X)=Xr1subscriptΨ𝑟𝑋superscript𝑋𝑟1\Psi_{r}(X)=X^{r}-1 (lemme 3.2). Les racines complexes de P(r)superscript𝑃𝑟P^{(r)} sont exactement les puissances r𝑟r-i mes des racines complexes de P𝑃P compt es avec multiplicit s. Autrement dit, si

P(X)=i(Xαi),alorsP(r)(X)=i(Xαir).formulae-sequence𝑃𝑋subscriptproduct𝑖𝑋subscript𝛼𝑖alorssuperscript𝑃𝑟𝑋subscriptproduct𝑖𝑋superscriptsubscript𝛼𝑖𝑟P(X)=\prod_{i}(X-\alpha_{i}),\quad\textrm{alors}\quad P^{(r)}(X)=\prod_{i}(X-\alpha_{i}^{r}).

Enfin, l’application PP(r)maps-to𝑃superscript𝑃𝑟P\mapsto P^{(r)} est un morphisme de mono des pour la loi \ast.

1.2 R sultats

On énonce deux résultats dans la direction de la question 111 et deux dans la direction de la question 222 que l’on illustre dans le §5 sur des exemples concrets.

On fixe un corps de nombres K𝐾K contenu dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}} et une courbe elliptique E𝐸E définie sur K𝐾K. On note d𝑑d le degr de K𝐾K sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}, DKsubscript𝐷𝐾D_{K} son discriminant, 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} son anneau d’entiers, hh son nombre de classes et NK/𝐐subscript𝑁𝐾𝐐N_{K/\mathbf{Q}} la norme de l’extension K/𝐐𝐾𝐐K/\mathbf{Q}.

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} en lequel E𝐸E a bonne réduction. On pose

P𝔮(X)=X2t𝔮X+N(𝔮)𝐙[X]subscript𝑃𝔮𝑋superscript𝑋2subscript𝑡𝔮𝑋𝑁𝔮𝐙delimited-[]𝑋P_{\mathfrak{q}}(X)=X^{2}-t_{\mathfrak{q}}X+N(\mathfrak{q})\in\mathbf{Z}[X]

N(𝔮)𝑁𝔮N(\mathfrak{q}) est le cardinal du corps résiduel 𝒪K/𝔮subscript𝒪𝐾𝔮\mathcal{O}_{K}/\mathfrak{q} et

t𝔮=N(𝔮)+1A𝔮,subscript𝑡𝔮𝑁𝔮1subscript𝐴𝔮t_{\mathfrak{q}}=N(\mathfrak{q})+1-A_{\mathfrak{q}},

avec A𝔮subscript𝐴𝔮A_{\mathfrak{q}} le nombre de points sur le corps 𝒪K/𝔮subscript𝒪𝐾𝔮\mathcal{O}_{K}/\mathfrak{q} de la réduction de E𝐸E en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

Soit \ell un nombre premier et

𝒪K=𝔮𝔮v𝔮()subscript𝒪𝐾subscriptproductconditional𝔮superscript𝔮subscript𝑣𝔮\ell\mathcal{O}_{K}=\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\mathfrak{q}^{v_{\mathfrak{q}}(\ell)}

la d composition de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\ell\mathcal{O}_{K} en produit d’id aux premiers de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. On suppose que E𝐸E a bonne r duction en chaque id al premier au-dessus de \ell. Par abus de langage, on dit alors que E𝐸E a bonne réduction en \ell. Dans ce cas, on associe \ell (on rappelle que E𝐸E et K𝐾K sont fix s) un polyn me Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} coefficients entiers dont certaines valeurs sp ciales vont permettre de d terminer essentiellement l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K). Pr cis ment, on pose :

P=𝔮(P𝔮(12v𝔮()))𝐙[X],superscriptsubscript𝑃subscriptconditional𝔮superscriptsubscript𝑃𝔮12subscript𝑣𝔮𝐙delimited-[]𝑋P_{\ell}^{*}=\mathop{\mathchoice{\text{\huge$\ast$}}{\text{\Large$\ast$}}{\text{\normalsize$\ast$}}{\text{\footnotesize$\ast$}}}\displaylimits_{\mathfrak{q}\mid\ell}\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12v_{\mathfrak{q}}(\ell))}\right)\in\mathbf{Z}[X], (1)

o , d’une part le produit \ast, pris au sens de la d finition du §1.1, porte sur tous les id aux premiers de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant \ell et, d’autre part les exposants (12v𝔮())12subscript𝑣𝔮(12v_{\mathfrak{q}}(\ell)) renvoient la notation adopt e galement au § pr c dent. Ce polyn me ne d pend que de la famille de triplets d’entiers {(t𝔮,v𝔮(),f𝔮)}𝔮subscriptsubscript𝑡𝔮subscript𝑣𝔮subscript𝑓𝔮conditional𝔮\{(t_{\mathfrak{q}},v_{\mathfrak{q}}(\ell),f_{\mathfrak{q}})\}_{\mathfrak{q}\mid\ell} o N(𝔮)=f𝔮𝑁𝔮superscriptsubscript𝑓𝔮N(\mathfrak{q})=\ell^{f_{\mathfrak{q}}}. Ses racines complexes sont de module 6dsuperscript6𝑑\ell^{6d} (lemme 3.4). On consid re alors l’entier (essentiel dans la suite) :

B=k=0[d2]P(12k)subscript𝐵superscriptsubscriptproduct𝑘0delimited-[]𝑑2superscriptsubscript𝑃superscript12𝑘B_{\ell}=\prod_{k=0}^{\left[\frac{d}{2}\right]}P_{\ell}^{*}\left(\ell^{12k}\right)

o [d/2]delimited-[]𝑑2[d/2] d signe la partie enti re de d/2𝑑2d/2.

Dans la direction de la question 111 de l’Introduction, on montre le crit re suivant.

Th or me 1

Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel pour (E,K)𝐸𝐾(E,K). Alors, on est dans l’une des situations suivantes :

  1. 1.

    p𝑝p divise 6DK6subscript𝐷𝐾6D_{K};

  2. 2.

    il existe un id al premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p en lequel E𝐸E a mauvaise r duction additive avec potentiellement bonne r duction supersinguli re.

  3. 3.

    pour tout nombre premier \ell de bonne r duction, le nombre premier p𝑝p divise l’entier Bsubscript𝐵B_{\ell} (si d=1𝑑1d=1, on suppose p𝑝\ell\not=p).

Supposons que E𝐸E soit donn e par une quation de Weierstrass coefficients dans l’anneau 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} de discriminant ΔEsubscriptΔ𝐸\Delta_{E}. On d duit du th or me 1 le corollaire suivant.

Corollaire 1.1

Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel pour (E,K)𝐸𝐾(E,K). Alors, on est dans l’une des situations suivantes :

  1. 1.

    p𝑝p divise 6DKNK/𝐐(ΔE)6subscript𝐷𝐾subscript𝑁𝐾𝐐subscriptΔ𝐸6D_{K}N_{K/\mathbf{Q}}(\Delta_{E});

  2. 2.

    pour tout nombre premier \ell de bonne r duction, le nombre premier p𝑝p divise l’entier Bsubscript𝐵B_{\ell} (si d=1𝑑1d=1, on suppose p𝑝\ell\not=p).

Les racines complexes de Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} tant de module 6dsuperscript6𝑑\ell^{6d} (lemme 3.4), on a en particulier :

d impair B0.𝑑 impair subscript𝐵0d\textrm{ impair }\Longrightarrow B_{\ell}\not=0.

On d duit alors du th or me 1 le corollaire suivant.

Corollaire 1.2 (cas du degr impair)

On suppose que l’extension K/𝐐𝐾𝐐K/\mathbf{Q} est de degr d𝑑d impair. Alors, l’ensemble des nombres premiers exceptionnels pour E𝐸E est fini. De plus, si p𝑝p un nombre premier exceptionnel pour (E,K)𝐸𝐾(E,K), alors, pour tout nombre premier \ell de bonne r duction, le nombre premier p𝑝p divise l’entier non nul

6DKNK/𝐐(ΔE)B.6subscript𝐷𝐾subscript𝑁𝐾𝐐subscriptΔ𝐸subscript𝐵6D_{K}N_{K/\mathbf{Q}}(\Delta_{E})B_{\ell}.

Remarque. Plus g n ralement, on d montre partir de la proposition 2.2 et de r sultats classiques de la th orie de la multiplication complexe que les propri t s suivantes sont quivalentes :

  1. 1.

    le corps K𝐾K ne contient pas le corps de classes de Hilbert d’un corps quadratique imaginaire;

  2. 2.

    pour toute courbe elliptique E𝐸E d finie sur K𝐾K, l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est fini.

La situation est plus compliqu e dans le cas des extensions de degr pair. Bien que le critère du théorème 1 ci-dessus s’applique toujours (cf. §5.3), on n’a plus la garantie, pour une courbe ayant un ensemble exceptionnel fini, qu’il existe un nombre premier \ell de bonne réduction pour lequel l’entier Bsubscript𝐵B_{\ell} soit non nul (comme le montre l’exemple 5.8). L’énoncé plus général ci-dessous permet de contourner cette difficulté et constitue notre résultat principal en direction de la question 111.

Th or me 2

Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel pour (E,K)𝐸𝐾(E,K). Alors, on est dans l’une des situations suivantes :

  1. 1.

    p𝑝p divise 6DK6subscript𝐷𝐾6D_{K};

  2. 2.

    il existe un id al premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p en lequel E𝐸E a mauvaise r duction additive avec potentiellement bonne r duction supersinguli re.

  3. 3.

    pour tout idéal premier 𝔮𝔮\mathfrak{q} de bonne r duction, le nombre premier p𝑝p divise l’entier

    R𝔮=k=0[d2]Res(P𝔮(12h),(𝔪γ𝔮(12))k),subscript𝑅𝔮superscriptsubscriptproduct𝑘0delimited-[]𝑑2Ressuperscriptsubscript𝑃𝔮12superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absent𝑘R_{\mathfrak{q}}=\prod_{k=0}^{\left[\frac{d}{2}\right]}\mathrm{Res}\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12h)},\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*k}\right),

    𝔮h=γ𝔮𝒪Ksuperscript𝔮subscript𝛾𝔮subscript𝒪𝐾\mathfrak{q}^{h}=\gamma_{\mathfrak{q}}\mathcal{O}_{K} et 𝔪γ𝔮subscript𝔪subscript𝛾𝔮\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}} est le polynôme minimal de γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} sur 𝐐𝐐\mathbf{Q} (si d=1𝑑1d=1, on suppose que 𝔮𝔮\mathfrak{q} ne divise pas p𝑝p).

De plus, si E𝐸E est sans multiplication complexe sur 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, alors R𝔮0subscript𝑅𝔮0R_{\mathfrak{q}}\not=0 pour une infinité d’idéaux premiers 𝔮𝔮\mathfrak{q}.


Dans la direction de la question 222 de l’Introduction, on g n ralise aux corps de nombres plusieurs r sultats connus sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}. Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un id al premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} de caract ristique r siduelle \ell. On a

N(𝔮)=|𝒪K/𝔮|=f𝔮,𝑁𝔮subscript𝒪𝐾𝔮superscriptsubscript𝑓𝔮N(\mathfrak{q})=\lvert\mathcal{O}_{K}/\mathfrak{q}\rvert=\ell^{f_{\mathfrak{q}}},

o f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est le degr r siduel de 𝔮𝔮\mathfrak{q}. On suppose que E𝐸E a mauvaise r duction additive en 𝔮𝔮\mathfrak{q} avec potentiellement bonne r duction. Alors, pour tout nombre premier p3𝑝3p\geq 3 tel que p𝑝p\not=\ell, l’action de I𝔮subscript𝐼𝔮I_{\mathfrak{q}}, sous-groupe d’inertie en 𝔮𝔮\mathfrak{q}, sur E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] se fait par l’interm diaire d’un certain quotient fini Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} de I𝔮subscript𝐼𝔮I_{\mathfrak{q}} ([ST68]) :

I𝔮Φ𝔮Aut(E[p]).subscript𝐼𝔮subscriptΦ𝔮Aut𝐸delimited-[]𝑝I_{\mathfrak{q}}\longrightarrow\Phi_{\mathfrak{q}}\hookrightarrow\mathrm{Aut}(E[p]).

On a alors les deux résultats suivants. Ceux-ci sont connus pour K=𝐐𝐾𝐐K=\mathbf{Q} et ont été utilisés par Serre dans [Ser72, §5] pour traiter des exemples numériques.

Proposition 1.1

On suppose que le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} n’est pas cyclique. Alors, la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irréductible pour tout nombre premier p5𝑝5p\geq 5.

Proposition 1.2

On suppose que pour tout entier n0𝑛0n\geq 0, l’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} ne divise pas N(𝔮)n(N(𝔮)1)𝑁superscript𝔮𝑛𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})^{n}(N(\mathfrak{q})-1). Alors, la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irréductible pour tout nombre premier p3𝑝3p\geq 3 tel que p𝑝p\not=\ell.

Remarque. Si 55\ell\geq 5, on peut remplacer l’hypoth se par : l’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} ne divise pas N(𝔮)1𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})-1.

Comme corollaires des propositions ci-dessus, on obtient les résultats suivants dans le cas où 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 222 ou 333.

Corollaire 1.3

On suppose que 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 222 et que l’une des conditions suivantes est satisfaite :

  1. 1.

    le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} est d’ordre 888 ou 242424;

  2. 2.

    le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} est d’ordre 333 ou 666 et le degré résiduel f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est impair.

Alors, la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irréductible pour tout nombre premier p5𝑝5p\geq 5.

Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 222, l’ tude faite dans [Bil09] permet parfois de calculer l’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} directement partir de la valuation de l’invariant modulaire de E𝐸E ([Bil09, th. 1]). Si K𝐾K est une extension quadratique de 𝐐𝐐\mathbf{Q} (ou plus g n ralement si le degr sur 𝐐2subscript𝐐2\mathbf{Q}_{2} du compl t de K𝐾K en 𝔮𝔮\mathfrak{q} est 2absent2\leq 2), le th or me [Bil09, th. 2] et [Cal04] fournissent en toute g n ralit l’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} en fonction des coefficients d’une quation de Weierstrass de E𝐸E.

Remarque. La condition de parit dans le corollaire pr c dent est n cessaire. En effet, soient K𝐾K l’extension de 𝐐𝐐\mathbf{Q} engendr e par une racine du polyn me

(X2+5X+1)3(X2+13X+49)2413332Xsuperscriptsuperscript𝑋25𝑋13superscript𝑋213𝑋49superscript24superscript133superscript32𝑋(X^{2}+5X+1)^{3}(X^{2}+13X+49)-\frac{2^{4}\cdot 13^{3}}{3^{2}}X

et E𝐸E la courbe elliptique d finie sur K𝐾K par l’ quation

y2=x3x24x4.superscript𝑦2superscript𝑥3superscript𝑥24𝑥4y^{2}=x^{3}-x^{2}-4x-4.

Alors, le degr r siduel de K𝐾K en l’unique id al 𝔭2subscript𝔭2\mathfrak{p}_{2} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant 222, est f𝔭2=2subscript𝑓subscript𝔭22f_{\mathfrak{p}_{2}}=2 et la courbe E𝐸E a un d faut de semi-stabilit d’ordre 666 en 𝔭2subscript𝔭2\mathfrak{p}_{2}. Pour autant la repr sentation ρ7:GKGL2(𝐅7):subscript𝜌7subscriptG𝐾subscriptGL2subscript𝐅7\rho_{7}:\mathrm{G}_{K}\longrightarrow\mathrm{GL}_{2}(\mathbf{F}_{7}) est réductible car K𝐾K correspond au sous-corps de 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}} laiss fixe par le stablilisateur dans Gal(𝐐¯/𝐐)Gal¯𝐐𝐐\mathrm{Gal}(\overline{\mathbf{Q}}/\mathbf{Q}) d’un sous-groupe d’ordre 777 de E(𝐐¯)𝐸¯𝐐E(\overline{\mathbf{Q}}) ([KO92, p. 273]).

Lorsque 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 333, on a le corollaire suivant.

Corollaire 1.4

On suppose que 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 333 et que l’une des conditions suivantes est satisfaite :

  1. 1.

    le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} est d’ordre 121212;

  2. 2.

    le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} est d’ordre 444 et le degré résiduel f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est impair.

Alors, la représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irréductible pour tout nombre premier p5𝑝5p\geq 5.

2 Rappels

Dans toute cette section, on fixe un corps de nombres K𝐾K contenu dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}} et une courbe elliptique E𝐸E définie sur K𝐾K. Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel. Le groupe E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] poss de alors une droite D𝐷D stable par GKsubscriptG𝐾\mathrm{G}_{K}. Notons λ𝜆\lambda le caract re donnant l’action de GKsubscriptG𝐾\mathrm{G}_{K} sur D𝐷D. On l’appelle caract re d’isog nie associ D𝐷D. Dans une base convenable de E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] sur 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}, la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est repr sentable matriciellement par

(λ0λ),matrix𝜆0superscript𝜆\begin{pmatrix}\lambda&*\\ 0&\lambda^{\prime}\\ \end{pmatrix},

o λ𝜆\lambda et λsuperscript𝜆\lambda^{\prime} s’interpr tent comme des caract res de GKsubscriptG𝐾\mathrm{G}_{K} valeurs dans 𝐅psuperscriptsubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}^{*}. On a

detρp=λλ=χp,subscript𝜌𝑝𝜆superscript𝜆subscript𝜒𝑝\det\rho_{p}=\lambda\cdot\lambda^{\prime}=\chi_{p}, (2)

o χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} est le caract re donnant l’action de GKsubscriptG𝐾\mathrm{G}_{K} sur les racines p𝑝p-i mes de l’unit (caract re cyclotomique).

La représentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} se factorise à travers le groupe de Galois de l’extension K(E[p])/K𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾K(E[p])/K, où K(E[p])𝐾𝐸delimited-[]𝑝K(E[p]) est le corps engendré sur K𝐾K par les coordonnées des points de p𝑝p-torsion de E𝐸E. On note encore ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p}, λ𝜆\lambda, λsuperscript𝜆\lambda^{\prime} et χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} les morphismes passés au quotient.

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} est un idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. On note I𝔮subscript𝐼𝔮I_{\mathfrak{q}} un sous-groupe d’inertie en 𝔮𝔮\mathfrak{q} de Gal(K(E[p])/K)Gal𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾\mathrm{Gal}(K(E[p])/K). Si E𝐸E a bonne réduction en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et 𝔮𝔮\mathfrak{q} ne divise pas p𝑝p, l’extension K(E[p])/K𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾K(E[p])/K est non ramifiée en 𝔮𝔮\mathfrak{q} par le critère de Néron-Ogg-Shafarevich. On note σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}} une subsitution de Frobenius en 𝔮𝔮\mathfrak{q} de Gal(K(E[p])/K)Gal𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾\mathrm{Gal}(K(E[p])/K) (bien définie à conjugaison près).

Le résultat suivant est bien connu (c.f. [Sil92, Th.2.4]) et intervient de façon cruciale dans la démonstration des théorèmes 1 et 2.

Proposition 2.1 (Hasse – Weil)

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} est un idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} en lequel E𝐸E a bonne réduction. Les racines complexes de P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} sont de module N(𝔮)1/2𝑁superscript𝔮12N(\mathfrak{q})^{1/2}. En particulier, on a

|t𝔮|2N(𝔮)1/2.subscript𝑡𝔮2𝑁superscript𝔮12\lvert t_{\mathfrak{q}}\rvert\leq 2N(\mathfrak{q})^{1/2}.

Si de plus 𝔮𝔮\mathfrak{q} ne divise pas p𝑝p, le polynôme caractéristique de ρp(σ𝔮)subscript𝜌𝑝subscript𝜎𝔮\rho_{p}(\sigma_{\mathfrak{q}}) est P𝔮¯=P𝔮(modp)𝐅p[X]¯subscript𝑃𝔮annotatedsubscript𝑃𝔮𝑝𝑚𝑜𝑑𝑝subscript𝐅𝑝delimited-[]𝑋\overline{P_{\mathfrak{q}}}=P_{\mathfrak{q}}\pmod{p}\in\mathbf{F}_{p}[X]. En particulier, on a

P𝔮¯(λ(σ𝔮))=0.¯subscript𝑃𝔮𝜆subscript𝜎𝔮0\overline{P_{\mathfrak{q}}}(\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}}))=0.

2.1 L’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K)

L’objectif de ce § est de d montrer le r sultat suivant.

Proposition 2.2

Les conditions suivantes sont quivalentes :

  1. 1.

    la courbe E𝐸E n’a pas de multiplication complexe sur K𝐾K (i.e. EndK(E)=𝐙subscriptEnd𝐾𝐸𝐙\mathrm{End}_{K}(E)=\mathbf{Z});

  2. 2.

    l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est fini.

Démonstration. L’implication 1)2)\ref{item:CNS_finitude1})\Rightarrow\ref{item:CNS_finitude2}) r sulte du th or me de Šafarevič sur la finitude des classes de K𝐾K-isomorphisme de courbes elliptiques K𝐾K-isog nes une courbe donn e ([Sil92, IX §6]). Elle est due Serre et d montr e dans [Ser68, IV-9].

R ciproquement, si E𝐸E a des multiplications complexes sur K𝐾K (i.e. EndK(E)subscriptEnd𝐾𝐸\mathrm{End}_{K}(E) est de rang 222 comme 𝐙𝐙\mathbf{Z}-module), alors

EndK(E)𝐐=End𝐐¯(E)𝐐tensor-productsubscriptEnd𝐾𝐸𝐐tensor-productsubscriptEnd¯𝐐𝐸𝐐\mathrm{End}_{K}(E)\otimes\mathbf{Q}=\mathrm{End}_{\overline{\mathbf{Q}}}(E)\otimes\mathbf{Q}

et K𝐾K contient le corps quadratique imaginaire L=EndK(E)𝐐𝐿tensor-productsubscriptEnd𝐾𝐸𝐐L=\mathrm{End}_{K}(E)\otimes\mathbf{Q}. Soit p𝑝p un nombre premier d compos dans L𝐿L. On a

p𝒪L=ππ¯,𝑝subscript𝒪𝐿𝜋¯𝜋p\mathcal{O}_{L}=\pi\cdot\overline{\pi},

o 𝒪Lsubscript𝒪𝐿\mathcal{O}_{L} est l’anneau des entiers de L𝐿L. Alors, l’ensemble E[π]𝐸delimited-[]𝜋E[\pi] des points de E𝐸E annul s par les l ments de π𝜋\pi est d fini sur K𝐾K et d’ordre p𝑝p ([Lan87, ch.9 §4]). On en d duit que l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est infini.

2.2 Ramification et caractère d’isogénie

On suppose que p𝑝p est un nombre premier exceptionnel pour E𝐸E. Le résultat suivant se déduit de l’étude de la restriction de ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} aux sous-groupes d’inertie de Gal(K(E[p])/K)Gal𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾\mathrm{Gal}(K(E[p])/K) telle qu’elle est faite, par exemple, dans [Ser68, IV], [Ser72, §§1.11-1.12] et [Kra97] (voir également [Dav08, §1] pour une discussion similaire).

Proposition 2.3

Supposons p5𝑝5p\geq 5 non ramifi dans K𝐾K.

  1. 1.

    Le caract re λ12superscript𝜆12\lambda^{12} est non ramifi en dehors des id aux premiers de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p.

  2. 2.

    Soit 𝔭𝔭\mathfrak{p} un id al de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p. On suppose que E𝐸E n’a pas mauvaise r duction additive en 𝔭𝔭\mathfrak{p} avec potentiellement bonne r duction de hauteur 222 (supersinguli re). Alors, il existe un entier α𝔭{0,12}subscript𝛼𝔭0.12\alpha_{\mathfrak{p}}\in\{0,12\} tel que

    λ12I𝔭=χpα𝔭I𝔭.evaluated-atsuperscript𝜆12subscript𝐼𝔭evaluated-atsuperscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝛼𝔭subscript𝐼𝔭\lambda^{12}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}=\chi_{p}^{\alpha_{\mathfrak{p}}}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}.

Remarques.

  1. 1.

    Dans une base convenable, la repr sentation sur les points de p𝑝p-torsion de la courbe E/D𝐸𝐷E/D est repr sentable matriciellement par

    (λ0λ).matrixsuperscript𝜆0𝜆\begin{pmatrix}\lambda^{\prime}&*\\ 0&\lambda\\ \end{pmatrix}.

    Autrement dit, d’apr s l’ galit  (2), on peut toujours, si on le souhaite, remplacer la famille {α𝔭}𝔭psubscriptsubscript𝛼𝔭conditional𝔭𝑝\{\alpha_{\mathfrak{p}}\}_{\mathfrak{p}\mid p} par la famille {12α𝔭}𝔭psubscript12subscript𝛼𝔭conditional𝔭𝑝\{12-\alpha_{\mathfrak{p}}\}_{\mathfrak{p}\mid p}.

  2. 2.

    On peut montrer en utilisant la description locale de ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} donn e dans la proposition [Kra97, prop.222] que si 𝔭𝔭\mathfrak{p} divise p𝑝p et E𝐸E a mauvaise réduction additive en 𝔭𝔭\mathfrak{p} avec potentiellement bonne réduction supersingulière, alors il existe un entier α𝔭{4,6,8}subscript𝛼𝔭4.6.8\alpha_{\mathfrak{p}}\in\{4,6,8\} tel que

    λ12I𝔭=χpα𝔭I𝔭.evaluated-atsuperscript𝜆12subscript𝐼𝔭evaluated-atsuperscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝛼𝔭subscript𝐼𝔭\lambda^{12}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}=\chi_{p}^{\alpha_{\mathfrak{p}}}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}.
  3. 3.

    Dans sa thèse ([Dav08]), A. David démontre que si K𝐾K ne contient pas le corps de classes de Hilbert d’un corps quadratique imaginaire, il existe alors une constante effective C(K)𝐶𝐾C(K), ne dépendant que de K𝐾K (et donc pas de E𝐸E) telle que si p>C(K)𝑝𝐶𝐾p>C(K), on a α𝔭=6subscript𝛼𝔭6\alpha_{\mathfrak{p}}=6 pour tout idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p (voir également [Mom95]). Nous n’utiliserons pas ces résultats.

2.3 Théorie du corps de classes et caractère d’isogénie

On reprend les hypothèses et notations précédentes. En particulier, p𝑝p est un nombre premier 5absent5\geq 5 non ramifi dans K𝐾K et on suppose que pour tout id al premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p, E𝐸E n’a pas mauvaise r duction additive en 𝔭𝔭\mathfrak{p} avec potentiellement bonne r duction de hauteur 222. Étant donn un id al premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} au-dessus de p𝑝p, on d signe par

N𝔭:(𝒪K/𝔭)𝐅p:subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝒪𝐾𝔭superscriptsubscript𝐅𝑝N_{\mathfrak{p}}:(\mathcal{O}_{K}/\mathfrak{p})^{*}\longrightarrow\mathbf{F}_{p}^{*}

le morphisme norme. L’objectif de ce paragraphe 2.3 est de d montrer la proposition ci-dessous, cruciale dans la démonstration des th. 1 et 2. Elle figure galement sous une forme l g rement diff rente dans la th se de David ([Dav08, prop. 2.2.1]) ainsi que dans l’article [Mom95, lem. 1] de Momose (sous l’hypothèse que K/𝐐𝐾𝐐K/\mathbf{Q} est galoisienne).

Proposition 2.4

Soit a𝒪K𝑎subscript𝒪𝐾a\in\mathcal{O}_{K} premier à p𝑝p et a𝒪K=𝔮𝔮v𝔮(a)𝑎subscript𝒪𝐾subscriptproduct𝔮superscript𝔮subscript𝑣𝔮𝑎a\mathcal{O}_{K}=\prod_{\mathfrak{q}}\mathfrak{q}^{v_{\mathfrak{q}}(a)} la décomposition de a𝒪K𝑎subscript𝒪𝐾a\mathcal{O}_{K} en produit d’idéaux premiers de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. On suppose que pour tout id al premier 𝔮𝔮\mathfrak{q} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant a𝑎a, E𝐸E a bonne r duction en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Alors, on a :

𝔮aλ(σ𝔮)12v𝔮(a)=𝔭pN𝔭(a+𝔭)α𝔭,subscriptproductconditional𝔮𝑎𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮𝑎subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscript𝑎𝔭subscript𝛼𝔭\prod_{\mathfrak{q}\mid a}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(a)}=\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})^{\alpha_{\mathfrak{p}}},

α𝔭{0,12}subscript𝛼𝔭0.12\alpha_{\mathfrak{p}}\in\{0,12\} est défini à la proposition 2.3.

2.3.1 Un lemme de la th orie du corps de classes.

Soient L𝐿L l’extension de K𝐾K trivialisant le caractère λ12superscript𝜆12\lambda^{12} et μpsubscript𝜇𝑝\mu_{p} le groupe de racines p𝑝p-i mes de l’unit dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}. D’apr s l’accouplement de Weil, on a μpK(E[p])subscript𝜇𝑝𝐾𝐸delimited-[]𝑝\mu_{p}\subset K(E[p]). Donc L(μp)𝐿subscript𝜇𝑝L(\mu_{p}) est une sous-extension abélienne de K(E[p])/K𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾K(E[p])/K. On note IKsubscript𝐼𝐾I_{K} le groupe des idèles de K𝐾K et

r:IKGal(L(μp)/K),:𝑟subscript𝐼𝐾Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾{r}\leavevmode\nobreak\ :I_{K}\longrightarrow\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K),

le morphisme de réciprocité global donné par la théorie du corps de classes. Il est surjectif et son noyau contient les idèles principales.

Soit v𝑣v une place de K𝐾K. On note Kvsubscript𝐾𝑣K_{v} le complété de K𝐾K en v𝑣v et on identifie K𝐾K un sous-corps de Kvsubscript𝐾𝑣K_{v}. On d signe par

rv:KvIKGal(L(μp)/K):subscript𝑟𝑣superscriptsubscript𝐾𝑣subscript𝐼𝐾Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾{r}_{v}\leavevmode\nobreak\ :K_{v}^{*}\hookrightarrow I_{K}\longrightarrow\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K)

la composée de l’injection de Kvsuperscriptsubscript𝐾𝑣K_{v}^{*} dans IKsubscript𝐼𝐾I_{K} par le morphisme de réciprocité global.

Si 𝔮𝔮\mathfrak{q} est un idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} de bonne réduction ne divisant pas p𝑝p, on rappelle que l’extension K(E[p])/K𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾K(E[p])/K est non ramifiée en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. La restriction à Gal(L(μp)/K)Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K) d’une substitution de Frobenius en 𝔮𝔮\mathfrak{q} du groupe Gal(K(E[p])/K)Gal𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾\mathrm{Gal}(K(E[p])/K) (bien définie à conjugaison près) est unique. On la note encore σ𝔮subscript𝜎𝔮\sigma_{\mathfrak{q}}. De même, on note encore χpsubscript𝜒𝑝\chi_{p} (resp. λ𝜆\lambda) la restriction du caractère cyclotomique (resp. d’isogénie) à Gal(L(μp)/K)Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K).

Le lemme suivant regroupe plusieurs r sultats classiques de la th orie du corps de classes qui seront utiles la d monstration de la proposition 2.4. La d monstration du troisi me point est tir e de [Kra07, App. 1 prop. 1].

Lemme 2.1

Soit v𝑣v une place de K𝐾K.

  1. 1.

    Si v𝑣v est une place infinie de K𝐾K, on a λ12(rv(a))=1superscript𝜆12subscript𝑟𝑣𝑎1\lambda^{12}(r_{v}(a))=1.

  2. 2.

    Si v=𝔮𝑣𝔮v=\mathfrak{q} est une place finie de K𝐾K ne divisant pas p𝑝p, on a r𝔮(𝒰𝔮)={1}subscript𝑟𝔮subscript𝒰𝔮1{r}_{\mathfrak{q}}(\mathcal{U}_{\mathfrak{q}})=\{1\}, où 𝒰𝔮subscript𝒰𝔮\mathcal{U}_{\mathfrak{q}} est le groupe des unités de l’anneau d’entiers du corps K𝔮subscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}}. Si de plus, 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise a𝑎a, alors r𝔮(π𝔮)=σ𝔮subscript𝑟𝔮subscript𝜋𝔮subscript𝜎𝔮{r}_{\mathfrak{q}}(\pi_{\mathfrak{q}})=\sigma_{\mathfrak{q}}, o π𝔮subscript𝜋𝔮\pi_{\mathfrak{q}} est une uniformisante de K𝔮subscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}}.

  3. 3.

    Si v=𝔭𝑣𝔭v=\mathfrak{p} est une place finie de K𝐾K divisant p𝑝p, alors r𝔭(a)subscript𝑟𝔭𝑎{r}_{\mathfrak{p}}(a) appartient au sous-groupe d’inertie en 𝔭𝔭\mathfrak{p} de L(μp)/K𝐿subscript𝜇𝑝𝐾L(\mu_{p})/K et on a

    χp(r𝔭(a))=N𝔭(a+𝔭)1.subscript𝜒𝑝subscript𝑟𝔭𝑎subscript𝑁𝔭superscript𝑎𝔭1\chi_{p}\left({r}_{\mathfrak{p}}(a)\right)=N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})^{-1}.

Démonstration. Soit v𝑣v une place de K𝐾K. On distingue trois cas.

  1. 1.

    Supposons que v𝑣v soit une place infinie de K𝐾K. Soit Lsuperscript𝐿L^{\prime} l’extension de K𝐾K trivialisant le caractère λ𝜆\lambda,

    r:IKGal(L(μp)/K),:superscript𝑟subscript𝐼𝐾Galsuperscript𝐿subscript𝜇𝑝𝐾{r}^{\prime}\leavevmode\nobreak\ :I_{K}\longrightarrow\mathrm{Gal}(L^{\prime}(\mu_{p})/K),

    le morphisme de réciprocité global donné par la théorie du corps de classes et

    rv:KvIKrGal(L(μp)/K).:superscriptsubscript𝑟𝑣superscriptsubscript𝐾𝑣subscript𝐼𝐾superscriptsuperscript𝑟Galsuperscript𝐿subscript𝜇𝑝𝐾{r}_{v}^{\prime}\leavevmode\nobreak\ :K_{v}^{*}\hookrightarrow I_{K}\stackrel{{\scriptstyle r^{\prime}}}{{\longrightarrow}}\mathrm{Gal}(L^{\prime}(\mu_{p})/K).

    L’image de l’application rvsuperscriptsubscript𝑟𝑣{r}_{v}^{\prime} est d’ordre 2absent2\leq 2. Par ailleurs, l’image par λ12superscript𝜆12\lambda^{12} d’un élément de Gal(L(μp)/K)Galsuperscript𝐿subscript𝜇𝑝𝐾\mathrm{Gal}(L^{\prime}(\mu_{p})/K) ne dépend que de sa restriction à Gal(L(μp)/K)Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K). D’où :

    λ12(rv(a))=λ12(rv(a)),superscript𝜆12subscript𝑟𝑣𝑎superscript𝜆12superscriptsubscript𝑟𝑣𝑎\lambda^{12}({r}_{v}(a))=\lambda^{12}({r}_{v}^{\prime}(a)),

    puis

    λ(rv(a))12=λ(rv(a)12)=1.𝜆superscriptsuperscriptsubscript𝑟𝑣𝑎12𝜆superscriptsubscript𝑟𝑣superscript𝑎121\lambda({r}_{v}^{\prime}(a))^{12}=\lambda({r}_{v}^{\prime}(a)^{12})=1.

    D’o le r sultat.

  2. 2.

    Supposons que v=𝔮𝑣𝔮v=\mathfrak{q} soit une place finie de K𝐾K ne divisant pas p𝑝p. Alors, d’apr s [Neu86], l’image par r𝔮subscript𝑟𝔮{r}_{\mathfrak{q}} de 𝒰𝔮subscript𝒰𝔮\mathcal{U}_{\mathfrak{q}} est un sous-groupe d’inertie en 𝔮𝔮\mathfrak{q} de l’extension L(μp)/K𝐿subscript𝜇𝑝𝐾L(\mu_{p})/K. Or celle-ci est non ramifi e en 𝔮𝔮\mathfrak{q} d’apr s le critère de Néron-Ogg-Šafarevič. D’o l’ galit

    r𝔮(𝒰𝔮)={1}.subscript𝑟𝔮subscript𝒰𝔮1{r}_{\mathfrak{q}}(\mathcal{U}_{\mathfrak{q}})=\{1\}.

    Si de plus 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise a𝑎a alors E𝐸E a bonne r duction en 𝔮𝔮\mathfrak{q} par hypothèse et d’apr s [Neu86], l’image par r𝔮subscript𝑟𝔮{r}_{\mathfrak{q}} de π𝔮subscript𝜋𝔮\pi_{\mathfrak{q}} est la substitution de Frobenius en 𝔮𝔮\mathfrak{q} de l’extension L(μp)/K𝐿subscript𝜇𝑝𝐾L(\mu_{p})/K. Autrement dit, r𝔮(π𝔮)=σ𝔮subscript𝑟𝔮subscript𝜋𝔮subscript𝜎𝔮{r}_{\mathfrak{q}}(\pi_{\mathfrak{q}})=\sigma_{\mathfrak{q}}.

  3. 3.

    Supposons que v=𝔭𝑣𝔭v=\mathfrak{p} soit une place finie de K𝐾K divisant p𝑝p. On note 𝐐p¯¯subscript𝐐𝑝\overline{\mathbf{Q}_{p}} une cl ture alg brique de 𝐐psubscript𝐐𝑝\mathbf{Q}_{p}. Comme p𝑝p est non ramifi dans K𝐾K, on identifie K𝔭subscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}} l’extension non ramifi e de 𝐐psubscript𝐐𝑝\mathbf{Q}_{p} contenue dans 𝐐p¯¯subscript𝐐𝑝\overline{\mathbf{Q}_{p}} dont le degr sur 𝐐psubscript𝐐𝑝\mathbf{Q}_{p} est le degr r siduel de 𝔭𝔭\mathfrak{p} sur p𝑝p. On note Kabsuperscript𝐾𝑎𝑏K^{ab} la cl ture ab lienne de K𝐾K dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, K𝔭absuperscriptsubscript𝐾𝔭𝑎𝑏K_{\mathfrak{p}}^{ab} la cl ture ab lienne de K𝔭subscript𝐾𝔭K_{\mathfrak{p}} dans 𝐐p¯¯subscript𝐐𝑝\overline{\mathbf{Q}_{p}},

    Θ𝔭:K𝔭Gal(K𝔭ab/K𝔭):subscriptΘ𝔭superscriptsubscript𝐾𝔭Galsuperscriptsubscript𝐾𝔭𝑎𝑏subscript𝐾𝔭\Theta_{\mathfrak{p}}\leavevmode\nobreak\ :K_{\mathfrak{p}}^{*}\longrightarrow\mathrm{Gal}(K_{\mathfrak{p}}^{ab}/K_{\mathfrak{p}})

    le morphisme de r ciprocit local en 𝔭𝔭{\mathfrak{p}} et

    Res𝔭:Gal(K𝔭ab/K𝔭)Gal(L(μp)/K):subscriptRes𝔭Galsuperscriptsubscript𝐾𝔭𝑎𝑏subscript𝐾𝔭Gal𝐿subscript𝜇𝑝𝐾\mathrm{Res}_{\mathfrak{p}}\leavevmode\nobreak\ :\mathrm{Gal}(K_{\mathfrak{p}}^{ab}/K_{\mathfrak{p}})\longrightarrow\mathrm{Gal}(L(\mu_{p})/K)

    le morphisme de restriction. D’apr s la compatibilit entre la th orie du corps de classes locale et globale, on a, pour tout xK𝔭𝑥superscriptsubscript𝐾𝔭x\in K_{\mathfrak{p}}^{*},

    Res𝔭(Θ𝔭(x))=r𝔭(x).subscriptRes𝔭subscriptΘ𝔭𝑥subscript𝑟𝔭𝑥\mathrm{Res}_{\mathfrak{p}}(\Theta_{\mathfrak{p}}(x))=r_{\mathfrak{p}}(x). (3)

    Or, d’apr s le corollaire de [Kra07, App. 1 prop. 1], on a

    Θ𝔭(a)(ζ)=ζn1,subscriptΘ𝔭𝑎𝜁superscript𝜁superscript𝑛1\Theta_{\mathfrak{p}}(a)(\zeta)=\zeta^{n^{-1}},

    o ζ𝜁\zeta est une racine primitive p𝑝p-ième de l’unité dans 𝐐p¯¯subscript𝐐𝑝\overline{\mathbf{Q}_{p}} et n𝑛n est un entier tel que

    N𝔭(a+𝔭)=n(modp𝐙).subscript𝑁𝔭𝑎𝔭annotated𝑛pmod𝑝𝐙N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})=n\pmod{p\mathbf{Z}}.

    D’o le r sultat voulu, d’apr s l’ galit  (3).

Cela termine la d monstration du lemme 2.1.

2.3.2 D monstration de la proposition 2.4.

L’entier a𝑎a est non nul car premier à p𝑝p. L’image par le morphisme de réciprocité global de l’idèle principale (a)vsubscript𝑎𝑣(a)_{v} est triviale :

vrv(a)=1.subscriptproduct𝑣subscript𝑟𝑣𝑎1\prod_{v}{r}_{v}(a)=1. (4)

Si v𝑣v est une place infinie de K𝐾K, alors d’après le lemme 2.1, on a

λ12(rv(a))=1.superscript𝜆12subscript𝑟𝑣𝑎1\lambda^{12}\left({r}_{v}(a)\right)=1. (5)

Si v=𝔮𝑣𝔮v=\mathfrak{q} est une place finie de K𝐾K ne divisant ni p𝑝p, ni a𝑎a, alors a𝒰K𝔮𝑎subscript𝒰subscript𝐾𝔮a\in\mathcal{U}_{K_{\mathfrak{q}}}. D’après loc. cit. on a donc r𝔮(a)=1subscript𝑟𝔮𝑎1{r}_{\mathfrak{q}}(a)=1.

Si v=𝔮𝑣𝔮v=\mathfrak{q} est une place finie de K𝐾K divisant a𝑎a. Alors, a=uπ𝔮v𝔮(a)𝑎𝑢superscriptsubscript𝜋𝔮subscript𝑣𝔮𝑎a=u\cdot\pi_{\mathfrak{q}}^{v_{\mathfrak{q}}(a)}, où π𝔮subscript𝜋𝔮\pi_{\mathfrak{q}} est une uniformisante de K𝔮subscript𝐾𝔮K_{\mathfrak{q}} et u𝒰K𝔮𝑢subscript𝒰subscript𝐾𝔮u\in\mathcal{U}_{K_{\mathfrak{q}}}. D’après loc. cit. on a donc r𝔮(a)=σ𝔮v𝔮(a)subscript𝑟𝔮𝑎superscriptsubscript𝜎𝔮subscript𝑣𝔮𝑎{r}_{\mathfrak{q}}(a)=\sigma_{\mathfrak{q}}^{v_{\mathfrak{q}}(a)}, puis

λ12(r𝔮(a))=(λ12(σ𝔮))v𝔮(a)=λ(σ𝔮)12v𝔮(a).superscript𝜆12subscript𝑟𝔮𝑎superscriptsuperscript𝜆12subscript𝜎𝔮subscript𝑣𝔮𝑎𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮𝑎\lambda^{12}\left({r}_{\mathfrak{q}}(a)\right)=(\lambda^{12}(\sigma_{\mathfrak{q}}))^{v_{\mathfrak{q}}(a)}=\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(a)}. (6)

Si v=𝔭𝑣𝔭v=\mathfrak{p} est une place finie de K𝐾K divisant p𝑝p, alors d’après loc. cit., r𝔭(a)subscript𝑟𝔭𝑎{r}_{\mathfrak{p}}(a) appartient au sous-groupe d’inertie en 𝔭𝔭\mathfrak{p} de L(μp)/K𝐿subscript𝜇𝑝𝐾L(\mu_{p})/K et on a

χp(r𝔭(a))=N𝔭(a+𝔭)1.subscript𝜒𝑝subscript𝑟𝔭𝑎subscript𝑁𝔭superscript𝑎𝔭1\chi_{p}\left({r}_{\mathfrak{p}}(a)\right)=N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})^{-1}.

Or, d’après la proposition 2.3, on a

λ12I𝔭=χpα𝔭I𝔭.evaluated-atsuperscript𝜆12subscript𝐼𝔭evaluated-atsuperscriptsubscript𝜒𝑝subscript𝛼𝔭subscript𝐼𝔭\lambda^{12}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}=\chi_{p}^{\alpha_{\mathfrak{p}}}\mid_{I_{\mathfrak{p}}}.

On en déduit que l’on a

λ12(r𝔭(a))=N𝔭(a+𝔭)α𝔭.superscript𝜆12subscript𝑟𝔭𝑎subscript𝑁𝔭superscript𝑎𝔭subscript𝛼𝔭\lambda^{12}\left({r}_{\mathfrak{p}}(a)\right)=N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})^{-\alpha_{\mathfrak{p}}}. (7)

D’après les égalités (4)–(7) ci-dessus, on a

11\displaystyle 1 =vλ12(rv(a))absentsubscriptproduct𝑣superscript𝜆12subscript𝑟𝑣𝑎\displaystyle=\prod_{v}\lambda^{12}\left({r}_{v}(a)\right)
=𝔮aλ(σ𝔮)12v𝔮(a)𝔭pN𝔭(a+𝔭)α𝔭.absentsubscriptproductconditional𝔮𝑎𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮𝑎subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscript𝑎𝔭subscript𝛼𝔭\displaystyle=\prod_{\mathfrak{q}\mid a}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(a)}\cdot\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}(a+\mathfrak{p})^{-\alpha_{\mathfrak{p}}}.

Cela démontre la proposition 2.4.

3 Démonstrations des théorèmes 1 et 2

Soient K𝐾K un corps de nombres contenu dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, E𝐸E une courbe elliptique définie sur K𝐾K et p𝑝p un nombre premier exceptionnel pour (E,K)𝐸𝐾(E,K). On suppose p5𝑝5p\geq 5, non ramifi dans K𝐾K et pour tout id al premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant p𝑝p, E𝐸E n’a pas mauvaise r duction additive en 𝔭𝔭\mathfrak{p} avec potentiellement bonne r duction de hauteur 222.

Avant de démontrer les théorèmes 1 et 2, on commence par définir pour tout anneau int gre A𝐴A, une loi de monoïde commutatif \ast sur un sous-ensemble de A[X]𝐴delimited-[]𝑋A[X] et par en étudier les propriétés utiles.

3.1 Loi de mono de

Soit A𝐴A un anneau int gre de corps des fractions L𝐿L et L¯¯𝐿\overline{L} une cl ture alg brique de L𝐿L. On note MAsubscript𝑀𝐴M_{A} le sous-ensemble de A[X]𝐴delimited-[]𝑋A[X] constitu des polyn mes unitaires ne s’annulant pas en 00.

Lemme 3.1

L’application

MA×MAA[X](P,Q)(PQ)(X)=ResZ(P(Z),Q(X/Z)ZdegQ)subscript𝑀𝐴subscript𝑀𝐴𝐴delimited-[]𝑋𝑃𝑄𝑃𝑄𝑋subscriptRes𝑍𝑃𝑍𝑄𝑋𝑍superscript𝑍degree𝑄\begin{array}[]{ccl}M_{A}\times M_{A}&\longrightarrow&A[X]\\ (P,Q)&\longmapsto&(P\ast Q)(X)=\mathrm{Res}_{Z}\left(P(Z),Q\left(X/Z\right)Z^{\deg Q}\right)\end{array}

a une image contenue dans MAsubscript𝑀𝐴M_{A}. Elle d finit une loi de mono de commutatif sur MAsubscript𝑀𝐴M_{A} d’ l ment neutre Ψ1(X)=X1subscriptΨ1𝑋𝑋1\Psi_{1}(X)=X-1. De plus, si P𝑃P, QMA𝑄subscript𝑀𝐴Q\in M_{A} s’ crivent

P(X)=i=1n(Xαi)etQ(X)=j=1m(Xβj)formulae-sequence𝑃𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛𝑋subscript𝛼𝑖et𝑄𝑋superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑚𝑋subscript𝛽𝑗P(X)=\prod_{i=1}^{n}(X-\alpha_{i})\quad\textrm{et}\quad Q(X)=\prod_{j=1}^{m}(X-\beta_{j})

dans L¯[X]¯𝐿delimited-[]𝑋\overline{L}[X], on a

(PQ)(X)=1in1jm(Xαiβj).𝑃𝑄𝑋subscriptproduct1𝑖𝑛1𝑗𝑚𝑋subscript𝛼𝑖subscript𝛽𝑗(P\ast Q)(X)=\prod_{\begin{subarray}{c}1\leq i\leq n\\ 1\leq j\leq m\end{subarray}}(X-\alpha_{i}\beta_{j}).

En particulier,

(PQ)(0)=(1)degPdegQP(0)degQQ(0)degP.𝑃𝑄0superscript1degree𝑃degree𝑄𝑃superscript0degree𝑄𝑄superscript0degree𝑃(P\ast Q)(0)=(-1)^{\deg P\cdot\deg Q}P(0)^{\deg Q}Q(0)^{\deg P}.

Démonstration. Il s’agit de v rifier que pour tout P𝑃P, Q𝑄Q et RMA𝑅subscript𝑀𝐴R\in M_{A}, on a

  1. 1.

    PQMA𝑃𝑄subscript𝑀𝐴P\ast Q\in M_{A};

  2. 2.

    PΨ1=Ψ1P=P𝑃subscriptΨ1subscriptΨ1𝑃𝑃P\ast\Psi_{1}=\Psi_{1}\ast P=P;

  3. 3.

    (PQ)R=P(QR)𝑃𝑄𝑅𝑃𝑄𝑅(P\ast Q)\ast R=P\ast(Q\ast R);

  4. 4.

    PQ=QP𝑃𝑄𝑄𝑃P\ast Q=Q\ast P.

On suppose que le polyn me Q𝑄Q s’ crit

Q(X)=Xm+bm1Xm1++b1X+b0,avec b00.formulae-sequence𝑄𝑋superscript𝑋𝑚subscript𝑏𝑚1superscript𝑋𝑚1subscript𝑏1𝑋subscript𝑏0avec subscript𝑏00Q(X)=X^{m}+b_{m-1}X^{m-1}+\cdots+b_{1}X+b_{0},\quad\textrm{avec }b_{0}\not=0.

Alors,

Q(XZ)Zm=b0Zm+b1XZm1++bm1Xm1Z+XmA[X][Z]𝑄𝑋𝑍superscript𝑍𝑚subscript𝑏0superscript𝑍𝑚subscript𝑏1𝑋superscript𝑍𝑚1subscript𝑏𝑚1superscript𝑋𝑚1𝑍superscript𝑋𝑚𝐴delimited-[]𝑋delimited-[]𝑍Q\left(\frac{X}{Z}\right)Z^{m}=b_{0}Z^{m}+b_{1}XZ^{m-1}+\cdots+b_{m-1}X^{m-1}Z+X^{m}\in A[X][Z]

et degZ(Q(X/Z)Zm)=m=degQsubscriptdegree𝑍𝑄𝑋𝑍superscript𝑍𝑚𝑚degree𝑄\deg_{Z}(Q(X/Z)Z^{m})=m=\deg Q (car b00subscript𝑏00b_{0}\not=0). Par d finition du r sultant de deux polyn mes ([Bou81, A IV.71 §6 D f. 1]), on a donc PQA[X]𝑃𝑄𝐴delimited-[]𝑋P\ast Q\in A[X]. Par ailleurs, sur L¯¯𝐿\overline{L}, on a

Q(XZ)Zm=Q(0)j=1m(Z1βjX)𝑄𝑋𝑍superscript𝑍𝑚𝑄0superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑚𝑍1subscript𝛽𝑗𝑋Q\left(\frac{X}{Z}\right)Z^{m}=Q(0)\prod_{j=1}^{m}\left(Z-\frac{1}{\beta_{j}}X\right)

et d’apr s [Bou81, A IV.75 §6 Cor. 1],

(PQ)(X)=Q(0)ni,j(αi1βjX).𝑃𝑄𝑋𝑄superscript0𝑛subscriptproduct𝑖𝑗subscript𝛼𝑖1subscript𝛽𝑗𝑋(P\ast Q)(X)=Q(0)^{n}\prod_{i,j}\left(\alpha_{i}-\frac{1}{\beta_{j}}X\right).

Or, Q(0)=j=1m(βj)𝑄0superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑚subscript𝛽𝑗Q(0)=\prod_{j=1}^{m}(-\beta_{j}), donc

(PQ)(X)=i=1nj=1m(Xαiβj).𝑃𝑄𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscriptsubscriptproduct𝑗1𝑚𝑋subscript𝛼𝑖subscript𝛽𝑗(P\ast Q)(X)=\prod_{i=1}^{n}\prod_{j=1}^{m}\left(X-\alpha_{i}\beta_{j}\right).

C’est la formule de l’ nonc . On en d duit que l’on a :

  • (PQ)(0)=(1)degPdegQP(0)degQQ(0)degP0𝑃𝑄0superscript1degree𝑃degree𝑄𝑃superscript0degree𝑄𝑄superscript0degree𝑃0(P\ast Q)(0)=(-1)^{\deg P\cdot\deg Q}P(0)^{\deg Q}Q(0)^{\deg P}\not=0, donc PQMA𝑃𝑄subscript𝑀𝐴P\ast Q\in M_{A};

  • PΨ1=Ψ1P=P𝑃subscriptΨ1subscriptΨ1𝑃𝑃P\ast\Psi_{1}=\Psi_{1}\ast P=P;

  • PQ=QP𝑃𝑄𝑄𝑃P\ast Q=Q\ast P;

De plus, les polyn mes (PQ)R𝑃𝑄𝑅(P\ast Q)\ast R et P(QR)𝑃𝑄𝑅P\ast(Q\ast R) ont les m mes racines dans L¯¯𝐿\overline{L} compt es avec multiplicit s. Comme ils sont unitaires, ils sont gaux. D’o le lemme.


Lemme 3.2

Soient r1𝑟1r\geq 1 et PMA𝑃subscript𝑀𝐴P\in M_{A}. Il existe un unique polyn me P(r)MAsuperscript𝑃𝑟subscript𝑀𝐴P^{(r)}\in M_{A} tel que

P(r)(Xr)=(PΨr)(X)superscript𝑃𝑟superscript𝑋𝑟𝑃subscriptΨ𝑟𝑋P^{(r)}(X^{r})=(P\ast\Psi_{r})(X) (8)

o Ψr(X)=Xr1subscriptΨ𝑟𝑋superscript𝑋𝑟1\Psi_{r}(X)=X^{r}-1. L’application PP(r)maps-to𝑃superscript𝑃𝑟P\mapsto P^{(r)} est un morphisme de mono des pour la loi \ast. De plus, si PMA𝑃subscript𝑀𝐴P\in M_{A} se factorise sur L¯¯𝐿\overline{L} de la fa on suivante

P(X)=i=1n(Xαi),on aP(r)(X)=i=1n(Xαir).formulae-sequence𝑃𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛𝑋subscript𝛼𝑖on asuperscript𝑃𝑟𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛𝑋superscriptsubscript𝛼𝑖𝑟P(X)=\prod_{i=1}^{n}(X-\alpha_{i}),\quad\textrm{on a}\quad P^{(r)}(X)=\prod_{i=1}^{n}\left(X-\alpha_{i}^{r}\right). (9)

Démonstration. Soit PMA𝑃subscript𝑀𝐴P\in M_{A}. L’unicit d’un polyn me P(r)superscript𝑃𝑟P^{(r)} v rifiant la relation (8) est imm diate. Posons

P(X)=i=1n(Xαi)avec αiL¯formulae-sequence𝑃𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛𝑋subscript𝛼𝑖avec subscript𝛼𝑖¯𝐿P(X)=\prod_{i=1}^{n}(X-\alpha_{i})\quad\textrm{avec }\alpha_{i}\in\overline{L}

et ζrsubscript𝜁𝑟\zeta_{r} une racine r𝑟r-i me de l’unit dans L¯¯𝐿\overline{L}. V rifions alors qu’il existe bien un polyn me de MAsubscript𝑀𝐴M_{A} satisfaisant l’ galit  (8) :

(PΨr)(X)𝑃subscriptΨ𝑟𝑋\displaystyle(P\ast\Psi_{r})(X) =ResZ(P(Z),XrZr)absentsubscriptRes𝑍𝑃𝑍superscript𝑋𝑟superscript𝑍𝑟\displaystyle=\mathrm{Res}_{Z}\left(P(Z),X^{r}-Z^{r}\right)
=(1)ni=1nk=0r1(αiζrkX)absentsuperscript1𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscriptsubscriptproduct𝑘0𝑟1subscript𝛼𝑖superscriptsubscript𝜁𝑟𝑘𝑋\displaystyle=(-1)^{n}\prod_{i=1}^{n}\prod_{k=0}^{r-1}\left(\alpha_{i}-\zeta_{r}^{k}X\right)
d’apr s [Bou81, A IV.75 §6 Cor. 1]
=(1)ni=1n(1)rζrr(r1)2k=0r1(Xζrkαi)absentsuperscript1𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscript1𝑟superscriptsubscript𝜁𝑟𝑟𝑟12superscriptsubscriptproduct𝑘0𝑟1𝑋superscriptsubscript𝜁𝑟𝑘subscript𝛼𝑖\displaystyle=(-1)^{n}\prod_{i=1}^{n}(-1)^{r}\zeta_{r}^{\frac{r(r-1)}{2}}\prod_{k=0}^{r-1}\left(X-\zeta_{r}^{-k}\alpha_{i}\right)

Or, on a ζrr(r1)2=(1)r+1superscriptsubscript𝜁𝑟𝑟𝑟12superscript1𝑟1\zeta_{r}^{\frac{r(r-1)}{2}}=(-1)^{r+1}. D’o

(PΨr)(X)=i=1nk=0r1(Xζrkαi)=i=1n(Xrαir).𝑃subscriptΨ𝑟𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscriptsubscriptproduct𝑘0𝑟1𝑋superscriptsubscript𝜁𝑟𝑘subscript𝛼𝑖superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛superscript𝑋𝑟superscriptsubscript𝛼𝑖𝑟(P\ast\Psi_{r})(X)=\prod_{i=1}^{n}\prod_{k=0}^{r-1}\left(X-\zeta_{r}^{-k}\alpha_{i}\right)=\prod_{i=1}^{n}\left(X^{r}-\alpha_{i}^{r}\right).

Autrement dit,

(PΨr)(X)=P(r)(Xr)𝑃subscriptΨ𝑟𝑋superscript𝑃𝑟superscript𝑋𝑟(P\ast\Psi_{r})(X)=P^{(r)}(X^{r})

o l’on a pos

P(r)(X)=i=1n(Xαir).superscript𝑃𝑟𝑋superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛𝑋superscriptsubscript𝛼𝑖𝑟P^{(r)}(X)=\prod_{i=1}^{n}\left(X-\alpha_{i}^{r}\right).

Cela d montre qu’il existe bien un polyn me P(r)superscript𝑃𝑟P^{(r)} de A[X]𝐴delimited-[]𝑋A[X] satisfaisant l’ galit  (8) et qu’il est donn par la formule (9). Par ailleurs, d’apr s le lemme 3.1, on a P(r)(0)=(1)(r+1)degPP(0)r0superscript𝑃𝑟0superscript1𝑟1degree𝑃𝑃superscript0𝑟0P^{(r)}(0)=(-1)^{(r+1)\deg P}P(0)^{r}\not=0 et comme P(r)superscript𝑃𝑟P^{(r)} est unitaire, on a P(r)MAsuperscript𝑃𝑟subscript𝑀𝐴P^{(r)}\in M_{A}. On en d duit que l’application PP(r)maps-to𝑃superscript𝑃𝑟P\mapsto P^{(r)} est bien d finie.

V rifions enfin qu’il s’agit bien d’un morphisme de mono des. On a Ψ1(r)=Ψ1superscriptsubscriptΨ1𝑟subscriptΨ1\Psi_{1}^{(r)}=\Psi_{1}. Soient P𝑃P et Q𝑄Q dans MAsubscript𝑀𝐴M_{A}. D’apr s le lemme 3.1 et la formule (9), les polyn mes (PQ)(r)superscript𝑃𝑄𝑟(P\ast Q)^{(r)} et P(r)Q(r)superscript𝑃𝑟superscript𝑄𝑟P^{(r)}\ast Q^{(r)} ont les m mes racines dans L¯¯𝐿\overline{L} compt es avec multiplicit s. Ils sont donc gaux. D’o le lemme 3.2.


Lemme 3.3

Soient A𝐴A et B𝐵B deux anneaux int gres et φ:AB:𝜑𝐴𝐵{\varphi\leavevmode\nobreak\ :A\rightarrow B} un morphisme d’anneaux. L’ensemble

MAφ={PMAφ(P(0))0}superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑conditional-set𝑃subscript𝑀𝐴𝜑𝑃00M_{A}^{\varphi}=\{P\in M_{A}\mid\varphi(P(0))\not=0\}

est stable pour la loi \ast. L’application φ𝜑\varphi induit un morphisme de mono des (encore not  φ𝜑\varphi)

φ:MAφMB.:𝜑superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑subscript𝑀𝐵\varphi\leavevmode\nobreak\ :M_{A}^{\varphi}\longrightarrow M_{B}.

Soient PMAφ𝑃superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑P\in M_{A}^{\varphi} et r1𝑟1r\geq 1. Alors, P(r)MAφsuperscript𝑃𝑟superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑P^{(r)}\in M_{A}^{\varphi} et on a (φ(P))(r)=φ(P(r))superscript𝜑𝑃𝑟𝜑superscript𝑃𝑟\left(\varphi(P)\right)^{(r)}=\varphi\big{(}P^{(r)}\big{)}.

Démonstration. D’apr s le lemme 3.1, si P𝑃P, QMAφMA𝑄superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑subscript𝑀𝐴Q\in M_{A}^{\varphi}\subset M_{A}, on a PQMA𝑃𝑄subscript𝑀𝐴P\ast Q\in M_{A} et

(PQ)(0)=(1)degPdegQP(0)degQQ(0)degP.𝑃𝑄0superscript1degree𝑃degree𝑄𝑃superscript0degree𝑄𝑄superscript0degree𝑃(P\ast Q)(0)=(-1)^{\deg P\cdot\deg Q}P(0)^{\deg Q}Q(0)^{\deg P}.

D’o

φ((PQ)(0))=(1)degPdegQφ(P(0))degQφ(Q(0))degP0𝜑𝑃𝑄0superscript1degree𝑃degree𝑄𝜑superscript𝑃0degree𝑄𝜑superscript𝑄0degree𝑃0\varphi\left((P\ast Q)(0)\right)=(-1)^{\deg P\cdot\deg Q}\varphi(P(0))^{\deg Q}\varphi(Q(0))^{\deg P}\not=0

car φ(P(0))0𝜑𝑃00\varphi(P(0))\not=0, φ(Q(0))0𝜑𝑄00\varphi(Q(0))\not=0 et B𝐵B est int gre. Donc MAφsuperscriptsubscript𝑀𝐴𝜑M_{A}^{\varphi} est bien un sous-ensemble de MAsubscript𝑀𝐴M_{A} stable pour la loi \ast. On a φ(Ψ1)=Ψ1𝜑subscriptΨ1subscriptΨ1\varphi(\Psi_{1})=\Psi_{1} et la relation

φ(PQ)=φ(P)φ(Q),pour P, QMAφ,formulae-sequence𝜑𝑃𝑄𝜑𝑃𝜑𝑄pour 𝑃 𝑄superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑\varphi(P\ast Q)=\varphi(P)\ast\varphi(Q),\quad\textrm{pour }P,\textrm{ }Q\in M_{A}^{\varphi},

r sulte de la d finition du r sultant de deux polyn mes ([Bou81, A IV.72 §6]) en termes de d terminant de Sylvester.

Soient PMAφ𝑃superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑P\in M_{A}^{\varphi} et r1𝑟1r\geq 1. Alors, d’apr s le lemme 3.2, on a P(r)MAsuperscript𝑃𝑟subscript𝑀𝐴P^{(r)}\in M_{A} et

φ(P(r)(0))=(1)(r+1)degPφ(P(0))r0𝜑superscript𝑃𝑟0superscript1𝑟1degree𝑃𝜑superscript𝑃0𝑟0\varphi\big{(}P^{(r)}(0)\big{)}=(-1)^{(r+1)\deg P}\varphi(P(0))^{r}\not=0

car φ(P(0))0𝜑𝑃00\varphi(P(0))\not=0 et B𝐵B est int gre. D’o P(r)MAφsuperscript𝑃𝑟superscriptsubscript𝑀𝐴𝜑P^{(r)}\in M_{A}^{\varphi}. De plus, d’apr s la formule (8) et la d finition du r sultant de deux polyn mes ([Bou81, A IV.72 §6]), on a

φ(P(r)(Xr))=φ((PΨr)(X))=(φ(P)Ψr)(X)=φ(P)(r)(Xr).𝜑superscript𝑃𝑟superscript𝑋𝑟𝜑𝑃subscriptΨ𝑟𝑋𝜑𝑃subscriptΨ𝑟𝑋𝜑superscript𝑃𝑟superscript𝑋𝑟\varphi\big{(}P^{(r)}(X^{r})\big{)}=\varphi\big{(}(P\ast\Psi_{r})(X)\big{)}=\big{(}\varphi(P)\ast\Psi_{r})(X)=\varphi(P)^{(r)}(X^{r}).

D’o l’ galit (φ(P))(r)=φ(P(r))superscript𝜑𝑃𝑟𝜑superscript𝑃𝑟\left(\varphi(P)\right)^{(r)}=\varphi\big{(}P^{(r)}\big{)} et le lemme 3.3.

Remarque. D’apr s le lemme ci-dessus, l’application de r duction φ:𝐙𝐙/p𝐙:𝜑𝐙𝐙𝑝𝐙\varphi\leavevmode\nobreak\ :\mathbf{Z}\rightarrow\mathbf{Z}/p\mathbf{Z} induit un morphisme de mono des

M𝐙φM𝐅pPP¯.superscriptsubscript𝑀𝐙𝜑subscript𝑀subscript𝐅𝑝𝑃¯𝑃\begin{array}[]{ccl}M_{\mathbf{Z}}^{\varphi}&\longrightarrow&M_{\mathbf{F}_{p}}\\ P&\longmapsto&\overline{P}.\end{array}

En particulier, PQ¯=P¯Q¯¯𝑃𝑄¯𝑃¯𝑄\overline{P\ast Q}=\overline{P}\ast\overline{Q} pour tout P𝑃P, QM𝐙φ𝑄superscriptsubscript𝑀𝐙𝜑Q\in M_{\mathbf{Z}}^{\varphi}.

3.2 Démonstration du théorème 1

Soit \ell un nombre premier tel que E𝐸E ait bonne réduction en tout idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant \ell. Il s’agit de montrer que p𝑝p divise Bsubscript𝐵B_{\ell}.

3.2.1 Le polynôme Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*}

Soit 𝔮𝔮v𝔮()subscriptproductconditional𝔮superscript𝔮subscript𝑣𝔮\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\mathfrak{q}^{v_{\mathfrak{q}}(\ell)} la d composition de l’id al 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\ell\mathcal{O}_{K} en produit d’id aux premiers de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. On note gsubscript𝑔g_{\ell} le cardinal de l’ensemble {𝔮}conditional-set𝔮\{\mathfrak{q}\mid\ell\}. On rappelle que E𝐸E a par hypoth se bonne r duction en tout id al premier 𝔮𝔮\mathfrak{q} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} divisant \ell. Le polyn me Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} donn par la formule (1) est alors bien d fini et coefficients entiers.

Lemme 3.4

Le polyn me Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} appartient M𝐙subscript𝑀𝐙M_{\mathbf{Z}} et v rifie :

P(0)=12d2g1.superscriptsubscript𝑃0superscript12𝑑superscript2subscript𝑔1P_{\ell}^{*}(0)=\ell^{12\cdot d\cdot 2^{g_{\ell}-1}}. (10)

Ses racines complexes sont de module 6dsuperscript6𝑑\ell^{6d}. Si de plus p𝑝\ell\not=p, alors PM𝐙φsuperscriptsubscript𝑃superscriptsubscript𝑀𝐙𝜑P_{\ell}^{*}\in M_{\mathbf{Z}}^{\varphi} et on a

P¯(Ω)=0,Ω=𝔮λ(σ𝔮)12v𝔮()𝐅p.formulae-sequence¯superscriptsubscript𝑃Ω0Ωsubscriptproductconditional𝔮𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮subscript𝐅𝑝\overline{P_{\ell}^{*}}(\Omega)=0,\quad\textrm{o }\quad\Omega=\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)}\in\mathbf{F}_{p}.

Démonstration. Pour tout 𝔮conditional𝔮\mathfrak{q}\mid\ell, le polyn me P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} est unitaire, coefficients entiers et on a (prop. 2.1) :

P𝔮(0)=N(𝔮)=f𝔮.subscript𝑃𝔮0𝑁𝔮superscriptsubscript𝑓𝔮P_{\mathfrak{q}}(0)=N(\mathfrak{q})=\ell^{f_{\mathfrak{q}}}.

En particulier, P𝔮M𝐙subscript𝑃𝔮subscript𝑀𝐙P_{\mathfrak{q}}\in M_{\mathbf{Z}}. D’apr s les lemmes 3.1 et 3.2, le polyn me Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} est bien d fini (la loi \ast est associative) et ind pendant de l’ordre des id aux premiers dans la d composition de \ell dans K𝐾K (la loi \ast est commutative). De plus, Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} appartient M𝐙𝐙[X]subscript𝑀𝐙𝐙delimited-[]𝑋M_{\mathbf{Z}}\subset\mathbf{Z}[X].

Soient P1,,PnMAsubscript𝑃1subscript𝑃𝑛subscript𝑀𝐴P_{1},\ldots,P_{n}\in M_{A} de degr s respectifs d1,,dnsubscript𝑑1subscript𝑑𝑛d_{1},\ldots,d_{n}. On montre par r currence sur n𝑛n, partir de la formule pour n=2𝑛2n=2 du lemme 3.1 que l’on a

(P1Pn)(0)=(1)(n+1)d1dni=1nPi(0)jidj.subscript𝑃1subscript𝑃𝑛0superscript1𝑛1subscript𝑑1subscript𝑑𝑛superscriptsubscriptproduct𝑖1𝑛subscript𝑃𝑖superscript0subscriptproduct𝑗𝑖subscript𝑑𝑗(P_{1}\ast\cdots\ast P_{n})(0)=(-1)^{(n+1)d_{1}\cdots d_{n}}\prod_{i=1}^{n}P_{i}(0)^{\prod_{j\not=i}d_{j}}.

De plus, d’apr s le lemme 3.2, pour tout PM𝐙𝑃subscript𝑀𝐙P\in M_{\mathbf{Z}} et tout entier r1𝑟1r\geq 1, on a

P(r)(0)=(1)(r+1)degPP(0)r.superscript𝑃𝑟0superscript1𝑟1degree𝑃𝑃superscript0𝑟P^{(r)}(0)=(-1)^{(r+1)\deg P}P(0)^{r}.

Comme pour tout id al 𝔮conditional𝔮\mathfrak{q}\mid\ell, on a degP𝔮=2degreesubscript𝑃𝔮2\deg P_{\mathfrak{q}}=2, on en d duit

P(0)=𝔮P𝔮(0)12v𝔮()2g1=𝔮(f𝔮)12v𝔮()2g1=122g1𝔮f𝔮v𝔮().superscriptsubscript𝑃0subscriptproductconditional𝔮subscript𝑃𝔮superscript012subscript𝑣𝔮superscript2subscript𝑔1subscriptproductconditional𝔮superscriptsuperscriptsubscript𝑓𝔮12subscript𝑣𝔮superscript2subscript𝑔1superscript12superscript2subscript𝑔1subscriptconditional𝔮subscript𝑓𝔮subscript𝑣𝔮P_{\ell}^{*}(0)=\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}P_{\mathfrak{q}}(0)^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)\cdot 2^{g_{\ell}-1}}=\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\left(\ell^{f_{\mathfrak{q}}}\right)^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)\cdot 2^{g_{\ell}-1}}=\ell^{12\cdot 2^{g_{\ell}-1}\sum_{\mathfrak{q}\mid\ell}f_{\mathfrak{q}}v_{\mathfrak{q}}(\ell)}.

D’o la formule car 𝔮f𝔮v𝔮()=dsubscriptconditional𝔮subscript𝑓𝔮subscript𝑣𝔮𝑑\sum_{\mathfrak{q}\mid\ell}f_{\mathfrak{q}}v_{\mathfrak{q}}(\ell)=d.

Par ailleurs, d’apr s la proposition 2.1, les racines complexes de P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} sont de module N(𝔮)1/2=f𝔮/2𝑁superscript𝔮12superscriptsubscript𝑓𝔮2N(\mathfrak{q})^{1/2}=\ell^{f_{\mathfrak{q}}/2}. Donc, d’apr s le lemme 3.2, celles de P𝔮(12v𝔮())superscriptsubscript𝑃𝔮12subscript𝑣𝔮P_{\mathfrak{q}}^{(12v_{\mathfrak{q}}(\ell))} sont de module 6f𝔮v𝔮()superscript6subscript𝑓𝔮subscript𝑣𝔮\ell^{6f_{\mathfrak{q}}v_{\mathfrak{q}}(\ell)}. D’apr s le lemme 3.1, celles de Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} sont de module

𝔮6f𝔮v𝔮()=6𝔮f𝔮v𝔮()=6d.subscriptproductconditional𝔮superscript6subscript𝑓𝔮subscript𝑣𝔮superscript6subscriptconditional𝔮subscript𝑓𝔮subscript𝑣𝔮superscript6𝑑\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\ell^{6f_{\mathfrak{q}}v_{\mathfrak{q}}(\ell)}=\ell^{6\sum_{\mathfrak{q}\mid\ell}f_{\mathfrak{q}}v_{\mathfrak{q}}(\ell)}=\ell^{6d}.

Supposons pr sent p𝑝\ell\not=p. Alors, d’apr s la formule (10), on a PM𝐙φsuperscriptsubscript𝑃superscriptsubscript𝑀𝐙𝜑P_{\ell}^{*}\in M_{\mathbf{Z}}^{\varphi}. D’apr s la proposition 2.1, on a

P𝔮¯(λ(σ𝔮))=0.¯subscript𝑃𝔮𝜆subscript𝜎𝔮0\overline{P_{\mathfrak{q}}}(\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}}))=0.

Donc d’apr s le lemme 3.2, on a :

P𝔮¯(12v𝔮())(λ(σ𝔮)12v𝔮())=0(modp).superscript¯subscript𝑃𝔮12subscript𝑣𝔮𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮annotated0pmod𝑝\overline{P_{\mathfrak{q}}}^{(12v_{\mathfrak{q}}(\ell))}\left(\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)}\right)=0\pmod{p}. (11)

Puis,

P¯(Ω)¯superscriptsubscript𝑃Ω\displaystyle\overline{P_{\ell}^{*}}(\Omega) =𝔮P𝔮(12v𝔮())¯(𝔮λ(σ𝔮)12v𝔮())absent¯subscriptconditional𝔮superscriptsubscript𝑃𝔮12subscript𝑣𝔮subscriptproductconditional𝔮𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮\displaystyle=\overline{\mathop{\mathchoice{\text{\huge$\ast$}}{\text{\Large$\ast$}}{\text{\normalsize$\ast$}}{\text{\footnotesize$\ast$}}}\displaylimits_{\mathfrak{q}\mid\ell}P_{\mathfrak{q}}^{(12v_{\mathfrak{q}}(\ell))}}\Big{(}\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)}\Big{)}
=(𝔮P𝔮¯(12v𝔮()))(𝔮λ(σ𝔮)12v𝔮())(lemme 3.3)absentsubscriptconditional𝔮superscript¯subscript𝑃𝔮12subscript𝑣𝔮subscriptproductconditional𝔮𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮(lemme 3.3)\displaystyle=\left(\mathop{\mathchoice{\text{\huge$\ast$}}{\text{\Large$\ast$}}{\text{\normalsize$\ast$}}{\text{\footnotesize$\ast$}}}\displaylimits_{\mathfrak{q}\mid\ell}\overline{P_{\mathfrak{q}}}^{(12v_{\mathfrak{q}}(\ell))}\right)\Big{(}\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)}\Big{)}\quad\textrm{(lemme\leavevmode\nobreak\ \ref{lem:morphisme_anneaux_morphisme_monoides})}
=0(modp)(d’apr s le lemme 3.1 et la relation (11)).absentannotated0pmod𝑝(d’apr s le lemme 3.1 et la relation (11))\displaystyle=0\pmod{p}\quad\textrm{(d'apr s le lemme\leavevmode\nobreak\ \ref{lem:loi_monoide} et la relation\leavevmode\nobreak\ (\ref{eq:racines_mod_p_de_P_qd}))}.

D’o le lemme 3.4.

3.2.2 Fin de la d monstration du th or me 1

Supposons p=𝑝p=\ell. Alors, pour d2𝑑2d\geq 2, par d finition de Bp(d)superscriptsubscript𝐵𝑝𝑑B_{p}^{(d)}, il existe un entier k>0𝑘0k>0 tel que Pp(p12k)superscriptsubscript𝑃𝑝superscript𝑝12𝑘P_{p}^{*}(p^{12k}) divise Bp(d)superscriptsubscript𝐵𝑝𝑑B_{p}^{(d)}. D’o p𝑝p divise Bp(d)superscriptsubscript𝐵𝑝𝑑B_{p}^{(d)} car d’apr s le lemme 3.4 :

Pp(p12k)Pp(0)0(modp).superscriptsubscript𝑃𝑝superscript𝑝12𝑘superscriptsubscript𝑃𝑝0annotated0pmod𝑝P_{p}^{*}(p^{12k})\equiv P_{p}^{*}(0)\equiv 0\pmod{p}.

Supposons p𝑝p\not=\ell. D’apr s la proposition 2.4 appliquée à a=𝑎a=\ell, on a :

Ω=𝔮λ(σ𝔮)12v𝔮()=𝔭pN𝔭(+𝔭)α𝔭.Ωsubscriptproductconditional𝔮𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscript𝑣𝔮subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscript𝔭subscript𝛼𝔭\Omega=\prod_{\mathfrak{q}\mid\ell}\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12v_{\mathfrak{q}}(\ell)}=\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}(\ell+\mathfrak{p})^{\alpha_{\mathfrak{p}}}. (12)

Or, par d finition on a

N𝔭(+𝔭)=1+p++pf𝔭1(modp)=f𝔭(modp)subscript𝑁𝔭𝔭annotatedsuperscript1𝑝superscript𝑝subscript𝑓𝔭1pmod𝑝annotatedsuperscriptsubscript𝑓𝔭pmod𝑝N_{\mathfrak{p}}(\ell+\mathfrak{p})=\ell^{1+p+\cdots+p^{f_{\mathfrak{p}}-1}}\pmod{p}=\ell^{f_{\mathfrak{p}}}\pmod{p}

o N(𝔭)=|𝒪K/𝔭|=f𝔭𝑁𝔭subscript𝒪𝐾𝔭superscriptsubscript𝑓𝔭N(\mathfrak{p})=\lvert\mathcal{O}_{K}/\mathfrak{p}\rvert=\ell^{f_{\mathfrak{p}}}. D’o

𝔭pN𝔭(+𝔭)α𝔭=𝔭pf𝔭α𝔭.subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscript𝔭subscript𝛼𝔭superscriptsubscriptconditional𝔭𝑝subscript𝑓𝔭subscript𝛼𝔭\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}(\ell+\mathfrak{p})^{\alpha_{\mathfrak{p}}}=\ell^{\sum_{\mathfrak{p}\mid p}f_{\mathfrak{p}}\alpha_{\mathfrak{p}}}. (13)

Or, α𝔭{0,12}subscript𝛼𝔭0.12\alpha_{\mathfrak{p}}\in\{0,12\} d’apr s la proposition 2.3 et on pose

k=𝔭pα𝔭=12f𝔭0𝑘subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝛼𝔭12subscript𝑓𝔭0k=\sum_{\begin{subarray}{c}\mathfrak{p}\mid p\\ \alpha_{\mathfrak{p}}=12\end{subarray}}f_{\mathfrak{p}}\geq 0

de sorte que

𝔭pf𝔭α𝔭=12k.subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝑓𝔭subscript𝛼𝔭12𝑘\sum_{\mathfrak{p}\mid p}f_{\mathfrak{p}}\alpha_{\mathfrak{p}}=12k. (14)

Comme p𝑝p est non ramifi dans K𝐾K, on a

d=𝔭pf𝔭.𝑑subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝑓𝔭d=\sum_{\mathfrak{p}\mid p}f_{\mathfrak{p}}. (15)

Or, d’apr s la remarque 2.2 suivant la proposition 2.3, on peut toujours, si on le souhaite, remplacer la famille {α𝔭}𝔭psubscriptsubscript𝛼𝔭conditional𝔭𝑝\{\alpha_{\mathfrak{p}}\}_{\mathfrak{p}\mid p} par la famille {12α𝔭}𝔭psubscript12subscript𝛼𝔭conditional𝔭𝑝\{12-\alpha_{\mathfrak{p}}\}_{\mathfrak{p}\mid p}, donc on peut supposer que l’on a :

𝔭pf𝔭α𝔭𝔭pf𝔭(12α𝔭).subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝑓𝔭subscript𝛼𝔭subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝑓𝔭12subscript𝛼𝔭\sum_{\mathfrak{p}\mid p}f_{\mathfrak{p}}\alpha_{\mathfrak{p}}\leq\sum_{\mathfrak{p}\mid p}f_{\mathfrak{p}}(12-\alpha_{\mathfrak{p}}).

Autrement dit, d’apr s les galit s (14) et (15)

12k12(dk)12𝑘12𝑑𝑘12k\leq 12(d-k)

soit encore

k[d2].𝑘delimited-[]𝑑2k\leq\left[\frac{d}{2}\right].

D’apr s les galit s (13) et (14) on a

𝔭pN𝔭(+𝔭)α𝔭=12k(modp).subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscript𝔭subscript𝛼𝔭annotatedsuperscript12𝑘pmod𝑝\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}(\ell+\mathfrak{p})^{\alpha_{\mathfrak{p}}}=\ell^{12k}\pmod{p}. (16)

Par ailleurs, d’apr s le lemme 3.4, on a P¯(Ω)=0¯superscriptsubscript𝑃Ω0\overline{P_{\ell}^{*}}(\Omega)=0. Donc, d’apr s les galit s (12) et (16), il vient P¯(12k)=0(modp)¯superscriptsubscript𝑃superscript12𝑘annotated0pmod𝑝\overline{P_{\ell}^{*}}\left(\ell^{12k}\right)=0\pmod{p}, c’est- -dire

P(12k)0(modp).superscriptsubscript𝑃superscript12𝑘annotated0pmod𝑝P_{\ell}^{*}\left(\ell^{12k}\right)\equiv 0\pmod{p}.

D’o le th or me 1.

3.3 Démonstration du théorème 2

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de bonne réduction, γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} un générateur de 𝔮hsuperscript𝔮\mathfrak{q}^{h} et 𝔪γ𝔮subscript𝔪subscript𝛾𝔮\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}} son polynôme minimal sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}. On commence par un lemme préliminaire.

Lemme 3.5

Le polynôme 𝔪γ𝔮(12)superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)} appartient à M𝐙subscript𝑀𝐙M_{\mathbf{Z}} et vérifie pour 𝔭𝔭\mathfrak{p} divisant p𝑝p

(𝔪γ𝔮(12))f𝔭¯(N𝔭(γ𝔮+𝔭)12)=0(modp).¯superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absentsubscript𝑓𝔭subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭12annotated0pmod𝑝\overline{\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*f_{\mathfrak{p}}}}\bigg{(}N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})^{12}\bigg{)}=0\pmod{p}.

Démonstration. Le polynôme 𝔪γ𝔮subscript𝔪subscript𝛾𝔮\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}} est irréductible et unitaire. Il appartient donc à M𝐙subscript𝑀𝐙M_{\mathbf{Z}} et il en va de même pour 𝔪γ𝔮(12)superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)} d’après le lemme 3.2. Par définition, on a

N𝔭(γ𝔮+𝔭)=γ𝔮γ𝔮pγ𝔮pf𝔭1+𝔭𝐙/p𝐙subscript𝑁𝔭subscript𝛾𝔮𝔭subscript𝛾𝔮superscriptsubscript𝛾𝔮𝑝superscriptsubscript𝛾𝔮superscript𝑝subscript𝑓𝔭1𝔭𝐙𝑝𝐙N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})=\gamma_{\mathfrak{q}}\cdot\gamma_{\mathfrak{q}}^{p}\cdots\gamma_{\mathfrak{q}}^{p^{f_{\mathfrak{p}}-1}}+\mathfrak{p}\in\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}

et

𝔪γ𝔮¯(γ𝔮+𝔭)=0(mod𝔭).¯subscript𝔪subscript𝛾𝔮subscript𝛾𝔮𝔭annotated0pmod𝔭\overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})=0\pmod{\mathfrak{p}}.

Or, le polynôme 𝔪γ𝔮subscript𝔪subscript𝛾𝔮\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}} est à coefficients dans 𝐙𝐙\mathbf{Z}, d’où 𝔪γ𝔮(p)¯=𝔪γ𝔮¯¯superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮𝑝¯subscript𝔪subscript𝛾𝔮\overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(p)}}=\overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}}. On en déduit donc avec les lemmes 3.1 et 3.2 que l’on a :

𝔪γ𝔮(12)¯(γ𝔮12+𝔭)=0(mod𝔭)𝔪γ𝔮(12)¯(γ𝔮12pf𝔭1+𝔭)=0(mod𝔭).¯superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12superscriptsubscript𝛾𝔮12𝔭annotated0pmod𝔭missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpression¯superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12superscriptsubscript𝛾𝔮12superscript𝑝subscript𝑓𝔭1𝔭annotated0pmod𝔭missing-subexpression\begin{array}[]{clcl}\overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}}\big{(}\gamma_{\mathfrak{q}}^{12}+\mathfrak{p}\big{)}&=&0\pmod{\mathfrak{p}}\\ \vdots&&\vdots\\ \overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}}\big{(}\gamma_{\mathfrak{q}}^{12p^{f_{\mathfrak{p}}-1}}+\mathfrak{p}\big{)}&=&0\pmod{\mathfrak{p}}.\end{array}

Puis avec le lemme 3.3, il vient

(𝔪γ𝔮(12))f𝔭¯(N𝔭(γ𝔮+𝔭)12)=𝔪γ𝔮(12)¯f𝔭(γ𝔮12γ𝔮12pγ𝔮12pf𝔭1+𝔭)=0(modp)missing-subexpressionmissing-subexpression¯superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absentsubscript𝑓𝔭subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭12missing-subexpressionsuperscript¯superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absentsubscript𝑓𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮12superscriptsubscript𝛾𝔮12𝑝superscriptsubscript𝛾𝔮12superscript𝑝subscript𝑓𝔭1𝔭missing-subexpressionannotated0pmod𝑝\begin{array}[]{rcl}&&\overline{\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*f_{\mathfrak{p}}}}\bigg{(}N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})^{12}\bigg{)}\\ &=&\overline{\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}}^{*f_{\mathfrak{p}}}\bigg{(}\gamma_{\mathfrak{q}}^{12}\cdot\gamma_{\mathfrak{q}}^{12p}\cdots\gamma_{\mathfrak{q}}^{12p^{f_{\mathfrak{p}}-1}}+\mathfrak{p}\bigg{)}\\ &=&0\pmod{p}\end{array}

car N𝔭(γ𝔮+𝔭)𝐙/p𝐙subscript𝑁𝔭subscript𝛾𝔮𝔭𝐙𝑝𝐙N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})\in\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}. D’où le lemme.


Démontrons à présent le théorème 2. Supposons que 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise p𝑝p. Alors, 00 est une racine commune de P𝔮(12h)superscriptsubscript𝑃𝔮12P_{\mathfrak{q}}^{(12h)} et 𝔪γ𝔮(12)superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)} modulo p𝑝p. Donc p𝑝p divise l’entier Res(P𝔮(12h),𝔪γ𝔮(12))Ressuperscriptsubscript𝑃𝔮12superscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12\mathrm{Res}\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12h)},\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right) et par suite, si d2𝑑2d\geq 2, p𝑝p divise R𝔮subscript𝑅𝔮R_{\mathfrak{q}}.

Supposons que 𝔮𝔮\mathfrak{q} ne divise pas p𝑝p. Alors, d’après la proposition 2.4 appliquée à a=γ𝔮𝑎subscript𝛾𝔮a=\gamma_{\mathfrak{q}}, on a

λ(σ𝔮)12h=𝔭pN𝔭(γ𝔮+𝔭)α𝔭=𝔭pα𝔭=12N𝔭(γ𝔮+𝔭)12𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭subscript𝛼𝔭subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝛼𝔭12subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭12\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12h}=\prod_{\mathfrak{p}\mid p}N_{\mathfrak{p}}\left(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p}\right)^{\alpha_{\mathfrak{p}}}=\prod_{\begin{subarray}{c}\mathfrak{p}\mid p\\ \alpha_{\mathfrak{p}=12}\end{subarray}}N_{\mathfrak{p}}\left(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p}\right)^{12} (17)

Or, d’après le lemme 3.5, on a

(𝔪γ𝔮(12))f𝔭¯(N𝔭(γ𝔮+𝔭)12)=0(modp).¯superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absentsubscript𝑓𝔭subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭12annotated0pmod𝑝\overline{\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*f_{\mathfrak{p}}}}\bigg{(}N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})^{12}\bigg{)}=0\pmod{p}.

On en déduit donc avec le lemme 3.1 que l’on a

𝔭pα𝔭=12(𝔪γ𝔮(12))f𝔭¯(𝔭pα𝔭=12N𝔭(γ𝔮+𝔭)12)=0(modp),subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝛼𝔭12¯superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absentsubscript𝑓𝔭subscriptproductconditional𝔭𝑝subscript𝛼𝔭12subscript𝑁𝔭superscriptsubscript𝛾𝔮𝔭12annotated0pmod𝑝\mathop{\mathchoice{\text{\huge$\ast$}}{\text{\Large$\ast$}}{\text{\normalsize$\ast$}}{\text{\footnotesize$\ast$}}}\displaylimits_{\begin{subarray}{c}\mathfrak{p}\mid p\\ \alpha_{\mathfrak{p}=12}\end{subarray}}\overline{\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*f_{\mathfrak{p}}}}\bigg{(}\prod_{\begin{subarray}{c}\mathfrak{p}\mid p\\ \alpha_{\mathfrak{p}=12}\end{subarray}}N_{\mathfrak{p}}(\gamma_{\mathfrak{q}}+\mathfrak{p})^{12}\bigg{)}=0\pmod{p},

puis avec l’égalité (17) ci-dessus et le lemme 3.3,

(𝔪γ𝔮(12))k¯(λ(σ𝔮)12h)=0(modp),¯superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absent𝑘𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12annotated0pmod𝑝\overline{\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*k}}\left(\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12h}\right)=0\pmod{p},

où l’on a posé

k=𝔭pα𝔭=12f𝔭0.𝑘subscriptconditional𝔭𝑝subscript𝛼𝔭12subscript𝑓𝔭0k=\sum_{\begin{subarray}{c}\mathfrak{p}\mid p\\ \alpha_{\mathfrak{p}}=12\end{subarray}}f_{\mathfrak{p}}\geq 0.

Comme au §3.2.2, on peut supposer k[d/2]𝑘delimited-[]𝑑2k\leq[d/2]. Par ailleurs, λ(σ𝔮)12h𝜆superscriptsubscript𝜎𝔮12\lambda(\sigma_{\mathfrak{q}})^{12h} est une racine de P𝔮(12h)(modp)annotatedsuperscriptsubscript𝑃𝔮12pmod𝑝P_{\mathfrak{q}}^{(12h)}\pmod{p}. On en déduit donc que p𝑝p divise Res(P𝔮(12h),(𝔪γ𝔮(12))k)Ressuperscriptsubscript𝑃𝔮12superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absent𝑘\mathrm{Res}\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12h)},\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*k}\right) et par suite, p𝑝p divise R𝔮subscript𝑅𝔮R_{\mathfrak{q}}. Cela démontre la première partie du théorème 2. Il reste à voir que si E𝐸E est sans multiplication complexe sur 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, alors R𝔮0subscript𝑅𝔮0R_{\mathfrak{q}}\not=0 pour une infinité de 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

Supposons R𝔮=0subscript𝑅𝔮0R_{\mathfrak{q}}=0. Alors, il existe une racine complexe α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}} de P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} telle que α𝔮12hsuperscriptsubscript𝛼𝔮12\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h} soit racine de (𝔪γ𝔮(12))ksuperscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾𝔮12absent𝑘\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}}}^{(12)}\right)^{*k} pour un certain entier 0k[d/2]0𝑘delimited-[]𝑑20\leq k\leq[d/2]. C’est impossible pour k=0𝑘0k=0 car α𝔮12h1superscriptsubscript𝛼𝔮121\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h}\not=1. On a donc k1𝑘1k\geq 1 (et par suite d2𝑑2d\geq 2) et α𝔮12hsuperscriptsubscript𝛼𝔮12\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h} s’écrit comme un produit de k𝑘k conjugués de γ𝔮subscript𝛾𝔮\gamma_{\mathfrak{q}} élevés à la puissance 121212. Notons L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} le corps engendré par α𝔮subscript𝛼𝔮\alpha_{\mathfrak{q}}. C’est une extension de degré au plus 222 de 𝐐𝐐\mathbf{Q}. On distingue deux cas :

  1. 1.

    soit α𝔮12h𝐐superscriptsubscript𝛼𝔮12𝐐\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h}\not\in\mathbf{Q} et alors L𝔮=𝐐(α𝔮12h)superscript𝐿𝔮𝐐superscriptsubscript𝛼𝔮12L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q}(\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h}) est inclus dans Kgalsuperscript𝐾galK^{\mathrm{gal}}, la clôture galoisienne de K𝐾K dans 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}; en particulier, L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est non ramifié en dehors des premiers divisant DKsubscript𝐷𝐾D_{K}.

  2. 2.

    Soit α𝔮12h𝐐superscriptsubscript𝛼𝔮12𝐐\alpha_{\mathfrak{q}}^{12h}\in\mathbf{Q} et alors

    ζ=α𝔮¯α𝔮𝜁¯subscript𝛼𝔮subscript𝛼𝔮\zeta=\frac{\overline{\alpha_{\mathfrak{q}}}}{\alpha_{\mathfrak{q}}}

    est une racine 12h1212h-ième de l’unité contenue dans L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}}. C’est donc une racine primitive 222-ième, 333-ième, 444-ième ou 666-ième de l’unité et l’on a :

    1. (a)

      soit ζ=1𝜁1\zeta=1, t𝔮2=4N(𝔮)superscriptsubscript𝑡𝔮24𝑁𝔮t_{\mathfrak{q}}^{2}=4N(\mathfrak{q}) et L𝔮=𝐐superscript𝐿𝔮𝐐L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q};

    2. (b)

      soit ζ=1𝜁1\zeta=-1, t𝔮=0subscript𝑡𝔮0t_{\mathfrak{q}}=0 et L𝔮=𝐐(1)superscript𝐿𝔮𝐐1L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q}(\sqrt{-1}) ou 𝐐()𝐐\mathbf{Q}(\sqrt{-\ell});

    3. (c)

      soit ζ=j𝜁𝑗\zeta=j ou j2superscript𝑗2j^{2} (avec j2+j+1=0superscript𝑗2𝑗10j^{2}+j+1=0), t𝔮2=N(𝔮)superscriptsubscript𝑡𝔮2𝑁𝔮t_{\mathfrak{q}}^{2}=N(\mathfrak{q}), donc f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est pair et L𝔮=𝐐(3)superscript𝐿𝔮𝐐3L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q}(\sqrt{-3});

    4. (d)

      soit ζ=i𝜁𝑖\zeta=i ou i𝑖-i (avec i2=1superscript𝑖21i^{2}=-1), t𝔮2=2N(𝔮)superscriptsubscript𝑡𝔮22𝑁𝔮t_{\mathfrak{q}}^{2}=2N(\mathfrak{q}), donc =22\ell=2 et f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est impair. On en déduit L𝔮=𝐐(1)superscript𝐿𝔮𝐐1L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q}(\sqrt{-1});

    5. (e)

      soit ζ=j𝜁𝑗\zeta=-j ou j2superscript𝑗2-j^{2}, t𝔮2=3N(𝔮)superscriptsubscript𝑡𝔮23𝑁𝔮t_{\mathfrak{q}}^{2}=3N(\mathfrak{q}), donc =33\ell=3 et f𝔮subscript𝑓𝔮f_{\mathfrak{q}} est impair. On en déduit et L𝔮=𝐐(3)superscript𝐿𝔮𝐐3L^{\mathfrak{q}}=\mathbf{Q}(\sqrt{-3}).

    On en déduit que dans ce cas la courbe E𝐸E a réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q} et que le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est non ramifié en dehors de {2,3,}2.3\{2,3,\ell\}.

Autrement dit, on a montré que si R𝔮=0subscript𝑅𝔮0R_{\mathfrak{q}}=0, alors le corps L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} est non ramifié en dehors des nombres premiers divisant 6DK6subscript𝐷𝐾6\ell D_{K}. Or, d’après un résultat de Serre ([Ser68, IV-14(d)]), on sait que si E𝐸E est sans multiplication complexe sur 𝐐¯¯𝐐\overline{\mathbf{Q}}, alors pour tout ensemble fini P𝑃P de nombres premiers, il existe une infinité d’idéaux premiers 𝔮𝔮\mathfrak{q} tels que L𝔮superscript𝐿𝔮L^{\mathfrak{q}} soit ramifié en tout nombre premier appartenant à P𝑃P. Compte-tenu de l’étude précédente, on en déduit qu’il existe une infinité d’idéaux premiers 𝔮𝔮\mathfrak{q} pour lesquels on a R𝔮0subscript𝑅𝔮0R_{\mathfrak{q}}\not=0. Cela achève la démonstration du théorème 2.

4 Bornes uniformes

4.1 Démonstration de la proposition 1.1

Soit 𝔮𝔮\mathfrak{q} un idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} tel que le sous-groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} soit non cyclique. Compte-tenu de la structure des groupes ΦΦ\Phi, l’idéal premier 𝔮𝔮\mathfrak{q} a n cessairement caract ristique r siduelle =22\ell=2 ou 333 ([Ser72, §5.6(a)56𝑎5.6(a)]) et |Φ𝔮|=8subscriptΦ𝔮8\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=8 ou 242424 (resp. 121212) si =22\ell=2 (resp. =33\ell=3). L’irr ductibilit de ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} r sulte alors du lemme 4.1 ci-dessous et du fait que Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} se plonge dans Aut(E[p])Aut𝐸delimited-[]𝑝\mathrm{Aut}(E[p]) (car p𝑝\ell\not=p et p3𝑝3p\geq 3, [Ser72, §5.6(a)56𝑎5.6(a)]).

Notation 1

On rappelle qu’un sous-groupe maximal de Aut(E[p])Aut𝐸delimited-[]𝑝\mathrm{Aut}(E[p]) stabilisant une droite de E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] est appelé sous-groupe de Borel.

Lemme 4.1

Soit H𝐻H un sous-groupe de Gal(K(E[p])/K)Gal𝐾𝐸delimited-[]𝑝𝐾\mathrm{Gal}(K(E[p])/K). On suppose H𝐻H non ab lien fini. Si p𝑝p ne divise pas l’ordre de H𝐻H, alors H𝐻H ne se plonge pas dans un sous-groupe de Borel de Aut(E[p])Aut𝐸delimited-[]𝑝\mathrm{Aut}(E[p]).

Démonstration. Supposons qu’il existe un morphisme injectif ι𝜄\iota de G𝐺G dans un sous-groupe de Borel B𝐵B de Aut(E[p])Aut𝐸delimited-[]𝑝\mathrm{Aut}(E[p]). Dans une base convenable de E[p]𝐸delimited-[]𝑝E[p] sur 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}, B𝐵B est repr sentable matriciellement par le Borel standard

(0).matrix0\begin{pmatrix}*&*\\ 0&*\\ \end{pmatrix}.

Il contient alors le sous-groupe S𝑆S d’ordre p𝑝p engendr par l’ l ment

u=(1101).𝑢matrix1101u=\begin{pmatrix}1&1\\ 0&1\\ \end{pmatrix}.

C’est un sous-groupe distingu de B𝐵B. Comme l’ordre de H𝐻H est premier p𝑝p, le morphisme compos

HιBB/Ssuperscript𝜄𝐻𝐵𝐵𝑆H\stackrel{{\scriptstyle\iota}}{{\hookrightarrow}}B\rightarrow B/S

est injectif. Par ailleurs, B/S𝐵𝑆B/S est ab lien. D’o une contradiction car H𝐻H est suppos non ab lien.

4.2 Démonstration de la proposition 1.2

Soient p3𝑝3p\geq 3 un nombre premier exceptionnel et 𝔮𝔮\mathfrak{q} un id al premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} de caract ristique r siduelle p𝑝\ell\not=p en lequel E𝐸E a mauvaise r duction additive avec potentiellement bonne r duction. On souhaite montrer qu’il existe un entier n0𝑛0n\geq 0 tel que l’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} divise N(𝔮)n(N(𝔮)1)𝑁superscript𝔮𝑛𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})^{n}(N(\mathfrak{q})-1).

Vu la th orie du corps de classes, le caract re λ𝜆\lambda s’interpr te comme un homomorphisme

λ:Gal(K𝔪/K)𝐅p,:𝜆Galsuperscript𝐾𝔪𝐾superscriptsubscript𝐅𝑝\lambda:\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}}/K)\longrightarrow\mathbf{F}_{p}^{*},

o 𝔪𝔪\mathfrak{m} est le conducteur de λ𝜆\lambda et K𝔪superscript𝐾𝔪K^{\mathfrak{m}} le corps de classes de rayon 𝔪𝔪\mathfrak{m}. Alors, le caract re λ𝜆\lambda est ramifi en 𝔮𝔮\mathfrak{q} (cf. [Ser72, §§ 1.12 et 5.6]) et on a une factorisation du type

𝔪=𝔪𝔮n+1,n0 et (𝔪,𝔮)=1.formulae-sequence𝔪superscript𝔪superscript𝔮𝑛1formulae-sequence𝑛0 et superscript𝔪𝔮1\mathfrak{m}=\mathfrak{m}^{\prime}\cdot\mathfrak{q}^{n+1},\quad\textrm{o }n\geq 0\quad\textrm{ et }(\mathfrak{m}^{\prime},\mathfrak{q})=1.

L’ordre du groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} divise l’indice de ramification en 𝔮𝔮\mathfrak{q} de l’extension K𝔪/Ksuperscript𝐾𝔪𝐾K^{\mathfrak{m}}/K. Or l’extension intermédiaire K𝔪/Ksuperscript𝐾superscript𝔪𝐾K^{\mathfrak{m}^{\prime}}/K est non ramifiée en 𝔮𝔮\mathfrak{q}. Donc l’ordre de Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} divise le cardinal du groupe Gal(K𝔪/K𝔪)Galsuperscript𝐾𝔪superscript𝐾superscript𝔪\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}}/K^{\mathfrak{m}^{\prime}}). Notons h𝔪subscript𝔪h_{\mathfrak{m}} (resp. h𝔪subscriptsuperscript𝔪h_{\mathfrak{m}^{\prime}}) le cardinal du groupe Gal(K𝔪/K)Galsuperscript𝐾𝔪𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}}/K) (resp. Gal(K𝔪/K)Galsuperscript𝐾superscript𝔪𝐾\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}^{\prime}}/K)). Alors, d’apr s [Coh00, cor.3.2.43243.2.4], on a

|Gal(K𝔪/K𝔪)|=h𝔪h𝔪=(𝒰:𝒰𝔪,1)(𝒰:𝒰𝔪,1)N(𝔮)n(N(𝔮)1),Galsuperscript𝐾𝔪superscript𝐾superscript𝔪subscript𝔪subscriptsuperscript𝔪:𝒰subscript𝒰superscript𝔪.1:𝒰subscript𝒰𝔪.1𝑁superscript𝔮𝑛𝑁𝔮1\lvert\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}}/K^{\mathfrak{m}^{\prime}})\rvert=\frac{h_{\mathfrak{m}}}{h_{\mathfrak{m}^{\prime}}}=\frac{(\mathcal{U}:\mathcal{U}_{\mathfrak{m}^{\prime},1})}{(\mathcal{U}:\mathcal{U}_{\mathfrak{m},1})}N(\mathfrak{q})^{n}(N(\mathfrak{q})-1),

o 𝒰𝔪,1subscript𝒰𝔪.1\mathcal{U}_{\mathfrak{m},1} (resp. 𝒰𝔪,1subscript𝒰superscript𝔪.1\mathcal{U}_{\mathfrak{m}^{\prime},1}) d signe le sous-groupe du groupe des unit s 𝒰𝒰\mathcal{U} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} qui sont congrues 111 modulo 𝔪𝔪\mathfrak{m} (resp. 𝔪superscript𝔪\mathfrak{m}^{\prime}) au sens de [Coh00, Def.3.2.23223.2.2]. Or, comme 𝔪superscript𝔪\mathfrak{m}^{\prime} divise 𝔪𝔪\mathfrak{m}, l’indice de 𝒰𝔪,1subscript𝒰superscript𝔪.1\mathcal{U}_{\mathfrak{m}^{\prime},1} dans 𝒰𝒰\mathcal{U} divise celui de 𝒰𝔪,1subscript𝒰𝔪.1\mathcal{U}_{\mathfrak{m},1}. Donc, l’ordre de Gal(K𝔪/K𝔪)Galsuperscript𝐾𝔪superscript𝐾superscript𝔪\mathrm{Gal}(K^{\mathfrak{m}}/K^{\mathfrak{m}^{\prime}}) divise N(𝔮)n(N(𝔮)1)𝑁superscript𝔮𝑛𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})^{n}(N(\mathfrak{q})-1) et il en va de même en particulier pour l’ordre de Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}}. D’o la proposition 1.2.

Remarque. Lorsque 55\ell\geq 5, on a |Φ𝔮|=2subscriptΦ𝔮2\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=2, 333, 444 ou 666 ([Ser72, p. 312]). Or N(𝔮)𝑁𝔮N(\mathfrak{q}) est premier 121212, donc |Φ𝔮|subscriptΦ𝔮\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert divise N(𝔮)n(N(𝔮)1)𝑁superscript𝔮𝑛𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})^{n}(N(\mathfrak{q})-1) pour un certain entier n𝑛n si et seulement si |Φ𝔮|subscriptΦ𝔮\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert divise N(𝔮)1𝑁𝔮1N(\mathfrak{q})-1. Cela justifie la remarque 1.2.

4.3 Démonstration des corollaires 1.3 et 1.4

Supposons que 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 222. Lorsque |Φ𝔮|=8subscriptΦ𝔮8\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=8 ou 242424, le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} n’est pas ab lien ([Ser72, 5.6(a)56𝑎5.6(a)]) et la conclusion r sulte de la prop. 1.1. Pour |Φ𝔮|=3subscriptΦ𝔮3\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=3 ou 666, supposons la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} r ductible. Alors, d’apr s la prop. 1.2, l’ordre de Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} divise 2f𝔮(2f𝔮1)superscript2subscript𝑓𝔮superscript2subscript𝑓𝔮12^{f_{\mathfrak{q}}}(2^{f_{\mathfrak{q}}}-1). Or, 2f𝔮11(mod3)superscript2subscript𝑓𝔮1annotated1pmod32^{f_{\mathfrak{q}}}-1\equiv 1\pmod{3} car f𝔮subscript𝑓𝔮f_{{\mathfrak{q}}} est impair. D’o une contradiction et le corollaire 1.3.

Supposons que 𝔮𝔮\mathfrak{q} divise 333. Lorsque |Φ𝔮|=12subscriptΦ𝔮12\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=12, le groupe Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} n’est pas ab lien ([Ser72, 5.6(a)56𝑎5.6(a)]) et la conclusion r sulte comme ci-dessus de la prop. 1.1. Pour |Φ𝔮|=4subscriptΦ𝔮4\lvert\Phi_{\mathfrak{q}}\rvert=4, supposons la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} r ductible. Alors, d’apr s la prop. 1.2, l’ordre de Φ𝔮subscriptΦ𝔮\Phi_{\mathfrak{q}} divise 3f𝔮(3f𝔮1)superscript3subscript𝑓𝔮superscript3subscript𝑓𝔮13^{f_{\mathfrak{q}}}(3^{f_{\mathfrak{q}}}-1). Or, 3f𝔮12(mod4)superscript3subscript𝑓𝔮1annotated2pmod43^{f_{\mathfrak{q}}}-1\equiv 2\pmod{4} car f𝔮subscript𝑓𝔮f_{{\mathfrak{q}}} est impair, d’o une contradiction et le corollaire 1.4.

5 Exemples num riques

L’objet de cette section est de déterminer explicitement, pour certaines courbes elliptiques E𝐸E d finies sur des corps de nombres K𝐾K, l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) et d’illustrer ainsi chacun des résultats du §1.

5.1 Strat gie

On traite successivement des courbes définies sur des corps quadratiques, puis une sur un corps cubique et enfin une dernière sur un corps biquadratique. Pour la plupart d’entre elles, on commence par d terminer son type de r duction en chaque id al premier. Si pour l’un d’entre eux, on est dans un cas d’application des «  r sultats uniformes  » (prop. 1.1 et 1.2 et cor. 1.3 et 1.4) du §1, il ne reste plus alors traiter que le cas p=2𝑝2p=2 et ventuellement p=3𝑝3p=3 et p=𝑝p=\ell o \ell est un nombre premier 5absent5\geq 5. Sinon, on applique le crit re du th or me 1. On cherche alors un nombre premier \ell de bonne r duction pour lequel Bsubscript𝐵B_{\ell} soit non nul. Si d𝑑d est impair, c’est automatique (cor. 1.2). Si d𝑑d est pair, l’existence d’un tel nombre premier n’est malheureusement pas garantie comme le montre l’exemple 5.8. Cependant dans le cas quadratique (d=2𝑑2d=2), cela ne pose aucun probl me d’en trouver un dans la pratique.

Apr s quelques it rations, on obtient alors un ensemble tr s restreint de nombres premiers contenant 222, 333 et les premiers ramifi s dans le corps. On traite ensuite «  la main  » ceux qui restent. Soit on trouve un id al premier 𝔮𝔮\mathfrak{q} de bonne r duction ne divisant pas p𝑝p tel que P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} soit irr ductible modulo p𝑝p et alors p𝑝p n’est pas exceptionnel, soit on montre que E𝐸E poss de un sous-groupe stable d’ordre p𝑝p et alors p𝑝p est exceptionnel.

5.2 Notations

La courbe E𝐸E est donnée sous forme d’une équation de Weierstrass

y2+a1xy+a3y=x3+a2x2+a4x+a6,superscript𝑦2subscript𝑎1𝑥𝑦subscript𝑎3𝑦superscript𝑥3subscript𝑎2superscript𝑥2subscript𝑎4𝑥subscript𝑎6y^{2}+a_{1}xy+a_{3}y=x^{3}+a_{2}x^{2}+a_{4}x+a_{6},

avec ai𝒪Ksubscript𝑎𝑖subscript𝒪𝐾a_{i}\in\mathcal{O}_{K}. On adopte les notations standard de Tate ([Tat75]). Pour chaque idéal premier 𝔭𝔭\mathfrak{p} de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}, on note v𝔭subscript𝑣𝔭v_{\mathfrak{p}} la valuation en 𝔭𝔭\mathfrak{p} de K𝐾K normalisée par v𝔭(K)=𝐙subscript𝑣𝔭superscript𝐾𝐙v_{\mathfrak{p}}(K^{*})=\mathbf{Z}.

Étant donn un nombre premier \ell, on note 𝔖(d)superscriptsubscript𝔖𝑑\mathfrak{S}_{\ell}^{(d)} l’ensemble des diviseurs premiers de Bsubscript𝐵B_{\ell}. Lorsque E𝐸E est définie sur un corps quadratique, on dispose de deux programmes pari, disponibles l’adresse :

http://people.math.jussieu.fr/~billerey/.

appelés, TraceOfFrobenius et ExceptionalPrimes, permettant respectivement de calculer la famille {t𝔮}𝔮subscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid\ell} et de d terminer l’ensemble 𝔖(2)superscriptsubscript𝔖2\mathfrak{S}_{\ell}^{(2)} (et aussi l’entier Bsubscript𝐵B_{\ell}).

5.3 Les polynômes Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} dans le cas quadratique

On suppose que K𝐾K est un corps quadratique, i.e. d=2𝑑2d=2. Pour un \ell de bonne réduction, on a alors B=P(1)P(12)subscript𝐵superscriptsubscript𝑃1superscriptsubscript𝑃superscript12B_{\ell}=P_{\ell}^{*}(1)\cdot P_{\ell}^{*}(\ell^{12}) et P(1)0superscriptsubscript𝑃10P_{\ell}^{*}(1)\not=0 (lemme 3.4). La proposition suivante donne une description explicite des polynômes Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} et de la condition B=0subscript𝐵0B_{\ell}=0. On rappelle au pr alable que pour tout entier n1𝑛1n\geq 1, il existe un unique polyn me Tnsubscript𝑇𝑛T_{n} appartenant 𝐙[X]𝐙delimited-[]𝑋\mathbf{Z}[X] tel que pour tout nombre r el θ𝜃\theta, on ait Tn(cosθ)=cos(nθ)subscript𝑇𝑛𝜃𝑛𝜃T_{n}(\cos\theta)=\cos(n\theta). Le polyn me Tnsubscript𝑇𝑛T_{n} s’appelle le n𝑛n-i me polyn me de Tchebychev (de premi re esp ce). On a en particulier,

T12(X)=2048X126144X10+6912X83584X6+840X472X2+1subscript𝑇12𝑋2048superscript𝑋126144superscript𝑋106912superscript𝑋83584superscript𝑋6840superscript𝑋472superscript𝑋21T_{12}(X)=2048X^{12}-6144X^{10}+6912X^{8}-3584X^{6}+840X^{4}-72X^{2}+1

et T24(X)=2T12(X)21subscript𝑇24𝑋2subscript𝑇12superscript𝑋21T_{24}(X)=2T_{12}(X)^{2}-1.

Proposition 5.1

On suppose K/𝐐𝐾𝐐K/\mathbf{Q} quadratique. Soit \ell nombre premier de bonne r duction. On est dans l’une des situations suivantes.

  1. 1.

    Soit \ell est ramifi dans K𝐾K, 𝒪K=𝔮2subscript𝒪𝐾superscript𝔮2\ell\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q}^{2} et on a

    P(X)=P𝔮(24)(X)=X2212T24(t𝔮/2)X+24.superscriptsubscript𝑃𝑋superscriptsubscript𝑃𝔮24𝑋superscript𝑋22superscript12subscript𝑇24subscript𝑡𝔮2𝑋superscript24P_{\ell}^{*}(X)=P_{\mathfrak{q}}^{(24)}(X)=X^{2}-2\ell^{12}T_{24}\left(t_{\mathfrak{q}}/2\sqrt{\ell}\right)X+\ell^{24}.

    En particulier, on a

    P(12)=12t𝔮2(t𝔮2)2(t𝔮24)(t𝔮22)2(t𝔮23)2(t𝔮44t𝔮2+2)2.superscriptsubscript𝑃superscript12superscript12superscriptsubscript𝑡𝔮2superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮22superscriptsubscript𝑡𝔮24superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮222superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮232superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮44superscriptsubscript𝑡𝔮2superscript22P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=-\ell^{12}t_{\mathfrak{q}}^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-\ell)^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-4\ell)(t_{\mathfrak{q}}^{2}-2\ell)^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-3\ell)^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{4}-4\ell t_{\mathfrak{q}}^{2}+\ell^{2})^{2}.

    Ainsi P(12)=0superscriptsubscript𝑃superscript120P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=0 si et seulement si t𝔮0(mod)subscript𝑡𝔮annotated0pmodt_{\mathfrak{q}}\equiv 0\pmod{\ell}, c’est- -dire si et seulement si E𝐸E a bonne réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

  2. 2.

    Soit \ell est inerte dans K𝐾K, 𝒪K=𝔮subscript𝒪𝐾𝔮\ell\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q} et on a

    P(X)=P𝔮(12)(X)=X2212T12(t𝔮/2)X+24.superscriptsubscript𝑃𝑋superscriptsubscript𝑃𝔮12𝑋superscript𝑋22superscript12subscript𝑇12subscript𝑡𝔮2𝑋superscript24P_{\ell}^{*}(X)=P_{\mathfrak{q}}^{(12)}(X)=X^{2}-2\ell^{12}T_{12}\left(t_{\mathfrak{q}}/2\ell\right)X+\ell^{24}.

    En particulier, on a

    P(12)=12t𝔮2(t𝔮22)2(t𝔮242)(t𝔮232)2.superscriptsubscript𝑃superscript12superscript12superscriptsubscript𝑡𝔮2superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮2superscript22superscriptsubscript𝑡𝔮24superscript2superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮23superscript22P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=-\ell^{12}t_{\mathfrak{q}}^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-\ell^{2})^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-4\ell^{2})(t_{\mathfrak{q}}^{2}-3\ell^{2})^{2}.

    Ainsi P(12)=0superscriptsubscript𝑃superscript120P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=0 si et seulement si t𝔮0(mod)subscript𝑡𝔮annotated0pmodt_{\mathfrak{q}}\equiv 0\pmod{\ell}, c’est- -dire si et seulement si E𝐸E a bonne réduction supersingulière en 𝔮𝔮\mathfrak{q}.

  3. 3.

    Soit \ell est d compos dans K𝐾K, 𝒪K=𝔮1𝔮2subscript𝒪𝐾subscript𝔮1subscript𝔮2\ell\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q}_{1}\mathfrak{q}_{2} et on a

    P(X)=(P𝔮1P𝔮2)(12)(X)=X4412T12(t𝔮1/2)T12(t𝔮2/2)X3224(12(T12(t𝔮1/2)2+T12(t𝔮2/2)2))X2436T12(t𝔮1/2)T12(t𝔮2/2)X+48.superscriptsubscript𝑃𝑋superscriptsubscript𝑃subscript𝔮1subscript𝑃subscript𝔮212𝑋superscript𝑋44superscript12subscript𝑇12subscript𝑡subscript𝔮12subscript𝑇12subscript𝑡subscript𝔮22superscript𝑋32superscript2412subscript𝑇12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮122subscript𝑇12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮222superscript𝑋24superscript36subscript𝑇12subscript𝑡subscript𝔮12subscript𝑇12subscript𝑡subscript𝔮22𝑋superscript48P_{\ell}^{*}(X)=(P_{\mathfrak{q}_{1}}\ast P_{\mathfrak{q}_{2}})^{(12)}(X)=X^{4}-4\ell^{12}T_{12}(t_{\mathfrak{q}_{1}}/2\sqrt{\ell})T_{12}(t_{\mathfrak{q}_{2}}/2\sqrt{\ell})X^{3}\\ -2\ell^{24}(1-2\left(T_{12}\left(t_{\mathfrak{q}_{1}}/2\sqrt{\ell})^{2}+T_{12}(t_{\mathfrak{q}_{2}}/2\sqrt{\ell})^{2}\right)\right)X^{2}\\ -4\ell^{36}T_{12}(t_{\mathfrak{q}_{1}}/2\sqrt{\ell})T_{12}(t_{\mathfrak{q}_{2}}/2\sqrt{\ell})X+\ell^{48}.

    En particulier, on a

    P(12)=36(t𝔮12t𝔮22)2((t𝔮12+t𝔮223)2t𝔮12t𝔮22)2(t𝔮12+t𝔮224)2×((t𝔮12+t𝔮22)23t𝔮12t𝔮22)2.superscriptsubscript𝑃superscript12superscript36superscriptsuperscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮222superscriptsuperscriptsuperscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮2232superscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮222superscriptsuperscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮2242superscriptsuperscriptsuperscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮2223superscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮222P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=\ell^{36}\left(t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}-t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}\right)^{2}\left((t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}+t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}-3\ell)^{2}-t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}\right)^{2}\left(t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}+t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}-4\ell\right)^{2}\\ \times\left((t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}+t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}-\ell)^{2}-3t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}\right)^{2}.

    Ainsi P(12)=0superscriptsubscript𝑃superscript120P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=0 si et seulement si l’une des conditions suivantes est satisfaite :

    t𝔮1=±t𝔮2;t𝔮12+t𝔮22±t𝔮1t𝔮2=3;t𝔮12+t𝔮22=4.formulae-sequencesubscript𝑡subscript𝔮1plus-or-minussubscript𝑡subscript𝔮2formulae-sequenceplus-or-minussuperscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮22subscript𝑡subscript𝔮1subscript𝑡subscript𝔮23superscriptsubscript𝑡subscript𝔮12superscriptsubscript𝑡subscript𝔮224t_{\mathfrak{q}_{1}}=\pm t_{\mathfrak{q}_{2}};\quad t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}+t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}\pm t_{\mathfrak{q}_{1}}t_{\mathfrak{q}_{2}}=3\ell;\quad t_{\mathfrak{q}_{1}}^{2}+t_{\mathfrak{q}_{2}}^{2}=4\ell.

Démonstration. La preuve de cette proposition repose sur la proposition 2.1 ainsi que sur les relations de récurrence entre polynômes de Tchebychev. Elle n’est pas difficile. On ne traite que le cas où \ell est inerte, les autres étant analogues. Supposons donc \ell inerte dans K𝐾K avec 𝒪K=𝔮subscript𝒪𝐾𝔮\ell\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q} et posons

P𝔮(X)=X2t𝔮X+2=(Xα)(Xβ).subscript𝑃𝔮𝑋superscript𝑋2subscript𝑡𝔮𝑋superscript2𝑋𝛼𝑋𝛽P_{\mathfrak{q}}(X)=X^{2}-t_{\mathfrak{q}}X+\ell^{2}=(X-\alpha)(X-\beta).

D’apr s la prop. 2.1, on a |α|=|β|=𝛼𝛽\lvert\alpha\rvert=\lvert\beta\rvert=\ell. Posons donc α=eiθ𝛼superscript𝑒𝑖𝜃\alpha=\ell e^{i\theta} avec θ𝐑𝜃𝐑\theta\in\mathbf{R}. D’apr s le lemme 3.1, on a

P(X)=(Xα12)(Xβ12).superscriptsubscript𝑃𝑋𝑋superscript𝛼12𝑋superscript𝛽12P_{\ell}^{*}(X)=(X-\alpha^{12})(X-\beta^{12}).

D’o

P(X)=X2(α12+β12)X+24=X2212cos(12θ)X+24.superscriptsubscript𝑃𝑋superscript𝑋2superscript𝛼12superscript𝛽12𝑋superscript24superscript𝑋22superscript1212𝜃𝑋superscript24P_{\ell}^{*}(X)=X^{2}-(\alpha^{12}+\beta^{12})X+\ell^{24}=X^{2}-2\ell^{12}\cos(12\theta)X+\ell^{24}.

Or, cos(12θ)=T12(cosθ)12𝜃subscript𝑇12𝜃\cos(12\theta)=T_{12}(\cos\theta) et 2cosθ=t𝔮2𝜃subscript𝑡𝔮2\ell\cos\theta=t_{\mathfrak{q}}, d’o

P(X)=X2212T12(t𝔮2)X+24.superscriptsubscript𝑃𝑋superscript𝑋22superscript12subscript𝑇12subscript𝑡𝔮2𝑋superscript24P_{\ell}^{*}(X)=X^{2}-2\ell^{12}T_{12}\left(\frac{t_{\mathfrak{q}}}{2\ell}\right)X+\ell^{24}.

On en d duit imm diatement

P(12)=224(1T12(t𝔮2)).superscriptsubscript𝑃superscript122superscript241subscript𝑇12subscript𝑡𝔮2P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=2\ell^{24}\left(1-T_{12}\left(\frac{t_{\mathfrak{q}}}{2\ell}\right)\right).

Or, on a 1T12=8(1T3)(1+T3)T321subscript𝑇1281subscript𝑇31subscript𝑇3superscriptsubscript𝑇321-T_{12}=8(1-T_{3})(1+T_{3})T_{3}^{2}. D’o la factorisation

P(12)=12t𝔮2(t𝔮22)2(t𝔮242)(t𝔮232)2superscriptsubscript𝑃superscript12superscript12superscriptsubscript𝑡𝔮2superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮2superscript22superscriptsubscript𝑡𝔮24superscript2superscriptsuperscriptsubscript𝑡𝔮23superscript22P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=-\ell^{12}t_{\mathfrak{q}}^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-\ell^{2})^{2}(t_{\mathfrak{q}}^{2}-4\ell^{2})(t_{\mathfrak{q}}^{2}-3\ell^{2})^{2}

car

T3(X)=4X33X;1T3(X)=(X1)(2X+1)2;formulae-sequencesubscript𝑇3𝑋4superscript𝑋33𝑋1subscript𝑇3𝑋𝑋1superscript2𝑋12T_{3}(X)=4X^{3}-3X;\quad 1-T_{3}(X)=-(X-1)(2X+1)^{2};

et

1+T3(X)=(X+1)(2X1)2.1subscript𝑇3𝑋𝑋1superscript2𝑋121+T_{3}(X)=(X+1)(2X-1)^{2}.

On en d duit que l’on a P(12)=0superscriptsubscript𝑃superscript120P_{\ell}^{*}(\ell^{12})=0 si et seulement si t𝔮=0subscript𝑡𝔮0t_{\mathfrak{q}}=0, ±plus-or-minus\pm\ell ou ±2plus-or-minus2\pm 2\ell. Autrement dit, si et seulement si t𝔮0(mod)subscript𝑡𝔮annotated0pmodt_{\mathfrak{q}}\equiv 0\pmod{\ell} car |t𝔮|2subscript𝑡𝔮2\lvert t_{\mathfrak{q}}\rvert\leq 2\ell.

5.4 Exemples

On illustre dans les exemples suivants chacun des résultats du §1.

Exemple 5.1

On suppose K=𝐐(5)𝐾𝐐5K=\mathbf{Q}(\sqrt{5}). On considère la courbe E𝐸E d’équation

y2=x3+2x2+ωxω=1+52.formulae-sequencesuperscript𝑦2superscript𝑥32superscript𝑥2𝜔𝑥𝜔152y^{2}=x^{3}+2x^{2}+\omega x\quad\textrm{o }\quad\omega=\frac{1+\sqrt{5}}{2}.

Alors, Exc(E/K)={2}Exc𝐸𝐾2\mathrm{Exc}(E/K)=\{2\}.

Démonstration. On a

{c4=24(43ω)c6=26(8+9ω)Δ=26ω.casessubscript𝑐4superscript2443𝜔subscript𝑐6superscript2689𝜔Δsuperscript26𝜔\left\{\begin{array}[]{l}c_{4}=2^{4}(4-3\omega)\\ c_{6}=2^{6}(-8+9\omega)\\ \Delta=-2^{6}\omega.\\ \end{array}\right.

Or, ω𝜔\omega est une unité de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. En particulier, la courbe E𝐸E a bonne réduction en dehors de (l’idéal premier) 2𝒪K2subscript𝒪𝐾2\mathcal{O}_{K}. On a :

(v2(c4),v2(c6),v2(Δ))=(4,6,6).subscript𝑣2subscript𝑐4subscript𝑣2subscript𝑐6subscript𝑣2Δ4.6.6(v_{2}(c_{4}),v_{2}(c_{6}),v_{2}(\Delta))=(4,6,6).

Donc E𝐸E a mauvaise réduction additive en 222. On note Φ2subscriptΦ2\Phi_{2} son d faut de semi-stabilit en 222. On a v2(j)=6subscript𝑣2𝑗6v_{2}(j)=6 et 3v2(c4)=2v2(c6)3subscript𝑣2subscript𝑐42subscript𝑣2subscript𝑐63v_{2}(c_{4})=2v_{2}(c_{6}). L’extension K/𝐐𝐾𝐐K/\mathbf{Q} étant non ramifi en 222, on a d’après [Cal04], |Φ2|=4subscriptΦ24\lvert\Phi_{2}\rvert=4 ou 888. Or, avec les notations de loc. cit. la condition (C2) n’est pas satisfaite. On en déduit que l’on a |Φ2|=8subscriptΦ28\lvert\Phi_{2}\rvert=8. Et, d’après le cor. 1.3, ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irréductible pour tout nombre premier p5𝑝5p\geq 5. La courbe E𝐸E a bonne r duction en l’id al premier 7𝒪K7subscript𝒪𝐾7\mathcal{O}_{K} et d’après le programme TraceOfFrobenius, on a t7=12subscript𝑡712t_{7}=-12. D’o

P7(X)=X2t7X+49X2+1(mod3).subscript𝑃7𝑋superscript𝑋2subscript𝑡7𝑋49annotatedsuperscript𝑋21pmod3P_{7}(X)=X^{2}-t_{7}X+49\equiv X^{2}+1\pmod{3}.

Donc ρ3subscript𝜌3\rho_{3} est également irréductible. La représentation ρ2subscript𝜌2\rho_{2}, en revanche, est réductible car (0,0)0.0(0,0) est un point d’ordre 222.

Exemple 5.2

On suppose K=𝐐(13)𝐾𝐐13K=\mathbf{Q}(\sqrt{13}). On considère la courbe E𝐸E d’équation

y2=x3(313+240ω)x17ω=1+132.formulae-sequencesuperscript𝑦2superscript𝑥3313240𝜔𝑥17𝜔1132y^{2}=x^{3}-(313+240\omega)x-17\quad\textrm{o }\quad\omega=\frac{1+\sqrt{13}}{2}.

Alors, l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est vide.

Démonstration. On a

{c4=243(11+8ω)2c6=253317Δ=245(11+8ω)2(213629+167568ω).casessubscript𝑐4superscript243superscript118𝜔2subscript𝑐6superscript25superscript3317Δsuperscript245superscript118𝜔2213629167568𝜔\left\{\begin{array}[]{l}c_{4}=2^{4}\cdot 3(11+8\omega)^{2}\\ c_{6}=2^{5}\cdot 3^{3}\cdot 17\\ \Delta=2^{4}\cdot 5(11+8\omega)^{2}(213629+167568\omega).\\ \end{array}\right.

De plus, NK/𝐐(213629+167568ω)=11532430503subscript𝑁𝐾𝐐213629167568𝜔11532430503N_{K/\mathbf{Q}}(213629+167568\omega)=-1153\cdot 2430503 et ni 115311531153, ni 243050324305032430503 ne divisent c4subscript𝑐4c_{4}. Donc la courbe E𝐸E a mauvaise r duction multiplicative en un id al premier au-dessus de 115311531153 et un id al premier au-dessus de 243050324305032430503. Le nombre premier 222 est inerte dans K𝐾K et

(v2(c4),v2(c6),v2(Δ))=(4,5,4).subscript𝑣2subscript𝑐4subscript𝑣2subscript𝑐6subscript𝑣2Δ4.5.4(v_{2}(c_{4}),v_{2}(c_{6}),v_{2}(\Delta))=(4,5,4).

Donc v2(j)=8subscript𝑣2𝑗8v_{2}(j)=8 et d’apr s [Cal04], on a |Φ2|=3subscriptΦ23\lvert\Phi_{2}\rvert=3, 666 ou 242424. Comme par ailleurs,

j=j281(mod4),superscript𝑗𝑗superscript28annotated1pmod4j^{\prime}=\frac{j}{2^{8}}\equiv-1\pmod{4},

la condition (C3) de loc. cit. est satisfaite avec γ=1𝛾1\gamma=1 et |Φ2|=3subscriptΦ23\lvert\Phi_{2}\rvert=3 ou 666 (en fait |Φ2|=6subscriptΦ26\lvert\Phi_{2}\rvert=6 d’apr s loc. cit.). Puisque f2=2subscript𝑓22f_{2}=2 est pair, le cor. 1.3 ne s’applique pas. Cependant, en l’id al premier 𝔮17=(15+413)𝒪Ksubscript𝔮1715413subscript𝒪𝐾\mathfrak{q}_{17}=(15+4\sqrt{13})\mathcal{O}_{K}, on a

(v𝔮17(c4),v𝔮17(c6),v𝔮17(Δ))=(2,1,2).subscript𝑣subscript𝔮17subscript𝑐4subscript𝑣subscript𝔮17subscript𝑐6subscript𝑣subscript𝔮17Δ2.1.2(v_{\mathfrak{q}_{17}}(c_{4}),v_{\mathfrak{q}_{17}}(c_{6}),v_{\mathfrak{q}_{17}}(\Delta))=(2,1,2).

Donc E𝐸E a mauvaise r duction additive en 𝔮17subscript𝔮17\mathfrak{q}_{17} avec potentiellement bonne r duction. Son d faut de semi-stabilit Φ𝔮17subscriptΦsubscript𝔮17\Phi_{\mathfrak{q}_{17}} est d’ordre 666 ([Ser72, p.312]). Or, 666 ne divise pas N(𝔮17)1=16𝑁subscript𝔮17116N(\mathfrak{q}_{17})-1=16. Donc, d’apr s la prop. 1.2, la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irr ductible pour tout nombre premier p3𝑝3p\geq 3 et p17𝑝17p\not=17. Si 𝔮3subscript𝔮3\mathfrak{q}_{3} d signe un id al divisant 333, alors E𝐸E a bonne r duction en 𝔮3subscript𝔮3\mathfrak{q}_{3} et d’apr s le programme TraceOfFrobenius, on a

t𝔮3=3.subscript𝑡subscript𝔮33t_{\mathfrak{q}_{3}}=-3.

Donc le polyn me P𝔮3(X)=X2+3X+3subscript𝑃subscript𝔮3𝑋superscript𝑋23𝑋3P_{\mathfrak{q}_{3}}(X)=X^{2}+3X+3 est irr ductible modulo 222 et 171717. On en d duit le r sultat.

Exemple 5.3

On suppose K=𝐐(1)𝐾𝐐1K=\mathbf{Q}(\sqrt{-1}). Pour tout entier a𝐙[1]𝑎𝐙delimited-[]1a\in\mathbf{Z}[\sqrt{-1}], on considère la courbe Easubscript𝐸𝑎E_{a} d’équation

y2=x3+ax+a.superscript𝑦2superscript𝑥3𝑎𝑥𝑎y^{2}=x^{3}+ax+a.

Supposons que l’on ait v𝔮2(a)=0,1,3,4,5,6subscript𝑣subscript𝔮2𝑎0.1.3.4.5.6v_{\mathfrak{q}_{2}}(a)=0,1,3,4,5,6 ou 777, o 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2} est l’unique id al de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} au-dessus de 222. Alors, l’ensemble Exc(Ea/K)Excsubscript𝐸𝑎𝐾\mathrm{Exc}(E_{a}/K) est contenu dans {2,3}2.3\{2,3\}.

Démonstration. On a

{c4(Ea)=243ac6(Ea)=253aΔ(Ea)=24a2(4a+27).casessubscript𝑐4subscript𝐸𝑎superscript243𝑎subscript𝑐6subscript𝐸𝑎superscript253𝑎Δsubscript𝐸𝑎superscript24superscript𝑎24𝑎27\left\{\begin{array}[]{l}c_{4}(E_{a})=-2^{4}\cdot 3\cdot a\\ c_{6}(E_{a})=-2^{5}\cdot 3\cdot a\\ \Delta(E_{a})=-2^{4}\cdot a^{2}(4a+27).\\ \end{array}\right.

En particulier, v𝔮2(c4(Ea))=8+v𝔮2(a)subscript𝑣subscript𝔮2subscript𝑐4subscript𝐸𝑎8subscript𝑣subscript𝔮2𝑎v_{\mathfrak{q}_{2}}(c_{4}(E_{a}))=8+v_{\mathfrak{q}_{2}}(a), v𝔮2(Δ(Ea))=8+2v𝔮2(a)subscript𝑣subscript𝔮2Δsubscript𝐸𝑎82subscript𝑣subscript𝔮2𝑎v_{\mathfrak{q}_{2}}(\Delta(E_{a}))=8+2v_{\mathfrak{q}_{2}}(a) et

v𝔮2(j(Ea))=16+v𝔮2(a)0.subscript𝑣subscript𝔮2𝑗subscript𝐸𝑎16subscript𝑣subscript𝔮2𝑎0v_{\mathfrak{q}_{2}}(j(E_{a}))=16+v_{\mathfrak{q}_{2}}(a)\geq 0.

Donc Easubscript𝐸𝑎E_{a} a mauvaise r duction additive en 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2} avec potentiellement bonne r duction. Par ailleurs, 222 est ramifi dans K𝐾K (donc f𝔮2=1subscript𝑓subscript𝔮21f_{\mathfrak{q}_{2}}=1 est impair) et

v𝔮2(j(Ea)){16,17,19,20,21,22,23}.subscript𝑣subscript𝔮2𝑗subscript𝐸𝑎16.17.19.20.21.22.23v_{\mathfrak{q}_{2}}(j(E_{a}))\in\{16,17,19,20,21,22,23\}.

Donc, d’apr s [Bil09], on a |Φ𝔮2|{3,6,8,24}subscriptΦsubscript𝔮23.6.8.24\lvert\Phi_{\mathfrak{q}_{2}}\rvert\in\{3,6,8,24\}. On conclut avec le cor. 1.3.

Avec les notations de l’exemple pr c dent, lorsque v𝔮2(a)=2subscript𝑣subscript𝔮2𝑎2v_{\mathfrak{q}_{2}}(a)=2 ou 8absent8\geq 8, le corollaire 1.3 ne s’applique pas toujours. On traite ci-dessous un exemple dans le cas o v𝔮2(a)=2subscript𝑣subscript𝔮2𝑎2v_{\mathfrak{q}_{2}}(a)=2.

Exemple 5.4

On suppose K=𝐐(1)𝐾𝐐1K=\mathbf{Q}(\sqrt{-1}). On considère la courbe E𝐸E d’équation

y2=x3+2(3+21)x+2(3+21).superscript𝑦2superscript𝑥32321𝑥2321y^{2}=x^{3}+2(3+2\sqrt{-1})x+2(3+2\sqrt{-1}). (18)

Alors, l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est vide.

Démonstration. On a

{c4=253(3+21)c6=2633(3+21)Δ=26(3+21)2(51+161).casessubscript𝑐4superscript253321subscript𝑐6superscript26superscript33321Δsuperscript26superscript321251161\left\{\begin{array}[]{l}c_{4}=-2^{5}\cdot 3(3+2\sqrt{-1})\\ c_{6}=-2^{6}\cdot 3^{3}(3+2\sqrt{-1})\\ \Delta=-2^{6}(3+2\sqrt{-1})^{2}\cdot(51+16\sqrt{-1}).\\ \end{array}\right.

On a 2𝒪K=𝔮222subscript𝒪𝐾superscriptsubscript𝔮222\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q}_{2}^{2}𝔮2=(1+1)𝒪Ksubscript𝔮211subscript𝒪𝐾\mathfrak{q}_{2}=(1+\sqrt{-1})\mathcal{O}_{K} et

(v𝔮2(c4),v𝔮2(c6),v𝔮2(Δ))=(10,12,12).subscript𝑣subscript𝔮2subscript𝑐4subscript𝑣subscript𝔮2subscript𝑐6subscript𝑣subscript𝔮2Δ10.12.12(v_{\mathfrak{q}_{2}}(c_{4}),v_{\mathfrak{q}_{2}}(c_{6}),v_{\mathfrak{q}_{2}}(\Delta))=(10,12,12).

Donc, d’après [Pap93], l’équation (18) correspond à un cas 666 ou 777 de Tate. En particulier, il est minimal en 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2} et E𝐸E a réduction additive en 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2}. Déterminons à présent l’ordre |Φ𝔮2|subscriptΦsubscript𝔮2\lvert\Phi_{\mathfrak{q}_{2}}\rvert de son défaut de semi-stabilité en 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2}. On a v𝔮2(j)=18subscript𝑣subscript𝔮2𝑗18v_{\mathfrak{q}_{2}}(j)=18 et π=1+1𝜋11\pi=1+\sqrt{-1} est une uniformisante de K𝔮2subscript𝐾subscript𝔮2K_{\mathfrak{q}_{2}}. De plus,

c4π101+π(mod2).subscript𝑐4superscript𝜋10annotated1𝜋pmod2\frac{c_{4}}{\pi^{10}}\equiv 1+\pi\pmod{2}.

Donc, d’après [Bil09, th. 2], on a |Φ𝔮2|=4subscriptΦsubscript𝔮24\lvert\Phi_{\mathfrak{q}_{2}}\rvert=4. On ne peut donc pas appliquer le cor. 1.3.

Notons 𝔮13subscript𝔮13\mathfrak{q}_{13} l’idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} engendré par 3+213213+2\sqrt{-1}. On a

(v𝔮13(c4),v𝔮13(Δ))=(1,2),subscript𝑣subscript𝔮13subscript𝑐4subscript𝑣subscript𝔮13Δ1.2(v_{\mathfrak{q}_{13}}(c_{4}),v_{\mathfrak{q}_{13}}(\Delta))=(1,2),

d’o v𝔮13(j)=1subscript𝑣subscript𝔮13𝑗1v_{\mathfrak{q}_{13}}(j)=1. L’équation (18) est minimale en 𝔮13subscript𝔮13\mathfrak{q}_{13} et E𝐸E a mauvaise réduction additive en 𝔮13subscript𝔮13\mathfrak{q}_{13} avec potentiellement bonne r duction. Son défaut de semi-stabilité est d’ordre 666 (c.f. [Ser72, p.312]). Comme 666 divise N(𝔮13)1=12𝑁subscript𝔮13112N(\mathfrak{q}_{13})-1=12, la prop. 1.2 ne donne aucune majoration de Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K). Par ailleurs, on a v𝔮13(Δ)=2subscript𝑣subscript𝔮13Δ2v_{\mathfrak{q}_{13}}(\Delta)=2 et d’apr s [Kra97, lem.1], E𝐸E n’a pas potentiellement bonne r duction de hauteur 222 en 𝔮13subscript𝔮13\mathfrak{q}_{13}.

Notons 𝔮2857subscript𝔮2857\mathfrak{q}_{2857} l’idéal premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} engendré par 51+1615116151+16\sqrt{-1}. La courbe E𝐸E a mauvaise réduction multiplicative en 𝔮2857subscript𝔮2857\mathfrak{q}_{2857}. En dehors de 𝔮2subscript𝔮2\mathfrak{q}_{2}, 𝔮13subscript𝔮13\mathfrak{q}_{13} et 𝔮2857subscript𝔮2857\mathfrak{q}_{2857}, la courbe E𝐸E a bonne réduction.

Vu l’étude précédente, aucun des résultats «  uniformes  » du §1 ne s’applique. Pour cette courbe, on a donc recours au critère du th. 1. Soit p5𝑝5p\geq 5 un nombre premier exceptionnel. D’après le programme TraceOfFrobenius, on a

{t𝔮}𝔮5={2,1}ett7=6.formulae-sequencesubscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮52.1etsubscript𝑡76\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 5}=\{-2,1\}\quad\textrm{et}\quad t_{7}=6.

D’après le th. 1 appliquée à =55\ell=5 et =77\ell=7, p𝑝p divise chacun des entiers B5subscript𝐵5B_{5} et B7subscript𝐵7B_{7}. Or, d’après le programme ExceptionalPrimes, on a

B5=22831653911217617327739755765375723833subscript𝐵5superscript228superscript316superscript539superscript11217617327739755765375723833B_{5}=2^{28}\cdot 3^{16}\cdot 5^{39}\cdot 11^{2}\cdot 17\cdot 61\cdot 73\cdot 277\cdot 397\cdot 557\cdot 653\cdot 757\cdot 23833

et

B7=214385271311135372208926893889.subscript𝐵7superscript214superscript38superscript52superscript71311superscript135superscript372208926893889B_{7}=2^{14}\cdot 3^{8}\cdot 5^{2}\cdot 7^{13}\cdot 11\cdot 13^{5}\cdot 37^{2}\cdot 2089\cdot 2689\cdot 3889.

D’o

p𝔖5(2)𝔖7(2)={2,3,5,11}.𝑝superscriptsubscript𝔖52superscriptsubscript𝔖722.3.5.11p\in\mathfrak{S}_{5}^{(2)}\cap\mathfrak{S}_{7}^{(2)}=\{2,3,5,11\}.

Il ne reste donc plus qu’à traiter les cas p=2𝑝2p=2, 333, 555 et 111111. Or, E𝐸E a bonne r duction en l’id al premier 3𝒪K3subscript𝒪𝐾3\mathcal{O}_{K} et d’apr s le programme TraceOfFrobenius, on a

P3(X)=X2+3X+9.subscript𝑃3𝑋superscript𝑋23𝑋9P_{3}(X)=X^{2}+3X+9.

Donc P3subscript𝑃3P_{3} est irréductible modulo 222, 555 et 111111. Et, si 𝔮5subscript𝔮5\mathfrak{q}_{5} est un idéal premier au-dessus de 555, on a t𝔮5=2subscript𝑡subscript𝔮52t_{\mathfrak{q}_{5}}=-2 ou 111, et

P𝔮5(X)X2+2X+2(mod3).subscript𝑃subscript𝔮5𝑋annotatedsuperscript𝑋22𝑋2pmod3P_{\mathfrak{q}_{5}}(X)\equiv X^{2}+2X+2\pmod{3}.

Donc P𝔮5subscript𝑃subscript𝔮5P_{\mathfrak{q}_{5}} est irréductible modulo 333. On en déduit que ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est également irréductible pour p=2𝑝2p=2, 333, 555 et 111111. D’où le résultat.

Exemple 5.5

On suppose K=𝐐(2)𝐾𝐐2K=\mathbf{Q}(\sqrt{2}) et on pose

{A=335173(428525+3030322)B=2335173(62176502533+439655519562).cases𝐴superscript335superscript1734285253030322𝐵2superscript335superscript17362176502533439655519562\left\{\begin{array}[]{lcl}A&=&-3^{3}\cdot 5\cdot 17^{3}(428525+303032\sqrt{2})\\ B&=&2\cdot 3^{3}\cdot 5\cdot 17^{3}(62176502533+43965551956\sqrt{2}).\end{array}\right.

On considère la courbe E𝐸E d’équation

y2=x3+Ax+B.superscript𝑦2superscript𝑥3𝐴𝑥𝐵y^{2}=x^{3}+Ax+B.

Alors, Exc(E/K)={13}Exc𝐸𝐾13\mathrm{Exc}(E/K)=\{13\}.

Démonstration. On v rifie que pour le mod le choisi, on a

NK/𝐐(Δ)=22531854721715236796.subscript𝑁𝐾𝐐Δsuperscript225superscript318superscript54superscript72superscript1715superscript236superscript796N_{K/\mathbf{Q}}(\Delta)=-2^{25}\cdot 3^{18}\cdot 5^{4}\cdot 7^{2}\cdot 17^{15}\cdot 23^{6}\cdot 79^{6}.

En particulier, la courbe E𝐸E a bonne r duction en les id aux premiers divisant 111111, 131313, 191919, 292929 et 414141 et d’apr s le programme TraceOfFrobenius, on a

t11=4;t13=14t19=26;t29=1et{t𝔮}𝔮41={3,2}.formulae-sequencesubscript𝑡114formulae-sequencesubscript𝑡1314formulae-sequencesubscript𝑡1926formulae-sequencesubscript𝑡291etsubscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮413.2t_{11}=4;\quad t_{13}=-14\quad t_{19}=26;\quad t_{29}=1\quad\textrm{et}\quad\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 41}=\{-3,2\}.

Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel n’appartenant pas l’ensemble

{2,3,5,7,17,23,79}.2.3.5.7.17.23.79\{2,3,5,7,17,23,79\}.

Alors, d’apr s le corollaire 1.1, on a en particulier

p𝔖11(2)𝔖13(2).𝑝superscriptsubscript𝔖112superscriptsubscript𝔖132p\in\mathfrak{S}_{11}^{(2)}\cap\mathfrak{S}_{13}^{(2)}.

D’o , d’apr s le programme ExceptionalPrimes,

p{2,3,5,7,13}.𝑝2.3.5.7.13p\in\{2,3,5,7,13\}.

Autrement dit, il ne reste plus qu’ traiter les cas o p=2,3,5,7,13,17,23𝑝2.3.5.7.13.17.23p=2,3,5,7,13,17,23 et 797979. Or le polyn me P11subscript𝑃11P_{11} est irr ductible modulo 555, 232323 et 797979. De m me, P13subscript𝑃13P_{13} est irr ductible modulo 777, P19subscript𝑃19P_{19} modulo 171717 et P29subscript𝑃29P_{29} modulo 222. Si 𝔮41subscript𝔮41\mathfrak{q}_{41} d signe l’id al premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} au-dessus de 414141 tel que t𝔮41=2subscript𝑡subscript𝔮412t_{\mathfrak{q}_{41}}=2, alors P𝔮41subscript𝑃subscript𝔮41P_{\mathfrak{q}_{41}} est irr ductible modulo 333. On en d duit que 2,3,5,7,17,232.3.5.7.17.232,3,5,7,17,23 et 797979 ne sont pas exceptionnels. En revanche 131313 est un nombre premier exceptionnel. En effet, la courbe modulaire X0(13)subscript𝑋013X_{0}(13) param trisant les courbes elliptiques munies d’un sous-groupe stable d’ordre 131313 est de genre 00 et un isomorphisme avec 𝐏1superscript𝐏1\mathbf{P}^{1} est donn par la fraction rationnelle suivante ([Mes80, §2.2]) :

j(X0(13))(X)=(X2+5X+13)(X4+7X3+20X2+19X+1)3X.𝑗subscript𝑋013𝑋superscript𝑋25𝑋13superscriptsuperscript𝑋47superscript𝑋320superscript𝑋219𝑋13𝑋j(X_{0}(13))(X)=\frac{(X^{2}+5X+13)(X^{4}+7X^{3}+20X^{2}+19X+1)^{3}}{X}.

On v rifie alors que l’on a j(X0(13))(2)=j𝑗subscript𝑋0132𝑗j(X_{0}(13))(\sqrt{2})=j. Cela montre que 131313 est exceptionnel et le r sultat annonc .

Exemple 5.6

On suppose K=𝐐(3)𝐾𝐐3K=\mathbf{Q}(\sqrt{3}) et on pose

{a1=2273(1+23)(23)=2521123a4=232723(1+23)2=10584+114663a6=233743(1+23)4(743)=24202080+156161043.casessubscript𝑎1superscript2273123232521123subscript𝑎42superscript32superscript723superscript123210584114663subscript𝑎6superscript233superscript743superscript123474324202080156161043\left\{\begin{array}[]{lcl}a_{1}&=&2^{2}\cdot 7\sqrt{3}(1+2\sqrt{3})(2-\sqrt{3})=252-112\sqrt{3}\\ a_{4}&=&2\cdot 3^{2}\cdot 7^{2}\sqrt{3}(1+2\sqrt{3})^{2}=10584+11466\sqrt{3}\\ a_{6}&=&2^{3}\cdot 3\cdot 7^{4}\sqrt{3}(1+2\sqrt{3})^{4}(7-4\sqrt{3})=-24202080+15616104\sqrt{3}.\\ \end{array}\right.

On considère la courbe E𝐸E d’équation

y2+a1xy=x3+a4x+a6.superscript𝑦2subscript𝑎1𝑥𝑦superscript𝑥3subscript𝑎4𝑥subscript𝑎6y^{2}+a_{1}xy=x^{3}+a_{4}x+a_{6}. (19)

Alors, la courbe E𝐸E a des multiplications complexes par le corps 𝐐(1)𝐐1\mathbf{Q}(\sqrt{-1}) et Exc(E/K)={2,3}Exc𝐸𝐾2.3\mathrm{Exc}(E/K)=\{2,3\}.

Démonstration. On a

{c4=253272112(1+23)(233)3ε2c6=293374113(1+23)(233)3ε4Δ=2934761163(233)6ε4casessubscript𝑐4absentsuperscript25superscript32superscript72superscript112123superscript2333superscript𝜀2subscript𝑐6absentsuperscript29superscript33superscript74superscript113123superscript2333superscript𝜀4Δabsentsuperscript29superscript34superscript76superscript1163superscript2336superscript𝜀4\left\{\begin{array}[]{rl}c_{4}&=-2^{5}\cdot 3^{2}\cdot 7^{2}\cdot 11^{2}(-1+2\sqrt{3})(2-3\sqrt{3})^{3}\varepsilon^{-2}\\ c_{6}&=2^{9}\cdot 3^{3}\cdot 7^{4}\cdot 11^{3}(1+2\sqrt{3})(2-3\sqrt{3})^{3}\varepsilon^{-4}\\ \Delta&=-2^{9}\cdot 3^{4}\cdot 7^{6}\cdot 11^{6}\sqrt{3}(2-3\sqrt{3})^{6}\varepsilon^{-4}\\ \end{array}\right.

o ε=2+3𝜀23\varepsilon=2+\sqrt{3} est l’unit fondamentale de 𝐐(3)𝐐3\mathbf{Q}(\sqrt{3}). On en d duit que

j𝑗\displaystyle j =2633(1+23)3(233)3ε2absentsuperscript2633superscript1233superscript2333superscript𝜀2\displaystyle=2^{6}\cdot 3\cdot\sqrt{3}(-1+2\sqrt{3})^{3}(2-3\sqrt{3})^{3}\varepsilon^{-2}
=76771008443304963absent76771008443304963\displaystyle=76771008-44330496\sqrt{3}

est entier de polynôme minimal sur 𝐐𝐐\mathbf{Q}

P(X)=X2153542016X1790957481984.𝑃𝑋superscript𝑋2153542016𝑋1790957481984P(X)=X^{2}-153542016X-1790957481984.

V rifions que E𝐸E a des multiplications complexes par l’ordre de 𝐐(1)𝐐1\mathbf{Q}(\sqrt{-1}) de conduteur 333. En effet, il n’y a qu’un nombre fini de classes d’isomorphisme de courbes elliptiques ayant des multiplications complexes par un ordre de discriminant D𝐷D fixé. De plus, le polynôme minimal sur 𝐐𝐐\mathbf{Q} de l’invariant modulaire d’une telle courbe elliptique est

ΦD(X)=a,b,c(Xj(b+D2a)),subscriptΦ𝐷𝑋subscriptproduct𝑎𝑏𝑐𝑋𝑗𝑏𝐷2𝑎\Phi_{D}(X)=\prod_{a,b,c}\left(X-j\left(\frac{-b+\sqrt{D}}{2a}\right)\right),

o j𝑗j désigne la fonction modulaire et (a,b,c)𝑎𝑏𝑐(a,b,c) parcourt l’ensemble des triplets d’entiers tels que la forme quadratique ax2+bxy+cy2𝑎superscript𝑥2𝑏𝑥𝑦𝑐superscript𝑦2ax^{2}+bxy+cy^{2} soit primitive positive réduite de discriminant D𝐷D ([Coh93, Th. 7.2.14]). Dans le cas o D=36𝐷36D=-36, on a exactement deux représentants des classes d’équivalence de telles formes quadratiques donnés par

x2+9y2et2x2+2xy+5y2.superscript𝑥29superscript𝑦2et2superscript𝑥22𝑥𝑦5superscript𝑦2x^{2}+9y^{2}\quad\textrm{et}\quad 2x^{2}+2xy+5y^{2}.

On vérifie alors que l’on a

Φ36(X)subscriptΦ36𝑋\displaystyle\Phi_{-36}(X) =(Xj(31))(Xj(1+312))absent𝑋𝑗31𝑋𝑗1312\displaystyle=(X-j(3\sqrt{-1}))\left(X-j\left(\frac{-1+3\sqrt{-1}}{2}\right)\right)
=X2153542016X1790957481984=P(X)absentsuperscript𝑋2153542016𝑋1790957481984𝑃𝑋\displaystyle=X^{2}-153542016X-1790957481984=P(X)

et

j=j(1+312).𝑗𝑗1312j=j\left(\frac{-1+3\sqrt{-1}}{2}\right).

Cela tablit l’assertion.

Par ailleurs, d’apr s l’expression des coefficients c4subscript𝑐4c_{4}, c6subscript𝑐6c_{6} et ΔΔ\Delta ci-dessus, E𝐸E a r duction additive en l’id al 𝔮3=3𝒪Ksubscript𝔮33subscript𝒪𝐾\mathfrak{q}_{3}=\sqrt{3}\mathcal{O}_{K} et

(v𝔮3(c4),v𝔮3(c6),v𝔮3(Δ))=(4,6,9).subscript𝑣subscript𝔮3subscript𝑐4subscript𝑣subscript𝔮3subscript𝑐6subscript𝑣subscript𝔮3Δ4.6.9(v_{\mathfrak{q}_{3}}(c_{4}),v_{\mathfrak{q}_{3}}(c_{6}),v_{\mathfrak{q}_{3}}(\Delta))=(4,6,9).

En particulier, on a d’apr s [Kra90, th. 1], |Φ𝔮3|=4subscriptΦsubscript𝔮34\lvert\Phi_{\mathfrak{q}_{3}}\rvert=4 ou 121212. Donc, d’apr s le cor. 1.4, la repr sentation ρpsubscript𝜌𝑝\rho_{p} est irr ductible pour tout nombre premier p5𝑝5p\geq 5. Par ailleurs, la courbe modulaire X0(3)subscript𝑋03X_{0}(3) param trisant les courbes elliptiques munies d’un sous-groupe stable d’ordre 333 est de genre 00 et un isomorphisme avec 𝐏1superscript𝐏1\mathbf{P}^{1} est donn par la fraction rationnelle suivante :

j(X0(3))(X)=(X+3)3(X+27)X.𝑗subscript𝑋03𝑋superscript𝑋33𝑋27𝑋j(X_{0}(3))(X)=\frac{(X+3)^{3}(X+27)}{X}.

On v rifie alors que l’on a j(X0(3))(2431623)=j𝑗subscript𝑋032431623𝑗j(X_{0}(3))(243-162\sqrt{3})=j. Cela montre que 333 est exceptionnel. On v rifie enfin que le point de coordonn es affines

{x=227(15+83)y=23372(13+43)cases𝑥superscript2271583𝑦superscript233superscript721343\left\{\begin{array}[]{lcl}x&=&-2^{2}\cdot 7(15+8\sqrt{3})\\ y&=&2^{3}\cdot 3\cdot 7^{2}(13+4\sqrt{3})\end{array}\right.

est un point d’ordre 222 de E𝐸E. En particulier, 222 est exceptionnel. D’o le r sultat.

Remarque. Pour montrer la finitude de l’ensemble exceptionnel, on aurait pu appliquer directement le cor. 1.1 (au lieu du cor. 1.4) par exemple avec le nombre premier =55\ell=5 pour lequel B50subscript𝐵50B_{5}\not=0.

Dans les deux derniers exemples suivants, on a utilisé magma ([BCP97]) pour calculer certains coefficients de la fonction L𝐿L de E𝐸E.

Exemple 5.7

On consid re K=𝐐(cos(2π9))𝐾𝐐2𝜋9K=\mathbf{Q}\left(\cos\left(\frac{2\pi}{9}\right)\right) le corps cubique cyclique de conducteur 999 et la courbe E𝐸E d’équation

y2=x3+2(1+α)2x+24α(2+α),superscript𝑦2superscript𝑥32superscript1𝛼2𝑥24𝛼2𝛼y^{2}=x^{3}+2(1+\alpha)^{2}x+24\alpha(2+\alpha),

o α=2cos(2π9)𝛼22𝜋9\alpha=2\cos\left(\frac{2\pi}{9}\right) est racine du polyn me X33X+1superscript𝑋33𝑋1X^{3}-3X+1. Alors, l’ensemble Exc(E/K)Exc𝐸𝐾\mathrm{Exc}(E/K) est vide.

Démonstration. On a DK=34subscript𝐷𝐾superscript34D_{K}=3^{4} et 3𝒪K=𝔮333subscript𝒪𝐾superscriptsubscript𝔮333\mathcal{O}_{K}=\mathfrak{q}_{3}^{3} o 𝔮3subscript𝔮3\mathfrak{q}_{3} est l’id al de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} engendr par 1+α1𝛼1+\alpha. De plus, on v rifie que l’on a

{c4=25(1+α)5(1+αα2);c6=28(1+α)12(1+αα2)3;Δ=29(1+α)6511casessubscript𝑐4absentsuperscript25superscript1𝛼51𝛼superscript𝛼2subscript𝑐6absentsuperscript28superscript1𝛼12superscript1𝛼superscript𝛼23Δabsentsuperscript29superscript1𝛼6511\left\{\begin{array}[]{rl}c_{4}&=-2^{5}(1+\alpha)^{5}(1+\alpha-\alpha^{2});\\ c_{6}&=-2^{8}(1+\alpha)^{12}(1+\alpha-\alpha^{2})^{3};\\ \Delta&=-2^{9}(1+\alpha)^{6}\cdot 5\cdot 11\\ \end{array}\right.

et 1+αα21𝛼superscript𝛼21+\alpha-\alpha^{2} est une unit de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K}. La courbe E𝐸E a mauvaise r duction multiplicative en les id aux premiers 5𝒪K5subscript𝒪𝐾5\mathcal{O}_{K} et 11𝒪K11subscript𝒪𝐾11\mathcal{O}_{K}. En l’id al premier 𝔮3subscript𝔮3\mathfrak{q}_{3}, la courbe a mauvaise r duction additive avec potentiellement bonne r duction et v𝔮3(Δ𝔮3)=v𝔮3(Δ)=6subscript𝑣subscript𝔮3subscriptΔsubscript𝔮3subscript𝑣subscript𝔮3Δ6v_{\mathfrak{q}_{3}}(\Delta_{\mathfrak{q}_{3}})=v_{\mathfrak{q}_{3}}(\Delta)=6. Donc, d’apr s [Kra90, th.1], on a |Φ𝔮3|=2subscriptΦsubscript𝔮32\lvert\Phi_{\mathfrak{q}_{3}}\rvert=2 ou 666. En l’id al premier 2𝒪K2subscript𝒪𝐾2\mathcal{O}_{K}, la courbe E𝐸E a mauvaise r duction additive avec potentiellement bonne r duction et

(v2(c4),v2(c6),v2(Δ))=(5,8,9)subscript𝑣2subscript𝑐4subscript𝑣2subscript𝑐6subscript𝑣2Δ5.8.9(v_{2}(c_{4}),v_{2}(c_{6}),v_{2}(\Delta))=(5,8,9)

d’o v2(j)=6subscript𝑣2𝑗6v_{2}(j)=6 et 2v2(c6)=3v2(c4)+12subscript𝑣2subscript𝑐63subscript𝑣2subscript𝑐412v_{2}(c_{6})=3v_{2}(c_{4})+1. Comme de plus

j=j26=(1+α)9(1+αα2)3511=335111(mod4),superscript𝑗𝑗superscript26superscript1𝛼9superscript1𝛼superscript𝛼23511superscript33511annotated1pmod4j^{\prime}=\frac{j}{2^{6}}=\frac{(1+\alpha)^{9}(1+\alpha-\alpha^{2})^{3}}{5\cdot 11}=\frac{3^{3}}{5\cdot 11}\equiv 1\pmod{4},

d’apr s [Cal04], on a |Φ2|=4subscriptΦ24\lvert\Phi_{2}\rvert=4. Partout ailleurs, la courbe E𝐸E a bonne r duction.

Vu l’étude précédente, aucun des résultats «  uniformes  » du §1 ne s’applique. Les nombres premiers 171717, 191919, 373737 et 535353 sont (totalement) d compos s dans K𝐾K et on v rifie que l’on a

{t𝔮}𝔮17subscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮17\displaystyle\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 17} ={3,3,3};{t𝔮}𝔮19={5,5,5};formulae-sequenceabsent33.3subscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮1955.5\displaystyle=\{-3,-3,3\};\qquad\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 19}=\{-5,-5,5\};
{t𝔮}𝔮37subscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮37\displaystyle\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 37} ={7,7,7};{t𝔮}𝔮53={3,3,3}.formulae-sequenceabsent77.7subscriptsubscript𝑡𝔮conditional𝔮533.3.3\displaystyle=\{-7,-7,7\};\qquad\{t_{\mathfrak{q}}\}_{\mathfrak{q}\mid 53}=\{-3,3,3\}.

Soit p𝑝p un nombre premier exceptionnel 5absent5\geq 5. D’apr s le th. 1, on a en particulier,

p𝔖17(3)𝔖19(3)𝔖37(3)={2,3,5}.𝑝superscriptsubscript𝔖173superscriptsubscript𝔖193superscriptsubscript𝔖3732.3.5p\in\mathfrak{S}_{17}^{(3)}\cap\mathfrak{S}_{19}^{(3)}\cap\mathfrak{S}_{37}^{(3)}=\{2,3,5\}.

Il ne reste donc plus qu’ traiter les cas o p=2,3𝑝2.3p=2,3 ou 555. Or, si 𝔮53subscript𝔮53\mathfrak{q}_{53} d signe un id al premier de 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\mathcal{O}_{K} au-dessus de 535353, le polyn me P𝔮53subscript𝑃subscript𝔮53P_{\mathfrak{q}_{53}} est irr ductible modulo 222 et 555. Par ailleurs, l’id al 7𝒪K7subscript𝒪𝐾7\mathcal{O}_{K} est premier et t7=36subscript𝑡736t_{7}=-36, donc le polyn me

P7(X)=X2+36X+73subscript𝑃7𝑋superscript𝑋236𝑋superscript73P_{7}(X)=X^{2}+36X+7^{3}

est irr ductible modulo 333. On en d duit le r sultat annonc .

Exemple 5.8

On consid re K=𝐐(3,7)𝐾𝐐37K=\mathbf{Q}(\sqrt{-3},\sqrt{-7}) et E𝐸E la courbe d’équation

y2=x3+a4x+a6superscript𝑦2superscript𝑥3subscript𝑎4𝑥subscript𝑎6y^{2}=x^{3}+a_{4}x+a_{6}

{a4=814(69+433+297+1721);a6=162(207843547+4621).casessubscript𝑎4814694332971721missing-subexpressionmissing-subexpressionmissing-subexpressionsubscript𝑎61622078435474621\left\{\begin{array}[]{rcl}a_{4}&=&\displaystyle{\frac{81}{4}}\cdot\left(69+43\sqrt{-3}+29\sqrt{-7}+17\sqrt{21}\right);\\ &&\\ a_{6}&=&162\cdot(207-84\sqrt{-3}-54\sqrt{-7}+46\sqrt{21}).\end{array}\right.

Alors, Exc(E/K)={2,3,5}Exc𝐸𝐾2.3.5\mathrm{Exc}(E/K)=\{2,3,5\}.

Démonstration. La courbe E𝐸E a la propriété particulière d’être une 𝐐𝐐\mathbf{Q}-courbe, c’est-à-dire, d’être isogène à ses conjuguées galoisiennes. Plus précisément, c’est une 𝐐𝐐\mathbf{Q}-courbe (sans multiplication complexe) de conducteur 2𝒪K2subscript𝒪𝐾2\mathcal{O}_{K} dont tous les endomorphismes sont définis sur K𝐾K (cf. [GG10, ex. 13] et [GL01]). En les idéaux au-dessus de 222, elle a mauvaise réduction multiplicative. En particulier, aucun des résultats «  uniformes  » du §1 ne s’applique. Montrons à présent que le critère du th. 1 est lui aussi insuffisant pour traiter cette courbe. On doit montrer que pour tout nombre premier 33\ell\geq 3, l’entier Bsubscript𝐵B_{\ell} est nul, autrement dit, que 24superscript24\ell^{24} est racine de Psuperscriptsubscript𝑃P_{\ell}^{*} (lemme 3.4). D’après les propriétés de E𝐸E rappelées ci-dessus, on a P𝔮=P𝔮subscript𝑃𝔮subscript𝑃superscript𝔮P_{\mathfrak{q}}=P_{\mathfrak{q}^{\prime}} pour tout couple (𝔮,𝔮)𝔮superscript𝔮(\mathfrak{q},\mathfrak{q}^{\prime}) d’idéaux premiers divisant \ell. Or DK=3272subscript𝐷𝐾superscript32superscript72D_{K}=3^{2}\cdot 7^{2}, donc si 3,73.7\ell\not=3,7, 𝒪Ksubscript𝒪𝐾\ell\mathcal{O}_{K} se décompose en un produit de 222 ou 444 idéaux premiers. On a alors respectivement

P=(P𝔮(12))2etP=(P𝔮(12))4.formulae-sequencesuperscriptsubscript𝑃superscriptsuperscriptsubscript𝑃𝔮12absent2etsuperscriptsubscript𝑃superscriptsuperscriptsubscript𝑃𝔮12absent4P_{\ell}^{*}=\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12)}\right)^{*2}\quad\textrm{et}\quad P_{\ell}^{*}=\left(P_{\mathfrak{q}}^{(12)}\right)^{*4}.

Or, dans le premier cas, les racines complexes α𝛼\alpha et β𝛽\beta de P𝔮subscript𝑃𝔮P_{\mathfrak{q}} satisfont αβ=2𝛼𝛽superscript2\alpha\beta=\ell^{2} et dans le second, αβ=𝛼𝛽\alpha\beta=\ell. On en déduit le résultat voulu dans ce cas. Par ailleurs, on vérifie que l’on a P3(X)=(X324)2superscriptsubscript𝑃3𝑋superscript𝑋superscript3242P_{3}^{*}(X)=(X-3^{24})^{2} et

P7(X)=(X724)2(X2371728108602950083202X+748),superscriptsubscript𝑃7𝑋superscript𝑋superscript7242superscript𝑋2371728108602950083202𝑋superscript748P_{7}^{*}(X)=(X-7^{24})^{2}\cdot(X^{2}-371728108602950083202X+7^{48}),

d’où la nullité de Bsubscript𝐵B_{\ell} pour tout \ell de bonne réduction. Pour cette courbe, on a donc recours au critère du th. 2. Le nombre de classes hh de K𝐾K est 111. On considère l’idéal premier 𝔮5subscript𝔮5\mathfrak{q}_{5} au-dessus de 555 engendré par une racine γ𝔮5subscript𝛾subscript𝔮5\gamma_{\mathfrak{q}_{5}} du polynôme 𝔪γ𝔮5(X)=X4+17X2+25subscript𝔪subscript𝛾subscript𝔮5𝑋superscript𝑋417superscript𝑋225\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}_{5}}}(X)=X^{4}+17X^{2}+25. On a alors,

P𝔮5(X)=X2+4X+25d’oùP𝔮5(12)(X)=X22471163039X+524formulae-sequencesubscript𝑃subscript𝔮5𝑋superscript𝑋24𝑋25d’oùsuperscriptsubscript𝑃subscript𝔮512𝑋superscript𝑋22471163039𝑋superscript524P_{\mathfrak{q}_{5}}(X)=X^{2}+4X+25\quad\textrm{d'o\`{u}}\quad P_{\mathfrak{q}_{5}}^{(12)}(X)=X^{2}-2\cdot 47\cdot 1163039X+5^{24}

et

𝔪γ𝔮5(12)(X)=(X227319441X+512)2superscriptsubscript𝔪subscript𝛾subscript𝔮512𝑋superscriptsuperscript𝑋227319441𝑋superscript5122\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}_{5}}}^{(12)}(X)=\left(X^{2}-2\cdot 73\cdot 19441X+5^{12}\right)^{2}

puis,

(𝔪γ𝔮5(12))2(X)=(X512)8(X22791273371191313X+524)4.superscriptsuperscriptsubscript𝔪subscript𝛾subscript𝔮512absent2𝑋superscript𝑋superscript5128superscriptsuperscript𝑋22791273371191313𝑋superscript5244\left(\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}_{5}}}^{(12)}\right)^{*2}(X)=\left(X-5^{12}\right)^{8}\cdot\left(X^{2}-2\cdot 79\cdot 127\cdot 337\cdot 1191313X+5^{24}\right)^{4}.

On en déduit que l’on a

R𝔮5=21263100522572111138193711418591610310981498193373221374201277532240612.subscript𝑅subscript𝔮5superscript2126superscript3100superscript5225superscript72111superscript13819superscript3711superscript418superscript5916103superscript1098superscript1498193superscript37322137superscript42012superscript77532superscript240612R_{\mathfrak{q}_{5}}=2^{126}\cdot 3^{100}\cdot 5^{225}\cdot 7^{21}\cdot 11\cdot 13^{8}\cdot 19\cdot 37^{11}\cdot 41^{8}\cdot 59^{16}\cdot 103\cdot 109^{8}\cdot 149^{8}\\ \cdot 193\cdot 373^{2}\cdot 2137\cdot 4201^{2}\cdot 7753^{2}\cdot 24061^{2}.

On recommence ensuite ces mêmes calculs avec l’idéal premier 𝔮7subscript𝔮7\mathfrak{q}_{7} au-dessus de 777 engendré par une racine γ𝔮7subscript𝛾subscript𝔮7\gamma_{\mathfrak{q}_{7}} du polynôme 𝔪γ𝔮7(X)=X4+4X3+11X2+14X+7subscript𝔪subscript𝛾subscript𝔮7𝑋superscript𝑋44superscript𝑋311superscript𝑋214𝑋7\mathfrak{m}_{\gamma_{\mathfrak{q}_{7}}}(X)=X^{4}+4X^{3}+11X^{2}+14X+7. On a alors P𝔮7(X)=X2+2X+7subscript𝑃subscript𝔮7𝑋superscript𝑋22𝑋7P_{\mathfrak{q}_{7}}(X)=X^{2}+2X+7 et

R𝔮7=21053595267116112132178238317913721914193463487267310332147129533697.subscript𝑅subscript𝔮7superscript2105superscript359superscript526superscript7116superscript112superscript132superscript178superscript2383179superscript1372superscript1914193463superscript4872673superscript10332147129533697R_{\mathfrak{q}_{7}}=2^{105}\cdot 3^{59}\cdot 5^{26}\cdot 7^{116}\cdot 11^{2}\cdot 13^{2}\cdot 17^{8}\cdot 23^{8}\cdot 31\cdot 79\cdot 137^{2}\cdot 191^{4}\cdot 193\\ \cdot 463\cdot 487^{2}\cdot 673\cdot 1033^{2}\cdot 1471\cdot 2953\cdot 3697.

Après ces deux itérations du th. 2, on a donc montré l’inclusion

Exc(E/K){2,3,5,7,11,13,193}.Exc𝐸𝐾2.3.5.7.11.13.193\mathrm{Exc}(E/K)\subset\{2,3,5,7,11,13,193\}.

Notons respectivement, 𝔮3subscript𝔮3\mathfrak{q}_{3} et 𝔮17subscript𝔮17\mathfrak{q}_{17} un idéal premier au-dessus de 333 et de 171717. Alors, le polynôme P𝔮3(X)=X2+9subscript𝑃subscript𝔮3𝑋superscript𝑋29P_{\mathfrak{q}_{3}}(X)=X^{2}+9 est irréductible modulo 777 et 111111 et le polynôme P𝔮17(X)=X2+10X+289subscript𝑃subscript𝔮17𝑋superscript𝑋210𝑋289P_{\mathfrak{q}_{17}}(X)=X^{2}+10X+289 est irréductible modulo 193193193. De même, le polynôme P𝔮5subscript𝑃subscript𝔮5P_{\mathfrak{q}_{5}} ci-dessus est irréductible modulo 131313. Enfin, 2,32.32,3 et 555 sont exceptionnels car ce sont les degrés des isogénies de E𝐸E vers ses trois conjuguées galoisiennes (loc. cit.). D’où le résultat.

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