UNIVERSITÉ DE NICE–SOPHIA ANTIPOLIS – UFR Sciences
École Doctorale Sciences Fondamentales et Appliquées
THÈSE
pour obtenir le titre de
Docteur en Sciences
Spécialité : Mathématiques
présentée et soutenue par
Delphine DUPONT
Exemples de classification du champ des faisceaux pervers
Thèse dirigée par Philippe MAISONOBE
soutenue le 4 décembre 2008
Membres du jury :
A. D’Agnolo | Professeur à l’Università degli Studi di Padova | Rapporteur | |
A. Dimca | Professeur à l’Université de Nice | Examinateur | |
M. Granger | Professeur à l’Université d’Angers | Rapporteur | |
F. Loeser | Professeur à l’École normale supérieure | Rapporteur | |
Ph. Maisonobe | Professeur à l’Université de Nice | Directeur | |
I. Waschkies | Maître de conférences à l’Université de Nice | Examinateur |
Laboratoire J.-A. Dieudonné
Université de Nice
Parc Valrose, 06108 NICE Cedex 2
À ma mère.
Remerciements
Au-delà de l’exercice, qu’il me paraît difficile d’exprimer justement toute ma gratitude. En relisant ces mots je les trouve bien en deçà de ce que j’éprouve.
Tout d’abord je tiens à remercier mon directeur, Philippe Maisonobe, sans qui je n’aurais pas commencé cette thèse. Sans lui je n’aurais jamais découvert les affres et les joies de cette théorie pas si perverse. Je voudrais aussi le remercier du temps qu’il a su me consacrer malgré sa lourde charge de directeur de laboratoire. Je le remercie aussi de ses nombreuses relectures de ma prose.
Je souhaite tout particulièrement remercier Ingo Waschkies, pour sa disponibilité même à des milliers de kilomètres, pour toutes ces longues discussions si enrichissantes, pour ces quelques “tu as raison” lâchés avec conviction après m’avoir obligé pour le convaincre, à pousser mon raisonnement bien plus loin que je ne l’avais fait, pour toutes ces idées dont il m’a fait si généreusement part. Enfin et ce n’est pas la moindre des choses pour ces re-re-re-re-re-relectures de ce texte. Je tiens encore à le remercier de son indéfectible franchise. Si ces remerciements, la soutenance ou pire le pot ne lui conviennent pas soyez assurés que j’en serais informée.
Je voudrais bien sûr remercier les trois rapporteurs de cette thèse, Andrea D’Agnolo, Michel Granger et François Loeser, d’avoir pris le temps de se pencher sur ce manuscrit, ainsi qu’Alexandru Dimca qui a accepté de faire partie du jury.
Je tiens aussi à remercier ici Georges Comte pour ses encouragements parfois sévères mais toujours bienveillants. Georges a été un de mes enseignants de licence et je me rappelle notamment d’une phrase lancée durant un td qui m’a, bien plus que n’importe quel discours sur les mathématiques, éclairée et encouragée à continuer dans ce sens. Je venais de comprendre qu’une chose que je connaissais bien, la dérivation, pouvait être vue autrement, comme une application linéaire, et que nous pouvions en déduire des informations supplémentaires. Il me rétorqua alors, avec un enthousiasme mêlé de la pointe de froideur qui le caractérise : “Mais c’est ça la puissance du formalisme”.
Pendant ces quatre années passées au laboratoire Dieudonné j’ai rencontré nombre de personnes qui sont aujourd’hui devenues mes amis. Quand les temps étaient difficiles, quand les mathématiques se faisaient indéchiffrables, j’avais au moins le plaisir de les y retrouver. Je pense bien sûr par ordre chronologique à Guillaume, Ti Ha, Maëlle, Marcello, Xavier, Pierre, Patrick, Marc, Fabien, Michel, Hugues et tous les autres. Je n’oublie, bien sûr, pas Marie, le partage de nos expériences douloureuses a été un véritable réconfort.
Il me reste encore tant de gens à remercier. Toutes ces personnes rencontrées dans les conférences et qui ont montré un intérêt pour mon travail, tous ces professeurs qui m’ont encouragé et tellement appris, tous ces amis rencontrés durant mes études, ma famille.
Enfin je tiens à remercier Violaine et Feres de ce qu’ils sont et de ce qu’ils savent être pour moi.
Introduction
La catégorie abélienne des faisceaux pervers sur un espace topologique a été introduite par A. Beilinson, J. Bernstien, P. Deligne et O. Gabber dans [1]. Elle joue un rôle important dans de nombreuses branches des mathématiques, notamment en géométrie algébrique et en théorie des représentations. L’un des intérêts majeur est dû au théorème de Riemann-Hilbert qui établit, dans le cas où est une variété analytique complexe, l’équivalence entre et la catégorie des -modules holonômes réguliers. La catégorie des faisceaux pervers est définie comme sous-catégorie pleine de la catégorie dérivée des faisceaux à cohomologie constructible. Cette définition nécessite donc un langage algébrique très avancé et plusieurs méthodes ont été développées pour en donner, dans le cas où la stratification est fixée, une description élémentaire.
Plusieurs descriptions par des catégories de représentations de carquois se font sur un espace topologique particulier muni d’une stratification fixée. Rappelons qu’un carquois est un graphe orienté et qu’une représentation est un foncteur de ce graphe dans la catégorie des espaces vectoriels.
Un premier exemple de cette approche est donné par A. Galligo, M. Granger et Ph. Maisonobe qui, dans [7], démontrent l’équivalence de la catégorie des faisceaux pervers sur relativement à un croisement normal avec une sous-catégorie pleine, notée , de la catégorie de représentations du carquois associé à un hypercube. En utilisant une méthode similaire Ph. Maisonobe démontre, dans [15], le même type de résultat avec stratifié par une courbe plane. On peut aussi citer T. Braden et M. Grinberg qui, en utilisant la théorie des faisceaux pervers microlocaux, décrivent, dans [3], la catégorie où est un espace de matrices stratifié par le rang. Citons S. Khoroshkin et A. Varchenko, dans [11], ils considèrent muni de la stratification donnée par un arrangement d’hyperplans. Ils définissent un foncteur pleinement fidèle de la catégorie des repésentations du carquois associé à dans la catégorie des -modules holonômes réguliers. Un autre exemple de ce type est démontré dans [8] par Gudiel Rodrìguez et L. Narvàez Macarro.
D’autres méthodes, plus générales mais du même coup moins explicites, consistent à décrire la catégorie dans le cas où est un espace de Thom-Mather. Citons par exemple R. MacPherson et K. Vilonen, dans [13]. C’est d’ailleurs en itérant ce processus que H. Larrouy démontre dans sa thèse [12] l’équivalence entre et une catégorie de représentations de carquois, pour une variété torique affine.
Les résultats que nous venons de citer ne tiennent pas compte du caractère local des faisceaux pervers. Rappelons, en effet, que les faisceaux pervers sur un espace stratifié forment un champ. Autrement dit connaître un faisceau pervers sur un ouvert revient à le connaître sur un recouvrement ouvert. On peut donc s’attendre à ce qu’une caractérisation locale de la catégorie des faisceaux pervers par des catégories explicites de représentations de carquois puisse se recoller sur en une description simple de la catégorie globale des faisceaux pervers. Ceci permettra, par exemple, de décrire les faisceaux pervers sur un espace qui est localement un des espaces cités.
Récemment, D. Treumann a commencé à travailler dans cette direction. Il a donné dans [21] et [22] une description du champ des faisceaux pervers en s’appuyant sur le fait que le champ est un champ constructible (dont la restriction à chaque strate est localement constante). Il démontre que sous certaines conditions topologiques, la catégorie globale est équivalente à une catégorie de modules sur une algèbre de type fini. Il y arrive en recollant des descriptions locales qui s’inspirent de MacPherson et Vilonen qui ne sont pas des catégories de représentations de carquois explicites.
Le but de cette thèse est de montrer comment on peut recoller des descriptions élémentaires et explicites de faisceaux pervers en utilisant la théorie des champs. Pour cela on considère des espaces qui sont localement isomorphe à stratifié par le croisement normal. C’est le cas des variétés toriques lisses stratifiées par l’action du tore et de stratifié par un arrangement générique de droites. Notre modèle local est donc l’équivalence de catégories démontrées par A. Galligo, M. Granger et Ph. Maisonobe dans [7]. Il s’agit donc de généraliser cette équivalence de catégorie en une équivalence de champs puis de recoller ces équivalences.
Le premier chapitre est une présentation des objets avec lesquels nous travaillons. Nous donnons ainsi la définition et quelques propriétés essentielles des catégories de représentations de carquois. Pour décrire le champ des faisceaux pervers nous utilisons le langage des -catégories, c’est pourquoi nous y consacrons un paragraphe. Enfin nous introduisons la -catégorie des champs. Nous l’introduisons comme une généralisation des faisceaux en catégories.
Considérons un espace topologique muni d’une stratification . Un faisceau pervers est un complexe de faisceau à cohomologie constructible, c’est à dire ces faisceaux de cohomologie sont localement constant sur chaque strate. Une approche naïve pour coder un faisceau pervers consisterai à considérer ses restrictions à chacune des strates et des données de recollement à préciser. Effectivement, considérons un faisceau constructible, on montrera dans le chapitre 2 qu’un faisceau sur est défini de manière unique par ses restrictions à chaque strate et pour chaque couple de strate un morphisme de recollement. Donc un faisceau constructible est codé par une représentation de carquois dont la combinatoire est donnée par la stratification. La situation pour les faisceaux pervers est plus compliqué car on travaille avec des complexes dans la catégorie dérivée. Par contre il s’avère que le champ des faisceaux pervers est un champ constructible pour ce qui nous permet de raffiner cette approche naïve en considérant non plus un seul faisceau pervers mais la catégorie . Pour motiver notre classification des champs strictement constructibles dans le chapitre 3, nous nous intéressons tout d’abord dans le deuxième chapitre aux recollements de faisceaux et de faisceaux pervers sur un espace stratifié.
La première partie est la démonstration de l’équivalence entre la catégorie des faisceaux sur un espace stratifié et une catégorie dont les objets sont donnés par :
-
—
pour toute strate, un faisceau sur cette strate,
-
—
pour tout couple de strate, un morphisme de recollement.
C’est une généralisation du fait qu’un faisceau est défini de manière unique par ses restrictions à un ouvert et à son fermé complémentaire ainsi qu’un morphisme de recollement. Ce résultat et sa preuve sont délibérément formulés dans un langage très formel pour permettre de les adapter aux champs.
La deuxième partie de ce chapitre est un résultat sur le recollement de faisceaux pervers qui est une variante explicite d’un résultat démontré par MacPherson et Vilonen dans [13]. Nous n’utilisons pas cette partie dans la suite de la thèse.
Le chapitre est une étude de la -catégorie des champs sur un espace stratifié .
Dans un premier temps, nous généralisons le théorème démontré dans la première partie du chapitre précédent. On définit une -catégorie, , sur le même modèle que . Ainsi un objet de cette -catégorie est donné par :
-
—
pour toute strate, , un champ sur cette strate,
-
—
pour tout couple de strates tel que , un foncteur de champ où et sont les injections de respectivement et dans .
-
—
pour tout triplet de strates, un isomorphisme de foncteurs de champs :
qui vérifient des conditions de commutations.
Nous démontrons le théorème suivant.
Théorème 0.1.
Les deux -catégories et sont -équivalentes.
La démonstration du théorème s’inspire de notre démonstration dans le cas des faisceaux (voir chapitre 2), mais devient considérablement plus technique. Néanmoins l’idée de base reste simple : un champ sur est -limite projective de ses restrictions sur les strates où le système projectif doit coder les conditions de recollement. Remarquons que, contrairement au cas des faisceaux ou une démonstration élémentaire est possible, dans le cas des champs, l’approche formel est, dans la pratique, incontournable.
Dans la deuxième partie de ce chapitre nous introduisons la notion de champs constructibles et strictement constructibles relativement à une stratification fixée. Comme pour les faisceaux, un champ est constructible (resp. strictement constructible) si la restriction de ce champ à chaque strate est localement constante (resp. constante). Cette notion intervient parce que le champ est constructible et dans quelques cas même strictement constructible. On s’intéresse ensuite au cas particulier où et est la stratification, dite du croisement normal, associée à l’ensemble . On démontrera que dans ce cas le champ est strictement constructible et qu’un champ strictement constructible sur est défini de manière unique (à isomorphisme près) par la donnée :
-
—
pour toute strate , d’une catégorie,
-
—
pour tout couple de strates telles que , d’un foncteur ,
-
—
pour tout triplet de strates tel que , d’un isomorphisme de foncteurs.
Cette description particulièrement simple est déduit du théorème 0.1 et s’appuie sur le fait que les voisinages tubulaires des strates sont des fibrations triviales. L’argument clef est donnée par la proposition :
Proposition 0.2.
Si est un champ constant sur la strate alors le champ est constant, où et sont les injections des strates et dans .
Dans le cas du champ , on obtient que la restriction de ce champ aux strates de dimension est constante de fibre , et que la fibre du champ est équivalente à la catégorie . On a alors la description suivante du champ des faisceaux pervers :
Théorème 0.3.
Le champ est équivalent à la donnée :
-
—
pour toute strate de dimension , de la catégorie ,
-
—
pour tout couple de strates tel que , de la restriction :
-
—
pour tout triplet de strates tel que , un isomorphisme de foncteur.
Dans le quatrième chapitre nous généralisons l’équivalence de Galligo, Granger et Maisonobe en une équivalence de champ. Dans un premier temps nous rappelons brièvement les résultats démontrés dans [7]. Nous rappelons ainsi la définition des catégories de représentations de carquois, , puis des équivalences :
Dans la deuxième partie nous définissons un champ, de catégories de représentations de carquois équivalent à . Pour cela on considère le champ définit par la donnée :
-
—
pour toute strate de dimension , de la catégorie ,
-
—
pour tout couple de strates tel que , d’un foncteur “oubli”,
-
—
et enfin pour tout triplet de strates tel que d’un isomorphisme de foncteur.
Puis nous démontrons le théorème suivant :
Théorème 0.4.
Les objets et sont équivalents.
Pour le démontrer nous considérons l’équivalence définie par la donnée pour toute strate de dimension de l’équivalence . Il s’avère techniquement difficile de démontrer que ces équivalences se recollent en un foncteur.
Enfin les deux derniers chapitres sont deux applications de cette équivalence de champs. Mais les stratégies diffèrent sensiblement.
Dans le chapitre nous considérons muni de la stratification donnée par un arrangement générique d’hyperplans. Cette stratification est localement un croisement normal, de plus les voisinages tubulaires des strates sont homéomorphes à des produits. On peut alors appliquer directement la construction faite aux chapitres précédents. L’étude des sections globales du champ ainsi défini nous donne alors une équivalence entre et une catégorie de représentation du carquois associé à la stratification. Cette étude nécessite la connaissance de la topologie de chaque strate.
Dans le chapitre , on s’intéresse aux variétés toriques lisses stratifiées par l’action du tore. Les variétés affines lisses sont des produits de avec des stratifiés par le croisement normal. On sait donc caractériser sur les ouverts affines à l’aide de nos résultats du chapitre 4. Ici on montre que ces caractérisations locales se recollent en une équivalence de champ. La difficulté réside dans l’expression des isomorphismes de recollement torique et dans la compréhension de leur action sur le recollement des champs. Puis on explicite cette équivalence de champ au niveau des sections globales. Ceci nous permet d’établir une équivalence entre et une catégorie de représentations du carquois associé à l’éventail définissant .
Chapitre 1 Définitions et notations
Dans ce chapitre nous donnons les principales définitions et notations que nous allons utiliser.
1.1. Carquois
On donne dans ce paragraphe les définitions de carquois, carquois associé à une stratification et représentations de carquois.
Définition 1.1.
Un carquois est la donnée d’un ensemble de sommets et pour tout couple de sommets non nécessairement différents d’un ensemble de flèches .
Soit un espace topologique muni d’une stratification .
Définition 1.2.
On note le carquois suivant :
-
—
À toute strate, on associe un sommet ,
-
—
Soient et deux sommets, on a :
Ainsi, entre deux sommets, il y a soit deux flèches orientés de façon opposée, soit aucune flèche.
Exemples :
-
—
Pour X=, muni de la stratification du croisement normal, , aussi noté , est le carquois suivant :
-
—
Pour muni de la stratification du croiement normal
, aussi noté , est le carquois suivant :
-
—
Pour muni de la stratification associée au croisement normal , le carquois est un hypercube de dimension avec 2 flèches sur chacune des arrêtes.
-
—
Pour muni de la stratification donnée par trois droites, , et en position générique
le carquois est le suivant :
-
—
Pour muni de la stratification suivante :
le carquois est le suivant :
-
—
Pour stratifié par l’action du tore, ie la stratification associée à , le carquois est le même que .
Définition 1.3.
Une représentation d’un carquois est la donnée
-
—
pour tout sommet de d’un espace vectoriel de dimension finie
-
—
pour toute arrête , d’une application linéaire :
Définition 1.4.
Soient et deux représentations d’un même carquois , un morphisme de R dans T est la donnée pour tout sommet de d’un ensemble d’applications linéaires :
telles que, pour toute arrête , le diagramme suivant commute :
L’ensemble des représentations d’un carquois muni des morphismes est une catégorie abélienne. Pour un carquois Q donné, on notera cette catégorie.
1.2. Faisceaux pervers
Dans ce paragraphe nous rappelons rapidement la définition de la catégorie des faisceaux pervers sur un espace stratifié de Thom-Mather. Pour plus de précisions le lecteur pourra se rapporter à [1], [9] ou [4].
Soit un espace de Thom-Mather, muni de la stratification , pour les définitions d’espace de Thom-Mather le lecteur peut se reporter à [20] ou [16]. Nous ne définissons la catégorie de faisceaux pervers que pour la perversité moyenne, ainsi nous supposons que tous les espaces sont de dimension pair.
Notons la catégorie dérivée des complexes de faisceaux sur dont la cohomologie est bornée.
Définition 1.5.
La catégorie des faisceaux pervers relativement à la stratification est la sous-catégorie pleine de dont les objets sont les complexes de faisceaux satisfaisant les conditions suivantes :
-
—
est un système local de rang fini sur toute strate,
-
—
pour tout ,
-
—
pour tout .
pour toute strate et où est l’injection .
Notons que dans la littérature la convention suivante existe aussi :
-
—
pour tout ,
-
—
pour tout .
Dans [7], A. Galligo, M. Granger, Ph Maisonobe, donne une formulation équivalente de ces conditions de perversité :
Proposition 1.6.
Un complexe de à cohomologie contructible relativement à appartient à si et seulement si il vérifie les trois conditions suivantes :
-
—
-
—
le support du faisceau est contenu dans :
-
—
le complexe est concentré en degré supérieur ou égal à .
1.3. -catégories, -limites
Dans ce chapitre on rappelle la définition d’une -catégorie, d’un -foncteur et d’une -transformation. Puis on donne la définition d’une -limite projective et inductive. Dans la littérature ce que nous nommons -foncteur est souvent appelé pseudo-foncteur, notamment dans [2]. De même, les -limites sont souvent définies à partir d’un -foncteur qui a pour -catégorie source une simple catégorie. Nous donnons ici la définition plus générale à partir d’un -foncteur qui a pour source et pour but une -catégorie. Ce chapitre s’inspire largement du chapitre 7 de [2] et de l’annexe de l’article [23]. L’article [19] est aussi une référence standard.
Définition 1.7.
Une -catégorie est la donnée :
-
—
d’une classe d’objets :
-
—
d’une classe de -morphismes que nous appelons foncteurs :
-
—
d’une classe de -morphismes que nous appelons morphismes de foncteurs :
satisfaisant les axiomes suivants :
-
Si et sont deux -morphismes :
alors la composition :
existe et est associative.
-
Si et sont deux -morphismes :
alors la composée
est définie et est associative. On appel cette composée, composée verticale.
-
Si et sont deux -morphismes :
alors la composée :
est définie et associative. On l’appel la composée horizontale.
-
Si , , et sont quatre -morphismes :
alors on a l’égalité :
-
Pour tout objet il existe un -morphisme tel que pour tout -morphisme on ait l’égalité :
et pour tout -morphisme il existe un -morphisme tel que :
Remarque.
Si est une -catégorie et et sont deux objets de , alors les -morphisme de entre et et les -morphismes de entre de tels -morphismes forment une catégorie notée .
Exemples
-
—
La catégorie est une -catégorie dont les objets sont les petites catégories, les -morphismes les foncteurs et les -morphismes les transformations naturelles.
-
—
Toute catégorie peut être vu comme une -catégorie notée :
Définition 1.8.
Étant donné deux -catégories et , un -foncteur est donné par :
-
—
pour tout objet de , un objet de ,
-
—
pour tout -morphisme , un -morphisme de ,
-
—
pour toute transformation naturelle de , une transformation naturelle de , ,
-
—
pour tout objet de , un -isomorphisme :
-
—
pour tout couple de -morphismes de , un -isomorphisme de :
qui vérifient les conditions suivantes :
-
.
-
Le diagramme suivant commute :
-
Si et sont deux transformations naturelles :
alors .
-
—
Si et sont deux transformations naturelles :
alors le diagramme suivant commute :
-
—
Si est un -morphisme, alors le diagramme suivant commute :
Remarque.
Pour tout couple d’objets de la donnée :
-
—
pour tout -morphisme du -morphisme ,
-
—
pour tout -morphisme du -morphisme ,
est un foncteur de la catégorie dans la catégorie que l’on note .
On donne maintenant la définition d’une -transformation naturelle.
Définition 1.9.
Soient et deux -foncteurs entre les -catégories et . Une -transformation naturelle est donnée par :
-
—
pour tout objet de un -morphisme ,
-
—
pour tout -morphisme un -isomorphisme :
Ces données doivent de plus vérifiées les conditions suivantes :
-
Pour tout -morphisme :
le diagramme suivant commute :
-
Pour tout objet de le diagramme suivant commute :
-
—
pour tout couple de -morphismes composables et , le diagramme suivant commute :
On donne maintenant la définition d’une -limite.
Définition 1.10.
Soit une -catégorie, et un -foncteur.
-
Le système admet une -limite si et seulement si il existe :
-
—
un objet de noté et
-
—
une -transformation naturelle notée entre le -foncteur constant et le -foncteur ,
tel que pour tout objet de le foncteur :
est une équivalence de catégorie.
-
—
-
Le système admet une -colimite si et seulement si :
-
—
un objet de noté et
-
—
une -transformation naturelle notée entre le -foncteur et le -foncteur constant ,
tel que pour tout objet de le foncteur :
est une équivalence de catégorie.
-
—
C’est en fait la définition la plus générale de la -limite, mais dans la littérature le cas le plus souvent traité est celui où est un -foncteur de source une petite catégorie. Dans la suite nous n’utiliserons d’ailleurs la -limite que dans ce cas là.
Considérons plus en détail la définition d’une -limite dans le cas où est une petite catégorie. Soit une -catégories et un -foncteur. Alors admet une -limite si et seulement s’il existe :
-
—
un objet de , ;
-
—
pour tout objet de , un -morphisme
-
—
et, pour tout morphisme de , , un -morphisme, noté :
Ces données doivent vérifiées les conditions suivantes :
-
pour tout objet de le diagramme suivant commute :
-
pour tout couple de morphismes composables et , le diagramme suivant commute :
Ces conditions sont la traduction du fait que soit une -transformation naturelle. Mais ces données doivent vérifiées les conditions suivantes, la première traduisant que est essentiellement surjective et la deuxième que est pleinement fidèle.
-
—
Pour tout objet de et toute transformation naturelle il existe un -morphisme :
et pour tout objet de une -équivalence
qui vérifient les relations de compatibilité suivantes :
c’est à dire que le diagramme suivant commute :
Proposition 1.11.
Soit une petite catégorie et un -foncteur, alors le système admet une -limite et une -colimite.
Nous ne démontrons pas cette proposition mais nous rappelons la définition explicite des catégories -colimite.
La -colimite est la catégorie dont les objets sont donnés par :
-
—
pour tout objet de un objet de ,
-
—
pour tout morphisme de un -isomorphisme de :
tels que les conditions suivantes soient respectées :
-
pour tout objet de , le diagramme suivant commute :
-
pour deux morphismes composables , le diagramme commute :
Si et sont deux objets de cette catégorie, les morphismes sont donnés par une famille de morphismes tels que, pour tout morphisme le diagramme suivant commute :
1.4. Champs
Ce paragraphe est une brève introduction à la théorie des champs. Le début de ce texte suit le chapitre 3 de [10], la suite s’inspire de [23] et [18]. Les démonstrations ne sont pas données, le lecteur pourra se reporter aux références citées.
Soit un espace topologique. Dans tout ce paragraphe, si , et sont des ouverts de , alors on note et les ouverts :
Définition 1.12.
Un préchamp sur un espace topologique est la donnée
-
—
pour tout ouvert de , une catégorie
-
—
pour toute inclusion d’ouverts , un foncteur que l’on appelle foncteur de restriction , si et sont des ouverts de , on note le foncteur ,
-
—
pour toute inclusion d’ouverts un isomorphisme de foncteurs , de même si , et sont des ouverts de , on note le morphisme .
Ces données doivent de plus satisfaire les conditions suivantes :
-
(i)
,
-
(ii)
pour toute inclusion d’ouverts , le diagramme suivant est commutatif :
Si et un préchamp sur , un objet de , un morphisme de et un ouvert de , on note :
Remarque : La condition (ii) de la définition précédente assure que pour , la donnée de :
pour tout ouvert de , est naturellement un préfaisceau d’ensemble sur , on le note .
Définition 1.13.
On dit qu’un préchamp satisfait l’axiome ST1, si pour tout ouvert de et pour tout , le préfaisceau est un faisceau sur .
Définition 1.14.
On dit qu’un préchamp satisfait l’axiome ST2 si pour tout ouvert , pour tout recouvrement ouvert , pour toute famille , pour toute famille d’isomorphismes tels que :
il existe et une famille d’isomorphismes telle que :
Définition 1.15.
Un champ est un préchamp satisfaisant les axiomes ST1 et ST2.
Remarque : Si est un champ et si est défini comme dans l’axiome ST2, alors est unique à isomorphisme près. En effet, si est un autre candidat, les isomorphismes se recollent en un isomorphisme par ST1.
Théorème 1.16.
La donnée, pour tout ouvert, de la catégorie des faisceaux pervers sur cet ouvert et la donnée, pour tout inclusion d’ouverts, du foncteur usuel de restriction des faisceaux pervers est un champ. On le notera .
Dem voir [1]
Définition 1.17.
Soient et deux préchamps sur X. Un foncteur de préchamps est donné par :
-
(i)
pour tout ouvert , un foncteur ,
-
(ii)
pour tout inclusion d’ouverts , un isomorphisme de foncteurs , tel que pour toute inclusion , le diagramme suivant commute :
Un foncteur de champs est un foncteur de préchamps entre les deux préchamps sous-jacents aux champs.
Définition 1.18.
Soient et deux préchamps sur . Nous allons utiliser les mêmes notations que ci-dessus. Soit et deux foncteurs de préchamps. Un morphisme de foncteurs de champs est la donnée pour tout ouvert d’un morphisme de foncteurs de dans , tels que pour tout inclusion et pour tout , le diagramme suivant commute :
Ainsi, on a une notion d’équivalence de champs. On dit que deux champs et sont équivalents s’il existe deux foncteurs et :
et deux isomorphismes et :
Remarque.
Pour un espace topologique fixé, la donnée des champs sur , des foncteurs de champs sur munis de la composition naturelle et des morphismes de foncteurs de champs munis des compositions verticales et horizontales naturelles forment une -catégorie.
On définit maintenant la fibre d’un préchamp, , en un point de . Considérons la catégorie, des voisinages de . Le préchamp induit un -foncteur à valeur dans la catégorie des petites catégories. On pose
On peut donner une description explicite de cette catégorie. Les objets de sont donnés par :
Soit et deux objets de . Alors
En particulier on a la proposition suivante :
Proposition 1.19.
Soit un préchamp sur , un point, deux ouverts de contenant et deux objets. Alors et sont isomorphe dans si et seulement si ils sont isomorphes dans un voisinage ouvert de .
Si on note encore son image dans et si est un morphisme dans , on note son image dans . La raison de cette notation vient de la remarque suivante.
Remarque :
Considérons un faisceau d’anneau et le champ . Il faut prendre garde que le foncteur naturel suivant n’est pas une équivalence :
car le morphisme
n’est pas un isomorphisme en général.
Proposition 1.20.
Soit un préchamp sur . Il existe un champ sur et un foncteur de préchamps tel que pour tout foncteur de préchamps il existe un foncteur de champ tel que le diagramme suivant soit commutatif :
De plus le foncteur induit une équivalence de catégories sur les fibres en tout point de .
Corollaire 1.21.
Soit un préchamp et un foncteur à valeurs dans un champ. Si est une équivalence sur les fibres alors est une équivalence de champs.
De même, si est un champ, est un préchamp et un foncteur de préchamps qui induit des équivalences sur les fibres, alors le champ associé au préchamp est équivalent au champ .
Lemme 1.22.
Les foncteurs entre deux champs donnés forment un champ.
On peut maintenant définir l’image directe et l’image inverse d’un champ. Soit et deux espaces topologiques et une fonction continue.
Définition 1.23.
(i) Soit un champ sur . L’image directe de par , notée est le champ donné par :
-
—
pour tout ouvert de , la catégorie ,
-
—
pour toute inclusion d’ouverts , le foncteur de restriction ,
-
—
pour toute inclusion , l’isomorphisme de foncteur ,
(ii) Soit un champ sur . L’image inverse de par , notée est le champ associé au pré-champ donné par :
-
—
pour tout ouvert de , la catégorie :
-
—
pour toute inclusion de deux ouverts de , le foncteur de restriction donné par la propriété universelle de la -limite,
-
—
pour toute inclusion de trois ouverts, l’isomorphisme donné par la propriété universelle.
Proposition 1.24.
Les -foncteurs
sont -adjoints, étant le -adjoint à droite de .
De plus si est une autre application continue on a les équivalences naturelles de -foncteurs :
Lemme 1.25.
Si est une injection, alors le foncteur naturel d’adjonction :
est une équivalence.
Comme pour les faisceaux, on peut recoller les champs sur un recouvrement d’ouverts. Soit un recouvrement d’ouverts de . On note les données suivantes :
-
—
pour tout un champ ,
-
—
pour tout couple une équivalence de champ sur :
-
—
pour tout triplet un isomorphisme de foncteurs sur :
tels que les diagrammes suivants commutent :
Lemme 1.26.
Supposons que la famille soit donnée, alors il existe un champ sur , des équivalences de champs et des isomorphismes de foncteurs : vérifiant : . De plus, la donnée est unique à équivalence de champ près, cette équivalence est unique à isomorphisme près.
Démonstration.
On peut définir le champ comme une -limite projective. En pratique, pour un ouvert de , ses sections sont données par une famille avec et où les sont des isomorphismes , tels que pour tout triplet le diagramme suivant commute :
∎
Soit l’inclusion d’un sous-ensemble quelconque de muni de la topologie induite; on notera et . On a la proposition suivante :
Proposition 1.27.
Soit un champ sur et un fermé admettant une base de voisinage paracompact, le foncteur canonique suivant est une équivalence :
où décrit les voisinages ouverts de .
Démonstration.
Cette démonstration est une adaptation de la démonstration, dans le cas des faisceaux, donnée dans [9] et [God].
Rappelons tout d’abord qu’un espace paracompact est un espace séparé tel que pour tout recouvrement d’ouverts de il existe un sous-recouvrement localement fini. Si est localement fini alors il existe un recouvrement tel que pour tout . Un fermé d’un espace paracompact est paracompact. Un espace métrisable est paracompact, de même qu’un espace localement compact dénombrable à l’infini.
est pleinement fidèle par la version faisceautique de cette proposition.
Montrons que est essentiellement surjectif. Soit une section de . Par définition de la fibre en un point d’un champ, on sait que pour tout il existe un voisinage ouvert de , une section de et un isomorphisme :
Quitte à restreindre les ouverts , on peut supposer que est un ouvert paracompact et donc qu’il existe sous recouvrement localement fini, des sections et des isomorphismes :
On peut alors trouver une famille telle que . La famille est localement fini et . Soit , on note l’ensemble , considérons alors l’ensemble des tels que pour tout couple de il existe un isomorphisme défini sur un voisinage ouvert de :
tel que pour tout triplet le diagramme suivant commute :
et tels que si on ait :
L’ensemble est ouvert puisque si alors .
L’ensemble contient . En effet si et la composée est bien un isomorphisme donc il existe un voisinage ouvert, de et un isomorphisme , de plus pour on a bien , donc quitte à restreindre un nombre fini de fois on a bien les relations de commutations demandées.
Construisons maintenant l’ensemble de données qui va permettre de définir une section dans le champ .
Soient , l’isomorphisme appartient à ainsi d’après la version faisceautique de cette proposition il existe un voisinage ouvert, , de , et un isomorphisme . On considère alors le recouvrement ouverts et la donnée suivante :
-
—
pour tout ouvert , la section ,
-
—
pour toute intersection , l’isomorphisme ,
Comme tout se passe dans les relations de commutations sont vérifiées. Ainsi comme est un champ, il existe une section tel que sa restriction à soit isomorphe à . ∎
Définition 1.28.
Soit une catégorie, on note le préchamp constant qui à tout ouvert de associe . On note le champ constant, c’est le champ associé au préchamp .
On dit qu’un champ, est localement constant s’il existe un recouvrement d’ouverts de , tel que la restriction de à chaque soit constant.
Proposition 1.29.
Soit une catégorie complète (qui admet toutes les petites limites) et un espace localement connexe. On note le champ des faisceaux localement constants à valeurs dans . Alors il existe une équivalence naturelle de champs :
Si est une catégorie et un espace topologique, on note la catégorie dont les objets sont les foncteurs du groupoïde à valeurs dans la catégorie et dont les morphismes sont les transformations naturelles entre les foncteurs. Autrement dit, si l’on se fixe un point base de X et un système de générateurs de , la catégorie est équivalente à la catégorie dont les objets de sont les familles
où est un objet de et sont des automorphismes de vérifiant les même relations que et dont les morphismes entre de tels objets et sont les morphismes entre et qui commutent aux .
Corollaire 1.30.
Le champ constant est équivalent au champ défini par :
-
—
pour tout ouvert la catégorie ,
-
—
pour tout couple d’ouverts le foncteur oubli :
-
—
pour toute inclusion d’ouverts l’identité.
Chapitre 2 Recollements de faisceaux et de faisceaux pervers
Dans ce chapitre, nous nous intéressons à deux problèmes indépendants de recollement de faisceaux sur un espace stratifié.
Dans un premier temps, nous décrivons la catégorie des faisceaux sur à partir de données sur les strates. Ce résultat nous est très utile dans le chapitre 3.
Dans la deuxième partie nous nous intéressons à un problème de reconstruction explicite de faisceaux pervers à partir de données sur la plus petite strate et sur le complémentaire de celle-ci. C’est une variante d’un théorème de MacPherson et Vilonen, démontré dans [13], qui s’inspire des techniques utilisées dans [7]. Ce résultat n’est pas utilisé dans la suite de la thèse.
2.1. Faisceaux sur un espace stratifié
Le but de ce paragraphe est de donner une description de la catégorie des faisceaux sur un espace stratifié . Nous démontrons l’équivalence entre et une catégorie dont les objets sont donnés par un faisceau sur chaque strate et des données de recollement formées par des morphismes de faisceaux. C’est ce que nous formalisons ici. L’énoncé et la démonstration principale de ce paragraphe sont volontairement formels et pourraient paraître plus lourds que nécessaire. L’intérêt de cette approche est que nous envisageons une généralisation de cette proposition aux cas des champs et une démonstration assez formelle peut facilement être adaptée à ce langage.
Commençons par le cas où la stratification de l’espace topologique n’est formée que de deux strates. L’une est ouverte on la note et l’autre est fermée on la note . On note et leur inclusion dans :
Dans ce cas on a le carré cartésien :
donc la donnée d’un faisceau équivaut à la donnée du triplet :
où est un morphisme de faisceau :
Ce morphisme est la donnée de recollement.
Soit maintenant un espace topologique muni d’une stratification . On note la catégorie des faisceaux sur , la réunion des strates de dimension , l’injection de dans :
et le morphisme d’adjonction :
Dans ce cas il faut coder les conditions de recollement pour tout couple tel que c’est à dire tel que .
Définition 2.1.
Soit la catégorie dont
-
les objets sont les familles où
-
—
est un faisceau sur ,
-
—
est, pour tout couple tel que , un morphisme tel que le diagramme suivant commute pour tout triplet , , vérifiant :
où le morphisme du bas est le morphisme naturel.
-
—
-
les morphismes entre deux objets et sont donnés par, pour tout , un morphisme de faisceaux tels que pour tous le diagramme suivant commute :
Notons que dans le cas de deux strates les objets de sont bien les triplets .
Définissons un foncteur de la catégorie dans la catégorie .
Définition 2.2.
On note le foncteur de dans défini par :
où les morphismes sont les morphismes d’adjonction suivant :
Les morphismes étant issus d’une transformation naturelle, ils vérifient bien les conditions de commutation.
Définissons maintenant le foncteur quasi-inverse de la catégorie dans la catégorie .
Notons que si est un faisceau sur un section est déterminée de manière unique par une famille où appartient à compatibles avec les morphismes de recollement. Formellement est limite projective d’un système :
où le système projectif tient compte des morphismes de recollement. Précisons ce système projectif.
Définition 2.3.
Soit la catégorie
-
—
dont les objets sont les singletons avec et les couples avec ,
-
—
dont les morphismes entre deux objets est donné par :
Pour définir un système projectif dans il reste à définir un foncteur contravariant de dans . Soit un objet de .
À tout objet de on associe :
À tout morphisme avec on associe les morphismes , et aux morphismes on associe les morphismes donnés par l’adjonction :
Définition 2.4.
On définit l’image de par comme la limite projective du système :
Soient maintenant un deuxième objet de et un morphisme entre ces objets. Les forment alors un morphisme entre les systèmes et . La propriété universelle que vérifie la limite projective définit un morphisme de dans , c’est le morphisme image de par .
Remarque.
On peut donner une expression explicite de la limite projective. L’image de par est alors donnée par :
-
—
pour tout ouvert de ,
-
—
pour tout inclusion d’ouverts , le morphisme produit .
Théorème 2.5.
Les catégories et sont équivalentes et les foncteurs et sont quasi-inverses l’un de l’autre.
Démonstration.
Rappelons tout d’abord que les limites projectives finies commutent à la restriction. Ainsi, si est un objet de , on a l’isomorphisme canonique :
Et si on note la projection de sur :
et la projection naturelle :
on a le diagramme commutatif :
Pour démontrer le théorème 2.5 nous définissons deux isomorphismes de foncteurs :
Chacun de ces isomorphismes est défini par des morphismes donnés par la propriété universelle de la limite projective. Pour démontrer que ces morphismes sont bien des isomorphismes, nous nous appuyons essentiellement sur le fait la composée suivante :
est un isomoprhisme.
Définissons l’inverse du morphisme . Par définition de la limite projective il faut se donner une famille de morphismes de dans . Mais notons que :
et que comme est une injection le morphisme est un isomorphisme. Considérons alors la famille de morphismes :
Lemme 2.6.
Cette famille définit un unique morphisme, noté
tel que .
Ce morphisme est un isomorphisme et son inverse est la composée :
Démonstration.
Il s’agit de vérifier la compatibilité entre les et le système projectif. Pour les flèches de cela est vrai par construction. Pour les flèches , telles que , cela résulte directement de la définition d’un objet de . Reste à vérifier la compatibilité pour les flèches . Le diagramme suivant commute, car est une transformation naturelle :
Donc , en composant par à gauche et à droite on trouve
car . Ce qui démontre la compatibilité et on obtient par la propriété universelle de la limite projective.
Montrons que est l’inverse de .
On a, par construction, ; donc .
Reste à voir que . Par propriété universelle cela revient à démontrer que .
Pour , on a, par construction, ; donc :
Pour et , on a le diagramme commutatif suivant :
Le triangle de droite est commutatif par définition des projections d’une limite projective et le triangle du milieu est commutatif par définition de . On a ainsi les égalités :
Or, d’une part, le diagramme suivant est commutatif :
et, d’autre part, . On a donc, pour ,
Ainsi d’une part on a :
et d’autre part en composant par on obtient :
∎
Revenons à la démonstration du théorème 2.5.
Montons que est isomorphe à l’identité. On garde les mêmes notations que ci-dessus, ainsi est un objet de . Le lemme 2.6 définit un isomorphisme entre et la restriction de à :
Il reste donc à identifier les morphismes :
aux morphismes . Il s’agit donc de montrer que le diagramme suivant commute :
Le carré du haut commute par définition des morphismes d’adjonction. Et comme est l’inverse de il suffit donc de démontrer l’égalité :
Or on a le diagramme commutatif suivant :
En effet les triangles commutent par définition de et de . Le carré du haut commute par définition de la limite projective et le carré du bas car . On a donc bien l’égalité cherchée.
Montrons maintenant que est isomorphe à l’identité.
Soit un faisceau sur . On rappelle que d’après la définition de , on a
où sont les morphismes :
Notons que, pour tout , le diagramme suivant est commutatif .
Ainsi d’après la propriété universelle, il existe un unique morphisme tel que le diagramme commute. Considérons sa restriction à . Comme la restriction commute aux limites projectives finies on a en particulier le diagramme commutatif suivant :
Or est un isomorphisme d’inverse de plus
est aussi un isomorphisme. Ce qui démontre que la restriction de à chacune des strates est un isomorphisme. ∎
2.2. Recollements de faisceaux pervers
Soit un espace topologique de Thom-Mather muni de la stratification (pour les définitions voir [20] ou [16]). Chaque strate est munie d’un voisinage tubulaire , d’une projection qui est une fibration localement triviale et d’une fonction mesurant la distance à la strate . On définit le link d’une strate comme suit :
où est une fonction définie positive assez petite.
On note la strate de dimension minimal.
Soit la catégorie des faisceaux pervers sur relativement à la stratification et la catégorie des faisceaux pervers sur relativement à la stratification . Dans ce chapitre nous notons et les injections :
On note la catégorie des faisceaux localement constants sur .
Nous allons reprendre un résultat démontré par MacPherson et Vilonen dans [13]. Dans cet article ils répondent à la question suivante : Si est un faisceau pervers sur quelles données, en plus de , sont nécessaires pour pouvoir reconstruire ? Autrement dit, quelles données doit on ajouter à la catégorie pour qu’elle soit équivalente à la catégorie ?
Pour cela, ils introduisent la notion de fermé pervers.
Puis ils définissent une catégorie dont les objets sont les quadruplets où est un faisceau pervers sur , est un faisceau localement constant sur et et sont des morphismes de faisceaux qui vérifient la relation suivante :
où et sont des foncteurs de la catégorie à valeurs dans la catégorie dépendant d’un fermé pervers et est une transformation naturelle entre eux. Enfin ils démontrent que est équivalente à la catégorie mais ils ne définissent par directement de couple de foncteurs quasi-inverse l’un de l’autre.
Après avoir rappelé brièvement ces résultats, nous nous proposons de donner une définition différente d’un fermé pervers dans le but définir une catégorie similaire à la catégorie et deux foncteurs quasi-inverses l’un de l’autre entre ces deux catégories.
2.2.1. Rappel des résultats des MacPherson et Vilonen
Dans un premier temps MacPherson et Vilonen construisent une catégorie à partir de la donnée de deux catégorie et de deux foncteurs, et , de dans et dune transformation naturelle, , de dans .
Définition 2.7.
Soit la catégorie
-
—
dont les objets sont les familles où , et et sont des morphismes tels que le diagramme suivant commute :
-
—
et dont les morphismes sont les couples tels que le diagramme suivant commute :
Puis ils démontrent la proposition suivante :
Proposition 2.8.
Si et sont abéliennes, si est exact à droite et si est exact à gauche alors la catégorie est abélienne.
Ils utilisent cette construction pour définir la catégorie équivalente à la catégorie des faisceaux pervers. Ils introduisent alors la notion de fermé pervers.
On note le link de la strate .
Définition 2.9.
Soit un fermé de , on note l’ouvert complé- mentaire dans . Le fermé est dit pervers si pour tout faisceau pervers on a
-
—
-
—
Si est un fermé pervers notons que les foncteurs suivants, à valeur dans la catégorie des faisceaux localement constants sur :
sont respectivement exacts à gauche et à droite.
Définition 2.10.
Soit la catégorie définie avec , , et les foncteurs définis ci-dessus et la transformation naturelle :
Théorème 2.11.
La catégorie est équivalente à la catégorie .
Pour démontrer ce théorème MacPherson et Vilonen définissent un foncteur
Ils montrent que c’est une équivalence de catégorie en introduisant une troisième catégorie et deux autres foncteurs. Dans le paragraphe suivant, on se propose de définir une nouvelle catégorie équivalente à la catégorie et de le démontrer en définissant deux foncteurs quasi-inverses l’un de l’autre.
Définition de la catégorie et des foncteurs quasi-inverses.
Pour définir la catégorie nous avons besoin d’une définition différente d’un fermé pervers.
Définition 2.12.
Soit un fermé de , on note son ouvert complémentaire. Le fermé est dit pervers si pour tout faisceau pervers on a
-
—
,
-
—
,
Dans tout ce qui suit on fixe un fermé pervers et son complémentaire. On peut alors définir la catégorie .
Définition 2.13.
On note est la catégorie où et sont les foncteurs :
et est la transformation naturelle donnée, pour , par le morphisme naturel:
Les deux lemmes suivants seront très utiles dans la suite :
Lemme 2.14.
Si est un fermé pervers alors .
Démonstration.
Supposons qu’il existe un fermé pervers tel que . Le complexe , où est le faisceau supporté par et constant sur de fibre , est un faisceau pervers. Or si appartient à on a :
d’où la contradiction. ∎
Lemme 2.15.
Pour tout faisceau pervers :
Démonstration.
Pour démontrer ce lemme il suffit de montrer que est nul pour strictement supérieur à . Considérons le triangle distingué suivant :
D’après les conditions de perversité est nul en degrés supérieur à , la définition d’un fermé pervers assure que est nul en degré supérieur à , ainsi la suite exacte longue associée au triangle distingué est la suivante :
Ce qui montre que l’on a bien :
∎
Définissons le foncteur de la catégorie dans . Soit un faisceau pervers sur . Notons tout d’abord que ce diagramme, où chacune des flèches est un morphisme naturel, est commutatif :
De plus, d’après le lemme 2.14 l’intersection est égale à donc le morphisme naturel suivant est un isomorphisme :
Ainsi, si l’on pose et et respectivement les restrictions en des morphismes :
le quadruplet est bien un objet de . De plus chacune des opérations est bien fonctorielle.
Définition 2.16.
On note le foncteur de la catégorie dans qui à un faisceau pervers associe le quadruplet défini ci-dessus.
Définissons un foncteur, noté , de la catégorie dans la catégorie dérivée des faisceaux.
Soit un objet de . Cette donnée va nous permettre, grâce à la première partie, de définir un faisceau supporté par et un morphisme de de faisceaux :
Ce morphisme nous permettra alors de construire un complexe dont nous vérifierons qu’il est pervers.
Le triplet où est la composition du morphisme et du morphisme d’adjonction :
est un objet de la catégorie où est la stratification formée des deux strates et .
Soit l’image du triplet par :
Soit le morphisme :
Le diagramme suivant est commutatif :
En effet le triangle est commutatif par définition et le petit carré l’est car l’adjonction est une transformation naturelle. Ainsi le couple est un morphisme de entre les triplets et , où est le morphisme d’adjonction :
Comme le foncteur est quasi-inverse de il existe un unique morphisme de dans qui a pour image par le morphisme .
A partir de nous allons construire un morphisme de complexes entre et . Considérons le foncteur de troncature . On a le morphisme naturel :
On note alors le morphisme de complexes défini comme la composée de décalée de et du morphisme de complexe naturel :
On définit alors l’image de par comme le mapping cône du morphisme de complexes .
Définissons maintenant l’image par d’un morphisme de . Soit donc un deuxième objet de et un morphisme entre et , on note et les images de et par . La stratégie est la même que pour la construction des objets : on définit tout d’abord un morphisme entre et dont on se sert pour définir un morphisme de complexes. Comme le diagramme suivant est commutatif :
le premier carré l’étant par définition, le deuxième car l’adjonction est une transformation naturelle, le couple est un morphisme de :
On note alors le morphisme image par . Or par définition d’un morphisme de le diagramme suivant commute, il suffit de le vérifier sur les restrictions à et :
Ainsi par fonctorialité de la troncature ce diagramme commute :
Ainsi par définition d’une catégorie triangulé, il existe un morphisme tel que soit un morphisme de triangle. Mais pour que cette opération soit fonctorielle il faut montrer que ce morphisme est unique. On utilise alors ce lemme.
Lemme 2.17.
Soit une catégorie additive triangulée, son foncteur de translation. Considérons le diagramme commutatif suivant entre triangles :
D’après les axiomes des catégories triangulées, il existe un morphisme tel que soit un morphisme de triangles, si on a de plus :
ce morphisme est unique.
Démonstration.
Voir par exemple [14]. ∎
Or comme le complexe est concentré en degré inférieur ou égal à et comme est concentré en degré , on a
De plus étant concentré en degré inférieur ou égal à , on a l’isomorphisme :
D’où
Le deuxième isomorphisme est donné par l’adjonction des foncteur et . Mais comme est supporté par on a bien :
Définition 2.18.
On note le foncteur de la catégorie à valeurs dans la catégorie dérivée des faisceaux qui
-
—
à un objet de associe le mapping cône de défini plus haut,
-
—
et à un morphisme associe le morphisme défini plus haut.
Lemme 2.19.
Le cône de est un faisceau pervers.
Démonstration.
On note le mapping cône du morphisme . Le triangle suivant est bien sûr dinstingué :
La démonstration s’appuie sur la proposition suivante démontrer dans [1] :
Proposition 2.20.
Soit une sous-variété fermé de de dimension , . Désignons par et les inclusions. Soit un complexe à cohomologie constructible. Alors est un faisceau pervers si et seulement si
-
—
est un faisceau pervers sur ,
-
—
est concentré en degré inférieur ou égal à et est concentré en degré supérieur ou égal à .
Démonstration.
[1] ∎
Lemme 2.21.
Le complexe est un faisceau pervers.
Démonstration.
Le complexe est le mapping cône du morphisme :
Or comme et sont quasi-inverse, le faisceau est isomorphe au faisceau et est isomorphe à :
de plus le diagramme suivant commute :
Considérons le triangle distingué :
Par définition d’un fermé pervers, le complexe est nul en degré supérieur ou égal à . Ainsi le complexe est nul. Le morphisme naturel suivant est donc un isomorphisme :
De plus d’après le lemme 2.15 le faisceau n’est concentré qu’en degré on a ainsi le diagramme commutatif suivant :
où est le morphisme (+1) du triangle distingué :
Ainsi est isomorphe au cône du morphisme . Donc est isomorphe à , lui même isomorphe à . Nous montrerons par la suite que cet isomorphisme est en fait unique. Le complexe étant pervers par définition, l’est aussi. ∎
Lemme 2.22.
Le complexe est concentré en degré strictement supérieur à .
Démonstration.
Le complexe est le mapping cône du morphisme :
Comme, d’après le lemme 2.14, l’intersection est vide, le complexe est isomorphe à . Mais comme le complexe est concentré en degré , le complexe est nul en degré inférieur à . ∎
∎
Théorème 2.23.
Les foncteurs et sont quasi-inverses l’un de l’autre.
Démonstration.
Montrons tout d’abord que est isomorphe à l’identité. Soit un objet de . On note l’image de par .
On a déjà vu que est isomorphe à , mais il faut vérifier que cet isomorphisme est fonctoriel.
C’est le diagramme commutatif suivant :
qui nous a permis de définir, grâce aux axiomes des catégories triangulées, cet isomorphisme. Les deux isomorphismes de ce diagramme étant fonctoriels, si l’on démontre que le lemme 2.17 s’applique, on démontre aussi que l’isomorphisme entre et est fonctoriel.
Notons l’injection de dans . On a :
Car est concentré en degré et est concentré en degré .
D’autre part, on a les isomorphismes suivants :
Le deuxième isomorphisme est donné par l’adjonction et l’égalité est dut au fait que est nul car est supporté par .
Donc d’après le lemme 2.17, l’isomorphisme entre et est unique. Ces deux complexes sont donc fonctoriellement isomorphes.
Montrons que est fonctoriellement isomorphe à . Le faisceau est le cône du morphisme :
Mais comme d’une part et d’autre part est supporté par , le complexe est naturellement isomorphe à . Ainsi, on a les isomorphismes fonctoriels (le premier étant donné par le lemme 2.15):
Mais les foncteurs et étant quasi-inverses l’un de l’autre le faisceau est fonctoriellement isomorphe à .
Montrons maintenant que est isomorphe à l’identité. Soit donc un faisceau pervers sur . Par définition des foncteurs et , est l’image par du triplet :
où est la composition des morphismes :
Le faisceau est naturellement isomorphe au faisceau . Pour le montrer construisons un isomorphisme dans entre le triplet et le triplet , où est le morphisme d’adjonction. Notons le morphisme de faisceaux défini par une autre adjonction :
Le morphisme s’écrit alors :
Comme l’adjonction est une transformation naturelle le diagramme suivant est commutatif :
En appliquant à ce diagramme, on obtient le diagramme :
Ce qui montre que le couple est un morphisme de . Mais le morphisme est en fait un isomorphisme, ainsi le couple est un isomorphisme dans , donc et sont naturellement isomorphe. De plus le diagramme suivant commute :
En effet pour le voir il suffit de montrer que ses restrictions à et commutent. On a de plus
donc d’après le lemme 2.17 le cône de est fonctoriellement isomorphe à . ∎
Chapitre 3 Champs sur un espace stratifié
Dans tout ce chapitre désigne un espace topologique et une stratification fixée de .
3.1. Description
Dans ce paragraphe nous allons donner l’équivalent du théorème 2.5 pour les champs. Ainsi nous définissons une -catégorie dont les objets sont formés de champs sur chacune des strates, d’une série de foncteurs de champs et d’isomorphismes entre ces foncteurs. Nous démontrons alors que cette -catégorie est -équivalente à la -catégorie des champs sur . La démonstration est sensiblement la même que dans le cas des faisceaux mais appliquée au langage des -catégories.
On notera la réunion des strates de dimension et l’inclusion de dans .
Dans ce paragraphe si est un champ sur l’ensemble on note le foncteur naturel d’adjonction :
On note la 2-catégorie des champs sur .
Définition 3.1.
Soit la 2-catégorie dont
-
les objets sont donnés par :
-
-
pour chaque , un champ sur ,
-
-
pour tout couple tel que , un foncteur de champs ,
-
-
pour tout triplet vérifiant , un isomorphisme de foncteurs :
où est le foncteur naturel d’adjonction :
tels que pour le diagramme suivant soit commutatif :
-
-
-
les foncteurs entre deux tels objets, , sont donnés par :
-
-
pour tout , un foncteur de champ ,
-
-
pour tout couple tel que , un isomorphisme de foncteur :
tels que :
-
-
-
les morphismes entre deux tels foncteurs, ({ ({ sont les données pour chaque d’un morphisme de foncteur de champ tels que, pour tout le diagramme suivant commute :
Définissons maintenant deux -foncteurs entre les deux catégories et :
Définition 3.2.
On note le -foncteur de dans qui à un champ sur associe la famille de ses restrictions sur chacune de ces strates, les foncteurs naturels d’adjonction et les isomorphismes d’adjonction :
où les foncteurs sont les foncteurs d’adjonction suivants :
et les sont les isomorphismes naturels de foncteurs :
De même les isomorphismes de foncteurs sont les isomorphismes donnés par l’adjonction :
Le fait que ces données soient issues d’une adjonction assure qu’elles appartiennent bien à .
Définissons maintenant le deuxième -foncteur de la -catégorie dans la catégorie .
Soit un objet de . Comme dans le cas des faisceaux l’image de par est définie par une -limite projective. Il faut donc se donner un -système projectif.
Définition 3.3.
On note la catégorie,
-
—
dont les objets sont les singletons avec , les couples avec , les triplets avec .
-
—
dont les foncteurs sont les donnés suivantes :
On définit alors un -foncteur . A tout objet on associe les champs :
Considérons les morphismes de :
-
—
Pour , au morphisme on associe le foncteur
-
—
Au morphisme on associe le foncteur
donné par la -adjonction :
-
—
Pour , au morphisme on associe le foncteur
-
—
au morphisme on associe le foncteur
où est le foncteur naturel d’adjonction :
-
—
au morphisme , on associe le foncteur composé :
Si est un objet de , le -morphisme est l’identité.
Enfin d’après la définition d’un -foncteur, il faut maintenant se donner, pour tout couple, , de foncteurs composables un isomorphisme de foncteurs
-
—
pour , pour les foncteurs et l’identité convient,
-
—
pour les foncteurs et on se donne l’isomorphisme .
Définition 3.4.
On définit l’image de par comme la -limite projective du système :
Soient maintenant un deuxième objet de et un morphisme entre ces objets. Les données forment alors un foncteur entre les systèmes et . La propriété universelle que vérifie la -limite projective définit un foncteur de dans , c’est le morphisme image de par .
Si maintenant est un deuxième foncteur de dans et que est un morphisme entre eux, l’image de par est le morphisme défini par la propriété universelle.
Remarques
De manière explicite, si est un objet de et est un ouvert de , les objets de sont les familles , où et est un isomorphisme
Notons que, comme dans le cas des faisceaux, la condition de commutation des isomorphismes n’est pas nécessaire pour définir le -foncteur . Elle interviendra dans la démonstration de la -équivalence.
Théorème 3.5.
Les -catégories et sont -équivalentes et les -foncteurs et sont quasi--inverses l’un de l’autre.
Les -limites projectives finies commutent aux restrictions. Ainsi si est un objet de . On a l’équivalence :
On note et les projections et les isomorphismes de projections :
Comme pour les faisceaux nous définissons deux -équivalences de -foncteurs entre les -foncteurs :
elle sont définies à partir de foncteurs et d’isomorphismes de foncteurs donnés par la propriété universelle de la -limite. Mais avant cela montrons que le foncteur suivant, où le deuxième foncteur est le foncteur d’adjonction, est une équivalence.
Pour cela on définit un foncteur quasi-inverse . Comme la restriction commute aux -limites projectives finies, pour tout , il faut se donner un foncteur de dans . Mais notons que, pour :
De plus comme est une injection la transformation naturelle est une équivalence. On choisit un quasi-inverse de et on fixe l’isomorphisme :
Considérons alors la famille de foncteurs, pour :
Pour définir un foncteur à valeur dans le -système projectif, il faut se donner, pour chaque foncteur de la -catégorie , un isomorphisme :
-
—
considérons le foncteur par définition des foncteurs et on peut prendre .
-
—
pour le foncteur supposons tout d’abord que , d’après la définition de l’isomorphisme convient.
Supposons maintenant que , nous devons définir un morphisme entre les foncteurs :Comme est issue d’une -transformation naturelle on a l’isomorphisme :
Notons que la restriction de la -transformation naturelle à est un quasi-inverse de , on note l’isomorphisme :
On pose alors :
où et sont les morphismes identité entre les -transformations naturelles et , et où est la composition verticale des morphismes de foncteurs et est la composition horizontale.
-
—
pour le foncteur , au vu des définitions de et , l’identité convient.
-
—
pour le foncteur , d’après les définitions de et nous devons définir un morphisme entre les composés de foncteurs :
Mais par définition de et comme provient d’une -adjonction on a le diagramme suivant :
En composant correctement ces deux isomorphismes on définit l’isomorphisme cherché.
Les relations de commutations des demandées dans la définition de la -catégorie ainsi que le caractère naturel des foncteurs d’adjonction assurent que les conditions de commutations sont vérifiées. Ainsi la propriété universelle définit un foncteur noté :
et pour tout objet de un ismorphisme, noté :
Lemme 3.6.
Le foncteur est une équivalence et la composée des foncteurs suivants est un quasi-inverse :
Démonstration.
Commençons par montrer que est isomorphe à l’identité. On a la suite d’isomorphisme :
L’égalité est donnée par définition de . Ainsi l’isomorphisme convient.
Montrons maintenant que est isomorphe à l’identité. Nous allons pour cela définir pour tout un isomorphisme noté :
Commençons par définir pour . On a le diagramme suivant :
On peut ainsi définir un isomorphisme entre les foncteurs :
(3.1) |
Considérons maintenant le diagramme suivant :
On rappelle que est l’isomorphisme donné par la -limite. L’égalité est donnée par la définition de . L’isomorphisme de droite et l’isomorphisme vertical sont définis par la -adjonction. En composant correctement ces isomorphismes on définit un isomorphisme entre les foncteurs et :
(3.2) |
On définit alors comme la composée verticale des isomorphismes (1) et (2).
Il faut maintenant définir les isomorphismes et . Mais la -limite donne les isomorphismes suivants :
Ainsi en composant horizontalement avec les morphismes identité des foncteurs et on obtient l’isomorphisme :
(3.3) |
De même en composant horizontalement le morphisme identité du foncteur et l’isomorphisme on obtient l’isomorphisme :
(3.4) |
On définit alors comme la composée verticale des isomorphismes (3), (4) et de l’inverse de . On fait de même pour .
Le caractère naturel des foncteurs d’adjonctions, les compatibilités des isomorphismes de projections ainsi que les conditions de commutation demandées dans la définition de la -catégorie assurent que les isomorphismes sont compatibles. Ils définissent ainsi un isomorphisme entre les foncteurs et l’identité. ∎
Revenons à la démonstration de la proposition 3.5.
Montrons tout d’abord que est équivalent à l’identité. Soit un objet de . On a défini dans le lemme 3.6 une équivalence entre et la restriction de à :
Comme dans le cas des faisceaux il faut maintenant identifier le foncteur naturel :
avec le foncteur . C’est à dire qu’il faut construire les isomorphismes suivants :
Le premier est acquis car la restriction et l’image directe commute à isomorphisme près aux -limites projectives finies.
Définissons le second. Comme est quasi-inverse de pour définir l’isomorphisme cherché il suffit d’en définir un entre les foncteurs :
Or on a les isomorphismes suivants :
Les deux isomorphismes des triangles sont donnés par la définition de et et enfin l’isomorphisme du bas est la composée de l’isomorphisme naturel d’adjonction :
et de l’identité du foncteur . En composant correctement ces isomorphismes on obtient l’isomorphisme cherché.
Montrons maintenant que est équivalent à l’identité. Soit un champ sur . Rappelons que d’après la définition de on a :
où est le foncteur naturel :
et est l’isomorphisme naturel :
Considérons la famille de foncteurs et d’isomorphismes de foncteurs constituée :
-
pour tout objet , d’un foncteur, noté , de dans :
-
—
pour c’est le fonceur naturel :
-
—
pour les couples avec on se donne la composée de foncteurs :
-
—
pour les triplets avec on se donne la composée :
-
—
-
pour tout foncteur d’un isomorphisme de foncteur noté :
-
—
pour les foncteurs , on se donne l’identité,
-
—
pour le foncteur on se donne l’isomorphisme naturel d’ajonction :
-
—
et enfin pour le foncteur on se donne la composée horizontale du morphisme identité, du foncteur et de l’isomorphisme .
-
—
Ces données vérifient immédiatement les relations de compatibilité. Ainsi d’après la propriété universelle, il existe un foncteur, noté :
et pour tout objet un unique isomorphisme noté :
Mais notons que, comme la restriction commute aux -limites projectives finies, la restriction de à est en fait le foncteur du lemme 3.6 construit en utilisant les données de . Ainsi, la retriction de à chaque strate est une équivalence. En particulier la fibre en chaque point de est une équivalence. On conclut alors en utilisant le corollaire 1.21.
3.2. Champs constructibles et strictements constructibles
Dans cette partie on s’intéresse à la notion de champ constructible et strictement constructible.
Dans un premier paragraphe, on rappel les définitions et les premières propriétés de ces notions. La notion de champs constructibles a été introduite par D. Treumann dans [21]. Elle a été introduite essentiellement parce que le champ des faisceaux pervers est, sur un espace stratifié de Thom-Mather, un champ constructible.
Puis, dans un second temps, on considère l’espace topologique muni de la stratification, dite du croisement normal, associée à l’ensemble . Sur cette espace on peut donner une description particulièrement simple de la -catégorie des faisceaux strictement constructibles relativement à cette stratification. Cela est dut au fait que les voisinages tubulaires des strates sont des produits.
Enfin on s’intéresse au champ des faisceaux pervers sur muni de cette stratification. Nous montrons tout d’abord que ce champ est strictement constructible relativement à la stratification du croisement normal. Puis nous démontrons l’équivalence entre et la donnée
3.2.1. Définition et premières propriétés
Pour les démonstrations des propositions et du théorème, le lecteur pourra se reporter à [21] et [22].
Contrairement au paragraphe précédent désigne ici une strate de dimension quelconque, désigne l’injection suivante :
Définition 3.7.
Un champ sur est dit constructible (resp. strictement constructible) relativement à si pour tout , la restirction est un champ localement constant (resp. constant)
Tout comme pour les faisceaux constructibles, on a les propositions suivantes :
Proposition 3.8.
Soit un champ constructible sur et deux ouverts de tels que l’injection soit une équivalence stratifiée d’homotopie. Alors la restriction est une équivalence de catégories.
Proposition 3.9.
Soit un champ constructible sur relativement à une stratification de Thom-Mather et un point de , alors il existe un ouvert de tel que le foncteur naturel suivant soit une équivalence :
Proposition 3.10.
Soit et deux espaces topologiques stratifiés et une application continue telle que l’image inverse d’une strate de soit une réunion de strates de , si est un champ constructible (resp. strictement constructible) alors est constructible (resp. strictement constructible).
Démonstration.
L’image inverse par une application continue d’un champ localement constant (resp. constant) est localement constant (resp. constant), donc est localement constant (resp. constant). ∎
Un exemple particulièrement intéressant de champ constructible ou strictement constructible est le champ des faisceaux pervers relativement à une stratification fixée. Il justifie d’ailleurs à lui seul l’introduction de cette définition.
Dans le cas général d’un espace topologique stratifié on ne peut rien dire. Mais dans le cas d’un espace de Thom-Mather on a le théorème suivant:
Proposition 3.11.
Soit un espace de Thom-Mather, on note la stratification de , et le champ des faisceau pervers sur . Le champ est constructible.
Démonstration.
Voir [21]. ∎
Et, dans le cas où la projection des voisinages tubulaires sur les strates est une fibration trivial, est un champ stritement constructible. Nous ne démontrons cela que dans le cas qui nous intéresse ( stratifié par le croisement normal) mais la démonstration est sensiblement la même.
Remarque.
Si est un champ strictement constructible relativement une stratification , on s’attend à ce qu’on puisse en donner, via le théorème 3.8, une description simple. En effet la restriction à chaque strate étant constante, la donnée d’une catégorie suffit à la décrire. Mais notons que, même si est un champ constant, le champ n’est, a priori, pas un champ constant, il est seulement localement constant. Ainsi la donnée des foncteurs de champs :
ne se réduit pas à la donnée d’un foncteur.
Nous allons voir, dans la partie suivante, que dans certains cas cette description peut être encore simplifiée.
3.2.2. Champs strictement constructibles sur stratifié par le croisement normal
Considérons maintenant muni de la stratification du croisement normal défini par l’ensemble . Les strates sont indexées par les parties de . Ainsi on note , pour partie de , la strate :
Dans ce paragraphe on reprend le théorème 3.8 dans le cas des champs strictement constructibles relativement à cette stratification. Le fait que les voisinages tubulaires de cette stratification soient des produits nous permet de simplifier notablement l’énoncer de ce théorème. En effet, on montre que la -catégorie des champs strictement constructibles relativement à cette stratification est -équivalente à une -catégorie, , dont les objets sont donnés par des catégories, des foncteurs et des isomorphismes de foncteurs.
Considérons les notations suivantes :
Soit l’injection de dans :
Pour tout , on note le point suivant :
et tout , on note le chemin de défini par :
La famille forme une famille génératrice du groupe fondamental de la strate .
Avant de définir la -catégorie et de démontrer qu’elle est -équivalente à la -catégorie des champs strictement constructibles. Nous allons énoncer quelque lemmes que nous utilisons ultérieurement.
Soit la projection :
et le champ constant de fibre sur , on note le champ sur défini par :
Lemme 3.12.
Le champ est équivalent au champ constant sur de fibre .
Démonstration.
Notons que, pour un ouvert de , les sections de sont données par :
En effet est isomorphe au produit .
Soit le pré-champ constant sur de fibre .
Considérons le foncteur de champs, de source et de but , défini par la donnée pour tout ouvert de du foncteur :
Montrons que ce foncteur est une équivalence sur les fibres. Soit , les produits polydisques ouverts centrés en et de forment une base de voisinage de , or pour des rayons assez petits et comme les boules sont contractiles, le foncteur associé est isomorphe à l’identité. Ainsi la limite est constante et isomorphe à l’identité. ∎
Lemme 3.13.
Soit et deux strates telles que (c’est à dire telles que ), on note et les cardinaux de respectivement et . Soit un champ constant sur de fibre , alors le champ est constant de fibre équivalente à .
Démonstration.
On peut supposer sans perte de généralité que :
D’après le lemme précédent il suffit de montrer que est équivalent au champ . On définit pour cela une équivalence du préchamp dans le champ .
Considérons les notations :
si est un n-uplet, on note , et . De même la notation désigne le polydisque ouvert centrés en et de rayon .
Soit un ouvert de , , est de la forme :
où est un ouvert de . On a alors l’équivalence :
Comme les boules centrées en zéro forment une base des ouverts contenant zéro, on a l’équivalence :
On a, par définition du foncteur l’équivalence :
Or, pour tout , est homotopiquement équivalent, par une équivalence stratifiée, à . Ces équivalences commutant, la -limite est constante et équivalente à . Ainsi on a bien :
De plus, si sont deux ouverts de la restriction étant donnée par la restriction de à , le diagramme suivant commute :
Ainsi, la donnée, pour tout ouvert de , de l’isomorphisme défini plus haut et, pour tout couple d’ouverts , de l’identité, définit une équivalence de préchamp entre et . Ceci démontre en particulier que le préchamp est en fait le champ et qu’il est bien équivalent au champ constant de fibre . ∎
Remarque 3.14.
Notons que si est une partie de telle que et alors le champ est encore un champ constant. On le voit en appliquant deux fois le lemme précédent. On obtient de plus que la fibre de ce champ est équivalente à .
On note le foncteur de source et de but qui a un foncteur :
associe le foncteur de source et de but qui à un point de associe le foncteur :
Lemme 3.15.
Le diagramme suivant commute à isomorphisme constant près :
Démonstration.
Pour démontrer ce lemme, on reprend la démonstration du lemme précédent en construisant étape par étape un isomorphisme de foncteur. Une démonstration similaire est explicité dans la démonstration de la proposition . ∎
On a la proposition suivante :
Proposition 3.16.
La -catégorie des champs strictement constructibles sur stratifié par le croisement normal est -équivalente à la -catégorie dont
-
les objets sont donné par :
-
-
pour tout , une catégorie ,
-
-
pour tout couple de parties de tel que , un foncteur ,
-
-
pour tout triplet de parties de vérifiant un isomorphisme de foncteurs :
tels que, pour tout les deux morphismes que l’on peut définir entre les foncteurs :
et soient égaux.
-
-
-
pour deux objets et un foncteur est donné par :
-
-
pour toute strate , un foncteur
-
-
pour tout couple de strates tel que , un isomorphisme de foncteur :
tels que les deux morphismes que l’on peut définir entre les foncteurs :
et soit égaux.
-
-
-
Les morphismes entre deux tels foncteurs sont les données pour chaque d’un morphisme de foncteurs tels que le diagramme suivant commute :
Démonstration.
Comme d’après les lemmes précédents les champs, les foncteurs de champs et les isomorphismes de foncteurs sont constants, il suffit de se donner leurs fibres en . On peut même définir une -équivalence de champ :
Le -foncteur est la composée du foncteur et du foncteur qui à un objet de associe l’objet de formé des champs constants sur de fibre , les foncteurs de fibre ainsi que les isomorphismes constants de fibre .
∎
3.2.3. Le champs des faisceaux pervers sur
Dans ce paragraphe on va montrer que le champ, , des faiscceaux pervers sur relativement au croisemet normal est strictement constructible. Ensuite on explicite son image dans la catégorie . En particulier on montre que la fibre en de est la catégorie et que les fibres de est équivalent à , où est l’ensemble :
Définition 3.17.
On note l’ensemble :
De manière général on note l’ensemble :
Rappelons que dans notre cas, les voisinages tubulaires des strates sont des fibrations triviales. Pour commencer on étudie donc le comportement du champ des faisceaux pervers par rapport aux projections . On a le lemme suivant :
Lemme 3.18.
Soit un espace métrique muni d’une stratification de Whitney, un espace métrique contractile et un faisceau sur à cohomologie constructible relativement à la stratification . Considérons la première projection. Alors les morphismes naturels :
sont des isomorphismes.
Démonstration.
Démontrons que ces morphismes sont des isomorphismes sur les fibres.
Commençons par le morphisme . Soit , on a :
Mais d’après la formule de Künneth, on a :
où est le faisceau constant sur de fibre . Mais , on a bien l’équivalence cherchée.
Soit maintenant un faisceau à cohomologie constructible sur et soit un point de , on a l’isomorphisme suivant :
Mais comme pour toute boule incluse dans , l’injection de dans est une équivalence d’homotopie stratifiée, on a l’équivalence :
∎
On en déduit la proposition suivante :
Proposition 3.19.
Soient deux espaces topologiques métriques, notons la projection , fixons une stratification de et considérons le champ des faisceaux pervers sur respectivement relativement à la stratification et le champ des faisceaux pervers sur relativement à la stratification alors
Démonstration.
On note le préchamp défini par la donnée pour tout ouverts de de la catégorie . Soit le foncteur de préchamps défini pour un ouvert de par le foncteur :
où l’on a abusivement noté la restriction de à .
L’isomorphisme de restriction est l’isomorphisme naturel.
Soit un point de . La fibre en du foncteur est la limite inductive sur les ouverts de la forme où (resp. ) est une boule centrée en (resp. ). Or d’après le lemme précdent est une équivalence pour tout , donc est une équivalence de catégories. Ainsi, d’après le corollaire 1.21 le champ associé au préchamp est équivalent au champ .
∎
On a alors le théorème suivante :
Théorème 3.20.
Le champ, , des faisceaux pervers sur relativement au croisement normal est un champ strictement constructible relativement à cette stratification.
Démonstration.
Démontrons par récurrence.
Pour c’est évident puisque est le champ des faisceaux localement constants et que bien sûr est un champ constant.
Supposons que soit strictement constructible.
Comme ci-dessus on sait que est un champ constant. Soit une strate de dimension strictement positive, il existe alors tel que , . On a ainsi :
Or d’après la proposition 3.19 on sait que est équivalent au champ , où est la projection :
Ainsi est un champ strictement contructible relativement à la stratification et est bien une strate de donc est constant. ∎
On peut maintenant étudier l’image de par . Cette étude nous permettra par la suite de démontrer l’équivalence entre le champ et un champ que l’on définira. Nous définissons un objet de dont nous démontrons qu’il est équivalent à . On a besoin pour cela de la proposition et des lemmes suivants :
Proposition 3.21.
La catégorie est équivalente à la catégorie .
Démonstration.
Notons l’ensemble .
Comme l’injection de dans est non caractéristique, la restriction à , d’un faisceau pervers sur est un faisceau pervers sur stratifié par le croisement normal. On a ainsi l’équivalence :
On peut ainsi se placer sur et non .
Notons que l’on a l’équivalence :
et comme la restriction à du champ est constante, on a bien l’équivalence cherchée.
Définissons une équivalence entre ces deux catégories. La définition de cette équivalence s’inspire du cas des faisceaux localement constants.
Pour cela on se fixe comme point base de et la famille comme système de générateurs de , où les sont les lacets :
On définit d’abord un foncteur de la catégorie dans la catégorie .
Considérons maintenant l’application composée notée :
Notons que la restriction de au fermé est un chemin , pour , défini plus haut.
On a le lemme suivant :
Lemme 3.22.
Soit un faisceau pervers défini sur relativement à la stratification du croisement normal, alors est un faisceau pervers sur relativement à la stratification produit du croisement normal avec .
Ainsi, si est un faisceau pervers sur , comme le faisceau est contant le long de on a l’automorphisme, noté suivant :
On note alors le foncteur de la catégorie dans la catégorie défini par :
C’est une équivalence de catégorie.
∎
On a alors la proposition suivante :
Proposition 3.23.
L’image par du champ est équivalente à la donnée :
Démonstration.
Définissons une équivalence dans entre et . Vu la définition de , il suffit de définir pour tout une équivalence de catégorie :
et pour tout couple de parties de une équivalence :
et un isomorphisme de foncteurs :
Nous n’allons définir ces équivalences et isomorphismes de foncteurs que pour les strates et suivantes :
La généralisation à des strates quelconques n’est pas difficile mais nécessite de lourdes notations.
Commençons par définir l’équivalence .
Rappelons les notations données précédemment, si est un n-uplet, on note , et . De même la notation désigne le produit des boules centrées en et de rayon . On a alors l’équivalence suivante :
Mais comme, pour assez petit, chaque boule est incluse dans et comme l’injection des boules centrées en zéro dans est une équivalence d’homothopie stratifiée la -limite est constante et on a pour fixé :
Et d’après le lemme 3.18 on a l’équivalence :
On définit l’équivalence comme la composée de ces trois équivalences.
Considérons maintenant la fibre en du champ . Comme ci-dessus on a l’équivalence :
et d’après la définition du foncteur on a l’égalité :
où . Comme ci-dessus cette -limite est constante car l’injection des boules centrées en zéro est une équivalence homotoique stratifiée, on a donc pour fixé :
Par définition de , on a :
Mais, comme est fermé dans l’ouvert paracompact et d’après la proposition 1.27 le foncteur canonique suivant est une équivalence :
Cette -limite est constante et le foncteur canonique est une équivalence :
Mais d’après le lemme 3.18 on a :
Ainsi on a l’équivalence, notée :
Pour finir la démonstration du lemme il reste à définir l’isomorphisme :
où le foncteur du bas est la restriction usuelle. Considérons l’isomorphisme suivant, il provient de la -fonctorialité des -limites projectives :
Mais par définition du foncteur naturel d’adjonction on a l’isomorphisme :
où le foncteur du bas est le foncteur de restriction. Par la suite nous considérerons la -limite de cet isomorphisme. On a de plus le morphisme suivant :
Ce qui définit par propriété universelle de la -limite inductive, un isomorphisme de foncteur :
En composant les isomorphismes précédents correctement, on obtient l’isomorphisme cherché. ∎
Chapitre 4 Catégorie et champ des faisceaux pervers sur
Dans ce paragraphe on considère la catégorie et le champ des faisceaux pervers sur stratifié par le croisement normal.
Dans un premier temps nous rappelons le résultat de M. Granger, A. Galligo et Ph. Maisonobe qui démontrent l’équivalence entre la catégorie des faisceaux pervers sur stratifié par le croisement normal et une sous-catégorie pleine de la catégorie des représentation du carquois . Puis nous transformons cette équivalence de catégories en équivalence de champs : nous définissons un champ de carquois équivalent au champ des faisceaux pervers. La définition de ce champ utilise la description d’un champ sur un espace stratifié et plus particulièrement sur des propriétés données par la stratification du croisement normal.
Rappelons et donnons quelques notations dont nous nous servons dans ce chapitre.
Les strates de sont indéxées par les parties de . Ainsi on note , pour partie de , la strate :
Soit l’injection de dans :
Pour tout on note le point suivant :
et tout , on note le chemin de défini par :
La famille forment une famille génératrice du groupe fondamental de la strate .
Dans cette section si est une partie de , désigne son cardinal.
On considère la notation suivante. Si sont des ensembles de et , , est une partition de alors on note l’ensemble :
On donne des notations particulière à certain de ces ensembles :
Si est un ensemble de on note son complémentaire dans :
4.1. Equivalence de Galligo, Granger, Maisonobe
Considérons la catégorie des représentations du carquois . Un objet de cette catégorie est la donnée, pour toute partie de , d’un espace vectoriel et, pour tout couple de parties de deux applications linéaires :
Définition 4.1.
Soit la sous-catégorie pleine de la catégorie formée des objets tels que :
-
(i)
pour tout couple de partie de , on ait :
-
(ii)
pour tout quadruplet , , et de parties de , les applications linéaires , , , et , , , données par le diagramme :
vérifient les conditions suivantes :
Dans [7], A. Galligo, M. Granger et Ph. Maisonobe ont démontré le théorème suivant :
Théorème 4.2.
La catégorie des faisceaux pervers sur stratifié par le croisement normal est équivalente à la catégorie .
Ils démontrent ce théorème en définissant deux foncteurs et quasi-inverse l’un de l’autre. On ne donnera ici que la définition du foncteur .
Soit un faisceau pervers sur , l’image par de est la donnée :
-
pour toute partie de , de l’espace vectoriel où est le cardinal de ,
-
pour tout couple de parties de , des fibres en zéro des morphismes naturels :
Cette donnée est bien un objet de . La condition est obtenue par fonctorialité des triangles considérés.
Pour démontrer que la condition est vérifiée, A. Galligo, M. Granger et Ph. Maisonobe démontrent les lemmes suivants :
Lemme 4.3.
Soit un faisceau pervers sur la restriction du faisceau à est concentré en degré , de plus ce faisceau est constructible relativement à la stratification réelle .
Comme , la restriction à de est un faisceau localement constant. On note sa fibre en et les monodromies définies avec les chemins .
Lemme 4.4.
Pour tout , on peut identifier la fibre en zéro des faisceaux et avec la fibre en du faisceau . De plus cet isomorphisme peut être choisi de façon à ce que le diagramme suivant commute :
où le morphisme du bas est le morphisme naturel donné par le triangle distingué :
Démonstration.
On peut supposer, sans perte de généralité, que et . On note . On a ainsi :
Notons la restriction du faisceau à .
Soit l’injection de dans .
Démontrons tout d’abord l’existence d’isomorphisme et tels que le diagramme suivant commute :
où les morphismes horizontaux sont les morphismes naturels. On a le diagramme commutatif suivant :
Chaque morphisme vertical est un isomorphisme car la restriction des faisceaux et à est constante.
Considérons alors les morphismes naturels issus des triangles distingués :
Leurs fibres en est un isomorphisme puisque les complémentaires de respectivement et dans respectivement et ne contiennent pas . Les isomorphismes et sont les composés des ces isomorphismes.
D’après le lemme 4.3 on a les isomorphismes naturels :
On peut alors appliquer le lemme plus général :
Lemme 4.5.
Soit un faisceau localement constant sur . Notons sa fibre en et sa monodromie définie par le lacet . Alors on peut identifier les fibres en des faisceaux et à de façon à ce que le diagramme suivant commute :
∎
Pour démontrer que les applications et vérifient la condition de la définition 4.1, il suffit alors de rappeler que l’on a le diagramme commutatif suivant :
4.2. ”Stackification” sur
Dans cette partie, nous définissons un champ sur stratifié par le croisement normal équivalent au champ . On utilise pour cela la proposition 5.4.
Définition du champ
Nous allons donc définir un champ de catégorie de carquois, , sur strictement constructible relativement à la stratification du croisement normal, on utilise pour cela la proposition 5.4.
Sur chaque strate on se donne la catégorie où est le cardinal de . Pour tout couple de parties de il faut donc se donner un foncteur :
Rappelons que la catégorie est équivalente à la catégorie dont les objets sont des objets de munis de automorphismes, ainsi un objet de est la donnée :
-
pour toute partie de d’un espace vectoriel noté
-
pour tout couple de parties de de deux applications linéaires :
-
et pour toute partie de de endomorphismes :
qui commutent aux applications et .
Définition 4.6.
Soient et deux parties de telles que , on note le foncteur défini par :
où et est l’endomorphisme de :
Les conditions (ii) de la définition 4.1 de la catégorie assurent que commute aux applications et .
Exemple
Pour , et sont les strates et et est le foncteur :
Soient maintenant un triplet, de partie de considérons le diagramme suivant :
D’après la remarque 3.14, la catégorie est formée d’objets de munis de automorphismes.
Le morphisme du bas est bien un isomorphisme puisqu’on a bien .
Pour comprendre le foncteur explicitons le dans le cas de la dimension deux, avec , et . On a alors , et . Le foncteur est alors le foncteur suivant :
Il apparaît alors clairement que le diagramme précédent commute, c’est à dire qu’on a l’égalité :
ainsi la famille est un objet de .
Définition 4.7.
On note le champ image par de l’objet de défini par la donnée :
-
—
pour toute strate de de la catégorie ,
-
—
pour tout couple de strates, et , telles que , du foncteur ,
-
—
et pour tout triplet de strates , , tel que du morphisme de foncteur .
Théorème 4.8.
Le champ est équivalent au champ
Démonstration.
Pour démontrer ce théorème nous allons en fait définir une équivalence dans entre et . On rappel que :
Ainsi il faut définir pour tout une équivalence entre et . Nous utilisons évidemment les foncteurs définis par Galligo, Granger Maisonobe. Nous devons aussi définir pour tout couple de strates tel que , un isomorphisme de foncteur :
qui vérifient des relations de commutation.
Rappelons les définitions des foncteurs et .
L’image par d’un faisceau pervers sur est la donnée :
-
pour toute partie de , de l’espace vectoriel
-
pour tout couple de parties de , des fibres en des morphismes naturels :
Soit maintenant un faisceau pervers sur . l’image par de est donné par :
où sont les isomorphismes définis par :
avec l’application :
et le chemin :
Notons que la restriction de à est pour un .
Ainsi pour définir les isomorphismes il faut définir un isomorphisme fonctoriel entre les objets :
et |
où et sont respectivement les fibres en des morphismes naturels :
et où et sont respectivement les fibres en des morphismes naturels :
et où est d’après le lemme 4.4 la monodromie de la restriction à du faisceau , définie par le chemin , et est l’image par de l’isomorphisme tel que la restriction à de soit égale à . Ainsi est l’endomorphisme :
Commençons par identifier fonctoriellement et , de cette manière on identifiera aussi avec .
Rappelons que, d’après le lemme 4.4, on a l’isomorphisme naturel :
L’isomorphisme que l’on cherche est la composée de cet isomorphisme et de l’isomorphisme donné par le lemme suivant.
Lemme 4.9.
Soit un faisceau pervers sur relativement au croisement normal. Pour tout couple de parties de les complexes suivants sont fonctoriellement isomorphes :
Démonstration.
Définissons tout d’abord un morphisme naturel de dans .
Notons l’injection de dans :
On a l’égalité :
où est le faisceau constant sur de fibre . On a alors le morphisme :
Mais comme est localement fermé, on a l’isomorphisme :
Comme l’image inverse d’un faisceau constant est un faisceau constant on a bien :
La composition de ces morphismes est le morphisme .
Montrons maintenant que est un isomorphisme.
Considérons pour cela la restriction à du triangle distingué suivant :
Comme est la réunion disjointe :
le triangle distingué devient :
Vu la définition des morphismes , le triplet est un morphisme de triangles :
Pour montrer que, pour tout , le morphisme est un isomorphisme il suffit donc de montrer que le morphisme est un isomorphisme. Mais d’après le lemme 4.3 les complexes et sont concentrés en degré zéro. Il suffit donc de démontrer que est un isomorphisme. Notons que :
où et sont respectivement les injections de dans et dans . On prend la restriction de car est inclus dans .
Supposons maintenant que . Soit un point de . On a
où la limite parcourt les -uplets réels positifs, et où est le polydisque centré en et de polyrayon . D’après la définition du foncteur on a :
Ainsi comme est localement constant et comme pour assez petit est une réunion disjointe d’ouverts contractiles la limite est constante et isomorphe à :
Calculons maintenant la fibre en du faisceau .
Comme, pour tout , est un fermé dans un ouvert paracompact on a l’isomrphisme :
Et pour les mêmes raisons que ci-dessus, cette limite est constante et isomorphe à :
Ce qui finit la démonstration.
∎
∎
Chapitre 5 Applications aux arrangements génériques de droites
Dans ce chapitre nous reprenons la construction faite dans le chapitre précédent pour l’appliquer au cas de stratifié par n droites en position générique. Cette généralisation est possible car d’une part la stratification considérée est localement un croisement normal et d’autre part les voisinages tubulaires des strates sont homéomorphes à des produits. Une étude des sections globales du champ ainsi construit nous permet alors de démontrer l’équivalence de la catégorie des faisceaux pervers sur relativement à cette stratification et d’une catégorie de représentations du carquois associé à cette stratification.
Soit , n droites en position générique dans . On considère la stratification de associée définie par :
Considérons le carquois associé à cette stratification. Pour deux droites on obtient un croisement normal. Pour trois droites le carquois est le suivant :
On note l’ensemble . Pour tout , on note alors l’injection de dans .
Comme pour le croisement normal on a la proposition suivante :
Proposition 5.1.
Le champ, , des faisceaux pervers relativement à la stratification est un champ strictement constructible.
Démonstration.
La démonstration s’appuie sur les mêmes arguments que dans le cas du croisement normal.
La restriction à du champ est constant puisque les strates sont des points. La restriction à est elle aussi constante puisque qu’il s’agit du champ des faisceaux localement constants sur . Considérons maintenant la restriction de à . On peut supposer sans perte de généralité que et que la strate est le produit :
où .
Considérons le voisinage de défini par :
Lemme 5.2.
Pour assez petit le voisinage est homéomorphe, par un homéophisme stratifié noté , au produit :
et la stratification induite est le produit du croisement normal par .
On a évidemment l’égalité :
Or, comme est un homéomorphisme stratifié, le champ est équivalent au champ
où est le champ des faisceaux pervers sur stratifié par la stratification produit du croisement normal et de . Mais, d’après le lemme 3.19, est lui même équivalent au champ , où est le champ des faisceaux pervers sur , stratifié par le croisement normal, et est la projection :
On a déjà montrer que le champ était strictement constructible, ainsi d’après le lemme 3.10 le champ est strictement constructible relativement à la stratification produit. Ce qui démontre que est bien un champ constant. ∎
On a aussi :
Lemme 5.3.
Soit et 2 strates, et appartiennent à , telles que (c’est à dire telles que ), on note et les cardinaux de respectivement et . Soit un champ constant sur de fibre , alors le champ est constant de fibre équivalente à . Cette catégorie est formée d’objets de munis de automorphismes.
Démonstration.
Localement on est dans le cas du croisement normal, de plus les voisinnages tubulaires des strates sont homéomorphes à des produits de la strate par les boules. On peut ainsi appliquer directement la démonstration du croisement normal. ∎
Comme dans le cas du croisement normal on en déduit la proposition suivante :
Proposition 5.4.
La -catégorie des champs strictement constructibles sur , stratifié par est -équivalente à la -catégorie dont
-
les objets sont donné par :
-
-
pour tout , une catégorie ,
-
-
pour tout couple de parties de tel que , un foncteur ,
-
-
pour tout triplet de parties de vérifiant un isomorphisme de foncteurs :
tels que, pour tout les deux morphismes que l’on peut définir entre les foncteurs :
et soient égaux.
-
-
-
pour deux objets et un foncteur est donné par :
-
-
pour toute strate , un foncteur
-
-
pour tout couple de strates tel que , un isomorphisme de foncteur :
tels que les deux morphismes que l’on peut définir entre les foncteurs :
et soit égaux.
-
-
-
Les morphismes entre deux tels foncteurs sont les données pour chaque d’un morphisme de foncteurs tels que le diagramme suivant commute :
Comme dans le cas du croisement normal, on définit un champ équivalent au champ . Les données d’un objet de étant des données locales, et la stratification étant localement le croisement normal, on peut réutiliser les données définies dans le chapitre précédent. On considère alors , pour les catégories et foncteurs définis dans le chapitre précédent.
Définition 5.5.
On note le champ image par de l’objet de défini par la donnée :
-
—
pour toute strate de , de la catégorie ,
-
—
pour tout couple de strates, , telles que , du foncteur ,
-
—
et pour tout triplet de strates tel que , du morphisme de foncteur .
Théorème 5.6.
Le champ est équivalent au champ .
Démonstration.
Encore une fois, la démonstration de ce théorème étant locale on peut tout à fait appliquer la preuve du cas à croisement normal. ∎
Considérons la catégorie des représentations du carquois . Les objets de cette catégorie sont des familles
où est un espace vectoriel, et et sont des applications linéaires :
Définition 5.7.
On note la sous catégorie pleine de la catégorie des représentations du carquois dont les objets
vérifient les conditions :
-
(i)
pour tout couple appartenant à l’application linéaire :
soit inversible,
-
(ii)
pour tout couple on ait :
-
(iii)
pour les applications linéaires commutent.
L’étude de la catégorie des sections globales de ce champ nous permet de démontrer le théorème suivant :
Théorème 5.8.
La catégorie des faisceaux pervers sur stratifié par est équivalente à la catégorie .
Démonstration.
D’après le théorème 5.6, il suffit de démontrer que la catégorie des sections globales de est équivalente à . Les objets de la catégorie des sections globales de sont les familles
où les sont des objets de , et les sont des isomorphismes :
qui vérifient des relations de compatibilité. Pour pouvoir expliciter cette catégorie nous avons donc besoin de connaître la topologie de chaque strate. On doit aussi expliciter les sections globales des foncteurs naturels .
Les strates sont des points. Ainsi .
Les strates sont isomorphes à privé de points. Pour chacune d’entre elle on fixe un point base et pour tout un lacet contournant . La famille est un système de générateurs du groupe fondamental de . Les objets de la catégorie sont donc des objets de munis de automorphismes. Si est un objet de :
un automorphisme de est donné par deux endomorphismes et qui commutent aux applications et . On note et les endomorphismes associés aux lacets .
Pour la strate on a le théorème suivant :
Théorème 5.9.
Soient un arrangement d’hyperplans dans , un point base du complémentaire de dans et une famille de lacets contournant chaque droite de l’arrangement, alors le groupe fondamental du complémentaire de est le groupe commutatif engendré par la famille .
Démonstration.
Voir [24] chapitre 3 section 2. ∎
Fixons donc un point base et pour tout un lacet contournant la droite . Les objets de sont donc des espaces vectoriels munis de endomorphismes qui commutent. Comme ci-dessus, on note les endomorphismes associés aux lacets .
Considérons maintenant les foncteurs naturels d’adjonctions.
Lemme 5.10.
Pour tout , la section globale du foncteur d’adjonction :
est naturellement isommorphe, pour assez petit, au foncteur suivant :
où est un voisinage tubulaire de .
Pour , la section globale du foncteur naturel est naturellement isomorphe au suivant :
Démonstration.
Montrons la première assertion. On peut supposer sans perte de généralité que . Par définition des -foncteurs et le foncteur naturel est le foncteur naturel :
Ce morphisme se factorise par la -limite :
Or d’après la proposition 1.27, le foncteur naturel :
est une équivalence. De plus les voisinages tubulaires de forment une base de voisinage de et, pour tout , les voisinages sont homotopiquement équivalents, par une équivalence stratifiée. Ainsi la -limite est constante et, pour assez petit, le foncteur naturel est une équivalence :
et par définition du foncteur , on a l’égalité :
Ainsi, nous avons l’isomorphisme suivant :
où le foncteur du bas est le foncteur de restriction.
Or d’après le lemme 5.2, est homéomorphe au produit , ainsi les objets de sont des espaces vectoriels munis de automorphismes et le foncteur de restriction est bien le foncteur décrit dans le lemme.
Considérons maintenant le foncteur suivant :
Par un raisonnement analogue au précédent on montre qu’il existe un isomorphisme :
où le foncteur du bas est la restriction. On retrouve bien le foncteur annoncé. ∎
Un objet de est donc donné par :
-
—
un espace vectoriel muni de endomorphismes notés qui commutent,
-
—
pour tout , un objet de :
avec automorphismes, c’est-à-dire couples d’automorphismes notés :
rappelons que est inversible,
-
—
pour tout ensemble un objet de :
rappelons que selon la définition de la catégorie les applications linéaires suivantes :
sont inversibles.
-
—
pour tout une application linéaire inversible vérifiant pour tout :
(5.1) -
—
pour tout couple , trois applications linéaires inversibles :
qui vérifient les conditions suivantes pour ou :
(5.2) les relations de commutations des isomorphismes de foncteurs donnent la relation :
On note le foncteur de la catégorie des sections globales dans la catégorie :
qui à un objet tel que nous l’avons décrit associe la famille :
où les applications linéaires , , et sont définies par :
Cette famille est bien un objet de . En effet les conditions et de la définition de sont vérifiées par définitions des catégories et . Quant à la conditions , elle est donnée par les relations (5.1) et (5.2) et par la commutation des .
Définissons un foncteur quasi-inverse de . Ce foncteur associe à un objet de l’objet défini par :
-
—
pour la strate , l’espace vectoriel et des automorphismes ,
-
—
pour la strate de l’objet de :
munis pour des endomorphismes de , avec , et des endomorphismes de , , avec .
-
—
pour la strates , l’objet de :
-
—
et enfin pour toutes les strates par l’identité.
La composée est l’identité de la catégorie .
Si maintenant est un objet de la catégorie avec les mêmes notations que ci-dessus, alors les isomorphismes , , et forment un isomorphisme entre et .
∎
Chapitre 6 Applications aux variétés toriques lisses
Soit un éventail régulier et la variété torique associée. Le but de ce chapitre est de définir un champ sur strictement constructible relativement à la stratification donnée par l’action du tore équivalent au champ des faisceaux pervers sur relativement à la même stratification. Cette construction se basera sur le chapitre précédent et sur le lemme 1.26. En étudiant les sections globales de ce champ nous donnerons alors une sous-catégorie pleine de représentations de carquois équivalente à la catégorie des faisceaux pervers sur stratifiée par l’action du tore.
6.1. Rappel sur les variétés toriques
Dans ce paragraphe nous donnons quelques définitions concernant les variétés toriques. Pour les démonstrations le lecteur pourra se reporter à [17] [6] ou à [5].
6.1.1. Cônes et variété torique affine
Soient un -espace vectoriel et un réseau, on note le dual de et le dual de , en pratique on prendra toujours .
Définition 6.1.
Un cône convexe polyédral est un ensemble :
où la famille est une famille finie de vecteur de , cette famille est une famille génératrice du cône et on note :
La dimension de est la dimension de l’espace affine engendré par le cône . On note le dual du cône :
Définition 6.2.
Une face d’un cône convexe polyédral est soit , soit , soit un sous-ensemble de tel qu’il existe un hyperplan vérifiant :
On appelle sommet d’un cône une face de dimension zéro, arrête d’un cône une face de dimension un et facette une face de codimension un.
Définition 6.3.
On dit qu’un cône convexe polyédral est strictement convexe s’il admet comme sommet.
On a les propriétés suivantes
-
—
Une face d’un cône convexe polyédral est aussi un cône convexe polyédral.
-
—
Toute intersection de faces est une face.
-
—
Le dual d’un cône convexe polyédral est un cône convexe polyédral.
Définition 6.4.
Soit un cône strictement convexe polyédral de dimension . Un vecteur est dit entrant normal à la facette s’il vérifie les conditions :
-
—
pour ,
-
—
et .
Dans tout ce qui suit, si , un vecteur entrant normal à la facette est noté .
Proposition 6.5.
Soient un cône polyédral, strictement convexe de dimension , des vecteurs tels que la famille soit une base de et des vecteurs entrants normaux aux facettes de , alors
Démonstration.
Cette proposition et sa démonstration sont une généralisation du théorème chapitre de [5] et de sa démonstration.
On note , soit .
avec pour . Alors par définition des vecteurs entrants normaux aux facettes on a, pour :
Ainsi .
Soit maintenant tel que .
Comme il existe , tel que , mais dans ce cas
d’où la contradiction. ∎
Définition 6.6.
On dira qu’un cône est rationnel si on peut prendre des générateurs de appartenant à .
Si est rationnel, son dual l’est aussi.
Proposition 6.7 (Lemme de Gordon).
Soit un cône convexe rationnel, alors le semi-groupe est engendré par un nombre fini d’éléments.
Pour tout , on note
Soit alors la algèbre définie par :
On note la variété affine :
Choisir un système de générateurs du monoïde permet de plonger la variété dans . En effet si est une famille génératrices de alors est un système générateur de la -algèbre . On a alors l’identification :
où est le noyau du morphisme d’algèbre :
Proposition 6.8.
La variété est lisse si et seulement s’il existe un système de générateurs de que l’on peut compléter en une base de .
Exemples
-
—
Soit , on a alors d’où
Ainsi est isomorphe à .
-
—
Soit et où est la base canonique de , alors et
ainsi .
-
—
Soit et , le semi-groupe est engendré par . La variété est alors :
Un morphisme de semi-groupe induit un morphisme de -algèbre et ainsi un morphisme de variétés . En particulier si est une face de alors est un sous-semi-groupe de , ce qui induit un morphisme .
Lemme 6.9.
Si est une face de l’application induite est une injection et identifie comme un ouvert de zarisky de .
6.1.2. Eventail et variétés toriques
Définition 6.10.
Un éventail est un ensemble fini de cônes strictement convexes, polyédraux et rationnels vérifiant les propriétés suivantes :
-
(i)
toute face d’un cône appartient à ,
-
(ii)
l’intersection de deux cônes de est une face de chacun des deux cônes.
Remarque L’ensemble constitué de toutes les faces d’un cône est un éventail.
Définition 6.11.
Soit un éventail, on note la variété algébrique formée de l’union disjointe des variétés pour tout recollées comme suit : pour deux cônes et de on recolle et le long de l’ouvert de Zarisky .
La compatibilité des morphismes de recollement est donnée par la correspondance de l’inclusion entre les cônes et les variétés associées.
6.2. Description du champ et de la catégorie
Dans le paragraphe qui suit on note un éventail, les vecteurs primitifs qui engendrent les cônes de dimension un appartenant à , et l’ensemble des parties de telles que soit un cône de . On note la variété associée au cône et le champ des faisceaux pervers sur relativement à la stratification donnée par l’action du tore.
Pour tout couple d’ensembles de , on note l’isomorphisme de recollement des variétés et :
On suppose de plus que un éventail régulier de .
Définition 6.12.
Soient un cône de , il est maximal dans si le seul cône appartenant à qui le contient est lui-même. On dit alors que la partie de est maximale et on note l’ensemble des parties maximales de .
Pour le reste du paragraphe on se fixe, pour tout cône maximal de une base de qui contient les vecteurs .
Définition 6.13.
Soit un éventail de , on note le carquois donné par :
-
pour tout cône de , un sommet et flèches de source et de but , étant le cardinal maximal des ensembles maximaux de contenant ,
-
pour tout couple de cônes de tels que soit une face de codimension un de , deux flèches l’une de source et de but et l’autre de source et de but .
Exemples
-
—
Si est une base de et est l’éventail associé au cône , la variété torique associée est l’espace et le carquois associé est un hypercube de dimension , dont les arrêtes contiennent deux flèches en sens inverse.
-
—
Si maintenant est l’éventail associé au cône avec , la variété torique associée est isomorphe au produit et le carquois associé est un hypercube de dimension dont les arrêtes sont formées de deux flèches de sens inverse muni à chaque sommet de flèches ayant pour source et pour but le sommet.
-
—
Si est la réunion des faces des cônes et où est la base canonique de . Le carquois associé est le suivant :
Définition 6.14.
On note (ou ) la sous-catégorie pleine de formée des objets tels que :
-
(i)
pour tout couple appartenant à l’application linéaire :
soit inversible,
-
(ii)
pour tout quadruplets de parties appartenant à les applications linéaires , , , et , , , données par le diagramme
vérifient les conditions suivantes :
-
(iii)
pour tout couple maximaux de , considérons l’ensemble des vecteurs tels que soit la base fixée de qui contienne et soit la base de qui contienne et tels que pour tout ; alors pour tout et , l’application linéaire vérifie :
où et sont les coordonnées du vecteur dans la base .
Pour mieux comprendre cette définition donnons quelques exemples :
-
Quand la variété torique est on retrouve la catégorie définie dans le paragraphe précédent, par exemple la catégorie est la catégorie formée des objets :
tels que :
-
-
-
-
et soient inversibles.
-
-
-
Considérons l’éventail dans formé de trois cônes , et , la variété torique associée est .
La catégorie est la catégorie formée des objets suivants :tels que :
-
-
soit inversible,
-
-
comme la condition de la définition 6.14 se traduit par :
-
-
-
La catégorie est la catégorie formée des objets :
tels que :
-
-
-
-
et soient inversibles,
Regardons maintenant ce que signifie la condition :
-
-
considérons par exemple , a pour coordonnée dans la base , ainsi on a :
-
-
intéressons nous maintenant à l’endomorphisme , cette fois on a ainsi :
De même on a pour tout , tous les trois différents on a :
-
-
Le but de ce paragraphe est de démontrer le théorème suivant :
Théorème 6.15.
Les catégories et sont équivalentes.
Démonstration.
Construisons tout d’abord un champ sur équivalent au champ des faisceaux pervers . Nous montrons ensuite que la catégorie des sections globales de ce champ est équivalente à la catégorie .
L’ensemble des variétés associées aux cônes maximaux de forme un recouvrement d’ouverts de . Ainsi d’après le lemme 1.26 le champ, , des faisceaux pervers sur stratifié par l’action du tore est équivalent au champ défini par la donnée :
où les sont les équivalences de champs :
définies pour un ouvert de par :
et où sont les isomorphismes de foncteurs donnés par la relation :
où .
Notons que les variétés étant lisses elles sont isomorphes au produit où est le cardinal de . De plus, cet isomosphisme envoie la stratification définie par l’action du tore sur le croisement normal. On considère alors les données :
où
-
—
les champs sont les champs, sur , définis au chapitre ,
-
—
les sont les équivalences de champs :
définies par la composée des foncteurs :
où est l’équivalence définie au chapitre et est un quasi-inverse fixé de . Notons qu’il existe des isomorphismes de foncteurs :
-
—
et les sont des isomorphismes de foncteurs :
tels que le diagramme suivant commute :
Alors la donnée est une équivalence de dans .
Ainsi on a le théorème suivant :
Théorème 6.16.
Le champ est équivalent au champ défini par les données :
Pour démontrer le théorème 6.15, il reste à montrer que la catégorie des sections globales de est équivalente à la catégorie . Un objet des sections globales de est donné par une famille :
où est un objet de et est un isomorphisme :
Ainsi pour expliciter les objets de la catégorie il faut expliciter les objets des catégories et la section globale des équivalences .
Lemme 6.17.
Pour tout , la catégorie est équivalente à la catégorie .
Démonstration.
On peut supposer sans perte de généralité que et donc que . Pour tout i-uplet réel , le foncteur de restriction suivant, où est le polydisque ouvert centré en zéro et de polyrayon :
est une équivalence de catégorie. De même si est un autre i-uplets tel que le foncteur de restriction :
est aussi une équivalence de plus elle commute avec la restriction de dans . Ainsi le foncteur naturel suivant est une équivalence :
Or la strate est un fermé dans l’ouvert paracompact donc, d’après le lemme 1.27, le le foncteur naturel suivant est une équivalence de catégorie,
de plus la restriction de à la strate est constant donc on a bien l’équivalence annoncée. ∎
Étudions maintenant les sections globales des équivalences où est un couple de parties maximales de . On considère l’ensemble des vecteurs tels que soit la base fixée de qui contienne et soit la base de qui contienne et tels que pour tout .
D’après le lemme 6.17 un objet de est donné par :
-
pour tout , un espace vectoriel ,
-
pour tout couple de sous-ensemble de , deux applications linéaires et :
-
pour tout et tout un endomorphisme .
Définition 6.18.
On note le foncteur qui a un objet
de associe l’objet :
où si et sont les coordonnées de dans la base :
Proposition 6.19.
Le foncteur et les sections globales de sont isomorphes.
Démonstration.
On note le cardinal de . Rappelons la définition de et de :
où est l’équivalence :
Le foncteur est la composée du foncteur :
avec le foncteur :
Ainsi on a le diagramme suivant :
Pour démontrer la proposition il suffit de montrer l’existence d’un isomorphisme :
Commençons par rappeler la définition de . On peut supposer sans perte de généralité que . Dans ce cas . Soit un faisceau pervers sur , l’image par est donné par :
où et sont respectivement les fibres en des morphismes naturels :
et d’après le lemme LABEL:commono, les automorphisme sont les monodromies des faisceaux localement constants définies par le chemin .
Considérons maintenant la composée :
Vu la définition de , il faut expliciter les isomorphismes de recollements .
Lemme 6.20.
Si l’on considère les mêmes notations que dans la définition 6.18, l’isomorphisme est donné par :
Démonstration.
Pour démontrer cette proposition nous avons besoin de ce lemme :
Lemme 6.21.
Soit un cône entier régulier de engendré par des vecteurs primitifs , tels que le déterminant de , la matrice de colonnes , soit égal à 1.
Soit la matrice et ses vecteurs colonnes, alors le cône est engendré par les vecteurs .
Démonstration.
D’après la proposition 6.5, pour démontrer ce lemme il suffit de montrer que les vecteurs sont les vecteurs normaux entrants aux faces engendrées par . C’est à dire que :
-
(i)
pour tout ,
-
(ii)
, où est la matrice .
La première assertion est donnée par l’égalité .
Cette égalité donne de plus , ainsi la matrice est égale à :
donc son determinant est égal à , or , ce qui démontre la deuxième assertion. ∎
On peut supposer sans perte de généralité que est la base canonique. Les vecteurs entrants normaux aux facettes de sont alors encore la famille . On note les vecteurs entrants normaux aux facettes de . D’après la proposition 6.5 et comme les variétés et sont lisses, l’isomorphisme de recollement provient du passage de la base de à la base . La matrice de changement de base est l’inverse de la matrice dont les colonnes sont les vecteurs mais d’après le lemme 6.21, c’est la matrice dont les lignes sont les coordonnées des . D’après la définition d’un morphisme torique on retrouve bien l’isomorphisme cherché. ∎
Toujours en supposant que on a, pour tout , et donc :
Ainsi l’application est la suivante :
où
-
—
pour ,
-
—
pour , .
Revenons à la composée . Considérons l’image de par .
où est défini comme l’était . Mais la restriction de à est l’identité donc :
Appliquons maintenant le foncteur à cet objet. On obtient une famille isomorphe à la famille suivante :
où et sont respectivement les fibres en des morphismes naturels :
et d’après le lemme LABEL:commono, les automorphismes sont les monodromies des faisceaux localement constants définies par le chemin .
On peut supposer sans perte de généralité que , avec . La composition de ces applications est alors donnée par :
On a donc bien .
Ce qui montre que :
∎
Un objet de est donc donné par :
-
—
pour tout ensemble, , maximal de , une famille :
-
—
pour toute intersection, , d’ensemble maximal de et pour tout ensemble un isomorphisme :
tels que
et où et sont les coordonnées de dans la base
Comme dans le chapitre précédent nous définissons une équivalence, , entre la catégorie et la catégorie .
Pour cela on note , les parties maximales de . On définit alors comme le foncteur qui à un objet décrit ci-dessus associe la famille donnée par
-
—
pour toute partie maximale, , de , pour toute partie de , l’espace vectoriel et les applications linéaires , pour tout couple de parties de , les applications linéaires et ,
-
—
pour tout couple , tel que et avec , les applications linéaires :
Cette famille est bien un objet de , les relations de commutation que vérifient les isomorphisme assurent notamment la condition . Comme au chapitre précédent le foncteur qui à un objet
de associe l’objet de donné par
-
—
pour tout ensemble maximal de , la famille :
-
—
pour toute intersection d’ensemble maximal de et pour tout ensemble l’identité.
Les conditions de la définition 6.14 assurent que cette donnée est bien un objet de .
Ces deux foncteurs sont quasi-inverse l’un de l’autre.
∎
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- [24] O. Zariski. On the problem of existence of algebraic functions of two variables possessing a given branch curves. Amer. J. Math., 1929.
Résumé
Le but de cette thèse est de montrer comment des descriptions élémentaires et explicites de la catégorie des faisceaux pervers peuvent être recollées en une description de la catégorie globale des faisceaux pervers.
Pour cela nous généralisons une équivalence entre la catégorie des faisceaux pervers sur stratifié par le croisement normal et une catégorie de représentation d’un certain carquois démontrée par A. Galligo, M. Granger, Ph. Maisonobe (GGM) en une équivalence de champs.
Dans un premier temps nous nous intéressons à la façon de définir un champ sur un espace stratifié. Ainsi nous démontrons la -équivalence entre la -catégorie des champs et une -catégorie dont les objets sont les données de champs sur chacune des strates et de conditions de recollement. Ceci nous permet, dans le cas où l’espace considéré est stratifié par le croisement normal de définir assez simplement un champ de carquois strictement constructible.
Dans un deuxième temps nous montrons que ce champ est bien équivalent au champ des faisceaux pervers. La difficulté majeure consiste alors à démontrer que les équivalences de catégories de GGM se recollent correctement en une équivalence de champs.
Enfin les deux derniers chapitres sont des applications de cette technique. On obtient ainsi de nouvelles descriptions en terme de représentation de carquois de la catégorie des faisceaux pervers d’une part sur stratifié par un arrangement générique de droites et d’autre part sur les variétés toriques lisses.