L’application cotangente des surfaces de type général
Résumé.
We study surfaces of general type whose cotangent sheaf is generated by its global sections. We define a map called the cotangent map of that enables us to understand the obstructions to the ampleness of the cotangent sheaf of . These obstructions are curves on that we call “non-ample”. We classify surfaces with an infinite number of non-ample curves and we partly classify the non-ample curves.
AMS classification : 14J29.
Key words : Ample cotangent bundle, cotangent map.
Introduction.
On étudie dans le présent article l’amplitude du fibré cotangent des
surfaces de type général quand ce fibré cotangent est engendré par
sections globales.
Les propriétés des variétés à fibré cotangent ample sont discutées
en [8]. A l’aide d’une construction due à Bogomolov,
Conduché et Palmieri [7] ont montré que les ratios
des nombres de Chern de telles surfaces forment un sous-ensemble dense
dans l’intervalle . Une lecture attentive de leur papier et
l’utilisation du théorème des sections hyperplanes de Lefschetz permettent
de raffiner leur résultat comme suit:
Pour tout entier , la fermeture des ratio de Chern des
surfaces d’irrégularité , à fibré cotangent ample et engendré
par ses sections globales, contient un intervalle non-vide .
La réunion des intervalles croissants est l’intervalle .
Plutôt que de construire des surfaces dont le fibré cotangent est ample, on propose d’étudier les obstruction à son amplitude. Ces obstructions bien comprise, on peut alors espérer caractériser les surfaces à fibré cotangent ample.
Rappelons d’abord la définition d’amplitude d’un fibré vectoriel
sur une variété , telle qu’introduite par Hartshorne :
Notons le projectivisé du dual de
, la
projection et le fibré
inversible tautologique tel que :
Définition 0.1.
Le fibré est dit ample si est ample.
Quand le fibré vectoriel est engendré par l’espace de ses sections globales, on dispose du critère d’amplitude suivant, dû à Gieseker [9]:
Proposition 0.2.
(Gieseker) Le fibré est ample si et seulement si pour toute courbe , le fibré n’a pas de quotient isomorphe à .
Pour aborder la question de l’amplitude du fibré cotangent, nous sommes amenés à poser l’hypothèse suivante sur la surface considérée:
Hypothèse 0.3.
Nous travaillerons dans ce qui suit avec une surface définie sur , lisse, de type général, dont le fibré cotangent est engendré par l’espace de ses sections globales et d’irrégularité vérifiant .
L’article [7] de Conduché et Palmieri montre que de telles surfaces existent abondamment. Notons le fibré tangent, la projection et le fibré tautologique. On dispose d’une identification naturelle :
Définition 0.4.
Par hypothèse, le morphisme naturel est surjectif, le morphisme est donc également surjectif et définit un morphisme :
appelé l’application cotangente de la surface.
Ce morphisme et la question de l’amplidude du fibré cotangent sont les principaux objets d’étude du présent article. En vue de la proposition 0.2, on pose la définition suivante
Définition 0.5.
Une courbe est dite non-ample si et seulement si le fibré possède un quotient isomorphe à .
Les courbes non-amples constituent donc l’obstruction à l’amplitude du fibré cotangent ; nous en étudions les propriétés. L’application cotangente permet de traduire les propriétés algébriques du fibré cotangent par les propriétés géométriques de l’image de . Ainsi une courbe est non-ample si et seulement si il existe une section contractée en un point par . En ce cas, l’image de par est un cône de sommet .
Il est donc légitime de poser la définition suivante:
Définition 0.6.
Un point de est dit exceptionnel si la fibre de en est de dimension .
Nous noterons le lieu des points exceptionnels. Un problème naturel est d’étudier et de caractériser les surfaces pour lesquelles ce fermé est de dimension strictement positive.
Résumons les résultats obtenus en vue de ces problèmes:
Proposition 0.7.
L’image de l’application cotangente est de dimension .
Soit un point de . La fibre
est de dimension au plus .
Le lieu des points exceptionnels est de dimension au plus .
Nous établissons ensuite une borne sur le degré de l’application cotangente et sur le degré de son image en fonction des nombres de Chern de la surface.
Soit une courbe, on appellera suite cotangente de la suite exacte :
Le théorème suivant classifie partiellement les courbes non-amples de la surface :
Théorème 0.8.
Soit une courbe de la surface , alors :
a) La courbe est non-ample et vérifie si et seulement
si est lisse de genre .
b) La courbe est non-ample et vérifie si et seulement
si est lisse de genre et la suite cotangente est scindée.
Ce théorème s’obtient à partir d’un critère de lissité de Lipman [15]. La propriété a) nous semble un résultat particulièrement intéressant : étant donné une courbe vérifiant sur une surface lisse , il est facile de construire une fibré vectoriel sur engendré par ses sections globales et tel que soit la seule courbe pour laquelle admette un quotient trivial. Ceci illustre de nouveau les proprietés particulières que possède le fibré cotangent d’une surface.
Rappelons qu’une surface fibrée est dite isotriviale si ses fibres lisses sont isomorphes entre-elles. Donnons des exemples de courbes non-amples sur des surfaces:
Proposition 0.9.
a) Les fibres lisses d’une fibration de sont non-amples si et
seulement si la fibration est isotriviale.
b) Soit le produit symétrique d’une courbe de
genre et non-hyperelliptique. Cette surface vérifie les hypothèses
0.3 et contient une infinité de courbes non-amples
vérifiant . Son image est la variété des sécantes d’une
courbe.
La partie a) résulte d’un critère dû à Martin-Deschamps [16].
On dispose ainsi d’exemples de surfaces ayant une infinité de courbes
non-amples. Nous classifions ces surfaces dans le théorème suivant:
Théorème 0.10.
Soit
une surface possédant une infinité de courbes non-amples et telle
que le lieu exceptionnel ne soit pas une droite de .
L’image de l’application cotangente vérifie alors l’une des deux propriétés
suivantes :
a) La surface est une surface fibrée isotriviale dont les
fibres sont les courbes non-amples. Le lieu des points exceptionnels
est formé de deux courbes et l’image de l’application cotangente
est la variété développée par les sécantes de ces deux courbes.
b) L’image de l’application cotangente est la variété des sécantes
d’une courbe. Une courbe non-ample vérifie en
ce cas : . Il existe un morphisme fini de dans le produit
symetrique d’une courbe .
Je remercie vivement Igor Reider qui m’a proposé ce thème de travail. Je tiens a remercier également le Max-Planck Institute de Bonn où une partie de cet article a été rédigé.
1. Etude de l’application cotangente.
1.1. Les définitions de l’application cotangente.
Rappelons quelques proprietés partagées par une surface , sa variété d’Albanese, un morphisme d’Albanese et son fibré cotangent :
Lemme 1.1.
([11] p. 331). La différentielle du morphisme est le dual du morphisme d’évaluation .
Notons la projection sur le second facteur. Par définition, le morphisme est une immersion locale si le morphisme :
est injectif en tout point de . Le lemme 1.1 permet ainsi une interprétation géométrique de la condition 0.3:
Corollaire 1.2.
Le morphisme d’Albanese d’une surface est une immersion locale si et seulement si le fibré cotangent de la surface est engendré par ses sections globales.
Notation 1.3.
Maintenant et pour le reste de cet article, est une surface vérifiant les hypothèses 0.3 et on conservera les notations de l’introduction.
Le corollaire suivant est une conséquence immédiate du lemme 1.1 et permet une interprétation plus géométrique de l’application cotangente:
Corollaire 1.4.
L’application cotangente de est le projectivisé du morphisme :
L’application cotangente est donc le morphisme qui à un point de la surface et à une direction tangente associe la direction tangente dans la variété d’Albanese.
Regardons maintenant les propriétés de la restriction de l’application cotangente en la fibre d’un point . La fibre en de la projection est la courbe et la restriction de à cette courbe est le fibré de degré , donc:
Lemme 1.5.
La restriction de l’application cotangente à la fibre ( point de ) est un plongement et son image est une droite de .
Notation 1.6.
Pour un point de , on notera la droite image de la fibre par .
L’image de l’application cotangente est donc la réunion des droites ( point de ). Notons la grassmannienne des sous-espaces vectoriels de dimension de . Cette grassmannienne paramètre également les droites de l’espace projectif .
Définition 1.7.
Le morphisme de Gauss :
de la surface est défini par la surjection .
Par construction, le point représente la droite projective , ou encore :
Corollaire 1.8.
Le morphisme de Gauss est le morphisme qui à un point de la surface associe le point de représentant le plan :
Le corollaire de [19] montre que :
Lemme 1.9.
(Ran) Le morphisme de Gauss est fini sur son image.
Soit le fibré universel de et le projectivisé de . La situation étudiée est donc la suivante :
où sont les projections naturelles et le morphisme vérifie .
1.2. Dimension des fibres et de l’image de l’application cotangente.
Cette section porte sur les fibres de l’application cotangente et la dimension de son image. Nous établissons que ces fibres sont de dimension au plus et qu’il y a au plus une famille de dimension de fibres de dimension . Nous montrons ensuite que l’image de l’application cotangente est de dimension .
Lemme 1.10.
Soit un point de . Le morphisme est injectif sur les points de la fibre .
Démonstration.
Soit un point de . Si l’intersection de et de est non vide, cette intersection est nécessairement un point car est un plongement sur la fibre (cf. lemme 1.5). ∎
Notons l’image de l’application cotangente. Si est un point de , nous noterons l’image de la fibre par : le fermé sous-jacent est formé des points de la surface tels que la droite passe par .
Proposition 1.11.
Pour tout point de , la fibre et le schéma sont de dimension au plus .
Démonstration.
L’application cotangente n’est pas constante donc pour tout
point de , la dimension de
est inférieure ou égale à .
Supposons que la fibre de en un point soit de dimension
. Soit le schéma réduit associé à la fibre .
Par le lemme 1.10, la
restriction du morphisme à est injective
sur les points de . Puisque est propre, le morphisme :
est surjectif. Le morphisme est bijectif, séparable dans la variété normale : c’est un isomorphisme (cf. [17] remarque 6.21). Il existe donc un morphisme tel que soit l’identité. A ce morphisme correspond un quotient :
où est le fibré inversible qui vérifie ( [12] chapitre II proposition 7.12). Le fibré est trivial au point et, puisque contracte au point , le fibré :
est trivial. Ainsi possède un quotient d’image un fibré
inversible trivial. Puisque est engendré par ,
ce quotient a une section et
( diviseur canonique). Cela est impossible car nous avons supposé
de type général. La fibre de en un point est donc de
dimension au plus .
Pour tout point de , l’image de la fibre
par est donc également de dimension inférieure
ou égale à .
∎
Soit un point de tel que soit de dimension . Considérons une composante irréductible de dimension de munie de sa structure réduite, alors :
Proposition 1.12.
L’image par l’application cotangente de la surface réglée est un cône de sommet .
Démonstration.
L’application est injective sur les fibres de , le fermé
irréductible est donc au moins de dimension .
Si est de dimension , alors c’est une
droite projective et pour tout
point de , on a : . Mais cela est impossible car
le morphisme de Gauss est fini (lemme 1.9).
Donc est une surface et puisque toutes les
droites ( point de ) passent par le point , c’est
un cône de sommet .∎
Définition 1.13.
Un point de est dit exceptionnel si la fibre est de dimension .
Soit l’ensemble des points exceptionnels. Par la proposition 1.12, chaque point de est le sommet d’un cône. Etudions la géométrie de :
Proposition 1.14.
L’image de l’application cotangente est de dimension ; est un fermé de vide ou de dimension inférieure ou égale à .
Démonstration.
Notons l’image de l’application cotangente et la
restriction de à son image.
Si les fibres générique de sont de dimension
alors est de dimension . En ce cas, pour tout point
de , le schéma est de dimension et le fermé
est de dimension contenu dans la surface irréductible . Cela
implique que est égal à . Ainsi deux
points quelconques de sont sommets de cônes et sont reliés par
une droite contenue dans pour laquelle il existe tel
que .
On en déduit que est un plan projectif. Or la variété
est non-dégénérée dans , ainsi : . Mais on
a fait l’hypothèse que la surface est d’irrégularité .
Ainsi, pour un point générique de l’image de , le schéma
est de dimension nulle et est génériquement finie
sur son image.
Le morphisme étant propre et génériquement fini, l’ensemble
des points exceptionnels est un sous-schéma fermé de
(cf. [12] p.94).
∎
1.3. Degré de l’application , degré de .
1.3.1. Degré de l’application cotangente et de son image.
Après avoir étudié les fibres de l’application cotangente, nous étudions son degré.
Soit l’image de l’application cotangente, notons son degré et le degré de l’application sur son image.
Proposition 1.15.
Soit et les classes de Chern de la surface, alors :
Démonstration.
Soit une section hyperplane de , notons : . Par définition des classes de Chern de , le cycle vérifie :
Puisque et , on a donc : et par substitution, on obtient :
Le degré du terme de droite est égal à celui de . De plus : et , donc où et sont les nombres de Chern de la surface. ∎
Rappelons le diagramme suivant, noté (*):
Le morphisme vérifie : . Notons la restriction de à l’image de sur l’image de ainsi :
Proposition 1.16.
Le degré de est le produit du degré du morphisme de Gauss par le degré de .
Remarque 1.17.
L’image de l’application cotangente étant non-dégénérée, son degré est supérieur ou égal à , donc le degré de la restriction de l’application cotangente est majoré par .
1.3.2. Degré du morphisme de Gauss.
Comme nous allons le voir, on peut créer des surfaces dont le
degré du morphisme de Gauss est arbitraire. Nous
saisissons l’occasion pour construire également des surfaces dont
le fibré cotangent n’est pas ample:
La donnée d’un revêtement est un triplet
où est un diviseur lisse sur , un fibré inversible
et un entier tel que .
Si , on demande de plus que soit le plus petit entier
tel que . A une telle donnée est
associé un revêtement cyclique ramifié
en où est une surface lisse.
On a :
Proposition 1.18.
A) Si la surface ne possède
pas de fibrations, alors il existe une infinité de données de revêtements
tels que:
i) la surface vérifie l’hypothèse 0.3,
ii) le morphisme
est un isomorphisme qui permet d’identifier ces deux espaces.
iii) sous cette identification, on a : .
En particulier le degré de est divisible par
et l’application cotangente de a même image que celle de .
Ainsi est ample si et seulement si est
ample.
B) Si est ample, alors le fibré cotangent de n’est pas
engendré par ses sections globales au-dessus de et n’est pas
ample.
Démonstration.
Rappelons ([2], chap. I, Lemma 17.2) que :
donc .
Supposons . Beauville [4] a montré que du
fait que ne possède pas de fibrations, il n’existe qu’un nombre
fini de fibrés inversibles tels que .
Ainsi il existe une infinité de données de revêtements
tels que pour .
Si est ample, les groupes sont
également nuls par le théorème d’annulation de Mumford.
Dans les deux cas, le morphisme injectif
est un isomorphisme. Considérons le diagramme suivant:
où les flèches verticales sont les morphismes définis au paragraphe 1.1 et où est le noyau de la différentielle de . Le support de est le lieu de ramification et la suite :
est exacte.
Si , le corollaire 1.8
implique que l’image d’un point de par le morphisme
est la même que l’image du point par .
Ce morphisme se factorise donc par
qui est de degré . Les applications cotangentes de et
ont donc la même image.
Si est ample, alors n’est pas engendré sur .
Le théorème 1 de Spurr [23] montre que n’est
pas ample.∎
Remarque 1.19.
On ne connait pas d’exemples de surfaces ne possédant qu’un nombre fini de courbes non-amples (voir définition supra) telles que . La démonstration du théorème 1 de [23] montre que si est ample, la courbe est l’unique obstruction à l’amplitude de .
La démonstration de la proposition 1.18
montre que les seuls morphismes entre deux surfaces
vérifiant l’hypothèse 0.3 et de même irrégularité
sont étales. Les application de Gauss des deux surfaces ont alors
la même image et que les applications cotangentes des deux surfaces
également.
La question se pose de savoir si l’image du morphisme de Gauss
est toujours birationelle à une surface de même irrégularité. L’exemple
suivant montre que cela n’est pas le cas:
Soit une surface vérifiant les hypothèses 0.3. Supposons que possède une involution telle que le morphisme quotient soit étale et telle que la surface quotient soit régulière.
Proposition 1.20.
Le morphisme de Gauss de se factorise par la surface régulière et est de degré au moins .
Démonstration.
Le revêtement étale vérifie où est un fibré inversible tel que . La codifferentielle:
est un isomorphisme et donc:
Notons le sous-systeme linéaire du système canonique de défini par l’image du morphisme :
Le sous-systeme linéaire du système canonique de défini par l’image du morphisme :
vérifie: . Puisque est engendré par sections globales, le système est sans points base et définit un morphisme . Ce morphisme se factorise par suivi du morphisme naturel . Le morphisme de Gauss
se factorise donc par la surface régulière et est de degré au moins . ∎
Soit une variété abélienne de dimension . Soit une involution telle que pour toute -forme holomorphe de . Une surface lisse d’irrégularité vérifie l’hypothèse 0.3. Supposons de plus que soit non dégénérée dans , stable par et ne contienne pas de points fixes de . Le quotient de par est alors une surface régulière. On a ainsi caractérisé les surfaces possédant une telle involution et dont le morphisme d’Albanese est un plongement.
Exemple 1.21.
On obtient une telle surface par intersection complète de diviseurs irréductibles, amples, tels que et ne contenant pas de points fixes de l’involution . Le théorème de Lefschetz ([14] Remark 3.1.32) relatif à l’intersection de diviseurs amples implique alors que la surface est irréductible et d’irrégularité .
La famille de ces surfaces n’est pas limitée.
On ignore si une surface intersection complète de diviseurs amples
génériques de possède un morphisme de Gauss de degré . Si
tel est le cas, cela donnerait un exemple d’une famille de surfaces
pour lequel le degré du morphisme de Gauss varie.
1.3.3. Degré du cycle .
La proposition suivante met en rapport les propriétés numériques d’une courbe avec les propriétés numériques du cycle :
Proposition 1.22.
Soit une courbe contenue dans ; le degré de est égal à où est un diviseur canonique.
Démonstration.
Soit une section hyperplane et . Par définition, le degré de est le degré de l’intersection de et de . Le morphisme étant propre, on peut utiliser la formule de projection :
Les degrés de et de étant égaux, il reste à montrer que le degré de est égal à . Les classes de Chern du fibré vérifient : dans l’anneau de Chow de . D’où :
or le degré de est . ∎
2. Etude des courbes non-amples.
2.1. Critère de contraction, décomposition du fibré cotangent.
Soit une surface vérifiant les hypothèses 0.3 et soit une courbe de i.e. un schéma de dimension réduit et irréductible. Notons un diviseur canonique de .
Lemme 2.1.
Une courbe
possède une section contractée
en un point par l’application cotangente si et seulement si il existe
un morphisme surjectif :
En ce cas le noyau du morphisme est isomorphe à
et la suite exacte :
est scindée.
Démonstration.
Soit une section et soit
le quotient correpondant à la section , où le fibré inversible
vérifie :
et .
Le morphisme est constant si et seulement si
est trivial. Supposons qu’un tel quotient trivial existe. Puisque
le fibré est engendré par ses
sections globales, existe une section
telle que soit une section non nulle de
: cela fournit une section du quotient .∎
Définition 2.2.
Une courbe est dite non-ample si la restriction du fibré cotangent à possède un quotient isomorphe à .
2.2. Classification et lissité des courbes non-amples.
Soit une courbe réduite irréductible contenue dans la surface et le faisceau des différentielles. La suite naturelle suivante :
est exacte (cf. [12] proposition 8.12) ; on l’appellera la
suite cotangente de la courbe .
Le théorème suivant classifie partiellement les courbes non-amples
suivant la valeur de l’intersection :
Théorème 2.3.
Soit une courbe réduite
et irréductible.
1) La courbe est une courbe non-ample et vérifie
si et seulement si est lisse et de genre . En ce cas la suite
cotangente est scindée.
2) La courbe est une courbe non-ample et vérifie
si et seulement si est lisse, de genre et la suite cotangente
est scindée. En ce cas le fibré normal est trivial.
La courbe est lisse si et seulement si le faisceau est localement libre de rang ([12] théorème 8.17, Chap. II). Pour démontrer le théorème 2.3, nous aurons besoin d’un résultat de Lipman qui est la version duale de ce critère de lissité.
Théorème 2.4.
(Lipman [15] theorem 1) Une courbe définie sur un corps de caractéristique nulle est lisse si et seulement si est un fibré inversible.
Nous utiliserons également le lemme suivant ([2], lemme , Chap. II) :
Lemme 2.5.
Notons un fibré inversible de degré négatif ou nul sur une courbe . Le fibré est isomorphe au fibré trivial si et seulement si l’espace est non nul.
Montrons le théorème 2.3 :
Soit une courbe contenue dans la surface. La suite duale de la suite exacte :
est la suite exacte :
Si est une courbe non-ample, alors la suite exacte :
est scindée (proposition 2.1) ; la suite duale est :
Considérons le diagramme suivant à lignes et colonnes exactes :
où et rendent le diagramme commutatif.
Notation 2.6.
Lorsque dans la suite de ce paragraphe dénote une courbe non-ample de , les notations renvoient à ce diagramme.
Le lemme suivant montre la première affirmation du théorème 2.3 :
Lemme 2.7.
Soit une courbe contenue
dans . Les quatres assertions suivantes sont équivalentes :
a) la courbe est non-ample et le morphisme est nul.
b) la courbe est non-ample et le morphisme est nul.
c) la courbe est une courbe lisse de genre .
d) la courbe est non-ample et .
Si une des assertions est vérifiée, alors la suite cotangente de
est scindée.
Démonstration.
Soit une courbe. Supposons que le point a) soit vérifié i.e. est non-ample et le morphisme :
est nul. Montrons que b) est vérifié. Puisque est nul, par propriété du noyau de , il existe un morphisme tel que le diagramme suivant :
commute et tel que soit injectif (car est injectif). Puisque le morphisme se factorise par , est nul sur le sous--module de . Le morphisme se factorise donc par le quotient de par . Ce quotient est de torsion et puisque est un fibré inversible, le morphisme :
est nul. Nous avons donc montré que a) implique b).
Réciproquement montrons que b) implique a). La situation est symétrique
de la précédente implication :
Soit une courbe non-ample telle que le morphisme
soit nul. Par propriété du noyau de , l’injection
se factorise par un morphisme
tel que le diagramme suivant :
commute. Le morphisme est de plus injectif car est injectif. Puisque le morphisme se factorise par , est nul sur le sous--module de . Le morphisme se factorise donc par le quotient de par . Ce quotient est de torsion et puisque est un fibré inversible, le morphisme :
est nul. Nous avons donc montré que b) implique a).
Il y a donc équivalence entre les points a) et b) et de plus, si
est une courbe non-ample vérifiant a) et b), nous avons construit
deux morphismes injectifs et
. Le composé
est un morphisme injectif, c’est donc un isomorphisme et on en déduit
que est un morphisme surjectif.
Le faisceau est donc isomorphe à . Le théorème
de Lipman 2.4 permet alors de conclure que la courbe
est lisse.
En ce cas est un fibré inversible, donc :
et puisque est trivial, le fibré est trivial.
Ainsi est lisse de genre et nous avons montré que si le
point a) ou b) est vérifié, alors c) est vérifié.
Soit une courbe vérifiant c) i.e. est
lisse de genre . Le quotient naturel
est un quotient trivial et surjectif donc est une courbe non-ample.
De plus, par adjonction : et puisque les hypothèses
sur entrainement que le diviseur canonique est ample, on
en déduit que nécessairement est strictement négatif. Ceci
montre que c) entraîne d). (Remarquons de plus que la proposition
2.1 montre que la suite cotangente est scindée).
Soit une courbe vérifiant l’hypothèse d) i.e. est non-ample
et . En ce cas, le morphisme
est une section du fibré . Mais ce fibré est
de degré strictement négatif et le lemme 2.5
montre que . Nous avons montré que d) entraîne b).
Les quatres assertions a), b), c), d) sont donc équivalentes.
∎
Montrons maintenant la seconde affirmation du théorème 2.3.
- Soit une courbe non-ample vérifiant , montrons que est lisse de genre et que la suite cotangente est scindée. Le morphisme :
est nécessairement non nul car nous avons montré au lemme 2.7 que entraîne . Ce morphisme peut être considéré comme une section non nulle de l’espace . Puisque le fibré est de degré , le lemme 2.5 montre que est trivial. Le morphisme :
est alors un isomorphisme ; le morphisme :
est donc surjectif et son noyau est un fibré inversible. Nous pouvons donc appliquer le théorème de Lipman 2.4 et conclure que si est une courbe non-ample telle que , alors la courbe est lisse. De plus, la suite suivante :
est exacte et scindée par un multiple du morphisme (car est un isomorphisme). La suite cotangente qui est donc scindée.
- Réciproquement, soit une courbe lisse contenue dans la surface telle que et telle que la suite cotangente soit scindée ; montrons que est non-ample. Puisque la suite cotangente est scindée, le fibré est isomorphe à . Mais est engendré par restriction des sections globales de , donc l’espace est non nul. Par le lemme 2.5, est trivial. Ainsi le fibré admet un quotient trivial et est non-ample.
Soit lisse non-ample vérifiant . La suite cotangente :
ne peut être scindée car est engendré par ses sections globales mais le fibré est de degré .
Ceci achève la démonstration du théorème 2.3.
2.3. Exemple des fibrations et géométrie de l’image par de .
Soit une surface vérifiant les hypothèses 0.3 et telle qu’il existe un morphisme surjectif à fibres connexes dans une courbe lisse . En [16] p. 50, Martin-Deschamps montre qu’une fibre lisse ( point de ) est non-ample si et seulement si est un zéro du morphisme de Kodaira-Spencer associé à la fibration (pour la définition de voir [21], exposé III) . La fibration est dite isotriviale si le morphisme de Kodaira-Spencer est nul. Ainsi:
Corollaire 2.8.
Si la fibration est isotriviale, alors la surface possède une infinité de courbes non-amples.
On dispose ainsi d’exemples de surfaces ayant un nombre infini de courbes non-amples telles que .
Soit une courbe contenue . Notons la surface image de par , notons le noyau du morphisme de restriction :
et la dimension de . Notons de plus l’espace quotient de par et son dual. L’espace projectif est naturellement plongé dans .
Proposition 2.9.
A) L’enveloppe linéaire de la surface
dans est l’espace projectif
de dimension .
B) Si , alors vérifie
: . Si de plus , alors un multiple de
est une fibre d’une fibration de dans une courbe de genre .
C) De plus, si est une courbe non-ample, alors .
D) Réciproquement, si est non-ample et fibre d’une fibration
de dans une courbe de genre , alors .
Cette proposition entraine qu’une courbe non-ample telle que crée une singularité sur l’image de l’application cotangente pourvu que (voir également corollaire 2.12).
Soit une courbe sur une surface lisse . On note le faisceau des différentielles de . Pour démontrer la proposition, on utilisera principalement le lemme suivant dû à Spurr ([22] Theorem 1):
Lemme 2.10.
Soit une -forme holomorphe telle que . Alors la courbe vérifie : . Si de plus , alors un multiple de est la fibre d’une fibration dans une courbe lisse de genre .
Ce lemme a la conséquence directe suivante :
Lemme 2.11.
Soit une fibration dans une courbe et soit une courbe telle que soit une fibre de (pour un certain ). Une -forme holomorphe de est un élément de si et seulement si la restriction est nulle.
Démonstration.
(De la proposition 2.9). Posons et le morphisme d’inclusion. Le morphisme est obtenu par le quotient :
qui se factorise comme suit :
L’image de la surface par est donc contenue et non-dégénérée
dans .
Si est strictement contenu dans ,
alors il existe une -forme dont la restriction à est nulle.
Par le lemme 2.10, on a alors : et de plus,
si , alors est une fibre d’une fibration
dans une courbe de genre .
Considérons maintenant une courbe non-ample. Supposons qu’un multiple de soit la fibre d’une fibration . Par le théorème 2.3, la courbe est lisse, le fibré normal est trivial et:
où est un diviseur canonique de . On identifie avec le fibré canonique de . Si (où est un point de ), le noyau du morphisme de restriction:
est l’image réciproque par de l’hyperplan de formé des formes nulles en , ainsi . ∎
Soit une courbe non-ample de . Soit le cône image de par . Si l’image de l’application cotangente est lisse au sommet du cône , alors les droites passant par sont contenues dans l’espace projectif tangent à . Ainsi la surface est contenue dans un sous-espace projectif de dimension de . Si , la proposition 2.9 et le théorème 2.3 impliquent le résultat suivant:
Corollaire 2.12.
Sous les hypothèses précédentes,
la courbe vérifie l’une des deux propriétés suivantes:
a) ou bien et est une courbe elliptique,
b) ou bien et un multiple de est la fibre d’une
fibration dans une courbe de genre et .
Les courbes de genre petit ont des conséquences particulières sur l’image de l’application cotangente:
Corollaire 2.13.
Soit une courbe lisse de genre . La courbe
vérifie : . Si , alors est une courbe
non-ample et il existe un entier tel que soit la fibre
d’une fibration dans une courbe de genre .
Si de plus , alors la fibration est isotriviale à fibres
de genre .
Il existe alors une droite
et une courbe disjointes et telles
que l’image de l’application cotangente soit balayée par les plans
passant par un point de et contenant .
La dernière assertion est un cas particulier du corollaire 3.10 démontré plus loin.
Démonstration.
Notons un diviseur canonique. La restriction à du morphisme
de Gauss suivis du plongement de
Plücker de est donné par le fibré .
Puisque est fini, on a et si , alors
l’image de par est une droite. Une droite de la
grassmanienne correspond à l’ensemble des droites passant par un point
et contenues dans un plan de . Ainsi est non-ample.
L’espace
est de dimension , la base de la fibration est donc de genre .
Si , les fibres lisses sont de genre , donc non-amples,
et la fibration est isotriviale.
∎
3. Surfaces contenant une infinité de courbes non-amples.
3.1. Caractérisation de l’image de l’application cotangente.
Rappelons que nous avons noté le lieu des points exceptionnels
i.e. des points de tels que la fibre
soit de dimension . La dimension de est inférieure ou
égale à .
Supposons que le fermé contienne une composante irréductible
de dimension . En ce cas son image inverse
est de dimension . Soit une composante irréductible de dimension
de munie de la structure réduite. Notons
et les restrictions à du morphisme de projection
et de l’application cotangente :
Rappelons qu’une droite de est dite sécante d’une courbe si elle coupe en au moins deux points. Si est une seconde courbe, une droite est dite sécante de et de si elle passe par et .
Le théorème suivant caractérise les surfaces qui contiennent une infinité de courbes non-amples :
Théorème 3.1.
Le morphisme est surjectif. Si est
un point générique de alors la droite coupe en
points où est le degré de .
1) Si et si n’est pas une droite de ,
alors le morphisme est un isomorphisme. La
surface possède une fibration isotriviale.
Le lieu des points exceptionnels est formé de deux courbes
lisses irréductibles qui sont images de morphismes
canoniques de deux courbes.
L’image de l’application cotangente est la variété des sécantes
de ces courbes et l’image du morphisme de Gauss est la surface .
2) Si , alors l’image de l’application cotangente est
la variété des sécantes de . Une courbe non-ample
vérifie : où est le
degré du morphisme de Gauss.
L’image du morphisme de Gauss est birationnelle à .
Commençons par le lemme suivant :
Lemme 3.2.
Le morphisme est surjectif.
Démonstration.
Si est un diviseur vertical pour la projection , alors
la courbe est une droite projective et pour tout point
de , . La courbe est alors contractée
en un point par le morphisme de Gauss. Cela est impossible car
est fini (lemme 1.9).
Le morphisme étant propre, le morphisme est surjectif.
∎
Le degré de est égal au nombre d’intersection dans de et de la fibre en un point générique de .
Lemme 3.3.
Soit un point de la surface. La droite coupe et si est générique, alors coupe la courbe en points.
Démonstration.
Par le lemme 3.2, la fibre coupe dans
donc l’image de par coupe
l’image de par , c’est-à-dire : coupe .
L’application cotangente est un plongement sur .
Cela implique que si l’intersection de et de
contient points distincts, alors coupe en
points distincts.
∎
Démonstration de la partie 1) du théorème 3.1.
Supposons que le degré de vaut .
Lemme 3.4.
Si et si n’est pas une droite, alors le morphisme est un isomorphisme et la fibration de Stein associée à la fibration est isotriviale.
Démonstration.
Puisque le degré de est égal à , le morphisme
est birationnel (cf. [17] remarque
6.21). La surface est normale. Le théorème principal de Zariski
montre que si l’application rationnelle n’est pas définie
en un point de , alors l’image inverse
est une courbe de .
En ce cas, la fibre est contenue dans . Puisque
l’application cotangente est un plongement sur , on
en déduit alors que est égal à . Mais le
cas 1) suppose que n’est pas une droite de .
Il existe donc un morphisme réciproque à
. Les composantes lisses irréductibles d’une fibre de
sont des courbes non-amples. Le corollaire 2.8
permet conclure que la surface admet une fibration isotriviale.
∎
Il nous reste à caractériser l’image de l’application cotangente. Supposons que la courbe ne soit pas une droite et que le degré de soit égal à , alors :
Proposition 3.5.
Le fermé est formé de deux courbes
lisses irréductibles qui sont images de morphismes
canoniques de courbes.
L’image de est la réunion des droites sécantes des courbes
et .
Pour montrer cette proposition, nous allons nous ramener à supposer que est un produit de deux courbes.
Soit une surface vérifiant les hypothèses de la proposition 3.5. Le lemme 3.4 montre que est isotriviale. Il existe en ce cas un morphisme à fibres connexes dont les fibres lisses sont isomorphes entre elles, notons une telle fibre, alors :
Lemme 3.6.
Il existe une
courbe lisse et un groupe agissant algébriquement sur
et tels que :
i) La surface est birationnelle au quotient .
ii) La courbe est isomorphe à .
iii ) Le diagramme suivant commute :
Ici le groupe agit sur composante par composante (i.e. ) et la flèche verticale de droite est la projection naturelle.
Démonstration.
Voir [20]. ∎
Soit une surface vérifiant l’hypothèse de la proposition 3.5 et :
possédant les propriétés du lemme 3.6.
Puisque la surface ne contient pas de courbes rationelles,
la surface est lisse et égale à .
La surface isotriviale admet deux fibrations
et , notons
le morphisme .
Le lemme suivant est la proposition 2.2 de [20] :
Lemme 3.7.
L’espace des sections globales du fibré cotangent est :
Les surfaces et ont la même irrégularité. Par la remarque 1.19, on obtient :
Corollaire 3.8.
Par l’identification , les applications cotangentes de et du produit ont la même image.
Pour terminer la démonstration de la proposition 3.5, il nous reste à comprendre quelle est l’image de l’application cotangente d’une surface isotriviale quand est le groupe trivial. Puisque est de type général, ces deux courbes sont de genres respectifs supérieurs ou égaux à . le lemme suivant est classique:
Lemme 3.9.
Soit deux courbes de genre et . La surface vérifie l’hypothèse 0.3 et ses nombres de Chern vérifient :
Soit donc avec de genre et . Notons les projections respectives. Le fibré cotangent vérifie :
et l’espace des sections globales s’identifie
à . La
surface est d’irrégularité .
Pour , notons
le composé du morphisme canonique :
avec le plongement naturel :
Notons de plus l’image du morphisme . La proposition suivante caractérise l’image de l’application cotangente de et est une conséquence directe de la définition du morphisme de Gauss 1.7:
Proposition 3.10.
Soit un point de la surface . La droite passe par les points et ; les courbes lisses et forment l’ensemble des points exceptionnels.
La première partie du théorème 3.5 est donc démontrée.
Démonstration de la partie 2) du théorème 3.1.
Supposons maintenant que le degré du morphisme soit supérieur ou égal à .
Soit un point générique de . Par le lemme 3.3,
la droite passe par points de et il y a trois
possibilités :
i) Il existe un point de telle que la droite générique
passe par .
ii) Il existe des points de telle que
la droite passe par .
iii) L’intersection de et de se fait en deux points
variables de .
Le cas i) est exclu car alors aurait une fibre de dimension
en , ce qui contredirait le lemme 1.11.
Le cas ii) est exclu car l’image de l’application cotangente serait
alors une droite.
Ceci montre que l’image de est la variété développée par
les sécantes de . Puisque l’image de est non-dégénérée,
la courbe est non-dégénérée dans . Les fibres
de sont donc finies car si contenait une fibre ,
alors serait une droite et l’image de l’application cotangente
serait cette droite.
Soient deux points génériques de . La courbe
est une courbe non-ample et . Une sécante
de générique est repérée de manière unique par les deux points
de l’intersection de et , et le cardinal des droites
telles que est égal à (voir
les diagrammes du paragraphe 1.3.1),
ainsi :
Ceci termine la démonstration du théorème 3.1 .
3.2. Compléments au cas d’une surface produit de deux courbes.
Soit deux courbes de genres respectifs supérieur ou égaux à et soit le nombre de courbes hyperelliptiques parmis .
Proposition 3.11.
La surface vérifie l’hypothèse 0.3. Le degré de l’image de l’application cotangente de la surface est :
et le degré de l’application cotangente et du morphisme de Gauss est .
Démonstration.
On reprend les notations de la démonstration du théorème 3.1.
Soit , notons le degré de .
Si la courbe est hyperelliptique alors ,
sinon .
Soit
deux formes génériques. L’intersection de avec l’hyperplan
est une surface formée des cônes reliant points
de aux points de .
L’intersection de avec l’hyperplan
est formée des droites reliant points de à
points de et est de degré . Ainsi .
Pour le degré de l’application cotangente, on utilise la proposition
1.15.
∎
3.3. Exemple du produit symétrique.
Soit une courbe de genre . L’involution agit sur la surface . On notera la surface quotient et
le morphisme quotient. Il existe un isomorphisme naturel :
appelé morphisme trace [10] qui permet d’identifier les deux espaces et . Puisque la courbe n’est pas hyperelliptique, le morphisme canonique :
est un plongement.
Proposition 3.12.
Soit une courbe
non-hyperelliptique de genre .
La surface vérifie l’hypothèse 0.3.
Pour tout point de , la courbe
est une courbe non-ample et vérifie .
L’image de l’application cotangente est la variété des sécantes
de
et la courbe est le lieu des points
exceptionnels.
Si , on a:
où est le degré de l’application cotangente et celui de son image. Si , alors .
Rappelons que pour un point de , nous avons noté l’image par l’application de . Pour un point de , on note l’idéal de définition de . Pour un diviseur de , on note le fibré .
Lemme 3.13.
Supposons que soit non-hyperelliptique
de genre supérieur ou égal à .
a) Le morphisme naturel est
un morphisme d’Albanese et un plongement. Le fibré cotangent
est engendré par ses sections globales.
b) Les invariants numériques de sont :
c) Soit un point de , l’image par l’isomorphisme
trace de l’espace est .
d) Soit avec . La
droite est la droite passant par les points
et .
Démonstration.
Le degré de la variété des sécantes à une courbe lisse de genre et de degré dans un espace projectif de dimension est égal a
donc le degré de l’image de est si . Par la proposition 1.15, on a donc .
Soit , pour tout élément de , la droite
(correspondant au point ) passe par . Le
point est donc sommet d’un cône et est une courbe
non-ample. On vérifie que .
La proposition 3.12 est
donc démontrée.
Les revêtements étales de surfaces isogènes à un produit donnent des exemples différents de surfaces possédant une infinité de courbes non-amples telles que .
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