Minoration de la hauteur de Néron-Tate sur les surfaces abéliennes

Fabien Pazuki

Manuscripta Mathematica 229-0593

Résumé : On obtient dans le présent texte des résultats en direction d’une conjecture de Lang et Silverman de minoration de la hauteur canonique sur les variétés abéliennes de dimension 2 sur un corps de nombres. La méthode utilisée est une décomposition en hauteurs locales. On déduit en corollaire une borne uniforme sur la torsion de familles de surfaces abéliennes et une borne uniforme sur le nombre de points rationnels de familles de courbes de genre 2.

Abstract : This paper contains results concerning a conjecture made by Lang and Silverman, predicting a lower bound for the canonical height on abelian varieties of dimension 2 over number fields. The method used here is a local height decomposition. We derive as corollaries uniform bounds on the number of torsion points on families of abelian surfaces and on the number of rational points on families of genus 2 curves.

Keywords : Heights, Abelian varieties, Torsion points, Rational points.

Mathematics Subject Classification : 11G50, 14G40, 14G05, 11G30, 11G10.

1. La conjecture de Lang et Silverman

1.1. Présentation

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d sur \mathbb{Q}. On va s’intéresser à une question figurant dans le livre de S. Lang [19] page 92 et qui concerne la minoration de la hauteur de Néron-Tate d’un point rationnel d’ordre infini sur une courbe elliptique. Cette question a été la source d’un grand nombre de travaux et de généralisations en géométrie diophantienne. On peut la formuler de la manière suivante :

Conjecture 1.1.

(Lang) Pour tout corps de nombres k𝑘k, il existe une constante positive c(k)𝑐𝑘c(k) telle que pour toute courbe elliptique E𝐸E définie sur k𝑘k et tout point P𝑃P d’ordre infini de E(k)𝐸𝑘E(k) on ait :

h^(P)c(k)max{logNk/(ΔE),h(jE)},^𝑃𝑐𝑘subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸subscript𝑗𝐸\widehat{h}(P)\geq c(k)\,\max\Big{\{}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E}),h(j_{E})\Big{\}},

h^(.)\widehat{h}(.) est la hauteur de Néron-Tate sur E𝐸E, Nk/(ΔE)subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E}) la norme du disciminant minimal de la courbe E𝐸E et h(jE)subscript𝑗𝐸h(j_{E}) la hauteur de Weil logarithmique et absolue de l’invariant modulaire jEsubscript𝑗𝐸j_{E} de la courbe E𝐸E.

On trouve des résultats en direction de cet énoncé dans les travaux de J. Silverman [33] et [34], M. Hindry et J. Silverman dans [15] et de S. David dans [4]. Citons aussi M. Krir [18] et C. Petsche [30]. M. Hindry et J. Silverman obtiennent dans [15], corollaire 4.2 (ii) de leur théorème 4.1 (page 430 et 431), le résultat suivant :

Théorème 1.2.

(Hindry, Silverman) Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soit E/k𝐸𝑘E/k une courbe elliptique de disciminant minimal ΔEsubscriptΔ𝐸\Delta_{E} et de conducteur FEsubscript𝐹𝐸F_{E}. On note σEsubscript𝜎𝐸\sigma_{E} le quotient de Szpiro défini par σE=logNk/(ΔE)/logNk/(FE)subscript𝜎𝐸subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸subscriptN𝑘subscript𝐹𝐸\sigma_{E}=\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E})/\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(F_{E}). Alors pour tout point PE(k)𝑃𝐸𝑘P\in{E(k)} d’ordre infini on a la minoration :

h^(P)(20σE)8d104σE112max{logNk/(ΔE),h(jE)}.^𝑃superscript20subscript𝜎𝐸8𝑑superscript104subscript𝜎𝐸112subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸subscript𝑗𝐸\widehat{h}(P)\geq(20\sigma_{E})^{-8d}10^{-4\sigma_{E}}\frac{1}{12}\max\Big{\{}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E}),h(j_{E})\Big{\}}.

Une conjecture de Szpiro, équivalente à une forme de la conjecture ABC, affirme que σEsubscript𝜎𝐸\sigma_{E} est uniformément borné et entraîne donc la conjecture de Lang via ce théorème de Hindry et Silverman. La conjecture sur les courbes elliptiques a ensuite été généralisée aux variétés abéliennes de dimension supérieure par J. Silverman dans [34] page 396 :

Conjecture 1.3.

(Lang, Silverman) Soit g1𝑔1g\geq 1. Pour tout corps de nombres k𝑘k, il existe une constante strictement positive c(k,g)𝑐𝑘𝑔c(k,g) telle que pour toute variété abélienne A/k𝐴𝑘A/k de dimension g𝑔g, pour tout diviseur ample et symétrique 𝒟Div(A)𝒟Div𝐴\mathcal{D}\in{\mathop{\mathrm{Div}}(A)} et tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} tel que P={mP|m}𝑃conditional-set𝑚𝑃𝑚\mathbb{Z}\!\cdot\!P=\{mP|m\in{\mathbb{Z}}\} est Zariski-dense on ait :

h^A,𝒟(P)c(k,g)max{1,hF(A/k)},subscript^𝐴𝒟𝑃𝑐𝑘𝑔1subscriptF𝐴𝑘\widehat{h}_{A,\mathcal{D}}(P)\geq c(k,g)\,\max\Big{\{}1,\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k)\Big{\}},

h^A,𝒟(.)\widehat{h}_{A,\mathcal{D}}(.) est la hauteur de Néron-Tate sur A𝐴A associée au diviseur 𝒟𝒟\mathcal{D} et hF(A/k)subscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k) est la hauteur de Faltings (relative) de la variété abélienne A𝐴A.

Remarque 1.4.

Il y a plusieurs notions de hauteur d’une variété abélienne A𝐴A. L’énoncé de cette conjecture est plus fin avec la hauteur de Faltings relative hF(A/k)subscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k) comme minorant qu’avec la hauteur de Faltings stable hst(A)subscriptst𝐴\mathop{h_{\mathrm{st}}}(A). Rappelons de plus que la hauteur de Faltings stable est comparable à une hauteur modulaire (voir [8], [6] ou [29]), comme par exemple la hauteur thêta hΘ(A)subscriptΘ𝐴h_{\Theta}(A), vérifiant |hF(A)2hΘ(A)|loghΘ(A)much-less-thansubscriptF𝐴2subscriptΘ𝐴subscriptΘ𝐴|\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A)-2h_{\Theta}(A)|\ll\log h_{\Theta}(A), où la constante implicite dépend seulement de la dimension g𝑔g et d’un niveau de torsion r𝑟r fixé (on prendra en général r=4𝑟4r=4). Dans ce texte on utilisera aussi la hauteur de Faltings modifée relative (définie plus bas par la formule (3), voir aussi [29]) notée hF(A/k)superscriptsubscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k), et son avatar stable notée hst(A)superscriptsubscriptst𝐴\mathop{h_{\mathrm{st}}^{\prime}}(A), qui vérifie |hst(A)2hΘ(A)|1much-less-thansuperscriptsubscriptst𝐴2subscriptΘ𝐴1|\mathop{h_{\mathrm{st}}^{\prime}}(A)-2h_{\Theta}(A)|\ll 1 (où la constante implicite dépend seulement de la dimension g𝑔g et d’un niveau de torsion r𝑟r fixé).

S. David a proposé dans [5] une preuve partielle de cette conjecture généralisée, preuve basée sur un raisonnement de type transcendance : il donne une borne inférieure pouvant tendre vers l’infini avec la hauteur thêta de la variété.

Théorème 1.5.

(David) Soient g1𝑔1g\geq 1 un entier, k𝑘k un corps de nombres, v𝑣v une place archimédienne, (A,𝒟)/k𝐴𝒟𝑘(A,\mathcal{D})/k une variété abélienne principalement polarisée de dimension g𝑔g et τvsubscript𝜏𝑣\tau_{v} une matrice du domaine de Siegel (voir paragraphe 1.3) telle que A(k¯v)g/g+τvg𝐴subscript¯𝑘𝑣superscript𝑔superscript𝑔subscript𝜏𝑣superscript𝑔A(\bar{k}_{v})\cong\mathbb{C}^{g}/\mathbb{Z}^{g}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{g}. On note Imτv=maxi,j|Imτv,ij|normImsubscript𝜏𝑣subscript𝑖𝑗Imsubscript𝜏𝑣𝑖𝑗\parallel\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}\parallel=\max_{i,j}|\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,ij}|. Posons : ρ(A)=hΘ(A)/Imτv.𝜌𝐴subscriptΘ𝐴normImsubscript𝜏𝑣\rho(A)=h_{\Theta}(A)/\parallel\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}\parallel.

Alors il existe une constante c1(k,g)>0subscript𝑐1𝑘𝑔0c_{1}(k,g)>0 telle que, tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} vérifiant que .Pformulae-sequence𝑃\mathbb{Z}.P est Zariski-dense, on a :

h^A,𝒟(P)c1(k,g)ρ(A)4g2(logρ(A))4g1hΘ(A).subscript^𝐴𝒟𝑃subscript𝑐1𝑘𝑔𝜌superscript𝐴4𝑔2superscript𝜌𝐴4𝑔1subscriptΘ𝐴\widehat{h}_{A,\mathcal{D}}(P)\geq c_{1}(k,g)\rho(A)^{-4g-2}\Big{(}\log\rho(A)\Big{)}^{-4g-1}\,h_{\Theta}(A).

Cet énoncé implique donc l’inégalité cherchée (sur un corps où la réduction est semi-stable) pour les familles de variétés abéliennes vérifiant ρ(A)𝜌𝐴\rho(A) borné. D. Masser utilise d’ailleurs ces résultats dans [23] pour exhiber une famille de variétés abéliennes simples avec ρ𝜌\rho borné uniformément.

En application, on donnera des résultats en direction de deux conjectures classiques dont on rappelle les énoncés ici :

Conjecture 1.6.

(de torsion forte) Soient k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d et g1𝑔1g\geq 1 un entier. Alors il existe une constante c(d,g)>0𝑐𝑑𝑔0c(d,g)>0 ne dépendant que de d𝑑d et g𝑔g telle que pour toute variété abélienne A𝐴A de dimension g𝑔g définie sur k𝑘k on a :

CardA(k)torsc(d,g).Card𝐴subscript𝑘tors𝑐𝑑𝑔\mathop{\mathrm{Card}}A(k)_{\mathrm{tors}}\leq c(d,g).
Conjecture 1.7.

(points rationnels) Soient k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d et g2𝑔2g\geq 2 un entier. Alors il existe une constante c(k,g)>0𝑐𝑘𝑔0c(k,g)>0 ne dépendant que de k𝑘k et g𝑔g telle que pour toute courbe C𝐶C de genre g𝑔g définie sur k𝑘k on a :

CardC(k)c(k,g)rangk(Jac(C))+1,Card𝐶𝑘𝑐superscript𝑘𝑔subscriptrang𝑘Jac𝐶1\mathop{\mathrm{Card}}C(k)\leq c(k,g)^{\mathrm{rang}_{k}(\mathop{\mathrm{Jac}}(C))+1},

Jac(C)Jac𝐶\mathop{\mathrm{Jac}}(C) désigne la variété jacobienne de C𝐶C.

1.2. Résultats

Une variété abélienne principalement polarisée de dimension 2 est isomorphe ou bien à une jacobienne d’une courbe C𝐶C de genre 2 polarisée par le diviseur Θ=CΘ𝐶\Theta=C, ou bien à un produit de courbes elliptiques E1×E2subscript𝐸1subscript𝐸2E_{1}\!\times\!E_{2}, polarisé par Θ=E1×{O}+{O}×E2Θsubscript𝐸1𝑂𝑂subscript𝐸2\Theta=E_{1}\!\times\!\{O\}\!+\!\{O\}\!\times\!E_{2}.

On obtient dans cet article un théorème de minoration de la hauteur de Néron-Tate associée au diviseur ΘΘ\Theta en utilisant une technique de décomposition en hauteurs locales légèrement modifiées. En effet ces hauteurs locales sont définies à une constante additive près, il y a donc plusieurs manières de normaliser ces fonctions. On met en place une étude des différences de hauteurs locales (c’est une manière détournée de fixer une normalisation) grâce à une propriété cruciale des points de 333-torsion en dimension 2.

La méthode de décomposition locale et l’étude des séries thêta associées fait apparaître une condition nécessaire dans l’espace de modules des variétés abéliennes principalement polarisées de dimension 2. Le phénomène de rupture d’une variété abélienne simple en produit de courbes elliptiques entraîne une explosion des composantes locales, tant au niveau de la minoration de la hauteur de Néron-Tate que de la majoration de la hauteur de Faltings. On va donc introduire une quantité appelée simplicité archimédienne chargée de mesurer la distance au produit de courbes elliptiques.

Dans tout le texte on note Mksubscript𝑀𝑘M_{k} l’ensemble de ses places (deux à deux non équivalentes), Mksuperscriptsubscript𝑀𝑘M_{k}^{\infty} l’ensemble de ses places archimédiennes et Mk0superscriptsubscript𝑀𝑘0M_{k}^{0} l’ensemble de ses places finies. Pour toute place v𝑣v de k𝑘k on note kvsubscript𝑘𝑣k_{v} le complété de k𝑘k pour la valuation |.|v|.|_{v} associée où on normalise |p|v=p1subscript𝑝𝑣superscript𝑝1|p|_{v}=p^{-1} pour toute place finie v𝑣v au-dessus d’un nombre premier p𝑝p. On pose dv=[kv:v]d_{v}=[k_{v}:\mathbb{Q}_{v}] et nv=dv/dsubscript𝑛𝑣subscript𝑑𝑣𝑑n_{v}=d_{v}/d. Pour une surface abélienne principalement polarisée A/k𝐴𝑘A/k avec k𝑘k un corps de nombres et v𝑣v une place infinie, on peut uniformiser les points complexes A(k¯v)2/2+τv2𝐴subscript¯𝑘𝑣superscript2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2A(\bar{k}_{v})\cong\mathbb{C}^{2}/\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2} avec τv=[τ1,vτ12,vτ12,vτ2,v]subscript𝜏𝑣delimited-[]subscript𝜏1𝑣subscript𝜏12𝑣subscript𝜏12𝑣subscript𝜏2𝑣\tau_{v}=\left[\begin{array}[]{cc}\tau_{1,v}&\tau_{12,v}\\ \tau_{12,v}&\tau_{2,v}\\ \end{array}\right] dans le domaine de Siegel F2subscript𝐹2F_{2} (voir paragraphe 1.3). Dans cette uniformisation les produits de courbes elliptiques correspondent exactement au lieu (τ12=0)subscript𝜏120(\tau_{12}=0) dans l’ensemble F2subscript𝐹2F_{2}. On appelle alors simplicité archimédienne le produit :

(1) s(A)=vMk|τ12,v|dv.subscripts𝐴subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘superscriptsubscript𝜏12𝑣subscript𝑑𝑣\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)=\prod_{v\in{M_{k}^{\infty}}}|\tau_{12,v}|^{d_{v}}.

Il est donc aisé de voir que s(A)=0subscripts𝐴0\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)=0 si et seulement si A𝐴A est un produit de courbes elliptiques. On appelle de plus trace archimédienne de A𝐴A la quantité :

(2) Tr(A)=vMkdvTr(Imτv).subscriptTr𝐴subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣TrImsubscript𝜏𝑣\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)=\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}).

On note D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F) le discriminant de norme minimale d’un modèle hyperelliptique entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) de la courbe sous-jacente. Notons de plus que les calculs explicites des hauteurs locales aux places finies sont basés sur l’étude poussée de la surface de Kummer effectuée par V. Flynn, N. Smart et M. Stoll dans les articles [9, 10, 37, 38]. Dans le cas des jacobiennes de dimension 2 simples, le théorème prend la forme suivante :

Théorème 1.8.

(Version A.) Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soient C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 admettant un point de Weierstrass rationnel sur k𝑘k et A𝐴A sa jacobienne. Alors si A𝐴A est géométriquement simple, il existe une constante c1(d)>0subscript𝑐1𝑑0c_{1}(d)>0 telle que pour tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} l’une des deux propositions suivantes est vraie :

(i)[n]P=Opour un entier  1n2100874316d,𝑖delimited-[]𝑛𝑃𝑂pour un entier1𝑛2superscript100874superscript316𝑑(i)\;\;[n]P=O\;\textrm{pour un entier}\;\;1\leq n\leq 2\!\cdot\!10087^{4\cdot 3^{16}d},
(ii)h^A,2Θ(P)c1(d)(Tr(A)53logNk/(D)s(A)),𝑖𝑖subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑐1𝑑subscriptTr𝐴53subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴(ii)\;\;\displaystyle{\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq c_{1}(d)\,\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)-\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)}\Big{)}}\;,

où on peut prendre c1(d)=0,03/(d 100878316d)subscript𝑐1𝑑0.03𝑑superscript100878superscript316𝑑c_{1}(d)=0,03/\left(d\,10087^{8\cdot 3^{16}d}\right).

(Version B.) Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soient C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 admettant un point de Weierstrass rationnel sur k𝑘k et A𝐴A sa jacobienne. Alors si A𝐴A est géométriquement simple, il existe une constante c2=c2(d,A)>0subscript𝑐2subscript𝑐2𝑑𝐴0c_{2}=c_{2}(d,A)>0 telle que pour tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} l’une des deux propositions suivantes est vraie :

(i)[n]P=Opour un entier  1n2100874316d(Nk/(D)s(A))10/3,𝑖delimited-[]𝑛𝑃𝑂pour un entier1𝑛2superscript100874superscript316𝑑superscriptsubscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴103(i)\;\;\displaystyle{[n]P=O\;\textrm{pour un entier}\;\;1\leq n\leq 2\!\cdot\!10087^{4\cdot 3^{16}d}\Big{(}\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)}\Big{)}^{10/3},}
(ii)h^A,2Θ(P)c2Tr(A),𝑖𝑖subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑐2subscriptTr𝐴(ii)\;\;\displaystyle{\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq c_{2}\,\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)}\;,

où on peut prendre c2=0,03/(d 100878316dNk/(D)20/3s(A)20/3)subscript𝑐20.03𝑑superscript100878superscript316𝑑subscriptN𝑘superscript𝐷203subscript𝑠superscript𝐴203c_{2}=0,03/\left(d\,10087^{8\cdot 3^{16}d}\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)^{20/3}s_{\infty}(A)^{-20/3}\right).

Remarque 1.9.

La version B du théorème fournit donc inconditionnellement une minoration non triviale de la hauteur des points rationnels sur une surface abélienne simple. Un modèle hyperelliptique entier d’une courbe de genre 2 ne vérifie pas nécessairement l’inégalité Tr(A)>53logNk/(D)s(A)subscriptTr𝐴53subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)>\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)}. On peut trouver des exemples parmi les courbes CM (i.e. admettant des multiplications complexes), quitte à prendre une extension de corps. On sait par densité des points CM dans F2subscript𝐹2F_{2} qu’il en existe une infinité telle que les jacobiennes associées A𝐴A vérifient Tr(A)+53log(s(A))>0subscriptTr𝐴53subscript𝑠𝐴0\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)+\frac{5}{3}\log(s_{\infty}(A))>0. On sait de plus que les variétés abéliennes CM ont potentiellement bonne réduction partout. On montre alors dans le courant de la preuve du corollaire 1.15 (qui se trouve juste après l’énoncé du corollaire 8.3) qu’après une extension du corps k𝑘k de degré uniformément borné, on peut choisir un modèle hyperelliptique avec discriminant minimal global trivial.

Exemple 1.10.

Prenons par exemple A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C)C𝐶C est la courbe donnée par le modèle affine y2=x5+xsuperscript𝑦2superscript𝑥5𝑥y^{2}=x^{5}+x. On sait calculer la matrice de périodes en MAGMA, qui fournit en valeur approchée Tr(A)1,88similar-to-or-equalssubscriptTr𝐴1.88\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)\simeq 1,88 et log|s(A)|0,75similar-to-or-equalssubscript𝑠𝐴0.75\log|s_{\infty}(A)|\simeq-0,75, donc Tr(A)+53log(s(A))0,63>0similar-to-or-equalssubscriptTr𝐴53subscript𝑠𝐴0.630\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)+\frac{5}{3}\log(s_{\infty}(A))\simeq 0,63>0. De plus, C𝐶C est une courbe CM (on regarde le morphisme (x,y)(ζ2x,ζy)𝑥𝑦superscript𝜁2𝑥𝜁𝑦(x,y)\rightarrow(\zeta^{2}x,\zeta y)ζ𝜁\zeta est une racine primitive huitième de l’unité). Sa jacobienne hérite donc de la structure CM et est en particulier potentiellement à bonne réduction partout.

Remarque 1.11.

L’existence d’un point de Weierstrass rationnel sur k𝑘k est équivalente à l’existence d’un modèle y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5 sur k𝑘k plus une propriété de symétrie du diviseur ΘΘ\Theta.

On déduit immédiatement de ce théorème le corollaire suivant :

Corollaire 1.12.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soient C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 222 de modèle entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5 et A/k𝐴𝑘A/k sa jacobienne, géométriquement simple. Soient Tr(A)subscriptTr𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A) sa trace archimédienne, s(A)subscript𝑠𝐴s_{\infty}(A) sa simplicité archimédienne et D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F). On suppose que :

Tr(A)>53logNk/(D)s(A).subscriptTr𝐴53subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)>\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)}.

Alors on a :

Card(A(k)tors)241008716316d.Card𝐴subscript𝑘torssuperscript24superscript1008716superscript316𝑑\mathop{\mathrm{Card}}\Big{(}A(k)_{\mathrm{tors}}\Big{)}\leq 2^{4}\cdot 10087^{16\cdot 3^{16}d}.

On complète le théorème 1.8 par l’étude de la situation du produit de courbes elliptiques, qui donne un théorème plus faible que celui de M. Hindry et J. Silverman dans [15], mais qui permet d’aboutir à un énoncé faisant intervenir les mêmes quantités que pour les jacobiennes simples. Introduisons de plus la quantité hF(A/k)superscriptsubscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k), la hauteur de Faltings modifiée d’une variété abélienne principalement polarisée :

(3) hF(A/k)=hF(A/k)+12dvMkdvlog[det(Imτv)].superscriptsubscriptF𝐴𝑘subscriptF𝐴𝑘12𝑑subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Imsubscript𝜏𝑣\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)=\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k)+\frac{1}{2d}\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log[\det(\mathop{\mathrm{Im}}{\tau_{v}})].

On donne alors la preuve du théorème de majoration suivant, basé sur l’expression de la hauteur de Faltings donnée dans [39] :

Théorème 1.13.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 avec bonne réduction en 222, prise dans un modèle hyperelliptique entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5. On note D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F). On suppose que la jacobienne A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) est géométriquement simple. Alors il existe des constantes c3(d)>0subscript𝑐3𝑑0c_{3}(d)>0 et c4(d)>0subscript𝑐4𝑑0c_{4}(d)>0 telles que :

hF(A/k)c3Tr(A)+c4logNk/(D)s(A),superscriptsubscriptF𝐴𝑘subscript𝑐3subscriptTr𝐴subscript𝑐4subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)\leq c_{3}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)+c_{4}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)},

et on peut prendre : c3=6π10dsubscript𝑐36𝜋10𝑑c_{3}=\frac{6\pi}{10d} et c4=110dsubscript𝑐4110𝑑c_{4}=\frac{1}{10d}.

Notons que ce théorème est un pas vers la conjecture 1.7 de S. David donnée dans [5] page 513. La conjonction des théorèmes 1.8 et 1.13 fournit alors le corollaire suivant, dans lequel on fixe : si A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) est la jacobienne d’une courbe de genre 2, avec C𝐶C donnée par un modèle minimal entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5, on note D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F). Si A=E1×E2𝐴subscript𝐸1subscript𝐸2A=E_{1}\times E_{2} est un produit de courbes elliptiques, on note D=ΔE1ΔE2𝐷subscriptΔsubscript𝐸1subscriptΔsubscript𝐸2D=\Delta_{E_{1}}\Delta_{E_{2}} le produit des discriminants minimaux de E1subscript𝐸1E_{1} et E2subscript𝐸2E_{2}.

Corollaire 1.14.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d et ε>0𝜀0\varepsilon>0. Soit (A,Θ)/k𝐴Θ𝑘(A,\Theta)/k une variété abélienne principalement polarisée de dimension 2. Si A𝐴A est simple, on suppose que Tr(A)(5/3+ε)log(Nk/(D)/s(A))subscriptTr𝐴53𝜀subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)\geq(5/3+\varepsilon)\log(\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)/s_{\infty}(A)). Sinon on suppose Tr(A)(5/36+ε)logNk/(D)subscriptTr𝐴536𝜀subscriptN𝑘𝐷\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)\geq(5/36+\varepsilon)\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D). Alors il existe une constante c(d,ε)>0𝑐𝑑𝜀0c(d,\varepsilon)>0 telle que pour tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} vérifiant P¯=A¯𝑃𝐴\overline{\mathbb{Z}\!\cdot\!P}=A on a :

h^A,2Θ(P)chF(A/k),subscript^𝐴.2Θ𝑃𝑐superscriptsubscriptF𝐴𝑘\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq c\,\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k),

et on peut prendre c=0,015ε2+ε100878316d𝑐0.015𝜀2𝜀superscript100878superscript316𝑑c=0,015\frac{\varepsilon}{2+\varepsilon}\cdot 10087^{-8\cdot 3^{16}d}.

Les théorèmes 1 et 2, ainsi que ce corollaire, permettent de vérifier la conjecture de Lang et Silverman pour des familles infinies de variétés abéliennes de dimension 2, par exemple les jacobiennes simples, de simplicité minorée, qui ont potentiellement bonne réduction partout :

Corollaire 1.15.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 donnée dans un modèle hyperelliptique entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5 et telle que C/k𝐶𝑘C/k a potentiellement bonne réduction partout. Soit A𝐴A la jacobienne de C𝐶C, géométriquement simple, de simplicité archimédienne supérieure à 111. Alors il existe une constante c(d)>0𝑐𝑑0c(d)>0 telle que pour tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} d’ordre infini on a :

h^A,2Θ(P)chst(A),subscript^𝐴.2Θ𝑃𝑐superscriptsubscriptst𝐴\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq c\,\mathop{h_{\mathrm{st}}^{\prime}}(A),

et on peut prendre c=120π100873201516d𝑐120𝜋superscript10087320superscript1516𝑑c=\frac{1}{20\pi}\cdot 10087^{-320\cdot 15^{16}d}.

Cet énoncé n’est pas couvert par le théorème de S. David [5] en dimension 2. Par contre le théorème de S. David se passe de l’hypothèse archimédienne dont on a besoin pour mener à bien la stratégie locale.

On rajoute un dernier énoncé concernant les points rationnels sur les courbes de genre 2 :

Corollaire 1.16.

Soit k𝑘k un corps de nombres et ε>0𝜀0\varepsilon>0. Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2, avec bonne réduction en toute place divisant 222, donnée dans un modèle entier y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5. On notera D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F). Soit A/k𝐴𝑘A/k la jacobienne de C𝐶C. On suppose que Tr(A)(5/3+ε)log(Nk/(D)/s(A))subscriptTr𝐴53𝜀subscriptN𝑘𝐷subscripts𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)\geq(5/3+\varepsilon)\log(\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)/\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)). Alors il existe une constante c2(d,ε)>0subscript𝑐2𝑑𝜀0c_{2}(d,\varepsilon)>0 ne dépendant que de d=[k:]d=[k:\mathbb{Q}] et ε𝜀\varepsilon telle que :

Card(C(k))c2rangA(k)+1,Card𝐶𝑘superscriptsubscript𝑐2rang𝐴𝑘1\mathop{\mathrm{Card}}(C(k))\leq c_{2}^{\mathop{\mathrm{rang}}A(k)+1},

et on peut choisir :

c2=10087(d+1)235(1+2ε).subscript𝑐2superscript10087𝑑1superscript23512𝜀c_{2}=10087^{\displaystyle{(d+1)2^{35}}}\Big{(}1+\frac{2}{\varepsilon}\Big{)}.

1.3. Domaine archimédien

Nous allons mettre en place une stratégie de minoration proche de celle adoptée par M. Hindry et J. Silverman dans le cas g=1𝑔1g=1 en utilisant la décomposition de la hauteur de Néron-Tate en hauteurs locales. Ce qui rend cette démarche possible en dimension 1 est l’existence de formules explicites et relativement manipulables pour ces hauteurs locales. Bien qu’on ne dispose pas de formule dans le cas général, on peut encore obtenir un énoncé en dimension 2.

Commençons par fixer le domaine de Siegel : soit v𝑣v une place archimédienne du corps k𝑘k. On notera Hgsubscript𝐻𝑔H_{g} l’espace de Siegel associé aux variétés abéliennes sur k¯vsubscript¯𝑘𝑣\bar{k}_{v} principalement polarisées de dimension g𝑔g et munies d’une base symplectique (on pourra consulter [20] page 213). C’est l’ensemble des matrices τ=τv𝜏subscript𝜏𝑣\tau=\tau_{v} de taille g×g𝑔𝑔g\times g symétriques à coefficients complexes et vérifiant la condition Imτ>0Im𝜏0\mathop{\mathrm{Im}}\tau>0 (i.e. définies positives). Cet espace est muni d’une action transitive du groupe symplectique Γ=Sp(2g,)ΓSp2𝑔\Gamma=\mathop{\mathrm{Sp}}(2g,\mathbb{R}) donnée par :

[ABCD]τ=(Aτ+B)(Cτ+D)1.delimited-[]𝐴𝐵𝐶𝐷𝜏𝐴𝜏𝐵superscript𝐶𝜏𝐷1\left[\begin{array}[]{cc}A&B\\ C&D\\ \end{array}\right]\!\cdot\!\tau=(A\tau+B)(C\tau+D)^{-1}.

On considère alors Fgsubscript𝐹𝑔F_{g} un domaine fondamental pour l’action du sous-groupe Sp(2g,)Sp2𝑔\mathop{\mathrm{Sp}}(2g,\mathbb{Z}). On peut choisir Fgsubscript𝐹𝑔F_{g} de telle sorte qu’une matrice τ𝜏\tau de ce domaine vérifie en particulier les conditions suivantes (voir [11] page 34) :

  • \bullet

    S1 : Pour tout σSp2g()𝜎subscriptSp2𝑔\sigma\in{\mathop{\mathrm{Sp}}_{2g}(\mathbb{Z})} on a : det(Im(σ.τ))det(Im(τ))\det(\mathop{\mathrm{Im}}(\sigma.\tau))\leq\det(\mathop{\mathrm{Im}}(\tau)). On dira que ImτIm𝜏\mathop{\mathrm{Im}}\tau est maximale pour l’action de Sp2g()subscriptSp2𝑔\mathop{\mathrm{Sp}}_{2g}(\mathbb{Z}).

  • \bullet

    S2 : Si Re(τ)=(ai,j)Re𝜏subscript𝑎𝑖𝑗\mathop{\mathrm{Re}}(\tau)=(a_{i,j}) alors |ai,j|12subscript𝑎𝑖𝑗12|a_{i,j}|\leq\frac{1}{2}.

  • \bullet

    S3 : Si Im(τ)=(bi,j)Im𝜏subscript𝑏𝑖𝑗\mathop{\mathrm{Im}}(\tau)=(b_{i,j}) alors pour tout l{1,,g}𝑙1𝑔l\in\{1,...,g\} et tout ζ=(ζ1,,ζg)g𝜁subscript𝜁1subscript𝜁𝑔superscript𝑔\zeta=(\zeta_{1},...,\zeta_{g})\in{\mathbb{Z}}^{g} tel que pgcd(ζ1,,ζl)=1pgcdsubscript𝜁1subscript𝜁𝑙1\mathop{\mathrm{pgcd}}(\zeta_{1},...,\zeta_{l})=1 on a ζtIm(τ)ζbl,lsuperscript𝜁𝑡Im𝜏𝜁subscript𝑏𝑙𝑙{}^{t}\zeta\mathop{\mathrm{Im}}(\tau)\zeta\geq b_{l,l}. De plus pour tout i{1,,g}𝑖1𝑔i\in\{1,...,g\} on a bi,i+10subscript𝑏𝑖𝑖10b_{i,i+1}\geq 0. On a enfin bg,gb1,13/2subscript𝑏𝑔𝑔subscript𝑏1.132b_{g,g}\geq...\geq b_{1,1}\geq\sqrt{3}/2 et bi,i/2|bi,j|subscript𝑏𝑖𝑖2subscript𝑏𝑖𝑗b_{i,i}/2\geq|b_{i,j}|.

En dimension g=2𝑔2g=2 on aura en particulier les inégalités, utilisées constamment dans le texte (on note τ1=τ11subscript𝜏1subscript𝜏11\tau_{1}=\tau_{11} et τ2=τ22subscript𝜏2subscript𝜏22\tau_{2}=\tau_{22}) :

(4) {Imτ2Imτ12Imτ120,Imτ132.casesImsubscript𝜏2Imsubscript𝜏12Imsubscript𝜏120Imsubscript𝜏132\left\{\begin{array}[]{l}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}\geq\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}\geq 2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\geq 0,\\ \mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}\geq\frac{\sqrt{3}}{2}.\\ \end{array}\right.

Dans tout le texte, les matrices τ𝜏\tau seront toujours supposées appartenir au domaine fondamental F2subscript𝐹2F_{2}. On imposera de plus qu’elles soient de trace maximale.

Dans la partie 2, suivant directement cette introduction, on décompose la hauteur de Néron-Tate en hauteurs locales explicites. On s’inspire pour cela l’article de E. V. Flynn et N. P. Smart [10]. On minore alors les hauteurs locales aux places finies en utilisant les résultats de M. Stoll de l’article [37]. La troisième partie donne une autre définition de hauteur locale aux places archimédiennes. On réunit les deux normalisations dans la quatrième. Après avoir effectué ces minorations place par place, on réunit ces informations dans une cinquième partie pour obtenir une minoration globale. On propose dans la sixième partie une majoration de la hauteur de Faltings de la jacobienne d’une courbe de genre 2. La septième partie regroupe des travaux parallèles sur les produits de courbes elliptiques. Enfin, on réunit les résultats des parties 5, 6 et 7 dans une huitième partie regroupant trois corollaires : une minoration de la hauteur de Néron-Tate par la hauteur de Faltings, une borne sur la torsion des variétés abéliennes de dimension 2 et une borne sur le nombre de points rationnels d’une courbe de genre 2.

Terminons cette introduction en redonnant brièvement l’argument permettant de déduire la structure des variétés abéliennes de dimension 2 principalement polarisées. Soit (A,Θ)𝐴Θ(A,\Theta) une telle variété. On a dim(Θ)=1dimΘ1\mathop{\mathrm{dim}}(\Theta)=1 et (Θ)(2)=2!=2superscriptΘ222(\Theta)^{(2)}=2!=2 (par Riemann-Roch, ou bien la formule de Poincaré [20] page 328). Si ΘΘ\Theta est une courbe C𝐶C et j:CJac(C):𝑗𝐶Jac𝐶j:C\hookrightarrow\mathop{\mathrm{Jac}}(C) le plongement dans la jacobienne, on montre que j(C)+j(C)𝑗𝐶𝑗𝐶j(C)+j(C) est birationnellement équivalent à A𝐴A, ce qui n’est possible que si C𝐶C est de genre 2 et AJac(C)similar-to-or-equals𝐴Jac𝐶A\simeq\mathop{\mathrm{Jac}}(C). Si Θ=CiΘsubscript𝐶𝑖\Theta=\sum C_{i} avec Cisubscript𝐶𝑖C_{i} des courbes, on a :

2=(Θ)(2)=(CiCj),2superscriptΘ2subscript𝐶𝑖subscript𝐶𝑗2=(\Theta)^{(2)}=\sum(C_{i}\!\cdot\!C_{j}),

et chaque terme de la somme est un entier naturel. On déduit alors que ΘΘ\Theta est isomorphe à la somme de deux courbes, qui de plus sont des translatées de sous-variétés abéliennes de A.

Remerciements. Merci à M. Hindry, G. Rémond et J. Silverman pour leurs encouragements et leur intérêt pour ce travail. Merci à l’arbitre anonyme de la publication pour ses remarques.

2. Les hauteurs locales en dimension 2

L’existence de la décomposition en hauteurs locales fait l’objet du théorème suivant (voir par exemple [14] page 242) :

Théorème 2.1.

(Néron) Soit A/k𝐴𝑘A/k une variété abélienne définie sur un corps de nombres k𝑘k. Soit Mksubscript𝑀𝑘M_{k} l’ensemble des places de k𝑘k. Pour tout diviseur 𝒟𝒟\mathcal{D} sur A𝐴A on note A𝒟=A\supp(𝒟)subscript𝐴𝒟\𝐴supp𝒟A_{\mathcal{D}}=A\backslash\mathop{\mathrm{supp}}(\mathcal{D}). Alors pour toute place vMk𝑣subscript𝑀𝑘v\in{M_{k}} il existe une fonction hauteur locale, unique à une fonction additive constante près :

λ^𝒟,v:A𝒟(kv),:subscript^𝜆𝒟𝑣subscript𝐴𝒟subscript𝑘𝑣\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}:A_{\mathcal{D}}(k_{v})\longrightarrow\mathbb{R},

appelée hauteur locale canonique, dépendant du choix de 𝒟𝒟\mathcal{D} et vérifiant les propriétés suivantes, avec γi,vsubscript𝛾𝑖𝑣\gamma_{i,v} des constantes dépendant de v𝑣v :

  1. (i)

    λ^𝒟1+𝒟2,v=λ^𝒟1,v+λ^𝒟2,v+γ1,vsubscript^𝜆subscript𝒟1subscript𝒟2𝑣subscript^𝜆subscript𝒟1𝑣subscript^𝜆subscript𝒟2𝑣subscript𝛾1𝑣\widehat{\lambda}_{\mathcal{D}_{1}+\mathcal{D}_{2},v}=\widehat{\lambda}_{\mathcal{D}_{1},v}+\widehat{\lambda}_{\mathcal{D}_{2},v}+\gamma_{1,v}.

  2. (ii)

    Si 𝒟=div(f)𝒟div𝑓\mathcal{D}=\mathop{\mathrm{div}}(f), alors λ^𝒟,v=vf+γ2,vsubscript^𝜆𝒟𝑣𝑣𝑓subscript𝛾2𝑣\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}=v\circ f+\gamma_{2,v}.

  3. (iii)

    Si Φ:BA:Φ𝐵𝐴\Phi:B\rightarrow A est un morphisme de variétés abéliennes alors on a la relation : λ^Φ𝒟,v=λ^𝒟,vΦ+γ3,vsubscript^𝜆superscriptΦ𝒟𝑣subscript^𝜆𝒟𝑣Φsubscript𝛾3𝑣\widehat{\lambda}_{\Phi^{*}\mathcal{D},v}=\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}\circ\Phi+\gamma_{3,v}.

  4. (iv)

    Soit QA(k)𝑄𝐴𝑘Q\in{A(k)} et soit tQ:AA:subscript𝑡𝑄𝐴𝐴t_{Q}:A\rightarrow A la translation par Q𝑄Q. Alors on a la relation : λ^tQ𝒟,v=λ^𝒟,vtQ+γ4,vsubscript^𝜆superscriptsubscript𝑡𝑄𝒟𝑣subscript^𝜆𝒟𝑣subscript𝑡𝑄subscript𝛾4𝑣\widehat{\lambda}_{t_{Q}^{*}\mathcal{D},v}=\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}\circ t_{Q}+\gamma_{4,v}.

  5. (v)

    Soit h^A,𝒟subscript^𝐴𝒟\widehat{h}_{A,\mathcal{D}} la hauteur globale canonique de A𝐴A associée à 𝒟𝒟\mathcal{D}. Il existe une constante c𝑐c telle que, pour tout PA𝒟(k)𝑃subscript𝐴𝒟𝑘P\in{A_{\mathcal{D}}(k)} :

    h^A,𝒟(P)=vMknvλ^𝒟,v(P)+c.subscript^𝐴𝒟𝑃subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript^𝜆𝒟𝑣𝑃𝑐\widehat{h}_{A,\mathcal{D}}(P)=\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}(P)+c.
  6. (vi)

    Si 𝒟𝒟\mathcal{D} vérifie [2]𝒟=4𝒟+div(f)superscriptdelimited-[]2𝒟4𝒟div𝑓[2]^{*}\mathcal{D}=4\mathcal{D}+\mathop{\mathrm{div}}(f) pour f𝑓f une fonction rationnelle sur A𝐴A et si l’on fixe les constantes de telle sorte qu’on ait la relation λ^𝒟,v([2]P)=4λ^𝒟,v(P)+v(f(P))subscript^𝜆𝒟𝑣delimited-[]2𝑃4subscript^𝜆𝒟𝑣𝑃𝑣𝑓𝑃\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}([2]P)=4\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}(P)+v(f(P)), alors :

    h^A,𝒟(P)=vMknvλ^𝒟,v(P).subscript^𝐴𝒟𝑃subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript^𝜆𝒟𝑣𝑃\widehat{h}_{A,\mathcal{D}}(P)=\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{\mathcal{D},v}(P).

    (Notons que f𝑓f est unique à multiplication par une constante ak𝑎superscript𝑘a\in{k^{*}} près.)

Les deux premiers paragraphes sont directement issus de l’article de E.V. Flynn et N. Smart [10]. On en donne ici une reformulation un peu plus géométrique en omettant la plupart des preuves. Remarquons que l’article original [10] est écrit pour k=𝑘k=\mathbb{Q}, mais on peut tout utiliser, mutatis mutandis, sur un corps de nombres k𝑘k. Ceci est en fait décrit dans les articles de M. Stoll [37] et [38].

2.1. Jacobienne et surface de Kummer

On se donne une courbe C𝐶C de genre 2 sur un corps de nombres k𝑘k. On sait que C𝐶C est hyperelliptique, elle possède donc six points de Weierstrass, les points fixes de l’involution hyperelliptique. On fait l’hypothèse que l’un de ces points, appelé P0subscript𝑃0P_{0}, est rationnel sur k𝑘k. On note clcl\mathop{\mathrm{cl}} pour la classe rationnelle d’un diviseur. On définit alors le plongement jacobien de la courbe C𝐶C dans sa jacobienne :

j:CJac(C):𝑗𝐶Jac𝐶j:C\hookrightarrow\mathop{\mathrm{Jac}}(C)
Pcl((P)(P0)).maps-to𝑃cl𝑃subscript𝑃0\hskip 17.07182ptP\mapsto\mathop{\mathrm{cl}}\Big{(}(P)-(P_{0})\Big{)}.

On définit alors Θ=j(C)Θ𝑗𝐶\Theta=j(C).

Remarque 2.2.

Ce choix de P0subscript𝑃0P_{0} permet d’affirmer que : PΘPΘ.iff𝑃Θ𝑃ΘP\in{\Theta}\iff-P\in{\Theta}.

E.V. Flynn et N. Smart explicitent dans l’article [10] un choix possible des fonctions hauteurs locales lorsque A𝐴A est la jacobienne d’une courbe de genre 2. Nous suivrons pour cela leur normalisation pour les hauteurs locales. Le diviseur qu’ils utilisent est 𝒟=2Θ𝒟2Θ\mathcal{D}=2\Theta lorsque le modèle hyperelliptique est de degré 5. Soulignons que ce choix de diviseur est unique à translation par un point de 222-torsion près.

Soient k𝑘k un corps de nombres et C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2. On peut identifier la jacobienne Jac(C)Jac𝐶\mathop{\mathrm{Jac}}(C) au carré symétrique de la courbe, Sym2(C)superscriptSym2𝐶\mathop{\mathrm{Sym}}^{2}(C), dans lequel il faut contracter un diviseur (qui correspond au diviseur exceptionnel d’un éclatement d’un point de Jac(C)Jac𝐶\mathop{\mathrm{Jac}}(C)). Ce procédé est bien décrit dans [26] page 52. La surface de Kummer K𝐾K est définie comme le quotient Jac(C)/(±1)Jac𝐶plus-or-minus1\mathop{\mathrm{Jac}}(C)/(\pm 1). Elle se plonge dans 3superscript3\mathbb{P}^{3}. Voyons cela plus en détails : comme on a supposé que P0subscript𝑃0P_{0} est un point de Weierstrass rationnel sur k𝑘k, on peut se donner un modèle hyperelliptique de la courbe C𝐶C entier sur k𝑘k de degré impair, avec a50subscript𝑎50a_{5}\neq 0 et sans racine multiple :

C:y2=F(x)=a5x5+a4x4+a3x3+a2x2+a1x+a0.:𝐶superscript𝑦2𝐹𝑥subscript𝑎5superscript𝑥5subscript𝑎4superscript𝑥4subscript𝑎3superscript𝑥3subscript𝑎2superscript𝑥2subscript𝑎1𝑥subscript𝑎0C:y^{2}=F(x)=a_{5}x^{5}+a_{4}x^{4}+a_{3}x^{3}+a_{2}x^{2}+a_{1}x+a_{0}.

Contrairement au modèle plus général de degré 6, il n’y a dans ce modèle qu’un point à l’infini : P0=subscript𝑃0P_{0}=\infty. L’étude de [10] est menée en degré 6, le cas quintique est plus simple et inclus dans leur travail (il suffit de spécialiser f6=0subscript𝑓60f_{6}=0 dans leur notation).

On note A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) la jacobienne de C𝐶C. L’involution hyperelliptique donnée sur la courbe C𝐶C par i:(x,y)(x,y):𝑖𝑥𝑦𝑥𝑦i:(x,y)\rightarrow(x,-y) induit la multiplication par [1]delimited-[]1[-1] sur A𝐴A. On considère le quotient de A𝐴A par (±1)plus-or-minus1(\pm 1). La surface K𝐾K est donnée par l’équation quartique homogène suivante (donnée dans [9] ou [2] page 19 et reprise dans l’annexe de [28]) :

R(k1,k2,k3)k42+S(k1,k2,k3)k4+T(k1,k2,k3)=0.𝑅subscript𝑘1subscript𝑘2subscript𝑘3superscriptsubscript𝑘42𝑆subscript𝑘1subscript𝑘2subscript𝑘3subscript𝑘4𝑇subscript𝑘1subscript𝑘2subscript𝑘30R(k_{1},k_{2},k_{3})k_{4}^{2}+S(k_{1},k_{2},k_{3})k_{4}+T(k_{1},k_{2},k_{3})=0.

On peut donner les points de K𝐾K par l’application :

κ:Sym2(C)K3:𝜅superscriptSym2𝐶𝐾superscript3\kappa:\mathrm{Sym}^{2}(C)\longrightarrow K\subset\mathbb{P}^{3}
κ:P=(P1,P2)KP=(k1,k2,k3,k4),:𝜅𝑃subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝐾𝑃subscript𝑘1subscript𝑘2subscript𝑘3subscript𝑘4\kappa:P=(P_{1},P_{2})\longmapsto K_{P}=(k_{1},k_{2},k_{3},k_{4}),

où on a défini pour un point P=((x1,y1),(x2,y2))𝑃subscript𝑥1subscript𝑦1subscript𝑥2subscript𝑦2P=((x_{1},y_{1}),(x_{2},y_{2})) hors du support du diviseur ΘΘ\Theta :

{k1=1,k2=x1+x2,k3=x1x2,k4=(2a0+a1(x1+x2)+2a2x1x2+a3(x12x2+x1x22)+2a4x12x22+a5(x13x22+x12x23)2y1y2)/(x1x2)2\left\{\begin{tabular}[]{l}$k_{1}=1,$\\ $k_{2}=x_{1}+x_{2},$\\ $k_{3}=x_{1}x_{2},$\\ $k_{4}=\left(\begin{tabular}[]{l}$2a_{0}+a_{1}(x_{1}+x_{2})+2a_{2}x_{1}x_{2}+a_{3}(x_{1}^{2}x_{2}+x_{1}x_{2}^{2})$\\ $+2a_{4}x_{1}^{2}x_{2}^{2}+a_{5}(x_{1}^{3}x_{2}^{2}+x_{1}^{2}x_{2}^{3})-2y_{1}y_{2}$\end{tabular}\right)/(x_{1}-x_{2})^{2}$\\ \end{tabular}\right.

Pour un point P=((x1,y1),)𝑃subscript𝑥1subscript𝑦1P=((x_{1},y_{1}),\infty) : k1=0,k2=1,k3=x1,k4=a5x12.formulae-sequencesubscript𝑘10formulae-sequencesubscript𝑘21formulae-sequencesubscript𝑘3subscript𝑥1subscript𝑘4subscript𝑎5superscriptsubscript𝑥12k_{1}=0,\quad k_{2}=1,\quad k_{3}=x_{1},\quad k_{4}=a_{5}x_{1}^{2}. Le diviseur 𝒟superscript𝒟\mathcal{D}^{\prime} sur Sym2(C)superscriptSym2𝐶\mathop{\mathrm{Sym}}^{2}(C) associé à (k1=0)subscript𝑘10(k_{1}=0) est donné par 𝒟=2(C×{})superscript𝒟2𝐶\mathcal{D}^{\prime}\!=\!2(C\times\{\infty\}). Ce diviseur 𝒟superscript𝒟\mathcal{D}^{\prime} s’envoie donc via l’application π:Sym2(C)Jac(C):𝜋superscriptSym2𝐶Jac𝐶\pi:\mathop{\mathrm{Sym}}^{2}(C)\rightarrow\mathop{\mathrm{Jac}}(C) sur le diviseur 𝒟=2Θ𝒟2Θ\mathcal{D}=2\Theta.

Choisissons alors un plongement kvsubscript𝑣𝑘k\hookrightarrow_{v}\mathbb{C}. Les points complexes de (Jac(C),Θ)Jac𝐶Θ(\mathop{\mathrm{Jac}}(C),\Theta) forment un tore complexe qu’on normalise ainsi : Jac(C)()Aτv()=2/2+τv2similar-to-or-equalsJac𝐶subscript𝐴subscript𝜏𝑣superscript2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2\mathop{\mathrm{Jac}}(C)(\mathbb{C})\simeq A_{\tau_{v}}(\mathbb{C})=\mathbb{C}^{2}/\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2}, avec τvsubscript𝜏𝑣\tau_{v} une matrice obtenue en calculant les périodes de la surface de Riemann compacte C()𝐶C(\mathbb{C}). Le diviseur Θ()Θ\Theta(\mathbb{C}) est alors identifié à la courbe C()Aτv()𝐶subscript𝐴subscript𝜏𝑣C(\mathbb{C})\hookrightarrow A_{\tau_{v}}(\mathbb{C}).

2.2. Hauteurs

On garde le cadre précédent et on définit suivant [10] les hauteurs naïve et canonique d’un point P=(P1,P2)A(k)𝑃subscript𝑃1subscript𝑃2𝐴𝑘P=(P_{1},P_{2})\in{A(k)}. On va normaliser le point projectif KPsubscript𝐾𝑃K_{P} en fixant la première coordonnée non nulle comme étant égale à 1 (c’est la normalisation choisie dans [10]). On peut donc définir la hauteur naïve comme étant :

hK(P)=h(KP)=vMknvlogmaxi{1,..,4}(|ki|v),subscript𝐾𝑃subscript𝐾𝑃subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript𝑖1..4subscriptsubscript𝑘𝑖𝑣h_{K}(P)=h(K_{P})=\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\log\max_{i\in\{1,..,4\}}(|k_{i}|_{v}),

et la hauteur canonique associée :

h^A,2Θ(P)=limn+h(K[2n]P)4n,subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑛subscript𝐾delimited-[]superscript2𝑛𝑃superscript4𝑛\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)=\lim_{n\rightarrow+\infty}\frac{h(K_{[2^{n}]P})}{4^{n}},

où on note K[2n]Psubscript𝐾delimited-[]superscript2𝑛𝑃K_{[2^{n}]P} l’image sur la surface de Kummer de la multiplication par [2n]delimited-[]superscript2𝑛[2^{n}] d’un point P𝑃P de la jacobienne ; la surface de Kummer n’a plus la structure de groupe de la jacobienne, mais on peut passer l’application au quotient :

\dgARROWLENGTH

=0.5cm

{diagram}{diagram}\begin{diagram}

On a choisi de travailler avec la multiplication par [2]delimited-[]2[2]. En effet il existe des formules explicites de duplication sur la surface de Kummer : prenons un point KPsubscript𝐾𝑃K_{P}, alors la formule de duplication est donnée par des polynômes homogènes explicites (donnés sur le site internet de V. Flynn et reproduites en annexe de [28]) notés δ(KP)=(δ1,δ2,δ3,δ4)𝛿subscript𝐾𝑃subscript𝛿1subscript𝛿2subscript𝛿3subscript𝛿4\delta(K_{P})=(\delta_{1},\delta_{2},\delta_{3},\delta_{4}) de degré total 4 en les kisubscript𝑘𝑖k_{i}. Avec la normalisation choisie ici, on aura donc (lorsque P𝑃P et [2]Pdelimited-[]2𝑃[2]P sont hors du support du diviseur ΘΘ\Theta):

K[2]P=δ(KP)δ1(KP).subscript𝐾delimited-[]2𝑃𝛿subscript𝐾𝑃subscript𝛿1subscript𝐾𝑃K_{[2]P}=\frac{\delta(K_{P})}{\delta_{1}(K_{P})}.

La hauteur locale naïve en une place v𝑣v est définie par :

λ2Θ,v:(k1,k2,k3,k4)logmaxi{1,..,4}(|ki|v).:subscript𝜆2Θ𝑣subscript𝑘1subscript𝑘2subscript𝑘3subscript𝑘4subscript𝑖1..4subscriptsubscript𝑘𝑖𝑣\lambda_{2\Theta,v}:(k_{1},k_{2},k_{3},k_{4})\longmapsto\log\max_{i\in{\{1,..,4\}}}(|k_{i}|_{v}).
Remarque 2.3.

Cette construction doit être vue comme l’analogue de la hauteur locale sur une courbe elliptique λv(P)=log|x(P)|vsubscript𝜆𝑣𝑃subscript𝑥𝑃𝑣\lambda_{v}(P)=\log|x(P)|_{v}, où x(P)𝑥𝑃x(P) est la coordonnée d’un point P𝑃P dans un modèle de Weierstrass.

Calculons alors :

λ2Θ,v(K[2]P)4λ2Θ,v(KP)subscript𝜆2Θ𝑣subscript𝐾delimited-[]2𝑃4subscript𝜆2Θ𝑣subscript𝐾𝑃\displaystyle{\lambda_{2\Theta,v}(K_{[2]P})-4\lambda_{2\Theta,v}(K_{P})} == logmaxi{1,..,4}(|ki([2]P)|v)maxi{1,..,4}(|ki(P)|v4)subscript𝑖1..4subscriptsubscript𝑘𝑖delimited-[]2𝑃𝑣subscript𝑖1..4subscriptsuperscriptsubscript𝑘𝑖𝑃4𝑣\displaystyle{\log\frac{\max_{i\in{\{1,..,4\}}}(|k_{i}([2]P)|_{v})}{\max_{i\in{\{1,..,4\}}}(|k_{i}(P)|^{4}_{v})}}
== log|δ1(KP)|v+logmaxi{1,..,4}(|δi(KP)|v)maxi{1,..,4}(|ki(P)|v4).subscriptsubscript𝛿1subscript𝐾𝑃𝑣subscript𝑖1..4subscriptsubscript𝛿𝑖subscript𝐾𝑃𝑣subscript𝑖1..4subscriptsuperscriptsubscript𝑘𝑖𝑃4𝑣\displaystyle{-\log|\delta_{1}(K_{P})|_{v}+\log\frac{\max_{i\in{\{1,..,4\}}}(|\delta_{i}(K_{P})|_{v})}{\max_{i\in{\{1,..,4\}}}(|k_{i}(P)|^{4}_{v})}.}

Toujours en suivant [10] on définit la hauteur locale canonique d’un point PA2Θ(k)𝑃subscript𝐴2Θ𝑘P\in{A_{2\Theta}(k)} comme suit, en posant tout d’abord :

Ev(KP):=max(|δi(KP)|v)max(|ki(P)|v4)assignsubscript𝐸𝑣subscript𝐾𝑃subscriptsubscript𝛿𝑖subscript𝐾𝑃𝑣superscriptsubscriptsubscript𝑘𝑖𝑃𝑣4E_{v}(K_{P}):=\frac{\max(|\delta_{i}(K_{P})|_{v})}{\max(|k_{i}(P)|_{v}^{4})}

et :

μ2Θ,v(KP):=n=0+14n+1log(Ev(K[2n]P)).assignsubscript𝜇2Θ𝑣subscript𝐾𝑃superscriptsubscript𝑛01superscript4𝑛1subscript𝐸𝑣subscript𝐾delimited-[]superscript2𝑛𝑃\mu_{2\Theta,v}(K_{P}):=\sum_{n=0}^{+\infty}\frac{1}{4^{n+1}}\log\Big{(}E_{v}(K_{[2^{n}]P})\Big{)}.
Remarque 2.4.

Cette quantité μ2Θ,v(KP)subscript𝜇2Θ𝑣subscript𝐾𝑃\mu_{2\Theta,v}(K_{P}) ne dépend pas de la normalisation du point projectif. Il est intéressant de remarquer que la preuve du lemme 3 de [10] utilise une normalisation différente du reste de l’article.

Alors on définit la hauteur locale canonique :

λ^2Θ,v(P)=λ2Θ,v(KP)+μ2Θ,v(KP).subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃subscript𝜆2Θ𝑣subscript𝐾𝑃subscript𝜇2Θ𝑣subscript𝐾𝑃\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P)=\lambda_{2\Theta,v}(K_{P})+\mu_{2\Theta,v}(K_{P}).

Lorsque K[2]Psubscript𝐾delimited-[]2𝑃K_{[2]P} est lui aussi hors du support du diviseur 2Θ2Θ2\Theta, cette hauteur locale canonique vérifie l’équation fonctionnelle :

λ^2Θ,v([2]P)4λ^2Θ,v(P)=log|δ1(KP)|v=v(f(P)),subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]2𝑃4subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃subscriptsubscript𝛿1subscript𝐾𝑃𝑣𝑣𝑓𝑃\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([2]P)-4\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P)=-\log|\delta_{1}(K_{P})|_{v}=v(f(P)),

avec f(P):=δ1(KP)assign𝑓𝑃subscript𝛿1subscript𝐾𝑃f(P):=\delta_{1}(K_{P}) et div(f)=[2](2Θ)4(2Θ)div𝑓superscriptdelimited-[]22Θ42Θ\mathop{\mathrm{div}}(f)=[2]^{*}(2\Theta)-4(2\Theta).

D’après le théorème 4 de l’article [10] (qui ne dépend pas de la normalisation projective choisie pour le point P𝑃P) on a bien pour PAΘ(k)𝑃subscript𝐴Θ𝑘P\in{A_{\Theta}(k)} (i.e. hors du support du diviseur ΘΘ\Theta) :

h^A,2Θ(P)=vMknvλ^2Θ,v(P).subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)=\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P).

3. Une autre hauteur locale archimédienne

On donne dans cette partie une autre normalisation des hauteurs locales archimédiennes, grâce à l’utilisation des fonctions thêta. Ce lien est donné par A. Néron, voir par exemple l’article fondateur [27] page 329.

3.1. Définition

On commence ce paragraphe par rappeler la définition des fonctions thêta : soient Z2𝑍superscript2Z\in{\mathbb{C}^{2}} et τF2𝜏subscript𝐹2\tau\in{F_{2}} :

θa,b(Z)=n2e2iπ(12t(n+a)τ(n+a)+t(n+a)(Z+b)),subscript𝜃𝑎𝑏𝑍subscript𝑛superscript2superscript𝑒2𝑖𝜋superscript𝑡superscript12𝑡𝑛𝑎𝜏𝑛𝑎𝑛𝑎𝑍𝑏\theta_{a,b}(Z)=\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}e^{2i\pi\left(\frac{1}{2}\,^{t}(n+a)\tau(n+a)+\,^{t}(n+a)(Z+b)\right)},

a,b122/2𝑎𝑏12superscript2superscript2a,b\in{\frac{1}{2}\mathbb{Z}^{2}/\mathbb{Z}^{2}} forment le vecteur caractéristique de la fonction thêta.

Tout vecteur complexe Z𝑍Z peut se décomposer en Z=X+τY𝑍𝑋𝜏𝑌Z=X+\tau Y avec X,Y2𝑋𝑌superscript2X,Y\in{\mathbb{R}^{2}}.

Le théorème de Riemann (voir par exemple [20] page 330) montre que les points complexes du diviseur ΘΘ\Theta sont les zéros d’une fonction thêta avec caractéristique (la caractéristique fixant le point de torsion par lequel il faut éventuellement translater, voir par exemple [26] page 60 et page 69 et [24] page 164).

En se reportant à l’analyse menée dans [24] page 164 et [25] page 3.80-82, on peut identifier le vecteur caractéristique comme étant [a,b]=[1/2, 1/2, 1, 1/2]𝑎𝑏delimited-[]12.12.1.12[a,b]=[1/2,\;1/2,\;1,\;1/2]. C’est aussi le choix qui est fait dans [41]. Il est de plus équivalent de prendre la troisième coordonnée égale à zéro.

Fixons alors [a,b]=[1/2, 1/2, 0, 1/2].𝑎𝑏delimited-[]12.12.0.12[a,b]=[1/2,\;1/2,\;0,\;1/2]. Cette caractéristique est impaire, la fonction thêta considérée vérifie en particulier θa,b(0)=0subscript𝜃𝑎𝑏00\theta_{a,b}(0)=0. Son diviseur est Θ()Θ\Theta(\mathbb{C}) et il contient O𝑂O dans son support.

Soit k𝑘k un corps de nombres. Soient C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 et A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) sa jacobienne, polarisée par ΘΘ\Theta. Soit v𝑣v une place archimédienne et soit τvsubscript𝜏𝑣\tau_{v} l’élément de F2subscript𝐹2F_{2} correspondant à (A(kv¯),Θ)𝐴¯subscript𝑘𝑣Θ(A(\bar{k_{v}}),\Theta). On peut alors donner la définition suivante :

Proposition-Définition 3.1.

À une constante près, la hauteur locale associée au diviseur ΘΘ\Theta pour la place vMk𝑣subscript𝑀𝑘v\in{M_{k}} archimédienne peut s’exprimer comme suit, pour tout point P𝑃P hors du support du diviseur ΘΘ\Theta et toute coordonnée complexe de P𝑃P notée Z(P)𝑍𝑃Z(P) :

ΛΘ,v(P)=log(|θa,b(Z(P))|veπtImZ(Imτv)1ImZ).subscriptΛΘ𝑣𝑃subscriptsubscript𝜃𝑎𝑏𝑍𝑃𝑣superscript𝑒superscript𝜋𝑡Im𝑍superscriptImsubscript𝜏𝑣1Im𝑍\Lambda_{\Theta,v}(P)=-\log\left(\Big{|}\theta_{a,b}(Z(P))\Big{|}_{v}\;e^{-\pi\,^{t}\mathop{\mathrm{Im}}Z(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})^{-1}\mathop{\mathrm{Im}}Z}\right).

On peut trouver cette idée d’écriture de la hauteur locale dans l’article [27], page 329. Cette fonction est bien une fonction sur le tore, on a corrigé la fonction thêta de telle sorte qu’elle soit 2+τv2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2}-périodique. Elle vérifie de plus l’équation fonctionnelle :

ΛΘ,v([2]P)4ΛΘ,v(P)=log|θa,b(2Z(P))|v|θa,b(Z(P))|v4=v(f(P)),subscriptΛΘ𝑣delimited-[]2𝑃4subscriptΛΘ𝑣𝑃subscriptsubscript𝜃𝑎𝑏2𝑍𝑃𝑣subscriptsuperscriptsubscript𝜃𝑎𝑏𝑍𝑃4𝑣𝑣𝑓𝑃\Lambda_{\Theta,v}([2]P)-4\Lambda_{\Theta,v}(P)=-\log\frac{|\theta_{a,b}(2Z(P))|_{v}}{|\theta_{a,b}(Z(P))|^{4}_{v}}=v(f(P)),

avec f(P):=θa,b([2]P)/θa,b(P)4assign𝑓𝑃subscript𝜃𝑎𝑏delimited-[]2𝑃subscript𝜃𝑎𝑏superscript𝑃4f(P):=\theta_{a,b}([2]P)/\theta_{a,b}(P)^{4} et div(f)=[2]Θ4Θdiv𝑓superscriptdelimited-[]2Θ4Θ\mathop{\mathrm{div}}(f)=[2]^{*}\Theta-4\Theta.

4. Différences de hauteurs locales

On montre dans cette partie comment tirer parti à la fois des informations aux places finies issues de la normalisation des hauteurs locales au sens de Flynn-Smart (donnée dans le paragraphe 2.2) et des calculs menés sur les fonctions thêta.

4.1. Discussion autour de la torsion

Rappelons la notation A𝒟(k)=A(k)\𝒟(k)subscript𝐴𝒟𝑘\𝐴𝑘𝒟𝑘A_{\mathcal{D}}(k)=A(k)\backslash\mathcal{D}(k).

Proposition 4.1.

Soit v𝑣v une place archimédienne. Soit λ^2Θ,vsubscript^𝜆2Θ𝑣\widehat{\lambda}_{2\Theta,v} la hauteur locale canonique normalisée au sens de Flynn-Smart et définie dans la partie 2.2. Soit ΛΘ,vsubscriptΛΘ𝑣\Lambda_{\Theta,v} la hauteur locale archimédienne définie en 3.1. Il existe une constante C,vsubscript𝐶𝑣C_{\infty,v} telle que :

(5) PAΘ(k),λ^2Θ,v(P)=2ΛΘ,v(P)+C,v.formulae-sequencefor-all𝑃subscript𝐴Θ𝑘subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃2subscriptΛΘ𝑣𝑃subscript𝐶𝑣\forall P\in{A_{\Theta}(k)},\;\;\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P)=2\Lambda_{\Theta,v}(P)+C_{\infty,v}.
Démonstration.

C’est en fait un simple corollaire du théorème 2.1. ∎

Pour obtenir une minoration de la hauteur locale archimédienne normalisée comme dans la partie 2.2, il suffira donc de minorer la hauteur locale archimédienne ΛΘ,vsubscriptΛΘ𝑣\Lambda_{\Theta,v} et la constante C,vsubscript𝐶𝑣C_{\infty,v}. Nous allons estimer cette constante en particularisant l’équation donnée dans la proposition 4.1 en des points de torsion. Il faut cependant s’assurer que les points ne sont pas sur le support du diviseur ΘΘ\Theta.

Nous allons utiliser le fait suivant :

Proposition 4.2.

(Boxall, Grant) Soit Jac(C)/kJac𝐶𝑘\mathop{\mathrm{Jac}}(C)/k une jacobienne de dimension 2 sur un corps quelconque, simple et polarisée par le diviseur Θ=CΘ𝐶\,\Theta=C. Alors aucun point d’ordre 3 n’est sur le diviseur ΘΘ\Theta.

Démonstration.

Il suffit de consulter la preuve de la proposition 1.5 de [1]. Une deuxième preuve de cette proposition figure en corollaire du lemme de zéros 5.1 du présent texte. ∎

Remarque 4.3.

La situation est complètement différente sur un produit de courbes elliptiques E1×E2subscript𝐸1subscript𝐸2E_{1}\times E_{2} polarisé par E1×{O}+{P1}×E2subscript𝐸1𝑂subscript𝑃1subscript𝐸2E_{1}\times\{O\}+\{P_{1}\}\times E_{2}, où P1subscript𝑃1P_{1} est un point de 222-torsion non nul. En effet les points de la forme (R,O)𝑅𝑂(R,O), avec 3R=O3𝑅𝑂3R=O, sont des points de 333-torsion qui sont sur le diviseur. Quitte à étendre un peu le corps, il y a donc 9 points de 333-torsion sur les produits de courbes elliptiques ainsi polarisés.

Revenons aux variétés abéliennes simples en dimension 2. Nous pouvons nous baser sur la dernière proposition et utiliser les points de 333-torsion dans l’étude de la constante de normalisation des hauteurs locales. En particularisant l’égalité (5) pour R𝑅R un point de 333-torsion non nul nous obtenons :

C,v=λ^2Θ,v(R)2ΛΘ,v(R),subscript𝐶𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅2subscriptΛΘ𝑣𝑅C_{\infty,v}=\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)-2\Lambda_{\Theta,v}(R),

ce qui implique donc que pour tout point PAΘ(k)𝑃subscript𝐴Θ𝑘P\in{A_{\Theta}(k)} et tout point R𝑅R d’ordre 3 la différence est constante (on n’utilise que le fait que RΘ𝑅ΘR\notin{\Theta} pour l’instant) :

(6) λ^2Θ,v(P)λ^2Θ,v(R)=2ΛΘ,v(P)2ΛΘ,v(R).subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅2subscriptΛΘ𝑣𝑃2subscriptΛΘ𝑣𝑅\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P)-\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)=2\Lambda_{\Theta,v}(P)-2\Lambda_{\Theta,v}(R).

Posons 𝒯3subscript𝒯3\mathcal{T}_{3} l’ensemble des points d’ordre 3. C’est un ensemble de cardinal 80, car il y a 81 points de 333-torsion mais le point O𝑂O n’est pas d’ordre exactement 3. Nous allons à présent effectuer le calcul clef de notre stratégie d’étude de la hauteur globale. Commençons par des lemmes concernant les points d’ordre 3.

Remarque 4.4.

Notons que nous allons supposer ici que k(A[3])=k𝑘𝐴delimited-[]3𝑘k(A[3])=k. Nous verrons à la fin du paragraphe 5.2 (preuve du théorème 1.8) comment nous passer de cette hypothèse.

Lemme 4.5.

Soit A/k𝐴𝑘A/k une variété abélienne de dimension 2, simple et principalement polarisée. Soit RA(k)𝑅𝐴𝑘R\in{A(k)} un point de 333-torsion non nul. Soit λ^2Θ,vsubscript^𝜆2Θ𝑣\widehat{\lambda}_{2\Theta,v} la hauteur locale normalisée comme dans la partie 2.2. Alors on a :

λ^2Θ,v(R)=13log|δ1(KR)|v.subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅13subscriptsubscript𝛿1subscript𝐾𝑅𝑣\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)=\frac{1}{3}\log\Big{|}\delta_{1}(K_{R})\Big{|}_{v}.
Démonstration.

On note v(f(P))=log|f(P)|v𝑣𝑓𝑃subscript𝑓𝑃𝑣v(f(P))=-\log|f(P)|_{v}. Il suffit de partir de l’équation fonctionnelle fixant la hauteur locale :

λ^2Θ,v([2]R)4λ^2Θ,v(R)=v(f(R)).subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]2𝑅4subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅𝑣𝑓𝑅\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([2]R)-4\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)=v(f(R)).

Comme R𝑅R est un point de 333-torsion non nul, on a [2]R=Rdelimited-[]2𝑅𝑅[2]R=-R. De plus le diviseur ΘΘ\Theta est symétrique et défini grâce à un point de Weierstrass donc la hauteur locale est paire, ce qui implique :

3λ^2Θ,v(R)=v(f(R)),3subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅𝑣𝑓𝑅-3\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)=v(f(R)),

d’où le résultat, en notant que dans la normalisation 2.2, f(P)=δ1(KP)𝑓𝑃subscript𝛿1subscript𝐾𝑃f(P)=\delta_{1}(K_{P}). ∎

Lemme 4.6.

Soient k𝑘k un corps de nombres et C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2, dont on se donne un modèle hyperelliptique entier y2=F(x)=a5x5++a0superscript𝑦2𝐹𝑥subscript𝑎5superscript𝑥5subscript𝑎0y^{2}=F(x)=a_{5}x^{5}+...+a_{0}. Soit A𝐴A la jacobienne de C𝐶C. On note D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F). Alors on a l’égalité :

RA[3]\{O}δ1(KR)=1324D36.subscriptproduct𝑅\𝐴delimited-[]3𝑂subscript𝛿1subscript𝐾𝑅1superscript324superscript𝐷36\prod_{R\in{A[3]\backslash\{O\}}}\delta_{1}(K_{R})=\frac{1}{3^{24}}D^{36}.
Démonstration.

On sait que si D0𝐷0D\neq 0, la courbe C𝐶C est lisse et les points d’ordre exactement 3 de Jac(C)Jac𝐶\mathop{\mathrm{Jac}}(C) ne sont pas sur le support du diviseur ΘΘ\Theta. Ceci implique que R=[2]R𝑅delimited-[]2𝑅-R=[2]R n’est pas sur le support de ΘΘ\Theta, donc δ1(R)0subscript𝛿1𝑅0\delta_{1}(R)\neq 0 pour tout point d’ordre 3. En contraposant on obtient l’implication : (δ1(R)=0)(D=0)subscript𝛿1𝑅0𝐷0\Big{(}\delta_{1}(R)=0\Big{)}\Rightarrow\Big{(}D=0\Big{)}. On sait de plus que δ1(KR)[k1,,k4][a0,,a5]subscript𝛿1subscript𝐾𝑅subscript𝑘1subscript𝑘4subscript𝑎0subscript𝑎5\delta_{1}(K_{R})\in{\mathbb{Z}[k_{1},...,k_{4}][a_{0},...,a_{5}]} et le degré total en les aisubscript𝑎𝑖a_{i} est 3. Le degré total en les kisubscript𝑘𝑖k_{i} est 4. Soit L=(a0,,a5)𝐿subscript𝑎0subscript𝑎5L=\mathbb{Q}(a_{0},...,a_{5}). Les kisubscript𝑘𝑖k_{i} étant les coordonnées des points d’ordre 333 ce sont des éléments algébriques sur L𝐿L. On sait de plus que [L[A[3]]:L]316[L[A[3]]:L]\leq 3^{16}. Posons :

Q(a0,,a5)=RA[3]\{O}δ1(KR).𝑄subscript𝑎0subscript𝑎5subscriptproduct𝑅\𝐴delimited-[]3𝑂subscript𝛿1subscript𝐾𝑅Q(a_{0},...,a_{5})=\prod_{R\in{A[3]\backslash\{O\}}}\delta_{1}(K_{R}).

L’ensemble A[3]\{O}\𝐴delimited-[]3𝑂A[3]\backslash\{O\} est stable sous l’action du groupe de Galois Gal(L¯/L)Gal¯𝐿𝐿\mathop{\mathrm{Gal}}(\bar{L}/L). On peut en déduire que Q(a0,,a5)𝑄subscript𝑎0subscript𝑎5Q\in{\mathbb{Q}(a_{0},...,a_{5})}. Or Q𝑄Q est une fraction rationnelle sans pôle : c’est donc un polynôme. On en déduit que Q(a0,,a5)[a0,,a5]𝑄subscript𝑎0subscript𝑎5subscript𝑎0subscript𝑎5Q(a_{0},...,a_{5})\in{\mathbb{Q}[a_{0},...,a_{5}]}.

D’autre part on a D[a0,,a5]𝐷subscript𝑎0subscript𝑎5D\in{\mathbb{Z}[a_{0},...,a_{5}]} et D𝐷D est irréductible. Ceci permet de dire qu’il existe des constantes universelles c0subscript𝑐0c_{0}\in{\mathbb{Q}} et d0subscript𝑑0d_{0}\in{\mathbb{N}} telles que :

Q=c0Dd0.𝑄subscript𝑐0superscript𝐷subscript𝑑0Q=c_{0}D^{d_{0}}.

(Notons que seules les puissances de D𝐷D ne s’annulent sur aucun point d’ordre 3, voir l’article [13]. On peut aussi raisonner ainsi : il suffit de montrer l’égalité sur \mathbb{C}, ce qui est faisable en étudiant le poids, les zéros et les pôles de la forme Q/D36𝑄superscript𝐷36Q/D^{36}.)

Dans un deuxième temps on cherche à expliciter les constantes c0subscript𝑐0c_{0} et d0subscript𝑑0d_{0}. On sait que D𝐷D est de poids 40 et δ1subscript𝛿1\delta_{1} de poids 18. Comme il y a 80 termes δ1(R)subscript𝛿1𝑅\delta_{1}(R), cela montre que d0=36subscript𝑑036d_{0}=36. Il suffit ensuite de mener le calcul complet dans un cas particulier. Nous allons choisir l’équation y2=x51superscript𝑦2superscript𝑥51y^{2}=x^{5}-1. On pose F(x)=x51𝐹𝑥superscript𝑥51F(x)=x^{5}-1. On a donc disc(F)=3125=55disc𝐹3125superscript55\mathop{\mathrm{disc}}(F)=3125=5^{5}.

On va calculer les coordonnées KRsubscript𝐾𝑅K_{R} des points R𝑅R d’ordre 3 exactement pour cet exemple particulier. On note KR=(1,k2,k3,k4)subscript𝐾𝑅1subscript𝑘2subscript𝑘3subscript𝑘4K_{R}=(1,k_{2},k_{3},k_{4}) la coordonnée normalisée. Ces coordonnées vérifient tout d’abord l’équation de la surface de Kummer (donnée dans [2] page 19 ou dans l’annexe de [28]), qu’on notera δ0=0subscript𝛿00\delta_{0}=0. Ces points vérifient de plus l’équation K[2]R=KR.subscript𝐾delimited-[]2𝑅subscript𝐾𝑅K_{[2]R}=K_{R}. On doit donc résoudre le système suivant :

{δ2k2δ1=0,δ3k3δ1=0,δ4k4δ1=0,δ0=0.\left\{\begin{tabular}[]{lll}$\delta_{2}-k_{2}\delta_{1}$&$=$&$0,$\\ $\delta_{3}-k_{3}\delta_{1}$&$=$&$0,$\\ $\delta_{4}-k_{4}\delta_{1}$&$=$&$0,$\\ $\delta_{0}$&$=$&$0.$\\ \end{tabular}\right.

On utilise alors les formules de duplication sur la surface de Kummer données en annexe de [28], dans lequelles on spécialise ainsi : a6=0subscript𝑎60a_{6}=0, a5=1subscript𝑎51a_{5}=1, a4=a3=a2=a1=0subscript𝑎4subscript𝑎3subscript𝑎2subscript𝑎10a_{4}=a_{3}=a_{2}=a_{1}=0, a0=1subscript𝑎01a_{0}=-1 et k1=1subscript𝑘11k_{1}=1. A partir de là, on s’est ramené au problème de la recherche de racines communes à quatre polynômes fixés dépendant de trois variables k2subscript𝑘2k_{2}, k3subscript𝑘3k_{3} et k4subscript𝑘4k_{4}.

On peut résoudre ce système en utilisant une technique de résultants : on prend le résultant des deux premiers polynômes par rapport à la première variable, puis le résultant du résultat avec le troisième polynôme par rapport à la deuxième variable et un dernier résultant en fonction de la dernière variable. On fait cela dans tous les ordres possibles. Ceci donne des valeurs possibles pour la dernière variable, on remonte ensuite les calculs et on vérifie a posteriori que les coordonnées candidates sont bien des solutions des quatre équations de départ. Une fois les coordonnées trouvées, le calcul de δ1subscript𝛿1\delta_{1} est direct.

Les calculs ont été menés complètement en utilisant le logiciel PARI. Le résultat est le suivant :

Q(1,0,0,0,0,1)=22883245180.𝑄1.0.0.0.01superscript2288superscript324superscript5180Q(1,0,0,0,0,-1)=2^{288}3^{-24}5^{180}.

Ceci fournit, puisqu’on a D=28disc(F)=2855𝐷superscript28disc𝐹superscript28superscript55D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F)=2^{8}5^{5}, les valeurs c0=324subscript𝑐0superscript324c_{0}=3^{-24} et d0=36subscript𝑑036d_{0}=36. ∎

Définition 4.7.

On note 𝒵2subscript𝒵2\mathcal{Z}_{2} l’ensemble des 10 caractéristiques paires en dimension 2, et θm(0,τ)subscript𝜃𝑚0𝜏\theta_{m}(0,\tau) la constante thêta associée à la caractéristique m𝑚m et la matrice de périodes τ𝜏\tau. On définit alors le discriminant modulaire comme étant :

Δ(τ)=212m𝒵2θm(0,τ)2.Δ𝜏superscript212subscriptproduct𝑚subscript𝒵2subscript𝜃𝑚superscript0𝜏2\Delta(\tau)=2^{-12}\prod_{m\in{\mathcal{Z}_{2}}}\theta_{m}(0,\tau)^{2}.
Lemme 4.8.

Soit A/k𝐴𝑘A/k une surface abélienne simple sur un corps de nombres k𝑘k. Soit v𝑣v une place archimédienne et soit A(k¯v)2/2+τv2similar-to-or-equals𝐴subscript¯𝑘𝑣superscript2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2A(\bar{k}_{v})\simeq\mathbb{C}^{2}/\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2} une uniformisation complexe. Pour tout point R𝑅R d’ordre 3, on note ZR=XR+τvYRsubscript𝑍𝑅subscript𝑋𝑅subscript𝜏𝑣subscript𝑌𝑅Z_{R}=X_{R}+\tau_{v}Y_{R} sa coordonnée complexe, avec XR,YR2subscript𝑋𝑅subscript𝑌𝑅superscript2X_{R},Y_{R}\in{\mathbb{R}^{2}}. Posons [a,b]=[1/2,1/2,0,1/2]𝑎𝑏delimited-[]12.12.0.12[a,b]=[1/2,1/2,0,1/2]. On a alors l’égalité suivante :

RT3|θa,b(R,τv)|veπtYRImτvYR=34|Δ(τv)|v4.subscriptproduct𝑅subscript𝑇3subscriptsubscript𝜃𝑎𝑏𝑅subscript𝜏𝑣𝑣superscript𝑒superscript𝜋𝑡subscript𝑌𝑅Imsubscript𝜏𝑣subscript𝑌𝑅superscript34superscriptsubscriptΔsubscript𝜏𝑣𝑣4\prod_{R\in{T_{3}}}\Big{|}\theta_{a,b}(R,\tau_{v})\Big{|}_{v}e^{-\pi^{t}Y_{R}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}Y_{R}}=3^{4}|\Delta(\tau_{v})|_{v}^{4}.
Démonstration.

Il suffit d’utiliser le théorème 2 page 234 de l’article [12] et les transformations classiques des fonctions thêta. ∎

Égalité Clef 4.9.

Soit PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} et soit n1𝑛1n\geq 1 tel que [n]PAΘ(k)delimited-[]𝑛𝑃subscript𝐴Θ𝑘[n]P\in{A_{\Theta}(k)} :

n2h^A,2Θ(P)=vMk0nvλ^2Θ,v([n]P)+vMknv2ΛΘ,v([n]P)+320dlogNk/(D)+110vMknvlog|Δ(τv)|v.superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]𝑛𝑃subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣2subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃320𝑑subscriptN𝑘𝐷110subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscriptΔsubscript𝜏𝑣𝑣n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)=\!\!\sum_{v\in{M_{k}^{0}}}\!\!n_{v}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([n]P)+\!\!\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}\!\!n_{v}2\Lambda_{\Theta,v}([n]P)+\frac{3}{20d}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)+\frac{1}{10}\!\!\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}\!\!n_{v}\log|\Delta(\tau_{v})|_{v}.
Démonstration.

On commence par écrire

n2h^A,2Θ(P)=180R𝒯3(h^A,2Θ([n]P)h^A,2Θ(R))=180R𝒯3vMknv(λ^2Θ,v([n]P)λ^2Θ,v(R)).superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃180subscript𝑅subscript𝒯3subscript^𝐴.2Θdelimited-[]𝑛𝑃subscript^𝐴.2Θ𝑅180subscript𝑅subscript𝒯3subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]𝑛𝑃subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)=\frac{1}{80}\sum_{R\in{\mathcal{T}_{3}}}\Big{(}\widehat{h}_{A,2\Theta}([n]P)-\widehat{h}_{A,2\Theta}(R)\Big{)}=\frac{1}{80}\sum_{R\in{\mathcal{T}_{3}}}\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\Big{(}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([n]P)-\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)\Big{)}.

On utilise alors l’équation (6) aux places archimédiennes pour obtenir :

n2h^A,2Θ(P)=superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃absentn^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)= vMknvλ^2Θ,v([n]P)180R𝒯3vMk0nvλ^2Θ,v(R)+vMk2nvΛΘ,v([n]P)subscript𝑣subscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]𝑛𝑃180subscript𝑅subscript𝒯3subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣𝑅subscript𝑣subscript𝑀𝑘2subscript𝑛𝑣subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃\displaystyle{\sum_{v\in{M_{k}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([n]P)-\frac{1}{80}\sum_{R\in{\mathcal{T}_{3}}}\sum_{v\in{M_{k}^{0}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(R)+\sum_{v\in{M_{k}}}2n_{v}\Lambda_{\Theta,v}([n]P)}
180R𝒯3vMk2nvΛΘ,v(R)180subscript𝑅subscript𝒯3subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘2subscript𝑛𝑣subscriptΛΘ𝑣𝑅\displaystyle{-\frac{1}{80}\sum_{R\in{\mathcal{T}_{3}}}\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}2n_{v}\Lambda_{\Theta,v}(R)}

À ce stade, il suffit d’appliquer les lemmes 4.5 et 4.6 pour la somme sur les points d’ordre 3 aux places finies et le lemme 4.8 pour la somme sur les points d’ordre 3 aux places archimédiennes. On remarquera que les puissances de 3 disparaissent dans les constantes. ∎

Nous allons diviser le travail de minoration de la hauteur globale en quatre tâches :

  1. (1)

    Pour v𝑣v une place finie : minorer λ^2Θ,v([n]P)subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]𝑛𝑃\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([n]P).

  2. (2)

    Pour v𝑣v une place archimédienne : minorer ΛΘ,v([n]P)subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃\Lambda_{\Theta,v}([n]P).

  3. (3)

    Pour v𝑣v une place archimédienne : minorer |Δ(τv)|Δsubscript𝜏𝑣|\Delta(\tau_{v})|.

  4. (4)

    Redescendre sur le corps de base.

On traite du premier point dans le prochain paragraphe. Les études 2 et 3 aux places archimédiennes feront l’objet des parties suivantes. Le quatrième point sera traité à la fin de la preuve du théorème 1.8.

4.2. Estimation aux places finies

Proposition 4.10.

La hauteur locale en une place finie, normalisée comme dans 2.2, peut être minorée de la façon suivante (pour P𝑃P hors du support du diviseur ΘΘ\Theta) :

λ^2Θ,v(P)13(4ordv(2)+ordv(disc(F)))logNk/(v).subscript^𝜆2Θ𝑣𝑃134subscriptord𝑣2subscriptord𝑣disc𝐹subscriptN𝑘𝑣\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}(P)\geq-\frac{1}{3}\Big{(}4\mathop{\mathrm{ord}_{v}}(2)+\mathop{\mathrm{ord}_{v}}(\mathop{\mathrm{disc}}(F))\Big{)}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(v).
Démonstration.

En étudiant des représentations du sous-groupe de 222-torsion de la jacobienne, M.Stoll ([37], théorème 6.1) a obtenu la minoration :

Ev(K)|24disc(F)|v.subscript𝐸𝑣𝐾subscriptsuperscript24disc𝐹𝑣E_{v}(K)\geq\Big{|}2^{4}\mathop{\mathrm{disc}}(F)\Big{|}_{v}.

Ceci donne par un calcul direct la minoration annoncée. Remarquons qu’il est possible d’utiliser ce résultat de Stoll (écrit pour des sextiques) en prenant l’un des coefficients βjsubscript𝛽𝑗\beta_{j} égal à 00 dans son paragraphe 3. Cela induit les mêmes changements que pour les travaux de V. Flynn puisqu’il utilise le même plongement et les mêmes matrices agissant sur 3superscript3\mathbb{P}^{3}. ∎

4.3. Estimation aux places archimédiennes

4.3.1. Minoration de ΛΘ,v(P)subscriptΛΘ𝑣𝑃\Lambda_{\Theta,v}(P)

On veut dans cette sous-partie minorer la hauteur locale archimédienne définie pour PAΘ()𝑃subscript𝐴ΘP\in{A_{\Theta}}(\mathbb{C}) par :

ΛΘ,v(P)=log(|θa,b(Z(P))|veπtImZ(Imτ)1ImZ),subscriptΛΘ𝑣𝑃subscriptsubscript𝜃𝑎𝑏𝑍𝑃𝑣superscript𝑒superscript𝜋𝑡Im𝑍superscriptIm𝜏1Im𝑍\Lambda_{\Theta,v}(P)=-\log\left(\Big{|}\theta_{a,b}(Z(P))\Big{|}_{v}\;e^{-\pi\,^{t}\mathop{\mathrm{Im}}Z(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)^{-1}\mathop{\mathrm{Im}}Z}\right),

où on a fixé [a,b]=[1/2,1/2,0,1/2]𝑎𝑏delimited-[]12.12.0.12[a,b]=[1/2,1/2,0,1/2]. Pour tout vecteur x=[x1,x2]2𝑥subscript𝑥1subscript𝑥2superscript2x=[x_{1},x_{2}]\in{\mathbb{R}^{2}}, on définit la quantité δ(x):=min{d(x1,),d(x2,)}assign𝛿𝑥𝑑subscript𝑥1𝑑subscript𝑥2\delta(x):=\min\{d(x_{1},\mathbb{Z}),d(x_{2},\mathbb{Z})\}. Nous montrons tout d’abord une batterie de lemmes analytiques utiles pour l’estimation des fonctions thêta :

Lemme 4.11.

Pour toute matrice τF2𝜏subscript𝐹2\tau\in{F_{2}} on a la minoration pour tout vecteur réel R=[R1,R2]2𝑅subscript𝑅1subscript𝑅2superscript2R=[R_{1},R_{2}]\in{\mathbb{R}^{2}}:

RtImτR(Imτ1Imτ12)R12+(Imτ2Imτ12)R22.superscript𝑅𝑡Im𝜏𝑅Imsubscript𝜏1Imsubscript𝜏12superscriptsubscript𝑅12Imsubscript𝜏2Imsubscript𝜏12superscriptsubscript𝑅22\,{}^{t}R\mathop{\mathrm{Im}}\tau R\geq(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\,R_{1}^{2}+(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\,R_{2}^{2}.
Démonstration.

Il suffit de développer la forme quadratique et d’écrire :

RtImτRsuperscript𝑅𝑡Im𝜏𝑅\,{}^{t}R\mathop{\mathrm{Im}}\tau R == R12Imτ1+R22Imτ2+2R1R2Imτ12superscriptsubscript𝑅12Imsubscript𝜏1superscriptsubscript𝑅22Imsubscript𝜏22subscript𝑅1subscript𝑅2Imsubscript𝜏12R_{1}^{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}+R_{2}^{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}+2R_{1}R_{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}
\geq R12Imτ1+R22Imτ2(R12+R22)Imτ12superscriptsubscript𝑅12Imsubscript𝜏1superscriptsubscript𝑅22Imsubscript𝜏2superscriptsubscript𝑅12superscriptsubscript𝑅22Imsubscript𝜏12R_{1}^{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}+R_{2}^{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}-(R_{1}^{2}+R_{2}^{2})\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}
\geq R12(Imτ1Imτ12)+R22(Imτ2Imτ12).superscriptsubscript𝑅12Imsubscript𝜏1Imsubscript𝜏12superscriptsubscript𝑅22Imsubscript𝜏2Imsubscript𝜏12R_{1}^{2}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})+R_{2}^{2}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}).

On gardera en mémoire que Imτ2Imτ12Imτ120Imsubscript𝜏2Imsubscript𝜏12Imsubscript𝜏120\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{2}\geq\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}\geq 2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\geq 0 et Imτ1>0Imsubscript𝜏10\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{1}>0. Ces inégalités impliquent que le minorant est une fonction définie positive. ∎

Lemme 4.12.

Soit r>0𝑟0r>0 un réel. Alors on a l’inégalité :

r+ex2𝑑xπ2er2.superscriptsubscript𝑟superscript𝑒superscript𝑥2differential-d𝑥𝜋2superscript𝑒superscript𝑟2\int_{r}^{+\infty}e^{-x^{2}}dx\leq\frac{\sqrt{\pi}}{2}e^{-r^{2}}.
Démonstration.

On se ramène au calcul en coordonnées polaires :

(r+ex2𝑑x)2=xryrex2y2𝑑x𝑑yρr2θ[0,π2]eρ2ρ𝑑ρ𝑑θ=π4e2r2.superscriptsuperscriptsubscript𝑟superscript𝑒superscript𝑥2differential-d𝑥2subscript𝑥𝑟𝑦𝑟superscript𝑒superscript𝑥2superscript𝑦2differential-d𝑥differential-d𝑦subscript𝜌𝑟2𝜃0𝜋2superscript𝑒superscript𝜌2𝜌differential-d𝜌differential-d𝜃𝜋4superscript𝑒2superscript𝑟2\left(\int_{r}^{+\infty}e^{-x^{2}}dx\right)^{2}=\int\!\!\!\int_{\begin{subarray}{c}x\geq r\\ y\geq r\end{subarray}}e^{-x^{2}-y^{2}}dxdy\leq\int\!\!\!\int_{\begin{subarray}{c}\rho\geq r\sqrt{2}\\ \theta\in{[0,\frac{\pi}{2}]}\end{subarray}}e^{-\rho^{2}}\,\rho d\rho d\theta=\frac{\pi}{4}\,e^{-2r^{2}}.

Lemme 4.13.

Soient α>0𝛼0\alpha>0 et β𝛽\beta\in{\mathbb{R}}. Alors si β𝛽\beta\notin{\mathbb{Z}}:

n1eα(n1+β)2(2+πα)eαd(β,)2,subscriptsubscript𝑛1superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽22𝜋𝛼superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq\left(2+\frac{\sqrt{\pi}}{\sqrt{\alpha}}\right)e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}},

et si β𝛽\beta\in{\mathbb{Z}} :

n1eα(n1+β)21+πα.subscriptsubscript𝑛1superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽21𝜋𝛼\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq 1+\frac{\sqrt{\pi}}{\sqrt{\alpha}}.

De plus si β=12𝛽12\beta=\frac{1}{2} on a :

n1n13,2,1,0,1,2eα(n1+β)2(πα)eα254.subscriptsubscript𝑛1subscript𝑛1321.0.1.2superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2𝜋𝛼superscript𝑒𝛼254\sum_{\begin{subarray}{c}n_{1}\in{\mathbb{Z}}\\ n_{1}\neq-3,-2,-1,0,1,2\end{subarray}}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq\left(\frac{\sqrt{\pi}}{\sqrt{\alpha}}\right)e^{-\alpha\frac{25}{4}}.

Enfin si β=0𝛽0\beta=0 on a :

n1n11,0,1eαn12(πα)eα.subscriptsubscript𝑛1subscript𝑛11.0.1superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛12𝜋𝛼superscript𝑒𝛼\sum_{\begin{subarray}{c}n_{1}\in{\mathbb{Z}}\\ n_{1}\neq-1,0,1\end{subarray}}e^{-\alpha n_{1}^{2}}\leq\left(\frac{\sqrt{\pi}}{\sqrt{\alpha}}\right)e^{-\alpha}.
Démonstration.

On démontre la première inégalité, β𝛽\beta\notin{\mathbb{Z}}, les autres s’en déduisent. On mène une comparaison série-intégrale pour la fonction f𝑓f donnée par f(x)=eα(x+β)2𝑓𝑥superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2f(x)=e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}. On note n0subscript𝑛0n_{0} le plus grand entier inférieur à β𝛽-\beta (on notera n0=βsubscript𝑛0𝛽n_{0}=\lfloor-\beta\rfloor) et on utilise la distance d(β,)=min{|n0+β|,|n0+1+β|}𝑑𝛽subscript𝑛0𝛽subscript𝑛01𝛽d(\beta,\mathbb{Z})=\min\{|n_{0}+\beta|,|n_{0}+1+\beta|\}. On obtient alors la majoration :

n1eα(n1+β)2subscriptsubscript𝑛1superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2\displaystyle{\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}} \leq n0eα(x+β)2𝑑x+eα(n0+β)2+eα(n0+1+β)2+n0+1+eα(x+β)2𝑑x,superscriptsubscriptsubscript𝑛0superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2differential-d𝑥superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛0𝛽2superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛01𝛽2superscriptsubscriptsubscript𝑛01superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2differential-d𝑥\displaystyle{\int_{-\infty}^{n_{0}}e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}dx+e^{-\alpha(n_{0}+\beta)^{2}}+e^{-\alpha(n_{0}+1+\beta)^{2}}+\int_{n_{0}+1}^{+\infty}e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}dx,}

donc :

n1eα(n1+β)2(n0β)α+ex2dxα+2eαd(β,)2+(n0+1+β)α+ex2dxα.subscriptsubscript𝑛1superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2superscriptsubscriptsubscript𝑛0𝛽𝛼superscript𝑒superscript𝑥2𝑑𝑥𝛼2superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2superscriptsubscriptsubscript𝑛01𝛽𝛼superscript𝑒superscript𝑥2𝑑𝑥𝛼\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq\int_{(-n_{0}-\beta)\sqrt{\alpha}}^{+\infty}e^{-x^{2}}\frac{dx}{\sqrt{\alpha}}+2e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}+\int_{(n_{0}+1+\beta)\sqrt{\alpha}}^{+\infty}e^{-x^{2}}\frac{dx}{\sqrt{\alpha}}.

Il suffit alors d’utiliser l’inégalité du lemme 4.12 pour conclure. ∎

Lemme 4.14.

Soient α>0𝛼0\alpha>0 et β𝛽\beta\in{\mathbb{R}}. Alors :

n1|n1+12|eα(n1+β)2C(α,β)eαd(β,)2,subscriptsubscript𝑛1subscript𝑛112superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2𝐶𝛼𝛽superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq C(\alpha,\beta)e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}},

où l’on peut prendre :

C(α,β)=1α+|β12|πα+12((β12)2+2α+2)2+12.𝐶𝛼𝛽1𝛼𝛽12𝜋𝛼12superscriptsuperscript𝛽1222𝛼2212C(\alpha,\beta)=\frac{1}{\alpha}+\Big{|}\beta-\frac{1}{2}\Big{|}\frac{\sqrt{\pi}}{\sqrt{\alpha}}+\frac{1}{2}\left(\sqrt{\left(\beta-\frac{1}{2}\right)^{2}+\frac{2}{\alpha}}+2\right)^{2}+\frac{1}{2}.
Démonstration.

On mène ici une comparaison série-intégrale pour la fonction f𝑓f donnée par f(x)=|x+12|eα(x+β)2𝑓𝑥𝑥12superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2f(x)=|x+\frac{1}{2}|e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}. Il y a ici trois changements de sens de variation (car il y en a un en 1/212-1/2). On notera xmax1<12<xmax2subscript𝑥112subscript𝑥2x_{\max 1}<-\frac{1}{2}<x_{\max 2} les abscisses des trois maxima locaux. L’étude de la dérivée donne les expressions xmax1max2=12(β1/2(β+1/2)22β+2/α).subscript𝑥1212minus-or-plus𝛽12superscript𝛽1222𝛽2𝛼x_{\begin{subarray}{c}\max 1\\ \max 2\end{subarray}}=\frac{1}{2}\left(-\beta-1/2\mp\sqrt{(\beta+1/2)^{2}-2\beta+2/\alpha}\right). Posons N1=xmax1subscript𝑁1subscript𝑥1\displaystyle{N_{1}=\lfloor x_{\max 1}\rfloor} et N2=xmax2subscript𝑁2subscript𝑥2\displaystyle{N_{2}=\lfloor x_{\max 2}\rfloor}, où x𝑥\lfloor x\rfloor désigne la partie entière de x𝑥x. On a alors la majoration :

n1|n1+12|eα(n1+β)2A+B+C,subscriptsubscript𝑛1subscript𝑛112superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2𝐴𝐵𝐶\sum_{n_{1}\in{\mathbb{Z}}}\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}}\leq A+B+C,

où :

A=N1|x+12|eα(x+β)2𝑑x,B=n1=N1N2+1|n1+12|eα(n1+β)2,C=N2+1+|x+12|eα(x+β)2𝑑x.formulae-sequence𝐴superscriptsubscriptsubscript𝑁1𝑥12superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2differential-d𝑥formulae-sequence𝐵superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑁1subscript𝑁21subscript𝑛112superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑛1𝛽2𝐶superscriptsubscriptsubscript𝑁21𝑥12superscript𝑒𝛼superscript𝑥𝛽2differential-d𝑥A=\int_{-\infty}^{N_{1}}\Big{|}x+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}dx,\;\;B=\sum_{n_{1}=N_{1}}^{N_{2}+1}\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha(n_{1}+\beta)^{2}},\;\;C=\int_{N_{2}+1}^{+\infty}\Big{|}x+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha(x+\beta)^{2}}dx.

Alors en posant r=(N1β)α>0𝑟subscript𝑁1𝛽𝛼0r=(-N_{1}-\beta)\sqrt{\alpha}>0 on obtient par inégalité triangulaire :

A=r+|xα+β12|ex2dxα1αr+xex2𝑑x+|β12|αr+ex2𝑑x,𝐴superscriptsubscript𝑟𝑥𝛼𝛽12superscript𝑒superscript𝑥2𝑑𝑥𝛼1𝛼superscriptsubscript𝑟𝑥superscript𝑒superscript𝑥2differential-d𝑥𝛽12𝛼superscriptsubscript𝑟superscript𝑒superscript𝑥2differential-d𝑥\displaystyle{A=\int_{r}^{+\infty}\Big{|}\frac{x}{\sqrt{\alpha}}+\beta-\frac{1}{2}\Big{|}e^{-x^{2}}\frac{dx}{\sqrt{\alpha}}}\leq\frac{1}{\alpha}\int_{r}^{+\infty}xe^{-x^{2}}dx\;+\;\frac{|\beta-\frac{1}{2}|}{\sqrt{\alpha}}\int_{r}^{+\infty}e^{-x^{2}}dx,

donc par intégration directe et par l’inégalité du lemme 4.12 :

A12αeα(N1β)2+|β12|π2αeα(N1β)2(12α+|β12|π2α)eαd(β,)2.𝐴12𝛼superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑁1𝛽2𝛽12𝜋2𝛼superscript𝑒𝛼superscriptsubscript𝑁1𝛽212𝛼𝛽12𝜋2𝛼superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2A\leq\frac{1}{2\alpha}e^{-\alpha(-N_{1}-\beta)^{2}}+\frac{|\beta-\frac{1}{2}|\sqrt{\pi}}{2\sqrt{\alpha}}e^{-\alpha(-N_{1}-\beta)^{2}}\leq\left(\frac{1}{2\alpha}+\frac{|\beta-\frac{1}{2}|\sqrt{\pi}}{2\sqrt{\alpha}}\right)e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}.

On obtient la même majoration pour le terme C𝐶C. Reste le terme médian :

Bn1=N1N2+1|n1+12|eαd(β,)2(n1=0N2+1(n1+12)n1=N11(n1+12))eαd(β,)2,𝐵superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑁1subscript𝑁21subscript𝑛112superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2superscriptsubscriptsubscript𝑛10subscript𝑁21subscript𝑛112superscriptsubscriptsubscript𝑛1subscript𝑁11subscript𝑛112superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2B\leq\sum_{n_{1}=N_{1}}^{N_{2}+1}\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}\leq\Big{(}\sum_{n_{1}=0}^{N_{2}+1}\Big{(}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{)}-\sum_{n_{1}=N_{1}}^{-1}\Big{(}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{)}\Big{)}e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}},

donc :

Beαd(β,)2N12+N22+4N2+42=(N2N1)2+2N1N2+4N2+42,𝐵superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2superscriptsubscript𝑁12superscriptsubscript𝑁224subscript𝑁242superscriptsubscript𝑁2subscript𝑁122subscript𝑁1subscript𝑁24subscript𝑁242Be^{\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}\leq\frac{N_{1}^{2}+N_{2}^{2}+4N_{2}+4}{2}=\frac{(N_{2}-N_{1})^{2}+2N_{1}N_{2}+4N_{2}+4}{2},

donc en utilisant les inégalités N11subscript𝑁11N_{1}\leq-1 et 22N122subscript𝑁12\leq-2N_{1} :

Beαd(β,)2(N2N1)2+2(N2N1)+22=(N2N1+1)2+12.𝐵superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2superscriptsubscript𝑁2subscript𝑁122subscript𝑁2subscript𝑁122superscriptsubscript𝑁2subscript𝑁11212Be^{\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}\leq\frac{(N_{2}-N_{1})^{2}+2(N_{2}-N_{1})+2}{2}=\frac{(N_{2}-N_{1}+1)^{2}+1}{2}.

Or 0N2N1<xmax2xmax1+1=(β12)2+2α+10subscript𝑁2subscript𝑁1subscript𝑥max2subscript𝑥max11superscript𝛽1222𝛼10\leq N_{2}-N_{1}<x_{\mathrm{max2}}-x_{\mathrm{max1}}+1=\sqrt{(\beta-\frac{1}{2})^{2}+\frac{2}{\alpha}}+1, donc :

B(12((β12)2+2α+2)2+12)eαd(β,)2.𝐵12superscriptsuperscript𝛽1222𝛼2212superscript𝑒𝛼𝑑superscript𝛽2B\leq\Big{(}\frac{1}{2}\Big{(}\sqrt{\Big{(}\beta-\frac{1}{2}\Big{)}^{2}+\frac{2}{\alpha}}+2\Big{)}^{2}+\frac{1}{2}\Big{)}e^{-\alpha d(\beta,\mathbb{Z})^{2}}.

Il suffit alors de réunir les majorations des termes A,B,C𝐴𝐵𝐶A,B,C pour obtenir le lemme. ∎

Lemme 4.15.

On pose δ(a+Y)=min{d(12+y1,),d(12+y2,)}𝛿𝑎𝑌𝑑12subscript𝑦1𝑑12subscript𝑦2\delta(a+Y)=\min\{d(\frac{1}{2}+y_{1},\mathbb{Z}),d(\frac{1}{2}+y_{2},\mathbb{Z})\}. On suppose que (X,Y)12norm𝑋𝑌12||(X,Y)||\leq\frac{1}{2}. On a alors la majoration pour tout u[0,1]𝑢delimited-[]0.1u\in{[0,1]} :

n2|ni+12|eπt(n+a+Yu)Imτ(n+a+Yu)C2(yi)eπ(Tr(Imτ)2Imτ12)δ(a+Y)2,subscript𝑛superscript2subscript𝑛𝑖12superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑛𝑎𝑌𝑢Im𝜏𝑛𝑎𝑌𝑢subscript𝐶2subscript𝑦𝑖superscript𝑒𝜋TrIm𝜏2Imsubscript𝜏12𝛿superscript𝑎𝑌2\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\Big{|}n_{i}+\frac{1}{2}\Big{|}e^{-\pi\,^{t}(n+a+Yu)\mathop{\mathrm{Im}}\tau(n+a+Yu)}\leq C_{2}(y_{i})e^{-\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\delta(a+Y)^{2}},

où l’on peut prendre : C2(yi)=4(4π+2|yi|+12(yi2+8π+2)2+12).subscript𝐶2subscript𝑦𝑖44𝜋2subscript𝑦𝑖12superscriptsuperscriptsubscript𝑦𝑖28𝜋2212C_{2}(y_{i})=4\Big{(}\frac{4}{\pi}+2|y_{i}|+\frac{1}{2}\Big{(}\sqrt{y_{i}^{2}+\frac{8}{\pi}}+2\Big{)}^{2}+\frac{1}{2}\Big{)}.

Démonstration.

On applique successivement les lemmes 4.11, 4.13 et 4.14 en spécialisant α=π(ImτiImτ12)𝛼𝜋Imsubscript𝜏𝑖Imsubscript𝜏12\alpha=\pi(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{i}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}) et β=12+uyi𝛽12𝑢subscript𝑦𝑖\beta=\frac{1}{2}+uy_{i} (avec u[0,1]𝑢delimited-[]0.1u\in{[0,1]}) pour i{1,2}𝑖1.2i\in{\{1,2\}}. Le maximum sur u𝑢u est atteint, pour le majorant, en u=1𝑢1u=1, car |yi|12subscript𝑦𝑖12|y_{i}|\leq\frac{1}{2}. ∎

Nous pouvons donc à présent montrer la proposition suivante :

Proposition 4.16.

Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 et soit v𝑣v une place archimédienne. Soit P𝑃P un point de Jac(C)(k¯v)2/(2+τv2)Jac𝐶subscript¯𝑘𝑣superscript2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2\mathop{\mathrm{Jac}}(C)(\bar{k}_{v})\cong\mathbb{C}^{2}/(\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2}) hors du support du diviseur ΘΘ\Theta. On note Z=X+τvY𝑍𝑋subscript𝜏𝑣𝑌Z=X+\tau_{v}Y une coordonnée de P𝑃P, avec Y=[y1,y2]𝑌subscript𝑦1subscript𝑦2Y=[y_{1},y_{2}]. On définit la norme de vecteur (X,Y)=max{|x1|,|x2|,|y1|,|y2|}norm𝑋𝑌subscript𝑥1subscript𝑥2subscript𝑦1subscript𝑦2||(X,Y)||=\max\{|x_{1}|,|x_{2}|,|y_{1}|,|y_{2}|\}. Alors la hauteur locale archimédienne ΛΘ,vsubscriptΛΘ𝑣\Lambda_{\Theta,v} peut être minorée de la façon suivante, dès que (X,Y)12norm𝑋𝑌12||(X,Y)||\leq\frac{1}{2} :

ΛΘ,v(P)subscriptΛΘ𝑣𝑃\Lambda_{\Theta,v}(P) \geq π(Tr(Imτv)2Imτv,12)δ(a+Y)2log(4+32Tr(Imτv))𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2Imsubscript𝜏𝑣.12𝛿superscript𝑎𝑌2432TrImsubscript𝜏𝑣\displaystyle{\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,12})\delta(a+Y)^{2}-\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}}
+log1(X,Y)logC3(Y),1norm𝑋𝑌subscript𝐶3𝑌\displaystyle{+\log\frac{1}{||(X,Y)||}-\log C_{3}(Y),}

où l’on peut prendre : C3(Y)=maxi{1,2}8π(4π+2|yi|+12(yi2+8π+2)2+12).subscript𝐶3𝑌subscript𝑖1.28𝜋4𝜋2subscript𝑦𝑖12superscriptsuperscriptsubscript𝑦𝑖28𝜋2212C_{3}(Y)=\max_{i\in\{1,2\}}8\pi\Big{(}\frac{4}{\pi}+2|y_{i}|+\frac{1}{2}\Big{(}\sqrt{y_{i}^{2}+\frac{8}{\pi}}+2\Big{)}^{2}+\frac{1}{2}\Big{)}.

Remarque 4.17.

On a la majoration C3(Y)239,2subscript𝐶3𝑌239.2C_{3}(Y)\leq 239,2 pour yi1/2subscript𝑦𝑖12y_{i}\leq 1/2.

Démonstration.

On notera tout au long de la preuve : τ=τv𝜏subscript𝜏𝑣\tau=\tau_{v}. Calculons, pour Z=X+τY𝑍𝑋𝜏𝑌Z=X+\tau Y, avec X𝑋X et Y𝑌Y des vecteurs de 2superscript2\mathbb{R}^{2} :

ImtZ(Imτ)1ImZ=tIm(τY)(Imτ)1Im(τY)=tYImτY.superscript𝑡superscriptIm𝑡𝑍superscriptIm𝜏1Im𝑍Im𝜏𝑌superscriptIm𝜏1Im𝜏𝑌superscript𝑡𝑌Im𝜏𝑌\,{}^{t}\mathop{\mathrm{Im}}Z(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)^{-1}\mathop{\mathrm{Im}}Z=\,^{t}\mathop{\mathrm{Im}}(\tau Y)(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)^{-1}\mathop{\mathrm{Im}}(\tau Y)=\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y.

Posons :

ζn(X,Y):=2iπ(12t(n+a)τ(n+a)+t(n+a)τY+t(n+a)(X+b)),assignsubscript𝜁𝑛𝑋𝑌2𝑖𝜋superscript𝑡superscript𝑡superscript12𝑡𝑛𝑎𝜏𝑛𝑎𝑛𝑎𝜏𝑌𝑛𝑎𝑋𝑏\zeta_{n}(X,Y):=2i\pi\left(\frac{1}{2}\,^{t}(n+a)\tau(n+a)+\,^{t}(n+a)\tau Y+\,^{t}(n+a)(X+b)\right),

et :

g(X,Y):=θa,b(X+τY)=n2eζn(X,Y).assign𝑔𝑋𝑌subscript𝜃𝑎𝑏𝑋𝜏𝑌subscript𝑛superscript2superscript𝑒subscript𝜁𝑛𝑋𝑌g(X,Y):=\theta_{a,b}(X+\tau Y)=\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}e^{\zeta_{n}(X,Y)}.

On veut donc majorer la quantité : |g(X,Y)|eπtYImτY.𝑔𝑋𝑌superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑌Im𝜏𝑌|g(X,Y)|e^{-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}. Tout d’abord par l’inégalité des accroissements finis, avec (X,Y)=sup{|x1|,|x2|,|y1|,|y2|}norm𝑋𝑌supremumsubscript𝑥1subscript𝑥2subscript𝑦1subscript𝑦2||(X,Y)||=\sup\{|x_{1}|,|x_{2}|,|y_{1}|,|y_{2}|\} et |||.||||||.||| la norme subordonnée :

|g(X,Y)g(0,0)|(max(X,Y)[(0,0),(X,Y)]|dg|(X,Y)|)(X,Y)(0,0).|g(X,Y)-g(0,0)|\leq\left(\max_{(X^{\prime},Y^{\prime})\in{[(0,0),(X,Y)]}}|||dg_{|(X^{\prime},Y^{\prime})}|||\right)||(X,Y)-(0,0)||.

donc comme g(0,0)=θa,b(0)=0𝑔0.0subscript𝜃𝑎𝑏00g(0,0)=\theta_{a,b}(0)=0 :

|g(X,Y)|(maxu[0,1]|dg|u(X,Y)|)(X,Y).|g(X,Y)|\leq\left(\max_{u\in{[0,1]}}|||dg_{|u(X,Y)}|||\right)||(X,Y)||.

On a alors en écrivant [X,Y]=[x1,x2,y1,y2]𝑋𝑌subscript𝑥1subscript𝑥2subscript𝑦1subscript𝑦2[X,Y]=[x_{1},\;x_{2},\;y_{1},\;y_{2}] :

gx1(X,Y)𝑔subscript𝑥1𝑋𝑌\displaystyle{\frac{\partial g}{\partial x_{1}}(X,Y)} == n22πi(n1+12)eζn(X,Y),subscript𝑛superscript22𝜋𝑖subscript𝑛112superscript𝑒subscript𝜁𝑛𝑋𝑌\displaystyle{\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}2\pi i\left(n_{1}+\frac{1}{2}\right)e^{\zeta_{n}(X,Y)}},
gx2(X,Y)𝑔subscript𝑥2𝑋𝑌\displaystyle{\frac{\partial g}{\partial x_{2}}(X,Y)} == n22πi(n2+12)eζn(X,Y),subscript𝑛superscript22𝜋𝑖subscript𝑛212superscript𝑒subscript𝜁𝑛𝑋𝑌\displaystyle{\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}2\pi i\left(n_{2}+\frac{1}{2}\right)e^{\zeta_{n}(X,Y)}},
gy1(X,Y)𝑔subscript𝑦1𝑋𝑌\displaystyle{\frac{\partial g}{\partial y_{1}}(X,Y)} == n22πi((n1+12)τ1+(n2+12)τ12)eζn(X,Y),subscript𝑛superscript22𝜋𝑖subscript𝑛112subscript𝜏1subscript𝑛212subscript𝜏12superscript𝑒subscript𝜁𝑛𝑋𝑌\displaystyle{\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}2\pi i\left(\left(n_{1}+\frac{1}{2}\right)\tau_{1}+\left(n_{2}+\frac{1}{2}\right)\tau_{12}\right)e^{\zeta_{n}(X,Y)}},
gy2(X,Y)𝑔subscript𝑦2𝑋𝑌\displaystyle{\frac{\partial g}{\partial y_{2}}(X,Y)} == n22πi((n1+12)τ12+(n2+12)τ2)eζn(X,Y).subscript𝑛superscript22𝜋𝑖subscript𝑛112subscript𝜏12subscript𝑛212subscript𝜏2superscript𝑒subscript𝜁𝑛𝑋𝑌\displaystyle{\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}2\pi i\left(\left(n_{1}+\frac{1}{2}\right)\tau_{12}+\left(n_{2}+\frac{1}{2}\right)\tau_{2}\right)e^{\zeta_{n}(X,Y)}}.

De plus :

Re(ζn(Xu,Yu))Resubscript𝜁𝑛𝑋𝑢𝑌𝑢\mathop{\mathrm{Re}}(\zeta_{n}(Xu,Yu)) == πt(n+a)Imτ(n+a)2πt(n+a)ImτYusuperscript𝜋𝑡𝑛𝑎Im𝜏𝑛𝑎2superscript𝜋𝑡𝑛𝑎Im𝜏𝑌𝑢-\pi\,^{t}(n+a)\mathop{\mathrm{Im}}\tau(n+a)-2\pi\,^{t}(n+a)\mathop{\mathrm{Im}}\tau Yu
== πt(n+a+Yu)Imτ(n+a+Yu)+πu2YtImτY.superscript𝜋𝑡𝑛𝑎𝑌𝑢Im𝜏𝑛𝑎𝑌𝑢𝜋superscript𝑢2superscript𝑌𝑡Im𝜏𝑌-\pi\,^{t}(n+a+Yu)\mathop{\mathrm{Im}}\tau(n+a+Yu)+\pi u^{2}\,{}^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y.

On obtient alors pour tout vecteur (X,Y)𝑋𝑌(X,Y) non nul :

|g(X,Y)|2π(X,Y)𝑔𝑋𝑌2𝜋norm𝑋𝑌\displaystyle{\frac{|g(X,Y)|}{2\pi||(X,Y)||}} \leq maxu[0,1]subscript𝑢delimited-[]0.1\displaystyle{\max_{u\in{[0,1]}}} [n2(|n1+12|+|n2+12|)eRe(ζn(Xu,Yu))\displaystyle{\Big{[}\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\Big{(}\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}+\Big{|}n_{2}+\frac{1}{2}\Big{|}\Big{)}e^{\mathop{\mathrm{Re}}(\zeta_{n}(Xu,Yu))}}
+n2(|n1+12||τ1|+|n2+12||τ12|)eRe(ζn(Xu,Yu))subscript𝑛superscript2subscript𝑛112subscript𝜏1subscript𝑛212subscript𝜏12superscript𝑒Resubscript𝜁𝑛𝑋𝑢𝑌𝑢\displaystyle{+\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\left(\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}|\tau_{1}|+\Big{|}n_{2}+\frac{1}{2}\Big{|}|\tau_{12}|\right)e^{\mathop{\mathrm{Re}}(\zeta_{n}(Xu,Yu))}}
+n2(|n1+12||τ12|+|n2+12||τ2|)eRe(ζn(Xu,Yu))].\displaystyle{+\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\left(\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}|\tau_{12}|+\Big{|}n_{2}+\frac{1}{2}\Big{|}|\tau_{2}|\right)e^{\mathop{\mathrm{Re}}(\zeta_{n}(Xu,Yu))}\Big{]}}.

On obtient ainsi :

|g(X,Y)|eπtYImτY2π(X,Y)𝑔𝑋𝑌superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑌Im𝜏𝑌2𝜋norm𝑋𝑌\displaystyle{\frac{|g(X,Y)|e^{-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}}{2\pi||(X,Y)||}} \leq maxu[0,1][n2((1+|τ1|+|τ12|)|n1+12|+\displaystyle{\max_{u\in{[0,1]}}\Big{[}\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\Big{(}(1+|\tau_{1}|+|\tau_{12}|)\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}}+
(1+|τ2|+|τ12|)|n2+12|)eRe(ζn(Xu,Yu))πtYImτY],\displaystyle{(1+|\tau_{2}|+|\tau_{12}|)\Big{|}n_{2}+\frac{1}{2}\Big{|}\Big{)}e^{\mathop{\mathrm{Re}}(\zeta_{n}(Xu,Yu))-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}\Big{]}},

donc :

|g(X,Y)|eπtYImτY2π(X,Y)𝑔𝑋𝑌superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑌Im𝜏𝑌2𝜋norm𝑋𝑌\displaystyle{\frac{|g(X,Y)|e^{-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}}{2\pi||(X,Y)||}} \leq maxu[0,1][n2((1+|τ1|+|τ12|)|n1+12|+\displaystyle{\max_{u\in{[0,1]}}\Big{[}\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}\Big{(}(1+|\tau_{1}|+|\tau_{12}|)\Big{|}n_{1}+\frac{1}{2}\Big{|}}+\hskip 85.35826pt
(1+|τ2|+|τ12|)|n2+12|)eπt(n+a+Yu)Imτ(n+a+Yu)].\displaystyle{(1+|\tau_{2}|+|\tau_{12}|)\Big{|}n_{2}+\frac{1}{2}\Big{|}\Big{)}e^{-\pi\,^{t}(n+a+Yu)\mathop{\mathrm{Im}}\tau(n+a+Yu)}\Big{]}}.

On utilise alors le lemme 4.15 dans la dernière majoration :

|g(X,Y)|eπtYImτY2π(X,Y)𝑔𝑋𝑌superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑌Im𝜏𝑌2𝜋norm𝑋𝑌\displaystyle{\frac{|g(X,Y)|e^{-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}}{2\pi||(X,Y)||}} \leq (1+|τ1|+|τ12|)C2(y1)eπ(Tr(Imτ)2Imτ12)δ(a+Y)21subscript𝜏1subscript𝜏12subscript𝐶2subscript𝑦1superscript𝑒𝜋TrIm𝜏2Imsubscript𝜏12𝛿superscript𝑎𝑌2\displaystyle{(1+|\tau_{1}|+|\tau_{12}|)C_{2}(y_{1})}e^{-\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\delta(a+Y)^{2}}
+(1+|τ2|+|τ12|)C2(y2)eπ(Tr(Imτ)2Imτ12)δ(a+Y)2,1subscript𝜏2subscript𝜏12subscript𝐶2subscript𝑦2superscript𝑒𝜋TrIm𝜏2Imsubscript𝜏12𝛿superscript𝑎𝑌2\displaystyle{+(1+|\tau_{2}|+|\tau_{12}|)C_{2}(y_{2})}e^{-\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\delta(a+Y)^{2}},

donc on obtient en notant C2(Y):=max{C2(y1),C2(y2)}assignsubscript𝐶2𝑌subscript𝐶2subscript𝑦1subscript𝐶2subscript𝑦2C_{2}(Y):=\max\{C_{2}(y_{1}),C_{2}(y_{2})\} :

|g(X,Y)|eπtYImτY2π(X,Y)(2+|τ1|+|τ2|+2|τ12|)C2(Y)eπ(Tr(Imτ)2Imτ12)δ(a+Y)2.𝑔𝑋𝑌superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑌Im𝜏𝑌2𝜋norm𝑋𝑌2subscript𝜏1subscript𝜏22subscript𝜏12subscript𝐶2𝑌superscript𝑒𝜋TrIm𝜏2Imsubscript𝜏12𝛿superscript𝑎𝑌2\frac{|g(X,Y)|e^{-\pi\,^{t}Y\mathop{\mathrm{Im}}\tau Y}}{2\pi||(X,Y)||}\leq\displaystyle{(2+|\tau_{1}|+|\tau_{2}|+2|\tau_{12}|)}C_{2}(Y)e^{-\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\delta(a+Y)^{2}}.

En prenant l’opposé du logarithme de cette dernière inégalité il vient finalement :

ΛΘ,v(P)subscriptΛΘ𝑣𝑃\Lambda_{\Theta,v}(P) \geq π(Tr(Imτ)2Imτ12)δ(a+Y)2log(2+|τ1|+|τ2|+2|τ12|)𝜋TrIm𝜏2Imsubscript𝜏12𝛿superscript𝑎𝑌22subscript𝜏1subscript𝜏22subscript𝜏12\displaystyle{\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})\delta(a+Y)^{2}-\log(2+|\tau_{1}|+|\tau_{2}|+2|\tau_{12}|)}
+log1(X,Y)log2πC2(Y),1norm𝑋𝑌2𝜋subscript𝐶2𝑌\displaystyle{+\log\frac{1}{||(X,Y)||}-\log 2\pi C_{2}(Y),}

De plus, en utilisant |τi|12+Imτisubscript𝜏𝑖12Imsubscript𝜏𝑖|\tau_{i}|\leq\frac{1}{2}+\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{i} et |τ12|12+12Imτisubscript𝜏121212Imsubscript𝜏𝑖|\tau_{12}|\leq\frac{1}{2}+\frac{1}{2}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{i} pour i=1𝑖1i=1 et i=2𝑖2i=2 on obtient :

log(2+|τ1|+|τ2|+2|τ12|)log(4+32Tr(Imτ)).2subscript𝜏1subscript𝜏22subscript𝜏12432TrIm𝜏\log(2+|\tau_{1}|+|\tau_{2}|+2|\tau_{12}|)\leq\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)\Big{)}.

Ceci achève la preuve de la proposition 4.16. ∎

4.3.2. Minoration de |Δ(τv)|Δsubscript𝜏𝑣|\Delta(\tau_{v})|

On va donner dans cette section une minoration de la norme des constantes thêta paires en dimension 2. Soit v𝑣v une place archimédienne. On note ici τ=τv𝜏subscript𝜏𝑣\tau=\tau_{v}. Comme Δ(τ)Δ𝜏\Delta(\tau) s’annule uniquement en τ12=0subscript𝜏120\tau_{12}=0 (pour τ𝜏\tau dans F2subscript𝐹2F_{2}, voir par exemple [17], proposition 2 page 115), on s’attend à voir apparaître une condition sur l’espace de modules des surfaces abéliennes principalement polarisées.

Il y a dix constantes thêta θab(0,τ)subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏\theta_{ab}(0,\tau) non nulles en dimension 2 ; elles correspondent exactement aux caractéristiques paires :

[ab]θ1={[0000],[0001/2],[001/20],[001/21/2]},delimited-[]𝑎𝑏subscript𝜃1delimited-[]0000delimited-[]00012delimited-[]00120delimited-[]001212\left[\begin{array}[]{c}a\\ b\end{array}\right]\in{\theta_{1}=\left\{\left[\begin{array}[]{c}0\\ 0\\ 0\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}0\\ 0\\ 0\\ 1/2\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}0\\ 0\\ 1/2\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}0\\ 0\\ 1/2\\ 1/2\end{array}\right]\right\}},
[ab]θ2={[1/2000],[01/200],[1/21/200],[01/21/20],[1/2001/2],[1/21/21/21/2]}.delimited-[]𝑎𝑏subscript𝜃2delimited-[]12000delimited-[]01200delimited-[]121200delimited-[]012120delimited-[]120012delimited-[]12121212\left[\begin{array}[]{c}a\\ b\end{array}\right]\in{\theta_{2}=\left\{\left[\begin{array}[]{c}1/2\\ 0\\ 0\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}0\\ 1/2\\ 0\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}1/2\\ 1/2\\ 0\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}0\\ 1/2\\ 1/2\\ 0\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}1/2\\ 0\\ 0\\ 1/2\end{array}\right],\left[\begin{array}[]{c}1/2\\ 1/2\\ 1/2\\ 1/2\end{array}\right]\right\}}.

On a donc 𝒵2=θ1θ2subscript𝒵2subscript𝜃1subscript𝜃2\mathcal{Z}_{2}=\theta_{1}\cup\theta_{2}.

On rappelle la relation :

|θab(0,τ)|=|θ00(τa+b,τ)eiπtaτa+2iπtab|=|θ00(τa+b,τ)|eπtaImτa.subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏subscript𝜃00𝜏𝑎𝑏𝜏superscript𝑒𝑖superscript𝜋𝑡𝑎𝜏𝑎2𝑖superscript𝜋𝑡𝑎𝑏subscript𝜃00𝜏𝑎𝑏𝜏superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑎Im𝜏𝑎\Big{|}\theta_{ab}(0,\tau)\Big{|}=\Big{|}\theta_{00}(\tau a+b,\tau)e^{i\pi\,^{t}a\tau a+2i\pi\,^{t}ab}\Big{|}=\Big{|}\theta_{00}(\tau a+b,\tau)\Big{|}e^{-\pi\,^{t}a\mathop{\mathrm{Im}}\tau a}.

Si on pose Qa,b(n)=t(n+a)τ(n+a)+2t(n+a)(b)superscript𝑡subscript𝑄𝑎𝑏𝑛𝑛𝑎𝜏𝑛𝑎superscript2𝑡𝑛𝑎𝑏Q_{a,b}(n)=^{t}(n+a)\tau(n+a)+2\,^{t}(n+a)(b), on a de plus :

θa,b(0,τ)=n2eiπQa,b(n).subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏subscript𝑛superscript2superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑛\theta_{a,b}(0,\tau)=\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}e^{i\pi Q_{a,b}(n)}.
Lemme 4.18.

Soit (a,b)𝒵2𝑎𝑏subscript𝒵2(a,b)\in{\mathcal{Z}_{2}}. Soit Ta,b={n2|ImQa,b(n)=minm2ImQa,b(m)}subscript𝑇𝑎𝑏conditional-set𝑛superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑛subscript𝑚superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑚T_{a,b}=\Big{\{}\displaystyle{n\in{\mathbb{Z}^{2}}\,|\,\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(n)=\min_{m\in{\mathbb{Z}^{2}}}\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(m)}\Big{\}}. On a la propriété :

n,nTa,b,eiπQa,b(n)=eiπQa,b(n).formulae-sequencefor-all𝑛superscript𝑛subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑛superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏superscript𝑛\forall n,n^{\prime}\in{T_{a,b}},\;e^{i\pi Q_{a,b}(n)}=e^{i\pi Q_{a,b}(n^{\prime})}.

De plus :

|θa,b(0,τ)|2Card(Ta,b)eπminm2ImQa,b(m)n2eπImQa,b(n).subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏2Cardsubscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝜋subscript𝑚superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑚subscript𝑛superscript2superscript𝑒𝜋Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑛\Big{|}\theta_{a,b}(0,\tau)\Big{|}\geq 2\mathop{\mathrm{Card}}(T_{a,b})e^{-\pi\min_{m\in{\mathbb{Z}^{2}}}\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(m)}-\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(n)}.
Démonstration.

La propriété de l’énoncé se vérifie directement sur les dix couples (a,b)𝒵2𝑎𝑏subscript𝒵2(a,b)\in{\mathcal{Z}_{2}}. En effet remarquons tout d’abord que Ta,bsubscript𝑇𝑎𝑏T_{a,b} est un ensemble fini pour (a,b)𝒵2𝑎𝑏subscript𝒵2(a,b)\in{\mathcal{Z}_{2}}. Il est de cardinal 1 lorsque a=0𝑎0a=0 et de cardinal 2 sinon. La propriété de cet ensemble se vérifie alors directement en calculant Qa,b(n)subscript𝑄𝑎𝑏𝑛Q_{a,b}(n) pour n{1,0}2𝑛superscript1.02n\in{\{-1,0\}^{2}}. L’inégalité triangulaire donne ensuite :

|θa,b(0,τ)||nTa,beiπQa,b(n)||n2\Ta,beiπQa,b(n)|.subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏subscript𝑛subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑛subscript𝑛\superscript2subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑛\Big{|}\theta_{a,b}(0,\tau)\Big{|}\geq\Big{|}\sum_{n\in{T_{a,b}}}e^{i\pi Q_{a,b}(n)}\Big{|}-\Big{|}\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}\backslash T_{a,b}}}e^{i\pi Q_{a,b}(n)}\Big{|}.

Le choix de Ta,bsubscript𝑇𝑎𝑏T_{a,b} implique nTa,beiπQa,b(n)=Card(Ta,b)eiπQa,b(m)subscript𝑛subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑛Cardsubscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝑖𝜋subscript𝑄𝑎𝑏𝑚\displaystyle{\sum_{n\in{T_{a,b}}}e^{i\pi Q_{a,b}(n)}=\mathop{\mathrm{Card}}(T_{a,b})e^{i\pi Q_{a,b}(m)}} pour un m𝑚m quelconque choisi dans Ta,bsubscript𝑇𝑎𝑏T_{a,b}. On obtient alors directement l’inégalité annoncée en utilisant :

n2\Ta,beπImQa,b(n)+nTa,beπImQa,b(n)=n2eπImQa,b(n).subscript𝑛\superscript2subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝜋Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑛subscript𝑛subscript𝑇𝑎𝑏superscript𝑒𝜋Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑛subscript𝑛superscript2superscript𝑒𝜋Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑛\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}\backslash T_{a,b}}e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(n)}+\sum_{n\in{T_{a,b}}}e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(n)}=\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}}e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(n)}.

Proposition 4.19.

Pour les caractéristiques [a,b]θ1𝑎𝑏subscript𝜃1[a,b]\in{\theta_{1}} (donc vérifiant a=0𝑎0a=0) on a la minoration, valable pour tout τF2𝜏subscript𝐹2\tau\in{F_{2}} :

|θab(0,τ)|f1(τ),subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏subscript𝑓1𝜏\Big{|}\theta_{ab}(0,\tau)\Big{|}\geq f_{1}(\tau),

où on a posé

f1(τ)=1(4eπ3/2+n12+n22>1eπ34(n12+n22)).subscript𝑓1𝜏14superscript𝑒𝜋32subscriptsuperscriptsubscript𝑛12superscriptsubscript𝑛221superscript𝑒𝜋34superscriptsubscript𝑛12superscriptsubscript𝑛22f_{1}(\tau)=1-\left(4e^{-\pi\sqrt{3}/2}+\sum_{n_{1}^{2}+n_{2}^{2}>1}e^{-\pi\frac{\sqrt{3}}{4}(n_{1}^{2}+n_{2}^{2})}\right).

Une estimation directe donne f1(τ)0,44subscript𝑓1𝜏0.44f_{1}(\tau)\geq 0,44.

Démonstration.

On utilise le lemme 4.18. On a dans ce cas minm2ImQa,b(m)=0subscript𝑚superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑚0\displaystyle{\min_{m\in{\mathbb{Z}^{2}}}\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(m)=0} et Ta,b={(0,0)}subscript𝑇𝑎𝑏0.0T_{a,b}=\{(0,0)\}. Il suffit alors d’utiliser [17] page 116.

Proposition 4.20.

Soit [a,b]=[1/2,0,0,0]𝑎𝑏delimited-[]12.0.0.0[a,b]=[1/2,0,0,0] ou [a,b]=[1/2,0,0,1/2]𝑎𝑏delimited-[]12.0.0.12[a,b]=[1/2,0,0,1/2]. On a la minoration, valable pour tout τF2𝜏subscript𝐹2\tau\in{F_{2}} :

|θab(0,τ)|eπtaImτaf2(τ),subscript𝜃𝑎𝑏0𝜏superscript𝑒superscript𝜋𝑡𝑎Im𝜏𝑎subscript𝑓2𝜏\Big{|}\theta_{ab}(0,\tau)\Big{|}e^{\pi\,^{t}a\mathop{\mathrm{Im}}\tau a}\geq f_{2}(\tau),

où on a posé

f2(τ)=2(n2\{(0,0),(1,0)}eπ34(n1(n1+1)+n22)).subscript𝑓2𝜏2subscript𝑛\superscript20.01.0superscript𝑒𝜋34subscript𝑛1subscript𝑛11superscriptsubscript𝑛22f_{2}(\tau)=2-\left(\sum_{n\in{\mathbb{Z}^{2}}\backslash\{(0,0),(-1,0)\}}e^{-\pi\frac{\sqrt{3}}{4}(n_{1}(n_{1}+1)+n_{2}^{2})}\right).

De plus on déduit le minorant pour les caractéristiques [a,b]=[0,1/2,0,0]𝑎𝑏delimited-[]0.12.0.0[a,b]=[0,1/2,0,0] et [a,b]=[0,1/2,1/2,0]𝑎𝑏delimited-[]0.12.12.0[a,b]=[0,1/2,1/2,0] en permutant les coordonnées dans cette dernière expression.

Une estimation directe donne f2(τ)0,75subscript𝑓2𝜏0.75f_{2}(\tau)\geq 0,75.

Démonstration.

On fait le calcul pour la caractéristique [1/2,0,0,0]delimited-[]12.0.0.0[1/2,0,0,0], le deuxième calcul se déduit du premier en changeant n1subscript𝑛1n_{1} en n2subscript𝑛2n_{2}.

On a ici : minm2ImQa,b(m)=taImτasuperscript𝑡subscript𝑚superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑚𝑎Im𝜏𝑎\displaystyle{\min_{m\in{\mathbb{Z}^{2}}}\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(m)=^{t}a\mathop{\mathrm{Im}}\tau a} et Ta,b={(0,0),(1,0)}subscript𝑇𝑎𝑏0.01.0T_{a,b}=\{(0,0),(-1,0)\}. On utilise le lemme 4.18 et [17] page 117.

Lemme 4.21.

Soit z𝑧z un nombre complexe vérifiant Imz0Im𝑧0\mathrm{Im}z\geq 0 et |Rez|12Re𝑧12|\mathrm{Re}z|\leq\frac{1}{2}. Alors on a les inégalités :

  1. (1)

    |eiπz+1|1,superscript𝑒𝑖𝜋𝑧11\displaystyle{|e^{i\pi z}+1|\geq 1,}

  2. (2)

    |eiπz1|0,28min{1,π|z|}.superscript𝑒𝑖𝜋𝑧10.281𝜋𝑧\displaystyle{|e^{i\pi z}-1|\geq 0,28\min\{1,\;\pi|z|\}.}

Démonstration.

Le première inégalité est immédiate. Pour la seconde, on peut commencer par supposer π|z|<1𝜋𝑧1\pi|z|<1. Dans ce cas nous avons

|eiπz1|=|iπz+k=2(iπz)kk!|π|z|k=2(π|z|)kk!=π|z|(2+1eπ|z|π|z|)π|z|(3e)0,28π|z|.superscript𝑒𝑖𝜋𝑧1𝑖𝜋𝑧superscriptsubscript𝑘2superscript𝑖𝜋𝑧𝑘𝑘𝜋𝑧superscriptsubscript𝑘2superscript𝜋𝑧𝑘𝑘𝜋𝑧21superscript𝑒𝜋𝑧𝜋𝑧𝜋𝑧3𝑒0.28𝜋𝑧|e^{i\pi z}-1|=|i\pi z+\sum_{k=2}^{\infty}\frac{(i\pi z)^{k}}{k!}|\geq\pi|z|-\sum_{k=2}^{\infty}\frac{(\pi|z|)^{k}}{k!}=\pi|z|(2+\frac{1-e^{\pi|z|}}{\pi|z|})\geq\pi|z|(3-e)\geq 0,28\pi|z|.

À présent si π|z|1𝜋𝑧1\pi|z|\geq 1, cela implique que M=max{πImz,πRez}1/2𝑀𝜋Im𝑧𝜋Re𝑧12M=\max\{\pi\mathop{\mathrm{Im}}z,\;\pi\mathrm{Re}z\}\geq 1/\sqrt{2}. Si M=πImz𝑀𝜋Im𝑧M=\pi\mathop{\mathrm{Im}}z, on calcule alors

|eiπz1|2=1+e2πImz2eπImzcos(Rezπ)1+e2πImz2eπImz1+eπ22eπ/2.superscriptsuperscript𝑒𝑖𝜋𝑧121superscript𝑒2𝜋Im𝑧2superscript𝑒𝜋Im𝑧Re𝑧𝜋1superscript𝑒2𝜋Im𝑧2superscript𝑒𝜋Im𝑧1superscript𝑒𝜋22superscript𝑒𝜋2|e^{i\pi z}-1|^{2}=1+e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}-2e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}\cos(\mathrm{Re}z\,\pi)\geq 1+e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}-2e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}\geq 1+e^{-\pi\sqrt{2}}-2e^{-\pi/\sqrt{2}}.

Si M=πRez𝑀𝜋Re𝑧M=\pi\mathrm{Re}z, on écrit

|eiπz1|2=1+e2πImz2eπImzcos(Rezπ)1+e2πImz2eπImzcos(12)1cos2(12).superscriptsuperscript𝑒𝑖𝜋𝑧121superscript𝑒2𝜋Im𝑧2superscript𝑒𝜋Im𝑧Re𝑧𝜋1superscript𝑒2𝜋Im𝑧2superscript𝑒𝜋Im𝑧121superscript212|e^{i\pi z}-1|^{2}=1+e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}-2e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}\cos(\mathrm{Re}z\,\pi)\geq 1+e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}-2e^{-\pi\mathop{\mathrm{Im}}z}\cos(\frac{1}{\sqrt{2}})\geq 1-\cos^{2}({\frac{1}{\sqrt{2}}}).

On peut donc minorer, dans le cas où π|z|1𝜋𝑧1\pi|z|\geq 1 :

|eiπz1|2min{1+eπ22eπ/2, 1cos2(12)}0,25.superscriptsuperscript𝑒𝑖𝜋𝑧121superscript𝑒𝜋22superscript𝑒𝜋2.1superscript2120.25|e^{i\pi z}-1|^{2}\geq\min\{1+e^{-\pi\sqrt{2}}-2e^{-\pi/\sqrt{2}},\,1-\cos^{2}({\frac{1}{\sqrt{2}}})\}\geq 0,25.

Proposition 4.22.

Soit [a,b]=[1/2,1/2,ε/2,ε/2]𝑎𝑏12.12𝜀2𝜀2[a,b]=[1/2,1/2,\varepsilon/2,\varepsilon/2], avec ε{0,1}𝜀0.1\varepsilon\in{\{0,1\}}. On a la minoration :

|θab(0,τ)|eπ(taImτaImτ12)f3,ε(τ),\Big{|}\theta_{ab}(0,\tau)\Big{|}e^{\pi\,(^{t}a\mathop{\mathrm{Im}}\tau a-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})}\geq f_{3,\varepsilon}(\tau),

où on a posé

f3,ε(τ)=2|1+(1)εeπiτ12|(2(m=0+eπ34m(m+1)(2m+1))2).subscript𝑓3𝜀𝜏21superscript1𝜀superscript𝑒𝜋𝑖subscript𝜏122superscriptsuperscriptsubscript𝑚0superscript𝑒𝜋34𝑚𝑚12𝑚12f_{3,\varepsilon}(\tau)=2|1+(-1)^{\varepsilon}e^{\pi i\tau_{12}}|\left(2-\left(\sum_{m=0}^{+\infty}e^{-\frac{\pi\sqrt{3}}{4}m(m+1)}(2m+1)\right)^{2}\right).
Remarque 4.23.

Pour que le minorant soit strictement positif lorsque ε=1𝜀1\varepsilon=1, on doit donc imposer τ120subscript𝜏120\tau_{12}\neq 0, ce qui souligne le fait qu’un produit de deux courbes elliptiques est un cas dégénéré de variété abélienne principalement polarisée de dimension 2.

Démonstration.

On procède comme pour la proposition précédente. On a ici :

minm2ImQa,b(m)=taImτaImτ12etTa,b={(0,1),(1,0)}.formulae-sequencesuperscript𝑡subscript𝑚superscript2Imsubscript𝑄𝑎𝑏𝑚𝑎Im𝜏𝑎Imsubscript𝜏12etsubscript𝑇𝑎𝑏011.0\displaystyle{\min_{m\in{\mathbb{Z}^{2}}}\mathop{\mathrm{Im}}Q_{a,b}(m)=^{t}a\mathop{\mathrm{Im}}\tau a}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\;\quad\mathrm{et}\;\quad T_{a,b}=\{(0,-1),(-1,0)\}.

On obtient le résultat par l’application du lemme 4.18 et de [17] page 117.

Il ne reste plus qu’à réunir les calculs précédents :

Proposition 4.24.

Soit τF2𝜏subscript𝐹2\tau\in{F_{2}}. On a la minoration :

|Δ(τ)|c0min{1,π|τ12|}2e2π(Tr(Imτ)Imτ12),\Big{|}\Delta(\tau)\Big{|}\geq c_{0}\min\{1,\pi|\tau_{12}|\}^{2}\;e^{-2\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})},

et on peut prendre c0=5.109subscript𝑐0superscript5109c_{0}=5.10^{-9}.

Démonstration.

On commence par écrire Δ(τ)=212m𝒵2θm(0,τ)2Δ𝜏superscript212subscriptproduct𝑚subscript𝒵2subscript𝜃𝑚superscript0𝜏2\displaystyle{\Delta(\tau)=2^{-12}\prod_{m\in{\mathcal{Z}_{2}}}\theta_{m}(0,\tau)^{2}} puis en utilisant les notations des propositions 4.19, 4.20 et 4.22 on a la minoration :

|Δ(τ)|212f1(τ)8f2(τ)8f3,0(τ)2f3,1(τ)2e2π(Tr(Imτ)Imτ12).Δ𝜏superscript212subscript𝑓1superscript𝜏8subscript𝑓2superscript𝜏8subscript𝑓3.0superscript𝜏2subscript𝑓3.1superscript𝜏2superscript𝑒2𝜋TrIm𝜏Imsubscript𝜏12\Big{|}\Delta(\tau)\Big{|}\geq 2^{-12}f_{1}(\tau)^{8}f_{2}(\tau)^{8}f_{3,0}(\tau)^{2}f_{3,1}(\tau)^{2}e^{-2\pi(\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12})}.

Il suffit ensuite d’utiliser le lemme 4.21 et les estimations numériques précédentes. ∎

5. Minoration globale de la hauteur de Néron-Tate

On montre dans cette partie comment à partir des informations locales on peut obtenir un théorème global de minoration de la hauteur de Néron-Tate sur une jacobienne de dimension 2.

5.1. Lemme de zéros et principe des tiroirs

Lemme 5.1.

Soit k𝑘k un corps de nombres. Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 plongée dans A𝐴A sa jacobienne. Soient P1subscript𝑃1P_{1} et P2subscript𝑃2P_{2} des points non nuls de A(k)𝐴𝑘A(k) tels que P1+P20subscript𝑃1subscript𝑃20P_{1}+P_{2}\neq 0. Alors :

{±P1,±P2,±(P1+P2)}C(k).not-subset-of-nor-equalsplus-or-minussubscript𝑃1plus-or-minussubscript𝑃2plus-or-minussubscript𝑃1subscript𝑃2𝐶𝑘\{\pm P_{1},\,\pm P_{2},\,\pm(P_{1}+P_{2})\}\nsubseteq C(k).
Démonstration.

La preuve proposée ici montre un résultat un peu plus général. Soient S1={T1,,Tr}subscript𝑆1subscript𝑇1subscript𝑇𝑟S_{1}=\{T_{1},...,T_{r}\} et S2={Q1,,Qr}subscript𝑆2subscript𝑄1subscript𝑄𝑟S_{2}=\{Q_{1},...,Q_{r}\} deux ensembles de points de A(k)𝐴𝑘A(k) à exactement r2𝑟2r\geq 2 éléments. On suppose que S1+S2C(k)subscript𝑆1subscript𝑆2𝐶𝑘S_{1}+S_{2}\subset C(k).

Posons alors C(1)=tS1(Ct)superscript𝐶1subscript𝑡subscript𝑆1𝐶𝑡\displaystyle{C^{(1)}=\bigcap_{t\in{S_{1}}}(C-t)}. C’est une sous-variété non vide et stricte de A𝐴A, sa dimension vaut donc 00 ou 111. Or si tO𝑡𝑂t\neq O, l’ensemble C(Ct)𝐶𝐶𝑡C\cap(C-t) est fini (cela vient du fait que ΘΘ\Theta est associé à une polarisation principale) ; donc la dimension de C(1)superscript𝐶1C^{(1)} est zéro car Card(S1)2Cardsubscript𝑆12\mathop{\mathrm{Card}}(S_{1})\geq 2. Comme de plus S2C(1)subscript𝑆2superscript𝐶1S_{2}\subset C^{(1)} par construction, il vient :

r=Card(S2)deg(C(1))2,𝑟Cardsubscript𝑆2degreesuperscript𝐶12r=\mathop{\mathrm{Card}}(S_{2})\leq\deg(C^{(1)})\leq 2,

la dernière inégalité étant justifiée par le fait que CC=2!=2𝐶𝐶22C\!\cdot\!C=2!=2 (comme auto-intersection de diviseur).

On obtient alors le lemme en prenant S1={O,P1,P2}subscript𝑆1𝑂subscript𝑃1subscript𝑃2S_{1}=\{O,P_{1},-P_{2}\} et S2={O,P1,P2}subscript𝑆2𝑂subscript𝑃1subscript𝑃2S_{2}=\{O,-P_{1},P_{2}\} : on sait que r=3𝑟3r=3 dans ce cas grâce aux hypothèses sur P1subscript𝑃1P_{1} et P2subscript𝑃2P_{2}, il vient donc par contraposée :

S1+S2={O,P1,P2,P1+P2,P1,P2,P1P2}C(k).subscript𝑆1subscript𝑆2𝑂subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2not-subset-of-nor-equals𝐶𝑘S_{1}+S_{2}=\{O,P_{1},P_{2},P_{1}+P_{2},-P_{1},-P_{2},-P_{1}-P_{2}\}\nsubseteq C(k).

Il suffit de remarquer que OC(k)𝑂𝐶𝑘O\in{C(k)} pour conclure. ∎

Remarque 5.2.

On peut déduire de ce lemme une nouvelle preuve de la propriété 4.2. Soit Q𝑄Q un point d’ordre 3 exactement. On pose dans le lemme précédent S1=S2={O,Q,Q}subscript𝑆1subscript𝑆2𝑂𝑄𝑄S_{1}=S_{2}=\{O,Q,-Q\}. Alors le lemme permet d’affirmer :

{O,Q,Q}+{O,Q,Q}={O,±Q,±[2]Q}={O,±Q}C(k),𝑂𝑄𝑄𝑂𝑄𝑄𝑂plus-or-minus𝑄plus-or-minusdelimited-[]2𝑄𝑂plus-or-minus𝑄not-subset-of-nor-equals𝐶𝑘\{O,Q,-Q\}+\{O,Q,-Q\}=\{O,\pm Q,\pm[2]Q\}=\{O,\pm Q\}\nsubseteq C(k),

ce qui permet de conclure : QC(k)𝑄𝐶𝑘Q\notin C(k).

Proposition 5.3.

Soit k𝑘k un corps de nombres, on pose m=|Mk|𝑚superscriptsubscript𝑀𝑘m=|M_{k}^{\infty}|. Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 222, on note A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) sa jacobienne. Soit M>2𝑀2M>2 un réel. Soit PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} un point tel que ses multiples {[n]P,n0,2M4m}\{[n]P,n\in{\llbracket 0,2M^{4m}\rrbracket}\} soient tous distincts. Il vient alors :

n0,2M4m,[n]PΘ,vMk,\exists n\in{\llbracket 0,2M^{4m}\rrbracket},\;[n]P\notin\Theta,\,\;\forall v\in{M_{k}^{\infty}},
ΛΘ,v([n]P)(1/21/M)2π(Tr(Imτv)2Imτ12,v)log(4+32Tr(Imτv))+logM240.subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃superscript121𝑀2𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2Imsubscript𝜏12𝑣432TrImsubscript𝜏𝑣𝑀240\Lambda_{\Theta,v}([n]P)\geq(1/2-1/M)^{2}\pi\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12,v}\Big{)}-\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}+\log\frac{M}{240}.
Démonstration.

On a les applications :

A(k¯v)2/(2+τv2)2/2×2/2𝐴subscript¯𝑘𝑣superscript2superscript2subscript𝜏𝑣superscript2superscript2superscript2superscript2superscript2A(\bar{k}_{v})\longrightarrow\mathbb{C}^{2}/(\mathbb{Z}^{2}+\tau_{v}\mathbb{Z}^{2})\longrightarrow\mathbb{R}^{2}/\mathbb{Z}^{2}\times\mathbb{R}^{2}/\mathbb{Z}^{2}
PZv(P)=Xv(P)+τvYv(P)(Xv(P),Yv(P)).𝑃subscript𝑍𝑣𝑃subscript𝑋𝑣𝑃subscript𝜏𝑣subscript𝑌𝑣𝑃subscript𝑋𝑣𝑃subscript𝑌𝑣𝑃P\longmapsto Z_{v}(P)=X_{v}(P)+\tau_{v}Y_{v}(P)\longmapsto(X_{v}(P),Y_{v}(P)).

Soit alors l’application F:A(k)(/)4m:𝐹𝐴𝑘superscript4𝑚F:A(k)\longrightarrow(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{4m} définie par :

F(P)=(Xv(P),Yv(P))vMk.𝐹𝑃subscriptsubscript𝑋𝑣𝑃subscript𝑌𝑣𝑃𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘F(P)=(X_{v}(P),Y_{v}(P))_{v\in{M_{k}^{\infty}}}.

On divise alors (/)4msuperscript4𝑚(\mathbb{R}/\mathbb{Z})^{4m} en M4msuperscript𝑀4𝑚M^{4m} boîtes de taille 1M1𝑀\frac{1}{M}. On considère alors l’ensemble {F([n]P),n0,2M4m}\{F([n]P),n\in{\llbracket 0,2M^{4m}\rrbracket}\} : il contient 2M4m+12superscript𝑀4𝑚12M^{4m}+1 points à répartir dans M4msuperscript𝑀4𝑚M^{4m} boîtes. Par le principe des tiroirs il existe donc trois entiers n1subscript𝑛1n_{1}, n2subscript𝑛2n_{2} et n3subscript𝑛3n_{3} tels que, avec i>j𝑖𝑗i>j :

0n1<n2<n32M4m,ninj2M4m,formulae-sequence0subscript𝑛1subscript𝑛2subscript𝑛32superscript𝑀4𝑚subscript𝑛𝑖subscript𝑛𝑗2superscript𝑀4𝑚0\leq n_{1}<n_{2}<n_{3}\leq 2M^{4m},\;\;n_{i}-n_{j}\leq 2M^{4m},
Xv([ninj]P)1M,Yv([ninj]P)1M.formulae-sequencenormsubscript𝑋𝑣delimited-[]subscript𝑛𝑖subscript𝑛𝑗𝑃1𝑀normsubscript𝑌𝑣delimited-[]subscript𝑛𝑖subscript𝑛𝑗𝑃1𝑀||X_{v}([n_{i}-n_{j}]P)||\leq\frac{1}{M},\;\;\;||Y_{v}([n_{i}-n_{j}]P)||\leq\frac{1}{M}.

Posons P1=[n3n2]Psubscript𝑃1delimited-[]subscript𝑛3subscript𝑛2𝑃P_{1}=[n_{3}-n_{2}]P et P2=[n2n1]Psubscript𝑃2delimited-[]subscript𝑛2subscript𝑛1𝑃P_{2}=[n_{2}-n_{1}]P. Alors P1+P2=[n3n1]Psubscript𝑃1subscript𝑃2delimited-[]subscript𝑛3subscript𝑛1𝑃P_{1}+P_{2}=[n_{3}-n_{1}]P. En appliquant le lemme 5.1, on sait que dans l’ensemble de points {P1,P2,P1+P2,P1,P2,P1P2}subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑃1subscript𝑃2\{P_{1},P_{2},P_{1}+P_{2},-P_{1},-P_{2},-P_{1}-P_{2}\} il y en a au moins un qui n’est pas sur le diviseur ΘΘ\Theta. C’est ce point qu’on choisit : on le note [n]Pdelimited-[]𝑛𝑃[n]P (ou peut-être [n](P)delimited-[]𝑛𝑃[n](-P), le fait de prendre éventuellement l’opposé n’est pas gênant car la hauteur locale est paire).

On a (X,Y)1/Mnorm𝑋𝑌1𝑀||(X,Y)||\leq 1/M et d(1/2+yi,)2(1/21/M)2𝑑superscript12subscript𝑦𝑖2superscript121𝑀2d(1/2+y_{i},\mathbb{Z})^{2}\geq(1/2-1/M)^{2}. On obtient alors, en reportant ces approximations dans la proposition 4.16 :

ΛΘ,v([n]P)(1/21/M)2π(Tr(Imτv)2Imτv,12)log(4+32Tr(Imτv))+logM240.subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃superscript121𝑀2𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2Imsubscript𝜏𝑣.12432TrImsubscript𝜏𝑣𝑀240\Lambda_{\Theta,v}([n]P)\geq(1/2-1/M)^{2}\pi\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})-2\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,12}\Big{)}-\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}+\log\frac{M}{240}.

5.2. Minoration globale : preuve du théorème 1.8

Démonstration.

Soit k=k(A[3])superscript𝑘𝑘𝐴delimited-[]3k^{\prime}=k(A[3]). Posons m=|Mk|superscript𝑚superscriptsubscript𝑀superscript𝑘m^{\prime}=|M_{k^{\prime}}^{\infty}| et d=[k:]d^{\prime}=[k^{\prime}:\mathbb{Q}]. Prenons M>2𝑀2M>2 un paramètre réel à fixer ultérieurement. Écrivons l’égalité-clef 4.9 sur ksuperscript𝑘k^{\prime} en choisissant pour n𝑛n l’entier donné par le principe des tiroirs de 5.3 :

n2h^A,2Θ(P)=vMk0nvλ^2Θ,v([n]P)+vMknv2ΛΘ,v([n]P)+320dlogNk/(D)+110vMknvlog|Δ(τv)|v.superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑛𝑣subscript^𝜆2Θ𝑣delimited-[]𝑛𝑃subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣2subscriptΛΘ𝑣delimited-[]𝑛𝑃320𝑑subscriptN𝑘𝐷110subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣subscriptΔsubscript𝜏𝑣𝑣n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)=\sum_{v\in{M_{k}^{0}}}n_{v}\widehat{\lambda}_{2\Theta,v}([n]P)+\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}n_{v}2\Lambda_{\Theta,v}([n]P)+\frac{3}{20d}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)+\frac{1}{10}\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}n_{v}\log|\Delta(\tau_{v})|_{v}.

Il suffit alors d’appliquer les minorations locales des propositions 4.10, 4.24 et 5.3 pour obtenir :

n2h^A,2Θ(P)superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃\displaystyle{n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)} \geq vMk0nv((13+320)ordv(D)+43ordv(2))logNk/(v)subscript𝑣superscriptsubscript𝑀superscript𝑘0subscript𝑛𝑣13320subscriptord𝑣𝐷43subscriptord𝑣2subscriptN𝑘𝑣\displaystyle{\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{0}}}n_{v}\left(\Big{(}-\frac{1}{3}+\frac{3}{20}\Big{)}\mathop{\mathrm{ord}_{v}}(D)+\frac{4}{3}\mathop{\mathrm{ord}_{v}}(2)\right)\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(v)}
+vMknv((2(121M)2210)πTr(Imτv)+(2104(121M)2)πImτ12)subscript𝑣superscriptsubscript𝑀superscript𝑘subscript𝑛𝑣2superscript121𝑀2210𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2104superscript121𝑀2𝜋Imsubscript𝜏12\displaystyle{+\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}n_{v}\Big{(}\Big{(}2\Big{(}\frac{1}{2}-\frac{1}{M}\Big{)}^{2}-\frac{2}{10}\Big{)}\pi\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})+\Big{(}\frac{2}{10}-4\Big{(}\frac{1}{2}-\frac{1}{M}\Big{)}^{2}\Big{)}\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\Big{)}}
+vMknv(2log(4+32Tr(Imτv))+110log(c0min{1,π|τ12|v}2)+2logM240),\displaystyle{+\!\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}\!n_{v}\left(-2\log\Big{(}4\!+\!\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}+\frac{1}{10}\log\Big{(}c_{0}\min\{1,\pi|\tau_{12}|_{v}\}^{2}\Big{)}+2\log\frac{M}{240}\right),}

donc en utilisant Tr(Imτ)4Imτ12TrIm𝜏4Imsubscript𝜏12\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau)\geq 4\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12} on obtient :

n2h^A,2Θ(P)1160dlogNk/(D)+vMknv(((121M)2210)πTr(Imτv)+210πImτ12)superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃1160superscript𝑑subscriptN𝑘𝐷subscript𝑣superscriptsubscript𝑀superscript𝑘subscript𝑛𝑣superscript121𝑀2210𝜋TrImsubscript𝜏𝑣210𝜋Imsubscript𝜏12\displaystyle{n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)}\geq\displaystyle{-\frac{11}{60d^{\prime}}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}+\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}n_{v}\Big{(}\Big{(}\Big{(}\frac{1}{2}-\frac{1}{M}\Big{)}^{2}-\frac{2}{10}\Big{)}\pi\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})+\frac{2}{10}\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\Big{)}
+vMknv(2log(4+32Tr(Imτv))+110log(c0min{1,π|τ12|v}2))+2logM22/3240,\displaystyle{+\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}n_{v}\left(-\!2\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}\!+\frac{1}{10}\log\Big{(}c_{0}\min\{1,\pi|\tau_{12}|_{v}\}^{2}\Big{)}\right)+2\log\frac{M2^{2/3}}{240}},

donc comme Imτ12|τ12|12log|τ12|Imsubscript𝜏12subscript𝜏1212subscript𝜏12\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12}\geq|\tau_{12}|-\frac{1}{2}\geq\log|\tau_{12}| :

n2h^A,2Θ(P)superscript𝑛2subscript^𝐴.2Θ𝑃\displaystyle{n^{2}\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)} \geq vMknv[((121M)215)πTr(Imτv)2log(4+32Tr(Imτv))]subscript𝑣superscriptsubscript𝑀superscript𝑘subscript𝑛𝑣delimited-[]superscript121𝑀215𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2432TrImsubscript𝜏𝑣\displaystyle{\sum_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}n_{v}\left[\Big{(}\Big{(}\frac{1}{2}-\frac{1}{M}\Big{)}^{2}-\frac{1}{5}\Big{)}\pi\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})-\!2\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}\right]}
1160dlogNk/(D)+15dlogvMk|τ12|vdv+2logMc01/20π1/522/3240.1160superscript𝑑subscriptN𝑘𝐷15superscript𝑑subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝑀superscript𝑘superscriptsubscriptsubscript𝜏12𝑣subscript𝑑𝑣2𝑀superscriptsubscript𝑐0120superscript𝜋15superscript223240\displaystyle{-\frac{11}{60d^{\prime}}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)+\frac{1}{5d^{\prime}}\log\prod_{v\in{M_{k^{\prime}}^{\infty}}}|\tau_{12}|_{v}^{d_{v}}+2\log\frac{Mc_{0}^{1/20}\pi^{1/5}2^{2/3}}{240}.}

Prenons à présent pour M𝑀M la partie entière supérieure de 240c01/20π1/522/31044240superscriptsubscript𝑐0120superscript𝜋15superscript2231044240c_{0}^{-1/20}\pi^{-1/5}2^{-2/3}\sqrt{1044}, ce qui numériquement donne M=10087𝑀10087M=10087.

Un calcul de variation fournit alors

((121M)215)πTr(Imτv)2log(4+32Tr(Imτv))+6,950,12Tr(Imτv).superscript121𝑀215𝜋TrImsubscript𝜏𝑣2432TrImsubscript𝜏𝑣6.950.12TrImsubscript𝜏𝑣\Big{(}\Big{(}\frac{1}{2}-\frac{1}{M}\Big{)}^{2}-\frac{1}{5}\Big{)}\pi\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})-\!2\log\Big{(}4+\frac{3}{2}\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\Big{)}+6,95\geq 0,12\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}).

On tient alors compte de n2100874d𝑛2superscript100874superscript𝑑n\leq 2\cdot 10087^{4d^{\prime}}. On conclut cette preuve en redescendant sur le corps de base. On sait que la variété est définie sur k𝑘k. De plus les quantités 1dTr(A)1𝑑subscriptTr𝐴\frac{1}{d}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A), 1ds(A)1𝑑subscript𝑠𝐴\frac{1}{d}s_{\infty}(A) et 1dlogNk/(D)1𝑑subscriptN𝑘𝐷\frac{1}{d}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D) sont invariantes par extension de corps : pour la trace archimédienne et la simplicité archimédienne c’est montré dans le corollaire 1.15, pour le discriminant c’est une conséquence directe de la multiplicativité des normes et de la multiplicativité des degrés. On a donc :

1d(Tr(A)53logNk/(D)s(A))=1d(Tr(A)53logNk/(D)s(A)).1superscript𝑑subscriptTr𝐴53subscriptNsuperscript𝑘𝐷subscripts𝐴1𝑑subscriptTr𝐴53subscriptN𝑘𝐷subscripts𝐴\frac{1}{d^{\prime}}\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)-\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k^{\prime}/\mathbb{Q}}}(D)}{\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)}\Big{)}=\frac{1}{d}\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)-\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)}\Big{)}.

Enfin par multiplicativité des degrés à nouveau : d=[k:k]d316dd^{\prime}=[k^{\prime}:k]d\leq 3^{16}d. Pour la version B du théorème, il suffit de prendre M=10087Nk/(D)5/6ds(A)5/6d𝑀10087subscriptNsuperscript𝑘superscript𝐷56superscript𝑑subscript𝑠superscript𝐴56superscript𝑑M=10087\,\mathop{\mathrm{N}_{k^{\prime}/\mathbb{Q}}}(D)^{5/6d^{\prime}}\,s_{\infty}(A)^{-5/6d^{\prime}}. ∎

6. La hauteur de Faltings

6.1. Expression dans le modèle d’Igusa

Soit k𝑘k un corps de nombres. Soient C/k𝐶𝑘C/k une coube lisse de genre 222 et A=Jac(C)𝐴Jac𝐶A=\mathop{\mathrm{Jac}}(C) sa jacobienne. Notons hF(A/k)subscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k) la hauteur de Faltings de la variété abélienne A/k𝐴𝑘A/k. On suppose de plus que la courbe localisée Cpsubscript𝐶𝑝C_{p} est lisse de genre 2 en toute place p𝑝p divisant 222. On note ΔminsubscriptΔmin\Delta_{\mathrm{min}} le discriminant minimal associé aux modèles d’Igusa de la courbe C𝐶C, lequel est utilisé dans [39] et défini dans le paragraphe suivant. On notera 𝒵2subscript𝒵2\mathcal{Z}_{2} l’ensemble des caractéristiques paires de dimension 2. En se référant aux travaux de K. Ueno de l’article [39] page 765 on a :

hF(A/k)=110d[pMk0dpordp(212Δmin)logNk/(p)vMkdvlog|Δ(τv)det(Imτv)5|].subscriptF𝐴𝑘110𝑑delimited-[]subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript212subscriptΔminsubscriptN𝑘𝑝subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Δsubscript𝜏𝑣superscriptImsubscript𝜏𝑣5\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k)=\frac{1}{10d}\left[\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{-12}\Delta_{\mathrm{min}})\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p)\!-\!\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log\Big{|}\Delta(\tau_{v})\det(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})^{5}\Big{|}\right].

La formule obtenue pour la hauteur de Faltings modifiée est donc :

hF(A/k)=110d[pMk0dpordp(212Δmin)logNk/(p)vMkdvlog|Δ(τv)|].superscriptsubscriptF𝐴𝑘110𝑑delimited-[]subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript212subscriptΔminsubscriptN𝑘𝑝subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Δsubscript𝜏𝑣\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)=\frac{1}{10d}\left[\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{-12}\Delta_{\mathrm{min}})\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p)-\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log\Big{|}\Delta(\tau_{v})\Big{|}\right].

6.2. Comparaison entre discriminants

Lemme 6.1.

Soit C/k𝐶𝑘C/k une courbe de genre 2 donnée dans le modèle y2=F(x)superscript𝑦2𝐹𝑥y^{2}=F(x) hyperelliptique entier sur k𝑘k (comme dans l’article [10]), avec bonne réduction en toute place divisant 222. Le discriminant ΔminsubscriptΔmin\Delta_{\mathrm{min}} introduit dans l’article [39] du modèle d’Igusa de C𝐶C vérifie :

pMk0dpordp(212Δmin)logNk/(p)pMk0dpordp(28disc(F))logNk/(p).subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript212subscriptΔminsubscriptN𝑘𝑝subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript28disc𝐹subscriptN𝑘𝑝\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{-12}\Delta_{\mathrm{min}})\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p)\leq\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F))\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p).
Démonstration.

Le modèle d’Igusa est donné par une équation du type :

xy2+(1+ax+bx2)y+x2(c+dx+x2)=0.𝑥superscript𝑦21𝑎𝑥𝑏superscript𝑥2𝑦superscript𝑥2𝑐𝑑𝑥superscript𝑥20xy^{2}+(1+ax+bx^{2})y+x^{2}(c+dx+x^{2})=0.

Son discriminant est défini dans [39] comme étant le discriminant de l’équation hyperelliptique :

y2=(1+ax+bx2)24x3(c+dx+x2),superscript𝑦2superscript1𝑎𝑥𝑏superscript𝑥224superscript𝑥3𝑐𝑑𝑥superscript𝑥2y^{2}=(1+ax+bx^{2})^{2}-4x^{3}(c+dx+x^{2}),

corrigé par une puissance de 222, afin de tenir compte du comportement aux places de k𝑘k divisant 222. Le discriminant minimal donné dans [39] est donc de norme inférieure ou égale au discriminant minimal de la courbe hyperelliptique C𝐶C (car il est plus petit pour la valuation en 222). Ce discriminant sera en particulier de norme inférieure ou égale à celle du discriminant du modèle hyperelliptique de Flynn-Smart (qui n’est pas forcément le produit des discriminants minimaux locaux), on consultera par exemple [21] page 4581 et suivantes. ∎

6.3. Majoration de hF(A/k)superscriptsubscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k) : preuve du théorème 1.13

On montre dans ce paragraphe une majoration de la hauteur de Faltings des surfaces abéliennes simples. La présence de la quantité Δ(τ)Δ𝜏\Delta(\tau) aux places archimédiennes, quantité qui s’annule en τ12=0subscript𝜏120\tau_{12}=0, impose la condition τ120subscript𝜏120\tau_{12}\neq 0.

Démonstration.

Pour le terme non archimédien on a en utilisant le lemme 6.1 :

pMk0dpordp(212Δmin)logNk/(p)pMk0dpordp(28disc(F))logNk/(p),subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript212subscriptΔminsubscriptN𝑘𝑝subscript𝑝superscriptsubscript𝑀𝑘0subscript𝑑𝑝subscriptord𝑝superscript28disc𝐹subscriptN𝑘𝑝\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{-12}\Delta_{\mathrm{min}})\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p)\leq\sum_{p\in{M_{k}^{0}}}d_{p}\mathop{\mathrm{ord}_{p}}(2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F))\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(p),

donc en utilisant la proposition 4.24 :

10dhF(A/k)10𝑑superscriptsubscriptF𝐴𝑘10d\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k) \leq logNk/(D)+vMkdv(2π(Imτv,1+Imτv,2Imτv,12))subscriptN𝑘𝐷subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣2𝜋Imsubscript𝜏𝑣.1Imsubscript𝜏𝑣.2Imsubscript𝜏𝑣.12\displaystyle{\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)+\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\Big{(}2\pi(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,1}+\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,2}-\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,12})\Big{)}}
vMkdvlog(c0min{1,π|τ12|v}2).\displaystyle{-\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log\Big{(}c_{0}\min\{1,\pi|\tau_{12}|_{v}\}^{2}\Big{)}}.

En utilisant l’estimation c0=5.109subscript𝑐0superscript5109c_{0}=5.10^{-9} de la proposition 4.24 et les inégalités Imτ12,vlog|τ12|vImsubscript𝜏12𝑣subscriptsubscript𝜏12𝑣\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{12,v}\geq\log|\tau_{12}|_{v} et Tr(Imτv)3TrImsubscript𝜏𝑣3\mathop{\mathrm{Tr}}(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})\geq\sqrt{3} il vient alors :

hF(A/k)110dlogNk/(D)s(A)+110vMknv(6π(Imτv,1+Imτv,2)).superscriptsubscriptF𝐴𝑘110𝑑subscriptN𝑘𝐷subscript𝑠𝐴110subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑛𝑣6𝜋Imsubscript𝜏𝑣.1Imsubscript𝜏𝑣.2\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)\leq\frac{1}{10d}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{s_{\infty}(A)}+\frac{1}{10}\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}\!n_{v}\Big{(}6\pi(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,1}+\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v,2})\Big{)}.

7. Produit de courbes elliptiques

On donne dans ce paragraphe un théorème équivalent pour le cas des produits de courbes elliptiques. Ce résultat est directement construit à partir des références [36] et [15] et est écrit en détails dans [28]. Ce théorème est plus faible que le résultat de M. Hindry et J. Silverman de [15] mais permet d’obtenir un énoncé plus homogène pour les variétés abéliennes de dimension 2. Dans toute cette partie, les matrices de périodes τvsubscript𝜏𝑣\tau_{v} sont dans le domaine fondamental usuel.

Théorème 7.1.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. On note m=|Mk|𝑚superscriptsubscript𝑀𝑘m=|M_{k}^{\infty}|. Alors il existe une constante c1(d)>0subscript𝑐1𝑑0c_{1}(d)>0 telle que pour toute courbe elliptique E/k𝐸𝑘E/k de discriminant minimal ΔEsubscriptΔ𝐸\Delta_{E} et de trace archimédienne Tr(E)subscriptTr𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E), et pour tout point PE(k)𝑃𝐸𝑘P\in{E(k)} d’ordre infini :

h^E(P)c1(Tr(E)17,2logNk/(ΔE)),subscript^𝐸𝑃subscript𝑐1subscriptTr𝐸17.2subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸\widehat{h}_{E}(P)\geq c_{1}\,\Big{(}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)-\frac{1}{7,2}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E})\Big{)}\,,

où on peut prendre c1=0,3(d 204m)1subscript𝑐10.3superscript𝑑superscript204𝑚1c_{1}=0,3\cdot\left(d\,20^{4m}\right)^{-1}.

Remarque 7.2.

On va être amené dans la suite du texte à imposer Tr(E)17logNk/(ΔE)subscriptTr𝐸17subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)\geq\frac{1}{7}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E}). Étudions cette condition sur \mathbb{Q}. Fixons une courbe elliptique E/𝐸E/\mathbb{Q} et supposons |j(E)|1much-greater-than𝑗𝐸1|j(E)|\gg 1. Alors :

Tr(E)=ImτE=12πlog|qE|12πlog|j(E)|.subscriptTr𝐸Imsubscript𝜏𝐸12𝜋subscript𝑞𝐸similar-to-or-equals12𝜋𝑗𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)=\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{E}=-\frac{1}{2\pi}\log|q_{E}|\simeq\frac{1}{2\pi}\log|j(E)|.

Donc si |j(E)|𝑗𝐸|j(E)| est grand, une hypothèse du type Tr(E)17log|ΔE|much-greater-thansubscriptTr𝐸17subscriptΔ𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)\gg\frac{1}{7}\log|\Delta_{E}| équivaut à |j(E)||ΔE|2π7much-greater-than𝑗𝐸superscriptsubscriptΔ𝐸2𝜋7|j(E)|\gg|\Delta_{E}|^{\frac{2\pi}{7}}. Or on a la relation j(E)=1728c43/ΔE𝑗𝐸1728superscriptsubscript𝑐43subscriptΔ𝐸j(E)=1728c_{4}^{3}/\Delta_{E}, où c4subscript𝑐4c_{4} est un polynôme en les coefficients de la courbe elliptique (voir [35] page 46). On a donc :

|c4|3|ΔE|1+2π7.much-greater-thansuperscriptsubscript𝑐43superscriptsubscriptΔ𝐸12𝜋7|c_{4}|^{3}\gg|\Delta_{E}|^{1+\frac{2\pi}{7}}.

La conjecture de Hall (voir [35] page 268) donne l’inégalité :

|ΔE||c4|12ε.much-greater-thansubscriptΔ𝐸superscriptsubscript𝑐412𝜀|\Delta_{E}|\gg|c_{4}|^{\frac{1}{2}-\varepsilon}.

Comme 3>12+π7312𝜋73>\frac{1}{2}+\frac{\pi}{7}, ces inégalités sont compatibles, mais il est important de garder à l’esprit que la constante de comparaison entre la trace archimédienne et le logarithme du discriminant ne saurait être trop grande dans le cas de la dimension 1.

Si on s’autorise des extensions de corps, on peut bien entendu raisonner comme dans la remarque 1.9 pour obtenir des familles de courbes elliptiques avec Tr(E)/log|Nk/(ΔE)|subscriptTr𝐸subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)/\log|\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E})| grand.

7.1. Majoration de la hauteur de Faltings

Nous allons montrer dans cette partie la majoration suivante :

Théorème 7.3.

Soit E/k𝐸𝑘E/k une courbe elliptique donnée dans un modèle entier de Weierstrass de discriminant ΔEsubscriptΔ𝐸\Delta_{E} et de trace archimédienne Tr(E)subscriptTr𝐸\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E). Alors on a :

hF(E/k)c3Tr(E)+c4logNk/(ΔE),superscriptsubscriptF𝐸𝑘subscript𝑐3subscriptTr𝐸subscript𝑐4subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(E/k)\leq c_{3}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E)+c_{4}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E}),

où on peut prendre c3=2π12dsubscript𝑐32𝜋12𝑑c_{3}=\frac{2\pi}{12d} et c4=112dsubscript𝑐4112𝑑c_{4}=\frac{1}{12d}.

Démonstration.

On connaît une expression explicite de la hauteur de Faltings d’une courbe elliptique E𝐸E définie sur un corps de nombres k𝑘k (voir par exemple [3] page 254) :

hF(E/k)=112d(logNk/(ΔE)vMkdvlog|Δ(τv)(Imτv)6|).subscriptF𝐸𝑘112𝑑subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Δsubscript𝜏𝑣superscriptImsubscript𝜏𝑣6\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E/k)=\frac{1}{12d}\left(\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E})-\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log|\Delta(\tau_{v})(\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v})^{6}|\right).

Ceci donne :

hF(E/k)=112d(logNk/(ΔE)vMkdvlog|Δ(τv)|).superscriptsubscriptF𝐸𝑘112𝑑subscriptN𝑘subscriptΔ𝐸subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Δsubscript𝜏𝑣\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(E/k)=\frac{1}{12d}\left(\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E})-\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\log|\Delta(\tau_{v})|\right).

Partant de cette expression il suffit donc de relier la fonction Δ(τv)Δsubscript𝜏𝑣\Delta(\tau_{v}) à la quantité ImτvImsubscript𝜏𝑣\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}. On note q=exp(2iπτv)𝑞2𝑖𝜋subscript𝜏𝑣q=\exp(2i\pi\tau_{v}) ; on a la formule :

Δ(τv)=(2π)12qn=1+(1qn)24,Δsubscript𝜏𝑣superscript2𝜋12𝑞superscriptsubscriptproduct𝑛1superscript1superscript𝑞𝑛24\Delta(\tau_{v})=(2\pi)^{12}q\prod_{n=1}^{+\infty}(1-q^{n})^{24},

donc :

log|Δ(τv)|2πImτv12log2π+24Cτv,Δsubscript𝜏𝑣2𝜋Imsubscript𝜏𝑣122𝜋24subscript𝐶subscript𝜏𝑣-\log|\Delta(\tau_{v})|\leq 2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}-12\log 2\pi+24C_{\tau_{v}},

avec :

Cτv=n=1+log|1qn|n=1+log(1e2πImτvn)n=1+2e2πImτvn,subscript𝐶subscript𝜏𝑣superscriptsubscript𝑛11superscript𝑞𝑛superscriptsubscript𝑛11superscript𝑒2𝜋Imsubscript𝜏𝑣𝑛superscriptsubscript𝑛12superscript𝑒2𝜋Imsubscript𝜏𝑣𝑛C_{\tau_{v}}=-\sum_{n=1}^{+\infty}\log|1-q^{n}|\leq-\sum_{n=1}^{+\infty}\log(1-e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}n})\leq\sum_{n=1}^{+\infty}2e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}n},

où on a utilisé, pour x1/2𝑥12x\leq 1/2 l’inégalité log(1x)2x1𝑥2𝑥-\log(1-x)\leq 2x. Donc :

Cτv2n=1+e2πImτvn=2e2πImτv1e2πImτv2e3π1e3π0,01.subscript𝐶subscript𝜏𝑣2superscriptsubscript𝑛1superscript𝑒2𝜋Imsubscript𝜏𝑣𝑛2superscript𝑒2𝜋Imsubscript𝜏𝑣1superscript𝑒2𝜋Imsubscript𝜏𝑣2superscript𝑒3𝜋1superscript𝑒3𝜋0.01C_{\tau_{v}}\leq 2\sum_{n=1}^{+\infty}e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}n}=2\frac{e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}}}{1-e^{-2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}}}\leq 2\frac{e^{-\sqrt{3}\pi}}{1-e^{-\sqrt{3}\pi}}\leq 0,01.

Il suffit d’injecter cette majoration dans l’expression de la hauteur de Faltings et d’utiliser 2πImτv12log2π+0,242πImτv2𝜋Imsubscript𝜏𝑣122𝜋0.242𝜋Imsubscript𝜏𝑣2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}-12\log 2\pi+0,24\leq 2\pi\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v} pour conclure. ∎

8. Corollaires

On présente dans cette partie plusieurs énoncés. Les premiers corollaires constituent une avancée en direction de la conjecture de Lang et Silverman en dimension 2. Par la suite on présente une borne uniforme explicite pour la torsion d’une famille de variétés abéliennes de dimension 2. Enfin on obtient une borne explicite sur le nombre de points rationnels pour des familles de courbes de genre 2.

8.1. Conjecture de Lang et Silverman en dimension 2

Soit (A,𝒟)𝐴𝒟(A,\mathcal{D}) une variété abélienne principalement polarisée de dimension 2. Comme expliqué dans l’introduction, il y a alors deux possibilités (on pourra aussi consulter [40]) :

{(A,𝒟)(E1×E2,E1×{O}+{O}×E2),ou(A,𝒟)(Jac(C),Θ),\left\{\begin{tabular}[]{l}$(A,\mathcal{D})\simeq(E_{1}\times E_{2},\;E_{1}\times\{O\}+\{O\}\times E_{2}),$\\ $\;\;\mathrm{ou}$\\ $(A,\mathcal{D})\simeq(\mathop{\mathrm{Jac}}(C),\Theta),$\\ \end{tabular}\right.

C𝐶C est une courbe algébrique de genre 2. Dans le premier cas, en notant =E1×{O}+{O}×E2subscript𝐸1𝑂𝑂subscript𝐸2\mathcal{L}=E_{1}\times\{O\}+\{O\}\times E_{2}, on a les relations :

{h^E1×E2,((P1,P2))=h^E1(P1)+h^E2(P2),hF(E1×E2/k)=hF(E1/k)+hF(E2/k).\left\{\begin{tabular}[]{l}$\widehat{h}_{E_{1}\times E_{2},\mathcal{L}}((P_{1},P_{2}))=\widehat{h}_{E_{1}}(P_{1})+\widehat{h}_{E_{2}}(P_{2}),$\\ \\ $\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{1}\times E_{2}/k)=\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{1}/k)+\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{2}/k).$\\ \end{tabular}\right.

Remarque 8.1.

On peut éventuellement translater le diviseur (E1×{O}+{O}×E2)subscript𝐸1𝑂𝑂subscript𝐸2(E_{1}\times\{O\}+\{O\}\times E_{2}) par un point Q𝑄Q de 222-torsion, ce qui ne change pas le calcul en vertu du fait que h^E(P+Q)=h^E(P)subscript^𝐸𝑃𝑄subscript^𝐸𝑃\widehat{h}_{E}(P+Q)=\widehat{h}_{E}(P) pour tout point P𝑃P de E𝐸E.

Ceci permet donc d’utiliser les théorèmes 7.1 et 7.3 pour obtenir un énoncé dans la direction de la conjecture de Lang et Silverman :

Corollaire 8.2.

Soient E1/ksubscript𝐸1𝑘E_{1}/k et E2/ksubscript𝐸2𝑘E_{2}/k deux courbes elliptiques. On considère la variété abélienne E1×E2subscript𝐸1subscript𝐸2E_{1}\!\times\!E_{2} munie de la polarisation E1×{O}+{O}×E2subscript𝐸1𝑂𝑂subscript𝐸2E_{1}\!\times\!\{O\}+\{O\}\!\times\!E_{2}. On pose pour i=1,2𝑖1.2i=1,2:

Tr(Ei)=vMkdvImτv(i).subscriptTrsubscript𝐸𝑖subscript𝑣superscriptsubscript𝑀𝑘subscript𝑑𝑣Imsuperscriptsubscript𝜏𝑣𝑖\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E_{i})=\sum_{v\in{M_{k}^{\infty}}}d_{v}\mathop{\mathrm{Im}}\tau_{v}^{(i)}.

On suppose que Tr(Ei)17logNk/(ΔEi)subscriptTrsubscript𝐸𝑖17subscriptN𝑘subscriptΔsubscript𝐸𝑖\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E_{i})\geq\frac{1}{7}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E_{i}}). Alors pour tout P1E1(k)subscript𝑃1subscript𝐸1𝑘P_{1}\in{E_{1}(k)} et P2E2(k)subscript𝑃2subscript𝐸2𝑘P_{2}\in{E_{2}(k)} points d’ordre infini :

h^E1×E2(P1,P2)c0hF(E1×E2/k),subscript^subscript𝐸1subscript𝐸2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript𝑐0subscriptFsubscript𝐸1subscript𝐸2𝑘\widehat{h}_{E_{1}\!\times\!E_{2}}(P_{1},P_{2})\geq c_{0}\,\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{1}\!\times\!E_{2}/k),

où on peut prendre c0=0,0025204msubscript𝑐00.0025superscript204𝑚c_{0}=0,0025\cdot 20^{-4m}.

Démonstration.

En utilisant les théorèmes 7.1 et 7.3 on a les estimations pour chacune des courbes Eisubscript𝐸𝑖E_{i} avec i{1,2}𝑖1.2i\in{\{1,2\}} :

h^Ei(P)c1Tr(Ei)c2logNk/(ΔEi),subscript^subscript𝐸𝑖𝑃subscript𝑐1subscriptTrsubscript𝐸𝑖subscript𝑐2subscriptN𝑘subscriptΔsubscript𝐸𝑖\widehat{h}_{E_{i}}(P)\geq c_{1}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E_{i})-c_{2}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E_{i}}),
hF(Ei/k)c3Tr(Ei)+c4logNk/(ΔEi),subscriptFsubscript𝐸𝑖𝑘subscript𝑐3subscriptTrsubscript𝐸𝑖subscript𝑐4subscriptN𝑘subscriptΔsubscript𝐸𝑖\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{i}/k)\leq c_{3}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E_{i})+c_{4}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E_{i}}),

où on peut prendre :

c1=0.3d 204m,subscript𝑐103𝑑superscript204𝑚c_{1}=\frac{0.3}{d\,20^{4m}}, c2=124d 204m,subscript𝑐2124𝑑superscript204𝑚c_{2}=\frac{1}{24d\,20^{4m}}, c3=2π12d,subscript𝑐32𝜋12𝑑c_{3}=\frac{2\pi}{12d}, c4=112d.subscript𝑐4112𝑑c_{4}=\frac{1}{12d}.

En utilisant de plus l’hypothèse Tr(Ei)17logNk/(ΔEi)subscriptTrsubscript𝐸𝑖17subscriptN𝑘subscriptΔsubscript𝐸𝑖\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(E_{i})\geq\frac{1}{7}\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(\Delta_{E_{i}}) il vient :

h^E1×E2(P1,P2)=h^E1(P1)+h^E2(P2)c0hF(E1/k)+c0hF(E2/k)=c0hF(E1×E2/k),subscript^subscript𝐸1subscript𝐸2subscript𝑃1subscript𝑃2subscript^subscript𝐸1subscript𝑃1subscript^subscript𝐸2subscript𝑃2subscript𝑐0subscriptFsubscript𝐸1𝑘subscript𝑐0subscriptFsubscript𝐸2𝑘subscript𝑐0subscriptFsubscript𝐸1subscript𝐸2𝑘\widehat{h}_{E_{1}\!\times\!E_{2}}(P_{1},P_{2})=\widehat{h}_{E_{1}}(P_{1})+\widehat{h}_{E_{2}}(P_{2})\geq c_{0}\,\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{1}/k)+c_{0}\,\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{2}/k)=c_{0}\,\mathop{h_{\mathrm{F}}}(E_{1}\!\times\!E_{2}/k),

où on a noté :

c0=(c1c21/7)(c3+c41/7)1=c17c2c3+7c4.subscript𝑐0subscript𝑐1subscript𝑐217superscriptsubscript𝑐3subscript𝑐4171subscript𝑐17subscript𝑐2subscript𝑐37subscript𝑐4c_{0}=\left(c_{1}-\frac{c_{2}}{1/7}\right)\left(c_{3}+\frac{c_{4}}{1/7}\right)^{-1}=\frac{c_{1}-7c_{2}}{c_{3}+7c_{4}}.

Il reste donc à étudier le cas des jacobiennes de courbes de genre 2. Or nous sommes à présent en mesure de construire un énoncé de théorème répondant partiellement à la conjecture de Lang et Silverman pour ces variétés abéliennes particulières.

En réunissant les résultats des théorèmes 1.8 et 1.13 on obtient une preuve du corollaire 1.14, en considérant toujours D=28disc(F)𝐷superscript28disc𝐹D=2^{8}\mathop{\mathrm{disc}}(F) si C:y2=F(x):𝐶superscript𝑦2𝐹𝑥C:y^{2}=F(x) avec deg(F)=5degree𝐹5\deg(F)=5 et Tr(A)subscriptTr𝐴\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A) la trace archimédienne de A𝐴A :

Démonstration.

En utilisant les théorèmes 1.8 et 1.13 on a les estimations :

h^A,2Θ(P)c1(Tr(A)53logNk/(D)s(A)),subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑐1subscriptTr𝐴53subscriptN𝑘𝐷subscripts𝐴\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq c_{1}\left(\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)-\frac{5}{3}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)}\right),

et :

hF(A/k)c3Tr(A)+c4logNk/(D)s(A).superscriptsubscriptF𝐴𝑘subscript𝑐3subscriptTr𝐴subscript𝑐4subscriptN𝑘𝐷subscripts𝐴\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)\leq c_{3}\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)+c_{4}\log\frac{\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)}{\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)}.

En notant :

c1=0,03d 100878316dsubscript𝑐10.03𝑑superscript100878superscript316𝑑c_{1}=\frac{0,03}{d\,10087^{8\cdot 3^{16}d}} c2=53c1subscript𝑐253subscript𝑐1c_{2}=\frac{5}{3}c_{1} c3=6π10dsubscript𝑐36𝜋10𝑑c_{3}=\frac{6\pi}{10\,d} c4=110dsubscript𝑐4110𝑑c_{4}=\frac{1}{10\,d}

et en supposant : Tr(A)(5/3+ε)logNk/(D)subscriptTr𝐴53𝜀subscriptN𝑘𝐷\mathop{\mathrm{Tr}_{\infty}}(A)\geq(5/3+\varepsilon)\log\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D), on obtient alors :

h^A,2Θ(P)(c1c25/3+ε)(c3+c45/3+ε)1hF(A/k).subscript^𝐴.2Θ𝑃subscript𝑐1subscript𝑐253𝜀superscriptsubscript𝑐3subscript𝑐453𝜀1superscriptsubscriptF𝐴𝑘\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq\left(c_{1}-\frac{c_{2}}{5/3+\varepsilon}\right)\left(c_{3}+\frac{c_{4}}{5/3+\varepsilon}\right)^{-1}\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k).

On déduit de ces énoncés le corollaire suivant :

Corollaire 8.3.

Soit k𝑘k un corps de nombres de degré d𝑑d. Alors il existe une constante c=c(d)>0𝑐𝑐𝑑0c=c(d)>0 ne dépendant que du degré de k𝑘k telle que pour toute variété abélienne (A,Θ)𝐴Θ(A,\Theta) sur k𝑘k, principalement polarisée de dimension 2, vérifiant les hypothèses des énoncés 8.2 ou 1.14 et pour tout point PA(k)𝑃𝐴𝑘P\in{A(k)} tel que P𝑃\mathbb{Z}\!\cdot\!P est Zariski-dense on a :

h^A,Θ(P)chF(A/k),subscript^𝐴Θ𝑃𝑐superscriptsubscriptF𝐴𝑘\widehat{h}_{A,\Theta}(P)\geq c\,\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k),

et on peut prendre c=min{c0,c1}=c1𝑐subscript𝑐0subscript𝑐1subscript𝑐1c=\min\{c_{0},c_{1}\}=c_{1}, avec c0subscript𝑐0c_{0} et c1subscript𝑐1c_{1} les constantes données respectivement dans les énoncés 8.2 et 1.14.

Remarque 8.4.

On obtient la conjecture de Lang et Silverman (sous les hypothèses des énoncés utilisés) en remarquant que hF(A/k)hF(A/k)superscriptsubscriptF𝐴𝑘subscriptF𝐴𝑘\mathop{h_{\mathrm{F}}^{\prime}}(A/k)\geq\mathop{h_{\mathrm{F}}}(A/k) est valable lorsque ImτIm𝜏\mathop{\mathrm{Im}}\tau est suffisament grand.

On peut de plus déduire de 1.14 une preuve du corollaire 1.15 :

Démonstration.

On sait que si le modèle de la courbe est à bonne réduction partout et est globalement minimal on obtient Nk/(D)=1subscriptN𝑘𝐷1\mathop{\mathrm{N}_{k/\mathbb{Q}}}(D)=1. Or il existe une extension ksuperscript𝑘k^{\prime} de k𝑘k telle que A/k𝐴superscript𝑘A/k^{\prime} est à bonne réduction partout. On va voir qu’en faisant une autre extension bien choisie on peut de plus obtenir l’existence d’un modèle globalement minimal : donnons-nous tout d’abord un modèle hyperelliptique entier sur 𝒪ksubscript𝒪𝑘\mathcal{O}_{k} de C𝐶C, dont le discriminant sera noté ΔCsubscriptΔ𝐶\Delta_{C}. En se reportant par exemple à [22] page 736, on sait que pour toute place finie v𝑣v, il existe un entier uvsubscript𝑢𝑣u_{v} tel que ΔC=uv40ΔvsubscriptΔ𝐶superscriptsubscript𝑢𝑣40subscriptΔ𝑣\Delta_{C}=u_{v}^{40}\Delta_{v}, où ΔvsubscriptΔ𝑣\Delta_{v} est le discriminant minimal local. L’exposant 404040 vient du fait qu’on est ici en dimension g=2𝑔2g=2, et 4g(2g+1)=404𝑔2𝑔1404g(2g+1)=40 dans ce cas.

On pose alors 𝔞C:=v𝔭vordv(uv)assignsubscript𝔞𝐶subscriptproduct𝑣superscriptsubscript𝔭𝑣subscriptord𝑣subscript𝑢𝑣\displaystyle{\mathfrak{a}_{C}:=\prod_{v}\mathfrak{p}_{v}^{-\mathop{\mathrm{ord}_{v}}(u_{v})}}. On obtient facilement les faits suivants (voir [22]) : Δmin=ΔC(𝔞C)40subscriptΔminsubscriptΔ𝐶superscriptsubscript𝔞𝐶40\Delta_{\mathrm{min}}=\Delta_{C}(\mathfrak{a}_{C})^{40}, où ΔminsubscriptΔmin\Delta_{\mathrm{min}} est le discriminant minimal de la courbe hyperelliptique C𝐶C. De plus la classe d’idéaux de 𝔞Csubscript𝔞𝐶\mathfrak{a}_{C} ne dépend pas du modèle hyperelliptique de C𝐶C. Enfin il existe un modèle minimal global si et seulement si 𝔞Csubscript𝔞𝐶\mathfrak{a}_{C} est principal.

Or sur ksuperscript𝑘k^{\prime}, on a bonne réduction partout, ce qui impose Δmin𝒪k=𝒪ksubscriptΔminsubscript𝒪superscript𝑘subscript𝒪superscript𝑘\Delta_{\mathrm{min}}\mathcal{O}_{k^{\prime}}=\mathcal{O}_{k^{\prime}}. En particulier on obtient que l’idéal 𝔞C40superscriptsubscript𝔞𝐶40\mathfrak{a}_{C}^{40} est principal sur ksuperscript𝑘k^{\prime}. Il existe donc αk𝛼superscript𝑘\alpha\in{k^{\prime}} tel que 𝔞C40=α𝒪ksuperscriptsubscript𝔞𝐶40𝛼subscript𝒪superscript𝑘\mathfrak{a}_{C}^{40}=\alpha\mathcal{O}_{k^{\prime}}. Considérons alors k′′=k[β]superscript𝑘′′superscript𝑘delimited-[]𝛽k^{\prime\prime}=k^{\prime}[\beta], avec β40=αsuperscript𝛽40𝛼\beta^{40}=\alpha. Alors 𝔞C=β𝒪k′′subscript𝔞𝐶𝛽subscript𝒪superscript𝑘′′\mathfrak{a}_{C}=\beta\mathcal{O}_{k^{\prime\prime}} est principal sur k′′superscript𝑘′′k^{\prime\prime}, et le degré de l’extension [k′′:k]delimited-[]:superscript𝑘′′superscript𝑘[k^{\prime\prime}:k^{\prime}] est inférieur ou égal à 404040.

La variété abélienne A𝐴A étant définie sur k𝑘k, elle l’est aussi sur ksuperscript𝑘k^{\prime} et k′′superscript𝑘′′k^{\prime\prime}. De plus on a les relations :

wMk′′,w|vτw=τv.formulae-sequencefor-all𝑤superscriptsubscript𝑀superscript𝑘′′conditional𝑤𝑣subscript𝜏𝑤subscript𝜏𝑣\forall w\in{M_{k^{\prime\prime}}^{\infty}},\,\;w|v\Rightarrow\;\tau_{w}=\tau_{v}.

On peut donc appliquer les théorèmes 1.8 et 1.13 à A/k′′𝐴superscript𝑘′′A/k^{\prime\prime} puisque les τwsubscript𝜏𝑤\tau_{w} vérifient les mêmes conditions que les τvsubscript𝜏𝑣\tau_{v}, donc en utilisant de plus s(A)1subscripts𝐴1\mathop{\mathrm{s}_{\infty}}(A)\geq 1:

h^A,2Θ(P)1100878[k′′:]120πhst(A).subscript^𝐴.2Θ𝑃1superscript100878delimited-[]:superscript𝑘′′120𝜋superscriptsubscriptst𝐴\widehat{h}_{A,2\Theta}(P)\geq\frac{1}{10087^{8[k^{\prime\prime}:\mathbb{Q}]}}\frac{1}{20\pi}\,\mathop{h_{\mathrm{st}}^{\prime}}(A).

Or [k′′:]=[k′′:k][k:k][k:][k^{\prime\prime}:\mathbb{Q}]=[k^{\prime\prime}:k^{\prime}][k^{\prime}:k][k:\mathbb{Q}] et on peut déduire de [33] page 400, en choisissant k=k[A[15]]superscript𝑘𝑘delimited-[]𝐴delimited-[]15k^{\prime}=k[A[15]] que [k:k]154×4[k^{\prime}:k]\leq 15^{4\!\times\!4}. Remarquons qu’il suffit de redescendre sur le corps de base à la fin, d’où la présence du terme 1516superscript151615^{16} et non de 3161516superscript316superscript15163^{16}\!\cdot\!15^{16}. ∎

Remarque 8.5.

On aurait pu essayer de se placer sur l’extension ksuperscript𝑘k^{\prime} de k𝑘k sur laquelle la variété admet bonne réduction partout, puis monter jusqu’à Hksubscript𝐻superscript𝑘H_{k^{\prime}} le corps de classes de Hilbert de ksuperscript𝑘k^{\prime} sur lequel le modèle est globalement minimal (par principalité) et a toujours bonne réduction partout. Cependant la constante obtenue dépendra alors du corps ksuperscript𝑘k^{\prime} aussi.

8.2. Borne pour la torsion d’une jacobienne de dimension 2.

Le principe des tiroirs utilisé dans la preuve du théorème 5.3 montre le fait suivant : si on peut obtenir suffisamment de multiples distincts d’un point P𝑃P, alors la hauteur de Néron-Tate de ce point est minorée par une quantité non nulle, donc ce point n’est pas un point de torsion. Inversement on va donc obtenir une borne sur la torsion des jacobiennes sur lesquelles on a travaillé dans le théorème 1.8. Il suffit d’élever la borne sur l’exposant du groupe à la puissance 2g=42𝑔42g=4 pour obtenir la preuve du corollaire 1.12.

8.3. Borne pour les points rationnels d’une courbe de genre 2.

L’obtention d’un résultat de minoration du type Lang-Silverman sur une famille de jacobiennes donne systématiquement un majorant du nombre de points rationnels des courbes sous-jacentes. Le calcul de ce majorant en fonction de la constante de l’inégalité de Lang-Silverman est montré dans [29], Proposition 1.10. Ainsi, pour obtenir une preuve du corollaire 1.16, il suffit d’appliquer la Proposition 1.10 de [29], avec ici g=2𝑔2g=2. Ces questions ont été abordées par G. Rémond, voir la proposition 3.7 page 527 de l’article [32] ainsi que les estimations de [6] (page 652, page 662 et page 665) et T. de Diego, voir par exemple [7] page 109.

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Fabien Pazuki

Théorie des nombres, IMB Université Bordeaux 1

351, cours de la Libération, 33405 Talence cedex, France

e-mail : fabien.pazuki@math.u-bordeaux1.fr