Stabilit de l’holonomie sur les vari t s quasi-projectives
Abstract
Let be a mixed characteristic complete discrete valuation ring with perfect residue field . We solve Berthelot’s conjectures on the stability of the holonomicity over smooth projective formal -schemes. Then we build a category of complexes of arithmetic -modules over quasi-projective -varieties with bounded, -holonomic cohomology. We get its stability under Grothendieck’s six operations.
Introduction
Afin d’obtenir une cohomologie -adique sur les vari t s alg briques sur un corps de caract ristique stable par les six op rations cohomologiques de Grothendieck (i.e., image directe, image directe extraordinaire, image inverse, image inverse extraordinaire, produit tensoriel, foncteur dual), Berthelot a construit une version arithm tique de la th orie des modules sur le faisceau des op rateurs diff rentiels (voir l’introduction [Ber02] puis dans l’ordre [Ber90], [Ber96], [Ber00]). Rappelons quelques l ments de sa th orie : soient un anneau de valuation discret complet d’in gales caract ristiques , de corps r siduel suppos parfait et de corps de fraction , un -sch ma formel lisse et sa fibre sp ciale. Dans la version arithm tique de Berthelot, le faisceau des op rateurs diff rentiels usuels est remplac par . Plus pr cis ment, il construit le faisceau sur des op rateurs diff rentiels de niveau fini et d’ordre infini not ; ce dernier correspondant la tensorisation par (indiqu par l’indice ) du compl t faible -adique (indiqu par le symbole “”) du faisceau classique des op rateurs diff rentiels sur . On dispose de plus de la notion de -module, i.e., de -module muni d’une structure de Frobenius, i.e. d’un isomorphisme -lin aire de la forme avec d signant l’image inverse par l’endomorphisme (ou une puissance) du Frobenius absolu . Il a aussi obtenu une notion de -module holonome en s’inspirant du cas classique : un -module coh rent est holonome s’il est nul ou si la dimension de sa vari t caract ristique est gale la dimension de . Il conjecture surtout que les -complexes de -modules cohomologie born e et holonomes sont stables par op rations cohomologiques (de mani re analogue ce qui se passe dans la th orie classique). Malgr la r solution de cette stabilit dans quelques cas importants (e.g., image inverse extraordinaire par un morphisme lisse, produit tensoriel externe, foncteur dual), voici ce qu’il restait tablir : la stabilit de l’holonomie par produit tensoriel interne, image directe et image inverse extraordinaire (voir les conjectures [Ber02, 6.3.6]). Pour b n ficier de coefficients -adiques stables, une autre approche a t de d finir les -modules arithm tiques surholonomes ([Car09b]). D’apr s Caro et Tsuzuki (voir [CT08]), les -complexes de -modules arithm tiques surholonomes sont stables par les six op rations cohomologiques de Grothendieck. De plus, les -complexes de -modules arithm tiques surholonomes sont holonomes. L’ galit entre ces deux notions quivaut d’ailleurs la validation des conjectures ci-dessus sur la stabilit de l’holonomie (voir [Car09b, 8.2])). Ce travail s’attaque ce probl me dans le cas o le -sch ma formel lisse (dans lequel se plonge une -vari t o vivent v ritablement les complexes de -modules arithm tiques) peut tre choisi projectif.
Abordons pr sent le contenu de ce travail. Soient un -sch ma formel propre et lisse, un diviseur ample de , l’ouvert de compl mentaire de . En fait, comme le diviseur est ample, il ne co te pas grand chose de supposer que est le compl t -adique de l’espace projectif sur et est un hyperplan d fini par une des coordonn es canoniques.
Soit un -module coh rent. Le r sultat principal de la premi re partie de ce travail (voir 1.3.7 et la preuve de 2.1.1) est que, quitte rajouter des singularit s surconvergentes (i.e. augmenter ), est associ un isocristal surconvergent sur , o est un ouvert affine et lisse (dense dans une composante irr ductible) du support de . Remarquons que, pour donner un sens ce r sultat, la structure de Frobenius est superflue gr ce aux r cents travaux ([Car09c]). Cela nous a permis d’am liorer et surtout de simplifier (par rapport une version ant rieure pr publi e de ce travail qui n’utilisait pas [Car09c] car crite avant) la preuve de ce r sultat 1.3.7 car on ne doit plus se pr occuper des compatibilit s Frobenius dans les constructions. Le premier ingr dient technique permettant d’ viter le probl me du support de non lisse (la stabilit de la surholonomie nous permettait d’utiliser le th or me de d singularisation de de Jong ; cette m thode ne fonctionne plus a priori et il faut donc innover) est l’utilisation des op rateurs diff rentiels “la Mebkhout-Narvaez” (voir [MNM90]) et le th or me de comparaison de Noot-Huyghe (qui n’est valid a priori que pour les -sch mas formels projectifs lisses). C’est l’unique raison technique pour laquelle nous nous sommes restreint aux -sch mas formels projectifs et lisses. Le second ingr dient technique d Kedlaya (voir [Ked05]) qui nous permet de nous ramener au cas d j trait o le support de est lisse (voir [Car09a]) est le fait que tout point ferm de poss de un voisinage ouvert qui soit fini et tale sur un espace affine (ce dernier poss de de fa on remarquable une compactification lisse).
Soit . Nous prouvons dans le deuxi me chapitre de ce papier (voir 2.1.1) que si alors , i.e., est un -complexe surholonome s’il est holonome en dehors des singularit s surconvergentes. Ainsi, dans le cas d’un diviseur ample, cela r pond positivement la conjecture la plus forte de Berthelot de [Ber02, 6.3.6]. Donnons une esquisse de sa preuve : l’id e est de proc der par r currence sur la dimension du support not de . On peut en outre supposer que est un module. Or, d’apr s la premi re partie, il existe un ouvert affine et lisse (dense dans une composante irr ductible) de tel que soit associ un isocristal surconvergent sur . Comme les -isocristaux surconvergents sur les -vari t s lisses sont surholonomes (voir [CT08]), nous concluons la r currence. Remarquons de plus que, comme il existe des isocristaux surconvergents sur des -vari t s lisses qui ne sont pas coh rents ni a fortiori surholonomes, le th or me 2.1.1 nonc ci-dessus est faux sans structure de Frobenius (voir 2.1.2). Nous avons donc besoin in fine de la structure de Frobenius pour valider la r currence. Enfin, notons que la preuve de la surholonomie des -isocristaux surconvergents de [CT08] utilise notamment la stabilit de la surholonomie par image directe par un morphisme propre, ce qui emp che a priori de v rifier directement (i.e. sans la notion de surholonomie) l’holonomie des -isocristaux surconvergents sur les -vari t s lisses.
Le th or me 2.1.1 implique que l’image directe (resp. l’image inverse extraordinaire) par un morphisme de -sch mas formels projectifs et lisses d’un -complexe holonome est un -complexe holonome. Cette stabilit nous permet de construire les complexes cohomologie born e et -holonome de -modules arithm tiques sur les -vari t s quasi-projectives. Comme c’est le cas pour les complexes surholonomes, on obtient ensuite la stabilit par les six op rations cohomologiques de Grothendieck de cette cat gorie de coefficients -adiques.
Notations. Soient un anneau de valuation discret complet d’in gales caract ristiques , une uniformisante, son corps r siduel suppos parfait, son corps de fraction. On fixe un entier et un rel vement de la puissance -i me de Frobenius. Enfin, d signera par d faut un entier positif.
Si est un -module (resp. un groupe ab lien), on pose (resp. ). Un module est par d faut un module gauche.
Pour tout -sch ma formel faible lisse , on d signe par sa fibre sp ciale, le -sch ma formel d duit par compl tion -adique. On note , le faisceau des op rateurs diff rentiels d’ordre fini et de niveau sur (e.g., voir [Car06a, 2]). Si sont des coordonn es locales de et sont les d rivations correspondantes, on d signera comme d’habitude (voir [Ber96]) la base canonique de par .
Pour tout ouvert affine de , on pose et (qui ne d pend canoniquement pas de ). On note la compl tion -adique faible comme -alg bre de . Enfin, on pose .
Pour tout -sch ma formel lisse , on note sa fibre sp ciale. Pour tout ouvert affine de , on pose , .
Si l’entier ne pose aucune ambigu t , on crira plus simplement (resp. , resp. , resp. ) la place de (resp. , resp. , resp. ).
1 Caract risations des isocristaux surconvergents sur les sch mas finis tales sur l’espace affine
Soit un -sch ma formel faible lisse. Gr ce Kedlaya (voir [Ked02] ou [Ked05]), il existe un ouvert affine dense de et un morphisme fini et tale de la forme . Nous tudions dans cette section les op rateurs diff rentiels de Mebkhout-Narvaez (voir la fin de [MNM90] et les th or mes de comparaison de Noot-Huyghe avec la th orie de Berthelot des -modules arithm tiques de [NH03]) sur un tel . Nous en d duirons une description des isocristaux surconvergents sur (voir 1.2.5). Apr s ce travail pr liminaire, ce chapitre culminera avec le th or me 1.3.7 qui donne une condition suffisante pour qu’un -module arithm tique soit un isocristal surcoh rent (voir [Car07, 6] et pour la version sans structure de Frobenius [Car09c]). Grosso modo, sur certains sous-sch mas de l’espace projectif, dans la d finition de la notion d’isocristal surcoh rent, on peut affaiblir les hypoth ses en rempla ant surcoh rent par coh rent.
1.1 Compl ments sur les op rateurs diff rentiels de Mebkhout-Narvaez
Nous v rifions ici que le foncteur section globale appliqu au faisceau des op rateurs diff rentiels de Mebkhout-Narvaez commutent l’extension d’un morphisme fini tale sur un espace affine (voir 1.1.7). On en d duit facilement 1.1.8. Ces r sultats nous serviront pour valider la caract risation 1.2.4 des isocristaux surconvergents sur les sch mas finis tales sur l’espace affine ou pour tablir le th or me 1.3.7 de la section suivante.
Rappelons la d finition de la compl tion -adique faible donn e par Noot-Huyghe dans [NH03, 1.3] dans le cas d’une -alg bre non n cessairement commutative:
D finition 1.1.1.
Pour tout entier , on note l’alg bre des polyn mes ind termin es sur non commutative (i.e. la -alg bre tensorielle de ). Soit une -alg bre non n cessairement commutative. On note la compl tion -adique de et le sous-ensemble de des l ments tels qu’il existe une constante , des l ments et, pour tout , des polyn mes tels que et
L’ensemble est une sous--alg bre de et se nomme “la compl tion -adique faible de en tant que -alg bre” ou “la compl tion -adique faible de ” s’il n’y a aucune ambigu t sur l’alg bre de base (dans notre travail, ce sera toujours sur ). On dira aussi que “ est engendr de mani re faiblement compl te sur par les l ments de ”.
Remarques 1.1.2.
Avec les notations de 1.1.1, supposons . Notons et, pour tout , d finissons par r currence sur les polyn mes et en posant : o d signe la somme des mon mes de dont la valuation -adique du coefficient vaut tandis que est la somme des autres termes. On dispose de l’ galit avec et tous les mon mes de ont une valuation -adique gale (on remarque aussi que et ).
Lemme 1.1.3.
Soient une -alg bre, , , et, pour tout , des polyn mes tels que . Alors l’ l ment appartient . Plus pr cis ment, si sont engendr s de mani re faiblement compl te sur par des l ments de , alors est engendr de mani re faiblement compl te sur par . En particulier, on dispose de l’ galit .
Proof.
Soit avec un mon me de avec . Par hypoth se, et . Quitte augmenter , il existe tels que, pour tout , pour tout , il existe des polyn mes tels que et . On obtient
Notons les polyn mes de apparaissant dans cette somme. Notons la valuation -adique minimale des coefficients de . Par construction, .
Soit un entier. Or, pour fix , est une somme finie de tels mon mes . Comme , il en r sulte qu’il existe un nombre fini de polyn mes d finis comme ci-dessus et tels que . Soit la somme de tous ces polyn mes tels que . Alors et .
Il reste majorer le degr de : soit un de ces polyn mes tels que . On a alors . Comme , comme , on en d duit alors . Posons . On a donc tabli . D’o le r sultat. ∎
Le lemme ci-apr s est imm diat :
Lemme 1.1.4.
Soient , et, pour tout , soient tels que , . On d finit des l ments de en posant : , .
-
1.
Il existe, pour tout et tout , des polyn mes tels que et .
-
2.
Il existe, pour tout , des polyn mes tels que , et , .
Lemme 1.1.5.
Soient un morphisme fini tale de -sch mas formels lisses, un ouvert affine de muni de coordonn es locales et , . Le morphisme canonique est un isomorphisme. Le morphisme canonique induit est en fait un morphisme d’anneaux. Enfin, les morphismes qui en r sultent , sont des isomorphismes.
Proof.
Notons (resp. , ) la r duction modulo de (resp. , ). Via un calcul en coordonn es locales, on v rifie que le morphisme canonique est un isomorphisme. Par un calcul analogue, on prouve que le morphisme , induit via son inverse, est en fait un morphisme d’anneaux et que les morphismes , induits en prenant les sections globales sont des isomorphismes. Par passage la limite projective sur , puis passage la limite inductive sur le niveau , on en d duit le lemme. ∎
En rempla ant les faisceaux des op rateurs diff rentiels de Berthelot par ceux de Mebkhout-Narvaez, la v rification de l’analogue du lemme 1.1.5 est techniquement plus d licate car la compl tion -adique faible est moins maniable que la compl tion -adique. Avant de traiter la partie (voir 1.1.7) moins ais e de cette analogie, donnons d’abord sa partie triviale :
Lemme 1.1.6.
Soit un morphisme fini tale de -sch mas formels faibles affines et lisses. Le morphisme canonique de -modules gauche est un isomorphisme. On dispose de plus des morphismes canoniques de -alg bres , .
Proof.
Comme est fini et tale, on v rifie via un calcul en coordonn es locales (identique celui de la preuve de 1.1.5) que est un isomorphisme. Via son inverse, on construite alors le morphisme canonique . On tablit ensuite par un calcul en coordonn es locales que celui-ci est en fait un morphisme de -alg bres. En prenant les sections globales, on obtient un morphisme de -alg bres . D’o , par fonctorialit de la compl tion -adique faible de -alg bres, le morphisme . Par passage la limite sur le niveau, cela donne le morphisme canonique de -alg bres : . ∎
Proposition 1.1.7.
Soient un morphisme fini tale de -sch mas formels faibles lisses et .
Les morphismes canoniques -lin aires induits (via 1.1.6)
(1.1.7.1) | |||
(1.1.7.2) |
sont des isomorphismes.
Proof.
Par sym trie et par passage la limite inductive sur le niveau, contentons-nous de v rifier que le morphisme canonique est un isomorphisme.
Comme est une -alg bre finie, . Il en r sulte le premier isomorphisme : le dernier isomorphisme r sultant de 1.1.5 (voir sa preuve). Cet isomorphisme compos s’inscrit dans le diagramme commutatif :
(1.1.7.3) |
Comme est une extension plate de , comme et sont s par s (pour la topologie -adique), il en r sulte que les fl ches verticales de 1.1.7.3 sont injectives. On obtient ainsi l’injectivit de .
Prouvons pr sent la surjectivit de via les tapes suivantes:
Fixons quelques notations. Soient engendrant comme -module. Notons le vecteur colonne de coordonn es .
Pour tout (i.e. ), soient tel que
(1.1.7.4) |
o d signe le vecteur colonne de coordonn es . Il existe une constante r elle et, pour tout , des polyn mes tels que et .
Pour tout , soit tel que
(1.1.7.5) |
o est le vecteur colonne de coordonn es . Quitte augmenter , il existe pour tout , des polyn mes tels que et v rifiant .
Soit . Il existe alors des l ments de tels que soit engendr de mani re faiblement compl te par . Comme est une -alg bre engendr e par et par pour , sont alors engendr s de mani re faiblement compl te par o l’on choisit , par et par pour . Il d coule alors de 1.1.3 que est engendr de mani re faiblement compl te par , par et par pour . Posons . Il existe ainsi, pour tout , des polyn mes tels que et .
D’apr s les formules [Ber96, 2.2.4.(ii) et (iv)], le passage de droite gauche d’un polyn me en par rapport un op rateur de la forme n’augmente pas le degr en . On peut donc supposer que est une somme finie de mon mes de la forme :
o est un mon me de et, pour , est un mon me unitaire de et est un mon me unitaire , avec toujours (en tant que mon me de ).
Lin arisation de . En utilisant 1.1.7.5 et via 1.1.4.2, on v rifie que, pour tout , il existe un vecteur ligne coefficients dans et, pour tout et tout , des polyn mes tels que , et . Remarquons que pour , on a eu besoin d’avoir et qu’en fait on peut affiner en rempla ant par .
Passage de droite gauche par rapport des combinaisons lin aires de coefficients dans . Pour tout , avec [Ber96, 2.2.4.(iv)] puis via la formule de Leibnitz de [Ber96, 2.3.4.1], on obtient :
(1.1.7.6) |
o est un vecteur ligne coefficients dans . Or, d’apr s 1.1.4, il existe, pour tout et tout , des polyn mes tels que et .
En r sum : le passage de droite gauche par rapport des combinaisons lin aires de co te l’ajout de “” dans l’in galit de la forme . Ce nombre correspond aussi au degr des mon mes (car ).
En r it rant le proc d de l’ tape , on v rifie que est gal une somme finie de termes de la forme
o avec , est un vecteur ligne coefficients dans tel que, pour tout et tout , il existe des polyn mes tels que et .
Conclusion. Posons . Ainsi,
Comme , alors et . D’o : .
Lorsque et sont fix s, l’ensemble des polyn mes de la forme d finis comme ci-dessus est de cardinal fini. Notons la somme finie des l ments de cet ensemble. On obtient alors la somme
Comme , il en r sulte que . ∎
Proposition 1.1.8.
1.2 Caract risation des isocristaux surconvergents via les op rateurs diff rentiels de Mebkhout-Narvaez
Nous donnons une description des isocristaux surconvergents sur l’espace affine (voir 1.2.2 et 1.2.3). Nous en d duisons ensuite, gr ce la section pr c dente, une description des isocristaux surconvergents sur les sch mas finis et tales sur l’espace affine (voir 1.2.5).
Dans cette section, nous garderons les notations suivantes : soient l’espace projectif formel sur de dimension , les coordonn es projectives de , l’hyperplan d fini par , i.e., . On d signe par (resp. ) le faisceau des fonctions (resp. op rateurs diff rentiels de niveau fini) sur singularit s surconvergentes le long de (voir [Ber96, 4.2]). On pose de plus , o est le faisceau usuel des op rateurs diff rentiels sur .
D’apr s le th or me de comparaison de Noot-Huyghe (voir [NH97] ou [NH98]), on dispose dans cette situation g om trique de l’isomorphisme : . Elle tablit de plus la formule :
o d signent les coordonn es canoniques sur l’espace affine.
1.2.1Th or mes de type sur l’espace affine ou un de ses ouverts affines.
Soit un -module coh rent.
D’apr s le th or me de type pour les -modules coh rents (voir [NH97]), est un -module coh rent et le morphisme canonique
(1.2.1.1) |
est un isomorphisme. Ainsi, les foncteurs et induisent des quivalences quasi-inverses entre la cat gorie des -modules coh rents et celle des -modules coh rents.
De m me, le foncteur induit une quivalence entre la cat gorie des -modules coh rents (resp. -modules coh rents) et celle des -modules coh rents (resp. -modules coh rents).
1.2.2.
Lemme 1.2.3.
Soit un -module, coh rent pour sa structure induite de -module. Les assertions suivantes sont quivalentes :
-
1.
est un isocristal surconvergent sur ;
-
2.
est muni d’une structure de -module coh rent prolongeant sa structure de -module ;
-
3.
Le morphisme canonique est un isomorphisme.
Proof.
D’apr s 1.2.2, . Par noeth ranit de , est -coh rent et donc . Supposons que soit un isocristal surconvergent sur . Notons le -module coh rent, -module coh rent associ . D’apr s [Car05, 2.2.8] (voir les notations de [Car05, 2.2.2]) le morphisme canonique est un isomorphisme. Il suffit alors d’utiliser les th or mes de type pour respectivement les -modules coh rents et les -modules coh rents. ∎
Proposition 1.2.4.
Soient un morphisme fini tale de -alg bres formels faibles lisses et . Soit un -module, coh rent pour sa structure induite de -module. Notons le -module -coh rent induit par (ainsi, est le foncteur oubli). Les assertions suivantes sont quivalentes :
-
1.
La connexion de est surconvergente, i.e., est un isocristal surconvergent sur ;
-
2.
La connexion de est surconvergente, i.e., est un isocristal surconvergent sur ;
-
3.
Le morphisme canonique -lin aire est un isomorphisme ;
-
4.
Le morphisme canonique -lin aire est un isomorphisme.
Proof.
Par [LS07, 7.2.15], on v rifie l’ quivalence entre les deux premi res assertions. Il r sulte de l’isomorphisme de 1.1.6 (avec aussi un passage aux sections globales) que le morphisme canonique est un isomorphisme. Gr ce 1.1.7.2, il en r sulte qu’il en est de m me du morphisme canonique : . On en d duit l’ quivalence entre 3 et 4. Enfin, l’ quivalence entre 2 et 3 d coule de 1.2.3. ∎
Corollaire 1.2.5.
Avec les notations de 1.2.4, la cat gorie des isocristaux surconvergents sur est quivalente celles des -modules coh rents, coh rents pour leur structure induite de -module.
1.3 Caract risation des isocristaux surcoh rents sur certains sous-sch mas de l’espace affine
Dans la suite de cette section, nous conserverons les notations suivantes : soient l’espace projectif formel sur de dimension , les coordonn es projectives de (ou, par abus de notations, de ou ), l’hyperplan d fini par , i.e., . On note les coordonn es canoniques de l’espace affine. Soient un ouvert affine de , son compl t -adique, le diviseur r duit de dont le support est le compl mentaire de . Soit une immersion ferm e de -sch mas formels faibles affines et lisses, avec int gre et pour un certain entier . On suppose de plus qu’il existe un morphisme fini et tale tel que ( gr ce aux travaux de Kedlaya dans [Ked02] ou [Ked05], cette hypoth se est en fait g n riquement valable). On note le rel vement de . Les compl t s -adiques de ou seront encore not s respectivement ou .
Le r sultat principal de cette section est la caract risation de 1.3.7 des isocristaux surcoh rents sur .
1.3.1.
Comme est un ouvert de , on obtient le morphisme canonique de restriction (pour tout niveau ) . Par fonctorialit de la compl tion -adique faible puis par passage la limite sur le niveau, il en r sulte le morphisme canonique:
(1.3.1.1) |
Remarques 1.3.2.
Soit un morphisme fini et tale de -sch mas formels faibles affines et lisses. Soit un -module coh rent muni d’une connexion int grable , i.e., un -module coh rent, -coh rent. Soit un -module coh rent muni d’une connexion int grable , i.e., un -module coh rent, -coh rent. On d signe par (resp. ) le -module coh rent induit via le morphisme (resp. ) induit par (voir 1.1.6).
On suppose qu’il existe un morphisme -lin aire commutant aux connexions et tel que le morphisme canonique induit soit un isomorphisme commutant aux connexions. Dans ces conditions, le morphisme canonique induit est alors un isomorphisme commutant aux connexions, i.e., est -lin aire.
Lemme 1.3.3.
Soit l’immersion ferm e d finie par . Soient un -module coh rent support dans et . Alors, .
Proof.
Notons , l’id al d finissant l’immersion ferm e . On v rifie par compl tion -adique . Avec les notations de [Car06b, 1.1.6], en ajoutant les singularit s surconvergentes le long de , par passage la limite sur le niveau et tensorisation par , on obtient alors l’isomorphisme . Cela implique
On remarque que est engendr par les sections globales et que est engendr par les sections globales (en effet, est inversible dans ). Via la r solution de Koszul induite par la suite r guli re des l ments qui engendrent l’id al de , on calcule . Or, comme est support dans , le th or me de Berthelot-Kashiwara implique . D’o . On conclut en lui appliquant le foncteur section globale. ∎
Lemme 1.3.4.
Soient une immersion ferm e de -sch mas formels affines et lisses, des g n rateurs de l’id al d finissant , un -module coh rent support dans . On dispose alors de l’isomorphisme canonique : .
Proof.
On proc de de mani re analogue la preuve de 1.3.3. ∎
Lemme 1.3.5.
Proof.
Cela d coule de la construction des isomorphismes horizontaux. ∎
1.3.6Quelques quivalences de cat gories.
D’apr s [Car09a], on dispose du foncteur pleinement fid le de la cat gorie des isocristaux convergents sur dans celle des -modules coh rents support dans . Son image essentielle est constitu e par les -modules coh rents support dans tels que soit -coh rent.
D’apr s [Car09c], on dispose de l’ quivalence entre la cat gorie des isocristaux surconvergents sur et celle des isocristaux surcoh rents sur . Cela correspond une extension sans Frobenius du th or me analogue de [Car07], ce qui nous permet d’obtenir le th or me 1.3.7 qui suit sans structure de Frobenius (et par la m me occasion, il est inutile de se pr occuper de la compatibilit Frobenius des constructions, ce qui simplifie la preuve).
Th orème 1.3.7.
Soit un -module coh rent tel que soit dans l’image essentielle de . Il existe alors un isocristal surconvergent sur et un isomorphisme -lin aire :
Autrement dit, . De plus, si est muni d’une structure de Frobenius, alors est surholonome (voir [CT08]).
Proof.
Notons , et o l’extension choisie pour calculer le produit tensoriel est celle induite par l’immersion ouverte , i.e., celle de 1.3.1.1. Notons , le morphisme fini tale induit par . Soient (resp. ) un rel vement de l’immersion ferm e (resp. ). Notons et les immersions ferm es canoniques. Les compl t s -adiques des morphismes de -sch mas formels faibles lisses seront d sign s abusivement par la m me lettre, e.g., ou . Notons enfin les coordonn es locales de correspondant via . Posons .
Le module correspond un isocristal surconvergent sur .
Une des principales difficult s est d’ tablir que le module est un -module coh rent. La strat gie est de se ramener via le morphisme au cas o la compactification de dans est lisse. On construit un -module coh rent en posant , o d signe le -module coh rent induit par via (voir 1.3.2).
V rifions l’isomorphisme .
D’apr s 1.2.1.3, .
Via 1.1.8, par associativit du produit tensoriel,
il en r sulte
.
D’un autre c t ,
d’apr s 1.2.1.3, on dispose de l’isomorphisme canonique :
.
D’o :
.
Nous avons ainsi tabli l’isomorphisme
.
Or, comme est fini et tale,
est
un -module coh rent (en effet,
l’image directe par un morphisme propre conserve la -coh rence).
Donc, d’apr s le th or me de type
sur les -modules coh rents,
.
Posons . On obtient un -module coh rent -coh rent en posant . En effet, , i.e., est un -module coh rent -coh rent. De plus, comme et comme est lisse, est alors une composante connexe de . Il en r sulte que .
On dispose de l’isomorphisme . En effet, d’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara, on dispose de l’isomorphisme canonique . Or, d’apr s l’ tape , . On en d duit : .
Le faisceau est support dans .
Notons les hyperplans de correspondants .
Il r sulte de l’isomorphisme de l’ tape que est support dans .
Ainsi, pour tout , est un -module coh rent
nul en dehors de . Par [Ber96, 4.3.12], on obtient .
En utilisant le triangle de localisation en , on en tire .
D’o (voir [Car04, 2.2.8]).
Ainsi, est support dans .
tablissons que .
D’apr s l’ tape , il suffit d’ tablir
que .
D’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara, il r sulte de l’ tape que
est un
-module coh rent
v rifiant
.
D’apr s la caract risation [Car06b, 2.2.12],
pour v rifier que ,
il suffit alors d’ tablir que
est
-coh rent.
Or, .
Avec l’ tape , on en d duit alors
.
De plus, comme est fini et tale, .
Or, d’apr s l’ tape , est un -module coh rent.
Il en r sulte que est en outre -coh rent.
Le module est un isocristal surconvergent sur et .
a) Comme ,
d’apr s 1.2.2,
est
un -module coh rent,
-coh rent.
b) D’apr s 1.3.3,
comme ,
on obtient
.
Comme
est une
-alg bre finie,
il en r sulte que
est un
-module coh rent.
De plus,
comme est un -module,
par un calcul en coordonn es locales,
il en r sulte que est muni d’une structure canonique
de -module telle que, en notant le -module coh rent induit
via le morphisme canonique induit par ,
l’ galit ci-dessus est -lin aire.
D’apr s 1.2.4, il en r sulte que
est un -module coh rent, -coh rent.
L’isocristal convergent sur induit par est isomorphe
(rappelons que d’apr s l’ tape
est un isocristal convergent sur ).
a) D’apr s 1.1.8, le morphisme canonique de -bimodules
est un isomorphisme.
On en d duit l’isomorphisme -lin aire :
.
Avec 1.3.4 et via le th or me pour les -modules coh rents
(resp. -modules coh rents),
en lui appliquant le foncteur , on obtient le morphisme
-lin aire du bas du diagramme suivant
(1.3.7.1) |
Via un calcul im diat, ce diagramme est commutatif.
b) Le terme en bas gauche de 1.3.7.1
est canoniquement isomorphe .
En effet,
comme ,
il r sulte de 1.3.4 l’isomorphisme :
.
Or, on a v rifi au cours de la preuve de l’ tape l’isomorphisme . D’o le r sultat.
c) On calcule de plus que
la fl che de gauche (resp. de droite) de 1.3.7.1 est
-lin aire (resp. -lin aire).
d) Via le th or me de type (plus pr cis ment 1.2.1.3),
on v rifie que l’injection
s’identifie au morphisme canonique
.
D’apr s 1.3.5.1, il en r sulte que la fl che de droite de 1.3.7.1 est isomorphe
l’injection
de l’isocristal surconvergent sur associ
dans l’isocristal convergent sur induit.
Comme l’injection canonique
induit par extension l’isomorphisme
,
on en d duit que l’injection
(fl che de gauche de 1.3.7.1 modulo l’isomorphisme de 7.b))
induit par extension l’isomorphisme
e) Via a), b), c), d), on conclut gr ce la remarque 1.3.2.
Le module est aussi un isocristal surconvergent sur .
Comme ,
il r sulte de que les restrictions de
sur les composantes connexes distinctes de sont nulles.
Ainsi, est un isocristal surconvergent sur .
Construction de l’isomorphisme .
Soient , et . Alors, par (passage de droite gauche de) [Car06a, 2.4.1], et .
Soit l’immersion ouverte. On dispose, pour tout -module , d’un morphisme fonctoriel en . Lorsque , celui-ci est un isomorphisme. En appliquant ces deux foncteurs une pr sentation finie de , on obtient un morphisme entre deux pr sentations finies. Par le lemme des cinq, il en r sulte l’isomorphisme . Donc, . D’o :
(1.3.7.2) |
Posons l’image directe de par (attention, en tant que -module et non -module), . Soient les d rivations correspondantes aux coordonn es locales . Un calcul classique donne et, comme , on dispose alors du morphisme canonique -lin aire : (d fini par ).
Par transitivit de l’image directe, on obtient . Comme est un -module coh rent tel que , on en d duit (gr ce nouveau [Car06a, 2.4.1]) : . D’o le morphisme -lin aire : .
Il en d rive le morphisme -lin aire : . Or, on b n ficie d’apr s [NH03, 2.7.3.(ii)] de l’injection canonique: . D’o : . Comme on dispose des morphismes canoniques et , il en d rive par composition: . En appliquant le foncteur
, on obtient: . Or, , le dernier isomorphisme r sultant de 1.2.1.1. D’o :
(1.3.7.3) |
En composant 1.3.7.2 et 1.3.7.3, on obtient le morphisme canonique . Via [Car06a, 5.2.4], on v rifie que est un isomorphisme en dehors de . D’apr s [Ber96, 4.3.12], comme est un morphisme de -modules coh rents, il en r sulte que est un isomorphisme.
∎
Remarques 1.3.8.
D’apr s [NH03, 2.7.3.(ii)] on dispose de l’injection canonique: . Comme n’est pas forc ment ample, on ne peut directement conclure de [NH03] que cette injection induit par passage aux sections globales un isomorphisme. De plus, il n’est pas s r que l’on puisse dans ces conditions disposer de th or me pour les -modules coh rents. Comme la preuve de 1.3.7 est de passer aux sections globales pour travailler avec les faisceaux des op rateurs diff rentiels la Mebkhout-Narvaez, moins de disposer d’une id e nouvelle, l’hypoth se que le -module coh rent provienne par extension d’un -module coh rent est indispensable (ce qui est important en fait est que soit ample).
2 Stabilit de l’holonomie
2.1 R solution des conjectures de Berthelot sur la stabilit de l’holonomie pour les -sch mas formels projectifs et lisses
Le th or me 2.1.1 ci-apr s signifie que la conjecture [Ber02, 5.3.6.D)] de Berthelot est v rifi e lorsque le diviseur est ample.
Th orème 2.1.1.
Soient un -sch ma formel propre et lisse, un diviseur ample de , l’ouvert de compl mentaire de . Soit tel que . Alors .
Proof.
Il existe une immersion ferm e telle que . D’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara . De plus est holonome si et seulement si (pour la version holonome du th or me de Berthelot-Kashiwara, voir par exemple [Car09b, 1.14]). Comme est un -module coh rent tel que est un -module holonome, comme la surholonomie est pr serv e par image inverse extraordinaire, on se ram ne ainsi au cas o et .
Nous proc dons pr sent par r currence sur l’ordre lexicographique , o d signe la dimension du support de et signifie le nombre de composantes irr ductibles du support de dont la dimension vaut , i.e., de dimension maximale. Le cas o est d j connu (voir [CT08, 2.3.15]). Supposons donc .
Pour tout entier , est un -module coh rent tel que est un -module holonome. Or, pour tablir que , il suffit de v rifier que, pour tout entier , est un -module surholonome. On se ram ne ainsi supposer que le complexe est r duit un terme.
Notons le support de . Soit un ouvert affine de inclus dans tel que soit int gre, lisse et dense dans une composante irr ductible de de dimension . Gr ce Elkik (voir [Elk73], il existe un rel vement de l’immersion ferm e . D’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara, comme est holonome et support dans , est un --module holonome. Par [Ber02, 5.3.5.(i)], quitte r tr cir et , on peut supposer que est -coh rent. Notons le diviseur r duit de compl mentaire de (voir [Car07, 1.3.1]). On peut supposer muni de coordonn es locales telles que soit d fini par l’id al engendr par . En outre, via [Ked05, Theorem 2] (appliqu au point et avec les diviseurs irr ductibles d finis par ), quitte nouveau r tr cir , on peut supposer qu’il existe un morphisme fini et tale tel que . Gr ce au th or me 1.3.7, il en r sulte que est surholonome. On conclut la r currence en utilisant le triangle de localisation de en . ∎
Remarques 2.1.2.
Le th or me 2.1.1 est faux si le complexe n’est pas muni d’une structure de Frobenius (pour une version sans structure de Frobenius de la notion d’holonomie, on pourra consulter [Car09c]), m me en rempla ant l’hypoth se “ ” par “ ”. En effet, pour ce genre de contre-exemple (i.e., que se passe sans structure de Frobenius ?), il s’agit de revenir l’exemple donn tout la fin de [Ber96] par Berthelot ; situation o et . D’apr s cet exemple, il existe un -module coh rent tel que soit -coh rent et donc -holonome et -surholonome. Par contre, ce module n’est m me pas -coh rent.
Avec ce m me contre-exemple, le th or me 2.1.4 est faux sans structure de Frobenius.
Corollaire 2.1.3.
Soient un -sch ma formel propre et lisse, un diviseur ample de , l’ouvert de compl mentaire de , un sous-sch ma ferm lisse de .
Il existe une quivalence entre la cat gorie des -isocristaux surconvergents sur et la cat gorie des -modules coh rents tels que soit dans l’image essentielle de .
Proof.
D’apr s [Car07, 2.3.1], on dispose d’une quivalence entre la cat gorie des -isocristaux surconvergents sur et celle des -isocristaux surcoh rents sur . Or, d’apr s [Car09b], les modules dans l’image de sont holonomes. Par 2.1.1, cela implique qu’un -module coh rent tel que soit dans l’image essentielle de est un -isocristal surcoh rent sur . La r ciproque est imm diate.
∎
Le th or me 2.1.1 reste valable en rempla ant “holonome ” par “fibres extraordinaires finies” (voir la d finition [Car09b, 2.1] ou [Car08b, 1.3.1]) :
Th orème 2.1.4.
Soient un -sch ma formel propre et lisse, un diviseur ample de , l’ouvert de compl mentaire de et . Si est fibres extraordinaires finies alors .
Proof.
La preuve est analogue celle de 2.1.1 mais avec quelques modifications : on se ram ne de m me au cas o et . On proc de toujours par r currence sur l’ordre lexicographique . Le cas r sulte toujours [CT08, 2.3.15]. La diff rence ici est que l’on ne peut pas directement se ramener au cas o est un module car la propri t d’ tre fibres extraordinaires finies n’est pas “a priori” v rifi e pour les espaces de cohomologie , . Notons le support de . En rempla ant [Ber02, 5.3.5.(i)] par [Car08b, 1.3.4] (avec l’ galit [Car08b, 1.3.2]), on v rifie de mani re analogue ( la preuve de 2.1.1) qu’il existe un ouvert affine de inclus dans tel que soit int gre, lisse et dense dans une composante irr ductible de de dimension et tel que les espaces de cohomologie de sont -coh rents. Or, d’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara, pour tout entier , , qui est donc -coh rent. Notons le diviseur r duit de compl mentaire de . En utilisant [Ked05, Theorem 2], quitte nouveau r tr cir , on peut supposer qu’il existe un morphisme fini et tale tel que . Via le th or me 1.3.7, il en r sulte que est surholonome. Comme , le complexe est donc surholonome. On conclut la r currence en utilisant le triangle de localisation de en . ∎
Th orème 2.1.5.
Soient un -sch ma formel projectif et lisse, . Les assertions suivantes sont quivalentes :
-
1.
Le complexe appartient .
-
2.
Le complexe est fibres extraordinaires finies.
-
3.
Le complexe appartient .
-
4.
Le complexe appartient .
Proof.
D’apr s [CT08], on sait d j . L’implication est claire. Supposons que . Pour tout entier , est -module surcoh rent, et donc surholonome avec . D’apr s [Car09b, 2.5], on en d duit que est holonome. D’o l’implication . Prouvons pr sent . Supposons donc . Comme est projectif, d’apr s le th or me de Berthelot-Kashiwara, on se ram ne au cas o . Soit l’hyperplan de d fini par , i.e. . Alors, d’apr s 2.1.1, est surholonome. Via le triangle de localisation de en , il en r sulte que est aussi holonome. En notant l’immersion ferm e canonique, on obtient . D’apr s la version holonome du th or me de Berthelot-Kashiwara (voir [Car09b, 1.14]), on en d duit que est holonome. En proc dant par r currence sur , on obtient alors la surholonomie de . D’o la surholonomie de . Via le triangle de localisation de en , il en r sulte que est aussi surholonome. Nous avons donc prouv . Enfin, pour tablir l’implication on proc de de mani re analogue la preuve de modulo le remplacement de l’utilisation du th or me 2.1.1 par 2.1.4. ∎
D’apr s la stabilit de la surholonomie (voir [Car09b]), on obtient le corollaire suivant qui r pond positivement dans le cas projectif aux conjectures [Ber02, 5.3.6.A),B)] de Berthelot.
Corollaire 2.1.6.
Soient un morphisme de -sch mas formels projectifs lisses, , . Alors et .
2.2 Stabilit de l’holonomie par les six op rations de Grothendieck sur les -vari t s quasi-projectives
Notations 2.2.1.
Soit une vari t sur . On suppose qu’il existe un -sch ma formel projectif et lisse, un diviseur de , un sous-sch ma ferm de tels que . On notera (resp. ) la cat gorie des -modules holonomes (resp. -modules surholonomes) support dans tels que le morphisme canonique soit un isomorphisme. Il r sulte de 2.1.5 que . Or, d’apr s [Car09b, 4.15], la cat gorie ne d pend isomorphisme canonique pr s que de , i.e., ne d pend pas de tels , , tels que . Il en est alors de m me de . On la notera simplement ou . Notons que l’on d finit sans structure de Frobenius , alors que n’a pas de sens a priori (car on ne sait pas si l’holonomie sans structure de Frobenius est stable).
Remarques 2.2.2.
Soit une -vari t affine. Choisissons une immersion ferm e de la forme . En notant l’adh rence de dans et le diviseur de compl mentaire de , on obtient . Les hypoth ses de 2.2.1 sont donc satisfaites pour les sch mas affines.
2.2.3--modules holonomes sur une -vari t .
Soit une vari t sur . Lorsqu’il n’existe pas de -sch ma formel projectif et lisse, de diviseur de , de sous-sch ma ferm de tels que , d’apr s [Car09b, 5.2], il est encore possible de construire la cat gorie en proc dant par recollement (la situation est localement v rifi e gr ce 2.2.2). Avec cette remarque, on d finit alors la cat gorie de mani re analogue et on obtient .
Pour la commodit du lecteur, donnons bri vement sa construction : avec 2.2.2, choisissons un recouvrement fini ouvert de tel que, pour tout , il existe un -sch ma formel projectif et lisse , un sous-sch ma ferm de et un diviseur de tels que . Pour tous et , on note : et : les projections canoniques, l’adh rence sch matique de dans (via l’immersion ), .
Soient : , : , : , : et : les immersions ouvertes. Pour , posons . On d finit de m me les foncteurs , , .
On d finit la cat gorie de la fa on suivante :
-
•
Un objet est constitu par la donn e, pour tout , d’un objet de et, pour tous , d’un isomorphisme dans , : ; ces isomorphismes v rifiant la condition de cocycle .
La famille d’isomorphismes est appel e donn e de recollement de .
-
•
Les fl ches de la cat gorie sont les familles de morphismes commutant aux donn es de recollement respectives.
La cat gorie ne d pend pas du choix de la famille et se notera . Ses objets sont les --modules arithm tiques holonomes sur .
2.2.4Complexes cohomologie born e et -holonome de -modules arithm tiques sur une -vari t quasi-projective.
Soit une vari t quasi-projective sur . Il existe alors un -sch ma formel projectif et lisse, deux sous-sch mas ferm s , de tels que . On note (resp. ) la sous-cat gorie pleine de (resp. ) des complexes support dans tels que le morphisme canonique soit un isomorphisme. Or, d’apr s [Car09b, 4.18], la cat gorie est ind pendante, isomorphisme canonique pr s, d’un tel choix de , , tels que . On la note . D’apr s 2.1.5, on obtient . On note donc simplement la place de . Ainsi, . On d signe par l’image essentielle du foncteur oubli .
2.2.5Op rations cohomologiques sur les -vari t s quasi-projectives.
Soit un morphisme de vari t s quasi-projectives sur . Par [Car09b, 4.19] (il y a une faute de frappe, il faut d’apr s la remarque [Car09b, 4.22] enlever a priori la structure de Frobenius), on dispose alors des foncteurs appel s respectivement image directe et image directe extraordinaire par . On en d duit la factorisation: . De m me, avec [Car09b, 4.19], [Car09b, 4.22], [CT08] (ou [Car08a]), on dispose des foncteurs appel s respectivement image inverse et image inverse extraordinaire par , du foncteur dual et du produit tensoriel .
References
- [Ber90] P. Berthelot – “Cohomologie rigide et théorie des -modules”, -adic analysis (Trento, 1989), Springer, Berlin, 1990, p. 80–124.
- [Ber96] — , “-modules arithmétiques. I. Opérateurs différentiels de niveau fini”, Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 29 (1996), no. 2, p. 185–272.
- [Ber00] — , “-modules arithmétiques. II. Descente par Frobenius”, Mém. Soc. Math. Fr. (N.S.) (2000), no. 81, p. vi+136.
- [Ber02] — , “Introduction à la théorie arithmétique des -modules”, Astérisque (2002), no. 279, p. 1–80, Cohomologies -adiques et applications arithmétiques, II.
- [Car04] D. Caro – “-modules arithmétiques surcohérents. Application aux fonctions L”, Ann. Inst. Fourier, Grenoble 54 (2004), no. 6, p. 1943–1996.
- [Car05] — , “Comparaison des foncteurs duaux des isocristaux surconvergents”, Rend. Sem. Mat. Univ. Padova 114 (2005), p. 131–211.
- [Car06a] — , “Dévissages des -complexes de -modules arithmétiques en -isocristaux surconvergents”, Invent. Math. 166 (2006), no. 2, p. 397–456.
- [Car06b] — , “Fonctions L associées aux -modules arithmétiques. Cas des courbes”, Compositio Mathematica 142 (2006), no. 01, p. 169–206.
- [Car07] — , “Overconvergent F-isocrystals and differential overcoherence”, Invent. Math. 170 (2007), no. 3, p. 507–539.
- [Car08a] — , “Sur la stabilité par produits tensoriels des -complexes de -modules arithmétiques”, (2008).
- [Car08b] — , “Une caractérisation de la surcohérence”, À paraître au J. Math. Sci. Univ. Tokyo (2008).
- [Car09a] — , “-modules arithmétiques associés aux isocristaux surconvergents. Cas lisse”, À Paraître au Bulletin de la SMF (2009).
- [Car09b] — , “-modules arithmétiques surholonomes.”, Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 42 (2009), no. 1, p. 141–192.
- [Car09c] — , “Théorèmes de pleine fidélité pour les isocristaux surconvergents via les -modules arithmétiques”, ArXiv Mathematics e-prints (2009).
- [CT08] D. Caro et N. Tsuzuki – “Overholonomicity of overconvergent -isocrystals over smooth varieties”, ArXiv Mathematics e-prints (2008).
- [Elk73] R. Elkik – “Solutions d’équations à coefficients dans un anneau hensélien”, Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 6 (1973), p. 553–603 (1974).
- [Ked02] K. S. Kedlaya – “Étale covers of affine spaces in positive characteristic”, C. R. Math. Acad. Sci. Paris 335 (2002), no. 11, p. 921–926.
- [Ked05] — , “More étale covers of affine spaces in positive characteristic”, J. Algebraic Geom. 14 (2005), no. 1, p. 187–192.
- [LS07] B. Le Stum – Rigid cohomology, Cambridge Tracts in Mathematics, vol. 172, Cambridge University Press, Cambridge, 2007.
- [MNM90] Z. Mebkhout et L. Narváez-Macarro – “Sur les coefficients de de Rham-Grothendieck des variétés algébriques”, -adic analysis (Trento, 1989), Lecture Notes in Math., vol. 1454, Springer, Berlin, 1990, p. 267–308.
- [NH97] C. Noot-Huyghe – “-affinité de l’espace projectif”, Compositio Math. 108 (1997), no. 3, p. 277–318, With an appendix by P. Berthelot.
- [NH98] — , “-affinité des schémas projectifs”, Ann. Inst. Fourier (Grenoble) 48 (1998), no. 4, p. 913–956.
- [NH03] — , “Un théorème de comparaison entre les faisceaux d’opérateurs différentiels de Berthelot et de Mebkhout–Narváez-Macarro”, J. Algebraic Geom. 12 (2003), no. 1, p. 147–199.
Daniel Caro
Laboratoire de Math matiques Nicolas Oresme
Universit de Caen
Campus 2
14032 Caen Cedex
France.
email: daniel.caro@math.unicaen.fr