Torsion dans un produit de courbes elliptiques
Résumé : Soit une variété abélienne définie sur un corps de nombres , le nombre de points de torsion définis sur une extension finie est borné polynomialement en terme du degré . Nous formulons une question sugérant l’exposant optimal dans cette borne en terme de la dimension du groupe de Mumford-Tate des sous-variétés abéliennes de ; nous étudions le comportement par produit et répondons par l’affirmative à la question dans le cas d’un produit de courbes elliptiques.
Abstract : Let be an abelian variety defined over a number field , the number of torsion points rational over a finite extension is bounded polynomially in terms of the degree . We formulate a question suggesting the optimal exponent for this bound in terms of the dimension of the Mumford-Tate groups of the abelian subvarieties of ; we study the behaviour under product and then give a positive answer to our question when is the product of elliptic curves.
1 Introduction et résultats
Soit une variété abélienne, définie sur un corps de nombres , de dimension . Le classique théorème de Mordell-Weil assure que le groupe des points -rationnels de est de type fini. Un problème naturel qui se pose alors est de comprendre le sous-groupe de torsion . Un premier problème consiste en fait à essayer de bien appréhender le cardinal de lorsque et/ou varient. Comme dans l’article [18] auquel ce papier fait suite, nous nous intéressons ici au cas où l’on fixe une variété abélienne définie sur un corps de nombres et où l’on fait varier parmi les extensions finies de ; l’objectif étant cette fois-ci d’obtenir une borne avec une dépendance explicite et, si possible, optimale en le degré ou, ce qui revient au même, en le degré . Concernant cette question, Masser [7] et [8] a montré dans le cas général que la dépendance est polynomiale en ; plus précisément il montre l’énoncé suivant.
Théorème 1.1
(Masser [7]) Soit une variété abélienne de dimension , définie sur un corps de nombres , il existe une constante telle que, pour toute extension finie de on a :
Masser indique d’ailleurs que l’exposant n’est probablement pas le meilleur possible (sauf pour le cas d’une puissance d’une courbe elliptique à multiplication complexe). La question naturelle qui se pose est alors de savoir quel est le plus petit exposant possible dans cette borne polynomiale. Dans [18], le second auteur a donné une réponse à cette question dans le cas des variétés abéliennes CM sans facteur carré (i.e. de la forme , les étant de type CM, deux à deux non-isogènes).
Définition 1.2 Soit une variété abélienne définie sur un corps de nombres . On pose
La notation signifie qu’il existe une constante , ne dépendant que de , telle que l’on a . On voit facilement que l’invariant défini ci-dessus est indépendant du corps de définition choisi et ne dépend en fait que de la classe d’isogénie de la variété abélienne .
Introduisons par ailleurs un autre invariant, défini en terme de la dimension du groupe de Mumford-Tate d’une variété abélienne (la définition de ce groupe est rappelée au paragraphe 2).
Soit une variété abélienne isogène au produit où les sont des variétés abéliennes simples deux à deux non-isogènes et où les sont des entiers strictement positifs.
Définition 1.3 On définit l’invariant par
Question 1.4
Soit est une variété abélienne sur un corps de nombres. A-t-on ?
On remarquera (cf. la proposition 2.11 plus bas) que, sauf dans le cas d’une puissance d’une courbe elliptique à multiplication complexe (i.e. avec et ), l’invariant est strictement plus petit que .
L’objet de la suite de cet article est de donner une réponse affirmative à la question 1.4 ci-dessus si est un produit de courbes elliptiques. Commençons par faire une simple remarque (dont la preuve est donnée au paragraphe 3).
Proposition 1.5
Si est une variété abélienne quelconque, l’inégalité est vraie.
Ceci étant nous pouvons énoncer notre résultat principal :
Théorème 1.6
Si est un produit de courbes elliptiques sur , isogènes ou non, alors
De plus, si les sont deux à deux non-isogènes, ce nombre vaut si toutes les sont sans multiplication complexe et si sont à multiplication complexe et sont sans multiplication complexe.
Notons que dans le cas d’un produit de courbes elliptiques sans facteur carré (i.e. isogène à un produit , les étant deux à deux non-isogènes) ce théorème nous donne notamment la majoration
alors que le résultat de Masser donnait simplement .
Avant de démontrer le théorème 1.6, nous faisons un certain nombre de remarques et préliminaires que nous formulons dans le contexte général des variétés abéliennes lorsque cela est possible. La partie 2 est consacrée à divers rappels et résultats concernant le groupe de Mumford-Tate et la conjecture de Mumford-Tate. Le paragraphe 4 explique quelques réductions du problème : on y montre notamment que, si , il suffit d’obtenir, pour sous-groupe fini produit de , une borne du cardinal de en fonction du degré de l’extension . Les paragraphes 5 et 6 sont consacrés à des arguments galoisiens permettant d’entamer le dévissage du calcul de , avec . Nous indiquons une méthode permettant, sous certaines hypothèses sur , de ramener le problème à une combinatoire ne faisant intervenir que la valeur des pour les facteurs simples de . Jusqu’au paragraphe 6 compris, les arguments sont valables dans le cadre général d’un produit de variétés abéliennes. Au paragraphe 7, nous expliquons comment achever le calcul de pour un produit de courbes elliptiques, utilisant la technique développée dans les paragraphes précédents, ainsi que les résultats déjà connus pour les courbes elliptiques.
2 Rappels sur les groupes et la conjecture de Mumford-Tate
Fixons désormais un corps de nombres et un plongement et notons une clôture algébrique de dans . Soit une variété abélienne. On note le premier groupe de cohomologie singulière de la variété analytique complexe . C’est un -espace vectoriel de dimension . Il est naturellement muni d’une structure de Hodge de type , c’est-à-dire d’une décomposition sur de donnée par telle que où désigne la conjugaison complexe. On note le cocaractère tel que pour tout , agit par multiplication par sur et agit trivialement sur . On définit le groupe de Mumford-Tate en suivant [16].
Définition 2.1 Le groupe de Mumford-Tate de est le plus petit -sous-groupe algébrique de (vu comme -schéma en groupes) tel que, après extension des scalaires à , le cocaractère se factorise à travers .
Concernant les groupes de Mumford-Tate l’énoncé suivant est bien connu mais nous n’avons pas trouvé de référence.
Lemme 2.2
Soit une variété abélienne sur un corps de nombres plongé dans . On a
Démonstration : Remarquons par la formule de Künneth, que
Posons . Vu la définition du groupe de Mumford-Tate, on voit que l’on obtient le résultat en plongeant diagonalement dans et dans avec .
Nous rappelons également un résultat concernant le lien entre groupe de Mumford-Tate du produit et produit des groupes de Mumford-Tate, dans le cas des courbes elliptiques. Précisément, dans ce cas, le bon objet n’est pas le groupe de Mumford-Tate, mais le groupe de Hodge :
Définition 2.3 Le groupe de Hodge d’une variété abélienne , définie sur un corps de nombres plongé dans , est noté et est défini par la formule
Les groupes de Mumford-Tate et de Hodge sont reliés par où dénote le produit presque direct (i.e. le morphisme, donné par le produit, du produit direct vers est une isogénie).
Lemme 2.4
(Imai [5]) Soit un produit de courbes elliptiques deux à deux non-isogènes, définies sur un corps de nombres plongé dans . On a
Rappelons maintenant la célèbre conjecture de Mumford-Tate. Notons une variété abélienne quelconque de dimension , définie sur un corps de nombres que l’on suppose plongé dans . Notons également le groupe de Mumford-Tate correspondant.
Définition 2.5 Notons le module de Tate et . Soit un premier et la représentation -adique associée à l’action de Galois sur les points de -torsion de . On définit (que l’on notera aussi éventuellement si besoin est) comme étant l’adhérence de Zariski de l’image de dans le groupe algébrique . C’est un groupe algébrique sur dont on notera la composante neutre (composante connexe de l’identité).
Les théorèmes de comparaison entre cohomologie étale et cohomologie classique (cf. [28] XI) d’une part, et la comparaison entre le premier groupe de cohomologie étale et le module de Tate (cf. [9] 15.1 (a)) d’autre part donnent pour tout premier l’isomorphisme canonique :
Nous fixons une fois pour toute dans la suite un tel isomorphisme. Ceci permet de comparer et . Dans le papier [12] (en partie écrit avec Tate comme l’indique Mumford en introduction), se trouve formulée la célèbre conjecture :
Conjecture 2.1
(Mumford-Tate) Pour tout premier, on a .
Définition 2.6 Notons la représentation naturelle du groupe de Mumford-Tate.
Un certain nombre de cas particuliers, ainsi que de résultats en direction de la conjecture précédente sont connus. Nous renvoyons à la référence [16] pour une discussion détaillée de ces résultats. Disons simplement ici que, suite aux travaux de Serre, cette conjecture est un théorème pour les produits de courbes elliptiques (cf. théorème 2.10 ci-dessous). De manière générale on sait par les travaux de Borovoĭ [2], Deligne [3] Exp I, 2.9, 2.11, et Pjateckiĭ-Šapiro [17] qu’une inclusion est toujours vraie :
Théorème 2.7
( Borovoĭ, Deligne, Pjateckiĭ-Šapiro) Pour tout premier, .
Par ailleurs, on a le résultat suivant, dû à Serre [25] 2.2.3. (cf. également [27]), dans le cas général.
Théorème 2.8
(Serre) L’application
est continue surjective, de noyau indépendant de pour tout premier .
Ainsi, le noyau de est un sous-groupe d’indice fini de donc il existe une extension finie telle que . Dit autrement, les deux théorèmes précédents donnent le lien entre la représentation et les représentations -adiques pour tout premier : quitte à remplacer au départ par une extension finie ne dépendant que de (ce que nous ferons dans la suite), on a, pour tout premier , la factorisation
Ainsi, dans ce contexte la conjecture de Mumford-Tate se traduit en disant que le sous-groupe est d’indice fini dans . Dans [22] conjecture C.3.7.a) (ce qui est noté dans cette référence est ce que nous notons ici ), Serre a formulé une version encore plus optimiste :
Conjecture 2.2
(Mumford-Tate, version forte) Pour tout premier, on a , et de plus cette inclusion est d’indice fini, borné indépendamment de .
Cette version forte de la conjecture de Mumford-Tate est démontrée dans un certain nombre de cas, notamment dans le cas des courbes elliptiques :
Théorème 2.9
(Serre) Soit une courbe elliptique. Pour tout premier on a
cette inclusion étant de conoyau fini, borné indépendamment de . Si est sans multiplication complexe, l’inclusion est même une égalité pour tout assez grand (dépendant de ).
Démonstration : Dans le cas des courbes elliptiques de type CM cela découle du théorème 1 p.II-26 de [24]. Dans le cas des courbes elliptiques sans multiplication complexe il s’agit du théorème 3 p. 299 de [21].
Mieux, Serre donne dans [21] une preuve de cette conjecture forte pour un produit de deux courbes elliptiques non-isogènes, Ribet [19] l’en déduit pour un produit de courbes elliptiques deux à deux non-isogènes sans multiplication complexe, et, dans une lettre à Masser (cf. [23]), Serre donne une preuve pour un produit de courbes elliptiques deux à deux non-isogènes à multiplication complexe. Il est alors essentiellement formel d’en déduire le résultat pour un produit de courbes elliptiques :
Théorème 2.10
Soient et des courbes elliptiques. Posons . Pour tout premier on a
cette inclusion étant de conoyau fini, borné indépendamment de .
Démonstration : Notons tout d’abord qu’il suffit de prouver le résultat dans le cas où les sont deux à deux non-isogènes, le cas général d’un produit en découle, car par le lemme 2.2 le groupe via le plongement diagonal des dans (notations du lemme 2.2) et il en est de même pour l’image des représentations -adiques . Si toutes les sont à multiplications complexes, le résultat est prouvé par Serre dans [23]. Si au contraire aucune n’a de multiplication complexe, le résultat est le théorème 6 de Serre [21] si , ce résultat étant étendu à quelconque par Ribet [19] Theorem 3.5. Il reste donc à traiter le cas où au moins l’une des est à multiplications complexes, sans que toutes le soit. Là encore le cas est prouvé dans [21] : il s’agit du théorème 7. La preuve donnée dans [21] pour reliée à l’argument de Ribet permettent là encore d’étendre le résultat au cas quelconque : Écrivons le produit sous la forme où est un produit non-vide de courbes elliptiques sans multiplications complexes, et où est un produit non-vide de courbes elliptiques ayant des multiplications complexes. Par la conjecture de Mumford-Tate forte pour et , valable par ce qui précède, on sait que l’on a
où signifie, à indice fini borné indépendamment de près. Le groupe de Hodge d’un produit de courbes elliptiques étant isomorphe au produit des groupes de Hodge, on a ainsi
Il nous suffit donc de prouver que les extensions et sont presque linéairement disjointes au dessus de , i.e., montrer que l’extension est finie sur , de degré borné indépendamment de . Nous suivons pour cela la preuve du théorème 6 de [21] : l’extension est abélienne sur car est une variété abélienne de type CM. Notons l’extension de engendrée par les lorsque varie et, pour toute variété abélienne , notons l’extension de engendrée par tous les points de torsion de .
Nous voulons montrer que contient comme sous-groupe ouvert. Or a un indice fini près, on sait que
Comme indiqué en remarque 3. du lemme 3.4 de [19], chacun des groupes satisfait la propriété de commutateurs exigée pour l’application du lemme 3.4 de Ribet [19] : pour tout sous groupe ouvert de , l’adhérence du sous-groupe des commutateurs de est ouverte dans . Pour pouvoir appliquer le lemme 3.4 de [19] (et ainsi conclure la preuve), nous reste donc à vérifier que la projection de sur chacun des double facteur est ouverte. Là encore on suit l’argument de Serre : admet comme algèbre de Lie. Cette dernière est égale à son algèbre de Lie dérivée, donc la remarque 2 suivant le lemme 3.4 de [19] nous assure que vérifie la propriété de commutateurs rappelée ci-dessus. On l’applique alors avec comme groupe , l’image de dans , image qui est ouverte par le théorème 6’ de [21]. Ceci permet d’appliquer le lemme 3.4 de [19] et donc de conclure.
Nous rappelons enfin, un fait indiqué dans l’introduction, sans doute bien connu des experts, mais que nous n’avons pas trouvé dans la littérature.
Proposition 2.11
Soit une variété abélienne sur . Le groupe de Mumford-Tate est de dimension si et seulement si est isogène à une puissance d’une courbe elliptique à multiplication complexe.
Démonstration : Dire que le groupe de Mumford-Tate de est de dimension équivaut à dire que son groupe de Hodge, est de dimension . Or tout groupe algébrique connexe de dimension sur est commutatif. Ceci entraîne (cf. par exemple [11] paragraphe 2, seconde proposition) que est une variété abélienne de type CM (il s’agit même d’une propriété équivalente). Or si est simple de type CM, on peut utiliser la borne de Ribet ([20]) :
Donc si est simple, implique que est une courbe elliptique de type CM. Si est isogène à un produit avec les deux à deux non-isogènes, alors pour tout ,
Ceci entraîne que si alors les sont de dimension , donc, en appliquant par exemple le lemme 2.4 précédent, on voit que et donc que nécessairement . Finalement, avec simple de type CM et de dimension . Ainsi est bien une puissance d’une courbe elliptique à multiplication complexe. La réciproque est claire.
Concluons ce paragraphe en indiquant des hypothèses garantissant que le groupe de Hodge d’un produit se décompose en le produit des groupes de Hodge. Notons que l’on a toujours mais que l’égalité n’est pas toujours vraie (cf. par exemple [10] paragraphes 3 et 5.3). Rappelons pour cela la notion de dimension relative :
Définition 2.12 Soit une variété abélienne simple. Notons et le centre de . La dimension relative de , notée , est par définition l’entier donné par
Théorème 2.13
(Ichikawa [4]) Soit une variété abélienne dont les sous-variétés abéliennes simples sont toutes de dimension relative impaire. Soient et deux variétés abéliennes telles que est isogène à et telles que (respectivement ) est de type I, II ou III (respectivement IV) au sens de la classification d’Albert. Alors
De plus, avec les notations précédentes, si est isogène au produit , les étant deux à deux non-isogènes, alors
3 Preuve de la proposition 1.5
Soient un ensemble non-vide de et une extension finie. Notons . Pour tout , on a
On en déduit que, pour tout tel ensemble , on a . Par ailleurs le théorème 1.4 de [18] assure que
Or sur la définition du groupe de Mumford-Tate (voir le lemme 2.2), on voit que
On déduit donc l’inégalité voulue.
Remarque 3.1 Le même argument (loc. cit.) indique en fait que, pour toute variété abélienne , on a en fait , où . On voit ainsi que si la conjecture de Mumford-Tate est fausse pour et , la réponse à la question 1.4 sera négative.
Notons que ce résultat est déjà suffisant pour montrer que la question naïve que l’on aurait pu poser, à savoir “a-t-on ?” admet une réponse négative en général. En effet, il suffit pour cela de trouver un exemple de variété abélienne telle que est strictement plus grand que . La seconde partie de la proposition suivante donne le contre-exemple recherché.
Proposition 3.2
Soient un entier et des courbes elliptiques deux à deux non-isogènes. Posons . Si toutes les sont à multiplication complexe, ou si aucune est à multiplication complexe, alors
Sinon avec , les , à multiplication complexe et les , sans multiplication complexe. En posant , on a
Démonstration : C’est un simple calcul, qui repose sur les faits suivants :
-
1.
Si est une courbe elliptique à multiplication complexe, alors ;
-
2.
si est une courbe elliptique sans multiplication complexe, alors ;
-
3.
si est un produit de courbes elliptiques deux à deux non-isogènes, alors d’après le lemme 2.4.
Ces trois points permettent aisément de conclure.
4 Quelques réductions
Nous commençons par deux réductions (au cas -adique et au cas d’un groupe produit) valables en toute généralité pour des variétés abéliennes quelconques.
4.1 Réduction au cas -adique
Soit une variété abélienne définie sur un corps de nombres .
Proposition 4.1
Soit . Pour démontrer que , il suffit de montrer que : il existe une constante strictement positive ne dépendant que de telle que pour tout nombre premier , pour tout sous-groupe fini de , on a
(1) |
Démonstration : Soit une extension finie. Posons
Nous pouvons appliquer l’hypothèse de l’énoncé aux groupes pour tout premier :
En notant le nombre de nombre premiers divisant , il vient
(2) |
Par ailleurs, une estimation classique de est la suivante (cf. par exemple [30] p. 85 § 5.3) : . En se souvenant (confer par exemple le théorème 1.1) que , on en tire
L’inégalité (2) peut donc se réécrire
De plus un théorème de Serre (Théorème 1 de [26]) assure que les représentations sont indépendantes (au moins quitte à être monté au départ, sur une extension finie de ne dépendant que de , ce que l’on suppose ici). Comme pour tout premier , , on en déduit que et enfin que, pour tout , on a bien :
Ceci conclut.
4.2 Réduction au cas produit
Soit un produit de variétés abéliennes quelconques (isogènes ou non). Soient un nombre premier et un sous-groupe fini de . Notons où est la projection canonique. Si alors chaque est défini sur (car pour tout entre et , il existe , tels que ). Or , donc . Ceci permet de se ramener au cas d’un groupe produit : si vérifie , il en est de même, avec le même exposant , pour . Ainsi dans toute la suite nous pourrons supposer que est un sous-groupe produit. Mieux :
Si les étant deux à deux non-isogènes sur , si est un premier quelconque et si où les sont des sous-groupes finis de pour tout et ; posons , on a alors . De plus l’extension engendrée sur par les est incluse dans .
Ceci montre que, si est de la forme , on peut supposer dans la suite le groupe de de la forme , où est un sous-groupe fini de .
4.3 Une réduction spécifique au cas de type CM
Supposons dans ce paragraphe que la variété abélienne est de type CM. Soit un premier et fini. L’extension est abélienne donc galoisienne, de groupe de Galois . Si et , alors est défini sur . Donc le groupe engendré par les est défini sur et contient , donc . Ainsi l’inégalité
entraîne l’inégalité
Ainsi dans le cas CM nous pourrons toujours supposer que le groupe est Galoisien.
5 Préliminaires galoisiens
Résumons ici les arguments galoisiens que nous allons utiliser de manière répétée.
Lemme 5.1
Soit une extension galoisienne, une extension quelconque, alors est galoisienne et la restriction au corps induit un isomorphisme de sur .
Démonstration : Voir Lang, Algebra,[6] [Ch. VIII, §1, Theorem 4]
Remarquons que, si on obtient et, par conséquent, .
Définition 5.2 Nous dirons que les corps , , et forment un parallélogramme si est le compositum de et et si (cette dernière condition équivaut à ou encore .
(3) |
On voit aisément que si , une condition nécessaire pour qu’on ait un parallélogramme est que . Le lemme 5.1 indique que, si l’une des deux extensions ou est galoisienne cette condition est aussi suffisante. On peut compléter cette discussion avec le lemme suivant.
Lemme 5.3
Supposons que , , et forment un parallélogramme. Soit et , alors , , et forment un parallélogramme.
Démonstration : La situation est résumée dans le diagramme suivant :
Le fait que (et symétriquement ) permet d’écrire
Si l’on pose (qui est ) on a :
On en tire donc et la conclusion voulue.
Remarquons que ce lemme permet de définir les parallélogrammes infinis : les corps , , et le compositum forment un parallélogramme (avec éventuellement infinie) si pour toutes , sous-extensions finies sur , les extensions , , et forment un parallélogramme.
6 Sous-extensions de
6.1 Produit de variétés abéliennes
Convention. Nous utiliserons dans ce paragraphe la convention suivante : on écrira au lieu de et de même on s’autorisera à écrire si on a . (La constante ne dépendant évidemment que de la variété abélienne et du corps de base .)
Soient et deux variétés abéliennes définies sur . Considérons et faisons les deux hypothèses suivantes :
-
1.
.
-
2.
vérifie la conjecture de Mumford-Tate forte (conjecture 2.2).
Remarque 6.1 Notons que les deux conditions précédentes, bien que placées sur le même plan, n’ont en fait pas du tout le même statut : on s’attend à ce que la condition 2. soit toujours vérifiée. Il n’en est pas de même pour la condition dont on sait au contraire qu’elle peut être mise en défaut (comme indiqué au paragraphe 2, cf. par exemple [10] paragraphes 3 et 5.3). Nous avons indiqué dans la proposition 2.13 du paragraphe 2 certains résultats connus concernant cette condition
Proposition 6.2
Si vérifie les conditions 1. et 2. précédentes, alors
(4) |
(où signifie isomorphe à indice fini près).
Démonstration : Immédiat.
Considérons maintenant un sous-groupe , avec et finis. On dispose du diagramme suivant d’extensions.
On peut utiliser le même diagramme en un cran fini en remplaçant par avec suffisamment grand pour que . La proposition 6.2 peut se traduire en disant que le diagramme ci-dessus fournit un parallélogramme infini.
Définition 6.3 Soit une variété abélienne sur un corps de nombres . Nous dirons que vérifie la propriété si, pour tout premier et pour tout sous-groupe fini de , il existe un entier tel que, à indice fini borné (indépendamment de ) près :
(5) |
Remarque 6.4 Pour les calculs combinatoires ultérieurs nécessaires dans le calcul de pour , il est de plus important de savoir déterminer l’exposant associé à un groupe fini donné.
Proposition 6.5
Soit vérifiant la conclusion de la proposition 6.2. Soit comme précédemment. Supposons de plus que et vérifient la propriété avec un exposant associé au sous-groupe pour . Posons , on a
(6) |
Autrement dit , , et forment un parallélogramme. De plus, si on note , on a l’égalité :
(7) |
autrement dit vérifie la propriété avec l’exposant associé à .
Démonstration : Comme nous l’avons dit, on peut traduire la conclusion de la proposition 6.2 (identité (4)) en disant que le diagramme ci-dessous est un parallélogramme (en prenant assez grand pour que ).
Supposons (sans perte de généralité) que , alors ; en effet est contenu dans qui doit être contenu dans et donc dans . De même . En effet la propriété appliquée aux se traduit par le fait que le diagramme ci-dessous est un parallélogramme.
On en tire que le diagramme ci-dessous est un parallélogramme (car c’est un sous-parallélogramme du diagramme précédent pour ) :
et en particulier .
Par conséquent le diagramme ci-dessous est aussi un parallélogramme.
On obtient ainsi un sous-parallélogramme :
Comme l’extension est galoisienne et comme , on en tire que le diagramme ci-dessous est un parallélogramme.
D’où l’on tire le parallélogramme recherché :
Considérons maintenant le diagramme :
On peut écrire
Ainsi le diagramme est un parallélogramme et la deuxième affirmation de la proposition, à savoir, en découle donc.
Une induction aisée permet alors de montrer le théorème suivant :
Théorème 6.6
Soient des variétés abéliennes définies sur et vérifiant la propriété : pour tout et tout groupe fini , on a
ainsi que l’identité (4) où :
Alors si , tout groupe fini on a et
Démonstration : Posons , de sorte que . Notons et et enfin et . Par récurrence, on sait que et que
En appliquant la proposition 6.5 à et aux sous-groupes , on obtient bien que et que
Réénonçons la conclusion du théorème sous une forme moins symétrique mais qui est celle que nous utiliserons par le suite.
Corollaire 6.7
Avec les notations et hypothèses du théorème précédent, et en notant quitte à réindexer, , et on a
6.2 La propriété pour les variétés abéliennes et
L’existence de l’accouplement de Weil implique que, pour toute variété abélienne définie sur , on et en particulier ; le but de ce paragraphe est de montrer que l’on a en fait égalité, à indice fini près.
Proposition 6.8
Soient une variété abélienne définie sur , il existe telle que :
Démonstration : Reprenons la représentation galoisienne et notons pour abréger l’image, qui est un sous-groupe fermé de et même, en tenant compte d’une polarisation du groupe des similitudes symplectiques . Ce dernier groupe est muni d’un homomorphisme canonique (défini par ). On sait que est le caractère cyclotomique dont le noyau correspond à l’extension . Notons le centre de , i.e. le sous-groupe des homothéties. D’après [1], le groupe contient un sous-groupe d’indice fini dans et, d’après [26] cet indice est même borné indépendamment de . On a donc
Introduisons les trois sous-groupes , et, pour tout entier ,
et
L’extension de correspondant à est et celle correspondant à est . L’énoncé de la proposition se traduit alors en l’égalité, à indice fini borné indépendamment de et :
Considérons l’isogénie de groupes algébriques donnée par le produit, :
D’après le résultat de Bogomolov complété par Serre rappelé ci-dessus, induit un quasi-isomorphisme (noyau et conoyau fini borné indépendamment de ) entre et . On trouve
et il est clair que le dernier groupe est égal au produit des deux précédents, ce qui achève la démonstration.
7 Preuve du théorème 1.6
Soit un produit de courbes elliptiques sur deux à deux non-isogènes. Nous allons prouver le théorème 1.6 annoncé dans l’introduction, à savoir :
Rappelons que par ce qui précède, il suffit de montrer que
pour de la forme avec ; et ce pour tout premier .
Nous fixons dans la suite un nombre premier .
7.1 La propriété pour les courbes elliptiques
Soit une courbe elliptique définie sur un corps de nombres . Soit un sous-groupe fini du groupe des points de -torsion de sur . Le groupe est isomorphe au produit avec .
Proposition 7.1
La courbe elliptique vérifie la propriété . Précisément, avec les notations précédentes, on a
et en particulier :
Notons déjà que la deuxième formule découle de la première car pour tout entier , l’extension est abélienne de degré . Commençons par introduire une définition dans le cas CM.
Définition 7.2 Soit une courbe elliptique à multiplication complexe, et soit un nombre premier. Notons le corps quadratique imaginaire de multiplication complexe. Nous dirons que est déployée en si le tore de Mumford-Tate (qui n’est, dans ce cas, autre que restriction des scalaires de à ) est tel que est isomorphe au produit . Dans le cas contraire nous dirons que n’est pas déployée en .
Dans le cas sans multiplication complexe (et dans le cas CM déployé) la preuve de la proposition 7.1 repose sur un petit lemme de groupes. Le cas CM non-déployé se traite différemment. Commençons donc par ce dernier cas :
Preuve de la proposition 7.1 dans le cas CM non-déployé : On suppose ici que la courbe elliptique est de type CM et non-déployée en , au sens de la définition 7.1. Dans ce cas la représentation naturelle est irréductible. Le paragraphe 7.1 (proposition 7.4) de [18] nous indique alors que est inclus dans et d’indice fini (ne dépendant que de et pas de ,, ) dans . On a donc la série d’inclusions
La première égalité ainsi que la dernière étant des égalités à indice fini près, au sens de la convention du paragraphe 6. Elles découlent du paragraphe 6.2 indiquant précisément que la propriété est valable pour pour toute variété abélienne et déterminant l’exposant correspondant.
Passons au cas des courbes elliptiques sans multiplication complexe. Définissons les sous-groupes suivants de .
Nous utiliserons le lemme suivant :
Lemme 7.3
Si , on a l’égalité .
Démonstration : Soit telle que . La matrice est dans .
Preuve de la proposition 7.1 dans le cas sans multiplication complexe : C’est une conséquence du lemme précédent et des résultats connus sur les groupes de Galois des points de -torsion des courbes elliptiques sans multiplication complexe. Notons
Commençons par rappeler un résultat de Serre sur la conjecture de Mumford-Tate. Notons l’image du groupe de Galois par la représentation -adique donnée par l’action de Galois sur les points de . La courbe étant sans multiplication complexe, on sait (d’après le théorème 3 et son corollaire 1 de [21] p. 299–300) que pour presque tout premier , on a
Ainsi au vu de ce que l’on veut montrer, on peut supposer que . Le groupe est de la forme
Par ailleurs, le groupe de Galois associé, , tel que est défini par
On se donne une base de , telle que et . On a ainsi l’identification
On peut encore réécrire ceci sous la forme
Par ailleurs, comme le groupe de Mumford-Tate vérifie , on a : , et cette inclusion est de plus de conoyau de cardinal majoré indépendamment de (il s’agit du corollaire 2 p. 300 de [21]). Notons , et . L’extension est galoisienne, donc les extensions aussi, de groupe de Galois pour . Ainsi on a
Le lemme 7.3 précédent nous assure que cette inclusion est de conoyau fini borné indépendamment de . On en déduit que est borné indépendamment de . Ceci conclut la preuve dans ce cas.
Preuve de la proposition 7.1 dans le cas CM déployé : il nous reste à traiter le cas où a multiplication complexe et où est tel que le groupe de Mumford-Tate est déployé sur , donc isomorphe à . Dans ce cas, le théorème 2.9 indique que est ouvert, d’indice fini dans plongé diagonalement dans . Le groupe est donc (à indice fini près) le groupe
Avec les mêmes notations que ci-dessus, on a , et cette inclusion est de conoyau de cardinal majoré indépendamment de . De plus,
L’équivalent du lemme de groupes précédent est ici le suivant : si est telle que , alors en la multipliant par la matrice on obtient la matrice avec . Ceci montre que est borné indépendamment de .
Ceci conclut la preuve.
7.2 Combinatoire
Revenons à notre situation initiale : soit produit de courbes elliptiques, les étant deux à deux non-isogènes, et soit pour tout des sous-groupes finis. Rappelons que par le théorème 2.10 et le lemme 2.4, on sait que vérifie les hypothèses de la proposition 6.2. Donc et vérifient également la conclusion de la proposition 6.2. De plus par la proposition 7.1, chacune des vérifie la propriété . Finalement ceci prouve que la variété abélienne est justiciable du corollaire 6.7 que nous utiliserons librement dans la suite.
Il conviendra de distinguer selon que la courbe elliptique est ou non de type CM. Quitte à renuméroter les , on peut écrire sous la forme
Les sont des courbes elliptiques avec multiplication complexe et les sont des courbes elliptiques sans multiplication complexe. Ces courbes sont deux à deux non-isogènes. Les et sont dans et et sont des entiers positifs ou nuls. On se donne un groupe de la forme
avec, quitte à renuméroter,
et
En notant le logarithme en base , on a donc
(8) |
Par ailleurs la proposition 7.1 dit alors que pour tout (resp. tout ), on a à indice fini près (resp. ) et on a donc des quasi-égalités du type :
Introduisons de plus la notation
En appliquant le corollaire 6.7 nous obtenons ainsi
(9) |
Par ailleurs, en utilisant les résultats de [18] pour les courbes elliptiques sans CM et pour les courbes elliptiques avec CM, on a :
-
1.
pour tout , .
- 2.
En utilisant ceci, ainsi que l’encadrement (9) on obtient
Introduisons la notation
le max portant sur les conditions .
Finalement la preuve du théorème 1.6 se ramène à la proposition combinatoire suivante :
Proposition 7.4
.
Démonstration : Nous allons distinguer 3 cas, selon que ou ou .
1. Commençons pas le cas où l’on suppose , i.e. est un produit de courbes elliptiques sans CM (et donc ). On a
Or par les rappels sur le groupe de Mumford-Tate (lemmes 2.2 et 2.4), on a
(La dernière égalité vient de ce que dans le cas sans multiplication complexe, donc ). Finalement on a
(10) |
Nous pouvons maintenant passer à la preuve de l’inégalité proprement dite. Celle-ci est équivalente à montrer que
(11) |
Or on a
De plus, comme et , on a
Donc pour prouver (11), il suffit de montrer que
autrement dit que
Mais on a également
Ainsi il suffit, pour prouver (11), de montrer que
Mais , donc il nous reste à montrer que
Ceci est vrai comme le montre (10) avec l’ensemble .
2. Supposons maintenant que , i.e. que est un produit de courbes elliptiques ayant multiplication complexe (et donc avec ). On a
Le même calcul qu’à l’étape 1. (en utilisant que pour une courbe elliptique CM, le groupe est de dimension ) donne cette fois
(12) |
Nous pouvons maintenant passer à la preuve de l’inégalité proprement dite. Celle-ci est équivalente à montrer que
autrement dit à
(13) |
Comme et comme on a , donc pour prouver (13), il suffit de montrer que
En introduisant comme auparavant l’ensemble , et en utilisant que , on voit qu’il suffit de montrer que
En considérant l’ensemble on constate avec (12) que cette dernière relation est vraie.
3. Il nous reste maintenant le cas où et sont non-nuls. Là encore c’est le même type de calcul qui va permettre de conclure. Cette fois on a la formule
(14) |
L’inégalité à démontrer est la suivante :
(15) |
Comme précédemment, en utilisant que et que , on voit qu’il suffit de montrer que
De même, en utilisant que et que , il suffit de montrer que
Introduisons les ensembles et . Il suffit, pour prouver (15), de montrer que
En posant et , ceci revient à prouver que
Si , i.e. si , alors il nous reste à montrer que
Ceci peut se réécrire sous la forme
Comme et comme , on voit qu’il suffit de montrer que
ceci est entrainé par
Or l’inégalité (14) nous dit précisément que ceci est vrai.
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