Persistance des sous-variétés à bord et à coins normalement dilatées
Persistence of normally expanded submanifolds with boundary or corners
Résumé
On se propose de montrer que les variétés à bord et plus généralement à coins, normalement dilatées par un endomorphisme sont persistantes en tant que stratifications -régulières. Ce résultat sera démontré en classe , pour . On donne aussi un exemple simple d’une sous-variété à bord normalement dilatée mais qui n’est pas persistante en tant que sous-variété différentiable.
Abstract
We show that invariant submanifolds with boundary, and more generally with corners which are normally expanded by an endomorphism are persistent as -regular stratifications. This result will be shown in class , for . We present also a simple example of a submanifold with boundary which is normally expanded but non-persistent as a differentiable submanifold.
Stony Brook IMS Preprint #2008/1 March 2008
Introduction
Soit une variété . Pour , une sous-variété à bord de de classe et de dimension est un sous-ensemble de tel que, pour tout point , il existe une carte d’un voisinage de dans le -atlas de engendré par sa structure lisse vérifiant :
(0.1) |
où est un ouvert de .
De façon similaire, une sous-variété à coins de de classe est un sous-ensemble de , tel que pour tout , il existe une -carte d’un voisinage de vérifiant l’équation (0.1) en autorisant à être un ouvert de .
Une stratification de classe d’un ensemble localement compact de est une partition de en sous-variétés de classe appelées strates, vérifiant la condition de frontière :
Une telle stratification est -régulière si pour toutes strates et , pour toute suite convergeant vers , telle que converge vers un certain sous-espace de , l’espace est contenu dans .
Une sous-variété à bord de classe définit canoniquement une stratification de classe sur dont les strates sont le bord et l’intérieur de . Une telle stratification est -régulière.
De façon similaire, une sous-variété à coins de classe définit canoniquement une stratification (-régulière) de classe sur dont chaque strate est la -variété formée des points qui ont exactement cordonnées non nulles dans les cartes vérifiant l’équation (0.1).
Soit un endomorphisme de classe de . Autrement dit, est une application de classe de dans elle-même pouvant avoir des singularités et ne pas être bijective. On dira que préserve une stratification d’un sous-espace de , si elle envoie chaque strate de dans elle-même. On dira que la stratification est -persistante si toute -perturbation de préserve une stratification de classe d’un sous-espace , telle que :
-
—
est homéomorphe à via une application -proche de l’inclusion ,
-
—
la restriction de à chaque strate de est un difféomorphisme de classe sur une strate de , qui est -proche de l’inclusion canonique pour la topologie -compact-ouverte.
Si est -régulière, on dira que la stratification -régulière est -persistante si la stratification définie ci-dessus est toujours -régulière.
Pour , l’endomorphisme dilate fois normalement la stratification , si préserve et dilate fois normalement chacune de ses strates :
Il existe une métrique riemannienne sur , un réel ainsi qu’une fonction continue et positive sur tels que, pour tout , pour tous vecteurs unitaires et , on a:
avec la projection orthogonale de sur .
Le résultat principal de cette article est le théorème suivant:
Théorème 1.
Soient une variété , une sous-variété à coins de classe , pour . Soit un endomorphisme de classe de , préservant et dilatant fois normalement la stratification induite par .
Soit un ouvert relativement compact de dont l’adhérence est envoyée dans par . Alors la stratification -régulière sur , dont les strates sont les intersections des strates de avec , est persistante.
Remarque .
En particulier, les sous-variétés à coins compactes, de classe , définissent une stratification -régulière et de classe qui, quand elle est dilatée fois normalement, est -persistante.
Remarque .
En général, les sous-variétés à coins ne persistent pas en tant que sous-variétés différentiables.
Nous allons d’abord rappeler l’ingrédient principal de la preuve de ce théorème : la structure de treillis de laminations et son théorème de persistance associé. Puis, nous allons énoncer le théorème 1 dans le cas particulier et plus clair des variétés à bord compactes de classe . Ensuite, nous exposerons un exemple simple d’une variété à bord qui est normalement dilatée mais pas persistante. Enfin, nous allons montrer ce cas particulier puis le cas général du théorème principal de cet article.
Ce travail n’aurait pas pu être réalisé sans la direction de J-C. Yoccoz durant ma thèse. j’exprime également ma reconnaissance P. Pansu pour de nombreuses discussions. Ce travail s’est déroulé à l’université Paris Sud (Orsay) et à l’université d’état de New York (Suny Stony Brook), je remercie ces deux institutions pour leur hospitalité.
Section 1 Structure de treillis sur les stratifications
Soit une -stratification d’un sous-espace localement compact d’une variété . Une structure de treillis de laminations de classe sur l’espace stratifié est la donnée pour chaque strate , d’un feuilletage sur un voisinage ouvert de dans (pour la topologie induite) qui vérifie les conditions suivantes :
- - est une feuille de .
-
- est une -lamination :
Les feuilles de sont de classe ; les petites plaques de varient transversalement continûment dans la topologie .
-
- Feuilletage de laminations :
étant donnée une strate dont l’adhérence contient , les petites plaques de contenues dans sont -feuilletées par des plaques de ; ce feuilletage est de classe et varie continûment transversalement aux plaques de .
Comme est une lamination, la stratification est alors nécessairement -régulière.
Nous allons démontrer le théorème 1 en utilisant le théorème suivant, qui est une restriction du résultat principal de [Ber] :
Théorème 2.
Soient et une -stratification d’un sous-espace localement compact d’une variété . Soit un endomorphisme de qui préserve et dilate fois normalement les strates de . Si possède une structure de treillis de classe , satisfaisant:
-
(i)
pour chaque strate de , il existe un voisinage de dans tel que envoie chaque plaque de contenue dans dans une feuille de ,
-
(ii)
Chaque feuille de différente de a son image par un itéré de qui est disjoint de .
Soit un ouvert relativement compact dans , dont l’adhérence est envoyée par dans lui-même. Alors, la stratification -régulière de est -persistante.
Section 2 Variétés à bord normalement dilatées
Dans le cadre de la -persistance des variétés à bord et compactes, le théorème 1 s’énonce ainsi:
Corollaire 2.1.
Soit une sous-variété compacte, connexe, de classe et à bord d’une variété différentiable lisse . Soit un endomorphisme de de classe , préservant le bord et l’intérieur de . Si dilate (une fois) normalement et , alors la stratification -régulière sur est -persistante.
Autrement dit, pour toute application -proche de , il existe deux sous-variétés disjointes et telles qu’il existe un homéomorphisme de sur l’union vérifiant :
-
—
l’application est -proche de l’inclusion canonique de dans ,
-
—
envoie et dans respectivement et ,
-
—
la restriction de à (resp. ) est un -difféomorphisme sur , qui est proche de l’inclusion canonique de (resp. ) dans pour la topologie -compact-ouverte.
Remarque
En général n’est pas une sous-variété à bord de classe car il n’y a pas de direction transverse à tangente à . La variété peut s’enrouler sur et former une stratification qui n’est pas toujours -régulière : il existe des suites et telles que :
-
—
et convergent toutes les deux vers un point ,
-
—
la famille de droites111Via une carte, on peut identifier un voisinage de dans à un espace euclidien. converge vers une droite ,
-
—
la famille de sous-espaces converge vers un certain sous-espace de ,
-
—
mais n’est pas contenu dans .
2.1 Exemple d’une sous-variété à bord normalement dilatée, mais non persistante en tant que sous-variété de classe
Soient le plan , le segment et
qui est un difféomorphisme du plan. La variété à bord est bien normalement dilatée et la différentielle de sur chacune des extrémités est une similitude de rapport .
On perturbe maintenant au voisinage d’une des extrémités de de façon à ce que, sur une boule centrée en , la perturbation soit égale à la composition d’une petite rotation centrée en avec l’homothétie centrée en et de rapport 2. Le théorème 2.1 assure l’existence d’une stratification proche de et préservée par cette perturbation .
Cette perturbation étant homotope à , par une homotopie restant dans un petit voisinage de dans et conservant le point fixe répulsif , par continuité, est donc une composante connexe de . On peut trouver tel que soit différent de la droite joignant à . Sinon, au voisinage de , est une demi-droite, ce qui est absurde car la composition d’une petite rotation avec une homotopie ne préserve aucune droite. On fixe un tel et on regarde la préorbite de partant de . L’application étant linéaire et conforme, l’angle entre et est constant et non nul. Ainsi la stratification n’est pas -régulière, et n’est donc pas une variété à bord.
On remarque que ce contre-exemple peut être réalisé avec des perturbations réelles analytiques de : on compose simplement par une rotation du plan centrée en . Pour les mêmes raisons que ci-dessus, reste une composante connexe de . On utilise alors le théorème de linéarisation de Steinberg quand l’angle de rotation est petit et irrationnel, pour conjuguer différentiablement au voisinage de avec et ainsi se ramener au cas précédent pour conclure.
On remarque enfin que cette sous variété à bord se complexifie en une sous variété à bord de , dont le bord est formé des deux mêmes points alors que son intérieur est un disque. On peut choisir cette sous-variété relativement compacte ayant son adhérence envoyée dans . On remarque que cette sous variété n’est persistante qu’en tant que stratification.
2.2 Preuve du corollaire 2.1
Pour montrer ce corollaire, il suffit de construire une structure de treillis de laminations sur l’espace stratifié qui vérifie les hypothèses et du théorème 2.
Comme est un ouvert de , on peut choisir la lamination égale à la variété (qui est un feuilletage à une feuille). Les conditions et associées à cette lamination sont alors évidentes.
La lamination associée à la strate va être obtenue grâce à la construction d’une fonction réelle et continue sur un voisinage de dans vérifiant les propriétés suivantes :
-
1.
la préimage de 0 par est égale au bord de ,
-
2.
est une submersion de classe sur ,
-
3.
préserve les hypersurfaces de niveau de au voisinage de ,
-
4.
les hypersurfaces de niveau de tendent vers pour la topologie quand tend vers .
D’après 1, 2 et 4, les fibres de forment bien les feuilles d’une lamination sur de classe . D’après 1, cette lamination est bien cohérente avec la stratification . D’après 2, la condition de feuilletage de laminations est bien vérifiée. Ainsi, le couple forme une structure de treillis sur . D’après 3, cette structure de treillis vérifie l’hypothèse du théorème 2. Comme est une fibration, l’hypothèse du théorème 2 est bien vérifiée. Comme dilate normalement le bord et l’intérieur de , le théorème 2 implique la -persistance de la stratification .
Pour construire la fonction , on commence par mettre une structure de variété à bord sur , compatible avec sa structure initiale222On procède comme dans [Hir76] après avoir étendu en une sous-variété sans bord. Cependant, cette structure sera en général incompatible avec la structure de . On choisit alors une métrique riemannienne de classe sur et adaptée333Cela signifie que la fonction , dans la définition de la dilatation normale d’une sous-variété, peut être choisie égale à 1. Une telle métrique existe par la proposition 2.3 de [Ber]
à la dilatation normale de dans . On note exp l’application exponentielle associée à . On note l’unique vecteur unitaire, orthogonal à l’espace tangent du bord de et qui pointe vers l’intérieur de . L’application est de classe .
Par compacité de , il existe et un voisinage de , tels que
soit un difféomorphisme et tels que l’adhérence de la préimage soit incluse dans . Soient et les projections sur la première et la deuxième coordonnée de . On note alors la fonction sur égale à . C’est une submersion de . Soit la projection de sur égale à .
Soient tels que est un compact inclus dans . Soit l’ouvert . Soit décroissante, valant 1 sur et 0 sur . Par la suite, on s’autorisera à réduire et donc d’adapter , et .
Soient et la fonction de classe sur définie par :
Cela implique que le gradient de est égal à
(2.2) |
Montrons que est une submersion. On a et comme , la fonction est négative. On remarque aussi que tend uniformément vers quand la distance entre le bord de et diminue. De plus est égal au produit scalaire de avec l’image par l’adjoint de de . Donc par symétrie de , est égal à . Par conséquent, pour assez petit, est proche de qui est strictement positif, par dilatation normale du bord de . Ainsi, il existe tel que, pour assez petit et tout , on a :
(2.3) |
En particulier, est une submersion.
On remarque aussi que sur et sur un voisinage de . Donc, pour assez petit, la fonction suivante est bien définie et continue :
Une telle fonction vérifie donc les propriétés 1 et 3. Il ne reste donc plus qu’à démontrer les propriétés 2 et 4 pour assez petit. On peut déjà remarquer que la restriction de à est de classe . Le reste de ces propriétés peut se démontrer en utilisant des champs de cônes.
On rappelle qu’un champ de cônes sur une partie de est un ouvert de tel que, pour , avec l’intersection de avec vérifie :
Comme le bord de est normalement dilaté, la propriété 2.1.9 de [Ber] entra ne que pour tout , il existe un champ continu de cônes sur un voisinage du bord de , tel que :
-
(a)
pour tout , l’espace tangent de en est maximal en tant que sous-espace vectoriel inclus dans ; tout vecteur unitaire de est -distant d’un vecteur de ,
-
(b)
pour tout , est inclus dans et pour , la préimage par de est incluse dans ,
-
(c)
pour , l’image par de tout vecteur du complémentaire de est un vecteur non nul (du complémentaire de ).
Admettons pour l’instant que toutes les lignes de niveau de sont -proches du bord de pour assez petit. Alors, pour assez petit, est inclus dans et le noyau de est inclus dans . Par (b) et (c), la restriction de à est une submersion dont le noyau est inclus dans . Ainsi, la restriction de à est une submersion dont le noyau est inclus dans . Cela prouve la propriété 2.
Pour démontrer 4, on va procéder par l’absurde. Soit une suite de points de convergeant vers un certain , telle que la suite des noyaux de ne tendent pas vers . Soit une valeur d’adhérence de cette suite. Le -plan appartient donc à l’adhérence de . Par dilatation normale, l’orbite en avant par d’un vecteur de ne s’annule pas est tend à avoir un angle avec bien plus grand que celui autorisé par (a). Cela est contradictoire avec la propriété 3 qui implique que l’orbite de reste dans l’adhérence du noyau de et donc dans l’adhérence de .
Il ne reste donc plus qu’à prouver que les noyaux de peuvent être choisis uniformément arbitrairement proche de , pour assez petit.
On a remarqué que , en (2.3). Comme est proche de pour assez petit, par le théorème des fonctions implicites, les lignes de niveau de sont les images par de sections du fibré . Ce fibré étant trivial, on peut identifier de telles sections à des fonctions réelles sur . Dans cette identification, la section associée à la ligne de niveau de vérifie :
(2.4) |
Or d’après (2.3), on a :
(2.5) |
Par ailleurs, on a d’après (2.2) :
(2.6) |
La forme linéaire est donc de norme inférieure à celle de . Comme préserve le bord de , la norme de est arbitrairement petite quand tend vers 0. Par (2.4) et (2.5), il en est donc de même pour .
Section 3 Variétés à coins normalement dilatées
3.1 Rappels sur les variétés à coins
Pour , une application d’un ouvert de dans est de classe si on peut l’étendre en une application de classe d’un ouvert de dans . La différentielle en un point d’une telle application sera la différentielle de l’une de ses extensions en ce point (qui ne dépend pas de l’extension). Une application d’un ouvert de dans est de classe si sa composition avec l’inclusion canonique de dans est de classe .
Un -difféomorphisme d’un ouvert de sur un ouvert de est une application qui peut s’étendre en un -difféomorphisme d’un ouvert de sur un ouvert de .
On rappelle qu’une variété à coins de dimension est une variété
modelée sur . Cela signifie que les changements de cartes sont des -difféomorphismes
d’ouverts de .
Par exemple, tout cube pour est muni canoniquement d’une structure de variété à coins. C’est aussi le cas du compact suivant, que l’on nome la goutte :
Le coindice d’un point de est le nombre de coordonnées non nulles de l’image de par une carte d’un ouvert contenant cet élément. On note par l’ensemble des points de d’indice supérieur ou égal à . On note par l’ensemble des points de coindice ; la structure de variété à coins de induit sur une structure de variété (sans coins).
Soient et l’ensemble des couples , où est une carte de d’un voisinage de et un vecteur de . On définit sur une relation d’équivalence : deux couples et sont équivalents si la différentielle de au point envoie sur . L’espace quotient est appelé l’espace tangent en à . On le note . Par transport des structures, on obtient sur une structure d’espace vectoriel de dimension .
Une application continue , d’une variété à coins dans une autre , est de classe , si vue à travers des cartes et de respectivement et , l’application est de classe sur son ensemble de définition. Dans ce cas, pour , on vérifie que l’application induit une application linéaire, dite différentielle de en et notée , qui à un vecteur envoie la classe d’équivalence de , où est un représentant de et une carte d’un voisinage de . L’application est une immersion (resp. submersion) si sa différentielle est injective (resp. surjective) en tout point. Un -difféomorphisme de variétés à coins est une application qui possède un inverse de classe . Un -difféomorphisme local (de variétés à coins) est une application dont la restriction à un voisinage de tout point est un -difféomorphisme sur son image. Un plongement de classe est un homéomorphisme sur son image, qui est aussi une immersion de classe .
On va maintenant définir une variété à coins telle que s’identifie à , avec la dimension de . Les points de sont les couples où appartient à et est une valeur d’adhérence de dans l’espace des plans de codimension 1 de , pour qui tend vers .
Cet ensemble est muni de la structure de variété à coins engendrée par les cartes suivantes : pour , on choisit une carte d’un voisinage distingué de . Le sous-espace vectoriel est donc de la forme , avec appartenant à .
On considère la restriction correspondante
De telles applications engendrent une structure de variété à coins sur de dimension .
La variété à coins s’envoie continûment dans , via l’application qui à associe sa première coordonnée. On remarque que à exactement -préimages par .
On appelle face de une composante connexe de .
Propriété 2.1.
Il existe un -difféomorphisme local de la variété à coins sur un voisinage de dans , tel que est égal à . L’application sera appelée voisinage tubulaire de .
Démonstration.
La preuve découle de la thèse de J. Cerf [Cer61]. Pour toute variété à coins , ce dernier construit un -plongement de dans une variété (sans coins) de même dimension. Il construit aussi une métrique riemannienne sur cette extension de telle que la variété est géodésique, pour tout . La construction de l’application est alors classique.∎
3.2 Preuve du résultat principal (théorème 1)
Ce théorème se démontre en construisant une structure de treillis de laminations sur vérifiant les conditions et du théorème 2. Ce dernier théorème implique alors la persistance de en tant que stratification -régulière.
La construction de la structure de treillis est plus délicate que celle effectuée pour les variétés à bord, car la dilatation normale de ne peut pas être uniforme si n’est pas une variété à bord, avec la dimension de . La méthode est cependant similaire. Dans la partie 3.2.1, on va montrer qu’il suffit de construire une fonction sur vérifiant des propriétés semblables à celles déjà rencontrées dans le cadre des variétés à bord. Dans la partie 3.2.2, on construira cette fonction. On procède comme pour les variétés à bord, mais par défaut de dilatation normale uniforme, on est obligé de changer la géométrie du domaine fondamental.
Remarquons tout d’abord que l’on peux supposer que est envoyée par dans , puisque notre théorème concerne la persistance de la restriction de à et qu’un petit voisinage de dans est envoyé par dans .
On fixe un voisinage tubulaire de . On rappelle que envoie dans .
Il existe et deux voisinages de dans et une unique application de classe de dans tel que le diagramme suivant commute :
On note l’intersection de avec , pour .
Propriété 2.2.
Il existe pour chaque un voisinage de dans , tel que soit un revêtement à feuillets de vérifiant :
-
—
et ,
avec pour ,
-
—
-
—
.
La preuve de cette propriété étant technique et délicate, elle sera démontrée tout à la fin de la preuve du théorème.
3.2.1 Une condition suffisante pour obtenir la persistance de la stratification
Pour construire une -structure de treillis de laminations sur , il suffit de trouver une fonction continue, positive, bornée, définie sur un voisinage ouvert de dans et vérifiant les propriétés suivantes :
-
il existe tel que :
-
la restriction de à est de classe ,
-
pour , il existe un voisinage ouvert de dans tel que, pour , la fibre est incluse dans et l’application
est localement444 Restreinte à un ouvert trivialisant , du revêtement , l’application est à valeurs dans un espace qui s’identifie à . Pour cette structure, on demande que soit une submersion stratifiée. une submersion stratifiée : pour et , la différentielle en de le long de a un noyau de dimension minimal ; on note cette différentielle. On demande que cette submersion stratifiée vérifie la condition de régularité de Thom : pour et qui tend vers , le noyau de tend vers celui de dans la grassmanienne des -plans de .
On va montrer que l’existence d’une telle fonction est suffisante pour construire une structure de treillis qui vérifie les propriétés et du théorème 2.
Pour ce faire, on va démontrer par récurrence décroissante sur , que les fibres de forment une lamination de classe qui est associée à la strate et qui vérifie la condition de feuilletage de laminations avec chaque lamination , pour .
Pour , les sous ensemble , et sont égaux et est vide. L’application est nulle car a valeur dans . La structure de lamination est donc formée d’une simple feuille. On a ainsi rien à démontrer.
Soit . On va montrer tout d’abord que les fibres de restreintes à forment les feuilles d’une -lamination sur qui feuillette celle de , pour .
Par , pour et , les points et ont chacun exactement coordonnées nulles. Donc n’a aucune coordonnée nulle. Comme est inclus dans , par et , l’application suivante est (localement) une submersion de variété à coins de classe :
On fixe un petit voisinage distingué de pour la structure de variété à coins .
On identifie à un ouvert de via une carte de . Dans cette identification, cette submersion locale restreinte à peut s’étendre sur un ouvert de et ainsi définir un feuilletage de classe . Par , ces feuilles sont transverses à l’identification de la lamination . D’après la propriété 1.3.6 de [Ber], les intersections des feuilles de avec celle de forment les feuilles d’une -lamination qui feuillette la restriction de à .
Comme est un recouvrement ouvert de , l’ensemble des fibres de définit les feuilles d’une lamination sur .
On va montrer que l’on peut rajouter la feuille à pour former une lamination .
Pour cela, on va montrer l’existence d’un recouvrement de dans tel que l’intersection des fibres de avec sont des variétés (des plaques) qui tendent vers dans la topologie compact-ouverte.
On considère ainsi une carte d’un ouvert de , intersectant et inclus dans . Via , la variété s’identifie à et la variété s’identifie à , pour et avec .
Comme la restriction de à est de classe et que y a exactement zéros, l’application suivante est bien définie et de classe , pour assez petit et :
Comme s’annule sur et comme, par la -régularité de , est inversible, l’intersection de avec s’identifie via à un graphe d’une fonction de dans . Une telle fonction est de classe et tend vers quand tend vers , dans la topologie par continuité de , et dans la topologie par la condition vérifiée par .
Comme est fois normalement dilatée par , comme préserve le feuilletage par et comme les feuilles de ce feuilletage ont un espace tangent proche de celui de , le lemme 2.3.10 de [Ber] implique que les intersections des fibres de avec sont des variétés qui tendent vers dans la topologie .
De tels ouverts recouvrent . L’union de avec forme donc une -lamination sur qui vérifie la condition de feuilletage. Cela achève la récurrence décroissante sur .
Ainsi forme une structure de treillis de laminations de classe sur . De plus, par la propriété , la condition du théorème est vérifié avec , pour chaque strate . La condition du théorème provient elle aussi de la propriété .
3.2.2 Réalisation de la condition suffisante
On commence par rajouter quelques notations à celles déjà établies avant 3.2.1. Pour , soient et . Chaque point possède un voisinage tel que soit un difféomorphisme sur son image. On note l’application de dans .
i Construction de
Pour appartenant à , on définit :
où est la projection de sur .
Pour , on a
Par la dilatation normale, la compacité relative de et la supposition que est envoyée dans , il existe et tels que, avec restreinte à (que l’on suppose inclus dans ), on a :
-
i.0.
.
-
i.1.
; , on a .
-
i.2.
Pour tout , quitte à restreindre et , l’ouvert contient et l’application
est localement une submersion de variétés à coins de classe dans .
ii Définition itérative de
Pour construire , on va choisir un fermé de , disjoint de , tel que l’intérieur de contient et tel que l’union soit égale à . On va aussi choisir une fonction de classe sur égale à sur et à sur . On pose et on définit :
ainsi que :
Les propriétés et sont alors faciles à vérifier.
Pour montrer , on commence par calculer le noyau de la différentielle de en . Pour cela, on calcule la différentielle de en . On a :
On note si appartient à et si appartient à .
On a ainsi, pour :
(3.7) |
Mais, pour et appartenant à un petit voisinage de , les entiers n’ont aucune raison d’être égaux. Et, comme la dilatation normale de n’est pas uniforme, les espaces ne sont en général pas proches des espaces . De plus, les premiers itérés de ne restent pas forcément ni dans ni dans un voisinage de où sa dilatation normale agit.
Pour palier à ce problème, l’idée intuitive est de regrouper par paquet les éléments de la fibre , en procédant par récurrence décroissante sur .
Par dilatation normale, pour chaque , tout plan de dimension de , assez proche d’un plan tangent à , a toutes ses préorbites par , basées dans un certain voisinage de , qui
tendent à être tangentes à . Appelons, de façon informelle, le bassin de répulsion de l’union de tels plans de dimension de . On va maintenant esquisser la preuve de , par récurrence décroissante :
L’étape est toujours aussi évidente.
Pour et , si les entiers sont tous égaux à un certain entier , on s’arrange pour que, quelque soit , chaque point de la fibre arrive à en étant resté dans et pour que appartienne au bassin de répulsion de .
Si les entiers ne sont pas égaux, le minimum de cette famille n’est pas atteint pour exactement éléments de . On va alors s’arranger pour que :
-
—
les points appartiennent à ,
-
—
le point appartienne à et le noyau de intersecte le noyau de en un plan de dimension qui appartient au bassin de répulsion de .
La géométrie de est donc dictée par la dilatation normale des strates et par la géométrie des voisinages .
Comme la dilatation normale de ces strates n’est en général uniforme que pour minimal, c’est par récurrence croissante sur que l’on va construire . On va ainsi combiner une récurrence croissante avec une récurrence décroissante…
iii Géométrie du domaine fondamental
On va définir dans cette partie et la suivante une famille de petits réels strictement positifs par récurrence croissante : le réel sera considéré assez petit en fonction de . On dira que la famille est récursivement assez petite.
Pour et , on note :
On pose :
Par (i.1) et la propriété 2.2, pour , on a . On suppose donc chaque inférieur à , ainsi l’union est égale à . On suppose aussi récursivement assez petite, pour que soit un compact propre inclus dans et soit inclus dans l’intérieur de , pour .
On démontrera à la fin la propriété, non triviale, suivante :
Propriété 2.3.
Il existe une fonction de classe sur , valant sur et sur tel que, pour récursivement assez petite, le noyau soit uniformément proche de celui de , pour .
Il s’agit maintenant de fixer , par une récurrence croissante, en fonction de la dilatation normale. Pour convenir à la définition itérative de , on va matérialiser l’influence de la dilations normale des strates de par des champs de cônes.
iv Champs de cônes
La dilatation normale et la propriété 2.1.9 de [Ber] implique le
Fait 2.1.
Pour et , il existe assez petit devant et un champ de cônes sur tels que :
-
1.
pour , est maximal en tant que qu’espace vectoriel inclus dans ; de plus, tout vecteur non nul de forme un angle inférieur à avec un vecteur de ,
-
2.
le champ de cônes est -stable : pour , le cône est inclus dans .
L’esquisse de la preuve dans ii) invite à fixer définitivement et tels que, pour , on a :
-
pour et , le cône est inclus dans .
Pour ce faire, on procède par récurrence croissante sur :
L’assertion est vide de sens.
Soit . Supposons et fixés pour que tout ce qui précède (et notamment les assertions , pour ) soit vérifié.
Pour tous et , l’espace est inclus dans le cône ouvert et la fibre est incluse dans . Donc, pour assez petit, le cône qui est -proche de , vérifie :
Par compacité, on peut choisir indépendamment de . Ainsi, l’assertion est vérifiée pour un tel que l’on fixe maintenant. On fixe aussi pour que tout ce qui précède soit vérifié.
v Vérification de la propriété
On va montrer par récurrence décroissante la propriété suivante :
Propriété 2.4.
Sur , le noyau de la différentielle de est inclus dans .
Démonstration.
Pour commencer, on remarque que :
est une filtration. Autrement dit, la préimage par de est incluse dans l’intérieur de , pour .
Comme est égal à toute orbite partant de arrive en en étant restée dans . Ainsi, le noyau de la différentielle de en , qui est égal à celui de par (3.7), est inclus dans par les assertions 1 et 2 du fait 2.1.
Soit . On suppose que, pour , la propriété 2.4 est vérifiée. Comme
est égal à , toute orbite partant de arrive en en franchissant par ordre croissant.
Soit . Si tous les points de arrivent en en étant restés dans , alors ils sont aussi tous restés dans . La propriété 2.4 s’obtient alors comme dans le cas , car les entiers sont tous égaux. Sinon, on considère minimal tel qu’il existe un élément de dont l’image appartient à , pour . On choisit alors maximal. Par minimalité de et comme n’appartient pas à , le point appartient à . Comme la fibre contient , on a :
Par hypothèse de récurrence, on a :
On va montrer que les éléments de appartiennent à . On a alors d’après :
Et par -stabilité de , on a :
Ce que l’on souhaitait démontrer.
Il suffit donc de montrer que les éléments de appartiennent à . Tout d’abord, le point appartient à . Donc, tous les points de n’appartiennent pas à
. Par définition, ces éléments n’appartiennent pas n’ont plus à . Enfin par maximalité de , l’ensemble ne peut pas intersecter . Ainsi, l’ensemble est inclus dans . Comme appartient à , les éléments de appartiennent bien à .
∎
Cette dernière propriété montre en particulier que est un espace de dimension , pour tout .
On montre maintenant par récurrence décroissante sur que la propriété est vérifiée. Soit . On va commencer par montrer que est continue sur . Par l’hypothèse de récurrence, seule la continuité en n’est pas évidente. Soit une suite qui converge vers . Soit une valeur d’adhérence de . L’angle entre les espaces et est donc inférieur à . Par -stabilité de et -stabilité de , il existe une valeurs d’adhérence de , qui est -proche de et telle que soit égal à . Donc par dilatation normale et la propriété 1 de 2.1, l’espace est égal à . Cela prouve la continuité de , par compacité de la grassmannienne.
On finit maintenant de démontrer la propriété . Pour , il existe tel que le point appartient à l’intérieur de dans . Par dilatation normale, il existe un voisinage de dont l’image par est incluse dans et tel que, pour tout , l’espace est de dimension .
Par régularité de et régularité de , quitte à réduire , la restriction est continue.
On pose alors , qui vérifie donc la propriété .
vi Construction de (preuve de la propriété 2.3)
La difficulté de cette propriété réside dans le fait que la famille de réels soit récursivement assez petite et que les compacts s’intersectent.
On rappelle que, dans la partie i), on a défini les réels . On fixe une fonction croissante de classe sur , s’annulant sur et égale à 1 sur . Pour , on pose .
Soit
avec .
Remarquons que est de classe quand est récursivement assez petite : pour , il suffit que soit assez petit pour que l’adhérence de intersectée avec la frontière de soit incluse dans , où est nulle.
On remarque enfin que la fonction est bien nulle sur et égale à 1 sur .
On doit donc montrer que, pour récursivement assez petite, le noyau est uniformément proche de celui de , pour et .
Pour toute la suite de cette preuve, les estimations seront uniformes sur ou sur et seront effectuées pour récursivement assez petite.
On commence par calculer la différentielle de :
Et, on a pour :
On analyse maintenant la différentielle de .
-
—
Les fonctions et sont à valeurs dans .
-
—
Par dilatation normale, la différentielle est proche de sur . On a ainsi l’existence d’une fonction continue sur , bornée et supérieure à , telle que :
On note que la fonction est indépendante de .
-
—
La fonction est positive et inférieure à , d’après (i.1). Donc, pour tout , sur , la fonction est à valeurs dans .
Malheureusement, la norme uniforme de sur n’est ni négligeable ni dans la direction de , pour . Cependant, la propriété 3.2.2 veut seulement que l’intersection des noyaux de soit proche de l’intersection des noyaux de , sur .
On remarque que, pour , la norme uniforme de la fonction est petite devant .
Ainsi, pour et , on a :
Et, pour , on a :
On conclut que, pour et , si est maximal tel que soit dans , on a :
Aussi, pour et , si appartient exactement à , pour décroissant (et ainsi ), on a pour (avec ) :
On munit d’un ordre compatible avec l’indexation , selon lequel on effectue un produit extérieur :
Tous les scalaires étant positifs, ce produit est égal à :
Cela implique le noyau de , est de dimension et uniformément proche de sur , pour une famille récursivement assez petite.
3.3 Preuve de la propriété 2.2
.
Pour chaque , comme est supposée envoyée par dans relativement compacte, par dilatation normale, il existe un compact de tel que
Comme est un revêtement à feuillets de et comme est un difféomorphisme local, il existe un voisinage ouvert de tel que et soient des revêtements à feuillets de et respectivement.
D’après l’expression de , la préimage est incluse dans . On va montrer que est inclus dans .
On considère l’application , avec la projection canonique. L’application est une bijection qui permet de faire l’identification géométrique suivante. Un point de la donnée d’un point de avec une face de l’intersection de avec un voisinage ouvert de . Appelons cette face, une face locale de proche de . Les faces locales ne doivent pas être confondues avec les faces (globales) de .
Par exemple, quand la variété est la ”goutte” (voire la partie 3.1), un point proche de l’arrête de dimension est proche de deux faces locales, alors que cette variété est munie d’une unique face.
Par dilatation normale, en choisissant petit, on peut choisir inclus dans un petit voisinage de l’adhérence de .
L’endomorphisme induit une application entre les faces locales proches de vers les faces locales proches de car, par dilation normale, la préimage par d’un hyperplan proche de est un hyperplan proche de . La dilatation normale entraine même que cette application entre faces locales est bijective. On remarque que l’inverse de cette application est . Ainsi, pour , un point est la donnée de munie d’une face locale proche de . Cette face possède une préimage pointée en . Cela entra ne que a une préimage par . Ainsi appartient à qui est inclus dans .
Cela entra ne aussi que, pour , la fibre est incluse dans et que est une bijection de sur .
On va maintenant montrer les égalités suivantes :
(3.8) |
Soient et , comme est égal à , il existe alors un unique tel que appartient à . Donc appartient à et, par commutativité du diagramme, appartient à . Cela implique que appartient à . Donc est inclus dans et est inclus dans . Comme contient et est stable, on obtient les égalités de (3.8).
On peut maintenant démontrer que est un revêtement à feuillets de . On a défini de façon à ce que la restriction de à soit un revêtement à feuillets de . Par la deuxième égalité de (3.8), tous les éléments de sont envoyés par à l’extérieur de . Donc est de cardinalité pour .
Pour , par la deuxième égalité de (3.8), la fibre est incluse dans . Par la bijectivité de , puis la commutativité du diagramme, et enfin la cardinalité de , pour , la fibre est bien de cardinalité .
D’après la première égalité de (3.8), cette discussion implique que est un revêtement de à feuillets.
Pour et qui tend vers , tend à être inclus dans . Quitte à restreindre et , on peut donc supposer que, pour , la fibre est incluse dans .∎
Section 4 Questions et remarques sur le théorème de persistance des variétés à coins
En réalité, la version générale du théorème 2 (voir le résultat principal de [Ber]) implique que nous avons montré la -persistance des variétés à coins en un sens plus fort. En effet, toute perturbation de préserve une stratification qui est l’image de par un plongement contrôlé :
-
—
est un homéomorphisme sur son image -proche de l’inclusion canonique de dans ,
-
—
envoie les strates de sur les strates de qui sont préservées par .
-
—
la restriction de à chaque intersection de avec chaque lamination555 est définie durant la preuve du théorème 1. est un plongement de lamination de classe , proche de l’inclusion canonique. Cela signifie en plus que :
-
—
est un plongement de classe le long des plaques de contenues dans ,
-
—
ses premières différentielles varient continument transversalement au plaques,
-
—
ses différentielles sont proches de celle de l’identité sur tout compact de ,
-
—
Ainsi, est munie d’une structure de treillis de laminations de classe . La version générale du théorème 2 implique enfin que la structure de treillis vérifie les hypothèses et du théorème 2.
Chacune des laminations étant des fibrations, il semble facile de constater que la stratification est persistante en tant que stratification -régulière au sens de Bekka (voir [Bek91]).
Questions
-
—
Réciproquement, on peut se demander si toute stratification -régulière, préservée et normalement dilatée par la dynamique est persistante en tant que stratification -régulière.
-
—
Les orbifolds généralisent les structures de variétés à coins et définissent aussi canoniquement des stratifications. Considérons un orbifold plongé dans une variété, dont la stratification canonique est normalement dilatée. cette stratification est-elle persistante?
-
—
De quelle façon les sous-variétés à bord ou à coins, analytiques réelles ou complexes, persistent?
-
—
Mañe a montré que les sous-variétés compactes -persistantes et uniformément localement maximales [Mañ78] sont les sous variétés normalement hyperboliques. Hirsh-Pugh-Shub [HPS77] ont montré que toute sous-variété normalement hyperbolique, par un difféomorphisme , est l’intersection transverse de deux sous variétés (une fois) normalement dilatées et dont les adhérences compactes sont envoyées dans elles même par respectivement et . Est ce que toute variété à coins compacte, -persistante (en tant que stratification) et uniformément localement maximale est aussi l’intersection transverse de deux sous-variétés à coins vérifiant notre théorème 1 pour respectivement et ?
Réciproquement, la persistance des variétés à coins de ”façon contrôlée” implique que toute variété à coins compact, laissée invariante par un difféomorphisme , qui est l’intersection transverse de deux variétés à coins vérifiant notre théorème 1 pour respectivement et , est alors persistante en tant que stratification -régulière.
Références
- [Bek91] K. Bekka. C-régularité et trivialité topologique. In Singularity theory and its applications, Part I (Coventry, 1988/1989), volume 1462 of Lecture Notes in Math., pages 42–62. Springer, Berlin, 1991.
- [Ber] Pierre Berger. Persistence of stratification of normally expanded laminations. arXiv:math.DS.
- [Cer61] Jean Cerf. Topologie de certains espaces de plongements. Bull. Soc. Math. France, 89:227–380, 1961.
- [Dou62] Adrien Douady. Variétés à bord anguleux et voisinages tubulaires. In Séminaire Henri Cartan, 1961/62, Exp. 1, page 11. Secrétariat mathématique, Paris, 1961/1962.
- [Hir76] Morris W. Hirsch. Differential topology. Springer-Verlag, New York, 1976. Graduate Texts in Mathematics, No. 33.
- [HPS77] M. W. Hirsch, C. C. Pugh, and M. Shub. Invariant manifolds. Springer-Verlag, Berlin, 1977. Lecture Notes in Mathematics, Vol. 583.
- [Mañ78] Ricardo Mañé. Persistent manifolds are normally hyperbolic. Trans. Amer. Math. Soc., 246:261–283, 1978.
- [Mat73] John N. Mather. Stratifications and mappings. In Dynamical systems (Proc. Sympos., Univ. Bahia, Salvador, 1971), pages 195–232. Academic Press, New York, 1973.
- [Shu69] Michael Shub. Endomorphisms of compact differentiable manifolds. Amer. J. Math., 91:175–199, 1969.
- [Tho64] R. Thom. Local topological properties of differentiable mappings. In Differential Analysis, Bombay Colloq., pages 191–202. Oxford Univ. Press, London, 1964.
- [Whi65] Hassler Whitney. Local properties of analytic varieties. In Differential and Combinatorial Topology (A Symposium in Honor of Marston Morse), pages 205–244. Princeton Univ. Press, Princeton, N. J., 1965.
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Pierre Berger
Institute for Mathematical Sciences, Stony Brook University, Stony Brook NY 11794-3660, USA (pierre.berger((at))normalesup.org)