Note sur la conjecture de Leopoldt
R sum . Nous montrons qu’un corps de nombres de degr arbitraire satisfait la conjecture de Leopoldt d s lors qu’il est peu ramifi en un sens bien pr cis.
Abstract. We prove that number fields with arbitrary degree but weak ramification satisfy the Leopoldt conjecture on the -adic rank of the group of units.
Introduction
La conjecture de Leopoldt postule que pour chaque nombre premier , le rang -adique du groupe des unit s globales d’un corps de nombres est gal au -rang de ce groupe, c’est dire, conform ment au th or me de Dirichlet, la somme des nombres de places r elles ou complexes de ce corps diminu e de 1.
Diverses approches ont t tent es, qui la prouvent dans certains cas :
Les m thodes algorithmiques permettent naturellement de constater qu’un corps de nombres donn satisfait la conjecture de Leopoldt, d s lors que l’on sait effectivement faire des calculs dans , i.e. d terminer pratiquement un syst me d’unit s fondamentales de l’anneau des entiers. Il suffit alors, en effet, de calculer un certain r gulateur -adique avec une pr cision convenable, pour tablir qu’il n’est pas nul. Ces m thodes permettent donc de v rifier la conjecture pour tout corps donn et un premier fix , d s lors que le degr de n’est pas trop grand.
Les m thodes alg briques donnent des conditions suffisantes (mais non n cessaires) sa validit . La th orie d’Iwasawa montre ainsi que le d faut de la conjecture de Leopoldt pour un premier fix dans la -extension cyclotomique d’un corps de nombres est major par l’invariant lambda attach la limite projective des -groupes de -classes des tages finis de la tour (cf. e.g. [Wa]). Sous l’hypoth se de trivialit , la conjecture de Leopoldt est donc v rifi e tous les tages de la tour. Cette observation permet ainsi de construire des familles infinies de corps de nombres qui la satisfont (cf. e.g. [Gr, Ja2, Ja3]).
Les m thodes transcendantes s’appuient principalement sur les r sultats d’ind pendance de logarithmes de nombres alg briques et utilisent tr s peu les propri t s arithm tiques des unit s. C’est pourquoi elles se g n ralisent sans peine n’importe quel sous-groupe de type fini du groupe multiplicatif (cf. [Ja1]). Appliqu dans un contexte galoisien, le th or me de Baker-Brumer permet ainsi d’ tablir la conjecture de Leopoldt dans le cas o le corps consid r est une extension ab lienne de ou d’un corps quadratique imaginaire et dans quelques autres situations (en particulier d s que l’alg bre de Galois est un produit direct de corps).
Th or me principal
Le but de la pr sente note est de pr senter une quatri me approche bas e sur les r sultats analytiques d’Odlysko, Poitou et Serre sur les minorations de discriminant. Son r sultat principal affirme qu’un corps de nombres de degr arbitraire satisfait la conjecture de Leopoldt pour tous les premiers d s lors qu’il n’est pas trop ramifi .
Il s’ nonce comme suit :
Théorème 1.
Soit un corps de nombres de degr et de discriminant absolu . Sous la condition
,
le corps v rifie la conjecture de Leopoldt pour tous les nombres premiers .
Et la m me conclusion vaut encore, si l’on admet la conjecture de Riemann g n ralis e, sous la condition plus faible :
.
Preuve du Th or me. Elle est tr s simple : nous allons proc der par contrapos e en supposant que le corps consid r ne satisfait pas la conjecture de Leopoldt pour un premier donn ; autrement dit que qu’il existe un l ment non trivial dans le tensoris -adique du groupe des unit s globales de d’image locale triviale dans le groupe des unit s semi-locales attach aux places de au-dessus de (cf. [Ja3]).
Pour chaque entier , crivons avec dans et dans suffisamment proche de 1 (disons de valuation ) en chacune des places divisant , de sorte que nous puissions d finir sa racine -i me par :
.
Consid rons alors pour chaque l’extension de engendr e par .
Observons que le degr tend vers l’infini avec ; que l’extension est non ramifi e en dehors de , puisque est une unit ; et qu’elle est par construction compl tement d compos e aux places au-dessus de . En particulier que est non ramifi e toutes les places finies et que la quantit , construite sur le discriminant de , est ind pendante de et gale .
Cela tant, les minorations asymptotiques obtenues via des consid rations analytiques par Odlysko, Poitou et Serre nous donnent l’in galit :
;
et m me l’in galit plus forte :
,
sous l’hypoth se de Riemann g n ralis e (cf. e.g. [Ma]). D’o le r sultat annonc .
R f rences
- [Gr] G. Gras, Class Field Theory, Springer Monographs in Mathematics (2003).
- [Ja1] J.-F. Jaulent, Sur l’ind pendance -adique de nombres alg briques, J. Numb. Th. 20 (1985), 149–158 .
- [Ja2] J.-F. Jaulent, Sur les conjectures de Leopoldt et de Gross, Actes des Journ es Arithm tiques de Besan on, Ast risque 147-148 (1987), 107–120.
- [Ja3] J.-F. Jaulent, Th orie -adique globale du corps de classes, J. Th or. Nombres Bordeaux 10 (1998), 355–397.
- [Ma] J. Martinet, Tours de corps de classes et estimations de discriminants, Invent. Math. 44 (1978), 65–73.
- [Wa] L. Washington, Introduction to cyclotomic fields, Graduate Texts in Mathematics 83. Springer-Verlag, New York, 1997. xiv+487 pp
Jean-François Jaulent |
Institut de Mathématiques de Bordeaux |
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