Diviseur thêta et formes différentielles

Jilong Tong jilong.tong@uni-due.de Universität Duisburg-Essen, Fachbereich Mathematik, Campus Essen 45117 Essen, Germany
Résumé

This article concerns the geometry of algebraic curves in characteristic p>0𝑝0p>0. We study the geometric and arithmetic properties of the theta divisor ΘΘ\Theta associated to the vector bundle of locally exact differential forms of a curve. Among other things, we prove that, for a generic curve of genus 2absent2\geq 2, this theta divisor ΘΘ\Theta is always geometrically normal. We give also some results in the case where either p𝑝p or the genus of the curve is small. In the last part, we apply our results on ΘΘ\Theta to the study of the variation of fundamental group of algebraic curves. In particular, we refine a recent result of Tamagawa on the specialization homomorphism between fundamental groups at least when the special fiber is supersingular.

:
14H60 (primary), 14H30, 14K30 (secondary).
keywords:
fibré des formes différentielles localement exactes, diviseur thêta, groupe fondamental

Introduction

Le but de ce travail est l’étude géométrique du diviseur thêta associé au faisceau des formes différentielles localement exactes sur une courbe, en caractéristique p>0𝑝0p>0. Rappelons brièvement la situation. Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, X𝑋X une courbe projective lisse connexe de genre g1𝑔1g\geq 1 sur k𝑘k. Notons X1subscript𝑋1X_{1} l’image réciproque de X𝑋X par le Frobenius absolu de k𝑘k, J1subscript𝐽1J_{1} sa jacobienne. Soit F:XX1:𝐹𝑋subscript𝑋1F:X\rightarrow X_{1} le Frobenius relatif. Définissons le faisceau B𝐵B par la suite exacte suivante:

0𝒪X1F𝒪XB0.0subscript𝒪subscript𝑋1subscript𝐹subscript𝒪𝑋𝐵00\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow F_{\ast}\mathcal{O}_{X}\rightarrow B\rightarrow 0.

Alors, B𝐵B est un fibré vectoriel sur X1subscript𝑋1X_{1} de rang p1𝑝1p-1 et de pente g1𝑔1g-1. Le point de départ de cet article est le théorème suivant dû à Raynaud ([38]): pour un faisceau inversible L𝐿L de degré 00 assez général, H0(X1,BL)=0superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿0H^{0}(X_{1},B\otimes L)=0. Par conséquent, le fibré B𝐵B possède un diviseur thêta Θ=ΘBΘsubscriptΘ𝐵\Theta=\Theta_{B}, défini comme déterminant du complexe Rf(B𝒫)Rsubscript𝑓tensor-product𝐵𝒫\mathrm{R}f_{\ast}(B\otimes\mathcal{P}), où f:X1×J1J1:𝑓subscript𝑋1subscript𝐽1subscript𝐽1f:X_{1}\times J_{1}\rightarrow J_{1} est le morphisme de projection, et 𝒫𝒫\mathcal{P} est un faisceau de Poincaré sur X1×J1subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times J_{1}. C’est un diviseur effectif sur la jacobienne J1subscript𝐽1J_{1} de X1subscript𝑋1X_{1} dont le support est l’ensemble des LJ1𝐿subscript𝐽1L\in J_{1} tels que H0(X1,BL)0superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿0H^{0}(X_{1},B\otimes L)\neq 0. Le diviseur ΘΘ\Theta est canoniquement attaché à la courbe X𝑋X et algébriquement équivalent à (p1)Θclass𝑝1subscriptΘclass(p-1)\Theta_{\mathrm{class}}, où ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} désigne la polarisation principale naturelle de la jacobienne J1subscript𝐽1J_{1}.

Pour p=2𝑝2p=2, B𝐵B est un faisceau inversible, racine carrée canonique du faisceau des formes différentielles sur X1subscript𝑋1X_{1}, et ΘΘ\Theta est un diviseur thêta classique; en particulier il est normal irréductible et ses singularités ont été intensivement étudiées.

Par contre, pour p𝑝p impair, on sait très peu de choses sur ΘΘ\Theta, mise à part son existence, connue depuis plus de 252525 ans. La littérature sur les diviseurs thêta des fibrés est récente et concerne surtout le rang 222. Pour p>0𝑝0p>0, nous prouvons que ΘΘ\Theta est normal lorsque X𝑋X est une courbe assez générale. Lorsque p=3𝑝3p=3 et g2𝑔2g\geq 2, nous montrons que ΘΘ\Theta est réduit, et qu’il est intègre si g=2𝑔2g=2 et p=3𝑝3p=3. Nous donnons aussi des exemples où ΘΘ\Theta n’est pas normal. Pour p>2𝑝2p>2, nous ignorons si ΘΘ\Theta est toujours irréductible.

A côté de ses propriétés géométriques, le diviseur thêta présente un intérêt arithmétique: comme l’a observé Raynaud, les points de torsion d’ordre n𝑛n premier à p𝑝p, contenus dans ΘΘ\Theta contrôlent les revêtements étales cycliques YX𝑌𝑋Y\rightarrow X de degré n𝑛n, tels que la partie nouvelle de la jacobienne de Y𝑌Y ne soit pas ordinaire. Du coup, le diviseur ΘΘ\Theta a été utilisé pour étudier la variation du groupe fondamental en caractéristique p>0𝑝0p>0, en fonction de la variation de X𝑋X ([37], [40], [44]). Dans ce problème, on rencontre de sérieuses difficultés, s’il existe des composantes irréductibles de ΘΘ\Theta qui sont des translatés de sous-variétés abéliennes. C’est la raison pour laquelle nous nous intéressons à cette question, en particulier au chapitre 444. Nous pouvons alors améliorer les résultats de Raynaud et Tamagawa, du moins si la fibre spéciale est supersingulière.

Analysons brièvement le contenu des divers chapitres.

Le chapitre 111 commence par la définition du diviseur ΘΘ\Theta. Soit XS𝑋𝑆X\rightarrow S une courbe lisse. Lorsque elle possède une section, on dispose d’un faisceau de Poincaré 𝒫𝒫\mathcal{P} sur X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times_{S}J_{1} (où J1subscript𝐽1J_{1} est la jacobienne de X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S). On considère Rf(B𝒫)Rsubscript𝑓tensor-product𝐵𝒫\mathrm{R}f_{\ast}(B\otimes\mathcal{P}), comme un objet de Dcb(J1)subscriptsuperscriptD𝑏𝑐subscript𝐽1\mathrm{D}^{b}_{c}(J_{1}) la catégorie dérivée des 𝒪J1subscript𝒪subscript𝐽1\mathcal{O}_{J_{1}}-modules à cohomologie cohérente et à degrés bornées. D’après [38], ce complexe est concentré en degré 111, par suite, 𝒬:=R1f(B𝒫)assign𝒬superscriptR1subscript𝑓tensor-product𝐵𝒫\mathcal{Q}:=\mathrm{R}^{1}f_{\ast}(B\otimes\mathcal{P}) est un 𝒪J1subscript𝒪subscript𝐽1\mathcal{O}_{J_{1}}-module de dimension projective 111. Le diviseur ΘΘ\Theta est alors défini comme le déterminant de 𝒬𝒬\mathcal{Q}, et sa construction ne dépend pas du choix de faisceau de Poincaré 𝒫𝒫\mathcal{P}. Par conséquent, par descente étale, on peut attacher canoniquement le diviseur ΘΘ\Theta à n’importe quelle S𝑆S-courbe lisse. Afin d’employer les techniques de dégénérescence, on présente aussi une définition de ΘΘ\Theta pour une S𝑆S-courbe semi-stable en suivant une stratégie analogue.

Ensuite, on rassemble les premières propriétés de ΘΘ\Theta à partir de sa définition. Pour une S𝑆S-courbe lisse, le fibré B𝐵B est équipé d’un accouplement alterné non-dégénéré à valeurs dans ΩX1/S1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆\Omega^{1}_{X_{1}/S} le faisceau canonique de X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S. Il en résulte que B𝐵B est auto-dual pour la dualité de Serre. Le diviseur ΘΘ\Theta est donc symétrique, et même totalement symétrique au-sens de Mumford [30] pour p𝑝p impair. La transformation de Fourier-Mukai intervient pour établir un lien entre B𝐵B et le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q}, qui sera utile pour montrer certaines propriétés du diviseur ΘΘ\Theta pour la courbe générique. La dualité de Serre-Grothendieck nous permet de montrer que les faisceaux 𝒬𝒬\mathcal{Q} et (1)𝒬superscript1𝒬(-1)^{\ast}\mathcal{Q} sont en dualité à valeurs dans le faisceau canonique de ΘΘ\Theta.

Une particularité du diviseur thêta, liée au noyau du Verschiebung, est la “propriété de Dirac”. Cette propriété sera utilisée très souvent dans l’étude du diviseur ΘΘ\Theta. Comme dans le cas classique, dès que g4𝑔4g\geq 4, le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} n’est jamais inversible, en particulier, le diviseur ΘΘ\Theta a toujours des singularités lorsque la courbe est de genre g4𝑔4g\geq 4. Puis, nous revisitons la démonstration de Joshi [21] du fait que le faisceau B𝐵B est stable lorsque g2𝑔2g\geq 2, en en donnant une preuve plus directe, qui fournit aussi un contrôle effectif du degré des sous-fibrés de B𝐵B. A la fin de ce chapitre, on rassemble quelques questions qui se posent naturellement à propos de l’étude géométrique et arithmétique du diviseur ΘΘ\Theta, et qui feront aussi l’objet des chapitres suivants.

Le chapitre 2 est consacré à l’étude différentielle de ΘΘ\Theta. On rappelle d’abord le travail de Laszlo ([24]), sur la multiplicité du diviseur thêta universel. Puis, on applique ce résultat à l’étude de la multiplicité de ΘΘ\Theta, en particulier aux points d’ordre p𝑝p, et met en évidence le rôle des formes de Cartier. Nous faisons également l’étude différentielle du schéma de Hilbert \mathcal{H} des faisceaux inversibles de degré 00 plongés dans B𝐵B. On examine notamment les points x𝑥x\in\mathcal{H}\mathcal{H} est lisse de dimension g1𝑔1g-1, ce résultat sera utile dans l’étude de ΘΘ\Theta en caractéristique p=3𝑝3p=3.

Le but principal du chapitre 3 est de montrer que pour la courbe générique de genre 2absent2\geq 2 dans l’espace de modules des courbes, le diviseur Θ=ΘgenΘsubscriptΘgen\Theta=\Theta_{\mathrm{gen}} est géométriquement intègre et normal. La preuve est un peu technique. Elle utilise: (i) les courbes réductibles dégénérées, (ii) l’action de monodromie, (iii) les déformations des points doubles ordinaires (de codimension 111), (iv) le fait que le groupe de Néron-Severi de la jacobienne de la courbe générique est isomorphe à 𝐙𝐙\mathbf{Z}, et (v) une propriété de GAGA formel pour un schéma qui n’est pas forcément propre (qui est montrée dans SGA2). Examinons par exemple le cas du genre 222. On dégénère la courbe générique Xηsubscript𝑋𝜂X_{\eta} en une courbe Xssubscript𝑋𝑠X_{s} semi-stable constituée de 222 courbes elliptiques (ordinaires) génériques se coupant transversalement, telles que l’action de la monodromie sur les points d’ordre p𝑝p soit maximale. Alors le diviseur ΘΘ\Theta relatif est une courbe semi-stable, à fibre spéciale géométrique ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} formée de courbes elliptiques telles que la monodromie permute transitivement les points doubles ordinaires. Alors, ou bien la fibre générique ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} est lisse, et l’on gagne, ou bien sa normalisation est formée de courbes elliptiques. Ce dernier cas est exclu car la jacobienne Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta} de la courbe générique Xηsubscript𝑋𝜂X_{\eta} ne contient pas de courbes elliptiques ([27]). La preuve pour les cas g3𝑔3g\geq 3 se fait par récurrence sur le genre g𝑔g, en utilisant une stratégie analogue et les résultats de SGA2.

Au chapitre 4, nous étudions ΘΘ\Theta lorsque g𝑔g est petit ou lorsque p=3𝑝3p=3. Pour p=3𝑝3p=3, B𝐵B est un fibré vectoriel de rang 222, et l’on a une certaine prise sur le lieu singulier de ΘΘ\Theta. Cette particularité nous permet de montrer que ΘΘ\Theta est réduit et ne contient pas de composantes irréductibles translatées d’une sous-variété abélienne. Si on suppose de plus g=2𝑔2g=2, on montre que ΘΘ\Theta est intègre. Par contre, pour une courbe de genre g=2𝑔2g=2 en caractéristique p5𝑝5p\geq 5, on ne sait pas si un tel énoncé reste valable. Toutefois, supposons la courbe X𝑋X ordinaire (de genre 222), nous montrons qu’aucune composante irréductible de ΘΘ\Theta n’est le translaté d’une courbe elliptique.

Dans le chapitre 5, on donne des applications du diviseur ΘΘ\Theta à l’étude du groupe fondamental d’une courbe en caractéristique p>0𝑝0p>0. Le point de départ est le fait suivant: les points de torsion, d’ordre premier à p𝑝p, situés sur le diviseur thêta déterminent un quotient métabélien du groupe fondamental π1subscript𝜋1\pi_{1}, le π1new,ordsubscriptsuperscript𝜋neword1\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1} qui rend compte des revêtements cycliques finis étales YX𝑌𝑋Y\rightarrow X de degré premier à p𝑝p, tels que la “partie nouvelle” de la jacobienne de Y𝑌Y soit ordinaire. Supposons que π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}} soit constant quand on passe de la fibre générique géométrique Xη¯subscript𝑋¯𝜂X_{\bar{\eta}} à la fibre spéciale géométrique Xs¯subscript𝑋¯𝑠X_{\bar{s}}. Alors la courbe X/S𝑋𝑆X/S est-elle constante, du moins lorsque Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est définissable sur un corps fini? Une réponse positive permettait de préciser les résultats de Tamagawa. En fait, faute de renseignements suffisants sur le diviseur ΘΘ\Theta et sur la saturation de la torsion, on rencontre des difficultés très sérieuses. Dans cet article, on ne peut donner une réponse positive à cette question que dans le cas où la jacobienne de X/S𝑋𝑆X/S a une fibre spéciale supersingulière.

1 Le fibré B𝐵B des formes différentielles localement exactes et son diviseur thêta

1.1 Définition du diviseur thêta

Sauf mention du contraire, S𝑆S désigne un schéma localement noethérien de caractéristique p>0𝑝0p>0 (c’est-à-dire, p1𝒪S=0𝑝subscript1subscript𝒪𝑆0p\cdot 1_{\mathcal{O}_{S}}=0).

1.1.1 Le cas relatif lisse.

Soit X/S𝑋𝑆X/S une courbe relative propre lisse à fibres géométriques connexes de genre g0𝑔0g\geq 0. Définissons X1subscript𝑋1X_{1} par le diagramme cartésien suivant

X1subscript𝑋1\textstyle{X_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}S𝑆\textstyle{S\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}FrS𝐹subscript𝑟𝑆\scriptstyle{Fr_{S}}S𝑆\textstyle{S}

FrS:SS:𝐹subscript𝑟𝑆𝑆𝑆Fr_{S}:S\rightarrow S désigne le Frobenius absolu. Soit F:XX1:𝐹𝑋subscript𝑋1F:X\rightarrow X_{1} le Frobenius relatif. On dispose de la suite exacte courte suivante:

0𝒪X1F𝒪XB0,0subscript𝒪subscript𝑋1subscript𝐹subscript𝒪𝑋𝐵00\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow F_{\ast}\mathcal{O}_{X}\rightarrow B\rightarrow 0,

où le faisceau B𝐵B est, par définition, le faisceau des formes différentielles localement exactes sur X1subscript𝑋1X_{1}. C’est un fibré vectoriel de rang p1𝑝1p-1 sur X1subscript𝑋1X_{1}.

Remark 1.1.

Si S=Spec(k)𝑆Spec𝑘S=\mathrm{Spec}(k), et si X𝑋X est la droite projective sur S𝑆S. Alors B𝒪X1(1)p1similar-to-or-equals𝐵subscript𝒪subscript𝑋1superscript1superscriptdirect-sum𝑝1B\simeq\mathcal{O}_{X_{1}}(-1)^{\oplus^{p-1}}.

Supposons désormais dans ce chapitre que g1𝑔1g\geq 1. Notons J𝐽J (resp. J1subscript𝐽1J_{1}) la jacobienne de X/S𝑋𝑆X/S (resp. X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S). Alors J1subscript𝐽1J_{1} est l’image réciproque de J/S𝐽𝑆J/S par le Frobenius absolu FS:SS:subscript𝐹𝑆𝑆𝑆F_{S}:S\rightarrow S. Formons le carré cartésien suivant

X1×SJ1prX1prJ1X1J1S.subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1𝑝subscript𝑟subscript𝑋1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1subscript𝑋1subscript𝐽1𝑆\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 19.35541pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-19.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}\times_{S}J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 19.30432pt\raise 5.70583pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.30806pt\hbox{$\scriptstyle{pr_{X_{1}}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 43.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-19.3461pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.30806pt\hbox{$\scriptstyle{pr_{J_{1}}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-28.85889pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 43.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 52.29012pt\raise-28.85889pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-7.65347pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 45.93596pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 45.93596pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{S}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

Supposons d’abord que X/S𝑋𝑆X/S admette une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S), d’où une section ε1X1(S)subscript𝜀1subscript𝑋1𝑆\varepsilon_{1}\in X_{1}(S). Soit 𝒫ε,1subscript𝒫𝜀.1\mathcal{P}_{\varepsilon,1} le faisceau de Poincaré rigidifié sur X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times_{S}J_{1} associé à ε𝜀\varepsilon ([2] 8.2/1 et 8.2/4). Par définition, 𝒫ε,1subscript𝒫𝜀.1\mathcal{P}_{\varepsilon,1} est un faisceau inversible sur X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times_{S}J_{1} muni d’un isomorphisme u:ε1,J1(𝒫ε,1)𝒪J1:𝑢similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝜀1subscript𝐽1subscript𝒫𝜀.1subscript𝒪subscript𝐽1u:\varepsilon_{1,J_{1}}^{\ast}(\mathcal{P}_{\varepsilon,1})\simeq\mathcal{O}_{J_{1}} (où ε1,J1:J1X1×SJ1:subscript𝜀1subscript𝐽1subscript𝐽1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1\varepsilon_{1,J_{1}}:J_{1}\rightarrow X_{1}\times_{S}J_{1} est le changement défini par la section ε1X1(S)subscript𝜀1subscript𝑋1𝑆\varepsilon_{1}\in X_{1}(S)). Considérons le complexe RprJ1,(prX1B𝒫ε,1)R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝subscriptsuperscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫𝜀.1\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr^{\ast}_{X_{1}}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1}) qui est un objet de Dcb(J1)subscriptsuperscriptD𝑏𝑐subscript𝐽1\mathrm{D}^{b}_{c}(J_{1}), la catégorie dérivée des complexes de 𝒪J1subscript𝒪subscript𝐽1\mathcal{O}_{J_{1}}-modules à degrés bornés et à cohomologie cohérente. Comme B𝐵B est un faisceau cohérent sur X1subscript𝑋1X_{1}, plat sur S𝑆S et à fibres de caractéristique d’Euler-Poincaré nulle, d’après [29] (chap. 2, §§\S 5 page 46 Theorem) RprJ1,(prX1B𝒫ε,1)Dcb(J1)R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝subscriptsuperscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫𝜀.1subscriptsuperscriptD𝑏𝑐subscript𝐽1\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr^{\ast}_{X_{1}}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1})\in\mathrm{D}^{b}_{c}(J_{1}) peut être localement sur J1subscript𝐽1J_{1} représenté par un complexe de faisceaux en degré 00 et 111:

\textstyle{\cdots\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}0superscript0\textstyle{\mathcal{M}^{0}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}u𝑢\scriptstyle{u}1superscript1\textstyle{\mathcal{M}^{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\textstyle{\cdots}

0,1superscript0superscript1\mathcal{M}^{0},\mathcal{M}^{1} sont libres de type fini et de même rang.

Rappelons le résultat suivant, qui est notre point de départ pour la théorie du diviseur ΘΘ\Theta.

Theorem 1.2.

([38] théorème 4.1.1.) Si S=Spec(k)𝑆Spec𝑘S=\mathrm{Spec}(k) avec k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Alors h0(BL)=0superscript0tensor-product𝐵𝐿0h^{0}(B\otimes L)=0 pour L𝐿L général dans J1(k)subscript𝐽1𝑘J_{1}(k).

Il en résulte que la cohomologie de RprJ1,(prX1B𝒫ε,1)R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝subscriptsuperscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫𝜀.1\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr^{\ast}_{X_{1}}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1}) est concentrée en degré 111. Soit 𝒬=R1prJ1,(prX1B𝒫ε,1)𝒬superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝subscriptsuperscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫𝜀.1\mathcal{Q}=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}(pr^{\ast}_{X_{1}}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1}), alors la formation de 𝒬𝒬\mathcal{Q} commute aux changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S et 𝒬𝒬\mathcal{Q} est plat sur S𝑆S. De plus, pour chaque sS𝑠𝑆s\in S, det(u)sdetsubscript𝑢𝑠\mathrm{det}(u)_{s} est injectif et définit un diviseur de Cartier effectif relatif sur J1/Ssubscript𝐽1𝑆J_{1}/S, que l’on note ΘBsubscriptΘ𝐵\Theta_{B} ou simplement ΘΘ\Theta. Alors ΘΘ\Theta est le sous-schéma fermé de J1subscript𝐽1J_{1} défini par le 00-ième idéal de Fitting de 𝒬𝒬\mathcal{Q} (pour la définition d’idéal de Fitting, voir [8] definition 20.4.).

Le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} dépend du choix de la section ε𝜀\varepsilon. Plus précisément, si εX(S)superscript𝜀𝑋𝑆\varepsilon^{\prime}\in X(S) est une autre section de X/S𝑋𝑆X/S, ε1X1(S)superscriptsubscript𝜀1subscript𝑋1𝑆\varepsilon_{1}^{\prime}\in X_{1}(S) la section de X1subscript𝑋1X_{1} associée. Notons 𝒫ε,1subscript𝒫superscript𝜀.1\mathcal{P}_{\varepsilon^{\prime},1} le faisceau de Poincaré rigidifié associé à ε1superscriptsubscript𝜀1\varepsilon_{1}^{\prime}, et 𝒬=R1prJ1,(prX1B𝒫ε,1)superscript𝒬superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫superscript𝜀.1\mathcal{Q}^{\prime}=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}\left(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon^{\prime},1}\right). Par définition du faisceau de Poincaré rigidifié, 𝒫ε,1=𝒫ε,1prJ1ε1𝒫ε,11subscript𝒫superscript𝜀.1tensor-productsubscript𝒫𝜀.1𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝐽1superscriptsubscript𝜀1superscriptsubscript𝒫𝜀.11\mathcal{P}_{\varepsilon^{\prime},1}=\mathcal{P}_{\varepsilon,1}\otimes pr_{J_{1}}^{\ast}\varepsilon_{1}^{\prime\ast}\mathcal{P}_{\varepsilon,1}^{-1}. On obtient donc

𝒬=R1prJ1,(prX1B𝒫ε,1)=R1prJ1,(prX1B𝒫ε,1prJ1ε1𝒫ε,11)=𝒬ε1𝒫ε,11.superscript𝒬superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫superscript𝜀.1superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫𝜀.1𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝐽1superscriptsubscript𝜀1superscriptsubscript𝒫𝜀.11tensor-product𝒬superscriptsubscript𝜀1superscriptsubscript𝒫𝜀.11\mathcal{Q}^{\prime}=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}\left(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon^{\prime},1}\right)=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}\left(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1}\otimes pr_{J_{1}}^{\ast}\varepsilon_{1}^{\prime\ast}\mathcal{P}_{\varepsilon,1}^{-1}\right)=\mathcal{Q}\otimes\varepsilon_{1}^{\prime\ast}\mathcal{P}_{\varepsilon,1}^{-1}.

Donc 𝒬𝒬\mathcal{Q} et 𝒬superscript𝒬\mathcal{Q}^{\prime} diffèrent par tensorisation par un faisceau inversible algébriquement équivalent à zéro de J1subscript𝐽1J_{1}.

Par suite, ΘΘ\Theta ne dépend pas du choix de la section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S). Par descente étale, on en déduit l’existence du diviseur ΘΘ\Theta en général (dans le cas où on ne suppose plus que X/S𝑋𝑆X/S admette une section). De plus, la formation de Θ/SΘ𝑆\Theta/S est compatible aux changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S.

1.1.2 Le cas relatif semi-stable.

Soit maintenant X𝑋X une courbe semi-stable sur S𝑆S, c’est-à-dire, une courbe relative propre plate sur S𝑆S dont les fibres géométriques sont réduites connexes, avec pour seules singularités des points doubles ordinaires. Comme dans le cas lisse, notons X1subscript𝑋1X_{1} l’image réciproque de X𝑋X par le Frobenius absolu FS:SS:subscript𝐹𝑆𝑆𝑆F_{S}:S\rightarrow S, et F:XX1:𝐹𝑋subscript𝑋1F:X\rightarrow X_{1} le Frobenius relatif.

Comme X/S𝑋𝑆X/S est semi-stable, le morphisme naturel 𝒪X1F(𝒪X)subscript𝒪subscript𝑋1subscript𝐹subscript𝒪𝑋\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) est universellement injectif pour les changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S. Définissons le faisceau cohérent B𝐵B par la suite exacte suivante:

0𝒪X1F(𝒪X)B0.0subscript𝒪subscript𝑋1subscript𝐹subscript𝒪𝑋𝐵00\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\rightarrow B\rightarrow 0.

Alors B𝐵B est un 𝒪X1subscript𝒪subscript𝑋1\mathcal{O}_{X_{1}}-module cohérent, plat sur 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S} dont la formation est compatible aux changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S.

Notons PicX/SsubscriptPic𝑋𝑆\mathrm{Pic}_{X/S} (resp. PicX1/SsubscriptPicsubscript𝑋1𝑆\mathrm{Pic}_{X_{1}/S}) le foncteur de Picard de X/S𝑋𝑆X/S (resp. de X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S), d’après M. Artin ([2] 8.3/2), PicX/SsubscriptPic𝑋𝑆\mathrm{Pic}_{X/S} (resp. PicX1/SsubscriptPicsubscript𝑋1𝑆\mathrm{Pic}_{X_{1}/S}) est représentable par un espace algébrique en groupes lisse sur S𝑆S. Notons J𝐽J (resp. J1subscript𝐽1J_{1}) la composante neutre de PicX/SsubscriptPic𝑋𝑆\mathrm{Pic}_{X/S} (resp. de PicX1/SsubscriptPicsubscript𝑋1𝑆\mathrm{Pic}_{X_{1}/S}), d’après Deligne ([2] 9.4/1), J𝐽J (resp. J1subscript𝐽1J_{1}) est représentable par un schéma semi-abélien sur S𝑆S.

Ensuite, formons le diagramme cartésien suivant:

X1×SJ1prX1prJ1X1J1S.subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1𝑝subscript𝑟subscript𝑋1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1subscript𝑋1subscript𝐽1𝑆\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 19.35541pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-19.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}\times_{S}J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 19.30432pt\raise 5.70583pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.30806pt\hbox{$\scriptstyle{pr_{X_{1}}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 43.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-19.3461pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.30806pt\hbox{$\scriptstyle{pr_{J_{1}}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-28.85889pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 43.35541pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 52.29012pt\raise-28.85889pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-7.65347pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 45.93596pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 45.93596pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{S}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

Procédons comme dans le paragraphe précédent (§§\S 1.1.1) pour associer à B𝐵B un diviseur thêta ΘΘ\Theta. Lorsque X/S𝑋𝑆X/S admet une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S), notons ε1X1(S)subscript𝜀1subscript𝑋1𝑆\varepsilon_{1}\in X_{1}(S) la section de X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S associée à ε𝜀\varepsilon. Nous disposons d’un faisceau de Poincaré rigidifié 𝒫ε,1subscript𝒫𝜀.1\mathcal{P}_{\varepsilon,1} sur X1×J1subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times J_{1}. On peut donc considérer le complexe RprJ1,(prX1𝒫ε,1)Dcb(J1)R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1subscript𝒫𝜀.1subscriptsuperscriptD𝑏𝑐subscript𝐽1\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}\mathcal{B}\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1})\in\mathrm{D}^{b}_{c}(J_{1}). Là encore, il y a un seul objet de cohomologie non nul en degré 111 ([40] la remarque après la proposition 1.1.2) 𝒬=R1prJ1,(prX1𝒫ε,1)𝒬superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1subscript𝒫𝜀.1\mathcal{Q}=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}\mathcal{B}\otimes\mathcal{P}_{\varepsilon,1}). Le diviseur de Cartier ΘΘ\Theta sur J1subscript𝐽1J_{1} est défini comme le 00-ième idéal de Fitting du faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q}. La définition de 𝒬𝒬\mathcal{Q} dépend du choix de la section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S): soient εX(S)superscript𝜀𝑋𝑆\varepsilon^{\prime}\in X(S) une autre section, 𝒬superscript𝒬\mathcal{Q}^{\prime} le faisceau analogue, alors 𝒬𝒬\mathcal{Q} et 𝒬superscript𝒬\mathcal{Q}^{\prime} diffèrent entre eux par un faisceau inversible sur J1subscript𝐽1J_{1}. Donc la définition de ΘΘ\Theta ne dépend pas du choix de ε𝜀\varepsilon. Par suite, dans le cas général où nous ne supposons plus que X/S𝑋𝑆X/S admette une section, nous pouvons encore définir le diviseur thêta ΘΘ\Theta, et sa formation est compatible aux changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S.

Remark 1.1.

Dans cette remarque, S=Spec(k)𝑆Spec𝑘S=\mathrm{Spec}(k) avec k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Soient X/k𝑋𝑘X/k une courbe semi-stable, π:X~X:𝜋~𝑋𝑋\pi:\widetilde{X}\rightarrow X sa normalisée. Alors l’image réciproque π1:X~1X1:subscript𝜋1subscript~𝑋1subscript𝑋1\pi_{1}:\widetilde{X}_{1}\rightarrow X_{1} de π𝜋\pi par le Frobenius absolu Frk:Spec(k)Spec(k):𝐹subscript𝑟𝑘Spec𝑘Spec𝑘Fr_{k}:\mathrm{Spec}(k)\rightarrow\mathrm{Spec}(k) est la normalisée de X1subscript𝑋1X_{1}. Notons J~1subscript~𝐽1\widetilde{J}_{1} la jacobienne de X~1subscript~𝑋1\widetilde{X}_{1}, d’après [2] 9.2/8, J1subscript𝐽1J_{1} est une extension de J~1subscript~𝐽1\widetilde{J}_{1} par un tore T𝑇T:

0TJ1νJ~10.0𝑇subscript𝐽1𝜈subscript~𝐽10\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 5.5pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&&&&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-5.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{T\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 66.73264pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 66.73264pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 89.0728pt\raise 4.50694pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{\nu}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 106.03958pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 106.03958pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\widetilde{J}_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 144.39514pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 144.39514pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

avec ν:J1J~1=JX~1/k:𝜈subscript𝐽1subscript~𝐽1subscript𝐽subscript~𝑋1𝑘\nu:J_{1}\rightarrow\widetilde{J}_{1}=J_{\widetilde{X}_{1}/k} le morphisme naturel induit par π1:X~1X1:subscript𝜋1subscript~𝑋1subscript𝑋1\pi_{1}:\widetilde{X}_{1}\rightarrow X_{1}. Notons B~~𝐵\widetilde{B} le faisceau des formes différentielles localement exactes sur X~1subscript~𝑋1\widetilde{X}_{1}. D’après la fonctorialité du Frobenius relatif ([15], Exposé XV, §§\S 1, proposition 1(a)), on a un diagramme commutatif

X~πF~X~1π1XFX1.~𝑋𝜋~𝐹subscript~𝑋1subscript𝜋1𝑋𝐹subscript𝑋1\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 7.53471pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-5.77779pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\widetilde{X}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-19.4161pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{\pi}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-28.9989pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 14.45692pt\raise 6.61111pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-3.61111pt\hbox{$\scriptstyle{\widetilde{F}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 33.29164pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 33.29164pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\widetilde{X}_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 40.46942pt\raise-19.4161pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.8625pt\hbox{$\scriptstyle{\pi_{1}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 40.46942pt\raise-28.9989pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-7.53471pt\raise-38.83221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 14.49791pt\raise-33.44055pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.39166pt\hbox{$\scriptstyle{F}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 31.53471pt\raise-38.83221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 31.53471pt\raise-38.83221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

Alors B=π1,B~𝐵subscript𝜋1~𝐵B=\pi_{1,\ast}\widetilde{B} ([40] la remarque après la proposition 1.1.2). Notons Θ~J~1~Θsubscript~𝐽1\widetilde{\Theta}\subset\widetilde{J}_{1} le diviseur thêta sur J~1subscript~𝐽1\widetilde{J}_{1} associé à B~~𝐵\widetilde{B}. Alors Θ=ν(Θ~)Θsuperscript𝜈~Θ\Theta=\nu^{\ast}(\widetilde{\Theta}) comme diviseur.

1.2 Les premières propriétés de ΘΘ\Theta

Dans cette section, sauf mention du contraire, S𝑆S est un schéma localement noethérien de caractéristique p>0𝑝0p>0, X/S𝑋𝑆X/S est une courbe propre lisse à fibres géométriques connexes de genre g1𝑔1g\geq 1.

1.2.1 Auto-dualité.

Rappelons que l’on a la suite exacte suivante:

0BFΩX/S1cΩX1/S10,0𝐵subscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑆𝑐subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆0\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 5.5pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&&&&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-5.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{B\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 67.58679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 67.58679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{F_{\ast}\Omega^{1}_{X/S}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 99.05898pt\raise 4.50694pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{c}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 118.22849pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 118.22849pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\Omega^{1}_{X_{1}/S}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 158.2507pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 158.2507pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces,

dans laquelle la flèche c:F(ΩX/S1)ΩX1/S1:𝑐subscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑆subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆c:F_{\ast}(\Omega^{1}_{X/S})\rightarrow\Omega^{1}_{X_{1}/S} désigne l’opérateur de Cartier de X/S𝑋𝑆X/S. L’application (f,g)c(fdg)maps-to𝑓𝑔𝑐𝑓𝑑𝑔(f,g)\mapsto c(fdg) de F(𝒪X)×F(𝒪X)ΩX1/S1subscript𝐹subscript𝒪𝑋subscript𝐹subscript𝒪𝑋superscriptsubscriptΩsubscript𝑋1𝑆1F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\times F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\rightarrow\Omega_{X_{1}/S}^{1} définit, par passage au quotient, une application bilinéaire alternée:

(,):B𝒪X1BΩX1/S1:subscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝑋1𝐵𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆(\cdot,\cdot):B\otimes_{\mathcal{O}_{X_{1}}}B\rightarrow\Omega^{1}_{X_{1}/S}
Proposition 1 ([38], §§\S 4.1).

Cet accouplement est non-dégénéré. Donc B𝐵B est auto-dual sous la dualité de Serre.

1.2.2 Le cas où p=2𝑝2p=2.

Supposons dans ce numéro que S=Spec(k)𝑆Spec𝑘S=\mathrm{Spec}(k) avec k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p=2𝑝2p=2. Comme p=2𝑝2p=2, le faisceau B𝐵B des formes différentielles localement exactes est inversible sur X1subscript𝑋1X_{1}. Par l’auto-dualité de B𝐵B (1), B𝐵B est une racine carrée canonique de ΩX1/k1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\Omega^{1}_{X_{1}/k} (c’est-à-dire, une thêta caractéristique canonique de X1/ksubscript𝑋1𝑘X_{1}/k). Le diviseur ΘΘ\Theta est donc un diviseur thêta classique symétrique de J1subscript𝐽1J_{1}. Le résultat suivant découle de la théorie classique des courbes algébriques.

Theorem 1.1 ([24]).

Gardons les notations ci-dessus. Alors (1) le diviseur ΘΘ\Theta est irréductible et normal; (2) pour tout xΘJ1𝑥Θsubscript𝐽1x\in\Theta\subset J_{1}, la multiplicité de ΘΘ\Theta en x𝑥x, notée multx(Θ)subscriptmult𝑥Θ\mathrm{mult}_{x}(\Theta), est égale à h0(X1,B𝒪X1Lx)superscript0subscript𝑋1subscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscript𝐿𝑥h^{0}(X_{1},B\otimes_{\mathcal{O}_{X_{1}}}L_{x}), où Lxsubscript𝐿𝑥L_{x} est le faisceau inversible de degré 00 correspondant à xJ1𝑥subscript𝐽1x\in J_{1}.

1.2.3 La classe d’équivalence linéaire de ΘΘ\Theta (cas p3𝑝3p\geq 3).

Supposons p3𝑝3p\geq 3 dans ce numéro. Pour d1𝑑1d\geq 1 un entier, notons X1(d)superscriptsubscript𝑋1𝑑X_{1}^{(d)} le produit symétrique de X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S, comme X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S est lisse, X1(d)superscriptsubscript𝑋1𝑑X_{1}^{(d)} l’est aussi. Pour m𝑚m un entier, notons J1[m]superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑚J_{1}^{[m]} le schéma qui classifie les faisceaux inversibles de degré m𝑚m sur X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S.

Considérons l’application

X1(g1)J1[g1]superscriptsubscript𝑋1𝑔1superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑔1X_{1}^{(g-1)}\rightarrow J_{1}^{[g-1]}

définie par (x1,,xg1)𝒪X(x1++xg1)maps-tosubscript𝑥1subscript𝑥𝑔1subscript𝒪𝑋subscript𝑥1subscript𝑥𝑔1(x_{1},\cdots,x_{g-1})\mapsto\mathcal{O}_{X}(x_{1}+\cdots+x_{g-1}). Son image schématique est un diviseur ΔΔ\Delta de J[g1]superscript𝐽delimited-[]𝑔1J^{[g-1]}, réalisation canonique du diviseur thêta classique ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}. Comme p3𝑝3p\geq 3, localement sur S𝑆S pour la topologie étale, la courbe X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S admet une thêta caractéristique, donc un diviseur thêta classique symétrique.

Proposition 2 ([40] proposition 1.1.4).

Si p3𝑝3p\geq 3, ΘΘ\Theta est un diviseur symétrique de J1subscript𝐽1J_{1}. Si de plus, X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S admet une thêta caractéristique L𝐿L, alors ΘΘ\Theta est rationnellement équivalent au translaté de (p1)Δ𝑝1Δ(p-1)\Delta par L1superscript𝐿1L^{-1}.

Corollary 1.1.

Le diviseur ΘΘ\Theta est algébriquement équivalent à (p1)Θclass𝑝1subscriptΘclass(p-1)\Theta_{\mathrm{class}}.

Supposons p3𝑝3p\geq 3. Notons Kum=KumJ1/SKumsubscriptKumsubscript𝐽1𝑆\mathrm{Kum}=\mathrm{Kum}_{J_{1}/S} le S𝑆S-schéma, variété de Kummer, quotient de J1subscript𝐽1J_{1} par {±1}plus-or-minus1\{\pm 1\}. Alors KumKum\mathrm{Kum} est un S𝑆S-schéma propre et plat, à fibres géométriques normales, dont la formation commute aux changements de base SSsuperscript𝑆𝑆S^{\prime}\rightarrow S. Soit U𝑈U l’ouvert de J1subscript𝐽1J_{1} complément des points d’ordre divisant 222, et V𝑉V son image dans KumKum\mathrm{Kum}. Alors le morphisme de quotient UV𝑈𝑉U\rightarrow V est fini étale de degré 222.

Proposition 3.

Gardons les notations ci-dessus, et supposons p3𝑝3p\geq 3. Alors ΘΘ\Theta se descend canoniquement sur KumJ1/SsubscriptKumsubscript𝐽1𝑆\mathrm{Kum}_{J_{1}/S} en Θ~~Θ\widetilde{\Theta} qui est un diviseur de Cartier positif.

Corollary 1.2.

Supposons p3𝑝3p\geq 3, alors ΘΘ\Theta est totalement symétrique au sens de Mumford ([30], Page 305 definition). Pour un point xJ1𝑥subscript𝐽1x\in J_{1} d’ordre divisant 222, notons multx(Θ)subscriptmult𝑥Θ\mathrm{mult}_{x}(\Theta) la multiplicité de ΘΘ\Theta en x𝑥x, alors multx(Θ)0(mod 2)subscriptmult𝑥Θ0mod2\mathrm{mult}_{x}(\Theta)\equiv 0(\mathrm{mod}\leavevmode\nobreak\ 2).

Proof 1.3 (Démonstration de la proposition 3).

Pour le cas g=1𝑔1g=1, la conclusion résulte de la description explicite de ΘΘ\Theta pour les courbes elliptiques (corollaire 1.12). On peut donc supposer g2𝑔2g\geq 2. Comme ΘΘ\Theta est symétrique, Θ|Uevaluated-atΘ𝑈\Theta|_{U} se descend en Θ~Vsubscript~Θ𝑉\widetilde{\Theta}_{V} diviseur de Cartier relatif sur V𝑉V, par descente étale. Aux points de xKumV𝑥Kum𝑉x\in\mathrm{Kum}-V, on a profx(𝒪Kum)2subscriptprof𝑥subscript𝒪Kum2\mathrm{prof}_{x}(\mathcal{O}_{\mathrm{Kum}})\geq 2. Donc si le diviseur de Cartier Θ~~Θ\widetilde{\Theta} existe, son idéal de définition sera égal à i(𝒪V(Θ~V))subscript𝑖subscript𝒪𝑉subscript~Θ𝑉i_{\ast}\left(\mathcal{O}_{V}(-\widetilde{\Theta}_{V})\right) (i𝒪V𝒪Kumabsentsubscript𝑖subscript𝒪𝑉similar-to-or-equalssubscript𝒪Kum\subset i_{\ast}\mathcal{O}_{V}\simeq\mathcal{O}_{\mathrm{Kum}}, d’après SGA2), où i:VKum:𝑖𝑉Kumi:V\rightarrow\mathrm{Kum} est l’inclusion. Pour montrer que ce faisceau d’idéaux est inversible, on peut faire une extension étale de S𝑆S, et donc supposer que X1subscript𝑋1X_{1} possède une thêta caractéristique, et donc un diviseur thêta classique symétrique Θclass,symsubscriptΘclasssym\Theta_{\mathrm{class,sym}}. Alors la norme NmJ1/Kum(Θclass,sym)=Θ~1subscriptNmsubscript𝐽1KumsubscriptΘclasssymsubscript~Θ1\mathrm{Nm}_{J_{1}/\mathrm{Kum}}(\Theta_{\mathrm{class,sym}})=\widetilde{\Theta}_{1} est un diviseur de Cartier sur KumKum\mathrm{Kum} qui descend 2Θclass,sym2subscriptΘclasssym2\Theta_{\mathrm{class,sym}}. On a vu (proposition 2) que ΘΘ\Theta et (p1)Θclass,sym𝑝1subscriptΘclasssym(p-1)\Theta_{\mathrm{class,sym}} sont linéairement équivalents. Alors (p12)Θ~1𝑝12subscript~Θ1\left(\frac{p-1}{2}\right)\widetilde{\Theta}_{1} est un diviseur de Cartier sur KumKum\mathrm{Kum}, qui sur V𝑉V est linéairement équivalent à Θ~Vsubscript~Θ𝑉\widetilde{\Theta}_{V}. Finalement, i(𝒪V(Θ~V))𝒪Kum((p12Θ~1))similar-to-or-equalssubscript𝑖subscript𝒪𝑉subscript~Θ𝑉subscript𝒪Kum𝑝12subscript~Θ1i_{\ast}\left(\mathcal{O}_{V}(-\widetilde{\Theta}_{V})\right)\simeq\mathcal{O}_{\mathrm{Kum}}\left(-\left(\frac{p-1}{2}\widetilde{\Theta}_{1}\right)\right) est inversible.

1.2.4 Le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} et la transformation de Fourier-Mukai.

Pour un schéma abélien A/S𝐴𝑆A/S, notons :Dcb(A)Dcb(A):subscriptsuperscriptD𝑏c𝐴subscriptsuperscriptD𝑏csuperscript𝐴\mathcal{F}:\mathrm{D}^{b}_{\mathrm{c}}(A)\rightarrow\mathrm{D}^{b}_{\mathrm{c}}(A^{\vee}) le foncteur de Fourier-Mukai pour A𝐴A défini par

()=Rπ2,(LLπ1()),Rsubscript𝜋2superscripttensor-productLLsuperscriptsubscript𝜋1\mathcal{F}(\cdot)=\mathrm{R}\pi_{2,\ast}(\mathcal{L}\otimes^{\mathrm{L}}\mathrm{L}\pi_{1}^{\ast}(\cdot)),

avec Pic(A×SA)Picsubscript𝑆𝐴superscript𝐴\mathcal{L}\in\mathrm{Pic}(A\times_{S}A^{\vee}) le faisceau de Poincaré normalisé et π1:A×SAA:subscript𝜋1subscript𝑆𝐴superscript𝐴𝐴\pi_{1}:A\times_{S}A^{\vee}\rightarrow A, π2:A×SAA:subscript𝜋2subscript𝑆𝐴superscript𝐴superscript𝐴\pi_{2}:A\times_{S}A^{\vee}\rightarrow A^{\vee} les deux projections canoniques. Pour un entier i𝑖i, notons i(L)superscript𝑖𝐿\mathcal{F}^{i}(L) le i𝑖i-ième faisceau de cohomologie de (L)𝐿\mathcal{F}(L) pour un objet LDcb(A)𝐿subscriptsuperscriptD𝑏c𝐴L\in\mathrm{D}^{b}_{\mathrm{c}}(A). On renvoie le lecteur à [28] pour les propriétés fondamentales de la transformation de Fourier-Mukai, ou à [25] §§\S 1 pour un résumé.

Supposons dans ce numéro que X/S𝑋𝑆X/S admette une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S). D’où une section ε1X1(S)subscript𝜀1subscript𝑋1𝑆\varepsilon_{1}\in X_{1}(S), et le faisceau de Poincaré rigidifié 𝒫1=𝒫ε,1subscript𝒫1subscript𝒫𝜀.1\mathcal{P}_{1}=\mathcal{P}_{\varepsilon,1} associé sur X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times_{S}J_{1} à ε1subscript𝜀1\varepsilon_{1}. Par conséquent, X1/Ssubscript𝑋1𝑆X_{1}/S admet un faisceau de Poincaré rigidifié 𝒫1=𝒫1,ε1subscript𝒫1subscript𝒫1subscript𝜀1\mathcal{P}_{1}=\mathcal{P}_{1,\varepsilon_{1}} pour la section ε1,J1:J1X1×SJ1:subscript𝜀1subscript𝐽1subscript𝐽1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1\varepsilon_{1,J_{1}}:J_{1}\rightarrow X_{1}\times_{S}J_{1}. Soit i1:X1Alb(X1/S)=J1:subscript𝑖1subscript𝑋1Albsubscript𝑋1𝑆superscriptsubscript𝐽1i_{1}:X_{1}\rightarrow\mathrm{Alb}(X_{1}/S)=J_{1}^{\vee} le plongement d’Albanese tel que i1(ε1)=0J1subscript𝑖1subscript𝜀10superscriptsubscript𝐽1i_{1}(\varepsilon_{1})=0\in J_{1}^{\vee}. Comme d’habitude, notons prJ1:X1×SJ1J1:𝑝subscript𝑟subscript𝐽1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1subscript𝐽1pr_{J_{1}}:X_{1}\times_{S}J_{1}\rightarrow J_{1} et prX1:X1×SJ1X1:𝑝subscript𝑟subscript𝑋1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1subscript𝑋1pr_{X_{1}}:X_{1}\times_{S}J_{1}\rightarrow X_{1} les deux projections canoniques.

Le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q}.

Rappelons d’abord que, par définition, 𝒬=R1prJ1,(prX1B𝒫1)𝒬superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫1\mathcal{Q}=\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1}) (§§\S 1.1.1).

Lemma 1.1.

(1) Le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} est en fait un 𝒪Θsubscript𝒪Θ\mathcal{O}_{\Theta}-module.

(2) Soit xΘ𝑥Θx\in\Theta un point et notons 𝒬(x):=𝒬𝒪Θ,xk(x)assign𝒬𝑥subscripttensor-productsubscript𝒪Θ𝑥𝒬𝑘𝑥\mathcal{Q}(x):=\mathcal{Q}\otimes_{\mathcal{O}_{\Theta,x}}k(x). Alors dimk(x)(𝒬(x))=1subscriptdim𝑘𝑥𝒬𝑥1\mathrm{dim}_{k(x)}(\mathcal{Q}(x))=1 si et seulement si 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible comme 𝒪Θsubscript𝒪Θ\mathcal{O}_{\Theta}-module dans un voisinage de xΘ𝑥Θx\in\Theta.

(3) Le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} est un 𝒪J1subscript𝒪subscript𝐽1\mathcal{O}_{J_{1}}-module de Cohen-Macaulay dès que S𝑆S est régulier.

Proof 1.2.

Les assertions (1) et (2) sont immédiates. Pour (3), il suffit de remarquer que 𝒬𝒬\mathcal{Q} admet, localement pour la topologie de Zariski, une résolution libre de longueur 111 sur J1subscript𝐽1J_{1} (on renvoie à §§\S 1.1.1 pour l’existence d’une telle résolution).

Formons le diagramme commutatif suivant

X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1\textstyle{X_{1}\times_{S}J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i1×1J1subscript𝑖1subscript1subscript𝐽1\scriptstyle{i_{1}\times 1_{J_{1}}}prX1𝑝subscript𝑟subscript𝑋1\scriptstyle{pr_{X_{1}}}J1×SJ1subscript𝑆superscriptsubscript𝐽1subscript𝐽1\textstyle{J_{1}^{\vee}\times_{S}J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}π2subscript𝜋2\scriptstyle{\pi_{2}}π1subscript𝜋1\scriptstyle{\pi_{1}}J1subscript𝐽1\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}X1subscript𝑋1\textstyle{X_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i1subscript𝑖1\scriptstyle{i_{1}}J1superscriptsubscript𝐽1\textstyle{J_{1}^{\vee}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}S𝑆\textstyle{S}

dont les carrés sont cartésiens. Soit 1Pic(J1×SJ1)subscript1Picsubscript𝑆subscript𝐽1superscriptsubscript𝐽1\mathcal{L}_{1}\in\mathrm{Pic}(J_{1}\times_{S}J_{1}^{\vee}) le faisceau de Poincaré normalisé. Considérons la transformation de Fourier-Mukai du faisceau i1,Bsubscript𝑖1𝐵i_{1,\ast}B sur J1superscriptsubscript𝐽1J_{1}^{\vee}, alors on a les isomorphismes canoniques suivants (rappelons que l’on a une identification canonique (J1)J1similar-to-or-equalssuperscriptsuperscriptsubscript𝐽1subscript𝐽1(J_{1}^{\vee})^{\vee}\simeq J_{1}):

(i1,B)subscript𝑖1𝐵\displaystyle\mathcal{F}(i_{1,\ast}B) =\displaystyle= Rπ2,(π1i1,B1)Rsubscript𝜋2tensor-productsuperscriptsubscript𝜋1subscript𝑖1𝐵subscript1\displaystyle\mathrm{R}\pi_{2,\ast}(\pi_{1}^{\ast}i_{1,\ast}B\otimes\mathcal{L}_{1})
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq Rπ2,((i1×1J1)prX1B1)Rsubscript𝜋2tensor-productsubscriptsubscript𝑖1subscript1subscript𝐽1𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript1\displaystyle\mathrm{R}\pi_{2,\ast}((i_{1}\times 1_{J_{1}})_{\ast}pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{L}_{1})
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq RprJ1,(prX1B1).R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript1\displaystyle\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{L}_{1}).

D’après le théorème 1.2, B𝐵B admet un diviseur thêta, on en déduit que (i1,B)R1prJ1,(prX1B𝒫1)[1]=𝒬[1]similar-to-or-equalssubscript𝑖1𝐵superscriptR1𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫1delimited-[]1𝒬delimited-[]1\mathcal{F}(i_{1,\ast}B)\simeq\mathrm{R}^{1}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1})[-1]=\mathcal{Q}[-1] dans Dcb(J1)subscriptsuperscriptD𝑏𝑐subscript𝐽1\mathrm{D}^{b}_{c}(J_{1}).

Un accouplement sur 𝒬𝒬\mathcal{Q}.

On traduit ci-après l’auto-dualité de B𝐵B (proposition 1) pour la dualité de Serre en un accouplement entre (1)𝒬superscript1𝒬(-1)^{\ast}\mathcal{Q} et 𝒬𝒬\mathcal{Q}.

Fixons un isomorphisme α𝛼\alpha entre B𝐵B et om𝒪X1(B,ΩX1/S1)𝑜subscript𝑚subscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S}) via l’accouplement anti-symétrique sur B𝐵B. Par exemple, on peut prendre

α:Bom𝒪X1(B,ΩX1/S1)\alpha:\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ B\rightarrow\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S})

donné par bB(b,)om𝒪X1(B,ΩX1/S1)𝑏𝐵maps-to𝑏𝑜subscript𝑚subscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆b\in B\mapsto(b,\cdot)\leavevmode\nobreak\ \in\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S}). D’après le théorème de dualité de Serre-Grothendieck ([18]), on a les isomorphismes suivants:

Rom(𝒬[1],𝒪J1)R𝑜𝑚𝒬delimited-[]1subscript𝒪subscript𝐽1\displaystyle\mathrm{R}\mathcal{H}om(\mathcal{Q}[-1],\mathcal{O}_{J_{1}}) similar-to-or-equals\displaystyle\simeq Rom(RprJ1,(prX1B𝒫1),𝒪J1)R𝑜𝑚R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫1subscript𝒪subscript𝐽1\displaystyle\mathrm{R}\mathcal{H}om(\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1}),\mathcal{O}_{J_{1}})
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq RprJ1,Rom(prX1B𝒫1,prJ1!𝒪J1)R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1R𝑜𝑚tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫1𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝐽1subscript𝒪subscript𝐽1\displaystyle\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}\mathrm{R}\mathcal{H}om(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1},pr_{J_{1}}^{!}\mathcal{O}_{J_{1}})
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq RprJ1,(om(prX1B𝒫1,prX1ΩX1/S1[1])\displaystyle\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(\mathcal{H}om(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1},pr_{X_{1}}^{\ast}\Omega^{1}_{X_{1}/S}[1])
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq RprJ1,(prX1om(B,ΩX1/S1)𝒫11)[1]R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝑜𝑚𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆superscriptsubscript𝒫11delimited-[]1\displaystyle\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}\mathcal{H}om(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S})\otimes\mathcal{P}_{1}^{-1})[1]
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq RprJ1,(prX1B𝒫11)[1]R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵superscriptsubscript𝒫11delimited-[]1\displaystyle\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1}^{-1})[1]
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq (1)RprJ1,(prX1B𝒫1)[1]superscript1R𝑝subscript𝑟subscript𝐽1tensor-product𝑝superscriptsubscript𝑟subscript𝑋1𝐵subscript𝒫1delimited-[]1\displaystyle(-1)^{\ast}\mathrm{R}pr_{J_{1},\ast}(pr_{X_{1}}^{\ast}B\otimes\mathcal{P}_{1})[1]
similar-to-or-equals\displaystyle\simeq (1J1)𝒬,superscriptsubscript1subscript𝐽1𝒬\displaystyle(-1_{J_{1}})^{\ast}\mathcal{Q},

où le cinquième isomorphisme est induit par α𝛼\alpha. Notons ωΘ=𝒪J1(Θ)|Θsubscript𝜔Θevaluated-atsubscript𝒪subscript𝐽1ΘΘ\omega_{\Theta}=\mathcal{O}_{J_{1}}(\Theta)|_{\Theta} le faisceau canonique de ΘΘ\Theta. On a donc un isomorphisme om𝒪Θ(𝒬,ωΘ)xt𝒪J11(𝒬,𝒪J1)(1)𝒬similar-to-or-equals𝑜subscript𝑚subscript𝒪Θ𝒬subscript𝜔Θ𝑥subscriptsuperscript𝑡1subscript𝒪subscript𝐽1𝒬subscript𝒪subscript𝐽1similar-to-or-equalssuperscript1𝒬\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{\Theta}}(\mathcal{Q},\omega_{\Theta})\simeq\mathcal{E}xt^{1}_{\mathcal{O}_{J_{1}}}(\mathcal{Q},\mathcal{O}_{J_{1}})\simeq(-1)^{\ast}\mathcal{Q}, et un accouplement de 𝒪Θsubscript𝒪Θ\mathcal{O}_{\Theta}-modules:

ϕ:(1Θ)𝒬𝒪Θ𝒬ωΘ.\phi:\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ (-1_{\Theta})^{\ast}\mathcal{Q}\otimes_{\mathcal{O}_{\Theta}}\mathcal{Q}\rightarrow\omega_{\Theta}.
Remark 1.3.

Cet accouplement dépend du choix de l’isomorphisme α:Bom𝒪X1(B,ΩX1/S1):𝛼𝐵𝑜subscript𝑚subscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆\alpha:B\rightarrow\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S}). En fait, soit αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} l’isomorphisme entre B𝐵B et om𝒪X1(B,ΩX1/S1)𝑜subscript𝑚subscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S}) donné par bB(,b)om𝒪X1(B,ΩX1/S1)𝑏𝐵maps-to𝑏𝑜subscript𝑚subscript𝒪subscript𝑋1𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑆b\in B\mapsto(\cdot,b)\in\mathcal{H}om_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(B,\Omega^{1}_{X_{1}/S}). L’accouplement ϕ:(1Θ)𝒬𝒪Θ𝒬ωΘ:superscriptitalic-ϕsubscripttensor-productsubscript𝒪Θsuperscriptsubscript1Θ𝒬𝒬subscript𝜔Θ\phi^{\prime}:(-1_{\Theta})^{\ast}\mathcal{Q}\otimes_{\mathcal{O}_{\Theta}}\mathcal{Q}\rightarrow\omega_{\Theta} défini à partir de αsuperscript𝛼\alpha^{\prime}, est alors égal à ϕitalic-ϕ-\phi.

1.2.5 Le schéma de “Hilbert” \mathcal{H}.

Dans ce numéro, supposons que la courbe propre lisse X/S𝑋𝑆X/S est projective, ce qui est automatique lorsque X/S𝑋𝑆X/S admet une section ou lorsque g2𝑔2g\geq 2. Fixons un faisceau inversible relativement très ample 𝒪X1(1)subscript𝒪subscript𝑋11\mathcal{O}_{X_{1}}(1) sur X𝑋X. Supposons S𝑆S connexe, et notons dsuperscript𝑑d^{\prime} le degré de 𝒪X1(1)subscript𝒪subscript𝑋11\mathcal{O}_{X_{1}}(1) sur une fibre géométrique. De plus, pour m𝑚m un entier, rappelons que J[m]superscript𝐽delimited-[]𝑚J^{[m]} est le schéma qui paramètre les faisceaux inversibles de degré m𝑚m sur X/S𝑋𝑆X/S, en particulier, J[m]superscript𝐽delimited-[]𝑚J^{[m]} est un torseur sous J𝐽J.

Définition du schéma \mathcal{H}.

Soit d𝑑d un entier, posons hd(x)=(p2)dx+g1d𝐙[x]subscript𝑑𝑥𝑝2superscript𝑑𝑥𝑔1𝑑𝐙delimited-[]𝑥h_{d}(x)=(p-2)d^{\prime}x+g-1-d\in\mathbf{Z}[x]. Considérons le foncteur

𝒬uotX1/S,Bhd(x):(𝐒𝐜𝐡/S)𝔈𝔫𝔰:𝒬𝑢𝑜superscriptsubscript𝑡subscript𝑋1𝑆𝐵subscript𝑑𝑥𝐒𝐜𝐡𝑆𝔈𝔫𝔰\mathcal{Q}uot_{X_{1}/S,B}^{h_{d}(x)}:(\mathbf{Sch}/S)\rightarrow\mathfrak{Ens}

défini de la manière suivante: soit T𝑇T un S𝑆S-schéma, 𝒬uotX1/S,Bhd(x)(T)𝒬𝑢𝑜superscriptsubscript𝑡subscript𝑋1𝑆𝐵subscript𝑑𝑥𝑇\mathcal{Q}uot_{X_{1}/S,B}^{h_{d}(x)}(T) est alors l’ensemble des classes d’isomorphisme de faisceaux quotients cohérents de B𝒪S𝒪Tsubscripttensor-productsubscript𝒪𝑆𝐵subscript𝒪𝑇B\otimes_{\mathcal{O}_{S}}\mathcal{O}_{T} plat sur T𝑇T, ayant hd(x)subscript𝑑𝑥h_{d}(x) comme polynôme de Hilbert pour le faisceau relativement très ample 𝒪X1(1)subscript𝒪subscript𝑋11\mathcal{O}_{X_{1}}(1). D’après Grothendieck [16], ce foncteur est représentable par un schéma propre d=QuotX1/S,Bhd(x)subscript𝑑superscriptsubscriptQuotsubscript𝑋1𝑆𝐵subscript𝑑𝑥\mathcal{H}_{d}=\mathrm{Quot}_{X_{1}/S,B}^{h_{d}(x)} sur S𝑆S. Soient p1:X1×SdX1:subscript𝑝1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝑑subscript𝑋1p_{1}:X_{1}\times_{S}\mathcal{H}_{d}\rightarrow X_{1}, p2:X1×Sdd:subscript𝑝2subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝑑subscript𝑑p_{2}:X_{1}\times_{S}\mathcal{H}_{d}\rightarrow\mathcal{H}_{d} les deux projections naturelles. Soient 𝒢dsubscript𝒢𝑑\mathcal{G}_{d} le faisceau quotient cohérent universel de p1Bsuperscriptsubscript𝑝1𝐵p_{1}^{\ast}B, dsubscript𝑑\mathcal{L}_{d} le faisceau défini par la suite exacte suivante:

0dp1B𝒢d0.0subscript𝑑superscriptsubscript𝑝1𝐵subscript𝒢𝑑00\rightarrow\mathcal{L}_{d}\rightarrow p_{1}^{\ast}B\rightarrow\mathcal{G}_{d}\rightarrow 0.

Comme 𝒢dsubscript𝒢𝑑\mathcal{G}_{d} est plat sur le schéma dsubscript𝑑\mathcal{H}_{d}, dsubscript𝑑\mathcal{L}_{d} est plat sur dsubscript𝑑\mathcal{H}_{d}, et sa formation commute aux changements de base Td𝑇subscript𝑑T\rightarrow\mathcal{H}_{d}. Alors dsubscript𝑑\mathcal{L}_{d} est un faisceau inversible sur X1×Sdsubscript𝑆subscript𝑋1subscript𝑑X_{1}\times_{S}\mathcal{H}_{d}, de degré d𝑑d sur les fibres de X1×Sd/dsubscript𝑆subscript𝑋1subscript𝑑subscript𝑑X_{1}\times_{S}\mathcal{H}_{d}/\mathcal{H}_{d}. D’où un morphisme αd:dJ1[d]:subscript𝛼𝑑subscript𝑑superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑑\alpha_{d}:\mathcal{H}_{d}\rightarrow J_{1}^{[-d]} défini par dsubscript𝑑\mathcal{L}_{d}. On notera =0subscript0\mathcal{H}=\mathcal{H}_{0} 𝒢=𝒢0𝒢subscript𝒢0\mathcal{G}=\mathcal{G}_{0}, α=α0𝛼subscript𝛼0\alpha=\alpha_{0} et =0subscript0\mathcal{L}=\mathcal{L}_{0} dans la suite.

Remark 1.1.

Pour xJ1[d]𝑥superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑑x\in J_{1}^{[-d]} correspondant à un faisceau inversible L𝐿L de degré d𝑑-d, la fibre d,xsubscript𝑑𝑥\mathcal{H}_{d,x} de dsubscript𝑑\mathcal{H}_{d} au-dessus de x𝑥x s’identifie canoniquement à l’espace projectif des droites de H0(X1,BL)=Hom(L1,B)superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿Homsuperscript𝐿1𝐵H^{0}(X_{1},B\otimes L)=\mathrm{Hom}(L^{-1},B).

Lien entre \mathcal{H} et le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q}.

Rappelons le point de vue fonctoriel introduit par Grothendieck. Soient S𝑆S un schéma localement noethérien, 𝒢𝒢\mathcal{G} un faisceau cohérent. On peut considérer le foncteur V𝒢subscript𝑉𝒢V_{\mathcal{G}} de la catégorie de S𝑆S-schémas vers la catégories d’ensembles, défini par S(𝐒𝐜𝐡/S)Hom𝒪S(𝒢𝒪S𝒪S,𝒪S)superscript𝑆𝐒𝐜𝐡𝑆maps-tosubscriptHomsubscript𝒪superscript𝑆subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆𝒢subscript𝒪superscript𝑆subscript𝒪superscript𝑆S^{\prime}\in(\mathbf{Sch}/S)\mapsto\mathrm{Hom}_{\mathcal{O}_{S^{\prime}}}(\mathcal{G}\otimes_{\mathcal{O}_{S}}\mathcal{O}_{S^{\prime}},\mathcal{O}_{S^{\prime}}). Il est représenté par le S𝑆S-schéma affine, spectre de l’algèbre symétrique de 𝒢𝒢\mathcal{G}. Nous l’appelons le “fibré vectoriel” associé à 𝒢𝒢\mathcal{G}, bien que 𝒢𝒢\mathcal{G} ne soit pas nécessairement localement libre.

Rappelons le résultat suivant de Grothendieck.

Proposition 4 (EGA III2subscriptIII2\mathrm{III}_{\mathrm{2}} 7.7.6).

Soient S𝑆S un schéma localement noethérien, f:XS:𝑓𝑋𝑆f:X\rightarrow S un S𝑆S-schéma propre. Soit \mathcal{F} un faisceau cohérent sur X𝑋X qui est plat sur S𝑆S. Considérons le foncteur T𝑇T de la catégorie de S𝑆S-schémas Sch/S𝑆𝑐𝑆Sch/S vers la catégorie des ensembles défini par T(S)=Γ(X×SS,𝒪S𝒪S)𝑇superscript𝑆Γsubscript𝑆𝑋superscript𝑆subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆subscript𝒪superscript𝑆T(S^{\prime})=\Gamma(X\times_{S}S^{\prime},\mathcal{F}\otimes_{\mathcal{O}_{S}}\mathcal{O}_{S^{\prime}}).

(1) Ce foncteur T𝑇T est représentable par un fibré vectoriel Vsubscript𝑉V_{\mathcal{R}} associé à un 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-module cohérent \mathcal{R} sur S𝑆S.

(2) Plus précisément, soit

L::superscript𝐿\textstyle{L^{\bullet}:\cdots\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}L0superscript𝐿0\textstyle{L^{0}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}u𝑢\scriptstyle{u}L1superscript𝐿1\textstyle{L^{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}L2superscript𝐿2\textstyle{L^{2}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\textstyle{\cdots}

un complexe parfait de 𝒪Ssubscript𝒪𝑆\mathcal{O}_{S}-modules localement libres de rang fini qui calcule universellement RfRsubscript𝑓\mathrm{R}f_{\ast}\mathcal{F}, et soit u˘:L1,L0,:˘𝑢superscript𝐿1superscript𝐿0\breve{u}:L^{1,\vee}\rightarrow L^{0,\vee} le dual de u𝑢u, alors on peut prendre =coker(u˘)coker˘𝑢\mathcal{R}=\mathrm{coker}(\breve{u}). En particulier, si f:XS:𝑓𝑋𝑆f:X\rightarrow S est une courbe plate et propre, =xt1(R1f(),𝒪S)𝑥superscript𝑡1superscriptR1subscript𝑓subscript𝒪𝑆\mathcal{R}=\mathcal{E}xt^{1}(\mathrm{R}^{1}f_{\ast}(\mathcal{F}),\mathcal{O}_{S}).

On en déduit l’interprétation du fibré projectif (au sens de Grothendieck, [11] EGA II définition 4.1.1) 𝐏()𝐏\mathbf{P}(\mathcal{R}) associé à \mathcal{R}.

Corollary 1.2.

Avec les notations précédentes. Le fibré projectif sur S𝑆S associé (au-sens de Grothendieck) au faisceau cohérent \mathcal{R} représente le foncteur T:(𝐒𝐜𝐡/S)𝔈𝔫𝔰:superscript𝑇𝐒𝐜𝐡𝑆𝔈𝔫𝔰T^{\prime}:(\mathbf{Sch}/S)\rightarrow\mathfrak{Ens}, qui associe à un S𝑆S-schéma Ssuperscript𝑆S^{\prime} l’ensemble des classes d’équivalence de couples (,i)superscriptsuperscript𝑖(\mathcal{L}^{\prime},i^{\prime}), où (i) superscript\mathcal{L}^{\prime} est un faisceau inversible sur Ssuperscript𝑆S^{\prime}, (ii) i:f:superscript𝑖superscript𝑓superscriptsuperscripti^{\prime}:f^{\prime\ast}\mathcal{L}^{\prime}\rightarrow\mathcal{F}^{\prime} est universellement injectif (où f:X×SSS:superscript𝑓subscript𝑆𝑋superscript𝑆superscript𝑆f^{\prime}:X\times_{S}S^{\prime}\rightarrow S^{\prime} le morphisme naturel); (iii) On dit que (1,i1)superscriptsubscript1superscriptsubscript𝑖1(\mathcal{L}_{1}^{\prime},i_{1}^{\prime}) et (2,i2)superscriptsubscript2superscriptsubscript𝑖2(\mathcal{L}_{2}^{\prime},i_{2}^{\prime}) sont équivalents s’il existe un 𝒪Ssubscript𝒪superscript𝑆\mathcal{O}_{S^{\prime}}-morphisme u:12:𝑢superscriptsubscript1superscriptsubscript2u:\mathcal{L}_{1}^{\prime}\rightarrow\mathcal{L}_{2}^{\prime} rendant le diagramme suivant commutatif

f1fui1𝒪S𝒪Sf2i2.superscript𝑓superscriptsubscript1superscript𝑓𝑢superscriptsubscript𝑖1subscripttensor-productsubscript𝒪𝑆subscript𝒪superscript𝑆superscript𝑓superscriptsubscript2superscriptsubscript𝑖2\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 17.28777pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-12.68114pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{f^{\prime\ast}\mathcal{L}_{1}^{\prime}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern-17.28777pt\raise-20.48776pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.30556pt\hbox{$\scriptstyle{f^{\prime\ast}u}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-29.47554pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 22.94034pt\raise 6.50833pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.21945pt\hbox{$\scriptstyle{i_{1}^{\prime}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 36.68114pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 36.68114pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathcal{F}\otimes_{\mathcal{O}_{S}}\mathcal{O}_{S^{\prime}}}$}}}}}}}{\hbox{\kern-12.68114pt\raise-40.97554pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{f^{\prime\ast}\mathcal{L}_{2}^{\prime}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 26.72269pt\raise-26.99611pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.21945pt\hbox{$\scriptstyle{i_{2}^{\prime}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 48.03897pt\raise-6.00667pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}{\hbox{\kern 53.29227pt\raise-40.97554pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

Revenons au schéma \mathcal{H} et supposons que X/S𝑋𝑆X/S admette une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S). Appliquons ces considérations avec S=J1𝑆subscript𝐽1S=J_{1}, X=X1×SJ1𝑋subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X=X_{1}\times_{S}J_{1} et =B×𝒫𝐵𝒫\mathcal{F}=B\times\mathcal{P}𝒫𝒫\mathcal{P} est un faisceau de Poincaré sur X1×SJ1subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1X_{1}\times_{S}J_{1}, on trouve

Proposition 5.

Gardons les notations ci-dessus. Supposons que X/S𝑋𝑆X/S admette une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S).

(1) Le foncteur T(𝐒𝐜𝐡/J1)Γ(T×J1(X1×SJ1),B𝒫𝒪T)𝑇𝐒𝐜𝐡subscript𝐽1maps-toΓsubscriptsubscript𝐽1𝑇subscript𝑆subscript𝑋1subscript𝐽1tensor-product𝐵𝒫subscript𝒪𝑇T\in(\mathbf{Sch}/J_{1})\mapsto\Gamma(T\times_{J_{1}}(X_{1}\times_{S}J_{1}),B\otimes\mathcal{P}\otimes\mathcal{O}_{T}) est représenté par le fibré vectoriel sur J1subscript𝐽1J_{1} associé au faisceau =xt1(𝒬,𝒪J1)om(𝒬,ωΘ)𝑥superscript𝑡1𝒬subscript𝒪subscript𝐽1similar-to-or-equals𝑜𝑚𝒬subscript𝜔Θ\mathcal{R}=\mathcal{E}xt^{1}(\mathcal{Q},\mathcal{O}_{J_{1}})\simeq\mathcal{H}om(\mathcal{Q},\omega_{\Theta}) (§§\S 1.2.4).

(2) Le foncteur \mathcal{H}, vu comme J1subscript𝐽1J_{1}-foncteur via le morphisme α:J1:𝛼subscript𝐽1\alpha:\mathcal{H}\rightarrow J_{1}, est représentable par le fibré projectif associé à \mathcal{R}.

Corollary 1.3.

Le morphisme α:J1:𝛼subscript𝐽1\alpha:\mathcal{H}\rightarrow J_{1} se factorise à travers ΘΘ\Theta.

Proof 1.4.

Par descente étale, on peut supposer que X/S𝑋𝑆X/S admette une section. On dispose donc du faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q}, et \mathcal{H} est le fibré projectif associé à 𝒬𝒬\mathcal{Q}. Comme 𝒬𝒬\mathcal{Q} est à support dans ΘΘ\Theta, le morphisme α:J1:𝛼subscript𝐽1\alpha:\mathcal{H}\rightarrow J_{1} se factorise à travers ΘJ1Θsubscript𝐽1\Theta\hookrightarrow J_{1}. D’où le résultat.

Remark 1.5.

Lorsque X/S𝑋𝑆X/S n’a pas de section, le foncteur 𝒬uotX1/S,Bhd(x)𝒬𝑢𝑜superscriptsubscript𝑡subscript𝑋1𝑆𝐵subscript𝑑𝑥\mathcal{Q}uot_{X_{1}/S,B}^{h_{d}(x)} est toujours représentable par un J1subscript𝐽1J_{1}-schéma, mais au lieu de trouver un fibré projectif, on trouve un fibré de “Severi-Brauer”.

1.2.6 Majoration de la multiplicité des composantes de ΘΘ\Theta.


Le résultat suivant est bien connu.

Lemma 1.1.

Soient A𝐴A une variété abélienne sur un corps k𝑘k algébriquement clos, \mathcal{L} un faisceau inversible sur A𝐴A. Supposons qu’il existe un entier n>0𝑛0n>0 tel que nsuperscript𝑛\mathcal{L}^{n} soit algébriquement équivalent à un faisceau inversible 𝒪A(Σ)subscript𝒪𝐴Σ\mathcal{O}_{A}(\Sigma) avec ΣΣ\Sigma un diviseur effectif ou nul de A𝐴A, alors \mathcal{L} est lui-même algébriquement équivalent à un faisceau inversible 𝒪A(Σ)subscript𝒪𝐴superscriptΣ\mathcal{O}_{A}(\Sigma^{\prime}) avec ΣsuperscriptΣ\Sigma^{\prime} effectif ou nul.

Proof 1.2.

Si nsuperscript𝑛\mathcal{L}^{n} est algébriquement équivalent à 𝒪Asubscript𝒪𝐴\mathcal{O}_{A}, \mathcal{L} l’est aussi. On peut supposer que ΣΣ\Sigma est un diviseur effectif non nul. Comme PicA/ksubscriptsuperscriptPic𝐴𝑘\mathrm{Pic}^{\circ}_{A/k} est n𝑛n-divisible, quitte à remplacer \mathcal{L} par un faisceau inversible algébriquement équivalent à \mathcal{L}, on peut supposer que n𝒪A(Σ)similar-to-or-equalssuperscript𝑛subscript𝒪𝐴Σ\mathcal{L}^{n}\simeq\mathcal{O}_{A}(\Sigma). Soit B={xA|Tx}red𝐵subscriptsuperscriptconditional-set𝑥𝐴similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝑇𝑥redB=\{x\in A|T_{x}^{\ast}\mathcal{L}\simeq\mathcal{L}\}^{\circ}_{\mathrm{red}}, qui est une sous-variété abélienne de A𝐴A. D’après lemme 1 de [23] (et la preuve du théorème 1 de [23]), on sait que n|B𝒪Bsimilar-to-or-equalsevaluated-atsuperscript𝑛𝐵subscript𝒪𝐵\mathcal{L}^{n}|_{B}\simeq\mathcal{O}_{B}. Comme B𝐵B est une sous-variété abélienne de A𝐴A, le morphisme PicA/kPicB/ksubscriptsuperscriptPic𝐴𝑘subscriptsuperscriptPic𝐵𝑘\mathrm{Pic}^{\circ}_{A/k}\rightarrow\mathrm{Pic}^{\circ}_{B/k} est surjectif. Quitte à tensoriser \mathcal{L} par un faisceau inversible d’ordre n𝑛n de A𝐴A, on peut supposer que |B𝒪Bsimilar-to-or-equalsevaluated-at𝐵subscript𝒪𝐵\mathcal{L}|_{B}\simeq\mathcal{O}_{B}. Il y a donc un faisceau inversible non dégénéré \mathcal{M} sur C:=A/Bassign𝐶𝐴𝐵C:=A/B tel que =πsuperscript𝜋\mathcal{L}=\pi^{\ast}\mathcal{M} (ici, π:AC:𝜋𝐴𝐶\pi:A\rightarrow C est le morphisme canonique). Or \mathcal{M} et nsuperscript𝑛\mathcal{M}^{n} ont le même indice ([29] page 159159159, corollaire), on déduit du théorème 1 de [23] que Hi(A,)0superscript𝐻𝑖𝐴0H^{i}(A,\mathcal{L})\neq 0 si et seulement si Hi(A,n)0superscript𝐻𝑖𝐴superscript𝑛0H^{i}(A,\mathcal{L}^{n})\neq 0. En particulier, H0(A,)0superscript𝐻0𝐴0H^{0}(A,\mathcal{L})\neq 0. D’où le résultat.

Proposition 6.

Gardons les notations dans la section précédente. Soit α𝛼\alpha (resp. β𝛽\beta) la classe dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}) d’un diviseur effectif non trivial de J1subscript𝐽1J_{1}. Notons cl(Θ)clΘ\mathrm{cl}(\Theta) la classe de ΘΘ\Theta dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}). Supposons cl(Θ)=aα+bβclΘ𝑎𝛼𝑏𝛽\mathrm{cl}(\Theta)=a\alpha+b\beta avec a,b𝑎𝑏a,\leavevmode\nobreak\ b deux entiers positifs. Alors (1) ap1𝑎𝑝1a\leq p-1 et bp1𝑏𝑝1b\leq p-1; (2) Si a=p1𝑎𝑝1a=p-1 (resp. si b=p1𝑏𝑝1b=p-1), alors α=cl(Θclass)𝛼clsubscriptΘclass\alpha=\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}}) (resp. β=cl(Θclass)𝛽clsubscriptΘclass\beta=\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}})) et b=0𝑏0b=0 (resp. a=0𝑎0a=0), où cl(Θclass)clsubscriptΘclass\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}}) désigne la classe du diviseur thêta classique ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}).

Proof 1.3.

Supposons ap𝑎𝑝a\geq p, alors ap+11𝑎𝑝11a-p+1\geq 1. Comme cl(Θ)=(p1)cl(Θclass)clΘ𝑝1clsubscriptΘclass\mathrm{cl}(\Theta)=(p-1)\cdot\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}}) dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}), on a

(p1)(cl(Θclass)α)=(ap+1)α+bβ.𝑝1clsubscriptΘclass𝛼𝑎𝑝1𝛼𝑏𝛽(p-1)(\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}})-\alpha)=(a-p+1)\alpha+b\beta.

Comme ap+11𝑎𝑝11a-p+1\geq 1, (ap+1)α+bβ𝑎𝑝1𝛼𝑏𝛽(a-p+1)\alpha+b\beta est la classe d’un diviseur effectif non trivial dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}). Donc cl(Θclass)αclsubscriptΘclass𝛼\mathrm{cl}(\Theta_{\mathrm{class}})-\alpha peut être représenté par 𝒪J1(D)subscript𝒪subscript𝐽1𝐷\mathcal{O}_{J_{1}}(D) avec D𝐷D un diviseur effectif non trivial de J1subscript𝐽1J_{1}. On en déduit que ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} est algébriquement équivalent à D+D𝐷superscript𝐷D+D^{\prime} avec D𝐷D et Dsuperscript𝐷D^{\prime} deux diviseurs effectifs non triviaux de J1subscript𝐽1J_{1}. Donc un translaté de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} s’écirt comme une somme de deux diviseurs effectifs non triviaux. D’où une contradiction avec le fait que la polarisation principale ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} pour une courbe lisse propre et connexe est irréductible (en fait, il existe un morphisme birationnel X(g1)Θclasssuperscript𝑋𝑔1subscriptΘclassX^{(g-1)}\rightarrow\Theta_{\mathrm{class}}, où X(g1)superscript𝑋𝑔1X^{(g-1)} désigne le (g1)𝑔1(g-1)-ieme produit symétrique de X/k𝑋𝑘X/k. Par suite, ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} est intègre, même normal). Ceci montre que ap1𝑎𝑝1a\leq p-1. De même, on a bp1𝑏𝑝1b\leq p-1. Si on suppose a=p1𝑎𝑝1a=p-1, le même raisonnement nous montre que b=0𝑏0b=0, la deuxième assertion s’en déduit.

Remark 1.4.

Supposons p=3𝑝3p=3. Alors on déduit de proposition 6 que ou bien ΘΘ\Theta est réduit, ou bien ΘΘ\Theta est le double d’un diviseur thêta classique. On verra plus loin (§§\S 4.1.2) que pour g2𝑔2g\geq 2, ce dernier cas est exclu.

1.2.7 “La propriété de Dirac”.

Dans cette section, k𝑘k est un corps de caractéristique p>0𝑝0p>0.

Généralités.

Soit R𝑅R une k𝑘k-algèbre locale de longueur finie. Le socle de R𝑅R est le plus grand idéal de A𝐴A annulé par l’idéal maximal de R𝑅R. L’algèbre R𝑅R est de Gorenstein si et seulement si son socle est engendré par un élément ([8] proposition 21.5).

Soient G𝐺G un schéma en groupes fini commutatif sur un corps k𝑘k, et R𝑅R son algèbre de fonctions. Alors R𝑅R est une intersection complète, et donc est de Gorenstein ([8] corollary 21.19). Par exemple, si k𝑘k est parfait et si G𝐺G est infinitésimal, il existe des entiers n1,,nr1subscript𝑛1subscript𝑛𝑟1n_{1},\cdots,n_{r}\geq 1 tels que Rk[X1,,Xr]/(X1pn1,,Xrpnr)similar-to-or-equals𝑅𝑘subscript𝑋1subscript𝑋𝑟superscriptsubscript𝑋1superscript𝑝subscript𝑛1superscriptsubscript𝑋𝑟superscript𝑝subscript𝑛𝑟R\simeq k[X_{1},\cdots,X_{r}]/(X_{1}^{p^{n_{1}}},\cdots,X_{r}^{p^{n_{r}}}) ([7] III §§\S 3, nsuperscript𝑛n^{\circ} 6, corollaire 6.3). Le socle de R𝑅R est alors l’idéal principal engendré par i=1rxipni1Rsuperscriptsubscriptproduct𝑖1𝑟superscriptsubscript𝑥𝑖superscript𝑝subscript𝑛𝑖1𝑅\prod_{i=1}^{r}x_{i}^{p^{n_{i}}-1}\in R, où xisubscript𝑥𝑖x_{i} est l’image de Xisubscript𝑋𝑖X_{i} dans R𝑅R.

Definition 1.1 ([40], définition 1.1.1).

Une “fonction de Dirac” sur G𝐺G est un élément λR𝜆𝑅\lambda\in R tel que (i) l’image de λ𝜆\lambda dans Rxsubscript𝑅𝑥R_{x} soit nulle pour xG(k){0}𝑥𝐺𝑘0x\in G(k)-\{0\} et (ii) λ𝜆\lambda induit un élément non nul du socle de G𝐺G à l’origine.

Remark 1.2.

Si f𝑓f est une fonction de Dirac sur G𝐺G, et si ksuperscript𝑘k^{\prime} est une extension de k𝑘k, posons G=G×kksuperscript𝐺subscript𝑘𝐺superscript𝑘G^{\prime}=G\times_{k}k^{\prime}, alors f𝑓f est aussi une fonction de Dirac sur Gsuperscript𝐺G^{\prime}.

Soit f𝑓f une telle fonction, elle peut être vue comme un morphisme de schémas f:G𝐀k1:𝑓𝐺subscriptsuperscript𝐀1𝑘f:G\rightarrow\mathbf{A}^{1}_{k}. Alors Z=V(f)G𝑍𝑉𝑓𝐺Z=V(f)\subset G est le plus grand sous-schéma fermé de G𝐺Gf𝑓f s’annule. De plus, il est clair que Z{0}=G{0}𝑍0𝐺0Z-\{0\}=G-\{0\}, et si W𝑊W est un sous-schéma fermé de G𝐺G tel que ZWG𝑍𝑊𝐺Z\subset W\subset G, alors ou bien Z=W𝑍𝑊Z=W, ou bien W=G𝑊𝐺W=G, c’est-à-dire, Z𝑍Z est un sous-schéma fermé maximal de G𝐺G distinct de G𝐺G. De plus, ces deux propriétés caractérisent f𝑓f à une multiplication par un klimit-from𝑘k-scalaire près. Si G=Spec(R)𝐺Spec𝑅G=\mathrm{Spec}(R) avec R𝑅R une k𝑘k-algèbre finie, on a dimk(R/(f))=dimk(R)1subscriptdim𝑘𝑅𝑓subscriptdim𝑘𝑅1\mathrm{dim}_{k}(R/(f))=\mathrm{dim}_{k}(R)-1.

Lemma 1.3.

Soient G𝐺G un schéma en groupes fini commutatif sur k𝑘k, f𝑓f une fonction de Dirac sur G𝐺G, alors le plus grand sous-schéma en groupes qui laisse invariant f𝑓f est trivial.

Proof 1.4.

Soit N=Spec(R)𝑁Specsuperscript𝑅N=\mathrm{Spec}(R^{\prime}) le plus grand sous-schéma en groupes de G𝐺G qui laisse invariant f𝑓f. Alors Z=V(f)G𝑍𝑉𝑓𝐺Z=V(f)\subset G est invariant par N𝑁N. Donc dimkR/(f)subscriptdim𝑘𝑅𝑓\mathrm{dim}_{k}R/(f) est un multiple de dimkNsubscriptdim𝑘𝑁\mathrm{dim}_{k}N. Or dimk(R/(f))=dimk(R)1subscriptdim𝑘𝑅𝑓subscriptdim𝑘𝑅1\mathrm{dim}_{k}(R/(f))=\mathrm{dim}_{k}(R)-1, et dimk(R)subscriptdim𝑘𝑅\mathrm{dim}_{k}(R) et un multiple de dimkRsubscriptdim𝑘superscript𝑅\mathrm{dim}_{k}R^{\prime}. Ce qui implique que dimk(R)=1subscriptdim𝑘superscript𝑅1\mathrm{dim}_{k}(R^{\prime})=1 sauf dans le cas où dimk(R)=1subscriptdim𝑘𝑅1\mathrm{dim}_{k}(R)=1, mais la conclusion est triviale dans ce cas.

Definition 1.5.

Soit A𝐴A une variété semi-abélienne sur un corps k𝑘k parfait de caractéristique p>0𝑝0p>0. Soit D𝐷D un diviseur effectif de A𝐴A. On dit que D𝐷D satisfait à la “propriété de Dirac” si toute équation locale de D|ker(V)evaluated-at𝐷kernel𝑉D|_{\ker(V)} est une fonction de Dirac sur ker(V)kernel𝑉\ker(V), noyau du Verschiebung V:AA1:𝑉𝐴subscript𝐴1V:A\rightarrow A_{-1} (où A1subscript𝐴1A_{-1} est l’image réciproque de A𝐴A par l’inverse de Frobenius absolu sur Spec(k)Spec𝑘\mathrm{Spec}(k)).

Proposition 7.

Soient A𝐴A une variété abélienne sur un corps k𝑘k parfait de caractéristique p>0𝑝0p>0, et D𝐷D un diviseur effectif de A𝐴A satisfaisant à la propriété de Dirac, alors D𝐷D est ample.

Proof 1.6.

Soit Asuperscript𝐴A^{\prime} la plus grande sous-variété abélienne de A𝐴A qui laisse stable D𝐷D. Il suffit de montrer que Asuperscript𝐴A^{\prime} est triviale. Comme ker(V|A)kernelevaluated-at𝑉superscript𝐴\ker(V|_{A^{\prime}}) laisse stable D|ker(V)evaluated-at𝐷kernel𝑉D|_{\ker(V)}, ker(V|A)kernelevaluated-at𝑉superscript𝐴\ker(V|_{A^{\prime}}) est trivial, d’après le lemme 1.3.

Corollary 1.7.

Soient A𝐴A une variété abélienne sur un corps parfait k𝑘k, D𝐷D un diviseur effectif de A𝐴A satisfaisant à la propriété de Dirac. Notons D0subscript𝐷0D_{0} la somme des composantes de D𝐷D passant par 0A0𝐴0\in A. Supposons que D0subscript𝐷0D_{0} n’est pas trivial. Soit A0subscript𝐴0A_{0} la plus grande sous-variété laissant stable D0subscript𝐷0D_{0}, alors A0subscript𝐴0A_{0} est ordinaire.

Proof 1.8.

En fait, (ker(V|A0))superscriptkernelevaluated-at𝑉subscript𝐴0(\ker(V|_{A_{0}}))^{\circ} est un sous-groupe de (kerV)superscriptkernel𝑉(\ker V)^{\circ} qui laisse stable D|(ker(V))=D0|(ker(V))evaluated-at𝐷superscriptkernel𝑉evaluated-atsubscript𝐷0superscriptkernel𝑉D|_{\left(\ker(V)\right)^{\circ}}=D_{0}|_{\left(\ker(V)\right)^{\circ}}, d’après le lemme précédent, on en déduit que (ker(V|A0))=0superscriptkernelevaluated-at𝑉subscript𝐴00(\ker(V|_{A_{0}}))^{\circ}=0, c’est-à-dire que ker(V|A0)kernelevaluated-at𝑉subscript𝐴0\ker(V|_{A_{0}}) est étale, donc A0subscript𝐴0A_{0} est ordinaire.

Revenons au diviseur ΘΘ\Theta,

Theorem 1.9 (Propriété de Dirac pour ΘΘ\Theta, [40] §§\S 1.1).

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, X/k𝑋𝑘X/k une courbe propre semi-stable. Le diviseur thêta ΘJ1Θsubscript𝐽1\Theta\subset J_{1} satisfait à la propriété de Dirac.

Remark 1.10.

Rappelons que c’est en quelque sorte cette “propriété de Dirac” qui permet de prouver l’existence de ΘΘ\Theta.

Application au cas de genre 111.

Pour les courbes elliptiques, on a les résultats suivants dus à Tango:

Theorem 1.11 ([45] corollary 8).

Soit E𝐸E une courbe elliptique sur k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0.

(1) Si E𝐸E est ordinaire, on a un isomorphisme B1p1isimilar-to-or-equals𝐵superscriptsubscriptdirect-sum1𝑝1subscript𝑖B\simeq\oplus_{1}^{p-1}\mathcal{L}_{i}, où {i|1ip1}{𝒪E1}=JE1[p](k)conditional-setsubscript𝑖1𝑖𝑝1subscript𝒪subscript𝐸1subscript𝐽subscript𝐸1delimited-[]𝑝𝑘\{\mathcal{L}_{i}|1\leq i\leq p-1\}\cup\{\mathcal{O}_{E_{1}}\}=J_{E_{1}}[p](k).

(2) Si E𝐸E n’est pas ordinaire, BFp1similar-to-or-equals𝐵subscript𝐹𝑝1B\simeq F_{p-1}, où Fp1subscript𝐹𝑝1F_{p-1} est le seul fibré semi-stable de rang p1𝑝1p-1 et de pente 00 de E1subscript𝐸1E_{1} admettant une section non-triviale (qui est obtenu comme extension successive de 𝒪E1subscript𝒪subscript𝐸1\mathcal{O}_{E_{1}}).

Comme corollaire, on obtient

Corollary 1.12.

Soit E/k𝐸𝑘E/k une courbe elliptique sur k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, alors

(1) Si E𝐸E est ordinaire, ΘΘ\Theta est un schéma réduit concentré aux points d’ordre p𝑝p de PicE1/k0subscriptsuperscriptPic0subscript𝐸1𝑘\mathrm{Pic}^{0}_{E_{1}/k}.

(2) Si E𝐸E est supersingulière, ΘΘ\Theta est un schéma concentré au seul point 0PicE1/k00subscriptsuperscriptPic0subscript𝐸1𝑘0\in\mathrm{Pic}^{0}_{E_{1}/k} avec une multiplicité p1𝑝1p-1.

On donne une démonstration directe suivante, en utilisant la propriété de Dirac pour ΘΘ\Theta.

Proof 1.13 (Démonstration de 1.12).

On sait que ΘΘ\Theta est un diviseur effectif de degré p1𝑝1p-1. (1) Si E𝐸E est ordinaire, ker(V:E1E)kernel:𝑉subscript𝐸1𝐸\ker(V:E_{1}\rightarrow E) est un schéma en groupes fini étale de degré p𝑝p. Donc Θ=ker(V){0}Θkernel𝑉0\Theta=\ker(V)-\{0\}. (2) Si E𝐸E est supersingulière, on sait que ΘΘ\Theta passe par l’origine. De plus, soit f𝒪JE1,0𝑓subscript𝒪subscript𝐽subscript𝐸1.0f\in\mathcal{O}_{J_{E_{1}},0} une fonction locale de ΘΘ\Theta en origine 0JE10subscript𝐽subscript𝐸10\in J_{E_{1}}. Sa restriction à 𝒪ker(V)k[t]/(tp)similar-to-or-equalssubscript𝒪kernel𝑉𝑘delimited-[]𝑡superscript𝑡𝑝\mathcal{O}_{\ker(V)}\simeq k[t]/(t^{p}) engendre le socle de k[t]/(tp)𝑘delimited-[]𝑡superscript𝑡𝑝k[t]/(t^{p}) (où t𝑡t est une uniformisante de 𝒪JE1,0subscript𝒪subscript𝐽subscript𝐸1.0\mathcal{O}_{J_{E_{1}},0}). Donc ftp1(modtp)𝑓superscript𝑡𝑝1modsuperscript𝑡𝑝f\equiv t^{p-1}(\mathrm{mod}\leavevmode\nobreak\ t^{p}). En particulier, ΘΘ\Theta est de multiplicité p1𝑝1p-1 en 0JE10subscript𝐽subscript𝐸10\in J_{E_{1}}. Donc ΘΘ\Theta est un schéma à support le seul point 0JE10subscript𝐽subscript𝐸10\in J_{E_{1}} avec une multiplicité p1𝑝1p-1.

Remark 1.14.

On peut décrire la variation de ΘΘ\Theta au voisinage d’un point supersingulier dans l’espace de modules des courbes elliptiques. Soit E𝐸E une k𝑘k-courbe elliptique supersingulière, /k[[t]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡\mathcal{E}/k[[t]] une déformation verselle de E/k𝐸𝑘E/k sur k[[t]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡k[[t]]. D’après Igusa ([22] cor. 12.4.4), l’algèbre de Lie de /k[[t]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡\mathcal{E}/k[[t]] admet une base e𝑒e telle que e(p)=tesuperscript𝑒𝑝𝑡𝑒e^{(p)}=te. Soit G=ker(F:1)𝐺kernel:𝐹subscript1G=\ker(F:\mathcal{E}\rightarrow\mathcal{E}_{1}), Gsuperscript𝐺G^{\vee} son dual de Cartier, alors Gsuperscript𝐺G^{\vee} admet pour équation xptx=0superscript𝑥𝑝𝑡𝑥0x^{p}-tx=0. Et on a une suite exacte

0G[p]G0.0𝐺delimited-[]𝑝superscript𝐺00\rightarrow G\rightarrow\mathcal{E}[p]\rightarrow G^{\vee}\rightarrow 0.

Alors Gker(V)1similar-to-or-equalssuperscript𝐺kernel𝑉subscript1G^{\vee}\simeq\ker(V)\subset\mathcal{E}_{1} admet pour équation xptx=0superscript𝑥𝑝𝑡𝑥0x^{p}-tx=0. Par suite ΘΘ\Theta a pour équation xp1t=0superscript𝑥𝑝1𝑡0x^{p-1}-t=0.

1.2.8 Un énoncé de pureté.

Le résultat suivant est bien connu pour ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}, et s’étend aux diviseurs thêta de fibrés vectoriels.

Proposition 8.

Considérons X/S𝑋𝑆X/S une courbe lisse admettant une section εX(S)𝜀𝑋𝑆\varepsilon\in X(S), avec S𝑆S un schéma local noethérien régulier de point fermé s𝑠s. Soit ξ𝜉\xi un point générique du fermé W𝑊W de ΘΘ\Theta𝒬𝒬\mathcal{Q} n’est pas inversible (on renvoie à §§\S 1.2.4 pour la définition de 𝒬𝒬\mathcal{Q}). Alors on a

(1) Codimξ(W,Θ)=dim(𝒪Θ,ξ)3subscriptCodim𝜉𝑊Θdimsubscript𝒪Θ𝜉3\mathrm{Codim}_{\xi}(W,\Theta)=\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})\leq 3;

(2) Si de plus ξΘs𝜉subscriptΘ𝑠\xi\in\Theta_{s}, et ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} est géométriquement réduit en ξ𝜉\xi, on a dim(𝒪Θ,ξ)1dimsubscript𝒪Θ𝜉1\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})\geq 1;

(3) Si de plus ξΘs𝜉subscriptΘ𝑠\xi\in\Theta_{s}, et ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} est géométriquement normal en ξ𝜉\xi, on a dim(𝒪Θ,ξ)2dimsubscript𝒪Θ𝜉2\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})\geq 2.

Proof 1.1.

(1) On raisonne par l’absurde. Supposons que dim(𝒪Θ,ξ)4dimsubscript𝒪Θ𝜉4\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})\geq 4. Comme S𝑆S est régulier, 𝒬𝒬\mathcal{Q} est de Cohen-Macaulay (lemme 1.1). Donc profξ(𝒬)42subscriptprof𝜉𝒬42\mathrm{prof}_{\xi}(\mathcal{Q})\geq 4\geq 2. De plus, comme S𝑆S est régulier, 𝒪Θ,ξsubscript𝒪Θ𝜉\mathcal{O}_{\Theta,\xi} est un anneau local d’intersection complète de dimension 4absent4\geq 4. D’après le théorème d’Auslander-Buchsbaum (SGA 222, exposé XI, théorème 3.13(2)31323.13(2)), le couple (Spec(𝒪Θ,ξ),ξ)Specsubscript𝒪Θ𝜉𝜉(\mathrm{Spec}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi}),\xi) est parafactoriel. Donc le faisceau inversible 𝒬|Spec(𝒪Θ,ξ){ξ}evaluated-at𝒬Specsubscript𝒪Θ𝜉𝜉\mathcal{Q}|_{\mathrm{Spec}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})-\{\xi\}} est trivial. Compte tenu de la propriété de profondeur de 𝒬𝒬\mathcal{Q} en ξ𝜉\xi, on en déduit que 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible en ξ𝜉\xi, d’où une contradiction. Montrons (2), supposons que dim(𝒪Θ,ξ)<1dimsubscript𝒪Θ𝜉1\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})<1, alors dim(𝒪Θs,ξ)dim(𝒪Θ,ξ)=0dimsubscript𝒪subscriptΘ𝑠𝜉dimsubscript𝒪Θ𝜉0\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta_{s},\xi})\leq\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{\Theta,\xi})=0. Donc ξ𝜉\xi est un point générique de ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s}. Or ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} est géométriquement réduit, 𝒬ssubscript𝒬𝑠\mathcal{Q}_{s} est génériquement inversible sur ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} en ξ𝜉\xi en vertu du critère de lissité (lemme 2.2.1, utilisé dans le sens trivial) dans chapitre 222, donc 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible sur ΘΘ\Theta en ξ𝜉\xi (1.1), d’où une contradiction. Un raisonnement similaire nous montre (3). Ceci finit la preuve.

Proposition 9.

Soit X/k𝑋𝑘X/k une courbe lisse de genre g4𝑔4g\geq 4. Alors 𝒬𝒬\mathcal{Q} n’est pas inversible. En particulier, ΘΘ\Theta est singulier, et le lieu singulier est de codimension 3absent3\leq 3 dans ΘΘ\Theta.

Proof 1.2.

D’après la proposition précédente et le critère de lissité (2.2.1), il suffit de montrer que W𝑊W\neq\emptyset, et il suffit donc de traiter le cas où X/k𝑋𝑘X/k est générique. On raisonne par l’absurde. Sinon 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible sur ΘΘ\Theta. Comme g4𝑔4g\geq 4, le morphisme naturel Pic(J1)Pic(Θ)Picsubscript𝐽1PicΘ\mathrm{Pic}(J_{1})\rightarrow\mathrm{Pic}(\Theta) est un isomorphisme ([13] Exposé XII, corollaire 3.16). Donc 𝒬𝒬\mathcal{Q} provient d’un faisceau inversible \mathcal{L} sur J1subscript𝐽1J_{1}. Comme (1Θ)𝒬𝒬ωΘsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscriptsubscript1Θ𝒬𝒬subscript𝜔Θ(-1_{\Theta})^{\ast}\mathcal{Q}\otimes\mathcal{Q}\simeq\omega_{\Theta}, on obtient que (1)𝒪J1(Θ)similar-to-or-equalstensor-productsuperscript1subscript𝒪subscript𝐽1Θ(-1)^{\ast}\mathcal{L}\otimes\mathcal{L}\simeq\mathcal{O}_{J_{1}}(\Theta). Par ailleurs, on a la suite exacte suivante:

0𝒪J1(Θ)𝒪J1𝒪Θ0,0subscript𝒪subscript𝐽1Θsubscript𝒪subscript𝐽1subscript𝒪Θ00\rightarrow\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\rightarrow\mathcal{O}_{J_{1}}\rightarrow\mathcal{O}_{\Theta}\rightarrow 0,

d’où la suite exacte

0𝒪J1(Θ)𝒬0.(1)0\rightarrow\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L}\rightarrow\mathcal{L}\rightarrow\mathcal{Q}\rightarrow 0.\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ (1)

Comme X𝑋X est une courbe générique, le groupe de Néron-Severi NS(J1)𝐙similar-to-or-equalsNSsubscript𝐽1𝐙\mathrm{NS}(J_{1})\simeq\mathbf{Z} avec la classe du diviseur thêta classique ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} comme générateur ([27]). Supposons que \mathcal{L} est algébriquement équivalent à 𝒪J1(rΘclass)subscript𝒪subscript𝐽1𝑟subscriptΘclass\mathcal{O}_{J_{1}}(r\cdot\Theta_{\mathrm{class}}) pour un entier r𝐙𝑟𝐙r\in\mathbf{Z}, alors (1)superscript1(-1)^{\ast}\mathcal{L} est algébriquement équivalent à 𝒪J1(rΘclass)subscript𝒪subscript𝐽1𝑟subscriptΘclass\mathcal{O}_{J_{1}}(r\cdot\Theta_{\mathrm{class}}), donc 2r=p12𝑟𝑝12r=p-1, d’où une contradiction dans le cas où p=2𝑝2p=2. Supposons désormais p3𝑝3p\geq 3, alors r=(p1)/2𝑟𝑝12r=(p-1)/2. Donc (𝒪J1(Θ))1superscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ1(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})^{-1} et \mathcal{L} sont amples. Appliquant la transformation de Fourier-Mukai à la suite exacte (1) ci-dessus, et puisque J1subscript𝐽1J_{1} est de dimension g4𝑔4g\geq 4, on obtient une suite exacte:

0=0(𝒪J1(Θ))00𝒬1(𝒪J1(Θ))=0.0superscript0tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θsuperscript0superscript0𝒬superscript1tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ00=\mathcal{F}^{0}(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})\rightarrow\mathcal{F}^{0}\mathcal{L}\rightarrow\mathcal{F}^{0}\mathcal{Q}\rightarrow\mathcal{F}^{1}(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})=0.

En particulier, 0(𝒬)0superscript0𝒬0\mathcal{F}^{0}(\mathcal{Q})\neq 0. Or par la propriété de la transformation de Fourier-Mukai ([28] theorem 2.2), (B)=(𝒬)[1](1)B[g]𝐵𝒬delimited-[]1similar-to-or-equalssuperscript1𝐵delimited-[]𝑔\mathcal{F}\circ\mathcal{F}(B)=\mathcal{F}(\mathcal{Q})[-1]\simeq(-1)^{\ast}B[-g]. Donc (𝒬)=(1)B[1g]𝒬superscript1𝐵delimited-[]1𝑔\mathcal{F}(\mathcal{Q})=(-1)^{\ast}B[1-g]. Puisque g4𝑔4g\geq 4, 0(𝒬)=0superscript0𝒬0\mathcal{F}^{0}(\mathcal{Q})=0, d’où une contradiction.

1.2.9 Les sous-fibrés de B𝐵B.

Cette section est consacrée à l’étude des sous-fibrés de B𝐵B, en particulier, on donne une nouvelle preuve du fait que B𝐵B est un fibré vectoriel stable lorsque g2𝑔2g\geq 2, qui est plus directe que celle de Joshi ([21]).

Dans cette section, k𝑘k désigne un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0.

La stabilité de B𝐵B pour g2𝑔2g\geq 2.

L’existence du diviseur thêta entraîne déjà la semi-stabilité du fibré vectoriel B𝐵B pour une courbe X/k𝑋𝑘X/k lisse de genre g1𝑔1g\geq 1. De plus, si le diviseur thêta ΘΘ\Theta (pour B𝐵B) est géométriquement intègre, le fibré B𝐵B est alors stable. Mais, on ignore si ΘΘ\Theta est intègre en toute généralité. K. Joshi a donné une preuve directe de la stabilité de B𝐵B dans [21]. On donne ci-après une nouvelle preuve, qui fournit aussi une borne naturelle sur la pente des sous-fibrés de B𝐵B.

Lemma 1.1.

Soient K𝐾K un corps de caractéristique p𝑝p, Ksuperscript𝐾K^{\prime} une extension radicielle de degré p𝑝p. Posons E=K/K𝐸superscript𝐾𝐾E=K^{\prime}/K, qui est donc un K𝐾K-espace vectoriel de dimension p1𝑝1p-1. Soit I𝐼I le noyau du morphisme KKKKsubscripttensor-product𝐾superscript𝐾superscript𝐾superscript𝐾K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow K^{\prime} défini par ababmaps-totensor-product𝑎𝑏𝑎𝑏a\otimes b\mapsto ab.

(1): L’application K𝐾K-linéaire composée ϕ:IKKKEKK:italic-ϕ𝐼subscripttensor-product𝐾superscript𝐾superscript𝐾subscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾\phi:I\rightarrow K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow E\otimes_{K}K^{\prime} est bijective (ici, pour α=abKKK𝛼tensor-product𝑎𝑏subscripttensor-product𝐾superscript𝐾superscript𝐾\alpha=a\otimes b\in K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime}, et λK𝜆superscript𝐾\lambda\in K^{\prime}, αλ:=aλbassign𝛼𝜆tensor-product𝑎𝜆𝑏\alpha\cdot\lambda:=a\otimes\lambda b).

(2): Notons Fili=ϕ(Ii+1)subscriptFil𝑖italic-ϕsuperscript𝐼𝑖1\mathrm{Fil}_{i}=\phi(I^{i+1}) pour i=0,,p1𝑖0𝑝1i=0,\cdots,p-1, les FilisubscriptFil𝑖\mathrm{Fil}_{i} forment une filtration décroissante de EKKsubscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾E\otimes_{K}K^{\prime}:

0=Filp1Filp2Fil1Fil0=EKK.0subscriptFil𝑝1subscriptFil𝑝2subscriptFil1subscriptFil0subscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾0=\mathrm{Fil}_{p-1}\subset\mathrm{Fil}_{p-2}\subset\cdots\subset\mathrm{Fil}_{1}\subset\mathrm{Fil}_{0}=E\otimes_{K}K^{\prime}.

Soit VE𝑉𝐸V\subset E un K𝐾K-sous-espace de E𝐸E de dimension n𝑛n, alors le morphisme naturel VKKEKK(EKK)/Filnsubscripttensor-product𝐾𝑉superscript𝐾subscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾subscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾subscriptFil𝑛V\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow E\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow(E\otimes_{K}K^{\prime})/\mathrm{Fil}_{n} est injectif.

Proof 1.2.

(1): Soient eE=K/K𝑒𝐸superscript𝐾𝐾e\in E=K^{\prime}/K un élément non nul de E𝐸E, e~~𝑒\widetilde{e} un relèvement de e𝑒e dans Ksuperscript𝐾K^{\prime}. Considérons e~11e~Itensor-product~𝑒1tensor-product1~𝑒𝐼\widetilde{e}\otimes 1-1\otimes\widetilde{e}\in I, alors ϕ(e~11e~)=e1italic-ϕtensor-product~𝑒1tensor-product1~𝑒tensor-product𝑒1\phi(\widetilde{e}\otimes 1-1\otimes\widetilde{e})=e\otimes 1. Donc ϕitalic-ϕ\phi est surjectif. Or, vu comme Ksuperscript𝐾K^{\prime}-espace vectoriel, I𝐼I et EKKsubscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾E\otimes_{K}K^{\prime} sont de dimension p1𝑝1p-1, ce qui implique que le morphisme surjectif ϕitalic-ϕ\phi est en fait bijectif.

(2) Clairement, les FilisubscriptFil𝑖\mathrm{Fil}_{i} (1ip1𝑖𝑝1\leq i\leq p) forment une filtration décroissante de EKKsubscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾E\otimes_{K}K^{\prime}. Il reste à vérifier la deuxième assertion. On raisonne par récurrence sur n𝑛n. Commençons avec le cas où n=1𝑛1n=1. Soient eE=K/K𝑒𝐸superscript𝐾𝐾e\in E=K^{\prime}/K un élément non nul, e~K~𝑒superscript𝐾\tilde{e}\in K^{\prime} un relèvement de e𝑒e dans Ksuperscript𝐾K^{\prime}. Alors il engendre Ksuperscript𝐾K^{\prime} comme K𝐾K-algèbre. Comme ϕ1(e~1)=e~11e~superscriptitalic-ϕ1tensor-product~𝑒1tensor-product~𝑒1tensor-product1~𝑒\phi^{-1}(\tilde{e}\otimes 1)=\tilde{e}\otimes 1-1\otimes\tilde{e}, il s’agit de montrer e~I2~𝑒superscript𝐼2\tilde{e}\notin I^{2}. Puisque e~~𝑒\tilde{e} est un générateur de Ksuperscript𝐾K^{\prime} comme K𝐾K-algèbre, les éléments e~i11e~i(1ip1)tensor-productsuperscript~𝑒𝑖1tensor-product1superscript~𝑒𝑖1𝑖𝑝1\tilde{e}^{i}\otimes 1-1\otimes\tilde{e}^{i}\leavevmode\nobreak\ (1\leq i\leq p-1) forment une Ksuperscript𝐾K^{\prime} base de I𝐼I. Si e~11e~I2tensor-product~𝑒1tensor-product1~𝑒superscript𝐼2\tilde{e}\otimes 1-1\otimes\tilde{e}\in I^{2}, ceci implique que e~i1e~i(e~11e~)(KKK)I2\tilde{e}^{i}\otimes-1\otimes\tilde{e}^{i}\in(\tilde{e}\otimes 1-1\otimes\tilde{e})(K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime})\subset I^{2}. On obtient donc I2=Isuperscript𝐼2𝐼I^{2}=I, ce qui implique que I=0𝐼0I=0, d’où une contradiction. Supposons ensuite que l’assertion est vérifiée pour 0nr0𝑛𝑟0\leq n\leq r avec r0𝑟0r\geq 0 un entier. Soit {e1,,er+1}subscript𝑒1subscript𝑒𝑟1\{e_{1},\cdots,e_{r+1}\} une K𝐾K-base de E𝐸E. Soit ei~~subscript𝑒𝑖\widetilde{e_{i}} un relèvement de eisubscript𝑒𝑖e_{i} dans Ksuperscript𝐾K^{\prime}. Comme Ksuperscript𝐾K^{\prime} est une extension de degré p𝑝p, e1~~subscript𝑒1\widetilde{e_{1}} est un générateur de Ksuperscript𝐾K^{\prime} comme K𝐾K-algèbre. Posons t=e1~𝑡~subscript𝑒1t=\widetilde{e_{1}}. Les ei~~subscript𝑒𝑖\widetilde{e_{i}} pour i>1𝑖1i>1 peuvent donc s’écrire sous la forme ei~=Pi(t)~subscript𝑒𝑖subscript𝑃𝑖𝑡\widetilde{e_{i}}=P_{i}(t) avec Pi(T)K[T]subscript𝑃𝑖𝑇𝐾delimited-[]𝑇P_{i}(T)\in K[T] un polynôme de degré 2dip12subscript𝑑𝑖𝑝12\leq d_{i}\leq p-1. Quitte à changer la base {ei}subscript𝑒𝑖\{e_{i}\} de V𝑉V, on peut supposer que les disubscript𝑑𝑖d_{i} sont deux à deux distincts. Soit e=i=1r+1eiλi𝑒superscriptsubscript𝑖1𝑟1subscript𝑒𝑖subscript𝜆𝑖e=\sum_{i=1}^{r+1}e_{i}\lambda_{i} un élément de EKKsubscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾E\otimes_{K}K^{\prime} qui est dans le noyau du morphisme naturel VKK(EKK)/Filr+1subscripttensor-product𝐾𝑉superscript𝐾subscripttensor-product𝐾𝐸superscript𝐾subscriptFil𝑟1V\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow(E\otimes_{K}K^{\prime})/\mathrm{Fil}_{r+1}. Par hypothèse de récurrence, on peut supposer que λ10subscript𝜆10\lambda_{1}\neq 0. ϕ1(e)=i=1r+1(ei11ei)λisuperscriptitalic-ϕ1𝑒superscriptsubscript𝑖1𝑟1tensor-productsubscript𝑒𝑖1tensor-product1subscript𝑒𝑖subscript𝜆𝑖\phi^{-1}(e)=\sum_{i=1}^{r+1}(e_{i}\otimes 1-1\otimes e_{i})\lambda_{i} peut donc s’écrire sous la forme suivante:

ϕ1(e)=j=1m(k=1r+2(ak11ak))μjsuperscriptitalic-ϕ1𝑒superscriptsubscript𝑗1𝑚superscriptsubscriptproduct𝑘1𝑟2tensor-productsubscript𝑎𝑘1tensor-product1subscript𝑎𝑘subscript𝜇𝑗\phi^{-1}(e)=\sum_{j=1}^{m}\left(\prod_{k=1}^{r+2}(a_{k}\otimes 1-1\otimes a_{k})\right)\cdot\mu_{j}

avec des akKsubscript𝑎𝑘superscript𝐾a_{k}\in K^{\prime} Soit :KK:superscript𝐾superscript𝐾\partial:K^{\prime}\rightarrow K^{\prime} la K𝐾K-dérivation telle que (t)=1𝑡1\partial(t)=1. Alors \partial s’étend par extension des scalaires en une Ksuperscript𝐾K^{\prime}-dérivation K:KKKKKK:tensor-productsuperscript𝐾subscripttensor-product𝐾superscript𝐾superscript𝐾subscripttensor-product𝐾superscript𝐾superscript𝐾\partial\otimes K^{\prime}:K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime}\rightarrow K^{\prime}\otimes_{K}K^{\prime}. En appliquant Ktensor-productsuperscript𝐾\partial\otimes K^{\prime}, on obtient que (K)(e)Ir+1tensor-productsuperscript𝐾𝑒superscript𝐼𝑟1(\partial\otimes K^{\prime})(e)\in I^{r+1}. D’ailleurs, (K)(e)=λ1+i=2r+1Pi(t)λitensor-productsuperscript𝐾𝑒subscript𝜆1superscriptsubscript𝑖2𝑟1tensor-productsubscriptsuperscript𝑃𝑖𝑡subscript𝜆𝑖(\partial\otimes K^{\prime})(e)=\lambda_{1}+\sum_{i=2}^{r+1}P^{\prime}_{i}(t)\otimes\lambda_{i}. Donc ϕ((K)(e))=i=2r+1Pi(t)¯λiitalic-ϕtensor-productsuperscript𝐾𝑒superscriptsubscript𝑖2𝑟1tensor-product¯subscriptsuperscript𝑃𝑖𝑡subscript𝜆𝑖\phi((\partial\otimes K^{\prime})(e))=\sum_{i=2}^{r+1}\overline{P^{\prime}_{i}(t)}\otimes\lambda_{i} (où Pi(t)¯¯superscriptsubscript𝑃𝑖𝑡\overline{P_{i}^{\prime}(t)} désigne la réduction de Pi(t)superscriptsubscript𝑃𝑖𝑡P_{i}^{\prime}(t) modulo K𝐾K). Comme les Pi[T]subscriptsuperscript𝑃𝑖delimited-[]𝑇P^{\prime}_{i}[T] sont des polynômes de degré 1dip11superscriptsubscript𝑑𝑖𝑝11\leq d_{i}^{\prime}\leq p-1, et les disuperscriptsubscript𝑑𝑖d_{i}^{\prime} sont deux à deux distincts, les Pi[t]¯¯superscriptsubscript𝑃𝑖delimited-[]𝑡\overline{P_{i}^{\prime}[t]} (pour 2ir+12𝑖𝑟12\leq i\leq r+1) engendrent un K𝐾K-sous-espace de dimension r𝑟r. On a donc λ2==λr+1=0subscript𝜆2subscript𝜆𝑟10\lambda_{2}=\cdots=\lambda_{r+1}=0 en vertu de l’hypothèse de récurrence. Finalement e1Filr+1Fil1subscript𝑒1subscriptFil𝑟1subscriptFil1e_{1}\in\mathrm{Fil}_{r+1}\subset\mathrm{Fil}_{1}, d’où une contradiction.

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, X𝑋X une courbe propre lisse connexe sur k𝑘k. Comme d’habitude, soit X1subscript𝑋1X_{1} l’image réciproque de X𝑋X par le Frobenius absolu de Spec(k)Spec𝑘\mathrm{Spec}(k), F:XX1:𝐹𝑋subscript𝑋1F:X\rightarrow X_{1} le Frobenius relatif. Alors FBsuperscript𝐹𝐵F^{\ast}B admet une filtration canonique décroissante. Rappelons la construction donnée dans [38]. Considérons le diagramme cartésien:

X×X1Xp1p2XFXFX1.subscriptsubscript𝑋1𝑋𝑋subscript𝑝1subscript𝑝2𝑋𝐹𝑋𝐹subscript𝑋1\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 20.40884pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-20.40884pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\times_{X_{1}}X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 28.0479pt\raise 5.1875pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.8264pt\hbox{$\scriptstyle{p_{1}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 45.80884pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-19.60387pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-0.8264pt\hbox{$\scriptstyle{p_{2}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-29.37444pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 45.80884pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 53.34355pt\raise-19.60387pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.39166pt\hbox{$\scriptstyle{F}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 53.34355pt\raise-29.37444pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-7.53471pt\raise-39.20775pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 20.93497pt\raise-33.81609pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.39166pt\hbox{$\scriptstyle{F}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 44.40884pt\raise-39.20775pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 44.40884pt\raise-39.20775pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{X_{1}}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

L’image réciproque de la suite exacte

0𝒪X1F𝒪XB00subscript𝒪subscript𝑋1subscript𝐹subscript𝒪𝑋𝐵00\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow F_{\ast}\mathcal{O}_{X}\rightarrow B\rightarrow 0

par F𝐹F donne la suite exacte suivante:

0𝒪Xp1,(𝒪X×X1X)FB0.0subscript𝒪𝑋subscript𝑝1subscript𝒪subscriptsubscript𝑋1𝑋𝑋superscript𝐹𝐵00\rightarrow\mathcal{O}_{X}\rightarrow p_{1,\ast}(\mathcal{O}_{X\times_{X_{1}}X})\rightarrow F^{\ast}B\rightarrow 0.

Mais X×X1Xsubscriptsubscript𝑋1𝑋𝑋X\times_{X_{1}}X est le voisinage infinitésimal d’ordre p1𝑝1p-1 de la diagonale de X×kXsubscript𝑘𝑋𝑋X\times_{k}X et F(B)superscript𝐹𝐵F^{\ast}(B) est l’idéal augmentation définissant la diagonale X𝑋X. Par suite, FBsuperscript𝐹𝐵F^{\ast}B admet une filtration canonique par des sous-fibrés sur X𝑋X:

0=BpBp1B1B0=B,0subscript𝐵𝑝subscript𝐵𝑝1subscript𝐵1subscript𝐵0𝐵0=B_{p}\subset B_{p-1}\subset\cdots\subset B_{1}\subset B_{0}=B,

de quotients successifs Bi/Bi+1ΩX1/kisimilar-to-or-equalssubscript𝐵𝑖subscript𝐵𝑖1subscriptsuperscriptΩsuperscripttensor-product𝑖subscript𝑋1𝑘B_{i}/B_{i+1}\simeq\Omega^{\otimes^{i}}_{X_{1}/k}. En particulier, si g2𝑔2g\geq 2, FBsuperscript𝐹𝐵F^{\ast}B n’est pas semi-stable.

Theorem 1.3.

Soit VB𝑉𝐵V\subset B un sous-faisceau cohérent de rang r𝑟r de B𝐵B. Alors FVsuperscript𝐹𝑉F^{\ast}V se plonge dans FB/Brsuperscript𝐹𝐵subscript𝐵𝑟F^{\ast}B/B_{r} via le morphisme naturel FVFBFB/Brsuperscript𝐹𝑉superscript𝐹𝐵superscript𝐹𝐵subscript𝐵𝑟F^{\ast}V\rightarrow F^{\ast}B\rightarrow F^{\ast}B/B_{r}. Et par suite, deg(V)r(r+1)(g1)pdeg𝑉𝑟𝑟1𝑔1𝑝\mathrm{deg}(V)\leq\frac{r(r+1)(g-1)}{p}.

Proof 1.4.

Comme X𝑋X est une courbe réduite, et que V𝑉V est un fibré sur X1subscript𝑋1X_{1}, il suffit de montrer que le morphisme FVFB/Bnsuperscript𝐹𝑉superscript𝐹𝐵subscript𝐵𝑛F^{\ast}V\rightarrow F^{\ast}B/B_{n} est injectif en point générique de X1subscript𝑋1X_{1}, ce qui résulte du lemme précédent.

Corollary 1.5.

Le fibré vectoriel B𝐵B est stable pour g2𝑔2g\geq 2.

Proof 1.6.

Soit V𝑉V un sous-fibré de rang rp2𝑟𝑝2r\leq p-2 de B𝐵B. D’après le théorème ci-dessus, on sait que deg(V)r(r+1)(g1)pdeg𝑉𝑟𝑟1𝑔1𝑝\mathrm{deg}(V)\leq\frac{r(r+1)(g-1)}{p}. Notons λ(V)𝜆𝑉\lambda(V) la pente de V𝑉V. Comme g2𝑔2g\geq 2, on a λ(V)(r+1)(g1)p(p1)(g1)p<g1𝜆𝑉𝑟1𝑔1𝑝𝑝1𝑔1𝑝𝑔1\lambda(V)\leq\frac{(r+1)(g-1)}{p}\leq\frac{(p-1)(g-1)}{p}<g-1. D’où le résultat.

Utilisation des puissances symétriques.

Soit LB𝐿𝐵L\subset B un sous-faisceau inversible de B𝐵B, on va construire des sous-faisceaux de B𝐵B de rang supérieur à l’aide de la structure multiplicative de F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}). Soit π:F(𝒪X)B:𝜋subscript𝐹subscript𝒪𝑋𝐵\pi:F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\rightarrow B le morphisme de quotient, et soit E=π1(L)F(𝒪X)𝐸superscript𝜋1𝐿subscript𝐹subscript𝒪𝑋E=\pi^{-1}(L)\subset F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}), qui est un sous-faisceau de rang 222 de F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) sur X1subscript𝑋1X_{1}. On a une suite exacte

0𝒪X1EL00subscript𝒪subscript𝑋1𝐸𝐿0\displaystyle 0\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow E\rightarrow L\rightarrow 0 (1)

E𝐸E est un fibré vectoriel de rang 222 sur X1subscript𝑋1X_{1}. Or F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) est un faisceau en algèbres, la structure multiplicative nous donne une flèche Sym𝒪X1iEF(𝒪X)subscriptsuperscriptSym𝑖subscript𝒪subscript𝑋1𝐸subscript𝐹subscript𝒪𝑋\mathrm{Sym}^{i}_{\mathcal{O}_{X_{1}}}E\rightarrow F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}), qui est une injection pour 0ip10𝑖𝑝10\leq i\leq p-1. Notons Eisubscript𝐸𝑖E_{i} l’image de Sym𝒪XiEsubscriptsuperscriptSym𝑖subscript𝒪𝑋𝐸\mathrm{Sym}^{i}_{\mathcal{O}_{X}}E dans F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}), qui est donc un sous-faisceau de rang i+1𝑖1i+1. D’où une filtration de F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) par ses sous-faisceaux

0E0E1E2Ep1F(𝒪X)0subscript𝐸0subscript𝐸1subscript𝐸2subscript𝐸𝑝1subscript𝐹subscript𝒪𝑋0\subset E_{0}\subset E_{1}\subset E_{2}\subset\cdots\subset E_{p-1}\subset F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})

de quotients successifs Ei/Ei1Li(0ip1)similar-to-or-equalssubscript𝐸𝑖subscript𝐸𝑖1superscript𝐿superscripttensor-product𝑖0𝑖𝑝1E_{i}/E_{i-1}\simeq L^{\otimes^{i}}\leavevmode\nobreak\ (0\leq i\leq p-1). Par passage au quotient, on obtient des sous-faisceaux i:=π(Ei)assignsubscript𝑖𝜋subscript𝐸𝑖\mathcal{F}_{i}:=\pi(E_{i}) de B𝐵B et une filtration

0=01(=L)2p1B0subscript0annotatedsubscript1absent𝐿subscript2subscript𝑝1𝐵0=\mathcal{F}_{0}\subset\mathcal{F}_{1}(=L)\subset\mathcal{F}_{2}\subset\cdots\subset\mathcal{F}_{p-1}\subset B

de quotients successifs i/i1Li(1ip1)similar-to-or-equalssubscript𝑖subscript𝑖1superscript𝐿superscripttensor-product𝑖1𝑖𝑝1\mathcal{F}_{i}/\mathcal{F}_{i-1}\simeq L^{\otimes^{i}}(1\leq i\leq p-1)

Courbes de Tango.

On va donner des exemples de courbes qui montrent que la borne donnée ci-dessus pour les degrés des sous-faisceaux de B𝐵B est la meilleure possible.

Definition 1.7.

Une courbe lisse connexe X/k𝑋𝑘X/k est dite de Tango s’il existe un sous-fibré inversible L𝐿L de B𝐵B avec pdeg(L)=2g2𝑝deg𝐿2𝑔2p\cdot\mathrm{deg}(L)=2g-2.

Lemma 1.8 ([45] lemme 12).

Pour qu’il existe un diviseur D𝐷D sur X1subscript𝑋1X_{1} tel que =𝒪X1(D)subscript𝒪subscript𝑋1𝐷\mathcal{L}=\mathcal{O}_{X_{1}}(D) soit un sous-faisceau de B𝐵B, il faut et il suffit qu’il existe fK𝑓𝐾f\in K avec div(df)pDdiv𝑑𝑓𝑝𝐷\mathrm{div}(df)\geq pD et df0𝑑𝑓0df\neq 0 (où K𝐾K est le corps de fonctions de X1subscript𝑋1X_{1}).

Corollary 1.9.

Une courbe X/k𝑋𝑘X/k est de Tango si et seulement s’il existe un diviseur D𝐷D sur X1subscript𝑋1X_{1} et une fK𝑓𝐾f\in K avec div(df)=pDdiv𝑑𝑓𝑝𝐷\mathrm{div}(df)=pD et df0𝑑𝑓0df\neq 0.

Example 1.10.

On se place sur un corps k𝑘k de caractéristique 333. Soit 𝐏=𝐏k1𝐏superscriptsubscript𝐏𝑘1\mathbf{P}=\mathbf{P}_{k}^{1} la droite projective et 𝐀=𝐀k1𝐀superscriptsubscript𝐀𝑘1\mathbf{A}=\mathbf{A}_{k}^{1} l’ouvert droite affine de coordonnée t𝑡t. Soit d>0𝑑0d>0 un entier pair. Considérons un polynôme de degré 3d3𝑑3d en t𝑡t, F3dsubscript𝐹3𝑑F_{3d}, dont la dérivée F3dsuperscriptsubscript𝐹3𝑑F_{3d}^{\prime} a 3d23𝑑23d-2 racines simples. Par exemple t3dt3d1+tsuperscript𝑡3𝑑superscript𝑡3𝑑1𝑡t^{3d}-t^{3d-1}+t. Soient aisubscript𝑎𝑖a_{i} les racines simples de F3dsuperscriptsubscript𝐹3𝑑F_{3d}^{\prime}. Soit X𝑋X la courbe hyperelliptique, d’équation y2=F3dsuperscript𝑦2superscriptsubscript𝐹3𝑑y^{2}=F_{3d}^{\prime}. Notons π:X𝐏:𝜋𝑋𝐏\pi:X\rightarrow\mathbf{P} le revêtement double et bisubscript𝑏𝑖b_{i} le point de X𝑋X au-dessus de aisubscript𝑎𝑖a_{i}. Comme d𝑑d est pair, {bi}subscript𝑏𝑖\{b_{i}\} est l’ensemble des points de ramification de π𝜋\pi, et X𝑋X est de genre (3d4)/23𝑑42(3d-4)/2. Soit Gdsubscript𝐺𝑑G_{d} un polynôme en t𝑡t de degré d𝑑d, disons à racines simples cjsubscript𝑐𝑗c_{j} distinctes des aisubscript𝑎𝑖a_{i} (mais ce n’est pas important). La fonction rationnelle f:=F3d/(Gd)3assign𝑓subscript𝐹3𝑑superscriptsubscript𝐺𝑑3f:=F_{3d}/(G_{d})^{3} a pour différentielle df𝑑𝑓df, de diviseur iai3jcjsubscript𝑖subscript𝑎𝑖3subscript𝑗subscript𝑐𝑗\sum_{i}a_{i}-3\sum_{j}c_{j}. Calculée sur X𝑋X, df𝑑𝑓df a pour diviseur 3(ibiπ1(jcj))3subscript𝑖subscript𝑏𝑖superscript𝜋1subscript𝑗subscript𝑐𝑗3(\sum_{i}b_{i}-\pi^{-1}(\sum_{j}c_{j})) (rappelons que π𝜋\pi n’est pas ramifié au-dessus de 𝐏𝐏\infty\in\mathbf{P}). Notons M:=𝒪X(ibiπ1(jcj))assign𝑀subscript𝒪𝑋subscript𝑖subscript𝑏𝑖superscript𝜋1subscript𝑗subscript𝑐𝑗M:=\mathcal{O}_{X}(\sum_{i}b_{i}-\pi^{-1}(\sum_{j}c_{j})). Alors X𝑋X est de Tango avec M𝑀M le faisceau inversible sur X𝑋X tel que pdeg(M)=2g2𝑝deg𝑀2𝑔2p\cdot\mathrm{deg}(M)=2g-2. On renvoie à [41] pour un autre exemple de courbe de Tango qui utilise le revêtement d’Artin-Schreier de la droite affine.

Remark 1.11.

Soient X/k𝑋𝑘X/k une courbe de Tango, L𝐿L un sous-fibré inversible de B𝐵B tel que pdeg(L)=2g2𝑝deg𝐿2𝑔2p\cdot\mathrm{deg}(L)=2g-2. En utilisant les puissances symétriques, on voit qu’il existe des sous-faisceaux i(0ip1)subscript𝑖0𝑖𝑝1\mathcal{F}_{i}\leavevmode\nobreak\ (0\leq i\leq p-1) de B𝐵B:

0=01(=L)2p1B0subscript0annotatedsubscript1absent𝐿subscript2subscript𝑝1𝐵0=\mathcal{F}_{0}\subset\mathcal{F}_{1}(=L)\subset\mathcal{F}_{2}\subset\cdots\subset\mathcal{F}_{p-1}\subset B

de quotients successifs i/i1Li(1ip1)similar-to-or-equalssubscript𝑖subscript𝑖1superscript𝐿superscripttensor-product𝑖1𝑖𝑝1\mathcal{F}_{i}/\mathcal{F}_{i-1}\simeq L^{\otimes^{i}}(1\leq i\leq p-1), les isubscript𝑖\mathcal{F}_{i} sont de rang i𝑖i et de degré deg(i)=i(i+1)deg(L)2p=i(i+1)(g1)pdegsubscript𝑖𝑖𝑖1deg𝐿2𝑝𝑖𝑖1𝑔1𝑝\mathrm{deg}(\mathcal{F}_{i})=\frac{i(i+1)\mathrm{deg}(L)}{2p}=\frac{i(i+1)(g-1)}{p}.

Utilisation d’un résultat d’Hirschowitz.

Rappelons le théorème suivant dû à Hirschowitz.

Theorem 1.12 (Hirschowitz, [19] théorème 4.4).

Soient X/k𝑋𝑘X/k une courbe lisse connexe de genre g2𝑔2g\geq 2, F𝐹F un fibré vectoriel stable générique de pente g1𝑔1g-1. Alors F𝐹F contient un sous-faisceau inversible de degré δ𝛿\delta dès que δ(g1)/(p1)𝛿𝑔1𝑝1\delta\leq(g-1)/(p-1).

Ceci étant, par déformation et spécialisation, tout fibré vectoriel de pente g1𝑔1g-1 sur X1subscript𝑋1X_{1} contient un sous-faisceau inversible de degré δ𝛿\delta pour δ(g1)/(p1)𝛿𝑔1𝑝1\delta\leq(g-1)/(p-1).

Suivant Tango [45], on note n(X)𝑛𝑋n(X) le degré maximal d’un sous-fibré inversibles de B𝐵B, on a donc:

Proposition 10.

g1p1n(X)2g2p𝑔1𝑝1𝑛𝑋2𝑔2𝑝\frac{g-1}{p-1}\leq n(X)\leq\frac{2g-2}{p}.

1.3 Questions sur le diviseur thêta

Soit X𝑋X une courbe propre, lisse, connexe, de genre g2𝑔2g\geq 2, définie sur un corps k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. On rassemble dans ce §§\S quelques questions qui se posent naturellement dans l’étude géométrique et arithmétique de ΘΘ\Theta (aussi [40] §§\S 1.4).

Question 1.3.1.

Le diviseur ΘΘ\Theta est-il intègre?

A défaut d’être irréductible, on peut se demander:

Question 1.3.2.

Le diviseur ΘΘ\Theta est-il réduit?

Si ΘΘ\Theta n’est pas irréductible, il y a lieu de répartir les composantes irréductibles en deux types:

Definition 11.

Soit ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} une composante irréductible de ΘΘ\Theta, on dit que ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} est principale, si Θiker(V)subscriptΘ𝑖kernel𝑉\Theta_{i}\cap\ker(V)\neq\emptyset (où V:J1J:𝑉subscript𝐽1𝐽V:J_{1}\rightarrow J est le Verschiebung de J𝐽J). Sinon, on dit que ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} est secondaire.

D’après la propriété de Dirac (§§\S 1.2.7), on sait que ΘΘ\Theta contient des composantes principales.

Question 1.3.3.

Le diviseur ΘΘ\Theta peut-il avoir des composantes secondaires?

En étudiant les liens entre ΘΘ\Theta et le groupe fondamental de X𝑋X, les questions suivantes se présentent:

Question 1.3.4.

Toute composante ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de ΘΘ\Theta est-elle ample?

A défaut d’être ample, on peut se demander

Question 1.3.5.

Le diviseur ΘΘ\Theta peut-il avoir des composantes irréductibles qui sont des translatés de sous-variétés abéliennes de J1subscript𝐽1J_{1}?

On peut aussi s’intéresser à la propriété de Dirac:

Question 1.3.6.

Etant donnée une variété abélienne principalement polarisée par une polarisation τ𝜏\tau, existe-t-il au plus un diviseur positif algébriquement équivalent à (p1)τ𝑝1𝜏(p-1)\tau qui satisfait à la propriété de Dirac?

Les résultats suivants sont maintenant connus. D’abord, on sait que si p=2𝑝2p=2, le diviseur ΘΘ\Theta est intègre et normal (§§\S 1.2.2). Supposons p3𝑝3p\geq 3, alors

  • Le diviseur ΘΘ\Theta est normal si X𝑋X est une courbe générale (théorème 3.2.2 et théorème 3.2.3), mais pas nécessairement normal si X𝑋X est spéciale (§§\S 4.1.3).

  • ΘΘ\Theta possède au moins une composante principale qui n’est pas un translaté d’une sous-variété abélienne ([40] prop. 1.2.1).

  • Si p=3𝑝3p=3, le diviseur ΘΘ\Theta est réduit (§§\S 4.1.2), et ne possède pas de composante qui soit le translatés d’une sous-variété abélienne (§§\S 4.1.3).

  • Si p=3𝑝3p=3 et g=2𝑔2g=2, ΘΘ\Theta est intègre (théorème 4.1 ).

  • Si g=2𝑔2g=2, et X𝑋X est ordinaire, toute composante de ΘΘ\Theta est ample (corollaire 4.4).

2 Etude différentielle du diviseur thêta

Dans ce chapitre, k𝑘k désigne un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0.

2.1 Rappel des résultats de Laszlo

Soit X/k𝑋𝑘X/k une courbe lisse connexe de genre g𝑔g, E𝐸E un fibré vectoriel sur X𝑋X de pente g1𝑔1g-1 et de rang r𝑟r avec h0(X,E)0superscript0𝑋𝐸0h^{0}(X,E)\neq 0. Soit \mathcal{E} une déformation verselle de E𝐸E sur une base S𝑆S, en particulier, S𝑆S est un schéma local essentiellement lisse sur k𝑘k, d’espace tangent (𝔪s/𝔪s2)H1(X,nd(E))similar-to-or-equalssuperscriptsubscript𝔪𝑠superscriptsubscript𝔪𝑠2superscript𝐻1𝑋𝑛𝑑𝐸\left(\mathfrak{m}_{s}/\mathfrak{m}_{s}^{2}\right)^{\vee}\simeq H^{1}(X,\mathcal{E}nd(E)) au point fermé sS𝑠𝑆s\in S. Par définition, \mathcal{E} est un fibré vectoriel sur X×kSsubscript𝑘𝑋𝑆X\times_{k}S qui relève E𝐸E. Si E𝐸E est simple, c’est-à-dire si H0(X,nd(E))ksimilar-to-or-equalssuperscript𝐻0𝑋𝑛𝑑𝐸𝑘H^{0}(X,\mathcal{E}nd(E))\simeq k (par exemple, si E𝐸E est un fibré stable sur X𝑋X), S𝑆S est donc de dimension r2(g1)+1superscript𝑟2𝑔11r^{2}(g-1)+1. Alors il existe un diviseur positif Θuniv,EsubscriptΘuniv𝐸\Theta_{\mathrm{univ},E} sur S𝑆S défini comme le diviseur associé au déterminant de Rf()Rsubscript𝑓\mathrm{R}f_{\ast}(\mathcal{E}), où f:X×kSS:𝑓subscript𝑘𝑋𝑆𝑆f:X\times_{k}S\rightarrow S est le morphisme naturel.

Théorème 2.1.1 (Laszlo,[24]).

La multiplicité de Θuniv,EsubscriptΘuniv𝐸\Theta_{\mathrm{univ},E} en s𝑠s est h0(X,E)superscript0𝑋𝐸h^{0}(X,E).

Laszlo étudie l’application donnée par le cup-produit

H1(X,nd(E))kH0(X,E)H1(X,E)subscripttensor-product𝑘superscript𝐻1𝑋𝑛𝑑𝐸superscript𝐻0𝑋𝐸superscript𝐻1𝑋𝐸H^{1}(X,\mathcal{E}nd(E))\otimes_{k}H^{0}(X,E)\rightarrow H^{1}(X,E)

et montre que pour α𝛼\alpha général dans H1(X,nd(E))superscript𝐻1𝑋𝑛𝑑𝐸H^{1}(X,\mathcal{E}nd(E)), l’application

α:H0(X,E)H1(X,E)\alpha\cup:\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ H^{0}(X,E)\rightarrow H^{1}(X,E)

est injective donc bijective.

Considérons ensuite 𝒰(r,g1)𝒰𝑟𝑔1\mathcal{U}(r,g-1) l’espace de modules des fibrés vectoriels stables de rang r𝑟r et de pente g1𝑔1g-1. Il existe un changement de base étale 𝒱𝒰(r,g1)𝒱𝒰𝑟𝑔1\mathcal{V}\rightarrow\mathcal{U}(r,g-1), et une certaine “famille de Poincaré” de fibrés vectoriels stables 𝔈𝔈\mathfrak{E} de rang r𝑟r et de pente g1𝑔1g-1 au-dessus de X𝑋X. Le déterminant de Rf(𝔈)Rsuperscriptsubscript𝑓𝔈\mathrm{R}f_{\ast}^{\prime}(\mathfrak{E}) (où f:X×𝒱𝒱:superscript𝑓𝑋𝒱𝒱f^{\prime}:X\times\mathcal{V}\rightarrow\mathcal{V} est le morphisme naturel) définit un diviseur positif sur 𝒱𝒱\mathcal{V} qui ne dépend pas du choix de 𝔈𝔈\mathfrak{E}. On obtient donc, par descente étale, le diviseur thêta universel ΘunivsubscriptΘuniv\Theta_{\mathrm{univ}} sur 𝒰(r,g1)𝒰𝑟𝑔1\mathcal{U}(r,g-1).

Supposons maintenant E𝐸E stable, et que h0(X,EL)=0superscript0𝑋tensor-product𝐸𝐿0h^{0}(X,E\otimes L)=0 pour L𝐿L inversible de degré 00 général dans la jacobienne J𝐽J de X𝑋X. Alors E𝐸E possède un diviseur thêta ΘEsubscriptΘ𝐸\Theta_{E}, qui est un diviseur positif de J𝐽J défini comme déterminant de RprJ,(E𝒪X𝒫)R𝑝subscript𝑟𝐽subscripttensor-productsubscript𝒪𝑋𝐸𝒫\mathrm{R}pr_{J,\ast}(E\otimes_{\mathcal{O}_{X}}\mathcal{P}) avec prJ:X×kJJ:𝑝subscript𝑟𝐽subscript𝑘𝑋𝐽𝐽pr_{J}:X\times_{k}J\rightarrow J le morphisme naturel et 𝒫𝒫\mathcal{P} un faisceau de Poincaré sur X×kJsubscript𝑘𝑋𝐽X\times_{k}J. L’application LELmaps-to𝐿tensor-product𝐸𝐿L\mapsto E\otimes L définit une application de J𝐽J dans 𝒰(r,g1)𝒰𝑟𝑔1\mathcal{U}(r,g-1), et ΘEsubscriptΘ𝐸\Theta_{E} est l’image réciproque du diviseur ΘunivsubscriptΘuniv\Theta_{\mathrm{univ}} par cette application. Fixons un point x𝑥x de ΘEsubscriptΘ𝐸\Theta_{E} correspondant au faisceau inversible L𝐿L de degré 00. On a une application naturelle

α:𝒪Xnd(EL):𝛼subscript𝒪𝑋𝑛𝑑tensor-product𝐸𝐿\alpha:\mathcal{O}_{X}\rightarrow\mathcal{E}nd(E\otimes L)

qui envoie une section locale t𝑡t de 𝒪Xsubscript𝒪𝑋\mathcal{O}_{X} sur l’homothétie de ELtensor-product𝐸𝐿E\otimes L associée à t𝑡t. D’où une application

H1(X,𝒪X)H1(X,nd(EL)).superscript𝐻1𝑋subscript𝒪𝑋superscript𝐻1𝑋𝑛𝑑tensor-product𝐸𝐿H^{1}(X,\mathcal{O}_{X})\rightarrow H^{1}(X,\mathcal{E}nd(E\otimes L)).

On déduit de 2.1.1 la proposition suivante:

Proposition 2.1 (Laszlo).

(1) On a multx(ΘE)h0(X,EL)subscriptmult𝑥subscriptΘ𝐸superscript0𝑋tensor-product𝐸𝐿\mathrm{mult}_{x}(\Theta_{E})\geq h^{0}(X,E\otimes L);

(2) Il y a égalité si et seulement si pour aH1(X,𝒪X)𝑎superscript𝐻1𝑋subscript𝒪𝑋a\in H^{1}(X,\mathcal{O}_{X}) assez général, l’application

a:H0(X,EL)H1(X,EL)a\cup:\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ H^{0}(X,E\otimes L)\rightarrow H^{1}(X,E\otimes L)

est bijective;

(3) Lorsque ΘEsubscriptΘ𝐸\Theta_{E} est lisse en x𝑥x, l’espace tangent à ΘEsubscriptΘ𝐸\Theta_{E} en x𝑥x est le noyau de

H1(X,𝒪X)Homk(H0(X,EL),H1(X,EL))superscript𝐻1𝑋subscript𝒪𝑋subscriptHom𝑘superscript𝐻0𝑋tensor-product𝐸𝐿superscript𝐻1𝑋tensor-product𝐸𝐿H^{1}(X,\mathcal{O}_{X})\rightarrow\mathrm{Hom}_{k}(H^{0}(X,E\otimes L),H^{1}(X,E\otimes L))

défini par aH1(X,𝒪X)aHomk(H0(X,EL),H1(X,EL))𝑎superscript𝐻1𝑋subscript𝒪𝑋maps-tolimit-from𝑎subscriptHom𝑘superscript𝐻0𝑋tensor-product𝐸𝐿superscript𝐻1𝑋tensor-product𝐸𝐿a\in H^{1}(X,\mathcal{O}_{X})\mapsto a\cup\in\mathrm{Hom}_{k}(H^{0}(X,E\otimes L),H^{1}(X,E\otimes L)).

2.2 Application à B𝐵B.

Désormais dans ce chapitre, X𝑋X désigne une courbe propre lisse connexe de genre g1𝑔1g\geq 1 sur k𝑘k, et X1subscript𝑋1X_{1} l’image réciproque de X/k𝑋𝑘X/k par le Frobenius absolu F:Spec(k)Spec(k):𝐹Spec𝑘Spec𝑘F:\mathrm{Spec}(k)\rightarrow\mathrm{Spec}(k). Notons J𝐽J (resp. J1subscript𝐽1J_{1}) la jacobienne de X/k𝑋𝑘X/k (resp. de X1/ksubscript𝑋1𝑘X_{1}/k), et ΘJ1Θsubscript𝐽1\Theta\hookrightarrow J_{1} le diviseur thêta associé au fibré B𝐵B des formes différentielles localement exactes sur X1subscript𝑋1X_{1}.

Rappelons que l’on a un produit alterné sur B𝐵B à valeurs dans ΩX1/k1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\Omega^{1}_{X_{1}/k}:

(,):B𝒪X1BΩX1/k1.(\cdot,\cdot):\leavevmode\nobreak\ \leavevmode\nobreak\ B\otimes_{\mathcal{O}_{X_{1}}}B\rightarrow\Omega^{1}_{X_{1}/k}.

Pour L𝐿L un faisceau inversible sur X1subscript𝑋1X_{1}, via l’isomorphisme H0(X1,BL)Hom𝒪X1(L1,B)superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿subscriptHomsubscript𝒪subscript𝑋1superscript𝐿1𝐵H^{0}(X_{1},B\otimes L)\rightarrow\mathrm{Hom}_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(L^{-1},B), on a donc un accouplement

H0(X1,BL)kH0(X1,BL1)H0(X1,ΩX1/k1).subscripttensor-product𝑘superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿1superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘H^{0}(X_{1},B\otimes L)\otimes_{k}H^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1})\rightarrow H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}).

Par dualité de Serre, on déduit du résultat de Laszlo la proposition suivante:

Proposition 2.1.

Soit xΘJ1𝑥Θsubscript𝐽1x\in\Theta\subset J_{1} un point fermé, L𝐿L le faisceau inversible de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1} associé à x𝑥x. Alors

(1) On a multx(Θ)h0(X1,BL)subscriptmult𝑥Θsuperscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿\mathrm{mult}_{x}(\Theta)\geq h^{0}(X_{1},B\otimes L).

(2) Pour qu’il y ait égalité, il faut et il suffit que pour α:H0(X1,ΩX1/k1)k:𝛼superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘𝑘\alpha:H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k})\rightarrow k, forme linéaire assez générale, l’application bilinéaire

H0(X1,BL)H0(X1,BL1)tensor-productsuperscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿1\textstyle{H^{0}(X_{1},B\otimes L)\otimes H^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}H0(X1,ΩX1/k1)superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\textstyle{H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}α𝛼\scriptstyle{\alpha}k𝑘\textstyle{k}

soit non dégénérée. Cette condition (2) est automatiquement assurée pour p=2𝑝2p=2.

Corollaire 2.2.1 (Le critère de lissité).

Soient xΘ𝑥Θx\in\Theta un point fermé, L𝐿L le faisceau inversible sur X1subscript𝑋1X_{1} correspondant. Alors ΘΘ\Theta est lisse en x𝑥x si et seulement si les deux conditions suivantes sont réalisées:

(1) h0(X1,BL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes L)=1 (et donc aussi h0(X1,BL1)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿11h^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1})=1).

(2) L’application

H0(X1,BL)kH0(X1,BL1)H0(X1,ΩX1/k1)subscripttensor-product𝑘superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿1superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘H^{0}(X_{1},B\otimes L)\otimes_{k}H^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1})\rightarrow H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k})

donnée par (,)(\cdot,\cdot) est non nulle. Cette condition est automatique pour p=2𝑝2p=2.

De plus, si ces conditions sont réalisées, notons ω𝜔\omega un générateur de la droite vectorielle, l’image dans H0(X1,ΩX1/k1)superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}) de H0(X1,BL)kH0(X1,BL1)subscripttensor-product𝑘superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿1H^{0}(X_{1},B\otimes L)\otimes_{k}H^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1}), alors l’espace tangent à ΘΘ\Theta en x𝑥x est le noyau de l’application linéaire sur H1(X1,𝒪X1)superscript𝐻1subscript𝑋1subscript𝒪subscript𝑋1H^{1}(X_{1},\mathcal{O}_{X_{1}}) définie par ω𝜔\omega.

Remarque 2.2.2.

Pour p3𝑝3p\geq 3 impair, nons avons montré que ΘΘ\Theta est totalement symétrique au sens de Mumford (3). Alors ΘΘ\Theta est toujours singulier à un point x𝑥x d’ordre divisant 222 de J1subscript𝐽1J_{1} dès que xΘ𝑥Θx\in\Theta. De plus, multx(Θ)subscriptmult𝑥Θ\mathrm{mult}_{x}(\Theta) est paire.

2.3 Etude de ΘΘ\Theta aux points d’ordre p𝑝p

Commençons par quelques rappels:

  • Soit L𝐿L un faisceau inversible de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1}. Alors L𝐿L se plonge dans F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) si et seulement si FL𝒪Xsimilar-to-or-equalssuperscript𝐹𝐿subscript𝒪𝑋F^{\ast}L\simeq\mathcal{O}_{X}, et donc si et seulement si L𝐿L est d’ordre divisant p𝑝p. On a la suite exacte suivante:

    0LF(𝒪XFL)BL0.0𝐿subscript𝐹tensor-productsubscript𝒪𝑋superscript𝐹𝐿tensor-product𝐵𝐿00\rightarrow L\rightarrow F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}\otimes F^{\ast}L)\rightarrow B\otimes L\rightarrow 0.
  • Réciproquement, soit L𝐿L inversible sur X1subscript𝑋1X_{1} d’ordre p𝑝p, il correspond à un élément non-nul de H1(X1,μp)superscript𝐻1subscript𝑋1subscript𝜇𝑝H^{1}(X_{1},\mu_{p}), et donc à un torseur de base X1subscript𝑋1X_{1} sous μpsubscript𝜇𝑝\mu_{p}, d’algèbre 𝒜=i=0p1Li𝒜superscriptsubscriptdirect-sum𝑖0𝑝1superscript𝐿𝑖\mathcal{A}=\oplus_{i=0}^{p-1}L^{i}, où la multiplication est donnée par Lp𝒪X1similar-to-or-equalssuperscript𝐿𝑝subscript𝒪subscript𝑋1L^{p}\simeq\mathcal{O}_{X_{1}}. Soient

    0E0E1Ep1F(𝒪X)0subscript𝐸0subscript𝐸1subscript𝐸𝑝1subscript𝐹subscript𝒪𝑋0\subset E_{0}\subset E_{1}\subset\cdots\subset E_{p-1}\subset F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})

    les sous-faisceaux de F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}) obtenus à partir des puissances symétriques (§§\S 1.2). Comme L𝐿L se plonge dans F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}), la suite exacte (pour la définition de E𝐸E, on renvoye à §§\S 1.2 (1))

    0𝒪X1EL00subscript𝒪subscript𝑋1𝐸𝐿00\rightarrow\mathcal{O}_{X_{1}}\rightarrow E\rightarrow L\rightarrow 0

    est scindée. Par suite, Ep1i=1p1Lisimilar-to-or-equalssubscript𝐸𝑝1superscriptsubscriptdirect-sum𝑖1𝑝1superscript𝐿𝑖E_{p-1}\simeq\oplus_{i=1}^{p-1}L^{i}. Donc l’algèbre 𝒜𝒜\mathcal{A} est contenue dans F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}).

  • Rappelons le lien entre faisceau inversible d’ordre p𝑝p et formes différentielles de Cartier. Soient Y/k𝑌𝑘Y/k une courbe propre lisse connexe, L𝐿L un faisceau d’ordre p𝑝p sur Y𝑌Y correspondant à un point x𝑥x de JYsubscript𝐽𝑌J_{Y}, réalisé comme sous-faisceau du faisceau des fonctions méromorphes sur Y𝑌Y, et défini par une section méromorphe (Uα,fα)subscript𝑈𝛼subscript𝑓𝛼(U_{\alpha},f_{\alpha}) (où {Uα}subscript𝑈𝛼\{U_{\alpha}\} est un recouvrement ouvert de Y𝑌Y). Les gα,β:=fα/fβ𝒪Y(UαUβ)assignsubscript𝑔𝛼𝛽subscript𝑓𝛼subscript𝑓𝛽subscript𝒪𝑌superscriptsubscript𝑈𝛼subscript𝑈𝛽g_{\alpha,\beta}:=f_{\alpha}/f_{\beta}\in\mathcal{O}_{Y}(U_{\alpha}\cap U_{\beta})^{\ast} forment un 111-cocycle de 𝒪Ysuperscriptsubscript𝒪𝑌\mathcal{O}_{Y}^{\ast}. Comme Lp𝒪Ysimilar-to-or-equalssuperscript𝐿𝑝subscript𝒪𝑌L^{p}\simeq\mathcal{O}_{Y}, (gα,βp)superscriptsubscript𝑔𝛼𝛽𝑝(g_{\alpha,\beta}^{p}) est un 111-cobord, il existe donc des sections locales uα𝒪X1(Uα)subscript𝑢𝛼subscript𝒪subscript𝑋1superscriptsubscript𝑈𝛼u_{\alpha}\in\mathcal{O}_{X_{1}}(U_{\alpha})^{\ast} telles que gα,βp=uα/uβsuperscriptsubscript𝑔𝛼𝛽𝑝subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛽g_{\alpha,\beta}^{p}=u_{\alpha}/u_{\beta} dans 𝒪Y(UαUβ)subscript𝒪𝑌superscriptsubscript𝑈𝛼subscript𝑈𝛽\mathcal{O}_{Y}(U_{\alpha}\cap U_{\beta})^{\ast}. Donc fαp/uα=fβp/uβsuperscriptsubscript𝑓𝛼𝑝subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑓𝛽𝑝subscript𝑢𝛽f_{\alpha}^{p}/u_{\alpha}=f_{\beta}^{p}/u_{\beta} dans UαUβsubscript𝑈𝛼subscript𝑈𝛽U_{\alpha}\cap U_{\beta}. Ceci nous donne une section globale non-nulle (Uα,fαp/uα)subscript𝑈𝛼superscriptsubscript𝑓𝛼𝑝subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},f_{\alpha}^{p}/u_{\alpha}) de Lpsuperscript𝐿𝑝L^{p}. Donc (Uα,duα/uα)subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},du_{\alpha}/u_{\alpha}) définit une forme différentielle holomorphe sur Y𝑌Y, que l’on note ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x}. La forme ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} ne dépend pas du choix de la section méromorphe (Uα,fα)subscript𝑈𝛼subscript𝑓𝛼(U_{\alpha},f_{\alpha}). Cette forme ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} est la forme de Cartier associée à x𝑥x.

  • Pour Y𝑌Y une courbe lisse connexe sur k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, on dispose d’un opérateur de Cartier CYsubscript𝐶𝑌C_{Y} sur H0(Y,ΩY/k1)superscript𝐻0𝑌subscriptsuperscriptΩ1𝑌𝑘H^{0}(Y,\Omega^{1}_{Y/k}) qui est Frk1𝐹superscriptsubscript𝑟𝑘1Fr_{k}^{-1}-linéaire. Le noyau de CYId:H0(Y,ΩY/k1)H0(Y,ΩY/k1):subscript𝐶𝑌Idsuperscript𝐻0𝑌subscriptsuperscriptΩ1𝑌𝑘superscript𝐻0𝑌subscriptsuperscriptΩ1𝑌𝑘C_{Y}-\mathrm{Id}:H^{0}(Y,\Omega^{1}_{Y/k})\rightarrow H^{0}(Y,\Omega^{1}_{Y/k}) est un 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-espace de dimension d𝑑d égale au p𝑝p-rang de Y𝑌Y, et on a ker(CYId)={0}{ωx|xJYdordrep}kernelsubscript𝐶𝑌Id0conditional-setsubscript𝜔𝑥𝑥subscript𝐽𝑌superscriptdordre𝑝\ker(C_{Y}-\mathrm{Id})=\{0\}\cup\{\omega_{x}|x\in J_{Y}\leavevmode\nobreak\ \mathrm{d^{\prime}ordre}\leavevmode\nobreak\ p\}. Les formes de Cartier sur Y/k𝑌𝑘Y/k engendrent un k𝑘k-sous-espace vectoriel de H0(Y,ΩY/k1)superscript𝐻0𝑌subscriptsuperscriptΩ1𝑌𝑘H^{0}(Y,\Omega^{1}_{Y/k}) de dimension d𝑑d. On renvoie à [42] pour les détails.

Proposition 2.1.

Soient L𝐿L un faisceau d’ordre p𝑝p sur X1subscript𝑋1X_{1}, ω𝜔\omega la forme de Cartier associée à L𝐿L. On considère 𝒜=i=0p1Li𝒜superscriptsubscriptdirect-sum𝑖0𝑝1superscript𝐿𝑖\mathcal{A}=\oplus_{i=0}^{p-1}L^{i} comme sous-faisceau de F(𝒪X)subscript𝐹subscript𝒪𝑋F_{\ast}(\mathcal{O}_{X}). Soient β:LB:𝛽𝐿𝐵\beta:L\hookrightarrow B et β:L1=Lp1B:superscript𝛽superscript𝐿1superscript𝐿𝑝1𝐵\beta^{\prime}:L^{-1}=L^{p-1}\hookrightarrow B les plongements ainsi obtenus. Alors 1Γ(X1,LL1)1Γsubscript𝑋1tensor-product𝐿superscript𝐿11\in\Gamma(X_{1},L\otimes L^{-1}) s’envoie sur ωH0(X1,ΩX1/k1)𝜔superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘-\omega\in H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}) par (,)(ββ)tensor-product𝛽superscript𝛽(\cdot,\cdot)\circ(\beta\otimes\beta^{\prime}).

Proof 2.2.

Soit s𝑠s un générateur local de L𝐿L, alors sp=f1𝒪X1superscript𝑠𝑝subscript𝑓1superscriptsubscript𝒪subscript𝑋1s^{p}=f_{1}\in\mathcal{O}_{X_{1}}^{\ast}. Considérons s1=sp1/f1superscript𝑠1superscript𝑠𝑝1subscript𝑓1s^{-1}=s^{p-1}/f_{1}, c’est un générateur local de Lp1L1similar-to-or-equalssuperscript𝐿𝑝1superscript𝐿1L^{p-1}\simeq L^{-1}. Donc 1=ss1𝒪X1LL11tensor-product𝑠superscript𝑠1subscript𝒪subscript𝑋1similar-to-or-equalstensor-product𝐿superscript𝐿11=s\otimes s^{-1}\in\mathcal{O}_{X_{1}}\simeq L\otimes L^{-1} s’envoie sur C(sd(1/s))=ds/s=ω𝐶𝑠𝑑1𝑠𝑑𝑠𝑠𝜔C(s\cdot d(1/s))=-ds/s=-\omega par (,):F(𝒪X)F(𝒪X)ΩX1/k1:tensor-productsubscript𝐹subscript𝒪𝑋subscript𝐹subscript𝒪𝑋subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘(\cdot,\cdot):F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\otimes F_{\ast}(\mathcal{O}_{X})\rightarrow\Omega^{1}_{X_{1}/k}. D’où le résultat.

Corollaire 2.3.1.

Gardons les notations ci-dessus. Pour que ΘΘ\Theta soit lisse en xΘ𝑥Θx\in\Theta qui correspond à L𝐿L d’ordre p𝑝p, il faut et il suffit que h0(X1,BL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes L)=1. Dans ce cas, l’espace tangent en x𝑥x à ΘΘ\Theta est l’orthogonal de ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} dans H1(X1,𝒪X1)superscript𝐻1subscript𝑋1subscript𝒪subscript𝑋1H^{1}(X_{1},\mathcal{O}_{X_{1}}).

Application aux composantes irréductibles de ΘΘ\Theta.

Rappelons qu’une composante D𝐷D de ΘΘ\Theta est dite principale si Dker(V)𝐷kernel𝑉D\cap\ker(V)\neq\emptyset, où V:J1J:𝑉subscript𝐽1𝐽V:J_{1}\rightarrow J est le Verschiebung de J𝐽J.

Lemme 2.3.2.

Soient x,y𝑥𝑦x,\ y deux points d’ordre p𝑝p de J1subscript𝐽1J_{1}ΘΘ\Theta est lisse. Alors TxΘsubscript𝑇𝑥ΘT_{x}\Theta et TyΘsubscript𝑇𝑦ΘT_{y}\Theta coïncident (vus comme k𝑘k-sous-espace de H1(X1,𝒪X1)superscript𝐻1subscript𝑋1subscript𝒪subscript𝑋1H^{1}(X_{1},\mathcal{O}_{X_{1}})) si et seulement x𝑥x et y𝑦y sont colinéaires dans J1[p](k)subscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘J_{1}[p](k).

Proof 2.3.

En fait, d’après le corollaire précédent, via les identifications précédentes, on sait que TxΘsubscript𝑇𝑥ΘT_{x}\Theta est le même que TyΘsubscript𝑇𝑦ΘT_{y}\Theta si et seulement si les formes de Cartier ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} et ωysubscript𝜔𝑦\omega_{y} sont k𝑘k-linéairement dépendantes. Donc si et seulement si x𝑥x et y𝑦y sont colinéaire dans J1[p](k)subscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘J_{1}[p](k) ([42] page 41 proposition 10).

Proposition 2.4.

Soit D𝐷D une composante irréductible de ΘΘ\Theta, qui contient deux points x,y𝑥𝑦x,\ y d’ordre p𝑝p de J1subscript𝐽1J_{1}, où ΘΘ\Theta est lisse. Alors D𝐷D n’est pas un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}.

Proof 2.5.

Soit A𝐴A une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} qui laisse D𝐷D stable. Montrons qu’il n’y a pas de aA(k)𝑎𝐴𝑘a\in A(k) tel que x=y+a𝑥𝑦𝑎x=y+a. Sinon, l’espace tangent en x𝑥x et y𝑦y est le même, ce qui signifie que x𝑥x et y𝑦y sont 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-colinéaires. C’est-à-dire, il existe un n𝐍𝑛𝐍n\in\mathbf{N} tel que 1np11𝑛𝑝11\leq n\leq p-1, de sorte que x=ny𝑥𝑛𝑦x=ny. Donc a=(n1)y𝑎𝑛1𝑦a=(n-1)y. Comme xy𝑥𝑦x\neq y, on obtient que n1𝑛1n\neq 1. Et comme y𝑦y est un point d’ordre p𝑝p, on obtient que yA𝑦𝐴y\in A, donc 0=yyDΘ0𝑦𝑦𝐷Θ0=y-y\in D\subset\Theta. Par ailleurs, soit f𝑓f une équation locale de ΘΘ\Theta en x𝑥x, comme ΘΘ\Theta est lisse en x𝑥x, f𝑓f est aussi une équation locale de D𝐷D en x𝑥x, d’après la propriété de Dirac, f𝑓f est nulle dans l’anneau local de ker(V)kernel𝑉\ker(V) en xker(V)𝑥kernel𝑉x\in\ker(V) (avec V:J1J:𝑉subscript𝐽1𝐽V:J_{1}\rightarrow J le Verschiebung de J𝐽J). Puisque D𝐷D est stable par A𝐴A, f𝑓f est encore une équation locale de D𝐷D en 00, donc fait partie d’une équation de ΘΘ\Theta en 00. Donc cette équation locale de ΘΘ\Theta est nulle dans l’anneau local de kerVkernel𝑉\ker V en 00. Ce qui contredit à la propriété de Dirac pour ΘΘ\Theta. D’où le résultat.

Proposition 2.6.

Soit X/k𝑋𝑘X/k une courbe lisse connexe ordinaire de genre g𝑔g. Supposons que pour toute droite affine ΔΔ\Delta du 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-espace vectoriel J1[p](k)𝐅pgsimilar-to-or-equalssubscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘superscriptsubscript𝐅𝑝𝑔J_{1}[p](k)\simeq\mathbf{F}_{p}^{g} qui ne passe pas par l’origine, ΘΘ\Theta soit lisse en au moins deux points de ΔΔ\Delta. Alors toute composante principale de ΘΘ\Theta est ample.

Proof 2.7.

En fait, soit ΘΘsuperscriptΘΘ\Theta^{\prime}\subset\Theta une composante principale de ΘΘ\Theta. Soit A/k𝐴𝑘A/k la plus grande sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} qui laisse stable ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime}. Comme X𝑋X est ordinaire, ΘΘ\Theta ne passe pas par l’origine. Soit xΘ𝑥superscriptΘx\in\Theta^{\prime} un point d’ordre p𝑝p de J1subscript𝐽1J_{1}, alors x+A[p](k)Θ𝑥𝐴delimited-[]𝑝𝑘superscriptΘx+A[p](k)\subset\Theta^{\prime} contient une droite affine ΔΔ\Delta du 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-espace vectoriel J1[p](k)subscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘J_{1}[p](k) qui ne passe pas par l’origine. Par hypothèse, ΘΘ\Theta est lisse en au moins deux points a,aΔΘ𝑎superscript𝑎ΔsuperscriptΘa,\leavevmode\nobreak\ a^{\prime}\in\Delta\subset\Theta^{\prime}. Soit zA(k)𝑧𝐴𝑘z\in A(k) tel que a=a+z𝑎superscript𝑎𝑧a=a^{\prime}+z. Alors l’espace tangent à ΘΘ\Theta en a𝑎a est le même que l’espace tangent à ΘΘ\Theta en asuperscript𝑎a^{\prime}, donc a𝑎a et asuperscript𝑎a^{\prime} sont 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-colinéaires dans A[p](k)𝐴delimited-[]𝑝𝑘A[p](k) (lemme 2.3.2), d’où une contradiction.

De la même façon, on montre:

Proposition 2.8.

Soit X/k𝑋𝑘X/k une courbe ordinaire lisse connexe de genre g𝑔g. Supposons que pour toute droite affine ΔΔ\Delta du 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-espace vectoriel J1[p](k)𝐅pgsimilar-to-or-equalssubscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘superscriptsubscript𝐅𝑝𝑔J_{1}[p](k)\simeq\mathbf{F}_{p}^{g}, ΘΘ\Theta est lisse en au moins deux points de ΔΔ\Delta. Alors toute composante principale n’est pas stable par une sous-variété abélienne de p𝑝p-rang 1absent1\geq 1.

Proposition 2.9.

Soit X/k𝑋𝑘X/k une courbe lisse connexe non-ordinaire. Soit Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime} la réunion des composantes irréductibles qui passent par l’origine de J1subscript𝐽1J_{1}. Supposons que ΘΘ\Theta est lisse en tous les points d’ordre p𝑝p, alors Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime} est ample.

Proof 2.10.

Dans le cas où p=2𝑝2p=2, on sait que ΘΘ\Theta est toujours irréductible et ample (§§\S 1.2.2), donc Θ′′=ΘsuperscriptΘ′′Θ\Theta^{\prime\prime}=\Theta est ample. Supposons maintenant p3𝑝3p\geq 3. Comme X𝑋X est non-ordinaire, Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime}\neq\emptyset. Soit A𝐴A la plus grande sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} qui laisse stable Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime}. D’après la propriété de Dirac (corollaire 1.7), A𝐴A est ordinaire. Si A0𝐴0A\neq 0, Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime} contient au moins un point xA(k)𝑥𝐴𝑘x\in A(k) d’ordre p𝑝p. Par hypothèse, ΘΘ\Theta est lisse en x𝑥x. A priori, Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime} est lisse sur x𝑥x, et donc lisse à l’origine de J1subscript𝐽1J_{1} puisque A𝐴A laisse stable Θ′′superscriptΘ′′\Theta^{\prime\prime}. D’où une contradiction puisque ΘΘ\Theta est toujours singulier à l’origine lorsque p3𝑝3p\geq 3 (remarque 2.2.2).

Un exemple où ΘΘ\Theta est singulier en un point d’ordre p𝑝p.

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. On va construire une courbe ordinaire X/k𝑋𝑘X/k avec un faisceau L𝐿L d’ordre p𝑝p, tel que H0(X1,BL)2superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿2H^{0}(X_{1},B\otimes L)\geq 2, donc ΘΘ\Theta n’est pas lisse en L𝐿L. Comme k𝑘k est algébriquement clos, le Frobenius absolu Fr:Spec(k)Spec(k):𝐹𝑟Spec𝑘Spec𝑘Fr:\mathrm{Spec}(k)\rightarrow\mathrm{Spec}(k) est un isomorphisme. On peut donc identifier X1subscript𝑋1X_{1} à X𝑋X de sorte que F𝐹F s’identifie au Frobenius absolu Fr:XX:𝐹𝑟𝑋𝑋Fr:X\rightarrow X.

Considérons 𝐏𝐏\mathbf{P} la droite projective, 𝐀𝐏𝐀𝐏\mathbf{A}\subset\mathbf{P} l’ouvert droite affine de coordonnée t𝑡t. Soit f(t)𝑓𝑡f(t) un polynôme en t𝑡t de degré n𝑛n à racines simples. Considérons la courbe projective X𝑋X définie par l’équation

1vp1v=1f(t),1superscript𝑣𝑝1𝑣1𝑓𝑡\frac{1}{v^{p}}-\frac{1}{v}=\frac{1}{f(t)},

c’est-à-dire vp+f(t)vp1f(t)=0superscript𝑣𝑝𝑓𝑡superscript𝑣𝑝1𝑓𝑡0v^{p}+f(t)v^{p-1}-f(t)=0. Alors le morphisme naturel π:X𝐏:𝜋𝑋𝐏\pi:X\rightarrow\mathbf{P} est fini galoisien de degré p𝑝p, ramifié au-dessus de tisubscript𝑡𝑖t_{i} (iI𝑖𝐼i\in I ) avec ramification sauvage minimale. Donc, d’après la formule de Crew-Deuring-Shafarevich (théorème 3.1 de [3]), X𝑋X est une courbe ordinaire de genre g=(n1)(p1)𝑔𝑛1𝑝1g=(n-1)(p-1). Soient xiXsubscript𝑥𝑖𝑋x_{i}\in X les points au-dessus de ti𝐏subscript𝑡𝑖𝐏t_{i}\in\mathbf{P}π𝜋\pi est ramifié. Soit BXsubscript𝐵𝑋B_{X} (resp. B𝐏subscript𝐵𝐏B_{\mathbf{P}}) le faisceau des formes différentielles localement exactes de X𝑋X (resp. de 𝐏𝐏\mathbf{P}). D’abord, on établit une relation entre BXsubscript𝐵𝑋B_{X} et B𝐏subscript𝐵𝐏B_{\mathbf{P}}. Commençons par un calcul local.

Soient R=k[[t]]𝑅𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡R=k[[t]], R=k[[t]][v]/(vp+tvp1t)=k[[v]]superscript𝑅𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡delimited-[]𝑣superscript𝑣𝑝𝑡superscript𝑣𝑝1𝑡𝑘delimited-[]delimited-[]𝑣R^{\prime}=k[[t]][v]/(v^{p}+tv^{p-1}-t)=k[[v]]. Notons ϕ:R=k[[t]]R=k[[t]][v]/(vp+tvp1t)=k[[v]]:italic-ϕ𝑅𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡superscript𝑅𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡delimited-[]𝑣superscript𝑣𝑝𝑡superscript𝑣𝑝1𝑡𝑘delimited-[]delimited-[]𝑣\phi:R=k[[t]]\rightarrow R^{\prime}=k[[t]][v]/(v^{p}+tv^{p-1}-t)=k[[v]] le morphisme continu naturel de k𝑘k-algèbres, alors ϕ(t)=vp/(1vp1)=vpi=0vi(p1)italic-ϕ𝑡superscript𝑣𝑝1superscript𝑣𝑝1superscript𝑣𝑝superscriptsubscript𝑖0superscript𝑣𝑖𝑝1\phi(t)=v^{p}/(1-v^{p-1})=v^{p}\sum_{i=0}^{\infty}v^{i(p-1)}. Soient Ft:k[[t]]k[[t]]:subscript𝐹𝑡𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡F_{t}:k[[t]]\rightarrow k[[t]] (resp. Fv:k[[v]]k[[v]]:subscript𝐹𝑣𝑘delimited-[]delimited-[]𝑣𝑘delimited-[]delimited-[]𝑣F_{v}:k[[v]]\rightarrow k[[v]]) le morphisme de Frobenius relatif: c’est un morphisme continu de k𝑘k-algèbres tel que ttpmaps-to𝑡superscript𝑡𝑝t\mapsto t^{p} (resp. tel que vvpmaps-to𝑣superscript𝑣𝑝v\mapsto v^{p}). Notons Bt=i=0p2k[[tp]]tisubscript𝐵𝑡superscriptsubscriptdirect-sum𝑖0𝑝2𝑘delimited-[]delimited-[]superscript𝑡𝑝superscript𝑡𝑖B_{t}=\oplus_{i=0}^{p-2}k[[t^{p}]]t^{i} (resp. Bv=i=0p2k[[vp]]visubscript𝐵𝑣superscriptsubscriptdirect-sum𝑖0𝑝2𝑘delimited-[]delimited-[]superscript𝑣𝑝superscript𝑣𝑖B_{v}=\oplus_{i=0}^{p-2}k[[v^{p}]]v^{i}), on a un diagramme à lignes exactes:

00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}k[[t]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡\textstyle{k[[t]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Ftsubscript𝐹𝑡\scriptstyle{F_{t}}ϕitalic-ϕ\scriptstyle{\phi}k[[t]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑡\textstyle{k[[t]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}d/dt𝑑𝑑𝑡\scriptstyle{d/dt}ϕitalic-ϕ\scriptstyle{\phi}Btsubscript𝐵𝑡\textstyle{B_{t}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ϕsuperscriptitalic-ϕ\scriptstyle{\phi^{\prime}}00\textstyle{0}00\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}k[[v]]𝑘delimited-[]delimited-[]𝑣\textstyle{k[[v]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Fvsubscript𝐹𝑣\scriptstyle{F_{v}}F[[v]]𝐹delimited-[]delimited-[]𝑣\textstyle{F[[v]]\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}d/dv𝑑𝑑𝑣\scriptstyle{d/dv}Bvsubscript𝐵𝑣\textstyle{B_{v}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}00\textstyle{0}

d’où un morphisme ϕ:BtBv:superscriptitalic-ϕsubscript𝐵𝑡subscript𝐵𝑣\phi^{\prime}:B_{t}\rightarrow B_{v} rendant le carré de droite commutatif.

Lemme 2.3.3.

Avec les notations ci-dessus, on a ϕ(Bt)vpBvsuperscriptitalic-ϕsubscript𝐵𝑡superscript𝑣𝑝subscript𝐵𝑣\phi^{\prime}(B_{t})\subset v^{p}B_{v}.

Proof 2.11.

C’est un calcul direct. Par définition, pour 0ip10𝑖𝑝10\leq i\leq p-1,

ϕ(ti)=(ϕ(ti+1)/(i+1))/dv=d(1i+1(vp1vp1)i+1)=(1vp1)p2ivp(i+1)vp2(1vp1)pvpBv.superscriptitalic-ϕsuperscript𝑡𝑖italic-ϕsuperscript𝑡𝑖1𝑖1𝑑𝑣𝑑superscript1𝑖1superscriptsuperscript𝑣𝑝1superscript𝑣𝑝1𝑖1superscript1superscript𝑣𝑝1𝑝2𝑖superscript𝑣𝑝𝑖1superscript𝑣𝑝2superscript1superscript𝑣𝑝1𝑝superscript𝑣𝑝subscript𝐵𝑣\phi^{\prime}(t^{i})=(\phi(t^{i+1})/(i+1))/dv=d\left(\frac{1}{i+1}\cdot\left(\frac{v^{p}}{1-v^{p-1}}\right)^{i+1}\right)^{\prime}=\frac{(1-v^{p-1})^{p-2-i}v^{p(i+1)}v^{p-2}}{(1-v^{p-1})^{p}}\subset v^{p}B_{v}.

D’où le résultat.

Corollaire 2.3.4.

Gardons les notations ci-dessus. Alors le morphisme naturel πB𝐏BXsuperscript𝜋subscript𝐵𝐏subscript𝐵𝑋\pi^{\ast}B_{\mathbf{P}}\rightarrow B_{X} est injectif et son image est contenue dans BX(iIxi)BXsubscript𝐵𝑋subscript𝑖𝐼subscript𝑥𝑖subscript𝐵𝑋B_{X}(-\sum_{i\in I}x_{i})\subset B_{X}.

Ecrivons I=II′′𝐼superscript𝐼coproductsuperscript𝐼′′I=I^{\prime}\coprod I^{\prime\prime} avec I′′=(p1)Isuperscript𝐼′′𝑝1superscript𝐼\sharp I^{\prime\prime}=(p-1)\sharp I^{\prime}. Soit L=𝒪X(iI(p1)xii′′I′′xi′′)𝐿subscript𝒪𝑋subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼𝑝1subscript𝑥superscript𝑖subscriptsuperscript𝑖′′superscript𝐼′′subscript𝑥superscript𝑖′′L=\mathcal{O}_{X}(\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}(p-1)x_{i^{\prime}}-\sum_{i^{\prime\prime}\in I^{\prime\prime}}x_{i^{\prime\prime}}), alors Lp=π𝒪𝐏(iI(p1)tii′′I′′ti′′)π𝒪𝐏=𝒪Xsuperscript𝐿𝑝superscript𝜋subscript𝒪𝐏subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼𝑝1subscript𝑡superscript𝑖subscriptsuperscript𝑖′′superscript𝐼′′subscript𝑡superscript𝑖′′similar-to-or-equalssuperscript𝜋subscript𝒪𝐏subscript𝒪𝑋L^{p}=\pi^{\ast}\mathcal{O}_{\mathbf{P}}(\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}(p-1)t_{i^{\prime}}-\sum_{i^{\prime\prime}\in I^{\prime\prime}}t_{i^{\prime\prime}})\simeq\pi^{\ast}\mathcal{O}_{\mathbf{P}}=\mathcal{O}_{X}, et on a

BXLtensor-productsubscript𝐵𝑋𝐿\displaystyle B_{X}\otimes L =\displaystyle= BX(iI(p1)xii′′I′′xi′′)subscript𝐵𝑋subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼𝑝1subscript𝑥superscript𝑖subscriptsuperscript𝑖′′superscript𝐼′′subscript𝑥superscript𝑖′′\displaystyle B_{X}(\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}(p-1)x_{i^{\prime}}-\sum_{i^{\prime\prime}\in I^{\prime\prime}}x_{i^{\prime\prime}})
superset-of\displaystyle\supset π1B𝐏(iIxi+iI(p1)xii′′I′′xi′′)superscriptsubscript𝜋1subscript𝐵𝐏subscript𝑖𝐼subscript𝑥𝑖subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼𝑝1subscript𝑥superscript𝑖subscriptsuperscript𝑖′′superscript𝐼′′subscript𝑥superscript𝑖′′\displaystyle\pi_{1}^{\ast}B_{\mathbf{P}}(\sum_{i\in I}x_{i}+\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}(p-1)x_{i^{\prime}}-\sum_{i^{\prime\prime}\in I^{\prime\prime}}x_{i^{\prime\prime}})
=\displaystyle= πB𝐏(iIpxi)superscript𝜋subscript𝐵𝐏subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼𝑝subscript𝑥superscript𝑖\displaystyle\pi^{\ast}B_{\mathbf{P}}(\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}px_{i^{\prime}})
=\displaystyle= π(B𝐏(iIti)).superscript𝜋subscript𝐵𝐏subscriptsuperscript𝑖superscript𝐼subscript𝑡superscript𝑖\displaystyle\pi^{\ast}\left(B_{\mathbf{P}}(\sum_{i^{\prime}\in I^{\prime}}t_{i^{\prime}})\right).

Par ailleurs, sur la droite projective B𝐏𝒪𝐏(1)p1similar-to-or-equalssubscript𝐵𝐏subscript𝒪𝐏superscript1superscriptdirect-sum𝑝1B_{\mathbf{P}}\simeq\mathcal{O}_{\mathbf{P}}(-1)^{\oplus^{p-1}}, donc LBX𝒪𝐏k1(I1)p1subscript𝒪subscriptsuperscript𝐏1𝑘superscriptsuperscript𝐼1superscriptdirect-sum𝑝1tensor-product𝐿subscript𝐵𝑋L\otimes B_{X}\supset\mathcal{O}_{\mathbf{P}^{1}_{k}}(\sharp I^{\prime}-1)^{\oplus^{p-1}}. Donc si I2superscript𝐼2\sharp I^{\prime}\geq 2 pour p2𝑝2p\geq 2 (resp. si I1superscript𝐼1\sharp I^{\prime}\geq 1 pour p3𝑝3p\geq 3), on a H0(X,BXL)(p1)(I)2superscript𝐻0𝑋tensor-productsubscript𝐵𝑋𝐿𝑝1superscript𝐼2H^{0}(X,B_{X}\otimes L)\geq(p-1)(\sharp I^{\prime})\geq 2.

2.4 Etude différentielle du schéma \mathcal{H}

Rappelons que l’on a noté \mathcal{H} le schéma de Hilbert des sous-faisceaux inversibles de B𝐵B de degré 00 (pour la définition, voir §§\S 1.2.5). On a une application naturelle ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta, qui est un “fibré projectif” sur ΘΘ\Theta relativement à un certain faisceau cohérent sur ΘΘ\Theta (proposition 5). Si L𝐿L est un faisceau inversible sur X1subscript𝑋1X_{1} de degré 00, qui correspond à un point x𝑥x de ΘΘ\Theta. La fibre de ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta au-dessus de x𝑥x est l’espace projectif des droites de Hom𝒪X1(L,B)=H0(X1,BL1)subscriptHomsubscript𝒪subscript𝑋1𝐿𝐵superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿1\mathrm{Hom}_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(L,B)=H^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1}).

Proposition 2.1 ([10] corollary 6.4.11 ).

Soit 1superscript1\mathcal{L}^{-1} un faisceau inversible de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1} qui correspond à un point xΘ𝑥Θx\in\Theta. Soit α:B:𝛼𝐵\alpha:\mathcal{L}\hookrightarrow B un plongement correspondant à un point z𝑧z de \mathcal{H} au-dessus de z𝑧z, et soit 𝒢=coker(α)𝒢coker𝛼\mathcal{G}=\mathrm{coker}(\alpha).

(1) L’espace tangent à /k𝑘\mathcal{H}/k en x𝑥x est canoniquement isomorphe à H0(X1,𝒢1)superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript1H^{0}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1}), l’obstruction à la lissité de \mathcal{H} en z𝑧z est dans H1(X,𝒢1)superscript𝐻1𝑋tensor-product𝒢superscript1H^{1}(X,\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1}).

(2) Posons d=h0(X1,𝒢1)𝑑superscript0subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript1d=h^{0}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1}), r=h1(X1,𝒢1)𝑟superscript1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript1r=h^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1}). Alors dr=g1𝑑𝑟𝑔1d-r=g-1, et

g1=drdimz()d.𝑔1𝑑𝑟subscriptdim𝑧𝑑g-1=d-r\leq\mathrm{dim}_{z}(\mathcal{H})\leq d.

Si dimz()=drsubscriptdim𝑧𝑑𝑟\mathrm{dim}_{z}(\mathcal{H})=d-r, \mathcal{H} est une intersection complète en z𝑧z; si dimz()=dsubscriptdim𝑧𝑑\mathrm{dim}_{z}(\mathcal{H})=d, \mathcal{H} est lisse en z𝑧z.

Gardons les notations précédentes, et notons α¯:¯B:¯𝛼¯𝐵\overline{\alpha}:\overline{\mathcal{L}}\hookrightarrow B le sous-fibré inversible de B𝐵B engendré par α:B:𝛼𝐵\alpha:\mathcal{L}\hookrightarrow B. Soit 𝒢¯=coker(α¯)¯𝒢coker¯𝛼\overline{\mathcal{G}}=\mathrm{coker}(\overline{\alpha}). Notons αsuperscriptsubscript𝛼bottom\mathcal{L}_{\alpha}^{\bot} l’orthogonal de α:B:𝛼𝐵\alpha:\mathcal{L}\hookrightarrow B pour (,)(\cdot,\cdot).

Proposition 2.2.

Les conditions (1)-(4) suivantes sont équivalentes:

(1) \mathcal{H} est lisse en z𝑧z de dimension g1𝑔1g-1.

(2) H1(X1,𝒢1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript10H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1})=0

(3) H1(X1,𝒢¯1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product¯𝒢superscript10H^{1}(X_{1},\overline{\mathcal{G}}\otimes\mathcal{L}^{-1})=0

(4) Hom(1,α)=0Homsuperscript1subscriptsuperscriptbottom𝛼0\mathrm{Hom}(\mathcal{L}^{-1},\mathcal{L}^{\bot}_{\alpha})=0.

De plus, ces conditions sont entraînées par

(5) H1(X1,𝒢¯¯1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product¯𝒢superscript¯10H^{1}(X_{1},\overline{\mathcal{G}}\otimes\bar{\mathcal{L}}^{-1})=0.

Proof 2.3.

D’après la proposition précédente, \mathcal{H} est lisse en z𝑧z de dimension g1𝑔1g-1 si et seulement si H1(X1,𝒢1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript10H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1})=0, d’où (1)\Leftrightarrow(2). Or par définition, 𝒢𝒢\mathcal{G} est une extension de 𝒢¯¯𝒢\overline{\mathcal{G}} par son sous-module des torsions 𝒯𝒯\mathcal{T}, on a donc H1(X1,𝒢1)H1(X1,𝒢¯1)similar-to-or-equalssuperscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript1superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product¯𝒢superscript1H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1})\simeq H^{1}(X_{1},\overline{\mathcal{G}}\otimes\mathcal{L}^{-1}), d’où (2)\Leftrightarrow(3). A partir de la suite exacte suivante:

0αB𝒢0,0𝛼𝐵𝒢0\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 5.5pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&&&&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-5.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathcal{L}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 48.97025pt\raise 4.50694pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{\alpha}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 65.75pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 65.75pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{B\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 103.83679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 103.83679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathcal{G}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 141.68402pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 141.68402pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces,

on sait que H1(X1,𝒢1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript10H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1})=0 si et seulement si le morphisme ϕα:H1(X1,𝒪X1)H1(X1,B1):subscriptitalic-ϕ𝛼superscript𝐻1subscript𝑋1subscript𝒪subscript𝑋1superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript1\phi_{\alpha}:H^{1}(X_{1},\mathcal{O}_{X_{1}})\rightarrow H^{1}(X_{1},B\otimes\mathcal{L}^{-1}) est surjectif. Or ϕαsubscriptitalic-ϕ𝛼\phi_{\alpha} est dual de ψα:Hom𝒪X1(1,B)Hom𝒪X1(𝒪X1,ΩX1/k1):subscript𝜓𝛼subscriptHomsubscript𝒪subscript𝑋1superscript1𝐵subscriptHomsubscript𝒪subscript𝑋1subscript𝒪subscript𝑋1superscriptsubscriptΩsubscript𝑋1𝑘1\psi_{\alpha}:\mathrm{Hom}_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(\mathcal{L}^{-1},B)\rightarrow\mathrm{Hom}_{\mathcal{O}_{X_{1}}}(\mathcal{O}_{X_{1}},\Omega_{X_{1}/k}^{1}) (donné par <,><\cdot,\cdot> et α:B:𝛼𝐵\alpha:\mathcal{L}\rightarrow B) par la dualité de Serre. Donc dire que ϕαsubscriptitalic-ϕ𝛼\phi_{\alpha} est surjectif équivaut à dire que le morphisme ψαsubscript𝜓𝛼\psi_{\alpha} est injectif. Autrement dit, on a (3)\Leftrightarrow(4). Par définition, on a une suite exacte:

0¯𝒯00¯superscript𝒯00\rightarrow\mathcal{L}\rightarrow\overline{\mathcal{L}}\rightarrow\mathcal{T}^{\prime}\rightarrow 0

avec 𝒯superscript𝒯\mathcal{T}^{\prime} un 𝒪X1subscript𝒪subscript𝑋1\mathcal{O}_{X_{1}}-module de torsion. On en déduit un morphisme surjectif H1(X1,𝒢¯1)H1(X1,𝒢1)superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript¯1superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript1H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\bar{\mathcal{L}}^{-1})\rightarrow H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1}). Donc H1(X1,𝒢¯¯1)H1(X1,𝒢¯1)=0similar-to-or-equalssuperscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product¯𝒢superscript¯1superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript¯10H^{1}(X_{1},\overline{\mathcal{G}}\otimes\bar{\mathcal{L}}^{-1})\simeq H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\bar{\mathcal{L}}^{-1})=0 implique que H1(X1,𝒢1)=0superscript𝐻1subscript𝑋1tensor-product𝒢superscript10H^{1}(X_{1},\mathcal{G}\otimes\mathcal{L}^{-1})=0, d’où (5)\Rightarrow(2). Ceci finit la preuve.

Corollaire 2.4.1.

Soit η𝜂\eta un point générique de ΘΘ\Theta. Les conditions suivantes sont équivalentes:

(1) ΘΘ\Theta est lisse en η𝜂\eta;

(2) Il existe α:ηBη:𝛼subscript𝜂subscript𝐵𝜂\alpha:\mathcal{L}_{\eta}\hookrightarrow B_{\eta} qui est un plongement d’un faisceau inversible de degré 00 au-dessus de η𝜂\eta, tel que Hom(η1,η,α)=0Homsuperscriptsubscript𝜂1superscriptsubscript𝜂𝛼bottom0\mathrm{Hom}(\mathcal{L}_{\eta}^{-1},\mathcal{L}_{\eta,\alpha}^{\bot})=0.

De plus, sous ces conditions, ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta est un isomorphisme au-dessus d’un voisinage ouvert de η𝜂\eta.

Proof 2.4.

Clairement, (1) implique (2), et si ΘΘ\Theta est lisse en η𝜂\eta, \mathcal{H} est isomorphe à ΘΘ\Theta sur un voisinage de η𝜂\eta. Supposons ensuite qu’il existe un prolongment α:LηBη:𝛼subscript𝐿𝜂subscript𝐵𝜂\alpha:L_{\eta}\hookrightarrow B_{\eta} satisfaisant la condition (2), Alors \mathcal{H} est lisse de dimension g1𝑔1g-1 en le point ξ𝜉\xi\in\mathcal{H} correspondant à α𝛼\alpha. Soit W𝑊W la composante irréductible (munie de la structure de sous-schéma réduit) de \mathcal{H} passant par ξ𝜉\xi, c’est une composante de dimension g1𝑔1g-1 qui est génériquement lisse sur k𝑘k. Comme ξ𝜉\xi est au-dessus de η𝜂\eta qui est un point générique de ΘΘ\Theta, on en déduit que Wη={ξ}subscript𝑊𝜂𝜉W_{\eta}=\{\xi\}. En particulier, pour z{η}¯Θ𝑧¯𝜂Θz\in\overline{\{\eta\}}\subset\Theta assez général, dimk(z)(𝒬𝒪Θ,zk(z))=1subscriptdim𝑘𝑧subscripttensor-productsubscript𝒪Θ𝑧𝒬𝑘𝑧1\mathrm{dim}_{k(z)}\left(\mathcal{Q}\otimes_{\mathcal{O}_{\Theta,z}}k(z)\right)=1, donc 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible sur un voisinage de ηΘ𝜂Θ\eta\in\Theta. Donc \mathcal{H} est isomorphe à ΘΘ\Theta sur un voisinage de η𝜂\eta, à priori, ΘΘ\Theta est lisse en η𝜂\eta.

3 Etude générique du diviseur thêta

3.1 Préliminaires.

3.1.1 Rappels sur l’action de monodromie.

Rappels sur les familles de courbes semi-stables.

Soient g1𝑔1g\geq 1 un entier, k𝑘k un corps algébriquement clos. Notons H¯gsubscript¯𝐻𝑔\underline{H}_{g} le foncteur de la catégorie de k𝑘k-schémas vers la catégorie des ensembles défini de la façon suivante: soit T𝑇T un k𝑘k-schéma.

  • Pour g2𝑔2g\geq 2, H¯g(T)subscript¯𝐻𝑔𝑇\underline{H}_{g}(T) est l’ensemble des classes d’isomorphisme de courbes stables tricanoniquement plongées de genre g𝑔g ([6]).

  • Pour g=1𝑔1g=1, H¯1(T)subscript¯𝐻1𝑇\underline{H}_{1}(T) est l’ensemble des classes d’isomorphisme de courbes E/T𝐸𝑇E/T propres plates à fibres géométriques intègres de genre arithmétique 111 avec pour singularité au plus un point double ordinaire, munie d’une section oE(T)𝑜𝐸𝑇o\in E(T) dans le lieu lisse, plongées dans 𝐏2superscript𝐏2\mathbf{P}^{2} comme cubique plane par 𝒪E(3o)subscript𝒪𝐸3𝑜\mathcal{O}_{E}(3o):

    Eiπ𝐏T2T.𝐸𝑖𝜋subscriptsuperscript𝐏2𝑇𝑇\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 9.99019pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-6.97916pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{E\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 6.97916pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@hook{1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 15.18517pt\raise 5.30833pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-2.30833pt\hbox{$\scriptstyle{i}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 30.97916pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern-9.99019pt\raise-19.3461pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{\pi}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 0.0pt\raise-28.85889pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 30.97916pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathbf{P}^{2}_{T}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\kern 6.61633pt\raise-32.08879pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}{\hbox{\kern-6.61632pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{T}$}}}}}}}{\hbox{\kern 35.78194pt\raise-38.6922pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.
Theorem 3.1 (pour g2𝑔2g\geq 2, [6]).

(1) Pour g1𝑔1g\geq 1, le foncteur H¯gsubscript¯𝐻𝑔\underline{H}_{g} est représentable par un schéma Hgsubscript𝐻𝑔H_{g} irréductible lisse sur k𝑘k. Soit 𝒳g/Hgsubscript𝒳𝑔subscript𝐻𝑔\mathcal{X}_{g}/H_{g} la courbe universelle (pour g=1𝑔1g=1, on note aussi =𝒳1subscript𝒳1\mathcal{E}=\mathcal{X}_{1} la courbe universelle sur H1subscript𝐻1H_{1}).

(2) Pour g2𝑔2g\geq 2, soit Hg,singsubscript𝐻𝑔singH_{g,\mathrm{sing}} le sous-schéma fermé réduit de Hgsubscript𝐻𝑔H_{g} image du lieu où la courbe universelle 𝒳gsubscript𝒳𝑔\mathcal{X}_{g} n’est pas lisse sur Hgsubscript𝐻𝑔H_{g}. Alors Hg,singsubscript𝐻𝑔singH_{g,\mathrm{sing}} est un diviseur à croisements normaux de Hgsubscript𝐻𝑔H_{g}. Plus précisément, si tHg𝑡subscript𝐻𝑔t\in H_{g}, soit 𝔒tsubscript𝔒𝑡\mathfrak{O}_{t} un hensélisé strict de l’anneau local de Hg,singsubscript𝐻𝑔singH_{g,\mathrm{sing}} en t𝑡t. Les branches de Hg,singsubscript𝐻𝑔singH_{g,\mathrm{sing}} passant par t𝑡t (qui correspondent aux composantes irréductibles de 𝔒tsubscript𝔒𝑡\mathfrak{O}_{t}) sont en bijection avec les points doubles de la fibre 𝒳tsubscript𝒳𝑡\mathcal{X}_{t} de 𝒳𝒳\mathcal{X}.

Théorème d’Igusa et d’Ekedahl.

Pour g1𝑔1g\geq 1, soit Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime} (resp. Hg~~superscriptsubscript𝐻𝑔\widetilde{H_{g}^{\prime}}) le lieu des tHg𝑡subscript𝐻𝑔t\in H_{g} tels que la jacobienne de 𝒳g,tsubscript𝒳𝑔𝑡\mathcal{X}_{g,t} soit une variété abélienne ordinaire sur t𝑡t (resp. tel que 𝒳g,tsubscript𝒳𝑔𝑡\mathcal{X}_{g,t} soit une courbe lisse ordinaire). Alors Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime} (resp. Hg~~superscriptsubscript𝐻𝑔\widetilde{H_{g}^{\prime}}) est un ouvert non vide de Hgsubscript𝐻𝑔H_{g}. Notons 𝒳g=𝒳g×HgHgsuperscriptsubscript𝒳𝑔subscriptsubscript𝐻𝑔subscript𝒳𝑔superscriptsubscript𝐻𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime}=\mathcal{X}_{g}\times_{H_{g}}H_{g}^{\prime}, et 𝒳g~=Xg×gHg~~superscriptsubscript𝒳𝑔subscriptsubscript𝑔subscript𝑋𝑔~superscriptsubscript𝐻𝑔\widetilde{\mathcal{X}_{g}^{\prime}}=X_{g}\times_{\mathcal{H}_{g}}\widetilde{H_{g}^{\prime}} (pour g=1𝑔1g=1, on note aussi =𝒳1superscriptsuperscriptsubscript𝒳1\mathcal{E}^{\prime}=\mathcal{X}_{1}^{\prime} et E~=𝒳1~~superscript𝐸~superscriptsubscript𝒳1\widetilde{E^{\prime}}=\widetilde{\mathcal{X}_{1}^{\prime}}), 𝒥g=Pic𝒳g/Hgsuperscriptsubscript𝒥𝑔subscriptsuperscriptPicsuperscriptsubscript𝒳𝑔superscriptsubscript𝐻𝑔\mathcal{J}_{g}^{\prime}=\mathrm{Pic}^{\circ}_{\mathcal{X}_{g}^{\prime}/H_{g}^{\prime}} sa jacobienne. 𝒥gsuperscriptsubscript𝒥𝑔\mathcal{J}_{g}^{\prime} est un schéma abélien ordinaire sur Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime} de dimension relative g𝑔g. Soient s¯Hg¯𝑠superscriptsubscript𝐻𝑔\bar{s}\rightarrow H_{g}^{\prime} un point géométrique, N=peN1𝑁superscript𝑝𝑒superscript𝑁1N=p^{e}N^{\prime}\geq 1 un entier (où Nsuperscript𝑁N^{\prime} est premier à p𝑝p). Notons 𝒥g[N]etsuperscriptsubscript𝒥𝑔subscriptdelimited-[]𝑁𝑒𝑡\mathcal{J}_{g}^{\prime}[N]_{et} le plus grand quotient étale de 𝒥g[N]]\mathcal{J}_{g}^{\prime}[N]] sur Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime}, et ρg,N:π1(Hg,s¯)Aut𝐙/N𝐙((𝒥g[N])et,s¯):subscript𝜌𝑔𝑁subscript𝜋1superscriptsubscript𝐻𝑔¯𝑠subscriptAut𝐙𝑁𝐙subscriptsuperscriptsubscript𝒥𝑔delimited-[]𝑁𝑒𝑡¯𝑠\rho_{g,N}:\pi_{1}(H_{g}^{\prime},\bar{s})\rightarrow\mathrm{Aut}_{\mathbf{Z}/N\mathbf{Z}}\left(\left(\mathcal{J}_{g}^{\prime}[N]\right)_{et,\bar{s}}\right) l’action de monodromie associée (c’est-à-dire, l’action de π1(Hg,s¯)subscript𝜋1superscriptsubscript𝐻𝑔¯𝑠\pi_{1}(H_{g}^{\prime},\bar{s}) sur la fibre en s𝑠s de 𝒥g[N]et,s¯superscriptsubscript𝒥𝑔subscriptdelimited-[]𝑁𝑒𝑡¯𝑠\mathcal{J}_{g}^{\prime}[N]_{et,\bar{s}}, vu comme faisceau localement constant constructibe sur Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime}).

Theorem 3.2 (Igusa, Ekedahl [9]).

Supposons g1𝑔1g\geq 1.

(1) Si N=pe𝑁superscript𝑝𝑒N=p^{e} est une puissance de p𝑝p, le morphisme ρg,pesubscript𝜌𝑔superscript𝑝𝑒\rho_{g,p^{e}} est surjectif.

(2) Si N=N𝑁superscript𝑁N=N^{\prime} est premier à p𝑝p, le morphisme ρg,Nsubscript𝜌𝑔superscript𝑁\rho_{g,N^{\prime}} a 𝐒𝐩(2g,(𝐙/N𝐙))𝐒𝐩2𝑔𝐙𝑁𝐙\mathbf{Sp}(2g,(\mathbf{Z}/N\mathbf{Z})) pour image, où 𝐒𝐩(2g,(𝐙/N𝐙))𝐒𝐩2𝑔𝐙𝑁𝐙\mathbf{Sp}(2g,(\mathbf{Z}/N\mathbf{Z})) est le groupe symplectique pour l’accouplement de Weil sur 𝒥g[N]superscriptsubscript𝒥𝑔delimited-[]𝑁\mathcal{J}_{g}^{\prime}[N].

Remark 3.3.

On renvoie le lecteur à [9] pour une preuve du théorème 3.2. Le cas où g=1𝑔1g=1 et N=p𝑁𝑝N=p a été d’abord prouvé par Igusa. Le cas où N𝑁N est premier à p𝑝p est classique ([6]).

Remark 3.4.

(1) Pour g2𝑔2g\geq 2, soit 𝒳g/Hgsuperscriptsubscript𝒳𝑔superscriptsubscript𝐻𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime}/H_{g}^{\prime} la courbe universelle sur Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime}. Alors 𝒳gsuperscriptsubscript𝒳𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime} représente le foncteur des courbes semi-stables tricanoniquement plongées de genre g𝑔g munies d’un point rationnel, dont la jacobienne soit une variété abélienne ordinaire. Comme 𝒳g/Hgsuperscriptsubscript𝒳𝑔superscriptsubscript𝐻𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime}/H_{g}^{\prime} est à fibres géométriques connexes, étant donné un point géométrique x¯¯𝑥\bar{x} de 𝒳gsuperscriptsubscript𝒳𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime}, le morphisme naturel π1(𝒳g,x¯)π1(Hg,x¯)subscript𝜋1superscriptsubscript𝒳𝑔¯𝑥subscript𝜋1superscriptsubscript𝐻𝑔¯𝑥\pi_{1}(\mathcal{X}_{g}^{\prime},\bar{x})\rightarrow\pi_{1}(H_{g}^{\prime},\bar{x}) est surjectif. Par suite, l’action de monodromie associée à la famille universelle de 𝒳gsuperscriptsubscript𝒳𝑔\mathcal{X}_{g}^{\prime} est aussi surjective en vertu du théorème 3.2.

(2) Par conséquent, pour g2𝑔2g\geq 2, il existe une courbe Cgsubscript𝐶𝑔C_{g} semi-stable définie sur un corps K1subscript𝐾1K_{1}, telle que Cgsubscript𝐶𝑔C_{g} soit constituée de deux composantes irréductibles: (i) une courbe Xsuperscript𝑋X^{\prime} lisse de genre g1𝑔1g-1 définie sur K1subscript𝐾1K_{1} munie d’un point rationnel; (ii) une courbe elliptique E𝐸E sur K1subscript𝐾1K_{1}, qui se coupent en un point rationnel. De plus l’action de Gal(K1¯/K1)Gal¯subscript𝐾1subscript𝐾1\mathrm{Gal}(\overline{K_{1}}/K_{1}) sur JCg[p](K1¯)JX[p](K1¯)×JE[p](K1¯)similar-to-or-equalssubscript𝐽subscript𝐶𝑔delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1subscript𝐽superscript𝑋delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1subscript𝐽𝐸delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1J_{C_{g}}[p](\overline{K_{1}})\simeq J_{X^{\prime}}[p](\overline{K_{1}})\times J_{E}[p](\overline{K_{1}}) a Aut𝐅p(JX[p](K1¯))×Aut𝐅p(JE[p](K1¯))subscriptAutsubscript𝐅𝑝subscript𝐽superscript𝑋delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1subscriptAutsubscript𝐅𝑝subscript𝐽𝐸delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1\mathrm{Aut}_{\mathbf{F}_{p}}(J_{X^{\prime}}[p](\overline{K_{1}}))\times\mathrm{Aut}_{\mathbf{F}_{p}}(J_{E}[p](\overline{K_{1}})) comme image dans Aut𝐅p(JCg[p](K1¯))subscriptAutsubscript𝐅𝑝subscript𝐽subscript𝐶𝑔delimited-[]𝑝¯subscript𝐾1\mathrm{Aut}_{\mathbf{F}_{p}}(J_{C_{g}}[p](\overline{K_{1}})).

3.1.2 Préliminaires sur les points doubles ordinaires.

Dans ce §§\S, nous rappelons la notion de point double ordinaire (en codimension 111) et leur déformation.

Definition 3.1 (point double ordinaire).

Soient F𝐹F un corps, X/F𝑋𝐹X/F un schéma localement de type fini. Un point singulier xX𝑥𝑋x\in X de codimension 111 est un point double ordinaire s’il existe un F𝐹F-schéma lisse Y=Spec(A)𝑌Spec𝐴Y=\mathrm{Spec}(A) et un diagramme commutatif suivant:

X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}U𝑈\textstyle{U\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}α𝛼\scriptstyle{\alpha}β𝛽\scriptstyle{\beta}Spec(F)Spec𝐹\textstyle{\mathrm{Spec}(F)}Y𝑌\textstyle{Y\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Spec(A[u,v]/(uv))Spec𝐴𝑢𝑣𝑢𝑣\textstyle{\mathrm{Spec}(A[u,v]/(uv))\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

dans lequel α𝛼\alpha et β𝛽\beta sont des morphismes étales, et xα(U)X𝑥𝛼𝑈𝑋x\in\alpha(U)\subset X.

Soit R𝑅R un anneau de valuation discrète, de corps résiduel k𝑘k et de corps de fractions K𝐾K. Notons 𝔪𝔪\mathfrak{m} l’idéal maximal de R𝑅R, ϖ𝔪italic-ϖ𝔪\varpi\in\mathfrak{m} une uniformisante de R𝑅R. Par convention, on note ϖ=0Rsuperscriptitalic-ϖ0𝑅\varpi^{\infty}=0\in R.

Notation 3.2.

Pour n𝐙1{}𝑛subscript𝐙absent1n\in\mathbf{Z}_{\geq 1}\cup\{\infty\}, notons Cn=Spec(R[u,v]/(uvϖn))subscript𝐶𝑛Spec𝑅𝑢𝑣𝑢𝑣superscriptitalic-ϖ𝑛C_{n}=\mathrm{Spec}(R[u,v]/(uv-\varpi^{n})).

Remark 3.3.

Pour n1𝑛1n\geq 1 et n𝑛n\neq\infty, Cnsubscript𝐶𝑛C_{n} est un schéma normal, tandis que Csubscript𝐶C_{\infty} a deux composantes irréductibles qui se coupent transversalement le long de u=v=0𝑢𝑣0u=v=0.

Notons S=Spec(R)𝑆Spec𝑅S=\mathrm{Spec}(R), η𝜂\eta (resp. s𝑠s) le point générique (resp. le point fermé) de S𝑆S.

Proposition 12 (déformation des points doubles ordinaires).

Soient X/S𝑋𝑆X/S un S𝑆S-schéma plat, xXs𝑥subscript𝑋𝑠x\in X_{s} un point ordinaire double.

(1) Il existe alors un n𝐙1{}𝑛subscript𝐙absent1n\in\mathbf{Z}_{\geq 1}\cup\{\infty\}, un S𝑆S-schéma lisse Y𝑌Y, et un diagramme commutatif:

X𝑋\textstyle{X\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}Z𝑍\textstyle{Z\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}αsuperscript𝛼\scriptstyle{\alpha^{\prime}}βsuperscript𝛽\scriptstyle{\beta^{\prime}}S𝑆\textstyle{S}Y×SCnsubscript𝑆𝑌subscript𝐶𝑛\textstyle{Y\times_{S}C_{n}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}

avec αsuperscript𝛼\alpha^{\prime} et βsuperscript𝛽\beta^{\prime} des morphismes étales tels que xα(Z)𝑥superscript𝛼𝑍x\in\alpha^{\prime}(Z).

(2) Si n𝑛n\neq\infty, il existe un voisinage ouvert U𝑈U de x𝑥x dans X𝑋X qui est normal et tel que Uηsubscript𝑈𝜂U_{\eta} soit lisse sur η𝜂\eta.

(2)’ (Cas équisingulier) Si n=𝑛n=\infty, il existe un voisinage ouvert U𝑈U de x𝑥x dans X𝑋X dont le normalisé U~~𝑈\widetilde{U} est lisse sur S𝑆S et a pour fibre spéciale le normalisé de Ussubscript𝑈𝑠U_{s}.

Proof 3.4.

Vu la définition d’un point double ordinaire (3.1), le corps résiduel k(x)𝑘𝑥k(x) en xX𝑥𝑋x\in X est une extension séparable de k(s)=k𝑘𝑠𝑘k(s)=k, donc une extension finie étale d’une extension transcendante pure k[t1,,tn]𝑘subscript𝑡1subscript𝑡𝑛k[t_{1},\cdots,t_{n}] de k𝑘k. Quitte à restreindre à un voisinage ouvert de x𝑥x dans X𝑋X, on peut supposer que les tisubscript𝑡𝑖t_{i} se relèvent en des fonctions Tisubscript𝑇𝑖T_{i} sur X𝑋X. Considérons le morphisme ϕ:XSpec(R[t1,,tn])=𝐀Sn:italic-ϕ𝑋Spec𝑅subscript𝑡1subscript𝑡𝑛superscriptsubscript𝐀𝑆𝑛\phi:X\rightarrow\mathrm{Spec}(R[t_{1},\cdots,t_{n}])=\mathbf{A}_{S}^{n} défini par les Tisubscript𝑇𝑖T_{i}, et soit ξ𝐀Sn𝜉superscriptsubscript𝐀𝑆𝑛\xi\in\mathbf{A}_{S}^{n} le point générique de la fibre spéciale de 𝐀Snsubscriptsuperscript𝐀𝑛𝑆\mathbf{A}^{n}_{S}. Alors ξ=ϕ(x)𝜉italic-ϕ𝑥\xi=\phi(x) et chaque composante irréductible de X𝑋X domine 𝐀Snsuperscriptsubscript𝐀𝑆𝑛\mathbf{A}_{S}^{n} par ϕitalic-ϕ\phi. Soit Rsuperscript𝑅R^{\prime} l’anneau local de 𝐀Snsubscriptsuperscript𝐀𝑛𝑆\mathbf{A}^{n}_{S} en ξ𝜉\xi. Donc Rsuperscript𝑅R^{\prime} est un anneau de valuation discrète. Soit X=X×𝐀SnSpec(R)superscript𝑋subscriptsubscriptsuperscript𝐀𝑛𝑆𝑋Specsuperscript𝑅X^{\prime}=X\times_{\mathbf{A}^{n}_{S}}\mathrm{Spec}(R^{\prime}). Alors Xsuperscript𝑋X^{\prime} est maintenant une Rsuperscript𝑅R^{\prime}-courbe plate qui présente un point double ordinaire en x𝑥x. Quitte à faire une localisation étale Y𝐀Sn𝑌superscriptsubscript𝐀𝑆𝑛Y\rightarrow\mathbf{A}_{S}^{n} avec ξsuperscript𝜉\xi^{\prime} un point au-dessus de ξ𝜉\xi, on peut remplacer 𝐀Snsuperscriptsubscript𝐀𝑆𝑛\mathbf{A}_{S}^{n} par un S𝑆S-schéma lisse Y𝑌Y de Rsuperscript𝑅R^{\prime} tel que l’extension k(ξ)k(x)𝑘superscript𝜉𝑘𝑥k(\xi^{\prime})\rightarrow k(x) soit triviale. On est donc ramené au cas d’une courbe relative, un cas qui est bien connu. On renvoie à [5](§§\S 2.23) pour les détails. Les autres assertions sont immédiates.

3.2 Théorème d’irréductibilité et de normalité

Dans cette section, k𝑘k est un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Si Y𝑌Y est un schéma, et yY𝑦𝑌y\in Y, on note k(y)𝑘𝑦k(y) le corps résiduel de Y𝑌Y en y𝑦y.

Lemme 3.2.1.

Soit g2𝑔2g\geq 2 un entier. Il existe un k𝑘k-schéma S=Spec(R)={η,s}𝑆Spec𝑅𝜂𝑠S=\mathrm{Spec}(R)=\{\eta,s\} spectre d’un anneau de valuation discrète complet et une courbe semi-stable X/S𝑋𝑆X/S de genre g𝑔g telle que

(1) La fibre générique Xηsubscript𝑋𝜂X_{\eta} de X/S𝑋𝑆X/S est lisse.

(2) La jacobienne J1subscript𝐽1J_{1} de X1subscript𝑋1X_{1} est propre sur S𝑆S.

(3) La fibre spéciale Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est constituée de deux composantes: (i) une courbe générique Y𝑌Y de genre g1𝑔1g-1, et (ii) une courbe elliptique générique E𝐸E qui se coupent transversalement en un point rationnel. De plus, l’action de Gal(k(s)¯/k(s))Gal¯𝑘𝑠𝑘𝑠\mathrm{Gal}(\overline{k(s)}/k(s)) sur les points d’ordre p𝑝p de J1,sJY,1×E1similar-to-or-equalssubscript𝐽1𝑠subscript𝐽𝑌.1subscript𝐸1J_{1,s}\simeq J_{Y,1}\times E_{1} a pour image Aut𝐙/p𝐙(JY,1[p](s¯))×(𝐙/p𝐙)subscriptAut𝐙𝑝𝐙subscript𝐽𝑌.1delimited-[]𝑝¯𝑠superscript𝐙𝑝𝐙\mathrm{Aut}_{\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}}(J_{Y,1}[p](\bar{s}))\times\left(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}\right)^{\ast}.

Proof 3.1.

On a g2𝑔2g\geq 2. Reprenons la courbe Cg/hsubscript𝐶𝑔C_{g}/h au-dessus de h=Spec(K1)Specsubscript𝐾1h=\mathrm{Spec}(K_{1}) construite dans la remarque 3.4. Choisissons un plongement tricanonique de Cg/hsubscript𝐶𝑔C_{g}/h, ce qui définit un morphisme de hh dans Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime}. Soit hsuperscripth^{\prime} son image. En hsuperscripth^{\prime}, Hg,singsuperscriptsubscript𝐻𝑔singH_{g,\mathrm{sing}}^{\prime} est un diviseur lisse de Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime}(théorème 3.1). Soit s𝑠s le point générique de ce diviseur. On prend R𝑅R le complété de l’anneau local de Hgsuperscriptsubscript𝐻𝑔H_{g}^{\prime} en s𝑠s. Alors R𝑅R est un anneau de valuation discrète complet. Posons S=Spec(R)={η,s}𝑆Spec𝑅𝜂𝑠S=\mathrm{Spec}(R)=\{\eta,s\}, X=𝒳g×HgS𝑋subscriptsuperscriptsubscript𝐻𝑔superscriptsubscript𝒳𝑔𝑆X=\mathcal{X}_{g}^{\prime}\times_{H_{g}^{\prime}}S. Ainsi X/S𝑋𝑆X/S est une courbe stable de fibre générique la courbe générique de genre g𝑔g, et sa jacobienne est un schéma abélien sur S𝑆S. De plus, Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est constituée de deux composantes: (i) une courbe générique Y𝑌Y de genre g1𝑔1g-1, et (ii) une courbe elliptique générique E𝐸E. Ces deux composantes se coupent transversalement en un point rationnel. Il reste à vérifier les conditions sur l’action de monodromie. Par construction (remarque 3.4), le morphisme Gal(k(h)¯/k(h))Aut(JCg,1[p](k(h)¯))Gal¯𝑘𝑘Autsubscript𝐽subscript𝐶𝑔.1delimited-[]𝑝¯𝑘\mathrm{Gal}(\overline{k(h)}/k(h))\rightarrow\mathrm{Aut}\left(J_{C_{g},1}[p](\overline{k(h)})\right) a Aut𝐙/p𝐙(JY,1[p](h¯))×(𝐙/p𝐙)subscriptAut𝐙𝑝𝐙subscript𝐽𝑌.1delimited-[]𝑝¯superscript𝐙𝑝𝐙\mathrm{Aut}_{\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}}(J_{Y,1}[p](\bar{h}))\times\left(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}\right)^{\ast} comme image. Soit UHg𝑈superscriptsubscript𝐻𝑔U\subset H_{g}^{\prime} le lieu lisse du diviseur passant par hHgsuperscriptsuperscriptsubscript𝐻𝑔h^{\prime}\in H_{g}^{\prime}, alors hUsuperscript𝑈h^{\prime}\in U. Considérons le diagramme commutative suivant

Gal(k(h)¯/k(h))=π1(h,h¯)π1(U,h¯)ρAut(J𝒞g,1[p](k(h)¯)),Gal¯𝑘𝑘subscript𝜋1¯subscript𝜋1𝑈¯superscript𝜌Autsubscript𝐽subscript𝒞𝑔.1delimited-[]𝑝¯𝑘\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 51.91797pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&\\&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-51.91797pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathrm{Gal}(\overline{k(h)}/k(h))=\pi_{1}(h,\bar{h})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 92.80406pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\kern 82.30919pt\raise-29.86221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}\ignorespaces{\hbox{\lx@xy@drawline@}}{\hbox{\kern 92.80406pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\pi_{1}(U,\bar{h})\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 111.23546pt\raise-20.1811pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.38196pt\hbox{$\scriptstyle{\rho^{\prime}}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 111.23546pt\raise-29.86221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern-3.0pt\raise-40.36221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{}$}}}}}}}{\hbox{\kern 75.91797pt\raise-40.36221pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\mathrm{Aut}\left(J_{\mathcal{C}_{g},1}[p](\overline{k(h)})\right)}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces,

on en déduit que Aut(JY,1[p](h¯))×(𝐙/p𝐙)im(ρ)Autsubscript𝐽𝑌.1delimited-[]𝑝¯superscript𝐙𝑝𝐙imsuperscript𝜌\mathrm{Aut}(J_{Y,1}[p](\bar{h}))\times(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast}\subset\mathrm{im}(\rho^{\prime}). Or Xhsubscript𝑋X_{h} est une courbe stable sur k(h)𝑘k(h) constituée de deux composantes lisses se coupant transversalement en un point rationnel, on a Aut(JY[p](h¯))×(𝐙/p𝐙)im(ρ)imsuperscript𝜌Autsubscript𝐽𝑌delimited-[]𝑝¯superscript𝐙𝑝𝐙\mathrm{Aut}(J_{Y}[p](\bar{h}))\times(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast}\supset\mathrm{im}(\rho^{\prime}). Donc ρsuperscript𝜌\rho^{\prime} a Aut𝐙/p𝐙(JY,1[p](h¯))×(𝐙/p𝐙)subscriptAut𝐙𝑝𝐙subscript𝐽𝑌.1delimited-[]𝑝¯superscript𝐙𝑝𝐙\mathrm{Aut}_{\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}}(J_{Y,1}[p](\bar{h}))\times\left(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}\right)^{\ast} comme image. Puisque sU𝑠𝑈s\in U est le point générique, par généralisation de hsuperscripth^{\prime} à s𝑠s, l’action de Gal(k(s)¯/k(s))Gal¯𝑘𝑠𝑘𝑠\mathrm{Gal}(\overline{k(s)}/k(s)) sur les points d’ordre p𝑝p de J1,sJY,1×E1similar-to-or-equalssubscript𝐽1𝑠subscript𝐽𝑌.1subscript𝐸1J_{1,s}\simeq J_{Y,1}\times E_{1} a pour image Aut𝐙/p𝐙(JY,1[p](s¯))×(𝐙/p𝐙)subscriptAut𝐙𝑝𝐙subscript𝐽𝑌.1delimited-[]𝑝¯𝑠superscript𝐙𝑝𝐙\mathrm{Aut}_{\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}}(J_{Y,1}[p](\bar{s}))\times\left(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z}\right)^{\ast}.

Théorème 3.2.2.

Si g=2𝑔2g=2, le diviseur ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}} de la courbe générique est lisse, et donc géométriquement irréductible.

Proof 3.2.

Considérons la courbe X/S𝑋𝑆X/S construite dans le lemme précédent. Soit k/k(s)superscript𝑘𝑘𝑠k^{\prime}/k(s) une extension finie galoisienne de k(s)𝑘𝑠k(s) de groupe (𝐙/p𝐙)×(𝐙/p𝐙)superscript𝐙𝑝𝐙superscript𝐙𝑝𝐙(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast}\times(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast} qui déploie les points d’ordre p𝑝p de J1,ssubscript𝐽1𝑠J_{1,s}. Comme S𝑆S est complet donc hensélien, l’extension k/k(s)superscript𝑘𝑘𝑠k^{\prime}/k(s) s’étend en un revêtement étale galoisien S/Ssuperscript𝑆𝑆S^{\prime}/S de groupe (𝐙/p𝐙)×(𝐙/p𝐙)superscript𝐙𝑝𝐙superscript𝐙𝑝𝐙(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast}\times(\mathbf{Z}/p\mathbf{Z})^{\ast}. Soient (bi)i=1,,p1subscriptsubscript𝑏𝑖𝑖1𝑝1(b_{i})_{i=1,\cdots,p-1} et (bi)i=1,,p1subscriptsuperscriptsubscript𝑏𝑖𝑖1𝑝1(b_{i}^{\prime})_{i=1,\cdots,p-1} les points d’ordre p𝑝p de E1subscript𝐸1E_{1} et E1superscriptsubscript𝐸1E_{1}^{\prime}. Sur ssuperscript𝑠s^{\prime}, le diviseur ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} est tel que (remarque 1.1)

Θs=Θs×k(s)k(s)=i=1,j=1p1(({bi}×E1)(E1×{bj})).subscriptΘsuperscript𝑠subscript𝑘𝑠subscriptΘ𝑠𝑘superscript𝑠superscriptsubscriptformulae-sequence𝑖1𝑗1𝑝1subscript𝑏𝑖superscriptsubscript𝐸1subscript𝐸1superscriptsubscript𝑏𝑗\Theta_{s^{\prime}}=\Theta_{s}\times_{k(s)}k(s^{\prime})=\bigcup_{i=1,j=1}^{p-1}\left(\left(\{b_{i}\}\times E_{1}^{\prime}\right)\cup\left(E_{1}\times\{b_{j}^{\prime}\}\right)\right).

C’est une courbe semi-stable de points doubles (bi,bj)i,j{1,,p1}subscriptsubscript𝑏𝑖superscriptsubscript𝑏𝑗𝑖𝑗1𝑝1(b_{i},b_{j}^{\prime})_{i,j\in\{1,\cdots,p-1\}} qui sont conjugués sous G𝐺G. En particulier, ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} a seulement des points doubles ordinaires pour singularités.

Soit aΘs𝑎subscriptΘsuperscript𝑠a\in\Theta_{s^{\prime}} un point singulier, a𝑎a est donc un point double ordinaire de ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}}. D’après la déformation de points doubles ordinaires (proposition 12), il y a deux cas à distinguer:

(1) Ou bien il existe un voisinage ouvert U𝑈U de a𝑎a dans Θ:=Θ×SSassignsuperscriptΘsubscript𝑆Θsuperscript𝑆\Theta^{\prime}:=\Theta\times_{S}S^{\prime} tel que Uηsuperscriptsubscript𝑈𝜂U_{\eta}^{\prime} soit lisse sur ηsuperscript𝜂\eta^{\prime}, auquel cas ΘηsuperscriptsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}}^{\prime} et donc ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} sont lisses.

(2) Ou bien, ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est équisingulier en a𝑎a sur Ssuperscript𝑆S^{\prime}, auquel cas le normalisé Θ~~superscriptΘ\widetilde{\Theta^{\prime}} de ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est lisse sur Ssuperscript𝑆S^{\prime} et la fibre spéciale Θ~ssubscript~superscriptΘsuperscript𝑠\widetilde{\Theta^{\prime}}_{s^{\prime}} est le normalisé de ΘssuperscriptsubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}}^{\prime}. Alors Θ~ssubscript~superscriptΘsuperscript𝑠\widetilde{\Theta^{\prime}}_{s^{\prime}} est une somme disjointe de courbes irréductibles isomorphes à E1subscript𝐸1E_{1} ou E1superscriptsubscript𝐸1E_{1}^{\prime}. Par suite, les composantes de Θ~ηsubscript~superscriptΘsuperscript𝜂\widetilde{\Theta^{\prime}}_{\eta^{\prime}} (où ηsuperscript𝜂\eta^{\prime} est le point générique de Ssuperscript𝑆S^{\prime}) sont des courbes elliptiques. Or J1subscript𝐽1J_{1} ne contient pas de courbes elliptiques puisque NS(J1,η×ηη¯)=𝐙NSsubscript𝜂subscript𝐽1𝜂¯𝜂𝐙\mathrm{NS}(J_{1,\eta}\times_{\eta}\bar{\eta})=\mathbf{Z} ([27]), d’où une contradiction.

Théorème 3.2.3.

Si g3𝑔3g\geq 3, le diviseur ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}} de la courbe générique est géométriquement normal.

Proof 3.3.

On raisonne par récurrence sur g𝑔g. D’après le théorème précédent, on sait que le diviseur thêta pour la courbe générique de genre 222 est lisse. Supposons maintenant g3𝑔3g\geq 3 et que le théorème a été démontré pour les courbes génériques de genre g1absent𝑔1\leq g-1. Considérons la courbe X/S𝑋𝑆X/S construite dans le lemme 3.2.1. Soit K/k(η)superscript𝐾𝑘𝜂K^{\prime}/k(\eta) une extension galoisienne de corps telle que les conditions suivantes soient réalisée: notons S={η,s}superscript𝑆superscript𝜂superscript𝑠S^{\prime}=\{\eta^{\prime},s^{\prime}\} le normalisé de S𝑆S dans Ksuperscript𝐾K^{\prime}, alors (i) toutes les composantes irréductibles de ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} sont géométriquement irréductibles; (ii) l’extension de corps k(s)/k(s)𝑘superscript𝑠𝑘𝑠k(s^{\prime})/k(s) déploie les points d’ordre p𝑝p de Jssubscript𝐽𝑠J_{s}. Notons (bi)i=1,,p1subscriptsubscript𝑏𝑖𝑖1𝑝1(b_{i})_{i=1,\cdots,p-1} les points d’ordre p𝑝p de E1,ssubscript𝐸1superscript𝑠E_{1,s^{\prime}}.

Montrons d’abord que ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est géométriquement intègre. D’après la remarque 1.1, la fibre de ΘΘ\Theta au-dessus de ssuperscript𝑠s^{\prime} est telle que

Θs=ΘYs×E1,s(i=1p1(JY1,s×{bi})),subscriptΘsuperscript𝑠subscriptΘsubscript𝑌𝑠subscript𝐸1superscript𝑠superscriptsubscript𝑖1𝑝1subscript𝐽subscript𝑌1superscript𝑠subscript𝑏𝑖\Theta_{s^{\prime}}=\Theta_{Y_{s}}\times E_{1,s^{\prime}}\cup\left(\cup_{i=1}^{p-1}\left(J_{Y_{1},s^{\prime}}\times\{b_{i}\}\right)\right),

ΘYssubscriptΘsubscript𝑌superscript𝑠\Theta_{Y_{s^{\prime}}} est le diviseur thêta de la courbe générique de genre g1𝑔1g-1, et donc est normal. Par conséquent, ΘΘ\Theta a une fibre spéciale géométriquement réduite. Il reste à prouver que ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est géométriquement irréductible. Soit Θη,i(iI)subscriptΘsuperscript𝜂𝑖𝑖𝐼\Theta_{\eta^{\prime},i}\leavevmode\nobreak\ (i\in I) les composantes irréductibles de ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}}, munies de la structure de sous-schéma fermé réduit. Comme NS(J1,η)𝐙similar-to-or-equalsNSsubscript𝐽1superscript𝜂𝐙\mathrm{NS}(J_{1,\eta^{\prime}})\simeq\mathbf{Z}, elles sont amples. Soit Θη,i¯¯subscriptΘsuperscript𝜂𝑖\overline{\Theta_{\eta^{\prime},i}} l’adhérence schématique de Θη,isubscriptΘsuperscript𝜂𝑖\Theta_{\eta^{\prime},i} dans Θ:=Θ×SSassignsuperscriptΘsubscript𝑆Θsuperscript𝑆\Theta^{\prime}:=\Theta\times_{S}S^{\prime} (== le diviseur thêta pour la courbe X/Ssuperscript𝑋superscript𝑆X^{\prime}/S^{\prime}). Alors Θη,i¯¯subscriptΘsuperscript𝜂𝑖\overline{\Theta_{\eta^{\prime},i}} a une fibre spéciale ample. Or d’après la description explicite de ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} donnée ci-dessus, on a donc ΘY×E1(Θi¯)ssubscriptΘ𝑌subscript𝐸1subscript¯subscriptΘ𝑖𝑠\Theta_{Y}\times E_{1}\subset(\overline{\Theta_{i}})_{s}. Or par l’hypothèse de récurrence, ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} est réduit, ce qui implique que card(I)=1card𝐼1\mathrm{card}(I)=1. Donc ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est géométriquement irréductible.

Ensuite, on montre que ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est géométriquement normal. Soit Z𝑍Z le fermé de ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}}ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} n’est pas lisse. Par hypothèse de récurrence, ΘYsubscriptΘ𝑌\Theta_{Y} est normal, donc les composantes de Z𝑍Z de codimension 111 dans ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} sont les ΘY×{bi}subscriptΘ𝑌subscript𝑏𝑖\Theta_{Y}\times\{b_{i}\} (1ip11𝑖𝑝11\leq i\leq p-1). Soit ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} le point générique de ΘY×{bi}subscriptΘ𝑌subscript𝑏𝑖\Theta_{Y}\times\{b_{i}\}. Comme les bisubscript𝑏𝑖b_{i} (1ip11𝑖𝑝11\leq i\leq p-1) sont conjugués sous le groupe de décomposition de k(η)/k(η)𝑘superscript𝜂𝑘𝜂k(\eta^{\prime})/k(\eta), les ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} le sont aussi. En ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i}, ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} présente un point double ordinaire de codimension 111. Soit π:Θ~Θ:𝜋superscript~ΘsuperscriptΘ\pi:\widetilde{\Theta}^{\prime}\rightarrow\Theta^{\prime} la normalisation. Il y a deux cas à distinguer:

(1) ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est normal en chacun des ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i}, auquel cas, ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est normal, et en particulier, Θη=ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂superscriptsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}}=\Theta_{\eta^{\prime}}^{\prime} est normal. De plus, ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est en fait lisse en codimension 1absent1\leq 1 (lemme 12 (2)), donc est géométriquement normal en vertu du critère de normalité de Serre.

(2) Il existe un point ξi0subscript𝜉subscript𝑖0\xi_{i_{0}}ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est équisingulier (au sens de lemme 12 (2’)). Par l’action de monodromie, ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est équisingulier en tous les ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i}. Alors Θ~superscript~Θ\widetilde{\Theta}^{\prime} est lisse sur Ssuperscript𝑆S^{\prime} au-dessus d’un voisinage ouvert Visubscript𝑉𝑖V_{i} de ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i}, et la fibre spéciale Θ~ssubscript~Θsuperscript𝑠\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}} de Θ~superscript~Θ\widetilde{\Theta}^{\prime} est la normalisé de ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}} au-dessus de Vssubscript𝑉superscript𝑠V_{s^{\prime}} (d’après la proposition 12).

Lemme 3.2.4.

Il existe un fermé W~~𝑊\widetilde{W} de Θ~ssubscript~Θsuperscript𝑠\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}} de codimension 2absent2\geq 2 dans Θ~ssubscript~Θsuperscript𝑠\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}} tel que Θ~sW~subscript~Θsuperscript𝑠~𝑊\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}}-\widetilde{W} ait au moins 222 composantes connexes.

Proof 3.4 (Démonstration du lemme).

Soit W=Z(i=1p1Vi)𝑊𝑍superscriptsubscript𝑖1𝑝1subscript𝑉𝑖W=Z-(\cup_{i=1}^{p-1}V_{i}), W~=πs1(W)Θ~~𝑊superscriptsubscript𝜋superscript𝑠1𝑊~Θ\widetilde{W}=\pi_{s^{\prime}}^{-1}(W)\subset\widetilde{\Theta}. Alors W~~𝑊\widetilde{W} est de codimension 2absent2\geq 2 dans ΘssubscriptΘsuperscript𝑠\Theta_{s^{\prime}}. De plus, Θ~sW~subscript~Θsuperscript𝑠~𝑊\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}}-\widetilde{W} est le normalisé de ΘsWsubscriptΘsuperscript𝑠𝑊\Theta_{s^{\prime}}-W, et il est aussi lisse en les points au-dessus de ξisubscript𝜉𝑖\xi_{i} (1ip11𝑖𝑝11\leq i\leq p-1). Par conséquent, Θ~sW~subscript~Θsuperscript𝑠~𝑊\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}}-\widetilde{W} n’est pas connexe (en effet, Θ~sW~subscript~Θsuperscript𝑠~𝑊\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}}-\widetilde{W} a p𝑝p composantes connexes).

On termine la preuve par la proposition ci-après que l’on applique à Z=Θ~𝑍superscript~ΘZ=\widetilde{\Theta}^{\prime} et F=W~𝐹~𝑊F=\widetilde{W}. On voit que comme Θ~sW~subscript~Θsuperscript𝑠~𝑊\widetilde{\Theta}_{s^{\prime}}-\widetilde{W} n’est pas connexe par le lemme ci-dessus, Θ~ηsubscript~Θsuperscript𝜂\widetilde{\Theta}_{\eta^{\prime}} n’est pas connexe. Or ΘηsubscriptΘsuperscript𝜂\Theta_{\eta^{\prime}} est géométriquement intègre d’après ce que l’on a montré au début de la preuve, Θ~ηsubscript~Θsuperscript𝜂\widetilde{\Theta}_{\eta^{\prime}} l’est aussi, d’où une contradiction. Ceci finit la preuve.

Proposition 3.5 (Utilisation de SGA222).

Soit S=Spec(R)𝑆Spec𝑅S=\mathrm{Spec}(R) le spectre d’un anneau de valuation discrète complet, de point fermé s𝑠s, de point générique η𝜂\eta et d’uniformisante ϖitalic-ϖ\varpi. Soit f:ZS:𝑓𝑍𝑆f:Z\rightarrow S un schéma propre et plat à fibre générique équidimensionnelle de dimension 2absent2\geq 2. On suppose que Z𝑍Z est normal. Soit F𝐹F un fermé de Zssubscript𝑍𝑠Z_{s} tel que Codim(F,Zs)2Codim𝐹subscript𝑍𝑠2\mathrm{Codim}(F,Z_{s})\geq 2, et soit V=ZF𝑉𝑍𝐹V=Z-F. Notons V^^𝑉\widehat{V} le complété formel de V𝑉V le long de Vssubscript𝑉𝑠V_{s}, alors

(1) L’application canonique H0(V,𝒪V)H0(V^,𝒪V^)superscript𝐻0𝑉subscript𝒪𝑉superscript𝐻0^𝑉subscript𝒪^𝑉H^{0}(V,\mathcal{O}_{V})\rightarrow H^{0}(\widehat{V},\mathcal{O}_{\widehat{V}}) est bijective.

(2) Zη=Vηsubscript𝑍𝜂subscript𝑉𝜂Z_{\eta}=V_{\eta} est connexe si et seulement si Vssubscript𝑉𝑠V_{s} est connexe.

Proof 3.6.

L’assertion (2) est une conséquence immédiate de (1) et du fait que les composantes connexes de V^^𝑉\widehat{V} sont celles de Vssubscript𝑉𝑠V_{s}. Prouvons (1) comme cas particulier de SGA2 IX corollaire 1.2. Notons j:VZ:𝑗𝑉𝑍j:V\rightarrow Z l’immersion ouverte, montrons d’abord que les faisceaux (fj)(𝒪V)subscript𝑓𝑗subscript𝒪𝑉(f\circ j)_{\ast}(\mathcal{O}_{V}) et R1(fj)(𝒪V)superscriptR1subscript𝑓𝑗subscript𝒪𝑉\mathrm{R}^{1}(f\circ j)_{\ast}(\mathcal{O}_{V}) sont des faisceaux cohérents sur Z𝑍Z comme conséquence de SGA2 VIII, théorème 3.1. En effet, pour tout xV𝑥𝑉x\in V tel que codim({x}¯(XV),{x}¯)=1codim¯𝑥𝑋𝑉¯𝑥1\mathrm{codim}(\overline{\{x\}}\cap(X-V),\overline{\{x\}})=1, on a dim(𝒪X,s)2dimsubscript𝒪𝑋𝑠2\mathrm{dim}(\mathcal{O}_{X,s})\geq 2. Comme V𝑉V est normal, profx(𝒪V)2subscriptprof𝑥subscript𝒪𝑉2\mathrm{prof}_{x}(\mathcal{O}_{V})\geq 2. Appliquons SGA2 VIII théorème 3.1 à la situation où X=Z𝑋𝑍X=Z, Y=S𝑌𝑆Y=S, U=V𝑈𝑉U=V, F=𝒪V𝐹subscript𝒪𝑉F=\mathcal{O}_{V} et n=2𝑛2n=2, on trouve que les faisceaux (fj)(𝒪V)subscript𝑓𝑗subscript𝒪𝑉(f\circ j)_{\ast}(\mathcal{O}_{V}) et R1(fj)(𝒪U)superscriptR1subscript𝑓𝑗subscript𝒪𝑈\mathrm{R}^{1}(f\circ j)_{\ast}(\mathcal{O}_{U}) sont des faisceaux cohérents sur Z𝑍Z. Par SGA2 IX corollaire 1.2, on en conclut que l’application canonique

H0(V,𝒪V)limH0(Vn,𝒪Vn)=H0(V^,𝒪V^)superscript𝐻0𝑉subscript𝒪𝑉projective-limitsuperscript𝐻0subscript𝑉𝑛subscript𝒪subscript𝑉𝑛superscript𝐻0^𝑉subscript𝒪^𝑉H^{0}(V,\mathcal{O}_{V})\rightarrow\varprojlim H^{0}(V_{n},\mathcal{O}_{V_{n}})=H^{0}(\widehat{V},\mathcal{O}_{\widehat{V}})

est bijective (où Vn=VRR/ϖn+1subscript𝑉𝑛subscripttensor-product𝑅𝑉𝑅superscriptitalic-ϖ𝑛1V_{n}=V\otimes_{R}R/\varpi^{n+1}). D’où le résultat.

Remarque 3.2.5.

En utilisant le même genre de dégénérescence, on peut majorer les multiplicités du ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}}. En effet, si g=2n𝑔2𝑛g=2n (resp. g=2n+1𝑔2𝑛1g=2n+1), on dégénère la courbe générique en une chaîne de n𝑛n courbes génériques de genre 222 (resp. en une chaîne de n𝑛n courbes génériques de genre 222 et une courbe elliptique), on en déduit que en un point de ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}}, la multiplicité est nabsent𝑛\leq n (resp. n+1absent𝑛1\leq n+1). D’où le corollaire suivant:

Corollaire 3.2.6.

Pour une courbe générique de genre g=2n𝑔2𝑛g=2n (resp. de genre g=2n+1𝑔2𝑛1g=2n+1), et tout L𝐿L inversible de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1}, on a h0(X1,BL)nsuperscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿𝑛h^{0}(X_{1},B\otimes L)\leq n (resp. h0(X1,BL)n+1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿𝑛1h^{0}(X_{1},B\otimes L)\leq n+1).

3.3 Compléments

3.3.1 Une propriété de 𝒬𝒬\mathcal{Q}.

Proposition 13.

Pour une courbe X𝑋X générique de genre g2𝑔2g\geq 2, le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} (§§\S 1.2.4) ne provient pas d’un faisceau inversible sur J1subscript𝐽1J_{1}.

Proof 3.1.

C’est clair pour g4𝑔4g\geq 4 car 𝒬𝒬\mathcal{Q} n’est pas inversible (proposition 9). Supposons g=2𝑔2g=2 ou 333 et que 𝒬𝒬\mathcal{Q} soit inversible sur ΘΘ\Theta si g=3𝑔3g=3 (rappelons que c’est automatique si g=2𝑔2g=2 puisque ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}} est lisse). On raisonne par l’absurde. Supposons que 𝒬𝒬\mathcal{Q} provienne d’un faisceau inversible \mathcal{L} sur J1subscript𝐽1J_{1}. Comme NS(J1)𝐙similar-to-or-equalsNSsubscript𝐽1𝐙\mathrm{NS}(J_{1})\simeq\mathbf{Z} avec ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} comme générateur ([27]), il existe r𝐙𝑟𝐙r\in\mathbf{Z} tel que \mathcal{L} est algébriquement équivalent à 𝒪J1(rΘclass)subscript𝒪subscript𝐽1𝑟subscriptΘclass\mathcal{O}_{J_{1}}(r\Theta_{\mathrm{class}}). On a aussi (1)𝒪J1(rΘclass)superscript1subscript𝒪subscript𝐽1𝑟subscriptΘclass(-1)^{\ast}\mathcal{L}\equiv\mathcal{O}_{J_{1}}(r\Theta_{\mathrm{class}}). Comme (1Θ)𝒬𝒬ωΘ=𝒪J1(Θ)|Θsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscriptsubscript1Θ𝒬𝒬subscript𝜔Θevaluated-atsubscript𝒪subscript𝐽1ΘΘ(-1_{\Theta})^{\ast}\mathcal{Q}\otimes\mathcal{Q}\simeq\omega_{\Theta}=\mathcal{O}_{J_{1}}(\Theta)|_{\Theta} (§§\S 1.2.4), 𝒪J1(2rΘclass)subscript𝒪subscript𝐽12𝑟subscriptΘclass\mathcal{O}_{J_{1}}(2r\Theta_{\mathrm{class}}) et 𝒪J1((p1)Θclass)subscript𝒪subscript𝐽1𝑝1subscriptΘclass\mathcal{O}_{J_{1}}((p-1)\Theta_{\mathrm{class}}) ont des restrictions à ΘΘ\Theta, qui sont algébriquement équivalentes. On en déduit que 2r=p12𝑟𝑝12r=p-1 (car ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} est ample), ce qui n’est impossible que pour p3𝑝3p\geq 3. Supposons p3𝑝3p\geq 3, on trouve que r=(p1)/2𝑟𝑝12r=(p-1)/2. On en déduit que \mathcal{L} et (𝒪J1(Θ))1superscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ1\left(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L}\right)^{-1} sont amples sur J1subscript𝐽1J_{1}. Considérons la suite exacte

0𝒪J1(Θ)𝒬0,0tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ𝒬00\rightarrow\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L}\rightarrow\mathcal{L}\rightarrow\mathcal{Q}\rightarrow 0,

et appliquons lui la transformation de Fourier-Mukai (inverse), on obtient la suite exacte suivante

0=0(𝒪J1(Θ))0()0(𝒬)1(𝒪J1(Θ)).0superscript0tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θsuperscript0superscript0𝒬superscript1tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ0=\mathcal{F}^{0}(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})\rightarrow\mathcal{F}^{0}(\mathcal{L})\rightarrow\mathcal{F}^{0}(\mathcal{Q})\rightarrow\mathcal{F}^{1}(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L}).

Comme (𝒪J1(Θ))1superscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ1(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})^{-1} est ample, et J1subscript𝐽1J_{1} est de dimension g2𝑔2g\geq 2, on sait que 1(𝒪J1(Θ))=0superscript1tensor-productsubscript𝒪subscript𝐽1Θ0\mathcal{F}^{1}(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\Theta)\otimes\mathcal{L})=0. Donc 0()0(𝒬)0similar-to-or-equalssuperscript0superscript0𝒬0\mathcal{F}^{0}(\mathcal{L})\simeq\mathcal{F}^{0}(\mathcal{\mathcal{Q}})\neq 0. Or (𝒬)=(B)[1]=(1)B[1g]𝒬𝐵delimited-[]1superscript1𝐵delimited-[]1𝑔\mathcal{F}(\mathcal{Q})=\mathcal{F}\circ\mathcal{F}(B)[1]=(-1)^{\ast}B[1-g] ([28]), on en déduit que 0(𝒬)=0superscript0𝒬0\mathcal{F}^{0}(\mathcal{Q})=0, d’où une contradiction.

3.3.2 Etude des points de torsion de ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}}.

D’après 1.9, le diviseur ΘΘ\Theta satisfait à la propriété de Dirac, a fortiori, ΘΘ\Theta contient tous les points d’ordre p𝑝p de J1(k)subscript𝐽1𝑘J_{1}(k). Pour une courbe générique, on a le résultat suivant:

Proposition 14.

Le diviseur ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}} de la courbe générique de genre g1𝑔1g\geq 1 contient comme seuls points d’ordre fini les points d’ordre p𝑝p de J1subscript𝐽1J_{1}. De plus, ΘgensubscriptΘgen\Theta_{\mathrm{gen}} est lisse en ces points.

Proof 3.1.

Dans le cas où g=1𝑔1g=1, le résultat est clair. Supposons maintenant que g2𝑔2g\geq 2. Soit η𝜂\eta le point générique de l’espace de modules des courbes de genre g𝑔g. Soit xΘ(η¯)𝑥Θ¯𝜂x\in\Theta(\bar{\eta}) un point d’ordre fini égal à N=peM𝑁superscript𝑝𝑒𝑀N=p^{e}M avec e,M𝑒𝑀e,M des entier tels que e0,M1,(e,M)=1formulae-sequence𝑒0formulae-sequence𝑀1𝑒𝑀1e\geq 0,M\geq 1,(e,M)=1. Fixons un isomorphisme Jη,1[N](η¯)Jη,1[pe](η¯)×Jη,1[M](η¯)similar-to-or-equalssubscript𝐽𝜂.1delimited-[]𝑁¯𝜂subscript𝐽𝜂.1delimited-[]superscript𝑝𝑒¯𝜂subscript𝐽𝜂.1delimited-[]𝑀¯𝜂J_{\eta,1}[N](\bar{\eta})\simeq J_{\eta,1}[p^{e}](\bar{\eta})\times J_{\eta,1}[M](\bar{\eta}) donné par xJη,1[N](η¯)(xp,xM)Jη,1[pe](η¯)×Jη,1[M](η¯)𝑥subscript𝐽𝜂.1delimited-[]𝑁¯𝜂maps-tosubscript𝑥𝑝subscript𝑥𝑀subscript𝐽𝜂.1delimited-[]superscript𝑝𝑒¯𝜂subscript𝐽𝜂.1delimited-[]𝑀¯𝜂x\in J_{\eta,1}[N](\bar{\eta})\mapsto(x_{p},x_{M})\in J_{\eta,1}[p^{e}](\bar{\eta})\times J_{\eta,1}[M](\bar{\eta}). D’après le théorème 3.2, Gal(η¯/η)Gal¯𝜂𝜂\mathrm{Gal}(\bar{\eta}/\eta) agit transitivement sur les points d’ordre M𝑀M (resp. sur les points d’ordre pesuperscript𝑝𝑒p^{e}), donc tout point d’ordre M𝑀M (resp. d’ordre pesuperscript𝑝𝑒p^{e}) apparaît comme la composante M𝑀M-primaire (resp. p𝑝p-primaire) d’un certain point d’ordre N𝑁N contenu dans Θη=ΘgensubscriptΘ𝜂subscriptΘgen\Theta_{\eta}=\Theta_{\mathrm{gen}}. Or on peut trouver X/S𝑋𝑆X/S une courbe semi-stable telle que Xηsubscript𝑋𝜂X_{\eta} soit générique, et que Xssubscript𝑋𝑠X_{s} soit une chaîne de g𝑔g courbes elliptiques ordinaires. x𝑥x se spécialise en un point d’ordre exactement N𝑁N de J1,ssubscript𝐽1𝑠J_{1,s}. Si M1𝑀1M\neq 1, par conjugaison des points d’ordre M𝑀M, on peut supposer que la spécialisation (y1,,yg)E1,1××E1,gJ1,ssubscript𝑦1subscript𝑦𝑔subscript𝐸1.1subscript𝐸1𝑔similar-to-or-equalssubscript𝐽1𝑠(y_{1},\cdots,y_{g})\in E_{1,1}\times\cdots\times E_{1,g}\simeq J_{1,s} de x𝑥x est telle que chacun des yisubscript𝑦𝑖y_{i} (i=1,,g𝑖1𝑔i=1,\cdots,g) ait sa composante M𝑀M-primaire d’ordre exactement M𝑀M. Par ailleurs, par la description de ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} (remarque 1.1), les seuls points d’ordre fini sont les points (y1,,yg)E1,1××E1,gJ1,ssubscript𝑦1subscript𝑦𝑔subscript𝐸1.1subscript𝐸1𝑔similar-to-or-equalssubscript𝐽1𝑠(y_{1},\cdots,y_{g})\in E_{1,1}\times\cdots\times E_{1,g}\simeq J_{1,s} dont au moins un des yisubscript𝑦𝑖y_{i} est exactement d’ordre p𝑝p. D’où une contradiction. Donc M=1𝑀1M=1 et N=pe𝑁superscript𝑝𝑒N=p^{e} est une puissance de p𝑝p. Si e2𝑒2e\geq 2, de la même façon, par conjugaison des points d’ordre N=pe𝑁superscript𝑝𝑒N=p^{e}, on peut supposer que la spécialisation (y1,,yg)E1,1××E1,gsubscript𝑦1subscript𝑦𝑔subscript𝐸1.1subscript𝐸1𝑔(y_{1},\cdots,y_{g})\in E_{1,1}\times\cdots\times E_{1,g} de x𝑥x est telle que chacun des yisubscript𝑦𝑖y_{i} (i=1,,g𝑖1𝑔i=1,\cdots,g) soit d’ordre exactement pesuperscript𝑝𝑒p^{e}, ce qui contredit la description explicite des points d’ordre fini de ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} (remarque 1.1). Par conséquent, on a N=p𝑁𝑝N=p.

Pour la lissité de ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} en les points d’ordre p𝑝p, il suffit de remarquer que ΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} contient au moins un point y𝑦y d’ordre p𝑝pΘssubscriptΘ𝑠\Theta_{s} est lisse. Soit xΘη𝑥subscriptΘ𝜂x\in\Theta_{\eta} le point d’ordre p𝑝p qui se spécialise en yΘs𝑦subscriptΘ𝑠y\in\Theta_{s}, alors ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} est lisse en y𝑦y, et donc lisse en tous les points d’ordre p𝑝p par l’action de monodromie.

4 Cas où g=2𝑔2g=2 ou p=3𝑝3p=3

On donne des résultats sur le  diviseur thêta ΘΘ\Theta dans le cas où g=2𝑔2g=2 ou p=3𝑝3p=3.

4.1 Diviseur thêta en caractéristique 333.

Dans cette section, k𝑘k est un corps algébriquement clos de caractéristique p=3𝑝3p=3, X/k𝑋𝑘X/k est une courbe propre lisse connexe sur k𝑘k. Notons B𝐵B le fibré des formes différentielles localement exactes sur X1subscript𝑋1X_{1}, et Θ=ΘBΘsubscriptΘ𝐵\Theta=\Theta_{B} le diviseur thêta associé à B𝐵B. Comme p=3𝑝3p=3, B𝐵B est un fibré vectoriel de rang 222 sur X1subscript𝑋1X_{1}.

4.1.1 Préliminaires.

Quelques rappels.

Soit x𝑥x un point de ΘΘ\Theta, notons L𝐿L le faisceau inversible de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1} correspondant. D’après le critère de lissité, pour que x𝑥x soit un point singulier de ΘΘ\Theta, il faut et il suffit que l’une des deux conditions suivantes soit réalisée:

  • soit h0(X1,BL)2superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿2h^{0}(X_{1},B\otimes L)\geq 2,

  • soit h0(X1,BL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes L)=1 (donc on a aussi h0(X1,BL1)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵superscript𝐿11h^{0}(X_{1},B\otimes L^{-1})=1). Et si l’on note τ:L1B:𝜏superscript𝐿1𝐵\tau:L^{-1}\hookrightarrow B et τ:LB:superscript𝜏𝐿𝐵\tau^{\prime}:L\hookrightarrow B les uniques (à une multiplication par un scalaire près) plongements de L1superscript𝐿1L^{-1} dans B𝐵B et de L𝐿L dans B𝐵B, on a en plus que L𝐿L et L1superscript𝐿1L^{-1} sont orthogonaux par rapport à l’accouplement antisymétrique (,):BBΩX1/k1:tensor-product𝐵𝐵subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘(\cdot,\cdot):B\otimes B\rightarrow\Omega^{1}_{X_{1}/k} sur B𝐵B (2.2.1).

En général, soit τ:L1B:𝜏superscript𝐿1𝐵\tau:L^{-1}\hookrightarrow B un plongement de L1superscript𝐿1L^{-1} dans B𝐵B, qui correspond à un élément non-nul de H0(X1,BL)superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿H^{0}(X_{1},B\otimes L). Soit Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} le sous-fibré en droites de B𝐵B contenant τ(L1)B𝜏superscript𝐿1𝐵\tau(L^{-1})\subset B. Puisque B𝐵B est un fibré de rang 222 sur X1subscript𝑋1X_{1}, Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} est l’orthogonal dans B𝐵B de τ(L1)B𝜏superscript𝐿1𝐵\tau(L^{-1})\subset B par rapport à l’accouplement anti-symétrique non-dégénéré (,)(\cdot,\cdot) sur B𝐵B. En particulier, si τ:LB:superscript𝜏𝐿𝐵\tau^{\prime}:L\hookrightarrow B est un plongement de L𝐿L dans B𝐵B tel que τ(L)1𝜏superscript𝐿1\tau(L)^{-1} et τ(L)superscript𝜏𝐿\tau^{\prime}(L) soient orthogonaux, alors Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau} contient à la fois τ(L1)𝜏superscript𝐿1\tau(L^{-1}) et τ(L)Bsuperscript𝜏𝐿𝐵\tau^{\prime}(L)\subset B.

Le plongement τ:L1B:𝜏superscript𝐿1𝐵\tau:L^{-1}\hookrightarrow B correspond aussi à un point (noté encore τ𝜏\tau) de \mathcal{H} (schéma de Hilbert des faisceaux inversibles de degré 00 plongés dans B𝐵B, §§\S 1.2.5) au-dessus de xΘ𝑥Θx\in\Theta. Pour que Hom(L,Mτ)=0Hom𝐿subscript𝑀𝜏0\mathrm{Hom}(L,M_{\tau})=0 (c’est-à-dire, pour qu’il n’y ait pas de τ:LB:superscript𝜏𝐿𝐵\tau^{\prime}:L\hookrightarrow B qui soit orthogonal à τ𝜏\tau), il faut et il suffit que \mathcal{H} soit lisse en τ𝜏\tau de dimension g1𝑔1g-1 (proposition 2.1).

“Le schéma des différences”.

Definition 4.1 (Schéma des différences).

Pour d>0𝑑0d>0 un entier, on note Vdsubscript𝑉𝑑V_{d} l’image schématique du morphisme

ϕd:X1d×kX1d:subscriptitalic-ϕ𝑑subscript𝑘superscriptsubscript𝑋1𝑑superscriptsubscript𝑋1𝑑\displaystyle\phi_{d}:X_{1}^{d}\times_{k}X_{1}^{d} \displaystyle\rightarrow J1subscript𝐽1\displaystyle J_{1}
(x1,,xd,y1,,yd)subscript𝑥1subscript𝑥𝑑subscript𝑦1subscript𝑦𝑑\displaystyle(x_{1},\cdots,x_{d},y_{1},\cdots,y_{d}) maps-to\displaystyle\mapsto 𝒪X(x1+xd(y1+yd)).subscript𝒪𝑋subscript𝑥1subscript𝑥𝑑subscript𝑦1subscript𝑦𝑑\displaystyle\mathcal{O}_{X}\left(x_{1}+\cdots x_{d}-(y_{1}+\cdots y_{d})\right).

Définissons Vdsuperscriptsubscript𝑉𝑑V_{d}^{\prime} par le carré cartésien suivant

Vdsuperscriptsubscript𝑉𝑑\textstyle{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces V_{d}^{\prime}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}\scriptstyle{\Box}isuperscript𝑖\scriptstyle{i^{\prime}}J1subscript𝐽1\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}[2]delimited-[]2\scriptstyle{[2]}Vdsubscript𝑉𝑑\textstyle{V_{d}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}i𝑖\scriptstyle{i}J1subscript𝐽1\textstyle{J_{1}}

Les propriétés suivantes des schémas des différences sont faciles à vérifier.

Lemma 4.2.

(1) Pour 1dg/21𝑑𝑔21\leq d\leq g/2, dim(Vd)=dim(Vd)=2ddimsuperscriptsubscript𝑉𝑑dimsubscript𝑉𝑑2𝑑\mathrm{dim}(V_{d}^{\prime})=\mathrm{dim}(V_{d})=2d. Pour d>g/2𝑑𝑔2d>g/2, on a dim(Vd)=gdimsuperscriptsubscript𝑉𝑑𝑔\mathrm{dim}(V_{d}^{\prime})=g.

(2) Pour d>0𝑑0d>0, Vdsuperscriptsubscript𝑉𝑑V_{d}^{\prime} est irréductible.

(3) Pour d>0𝑑0d>0, Vdsubscript𝑉𝑑V_{d} contient un translaté de X1subscript𝑋1X_{1}, par suite i:VdJ1:superscript𝑖superscriptsubscript𝑉𝑑subscript𝐽1i^{\prime}:V_{d}^{\prime}\hookrightarrow J_{1} induit une surjection sur les groupes fondamentaux π1(Vd)π1(J1)subscript𝜋1superscriptsubscript𝑉𝑑subscript𝜋1subscript𝐽1\pi_{1}(V_{d}^{\prime})\rightarrow\pi_{1}(J_{1}).

Une limitation des sous-faisceaux inversibles de B𝐵B.

Les considérations qui suivent valent pour toute caractéristique p2𝑝2p\geq 2, mais nous n’avons des applications que pour p=3𝑝3p=3, et nous nous limitons à ce cas.

Pour m0𝑚0m\geq 0 un entier, soit ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m} le fermé de J1[m]superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑚J_{1}^{[m]} formé des faisceaux inversibles M𝑀M sur X1subscript𝑋1X_{1} de degré m𝑚m qui admettent un plongement MB𝑀𝐵M\hookrightarrow B. En particulier, Θ0subscriptΘ0\Theta_{0} est l’ensemble sous-jacent à ΘΘ\Theta. Nous allons donner une limitation à priori de ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m}.

Soit M𝑀M un faisceau inversible sur X1subscript𝑋1X_{1} de degré m𝑚m. Alors un plongement MBFΩX/k1𝑀𝐵subscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘M\hookrightarrow B\hookrightarrow F_{\ast}\Omega^{1}_{X/k} donne par adjonction un plongement FMΩX/k1superscript𝐹𝑀subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘F^{\ast}M\hookrightarrow\Omega^{1}_{X/k}, et donc une réalisation FMΩX/k1(D)similar-to-or-equalssuperscript𝐹𝑀subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝐷F^{\ast}M\simeq\Omega^{1}_{X/k}(-D)D𝐷D est un diviseur positif ou nul sur X𝑋X de degré 2g23m2𝑔23𝑚2g-2-3m. Les diviseurs D𝐷D en question sont paramétrés par X(2g23m)superscript𝑋2𝑔23𝑚X^{(2g-2-3m)}. Son image schématique dans J[2g23m]superscript𝐽delimited-[]2𝑔23𝑚J^{[2g-2-3m]} est un fermé irréductible normal de dimension min(2g23m,g)min2𝑔23𝑚𝑔\mathrm{min}(2g-2-3m,g). Par suite les faisceaux FMΩX1/k1(D)similar-to-or-equalssuperscript𝐹𝑀subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘𝐷F^{\ast}M\simeq\Omega^{1}_{X_{1}/k}(-D) sont paramétrés par un fermé irréductible et normal de J[3m]superscript𝐽delimited-[]3𝑚J^{[3m]} de dimension min(2g23m,g)min2𝑔23𝑚𝑔\mathrm{min}(2g-2-3m,g), que nous notons A3m,maxsuperscriptsubscript𝐴3𝑚maxA_{3m,\mathrm{max}}^{\prime}. Le passage MFMmaps-to𝑀superscript𝐹𝑀M\mapsto F^{\ast}M est donné par le Verschiebung V:J1[m]J[3m]:𝑉subscriptsuperscript𝐽delimited-[]𝑚1superscript𝐽delimited-[]3𝑚V:J^{[m]}_{1}\rightarrow J^{[3m]}. Finalement M𝑀M appartient à Am,max:=(V1(A3m,max))redassignsubscript𝐴𝑚maxsubscriptsuperscript𝑉1superscriptsubscript𝐴3𝑚maxredA_{m,\mathrm{max}}:=\left(V^{-1}(A_{3m,\mathrm{max}}^{\prime})\right)_{\mathrm{red}}.

Lemma 4.3.

Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}} est équidimensionnel de dimension min(2g23m,g)min2𝑔23𝑚𝑔\mathrm{min}(2g-2-3m,g), irréductible lorsque 2g23m>02𝑔23𝑚02g-2-3m>0.

Proof 4.4.

En effet, V:J1[m]J[3m]:𝑉superscriptsubscript𝐽1delimited-[]𝑚superscript𝐽delimited-[]3𝑚V:J_{1}^{[m]}\rightarrow J^{[3m]} se factorise en un morphisme radiciel et un morphisme Vetsubscript𝑉𝑒𝑡V_{et}. Pour établir le lemme, il suffit de considérer Vetsubscript𝑉𝑒𝑡V_{et}. L’irréductibilité résulte de [26] (proposition 9) et du fait que pour 2g23m>02𝑔23𝑚02g-2-3m>0, Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}} contient des translatés de X1subscript𝑋1X_{1}.

On a donc ΘmAm,maxsubscriptΘ𝑚subscript𝐴𝑚max\Theta_{m}\subset A_{m,\mathrm{max}}, ce qui fournit une limitation à priori de la taille de ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m}. La discussion dans les sections suivantes s’organise autour de la taille de ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m} dans Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}}.

Si i:MB:𝑖𝑀𝐵i:M\hookrightarrow B est un plongement d’un faisceau inversible de degré m0𝑚0m\geq 0, M(D)𝑀𝐷M(-D) est contenu dans B𝐵B pour tout D𝐷D effectif de degré m𝑚m. Considérons l’application

αm:X1(m)×Am,maxJ1:subscript𝛼𝑚subscriptsuperscript𝑋𝑚1subscript𝐴𝑚maxsubscript𝐽1\alpha_{m}:X^{(m)}_{1}\times A_{m,\mathrm{max}}\rightarrow J_{1}

donnée par (D,M)M(D)maps-to𝐷𝑀𝑀𝐷(D,M)\mapsto M(-D), et soit Bm,maxsubscript𝐵𝑚maxB_{m,\mathrm{max}} son image. Notons Sat(Θm)SatsubscriptΘ𝑚\mathrm{Sat}(\Theta_{m}) l’image de X1(m)×Θmsubscriptsuperscript𝑋𝑚1subscriptΘ𝑚X^{(m)}_{1}\times\Theta_{m} par αmsubscript𝛼𝑚\alpha_{m}. Comme X1subscript𝑋1X_{1} engendre J1subscript𝐽1J_{1}, le fermé Bm,maxsubscript𝐵𝑚maxB_{m,\mathrm{max}} est irréductible de dimension 2g22m2𝑔22𝑚2g-2-2m du moins, tant que 2g22mg2𝑔22𝑚𝑔2g-2-2m\leq g, c’est-à-dire m(g2)/2𝑚𝑔22m\geq(g-2)/2.

4.1.2 ΘΘ\Theta est réduit en caractéristique 333 pour g2𝑔2g\geq 2.

Dans ce numéro, on montre que ΘΘ\Theta est toujours réduit en caractéristique 333 pour g2𝑔2g\geq 2. Supposons que ΘΘ\Theta ne soit pas réduit. Alors il existe une composante irréductible Θ~~Θ\widetilde{\Theta} (munie de la structure de sous-schéma fermé réduit) de ΘΘ\Theta de multiplicité 2absent2\geq 2. D’après la proposition 6, on a alors Θ=2Θ~Θ2~Θ\Theta=2\widetilde{\Theta}, et donc Θ~~Θ\widetilde{\Theta} est algébriquement équivalent à ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}.

Soit η𝜂\eta le point générique de Θ~~Θ\widetilde{\Theta}. Comme ΘΘ\Theta est singulier en η𝜂\eta, d’après le corollaire 2.4.1, il existe un plongement τ:Lη1Bη:𝜏superscriptsubscript𝐿𝜂1subscript𝐵𝜂\tau:L_{\eta}^{-1}\hookrightarrow B_{\eta} (sur X1×kηsubscript𝑘subscript𝑋1𝜂X_{1}\times_{k}\eta) de saturation Mτsubscript𝑀𝜏M_{\tau}, et un plongement τ:LηBη:superscript𝜏subscript𝐿𝜂subscript𝐵𝜂\tau^{\prime}:L_{\eta}\hookrightarrow B_{\eta} de sorte que τ(Lη)Mτsuperscript𝜏subscript𝐿𝜂subscript𝑀𝜏\tau^{\prime}(L_{\eta})\subset M_{\tau}. Soit m=deg(Mτ)𝑚degsubscript𝑀𝜏m=\mathrm{deg}(M_{\tau}). Comme g2𝑔2g\geq 2, Lηsubscript𝐿𝜂L_{\eta} n’est pas d’ordre divisant 222, donc m>0𝑚0m>0. Il existe donc des diviseurs effectifs Dηsubscript𝐷𝜂D_{\eta} et Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime} de degré m𝑚m sur la courbe X1,η:=X1×kηassignsubscript𝑋1𝜂subscript𝑘subscript𝑋1𝜂X_{1,\eta}:=X_{1}\times_{k}\eta tels que Lη(Dη)=Mτsubscript𝐿𝜂subscript𝐷𝜂subscript𝑀𝜏L_{\eta}(D_{\eta})=M_{\tau} et Lη1(Dη)=Mτsubscriptsuperscript𝐿1𝜂superscriptsubscript𝐷𝜂subscript𝑀𝜏L^{-1}_{\eta}(D_{\eta}^{\prime})=M_{\tau}. En particulier, on trouve que Mτ2=𝒪X1,η(Dη+Dη)superscriptsubscript𝑀𝜏2subscript𝒪subscript𝑋1𝜂subscript𝐷𝜂superscriptsubscript𝐷𝜂M_{\tau}^{2}=\mathcal{O}_{X_{1,\eta}}(D_{\eta}+D_{\eta}^{\prime}) et Lτ2=𝒪X1,η(DηDη)subscriptsuperscript𝐿2𝜏subscript𝒪subscript𝑋1𝜂subscript𝐷𝜂superscriptsubscript𝐷𝜂L^{2}_{\tau}=\mathcal{O}_{X_{1,\eta}}(D_{\eta}-D_{\eta}^{\prime}).

Cette dernière condition signifie que Lη2superscriptsubscript𝐿𝜂2L_{\eta}^{2} est dans le “schéma des différences” Vmsubscript𝑉𝑚V_{m} (définition 4.1). Donc {η}¯=Θ~Vm¯𝜂~Θsuperscriptsubscript𝑉𝑚\overline{\{\eta\}}=\widetilde{\Theta}\subset V_{m}^{\prime}. Par suite g1dim(Vm)=min(2m,g)𝑔1dimsuperscriptsubscript𝑉𝑚min2𝑚𝑔g-1\leq\mathrm{dim}(V_{m}^{\prime})=\mathrm{min}(2m,g) (4.2), donc 2mg12𝑚𝑔12m\geq g-1. Par ailleurs, MτΘmsubscript𝑀𝜏subscriptΘ𝑚M_{\tau}\in\Theta_{m}, et les L𝐿L de Θ~~Θ\widetilde{\Theta} de la forme M(D)𝑀𝐷M(-D), avec MΘm𝑀subscriptΘ𝑚M\in\Theta_{m} et D𝐷D diviseur effectif de degré m𝑚m sur X1subscript𝑋1X_{1}, sont dans Bm,maxsubscript𝐵𝑚maxB_{m,\mathrm{max}} de dimension min(2g22m,g)min2𝑔22𝑚𝑔\mathrm{min}(2g-2-2m,g). Comme Θ~~Θ\widetilde{\Theta} est de dimension g1𝑔1g-1, on a 2mg12𝑚𝑔12m\leq g-1.

Finalement, on a 2m=g12𝑚𝑔12m=g-1, ce qui achève la démonstration pour g𝑔g pair.

Pour g𝑔g impair, on a m=(g1)/2>0𝑚𝑔120m=(g-1)/2>0. Comme Vmsuperscriptsubscript𝑉𝑚V_{m}^{\prime} est irréductible de dimension g1𝑔1g-1, on a Vm=Θ~superscriptsubscript𝑉𝑚~ΘV_{m}^{\prime}=\widetilde{\Theta}. Or Vmsuperscriptsubscript𝑉𝑚V_{m}^{\prime} est algébriquement équivalent à 22Vm=4Vmsuperscript22subscript𝑉𝑚4subscript𝑉𝑚2^{2}V_{m}=4V_{m}. Comme Θ~~Θ\widetilde{\Theta} est algébriquement équivalent à ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} (remarque 1.4), et que la classe de la polarisation principale de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} est non divisible dans NS(J1)NSsubscript𝐽1\mathrm{NS}(J_{1}), on a une contradiction. Donc ΘΘ\Theta est réduit.

4.1.3 Etude du lieu singulier de ΘΘ\Theta de dimension g2𝑔2g-2.

Dans ce numéro, on recherche les composantes du lieu singulier ΘsingsubscriptΘsing\Theta_{\mathrm{sing}} de ΘΘ\Theta de dimension g2𝑔2g-2, qui existent si et seulement si ΘΘ\Theta est non normal, et on montre que que ΘΘ\Theta ne contient pas de composante irréductible qui est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} pour une courbe de genre g3𝑔3g\geq 3 (le cas où g=2𝑔2g=2 sera traité dans §§\S 4.1, où l’on montrera que ΘΘ\Theta est toujours intègre pour une courbe lisse de genre 222 en caractéristique 333).

Lemma 4.1.

Supposons p=3𝑝3p=3. Soit t𝑡t un point de ΘΘ\Theta de codimension 111 en lequel ΘΘ\Theta n’est pas lisse. Soit Ltsubscript𝐿𝑡L_{t} le faisceau inversible sur X1,t:=X1×ktassignsubscript𝑋1𝑡subscript𝑘subscript𝑋1𝑡X_{1,t}:=X_{1}\times_{k}t correspondant, alors il existe ξ𝜉\xi\in\mathcal{H} (§§\S 1.2.5) au-dessus de t𝑡t, où \mathcal{H} n’est pas lisse de dimension g1𝑔1g-1. En particulier, ξ𝜉\xi correspond à un plongement Lt1Btsuperscriptsubscript𝐿𝑡1subscript𝐵𝑡L_{t}^{-1}\hookrightarrow B_{t} de saturation Mξsubscript𝑀𝜉M_{\xi} avec LtMξsubscript𝐿𝑡subscript𝑀𝜉L_{t}\subset M_{\xi} pour un plongement LtBtsubscript𝐿𝑡subscript𝐵𝑡L_{t}\hookrightarrow B_{t} convenable.

Proof 4.2.

Considérons le morphisme naturel surjectif ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta, et considérons la fibre tsubscript𝑡\mathcal{H}_{t} au-dessus de t𝑡t. Distinguons deux cas:

(1) Si h0(X1,t,BLt)=1superscript0subscript𝑋1𝑡tensor-product𝐵subscript𝐿𝑡1h^{0}(X_{1,t},B\otimes L_{t})=1 (et donc h0(X1,t,BLt1)=1superscript0subscript𝑋1𝑡tensor-product𝐵superscriptsubscript𝐿𝑡11h^{0}(X_{1,t},B\otimes L_{t}^{-1})=1), alors le morphisme ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta est un isomorphisme au-dessus d’un voisinage de t𝑡t, et en particulier, \mathcal{H} n’est pas lisse de dimension g1𝑔1g-1 en l’unique point ξ𝜉\xi\in\mathcal{H} au-dessus de tΘ𝑡Θt\in\Theta. D’après proposition 2.2, l’unique plongement LtBtsubscript𝐿𝑡subscript𝐵𝑡L_{t}\hookrightarrow B_{t} est donc tel que Lt1Mtsubscriptsuperscript𝐿1𝑡subscript𝑀𝑡L^{-1}_{t}\hookrightarrow M_{t}.

(2) Supposons que h0(X1,t,BLt)>1superscript0subscript𝑋1𝑡tensor-product𝐵subscript𝐿𝑡1h^{0}(X_{1,t},B\otimes L_{t})>1, de sorte que la fibre de \mathcal{H} au-dessus de t𝑡t est de dimension 1absent1\geq 1. Soit ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} une composante irréductible de ΘΘ\Theta contenant t𝑡t, ηisubscript𝜂𝑖\eta_{i} son point générique. Comme ΘΘ\Theta est réduit (4.1.2), le morphisme ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta est un isomorphisme au-dessus d’un voisinage de ηiΘsubscript𝜂𝑖Θ\eta_{i}\in\Theta. Soit τisubscript𝜏𝑖\tau_{i} l’unique point de \mathcal{H} au-dessus de ηisubscript𝜂𝑖\eta_{i}. Notons Y𝑌Y l’adhérence schématique de τisubscript𝜏𝑖\tau_{i} dans \mathcal{H}. Comme ΘΘ\mathcal{H}\rightarrow\Theta est propre, YΘi𝑌subscriptΘ𝑖Y\rightarrow\Theta_{i} est surjectif. Soit ξ𝜉\xi un point de Y𝑌Y au-dessus de t𝑡t. Comme t𝑡t est de codimension 111 dans ΘΘ\Theta, YΘi𝑌subscriptΘ𝑖Y\rightarrow\Theta_{i} est quasi-fini en ξ𝜉\xi. Or \mathcal{H} a une fibre irréductible de dimension 1absent1\geq 1 au-dessus de t𝑡t, il y a donc au moins deux composantes irréductibles de \mathcal{H} qui passent par ξ𝜉\xi, et donc \mathcal{H} n’est pas lisse en ξ𝜉\xi. Alors ξ𝜉\xi correspond à un plongement ξ:Lt1Bt:𝜉superscriptsubscript𝐿𝑡1subscript𝐵𝑡\xi:L_{t}^{-1}\rightarrow B_{t} de saturation Mξsubscript𝑀𝜉M_{\xi}, tel qu’il existe un plongement LtBtsubscript𝐿𝑡subscript𝐵𝑡L_{t}\hookrightarrow B_{t} de sorte que LtMξsubscript𝐿𝑡subscript𝑀𝜉L_{t}\hookrightarrow M_{\xi} (proposition 2.2), d’où le résultat.

La preuve du lemme suivant est immédiate.

Lemma 4.3.

Soit k𝑘k un corps.

(1) Soient A𝐴A une variété abélienne, Y=x+B𝑌𝑥𝐵Y=x+B un translaté d’une sous-variété abélienne de dimension <dim(A)absentdim𝐴<\mathrm{dim}(A) de A𝐴A. Alors le morphisme π1(Y)π1(A)subscript𝜋1𝑌subscript𝜋1𝐴\pi_{1}(Y)\rightarrow\pi_{1}(A) est de conoyau infini.

(2) Soit C𝐶C une courbe lisse de genre g2𝑔2g\geq 2 sur k𝑘k, avec JCsubscript𝐽𝐶J_{C} sa jacobienne. Soit FJC𝐹subscript𝐽𝐶F\subset J_{C} un fermé irréductible de JCsubscript𝐽𝐶J_{C} muni de la structure de sous-schéma réduit. Supposons que F𝐹F contienne un translaté C~~𝐶\widetilde{C} de C𝐶C, alors le morphisme naturel π1(F)π1(JC)subscript𝜋1𝐹subscript𝜋1subscript𝐽𝐶\pi_{1}(F)\rightarrow\pi_{1}(J_{C}) est surjectif. En particulier, F𝐹F n’est pas un translaté d’une sous-variété abélienne de JCsubscript𝐽𝐶J_{C}.

Soient ΣΣ\Sigma une composante irréductible réduite de dimension g2𝑔2g-2 de ΘsingsubscriptΘsing\Theta_{\mathrm{sing}}, tΣ𝑡Σt\in\Sigma son point générique avec Ltsubscript𝐿𝑡L_{t} le faisceau inversible correspondant sur X1,t:=X1×ktassignsubscript𝑋1𝑡subscript𝑘subscript𝑋1𝑡X_{1,t}:=X_{1}\times_{k}t. D’après le lemme ci-dessus, il existe ξ:Lt1Bt:𝜉superscriptsubscript𝐿𝑡1subscript𝐵𝑡\xi:L_{t}^{-1}\hookrightarrow B_{t} de saturation Mξsubscript𝑀𝜉M_{\xi}, et ξ:LtBt:superscript𝜉subscript𝐿𝑡subscript𝐵𝑡\xi^{\prime}:L_{t}\hookrightarrow B_{t} de sorte que ξ(Lt)Mξsuperscript𝜉subscript𝐿𝑡subscript𝑀𝜉\xi^{\prime}(L_{t})\subset M_{\xi}. Soit m𝑚m le degré de Mξsubscript𝑀𝜉M_{\xi}. Comme g3𝑔3g\geq 3, Ltsubscript𝐿𝑡L_{t} n’est pas d’ordre divisant 222, donc m>0𝑚0m>0. Par suite, il existe des diviseurs Dtsubscript𝐷𝑡D_{t} et Dtsuperscriptsubscript𝐷𝑡D_{t}^{\prime} positifs de degré m𝑚m de X1,tsubscript𝑋1𝑡X_{1,t} tels que Lt(Dt)=Mξsubscript𝐿𝑡subscript𝐷𝑡subscript𝑀𝜉L_{t}(D_{t})=M_{\xi} et Lt1(Dt)=Mξsubscriptsuperscript𝐿1𝑡superscriptsubscript𝐷𝑡subscript𝑀𝜉L^{-1}_{t}(D_{t}^{\prime})=M_{\xi}. En particulier, Lt2=𝒪X1,t(DtDt)subscriptsuperscript𝐿2𝑡subscript𝒪subscript𝑋1𝑡subscript𝐷𝑡superscriptsubscript𝐷𝑡L^{2}_{t}=\mathcal{O}_{X_{1,t}}(D_{t}-D_{t}^{\prime}), Mξ2=𝒪X1,ξ(Dt+Dt)superscriptsubscript𝑀𝜉2subscript𝒪subscript𝑋1𝜉subscript𝐷𝑡superscriptsubscript𝐷𝑡M_{\xi}^{2}=\mathcal{O}_{X_{1,\xi}}(D_{t}+D_{t}^{\prime}). On a donc tVmBm,max𝑡superscriptsubscript𝑉𝑚subscript𝐵𝑚maxt\in V_{m}^{\prime}\cap B_{m,\mathrm{max}}, par suite ΣVmBm,maxΣsuperscriptsubscript𝑉𝑚subscript𝐵𝑚max\Sigma\subset V_{m}^{\prime}\cap B_{m,\mathrm{max}}. Par conséquent (g2)/2mg/2𝑔22𝑚𝑔2(g-2)/2\leq m\leq g/2 pour une raison de dimension. Il y a deux cas à distinguer: le cas où g𝑔g est pair et le cas où g𝑔g est impair.

Cas où g𝑔g est pair.

On suppose donc g4𝑔4g\geq 4, le cas où g=2𝑔2g=2 sera traité plus tard au §§\S 4.1. Alors ou bien m=(g2)/2𝑚𝑔22m=(g-2)/2, ou bien m=g/2𝑚𝑔2m=g/2.

Examinons d’abord le cas m=(g2)/2𝑚𝑔22m=(g-2)/2. Alors Vmsuperscriptsubscript𝑉𝑚V_{m}^{\prime} est un sous-schéma fermé irréductible de J1subscript𝐽1J_{1} de dimension g2𝑔2g-2 (4.2). Donc Σ=VmΣsuperscriptsubscript𝑉𝑚\Sigma=V_{m}^{\prime}. Alors une composante irréductible ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de ΘΘ\Theta qui contient Σ=VmΣsuperscriptsubscript𝑉𝑚\Sigma=V_{m}^{\prime} ne peut être un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} car son image par la multiplication par 222 serait aussi un translaté d’une sous-variété abélienne, qui contiendrait Vmsubscript𝑉𝑚V_{m}. Or Vmsubscript𝑉𝑚V_{m} pour m>0𝑚0m>0, contient un translaté de X1subscript𝑋1X_{1}, d’où une contradiction (lemme 4.3).

Examinons maintenant le cas m=g/2𝑚𝑔2m=g/2. Alors Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}} est équidimensionnel de dimension 2g23m=g222𝑔23𝑚𝑔222g-2-3m=\frac{g}{2}-2, irréductible pour g6𝑔6g\geq 6, et Bm,maxsubscript𝐵𝑚maxB_{m,\mathrm{max}} est équidimensionnel de dimension g2𝑔2g-2. Donc ΣΣ\Sigma est une composante irréductible de Bm,maxsubscript𝐵𝑚maxB_{m,\mathrm{max}}. En particulier, ΣΣ\Sigma contient un translaté de X1subscript𝑋1X_{1}. Donc, d’après le lemme 4.3, une composante irréductible ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de ΘΘ\Theta qui contient ΣΣ\Sigma ne peut être un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}

Réciproquement, si une composante irréductible de Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}} est une composante de ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m}, alors Sat(Θm)SatsubscriptΘ𝑚\mathrm{Sat}(\Theta_{m}) sera une composante ΣΣ\Sigma singulière de ΘΘ\Theta, de dimension g2𝑔2g-2, à condition que si MΘm𝑀subscriptΘ𝑚M\in\Theta_{m}, on ait h0(X1,M2)>msuperscript0subscript𝑋1superscript𝑀2𝑚h^{0}(X_{1},M^{2})>m, et on donnera plus loin un exemple pour g=4𝑔4g=4.

Cas où g𝑔g est impair.

Supposons g3𝑔3g\geq 3 impair. On doit examiner le cas m=(g1)/2𝑚𝑔12m=(g-1)/2. Alors Am,maxsubscript𝐴𝑚maxA_{m,\mathrm{max}} est irréductible de dimension (g1)/2𝑔12(g-1)/2, et dim(Θm)(g1)/2dimsubscriptΘ𝑚𝑔12\mathrm{dim}(\Theta_{m})\leq(g-1)/2. Par ailleurs, ΣΣ\Sigma est contenu dans Sat(Θm)SatsubscriptΘ𝑚\mathrm{Sat}(\Theta_{m}), donc

g2=dim(Σ)dim(Sat(Θm))=dim(Θm)+(g1)/2dim(Bm,max)=g1.𝑔2dimΣdimSatsubscriptΘ𝑚dimsubscriptΘ𝑚𝑔12dimsubscript𝐵𝑚max𝑔1g-2=\mathrm{dim}(\Sigma)\leq\mathrm{dim}(\mathrm{Sat}(\Theta_{m}))=\mathrm{dim}(\Theta_{m})+(g-1)/2\leq\mathrm{dim}(B_{m,\mathrm{max}})=g-1.

Distinguons à nouveau deux cas:

Cas (i): dim(Θm)=g121dimsubscriptΘ𝑚𝑔121\mathrm{dim}(\Theta_{m})=\frac{g-1}{2}-1. Soient Θm,isubscriptΘ𝑚𝑖\Theta_{m,i} (iI𝑖𝐼i\in I) les composantes irréductibles de ΘmsubscriptΘ𝑚\Theta_{m}, de dimension g121𝑔121\frac{g-1}{2}-1. Alors il existe i0Isubscript𝑖0𝐼i_{0}\in I tel que Σ=αm(X1(m)×Θm,i0)Σsubscript𝛼𝑚subscriptsuperscript𝑋𝑚1subscriptΘ𝑚subscript𝑖0\Sigma=\alpha_{m}(X^{(m)}_{1}\times\Theta_{m,i_{0}}). En particulier, comme m>0𝑚0m>0, ΣΣ\Sigma contient un translaté de X1subscript𝑋1X_{1}, et aucune composante irréductible contenant ΣΣ\Sigma n’est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1} (lemme 4.3).

Cas (ii): dim(Θm)=(g1)/2dimsubscriptΘ𝑚𝑔12\mathrm{dim}(\Theta_{m})=(g-1)/2. Alors Θm=Am,maxsubscriptΘ𝑚subscript𝐴𝑚max\Theta_{m}=A_{m,\mathrm{max}} et Θ:=Sat(Θ)assignsuperscriptΘSatΘ\Theta^{\prime}:=\mathrm{Sat}(\Theta) est une composante irréductible de ΘΘ\Theta.

Lemma 4.4.

ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est la spécialisation ensembliste d’un diviseur qui existe sur la jacobienne générique, par suite ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est algébriquement équivalent à rΘclass𝑟subscriptΘclassr\cdot\Theta_{\mathrm{class}} avec r1𝑟1r\geq 1 un entier.

Proof 4.5.

Gardons les notations ci-dessus. Soient S={η,s}𝑆𝜂𝑠S=\{\eta,s\} le spectre d’un anneau de valuation discrète complet contenant k𝑘k, 𝒳/S𝒳𝑆\mathcal{X}/S une courbe propre lisse de genre g𝑔g dont la fibre générique est la courbe générique de genre g𝑔g, et dont la fibre 𝒳ssubscript𝒳𝑠\mathcal{X}_{s} est Xs=Xsubscript𝑋𝑠𝑋X_{s}=X. Notons 𝒥𝒥\mathcal{J} la jacobienne de 𝒳/S𝒳𝑆\mathcal{X}/S. Soit 𝒟𝒟\mathcal{D} l’image schématique du morphisme

𝒳(g1)/2𝒥3(g1)/2superscript𝒳𝑔12superscript𝒥3𝑔12\mathcal{X}^{(g-1)/2}\rightarrow\mathcal{J}^{3(g-1)/2}

donné par (x1,,x(g1)/2)Ω𝒳/S1(x1x(g1)/2)maps-tosubscript𝑥1subscript𝑥𝑔12subscriptsuperscriptΩ1𝒳𝑆subscript𝑥1subscript𝑥𝑔12(x_{1},\cdots,x_{(g-1)/2})\mapsto\Omega^{1}_{\mathcal{X}/S}(-x_{1}-\cdots-x_{(g-1)/2}). Soit 𝒟superscript𝒟\mathcal{D}^{\prime} l’image réciproque de 𝒟𝒟\mathcal{D} par V:=F:𝒥(g1)/2𝒥3(g1)/2:assign𝑉superscript𝐹superscript𝒥𝑔12superscript𝒥3𝑔12V:=F^{\ast}:\mathcal{J}^{(g-1)/2}\rightarrow\mathcal{J}^{3(g-1)/2}. On a (𝒟s)red=Θsubscriptsubscriptsuperscript𝒟𝑠redsuperscriptΘ(\mathcal{D}^{\prime}_{s})_{\mathrm{red}}=\Theta^{\prime}. Par ailleurs, comme 𝒳ηsubscript𝒳𝜂\mathcal{X}_{\eta} est générique, NS(𝒥1,η)𝐙similar-to-or-equalsNSsubscript𝒥1𝜂𝐙\mathrm{NS}(\mathcal{J}_{1,\eta})\simeq\mathbf{Z}, ce qui implique que 𝒟ηsubscriptsuperscript𝒟𝜂\mathcal{D}^{\prime}_{\eta} est algébriquement équivalent à rΘclasssuperscript𝑟subscriptΘclassr^{\prime}\Theta_{\mathrm{class}} avec r1superscript𝑟1r^{\prime}\geq 1 un entier. Par spécialisation, Θ=(𝒟s)redsuperscriptΘsubscriptsuperscriptsubscript𝒟𝑠red\Theta^{\prime}=(\mathcal{D}_{s}^{\prime})_{\mathrm{red}} est donc algébriquement équivalent à rΘclass𝑟subscriptΘclassr\Theta_{\mathrm{class}} avec rr𝑟superscript𝑟r\leq r^{\prime} un entier 1absent1\geq 1. D’où le résultat.

Revenons au diviseur ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime}. Alors ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est algébriquement équivalent à rΘclass𝑟subscriptΘclassr\Theta_{\mathrm{class}} avec r𝑟r un entier strictement positif. Comme ΘΘ\Theta est algébriquement à 2Θclass2subscriptΘclass2\Theta_{\mathrm{class}}, on sait que 1r21𝑟21\leq r\leq 2 (proposition 6). Donc ou bien r=1𝑟1r=1, et ceci implique que ΘΘ\Theta est une somme de deux composantes translatés de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}; ou bien r=2𝑟2r=2, et alors Θ=ΘΘsuperscriptΘ\Theta=\Theta^{\prime} est irréductible (proposition 6). En tous cas, ΘΘ\Theta ne contient pas de composante translatée d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}.

En résumé, on a montré le théorème suivant:

Theorem 4.6.

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique 333, X/k𝑋𝑘X/k une courbe propre lisse connexe de genre g2𝑔2g\geq 2. Alors: (1) ΘΘ\Theta est réduit; (2) si g3𝑔3g\geq 3, aucune composante de ΘΘ\Theta n’est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}.

Remark 4.7.

(Complément au cas g𝑔g impair) Dans le cas g𝑔g impair, il paraît probable que le cas où ΘΘ\Theta est une somme de deux composantes translatées de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} ne puisse pas se produire. En effet, sur les complexes, il est connu (§§\S 3 de [1], voir aussi [46]) que, pour une courbe X𝑋X lisse sur k𝑘k, l’application |2Θclass|2subscriptΘclass\mathcal{M}\rightarrow|2\Theta_{\mathrm{class}}| qui à un fibré vectoriel semi-stable V𝑉V de rang 222 de pente g1𝑔1g-1 sur X𝑋X, associe son diviseur ΘVsubscriptΘ𝑉\Theta_{V}, est une immersion de l’espace de modules des fibrés semi-stables de rang 222 de pente g1𝑔1g-1 vers le système linéaire de 2Θclass2subscriptΘclass2\Theta_{\mathrm{class}} si X𝑋X n’est pas hyperelliptique, et induit une immersion /{1,τ}|2Θclass|1𝜏2subscriptΘclass\mathcal{M}/\{1,\tau\}\rightarrow|2\Theta_{\mathrm{class}}| si X𝑋X est hyperelliptique (où τ𝜏\tau est l’involution hyperelliptique de X𝑋X). Si un tel résultat est encore vrai en caractéristique p=3𝑝3p=3, ΘBsubscriptΘ𝐵\Theta_{B} ne peut pas être somme de deux translatés de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}, en raison de la stabilité de B𝐵B.

Un exemple en genre 444ΘΘ\Theta n’est pas normal.

Reprenons la courbe de Tango X𝑋X construite dans l’exemple 1.10 en prenant d=4𝑑4d=4. Gardons les notations de 1.10. Alors X𝑋X est une courbe de genre 444, et M=𝒪X(i=110biπ1(j=14cj))𝑀subscript𝒪𝑋superscriptsubscript𝑖110subscript𝑏𝑖superscript𝜋1superscriptsubscript𝑗14subscript𝑐𝑗M=\mathcal{O}_{X}(\sum_{i=1}^{10}b_{i}-\pi^{-1}(\sum_{j=1}^{4}c_{j})) est un sous-faisceau inversible de B𝐵B (où π:X𝐏k1:𝜋𝑋superscriptsubscript𝐏𝑘1\pi:X\rightarrow\mathbf{P}_{k}^{1} est le revêtement fini étale de degré 222, {bi}i=1,,10subscriptsubscript𝑏𝑖𝑖1.10\{b_{i}\}_{i=1,\cdots,10} sont les points de X𝑋X de ramification de π𝜋\pi, {cj}j=1,2,3,4𝐏k1=𝐏subscriptsubscript𝑐𝑗𝑗1.2.3.4subscriptsuperscript𝐏1𝑘𝐏\{c_{j}\}_{j=1,2,3,4}\subset\mathbf{P}^{1}_{k}=\mathbf{P} tels que cjai:=π(bi)subscript𝑐𝑗subscript𝑎𝑖assign𝜋subscript𝑏𝑖c_{j}\neq a_{i}:=\pi(b_{i}) pour tout i𝑖i). Alors Σ:={M(D)|DX(2)}assignΣconditional-set𝑀𝐷𝐷superscript𝑋2\Sigma:=\{M(-D)|D\in X^{(2)}\} est un fermé de dimension 222 de ΘΘ\Theta. Montrons que ΘΘ\Theta est singulier en tous les points de ΣΣ\Sigma. En effet, comme M2=𝒪X(2(i=110biπ1(j=14cj)))π(𝒪𝐏(i=110ai2(j=14cj)))π(𝒪𝐏k1(2))superscript𝑀2subscript𝒪𝑋2superscriptsubscript𝑖110subscript𝑏𝑖superscript𝜋1superscriptsubscript𝑗14subscript𝑐𝑗similar-to-or-equalssuperscript𝜋subscript𝒪𝐏superscriptsubscript𝑖110subscript𝑎𝑖2superscriptsubscript𝑗14subscript𝑐𝑗similar-to-or-equalssuperscript𝜋subscript𝒪superscriptsubscript𝐏𝑘12M^{2}=\mathcal{O}_{X}\left(2\left(\sum_{i=1}^{10}b_{i}-\pi^{-1}(\sum_{j=1}^{4}c_{j})\right)\right)\simeq\pi^{\ast}\left(\mathcal{O}_{\mathbf{P}}\left(\sum_{i=1}^{10}a_{i}-2(\sum_{j=1}^{4}c_{j})\right)\right)\simeq\pi^{\ast}(\mathcal{O}_{\mathbf{P}_{k}^{1}}(2)), on a h0(X,M2)3superscript0𝑋superscript𝑀23h^{0}(X,M^{2})\geq 3. Donc h0(X,M2(D))1superscript0𝑋superscript𝑀2𝐷1h^{0}(X,M^{2}(-D))\geq 1 pour tout diviseur D𝐷D effectif de degré 222. Par suite, pour tout D𝐷D diviseur effectif de degré 222 sur X𝑋X, il existe un Dsuperscript𝐷D^{\prime} diviseur effectif de degré 222 tel que M2=𝒪X(D+D)superscript𝑀2subscript𝒪𝑋𝐷superscript𝐷M^{2}=\mathcal{O}_{X}(D+D^{\prime}). Donc L:=M(D)NBassign𝐿𝑀𝐷𝑁𝐵L:=M(-D)\hookrightarrow N\hookrightarrow B est tel que L1M(D)Msimilar-to-or-equalssuperscript𝐿1𝑀superscript𝐷𝑀L^{-1}\simeq M(-D^{\prime})\hookrightarrow M, c’est-à-dire, ces deux plongements sont orthogonaux par rapport au produit (,)(\cdot,\cdot) sur B𝐵B. Donc, d’après le critère de lissité (proposition 2.2.1), ΘΘ\Theta est singulier en L𝐿L. Donc ΘΘ\Theta contient un fermé de points singuliers de codimension 111, ce qui implique que ΘΘ\Theta n’est pas normal.

4.2 Le diviseur thêta en genre 222 et en toute caractéristique (positive)

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, X𝑋X une courbe propre lisse connexe de genre g=2𝑔2g=2 sur k𝑘k. Notons ΘΘ\Theta le diviseur thêta associé au faisceau des formes différentielles localement exactes sur X1subscript𝑋1X_{1}. Le but de cette section est de montrer qu’au moins dans le cas ordinaire, aucune composante de ΘΘ\Theta n’est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}.

4.2.1 Analyse de la lissité aux points d’ordre p𝑝p.

Sur X1subscript𝑋1X_{1}, on dispose de la suite exacte suivante:

0BFΩX/k1cΩX1/k10.0𝐵subscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝑐subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘0\lx@xy@svg{\hbox{\raise 0.0pt\hbox{\kern 5.5pt\hbox{\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\hbox{\vtop{\kern 0.0pt\offinterlineskip\halign{\entry@#!@&&\entry@@#!@\cr&&&&\crcr}}}\ignorespaces{\hbox{\kern-5.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 29.5pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{B\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 67.58679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 67.58679pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{F_{\ast}\Omega^{1}_{X/k}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{\hbox{\kern 99.05898pt\raise 4.50694pt\hbox{{}\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise-1.50694pt\hbox{$\scriptstyle{c}$}}}\kern 3.0pt}}}}}}\ignorespaces{\hbox{\kern 118.22849pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 118.22849pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{\Omega^{1}_{X_{1}/k}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}$}}}}}}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces{}{\hbox{\lx@xy@droprule}}\ignorespaces{\hbox{\kern 158.2507pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\lx@xy@tip{1}\lx@xy@tip{-1}}}}}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\lx@xy@droprule}}{\hbox{\kern 158.2507pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 0.0pt\raise 0.0pt\hbox{\hbox{\kern 3.0pt\raise 0.0pt\hbox{$\textstyle{0}$}}}}}}}\ignorespaces}}}}\ignorespaces.

Pour L𝐿L un faisceau inversible de degré 00, on a donc h0(X1,BL)h0(X1,F(ΩX/k1)L)=h0(X,ΩX/k1FL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿superscript0subscript𝑋1tensor-productsubscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝐿superscript0𝑋tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘superscript𝐹𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes L)\leq h^{0}(X_{1},F_{\ast}(\Omega^{1}_{X/k})\otimes L)=h^{0}(X,\Omega^{1}_{X/k}\otimes F^{\ast}L)=1 sauf si FL=Lp=𝒪Xsuperscript𝐹𝐿superscript𝐿𝑝subscript𝒪𝑋F^{\ast}L=L^{p}=\mathcal{O}_{X}, où l’on pourrait avoir h0(X1,BL)=2superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿2h^{0}(X_{1},B\otimes L)=2. On a donc le lemme suivant:

Lemma 4.1.

Avec les notations ci-dessus, soit xΘ𝑥Θx\in\Theta un point d’ordre p𝑝p avec L𝐿L le faisceau inversible de degré 00 correspondant. Alors ΘΘ\Theta est singulier en x𝑥x si et seulement si h0(X1,BL)=2superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿2h^{0}(X_{1},B\otimes L)=2. Cette condition équivaut au fait que le morphisme c1L:H0(X,ΩX/k1FL)H0(X1,ΩX1/k1L):tensor-product𝑐subscript1𝐿superscript𝐻0𝑋tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘superscript𝐹𝐿superscript𝐻0subscript𝑋1tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘𝐿c\otimes 1_{L}:H^{0}(X,\Omega^{1}_{X/k}\otimes F^{\ast}L)\rightarrow H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}\otimes L) est nul.

Remark 4.2.

Soit x=[L]Θ𝑥delimited-[]𝐿Θx=[L]\in\Theta un point d’ordre p𝑝p, et notons ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} la forme de Cartier associée. On voit L𝐿L comme un sous-faisceau du faisceau des fonctions méromorphes de X1subscript𝑋1X_{1}. Soit (Uα,fα)subscript𝑈𝛼subscript𝑓𝛼(U_{\alpha},f_{\alpha}) une section méromorphe de L𝐿L, on a donc fα/fβ𝒪X1(UαUβ)subscript𝑓𝛼subscript𝑓𝛽subscript𝒪subscript𝑋1superscriptsubscript𝑈𝛼subscript𝑈𝛽f_{\alpha}/f_{\beta}\in\mathcal{O}_{X_{1}}(U_{\alpha}\cap U_{\beta})^{\ast}. Comme L𝐿L est d’ordre p𝑝p, il existe uα𝒪X1(Uα)subscript𝑢𝛼subscript𝒪subscript𝑋1superscriptsubscript𝑈𝛼u_{\alpha}\in\mathcal{O}_{X_{1}}(U_{\alpha})^{\ast} pour chaque α𝛼\alpha tel que fαp/fβp=uα/uβsuperscriptsubscript𝑓𝛼𝑝superscriptsubscript𝑓𝛽𝑝subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛽f_{\alpha}^{p}/f_{\beta}^{p}=u_{\alpha}/u_{\beta}. La forme ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} est donc la forme différentielle holomorphe (Uα,d(uα)/uα)subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼\left(U_{\alpha},d(u_{\alpha})/u_{\alpha}\right). Soit ω𝜔\omega une autre section globale de ΩX1/k1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\Omega^{1}_{X_{1}/k} tel que ω𝜔\omega et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} forment une k𝑘k-base de H0(X,ΩX/k1)superscript𝐻0𝑋subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘H^{0}(X,\Omega^{1}_{X/k}). Ceci nous fournit une section (Uα,ωfαpuα)subscript𝑈𝛼tensor-product𝜔subscriptsuperscript𝑓𝑝𝛼subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},\omega\otimes f^{p}_{\alpha}u_{\alpha}) de ΩX/k1Lptensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘superscript𝐿𝑝\Omega^{1}_{X/k}\otimes L^{p}. Par l’opérateur de Cartier, elle donne la section (Uα,c(uαω)fα)subscript𝑈𝛼tensor-product𝑐subscript𝑢𝛼𝜔subscript𝑓𝛼(U_{\alpha},c(u_{\alpha}\omega)\otimes f_{\alpha}) de ΩX1/k1𝒪X1Lsubscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘𝐿\Omega^{1}_{X_{1}/k}\otimes_{\mathcal{O}_{X_{1}}}L. Par le lemme, on voit que ΘΘ\Theta est singulier en x𝑥x si et seulement si cette forme est nulle. Ceci équivaut à dire que uαωsubscript𝑢𝛼𝜔u_{\alpha}\omega est localement exacte.

Theorem 4.3.

Supposons que X𝑋X est ordinaire de genre 222 en caractéristique p>0𝑝0p>0. Soit H𝐻H une droite affine dans le 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-espace J1[p](k)𝐅p2similar-to-or-equalssubscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘superscriptsubscript𝐅𝑝2J_{1}[p](k)\simeq\mathbf{F}_{p}^{2} qui ne passe pas par l’origine de J1[p](k)subscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘J_{1}[p](k), alors ΘΘ\Theta est lisse en au moins deux points de H𝐻H.

Proof 4.4.

Soient x=[L],x=[L]Θformulae-sequence𝑥delimited-[]𝐿superscript𝑥delimited-[]superscript𝐿Θx=[L],\leavevmode\nobreak\ x^{\prime}=[L^{\prime}]\in\Theta deux points d’ordre p𝑝p qui ne sont pas 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}-colinéaires dans J1[p](k)subscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘J_{1}[p](k), et notons ωx=(Uα,d(uα)/uα)subscript𝜔𝑥subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼\omega_{x}=\left(U_{\alpha},d(u_{\alpha})/u_{\alpha}\right) et ωx=(Uα,d(vα)/vα)subscript𝜔superscript𝑥subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑣𝛼subscript𝑣𝛼\omega_{x^{\prime}}=\left(U_{\alpha},d(v_{\alpha})/v_{\alpha}\right) les formes de Cartier associées (où {Uα}subscript𝑈𝛼\{U_{\alpha}\} est un recouvrement ouvert de X1subscript𝑋1X_{1}, uα,vα𝒪X1(Uα)subscript𝑢𝛼subscript𝑣𝛼subscript𝒪subscript𝑋1superscriptsubscript𝑈𝛼u_{\alpha},\leavevmode\nobreak\ v_{\alpha}\in\mathcal{O}_{X_{1}}(U_{\alpha})^{\ast} tels que (Uα,uα)subscript𝑈𝛼subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},u_{\alpha}) (resp. (Uα,vα)subscript𝑈𝛼subscript𝑣𝛼(U_{\alpha},v_{\alpha})) est un 111-cobord de 𝒪X1superscriptsubscript𝒪subscript𝑋1\mathcal{O}_{X_{1}}^{\ast} correspondant à Lpsuperscript𝐿𝑝L^{p} (resp. à Lpsuperscript𝐿𝑝L^{\prime p})). Pour le faisceau inversible LLitensor-product𝐿superscript𝐿superscripttensor-product𝑖L\otimes L^{\prime\otimes^{i}} (i=0,,p1𝑖0𝑝1i=0,\cdots,p-1), sa forme de Cartier s’écrit ωx+iωx=(Uα,duαuα+idvαvα)subscript𝜔𝑥𝑖subscript𝜔superscript𝑥subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼𝑖𝑑subscript𝑣𝛼subscript𝑣𝛼\omega_{x}+i\omega_{x^{\prime}}=(U_{\alpha},\frac{du_{\alpha}}{u_{\alpha}}+i\frac{dv_{\alpha}}{v_{\alpha}}). Comme x𝑥x et xsuperscript𝑥x^{\prime} ne sont pas colinéaires, on peut prendre {ωx+ix,ωx}subscript𝜔𝑥𝑖superscript𝑥subscript𝜔𝑥\{\omega_{x+ix^{\prime}},\omega_{x}\} comme k𝑘k-base des sections globales de ΩX/k1subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘\Omega^{1}_{X/k} pour i0𝑖0i\neq 0. D’après ce qui précède, ΘΘ\Theta est singulier en x+ix𝑥𝑖superscript𝑥x+ix^{\prime} si et seulement si la forme (Uα,uαvαiduα/uα)subscript𝑈𝛼subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑣𝛼𝑖𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},u_{\alpha}v_{\alpha}^{i}du_{\alpha}/u_{\alpha}) est localement exacte.

Comme ωx0subscript𝜔superscript𝑥0\omega_{x^{\prime}}\neq 0 dans H0(X,ΩX/k1)superscript𝐻0𝑋subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘H^{0}(X,\Omega^{1}_{X/k}), on sait que vαsubscript𝑣𝛼v_{\alpha} n’est pas une puissance p𝑝p-ième d’un élément de 𝒪X(Uα)subscript𝒪𝑋subscript𝑈𝛼\mathcal{O}_{X}(U_{\alpha}). Quitte à diminuer Uαsubscript𝑈𝛼U_{\alpha}, on peut supposer que uαsubscript𝑢𝛼u_{\alpha} s’écrit sous la forme uα=j=0p1λjpvαjsubscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑗0𝑝1superscriptsubscript𝜆𝑗𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑗u_{\alpha}=\sum_{j=0}^{p-1}\lambda_{j}^{p}v_{\alpha}^{j} avec λj𝒪X(Uα)subscript𝜆𝑗subscript𝒪𝑋subscript𝑈𝛼\lambda_{j}\in\mathcal{O}_{X}(U_{\alpha}) . Donc duα=j=1p1jλjpvαj1dvα𝑑subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑗1𝑝1𝑗superscriptsubscript𝜆𝑗𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑗1𝑑subscript𝑣𝛼du_{\alpha}=\sum_{j=1}^{p-1}j\lambda_{j}^{p}v_{\alpha}^{j-1}dv_{\alpha}, et vαiduα=j=1p1jλjpvαi+j1dvαsuperscriptsubscript𝑣𝛼𝑖𝑑subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑗1𝑝1𝑗superscriptsubscript𝜆𝑗𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑖𝑗1𝑑subscript𝑣𝛼v_{\alpha}^{i}du_{\alpha}=\sum_{j=1}^{p-1}j\lambda_{j}^{p}v_{\alpha}^{i+j-1}dv_{\alpha}. C’est une forme localement exacte si et seulement si λpi=0subscript𝜆𝑝𝑖0\lambda_{p-i}=0. Donc, pour que ΘΘ\Theta soit singulier en x+iy𝑥𝑖𝑦x+iy pour 1ip11𝑖𝑝11\leq i\leq p-1, il faut λpi=0subscript𝜆𝑝𝑖0\lambda_{p-i}=0, ceci entraîne que uαsubscript𝑢𝛼u_{\alpha} est une puissance p𝑝p-ième, d’où une contradiction.

Ceci étant, il existe donc au moins un i{1,,p1}𝑖1𝑝1i\in\{1,\cdots,p-1\} tel que ΘΘ\Theta soit lisse en x+iy𝑥𝑖𝑦x+iy. Supposons qu’il y en a un seul i{1,,p1}𝑖1𝑝1i\in\{1,\cdots,p-1\} tel que ΘΘ\Theta soit lisse en x+iy𝑥𝑖𝑦x+iy, et montrons que ΘΘ\Theta est lisse en x𝑥x. Quitte à remplacer Lsuperscript𝐿L^{\prime} par une puissance convenable, on peut supposer que i=1𝑖1i=1. Donc uα=λ0p+λp1pvαp1subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝜆0𝑝superscriptsubscript𝜆𝑝1𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑝1u_{\alpha}=\lambda_{0}^{p}+\lambda_{p-1}^{p}v_{\alpha}^{p-1}. Si ΘΘ\Theta est singulier en x𝑥x, ceci implique que vαduα/uαsubscript𝑣𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼v_{\alpha}du_{\alpha}/u_{\alpha} est localement exacte. Or vαduα/uα=(p1)λp1pvαp1dvα/(λ0p+λp1pvαp1)subscript𝑣𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼𝑝1superscriptsubscript𝜆𝑝1𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑝1𝑑subscript𝑣𝛼superscriptsubscript𝜆0𝑝superscriptsubscript𝜆𝑝1𝑝superscriptsubscript𝑣𝛼𝑝1v_{\alpha}du_{\alpha}/u_{\alpha}=(p-1)\lambda_{p-1}^{p}v_{\alpha}^{p-1}dv_{\alpha}/(\lambda_{0}^{p}+\lambda_{p-1}^{p}v_{\alpha}^{p-1}). Si c’est une forme localement exacte, λ0=0subscript𝜆00\lambda_{0}=0, ce qui implique que (p1)dvα/vα=duα/uα𝑝1𝑑subscript𝑣𝛼subscript𝑣𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼(p-1)dv_{\alpha}/v_{\alpha}=du_{\alpha}/u_{\alpha}, d’où une contradiction puisque L𝐿L et M𝑀M ne sont pas colinéaires.

Complètons le théorème 4.3 en considérant les courbes de p𝑝p-rang 111.

Theorem 4.5.

Soit X𝑋X de genre 222 et de p𝑝p-rang 111. Alors ΘΘ\Theta est lisse en au moins un point d’ordre p𝑝p (et donc en deux points d’ordre p𝑝p si p3𝑝3p\geq 3 par symétrie).

Proof 4.6.

Soit xJ1𝑥subscript𝐽1x\in J_{1} un point d’ordre p𝑝p. Soit ωx=(Uα,duα/uα)subscript𝜔𝑥subscript𝑈𝛼𝑑subscript𝑢𝛼subscript𝑢𝛼\omega_{x}=(U_{\alpha},du_{\alpha}/u_{\alpha}) la forme de Cartier associée à x𝑥x. Soit ω𝜔\omega une autre forme différentielle holomorphe sur X𝑋X telle que ω𝜔\omega et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} forment une k𝑘k-base de H0(X1,ΩX1/k1)superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}). Comme ΩX1/k1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\Omega^{1}_{X_{1}/k} est un 𝒪X1subscript𝒪subscript𝑋1\mathcal{O}_{X_{1}}-module de rang 111, il existe une fonction méromorphe hh de X𝑋X telle que ω=hωx𝜔subscript𝜔𝑥\omega=h\omega_{x}. Donc il suffit de montrer qu’il existe un i{1,,p1}𝑖1𝑝1i\in\{1,\cdots,p-1\} tel que (Uα,huαi1duα)subscript𝑈𝛼superscriptsubscript𝑢𝛼𝑖1𝑑subscript𝑢𝛼(U_{\alpha},hu_{\alpha}^{i-1}du_{\alpha}) ne soit pas localement exacte. Quitte à diminuer Uαsubscript𝑈𝛼U_{\alpha}, on peut supposer que h=j=0p1λjpuαjsuperscriptsubscript𝑗0𝑝1superscriptsubscript𝜆𝑗𝑝superscriptsubscript𝑢𝛼𝑗h=\sum_{j=0}^{p-1}\lambda_{j}^{p}u_{\alpha}^{j}. Alors huαi1duα=j=0p1λjpuαi+j1duαsuperscriptsubscript𝑢𝛼𝑖1𝑑subscript𝑢𝛼superscriptsubscript𝑗0𝑝1superscriptsubscript𝜆𝑗𝑝superscriptsubscript𝑢𝛼𝑖𝑗1𝑑subscript𝑢𝛼hu_{\alpha}^{i-1}du_{\alpha}=\sum_{j=0}^{p-1}\lambda_{j}^{p}u_{\alpha}^{i+j-1}du_{\alpha} est une forme localement exacte si et seulement si λpi=0subscript𝜆𝑝𝑖0\lambda_{p-i}=0. Donc si ΘΘ\Theta est singulier en tout ix𝑖𝑥ix quelque soit i{1,,p1}𝑖1𝑝1i\in\{1,\cdots,p-1\}, on obtient que ω=λ0pωx𝜔superscriptsubscript𝜆0𝑝subscript𝜔𝑥\omega=\lambda_{0}^{p}\omega_{x}. Or ω𝜔\omega et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} sont des formes holomorphes sur X1subscript𝑋1X_{1} de genre 222, les diviseurs de ω𝜔\omega et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} sont effectifs de degré 222. Ce qui implique que λ0k{0}subscript𝜆0𝑘0\lambda_{0}\in k-\{0\}: en effet, si λ0subscript𝜆0\lambda_{0} n’est pas un scalaire, λ0subscript𝜆0\lambda_{0} a un seul pôle d’ordre 111, mais comme X𝑋X est de genre g=2𝑔2g=2, un tel λ0subscript𝜆0\lambda_{0} n’existe jamais. Donc λ0k{0}subscript𝜆0𝑘0\lambda_{0}\in k-\{0\}. Ceci contredit le fait que ω𝜔\omega et ωxsubscript𝜔𝑥\omega_{x} forment une k𝑘k-base de H0(X1,ΩX1/k1)superscript𝐻0subscript𝑋1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘H^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X_{1}/k}).

4.2.2 Composantes principales de ΘΘ\Theta et amplitude.

Corollary 4.1.

Supposons X𝑋X ordinaire de genre 222. Alors toute composante principale (définition 11) est ample.

Proof 4.2.

En effet, soit DΘ𝐷ΘD\subset\Theta une composante principale de ΘΘ\Theta. Supposons qu’elle est de la forme x+E𝑥𝐸x+E, avec EJ1𝐸subscript𝐽1E\subset J_{1} une courbe elliptique, x𝑥x un point d’ordre p𝑝p. Comme E𝐸E est ordinaire, D𝐷D contient au moins deux points x,y𝑥𝑦x,y d’ordre p𝑝p. Comme X𝑋X est ordinaire, ΘΘ\Theta ne passe pas par l’origine. Ceci entraîne que x+E[p](k)𝑥𝐸delimited-[]𝑝𝑘x+E[p](k) est une droite affine de J1[p](k)𝐅p2similar-to-or-equalssubscript𝐽1delimited-[]𝑝𝑘superscriptsubscript𝐅𝑝2J_{1}[p](k)\simeq\mathbf{F}_{p}^{2} qui ne passe pas par l’origine. D’après le théorème 4.3, on trouve que ΘΘ\Theta est lisse en au moins deux points d’ordre p𝑝p qui sont contenus dans D𝐷D. Or D𝐷D est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}, il existe un zE(k)𝑧𝐸𝑘z\in E(k) tel que x=y+z𝑥𝑦𝑧x=y+z, d’où une contradiction avec 2.4.

Complètons le corollaire 4.1 en considérant les courbes non-ordinaires.

Corollary 4.3.

Soit X𝑋X une courbe de genre 222 de p𝑝p-rang 1absent1\leq 1. Soit ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} la réunion des composantes passant par l’origine. Alors ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est un diviseur ample de J1subscript𝐽1J_{1}.

Proof 4.4.

Si X𝑋X est de p𝑝p-rang 00, comme ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} est la réunion des composantes principales de ΘΘ\Theta, elle est ample (corollaire 7). Il reste à traiter le cas où X𝑋X est de p𝑝p-rang 111. Si ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} n’est pas ample, soit E𝐸E la plus grande sous-variété abélienne qui laisse stable ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime}. D’après la propriété de Dirac, on sait que E𝐸E est une courbe elliptique ordinaire (corollaire 1.7). En particulier, on sait que ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} contient tous les points d’ordre p𝑝p de J1subscript𝐽1J_{1}. Or ΘΘ\Theta est lisse en au moins un point d’ordre p𝑝p (théorème 4.5), disons xJ1𝑥subscript𝐽1x\in J_{1}. Soit f𝑓f une équation locale de ΘΘ\Theta en x𝑥x. La propriété de Dirac nous dit que f𝑓f est nulle dans 𝒪ker(V),xsubscript𝒪kernel𝑉𝑥\mathcal{O}_{\ker(V),x}. Considérons l’automorphisme Txsubscript𝑇𝑥T_{x} de J1subscript𝐽1J_{1} défini par yy+xmaps-to𝑦𝑦𝑥y\mapsto y+x. Il laisse stable ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime}. Donc Tx(f)superscriptsubscript𝑇𝑥𝑓T_{x}^{\ast}(f) est une équation locale de ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} en 00, par suite elle fait partie de l’équation locale de ΘΘ\Theta en 00. En particulier, si g𝑔g est une équation locale de ΘΘ\Theta en 00, elle est nulle dans 𝒪ker(V),0subscript𝒪kernel𝑉.0\mathcal{O}_{\ker(V),0}. Ceci nous fournit une contradiction avec la propriété de Dirac (1.9).

4.2.3 Composantes non principales en genre 222.

Dans ce numéro, on étudie les composantes non principales. En particulier, on montre que lorsque la courbe X𝑋X est ordinaire (de genre 222), ΘΘ\Theta ne contient pas de composante irréductible qui est un translaté d’une sous-variété abélienne de J1subscript𝐽1J_{1}.

Commençons par un résultat facile, qui découle directement de la classification des fibrés vectoriels sur une courbe elliptique.

Lemma 4.1.

Soit E𝐸E une courbe elliptique sur k𝑘k.

(1) Soit V𝑉V un fibré vectoriel sur E𝐸E. Supposons que h0(E,VL)=1superscript0𝐸tensor-product𝑉𝐿1h^{0}(E,V\otimes L)=1, et h1(E,VL)=0superscript1𝐸tensor-product𝑉𝐿0h^{1}(E,V\otimes L)=0 quelque soit LPicE/k(k)𝐿subscriptsuperscriptPic𝐸𝑘𝑘L\in\mathrm{Pic}^{\circ}_{E/k}(k). Alors V𝑉V est stable.

(2) Soit W𝑊W un fibré vectoriel de E𝐸E tel que h0(E,WL)=h1(E,WL)=1superscript0𝐸tensor-product𝑊𝐿superscript1𝐸tensor-product𝑊𝐿1h^{0}(E,W\otimes L)=h^{1}(E,W\otimes L)=1 quelque soit LPicE/k(k)𝐿subscriptsuperscriptPic𝐸𝑘𝑘L\in\mathrm{Pic}^{\circ}_{E/k}(k). Alors W𝑊W n’est pas stable, et sa filtration de Harder-Narasimhan s’écrit 0=W0W1W2=W0subscript𝑊0subscript𝑊1subscript𝑊2𝑊0=W_{0}\subset W_{1}\subset W_{2}=W avec W1subscript𝑊1W_{1} un sous-fibré stable de degré 111, et W/W1𝑊subscript𝑊1W/W_{1} un fibré stable de degré 11-1.

Proof 4.2.

Soit

0=V0V1Vi1ViVr=V0subscript𝑉0subscript𝑉1subscript𝑉𝑖1subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑟𝑉0=V_{0}\subset V_{1}\subset\cdots\subset V_{i-1}\subset V_{i}\subset\cdots\subset V_{r}=V

la filtration de Harder-Narasimhan de V𝑉V, telle que Vi/Vi1subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1V_{i}/V_{i-1}, pour 1ir1𝑖𝑟1\leq i\leq r soit un fibré stable non-trivial de pente λisubscript𝜆𝑖\lambda_{i}, et que l’on ait λ1λ2λr1λrsubscript𝜆1subscript𝜆2subscript𝜆𝑟1subscript𝜆𝑟\lambda_{1}\geq\lambda_{2}\geq\cdots\geq\lambda_{r-1}\geq\lambda_{r}. On raisonne par l’absurde. Supposons que r2𝑟2r\geq 2. Montrons d’abord que λ1>0subscript𝜆10\lambda_{1}>0. Sinon, λi0subscript𝜆𝑖0\lambda_{i}\leq 0 pour 1ir1𝑖𝑟1\leq i\leq r. Les Vi/Vi1subscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1V_{i}/V_{i-1} sont stables donc indécomposables de E𝐸E. D’après Atiyah et Oda ([34] section 2, page 60), il existe exactement un LiJEsubscript𝐿𝑖subscript𝐽𝐸L_{i}\in J_{E} tel que h0(E,(Vi/Vi1)Li)=h1(E,(Vi/Vi1)Li)>0superscript0𝐸tensor-productsubscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1subscript𝐿𝑖superscript1𝐸tensor-productsubscript𝑉𝑖subscript𝑉𝑖1subscript𝐿𝑖0h^{0}(E,(V_{i}/V_{i-1})\otimes L_{i})=h^{1}(E,(V_{i}/V_{i-1})\otimes L_{i})>0. En particulier, ceci entraîne qu’il n’y a qu’un nombre fini de LJE𝐿subscript𝐽𝐸L\in J_{E} tels que h0(E,VL)0superscript0𝐸tensor-product𝑉𝐿0h^{0}(E,V\otimes L)\neq 0, ce qui contredit l’hypothèse que h0(E,VL)=1superscript0𝐸tensor-product𝑉𝐿1h^{0}(E,V\otimes L)=1 quelque soit LJE𝐿subscript𝐽𝐸L\in J_{E}. Donc λ1>0subscript𝜆10\lambda_{1}>0. Ensuite, montrons que λ2<0subscript𝜆20\lambda_{2}<0. En fait, on a la suite exacte suivante:

0V1V2V2/V10.0subscript𝑉1subscript𝑉2subscript𝑉2subscript𝑉100\rightarrow V_{1}\rightarrow V_{2}\rightarrow V_{2}/V_{1}\rightarrow 0.

Comme λ20subscript𝜆20\lambda_{2}\geq 0, il existe au moins un faisceau inversible L𝐿L tel que h0(E,(V2/V1)L)>0superscript0𝐸tensor-productsubscript𝑉2subscript𝑉1𝐿0h^{0}(E,(V_{2}/V_{1})\otimes L)>0. La suite exacte longue associée à la cohomologie nous montre que h0(E,V2L)2superscript0𝐸tensor-productsubscript𝑉2𝐿2h^{0}(E,V_{2}\otimes L)\geq 2 (rappelons que λ1>0subscript𝜆10\lambda_{1}>0, donc h1(E,V1L)=0superscript1𝐸tensor-productsubscript𝑉1𝐿0h^{1}(E,V_{1}\otimes L)=0). A priori, h0(E,VL)2superscript0𝐸tensor-product𝑉𝐿2h^{0}(E,V\otimes L)\geq 2, d’où une contradiction. Donc λr<0subscript𝜆𝑟0\lambda_{r}<0 puisque r2𝑟2r\geq 2. Considérons la suite exacte suivante:

0Vr1VV/Vr10,0subscript𝑉𝑟1𝑉𝑉subscript𝑉𝑟100\rightarrow V_{r-1}\rightarrow V\rightarrow V/V_{r-1}\rightarrow 0,

on trouve un morphisme surjectif: H1(E,V)H1(E,V/Vr1)superscript𝐻1𝐸𝑉superscript𝐻1𝐸𝑉subscript𝑉𝑟1H^{1}(E,V)\rightarrow H^{1}(E,V/V_{r-1}) avec H1(E,V/Vr1)0superscript𝐻1𝐸𝑉subscript𝑉𝑟10H^{1}(E,V/V_{r-1})\neq 0 (car V/Vr1𝑉subscript𝑉𝑟1V/V_{r-1} est stable de pente λr<0subscript𝜆𝑟0\lambda_{r}<0). Donc h1(E,V)1superscript1𝐸𝑉1h^{1}(E,V)\geq 1, d’où une contradiction. Donc r=1𝑟1r=1, c’est-à-dire, V𝑉V est stable. D’où (1). Le même raisonnement nous montre la partie (2) du lemme. Ceci achève la démonstration.

Proposition 15.

Soit D𝐷D une composante irréductible (réduite) de ΘΘ\Theta, et supposons que D𝐷D ne passe par aucun point d’ordre divisant p𝑝p. Alors D𝐷D n’est pas une courbe de genre 111.

Proof 4.3.

On raisonne par l’absurde. Supposons que D𝐷D soit une courbe de genre 111. Comme D𝐷D ne passe pas par aucun point d’ordre divisant p𝑝p, il existe un morphisme fini de courbes lisses f:X1E:𝑓subscript𝑋1𝐸f:X_{1}\rightarrow E avec E𝐸E une courbe elliptique, et un faisceau inversible M𝑀M de degré 00 sur X1subscript𝑋1X_{1}, tel que M𝒪X1fLDsubscripttensor-productsubscript𝒪subscript𝑋1𝑀superscript𝑓𝐿𝐷M\otimes_{\mathcal{O}_{X_{1}}}f^{\ast}L\in D quelque soit LJE=PicE/k(k)𝐿subscript𝐽𝐸subscriptsuperscriptPic𝐸𝑘𝑘L\in J_{E}=\mathrm{Pic}^{\circ}_{E/k}(k). Comme D𝐷D ne passe pas par aucun point d’ordre divisant p𝑝p, on a h0(X1,FΩX/k1MfL)=h0(X1,ΩX/k1F(MfL))=1superscript0subscript𝑋1tensor-productsubscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝑀superscript𝑓𝐿superscript0subscript𝑋1tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘superscript𝐹tensor-product𝑀superscript𝑓𝐿1h^{0}(X_{1},F_{\ast}\Omega^{1}_{X/k}\otimes M\otimes f^{\ast}L)=h^{0}(X_{1},\Omega^{1}_{X/k}\otimes F^{\ast}(M\otimes f^{\ast}L))=1. Donc h0(X1,BMfL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝑀superscript𝑓𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes M\otimes f^{\ast}L)=1 quel que soit LJE𝐿subscript𝐽𝐸L\in J_{E}. Posons =f(BM)subscript𝑓tensor-product𝐵𝑀\mathcal{E}=f_{\ast}(B\otimes M), =f(FΩX/k1M)subscript𝑓tensor-productsubscript𝐹subscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝑀\mathcal{F}=f_{\ast}(F_{\ast}\Omega^{1}_{X/k}\otimes M) et 𝒢=f(ΩX/k1M)𝒢subscript𝑓tensor-productsubscriptsuperscriptΩ1𝑋𝑘𝑀\mathcal{G}=f_{\ast}(\Omega^{1}_{X/k}\otimes M). Comme f:X1E:𝑓subscript𝑋1𝐸f:X_{1}\rightarrow E est fini, on a la suite exacte suivante:

0𝒢0,0𝒢00\rightarrow\mathcal{E}\rightarrow\mathcal{F}\rightarrow\mathcal{G}\rightarrow 0,

et \mathcal{E}, \mathcal{F} et 𝒢𝒢\mathcal{G} sont des fibrés sur E𝐸E avec les propriétés suivantes: h0(E,L)=h0(E,L)=h1(E,L)=1superscript0𝐸tensor-product𝐿superscript0𝐸tensor-product𝐿superscript1𝐸tensor-product𝐿1h^{0}(E,\mathcal{E}\otimes L)=h^{0}(E,\mathcal{F}\otimes L)=h^{1}(E,\mathcal{E}\otimes L)=1 quelque soit LJE𝐿subscript𝐽𝐸L\in J_{E}, et h1(E,L)=0superscript1𝐸tensor-product𝐿0h^{1}(E,\mathcal{F}\otimes L)=0 pour tout LJE𝐿subscript𝐽𝐸L\in J_{E}. Donc, d’après le lemme précédent, on sait que \mathcal{F} est un fibré stable sur E𝐸E, et \mathcal{E} admet une filtration de Harder-Narasimhan de la forme 012=0subscript1subscript20\subset\mathcal{E}_{1}\subset\mathcal{E}_{2}=\mathcal{E} telle que 1subscript1\mathcal{E}_{1} soit stable de pente >0absent0>0. En particulier, \mathcal{F} admet un sous-fibré de pente >0absent0>0. Mais \mathcal{F} est un fibré de degré 1=h0(E,)1superscript0𝐸1=h^{0}(E,\mathcal{F}), donc la pente de 1subscript1\mathcal{E}_{1} est strictement plus grande que celle de \mathcal{F}, ceci contredit la stabilité de \mathcal{F}. Le résultat s’en déduit.

Comme corollaire direct, on a

Corollary 4.4.

Supposons X𝑋X ordinaire de genre 222. Alors toute composante irréductible de ΘΘ\Theta est ample.

4.3 Cas où g=2𝑔2g=2 et p=3𝑝3p=3

4.3.1 Un résultat classique.

Le résultat suivant est classique, qui découle sans difficulté du théorème d’indice de Hodge.

Proposition 16.

Soit k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique quelconque, X/k𝑋𝑘X/k une courbe propre lisse connexe de genre 222. Soit D𝐷D un diviseur effectif sur J𝐽J, qui est algébriquement équivalent à 2Θclass2subscriptΘclass2\Theta_{\mathrm{class}}. Alors:

(1) Ou bien D𝐷D est irréductible,

(2) Ou bien D=X1+X2𝐷subscript𝑋1subscript𝑋2D=X_{1}+X_{2}Xisubscript𝑋𝑖X_{i} est un translaté de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}}.

(3) Ou bien X𝑋X est un revêtement de degré 222 d’une courbe elliptique, et D=(x1+E1)+(x2+E2)𝐷subscript𝑥1subscript𝐸1subscript𝑥2subscript𝐸2D=(x_{1}+E_{1})+(x_{2}+E_{2})Eisubscript𝐸𝑖E_{i} est une courbe elliptique xiJsubscript𝑥𝑖𝐽x_{i}\in J. De plus, E1E2=4subscript𝐸1subscript𝐸24E_{1}\cdot E_{2}=4.

4.3.2 Irréductibilité de ΘΘ\Theta pour g=2𝑔2g=2 et p=3𝑝3p=3.

Theorem 4.1.

Soit X𝑋X une courbe lisse propre connexe, de genre g=2𝑔2g=2 sur un corps k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p=3𝑝3p=3. Soit ΘΘ\Theta son diviseur thêta associé au faisceau B𝐵B. Alors le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} (§§\S 1.2.4) est inversible de degré 444 sur ΘΘ\Theta. De plus ΘΘ\Theta est intègre, et ses seuls points singuliers sont ses points de torsion d’ordre divisant 222.

Voici un lemme qui est extrait de [4] (proposition 3.1 de [4]).

Lemma 4.2.

Soit E𝐸E un fibré stable de rang r2𝑟2r\geq 2 et de pente λ1𝜆1\lambda\leq 1. Soit F𝐹F le sous-faisceau engendré par les sections globales H0(X,E)superscript𝐻0𝑋𝐸H^{0}(X,E) de E𝐸E. Alors F𝐹F est un sous-fibré de E𝐸E qui est isomorphe à 𝒪Xnsuperscriptsubscript𝒪𝑋𝑛\mathcal{O}_{X}^{n} avec n=h0(X,E)𝑛superscript0𝑋𝐸n=h^{0}(X,E).

Corollary 4.3.

Soit E𝐸E est un fibré stable de rang r2𝑟2r\geq 2 et de pente 1absent1\leq 1, alors h0(X,E)<rsuperscript0𝑋𝐸𝑟h^{0}(X,E)<r.

Proof 4.4 (Démonstration du théorème 4.1).

Comme p=3𝑝3p=3 et g=2𝑔2g=2, le fibré vectoriel stable B𝐵B est de pente 111 et de rang 222. D’après le lemme précédent, pour tout L𝐿L faisceau inversible de degré sur X1subscript𝑋1X_{1} qui correspond à un point xΘ𝑥Θx\in\Theta, on a h0(X1,BL)=1superscript0subscript𝑋1tensor-product𝐵𝐿1h^{0}(X_{1},B\otimes L)=1. En particulier, le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible sur ΘΘ\Theta (lemme 1.1). Soit d𝑑d son degré. Comme (1)𝒬𝒬ωΘ𝒪J1(Θ)|Θsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscript1𝒬𝒬subscript𝜔Θsimilar-to-or-equalsevaluated-atsubscript𝒪subscript𝐽1ΘΘ(-1)^{\ast}\mathcal{Q}\otimes\mathcal{Q}\simeq\omega_{\Theta}\simeq\mathcal{O}_{J_{1}}(\Theta)|_{\Theta} (§§\S 1.2.4), on a d=deg(ωΘ)/2=4𝑑degsubscript𝜔Θ24d=\mathrm{deg}(\omega_{\Theta})/2=4. Comme B𝐵B est stable de pente 111, soit L1Bsuperscript𝐿1𝐵L^{-1}\hookrightarrow B l’unique plongement (à multiplication par un scalaire près) de L1superscript𝐿1L^{-1} dans B𝐵B, alors L1superscript𝐿1L^{-1} est égal à sa saturation. Donc si xΘ𝑥Θx\in\Theta est un point singulier, d’après le critère de lissité 2.2.1, il faut et il suffit que Hom(L,L1)0Hom𝐿superscript𝐿10\mathrm{Hom}(L,L^{-1})\neq 0. Ceci équivaut au fait que L2=𝒪X1superscript𝐿2subscript𝒪subscript𝑋1L^{2}=\mathcal{O}_{X_{1}}.

Il reste à montrer que ΘΘ\Theta est intègre. Comme p=3𝑝3p=3, ΘΘ\Theta est un diviseur effectif réduit algébriquement équivalent à 2Θclass2subscriptΘclass2\Theta_{\mathrm{class}}. Donc on a l’une des trois possibilités pour ΘΘ\Theta décrites dans la proposition 16. D’après [40], ΘΘ\Theta contient au moins une composante irréductible qui n’est pas un translaté d’une sous-variété abélienne, ceci exclut le cas (3). Si Θ=Θ1+Θ2ΘsubscriptΘ1subscriptΘ2\Theta=\Theta_{1}+\Theta_{2}Θi=xi+ΘclasssubscriptΘ𝑖subscript𝑥𝑖subscriptΘclass\Theta_{i}=x_{i}+\Theta_{\mathrm{class}} est un translaté de ΘclasssubscriptΘclass\Theta_{\mathrm{class}} avec xiJ1(k)subscript𝑥𝑖subscript𝐽1𝑘x_{i}\in J_{1}(k) un point fermé. Comme ΘΘ\Theta est symétrique et réduit, x1=x2subscript𝑥1subscript𝑥2x_{1}=-x_{2} et xisubscript𝑥𝑖x_{i} n’est pas un point d’ordre 222. Montrons que ceci entraîne que B𝐵B n’est pas stable. En fait, notons SX1subscript𝑆subscript𝑋1S_{X_{1}} l’espace de modules des fibrés semi-stables de rang 222 et de déterminant ΩX1/k1subscriptsuperscriptΩ1subscript𝑋1𝑘\Omega^{1}_{X_{1}/k}. Rappelons qu’on a l’identification ϕ:SX1|2Θclass|:italic-ϕsubscript𝑆subscript𝑋12subscriptΘclass\phi:S_{X_{1}}\rightarrow|2\Theta_{\mathrm{class}}| qui envoie ESX1𝐸subscript𝑆subscript𝑋1E\in S_{X_{1}} sur le diviseur thêta associé à E𝐸E ([33]). De plus, le diagramme suivant est commutatif:

J1subscript𝐽1\textstyle{J_{1}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}b𝑏\scriptstyle{b}KX1subscript𝐾subscript𝑋1\scriptstyle{K_{X_{1}}}SX1subscript𝑆subscript𝑋1\textstyle{S_{X_{1}}\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces\ignorespaces}ϕitalic-ϕ\scriptstyle{\phi}|2Θclass|2subscriptΘclass\textstyle{|2\Theta_{\mathrm{class}}|}

dans lequel KX1:J1|2Θclass|:subscript𝐾subscript𝑋1subscript𝐽12subscriptΘclassK_{X_{1}}:J_{1}\rightarrow|2\Theta_{\mathrm{class}}| est défini par a(a+Θclass)+(a+Θclass)maps-to𝑎𝑎subscriptΘclass𝑎subscriptΘclassa\mapsto(a+\Theta_{\mathrm{class}})+(-a+\Theta_{\mathrm{class}}), et b:J1SX1:𝑏subscript𝐽1subscript𝑆subscript𝑋1b:J_{1}\rightarrow S_{X_{1}} est la flèche naturelle associée au faisceau (𝒫δ)(𝒫1δ)direct-sumtensor-product𝒫𝛿tensor-productsuperscript𝒫1𝛿(\mathcal{P}\otimes\delta)\oplus(\mathcal{P}^{-1}\otimes\delta) avec 𝒫𝒫\mathcal{P} un faisceau de Poincaré de X1subscript𝑋1X_{1} et δ𝛿\delta une caractéristique thêta de X1subscript𝑋1X_{1}. Alors KX1subscript𝐾subscript𝑋1K_{X_{1}} induit une immersion fermée J1/{±1}|2Θclass|subscript𝐽1plus-or-minus12subscriptΘclassJ_{1}/\{\pm 1\}\rightarrow|2\Theta_{\mathrm{class}}|. Comme Θ=(x+Θclass)+(x+Θclass)=KX1(x)=ϕ(b(x))Θ𝑥subscriptΘclass𝑥subscriptΘclasssubscript𝐾subscript𝑋1𝑥italic-ϕ𝑏𝑥\Theta=(x+\Theta_{\mathrm{class}})+(-x+\Theta_{\mathrm{class}})=K_{X_{1}}(x)=\phi(b(x)), B=b(x)𝐵𝑏𝑥B=b(x) est donc un fibré non-stable, ce qui nous donne une contradiction. Ceci exclut le cas (2). Donc d’après le théorème précédent, ΘΘ\Theta est irréductible, donc intègre.

4.3.3 Lien avec les variétés de Prym.

On suppose p=3𝑝3p=3. On considère une courbe lisse X/k𝑋𝑘X/k de genre 222, tel que ΘΘ\Theta soit lisse sur k𝑘k, ce qui est réalisé si X𝑋X est assez générale. Par suite, Θ/kΘ𝑘\Theta/k est une courbe lisse de genre 555, et 𝒬𝒬\mathcal{Q} est inversible sur ΘΘ\Theta (théorème 4.1). Notons J1subscript𝐽1J_{1} la jacobienne de X1subscript𝑋1X_{1}. Alors ΘΘ\Theta se descend en un diviseur de Cartier effectif D𝐷D sur la variété de Kummer associée à J1subscript𝐽1J_{1}. Comme ΘΘ\Theta est lisse, il ne passe pas par un point d’ordre divisant 222 de J1subscript𝐽1J_{1}. Donc D𝐷D est une courbe lisse connexe de genre 333 de la surface de Kummer, et π:ΘD:𝜋Θ𝐷\pi:\Theta\rightarrow D est un revêtement étale de degré 222. Soient Nm:JΘJD:Nmsubscript𝐽Θsubscript𝐽𝐷\mathrm{Nm}:J_{\Theta}\rightarrow J_{D} le morphisme de norme, et P:=(ker(Nm))assign𝑃superscriptkernelNmP:=\left(\ker(\mathrm{Nm})\right)^{\circ} la variété de Prym associée, qui est une variété abélienne de dimension 222 sur k𝑘k. Alors ker(Nm)/P𝐙/2𝐙similar-to-or-equalskernelNm𝑃𝐙2𝐙\ker(\mathrm{Nm})/P\simeq\mathbf{Z}/2\mathbf{Z} ([32]).

Comme le morphisme naturel J1JΘsuperscriptsubscript𝐽1subscript𝐽ΘJ_{1}^{\vee}\rightarrow J_{\Theta} est une immersion fermée,111Cet énoncé est du type “Lefschetz” (SGA2 [13]). Il n’est pas automatique pour toute surface en caractéristique p>0𝑝0p>0, par suite du défaut de validité du “vanishing de Kodaira”, mais ne pose pas de problème pour les surfaces abéliennes. et que J1ker(Nm)superscriptsubscript𝐽1kernelNmJ_{1}^{\vee}\subset\ker(\mathrm{Nm}), on a P=J1𝑃superscriptsubscript𝐽1P=J_{1}^{\vee}. Par ailleurs, d’après §§\S 1.2.4, on a un isomorphisme (1)𝒬𝒬ωΘsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscript1𝒬𝒬subscript𝜔Θ(-1)^{\ast}\mathcal{Q}\otimes\mathcal{Q}\simeq\omega_{\Theta} avec ωΘ=𝒪J1(Θ)|Θsubscript𝜔Θevaluated-atsubscript𝒪subscript𝐽1ΘΘ\omega_{\Theta}=\mathcal{O}_{J_{1}}(\Theta)|_{\Theta} le faisceau canonique de ΘΘ\Theta. Soit θ𝜃\theta un diviseur thêta classique symétrique de J1subscript𝐽1J_{1}, et posons 𝒬=𝒬(𝒪J1(θ)|Θ)superscript𝒬tensor-product𝒬evaluated-atsubscript𝒪subscript𝐽1𝜃Θ\mathcal{Q}^{\prime}=\mathcal{Q}\otimes(\mathcal{O}_{J_{1}}(-\theta)|_{\Theta}), alors (1)𝒬𝒬𝒪Θsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscript1superscript𝒬superscript𝒬subscript𝒪Θ(-1)^{\ast}\mathcal{Q}^{\prime}\otimes\mathcal{Q}^{\prime}\simeq\mathcal{O}_{\Theta} (proposition 2). Donc 𝒬ker(Nm)superscript𝒬kernelNm\mathcal{Q}^{\prime}\in\ker(\mathrm{Nm}).

Proposition 4.1.

Avec les hypothèses ci-dessus, le faisceau 𝒬superscript𝒬\mathcal{Q}^{\prime} est dans la composante connexe de ker(Nm)kernelNm\ker(\mathrm{Nm}) qui n’est pas la composante neutre.

Proof 4.2.

Soit S𝑆S le spectre d’un anneau de valuation discrète complet, strictement hensélien, de point générique η𝜂\eta et de point fermé s𝑠s. Soit 𝒳/S𝒳𝑆\mathcal{X}/S une courbe propre lisse sur S𝑆S, dont la fibre spéciale est X𝑋X (à un changement de base sur k𝑘k près), et dont la fibre générique est la courbe générique de genre 222. Soient \mathcal{B} le faisceau des formes différentielles localement exactes de 𝒳𝒳\mathcal{X}, ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} le diviseur thêta (relatif) associé à \mathcal{B}. Notons comme avant 𝒬subscript𝒬\mathcal{Q}_{\mathcal{B}} le faisceau sur ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} à partir de \mathcal{B} après un choix d’une section de 𝒳/S𝒳𝑆\mathcal{X}/S (§§\S 1.2.4). Soit 𝒥1subscript𝒥1\mathcal{J}_{1} la jacobienne de 𝒳/S𝒳𝑆\mathcal{X}/S. Comme ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} est totalement symétrique (3), il se descend en un diviseur 𝒟𝒟\mathcal{D} sur la surface de Kummer S𝑆S associée à 𝒥1subscript𝒥1\mathcal{J}_{1}. Par l’hypothèse, le schéma ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} est lisse sur S𝑆S, donc ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} ne passe pas par un point d’ordre divisant 222. Ceci entraîne que 𝒟𝒟\mathcal{D} est lisse sur S𝑆S, et que le morphisme Θ𝒟subscriptΘ𝒟\Theta_{\mathcal{B}}\rightarrow\mathcal{D} est fini étale de degré 222. Comme g=2𝑔2g=2 et p=3𝑝3p=3, Θ/SsubscriptΘ𝑆\Theta_{\mathcal{B}}/S (resp. 𝒟/S𝒟𝑆\mathcal{D}/S) est une courbe relative de genre 555 (resp. de genre 333). Soit JΘsubscript𝐽subscriptΘJ_{\Theta_{\mathcal{B}}} (resp. J𝒟subscript𝐽𝒟J_{\mathcal{D}}) la jacobienne de ΘsubscriptΘ\Theta_{\mathcal{B}} (resp. de 𝒟𝒟\mathcal{D}). On a un morphisme naturel Nm:JΘJ𝒟:Nmsubscript𝐽subscriptΘsubscript𝐽𝒟\mathrm{Nm}:J_{\Theta_{\mathcal{B}}}\rightarrow J_{\mathcal{D}}. Soit P:=(ker(Nm))assign𝑃superscriptkernelNmP:=(\ker(\mathrm{Nm}))^{\circ} la variété de Prym associée à Θ𝒟subscriptΘ𝒟\Theta_{\mathcal{B}}\rightarrow\mathcal{D}. Alors P𝑃P est un schéma abélien sur S𝑆S de dimension relative 222, et Π:=ker(Nm)/P𝐙/2𝐙assignΠkernelNm𝑃similar-to-or-equals𝐙2𝐙\Pi:=\ker(\mathrm{Nm})/P\simeq\mathbf{Z}/2\mathbf{Z} d’après la théorie des variétés de Prym.

Par ailleurs, le morphisme naturel 𝒥1JΘsuperscriptsubscript𝒥1subscript𝐽subscriptΘ\mathcal{J}_{1}^{\vee}\rightarrow J_{\Theta_{\mathcal{B}}} est une immersion fermée, par suite 𝒥1=Psuperscriptsubscript𝒥1𝑃\mathcal{J}_{1}^{\vee}=P. Notons Θclass,symsubscriptΘclasssym\Theta_{\mathrm{class,sym}} un diviseur thêta classique symétrique de 𝒥1subscript𝒥1\mathcal{J}_{1}, on a 𝒪𝒥1(Θ)=𝒪𝒥1(2Θclass,sym)subscript𝒪subscript𝒥1Θsubscript𝒪subscript𝒥12subscriptΘclasssym\mathcal{O}_{\mathcal{J}_{1}}(\Theta)=\mathcal{O}_{\mathcal{J}_{1}}(2\Theta_{\mathrm{class,sym}}). Donc (1)𝒬(Θclass,sym)𝒬(Θclass,sym)𝒪Θsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscript1subscript𝒬subscriptΘclasssymsubscript𝒬subscriptΘclasssymsubscript𝒪subscriptΘ(-1)^{\ast}\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}(-\Theta_{\mathrm{class,sym}})\otimes\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}(-\Theta_{\mathrm{class,sym}})\simeq\mathcal{O}_{\Theta_{\mathcal{B}}} (1.2.4). Par conséquent, 𝒬:=𝒬(Θclass,sym)assignsuperscriptsubscript𝒬subscript𝒬subscriptΘclasssym\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}^{\prime}:=\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}(-\Theta_{\mathrm{class,sym}}) est un faisceau inversible de degré 00 sur S𝑆S, donc il appartient à JΘsubscript𝐽subscriptΘJ_{\Theta_{\mathcal{B}}}. En effet, comme (1)𝒬𝒬𝒪Θsimilar-to-or-equalstensor-productsuperscript1superscriptsubscript𝒬superscriptsubscript𝒬subscript𝒪subscriptΘ(-1)^{\ast}\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}^{\prime}\otimes\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}^{\prime}\simeq\mathcal{O}_{\Theta_{\mathcal{B}}}, il appartient à ker(Nm)kernelNm\ker(\mathrm{Nm}). Comme 𝒬ηsubscript𝒬𝜂\mathcal{Q}_{\mathcal{B}\eta} donc 𝒬ηsuperscriptsubscript𝒬𝜂\mathcal{Q}_{\mathcal{B}\eta}^{\prime} ne provient pas d’un faisceau inversible sur 𝒥1,ηsubscript𝒥1𝜂\mathcal{J}_{1,\eta} (proposition 13), le morphisme naturel Sker(Nm)Π𝑆kernel𝑁𝑚ΠS\rightarrow\ker(Nm)\rightarrow\Pi induit par 𝒬superscriptsubscript𝒬\mathcal{Q}_{\mathcal{B}}^{\prime} n’est pas la section nulle. Comme S𝑆S est connexe, ce qui implique que 𝒬,s𝒥1,ssubscript𝒬𝑠superscriptsubscript𝒥1𝑠\mathcal{Q}_{\mathcal{B},s}\notin\mathcal{J}_{1,s}^{\vee}. D’où le résultat.

Remarque 4.3.1.

On sait comment décrire le faisceau 𝒬𝒬\mathcal{Q} dans ce cas. En fait, 𝒬𝒬\mathcal{Q} est seulement défini à une tensorisation près avec un faisceau inversible algébriquement trivial qui provient d’un faisceau inversible de la jacobienne. Il suffit donc de caractériser l’image de 𝒬(Θclass,sym)𝒬subscriptΘclasssym\mathcal{Q}(-\Theta_{\mathrm{class,sym}}) dans JΘ/J1subscript𝐽Θsubscript𝐽1J_{\Theta}/J_{1}. Et d’après la preuve de la proposition ci-dessus, on peut caratériser 𝒬𝒬\mathcal{Q} comme le faisceau qui appartient à la composante connexe de ker(Nm)/J1JΘ/J1kernel𝑁𝑚subscript𝐽1subscript𝐽Θsubscript𝐽1\ker(Nm)/J_{1}\subset J_{\Theta}/J_{1} autre que la composante neutre. Avec ce résultat, et en appliquant la transformation de Fourier-Mukai inverse, on peut retrouver le faisceau B𝐵B et la courbe X𝑋X à partir de la variété abélienne J1subscript𝐽1J_{1} et du diviseur ΘJ1Θsubscript𝐽1\Theta\subset J_{1}.

5 Groupe fondamental et diviseur thêta

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0, X/k𝑋𝑘X/k une courbe propre lisse connexe. Soit x¯¯𝑥\bar{x} un point géométrique de X𝑋X, on note π1(X,x¯)subscript𝜋1𝑋¯𝑥\pi_{1}(X,\bar{x}) le groupe fondamental de X𝑋X associé à x𝑥x. Par définition ([12], exposé V), π1(X,x¯)subscript𝜋1𝑋¯𝑥\pi_{1}(X,\bar{x}) classifie les revêtements finis étales de X𝑋X. De plus, soit x¯superscript¯𝑥\bar{x}^{\prime} un autre point géométrique de X𝑋X, il existe un isomorphisme π1(X,x¯)π1(X,x¯)similar-to-or-equalssubscript𝜋1𝑋¯𝑥subscript𝜋1𝑋superscript¯𝑥\pi_{1}(X,\bar{x})\simeq\pi_{1}(X,\bar{x}^{\prime}). Donc, s’il n’y a pas de besoin de préciser le point géométrique, on note simplement π1(X)subscript𝜋1𝑋\pi_{1}(X) le groupe fondamental de X𝑋X.

Le groupe fondamental π1(X)subscript𝜋1𝑋\pi_{1}(X) est mal connu. Concernant sa variation dans l’espace de modules des courbes ([37], [40], [44]), le résultat le plus frappant est le suivant dû à A. Tamagawa.

Théorème. (Tamagawa [44]) Soient S=Speck[[T]]𝑆Spec𝑘delimited-[]delimited-[]𝑇S=\mathrm{Spec}k[[T]] de point générique η𝜂\eta, et de point spécial s𝑠s, X/S𝑋𝑆X/S une courbe relative propre et lisse, de genre g2𝑔2g\geq 2, dont la fibre spéciale Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est définissable sur un corps fini. Alors si le morphisme de spécialisation sp:π1(Xη¯)π1(Xs¯):spsubscript𝜋1subscript𝑋¯𝜂subscript𝜋1subscript𝑋¯𝑠\mathrm{sp}:\pi_{1}(X_{\bar{\eta}})\rightarrow\pi_{1}(X_{\bar{s}}) est bijectif, la courbe relative X/S𝑋𝑆X/S est constante.

La démonstration de ce théorème utilise le diviseur ΘΘ\Theta, mais celui-ci ne permet de contrôler qu’un certain quotient métabélien du π1subscript𝜋1\pi_{1}, à savoir π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}} (on renvoye à [40] pour la définition de π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}}, et la relation entre ΘΘ\Theta et π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}}). On peut se demander si l’analogue du résultat de Tamagawa est encore vrai quand on remplace le π1subscript𝜋1\pi_{1} par son quotient π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}}. En fait, on est très loin de pouvoir répondre à cette question faute de renseignements suffisants sur la géométrie de ΘΘ\Theta et sur la “saturation” de la torsion. Toutefois, on donne une réponse positive lorsque la fibre spéciale Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est supersingulière.

Plus précisément, soient S𝑆S le spectre d’un anneau de valuation discrète, strictement hensélien, de point fermé s𝑠s et de point générique η𝜂\eta, X/S𝑋𝑆X/S une S𝑆S-courbe propre lisse à fibres géométriques connexes. On a, d’après Grothendieck, un morphisme surjectif de spécialisation sp:π1(Xη¯)π1(Xs¯):spsubscript𝜋1subscript𝑋¯𝜂subscript𝜋1subscript𝑋¯𝑠\mathrm{sp}:\pi_{1}(X_{\bar{\eta}})\rightarrow\pi_{1}(X_{\bar{s}}). Il induit un morphisme de spécialisation sur π1new,ordsubscriptsuperscript𝜋neword1\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}. La question suivante se pose naturellement:

Question 5.1.

Gardons les notations ci-dessus. On suppose que Xssubscript𝑋𝑠X_{s} est définissable sur un corps fini, et que le morphisme de spécialisation:

sp:π1new,ord(Xη¯)π1new,ord(Xs¯):spsubscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝜂subscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝑠\mathrm{sp}:\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{\eta}})\rightarrow\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{s}})

est bijectif. Alors X𝑋X est-elle constante?

Commençons par traduire cette question au moyen de ΘΘ\Theta.

Définition 5.2.

Soit A𝐴A une variété abélienne sur un corps k𝑘k algébriquement clos de caractéristique p>0𝑝0p>0. Soit xA𝑥𝐴x\in A un point de A𝐴A d’ordre n𝑛n premier à o𝑜o, on note Sat(x)Sat𝑥\mathrm{Sat}(x) l’orbite de x𝑥x sous l’action naturelle du groupe (𝐙/n𝐙)superscript𝐙𝑛𝐙(\mathbf{Z}/n\mathbf{Z})^{\ast} des unités de l’anneau 𝐙/n𝐙𝐙𝑛𝐙\mathbf{Z}/n\mathbf{Z}. De plus, soit X𝑋X un ensemble de points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion, on note Sat(X)=xXSat(x)Sat𝑋subscript𝑥𝑋Sat𝑥\mathrm{Sat}(X)=\cup_{x\in X}\mathrm{Sat}(x).

Pour tout n>0𝑛0n>0 entier tel que (n,p)=1𝑛𝑝1(n,p)=1, les points de n𝑛n-torsion de J1subscript𝐽1J_{1} sont décomposés sur S𝑆S. Donc le morphisme de spécialisation ηs𝜂𝑠\eta\rightarrow s induit une bijection sur les points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion J1,η{p}J1,s{p}similar-to-or-equalssubscript𝐽1𝜂superscript𝑝subscript𝐽1𝑠superscript𝑝J_{1,\eta}\{p^{\prime}\}\simeq J_{1,s}\{p^{\prime}\} (pour une variété abélienne A/k𝐴𝑘A/k dont les points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion sont décomposés, on note A{p}𝐴superscript𝑝A\{p^{\prime}\} l’ensemble des points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion de A𝐴A). Sous cette identification, on a Θη{p}:=ΘηJ1,η{p}Θs{p}:=ΘsJ1,s{s}assignsubscriptΘ𝜂superscript𝑝subscriptΘ𝜂subscript𝐽1𝜂superscript𝑝subscriptΘ𝑠superscript𝑝assignsubscriptΘ𝑠subscript𝐽1𝑠𝑠\Theta_{\eta}\{p^{\prime}\}:=\Theta_{\eta}\cap J_{1,\eta}\{p^{\prime}\}\subset\Theta_{s}\{p^{\prime}\}:=\Theta_{s}\cap J_{1,s}\{s\}. Par suite, Sat(Θη{p})Sat(Θs{p})SatsubscriptΘ𝜂superscript𝑝SatsubscriptΘ𝑠superscript𝑝\mathrm{Sat}(\Theta_{\eta}\{p^{\prime}\})\subset\mathrm{Sat}(\Theta_{s}\{p^{\prime}\}). L’observation suivante est importante dans les applications de ΘΘ\Theta à l’étude de la variation de π1subscript𝜋1\pi_{1}.

Proposition 5.3 ([40], proposition 2.2.4).

Soit X𝑋X une courbe propre et lisse sur S𝑆S, à fibres géométriques connexes telle que les points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion de la jacobienne J1subscript𝐽1J_{1} de X1subscript𝑋1X_{1} soient constants. Alors pour que le morphisme de spécialisation

sp:π1new,ord(Xη¯)π1new,ord(Xs¯):spsubscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝜂subscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝑠\mathrm{sp}:\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{\eta}})\rightarrow\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{s}})

soit un isomorphisme, il faut et il suffit que spsp\mathrm{sp} induise une bijection Sat(Θη{p})Sat(Θs{p})similar-to-or-equalsSatsubscriptΘ𝜂superscript𝑝SatsubscriptΘ𝑠superscript𝑝\mathrm{Sat}(\Theta_{\eta}\{p^{\prime}\})\simeq\mathrm{Sat}(\Theta_{s}\{p^{\prime}\}).

Donc l’étude de la variation de π1new,ordsuperscriptsubscript𝜋1neword\pi_{1}^{\mathrm{new,ord}} est ramenée à l’étude de la variation de la saturation des points de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsions de ΘΘ\Theta.

Rappels et notations. Soit k𝑘k un corps algébriquement clos.

(1) Soit kK𝑘𝐾k\subset K une extension de corps, et soit A/K𝐴𝐾A/K une variété abélienne. Il existe une plus grande sous-variété abélienne B𝐵B de A𝐴A, appelée la k𝑘k-partie fixe ou la k𝑘k-trace, qui est isogène à une variété abélienne définie sur k𝑘k. Le “supplémentaire” C𝐶C de B𝐵B dans A𝐴A est la k𝑘k-partie mobile.

(2) On dit qu’une sous-variété fermée XA𝑋𝐴X\subset A est de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion si X{p}:=XA{p}assign𝑋superscript𝑝𝑋𝐴superscript𝑝X\{p^{\prime}\}:=X\cap A\{p^{\prime}\} est dense dans X𝑋X.

(3) On dit que A𝐴A est supersingulière, si A𝐴A est isogène à un produit de courbes elliptiques supersingulières. Si X𝑋X est une courbe lisse, on dit que X𝑋X est supersingulière si sa jacobienne JXsubscript𝐽𝑋J_{X} l’est.

Théorème 5.4.

Soit S𝑆S le spectre d’un anneau de valuation discrète strictement hensélien (de caractéristique p>0𝑝0p>0), de point fermé s𝑠s et de point générique η𝜂\eta. Soit X/S𝑋𝑆X/S une S𝑆S-courbe propre lisse, à fibres géométriques connexes de genre g2𝑔2g\geq 2. Notons J/S𝐽𝑆J/S la jacobienne de X/S𝑋𝑆X/S, ΘJ1Θsubscript𝐽1\Theta\subset J_{1} le diviseur thêta. Supposons que Xssubscript𝑋𝑠X_{s} soit une courbe supersingulière définissable sur un corps fini, et que le morphisme de spécialisation

sp:π1new,ord(Xη¯)π1new,ord(Xs¯):spsubscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝜂subscriptsuperscript𝜋neword1subscript𝑋¯𝑠\mathrm{sp}:\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{\eta}})\rightarrow\pi^{\mathrm{new,ord}}_{1}(X_{\bar{s}})

soit un isomorphisme. Alors X𝑋X est constante.

Lemme 5.5.

Soient k𝑘k un corps algébriquement clos, C/k𝐶𝑘C/k une courbe projective lisse connexe. Supposons qu’une composante irréductible ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de ΘCsubscriptΘ𝐶\Theta_{C} soit de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion, et soit translatée d’une hypersurface abélienne H𝐻H. Notons E𝐸E la courbe elliptique JC1/Hsubscript𝐽subscript𝐶1𝐻J_{C_{1}}/H, et soit aJC1𝑎subscript𝐽subscript𝐶1a\in J_{C_{1}} tel que Θi=a+HsubscriptΘ𝑖𝑎𝐻\Theta_{i}=a+H. Notons asuperscript𝑎a^{\prime} l’image de a𝑎a dans E𝐸E. Alors si E𝐸E est ordinaire, a0superscript𝑎0a^{\prime}\neq 0.

Proof 5.1.

Notons VHsubscript𝑉𝐻V_{H} (resp. VJsubscript𝑉𝐽V_{J}) le Verschiebung de H𝐻H (resp. de J:=JC1assign𝐽subscript𝐽subscript𝐶1J:=J_{C_{1}}). Alors si E:=J/Hassign𝐸𝐽𝐻E:=J/H est ordinaire, ker(VH)=ker(VJ)kernelsubscript𝑉𝐻kernelsubscript𝑉𝐽\ker(V_{H})=\ker(V_{J}). Supposons que a=0superscript𝑎0a^{\prime}=0, en d’autres termes, Θi=HsubscriptΘ𝑖𝐻\Theta_{i}=H. En particulier, ker(VJ)=ker(VH)ΘiΘCkernelsubscript𝑉𝐽kernelsubscript𝑉𝐻subscriptΘ𝑖subscriptΘ𝐶\ker(V_{J})=\ker(V_{H})\subset\Theta_{i}\subset\Theta_{C}, on obtient donc une contradication avec la propriété de Dirac (1.9), d’où le résultat.

Le lemme ci-après est le point clé où l’on utilise la supersingularité pour contrôler la saturation de la psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion.

On dit qu’une composante irréductible d’un diviseur dans une variété abélienne est abélienne si elle est une translatée d’une hypersurface abélienne.

Lemme 5.6.

Soient k=𝐅p¯𝑘¯subscript𝐅𝑝k=\overline{\mathbf{F}_{p}} une clôture algébrique de 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}, C/k𝐶𝑘C/k une courbe lisse connexe projective supersingulière. Soient YΘ𝑌ΘY\subset\Theta un sous-ensemble fermé de ΘΘ\Theta tel que Sat(Θ{p})=Sat(Y{p})SatΘsuperscript𝑝Sat𝑌superscript𝑝\mathrm{Sat}(\Theta\{p^{\prime}\})=\mathrm{Sat}(Y\{p^{\prime}\}). Notons D𝐷D la réunion (muni de la structure de sous-schéma fermé réduit) des composantes de ΘΘ\Theta autre que les composantes abéliennes non principales (11) de ΘΘ\Theta. Alors D𝐷D\neq\emptyset, et D𝐷D est aussi ample.

Proof 5.2.

On raisonne par l’absurde. Si D𝐷D n’est pas ample, comme J𝐽J est supersingulière, il existe une courbe elliptique E𝐸E de J𝐽J qui laisse D𝐷D stable par translations. Notons π:AJ/E=:B\pi:A\rightarrow J/E=:B la projection naturelle (J=JC1𝐽subscript𝐽subscript𝐶1J=J_{C_{1}} la jacobienne de C1subscript𝐶1C_{1}). Et soit ΔΔ\Delta le diviseur de B𝐵B tel que D=π(Δ)superscript𝐷superscript𝜋ΔD^{\prime}=\pi^{\ast}(\Delta). Notons ΘsuperscriptΘ\Theta^{\prime} la réunion des composantes abéliennes de ΘΘ\Theta qui ne passent pas par l’origine. Alors Sat(Θ)SatsuperscriptΘ\mathrm{Sat}(\Theta^{\prime}) est encore une réunion finie de translatées d’hypersurfaces abéliennes. Ecrivons

Sat(Θ)=Sat1Sat2,SatsuperscriptΘsubscriptSat1subscriptSat2\mathrm{Sat}(\Theta^{\prime})=\mathrm{Sat}_{1}\cup\mathrm{Sat}_{2},

Sat1subscriptSat1\mathrm{Sat}_{1} est la réunion des composantes de Sat(Θ)SatsuperscriptΘ\mathrm{Sat}(\Theta^{\prime}) qui sont laissées stable par E𝐸E. Alors π|Sat2:Sat2B:evaluated-at𝜋subscriptSat2subscriptSat2𝐵\pi|_{\mathrm{Sat}_{2}}:\mathrm{Sat}_{2}\rightarrow B est un morphisme fini surjectif, et il existe un diviseur Δ1subscriptΔ1\Delta_{1} de B𝐵B tel que Sat1=π(Δ1)subscriptSat1superscript𝜋subscriptΔ1\mathrm{Sat}_{1}=\pi^{\ast}(\Delta_{1}). La réunion des composantes principales de ΘΘ\Theta est ample (1.7). Il existe donc une composante ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} de ΘΘ\Theta telle que π|Θi:ΘiB:evaluated-at𝜋subscriptΘ𝑖subscriptΘ𝑖𝐵\pi|_{\Theta_{i}}:\Theta_{i}\rightarrow B soit surjectif. Puisque ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} est principal, elle n’est pas contenue dans Sat(Θ)SatsuperscriptΘ\mathrm{Sat}(\Theta^{\prime}). On peut donc trouver un ouvert non-vide VB𝑉𝐵V\subset B, tel que V(ΔΔ1)=𝑉ΔsubscriptΔ1V\cap\left(\Delta\cup\Delta_{1}\right)=\emptyset, et que pour tout bV𝑏𝑉b\in V, on ait π1(b)Θiπ1(b)Sat2not-subset-of-nor-equalssuperscript𝜋1𝑏subscriptΘ𝑖superscript𝜋1𝑏subscriptSat2\pi^{-1}(b)\cap\Theta_{i}\nsubseteq\pi^{-1}(b)\cap\mathrm{Sat}_{2}. Notons Ysuperscript𝑌Y^{\prime} la réunion des composantes irréductibles de Y𝑌Y qui ne sont pas composantes de Sat2subscriptSat2\mathrm{Sat}_{2}. Et notons G=π(Y)𝐺𝜋superscript𝑌G=\pi(Y^{\prime}). Alors G𝐺G est un fermé de B𝐵B tel que GB𝐺𝐵G\neq B. Posons G=GΔΔ1superscript𝐺𝐺ΔsubscriptΔ1G^{\prime}=G\cup\Delta\cup\Delta_{1}. C’est un fermé propre de B𝐵B. Il existe donc bV(k)𝑏𝑉𝑘b\in V(k) tel que bSat(G)𝑏Satsuperscript𝐺b\notin\mathrm{Sat}(G^{\prime}) (lemme 4.3.5 de [38]). Soit aΘi𝑎subscriptΘ𝑖a\in\Theta_{i} tel que π(a)=b𝜋𝑎𝑏\pi(a)=b. Comme Sat(Θ)=Sat(Y)SatΘSat𝑌\mathrm{Sat}(\Theta)=\mathrm{Sat}(Y), il existe aYsuperscript𝑎𝑌a^{\prime}\in Y tel que aSat(a)𝑎Satsuperscript𝑎a\in\mathrm{Sat}(a^{\prime}). Comme π(a)Sat(G)𝜋𝑎Satsuperscript𝐺\pi(a)\notin\mathrm{Sat}(G^{\prime}), on a π(a)Sat(G)𝜋superscript𝑎Satsuperscript𝐺\pi(a^{\prime})\notin\mathrm{Sat}(G^{\prime}). Donc aSat2superscript𝑎subscriptSat2a^{\prime}\in\mathrm{Sat}_{2}, d’où aSat2𝑎subscriptSat2a\in\mathrm{Sat}_{2} (car Sat2subscriptSat2\mathrm{Sat}_{2} est saturé). On en déduit que π1(b)ΘiSat2superscript𝜋1𝑏subscriptΘ𝑖subscriptSat2\pi^{-1}(b)\cap\Theta_{i}\subset\mathrm{Sat}_{2}, ceci nous donne une contradiction avec la définition de V𝑉V, et finit donc la démonstration.

Pour montrer le théorème 5.4, rappelons d’abord, d’après Hrushovski, la structure d’une sous-variété de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion d’une variété abélienne.

Définition 5.7 ([40]).

Soient K𝐾K une extension de 𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}}, A𝐴A une variété abélienne sur K𝐾K.

(1) On dit que A𝐴A est constante (resp. constante à isogénie près) si A𝐴A est isomorphe (resp. isogène) à une variété abélienne définissable sur 𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}}.

(2) Lorsque A𝐴A est constante à isogénie près, on dit qu’une sous-variété fermé ZA𝑍𝐴Z\subset A est constante à isogénie près s’il existe une isogénie u:Ao×𝐅p¯KA:𝑢subscript¯subscript𝐅𝑝subscript𝐴𝑜𝐾𝐴u:A_{o}\times_{\overline{\mathbf{F}_{p}}}K\rightarrow A avec Aosubscript𝐴𝑜A_{o} une variété abélienne sur 𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}}, et si Z𝑍Z est l’image par u𝑢u d’une sous-variété réduite Zosubscript𝑍𝑜Z_{o} de Ao×𝐅p¯Ksubscript¯subscript𝐅𝑝subscript𝐴𝑜𝐾A_{o}\times_{\overline{\mathbf{F}_{p}}}K qui est définie sur 𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}}.

Théorème 5.8 (Hrushovski, [20]).

Soient K𝐾K un corps de caractéristique p>0𝑝0p>0 qui contient une clôture algébrique 𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}} de 𝐅psubscript𝐅𝑝\mathbf{F}_{p}, A𝐴A une K𝐾K-variété abélienne, X𝑋X un K𝐾K-sous-schéma fermé de A𝐴A, intègre, tel que l’ensemble des points de X𝑋X de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion soit Zariski dense dans X𝑋X. Notons B𝐵B le plus grand sous-schéma abélien de A𝐴A qui laisse stable X𝑋X et soit C𝐶C la (𝐅p¯¯subscript𝐅𝑝\overline{\mathbf{F}_{p}}-)partie fixe de A/B𝐴𝐵A/B. Alors X𝑋X est le translaté par un point de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion d’une sous-variété de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion à isogénie près de C𝐶C.

Remarque 5.9.

La preuve d’Hrushovski utilise la théorie des modèles. R.Pink et D. Rössler donnent dans [36] une autre preuve dans le language de la géométrie algébrique.

Proof 5.3 (Démonstration du théorème 5.4).

Notons D𝐷D contenu dans Jssubscript𝐽𝑠J_{s} introduit dans le lemme 5.6. Alors D𝐷D est ample. Soit Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime} la réunion des composantes Θi,ηsubscriptΘ𝑖𝜂\Theta_{i,\eta} de ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} qui sont de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion et dont l’adhérence schématique ΘisubscriptΘ𝑖\Theta_{i} a une fibre spéciale ayant au moins une composante contenue dans D𝐷D. Donc Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime} est ample (5.6). Soit Di,η=aη+Hηsuperscriptsubscript𝐷𝑖𝜂subscript𝑎𝜂subscript𝐻𝜂D_{i,\eta}^{\prime}=a_{\eta}+H_{\eta} une composante abélienne de Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime}, son adhérence schématique s’écrit Di,η¯=a+H¯superscriptsubscript𝐷𝑖𝜂𝑎𝐻\overline{D_{i,\eta}^{\prime}}=a+H, avec H=Hη¯𝐻¯subscript𝐻𝜂H=\overline{H_{\eta}}. Par définition de D𝐷D, as+Hssubscript𝑎𝑠subscript𝐻𝑠a_{s}+H_{s} est principal, donc asHssubscript𝑎𝑠subscript𝐻𝑠a_{s}\in H_{s}, d’où aH𝑎𝐻a\in H. Donc E:=J/Hassign𝐸𝐽𝐻E:=J/H est supersingulière (5.5). Notons Mηsubscript𝑀𝜂M_{\eta} la partie mobile de Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta}. On sait donc que Di,ηsuperscriptsubscript𝐷𝑖𝜂D_{i,\eta}^{\prime} est trivial sur Mηsubscript𝑀𝜂M_{\eta}. Soit Dj,ηsuperscriptsubscript𝐷𝑗𝜂D_{j,\eta}^{\prime} une composante non abélienne de Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime}, d’après Hrushovski (5.8), Dj,ηsuperscriptsubscript𝐷𝑗𝜂D_{j,\eta}^{\prime} est l’image réciproque d’un diviseur de la partie fixe de Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta}, est donc aussi trivial sur Mηsubscript𝑀𝜂M_{\eta}. Finalement Dηsuperscriptsubscript𝐷𝜂D_{\eta}^{\prime} est à la fois ample et trivial sur Mηsubscript𝑀𝜂M_{\eta}, donc Mη=0subscript𝑀𝜂0M_{\eta}=0. En d’autre terme, la partie fixe de Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta} est égale à Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta}.

Soit ensuite ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} la réunion des composantes irréductibles de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion. Par 5.6, le diviseur ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} est ample. Comme Jη/ηsubscript𝐽𝜂𝜂J_{\eta}/\eta est égale à sa partie fixe, il existe ϕ:AJη:italic-ϕ𝐴subscript𝐽𝜂\phi:A\rightarrow J_{\eta} une η𝜂\eta-isogénie de variétés abéliennes avec A𝐴A une variété abélienne constante, telle que N:=ker(ϕ)assign𝑁kernelitalic-ϕN:=\ker(\phi) est un groupe radiciel. On va montrer que N𝑁N est constant. Sinon, notons D:=ϕΘηassignsuperscript𝐷superscriptitalic-ϕsuperscriptsubscriptΘ𝜂D^{\prime}:=\phi^{\ast}\Theta_{\eta}^{\prime} l’image réciproque de ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} dans A𝐴A. Alors Dsuperscript𝐷D^{\prime} est un diviseur constant de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion. Soit G𝐺G le plus grand sous-schéma en groupes radiciel de A𝐴A qui laisse stable Dsuperscript𝐷D^{\prime}. Le fait que Dsuperscript𝐷D^{\prime} est constant implique que G𝐺G l’est aussi. Et par définition de Dsuperscript𝐷D^{\prime}, on a NG𝑁𝐺N\subset G. Puisque N𝑁N n’est pas constant, G:=G/Nassignsuperscript𝐺𝐺𝑁G^{\prime}:=G/N est un groupe radiciel non trivial. Donc ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} peut se descendre en un diviseur ΔΔ\Delta sur Jη/Gsubscript𝐽𝜂superscript𝐺J_{\eta}/G^{\prime}. Or le nombre d’intersection (Δg)superscriptΔ𝑔(\Delta^{g}) est g!absent𝑔\geq g!, il en résulte que (Θηg)pgg!superscriptsubscriptΘ𝜂𝑔superscript𝑝𝑔𝑔(\Theta_{\eta}^{\prime g})\geq p^{g}g!, mais comme ΘηsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta} est algébriquement équivalent à p1𝑝1p-1 fois le diviseur thêta classique (2), on a (Θηg)(Θηg)=(p1)gg!superscriptsubscriptΘ𝜂𝑔superscriptsubscriptΘ𝜂𝑔superscript𝑝1𝑔𝑔(\Theta_{\eta}^{\prime g})\leq(\Theta_{\eta}^{g})=(p-1)^{g}g!. On obtient donc pg(p1)gsuperscript𝑝𝑔superscript𝑝1𝑔p^{g}\leq(p-1)^{g}, d’où une contradiction. Par conséquent, le groupe radiciel N𝑁N est en fait constant. En particulier, Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta} est constante, ce qui implique que le groupe de Néron-Severi de Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta} est un groupe étale consant. Donc sa polarisation principale définie par le diviseur thêta classique est aussi constante (à équivalence algébrique près). Finalement, il suffit d’utiliser le théorème de Torelli ([35]) pour conclure que X/S𝑋𝑆X/S est constante.

Remarque 5.10.

Revenons à la question 5.1. La réponse serait positive si les deux conditions suivantes étaient satisfaites:

(C1): Pour C𝐶C une courbe lisse projective connexe de genre g2𝑔2g\geq 2, le diviseur ΘΘ\Theta ne contient pas de composantes abéliennes.

(C2): Soient A𝐴A une variété abélienne sur une clôture du corps premier, D𝐷D diviseur ample de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion, et F𝐹F un fermé de D𝐷D tel que Sat(F)=Sat(D)Sat𝐹Sat𝐷\mathrm{Sat}(F)=\mathrm{Sat}(D). Alors la réunion des composantes de D𝐷D contenues dans F𝐹F est un diviseur ample.

En fait, soit ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} la réunion des composantes de psuperscript𝑝p^{\prime}-torsion, il résulte alors de (C1) et (C2) que ΘηsuperscriptsubscriptΘ𝜂\Theta_{\eta}^{\prime} est ample. Ensuite, d’après Hrushovski et par (C1), Jηsubscript𝐽𝜂J_{\eta} est égale à sa partie fixe. On conclut que J𝐽J, et puis X𝑋X sont constantes par le même argument que dans le cas supersingulier.

Acknowledgements.
Je suis très reconnaissant à M. Raynaud, qui m’a proposé ce sujet. Je remercie aussi O. Debarre pour une simplification de la preuve du lemme 1.1 et pour sa longue liste de commentaires. Je remercie enfin le(a) referee pour sa lecture attentive et ses remarques.

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