Point fixe lié à une orbite périodique d’un difféomorphisme du plan
Résumé.
Étant donné un difféomorphisme de qui possède une orbite périodique, on montre comment la théorie du point fixe de Nielsen peut être utilisée pour établir directement l’existence d’un point fixe lié à cette orbite périodique.
Key words and phrases:
Dynamics of surfaces homeomorphisms; Nielsen theory1991 Mathematics Subject Classification:
55M20; 57N05; 58C30; 58F201. Introduction
Soient un homéomorphisme de et une orbite périodique de , de période . Supposons que possède un point fixe . On dit que n’est pas lié à l’orbite périodique s’il existe une courbe de Jordan , bordant un disque , telle que :
-
(1)
,
-
(2)
,
-
(3)
est isotope à dans .
Dans le cas contraire, on dit que est lié à .
Exemple.
Le point fixe d’une rotation d’angle est lié à n’importe quelle orbite périodique de cette rotation.
Un des corollaires du théorème de translation plane de Brouwer énonce que tout homéomorphisme de , qui préserve l’orientation et possède une orbite périodique, a un point fixe ([Boy89, Fat87]). En utilisant ce résultat et les travaux de Thurston sur la classification des difféomorphismes des surfaces, J.-M. Gambaudo a montré, dans un article récent [Gam90] que tout difféomorphisme du disque qui préserve l’orientation et possède une orbite périodique, possède également un point fixe lié à cette orbite périodique.
Il nous est apparu que ce résultat était une conséquence directe de la théorie du point fixe de Nielsen. C’est ce que nous proposons de développer ici. Plus précisément, nous montrons le résultat suivant:
Théorème 1.1.
Soit un difféomorphisme préservant l’orientation. Si possède une orbite périodique , alors possède un point fixe lié à .
Remarque.
L’hypothèse de différentiabilité est simplement technique et n’intervient qu’au voisinage des points de l’orbite périodique de . Une démonstration semblable devrait être valable sans cette hypothèse, voir [Fat87, p. 320].
2. Classes de Nielsen
Nous résumons les éléments de la théorie dont nous avons besoin et que l’on peut trouver dans [Jia83] et [Nie44].
Soient une surface compacte et son revêtement universel. Considérons un homéomorphisme . Deux points fixes de , et sont Nielsen-équivalents s’il existe un relèvement de fixant à la fois un point et un point ou, de façon équivalente, s’il existe un arc joignant à et homotope à l’arc relativement à , . Les classes d’équivalence pour cette relation sont les classes de Nielsen de . Chaque classe de Nielsen est un sous-ensemble isolé de , on peut donc définir son indice, qui est un entier relatif, et il existe seulement un nombre fini de classes ayant un indice non nul. Ce sont les classes essentielles; leur nombre , appelé nombre de Nielsen de , est un invariant d’homotopie, de sorte que toute application homotope à possède au moins points fixes. En désignant ces classes par et par leur indice respectif, on a la relation:
(2.1) |
où
est le nombre de Lefschetz de .
Dans le cas où ( étant la caractéristique d’Euler de ) et un homéomorphisme qui préserve 1’orientation, Nielsen a montré que (), voir [Nie44, pp. 17-19], et c’est là le résultat essentiel dont nous aurons besoin par la suite.
3. Preuve du théorème
Pour commencer, nous identifions au complémentaire du pôle Nord de la sphère unité grâce à la projection stéréographique. s’étend alors en un homéomorphisme de qui fixe .
Soient l’ensemble des points de l’orbite périodique de et la surface obtenue en compactifiant de la façon suivante. On remplace chaque () par un cercle , le cercle des vecteurs unitaires tangents en ce point. étant de classe au voisinage des points , la restriction de à induit un homéomorphisme qui coïncide avec en dehors du bord de (voir [Bow78]).
Remarquons que et ont les mêmes points fixes et que les points fixes de , en dehors de , sont exactement les points fixes de .
Lemme 3.1.
Soit un point fixe de non lié à . Alors et sont dans la même classe de Nielsen de .
Démonstration.
n’étant pas lié à , il existe une courbe de Jordan dans , séparant de et telle que soit isotope à dans .
Cette courbe de Jordan borde, dans , un disque qui contient et . De même borde un disque qui contient et .
se relève donc dans , le revêtement universel de , en une courbe fermée bordant un disque tel que . Par ailleurs, une isotopie () entre et se relève en une isotopie entre et un relèvement de bordant un disque tel que .
Soit l’unique relèvement de tel que . (resp. ) contient un unique point [resp. ] et l’on a, par construction, . Or : sinon il existerait tel que , ce qui est exclu puisque l’isotopie évite par hypothèse. Donc .
Le même argument valant pour , il en résulte que . Donc et sont dans la même classe de Nielsen de . ∎
Lemme 3.2.
.
Démonstration.
Remarquons que . Ceci étant, nous distinguons deux cas suivant que la période de est égale ou strictement supérieure à .
Si , est un anneau dont permute les bords. En considérant un revêtement à deux feuillets, on peut montrer par un argument classique, voir [Boy89] et [Fat87], que possède exactement deux classes de Nielsen, chacune ayant un indice égal à .
Si , et d’après la remarque faite à la fin du paragraphe précédent et la relation (2.1), on a nécessairement . ∎