\addressindent

85mm \bbkannee59ème année, 2006-2007 \bbknumero980

La conjecture de Kashiwara–Vergne

d’après Alekseev et Meinrenken
Charles TOROSSIAN Université Denis Diderot – Paris 7
CNRS
Institut de Mathématiques de Jussieu
175, rue du Chevaleret
F-75013 Paris
torossian@math.jussieu.fr
(Juin 2007)

INTRODUCTION

En 1978, M. Kashiwara et M. Vergne ont conjecturé dans [KV] une propriété remarquable et universelle sur la série de Campbell-Hausdorff d’une algèbre de Lie réelle 𝔤𝔤\mathfrak{g} de dimension finie. Cette propriété conjecturale admet comme corollaire l’isomorphisme de Duflo entre le centre de l’algèbre enveloppante de 𝔤𝔤\mathfrak{g} et les invariants de l’algèbre symétrique. Cette conjecture a été démontrée en toute généralité par A. Alekseev et E. Meinrenken en 2005 et publiée en 2006 à Inventiones [AM06].

Ce texte se décompose de la façon suivante; on rappelle dans un premier temps des résultats élémentaires sur la formule de Campbell-Hausdorff et la symétrisation. On introduit ensuite la conjecture de Kashiwara–Vergne, en expliquant ses origines et ses conséquences. La troisième section est consacrée à la preuve d’Alekseev et Meinrenken. On a résumé, dans l’appendice, la construction de Kontsevich pour la quantification des crochets de Lie qu’il nous a semblé nécessaire de rappeler pour une bonne compréhension du texte.

Je remercie A. Alekseev, B. Keller, D. Manchon, F. Rouvière et M. Vergne pour leurs commentaires, suggestions et améliorations lors de la relecture de ce texte.

1 Formule de Campbell-Hausdorff et symétrisation

1.1 La formule de Campbell-Hausdorff

Soit 𝔤𝔤\mathfrak{g} une algèbre de Lie de dimension finie sur 𝐑𝐑\mathbf{R}. D’après le théorème de Lie, il existe un groupe de Lie réel G𝐺G, connexe et simplement connexe d’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} et une application exponentielle notée exp𝔤subscript𝔤\exp_{\mathfrak{g}} qui définit un difféomorphisme local en 0𝔤0𝔤0\in\mathfrak{g} sur G𝐺G.

Il en résulte que l’on peut lire la loi de groupe de G𝐺G en coordonnées exponentielles. C’est la fameuse formule de Campbell-Hausdorff. En d’autre termes, pour X,Y𝑋𝑌X,Y proches de 00 dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}, il existe une série en des polynômes de Lie, convergente et à valeurs dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}, notée Z(X,Y)𝑍𝑋𝑌Z(X,Y) telle que l’on ait

exp𝔤(X)Gexp𝔤(Y)=exp𝔤(Z(X,Y)).subscript𝐺subscript𝔤𝑋subscript𝔤𝑌subscript𝔤𝑍𝑋𝑌\exp_{\mathfrak{g}}(X)\cdot_{G}\exp_{\mathfrak{g}}(Y)=\exp_{\mathfrak{g}}\big{(}Z(X,Y)\big{)}.

Les premiers termes de la série de Campbell-Hausdorff sont bien connus et s’écrivent

Z(X,Y)=X+Y+12[X,Y]+112[X,[X,Y]]+112[Y,[Y,X]]+148[Y,[X,[Y,X]]]148[X,[Y,[X,Y]]]+.𝑍𝑋𝑌𝑋𝑌12𝑋𝑌112𝑋𝑋𝑌112𝑌𝑌𝑋148𝑌𝑋𝑌𝑋148𝑋𝑌𝑋𝑌Z(X,Y)=X+Y+\frac{1}{2}[X,Y]+\frac{1}{12}[X,[X,Y]]+\frac{1}{12}[Y,[Y,X]]+\\ \frac{1}{48}[Y,[X,[Y,X]]]-\frac{1}{48}[X,[Y,[X,Y]]]+\cdots. (1)

Il existe de nombreuses expressions de Z(X,Y)𝑍𝑋𝑌Z(X,Y) en terme de crochets itérés (cf. § 5.1) ou écrites de manière récursive (cf. [Va] page 118). Une difficulté majeure concernant la formule de Campbell-Hausdorff est qu’il n’existe pas de base de l’algèbre de Lie libre qui soit particulièrement commode pour effectuer des calculs111Les bases de Hall, par exemple sont définies de manière récursive. Par ailleurs il existe une base qui permet d’écrire la formule de Campbell-Hausdorff en utilisant des combinaisons à coefficients complexes [Kly].. La quantification de Kontsevich donne une autre façon d’écrire la formule de Campbell-Hausdorff comme rappelé en § 4.2.

1.2 Symétrisation et application exponentielle

La symétrisation β𝛽\beta est un isomorphisme d’espaces vectoriels entre l’algèbre symétrique de 𝔤𝔤\mathfrak{g} notée S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}] et l’algèbre enveloppante de 𝔤𝔤\mathfrak{g} notée U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}) ; c’est une version du théorème de Poincaré-Birkhoff-Witt. La symétrisation commute à l’action adjointe (resp. aux dérivations adXad𝑋\mathrm{ad}X) et vérifie la condition pour X𝔤𝑋𝔤X\in\mathfrak{g},

β(Xn)=Xn.𝛽superscript𝑋𝑛superscript𝑋𝑛\beta(X^{n})=X^{n}.

On en déduit la formule, pour Xi𝔤subscript𝑋𝑖𝔤X_{i}\in\mathfrak{g},

β(X1Xn)=1n!σΣnXσ(1)Xσ(n).𝛽subscript𝑋1subscript𝑋𝑛1𝑛subscript𝜎subscriptΣ𝑛subscript𝑋𝜎1subscript𝑋𝜎𝑛\beta(X_{1}\cdots X_{n})=\frac{1}{n!}\sum\limits_{\sigma\in\Sigma_{n}}X_{\sigma(1)}\cdots X_{\sigma(n)}.

Il existe plusieurs façons de voir l’algèbre S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}] ; comme algèbre symétrique, comme algèbre des fonctions polynomiales sur 𝔤superscript𝔤\mathfrak{g}^{*}, comme algèbre des opérateurs différentiels invariants par translation sur 𝔤𝔤\mathfrak{g} (ie. à coefficients constants) et enfin comme algèbre pour la convolution des distributions de support 00. On peut voir U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}) comme l’algèbre enveloppante universelle, l’algèbre des opérateurs différentiels invariants à gauche sur G𝐺G et enfin l’algèbre pour la convolution des distributions supportées par l’origine de G𝐺G.

La formule de Taylor énonce que l’on a l’égalité de distributions formelles eX=δXsuperscript𝑒𝑋subscript𝛿𝑋e^{X}=\delta_{X}, avec δXsubscript𝛿𝑋\delta_{X} la masse de Dirac au point X𝑋X. On a donc dans une complétion adéquate de U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}) :

β(δX)=β(eX)=n0Xnn!=δexp𝔤(X),𝛽subscript𝛿𝑋𝛽superscript𝑒𝑋subscript𝑛0superscript𝑋𝑛𝑛subscript𝛿subscript𝔤𝑋\beta(\delta_{X})=\beta(e^{X})=\sum\limits_{n\geq 0}\frac{X^{n}}{n!}=\delta_{\exp_{\mathfrak{g}}(X)}, (2)

δexp𝔤(X)subscript𝛿subscript𝔤𝑋\delta_{\exp_{\mathfrak{g}}(X)} est la distribution ponctuelle au point exp𝔤(X)subscript𝔤𝑋\exp_{\mathfrak{g}}(X) dans G𝐺G.


La symétrisation envoie donc la distribution δXsubscript𝛿𝑋\delta_{X} sur la distribution δexp𝔤(X)subscript𝛿subscript𝔤𝑋\delta_{\exp_{\mathfrak{g}}(X)} ; c’est donc l’application exponentielle au niveau des distributions, car on a (exp𝔤)(δX)=δexp𝔤(X)subscriptsubscript𝔤subscript𝛿𝑋subscript𝛿subscript𝔤𝑋(\exp_{\mathfrak{g}})_{*}(\delta_{X})=\delta_{\exp_{\mathfrak{g}}(X)}.


On peut ramener, via l’application β𝛽\beta, le produit de U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}), en un produit associatif dans S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}]. C’est l’étoile produit de Gutt222C’est à dire que l’étoile produit s’exprime comme un série formelle d’opérateurs bi-différentiels sur 𝔤superscript𝔤\mathfrak{g}^{*} à coefficients polynomiaux. [Gu], réalisant la quantification par déformation de l’algèbre de Poisson S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}]. On a donc pour w,v𝑤𝑣w,v dans S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}]

wGuttv:=β1(β(w)β(v)).assign𝑤𝐺𝑢𝑡𝑡𝑣superscript𝛽1𝛽𝑤𝛽𝑣w\underset{Gutt}{\star}v:=\beta^{-1}(\beta(w)\beta(v)). (3)

Comme distribution de support 00 on aura donc

{lemm}

Pour w,v𝑤𝑣w,v des éléments de S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}], β1(β(w)β(v))superscript𝛽1𝛽𝑤𝛽𝑣\beta^{-1}(\beta(w)\beta(v)) correspond à la distribution de support 0𝔤0𝔤0\in\mathfrak{g} définie pour f𝑓f, fonction test sur 𝔤𝔤\mathfrak{g}, par la formule :

β1(β(w)β(v)),f:=w(X)v(Y),f(Z(X,Y)).assignsuperscript𝛽1𝛽𝑤𝛽𝑣𝑓tensor-product𝑤𝑋𝑣𝑌𝑓𝑍𝑋𝑌\langle\,\beta^{-1}(\beta(w)\beta(v)),f\,\rangle:=\langle\,w(X)\otimes v(Y),f(Z(X,Y))\,\rangle.

1.3 Le centre de l’algèbre enveloppante et l’isomorphisme de Duflo

Comme la symétrisation β𝛽\beta commute aux dérivations, c’est aussi un isomorphisme d’espaces vectoriels de S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} sur U(𝔤)𝔤𝑈superscript𝔤𝔤U(\mathfrak{g})^{\mathfrak{g}} (les invariants pour l’action adjointe).

Dans [Du77] en utilisant les idéaux primitifs dans l’algèbre enveloppante, Duflo montre que pour toute algèbre de Lie de dimension finie sur un corps de caractéristique nulle, S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} et U(𝔤)𝔤𝑈superscript𝔤𝔤U(\mathfrak{g})^{\mathfrak{g}} sont isomorphes comme algèbres et exhibe un isomorphisme. Ce résultat généralise celui de Dixmier [Dix] dans le cas nilpotent, de Duflo dans le cas résoluble [Du70] et d’Harish-Chandra [HC] dans le cas semi-simple et s’inscrit dans l’esprit de la méthode des orbites initiée par Kirillov.


On notera par j(X)𝑗𝑋j(X) le déterminant jacobien de la fonction exp𝔤subscript𝔤\exp_{\mathfrak{g}} (cf. § 5.2), à savoir la fonction définie par

j(X)=det𝔤(1eadXadX)=exp(tr𝔤adX2)det𝔤(sinh(adX2)adX2).𝑗𝑋subscriptdet𝔤1superscript𝑒ad𝑋ad𝑋subscripttr𝔤ad𝑋2subscriptdet𝔤ad𝑋2ad𝑋2j(X)=\mathrm{det}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{1-e^{-\mathrm{ad}X}}{\mathrm{ad}X}\right)=\exp\left(-\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\frac{\mathrm{ad}X}{2}\right)\mathrm{det}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\sinh(\mathrm{ad}\frac{X}{2})}{\frac{\mathrm{ad}X}{2}}\right). (4)

Cette fonction va intervenir de manière cruciale dans la suite.

Notons S[[𝔤]]𝑆delimited-[]delimited-[]superscript𝔤S[[\mathfrak{g}^{\star}]] l’algèbre des séries formelles en les éléments de 𝔤superscript𝔤\mathfrak{g}^{*}. La série formelle j12superscript𝑗12j^{\frac{1}{2}} est donc dans S[[𝔤]]𝑆delimited-[]delimited-[]superscript𝔤S[[\mathfrak{g}^{\star}]]. C’est donc un opérateur différentiel sur 𝔤superscript𝔤\mathfrak{g}^{*} d’ordre infini à coefficients constants que l’on note j12()superscript𝑗12j^{\frac{1}{2}}(\partial). La formule de Duflo s’écrit alors pour PS[𝔤]𝑃𝑆delimited-[]𝔤P\in S[\mathfrak{g}],

γ(P):=β(j12()P).assign𝛾𝑃𝛽superscript𝑗12𝑃\displaystyle\gamma(P):=\beta\left(j^{\frac{1}{2}}(\partial)P\right). (5)

C’est clairement un isomorphisme d’espaces vectoriels de S[𝔤]𝑆delimited-[]𝔤S[\mathfrak{g}] sur U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}), qui commute aux dérivations adXad𝑋\mathrm{ad}X.

{theo}

[[Du77]] L’application γ𝛾\gamma ci-dessus est un isomorphisme d’algèbres de S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} sur U(𝔤)𝔤𝑈superscript𝔤𝔤U(\mathfrak{g})^{\mathfrak{g}}. Ce théorème est non trivial. Dans [Ko] Kontsevich montre par un argument d’homotopie que S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} et U(𝔤)𝔤𝑈superscript𝔤𝔤U(\mathfrak{g})^{\mathfrak{g}} sont isomorphes comme algèbres et en déduit qu’il s’agit de l’isomorphisme de Duflo333L’argument utilise la forme a priori de l’isomorphisme obtenu comparé à celui de Duflo.; ce résultat s’étend automatiquement aux super-algèbres de Lie et Kontsevich montre que les algèbres de cohomologie H(𝔤,S[𝔤])𝐻𝔤𝑆delimited-[]𝔤H(\mathfrak{g},S[\mathfrak{g}]) et H(𝔤,U(𝔤))𝐻𝔤𝑈𝔤H(\mathfrak{g},U(\mathfrak{g})) sont isomorphes444En degré 00 on retrouve les algèbres d’invariants S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} et U(𝔤)𝔤𝑈superscript𝔤𝔤U(\mathfrak{g})^{\mathfrak{g}}.. Dans [PT] on vérifie qu’il s’agit encore de la formule de Duflo étendue à la cohomologie555Ce résultat est aussi cité dans [Sh] comme un travail en commun avec Kontsevich, mais non publié.. On dispose donc d’une démonstration qui n’utilise pas la théorie des représentations.

Afin d’étendre l’isomorphisme de Duflo aux germes de distributions invariantes, Kashiwara et Vergne suggèrent dans [KV] une méthode basée sur une déformation de la formule de Campbell-Hausdorff. Ces techniques sont connues aujourd’hui sous le vocable “méthode de Kashiwara–Vergne”. En quelque sorte on cherche à lire l’isomorphisme de Duflo sur la formule de Campbell-Hausdorff.

2 La conjecture combinatoire de Kashiwara–Vergne

2.1 Notations

Soient (ei)i=1,,dsubscriptsubscript𝑒𝑖𝑖1𝑑(e_{i})_{i=1,\ldots,d} une base de 𝔤𝔤\mathfrak{g}, (ei)i=1,,dsubscriptsuperscriptsubscript𝑒𝑖𝑖1𝑑(e_{i}^{*})_{i=1,\ldots,d} la base duale et X=i=1dxiei𝑋superscriptsubscript𝑖1𝑑subscript𝑥𝑖subscript𝑒𝑖X=\sum_{i=1}^{d}x_{i}e_{i}. Pour XA(X)maps-to𝑋𝐴𝑋X\mapsto A(X) une fonction régulière de 𝔤𝔤\mathfrak{g} dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} (c’est à dire un champ de vecteurs sur 𝔤𝔤\mathfrak{g}) on désigne le champ adjoint associé par

[X,A(X)]X=i=1dei,[X,A(X)]xi.𝑋𝐴𝑋subscript𝑋superscriptsubscript𝑖1𝑑superscriptsubscript𝑒𝑖𝑋𝐴𝑋subscript𝑥𝑖[X,A(X)]\cdot\partial_{X}=\sum_{i=1}^{d}\langle\,e_{i}^{*},[X,A(X)]\,\rangle\frac{\partial}{\partial x_{i}}. (6)

On note aussi XAsubscript𝑋𝐴\partial_{X}A la différentielle de A𝐴A en X𝑋X ; c’est une application linéaire de 𝔤𝔤\mathfrak{g} dans 𝔤𝔤\mathfrak{g}.

2.2 Énoncé de la conjecture combinatoire

Soit 𝔤𝔤\mathfrak{g} une algèbre de Lie de dimension finie sur 𝐑𝐑\mathbf{R}. Pour X,Y𝔤𝑋𝑌𝔤X,Y\in\mathfrak{g} on note Z(X,Y)𝑍𝑋𝑌Z(X,Y) la série de Campbell-Hausdorff définie par

Z(X,Y)=log(exp𝔤(X)𝐺exp𝔤(Y)).𝑍𝑋𝑌subscript𝔤𝑋𝐺subscript𝔤𝑌Z(X,Y)=\log\left(\exp_{\mathfrak{g}}(X)\underset{G}{\cdot}\exp_{\mathfrak{g}}(Y)\right).

Dans tout ce qui suit nous travaillons au niveau des séries formelles mais des arguments élémentaires montrent que toutes les séries formelles que nous manipulons sont convergentes dans un voisinage de (0,0)0.0(0,0).

La conjecture combinatoire de Kashiwara–Vergne [KV] s’énonce de la manière suivante :

{theo}

[Conjecture KV 78]Notons Z(X,Y)𝑍𝑋𝑌Z(X,Y) la série de Campbell-Hausdorff. Il existe des séries F(X,Y)𝐹𝑋𝑌F(X,Y) et G(X,Y)𝐺𝑋𝑌G(X,Y) sur 𝔤𝔤direct-sum𝔤𝔤\mathfrak{g}\oplus\mathfrak{g} sans terme constant et à valeurs dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} telles que l’on ait

X+Ylog(exp𝔤(Y)exp𝔤(X))=(1eadX)F(X,Y)+(eadY1)G(X,Y)𝑋𝑌subscript𝔤𝑌subscript𝔤𝑋1superscript𝑒ad𝑋𝐹𝑋𝑌superscript𝑒ad𝑌1𝐺𝑋𝑌X+Y-\log(\exp_{\mathfrak{g}}(Y)\cdot\exp_{\mathfrak{g}}(X))=\big{(}1-e^{-\mathrm{ad}X}\big{)}F(X,Y)+\big{(}e^{\mathrm{ad}Y}-1\big{)}G(X,Y) (7)

et telle que l’identité de trace suivante soit vérifiée

tr𝔤(adXXF+adYYG)=12tr𝔤(adXeadX1+adYeadY1adZ(X,Y)eadZ(X,Y)11).subscripttr𝔤ad𝑋subscript𝑋𝐹ad𝑌subscript𝑌𝐺12subscripttr𝔤ad𝑋superscript𝑒ad𝑋1ad𝑌superscript𝑒ad𝑌1ad𝑍𝑋𝑌superscript𝑒ad𝑍𝑋𝑌11\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}(\mathrm{ad}X\circ\partial_{X}F+\mathrm{ad}Y\circ\partial_{Y}G)=\frac{1}{2}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\mathrm{ad}X}{e^{\mathrm{ad}X}-1}+\frac{\mathrm{ad}Y}{e^{\mathrm{ad}Y}-1}-\frac{\mathrm{ad}Z(X,Y)}{e^{\mathrm{ad}Z(X,Y)}-1}-1\right). (8)
{rema}

La conjecture porte sur l’existence d’un couple (F,G)𝐹𝐺(F,G) de solutions universelles666C’est à dire des éléments d’une complétion de l’algèbre de Lie libre universelle engendrée par X,Y𝑋𝑌X,Y. L’algèbre de Lie libre sur un espace vectoriel V𝑉V est naturellement graduée ainsi que son algèbre enveloppante, qui est l’algèbre associative libre sur V𝑉V; par exemple, l’élément [X,Y]=XYYX𝑋𝑌𝑋𝑌𝑌𝑋[X,Y]=XY-YX est de degré 222. La complétion consiste à considérer les séries de termes homogènes dont les degrés tendent vers l’infini [Se]. vérifiant les équations ci-dessus. Par ailleurs, si un tel couple convient alors le couple

(G(Y,X),F(Y,X))𝐺𝑌𝑋𝐹𝑌𝑋\left(G(-Y,-X),F(-Y,-X)\right)

est aussi une solution. On peut donc rechercher des solutions symétriques c’est à dire vérifiant G(X,Y)=F(Y,X)𝐺𝑋𝑌𝐹𝑌𝑋G(X,Y)=F(-Y,-X). Pour de telles solutions on s’aperçoit facilement que les termes à l’ordre 111 en Y𝑌Y sont uniquement déterminés [AP], ce qui peut faire espérer l’unicité d’une solution symétrique777Ce point est encore conjectural..

{rema}

L’équation (7) peut se résoudre complètement dans l’algèbre tensorielle engendrée par X,Y𝑋𝑌X,Y. Puis en utilisant l’idempotent de Dynkin (cf. § 5.1) on peut exhiber toutes les solutions de (7) (cf. [B]). La difficulté majeure de cette conjecture est donc l’équation de trace (8).

{rema}

Les équations (7) et (8) forment un système affine à coefficients rationnels. Si on dispose d’une solution à coefficients réels, alors il existera une solution à coefficients rationnels. Expliciter une solution rationnelle est un problème intéressant que l’on peut poser.

2.2.1 La solution conjecturale de Kashiwara–Vergne

Dans leur article, Kashiwara et Vergne proposent un couple symétrique (F0,G0)superscript𝐹0superscript𝐺0(F^{0},G^{0}) de séries de Lie universelles et montrent, dans le cas résoluble, que ce couple vérifie la condition de trace (8). Nous suivons l’article [Rou86] qui propose une réécriture de ce couple conjectural.

Notons ψ𝜓\psi la fonction analytique au voisinage de 00 définie par

ψ(z)=ez1z(ez1)(1ez).𝜓𝑧superscript𝑒𝑧1𝑧superscript𝑒𝑧11superscript𝑒𝑧\psi(z)=\frac{e^{z}-1-z}{(e^{z}-1)(1-e^{-z})}.

Soit Z(t)=Z(tX,tY)𝑍𝑡𝑍𝑡𝑋𝑡𝑌Z(t)=Z(tX,tY) et posons

F1(X,Y)=(011etadX1eadXψ(adZ(t))dt)(X+Y)superscript𝐹1𝑋𝑌superscriptsubscript011superscript𝑒𝑡ad𝑋1superscript𝑒ad𝑋𝜓ad𝑍𝑡differential-d𝑡𝑋𝑌F^{1}(X,Y)=\left(\int_{0}^{1}\frac{1-e^{-t\,\mathrm{ad}X}}{1-e^{-\mathrm{ad}X}}\circ\psi(\mathrm{ad}Z(t))\mathrm{d}t\right)(X+Y)

et G1(X,Y)=F1(Y,X)superscript𝐺1𝑋𝑌superscript𝐹1𝑌𝑋G^{1}(X,Y)=F^{1}(-Y,-X). Posons alors

F0(X,Y)=12(F1(X,Y)+eadXF1(X,Y))+14(Z(X,Y)X)superscript𝐹0𝑋𝑌12superscript𝐹1𝑋𝑌superscript𝑒ad𝑋superscript𝐹1𝑋𝑌14𝑍𝑋𝑌𝑋F^{0}(X,Y)=\frac{1}{2}\left(F^{1}(X,Y)+e^{\mathrm{ad}X}F^{1}(-X,-Y)\right)+\frac{1}{4}\left(Z(X,Y)-X\right)

et G0(X,Y)=F0(Y,X)superscript𝐺0𝑋𝑌superscript𝐹0𝑌𝑋G^{0}(X,Y)=F^{0}(-Y,-X).888Écrivons pour simplifier x=adX𝑥ad𝑋x=\mathrm{ad}X et y=adY𝑦ad𝑌y=\mathrm{ad}Y. Des calculs fastidieux dans les années 808080, mais que l’on peut maintenant effectuer sur ordinateur montrent que les premiers termes s’écrivent (jusqu’à l’ordre 444) : F0(X,Y)=14Y+124xY148x2Y148yxY1180x3Y1480yx2Y+1360y2xY+superscript𝐹0𝑋𝑌14𝑌124𝑥𝑌148superscript𝑥2𝑌148𝑦𝑥𝑌1180superscript𝑥3𝑌1480𝑦superscript𝑥2𝑌1360superscript𝑦2𝑥𝑌F^{0}(X,Y)=\frac{1}{4}Y+\frac{1}{24}xY-\frac{1}{48}x^{2}Y-\frac{1}{48}yxY-\frac{1}{180}x^{3}Y-\frac{1}{480}yx^{2}Y+\frac{1}{360}y^{2}xY+\ldots

Par construction (cf. [KV], [Rou86]) ce couple (F0,G0)superscript𝐹0superscript𝐺0(F^{0},G^{0}) vérifie la première équation (7). Dans leur article Kashiwara et Vergne conjecturent que (F0,G0)superscript𝐹0superscript𝐺0(F^{0},G^{0}) vérifie l’équation de trace (8) et vérifie ce fait dans le cas des algèbres de Lie résolubles.

2.2.2 Historique des résultats

Dans [Rou81], Rouvière vérifient la conjecture dans le cas sl(2,𝐑)sl2𝐑\mathrm{sl}(2,\mathbf{R}) pour le couple (F0,G0)superscript𝐹0superscript𝐺0(F^{0},G^{0}) ci-dessus.

En 1999 dans [Ve] Vergne démontre la conjecture dans le cas quadratique, c’est à dire pour une algèbre de Lie munie d’une forme bilinéaire invariante et non dégénérée; les algèbres réductives mais aussi 𝔤𝔤direct-sum𝔤superscript𝔤\mathfrak{g}\oplus\mathfrak{g}^{*} avec 𝔤𝔤\mathfrak{g} quelconque, sont quadratiques. L’article [Ve] suit les idées de [AM00] concernant l’isomorphisme de Duflo pour les algèbres de Lie quadratiques. Dans [AM02] Alekseev et Meinrenken proposent, toujours dans le cas quadratique, une solution différente en utilisant la géométrie de Poisson et le “Moser trick”. Toutefois dans [AP] il est montré que ces solutions du cas quadratique ne sont pas universelles, c’est à dire qu’elles ne résolvent pas la conjecture pour toutes les algèbres de Lie.

Enfin A. Alekseev et E. Meinrenken [AM06] ont démontré en mai 2005 la conjecture combinatoire en utilisant une déformation de la série de Campbell-Hausdorff décrite dans [To] et résultant de la quantification de Kontsevich [Ko]. Le lien avec le couple conjectural (F0,G0)superscript𝐹0superscript𝐺0(F^{0},G^{0}) n’y est cependant pas abordé.

2.3 Origine et conséquences de cette conjecture

Cette égalité sur les traces peut sembler étrange mais elle est une conséquence naturelle de l’intégration par partie. Expliquons un peu tout ceci ce qui motivera le lecteur.

2.3.1 Transport de la convolution

Un des buts de l’article de Kashiwara–Vergne est de démontrer, pour les distributions invariantes, le transport du produit de convolution par l’application exponentielle.

Plus précisément il s’agissait de montrer le résultat conjectural 999Conjecture aussi formulée par Raïs. suivant assurant que l’on peut transporter la convolution sur 𝔤𝔤\mathfrak{g} en la convolution sur G𝐺G. Ce point est important car les caractères des représentations irréductibles sont des solutions propres pour le centre de U(𝔤)𝑈𝔤U(\mathfrak{g}) et exprimés en coordonnées exponentielles deviennent alors des solutions propres des opérateurs différentiels invariants à coefficients constants101010L’évaluation sur une orbite définit alors un caractère pour S[𝔤]𝔤𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}}..

Ce théorème fut démontré par la suite dans [ADS], [AST], [Mo] comme corollaire de la quantification de Kontsevich.

{theo}

[[ADS], [AST], [Mo]] Soient w𝑤w et v𝑣v deux germes de distributions invariantes au voisinage de 00 dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} et vérifiant une certaine condition de support 111111On peut demander par exemple que les supports asymptotiques de u𝑢u en 00 (resp. v𝑣v), noté Cusubscript𝐶𝑢C_{u} (resp. Cvsubscript𝐶𝑣C_{v}), vérifient CuCv={0}C_{u}\cap-C_{v}=\{0\}. afin d’assurer un sens à la convolution. On a

wv,j12(X)j12(Y)j12(Z(X,Y))f(Z(X,Y))=wv,f(X+Y)tensor-product𝑤𝑣superscript𝑗12𝑋superscript𝑗12𝑌superscript𝑗12𝑍𝑋𝑌𝑓𝑍𝑋𝑌tensor-product𝑤𝑣𝑓𝑋𝑌\langle\,\,w\otimes v\,,\,\frac{j^{\frac{1}{2}}(X)j^{\frac{1}{2}}(Y)}{j^{\frac{1}{2}}(Z(X,Y))}f(Z(X,Y))\,\,\rangle=\langle\,\,w\otimes v\,,\,f(X+Y)\,\,\rangle (9)

avec f𝑓f une fonction Csuperscript𝐶C^{\infty} dans un voisinage de 00 et à support compact.

{defi}

On appellera fonction de densité le quotient

D(X,Y):=j12(X)j12(Y)j12(Z(X,Y)).assign𝐷𝑋𝑌superscript𝑗12𝑋superscript𝑗12𝑌superscript𝑗12𝑍𝑋𝑌D(X,Y):=\frac{j^{\frac{1}{2}}(X)j^{\frac{1}{2}}(Y)}{j^{\frac{1}{2}}(Z(X,Y))}.

2.3.2 Déformation par dilatation

L’idée de base de l’article [KV] est de considérer la déformation naturelle de l’algèbre de Lie 𝔤𝔤\mathfrak{g} qui consiste à remplacer le crochet [X,Y]𝑋𝑌[X,Y] par t[X,Y]𝑡𝑋𝑌t[X,Y] pour t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1]. La série de Campbell-Hausdorff est changée en Zt(X,Y)=1tZ(tX,tY)subscript𝑍𝑡𝑋𝑌1𝑡𝑍𝑡𝑋𝑡𝑌Z_{t}(X,Y)=\frac{1}{t}Z(tX,tY). Remarquons que cette expression est bien définie pour t=0𝑡0t=0 et on obtient Z0(X,Y)=X+Ysubscript𝑍0𝑋𝑌𝑋𝑌Z_{0}(X,Y)=X+Y.

On déduit de la différentielle de l’application exponentielle (cf. §5.3), que l’équation (7) est équivalente à l’équation différentielle suivante

tZt(X,Y)=[X,Ft(X,Y)]XZt(X,Y)+[Y,Gt(X,Y)]YZt(X,Y),𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑋subscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript𝑌subscript𝑍𝑡𝑋𝑌\frac{\partial}{\partial t}Z_{t}(X,Y)=[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{X}Z_{t}(X,Y)+[Y,G_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{Y}Z_{t}(X,Y), (10)

où on a noté Ft(X,Y)=1tF(tX,tY)subscript𝐹𝑡𝑋𝑌1𝑡𝐹𝑡𝑋𝑡𝑌F_{t}(X,Y)=\frac{1}{t}F(tX,tY)121212Comme F(0,0)=(0,0)𝐹0.00.0F(0,0)=(0,0) cette expression est bien définie pour t=0𝑡0t=0..

Notons q(X)𝑞𝑋q(X) la fonction det𝔤(sinhadX2adX2)subscript𝔤ad𝑋2ad𝑋2\det_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\sinh\frac{\mathrm{ad}X}{2}}{\frac{\mathrm{ad}X}{2}}\right). En utilisant la formule131313Voir §5.2 pour les nombres de Bernoulli bnsubscript𝑏𝑛b_{n}.

ln(q(X))=n1b2ntr𝔤(adX)2n(2n)!2n,𝑞𝑋subscript𝑛1subscript𝑏2𝑛subscripttr𝔤superscriptad𝑋2𝑛2𝑛2𝑛\ln(q(X))=\sum_{n\geq 1}\frac{b_{2n}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}(\mathrm{ad}X)^{2n}}{(2n)!2n},

on trouve facilement [KV] :

j12(tX)tj12(tX)=12tr𝔤(adXexp(tadX)11t).superscript𝑗12𝑡𝑋𝑡superscript𝑗12𝑡𝑋12subscripttr𝔤ad𝑋𝑡ad𝑋11𝑡j^{-\frac{1}{2}}(tX)\frac{\partial}{\partial t}j^{\frac{1}{2}}(tX)=\frac{1}{2}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\mathrm{ad}X}{\exp(t\,\mathrm{ad}X)-1}-\frac{1}{t}\right). (11)

Compte tenu de la déformation en le paramètre t𝑡t, il suffit de démontrer qu’on a l’égalité pour tout t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1],

wv,j12(tX)j12(tY)j12(tZt(X,Y))f(Zt(X,Y))=wv,f(X+Y).tensor-product𝑤𝑣superscript𝑗12𝑡𝑋superscript𝑗12𝑡𝑌superscript𝑗12𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑓subscript𝑍𝑡𝑋𝑌tensor-product𝑤𝑣𝑓𝑋𝑌\langle\,\,w\otimes v\,,\,\frac{j^{\frac{1}{2}}(t\,X)j^{\frac{1}{2}}(t\,Y)}{j^{\frac{1}{2}}(t\,Z_{t}(X,Y))}f(Z_{t}(X,Y))\,\,\rangle=\langle\,\,w\otimes v\,,\,f(X+Y)\,\,\rangle. (12)

L’idée est maintenant simple, il suffit de demander que la dépendance en t𝑡t soit triviale, c’est à dire que la dérivée par rapport à t𝑡t soit nulle.

2.3.3 Calcul de la dérivée en t𝑡t

Notons Dt(X,Y)subscript𝐷𝑡𝑋𝑌D_{t}(X,Y) la fonction de densité

Dt(X,Y)=D(tX,tY)=j12(tX)j12(tY)j12(tZt(X,Y)).subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝐷𝑡𝑋𝑡𝑌superscript𝑗12𝑡𝑋superscript𝑗12𝑡𝑌superscript𝑗12𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌D_{t}(X,Y)=D(tX,tY)=\frac{j^{\frac{1}{2}}(tX)j^{\frac{1}{2}}(tY)}{j^{\frac{1}{2}}(tZ_{t}(X,Y))}.

On peut remplacer j𝑗j par q𝑞q dans cette formule, la fonction de densité reste la même. On a facilement compte tenu des équations (10) et (11),

tDt(X,Y)=12tr𝔤(adXetadX1+adYetadY1adZt(X,Y)etadZt(X,Y)11t)Dt(X,Y)+[X,Ft(X,Y))]XDt(X,Y)+[Y,Gt(X,Y))]YDt(X,Y).\frac{\partial}{\partial t}D_{t}(X,Y)=\frac{1}{2}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\mathrm{ad}X}{e^{t\,\mathrm{ad}X}-1}+\frac{\mathrm{ad}Y}{e^{t\,\mathrm{ad}Y}-1}-\frac{\mathrm{ad}Z_{t}(X,Y)}{e^{t\,\mathrm{ad}Z_{t}(X,Y)}-1}-\frac{1}{t}\right)D_{t}(X,Y)+\\ [X,F_{t}(X,Y))]\cdot\partial_{X}D_{t}(X,Y)+[Y,G_{t}(X,Y))]\cdot\partial_{Y}D_{t}(X,Y). (13)

Pour simplifier on va noter :

T(X,Y)=12tr𝔤(adXeadX1+adYeadY1adZ(X,Y)eadZ(X,Y)11).𝑇𝑋𝑌12subscripttr𝔤ad𝑋superscript𝑒ad𝑋1ad𝑌superscript𝑒ad𝑌1ad𝑍𝑋𝑌superscript𝑒ad𝑍𝑋𝑌11T(X,Y)=\frac{1}{2}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\left(\frac{\mathrm{ad}X}{e^{\mathrm{ad}X}-1}+\frac{\mathrm{ad}Y}{e^{\mathrm{ad}Y}-1}-\frac{\mathrm{ad}Z(X,Y)}{e^{\mathrm{ad}Z(X,Y)}-1}-1\right). (14)

Par conséquent le premier terme du second membre de (13) est 1tT(tX,tY)1𝑡𝑇𝑡𝑋𝑡𝑌\frac{1}{t}T(tX,tY). Ce calcul se justifie comme suit; le premier terme dans le membre de droite (13) résulte de la dérivée par rapport à t𝑡t dans les termes j12(t)j^{\frac{1}{2}}(t\cdot) et le second terme résulte de la dérivée en t𝑡t dans Ztsubscript𝑍𝑡Z_{t}. Plus précisément compte tenu de (10) il vient que pour toute fonction ϕitalic-ϕ\phi on a

tϕ(Zt(X,Y))=[X,Ft(X,Y)]Xϕ(Zt(X,Y))+[Y,Gt(X,Y)]Yϕ(Zt(X,Y)).𝑡italic-ϕsubscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑋italic-ϕsubscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript𝑌italic-ϕsubscript𝑍𝑡𝑋𝑌\frac{\partial}{\partial t}\phi\left(Z_{t}(X,Y)\right)=[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{X}\phi\left(Z_{t}(X,Y)\right)+[Y,G_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{Y}\phi\left(Z_{t}(X,Y)\right). (15)

Le champ de vecteurs [X,Ft(X,Y)]X+[Y,Ft(X,Y)]Y𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑋𝑌subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑌[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{X}+[Y,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{Y} agit trivialement sur la fonction j12(tX)j12(tY)superscript𝑗12𝑡𝑋superscript𝑗12𝑡𝑌j^{\frac{1}{2}}(tX)j^{\frac{1}{2}}(tY) car cette dernière est invariante en chaque variable sous l’action adjointe,n par conséquent la dérivée du terme en Ztsubscript𝑍𝑡Z_{t} s’écrit bien comme annoncée.

On peut maintenant terminer le calcul de la dérivée dans (12). Il vient

t(Dt(X,Y)f(Zt(X,Y)))=([X,Ft(X,Y)]X+[Y,Gt(X,Y)]Y)(Dt(X,Y)f(Zt(X,Y)))+1tT(tX,tY)Dt(X,Y)f(Zt(X,Y)).𝑡subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝑓subscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑋𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript𝑌subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝑓subscript𝑍𝑡𝑋𝑌1𝑡𝑇𝑡𝑋𝑡𝑌subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝑓subscript𝑍𝑡𝑋𝑌\frac{\partial}{\partial t}\left(D_{t}(X,Y)f(Z_{t}(X,Y))\right)=\\ \Big{(}[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{X}+[Y,G_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{Y}\Big{)}\left(D_{t}(X,Y)f(Z_{t}(X,Y))\right)+\\ \frac{1}{t}T(tX,tY)D_{t}(X,Y)f(Z_{t}(X,Y)). (16)

On est donc amené à calculer l’action à droite141414En effet les distributions sont plutôt un module à droite sur les champs de vecteurs. Cette action à droite n’est utilisée qu’à cet endroit du texte. du champ de vecteurs [X,Ft(X,Y)]X+[Y,Ft(X,Y)]Y𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑋𝑌subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑌[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{X}+[Y,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{Y} sur la distribution wvtensor-product𝑤𝑣w\otimes v. Compte tenu de l’invariance de cette distribution on a,

wv([X,Ft(X,Y))]X+[Y,Ft(X,Y))]Y)=wv(tr𝔤(adXXFt(X,Y)+adYYGt(X,Y))).w\otimes v\Big{(}[X,F_{t}(X,Y))]\cdot\partial_{X}+[Y,F_{t}(X,Y))]\cdot\partial_{Y}\Big{)}=\\ -w\otimes v\Big{(}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\big{(}\mathrm{ad}X\circ\partial_{X}F_{t}(X,Y)+\mathrm{ad}Y\circ\partial_{Y}G_{t}(X,Y)\big{)}\Big{)}. (17)

Pour conclure au transport de la convolution dans (9) il suffit de demander que l’on ait pour tout t𝑡t :

1tT(tX,tY)tr𝔤(adXXFt(X,Y)+adYYGt(X,Y))=0.1𝑡𝑇𝑡𝑋𝑡𝑌subscripttr𝔤ad𝑋subscript𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌ad𝑌subscript𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌0\frac{1}{t}T(tX,tY)-\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\big{(}\mathrm{ad}X\circ\partial_{X}F_{t}(X,Y)+\mathrm{ad}Y\circ\partial_{Y}G_{t}(X,Y)\big{)}=0. (18)

La conjecture combinatoire de Kashiwara–Vergne est précisément cette égalité.
{rema}
Si l’égalité (7) (ou bien (10)) est vérifiée, alors l’équation (8) est équivalente à l’équation (19) suivante

tDt(X,Y)=([X,Ft(X,Y)]x+[Y,Gt(X,Y)]y)Dt(X,Y)+(tr𝔤(adXXFt(X,Y)+adYYGt(X,Y)))Dt(X,Y).𝑡subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝑥𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript𝑦subscript𝐷𝑡𝑋𝑌subscripttr𝔤ad𝑋subscript𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌ad𝑌subscript𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript𝐷𝑡𝑋𝑌\frac{\partial}{\partial t}D_{t}(X,Y)=\Big{(}[X,F_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{x}+[Y,G_{t}(X,Y)]\cdot\partial_{y}\Big{)}D_{t}(X,Y)+\\ \Big{(}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\big{(}\mathrm{ad}X\circ\partial_{X}F_{t}(X,Y)+\mathrm{ad}Y\circ\partial_{Y}G_{t}(X,Y)\big{)}\Big{)}D_{t}(X,Y). (19)

2.3.4 Isomorphisme de Duflo

On déduit comme cas particulier du transport de la convolution (9) le corollaire suivant : {coro} Le théorème 2.3.1 généralise l’isomorphisme de Duflo. Preuve — En effet pour P,QS[𝔤]𝔤𝑃𝑄𝑆superscriptdelimited-[]𝔤𝔤P,Q\in S[\mathfrak{g}]^{\mathfrak{g}} considérées comme des distributions invariantes de support 00 et pour toute fonction test f𝑓f, on a d’après le théorème 2.3.1 appliqué à j1/2fsuperscript𝑗12𝑓j^{1/2}f,

PQ,j12(X)j12(Y)f(Z(X,Y))=PQ,(j1/2f)(X+Y)=j12()(PQ),f.tensor-product𝑃𝑄superscript𝑗12𝑋superscript𝑗12𝑌𝑓𝑍𝑋𝑌tensor-product𝑃𝑄superscript𝑗12𝑓𝑋𝑌superscript𝑗12𝑃𝑄𝑓\langle\,P\otimes Q,j^{\frac{1}{2}}(X)j^{\frac{1}{2}}(Y)f(Z(X,Y))\,\rangle=\langle\,P\otimes Q,(j^{1/2}f)(X+Y)\,\rangle=\langle\,j^{\frac{1}{2}}(\partial)(PQ),f\,\rangle.

On a donc

j12()Pj12()Q,f(Z(X,Y))=j12()(PQ),f.tensor-productsuperscript𝑗12𝑃superscript𝑗12𝑄𝑓𝑍𝑋𝑌superscript𝑗12𝑃𝑄𝑓\langle\,j^{\frac{1}{2}}(\partial)P\otimes j^{\frac{1}{2}}(\partial)Q,f(Z(X,Y))\,\rangle=\langle\,j^{\frac{1}{2}}(\partial)(PQ),f\,\rangle.

Et d’après le lemme 1.2, le membre de gauche correspond à l’élément

β1(β(j12()P)β(j12()Q)),superscript𝛽1𝛽superscript𝑗12𝑃𝛽superscript𝑗12𝑄\beta^{-1}\left(\beta\left(j^{\frac{1}{2}}(\partial)P\right)\beta\left(j^{\frac{1}{2}}(\partial)Q\right)\right),

tandis que le membre de droite correspond à j12()(PQ)superscript𝑗12𝑃𝑄j^{\frac{1}{2}}(\partial)(PQ). On en déduit que l’on a bien la formule de Duflo sur les éléments invariants,

β(j12()(PQ))=β(j12()P)β(j12()Q).𝛽superscript𝑗12𝑃𝑄𝛽superscript𝑗12𝑃𝛽superscript𝑗12𝑄\beta\Big{(}j^{\frac{1}{2}}(\partial)(PQ)\Big{)}=\beta\left(j^{\frac{1}{2}}(\partial)P\right)\beta\left(j^{\frac{1}{2}}(\partial)Q\right).

3 Preuve de la conjecture combinatoire de Kashiwara–Vergne

On explique dans cette section les deux résultats principaux de [AM06], à savoir la preuve de la conjecture de Kashiwara–Vergne et l’extension de l’isomorphisme de Duflo à toute la cohomologie comme corollaire. Le texte suit essentiellement l’article [AM06].

On pose dans un premier temps des définitions utiles.

3.1 Notations

3.1.1 Application de Duflo sur les distributions

On fixe un voisinage symétrique 𝒰𝒰\mathcal{U} de 00 dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} sur lequel exp𝔤subscript𝔤\exp_{\mathfrak{g}} est un difféomorphisme sur son image U=exp𝔤(𝒰)𝑈subscript𝔤𝒰U=\exp_{\mathfrak{g}}(\mathcal{U}). On suppose j>0𝑗0j>0 sur 𝒰𝒰\mathcal{U}. L’application de Duflo sur les distributions à support compact

Duf=(exp𝔤)j1/2:𝒟comp(𝒰)𝒟comp(U),:Dufsubscriptsubscript𝔤superscript𝑗12subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒰superscriptsubscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝑈\mathrm{Duf}=(\exp_{\mathfrak{g}})_{\star}\circ j^{1/2}:\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{U})\quad\rightarrow\quad\mathcal{D}_{comp}^{\prime}(U),

est alors bien définie. On rappelle que l’on a noté D(X,Y)=j1/2(X)j1/2(Y)j1/2(Z(X,Y))𝐷𝑋𝑌superscript𝑗12𝑋superscript𝑗12𝑌superscript𝑗12𝑍𝑋𝑌D(X,Y)=\frac{j^{1/2}(X)j^{1/2}(Y)}{j^{1/2}(Z(X,Y))} la fonction de densité.

3.1.2 Produit m𝑚m

On fixe alors un voisinage 𝒪𝒪\mathcal{O} de 00 dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} suffisamment petit, tel que exp𝔤(𝒪)exp𝔤(𝒪)𝒰subscript𝔤𝒪subscript𝔤𝒪𝒰\exp_{\mathfrak{g}}(\mathcal{O})\exp_{\mathfrak{g}}(\mathcal{O})\subset\mathcal{U} et tel que la série de Campbell-Hausdorff Z𝑍Z définisse une fonction régulière de 𝒪×𝒪𝒪𝒪\mathcal{O}\times\mathcal{O} dans 𝒰𝒰\mathcal{U}.

La convolution des distributions à support compact dans exp𝔤(𝒪)subscript𝔤𝒪\exp_{\mathfrak{g}}(\mathcal{O}) est alors bien définie et on peut remonter le produit de convolution de G𝐺G via l’application de Duflo en un produit sur 𝒟comp(𝒪)subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}) ; c’est la formule du théorème 2.3.1. On note ce produit

m=ZD:𝒟comp(𝒪×𝒪)𝒟comp(𝒰).m=Z_{\star}\circ D:\quad\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O})\quad\rightarrow\quad\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{U}). (20)

3.1.3 Déformation par dilatation mtsubscript𝑚𝑡m_{t}

Utilisons la déformation du crochet de Lie : [X,Y]t=t[X,Y]subscript𝑋𝑌𝑡𝑡𝑋𝑌[X,Y]_{t}=t[X,Y] et notons 𝔤tsubscript𝔤𝑡\mathfrak{g}_{t} cette nouvelle algèbre de Lie. Pour t=0𝑡0t=0 on trouve le crochet trivial, et pour t0𝑡0t\neq 0 c’est une algèbre isomorphe à 𝔤𝔤\mathfrak{g}.

La série de Campbell-Hausdorff pour 𝔤tsubscript𝔤𝑡\mathfrak{g}_{t} s’écrit Zt(X,Y)=1tZ(tX,tY)subscript𝑍𝑡𝑋𝑌1𝑡𝑍𝑡𝑋𝑡𝑌Z_{t}(X,Y)=\frac{1}{t}Z(tX,tY) et la fonction de densité vaut Dt(X,Y)=D(tX,tY)subscript𝐷𝑡𝑋𝑌𝐷𝑡𝑋𝑡𝑌D_{t}(X,Y)=D(tX,tY). On en déduit comme précédemment un produit mtsubscript𝑚𝑡m_{t} sur 𝒟comp(1t𝒪)subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝1𝑡𝒪\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\frac{1}{t}\mathcal{O})

mt=(Zt)Dt:𝒟comp(1t𝒪×1t𝒪)𝒟comp(1t𝒰).m_{t}=(Z_{t})_{\star}\circ D_{t}:\quad\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\frac{1}{t}\mathcal{O}\times\frac{1}{t}\mathcal{O})\quad\rightarrow\quad\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\frac{1}{t}\mathcal{U}).

3.1.4 Dérivée de Lie

La dérivée de Lie de l’action adjointe sur les fonctions f𝒞(𝔤)𝑓superscript𝒞𝔤f\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathfrak{g}) est définie pour v𝔤𝑣𝔤v\in\mathfrak{g} par

(L(v)f)(X)=[X,v]Xf.𝐿𝑣𝑓𝑋𝑋𝑣subscript𝑋𝑓(L(v)f)(X)=[X,v]\cdot\partial_{X}f.

Si u𝑢u est une distribution et f𝑓f une fonction test, alors par définition151515Il n’y aurait pas de signe - si on prenait l’action à droite. on a L(ei)u,f=u,L(ei)f𝐿subscript𝑒𝑖𝑢𝑓𝑢𝐿subscript𝑒𝑖𝑓\langle L(e_{i})u,f\rangle=-\langle u,L(e_{i})f\rangle. Une distribution est dite invariante sur elle est annulée par les L(ei)𝐿subscript𝑒𝑖L(e_{i}) pour i=1,,n𝑖1𝑛i=1,\ldots,n161616On rappelle que (ei)isubscriptsubscript𝑒𝑖𝑖(e_{i})_{i} est une base de 𝔤𝔤\mathfrak{g}..

Soit XA(X)=A1(X)e1++An(X)enmaps-to𝑋𝐴𝑋subscript𝐴1𝑋subscript𝑒1subscript𝐴𝑛𝑋subscript𝑒𝑛X\mapsto A(X)=A_{1}(X)e_{1}+\ldots+A_{n}(X)e_{n} est un champ de vecteurs sur 𝔤𝔤\mathfrak{g}. Alors la dérivée de Lie L(A)𝐿𝐴L(A) vaut iAiL(ei)subscript𝑖subscript𝐴𝑖𝐿subscript𝑒𝑖\sum_{i}A_{i}L(e_{i}) sur les fonctions et iL(ei)Aisubscript𝑖𝐿subscript𝑒𝑖subscript𝐴𝑖\sum_{i}L(e_{i})\circ A_{i} sur les distributions.

3.1.5 Structure de Lie sur   𝒞(𝔤×𝔤,𝔤×𝔤)superscript𝒞𝔤𝔤𝔤𝔤\mathcal{C}^{\infty}(\mathfrak{g}\times\mathfrak{g},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g})

On définit une structure de Lie [,]Lie[\quad,\quad]_{Lie} sur les fonctions 𝒞(𝔤×𝔤,𝔤×𝔤)superscript𝒞𝔤𝔤𝔤𝔤\mathcal{C}^{\infty}(\mathfrak{g}\times\mathfrak{g},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}) en demandant que

β=(F(X,Y),G(X,Y))Ξβ=[X,F(X,Y)]X+[Y,G(X,Y)]Yformulae-sequence𝛽𝐹𝑋𝑌𝐺𝑋𝑌maps-tosuperscriptΞ𝛽𝑋𝐹𝑋𝑌subscript𝑋𝑌𝐺𝑋𝑌subscript𝑌\beta=(F(X,Y),G(X,Y))\quad\mapsto\quad\Xi^{\beta}=[X,F(X,Y)]\cdot\partial_{X}+[Y,G(X,Y)]\cdot\partial_{Y}

soit un morphisme lorsqu’on munit les champs de vecteurs sur 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} du crochet standard.

Explicitement on a pour β,γ𝒞(𝔤×𝔤,𝔤×𝔤)𝛽𝛾superscript𝒞𝔤𝔤𝔤𝔤\beta,\gamma\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathfrak{g}\times\mathfrak{g},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}) en utilisant la dérivée de Lie L(β)𝐿𝛽L(\beta) du champ de vecteurs sur 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}171717La dérivée de Lie est pour l’action adjointe de 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} sur les fonctions. ,

[β,γ]Lie=L(β)γL(γ)β+[β,γ]𝔤×𝔤.subscript𝛽𝛾𝐿𝑖𝑒𝐿𝛽𝛾𝐿𝛾𝛽subscript𝛽𝛾𝔤𝔤[\beta,\gamma]_{Lie}=L(\beta)\gamma-L(\gamma)\beta+[\beta,\gamma]_{\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}}.

3.2 Reformulation de la conjecture

Dans leur article Alekseev et Meinrenken utilisent une reformulation plus géométrique de la conjecture de Kashiwara–Vergne.

Pour cela il est commode d’utiliser la base de 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} et les dérivées de Lie de l’action adjointe de 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}. On notera (ei^)i=1,,2nsubscript^subscript𝑒𝑖𝑖1.2𝑛(\hat{e_{i}})_{i=1,\ldots,2n} une base de 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} (on prend deux copies de la base eisubscript𝑒𝑖e_{i}) et L(ei^)𝐿^subscript𝑒𝑖L(\hat{e_{i}}) la dérivée de Lie de l’action de 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} sur 𝒟comp(𝒪×𝒪).subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪𝒪\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O}).

3.2.1 Deux reformulations équivalentes de la conjecture de Kashiwara–Vergne

Soit β𝒞(𝒪×𝒪,𝔤×𝔤)𝛽superscript𝒞𝒪𝒪𝔤𝔤\beta\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathcal{O}\times\mathcal{O},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}), tel que β(0,0)=0𝛽0.00\beta(0,0)=0. On suppose que β𝛽\beta est un couple vérifiant la conjecture de Kashiwara–Vergne. Utilisons la base ci-dessus et écrivons

β=(F(X,Y),G(X,Y))=1i2nβiei^𝛽𝐹𝑋𝑌𝐺𝑋𝑌subscript1𝑖2𝑛superscript𝛽𝑖^subscript𝑒𝑖\beta=(F(X,Y),G(X,Y))=\sum_{1\leq i\leq 2n}\beta^{i}\hat{e_{i}}

et βt=1tβ(tX,tY)=(Ft(X,Y),Gt(X,Y))=1i2nβtiei^subscript𝛽𝑡1𝑡𝛽𝑡𝑋𝑡𝑌subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌subscript1𝑖2𝑛subscriptsuperscript𝛽𝑖𝑡^subscript𝑒𝑖\beta_{t}=\frac{1}{t}\beta(tX,tY)=(F_{t}(X,Y),G_{t}(X,Y))=\sum\limits_{1\leq i\leq 2n}\beta^{i}_{t}\hat{e_{i}}.

Première reformulation: Les équations (7) et (8) sont équivalentes aux équations (10) et (19) ( cf. § 5.3 et la remarque 2.3.3 ) que l’on peut écrire de manière plus condensée en utilisant les dérivées de Lie sur les fonctions :

tZt=(1i2nβtiL(ei^))Ztsubscript𝑡subscript𝑍𝑡subscript1𝑖2𝑛superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖𝐿^subscript𝑒𝑖subscript𝑍𝑡\partial_{t}Z_{t}=\left(\sum_{1\leq i\leq 2n}\beta_{t}^{i}L(\hat{e_{i}})\right)Z_{t} (21)

et

tDt=1i2nL(ei^)(βtiDt)=(1i2nL(ei^)βti)Dt.subscript𝑡subscript𝐷𝑡subscript1𝑖2𝑛𝐿^subscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖subscript𝐷𝑡subscript1𝑖2𝑛𝐿^subscript𝑒𝑖superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖subscript𝐷𝑡\partial_{t}D_{t}=\sum_{1\leq i\leq 2n}L(\hat{e_{i}})(\beta_{t}^{i}D_{t})=\left(\sum_{1\leq i\leq 2n}L(\hat{e_{i}})\circ\beta_{t}^{i}\right)D_{t}. (22)

Deuxième reformulation: L’idée astucieuse de [AM06] est de constater que ces équations peuvent se condenser en une seule. La preuve est élémentaire et consiste à vérifier l’assertion sur les distributions de dirac δp,qsubscript𝛿𝑝𝑞\delta_{p,q} au point (p,q)𝔤×𝔤𝑝𝑞𝔤𝔤(p,q)\in\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}.

Proposition 1.

Les équations (7) et (8) sont équivalentes à l’équation suivante où la dérivée de Lie porte sur les distributions

tmt=mt(1i2nβtiL(ei^)).subscript𝑡subscript𝑚𝑡subscript𝑚𝑡subscript1𝑖2𝑛superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖𝐿^subscript𝑒𝑖\partial_{t}m_{t}=-m_{t}\circ\left(\sum_{1\leq i\leq 2n}\beta_{t}^{i}L(\hat{e_{i}})\right). (23)

Notation : On notera V(β)𝑉𝛽V(\beta) l’opérateur agissant sur les distributions 1i2nβtiL(ei^)subscript1𝑖2𝑛superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖𝐿^subscript𝑒𝑖\sum\limits_{1\leq i\leq 2n}\beta_{t}^{i}L(\hat{e_{i}}).

La conjecture de Kashiwara–Vergne s’écrit donc plus simplement

tmt=mtV(βt).subscript𝑡subscript𝑚𝑡subscript𝑚𝑡𝑉subscript𝛽𝑡\partial_{t}m_{t}=-m_{t}\circ V(\beta_{t}).
{rema}

Comme on le constate ce n’est pas la dérivée de Lie L(βt)𝐿subscript𝛽𝑡L(\beta_{t}) sur les distributions qui intervient mais l’opérateur sur les distributions V(βt)=1i2nβtiL(ei^)𝑉subscript𝛽𝑡subscript1𝑖2𝑛superscriptsubscript𝛽𝑡𝑖𝐿^subscript𝑒𝑖V(\beta_{t})=\sum_{1\leq i\leq 2n}\beta_{t}^{i}L(\hat{e_{i}}). Toutefois on vérifie (cf. [AM06]) que l’on a la relation importante suivante pour β,γ𝒞(𝒪×𝒪,𝔤×𝔤)𝛽𝛾superscript𝒞𝒪𝒪𝔤𝔤\beta,\gamma\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathcal{O}\times\mathcal{O},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}),

V([β,γ]Lie)=[V(β),V(γ)],𝑉subscript𝛽𝛾𝐿𝑖𝑒𝑉𝛽𝑉𝛾V([\beta,\gamma]_{Lie})=[V(\beta),V(\gamma)],

c’est à dire V𝑉V est un homomorphisme de Lie.

3.3 Equation de courbure nulle

Dans [To] on définit, grace à la quantification de Kontsevich (cf. Appendice A § 4.3), une déformation Zu(X,Y)subscript𝑍𝑢𝑋𝑌Z_{u}(X,Y) (resp. Du(X,Y)subscript𝐷𝑢𝑋𝑌D_{u}(X,Y)) de la série de Campbell-Hausdorff (resp. de la fonction de densité).

On écrit maintenant ces équations de déformation en termes analogues à la proposition 1. D’après § 4.3 théorème 4.3, il existe une fonction γu𝒞(𝒪×𝒪,𝔤×𝔤)subscript𝛾𝑢superscript𝒞𝒪𝒪𝔤𝔤\gamma_{u}\in\mathcal{C}^{\infty}(\mathcal{O}\times\mathcal{O},\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}) analytique en u[0,1]𝑢delimited-[]0.1u\in[0,1], vérifiant γu(0,0)=(0,0)subscript𝛾𝑢0.00.0\gamma_{u}(0,0)=(0,0) et donnée par des séries de Lie universelles convergentes et il existe une déformation mu^^subscript𝑚𝑢\widehat{m_{u}} (définie comme en (20) avec Zusubscript𝑍𝑢Z_{u} et Dusubscript𝐷𝑢D_{u} ) du produit sur les distributions telles que l’on ait

umu^=mu^V(γu).subscript𝑢^subscript𝑚𝑢^subscript𝑚𝑢𝑉subscript𝛾𝑢\partial_{u}\widehat{m_{u}}=-\widehat{m_{u}}\circ V(\gamma_{u}).

Pour u=0𝑢0u=0 on retrouve m0subscript𝑚0m_{0} le produit standard dans 𝔤𝔤\mathfrak{g} et pour u=1𝑢1u=1 on retrouve le produit m𝑚m. Il est important de remarquer que la déformation musubscript𝑚𝑢m_{u} n’est pas un produit associatif, contrairement à mtsubscript𝑚𝑡m_{t}.

En considérant le paramètre de déformation par dilatation t[0,1]𝑡delimited-[]0.1t\in[0,1] on en déduit que l’on a aussi par dilatation

umu,t^=mu,t^V(γu,t)subscript𝑢^subscript𝑚𝑢𝑡^subscript𝑚𝑢𝑡𝑉subscript𝛾𝑢𝑡\partial_{u}\widehat{m_{u,t}}=-\widehat{m_{u,t}}\circ V(\gamma_{u,t}) (24)

avec γu,t(X,Y)=1tγu(tX,tY)subscript𝛾𝑢𝑡𝑋𝑌1𝑡subscript𝛾𝑢𝑡𝑋𝑡𝑌\gamma_{u,t}(X,Y)=\frac{1}{t}\gamma_{u}(tX,tY) et mu,t^^subscript𝑚𝑢𝑡\widehat{m_{u,t}} définie comme en (20) avec 1tZu(tX,tY)1𝑡subscript𝑍𝑢𝑡𝑋𝑡𝑌\frac{1}{t}Z_{u}(tX,tY) et Du(tX,tY)subscript𝐷𝑢𝑡𝑋𝑡𝑌D_{u}(tX,tY). On a mu=0,t^=m0^subscript𝑚𝑢0𝑡subscript𝑚0\widehat{m_{u=0,t}}=m_{0} et mu=1,t^=mt^subscript𝑚𝑢1𝑡subscript𝑚𝑡\widehat{m_{u=1,t}}=m_{t}.

L’idée de Alekseev et Meinrenken est de construire à partir de la solution γusubscript𝛾𝑢\gamma_{u} une solution βtsubscript𝛽𝑡\beta_{t} de la proposition 1. Pour cela il faut résoudre une équation de courbure.

Proposition 2.

Il existe une série de Lie universelle βu,tsubscript𝛽𝑢𝑡\beta_{u,t} à valeurs dans 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} convergente dans un voisinage de (0,0)0.0(0,0), telle que β0,t=(0,0)subscript𝛽0𝑡0.0\beta_{0,t}=(0,0) et vérifiant l’équation

uβu,ttγu,t+[βu,t,γu,t]Lie=0.subscript𝑢subscript𝛽𝑢𝑡subscript𝑡subscript𝛾𝑢𝑡subscriptsubscript𝛽𝑢𝑡subscript𝛾𝑢𝑡𝐿𝑖𝑒0\partial_{u}\beta_{u,t}-\partial_{t}\gamma_{u,t}+[\beta_{u,t},\gamma_{u,t}]_{Lie}=0.

On a βu,t(X,Y)=1tβu,t=1(tX,tY)subscript𝛽𝑢𝑡𝑋𝑌1𝑡subscript𝛽𝑢𝑡1𝑡𝑋𝑡𝑌\beta_{u,t}(X,Y)=\frac{1}{t}\beta_{u,t=1}(tX,tY).

Preuve — C’est une équation différentielle en u𝑢u linéaire avec second membre. Il y a donc unicité et l’assertion sur la dilatation résulte de l’égalité γu,t(X,Y)=1tγu,t=1(tX,tY)subscript𝛾𝑢𝑡𝑋𝑌1𝑡subscript𝛾𝑢𝑡1𝑡𝑋𝑡𝑌\gamma_{u,t}(X,Y)=\frac{1}{t}\gamma_{u,t=1}(tX,tY). On peut résoudre formellement cette équation en utilisant les résolvantes181818On pourrait utiliser aussi les séries de Magnus.. On trouve facilement

βu,t=n00u0u1unudu0dunadγun,tadγu1,ttγu0,t.subscript𝛽𝑢𝑡subscript𝑛0subscript0subscript𝑢0subscript𝑢1subscript𝑢𝑛𝑢differential-dsubscript𝑢0differential-dsubscript𝑢𝑛adsubscript𝛾subscript𝑢𝑛𝑡adsubscript𝛾subscript𝑢1𝑡subscript𝑡subscript𝛾subscript𝑢0𝑡\beta_{u,t}=\sum\limits_{n\geq 0}\int_{0\leq u_{0}\leq u_{1}\leq\ldots\leq u_{n}\leq u}\mathrm{d}u_{0}\ldots\mathrm{d}u_{n}\mathrm{ad}\gamma_{u_{n},t}\ldots\mathrm{ad}\gamma_{u_{1},t}\partial_{t}\gamma_{u_{0},t}.

A partir de cette expression on montre la convergence et d’après la définition du crochet [,]Lie[\quad,\quad]_{Lie} § 3.1.5 il est clair que l’on ne manipule que des séries de Lie.

{rema}

Une autre façon de voir l’équation de courbure est la suivante. On résout formellement dans le groupe de Lie associé à la structure de Lie [,]Lie[\quad,\quad]_{Lie}, l’équation ug(u,t)=g(u,t)γu,tsubscript𝑢𝑔𝑢𝑡𝑔𝑢𝑡subscript𝛾𝑢𝑡\partial_{u}g(u,t)=-g(u,t)\gamma_{u,t} avec condition initiale g(0,t)=1𝑔0𝑡1g(0,t)=1. On a alors facilement

βu,t=g(u,t)1tg(u,t).subscript𝛽𝑢𝑡𝑔superscript𝑢𝑡1subscript𝑡𝑔𝑢𝑡\beta_{u,t}=-g(u,t)^{-1}\partial_{t}g(u,t).

3.4 Solution d’Alekseev et Meinrenken à la conjecture de Kashiwara–Vergne

On conclut maintenant par le théorème suivant qui résout la conjecture de Kashiwara–Vergne. {theo}[[AM06]] La série de Lie universelle βu=1,t=(Ft(X,Y),Gt(X,Y))subscript𝛽𝑢1𝑡subscript𝐹𝑡𝑋𝑌subscript𝐺𝑡𝑋𝑌\beta_{u=1,t}=(F_{t}(X,Y),G_{t}(X,Y)) résout la conjecture de Kashiwara–Vergne.

Preuve — Le formalisme de la remarque précédente est très pratique pour comprendre la preuve. Le point clef est que l’on a la formule suivante,

mu,t^=m0V(g(u,t)).^subscript𝑚𝑢𝑡subscript𝑚0𝑉𝑔𝑢𝑡\widehat{m_{u,t}}=m_{0}\circ V(g(u,t)).

En effet les deux membres coincident pour u=0𝑢0u=0 et vérifient la même équation différentielle (24). On a en effet

u(m0V(g(u,t)))=m0V(ug(u,t))=m0V(g(u,t)γu,t)=(m0V(g(u,t)))V(γu,t)subscript𝑢subscript𝑚0𝑉𝑔𝑢𝑡subscript𝑚0𝑉subscript𝑢𝑔𝑢𝑡subscript𝑚0𝑉𝑔𝑢𝑡subscript𝛾𝑢𝑡subscript𝑚0𝑉𝑔𝑢𝑡𝑉subscript𝛾𝑢𝑡\partial_{u}\left(m_{0}\circ V(g(u,t))\right)=m_{0}\circ V(\partial_{u}g(u,t))=\\ -m_{0}\circ V(g(u,t)\gamma_{u,t})=-\left(m_{0}\circ V(g(u,t))\right)\circ V(\gamma_{u,t}) (25)

car V𝑉V est un homomorphisme d’algèbres de Lie pour [,]Lie[\quad,\quad]_{Lie}.

Comme on a βu,t=g(u,t)1tg(u,t)subscript𝛽𝑢𝑡𝑔superscript𝑢𝑡1subscript𝑡𝑔𝑢𝑡\beta_{u,t}=-g(u,t)^{-1}\partial_{t}g(u,t), on en déduit

tmu,t^=mu,t^V(βu,t).subscript𝑡^subscript𝑚𝑢𝑡^subscript𝑚𝑢𝑡𝑉subscript𝛽𝑢𝑡\partial_{t}\widehat{m_{u,t}}=-\widehat{m_{u,t}}\circ V(\beta_{u,t}).

Or on a mu=1,t^=mt^subscript𝑚𝑢1𝑡subscript𝑚𝑡\widehat{m_{u=1,t}}=m_{t} il vient donc l’équation tmt=mtV(βt)subscript𝑡subscript𝑚𝑡subscript𝑚𝑡𝑉subscript𝛽𝑡\partial_{t}m_{t}=-m_{t}\circ V(\beta_{t}) avec βt=βu=1,tsubscript𝛽𝑡subscript𝛽𝑢1𝑡\beta_{t}=\beta_{u=1,t}. Ceci résout la conjecture de Kashiwara–Vergne d’après la reformulation de la proposition 1.

3.5 Prolongement de l’isomorphisme de Duflo en cohomologie

Considérons le morphisme d’algèbres de Lie, ψ:𝔤𝔤×𝔤:𝜓𝔤𝔤𝔤\psi:\mathfrak{g}\rightarrow\mathfrak{g}\times\mathfrak{g} donné par l’injection diagonale. L’application duale ψsuperscript𝜓\psi^{*} s’étend aux algèbres extérieures;

ψ:(𝔤𝔤)=𝔤𝔤𝔤.:superscript𝜓direct-sumsuperscript𝔤superscript𝔤tensor-productsuperscript𝔤superscript𝔤superscript𝔤\psi^{*}:\bigwedge(\mathfrak{g}^{*}\oplus\mathfrak{g}^{*})=\bigwedge\mathfrak{g}^{*}\otimes\bigwedge\mathfrak{g}^{*}\longrightarrow\bigwedge\mathfrak{g}^{*}.

C’est le produit dans l’algèbre extérieure 𝔤superscript𝔤\bigwedge\mathfrak{g}^{*}.

Si \mathcal{M} est un 𝔤𝔤\mathfrak{g}-module, on notera dsubscript𝑑d_{\mathcal{M}} la différentielle de Chevalley-Eilenberg sur 𝔤tensor-productsuperscript𝔤\mathcal{M}\otimes\bigwedge\mathfrak{g}^{*} et C(𝔤,)𝐶𝔤C(\mathfrak{g},\mathcal{M}) le complexe des cochaînes. Comme d’habitude on notera par H(𝔤,)𝐻𝔤H(\mathfrak{g},\mathcal{M}) l’algèbre de cohomologie.

Considérons 𝒟comp(𝒪×𝒪)subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪𝒪\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O}) comme un 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}-module et 𝒟comp(𝒪)subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}) comme un 𝔤𝔤\mathfrak{g}-module. Notons Mt=mtψsubscript𝑀𝑡tensor-productsubscript𝑚𝑡superscript𝜓M_{t}=m_{t}\otimes\psi^{*}. C’est une application de complexes de C(𝔤×𝔤,𝒟comp(𝒪×𝒪))𝐶𝔤𝔤subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪𝒪C\left(\mathfrak{g}\times\mathfrak{g},\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O})\right) dans C(𝔤,𝒟comp(𝒪))𝐶𝔤subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪C\left(\mathfrak{g},\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O})\right). On a

tMt=tmtψ.subscript𝑡subscript𝑀𝑡subscript𝑡tensor-productsubscript𝑚𝑡superscript𝜓\partial_{t}M_{t}=\partial_{t}m_{t}\otimes\psi^{*}.

Dans [AM06] on montre que V(β)ψtensor-product𝑉𝛽superscript𝜓V(\beta)\otimes\psi^{*}, qui est une application de complexes de C(𝔤×𝔤,𝒟comp(𝒪×𝒪))𝐶𝔤𝔤subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪𝒪C\left(\mathfrak{g}\times\mathfrak{g},\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O})\right) dans C(𝔤,𝒟comp(𝒪×𝒪))𝐶𝔤subscriptsuperscript𝒟𝑐𝑜𝑚𝑝𝒪𝒪C\left(\mathfrak{g},\mathcal{D}^{\prime}_{comp}(\mathcal{O}\times\mathcal{O})\right), est homotopiquement triviale. Plus précisément on a191919Ici intervient le fait que β𝛽\beta est une application 𝔤𝔤\mathfrak{g}-équivariante.

V(β)ψ=(1ψ)[d,ι(β)]tensor-product𝑉𝛽superscript𝜓tensor-product1superscript𝜓𝑑𝜄𝛽V(\beta)\otimes\psi^{*}=(1\otimes\psi^{*})\circ[d,\iota(\beta)]

avec ι(β)=1i2nβiι(ei^)𝜄𝛽subscript1𝑖2𝑛subscript𝛽𝑖𝜄^subscript𝑒𝑖\iota(\beta)=\sum\limits_{1\leq i\leq 2n}\beta_{i}\iota(\hat{e_{i}}) et ι(ei^)𝜄^subscript𝑒𝑖\iota(\hat{e_{i}}) la dérivation de l’algèbre extérieure (𝔤𝔤)direct-sumsuperscript𝔤superscript𝔤\bigwedge(\mathfrak{g}^{*}\oplus\mathfrak{g}^{*}) donnée par la contraction. Comme on a tmt=mtV(βt)subscript𝑡subscript𝑚𝑡subscript𝑚𝑡𝑉subscript𝛽𝑡\partial_{t}m_{t}=-m_{t}\circ V(\beta_{t}) il vient alors

tMt=(mtV(βt))ψ=(mt1)(1ψ)[d,ι(βt)]=Mt[d,ι(βt)].subscript𝑡subscript𝑀𝑡tensor-productsubscript𝑚𝑡𝑉subscript𝛽𝑡superscript𝜓tensor-productsubscript𝑚𝑡1tensor-product1superscript𝜓𝑑𝜄subscript𝛽𝑡subscript𝑀𝑡𝑑𝜄subscript𝛽𝑡\partial_{t}M_{t}=-(m_{t}\circ V(\beta_{t}))\otimes\psi^{*}=-(m_{t}\otimes 1)\circ(1\otimes\psi^{*})\circ[d,\iota(\beta_{t})]=-M_{t}\circ[d,\iota(\beta_{t})].

L’égalité

tMt=Mt[d,ι(βt)]subscript𝑡subscript𝑀𝑡subscript𝑀𝑡𝑑𝜄subscript𝛽𝑡\partial_{t}M_{t}=-M_{t}\circ[d,\iota(\beta_{t})]

peut se comprendre comme une troisième reformulation de la conjecture de Kashiwara–Vergne dans le complexe des cochaînes.

Cette égalité montre que l’application de Duflo se prolonge en un morphisme d’algèbres de H(𝔤,S[𝔤])𝐻𝔤𝑆delimited-[]𝔤H(\mathfrak{g},S[\mathfrak{g}]) dans H(𝔤,U(𝔤))𝐻𝔤𝑈𝔤H(\mathfrak{g},U(\mathfrak{g})), précisant ainsi l’isomorphisme démontré dans [Ko]. On retrouve le résultat de [PT].

4 Appendice A

La formule de Kontsevich pour la quantification formelle des variétés de Poisson, montre que l’on peut donner une expression pour la série de Campbell-Hausdorff en utilisant tous les crochets possibles à la différence de la formule de Dynkin (cf. § 5.1).

4.1 Quantification de Kontsevich

Dans cette section, afin de faciliter la compréhension de la déformation utilisée dans [AM06], on va rappeler brièvement la construction de Kontsevich pour la quantification formelle des variétés de Poisson dans le cas du dual des algèbres de Lie.

4.1.1 Variétés de configurations

On note Cn,msubscript𝐶𝑛𝑚C_{n,m} l’espace des configurations de n𝑛n points distincts dans le demi-plan de Poincaré (points de première espèce ou points aériens ) et m𝑚m points distincts sur la droite réelle (ce sont les points de seconde espèce ou points terrestres ), modulo l’action du groupe az+b𝑎𝑧𝑏az+b (pour a𝐑+,b𝐑formulae-sequence𝑎superscript𝐑absent𝑏𝐑a\in\mathbf{R}^{+*},b\in\mathbf{R}). Dans son article [Ko] Kontsevich construit des compactifications de ces variétés notées C¯n,msubscript¯𝐶𝑛𝑚\overline{C}_{n,m}. Ce sont des variétés à coins de dimension 2n2+m2𝑛2𝑚2n-2+m. Ces variétés ne sont pas connexes pour m2𝑚2m\geq 2. On notera par C¯n,2+subscriptsuperscript¯𝐶𝑛.2\overline{C}^{+}_{n,2} la composante qui contient les configurations où les points terrestres sont ordonnés dans l’ordre croissant (ie. on a 1¯<2¯<<m¯¯1¯2¯𝑚\overline{1}<\overline{2}<\cdots<\overline{m}).

Refer to caption
Figure 1: La variété C¯2,0subscript¯𝐶2.0\overline{C}_{2,0}.

4.1.2 Graphes et graphes géométriques

On note par Gn,2subscript𝐺𝑛.2G_{n,2} l’ensemble des graphes étiquetés202020Par graphe étiqueté on entend un graphe ΓΓ\Gamma muni d’un ordre total sur l’ensemble EΓsubscript𝐸ΓE_{\Gamma} de ses arêtes, compatible avec l’ordre des sommets. et orientés (les arêtes sont orientées) ayant n𝑛n sommets de première espèce numérotés 1,2,,n1.2𝑛1,2,\cdots,n et deux sommets de deuxième espèce 1¯,2¯¯1¯2\overline{1},\overline{2}, tels que :

i- Les arêtes partent des sommets de première espèce. De chaque sommet de première espèce partent exactement deux arêtes.

ii- Le but d’une arête est différent de sa source (il n’y a pas de boucle).

iii- Il n’y a pas d’arête multiple.

Dans le cas linéaire qui nous intéresse, les graphes qui interviennent de manière non triviale (on dira essentiels), sont tels que les sommets de première espèce ne peuvent recevoir qu’au plus une arête. Il en résulte que tout graphe essentiel est superposition de graphes simples de type Lie (graphe ayant une seule racine comme dans Fig. 2 ) ou de type roue (cf. Fig. 3 pour un exemple).

Refer to caption
Figure 2: Graphe simple de type Lie et de symbole Γ(X,Y)=[[X,[X,Y]],Y]Γ𝑋𝑌𝑋𝑋𝑌𝑌\Gamma(X,Y)=[[X,[X,Y]],Y].
Refer to caption
Figure 3: Graphe de type roue et de symbole Γ(X,Y)=tr𝔤(adXad[X,Y]adYadY).Γ𝑋𝑌subscripttr𝔤ad𝑋ad𝑋𝑌ad𝑌ad𝑌\Gamma(X,Y)=\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}(\mathrm{ad}X\mathrm{ad}[X,Y]\mathrm{ad}Y\mathrm{ad}Y).

Les graphes simples essentiels de type Lie n’ont pas de symétries. Par conséquent les graphes de Gn,2subscript𝐺𝑛.2G_{n,2} étiquetés associés à un graphe géométrique de type Lie (graphe orienté associé pour lequel on oublie l’étiquetage) sont au nombre de n!2n𝑛superscript2𝑛n!2^{n}.

Les graphes simples de type roue peuvent admettre des symétries. On notera mΓsubscript𝑚Γm_{\Gamma} le cardinal du groupe de symétries de ΓΓ\Gamma.

4.1.3 Fonction d’angle et coefficients

Soient deux points distincts (p,q)𝑝𝑞(p,q) dans le demi-plan de Poincaré muni de la métrique de Lobachevsky. On note

ϕh(p,q)=Arg(qpqp¯)subscriptitalic-ϕ𝑝𝑞𝐴𝑟𝑔𝑞𝑝𝑞¯𝑝\phi_{h}(p,q)=Arg\left(\frac{q-p}{q-\overline{p}}\right) (26)

la fonction d’angle de C2,0subscript𝐶2.0C_{2,0} dans 𝕊1superscript𝕊1\mathbb{S}^{1}. Cette fonction d’angle s’étend en une fonction régulière à la compactification C¯2,0subscript¯𝐶2.0\overline{C}_{2,0}.

Si ΓΓ\Gamma est un graphe dans Gn,2subscript𝐺𝑛.2G_{n,2}, alors toute arête e𝑒e définit par restriction une fonction d’angle notée ϕesubscriptitalic-ϕ𝑒\phi_{e} sur la variété C¯n,2+subscriptsuperscript¯𝐶𝑛.2\overline{C}^{+}_{n,2}. On note EΓsubscript𝐸ΓE_{\Gamma} l’ensemble des arêtes du graphe ΓΓ\Gamma. Le produit ordonné

ΩΓ=eEΓdϕesubscriptΩΓsubscript𝑒subscript𝐸Γdsubscriptitalic-ϕ𝑒\Omega_{\Gamma}=\bigwedge_{e\in E_{\Gamma}}\mathrm{d}\phi_{e} (27)

est donc une 2n2𝑛2n-forme sur C¯n,2+subscriptsuperscript¯𝐶𝑛.2\overline{C}^{+}_{n,2} variété compacte de dimension 2n2𝑛2n. {defi} Le poids associé à un graphe ΓΓ\Gamma est par définition

wΓ=1(2π)2nC¯n,2+ΩΓ.subscript𝑤Γ1superscript2𝜋2𝑛subscriptsubscriptsuperscript¯𝐶𝑛.2subscriptΩΓw_{\Gamma}=\frac{1}{(2\pi)^{2n}}\int_{\overline{C}^{+}_{n,2}}\Omega_{\Gamma}. (28)

4.2 Nouvelle formule de Campbell-Hausdorff

Si ΓΓ\Gamma est un graphe simple de type Lie, on notera Γ(X,Y)Γ𝑋𝑌\Gamma(X,Y) le mot dans l’algèbre de Lie libre associée (cf. Fig. 2 pour un exemple). Plus généralement si ΓΓ\Gamma est simple de type roue alors Γ(X,Y)Γ𝑋𝑌\Gamma(X,Y) sera une fonction de trace (cf. Fig. 3 pour un exemple).

{theo}

[[Ka], [AST]] La série de Campbell-Hausdorff peut s’écrire en termes de graphes sous la forme d’une série convergente au voisinage de (0,0)0.0(0,0)

Z(X,Y)=X+Y+n1Γsimplege´ome´triquedetypeLie(n,2)wΓΓ(X,Y).𝑍𝑋𝑌𝑋𝑌subscript𝑛1subscriptΓsimpleg´eom´etriquedetypeLie𝑛.2subscript𝑤ΓΓ𝑋𝑌Z(X,Y)=X+Y+\sum\limits_{n\geq 1}\sum\limits_{\begin{subarray}{c}\Gamma\;\mathrm{simple}\\ \mathrm{g\acute{e}om\acute{e}trique}\\ \mathrm{de\;type\;Lie}\;(n,2)\end{subarray}}w_{\Gamma}\Gamma(X,Y). (29)

La fonction de densité s’écrit alors comme série convergente au voisinage de (0,0)0.0(0,0)

D(X,Y)=exp(n1Γsimplege´ome´triquedetypeRoue(n,2)wΓmΓΓ(X,Y)).𝐷𝑋𝑌subscript𝑛1subscriptΓsimpleg´eom´etriquedetypeRouen.2subscript𝑤Γsubscript𝑚ΓΓ𝑋𝑌D(X,Y)=\exp\Big{(}\sum\limits_{n\geq 1}\sum\limits_{\begin{subarray}{c}\Gamma\;\mathrm{simple}\\ \mathrm{g\acute{e}om\acute{e}trique}\\ \mathrm{de\;type\;Roue\;(n,2)}\end{subarray}}\frac{w_{\Gamma}}{m_{\Gamma}}\Gamma(X,Y)\Big{)}. (30)

4.3 Déformation de Kontsevich

On construit une déformation 222-dimensionnelle de la série de Campbell-Hausdorff en déformant les coefficients via un paramètre ξC¯2,0𝜉subscript¯𝐶2.0\xi\in\overline{C}_{2,0}. Pour ΓGn,2Γsubscript𝐺𝑛.2\Gamma\in G_{n,2} notons C¯ξsubscript¯𝐶𝜉\overline{C}_{\xi} la pré-image de ξ𝜉\xi dans l’espace de configurations C¯n+2,0subscript¯𝐶𝑛2.0\overline{C}_{n+2,0} et

wΓ(ξ)=1(2π)2nC¯ξΩΓ.subscript𝑤Γ𝜉1superscript2𝜋2𝑛subscriptsubscript¯𝐶𝜉subscriptΩΓw_{\Gamma}(\xi)=\frac{1}{(2\pi)^{2n}}\int_{\overline{C}_{\xi}}\Omega_{\Gamma}.

On définit les déformations Zξ(X,Y)subscript𝑍𝜉𝑋𝑌Z_{\xi}(X,Y) et Dξ(X,Y)subscript𝐷𝜉𝑋𝑌D_{\xi}(X,Y) en remplaçant dans les formules du théorème 4.2 le coefficient wΓsubscript𝑤Γw_{\Gamma} par sa déformation wΓ(ξ)subscript𝑤Γ𝜉w_{\Gamma}(\xi). Ces déformations sont régulières et admettent comme conditions aux limites pour ξ=(0,1)𝜉0.1\xi=(0,1)212121Cette position sur l’axe réel correspond à un coin de C¯2,0subscript¯𝐶2.0\overline{C}_{2,0}.

Z(0,1)(X,Y)=Z(X,Y)etD(0,1)(X,Y)=D(X,Y),formulae-sequencesubscript𝑍0.1𝑋𝑌𝑍𝑋𝑌etsubscript𝐷0.1𝑋𝑌𝐷𝑋𝑌Z_{(0,1)}(X,Y)=Z(X,Y)\quad\mathrm{et}\quad D_{(0,1)}(X,Y)=D(X,Y),

et pour ξ=α𝜉𝛼\xi=\alpha une position sur l’iris222222Cela correspond à une concentration des deux points selon un angle α𝛼\alpha. (cf. Fig 1)

Zα(X,Y)=X+YetDα(X,Y)=1.formulae-sequencesubscript𝑍𝛼𝑋𝑌𝑋𝑌etsubscript𝐷𝛼𝑋𝑌1Z_{\alpha}(X,Y)=X+Y\quad\mathrm{et}\quad D_{\alpha}(X,Y)=1.

Cette déformation est contrôlée par des équations différentielles provenant de l’action tangente du groupe G𝐺G c’est à dire les champs adjoints qui interviennent dans le conjecture de Kashiwara–Vergne. Ce contrôle provient essentiellement de la formule de Stokes comme utilisée dans [Ko]. {theo}[[To]] Il existe des séries de Lie universelles Fξ(X,Y)subscript𝐹𝜉𝑋𝑌F_{\xi}(X,Y) et Gξ(X,Y)subscript𝐺𝜉𝑋𝑌G_{\xi}(X,Y) explicites construites en termes de diagrammes, convergentes dans un voisinage de (0,0)0.0(0,0) et qui sont des 111-formes régulières sur C¯2,0subscript¯𝐶2.0\overline{C}_{2,0} telles que l’on ait :

dξZξ(X,Y)=[X,Fξ(X,Y)]XZξ(X,Y)+[Y,Gξ(X,Y)]YZξ(X,Y)subscriptd𝜉subscript𝑍𝜉𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝜉𝑋𝑌subscript𝑋subscript𝑍𝜉𝑋𝑌𝑌subscript𝐺𝜉𝑋𝑌subscript𝑌subscript𝑍𝜉𝑋𝑌\mathrm{d}_{\xi}Z_{\xi}(X,Y)=[X,F_{\xi}(X,Y)]\cdot\partial_{X}Z_{\xi}(X,Y)+[Y,G_{\xi}(X,Y)]\cdot\partial_{Y}Z_{\xi}(X,Y) (31)

et

dξDξ(X,Y)=([X,Fξ(X,Y)]X+[Y,Gξ(X,Y)]Y)Dξ(X,Y)+(tr𝔤(XFξ(X,Y)adX+YGξ(X,Y)adY))Dξ(X,Y).subscriptd𝜉subscript𝐷𝜉𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝜉𝑋𝑌subscript𝑋𝑌subscript𝐺𝜉𝑋𝑌subscript𝑌subscript𝐷𝜉𝑋𝑌subscripttr𝔤subscript𝑋subscript𝐹𝜉𝑋𝑌ad𝑋subscript𝑌subscript𝐺𝜉𝑋𝑌ad𝑌subscript𝐷𝜉𝑋𝑌\mathrm{d}_{\xi}D_{\xi}(X,Y)=\Big{(}[X,F_{\xi}(X,Y)]\cdot\partial_{X}+[Y,G_{\xi}(X,Y)]\cdot\partial_{Y}\Big{)}D_{\xi}(X,Y)+\\ \Big{(}\mathrm{tr}_{\mathfrak{g}}\big{(}\partial_{X}F_{\xi}(X,Y)\circ\mathrm{ad}X+\partial_{Y}G_{\xi}(X,Y)\circ\mathrm{ad}Y\big{)}\Big{)}D_{\xi}(X,Y). (32)
{rema}

Pour ξ𝜉\xi générique la déformation Zξsubscript𝑍𝜉Z_{\xi} ne définit pas une loi associative. Par exemple, la déformation le long de la paupière de C¯2,0subscript¯𝐶2.0\overline{C}_{2,0} fait intervenir des polynômes de Bernoulli (cf. [To]).

{rema}

On peut montrer [AT] que la connexion γξ:=(Fξ,Gξ)assignsubscript𝛾𝜉subscript𝐹𝜉subscript𝐺𝜉\gamma_{\xi}:=(F_{\xi},G_{\xi}) est plate, c’est à dire que l’on a dξγξ+12[γξ,γξ]Lie=0,subscriptd𝜉subscript𝛾𝜉12subscriptsubscript𝛾𝜉subscript𝛾𝜉𝐿𝑖𝑒0\mathrm{d}_{\xi}\gamma_{\xi}+\frac{1}{2}[\gamma_{\xi},\gamma_{\xi}]_{Lie}=0, pour le crochet défini §3.1.5.

{rema}

Grâce à la quantification de Kontsevich on construit les déformations vérifiant les équations (10) et (19). En suivant un chemin comme dans Fig. 4 de l’iris jusqu’au coin, on définit donc des déformations Zu(X,Y),Du(X,Y)subscript𝑍𝑢𝑋𝑌subscript𝐷𝑢𝑋𝑌Z_{u}(X,Y),D_{u}(X,Y) pour u[0,1]𝑢delimited-[]0.1u\in[0,1] et une fonction γu=(Fu,Gu)subscript𝛾𝑢subscript𝐹𝑢subscript𝐺𝑢\gamma_{u}=(F_{u},G_{u}) définie dans un voisinage de (0,0)0.0(0,0) à valeurs dans 𝔤×𝔤𝔤𝔤\mathfrak{g}\times\mathfrak{g}.

{rema}

On peut étendre toutes ces constructions au cas de la série de Campbell-Hausdorff avec n𝑛n arguments Z(X1,X2,,Xn)𝑍subscript𝑋1subscript𝑋2subscript𝑋𝑛Z(X_{1},X_{2},\ldots,X_{n}) en considérant un paramètre de déformation dans C¯n,0subscript¯𝐶𝑛.0\overline{C}_{n,0}. On a encore un contrôle par des équations différentielles comme dans le théorème 4.3. La méthode de Alekseev-Meinrenken s’étend sans problème et résout le problème de Kashiwara–Vergne avec n𝑛n arguments posé dans [B].

Refer to caption
Figure 4: Chemin de l’iris jusqu’au coin

5 Appendice B

On regroupe dans cet appendice quelques résultats complémentaires sur la formule de Dynkin et on précise certains calculs utiles pour la compréhension de ce texte.

5.1 La formule de Dynkin

Il existe de nombreuses façons d’écrire la série de Campbell-Hausdorff. On peut notamment écrire les développements que l’on obtient en calculant la dérivée de l’application exponentielle puis en intégrant à nouveau. Nous allons ici rappeler une autre formule due à Dynkin.

Pour simplifier, on note comme ci-dessous les crochets successifs normalisés :

[X1,,Xn]=1n[X1,[X2,,[Xn1,Xn]]]subscriptsubscript𝑋1subscript𝑋𝑛1𝑛subscript𝑋1subscript𝑋2subscript𝑋𝑛1subscript𝑋𝑛[X_{1},\ldots,X_{n}]_{*}=\frac{1}{n}[X_{1},[X_{2},\ldots,[X_{n-1},X_{n}]]\ldots]

et

[X1r1,,Xnrn]=[X1,,X1r1,,XnXnrn]subscriptsuperscriptsubscript𝑋1subscript𝑟1superscriptsubscript𝑋𝑛subscript𝑟𝑛subscriptsubscript𝑟1subscript𝑋1subscript𝑋1subscript𝑟𝑛subscript𝑋𝑛subscript𝑋𝑛[X_{1}^{r_{1}},\ldots,X_{n}^{r_{n}}]_{*}=[\underset{r_{1}}{\underbrace{X_{1},\ldots,X_{1}}},\ldots,\underset{r_{n}}{\underbrace{X_{n}\ldots X_{n}}}]_{*}

On obtient alors la célèbre formule de Dynkin.

Proposition 3.

On a la formule

Z(X,Y)=X+Y+m2(1)m1mpi+qi>0[Xp1,Yq1,,Xpm,Yqm]p1!q1!pm!qm!.𝑍𝑋𝑌𝑋𝑌subscript𝑚2superscript1𝑚1𝑚subscriptsubscript𝑝𝑖subscript𝑞𝑖0subscriptsuperscript𝑋subscript𝑝1superscript𝑌subscript𝑞1superscript𝑋subscript𝑝𝑚superscript𝑌subscript𝑞𝑚subscript𝑝1subscript𝑞1subscript𝑝𝑚subscript𝑞𝑚Z(X,Y)=X+Y+\sum_{\begin{subarray}{c}m\geq 2\end{subarray}}\frac{(-1)^{m-1}}{m}\sum_{\begin{subarray}{c}p_{i}+q_{i}>0\end{subarray}}\frac{[X^{p_{1}},Y^{q_{1}},\ldots,X^{p_{m}},Y^{q_{m}}]_{*}}{p_{1}!q_{1}!\ldots p_{m}!q_{m}!}. (33)

Rappelons comment on obtient cette formule: notons LX,Ysubscript𝐿𝑋𝑌L_{X,Y} l’algèbre de Lie libre engendrée par X,Y𝑋𝑌X,Y 232323On appellera aussi polynôme de Lie en X,Y𝑋𝑌X,Y ou élément de type Lie, tout élément de LX,Ysubscript𝐿𝑋𝑌L_{X,Y}. et AssX,YsubscriptAss𝑋𝑌\mathrm{Ass}_{X,Y} l’algèbre associative libre engendrée par X,Y𝑋𝑌X,Y. Plaçons nous dans l’algèbre enveloppante U(LX,Y)𝑈subscript𝐿𝑋𝑌U(L_{X,Y}) qui rappelons-le s’identifie à AssX,YsubscriptAss𝑋𝑌\mathrm{Ass}_{X,Y} (cf. [Se]). On calcule formellement

eXeY=p,q0Xpp!Yqq!,superscript𝑒𝑋superscript𝑒𝑌subscript𝑝𝑞0superscript𝑋𝑝𝑝superscript𝑌𝑞𝑞e^{X}e^{Y}=\sum_{\begin{subarray}{c}p,q\geq 0\end{subarray}}\frac{X^{p}}{p!}\frac{Y^{q}}{q!},

puis en utilisant le développement de

lnz=m1(1)m1m(z1)m,𝑧subscript𝑚1superscript1𝑚1𝑚superscript𝑧1𝑚\ln z=\sum_{m\geq 1}\frac{(-1)^{m-1}}{m}(z-1)^{m},

on trouve formellement

Z(X,Y)=m1(1)m1mpi+qi1Xp1Yq1XpmYqmp1!q1!pm!qm!.𝑍𝑋𝑌subscript𝑚1superscript1𝑚1𝑚subscriptsubscript𝑝𝑖subscript𝑞𝑖1superscript𝑋subscript𝑝1superscript𝑌subscript𝑞1superscript𝑋subscript𝑝𝑚superscript𝑌subscript𝑞𝑚subscript𝑝1subscript𝑞1subscript𝑝𝑚subscript𝑞𝑚Z(X,Y)=\sum_{\begin{subarray}{c}m\geq 1\end{subarray}}\frac{(-1)^{m-1}}{m}\sum_{\begin{subarray}{c}p_{i}+q_{i}\geq 1\end{subarray}}\frac{X^{p_{1}}Y^{q_{1}}\ldots X^{p_{m}}Y^{q_{m}}}{p_{1}!q_{1}!\ldots p_{m}!q_{m}!}.

On utilise alors une caractérisation des éléments de l’algèbre de Lie libre dans l’algèbre associative libre due à Dynkin ([Se] §4.4): un élément

a=αcαXα1Xα2Xαn𝑎subscript𝛼subscript𝑐𝛼subscript𝑋subscript𝛼1subscript𝑋subscript𝛼2subscript𝑋subscript𝛼𝑛a=\sum_{\alpha}c_{\alpha}X_{\alpha_{1}}X_{\alpha_{2}}\ldots X_{\alpha_{n}}

d’ordre n𝑛n est dans LX,Ysubscript𝐿𝑋𝑌L_{X,Y} si et seulement si

a=αcα[Xα1,Xα2,,Xαn].𝑎subscript𝛼subscript𝑐𝛼subscriptsubscript𝑋subscript𝛼1subscript𝑋subscript𝛼2subscript𝑋subscript𝛼𝑛a=\sum_{\alpha}c_{\alpha}[X_{\alpha_{1}},X_{\alpha_{2}},\ldots,X_{\alpha_{n}}]_{*}.
{rema}

La formule de Dynkin n’utilise que des crochets itérés.

5.2 La différentielle de l’application exponentielle

A partir de la formule de Dynkin on peut mener un calcul explicite sur les termes à l’ordre 111 en y𝑦y (voir [Po], page 103) ce qui permet de retrouver les nombres de Bernoulli bnsubscript𝑏𝑛b_{n}. Ce calcul n’est pas évident, mais il est faisable. Rappelons que la série de Bernoulli est donnée par

n0bnxnn!=xex1=1x2+x212x4720+x630240.subscript𝑛0subscript𝑏𝑛superscript𝑥𝑛𝑛𝑥superscript𝑒𝑥11𝑥2superscript𝑥212superscript𝑥4720superscript𝑥630240\sum\limits_{n\geq 0}\frac{b_{n}x^{n}}{n!}=\frac{x}{e^{x}-1}=1-\frac{x}{2}+\frac{x^{2}}{12}-\frac{x^{4}}{720}+\frac{x^{6}}{30240}\cdots. (34)

Les bnsubscript𝑏𝑛b_{n} pour n3𝑛3n\geq 3 impair sont nuls.

En calculant la série Z(X,Y)𝑍𝑋𝑌Z(X,Y) à l’ordre 111 en Y𝑌Y, on déduit la formule bien connue suivante:

Z(X,Y)X+Y+12[X,Y]+112[X,[X,Y]]+(modY2)𝑍𝑋𝑌annotated𝑋𝑌12𝑋𝑌112𝑋𝑋𝑌pmodsuperscript𝑌2\displaystyle Z(X,Y)\equiv X+Y+\frac{1}{2}[X,Y]+\frac{1}{12}[X,[X,Y]]+\cdots\pmod{Y^{2}}
X+adX1eadXY(modY2).absentannotated𝑋ad𝑋1superscript𝑒ad𝑋𝑌pmodsuperscript𝑌2\displaystyle\equiv X+\frac{\mathrm{ad}X}{1-e^{-\mathrm{ad}X}}\cdot Y\pmod{Y^{2}}.

On en tire la formule

exp𝔤(X)exp𝔤(1eadXadXY)exp𝔤(X+Y+modY2),subscript𝔤𝑋subscript𝔤1superscript𝑒ad𝑋ad𝑋𝑌subscript𝔤modulo𝑋limit-from𝑌superscript𝑌2\displaystyle\exp_{\mathfrak{g}}(X)\exp_{\mathfrak{g}}\left(\frac{1-e^{-\mathrm{ad}X}}{\mathrm{ad}X}\cdot Y\right)\equiv\exp_{\mathfrak{g}}(\,X+\,Y+\mod{Y^{2}}),

et on conclut que la différentielle de l’application exponentielle s’identifie à l’endomorphisme

Y1eadXadXY,maps-to𝑌1superscript𝑒ad𝑋ad𝑋𝑌Y\mapsto\frac{1-e^{-\mathrm{ad}X}}{\mathrm{ad}X}\cdot Y, (35)

si on utilise la multiplication à gauche242424Si on utilisait la multiplication à droite on trouverait YeadX1adXYmaps-to𝑌superscript𝑒ad𝑋1ad𝑋𝑌Y\mapsto\frac{e^{\mathrm{ad}X}-1}{\mathrm{ad}X}\cdot Y. pour identifier 𝔤𝔤\mathfrak{g} avec l’espace tangent en exp𝔤(X)subscript𝔤𝑋\exp_{\mathfrak{g}}(X).

5.3 Equivalence entre les équations (7) et (10) pour Zt(X,Y)subscript𝑍𝑡𝑋𝑌Z_{t}(X,Y)

Dans cette sous-section nous expliquons comment on passe de l’équation (7) à l’équation (10). On suit les références [KV] et [Rou86].

On fait un calcul à l’ordre 111 en ϵitalic-ϵ\epsilon, comme dans une dérivée pour

Zt(X+ϵ[X,Ft],Y+ϵ[Y,Gt]).subscript𝑍𝑡𝑋italic-ϵ𝑋subscript𝐹𝑡𝑌italic-ϵ𝑌subscript𝐺𝑡Z_{t}(X+\epsilon[X,F_{t}],Y+\epsilon[Y,G_{t}]).

D’après la formule de la différentielle (proposition 35) pour l’application exponentielle on a :

exp𝔤(tX+ϵ[tX,Ft])=exp𝔤(tX)exp𝔤(ϵ1eadtXadtX[tX,Ft])=exp𝔤(tX)exp𝔤(ϵ(1eadtX)Ft).subscript𝔤𝑡𝑋italic-ϵ𝑡𝑋subscript𝐹𝑡subscript𝔤𝑡𝑋subscript𝔤italic-ϵ1superscript𝑒ad𝑡𝑋ad𝑡𝑋𝑡𝑋subscript𝐹𝑡subscript𝔤𝑡𝑋subscript𝔤italic-ϵ1superscript𝑒ad𝑡𝑋subscript𝐹𝑡\exp_{\mathfrak{g}}(tX+\epsilon[tX,F_{t}])=\exp_{\mathfrak{g}}(tX)\exp_{\mathfrak{g}}\Big{(}\epsilon\frac{1-e^{-\mathrm{ad}tX}}{\mathrm{ad}tX}[tX,F_{t}]\Big{)}=\\ \exp_{\mathfrak{g}}(tX)\exp_{\mathfrak{g}}\Big{(}\epsilon(1-e^{-\mathrm{ad}tX})F_{t}\Big{)}. (36)

De même on a

exp𝔤(tY+ϵ[tY,Gt])=exp𝔤(ϵ(eadtY1)Gt)exp𝔤(tY).subscript𝔤𝑡𝑌italic-ϵ𝑡𝑌subscript𝐺𝑡subscript𝔤italic-ϵsuperscript𝑒ad𝑡𝑌1subscript𝐺𝑡subscript𝔤𝑡𝑌\exp_{\mathfrak{g}}(tY+\epsilon[tY,G_{t}])=\exp_{\mathfrak{g}}\Big{(}\epsilon(e^{\mathrm{ad}tY}-1)G_{t}\Big{)}\exp_{\mathfrak{g}}(tY).

On en déduit alors

exp𝔤(tZt(X+ϵ[X,Ft],Y+ϵ[Y,Gt]))=exp𝔤(tX+ϵ[tX,Ft])exp𝔤(tY+ϵ[tY,Gt])=exp𝔤(tX)exp𝔤(ϵ(1eadtX)Ft+ϵ(eadtY1)Gt)exp𝔤(tY).subscript𝔤𝑡subscript𝑍𝑡𝑋italic-ϵ𝑋subscript𝐹𝑡𝑌italic-ϵ𝑌subscript𝐺𝑡subscript𝔤𝑡𝑋italic-ϵ𝑡𝑋subscript𝐹𝑡subscript𝔤𝑡𝑌italic-ϵ𝑡𝑌subscript𝐺𝑡subscript𝔤𝑡𝑋subscript𝔤italic-ϵ1superscript𝑒ad𝑡𝑋subscript𝐹𝑡italic-ϵsuperscript𝑒ad𝑡𝑌1subscript𝐺𝑡subscript𝔤𝑡𝑌\exp_{\mathfrak{g}}\big{(}tZ_{t}(X+\epsilon[X,F_{t}],Y+\epsilon[Y,G_{t}])\big{)}=\exp_{\mathfrak{g}}(tX+\epsilon[tX,F_{t}])\exp_{\mathfrak{g}}(tY+\epsilon[tY,G_{t}])=\\ \exp_{\mathfrak{g}}(tX)\exp_{\mathfrak{g}}\Big{(}\epsilon(1-e^{-\mathrm{ad}tX})F_{t}+\epsilon(e^{\mathrm{ad}tY}-1)G_{t}\Big{)}\exp_{\mathfrak{g}}(tY). (37)

L’équation (10) dit que l’on a

Zt(X+ϵ[X,Ft],Y+ϵ[Y,Gt])=Zt(X,Y)+ϵtZt(X,Y)=Zt+ϵ(X,Y).subscript𝑍𝑡𝑋italic-ϵ𝑋subscript𝐹𝑡𝑌italic-ϵ𝑌subscript𝐺𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌italic-ϵsubscript𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌subscript𝑍𝑡italic-ϵ𝑋𝑌Z_{t}(X+\epsilon[X,F_{t}],Y+\epsilon[Y,G_{t}])=Z_{t}(X,Y)+\epsilon\partial_{t}Z_{t}(X,Y)=Z_{t+\epsilon}(X,Y).

Dans ce cas, en utilisant la formule

exp𝔤(tY)Zt(X,Y)exp𝔤(tY)=Zt(Y,X),subscript𝔤𝑡𝑌subscript𝑍𝑡𝑋𝑌subscript𝔤𝑡𝑌subscript𝑍𝑡𝑌𝑋\exp_{\mathfrak{g}}(tY)Z_{t}(X,Y)\exp_{\mathfrak{g}}(-tY)=Z_{t}(Y,X),

le membre de gauche de (37) s’écrit

exp𝔤(tZt+ϵ(X,Y))=exp𝔤((t+ϵ)Zt+ϵ(X,Y))exp𝔤(ϵZt(X,Y))=exp𝔤((t+ϵ)X)exp𝔤((t+ϵ)Y)exp𝔤(ϵZt(X,Y))=exp𝔤(tX)exp𝔤(ϵX+ϵYϵZt(Y,X))exp𝔤(tY).subscript𝔤𝑡subscript𝑍𝑡italic-ϵ𝑋𝑌subscript𝔤𝑡italic-ϵsubscript𝑍𝑡italic-ϵ𝑋𝑌subscript𝔤italic-ϵsubscript𝑍𝑡𝑋𝑌subscript𝔤𝑡italic-ϵ𝑋subscript𝔤𝑡italic-ϵ𝑌subscript𝔤italic-ϵsubscript𝑍𝑡𝑋𝑌subscript𝔤𝑡𝑋subscript𝔤italic-ϵ𝑋italic-ϵ𝑌italic-ϵsubscript𝑍𝑡𝑌𝑋subscript𝔤𝑡𝑌\exp_{\mathfrak{g}}(tZ_{t+\epsilon}(X,Y))=\exp_{\mathfrak{g}}((t+\epsilon)Z_{t+\epsilon}(X,Y))\exp_{\mathfrak{g}}(-\epsilon Z_{t}(X,Y))=\\ \exp_{\mathfrak{g}}((t+\epsilon)X)\exp_{\mathfrak{g}}((t+\epsilon)Y)\exp_{\mathfrak{g}}(-\epsilon Z_{t}(X,Y))=\\ \exp_{\mathfrak{g}}(tX)\exp_{\mathfrak{g}}\Big{(}\epsilon X+\epsilon Y-\epsilon Z_{t}(Y,X)\Big{)}\exp_{\mathfrak{g}}(tY). (38)

En comparant avec le membre de droite de (37) on se trouve que l’on a à l’ordre 111 en ϵitalic-ϵ\epsilon :

X+YZt(Y,X)=(1eadtX)Ft(X,Y)+(eadtY1)Gt(X,Y)𝑋𝑌subscript𝑍𝑡𝑌𝑋1superscript𝑒ad𝑡𝑋subscript𝐹𝑡𝑋𝑌superscript𝑒ad𝑡𝑌1subscript𝐺𝑡𝑋𝑌X+Y-Z_{t}(Y,X)=(1-e^{-\mathrm{ad}tX})F_{t}(X,Y)+(e^{\mathrm{ad}tY}-1)G_{t}(X,Y)

qui est exactement l’équation (7).

Réciproquement si l’équation (7) est vérifiée alors on aura

(1eadtX)Ft+(eadtY1)Gt=X+Y1tlog(exp𝔤(tY)exp𝔤(tX)).1superscript𝑒ad𝑡𝑋subscript𝐹𝑡superscript𝑒ad𝑡𝑌1subscript𝐺𝑡𝑋𝑌1𝑡subscript𝔤𝑡𝑌subscript𝔤𝑡𝑋(1-e^{-\mathrm{ad}tX})F_{t}+(e^{\mathrm{ad}tY}-1)G_{t}=X+Y-\frac{1}{t}\log\left(\exp_{\mathfrak{g}}(tY)\exp_{\mathfrak{g}}(tX)\right).

En remplaçant ce terme dans (37) on retrouve avec le terme de droite de (38) ce qui permet de remonter le calcul et de conclure que l’on a

Zt+ϵ(X,Y)=Zt(X+ϵ[X,Ft],Y+ϵ[Y,Gt]),subscript𝑍𝑡italic-ϵ𝑋𝑌subscript𝑍𝑡𝑋italic-ϵ𝑋subscript𝐹𝑡𝑌italic-ϵ𝑌subscript𝐺𝑡Z_{t+\epsilon}(X,Y)=Z_{t}\big{(}X+\epsilon[X,F_{t}],Y+\epsilon[Y,G_{t}]\big{)},

c’est à dire

tZt(X,Y)=([X,Ft]X+[Y,Gt]Y)Zt(X,Y),subscript𝑡subscript𝑍𝑡𝑋𝑌𝑋subscript𝐹𝑡subscript𝑋𝑌subscript𝐺𝑡subscript𝑌subscript𝑍𝑡𝑋𝑌\partial_{t}Z_{t}(X,Y)=\big{(}[X,F_{t}]\cdot\partial_{X}+[Y,G_{t}]\cdot\partial_{Y}\big{)}Z_{t}(X,Y),

qui est bien l’équation (10).

Références

  • [AM00] A. ALEKSEEV, E. MEINRENKEN – The non-commutative Weil algebra Invent. Math. 139 (2000), no. 3, 135–172.
  • [AM02] A. ALEKSEEV, E. MEINRENKEN – Poisson geometry and the Kashiwara–Vergne conjecture. C. R. Acad. Sci. Paris, Sér. I Math. 335 (2002), no. 9, 723–728.
  • [AM05] A. ALEKSEEV, E. MEINRENKEN – Lie theory and the Chern-Weil homomorphism. Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 38 (2005), no. 2, 303–338.
  • [AM06] A. ALEKSEEV, E. MEINRENKEN – On the Kashiwara–Vergne conjecture. Invent. Math. 164 (2006), no. 3, 615–634.
  • [AP] A. ALEKSEEV, E. PETRACCI – On the Kashiwara–Vergne conjecture. Journal of Lie Theory 16 (2006), 531–538. .
  • [AT] A. ALEKSEEV, C. TOROSSIAN – Star-product for Lie algebras and KV conjecture. Preprint 2007.
  • [ADS] M. ANDLER, A. DVORSKY, S. SAHI – Kontsevich quantization and invariant distributions on Lie groups. Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 35 (2002), no. 3, 371–390.
  • [AST] M. ANDLER, S. SAHI, C. TOROSSIAN – Convolution of invariant distributions: proof of the Kashiwara–Vergne conjecture. math.QA/0104100. Lett. Math. Phys. 69 (2004), 177–203.
  • [B] E. BURGUNDER –Eulerian idempotent and Kashiwara–Vergne conjecture. math.QA/0612548.
  • [Du70] M. DUFLO – Caractères des groupes et des algèbres de Lie résolubles. Ann. Sci. École Norm. Sup. (4) 3 1970 23–74.
  • [Du77] M. DUFLO – Opérateurs différentiels bi-invariants sur un groupe de Lie. Ann. Sci. École Norm. Sup. 10 (1977), 107-144.
  • [Dix] J. DIXMIER – Sur l’algèbre enveloppante d’une algèbre de Lie nilpotente. Arch. Math. 10 1959 321–326.
  • [Gu] S. GUTT – An explicit -product on the cotangent bundle of a Lie group. Lett. Math. Phys. 7 (1983), no. 3, 249–258.
  • [HC] Harish-Chandra – On some applications of the universal enveloping algebra of a semisimple Lie algebra. Trans. Amer. Math. Soc. 70, (1951). 28–96.
  • [KV] M. KASHIWARA, M. VERGNE – The Campbell-Hausdorff formula and invariant hyperfunctions. Invent. Math. 47 (1978), 249–272.
  • [Ka] V. KATHOTIA – Kontsevich’s universal formula for deformation quantization and the Campbell-Baker-Hausdorff formula. Internat. J. Math. 11 (2000), no. 4, 523–551.
  • [Kly] A. A. KLJAČKO – Lie elements in a tensor algebra. Sibirsk. Mat. Ž. 15 (1974), 1296–1304, 1430.
  • [Ko] M. KONTSEVICH –Deformation quantization of Poisson manifolds, I. math.QA/9709040. Lett. Math. Phys. 66 (2003), no. 3, 157–216.
  • [Mo] T. MOCHIZUKI –On the morphism of Duflo-Kirillov type. J. Geom. Phys. 41 (2002), no. 1-2, 73–113.
  • [PT] M. PEVZNER, C. TOROSSIAN – Isomorphisme de Duflo et cohomologie tangentielle. J. Geom. Phys. 51 (2004), no. 2, 486–505.
  • [Po] M. POSTNIKOV – Leçons de géométrie- Groupes et algèbres de Lie. Ed. Mir, Moscow, 1985.
  • [Rou81] F. ROUVIÈRE – Démonstration de la conjecture de Kashiwara–Vergne pour SL2(𝐑)subscriptSL2𝐑\mathrm{SL}_{2}(\mathbf{R}). C. R. Acad. Sci. Paris, 292 (1981), 657–660.
  • [Rou86] F. ROUVIÈRE – Espaces symétriques et méthode de Kashiwara–Vergne. Ann. Sci. école Norm. Sup. (4) 19 (1986), no. 4, 553–581.
  • [Se] J.-P. SERRE – Lie algebras and Lie groups. New York-Amsterdam: W. A. Benjamin, Inc. (1965).
  • [Sh] B. SHOIKHET – Tsygan formality and Duflo formula. Math. Res. Lett. 10 (2003), no. 5-6, 763–775.
  • [To] C. TOROSSIAN – Sur la conjecture combinatoire de Kashiwara–Vergne. J. Lie Theory 12 (2002), no. 2, 597–616.
  • [Va] V.S. VARADARAJAN – Lie Groups, Lie Algebras and their Representations. Graduate Texts in Mathematics, Ed Springer-Verlag, 1984.
  • [Ve] M. VERGNE – Le centre de l’algèbre enveloppante et la formule de Campbell-Hausdorff. C. R. Acad. Sci. Paris, Sér. I Math. 329 (1999), no. 9, 767–772.